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"language": "en",
"title": "Mishnah Sanhedrin",
"versionSource": "https://www.nli.org.il/he/books/NNL_ALEPH002182155/NLI",
"versionTitle": "Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr]",
"status": "locked",
"license": "Public Domain",
"actualLanguage": "fr",
"languageFamilyName": "french",
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"direction": "ltr",
"heTitle": "משנה סנהדרין",
"categories": [
"Mishnah",
"Seder Nezikin"
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"Un tribunal de trois juges statue sur les procès civils (financiers), ou sur les réclamations relatives à l’enlèvement d’un objet par violence, ou sur les blessures. De même un tribunal de trois juges connaît des demandes en dommages-intérêts, soit dans le cas où la loi accorde une entière indemnité, soit dans ceux où elle n’accorde que le remboursement de la moitié du dommage, comme aussi dans ceux où elle oblige de payer le double, ou le quadruple, ou le quintuple (Ex 21, 37). Les réclamations pour viol, ou pour séduction, et l’accusation d’adultère, sont portées devant un tribunal de trois juges; tel est l’avis de R. Meir. Les autres docteurs disent: pour l’accusation d’adultère, il faut un tribunal de 23 juges, car ces procès peuvent aboutir à une peine capitale.",
"Un tribunal de trois juges peut condamner à la peine du fouet; on a dit au nom de R. Ismaël que pour prononcer cette peine, il faut un tribunal de 23 juges. Un tribunal de 3 juges peut décider si le mois (lunaire) doit être augmenté d’un jour. La décision qui ajoute à l’année un mois intercalaire (embolismique) peut également être rendue par 3 juges; tel est l’avis de R. Meir. D’après R. Simon b. Gamliel, la séance peut s’ouvrir par trois juges qui décident s’il y a lieu de discuter; mais la discussion se fait par 5, et la décision est rendue par 7 juges; cependant, si la décision a été prise par 3 juges, l’addition à l’année sera maintenue.",
"Il suffit, d’après R. Simon, de trois anciens pour la cérémonie de l’imposition des mains, comme aussi pour les fonctions qu’ils doivent remplir (à l’occasion d’un mort trouvé entre deux villes) de tuer une génisse (Dt 21, 4); mais d’après R. Judah, il faut 5 anciens pour ces cas. Il en faut seulement 3 pour la cérémonie du déchaussement (ib. 25, 9), et le refus d’une fille mineure d’épouser son fiancé. Les fruits des plantes de la 4e année (Lv 19, 24) et ceux de la 2e dîme pouvaient être rachetés par leur valeur en argent; si cette valeur n’était pas bien connue, l’estimation devait se faire par 3 personnes. Il en est de même pour l’estimation de toutes les choses sacrées qu’on voulait racheter. Il en faut aussi 3 pour les estimations nécessitées par suite d’un vœu (ibid. 27), quand il s’agit d’objets mobiliers. R. Juda dit que l’un des trois doit être un cohen. Les terrains sacrés qu’on veut racheter doivent être estimés devant dix personnes, dont une est un cohen. Il en est de même pour l’estimation d’un homme, s’il a fait vœu de donner sa valeur.",
"Les causes qui entraînent la peine capitale ne peuvent être jugées que par un tribunal de 23 personnes. Tel est le cas lorsque pour accouplement avec un animal, actif ou passif, il faut les tuer, selon ces mots (Lv 20, 16): Tu tueras la femme et l’animal; puis (ibid. 17): vous tuerez l’animal. De même, il faut 23 juges pour faire lapider un bœuf qui a tué, un homme, selon ces mots (Ex 21, 29): le bœuf sera lapidé, et même son maître mourra; or les mêmes qui condamnent l’animal condamnent aussi le maître coupable (ou 23). Il faut 23 juges pour mettre à mort un loup, ou un lion, un ours, un tigre, une panthère, un serpent. R. Eliézer dit: celui qui le premier (prend les devants) et tue un animal nuisible fait une bonne action; R. aqiba exige quand même à cet effet un tribunal de 23 juges.",
"Il faut un tribunal de 71 membres pour juger une tribu entière, ou un faux prophète, ou un grand prêtre. Il faut une telle assemblée pour déclarer la guerre non obligatoire, et il la faut pour augmenter la ville (de Jérusalem), ou les annexes du Temple. Le tribunal de 71 juges a seul le droit d’installer les Sanhédrins de 23 juges, qui doivent siéger dans les villes. Il faut aussi un tribunal de 71 juges pour le procès et la punition de toute une ville, coupable de paganisme (Dt 13). On ne détruit pas du reste cette ville, si elle se trouve située sur la frontière, ni trois villes coupables de paganisme; mais on peut en détruire une ou deux.",
"Le grand Sanhedrin était composé de 71 membres, et le petit de 23. On sait le nombre du grand Sanhedrin de ce qu’il est dit (Nb 11, 16): rassemble-moi 70 hommes des anciens d’Israël, soit 71, avec Moïse. D’après R. Juda, il suffit de 70 pour le grand Sanhedrin. Le petit se compose de 23, selon les mots (Nb 35, 24-25): la communauté jugera, etc.; la communauté sauvera, etc.; or, il y a là trace d’une communauté (réunion de 10 personnes) qui juge et d’une autre qui sauve, soit ensemble 20. Quant au nombre de dix personnes représentant le minimum d’une communauté, on le sait de ce qu’il est dit (Ibid. 14, 27): jusqu’à quand tolérerai-je cette communauté perverse, composée des 12 explorateurs, hormis Josué et Kaleb (= 10). De plus, à ce nombre de 20, il faut ajouter 3, car d’après les mots (Ex 23, 2): il ne faut pas se régler selon la majorité si elle entraîne la condamnation, on conclut qu’il faut la suivre s’il s’agit d’absoudre; donc, à quoi bon ajouter: il faut pencher d’après la majorité? Pour établir la distinction suivante: le penchant à absoudre n’est pas le même que celui pour condamner, car le 1er a lieu sur un seul témoignage, et pour le second il faut au moins deux témoins; or, comme en ce dernier cas il n’y aurait pas de voix prépondérante, on a ajouté une 3e voix, soit au total 23. Pour qu’une ville ait le droit d’avoir un Sanhedrin, elle doit avoir 120 habitants; d’après R. Néhémie, elle doit en avoir 230, afin qu’il y ait au moins dix habitants pour un juge."
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"Le grand prêtre peut juger et être jugé; il peut déposer comme témoin contre les autres, et l’on peut déposer contre lui; si son père est mort sans enfants, la veuve pratique sur lui la cérémonie du déchaussement (Dt 25, 9), mais elle ne peut pas l’épouser, car un grand prêtre ne peut pas épouser une veuve (Lv 21, 14); s’il est mort sans enfants, son frère peut épouser sa veuve, ou se soumettre au déchaussement. S’il perd un proche parent, il ne suit pas le cercueil; lorsque les porteurs ne sont plus en vue, il apparaît, et lorsqu’on les revoit, il ne se montre pas, les suivant ainsi à distance jusqu’à la porte de la ville. Tel est l’avis de R. Meir. R. Juda dit: il ne quittera même pas le Temple, puisqu’il est dit expressément (Lv 21, 12-13): il ne sortira pas du sanctuaire. Lorsqu’il console d’autres, il est d’usage que tout le monde passe au devant de lui, ayant entre lui et tout le peuple le lieutenant placé au milieu. Lorsque d’autres le consolent de son deuil, ils lui disent: “Puissions-nous te servir d’expiation” (terme de dévouement); et il leur répond: “Soyez béni par le ciel”. Lorsqu’on lui apporte le repas de deuil, tout le peuple s’étend à terre, tandis qu’il s’assoit sur une chaise.",
"Un roi ne peut pas juger ni être jugé; il ne dépose pas comme témoin, et l’on ne dépose pas contre lui. S’il est mort sans enfant, son frère ne peut pas épouser la veuve et ne se soumet pas au déchaussement. Si son frère est mort sans enfant, il ne peut pas épouser la veuve, ni se soumettre au déchaussement; d’après R. Juda, il peut l’épouser ou se soumettre au déchaussement s’il le veut, et son souvenir sera rappelé en bien. S’il meut, personne ne peut épouser sa veuve; d’après R. Juda, le roi qui lui succède peut épouser sa veuve, car on trouve que David a épousé la veuve de Saül, comme il est dit (1S 2, 5): Je t’ai donné la maison de ton maître et les femmes de ton maître sur ton sein.",
"S’il perd un proche parent, il ne quitte pas son palais (palatium); selon R. Juda, il est libre de suivre le cercueil s’il le désire; ainsi, l’on trouve que David à suivi le cercueil d’Abner, comme il est dit (2S, 3, 31): le roi David marcha derrière le cercueil. Ceci ne prouve rien, fut-il répliqué, car le roi agit ainsi pour calmer le peuple. – Lorsqu’on lui apporte le repas de deuil, tout le peuple s’assoit à terre, tandis qu’il s’assoit sur un escabeau.",
"Le roi déclare une guerre non obligatoire, et le Sanhedrin de 71 membres y consent. Il peut briser tous les obstacles pour s’ouvrir un chemin et personne ne peut l’empêcher. Le chemin du roi n’a rien de fixe. Les soldats prennent le butin et ils le mettent devant le roi, afin qu’il prenne sa part le premier. Le roi ne peut pas épouser plus de 18 femmes. R. Juda dit qu’il peut en prendre davantage, pourvu que ce ne soient pas des femmes capables de le corrompre. R. Simon au contraire dit qu’il ne doit pas épouser beaucoup de femmes mêmes vertueuses; quant aux femmes mauvaises, il ne doit pas en prendre une seule. Le roi ne doit pas avoir un grand nombre de chevaux (Dt 17, 16); il n’en aura que ce qu’il faut pour son équipage. Il ne doit pas avoir trop d’argent ni trop d’or (ib. 17); il n’en aura que ce qu’il faut pour entretenir les troupes. Il fera faire une copie de la loi s’il part en guerre, il prendra la copie avec lui; s’il revient de la guerre, il rapportera la copie; s’il siège au tribunal, il aura cette copie auprès de lui: enfin, s’il se met à table, la copie ne le quittera pas, car il est écrit (ib. 19): Ce livre restera devant lui, et il le lira les jours de sa vie.",
"Par respect pour le roi, il ne faut pas monter sur son cheval, ni s’asseoir sur son trône, ni se servir de son sceptre, ni le voir quand il est nu, ou se rasant, ou au bain, comme il est dit (ib.): tu te donneras un roi, tu auras du respect pour lui."
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"Trois juges statuent sur les procès d’argent. Il est bon que chacune des 2 parties choisisse un juge, et tous 2 choisissent le 3e; c’est l’opinion de R. Meir. Les autres docteurs disent: les deux juges choisis par les parties choisissent le troisième. R. Meir dit chacune des parties peut récuser le juge choisi par l’autre. Les autres docteurs disent: la partie ne peut refuser le juge de l’autre qu’en prouvant que ce juge est parent ou frappé d’incapacité judiciaire; mais elle n peut pas le refuser, s’il est apte à juger ou déclarer compétent par le tribunal. R. Meir dit: chacune des parties peut refuser les témoins de l’autre. Les autres docteurs disent: elle ne peut les refuser qu’en prouvant qu’ils sont parents, ou frappés d’incapacité judiciaire.",
"Si l’une des parties dit à l’autre: “j’accepte pour juges mon père et ton père”, ou “trois bergers” (ignorants), elle peut plus tard se rétracter, d’après R. Meir; mais d’après les autres docteurs, elle ne peut pas se rétracter. Si un individu est obligé de prêter serment dans la forme prescrite par la loi, et si l’autre lui dit qu’il se contenterait d’un simple serment sur la tête, il peut, d’après R. Meir, se rétracter et exiger un serment dans la forme prescrite; mais d’après les autres docteurs, il ne peut pas se rétracter.",
"Sont frappés de l’incapacité judiciaire d’être juge et témoin: Ceux qui jouent aux cubes, ceux qui prêtent à usure, ceux qui font des paris en faisant voler des pigeons, ceux qui font du commerce avec les fruits de l’année de relâche (Lv 4, 6). R. Juda dit: tous ces gens ne sont frappés d’incapacité judiciaire que s’ils n’ont pas d’autres occupations. S’ils ont un métier honnête, ils peuvent être juges et témoins.",
"Voici ceux qui sont incapables de témoigner et de juger pour cause de parenté: le frère, le frère du père, le frère de la mère, le mari de la sœur, le mari de la sœur du père, le mari de la sœur de la mère, le mari de la mère, le père de la femme (beaux parents), le mari de la sœur de la femme (beau frère); eux, leurs fils et leurs gendres, enfin le beau-fils seul. R. Yossé dit que ce sont là les idées de R. aqiba; mais l’ancienne Mishna disait: Sont frappés d’incapacité pour cause de parenté le frère du père, le fils du frère du père, tous ceux qui peuvent avoir le droit d’hériter de l’individu dans l’affaire duquel ils veulent témoigner, et tous ceux qui sont parents de l’individu dans le temps de l’acte (ou au moment de témoigner dans son affaire). Si le témoin était considéré comme parent avant d’avoir vu l’action qu’il certifie, mais ne l’était plus au moment de l’acte, il est apte à témoigner. R. Juda dit: Le gendre ne peut pas témoigner, quand même sa femme serait morte; si elle a laissé des enfants, il reste parent.",
"L’ami et l’ennemi sont inaptes aussi à attester. L’ami est p. ex. le garçon d’honneur (l’ami de noces, qui est incapable de témoigner dans l’affaire du marié pendant les jours de la noce; l’ennemi est celui qui ne lui a pas parlé depuis 3 jours par haine contre lui. Les autres docteurs lui dirent: on ne soupçonne pas un israélite de faux témoignage pour cause d’amitié ou de haine.",
"Pour s’assurer de l’exactitude des témoignages, on fait entrer les témoins dans une chambre à part; on leur fait comprendre la gravité d’un faux témoignage; on fait sortir tout le monde, on laisse seul le témoin le plus important, et on lui demande: “Comment sais-tu que cet homme doit de l’argent au demandeur”? S’il répond qu’il l’a entendu dire à quelqu’un, ou bien que le défendeur le lui a raconté, son témoignage est nul, sauf si le témoin dit: le défendeur a avoué devant nous devoir p. ex. 200 zouz. On fait venir ensuite l’autre témoin, et on l’examine de la même façon. Si les deux témoignages s’accordent entre eux, les juges commencent à délibérer. Si 2 des 3 juges veulent l’acquitter et le 3e veut le condamner, il est acquitté; si 2 veulent le condamner et le 3e veut l’acquitter, il est condamné. Si un juge veut le condamner, le deuxième veut l’acquitter, mais le troisième dit qu’il ne sait pas comment se prononcer, il faut adjoindre d’autres juges; quand même il y aurait eu 5 juges d’abord, dont 2 seraient pour l’acquittement, 2 pour la condamnation, et le 5e ne saurait pas se prononcer, il y aurait lieu d’adjoindre d’autres juges.",
"Quand la délibération est finie, on fait entrer les parties, et le plus grand (ou le plus âgé) des juges prononce le jugement, en disant: “toi, un tel, tu es acquitté”; “toi, un tel, tu es condamné”. Le juge ne doit pas dire plus tard avoir voté pour l’acquittement, mais que les autres ont prononcé la culpabilité, car il est écrit: tu ne seras pas médisant parmi ton peuple (Lv 19, 16), et il est écrit aussi: le médisant est celui qui révèle un secret (Pr 11, 13).",
"Un individu condamné par un jugement peut apporter, quand il le veut, les documents qu’il trouve après la condamnation pour l’annuler et se faire juger de nouveau. Si on lui dit d’apporter tous ses documents et ses preuves d’aujourd’hui en 30 jours, il faut qu’il les apporte avant le terme fixé; après quoi, il ne pourra pas faire annuler la condamnation. R. Simon b. Gamliel dit: Ce n’est pas sa faute, s’il n’a pas pu les trouver avant le terme et s’il les a trouvés seulement après. Si on lui a dit d’amener des témoins, d’apporter des actes en sa faveur, et qu’il ait répondu n’avoir ni témoins, ni actes, et plus tard il apporte un acte ou amène des témoins, les actes et les témoins sont nuls (on les soupçonne de faux). R. Simon b. Gamliel dit: Ce n’est pas sa faute s’il ne savait pas d’abord avoir les témoins et des actes, qu’il a trouvés seulement plus tard. S’il a dit qu’il n’a ni témoins ni actes, mais que se voyant condamné, il appelle les témoins, ou montre l’acte qu’il a dans sa ceinture (funda), les actes et les témoins sont nuls."
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"Les procès d’argent exigent les mêmes examens minutieux et les mêmes enquêtes que ceux où il s’agit d’une peine capitale, selon ces mots (Lv 24, 22): un même jugement nous régira. En quoi la procédure dans les procès d’argent diffère-t-elle de celle des affaires capitales? Dans les procès d’argent, il suffit de 3 juges; les procès où il s’agit d’une peine capitale en exigent 23. Dans les affaires d’argent, la discussion des juges peut commencer par l’argument favorable ou défavorable au défendeur; dans les affaires capitales, elle doit toujours commencer par l’argument favorable à l’accusé. Dans les affaires d’argent, la majorité d’une seule voix est toujours suffisante pour absoudre ou condamner, dans les affaires capitales, elle est suffisante pour acquitter, mais elle est insuffisante pour condamner, car il faut une majorité de deux voix pour condamner. Dans les affaires d’argent s’il y a erreur, le jugement est annulé; dans les affaires capitales, il est annulé si l’on a condamné par erreur, mais il n’est pas annulé si l’on a acquitté par erreur. Dans les affaires d’argent, les disciples eux-mêmes, qui ne sont pas juges mais qui assistent aux délibérations de leurs maîtres, peuvent donner leur opinion, soit en faveur du défendeur, soit contre lui; dans les affaires capitales ils peuvent donner leur opinion en faveur de l’accusé, mais non pas contre lui. Dans les affaires d’argent, chacun des juges peut changer d’opinion pendant la discussion; dans les affaires capitales, celui qui était d’abord pour la condamnation peut changer d’opinion, mais celui qui pensait d’abord devoir voter pour l’acquittement doit conserver son opinion. Dans les affaires d’argent, on commence le procès au jour et on peut le finir la nuit; dans les affaires capitales, on commence et on finit le procès pendant le jour. Dans les affaires d’argent, on peut finir le procès le même jour où on l’a commencé; dans les affaires capitales, on peut prononcer l’acquittement le même jour, mais il faut ajourner la condamnation au lendemain, dans l’espoir de trouver peut être, en attendant, un argument en faveur de l’accusé. C’est pourquoi on ne juge pas une affaire capitale la veille du jour de Shabat, ni la veille d’un jour de fête.",
"Dans les affaires d’argent, et dans celles de pureté ou d’impureté le plus grand des juges dit d’abord son opinion; dans les affaires capitales, on commence au contraire par le plus petit. Dans les affaires d’argent, tout le monde peut juger; dans les affaires capitales, les juges ne peuvent être que Cohanim, ou Lévites, ou d‘autres enfants d’Israël d’une naissance tellement irréprochable, que leurs filles puissent épouser des Cohanim.",
"Les membres du Sanhedrin siégeaient en demi-cercle, pour qu’ils puissent se voir l’un l’autre. 2 Scribes se tiennent devant eux, l’un à droite l’autre à gauche, et ils inscrivent les opinions et les motifs de ceux qui condamnent et de ceux qui acquittent. R. Juda dit qu’il faut 3 scribes, dont l’un pour ceux qui condamnent, l’autre pour ceux qui acquittent, et le troisième pour les deux catégories ensemble.",
"Devant les juges, se trouvent trois séries de disciples (chacune de 23 membres), dont chacune reconnaît sa place. S’il y a une vacance, elle est remplie par un de la 1re série, dont la place est aussitôt occupée par un membre de la 2e série, et la place de celui-ci est prise par un de la 3e série. Pour la vacance de la 3e série, on choisit une personne en dehors des séries; celle-ci ne siège pas toujours à la place laissée vacante par le membre de la 3e série qui est arrivé à la 2e, mais elle occupe la place qui est conforme à ses mérites.",
"Pour signaler la gravité du témoignage en affaire capitale, on fait entrer les témoins et on leur demande s’ils n’admettent pas l’existence du crime pour probabilité, ou par ouï dire, ou par l’avoir entendu rapporter par un homme qui mérite confiance. On leur dit encore: Peut être ne saviez-vous pas que nous allons soumettre vos déposition à un examen minutieux. Sachez qu’il y a une grande différence entre un procès d’argent et une affaire capitale; dans le premier, on peut réparer la faute par une compensation pécuniaire; dans la dernière, on est responsable du sang de l’accusé et de celui de ses descendants. Ainsi de Caïn, assassin d’Abel, il est dit (Gn 4, 10): la voix “ des sangs ” de ton frère crie vers moi de la terre; le terme des sangs (au pluriel) vise ses descendants; selon une autre explication, son sang a été répandu sur le bois et la pierre. C’est pourquoi Dieu créa Adam seul (dont les descendants remplissent le monde entier), pour nous faire voir que celui qui sauve un seul être humain sauve un monde entier, et que celui qui perd un homme doit être assimilé à celui qui perd tout un monde. Ce fait que Dieu créa un seul homme eut pour but aussi de montrer que tous les hommes sont frères, et d’empêcher que personne ne pût se croire supérieur à un individu d’une autre nation, qui aurait été le descendant d’un autre père Adam. Ce fait peut encore servir de réfutation contre la doctrine des hérétiques qui admettent plusieurs divinités. Ceci montre la toute puissance du Roi des rois, très saint: les souverains font frapper dans un seul moule une grande quantité de pièces de monnaie qui se ressemblent toutes entre elles; tandis que le Souverain suprême, le Saint bénit soit-il, a fait dans le moule d’Adam tous les hommes de la terre, et personne n’est semblable à l’autre. Aussi chacun doit se dire que le monde entier a été créé pour lui. Cependant vous, témoins, vous ne devez pas non plus vous taire, car celui qui a vu commettre un crime et ne le dit pas devant le tribunal, est coupable, selon le verset (Lv 5, 1): s’il est témoin du fait qu’il a vu ou qu’il connaît, etc. N’ayez pas peur non plus de la grande responsabilité du sang de l’accusé, car il est écrit: Si les méchants périssent, c’est une allégresse."
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"On examine le témoin par 7 enquêtes, savoir: dans quel septennaire (agricole) d’années, il a vu le crime, quelle année de ce septennaire, quel mois de l’année, quel jour du mois, quel jour de la semaine, à quelle heure de la journée, en quel lieu. R. Yossé dit: on demande seulement le jour, l’heure, le lieu. On lui dit: -Reconnaissez-vous que cet homme a commis le crime? L’avez-vous averti de ne pas le faire? S’il s’agit de l’accusation d’idolâtrie, on demandera: qui a-t-il adoré et par quoi?",
"Plus on questionne les témoins, mieux cela vaut. Un jour, les témoins dirent devant R. Zacaï avoir vu un crime commis sous un figuier, il leur adressa des questions concernant les queues des figues. Entre les enquêtes et les examens, il y a des différences: si le témoin ne sait pas répondre aux premières, son témoignage est nul. Mais si un témoin, ou même tous les deux, ne savent pas répondre aux questions appelées examens, le témoignage est valable. Si sur une question quelconque les témoins se contredisent, le témoignage est nul.-",
"Si un témoin dit que l’acte incriminé a eu lieu le 2e jour du mois et l’autre dit le 3e jour, le témoignage est valable, car il est possible que l’un d’eux ne sache pas si le mois précédent était plein ou non (de 29 ou 30 jours); mais si l’un dit que l’action a eu lieu le 3e jour du mois, et l’autre dit le 5e, le témoignage est nul. Si un témoin dit que l’action a eu lieu à 2 heures et l’autre dit à 3 heures, le témoignage est valable (on peut se tromper d’une heure); mais si l’un dit à 3 heures, et l’autre dit à 5 heures, le témoignage est nul. R. Juda dit qu’il est valable (selon lui, on peut se tromper de 2 heures). Si l’un dit à 5 heures et l’autre dit à 7 heures, le témoignage est nul, car on ne peut pas confondre l’heure où le soleil est à l’ouest avec l’heure où il est à l’est.–.",
"Après avoir bien questionné le 1er témoin, on fait entrer le 2e et on lui adresse les mêmes questions; si les réponses sont conformes à celles du premier, on délibère en commençant par des réflexions favorables à l’accusé. Si l’un des témoins dit: “J’ai un argument favorable à l’accusé”, on ne l’écoute pas. Si l’un des disciples veut produire un argument contraire à l’accusé, on ne l’écoute pas. Mais si un disciple veut dire un argument favorable à l’accusé, on lui donne une place parmi les juges où il restera toute la journée, et si son argument est admissible, on l’accepte; si l’accusé même veut parler en sa faveur, on l’écoute, pourvu que l’argument soit admissible.",
"Si par la délibération on reconnaît l’accusé innocent, on le libère aussitôt; mais si le tribunal croit devoir le condamner, il faut ajourner le jugement au lendemain. En attendant, les juges forment de petits groupes pour discuter entre eux (en dehors du tribunal, chez eux ou dans la rue) ils mangent peu, et ils ne boivent pas de vin de toute la journée, ils méditent toute la nuit sur le procès. Le lendemain matin ils reviennent au tribunal s'ils conservent leurs opinions, ils disent chacun j'ai acquitté ou j’ai condamné hier, et je maintiens mon idée. Celui qui condamnait la veille peut changer d’opinion pour acquitter le lendemain, mais celui qui acquittait la veille ne peut plus condamner. Si les juges se trompent en un point, les scribes qui ont écrit la veille leurs opinions et leurs motifs les leur rappellent. Si à la fin on trouve des motifs d’acquitter, on acquitte l’accusé; sinon, on passe au vote. Si des 23 juges, 12 l’acquittent et 11 condamnent, l’accusé est acquitté, à la majorité d’une voix. Si 12 condamnent et 11 acquittent, ne pouvant pas condamner avec une majorité d’une voix, on s’adjoint d’autres juges; il le faut aussi au cas où 11 condamnent, 11 acquittent, et le 23e ne peut pas se décider, ou si même 22 acquittent ou condamnent, et le dernier dit qu’il ne sait pas quelle opinion adopter. Combien de juges faut-il s’adjoindre? D’abord 2 juges. Si l’un condamne et l’autre acquitte (nombre encore insuffisant), il faut s’adjoindre d’autres, jusqu’à 70 juges. S’il y eu alors 36 qui acquittent et 35 qui condamnent on acquitte l’accusé. Si 36 condamnent et 35 acquittent, les juges discutent entre eux la question, jusqu’à ce que l’un de ceux qui condamnent change d’opinion pour voter l’acquittement."
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"Quand l’accusé est condamné à être lapidé, on le conduit au lieu désigné à cet effet, loin du tribunal, comme il est dit (Lv 24, 14): Fais sortir le blasphémateur hors du camp. Un homme se tenait à la porte du tribunal avec un drapeau à la main; un homme à cheval se trouvait à une distance telle qu’il pût voir le drapeau agité. Si quelqu’un du tribunal disait avoir trouvé un argument favorable à l’accusé, celui qui se tenait à la porte agitait son drapeau, et l’homme à cheval courait arrêter l’exécution. Si l’accusé lui-même disait avoir trouvé un argument en sa faveur, on le ramenait au tribunal, pour examiner cet argument; on le ramenait même 4 à 5 fois, pourvu que ce soit un argument réel. Si, après avoir reconduit le condamné au tribunal on trouve qu’il doit être acquitté, on l’acquitte; sinon, on le reconduit au supplice. On proclame devant lui: “Un tel, fils d’un tel, va au supplice pour tel ou tel crime; tels et tels sont les témoins. Si quelqu’un connaît un argument en faveur du condamné, qu’il vienne le dire”. –.",
"A la distance d’environ 10 coudées du lieu du supplice, on dit au condamné de se confesser; car tous les suppliciés se confessent, et celui qui se confesse aura sa part dans le monde futur. Ainsi, on trouve que Josué (Jos 7, 29) dit à Akhan: “Mon fils, attribue la gloire à l’Eternel Dieu d’Israël et rends-lui grâce; dis-moi donc ce que tu as fait; ne me cache rien. Akhan répondit à Josué et dit: je l’avoue, j’ai péché envers l’Eternel Dieu d’Israël, j’ai agi de telle et telle façon”. Et d’où sait-on que la confession lui valut le pardon? De ce qu’il est dit (ib. 25): Josué lui répondit: pourquoi nous as-tu troublés? l’Eternel te troublera aujourd’hui; en ce jour, tu seras troublé, mais non dans la vie future. S’il ne sait pas se confesser, on lui conseille de dire: “Que ma mort soit l’expiation de tous mes péchés”. R. Juda dit: Si l’accusé est convaincu de son innocence, il peut dire: “Que ma mort soit l’expiation de tous mes péchés, à l’exception de celui pour lequel on m’a condamné”. Mais les autres docteurs objectent à R. Juda que tous les condamnés en diraient autant pour se disculper et pour accuser les témoins et les juges.",
"Arrivé à la distance de 4 coudées du lieu du supplice, on déshabille le condamné; si c’est un homme, on le couvre par devant; si c’est une femme, on la couvre par devant et par derrière; tel est l’avis de R. Juda. Les autres docteurs disent qu’on ne déshabille pas les femmes condamnées.",
"Le lieu de la lapidation a une élévation double de la hauteur d’homme. Un des témoins jette le condamné par terre, de façon à ce qu’il tombe sur le dos, non sur le ventre. S’il est mort par la chute, on ne lui fait plus rien; sinon, l’autre témoins lui jette une pierre sur le cœur; s’il n’est pas encore mort, tous les assistants l’achèvent par des pierres; car il est écrit (Dt 17, 7): La main des témoins sera la première sur lui pour le faire mourir; ensuite la main de tout le peuple. Tous ceux qui sont lapidés seront pendus après la mort, selon R. Eliézer. Les autres docteurs disent: on ne pend que les condamnés pour blasphème, ou pour idolâtrie. On pend un homme la face vers le monde; la femme pendue a la face contre le gibet; c’est l’opinion de R. Eliézer. Les autres docteurs disent: les femmes ne sont pas pendues du tout. R. Eliézer leur objecta le fait de Simon b. Shetah, qui a fait pendre des femmes à Ascalon; mais ils lui répondirent: C’était une exception, puisqu’il en a condamné et fait exécuter 80 le même jour, et qu’il ne faut pas juger 2 accusés le même jour. Voici la manière de pendre le supplicié: On enfonce une poutre dans la terre; de cette poutre sort un bois comme une branche; on met alors les deux mains du supplicié l’une sur l’autre, et on le pend (par les mains). R. Yossé dit: La poutre n’est pas enfoncée, elle est debout et inclinée, de sorte que son extrémité supérieure s’appuie sur une paroi, et on pend le supplicié, comme les boucher pendent les animaux. Il faut descendre le supplicié du gibet aussitôt que la nuit arrive sous peine de contrevenir à la défense exprimée ainsi (Dt 21, 23): tu ne laisseras pas séjourner son cadavre sur le gibet, mais tu auras soin de l’enterrer le même jour; car un pendu est une chose offensante pour Dieu. On veut dire par là: puisqu’un tel a été pendu pour avoir blasphémé Dieu, il se trouverait qu’on laisse profaner le nom divin.",
"R. Meir dit: lorsque l’homme souffre (en punition de ses péchés), comment s’exprime la providence? La tête me pèse; mes bras me semblent trop lourds! Si l’omniscient, partout présent, se désole de ce que le sang des impies est versé, à plus forte raison il déplore le sang des justes. Du reste, il ne faut pas même laisser un simple mort toute la nuit sans l’enterrer, à moins qu’on ne retarde l’enterrement pour préparer les objets nécessaires, tels que bière et linceul. Le supplicié n’est pas enterré dans le caveau de la famille; le tribunal avait deux cimetières publics, un pour les condamnés à avoir le cou coupé, ou à être étranglés, et l’autre pour les condamnés à être lapidés ou brûlés.-",
"Quand la chair a disparu, on enlève les os pour les enterrer dans le caveau de la famille. Les parents (du supplicié) viennent saluer les juges et les témoins, pour montrer qu’ils ne leur en veulent pas et qu’ils reconnaissent la justesse du jugement. Ils ne faisaient pas les cérémonies de deuil, mais ils s’abstenaient des choses dont s’abstient un ônen (le parent d’un mort ordinaire) avant l’enterrement, par suite de son chagrin tout intime."
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"Aux termes de la Loi quatre genres de mort, auxquels on condamne pour des crimes divers, sont prononcés par les tribunaux; ainsi on condamne à être lapidé, ou brûlé, ou à avoir le cou coupé, ou à être étranglé. Simon met ces quatre genres dans un ordre différent, savoir: la condamnation à être brûlé, ou à être lapidé, ou étranglé, ou à avoir le cou coupé. Ceci s’applique aux condamnés à être lapidés.",
"Celui qui est condamné à être brûlé est enfoncé dans la terre molle jusqu’aux genoux (pour qu’il ne puisse pas bouger); on lui entoure le cou avec un drap dur, lequel drap dur est enveloppé dans un drap mou (pour ne pas blesser le cou), puis deux personnes tirent les deux bouts de ce drap, l’une d’un côté, et l’autre de l’autre, pour que le condamné soit forcé d’ouvrir la bouche; ensuite, on allume un fil (de métal) qu’on lui verse dans la bouche, et ce fil entre alors dans l’intestin et le brûle. R. Juda n’approuve pas cette méthode, car le condamné pourrait mourir avant d’être brûlé: il veut donc qu’on lui ouvre par force la bouche pour y verser le métal. R. Eléazar b. Zadoq cite comme précédent le fait de la fille d’un cohen, mariée, condamnée à être brûlée pour adultère; elle fut exécutée par une méthode plus simple, en allumant autour d’elle du bois. On lui répondit que ce tribunal n’était pas bien instruit.",
"Celui qui est condamné à être étouffé (étranglé) est enfoncé dans le sable (terre molle) jusqu’aux genoux (pour qu’il ne puisse pas bouger); on lui entoure ensuite le cou avec un drap dur, lequel drap dur est enveloppé dans un drap mou (pour ne pas blesser le cou); puis deux personnes tirent les deux bouts de ce drap, l’un d’un côté et l’autre de l’autre, jusqu’à ce que le condamné meure par asphyxie.",
"Voici quels coupables sont punis de mort par la lapidation: celui qui cohabite avec sa mère, ou avec la femme de son père, ou avec la femme de son fils, ou avec un homme, ou avec un animal; ou une femme qui attire un animal pour qu’il abuse d’elle; celui qui blasphème, celui qui rend un culte aux idoles; celui qui livre ses enfants à Molokh, celui qui pratique la nécromancie ou la magie (Lv 20, 6), celui qui profane le jour du Shabat; celui qui maudit son père ou sa mère, celui qui commet un adultère avec une jeune fiancée de seconde adolescence (Naara), celui qui par séduction détermine un individu ou toute une ville à rendre le culte aux divinités païennes; le sorcier, un enfant pervers et rebelle envers ses parents (Dt 21, 18). Celui qui a cohabité (par erreur) avec sa mère est soumis à 2 sacrifices, parce que c’est: 1° sa mère; 2° la femme de son père; selon R. Juda, il n’est coupable que du premier fait. Celui qui cohabite avec la femme de son père est coupable, parce qu’elle est 1° la femme de son père; 2° Une femme mariée (adultère), soit du vivant du père, soit après sa mort, fiancée ou mariée. Le crime de l’adultère avec la femme du fils est également double, quand même elle n’aurait été que fiancée au fils, et même après la mort du fils. Si un homme a des relations contre nature avec son semblable, ou avec un animal, ou si une femme fait approcher un animal pour se prostituer à lui, l’animal sera soumis à la lapidation. Puisque l’être humain a péché, pourquoi l’animal est-il frappé? L’animal est innocent, mais il était la cause d’un crime; ou encore, on ne peut pas le laisser vivre, car en le voyant passer dans la rue, on dira: Voilà l’animal qui a été la cause de la condamnation de tel individu.",
"Celui qui blasphème n’est condamné que s’il prononce le nom de Dieu. R. Josué b. Korha dit: Pendant la déposition des témoins (pendant la discussion qui la suit), on ne prononce pas le nom de Dieu, mais on le remplace par un qualificatif ou attribut divin; par ex. les témoins disent que l’accusé a blasphémé en disant: “que Yossé frappe (ou maudisse) Yossé”. Cependant, on ne peut pas condamner un homme sans un témoignage clair, qui établisse d’une façon certaine qu’il a prononcé réellement le nom de Dieu. Par conséquent, à la fin de la délibération (avant de prononcer la condamnation de l’accusé), on fait sortir tout le monde, pour ne pas faire prononcer un blasphème devant le public, et on demande au premier témoin de dire exactement ce qu’il a entendu, et il le dit pendant que les juges se tiennent debout, et ils font à leur vêtement la déchirure de deuil qui ne doit jamais être recousue (en entendant ce blasphème). Le 2e et le 3e témoins (s’il y en a trois) disent seulement, “j’ai entendu exactement comme le premier témoin”, et ils n’ont pas besoin de répéter le blasphème.",
"Celui qui rend un culte aux divinités païennes est condamné à mort, soit qu’il leur rende le culte ordinaire, soit qu’il tue un animal en leur honneur, soit qu’il leur offre l’encens ou la libation de vin, ou qu’il se prosterne devant elles, ou qu’il les adopte pour Dieu en disant: “Tu es mon Dieu”. Mais on n’est pas condamné à mort pour les avoir embrassées ou baisées, ou balayées, ou arrosées, ou baignées, ou ointes, ou habillées, ou chaussées, quoiqu’il soit défendu de le faire, en raison de la défense négative (Ex 20, 5). Au même titre de défense négative il est défendu de jurer ou de faire un vœu au nom de ces divinités. Se prostituer à l’idole Baal-Péor (Belfegor) constitue son mode d’adoration, ainsi que de jeter une pierre à Markoles (Mercure).",
"Celui qui livre un de ses descendants à Molokh n’est coupable que s’il lui remet son enfant et le fait passer par le feu. Si l’enfant a été livré à Molokh sans passer par le feu, ou s’il a passé par le feu sans avoir été livré à Molokh, le père n’est pas coupable: il faut les 2 actes réunis. Un conjurateur de morts est le Python; celui qui fait parler le mort de sa tombe, ou nécromancien (Lv 19, 31), le fait par opération magique parler de la bouche; ils sont passibles de la peine capitale par lapidation, et celui qui consulte les morts transgresse une défense (ibid.).",
"Celui qui profane le Shabat par un acte pour lequel on est passible de la peine de retranchement en cas de fait volontaire, ou du sacrifice d’expiation en cas de fait involontaire, celui qui maudit son père et sa mère, est coupable s’il les maudit par un nom de la Divinité; si c’est par un attribut divin, la culpabilité est la même, selon R. Meir; mais les autres sages déclarent un tel homme acquitté.",
"Celui qui cohabite avec une jeune fille fiancée est seulement coupable si elle est adolescente, vierge, fiancée, chez son père; si 2 hommes cohabitent tour à tour avec elle, le premier sera lapidé et le second étranglé.",
"Le séducteur est un particulier qui dit qu’il y a une divinité dans tel endroit, qui mange, boit, fait tel bien ou tel mal, il sera condamné à mort. Il y a une différence entre le séducteur et les autres coupables; ceux-ci doivent être avertis par les témoins, lesquels ne se cachent pas pour assister au crime à l’insu du coupable; le séducteur fait exception, on lui aposte des témoins en cachette sans l’avertir. Voici comment on se conduit envers le séducteur: s’il s’adresse à deux personnes pour les séduire, ces 2 personnes témoins l’amènent au tribunal (qui jugera) et le lapideront. S’il s’adresse à une seule personne, comme elle ne peut pas le faire condamner seule, cette personne lui dira: “Je connais d’autres individus qui voudront te suivre; il faut que tu leur parles”. Si le séducteur est assez adroit pour ne pas vouloir s’exposer à parler à plusieurs individus, la personne en question cherchera à l’amener dans un endroit où les témoins se tiennent en cachette. Alors la personne dira au séducteur: “Répète-moi ce que tu m’as dit déjà à propos de la Divinité”. Si celui-ci le répète, la personne en question cherchera d’abord à l’en détourner, en lui disant: “Comment veux-tu que nous abandonnions notre Dieu qui est au ciel, pour suivre des divinités qui ne sont que bois et pierres”? Si le séducteur se repent et change d’avis, on le laisse libre. Mais s’il insiste en disant qu’il faut absolument adopter cette divinité, les témoins qui se trouvent en cachette et qui entendent ses paroles l’amèneront au tribunal (qui jugera), puis le lapideront. Le séducteur dit: “je servirai l’idole, ou: j’irai l’adorer”, ou “allons l’adorer; ou: je lui sacrifierai; ou: j’irai lui sacrifier; ou: allons lui sacrifier; ou: je l’encenserai; ou: j’irai l’encenser; ou: allons l’encenser; ou: je lui ferai des libations; ou: j’irai lui faire libation; ou: allons lui faire libation; ou: je m’y prosternerai; ou: je vais me prosterner; ou: allons nous prosterner. Détourner une ville entière consiste à dire: allons et adorons les idoles.",
"Le magicien est coupable s’il accomplit un acte magique, mais non s’il en fait seulement le simulacre pour tromper la vue. R. aqiba dit au nom de R. Josué: il peut arriver que 2 personnes cueillent des courges par magiesup>232, et pourtant l’une d’elles pourra être dispensée et l’autre sera coupable. C’est que le véritable auteur de l’acte sera coupable, et celui qui aura seulement trompé les yeux ne sera pas coupable."
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"L’enfant pervers et rebelle -qui est puni d’après la Bible, (Dt 21, 18-21), doit être majeur, et d’autre part il ne doit pas être un homme fait et complètement développé physiquement; les sages s’expriment en termes décents à cet égard. Car il est écrit (ibid.): Si un homme a un fils, non une fille, ni un homme (adulte). Le mineur échappe à toute pénalité, étant dispensé d’accomplir les préceptes religieux.",
"Ce fils est coupable de gourmandise et d’ivrognerie lorsqu’il mange un trithmorion de viande et boit un demi log de vin d’Italie (très fort); selon R. Yossé, il devra avoir mangé une livre (Maneh) de viande et bu un log de vin pour être coupable. S’il a mangé et bu cette quantité dans un repas de service religieux, ou à la cérémonie de l’embolismie du mois, ou en consommant la 2e dîme à Jérusalem, ou en mangeant soit des chairs de charogne, soit de bêtes déchirées, ou des reptiles et des vers, ou des fruits non rédimés, ou de la 1re dîme dont l’oblation n’est pas prélevée, ou de la 2e dîme et des consécrations non rachetées (hors Jérusalem), enfin un objet qui est prescrit ou interdit par une loi religieuse, ou tout mets hors la viande, ou toute boisson, hormis le vin, il ne sera pas considéré comme fils rebelle, jusqu’à ce qu’il ait mangé de la viande (permise) et bu du vin, car il est dit (ibid.): un gourmand et un ivrogne, et bien qu’il n’y ait pas de preuve formelle qu’il faille expliquer ainsi ces 2 termes, il y est fait allusion par ces mots (Pr 13, 20): Ne sois pas parmi les gens ivres de vin, les gourmands de viande.",
"S’il a volé son père et mangé chez lui, ou volé d’autres et mangé chez eux, ou volé d’autres et mangé chez son père, il ne sera considéré comme fils rebelle que lorsqu’il aura volé de son père ce qu’il mange chez d’autres. R. Yossé b. R. Juda dit: il devra avoir volé son père et sa mère pour être coupable.",
"Si le père veut mettre un tel fils en accusation, et la mère s’y oppose, ou vice-versa, le fils ne pourra pas être taxé de rébellion; il faut pour cela l’assentiment des 2 parents. Selon R. Juda, il ne sera pas non plus taxé de rébellion s’il y a disproportion (d’aspect) entre la mère le père. Si l’un des deux parents est manchot, ou bancal, ou muet, ou aveugle, ou sourd, il est absous, car il est dit (Dt 23, 19): son père et sa mère le saisiront, ce qui est impossible à un manchot, et le feront sortir, fait impossible à un bancal; et diront, fait impossible au muet; voici notre fils, ce qu’un aveugle ne peut constater; il n’écoute pas notre voix, ce à quoi le sourd ne peut pas prétendre. Ils l’avertissement d’abord devant 3 témoins, puis (en cas d’infraction) lui infligent la peine des coups de lanière. S’il a recommencé son délit, il sera jugé par un tribunal de 23 membres; seulement, pour lui faire subir la lapidation, le tribunal devra avoir en sa présence les 3 premiers juges (qui l’ont déjà condamné), pour se conformer aux mots: Celui-ci notre fils (ibid.), celui qui a déjà subi la peine de la flagellation est devant vous. S’il a fui avant le prononcé du jugement, et dans l’intervalle de temps l’adolescence s’est achevée (productis inferioris barbae pilis), il sera acquitté; mais s’il n’a fuit qu’après le prononcé du jugement, puis l’adolescence s’est achevée, il reste coupable.",
"Le fils rebelle est ainsi jugé en vue de son avenir. La loi dit: mieux vaut qu’il meure moins coupable que s’il avait commis de plus grandes fautes, car la mort des pécheurs est un bien pour eux et pour le monde, tandis que celle des justes est un malheur pour eux (pour les leurs) et pour le monde. Le vin et le sommeil des impies est une jouissance pour eux et pour le monde; celui des justes est un mal pour eux et pour le monde. La dispersion des impies est agréable à eux et au monde; celle des justes est fâcheuse pour eux et pour le monde. La réunion des impies est un mal pour eux et pour le monde; celle des justes est une satisfaction pour eux et pour le monde. Le calme pour les impies est un malheur pour eux et pour le monde; celui des justes est un bienfait pour eux et pour le monde.",
"Le voleur qui s’introduit par effraction mérite d’être tué (Ex 22, 1&2), non pas pour le crime qu’il a commis, mais pour prévenir la fin (de tuer le propriétaire). Si ce voleur a causé des dommages en brisant quelque chose, il doit le payer s’il se trouve dans des circonstances à ne pas mériter la mort. Mais s’il mérite la mort, il ne doit plus payer dommage.",
"Voici les personnes que l’on peut empêcher de commettre un crime même en les tuant: celui qui poursuit son prochain pour le tuer, celui qui veut violer un homme ou une fiancée nubile. Pour tous les autres crimes, p. ex. de poursuivre un animal (ad ineundum), ou de profaner le Shabat, même pour le culte que le coupable veut rendre aux divinités païennes, on ne peut pas tuer celui qui veut les commettre pour l’empêcher de le faire."
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"Voici ceux qui sont condamnés à être brûlés: celui qui cohabite avec une femme et sa fille, ou la fille d’un Cohen, mariée ou fiancée, qui commet un adultère; dans la règle relative au commerce avec la mère de son épouse et celle-ci, on comprend l’union avec sa fille, avec la fille de sa fille, avec la fille de son fils, avec la fille de son épouse, avec la fille de la fille ou du fils de son épouse; enfin celui qui le commet, soit avec sa belle-mère, soit avec la mère de sa belle-mère, ou avec la mère de son beau-père.- Voici deux qui sont condamnés à la décapitation: l’assassin et les habitants de la ville coupables de paganisme (Dt 13, 16). Un individu qui a assassiné quelqu’un avec une pierre ou avec un instrument de fer, ou qui l’a tué en le maintenant dans l’eau ou dans le feu de manière à ce qu’il ne pût pas en sortir, est condamné à mort; mais si en le poussant dans l’eau ou dans le feu, l’autre pouvait en sortir, bien qu’il soit mort, le coupable n’est pas condamné à mort. S’il a excité un chien ou un serpent contre quelqu’un, il n’est pas condamné à mort. Si en tenant le serpent, il lui a fait mordre quelqu’un, R. Juda dit que l’auteur de ce fait est condamné à mort; mais les autres docteurs ne le condamnent pas. Un individu a donné des coups à un autre, et l’on a jugé ces coups mortels; puis la victime allant mieux, on a jugé qu’elle allait guérir; enfin son état s’est aggravé, et la victime est morte; dans ce cas, le coupable est condamné à mort. R. Nehemiah dit qu’il est acquitté, car l’amélioration que la victime avait éprouvée prouve qu’elle n’est pas morte des coups.",
"Si un individu a voulu tuer un animal et qu’il ait tué un homme, il n’est pas condamné à mort. S’il a voulu frapper un païen, non un israélite, ou un avorton, non un être né viable, ou s’il a voulu frapper un homme dans une partie où le coup n’aurait pas été mortel, mais que le coup ait porté au cœur, où il était mortel, le coupable n’est pas condamné à mort; s’il a eu l’intention de frapper au cœur, où le coup aurait été mortel, mais le coup a porté sur un endroit où le coup n’a pas été mortel, quoique la victime soit morte, le coupable n’est pas condamné à mort. S’il a voulu frapper une grande personne que le coup n’aurait pas tuée, mais le coup a porté sur un enfant pour lequel il était mortel, le coupable n’est pas condamné à mort. S’il a voulu frapper un enfant que le coup aurait tué, mais, le coup a porté sur une grande personne pour laquelle il n’était pas mortel, quoique la grande personne soit morte, le coupable n’est pas condamné à mort. Mais s’il a voulu frapper sur une partie du corps où le coup aurait été mortel, et le coup a porté au cœur où le coup était également mortel, le coupable est condamné à mort. De même, s’il a voulu frapper une grande personne pour laquelle le coup aurait été mortel, et si le coup a porté sur un enfant qui en est mort, le coupable est condamné à mort. R. Simon dit: si quelqu’un a voulu tuer un individu et a atteint un autre, il n’est pas condamné à mort.",
"Si un assassin est confondu avec d’autres personnes, on les acquitte tous; selon R. Juda, on les met en prison. Si divers condamnés, chacun à un autre genre de mort, sont confondus entre eux, on leur applique le genre de mort le moins douloureux. Si un condamné à être lapidé est confondu avec un condamné à être brûlé, R. Simon dit qu’ils sont lapidés tous les deux, car c’est le genre de mort le moins douloureux des deux; les autres docteurs disent qu’ils seront brûlés, car au contraire, la mort par brûlure est moins grave que celle par lapidation. R. Simon dit alors aux autres docteurs: Si la mort par brûlure n’était pas la plus grave, la Bible ne l’aurait pas prescrite pour une femme mariée, fille d’un cohen, qui commet un adultère. Mais les autres docteurs lui répondirent: Si la mort par la lapidation n’était pas la plus grave, la Bible ne l’aurait pas prescrite pour celui qui rend un culte aux divinités païennes. Si un condamné à la décapitation est confondu avec un condamné à la strangulation, R. Simon dit qu’ils auront tous les deux le cou coupé; les autres docteurs disent qu’on les étrangle (car l’étranglement est moins pénible que l’autre genre de mort).",
"Si un individu a commis deux crimes, dont chacun est puni d’un genre de mort différent, on lui applique celui qui est le plus grave des deux. S’il a commis une action qui mérite doublement la mort, on applique au coupable le genre de mort le plus grave des deux. R. Yossé dit que si l’action est criminelle par deux causes, il faut savoir quelle cause est la plus ancienne.",
"Si après avoir subi la peine des coups 2 fois pour infraction d’une défense, quelqu’un la transgresse une 3e fois, le tribunal l’incarcérera dans un cachot voûté, et là, après lui avoir donné fort peu à manger et à boire (de façon à contracter les intestins) on lui fera manger de l’orge, jusqu’à ce que les intestins éclatent. S’il est certain que quelqu’un a assassiné, sans qu’il y ait attestation conforme, on placera le coupable dans un cachot voûté; on le fera d’abord manger et boire fort peu, puis on le gavera d’orge, de façon à provoquer une mort indirecte.",
"Quiconque enlève la couverture (qui sert à couvrir les vases sacrés), ou blasphème Dieu par des sacrilèges, ou cohabite avec une femme araméenne, est frappé par les zélateurs. Le cohen qui opère au Temple à l’état impur ne sera pas traduit devant le tribunal par ses frères (égaux); mais les adolescents du sacerdoce (apprentis) le feront sortir de l’enceinte sacrée et lui briseront le crâne à coup de bûche. Un étranger à la race sacerdotale qui aura servi au Temple sera passible de la strangulation, selon R. aqiba; d’après les autres docteurs, il sera puni de la mort par voie céleste (non par les hommes)."
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"Tous les Israélites ont part à la vie future, selon ces mots (Is 60, 21): ceux de ton peuple sont tous justes, ils posséderont la terre pour l’éternité, un rejeton de ma plantation, une œuvre de mes mains, pour être glorifié. Voici ceux qui n’ont pas de part à la vie future; celui qui prétend que la résurrection des morts n’est pas énoncée dans la Bible, ou que la loi n’émane pas du ciel, ou l’épicurien (Epicureus). R. aqiba y comprend aussi celui qui s’adonne à la lecture des livres extérieurs (ou hérétiques), ou celui qui, à la vue d’une plaie, dit à voix basse (pour exorciser) les mots (Ex 15, 26): je ne t’imposerai aucune des maladies suggérées à l’Egypte, car je suis l’Eternel qui te guérit. Abba Saül y englobe celui qui énonce le nom divin par ses quatre lettres (le tétragramme dit comme il est écrit).",
"Trois rois et quatre simples particuliers n’ont pas de part à la vie future. Les trois rois sont: Jéroboam, Achab et Manassé. R. Juda dit: Manassé aura une part à la vie future, car il est dit (2R 32, 13): Il pria Dieu qui l’exauça, accueillit sa supplication, et le réintégra à Jérusalem, dans son royaume. Mais les docteurs répliquent: Dieu l’a réintégré dans son royaume, non dans sa part de vie future. Les quatre simples particuliers sont: Balaam, Doëg, Ahitofel, et Guehazi.",
"Les contemporains du déluge n’ont pas de part à la vie future et ne ressusciteront pas au jour du jugement dernier, car il est dit (Gn 6, 3): Mon esprit ne jugera pas toujours en l’homme; les hommes de cette génération n’a donc à espérer ni jugement, ni nouveau souffle. La génération du temps de la dispersion des hommes (tour de Babel) n’a pas de part à la vie future, car il est dit (ibid. 6, 5): Dieu les dispersa de là sur la surface de toute la terre; or, “Dieu les dispersa” en ce bas monde, et il les dispersa “de là”, les écartant de la vie future. Les habitants de Sodome n’ont pas de part à la vie future, car il est dit (ibid. 11): les habitants de Sodome étaient des impies et de très grands pécheurs contre l’Eternel; “impies” en ce bas monde et “pécheurs” en la vie future. Mais ils ressusciteront pour le jugement dernier. R. Néhémie dit: ni les uns, ni les autres, ne ressusciteront pour le jugement, comme il est dit (Ps 1, 5): C’est pourquoi les impies n’assisteront pas en justice, ni les pécheurs dans la communauté des justes. Les premiers mots, “aussi les impies n’assisteront pas en justice”, s’appliquent aux contemporains du déluge;et la suite, “ni les pécheurs”, se réfère aux habitants de Sodome. Mais on lui objecta ceci: ils ne se trouvent pas, il est vrai, “dans la communauté des justes”, mais ils sont parmi les impies (qui assisteront au jugement dernier). Les explorateurs n’ont pas de part à la vie future, car il est dit (Nb 19, 34): Ils moururent les hommes qui répandirent à faux d’aussi mauvaises nouvelles sur le pays, par la peste, devant l’Eternel. Or, “ils moururent” en ce bas monde; “par la peste”, pour la vie future. Ceux qui séjournèrent (40 ans) au désert n’ont pas de part à la vie future, et ils n’assisteront pas au jugement dernier, car il est dit (ibid. 35): dans ce désert ils seront anéantis, et ils mourront là. Tel est l’avis de R. aqiba. Selon R. Eliézer au contraire, à eux s’applique ce verset (Ps 50, 5): Assemblez-moi mes gens pieux qui ont conclu avec moi une alliance par le sacrifice. La horde de Qorah ne remontera plus du sol, car il est dit (Nb 16, 33): la terre les a recouverts, en ce bas monde, et ils ont disparu de la communauté, en la vie future. Tel est l’avis de R. aqiba. R. Eliézer au contraire dit de leur appliquer ces mots (1S 2, 6): l’Eternel tue et ressuscite, il fait descendre dans la fosse et en fait remonter. Les dix tribus ne reviendront plus, car il est dit (Dt 29, 28): Il les rejettera dans un autre pays, comme ce jour; or, comme “ce jour” une fois écoulé ne revient plus, de même les dix tribus partiront et ne reviendront plus. Tel est l’avis de R. aqiba. R. Eliézer au contraire dit: comme le jour après avoir été sombre redevient clair, de même les dix tribus dont le sort aura été obscurci, brilleront d’une nouvelle clarté.",
"Les habitants d’une ville qui se livre à l’idolâtrie n’ont pas de part à la vie future, car il est dit (Dt 13, 13): des gens sans aveu sont sortis de ton sein et ont séduit les habitants de leur ville. Ils seront seulement tués, lorsque les détracteurs sont de la même ville et de la même tribu, que la majorité des gens aura été détournée, et ce, par des hommes. Si les détracteurs sont des femmes, ou des mineurs, ou si la minorité est seule livrée à l’idolâtrie, ou si les détracteurs sont des gens du dehors, on les considère comme isolés. Pour chacun d’eux, il faudra deux témoins et un avertissement, avant de pouvoir les condamner de ce fait. Toutefois, le cas de gens isolés a ceci de plus grave que des gens nombreux, réunis, en ce que les isolés sont condamnés à la peine de mort par la strangulation, à la suite de quoi, leur fortune est sauve (et revient à leurs héritiers), tandis qu’un ensemble de malfaiteurs sera condamné à la décapitation, avec privation de leurs biens.",
"Il est dit (Dt 13, 13): tu frapperas les habitants de la ville au fil de l’épée, etc. Ceci nous enseigne que les âniers et les chameliers qui passent d’un endroit à l’autre, peuvent sauver une telle ville. Puis il est dit: Mets la en anathème avec tout ce qu’elle contient, et tue ses bestiaux par le sabre. On en conclut ceci: même les biens des justes se trouvant dans cette ville devront être anéantis; mais ce qui est en dehors d’elle sera sauvé; tandis que le bien des impies, soit dans elle, soit au dehors, devra être anéanti.",
"Il est dit (ib. 17): tu réuniras tout le butin sur la place publique, etc. S’il n’y a pas de place publique, on en fait une; s’il y en a une auprès d’elle au dehors, on y réunit le butin amassé. Puis: tu brûleras par le feu la ville avec tout le butin, entièrement à l’Eternel ton Dieu, non ce qui appartient au ciel. On conclut de là que l’on devra racheter les saintetés qui s’y trouvent. On laissera pourrir sur place les oblations sacerdotales; on enfouira la seconde dîme et les écrits sacrés (la bible). “Entièrement à l’Eternel ton Dieu”, c’est que, selon R. Simon, le très saint dit: si vous exercez une stricte juste à l’égard de la ville idolâtre, je considérerai ce sacrifice à l’égal d’un holocauste offert devant moi. Elle sera un monceau éternel, que l’on ne réédifiera pas, et ne sera même pas transformée en jardins, ou potagers. Tel est l’avis de.R. Yossé, le galiléen. R. aqiba dit: “elle ne sera plus reconstruite” telle qu’elle était d’abord, mais on pourra convertir le sol en plantations de jardins. \"“Et tu ne garderas rien en main de la mise en anathème afin que l’Eternel revienne sur les effets de sa colère, donne les preuves de sa miséricorde, qu’il ait pitié de toi et te fasse grandir; car aussi longtemps que les impies sont de ce monde, la colère à leur égard subsiste;mais avec leur destruction, la colère disparaît du monde”."
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"Voici ceux qui sont condamnés à être étranglés: celui qui frappe son père et sa mère, celui qui viole un homme, l’ancien qui agit contrairement à la décision du grand tribunal de Jérusalem (Dt 17, 12), un faux prophète, celui qui prophétise au nom d’une divinité païenne, celui qui commet un adultère avec une femme mariée, les faux témoins qui ont déposé que la fille d’un cohen a commis un adultère et qui ont été convaincus de faux, celui qui commet un adultère avec la fille d’un cohen qui est marié. Celui qui frappe son père ou sa mère n’est condamné à mort que s’il a fait une blessure. Voici sous quel rapport la malédiction est plus grave que le coup: celui qui maudit son père et sa mère, en prononçant la malédiction qui est punie de mort, est condamné quand même il le fait après la mort de ses parents, tandis que celui qui frappe son père ou sa mère après la mort n’est pas condamné à mort (puisqu’après la mort il n’y a pas de blessure). Celui qui vole un homme n’est condamné à mort que s’il l’a amené chez lui et s’il l’a vendu ensuite. R. Juda dit qu’il n’est condamné à mort que s’il l’a amené chez lui et s’il s’est fait servir par lui avant de le vendre, comme il est dit (Dt 24, 7): s’il l’a asservi, et l’a vendu; si quelqu’un a volé son fils et s’il l’a vendu, il est condamné à mort d’après R. Ismaël le fils de R. Yohanan b. Broqah; mais les autres docteurs disent qu’il n’est pas condamné à mort. De même celui qui a volé un individu à moitié esclave et à moitié affranchi sera condamné, selon R. Juda; les autres docteurs ne le condamnent pas.",
"L’ancien qui agit contrairement à la décision du grand tribunal de Jérusalem est condamné à mort, car il est dit (Dt 17, 8): lorsqu’une affaire te sera trop difficile à démêler, dans une cause criminelle ou civile. Il y avait dans le temple trois tribunaux, dont le premier siégeait près de la porte dite de la montage sainte; le deuxième siégeait plus haut, près de la porte du parvis, et le troisième occupait la porte la plus élevée, en siégeant dans la cellule au bois. Si dans la province un ancien n’était pas d’accord avec les autres juges ses collègues, il venait avec eux à Jérusalem, d’abord au premier tribunal qui siégeait à l’entrée de la montage sainte et disait “Voici mon opinion, voici celle de mes collègue; qu’en dites-vous”? Si ce tribunal avait sur ce point une tradition, il la leur communiquait; sinon, ils allaient au deuxième tribunal séant au parvis, pour lui dire: “Voici mon opinion, voici celle de mes collègues; qu’en dites-vous”? Si le deuxième tribunal avait une tradition, il la disait; sinon, ils allaient tous au grand tribunal supérieur, dont la juridiction s’étendait sur tout Israël, selon ces mots (ibid. 17): de l’endroit que Dieu choisira. Cet ancien en retournant dans sa ville était obligé de se conformer à la décision du tribunal de Jérusalem. Cependant, s’il continue à enseigner comme auparavant, sans égard pour l’opinion du tribunal de Jérusalem, il n’est pas condamné; mais s’il fait exécuter ses jugements contraires à la décision du tribunal de Jérusalem, il est condamné à mort, selon ces mots (ibid. 12): l’homme qui agit avec préméditation, etc. Le disciple qui a rendu un jugement pareil pour le faire exécuter n’est pas condamné à mort; de sorte que la circonstance aggravante (qu’il ose rendre ce jugement sans avoir l’autorisation) devient pour lui un avantage (qui l’exonère de la peine de mort).",
"Sous un autre rapport, les paroles des docteurs sont plus graves que celles de la loi écrite. Ainsi, lorsque l’ancien enseigne ce qui est contraire à la parole du Pentateuque, s’il dit par exemple qu’il ne faut pas mettre des phylactères, il n’est pas condamné à mort, car tout le monde connaît cette loi de la Bible (Dt 6, 8), et l’ancien ne peut tromper personne. Mais s’il enseigne ce qui est contraire seulement à la tradition fixée par les docteurs, comme d’avoir 5 cases dans les phylactères (au lieu de 4), il est condamné.",
"L’ancien qui agit contrairement à la décision du tribunal de Jérusalem, et qui est condamné à mort, n’est pas exécuté dans sa ville, ni même dans Yabneh (quand le tribunal se fut exilé à Yabneh), mais on l’amène à Jérusalem (quand le tribunal est encore là), et on le garde jusqu’à la fête prochaine, pour l’exécuter quand on s’y assemble de tous les pays en pèlerinage, selon ces mots (Dt 17, 13): tout le peuple l’apprendra et aura peur. C’est l’opinion de R. aqiba. R. Judah dit qu’il ne faut pas tourmenter le condamné, en lui faisant souffrir la longue attente de la mort, mais on l’exécutera de suite, et l’on écrit dans tous les pays: “Tel individu, fils d’un tel, a été condamné à mort par le tribunal”.",
"Le faux prophète est condamné s’il prophétise ce qu’il n’a pas entendu, ou ce qui ne lui a pas été dit; mais celui qui ne fait pas connaître sa prophétie, ou le prophète qui agit contrairement à sa prophétie, ou un autre individu qui n’écoute pas le prophète, n’est pas condamné par des hommes, car l’Ecriture dit: je lui en demanderai compte moi-même (Dt 18, 19).",
"Celui qui prophétise au nom d’une divinité païenne, quoiqu’il parle conformément à la loi, déclarant impur ce qui l’est et pur ce qui l’est, est condamné. Celui qui commet un adultère avec une femme mariée, même avant la cohabitation de celle-ci avec son mari, est condamné à être étranglé. Celui qui comment un adultère avec une femme mariée qui est la fille d’un cohen est aussi condamné à être étranglé, quoique cette femme soit condamnée à être brûlée. Enfin les témoins qui ont voulu faire condamner cette fille d’un cohen et un autre individu, en faisant contre eux une fausse déposition, et qui sont démentis (convaincus de faux), sont condamnés à subir le genre de mort auquel ils ont voulu faire condamner l’individu."
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"sectionNames": [
"Chapter",
"Mishnah"
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