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Un restaurant est un établissement de commerce où l'on sert des plats préparés et des boissons à consommer sur place, en échange d'un paiement.
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La nourriture y est généralement préparée par un chef cuisinier. Le terme couvre une multiplicité de lieux et une grande diversité des types de cuisines, tant locales qu'étrangères. Les restaurants sont parfois le dispositif réservé au service des repas au sein d'une plus grande entité (hôtel, université, aéroport...), on parle alors de restaurant collectif par opposition au site de cuisine. Ils peuvent aussi être associés à une activité de traiteur ou d'épicerie. Le restaurant offre des conditions de confort plus ou moins importante, et la restauration est dite « rapide » quand le client peut commander et manger en quelques minutes ou dizaines de minutes, éventuellement debout.
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Le mot restaurant provient du verbe « restaurer » qui signifie au XIIe siècle « remettre en état », « remettre debout ».
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Dès le début du XVIe siècle, le terme de « restaurant », revêt une acception alimentaire pour désigner un « aliment reconstituant ». Au milieu du XVIIe siècle, le terme désigne plus spécifiquement un « bouillon restaurant fait de jus de viande concentré » puis, à partir du milieu du XVIIIe siècle, le lieu qui en assure la vente.
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« Restaurant » désigne aussi un pain de 400 g dans certaines boulangeries du sud de la France.
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L'activité de restauration a existé bien avant l'utilisation du terme « restaurant » en des lieux où l'on servait à manger à boire aux voyageurs, leur offrant parfois aussi le repos et un service pour leurs attelages.
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Hormis le statut de voyageur et sur le plan urbain, le concept de manger devant des inconnus, seul ou en famille, hors de son logis et en dehors des moments de fêtes, est pratiquement impensable avant les Temps modernes : ce point est fondamental sur le plan anthropologique, et pas seulement en Occident[1].
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Hōshi Ryokan, ouverte en 717 au Japon, est la plus ancienne auberge du monde encore en activité. Le Stiftskeller St. Peter à Salzbourg aurait été citée pour la première fois d'après un document d'Alcuin datant de 803[2]. Si cette citation est avérée, il est probablement le plus ancien restaurant du monde encore en activité ; initialement monastère puis auberge, elle n'a néanmoins plus d'activité hôtelière. En France, La Couronne, auberge normande située à Rouen ouvre en 1345 ; l'hostellerie de la Croix d'Or (Provins), encore en activité, ouvre en tant qu'auberge en 1575[3].
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Selon l'historienne Carolin C. Young, intervenante à l'Université d'Oxford de 2007 à 2010, quelques cafés sont ouverts vers les années 1450 en Turquie et en Égypte. Ce type d'établissement se répand lentement dans les villes d'Europe, d'abord Venise, puis Vienne, jusque dans les années 1650 où leur développement s'accélère (Marseille, Lyon, Paris, Oxford…). Le Café Procope, créé en 1686 à Paris, est le premier « restaurant », dans l'acception moderne, initialement importateur de produit exotiques à consommer sur place, tant sucrés (glace italienne, gâteaux) que salés, et bien entendu du café[4]. À la Petite Chaise situé 36 rue de Grenelle à Paris remonte à l'année 1700 et était à l'origine une cave à vins et une épicerie (jambons, saucissons), devenue cabaretier sous la Régence[5].
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La Casa Botin, auberge créée en 1725 à Madrid, dont les fondations de l'immeuble remontent à la fin du XVIe siècle, prétend que la conversion de son activité d'aubergiste en restaurant[réf. nécessaire] est plus ancienne que celle du Café Procope, les deux étant des évolutions lentes qui ne sont pas datées précisément. Néanmoins le Café Procope n'a jamais eu d'activité hôtelière, mais uniquement alimentaire.
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Depuis Legrand d’Aussy[6], la vulgate[7] veut que le premier « restaurant », dans l'acception moderne, ait été ouvert à Paris, rue des Poulies ou rue Bailleul, en 1765 par un marchand de bouillon, nommé Boulanger (dit « Champ d'Oiseaux » ou « Chantoiseau »)[8]. Il sert des « restaurants » ou « bouillons restaurants », c'est-à-dire des consommés à base de viande censés restaurer les forces[9]. Ces bouillons, qui existent depuis le Moyen Âge, sont composés de viande, mais aussi, selon les recettes, de racines, d'oignons, d'herbes, d'épices, de sucre, de pain, voire de pétales de rose, de raisins ou d'ambre[10].
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Boulanger, qui fut appelé « restaurateur », avait mis sur sa porte la devise Venite ad me, omnes qui stomacho laboratis, et ego restaurabo vos (« Venez tous à moi, vous dont l’estomac crie misère, et je vous restaurerai »). Il inventa le nom de « restaurant » dans son sens actuel car on trouvait à manger chez lui quand on voulait de la nourriture servie sur table à prix fixé à l'avance et à toute heure proposée sur une carte, mais n’étant pas traiteur, il ne pouvait servir de ragoûts. Il donnait des volailles au gros sel avec des œufs frais, et tout cela était servi proprement, sur de petites tables de marbre. Il préparait aussi des pieds de mouton à la sauce blanche, ce qui portait atteinte au monopole des traiteurs. Ceux-ci lui intentèrent un procès qu'ils perdirent[10].
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L’Almanach du Dauphin de 1777 évoque non pas Boulanger comme l'inventeur de restaurant moderne en 1765 mais Messieurs Roze (ou Roze de Chantoiseau) et Pontaillé en 1766, locataires d'une partie de l’Hôtel d'Aligre rue Saint-Honoré. Il semble que le premier établissement rue des Poulies n'étant pas situé dans un emplacement avantageux, il ait été transféré rue Saint-Honoré. Le nom complet de Monsieur Roze de Chantoiseau et le surnom de Boulanger, désignant probablement la même personne, sont à l'origine de la confusion de ces sources[11]. Rebecca Spang, arguant du fait qu'il ne subsiste aucune trace du prétendu procès des traiteurs contre Boulanger et estimant que leur corporation, très diversifiée, était tolérante vis-à-vis de cette nouveauté[12], considère Roze comme le véritable « inventeur » du restaurant, dont l'innovation aurait consisté en une prévenance marquée pour le client qui aurait engendré « une nouvelle logique de sociabilité et de respectabilité »[13],[14].
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À son imitation, s’établirent bientôt d’autres restaurateurs, dont les maisons s’appelèrent, du nom du bouillon conseillé par Palissy, des restaurants. Le service imite le changement qui s’opère à cette époque dans l’aristocratie : déclin du service à la française remplacé par le service à la russe dans lequel le convive – assis à une table individuelle – est servi par les ustensiles et le personnel dédiés individuellement.
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Le service rendu se différencie des :
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Boulanger brise ce monopole et cuisine ce qui plaît à sa clientèle. Il baisse les prix et affiche la carte devant le restaurant afin que les clients sachent quelle sera la composition et le coût de leur repas[9]. Les traiteurs intentèrent à Boulanger un procès, qu'ils perdirent. À la suite de ce procès, d'autres restaurateurs s'installèrent.
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Un certain engouement se crée pour l'établissement de Boulanger parmi l'aristocratie et les intellectuels[15].
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En 1782, Antoine Beauvilliers, cuisinier du prince de Condé et officier de bouche du comte de Provence, reprend la formule de Boulanger et ouvre, dans un cadre raffiné, la Grande Taverne de Londres, au 26 rue de Richelieu à Paris[16]. Il propose aux clients de manger comme à Versailles. Le service des vins est fait en bouteille, comme à Londres, à la mode à cette époque[9]. C'est là le premier véritable grand restaurant de Paris, qui restera pendant plus de vingt ans sans rival.
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Mais c'est à partir de la Révolution française que le phénomène prend de l'ampleur. En effet, d'une part, l'émigration des aristocrates laisse leur personnel de service, dont leurs cuisiniers, sans emploi et, d'autre part, de nombreux provinciaux arrivent à Paris, où ils ne comptent pas de famille qui puisse les nourrir. Dès lors de plus en plus de cuisiniers, formés à la préparation de cuisine de qualité, vont devenir restaurateurs, et l'on compte dès 1789 à Paris une centaine de restaurants fréquentés par la bonne société, regroupés autour du Palais-Royal[17]. Trente ans après la Révolution, on en dénombrera 3 000.
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Les restaurants se sont rapidement multipliés à travers le monde, le premier restaurant ouvrant aux États-Unis dès 1794, à Boston. Le type de service restera longtemps fondé sur le principe du « service à la française » où les plats étaient posés à table, les convives se servant eux-mêmes. Cependant, ce service rendait la facturation difficile pour les restaurateurs. La forme actuelle de service, où le convive reçoit un repas dressé sur assiette, appelé « service à la russe », fut introduit en France par le prince russe Kourakine dans les années 1810 d'où il se répandit progressivement.
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Au XIXe siècle, à Paris, le Palais-Royal est finalement supplanté par les restaurants qui s'installent sur les boulevards. Au milieu du siècle, les Bouillon Duval sont la première chaîne de restauration bon marché ; sept établissements sont implantés dans la capitale. Les brasseries apparaissent après 1870, où s'attablent autant des bourgeois que des clients plus modestes. L'offre s'élargit[17].
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Une « auberge à la ferme » propose de déguster les produits du terroir et les spécialités régionales issus des productions de la ferme ou des fermes voisines ; en France elles peuvent être appelées « Ferme-Auberge » ou « Auberge d'Accueil Paysan ».
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Établissements où sont servis à toute heure de la journée en principe le plus grand choix de boissons chaudes et fraîches. On peut aussi y trouver un choix plus ou moins restreint de plats cuisinés assez simples ou de vente à emporter, on parle alors de snack-bar. Bien souvent le midi, un buffet d'entrée est proposé au sein d'une « formule du midi ». Ce type d'établissement est généralement implanté dans le centre de chaque agglomération, quelle que soit sa taille.
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Ce type d'établissement trouve le plus souvent sa clientèle auprès d'habitants du quartier, voire d'employés des bureaux habitués des lieux surtout lors des repas de mi-journée.
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Un restaurant dit « gastronomique » est un restaurant qui cherche à mettre la gastronomie à l'honneur : plats de qualité, cave honorable, accueil attentif, service soigné et cadre agréable. Il propose en général des menus variant selon la complexité et ou la valeur des plats proposés. Ce genre de restaurant met en général à son menu viande et poisson. Un restaurant gastronomique ne dispose pas forcément d'étoiles ou de récompenses.
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La pizzeria est un restaurant spécialisé dans la vente ou le service de pizzas et autres spécialités italiennes. La pizza reste toutefois leur produit principal, les restaurants italiens servant plutôt des pâtes étant désignés du nom d’osteria.
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Des dérivés tels que des stands à pizzas (généralement montés sur le châssis d'un véhicule à moteur…) ont vu le jour en France dans les années 1980 et rencontrent toujours le succès à l'heure actuelle, leur implantation étant de ce fait mobile. D'autres produits tels que les sandwiches ou des gâteaux peuvent être proposés en sus.
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Cette formule permet la fabrication et la vente des pizzas d'un lieu à l'autre suivant des périodes fixes établies à l'avance, afin d'être connues par la population.
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Le cuisinier qui confectionne et réalise la cuisson artisanale des pizzas est nommé couramment pizzaïolo.
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Restaurant de bord de route implanté en rase campagne ou à l'entrée d'une zone urbanisée, mais plus rarement sur l'autoroute.
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En France, ils ont été spécialement créés à l'intention des professionnels de la route (conducteurs routiers et V.R.P.…) à partir de 1934 à la suite de l'édition d'un guide pratique spécialement consacré à ce groupe d'usagers.
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Le modèle s'est rapidement exporté à travers les autres pays d'Europe notamment au Royaume-Uni (sous le nom commun de Truck Stop…)[réf. nécessaire] et en Espagne où leur implantation semble de nos jours plus dense qu'en France, ceci proviendrait du fait que la règlementation concernant la circulation des poids-lourds sur route nationale est moins stricte dans ces pays.
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Ce type d'établissement est caractérisé par une décoration intérieure assez personnalisée ainsi que par une cuisine entièrement conçue à demeure, dans le but de créer une ambiance plus cordiale et de rompre avec le phénomène de solitude connu de ces professionnels de la route. Un parking suffisamment vaste est aménagé pour y faire stationner de nombreux camions (dont la circulation à l'intérieur peut être régie par la présence d'un membre du personnel…), ainsi que de douches et parfois de chambres pour ceux qui ne désirent pas (ou ne peuvent pas…) dormir à bord de leur véhicule. Ces chambres étaient dans le passé, souvent utilisées par les conducteurs de poids-lourds afin d'y prendre quelques heures de repos après une trop longue période de conduite (les temps d'activité étaient auparavant mal contrôlés…). Il était également possible de se faire réveiller sur simple demande par un des employés de l'établissement, à un moment convenu.
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Les relais routiers sont considérés comme le lieu idéal des retrouvailles entre conducteurs même si cette image tend à s'estomper de nos jours, en raison de leurs propres impératifs de délais ou rendez-vous pris auprès de leurs clientèle. De plus en plus de conducteurs préfèrent en effet prendre les repas (composés sur place ou emportés…) à bord de leur véhicule, tant par volonté de solitude que pour des raisons pratiques.
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Dès l'introduction d'un arrêté interdisant la circulation dominicale de certains poids-lourds de plus de 7,5 tonnes, les établissements ont dû adapter leurs horaires et jours d'ouverture à la clientèle. La règlementation des transports devenue plus rigide et les contrôles routiers sévères, peu de conducteurs désirent prendre le risque de conduire au-delà des temps autorisés ce qui fit perdre l'intérêt d'une ouverture 24 heures sur 24 de ces restaurants ainsi que le maintien d'un service en fin de semaine. Les conséquences peuvent se mesurer de nos jours par le transfert de cette catégorie de clientèle vers les aires de service autoroutières, généralement ouvertes en permanence. Il est à noter que ces horaires devenus inadaptés aux besoins des conducteurs (en particulier ceux étant contraints d'effectuer leur coupure hebdomadaire hors de leur domicile…) font souvent l'objet de débats au sein de la profession des transports routiers de marchandises.
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Un établissement digne de ce nom propose en théorie des menus à des prix accessibles à des conducteurs routiers et un service suffisamment rapide, afin que le temps de coupure ne s'en trouve pas indûment prolongé.
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Depuis plusieurs années, les établissements implantés en bordure des routes nationales disparaissent progressivement et ce, suivant divers motifs :
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Face à ce constat, un nouveau genre d'établissement a vu le jour en France sous le nom d'Arcotel. Cette enseigne abrite un centre routier à part entière, le plus souvent implanté près d'un échangeur autoroutier ou d'une zone industrielle importante.
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Restaurant à service rapide où l'on peut consommer le plus souvent des frites, des hamburgers, des glaces et des boissons gazeuses. Toute commande s'effectue au comptoir où on retire son plateau-repas avant de se mettre à table. Des cadeaux de bienvenue sont offerts à l'intention des plus jeunes consommateurs. Mc Donald's et Quick sont les enseignes les plus connues en France dans ce secteur.
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Les restaurants d’application encore appelés restaurants pédagogique ou encore restaurants d’initiation sont des restaurants qui permettent aux apprentis et étudiants de mettre en pratique leur formation.
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Établissement exclusivement implanté en bordure d'autoroute et de voie rapide, ce type de restaurant a vu le jour en France au début des années 1960 sous la houlette de Jacques Borel. Ce dernier a très vite pris une réputation de mauvais restaurant et a fait place à l'Arche dès 1983.
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Le social dining, dîner social ou dîner partagé est la réunion d'un groupe de personnes, connues ou inconnues, partageant un repas chez l'une des personnes du groupe ou au restaurant. Nommé également restaurants privés, le social dining existe depuis la Grèce antique, puis dans un cadre religieux et le mouvement prend son essor depuis les années 2010.
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Service pouvant être proposé dans les Maisons ou Résidences d'hôtes en complément de la nuitée dans une de leurs chambres d'hôtes.
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Service de restauration dans les trains en général et les trains de nuit en particulier.
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Des restaurants sont classés dans des guides gastronomiques.
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Les trois principaux guides gastronomiques en France sont (dans l'ordre de leur vente en 2013[19]) :
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Les gladiateurs (du latin gladiatores, de gladius, glaive, signifiant « combattants à l'épée », ou « épéistes ») étaient, dans la Rome antique, des combattants professionnels qui s'affrontaient par paires bien définies, chacun des deux adversaires appartenant à une catégorie appelée armatura, dotée d'une panoplie et de techniques de combat spécifiques.
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L’origine des combats de gladiateurs se retrouve en Italie du sud, où le combat en armes entre membres de la même famille avait pour but d'honorer la mémoire d'un mort. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.
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À Rome, le plus ancien combat de gladiateurs mentionné dans les textes se déroule en 264 av. J.-C. avec trois paires d'esclaves, organisé lors des funérailles de son père par Decimus Junius Brutus sur le Forum Boarium, le marché aux bœufs de Rome, espace à caractère utilitaire et sans prestige situé près de l’extrémité nord du Circus Maximus[1]. Ce combat fut rapidement suivi par de nombreux autres. Ainsi, en 105 av. J.-C., les jeux devinrent publics.
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Le caractère funèbre de ces affrontements s'effaça progressivement à Rome, où les combattants devinrent des professionnels, qu'il s'agisse d'hommes libres engagés ou d'esclaves. Ces combats, qui se déroulaient dans le cadre d'un amphithéâtre, devinrent le spectacle favori de la foule romaine. Organisés selon des modalités précises, ils pouvaient se terminer par la mort d'un des deux adversaires.
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Au IVe siècle, ils firent l'objet de restrictions par l'empereur Constantin Ier, mesure sans effet réel avant la fin du IVe siècle. Plus que des interdictions, c'est la répugnance des élites à supporter le poids financier des munera à la suite de l’affaiblissement des villes et de la récession économique qui aurait entraîné la disparition des gladiateurs[2].
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Les sources pour la connaissance de la gladiature sont relativement abondantes, mais inégalement réparties dans le temps : elles ne manquent pas pour le Haut-empire, mais sont nettement plus rares pour les autres époques. Elles sont de nature diverse : sources littéraires, épigraphiques et iconographiques, mais également, quoique très rares, des artefacts.
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Les Romains ne nous ont pas laissé, et peut-être n'ont jamais rédigé, de « traité » de gladiature. En compensation, nous disposons de nombreuses sources littéraires, dont le sujet n'est pas la gladiature mais dans lesquelles on peut glaner des informations éparses.
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L'iconographie est abondante et les supports divers : mosaïques, bas-reliefs, statuettes, peintures, gobelets en verre moulé mais aussi des graffiti ainsi que de nombreux médaillons de lampes à huile. Elle nous renseigne sur la panoplie des gladiateurs ou encore sur leurs techniques de combat et leur évolution.
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C'est l'épigraphie qui nous permet de découvrir des destins individuels au travers d'inscriptions funéraires riches en renseignements sur l'âge, l'origine, la carrière, la famille d'un gladiateur ou même sa mentalité.
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Les artefacts sont rarissimes. La plupart des pièces d'équipement découvertes l'ont été dans un seul endroit : la caserne des gladiateurs de Pompéi.
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Il existe deux hypothèses sur l'origine des combats de gladiateurs. Les Anciens étaient unanimes à dire que l'origine des combats de gladiateurs se trouvait chez les Étrusques[3], qui avaient pour coutume de faire des victimes expiatoires parmi les ennemis vaincus, en les faisant s'entre-tuer pour honorer les mânes d'un défunt illustre. Nicolas de Damas affirme que « les Romains ont reçu des Tyrrhéniens l'usage d'organiser des combats singuliers non seulement à l'occasion des fêtes mais aussi en guise de divertissement »[4]. Les spécialistes modernes n'interprètent plus cette phrase pour appuyer l'hypothèse de l'origine étrusque, qui n'est pas corroborée par l'archéologie : pour la plupart d'entre eux, suivant en cela l'archéologue Georges Villes[5], c'est en Italie du sud, en Campanie et chez les Lucaniens, que ces combats sont nés. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.[6]. Le caractère funéraire de ces scènes ne fait aucun doute et les joutes de ces « prégladiateurs » sont représentées à côté d'autres jeux tels que des combats de boxe ou des courses de char. Elles ont lieu en présence d'un arbitre et on peut constater, sans autre précision, que le sang coule et qu'un des deux combattants s'est écroulé. Le mot latin munus (pluriel : munera) qui désigne le combat de gladiateurs signifie à l'origine « don » et s'inscrit parfaitement dans ce cadre funéraire.
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Quoi qu'il en soit, l'origine de la gladiature semble bien se trouver dans une forme adoucie de sacrifice humain accompagnant les funérailles d'un grand personnage, comme cela se passe dans le chant XXIII de l'Iliade, Homère y racontant qu'après l'incinération de Patrocle, Achille organise des jeux funéraires en son honneur qui comporte une hoplomachie (combat en armes), disputée par Diomède et Ajax[7].
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À Rome, les combats de gladiateurs (munera) perdirent progressivement le caractère funéraire et religieux et cette proto-gladiature devint ambivalente, comme les autres spectacles, le munus sacré devenant un jeu (ludus) profane. La désacralisation des munera conduisit à la professionnalisation de la gladiature : aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., on vit ainsi apparaître une gladiature ethnique, où s'affrontent des prisonniers de guerre portant leurs armes nationales (d'abord des Samnites, puis des Gaulois et enfin des Thraces) puis, à partir de 73 (date de la guerre de Spartacus à partir de laquelle les autorités romaines réalisent qu'il est trop dangereux de composer une gladiature avec des esclaves hyper-entraînés) une gladiature technique, où s'affrontent des volontaires constituant de nouvelles catégories de gladiateurs (armaturae) : secutor, rétiaire, mirmillon, etc.[8].
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On exerça un contrôle rigoureux pour le munus annuel que donnaient les préteurs afin de limiter le montant des sommes engagées. Il fut interdit d'organiser un munus sans autorisation préalable du sénat, d'en donner plus de deux fois par an, ou de faire paraître plus de 120 gladiateurs au cours d'un même spectacle. Les combats de gladiateurs privés passèrent sous le contrôle exclusif de l'État. Seul l'empereur put dépasser les limites fixées. Ainsi Auguste engagea-t-il sous son règne environ 10 000 gladiateurs, soit dix fois le maximum autorisé. Dès la fin du règne d'Auguste, le spectacle de chasse mettant en scène des animaux sauvages (venatio) se trouva associé aux combats de gladiateurs de façon très étroite, et l'on assista désormais à des spectacles complets, appelés munera legitima ou justa (combats réguliers) qui comprenaient des chasses et des combats d'animaux le matin, un intermède à la mi-journée et des combats de gladiateurs l'après-midi[9] : l’intermède de mi-journée, qui correspond au moment des repas, était le moment où des condamnés étaient forcés de combattre des fauves, dépourvus de toute arme ; certains condamnés devaient également s'entretuer. De midi aux heures les plus chaudes de la journée se déroulaient aussi les exécutions des condamnés à mort, le plus souvent accompagnées d'une mise en scène évoquant un mythe ; pour le mythe d’Icare par exemple, on collait au prisonnier des ailes avec de la cire et on le lâchait dans le vide depuis une construction prévue à cet effet.
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Les combattants deviennent très vite des professionnels. Cette professionnalisation pourrait déjà être effective à la fin du IIIe siècle av. J.-C., si l'on s'en tient à cette phrase de Tite-Live à propos du munus offert par Scipion l'Africain en 206 av. J.-C. : « Les gladiateurs de ce spectacle ne furent pas de ces hommes dont les entrepreneurs forment d'habitude leurs paires, esclaves descendant du plateau de vente, ou hommes libres qui mettent leur sang à prix[10]... », sans qu'on puisse cependant exclure qu'il s'agit d'un anachronisme de la part de l'auteur[11].
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Ces hommes libres signent un contrat, l'auctoratio. À la fin de la République, le personnage de « l'engagé », l’auctoratus (« celui qui se vend »), fait partie des personnages des atellanes (fables bouffonnes d'origine osque fort prisées à Rome), comme en témoigne une pièce appelée Bucco auctoratus écrite vers 100 av. J.-C. par Lucius Pomponius[11].
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Cet engagement est soumis par le législateur à une procédure dont l'origine pourrait remonter à la haute époque républicaine, au temps où les puissantes familles (gentes) qui dominaient Rome s'entouraient d'une armée privée[12].
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Le candidat-gladiateur fait une déclaration appelée professio devant un tribun de la plèbe, qui a sans doute pour but d'éviter que certains ne s'engagent inconsidérément.
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Ensuite, après avoir signé son contrat dans lequel est précisé la durée du contrat ou le nombre maximum de combats convenus avec le laniste, il prête le serment gladiatorien, dont la formule est conservée dans plusieurs textes[13] et en particulier dans un passage de Pétrone : « Nous lui prêtâmes serment de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer… Comme des gladiateurs régulièrement engagés, nous consacrons de la façon la plus totale à notre maître, et notre corps et notre vie[14]. » Le nouveau gladiateur reconnaît donc au laniste un droit de torture et d'emprisonnement, en cas de désobéissance ou de manque de combativité.
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Il reçoit la prime (pretium) prévue dans le contrat. Elle peut être extrêmement modeste, mais également devenir considérable si, par exemple, il s'agit d'un vétéran réputé qui rempile. Lors du munus qui suit l'auctoratio, on frappe le nouveau gladiateur — probablement symboliquement — de verges, manifestant ainsi publiquement qu'il abandonne son statut de citoyen pour celui, infâme, de gladiateur.
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Si les gladiateurs qui survivaient assez longtemps pour être dégagés des termes du contrat, avaient bien combattu et acquis une renommée suffisante, ils avaient gagné assez d'argent pour s'assurer une vie d'un niveau supérieur et quitter ainsi la pauvreté.
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La recherche du spectaculaire amena à l'organisation de combats de femmes, attestés par quelques auteurs comme Juvénal, qui se moqua des participantes[15], Suétone[16], Tacite[17] et Pétrone[18], et confirmés par une sculpture d'Halicarnasse représentant deux femmes gladiatrices[19], et une inscription d'Ostie[20]. Les combats de femmes furent interdit en 200 par Septime Sévère[21],[22].
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Les combattants étaient entraînés dans des écoles de gladiateurs[23], les ludi (singulier : ludus). Ces écoles appartenaient à des lanistes, riches hommes libres propriétaires d'une école, ou à l'empereur via des écoles impériales. Elles étaient dispersées dans l'Empire : dans la péninsule Ibérique (en Bétique et en Tarraconaise), en Gaule narbonnaise (Nîmes, Narbonne, Draguignan, Die), en Europe centrale (Carnuntum, près de Vienne)… Celles d'Aquilée et de Capoue étaient renommées. Dans la moitié orientale de l'Empire, celle d'Ancyre, de Thessalonique, de Pergame et d'Alexandrie étaient également réputées.
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À côté des ludi privés, à Rome où la préparation des jeux était devenue un monopole de l'empereur, on construisit des écoles impériales. Quatre grandes écoles construites par Domitien[24] étaient implantées à proximité du Colisée : le ludus Magnus, le ludus matutinus, le ludus dacicus et le ludus gallicus. Leur plan était identique, simple et fonctionnel : des cellules d'habitation et de service se déployaient autour d'une aire d'entraînement. La plus célèbre de ces écoles fut le ludus magnus, la grande caserne. Son directeur était un personnage important car, pour la plèbe romaine comme pour l'empereur, l'organisation des spectacles occupait une place de choix dans la vie quotidienne de la cité. Cette charge bien payée (200 000 sesterces) avait les faveurs de l'empereur.
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À Pompéi, deux casernes de gladiateurs se seraient succédé. La présence de quelque 120 graffitis, probablement gravés par des gladiateurs en souvenir de leurs victoires ou de leurs conquêtes amoureuses, a amené les spécialistes à identifier une demeure connue sous le nom de maison des gladiateurs (V, 5,3) avec une caserne. On estime que 5 à 20 gladiateurs auraient pu y loger[25]. Après que la ville eut été touchée par un tremblement de terre en 62 qui endommagea probablement cet édifice, le quadriportique, situé derrière le mur de scène du théâtre, fut transformé en caserne. On a déduit la fonction du bâtiment des quinze casques ainsi que d'autres pièces défensives, parmi lesquelles des jambières et des épaulières, découverts lors des premières fouilles en 1766. Tous les accès, sauf l'entrée principale, furent condamnés. Des cellules furent créées au rez-de-chaussée et à l'étage, ainsi qu'une immense cuisine, une salle de réunion et un appartement pour le laniste autour de l'aire centrale qui servait de terrain d'entraînement.
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En 2011, un ludus gladiatorius a été découvert à proximité du grand amphithéâtre de la ville antique de Carnuntum, près de Vienne (Autriche). Le complexe de bâtiments, détecté au radar par les archéologues, est d'une superficie de 2 800 m2, est composé de plusieurs bâtiments entourant une cour intérieure, comprenant une petite arène d'entrainement de 19 m de diamètre[12]. Les cellules des gladiateurs sont de petites pièces individuelles de 5 m2. L'agencement de l'ensemble rappelle le Ludus Magnus de Rome.
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Suivant le rythme des combats, les gladiateurs voyageaient fréquemment d'un bout à l'autre de l'Empire. Cette mobilité variait suivant les contrats négociés entre les munéraires et les lanistes. Pompéi attirait des gladiateurs venus de toute la Campanie et de Capoue notamment. Ce nomadisme affectait bien entendu le personnel du spectacle dans son ensemble. Les mouvements se faisaient aussi bien de l'Occident vers l'Orient que dans le sens inverse. Beaucoup de gladiateurs grecs ou orientaux furent ainsi engagés dans les combats de gladiateurs en Occident. Des troupes de combattants de l'arène suivaient aussi les empereurs en déplacement : Caligula, en visite à Lyon, donna un munus avec ses propres hommes.
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Des nombreux types de gladiateurs (armaturæ) sont énumérés dans les textes historiques. Cependant, seulement six composent l'énorme majorité du corpus iconographique connu actuellement :
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Deux Mirmillon
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Hoplomaque
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Secutor et Rétiaire.
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Certains auteurs pensent que le laniste tenait compte des besoins de l'école à un moment donné mais également des aptitudes physiques : les individus plus lourds étant orientés vers une armatura lourde, tandis que les plus légers devenaient rétiaires[26].
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Selon une théorie développée par des expérimentateurs modernes, suivant le contexte et les qualités du combattant, il aurait existé un cursus : le gladiateur, une fois formé et passé l'étape du provocator, serait dirigé vers une des deux familles, petits boucliers (parmati) ou grands boucliers (scutati). Cette décision serait prise par l'entraîneur (doctor) en accord avec le laniste, comme dans les clubs sportifs modernes. Ce cursus « gladiatorien » serait le suivant :
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Ainsi, il ne serait par exemple pas possible de devenir rétiaire sans être passé au préalable provocator, puis thrace, puis hoplomaque. Cette hiérarchisation serait la conséquence de l'accroissement du degré technique nécessaire au maniement des panoplies. En effet, les techniques de combats changent suivant les couples de gladiateurs et deviennent de plus en plus complexes. C'est pourquoi un rétiaire serait obligatoirement un gladiateur bien plus expérimenté qu'un thrace.
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Cette théorie est loin de faire l'unanimité[27].
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L’onomastique latine traditionnelle (prénom, nom, surnom) sert rarement pour désigner les gladiateurs : ils sont nommés, le plus souvent, par un sobriquet familier à tous les amateurs de munera. Ces noms d'arène font référence aux divinités et aux héros de la mythologie — Hermès, Astyanax, Persée, Cupidon, Ajax, Patrocle, Bellérophon — ou mettent l'accent sur les qualités physiques du gladiateur, la force : Héracléa (« le Costaud »), Ursius (« Fort comme un ours »), la vivacité : Fulgur (« la Foudre »), Polydromos, Okus, Callidromos (« le Rapide »). D'autres évoquent la chance : Faustus (« Le Veinard »), Félix (« L'Heureux »), Victor ou Nicéphoros (« La Victoire »), ou le souvenir d'anciens gladiateurs vedettes, tel Columbus de Nîmes, qui portait le nom d'un héros de l'arène sous le règne de Caligula. D'autres, enfin, doivent leur sobriquet à leur prestance : Ametystus, Beryllus (« brillant », « d'un éclat précieux »), « Narcissos » ou « Callimorphos » (« Le Bien Bâti »).
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Le gladiateur surnommé Astyanax était un poursuivant (secutor). Il existe une mosaïque datant du IVe siècle qui le montre, entre autres scènes, combattant durant l'entraînement contre un rétiaire du nom de Kalendio. Le plus célèbre des gladiateurs, Spartacus, ne semble pas avoir porté de surnom : Spartacus est simplement la forme latinisée d'un nom thrace que l'on connaît sous plusieurs formes : Spartokos ou Spardokos.
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Après son entrée au ludus, de sa formation — dont on ignore la durée[28] — jusqu'à son premier combat, le nouveau gladiateur était un tiro (pluriel tirones) (littéralement : recrue, conscrit, novice, apprenti). Un nombre élevé de tirones laissaient leur vie dans ce premier combat : plus de 25 % des gladiateurs mentionnés sur une inscription de Venosa[29]. S'il survivait au premier combat, le gladiateur commençait à s'élever dans la hiérarchie à l'intérieur de chaque armatura. La première attestation de ce genre de grades date du Ier siècle.
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Au sommet se trouvait le primus (c'est-à-dire premier) palus (pluriel pali). L'origine du mot palus semble argotique, le palus désignant le poteau de bois de deux mètres fiché en terre au centre de la cour et contre lequel les gladiateurs s'entraînaient avec la rudis (it), l'épée de bois et le bouclier d'osier. Les chercheurs ont longtemps cru qu'il existait quatre de ces grades (primus, secundus, tertius, quartus)[30]. Une inscription découverte à Aphrodisias mentionne cependant un huitième palus. Contrairement à une idée répandue, les gladiateurs ne s'affrontent lors des munera que trois à cinq fois dans l'année, si bien que l'obtention de ces grades est lente mais son expérience lui épargne la mort. Il a été estimé que sous Auguste, chaque gladiateur risquait une fois sur dix d’être égorgé, ce qui explique que le citoyen pauvre choisisse cette carrière plutôt que celle de soldat : mieux payé (en cas de victoires), restant près de ses proches et assuré d'un combat loyal un contre un, le sort du gladiateur pouvait sembler enviable[31].
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Des inscriptions détaillent souvent le palmarès des meilleurs gladiateurs. Maximus, du ludus impérial de Capoue, dans la première moitié du Ier siècle, fut 40 fois vainqueur et obtint 36 couronnes[32]. Les combattants méritants pouvaient être récompensés par un affranchissement : les gladiateurs libérés étaient alors dégagés de leur obligation de combattre. Cette libération s'accompagnait de l'octroi symbolique d'une rudis, une baguette d'environ 1 m de long. Ils devenaient alors des rudiarii.
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Certains, devenus riches, se transformaient en notables, propriétaires d'une belle maison de campagne tandis que leurs fils cherchaient à occuper au théâtre les places des chevaliers[33]. Mais ces carrières au dénouement heureux étaient l'exception : d'après les épitaphes, l'âge moyen du décès des gladiateurs était situé entre 20 et 30 ans. Il existe quelques situations exceptionnelles : une stèle du musée archéologique d'Istanbul montre deux gladiateurs, Néôn et Philémôn, réformés sans doute pour des raisons de santé[34].
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Les gladiateurs les plus talentueux jouissaient d'une immense popularité : un thrace surnommé Suspirium Puellarum, « le soupir des jeunes filles » mettait en transe les femmes de Pompéi. Les nombreux graffitis qui mettent en scène les acteurs de l'arène témoignent aussi de cet engouement. Dans l'une de ses Satires, le poète Juvénal a raillé ces passions incontrôlées : Epia, une épouse de sénateur, abandonna son notable de mari pour suivre un aventurier, Sergiolus, un gladiateur charismatique, malgré son bras tailladé, son nez cassé et son œil poché et l'accompagna jusqu'en Égypte[35].
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Les gladiateurs commencent par saluer l'éditeur, qui exerce la présidence du munus, une fonction qui l'amène à prendre des décisions importantes. Les auteurs modernes pensent que l'éditeur procède à ce moment à l'examen préalable des armes. Des membres du personnel préparent le feu, les verges et les fouets, qui servent à rappeler à l'ordre un gladiateur qui manquerait d'ardeur au combat. L'arbitre, que l'on appelle rudis en latin d'après la baguette qui lui permet d'intervenir pendant le combat, donne quelques instructions aux combattants qui se livrent à un ultime échauffement.
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L'éditeur donne le signal (signum pugnæ) et les combats commencent. Ils sont accompagnés de musique. L'orchestre, qui joue de la trompette (tuba en latin) et du cor (cornu en latin), est installé dans l'arène. L'emploi d'un orgue hydraulique est mentionné pour la première fois sous Néron.
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Il est impossible de parler de phases d'un combat[36]. Des expériences menées en 2004 par le Dr Gauthier ont montré que le principal problème physiologique du gladiateur pendant le combat est d'ordre respiratoire. La durée moyenne d'un combat au cours de ces expérimentations était de 4 minutes et quarante secondes et le combat risque de s'arrêter par hypoxie[37]. Des pauses sont cependant ménagées au cours du combat, pour que les gladiateurs puissent se rafraîchir, recevoir des soins ou réajuster leur panoplie. Lors d'un combat fameux entre Priscus et Verus, l'empereur Titus leur fait apporter plusieurs fois des présents et des vivres[38].
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Dans la pratique, le combat se poursuit jusqu'à ce que l'un des deux adversaires ne soit plus capable de continuer, soit qu'il soit mort, soit qu'il soit gravement blessé, soit qu'il soit épuisé. Cette troisième possibilité est la plus fréquente. Le combat se déroule ad digitum, c'est-à-dire jusqu'à ce que le gladiateur épuisé lève le doigt pour signaler qu'il ne peut plus poursuivre le combat. Il demande alors sa missio, c'est-à-dire qu'il demande à être épargné bien qu'il soit vaincu. Il existe des combats où on décide dès le départ qu'ils sont sine missione, c'est-à-dire sans missio, où le vaincu n'a pas le droit de réclamer sa grâce. Auguste interdit ce type de combat[39], mais on ne sait pas dans quelle mesure cette interdiction est respectée. Dans certains cas, lorsque les deux combattants sont de force égale et que le combat se poursuit sans issue, on peut les renvoyer stantes missi, c'est-à-dire qu'au moment d'être renvoyés, ils sont encore debout tous les deux. Le dernier mot revient de toute façon à l'éditeur qui peut faire savoir aux gladiateurs qu'ils doivent continuer le combat en faisant exhiber une pancarte « Perserverate », c'est-à-dire « continuez ». Si le combat dure trop longtemps, l'éditeur peut exiger que les gladiateurs se battent sans bouclier[40].
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Dans les cas les plus fréquents le gladiateur demande sa missio en levant la main ou un doigt de cette main[41]. Il existe des cas où, par fierté professionnelle, des gladiateurs qui auraient sans doute obtenu leur grâce, s'y refusent et choisissent de combattre jusqu'au bout. Sénèque rapporte un cas de ce genre : celui d'un gladiateur blessé, se retournant vers la foule qui demandait sa grâce pour son courage, en faisant signe du bras qu'il n'avait rien fait et qu'il ne souhaitait pas qu'on intervienne en sa faveur[42].
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Les nombreuses inscriptions funéraires faisant référence aux gladiateurs permettent d'approcher leur entourage et le cadre de leur vie privée. Beaucoup de combattants vivaient avec une femme et des enfants, comme le sécutor Urbicus. Elles sont souvent à l'origine des épitaphes. Lorsque le nomadisme de la profession interdisait toute vie familiale, les amis rendaient parfois des honneurs funèbres au gladiateur mort au combat.
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Certaines confréries de chasseurs ou de gladiateurs étaient unies par un culte commun. Ces confréries (sodalitates) veillaient aux funérailles de chacun de leurs membres. Les liens de solidarité ainsi créés étaient plus forts que les rapports professionnels existant au sein des familiae. On connaît l'existence de collèges de ce type en Narbonnaise (près de Die), mais aussi à Rome : au Ier siècle, le rétiaire T. Claudius Firmus appartenait à une sodalité du Ludus Magnus[43]. Commode favorisa ces associations, notamment par ses rapports étroits avec le collège des Silvani Aureliani, qu'une inscription trouvée en 1755 près de Rome nous fait connaître[44]. Cette confrérie comprenait 32 gladiateurs divisés en trois décuries, et un groupe de deux. La première rassemblait des vétérans de condition servile ; la deuxième mêlait à des débutants (tirones), un armurier, un vétéran et un masseur ; la troisième réunissait exclusivement des tirones ; dans la quatrième, enfin, se trouvaient un paegniarius et un thrace.
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Ces sodalitates, auxquelles étaient attachés un emblème et un chiffre, se développèrent surtout parmi les venatores d'Afrique proconsulaire. Le croissant sur hampe et le chiffre III étaient les signes distinctifs des Telegenii, dont quatre membres sont représentés sur la mosaïque de Smirat. Depuis les recherches d'A. Beschaouch, on connaît plusieurs autres associations de venatores en Afrique romaine.
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À ses lointaines origines, le munus était lié au rituel funéraire et, bien que l'évolution se fût faite dans le sens d'une laïcisation, son caractère religieux n'a jamais disparu. Dans la mesure où ils exigeaient du sang versé, les munera sont restés, plus encore que les autres ludi, attachés au culte des divinités infernales.
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« Il faut maintenant dire en peu de mots pourquoi les généraux qui partaient pour une expédition avaient coutume de donner des combats de gladiateurs et le spectacle de grandes chasses. Suivant quelques auteurs, les anciens avaient imaginé cet usage pour détourner sur l'ennemi la colère céleste, convaincus que le sang de citoyens, versé, comme celui des victimes, dans ces luttes imitées de la guerre, suffirait pour en rassasier Némésis, c'est-à-dire la fortune des batailles[45]. »
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Dans plusieurs amphithéâtres, des petites chapelles qui communiquaient avec l'arène servaient aux dévotions précédant les combats. Très souvent, les sacella étaient consacrées à Némésis : c'est le cas à Mérida, à Tarragone, à Italica (Espagne), à Carnuntum (Autriche) où les deux amphithéâtres - civil et militaire - possédaient chacun une chapelle placée sous la protection de la déesse.
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Les stèles funéraires apportent aussi leur témoignage sur l'importance de ce culte parmi le monde de l’arène : le rétiaire Glaucus, mort à Vérone au cours de son huitième combat, reproche à la déesse de l'avoir trahi ; tandis que Lèotes, primus palus, à Halicarnasse, lui offre bijoux et vêtements.
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Hercule, dieu des combattants athlétiques et intrépides, était lui aussi souvent invoqué par les gladiateurs. Avant de se retirer à la campagne, le gladiateur libéré Veianus suspendit ses armes à un pilier du temple d'Hercule[46]. Nous savons par Tertullien que Mars et Diane présidaient également aux duels et aux chasses[47] : le dieu de la guerre veillait aussi sur les gladiateurs dont le métier était proche de celui des soldats, de même que Diane, déesse de la chasse, assurait sa protection aux chasseurs de l'amphithéâtre.
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Pour s'assurer la victoire, les gladiateurs n'hésitaient pas à recourir à la magie. Une pratique connue sous le nom de defixio consistait à graver des textes de malédiction sur des lamelles de plomb enroulées sur elles-mêmes puis à les enterrer[48]. Dans les sous-sols de l'arène de Carthage ont été découverts les documents les plus significatifs : 55 de ces lamelles étaient déposées auprès des cadavres pour mieux déchaîner les divinités maléfiques contre les gladiateurs en activité, contre Gallicus, par exemple :
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« Pour qu'il ne puisse tuer ni l'ours, ni le taureau, mais qu'il soit tué par eux… qu'il soit blessé, tué, exterminé ! ». Ou contre Marussus pour « qu'il succombe aux morsures des fauves, des taureaux, des sangliers et des lions ! » Ces rites de magie noire se déroulaient aussi à Trêves. Les démons étaient d'ailleurs particulièrement sensibles au sang de l’arène : Apulée rapporte que la magicienne Pamphile utilisait celui des écorchés et des gladiateurs pour la préparation de ses philtres[49].
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Lors d'une exécution, le gladiateur dirigeait la lame vers le centre de la cage thoracique, atteignant directement le cœur. Le professeur Groschmidt a noté que les blessures causées durant le combat (fractures et autres atteintes osseuses, plaies) étaient parfaitement soignées, ce qui indique que les gladiateurs jouissaient de soins d'excellente qualité.
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Plusieurs épigrammes du poète Luxorius, qui composa notamment au début du VIe siècle une épitaphe en l'honneur d'Olympius, un jeune bestiaire, prouvent la survie de la gladiature à Carthage[53],[54], alors sous domination vandale.
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La formule « Ave Caesar, morituri te salutant. » pouvant être traduite par « Avé César, ceux qui vont mourir te saluent » n'était pas prononcée de façon rituelle par les gladiateurs avant de combattre à mort. En réalité cette phrase, authentique, a été prononcée vers 52 par des soldats condamnés pour faute grave, devant se battre à mort lors d'une naumachie organisée par l'empereur Claude (-10 – 54) afin de fêter la fin des travaux d’assèchement du lac Fucin[56].
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Les combats se sont avérés être en réalité infiniment moins mortels et cruels que le montrent les films cinématographiques (péplums). Ballet, Bazin et Vranceanu (2012, 2013) démontrent que, in fine, des stratégies coopératives semblent émerger dans l'arène. Cette coopération correspondait aux situations de professionnalisation des gladiateurs issues d'écoles de gladiature, considérés comme des sportifs de haut niveau et comme un investissement de valeur, leur entraînement durant des années[57]. Certes, les combats étaient sanglants et violents, mais pas si éloignés que cela des pratiques sportives actuelles (catch), d'autant plus qu'il arrivait que les gladiateurs combattaient parfois avec des armes non tranchantes (glaives en plomb, armes mouchetées)[58],[59]. Les combats étaient ainsi très codifiés, et suivaient une règle avancée par l'arbitre du jeu (summa rudis) et son second (secunda rudis), ainsi que par la sentence édictée par le juge-arbitre (munerarius). La férocité des combats n'était souvent qu'apparente, car ces derniers respectaient une complexité. Il s'agissait avant tout de livrer un spectacle de qualité devant un public averti, empreint d’esthétisme, et non pas une mise à mort, la logique d'un combat étant de mettre en scène la « reddition » et le « sacrifice » du vaincu[60].
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Il en ressort que la motivation des combattants était la richesse et la gloire, mais à condition d'assurer un « beau » spectacle. La finalité des affrontements n'était pas de tuer, mais de provoquer des blessures conduisant à l'abandon. Il y a donc une réelle coopération au sein des gladiateurs (et les risques de décès restaient très limités). « Ces règles de coopération, tout en réduisant la probabilité de mort dans l'arène, permettaient de renforcer la qualité du spectacle, et de fait, délimitaient le champ de la concurrence pour qu'elle soit durable », c'est-à-dire en évitant « la disparition par mort de trop de concurrents. [...] L'issue coopérative peut ainsi être assimilée à un équilibre de Nash » (Ballet, Bazin et Vranceanu, 2013). De plus, il a existé des périodes où la mise à mort est interdite. Il a été ainsi estimé que sous l'empereur Auguste, un gladiateur meurt, en moyenne, à son dixième duel (le nombre de victimes lors d'un spectacle s'élevant ainsi à 10 %)[59].
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L'arrêt du combat se fait par le vaincu ou l'arbitre qui lève le bras[61]. Le signal de la mort est décidé par l'éditeur des jeux, suivant l'avis du public. Les gestes du pouce, rendus célèbres par le tableau de Gérôme, que le pouce soit tourné vers le bas pour demander la mort d'un gladiateur vaincu, ou vers le haut pour demander sa grâce, et que l'on retrouve dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur le sujet, font cependant l'objet d'interprétations différentes : les textes de l'Antiquité, ceux de Juvénal[62] et de l'auteur chrétien Prudence en particulier[63], évoquent bien le peuple en train d'ordonner la mort d'un gladiateur « en renversant le pouce » (en latin : verso pollice) ; mais certains latinistes interprètent plutôt ces deux mots comme « le pouce tendu », voire « le doigt pointé » vers le gladiateur qu'on voulait voir mourir et il est difficile d'imaginer l'éditeur des jeux dans de grandes arènes pouvant décompter les gens tournant le pouce vers le haut ou vers le bas[64]. Le signe de mort, bien plus visible de tous, était peut-être un ou plusieurs doigts tendus (symbole de la lame blanche, de la mort) vers le vaincu ou un geste différent selon les arènes tandis que le signe de grâce, selon un texte de Martial[65] interprété par Éric Teyssier, serait des tissus (mouchoir, foulard) agités par les spectateurs[66].
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Contrairement à certaines idées reçues, le régime alimentaire des gladiateurs était principalement végétarien[67] ; surnommés « mangeurs d'orge », leur repas était principalement composé de céréales, sans viande et de « boissons aux cendres »[68].
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Au cinéma, le genre du péplum désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et notamment celle de la Rome antique.
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De nombreux péplums ont mis en scène la vie quotidienne des gladiateurs et ont reconstitué leurs combats dans l'arène. Parmi les plus connus, on peut citer Spartacus (de Stanley Kubrick, sorti en 1960), Barabbas (de Richard Fleischer, sorti en 1961), Le Fils de Spartacus (de Sergio Corbucci, sorti en 1962), Gladiator (de Ridley Scott, sorti en 2000), ou encore la série télévisée Spartacus : Le Sang des gladiateurs (de Steven S. DeKnight, Robert Tapert et Sam Raimi, diffusée en 2010).
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Des documentaires ont également été consacrés au sujet, comme Gladiateurs, docufiction franco-britannique diffusé en 2004 et inspiré de la vie du gladiateur Verus.
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Michael J. Fox Christopher Lloyd Thomas F. Wilson Lea Thompson
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Série Retour vers le futur
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Retour vers le futur(1985) Retour vers le futur 3(1990)
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Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
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Retour vers le futur 2 (Back to the Future Part II) est un film américain de science-fiction réalisé par Robert Zemeckis et sorti en 1989, sur un scénario coécrit avec Bob Gale. C'est la suite du film Retour vers le futur (1985) et le deuxième épisode de la trilogie Retour vers le futur.
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Avec pour acteurs principaux Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Thomas F. Wilson et Lea Thompson, le film suit directement les événements du premier film. Doté d'un budget de 40 millions de dollars, il est tourné conjointement avec le troisième épisode de la trilogie, Retour vers le futur 3. Son tournage débute en février 1989, après deux années passées à construire les décors et écrire le scénario.
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Retour vers le futur 2 sort aux États-Unis le 22 novembre 1989 puis en Belgique et en France le 20 décembre 1989. En France, il termine à la 3e place du box-office de l'année 1989 avec 2 992 497 entrées. À l'échelle mondiale, le film remporte un succès notable, engrangeant un total de 331 millions de dollars de recettes.
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Après s'être involontairement retrouvé projeté en 1955 à bord d'une voiture équipée d'une machine à voyager dans le temps, le héros Marty McFly est de retour à son époque en 1985, mais constate les changements apportés à sa vie et à sa famille, conséquence des modifications qu’il a effectuées dans le passé dans le premier opus, modifiant les évènements de 1955 et donc affectant son présent en 1985.
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Alors qu'il vient de retrouver sa petite amie Jennifer, arrivée chez lui, Marty reçoit la visite surprise de son ami, le docteur Emmett Brown, surnommé « Doc » (l’inventeur de la machine à voyager dans le temps), qui débarque devant la maison de ses parents au volant de la DeLorean que Marty avait utilisé pour aller en 1955 et en revenir.
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Doc, habillé bizarrement et apparemment affolé, informe Marty et Jennifer qu'il vient de visiter le futur et que leur descendance est en danger. Insistant pour qu'ils l'accompagnent, Doc souhaite emmener Marty et Jennifer trente ans dans le futur, en 2015[1] afin d'empêcher le pire : leur fils, Marty McFly Junior, s'apprête en effet bien malgré lui à être le complice de Griff Tannen (le petit-fils de Biff Tannen, l’antagoniste du premier film) dans une tentative de vol ratée au centre commercial de Hill Valley. Doc les informe que cet évènement produira une catastrophe en chaine, conduisant à sa propre arrestation. Grimpant à bord du véhicule, les trois compères décollent et la DeLorean part dans une gerbe d'étincelles vers le futur.
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Mais, à peine arrivés en 2015, Doc se voit obligé d'endormir Jennifer car il a peur que sa présence affecte trop le futur (Jennifer demandant à Doc des détails sur son mariage avec Marty), mais aussi pour permettre à Marty d'accomplir sa tâche discrètement et sans encombre.
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Arrivés au centre-ville de Hill Valley, Doc explique à Marty qu'il doit se rendre dans un café à l'ancienne, le « Café 80’ » et, sous l'apparence de son fils Marty Junior, indiquer à Griff son refus de coopérer au hold-up prévu. Cependant, alors qu'il entre dans l'établissement, Marty voit son fils Marty Junior arriver lui-aussi dans le café. Marty parvient à prendre la place de son fils ; il refuse ensuite de faire le hold-up et provoque le jeune Griff. Ce dernier, à la tête de sa bande, poursuit Marty qui s'échappe en pilotant un hoverboard. La course poursuite est finalement stoppée lorsque Griff et sa bande percutent la façade de l’hôtel de ville. Le gang est arrêté par la police. Lui montrant alors une coupure de journal, Doc explique à Marty que le futur vient d'être modifié, car le casse n'a pas lieu : Marty Junior n'est pas emprisonné et sa sœur Marlene non plus en essayant de sauver son frère ; le futur de Doc Brown est aussi modifié.
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Alors qu'il visite les boutiques du centre-ville pendant que Doc prépare leur retour en 1985, Marty, appâté par le gain, achète dans une boutique de souvenirs des années 1980 un almanach des sports, l'ouvrage retraçant l'ensemble des résultats sportifs survenus depuis les années 1950 jusque dans les années 2000, avec l'intention de s'enrichir lorsqu’il retournera à son époque. Mais Doc, devinant ses intentions, lui défend de le faire et lui prend l'almanach des mains, qu'il jette dans une poubelle sous les yeux du vieux Biff Tannen (le grand-père de Griff, devenu un vieillard à cette époque), qui passait par là.
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Épiant les deux amis, Biff s'empare de l'almanach et suit la DeLorean depuis un taxi. Par la suite, il dérobe la voiture et s'en sert à l'insu de Doc et Marty, pendant que ceux-ci sont occupés à récupérer Jennifer au lotissement de Hilldale, là où Marty et Jennifer habiteront plus tard avec leurs enfants. Pendant ce temps, Biff retourne dans le passé en 1955 ; il trouve son alter ego de 1955 et lui donne l'almanach. Puis il revient en 2015 avec la DeLorean, la déposant à l'endroit-même où il l'avait empruntée, sans que Doc et Marty ne s'en aperçoivent. Mais, à son retour, Biff semble malade et s'éloigne en titubant.
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Lorsque Marty et Doc reviennent en 1985, leur mission accomplie, en apparence tout est comme avant. Marty remarque cependant, quand ils déposent Jennifer (encore endormie) devant chez elle alors que la nuit est tombée, qu'une des fenêtres de sa maison est maintenant munie de barreaux, un détail qu'il n'avait jamais remarqué auparavant.
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Laissant Doc repartir chez lui avec la voiture, Marty retourne à pied à son domicile. Alors qu'il tente de passer par la porte de derrière, il constate avec étonnement que celle-ci est maintenant bloquée par un cadenas. Enjambant la clôture, il arrive à la fenêtre de sa chambre, l'escalade et pénètre dans sa chambre mais tombe nez à nez avec des gens qu'il ne connait pas, en l'occurrence des afro-américains, et qui semblent habiter les lieux. Chassé par les habitants comme un intrus, Marty s'enfuit. Troublé, il découvre alors que lui, Doc et Jennifer semblent être retournés dans un 1985 différent de celui qu'ils connaissaient. Se dirigeant vers la maison de Doc, Marty aperçoit en chemin plusieurs épaves de voitures carbonisées, ainsi qu'une scène de crime et entend au loin des sirènes de voitures de police qui sillonnent la ville.
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Consultant la date d'un journal qu'il trouve sur le perron d'une maison, afin de vérifier s'il n'est pas revenu à une mauvaise époque, Marty tombe nez à nez avec le principal Strickland, le proviseur de son lycée, qui le met en joue avec un fusil, le prenant pour un voleur. Marty, en essayant de rassurer Strickland (qui, étrangement, ne le reconnaît pas), apprend que le lycée où il étudie en 1985 a brûlé dans un incendie en 1979, le proviseur l'accusant alors d'être un menteur. Alors qu'il menace Marty de lui tirer dans les « noix » s’il ne déguerpît pas de son perron, une voiture de voyous armés passe devant la maison, ouvrant le feu sur Strickland. Profitant de la fusillade, Marty s’enfuit.
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Se dirigeant vers la place de l'hôtel de ville, Marty s'aperçoit avec horreur qu'il est maintenant dans un Hill Valley bien différent de celui qu'il connait : Hill Valley est devenu « Hell's Valley » (« la vallée de l'enfer »), une ville cauchemardesque, refuge de criminels et de crapules entièrement aux ordres de Biff Tannen, devenu dans cette réalité un richissime homme d'affaires qui a construit sa fortune en pariant avec succès aux jeux d'argent et paris sportifs. Il apprend également que sa mère Lorraine a épousé Biff, et vit maintenant avec lui dans le gratte-ciel tapageur que Biff s'est fait construire. Interrogeant sa mère, Marty apprend que son père Georges McFly a été tué « accidentellement » le 15 mars 1973 et que sa dépouille repose au cimetière de la Vieille Charité de la ville. C'est alors qu'arrive Biff, qui se dispute avec Marty, le croyant toujours être en train d’étudier dans une école privée en Suisse. Marty quitte les lieux.
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Se rendant au cimetière, Marty trouve la tombe de son père et rencontre Doc, qui lui explique toute l'histoire. Les deux amis (et Jennifer) sont bien rentrés en 1985, mais dans un 1985 parallèle à celui qu'ils connaissaient. Juste après, Doc, en inspectant la DeLorean, retrouve le pommeau de la canne du vieux Biff, ainsi que le sachet et le ticket de caisse de l'almanach des sports de la boutique de 2015. En fouillant dans les archives de la bibliothèque municipale, ils découvrent les articles de presse de 1958 concernant l'ascension fulgurante du jeune Biff ; sur une photo, ils le voient avec l'almanach des sports dans sa poche.
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Comprenant comment le Biff de cette réalité a réussi à devenir millionnaire en trichant avec l'almanach, Doc demande à Marty de se renseigner auprès de Biff pour savoir dans quelles circonstances précises et dans quel lieu le vieux Biff lui a donné l'almanach. Il lui explique également qu'il ne peut pas empêcher le vieux Biff de revenir dans le passé, car cette réalité parallèle où ils sont maintenant existe en plus de leur propre réalité : s'ils retournaient maintenant dans le futur, ils iraient dans un futur parallèle, toujours dominé par Biff et non dans le futur de leur propre réalité.
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De retour à l'immeuble imposant de Biff, Marty provoque ce dernier, lui demandant de but en blanc des informations concernant l'almanach.
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Biff, n'ayant pas peur de révéler la vérité, explique alors à Marty qu'il a reçu l'almanach des sports des mains du vieux Biff le 12 novembre 1955 (le jour où Marty est reparti en 1985 dans le premier film). Malheureusement, le vieux Biff l'avait prévenu qu'un savant ou qu'un gamin pourraient un jour lui poser des questions au sujet de ce précieux livre et que, dans ce cas, il devrait les éliminer. Attaqué, Marty réussit à échapper à Biff et sa bande, Doc le sauvant de justesse avec la DeLorean. Racontant à Doc tout ce que Biff lui a révélé, les deux amis repartent dans le passé, le matin du 12 novembre 1955.
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En 1955, Marty repère en ville le jeune Biff Tannen et se glisse en cachette à l'arrière de sa voiture. Il assiste alors à l'arrivée du vieux Biff, qui donne au jeune Biff l'almanach en lui expliquant son pouvoir. Enfermé avec la voiture de Tannen dans le garage de ce dernier, il attend le soir que Biff revienne chercher sa voiture pour aller au bal du lycée. Marty voit alors son père, le jeune George McFly, étendre Biff KO et en profite pour lui voler l'almanach.
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Malheureusement, Biff retrouve Marty et s'empare à nouveau du livre. Marty se rend ensuite sur le toit du lycée, d'où vient le chercher Doc avec la DeLorean volante et lui explique que Biff lui a repris l'almanach. Suivant la voiture de Biff avec la DeLorean conduite par Doc qui vole derrière lui, Marty se sert de l'hoverboard qu'il avait ramené de son voyage dans le futur pour reprendre l'almanach à Biff, juste avant que la voiture de celui-ci ne percute (pour la seconde fois de la saga) un camion rempli de fumier. Un orage étant en train d'éclater, Marty, sous les ordres de Doc qui essaie de faire atterrir la DeLorean, brûle l'almanach. Tout semble rentrer dans l'ordre.
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Mais, tout à coup, un éclair jaillit et frappe la DeLorean de plein fouet alors que celle-ci plane toujours dans les airs, faisant disparaître la voiture et Doc. Marty, désespéré, croyant la DeLorean détruite et son ami disparu, est persuadé qu'il ne pourra plus retourner en 1985 seul. Mais c'est alors qu'il voit arriver une voiture qui surgit de l'obscurité ; le conducteur qui en sort lui explique être un coursier et qu'il a une lettre pour un certain « Marty McFly ». Contre toute attente, il s'agit d'une lettre de Doc, dans laquelle celui-ci explique à Marty qu'il est vivant et en bonne santé et qu'il a été projeté à cause de l'éclair en 1885.
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La dernière scène du film montre Marty qui est retourné vers le Doc de 1955 (celui qui vient d'assister au départ de Marty pour 1985 dans le premier film) et qui lui explique qu'il est « de retour du futur ». Le Doc de 1955, ébahi par cette apparition, finit par s'évanouir après avoir prononcé son expression favorite « Nom de Zeus ! », Marty essayant de le réanimer.
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À l'origine, selon le réalisateur Robert Zemeckis, aucune suite n'était prévue[réf. nécessaire]. Mais après l'énorme succès du premier volet, une suite fut rapidement envisagée.
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Zemeckis posa au studio la condition que Michael J. Fox et Christopher Lloyd devaient obligatoirement en faire partie. Il retrouve alors son ami Bob Gale pour travailler sur ce nouveau script. Rapidement, ils regrettent d'avoir fini le premier film avec Marty, Doc et Jennifer partant en voiture, car ils devaient obligatoirement repartir de là[3]. Gale écrit un premier jet seul, Zemeckis étant très occupé par Qui veut la peau de Roger Rabbit. L'histoire se déroule alors en 1967. Mais Robert Zemeckis souhaite retourner en 1955 et « jouer » avec les paradoxes temporels et ainsi revoir différemment certains éléments du premier film.
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La plupart des acteurs du premier film acceptent de revenir, à l'exception de Crispin Glover et Claudia Wells. Le rôle de George McFly est alors réécrit. Ainsi le personnage apparaît âgé et la tête à l'envers (à la suite d'un tour de rein) en 2015 puis est déclaré mort assassiné dans le « 1985 alternatif »[3].
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Au départ, lors de la pré-production, les deuxième et troisième volets ne devaient former qu'un seul opus intitulé Paradoxe, qui fut finalement scindé en deux, après que les scénaristes ont jugé qu'ils ne voulaient pas supprimer trop d'idées dans le script, devenu trop riche pour tenir en un seul long-métrage. Malgré un refus, dans un premier temps, de produire d'emblée un troisième volet, à l'annonce d'un budget de 65 millions de dollars, Universal Pictures accepta finalement de produire deux suites au premier film, pour un budget de 35 millions de dollars chacune[3].
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Elisabeth Shue remplace Claudia Wells (celle-ci étant indisponible pour des raisons personnelles) dans le rôle de Jennifer Parker. La dernière scène du premier film, qui fait office d'ouverture dans le second, a dû ainsi être entièrement retournée avec la nouvelle actrice.
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Jeffrey Weissman succède à Crispin Glover dans le rôle de George McFly, ce dernier ayant en effet refusé de reprendre son personnage. Une image du premier volet, montrant Glover en attente à la féerie dansante des sirènes, a cependant été insérée au moment où Marty l'observe dans ses jumelles.
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Elijah Wood fait ses débuts d'acteur dans le film : il incarne l'un des deux enfants branchant la borne d'arcade dans le Café 80’.
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Le tournage du 3e volet eu lieu dans la continuité du 2e film, pour des questions d'économies et permettre à Michael J. Fox de travailler sur la série télévisée Sacrée Famille. Le tournage débute le 20 février 1989[4].
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Il se déroule dans divers lieux de la Californie :
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Ce second film remontre également des scènes du 1er film. Michael J. Fox a cependant dû refaire les scènes de guitare de Johnny B. Goode du premier opus, mais tournées sous des angles différents afin d'incorporer l'autre Marty (puis les copains de Biff) dans la même séquence. À noter que les musiciens du bal ont refait eux aussi les mêmes passages sous d'autres angles.
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La dernière scène du premier film, reprise comme scène d'ouverture du second, a du être entièrement retournée afin d'insérer Elisabeth Shue à la place de Claudia Wells. Elle comporte un petit supplément : Biff sort de la maison des McFly, cherche après Marty pour lui montrer une boîte d'allumettes gratuites pour ses services, et aperçoit la DeLorean décoller puis disparaître sous ses yeux.
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On peut tout de même relever quelques petits détails changeant dans cette version retournée de la scène :
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Quatre plans de la première version, dans lesquels Jennifer n'apparaît pas, ont tout de même été conservés dans cette version retournée :
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Simon Wells, qui avait supervisé l'animation de Qui veut la peau de Roger Rabbit pour Zemeckis l'année précédente, a réalisé les storyboards des opus 2 et 3.
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Réplique de la DeLorean DMC-12 utilisée dans le film pour voyager dans le temps (San Francisco, 2013).
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Un spinner, véhicule du film Blade Runner, dont les quelques modèles produits par les décorateurs ont été utilisés pour faire les voitures futuristes visibles dans le film en 2015.
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Un sac de sport du futur, de marque Nike.
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Le tableau Bal du moulin de la Galette d'Auguste Renoir, visible sur l'écran de télévision géant dans la maison des McFly du futur en 2015.
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Le tableau Et l'or de leur corps de Paul Gauguin, visible sur l'écran de télévision géant dans la maison des McFly du futur en 2015.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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AllMusic [8]
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Bandes originales de Retour vers le futur
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Retour vers le futur(1985) Retour vers le futur 3(1990)
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modifier
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La bande originale a été composée par Alan Silvestri, qui avait déjà composé celle du précédent film. Contrairement à cette dernière qui contenait surtout des morceaux rock chantés par des artistes, cet album ne contient que les musiques composées par Silvestri.
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Le film reçoit un accueil critique plutôt favorable, recueillant sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes un score de 65 % de critiques positives, avec une note moyenne de 6,1/10 sur la base de 60 critiques collectées[9]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 57⁄100 pour 17 critiques.
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En France, le site Allociné propose une note moyenne de 1,6⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 5 titres de presse[10].
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Le film connaît un important succès commercial, rapportant environ 331 950 000 $ au box-office mondial, dont 118 450 000 $ en Amérique du Nord pour un budget de 40 000 000 $[11]. En France, il réalise 2 924 108 entrées[12].
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Retour vers le futur 2(1989)
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Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
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Retour vers le futur 3 (Back to the Future Part III) est un film américain de Robert Zemeckis, sorti en 1990.
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Ce film clôt la trilogie Retour vers le futur commencée avec Retour vers le futur (1985) et suivie de Retour vers le futur 2 (1989).
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Marty McFly se retrouve coincé en 1955 à la fin du deuxième épisode de la saga puisque son ami, le docteur Emmett « Doc » Brown a disparu involontairement, volatilisé par un éclair qui s'est abattu sur la DeLorean (une voiture équipée d'une machine à voyager dans le temps) qui devait les ramener ensemble en 1985, juste après avoir terminé leurs aventures lors du deuxième épisode de la série.
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Quelques instants après avoir vu Doc disparaître avec la DeLorean, Marty est abordé par un coursier en voiture ; celui-ci lui disant qu'il a reçu pour consigne de se rendre en ce lieu précis et à cette date précise, à la recherche d'un certain « Marty McFly ». Il lui donne ensuite une lettre, postée depuis soixante-dix ans. En lisant la lettre, écrite par Doc, Marty apprend que celui-ci a été projeté à cause de l'éclair en 1885, en plein Far West. Dans sa lettre, il lui indique qu'il va bien et qu'il s'est établi comme maréchal-ferrant à Hill Valley. Il lui conseille de retrouver son double de 1955 pour que celui-ci l'aide à repartir en 1985, grâce à la DeLorean qu'il a cachée en 1885 dans une ancienne mine d'argent.
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Marty retourne voir le Doc de 1955, alors que celui-ci vient juste de renvoyer le Marty du premier épisode vers l'année 1985. Frappé de stupeur devant cette apparition, celui-ci s'évanouit et Marty le ramène à son manoir. Le lendemain, le jeune homme lui explique toutes les péripéties de l'épisode II. Ils partent ensuite à la recherche de la DeLorean cachée, enfermée par les soins de Doc en 1885 derrière le mur d'une galerie minière frappé des ses initiales « ELB ». La voiture est presque intacte ; seule la puce électronique de régulation du circuit temporel est inutilisable, grillée à cause de l'éclair. Mais, dans le cimetière attenant à la mine, Marty tombe nez à nez avec la tombe de Doc, qui a apparemment été assassiné une semaine seulement après l'écriture de sa lettre par Buford « Molosse » Tannen, un ancêtre de Biff Tannen. Marty décide, malgré les ordres de Doc lui disant de ne pas venir le retrouver, d'aller à cette époque pour le sauver, en arrivant cinq jours avant son assassinat pour avoir le temps de le prévenir.
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Grâce au schéma qui a été laissé à dessein par Doc en 1885 dans sa lettre, le Doc de 1955 arrive à remplacer la puce endommagée de la DeLorean à partir de composants électroniques de 1955. Plaçant la « puce » reconstituée sur le capot avant de la voiture (le dispositif étant maintenant imposant, contrairement à la puce originelle qui était minuscule), la machine à voyager dans le temps de la DeLorean est de nouveau fonctionnelle. Le Doc de 1955 aide ensuite Marty à se rendre en 1885.
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À peine arrivé en 1885, dans une vallée désertique et aride, Marty échappe de justesse à une attaque d'Indiens à chevaux. Il constate ensuite qu'une durite d'alimentation en essence de la DeLorean a été percée par une flèche des Indiens, mettant la voiture en panne sèche et l'empêchant d'utiliser le véhicule pour se déplacer. Cachant la DeLorean dans une grotte (qui se révèle occupée par un ours noir), il se rend ensuite à pieds vers Hill Valley. Mais, à la suite d'une chute, il tombe inconscient et est retrouvé par un de ses ancêtres, un fermier irlandais immigré nommé Seamus McFly qui le ramène chez lui. Marty, émergeant à nouveau du sommeil, fait la connaissance de la famille de Seamus : sa femme Maggie et leur fils William, son arrière-grand-père et le premier McFly né sur le territoire américain. Afin de cacher sa véritable identité et ses intentions, Marty se présente avec un nom d'emprunt, se faisant appeler « Clint Eastwood ».
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Arrivant ensuite à Hill Valley, Marty rencontre par inadvertance le bandit Buford Tannen dans le saloon de la ville. Malheureusement, celui-ci projette de le pendre quand Marty le ridiculise en lui projetant un seau plein de crachats au visage, et surtout quand il l’appelle par son sobriquet de « molosse », que Buford déteste. Mais, au dernier moment Doc arrive sur les lieux et le sauve juste à temps grâce à un tir de son fusil à lunette qu'il a fabriqué, et fait déguerpir Tannen et sa bande par la même occasion. Les deux amis se retrouvent enfin. Marty découvre que Doc passe des jours heureux en 1885 en tant que maréchal-ferrant, ayant grâce à ses talents acquis une bonne réputation en ville. Marty lui fait part de l'imminence de sa mort par Tannen et du fait que la DeLorean a perdu son carburant à cause de son réservoir percé. Mais la tâche de Marty est compliquée par le fait que Doc a eu un coup de foudre pour une femme, Clara, une institutrice nouvellement arrivée en ville que Doc a sauvée d'un accident mortel, modifiant ainsi le cours de son histoire.
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Malgré tout, Doc et Marty essayent de trouver le moyen de rentrer en 1985. Dans un essai malheureux, en versant du whiskey dans le réservoir d'essence de la DeLorean, le système d'injection de la voiture explose et, par conséquent, le moteur. Par chance, le générateur de fusion (permettant d'activer la machine à voyager dans le temps) est intact. Les deux amis trouvent ensuite un moyen pour déplacer la DeLorean : le train à vapeur ; la voiture devra se faire pousser par le train jusqu'à un pont dont la construction n'est pas encore achevée en 1885 (mais qui le sera en 1985). Selon les calculs de Doc, la voiture atteindra les 88 miles à l'heure requis (pour activer le convecteur temporel de la machine) juste avant que la locomotive ne tombe dans le précipice du pont inachevé.
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Un soir, alors que Marty et Doc assistent à la kermesse de Hill Valley accompagnés de Clara, Buford Tannen arrive sur les lieux et tente de tuer Doc, mais Marty le sauve de justesse en lançant un plat à tarte (comme une frisbee) sur le derringer que brandit Tannen, lui faisant rater son tir. Ivre de colère, Tannen provoque Marty en duel en cherchant à jouer sur son orgueil, en lui disant qu'il « a les foies ». Ne pouvant aller contre son instinct et stimulé par cette provocation, Marty accepte le duel contre Tannen, choisissant comme date le jour où Doc et Marty ont prévu de repartir en 1985, espérant ainsi échapper au « Molosse ».
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Le lendemain, Marty fait part à Doc de la honte que Tannen lui a infligée devant tous les habitants de Hill Valley en l'insultant. Mais Doc, qui est allé dans le futur dans le premier épisode, le met en garde (sans pouvoir lui dire les détails) qu'à force de répliquer à chaque fois qu'on l'insulte, cela le conduira à avoir un accident dans le futur.
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La veille du départ pour 1985, Doc déclare soudainement à Marty qu'il n'a pas l'intention de le suivre, mais qu'il a décidé de rester ici avec Clara, étant tombé profondément amoureux d'elle. Mais quand Marty lui rappelle qu'il peut encore se faire tuer par Tannen le lendemain, Doc accepte finalement de repartir avec lui. Durant la nuit, pendant que Marty dort, Doc se rend chez Clara pour lui faire ses adieux, et décide de lui dire toute la vérité. Mais Clara ne le croit pas et, pensant qu'il se moque d'elle, se met en colère contre lui. Rendu malheureux par ce dénouement, plus rien ne retient alors le pauvre Dr Brown en 1885.
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Le lendemain, Marty se rend compte que Doc n'est pas rentré dormir, puis le retrouve au comptoir du saloon de Hill Valley, un verre de whisky à la main (qu'il n'a toujours pas bu), en train de parler aux habitués du bar d'un air mélancolique. Doc lui raconte que Clara l'a délaissé. Au moment où ils s'apprêtent à partir, Doc boit son verre cul sec sans réfléchir ; mais, ne tenant pas l'alcool, il s'effondre comme une masse. Grâce au barman qui concocte un remède-maison, Doc est ramené à la conscience et se réveille une dizaine de minutes plus tard, alors que Tannen vient d'arriver pour le duel et donne un délai de dix secondes à Marty pour sortir du bar. Marty et Doc tentent de s'esquiver par la porte de derrière mais ils ne vont pas bien loin, Tannen capturant Doc pendant que Marty reste caché. Au même moment, à la gare, Clara embarque dans le train pour quitter la ville et oublier le chagrin d'amour que Doc lui a causé. Au saloon, Buford donne à Marty un délai d'une minute pour sortir avant qu'il n'abatte Doc alors que, à bord du train, Clara entend la conversation de deux passagers qui parlent d'un homme brisé par sa rupture d'avec une femme. Comprenant qu'il s'agit de Doc, Clara arrête le train en marche, en tirant le signal d'alarme, et repart en courant en direction de la ville.
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Marty surgit finalement dans la grand rue et demande à Tannen de régler leur affaire « entre hommes », à mains nues, déposant à terre son ceinturon avec son revolver. Mais Tannen, rusé et déloyal, refuse et ouvre le feu sur Marty. Ce dernier s'effondre à terre. Pourtant, malgré les apparences, Marty est toujours bien vivant, s'étant confectionné un gilet pare-balles de fortune avec la portière d'un poêle à bois en fonte[Note 1]. Il frappe alors Tannen plusieurs fois et le met KO, après que Tannen (pour la dernière fois de la série) ne soit tombé dans un chariot de fumier. Marty et Doc quittent ensuite la ville à cheval, ratant de peu Clara qui a rejoint la ville, celle-ci découvrant dans l'atelier de Doc la maquette expliquant son plan pour retourner dans le futur ; Clara comprend alors que Doc est véritablement un voyageur temporel.
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En retard pour leur voyage retour vers 1985, Marty et Doc parviennent à rattraper le train à vapeur qu'ils avaient prévu d'utiliser. Au même moment, Clara s'empare d'un cheval de l'atelier de Doc et tente de rattraper le train. Marty et Doc, masqués, braquent le conducteur du train, qui l'arrête, en descend et, sur leur ordre, détache la locomotive et le tender du reste des wagons. Marty et Doc changent l'aiguillage pour la ligne menant au ravin Shonash et amènent la locomotive à l'arrière de la DeLorean, ce qui permettra ainsi de faire avancer la voiture. Doc a prévu trois bûches spéciales de couleur (vert, jaune et rouge) pour faire monter considérablement la chaleur de la chaudière de la locomotive à vapeur, et donc augmenter sa vitesse (ce qui, à la fin, fera exploser la chaudière).
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Alors que le train a été mis en marche, Doc étant dans la cabine du conducteur et Marty dans la DeLorean, Clara arrive, sans qu'ils ne l'aperçoivent. Lorsqu'elle rattrape le train et s'accroche à l'échelle du tender, la bûche verte éclate, ce qui permet à la locomotive d'accélérer. Doc se hâte de rejoindre Marty dans la DeLorean. La bûche jaune éclate et la locomotive prend à présent beaucoup plus de vitesse. Clara, qui a maintenant réussi à se glisser dans la cabine du conducteur, actionne le sifflet du train. Doc se retourne et la voit qui l’appelle. À cause du danger d'explosion, ils n'ont pas d'autre choix que d'emmener Clara avec eux.
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Doc se dirige vers Clara mais, au moment où le savant va attraper la main de la jeune femme, la bûche rouge éclate et la chaudière, qui a à présent atteint les 2 000 degrés, explose. Marty a une idée : il s'empare de l'« hoverboard » qu'il avait rapporté du futur lors de l'épisode II et l'envoie à Doc, qui l'attrape et sauve Clara au moment même où elle s'apprêtait à tomber de la locomotive, les deux s'échappant dans les airs. La DeLorean, dépassant la limite des 88 miles par heure, et est tout à coup transportée avec Marty le 27 octobre 1985, au moment précis où la locomotive tombe dans le précipice du pont.
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Revenu en 1985 sur la voie ferrée maintenant terminée, Marty échappe de justesse à une collision avec un train de marchandises qui arrive en face de lui, étant obligé de sauter de la DeLorean qui est détruite sous ses yeux. Rentré chez lui pour prendre son 4×4, Marty va chercher sa petite amie Jennifer, qu'il avait laissé dans l'épisode II endormie chez elle sur le perron de sa maison. Une fois réveillée, celle-ci lui fait part dans la voiture des choses bizarres qu'elle a vu du futur.
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Peu après, Needles (une connaissance de Marty, et son patron en 2015) et sa bande arrivent en 4x4 à la hauteur du véhicule de Marty, arrêté à un feu rouge. Needles propose à Marty de faire la course. Marty refuse tout d'abord mais Needles arrive à le provoquer en lui disant qu'il a peur. Quand le feu passe au vert, Needles part comme un boulet de canon ; cependant, Marty met la marche arrière, laissant Needles partir devant. Juste après, Marty se rend compte que s'il avait accepté le défi de Needles, il aurait percuté une Rolls-Royce qui arrivait d'une rue adjacente au même moment, coupant sa trajectoire.
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Cette réflexion rappelle à Jennifer ce qu'elle a entendu dans le futur en 2015 (dans le second épisode), quand la mère de Marty avait parlé d'un accident de voiture entre lui et une Rolls-Royce trente ans plus tôt. Voulant alors montrer à Marty sa future lettre de licenciement qu'elle a conservé, le texte original « Vous êtes viré ! » disparaît, laissant une page blanche. Marty comprend à ce moment ce que Doc lui avait avoué en 1885 quand il lui avait révélé par inadvertance que ses désastres futurs étaient causés par son impulsivité, qu'il ne parvenait pas à canaliser.
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Jennifer étant toujours intriguée par cette vision du futur, Marty décide de lui dire la vérité. Ils se rendent ensuite tous les deux à l'endroit où le train a percuté la DeLorean. Alors qu'ils se remémorent Doc, la sonnerie du passage à niveau retentit et les barrières se baissent, bien qu'aucun train ne soit sur la voie. Mais, soudainement, une triple détonation retentit, projetant Marty et Jennifer en arrière. Immédiatement après, un étrange train à vapeur apparaît sur la voie : en émerge Doc, qui a réussi à reconstruire une machine à voyager dans le temps à partir d'un train, et qui fonctionne à la vapeur. Doc est accompagné de Clara, désormais son épouse, du chien Einstein récupéré en 1985 et de leurs deux enfants : Jules et Verne (baptisés ainsi en raison de leur passion commune pour le romancier Jules Verne).
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Jennifer interroge alors Doc sur la signification du message « Vous êtes viré ! » qui s'est effacé. Doc lui explique que le futur n'est jamais écrit d'avance et qu'il n'est que ce que l'on en fait. Finalement, après avoir dit au revoir à Marty et Jennifer, le train de Doc et sa famille décolle et disparaît dans une autre époque, partant vers de nouvelles aventures.
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Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
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Lorsque le réalisateur Robert Zemeckis demanda à Michael J. Fox quelle époque il aimerait visiter pour ce 3e film, l'acteur répondit le vieil « ouest américain » et y rencontrer des cow-boys. Le réalisateur et le scénariste Bob Gale furent intrigués et gardèrent l'idée de côté[2].
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Christopher Lloyd et Mary Steenburgen avaient déjà tourné ensemble dans le western En route vers le sud (Goin' South) et le personnage de Christopher Lloyd était déjà amoureux de celui de Mary Steenburgen.
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Le personnage de Needles est incarné par Michael Balzary alias « Flea », bassiste des Red Hot Chili Peppers.
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Tannen abat le marshal Strickland d'une balle dans le dos. Celui-ci, agonisant dans les bras de son fils, lui demande de se souvenir de ce mot : « discipline ».
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Retour vers le futur 2(1989)
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La bande originale est toujours composée par Alan Silvestri. Après Huey Lewis and the News pour le premier film, le groupe ZZ Top interprète une chanson, Doubleback, pour ce troisième volet. Le clip officiel reprend des images du film.
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Le film obtient sur le site agrégateur de critiques Metacritic une note moyenne de 55⁄100 pour 19 critiques parues à sa sortie en salles.
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Quant à la reconnaissance du film au cours des décennies suivantes, le film obtient sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes un score de 80 % de critiques positives, sur la base de 44 critiques collectées, parues entre 2000 et 2020, avec une note moyenne de 6,5/10[6].
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Le film a connu un important succès commercial, rapportant environ 244 527 000 $ au box-office mondial, dont 87 727 000 $ en Amérique du Nord, pour un budget de 40 000 000 $[7]. En France, il a réalisé 1 677 333 entrées[8].
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Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
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Plusieurs scènes, et détails d'accessoires font références à Clint Eastwood, pour pouvoir intégrer ces détails dans le scénario, les producteurs ont dû demander l'autorisation à l'acteur. Marty McFly choisit de se renommer « Clint Eastwood » pour cacher son véritable nom à ses ancêtres qui l'ont recueilli (Seamus et Maggie McFly). Marty porte une tenue identique à celle que porte Clint Eastwood dans la Trilogie du dollar.
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La scène du duel où Marty porte un bouclier pare-balle est également une référence à un film de Clint Eastwood, Pour une poignée de dollars[9],[3], que Biff regarde dans son jacuzzi dans le 1985 dystopique du deuxième film.
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De retour dans le présent,le ravin où est tombée la locomotive change de nom suite aux actes de Marty en "Clint Eastwood" et de ravin Clayton,devient le ravin Eastwood
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La réunification allemande (allemand : Herstellung der Einheit Deutschlands, ou deutsche Wiedervereinigung) est le processus qui, d'octobre 1989 à octobre 1990, a conduit à l'intégration de la République démocratique allemande dans la République fédérale d'Allemagne, laquelle était constituée alors par les Länder formant ce qui était appelé l'Allemagne de l'Ouest. En allemand, ces événements sont désignés par les mots deutsche Einheit (unité allemande) ou, plus rarement, Wiedervereinigung (« réunification ») ou, de façon plus neutre, Wende (« tournant »). Le terme figurant sur les textes officiels est Beitritt der DDR zum Geltungsbereich des Grundgesetzes der BRD (« Accession de la RDA à la zone de validité de la Loi fondamentale de la RFA »), loi mise en vigueur le 23 août 1990 par le Parlement de la RDA. La réunification allemande fut effective le 3 octobre 1990.
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L'occupation de l'Allemagne, la guerre froide, la crise du blocus de Berlin et le plan Marshall entraînent en 1949 la création de deux États idéologiquement rivaux : la République fédérale d'Allemagne (Bundesrepublik Deutschland ou RFA) en mai 1949, et la République démocratique allemande (Deutsche Demokratische Republik ou RDA) en octobre 1949. L'Allemagne fédérale rejette toutefois la légitimité de la République démocratique allemande. L'Union soviétique est d'ailleurs tentée d'abandonner celle-ci dans les mois qui suivent la mort de Staline en mars 1953. Mais les troubles qui éclatent en RDA en juin de la même année mettent fin à cette idée.
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En 1961, le gouvernement de la RDA construit le mur de Berlin, destiné à empêcher la fuite des habitants de l'Allemagne de l'Est vers la RFA. Le mur et la frontière interallemande, symboles de la division du pays, resteront étroitement surveillés et quasiment étanches jusqu'au mois de novembre 1989.
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En 1989, malgré les difficultés économiques et sociales croissantes auxquelles doit faire face le régime de la RDA, la perspective d'une réunification des deux Allemagnes paraît encore lointaine. Le 11 juin 1989, le futur chancelier fédéral Helmut Kohl, déclare que les chances d'une réunification sont inexistantes alors que le secrétaire général du comité central du SED (Parti communiste est-allemand), Erich Honecker, promet que le mur de Berlin durera encore 100 ans[1]. Pourtant, depuis le 2 mai, la frontière entre la Hongrie et l'Autriche est ouverte et de nombreux Allemands de l'Est utilisent cette possibilité pour rejoindre la République fédérale.
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Le mécontentement populaire est-allemand grandit et le 4 septembre environ 1 200 personnes défilent à Leipzig pour réclamer des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'ouest. C'est le début des « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen) qui auront lieu dans plusieurs villes jusqu'en mars 1990. Mikhaïl Gorbatchev avait déjà indiqué le 6 juillet que l'Union soviétique n'interviendrait pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA. Un tournant est atteint le 9 octobre 1989 avec la première véritable manifestation de masse qui réunit environ 70 000 personnes toujours à Leipzig. Peut-être pour ne pas prendre la responsabilité d'un bain de sang, les responsables locaux ordonnent aux différentes forces de sécurité (Stasi, Volkspolizei et NVA) de ne pas interrompre le défilé. Egon Krenz déclarera plus tard avoir personnellement donné cet ordre. Dès lors, le nombre des manifestants ne cessera d'augmenter les deux lundis suivants pour atteindre respectivement 120 000 personnes le 16 octobre et 320 000 le 23.
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Le 18 octobre 1989, peu après les célébrations du 40e anniversaire de la RDA, Honecker est contraint de démissionner par le Politbüro du SED, qui nomme Krenz pour lui succéder. Cette démission ne suffira cependant pas à calmer les manifestants dont les revendications de réforme du système politique ont pris entre temps un tour de plus en plus radical et incluent entre autres la réunification avec la République fédérale. Finalement, le Conseil des ministres de la RDA démissionne à son tour le 8 novembre 1989, suivi le lendemain par le Politbüro.
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En 1989, les ressortissants est-allemands sont de plus en plus nombreux à quitter la RDA via la Tchécoslovaquie et la Hongrie. Ces pays, complètement débordés par l’afflux des réfugiés, accentuent la pression sur le régime est-allemand. C’est pourquoi, le matin du 9 novembre 1989, Egon Krenz, le chef du SED, réunit en cellule de crise les membres du Politbüro pour élaborer un projet de loi qui doit faciliter les voyages. Il demande au porte-parole du gouvernement, Günter Schabowski, de rendre public ce projet le jour même, lors d’une conférence de presse retransmise en direct par la télévision et la radio est-allemandes[2].
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La conférence débute à 18 heures. Face aux membres du gouvernement, une centaine de journalistes allemands et étrangers. Schabowski commence par évoquer des sujets généraux : « Pour résumer ce qui a été dit aujourd’hui au comité central [...] discussion intense du camarade Krenz ».
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Il faut attendre 50 minutes pour qu’un journaliste italien pose la seule question dont la réponse intéresse les citoyens de la RDA : vont-ils pouvoir voyager librement ? Schabowski répond : « Nous connaissons le désir, le besoin de la population de voyager, voire de quitter la RDA ». Pendant plus de trois minutes, Schabowski tourne autour du pot. Puis, à 18 h 56, il conclut de façon presque anodine : « Nous avons donc décidé aujourd’hui de prendre une disposition qui permet à tout citoyen de la RDA de sortir du pays par les postes-frontières de la RDA ».
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Soudain, les journalistes se réveillent et demandent des précisions : « Dès maintenant ? ». Schabowski, incapable de répondre, se penche alors sur le document et lit : « Les voyages privés à l’étranger pourront être autorisés sans conditions particulières ou raisons familiales. Les autorisations seront délivrées rapidement ».
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Question d’un autre journaliste : « À partir de quand ? ». Schabowski : « Pour autant que je sache... immédiatement... sans délai ».
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Schabowski ignore que les voyages devaient faire l’objet d’une demande préalable de visa. Un journaliste insiste : « C’est valable aussi pour Berlin-Ouest ? ». Schabowski : « Oui, oui... les départs pourront s’effectuer par tous les postes-frontières de la RDA vers la RFA, y compris vers Berlin-Ouest ».
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À 19 heures précises, Schabowski clôt la conférence de presse, laissant en suspens de nombreuses questions, et rentre chez lui.
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Tout s'accélère alors. À 19 h 30, les informations de la télévision est-allemande annoncent : « Les demandes de voyages privés à l’étranger peuvent être faites dès à présent sans motif particulier ». De l’autre côté du mur, dès 20 heures, la télévision de l’ouest annonce : « Selon Schabowski, les citoyens est-allemands désireux de sortir du pays ne sont plus obligés de passer par la Tchécoslovaquie ».
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À 20 h 30, les premiers citoyens de la RDA se dirigent vers les postes-frontières, qui restent fermés, car les soldats ne sont au courant de rien.
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À 20 h 45, tandis que le Politbüro, toujours enfermé en cellule de crise à Berlin-Est, ignore ce qui se passe dans le pays[réf. nécessaire], la nouvelle parvient à Bonn, au Bundestag. La séance plénière est interrompue. Les députés se lèvent et entonnent spontanément l’hymne national.
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À Berlin, une foule toujours plus nombreuse se rassemble aux postes-frontières. Les soldats reçoivent enfin des ordres. Pour calmer le jeu, ils doivent laisser passer quelques personnes. Mais la situation leur échappe complètement. À 22 h 45, les informations de l’Ouest annoncent : « Ce 9 novembre est un jour historique. La RDA a annoncé que ses frontières étaient désormais ouvertes à tous. Les portes du mur sont grandes ouvertes ».
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Au même moment, les soldats est-allemands qui ne sont plus en mesure de contrôler la foule ouvrent effectivement les postes-frontières. À 0 h 02, tous les postes-frontières de Berlin sont ouverts. Durant la nuit, des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est peuvent accéder librement à la partie ouest de la ville. Le lendemain, le gouvernement de la RDA en est encore à se demander si l’armée peut reprendre le contrôle des frontières[réf. nécessaire].
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Le 13 novembre, la Chambre du peuple (Volkskammer), le Parlement de la RDA, élit Hans Modrow au poste de ministre-président. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, « Parti socialiste unifié d'Allemagne »), est retirée de la constitution, ce qui ouvre potentiellement la voie à des élections libres et à une véritable opportunité d'accession au pouvoir des autres partis politiques. À partir du 7 décembre, le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d'opposition et les Églises lors d'une « table ronde centrale ». D'autres « tables rondes » sont formées à l'échelon communal. Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du ministère de la Sécurité d’État (Ministerium für Staatssicherheit, plus connu sous l'acronyme de « Stasi »). La réunification allemande n'est cependant pas à l'ordre du jour.
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Le 18 mars 1990, se tiennent les élections pour la Volkskammer. Autant à l'est qu'à l'ouest, de nombreuses discussions portent sur le calendrier et les modalités d'une réunification. Après la victoire des conservateurs de l'« Alliance pour l'Allemagne » (Allianz für Deutschland - coalition de trois partis conservateurs : CDU de l'Est, DSU et DA), le processus en faveur d'une réunification rapide en utilisant l'article 23 de la loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne est enclenché. Cet article permet à un Land allemand de faire une déclaration unilatérale d'adhésion au domaine d'application de la loi fondamentale lorsque celle-ci n'était pas en vigueur lors de son adoption en 1949. La loi du 22 août 1990 consacre donc la reconstitution des anciens Länder dissous par la réforme territoriale de 1952 et qui avaient été remplacés par 15 Bezirke (districts). Ainsi, sont recréés les Länder de Brandebourg, Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe. Tandis que Berlin-Est est joint à Berlin-Ouest pour former le Land allemand de Berlin.
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Dans la nuit du 22 au 23 août 1990, la Volkskammer décide la déclaration de l'adhésion avec effet le 3 octobre 1990. Il est à remarquer que cette date est unilatéralement décidée par le Parlement de la RDA sans consultation avec le gouvernement ou le Parlement de la RFA. Le 14 octobre 1990, les premières élections régionales dans les nouveaux Länder, destinées à constituer les Landtage, confortent la mainmise sur la RDA des partis conservateurs réunis au sein de l'Alliance pour l'Allemagne, seul le Brandebourg donnant une majorité au SPD de l'Est[3].
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Les modalités de la réunification sont fixées par le traité d'unification (Einigungsvertrag) signé à Berlin le 31 août 1990 et ratifié le 20 septembre par la Volkskammer de l'Est avec 299 contre 80 votes et par le Bundestag de l'Ouest avec 442 contre 47 votes. Avec le traité des 2+4 (Traité de Moscou), un traité de paix entre les deux États allemands et les quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale (États-Unis, France, Royaume-Uni et Union soviétique) signé à Moscou le 12 septembre 1990, la totalité du territoire allemand (comprenant Berlin) devient pleinement souverain au moment de la réunification qui intervient le 3 octobre 1990. À cette date, la constitution de la RDA devient caduque, remplacée sur l'ancien territoire est-allemand par la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne.
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Enfin, le Traité sur la frontière germano-polonaise signé le 14 novembre 1990 à Varsovie fixa les limites de l'Allemagne réunifiée avec la Pologne sur la ligne Oder-Neiße, frontière effective depuis 1945. L'Allemagne renonça donc définitivement aux anciennes provinces de Prusse-Orientale, de Silésie, de Poméranie orientale et à la partie du Brandebourg située à l'est de ces deux rivières.
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Le traité monétaire signé à Bonn au palais Schaumburg (Chancellerie fédérale), le 18 mai 1990 entre la RFA et la RDA sera probablement le premier acte significatif de la réunification allemande. Celui-ci stipula qu'à partir du 1er juillet suivant, le Deutsche Mark émis par la République fédérale d'Allemagne devenait également l'unité monétaire de la République démocratique allemande. L'ancien Mark est-allemand (ou Ostmark), non convertible, dont la parité théorique était d'1 DM mais qui se négociait à un niveau bien inférieur sur le marché libre, fut néanmoins échangé à parité (1:1).
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La mise aux normes des structures économiques est-allemandes à l'économie de marché, nécessita la privatisation de 14 000 entreprises d'État et coopératives existantes (représentant 80 % de l'économie de la RDA). La supervision de ce processus fut confiée à un organisme de droit ouest-allemand, la Treuhandanstalt, qui siégeait à Berlin dans l'ancien bâtiment du Reichsluftfahrtministerium (« Ministère de l'Air du Reich » de Göring) et employait 4 000 personnes.
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Les dettes est-allemandes furent transférées dès 1994 à un fonds spécial et réparties à parts égales entre l'État fédéral et les nouveaux Länder de l'est, les recettes des privatisations servant en partie au désendettement.
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Le système de protection sociale ouest-allemand étant moins développé qu'en Allemagne de l'Est, la réunification suscite dès lors l'inquiétude au sein de la population de l'ex-RDA.
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Ainsi, le journal El País note en 1990 : « […] De nombreuses femmes éprouvent des craintes à l’égard des lois de la RFA ainsi que face au chômage et au démantèlement des services sociaux dont les mères ont jusqu’à présent bénéficié. En RDA, les mères au travail jouissent d’une garantie de places dans une crèche, de salaire et de préservation de leur emploi[4],[5]. » Après la réunification, l'essentiel des structures sociales destinées à accueillir les enfants et les adolescents (crèches, jardins d’enfants, études dirigées, clubs de jeunes, colonies de vacances, etc) est progressivement démantelé[6].
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Jusqu'au 1er janvier 1994, le transport ferroviaire au niveau national relevait des deux entreprises publiques qui existaient pendant la séparation : la Deutsche Bundesbahn à l'ouest et la Deutsche Reichsbahn (DR) à l'est. Celles-ci fusionnèrent pour créer la Deutsche Bahn société anonyme dont le capital est détenu à 100 % par l'État fédéral.
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Des deux sociétés nationales existantes, Lufthansa à l'ouest et Interflug à l'est, la seconde ne survécut pas à la réunification. Interflug cessa ses activités en 1991.
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Des deux sociétés dénommées Berliner Verkehrsbetriebe (Compagnie des transports berlinois), mais ayant deux sigles différents — BVG à Berlin-Ouest et BVB à Berlin-Est — seule la BVG obtint le monopole des transports dans le « Grand-Berlin ». Elle reprit donc l'exploitation des réseaux de BVB. Elle est depuis détenue à 100 % par le Land de Berlin.
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Les sociétés chargées des postes et télécommunications : Deutsche Bundespost pour l'ouest et Deutsche Post (de) pour l'est, fusionnèrent le 1er juillet 1990, pour créer trois entreprises publiques distinctes :
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La réunification de la ville de Berlin intervint le même jour que la réunification du pays, le 3 octobre 1990. Bonn qui fut capitale provisoire de République fédérale perdit donc ce statut au profit de celui de « ville fédérale » (Bundesstadt), statut unique octroyé à une ville allemande.
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Les structures institutionnelles des deux municipalités (le Sénat de Berlin-Ouest et le conseil municipal de Berlin-Est) avaient tenu leur première réunion commune au Rotes Rathaus (ancien hôtel de ville central) le 12 juin précédent. La Constitution de Berlin votée pourtant par le Sénat ouest-berlinois le 1er septembre 1950 et valable pour l'ensemble du Land, entra en application seulement au moment de la réunification de la ville (le même jour eurent lieu les premières élections municipales communes). Walter Momper, tout juste nommé Maire-gouverneur de Berlin-Ouest, deviendra le premier maire de la capitale allemande réunifiée.
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La réunification de la ville permit également à l'essentiel des institutions fédérales de s'y installer de façon définitive, comme :
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Cependant, pour des raisons plus financières que politiques, de nombreux ministères, ambassades et autres institutions n'ont pas été transférés à Berlin et sont restés à Bonn.
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Le ministère fédéral des Relations intra-allemandes qui fut chargé des relations entre les deux pays dans le cadre de la « politique allemande » (Deutschlandpolitik) du Gouvernement fédéral fut le seul à être dissous en 1991, ne trouvant plus dès lors son utilité.
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Une partie des effectifs de la Nationale Volksarmee (« Armée populaire nationale » de la RDA) fut intégrée dans la Bundeswehr (Armée fédérale ouest-allemande) lorsqu'ils présentaient des gages de respect de la constitution de la RFA. Une sorte de « décommunisation » (par analogie avec la dénazification) eut alors lieu. Les officiers les plus haut gradés furent mis à la retraite d'office. Une partie de l'armement fut vendue ou donnée aux pays intéressés (pays de l'Est, Proche-Orient, etc.). Le reste fut rebuté ou « occidentalisé », c'est-à-dire mis aux normes OTAN, et intégré dans la Bundeswehr, par exemple les MiG-29.
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Les fédérations sportives est-allemandes furent dissoutes et leurs structures intégrées à leurs homologues d'Allemagne de l'Ouest. Les championnats ouest-allemands furent réorganisés afin d'accueillir dans leurs rangs les anciens clubs de RDA.
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Par exemple, le Championnat de RDA de football fut ainsi supprimé ; seuls les deux premiers clubs du dernier championnat est-allemand (Hansa Rostock et Dynamo Dresde) furent admis en Bundesliga pour la saison 1991/1992, ce championnat étant alors étendu à vingt clubs. Les autres clubs classés de la troisième à la sixième place de ce même championnat de RDA furent directement admis en Bundesliga.2 : FC Rot-Weiss Erfurt, Hallescher FC, Chemnitzer FC et FC Carl Zeiss Iéna. Puis deux autres y furent admis à la suite de matches de barrages entre les clubs classés de la septième à la douzième place : VfB Leipzig et BSV Stahl Brandenburg. Les quatre clubs éliminés lors de ces barrages et les deux derniers du championnat intégrèrent l'Oberliga Nordost.
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Lors du Championnat du monde féminin de handball 1990 disputé en novembre et décembre 1990, deux Allemagnes sont encore présentes lors de la compétition et c'est d'ailleurs l'ex-RDA qui s'impose 25 à 19 face à l'ex-RFA lors de la petite finale à forte portée symbolique.
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Menée au pas de charge, la réunification s'effectue par l'intégration de l'ex-RDA dans le système politique, économique et social de l'Allemagne de l'Ouest, sans période de transition. Il en résulte un effondrement économique brutal et une hausse massive du chômage. En juillet 1990, la production industrielle chute de 43,7 % par rapport à l’année précédente, de 51,9 % en août et de près de 70 % fin 1991, tandis que le nombre officiel de chômeurs grimpe d’à peine 7 500 en janvier 1990 à 1,4 million en janvier 1992, et plus du double en comptant les travailleurs au chômage technique, en reconversion ou en préretraite[7].
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Trente ans après la chute du mur de Berlin, l’écart en termes économique, social ou même culturel persiste entre l’ex-RDA et l'Allemagne de l’Ouest, même s'il diminue régulièrement. Ainsi, alors que le PIB par habitant de la RDA représentait 43 % de celui de l’Allemagne de l'Ouest en 1990, le niveau des cinq Länder de l’Est est de 75 % de celui des Länder de l'Ouest en 2018. Le chômage demeure aussi plus important à l'Est où il atteint 7,6 % de la population en 2017 contre 5,3 % à l'Ouest[8],[9].
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La célébration de la réunification est aujourd'hui la fête nationale allemande, le « jour de l'Unité allemande », célébrée le 3 octobre en souvenir de la déclaration d'adhésion. Le 9 novembre, date de la chute du mur de Berlin en 1989, avait également été proposé, mais cette date rappelle aussi de sombres épisodes de l'histoire allemande, comme la « nuit de Cristal » de 1938, ou le putsch avorté d'Adolf Hitler à Munich. C'est pourquoi elle ne fut pas retenue.
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La réunification allemande (allemand : Herstellung der Einheit Deutschlands, ou deutsche Wiedervereinigung) est le processus qui, d'octobre 1989 à octobre 1990, a conduit à l'intégration de la République démocratique allemande dans la République fédérale d'Allemagne, laquelle était constituée alors par les Länder formant ce qui était appelé l'Allemagne de l'Ouest. En allemand, ces événements sont désignés par les mots deutsche Einheit (unité allemande) ou, plus rarement, Wiedervereinigung (« réunification ») ou, de façon plus neutre, Wende (« tournant »). Le terme figurant sur les textes officiels est Beitritt der DDR zum Geltungsbereich des Grundgesetzes der BRD (« Accession de la RDA à la zone de validité de la Loi fondamentale de la RFA »), loi mise en vigueur le 23 août 1990 par le Parlement de la RDA. La réunification allemande fut effective le 3 octobre 1990.
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L'occupation de l'Allemagne, la guerre froide, la crise du blocus de Berlin et le plan Marshall entraînent en 1949 la création de deux États idéologiquement rivaux : la République fédérale d'Allemagne (Bundesrepublik Deutschland ou RFA) en mai 1949, et la République démocratique allemande (Deutsche Demokratische Republik ou RDA) en octobre 1949. L'Allemagne fédérale rejette toutefois la légitimité de la République démocratique allemande. L'Union soviétique est d'ailleurs tentée d'abandonner celle-ci dans les mois qui suivent la mort de Staline en mars 1953. Mais les troubles qui éclatent en RDA en juin de la même année mettent fin à cette idée.
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En 1961, le gouvernement de la RDA construit le mur de Berlin, destiné à empêcher la fuite des habitants de l'Allemagne de l'Est vers la RFA. Le mur et la frontière interallemande, symboles de la division du pays, resteront étroitement surveillés et quasiment étanches jusqu'au mois de novembre 1989.
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En 1989, malgré les difficultés économiques et sociales croissantes auxquelles doit faire face le régime de la RDA, la perspective d'une réunification des deux Allemagnes paraît encore lointaine. Le 11 juin 1989, le futur chancelier fédéral Helmut Kohl, déclare que les chances d'une réunification sont inexistantes alors que le secrétaire général du comité central du SED (Parti communiste est-allemand), Erich Honecker, promet que le mur de Berlin durera encore 100 ans[1]. Pourtant, depuis le 2 mai, la frontière entre la Hongrie et l'Autriche est ouverte et de nombreux Allemands de l'Est utilisent cette possibilité pour rejoindre la République fédérale.
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Le mécontentement populaire est-allemand grandit et le 4 septembre environ 1 200 personnes défilent à Leipzig pour réclamer des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'ouest. C'est le début des « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen) qui auront lieu dans plusieurs villes jusqu'en mars 1990. Mikhaïl Gorbatchev avait déjà indiqué le 6 juillet que l'Union soviétique n'interviendrait pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA. Un tournant est atteint le 9 octobre 1989 avec la première véritable manifestation de masse qui réunit environ 70 000 personnes toujours à Leipzig. Peut-être pour ne pas prendre la responsabilité d'un bain de sang, les responsables locaux ordonnent aux différentes forces de sécurité (Stasi, Volkspolizei et NVA) de ne pas interrompre le défilé. Egon Krenz déclarera plus tard avoir personnellement donné cet ordre. Dès lors, le nombre des manifestants ne cessera d'augmenter les deux lundis suivants pour atteindre respectivement 120 000 personnes le 16 octobre et 320 000 le 23.
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Soudain, les journalistes se réveillent et demandent des précisions : « Dès maintenant ? ». Schabowski, incapable de répondre, se penche alors sur le document et lit : « Les voyages privés à l’étranger pourront être autorisés sans conditions particulières ou raisons familiales. Les autorisations seront délivrées rapidement ».
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Question d’un autre journaliste : « À partir de quand ? ». Schabowski : « Pour autant que je sache... immédiatement... sans délai ».
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Schabowski ignore que les voyages devaient faire l’objet d’une demande préalable de visa. Un journaliste insiste : « C’est valable aussi pour Berlin-Ouest ? ». Schabowski : « Oui, oui... les départs pourront s’effectuer par tous les postes-frontières de la RDA vers la RFA, y compris vers Berlin-Ouest ».
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Tout s'accélère alors. À 19 h 30, les informations de la télévision est-allemande annoncent : « Les demandes de voyages privés à l’étranger peuvent être faites dès à présent sans motif particulier ». De l’autre côté du mur, dès 20 heures, la télévision de l’ouest annonce : « Selon Schabowski, les citoyens est-allemands désireux de sortir du pays ne sont plus obligés de passer par la Tchécoslovaquie ».
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À Berlin, une foule toujours plus nombreuse se rassemble aux postes-frontières. Les soldats reçoivent enfin des ordres. Pour calmer le jeu, ils doivent laisser passer quelques personnes. Mais la situation leur échappe complètement. À 22 h 45, les informations de l’Ouest annoncent : « Ce 9 novembre est un jour historique. La RDA a annoncé que ses frontières étaient désormais ouvertes à tous. Les portes du mur sont grandes ouvertes ».
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Le 13 novembre, la Chambre du peuple (Volkskammer), le Parlement de la RDA, élit Hans Modrow au poste de ministre-président. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, « Parti socialiste unifié d'Allemagne »), est retirée de la constitution, ce qui ouvre potentiellement la voie à des élections libres et à une véritable opportunité d'accession au pouvoir des autres partis politiques. À partir du 7 décembre, le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d'opposition et les Églises lors d'une « table ronde centrale ». D'autres « tables rondes » sont formées à l'échelon communal. Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du ministère de la Sécurité d’État (Ministerium für Staatssicherheit, plus connu sous l'acronyme de « Stasi »). La réunification allemande n'est cependant pas à l'ordre du jour.
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Le 18 mars 1990, se tiennent les élections pour la Volkskammer. Autant à l'est qu'à l'ouest, de nombreuses discussions portent sur le calendrier et les modalités d'une réunification. Après la victoire des conservateurs de l'« Alliance pour l'Allemagne » (Allianz für Deutschland - coalition de trois partis conservateurs : CDU de l'Est, DSU et DA), le processus en faveur d'une réunification rapide en utilisant l'article 23 de la loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne est enclenché. Cet article permet à un Land allemand de faire une déclaration unilatérale d'adhésion au domaine d'application de la loi fondamentale lorsque celle-ci n'était pas en vigueur lors de son adoption en 1949. La loi du 22 août 1990 consacre donc la reconstitution des anciens Länder dissous par la réforme territoriale de 1952 et qui avaient été remplacés par 15 Bezirke (districts). Ainsi, sont recréés les Länder de Brandebourg, Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe. Tandis que Berlin-Est est joint à Berlin-Ouest pour former le Land allemand de Berlin.
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Dans la nuit du 22 au 23 août 1990, la Volkskammer décide la déclaration de l'adhésion avec effet le 3 octobre 1990. Il est à remarquer que cette date est unilatéralement décidée par le Parlement de la RDA sans consultation avec le gouvernement ou le Parlement de la RFA. Le 14 octobre 1990, les premières élections régionales dans les nouveaux Länder, destinées à constituer les Landtage, confortent la mainmise sur la RDA des partis conservateurs réunis au sein de l'Alliance pour l'Allemagne, seul le Brandebourg donnant une majorité au SPD de l'Est[3].
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Les modalités de la réunification sont fixées par le traité d'unification (Einigungsvertrag) signé à Berlin le 31 août 1990 et ratifié le 20 septembre par la Volkskammer de l'Est avec 299 contre 80 votes et par le Bundestag de l'Ouest avec 442 contre 47 votes. Avec le traité des 2+4 (Traité de Moscou), un traité de paix entre les deux États allemands et les quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale (États-Unis, France, Royaume-Uni et Union soviétique) signé à Moscou le 12 septembre 1990, la totalité du territoire allemand (comprenant Berlin) devient pleinement souverain au moment de la réunification qui intervient le 3 octobre 1990. À cette date, la constitution de la RDA devient caduque, remplacée sur l'ancien territoire est-allemand par la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne.
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Enfin, le Traité sur la frontière germano-polonaise signé le 14 novembre 1990 à Varsovie fixa les limites de l'Allemagne réunifiée avec la Pologne sur la ligne Oder-Neiße, frontière effective depuis 1945. L'Allemagne renonça donc définitivement aux anciennes provinces de Prusse-Orientale, de Silésie, de Poméranie orientale et à la partie du Brandebourg située à l'est de ces deux rivières.
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Le traité monétaire signé à Bonn au palais Schaumburg (Chancellerie fédérale), le 18 mai 1990 entre la RFA et la RDA sera probablement le premier acte significatif de la réunification allemande. Celui-ci stipula qu'à partir du 1er juillet suivant, le Deutsche Mark émis par la République fédérale d'Allemagne devenait également l'unité monétaire de la République démocratique allemande. L'ancien Mark est-allemand (ou Ostmark), non convertible, dont la parité théorique était d'1 DM mais qui se négociait à un niveau bien inférieur sur le marché libre, fut néanmoins échangé à parité (1:1).
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La mise aux normes des structures économiques est-allemandes à l'économie de marché, nécessita la privatisation de 14 000 entreprises d'État et coopératives existantes (représentant 80 % de l'économie de la RDA). La supervision de ce processus fut confiée à un organisme de droit ouest-allemand, la Treuhandanstalt, qui siégeait à Berlin dans l'ancien bâtiment du Reichsluftfahrtministerium (« Ministère de l'Air du Reich » de Göring) et employait 4 000 personnes.
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Les dettes est-allemandes furent transférées dès 1994 à un fonds spécial et réparties à parts égales entre l'État fédéral et les nouveaux Länder de l'est, les recettes des privatisations servant en partie au désendettement.
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Le système de protection sociale ouest-allemand étant moins développé qu'en Allemagne de l'Est, la réunification suscite dès lors l'inquiétude au sein de la population de l'ex-RDA.
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Ainsi, le journal El País note en 1990 : « […] De nombreuses femmes éprouvent des craintes à l’égard des lois de la RFA ainsi que face au chômage et au démantèlement des services sociaux dont les mères ont jusqu’à présent bénéficié. En RDA, les mères au travail jouissent d’une garantie de places dans une crèche, de salaire et de préservation de leur emploi[4],[5]. » Après la réunification, l'essentiel des structures sociales destinées à accueillir les enfants et les adolescents (crèches, jardins d’enfants, études dirigées, clubs de jeunes, colonies de vacances, etc) est progressivement démantelé[6].
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Jusqu'au 1er janvier 1994, le transport ferroviaire au niveau national relevait des deux entreprises publiques qui existaient pendant la séparation : la Deutsche Bundesbahn à l'ouest et la Deutsche Reichsbahn (DR) à l'est. Celles-ci fusionnèrent pour créer la Deutsche Bahn société anonyme dont le capital est détenu à 100 % par l'État fédéral.
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Des deux sociétés nationales existantes, Lufthansa à l'ouest et Interflug à l'est, la seconde ne survécut pas à la réunification. Interflug cessa ses activités en 1991.
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Des deux sociétés dénommées Berliner Verkehrsbetriebe (Compagnie des transports berlinois), mais ayant deux sigles différents — BVG à Berlin-Ouest et BVB à Berlin-Est — seule la BVG obtint le monopole des transports dans le « Grand-Berlin ». Elle reprit donc l'exploitation des réseaux de BVB. Elle est depuis détenue à 100 % par le Land de Berlin.
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Les sociétés chargées des postes et télécommunications : Deutsche Bundespost pour l'ouest et Deutsche Post (de) pour l'est, fusionnèrent le 1er juillet 1990, pour créer trois entreprises publiques distinctes :
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La réunification de la ville de Berlin intervint le même jour que la réunification du pays, le 3 octobre 1990. Bonn qui fut capitale provisoire de République fédérale perdit donc ce statut au profit de celui de « ville fédérale » (Bundesstadt), statut unique octroyé à une ville allemande.
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Les structures institutionnelles des deux municipalités (le Sénat de Berlin-Ouest et le conseil municipal de Berlin-Est) avaient tenu leur première réunion commune au Rotes Rathaus (ancien hôtel de ville central) le 12 juin précédent. La Constitution de Berlin votée pourtant par le Sénat ouest-berlinois le 1er septembre 1950 et valable pour l'ensemble du Land, entra en application seulement au moment de la réunification de la ville (le même jour eurent lieu les premières élections municipales communes). Walter Momper, tout juste nommé Maire-gouverneur de Berlin-Ouest, deviendra le premier maire de la capitale allemande réunifiée.
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La réunification de la ville permit également à l'essentiel des institutions fédérales de s'y installer de façon définitive, comme :
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Cependant, pour des raisons plus financières que politiques, de nombreux ministères, ambassades et autres institutions n'ont pas été transférés à Berlin et sont restés à Bonn.
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Le ministère fédéral des Relations intra-allemandes qui fut chargé des relations entre les deux pays dans le cadre de la « politique allemande » (Deutschlandpolitik) du Gouvernement fédéral fut le seul à être dissous en 1991, ne trouvant plus dès lors son utilité.
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Une partie des effectifs de la Nationale Volksarmee (« Armée populaire nationale » de la RDA) fut intégrée dans la Bundeswehr (Armée fédérale ouest-allemande) lorsqu'ils présentaient des gages de respect de la constitution de la RFA. Une sorte de « décommunisation » (par analogie avec la dénazification) eut alors lieu. Les officiers les plus haut gradés furent mis à la retraite d'office. Une partie de l'armement fut vendue ou donnée aux pays intéressés (pays de l'Est, Proche-Orient, etc.). Le reste fut rebuté ou « occidentalisé », c'est-à-dire mis aux normes OTAN, et intégré dans la Bundeswehr, par exemple les MiG-29.
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Les fédérations sportives est-allemandes furent dissoutes et leurs structures intégrées à leurs homologues d'Allemagne de l'Ouest. Les championnats ouest-allemands furent réorganisés afin d'accueillir dans leurs rangs les anciens clubs de RDA.
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Par exemple, le Championnat de RDA de football fut ainsi supprimé ; seuls les deux premiers clubs du dernier championnat est-allemand (Hansa Rostock et Dynamo Dresde) furent admis en Bundesliga pour la saison 1991/1992, ce championnat étant alors étendu à vingt clubs. Les autres clubs classés de la troisième à la sixième place de ce même championnat de RDA furent directement admis en Bundesliga.2 : FC Rot-Weiss Erfurt, Hallescher FC, Chemnitzer FC et FC Carl Zeiss Iéna. Puis deux autres y furent admis à la suite de matches de barrages entre les clubs classés de la septième à la douzième place : VfB Leipzig et BSV Stahl Brandenburg. Les quatre clubs éliminés lors de ces barrages et les deux derniers du championnat intégrèrent l'Oberliga Nordost.
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Lors du Championnat du monde féminin de handball 1990 disputé en novembre et décembre 1990, deux Allemagnes sont encore présentes lors de la compétition et c'est d'ailleurs l'ex-RDA qui s'impose 25 à 19 face à l'ex-RFA lors de la petite finale à forte portée symbolique.
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Menée au pas de charge, la réunification s'effectue par l'intégration de l'ex-RDA dans le système politique, économique et social de l'Allemagne de l'Ouest, sans période de transition. Il en résulte un effondrement économique brutal et une hausse massive du chômage. En juillet 1990, la production industrielle chute de 43,7 % par rapport à l’année précédente, de 51,9 % en août et de près de 70 % fin 1991, tandis que le nombre officiel de chômeurs grimpe d’à peine 7 500 en janvier 1990 à 1,4 million en janvier 1992, et plus du double en comptant les travailleurs au chômage technique, en reconversion ou en préretraite[7].
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Trente ans après la chute du mur de Berlin, l’écart en termes économique, social ou même culturel persiste entre l’ex-RDA et l'Allemagne de l’Ouest, même s'il diminue régulièrement. Ainsi, alors que le PIB par habitant de la RDA représentait 43 % de celui de l’Allemagne de l'Ouest en 1990, le niveau des cinq Länder de l’Est est de 75 % de celui des Länder de l'Ouest en 2018. Le chômage demeure aussi plus important à l'Est où il atteint 7,6 % de la population en 2017 contre 5,3 % à l'Ouest[8],[9].
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La célébration de la réunification est aujourd'hui la fête nationale allemande, le « jour de l'Unité allemande », célébrée le 3 octobre en souvenir de la déclaration d'adhésion. Le 9 novembre, date de la chute du mur de Berlin en 1989, avait également été proposé, mais cette date rappelle aussi de sombres épisodes de l'histoire allemande, comme la « nuit de Cristal » de 1938, ou le putsch avorté d'Adolf Hitler à Munich. C'est pourquoi elle ne fut pas retenue.
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La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
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Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
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L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
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D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
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La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
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Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
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L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
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Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
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La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
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La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
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La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
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En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
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Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
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Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
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Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
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La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
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Relief inaccessible de Mafate à Marla.
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La plaine des Cafres.
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La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
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Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
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Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
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La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
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Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
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La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
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Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
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Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
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Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
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La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
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220 km/h à la plaine des Cafres ;
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187 km/h à Gillot
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162 km/h à la Petite France
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L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
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Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
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En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
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Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
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La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
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On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
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La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
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La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
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La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
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Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
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Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
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Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
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Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
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Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
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Tortue verte immature (Chelonia mydas).
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Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
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Idole des Maures (Zanclus cornutus).
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Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
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Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
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« Cordon mauresque » (Synapta maculata).
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Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
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Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
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104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
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Sur cette liste on trouvait :
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Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
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Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
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L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
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Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
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Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
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Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
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C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
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Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
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Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
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La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
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La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
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À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
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L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
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La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
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Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
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De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
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L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
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La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
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Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
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Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
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En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
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Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
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Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
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La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
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Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
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Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
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La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
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Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
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Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
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La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
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Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
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Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
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Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
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Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
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Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
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Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
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Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
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La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
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Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
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Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
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Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
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L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
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Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
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Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
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Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
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Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
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Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
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En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
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En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
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Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
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Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
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Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
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L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
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La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
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Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
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Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
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Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
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Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
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Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
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L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
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À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
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La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
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L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
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Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
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L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
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Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
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L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
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Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
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Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
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Bande dessinées
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Théâtre, danse et cinéma
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L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
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Films
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Séries télé
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Clips musicaux
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Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
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D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
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La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
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Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
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D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
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Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
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Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
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Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
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Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
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Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
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Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
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Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
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Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
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En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
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En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
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La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
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Littérature :
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Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
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Poésie et littérature :
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Cinéma :
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Musique :
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La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
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Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
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Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
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Drapeau de La Réunion.
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La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
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Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
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L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
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D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
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La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
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Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
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L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
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Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
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La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
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La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
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La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
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En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
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Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
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Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
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Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
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La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
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Relief inaccessible de Mafate à Marla.
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La plaine des Cafres.
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La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
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Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
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Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
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La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
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Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
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La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
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Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
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+
Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
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+
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Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
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La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
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220 km/h à la plaine des Cafres ;
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187 km/h à Gillot
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162 km/h à la Petite France
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L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
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Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
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En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
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Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
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La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
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On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
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La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
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La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
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La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
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Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
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Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
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Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
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Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
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Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
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Tortue verte immature (Chelonia mydas).
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Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
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Idole des Maures (Zanclus cornutus).
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Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
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Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
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« Cordon mauresque » (Synapta maculata).
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Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
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Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
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104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
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Sur cette liste on trouvait :
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Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
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Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
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L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
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Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
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Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
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Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
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C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
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Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
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Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
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La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
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La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
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À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
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L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
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La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
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Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
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De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
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L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
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La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
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Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
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Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
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En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
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Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
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Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
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La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
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Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
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Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
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La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
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Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
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Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
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La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
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Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
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Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
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Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
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Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
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Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
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Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
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Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
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La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
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Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
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Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
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Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
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L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
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Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
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Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
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Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
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Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
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Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
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En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
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En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
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Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
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Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
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Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
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L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
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La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
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Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
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Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
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Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
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Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
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Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
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L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
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À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
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La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
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L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
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Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
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L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
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Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
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L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
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Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
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Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
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Bande dessinées
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Théâtre, danse et cinéma
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L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
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Films
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Séries télé
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Clips musicaux
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Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
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D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
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La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
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Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
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D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
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Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
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Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
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Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
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Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
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Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
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Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
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Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
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Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
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En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
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En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
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La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
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Littérature :
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Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
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Poésie et littérature :
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Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
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Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
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Drapeau de La Réunion.
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Le rêve est une « disposition de l'esprit généralement nocturne, survenant au cours du sommeil, et qui procure à l'individu éveillé des souvenirs nommés eux aussi rêves ».
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Au cours de l'histoire et des civilisations, le rêve a été un moyen de s'affranchir du temps et de l'espace ordinaire, pour accéder au surnaturel, aux ancêtres, au divin, ou encore comme un moyen de guérison, de connaissance et de révélation.
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L'approche rationnelle et scientifique en fait un processus ancré dans le corps et lié à l'activité cérébrale au cours du sommeil. Le rêve pose toujours la question de son sens et de sa signification, ou de son rôle et de sa fonction (approches philosophique, psychodynamique, neurobiologique...).
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Dans les arts et la littérature, le rêve représente la « vie rêvée » au sens de projet chimérique ou de représentation d'un autre possible. Ce peut être aussi bien de l'agir (espoir, recherche...) que du pâtir (errance, déception...).
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Le mot « rêve » apparaît en 1674 chez Malebranche dans De la recherche de la vérité, comme déverbal dérivé de rêver[1].
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Le verbe « rêver », anciennement orthographié « resver » (vers 1130) ou « reever » (1240) signifiait « radoter, divaguer ». Son origine est discutée. Il viendrait de l'ancien français desver «perdre le sens », d'un gallo-roman esvo «vagabond », du latin tardif exvagus de même sens[2], et enfin du latin classique vagus qui a donné aussi l'adjectif vague et le verbe divaguer[3].
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Selon Pierre Guiraud, le terme « rêver » serait à rattacher d'un hypothétique latin populaire reexvadere (re- et exvadare évader), d'où plusieurs significations sur le thème de l'évasion répétée (imaginer, méditer, souhaiter fortement…)[3].
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Jusqu'au XVIIe siècle, « rêver » a eu le sens de radoter, délirer, déraisonner (ce sens a été repris au XXe siècle dans le langage familier). Il perd alors son sens péjoratif pour entrer en concurrence avec « songer » qu'il finit par remplacer au XIXe siècle, pour désigner l'activité psychique du sommeil[3].
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Le terme « rêve » est rare avant le XIXe siècle, il garde plus longtemps une connotation négative (délire) tout en prenant aussi une valeur poétique au XVIIIe siècle avec Rousseau[1] dans Les Rêveries du promeneur solitaire.
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Le rêve est un fait vécu qui se caractérise par une suite, organisée ou non, d'images et de représentations mentales qui se présentent à l'esprit au cours du sommeil[4]. Commun à de nombreuses espèces animales, il est également perceptible par ses manifestations physiques externes. Chez l'être humain, le rêve se distingue de certaines hallucinations (comme l'état de rêve ou onirisme) et de la rêverie qui, eux, sont vécus à l’état éveillé.
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Vécu avec émotions et sensations par le psychisme, le rêve est aussi une disposition de l'esprit qui « procure à l'individu éveillé des souvenirs nommés eux-aussi rêves »[5]. Ainsi, lorsque l'on parle de rêve il s'agit souvent du souvenir du rêve dont il est question. Dès lors, il s'agit de distinguer le rêve (fait biologique objectivable), du rêve vécu subjectivement (fait intra-psychique), de son souvenir (fait mémoriel plus ou moins clair et précis, souvent déformé), et du récit qui en est fait au réveil (fait langagier), le récit du rêve, qui, lui-même, peut être transcrit ou non sous formes de textes écrits (fait scripturaire, voire littéraire)[6].
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Du rêve « en soi » aux traces écrites (ou dessinées) il y aurait cinq étapes à ne pas confondre entre elles.
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L'ensemble des savoirs sur le rêve est appelé « onirologie », terme repris par le neurobiologiste Michel Jouvet De la Science et des rêves, mémoires d'un onirologue ; l'étude scientifique du sommeil et de ses perturbations étant l'hypnologie.
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Il convient de distinguer le rêve, fait neurobiologique, des différents sens, représentations ou significations du rêve selon les cultures et civilisations au cours des siècles[4] ; ou encore la pratique interprétative (interprétation des rêves) traditionnelle (oniromancie) aussi bien que moderne des récits de rêve (onirocritique).
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Le contenu des mythes est fréquemment associé aux rêves. Le rêve est alors un invariant humain universellement conçu comme un moyen de s'affranchir du temps et de l'espace ordinaires, ou d'accéder au surnaturel[7].
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Le songe prophétique est bien connu dans de nombreuses sociétés de l'Antiquité dont chez les Sémites, comme en témoigne l'Ancien Testament[8]. On s'intéressait déjà aux rêves à Sumer vers -3000, et dans l'Égypte ancienne (-2500). Les découvertes archéologiques témoignent que les Égyptiens de la Xe dynastie croyaient qu'un rêve pouvait révéler l'avenir et avaient recours à des « clés des songes »[9]. Ces rêves prémonitoires étaient considérés comme se manifestant le plus souvent sous une forme non immédiatement compréhensible, d'où le recours à un art spécial d'interprétation[7].
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Le songe comme message divin existe également dans la mythologie grecque, à travers les rêves que Zeus envoie à Agamemnon ou les visions qu'accorde Apollon à Delphes, notamment à Oreste[10]. Dans l'orphisme et l'école de Pythagore on enseigne que la communication avec le Ciel s'effectue uniquement pendant le sommeil, moment où l'âme s'éveille. Ces rêves peuvent être dits « fastes » ou « néfastes », « véridiques » ou « trompeurs »[7].
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Au IIe siècle av. J.-C., Artémidore de Daldis développe un système d'interprétation des rêves très élaboré, l’Onirocriticon (Ỏνειροκριτικόν). Pour Artémidore, « Le songe est un mouvement ou un modelage polymorphe de l'âme qui signifie les événements bons ou mauvais à venir »[11].
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Il distingue :
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Il précise en outre que[12] :
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« […] l'onirocrite doit être bien équipé de son propre fond et se servir de sa jugeotte, et de ne pas s'en tenir aux livres […] car, si l'on a erré dès le principe, plus on avance, plus on erre. »
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L'incubation, du latin incubatio signifiant « être couché dans un temple », consistait à s'endormir près d'un lieu consacré (grotte, sanctuaire, tombe…...)[7],[13]
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Dans le Livre de la Genèse (XXVIII, 36) Jacob s'endort dans une « maison de Dieu » pour communiquer avec lui. Le jeune Thoutmôsis IV s'endort entre les pattes du Sphinx de Gizeh où il reçoit en rêve, la promesse de succéder à son père.
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Dans la mythologie grecque, les songes ont leurs propres divinités, les Oneiroi, la plus connue est Morphée. Dans l'incubation thérapeutique, les malades se rendaient dans un temple dédié au dieu de la médecine et s'étendaient sur une peau d'animal, dans l'adyton, pour y dormir, après avoir reçu les instructions des prêtres leur recommandant d'être particulièrement attentifs à l'aspect qu'aurait le visage du dieu si celui-ci leur apparaissait en rêve. Cette iatromantique se pratiquait dans les temples d'Asclépios[7] tel celui d'Épidaure.
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Dans les sociétés pratiquant le culte des ancêtres le rite d'incubation pouvait se pratiquer sur le tombe de l'ancêtre décédé, par exemple dans les sociétés pré-islamiques du Proche-Orient. Au Moyen Âge, les pèlerins malades allaient dormir près des tombeaux des saints, comme celui de saint Martin dans la basilique de Tours[7].
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Au début du XXIe siècle, l'incubation est toujours pratiquée par des pèlerins musulmans qui dorment près des tombeaux de marabouts, ou encore par des pèlerins chrétiens dans certaines églises d'Italie[7].
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Le rêve est également important dans les pratiques chamaniques. Par exemple, une croyance répandue chez les peuples sibériens est que l'homme porterait en lui une sorte de double, une âme-esprit qui habite et anime le corps. Ce double peut abandonner le corps un temps et aller à l'aventure, en particulier durant le sommeil[14].
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Au cours de ce voyage, l'âme peut être exposée à des accidents ou dangers de toute sorte, par exemple si le dormeur est réveillé subitement alors que son âme est au loin, ou si l'âme est capturée par des esprits mauvais, ou si, à l'état de veille, elle est arrachée de force au corps par des démons ou des sorciers[14]. Ainsi, en guise d'exemple supplémentaire, chez les Khantys et les Mansis, on dessine un tétras sur les berceaux des nourrissons, afin que l'âme de celui-ci ne s'en aille pas trop loin. Si elle se fait prendre par les esprits, la mort du nouveau-né est inéluctable, à moins que le chaman n'intervienne à temps. Ce départ ou absence de l'âme peut aussi être attribuée à d'autres états proches du rêve comme l'ivresse, la maladie, une peur violente ou encore la folie.
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Dans les sociétés chamaniques, certains types de rêves apportent de la chance au chasseur. Par exemple, si un chasseur rêve de la fille de l'esprit de la Forêt (et des Eaux aussi pour les Selkoupes), c'est-à-dire du donneur de gibier (donneur de chance), sa chasse sera couronnée de succès. Cette fameuse fille peut apparaître différente à chaque rêve, en vertu de la « pluralité d'entités particulières, localisées »[15]. Les chamans sibériens voient aussi en rêve l'élan ou le renne dont la peau va lui servir à confectionner son tambour. Le rêve lui permet de savoir où le trouver et comment le reconnaître. Il ne lui restera plus qu'à faire part de ces renseignements au chasseur pour que celui-ci aille le tuer. Cette recherche peut durer une année entière.
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Le rêve-voyage peut être aussi un rêve d'élévation ou de destination. En Chine ancienne, l'âme hún quitte le corps au moment du rêve pour s'échapper au ciel sous forme d'un oiseau ; chez les Mélanésiens, le rêve est aussi une aventure de l'âme hors du corps sous forme d'un animal (souris, serpent, oiseau…) ; chez les Kanaks, les rêveurs peuvent voyager dans l'au-delà et contacter les morts[16].
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Les rêves peuvent s'inscrire dans le cadre d'une initiation. Le futur chamane acquiert son pouvoir de guérison du fait d'avoir été malade et, par la qualité de ses rêves, il obtient savoirs, pouvoirs et statut social de chamane. L'âme du futur chamane est ainsi forgée dans un monde-autre, soumises aux épreuves du rêve : rencontres avec des figures divines (Dame des Eaux, Seigneur des Enfers, Dame des animaux), esprits-guides, révélations sur les maladies et leur traitement, dépeçage et cuisson du corps du chamane[17],[18].
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On connaît de nombreuses sociétés « à rêves », c'est-à-dire de peuples où la connaissance des mythes, croyances, pratiques rituelles comme le chant, sont censées s'acquérir par le rêve. C'est le cas des Mojaves d'Arizona, largement décrits par Georges Devereux. Si les Mohaves croient que leurs mythes proviennent de leurs rêves, l'ethnologue estime lui que ce sont les Mohaves qui rêvent leurs mythes, dont ils font l'apprentissage à l'état de veille. Rêver le mythe confère une efficacité surnaturelle à la récitation du mythe[19].
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Le chant est alors un équivalent rêvé, condensé du mythe. Les variantes du chant selon les chamanes correspondent aux différences entre les rêves réels des chanteurs respectifs. Ces différences établissent une compétition entre chamanes dont le statut social dépend de leurs pouvoirs reconnus et acceptés par leur société[20].
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C'est aussi le cas des Zápara d'Amazonie équatorienne, étudiés par Anne-Gaël Bilhaut[21], et qui sont moins connus du grand public.
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Les références aux songes (somnium) et aux visions (visio) prophétiques occupent une place importante dans l'Ancien et le Nouveau Testament[22]. Jacques Le Goff liste 43 rêves dans l'Ancien Testament et seulement 9 dans le Nouveau[23].
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Le rêve est en effet un instrument privilégié du divin pour communiquer avec les hommes : « S'il y a parmi vous un prophète, c'est en vision que je me révèle à lui, c'est dans un songe que je lui parle »[24]. Bien que les visions ne soient pas subordonnées au sommeil, comme c'est le cas dans les songes, il n'est pas toujours aisé de différencier les deux dans les textes bibliques. La prophétie est cependant contraignante et expose le prophète[25]. Inversement, lorsque la prophétie fait défaut, les songes ne sont plus habités par Dieu : ainsi Saül se plaint « Et Dieu m'a abandonné et ne me répond plus, ni par les prophètes ni par les songes »[26].
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Le Goff note qu'il n'y a pas d'apparition de morts ou de démons dans les songes bibliques. Si Dieu envoie des rêves vrais, il existe de nombreux rêves mensongers et trompeurs envoyés par de faux prophètes. Le temps et l'au-delà n'appartiennent qu'à Dieu et le rêveur humain n'y a accès que par ce que Dieu lui révèle[23].
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Selon Maïmonide, toutes les prophéties et manifestations révélées aux prophètes se font en songe ou en vision, apportées ou non par un ange, que les voies et moyens utilisés soient mentionnés ou non. Selon lui, les révélations s'obtiennent dans une vision, et le prophète en saisit la signification dès son réveil. Les prophètes sont les interlocuteurs privilégiés de Dieu, ils sont choisis par Lui. L'état de sommeil permet la suppression des sens corporels, et c'est une des théories fournie par Maïmonide pour expliquer la réception de l'émanation envoyée par Dieu. Sur la base d'une faculté imaginative très développée, la prophétie est une perfection acquise, mais qui peut être troublée par la tristesse, la colère et la fatigue.
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D'après lui, Moïse seul fit exception à la règle qui veut que Dieu communique sa volonté à ses prophètes par les songes et les visions : « Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, toute ma maison lui est confiée. Je lui parle face à face dans l'évidence, non en énigmes »[27]. Bien que les songes ordinaires soient considérés comme des vanités, trompeurs et impurs, dans la vision apocalyptique du livre de Joël, la descente sur terre de l'Esprit se répandra sur tous : « vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens des visions »[28]. La loi biblique récuse pourtant la divination par les songes : « Vous ne pratiquerez ni divination ni incantation ». Le Deutéronome ordonne de se méfier des faux prophètes : « Si quelque prophète ou faiseur de songes surgit [...] tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ni les songes de ce songeur »[29]. Jérémie y consacre également un livret[30], et il revient sur ce sujet au ch. 29, v. 8 et 9 : « Car ainsi parle Yahweh : Ne vous laissez pas séduire par vos prophètes qui sont au milieu de vous, ni par vos devins, et n’écoutez pas les songes que vous vous donnez. C’est faussement qu’ils vous prophétisent en mon nom ; je ne les ai pas envoyés, dit Yahweh. »
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Alors qu'il dormait dans la grotte de Hira, le prophète Mahomet reçoit de la part d'un ange, la parole incréée du Coran[7].
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Ibn Sīrīn, du VIIe siècle est le premier auteur d'oniromancie musulmane avec son recueil Rêves et Interprétations. Selon lui, il existe trois sortes de rêves : le rêve véridique (rahmani), le rêve représentant un désir personnel (nafsani) et le rêve provenant du diable (shaitani). Il développe également une liste non exhaustive qui offre une interprétation possible de différentes visions.
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Pour l'historien arabe Ibn Khaldoun (1332-1406), il existe trois sortes de songes : ceux qui viennent de Dieu, ceux qui viennent des anges, et ceux qui viennent du diable[31].
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« Les rêves clairs sont d'origine divine. Les songes allégoriques, qui doivent être interprétés sont d'origine angélique. Et les « rêves confus » sont d'origine démoniaque, parce qu'ils sont vains, et que Satan est la source de la vanité. »
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— Ibn Khaldoun, Discours sur l'histoire universelle
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Pour Ibn Khaldoun, la science de la clef des songes (ta'bîr ar-ru'yâ) fait partie des sciences de la Loi religieuse[31].
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Avec la « Raison grecque », les philosophes et médecins grecs s'intéressent aux rêves et à leurs significations, autres que sacrées ou divines.
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Pour Démocrite, le rêve est une image émanant d'objets ou de personnes (pensées ou formes extérieures) éloignées, et déformée par cette transmission à distance[32]. Selon Platon (428 - 427 av. J.-C.), Socrate (Ve siècle av. J.-C.) définit le rêve comme un lieu où les désirs honteux, réprimés le jour, se réalisent[33].
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Aristote (-384 à -322) traite les rêves dans son Petits Traités d’histoire naturelle (titre latin : Parva naturalia)[34]. Il les considère comme un phénomène somatique lié au vécu de la journée. Le rêve provient d'une fausse perception du corps durant le sommeil, analogue au reflet d'une image dans une eau agitée.
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Le médecin grec Hippocrate (460 av. J.-C.-370 av. J.-C.) développe une théorie médicale du rêve dans le traité Du Régime, livre IV. Ce texte a fait l'objet de publications à part sous des titres tels que Traité d'hygiène d'Hippocrate ou l'Art de prévoir les maladies du corps humain par l'état du sommeil[35].
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Hippocrate distingue deux catégories de rêves, les rêves divins qu'il laisse aux « interprètes qui possèdent l'art exact de traiter ces choses »[36], et les rêves d'origine corporelle qui relèvent du médecin. Le modèle médical hippocratique fait du corps, « la demeure [domicile fixe] de l'âme ». À l'état de veille, l'âme est au service du corps, partagée entre différentes tâches (perceptions, mouvements) tournées vers le monde extérieur. Durant le sommeil, l'âme reste active, régnant sans partage, repliée sur le seul fonctionnement interne du corps[37].
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Dès lors, le rêve et le contenu du rêve peuvent refléter l'état du corps, indiquer ou annoncer l'état de santé ou de maladie. Les matériaux du rêve doivent être agréables, ordonnés, clairs et limpides, plutôt que pénibles, désordonnés, disproportionnés ou confus. Hippocrate interprète ainsi la vision rêvée de phénomènes célestes, de phénomènes terrestres, et de mise en scène de personnes.
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Par exemple, le rêve d'une lune en juste position céleste dans un ciel clair est signe de santé, alors que la vision d'une lune dans le brouillard, ou disproportionnée annonce une maladie. De même si l'on rêve d'une inondation plutôt que d'une rivière habituelle, si l'on court aisément sur un sol ferme ou si l'on grimpe péniblement une montagne ; si l'on se voit soi-même bien habillé et bien chaussé ou au contraire nu ou vêtu de noir, avec un corps déformé. Le médecin devient un nouveau spécialiste du rêve, celui qui les interprète pour soigner le corps (orienter le régime alimentaire en fonction du contenu du rêve)[37].
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« Ce n'est pas un rejet des dieux, mais une délimitation des sphères d'action efficaces ». Ainsi, rêver dans un temple et adresser des prières aux Dieux reste utile, mais grâce au médecin prescripteur de régime, l'homme par ses rêves peut aussi s'aider lui-même[36].
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Provenant d'originaux byzantins, les textes païens antiques comme l'Oneirocriticon d'Artémidore (IIe siècle) ou la Clef des songes du Pseudo-Daniel (IVe siècle) seront portés à la connaissance de l'Occident chrétien médiéval dans leurs traductions latines. Le traité le plus achevé sur les rêves est celui de Macrobe (fin du IVe siècle) Commentaire au songe de Scipion, où il distingue cinq types de rêves : groupés en rêves prémonitoires (clairs ; énigmatiques ; envoyés par la divinité) et les rêves non prémonitoires (symboles du passé ou du quotidien ; illusion pure par impression extérieure)[38].
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Le premier théologien chrétien du rêve est Tertullien qui rédige, vers 210-215, un De anima qui contient un traité sur les rêves[39]. Dans De genesi ad litteram, Saint Augustin (354-430) se pose la question de savoir si l'homme est responsable de ses rêves sexuels[40]. Quant à Grégoire le Grand, pape en 590, il distingue trois grands types de rêves : ceux dus à la nourriture et à la faim, ceux envoyés par les démons et ceux d'origine divine. C'est la première vue d'ensemble d'une onirologie chrétienne, où l'on retrouve une pratique christianisée d'incubation : on dort près du tombeau d'un saint, mais le songe lui-même peut aussi faire retrouver la tombe d'un martyr[41].
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Au XIIe siècle, le moine cistercien Alcher de Clairvaux, dans son ouvrage Liber de spiritu et anima (L'Esprit et l'âme), présente une typologie des rêves, assez proche de celle de Macrobe :
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D'après Jacques Le Goff, on voit apparaître à la fin de l'Antiquité tardive une « démocratisation du rêve », où la connaissance du rêve tend à diffuser dans tout le corps social en instituant une « hiérarchie traditionnelle de rêveurs », aux dépens des spécialistes du rêve (devins, oniromanciens...)[42]. Avec l'instauration du christianisme, si chacun devient capable d'interpréter ses rêves (tout le monde rêve), les vrais rêves prémonitoires envoyés par Dieu sont réservés à une élite tels que les rois, les saints, ou encore les moines. Le rêve-contact divin permet au pouvoir royal de s'affirmer[43].
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En contrepartie l'Église tend à interdire l'oniromancie, et limiter l'incubation, comme pratiques païennes. Elle s'efforce de détourner les chrétiens de l'interprétation des rêves. Le Goff décrit un processus contradictoire, où le rêve est d'abord surveillé, bloqué, diabolisé (rêves sexuels), car le chrétien ordinaire (celui qui n'est ni roi, ni saint) ne peut avoir accès direct à Dieu par ses rêves, mais uniquement par l'intermédiaire de l'Église[44].
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En réaction à cette méfiance ou peur des rêves, il se crée un contre-système culturel basé sur le rêve (les courants hérétiques sont fascinés par le rêve). De même, le milieu monastique devient un milieu de producteurs de rêves où les rêves sont copiés, lus, médités et commentés. Cette production est surveillée, filtrée et diffusée en partie au dehors. Avec la révolution urbaine, la réforme grégorienne, la création des ordres mendiants, les rêves monastiques entrent en libre circulation. C'est la première vague de libération des rêves (à partir du XIIe siècle) où de plus en plus on désigne le corps comme origine « naturelle » des rêves du commun des mortels[45], les rois et les saints pouvant avoir des rêves divins, et les possédés ou hérétiques des rêves diaboliques.
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Jérôme Cardan (1501-1560) fait du rêve un guide véritable. Avertissement ou sollicitation, le rêve peut être prophétique ou jouer un rôle de garde-fou[46]. Comme lui, Caspar Peucer (de)(1525-1602), auteur du De somniis[47], l'abbé Richard (XVIIIe s.) et sa Théorie des songes[48], Franz Splittgerber (Schlaf und Tod, 1866) se situent dans une continuation des conceptions médiévales (le sens ou le pouvoir du rêve).
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Selon Le Goff, le XVIIe siècle connaît des « épidémies de rêves », où le rêve devient une des voies principales par où l'individu s'affirme. Le rêve est un phénomène collectif, d'abord lié au voyage dans l'au-delà, puis au jugement individuel après la mort, il devient aussi univers singulier de l'individu-rêveur[45].
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À partir du XVIIe siècle, des philosophes rationalistes estiment que c'est le corps lui-même qui est seul responsable des rêves, s'inspirant ainsi d'un courant antique représenté par Aristote ou Hippocrate. Descartes (1595-1656) souligne l'association mécanique des idées entre l'âme et le corps. Spinoza (1632-1677) n'a pas besoin d'un esprit pour savoir ce que peut le corps. Pour Locke (1632-1704), rien ne peut être pensé ou rêvé sans avoir fait l'objet d'une expérience sensible[49]. Selon Locke[49] :
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« les songes d'un homme endormi ne sont composés, à mon avis, que des idées que cet homme a eues en veillant, quoique pour la plupart jointes bizarrement ensemble »
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— John Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain
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Pour Leibnitz (1646-1716), le songe montre l'activité constante de la pensée et des sensations, en défendant l'idée d'une continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil. Même en dormant, on a quelque perception de ce qui se passe au-dehors, « quoique ce sentiment ne soit pas toujours assez fort pour causer le réveil »[49].
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Les neurophysiologistes et psychologues du XIXe siècle vont s'engager dans cette voie matérialiste.
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Elle se caractérise par une profusion d'études sur le mécanisme onirique, ainsi que par un développement des théories, soit biologiques, soit métaphysiques.
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Karl Albert Scherner (en)(1825-1889) distingue deux types de symboles dans La Vie des rêves (1861) : ceux sexuels évoquant soit le pénis soit le vagin, et ceux somatiques renseignant sur l'état physiologique du corps. Il est selon Freud le « véritable découvreur de la symbolique onirique ».
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Hervey de St-Denys (1822-1892) compile ses rêves depuis l'âge de treize ans. Dans Les rêves et les moyens de les diriger (1867) il tente une approche du rêve lucide qui préfigure les méthodes de conditionnement modernes. Selon lui le rêve s'apparente à un rébus, logique et signifiant, et que le dormeur doit décoder.
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W. Robert (Der Traum als Naturnotwendigkeit erklärt, 1886) considère que le rêve est un processus vital qui permet au cerveau de ne conserver que les données et images importantes, les rêves sont donc des fragments des images en processus d’élimination. Il montre que si l'on prive le dormeur de la capacité de rêver, celui-ci peut en décéder. Robert parle même du « travail du rêve », concept repris par la psychanalyse.
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Parmi les nombreux scientifiques s'étant intéressés à la question du rêve, il y a encore le médecin russe Marie de Manaceine qui, en 1897, dans Sleep: its physiology, pathology, hygiene, and psychology[50] pense que le rêve permet de se connecter à un imaginaire collectif.
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Dans Le Sommeil et les rêves (1861), Alfred Maury réalise une série d’études expérimentales[51], exposant le dormeur à des stimuli externes pour observer si ceux-ci influencent le contenu onirique. Il est le principal représentant d’une théorie organique du rêve. Jusqu'alors le rêve n'avait pas de structure temporelle au sein du sommeil. En réveillant des sujets à intervalles réguliers il remarqua que les souvenirs de rêve étaient rares, infirmant l'idée qu'ils survenaient de façon permanente pendant le sommeil. Il fit l'hypothèse que le rêve était un phénomène épisodique ou aléatoire survenant à des moments particuliers : pendant l'endormissement, sous l'influence de stimuli externes ou internes ou avant le réveil[52].
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Par la suite plusieurs groupes de chercheurs ont tenté de refaire les expériences de Maury, en vain. L’intégration de stimuli externes dans le rêve était au mieux partielle, souvent nulle. Dans aucun cas le stimulus ne devint le sujet central d'un rêve. Cette difficulté de détourner l’attention du rêveur de sa création interne a été nommée par Allan Rechtschaffen (en) le « processus monomaniaque » (« single-minded process »)[53]. En 1998, des chercheurs comme Peretz Lavie (en) considèrent que Maury n'étudiait pas les rêves, car les expériences se faisaient juste après son endormissement, mais des hallucinations hypnagogiques[54].
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Des savants se sont, avant la psychanalyse, et souvent dans des termes proches, intéressés aux rêves comme productions sensées de l'esprit. Leur approche est celle de la psychologie expérimentale, qui apparaît à la fin du XIXe siècle. Les principaux sont le médecin allemand Carl Gustav Carus et le naturaliste Gotthilf Heinrich von Schubert[55]. Les premières expériences de privation de sommeil ont cependant été réalisées en 1894 par Marie de Manacéïne chez des poussins. Elle montre que ceux-ci mouraient après 4 à 6 jours sans sommeil[56],[57].
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Dans son ouvrage Le Rêve (1920) le biologiste français Yves Delage étudie les images oniriques provenant d’actions ou de perceptions de la journée. Il expérimente le rêve lucide également. Selon lui le rêve met en jeu deux phénomènes : la fusion de représentations dans une image et l’attribution d’un acte à un autre sujet.
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En 1928, la découverte du premier outil technologique de neuroscience, l'électroencéphalographie (EEG) permet d'étudier l'activité électrique cérébrale. La correspondance entre rêve et cerveau n'était qu'une hypothèse plausible, elle devient une évidence. Les premières études permettent de distinguer, non pas deux états de fonctionnement cérébral (sommeil et éveil) mais trois : vigilance, sommeil et rêve[58].
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En 1937, l'Allemand Klaue fit la différence chez le chat entre deux activités corticales au sein du sommeil, l'une rapide, l'autre lente, sans les associer à une activité onirique. En 1944, l'Allemand Ohlmeyer décrivit des cycles d'érections pendant le sommeil, qui correspondent en fait aux périodes de rêve, mais sans relier les unes aux autres[52].
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Les études menées entre 1928 et 1953 réfutent la théorie de la continuité : le rêve n'est pas la conséquence (résultat passif) d'un demi-sommeil ou d'une diminution de l'attention, c'est une activité cérébrale en elle-même. Le rêve est alors perçu aussi différent du sommeil, que le sommeil l'est de l'éveil[58].
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Deux principales écoles de psychologie accordent une importance cruciale à l'interprétation des rêves : la psychanalyse de Sigmund Freud et la psychologie analytique de Carl Gustav Jung. Au XXe siècle, le psychanalyste Sigmund Freud voit dans le rêve l’accomplissement d’un désir. Pour Carl Gustav Jung, le rêve a pour rôle de rétablir l’équilibre du psychisme. Par la suite, de nombreux psychanalystes ont étudié le rêve en se référant à Freud ou à Jung : Géza Róheim (1891-1953), Medard Boss (1903-1990), Masud Khan (1924-1989) et James Hillman (1926-2011).
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La publication en 1900 du livre Die Traumdeutung (L'Interprétation du rêve) par Sigmund Freud marque un tournant dans la compréhension du rêve.
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Au niveau épistémologique, pense Paul-Laurent Assoun, le geste de Freud consiste à réintroduire la production onirique dans la psychologie[59].
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Selon Freud, l'« interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient »[60]. Le rêve, loin d'être un phénomène absurde ou magique, possède un sens : il est « l'accomplissement d'un désir »[61]. Freud écrit en effet au chapitre III de L'interprétation du rêve intitulé dans la traduction des OCF.P « Le rêve est un accomplissement de souhait » que le rêve « n'est pas dénué de sens ni absurde », qu'il est « un phénomène psychique à part entière et pour tout dire un accomplissement de souhait »[62]. L'interprétation d'un rêve consiste à élucider son contenu latent, c'est-à-dire les pensées latentes que le rêveur a refoulées dans son inconscient et que le travail du rêve[63], en contournant la « censure », transforme en contenu manifeste du rêve, tel que celui-ci peut apparaître dans le « récit du rêve » dont un patient dans son souvenir peut l'adresser au psychanalyste.
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En clinique, le cas de « l'Homme aux loups » analysé par Freud dans À partir de l'histoire d'une névrose infantile (1918 [1914]), fournit « d'un point de vue technique » un « exemple de l'analyse extrêmement élaborée d'un rêve » dans le cadre d'une cure psychanalytique[64].
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Dès 1916 Carl Gustav Jung publie la première ébauche de sa propre façon d'interpréter le rêve dans une revue anglaise The Psychology of Dreams[65]. Par la suite, il développe sa conception et sa théorie du rêve dans deux ouvrages: L'Homme à la découverte de son âme[66] et Sur l'interprétation des rêves[67].
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Pour lui, le rêve est aussi une porte ouverte sur l'inconscient, mais il élargit sa fonction par rapport à Freud. Son interprétation et son rôle dans la psyché diffèrent de la perspective freudienne. Jung explique en effet que « la fonction générale des rêves est d'essayer de rétablir notre équilibre psychologique à l'aide d'un matériel onirique qui, d'une façon subtile, reconstitue l'équilibre total de notre psychisme tout entier. »[68]. C'est ce qu'il appelle la fonction compensatrice (ou complémentaire) des rêves dans notre constitution psychique. En ce sens, le rêve participe du développement de la personnalité, en même temps qu'il lie le sujet au vaste réservoir imaginaire qu'est l'inconscient collectif. Le rêve est par conséquent au cœur de la psychothérapie jungienne qui vise, par son étude et par la méthode de l'amplification, à rapporter chacun des motifs oniriques à l'imaginaire humain, et ainsi à en développer le sens pour le rêveur.
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En ethnopsychiatrie, discipline récente[69] représentée en France par l'anthropologue et psychiatre Georges Devereux[70] puis par Tobie Nathan[71] qui forme à son tour Marie Rose Moro, pionnière de la consultation transculturelle, les rêves et cauchemars[72] de patients migrants ou non-occidentaux sont, entre autres, entendus et respectés, comme sous l'arbre à palabres, selon les critères spécifiques de leur tradition et croyances ethniques ou culturelles dans une perspective d'anthropologie de la santé[73]. Tobie Nathan, fondateur en France du Centre Georges-Devereux, a notamment publié ses travaux dans les revues Ethnopsychiatrica et Nouvelle Revue d'ethnopsychiatrie.
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La neurophysiologie du rêve se distingue des théories psychologiques en ce sens qu'elle permet l'étude descriptive et fonctionnelle de l'activité du cerveau qui rêve, aux niveaux biochimique, biologique et anatomique.
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Les travaux de Nathaniel Kleitman (en) et son ouvrage important de 1939 Sleep and wakefulness[74] aboutiront à la découverte des mouvements oculaires rapides (MOR) (avec Eugene Aserinsky (en)). Leur élève, William C. Dement, également psychiatre et psychanalyste, entreprendra l'étude expérimentale de la fonction du rêve, notamment chez le chat.
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À partir des années 1950, débute véritablement la neurophysiologie des rêves chez l'homme. Dement découvre que les mouvements oculaires, appelés aussi sommeil paradoxal, s'accompagnaient d'une activité de rêve (récit de rêve si réveil provoqué à ce moment là). Dement constata que 80 % des dormeurs réveillés pendant les phases MOR se rappelaient leurs rêves, contre 7 % seulement pendant les périodes de sommeil profond[75],[76]. Le rêve survenait par périodes de 20 à 25 min, séparées par des intervalles de 90 minutes, et caractérisé par une activité corticale similaire à celle de l'endormissement et des mouvements oculaires rapides[52].
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Ces travaux furent confirmés par Michel Jouvet chez le chat. Il découvrit en outre que pendant les phases MOR existait une disparition du tonus musculaire axial, associée à une activité cérébrale intense, proche de l'éveil les yeux ouverts, et de l'endormissement les yeux fermés (soit une durée de 6 min toutes les 25 min chez le chat). C'est ce qui le conduisit à introduire la notion de sommeil paradoxal, faisant ainsi du rêve le troisième état physiologique du cerveau. Ces critères d'atonie, d'activité cérébrale[77], et des mouvements oculaires se retrouvèrent également chez l'homme[75].
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Les réveils provoqués interrompant le rêve étaient suivis d'une augmentation compensatoire du sommeil paradoxal. Dement en déduisit que le rêve était un besoin physiologique. Toutefois il n’existe aucune certitude scientifique sur la question de l'utilité objective (besoin physiologique) du rêve[76].
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Michel Jouvet, neurobiologiste français, et d'autres chercheurs ont montré que chez les rats et les souris certaines fonctions que l’on croyait héréditaires ne le sont pas. Si l’on met le souriceau dans une nouvelle famille, il se comportera comme celle-ci. M. Jouvet en déduit que ces adaptations doivent se faire pendant le sommeil paradoxal et que celui-ci sert donc à la programmation de l’individuation, c’est-à-dire la différenciation des individus[78]. En outre, le moi conscient n’est actif que pendant l’éveil (attention volontaire, prendre une décision, etc.). Ce moi ne contrôle plus le cerveau pendant le sommeil. Celui qui regarde les images des rêves n’est pas le moi conscient, mais d’après lui : « C’est ton soi, ou ton inconscient, qui te rêve en dehors de ta volonté »[79]. Pour ce neurobiologiste, le rêve n'est ni du sommeil, ni de l'éveil, mais un troisième état du cerveau aussi différent du sommeil que celui-ci hors de l'éveil[80].
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En 1962, le psychologue cognitiviste David Foulkes se rend compte que tout le monde ne comprend pas la même chose si on lui demande au réveil « avez-vous rêvé ? ». Il y a par exemple des gens qui, s’ils ont rêvé d’un fait quotidien, ne considèrent pas cela comme un rêve et répondront donc par la négative à la question. La question a donc été reformulée de manière plus neutre « quelque chose vous a-t-il traversé l’esprit avant votre réveil ? ». En analysant les récits obtenus dans les laboratoires de sommeil, il devint alors évident que les rêves des stades de sommeil autres que le sommeil paradoxal étaient plus fragmentés, plus proches d’une simple pensée. « J’ai pensé à mon examen de math. » Tandis que le même thème pendant le sommeil paradoxal est plus développé avec une intrigue ou des détails[81].
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Par la reformulation, Foulkes peut montrer que la fréquence de récits de rêves de sujets réveillés pendant un sommeil lent profond peut atteindre plus de 70 %. Tous les stades du sommeil sont donc propices à la production de rêves. Toutefois, la faculté de mémorisation est supérieure lorsque le sujet est réveillé en période de sommeil paradoxal, ce qui permet d'ailleurs d'obtenir des récits de rêve auprès de presque toutes les personnes (soit 80 %), y compris celles qui prétendent ne jamais rêver, et ces rêves sont les plus vifs et les plus riches en images. En revanche, la remémoration est très difficile après un réveil en sommeil lent. Dans tous les cas, le rêve qui survient le plus aisément à la conscience est celui qui précède immédiatement le réveil.
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Le rêve intervient ainsi dans tous les stades du sommeil mais dans des proportions différentes[82].
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Dans son laboratoire du sommeil à Haïfa en Israël, Peretz Lavie a étudié la quantité de rêves de trois groupes : un groupe de survivants de la Shoah bien adaptés à la vie après leur libération, un groupe de survivants ayant toujours des problèmes et des cauchemars, et un groupe d’Israéliens nés en Israël. Les dormeurs étaient toujours réveillés lorsque les enregistrements électriques montraient une période de sommeil paradoxal.
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Si le troisième groupe avait un nombre de rêves proche de la moyenne, c'est-à-dire 78 %, ce nombre baissait à 55 % pour le deuxième groupe et n’était que de 33 % pour les personnes s’étant bien réadaptées à la vie quotidienne. La seule différence concernant le sommeil des différents groupes concernait sa profondeur. Les personnes ayant subi un traumatisme disposaient d'un sommeil plus profond que les personnes en bonne santé[83].
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Le rêve désigne un ensemble de phénomènes psychiques éprouvés au cours du sommeil. Au réveil, le souvenir du rêve est souvent lacunaire, et parfois même inexistant. Il est cependant possible d’entraîner la remémoration onirique. On observe que les rêves les plus élaborés émergent pendant les phases de sommeil paradoxal.
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En 1999, les scientifiques issus de l'Académie américaine de médecine et de l'Association internationale pour l'étude des rêves se sont accordés pour reconnaître que le sommeil paradoxal n'était pas l'équivalent du rêve. La définition exacte du rêve varie selon les rêveurs, les scientifiques, les pays et les cultures. Aussi, pour les besoins de la recherche, il a été convenu de ne plus employer le terme de rêve, et de le remplacer par « activité mentale liée au sommeil », cette activité onirique étant présente à tous les stades du sommeil[82].
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Cette activité mentale consciente, mais labile, résulte de l'auto-stimulation du cerveau déconnecté du monde extérieur lors des sommeils profond et paradoxal. Ses caractéristiques varient continuellement du sommeil lent au sommeil paradoxal. Le rêve s'apparente à toute pensée, sensation ou émotion d'un état de veille lors du sommeil profond, puis devenant de plus en plus comparable à un état hallucinatoire sensori-moteur lors du sommeil paradoxal[84]. Toutefois le rêve se distingue de l’hallucination et de la rêverie qui, eux, sont vécus à l’état éveillé.
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Le rêve n'est pas généré par des stimulations sensorielles. En étudiant l'activité cérébrale par tomographie à positons lors du sommeil paradoxal, les rêves seraient à relier à des processus cycliques d'activation et de désactivation de différentes régions du cerveau : activation de régions (du tronc cérébral comme la formation réticulée ; ou encore thalamus, amygdale...), inactivation d'autres comme le cortex préfrontal[82].
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Ces processus expliqueraient l'étrangeté des rêves, l'importance des émotions et de la vision d'images, et la rareté des rêves comportant des actions telles que lire, écrire ou compter. Cependant il faut rester prudent en cherchant des corrélations entre circuits neuronaux et contenus du rêve[82].
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La fonction éventuelle du rêve reste débattue entre ceux qui n'y voient qu'une manifestation épiphénoménale du sommeil paradoxal, dépourvue de toute fonction propre, et ceux qui supposent que le rêve reflète un processus d'abstraction des représentations mentales[85] ou de régulation émotionnelle. Les chercheurs en neurosciences qui étudient le rêve divergent quant aux fonctions ou à l'absence de fonction des rêves.
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Le thérapeute comportementaliste Jacques Montangero constate : « Aujourd'hui encore certains neurobiologistes admettent avec difficulté l'existence de ces faits [càd la présence de rêves en sommeil lent], car en décrivant ce qui se passe au niveau du cerveau pendant le sommeil paradoxal, ils aimeraient convaincre qu'ils décrivent les bases biologiques du rêve »[86].
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Souvent, une typologie des rêves est utilisée pour les distinguer suivant leur forme et contenu[réf. souhaitée] :
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Le cauchemar est un rêve à forte charge anxieuse qui survient durant la seconde partie de la nuit, habituellement associé au sommeil paradoxal, et dont on garde le souvenir ; et qui se différencie des terreurs nocturnes qui surviennent durant le premier tiers de la nuit, liées à une mauvaise stabilité du sommeil lent profond, avec amnésie quasi-constante[87],[88].
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Il s'agit d'un rêve duquel le sujet tire une nouveauté : idée d'une œuvre artistique, invention d'un nouveau concept ou réponse à un questionnement. L'induction des rêves créatifs rappelle le procédé d'incubation de l'Antiquité, mais dans le but d'une création artistique ou de la résolution d'un problème plutôt que dans celui de la guérison. De nombreux créateurs ont trouvé l'inspiration en rêve par hasard. Mais il est possible de la provoquer volontairement.
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L'induction des rêves créatifs se fait selon un processus similaire au processus créatif en général, tel que décrit par Don Fabun[89]. Ce processus s'élabore grâce à une motivation suffisante, une préparation adéquate et une manipulation intensive. Une forte implication affective est nécessaire. Les étapes d'incubation, de pressentiment de la solution et d'illumination peuvent alors survenir dans le rêve, ou juste après l'éveil[90]. L'étape de vérification permet d'évaluer si la solution est correcte.
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De nombreux écrivains ou scientifiques se sont inspirés de rêves créatifs : Howard Phillips Lovecraft s'inspira très souvent de ses rêves afin de rédiger ses nouvelles (l'exemple le plus frappant est la nouvelle intitulée La Tombe, qui est une retranscription quasi-exacte d'un rêve), l'œuvre Kubla Khan de Samuel Taylor Coleridge a été entièrement élaborée en rêve, William Blake a mis en œuvre un procédé de gravure sur cuivre que lui indiqua en rêve son frère cadet décédé, la Sonate des trilles du Diable composée par Giuseppe Tartini fut, d'après lui, une reproduction moins réussie que celle entendue en rêve, et enfin Friedrich Kekulé von Stradonitz rêva la structure cyclique du benzène et révolutionna la chimie moderne.
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Dans le rêve lucide, il y a comme une irruption de la conscience éveillée dans le déroulement du processus onirique habituel. Le rêveur sait que le monde qui l'entoure n'est qu'une construction de son esprit et peut ainsi analyser et réagir de façon plus ou moins rationnelle selon son degré de « lucidité ». Cette prise de conscience, involontaire ou obtenue par certaines techniques, peut permettre au rêveur de contrôler le contenu et le déroulement du rêve[91].
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Rêves jugés prophétiques, qui n'ont pas forcément de lien avec la vie privée du rêveur et annoncent un événement futur censé se réaliser.
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8 % des rêves ont un contenu sexuel dont la nature est, dans l'ordre : propositions sexuelles, baisers, fantasmes divers et variés, masturbation. Dans 4 % des cas les sujets (hommes et femmes confondus) disent avoir éprouvé un orgasme[92]. Chez l'homme, d'après le rapport 1948 Kinsey[93] : 83 % des hommes de 45 ans déclarent avoir connu des éjaculations nocturnes. La fréquence annuelle des rêves sexuels avec éjaculation nocturne varie de 4 à 11 % chez les hommes de 20 à 35 ans et de 3 à 5 % chez les hommes plus âgés. 5 % des sujets étudiés connaissent ce type de rêve plus d'une fois par semaine, avec un maximum entre l'adolescence et 30 ans. La fréquence annuelle des rêves érotiques avec orgasme est de 3 à 4 %, 1 % en ayant plus d'un par semaine. L'incidence des orgasmes oniriques est maximale à la quarantaine.
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D'après le psychologue Abraham Maslow[94] les rêves sexuels explicites sont plutôt le fait des femmes confiantes en elles-mêmes, posées, indépendantes et généralement actives. En cas de peu d'estime de soi ou d'inhibition, les rêves sexuels sont plutôt de type symboliques. Ces résultats sont corroborés par Joseph Adelson[95], mais plutôt sur le critère de la créativité d'un groupe de jeunes filles.
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Le rêve sexuel n'a généralement pas de lien avec l’érection nocturne[96].
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Les mammifères placentaires, les marsupiaux et les oiseaux connaissent le mouvement oculaire rapide et le sommeil paradoxal[97], et suivent les mêmes phases du sommeil que l'humain[98].
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Les rapports du rêve et de la réalité sont un aspect des philosophies orientales qui mettent en doute la capacité de la raison analytique à rendre compte du monde tel qu'il est. L'exemple taoïste le plus célèbre est le philosophe chinois Zhuangzi ou Tchouang-Tseu (vers 370-300 av. J.C.) avec son fameux « rêve de Zhou »[99] :
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« Un jour, Zhuang Zhou rêvait qu'il était un papillon : il en était tout aise, d'être papillon ; quelle liberté ! quelle fantaisie ! Il en avait oublié qu'il était Zhou. Soudain il se réveille, et se retrouve tout ébaubi dans la peau de Zhou. Mais il ne sait plus si c'est Zhou qui a rêvé qu'il était papillon, ou s'il n'est pas un papillon qui rêve d'être Zhou. »
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Le propos de Zhuangzi n'est pas de prétendre que tout est rêve, mais qu'il n'y a pas de moyen de savoir si ce qu'on pense connaître est une connaissance ou une ignorance. « Il n'y a que les sots qui se croient éveillés, ils en sont même parfaitement certains. Princes, bergers, tous unis dans cette même certitude ! Confucius et vous, ne faites que rêver ; et moi qui dis que vous rêvez, je suis aussi en rêve »[99].
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Cette même idée se retrouve dans les Pensées de Blaise Pascal (1623-1662)[99] :
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« Ne se peut-il faire que cette moitié de vie n'est elle-même qu'un songe, sur lesquels les autres sont entés [greffés], dont nous nous éveillons à la mort ? (...) Qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier ? »
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En écho à la thématique de la veille et du rêve, le concept bouddhique d'éveil ou illumination (Bodhi ou wu en chinois ou satori en japonais)) désigne un état de « non-pensée », réalisant une unité indifférenciée de la veille et du rêve. L'esprit vide de toute pensée, de toute notion et de toute opposition peut alors se contempler lui-même, par révélation de sa vérité intérieure[100].
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En philosophie occidentale, le rêve illustre le problème des rapports du cerveau et de la conscience, de l'être conscient et de son inconscient, du principe de plaisir et du principe de réalité[101],[102].
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Le rêve constitue un sujet pour tous les arts que ce soit la littérature, la musique, la peinture et sculpture ou le film, car sa dimension est ici celle de la « vie rêvée » au sens de projet chimérique ou de représentation d'un autre possible. Il comporte des dimensions d'attente, d'espoir, d'anticipation, d'entreprise ou de recherche (l'agir), mais aussi d'errance, d'illusion, de vanité et de déception (le pâtir)[103].
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Dans les œuvres de fiction, on trouve fréquemment des rêves comme élément du récit. Toutefois, il est plus rare qu'il soit un thème central. On peut cependant citer La Nouvelle rêvée (Traumnovelle, 1926) d'Arthur Schnitzler, écrite en 1925.
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Le rêve semble plus présent encore dans les œuvres poétiques, soit comme source du poème pour les images qui y abondent (voir Surréalisme), soit comme objet d'un questionnement approfondi - lequel se distingue toutefois de l'interprétation psychanalytique - (voir par exemple Façons d'éveillé, façons d'endormi d'Henri Michaux), ou encore comme moteur principal d'un récit. Parmi les textes contemporains on peut citer Bascule, de Pierre Guéry, publié en 2006; un long poème procédant de ces trois approches et dans lequel toutes les limites entre cauchemar, rêve lucide et somnambulisme semblent abolies pour laisser place à un univers indéterminé, flottant, et dans lequel la parole devient progressivement nekuia, rituel d'évocation et de convocation des morts.
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Avec Hamlet, Shakespeare pose le problème du rêve comme trame de l'existence et de l'au-delà (to be or not to be) « Mourir —Dormir—Dormir ? Rêver peut-être »[103].
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Des hommes de lettres comme René Descartes[104] ont noté leurs rêves. Étonnamment, c'est lors d'une nuit mémorable où il a vécu plusieurs rêves marquants que Descartes se pose pour la première fois la question du cogito.
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Le rêve est l'emblème du narcissisme et de l'enfermement sur soi, comme chez Verlaine « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant / D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime » (Poèmes saturniens)[103].
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Avec les préromantiques, la rêverie a valeur de liberté dans l'imaginaire, comme chez Jean-Jacques Rousseau (Les rêveries du promeneur solitaire).
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À la fin du XVIIIe siècle, le rêve devient une composante de l'« âme romantique » avec sa part de nuit et d'ombre, où la vie s'objective par des affects qui pourraient bien être des « ombres de rêves ou des rêves d'ombres » comme chez le poète britannique Shelley[105].
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L'œuvre de Jean Paul comporte beaucoup de récits oniriques. En outre il écrit trois textes sur le sujet. La magie naturelle de l'imagination (1795), Sur le rêve (1798) et Coup d'œil sur le monde des rêves (1813). Le poète anglais Samuel Taylor Coleridge écrit en 1816 son poème Les souffrances du sommeil. En France, on peut citer Gérard de Nerval : Aurélia ou le rêve et la vie (1855). Le public de l'époque avait un goût pour le rêve, l'occultisme et le fantastique. Les clés des songes se référaient aux clés plus anciennes[106]. Le fragment Heinrich von Ofterdingen (Henri d'Ofterdingen) de Novalis commence avec le rêve de la fleur bleue qui devient le visage d'une jeune fille. À son réveil, Heinrich se met à la recherche de cette fleur. Par la suite la fleur bleue devient un symbole du romantisme allemand.
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Le roman anglais Les Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll de 1865.
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Comme le romantisme, le symbolisme et le surréalisme remettent en cause la raison comme limitation appauvrissante du monde. L'imagination s'appuie sur les songes, le rêve est investi dans la création esthétique. Le rêve littéraire, narratif ou poétique « transgresse les lois naturelles, mais respecte le spectre des tonalités affectives de la veille (...) et porte sur la nature du réel et de l'expérience vécue »[105].
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L'origine du rêve surréaliste se trouve dans les années de formation d'André Breton. Étudiant en médecine, il est mobilisé au cours de la première guerre mondiale dans un service de psychiatrie militaire. Il eut à traiter un homme qui, sous les obus ennemis, s'exposait debout avec de grands gestes comme s'il réglait leur circulation. Fasciné qu'on puisse vivre dans un monde aussi fantastique, il s'intéresse alors aux travaux de Pierre Janet et de Sigmund Freud[107].
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Après la guerre, Breton renonce à ses études médicales, pour se joindre aux Dadaïstes, avant de fonder son propre mouvement littéraire. Il voit dans le rêve et l'état hypnagogique une source de création poétique. Ceci le conduira à mettre en pratique l'automatisme verbal, la parole automatique ou l'écriture automatique comme moyens d'accéder à un « discours intérieur ». Ce discours est censé provenir d'un moi profond relié à des forces cosmiques créatrices d'où naissent toutes les formes d'art, nouvelles et inconnues[107].
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Quelques exemples à travers les siècles :
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Simone Martini, Le rêve de saint Martin (1322-1326).
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Un démon féminin s'entretient avec un roi, illustration d'un manuscrit de 1602.
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Giovanni Battista Tiepolo, 1757.
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Francisco de Goya.
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Paul Gauguin, Le Rêve (1897).
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Reykjavik (en islandais : Reykjavík [ˈreiːcaˌviːk][1] Écouter, littéralement « Baie-des-Fumées ») est la capitale de l'Islande. Elle se situe à environ 250 km au sud du cercle polaire arctique, ce qui en fait la capitale la plus septentrionale d'un État souverain (la capitale du Groenland, Nuuk, étant située quelques kilomètres plus au nord). Elle s'étale entre deux fjords, dans une zone comptant de nombreuses sources chaudes, le long d'une baie (vík en islandais). Elle est ainsi considérée comme la ville la « plus verte du monde » : on y compte environ 410 m2 d'espaces verts par habitant[2].
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C'est la ville la plus peuplée du pays, avec environ 130 000 habitants. Avec l'agglomération, elle regroupe pratiquement les deux tiers de la population de l'île, soit environ 220 000 habitants.
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Son emplacement se situe à l'endroit même où s'installèrent en 874 les premiers colons conduits par Ingólfur Arnarson. Un groupement de 302 habitants ayant eu lieu en 1786 est à l'origine de la municipalité d'aujourd'hui.
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C'est à Reykjavik que sont concentrées les activités politiques, industrielles, commerciales, et culturelles du pays.
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Reykjavík se traduit en français par « baie des fumées » (reykja- étant le génitif pluriel de reykur : « fumée » ; vík : « baie »). Elle tient son nom du Landnámabók (Livre de la colonisation) qui mentionne les vapeurs qui proviennent des sources d'eau chaude de la région.
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Reykjavik est située sur la marge sud-ouest de l'Islande, dans la baie de Faxaflói. Le secteur côtier de Reykjavik se caractérise par la présence de nombreuses presqu'îles, criques, détroits et petites îles. La plus grande partie de la ville de Reykjavik gît sur la péninsule de Seltjarnarnes, entre deux fjords : le Kollafjörður au nord, et le Skerjafjorður au sud. Mais les faubourgs s'étendent au sud.
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La ville est au niveau de la mer. La montagne la plus haute dans le voisinage de Reykjavik est le mont Esja, qui culmine à 914 mètres.
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Reykjavik est une ville dispersée ; la plus grande partie du secteur urbain se présente dans la forme de faubourgs de basse densité et les habitations sont généralement individuelles. Les quartiers résidentiels sont eux aussi espacés, séparés par les principales artères de la ville.
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La législation sur les monuments protégés en Islande se limite aux constructions ayant plus d'un siècle, avec des exceptions pour les habitations en tourbe, pensées comme traditionnelles et donc dignes de protection[3]. Pour cette raison, de nombreuses structures plus récentes, telles que les fortifications datant de la Seconde Guerre mondiale, les structures liées à la présence militaire américaine, ou certaines usines, ont disparu[3].
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La rivière Elliðaá traverse la ville. Cet important cours d'eau n'est pas navigable.
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Reykjavik bénéficie d'un climat subpolaire océanique similaire à celui de la pointe sud du Groenland dans l'hémisphère nord ou à celui des îles Kerguelen et de la Terre de Feu dans l'hémisphère sud. Grâce aux eaux chaudes de la dérive nord atlantique, un courant chaud qui prolonge le Gulf Stream, Reykjavik a une température moyenne annuelle de 4,4 °C. La température moyenne en janvier est de −0,5 °C et en juillet de 10,6 °C. La température maximale absolue a été de 26,4 °C le 30 juillet 2008[4]. Les hivers sont doux malgré la latitude et les étés frais mais brefs. L'obscurité est presque permanente en hiver et la lumière presque permanente en été.
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Durant quelques semaines en hiver, la lumière du jour n'arrive que pour quatre heures et en début d'été les nuits n'existent pas.
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On pense, toujours d'après le Landnámabók, que les premiers colons norvégiens sont arrivés dans la zone de Reykjavik emmenés par Ingólfr Arnarson en 874.
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Le XVIIIe siècle a marqué le commencement de l'expansion urbaine de Reykjavik. Avant cette date, la ville n'est mentionnée dans aucune source médiévale sauf comme terre régulière de ferme.
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Vers la fin de la période d'absolutisme, après des siècles d'exploitation par les Danois, des nouvelles règles danoises appliquées à l'Islande ont favorisé l'émergence d'une industrie domestique qui permit un progrès nécessaire à l'île.
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En 1752, le roi du Danemark a donné le domaine de Reykjavik aux corporations d'entrepreneurs ou Innréttingar ; le nom vient du danois indretninger signifiant « entreprises ». Dans les années 1750 plusieurs maisons ont été construites pour loger l'industrie de laine qui devait être l'employeur le plus important de Reykjavik pour quelques décennies et la raison originale de son existence. D'autres métiers étaient également pratiqués par l'Innréttingar tels que la pêche, l'exploitation de soufre, l'agriculture et la construction navale.
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En 1786, la couronne danoise supprime son monopole commerçant et accorde aux six communautés du pays, dont Reykjavik, une charte marchande exclusive. La communauté de Reykjavik était la seule à respecter la charte de façon permanente. 1786 est ainsi considérée comme l'année de la fondation de la ville, qui a célébré son deux-centième anniversaire en 1986. Le droit de commercer est cependant encore réservé aux sujets de la couronne danoise et les commerçants danois continuent à dominer les échanges de l'Islande pendant les décennies suivantes, qui voient leurs affaires se développer. Après l'installation du libre échange en 1880 pour toutes les nationalités, l'influence des négociants islandais dans la vie des affaires augmente vite.
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Le mouvement nationaliste avec l'idée d'une Islande indépendante prit de l'ampleur durant le XIXe siècle. Comme Reykjavik était la seule ville de l'Islande, c'est là-bas que les personnes ayant ces idées se réunirent. Les partis du mouvement indépendantiste savaient que Reykjavik devrait être forte pour atteindre cet objectif. Les années les plus importantes de la lutte indépendantiste sont aussi importantes pour la ville. En 1845, l'Althing, l'assemblée générale que les Islandais avaient créée en 930 fut rétablie à Reykjavik, elle avait été suspendue quelques années plus tôt et placée à Þingvellir. L'Alþingi accomplissait alors les fonctions d'une assemblée consultative, qui suggérait au Roi les actions à prendre en ce qui concerne différents problèmes du pays. La situation de l'Alþingi à Reykjavik eut pour conséquence que la ville s'est transformée effectivement en capitale de l'Islande.
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En 1874, l'Islande a rédigé sa première constitution et avec elle, l'Alþingi obtint les pouvoirs législatifs limités puis se convertit en l'institution que nous connaissons. Ensuite, il fallait donner un pouvoir exécutif à l'Islande, et elle l'a obtenu grâce à la Maison du gouvernement en 1904 quand elle a établi le bureau du Premier ministre à Reykjavik. Le 1er décembre 1918, le pays est passé du statut de colonie danoise à celui d'État souverain connu sous le nom de Royaume d'Islande en union personnelle avec la Couronne du Danemark, personnalisé durant cette période par le roi Christian X.
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Dans les années 1920 à 1930, l'industrie de pêche s'est formée à Reykjavik, avec comme principal produit la morue. Toutefois, vers la fin 1929 la Grande Dépression a frappé la ville et il y eut de nombreux conflits entre corporations de métier dont beaucoup se sont terminés violemment.
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Dans la matinée du 10 mai 1940, quatre navires de guerre arrivèrent à Reykjavik et s'ancrèrent dans le port en portant tranquillité à la population, puisqu'ils étaient britanniques et non allemands. En quelques heures, l'occupation alliée a été mise en place sans violence. Le gouvernement islandais avait reçu du gouvernement britannique une lettre pour prévenir de l'occupation, mais celle-ci avait été toujours déclinée par les Islandais parce qu'ils étaient politiquement neutres. Durant les dernières années de la Seconde Guerre mondiale, les soldats britanniques et américains ont construit des bases à Reykjavik. Le nombre de soldats étrangers à Reykjavik était, à un moment, équivalent à la population actuelle de la ville.
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Les effets économiques de l'occupation furent très positifs pour la ville quand se sont atténués les effets de la Grande Dépression et la reprise économique importante eut alors lieu. Les Britanniques ont construit l'aéroport de Reykjavik, et les États-Unis ont construit l'aéroport international de Keflavík, à environ 50 km de la capitale.
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Le 17 juin 1944, l'Islande est proclamée république indépendante, rompant ainsi les derniers liens institutionnels que le pays conservait avec le Danemark. Un président élu par un vote populaire remplaça le roi Christian X dans ses fonctions représentatives, tandis que le premier ministre exerçait les fonctions exécutives.
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Dans les années de l'après-guerre, la croissance de Reykjavik s'accéléra. L'exode rural a accru la population citadine, la mécanisation de l'agriculture réduisant les besoins de main d'œuvre dans ce secteur et améliorant les conditions de vie des Islandais. Les migrants qui allaient à Reykjavik étaient principalement des jeunes qui voulaient atteindre le « Rêve de Reykjavik » et avec le temps, la capitale s'est transformée en véritable ville des enfants. La planification urbaine s'est modifiée de façon très importante avec la construction de zones résidentielles dans les faubourgs de la ville.
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Dans les deux dernières décennies, Reykjavik a été convertie en un centre de la communauté mondiale. Au sommet de 1986, le statut international de Reykjavik a été souligné par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. La déréglementation dans le secteur financier et la révolution informatique des années 1990 ont transformé Reykjavik une nouvelle fois. La technologie financière et le secteur de l'information sont maintenant des employeurs significatifs de la ville. La ville énergique a stimulé quelques talents célèbres du monde ces dernières années comme Björk, Sigur Rós ou Amiina.
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Une politique de réaménagement du front de mer est menée depuis les années 2000, et la salle de concert et centre des congrès Harpa en est le premier exemple. Après des années de ralentissement des investissements à la suite de la crise financière de 2008, le centre-ville prend un nouveau visage urbanistique et architectural avec la construction d'immeubles modernes et la réhabilitation de nombreux îlots d'habitations entre le front de mer, principalement à Miðborg et Vesturbær.
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Höfuðborgarsvæðið (région capitale en islandais) est une des huit régions de l'Islande. Elle est peuplée d'environ 200 000 habitants, ce qui fait d'elle la région la plus peuplée d'Islande puisqu'elle regroupe près deux tiers de la population du pays.
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Cette région est en pleine expansion, en raison du fait que Reykjavik commence à manquer d'espace, ce qui profite aux municipalités voisines.
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En 2008, Reykjavik compte 117 898 habitants : 58 859 hommes et 59 039 femmes[6] et la métropole de Reykjavik a une population 196 373 habitants.
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Plusieurs compagnies islandaises ont leur siège dans la capitale, et notamment à Borgartún (en), le centre financier de l'Islande :
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Reykjavik est gouvernée par le Conseil de ville, élu directement par les habitants de la ville âgés de plus de 18 ans. Le Conseil compte 15 membres élus pour quatre ans.
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Le Parti de l'indépendance a disposé d'une majorité absolue de sa fondation, en 1929, à 1978. De 1978 à 1982, la ville fut dirigée par une coalition composée de l'Alliance du peuple, le Parti social-démocrate et le Parti du progrès. En 1982, le Parti de l'indépendance reconquit la majorité absolue et la conserva jusqu'en 1994. De 1994 à 2006, l'Alliance et le Parti du progrès dirigèrent à nouveau la ville. Après les élections de 2006, les sept conseillers du Parti de l'indépendance s'allient à l'unique représentant du Parti du progrès pour former une coalition de centre-droite. En 2010, le comédien Jón Gnarr se fait élire avec six sièges sur quinze au conseil municipal, en représentant le parti satirique qu'il avait lui-même créé en 2009, ironiquement nommé le Meilleur Parti (Besti Flokkurinn). Le 30 octobre, il indique ne pas vouloir se présenter à un second mandat à la tête de la municipalité[7].
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La ville a quelques grands boulevards. Elle est traversée par la route 1.
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Reykjavik dispose d'un réseau de 23 lignes d'autobus (dont 6 lignes « express ») assez bien connectées, géré par la compagnie Strætó bs..
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L'aéroport de Reykjavik, le deuxième plus grand aéroport dans le pays (après l'aéroport international de Keflavík, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale), est situé à l'intérieur de l'agglomération, juste au sud du centre-ville. Il est principalement utilisé pour les vols intérieurs ainsi que pour les vols à destination du Groenland et des Îles Féroé. Il a été construit par les Britanniques au cours de la Seconde Guerre mondiale, à l'époque où le site constituait encore la périphérie de la ville. Ces dernières années, l'emplacement de l'aéroport est sujet à controverse car il occupe beaucoup de place dans le centre de Reykjavik.
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Reykjavik a deux ports :
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Ce musée existe depuis 1863, et depuis 1955 dans le bâtiment actuel. Il abrite de précieuses œuvres d'art et des objets de la culture islandaise, tels que des bijoux, des armes ou des objets de la vie quotidienne. Il présente notamment une statuette en bronze du dieu Þór, une d'argent de Þórshamar et plusieurs sculptures. Le musée traite également de l'histoire de l'Islande à travers, notamment, des logiciels informatiques. Le musée avait été fermé pendant une longue période en raison de travaux de rénovation et il a été rouvert le 1er septembre 2004. Ce musée est en totale coopération avec l'Académie des Arts d'Islande.
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Ce musée a été créé dans les années 1906-09 pour rassembler tous les trésors de la culture islandaise. Dans ce bâtiment se trouvaient la bibliothèque nationale, le musée national, la Commission nationale d'écriture et les collections du musée d'histoire naturelle. Le gouvernement décida de rénover entièrement le musée, avec pour objectif de préserver le patrimoine culturel de l'Islande.
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Le musée fut ouvert en 2000. Avec ses écrits historiques, ses nombreuses expositions et ses diverses manifestations culturelles, ce musée est devenu un lieu important pour le patrimoine culturel de l'Islande.
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La Galerie nationale est située sur les bords du lac Tjörnin. La plus ancienne partie du bâtiment a été construite en 1916-1917 pour y conserver le poisson. Le nouveau bâtiment moderne a été érigé entre 1980 et 1988.
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La galerie a une collection de près de 5 000 œuvres d'art qui met l'accent sur des artistes islandais (par exemple, de nombreuses œuvres des principaux peintres Ásgrímur Jónsson et Jóhannes Sveinsson Kjarval). En outre, il y a souvent des expositions thématiques.
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Le musée de Flókagata est situé au bord d'un petit parc (Miklatun) et se consacre principalement, comme son nom l'indique, à l'œuvre du peintre Jóhannes Sveinsson Kjarval. Toutefois, il peut y avoir des expositions consacrées à des artistes contemporains.
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Le musée, situé à Laugardalur, porte principalement sur l'œuvre du sculpteur Ásmundur Sveinsson (1893-1982). Devant le bâtiment se trouve un jardin de sculptures.
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Juste devant Hallgrímskirkja, il y a le musée du sculpteur islandais Einar Jónsson. Le bâtiment rappelle les années 1930. Le musée a également un jardin de sculptures, dans lequel sont disposés des personnages mystiques cachés derrière des fleurs et arbustes.
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Dans le quartier de Árbær, se trouve le grand musée en plein air. Ce sont environ 30 maisons et maisons en tourbe du XIXe siècle à visiter, avec des objets intérieurs. Les gardiens du musée portent les costumes de l'époque. Parfois, des artisans au travail sont présents.
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Au dernier étage du Grófarhús, la bibliothèque municipale, sont accueillies plusieurs fois par an des expositions de photographies d'artistes nationaux et internationaux. C'est également ici que sont organisées les compétitions épigraphiques lorsque l'Académie des Arts d'Islande remporte un trophée.
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Ce musée situé dans le quartier portuaire retrace l'histoire médiévale de l'Islande à travers des tableaux mettant en scène des mannequins dans des décors de l'époque et raconte les sagas les plus populaires du pays.
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Ouvert depuis février 2015, il présente en taille réelle des modélisations hyperréalistes de baleines, d'orques, de dauphins et autres mammifères. Le dispositif spectaculaire est complété par des bornes interactives et des projecteurs. Un café permet de faire une pause au milieu des baleines.
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La cathédrale luthérienne de Reykjavik, appelée Dómkirkjan en islandais, elle est l'un des plus vieux bâtiments de la ville. Elle se trouve à proximité de l'hôtel Borg dans le centre-ville.
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L'église a été construite à la fin du XVIIIe siècle à l'occasion de la fusion entre les diocèses de Skálholt et de Hólar à Reykjavik. L'aspect actuel de la cathédrale date de 1847.
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Hallgrímskirkja est une église située au sommet d'une colline au centre de la ville. Construite de 1945 à 1986, elle est en béton et sa flèche mesure 75 m. Elle est ainsi le plus haut bâtiment du pays. Elle doit son nom au révérend Hallgrímur Pétursson. Son orgue possède plus de 5 200 tuyaux. La statue au pied de l'église représente Leifur Eiríksson, fils d'Erik le Rouge, qui a découvert l'Amérique. Elle a été offerte par les États-Unis.
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Perlan (en français : La Perle) est un bâtiment historique à Reykjavik. Il a une hauteur de 25,7 mètres (84,3 pieds) de haut. Il a été conçu à l'origine par Ingimundur Sveinsson. Le Perlan est situé sur la colline Öskjuhlíð où il y avait eu des réservoirs de stockage d'eau chaude depuis des décennies. En 1991, les réservoirs ont été rénovés et une structure hémisphérique placée sur le dessus. Ce projet a été fait au cours du mandat du maire Davíð Oddsson.
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Quelques films, pour la plupart islandais, ont été tournés à Reykjavik :
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La ville compte de nombreux clubs omnisports, en particulier :
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Plusieurs événements sportifs internationaux ont eu lieu en Islande et à Reykjavik. En 1972, Reykjavik fut le théâtre des championnats du monde d'échecs entre Bobby Fischer et Boris Spassky. Les championnats du monde de handball de 1995 ont également eu lieu en Islande, de nombreux matchs étant joués dans la capitale.
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Les infrastructures sportives à Reykjavik sont nombreuses. Le plus grand stade d'Islande, le Laugardalsvöllur, se trouve dans le quartier de Laugardalur et il possède une capacité de 9 800 places assises bien que celle-ci puisse facilement être augmentée en cas de besoin.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Reykjavik (en islandais : Reykjavík [ˈreiːcaˌviːk][1] Écouter, littéralement « Baie-des-Fumées ») est la capitale de l'Islande. Elle se situe à environ 250 km au sud du cercle polaire arctique, ce qui en fait la capitale la plus septentrionale d'un État souverain (la capitale du Groenland, Nuuk, étant située quelques kilomètres plus au nord). Elle s'étale entre deux fjords, dans une zone comptant de nombreuses sources chaudes, le long d'une baie (vík en islandais). Elle est ainsi considérée comme la ville la « plus verte du monde » : on y compte environ 410 m2 d'espaces verts par habitant[2].
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C'est la ville la plus peuplée du pays, avec environ 130 000 habitants. Avec l'agglomération, elle regroupe pratiquement les deux tiers de la population de l'île, soit environ 220 000 habitants.
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Son emplacement se situe à l'endroit même où s'installèrent en 874 les premiers colons conduits par Ingólfur Arnarson. Un groupement de 302 habitants ayant eu lieu en 1786 est à l'origine de la municipalité d'aujourd'hui.
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C'est à Reykjavik que sont concentrées les activités politiques, industrielles, commerciales, et culturelles du pays.
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Reykjavík se traduit en français par « baie des fumées » (reykja- étant le génitif pluriel de reykur : « fumée » ; vík : « baie »). Elle tient son nom du Landnámabók (Livre de la colonisation) qui mentionne les vapeurs qui proviennent des sources d'eau chaude de la région.
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Reykjavik est située sur la marge sud-ouest de l'Islande, dans la baie de Faxaflói. Le secteur côtier de Reykjavik se caractérise par la présence de nombreuses presqu'îles, criques, détroits et petites îles. La plus grande partie de la ville de Reykjavik gît sur la péninsule de Seltjarnarnes, entre deux fjords : le Kollafjörður au nord, et le Skerjafjorður au sud. Mais les faubourgs s'étendent au sud.
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La ville est au niveau de la mer. La montagne la plus haute dans le voisinage de Reykjavik est le mont Esja, qui culmine à 914 mètres.
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Reykjavik est une ville dispersée ; la plus grande partie du secteur urbain se présente dans la forme de faubourgs de basse densité et les habitations sont généralement individuelles. Les quartiers résidentiels sont eux aussi espacés, séparés par les principales artères de la ville.
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La législation sur les monuments protégés en Islande se limite aux constructions ayant plus d'un siècle, avec des exceptions pour les habitations en tourbe, pensées comme traditionnelles et donc dignes de protection[3]. Pour cette raison, de nombreuses structures plus récentes, telles que les fortifications datant de la Seconde Guerre mondiale, les structures liées à la présence militaire américaine, ou certaines usines, ont disparu[3].
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La rivière Elliðaá traverse la ville. Cet important cours d'eau n'est pas navigable.
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Reykjavik bénéficie d'un climat subpolaire océanique similaire à celui de la pointe sud du Groenland dans l'hémisphère nord ou à celui des îles Kerguelen et de la Terre de Feu dans l'hémisphère sud. Grâce aux eaux chaudes de la dérive nord atlantique, un courant chaud qui prolonge le Gulf Stream, Reykjavik a une température moyenne annuelle de 4,4 °C. La température moyenne en janvier est de −0,5 °C et en juillet de 10,6 °C. La température maximale absolue a été de 26,4 °C le 30 juillet 2008[4]. Les hivers sont doux malgré la latitude et les étés frais mais brefs. L'obscurité est presque permanente en hiver et la lumière presque permanente en été.
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Durant quelques semaines en hiver, la lumière du jour n'arrive que pour quatre heures et en début d'été les nuits n'existent pas.
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On pense, toujours d'après le Landnámabók, que les premiers colons norvégiens sont arrivés dans la zone de Reykjavik emmenés par Ingólfr Arnarson en 874.
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Le XVIIIe siècle a marqué le commencement de l'expansion urbaine de Reykjavik. Avant cette date, la ville n'est mentionnée dans aucune source médiévale sauf comme terre régulière de ferme.
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Vers la fin de la période d'absolutisme, après des siècles d'exploitation par les Danois, des nouvelles règles danoises appliquées à l'Islande ont favorisé l'émergence d'une industrie domestique qui permit un progrès nécessaire à l'île.
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En 1752, le roi du Danemark a donné le domaine de Reykjavik aux corporations d'entrepreneurs ou Innréttingar ; le nom vient du danois indretninger signifiant « entreprises ». Dans les années 1750 plusieurs maisons ont été construites pour loger l'industrie de laine qui devait être l'employeur le plus important de Reykjavik pour quelques décennies et la raison originale de son existence. D'autres métiers étaient également pratiqués par l'Innréttingar tels que la pêche, l'exploitation de soufre, l'agriculture et la construction navale.
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En 1786, la couronne danoise supprime son monopole commerçant et accorde aux six communautés du pays, dont Reykjavik, une charte marchande exclusive. La communauté de Reykjavik était la seule à respecter la charte de façon permanente. 1786 est ainsi considérée comme l'année de la fondation de la ville, qui a célébré son deux-centième anniversaire en 1986. Le droit de commercer est cependant encore réservé aux sujets de la couronne danoise et les commerçants danois continuent à dominer les échanges de l'Islande pendant les décennies suivantes, qui voient leurs affaires se développer. Après l'installation du libre échange en 1880 pour toutes les nationalités, l'influence des négociants islandais dans la vie des affaires augmente vite.
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Le mouvement nationaliste avec l'idée d'une Islande indépendante prit de l'ampleur durant le XIXe siècle. Comme Reykjavik était la seule ville de l'Islande, c'est là-bas que les personnes ayant ces idées se réunirent. Les partis du mouvement indépendantiste savaient que Reykjavik devrait être forte pour atteindre cet objectif. Les années les plus importantes de la lutte indépendantiste sont aussi importantes pour la ville. En 1845, l'Althing, l'assemblée générale que les Islandais avaient créée en 930 fut rétablie à Reykjavik, elle avait été suspendue quelques années plus tôt et placée à Þingvellir. L'Alþingi accomplissait alors les fonctions d'une assemblée consultative, qui suggérait au Roi les actions à prendre en ce qui concerne différents problèmes du pays. La situation de l'Alþingi à Reykjavik eut pour conséquence que la ville s'est transformée effectivement en capitale de l'Islande.
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En 1874, l'Islande a rédigé sa première constitution et avec elle, l'Alþingi obtint les pouvoirs législatifs limités puis se convertit en l'institution que nous connaissons. Ensuite, il fallait donner un pouvoir exécutif à l'Islande, et elle l'a obtenu grâce à la Maison du gouvernement en 1904 quand elle a établi le bureau du Premier ministre à Reykjavik. Le 1er décembre 1918, le pays est passé du statut de colonie danoise à celui d'État souverain connu sous le nom de Royaume d'Islande en union personnelle avec la Couronne du Danemark, personnalisé durant cette période par le roi Christian X.
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Dans les années 1920 à 1930, l'industrie de pêche s'est formée à Reykjavik, avec comme principal produit la morue. Toutefois, vers la fin 1929 la Grande Dépression a frappé la ville et il y eut de nombreux conflits entre corporations de métier dont beaucoup se sont terminés violemment.
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Dans la matinée du 10 mai 1940, quatre navires de guerre arrivèrent à Reykjavik et s'ancrèrent dans le port en portant tranquillité à la population, puisqu'ils étaient britanniques et non allemands. En quelques heures, l'occupation alliée a été mise en place sans violence. Le gouvernement islandais avait reçu du gouvernement britannique une lettre pour prévenir de l'occupation, mais celle-ci avait été toujours déclinée par les Islandais parce qu'ils étaient politiquement neutres. Durant les dernières années de la Seconde Guerre mondiale, les soldats britanniques et américains ont construit des bases à Reykjavik. Le nombre de soldats étrangers à Reykjavik était, à un moment, équivalent à la population actuelle de la ville.
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Les effets économiques de l'occupation furent très positifs pour la ville quand se sont atténués les effets de la Grande Dépression et la reprise économique importante eut alors lieu. Les Britanniques ont construit l'aéroport de Reykjavik, et les États-Unis ont construit l'aéroport international de Keflavík, à environ 50 km de la capitale.
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Le 17 juin 1944, l'Islande est proclamée république indépendante, rompant ainsi les derniers liens institutionnels que le pays conservait avec le Danemark. Un président élu par un vote populaire remplaça le roi Christian X dans ses fonctions représentatives, tandis que le premier ministre exerçait les fonctions exécutives.
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Dans les années de l'après-guerre, la croissance de Reykjavik s'accéléra. L'exode rural a accru la population citadine, la mécanisation de l'agriculture réduisant les besoins de main d'œuvre dans ce secteur et améliorant les conditions de vie des Islandais. Les migrants qui allaient à Reykjavik étaient principalement des jeunes qui voulaient atteindre le « Rêve de Reykjavik » et avec le temps, la capitale s'est transformée en véritable ville des enfants. La planification urbaine s'est modifiée de façon très importante avec la construction de zones résidentielles dans les faubourgs de la ville.
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Dans les deux dernières décennies, Reykjavik a été convertie en un centre de la communauté mondiale. Au sommet de 1986, le statut international de Reykjavik a été souligné par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. La déréglementation dans le secteur financier et la révolution informatique des années 1990 ont transformé Reykjavik une nouvelle fois. La technologie financière et le secteur de l'information sont maintenant des employeurs significatifs de la ville. La ville énergique a stimulé quelques talents célèbres du monde ces dernières années comme Björk, Sigur Rós ou Amiina.
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Une politique de réaménagement du front de mer est menée depuis les années 2000, et la salle de concert et centre des congrès Harpa en est le premier exemple. Après des années de ralentissement des investissements à la suite de la crise financière de 2008, le centre-ville prend un nouveau visage urbanistique et architectural avec la construction d'immeubles modernes et la réhabilitation de nombreux îlots d'habitations entre le front de mer, principalement à Miðborg et Vesturbær.
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Höfuðborgarsvæðið (région capitale en islandais) est une des huit régions de l'Islande. Elle est peuplée d'environ 200 000 habitants, ce qui fait d'elle la région la plus peuplée d'Islande puisqu'elle regroupe près deux tiers de la population du pays.
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Cette région est en pleine expansion, en raison du fait que Reykjavik commence à manquer d'espace, ce qui profite aux municipalités voisines.
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En 2008, Reykjavik compte 117 898 habitants : 58 859 hommes et 59 039 femmes[6] et la métropole de Reykjavik a une population 196 373 habitants.
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Plusieurs compagnies islandaises ont leur siège dans la capitale, et notamment à Borgartún (en), le centre financier de l'Islande :
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Reykjavik est gouvernée par le Conseil de ville, élu directement par les habitants de la ville âgés de plus de 18 ans. Le Conseil compte 15 membres élus pour quatre ans.
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Le Parti de l'indépendance a disposé d'une majorité absolue de sa fondation, en 1929, à 1978. De 1978 à 1982, la ville fut dirigée par une coalition composée de l'Alliance du peuple, le Parti social-démocrate et le Parti du progrès. En 1982, le Parti de l'indépendance reconquit la majorité absolue et la conserva jusqu'en 1994. De 1994 à 2006, l'Alliance et le Parti du progrès dirigèrent à nouveau la ville. Après les élections de 2006, les sept conseillers du Parti de l'indépendance s'allient à l'unique représentant du Parti du progrès pour former une coalition de centre-droite. En 2010, le comédien Jón Gnarr se fait élire avec six sièges sur quinze au conseil municipal, en représentant le parti satirique qu'il avait lui-même créé en 2009, ironiquement nommé le Meilleur Parti (Besti Flokkurinn). Le 30 octobre, il indique ne pas vouloir se présenter à un second mandat à la tête de la municipalité[7].
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La ville a quelques grands boulevards. Elle est traversée par la route 1.
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Reykjavik dispose d'un réseau de 23 lignes d'autobus (dont 6 lignes « express ») assez bien connectées, géré par la compagnie Strætó bs..
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L'aéroport de Reykjavik, le deuxième plus grand aéroport dans le pays (après l'aéroport international de Keflavík, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale), est situé à l'intérieur de l'agglomération, juste au sud du centre-ville. Il est principalement utilisé pour les vols intérieurs ainsi que pour les vols à destination du Groenland et des Îles Féroé. Il a été construit par les Britanniques au cours de la Seconde Guerre mondiale, à l'époque où le site constituait encore la périphérie de la ville. Ces dernières années, l'emplacement de l'aéroport est sujet à controverse car il occupe beaucoup de place dans le centre de Reykjavik.
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Reykjavik a deux ports :
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Ce musée existe depuis 1863, et depuis 1955 dans le bâtiment actuel. Il abrite de précieuses œuvres d'art et des objets de la culture islandaise, tels que des bijoux, des armes ou des objets de la vie quotidienne. Il présente notamment une statuette en bronze du dieu Þór, une d'argent de Þórshamar et plusieurs sculptures. Le musée traite également de l'histoire de l'Islande à travers, notamment, des logiciels informatiques. Le musée avait été fermé pendant une longue période en raison de travaux de rénovation et il a été rouvert le 1er septembre 2004. Ce musée est en totale coopération avec l'Académie des Arts d'Islande.
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Ce musée a été créé dans les années 1906-09 pour rassembler tous les trésors de la culture islandaise. Dans ce bâtiment se trouvaient la bibliothèque nationale, le musée national, la Commission nationale d'écriture et les collections du musée d'histoire naturelle. Le gouvernement décida de rénover entièrement le musée, avec pour objectif de préserver le patrimoine culturel de l'Islande.
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Le musée fut ouvert en 2000. Avec ses écrits historiques, ses nombreuses expositions et ses diverses manifestations culturelles, ce musée est devenu un lieu important pour le patrimoine culturel de l'Islande.
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La Galerie nationale est située sur les bords du lac Tjörnin. La plus ancienne partie du bâtiment a été construite en 1916-1917 pour y conserver le poisson. Le nouveau bâtiment moderne a été érigé entre 1980 et 1988.
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La galerie a une collection de près de 5 000 œuvres d'art qui met l'accent sur des artistes islandais (par exemple, de nombreuses œuvres des principaux peintres Ásgrímur Jónsson et Jóhannes Sveinsson Kjarval). En outre, il y a souvent des expositions thématiques.
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Le musée de Flókagata est situé au bord d'un petit parc (Miklatun) et se consacre principalement, comme son nom l'indique, à l'œuvre du peintre Jóhannes Sveinsson Kjarval. Toutefois, il peut y avoir des expositions consacrées à des artistes contemporains.
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Le musée, situé à Laugardalur, porte principalement sur l'œuvre du sculpteur Ásmundur Sveinsson (1893-1982). Devant le bâtiment se trouve un jardin de sculptures.
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Juste devant Hallgrímskirkja, il y a le musée du sculpteur islandais Einar Jónsson. Le bâtiment rappelle les années 1930. Le musée a également un jardin de sculptures, dans lequel sont disposés des personnages mystiques cachés derrière des fleurs et arbustes.
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Dans le quartier de Árbær, se trouve le grand musée en plein air. Ce sont environ 30 maisons et maisons en tourbe du XIXe siècle à visiter, avec des objets intérieurs. Les gardiens du musée portent les costumes de l'époque. Parfois, des artisans au travail sont présents.
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Au dernier étage du Grófarhús, la bibliothèque municipale, sont accueillies plusieurs fois par an des expositions de photographies d'artistes nationaux et internationaux. C'est également ici que sont organisées les compétitions épigraphiques lorsque l'Académie des Arts d'Islande remporte un trophée.
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Ce musée situé dans le quartier portuaire retrace l'histoire médiévale de l'Islande à travers des tableaux mettant en scène des mannequins dans des décors de l'époque et raconte les sagas les plus populaires du pays.
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Ouvert depuis février 2015, il présente en taille réelle des modélisations hyperréalistes de baleines, d'orques, de dauphins et autres mammifères. Le dispositif spectaculaire est complété par des bornes interactives et des projecteurs. Un café permet de faire une pause au milieu des baleines.
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La cathédrale luthérienne de Reykjavik, appelée Dómkirkjan en islandais, elle est l'un des plus vieux bâtiments de la ville. Elle se trouve à proximité de l'hôtel Borg dans le centre-ville.
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L'église a été construite à la fin du XVIIIe siècle à l'occasion de la fusion entre les diocèses de Skálholt et de Hólar à Reykjavik. L'aspect actuel de la cathédrale date de 1847.
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Hallgrímskirkja est une église située au sommet d'une colline au centre de la ville. Construite de 1945 à 1986, elle est en béton et sa flèche mesure 75 m. Elle est ainsi le plus haut bâtiment du pays. Elle doit son nom au révérend Hallgrímur Pétursson. Son orgue possède plus de 5 200 tuyaux. La statue au pied de l'église représente Leifur Eiríksson, fils d'Erik le Rouge, qui a découvert l'Amérique. Elle a été offerte par les États-Unis.
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Perlan (en français : La Perle) est un bâtiment historique à Reykjavik. Il a une hauteur de 25,7 mètres (84,3 pieds) de haut. Il a été conçu à l'origine par Ingimundur Sveinsson. Le Perlan est situé sur la colline Öskjuhlíð où il y avait eu des réservoirs de stockage d'eau chaude depuis des décennies. En 1991, les réservoirs ont été rénovés et une structure hémisphérique placée sur le dessus. Ce projet a été fait au cours du mandat du maire Davíð Oddsson.
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Quelques films, pour la plupart islandais, ont été tournés à Reykjavik :
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La ville compte de nombreux clubs omnisports, en particulier :
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Plusieurs événements sportifs internationaux ont eu lieu en Islande et à Reykjavik. En 1972, Reykjavik fut le théâtre des championnats du monde d'échecs entre Bobby Fischer et Boris Spassky. Les championnats du monde de handball de 1995 ont également eu lieu en Islande, de nombreux matchs étant joués dans la capitale.
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Les infrastructures sportives à Reykjavik sont nombreuses. Le plus grand stade d'Islande, le Laugardalsvöllur, se trouve dans le quartier de Laugardalur et il possède une capacité de 9 800 places assises bien que celle-ci puisse facilement être augmentée en cas de besoin.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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1949–1990
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L'Allemagne de l'Ouest (en allemand : Westdeutschland) était le nom d'usage donné à la République fédérale d'Allemagne, souvent abrégée en RFA (en allemand : Bundesrepublik Deutschland ou BRD, parfois traduit à tort par « République fédérale allemande[2] » ; en anglais : Federal Republic of Germany ou FRG), qui correspondait entre 1949 et 1990 à la partie occidentale de l'Allemagne. La capitale politique de cet État avait été installée à Bonn, sur les bords du Rhin, tandis que le secteur Berlin-Ouest de l'ancienne capitale du Reich bénéficiait d’un statut politique spécial mais pouvait de facto être considéré comme faisant partie de l’Allemagne de l’Ouest, notamment à propos de la circulation des personnes[a].
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La dénomination « Allemagne de l’Ouest » permettait de la distinguer de la République démocratique allemande, abrégée en « RDA » (en allemand : Deutsche Demokratische Republik ou DDR), appelée de façon informelle « Allemagne de l'Est ».
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L'actuelle Allemagne issue de la réunification de 1990 est de jure le résultat de l’absorption des territoires de l'Allemagne de l'Est par l'Allemagne de l'Ouest. Elle repose donc sur la même constitution que la RFA d'avant 1990, porte le même nom et a adopté les mêmes emblèmes.
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Cette division résultait de l'occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide qui a suivi. Alors que les Soviétiques occupent l'Est de l'Allemagne, les Occidentaux, c'est-à-dire les Britanniques, les Américains et les Français, se partagent l'Ouest de l'Allemagne. En janvier 1947, à la suite du blocage par les Soviétiques des produits agricoles de leur zone vers les zones de l'Ouest, les Anglais et les Américains fusionnent leurs zones respectives pour constituer la Bizone, où ils instaurent une nouvelle monnaie, le Deutsche Mark. Mais Staline, inquiet de la possible reconstitution d'une Allemagne hostile, tout en désirant y étendre son influence, organise en juin 1948 le blocus de Berlin. Les Occidentaux répondent par un pont aérien de très grande ampleur et ininterrompu en direction de Berlin, via notamment l'aéroport de Tempelhof. Les Soviétiques réagissent aussi en mettant en place l'Ostmark (qui deviendra la monnaie de l'Allemagne de l'Est), mais doivent finalement mettre fin en mai 1949 au blocus de Berlin qui a donc échoué après 11 mois. Après cette décision, les Occidentaux créent la République fédérale d'Allemagne à partir de la Trizone (zones d'occupation américaine, britannique et française), sur la base de la Loi fondamentale du 23 mai 1949 adoptée le 8 mai précédent par le Conseil parlementaire réuni à Bonn.
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À la suite de l'adoption de la Loi fondamentale, le Conseil parlementaire est invité à désigner le « siège provisoire des organes fédéraux », le terme de « capitale » étant réservé à Berlin. Alors qu'il apparaît qu'une majorité de représentants est prête à désigner Francfort-sur-le-Main, c'est finalement Bonn qui est retenue lors du vote du 10 mai. Cette décision est confirmée le 3 novembre par le Bundestag, qui réaffirme l'objectif de rapatrier à Berlin les institutions fédérales dès que des élections libres auront eu lieu en « zone d'occupation soviétique ».
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L'article 23 de Loi fondamentale faisait du Grand-Berlin un Land fédéral. Néanmoins, la constitution n'y fut appliquée unilatéralement que partiellement à Berlin-Ouest, où les premières élections législatives eurent lieu le 3 décembre 1950. Ce même article donnait également la possibilité aux Länder allemands n'ayant pas pu participer à l'élaboration de ladite Loi fondamentale, de pouvoir y adhérer ultérieurement à titre individuel. Cette disposition visant particulièrement les zones sous occupation soviétique qui furent privées d'élections libres, et constituèrent de leur côté la République démocratique allemande (RDA), le 7 octobre 1949.
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La reconstruction et le développement de l'Allemagne de l'Ouest furent supervisés par les alliés occidentaux au sein d'une Haute commission alliée.
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Le 6 mars 1951, la révision du statut d'occupation permet à l'Allemagne d'établir de nouveau des relations diplomatiques et de créer ainsi un Office des Affaires étrangères (équivalent à un ministère).
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Le 15 septembre 1949, Konrad Adenauer, ancien maire de Cologne et résistant au nazisme, est élu premier chancelier fédéral de l'Allemagne de l'Ouest. Tout en redressant économiquement le pays (grâce notamment au plan Marshall), il poursuit une politique portant essentiellement sur le regain de la souveraineté allemande. S'éloignant des Soviétiques, il recherche par ailleurs la protection militaire des États-Unis et intègre la République fédérale d'Allemagne dans le bloc de l'Ouest. Parallèlement, il désire aussi se rapprocher de la France dont le chef du gouvernement, à partir de 1958, est Charles de Gaulle. Une amitié unit les deux hommes, ce qui facilite le rapprochement franco-allemand. De Gaulle comme Adenauer avaient comme objectif de mettre fin à l'hostilité qui divisait les deux pays depuis 1870 et de permettre, à travers une entente franco-allemande, l'édification d'une Europe unie. Malgré certaines divergences politiques (De Gaulle, au contraire d'Adenauer, voulait se séparer des États-Unis afin de mettre en œuvre la troisième voie), les deux hommes d'États signent le traité de l'Élysée, au palais de l'Élysée, le 22 janvier 1963, qui scelle la réconciliation entre les deux pays.
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Sur le plan militaire, Adenauer réorganise l'armée ouest-allemande fondée en 1955, la Bundeswehr, qui devient, en termes numériques, la plus importante composante des forces armées de l'OTAN en Europe. La RFA retrouve de plus sa souveraineté le 26 mai 1952, dans le cadre de la convention avec les Trois puissances[3] (dite aussi convention de Bonn) qui signe la fin de son occupation par les Alliés. Malgré ces succès diplomatiques, militaires et économiques, Adenauer est obligé de démissionner en octobre 1963 sous les pressions de son propre camp.
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Le 1er janvier 1957, la RFA connaîtra son premier agrandissement territorial par l'intégration de la Sarre qui, jusqu'alors, constituait un État indépendant et souverain, sous protectorat français.
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Devenu un membre important de l'OTAN après son adhésion en 1955, cet État et la RDA (membre, de son côté, du Pacte de Varsovie) furent l'un des points de cristallisation de la confrontation Est/Ouest, appelée « guerre froide ». L'Allemagne de l'Ouest, membre du bloc de l'Ouest et alliée aux États-Unis, s'opposait à l'Allemagne de l'Est, soumise, elle, à l'influence de l'empire soviétique et membre du bloc de l'Est. Cette confrontation et ces désaccords idéologiques s'inscrivaient plus généralement dans la lutte d'influence qui divisait depuis 1945 les États-Unis et l'Union soviétique.
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Toutefois, sous le gouvernement du chancelier ouest-allemand Willy Brandt, la RFA organise une politique de rapprochement avec la RDA au début des années 1970. C'est l'Ostpolitik mise en place par Willy Brandt, qui aboutit à plusieurs accords amicaux entre les deux Allemagne et entre la RFA et la Pologne (7 décembre 1970 : traité de Varsovie). L'Allemagne de l'Ouest et la RDA se reconnaissent mutuellement en 1972 en signant le traité fondamental en décembre de la même année (Grundlagenvertrag, entré en vigueur en juin 1973), tout en devenant membres de l'ONU peu après.
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Grâce notamment au soutien du plan Marshall, destiné à aider à la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique de l'Allemagne de l'Ouest, appelée Wirtschaftswunder (le « miracle économique »), fit qu'elle devînt rapidement la troisième puissance économique mondiale, après les États-Unis et le Japon. De plus, la RFA, bien qu'au niveau de l'accroissement démographique assez faible, fut l'objet et le bénéficiaire d'une forte immigration en provenance de la RDA, les Allemands de l'Est fuyant la dureté du régime socialiste de la RDA et partant s'établir à l'ouest (plus de trois millions d'immigrants entre 1953 et 1961). La fondation du mur de Berlin, en août 1961, et donc l'interdiction des Allemands de l'Est d'émigrer à l'ouest, entrava ce mouvement migratoire, mais la RFA favorisa ensuite l'installation d'immigrants turcs, russes, polonais, ukrainiens et tchèques attirés par la prospérité économique de l'État.
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Début 1989, la perspective d'une réunification de l'Allemagne paraît encore lointaine, le secrétaire général du comité central au SED (parti socialiste unifié d'Allemagne, alors au pouvoir en RDA), Erich Honecker, promettant que le mur de Berlin allait encore vivre « mille ans » de plus. Mais, contre toute attente, les mouvements de protestation se multiplient à travers toute la RDA, les manifestants réclamant pacifiquement mais avec insistance la libéralisation du régime et la mise en place d'élections libres. Les manifestations du lundi (Montagsdemonstrationen), débutées en septembre 1989 à Leipzig, prennent de l'ampleur, et devant cet état de fait et les pressions exercées par le vent de contestations qui souffle fin 1989 sur toute la RDA, Honecker doit démissionner dans l'année même. Mais les manifestants est-allemands se mettent à réclamer un rattachement à l'Allemagne de l'Ouest. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe, laissant les frontières entre Berlin-Ouest et Berlin-Est ouvertes. De très nombreux citoyens est-allemands se rendent alors en RFA. En 1990, le régime se libéralise enfin, et des élections libres confirment la victoire des partis ligués contre le SED.
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Le 3 octobre 1990, la réunification allemande est effectuée et incorpore la « République démocratique allemande » à la « République fédérale d'Allemagne » en utilisant les dispositions de l'article 23 de la Loi fondamentale citées plus haut. Le pays résultant de cette réunification est alors simplement appelé dans le langage courant « Allemagne » (le nom officiel de l'État restant « République fédérale d'Allemagne »).
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À la veille de la réunification en 1990, l'Allemagne de l'Ouest, qui était un État fédéral, se composait de dix Länder :
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Le statut de Berlin-Ouest faisait quant à lui l'objet d'un traitement particulier.
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L'Allemagne de l'Ouest était dirigée par un président fédéral (Bundespräsident) , qui était le chef d'état.
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Le chef du gouvernement portait le titre de chancelier fédéral (Bundeskanzler).
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À partir des années 1960, la RFA connaît un système politique dominé par trois grandes tendances politiques : l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et l'Union chrétienne-sociale (CSU), le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti libéral-démocrate (FDP).
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Pendant une vingtaine années, la RFA a suivi la doctrine Hallstein : elle revendiquait le droit d'être la seule à représenter l'Allemagne et rompait toute relation diplomatique avec les pays qui reconnaissaient la RDA. Cette doctrine fut finalement abandonnée en octobre 1969, au profit de la Ostpolitik du chancelier Willy Brandt, qui préconisait une politique de rapprochement et de détente avec l'Union soviétique et ses alliés du Pacte de Varsovie.
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Jusqu'aux années 1970 les homosexuels font l'objet de persécutions par les autorités ouest-allemandes. Ils seront 50 000 à être condamnés pour homosexualité sur la base d'une loi instaurée sous le régime nazi mais conservée par la RFA[4].
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L'Allemagne de l'Ouest a pour code :
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Le Rhin (en français /ʁɛ̃/ Écoutez, allemand Rhein, néerlandais Rijn, romanche Rein) est un fleuve d'Europe centrale et de l'Ouest, long de 1 233 km. Il est la colonne vertébrale de l'Europe rhénane, l’espace économique le plus dynamique d’Europe et l’un des grands lieux de puissance du monde. Son bassin versant, de 198 000 km2, comprend le Liechtenstein, la majeure partie de la Suisse et du Grand-Duché de Luxembourg, une partie de l'Autriche, de l'Italie et de la Belgique, de grandes parties de l'Allemagne et des Pays-Bas et une partie de la France. Il s'agit du plus long fleuve se déversant dans la mer du Nord et de l'une des voies navigables les plus fréquentées du monde. Il fournit de l'eau potable à plus de 30 millions de personnes[3].
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Il donne son nom à la Rhénanie, une région de l'Ouest de l'Allemagne, à deux länder de l'Allemagne — la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Nordrhein-Westfalen) et la Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz) — ainsi qu'aux deux départements français du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
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Parmi les villes les plus grandes et importantes sur le Rhin se trouvent Cologne, Rotterdam, Strasbourg et Bâle.
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Le Rhin, considéré pendant plusieurs décennies comme mesurant 1 320 km[4], a en fait une longueur de 1 232,7 km[5]. Bruno Kremer, biologiste à l'université de Cologne, a soulevé début 2010 la question de la longueur exacte du Rhin, soupçonnant un mastic (c.-à-d. une inversion des chiffres marquant les centaines et les dizaines) dans une source initiale de référence, reproduite ensuite par toutes les autres[6]. La Commission internationale pour l'hydrologie du bassin du Rhin a tranché la question en janvier 2015, après avoir compilé les données que lui ont transmises des autorités suisses, allemandes et néerlandaises[5].
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883 km sont accessibles aux navires à grand gabarit. À son embouchure, son débit moyen est d'environ 2 330 m3/s ; le maximum mesuré atteint 12 000 m3/s (1926), le minimum 600 m3/s (1947). Le bassin versant du Rhin recouvre 198 000 km2.
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Le bassin du Rhin est limitrophe (à partir de l'ouest et dans le sens des aiguilles d'une montre) des bassins de la Meuse, de l'Ems, de la Weser et de l'Elbe (tous se déversant dans la mer du Nord), du Danube (mer Noire), du Pô (mer Adriatique) et du Rhône (mer Méditerranée). Le Rhin s'écoule dans une direction générale nord-nord-ouest le long de régions naturelles très différentes comme les Alpes, les Préalpes suisses, le plateau suisse, le fossé rhénan, le seuil des Moyennes Montagnes (de) ou la plaine du Rhin inférieur (en). Son bassin s'étend également en France (une moitié environ du Grand Est[Note 1]) presque tout le Luxembourg, et draine également les eaux de la Sûre en Belgique et du Reno di Lei en Italie.
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N.B. Les pertes du Danube constituent une particularité hydrographique : une partie des eaux du Danube supérieur s'infiltrent et vont rejoindre le lac de Constance au travers du Radolfzeller Aach, depuis la résurgence de l'Aachtopf. Il s'agit là d'un phénomène de capture.
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Le fleuve traverse la Suisse, l'Autriche, l'Allemagne et les Pays-Bas. Il sert de frontière à la Suisse avec le Liechtenstein, avec l'Autriche et avec l'Allemagne. Il marque la frontière entre l'Allemagne et la France.
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Le bassin versant du Rhin mesure environ 198 000 km2 et se déploie dans neuf pays[7] :
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Le nom du fleuve est issu du celtique rēnos « rivière, fleuve », à l'origine « qui coule, flot »[8]. Le mot celtique est continué par le vieil irlandais rían « océan mer ». Le nom latin du fleuve Rhēnus est une latinisation du mot celtique avec un h intercalaire non étymologique et une désinence -us latine.
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Le nom du Rhin est Rhein en allemand (Rhīn en vieux haut allemand), Rijn en néerlandais et Rain en romanche, et aussi « le Rhin »[9] en français.
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Le mot procède de l'indo-européen * h3reiH-. Cet étymon est commun au latin rivus, à l'espagnol rio « rivière », au sanskrit rétah « flot », au vieux slave rĕka « fleuve »[9].
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Le Rhin prend sa source dans les Alpes suisses aux Grisons, au sud du col de l'Oberalp dans la vallée du Rhin antérieur. Le cours officiel du Rhin débute à la source du Rhin antérieur, qui prendra le nom de « Rhin » à partir de son confluent avec le Rhin postérieur. Il tourne alors vers le nord et parcourt alors la vallée du Rhin alpin.
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Il fait ensuite un passage par les deux parties du lac de Constance : d’abord l’Obersee (« lac supérieur »), puis reprend une allure fluviale sur 4 km en prenant le nom le Seerhein (« Rhin du lac »), pour aboutir à l’Untersee (« lac inférieur »).
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Puis, il continue par les chutes près de Schaffhouse et conflue avec l'Aar, au débit supérieur, en amont de Bâle. Par un coude du Rhin le fleuve tourne au nord et descend alors vers la mer au milieu de la plaine supérieure du Rhin, recevant l'Ill et la Lauter à l'ouest, le Neckar de l'est.
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À Mayence, il reçoit le Main et tourne à l'ouest, pour traverser ensuite vers le nord le massif schisteux rhénan, où il grossit de la Lahn de l'est et de la Moselle de l'ouest à Coblence. Dans cette section, la vallée du fleuve se resserre et s'encaisse, c'est ce qu'on appelle la « vallée héroïque », dominée par de nombreux châteaux médiévaux chargés d'histoire et de légendes (notamment celle de la Lorelei).
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À Bonn, ancienne capitale de l'Allemagne de l'Ouest, il entre dans la plaine avant de traverser la métropole de plus d'un million d'habitants Cologne et la capitale de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Düsseldorf. À Duisbourg, où se trouve le plus grand port fluvial européen (« Duisburg-Ruhrorter Häfen »), le Rhin reçoit la Ruhr et puis à Wesel, la Lippe. Peu après Emmerich, il entre aux Pays-Bas et finalement se jette dans la mer du Nord en mêlant partiellement ses eaux avec celles de la Meuse dans un grand delta.
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Son lit traverse ou longe six pays : la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche, l'Allemagne, la France[10] et les Pays-Bas. Il constitue une frontière naturelle entre la Suisse et le Liechtenstein, en grande partie entre la Suisse et l'Autriche, entre l'Allemagne et la Suisse et, en partie, entre l'Allemagne et la France. Il traverse ce que l'on nomme l'Europe rhénane, région la plus dynamique d'Europe et l'une des plus dynamiques du monde.
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Le Rhin prend son nom à partir de la confluence du Rhin antérieur et du Rhin postérieur, à Tamins dans le canton des Grisons, dans l'Est de la Suisse. En amont de cette confluence, le bassin des deux cours d'eau qui forment le Rhin s'étend sur une vaste zone ramifiée depuis le massif du Saint-Gothard à l'ouest jusqu'au val di Lei en Italie au sud et Davos à l'est. Les cinq plus gros cours d'eau du bassin sont le Rhin antérieur, le Rhin postérieur, l'Albula, la Landwasser et la Julia.
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Le Rhin antérieur prend son origine de plusieurs sources dans l'Ouest du Surselva et se dirige ensuite vers l'est. L'une de ces sources, située au lac de Toma à 2 345 m d'altitude, est généralement considérée comme la source du Rhin ; le lac s'écoule ensuite dans le Rein da Tuma (de). Le lac de Toma n'est pas la source la plus lointaine du Rhin, ce point revenant à la source du Rein da Medel (de). Le Rein da Tuma est également plus court que le Rein da Maighels (de), le Rein da Curnera (de) et le Dischmabach (de). Dans son cours inférieur, le Rhin antérieur traverse la gorge de la Ruinaulta (de).
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Le Rhin postérieur est légèrement plus court que le Rhin antérieur. Il prend sa source sur les flancs du Rheinwaldhorn dans le massif de l'Adula, près de la frontière entre les Grisons et le Tessin, puis se dirige tout d'abord vers l'est avant d'obliquer vers le nord.
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Le Rhin postérieur est rejoint près de Sils im Domleschg par l'Albula. L'Albula est lui-même alimenté par la Julia et la Landwasser. La source de l'Albula se situe à Bergün/Bravuogn, celle de la Julia au-dessus de Bivio au col du Julier et celles de la Landwasser dans la vallée de Davos.
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La source du cours d'eau le plus méridional, le Reno di Lei, se situe en Lombardie au lac de Lei.
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Le Rhin antérieur et le Rhin postérieur confluent à Bonaduz pour former le Rhin alpin (Alpenrhein en allemand). À Coire, celui-ci s'oriente de façon marquée vers le nord. Entre Bonaduz et le lac de Constance, il parcourt 86 km et descend de 599 m d'altitude à 396 m. Il s'écoule à travers la vallée du Rhin (de), une vallée glaciaire alpine. Près de Sargans, la ligne de partage des eaux entre le Rhin et l'Aar n'est située qu'à quelques mètres au-dessus de la cote maximale du Rhin. Le Rhin alpin forme après Sargans la frontière entre le Liechtenstein et la Suisse, puis une partie de la frontière entre l'Autriche et la Suisse.
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Le Rhin se jette dans le lac de Constance sous la forme d'un petit delta intérieur, délimité à l'ouest par l'Alter Rhein et à l'est par le Rhein canalisé. Ce delta constitue en plusieurs endroits une réserve naturelle et ornithologique et comprend les localités autrichiennes de Gaißau, Höchst et Fußach.
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Le Rhin alpin se déverse dans le lac de Constance. Celui-ci est constitué de deux lacs distincts, l'Obersee (« lac supérieur »), le plus grand des deux, et l'Untersee (« lac inférieur »), reliés par un cours d'eau de 4 km de long, le Seerhein (« Rhin du lac »).
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Le Rhin quitte l'Untersee au niveau de Stein am Rhein, une soixantaine de km à l'ouest de son arrivée dans le lac de Constance.
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Après Stein am Rhein, à l'extrémité ouest du lac de Constance, débute le Haut-Rhin (Hochrhein en allemand). Il coule vers l'ouest et passe de 395 m d'altitude à 252 m.
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Après Schaffhouse se situent les chutes du Rhin ; avec un débit moyen de 373 m3/s (700 m3/s en été), il s'agit de la deuxième chute d'eau la plus puissante d'Europe après le Dettifoss en Islande. Le Haut-Rhin est marqué par de nombreux barrages, les parties naturelles comportant plusieurs rapides. À Koblenz, le Rhin est rejoint par l'Aar, qui avec 557 m3/s est plus puissant que le premier (439 m3/s), mais plus court.
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Le Haut-Rhin délimite sur la majorité de son cours la frontière entre l'Allemagne et la Suisse. La Suisse ne s'étend sur la rive nord qu'à Stein am Rhein, Schaffhouse et près de Bâle.
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Dans le centre de Bâle, la première grande ville sur le parcours du fleuve, le Rhin forme un coude et se dirige vers le nord. Le pont Mittlere Brücke qui se situe au centre du coude délimite le Haut-Rhin et le Rhin supérieur. Celui-ci s'écoule sur environ 300 km à travers le fossé rhénan, passant de 252 m d'altitude à 75 m. Il est rejoint par l'Ill près de Strasbourg, par le Neckar à Mannheim et par le Main en face de Mayence.
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La moitié sud du Rhin supérieur forme la frontière entre l'Allemagne et la France. La moitié aval au nord sépare la Rhénanie-Palatinat à l'ouest du Bade-Wurtemberg et de la Hesse à l'est.
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Le Rhin supérieur a fait l'objet de travaux de rectification et d'aménagements très importants entre 1817 et 1876, qui ont permis de restreindre ses débordements et de le rendre navigable à partir de 1907.
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Le Rhin moyen est une section entièrement allemande, limitée par Bingen am Rhein en amont et Bonn en aval. Cette portion est notamment célèbre pour ses gorges entre Rüdesheim am Rhein et Coblence (le Rhin moyen supérieur). La vallée du Haut-Rhin moyen est en effet préservé au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO. Près de Sankt Goarshausen se trouve le rocher de la Lorelei, la créature de légende qui a inspiré des auteurs romantiques allemands, tels que Heinrich Heine. Le Rhin a également alimenté la saga des Niebelungen dont une partie de l'intrigue se situe sur les collines des Siebengebirge à proximité de Königswinter, au sud de Bonn.
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En aval de Cologne, le Rhin amorce son dernier tronçon dans la plaine de l'Europe du Nord et forme le Rhin inférieur. Ses eaux s'écoulent lentement au cœur de vastes méandres, recevant successivement sur sa rive droite la Ruhr, l'Emscher, et la Lippe. Peu après Emmerich, le Rhin s'oriente vers l’ouest et entre aux Pays-Bas. Il se divise ensuite en trois bras principaux, l'IJssel vers le nord, le Lek et la Waal vers l'ouest.
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Le delta qu’il formait étendait autrefois ses innombrables ramifications auxquelles venaient s'ajouter les bras de la Meuse, multipliant les risques d'inondation. Face à cette menace, les Hollandais ont modifié l'embouchure de la Meuse. Le fleuve est contraint aujourd'hui de se jeter dans l'estuaire du Hollands Diep. La plupart des terres environnantes sont situées au-dessous du niveau de la mer, et constituent un paysage de polder très particulier.
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Peu après son entrée dans les Pays-Bas, le Rhin forme un grand delta en se divisant d'abord en deux bras, le Nederrijn (« Rhin inférieur ») et la Waal, ce dernier étant l'émissaire principal du fleuve. À Arnhem, le Nederrijn se divise en deux bras, le Nederrijn et l'IJssel, ce dernier bifurquant vers le nord pour se jeter dans l'IJsselmeer.
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La Waal continue quant à elle sa course vers l'ouest, et ce sans se diviser ; elle change de nom à plusieurs reprises : Merwede supérieure, Merwede inférieure, Nouvelle Merwede et Nouvelle Meuse, cours d'eau reliés à de nombreux autres, dont le Noord et le Dordtsche Kil. Elle court jusqu'au Biesbosch, marécages boisés où les eaux du Rhin et de la Meuse se mélangent. Une partie de ses eaux est déviée par un canal qui les conduit vers Rotterdam où elles confluent avec le Lek (en fait la suite du Nederrijn) pour former la Nieuwe Maas (« Nouvelle Meuse »), se jetant dans la mer du Nord par l'intermédiaire du Nieuwe Waterweg (« nouvelle voie navigable »), un large canal au milieu du port de Rotterdam. Le cours principal, après le Biesbosch, se réunifie et prend le nom de Hollands Diep, puis de Haringvliet, où il se jette dans la mer. Enfin, la Kromme Rijn (« Rhin courbé »), qui est l'ancien cours principal du fleuve, se détache du Rhin inférieur et continue comme sous les noms de Leidse Rijn (« Rhin de Leyde ») et de Oude Rijn (« Vieux Rhin ») pour se jeter dans la mer du Nord à Katwijk.
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Pour protéger les Pays-Bas des invasions marines (telles que l'inondation de 1953), tous les bras de mer du delta, à l'exclusion de l'estuaire de l'Escaut (le Westerschelde) et du Nieuwe Waterweg, ont été fermés par une série de digues ou de barrages. Dans les cas de l'Oosterscheldekering et du Maeslantkering, il s'agit de barrages mobiles ne fermant leur embouchure qu'en cas de forte tempête.
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Le Rhin à Willemstad, non loin de son embouchure.
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Cliché satellite des principales embouchures du Rhin.
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Les principales embouchures du delta du Rhin fermées par les digues et barrages du plan Delta.
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Le régime hydrologique du Rhin est généralement « harmonieux », tous ses affluents ont des apports complémentaires. Jusqu'au lac de Constance, son régime est nival. Le lac de Constance a tendance à diminuer sa vitalité. Après les chutes du Rhin, il reçoit les eaux plus abondantes et marquées par l'empreinte glaciaire. Le Rhin roulant 410 m3/s et l'Aar 610 m3/s, portent le Rhin à Bâle à 1 030 m3/s avec un maximum en juin et un minimum en janvier. Le Rhin y roule presque la moitié de son débit pour 20 % de son bassin. À Strasbourg, il reçoit l'Ill, qui lui apporte 60 m3/s, atténuant peu son régime nival. Il perdra ce régime au fur et à mesure qu'il recevra des affluents au régime pluvial avec hautes eaux d'hiver. Les apports du Neckar et du Main ont tendance à régulariser son débit. Mais c'est à Coblence que le Rhin perd son régime nival pour un régime pluvio-nival à deux maximums grâce à l'apport de la Moselle (400 m3/s), à maximum hivernal. À partir de Coblence, son maximum d'hiver dépasse celui d'été, plaçant le minimum en octobre. Son débit moyen atteint 2 000 m3/s. Il reçoit peu d'affluents importants après Coblence, à part la Lippe et la Ruhr qui portent son débit final à Lobith à 2 300 m3/s.
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Il est arrivé que le Rhin soit à sec (par exemple à Cologne en 1134), ou soit source de crues importantes liées à la fonte de neige ou de fortes pluies printanières.
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Le Rhin a aussi parfois été entièrement gelé en hiver sur une grande partie de son cours, par exemple en 1150[11] et en 1306[11].
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Même dans un passé récent le Rhin a gelé, dont :
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Tendance au réchauffement chronique :
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L'eau du Rhin s'est échauffée de 2 °C en été (près de Coblence) de 1978 à 2011, à cause du réchauffement de l'air mais aussi des rejets chauds de plusieurs centrales électriques et installations industrielles[3].
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Des températures tropicales (25 °C et plus) sont déjà mesurées et le nombre maximum de jours successifs avec une température de l'eau dépassant 27 °C augmente de 4 jours dans la période de référence (à Coblence) à 10 jours dans un proche avenir, et sera de 17 jours dans un avenir lointain[3]. Ceci pourrait bouleverser la chaîne alimentaire, favoriser certaines espèces potentiellement invasives et perturber les processus biologiques du Rhin[3].
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Selon les modèles disponibles, la température de l'eau augmentera encore de 2015 à 2100 en réponse au changement climatique[3] ; de +0,6 à +1,4 °C dans un proche avenir, puis entre +1,9 et +2,2 °C dans un avenir plus lointain. L'augmentation est plus élevée en été et moindre au printemps[3]. Vers 2100 la hausse pourrait être de +2,7 à +3,4 °C en fin d'été et de +0,4 à +1,3 °C au printemps (par rapport à 2015)[3].
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L'histoire a gardé en mémoire plusieurs inondations majeures du Rhin :
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Le caractère de frontière internationale du Rhin est relativement récent, à l'exception de la période où l'Empire romain en avait fait son rempart nord contre les barbares, avec une frontière (le limes) ponctuée de forts, tels que Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne) ou Argentoratum (Strasbourg). Un bateau transportant des meules originaires de l'Eifel et qui coula à la Wantzenau au IIIe siècle apr. J.-C. constitue un des rares témoignages de la navigation à longue distance sur le Rhin à ces époques reculées[16]. Entre la chute de l'Empire romain et la conquête de l'Alsace par Louis XIV, ce fleuve était une partie intégrante et un des ferments du monde germanique, qui le surnommait Vater Rhein, le « Rhin paternel ». Lors des travaux de corrections du Rhin alpin (XIXe) et du Rhin supérieur (1810-1865), la frontière est déplacée à plusieurs reprises, pour épouser le nouveau cours du Rhin.
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Le Haut-Rhin, partie du fleuve qui coule d'est en ouest du lac de Constance à Bâle, forme l'essentiel de la frontière entre l'Allemagne et la Suisse.
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Deux anciens départements brièvement créés sous Napoléon Ier — les Bouches-du-Rhin et le Rhin-et-Moselle — portent son nom.
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Les travaux des géographes Fanny Arnaud et Laurent Schmitt ont montré, à partir de cartes et d'illustrations anciennes sur la section entre Kembs et Vieux-Brisach, le caractère récent du tracé rectiligne du Rhin. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le fleuve était divisé en de nombreux chenaux et bras morts que séparaient d'innombrables îles et îlots. Les aménagements humains s'étalent sur plus d'un siècle et les travaux de restauration écologique doivent tenir compte de cette histoire, faute de pouvoir trouver une situation de référence[17].
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En 2003, l’UNESCO a inscrit les 68 km de la vallée du Haut-Rhin moyen entre Bingen et Coblence sur le cours de Mittelrheintal dans la liste du patrimoine mondial avec le rocher de la Lorelei près de la ville de Sankt Goar. Sur les versants au bord du Rhin trônent les châteaux forts, au-dessus des vignes escarpées du Rheingau. Les touristes qui veulent faire l’expérience du romantisme sont attirés ici par le mythe de la Lorelei.
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La vallée du Rhin offre une importante concentration de châteaux. Demeures seigneuriales, châteaux défensifs, péages, protection des voyageurs, tous avaient leur utilité. Beaucoup perdirent leurs tours crénelées dans les incendies provoqués par l'armée française de Louis XIV puis, au XVIIIe siècle, lors des combats entre les révolutionnaires français et les émigrants nobles réfugiés à Coblence. C'est au XIXe siècle, avec la création de la Confédération germanique en 1815, qu'un grand nombre de châteaux furent reconstruits.
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Le Rhin constitue depuis le Moyen Âge une exceptionnelle voie d'échanges commerciaux et une artère vitale de l'Occident. Entre Bâle et son estuaire, le Rhin traverse l'une des zones les plus densément peuplées d'Europe occidentale, historiquement riche en échanges mutuels. Ce secteur est le cœur de la dorsale européenne.
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La vallée rhénane fut également le berceau de l'un des principaux sites de la révolution industrielle : la Ruhr, qui bénéficiait d'un important gisement de ressources minières et notamment de charbon, facile d'accès et favorable au développement de l'industrialisation.
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L’Acte final du congrès de Vienne consacrait, en 1815, le principe de la liberté de navigation sur les cours d’eau internationaux.
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En 1831, avec la première convention rhénane (la convention de Mayence, Mainzer Akte), les villes ont perdu le droit de pile. Depuis la convention de Mannheim de 1868, le Rhin est classé « eaux internationales » depuis le dernier pont de Bâle jusqu'à la mer du Nord, assurant à la Suisse un accès libre à la mer. Le siège de la Commission centrale pour la navigation du Rhin est à Strasbourg ; fondée en 1815 lors du congrès de Vienne, il s'agit de la plus ancienne organisation internationale.
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Le tirant d'eau (profondeur de mouillage), la largeur et le tirant d'air (sous les ponts) du chenal de navigation se réduisent de l'aval vers l'amont. Le mouillage minimum (à l'étiage) passe de 2,8 mètres de profondeur des Pays-Bas à Krefeld, à 2,5 mètres de Krefeld à Coblence, 1,9 mètres jusqu'à Mayence puis 2,1 mètres jusqu'à Lauterbourg pour finir à 3 mètres jusqu'à Bâle (grand canal d'Alsace). De même, la largeur du chenal à l'étiage passe de 150 mètres des Pays-Bas jusqu'à Coblence, puis 120 mètres jusqu'à Ludwigshafen, 92 mètres jusqu'à Lauterbourg et enfin 88 mètres jusqu'à Bâle. Enfin le tirant d'air est à 8,6 mètres (à cause du pont Josef-Kardinal-Frings à Düsseldorf) jusqu'à Strasbourg, où le pont de l'Europe limite la navigation vers l'amont à 6,79 mètres[21].
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Le transport fluvial sur le Rhin (de) est utilisé pour le vrac solide (charbon, minerai de fer, matériaux de construction, matériaux de récupération et produits agricoles), le vrac liquide (produits pétroliers et chimiques), les conteneurs (biens d'équipement et de consommation) ainsi que les passagers (lors de croisières fluviales touristiques). Bien que la navigation intérieure soit le seul mode de transport terrestre en Europe capable de transporter des conteneurs superposés (impossible sur les routes et voies ferrées européennes) et d'un coût réduit, la concurrence est forte avec les autres modes de transport plus flexibles[22]. 180 millions de tonnes de marchandises ont été transportées sur le Rhin en 2010, y compris environ 1,9 million d'EVP[23].
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Les principaux ports fluviaux sur le Rhin (de) sont de l'aval vers l'amont : Rotterdam, Dordrecht, Moerdijk, Nimègue, Duisbourg (le Duisburg-Ruhrorter Häfen, plus grand port fluvial du monde, fournissant charbon et minerai de fer à toute la Ruhr), Neuss-Düsseldorf (avec 680 000 EVP transbordés en 2010), Cologne (notamment pour les produits pétroliers et chimiques), Mayence, Ludwigshafen, Mannheim, Spire, Karlsruhe, Strasbourg (notamment pour les produits agricoles et les matériaux de construction), Ottmarsheim (port de Mulhouse) et les ports de Bâle (10 à 12 % de toutes les marchandises importées et un litre d’essence, de gazole ou de fioul domestique sur trois ou quatre atteignent la Suisse via les ports de Bâle[24])[25].
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Le cours du fleuve est barré de douze écluses :
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Tout au long de son cours, l'énergie hydraulique du Rhin est utilisée pour produire de l'électricité[26],[27] :
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Quelques kilomètres en aval de Bâle, le Rhin se sépare en deux parties. C'est sur le grand canal d'Alsace que sont localisées les quatre premières centrales hydroélectriques françaises du Rhin :
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Une micro-centrale est construite sur le cours principal du Rhin.
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En aval de Vogelgrun, le Rhin et le grand canal d'Alsace se rejoignent et 6 centrales sont présentes :
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Le site d'Iffezheim est principalement situé en territoire allemand, contrairement aux autres installations hydroélectriques d'Alsace.
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Plusieurs centrales nucléaires ont été construites sur les bords du Rhin, dont elles utilisent l'eau pour leur circuit de refroidissement[29] :
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Tout au long de son cours la qualité de l'eau du Rhin est contrôlée. La France a installé une station d'alerte à Huningue, à l'entrée du Rhin en territoire français[31], tandis que les Pays-Bas contrôlent en continu la qualité de l'eau du Rhin qui entre dans leur pays dans la station d'alerte de Lobith[32].
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Selon l'université de Bâle, le Rhin rejette à la mer 191 millions de particules de plastique flottantes chaque jour[33],[34].
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Les mines de potasse d'Alsace, exploitées de 1904 à 2002, ont eu à traiter les masses de sels résiduaires du traitement de la potasse à hauteur de quelque 6 millions de tonnes par an. Ils ont d’abord été systématiquement mis en terrils puis, à partir de 1934, en majeure partie dissous et rejetés dans le Rhin sous forme de saumures par un canal ouvert dit "saumoduc"[35]. Ces rejets massifs ont donné lieu à des doléances du gouvernement néerlandais à partir de 1961 (déclaration des Pays-Bas à la conférence de Genève sur la pollution des eaux), car la salinité excessive du Rhin représente un enjeu vital pour l'agriculture néerlandaise[36]. Ce conflit diplomatique aboutit à une convention franco-néerlandaise pour réguler au mieux les déversements de chlorures dans le Rhin[37]. Les rejets sont aujourd'hui encadrés par une convention signée en décembre 1976 à Bonn par les membres de la Commission Internationale pour la protection du Rhin contre la pollution [35],[38].
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La nuit du 31 octobre 1986, à Bâle, un incendie se déclare dans un entrepôt des laboratoires Sandoz. Près de 1 250 tonnes de produits chimiques brûlent, dont des quantités importantes (non chiffrable) de substances toxiques[réf. souhaitée]. Les équipes de pompiers luttent cinq heures d'affilée pour éteindre l'incendie. Mais, l'eau utilisée pour éteindre les flammes, chargée de substances toxiques, retourne au Rhin et le contamine. Les poissons meurent par milliers et dans toute la région l'approvisionnement en eau potable doit être stoppé. Pour l'écosystème, l'événement est difficilement quantifiable ainsi que les conséquences à long terme[réf. souhaitée]. Après Schweizerhalle, tous les États riverains du Rhin se sont notamment assurés que les entreprises situées dans le bassin versant du fleuve avaient amélioré les mesures de sécurité. Depuis lors, les accidents ont fortement diminué sur le Rhin[réf. souhaitée].
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Les rhinocéros sont les mammifères périssodactyles appartenant à la famille des rhinocérotidés (Rhinocerotidae). Toutes les espèces de rhinocéros sont actuellement en voie de disparition.
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Les rhinocéros font localement l'objet d'une protection et de projets de réintroduction. Ils sont très utiles pour fertiliser le sol. Ils peuvent mesurer 4 m de longueur pour 1,50 à 2 m de hauteur au garrot, et une masse pouvant avoisiner les 3 tonnes. Ce sont les plus gros mammifères terrestres actuels après l'éléphant. Les rhinocéros sont du même ordre que les chevaux et les tapirs, et non celui des éléphants. Leurs cris sont un barrissement, un grognement, un halètement. Le mot rhinocéros vient du grec rhinos, nez, et keras, corne, car il porte une ou deux cornes sur le nez, et non sur le front comme les autres mammifères cornus. On décrit quatre genres et cinq espèces encore en vie :
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Le rhinocéros possède un statut particulier dans l'imaginaire européen puisque sa connaissance et ses descriptions ont longtemps vécu en parallèle avec la composante mythique véhiculée par la licorne. L’animal indien décrit sous le nom de monoceros ou unicornis par Ctésias, Pline l'Ancien, Strabon et d'autres auteurs anciens, qui est probablement un mélange de l'onagre, l'antilope du Tibet et du rhinocéros indien, entretient cette confusion. Pourtant, ils connaissent le rhinocéros puisque ces animaux exotiques sont importés pour être utilisés dans les combats d'animaux dans les arènes.
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Cependant, certains auteurs antiques distinguent déjà le rhinocéros de la licorne. Diodore de Sicile mentionne l'animal sous son nom de « rhinocéros » dans sa description de l'Éthiopie[1]. Selon lui, l'animal aiguise sa corne contre des rochers et est « ennemi de l'éléphant », dont il ne manque pas une occasion d'essayer de percer le ventre avec sa corne. Cette croyance en une hostilité naturelle farouche entre rhinocéros et éléphants apparaît aussi chez Claude Élien[2]. Au IIIe siècle, Oppien de Syrie, dans ses Cynégétiques, affirme que l'animal peut même percer une roche avec sa corne ; il affirme aussi que les rhinocéros sont tous mâles et que, de ce fait, la façon dont ils se reproduisent reste mystérieuse[3].
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Le Devisement du monde écrit en 1298 par Marco Polo mentionne les éléphants et licornes (c'est-à-dire des rhinocéros indiens)[4]. L'animal n'est distingué de la licorne qu'au XVIe siècle lorsqu'il est redécouvert en Europe avec le rhinocéros de Dürer. Mais Dürer n'a pas vu le mammifère et dessine un rhinocéros chimérique, et c'est cette gravure qui reste l'image du rhinocéros pendant plus de deux siècles : ni la présence d’un nouveau rhinocéros indien pendant huit années à Madrid de 1579 à 1587, représenté par une gravure de Philippe Galle en 1586 à Anvers et qui a pourtant inspiré certains artistes au XVIIe siècle, ni l’exposition d’un rhinocéros vivant à Londres en 1684-1686 et d’un deuxième en 1739 n'ont empêché le rhinocéros de Dürer de rester pour la plupart des gens l’image vraie d’un rhinocéros[5]. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle, avec l’arrivée de rhinocéros célèbres en Europe que l’image réaliste de ce dernier animal se substitue à celle de Dürer dans l’iconographie européenne[6]. Le rhinocéros de Versailles (en)[7] et surtout la tournée européenne de Clara déclenchent une véritable rhinomania, cette dernière faisant vendre estampes, gravures, brochures et inventer rubans, harnais, bonnets, perruques et même coiffures « à la rhino »[8].
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La principale caractéristique visible des rhinocéros est la corne sur leur nez. Selon l'espèce il y en a une ou deux. Chez les rhinocéros fossiles, on trouve aussi des espèces dépourvues de corne. La corne avant pousse sur l'os nasal, la corne arrière (quand elle existe) sur l'avant du crâne. Malgré leur dureté, les cornes ne se composent pas d'une substance osseuse. Techniquement ce n'est pas une corne, c'est une protubérance de la peau composée de kératine agglutinée, une protéine fibrillaire comme nos cheveux et nos ongles. Les vraies cornes (vaches, buffles) poussent à partir du crâne. La corne du rhinocéros pousse environ de 7 cm par an. Elle repousse comme l'ongle. La plus grande corne connue mesurait 1,58 m.
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Le nom de cet animal en langue indienne est relié à la mythologie de la Licorne (uni corne). Dressée vers le ciel, la corne est une grande protection et un symbole de puissance.
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Dans certaines cultures de l'Asie orientale, les rhinocéros sont tués uniquement pour leurs cornes car elles sont utilisées pour faire des sculptures, des coupes libatoires[9] notamment. Les supposés effets thérapeutiques et aphrodisiaques attribués à la corne broyée et la mode des poignards en corne de rhinocéros dans les classes supérieures du Yémen, comme marque de standing et symbole de virilité, ont favorisé leur trafic sur le marché noir et le braconnage d'espèces pourtant en voie de disparition[10]. Des tests faits en laboratoire n'ont trouvé aucune des propriétés prétendues : « Médicalement c'est comme se ronger les ongles » RAJ AMIN (Société Zoologique de Londres)[11].
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On distingue la corne de rhinocéros des autres cornes grâce à l'existence de poils sur la corne, d'un intérieur qui est plein contrairement à l'ivoire qui est creux. Les cornes de rhinocéros possèdent une couleur généralement sombre qui peut virer au marron clair selon les cornes. À sa base cette crête est rugueuse au toucher.
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Les rhinocéros ont un corps massif et des jambes grosses et courtes. Leurs pattes ressemblent à celles du tapir mais chaque pied a trois doigts se terminant chacun par un gros ongle comme 3 sabots miniatures, d'où l'empreinte caractéristique en feuille de trèfle. La peau est épaisse et de couleur grise ou brune. La peau du rhinocéros est douce près de sa bouche.
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Chez les espèces asiatiques, la peau au début du cou et des jambes est si plissée qu'elle donne l'impression d'un blindage.
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Les rhinocéros ont une faible capacité visuelle mais un odorat développé et une très bonne audition.
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Malgré leur apparence, les rhinocéros sont dotés d'une musculature impressionnante qui leur permet de courir très vite si nécessaire mais sur une courte distance, jusqu'à 50 km/h pour les plus rapides. Très agiles, ils peuvent aussi faire volte-face en pleine course[12],[13].
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Les mâles ne possèdent pas de scrotum : les testicules se trouvent à l'intérieur du corps.
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Afrique australe, Afrique centrale et une minorité en Afrique de l'ouest
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Afrique australe, Kenya et une poignée d'individus au Sénégal
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Sumatra, Bornéo, péninsule malaise
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L'espèce ne subsiste plus que dans le Parc national d'Ujung Kulon à l'ouest de Java, Les sous-espèces indo-birmanes et vietnamiennes ont disparu en 1925 et 2010 respectivement.
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En 1800, il y avait 1 000 000 de rhinocéros dans la nature[22]. En 2005, il ne restait plus que 18 000 rhinocéros dans la nature et 1 159 en captivité. En 2016, leur population est estimée à 29 500, 70 % vivant en Afrique du Sud[23].
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Le 20 mars 2018, Sudan, le dernier rhinocéros blanc mâle du Nord au Kenya est mort[24].
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Les rhinocéros vivent normalement en solitaires mais, dans la savane, on peut parfois voir de petits troupeaux. Leur communication est essentiellement olfactive.
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La boue est la plus grande protection des rhinocéros, et non leur carapace visuelle. La boue est essentielle pour les rafraichir, les protéger des insectes, adoucir et protéger leur peau du soleil. Dans la journée les rhinocéros dorment, ils sont surtout actifs au crépuscule et la nuit. Exclusivement herbivores, ils sont essentiellement phyllophages. Les rhinocéros adaptent leur régime alimentaire en fonction du milieu : le rhinocéros noir, dont la lèvre supérieure est préhensile, se nourrit de feuilles d'acacias ou autres broussailles épineuses ; le rhinocéros blanc, à la bouche large et aux lèvres carrées, broute l'herbe ; les rhinocéros asiatiques sont plus éclectiques et consomment toute végétation à leur portée (branchages, bourgeons, graminées). Ces méga-herbivores digèrent les végétaux par une fermentation qui a lieu dans le colon. Contrairement aux ruminants, ils sont monogastriques ; aussi les rhinocéros adultes qui pèsent plus d'une tonne doivent consommer 50 kg de végétaux par jour, jusqu'à 100 kg parfois[25].
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La peau épaisse sert de carapace lors des combats qui s'établissent pour la dominance. La peau des rhinocéros indiens formée de plaques a de grands plis richement vascularisés qui augmentent la surface d'échange et favorisent la régulation thermique transférant la chaleur aux plaques de peau les plus larges qui agissent comme des refroidisseurs[26].
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Ces animaux évitent les hommes et chargent lorsqu'ils se sentent menacés, essentiellement pour protéger les jeunes rhinocéros. Très rares, ces attaques peuvent parfois occasionner de graves blessures en raison de la puissance de l'animal et du danger que représente leur corne.
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Des rhinocéros sont souvent accompagnés par des oiseaux pique-bœufs ou mainates qui se perchent sur leur peau et les nettoient des parasites ou hérons garde-bœufs qui chassent les insectes dérangés au sol par le passage de l'animal. Dans des cas assez rares, les jeunes rhinocéros peuvent être une proie d'opportunité pour de grands félins comme le lion. En revanche, les rhinocéros adultes n'ont aucun ennemi si ce n'est l'homme.
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La plupart du temps le rhinocéros menace son adversaire mais ne le combat pas réellement.
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Ils sont à la fois polygynes et polyandres : mâles et femelles ont plusieurs partenaires.
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Si une femelle est en chaleur, les mâles peuvent en venir à se battre. Le vainqueur fait sa cour à la femelle de façon curieuse : il marque son territoire avec son urine et ses déjections, faisant tourner sa queue à la manière d'un ventilateur pour épandre sur une plus grande surface ; en outre, les deux partenaires se pourchassent et se battent l'un contre l'autre avant l'accouplement.
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Après une gestation de 15 à 18 mois naît un petit qui peut rester deux ans et demi avec la mère. Il suit sa mère comme son ombre. Celle-ci est alors spécialement agressive pour défendre son bébé même contre les membres de son espèce. L'allaitement dure un an minimum. Huit ans est l'âge adulte d'un jeune rhinocéros. La mère repousse son enfant à la naissance du suivant. La femelle peut avoir 10 bébés au cours de ses 45 ans de vie minimum.
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Selon BioLib (1 janvier 2018)[27] :
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Les deux principaux rhinocéros d'Asie sont apparentés entre eux et se seraient séparés il y a environ 26 millions d'années des rhinocéros d'Afrique.
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Asie :
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Le rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis), en grand danger d'extinction, est l'unique survivant du groupe le plus ancien, les Dicerorhinina. Avec son duvet noir, le rhinocéros de Sumatra est le plus proche de son ancien cousin, l'ancien rhinocéros laineux vivant à l'aire glaciaire et exterminé par l'homme de l'âge de pierre. Des fossiles ont été retrouvés et selon les fouilles archéologiques, certains rhinocéros laineux vivaient en Angleterre il y a entre 500 000 et 30 000 ans.
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Le genre Rhinoceros (2 espèces) est également en danger : le rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) et surtout le plus rare : le rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus).
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Avec sa cuirasse, le rhinocéros indien a une allure préhistorique.
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Ces deux genres se seraient séparés l'un de l'autre il y a environ 10 millions d'années.
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Ils vivent dans les forêts pluviales d'Asie du Sud ; la déforestation et le braconnage portent un coup fatal à la population.
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Afrique : Les deux genres africains, le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum) et le rhinocéros noir (Diceros bicornis), se sont séparés l'un de l'autre il y a environ 5 millions d'années.
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Ils se distinguent l'un de l'autre, entre autres, par leur façon de s'alimenter. Tandis que le rhinocéros blanc broute les herbes, le rhinocéros noir se nourrit de feuilles et de branchages. Il a besoin d'une végétation dense alors que le rhinocéros blanc vit dans la savane ouverte. Il est capable de tirer dans sa gueule l'extrémité des branches grâce à sa lèvre supérieure qui pointe en avant.
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Les petits rhinocéros blancs marchent devant leur mère, alors que les petits rhinocéros noirs marchent derrière leur mère. On dit, en Afrique, qu'ils font comme les femmes blanches qui poussent leurs enfants devant elles dans une poussette et les femmes noires qui portent les leurs dans le dos.
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En réalité, les rhinocéros blanc et noir sont tous les deux...gris ! L'appellation vient en fait d'une vieille erreur de traduction de l'Afrikaans « wijde » (« large » pour rhinocéros à bouche large, qui broute de l'herbe). Lorsque les Anglais colonisèrent l'Afrique australe, ils traduisirent le « wijde » en « white » (« blanc »). L'allemand a préservé la traduction correcte.[réf. nécessaire]
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La famille des rhinocérotidés, apparue à l'Éocène, a connu un certain succès évolutif durant le Cénozoïque, avec plusieurs dizaines d'espèces réparties sur presque tous les continents, marquées par une grande diversité de formes dont les cinq espèces restantes ne donnent qu'une idée très limitée.
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Les premiers parents connus des rhinocéros sont des fossiles de l'Éocène supérieur. Ces Amynodontidae étaient déjà aussi grands que les rhinocéros actuels, mais n'avaient pas de corne et se nourrissaient probablement de plantes aquatiques (d'où leur nom allemand « Wassernashörner » littéralement : rhinocéros d'eau). Trois groupes frères apparaissent à cette époque au sein des périssodactyles (formant selon certains auteurs la super-famille des Rhinocerotoidea) : les Hyracodontidae, Amynodontidae et Rhinocerotidae.
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Les rhinocéros géants (Hyracodontidae) ont été avec Paraceratherium (connu également sous le nom de Baluchitherium et d'Indricotherium) les plus grands mammifères terrestres connus de tous les temps. Ils avaient un long cou, étaient dépourvus de corne et vivaient pendant l'Oligocène (-30 millions d'années).
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Les véritables rhinocéros (Rhinocerotidae) apparaissent tout à la fin de l'Eocène en Eurasie ; ce sont tout d'abord de petits animaux vivant en troupeaux, et rapidement très diversifiés (on connaît au moins 26 genres différents entre l'Eurasie et l'Amérique du nord, avant un phénomène d'extinction important à l'oligocène médian). Parmi les espèces survivantes à cette extinction, on note les Menoceras (pourvus de cornes latérales disposées à la manière des défenses des phacochères) et les Teleoceras (qui rappellent morphologiquement des hippopotames). C'est aussi à l'oligocène que les trois branches actuelles de rhinocéros se séparent : les Dicerorhinina (dont le rhinocéros de Sumatra et les rhinocéros laineux), les Dicerotina (rhinocéros africains) et les Rhinocerotina (rhinocéros indiens).
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La famille s'éteint définitivement sur le continent américain au Pliocène, il y a environ cinq millions d'années.
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À la dernière période glaciaire, la famille comptait encore le groupe des rhinocéros laineux, les Elasmotheriinae, dont le genre le plus connu Elasmotherium se distinguait par une corne immense au milieu de la tête, longue de 2 m ; ils étaient très nombreux en Europe voilà 200 000 ans, et se sont éteints il y a environ 26 000 ans. Les hommes préhistoriques de l'Ouest européen ont côtoyé jusqu'à il y a à peine 10 000 ans au moins 4 espèces de rhinocéros (notamment le rhinocéros laineux Coelodonta antiquitatis disparu vers 8000 av. J.-C) qui avaient survécu à trois glaciations, mais qu'elles ont sans doute contribué à faire disparaître.
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Le rhinocéros laineux de l'ère glaciaire est rangé parmi les Dicerorhinini : il est donc apparenté aux rhinocéros de Sumatra, qui présentent eux aussi de longs poils.
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Classification selon BioLib (1 janvier 2018)[27] :
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Aceratherium
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Menoceras arikarense
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Elasmotherium
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Teleoceras du Miocène.
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Rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis)
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Durant l'Antiquité, les rhinocéros sont mentionnés par plusieurs auteurs antiques. Au IIe siècle, Pausanias le Périégète en fournit une description rapide parmi les « curiosités de Rome », et mentionne un autre nom, celui de « taureaux d'Éthiopie »[28].
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A la Renaissance, où les Européens prennent progressivement des distances critiques d'avec les bestiaires médiévaux souvent fantaisistes, le doute s'installe autour de la véracité de l'existence de ces rhinocéros. Mais en 1515, un spécimen de rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) est ramené par bateau au Portugal. Cette première fait grand bruit dans toute l'Europe car elle confirme la description laissée par Pline dans son Histoire naturelle. Dürer en fera une gravure, appelée « Rhinocéros de Dürer », aujourd'hui au British Museum, sur la seule base des descriptions faites de l'animal.
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Le rhinocéros est le sujet de nombreuses réalisations artistiques, comme :
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Le Soutra du Rhinoceros est considéré comme l'un des plus anciens textes bouddhiques.
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Le comportement sexuel de ces animaux les a beaucoup desservis. En effet, contrairement à un grand nombre d'espèces, l'accouplement peut durer plus d'une demi-heure chez le rhinocéros. C'est sans doute pourquoi certains attribuent, sans fondement, des effets thérapeutiques et aphrodisiaques à la corne de rhinocéros broyée, alors que celle-ci est constituée essentiellement de kératine, une substance banale retrouvée dans les ongles, les cheveux et les sabots[29].
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Tenue pour aphrodisiaque par les Chinois, qui la prennent notamment en infusion, la corne de rhinocéros n'a aucune vertu médicinale mais, à cause de cette croyance, beaucoup de rhinocéros sont tués. D’autres pays d’Asie sont concernés, notamment le Vietnam ; au Japon cependant, autrefois grand importateur d’ivoire, une régulation stricte et la récession économique ont permis d’enrayer la demande. En Chine, le kilogramme de poudre de corne de rhinocéros se vendait 50 000 USD en 2011[30]. La demande chinoise, combinée à la baisse des populations d’animaux sauvages, contribue à faire monter les prix de l’ivoire ; d’après le Washington Post, une corne de rhinocéros peut se négocier 300 000 dollars sur le marché noir.[31] Entre 1980 et 1984, le nombre des rhinocéros noirs, autrefois très répandus, a diminué de moitié, probablement à cause de leurs cornes[réf. nécessaire]. En 1970, il y avait 70 000 rhinocéros noirs en Afrique, 15 000 en 1981 et seulement 4 200 en 2011, principalement en Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe et Kenya[30]. Mais la population progresse enfin et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère l'espèce comme sauvée. Le rhinocéros blanc se porte mieux avec 18 000 individus, dans le sud de l'Afrique. Pour réduire la chasse, la International Rhino Foundation[32] a mis en place des patrouilles antibraconnage[réf. nécessaire]. En 2008, 83 rhinocéros noirs ont été braconnés rien qu'en Afrique du Sud. En 2011, ce chiffre est de 448. En 2012, 668[33],[34]. Cette fondation a aussi entrepris de déplacer des animaux vers des zones très surveillées au Kenya (Parc national de Tsavo East) et au Zimbabwe (à Hwange et à Lemco).
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Le[3] Rhode Island (prononciation en anglais : /ˈɹoʊd ˈaɪ.lənd/, littéralement « Île-de-Rhodes ») est le plus petit État des États-Unis, mais aussi l'un des plus densément peuplés. En 2010, l’État comptait 1 052 567 habitants[4]. Son nom complet est State of Rhode Island and Providence Plantations[5] (« État de Rhode Island et des Plantations de Providence »).
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La capitale et la plus grande ville de l'État est Providence. L'État fait partie de la région de la Nouvelle-Angleterre qui se situe dans le nord-est des États-Unis.
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La première mention du nom Rhode Island par écrit (Isola di Rhode) a été faite par l'explorateur Giovanni da Verrazzano en 1524 (il fait référence à une île près de l'embouchure de la baie de Narragansett, qu'il compare à l'île de Rhodes en Méditerranée). Certains attribuent le nom à l'explorateur néerlandais Adriaen Block qui a nommé cette région Roode Eylandt, ce qui signifie l’« île rouge » en vieux néerlandais, en référence à l'argile rouge des côtes semblable à l'île grecque de Rhodes ; et c'est ce nom qui fut plus tard anglicisé en Rhode Island, lorsque la région passa sous contrôle britannique.
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En 1524, le navigateur italien Giovanni da Verrazzano, envoyé par François Ier, fut le premier Européen à visiter une partie de ce qui est l'actuel État de Rhode Island. Il aperçut au large l'actuelle Block Island et la nomma Luisa en l'honneur de Louise de Savoie, reine-mère de France. Verrazzano décrivit l'île comme ayant « environ la taille de l'île de Rhodes ». Quand les fondateurs de la Colonie de Rhode Island et des plantations de Providence firent des relevés, ils pensèrent alors que l'île Aquidneck était l'île à laquelle Verrazzano faisait référence. Une erreur se produisit en 1614, quand Luisa fut cartographiée par l'explorateur néerlandais Adriaen Block et d'après qui Luisa fut renommée par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales en Block Island, cependant la raison en reste inconnue[6]. Les explications officialisées par l'État de Rhode Island pour l'origine du nom sont qu'Adriaen Block nomma la région Roodt Eylandt ce qui signifie l’« île rouge » en néerlandais en référence à l'argile rouge des côtes, et c'est ce nom qui fut plus tard anglicisé en Rhode Island lorsque la région passa sous le contrôle britannique[7].
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La colonie de Rhode Island a été fondée en 1644 par Roger Williams, un colon non conformiste exilé de la colonie de la baie du Massachusetts pour ses avis religieux. Il a fondé la première ville de la colonie, Providence, près de la baie de Narragansett comme un centre pour la liberté religieuse. Le territoire pour la colonie avait été acheté aux Amérindiens locaux, ainsi qu'au roi d'Angleterre. Avant la fondation de la colonie, la région avait déjà reçu la visite du marin néerlandais Adriaen Block dans les premières années du XVIIe siècle.
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En 1652, Rhode Island est la première région d'Amérique du Nord qui adopte une loi pour supprimer l'esclavage ; néanmoins, les négociants de Providence et de Newport continuent à gagner des bénéfices massifs du commerce des esclaves avec d'autres colonies. [réf. souhaitée]
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L'État est l'une des 13 colonies américaines qui participèrent à la guerre d'indépendance des États-Unis ; le gouvernement déclare son indépendance le 4 mai 1776. En revanche, il fut le dernier à ratifier la Constitution des 13 colonies originelles[8].
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Après la guerre, Rhode Island devient un centre industriel. En 1824, Providence devient le plus grand centre pour les transactions diamantaires. En même temps, les villes industrielles se sont peuplées d'immigrés européens (Irlandais, Italiens, Anglais) ainsi que de Québécois.
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21 |
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L'État de Rhode Island est situé dans le nord-est des États-Unis, bordé au nord et à l'est par le Massachusetts, à l'ouest par le Connecticut et au sud par l'océan Atlantique[9].
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Géographiquement, en contraste avec le nom de l'État, la majeure partie du territoire de l'État n'est pas insulaire ; néanmoins, toute la partie sud-est est constituée par la baie de Narragansett et un archipel d'îles, dont l’île Aquidneck.
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+
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Cet État est le moins étendu des États-Unis. Rhode Island est un État densément peuplé, mais dans une moindre mesure que son grand voisin le Connecticut. La majorité de la population habite sur la côte, et près de deux habitants sur dix habitent dans la capitale Providence.
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Le territoire de Rhode Island est connu pour les plages, pour les petites fermes, et aussi pour une grande forêt-marais dans l'est de l'État.
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La plus haute température jamais enregistrée dans l'État de Rhode Island est 40 °C, le 2 août 1975 dans la ville de Providence tandis que la température la plus basse fut de −25 °C, le 6 février 1996 à Greene. Les températures moyennes de chaque mois vont d'un minimum de −7 °C (−6,7 °C) à un maximum de 28 °C (27,8 °C)[10]. Les données concernant les pr��cipitations annuelles de Rhode Island de 1961 à 1990 peuvent être consultées sur les sites suivants :
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31 |
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Le National Park Service gère cinq aires protégées à Rhode Island[11] :
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L'État de Rhode Island est divisé en 5 comtés[12].
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L'État fait partie intégrante du BosWash, une mégalopole s'étendant sur plusieurs États du Nord-Est des États-Unis entre Boston et Washington.
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Le Bureau de la gestion et du budget a défini une aire métropolitaine en partie dans l'État de Rhode Island[13].
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39 |
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40 |
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(1 600 852)
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41 |
+
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42 |
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(1 604 291)
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43 |
+
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44 |
+
(0,2 %)
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45 |
+
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46 |
+
En 2010, tous les Rhode-Islandais résidaient dans l'aire métropolitaine de Providence-Warwick.
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+
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+
Le Bureau de la gestion et du budget a également défini une aire métropolitaine combinée en partie dans l'État de Rhode Island.
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49 |
+
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+
(7 893 376)
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51 |
+
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(8 041 303)
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53 |
+
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(1,9 %)
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55 |
+
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56 |
+
L'État de Rhode Island compte 39 municipalités[14], dont 10 de plus de 30 000 habitants.
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57 |
+
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58 |
+
Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de Rhode Island à 1 059 361 habitants au 1er juillet 2019, soit une baisse de 0,65 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui avait décompté 1 052 567 habitants[15]. Depuis 2010, l'État connaît la seule décroissance démographique des États-Unis.
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59 |
+
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60 |
+
Avec 1 052 567 habitants en 2010, Rhode Island était le 43e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,34 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le comté de Providence dans la ville de Cranston[16].
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61 |
+
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62 |
+
Avec 393,08 hab./km2 en 2010, Rhode Island était le 2e État le plus dense des États-Unis après le New Jersey (461,55 hab./km2).
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63 |
+
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Le taux d'urbains était de 90,7 % et celui de ruraux de 9,3 %[17].
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En 2010, le taux de natalité s'élevait à 10,6 ‰[18] (10,4 ‰ en 2012[19]) et le taux de mortalité à 9,1 ‰[20] (8,9 ‰ en 2012[21]). L'indice de fécondité était de 1,63 enfants par femme[18] (1,59 en 2012[19]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 7,1 ‰[20] (6,5 ‰ en 2012[21]). La population était composée de 21,28 % de personnes de moins de 18 ans, 11,40 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,06 % de personnes entre 25 et 44 ans, 27,83 % de personnes entre 45 et 64 ans et 14,43 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 39,4 ans[22].
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67 |
+
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68 |
+
Entre 2010 et 2013, la décroissance de la population (- 1 056) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 4 753) avec un excédent des naissances (35 614) sur les décès (30 861), et d'autre part d'un solde migratoire négatif (- 5 672) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 11 659) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 17 331)[23].
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69 |
+
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70 |
+
Selon des estimations de 2013, 84,8 % des Rhode-Islandais étaient nés dans un État fédéré, dont 57,8 % dans l'État de Rhode Island et 27,0 % dans un autre État (20,1 % dans le Nord-Est, 3,1 % dans le Sud, 2,4 % dans le Midwest, 1,4 % dans l'Ouest), 2,3 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 12,9 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (45,6 % en Amérique latine, 21,3 % en Europe, 18,6 % en Asie, 12,5 % en Afrique, 1,6 % en Amérique du Nord, 0,3 % en Océanie). Parmi ces derniers, 51,3 % étaient naturalisés américain et 48,7 % étaient étrangers[24],[25].
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71 |
+
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72 |
+
Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 35 000 immigrés illégaux, soit 3,3 % de la population[26].
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73 |
+
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74 |
+
Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 81,41 % de Blancs, 5,72 % de Noirs, 3,30 % de métis, 2,89 % d'Asiatiques (0,65 % de Chinois, 0,49 % de Cambodgiens), 0,58 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 6,05 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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75 |
+
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76 |
+
Les métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (2,99 %), principalement blanche et noire (0,78 %) et blanche et autre (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,32 %).
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77 |
+
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+
Les non-hispaniques représentaient 87,59 % de la population avec 76,35 % de Blancs, 4,90 % de Noirs, 2,85 % d'Asiatiques, 2,23 % de métis, 0,38 % d'Amérindiens, 0,03 % d'Océaniens et 0,84 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 12,41 % de la population, principalement des personnes originaires de la République dominicaine (3,33 %), de Porto Rico (3,32 %), du Guatemala (1,79 %), du Mexique (0,86 %) et de la Colombie (0,79 %)[22].
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79 |
+
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80 |
+
En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 86,4 %, dont 74,6 % de Blancs, 5,3 % de Noirs, 3,1 % d'Asiatiques et 2,1 % de Métis, et celle des Hispaniques à 13,6 %[28].
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81 |
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+
En 2000, les Rhode-Islandais s'identifiaient principalement comme étant d'origine italienne (19,0 %), irlandaise (18,4 %), anglaise (12,0 %), française (10,9 %), portugaise (8,7 %), canadienne-française (6,4 %), allemande (5,3 %), polonaise (4,1 %) et américaine (3,0 %).
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+
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L'État avait les plus fortes proportions de personnes d'origine italienne, portugaise et arménienne, la 3e plus forte proportion de personnes d'origine irlandaise, la 4e plus forte proportion de personnes d'origine canadienne-française ainsi que la 5e plus forte proportion de personnes d'origine française.
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+
L'État abrite la 25e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 18 750 Juifs en 2013 (22 280 en 1971), soit 1,8 % de la population[29].
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Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Narragansetts (22,7 %), Wampanoags (4,1 %), Cherokees (3,2 %) et Pequots (2,1 %).
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Les Hispaniques étaient principalement originaires de la République dominicaine (26,8 %), de Porto Rico (26,8 %), du Guatemala (14,4 %), du Mexique (7,0 %) et de la Colombie (6,3 %)[30]. Composée à 40,7 % de Blancs, 8,7 % de Métis, 6,6 % de Noirs, 1,6 % d'Amérindiens, 0,4 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 41,9 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 44,9 % des Océaniens, 33,6 % des Amérindiens, 32,5 % des Métis, 14,3 % des Noirs, 6,2 % des Blancs, 1,5 % des Asiatiques et 86,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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L'État avait la plus forte proportion de personnes originaires du Guatemala (1,79 %), les 2e plus fortes proportions de personnes originaires de la République dominicaine (3,33 %) et de la Bolivie (0,18 %), la 3e plus forte proportion de personnes originaires de la Colombie (0,79 %), la 6e plus forte proportion de personnes originaires de Porto Rico (3,32 %) ainsi que la 9e plus forte proportion de personnes originaires de l'Équateur (0,11 %).
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+
L'État comptait également le 6e plus grand nombre de personnes originaires de la République dominicaine (35 008) et le 9e plus grand nombre de personnes originaires de la Bolivie (1 912).
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Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Chinois (22,5 %), Cambodgiens (17,0 %), Indiens (15,3 %), Laotiens (9,4 %), Philippins (8,6 %), Coréens (7,0 %), Viêts (4,4 %) et Hmongs (3,0 %)[31].
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+
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L'État avait les plus fortes proportions de Cambodgiens (0,49 %) et de Laotiens (0,27 %).
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L'État comptait également le 9e plus grand nombre de Cambodgiens (5 176).
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Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (90,4 %), principalement blanche et noire (23,6 %), blanche et autre (18,3 %), blanche et asiatique (12,7 %), noire et autre (11,8 %), blanche et amérindienne (9,3 %) et noire et amérindienne (5,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (9,6 %)[32].
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Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 32 % des habitants de Rhode Island se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 38 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[33]. Le territoire du diocèse catholique de Providence (érigé en 1872) coïncide depuis 1904 avec celui de l'État du Rhode Island.
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L'électorat de Rhode Island compte environ 10 % de républicains, 40 % de démocrates et 50 % de non-affiliés. Ces derniers, s'ils votent pour le Parti démocrate aux élections présidentielles, ont longtemps soutenu des républicains modérés aux postes de gouverneur et sénateur[38].
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Le nord de l'État — à l'exception de l'enclave libérale de Providence — a un électorat plutôt conservateur mais favorable à l'intervention du gouvernement en économie (des « Reagan Democrats »). Au contraire, le sud de Rhode Island accueille de nombreux « républicains Rockefeller », modérés, votant aujourd'hui pour le Parti démocrate. Le comté de Kent, au centre de l'État, est la région où les républicains réalisent généralement leurs meilleurs scores[38].
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Au XIXe siècle, Rhode Island fut le bastion du parti Whig avant d'être constamment celui du parti républicain de 1856 à 1908. En 1912, avec 39,04 % des voix, Woodrow Wilson est le premier démocrate à remporter [réf. souhaitée] l'État depuis Franklin Pierce en 1852. Cette victoire acquise dans le cadre d'une élection triangulaire reste sans lendemain. En 1928, avec 50,16 % des suffrages, Al Smith est le premier démocrate à remporter l'élection [réf. souhaitée] dans l'État avec à la fois une majorité absolue de suffrages tout en étant battu au plan national par son adversaire républicain (Herbert Hoover).
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De 1928 à 1980, les républicains ne remportent [réf. souhaitée] l'élection dans l'État qu'à 3 reprises (Dwight D. Eisenhower en 1952 et 1956 et Richard Nixon en 1972). En 1964, le candidat démocrate Lyndon B. Johnson y emporte 80,87 % des suffrages contre Barry Goldwater. En 1980, il fut l'un des six États (sur 50) à voter pour le démocrate Jimmy Carter, battu à l'échelon national par le républicain Ronald Reagan. En 1984, Reagan remporta [réf. souhaitée] l'élection dans Rhode Island mais avec une marge plaçant l'État au 48e rang des 49 États dans lesquels il remporta[réf. souhaitée] l'élection cette année-là. Plus aucun candidat républicain n'a remporté Rhode Island depuis 1984. [réf. souhaitée] En 1988 et 2000, Rhode Island fut l'État qui apporta en pourcentage le plus de voix au candidat démocrate au niveau national. Lors de l’élection présidentielle de 2004, le démocrate John Kerry y obtient 59,42 % des voix, contre 38,67 % au président républicain George W. Bush, un de ses plus mauvais scores alors qu'il était réélu nationalement. En 2008, Barack Obama, le candidat démocrate, y obtint 64 % des suffrages et la majorité des voix dans la totalité des 39 villes et villages de l'État à l'exception de la ville de Scituate[39].
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Lors des élections de 2016, la démocrate Hillary Clinton a remporté Rhode Island avec 54,4 % des voix. Le Président élu, le républicain Donald Trump, a obtenu pour sa part 38,9 % des suffrages[40].
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Depuis le 6 janvier 2015, la démocrate Gina Raimondo est la première femme gouverneur de Rhode Island. Le lieutenant-gouverneur est le démocrate Daniel McKee.
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Les deux chambres de l'Assemblée générale de Rhode Island sont contrôlées par les démocrates.
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L'État de Rhode Island est l'un des 15 États des États-Unis, sur 50, à ne pas avoir la peine de mort dans sa législation.
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Lors de la législature 2015-2017, la délégation des élus de Rhode Island au Congrès des États-Unis est composée des sénateurs démocrates Jack Reed et Sheldon Whitehouse et des représentants démocrates David Cicilline et James Langevin.
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Jack Reed, sénateur depuis 1997.
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Sheldon Whitehouse, sénateur depuis 2007.
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Compétente sur la totalité des grands axes et autoroutes de l'État, la RISP dispose de 190 policiers et de 43 personnels administratifs sous les ordres d'un superintendant. [réf. souhaitée] Elle dispose de cinq sites principaux et des services suivants : Charitable Gaming Unit, Special Weapons And Tactics, Dive Team (plongeurs), Intelligence Unit, Detective Unit (police judiciaire), Governor's Security Unit, Commercial Vehicle Enforcement Unit, Training Academy. L'arme de service est le Sig-Sauer P226 DAK en .357 SIG (remplaçant le Smith & Wesson Model 19 en .357 Magnum). [réf. souhaitée]
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L’industrie (métallurgie, agroalimentaire, textile, électronique, chimie, mécanique) et les activités tertiaires (commerce, banques, tourisme) sont très développées. L’État possède des stations balnéaires et quelques monuments historiques (Friends Meetinghouse, 1699 ; Touro Synagogue, la plus ancienne synagogue des États-Unis, construite en 1763 ; the Breakers, riche hôtel particulier construit en 1895).
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Centres historiques
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Centres culturels
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Parmi les plats les plus représentatifs du Rhode Island on retrouve[41],[42],[43] :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/5094.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,265 @@
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Le Rhône (prononcé [ʁoːn] en français standard ou [ˈʁɔ.nə] en français régional) est un fleuve d'Europe, long de 812 kilomètres (un tiers en Suisse et deux tiers en France).
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4 |
+
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5 |
+
Il prend sa source dans le glacier du Rhône, en Suisse, à une altitude de 2 209 m, à l'extrémité orientale du Valais, dans le massif des Alpes uranaises. Il parcourt 290 km en Suisse, se jetant dans le Léman pour en sortir à Genève. Il entre ensuite en France, où il parcourt 522 km[3], selon l'Encyclopédie Larousse, ou 545 km, selon le SANDRE[4]. Il termine son cours dans le delta de Camargue pour se jeter dans la mer Méditerranée. Port-Saint-Louis-du-Rhône est la dernière ville traversée par le Rhône.
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En termes de débit, de tous les fleuves s'écoulant en Méditerranée, le Rhône est deuxième après le Nil, si l'on ne tient pas compte de la mer Noire, où se jettent en particulier le Danube et le Don. Finissant son cours dans une mer sans marée, le fleuve a formé un delta avec des bras qui se sont déplacés globalement d'ouest en est au cours de la période historique. Désormais endigué, son delta est figé, hormis lors de crues exceptionnelles comme en 1993, 1994 et 2003.
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8 |
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Il est parfois identifié à l'Éridan, qui est le nom d'un dieu fleuve de la mythologie grecque, fils d'Océan et de Thétys.
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L'origine et la signification du nom de ce fleuve sont encore sujettes à discussion. D'après l'hypothèse celtique, Rhodanus ou Rodanus viendrait de Rhôdan, qui signifie « tourner vivement » ; mais la forme de ce nom paraît plus grecque que celtique et Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, estimait que le Rhône tire son nom de Rhoda ou Rhodanusia, colonie de Rhodiens bâtie jadis à l’une de ses embouchures, aux environs d'Aigues-Mortes.
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Albert Dauzat propose un radical indo-européen *rod-, alternance de *red- « couler » [5],[6] suivi par un suffixe atone pré-latin -ǎnus. Mais il n'exclut pas un préfixe intensif ro- et le radical celtique ou pré-celtique dan-[5]. Cette hypothèse est corroborée par Pierre-Yves Lambert qui signale le même élément danu- dans le nom celtique du Danube (Danuuios) et le rapproche de l'irlandais dánae « audacieux, hardi, violent »[7]. La racine indo-européenne *dānu- « fleuve », présente également dans le nom du Don, de *dā- « couler »[6].
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Dans les autres langues qu'on rencontre le long de son cours, le Rhône est appelé :
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Communes traversées ou longées par canton :
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Communes traversées ou longées par département :
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Le bassin versant du Rhône est situé sur deux pays : la Suisse et la France. Il mesure en tout 97 800 km2, dont 90 000 km2 en France, soit environ 17 % de la superficie de la France métropolitaine, et 7 800 km2 en Suisse, soit 18,89 % de la superficie de la Suisse.
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Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant du Rhône de ses principaux voisins sont :
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En Suisse, le bassin versant du Rhône n'est pas contigu. En effet, il est constitué de deux zones distinctes l'une de l'autre. Le cours principal du Rhône ainsi que ses affluents directs coulent dans le sud-ouest du pays avant de rejoindre le Léman, néanmoins une partie du bassin versant du Doubs arrose les cantons de Neuchâtel et du Jura dans le nord-ouest de la Suisse. Le Doubs rejoint la Saône en Bourgogne qui elle-même rejoint le Rhône à Lyon. Ainsi les eaux du bassin versant du Rhône se rejoignent très en aval de la sortie du territoire suisse. De même, l'Arve dont le cours et le bassin sont très majoritairement situés en France, rejoint le Rhône dans le canton de Genève.
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En France, d'autres bassins versants plus petits voisinent celui du Rhône, ceux de l'Argens et du Var sur sa rive gauche ou l'Hérault sur sa rive droite.
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Le Rhône naît des eaux de fonte du glacier du Rhône, à l'extrémité orientale du canton du Valais en Suisse, il porte alors le nom de Rotten jusqu'à Sierre. Le glacier du Rhône est situé à la jonction de deux importants massifs des Alpes : les Alpes uranaises et les Alpes valaisannes. Autour du glacier se trouvent quelques sommets de plus de 3 000 mètres : le Dammastock (3 630 m), le Galenstock (3 586 m) ou le Tieralplistock (3 383 m). En 2007, la langue glaciaire se terminait à une altitude de 2 250 mètres non loin de la route d'accès au col de la Furka. De là, le Rhône coule vers le sud-ouest en passant par Gletsch puis coule dans la vallée de Conches. Dans cette vallée il reçoit différents torrents de montagne tels, sur sa rive gauche, l'Agene, le Milibach et la Minna et, sur sa rive droite, la Minstigerbach et la Wysswasser. Son parcours est d'environ 35 kilomètres jusqu'à Brigue.
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Peu avant d'atteindre Brigue, il reçoit les eaux de la Massa en provenance du glacier d'Aletsch (plus grand glacier des Alpes). La vallée qu'il emprunte porte dès lors son nom, la vallée du Rhône. Cette vallée coule tout d'abord en direction de l'ouest sur une trentaine de kilomètres jusqu'à Loèche, puis vers le sud-ouest sur une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Martigny. C'est une vallée intérieure des Alpes, elle est parallèle à la ligne de crête des Alpes bernoises au nord et des Alpes valaisannes au sud. De ces deux massifs coulent de nombreux torrents de montagne.
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À Martigny, où il reçoit les eaux de la Dranse sur sa rive gauche, le cours du Rhône fait un fort virage en direction du nord. En direction du Léman, il passe à Saint-Maurice dans un verrou glaciaire qui a longtemps donné à la vallée du Rhône une importance stratégique pour le contrôle des cols alpestres. Le Rhône marque ensuite la frontière entre les cantons du Valais (rive gauche) et de Vaud (rive droite), séparant le Chablais valaisan et le Chablais vaudois. Il se jette dans le Léman à l'est du lac à proximité du Bouveret et de la réserve naturelle des Grangettes.
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Sur une partie de son étendue le Léman marque la frontière entre la France et la Suisse. Sur sa rive gauche le Léman reçoit la Morge. Cette rivière marque la frontière entre la Suisse (Valais) et la France (Haute-Savoie). Elle pénètre dans le Léman à Saint-Gingolph, village situé de part et d'autre de la frontière. Toujours sur sa rive gauche, il reçoit les eaux de la Dranse entre Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains. Sur sa rive droite le lac reçoit la Venoge et la Morges. Les termes de Haut-Lac (région de la Riviera vaudoise, du Chablais suisse et Lavaux), Grand-Lac (Lausanne, Évian) et Petit-Lac (entre Yvoire et Genève) sont utilisés, même si le lac ne constitue qu'une seule entité.
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L'émissaire du Léman se trouve à l'ouest du lac à Genève, où le niveau du lac est maintenu par le barrage du Seujet. À Genève, il reçoit les eaux de l'Arve en provenance du massif du Mont-Blanc. L'Arve, dont la température de l'eau ne dépasse pas 14 degrés[8], fait chuter la température du Rhône, dans le secteur de La Jonction, et en aval, d'environ 8 degrés, car l'eau du Léman en surface, a une température d'environ 20 degrés en été. Cette différence de températures peut s'avérer dangereuse pour les baigneurs, s'ils nagent en amont et en aval de la Jonction, car ils risquent l'hypothermie et une réduction de la force musculaire, voire la noyade[9]. Après avoir quitté la Suisse, il pénètre dans le sud du massif du Jura par le défilé de l'Écluse. Le cours du Rhône devient alors très encaissé, et le fleuve disparaissait même sous les calcaires urgoniens en amont de Bellegarde (pertes du Rhône) et de la confluence de la Valserine, affluent de rive droite. Le canyon du Rhône et les pertes sont aujourd’hui noyés sous le lac de retenue du barrage de Génissiat. A Bellegarde, le fleuve oblique en direction du sud, reçoit les eaux du Fier en rive gauche, longe la plaine autrefois marécageuse de Chautagne et passe à proximité du lac du Bourget auquel il est relié par le canal de Savières. Il poursuit son cours en direction de l'ouest, quitte le Jura après les rapides de Sault Brénaz, reçoit les eaux de la rivière d’Ain en rive droite. Il longe le plateau de la Dombes et atteint Lyon où il reçoit la Saône, son plus long affluent. Le système le plus long du bassin du Rhône n'est d'ailleurs pas le fleuve éponyme, mais le Doubs, qui mesure environ 950 kilomètres depuis sa source jusqu'à la Méditerranée (453 kilomètres de la source à la Saône, 167 kilomètres de Verdun-sur-le-Doubs à Lyon, et 330 kilomètres de Lyon à Port-Saint-Louis-du-Rhône).
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À partir de Lyon, il coule vers le sud, entre les Alpes et le Massif central. En Ardèche, entre Andance et Tournon, il forme une vallée épigénique. Il reçoit les eaux de l’Isère en amont de Valence, celles de la Drôme (rive gauche), de l’Ardèche (rive droite), de l’Ouvèze (rive gauche) et enfin de la Durance en aval de la ville d'Avignon. En amont de Beaucaire, il reçoit le Gardon. À hauteur d'Arles, il se partage en deux bras : le Grand-Rhône à l'est et le Petit-Rhône à l'ouest, entre lesquels se situe le delta de la Camargue, avant de se jeter dans la mer Méditerranée.
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Liste des principaux affluents directs du Rhône (longueur[4] supérieure à 100 km, ou bassin versant[1] supérieur à 1 000 km2 ou débit[1] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche de la confluence) et situés avec leur confluence par :
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puis avec les trois données comparables à celles de l'affluent, pour le Rhône (juste à l'amont de la confluence) :
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En Suisse, les principaux affluents du fleuve sont la Massa, la Saltina, la Vispa, la Lonza, la Turtmänna, la Raspille, la Navizence, la Rèche, la Lienne, la Borgne, la Sionne, la Morge, la Losentse, la Lizerne, la Salentse, la Faraz, la Dranse, le Trient, l'Avançon, la Vièze, la Gryonne, la Grande Eau, la Veveyse, la Venoge, l'Arve, l'Allondon et le Doubs.
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En France, les affluents majeurs (plus de 100 m3/s) sont la Saône (rd[note 1]), l'Isère (rg), la Durance (rg) et l'Ain (rd). Parmi les autres affluents (moins de 100 m3/s), notons la Dranse (rg), l'Arve (rg), qui naît en France mais rejoint le Rhône en Suisse, l'Annaz (rd), les Usses (rg), la Valserine (rd), le Fier (rg), le Séran (rd), le Guiers (rg), le Furans (rd), la Bourbre (rg), l'Yzeron (rd), le Garon (rd), le Gier (rd), la Gère (rg), la Varèze (rg), le Dolon (rg), les Collières (rg), la Cance (rd), l'Ay (rd), la Galaure (rg), le Doux (rd), la Véore (rg), l'Eyrieux (rd), la Drôme (rg), l'Ouvèze (rg), la Payre (rd), le Roubion (rg), l'Escoutay (rd), la Berre (rg), l'Ardèche (rd), le Lez (rg), la Cèze (rd), l'Eygues (rg) et le Gardon (rd).
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Confluence Gier (en bas à gauche) - Rhône (à droite, en haut) à Givors
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Confluence Durance (à droite, en haut) - Rhône (à gauche, en bas) à Avignon
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Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
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Le Rhône traverse notamment les localités et les villes suisses de Gletsch, première localité traversée, Brigue-Glis, Viège, Sierre, Sion, Martigny, Saint-Maurice, Monthey puis sur rive droite du Léman, Villeneuve, Montreux, La Tour-de-Peilz, Vevey, Pully, Lausanne, Morges, Gland, Nyon, Versoix et, sur rive gauche du Léman, les villes françaises de Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains.
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Après Genève, il arrose Vernier, Lancy, Onex, Bernex dans le canton de Genève puis Bellegarde-sur-Valserine, Culoz, Belley, Montalieu-Vercieu, Sault-Brénaz, Saint-Sorlin-en-Bugey, Lagnieu, Saint-Vulbas, Jonage, Meyzieu, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Lyon, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite, Saint-Fons, Irigny, Feyzin, Vernaison, Givors, Chasse-sur-Rhône, Loire-sur-Rhône, Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe, Vienne, Condrieu, Saint-Michel-sur-Rhône, Chavanay, Saint-Pierre-de-Bœuf, Saint-Alban-du-Rhône, Serrières, Le Péage-de-Roussillon, Tournon, Valence, Le Pouzin, Cruas, Montélimar, Viviers, Pierrelatte, Pont-Saint-Esprit, Orange, Avignon, Villeneuve-lès-Avignon, Vallabrègues, Beaucaire, Tarascon, Arles où il se sépare en deux. Le Grand-Rhône se jette dans la mer à Port-Saint-Louis-du-Rhône et le Petit-Rhône au niveau des Saintes-Maries-de-la-Mer.
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Les grands travaux d'aménagement économique du Rhône ont été principalement le fait de la Compagnie nationale du Rhône qui a également pour mission d'entretenir et moderniser ces aménagements. On lui doit l'édification d'ouvrages hydroélectriques qui ont permis de réguler les crues tout en produisant de l'énergie non polluante, de plus de 15 milliards de kWh en 2007.
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Le trafic fluvial reste important malgré l'absence d'un canal à fort gabarit entre le Rhône et le Rhin (la mise à grand gabarit du Canal du Rhône au Rhin, commencée partiellement à l'est, a été abandonnée sous le gouvernement Jospin et l'impulsion de Dominique Voynet alors ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement). Il bénéficie du report amorcé des modes de transport, en partie, vers le fluvial. En 2007, 6 200 bateaux ont passé les écluses de Bourg-les-Valence.
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Des conventions sont signées avec les communes pour organiser l'aménagement de ports de plaisance ou d'espace de mise à l'eau. C'est ainsi que le port de Cruas a été inauguré le 30 juin 2007.
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La protection de l'environnement est devenue l'une des priorités de la CNR. Diverses actions sont en cours en faveur de la faune, la flore et l'amélioration de la qualité de l'eau. L'entretien des sites classés Natura 2000 est tout particulièrement suivi, par exemple le traitement de formations envahissantes d'ambroisies et de jussies à Viviers en Ardèche. D'autres actions écologiques ont été entreprises le long du fleuve. Ainsi, en Suisse, la forêt de Finges est devenue une réserve naturelle protégée; de ce fait, la construction de l'autoroute A9 nécessite une traversée entièrement souterraine du site. Les travaux ont commencé en 2004 et dureront entre quinze et vingt ans[10],[11].
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Plusieurs installations nucléaires, situées sur les rives du Rhône, prélèvent de l'eau pour assurer leur refroidissement :
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En outre, jusqu'en 1997, le surgénérateur Superphénix (Centrale nucléaire de Creys-Malville) était également en fonctionnement sur les rives du Rhône. Depuis cette date, elle est en phase de démantèlement nucléaire.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Brigue est de 41,6 m3/s. Son bassin versant est alors de 913 km2, a une altitude moyenne de 2 370 m et l'extension glacier représente 24,2 % de la surface du bassin versant. Le débit maximum mesuré l'a été en 2000 avec une pointe à 557 m3/s.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à la Porte-du-Scex est de 182 m3/s. Son bassin versant est alors de 5 244 km2, a une altitude moyenne de 2 130 m et l'extension glacier représente 14,3 % de la surface du bassin versant.
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Le régime hydraulique du Rhône est caractérisé par des maxima automnaux liés aux pluies méditerranéennes, et printaniers en raison de la fonte des neiges. L'hiver présente souvent des débits soutenus mais moins marqués et le régime hydraulique minimum est estival.
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Longtemps qualifié de « fleuve fantasque », en raison de ses crues puissantes (plus de 11 000 m3/s à l’aval)[12],[13], il est d’usage de parler aujourd’hui de « fleuve dompté » depuis l’aménagement, sur sa partie française, par la CNR. En amont, sur sa partie suisse, il a subi de nombreux aménagements. Les crues de 1993-1994 et de 2002-2003 ont montré que l’aménagement hydroélectrique ne gère que les débits ordinaires, mais n’empêche en aucun cas la formation de grandes crues similaires à celles du XIXe siècle.
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Le Rhône se caractérise par la diversité de son bassin versant :
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Il en résulte un régime hydrologique très complexe, et une très grande diversité dans la formation des crues et leur déroulement. On distingue les types de crue suivants[14] :
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Beaucaire est de 1 690 m3/s (données 1920-2011)[1].
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On considère que le Rhône est en crue dès que son débit dépasse les 5 000 m3/s. Le record récent mesuré date de décembre 2003 avec un débit annoncé initialement à 13 000 m3/s à Beaucaire[15]. Le débit a été depuis révisé à 11 500 m3/s + ou - 5 %[16]. Voir aussi CNR[17] et mairie d'Arles[18].
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Les services de l'État, pour l'évaluation du risque d'inondation (élaboration des Plans de Prévention des Risques d'Inondation, PPRI), retiennent comme crue de référence la crue de 1856, estimée à 12 500 m3/s à Beaucaire : elle serait ainsi un peu plus forte que la crue de 2003.
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La plus grosse crue historique est probablement celle survenue en novembre 1548, voire celle de 580. La crue millénaire, quant à elle, est estimée à plus de 14 000 m3/s (entre 14 000 et 16 000 m3/s, selon les auteurs, avec un consensus plus marqué pour 14 000−14 500 m3/s). Le Rhône est celui des cinq grands fleuves français dont le débit est le plus élevé.
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Vers 175 av. J.-C., une importante crue du fleuve recouvre une large partie d'Arles et provoque la destruction irrémédiable des quartiers sud. Ces quartiers périphériques méridionaux sont par la suite abandonnés pendant deux siècles. Vers 150, on a la trace d'une importante crue à Arles. Vers 280, des sources historiques indiquent une crue importante à Lyon, ravagée par une inondation[19]. L'archéologie confirme à Arles la destruction par les eaux d'un habitat romain à la fin du IIIe siècle. 346 voit une crue généralisée du Rhône[réf. nécessaire].
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En 563, un éboulement situé avant le Léman forme un barrage sur le Rhône avec montée des eaux en amont. La rupture du barrage provoque une vague d'eau qui créa des dégâts importants en aval y compris sur les berges du Léman. Cet événement appelé catastrophe du fort de l’Écluse ou éboulement de Tauredunum est signalé par Grégoire de Tours[20] et Marius d'Avenches.
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En 579 ou 580 (plus probablement en 580), a lieu une crue d'automne avec inondation à Lyon et à Arles. À Lyon, Grégoire de Tours rapporte : « au commencement d'octobre, après deux jours de pluies continuelles, le Rhône et la Saône entrèrent en crue. Chose qui ne s'était jamais produite, les deux rivières vinrent se rejoindre au milieu de la presqu'île et formèrent un courant si violent qu'une partie des murs de la ville fut renversée, d'où l'on peut juger du nombre de maisons qui durent être entraînées par les eaux. » A Arles, le cirque romain est abandonné après cette catastrophe.
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L'année 618 voit une crue probable avec des inondations.
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En 808, une crue de printemps fait écrire « Cette année, l'hiver fut très « mou » et très pernicieux. On fut affligé à sa suite d'inondations terribles » et est suivie, l'année suivante, d'une crue d'hiver généralisée : « En 809, l'inondation surpassa toutes les inondations connues. Elle emporta les moissons des champs riverains et força les habitants des bords de rivières à chercher un refuge sur les hauteurs. L'abondance des pluies en fut la cause. Elle atteignit son apogée le 28 décembre. »
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Lors de l'hiver 821-822, des crues généralisées affectent la France : « Il y eut en France une si grande abondance de pluie que les fruits de la terre en furent perdus et qu'on ne put rien semer au printemps suivant. Les rivières sortirent de leur lit et les eaux se répandirent au loin dans les campagnes. » 868 voit une crue historique généralisée des fleuves à la suite de « pluies incessantes ».
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En 1226, la crue d'automne (17 septembre[21]) et des inondations à Avignon ont lieu peu de jours après la reddition de la ville aux troupes du roi Louis VIII qui assiégeaient la cité depuis 10 juin. À quelques jours près, la cité eût été sauvée.
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En 1308, une lettre du comte de Provence Charles II évoque les cultures détruites, les ponts emportés et les bestiaux noyés à la suite d'une crue. 1345 voit des inondations catastrophiques. À Arles, à la suite des inondations de 1352, le Chapitre ne peut plus être ravitaillé correctement (d'après un texte du 5 octobre 1352)
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Les inondations catastrophiques se répètent en 1353, 1358, 1368 ou 1373 (cette dernière crue est mal datée, probablement de 1372).
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La crue du 14 novembre 1396 fait écrire au chroniqueur arlésien Bertrand Boysset : « […] il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais. […] (À Arles) L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier. » Les crues d'octobre 1398, décembre 1401 et février 1404 sont aussi signalées par le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset.
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À Tarascon, il est rapporté que « le 16 juin 1424, des inondations du Rhône mettent la ville en grand péril ». À la fin de cette même année 1424, le conseil et les syndics de Tarascon se préoccupent de faire réparer les brèches ouvertes dans les levées du Rhône[22]. En Camargue, 80 % au moins des blés sont anéantis par cette inondation.
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Une crue de printemps avec des inondations frappe la Camargue en 1426 et 1432.
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En 1433, une crue d'automne se produit à Avignon : « après plusieurs jours de pluies continuelles, le Rhône, la Durance et la Sorgue avaient débordé et inondé les bas quartiers de la ville. Le 29 novembre, les eaux atteignirent la porte de la chapelle des Pénitents Gris. Les eaux se retirèrent le 1er décembre. »
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Au cours du XVIIIe siècle, des ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains[24].
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Entre 1705 et 1719, crues et inondations quasi annuelles.
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Au cours du XIXe siècle, de nouveaux ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains. À partir de 1878, ces aménagements connurent un développement rapide[24].
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En 1934, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) reçoit la concession des travaux d'aménagement du Rhône. Cette entreprise est depuis chargée de l'aménagement général du fleuve, en particulier pour la production hydroélectrique et la navigation[24].
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Les 2 dernières crues ayant eu des conséquences économiques et humaines si catastrophiques en particulier dans la plaine du Bas-Rhône, au sud de Tarascon à Arles, qu'elles ont entrainé la mise en chantier du Plan Rhône.
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Le Léman induit une coupure totale entre le Haut-Rhône et le Rhône aval en matière de charge sédimentaire.
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Le Rhône prend sa source dans le massif du Saint-Gothard, dans les Alpes. Il naît de la fonte du glacier du Rhône. Il emprunte une longue vallée étroite en Valais pour rejoindre le Léman à la hauteur de la commune du Bouveret. Entre sa source et le lac, le Rhône reçoit les eaux d'environ 200 torrents.
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Dans sa partie située en Suisse, le Rhône a subi de nombreux aménagements visant à maîtriser son cours et diminuer les effets néfastes de ses crues ; première correction de 1863 à 1894, seconde correction entre 1930 et 1960, troisième correction depuis 2008 devant durer de 25 à 30 ans.
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Le tracé du Rhône prend forme durant le Miocène[37],[38] et connaît une évolution majeure durant la crise de salinité messinienne[39]. La diversité du bassin se répercute sur les conditions de production et d’alimentation du Rhône en charge sédimentaire : diversité géologique du bassin, héritage des formations glaciaires, conditions morphoclimatiques contrastées de dégradation des bassins…
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L’aménagement du Rhône confié à la CNR pour les besoins de la navigation, de la production hydroélectrique, et de l'irrigation a été presque mené à son terme. Seuls demeurent à courant libre le court tronçon de part et d’autre du confluent de l’Ain (abandon du projet d’aménagement de Loyette) et le Rhône à l’aval de Beaucaire. La succession de vingt aménagements a totalement remodelé le Rhône sur le reste du linéaire.
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La dynamique fluviale naturelle du Rhône et de ses affluents, et la structure des pentes qui en est l'image, est fortement marquée par l'héritage des dernières glaciations.
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En amont, jusqu'à Lyon pour le Rhône (et Valence pour l'Isère), les glaciers quaternaires (dernier maximum glaciaire il y a environ 18 000 ans) ont laissé des alternances de zones surcreusées (les ombilics) et de zones proéminentes (les verrous). Les ombilics sont occupés par des lacs glaciaires lorsqu'ils étaient situés à l'écart des cours d'eau principaux capables de les réalluvionner (lac d'Annecy, lac du Bourget). En revanche, s'ils étaient situés sur un axe d'écoulement majeur, ils ont été alluvionnés en tout ou partie, mais sans que la continuité du transit des graviers ait pu toujours être rétablie : le Léman n'est que très partiellement alluvionné par le Haut-Rhône, la plaine de Brangue-Le Bouchage, en amont de Lyon, est alluvionnée, mais la pente y était encore faible (zone de marais).
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136 |
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En aval, la remontée rapide du niveau marin �� la fin de la dernière glaciation il y a quelque 10 000 ans (remontée de 120 m : transgression flandrienne) a forcé le fleuve à déposer ses alluvions (formation de la Camargue) : les graviers n'arrivaient toujours pas jusqu'à la mer, et se déposaient à l'entrée du delta. La plupart des affluents ont eu du mal à suivre la remontée du niveau du fleuve : ils déposent leurs alluvions grossières à l'entrée de la plaine du Rhône et se terminent par un lit à méandres mobiles (Ouvèze, Aygues, Ardèche, Cèze, Gardon).
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137 |
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Entre ces deux secteurs, le Rhône montre un profil plus ou moins lissé avec une faible épaisseur d'alluvions, un substratum proche et des pentes relativement fortes.
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Le Haut-Rhône présente une décroissance globale de la pente (à l’exception d’un secteur de gorges non pertinent pour l’analyse d’ensemble) associée à une tendance à l’alluvionnement du lit et à la réduction de la charge de fond, jusqu’à interruption de celle-ci entre le Guiers et Sault-Brenaz (pente descendant localement au-dessous de 0,2 ‰). Les apports de l’Ain et une recharge sédimentaire dans les terrasses würmiennes favorisent une forte activité en amont de Lyon associée à une forte pente (0,8 ‰). Une tendance à l’alluvionnement à l’entrée de Lyon et les apports liquides de la Saône conduisent à une pente plus faible sur le tiers amont du Bas-Rhône. Le tiers central est caractérisé par une pente forte (supérieure à 0,8 ‰ localement) associée à de fréquents affleurements rocheux, mais qui ne font pas seuil : on est là à la limite de la pente structurale (imposée par le cadre structural et non par l’équilibre entre transits solide et liquide : « transport passif ») et d’une pente morphologique (lit librement divaguant formé d’alluvions, en échange permanent avec le transport par charriage : « transport actif »).
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La pente diminue ensuite régulièrement jusqu’au delta.
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Le transit sédimentaire couvre une large gamme de matériaux. On distingue classiquement deux modes de transport : le transport par charriage sur le fond des alluvions grossières et le transport en suspension des sédiments fins.
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Lorsqu’il s’agit de comprendre les évolutions morphologiques du Rhône, la distinction charriage / suspension est fondamentale.
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La transition entre les deux modes de transport se situe en général dans les sables plutôt grossiers (entre 200 μm et 1 mm).
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Sur tout le cours du Rhône, c’étaient les graviers et galets qui, avant les grands aménagements, constituaient le transit sédimentaire « actif », c’est-à-dire qui façonnaient le lit du fleuve.
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Les sédiments fins (limons et sables) transportés en suspension jouaient un rôle secondaire dans les marges alluviales.
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Les graviers et galets n’atteignaient pas la mer : ils contribuaient à l’alluvionnement à l’entrée du delta. Les apports de graviers sont aujourd’hui insignifiants.
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Les limons et argiles sont emportés loin des côtes et contribuent à la sédimentation pélagique.
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En définitive, seuls les sables jouent un rôle actif dans la dynamique sédimentaire du littoral.
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Les sables qui participent à la dynamique du littoral sont transportés en suspension dans le Rhône, y compris dans la partie deltaïque.
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Le trait dominant de la plaine de Valence est une surface déprimée, encadrée au nord, à l’est et au sud par des collines ou lambeaux de plateaux surtout molassiques, de formes et de hauteurs modérées (200 à 300 m).
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Le fond molassique Miocène fut recouvert par les alluvions fluvio-glaciaires de l’Isère, dont les terrasses marquent aujourd’hui encore la forme de la plaine, et les dépôts périglaciaires des rivières descendant du massif du Vercors et formant des cônes de déjection entre les buttes molassiques. Plus au sud, les dépôts périglaciaires abondants de la Drôme formèrent, à la confluence, une vaste plaine alluviale en éventail qui rejeta progressivement le cours du Rhône au pied des versants ardéchois.
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Le Rhône apporta ses propres alluvions : par endroits, l’élargissement de son lit fluvial est propice aux accumulations sédimentaires. Le fleuve a naturellement tendance, sur sa basse plaine, à divaguer. Sa pente longitudinale assez forte engendre des vitesses d’écoulement importantes. L’Isère, à quelques kilomètres en amont de Valence, lui apporte près du quart de ce que roule déjà le fleuve. Ajouté aux eaux torrentielles de ces affluents en période de pluie ou de fonte des neiges, ce Rhône puissant peut devenir énorme et sauvage.
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À partir du milieu du XVIIIe siècle, des endiguements insubmersibles sont construits par les riverains. Ils restent cependant peu nombreux jusque vers 1840. À la suite des graves inondations de 1840 est créé le « Service spécial du Rhône ». À cette date débute la construction systématique de digues dans la plaine d’inondation. Après la crue de 1856, de nombreux aménagements sont entrepris (digues, barrages), ainsi que le reboisement des zones amont[40].
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164 |
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En parallèle, un principe d’aménagement du chenal est adopté pour améliorer les conditions de navigation selon un tracé sinusoïdal à grand rayon de courbure. Des digues submersibles sont construites le long des rives concaves. Le barrage systématique des bras secondaires est engagé. Parfois, le double objectif de protection des terres et de fixation du chenal navigable conduit à des digues insubmersibles, comme à Pierre-Bénite.
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La loi de 1878 déclare d’utilité publique « les travaux d’amélioration du Rhône entre Lyon et la mer ». Les aménagements connaissent alors une expansion rapide.
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Girardon (1884) révolutionne les conceptions de l’aménagement à courant libre. Il modifie l’utilisation des épis plongeants et noyés, des seuils de fond, des tenons et des traverses selon une méthode qui sera appliquée sur le Rhône aval avec succès [41].
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170 |
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Les « casiers » résultent de l’association systématique des tenons aux digues basses. L’objectif est de tendre vers un chenal de 150 m de large en général, avec une profondeur d’eau de 1,60 m sous l’étiage conventionnel.
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171 |
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En 1938, l’aménagement du Rhône à courant libre est à peu près systématique entre Lyon et Arles. Le tressage a disparu au profit d’un lit unique sans latitude de divagation, muni d’annexes hydrauliques de plus en plus déconnectées.
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173 |
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Durant les années 1980, la CNR réalisa le Canal de Savières afin de permettre la navigation entre le lac du Bourget (qui est le plus grand lac naturel de France) et le Rhône. Le niveau du canal du Haut-Rhône est monté de 4 m et une écluse a été construite pour permettre le passage des bateaux. Un barrage fut érigé pour régulariser le niveau de l'eau afin d'accueillir ce nouveau canal long de 4 500 m.
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175 |
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176 |
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Dès 1899, l’aménagement de Miribel-Jonage (barrage de Jons et usine de Cusset) constitue la première exploitation du Rhône pour l’hydroélectricité.
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La CNR est créée en 1934. L’aménagement général du Rhône par la CNR a débuté en 1950 avec la mise en eau de Génissiat. Il s’agit du seul barrage de haute chute du Rhône. L’aménagement a porté ensuite dans les années 1950/1960 sur la partie centrale du Bas-Rhône (chute de Donzère-Mondragon). Il s’est poursuivi dans les années 1970 par l’aménagement des tiers aval et amont du Bas-Rhône, puis dans les années 1980 par l’aménagement du Haut-Rhône.
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179 |
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À l’exception de Génissiat, il s’agit d’ouvrages de basse chute, entièrement effaçables, associés (sauf sur Seyssel et Vaugris) à des dérivations. Le débit dérivé varie de 700 m3/s sur le Haut-Rhône à 2 200 m3/s sur le Bas-Rhône aval. Il est en moyenne 1,5 fois supérieur au module.
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181 |
+
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182 |
+
L’aménagement du Rhône pour la production hydroélectrique et la navigation concerne ainsi la quasi-totalité du linéaire : seul le tronçon entre Sault-Brenaz et Lyon (avec l’abandon du projet de chute de Loyette) et l’aval de Vallabrègues jusqu’à la Camargue ne sont pas concernés.
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183 |
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L’impact de ces aménagements sur le transit des sédiments est lié à deux grands facteurs : la perturbation du régime des pentes dans les retenues et la perturbation du régime des débits dans les tronçons court-circuités.
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185 |
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186 |
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Dans les retenues, la pente est nulle ou faible pour tous les débits ordinaires et les crues annuelles. Il n’y a que pour les crues exceptionnelles que la pente tend vers la pente naturelle.
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188 |
+
Or la capacité de transport solide diminue rapidement avec la pente. D’une manière générale, une réduction de 25 % de la pente conduit à un transit de sédiments cinq fois moindre. Une pente égale à la moitié de la pente naturelle correspond pratiquement à une pente de non transport : le débit de début d’entraînement est en effet plus que triplé : il correspond alors à un débit dépassé un jour tous les 10 ans en général.
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189 |
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190 |
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Lorsque le débit du Rhône dépasse le débit nominal de la dérivation, les vannes du barrage sont progressivement ouvertes. L’ouverture des vannes de fond permet la chasse des matériaux déposés à l’amont immédiat du barrage.
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192 |
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Cependant, tant qu’il demeure une perte de charge au barrage, la pente amont est inférieure à la pente naturelle, et ne permet qu’un transit partiel des sédiments jusqu’au barrage. L’ouverture des vannes de fond permet l’évacuation des sédiments accumulés devant le barrage, mais pas le transit de toute la charge de fond amont.
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193 |
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194 |
+
Ce n’est que lorsque la perte de charge au barrage devient négligeable que l’on peut véritablement parler de transparence totale. La crue assure alors non seulement le transit des apports d’amont, mais également la reprise d’une partie de la sédimentation de la retenue.
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195 |
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Cette transparence totale n’est assurée qu’à partir de la crue centennale.
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196 |
+
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197 |
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À peu de chose près, on peut considérer que le débit dérivé est constant (en réalité, le débit dérivé est le plus souvent un peu diminué pendant les fortes crues), sauf incident dans le fonctionnement du barrage. La majeure partie du temps, il ne reste dans le Vieux Rhône que le « débit réservé », incapable de transporter des sédiments.
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198 |
+
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+
La fréquence des débits morphologiquement actifs est donc fortement diminuée, ce qui réduit d’autant la capacité de transport dans les RCC (Rhône court-circuité).
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200 |
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Les hautes eaux jusqu’à la crue annuelle assuraient avant aménagement près de 98 % du transport solide.
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202 |
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Sur l'aménagement de Chautagne (Haut-Rhône), la gamme de débit correspondant à des fréquences de 20 à 130 jours par an (entre 400 et 700 m3/s avant aménagement) assurait le transit de 75 % du transit total. Avec la dérivation de 700 m3/s, le Vieux Rhône est aujourd’hui au débit réservé (morphologiquement totalement inefficace) pour cette gamme de fréquence.
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203 |
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Il n’y a que pour les débits rares (au-dessus de 900 m3/s dans le Vieux Rhône, c’est-à-dire un jour tous les trois ans) que le transport solide est peu perturbé.
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204 |
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Mais ces débits sont peu efficaces en termes de bilan annuel.
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Au total, seul 1 % de la capacité de transport naturelle est conservée dans le Vieux Rhône.
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Sur Donzère-Mondragon (Bas-Rhône), la dérivation (1 980 m3/s) est proportionnellement plus faible qu’à Chautagne. L’effet de réduction des débits est donc moindre, mais les incidences restent qualitativement similaires. La capacité de transport solide résiduelle couvre 6 % de la capacité naturelle.
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Les mouvements de matériaux sur le Rhône résultent des différents modes de gestion des sédiments mis en œuvre sur le fleuve et ses affluents. D'une façon générale, ils se traduisent, soit par des extractions de matériaux grossiers lorsque leur valorisation économique le permet (il s'agit alors de graviers, du sable grossier jusqu'au galet), soit par des déplacements sans extraction, d'un lieu à un autre du lit, de matériaux fins (des sables fins jusqu’aux argiles en passant par les limons).
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Les matériaux extraits correspondent au matériau participant au transport par charriage, alors que les matériaux fins remobilisés correspondent au type de matériaux participant au transport par suspension.
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En dehors des raisons d'entretien du lit, les extractions de matériaux ont été historiquement motivées par des besoins économiques liés à la réalisation des aménagements du Rhône, des infrastructures routières, et plus récemment des plateformes des centrales EDF ou des remblais TGV.
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Aujourd'hui, les mouvements de matériaux, extractions ou remobilisation répondent à un besoin de gestion du lit du Rhône pour les besoins propres :
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Volume moyen annuel de graviers extraits sur tout le Rhône en aval du Léman dans le lit mineur : 900 000 m3/an.
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Volume moyen annuel de matériaux fins remobilisés dans le lit mineur : 1 100 000 m3/an.
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Le transit en suspension est rapide. Il faut compter moins de 24 h de transit en moyenne pour 100 km.
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Les effets de dépôt / reprise sont relativement marginaux (sauf naturellement dans les grands réservoirs naturels — le Léman… — ou artificiels). En fonctionnement naturel, les dépôts dans les marges boisées (qui peuvent atteindre plusieurs décimètres au cours d’une crue) sont régulièrement repris par le fleuve par érosion de ces marges lors des divagations du bras vif. La faible mobilité actuelle du Rhône favorise un exhaussement irréversible de ces marges, ainsi qu’une réduction de la largeur du lit principal dans les retenues. Mais l’endiguement du fleuve limite la largeur sur laquelle s’appliquent ces évolutions, et donc les volumes concernés. Dans ces conditions, les apports du Rhône à la Camargue sont directement issus de la production du bassin versant. Il en résulte que les évolutions du bassin versant influent rapidement et directement sur les apports en suspension.
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Le transit naturel a pu être estimé à 20 millions de tonnes par an dans les années 1950. Il est possible que le transit ait atteint 30 millions de tonnes par an au début du XXe siècle, au moment du maximum démographique dans les Alpes, qui avait favorisé un fort déboisement des versants.
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Les apports du bassin versant n'ont pas changé de façon significative depuis le milieu du XXe siècle : l'état des versants, le développement des zones de ravinement et le fonctionnement des torrents ont peu évolué. En revanche, les grands barrages piègent des volumes significatifs de sédiments fins : Vouglans sur l'Ain, Génissiat sur le Rhône, Serre-Ponçon sur la Durance, Tignes sur l'Isère, le Sautet et Monteynard sur le Drac, Sainte-Croix sur le Verdon, etc. La fixation du lit du Rhône et de certains de ses affluents a favorisé également la sédimentation dans les marges alluviales. On peut estimer les apports actuels à dix millions de tonnes par an.
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Au contraire, le transit par charriage est beaucoup plus lent. Pour fixer les idées, le temps de transit est de plusieurs décennies pour 100 km. La continuité du transit par charriage avant les grandes perturbations dues aux aménagements hydroélectriques et aux extractions est une hypothèse de travail satisfaisante sur beaucoup de tronçons de longueur modérée, où les variations en altitude du lit sont négligeables à l’échelle humaine. En revanche, même avant les grands travaux pour la navigation et la production hydroélectrique, il n’y avait pas continuité du transit des graviers à l’échelle d’un bassin comme celui du Rhône. Les délais depuis la dernière glaciation (de l’ordre de 15 000 ans) ont en effet été insuffisants pour que les profils en long sur une telle échelle aient atteint un équilibre assurant la continuité du transit. Avant aménagement, la continuité du transit était ainsi interrompue sur le Rhône en amont de Sault-Brenaz, et réduite de manière très importante à l’amont de Lyon, ainsi qu’en Chautagne. Il en était de même dans la partie aval de plusieurs affluents (Isère, Eygues, Ouvèze, etc.).
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D’amont en aval, on avait avant aménagement les ordres de grandeur suivants :
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Le transit des graviers a été totalement bouleversé au cours du XXe siècle :
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Au total, on arrive paradoxalement à un nouvel « équilibre » : presque pas d'apports, presque pas de transport.
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Le transit de graviers ne dépasse guère quelques milliers de mètres cubes par an sur la plupart des tronçons, avec un maximum de quelques dizaines de milliers de mètres cubes par an entre la Drôme et l'Ardèche.
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Le Rhône est le seul fleuve reliant la Méditerranée à l’Europe du Nord. Il constitue depuis les Rhodiens et les Phéniciens un axe majeur de circulation des populations et des marchandises. Élément structurant dans l'organisation des territoires, le Rhône conduit aussi les hommes à se surpasser pour le dompter et surtout le traverser.
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238 |
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239 |
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On trouve ainsi des traces d’occupation dès la Préhistoire. Dès l’Antiquité, l’étain, le cuivre ou les peaux du Nord sont échangées contre des productions de l’Orient et de la Méditerranée (ivoire, épices, étoffes, etc.).
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240 |
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En août 218 av. J.-C., Hannibal traverse le Rhône avec son armée de 80 000 hommes et 37 éléphants dans le but d'attaquer Rome par voie de terre. L’armée romaine sous les ordres de Scipion étant toute proche sur la rive gauche du fleuve, il préfère remonter le long du fleuve à vive allure pendant quatre jours pour l’éviter et ainsi affronter l’ennemi en Italie, sur son territoire.
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À l’époque romaine, il devient une voie de développement commercial. Plus tard, le vin, la vaisselle et le sel d'une part, les armes et les étoffes d’autre part empruntent en sens inverse le sillon rhodanien.
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La présence du fleuve permet le développement des villes comme Arles, Avignon, Lyon ou Vienne qui profitent de leur atout géographique à la croisée du Rhône et des axes de communication terrestres et maritimes. Les franchissements du fleuve participent également de manière déterminante à l’histoire des villes et des territoires.
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245 |
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246 |
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Tout au long de son cours, le Rhône compte de nombreux ponts routiers, autoroutiers, ferroviaires, piétonniers, ou mixtes. Le pont de Chancy est le seul pont qui franchit la frontière entre la Suisse et la France sur le Rhône, sans compter le barrage de Chancy-Pougny qui peut aussi faire office de pont pour les collaborateurs de l'exploitation.
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Depuis 1987, Territoire Rhône est un organisme public créé pour assurer la liaison entre les collectivités territoriales et favoriser la cohérence des actions menées au fil du Rhône[43].
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Le fleuve est officiellement reconnu comme pollué par l'État français au moins au regard des polychloro-biphényles (PCB)[44],[45]).
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De plus sa température moyenne tend à augmenter (+1 à +2 °C sur 30 ans pour les moyennes annuelles[46]), de même que celle de ses affluents (température mesurée précisément sur 30 ans, chaque heure, sur une quinzaine de stations[46]). Ces augmentations sont plus marquées sur le Rhône aval et ses affluents chauds, et le réchauffement est le plus important au printemps et en été (hormis sur les stations soumises à un régime hydrologique nivo-glaciaire)[46]. Or, une eau qui se réchauffe perd une partie de sa capacité à conserver son oxygène dissous. Les données disponibles ne permettent pas de faire la part des causes climatiques et de celles liées à l'artificialisation du cours (lacs de barrages…) ou au réchauffement par les centrales nucléaires.
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Dans le cadre du dérèglement climatique, ce réchauffement pourrait se poursuivre[47].
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Le Rhône a donné son nom :
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Noms régionaux :
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« […] Il parut alors dans les Gaules un grand prodige au fort de l’Écluse, situé sur une montagne au bord du Rhône […] »
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fr/5095.html.txt
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@@ -0,0 +1,265 @@
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Le Rhône (prononcé [ʁoːn] en français standard ou [ˈʁɔ.nə] en français régional) est un fleuve d'Europe, long de 812 kilomètres (un tiers en Suisse et deux tiers en France).
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Il prend sa source dans le glacier du Rhône, en Suisse, à une altitude de 2 209 m, à l'extrémité orientale du Valais, dans le massif des Alpes uranaises. Il parcourt 290 km en Suisse, se jetant dans le Léman pour en sortir à Genève. Il entre ensuite en France, où il parcourt 522 km[3], selon l'Encyclopédie Larousse, ou 545 km, selon le SANDRE[4]. Il termine son cours dans le delta de Camargue pour se jeter dans la mer Méditerranée. Port-Saint-Louis-du-Rhône est la dernière ville traversée par le Rhône.
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En termes de débit, de tous les fleuves s'écoulant en Méditerranée, le Rhône est deuxième après le Nil, si l'on ne tient pas compte de la mer Noire, où se jettent en particulier le Danube et le Don. Finissant son cours dans une mer sans marée, le fleuve a formé un delta avec des bras qui se sont déplacés globalement d'ouest en est au cours de la période historique. Désormais endigué, son delta est figé, hormis lors de crues exceptionnelles comme en 1993, 1994 et 2003.
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Il est parfois identifié à l'Éridan, qui est le nom d'un dieu fleuve de la mythologie grecque, fils d'Océan et de Thétys.
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L'origine et la signification du nom de ce fleuve sont encore sujettes à discussion. D'après l'hypothèse celtique, Rhodanus ou Rodanus viendrait de Rhôdan, qui signifie « tourner vivement » ; mais la forme de ce nom paraît plus grecque que celtique et Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, estimait que le Rhône tire son nom de Rhoda ou Rhodanusia, colonie de Rhodiens bâtie jadis à l’une de ses embouchures, aux environs d'Aigues-Mortes.
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Albert Dauzat propose un radical indo-européen *rod-, alternance de *red- « couler » [5],[6] suivi par un suffixe atone pré-latin -ǎnus. Mais il n'exclut pas un préfixe intensif ro- et le radical celtique ou pré-celtique dan-[5]. Cette hypothèse est corroborée par Pierre-Yves Lambert qui signale le même élément danu- dans le nom celtique du Danube (Danuuios) et le rapproche de l'irlandais dánae « audacieux, hardi, violent »[7]. La racine indo-européenne *dānu- « fleuve », présente également dans le nom du Don, de *dā- « couler »[6].
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Dans les autres langues qu'on rencontre le long de son cours, le Rhône est appelé :
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Communes traversées ou longées par canton :
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Communes traversées ou longées par département :
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Le bassin versant du Rhône est situé sur deux pays : la Suisse et la France. Il mesure en tout 97 800 km2, dont 90 000 km2 en France, soit environ 17 % de la superficie de la France métropolitaine, et 7 800 km2 en Suisse, soit 18,89 % de la superficie de la Suisse.
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Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant du Rhône de ses principaux voisins sont :
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En Suisse, le bassin versant du Rhône n'est pas contigu. En effet, il est constitué de deux zones distinctes l'une de l'autre. Le cours principal du Rhône ainsi que ses affluents directs coulent dans le sud-ouest du pays avant de rejoindre le Léman, néanmoins une partie du bassin versant du Doubs arrose les cantons de Neuchâtel et du Jura dans le nord-ouest de la Suisse. Le Doubs rejoint la Saône en Bourgogne qui elle-même rejoint le Rhône à Lyon. Ainsi les eaux du bassin versant du Rhône se rejoignent très en aval de la sortie du territoire suisse. De même, l'Arve dont le cours et le bassin sont très majoritairement situés en France, rejoint le Rhône dans le canton de Genève.
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En France, d'autres bassins versants plus petits voisinent celui du Rhône, ceux de l'Argens et du Var sur sa rive gauche ou l'Hérault sur sa rive droite.
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Le Rhône naît des eaux de fonte du glacier du Rhône, à l'extrémité orientale du canton du Valais en Suisse, il porte alors le nom de Rotten jusqu'à Sierre. Le glacier du Rhône est situé à la jonction de deux importants massifs des Alpes : les Alpes uranaises et les Alpes valaisannes. Autour du glacier se trouvent quelques sommets de plus de 3 000 mètres : le Dammastock (3 630 m), le Galenstock (3 586 m) ou le Tieralplistock (3 383 m). En 2007, la langue glaciaire se terminait à une altitude de 2 250 mètres non loin de la route d'accès au col de la Furka. De là, le Rhône coule vers le sud-ouest en passant par Gletsch puis coule dans la vallée de Conches. Dans cette vallée il reçoit différents torrents de montagne tels, sur sa rive gauche, l'Agene, le Milibach et la Minna et, sur sa rive droite, la Minstigerbach et la Wysswasser. Son parcours est d'environ 35 kilomètres jusqu'à Brigue.
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Peu avant d'atteindre Brigue, il reçoit les eaux de la Massa en provenance du glacier d'Aletsch (plus grand glacier des Alpes). La vallée qu'il emprunte porte dès lors son nom, la vallée du Rhône. Cette vallée coule tout d'abord en direction de l'ouest sur une trentaine de kilomètres jusqu'à Loèche, puis vers le sud-ouest sur une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Martigny. C'est une vallée intérieure des Alpes, elle est parallèle à la ligne de crête des Alpes bernoises au nord et des Alpes valaisannes au sud. De ces deux massifs coulent de nombreux torrents de montagne.
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À Martigny, où il reçoit les eaux de la Dranse sur sa rive gauche, le cours du Rhône fait un fort virage en direction du nord. En direction du Léman, il passe à Saint-Maurice dans un verrou glaciaire qui a longtemps donné à la vallée du Rhône une importance stratégique pour le contrôle des cols alpestres. Le Rhône marque ensuite la frontière entre les cantons du Valais (rive gauche) et de Vaud (rive droite), séparant le Chablais valaisan et le Chablais vaudois. Il se jette dans le Léman à l'est du lac à proximité du Bouveret et de la réserve naturelle des Grangettes.
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Sur une partie de son étendue le Léman marque la frontière entre la France et la Suisse. Sur sa rive gauche le Léman reçoit la Morge. Cette rivière marque la frontière entre la Suisse (Valais) et la France (Haute-Savoie). Elle pénètre dans le Léman à Saint-Gingolph, village situé de part et d'autre de la frontière. Toujours sur sa rive gauche, il reçoit les eaux de la Dranse entre Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains. Sur sa rive droite le lac reçoit la Venoge et la Morges. Les termes de Haut-Lac (région de la Riviera vaudoise, du Chablais suisse et Lavaux), Grand-Lac (Lausanne, Évian) et Petit-Lac (entre Yvoire et Genève) sont utilisés, même si le lac ne constitue qu'une seule entité.
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L'émissaire du Léman se trouve à l'ouest du lac à Genève, où le niveau du lac est maintenu par le barrage du Seujet. À Genève, il reçoit les eaux de l'Arve en provenance du massif du Mont-Blanc. L'Arve, dont la température de l'eau ne dépasse pas 14 degrés[8], fait chuter la température du Rhône, dans le secteur de La Jonction, et en aval, d'environ 8 degrés, car l'eau du Léman en surface, a une température d'environ 20 degrés en été. Cette différence de températures peut s'avérer dangereuse pour les baigneurs, s'ils nagent en amont et en aval de la Jonction, car ils risquent l'hypothermie et une réduction de la force musculaire, voire la noyade[9]. Après avoir quitté la Suisse, il pénètre dans le sud du massif du Jura par le défilé de l'Écluse. Le cours du Rhône devient alors très encaissé, et le fleuve disparaissait même sous les calcaires urgoniens en amont de Bellegarde (pertes du Rhône) et de la confluence de la Valserine, affluent de rive droite. Le canyon du Rhône et les pertes sont aujourd’hui noyés sous le lac de retenue du barrage de Génissiat. A Bellegarde, le fleuve oblique en direction du sud, reçoit les eaux du Fier en rive gauche, longe la plaine autrefois marécageuse de Chautagne et passe à proximité du lac du Bourget auquel il est relié par le canal de Savières. Il poursuit son cours en direction de l'ouest, quitte le Jura après les rapides de Sault Brénaz, reçoit les eaux de la rivière d’Ain en rive droite. Il longe le plateau de la Dombes et atteint Lyon où il reçoit la Saône, son plus long affluent. Le système le plus long du bassin du Rhône n'est d'ailleurs pas le fleuve éponyme, mais le Doubs, qui mesure environ 950 kilomètres depuis sa source jusqu'à la Méditerranée (453 kilomètres de la source à la Saône, 167 kilomètres de Verdun-sur-le-Doubs à Lyon, et 330 kilomètres de Lyon à Port-Saint-Louis-du-Rhône).
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À partir de Lyon, il coule vers le sud, entre les Alpes et le Massif central. En Ardèche, entre Andance et Tournon, il forme une vallée épigénique. Il reçoit les eaux de l’Isère en amont de Valence, celles de la Drôme (rive gauche), de l’Ardèche (rive droite), de l’Ouvèze (rive gauche) et enfin de la Durance en aval de la ville d'Avignon. En amont de Beaucaire, il reçoit le Gardon. À hauteur d'Arles, il se partage en deux bras : le Grand-Rhône à l'est et le Petit-Rhône à l'ouest, entre lesquels se situe le delta de la Camargue, avant de se jeter dans la mer Méditerranée.
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Liste des principaux affluents directs du Rhône (longueur[4] supérieure à 100 km, ou bassin versant[1] supérieur à 1 000 km2 ou débit[1] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche de la confluence) et situés avec leur confluence par :
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puis avec les trois données comparables à celles de l'affluent, pour le Rhône (juste à l'amont de la confluence) :
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En Suisse, les principaux affluents du fleuve sont la Massa, la Saltina, la Vispa, la Lonza, la Turtmänna, la Raspille, la Navizence, la Rèche, la Lienne, la Borgne, la Sionne, la Morge, la Losentse, la Lizerne, la Salentse, la Faraz, la Dranse, le Trient, l'Avançon, la Vièze, la Gryonne, la Grande Eau, la Veveyse, la Venoge, l'Arve, l'Allondon et le Doubs.
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En France, les affluents majeurs (plus de 100 m3/s) sont la Saône (rd[note 1]), l'Isère (rg), la Durance (rg) et l'Ain (rd). Parmi les autres affluents (moins de 100 m3/s), notons la Dranse (rg), l'Arve (rg), qui naît en France mais rejoint le Rhône en Suisse, l'Annaz (rd), les Usses (rg), la Valserine (rd), le Fier (rg), le Séran (rd), le Guiers (rg), le Furans (rd), la Bourbre (rg), l'Yzeron (rd), le Garon (rd), le Gier (rd), la Gère (rg), la Varèze (rg), le Dolon (rg), les Collières (rg), la Cance (rd), l'Ay (rd), la Galaure (rg), le Doux (rd), la Véore (rg), l'Eyrieux (rd), la Drôme (rg), l'Ouvèze (rg), la Payre (rd), le Roubion (rg), l'Escoutay (rd), la Berre (rg), l'Ardèche (rd), le Lez (rg), la Cèze (rd), l'Eygues (rg) et le Gardon (rd).
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Confluence Gier (en bas à gauche) - Rhône (à droite, en haut) à Givors
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Confluence Durance (à droite, en haut) - Rhône (à gauche, en bas) à Avignon
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Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
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Le Rhône traverse notamment les localités et les villes suisses de Gletsch, première localité traversée, Brigue-Glis, Viège, Sierre, Sion, Martigny, Saint-Maurice, Monthey puis sur rive droite du Léman, Villeneuve, Montreux, La Tour-de-Peilz, Vevey, Pully, Lausanne, Morges, Gland, Nyon, Versoix et, sur rive gauche du Léman, les villes françaises de Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains.
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Après Genève, il arrose Vernier, Lancy, Onex, Bernex dans le canton de Genève puis Bellegarde-sur-Valserine, Culoz, Belley, Montalieu-Vercieu, Sault-Brénaz, Saint-Sorlin-en-Bugey, Lagnieu, Saint-Vulbas, Jonage, Meyzieu, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Lyon, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite, Saint-Fons, Irigny, Feyzin, Vernaison, Givors, Chasse-sur-Rhône, Loire-sur-Rhône, Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe, Vienne, Condrieu, Saint-Michel-sur-Rhône, Chavanay, Saint-Pierre-de-Bœuf, Saint-Alban-du-Rhône, Serrières, Le Péage-de-Roussillon, Tournon, Valence, Le Pouzin, Cruas, Montélimar, Viviers, Pierrelatte, Pont-Saint-Esprit, Orange, Avignon, Villeneuve-lès-Avignon, Vallabrègues, Beaucaire, Tarascon, Arles où il se sépare en deux. Le Grand-Rhône se jette dans la mer à Port-Saint-Louis-du-Rhône et le Petit-Rhône au niveau des Saintes-Maries-de-la-Mer.
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Les grands travaux d'aménagement économique du Rhône ont été principalement le fait de la Compagnie nationale du Rhône qui a également pour mission d'entretenir et moderniser ces aménagements. On lui doit l'édification d'ouvrages hydroélectriques qui ont permis de réguler les crues tout en produisant de l'énergie non polluante, de plus de 15 milliards de kWh en 2007.
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Le trafic fluvial reste important malgré l'absence d'un canal à fort gabarit entre le Rhône et le Rhin (la mise à grand gabarit du Canal du Rhône au Rhin, commencée partiellement à l'est, a été abandonnée sous le gouvernement Jospin et l'impulsion de Dominique Voynet alors ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement). Il bénéficie du report amorcé des modes de transport, en partie, vers le fluvial. En 2007, 6 200 bateaux ont passé les écluses de Bourg-les-Valence.
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Des conventions sont signées avec les communes pour organiser l'aménagement de ports de plaisance ou d'espace de mise à l'eau. C'est ainsi que le port de Cruas a été inauguré le 30 juin 2007.
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La protection de l'environnement est devenue l'une des priorités de la CNR. Diverses actions sont en cours en faveur de la faune, la flore et l'amélioration de la qualité de l'eau. L'entretien des sites classés Natura 2000 est tout particulièrement suivi, par exemple le traitement de formations envahissantes d'ambroisies et de jussies à Viviers en Ardèche. D'autres actions écologiques ont été entreprises le long du fleuve. Ainsi, en Suisse, la forêt de Finges est devenue une réserve naturelle protégée; de ce fait, la construction de l'autoroute A9 nécessite une traversée entièrement souterraine du site. Les travaux ont commencé en 2004 et dureront entre quinze et vingt ans[10],[11].
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Plusieurs installations nucléaires, situées sur les rives du Rhône, prélèvent de l'eau pour assurer leur refroidissement :
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En outre, jusqu'en 1997, le surgénérateur Superphénix (Centrale nucléaire de Creys-Malville) était également en fonctionnement sur les rives du Rhône. Depuis cette date, elle est en phase de démantèlement nucléaire.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Brigue est de 41,6 m3/s. Son bassin versant est alors de 913 km2, a une altitude moyenne de 2 370 m et l'extension glacier représente 24,2 % de la surface du bassin versant. Le débit maximum mesuré l'a été en 2000 avec une pointe à 557 m3/s.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à la Porte-du-Scex est de 182 m3/s. Son bassin versant est alors de 5 244 km2, a une altitude moyenne de 2 130 m et l'extension glacier représente 14,3 % de la surface du bassin versant.
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Le régime hydraulique du Rhône est caractérisé par des maxima automnaux liés aux pluies méditerranéennes, et printaniers en raison de la fonte des neiges. L'hiver présente souvent des débits soutenus mais moins marqués et le régime hydraulique minimum est estival.
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Longtemps qualifié de « fleuve fantasque », en raison de ses crues puissantes (plus de 11 000 m3/s à l’aval)[12],[13], il est d’usage de parler aujourd’hui de « fleuve dompté » depuis l’aménagement, sur sa partie française, par la CNR. En amont, sur sa partie suisse, il a subi de nombreux aménagements. Les crues de 1993-1994 et de 2002-2003 ont montré que l’aménagement hydroélectrique ne gère que les débits ordinaires, mais n’empêche en aucun cas la formation de grandes crues similaires à celles du XIXe siècle.
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Le Rhône se caractérise par la diversité de son bassin versant :
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Il en résulte un régime hydrologique très complexe, et une très grande diversité dans la formation des crues et leur déroulement. On distingue les types de crue suivants[14] :
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Beaucaire est de 1 690 m3/s (données 1920-2011)[1].
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On considère que le Rhône est en crue dès que son débit dépasse les 5 000 m3/s. Le record récent mesuré date de décembre 2003 avec un débit annoncé initialement à 13 000 m3/s à Beaucaire[15]. Le débit a été depuis révisé à 11 500 m3/s + ou - 5 %[16]. Voir aussi CNR[17] et mairie d'Arles[18].
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Les services de l'État, pour l'évaluation du risque d'inondation (élaboration des Plans de Prévention des Risques d'Inondation, PPRI), retiennent comme crue de référence la crue de 1856, estimée à 12 500 m3/s à Beaucaire : elle serait ainsi un peu plus forte que la crue de 2003.
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La plus grosse crue historique est probablement celle survenue en novembre 1548, voire celle de 580. La crue millénaire, quant à elle, est estimée à plus de 14 000 m3/s (entre 14 000 et 16 000 m3/s, selon les auteurs, avec un consensus plus marqué pour 14 000−14 500 m3/s). Le Rhône est celui des cinq grands fleuves français dont le débit est le plus élevé.
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Vers 175 av. J.-C., une importante crue du fleuve recouvre une large partie d'Arles et provoque la destruction irrémédiable des quartiers sud. Ces quartiers périphériques méridionaux sont par la suite abandonnés pendant deux siècles. Vers 150, on a la trace d'une importante crue à Arles. Vers 280, des sources historiques indiquent une crue importante à Lyon, ravagée par une inondation[19]. L'archéologie confirme à Arles la destruction par les eaux d'un habitat romain à la fin du IIIe siècle. 346 voit une crue généralisée du Rhône[réf. nécessaire].
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En 563, un éboulement situé avant le Léman forme un barrage sur le Rhône avec montée des eaux en amont. La rupture du barrage provoque une vague d'eau qui créa des dégâts importants en aval y compris sur les berges du Léman. Cet événement appelé catastrophe du fort de l’Écluse ou éboulement de Tauredunum est signalé par Grégoire de Tours[20] et Marius d'Avenches.
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En 579 ou 580 (plus probablement en 580), a lieu une crue d'automne avec inondation à Lyon et à Arles. À Lyon, Grégoire de Tours rapporte : « au commencement d'octobre, après deux jours de pluies continuelles, le Rhône et la Saône entrèrent en crue. Chose qui ne s'était jamais produite, les deux rivières vinrent se rejoindre au milieu de la presqu'île et formèrent un courant si violent qu'une partie des murs de la ville fut renversée, d'où l'on peut juger du nombre de maisons qui durent être entraînées par les eaux. » A Arles, le cirque romain est abandonné après cette catastrophe.
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L'année 618 voit une crue probable avec des inondations.
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En 808, une crue de printemps fait écrire « Cette année, l'hiver fut très « mou » et très pernicieux. On fut affligé à sa suite d'inondations terribles » et est suivie, l'année suivante, d'une crue d'hiver généralisée : « En 809, l'inondation surpassa toutes les inondations connues. Elle emporta les moissons des champs riverains et força les habitants des bords de rivières à chercher un refuge sur les hauteurs. L'abondance des pluies en fut la cause. Elle atteignit son apogée le 28 décembre. »
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Lors de l'hiver 821-822, des crues généralisées affectent la France : « Il y eut en France une si grande abondance de pluie que les fruits de la terre en furent perdus et qu'on ne put rien semer au printemps suivant. Les rivières sortirent de leur lit et les eaux se répandirent au loin dans les campagnes. » 868 voit une crue historique généralisée des fleuves à la suite de « pluies incessantes ».
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En 1226, la crue d'automne (17 septembre[21]) et des inondations à Avignon ont lieu peu de jours après la reddition de la ville aux troupes du roi Louis VIII qui assiégeaient la cité depuis 10 juin. À quelques jours près, la cité eût été sauvée.
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En 1308, une lettre du comte de Provence Charles II évoque les cultures détruites, les ponts emportés et les bestiaux noyés à la suite d'une crue. 1345 voit des inondations catastrophiques. À Arles, à la suite des inondations de 1352, le Chapitre ne peut plus être ravitaillé correctement (d'après un texte du 5 octobre 1352)
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Les inondations catastrophiques se répètent en 1353, 1358, 1368 ou 1373 (cette dernière crue est mal datée, probablement de 1372).
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La crue du 14 novembre 1396 fait écrire au chroniqueur arlésien Bertrand Boysset : « […] il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais. […] (À Arles) L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier. » Les crues d'octobre 1398, décembre 1401 et février 1404 sont aussi signalées par le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset.
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À Tarascon, il est rapporté que « le 16 juin 1424, des inondations du Rhône mettent la ville en grand péril ». À la fin de cette même année 1424, le conseil et les syndics de Tarascon se préoccupent de faire réparer les brèches ouvertes dans les levées du Rhône[22]. En Camargue, 80 % au moins des blés sont anéantis par cette inondation.
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Une crue de printemps avec des inondations frappe la Camargue en 1426 et 1432.
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En 1433, une crue d'automne se produit à Avignon : « après plusieurs jours de pluies continuelles, le Rhône, la Durance et la Sorgue avaient débordé et inondé les bas quartiers de la ville. Le 29 novembre, les eaux atteignirent la porte de la chapelle des Pénitents Gris. Les eaux se retirèrent le 1er décembre. »
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Au cours du XVIIIe siècle, des ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains[24].
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Entre 1705 et 1719, crues et inondations quasi annuelles.
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Au cours du XIXe siècle, de nouveaux ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains. À partir de 1878, ces aménagements connurent un développement rapide[24].
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En 1934, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) reçoit la concession des travaux d'aménagement du Rhône. Cette entreprise est depuis chargée de l'aménagement général du fleuve, en particulier pour la production hydroélectrique et la navigation[24].
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Les 2 dernières crues ayant eu des conséquences économiques et humaines si catastrophiques en particulier dans la plaine du Bas-Rhône, au sud de Tarascon à Arles, qu'elles ont entrainé la mise en chantier du Plan Rhône.
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Le Léman induit une coupure totale entre le Haut-Rhône et le Rhône aval en matière de charge sédimentaire.
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Le Rhône prend sa source dans le massif du Saint-Gothard, dans les Alpes. Il naît de la fonte du glacier du Rhône. Il emprunte une longue vallée étroite en Valais pour rejoindre le Léman à la hauteur de la commune du Bouveret. Entre sa source et le lac, le Rhône reçoit les eaux d'environ 200 torrents.
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Dans sa partie située en Suisse, le Rhône a subi de nombreux aménagements visant à maîtriser son cours et diminuer les effets néfastes de ses crues ; première correction de 1863 à 1894, seconde correction entre 1930 et 1960, troisième correction depuis 2008 devant durer de 25 à 30 ans.
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Le tracé du Rhône prend forme durant le Miocène[37],[38] et connaît une évolution majeure durant la crise de salinité messinienne[39]. La diversité du bassin se répercute sur les conditions de production et d’alimentation du Rhône en charge sédimentaire : diversité géologique du bassin, héritage des formations glaciaires, conditions morphoclimatiques contrastées de dégradation des bassins…
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L’aménagement du Rhône confié à la CNR pour les besoins de la navigation, de la production hydroélectrique, et de l'irrigation a été presque mené à son terme. Seuls demeurent à courant libre le court tronçon de part et d’autre du confluent de l’Ain (abandon du projet d’aménagement de Loyette) et le Rhône à l’aval de Beaucaire. La succession de vingt aménagements a totalement remodelé le Rhône sur le reste du linéaire.
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La dynamique fluviale naturelle du Rhône et de ses affluents, et la structure des pentes qui en est l'image, est fortement marquée par l'héritage des dernières glaciations.
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En amont, jusqu'à Lyon pour le Rhône (et Valence pour l'Isère), les glaciers quaternaires (dernier maximum glaciaire il y a environ 18 000 ans) ont laissé des alternances de zones surcreusées (les ombilics) et de zones proéminentes (les verrous). Les ombilics sont occupés par des lacs glaciaires lorsqu'ils étaient situés à l'écart des cours d'eau principaux capables de les réalluvionner (lac d'Annecy, lac du Bourget). En revanche, s'ils étaient situés sur un axe d'écoulement majeur, ils ont été alluvionnés en tout ou partie, mais sans que la continuité du transit des graviers ait pu toujours être rétablie : le Léman n'est que très partiellement alluvionné par le Haut-Rhône, la plaine de Brangue-Le Bouchage, en amont de Lyon, est alluvionnée, mais la pente y était encore faible (zone de marais).
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En aval, la remontée rapide du niveau marin �� la fin de la dernière glaciation il y a quelque 10 000 ans (remontée de 120 m : transgression flandrienne) a forcé le fleuve à déposer ses alluvions (formation de la Camargue) : les graviers n'arrivaient toujours pas jusqu'à la mer, et se déposaient à l'entrée du delta. La plupart des affluents ont eu du mal à suivre la remontée du niveau du fleuve : ils déposent leurs alluvions grossières à l'entrée de la plaine du Rhône et se terminent par un lit à méandres mobiles (Ouvèze, Aygues, Ardèche, Cèze, Gardon).
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Entre ces deux secteurs, le Rhône montre un profil plus ou moins lissé avec une faible épaisseur d'alluvions, un substratum proche et des pentes relativement fortes.
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Le Haut-Rhône présente une décroissance globale de la pente (à l’exception d’un secteur de gorges non pertinent pour l’analyse d’ensemble) associée à une tendance à l’alluvionnement du lit et à la réduction de la charge de fond, jusqu’à interruption de celle-ci entre le Guiers et Sault-Brenaz (pente descendant localement au-dessous de 0,2 ‰). Les apports de l’Ain et une recharge sédimentaire dans les terrasses würmiennes favorisent une forte activité en amont de Lyon associée à une forte pente (0,8 ‰). Une tendance à l’alluvionnement à l’entrée de Lyon et les apports liquides de la Saône conduisent à une pente plus faible sur le tiers amont du Bas-Rhône. Le tiers central est caractérisé par une pente forte (supérieure à 0,8 ‰ localement) associée à de fréquents affleurements rocheux, mais qui ne font pas seuil : on est là à la limite de la pente structurale (imposée par le cadre structural et non par l’équilibre entre transits solide et liquide : « transport passif ») et d’une pente morphologique (lit librement divaguant formé d’alluvions, en échange permanent avec le transport par charriage : « transport actif »).
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La pente diminue ensuite régulièrement jusqu’au delta.
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Le transit sédimentaire couvre une large gamme de matériaux. On distingue classiquement deux modes de transport : le transport par charriage sur le fond des alluvions grossières et le transport en suspension des sédiments fins.
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Lorsqu’il s’agit de comprendre les évolutions morphologiques du Rhône, la distinction charriage / suspension est fondamentale.
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La transition entre les deux modes de transport se situe en général dans les sables plutôt grossiers (entre 200 μm et 1 mm).
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Sur tout le cours du Rhône, c’étaient les graviers et galets qui, avant les grands aménagements, constituaient le transit sédimentaire « actif », c’est-à-dire qui façonnaient le lit du fleuve.
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Les sédiments fins (limons et sables) transportés en suspension jouaient un rôle secondaire dans les marges alluviales.
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Les graviers et galets n’atteignaient pas la mer : ils contribuaient à l’alluvionnement à l’entrée du delta. Les apports de graviers sont aujourd’hui insignifiants.
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Les limons et argiles sont emportés loin des côtes et contribuent à la sédimentation pélagique.
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En définitive, seuls les sables jouent un rôle actif dans la dynamique sédimentaire du littoral.
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Les sables qui participent à la dynamique du littoral sont transportés en suspension dans le Rhône, y compris dans la partie deltaïque.
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Le trait dominant de la plaine de Valence est une surface déprimée, encadrée au nord, à l’est et au sud par des collines ou lambeaux de plateaux surtout molassiques, de formes et de hauteurs modérées (200 à 300 m).
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Le fond molassique Miocène fut recouvert par les alluvions fluvio-glaciaires de l’Isère, dont les terrasses marquent aujourd’hui encore la forme de la plaine, et les dépôts périglaciaires des rivières descendant du massif du Vercors et formant des cônes de déjection entre les buttes molassiques. Plus au sud, les dépôts périglaciaires abondants de la Drôme formèrent, à la confluence, une vaste plaine alluviale en éventail qui rejeta progressivement le cours du Rhône au pied des versants ardéchois.
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Le Rhône apporta ses propres alluvions : par endroits, l’élargissement de son lit fluvial est propice aux accumulations sédimentaires. Le fleuve a naturellement tendance, sur sa basse plaine, à divaguer. Sa pente longitudinale assez forte engendre des vitesses d’écoulement importantes. L’Isère, à quelques kilomètres en amont de Valence, lui apporte près du quart de ce que roule déjà le fleuve. Ajouté aux eaux torrentielles de ces affluents en période de pluie ou de fonte des neiges, ce Rhône puissant peut devenir énorme et sauvage.
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À partir du milieu du XVIIIe siècle, des endiguements insubmersibles sont construits par les riverains. Ils restent cependant peu nombreux jusque vers 1840. À la suite des graves inondations de 1840 est créé le « Service spécial du Rhône ». À cette date débute la construction systématique de digues dans la plaine d’inondation. Après la crue de 1856, de nombreux aménagements sont entrepris (digues, barrages), ainsi que le reboisement des zones amont[40].
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En parallèle, un principe d’aménagement du chenal est adopté pour améliorer les conditions de navigation selon un tracé sinusoïdal à grand rayon de courbure. Des digues submersibles sont construites le long des rives concaves. Le barrage systématique des bras secondaires est engagé. Parfois, le double objectif de protection des terres et de fixation du chenal navigable conduit à des digues insubmersibles, comme à Pierre-Bénite.
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La loi de 1878 déclare d’utilité publique « les travaux d’amélioration du Rhône entre Lyon et la mer ». Les aménagements connaissent alors une expansion rapide.
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Girardon (1884) révolutionne les conceptions de l’aménagement à courant libre. Il modifie l’utilisation des épis plongeants et noyés, des seuils de fond, des tenons et des traverses selon une méthode qui sera appliquée sur le Rhône aval avec succès [41].
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Les « casiers » résultent de l’association systématique des tenons aux digues basses. L’objectif est de tendre vers un chenal de 150 m de large en général, avec une profondeur d’eau de 1,60 m sous l’étiage conventionnel.
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171 |
+
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En 1938, l’aménagement du Rhône à courant libre est à peu près systématique entre Lyon et Arles. Le tressage a disparu au profit d’un lit unique sans latitude de divagation, muni d’annexes hydrauliques de plus en plus déconnectées.
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173 |
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+
Durant les années 1980, la CNR réalisa le Canal de Savières afin de permettre la navigation entre le lac du Bourget (qui est le plus grand lac naturel de France) et le Rhône. Le niveau du canal du Haut-Rhône est monté de 4 m et une écluse a été construite pour permettre le passage des bateaux. Un barrage fut érigé pour régulariser le niveau de l'eau afin d'accueillir ce nouveau canal long de 4 500 m.
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175 |
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+
Dès 1899, l’aménagement de Miribel-Jonage (barrage de Jons et usine de Cusset) constitue la première exploitation du Rhône pour l’hydroélectricité.
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La CNR est créée en 1934. L’aménagement général du Rhône par la CNR a débuté en 1950 avec la mise en eau de Génissiat. Il s’agit du seul barrage de haute chute du Rhône. L’aménagement a porté ensuite dans les années 1950/1960 sur la partie centrale du Bas-Rhône (chute de Donzère-Mondragon). Il s’est poursuivi dans les années 1970 par l’aménagement des tiers aval et amont du Bas-Rhône, puis dans les années 1980 par l’aménagement du Haut-Rhône.
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À l’exception de Génissiat, il s’agit d’ouvrages de basse chute, entièrement effaçables, associés (sauf sur Seyssel et Vaugris) à des dérivations. Le débit dérivé varie de 700 m3/s sur le Haut-Rhône à 2 200 m3/s sur le Bas-Rhône aval. Il est en moyenne 1,5 fois supérieur au module.
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181 |
+
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+
L’aménagement du Rhône pour la production hydroélectrique et la navigation concerne ainsi la quasi-totalité du linéaire : seul le tronçon entre Sault-Brenaz et Lyon (avec l’abandon du projet de chute de Loyette) et l’aval de Vallabrègues jusqu’à la Camargue ne sont pas concernés.
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L’impact de ces aménagements sur le transit des sédiments est lié à deux grands facteurs : la perturbation du régime des pentes dans les retenues et la perturbation du régime des débits dans les tronçons court-circuités.
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Dans les retenues, la pente est nulle ou faible pour tous les débits ordinaires et les crues annuelles. Il n’y a que pour les crues exceptionnelles que la pente tend vers la pente naturelle.
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+
Or la capacité de transport solide diminue rapidement avec la pente. D’une manière générale, une réduction de 25 % de la pente conduit à un transit de sédiments cinq fois moindre. Une pente égale à la moitié de la pente naturelle correspond pratiquement à une pente de non transport : le débit de début d’entraînement est en effet plus que triplé : il correspond alors à un débit dépassé un jour tous les 10 ans en général.
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+
Lorsque le débit du Rhône dépasse le débit nominal de la dérivation, les vannes du barrage sont progressivement ouvertes. L’ouverture des vannes de fond permet la chasse des matériaux déposés à l’amont immédiat du barrage.
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+
Cependant, tant qu’il demeure une perte de charge au barrage, la pente amont est inférieure à la pente naturelle, et ne permet qu’un transit partiel des sédiments jusqu’au barrage. L’ouverture des vannes de fond permet l’évacuation des sédiments accumulés devant le barrage, mais pas le transit de toute la charge de fond amont.
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+
Ce n’est que lorsque la perte de charge au barrage devient négligeable que l’on peut véritablement parler de transparence totale. La crue assure alors non seulement le transit des apports d’amont, mais également la reprise d’une partie de la sédimentation de la retenue.
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195 |
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Cette transparence totale n’est assurée qu’à partir de la crue centennale.
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À peu de chose près, on peut considérer que le débit dérivé est constant (en réalité, le débit dérivé est le plus souvent un peu diminué pendant les fortes crues), sauf incident dans le fonctionnement du barrage. La majeure partie du temps, il ne reste dans le Vieux Rhône que le « débit réservé », incapable de transporter des sédiments.
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198 |
+
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+
La fréquence des débits morphologiquement actifs est donc fortement diminuée, ce qui réduit d’autant la capacité de transport dans les RCC (Rhône court-circuité).
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Les hautes eaux jusqu’à la crue annuelle assuraient avant aménagement près de 98 % du transport solide.
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Sur l'aménagement de Chautagne (Haut-Rhône), la gamme de débit correspondant à des fréquences de 20 à 130 jours par an (entre 400 et 700 m3/s avant aménagement) assurait le transit de 75 % du transit total. Avec la dérivation de 700 m3/s, le Vieux Rhône est aujourd’hui au débit réservé (morphologiquement totalement inefficace) pour cette gamme de fréquence.
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203 |
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Il n’y a que pour les débits rares (au-dessus de 900 m3/s dans le Vieux Rhône, c’est-à-dire un jour tous les trois ans) que le transport solide est peu perturbé.
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Mais ces débits sont peu efficaces en termes de bilan annuel.
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Au total, seul 1 % de la capacité de transport naturelle est conservée dans le Vieux Rhône.
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Sur Donzère-Mondragon (Bas-Rhône), la dérivation (1 980 m3/s) est proportionnellement plus faible qu’à Chautagne. L’effet de réduction des débits est donc moindre, mais les incidences restent qualitativement similaires. La capacité de transport solide résiduelle couvre 6 % de la capacité naturelle.
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Les mouvements de matériaux sur le Rhône résultent des différents modes de gestion des sédiments mis en œuvre sur le fleuve et ses affluents. D'une façon générale, ils se traduisent, soit par des extractions de matériaux grossiers lorsque leur valorisation économique le permet (il s'agit alors de graviers, du sable grossier jusqu'au galet), soit par des déplacements sans extraction, d'un lieu à un autre du lit, de matériaux fins (des sables fins jusqu’aux argiles en passant par les limons).
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Les matériaux extraits correspondent au matériau participant au transport par charriage, alors que les matériaux fins remobilisés correspondent au type de matériaux participant au transport par suspension.
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En dehors des raisons d'entretien du lit, les extractions de matériaux ont été historiquement motivées par des besoins économiques liés à la réalisation des aménagements du Rhône, des infrastructures routières, et plus récemment des plateformes des centrales EDF ou des remblais TGV.
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Aujourd'hui, les mouvements de matériaux, extractions ou remobilisation répondent à un besoin de gestion du lit du Rhône pour les besoins propres :
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Volume moyen annuel de graviers extraits sur tout le Rhône en aval du Léman dans le lit mineur : 900 000 m3/an.
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Volume moyen annuel de matériaux fins remobilisés dans le lit mineur : 1 100 000 m3/an.
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Le transit en suspension est rapide. Il faut compter moins de 24 h de transit en moyenne pour 100 km.
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Les effets de dépôt / reprise sont relativement marginaux (sauf naturellement dans les grands réservoirs naturels — le Léman… — ou artificiels). En fonctionnement naturel, les dépôts dans les marges boisées (qui peuvent atteindre plusieurs décimètres au cours d’une crue) sont régulièrement repris par le fleuve par érosion de ces marges lors des divagations du bras vif. La faible mobilité actuelle du Rhône favorise un exhaussement irréversible de ces marges, ainsi qu’une réduction de la largeur du lit principal dans les retenues. Mais l’endiguement du fleuve limite la largeur sur laquelle s’appliquent ces évolutions, et donc les volumes concernés. Dans ces conditions, les apports du Rhône à la Camargue sont directement issus de la production du bassin versant. Il en résulte que les évolutions du bassin versant influent rapidement et directement sur les apports en suspension.
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Le transit naturel a pu être estimé à 20 millions de tonnes par an dans les années 1950. Il est possible que le transit ait atteint 30 millions de tonnes par an au début du XXe siècle, au moment du maximum démographique dans les Alpes, qui avait favorisé un fort déboisement des versants.
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Les apports du bassin versant n'ont pas changé de façon significative depuis le milieu du XXe siècle : l'état des versants, le développement des zones de ravinement et le fonctionnement des torrents ont peu évolué. En revanche, les grands barrages piègent des volumes significatifs de sédiments fins : Vouglans sur l'Ain, Génissiat sur le Rhône, Serre-Ponçon sur la Durance, Tignes sur l'Isère, le Sautet et Monteynard sur le Drac, Sainte-Croix sur le Verdon, etc. La fixation du lit du Rhône et de certains de ses affluents a favorisé également la sédimentation dans les marges alluviales. On peut estimer les apports actuels à dix millions de tonnes par an.
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Au contraire, le transit par charriage est beaucoup plus lent. Pour fixer les idées, le temps de transit est de plusieurs décennies pour 100 km. La continuité du transit par charriage avant les grandes perturbations dues aux aménagements hydroélectriques et aux extractions est une hypothèse de travail satisfaisante sur beaucoup de tronçons de longueur modérée, où les variations en altitude du lit sont négligeables à l’échelle humaine. En revanche, même avant les grands travaux pour la navigation et la production hydroélectrique, il n’y avait pas continuité du transit des graviers à l’échelle d’un bassin comme celui du Rhône. Les délais depuis la dernière glaciation (de l’ordre de 15 000 ans) ont en effet été insuffisants pour que les profils en long sur une telle échelle aient atteint un équilibre assurant la continuité du transit. Avant aménagement, la continuité du transit était ainsi interrompue sur le Rhône en amont de Sault-Brenaz, et réduite de manière très importante à l’amont de Lyon, ainsi qu’en Chautagne. Il en était de même dans la partie aval de plusieurs affluents (Isère, Eygues, Ouvèze, etc.).
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D’amont en aval, on avait avant aménagement les ordres de grandeur suivants :
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Le transit des graviers a été totalement bouleversé au cours du XXe siècle :
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Au total, on arrive paradoxalement à un nouvel « équilibre » : presque pas d'apports, presque pas de transport.
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Le transit de graviers ne dépasse guère quelques milliers de mètres cubes par an sur la plupart des tronçons, avec un maximum de quelques dizaines de milliers de mètres cubes par an entre la Drôme et l'Ardèche.
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Le Rhône est le seul fleuve reliant la Méditerranée à l’Europe du Nord. Il constitue depuis les Rhodiens et les Phéniciens un axe majeur de circulation des populations et des marchandises. Élément structurant dans l'organisation des territoires, le Rhône conduit aussi les hommes à se surpasser pour le dompter et surtout le traverser.
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238 |
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+
On trouve ainsi des traces d’occupation dès la Préhistoire. Dès l’Antiquité, l’étain, le cuivre ou les peaux du Nord sont échangées contre des productions de l’Orient et de la Méditerranée (ivoire, épices, étoffes, etc.).
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240 |
+
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En août 218 av. J.-C., Hannibal traverse le Rhône avec son armée de 80 000 hommes et 37 éléphants dans le but d'attaquer Rome par voie de terre. L’armée romaine sous les ordres de Scipion étant toute proche sur la rive gauche du fleuve, il préfère remonter le long du fleuve à vive allure pendant quatre jours pour l’éviter et ainsi affronter l’ennemi en Italie, sur son territoire.
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242 |
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+
À l’époque romaine, il devient une voie de développement commercial. Plus tard, le vin, la vaisselle et le sel d'une part, les armes et les étoffes d’autre part empruntent en sens inverse le sillon rhodanien.
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+
La présence du fleuve permet le développement des villes comme Arles, Avignon, Lyon ou Vienne qui profitent de leur atout géographique à la croisée du Rhône et des axes de communication terrestres et maritimes. Les franchissements du fleuve participent également de manière déterminante à l’histoire des villes et des territoires.
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245 |
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Tout au long de son cours, le Rhône compte de nombreux ponts routiers, autoroutiers, ferroviaires, piétonniers, ou mixtes. Le pont de Chancy est le seul pont qui franchit la frontière entre la Suisse et la France sur le Rhône, sans compter le barrage de Chancy-Pougny qui peut aussi faire office de pont pour les collaborateurs de l'exploitation.
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247 |
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Depuis 1987, Territoire Rhône est un organisme public créé pour assurer la liaison entre les collectivités territoriales et favoriser la cohérence des actions menées au fil du Rhône[43].
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Le fleuve est officiellement reconnu comme pollué par l'État français au moins au regard des polychloro-biphényles (PCB)[44],[45]).
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De plus sa température moyenne tend à augmenter (+1 à +2 °C sur 30 ans pour les moyennes annuelles[46]), de même que celle de ses affluents (température mesurée précisément sur 30 ans, chaque heure, sur une quinzaine de stations[46]). Ces augmentations sont plus marquées sur le Rhône aval et ses affluents chauds, et le réchauffement est le plus important au printemps et en été (hormis sur les stations soumises à un régime hydrologique nivo-glaciaire)[46]. Or, une eau qui se réchauffe perd une partie de sa capacité à conserver son oxygène dissous. Les données disponibles ne permettent pas de faire la part des causes climatiques et de celles liées à l'artificialisation du cours (lacs de barrages…) ou au réchauffement par les centrales nucléaires.
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Dans le cadre du dérèglement climatique, ce réchauffement pourrait se poursuivre[47].
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Le Rhône a donné son nom :
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Noms régionaux :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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« […] Il parut alors dans les Gaules un grand prodige au fort de l’Écluse, situé sur une montagne au bord du Rhône […] »
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fr/5096.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,265 @@
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Le Rhône (prononcé [ʁoːn] en français standard ou [ˈʁɔ.nə] en français régional) est un fleuve d'Europe, long de 812 kilomètres (un tiers en Suisse et deux tiers en France).
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Il prend sa source dans le glacier du Rhône, en Suisse, à une altitude de 2 209 m, à l'extrémité orientale du Valais, dans le massif des Alpes uranaises. Il parcourt 290 km en Suisse, se jetant dans le Léman pour en sortir à Genève. Il entre ensuite en France, où il parcourt 522 km[3], selon l'Encyclopédie Larousse, ou 545 km, selon le SANDRE[4]. Il termine son cours dans le delta de Camargue pour se jeter dans la mer Méditerranée. Port-Saint-Louis-du-Rhône est la dernière ville traversée par le Rhône.
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En termes de débit, de tous les fleuves s'écoulant en Méditerranée, le Rhône est deuxième après le Nil, si l'on ne tient pas compte de la mer Noire, où se jettent en particulier le Danube et le Don. Finissant son cours dans une mer sans marée, le fleuve a formé un delta avec des bras qui se sont déplacés globalement d'ouest en est au cours de la période historique. Désormais endigué, son delta est figé, hormis lors de crues exceptionnelles comme en 1993, 1994 et 2003.
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Il est parfois identifié à l'Éridan, qui est le nom d'un dieu fleuve de la mythologie grecque, fils d'Océan et de Thétys.
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L'origine et la signification du nom de ce fleuve sont encore sujettes à discussion. D'après l'hypothèse celtique, Rhodanus ou Rodanus viendrait de Rhôdan, qui signifie « tourner vivement » ; mais la forme de ce nom paraît plus grecque que celtique et Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, estimait que le Rhône tire son nom de Rhoda ou Rhodanusia, colonie de Rhodiens bâtie jadis à l’une de ses embouchures, aux environs d'Aigues-Mortes.
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Albert Dauzat propose un radical indo-européen *rod-, alternance de *red- « couler » [5],[6] suivi par un suffixe atone pré-latin -ǎnus. Mais il n'exclut pas un préfixe intensif ro- et le radical celtique ou pré-celtique dan-[5]. Cette hypothèse est corroborée par Pierre-Yves Lambert qui signale le même élément danu- dans le nom celtique du Danube (Danuuios) et le rapproche de l'irlandais dánae « audacieux, hardi, violent »[7]. La racine indo-européenne *dānu- « fleuve », présente également dans le nom du Don, de *dā- « couler »[6].
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Dans les autres langues qu'on rencontre le long de son cours, le Rhône est appelé :
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Communes traversées ou longées par canton :
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Communes traversées ou longées par département :
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Le bassin versant du Rhône est situé sur deux pays : la Suisse et la France. Il mesure en tout 97 800 km2, dont 90 000 km2 en France, soit environ 17 % de la superficie de la France métropolitaine, et 7 800 km2 en Suisse, soit 18,89 % de la superficie de la Suisse.
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Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant du Rhône de ses principaux voisins sont :
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En Suisse, le bassin versant du Rhône n'est pas contigu. En effet, il est constitué de deux zones distinctes l'une de l'autre. Le cours principal du Rhône ainsi que ses affluents directs coulent dans le sud-ouest du pays avant de rejoindre le Léman, néanmoins une partie du bassin versant du Doubs arrose les cantons de Neuchâtel et du Jura dans le nord-ouest de la Suisse. Le Doubs rejoint la Saône en Bourgogne qui elle-même rejoint le Rhône à Lyon. Ainsi les eaux du bassin versant du Rhône se rejoignent très en aval de la sortie du territoire suisse. De même, l'Arve dont le cours et le bassin sont très majoritairement situés en France, rejoint le Rhône dans le canton de Genève.
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En France, d'autres bassins versants plus petits voisinent celui du Rhône, ceux de l'Argens et du Var sur sa rive gauche ou l'Hérault sur sa rive droite.
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Le Rhône naît des eaux de fonte du glacier du Rhône, à l'extrémité orientale du canton du Valais en Suisse, il porte alors le nom de Rotten jusqu'à Sierre. Le glacier du Rhône est situé à la jonction de deux importants massifs des Alpes : les Alpes uranaises et les Alpes valaisannes. Autour du glacier se trouvent quelques sommets de plus de 3 000 mètres : le Dammastock (3 630 m), le Galenstock (3 586 m) ou le Tieralplistock (3 383 m). En 2007, la langue glaciaire se terminait à une altitude de 2 250 mètres non loin de la route d'accès au col de la Furka. De là, le Rhône coule vers le sud-ouest en passant par Gletsch puis coule dans la vallée de Conches. Dans cette vallée il reçoit différents torrents de montagne tels, sur sa rive gauche, l'Agene, le Milibach et la Minna et, sur sa rive droite, la Minstigerbach et la Wysswasser. Son parcours est d'environ 35 kilomètres jusqu'à Brigue.
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Peu avant d'atteindre Brigue, il reçoit les eaux de la Massa en provenance du glacier d'Aletsch (plus grand glacier des Alpes). La vallée qu'il emprunte porte dès lors son nom, la vallée du Rhône. Cette vallée coule tout d'abord en direction de l'ouest sur une trentaine de kilomètres jusqu'à Loèche, puis vers le sud-ouest sur une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Martigny. C'est une vallée intérieure des Alpes, elle est parallèle à la ligne de crête des Alpes bernoises au nord et des Alpes valaisannes au sud. De ces deux massifs coulent de nombreux torrents de montagne.
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À Martigny, où il reçoit les eaux de la Dranse sur sa rive gauche, le cours du Rhône fait un fort virage en direction du nord. En direction du Léman, il passe à Saint-Maurice dans un verrou glaciaire qui a longtemps donné à la vallée du Rhône une importance stratégique pour le contrôle des cols alpestres. Le Rhône marque ensuite la frontière entre les cantons du Valais (rive gauche) et de Vaud (rive droite), séparant le Chablais valaisan et le Chablais vaudois. Il se jette dans le Léman à l'est du lac à proximité du Bouveret et de la réserve naturelle des Grangettes.
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Sur une partie de son étendue le Léman marque la frontière entre la France et la Suisse. Sur sa rive gauche le Léman reçoit la Morge. Cette rivière marque la frontière entre la Suisse (Valais) et la France (Haute-Savoie). Elle pénètre dans le Léman à Saint-Gingolph, village situé de part et d'autre de la frontière. Toujours sur sa rive gauche, il reçoit les eaux de la Dranse entre Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains. Sur sa rive droite le lac reçoit la Venoge et la Morges. Les termes de Haut-Lac (région de la Riviera vaudoise, du Chablais suisse et Lavaux), Grand-Lac (Lausanne, Évian) et Petit-Lac (entre Yvoire et Genève) sont utilisés, même si le lac ne constitue qu'une seule entité.
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L'émissaire du Léman se trouve à l'ouest du lac à Genève, où le niveau du lac est maintenu par le barrage du Seujet. À Genève, il reçoit les eaux de l'Arve en provenance du massif du Mont-Blanc. L'Arve, dont la température de l'eau ne dépasse pas 14 degrés[8], fait chuter la température du Rhône, dans le secteur de La Jonction, et en aval, d'environ 8 degrés, car l'eau du Léman en surface, a une température d'environ 20 degrés en été. Cette différence de températures peut s'avérer dangereuse pour les baigneurs, s'ils nagent en amont et en aval de la Jonction, car ils risquent l'hypothermie et une réduction de la force musculaire, voire la noyade[9]. Après avoir quitté la Suisse, il pénètre dans le sud du massif du Jura par le défilé de l'Écluse. Le cours du Rhône devient alors très encaissé, et le fleuve disparaissait même sous les calcaires urgoniens en amont de Bellegarde (pertes du Rhône) et de la confluence de la Valserine, affluent de rive droite. Le canyon du Rhône et les pertes sont aujourd’hui noyés sous le lac de retenue du barrage de Génissiat. A Bellegarde, le fleuve oblique en direction du sud, reçoit les eaux du Fier en rive gauche, longe la plaine autrefois marécageuse de Chautagne et passe à proximité du lac du Bourget auquel il est relié par le canal de Savières. Il poursuit son cours en direction de l'ouest, quitte le Jura après les rapides de Sault Brénaz, reçoit les eaux de la rivière d’Ain en rive droite. Il longe le plateau de la Dombes et atteint Lyon où il reçoit la Saône, son plus long affluent. Le système le plus long du bassin du Rhône n'est d'ailleurs pas le fleuve éponyme, mais le Doubs, qui mesure environ 950 kilomètres depuis sa source jusqu'à la Méditerranée (453 kilomètres de la source à la Saône, 167 kilomètres de Verdun-sur-le-Doubs à Lyon, et 330 kilomètres de Lyon à Port-Saint-Louis-du-Rhône).
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À partir de Lyon, il coule vers le sud, entre les Alpes et le Massif central. En Ardèche, entre Andance et Tournon, il forme une vallée épigénique. Il reçoit les eaux de l’Isère en amont de Valence, celles de la Drôme (rive gauche), de l’Ardèche (rive droite), de l’Ouvèze (rive gauche) et enfin de la Durance en aval de la ville d'Avignon. En amont de Beaucaire, il reçoit le Gardon. À hauteur d'Arles, il se partage en deux bras : le Grand-Rhône à l'est et le Petit-Rhône à l'ouest, entre lesquels se situe le delta de la Camargue, avant de se jeter dans la mer Méditerranée.
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Liste des principaux affluents directs du Rhône (longueur[4] supérieure à 100 km, ou bassin versant[1] supérieur à 1 000 km2 ou débit[1] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche de la confluence) et situés avec leur confluence par :
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puis avec les trois données comparables à celles de l'affluent, pour le Rhône (juste à l'amont de la confluence) :
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En Suisse, les principaux affluents du fleuve sont la Massa, la Saltina, la Vispa, la Lonza, la Turtmänna, la Raspille, la Navizence, la Rèche, la Lienne, la Borgne, la Sionne, la Morge, la Losentse, la Lizerne, la Salentse, la Faraz, la Dranse, le Trient, l'Avançon, la Vièze, la Gryonne, la Grande Eau, la Veveyse, la Venoge, l'Arve, l'Allondon et le Doubs.
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En France, les affluents majeurs (plus de 100 m3/s) sont la Saône (rd[note 1]), l'Isère (rg), la Durance (rg) et l'Ain (rd). Parmi les autres affluents (moins de 100 m3/s), notons la Dranse (rg), l'Arve (rg), qui naît en France mais rejoint le Rhône en Suisse, l'Annaz (rd), les Usses (rg), la Valserine (rd), le Fier (rg), le Séran (rd), le Guiers (rg), le Furans (rd), la Bourbre (rg), l'Yzeron (rd), le Garon (rd), le Gier (rd), la Gère (rg), la Varèze (rg), le Dolon (rg), les Collières (rg), la Cance (rd), l'Ay (rd), la Galaure (rg), le Doux (rd), la Véore (rg), l'Eyrieux (rd), la Drôme (rg), l'Ouvèze (rg), la Payre (rd), le Roubion (rg), l'Escoutay (rd), la Berre (rg), l'Ardèche (rd), le Lez (rg), la Cèze (rd), l'Eygues (rg) et le Gardon (rd).
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Confluence Gier (en bas à gauche) - Rhône (à droite, en haut) à Givors
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Confluence Durance (à droite, en haut) - Rhône (à gauche, en bas) à Avignon
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Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
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Le Rhône traverse notamment les localités et les villes suisses de Gletsch, première localité traversée, Brigue-Glis, Viège, Sierre, Sion, Martigny, Saint-Maurice, Monthey puis sur rive droite du Léman, Villeneuve, Montreux, La Tour-de-Peilz, Vevey, Pully, Lausanne, Morges, Gland, Nyon, Versoix et, sur rive gauche du Léman, les villes françaises de Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains.
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Après Genève, il arrose Vernier, Lancy, Onex, Bernex dans le canton de Genève puis Bellegarde-sur-Valserine, Culoz, Belley, Montalieu-Vercieu, Sault-Brénaz, Saint-Sorlin-en-Bugey, Lagnieu, Saint-Vulbas, Jonage, Meyzieu, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Lyon, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite, Saint-Fons, Irigny, Feyzin, Vernaison, Givors, Chasse-sur-Rhône, Loire-sur-Rhône, Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe, Vienne, Condrieu, Saint-Michel-sur-Rhône, Chavanay, Saint-Pierre-de-Bœuf, Saint-Alban-du-Rhône, Serrières, Le Péage-de-Roussillon, Tournon, Valence, Le Pouzin, Cruas, Montélimar, Viviers, Pierrelatte, Pont-Saint-Esprit, Orange, Avignon, Villeneuve-lès-Avignon, Vallabrègues, Beaucaire, Tarascon, Arles où il se sépare en deux. Le Grand-Rhône se jette dans la mer à Port-Saint-Louis-du-Rhône et le Petit-Rhône au niveau des Saintes-Maries-de-la-Mer.
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Les grands travaux d'aménagement économique du Rhône ont été principalement le fait de la Compagnie nationale du Rhône qui a également pour mission d'entretenir et moderniser ces aménagements. On lui doit l'édification d'ouvrages hydroélectriques qui ont permis de réguler les crues tout en produisant de l'énergie non polluante, de plus de 15 milliards de kWh en 2007.
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Le trafic fluvial reste important malgré l'absence d'un canal à fort gabarit entre le Rhône et le Rhin (la mise à grand gabarit du Canal du Rhône au Rhin, commencée partiellement à l'est, a été abandonnée sous le gouvernement Jospin et l'impulsion de Dominique Voynet alors ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement). Il bénéficie du report amorcé des modes de transport, en partie, vers le fluvial. En 2007, 6 200 bateaux ont passé les écluses de Bourg-les-Valence.
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Des conventions sont signées avec les communes pour organiser l'aménagement de ports de plaisance ou d'espace de mise à l'eau. C'est ainsi que le port de Cruas a été inauguré le 30 juin 2007.
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La protection de l'environnement est devenue l'une des priorités de la CNR. Diverses actions sont en cours en faveur de la faune, la flore et l'amélioration de la qualité de l'eau. L'entretien des sites classés Natura 2000 est tout particulièrement suivi, par exemple le traitement de formations envahissantes d'ambroisies et de jussies à Viviers en Ardèche. D'autres actions écologiques ont été entreprises le long du fleuve. Ainsi, en Suisse, la forêt de Finges est devenue une réserve naturelle protégée; de ce fait, la construction de l'autoroute A9 nécessite une traversée entièrement souterraine du site. Les travaux ont commencé en 2004 et dureront entre quinze et vingt ans[10],[11].
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Plusieurs installations nucléaires, situées sur les rives du Rhône, prélèvent de l'eau pour assurer leur refroidissement :
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En outre, jusqu'en 1997, le surgénérateur Superphénix (Centrale nucléaire de Creys-Malville) était également en fonctionnement sur les rives du Rhône. Depuis cette date, elle est en phase de démantèlement nucléaire.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Brigue est de 41,6 m3/s. Son bassin versant est alors de 913 km2, a une altitude moyenne de 2 370 m et l'extension glacier représente 24,2 % de la surface du bassin versant. Le débit maximum mesuré l'a été en 2000 avec une pointe à 557 m3/s.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à la Porte-du-Scex est de 182 m3/s. Son bassin versant est alors de 5 244 km2, a une altitude moyenne de 2 130 m et l'extension glacier représente 14,3 % de la surface du bassin versant.
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Le régime hydraulique du Rhône est caractérisé par des maxima automnaux liés aux pluies méditerranéennes, et printaniers en raison de la fonte des neiges. L'hiver présente souvent des débits soutenus mais moins marqués et le régime hydraulique minimum est estival.
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Longtemps qualifié de « fleuve fantasque », en raison de ses crues puissantes (plus de 11 000 m3/s à l’aval)[12],[13], il est d’usage de parler aujourd’hui de « fleuve dompté » depuis l’aménagement, sur sa partie française, par la CNR. En amont, sur sa partie suisse, il a subi de nombreux aménagements. Les crues de 1993-1994 et de 2002-2003 ont montré que l’aménagement hydroélectrique ne gère que les débits ordinaires, mais n’empêche en aucun cas la formation de grandes crues similaires à celles du XIXe siècle.
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Le Rhône se caractérise par la diversité de son bassin versant :
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Il en résulte un régime hydrologique très complexe, et une très grande diversité dans la formation des crues et leur déroulement. On distingue les types de crue suivants[14] :
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Beaucaire est de 1 690 m3/s (données 1920-2011)[1].
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On considère que le Rhône est en crue dès que son débit dépasse les 5 000 m3/s. Le record récent mesuré date de décembre 2003 avec un débit annoncé initialement à 13 000 m3/s à Beaucaire[15]. Le débit a été depuis révisé à 11 500 m3/s + ou - 5 %[16]. Voir aussi CNR[17] et mairie d'Arles[18].
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Les services de l'État, pour l'évaluation du risque d'inondation (élaboration des Plans de Prévention des Risques d'Inondation, PPRI), retiennent comme crue de référence la crue de 1856, estimée à 12 500 m3/s à Beaucaire : elle serait ainsi un peu plus forte que la crue de 2003.
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La plus grosse crue historique est probablement celle survenue en novembre 1548, voire celle de 580. La crue millénaire, quant à elle, est estimée à plus de 14 000 m3/s (entre 14 000 et 16 000 m3/s, selon les auteurs, avec un consensus plus marqué pour 14 000−14 500 m3/s). Le Rhône est celui des cinq grands fleuves français dont le débit est le plus élevé.
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Vers 175 av. J.-C., une importante crue du fleuve recouvre une large partie d'Arles et provoque la destruction irrémédiable des quartiers sud. Ces quartiers périphériques méridionaux sont par la suite abandonnés pendant deux siècles. Vers 150, on a la trace d'une importante crue à Arles. Vers 280, des sources historiques indiquent une crue importante à Lyon, ravagée par une inondation[19]. L'archéologie confirme à Arles la destruction par les eaux d'un habitat romain à la fin du IIIe siècle. 346 voit une crue généralisée du Rhône[réf. nécessaire].
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En 563, un éboulement situé avant le Léman forme un barrage sur le Rhône avec montée des eaux en amont. La rupture du barrage provoque une vague d'eau qui créa des dégâts importants en aval y compris sur les berges du Léman. Cet événement appelé catastrophe du fort de l’Écluse ou éboulement de Tauredunum est signalé par Grégoire de Tours[20] et Marius d'Avenches.
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En 579 ou 580 (plus probablement en 580), a lieu une crue d'automne avec inondation à Lyon et à Arles. À Lyon, Grégoire de Tours rapporte : « au commencement d'octobre, après deux jours de pluies continuelles, le Rhône et la Saône entrèrent en crue. Chose qui ne s'était jamais produite, les deux rivières vinrent se rejoindre au milieu de la presqu'île et formèrent un courant si violent qu'une partie des murs de la ville fut renversée, d'où l'on peut juger du nombre de maisons qui durent être entraînées par les eaux. » A Arles, le cirque romain est abandonné après cette catastrophe.
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L'année 618 voit une crue probable avec des inondations.
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En 808, une crue de printemps fait écrire « Cette année, l'hiver fut très « mou » et très pernicieux. On fut affligé à sa suite d'inondations terribles » et est suivie, l'année suivante, d'une crue d'hiver généralisée : « En 809, l'inondation surpassa toutes les inondations connues. Elle emporta les moissons des champs riverains et força les habitants des bords de rivières à chercher un refuge sur les hauteurs. L'abondance des pluies en fut la cause. Elle atteignit son apogée le 28 décembre. »
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Lors de l'hiver 821-822, des crues généralisées affectent la France : « Il y eut en France une si grande abondance de pluie que les fruits de la terre en furent perdus et qu'on ne put rien semer au printemps suivant. Les rivières sortirent de leur lit et les eaux se répandirent au loin dans les campagnes. » 868 voit une crue historique généralisée des fleuves à la suite de « pluies incessantes ».
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En 1226, la crue d'automne (17 septembre[21]) et des inondations à Avignon ont lieu peu de jours après la reddition de la ville aux troupes du roi Louis VIII qui assiégeaient la cité depuis 10 juin. À quelques jours près, la cité eût été sauvée.
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En 1308, une lettre du comte de Provence Charles II évoque les cultures détruites, les ponts emportés et les bestiaux noyés à la suite d'une crue. 1345 voit des inondations catastrophiques. À Arles, à la suite des inondations de 1352, le Chapitre ne peut plus être ravitaillé correctement (d'après un texte du 5 octobre 1352)
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Les inondations catastrophiques se répètent en 1353, 1358, 1368 ou 1373 (cette dernière crue est mal datée, probablement de 1372).
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La crue du 14 novembre 1396 fait écrire au chroniqueur arlésien Bertrand Boysset : « […] il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais. […] (À Arles) L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier. » Les crues d'octobre 1398, décembre 1401 et février 1404 sont aussi signalées par le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset.
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À Tarascon, il est rapporté que « le 16 juin 1424, des inondations du Rhône mettent la ville en grand péril ». À la fin de cette même année 1424, le conseil et les syndics de Tarascon se préoccupent de faire réparer les brèches ouvertes dans les levées du Rhône[22]. En Camargue, 80 % au moins des blés sont anéantis par cette inondation.
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Une crue de printemps avec des inondations frappe la Camargue en 1426 et 1432.
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En 1433, une crue d'automne se produit à Avignon : « après plusieurs jours de pluies continuelles, le Rhône, la Durance et la Sorgue avaient débordé et inondé les bas quartiers de la ville. Le 29 novembre, les eaux atteignirent la porte de la chapelle des Pénitents Gris. Les eaux se retirèrent le 1er décembre. »
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Au cours du XVIIIe siècle, des ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains[24].
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Entre 1705 et 1719, crues et inondations quasi annuelles.
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Au cours du XIXe siècle, de nouveaux ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains. À partir de 1878, ces aménagements connurent un développement rapide[24].
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En 1934, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) reçoit la concession des travaux d'aménagement du Rhône. Cette entreprise est depuis chargée de l'aménagement général du fleuve, en particulier pour la production hydroélectrique et la navigation[24].
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Les 2 dernières crues ayant eu des conséquences économiques et humaines si catastrophiques en particulier dans la plaine du Bas-Rhône, au sud de Tarascon à Arles, qu'elles ont entrainé la mise en chantier du Plan Rhône.
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Le Léman induit une coupure totale entre le Haut-Rhône et le Rhône aval en matière de charge sédimentaire.
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Le Rhône prend sa source dans le massif du Saint-Gothard, dans les Alpes. Il naît de la fonte du glacier du Rhône. Il emprunte une longue vallée étroite en Valais pour rejoindre le Léman à la hauteur de la commune du Bouveret. Entre sa source et le lac, le Rhône reçoit les eaux d'environ 200 torrents.
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Dans sa partie située en Suisse, le Rhône a subi de nombreux aménagements visant à maîtriser son cours et diminuer les effets néfastes de ses crues ; première correction de 1863 à 1894, seconde correction entre 1930 et 1960, troisième correction depuis 2008 devant durer de 25 à 30 ans.
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Le tracé du Rhône prend forme durant le Miocène[37],[38] et connaît une évolution majeure durant la crise de salinité messinienne[39]. La diversité du bassin se répercute sur les conditions de production et d’alimentation du Rhône en charge sédimentaire : diversité géologique du bassin, héritage des formations glaciaires, conditions morphoclimatiques contrastées de dégradation des bassins…
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+
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130 |
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L’aménagement du Rhône confié à la CNR pour les besoins de la navigation, de la production hydroélectrique, et de l'irrigation a été presque mené à son terme. Seuls demeurent à courant libre le court tronçon de part et d’autre du confluent de l’Ain (abandon du projet d’aménagement de Loyette) et le Rhône à l’aval de Beaucaire. La succession de vingt aménagements a totalement remodelé le Rhône sur le reste du linéaire.
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La dynamique fluviale naturelle du Rhône et de ses affluents, et la structure des pentes qui en est l'image, est fortement marquée par l'héritage des dernières glaciations.
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En amont, jusqu'à Lyon pour le Rhône (et Valence pour l'Isère), les glaciers quaternaires (dernier maximum glaciaire il y a environ 18 000 ans) ont laissé des alternances de zones surcreusées (les ombilics) et de zones proéminentes (les verrous). Les ombilics sont occupés par des lacs glaciaires lorsqu'ils étaient situés à l'écart des cours d'eau principaux capables de les réalluvionner (lac d'Annecy, lac du Bourget). En revanche, s'ils étaient situés sur un axe d'écoulement majeur, ils ont été alluvionnés en tout ou partie, mais sans que la continuité du transit des graviers ait pu toujours être rétablie : le Léman n'est que très partiellement alluvionné par le Haut-Rhône, la plaine de Brangue-Le Bouchage, en amont de Lyon, est alluvionnée, mais la pente y était encore faible (zone de marais).
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En aval, la remontée rapide du niveau marin �� la fin de la dernière glaciation il y a quelque 10 000 ans (remontée de 120 m : transgression flandrienne) a forcé le fleuve à déposer ses alluvions (formation de la Camargue) : les graviers n'arrivaient toujours pas jusqu'à la mer, et se déposaient à l'entrée du delta. La plupart des affluents ont eu du mal à suivre la remontée du niveau du fleuve : ils déposent leurs alluvions grossières à l'entrée de la plaine du Rhône et se terminent par un lit à méandres mobiles (Ouvèze, Aygues, Ardèche, Cèze, Gardon).
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Entre ces deux secteurs, le Rhône montre un profil plus ou moins lissé avec une faible épaisseur d'alluvions, un substratum proche et des pentes relativement fortes.
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Le Haut-Rhône présente une décroissance globale de la pente (à l’exception d’un secteur de gorges non pertinent pour l’analyse d’ensemble) associée à une tendance à l’alluvionnement du lit et à la réduction de la charge de fond, jusqu’à interruption de celle-ci entre le Guiers et Sault-Brenaz (pente descendant localement au-dessous de 0,2 ‰). Les apports de l’Ain et une recharge sédimentaire dans les terrasses würmiennes favorisent une forte activité en amont de Lyon associée à une forte pente (0,8 ‰). Une tendance à l’alluvionnement à l’entrée de Lyon et les apports liquides de la Saône conduisent à une pente plus faible sur le tiers amont du Bas-Rhône. Le tiers central est caractérisé par une pente forte (supérieure à 0,8 ‰ localement) associée à de fréquents affleurements rocheux, mais qui ne font pas seuil : on est là à la limite de la pente structurale (imposée par le cadre structural et non par l’équilibre entre transits solide et liquide : « transport passif ») et d’une pente morphologique (lit librement divaguant formé d’alluvions, en échange permanent avec le transport par charriage : « transport actif »).
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La pente diminue ensuite régulièrement jusqu’au delta.
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Le transit sédimentaire couvre une large gamme de matériaux. On distingue classiquement deux modes de transport : le transport par charriage sur le fond des alluvions grossières et le transport en suspension des sédiments fins.
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Lorsqu’il s’agit de comprendre les évolutions morphologiques du Rhône, la distinction charriage / suspension est fondamentale.
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La transition entre les deux modes de transport se situe en général dans les sables plutôt grossiers (entre 200 μm et 1 mm).
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Sur tout le cours du Rhône, c’étaient les graviers et galets qui, avant les grands aménagements, constituaient le transit sédimentaire « actif », c’est-à-dire qui façonnaient le lit du fleuve.
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Les sédiments fins (limons et sables) transportés en suspension jouaient un rôle secondaire dans les marges alluviales.
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Les graviers et galets n’atteignaient pas la mer : ils contribuaient à l’alluvionnement à l’entrée du delta. Les apports de graviers sont aujourd’hui insignifiants.
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Les limons et argiles sont emportés loin des côtes et contribuent à la sédimentation pélagique.
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En définitive, seuls les sables jouent un rôle actif dans la dynamique sédimentaire du littoral.
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Les sables qui participent à la dynamique du littoral sont transportés en suspension dans le Rhône, y compris dans la partie deltaïque.
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Le trait dominant de la plaine de Valence est une surface déprimée, encadrée au nord, à l’est et au sud par des collines ou lambeaux de plateaux surtout molassiques, de formes et de hauteurs modérées (200 à 300 m).
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Le fond molassique Miocène fut recouvert par les alluvions fluvio-glaciaires de l’Isère, dont les terrasses marquent aujourd’hui encore la forme de la plaine, et les dépôts périglaciaires des rivières descendant du massif du Vercors et formant des cônes de déjection entre les buttes molassiques. Plus au sud, les dépôts périglaciaires abondants de la Drôme formèrent, à la confluence, une vaste plaine alluviale en éventail qui rejeta progressivement le cours du Rhône au pied des versants ardéchois.
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Le Rhône apporta ses propres alluvions : par endroits, l’élargissement de son lit fluvial est propice aux accumulations sédimentaires. Le fleuve a naturellement tendance, sur sa basse plaine, à divaguer. Sa pente longitudinale assez forte engendre des vitesses d’écoulement importantes. L’Isère, à quelques kilomètres en amont de Valence, lui apporte près du quart de ce que roule déjà le fleuve. Ajouté aux eaux torrentielles de ces affluents en période de pluie ou de fonte des neiges, ce Rhône puissant peut devenir énorme et sauvage.
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À partir du milieu du XVIIIe siècle, des endiguements insubmersibles sont construits par les riverains. Ils restent cependant peu nombreux jusque vers 1840. À la suite des graves inondations de 1840 est créé le « Service spécial du Rhône ». À cette date débute la construction systématique de digues dans la plaine d’inondation. Après la crue de 1856, de nombreux aménagements sont entrepris (digues, barrages), ainsi que le reboisement des zones amont[40].
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En parallèle, un principe d’aménagement du chenal est adopté pour améliorer les conditions de navigation selon un tracé sinusoïdal à grand rayon de courbure. Des digues submersibles sont construites le long des rives concaves. Le barrage systématique des bras secondaires est engagé. Parfois, le double objectif de protection des terres et de fixation du chenal navigable conduit à des digues insubmersibles, comme à Pierre-Bénite.
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La loi de 1878 déclare d’utilité publique « les travaux d’amélioration du Rhône entre Lyon et la mer ». Les aménagements connaissent alors une expansion rapide.
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Girardon (1884) révolutionne les conceptions de l’aménagement à courant libre. Il modifie l’utilisation des épis plongeants et noyés, des seuils de fond, des tenons et des traverses selon une méthode qui sera appliquée sur le Rhône aval avec succès [41].
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Les « casiers » résultent de l’association systématique des tenons aux digues basses. L’objectif est de tendre vers un chenal de 150 m de large en général, avec une profondeur d’eau de 1,60 m sous l’étiage conventionnel.
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En 1938, l’aménagement du Rhône à courant libre est à peu près systématique entre Lyon et Arles. Le tressage a disparu au profit d’un lit unique sans latitude de divagation, muni d’annexes hydrauliques de plus en plus déconnectées.
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173 |
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Durant les années 1980, la CNR réalisa le Canal de Savières afin de permettre la navigation entre le lac du Bourget (qui est le plus grand lac naturel de France) et le Rhône. Le niveau du canal du Haut-Rhône est monté de 4 m et une écluse a été construite pour permettre le passage des bateaux. Un barrage fut érigé pour régulariser le niveau de l'eau afin d'accueillir ce nouveau canal long de 4 500 m.
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+
Dès 1899, l’aménagement de Miribel-Jonage (barrage de Jons et usine de Cusset) constitue la première exploitation du Rhône pour l’hydroélectricité.
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La CNR est créée en 1934. L’aménagement général du Rhône par la CNR a débuté en 1950 avec la mise en eau de Génissiat. Il s’agit du seul barrage de haute chute du Rhône. L’aménagement a porté ensuite dans les années 1950/1960 sur la partie centrale du Bas-Rhône (chute de Donzère-Mondragon). Il s’est poursuivi dans les années 1970 par l’aménagement des tiers aval et amont du Bas-Rhône, puis dans les années 1980 par l’aménagement du Haut-Rhône.
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À l’exception de Génissiat, il s’agit d’ouvrages de basse chute, entièrement effaçables, associés (sauf sur Seyssel et Vaugris) à des dérivations. Le débit dérivé varie de 700 m3/s sur le Haut-Rhône à 2 200 m3/s sur le Bas-Rhône aval. Il est en moyenne 1,5 fois supérieur au module.
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181 |
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L’aménagement du Rhône pour la production hydroélectrique et la navigation concerne ainsi la quasi-totalité du linéaire : seul le tronçon entre Sault-Brenaz et Lyon (avec l’abandon du projet de chute de Loyette) et l’aval de Vallabrègues jusqu’à la Camargue ne sont pas concernés.
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L’impact de ces aménagements sur le transit des sédiments est lié à deux grands facteurs : la perturbation du régime des pentes dans les retenues et la perturbation du régime des débits dans les tronçons court-circuités.
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Dans les retenues, la pente est nulle ou faible pour tous les débits ordinaires et les crues annuelles. Il n’y a que pour les crues exceptionnelles que la pente tend vers la pente naturelle.
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Or la capacité de transport solide diminue rapidement avec la pente. D’une manière générale, une réduction de 25 % de la pente conduit à un transit de sédiments cinq fois moindre. Une pente égale à la moitié de la pente naturelle correspond pratiquement à une pente de non transport : le débit de début d’entraînement est en effet plus que triplé : il correspond alors à un débit dépassé un jour tous les 10 ans en général.
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Lorsque le débit du Rhône dépasse le débit nominal de la dérivation, les vannes du barrage sont progressivement ouvertes. L’ouverture des vannes de fond permet la chasse des matériaux déposés à l’amont immédiat du barrage.
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Cependant, tant qu’il demeure une perte de charge au barrage, la pente amont est inférieure à la pente naturelle, et ne permet qu’un transit partiel des sédiments jusqu’au barrage. L’ouverture des vannes de fond permet l’évacuation des sédiments accumulés devant le barrage, mais pas le transit de toute la charge de fond amont.
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Ce n’est que lorsque la perte de charge au barrage devient négligeable que l’on peut véritablement parler de transparence totale. La crue assure alors non seulement le transit des apports d’amont, mais également la reprise d’une partie de la sédimentation de la retenue.
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195 |
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Cette transparence totale n’est assurée qu’à partir de la crue centennale.
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À peu de chose près, on peut considérer que le débit dérivé est constant (en réalité, le débit dérivé est le plus souvent un peu diminué pendant les fortes crues), sauf incident dans le fonctionnement du barrage. La majeure partie du temps, il ne reste dans le Vieux Rhône que le « débit réservé », incapable de transporter des sédiments.
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198 |
+
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+
La fréquence des débits morphologiquement actifs est donc fortement diminuée, ce qui réduit d’autant la capacité de transport dans les RCC (Rhône court-circuité).
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Les hautes eaux jusqu’à la crue annuelle assuraient avant aménagement près de 98 % du transport solide.
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Sur l'aménagement de Chautagne (Haut-Rhône), la gamme de débit correspondant à des fréquences de 20 à 130 jours par an (entre 400 et 700 m3/s avant aménagement) assurait le transit de 75 % du transit total. Avec la dérivation de 700 m3/s, le Vieux Rhône est aujourd’hui au débit réservé (morphologiquement totalement inefficace) pour cette gamme de fréquence.
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203 |
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Il n’y a que pour les débits rares (au-dessus de 900 m3/s dans le Vieux Rhône, c’est-à-dire un jour tous les trois ans) que le transport solide est peu perturbé.
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Mais ces débits sont peu efficaces en termes de bilan annuel.
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Au total, seul 1 % de la capacité de transport naturelle est conservée dans le Vieux Rhône.
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Sur Donzère-Mondragon (Bas-Rhône), la dérivation (1 980 m3/s) est proportionnellement plus faible qu’à Chautagne. L’effet de réduction des débits est donc moindre, mais les incidences restent qualitativement similaires. La capacité de transport solide résiduelle couvre 6 % de la capacité naturelle.
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Les mouvements de matériaux sur le Rhône résultent des différents modes de gestion des sédiments mis en œuvre sur le fleuve et ses affluents. D'une façon générale, ils se traduisent, soit par des extractions de matériaux grossiers lorsque leur valorisation économique le permet (il s'agit alors de graviers, du sable grossier jusqu'au galet), soit par des déplacements sans extraction, d'un lieu à un autre du lit, de matériaux fins (des sables fins jusqu’aux argiles en passant par les limons).
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Les matériaux extraits correspondent au matériau participant au transport par charriage, alors que les matériaux fins remobilisés correspondent au type de matériaux participant au transport par suspension.
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En dehors des raisons d'entretien du lit, les extractions de matériaux ont été historiquement motivées par des besoins économiques liés à la réalisation des aménagements du Rhône, des infrastructures routières, et plus récemment des plateformes des centrales EDF ou des remblais TGV.
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Aujourd'hui, les mouvements de matériaux, extractions ou remobilisation répondent à un besoin de gestion du lit du Rhône pour les besoins propres :
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Volume moyen annuel de graviers extraits sur tout le Rhône en aval du Léman dans le lit mineur : 900 000 m3/an.
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Volume moyen annuel de matériaux fins remobilisés dans le lit mineur : 1 100 000 m3/an.
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Le transit en suspension est rapide. Il faut compter moins de 24 h de transit en moyenne pour 100 km.
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Les effets de dépôt / reprise sont relativement marginaux (sauf naturellement dans les grands réservoirs naturels — le Léman… — ou artificiels). En fonctionnement naturel, les dépôts dans les marges boisées (qui peuvent atteindre plusieurs décimètres au cours d’une crue) sont régulièrement repris par le fleuve par érosion de ces marges lors des divagations du bras vif. La faible mobilité actuelle du Rhône favorise un exhaussement irréversible de ces marges, ainsi qu’une réduction de la largeur du lit principal dans les retenues. Mais l’endiguement du fleuve limite la largeur sur laquelle s’appliquent ces évolutions, et donc les volumes concernés. Dans ces conditions, les apports du Rhône à la Camargue sont directement issus de la production du bassin versant. Il en résulte que les évolutions du bassin versant influent rapidement et directement sur les apports en suspension.
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Le transit naturel a pu être estimé à 20 millions de tonnes par an dans les années 1950. Il est possible que le transit ait atteint 30 millions de tonnes par an au début du XXe siècle, au moment du maximum démographique dans les Alpes, qui avait favorisé un fort déboisement des versants.
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+
Les apports du bassin versant n'ont pas changé de façon significative depuis le milieu du XXe siècle : l'état des versants, le développement des zones de ravinement et le fonctionnement des torrents ont peu évolué. En revanche, les grands barrages piègent des volumes significatifs de sédiments fins : Vouglans sur l'Ain, Génissiat sur le Rhône, Serre-Ponçon sur la Durance, Tignes sur l'Isère, le Sautet et Monteynard sur le Drac, Sainte-Croix sur le Verdon, etc. La fixation du lit du Rhône et de certains de ses affluents a favorisé également la sédimentation dans les marges alluviales. On peut estimer les apports actuels à dix millions de tonnes par an.
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Au contraire, le transit par charriage est beaucoup plus lent. Pour fixer les idées, le temps de transit est de plusieurs décennies pour 100 km. La continuité du transit par charriage avant les grandes perturbations dues aux aménagements hydroélectriques et aux extractions est une hypothèse de travail satisfaisante sur beaucoup de tronçons de longueur modérée, où les variations en altitude du lit sont négligeables à l’échelle humaine. En revanche, même avant les grands travaux pour la navigation et la production hydroélectrique, il n’y avait pas continuité du transit des graviers à l’échelle d’un bassin comme celui du Rhône. Les délais depuis la dernière glaciation (de l’ordre de 15 000 ans) ont en effet été insuffisants pour que les profils en long sur une telle échelle aient atteint un équilibre assurant la continuité du transit. Avant aménagement, la continuité du transit était ainsi interrompue sur le Rhône en amont de Sault-Brenaz, et réduite de manière très importante à l’amont de Lyon, ainsi qu’en Chautagne. Il en était de même dans la partie aval de plusieurs affluents (Isère, Eygues, Ouvèze, etc.).
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228 |
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D’amont en aval, on avait avant aménagement les ordres de grandeur suivants :
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Le transit des graviers a été totalement bouleversé au cours du XXe siècle :
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Au total, on arrive paradoxalement à un nouvel « équilibre » : presque pas d'apports, presque pas de transport.
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Le transit de graviers ne dépasse guère quelques milliers de mètres cubes par an sur la plupart des tronçons, avec un maximum de quelques dizaines de milliers de mètres cubes par an entre la Drôme et l'Ardèche.
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237 |
+
Le Rhône est le seul fleuve reliant la Méditerranée à l’Europe du Nord. Il constitue depuis les Rhodiens et les Phéniciens un axe majeur de circulation des populations et des marchandises. Élément structurant dans l'organisation des territoires, le Rhône conduit aussi les hommes à se surpasser pour le dompter et surtout le traverser.
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238 |
+
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239 |
+
On trouve ainsi des traces d’occupation dès la Préhistoire. Dès l’Antiquité, l’étain, le cuivre ou les peaux du Nord sont échangées contre des productions de l’Orient et de la Méditerranée (ivoire, épices, étoffes, etc.).
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240 |
+
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241 |
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En août 218 av. J.-C., Hannibal traverse le Rhône avec son armée de 80 000 hommes et 37 éléphants dans le but d'attaquer Rome par voie de terre. L’armée romaine sous les ordres de Scipion étant toute proche sur la rive gauche du fleuve, il préfère remonter le long du fleuve à vive allure pendant quatre jours pour l’éviter et ainsi affronter l’ennemi en Italie, sur son territoire.
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242 |
+
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+
À l’époque romaine, il devient une voie de développement commercial. Plus tard, le vin, la vaisselle et le sel d'une part, les armes et les étoffes d’autre part empruntent en sens inverse le sillon rhodanien.
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244 |
+
La présence du fleuve permet le développement des villes comme Arles, Avignon, Lyon ou Vienne qui profitent de leur atout géographique à la croisée du Rhône et des axes de communication terrestres et maritimes. Les franchissements du fleuve participent également de manière déterminante à l’histoire des villes et des territoires.
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245 |
+
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246 |
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Tout au long de son cours, le Rhône compte de nombreux ponts routiers, autoroutiers, ferroviaires, piétonniers, ou mixtes. Le pont de Chancy est le seul pont qui franchit la frontière entre la Suisse et la France sur le Rhône, sans compter le barrage de Chancy-Pougny qui peut aussi faire office de pont pour les collaborateurs de l'exploitation.
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247 |
+
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+
Depuis 1987, Territoire Rhône est un organisme public créé pour assurer la liaison entre les collectivités territoriales et favoriser la cohérence des actions menées au fil du Rhône[43].
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Le fleuve est officiellement reconnu comme pollué par l'État français au moins au regard des polychloro-biphényles (PCB)[44],[45]).
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De plus sa température moyenne tend à augmenter (+1 à +2 °C sur 30 ans pour les moyennes annuelles[46]), de même que celle de ses affluents (température mesurée précisément sur 30 ans, chaque heure, sur une quinzaine de stations[46]). Ces augmentations sont plus marquées sur le Rhône aval et ses affluents chauds, et le réchauffement est le plus important au printemps et en été (hormis sur les stations soumises à un régime hydrologique nivo-glaciaire)[46]. Or, une eau qui se réchauffe perd une partie de sa capacité à conserver son oxygène dissous. Les données disponibles ne permettent pas de faire la part des causes climatiques et de celles liées à l'artificialisation du cours (lacs de barrages…) ou au réchauffement par les centrales nucléaires.
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253 |
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Dans le cadre du dérèglement climatique, ce réchauffement pourrait se poursuivre[47].
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Le Rhône a donné son nom :
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Noms régionaux :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Les coordonnées de cet article :
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« […] Il parut alors dans les Gaules un grand prodige au fort de l’Écluse, situé sur une montagne au bord du Rhône […] »
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fr/5097.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,265 @@
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Le Rhône (prononcé [ʁoːn] en français standard ou [ˈʁɔ.nə] en français régional) est un fleuve d'Europe, long de 812 kilomètres (un tiers en Suisse et deux tiers en France).
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Il prend sa source dans le glacier du Rhône, en Suisse, à une altitude de 2 209 m, à l'extrémité orientale du Valais, dans le massif des Alpes uranaises. Il parcourt 290 km en Suisse, se jetant dans le Léman pour en sortir à Genève. Il entre ensuite en France, où il parcourt 522 km[3], selon l'Encyclopédie Larousse, ou 545 km, selon le SANDRE[4]. Il termine son cours dans le delta de Camargue pour se jeter dans la mer Méditerranée. Port-Saint-Louis-du-Rhône est la dernière ville traversée par le Rhône.
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En termes de débit, de tous les fleuves s'écoulant en Méditerranée, le Rhône est deuxième après le Nil, si l'on ne tient pas compte de la mer Noire, où se jettent en particulier le Danube et le Don. Finissant son cours dans une mer sans marée, le fleuve a formé un delta avec des bras qui se sont déplacés globalement d'ouest en est au cours de la période historique. Désormais endigué, son delta est figé, hormis lors de crues exceptionnelles comme en 1993, 1994 et 2003.
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Il est parfois identifié à l'Éridan, qui est le nom d'un dieu fleuve de la mythologie grecque, fils d'Océan et de Thétys.
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L'origine et la signification du nom de ce fleuve sont encore sujettes à discussion. D'après l'hypothèse celtique, Rhodanus ou Rodanus viendrait de Rhôdan, qui signifie « tourner vivement » ; mais la forme de ce nom paraît plus grecque que celtique et Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, estimait que le Rhône tire son nom de Rhoda ou Rhodanusia, colonie de Rhodiens bâtie jadis à l’une de ses embouchures, aux environs d'Aigues-Mortes.
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Albert Dauzat propose un radical indo-européen *rod-, alternance de *red- « couler » [5],[6] suivi par un suffixe atone pré-latin -ǎnus. Mais il n'exclut pas un préfixe intensif ro- et le radical celtique ou pré-celtique dan-[5]. Cette hypothèse est corroborée par Pierre-Yves Lambert qui signale le même élément danu- dans le nom celtique du Danube (Danuuios) et le rapproche de l'irlandais dánae « audacieux, hardi, violent »[7]. La racine indo-européenne *dānu- « fleuve », présente également dans le nom du Don, de *dā- « couler »[6].
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Dans les autres langues qu'on rencontre le long de son cours, le Rhône est appelé :
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Communes traversées ou longées par canton :
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Communes traversées ou longées par département :
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Le bassin versant du Rhône est situé sur deux pays : la Suisse et la France. Il mesure en tout 97 800 km2, dont 90 000 km2 en France, soit environ 17 % de la superficie de la France métropolitaine, et 7 800 km2 en Suisse, soit 18,89 % de la superficie de la Suisse.
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Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant du Rhône de ses principaux voisins sont :
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En Suisse, le bassin versant du Rhône n'est pas contigu. En effet, il est constitué de deux zones distinctes l'une de l'autre. Le cours principal du Rhône ainsi que ses affluents directs coulent dans le sud-ouest du pays avant de rejoindre le Léman, néanmoins une partie du bassin versant du Doubs arrose les cantons de Neuchâtel et du Jura dans le nord-ouest de la Suisse. Le Doubs rejoint la Saône en Bourgogne qui elle-même rejoint le Rhône à Lyon. Ainsi les eaux du bassin versant du Rhône se rejoignent très en aval de la sortie du territoire suisse. De même, l'Arve dont le cours et le bassin sont très majoritairement situés en France, rejoint le Rhône dans le canton de Genève.
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En France, d'autres bassins versants plus petits voisinent celui du Rhône, ceux de l'Argens et du Var sur sa rive gauche ou l'Hérault sur sa rive droite.
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Le Rhône naît des eaux de fonte du glacier du Rhône, à l'extrémité orientale du canton du Valais en Suisse, il porte alors le nom de Rotten jusqu'à Sierre. Le glacier du Rhône est situé à la jonction de deux importants massifs des Alpes : les Alpes uranaises et les Alpes valaisannes. Autour du glacier se trouvent quelques sommets de plus de 3 000 mètres : le Dammastock (3 630 m), le Galenstock (3 586 m) ou le Tieralplistock (3 383 m). En 2007, la langue glaciaire se terminait à une altitude de 2 250 mètres non loin de la route d'accès au col de la Furka. De là, le Rhône coule vers le sud-ouest en passant par Gletsch puis coule dans la vallée de Conches. Dans cette vallée il reçoit différents torrents de montagne tels, sur sa rive gauche, l'Agene, le Milibach et la Minna et, sur sa rive droite, la Minstigerbach et la Wysswasser. Son parcours est d'environ 35 kilomètres jusqu'à Brigue.
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Peu avant d'atteindre Brigue, il reçoit les eaux de la Massa en provenance du glacier d'Aletsch (plus grand glacier des Alpes). La vallée qu'il emprunte porte dès lors son nom, la vallée du Rhône. Cette vallée coule tout d'abord en direction de l'ouest sur une trentaine de kilomètres jusqu'à Loèche, puis vers le sud-ouest sur une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Martigny. C'est une vallée intérieure des Alpes, elle est parallèle à la ligne de crête des Alpes bernoises au nord et des Alpes valaisannes au sud. De ces deux massifs coulent de nombreux torrents de montagne.
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À Martigny, où il reçoit les eaux de la Dranse sur sa rive gauche, le cours du Rhône fait un fort virage en direction du nord. En direction du Léman, il passe à Saint-Maurice dans un verrou glaciaire qui a longtemps donné à la vallée du Rhône une importance stratégique pour le contrôle des cols alpestres. Le Rhône marque ensuite la frontière entre les cantons du Valais (rive gauche) et de Vaud (rive droite), séparant le Chablais valaisan et le Chablais vaudois. Il se jette dans le Léman à l'est du lac à proximité du Bouveret et de la réserve naturelle des Grangettes.
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Sur une partie de son étendue le Léman marque la frontière entre la France et la Suisse. Sur sa rive gauche le Léman reçoit la Morge. Cette rivière marque la frontière entre la Suisse (Valais) et la France (Haute-Savoie). Elle pénètre dans le Léman à Saint-Gingolph, village situé de part et d'autre de la frontière. Toujours sur sa rive gauche, il reçoit les eaux de la Dranse entre Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains. Sur sa rive droite le lac reçoit la Venoge et la Morges. Les termes de Haut-Lac (région de la Riviera vaudoise, du Chablais suisse et Lavaux), Grand-Lac (Lausanne, Évian) et Petit-Lac (entre Yvoire et Genève) sont utilisés, même si le lac ne constitue qu'une seule entité.
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L'émissaire du Léman se trouve à l'ouest du lac à Genève, où le niveau du lac est maintenu par le barrage du Seujet. À Genève, il reçoit les eaux de l'Arve en provenance du massif du Mont-Blanc. L'Arve, dont la température de l'eau ne dépasse pas 14 degrés[8], fait chuter la température du Rhône, dans le secteur de La Jonction, et en aval, d'environ 8 degrés, car l'eau du Léman en surface, a une température d'environ 20 degrés en été. Cette différence de températures peut s'avérer dangereuse pour les baigneurs, s'ils nagent en amont et en aval de la Jonction, car ils risquent l'hypothermie et une réduction de la force musculaire, voire la noyade[9]. Après avoir quitté la Suisse, il pénètre dans le sud du massif du Jura par le défilé de l'Écluse. Le cours du Rhône devient alors très encaissé, et le fleuve disparaissait même sous les calcaires urgoniens en amont de Bellegarde (pertes du Rhône) et de la confluence de la Valserine, affluent de rive droite. Le canyon du Rhône et les pertes sont aujourd’hui noyés sous le lac de retenue du barrage de Génissiat. A Bellegarde, le fleuve oblique en direction du sud, reçoit les eaux du Fier en rive gauche, longe la plaine autrefois marécageuse de Chautagne et passe à proximité du lac du Bourget auquel il est relié par le canal de Savières. Il poursuit son cours en direction de l'ouest, quitte le Jura après les rapides de Sault Brénaz, reçoit les eaux de la rivière d’Ain en rive droite. Il longe le plateau de la Dombes et atteint Lyon où il reçoit la Saône, son plus long affluent. Le système le plus long du bassin du Rhône n'est d'ailleurs pas le fleuve éponyme, mais le Doubs, qui mesure environ 950 kilomètres depuis sa source jusqu'à la Méditerranée (453 kilomètres de la source à la Saône, 167 kilomètres de Verdun-sur-le-Doubs à Lyon, et 330 kilomètres de Lyon à Port-Saint-Louis-du-Rhône).
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À partir de Lyon, il coule vers le sud, entre les Alpes et le Massif central. En Ardèche, entre Andance et Tournon, il forme une vallée épigénique. Il reçoit les eaux de l’Isère en amont de Valence, celles de la Drôme (rive gauche), de l’Ardèche (rive droite), de l’Ouvèze (rive gauche) et enfin de la Durance en aval de la ville d'Avignon. En amont de Beaucaire, il reçoit le Gardon. À hauteur d'Arles, il se partage en deux bras : le Grand-Rhône à l'est et le Petit-Rhône à l'ouest, entre lesquels se situe le delta de la Camargue, avant de se jeter dans la mer Méditerranée.
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Liste des principaux affluents directs du Rhône (longueur[4] supérieure à 100 km, ou bassin versant[1] supérieur à 1 000 km2 ou débit[1] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche de la confluence) et situés avec leur confluence par :
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puis avec les trois données comparables à celles de l'affluent, pour le Rhône (juste à l'amont de la confluence) :
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En Suisse, les principaux affluents du fleuve sont la Massa, la Saltina, la Vispa, la Lonza, la Turtmänna, la Raspille, la Navizence, la Rèche, la Lienne, la Borgne, la Sionne, la Morge, la Losentse, la Lizerne, la Salentse, la Faraz, la Dranse, le Trient, l'Avançon, la Vièze, la Gryonne, la Grande Eau, la Veveyse, la Venoge, l'Arve, l'Allondon et le Doubs.
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En France, les affluents majeurs (plus de 100 m3/s) sont la Saône (rd[note 1]), l'Isère (rg), la Durance (rg) et l'Ain (rd). Parmi les autres affluents (moins de 100 m3/s), notons la Dranse (rg), l'Arve (rg), qui naît en France mais rejoint le Rhône en Suisse, l'Annaz (rd), les Usses (rg), la Valserine (rd), le Fier (rg), le Séran (rd), le Guiers (rg), le Furans (rd), la Bourbre (rg), l'Yzeron (rd), le Garon (rd), le Gier (rd), la Gère (rg), la Varèze (rg), le Dolon (rg), les Collières (rg), la Cance (rd), l'Ay (rd), la Galaure (rg), le Doux (rd), la Véore (rg), l'Eyrieux (rd), la Drôme (rg), l'Ouvèze (rg), la Payre (rd), le Roubion (rg), l'Escoutay (rd), la Berre (rg), l'Ardèche (rd), le Lez (rg), la Cèze (rd), l'Eygues (rg) et le Gardon (rd).
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Confluence Gier (en bas à gauche) - Rhône (à droite, en haut) à Givors
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Confluence Durance (à droite, en haut) - Rhône (à gauche, en bas) à Avignon
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Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
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Le Rhône traverse notamment les localités et les villes suisses de Gletsch, première localité traversée, Brigue-Glis, Viège, Sierre, Sion, Martigny, Saint-Maurice, Monthey puis sur rive droite du Léman, Villeneuve, Montreux, La Tour-de-Peilz, Vevey, Pully, Lausanne, Morges, Gland, Nyon, Versoix et, sur rive gauche du Léman, les villes françaises de Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains.
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Après Genève, il arrose Vernier, Lancy, Onex, Bernex dans le canton de Genève puis Bellegarde-sur-Valserine, Culoz, Belley, Montalieu-Vercieu, Sault-Brénaz, Saint-Sorlin-en-Bugey, Lagnieu, Saint-Vulbas, Jonage, Meyzieu, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Lyon, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite, Saint-Fons, Irigny, Feyzin, Vernaison, Givors, Chasse-sur-Rhône, Loire-sur-Rhône, Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe, Vienne, Condrieu, Saint-Michel-sur-Rhône, Chavanay, Saint-Pierre-de-Bœuf, Saint-Alban-du-Rhône, Serrières, Le Péage-de-Roussillon, Tournon, Valence, Le Pouzin, Cruas, Montélimar, Viviers, Pierrelatte, Pont-Saint-Esprit, Orange, Avignon, Villeneuve-lès-Avignon, Vallabrègues, Beaucaire, Tarascon, Arles où il se sépare en deux. Le Grand-Rhône se jette dans la mer à Port-Saint-Louis-du-Rhône et le Petit-Rhône au niveau des Saintes-Maries-de-la-Mer.
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Les grands travaux d'aménagement économique du Rhône ont été principalement le fait de la Compagnie nationale du Rhône qui a également pour mission d'entretenir et moderniser ces aménagements. On lui doit l'édification d'ouvrages hydroélectriques qui ont permis de réguler les crues tout en produisant de l'énergie non polluante, de plus de 15 milliards de kWh en 2007.
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Le trafic fluvial reste important malgré l'absence d'un canal à fort gabarit entre le Rhône et le Rhin (la mise à grand gabarit du Canal du Rhône au Rhin, commencée partiellement à l'est, a été abandonnée sous le gouvernement Jospin et l'impulsion de Dominique Voynet alors ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement). Il bénéficie du report amorcé des modes de transport, en partie, vers le fluvial. En 2007, 6 200 bateaux ont passé les écluses de Bourg-les-Valence.
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Des conventions sont signées avec les communes pour organiser l'aménagement de ports de plaisance ou d'espace de mise à l'eau. C'est ainsi que le port de Cruas a été inauguré le 30 juin 2007.
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La protection de l'environnement est devenue l'une des priorités de la CNR. Diverses actions sont en cours en faveur de la faune, la flore et l'amélioration de la qualité de l'eau. L'entretien des sites classés Natura 2000 est tout particulièrement suivi, par exemple le traitement de formations envahissantes d'ambroisies et de jussies à Viviers en Ardèche. D'autres actions écologiques ont été entreprises le long du fleuve. Ainsi, en Suisse, la forêt de Finges est devenue une réserve naturelle protégée; de ce fait, la construction de l'autoroute A9 nécessite une traversée entièrement souterraine du site. Les travaux ont commencé en 2004 et dureront entre quinze et vingt ans[10],[11].
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Plusieurs installations nucléaires, situées sur les rives du Rhône, prélèvent de l'eau pour assurer leur refroidissement :
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En outre, jusqu'en 1997, le surgénérateur Superphénix (Centrale nucléaire de Creys-Malville) était également en fonctionnement sur les rives du Rhône. Depuis cette date, elle est en phase de démantèlement nucléaire.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Brigue est de 41,6 m3/s. Son bassin versant est alors de 913 km2, a une altitude moyenne de 2 370 m et l'extension glacier représente 24,2 % de la surface du bassin versant. Le débit maximum mesuré l'a été en 2000 avec une pointe à 557 m3/s.
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à la Porte-du-Scex est de 182 m3/s. Son bassin versant est alors de 5 244 km2, a une altitude moyenne de 2 130 m et l'extension glacier représente 14,3 % de la surface du bassin versant.
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Le régime hydraulique du Rhône est caractérisé par des maxima automnaux liés aux pluies méditerranéennes, et printaniers en raison de la fonte des neiges. L'hiver présente souvent des débits soutenus mais moins marqués et le régime hydraulique minimum est estival.
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Longtemps qualifié de « fleuve fantasque », en raison de ses crues puissantes (plus de 11 000 m3/s à l’aval)[12],[13], il est d’usage de parler aujourd’hui de « fleuve dompté » depuis l’aménagement, sur sa partie française, par la CNR. En amont, sur sa partie suisse, il a subi de nombreux aménagements. Les crues de 1993-1994 et de 2002-2003 ont montré que l’aménagement hydroélectrique ne gère que les débits ordinaires, mais n’empêche en aucun cas la formation de grandes crues similaires à celles du XIXe siècle.
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Le Rhône se caractérise par la diversité de son bassin versant :
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Il en résulte un régime hydrologique très complexe, et une très grande diversité dans la formation des crues et leur déroulement. On distingue les types de crue suivants[14] :
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Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Beaucaire est de 1 690 m3/s (données 1920-2011)[1].
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On considère que le Rhône est en crue dès que son débit dépasse les 5 000 m3/s. Le record récent mesuré date de décembre 2003 avec un débit annoncé initialement à 13 000 m3/s à Beaucaire[15]. Le débit a été depuis révisé à 11 500 m3/s + ou - 5 %[16]. Voir aussi CNR[17] et mairie d'Arles[18].
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Les services de l'État, pour l'évaluation du risque d'inondation (élaboration des Plans de Prévention des Risques d'Inondation, PPRI), retiennent comme crue de référence la crue de 1856, estimée à 12 500 m3/s à Beaucaire : elle serait ainsi un peu plus forte que la crue de 2003.
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La plus grosse crue historique est probablement celle survenue en novembre 1548, voire celle de 580. La crue millénaire, quant à elle, est estimée à plus de 14 000 m3/s (entre 14 000 et 16 000 m3/s, selon les auteurs, avec un consensus plus marqué pour 14 000−14 500 m3/s). Le Rhône est celui des cinq grands fleuves français dont le débit est le plus élevé.
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Vers 175 av. J.-C., une importante crue du fleuve recouvre une large partie d'Arles et provoque la destruction irrémédiable des quartiers sud. Ces quartiers périphériques méridionaux sont par la suite abandonnés pendant deux siècles. Vers 150, on a la trace d'une importante crue à Arles. Vers 280, des sources historiques indiquent une crue importante à Lyon, ravagée par une inondation[19]. L'archéologie confirme à Arles la destruction par les eaux d'un habitat romain à la fin du IIIe siècle. 346 voit une crue généralisée du Rhône[réf. nécessaire].
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En 563, un éboulement situé avant le Léman forme un barrage sur le Rhône avec montée des eaux en amont. La rupture du barrage provoque une vague d'eau qui créa des dégâts importants en aval y compris sur les berges du Léman. Cet événement appelé catastrophe du fort de l’Écluse ou éboulement de Tauredunum est signalé par Grégoire de Tours[20] et Marius d'Avenches.
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En 579 ou 580 (plus probablement en 580), a lieu une crue d'automne avec inondation à Lyon et à Arles. À Lyon, Grégoire de Tours rapporte : « au commencement d'octobre, après deux jours de pluies continuelles, le Rhône et la Saône entrèrent en crue. Chose qui ne s'était jamais produite, les deux rivières vinrent se rejoindre au milieu de la presqu'île et formèrent un courant si violent qu'une partie des murs de la ville fut renversée, d'où l'on peut juger du nombre de maisons qui durent être entraînées par les eaux. » A Arles, le cirque romain est abandonné après cette catastrophe.
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L'année 618 voit une crue probable avec des inondations.
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En 808, une crue de printemps fait écrire « Cette année, l'hiver fut très « mou » et très pernicieux. On fut affligé à sa suite d'inondations terribles » et est suivie, l'année suivante, d'une crue d'hiver généralisée : « En 809, l'inondation surpassa toutes les inondations connues. Elle emporta les moissons des champs riverains et força les habitants des bords de rivières à chercher un refuge sur les hauteurs. L'abondance des pluies en fut la cause. Elle atteignit son apogée le 28 décembre. »
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Lors de l'hiver 821-822, des crues généralisées affectent la France : « Il y eut en France une si grande abondance de pluie que les fruits de la terre en furent perdus et qu'on ne put rien semer au printemps suivant. Les rivières sortirent de leur lit et les eaux se répandirent au loin dans les campagnes. » 868 voit une crue historique généralisée des fleuves à la suite de « pluies incessantes ».
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En 1226, la crue d'automne (17 septembre[21]) et des inondations à Avignon ont lieu peu de jours après la reddition de la ville aux troupes du roi Louis VIII qui assiégeaient la cité depuis 10 juin. À quelques jours près, la cité eût été sauvée.
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En 1308, une lettre du comte de Provence Charles II évoque les cultures détruites, les ponts emportés et les bestiaux noyés à la suite d'une crue. 1345 voit des inondations catastrophiques. À Arles, à la suite des inondations de 1352, le Chapitre ne peut plus être ravitaillé correctement (d'après un texte du 5 octobre 1352)
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Les inondations catastrophiques se répètent en 1353, 1358, 1368 ou 1373 (cette dernière crue est mal datée, probablement de 1372).
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La crue du 14 novembre 1396 fait écrire au chroniqueur arlésien Bertrand Boysset : « […] il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais. […] (À Arles) L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier. » Les crues d'octobre 1398, décembre 1401 et février 1404 sont aussi signalées par le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset.
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À Tarascon, il est rapporté que « le 16 juin 1424, des inondations du Rhône mettent la ville en grand péril ». À la fin de cette même année 1424, le conseil et les syndics de Tarascon se préoccupent de faire réparer les brèches ouvertes dans les levées du Rhône[22]. En Camargue, 80 % au moins des blés sont anéantis par cette inondation.
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Une crue de printemps avec des inondations frappe la Camargue en 1426 et 1432.
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En 1433, une crue d'automne se produit à Avignon : « après plusieurs jours de pluies continuelles, le Rhône, la Durance et la Sorgue avaient débordé et inondé les bas quartiers de la ville. Le 29 novembre, les eaux atteignirent la porte de la chapelle des Pénitents Gris. Les eaux se retirèrent le 1er décembre. »
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Au cours du XVIIIe siècle, des ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains[24].
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Entre 1705 et 1719, crues et inondations quasi annuelles.
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Au cours du XIXe siècle, de nouveaux ouvrages d'endiguement insubmersibles furent construits, principalement par les riverains. À partir de 1878, ces aménagements connurent un développement rapide[24].
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En 1934, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) reçoit la concession des travaux d'aménagement du Rhône. Cette entreprise est depuis chargée de l'aménagement général du fleuve, en particulier pour la production hydroélectrique et la navigation[24].
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Les 2 dernières crues ayant eu des conséquences économiques et humaines si catastrophiques en particulier dans la plaine du Bas-Rhône, au sud de Tarascon à Arles, qu'elles ont entrainé la mise en chantier du Plan Rhône.
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Le Léman induit une coupure totale entre le Haut-Rhône et le Rhône aval en matière de charge sédimentaire.
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Le Rhône prend sa source dans le massif du Saint-Gothard, dans les Alpes. Il naît de la fonte du glacier du Rhône. Il emprunte une longue vallée étroite en Valais pour rejoindre le Léman à la hauteur de la commune du Bouveret. Entre sa source et le lac, le Rhône reçoit les eaux d'environ 200 torrents.
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Dans sa partie située en Suisse, le Rhône a subi de nombreux aménagements visant à maîtriser son cours et diminuer les effets néfastes de ses crues ; première correction de 1863 à 1894, seconde correction entre 1930 et 1960, troisième correction depuis 2008 devant durer de 25 à 30 ans.
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Le tracé du Rhône prend forme durant le Miocène[37],[38] et connaît une évolution majeure durant la crise de salinité messinienne[39]. La diversité du bassin se répercute sur les conditions de production et d’alimentation du Rhône en charge sédimentaire : diversité géologique du bassin, héritage des formations glaciaires, conditions morphoclimatiques contrastées de dégradation des bassins…
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L’aménagement du Rhône confié à la CNR pour les besoins de la navigation, de la production hydroélectrique, et de l'irrigation a été presque mené à son terme. Seuls demeurent à courant libre le court tronçon de part et d’autre du confluent de l’Ain (abandon du projet d’aménagement de Loyette) et le Rhône à l’aval de Beaucaire. La succession de vingt aménagements a totalement remodelé le Rhône sur le reste du linéaire.
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La dynamique fluviale naturelle du Rhône et de ses affluents, et la structure des pentes qui en est l'image, est fortement marquée par l'héritage des dernières glaciations.
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En amont, jusqu'à Lyon pour le Rhône (et Valence pour l'Isère), les glaciers quaternaires (dernier maximum glaciaire il y a environ 18 000 ans) ont laissé des alternances de zones surcreusées (les ombilics) et de zones proéminentes (les verrous). Les ombilics sont occupés par des lacs glaciaires lorsqu'ils étaient situés à l'écart des cours d'eau principaux capables de les réalluvionner (lac d'Annecy, lac du Bourget). En revanche, s'ils étaient situés sur un axe d'écoulement majeur, ils ont été alluvionnés en tout ou partie, mais sans que la continuité du transit des graviers ait pu toujours être rétablie : le Léman n'est que très partiellement alluvionné par le Haut-Rhône, la plaine de Brangue-Le Bouchage, en amont de Lyon, est alluvionnée, mais la pente y était encore faible (zone de marais).
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En aval, la remontée rapide du niveau marin �� la fin de la dernière glaciation il y a quelque 10 000 ans (remontée de 120 m : transgression flandrienne) a forcé le fleuve à déposer ses alluvions (formation de la Camargue) : les graviers n'arrivaient toujours pas jusqu'à la mer, et se déposaient à l'entrée du delta. La plupart des affluents ont eu du mal à suivre la remontée du niveau du fleuve : ils déposent leurs alluvions grossières à l'entrée de la plaine du Rhône et se terminent par un lit à méandres mobiles (Ouvèze, Aygues, Ardèche, Cèze, Gardon).
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Entre ces deux secteurs, le Rhône montre un profil plus ou moins lissé avec une faible épaisseur d'alluvions, un substratum proche et des pentes relativement fortes.
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Le Haut-Rhône présente une décroissance globale de la pente (à l’exception d’un secteur de gorges non pertinent pour l’analyse d’ensemble) associée à une tendance à l’alluvionnement du lit et à la réduction de la charge de fond, jusqu’à interruption de celle-ci entre le Guiers et Sault-Brenaz (pente descendant localement au-dessous de 0,2 ‰). Les apports de l’Ain et une recharge sédimentaire dans les terrasses würmiennes favorisent une forte activité en amont de Lyon associée à une forte pente (0,8 ‰). Une tendance à l’alluvionnement à l’entrée de Lyon et les apports liquides de la Saône conduisent à une pente plus faible sur le tiers amont du Bas-Rhône. Le tiers central est caractérisé par une pente forte (supérieure à 0,8 ‰ localement) associée à de fréquents affleurements rocheux, mais qui ne font pas seuil : on est là à la limite de la pente structurale (imposée par le cadre structural et non par l’équilibre entre transits solide et liquide : « transport passif ») et d’une pente morphologique (lit librement divaguant formé d’alluvions, en échange permanent avec le transport par charriage : « transport actif »).
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La pente diminue ensuite régulièrement jusqu’au delta.
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Le transit sédimentaire couvre une large gamme de matériaux. On distingue classiquement deux modes de transport : le transport par charriage sur le fond des alluvions grossières et le transport en suspension des sédiments fins.
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Lorsqu’il s’agit de comprendre les évolutions morphologiques du Rhône, la distinction charriage / suspension est fondamentale.
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La transition entre les deux modes de transport se situe en général dans les sables plutôt grossiers (entre 200 μm et 1 mm).
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Sur tout le cours du Rhône, c’étaient les graviers et galets qui, avant les grands aménagements, constituaient le transit sédimentaire « actif », c’est-à-dire qui façonnaient le lit du fleuve.
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Les sédiments fins (limons et sables) transportés en suspension jouaient un rôle secondaire dans les marges alluviales.
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Les graviers et galets n’atteignaient pas la mer : ils contribuaient à l’alluvionnement à l’entrée du delta. Les apports de graviers sont aujourd’hui insignifiants.
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Les limons et argiles sont emportés loin des côtes et contribuent à la sédimentation pélagique.
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En définitive, seuls les sables jouent un rôle actif dans la dynamique sédimentaire du littoral.
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Les sables qui participent à la dynamique du littoral sont transportés en suspension dans le Rhône, y compris dans la partie deltaïque.
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Le trait dominant de la plaine de Valence est une surface déprimée, encadrée au nord, à l’est et au sud par des collines ou lambeaux de plateaux surtout molassiques, de formes et de hauteurs modérées (200 à 300 m).
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Le fond molassique Miocène fut recouvert par les alluvions fluvio-glaciaires de l’Isère, dont les terrasses marquent aujourd’hui encore la forme de la plaine, et les dépôts périglaciaires des rivières descendant du massif du Vercors et formant des cônes de déjection entre les buttes molassiques. Plus au sud, les dépôts périglaciaires abondants de la Drôme formèrent, à la confluence, une vaste plaine alluviale en éventail qui rejeta progressivement le cours du Rhône au pied des versants ardéchois.
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Le Rhône apporta ses propres alluvions : par endroits, l’élargissement de son lit fluvial est propice aux accumulations sédimentaires. Le fleuve a naturellement tendance, sur sa basse plaine, à divaguer. Sa pente longitudinale assez forte engendre des vitesses d’écoulement importantes. L’Isère, à quelques kilomètres en amont de Valence, lui apporte près du quart de ce que roule déjà le fleuve. Ajouté aux eaux torrentielles de ces affluents en période de pluie ou de fonte des neiges, ce Rhône puissant peut devenir énorme et sauvage.
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À partir du milieu du XVIIIe siècle, des endiguements insubmersibles sont construits par les riverains. Ils restent cependant peu nombreux jusque vers 1840. À la suite des graves inondations de 1840 est créé le « Service spécial du Rhône ». À cette date débute la construction systématique de digues dans la plaine d’inondation. Après la crue de 1856, de nombreux aménagements sont entrepris (digues, barrages), ainsi que le reboisement des zones amont[40].
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En parallèle, un principe d’aménagement du chenal est adopté pour améliorer les conditions de navigation selon un tracé sinusoïdal à grand rayon de courbure. Des digues submersibles sont construites le long des rives concaves. Le barrage systématique des bras secondaires est engagé. Parfois, le double objectif de protection des terres et de fixation du chenal navigable conduit à des digues insubmersibles, comme à Pierre-Bénite.
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La loi de 1878 déclare d’utilité publique « les travaux d’amélioration du Rhône entre Lyon et la mer ». Les aménagements connaissent alors une expansion rapide.
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Girardon (1884) révolutionne les conceptions de l’aménagement à courant libre. Il modifie l’utilisation des épis plongeants et noyés, des seuils de fond, des tenons et des traverses selon une méthode qui sera appliquée sur le Rhône aval avec succès [41].
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Les « casiers » résultent de l’association systématique des tenons aux digues basses. L’objectif est de tendre vers un chenal de 150 m de large en général, avec une profondeur d’eau de 1,60 m sous l’étiage conventionnel.
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171 |
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En 1938, l’aménagement du Rhône à courant libre est à peu près systématique entre Lyon et Arles. Le tressage a disparu au profit d’un lit unique sans latitude de divagation, muni d’annexes hydrauliques de plus en plus déconnectées.
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173 |
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Durant les années 1980, la CNR réalisa le Canal de Savières afin de permettre la navigation entre le lac du Bourget (qui est le plus grand lac naturel de France) et le Rhône. Le niveau du canal du Haut-Rhône est monté de 4 m et une écluse a été construite pour permettre le passage des bateaux. Un barrage fut érigé pour régulariser le niveau de l'eau afin d'accueillir ce nouveau canal long de 4 500 m.
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Dès 1899, l’aménagement de Miribel-Jonage (barrage de Jons et usine de Cusset) constitue la première exploitation du Rhône pour l’hydroélectricité.
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La CNR est créée en 1934. L’aménagement général du Rhône par la CNR a débuté en 1950 avec la mise en eau de Génissiat. Il s’agit du seul barrage de haute chute du Rhône. L’aménagement a porté ensuite dans les années 1950/1960 sur la partie centrale du Bas-Rhône (chute de Donzère-Mondragon). Il s’est poursuivi dans les années 1970 par l’aménagement des tiers aval et amont du Bas-Rhône, puis dans les années 1980 par l’aménagement du Haut-Rhône.
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179 |
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+
À l’exception de Génissiat, il s’agit d’ouvrages de basse chute, entièrement effaçables, associés (sauf sur Seyssel et Vaugris) à des dérivations. Le débit dérivé varie de 700 m3/s sur le Haut-Rhône à 2 200 m3/s sur le Bas-Rhône aval. Il est en moyenne 1,5 fois supérieur au module.
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181 |
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182 |
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L’aménagement du Rhône pour la production hydroélectrique et la navigation concerne ainsi la quasi-totalité du linéaire : seul le tronçon entre Sault-Brenaz et Lyon (avec l’abandon du projet de chute de Loyette) et l’aval de Vallabrègues jusqu’à la Camargue ne sont pas concernés.
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L’impact de ces aménagements sur le transit des sédiments est lié à deux grands facteurs : la perturbation du régime des pentes dans les retenues et la perturbation du régime des débits dans les tronçons court-circuités.
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Dans les retenues, la pente est nulle ou faible pour tous les débits ordinaires et les crues annuelles. Il n’y a que pour les crues exceptionnelles que la pente tend vers la pente naturelle.
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188 |
+
Or la capacité de transport solide diminue rapidement avec la pente. D’une manière générale, une réduction de 25 % de la pente conduit à un transit de sédiments cinq fois moindre. Une pente égale à la moitié de la pente naturelle correspond pratiquement à une pente de non transport : le débit de début d’entraînement est en effet plus que triplé : il correspond alors à un débit dépassé un jour tous les 10 ans en général.
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189 |
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+
Lorsque le débit du Rhône dépasse le débit nominal de la dérivation, les vannes du barrage sont progressivement ouvertes. L’ouverture des vannes de fond permet la chasse des matériaux déposés à l’amont immédiat du barrage.
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192 |
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Cependant, tant qu’il demeure une perte de charge au barrage, la pente amont est inférieure à la pente naturelle, et ne permet qu’un transit partiel des sédiments jusqu’au barrage. L’ouverture des vannes de fond permet l’évacuation des sédiments accumulés devant le barrage, mais pas le transit de toute la charge de fond amont.
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193 |
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+
Ce n’est que lorsque la perte de charge au barrage devient négligeable que l’on peut véritablement parler de transparence totale. La crue assure alors non seulement le transit des apports d’amont, mais également la reprise d’une partie de la sédimentation de la retenue.
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195 |
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Cette transparence totale n’est assurée qu’à partir de la crue centennale.
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196 |
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197 |
+
À peu de chose près, on peut considérer que le débit dérivé est constant (en réalité, le débit dérivé est le plus souvent un peu diminué pendant les fortes crues), sauf incident dans le fonctionnement du barrage. La majeure partie du temps, il ne reste dans le Vieux Rhône que le « débit réservé », incapable de transporter des sédiments.
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198 |
+
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199 |
+
La fréquence des débits morphologiquement actifs est donc fortement diminuée, ce qui réduit d’autant la capacité de transport dans les RCC (Rhône court-circuité).
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200 |
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201 |
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Les hautes eaux jusqu’à la crue annuelle assuraient avant aménagement près de 98 % du transport solide.
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202 |
+
Sur l'aménagement de Chautagne (Haut-Rhône), la gamme de débit correspondant à des fréquences de 20 à 130 jours par an (entre 400 et 700 m3/s avant aménagement) assurait le transit de 75 % du transit total. Avec la dérivation de 700 m3/s, le Vieux Rhône est aujourd’hui au débit réservé (morphologiquement totalement inefficace) pour cette gamme de fréquence.
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203 |
+
Il n’y a que pour les débits rares (au-dessus de 900 m3/s dans le Vieux Rhône, c’est-à-dire un jour tous les trois ans) que le transport solide est peu perturbé.
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204 |
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Mais ces débits sont peu efficaces en termes de bilan annuel.
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Au total, seul 1 % de la capacité de transport naturelle est conservée dans le Vieux Rhône.
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206 |
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207 |
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Sur Donzère-Mondragon (Bas-Rhône), la dérivation (1 980 m3/s) est proportionnellement plus faible qu’à Chautagne. L’effet de réduction des débits est donc moindre, mais les incidences restent qualitativement similaires. La capacité de transport solide résiduelle couvre 6 % de la capacité naturelle.
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208 |
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209 |
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Les mouvements de matériaux sur le Rhône résultent des différents modes de gestion des sédiments mis en œuvre sur le fleuve et ses affluents. D'une façon générale, ils se traduisent, soit par des extractions de matériaux grossiers lorsque leur valorisation économique le permet (il s'agit alors de graviers, du sable grossier jusqu'au galet), soit par des déplacements sans extraction, d'un lieu à un autre du lit, de matériaux fins (des sables fins jusqu’aux argiles en passant par les limons).
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210 |
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Les matériaux extraits correspondent au matériau participant au transport par charriage, alors que les matériaux fins remobilisés correspondent au type de matériaux participant au transport par suspension.
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211 |
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212 |
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En dehors des raisons d'entretien du lit, les extractions de matériaux ont été historiquement motivées par des besoins économiques liés à la réalisation des aménagements du Rhône, des infrastructures routières, et plus récemment des plateformes des centrales EDF ou des remblais TGV.
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213 |
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+
Aujourd'hui, les mouvements de matériaux, extractions ou remobilisation répondent à un besoin de gestion du lit du Rhône pour les besoins propres :
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215 |
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216 |
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Volume moyen annuel de graviers extraits sur tout le Rhône en aval du Léman dans le lit mineur : 900 000 m3/an.
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Volume moyen annuel de matériaux fins remobilisés dans le lit mineur : 1 100 000 m3/an.
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219 |
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220 |
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Le transit en suspension est rapide. Il faut compter moins de 24 h de transit en moyenne pour 100 km.
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221 |
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Les effets de dépôt / reprise sont relativement marginaux (sauf naturellement dans les grands réservoirs naturels — le Léman… — ou artificiels). En fonctionnement naturel, les dépôts dans les marges boisées (qui peuvent atteindre plusieurs décimètres au cours d’une crue) sont régulièrement repris par le fleuve par érosion de ces marges lors des divagations du bras vif. La faible mobilité actuelle du Rhône favorise un exhaussement irréversible de ces marges, ainsi qu’une réduction de la largeur du lit principal dans les retenues. Mais l’endiguement du fleuve limite la largeur sur laquelle s’appliquent ces évolutions, et donc les volumes concernés. Dans ces conditions, les apports du Rhône à la Camargue sont directement issus de la production du bassin versant. Il en résulte que les évolutions du bassin versant influent rapidement et directement sur les apports en suspension.
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222 |
+
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223 |
+
Le transit naturel a pu être estimé à 20 millions de tonnes par an dans les années 1950. Il est possible que le transit ait atteint 30 millions de tonnes par an au début du XXe siècle, au moment du maximum démographique dans les Alpes, qui avait favorisé un fort déboisement des versants.
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224 |
+
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225 |
+
Les apports du bassin versant n'ont pas changé de façon significative depuis le milieu du XXe siècle : l'état des versants, le développement des zones de ravinement et le fonctionnement des torrents ont peu évolué. En revanche, les grands barrages piègent des volumes significatifs de sédiments fins : Vouglans sur l'Ain, Génissiat sur le Rhône, Serre-Ponçon sur la Durance, Tignes sur l'Isère, le Sautet et Monteynard sur le Drac, Sainte-Croix sur le Verdon, etc. La fixation du lit du Rhône et de certains de ses affluents a favorisé également la sédimentation dans les marges alluviales. On peut estimer les apports actuels à dix millions de tonnes par an.
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226 |
+
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227 |
+
Au contraire, le transit par charriage est beaucoup plus lent. Pour fixer les idées, le temps de transit est de plusieurs décennies pour 100 km. La continuité du transit par charriage avant les grandes perturbations dues aux aménagements hydroélectriques et aux extractions est une hypothèse de travail satisfaisante sur beaucoup de tronçons de longueur modérée, où les variations en altitude du lit sont négligeables à l’échelle humaine. En revanche, même avant les grands travaux pour la navigation et la production hydroélectrique, il n’y avait pas continuité du transit des graviers à l’échelle d’un bassin comme celui du Rhône. Les délais depuis la dernière glaciation (de l’ordre de 15 000 ans) ont en effet été insuffisants pour que les profils en long sur une telle échelle aient atteint un équilibre assurant la continuité du transit. Avant aménagement, la continuité du transit était ainsi interrompue sur le Rhône en amont de Sault-Brenaz, et réduite de manière très importante à l’amont de Lyon, ainsi qu’en Chautagne. Il en était de même dans la partie aval de plusieurs affluents (Isère, Eygues, Ouvèze, etc.).
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228 |
+
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229 |
+
D’amont en aval, on avait avant aménagement les ordres de grandeur suivants :
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230 |
+
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231 |
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Le transit des graviers a été totalement bouleversé au cours du XXe siècle :
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232 |
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233 |
+
Au total, on arrive paradoxalement à un nouvel « équilibre » : presque pas d'apports, presque pas de transport.
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234 |
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235 |
+
Le transit de graviers ne dépasse guère quelques milliers de mètres cubes par an sur la plupart des tronçons, avec un maximum de quelques dizaines de milliers de mètres cubes par an entre la Drôme et l'Ardèche.
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236 |
+
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237 |
+
Le Rhône est le seul fleuve reliant la Méditerranée à l’Europe du Nord. Il constitue depuis les Rhodiens et les Phéniciens un axe majeur de circulation des populations et des marchandises. Élément structurant dans l'organisation des territoires, le Rhône conduit aussi les hommes à se surpasser pour le dompter et surtout le traverser.
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238 |
+
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239 |
+
On trouve ainsi des traces d’occupation dès la Préhistoire. Dès l’Antiquité, l’étain, le cuivre ou les peaux du Nord sont échangées contre des productions de l’Orient et de la Méditerranée (ivoire, épices, étoffes, etc.).
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240 |
+
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241 |
+
En août 218 av. J.-C., Hannibal traverse le Rhône avec son armée de 80 000 hommes et 37 éléphants dans le but d'attaquer Rome par voie de terre. L’armée romaine sous les ordres de Scipion étant toute proche sur la rive gauche du fleuve, il préfère remonter le long du fleuve à vive allure pendant quatre jours pour l’éviter et ainsi affronter l’ennemi en Italie, sur son territoire.
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242 |
+
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243 |
+
À l’époque romaine, il devient une voie de développement commercial. Plus tard, le vin, la vaisselle et le sel d'une part, les armes et les étoffes d’autre part empruntent en sens inverse le sillon rhodanien.
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244 |
+
La présence du fleuve permet le développement des villes comme Arles, Avignon, Lyon ou Vienne qui profitent de leur atout géographique à la croisée du Rhône et des axes de communication terrestres et maritimes. Les franchissements du fleuve participent également de manière déterminante à l’histoire des villes et des territoires.
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245 |
+
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246 |
+
Tout au long de son cours, le Rhône compte de nombreux ponts routiers, autoroutiers, ferroviaires, piétonniers, ou mixtes. Le pont de Chancy est le seul pont qui franchit la frontière entre la Suisse et la France sur le Rhône, sans compter le barrage de Chancy-Pougny qui peut aussi faire office de pont pour les collaborateurs de l'exploitation.
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247 |
+
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248 |
+
Depuis 1987, Territoire Rhône est un organisme public créé pour assurer la liaison entre les collectivités territoriales et favoriser la cohérence des actions menées au fil du Rhône[43].
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249 |
+
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250 |
+
Le fleuve est officiellement reconnu comme pollué par l'État français au moins au regard des polychloro-biphényles (PCB)[44],[45]).
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251 |
+
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252 |
+
De plus sa température moyenne tend à augmenter (+1 à +2 °C sur 30 ans pour les moyennes annuelles[46]), de même que celle de ses affluents (température mesurée précisément sur 30 ans, chaque heure, sur une quinzaine de stations[46]). Ces augmentations sont plus marquées sur le Rhône aval et ses affluents chauds, et le réchauffement est le plus important au printemps et en été (hormis sur les stations soumises à un régime hydrologique nivo-glaciaire)[46]. Or, une eau qui se réchauffe perd une partie de sa capacité à conserver son oxygène dissous. Les données disponibles ne permettent pas de faire la part des causes climatiques et de celles liées à l'artificialisation du cours (lacs de barrages…) ou au réchauffement par les centrales nucléaires.
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253 |
+
Dans le cadre du dérèglement climatique, ce réchauffement pourrait se poursuivre[47].
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Le Rhône a donné son nom :
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Noms régionaux :
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« […] Il parut alors dans les Gaules un grand prodige au fort de l’Écluse, situé sur une montagne au bord du Rhône […] »
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fr/5098.html.txt
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Richard Ier[2] dit Cœur de Lion (8 septembre 1157[F 1], palais de Beaumont à Oxford – 6 avril 1199, château de Châlus-Chabrol) fut roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou de 1189 à sa mort en 1199.
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Fils d’Henri II et d’Aliénor d'Aquitaine, Richard est élevé dans le duché d'Aquitaine à la cour de sa mère, ce qui lui vaut dans sa jeunesse le surnom de Poitevin. Il devient comte de Poitiers à l'âge de onze ans et duc d’Aquitaine lors de son couronnement à Limoges. Après la mort subite de son frère aîné le roi Henri le Jeune en 1183, il devient héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine. Pendant son règne, qui dure dix ans, il ne séjournera que quelques mois dans le royaume d’Angleterre et n'apprendra jamais l'anglais[F 2]. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, puis pour défendre ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, auquel il s’était pourtant auparavant allié contre son propre père. Ces territoires, pour lesquels il a prêté allégeance au roi Philippe, constituent la plus grande partie de son héritage Plantagenêt.
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Les Anglais l’appellent Richard I, les Français Richard Cœur de Lion, dans les régions occitanes, il est surnommé Oc e Non (« Oui et non » à cause de son supposé laconisme)[F 3],[3], et les Sarrasins, Melek-Ric ou Malek al-Inkitar (roi d'Angleterre)[4]. En son temps, il est considéré comme un héros, et souvent décrit comme tel dans la littérature. Il est aussi un poète et un écrivain célèbre à son époque, notamment pour ses compositions en occitan[F 2],[5], mais aussi en langue d'oïl.
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Richard naît probablement au palais de Beaumont en Angleterre[G 1]. Troisième fils d’Henri II d’Angleterre (l’aîné, appelé Guillaume, né en 1153, est mort à l’âge de trois ans) et d'Aliénor d'Aquitaine, Richard n’est pas destiné à succéder à son père. Il est cependant le fils préféré de sa mère (qui avait eu deux filles de son premier époux, le roi des Francs Louis VII de France) et, lorsque ses parents se séparent, il devient son héritier à la couronne d’Aquitaine en 1168, puis au titre de comte de Poitiers.
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En janvier 1169, il est fiancé à Adèle de France (fille du roi des Francs Louis VII le Jeune)[6]. Henri II la fit venir en Angleterre de manière à pouvoir prendre possession des terres constituant sa dot (comté d'Aumale et comté d'Eu), mais, dès qu'elle fut nubile, il aurait abusé d'elle, en aurait fait sa maîtresse et retardé le mariage. Par le traité de paix signé le 30 septembre 1174 à Montlouis entre Tours et Amboise, le roi Henri II renouvela à Louis VII la promesse du mariage entre Adèle et son fils Richard, mais il ne s'y tint pas, et en 1177, le pape Alexandre III intervint pour le sommer, sous peine d'excommunication, de procéder au mariage convenu. Le Berry devait être la dot de l'épousée. Henri renouvela sa promesse en décembre 1183 puis à l'époque du Carême de 1186, mais ne tint toujours pas sa promesse. Entretemps Adèle aurait donné la vie à un fils, la rumeur voulant qu'il soit l'enfant d'Henri II[7].
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Après la mort du roi Henri II Plantagenêt, le 6 juillet 1189, son fils et successeur Richard fit venir Adèle à Rouen en février 1190, mais en 1191, il avertit le roi de France Philippe Auguste qu'il ne saurait prendre sa sœur comme femme à cause du déshonneur dont il l'accusait.
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Comme les autres enfants légitimes d’Henri II Plantagenêt, Richard montre peu de respect pour son père et manque de clairvoyance à long terme ainsi que du sens des responsabilités.
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En 1170, son frère Henri le Jeune est couronné roi d’Angleterre avant la mort de son père. Il est ainsi dénommé pour le différencier de son père, puisqu’il ne règne pas encore. Vers 1170, Richard reçoit le comté de Poitiers et le duché d'Aquitaine, lors de cérémonies d'investiture à Saint-Hilaire de Poitiers, puis à Limoges. En 1173, Richard rejoint ses frères Geoffroy II de Bretagne, époux de Constance de Bretagne, et Henri le Jeune dans leur révolte contre leur père. Déjà dotés de fiefs par leur père, ils espèrent le remplacer effectivement au pouvoir, poussés en cela par leur mère. Henri II envahit l’Aquitaine deux fois, et à dix-sept ans, Richard est le dernier de ses fils à lui tenir tête[réf. nécessaire]. Finalement, il refuse un combat face-à-face, et lui demande son pardon. En 1174, Richard renouvelle ses vœux de soumission à son père[F 3].
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Après son échec, Richard va mater les nobles mécontents d’Aquitaine, spécialement en Gascogne. Il fonde Marmande en 1182, s’y installe et construit de nombreux châteaux forts dans les environs (Soumensac). Il se taille une affreuse réputation de cruauté, avec de nombreuses accusations de viols et de meurtres. Les rebelles espèrent détrôner Richard et appellent ses frères à l’aide. Henri II a peur que cette guerre entre ses trois fils ne conduise à la destruction de son royaume, et il lance son armée à son aide. Le 11 juin 1183, Henri le Jeune meurt, et son père Henri II est toujours sur son trône.
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Richard a une raison majeure de s’opposer à son père. Ce dernier a pris comme maîtresse la princesse Adèle, fille du roi Louis VII, alors qu’elle lui était promise. Cela rend aux yeux de l’Église le mariage avec Richard techniquement impossible. Mais Henri, voulant éviter un incident diplomatique, ne confesse pas son erreur de conduite. Quant à Richard, il ne renonce à ce mariage qu’en 1191.
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Très absent de son royaume d'Angleterre, Richard préfère se consacrer à ses possessions françaises et à la croisade en Terre sainte.
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Peu après son accession au trône en 1189, il décide de se joindre à la troisième croisade, inspirée par la perte de Jérusalem, prise par Saladin. Richard Cœur de Lion craint que Philippe Auguste n’usurpe ses territoires en son absence. Le roi de France a les mêmes craintes vis-à-vis de son rival anglais, aussi les deux rois partent ensemble pour la Palestine[F 4]. Ils s'engagent à défendre les territoires l'un de l'autre pendant qu'ils seront à la croisade[F 5].
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Richard est accusé de faire peu pour l’Angleterre, se contentant d’épuiser les ressources du royaume en empruntant pour financer ses expéditions en Terre sainte. Il relève également les taxes, et dépense la majeure partie du trésor de son père. Il rassemble et emprunte autant d’argent qu’il le peut, libérant par exemple le roi d’Écosse de son hommage en échange de dix mille marcs, et vendant nombre de charges officielles et autres droits sur des terres. Par ailleurs, c’est grâce aux réformes importantes de son père en matière de législation et de justice qu’il lui sera possible de quitter l’Angleterre pendant une longue période.
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En 1190, Richard part finalement pour la troisième croisade avec son ami le seigneur de Sablé et futur Grand-Maitre templier, Robert de Sablé, qui passa dix-neuf ans à sa cour[8]. Il s'embarque à Marseille, laissant Hugues, évêque de Durham, et Guillaume de Mandeville comme régents. Guillaume de Mandeville, qui meurt rapidement, est remplacé par Guillaume Longchamp. Mécontent de cette décision, le frère de Richard, Jean, se met à manigancer contre Guillaume.
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Pendant l'été 1190, Richard décide de débarquer près de Naples tandis que Philippe Auguste gagne directement Messine le 16 septembre[9]. De la région de Naples, il gagne Messine par voie terrestre en passant par Amalfi, Salerne et Mileto, où il est agressé par des gens du cru. Selon Roger de Hoveden, Richard s'était écarté de sa suite et avait molesté un paysan[10] ; aussitôt, tous les habitants du village l'attaquent et il ne doit sa survie qu'à la rapidité de sa fuite.
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En septembre 1190, Richard et Philippe sont en Sicile. En 1189, le roi Guillaume II de Sicile est mort. Son héritière, sa tante Constance, future reine Constance Ire de Sicile, est mariée à l’empereur Henri VI. Mais immédiatement après la mort de Guillaume, son cousin Tancrède de Lecce se rebelle, prend le contrôle de l’île, et début 1190, est couronné roi de Sicile. Il est préféré par le peuple, et par le pape, mais il est en conflit avec les nobles de l’île. L’arrivée de Richard accentue les difficultés. Tancrède a emprisonné la veuve de Guillaume, la reine Jeanne, la sœur de Richard, et ne lui donne pas l’argent qu'elle a hérité selon la volonté du défunt. Richard réclame la libération de sa sœur et la remise de son héritage. Pendant ce temps, la présence de deux armées étrangères cause des troubles parmi la population, exaspérée notamment par le comportement des soldats envers les femmes[9]. En octobre, la population de Messine se révolte, demandant que les étrangers quittent l’île. Une rixe éclate le 3 octobre entre des soldats et des habitants de la ville, « ramas de Grecs et de ribauds, gens issus de sarrasins » qui conspuaient les pèlerins tout en les traitant de « chiens puants »[9]. Richard attaque Messine et la prend le 4 octobre 1190. Après l’avoir pillée et brûlée, Richard y établit son camp. Il y reste jusqu’en mars 1191, quand Tancrède accepte finalement un traité. Celui-ci est signé, toujours en mars, par Richard, Philippe et Tancrède. En voici les termes :
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Le traité ébranle les relations entre l’Angleterre et le Saint-Empire romain germanique, et cause la révolte de Jean sans Terre, qui espère être proclamé héritier à la place de son neveu. Bien que sa révolte échoue, Jean continue dès lors de comploter contre son frère.
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Richard et Philippe reprennent la mer. En avril, Richard s'arrête sur l’île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitte en mai, mais une nouvelle tempête amène sa flotte à Chypre, où trois de ses navires s'échouent. L'attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène, qui régnait sur Chypre après s'être détaché de l'empire byzantin en 1184, provoque, le 6 mai 1191, le débarquement de la flotte de Richard dans le port de Lemesos (aujourd'hui Limassol). Il tente de s'entendre avec le Grec pour le ravitaillement d'Acre, mais devant la perfidie de ce dernier (Isaac était en fait dans l'équipe de Saladin), Richard entreprend la conquête de l'île. Les quelques catholiques romains de l’île se joignent à Richard, ainsi que ses nobles, révoltés par les sept années du joug tyrannique d’Isaac.
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Après avoir été défait à Kolossi (à l'ouest de Limassol), Isaac réorganise sa défense à Trémithoussia, sur la route menant à la capitale Nicosie, où se livre une bataille décisive le 21 mai 1191. Isaac est vaincu et fait prisonnier par Richard, qui devient le nouveau maître de Chypre. Il pille l’île et massacre ceux qui tentent de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérengère de Navarre, première-née du roi Sanche VI de Navarre, l’a enfin rejoint sur sa route vers la Terre sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le 12 mai 1191. La sœur de Richard, Jeanne, l’a suivi depuis la Sicile et assiste à la cérémonie. Le mariage ne produit pas d’héritier, et les opinions divergent sur l’entente entre les époux. La malheureuse Bérengère ne reverra l’Angleterre qu’après la mort de Richard.
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Cette conquête de Chypre allait avoir un impact très important sur l'Orient latin. D'un côté, l'île, pleine de ressources, allait constituer un centre de ravitaillement assuré pour l'Orient latin (et notamment pour Acre encore assiégée) et une escale sûre pour les armadas italiennes (maîtresses de la mer) et les autres croisades. D'un autre côté, elle allait participer au déclin de l'Orient latin en attirant les colons et barons syriens : entre les terres pleines de richesse de l'île et celles sans cesse exposées au danger de la Palestine, le choix était évident pour nombre de chevaliers, d'autant plus que le clan des Lusignan, futurs maîtres de Chypre, n'hésitait pas à multiplier les offres de terres et autres baronnies.
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Avant de partir pour Acre et pour seulement 25 000 marcs d'argent, Richard vend l'île de Chypre à son ami Robert de Sablé, le grand-maître de l'ordre du Temple. Les Templiers y installeront pendant quelques années leur première base en Orient avant de la vendre à Guy de Lusignan[11]. Richard, avec presque toute son armée, quitte Chypre pour la Terre sainte au début de juin. En son absence, Chypre doit être gouvernée par Richard Kamvill.
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Richard arrive à Acre en juin 1191 avec son ami le grand-maître de l'ordre du Temple Robert de Sablé, deux mois après Philippe Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs (eux-mêmes encerclés par l'armée de Saladin), commence à être à bout. L'arrivée du roi Richard, à la fois fabuleux combattant et tacticien, amène la chute d'Acre en juillet 1191. C'est lors de cette victoire que Richard va s'illustrer sombrement en exécutant 3 000 prisonniers musulmans, parce que Saladin tardait à lui remettre une relique de la Vraie Croix, 2 500 prisonniers chrétiens ainsi qu'une rançon convenue (20 août 1191, après le départ de Philippe Auguste). Après cette exécution qui va renforcer le jihad et rendre entre autres les futures négociations très difficiles (notamment pour la restitution de Jérusalem), Richard part conquérir le littoral avec Robert de Sablé et ses Templiers, mais il reste le seul chef de toute l'armée franco-anglaise (le roi de France est parti avec sa propre maison, laissant toutes ses troupes sous la houlette du duc de Bourgogne). Richard a aussi tout fait pour imposer comme roi de Jérusalem Guy de Lusignan (celui-ci étant originaire du Poitou, et donc son vassal) au détriment de l'énergique Conrad de Montferrat, sauveur de Tyr en pleine débâcle franque et soutenu ardemment par tous les barons syriens.
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Lors de leur conquête du littoral sud, Richard, Robert et leurs troupes sont harcelés sans cesse par les troupes de Saladin. Les croisés ne tombent néanmoins pas dans le piège de la poursuite et restent solidement groupés. Cependant, Saladin, ayant reçu des renforts turcomans, engage la bataille d'Arsouf dans une position stratégique très favorable : les croisés étant encerclés, adossés à la mer. Richard ne perd pas son calme et tente une habile manœuvre d'encerclement pour écraser totalement l'armée adverse. Mais un hospitalier et un chevalier anglais chargent pour la gloire, entraînant avec eux quelques autres chevaliers. Richard doit alors charger avec toute la cavalerie pour éviter une désorganisation possiblement fatale, et après de durs combats, la victoire est remportée par Richard. Celle-ci n'est cependant pas complète et ne conduit qu'à disperser et repousser l'armée ennemie, Richard n'ayant pu réaliser le mouvement tournant qui lui aurait permis une victoire décisive. Saladin détruit alors des places fortes (Jaffa notamment) avant l'arrivée des croisés. Le littoral conquis et certaines places fortes reconstruites (Jaffa, Ascalon…), Richard part vers Jérusalem en plein hiver. Mais il renonce finalement au siège, sous l'insistance notamment des barons syriens : la saison était mauvaise et ces derniers savaient qu'ils ne pourraient tenir Jérusalem une fois tous les croisés repartis. Le roi revient par la suite à deux reprises, mais il renonce bien qu'il estime toujours que la ville est à portée de main car son armée est affaiblie, alors que celle de Saladin est toujours plus grande et plus forte. Il est vrai qu'il vient également de recevoir de graves nouvelles d'Angleterre et il ne pense plus qu'à rejoindre son royaume.
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Le 5 juillet 1192, Richard commence à se replier pour regagner la côte. Voyant une occasion de se venger de la défaite d'Arsouf, Saladin contre-attaque et, le 27 juillet, met le siège devant la ville de Jaffa, qui avait servi de base d'opérations pour Richard au cours de sa marche à l'intérieur des terres en direction de Jérusalem. Il prend la ville basse, mais pas la citadelle qui résiste. Mis au courant[G 2], Richard quitte alors sa flotte, rassemble rapidement une petite armée, et se précipite vers la ville. La bataille de Jaffa s'engage. Battu à deux reprises par Richard, les 1er et 5 août, Saladin est contraint de se replier vers Jérusalem[G 3].
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Richard finit par embarquer le 9 octobre 1192, après avoir bâclé la paix avec Saladin (celui-ci, conscient des difficultés de Richard, tergiversait intelligemment) et mis à la tête d'Acre son neveu, le comte Henri II de Champagne (Conrad de Montferrat avait été assassiné par deux ismaëliens, et Guy de Lusignan dit « Sa Simplesse », devenu trop embarrassant pour les croisés, fut nommé à la tête du Royaume de Chypre).
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À la suite des manœuvres du roi français Philippe, le duc Léopold V de Babenberg capture Richard, alors sur le chemin du retour, près de Vienne à l’automne 1192. Richard l’a en effet publiquement insulté durant la croisade. D'abord emprisonné à Dürnstein, il est ensuite livré à l’empereur Henri VI qui le détient au château de Trifels. Ce dernier réclame une rançon de cent cinquante mille marcs d’argent, équivalant à deux années de recettes du royaume d’Angleterre[12]. Bien que les conditions de sa captivité ne soient pas strictes, il est frustré par l’impossibilité de voyager librement. De cet emprisonnement est tirée la légende de Blondel.
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L’empereur le libère en février 1194 contre un premier versement de cent mille marcs d’argent que sa mère, Aliénor d'Aquitaine, réussit à rassembler péniblement. L’empereur lui extorque également un serment d’allégeance de la couronne d’Angleterre à l’Empire avec le devoir de payer un tribut de cinq mille livres sterling par an. Ayant appris la libération de Richard, Philippe Auguste aurait fait prévenir Jean sans Terre que « le diable est lâché »[13].
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Le 20 mars 1194, Richard débarque au port de Sandwich et retrouve l'Angleterre[14], où il reçoit un bon accueil. Durant son absence, son frère Jean fut près de conquérir le trône. Richard lui reprend une à une les forteresses, le château de Nottingham est le dernier à tomber. Enfin Richard décide de retourner dans ses terres continentales, Philippe Auguste ayant manœuvré pour s'emparer de la Normandie en son absence[15].
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Richard débarque à Harfleur où il est accueilli avec enthousiasme et le 13 mai et il se met en route pour Verneuil-sur-Avre assiégée par Philippe Auguste. Auparavant, Jean devant l'arrivée précoce de son frère en Normandie se rallie bientôt à lui dans la ville de Lisieux. Richard campe à l'Aigle, non loin de Verneuil-sur-Avre, le roi de France Philippe sentant qu'il ne va pas pouvoir faire face à Richard, profite des fêtes de la Pentecôte (29 mai) pour lever le siège et déguerpir tout en sacrifiant son arrière-garde. Dès lors, Richard a pour dessein de reprendre le contrôle des forteresses objet du traité signé en janvier entre Philippe et Jean, ou d'en empêcher la prise, car tous les gouverneurs n'ont pas accepté les clauses de ce traité. Il descend sur l'Anjou.
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Philippe se venge de la trahison de Jean en brûlant Évreux. Il se rend compte un peu tard des visées du roi d'Angleterre quand celui-ci a repris la place forte de Loches. Fin juin, Philippe prend le château de Fréteval et tourne son Ost sur la forteresse de Vendôme. Richard campe alors à moins d'une lieue et fait dire à Philippe qu'il l'attend. Profitant de la nuit, Philippe lève le camp et suit péniblement la rive gauche du Loir avec son armée. Complètement désorganisée, celle-ci est cueillie au petit matin à quelques kilomètres de Fréteval. Philippe, qui s'était éloigné de l'itinéraire pour se reposer dans un châtelet sur une île du Loir, parviendra à fuir avec une poignée d'hommes, mais ses sceaux royaux, son trésor et ses chartes feront partie du butin récupéré par Richard[16].
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Après son départ en mai 1194, il ne retournera pas en Angleterre. En janvier 1196, Richard assiège Gaillon dont Lambert Cadoc est le châtelain. Lambert Cadoc repère Richard du haut de la tour et le vise avec son arbalète : le trait atteint le roi au genou et tue son cheval[17]. Ironiquement, c'est Richard lui-même qui a recruté Lambert Cadoc dans le Pays de Galles avec d'autres mercenaires gallois, afin de combattre le roi de France. Cependant, une partie de ces Gallois, dont Lambert Cadoc, poussés par leur haine des Normands et des Saxons, ont fait défection et rejoint l'autre camp[18].
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Durant plusieurs années de guerre, Richard parvient à redresser la situation et à défendre efficacement la Normandie. Il fait construire à cet effet une série de châteaux dont Château-Gaillard près des Andelys, sur la rive droite de la Seine, ainsi que les châteaux de Radepont dans la vallée de l’Andelle, Montfort-sur-Risle dans la vallée de la Risle, Orival sur la roche Fouet surplombant la Seine en amont de Rouen au-dessus d’Elbeuf, et fait améliorer le château de Moulineaux surplombant la Seine en aval de Rouen. Après une courte trêve, la guerre reprend à l'automne 1196. Richard envahit la partie du Vexin sous contrôle français. Il bat une première fois Philippe Auguste en septembre 1198 entre Gamaches et Vernon, puis une deuxième fois le 27 septembre lors de la bataille de Gisors[19],[20]. Cependant, le pape lui impose une trêve qui profite à Philippe Auguste.
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Le 23 mars 1199, Richard assiège le château de Châlus-Chabrol[21], possession du vicomte Adémar V de Limoges, dit Boson. Le 26, le roi est atteint par un carreau d'arbalète. L'auteur du tir n'est pas identifié avec certitude à cause des divergences entre les récits des chroniqueurs. Roger de Hoveden accuse le chevalier du Quercy Bertrand de Gourdon, mais Mathieu Paris et Raoul de Dicet évoquent un petit noble local Pierre Basile, à moins que ce ne soit Jean Sabroz ou Dudo[22],[23],[24]. Le carreau est retiré mais la gangrène s'installe. Richard meurt le 6 avril 1199, onze jours après sa blessure.
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Son corps est enterré en l’abbaye de Fontevraud (située non loin de Saumur), son cœur embaumé est enfermé dans un reliquaire et enterré dans un tombeau surmonté d'un gisant à son effigie en la cathédrale de Rouen, et ses entrailles sont déposées en l'église (actuellement ruinée) du château de Châlus-Chabrol. Cette partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements) avec des sépultures multiples est une pratique initiée au milieu du XIe siècle par les chevaliers et souverains du Royaume d'Angleterre et du Saint-Empire romain germanique morts en croisade ou loin de leur lieu de sépulture choisi[25].
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Selon Roger de Hoveden, Philippe de Cognac, fils illégitime supposé de Richard, aurait vengé la mort de son père en assassinant Adémar de Limoges[26].
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En mai 1199, Jean succède à Richard sur le trône d’Angleterre. Cependant les barons d'Anjou, du Maine et de Touraine le rejettent au début, lui préférant Arthur de Bretagne, neveu de Richard et Jean, dont les droits sont juridiquement meilleurs que les siens.
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Richard est très respecté par son plus grand rival militaire, Saladin, ainsi que par l’empereur Henri, mais il est également haï par nombre de ses anciens amis, en particulier le roi Philippe Auguste.
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Il se soucie peu de sa propre sécurité : la blessure reçue lors du siège de Châlus, qui aura raison de lui, ne se serait pas produite s’il avait été correctement protégé par une armure ; par la suite, l'infection aurait pu être évitée. Un incident très similaire s’était déjà produit dix ans auparavant, lorsque, combattant contre son père, il avait rencontré, désarmé, Guillaume le Maréchal, et avait dû le supplier pour avoir la vie sauve.
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Richard est un mécène et protecteur des troubadours et trouvères de son entourage; il est également poète[27],[28]. Il est lui-même intéressé par l'écriture et la musique, et on lui attribue deux poèmes qui nous sont parvenus. Le premier est un sirventès, Dalfin je us voill desrenier, le second est une complainte, Ja nuns hons pris[28],[G 4].
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La légende de Robin des Bois, d'abord située sous le règne d'Édouard II (vers 1322), est déplacée dans le temps par des écrivains anglais à partir du XVIe siècle dans le but de la rattacher au règne de Richard Ier. En outre, il n'y a pas de certitude historique sur Robin, qui peut avoir vécu au XIIe siècle, au XIIIe ou XIVe siècle. C'est donc bien plus tard qu’est établi un lien entre les deux hommes, en affirmant que le but poursuivi par Robin est de restaurer Richard sur le trône usurpé par le prince Jean lors de la captivité de Richard, entre 1192 et 1194, alors qu'en réalité Richard n'avait guère plus de soutien populaire en Angleterre que son frère Jean[29].
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L’amitié entre Philippe Auguste et Richard, qui se connaissaient depuis l'enfance, a parfois été assimilée à une relation homosexuelle, notamment par l'historien britannique John Harvey, en 1948[B 1]. Pour l'historien britannique John Gillingham, biographe de Richard Cœur de Lion, cette idée d'un roi homosexuel, apparue au XXe siècle, s'appuie sur des interprétations anachroniques des éléments qui nous sont connus[27]. Pour lui, la sexualité exacte de Richard ne peut être connue avec certitude[27]. Toutefois, pour l'historien William E. Burgwinkle, le fait qu'il n'y ait pas de preuves formelles de son homosexualité ne signifie pas pour autant qu'il faille conclure qu'il était forcément hétérosexuel[B 2].
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Certains chroniqueurs du XIIe siècle, comme notamment Benoît de Peterborough, parlent d'« amour » entre les deux jeunes hommes qu'étaient alors Richard et Philippe Auguste, et soulignent qu'ils partageaient le même lit[B 3]. Ce lien très fort unissant les deux hommes est définitivement brisé peu après et se transforme en haine[B 3].
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Quoi qu'il en fût, ses contemporains supposaient qu'il était hétérosexuel[27]. L'historien Jean Flori n'adhère pas à la thèse d'un roi homosexuel[F 3]. Pour lui, conclure à une relation homosexuelle relève d'une interprétation trop « moderne » du terme « amour » et il ajoute que partager le même lit « n'avait pas alors la connotation sensuelle qu'on peut y déceler aujourd'hui »[F 6]. Toutefois, sur la base des récits des pénitences de roi Richard en 1191 et 1195 pour des péchés de sodomie et de bougrerie, Jean Flori conclut à la probabilité d'une bisexualité[F 7]. Pour l'historien William E. Burgwinkle, il n'y a rien dans les chroniques contemporaines pour affirmer qu'en dehors de la forte affection qu'il avait à l'égard de Philippe Auguste, Richard ait été épris de quiconque, homme ou femme[B 4].
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À 34 ans, sous la pression de sa mère, Richard épouse Bérengère de Navarre. Ils se voient très rarement, et ce mariage est avant tout un mariage de convenance[B 5]. D'après le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden, après l'avertissement d'un ermite, et étant tombé subitement malade, Richard fait pénitence pour s'être éloigné de sa femme, et se réconcilie charnellement avec elle[B 6]. Il ne montre toutefois aucune volonté visible de concevoir un héritier[B 6].
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Le chroniqueur contemporain Benoît de Peterborough accuse aussi Richard de viols sur des femmes du peuple[B 4]. Pour Burgwinkle, un viol n'est pas l'indication d'un désir sexuel pour les femmes, mais un désir de contrôle, et dans le cas de Richard, certainement un contrôle politique[B 4]. Sa conclusion est qu'affirmer que Richard Cœur de Lion était hétérosexuel est illusoire[B 7].
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Richard a, avec une maîtresse inconnue, un fils illégitime, Philippe de Cognac[27]. Ce dernier épouse Amélie de Cognac († 1199), fille d'Itier, seigneur de Cognac, Villebois et Jarnac. Philippe de Cognac aurait vengé son père en assassinant, en 1199, Adémar V de Limoges.
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Richard Ier[2] dit Cœur de Lion (8 septembre 1157[F 1], palais de Beaumont à Oxford – 6 avril 1199, château de Châlus-Chabrol) fut roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou de 1189 à sa mort en 1199.
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Fils d’Henri II et d’Aliénor d'Aquitaine, Richard est élevé dans le duché d'Aquitaine à la cour de sa mère, ce qui lui vaut dans sa jeunesse le surnom de Poitevin. Il devient comte de Poitiers à l'âge de onze ans et duc d’Aquitaine lors de son couronnement à Limoges. Après la mort subite de son frère aîné le roi Henri le Jeune en 1183, il devient héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine. Pendant son règne, qui dure dix ans, il ne séjournera que quelques mois dans le royaume d’Angleterre et n'apprendra jamais l'anglais[F 2]. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, puis pour défendre ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, auquel il s’était pourtant auparavant allié contre son propre père. Ces territoires, pour lesquels il a prêté allégeance au roi Philippe, constituent la plus grande partie de son héritage Plantagenêt.
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Les Anglais l’appellent Richard I, les Français Richard Cœur de Lion, dans les régions occitanes, il est surnommé Oc e Non (« Oui et non » à cause de son supposé laconisme)[F 3],[3], et les Sarrasins, Melek-Ric ou Malek al-Inkitar (roi d'Angleterre)[4]. En son temps, il est considéré comme un héros, et souvent décrit comme tel dans la littérature. Il est aussi un poète et un écrivain célèbre à son époque, notamment pour ses compositions en occitan[F 2],[5], mais aussi en langue d'oïl.
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Richard naît probablement au palais de Beaumont en Angleterre[G 1]. Troisième fils d’Henri II d’Angleterre (l’aîné, appelé Guillaume, né en 1153, est mort à l’âge de trois ans) et d'Aliénor d'Aquitaine, Richard n’est pas destiné à succéder à son père. Il est cependant le fils préféré de sa mère (qui avait eu deux filles de son premier époux, le roi des Francs Louis VII de France) et, lorsque ses parents se séparent, il devient son héritier à la couronne d’Aquitaine en 1168, puis au titre de comte de Poitiers.
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En janvier 1169, il est fiancé à Adèle de France (fille du roi des Francs Louis VII le Jeune)[6]. Henri II la fit venir en Angleterre de manière à pouvoir prendre possession des terres constituant sa dot (comté d'Aumale et comté d'Eu), mais, dès qu'elle fut nubile, il aurait abusé d'elle, en aurait fait sa maîtresse et retardé le mariage. Par le traité de paix signé le 30 septembre 1174 à Montlouis entre Tours et Amboise, le roi Henri II renouvela à Louis VII la promesse du mariage entre Adèle et son fils Richard, mais il ne s'y tint pas, et en 1177, le pape Alexandre III intervint pour le sommer, sous peine d'excommunication, de procéder au mariage convenu. Le Berry devait être la dot de l'épousée. Henri renouvela sa promesse en décembre 1183 puis à l'époque du Carême de 1186, mais ne tint toujours pas sa promesse. Entretemps Adèle aurait donné la vie à un fils, la rumeur voulant qu'il soit l'enfant d'Henri II[7].
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Après la mort du roi Henri II Plantagenêt, le 6 juillet 1189, son fils et successeur Richard fit venir Adèle à Rouen en février 1190, mais en 1191, il avertit le roi de France Philippe Auguste qu'il ne saurait prendre sa sœur comme femme à cause du déshonneur dont il l'accusait.
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Comme les autres enfants légitimes d’Henri II Plantagenêt, Richard montre peu de respect pour son père et manque de clairvoyance à long terme ainsi que du sens des responsabilités.
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En 1170, son frère Henri le Jeune est couronné roi d’Angleterre avant la mort de son père. Il est ainsi dénommé pour le différencier de son père, puisqu’il ne règne pas encore. Vers 1170, Richard reçoit le comté de Poitiers et le duché d'Aquitaine, lors de cérémonies d'investiture à Saint-Hilaire de Poitiers, puis à Limoges. En 1173, Richard rejoint ses frères Geoffroy II de Bretagne, époux de Constance de Bretagne, et Henri le Jeune dans leur révolte contre leur père. Déjà dotés de fiefs par leur père, ils espèrent le remplacer effectivement au pouvoir, poussés en cela par leur mère. Henri II envahit l’Aquitaine deux fois, et à dix-sept ans, Richard est le dernier de ses fils à lui tenir tête[réf. nécessaire]. Finalement, il refuse un combat face-à-face, et lui demande son pardon. En 1174, Richard renouvelle ses vœux de soumission à son père[F 3].
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Après son échec, Richard va mater les nobles mécontents d’Aquitaine, spécialement en Gascogne. Il fonde Marmande en 1182, s’y installe et construit de nombreux châteaux forts dans les environs (Soumensac). Il se taille une affreuse réputation de cruauté, avec de nombreuses accusations de viols et de meurtres. Les rebelles espèrent détrôner Richard et appellent ses frères à l’aide. Henri II a peur que cette guerre entre ses trois fils ne conduise à la destruction de son royaume, et il lance son armée à son aide. Le 11 juin 1183, Henri le Jeune meurt, et son père Henri II est toujours sur son trône.
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Richard a une raison majeure de s’opposer à son père. Ce dernier a pris comme maîtresse la princesse Adèle, fille du roi Louis VII, alors qu’elle lui était promise. Cela rend aux yeux de l’Église le mariage avec Richard techniquement impossible. Mais Henri, voulant éviter un incident diplomatique, ne confesse pas son erreur de conduite. Quant à Richard, il ne renonce à ce mariage qu’en 1191.
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Très absent de son royaume d'Angleterre, Richard préfère se consacrer à ses possessions françaises et à la croisade en Terre sainte.
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Peu après son accession au trône en 1189, il décide de se joindre à la troisième croisade, inspirée par la perte de Jérusalem, prise par Saladin. Richard Cœur de Lion craint que Philippe Auguste n’usurpe ses territoires en son absence. Le roi de France a les mêmes craintes vis-à-vis de son rival anglais, aussi les deux rois partent ensemble pour la Palestine[F 4]. Ils s'engagent à défendre les territoires l'un de l'autre pendant qu'ils seront à la croisade[F 5].
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Richard est accusé de faire peu pour l’Angleterre, se contentant d’épuiser les ressources du royaume en empruntant pour financer ses expéditions en Terre sainte. Il relève également les taxes, et dépense la majeure partie du trésor de son père. Il rassemble et emprunte autant d’argent qu’il le peut, libérant par exemple le roi d’Écosse de son hommage en échange de dix mille marcs, et vendant nombre de charges officielles et autres droits sur des terres. Par ailleurs, c’est grâce aux réformes importantes de son père en matière de législation et de justice qu’il lui sera possible de quitter l’Angleterre pendant une longue période.
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En 1190, Richard part finalement pour la troisième croisade avec son ami le seigneur de Sablé et futur Grand-Maitre templier, Robert de Sablé, qui passa dix-neuf ans à sa cour[8]. Il s'embarque à Marseille, laissant Hugues, évêque de Durham, et Guillaume de Mandeville comme régents. Guillaume de Mandeville, qui meurt rapidement, est remplacé par Guillaume Longchamp. Mécontent de cette décision, le frère de Richard, Jean, se met à manigancer contre Guillaume.
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Pendant l'été 1190, Richard décide de débarquer près de Naples tandis que Philippe Auguste gagne directement Messine le 16 septembre[9]. De la région de Naples, il gagne Messine par voie terrestre en passant par Amalfi, Salerne et Mileto, où il est agressé par des gens du cru. Selon Roger de Hoveden, Richard s'était écarté de sa suite et avait molesté un paysan[10] ; aussitôt, tous les habitants du village l'attaquent et il ne doit sa survie qu'à la rapidité de sa fuite.
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En septembre 1190, Richard et Philippe sont en Sicile. En 1189, le roi Guillaume II de Sicile est mort. Son héritière, sa tante Constance, future reine Constance Ire de Sicile, est mariée à l’empereur Henri VI. Mais immédiatement après la mort de Guillaume, son cousin Tancrède de Lecce se rebelle, prend le contrôle de l’île, et début 1190, est couronné roi de Sicile. Il est préféré par le peuple, et par le pape, mais il est en conflit avec les nobles de l’île. L’arrivée de Richard accentue les difficultés. Tancrède a emprisonné la veuve de Guillaume, la reine Jeanne, la sœur de Richard, et ne lui donne pas l’argent qu'elle a hérité selon la volonté du défunt. Richard réclame la libération de sa sœur et la remise de son héritage. Pendant ce temps, la présence de deux armées étrangères cause des troubles parmi la population, exaspérée notamment par le comportement des soldats envers les femmes[9]. En octobre, la population de Messine se révolte, demandant que les étrangers quittent l’île. Une rixe éclate le 3 octobre entre des soldats et des habitants de la ville, « ramas de Grecs et de ribauds, gens issus de sarrasins » qui conspuaient les pèlerins tout en les traitant de « chiens puants »[9]. Richard attaque Messine et la prend le 4 octobre 1190. Après l’avoir pillée et brûlée, Richard y établit son camp. Il y reste jusqu’en mars 1191, quand Tancrède accepte finalement un traité. Celui-ci est signé, toujours en mars, par Richard, Philippe et Tancrède. En voici les termes :
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Le traité ébranle les relations entre l’Angleterre et le Saint-Empire romain germanique, et cause la révolte de Jean sans Terre, qui espère être proclamé héritier à la place de son neveu. Bien que sa révolte échoue, Jean continue dès lors de comploter contre son frère.
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Richard et Philippe reprennent la mer. En avril, Richard s'arrête sur l’île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitte en mai, mais une nouvelle tempête amène sa flotte à Chypre, où trois de ses navires s'échouent. L'attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène, qui régnait sur Chypre après s'être détaché de l'empire byzantin en 1184, provoque, le 6 mai 1191, le débarquement de la flotte de Richard dans le port de Lemesos (aujourd'hui Limassol). Il tente de s'entendre avec le Grec pour le ravitaillement d'Acre, mais devant la perfidie de ce dernier (Isaac était en fait dans l'équipe de Saladin), Richard entreprend la conquête de l'île. Les quelques catholiques romains de l’île se joignent à Richard, ainsi que ses nobles, révoltés par les sept années du joug tyrannique d’Isaac.
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Après avoir été défait à Kolossi (à l'ouest de Limassol), Isaac réorganise sa défense à Trémithoussia, sur la route menant à la capitale Nicosie, où se livre une bataille décisive le 21 mai 1191. Isaac est vaincu et fait prisonnier par Richard, qui devient le nouveau maître de Chypre. Il pille l’île et massacre ceux qui tentent de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérengère de Navarre, première-née du roi Sanche VI de Navarre, l’a enfin rejoint sur sa route vers la Terre sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le 12 mai 1191. La sœur de Richard, Jeanne, l’a suivi depuis la Sicile et assiste à la cérémonie. Le mariage ne produit pas d’héritier, et les opinions divergent sur l’entente entre les époux. La malheureuse Bérengère ne reverra l’Angleterre qu’après la mort de Richard.
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Cette conquête de Chypre allait avoir un impact très important sur l'Orient latin. D'un côté, l'île, pleine de ressources, allait constituer un centre de ravitaillement assuré pour l'Orient latin (et notamment pour Acre encore assiégée) et une escale sûre pour les armadas italiennes (maîtresses de la mer) et les autres croisades. D'un autre côté, elle allait participer au déclin de l'Orient latin en attirant les colons et barons syriens : entre les terres pleines de richesse de l'île et celles sans cesse exposées au danger de la Palestine, le choix était évident pour nombre de chevaliers, d'autant plus que le clan des Lusignan, futurs maîtres de Chypre, n'hésitait pas à multiplier les offres de terres et autres baronnies.
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Avant de partir pour Acre et pour seulement 25 000 marcs d'argent, Richard vend l'île de Chypre à son ami Robert de Sablé, le grand-maître de l'ordre du Temple. Les Templiers y installeront pendant quelques années leur première base en Orient avant de la vendre à Guy de Lusignan[11]. Richard, avec presque toute son armée, quitte Chypre pour la Terre sainte au début de juin. En son absence, Chypre doit être gouvernée par Richard Kamvill.
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Richard arrive à Acre en juin 1191 avec son ami le grand-maître de l'ordre du Temple Robert de Sablé, deux mois après Philippe Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs (eux-mêmes encerclés par l'armée de Saladin), commence à être à bout. L'arrivée du roi Richard, à la fois fabuleux combattant et tacticien, amène la chute d'Acre en juillet 1191. C'est lors de cette victoire que Richard va s'illustrer sombrement en exécutant 3 000 prisonniers musulmans, parce que Saladin tardait à lui remettre une relique de la Vraie Croix, 2 500 prisonniers chrétiens ainsi qu'une rançon convenue (20 août 1191, après le départ de Philippe Auguste). Après cette exécution qui va renforcer le jihad et rendre entre autres les futures négociations très difficiles (notamment pour la restitution de Jérusalem), Richard part conquérir le littoral avec Robert de Sablé et ses Templiers, mais il reste le seul chef de toute l'armée franco-anglaise (le roi de France est parti avec sa propre maison, laissant toutes ses troupes sous la houlette du duc de Bourgogne). Richard a aussi tout fait pour imposer comme roi de Jérusalem Guy de Lusignan (celui-ci étant originaire du Poitou, et donc son vassal) au détriment de l'énergique Conrad de Montferrat, sauveur de Tyr en pleine débâcle franque et soutenu ardemment par tous les barons syriens.
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Lors de leur conquête du littoral sud, Richard, Robert et leurs troupes sont harcelés sans cesse par les troupes de Saladin. Les croisés ne tombent néanmoins pas dans le piège de la poursuite et restent solidement groupés. Cependant, Saladin, ayant reçu des renforts turcomans, engage la bataille d'Arsouf dans une position stratégique très favorable : les croisés étant encerclés, adossés à la mer. Richard ne perd pas son calme et tente une habile manœuvre d'encerclement pour écraser totalement l'armée adverse. Mais un hospitalier et un chevalier anglais chargent pour la gloire, entraînant avec eux quelques autres chevaliers. Richard doit alors charger avec toute la cavalerie pour éviter une désorganisation possiblement fatale, et après de durs combats, la victoire est remportée par Richard. Celle-ci n'est cependant pas complète et ne conduit qu'à disperser et repousser l'armée ennemie, Richard n'ayant pu réaliser le mouvement tournant qui lui aurait permis une victoire décisive. Saladin détruit alors des places fortes (Jaffa notamment) avant l'arrivée des croisés. Le littoral conquis et certaines places fortes reconstruites (Jaffa, Ascalon…), Richard part vers Jérusalem en plein hiver. Mais il renonce finalement au siège, sous l'insistance notamment des barons syriens : la saison était mauvaise et ces derniers savaient qu'ils ne pourraient tenir Jérusalem une fois tous les croisés repartis. Le roi revient par la suite à deux reprises, mais il renonce bien qu'il estime toujours que la ville est à portée de main car son armée est affaiblie, alors que celle de Saladin est toujours plus grande et plus forte. Il est vrai qu'il vient également de recevoir de graves nouvelles d'Angleterre et il ne pense plus qu'à rejoindre son royaume.
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Le 5 juillet 1192, Richard commence à se replier pour regagner la côte. Voyant une occasion de se venger de la défaite d'Arsouf, Saladin contre-attaque et, le 27 juillet, met le siège devant la ville de Jaffa, qui avait servi de base d'opérations pour Richard au cours de sa marche à l'intérieur des terres en direction de Jérusalem. Il prend la ville basse, mais pas la citadelle qui résiste. Mis au courant[G 2], Richard quitte alors sa flotte, rassemble rapidement une petite armée, et se précipite vers la ville. La bataille de Jaffa s'engage. Battu à deux reprises par Richard, les 1er et 5 août, Saladin est contraint de se replier vers Jérusalem[G 3].
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Richard finit par embarquer le 9 octobre 1192, après avoir bâclé la paix avec Saladin (celui-ci, conscient des difficultés de Richard, tergiversait intelligemment) et mis à la tête d'Acre son neveu, le comte Henri II de Champagne (Conrad de Montferrat avait été assassiné par deux ismaëliens, et Guy de Lusignan dit « Sa Simplesse », devenu trop embarrassant pour les croisés, fut nommé à la tête du Royaume de Chypre).
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À la suite des manœuvres du roi français Philippe, le duc Léopold V de Babenberg capture Richard, alors sur le chemin du retour, près de Vienne à l’automne 1192. Richard l’a en effet publiquement insulté durant la croisade. D'abord emprisonné à Dürnstein, il est ensuite livré à l’empereur Henri VI qui le détient au château de Trifels. Ce dernier réclame une rançon de cent cinquante mille marcs d’argent, équivalant à deux années de recettes du royaume d’Angleterre[12]. Bien que les conditions de sa captivité ne soient pas strictes, il est frustré par l’impossibilité de voyager librement. De cet emprisonnement est tirée la légende de Blondel.
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L’empereur le libère en février 1194 contre un premier versement de cent mille marcs d’argent que sa mère, Aliénor d'Aquitaine, réussit à rassembler péniblement. L’empereur lui extorque également un serment d’allégeance de la couronne d’Angleterre à l’Empire avec le devoir de payer un tribut de cinq mille livres sterling par an. Ayant appris la libération de Richard, Philippe Auguste aurait fait prévenir Jean sans Terre que « le diable est lâché »[13].
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Le 20 mars 1194, Richard débarque au port de Sandwich et retrouve l'Angleterre[14], où il reçoit un bon accueil. Durant son absence, son frère Jean fut près de conquérir le trône. Richard lui reprend une à une les forteresses, le château de Nottingham est le dernier à tomber. Enfin Richard décide de retourner dans ses terres continentales, Philippe Auguste ayant manœuvré pour s'emparer de la Normandie en son absence[15].
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Richard débarque à Harfleur où il est accueilli avec enthousiasme et le 13 mai et il se met en route pour Verneuil-sur-Avre assiégée par Philippe Auguste. Auparavant, Jean devant l'arrivée précoce de son frère en Normandie se rallie bientôt à lui dans la ville de Lisieux. Richard campe à l'Aigle, non loin de Verneuil-sur-Avre, le roi de France Philippe sentant qu'il ne va pas pouvoir faire face à Richard, profite des fêtes de la Pentecôte (29 mai) pour lever le siège et déguerpir tout en sacrifiant son arrière-garde. Dès lors, Richard a pour dessein de reprendre le contrôle des forteresses objet du traité signé en janvier entre Philippe et Jean, ou d'en empêcher la prise, car tous les gouverneurs n'ont pas accepté les clauses de ce traité. Il descend sur l'Anjou.
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Philippe se venge de la trahison de Jean en brûlant Évreux. Il se rend compte un peu tard des visées du roi d'Angleterre quand celui-ci a repris la place forte de Loches. Fin juin, Philippe prend le château de Fréteval et tourne son Ost sur la forteresse de Vendôme. Richard campe alors à moins d'une lieue et fait dire à Philippe qu'il l'attend. Profitant de la nuit, Philippe lève le camp et suit péniblement la rive gauche du Loir avec son armée. Complètement désorganisée, celle-ci est cueillie au petit matin à quelques kilomètres de Fréteval. Philippe, qui s'était éloigné de l'itinéraire pour se reposer dans un châtelet sur une île du Loir, parviendra à fuir avec une poignée d'hommes, mais ses sceaux royaux, son trésor et ses chartes feront partie du butin récupéré par Richard[16].
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Après son départ en mai 1194, il ne retournera pas en Angleterre. En janvier 1196, Richard assiège Gaillon dont Lambert Cadoc est le châtelain. Lambert Cadoc repère Richard du haut de la tour et le vise avec son arbalète : le trait atteint le roi au genou et tue son cheval[17]. Ironiquement, c'est Richard lui-même qui a recruté Lambert Cadoc dans le Pays de Galles avec d'autres mercenaires gallois, afin de combattre le roi de France. Cependant, une partie de ces Gallois, dont Lambert Cadoc, poussés par leur haine des Normands et des Saxons, ont fait défection et rejoint l'autre camp[18].
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Durant plusieurs années de guerre, Richard parvient à redresser la situation et à défendre efficacement la Normandie. Il fait construire à cet effet une série de châteaux dont Château-Gaillard près des Andelys, sur la rive droite de la Seine, ainsi que les châteaux de Radepont dans la vallée de l’Andelle, Montfort-sur-Risle dans la vallée de la Risle, Orival sur la roche Fouet surplombant la Seine en amont de Rouen au-dessus d’Elbeuf, et fait améliorer le château de Moulineaux surplombant la Seine en aval de Rouen. Après une courte trêve, la guerre reprend à l'automne 1196. Richard envahit la partie du Vexin sous contrôle français. Il bat une première fois Philippe Auguste en septembre 1198 entre Gamaches et Vernon, puis une deuxième fois le 27 septembre lors de la bataille de Gisors[19],[20]. Cependant, le pape lui impose une trêve qui profite à Philippe Auguste.
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Le 23 mars 1199, Richard assiège le château de Châlus-Chabrol[21], possession du vicomte Adémar V de Limoges, dit Boson. Le 26, le roi est atteint par un carreau d'arbalète. L'auteur du tir n'est pas identifié avec certitude à cause des divergences entre les récits des chroniqueurs. Roger de Hoveden accuse le chevalier du Quercy Bertrand de Gourdon, mais Mathieu Paris et Raoul de Dicet évoquent un petit noble local Pierre Basile, à moins que ce ne soit Jean Sabroz ou Dudo[22],[23],[24]. Le carreau est retiré mais la gangrène s'installe. Richard meurt le 6 avril 1199, onze jours après sa blessure.
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Son corps est enterré en l’abbaye de Fontevraud (située non loin de Saumur), son cœur embaumé est enfermé dans un reliquaire et enterré dans un tombeau surmonté d'un gisant à son effigie en la cathédrale de Rouen, et ses entrailles sont déposées en l'église (actuellement ruinée) du château de Châlus-Chabrol. Cette partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements) avec des sépultures multiples est une pratique initiée au milieu du XIe siècle par les chevaliers et souverains du Royaume d'Angleterre et du Saint-Empire romain germanique morts en croisade ou loin de leur lieu de sépulture choisi[25].
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Selon Roger de Hoveden, Philippe de Cognac, fils illégitime supposé de Richard, aurait vengé la mort de son père en assassinant Adémar de Limoges[26].
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En mai 1199, Jean succède à Richard sur le trône d’Angleterre. Cependant les barons d'Anjou, du Maine et de Touraine le rejettent au début, lui préférant Arthur de Bretagne, neveu de Richard et Jean, dont les droits sont juridiquement meilleurs que les siens.
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Richard est très respecté par son plus grand rival militaire, Saladin, ainsi que par l’empereur Henri, mais il est également haï par nombre de ses anciens amis, en particulier le roi Philippe Auguste.
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Il se soucie peu de sa propre sécurité : la blessure reçue lors du siège de Châlus, qui aura raison de lui, ne se serait pas produite s’il avait été correctement protégé par une armure ; par la suite, l'infection aurait pu être évitée. Un incident très similaire s’était déjà produit dix ans auparavant, lorsque, combattant contre son père, il avait rencontré, désarmé, Guillaume le Maréchal, et avait dû le supplier pour avoir la vie sauve.
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Richard est un mécène et protecteur des troubadours et trouvères de son entourage; il est également poète[27],[28]. Il est lui-même intéressé par l'écriture et la musique, et on lui attribue deux poèmes qui nous sont parvenus. Le premier est un sirventès, Dalfin je us voill desrenier, le second est une complainte, Ja nuns hons pris[28],[G 4].
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La légende de Robin des Bois, d'abord située sous le règne d'Édouard II (vers 1322), est déplacée dans le temps par des écrivains anglais à partir du XVIe siècle dans le but de la rattacher au règne de Richard Ier. En outre, il n'y a pas de certitude historique sur Robin, qui peut avoir vécu au XIIe siècle, au XIIIe ou XIVe siècle. C'est donc bien plus tard qu’est établi un lien entre les deux hommes, en affirmant que le but poursuivi par Robin est de restaurer Richard sur le trône usurpé par le prince Jean lors de la captivité de Richard, entre 1192 et 1194, alors qu'en réalité Richard n'avait guère plus de soutien populaire en Angleterre que son frère Jean[29].
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L’amitié entre Philippe Auguste et Richard, qui se connaissaient depuis l'enfance, a parfois été assimilée à une relation homosexuelle, notamment par l'historien britannique John Harvey, en 1948[B 1]. Pour l'historien britannique John Gillingham, biographe de Richard Cœur de Lion, cette idée d'un roi homosexuel, apparue au XXe siècle, s'appuie sur des interprétations anachroniques des éléments qui nous sont connus[27]. Pour lui, la sexualité exacte de Richard ne peut être connue avec certitude[27]. Toutefois, pour l'historien William E. Burgwinkle, le fait qu'il n'y ait pas de preuves formelles de son homosexualité ne signifie pas pour autant qu'il faille conclure qu'il était forcément hétérosexuel[B 2].
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Certains chroniqueurs du XIIe siècle, comme notamment Benoît de Peterborough, parlent d'« amour » entre les deux jeunes hommes qu'étaient alors Richard et Philippe Auguste, et soulignent qu'ils partageaient le même lit[B 3]. Ce lien très fort unissant les deux hommes est définitivement brisé peu après et se transforme en haine[B 3].
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Quoi qu'il en fût, ses contemporains supposaient qu'il était hétérosexuel[27]. L'historien Jean Flori n'adhère pas à la thèse d'un roi homosexuel[F 3]. Pour lui, conclure à une relation homosexuelle relève d'une interprétation trop « moderne » du terme « amour » et il ajoute que partager le même lit « n'avait pas alors la connotation sensuelle qu'on peut y déceler aujourd'hui »[F 6]. Toutefois, sur la base des récits des pénitences de roi Richard en 1191 et 1195 pour des péchés de sodomie et de bougrerie, Jean Flori conclut à la probabilité d'une bisexualité[F 7]. Pour l'historien William E. Burgwinkle, il n'y a rien dans les chroniques contemporaines pour affirmer qu'en dehors de la forte affection qu'il avait à l'égard de Philippe Auguste, Richard ait été épris de quiconque, homme ou femme[B 4].
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À 34 ans, sous la pression de sa mère, Richard épouse Bérengère de Navarre. Ils se voient très rarement, et ce mariage est avant tout un mariage de convenance[B 5]. D'après le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden, après l'avertissement d'un ermite, et étant tombé subitement malade, Richard fait pénitence pour s'être éloigné de sa femme, et se réconcilie charnellement avec elle[B 6]. Il ne montre toutefois aucune volonté visible de concevoir un héritier[B 6].
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Le chroniqueur contemporain Benoît de Peterborough accuse aussi Richard de viols sur des femmes du peuple[B 4]. Pour Burgwinkle, un viol n'est pas l'indication d'un désir sexuel pour les femmes, mais un désir de contrôle, et dans le cas de Richard, certainement un contrôle politique[B 4]. Sa conclusion est qu'affirmer que Richard Cœur de Lion était hétérosexuel est illusoire[B 7].
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Richard a, avec une maîtresse inconnue, un fils illégitime, Philippe de Cognac[27]. Ce dernier épouse Amélie de Cognac († 1199), fille d'Itier, seigneur de Cognac, Villebois et Jarnac. Philippe de Cognac aurait vengé son père en assassinant, en 1199, Adémar V de Limoges.
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L'adolescence (du latin adolescere : « grandir ») est une phase du développement humain physique et mental qui se produit pendant la période de la vie humaine s'étendant de la puberté jusqu'à l'âge adulte. Les critères de définition de l'adolescence ont varié au fil de l'histoire. L'entrée dans l'adolescence est généralement marquée par les changements biologiques déclenchés par des changements hormonaux de la puberté, et sa durée sur le plan social est liée au degré de dépendance financière envers les parents. L'adolescence se termine habituellement par l'atteinte de la majorité civile, variable selon les pays.
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Sur le plan biologique, l'organisation mondiale de la santé définit les adolescents comme étant les jeunes de 10 à 19 ans mais selon d'autres scientifiques la période transitoire entre l'enfance et l'âge adulte pourrait aller jusqu'à 25 ans. Durant la période allant de la majorité à l'âge de 25 ans, on parle toutefois très rarement d'adolescents mais plutôt de « jeunes adultes »[1],[2].
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L'adolescence est un des âges de la vie décrits dans des écrits très anciens. Les âges de la vie sont souvent présents dans la littérature médiévale mais ils varient beaucoup, de trois à 12 étapes, le nombre de sept est le plus souvent utilisé au Moyen Âge tardif. Les premiers âges de la vie distinguent alors[3] :
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Au Moyen Âge, en Occident, les jeunes à 14 ans quittent leur foyer pour aller en apprentissage ou pour aller servir dans d'autres maisons. Or au XIXe siècle, avec l'industrialisation, des proportions de plus en plus grandes d'adolescents restent au domicile familial et vont travailler pour soutenir financièrement leur famille, jusqu'à l'âge de leur mariage. Au XXe siècle, les progrès dans la protection des enfants et des jeunes, la mise en place de scolarité obligatoire et l'augmentation de la durée de scolarisation ont consolidé ce phénomène : les jeunes restent désormais au domicile familial de longues années après la fin de leur enfance. Sur le plan social et psychologique, ce phénomène place les adolescents dans une situation nouvelle, celle de dépendance financière envers leurs parents (rendue possible par la baisse de la natalité et la hausse de la qualité de la vie avec des logements plus spacieux en particulier). Toute la dynamique familiale en est modifiée[4]. L'adolescence pose alors de nouveaux problèmes et en particulier de nouveaux types de conflits ou de relations avec les parents et avec les frères et sœurs plus jeunes[5].
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Au début du XXIe siècle, la dépendance parentale typique de l'adolescence continue de se prolonger, l'entrée dans les responsabilités adultes est plus tardive, tandis que le début de la puberté est plus précoce, sous l'effet d'une amélioration de la nutrition et des progrès médicaux. Ainsi, la durée de l'adolescence se prolonge et l'âge de la fin de l'adolescence est sujet à débat[6].
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À quel âge commence l'adolescence et à quel âge se termine-t-elle ? Les limites d'âge correspondant à l'adolescence sont en partie arbitraires. C'est également le cas pour la question de la définition des âges de l'enfance ou de l'âge adulte. Ces limites sont fixées par des facteurs biologiques et sociaux. La définition de l'adolescence a ainsi varié selon les époques et les changements sociaux et physiques observés chez les enfants et jeunes adultes[6],[7].
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Au début du XXe siècle, G. Stanley Hall définit l'adolescence comme la période de développement allant de 14 à 24 ans dans son traité sur l'adolescence[8]. Une cinquantaine d'années après, l'organisation mondiale de la santé définit l'adolescence comme la tranche d'âge des 10 à 19 ans inclus[9],[10]. La Convention des droits de l'enfant des Nations Unies définit l'enfance comme la période allant de la naissance à 18 ans et l'adolescence comme la période allant de 10 à 19 ans[7]. En parallèle, les Nations unies parlent aussi de la catégorie jeunesse, à partir de 1985, sans définir cependant les âges auxquels correspond cette période de vie[11],[7]. Ainsi, un jeune de 16 ans peut-il être un enfant, un adolescent et un jeune, car ces périodes se recouvrent en partie[7].
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Le début de l'adolescence est plus clairement défini que sa fin. Le début de l'adolescence est marqué par le début de la puberté, processus biologique enclenché par des hormones provoquant l'adrénarche (entre 6 et 9 ans), la poussée de croissance et la gonadarche. Ce calendrier varie cependant beaucoup d'une personne à une autre, selon les régions du monde et selon les sexes[6]. Le processus pubertaire commence plus tôt chez la fille que chez le garçon.
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Chez les filles, le début de la puberté (développement mammaire) s'observe généralement entre 8,5 et 13,3 ans[12]. La pilosité pubienne apparait dans les mois qui suivent, suivie par la pilosité axillaire. Les premières règles surviennent en moyenne 2 à 2,5 ans après le début de la puberté, soit vers 12,5 à 13 ans (extrêmes 10 et 15 ans)[12].
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Chez les garçons, le début (développement des testicules) s'observe entre 10 et 15 ans, la pilosité pubienne apparait quelques mois plus tard et l'axillaire un an après la pubienne[12].
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En dehors de ces limites, on parle de puberté précoce (avant 8 ans chez la fille, et avant 10 ans chez le garçon) et de puberté tardive ou retardée (absence de début de sein après 13 ans chez la fille, et de développement de testicule après 15 ans chez le garçon)[12],[13].
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La puberté démarre plus tôt dans les sociétés ou régions où la nutrition et les services de santé sont adéquats, comparées aux régions les plus pauvres[14],[15].
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En Europe, de 1850 à 2000, l'âge d'apparition des règles chez les filles a été réduit de 4 ans dans la plupart des pays industrialisés. En Chine, une réduction de 4,5 ans est observée ces 25 dernières années (données de 2018)[6]. Le début de la puberté peut donc être considéré comme arrivant vers l'âge de 10 ans en moyenne, bien que les jeunes à cet âge soient encore considérés comme des enfants[6].
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L'adolescence n'est pas seulement un changement dans la maturation sexuelle. De nombreux autres changements prennent place, suite aux changements hormonaux : physiologiques, psychologiques, sociaux[16]. Ces aspects sont également pris en considération dans les définitions de l'adolescence et dans les débats sur l'âge correspondant à l'adolescence. Sur un plan social, la dépendance financière envers les parents s'est prolongée dans la seconde moitié du XXe siècle. De même, le mariage et la parentalité, autrefois marqueurs de l'entrée dans la vie adulte ont été également repoussés de plusieurs années à la fin du XXe siècle et la cohabitation, y compris homosexuelle, est devenue de mieux en mieux acceptée socialement. La fin de l'adolescence est donc plus difficile à définir et fait l'objet de débats[6].
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Ainsi les lois vis-à -vis des enfants ont pour objectif de les protéger (par exemple, interdire la consommation d'alcool avant un certain âge) et d'accorder des privilèges à partir d'un certain âge (comme le droit de voter). Dans de nombreux pays, la majorité, l'âge auquel sont autorisées certaines activités considérées comme le privilège des adultes, peuvent alors différer en fonction des activités en question, à savoir, si ces activités protègent l'enfant contre des dangers ou lui accordent de nouveaux privilèges pour lui permettre de gagner en indépendance. Au Japon, par exemple, l'âge de vote a été réduit passant de 20 ans à 18 ans en 2016, cependant l'âge légal autorisé pour acheter de l'alcool est resté inchangé (20 ans)[6].
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Selon d'autres définitions, l'adolescence s'étendrait de 10 à 24 ans[17],[18],[19]. Celles-ci s'appuient sur des arguments sociaux et médicaux, dont le fait que les connaissances médicales ont mis en évidence que le corps continue de maturer jusqu'à l'âge d'environ 25 ans et en particulier les zones préfrontales du cerveau impliquées dans le contrôle des émotions et la planification des comportements[20],[21]. Ce changement permettrait aux jeunes adultes de 18-24 ans, souvent encore dépendants à cet âge, de bénéficier de meilleures conditions de protections médicales et sociales[6].
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En 2016, la population mondiale des adolescents (10 à 24 ans inclus) est évaluée à 1,8 milliard, la plus large population adolescente que le monde ait jamais connu[22]. En 2015, utilisant des critères d'âge différents (10 à 19 ans), l'Organisation Mondiale de la Santé évalue le nombre d'adolescents à 1,2 milliard, soit une personne sur six[23].
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La puberté est un phénomène enclenché par le système endocrinien et procède en deux étapes : l'adrénarche (maturation des glandes surrénales) et la gonadarche quelques années plus tard (la maturation des glandes sexuelles)[24].
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Une étape majeure de la puberté pour les hommes est la sémenarche: la première éjaculation, qui se produit, en moyenne, vers 13 ans[25],[24]. Pour les femmes, c'est la ménarche : l'apparition de la menstruation, qui se produit, en moyenne, entre 12 et 13 ans[26],[27],[28],[29]. Cependant, les changements physiques et hormonaux commencent avant cet événement, vers l'âge de 8 ans lorsque les glandes surrénales produisent des taux d'hormones androgènes de plus en plus élevés et le développement se poursuit alors progressivement[29],[30].
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Ainsi, les seins de la jeune fille sont au stade 3 de l'échelle de Tanner lorsque les premières règles sont observées[29]. L'échelle de Tanner décrit les modifications physiques des caractères sexuels secondaires qui ont lieu pendant la puberté et décrites par les cinq stades de Tanner nommés d'après le pédiatre britannique James Tanner qui a mis au point le système de catégorisation.
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Les caractéristiques sexuelles primaires sont celles qui sont directement liées aux organes du système reproducteur[24].
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Les changements dans les caractéristiques sexuelles secondaires comprennent tous les changements qui ne sont pas directement liés à la reproduction sexuelle. Chez les garçons, ces changements impliquent l'apparition de poils pubiens, de pilosité sur le visage et le corps, la mue de la voix, la rugosité de la peau autour de la partie supérieure des bras et des cuisses, et un développement accru des glandes sudoripares. Chez les femmes, les changements sexuels secondaires sont le développement des seins, l'élargissement des hanches, le développement de pilosité du pubis et des aisselles[24].
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Le garçon et la fille peuvent connaître l'acné, qui correspond à la sécrétion de sébum par le corps, suite aux processus hormonaux.
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Les changements hormonaux peuvent aussi expliquer en partie l'émotivité accrue et les changements d'humeur des adolescents, comme la détresse, l'hostilité, ou des symptômes de dépression qui augmentent au fur et à mesure que la puberté progresse[24].
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La poussée de croissance est une augmentation rapide de la hauteur et de poids au cours de la puberté, résultant de la diffusion simultanée d'hormones de croissance, des hormones thyroïdiennes, et les androgènes.
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La poussée de croissance commence chez les filles entre 9 ans et demi et 14 ans et demi (vers 10 ans en moyenne) et dure deux années. Elle commence plus tard pour les garçons, vers 10 et 16 ans (avec une moyenne de 12 ou 13 ans). Pour cette raison, les filles ont tendance à être plus grandes et plus fortes que les garçons entre 11 et 13 ans[31].
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Au cours du pic de vitesse de croissance (le moment où la croissance est la plus rapide), les adolescents grandissent à un taux de croissance à peu près identique à celle d'un très jeune enfant : environ 10.3 cm pour les jeunes hommes et 9 cm pour les jeunes filles sur un an[32].
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Les filles ont généralement atteint leur développement physique vers les âges de 15–17 ans, alors que les garçons terminent leur puberté vers 16–17 ans[33]. Toute augmentation de la taille au-delà de la période post-pubertaire est rare.
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L'accélération de la croissance dans les différentes parties du corps se produit à des moments différents, mais pour tous les adolescents, l'ordre de la séquence est assez régulier. En premier lieu se développent les extrémités (la tête, les mains et les pieds), suivies des bras et des jambes, puis le torse et les épaules[34]. Cette croissance non uniforme est une des raisons pour lesquelles un corps d'adolescent peut sembler mal proportionné.
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À la fin de la puberté, les extrémités des os longs se ferment au cours du processus appelé épiphyse. Il peut y avoir des différences ethniques dans ces changements squelettiques, ce qui peut expliquer des risques différents de développer de l'ostéoporose ou de souffrir de fractures osseuses au cours du vieillissement[35].
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Une autre série d'importants changements physiques au cours de la puberté concerne la distribution de la graisse corporelle et la masse musculaire. Les adolescents font également l'expérience d'une augmentation significative du poids[36]. Le gain de poids pendant l'adolescence constitue près de la moitié de son poids corporel adulte. Les jeunes, adolescents ou jeunes adultes, peuvent continuer à gagner en croissance musculaire naturelle, même après la puberté.
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Ce processus est différent pour les femmes et les hommes. Avant la puberté, il n'y a presque pas de différence entre les sexes concernant la répartition de la graisse et des muscles. Au cours de la puberté, les garçons prennent de la masse musculaire beaucoup plus vite que les filles, bien que les deux sexes fassent l'expérience d'un rapide développement musculaire. Si les deux sexes voient leur graisse corporelle augmenter, l'augmentation est beaucoup plus importante pour les filles. L'augmentation de la masse graisseuse pour les filles débute dans les années qui précèdent la puberté. Le rapport entre les muscles et la graisse chez les garçons post-pubères est d'environ trois sur un, alors que pour les filles, il est d'environ cinq sur quatre. Cette différence pourrait expliquer en partie les différences entre les sexes en performance sportive[37].
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Le développement pubertaire affecte également les systèmes circulatoire et respiratoire : le cœur et les poumons de l'adolescent augmentent en taille et en capacité. Ces changements conduisent à une augmentation de la force et de la tolérance à l'exercice physique. Les différences sexuelles sont apparentes car les hommes ont tendance à développer de « plus grands cœur et poumons, une plus haute pression artérielle systolique, une fréquence cardiaque au repos plus basse, une plus grande capacité de transport de l'oxygène dans le sang, un plus grand pouvoir de neutralisation des produits chimiques issus de l'exercice musculaire, des taux plus élevés d'hémoglobine et plus de globules rouges »[38].
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Des facteurs culturels ou environnementaux peuvent influencer certaines de ces différences observées. Par exemple, il a été observé que des filles réduisent leur activité physique d'environ 50 % pendant la pré adolescence[39],[40]. Elles sont plus à risque que les garçons de recevoir une nutrition inadéquate qui, souvent, le manque de micronutriments importants, tels que le fer[41].
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Globalement, dans tous les pays, riches comme pauvres, la première cause de mortalité des adolescents n'est pas infectieuse mais a des origines sociales, évitables et accidentelles[42],[43],[23]. Une revue de question des études de 1985 à 2004 incluant les adolescents et jeunes adultes de 10 à 25 ans indique qu'à l'échelle mondiale, les premières causes de mortalité sont les blessures involontaires, suivies des homicides, guerres et violences interpersonnelles[42]. En 2015, la première cause de décès des adolescents sur le plan mondial est l'accident de la circulation[23].
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En 2009, une étude considérant les données mondiales sur le sujet indique que les blessures volontaires et involontaires sont responsables de deux morts sur cinq chez les jeunes. La mortalité est beaucoup plus élevée dans les pays pauvres : en 2004, sur un total de 2,6 millions de décès chez des adolescents et jeunes adultes (10 à 24 ans), 97 % des décès touchent l'Afrique Subsaharienne et l'Asie du Sud-Est[44]. Cette étude indique que, sur le plan mondial, chez les filles, la maternité est responsable d'une large part des décès (15 %) du fait des complications de grossesse, avortements ou accouchements. Le SIDA et la tuberculose sont responsables de 11 % des décès globalement. Chez les jeunes hommes, les accidents de la route expliquent 15 % des décès (6 % chez les femmes), la violence 12 %. Le suicide est responsable de 6 % des décès[44].
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Au Québec, les accidents de la route représentent la première cause de mortalité des personnes de 15 à 24 ans[43]. Le suicide est la seconde cause de mortalité des 15-19 ans au Québec (213 morts en 2005 par exemple)[43]. Le suicide des jeunes touche trois fois plus les garçons que les filles, il touche cinq à sept fois plus les jeunes issus de nations « Premières Nations » en particulier les Inuits, et il touche beaucoup plus les régions peu peuplées que les régions urbaines[43].
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Selon une enquête de l'Organisation Mondiale de la Santé menée en 2000, une large majorité des adolescents se considèrent en bonne santé dans les pays occidentaux[45],[46]. Cependant, bon nombre d'entre eux souffrent de maux de tête, de dos, d'estomac, de nervosité, de fatigue, et se sentent seuls ou déprimés[45].
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Les problèmes de santé à l'adolescence diffèrent grandement de ceux de la petite enfance. Il s'agit moins de combattre les maladies infectieuses que de soigner ou prévenir les blessures et les comportements à risque[47].
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Le manque de sommeil est un problème très répandu chez les adolescents : la durée du sommeil et la qualité du sommeil sont affectées[48],[49]. Ce phénomène peut entraîner des troubles d'insomnie dans la vie adulte. Chez l'adolescent, le manque de sommeil augmente les troubles scolaires en diminuant la motivation, l'attention et en augmentant l'irritabilité. La somnolence est à l'origine de nombreux accidents de la route chez les 16–29 ans[50].
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Les troubles du sommeil de l'adolescent sont dus aux activités du soir, mais aussi à des rythmes biologiques qui changent pendant l'adolescence : la mélatonine est sécrétée plus tard dans la nuit après la puberté[50].
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L'obésité et l'embonpoint sont des principaux risques de malnutrition touchant l'adolescent. L'épidémie d'obésité progresse et est associée à de nombreuses maladies, et en particulier l'augmentation du diabète de type II à des âges de plus en plus jeunes[51]. Les déficits en micronutriments, appelés parfois la « faim cachée » ou « faim invisible », affectent également beaucoup de jeunes. Elle a pour origine une nutrition trop pauvre en fruits et légumes et trop riches en produits gras et glucides, ou parfois peut résulter d'habitudes alimentaires excluant certains groupes d'aliments (comme le végétalisme).
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Des troubles du comportement alimentaire liés aux préoccupations avec l'image corporelle et l'insatisfaction de son image corporelle peuvent s'installer durant l'adolescence et peuvent mener à l'anorexie mentale ou de la boulimie[52].
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Les comportements à risque (la conduite sur la route, la consommation d'alcool et de drogues, la violence, les rapports sexuels non protégés, etc.) sont les premières causes de mortalité des adolescents dans le monde. Le sentiment de solitude et la dépression constituent également un facteur de risque important, les suicides constituant également une cause élevée de décès[23].
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Le début de l'adolescence est marqué par la puberté sous l'effet des hormones, mais la fin de l'adolescence n'est pas clairement définie (variable selon les sociétés et les cultures, et selon les individus). L'adolescence connaît de grands changements dont les conséquences sont d'ordre affectif et cognitif, sous l'effet d'une triple maturation (physique ou hormonale, psychologique et sociale). Ces maturations peuvent être décalées : un adolescent mûr physiquement peut garder un comportement d'enfant, des petites filles sous pression familiale ou sociale se comportent comme des adultes, un jeune physiquement et psychologiquement mature peut ne pas parvenir à son autonomie pour des raisons socio-économiques[53].
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La pensée de l'adolescent se transforme : il devient capable de raisonner de manière plus abstraite et plus complexe ce qui permet à son jugement moral de progresser énormément. L'adolescent possède ainsi des outils mentaux qui lui permettent de faire des choix et un sens critique qui l'amène parfois à remettre en cause les lois ou règles adultes. Les pulsions sexuelles deviennent de plus en plus fréquentes et intenses. Les relations avec ses pairs prennent une grande importance. Cependant, l'adolescence est aussi marquée par un sentiment d'invulnérabilité qui augmente les conduites à risque et peut exposer l'adolescent à de nouveaux dangers[54].
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Ces changements sont le plus souvent paradoxaux, ressentis comme positifs et négatifs à la fois. L'autonomie implique la menace de se perdre, la nécessité de faire des choix implique des renoncements. De même la mise à distance des parents demande en même temps la nécessité de leur affection. La recherche de proximité avec d'autres adolescents peut s'accompagner d'un sentiment de solitude en leur compagnie[53].
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Cf. Psychologie de l'adolescent, relations amoureuses ou l'article en anglais sur la Sexualité à l'adolescence (en).
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Certaines caractéristiques du développement de l'adolescent sont plus ancrées dans la culture que dans la biologie humaine ou dans les structures cognitives. La culture est définie comme « l'héritage symbolique et comportemental reçu du passé qui fournit un cadre communautaire à ce qui est valorisé »[55]. La culture est apprise et socialement partagée et touche tous les aspects de la vie d'une personne[56]. Les responsabilités sociales, l'expression sexuelle, ou encore les croyances, sont des exemples de ce qui peut varier en fonction de la culture.
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En outre, les caractéristiques distinctives de la jeunesse, comme l'habillement, la musique, l'utilisation des médias, l'emploi, l'art, la nourriture et les boissons, les loisirs et la langue parlée et écrite, tout cela constitue une culture jeune.
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La culture n'est pas seulement liée à la nation ou l'ethnie. De nombreuses cultures, ou sous-cultures, sont présentes à l'intérieur d'un pays et d'un groupe ethnique. Pour éviter l'ethnocentrisme, les chercheurs doivent veiller à ne pas définir le rôle de la culture dans l'adolescence en fonction de leurs propres biais culturels[57].
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Le mode de vie d'un adolescent dans une culture donnée est profondément influencé par les rôles et les responsabilités qu'il est supposé doit assumer, en particulier ses responsabilités familiales. Par exemple, on attend des adolescents qu'ils contribuent de manière significative aux tâches ménagères et responsabilités familiales dans certaines cultures[58]. Les tâches ménagères peuvent être décrites selon qu'elles concernent l'individu lui-même ou la famille. Ces tâches diffèrent non seulement selon les cultures, mais selon les âges de l'adolescent, et selon les familles[59]. Des recherches montrent que la participation de l'adolescent aux tâches et routines familiales a une influence positive sur le développement de l'adolescent, le sentiment d'estime de soi, et les soins et le souci des autres[58].
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Certaines cultures attendent aussi des adolescents la participation aux responsabilités financières. Selon des spécialistes de l'économie familiale et de l'éducation financière, les adolescents développent de bonnes habiletés à gérer leurs argent par la pratique de l'épargne de la dépense et par la planification de futurs objectifs économiques[60]. Les différences entre les familles dans la répartition des responsabilités financières ou de l'octroi d'argent de poche peut être le reflet de différences dans les conditions sociales, les processus intrafamiliaux, qui eux-mêmes sont influencés par les normes et les valeurs culturelles, ainsi que par le secteur commercial et l'économie de marché d'une société donnée[61]. Par exemple, dans de nombreux pays en développement, il est commun, pour des raisons économiques, que l'adolescent doive quitter l'école et commencer à travailler[62].
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L'adolescence marque le début de l'entrée dans la vie active pour de nombreux jeunes ; toutefois, le nombre d'adolescents dans la population active baisse avec l'augmentation de l'accessibilité et de la perception de l'importance de l'enseignement supérieur. Par exemple, en Chine, 50 % des jeunes de 16 ans étaient employés en 1980, mais cette proportion a baissé pour atteindre 25 % en 1990[63].
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La quantité de temps que les adolescents passent sur le travail et les activités de loisirs varie grandement d'une culture à une autre en fonction des normes et attentes culturelles, ainsi que de divers facteurs socio-économiques. Les adolescents américains passent moins de temps à l'école ou au travail et plus de temps dans des activités de loisirs (sports, rencontres, prendre soin de leur apparence, etc.) que ne le font les adolescents dans de nombreux autres pays[64].
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Sur les questions juridiques, un statut adapté à l'adolescence, peu débattu en France mais existant dans de nombreux pays, est la Pré-majorité.
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En raison de nouvelles technologies apparues au cours des années 2000 et 2010, les adolescents ont accès à des médias de plus en plus nombreux avec l'utilisation des ordinateurs, des téléphones portables, des jeux vidéo, en plus de médias nés au XXe siècle (baladeur, télévision). Il s'agit de médias basés sur écran et certains auteurs parlent de « culture de l'écran »[65],[66].
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En France, une enquête menée en 1997 indique que tous les enfants et adolescents regardent fréquemment la télévision quel que soit leur âge, bien que les adolescents de 15/17 ans la regardent plus longuement (en soirée). À partir de 12 ans, les jeunes écoutent beaucoup plus de musique (cassettes, CD, radio, etc) ; l'intérêt pour la musique et le temps passé à écouter de la musique augmentent encore à 15/17 ans : 72 % des 15/17 ans écoutent des CD ou cassettes quotidiennement et la musique vient en tête des sujets qui les intéressent le plus et dont ils discutent le plus avec leurs amis. Les jeux vidéo voient une utilisation maximale durant les jeunes années adolescentes (21 % d'utilisation quotidienne chez les 9/11 ans, 22 % chez les 12/14 ans) et semblent décliner ensuite (12 % chez les 15/17 ans). Les 15/17 ans diffèrent des plus jeunes adolescents quant à l'importance de leur communication avec leurs pairs : les rencontres, les sorties, les appels téléphoniques, les messages, prennent beaucoup d'importance. À cet âge, la lecture de livres diminue au profit de la lecture de magazines[66].
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Le résultat le plus consensuel dans la recherche est que l'utilisation d'Internet encourage la sédentarité ce qui a un effet négatif sur l'activité physique des adolescents[67],[68]. La sédentarité est liée au temps passé sur internet ; or la sédentarité de l'adolescent est associée au surpoids ainsi qu'à des problèmes mentaux, en particulier la dépression[69].
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Les adolescents sont exposés à des taux croissants d'images de marketing, par de multiples médias (journaux, télévision, internet). Or les campagnes de marketing ainsi que les industries du loisir exposent surtout des représentations idéalisées (et souvent irréalistes) de la beauté. Cette surexposition est à l'origine d'une forte montée de l'insatisfaction avec sa propre image, son apparence : l'insatisfaction corporelle. Chez les adolescents, l'insatisfaction corporelle est souvent associée au poids, à une faible estime de soi, et des régimes alimentaires ou choix alimentaires atypiques. Bien que la pression sociale et médiatique soit plus forte concernant l'apparence des filles, les garçons sont également touchés négativement par ces images de corps idéalisés[70],[71].
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L'effet des médias sur l'insatisfaction corporelle chez les adolescents est très étudiée par les scientifiques. Une méta-analyse de 77 études indique que les effets négatifs de l'exposition aux médias sur l'image de soi chez la femme sont significatifs et de tailles faible à modérée[72].
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De manière générale les adolescents sont de plus en plus connectés à Internet et ont accès à de nombreuses sources d’information différentes. Mais ils n’ont pas toujours une utilisation experte des moteurs de recherche et des réseaux sociaux : certains d'entre eux ont tendance à consulter en priorité l’information qui a été mise en avant par les algorithmes des moteurs de recherche ou qui a été la plus vue, la plus partagée sur les réseaux sociaux[73]. Face à la prolifération de la désinformation sur le web, il devient essentiel de développer leurs compétences en matière de recherche et de vérification de l’information et de les sensibiliser à l'esprit critique.
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Dans les années 2000, les sites de réseau social ont proliféré. Une grande proportion des adolescents les utilisent régulièrement. En 2012 aux États-Unis, une enquête sur 251 lycées rapporte que 73 % des 12-17 ans déclarent avoir au moins un profil sur un réseau social[74]. 68 % des adolescents envoient des messages tous les jours ; 51 % visitent un site de réseau social quotidiennement et 11 % envoient ou reçoivent un tweet au moins une fois tous les jours. De nombreux adolescents ont une activité lourde : 23 % utilisent au moins deux différents types de médias sociaux chaque jour[75].
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L'utilisation des technologies de réseau et de communication électronique affecte les adolescents dans leur développement social. Une revue de question conclut en 2015 que « les adolescents manquent de stratégies pour faire face à la cyberintimidation, qui est toujours associée à un risque accru de dépression »[76].
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Certaines recherches suggèrent qu'il existe aussi des aspects positifs à la communication sur Internet : elle rapproche les amis et est bénéfique aux adolescents socialement anxieux pour qui l'interaction en ligne est plus facile que l'interaction face-à-face[77].
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Une étude sur six pays européens suggère que ce sont surtout les plus jeunes adolescents qui sont à risque de développer des problèmes mentaux par un usage trop intensif des réseaux sociaux, tandis que les adolescents plus âgés sont plus susceptibles de profiter des bénéfices de ces réseaux sur leur socialisation[78].
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Une définition large de l'adolescence est le passage de l'enfance à l'âge adulte (en). Selon Hogan & Pierre (1986), cette transition peut inclure des marqueurs tels que la sortie de l'école, le démarrage d'un travail à temps plein, de départ du domicile familial, l'accès à une sexualité plus épanouie, à une vie de couple (avec ou sans mariage), le fait de devenir parent. La durée de cette transition varie selon la culture et la classe sociale : de quelques années dans les pays pauvres à une décennie voire plus dans les classes moyennes et supérieures des pays riches. Mais ailleurs, la transition est plus courte.
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Les religions et leurs coutumes marquent souvent l'entrée dans l'âge de la maturité par des cérémonies et rites de passage. Dans certaines sociétés, les cérémonies d'initiation sont accompagnées par des marques physiques, changement de vêtements, tatouages ou scarifications. Souvent, les rites sont uniquement symboliques et les cérémonies sont l'occasion de célébrations dans la famille élargie et dans la communauté religieuse.
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Guan Li (en) (Confucianisme, Chine).
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Ji Li (en) (Confucianisme, Chine).
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Seijin shiki (Shintoïsme, Japon).
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Okuyi (en) en Afrique centrale.
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Confirmation (Catholique).
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Cette transition peut être marquée par des traditions locales autour de l'âge de quinze ou seize ans : la Quinceañeras ou « Fête des quinze ans » dans des pays d'Amérique Latine et dans les Caraïbes), les Sweet Sixteen (fête des seize ans en Amérique du nord), les bals des débutantes, etc. Les régions du nord de l'Europe ont développé des cérémonies non religieuses de passage à l'âge adulte (en), comme la Jungendweihe en Allemagne (à treize ans), ou des camps de jeunesse.
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Les bals de promotion, les anniversaires (à l'âge de la majorité ou à vingt ans) revêtent aussi une importance spéciale et font souvent l'objet de célébrations.
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Quinceañera (Amérique Latine).
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Jugendweihe (en) (Allemagne de l'est).
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Arbre de mai (France).
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L'ONU reconnait aux adolescents (moins de 18 ans) des vulnérabilités particulières et le besoin d'accès à différents services de santé et d’éducation et de différents services sociaux,adaptés à leur âge et à leurs problèmes.
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Ce droit est explicitement inclus dans les droits de l'Homme [79],[80]et selon l'OMS qui a publié plusieurs guides et recommandations à ce sujet[81],[82], en 2019 que « en réalité, ni les dispensateurs de ces services ni les systèmes dans lesquels ils travaillent ne sont généralement organisés pour pourvoir aux besoins et faire appliquer les droits des adolescents ». Les efforts pour renforcer « les compétences et l’empathie des enseignants, des agents de santé, des travailleurs sociaux et d’autres personnes » dans ce domaine sont à intensifier. Les normes et traditions communautaires ont des effets importants sur la santé des adolescentes qui nécessite souvent de « promouvoir des mesures progressives et socialement favorables », or, souvent note l'OMS « notamment pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive des adolescents, les normes et les traditions sont un obstacle, et non une aide ». Ainsi des rôles inégaux aux deux sexes, des normes sociales encourageant des « pratiques traditionnelles préjudiciables comme les mutilations sexuelles féminines, les normes qui admettent la violence à l'encontre des femmes et des filles, les normes qui éludent le sujet de la sexualité et de la reproduction, et les normes qui sont hostiles à la prestation des services d’éducation à la sexualité et de santé sexuelle et reproductive ». Pour venir à bout de ces freins, l'OMS a publié en 2019 des recommandations mise à jour, relatives aux « à la santé et aux droits des adolescents en matière de sexualité et de reproduction »[83].
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L'OMS a demandé en 2017 une accélération des mesures prises en faveur des adolescents[84] et rappelle en 2019 que tout être humain, à l'âge de l'adolescence en particulier a droit - outre à une réponse aux besoins vitaux et à l'éducation générale - à :
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Selon l'OMS, dans la plupart des pays, la loi impose désormais des actions sanitaires et sociales accessibles à tous les adolescents, et le droit international et national oblige théoriquement les autorités à s’en acquitter, avec une obligation de moyens et/ou de résultats ; c'est-à-dire que ces autorités doivent fournir les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la formulation, à l'application et à l'évaluation des stratégies permettant le respect des droits des enfants et adolescents, incluant le droit à l'éducation, et parfois - uniquement dans certains pays - le droit à une éducation complète à la sexualité et à la santé sexuelle). Ce droit reste en 2019 selon l'OMS « l’exception et non la règle », en raison d'obstacles encore fréquents tels que le manque de moyens dédiés dans les pays en guerre, en crise ou en situation de grande pauvreté. Parfois un manque de législation est en cause, ou l'existence de lois contradictoires (ex : souvent le ministère chargé de la santé a obligation d'informer et de fournir les services nécessaire en matière de contraception à toute personnes en âge de procréer, mais une autre loi impose un consentement parental pour la fourniture de services de santé aux mineurs. Le consentement parental entrave l'accès des adolescents à l'information et aux services de prévention, de dépistage de MST, vaccination, et de contraception auxquels ils ont droit, en les exposant aux maladies sexuellement transmissible (VIH notamment), aux grossesses non-désirées, à des violences sexuelles. La stigmatisation sociale reste aussi un frein puissant à l'accès à des formes d'aide efficaces, à la justice et même aux soins suite aux viols, incestes, violence entre partenaires intimes et en cas d'IST. Même quand la loi donne des droits aux adolescents, des préjugés chez des agents chargés de la police, de la justice, de la santé santé conduisent encore parfois à un refus de protéger, ou de dispenser des soins ou des services tels que la contraception ou l’avortement médicalisé, ou simplement des actions d’information sur la contraception (notamment à des adolescentes non-mariées). Des préjugés raciaux ou socio-religieux conduisent parfois à ce que des agents de santé soient menacés s'ils mettent en œuvre les droits des enfants et adolescents. Même quand l'éducation sexuelle fait officiellement partie du programme scolaire, les enseignants eux-mêmes manquent souvent d’une formation adaptée aux « stratégies d’animation participative » et aux « méthodes positives dénuées de jugements de valeur », ainsi qu'à un matériel pédagogique de qualité pour l’éducation complète à la sexualité, et de nombreux adolescent(e)s non scolarisé(es), lisant mal, handicapés[105] ou n'ayant pas accès à l'école et/ou à l'information, or ce sont souvent ceux qui risquent le plus.
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Il existe en outre parfois des tabous, des exceptions ou des refus d'appliquer les lois (par exemple pour l’âge du mariage, ou permettant l’avortement médicalisé par exemple). Des préjugés existent aussi chez les parents ; en particulier ils pensent très souvent qu'une éducation complète à la sexualité encouragera les adolescents à avoir des rapports sexuels plus précoces ou plus à risque (et pour cette raison les programmes d'éducation sexuelle sont souvent édulcoré ou limité par rapport aux recommandations internationales) ; or toutes les enquêtes et études scientifiques montrent que l'information sexuelle complète accroît nullement ni lactivité sexuelle, ni les comportements sexuels à risque pas plus que le taux d’infection par le VIH ou d'autres maladies sexuellement transmissibles[85],[106],[107]
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. L'OMS encourage la diffusion de cette information afin que les adolescents aient accès aux informations dont ils ont besoin et à une éducation à la sexualité « complètes, exactes et adaptées à leur âge »[85],[108],[109].
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Bachar el-Assad (en arabe : بشار الاسد / Baššār al-Asad), né le 11 septembre 1965 à Damas, est un homme d'État syrien. Il est président de la République arabe syrienne depuis le 17 juillet 2000, date à laquelle il a succédé à son père, Hafez el-Assad. Il exerce également les fonctions de secrétaire régional du Parti Baas. Il est une personnalité centrale de la guerre civile syrienne, pendant laquelle il est accusé de crimes de guerres et de crimes contre l'humanité.
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Bachar el-Assad naît le 11 septembre 1965 à Damas[1]. Il est le deuxième fils de Hafez el-Assad, chef d'État de Syrie, et d'Anissa Makhlouf. Bachar el-Assad parle d'une enfance « très normale »[2] ; la famille vit dans une maison relativement modeste au nord de l'ancienne ville de Damas, jusqu'en 1973, lorsqu'elle déménage dans le quartier plus aisé de Malki. À l'âge de trois ans, il commence sa scolarité à Damas, à l'École laïque, un établissement jouissant d'une grande réputation nationale[3]. Il apprend le français et l'anglais, respectivement ses deuxième et troisième langues.
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Bachar el-Assad se décrit comme un élève « moyen », ses professeurs s'en souvenant comme « au-dessus de la moyenne »[4] sans être excellent et plutôt timide. Il va d'ailleurs, en raison de ses notes insuffisantes, quitter la « Laïque » pour terminer ses deux années de secondaire à l'école Le Frère (un lycée français[5]) où il obtient de meilleurs résultats[4]. Des professeurs mentionnent le fait que Bachar el-Assad, dont le père devient président en 1971, ne profite jamais de son rang. Contrairement à d'autres enfants de familles importantes, il arrive à l'école sans service de sécurité et préfère participer aux voyages scolaires en autocar, plutôt qu'avec un chauffeur privé[6].
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En septembre 1982, Bachar el-Assad est admis à l'université de Damas[7] et obtient un diplôme en ophtalmologie en 1988[8]. Il effectue quatre années d'internat à l'hôpital militaire de Tichrine, dans la banlieue de Damas. Afin de poursuivre sa spécialisation, il part à l'automne 1992 pour Londres après avoir passé des examens sélectifs (un candidat sur quatre reçu) ; il échoue lors d'une première tentative, mais réussit à la seconde[9]. Il commence sa résidence au Western Eye Hospital, faisant partie du St Mary's Hospital, dans le quartier de Marylebone[10]. Plus tard, il est accepté en tant qu'apprenti par le docteur Ed Schulenber au St Mary's Hospital. Ce dernier garde un bon souvenir de Bachar el-Assad qu'il qualifie de « gentil » et « sympathique »[11].
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À Londres, Bachar el-Assad vit seul dans un appartement au sud de Hyde Park. Il y découvre la liberté d'accès à internet et de manière plus générale la haute technologie[10]. Il ne sort que très peu en raison de son travail et de ses études. Durant son séjour à Londres, il rencontre sa future femme, Asma al-Akhras, une Britannico-Syrienne de confession sunnite et travaillant à la City pour JP Morgan[12].
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Il est de confession alaouite, branche du chiisme.
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Bachar el-Assad avait à l'origine un faible intérêt pour la politique. Hafez el-Assad avait préparé son fils aîné, Bassel, à prendre sa succession à la tête du régime. À la mort de son fils aîné dans un accident de voiture en 1994, Hafez el-Assad fait alors appel à son fils cadet. Il est contraint de revenir en Syrie où il entre à l'académie militaire de Homs.
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Il est placé par son père à la tête de la Société informatique syrienne, où il participe à l'introduction d'Internet dans le pays, en 1998[13].
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En 1999, il devient colonel, puis effectue des missions de confiance pour le gouvernement. Il s'est notamment rendu au Liban pour rencontrer le président Émile Lahoud et en France, en novembre 1999, où il est reçu en tête-à-tête par le président Jacques Chirac à l'Élysée.
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À la mort du président Hafez el-Assad, le Parlement amende la Constitution pour abaisser l'âge minimum pour la candidature à la présidentielle, qui passe de 40 à 34 ans. Bachar el-Assad est promu deux jours plus tard général en chef des forces armées syriennes par le vice-président Khaddam, qui assure alors l'intérim à la tête du pays. Le Parlement le propose comme président de la République le 25 juin 2000. Il promet de mettre en œuvre des réformes économiques et politiques en Syrie. Il est élu président de la République par un référendum le 10 juillet 2000, certains Syriens voyant en lui un réformateur qui démocratiserait le pays.
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À la suite de son élection, le régime se libéralise timidement, ce qu'on appelle généralement le « Printemps de Damas », qui dure de juillet 2000 à février 2001[14]. Environ 600 des 1 400 prisonniers politiques du pays retrouvent la liberté, des forums regroupant des intellectuels parlant de la démocratisation de la Syrie et de la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 voient le jour. Après huit mois, le « printemps de Damas » est brutalement arrêté sous la pression des plus anciens dignitaires du régime. Des opposants et militants des droits de l'homme sont arrêtés[14] ,[15].
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Il est parfois décrit comme un président devant composer avec les membres les plus radicaux du Parti Baas qui tiennent l'administration mise en place par son père et qui se placent toujours dans l'optique d'un conflit armé avec Israël pour libérer le plateau du Golan qu'Israël occupe illégalement. N'ayant pas la possibilité de contrôler le Baas, il le double et en moins de deux ans, parvient à écarter les trois quarts des responsables politiques, administratifs et militaires de l'ancien régime[16]. Il réalise ainsi des réformes économiques, notamment en libéralisant le secteur bancaire, mais en conservant le principe d'un socialisme d'État. Il s'inspire du modèle chinois en proclamant « les réformes économiques passent avant les réformes politiques »[17]. Conséquence de cette politique, le boom immobilier explose dans certains quartiers de Damas, douze banques privées sont créées[16]. Ces réformes profitent en premier lieu aux milieux d'affaires de la grande bourgeoisie sunnite[16]. Elles favorisent également la création d'une classe moyenne sunnite qui rallie les sympathisants du régime[18]. Mais, la corruption, bien que condamnée dans les discours officiels, devient endémique[16].
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Sur le plan politique et en dépit de cette période d'euphorie, l'État reste verrouillé. Avec l'arrivée au pouvoir d'Ariel Sharon en Israël et la montée des revendications antisyriennes au Liban, Bachar el-Assad durcit sa position[14]. Sous la pression de la vieille garde du régime, en particulier Khaddam qui craint l'« algérisation » de la Syrie, il met fin à ce mouvement libéral en déclarant qu'il est des limites à ne pas franchir. Il fait arrêter des dizaines d'intellectuels qui avaient signé une déclaration avec les Frères musulmans[réf. souhaitée]. En 2003, il explique que les opposants avaient « mal compris » les promesses de son discours d'investiture. Les sanctions économiques mises en place par les États-Unis compliquent la situation. Pour l'écrivain et journaliste Michel Kilo : « Ce que le pouvoir avait en tête, c'était de changer l'atmosphère ambiante afin que les capitaux occidentaux viennent en Syrie pour mettre fin à l'actuelle crise sociale et économique. Les réformes ne visaient qu'à donner à la population la possibilité de mieux travailler, mieux vivre, tout en maintenant l'emprise du pouvoir sur elle »[14].
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Il est reconduit à la présidence de la République par 97,62 % des suffrages exprimés lors d'un référendum présidentiel organisé le 27 mai 2007.
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Dans un entretien au Wall Street Journal, il explique, le 31 janvier 2011, son projet politique. Selon lui, pour ériger la démocratie, il faut changer la société. Il convient à la fois de développer le sens du dialogue, ce qu'il a entrepris au travers de la presse à partir de 2005, et de créer une classe moyenne, ce qu'il est parvenu à faire dans les grandes villes.
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Fin avril 2014, il annonce briguer un troisième mandat à l'élection présidentielle qui a lieu le 3 juin suivant[19]. Bachar el-Assad remporte le scrutin avec 88,7 % des voix d'après le président du Parlement syrien[20]. Cette élection, verrouillée, est qualifiée de mascarade[21],[22],[23]. Il prête serment pour un troisième mandat le 16 juillet 2014.
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En dépit des relations tendues qu'entretient la Syrie avec Israël, le président Assad a demandé la reprise des négociations de paix pour la restitution du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Les États-Unis et Israël lui reprochent par ailleurs de soutenir activement des groupes armés comme le Hezbollah, le Hamas et le Djihad islamique[réf. nécessaire].
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Il collabore néanmoins dès octobre 2001 avec la CIA dans les enquêtes concernant Al-Qaïda, mais l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003 marque un tournant[16]. Avec Jacques Chirac, Assad s'oppose à la guerre d'Irak, en utilisant le siège de la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU en dépit de l'animosité qui existait alors entre les régimes syrien et irakien. De nombreux djihadistes se rendant en Irak passent par la Syrie[16].
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En 2005, il est accusé par les États-Unis et la France d'avoir commandité, avec le président libanais Émile Lahoud, l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafiq Hariri, ce qui n'est toujours pas prouvé à ce jour. Un tribunal spécial est créé par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur cet assassinat. D'énormes manifestations ont lieu au Liban et Bachar doit annoncer le retrait des troupes syriennes du pays[16]. Il maintient néanmoins son contrôle du Liban grâce au Hezbollah[16].
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Dans le monde arabe, Bachar el-Assad reprend de bonnes relations avec l'OLP et essaye d'en établir avec des États arabes conservateurs (du Golfe), tout en se tenant garant de l'agenda nationaliste arabe de la Syrie. Il entretient alors également d'excellentes relations avec la Turquie d'Erdoğan qui surnomme Bachar « mon petit frère » avec l'Arabie saoudite et le Qatar dont les aides se déversent sur la Syrie[16].
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Partisan du projet de Nicolas Sarkozy pour instituer une Union pour la Méditerranée, Bachar el-Assad est devenu un partenaire indispensable à la réussite du projet. Sur l'insistance de l'émir du Qatar[16], il participe au sommet des 13-14 juillet 2008 à Paris et est invité au défilé militaire du 14 juillet aux côtés des autres chefs d'États signataires de l'accord. Sa présence à la tribune officielle provoque une controverse en France[24].
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À partir de mars 2011, le régime baassiste doit faire face à une vague de contestation populaire sociale et politique sans précédent. Elle s'inscrit dans le contexte de protestation dans certains pays arabes baptisé « Printemps arabe ». Comme en Tunisie ou encore en Égypte, les manifestants demandent le départ de leur dirigeant. À partir du vendredi 18 mars 2011, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu à Damas, Homs, Banias et surtout à Deraa, après qu'un cousin de Bachar el-Assad, Atef Najib (en), chargé de la sécurité, a été accusé d'avoir fait torturer une dizaine d'enfants pour des graffitis hostiles au régime[25]. C'est avant tout la Syrie périphérique des bourgs ruraux et des campagnes, qui n'a pas bénéficié des changements économiques, qui se soulève[16]. Plusieurs bâtiments symboliques du pouvoir (siège du Parti Baas, tribunaux) sont notamment incendiés. Bachar el-Assad et ses collaborateurs ordonnent la répression de ces manifestations, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés, aussi bien militaires que civils (insurgés ou non). Des dizaines d’opposants, armés ou non, sont arrêtés. À partir du 25 mars, malgré la répression et des concessions du gouvernement, le mouvement s'étend aux principales villes du pays. Des manifestations de soutien au gouvernement sont également organisées en réponse. La mort d'Hamza al-Khatib, arrêté lors d'une manifestation à Derra, à l'âge de 13 ans, et sa dépouille, rendue à sa famille avec de multiples marques de torture et d'os brisés, provoque une vive réaction contre Bachar el-Assad et son régime dans tout le pays[26].
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Dès mars 2011, Bachar el-Assad créé une cellule centrale de gestion de crise pour discuter des stratégies à mettre en œuvre pour écraser la contestation[27],[28]. Le Times et le Sunday Times feront plus tard état de documents indiquant que le président syrien aurait alors personnellement donné l'ordre de faire torturer et exécuter les opposants[27],[28].
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Les manifestations sont réprimées dans le sang (au moins 5 000 morts et 14 000 arrestations pour l'ensemble de l'année 2011 selon l'ONU[29]) et le mouvement contestataire se transforme en révolution armée. Les déserteurs de l'armée refusant de participer à la répression sur les civils rejoignent l'armée syrienne libre. Les quartiers des villes rebelles sont pilonnés à l'arme lourde (obusiers, mortiers) et bombardés par des avions de chasse et des hélicoptères. En juillet 2012, le comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont officiellement déclaré la Syrie en état de guerre civile[30]. En décembre 2014, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, principale source d'information de la presse occidentale[31], on comptabiliserait 200 000 morts (civils, rebelles en armes et soldats confondus) et 3 millions de réfugiés à l'étranger, principalement en Turquie et au Liban où ils représentent désormais près d'un tiers de la population[32].
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Bachar el-Assad se présente comme le rempart d'une nation unie, stable et laïque, face à des bandes de terroristes formés, financés, équipés et soutenus politiquement par des puissances étrangères : Qatar, Arabie saoudite, Turquie, Europe, États-Unis[33]. Il nie avoir donné l'ordre de massacrer les manifestants pacifistes au début du soulèvement. Il nie même l'existence du massacre : « Aucun gouvernement dans le monde ne tue son propre peuple, à moins d'être mené par un fou »[34]. Il nie aussi l'utilisation d'armes chimiques, et notamment de gaz toxique, entre autres le 21 août 2013 à Moadamiyat al-Cham (en) et dans la Ghouta orientale, deux régions contrôlées par les rebelles à l'ouest et à l'est de Damas[35]. Il bénéficie lui-même du soutien diplomatique, économique et militaire de l'Iran et de la Russie.
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En 2015, l'armée syrienne subit une succession de défaites : les rebelles s'emparent d'Idleb en mars, puis de Jisr al-Choghour en avril, tandis que l'État islamique prend Palmyre en mai[36]. En septembre 2015, la Russie intervient militairement en Syrie, tandis que l'Iran renforce le déploiement des milices chiites venues d'Irak, du Liban et d'Afghanistan, ce qui permet de renverser la balance en faveur des troupes loyalistes à la fin de l'année[36]. Cependant, Bachar el-Assad devient totalement dépendant du soutien de la Russie et de l'Iran[36]. Selon Benjamin Barthe, journaliste pour Le Monde : « Jamais le régime syrien n’a paru aussi confiant depuis le début de la révolte en 2011. Et jamais l’Etat syrien n’a semblé aussi inexistant. Généraux à l’ego boursouflé, milices loyalistes semi-mafieuses, militaires russes et iraniens omniprésents : en plus des rebelles, le président doit composer avec des alliés envahissants, qui ne cessent d’empiéter sur ses attributions. Le roi Bachar trône sans rival, mais ce roi est de moins en moins vêtu »[36].
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Le 11 février 2016, Bachar el-Assad affirme à l'AFP son intention de reconquérir tout le pays, quitte à mener de « longs combats » : « Que nous soyons capables de le faire ou non, c'est un but que nous chercherons à atteindre sans hésitation »[37],[38],[39],[40]. Cependant, ces objectifs ne sont pas totalement en phase avec ceux de la Russie qui réagit quelques jours plus tard[36] : le 19 février 2016, Vitali Tchourkine, ambassadeur de la Russie aux Nations unies, estime que les déclarations du président syrien « dissonent avec les efforts diplomatiques entrepris par la Russie » afin de mettre fin aux hostilités en Syrie et instaurer un cessez-le-feu ; il affirme que si le régime syrien considère qu'un « cessez-le-feu n'est pas nécessaire et qu'il faut se battre jusqu'à la victoire, ce conflit va durer encore très longtemps et imaginer cela fait peur »[41],[42]. Mais la ligne du régime ne bouge pas. Dans une interview accordée au quotidien croate Večernji list et publié le 6 avril 2017, Bachar el-Assad renchérit : « Il n'y a pas d'autre choix que la victoire »[43],[44],[45].
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Au cours de la guerre civile syrienne, il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par l'ONU[46],[47],[48] et d'avoir utilisé à plusieurs reprises des gaz et du sarin pour perpétrer des attaques chimiques[49],[50]. L'ONG Amnesty International estime quant à elle que 300 détenus meurent par mois en moyenne dans les prisons du régime depuis le début de la guerre civile, et la quasi-totalité des prisonniers est torturée[51]. Amnesty International décrit les actions du gouvernement syrien au cours de la guerre comme des tueries de civils[52]. En janvier 2014, trois anciens procureurs internationaux publient un rapport dans lequel le chiffre apparaît beaucoup plus élevé : ils affirment que 11 000 prisonniers ont été exécutés ou torturés à mort dans les prisons sous le contrôle de l'administration syrienne. Le rapport, qui a été commandé par le Qatar, allié de la rébellion, se base sur 55 000 photos numériques, dont 27 000 sont authentifiées par l'ONU et des ONG. Quelques-unes rendues publiques[53],[54],[55]. Le 8 février 2016, les enquêteurs du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies affirment que ces exactions sont le résultat d'une « politique d'État » et accusent le régime syrien de mener une « extermination » des détenus. Le chef de la commission, Paulo Pinheiro (en), déclare : « Le caractère massif des morts de détenus suggère que le gouvernement syrien est responsable d’actes qui relèvent de l’extermination et sont assimilables à un crime contre l’humanité »[56]. Selon le politologue Ziad Majed : « Du temps de Hafez el-Assad, le régime tolérait les morts sous la torture, mais il ne fallait pas dépasser un certain seuil: les matons devaient savoir que seul lui détenait l'autorité absolue. Aujourd'hui, les enquêtes comme celles d'Amnesty montrent qu'il n'y a plus de limites »[57].
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Dans un nouveau rapport publié le 7 février 2017, Amnesty International déclare qu'au moins 13 000 opposants au régime syrien ont été pendus dans la prison de Saidnaya entre septembre 2011 et décembre 2015[58]. Mais l'auteure du rapport, Nicolette Waldman, déclare : « il n'y a aucune raison de penser que les pendaisons se sont arrêtées. Nous pensons que ces exécutions se poursuivent encore aujourd'hui et que des milliers de personnes ont été tuées »[59]. Nicolette Waldman précisé également que : « La sentence est approuvée par le ministre de la Défense, dont la signature est mandatée par le président Assad. Il est impossible que les hauts responsables et les hauts gradés du régime ne soient pas au courant. Il s’agit d’une politique d’extermination »[59].
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En Occident, au cours du conflit syrien, Bachar el-Assad reçoit un soutien particulièrement fort des mouvements politiques d'extrême droite, mais aussi d'une partie de ceux de droite et d'extrême gauche[60],[61],[62],[63],[64],[65],[66].
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Plusieurs enquêtes pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité visant Bachar el-Assad et des membres du régime sont lancées au niveau international et au niveau national dans des pays d’Europe ayant recueilli les témoignages de réfugiés syriens, notamment d'anciens prisonniers et anciens dignitaires du régime [67],[68],[69],[70],[71], ou encore des proches de victimes. En France, une plainte est en cours concernant la disparition forcée et la mort en détention dans les prisons du régime de Bachar al-Assad de deux civils franco-syriens, un père et son fils, respectivement employé et étudiant au lycée français de Damas. Une information judiciaire a été ouverte[Où ?] en octobre 2016 pour « disparitions forcées et tortures, constitutives de crimes contre l'humanité, et complicité de crimes »[72].
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En juillet 2015, un sondage commandé par la BBC est mené en Syrie par l'institut international ORB. Il porte sur un échantillon de 1 365 personnes, dont 674 en zone contrôlée par le gouvernement syrien, 430 en zone contrôlée par les rebelles, 170 en zone contrôlée par l’État islamique et 90 en zone contrôlée par les Kurdes. Les résultats sont cependant à prendre avec précaution, les sondés ayant pu orienter leurs réponses par craintes de représailles. À la question : « Que pensez-vous de l'influence de cet acteur (Bachar el-Assad) sur la guerre en Syrie ? » les réponses sont[73] :
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En septembre et octobre 2015, un sondage est mené en Allemagne par l'association « Adopt a Revolution » auprès de 900 réfugiés syriens, 69,5 % estiment que Bachar el-Assad porte la responsabilité des luttes armées, 51,5 % déclarent qu'ils rentreraient en Syrie s'il n'était plus au pouvoir, 5,8 % réclament un soutien de l'Europe et de la communauté internationale au régime syrien[74].
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Selon un sondage effectué en 2016 au Liban par le journal américain Foreign Affairs auprès de 2 000 réfugiés syriens : 52,7 % d'entre-eux soutiennent l'opposition — dont 24 % favorables aux nationalistes et aux modérés, 19,1 % favorables aux djihadistes étrangers et 9,7 % favorables aux islamistes locaux — 39,4 % soutiennent le gouvernement syrien, et 8 % personne[75].
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Richard Ier[2] dit Cœur de Lion (8 septembre 1157[F 1], palais de Beaumont à Oxford – 6 avril 1199, château de Châlus-Chabrol) fut roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou de 1189 à sa mort en 1199.
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Fils d’Henri II et d’Aliénor d'Aquitaine, Richard est élevé dans le duché d'Aquitaine à la cour de sa mère, ce qui lui vaut dans sa jeunesse le surnom de Poitevin. Il devient comte de Poitiers à l'âge de onze ans et duc d’Aquitaine lors de son couronnement à Limoges. Après la mort subite de son frère aîné le roi Henri le Jeune en 1183, il devient héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine. Pendant son règne, qui dure dix ans, il ne séjournera que quelques mois dans le royaume d’Angleterre et n'apprendra jamais l'anglais[F 2]. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, puis pour défendre ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, auquel il s’était pourtant auparavant allié contre son propre père. Ces territoires, pour lesquels il a prêté allégeance au roi Philippe, constituent la plus grande partie de son héritage Plantagenêt.
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Les Anglais l’appellent Richard I, les Français Richard Cœur de Lion, dans les régions occitanes, il est surnommé Oc e Non (« Oui et non » à cause de son supposé laconisme)[F 3],[3], et les Sarrasins, Melek-Ric ou Malek al-Inkitar (roi d'Angleterre)[4]. En son temps, il est considéré comme un héros, et souvent décrit comme tel dans la littérature. Il est aussi un poète et un écrivain célèbre à son époque, notamment pour ses compositions en occitan[F 2],[5], mais aussi en langue d'oïl.
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Richard naît probablement au palais de Beaumont en Angleterre[G 1]. Troisième fils d’Henri II d’Angleterre (l’aîné, appelé Guillaume, né en 1153, est mort à l’âge de trois ans) et d'Aliénor d'Aquitaine, Richard n’est pas destiné à succéder à son père. Il est cependant le fils préféré de sa mère (qui avait eu deux filles de son premier époux, le roi des Francs Louis VII de France) et, lorsque ses parents se séparent, il devient son héritier à la couronne d’Aquitaine en 1168, puis au titre de comte de Poitiers.
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En janvier 1169, il est fiancé à Adèle de France (fille du roi des Francs Louis VII le Jeune)[6]. Henri II la fit venir en Angleterre de manière à pouvoir prendre possession des terres constituant sa dot (comté d'Aumale et comté d'Eu), mais, dès qu'elle fut nubile, il aurait abusé d'elle, en aurait fait sa maîtresse et retardé le mariage. Par le traité de paix signé le 30 septembre 1174 à Montlouis entre Tours et Amboise, le roi Henri II renouvela à Louis VII la promesse du mariage entre Adèle et son fils Richard, mais il ne s'y tint pas, et en 1177, le pape Alexandre III intervint pour le sommer, sous peine d'excommunication, de procéder au mariage convenu. Le Berry devait être la dot de l'épousée. Henri renouvela sa promesse en décembre 1183 puis à l'époque du Carême de 1186, mais ne tint toujours pas sa promesse. Entretemps Adèle aurait donné la vie à un fils, la rumeur voulant qu'il soit l'enfant d'Henri II[7].
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Après la mort du roi Henri II Plantagenêt, le 6 juillet 1189, son fils et successeur Richard fit venir Adèle à Rouen en février 1190, mais en 1191, il avertit le roi de France Philippe Auguste qu'il ne saurait prendre sa sœur comme femme à cause du déshonneur dont il l'accusait.
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Comme les autres enfants légitimes d’Henri II Plantagenêt, Richard montre peu de respect pour son père et manque de clairvoyance à long terme ainsi que du sens des responsabilités.
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En 1170, son frère Henri le Jeune est couronné roi d’Angleterre avant la mort de son père. Il est ainsi dénommé pour le différencier de son père, puisqu’il ne règne pas encore. Vers 1170, Richard reçoit le comté de Poitiers et le duché d'Aquitaine, lors de cérémonies d'investiture à Saint-Hilaire de Poitiers, puis à Limoges. En 1173, Richard rejoint ses frères Geoffroy II de Bretagne, époux de Constance de Bretagne, et Henri le Jeune dans leur révolte contre leur père. Déjà dotés de fiefs par leur père, ils espèrent le remplacer effectivement au pouvoir, poussés en cela par leur mère. Henri II envahit l’Aquitaine deux fois, et à dix-sept ans, Richard est le dernier de ses fils à lui tenir tête[réf. nécessaire]. Finalement, il refuse un combat face-à-face, et lui demande son pardon. En 1174, Richard renouvelle ses vœux de soumission à son père[F 3].
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Après son échec, Richard va mater les nobles mécontents d’Aquitaine, spécialement en Gascogne. Il fonde Marmande en 1182, s’y installe et construit de nombreux châteaux forts dans les environs (Soumensac). Il se taille une affreuse réputation de cruauté, avec de nombreuses accusations de viols et de meurtres. Les rebelles espèrent détrôner Richard et appellent ses frères à l’aide. Henri II a peur que cette guerre entre ses trois fils ne conduise à la destruction de son royaume, et il lance son armée à son aide. Le 11 juin 1183, Henri le Jeune meurt, et son père Henri II est toujours sur son trône.
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Richard a une raison majeure de s’opposer à son père. Ce dernier a pris comme maîtresse la princesse Adèle, fille du roi Louis VII, alors qu’elle lui était promise. Cela rend aux yeux de l’Église le mariage avec Richard techniquement impossible. Mais Henri, voulant éviter un incident diplomatique, ne confesse pas son erreur de conduite. Quant à Richard, il ne renonce à ce mariage qu’en 1191.
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Très absent de son royaume d'Angleterre, Richard préfère se consacrer à ses possessions françaises et à la croisade en Terre sainte.
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Peu après son accession au trône en 1189, il décide de se joindre à la troisième croisade, inspirée par la perte de Jérusalem, prise par Saladin. Richard Cœur de Lion craint que Philippe Auguste n’usurpe ses territoires en son absence. Le roi de France a les mêmes craintes vis-à-vis de son rival anglais, aussi les deux rois partent ensemble pour la Palestine[F 4]. Ils s'engagent à défendre les territoires l'un de l'autre pendant qu'ils seront à la croisade[F 5].
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Richard est accusé de faire peu pour l’Angleterre, se contentant d’épuiser les ressources du royaume en empruntant pour financer ses expéditions en Terre sainte. Il relève également les taxes, et dépense la majeure partie du trésor de son père. Il rassemble et emprunte autant d’argent qu’il le peut, libérant par exemple le roi d’Écosse de son hommage en échange de dix mille marcs, et vendant nombre de charges officielles et autres droits sur des terres. Par ailleurs, c’est grâce aux réformes importantes de son père en matière de législation et de justice qu’il lui sera possible de quitter l’Angleterre pendant une longue période.
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En 1190, Richard part finalement pour la troisième croisade avec son ami le seigneur de Sablé et futur Grand-Maitre templier, Robert de Sablé, qui passa dix-neuf ans à sa cour[8]. Il s'embarque à Marseille, laissant Hugues, évêque de Durham, et Guillaume de Mandeville comme régents. Guillaume de Mandeville, qui meurt rapidement, est remplacé par Guillaume Longchamp. Mécontent de cette décision, le frère de Richard, Jean, se met à manigancer contre Guillaume.
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Pendant l'été 1190, Richard décide de débarquer près de Naples tandis que Philippe Auguste gagne directement Messine le 16 septembre[9]. De la région de Naples, il gagne Messine par voie terrestre en passant par Amalfi, Salerne et Mileto, où il est agressé par des gens du cru. Selon Roger de Hoveden, Richard s'était écarté de sa suite et avait molesté un paysan[10] ; aussitôt, tous les habitants du village l'attaquent et il ne doit sa survie qu'à la rapidité de sa fuite.
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En septembre 1190, Richard et Philippe sont en Sicile. En 1189, le roi Guillaume II de Sicile est mort. Son héritière, sa tante Constance, future reine Constance Ire de Sicile, est mariée à l’empereur Henri VI. Mais immédiatement après la mort de Guillaume, son cousin Tancrède de Lecce se rebelle, prend le contrôle de l’île, et début 1190, est couronné roi de Sicile. Il est préféré par le peuple, et par le pape, mais il est en conflit avec les nobles de l’île. L’arrivée de Richard accentue les difficultés. Tancrède a emprisonné la veuve de Guillaume, la reine Jeanne, la sœur de Richard, et ne lui donne pas l’argent qu'elle a hérité selon la volonté du défunt. Richard réclame la libération de sa sœur et la remise de son héritage. Pendant ce temps, la présence de deux armées étrangères cause des troubles parmi la population, exaspérée notamment par le comportement des soldats envers les femmes[9]. En octobre, la population de Messine se révolte, demandant que les étrangers quittent l’île. Une rixe éclate le 3 octobre entre des soldats et des habitants de la ville, « ramas de Grecs et de ribauds, gens issus de sarrasins » qui conspuaient les pèlerins tout en les traitant de « chiens puants »[9]. Richard attaque Messine et la prend le 4 octobre 1190. Après l’avoir pillée et brûlée, Richard y établit son camp. Il y reste jusqu’en mars 1191, quand Tancrède accepte finalement un traité. Celui-ci est signé, toujours en mars, par Richard, Philippe et Tancrède. En voici les termes :
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Le traité ébranle les relations entre l’Angleterre et le Saint-Empire romain germanique, et cause la révolte de Jean sans Terre, qui espère être proclamé héritier à la place de son neveu. Bien que sa révolte échoue, Jean continue dès lors de comploter contre son frère.
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Richard et Philippe reprennent la mer. En avril, Richard s'arrête sur l’île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitte en mai, mais une nouvelle tempête amène sa flotte à Chypre, où trois de ses navires s'échouent. L'attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène, qui régnait sur Chypre après s'être détaché de l'empire byzantin en 1184, provoque, le 6 mai 1191, le débarquement de la flotte de Richard dans le port de Lemesos (aujourd'hui Limassol). Il tente de s'entendre avec le Grec pour le ravitaillement d'Acre, mais devant la perfidie de ce dernier (Isaac était en fait dans l'équipe de Saladin), Richard entreprend la conquête de l'île. Les quelques catholiques romains de l’île se joignent à Richard, ainsi que ses nobles, révoltés par les sept années du joug tyrannique d’Isaac.
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Après avoir été défait à Kolossi (à l'ouest de Limassol), Isaac réorganise sa défense à Trémithoussia, sur la route menant à la capitale Nicosie, où se livre une bataille décisive le 21 mai 1191. Isaac est vaincu et fait prisonnier par Richard, qui devient le nouveau maître de Chypre. Il pille l’île et massacre ceux qui tentent de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérengère de Navarre, première-née du roi Sanche VI de Navarre, l’a enfin rejoint sur sa route vers la Terre sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le 12 mai 1191. La sœur de Richard, Jeanne, l’a suivi depuis la Sicile et assiste à la cérémonie. Le mariage ne produit pas d’héritier, et les opinions divergent sur l’entente entre les époux. La malheureuse Bérengère ne reverra l’Angleterre qu’après la mort de Richard.
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Cette conquête de Chypre allait avoir un impact très important sur l'Orient latin. D'un côté, l'île, pleine de ressources, allait constituer un centre de ravitaillement assuré pour l'Orient latin (et notamment pour Acre encore assiégée) et une escale sûre pour les armadas italiennes (maîtresses de la mer) et les autres croisades. D'un autre côté, elle allait participer au déclin de l'Orient latin en attirant les colons et barons syriens : entre les terres pleines de richesse de l'île et celles sans cesse exposées au danger de la Palestine, le choix était évident pour nombre de chevaliers, d'autant plus que le clan des Lusignan, futurs maîtres de Chypre, n'hésitait pas à multiplier les offres de terres et autres baronnies.
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Avant de partir pour Acre et pour seulement 25 000 marcs d'argent, Richard vend l'île de Chypre à son ami Robert de Sablé, le grand-maître de l'ordre du Temple. Les Templiers y installeront pendant quelques années leur première base en Orient avant de la vendre à Guy de Lusignan[11]. Richard, avec presque toute son armée, quitte Chypre pour la Terre sainte au début de juin. En son absence, Chypre doit être gouvernée par Richard Kamvill.
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Richard arrive à Acre en juin 1191 avec son ami le grand-maître de l'ordre du Temple Robert de Sablé, deux mois après Philippe Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs (eux-mêmes encerclés par l'armée de Saladin), commence à être à bout. L'arrivée du roi Richard, à la fois fabuleux combattant et tacticien, amène la chute d'Acre en juillet 1191. C'est lors de cette victoire que Richard va s'illustrer sombrement en exécutant 3 000 prisonniers musulmans, parce que Saladin tardait à lui remettre une relique de la Vraie Croix, 2 500 prisonniers chrétiens ainsi qu'une rançon convenue (20 août 1191, après le départ de Philippe Auguste). Après cette exécution qui va renforcer le jihad et rendre entre autres les futures négociations très difficiles (notamment pour la restitution de Jérusalem), Richard part conquérir le littoral avec Robert de Sablé et ses Templiers, mais il reste le seul chef de toute l'armée franco-anglaise (le roi de France est parti avec sa propre maison, laissant toutes ses troupes sous la houlette du duc de Bourgogne). Richard a aussi tout fait pour imposer comme roi de Jérusalem Guy de Lusignan (celui-ci étant originaire du Poitou, et donc son vassal) au détriment de l'énergique Conrad de Montferrat, sauveur de Tyr en pleine débâcle franque et soutenu ardemment par tous les barons syriens.
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Lors de leur conquête du littoral sud, Richard, Robert et leurs troupes sont harcelés sans cesse par les troupes de Saladin. Les croisés ne tombent néanmoins pas dans le piège de la poursuite et restent solidement groupés. Cependant, Saladin, ayant reçu des renforts turcomans, engage la bataille d'Arsouf dans une position stratégique très favorable : les croisés étant encerclés, adossés à la mer. Richard ne perd pas son calme et tente une habile manœuvre d'encerclement pour écraser totalement l'armée adverse. Mais un hospitalier et un chevalier anglais chargent pour la gloire, entraînant avec eux quelques autres chevaliers. Richard doit alors charger avec toute la cavalerie pour éviter une désorganisation possiblement fatale, et après de durs combats, la victoire est remportée par Richard. Celle-ci n'est cependant pas complète et ne conduit qu'à disperser et repousser l'armée ennemie, Richard n'ayant pu réaliser le mouvement tournant qui lui aurait permis une victoire décisive. Saladin détruit alors des places fortes (Jaffa notamment) avant l'arrivée des croisés. Le littoral conquis et certaines places fortes reconstruites (Jaffa, Ascalon…), Richard part vers Jérusalem en plein hiver. Mais il renonce finalement au siège, sous l'insistance notamment des barons syriens : la saison était mauvaise et ces derniers savaient qu'ils ne pourraient tenir Jérusalem une fois tous les croisés repartis. Le roi revient par la suite à deux reprises, mais il renonce bien qu'il estime toujours que la ville est à portée de main car son armée est affaiblie, alors que celle de Saladin est toujours plus grande et plus forte. Il est vrai qu'il vient également de recevoir de graves nouvelles d'Angleterre et il ne pense plus qu'à rejoindre son royaume.
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Le 5 juillet 1192, Richard commence à se replier pour regagner la côte. Voyant une occasion de se venger de la défaite d'Arsouf, Saladin contre-attaque et, le 27 juillet, met le siège devant la ville de Jaffa, qui avait servi de base d'opérations pour Richard au cours de sa marche à l'intérieur des terres en direction de Jérusalem. Il prend la ville basse, mais pas la citadelle qui résiste. Mis au courant[G 2], Richard quitte alors sa flotte, rassemble rapidement une petite armée, et se précipite vers la ville. La bataille de Jaffa s'engage. Battu à deux reprises par Richard, les 1er et 5 août, Saladin est contraint de se replier vers Jérusalem[G 3].
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Richard finit par embarquer le 9 octobre 1192, après avoir bâclé la paix avec Saladin (celui-ci, conscient des difficultés de Richard, tergiversait intelligemment) et mis à la tête d'Acre son neveu, le comte Henri II de Champagne (Conrad de Montferrat avait été assassiné par deux ismaëliens, et Guy de Lusignan dit « Sa Simplesse », devenu trop embarrassant pour les croisés, fut nommé à la tête du Royaume de Chypre).
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À la suite des manœuvres du roi français Philippe, le duc Léopold V de Babenberg capture Richard, alors sur le chemin du retour, près de Vienne à l’automne 1192. Richard l’a en effet publiquement insulté durant la croisade. D'abord emprisonné à Dürnstein, il est ensuite livré à l’empereur Henri VI qui le détient au château de Trifels. Ce dernier réclame une rançon de cent cinquante mille marcs d’argent, équivalant à deux années de recettes du royaume d’Angleterre[12]. Bien que les conditions de sa captivité ne soient pas strictes, il est frustré par l’impossibilité de voyager librement. De cet emprisonnement est tirée la légende de Blondel.
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L’empereur le libère en février 1194 contre un premier versement de cent mille marcs d’argent que sa mère, Aliénor d'Aquitaine, réussit à rassembler péniblement. L’empereur lui extorque également un serment d’allégeance de la couronne d’Angleterre à l’Empire avec le devoir de payer un tribut de cinq mille livres sterling par an. Ayant appris la libération de Richard, Philippe Auguste aurait fait prévenir Jean sans Terre que « le diable est lâché »[13].
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Le 20 mars 1194, Richard débarque au port de Sandwich et retrouve l'Angleterre[14], où il reçoit un bon accueil. Durant son absence, son frère Jean fut près de conquérir le trône. Richard lui reprend une à une les forteresses, le château de Nottingham est le dernier à tomber. Enfin Richard décide de retourner dans ses terres continentales, Philippe Auguste ayant manœuvré pour s'emparer de la Normandie en son absence[15].
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Richard débarque à Harfleur où il est accueilli avec enthousiasme et le 13 mai et il se met en route pour Verneuil-sur-Avre assiégée par Philippe Auguste. Auparavant, Jean devant l'arrivée précoce de son frère en Normandie se rallie bientôt à lui dans la ville de Lisieux. Richard campe à l'Aigle, non loin de Verneuil-sur-Avre, le roi de France Philippe sentant qu'il ne va pas pouvoir faire face à Richard, profite des fêtes de la Pentecôte (29 mai) pour lever le siège et déguerpir tout en sacrifiant son arrière-garde. Dès lors, Richard a pour dessein de reprendre le contrôle des forteresses objet du traité signé en janvier entre Philippe et Jean, ou d'en empêcher la prise, car tous les gouverneurs n'ont pas accepté les clauses de ce traité. Il descend sur l'Anjou.
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Philippe se venge de la trahison de Jean en brûlant Évreux. Il se rend compte un peu tard des visées du roi d'Angleterre quand celui-ci a repris la place forte de Loches. Fin juin, Philippe prend le château de Fréteval et tourne son Ost sur la forteresse de Vendôme. Richard campe alors à moins d'une lieue et fait dire à Philippe qu'il l'attend. Profitant de la nuit, Philippe lève le camp et suit péniblement la rive gauche du Loir avec son armée. Complètement désorganisée, celle-ci est cueillie au petit matin à quelques kilomètres de Fréteval. Philippe, qui s'était éloigné de l'itinéraire pour se reposer dans un châtelet sur une île du Loir, parviendra à fuir avec une poignée d'hommes, mais ses sceaux royaux, son trésor et ses chartes feront partie du butin récupéré par Richard[16].
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Après son départ en mai 1194, il ne retournera pas en Angleterre. En janvier 1196, Richard assiège Gaillon dont Lambert Cadoc est le châtelain. Lambert Cadoc repère Richard du haut de la tour et le vise avec son arbalète : le trait atteint le roi au genou et tue son cheval[17]. Ironiquement, c'est Richard lui-même qui a recruté Lambert Cadoc dans le Pays de Galles avec d'autres mercenaires gallois, afin de combattre le roi de France. Cependant, une partie de ces Gallois, dont Lambert Cadoc, poussés par leur haine des Normands et des Saxons, ont fait défection et rejoint l'autre camp[18].
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Durant plusieurs années de guerre, Richard parvient à redresser la situation et à défendre efficacement la Normandie. Il fait construire à cet effet une série de châteaux dont Château-Gaillard près des Andelys, sur la rive droite de la Seine, ainsi que les châteaux de Radepont dans la vallée de l’Andelle, Montfort-sur-Risle dans la vallée de la Risle, Orival sur la roche Fouet surplombant la Seine en amont de Rouen au-dessus d’Elbeuf, et fait améliorer le château de Moulineaux surplombant la Seine en aval de Rouen. Après une courte trêve, la guerre reprend à l'automne 1196. Richard envahit la partie du Vexin sous contrôle français. Il bat une première fois Philippe Auguste en septembre 1198 entre Gamaches et Vernon, puis une deuxième fois le 27 septembre lors de la bataille de Gisors[19],[20]. Cependant, le pape lui impose une trêve qui profite à Philippe Auguste.
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Le 23 mars 1199, Richard assiège le château de Châlus-Chabrol[21], possession du vicomte Adémar V de Limoges, dit Boson. Le 26, le roi est atteint par un carreau d'arbalète. L'auteur du tir n'est pas identifié avec certitude à cause des divergences entre les récits des chroniqueurs. Roger de Hoveden accuse le chevalier du Quercy Bertrand de Gourdon, mais Mathieu Paris et Raoul de Dicet évoquent un petit noble local Pierre Basile, à moins que ce ne soit Jean Sabroz ou Dudo[22],[23],[24]. Le carreau est retiré mais la gangrène s'installe. Richard meurt le 6 avril 1199, onze jours après sa blessure.
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Son corps est enterré en l’abbaye de Fontevraud (située non loin de Saumur), son cœur embaumé est enfermé dans un reliquaire et enterré dans un tombeau surmonté d'un gisant à son effigie en la cathédrale de Rouen, et ses entrailles sont déposées en l'église (actuellement ruinée) du château de Châlus-Chabrol. Cette partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements) avec des sépultures multiples est une pratique initiée au milieu du XIe siècle par les chevaliers et souverains du Royaume d'Angleterre et du Saint-Empire romain germanique morts en croisade ou loin de leur lieu de sépulture choisi[25].
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Selon Roger de Hoveden, Philippe de Cognac, fils illégitime supposé de Richard, aurait vengé la mort de son père en assassinant Adémar de Limoges[26].
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En mai 1199, Jean succède à Richard sur le trône d’Angleterre. Cependant les barons d'Anjou, du Maine et de Touraine le rejettent au début, lui préférant Arthur de Bretagne, neveu de Richard et Jean, dont les droits sont juridiquement meilleurs que les siens.
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Richard est très respecté par son plus grand rival militaire, Saladin, ainsi que par l’empereur Henri, mais il est également haï par nombre de ses anciens amis, en particulier le roi Philippe Auguste.
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Il se soucie peu de sa propre sécurité : la blessure reçue lors du siège de Châlus, qui aura raison de lui, ne se serait pas produite s’il avait été correctement protégé par une armure ; par la suite, l'infection aurait pu être évitée. Un incident très similaire s’était déjà produit dix ans auparavant, lorsque, combattant contre son père, il avait rencontré, désarmé, Guillaume le Maréchal, et avait dû le supplier pour avoir la vie sauve.
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Richard est un mécène et protecteur des troubadours et trouvères de son entourage; il est également poète[27],[28]. Il est lui-même intéressé par l'écriture et la musique, et on lui attribue deux poèmes qui nous sont parvenus. Le premier est un sirventès, Dalfin je us voill desrenier, le second est une complainte, Ja nuns hons pris[28],[G 4].
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La légende de Robin des Bois, d'abord située sous le règne d'Édouard II (vers 1322), est déplacée dans le temps par des écrivains anglais à partir du XVIe siècle dans le but de la rattacher au règne de Richard Ier. En outre, il n'y a pas de certitude historique sur Robin, qui peut avoir vécu au XIIe siècle, au XIIIe ou XIVe siècle. C'est donc bien plus tard qu’est établi un lien entre les deux hommes, en affirmant que le but poursuivi par Robin est de restaurer Richard sur le trône usurpé par le prince Jean lors de la captivité de Richard, entre 1192 et 1194, alors qu'en réalité Richard n'avait guère plus de soutien populaire en Angleterre que son frère Jean[29].
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L’amitié entre Philippe Auguste et Richard, qui se connaissaient depuis l'enfance, a parfois été assimilée à une relation homosexuelle, notamment par l'historien britannique John Harvey, en 1948[B 1]. Pour l'historien britannique John Gillingham, biographe de Richard Cœur de Lion, cette idée d'un roi homosexuel, apparue au XXe siècle, s'appuie sur des interprétations anachroniques des éléments qui nous sont connus[27]. Pour lui, la sexualité exacte de Richard ne peut être connue avec certitude[27]. Toutefois, pour l'historien William E. Burgwinkle, le fait qu'il n'y ait pas de preuves formelles de son homosexualité ne signifie pas pour autant qu'il faille conclure qu'il était forcément hétérosexuel[B 2].
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Certains chroniqueurs du XIIe siècle, comme notamment Benoît de Peterborough, parlent d'« amour » entre les deux jeunes hommes qu'étaient alors Richard et Philippe Auguste, et soulignent qu'ils partageaient le même lit[B 3]. Ce lien très fort unissant les deux hommes est définitivement brisé peu après et se transforme en haine[B 3].
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Quoi qu'il en fût, ses contemporains supposaient qu'il était hétérosexuel[27]. L'historien Jean Flori n'adhère pas à la thèse d'un roi homosexuel[F 3]. Pour lui, conclure à une relation homosexuelle relève d'une interprétation trop « moderne » du terme « amour » et il ajoute que partager le même lit « n'avait pas alors la connotation sensuelle qu'on peut y déceler aujourd'hui »[F 6]. Toutefois, sur la base des récits des pénitences de roi Richard en 1191 et 1195 pour des péchés de sodomie et de bougrerie, Jean Flori conclut à la probabilité d'une bisexualité[F 7]. Pour l'historien William E. Burgwinkle, il n'y a rien dans les chroniques contemporaines pour affirmer qu'en dehors de la forte affection qu'il avait à l'égard de Philippe Auguste, Richard ait été épris de quiconque, homme ou femme[B 4].
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À 34 ans, sous la pression de sa mère, Richard épouse Bérengère de Navarre. Ils se voient très rarement, et ce mariage est avant tout un mariage de convenance[B 5]. D'après le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden, après l'avertissement d'un ermite, et étant tombé subitement malade, Richard fait pénitence pour s'être éloigné de sa femme, et se réconcilie charnellement avec elle[B 6]. Il ne montre toutefois aucune volonté visible de concevoir un héritier[B 6].
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Le chroniqueur contemporain Benoît de Peterborough accuse aussi Richard de viols sur des femmes du peuple[B 4]. Pour Burgwinkle, un viol n'est pas l'indication d'un désir sexuel pour les femmes, mais un désir de contrôle, et dans le cas de Richard, certainement un contrôle politique[B 4]. Sa conclusion est qu'affirmer que Richard Cœur de Lion était hétérosexuel est illusoire[B 7].
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Richard a, avec une maîtresse inconnue, un fils illégitime, Philippe de Cognac[27]. Ce dernier épouse Amélie de Cognac († 1199), fille d'Itier, seigneur de Cognac, Villebois et Jarnac. Philippe de Cognac aurait vengé son père en assassinant, en 1199, Adémar V de Limoges.
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Richard Ier[2] dit Cœur de Lion (8 septembre 1157[F 1], palais de Beaumont à Oxford – 6 avril 1199, château de Châlus-Chabrol) fut roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou de 1189 à sa mort en 1199.
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Fils d’Henri II et d’Aliénor d'Aquitaine, Richard est élevé dans le duché d'Aquitaine à la cour de sa mère, ce qui lui vaut dans sa jeunesse le surnom de Poitevin. Il devient comte de Poitiers à l'âge de onze ans et duc d’Aquitaine lors de son couronnement à Limoges. Après la mort subite de son frère aîné le roi Henri le Jeune en 1183, il devient héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine. Pendant son règne, qui dure dix ans, il ne séjournera que quelques mois dans le royaume d’Angleterre et n'apprendra jamais l'anglais[F 2]. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, puis pour défendre ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, auquel il s’était pourtant auparavant allié contre son propre père. Ces territoires, pour lesquels il a prêté allégeance au roi Philippe, constituent la plus grande partie de son héritage Plantagenêt.
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Les Anglais l’appellent Richard I, les Français Richard Cœur de Lion, dans les régions occitanes, il est surnommé Oc e Non (« Oui et non » à cause de son supposé laconisme)[F 3],[3], et les Sarrasins, Melek-Ric ou Malek al-Inkitar (roi d'Angleterre)[4]. En son temps, il est considéré comme un héros, et souvent décrit comme tel dans la littérature. Il est aussi un poète et un écrivain célèbre à son époque, notamment pour ses compositions en occitan[F 2],[5], mais aussi en langue d'oïl.
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Richard naît probablement au palais de Beaumont en Angleterre[G 1]. Troisième fils d’Henri II d’Angleterre (l’aîné, appelé Guillaume, né en 1153, est mort à l’âge de trois ans) et d'Aliénor d'Aquitaine, Richard n’est pas destiné à succéder à son père. Il est cependant le fils préféré de sa mère (qui avait eu deux filles de son premier époux, le roi des Francs Louis VII de France) et, lorsque ses parents se séparent, il devient son héritier à la couronne d’Aquitaine en 1168, puis au titre de comte de Poitiers.
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En janvier 1169, il est fiancé à Adèle de France (fille du roi des Francs Louis VII le Jeune)[6]. Henri II la fit venir en Angleterre de manière à pouvoir prendre possession des terres constituant sa dot (comté d'Aumale et comté d'Eu), mais, dès qu'elle fut nubile, il aurait abusé d'elle, en aurait fait sa maîtresse et retardé le mariage. Par le traité de paix signé le 30 septembre 1174 à Montlouis entre Tours et Amboise, le roi Henri II renouvela à Louis VII la promesse du mariage entre Adèle et son fils Richard, mais il ne s'y tint pas, et en 1177, le pape Alexandre III intervint pour le sommer, sous peine d'excommunication, de procéder au mariage convenu. Le Berry devait être la dot de l'épousée. Henri renouvela sa promesse en décembre 1183 puis à l'époque du Carême de 1186, mais ne tint toujours pas sa promesse. Entretemps Adèle aurait donné la vie à un fils, la rumeur voulant qu'il soit l'enfant d'Henri II[7].
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Après la mort du roi Henri II Plantagenêt, le 6 juillet 1189, son fils et successeur Richard fit venir Adèle à Rouen en février 1190, mais en 1191, il avertit le roi de France Philippe Auguste qu'il ne saurait prendre sa sœur comme femme à cause du déshonneur dont il l'accusait.
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Comme les autres enfants légitimes d’Henri II Plantagenêt, Richard montre peu de respect pour son père et manque de clairvoyance à long terme ainsi que du sens des responsabilités.
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En 1170, son frère Henri le Jeune est couronné roi d’Angleterre avant la mort de son père. Il est ainsi dénommé pour le différencier de son père, puisqu’il ne règne pas encore. Vers 1170, Richard reçoit le comté de Poitiers et le duché d'Aquitaine, lors de cérémonies d'investiture à Saint-Hilaire de Poitiers, puis à Limoges. En 1173, Richard rejoint ses frères Geoffroy II de Bretagne, époux de Constance de Bretagne, et Henri le Jeune dans leur révolte contre leur père. Déjà dotés de fiefs par leur père, ils espèrent le remplacer effectivement au pouvoir, poussés en cela par leur mère. Henri II envahit l’Aquitaine deux fois, et à dix-sept ans, Richard est le dernier de ses fils à lui tenir tête[réf. nécessaire]. Finalement, il refuse un combat face-à-face, et lui demande son pardon. En 1174, Richard renouvelle ses vœux de soumission à son père[F 3].
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Après son échec, Richard va mater les nobles mécontents d’Aquitaine, spécialement en Gascogne. Il fonde Marmande en 1182, s’y installe et construit de nombreux châteaux forts dans les environs (Soumensac). Il se taille une affreuse réputation de cruauté, avec de nombreuses accusations de viols et de meurtres. Les rebelles espèrent détrôner Richard et appellent ses frères à l’aide. Henri II a peur que cette guerre entre ses trois fils ne conduise à la destruction de son royaume, et il lance son armée à son aide. Le 11 juin 1183, Henri le Jeune meurt, et son père Henri II est toujours sur son trône.
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Richard a une raison majeure de s’opposer à son père. Ce dernier a pris comme maîtresse la princesse Adèle, fille du roi Louis VII, alors qu’elle lui était promise. Cela rend aux yeux de l’Église le mariage avec Richard techniquement impossible. Mais Henri, voulant éviter un incident diplomatique, ne confesse pas son erreur de conduite. Quant à Richard, il ne renonce à ce mariage qu’en 1191.
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Très absent de son royaume d'Angleterre, Richard préfère se consacrer à ses possessions françaises et à la croisade en Terre sainte.
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Peu après son accession au trône en 1189, il décide de se joindre à la troisième croisade, inspirée par la perte de Jérusalem, prise par Saladin. Richard Cœur de Lion craint que Philippe Auguste n’usurpe ses territoires en son absence. Le roi de France a les mêmes craintes vis-à-vis de son rival anglais, aussi les deux rois partent ensemble pour la Palestine[F 4]. Ils s'engagent à défendre les territoires l'un de l'autre pendant qu'ils seront à la croisade[F 5].
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Richard est accusé de faire peu pour l’Angleterre, se contentant d’épuiser les ressources du royaume en empruntant pour financer ses expéditions en Terre sainte. Il relève également les taxes, et dépense la majeure partie du trésor de son père. Il rassemble et emprunte autant d’argent qu’il le peut, libérant par exemple le roi d’Écosse de son hommage en échange de dix mille marcs, et vendant nombre de charges officielles et autres droits sur des terres. Par ailleurs, c’est grâce aux réformes importantes de son père en matière de législation et de justice qu’il lui sera possible de quitter l’Angleterre pendant une longue période.
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En 1190, Richard part finalement pour la troisième croisade avec son ami le seigneur de Sablé et futur Grand-Maitre templier, Robert de Sablé, qui passa dix-neuf ans à sa cour[8]. Il s'embarque à Marseille, laissant Hugues, évêque de Durham, et Guillaume de Mandeville comme régents. Guillaume de Mandeville, qui meurt rapidement, est remplacé par Guillaume Longchamp. Mécontent de cette décision, le frère de Richard, Jean, se met à manigancer contre Guillaume.
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Pendant l'été 1190, Richard décide de débarquer près de Naples tandis que Philippe Auguste gagne directement Messine le 16 septembre[9]. De la région de Naples, il gagne Messine par voie terrestre en passant par Amalfi, Salerne et Mileto, où il est agressé par des gens du cru. Selon Roger de Hoveden, Richard s'était écarté de sa suite et avait molesté un paysan[10] ; aussitôt, tous les habitants du village l'attaquent et il ne doit sa survie qu'à la rapidité de sa fuite.
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En septembre 1190, Richard et Philippe sont en Sicile. En 1189, le roi Guillaume II de Sicile est mort. Son héritière, sa tante Constance, future reine Constance Ire de Sicile, est mariée à l’empereur Henri VI. Mais immédiatement après la mort de Guillaume, son cousin Tancrède de Lecce se rebelle, prend le contrôle de l’île, et début 1190, est couronné roi de Sicile. Il est préféré par le peuple, et par le pape, mais il est en conflit avec les nobles de l’île. L’arrivée de Richard accentue les difficultés. Tancrède a emprisonné la veuve de Guillaume, la reine Jeanne, la sœur de Richard, et ne lui donne pas l’argent qu'elle a hérité selon la volonté du défunt. Richard réclame la libération de sa sœur et la remise de son héritage. Pendant ce temps, la présence de deux armées étrangères cause des troubles parmi la population, exaspérée notamment par le comportement des soldats envers les femmes[9]. En octobre, la population de Messine se révolte, demandant que les étrangers quittent l’île. Une rixe éclate le 3 octobre entre des soldats et des habitants de la ville, « ramas de Grecs et de ribauds, gens issus de sarrasins » qui conspuaient les pèlerins tout en les traitant de « chiens puants »[9]. Richard attaque Messine et la prend le 4 octobre 1190. Après l’avoir pillée et brûlée, Richard y établit son camp. Il y reste jusqu’en mars 1191, quand Tancrède accepte finalement un traité. Celui-ci est signé, toujours en mars, par Richard, Philippe et Tancrède. En voici les termes :
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Le traité ébranle les relations entre l’Angleterre et le Saint-Empire romain germanique, et cause la révolte de Jean sans Terre, qui espère être proclamé héritier à la place de son neveu. Bien que sa révolte échoue, Jean continue dès lors de comploter contre son frère.
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Richard et Philippe reprennent la mer. En avril, Richard s'arrête sur l’île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitte en mai, mais une nouvelle tempête amène sa flotte à Chypre, où trois de ses navires s'échouent. L'attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène, qui régnait sur Chypre après s'être détaché de l'empire byzantin en 1184, provoque, le 6 mai 1191, le débarquement de la flotte de Richard dans le port de Lemesos (aujourd'hui Limassol). Il tente de s'entendre avec le Grec pour le ravitaillement d'Acre, mais devant la perfidie de ce dernier (Isaac était en fait dans l'équipe de Saladin), Richard entreprend la conquête de l'île. Les quelques catholiques romains de l’île se joignent à Richard, ainsi que ses nobles, révoltés par les sept années du joug tyrannique d’Isaac.
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Après avoir été défait à Kolossi (à l'ouest de Limassol), Isaac réorganise sa défense à Trémithoussia, sur la route menant à la capitale Nicosie, où se livre une bataille décisive le 21 mai 1191. Isaac est vaincu et fait prisonnier par Richard, qui devient le nouveau maître de Chypre. Il pille l’île et massacre ceux qui tentent de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérengère de Navarre, première-née du roi Sanche VI de Navarre, l’a enfin rejoint sur sa route vers la Terre sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le 12 mai 1191. La sœur de Richard, Jeanne, l’a suivi depuis la Sicile et assiste à la cérémonie. Le mariage ne produit pas d’héritier, et les opinions divergent sur l’entente entre les époux. La malheureuse Bérengère ne reverra l’Angleterre qu’après la mort de Richard.
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Cette conquête de Chypre allait avoir un impact très important sur l'Orient latin. D'un côté, l'île, pleine de ressources, allait constituer un centre de ravitaillement assuré pour l'Orient latin (et notamment pour Acre encore assiégée) et une escale sûre pour les armadas italiennes (maîtresses de la mer) et les autres croisades. D'un autre côté, elle allait participer au déclin de l'Orient latin en attirant les colons et barons syriens : entre les terres pleines de richesse de l'île et celles sans cesse exposées au danger de la Palestine, le choix était évident pour nombre de chevaliers, d'autant plus que le clan des Lusignan, futurs maîtres de Chypre, n'hésitait pas à multiplier les offres de terres et autres baronnies.
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Avant de partir pour Acre et pour seulement 25 000 marcs d'argent, Richard vend l'île de Chypre à son ami Robert de Sablé, le grand-maître de l'ordre du Temple. Les Templiers y installeront pendant quelques années leur première base en Orient avant de la vendre à Guy de Lusignan[11]. Richard, avec presque toute son armée, quitte Chypre pour la Terre sainte au début de juin. En son absence, Chypre doit être gouvernée par Richard Kamvill.
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Richard arrive à Acre en juin 1191 avec son ami le grand-maître de l'ordre du Temple Robert de Sablé, deux mois après Philippe Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs (eux-mêmes encerclés par l'armée de Saladin), commence à être à bout. L'arrivée du roi Richard, à la fois fabuleux combattant et tacticien, amène la chute d'Acre en juillet 1191. C'est lors de cette victoire que Richard va s'illustrer sombrement en exécutant 3 000 prisonniers musulmans, parce que Saladin tardait à lui remettre une relique de la Vraie Croix, 2 500 prisonniers chrétiens ainsi qu'une rançon convenue (20 août 1191, après le départ de Philippe Auguste). Après cette exécution qui va renforcer le jihad et rendre entre autres les futures négociations très difficiles (notamment pour la restitution de Jérusalem), Richard part conquérir le littoral avec Robert de Sablé et ses Templiers, mais il reste le seul chef de toute l'armée franco-anglaise (le roi de France est parti avec sa propre maison, laissant toutes ses troupes sous la houlette du duc de Bourgogne). Richard a aussi tout fait pour imposer comme roi de Jérusalem Guy de Lusignan (celui-ci étant originaire du Poitou, et donc son vassal) au détriment de l'énergique Conrad de Montferrat, sauveur de Tyr en pleine débâcle franque et soutenu ardemment par tous les barons syriens.
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Lors de leur conquête du littoral sud, Richard, Robert et leurs troupes sont harcelés sans cesse par les troupes de Saladin. Les croisés ne tombent néanmoins pas dans le piège de la poursuite et restent solidement groupés. Cependant, Saladin, ayant reçu des renforts turcomans, engage la bataille d'Arsouf dans une position stratégique très favorable : les croisés étant encerclés, adossés à la mer. Richard ne perd pas son calme et tente une habile manœuvre d'encerclement pour écraser totalement l'armée adverse. Mais un hospitalier et un chevalier anglais chargent pour la gloire, entraînant avec eux quelques autres chevaliers. Richard doit alors charger avec toute la cavalerie pour éviter une désorganisation possiblement fatale, et après de durs combats, la victoire est remportée par Richard. Celle-ci n'est cependant pas complète et ne conduit qu'à disperser et repousser l'armée ennemie, Richard n'ayant pu réaliser le mouvement tournant qui lui aurait permis une victoire décisive. Saladin détruit alors des places fortes (Jaffa notamment) avant l'arrivée des croisés. Le littoral conquis et certaines places fortes reconstruites (Jaffa, Ascalon…), Richard part vers Jérusalem en plein hiver. Mais il renonce finalement au siège, sous l'insistance notamment des barons syriens : la saison était mauvaise et ces derniers savaient qu'ils ne pourraient tenir Jérusalem une fois tous les croisés repartis. Le roi revient par la suite à deux reprises, mais il renonce bien qu'il estime toujours que la ville est à portée de main car son armée est affaiblie, alors que celle de Saladin est toujours plus grande et plus forte. Il est vrai qu'il vient également de recevoir de graves nouvelles d'Angleterre et il ne pense plus qu'à rejoindre son royaume.
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Le 5 juillet 1192, Richard commence à se replier pour regagner la côte. Voyant une occasion de se venger de la défaite d'Arsouf, Saladin contre-attaque et, le 27 juillet, met le siège devant la ville de Jaffa, qui avait servi de base d'opérations pour Richard au cours de sa marche à l'intérieur des terres en direction de Jérusalem. Il prend la ville basse, mais pas la citadelle qui résiste. Mis au courant[G 2], Richard quitte alors sa flotte, rassemble rapidement une petite armée, et se précipite vers la ville. La bataille de Jaffa s'engage. Battu à deux reprises par Richard, les 1er et 5 août, Saladin est contraint de se replier vers Jérusalem[G 3].
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Richard finit par embarquer le 9 octobre 1192, après avoir bâclé la paix avec Saladin (celui-ci, conscient des difficultés de Richard, tergiversait intelligemment) et mis à la tête d'Acre son neveu, le comte Henri II de Champagne (Conrad de Montferrat avait été assassiné par deux ismaëliens, et Guy de Lusignan dit « Sa Simplesse », devenu trop embarrassant pour les croisés, fut nommé à la tête du Royaume de Chypre).
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À la suite des manœuvres du roi français Philippe, le duc Léopold V de Babenberg capture Richard, alors sur le chemin du retour, près de Vienne à l’automne 1192. Richard l’a en effet publiquement insulté durant la croisade. D'abord emprisonné à Dürnstein, il est ensuite livré à l’empereur Henri VI qui le détient au château de Trifels. Ce dernier réclame une rançon de cent cinquante mille marcs d’argent, équivalant à deux années de recettes du royaume d’Angleterre[12]. Bien que les conditions de sa captivité ne soient pas strictes, il est frustré par l’impossibilité de voyager librement. De cet emprisonnement est tirée la légende de Blondel.
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L’empereur le libère en février 1194 contre un premier versement de cent mille marcs d’argent que sa mère, Aliénor d'Aquitaine, réussit à rassembler péniblement. L’empereur lui extorque également un serment d’allégeance de la couronne d’Angleterre à l’Empire avec le devoir de payer un tribut de cinq mille livres sterling par an. Ayant appris la libération de Richard, Philippe Auguste aurait fait prévenir Jean sans Terre que « le diable est lâché »[13].
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Le 20 mars 1194, Richard débarque au port de Sandwich et retrouve l'Angleterre[14], où il reçoit un bon accueil. Durant son absence, son frère Jean fut près de conquérir le trône. Richard lui reprend une à une les forteresses, le château de Nottingham est le dernier à tomber. Enfin Richard décide de retourner dans ses terres continentales, Philippe Auguste ayant manœuvré pour s'emparer de la Normandie en son absence[15].
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Richard débarque à Harfleur où il est accueilli avec enthousiasme et le 13 mai et il se met en route pour Verneuil-sur-Avre assiégée par Philippe Auguste. Auparavant, Jean devant l'arrivée précoce de son frère en Normandie se rallie bientôt à lui dans la ville de Lisieux. Richard campe à l'Aigle, non loin de Verneuil-sur-Avre, le roi de France Philippe sentant qu'il ne va pas pouvoir faire face à Richard, profite des fêtes de la Pentecôte (29 mai) pour lever le siège et déguerpir tout en sacrifiant son arrière-garde. Dès lors, Richard a pour dessein de reprendre le contrôle des forteresses objet du traité signé en janvier entre Philippe et Jean, ou d'en empêcher la prise, car tous les gouverneurs n'ont pas accepté les clauses de ce traité. Il descend sur l'Anjou.
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Philippe se venge de la trahison de Jean en brûlant Évreux. Il se rend compte un peu tard des visées du roi d'Angleterre quand celui-ci a repris la place forte de Loches. Fin juin, Philippe prend le château de Fréteval et tourne son Ost sur la forteresse de Vendôme. Richard campe alors à moins d'une lieue et fait dire à Philippe qu'il l'attend. Profitant de la nuit, Philippe lève le camp et suit péniblement la rive gauche du Loir avec son armée. Complètement désorganisée, celle-ci est cueillie au petit matin à quelques kilomètres de Fréteval. Philippe, qui s'était éloigné de l'itinéraire pour se reposer dans un châtelet sur une île du Loir, parviendra à fuir avec une poignée d'hommes, mais ses sceaux royaux, son trésor et ses chartes feront partie du butin récupéré par Richard[16].
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Après son départ en mai 1194, il ne retournera pas en Angleterre. En janvier 1196, Richard assiège Gaillon dont Lambert Cadoc est le châtelain. Lambert Cadoc repère Richard du haut de la tour et le vise avec son arbalète : le trait atteint le roi au genou et tue son cheval[17]. Ironiquement, c'est Richard lui-même qui a recruté Lambert Cadoc dans le Pays de Galles avec d'autres mercenaires gallois, afin de combattre le roi de France. Cependant, une partie de ces Gallois, dont Lambert Cadoc, poussés par leur haine des Normands et des Saxons, ont fait défection et rejoint l'autre camp[18].
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Durant plusieurs années de guerre, Richard parvient à redresser la situation et à défendre efficacement la Normandie. Il fait construire à cet effet une série de châteaux dont Château-Gaillard près des Andelys, sur la rive droite de la Seine, ainsi que les châteaux de Radepont dans la vallée de l’Andelle, Montfort-sur-Risle dans la vallée de la Risle, Orival sur la roche Fouet surplombant la Seine en amont de Rouen au-dessus d’Elbeuf, et fait améliorer le château de Moulineaux surplombant la Seine en aval de Rouen. Après une courte trêve, la guerre reprend à l'automne 1196. Richard envahit la partie du Vexin sous contrôle français. Il bat une première fois Philippe Auguste en septembre 1198 entre Gamaches et Vernon, puis une deuxième fois le 27 septembre lors de la bataille de Gisors[19],[20]. Cependant, le pape lui impose une trêve qui profite à Philippe Auguste.
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Le 23 mars 1199, Richard assiège le château de Châlus-Chabrol[21], possession du vicomte Adémar V de Limoges, dit Boson. Le 26, le roi est atteint par un carreau d'arbalète. L'auteur du tir n'est pas identifié avec certitude à cause des divergences entre les récits des chroniqueurs. Roger de Hoveden accuse le chevalier du Quercy Bertrand de Gourdon, mais Mathieu Paris et Raoul de Dicet évoquent un petit noble local Pierre Basile, à moins que ce ne soit Jean Sabroz ou Dudo[22],[23],[24]. Le carreau est retiré mais la gangrène s'installe. Richard meurt le 6 avril 1199, onze jours après sa blessure.
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Son corps est enterré en l’abbaye de Fontevraud (située non loin de Saumur), son cœur embaumé est enfermé dans un reliquaire et enterré dans un tombeau surmonté d'un gisant à son effigie en la cathédrale de Rouen, et ses entrailles sont déposées en l'église (actuellement ruinée) du château de Châlus-Chabrol. Cette partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements) avec des sépultures multiples est une pratique initiée au milieu du XIe siècle par les chevaliers et souverains du Royaume d'Angleterre et du Saint-Empire romain germanique morts en croisade ou loin de leur lieu de sépulture choisi[25].
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Selon Roger de Hoveden, Philippe de Cognac, fils illégitime supposé de Richard, aurait vengé la mort de son père en assassinant Adémar de Limoges[26].
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En mai 1199, Jean succède à Richard sur le trône d’Angleterre. Cependant les barons d'Anjou, du Maine et de Touraine le rejettent au début, lui préférant Arthur de Bretagne, neveu de Richard et Jean, dont les droits sont juridiquement meilleurs que les siens.
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Richard est très respecté par son plus grand rival militaire, Saladin, ainsi que par l’empereur Henri, mais il est également haï par nombre de ses anciens amis, en particulier le roi Philippe Auguste.
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Il se soucie peu de sa propre sécurité : la blessure reçue lors du siège de Châlus, qui aura raison de lui, ne se serait pas produite s’il avait été correctement protégé par une armure ; par la suite, l'infection aurait pu être évitée. Un incident très similaire s’était déjà produit dix ans auparavant, lorsque, combattant contre son père, il avait rencontré, désarmé, Guillaume le Maréchal, et avait dû le supplier pour avoir la vie sauve.
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Richard est un mécène et protecteur des troubadours et trouvères de son entourage; il est également poète[27],[28]. Il est lui-même intéressé par l'écriture et la musique, et on lui attribue deux poèmes qui nous sont parvenus. Le premier est un sirventès, Dalfin je us voill desrenier, le second est une complainte, Ja nuns hons pris[28],[G 4].
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La légende de Robin des Bois, d'abord située sous le règne d'Édouard II (vers 1322), est déplacée dans le temps par des écrivains anglais à partir du XVIe siècle dans le but de la rattacher au règne de Richard Ier. En outre, il n'y a pas de certitude historique sur Robin, qui peut avoir vécu au XIIe siècle, au XIIIe ou XIVe siècle. C'est donc bien plus tard qu’est établi un lien entre les deux hommes, en affirmant que le but poursuivi par Robin est de restaurer Richard sur le trône usurpé par le prince Jean lors de la captivité de Richard, entre 1192 et 1194, alors qu'en réalité Richard n'avait guère plus de soutien populaire en Angleterre que son frère Jean[29].
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L’amitié entre Philippe Auguste et Richard, qui se connaissaient depuis l'enfance, a parfois été assimilée à une relation homosexuelle, notamment par l'historien britannique John Harvey, en 1948[B 1]. Pour l'historien britannique John Gillingham, biographe de Richard Cœur de Lion, cette idée d'un roi homosexuel, apparue au XXe siècle, s'appuie sur des interprétations anachroniques des éléments qui nous sont connus[27]. Pour lui, la sexualité exacte de Richard ne peut être connue avec certitude[27]. Toutefois, pour l'historien William E. Burgwinkle, le fait qu'il n'y ait pas de preuves formelles de son homosexualité ne signifie pas pour autant qu'il faille conclure qu'il était forcément hétérosexuel[B 2].
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Certains chroniqueurs du XIIe siècle, comme notamment Benoît de Peterborough, parlent d'« amour » entre les deux jeunes hommes qu'étaient alors Richard et Philippe Auguste, et soulignent qu'ils partageaient le même lit[B 3]. Ce lien très fort unissant les deux hommes est définitivement brisé peu après et se transforme en haine[B 3].
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Quoi qu'il en fût, ses contemporains supposaient qu'il était hétérosexuel[27]. L'historien Jean Flori n'adhère pas à la thèse d'un roi homosexuel[F 3]. Pour lui, conclure à une relation homosexuelle relève d'une interprétation trop « moderne » du terme « amour » et il ajoute que partager le même lit « n'avait pas alors la connotation sensuelle qu'on peut y déceler aujourd'hui »[F 6]. Toutefois, sur la base des récits des pénitences de roi Richard en 1191 et 1195 pour des péchés de sodomie et de bougrerie, Jean Flori conclut à la probabilité d'une bisexualité[F 7]. Pour l'historien William E. Burgwinkle, il n'y a rien dans les chroniques contemporaines pour affirmer qu'en dehors de la forte affection qu'il avait à l'égard de Philippe Auguste, Richard ait été épris de quiconque, homme ou femme[B 4].
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À 34 ans, sous la pression de sa mère, Richard épouse Bérengère de Navarre. Ils se voient très rarement, et ce mariage est avant tout un mariage de convenance[B 5]. D'après le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden, après l'avertissement d'un ermite, et étant tombé subitement malade, Richard fait pénitence pour s'être éloigné de sa femme, et se réconcilie charnellement avec elle[B 6]. Il ne montre toutefois aucune volonté visible de concevoir un héritier[B 6].
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Le chroniqueur contemporain Benoît de Peterborough accuse aussi Richard de viols sur des femmes du peuple[B 4]. Pour Burgwinkle, un viol n'est pas l'indication d'un désir sexuel pour les femmes, mais un désir de contrôle, et dans le cas de Richard, certainement un contrôle politique[B 4]. Sa conclusion est qu'affirmer que Richard Cœur de Lion était hétérosexuel est illusoire[B 7].
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Richard a, avec une maîtresse inconnue, un fils illégitime, Philippe de Cognac[27]. Ce dernier épouse Amélie de Cognac († 1199), fille d'Itier, seigneur de Cognac, Villebois et Jarnac. Philippe de Cognac aurait vengé son père en assassinant, en 1199, Adémar V de Limoges.
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Richard Milhous Nixon /ˈɹɪt͡ʃ.ɝd ˈmɪl.haʊ̯s ˈnɪk.sən/[1], né le 9 janvier 1913 à Yorba Linda (Californie) et mort le 22 avril 1994 à New York, est un homme d'État américain. Membre du Parti républicain, il est le 36e vice-président des États-Unis du 20 janvier 1953 au 20 janvier 1961 puis le 37e président des États-Unis, du 20 janvier 1969 au 9 août 1974.
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Issu d’une famille modeste, il étudie à l'université Duke, puis devient juriste. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sert dans la Marine.
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Il est élu en 1946 représentant des États-Unis pour le 12e district de Californie, puis sénateur en 1950. Son engagement dans l'affaire d'espionnage Alger Hiss établit sa réputation d'anticommuniste et le fait connaître au niveau national. Élu en 1952 vice-président des États-Unis sur le ticket républicain mené par Dwight D. Eisenhower, il occupe la vice-présidence de 1953 à 1961. Il brigue la succession d’Eisenhower en 1960, mais est défait par le démocrate John F. Kennedy à l'issue d'une élection très serrée. Il échoue également à devenir gouverneur de Californie en 1962. Sa traversée du désert s'achève six ans plus tard par son élection à la Maison-Blanche ; il est ainsi une des rares personnalités à accéder à la présidence après avoir perdu une élection présidentielle auparavant.
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Pendant sa présidence, s'il commence par accroître l'engagement américain au Viêt Nam, il négocie la fin du conflit et met fin à l'intervention en 1973. Sa visite en République populaire de Chine en 1972 permet l'ouverture de relations diplomatiques entre les deux pays ; la même année, il instaure la Détente et le traité ABM avec l'Union soviétique. En politique intérieure, son administration soutient des politiques de dévolution du pouvoir du gouvernement fédéral vers les États. Il renforce la lutte contre le cancer et les drogues, impose un contrôle sur les prix et les salaires, fait appliquer la déségrégation dans les écoles du Sud, et crée l'Agence de protection de l'Environnement. Bien qu'il soit président lors de la mission Apollo 11, il réduit le soutien au programme spatial américain.
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Il est réélu en 1972 en remportant 49 des 50 États américains, soit une des plus larges majorités jamais obtenues aux États-Unis. Son second mandat est marqué par le premier choc pétrolier et ses conséquences économiques, par la démission de son vice-président Spiro Agnew et par les révélations successives sur son implication dans le scandale du Watergate. L'affaire coûte à Nixon la plupart de ses appuis politiques et le conduit à démissionner le 9 août 1974, alors qu’il est menacé d’être destitué. Après son départ du pouvoir, il bénéficie d'une grâce de la part de son successeur, Gerald Ford.
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Durant sa retraite, il écrit plusieurs ouvrages et s’implique sur la scène internationale, ce qui contribue à réhabiliter son image publique. Il meurt à l'âge de 81 ans, quelques jours après avoir été victime d'une grave attaque cérébrale. L'héritage et la personnalité de Richard Nixon continuent à faire l'objet d'importants débats.
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Richard Nixon est né le 9 janvier 1913 dans une maison que son père avait construite à Yorba Linda en Californie. Ses parents s'appelaient Francis Anthony Nixon (1878-1956) et Hannah Elizabeth Nixon née Milhous (1885-1967)[2],[3]. Sa mère était une quaker et son père était un méthodiste qui s'était converti après son mariage ; l'éducation de Richard fut donc marquée par les valeurs conservatrices des quakers de l'époque, qui devaient s'abstenir de boire, de danser et de jurer. Richard avait quatre frères : Harold (1909-1933), Donald (1914-1987), Arthur (1918-1925) et Edward (1930-2019)[4]. Quatre des cinq enfants Nixon étaient prénommés d'après des rois de l'Angleterre historique ou légendaire ; Richard, par exemple, portait le prénom de Richard Cœur de Lion[5].
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La jeunesse de Nixon fut marquée par les privations et il cita par la suite une déclaration d'Eisenhower pour décrire son enfance : « Nous étions pauvres mais la splendeur de cette situation est que nous ne le savions pas »[6]. L'exploitation agricole familiale périclita en 1922 et la famille déménagea à Whittier en Californie, dans une région habitée par de nombreux quakers où Frank Nixon ouvrit une épicerie et une station service[7]. Le jeune frère de Richard, Arthur, mourut soudainement en 1925[8]. À l'âge de 12 ans, on repéra une ombre sur l'un des poumons de Richard et du fait des antécédents tuberculeux de la famille, il fut interdit de sport. Finalement, l'ombre se révéla être composée de tissus cicatriciels formés après un accès de pneumonie[9],[10]. Le jeune Richard étudia à l'école élémentaire d'East Whittier où il était délégué de classe[11].
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Frank et Hannah Nixon jugeaient que l'éducation au collège de Whitthier avait poussé le frère aîné de Richard, Harold, à vivre une vie dissolue avant qu'il ne meure de la tuberculose en 1933. Ils envoyèrent donc Richard au plus grand collège de Fullerton[12],[13]. Il suivit des études brillantes, bien qu'il lui fallût une heure de bus pour se rendre au collège ; par la suite, il résida chez une de ses tantes à Fullerton durant la semaine[14]. Il jouait au football américain et participait à presque tous les entraînements même s'il était rarement sélectionné pour les compétitions[15]. Il eut plus de succès en tant qu'orateur ; il remporta plusieurs concours d'éloquence et ne fut battu lors d'un débat public que par le recteur du collège, H. Lynn Sheller. Nixon rappela par la suite les mots de Sheller : « Rappelle-toi, un discours est une conversation… N'invective pas les gens. Parle-leur. Discute avec eux »[16]. Nixon raconta qu'il essayait d'utiliser le ton de la conversation le plus souvent possible[16].
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Les parents de Nixon l'inscrivirent au lycée de Whittier en septembre 1928. Richard échoua cependant à obtenir la présidence de l'association étudiante. Il se levait généralement à 4 h pour se rendre avec le camion familial jusqu'à Los Angeles et acheter des légumes au marché. Il revenait ensuite à l'épicerie pour les laver et les mettre en rayon avant de se rendre à l'école. Les médecins ayant diagnostiqué une tuberculose chez son frère Harold l'année précédente, lorsqu'Hannah Nixon l'emmena en Arizona dans l'espoir d'améliorer sa santé, ses parents devinrent plus exigeants envers Richard et il dut abandonner le football. Nixon termina néanmoins troisième de sa promotion de 207 élèves[17].
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Il reçut une bourse pour intégrer l'université Harvard mais la maladie de Harold accaparait leur mère et Richard dut participer à la gestion de l'épicerie. Il resta en Californie et entra à l'université de Whittier, ses dépenses étant couvertes par un legs de son grand-père maternel[18]. Il n'y avait pas de fraternités étudiantes à l'université mais des associations littéraires. Nixon fut refusé par la seule qui existait pour les jeunes hommes, les Franklins, dont la plupart des membres étaient issus de familles influentes contrairement à lui. Il réagit en contribuant à la fondation d'une nouvelle société, l'Orthogonian Society[19]. En plus de l'association, de ses études et des activités à l'épicerie, Nixon trouva le temps pour mener à bien de nombreuses activités extra-scolaires ; il remporta de nombreux concours de débat et gagna une réputation de travailleur acharné[20]. En 1933, il se fiança avec Ola Florence Welch, la fille du commissaire de Whittier ; mais ils se séparèrent en 1935[21].
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Après avoir été diplômé de l'université de Whittier en 1934, Nixon reçut une bourse pour la faculté de droit de l'université Duke[22]. L'institution était récente et cherchait à attirer les meilleurs étudiants avec des bourses d'études[23]. Leur nombre était cependant fortement réduit pour les étudiants de deuxième et troisième année et cela entraînait une intense compétition[23]. Non seulement Nixon conserva sa bourse mais il fut élu président de l'association du barreau de l'université[24] et termina troisième de sa promotion en juin 1937[22]. Il écrivit plus tard à propos de son université : « L'université Duke est responsable d'une manière ou d'une autre de tout ce que j'ai fait dans le passé ou pourrai faire à l'avenir. »[25].
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Après avoir été diplômé de l'université Duke, Nixon espérait rejoindre le FBI. Il ne reçut aucune réponse à sa lettre de candidature et il apprit des années plus tard qu'il avait été engagé mais que son embauche avait été annulée à la dernière minute du fait de restrictions budgétaires[26]. Il retourna alors en Californie et fut admis au barreau en 1937. Il rejoignit le cabinet Wingert et Bewley à Whittier[22] qui s'occupait des litiges pour des compagnies pétrolières locales et d'autres questions commerciales de même que des testaments[27]. Nixon était réticent à travailler sur des affaires de divorce car il n'aimait pas discuter de sexualité avec les femmes[28]. En 1938, il ouvrit sa propre branche du cabinet Wingert et Bewley à La Habra en Californie[29] et il devint un associé officiel du cabinet l'année suivante[30].
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En janvier 1938, Nixon fut choisi pour participer à la pièce The Dark Tower organisée par l'association théâtrale de Whittier et il donna la réplique à une enseignante en lycée appelée Thelma « Pat » Ryan[22]. Nixon décrivit la rencontre dans ses mémoires comme « un coup de foudre typique »[31] ; cependant, cela ne concernait que Nixon car Pat Ryan éconduisit plusieurs fois le jeune avocat avant d'accepter un rendez-vous[32]. Ryan fut longtemps réticente à l'idée d'épouser Nixon et leur relation se prolongea deux ans avant qu'elle n'accepte sa demande. Ils se marièrent lors d'une cérémonie très simple, le 21 juin 1940. Après une lune de miel au Mexique, le couple s'installa à Whittier[33]. Ils eurent deux enfants, Tricia (née en 1946) et Julie (née en 1948)[34].
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En janvier 1942, le couple déménagea à Washington, D.C. et Nixon trouva un emploi au bureau de l'Administration des prix[22]. Lors de ses campagnes politiques ultérieures, Nixon avança qu'il s'agissait d'une réponse à l'attaque de Pearl Harbor mais il avait postulé ce poste dès la deuxième moitié de l'année 1941, et donc avant l'attaque du 7 décembre. Le couple considérait en effet que ses perspectives d'avenir à Whittier étaient limitées[35]. Il fut assigné à la division de rationnement des pneus où il devait répondre au courrier. Il n'appréciait pas ce travail et quatre mois plus tard, il demanda à intégrer la marine américaine. Comme il était quaker de naissance, il aurait pu demander à être exempté de la conscription mais il intégra la marine en août 1942[36].
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Nixon assista aux cours de l'école des élèves-officiers et devint aspirant en octobre 1942. Son premier poste fut celui d'assistant du commandant de la base aérienne d'entraînement d'Ottumwa dans l'Iowa. Cherchant un rôle plus stimulant, il demanda à aller sur le front et il fut réassigné en tant qu'officier de contrôle chargé de la logistique militaire dans le théâtre Sud-Ouest du Pacifique[37],[38]. Il fut déployé à Guadalcanal dans les îles Salomon puis sur l'île de Nissan, conquise après la bataille des îles Green, où son unité préparait les plans de vols et supervisait le chargement et le déchargement des avions de transport C-47. Il fut félicité par ses supérieurs, reçut deux service stars et fut promu lieutenant le 1er octobre 1943 même s'il n'avait participé à aucun combat. À son retour aux États-Unis, Nixon fut nommé officier à la base aéronavale d'Alameda en Californie. En janvier 1945, il fut transféré au Bureau of Aeronautics à Philadelphie pour aider à la négociation de la rupture des contrats signés durant la guerre ; il fut à nouveau félicité pour son travail[39]. En octobre 1945, il fut promu au grade de lieutenant commander[39] et quitta la marine lors du réveillon de 1946[40].
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En 1945, les républicains du 12e district congressionnel de Californie, frustrés par leur incapacité à battre le représentant démocrate Jerry Voorhis, cherchèrent un candidat consensuel pour faire campagne contre lui. Ils formèrent un comité pour choisir un candidat et essayer d'éviter les dissensions internes qui avaient permis les victoires de Voorhis. Après l'échec du comité à attirer les meilleurs candidats, Herman Perry, le directeur de la branche de Whittier de Bank of America suggéra Nixon, un nom familier pour ceux qui étaient membres du conseil d'administration de l'université de Whittier avant la guerre. Perry écrivit à Nixon qui se trouvait alors à Baltimore. Après une nuit de discussions agitées au sein du couple, Nixon répondit avec enthousiasme à Perry. Il s'envola pour la Californie et fut choisi par le comité. Lorsqu'il quitta la marine au début de l'année 1946, Nixon et son épouse retournèrent à Whittier où commença une année d'intense campagne[41],[42]. Nixon remporta l'élection avec 65 586 voix contre 49 994 pour son adversaire[43].
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Au Congrès, Nixon soutint la loi Taft-Hartley de 1947 restreignant les prérogatives des syndicats et il participa au comité sur l'éducation et le travail. Il était également membre du comité Herter qui se rendit en Europe pour étudier les besoins d'une aide financière américaine. Nixon était le plus jeune membre du comité et le seul originaire de l'Ouest des États-Unis[44]. Le rapport du comité mena au vote du plan Marshall en 1948[45].
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Nixon se fit connaître au niveau national en 1948 lorsque son enquête, en tant que membre du House Un-American Activities Committee, révéla l'affaire d'espionnage Alger Hiss. Beaucoup doutaient des allégations de Whittaker Chambers selon lesquelles Hiss, un ancien fonctionnaire du département d'État, avait été un espion soviétique mais Nixon était convaincu de leur véracité et il pressa le comité de poursuivre ses investigations. Attaqué en diffamation par Hiss, Chambers fournit des documents corroborant ses affirmations[46]. Hiss fut condamné pour parjure en 1950 car il avait nié sous serment qu'il avait cédé les documents à Chambers[47]. En 1948, Nixon devint le candidat d'une coalition dans sa circonscription et fut facilement réélu[48],[49].
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En 1949, Nixon commença à envisager de se présenter au Sénat contre le démocrate sortant, Sheridan Downey (en)[50] et il entra en campagne en novembre de la même année[51]. Downey, devant faire face à une dure campagne lors des primaires contre la représentante Helen Gahagan Douglas, annonça son retrait en mars 1950[52]. Nixon et Douglas remportèrent les primaires[53] et s'engagèrent dans une campagne intense dont la guerre de Corée était le thème central[54]. Nixon essaya d'attirer l'attention sur les votes libéraux de Douglas au Congrès. Ainsi, une « affiche rose » distribuée par l'équipe de campagne de Nixon suggérait que les votes libéraux de Douglas étaient similaires �� ceux du représentant Vito Marcantonio de New York (considéré par certains comme étant un communiste) et que leurs positions politiques étaient donc identiques[55]. Nixon remporta l'élection avec près de 20 points d'avance[56]. Ses nombreuses stratégies politiques lui valurent le surnom de Tricky Dick (« Richard la crapule » ou « le roublard »)[57],[58].
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Au Sénat, Nixon s’oppose avec virulence au communisme[59]. Il conserva des relations amicales avec son collègue anti-communiste, le controversé sénateur Joseph McCarthy du Wisconsin, mais il prit ses distances avec certaines allégations de celui-ci[60]. Nixon critiqua également la gestion de la guerre de Corée par le président Harry S. Truman[59]. Il soutint l'entrée de l'Alaska et d'Hawaï dans les États-Unis, vota en faveur des droits civiques des minorités ainsi que pour des aides fédérales en Inde et en Yougoslavie à la suite de catastrophes naturelles[61]. Il s'opposa en revanche au contrôle des prix, aux restrictions monétaires et aux aides aux immigrants illégaux[61].
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Le général Dwight D. Eisenhower fut choisi par les républicains en 1952 pour briguer la présidence. Il n'avait aucune préférence particulière pour un candidat à la vice-présidence et les dirigeants du parti républicain se réunirent et recommandèrent le choix de Nixon à Eisenhower qui accepta la proposition. La jeunesse de Nixon (il n'avait que 39 ans), ses positions contre le communisme et sa base politique en Californie, l'un des plus grands États, étaient considérés comme de très bons arguments dans la campagne. Parmi les autres candidats envisagés figuraient le sénateur Robert Taft de l'Ohio, le gouverneur Alfred Driscoll (en) du New Jersey et le sénateur Everett Dirksen de l'Illinois[62],[63]. Durant la campagne, Eisenhower discourut sur ses ambitions pour le pays et laissa la campagne de dénigrement à son colistier[64].
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À la mi-septembre, les médias rapportèrent que Nixon avait une caisse noire financée par ses bailleurs de fonds pour rembourser ses dépenses politiques. Une telle caisse n'était pas illégale mais elle exposait Nixon à des accusations de possibles conflits d'intérêts. Lorsqu'Eisenhower commença à mettre la pression sur Nixon pour qu'il se retire du « ticket » présidentiel, ce dernier alla à la télévision pour s'adresser à la nation le 23 septembre 1952[65]. Le discours, par la suite surnommé Checkers Speech, fut regardé par environ 60 millions d'américains, la plus importante audience pour l'époque[66]. Nixon se défendit avec passion, avançant que la caisse n'était pas secrète et que les bailleurs de fond n'avaient reçu aucune compensation. Il se présenta comme un homme modeste et patriote[65]. Le discours est resté célèbre car il admit avoir accepté un seul don : « un petit cocker… envoyé du Texas. Et notre petite fille [Tricia, âgée de six ans] l'a appelé Checkers[65] ». Le discours était un chef-d'œuvre de rhétorique et il fut submergé de messages de soutien qui poussèrent Eisenhower à le garder sur le ticket républicain[67],[68] qui remporta largement l'élection de novembre[64].
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Eisenhower s'était engagé à donner des responsabilités à Nixon qui lui permettraient d'être son successeur. Nixon participa aux réunions du Cabinet et du Conseil de sécurité nationale qu'il présidait lorsqu'Eisenhower était absent. Une tournée en Extrême-Orient en 1953 accrut la popularité des États-Unis dans la région et permit à Nixon d'apprécier le potentiel industriel de la zone. Il visita Saïgon et Hanoï en Indochine française[69]. À son retour aux États-Unis à la fin de l'année 1953, il accrut le temps consacré aux questions internationales[70].
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Le biographe Irwin Gellman déclara à propos de sa vice-présidence :
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« Eisenhower changea radicalement le rôle de son colistier en lui attribuant des fonctions cruciales à la fois dans les affaires intérieures et internationales après sa prise de fonction. Le vice-président accueillit favorablement les initiatives du président et travailla avec énergie pour accomplir les objectifs de la Maison-Blanche. Du fait de la collaboration entre les deux dirigeants, Nixon mérite le titre de « premier vice-président moderne[71]». »
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Malgré l'intense campagne de Nixon, qui lança de virulentes attaques contre les démocrates, les républicains perdirent le contrôle des deux chambres du Congrès lors des élections de 1954. Cette défaite poussa Nixon à envisager de quitter la politique à la fin de son mandat[72]. Le 24 septembre 1955, le président Eisenhower fut victime d'une crise cardiaque et son état fut initialement jugé critique. Il fut incapable de remplir sa mission durant six semaines. Le 25e amendement de la Constitution n'existait pas encore et le vice-président n'avait aucun pouvoir formel. Pendant cette période, Nixon prit la place d'Eisenhower en présidant les réunions du Cabinet et en s'assurant que les membres du Cabinet ne profitaient pas de la situation[73]. Selon son biographe Stephen Ambrose, il « mérita les louanges qu'il reçut pour sa conduite durant la crise… il ne fit rien pour prendre le pouvoir[74] ».
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Nixon envisagea d'accomplir un second mandat mais certains soutiens d'Eisenhower cherchaient à l'évincer. Lors d'un discours en décembre 1955, Eisenhower proposa que Nixon ne se présente pas à la vice-présidence mais soit nommé au Cabinet pour y acquérir de l'expérience avant l'élection de 1960. Nixon considérait cependant que cela détruirait sa carrière politique. Lorsqu'Eisenhower annonça sa candidature à la réélection en février 1956, il refusa de désigner un colistier avant d'avoir lui-même été désigné comme candidat du parti. Aucun républicain ne se présenta contre lui et le président annonça à la fin du mois d'avril que Nixon serait à nouveau son colistier[75]. Les deux hommes furent réélus à une majorité confortable, bien que moins importante que quatre ans auparavant[76].
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Au printemps 1957, Nixon entreprit une importante tournée à l'étranger, cette fois en Afrique. À son retour, il aida à faire passer le Civil Rights Act de 1957 au Congrès. La loi fut amendée par le Sénat et les associations des droits civiques étaient divisées pour savoir si Eisenhower devait la signer. Nixon conseilla au président de signer le texte, ce qu'il fit[77]. Eisenhower fut victime d'une nouvelle crise cardiaque, quoique moins grave, en novembre 1957 et Nixon donna une conférence de presse pour assurer que le Cabinet était aux commandes[78].
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Le 27 avril 1958, Richard et Pat Nixon entamèrent une tournée en Amérique du Sud. À Montevideo en Uruguay, il réalisa une visite improvisée au campus de l'université où il répondit aux questions des étudiants sur la politique étrangère américaine. Le voyage se fit sans incidents jusqu'à ce qu'il arrive à Lima au Pérou où il fut accueilli par des manifestations étudiantes. Il se rendit sur le campus et descendit de sa voiture pour affronter les étudiants et il resta jusqu'à ce qu'il soit forcé de regagner sa voiture par une pluie de projectiles. À son hôtel, une autre manifestation l'attendait et un manifestant lui cracha dessus[79]. À Caracas au Venezuela, Nixon et son épouse furent accueillis par des manifestants anti-américains et leur limousine fut attaquée par la foule[80]. Selon Ambrose, sa conduite courageuse conduisit « même ses plus virulents ennemis à le saluer[81] ».
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En avril 1959, alors qu'Eisenhower refuse une audience à Castro, Nixon accepte de le rencontrer avant son voyage au Québec.
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En juillet 1959, le président Eisenhower envoya Nixon en Union soviétique pour l'ouverture de l'exposition américaine à Moscou. Le 24 juillet, alors qu'il visitait l'exposition avec le premier secrétaire soviétique Nikita Khrouchtchev, les deux hommes s'arrêtèrent devant un modèle de cuisine américaine et se lancèrent dans un échange impromptu sur les vertus du capitalisme et du communisme qui fut appelé le Kitchen Debate (« débat de la cuisine[82] »).
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En 1960, Nixon se lança dans sa première campagne présidentielle. Il rencontra peu d'opposition durant les primaires républicaines[83] et choisit l'ancien sénateur du Massachusetts, Henry Cabot Lodge, Jr. comme colistier[84]. Son adversaire démocrate était John F. Kennedy et aucun ne semblait prendre l'avantage dans les sondages[85]. Nixon fit campagne sur son expérience mais Kennedy faisait valoir son sang neuf et avançait que l'administration Eisenhower-Nixon avait permis à l'Union soviétique de prendre l'avantage sur les États-Unis dans le domaine des missiles balistiques[86]. La télévision fit son apparition comme nouveau moyen de communication et dans le premier des quatre débats télévisés, Nixon apparut pâle, avec une barbe naissante, contrastant avec le photogénique Kennedy[84]. La performance de Nixon dans le débat fut jugée médiocre par les téléspectateurs alors que la plupart des auditeurs qui suivirent le débat par l'intermédiaire de la radio considéraient que Nixon l'avait emporté[87]. Kennedy remporta l'élection avec seulement 120 000 voix d'avance (0,2 % des votes) même si sa victoire au Collège électoral fut franche[84].
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Il y eut des accusations de fraude électorale dans le Texas et l'Illinois, deux États remportés par Kennedy mais Nixon refusa de contester les résultats car il considérait qu'une dispute prolongée affaiblirait le prestige et les intérêts américains dans le monde[88]. À la fin de son mandat de vice-président en janvier 1961, Nixon et sa famille retournèrent en Californie où il reprit son activité de juriste et rédigea un livre à succès intitulé Six Crises dans lequel il revenait sur l'affaire Hiss, la crise cardiaque d'Eisenhower et l'incident de la caisse noire qui avait été résolue par son « Checkers Speech[84],[89] ».
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Les dirigeants républicains au niveau local et national encouragèrent Nixon à se présenter face à Pat Brown pour le poste de gouverneur de Californie lors de l'élection de 1962[84]. Malgré ses réticences initiales, Nixon entra dans la course[84]. Sa campagne fut néanmoins affaiblie par le sentiment populaire accusant Nixon de ne voir le poste que comme un tremplin vers une autre campagne présidentielle, par l'opposition de la droite de son parti et par son propre manque d'intérêt pour la fonction[84]. Nixon espérait qu'une campagne réussie confirmerait son statut de meneur du parti républicain et lui garantirait un rôle majeur dans les politiques nationales[90]. Pat Brown remporta l'élection avec une avance de 5 % et la défaite fut largement considérée comme la fin de la carrière politique de Nixon[84]. Dans un discours impromptu le matin après l'élection, il accusa les médias d'avoir favorisé son adversaire et déclara, « vous n'aurez plus de Nixon pour traîner dans le coin, messieurs, car il s'agit de ma dernière conférence de presse[91] ». La défaite en Californie fut soulignée par l'émission du 11 novembre 1962 du Howard K. Smith: News and Comment de la chaîne ABC intitulée La nécrologie politique de Richard M. Nixon[92]. Alger Hiss apparut dans le programme et de nombreux membres du public se plaignirent qu'il était inconvenant d'autoriser un repris de justice à attaquer l'ancien vice-président. La colère poussa à l'annulation de l'émission quelques mois plus tard et l'opinion publique prit fait et cause pour Nixon[92].
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La famille Nixon se rendit en Europe en 1963 où Nixon donna des conférences de presse et rencontra les dirigeants des pays visités[93]. La famille s'installa à New York et Nixon devint un des principaux associés du cabinet d'avocat Nixon, Mudge, Rose, Guthrie & Alexander[84]. Nixon avait promis, lors de l'annonce de sa campagne en Californie, qu'il ne serait pas candidat pour l'élection présidentielle de 1964 ; même s'il ne l'avait pas fait, il considérait qu'il serait difficile de battre Kennedy, ou après son assassinat, son successeur Lyndon B. Johnson[94]. En 1964, il soutint la nomination du sénateur de l'Arizona, Barry Goldwater, pour briguer la présidence ; lorsque ce dernier fut choisi, Nixon présenta le candidat lors de la convention. Bien que Goldwater eût peu de chances de gagner, Nixon fit loyalement campagne pour lui. L'élection de 1964 fut un désastre pour les républicains ; la large défaite de Goldwater à la présidence fut accompagnée de défaites tout aussi lourdes au Congrès et dans les différents États[95].
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Nixon fut l'un des rares républicains à ne pas avoir été tenu responsable des résultats désastreux de ces élections et il chercha à exploiter cette situation lors des législatives de 1966. Il fit campagne pour de nombreux républicains cherchant à récupérer leur poste après le raz-de-marée démocrate et il fut crédité de plusieurs victoires dans ces élections de mi-mandat[96].
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À la fin de l'année 1967, Nixon déclara à sa famille qu'il envisageait de se présenter une nouvelle fois à la présidence. Bien que Pat n'appréciât pas toujours la vie publique[97] (elle avait par exemple été embarrassée par la publication des revenus modestes de leur ménage lors du Checkers Speech[98]), elle soutenait les ambitions de son mari. Nixon considérait que comme les démocrates étaient divisés sur la question de la guerre du Viêt Nam, un républicain pouvait remporter l'élection même s'il s'attendait à un score aussi serré qu'en 1960[97].
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La période des primaires de l'année 1968 fut l'une des plus tumultueuses de l'histoire américaine car elle commença au moment de l'offensive du Têt en janvier, fut suivie par le retrait du président Johnson après ses mauvais résultats lors de la primaire du New Hampshire en mars et se termina par l'assassinat de l'un des candidats démocrates, le sénateur Robert F. Kennedy, juste après sa victoire lors des primaires en Californie. Du côté républicain, le principal adversaire de Nixon était le gouverneur du Michigan, George W. Romney, mais le gouverneur de l'État de New York, Nelson Rockefeller, et le gouverneur de Californie, Ronald Reagan étaient tous deux des candidats sérieux. Nixon fut néanmoins désigné dès le premier tour[99]. Il choisit le gouverneur du Maryland, Spiro Agnew, comme colistier car il considérait que ce choix permettrait d'unir le parti en satisfaisant les républicains modérés et les sudistes déçus par les démocrates[100].
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L'adversaire démocrate de Nixon fut le vice-président Hubert Humphrey qui avait été nommé lors d'une convention marquée par de violentes manifestations contre la guerre[101]. Tout au long de la campagne, Nixon se présenta comme un modèle de stabilité dans une période d'agitation et de contestations au niveau national[101]. Il fit appel à ce qu'il désigna plus tard comme une « majorité silencieuse » des Américains sociaux-conservateurs qui rejetaient la contreculture hippie et l'opposition à la guerre du Viêt Nam. Agnew devint un influent détracteur de ces groupes et permit à Nixon de renforcer sa position sur la droite de son parti[102].
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Nixon mena une importante campagne de publicité télévisuelle où il rencontrait ses partisans devant les caméras[103]. Il mit l'accent sur le taux de criminalité trop élevé et attaqua les Démocrates sur leur manque d'intérêt supposé pour la supériorité nucléaire américaine[104]. Nixon promit une « paix honorable » au Viêt Nam et proclama qu'« une nouvelle direction mettrait fin à la guerre et gagnerait la paix dans le Pacifique[105] ». Il n'expliqua pas précisément comment il espérait terminer la guerre, ce qui poussa les médias à supposer qu'il avait un « plan secret[105] ».
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Les émissaires de Johnson espéraient obtenir la signature d'une trêve avant l'élection. Nixon recevait des comptes rendus détaillés des négociations grâce à Henry Kissinger, alors conseiller du négociateur américain William A. Harriman, et son équipe de campagne avait des contacts réguliers avec Anna Chennault à Saïgon. Cette dernière, sur demande de Nixon[106] conseilla au président du Viêt Nam du Sud, Nguyễn Văn Thiệu, de ne pas se rendre aux discussions organisées à Paris en avançant que Nixon lui offrirait des conditions plus favorables. Johnson savait ce qui se passait car Chennault et l'ambassadeur sud-Viêtnamien à Washington étaient mis sous écoute et il fut ulcéré par ce qu'il considérait comme une tentative de Nixon pour saper la politique étrangère américaine. Il ne pouvait cependant pas rendre publique cette information obtenue illégalement, mais informa Humphrey qui choisit de ne pas l'utiliser[107].
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Lors de la triangulaire entre Nixon, Humphrey et le gouverneur de l'Alabama, George Wallace se présentant en indépendant, Nixon arriva en tête avec 511 944 voix d'avance (0,7 % des votes) soit 43,6 % des suffrages et remporta 301 votes de grands électeurs contre 191 pour Humphrey et 46 pour Wallace[101],[108]. Dans son discours de victoire, Nixon promit que son administration essaierait de « rassembler la nation divisée[109] ». Il déclara : « J'ai reçu un message bienveillant de la part du vice-président me félicitant pour mon élection. Je l'ai remercié pour ce geste élégant et courageux. Je lui ai également dit que je savais exactement ce qu'il ressentait. Je sais ce que cela fait de perdre de justesse »[110].
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Nixon fut investi en tant que 37e président des États-Unis le 20 janvier 1969 et il prêta serment avec son ancien rival politique, le juge en chef Earl Warren. Pat Nixon ouvrit les bibles de la famille au livre d'Ésaïe 2,4 qui indiquait « Ils forgeront leurs épées en socs de charrue ; et leurs lances en serpes ». Dans son discours d'investiture qui fut unanimement salué, Nixon remarqua que « le plus grand honneur que l'histoire peut conférer est le titre de pacificateur[111] », une phrase qui fut par la suite gravée sur sa pierre tombale[112]. Il appela à transformer les politiques partisanes en une nouvelle ère d'unité :
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« Dans ces temps difficiles, l'Amérique a souffert d'une fièvre de paroles ; des rhétoriques prétentieuses qui promettent plus que ce qui est possible ; des rhétoriques enflammées qui transforment le mécontentement en haine ; des rhétoriques pompeuses élégantes mais vides. Nous ne pourrons apprendre l'un de l'autre que quand nous arrêterons de nous invectiver, quand nous parlerons suffisamment calmement pour que nos mots soient entendus aussi bien que nos voix[113]. »
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Conscient des limites d'une politique étrangère devenue rigide, militariste et très coûteuse, Nixon développe une approche plus pragmatique visant à la normaliser, quitte à renoncer à un certain nombre de positions désormais jugées secondaires : il s'agit de la base de la « doctrine Nixon », définie dès juillet 1969 avec son conseiller spécial (et futur secrétaire d’État) Henry Kissinger. Ce pragmatisme — non dénué de cynisme à l'occasion — permit d'aller vers une détente notable à l'échelle internationale, mais n'empêcha pas toujours le développement d'une rhétorique franchement belliciste lorsque la fermeté des positions américaines devait se faire bien sentir[114].
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Nixon posa les bases de son ouverture avec la Chine avant même son accession à la présidence en écrivant dans le journal Foreign Affairs un an avant son élection : « Il n'y a pas de place sur cette petite planète pour laisser un milliard de ses potentiels habitants les plus compétents dans un isolement forcé[115] ». Kissinger, avec qui le président travaillait étroitement en court-circuitant le Cabinet, joua également un rôle dans cette ouverture. Les relations entre l'Union soviétique et la Chine étant au plus bas du fait d'un conflit frontalier en 1969, Nixon indiqua secrètement aux Chinois qu'il désirait des relations plus apaisées. Une opportunité arriva au début de l'année 1971 lorsque Mao Zedong invita une équipe de pongistes américains à visiter la Chine et à jouer contre les meilleurs joueurs chinois. Nixon en profita pour envoyer Kissinger en Chine afin qu'il rencontre secrètement les officiels chinois[115]. Le 15 juillet 1971, il fut simultanément annoncé par Pékin et Washington (à la télévision et à la radio) que le président visiterait la Chine en février 1972. L'annonce surprit le monde entier du fait de l'anti-communisme du président américain[116]. Le secret permit aux deux camps de préparer le climat politique dans leurs pays respectifs[117].
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En février 1972, Nixon et son épouse se rendirent en Chine. Kissinger donna des instructions à Nixon durant près de 40 heures en préparation de la rencontre[118]. À l'atterrissage, le président et la première dame sortirent d'Air Force One et furent accueillis par le Premier ministre Zhou Enlai. Nixon mit un point d'honneur à serrer la main de Zhou, une chose que le secrétaire d'État John Foster Dulles avait refusé de faire en 1954 lorsque les deux hommes s'étaient rencontrés à Genève[119]. Plus d'une centaine de journalistes de la télévision accompagnaient le président. Nixon voulait en effet que la télévision fût favorisée par rapport aux journaux car il considérait que ce moyen de communication permettrait une meilleure retranscription de sa visite. Cela lui donna également l'occasion de rabaisser les journalistes de la presse écrite qu'il méprisait[119].
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Nixon et Kissinger rencontrèrent Mao et Zhou durant une heure dans la résidence privée officielle de Mao et ils discutèrent de nombreux sujets[120]. Mao déclara plus tard à son médecin qu'il avait été impressionné par Nixon qu'il considérait comme franc et direct à la différence des gauchistes et des Soviétiques[120]. Il indiqua par contre qu'il se méfiait de Kissinger[120], même si le conseiller à la sécurité nationale qualifia cette réunion de sa « rencontre avec l'histoire[119] ». Un dîner officiel fut organisé dans la soirée en l'honneur du président dans le palais de l'Assemblée du Peuple. Le lendemain, Nixon échangea à nouveau avec Zhou et le communiqué conjoint reconnaissait Taïwan comme une partie intégrante de la Chine et envisageait une solution pacifique au problème de la réunification[121]. Le président américain profita également de sa visite pour se rendre sur des sites historiques comme la Cité interdite, les Tombeaux des Ming et la Grande Muraille[119]. Les Américains découvrirent la vie en Chine pour la première fois par l'intermédiaire des caméras accompagnant Pat Nixon qui se rendit dans des écoles, des usines et des hôpitaux de la région de Pékin[119].
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La visite enclencha une nouvelle ère dans les relations sino-américaines[101]. Craignant la possibilité d'une alliance entre la Chine et les États-Unis, l'Union soviétique relâcha la pression et cela contribua à renforcer la Détente[122].
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Lorsque Nixon prit ses fonctions, environ 300 soldats américains mouraient chaque semaine au Viêt Nam[123] et la guerre était très impopulaire aux États-Unis où de violentes manifestations exigeaient la fin du conflit. L'administration Johnson avait accepté de cesser les bombardements en échange d'ouvertures de négociations sans conditions préalables mais cet accord n'entra jamais en vigueur. Nixon cherchait un moyen de retirer les forces américaines tout en protégeant le Sud-Viêt Nam des attaques du Nord[124]. Selon l'historien Walter Isaacson, peu après son accession à la présidence, Nixon avait conclu que la guerre ne pouvait être gagnée et était déterminé à y mettre fin le plus rapidement possible[125]. Ce constat n'empêcha pas le président de renforcer encore le corps expéditionnaire américain déployé au Vietnam qui atteignit 550 000 hommes en avril 1969. À l'inverse, son biographe Conrad Black avance que Nixon croyait sincèrement qu'il pouvait forcer le Nord-Viêt Nam à céder via la « théorie du fou[126] ». Il considérait qu'il pourrait parvenir à un accord permettant le retrait des forces américaines tout en protégeant l'indépendance du Sud-Viêt Nam[124].
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Nixon approuva en mars 1969 une campagne secrète de bombardement des positions du Nord-Viêt Nam au Cambodge (opération Menu) afin de détruire ce qui était considéré comme les quartiers-généraux du Vietcong[127]. Cette tactique était déjà appliquée sous l'administration Johnson et on estime que les Américains ont largué plus de bombes sur le Cambodge pendant la guerre du Viêt Nam que n'en ont utilisé les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale[128]. Au milieu de l'année 1969, Nixon entama des négociations de paix avec les Nord-Vietnamiens et des pourparlers commencèrent à Paris. Ces discussions préalables ne débouchèrent cependant pas sur un accord[129]. En juillet 1969, Nixon visita le Sud-Viêt Nam où il rencontra les commandants américains et le président Nguyễn Văn Thiệu. Face aux protestations demandant un retrait immédiat, il mit en place une stratégie visant à remplacer les soldats américains par des troupes vietnamiennes, stratégie qui fut appelée « Viêt Namisation » du conflit[101]. Il organisa rapidement un retrait progressif des troupes américaines[130] mais autorisa des incursions au Laos en partie pour fermer la piste Hô Chi Minh qui ravitaillait le Vietcong à travers le Laos et le Cambodge. En mars 1970 le renversement du roi Norodom Sihanouk par le général Lon Nol donna à Nixon l'occasion d'intervenir directement au Cambodge[131]. Alors que des manifestations étaient organisées à Washington contre cette intervention, Nixon rencontra les manifestants de manière improvisée le matin du 9 mai devant le Lincoln Memorial[132],[133],[134]. Les promesses de campagne de Nixon visant à mettre un terme à la guerre contrastaient avec l'accroissement de la campagne de bombardement et cela entraîna une baisse de sa crédibilité[130].
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En 1971, des extraits des Pentagon Papers (« papiers du Pentagone ») fournis par Daniel Ellsberg furent publiés par le New York Times et le Washington Post. Lorsque les premières fuites commencèrent, Nixon pensait ne rien faire car ces documents concernaient principalement les mensonges de l'administration précédente sur l'implication américaine au Viêt Nam. Kissinger le persuada que ces documents étaient plus dangereux qu'il n'y paraissait et le président tenta d'empêcher leur publication. La Cour suprême se prononça finalement en faveur des journaux[135].
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L'année 1972 s'avéra celle de tous les dangers. Le 30 mars Hanoi et le FNL, dotés d'un armement conventionnel lourd fourni par l'URSS, lancèrent une vaste offensive contre Saigon afin de bousculer la politique de vietnamisation. Le 8 avril, Washington annonça la reprise des bombardements sur la RDV stoppés le 31 octobre 1968 par le président Johnson ; le 8 mai, à deux semaines du sommet de Moscou, Nixon alla plus loin que son prédécesseur dans l'escalade : le minage du port d'Haïphong dans le but d'interrompre l'arrivée de matériel soviétique. Conformément à ses prévisions le Kremlin n'annula ni ne reporta la rencontre, au contraire de ce qu'avaient prédit de nombreux observateurs.
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Alors que le retrait des troupes américaines se poursuivait, la conscription fut réduite et s'acheva en 1973[136]. Après des années de combats, les accords de paix de Paris furent signés en janvier 1973. L'accord prévoyait un cessez-le-feu et autorisait le retrait des derniers soldats américains ; il n'imposait cependant pas le retrait des 160 000 soldats de l'Armée populaire vietnamienne se trouvant au sud[137]. La trêve ne dura que deux ans et les forces nord-vietnamiennes reprirent l'offensive en mars 1975. Privé du soutien américain, le Sud-Viêt Nam s'effondra et la capitale Saïgon tomba le 30 avril[138].
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Nixon avait fermement soutenu Kennedy lors du débarquement de la baie des Cochons en 1961 et de la crise des missiles de Cuba en 1962 ; à sa prise de fonction il intensifie les opérations secrètes contre Cuba et son président Fidel Castro. Il maintient d'étroites relations avec la communauté cubaine en exil par l'intermédiaire de son ami, Bebe Rebozo[Qui ?]. Ces activités inquiétent les Soviétiques et les Cubains qui craignent que Nixon n'attaque Cuba en violation de l'accord tacite entre Kennedy et Khrouchtchev qui avait mis fin à la crise des missiles. En août 1970, les Soviétiques demandent à Nixon de réaffirmer l'accord. Malgré sa ligne dure contre Castro, il accepte. Les discussions sont ralenties lorsque les Américains découvrent que les Soviétiques étendent leur base dans le port cubain de Cienfuegos en octobre 1970. Une confrontation limitée s'ensuit et se termine par la promesse soviétique de ne pas utiliser Cienfuegos pour accueillir des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. Les dernières notes diplomatiques réaffirmant l'accord de 1962 sont échangées en novembre[139].
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Nixon n'accepte pas l'élection du socialiste Salvador Allende à la présidence du Chili en septembre 1970[140]. Il lance une campagne d'opposition vigoureuse mais secrète à Allende et cherche à convaincre le Congrès chilien de désigner le conservateur Jorge Alessandri comme vainqueur de l'élection. Lorsque cela échoue, des opérations sous fausse bannière sont menées auprès d'officiers de l'armée chilienne pour les informer que les « États-Unis désirent… un coup d'État[141] ». Après la prise de fonction d'Allende, les opérations clandestines américaines se poursuivent avec la publication d'articles de propagande noire dans le journal conservateur El Mercurio, l'organisation de grèves et un soutien financier aux opposants du nouveau président. Quand El Mercurio réclame davantage de fonds en septembre 1971, Nixon autorise « dans un rare exemple de microgestion d'une opération clandestine » l'octroi de 700 000 $ au journal[142]. Après une longue période d'instabilité sociale, politique et économique, le général Augusto Pinochet prend le pouvoir lors d'un coup d'État en septembre 1973 au cours duquel Allende est tué[143]. Au Paraguay, il appuie financièrement et diplomatiquement le régime du général Alfredo Stroessner qu'il décrit comme un « modèle de démocratie viable pour l’Amérique latine », en dépit des trois mille exécutions politiques qui lui sont imputées[144].
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Nixon s'était déjà rendu dans le bloc de l'Est en 1969, un an après l'écrasement du printemps de Prague. Il avait rendu visite à Nicolae Ceaușescu, seul dirigeant communiste qui, à l'époque, avait pris parti pour le socialisme à visage humain, et président d'un pays qui, depuis 1963, sous la présidence de Lyndon B. Johnson, avait le statut de partenaire privilégié des États-Unis grâce à Gheorghe Gaston Marin (en), vice-président du gouvernement roumain. Après l'annonce de la visite de Nixon en Chine, son administration négocia une visite équivalente en Union soviétique. Le président et la première dame arrivèrent à Moscou le 22 mai 1972 et rencontrèrent le secrétaire général du parti communiste de l'Union soviétique (en) Léonid Brejnev, le président du conseil des ministres Alexis Kossyguine et le président du Soviet suprême Nikolaï Podgorny ainsi que d'autres officiels soviétiques[145].
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Nixon se lança dans d'intenses négociations avec Brejnev[145] et le sommet déboucha sur des accords pour accroître le commerce et la signature de deux traités de limitation des armements nucléaires : SALT I, le premier accord global signé par les deux superpuissances[101] et le traité ABM qui interdisait le développement de systèmes d'interception des missiles intercontinentaux. Nixon et Brejnev proclamèrent une nouvelle ère de « coexistence pacifique » et un banquet fut organisé le soir-même au Kremlin[145].
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Cherchant à développer de meilleures relations avec les États-Unis, la Chine et l'Union soviétique retirèrent leur soutien diplomatique au Nord-Viêt Nam et conseillèrent à Hanoï de composer[146],[147],[148]. Nixon décrivit ensuite cette stratégie :
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« J'ai longtemps cru qu'un élément indispensable de toute initiative de paix réussie au Viêt Nam était de s'assurer, si possible, l'aide des Soviétiques et des Chinois. Même si le rapprochement avec la Chine et la Détente avec l'Union soviétique étaient des fins en soi, je les ai également considérés comme des moyens de hâter la fin de la guerre. Au pire, Hanoï allait se sentir moins confiant si Washington négociait avec Moscou et Pékin. Au mieux, si les deux puissances communistes majeures décidaient qu'elles avaient d'autres chats à fouetter, Hanoï serait forcé de négocier un accord que nous pourrions accepter[149] »
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Ayant fait des progrès considérables dans les relations diplomatiques avec l'Union soviétique au cours des deux années précédentes, et après une visite de Brejnev aux États-Unis en 1973, Nixon organisa un second voyage en Union soviétique[150]. Il arriva à Moscou le 27 juin 1974 et participa le soir à une réception au grand palais du Kremlin[150]. Nixon et Brejnev se rencontrèrent à Yalta où ils discutèrent d'un pacte de défense mutuelle, de la Détente et des MIRVs. Tout en envisageant un accord global d'interdiction des essais nucléaires, Nixon sentit qu'il n'aurait pas le temps de le mettre en place durant sa présidence[150]. Il n'y eut pas de percées importantes lors de ces négociations[150]. Entre-temps, en janvier 1974, à son arrivée à Cuba pour un voyage officiel, il reçut un message d'amitié de Leonid Brejnev[151].
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Dans le cadre de la doctrine Nixon, les États-Unis évitèrent tout soutien militaire direct à leurs alliés mais offrirent leur assistance financière et diplomatique pour qu'ils puissent se défendre. Ils accrurent fortement leurs ventes d'armes au Moyen-Orient, particulièrement à destination d'Israël, de l'Iran et de l'Arabie saoudite[152]. L'administration Nixon soutenait Israël, un allié américain au Moyen-Orient, mais le soutien n'était pas inconditionnel. Nixon considérait qu'Israël devait faire la paix avec ses voisins arabes et que les États-Unis devaient encourager ce processus. Le président jugeait que, à l'exception de la crise du canal de Suez, les États-Unis n'étaient pas intervenus avec Israël. Nixon pensait toutefois qu'il devait utiliser l'importante aide militaire américaine à Israël pour amener les deux parties à négocier. Cependant, le conflit israélo-arabe n'était pas le centre d'attention principal de Nixon durant son premier mandat car il considérait que, quoi qu'il fît, les Juifs américains ne soutiendraient pas sa réélection[153],[154].
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Lorsqu'une coalition arabe menée par l'Égypte et la Syrie attaqua en octobre 1973, déclenchant ainsi la guerre du Kippour, Israël fut initialement débordé. Les États-Unis ne prirent aucune initiative durant plusieurs jours, jusqu'à ce que Nixon autorise un soutien logistique à Israël via un pont aérien. Lorsque les États-Unis et l'URSS parvinrent à obtenir un cessez-le-feu, les forces israéliennes avaient profondément progressé dans les territoires ennemis. La guerre entraîna le premier choc pétrolier car les pays arabes refusèrent de vendre du pétrole aux États-Unis en représailles à son soutien à Israël[155]. L'embargo entraîna des pénuries d'essence et un rationnement aux États-Unis à la fin de l'année 1973 et fut finalement levé par les pays producteurs de pétrole lors du retour au calme[156]. Kissinger joua un rôle important dans l'accord et fut capable de rétablir des relations diplomatiques avec l'Égypte pour la première fois depuis 1967 ; Nixon réalisa l'un de ses derniers voyages présidentiels dans ce pays en juin 1974[157].
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Lorsque Nixon accéda à la présidence en 1969, l'inflation était de 4,7 %, le taux le plus élevé depuis la guerre de Corée tandis que la Grande société de Johnson et la guerre du Viêt Nam creusaient largement les déficits. Le taux de chômage était faible mais les taux d'intérêt étaient les plus élevés depuis un siècle[158]. Le principal objectif économique de Nixon était la réduction de l'inflation ; le moyen le plus efficace pour parvenir à cela était de mettre fin à la guerre[158]. Cela ne pouvait cependant pas se faire immédiatement et l'économie américaine continua de stagner au cours de l'année 1970, ce qui contribua aux mauvais résultats des républicains lors des élections de mi-mandat (les démocrates contrôlèrent les deux chambres du Congrès tout au long de la présidence de Nixon[159]). Dans son étude de 2011 sur les politiques économiques de Nixon, l'économiste politique Nigel Bowles avança qu'il fit peu pour modifier les orientations impulsées par Johnson durant la première année de son mandat[160].
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Nixon était beaucoup plus intéressé par les affaires étrangères que par la politique intérieure, mais il considérait que les électeurs se concentraient davantage sur leur propre situation financière personnelle et que les conditions économiques pouvaient donc constituer une menace pour sa réélection. Dans sa vision d'un « Nouveau Fédéralisme », Nixon proposa d'accorder plus de droits aux États mais ces propositions se perdirent pour l'essentiel dans le processus législatif au Congrès. Nixon fut néanmoins félicité pour les avoir défendues[159]. En 1970, le Congrès avait accordé au président le droit d'imposer un gel des prix et des salaires ; cependant les majorités démocrates, sachant que Nixon s'était opposé à de tels contrôles au cours de sa carrière, ne s'attendaient pas à ce qu'il usât de ce pouvoir[160]. En août 1971, le problème de l'inflation restant irrésolu et l'année électorale approchant, Nixon convoqua une réunion de ses conseillers économiques à Camp David. Il annonça alors un contrôle temporaire des prix et des salaires et autorisa le dollar américain à flotter par rapport aux autres monnaies, mettant ainsi fin à la convertibilité du dollar en or[161]. Bowles remarqua qu'« en s'identifiant lui-même à une politique dont l'objectif était la baisse de l'inflation, Nixon rendit difficiles les critiques des démocrates. Ses adversaires ne pouvaient offrir aucune alternative crédible car celles qu'ils privilégiaient étaient celles qu'ils avaient conçues mais que le président s'était appropriées[160] ». Les politiques de Nixon réduisirent l'inflation en 1972 mais leurs effets secondaires contribuèrent à l'inflation durant son second mandat et sous l'administration Ford[161].
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Au retour de l'inflation après sa réélection, Nixon réimposa un contrôle des prix en juin 1973. Cette politique devint impopulaire auprès du public et des hommes d'affaires qui préféraient les puissants syndicats à la bureaucratie de contrôle des prix[pas clair][162]. Le contrôle entraîna des pénuries alimentaires car la viande disparut de certains magasins[Information douteuse] et certains fermiers préférèrent noyer leurs poulets plutôt que de les vendre à perte[162]. Même s'ils ne permirent pas de juguler l'inflation, les contrôles ne furent que lentement réduits et se terminèrent le 30 avril 1974[162].
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Nixon défendit l'idée d'un « Nouveau Fédéralisme » qui permettrait une dévolution du pouvoir du gouvernement fédéral vers les États et les gouvernements locaux mais le Congrès était hostile à ces idées et peu d'entre elles furent appliquées[163]. En 1971, Nixon remplaça le département des Postes rattaché au Cabinet par le United States Postal Service, une agence indépendante du gouvernement[164].
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Nixon se convertit tardivement au concept de conservation de la Nature. L'environnement n'avait pas été une question importante lors des élections de 1968 et les candidats étaient rarement interrogés à ce sujet. Il vit que le premier Jour de la Terre en avril 1970 présageait d'une vague d'intérêt de la part des électeurs et il chercha à exploiter cette situation ; en juin, il annonça la création de l'Environmental Protection Agency (EPA). Nixon ouvrit la voie en parlant de ses politiques environnementales lors de son discours sur l'état de l'Union ; parmi les autres initiatives soutenues par Nixon figuraient le Clean Air Act de 1970 et la création de l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA) ; le National Environmental Policy Act imposa des études d'impact environnementales pour de nombreux projets fédéraux[165]. Nixon mit son veto au Clean Water Act de 1972 sur la base non pas des objectifs de la législation mais sur son coût qu'il jugeait excessif. Le Congrès annula son veto mais Nixon bloqua les fonds nécessaires à son application[166].
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En 1971, le sénateur Edward Kennedy du Massachusetts proposa une législation offrant une couverture médicale universelle gérée par le gouvernement en réponse à la hausse importante des dépenses de santé à la fois dans le public et dans le privé. En réponse, Nixon présenta un plan fournissant une assurance maladie privée pour les familles les plus pauvres et obligeant les employeurs à offrir une couverture à tous leurs employés. Comme cela aurait laissé environ 40 millions de personnes sans protection, Kennedy et les autres démocrates refusèrent de soutenir Nixon et son plan échoua, bien que sa proposition d'aide à l'accession à la protection médicale ait été votée en 1973[167].
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S'inquiétant de l'accroissement de la consommation de drogues et de l'addiction de nombreux vétérans du Viêt Nam, Nixon ordonna le lancement d'une War on Drugs (« guerre contre la drogue ») et l'une des premières mesures fut l'opération Interception en septembre 1969 visant à stopper le trafic de cannabis en provenance du Mexique ; l'administration accorda également plus de fonds pour la prévention et l'aide aux toxicomanes[168]. Nixon accrut également le soutien à la lutte contre le cancer en signant le National Cancer Act de 1971 qui augmentait les moyens alloués à l'institut national du cancer. Certains ont cependant critiqué le président pour avoir accru les dépenses pour des maladies complexes comme le cancer ou la drépanocytose tout en essayant de réduire les dépenses globales des National Institutes of Health dans le cadre de son approche conservatrice du rôle du gouvernement[169].
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Après près d'une décennie d'un important effort national, les États-Unis remportèrent la course à l'espace en envoyant des astronautes sur la Lune le 20 juillet 1969 au cours de la mission Apollo 11. Nixon échangea avec Neil Armstrong et Buzz Aldrin durant leur séjour sur la Lune et dit de la conversation qu'elle était le « plus important appel téléphonique jamais passé depuis la Maison-Blanche »[170]. Nixon ne souhaitait cependant pas maintenir les financements très élevés que la National Aeronautics and Space Administration (NASA) avait reçu au cours des années 1960 lorsqu'elle se préparait à envoyer des hommes sur la Lune. L'administrateur de la NASA Thomas O. Paine présenta des plans pour l'installation d'une base permanente sur la Lune avant la fin des années 1970 ainsi que le lancement d'une mission habitée vers Mars dès le début des années 1980. Nixon rejeta ces propositions et la NASA se recentra sur le programme de navette spatiale[171]. Le 24 mai 1972, Nixon approuva un programme de cinq ans de coopération entre la NASA et son équivalent soviétique qui déboucha sur la mission Apollo-Soyouz de 1975[172].
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La présidence Nixon supervisa la fin de la ségrégation raciale dans les écoles publiques du Sud[173]. Nixon chercha un moyen de concilier les idées des ségrégationnistes et celles des démocrates libéraux car son soutien à l'intégration des noirs rebutait certains blancs sudistes[174]. Espérant faire un bon score dans le Sud en 1972, il chercha à régler la question avant l'élection. Peu après son investiture en 1969, il demanda à son vice-président Spiro Agnew de mener une équipe, qui travailla avec les représentants blancs et noirs du Sud, pour déterminer comment réaliser l'intégration dans les écoles locales. Agnew avait peu d'intérêt pour la mission et le plus gros du travail fut réalisé par le secrétaire au Travail George P. Shultz. Des fonds fédéraux étaient disponibles et une rencontre avec le président pouvait être une récompense pour les acteurs locaux. En septembre 1970, moins de 10 % des enfants noirs étudiaient dans des écoles pratiquant la ségrégation. En 1971, des tensions sur la déségrégation éclatèrent dans des villes du nord et de violentes manifestations s'opposaient à la scolarisation des enfants noirs en dehors de leur quartier afin d'obtenir une plus grande mixité raciale. Nixon était personnellement opposé à ces mesures mais fit appliquer les décisions de justice demandant leur application[175].
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En plus de la déségrégation des écoles publiques, Nixon mit en place le « Plan Philadelphie » en 1970 qui était le premier véritable programme fédéral de discrimination positive[176]. Il soutint également une proposition d'amendement à la Constitution des États-Unis qui aurait protégé l'égalité des sexes contre toute remise en cause législative. Cet Equal Rights Amendment fut adopté par les deux chambres du Congrès en 1972 mais ne fut pas ratifié par un nombre suffisant d'États et n'est donc jamais entré en vigueur[177]. Nixon avait fait campagne en faveur de l'amendement lors de la campagne de 1968 mais il fut critiqué par les féministes pour le manque de soutien qu'il apporta à leur cause après son élection ; Nixon nomma néanmoins plus de femmes à des postes gouvernementaux que ne l'avait fait son prédécesseur[178].
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Nixon nomma quatre juges à la Cour suprême. En mai 1968, le juge en chef Earl Warren annonça sa retraite. Le président Johnson proposa qu'il fût remplacé par le juge assesseur Abe Fortas mais ce choix était controversé en raison de ses activités extra-judiciaires et sa nomination fut rejetée. Warren resta à son poste jusqu'à ce que Nixon nomme Warren Earl Burger en juin 1969. Un mois plus tôt, Fortas dut démissionner après avoir accepté une pension annuelle de 20 000 $ de la part d'un ancien client. Nixon demanda à Lewis F. Powell, Jr. (en) de le remplacer mais il refusa car sa carrière de juriste était plus lucrative. Le président proposa alors deux juges conservateurs du Sud, Clement Haynsworth et G. Harrold Carswell, mais leurs nominations furent rejetées par le Sénat. Le choix de Nixon se porta finalement sur Harry Blackmun (en) qui fut accepté à l'unanimité. Ce dernier devint connu pour avoir rédigé l'arrêt Roe v. Wade de 1973 légalisant l'avortement aux États-Unis.
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En septembre 1971, le juge assesseur Hugo Black mourut et son collègue John Marshall Harlan II démissionna pour raisons de santé. Nixon présenta une liste de six noms pour les remplacer mais le magazine Time estima que les noms proposés « démontraient son incapacité ou son refus de nommer des juristes renommés à la plus haute instance judiciaire du pays[179] ». Aucun de ces candidats ne fut présenté au Sénat et Nixon convainquit Lewis F. Powell, Jr. d'accepter la nomination qui se fit sans opposition. La désignation de William Rehnquist fut plus compliquée mais les deux juges furent assermentés en janvier 1972. Rehnquist resta à la Cour suprême jusqu'à sa mort en 2005 après être devenu juge en chef en 1986.
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Globalement, en dépit de certaines rebuffades de la part du Congrès et à force de persévérance, Nixon parvint donc à imposer avec ses quatre nominations un noyau très conservateur à la Cour suprême (notamment sur les questions liées aux droits civiques des Afro-Américains), ce qui était décisif dans sa stratégie politique de conquête du sud du pays[180].
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Il nomma également 46 juges à des cours d'appel et 181 autres à des cours de district[181].
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Nixon considérait que son arrivée au pouvoir avait eu lieu au moment d'un important réalignement politique. Depuis la fin de la Reconstruction en 1876, le Sud des États-Unis était un bastion démocrate appelé Solid South. Goldwater avait remporté plusieurs États du Sud en s'opposant au Civil Rights Act de 1964 qui mettait fin aux lois Jim Crow et à la ségrégation mais il s'était aliéné le soutien des sudistes modérés. Les efforts de Nixon pour obtenir le soutien des sudistes en 1968 s'étaient heurtés à la candidature de Wallace. Au cours de son premier mandat, il avait encouragé des politiques, comme les plans de déségrégation, qui étaient acceptables par la majorité des blancs du Sud et les encourageaient à se rapprocher du parti républicain dans le sillage du mouvement des droits civiques. Il nomma deux conservateurs du Sud, Clement Haynsworth et G. Harrold Carswell à la Cour suprême mais les deux nominations furent rejetées par le Sénat[182].
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Nixon entra dans la course à la présidence lors de la primaire du New Hampshire le 5 janvier 1972[183]. Virtuellement assuré de la nomination de son parti[184], le président s'attendait à devoir affronter le sénateur démocrate du Massachusetts Edward Kennedy (frère de l'ancien président), mais l'accident de Chappaquiddick brisa les chances de ce dernier de briguer la présidence[185]. Le sénateur du Maine George McGovern et le sénateur du Dakota du Sud Edmund Muskie étaient tous deux bien placés pour obtenir la nomination démocrate[183].
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Le 10 juin, McGovern remporta la primaire de Californie et obtint la nomination de son parti[186]. Le mois suivant, Nixon fut facilement choisi lors de la convention républicaine. Il critiqua la plateforme démocrate comme étant lâche et porteuse de divisions[187]. McGovern souhaitait fortement réduire les dépenses militaires[188], défendait l'amnistie pour ceux qui avaient refusé la conscription et était favorable à l'interruption volontaire de grossesse. Comme certains de ses partisans pensaient qu'il était en faveur de la légalisation des drogues, le candidat démocrate fut présenté comme défendant l'« amnistie, l'avortement et l'acide ». La candidature de McGovern fut également handicapée par les révélations selon lesquelles son colistier, le sénateur Thomas Eagleton du Missouri, avait réalisé plusieurs séjours en hôpital psychiatrique pour dépression[189],[190] ; il fut remplacé par Sargent Shriver. Pendant la campagne, Nixon fait blanchir des dons pécuniaires interdits, afin de financer sa réélection[191].
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Nixon resta en tête de la plupart des sondages tout au long de la campagne et l'élection du 7 novembre 1972 vit un raz-de-marée en faveur de Nixon qui obtint une avance de plus de 23 points sur son adversaire démocrate. Le résultat au Collège électoral fut encore plus impressionnant car McGovern ne remporta que le Massachusetts et Washington DC[192].
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Le terme Watergate a fini par regrouper un grand nombre d'activités clandestines et souvent illégales entreprises par les membres de l'administration Nixon. Ces activités incluaient les dirty tricks (« coups tordus ») comme la pose de micros dans les bureaux d'opposants politiques et de personnes jugées suspectes par Nixon et ses conseillers. Ceux-ci ordonnèrent également le harcèlement de groupes d'activistes et de personnalités politiques en utilisant le FBI, la CIA ou l'Internal Revenue Service. Ces activités furent révélées par l'arrestation de cinq hommes ayant pénétré par effraction dans les bureaux du parti démocrate dans le complexe du Watergate à Washington le 17 juin 1972. Le Washington Post s'empara de l'affaire et les journalistes Carl Bernstein et Bob Woodward s'appuyèrent sur les informations fournies par « Deep Throat » (« gorge profonde »), qui se révéla plus tard être le directeur adjoint du FBI, W. Mark Felt, pour lier les cambrioleurs à l'administration Nixon. Le président minimisa l'affaire et qualifia les articles de partiaux et de mensongers. Après la publication d'autres documents compromettants, il devint clair que les assistants de Nixon s'étaient mis hors la loi en tentant de saboter les efforts des démocrates : plusieurs membres de l'administration comme le conseiller juridique de la Maison-Blanche, John Dean et le chef de cabinet de la Maison-Blanche, H. R. Haldeman furent donc inculpés par une commission sénatoriale pour obstruction à la justice et abus de pouvoir[101],[193],[194].
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En juillet 1973, l'assistant de la présidence Alexander Butterfield déclara devant la commission d'enquête du Sénat que Nixon avait un système d'écoute secret qui enregistrait ses conversations et ses appels téléphoniques à l'insu de ses interlocuteurs. Ces enregistrements furent exigés par le procureur spécial Archibald Cox mais Nixon refusa de les donner en invoquant le « privilège de l'exécutif » garantissant la séparation des pouvoirs. L'opposition entre Nixon et Cox devint si grande que ce dernier fut limogé en octobre dans ce que les commentateurs appelèrent le « massacre du samedi soir » ; il fut remplacé par Leon Jaworski mais l'opinion publique s'indigna de cette mesure qualifiée de « dictatoriale » et Nixon fut obligé de présenter certains enregistrements. En novembre, le procureur révéla qu'un enregistrement audio des conversations tenues à la Maison Blanche le 20 juin 1972 présentait une interruption de 18 minutes[194]. Rose Mary Woods, la secrétaire personnelle du président, affirma qu'elle avait accidentellement effacé le passage lorsqu'elle retranscrivit les échanges mais cette version fut largement critiquée. L'interruption, tout en n'étant pas une preuve de culpabilité du président, jeta un doute sur la déclaration de Nixon selon laquelle il n'était pas au courant des agissements de ses conseillers[195].
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Bien que Nixon ait perdu la plus grande partie de ses soutiens, même au sein de son parti, il rejeta les accusations et jura de rester en fonction[194]. Il reconnut avoir fait des erreurs mais il insista sur le fait qu'il ne savait rien du cambriolage, qu'il n'avait pas enfreint la loi et qu'il n'avait appris les entraves à la justice qu'au début de l'année 1973[196]. Le 10 octobre 1973, le vice-président Spiro Agnew démissionna à la suite d'accusations (sans lien avec le Watergate) de corruption, d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent commises durant son mandat de gouverneur du Maryland. Nixon choisit Gerald Ford, chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, pour remplacer Agnew[197].
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Le 17 novembre 1973, Nixon répondit aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision et déclara[198] :
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« Le peuple doit savoir si son président est un escroc ou non. Eh bien je ne suis pas un escroc. J'ai mérité tout ce que je possède[199]. »
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La bataille judiciaire autour des enregistrements continua au début de l'année 1974 et en avril, Nixon annonça la publication de 1 200 des transcriptions des conversations entre lui et ses assistants. Malgré les nombreux passages absents ou censurés, les documents étaient accablants et le comité judiciaire de la chambre des représentants (en) lança une procédure d'impeachment (destitution) contre le président le 9 mai 1974. Cette procédure fut retransmise sur la plupart des grandes chaînes de télévision et les audiences culminèrent lors des votes sur les charges d'accusation ; le premier, portant sur l'accusation d'obstruction à la justice, se déroula le 27 juillet 1974 avec 27 voix pour et 11 contre[196]. Le 24 juillet, la Cour suprême jugea unanimement que tous les enregistrements audios devaient être présentés et pas seulement les parties choisies par la présidence[200].
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Malgré les dégâts causés par les nouvelles révélations, Nixon espérait pouvoir passer à travers. Cependant, l'un de ces nouveaux enregistrements, réalisé peu après le cambriolage, démontra qu'il avait été informé du lien entre la Maison-Blanche et les cambrioleurs peu après l'effraction et avait approuvé des plans pour entraver l'enquête. Dans le communiqué accompagnant la publication du Smoking Gun Tape (« enregistrement de l'arme du crime ») le 5 août 1974, Nixon assuma sa responsabilité pour avoir menti au pays sur le moment où on l'avait informé de la vérité sur le cambriolage du Watergate et déclara qu'il avait eu un trou de mémoire[201]. Il rencontra peu après les chefs républicains du Congrès et apprit qu'au mieux 15 sénateurs étaient prêts à voter pour son acquittement, bien moins que les 34 dont il avait besoin pour éviter la destitution ; celle-ci était donc inévitable[202].
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Devant la perte de ses soutiens politiques et la quasi-certitude d'une destitution, Nixon démissionna de la présidence le 9 août 1974 après s'être adressé à la nation la veille[196]. Le discours fut prononcé depuis le Bureau ovale et fut retransmis en direct à la télévision et à la radio. Nixon avança qu'il démissionnait pour le bien du pays et demanda à la nation de soutenir le nouveau président, Gerald Ford. Il rappela les réussites de sa présidence en particulier en politique étrangère[203]. Il défendit son bilan en tant que président et déclara en citant un discours de 1910 de Theodore Roosevelt :
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« Parfois j'ai réussi et parfois j'ai échoué mais j'ai toujours pris à cœur ce que Theodore Roosevelt avait dit sur l'homme dans l'arène « dont le visage est couvert de sueur, de poussière et de sang, qui se bat vaillamment, qui se trompe, qui échoue encore et encore car il n'y a pas d'effort sans erreur et échec, mais qui fait son maximum pour progresser, qui connaît le grand enthousiasme et la grande dévotion, qui se consacre à une noble cause, qui sait qu'au mieux il connaîtra in fine le triomphe d'une grande réalisation et qui, s'il échoue, échouera en ayant tenté de grandes choses[204]. »
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Nixon n'y reconnaît cependant aucun des faits pour lesquels il est accusé, ce qui fait de son discours un « chef-d'œuvre » selon Conrad Black, l'un de ses biographes. Black considéra que « ce qui aurait dû être une humiliation sans précédent pour un président américain, Nixon le convertit en une reconnaissance quasi-institutionnelle du manque de soutien parlementaire pour continuer. Il partit tout en consacrant la moitié de son allocution à rappeler les réussites de sa présidence[205] ». La réaction des commentateurs fut généralement favorable et seul Roger Mudd de CBS avança que Nixon avait évité le sujet et n'avait pas reconnu son rôle dans le scandale[206].
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Après sa démission, Nixon et son épouse se rendirent à leur résidence de La Casa Pacifica à San Clemente en Californie[207]. Selon son biographe, Jonathan Aitken, « Nixon était une âme en peine[208] ». Le Congrès avait financé les frais de transition de Nixon, dont certaines dépenses salariales, mais réduisit la dotation à l'ancien président de 850 000 $ à 200 000 $ (de 4 millions à environ 930 000 $ de 2012[209]). Avec certains membres de son équipe toujours avec lui, Nixon était à son bureau à 7 h mais avait peu de choses à faire[208]. Son ancien conseiller, Ron Ziegler, restait seul avec lui pendant des heures chaque jour[210].
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La démission de Nixon ne mit pas fin aux nombreuses demandes de le voir condamné. Le nouveau président Ford envisagea de le gracier même si cela était impopulaire. Nixon, contacté par des représentants de Ford, était initialement réticent puis finit par accepter. Le nouveau président demanda un acte de contrition mais Nixon considérait qu'il n'avait commis aucun crime et qu'il ne devait pas rédiger un tel document. Ford se résolut finalement à lui accorder un « pardon complet, total et absolu » le 8 septembre 1974. Cela mettait fin à toute possibilité de poursuite judiciaire et Nixon publia une déclaration :
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« J'ai eu tort de ne pas avoir agi plus résolument et plus franchement dans le Watergate, en particulier lorsque cela atteignit l'étape des accusations judiciaires et s'accrut jusqu'à atteindre la taille d'un scandale politique et d'une tragédie nationale. Aucun mot ne peut décrire l'étendue de mon chagrin et de ma douleur concernant les souffrances que mes erreurs sur le Watergate ont causé à la nation et à la présidence, une nation que j'aime profondément et une institution que je respecte énormément[211],[212]. »
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En octobre 1974, Nixon fut atteint d'une thrombose. Ses médecins lui donnèrent le choix entre la mort et l'opération et il choisit cette dernière avec réticence. Le président Ford lui rendit visite lors de son hospitalisation. Il fut convoqué lors du procès de trois de ses anciens assistants, Dean, Haldeman et Ehrlichman ; le Washington Post, sceptique vis-à-vis de sa maladie, imprima une caricature montrant Nixon avec un plâtre sur le « mauvais pied ». Le juge John Sirica annula la demande de présence de Nixon malgré les objections de la défense[213]. Le Congrès demanda à Ford de conserver les documents de la présidence de Nixon, ce qui déclencha une longue bataille judiciaire qui dura trois décennies et qui fut finalement remportée par l'ancien président[214]. Alors qu'il était hospitalisé, les élections législatives de 1974 furent marquées par le scandale du Watergate et par le pardon présidentiel : les républicains perdirent 43 sièges à la Chambre et trois au Sénat[215].
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En décembre 1974, Nixon commença à planifier son retour malgré la rancune considérable du pays contre lui. Il écrivit dans son journal, en référence à Pat et lui :
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« Ainsi soit-il. Nous irons jusqu'au bout. Nous avons eu des moments difficiles auparavant et nous pouvons supporter les épreuves plus difficiles que nous aurons maintenant à surmonter. C'est peut-être ce pour quoi nous avons été faits, pour être en mesure de subir la punition au-delà de ce que n'importe qui dans ce bureau a dû affronter, en particulier après avoir quitté ses fonctions. Ceci est un test de caractère et nous ne devons pas échouer à ce test[216]. »
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Au début de l'année 1975, la santé de Nixon s'améliora. Il possédait un bureau dans une station des gardes-côte à 300 m de chez lui où il se rendait chaque jour initialement en voiture de golf puis à pied ; il travaillait essentiellement sur ses mémoires[217]. Il avait espéré attendre avant de les écrire mais le fait que ses biens aient été réduits par les dépenses et les frais de justice le forcèrent à se lancer rapidement dans l'écriture[218]. Il fut handicapé dans ce travail par la fin de son salaire de transition en février et il dut se séparer de la plus grande partie de son personnel dont Ziegler[219]. En août 1975, il rencontra le présentateur et producteur britannique David Frost qui le paya 600 000 $ (environ 2,5 millions de dollars de 2012[209]) pour une série d'entretiens filmés et diffusés en 1977[220]. Ils commencèrent sur le thème de la politique étrangère et l'ancien président relata ses rencontres avec les dirigeants étrangers mais les passages les plus connus sont ceux consacrés au Watergate. Nixon admit qu'il avait « abandonné le pays » et dit : « je me suis effondré. Je leur ai donné une épée et ils m'ont frappé. Et ils ont remué la lame avec plaisir. Et, je suppose que, si j'avais été à leur place, j'aurais fait la même chose[221] ». Les entretiens rassemblèrent entre 45 et 50 millions de téléspectateurs, devenant le programme de ce type le plus regardé de l'histoire américaine[222].
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Les entretiens et la vente de sa résidence de Key Biscayne en Floride à une fondation mise en place par des amis fortunés comme Bebe Rebozo permirent d'améliorer la situation financière de Nixon à un moment où, au début de l'année 1975, il ne lui restait que 500 $ (environ 2 100 $ de 2012[209]) en banque[223]. En février 1976, Nixon visita la Chine sur invitation personnelle de Mao. Il voulait y retourner plus tôt mais choisit de ne s'y rendre qu'après la visite présidentielle de Ford dans le pays en 1975[224]. Nixon ne prit pas position dans la lutte entre Ford et Reagan lors de la primaire républicaine de 1976. La convention de Kansas City choisit Ford mais il perdit de justesse face au gouverneur démocrate de Géorgie, Jimmy Carter ; certains avancèrent que Ford aurait été élu s'il n'avait pas gracié Nixon. Le biographe de Nixon, Conrad Black, affirma cependant que si aucune grâce n'avait été offerte, Nixon aurait certainement été en procès en novembre 1976 et cela aurait causé plus de dégâts au parti républicain qui aurait perdu avec une marge plus importante[225]. L'administration Carter ne savait pas quoi faire de Nixon et elle bloqua son voyage prévu en Australie, ce qui poussa le gouvernement du premier ministre Malcolm Fraser à refuser une invitation officielle aux États-Unis[226].
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Au début de l'année 1978, Nixon se rendit au Royaume-Uni. Il fut évité par les diplomates américains et par la plupart des ministres du gouvernement travailliste de James Callaghan. Il fut néanmoins reçu par le chef de l'opposition, Margaret Thatcher et par les anciens premiers ministres Alec Douglas-Home et Harold Wilson, même si deux autres anciens premiers ministres, Harold Macmillan et Edward Heath, refusèrent de le rencontrer. Nixon s'adressa à l'association de débat de l'université d'Oxford sur le Watergate :
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« Certaines personnes disent que je n'ai pas bien géré la situation et ils ont raison. J'ai merdé. Mea Culpa. Mais revenons �� mes réussites. Vous serez ici en l'an 2000 et nous verrons alors comment je serai considéré[227]. »
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En 1978, Nixon publia ses mémoires, RN: The Memoirs of Richard Nixon, le premier des dix livres qu'il signa pendant sa retraite[207]. Le livre fut un succès de librairie et fut salué par la critique[228]. Nixon se rendit à la Maison-Blanche en 1979, à l'invitation de Carter, pour un dîner officiel avec le vice-premier ministre chinois Deng Xiaoping. Carter ne souhaitait pas inviter l'ancien président mais Deng prévint qu'il rendrait visite à Nixon en Californie s'il n'était pas invité. Nixon échangea en privé avec Deng et il visita à nouveau Pékin à l'été 1979[229].
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Au début de l'année 1980, le couple Nixon acheta une maison à New York après avoir été refusé dans deux coopératives d'habitation de Manhattan[230]. Lorsque l'ancien shah d'Iran mourut en Égypte en juillet 1980, Nixon défia le département d'État qui souhaitait n'envoyer aucun représentant, en assistant aux funérailles. Même si Nixon n'avait aucun titre officiel, en tant qu'ancien président, il était considéré comme le représentant des États-Unis aux funérailles de son ancien allié[231]. Nixon soutint la candidature de Ronald Reagan lors de l'élection présidentielle de 1980 en réalisant des apparitions télévisées où il se présentait, selon les mots de son biographe Stephen Ambrose, comme « le vétéran de la politique au-dessus de la mêlée[232] ». Il écrivit des articles dans de nombreuses publications durant la campagne et après la victoire de Reagan sur Carter[233]. Après 18 mois dans sa résidence new-yorkaise, Nixon et son épouse déménagèrent à Saddle River dans le New Jersey en 1981[207].
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Tout au long des années 1980, Nixon maintint un agenda ambitieux avec de nombreuses conférences[207] ; il voyagea et rencontra de nombreux dirigeants étrangers, principalement dans les pays du tiers monde. Il rejoignit les anciens présidents Ford et Carter pour représenter les États-Unis lors des funérailles du président égyptien Anouar el-Sadate en 1981[207]. Lors d'un voyage au Moyen-Orient, Nixon exposa ses vues concernant l'Arabie saoudite et la Libye et il attira l'attention des médias américains ; le Washington Post publia des articles sur sa « réhabilitation »[234]. Nixon se rendit en Union soviétique en 1986 et à son retour il confia au président Reagan un long mémorandum contenant des suggestions en politique étrangère et ses impressions personnelles sur Mikhaïl Gorbatchev[207]. À la suite de ce voyage, Nixon fut classé par un sondage Gallup comme l'un des dix hommes les plus admirés au monde[235].
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En 1986, Nixon s'adressa à un groupe de journalistes et il impressionna son auditoire avec son « tour d'horizon » du monde[236]. À l'époque, la journaliste politique Elizabeth Drew écrivit : « Même lorsqu'il avait tort, Nixon montrait toujours qu'il avait de grandes connaissances et une vaste mémoire, de même que la capacité de parler avec une apparente autorité, suffisante pour impressionner les personnes qui avaient auparavant peu de considération pour lui[236] ». Newsweek publia un article sur le « retour de Nixon » avec le titre « Il est de retour[237] ».
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Le 19 juillet 1990, la bibliothèque présidentielle de Richard Nixon fut inaugurée dans sa ville natale de Yorba Linda en tant qu'institution privée, en présence du couple Nixon. À leurs côtés se pressait une large foule et des personnalités comme les présidents Ford, Reagan et George H. W. Bush, de même que leurs épouses respectives, Betty, Nancy et Barbara[238]. En janvier 1991, l'ancien président fonda le Nixon Center (aujourd'hui le Center for the National Interest), un think tank et un centre de conférence de Washington[239].
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Pat Nixon mourut d'un emphysème et d'un cancer du poumon le 22 juin 1993. Ses funérailles se tinrent à la bibliothèque présidentielle. Richard Nixon apparut bouleversé et il délivra un discours émouvant en son honneur[240].
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Un mois après un voyage en Russie, Nixon fut victime d'un accident vasculaire cérébral le 18 avril 1994, alors qu'il préparait le dîner dans sa résidence de Park Ridge dans le New Jersey[241],[242]. Un caillot sanguin apparu à la suite de ses problèmes cardiaques céda et se déplaça jusque dans son cerveau. Il fut emmené au New York Presbyterian Hospital toujours conscient, même s'il ne pouvait pas parler ni bouger son bras ni sa jambe droite[241]. Les dommages au cerveau entraînèrent un œdème cérébral et Nixon sombra dans un profond coma. Il mourut avec ses deux filles à ses côtés le 22 avril 1994 à 21 h 8, à l'âge de 81 ans[241].
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Les funérailles de Nixon qui eurent lieu le 27 avril 1994 étaient les premières d'un président américain depuis celles de Lyndon B. Johnson en 1973, que Nixon avait présidées. Les éloges funèbres à la bibliothèque présidentielle furent lus par le président en fonction Bill Clinton, l'ancien secrétaire d'État Henry Kissinger, le chef de la minorité républicaine au Sénat Bob Dole, le gouverneur de Californie Pete Wilson et le révérend Billy Graham. Les anciens présidents Ford, Carter, Reagan, Bush et leurs épouses assistèrent également à la cérémonie[243].
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Richard Nixon fut inhumé aux côtés de son épouse Pat sur le terrain de la bibliothèque portant son nom en Californie. Il laissait deux filles, Tricia et Julie, et quatre petits-enfants[241]. En accord avec ses volontés, ses funérailles ne furent pas des obsèques nationales et contrairement à bon nombre de ses prédécesseurs, son corps ne fut pas exposé au capitole de Washington[245]. Sa dépouille fut exposée dans le hall de la bibliothèque le 26 avril jusqu'au lendemain matin[246]. Des milliers de personnes attendirent huit heures dans un temps froid et humide pour rendre un dernier hommage à l'ancien président[247]. À son maximum, la file mesurait 5 km de long et environ 42 000 personnes attendaient pour voir sa dépouille[248]. Bien que des journalistes considèrent que l'hommage n'est pas très fervent (contrairement à Truman et a posteriori Reagan) car il fut désigné, tout comme son prédécesseur Johnson, comme « cynique et peu considéré »[249].
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John F. Stacks, du magazine Time, déclara à propos de Nixon peu après sa mort : « Une énorme énergie et une impressionnante détermination l'aidèrent à récupérer et à se reconstruire après chaque désastre auto-infligé qu'il devait affronter. Pour reconquérir un statut respecté auprès du public américain après sa démission, il continua de voyager et d'échanger avec les dirigeants du monde, et au moment où Bill Clinton accéda à la Maison-Blanche [en 1993], Nixon avait virtuellement cimenté son rôle de vétéran de la politique. Clinton, dont l'épouse avait été membre du personnel du comité qui vota la destitution de Nixon, le rencontrait ouvertement et sollicitait régulièrement ses conseils[250] ».
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Tom Wicker, du New York Times, nota que Nixon avait été égalé uniquement par Franklin Roosevelt en étant nommé cinq fois sur le ticket de l'un des principaux partis et quatre fois vainqueur, et écrivit : « Le visage aux joues flasques et à la couleur de barbe visible, le nez en rampe de saut à ski, les cheveux implantés en pointe sur le front et les bras tendus en V de Richard Nixon ont été si souvent représentés et caricaturés que leur présence en était devenue familière. Nixon a été si souvent au cœur de la controverse qu'il est difficile d'imaginer que la nation n'aurait plus de « Nixon pour traîner dans le coin[251] ». Cette dernière expression reprenait les propres mots de Nixon lors de ce qu'il déclarait être en 1962 sa « dernière conférence de presse », après sa défaite à la course au poste de gouverneur de Californie : ils étaient teintés d’acidité car, déjà, il avait souvent été en lutte avec la presse. À propos des réactions à la mort de Nixon, Ambrose déclara : « À la stupéfaction de tout le monde, sauf de la sienne, il est devenu notre vétéran bien-aimé de la politique[252] ».
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À la mort de Nixon, presque tous les articles de presse mentionnèrent le Watergate, mais ils étaient pour la plupart favorables à l'ancien président. Le Dallas Morning News écrivit : « L'histoire montrera finalement qu'en dépit de ses défauts, il fut l'un de nos chefs de l'exécutif les plus prévoyants[253] ». Cela en dérangea certains et l'éditorialiste Russel Baker (en) se plaignit d'une « conspiration de groupe pour lui accorder l'absolution[254] ».
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L'historien politique James MacGregor Burns déclara à propos de Nixon : « Comment peut-on évaluer un président aussi particulier, si brillant et si moralement corrompu[255] ? ». Les biographes de Nixon sont en désaccord sur la façon dont il sera perçu par l'histoire. Selon Ambrose, « Nixon voulait être jugé sur ce qu'il a accompli. Ce dont on se souviendra est le cauchemar dans lequel il a plongé le pays lors de son second mandat et sa démission[256] ». Irwin Gellman, qui relata la carrière parlementaire de Nixon, suggéra qu'« il était remarquable parmi ses collègues, une belle réussite dans une période troublée, un homme qui mena une lutte anti-communiste pondérée contre les excès de McCarthy[257] ». Aitken considère que « Nixon, à la fois en tant qu'homme et homme d'état, a été excessivement vilipendé pour ses fautes et insuffisamment reconnu pour ses vertus. Pourtant même dans un esprit de révisionnisme historique, aucun verdict simple n'est possible[258] ».
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La « stratégie sudiste » de Nixon a été créditée par certains comme ayant permis au Sud de devenir un bastion républicain, même si d'autres ont avancé que les facteurs économiques ont joué un rôle plus important dans cette évolution[182]. Tout au long de sa carrière, il contribua à sortir le parti du contrôle des isolationnistes et en tant que parlementaire il était un avocat persuasif de l'endiguement du communisme soviétique[259]. Selon son biographe, Herbert Parmet, « le rôle de Nixon fut de guider le parti républicain entre les courants contradictoires des Rockefeller, des Goldwater et des Reagan[260] ».
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Nixon est crédité pour son attitude dans les affaires intérieures, qui permit le vote et l'application de lois environnementales. L'historien Paul Charles Milazzo rappela dans un article de 2011 la création par Nixon de l'EPA et sa mise en œuvre de textes législatifs comme l'Endangered Species Act de 1973 et avança que « bien que non recherché[pas clair] et non reconnu, le bilan environnemental de Richard Nixon est solide[261] ».
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Nixon considérait ses actions concernant le Viêt Nam, la Chine et l'Union soviétique comme des éléments clés de sa place dans l'histoire[152]. George McGovern, l'adversaire de Nixon en 1972 commenta en 1983 que « le président Nixon avait une approche plus pragmatique vis-à-vis des deux superpuissances, la Chine et l'Union soviétique, que tout autre président depuis la Seconde Guerre mondiale… À l'exception de son inexcusable poursuite de la guerre au Viêt Nam, Nixon sera très bien noté par l'histoire[262] ». Le spécialiste politique Jussi M. Hanhimäki est en désaccord et affirme que la diplomatie de Nixon n'était rien d'autre que la simple poursuite de la doctrine d'endiguement de la Guerre froide en utilisant des moyens diplomatiques plutôt que militaires[152]. Le pardon présidentiel de William Calley, condamné pour crimes de guerre au Viêt Nam, est également mal perçu dans l'opinion.
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L'historien Keith W. Olson a écrit que Nixon a laissé un héritage négatif : une méfiance profonde vis-à-vis du gouvernement, à cause du Viêt Nam et du Watergate[263]. Durant la procédure de destitution de Bill Clinton en 1998, les deux camps essayèrent d'utiliser Nixon et le Watergate à leur avantage : les républicains suggérèrent que l'inconduite de Clinton était comparable à celle de Nixon tandis que les démocrates répondirent que les actions de Nixon étaient bien plus graves[264]. Un autre élément de son bilan politique réside dans la perte de pouvoir de la présidence après le vote par le Congrès de législations plus restrictives, à la suite du Watergate. Olson suggère néanmoins que les pouvoirs accordés à George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001 ont restauré l'autorité du président[263].
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La carrière de Nixon fut fréquemment affectée par sa personnalité et la perception publique de celle-ci. Les caricaturistes et les comédiens ont souvent exagéré son apparence et ses manies au point que la frontière entre l'homme et la caricature est devenue de plus en plus floue. Il était souvent représenté avec des joues mal rasées[265], les épaules affaissées et les sourcils plissés[266].
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Nixon était fortement raciste comme l'indiquent les publications de conversations qu'il faisait enregistrer grâce aux micros qu'il dissimulait dans son bureau. Pointant du doigt la mauvaise gestion de certains pays, il déclare : « les Noirs en sont incapables. Nulle part. Et ils ne seront pas en mesure de le faire avant une centaine d’années, peut-être même un millier » et n'hésite pas à comparer « les nègres » à « des chiens ». Antisémite, les Juifs auraient selon lui « une personnalité très agressive, mordante et exécrable ». À l'un de ses conseillers qui l'interpellait sur de prochaines nominations dans le domaine de la justice, il répond : « pas de Juifs, est-ce clair ? », ou à Kissinger au sujet d'un prochain sommet avec l'URSS qu'il accuse les Juifs de saboter : « Ça va être la pire chose qu'il va arriver aux Juifs dans l’histoire américaine [...] je vais rejeter la faute sur eux, et je vais le faire publiquement à 9 heures du soir devant 80 millions de personnes ». L'étude de ces conversations révèle aussi les opinions homophobes du président[267].
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Le biographe Elizabeth Drew résuma Nixon comme un « homme intelligent et talentueux mais le plus étrange et le plus tourmenté des présidents[268] ». Dans son étude de la présidence de Nixon, Richard Reeves décrivit Nixon comme un « homme étrange d'une timidité inconfortable qui fonctionnait mieux seul avec ses pensées[269] ». Reeves poursuivit en avançant que sa présidence était condamnée par sa personnalité : « Il a pris le pire chez les gens et il leur a apporté le pire… Il s'est accroché à l'idée d'être « dur ». Il pensait que c'était ce qui l'avait amené au bord de la grandeur. Mais il fut trahi par lui-même. Il ne pouvait pas s'ouvrir à d'autres hommes et il ne pouvait pas s'ouvrir à la grandeur[270] ». Nixon avait une personnalité complexe, à la fois mystérieuse et maladroite mais remarquablement révélatrice sur lui-même. Il avait tendance à se tenir à distance des gens et était formel en toutes circonstances ; il portait une veste et une cravate même lorsqu'il était seul chez lui[271]. Le biographe de Nixon, Conrad Black, le décrivit comme étant « motivé » mais « à certains égards, mal à l'aise avec lui-même[272] ». Selon Black, Nixon « pensait qu'il était condamné à être calomnié, trahi, injustement harcelé, incompris, sous-estimé et soumis aux épreuves de Job, mais que par l'application de sa volonté puissante, de sa ténacité, et de son zèle, il finirait par s'imposer[273] ». Nixon considérait que mettre une distance entre lui et les autres était nécessaire pour lui alors qu'il avançait dans sa carrière politique et qu'il devint président. Même Bebe Rebozo, selon certains, son ami le plus proche, ne l'appelait pas par son prénom. Nixon avança à ce sujet : « Même avec des amis proches. Je ne crois pas qu'il faille s'ouvrir, confier ceci ou cela… Je crois que vous devez garder vos problèmes pour vous. C'est comme cela que je suis. Certaines personnes sont différentes. Certaines personnes pensent que c'est une bonne thérapie de s'asseoir avec un ami proche et, vous savez, vider son sac… [et] révéler ses pensées profondes ou le fait d'avoir été nourri au biberon ou au sein. Pas moi. Pas question[274] ». Lorsqu'on lui dit que, même à la fin de sa carrière, la plupart des Américains ne pensaient pas bien le connaître, Nixon répondit : « Oui, c'est vrai. Et il n'est pas nécessaire pour eux de savoir[274] ».
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Le rôle de Richard Nixon a été interprété à l'écran par :
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Des images d'archives de sa présidence ont également été utilisées dans les films Les Hommes du président (1976), Forrest Gump (1994) et The Assassination of Richard Nixon (2004). Il joue un rôle important dans l'intrigue de la bande dessinée Watchmen et sa visite de 1972 en Chine a fait l'objet d'un opéra intitulé Nixon in China composé par John Coolidge Adams en 1987.
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Il est aussi un personnage récurrent dans la série Futurama et des Simpson. De plus, il est un personnage du jeu Les Simpson : Springfield depuis le 1er juillet 2015[275].
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Wilhelm Richard Wagner [ˈʁɪçaʁt ˈvaːɡnɐ] Écouter, né le 22 mai 1813 à Leipzig et mort le 13 février 1883 à Venise, est un compositeur, directeur de théâtre, écrivain, chef d'orchestre et polémiste allemand de la période romantique, particulièrement connu pour ses quatorze opéras et drames lyriques, dont les dix principaux sont régulièrement joués lors du Festival annuel qu'il a créé en 1876 et qui se déroule chaque été dans l'opéra de Bayreuth, conçu par lui-même pour l'exécution de ses œuvres. Il est aussi l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages philosophiques et théoriques.
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Il compose lui-même la musique et le livret de ses opéras, dont Tristan und Isolde, considéré comme le point de départ des principales avancées que connaîtra la musique au XXe siècle[1], et L'Anneau du Nibelung, festival scénique en un prologue (L'Or du Rhin) et trois journées (La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des dieux), dont la conception bouscule délibérément les habitudes de l'époque pour aller, selon les propres termes de Wagner, vers un « art total », une œuvre d'art totale, un spectacle complet qui mêle danse, théâtre, poésie et arts plastiques, dans une mélodie continue utilisant des leitmotivs.
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Sa vie bohème et fantasque lui fait endosser de multiples habits : révolutionnaire sans le sou, fugitif traqué par la police, homme à femmes, confident intime du roi Louis II de Bavière, critique et analyste musical, intellectuel travaillé par l'antisémitisme de son époque qui sera utilisé, après sa mort et dans un contexte entièrement différent, par les nazis ; son comportement et ses œuvres laissent peu de gens indifférents. Aussi doué pour nouer des amitiés dans les cercles artistiques et intellectuels que pour les transformer en inimitiés, sachant créer le scandale comme l'enthousiasme, il suscite des avis partagés et souvent enflammés de la part de ses contemporains. Ses conceptions artistiques avant-gardistes ont eu une influence déterminante dans l'évolution de la musique dès le milieu de sa vie.
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Richard Wagner est considéré comme l'un des plus grands compositeurs d'opéras du XIXe siècle et occupe une place importante dans l'histoire musicale occidentale.
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Richard Wagner naît le 22 mai 1813 au no 3 de la rue Brühl (en) au deuxième étage de l'hôtel Zum roten und weißen Löwen (« l'Hôtel du Lion Rouge et Blanc ») dans le quartier juif de Leipzig, seconde ville du royaume de Saxe. Il est le neuvième enfant du couple formé en 1798 par Carl Friedrich Wagner (1770 – 1813), greffier de la police municipale de Leipzig, homme cultivé, acteur et amateur de théâtre, et de Johanna Rosine Paetz (1774 – 1848), fille d'un boulanger, dénuée de culture mais ouverte intellectuellement[2]. De famille protestante, il est baptisé à l’église Saint-Thomas de Leipzig le 16 août 1813 sous le nom de Wilhelm Richard Wagner. Son père meurt du typhus, séquelles de la bataille de Leipzig, six mois après sa naissance. Le 28 août 1814, sa mère épouse probablement[3] l'ami de Carl Friedrich, l'acteur et dramaturge Ludwig Geyer. La famille Wagner emménage à Dresde dans le domicile de Geyer qui meurt en 1821, non sans avoir transmis au jeune Wagner sa passion pour le théâtre ainsi que son nom que Richard porte jusqu'à ses 14 ans, aussi pense-t-il certainement durant son enfance que Geyer est son père biologique[4]. Dans le premier jet manuscrit de ses Mémoires, Mein Leben (« Ma Vie »), Wagner se présentait comme le fils de Ludwig Geyer. Par une initiative de Cosima Wagner cette mention du père fut, par la suite et dans la version imprimée (1880 pour la première édition), supprimée et remplacée par le nom de Friedrich Wagner[5]. Dans Le Cas Wagner, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche le considère comme fils adultérin de Geyer avec des origines juives (Geyer étant considéré comme un patronyme juif en Allemagne)[6], au point que, du vivant du compositeur, les humoristes viennois le qualifieront de « grand rabbin de Bayreuth »[7]. Ainsi, l'antisémitisme de Richard Wagner pourrait provenir de ce douloureux secret de famille qu'il connaissait, l'enfant ayant développé une haine inconsciente envers son beau-père Ludwig Geyer, à l'instar de Mime, personnage de son opéra Der Ring des Nibelungen et figure du mauvais père[8],[9].
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Richard suit une scolarité chaotique, sa famille déménageant au gré des engagements de sa sœur Rosalie (1803 – 1837), actrice : Leipzig, Dresde, Prague[10]. Son oncle Adolf Wagner (1774 – 1835), philologue, exerce une forte influence sur sa formation intellectuelle, Richard y lisant dans sa bibliothèque les œuvres d'Homère, de Shakespeare, Dante, Gœthe[11]. Il nourrit d'abord l'ambition de devenir dramaturge. En 1827, la famille Wagner retourne à Leipzig où Richard prend entre 1828 et 1831 des leçons d'harmonie avec le professeur de musique Christian Gottlieb Müller[12]. Ayant commencé à apprendre la musique, il décide de l'étudier en s'inscrivant le 23 février 1831 à l'université de Leipzig où il trouve en Christian Theodor Weinlig (1780 – 1842), alors Thomaskantor de l'église Saint-Thomas, le mentor selon ses vœux. Parmi les compositeurs qui exercent sur lui à cette époque une influence notable, on peut citer Carl Maria von Weber, Ludwig van Beethoven[13] et Franz Liszt[14].
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En 1833, Wagner achève l'un de ses premiers opéras, Les Fées. Cette œuvre, dans laquelle l'influence de Carl Maria von Weber est importante[15], ne sera pas jouée avant plus d'un demi-siècle, en 1888. À la même époque, Wagner réussit à décrocher un poste de directeur musical à l'opéra de Wurtzbourg puis à celui de Magdebourg, ce qui le sort de quelques ennuis pécuniaires. En 1836, il compose La défense d'aimer, ou la Novice de Palerme, un opéra inspiré d'une pièce de William Shakespeare, Mesure pour mesure. L'œuvre est accueillie avec peu d'enthousiasme.
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La même année, le 24 novembre 1836[16], Wagner épouse l'actrice Minna Planer. Le couple emménage alors à Königsberg puis à Riga, où Wagner occupe le poste de directeur musical. Après quelques semaines, Minna le quitte, avec sa fille Nathalie qu'elle avait eue à l'âge de 15 ans, le 31 mai 1837 pour un autre homme qui la laisse bientôt sans le sou[17]. Elle retourne alors auprès de Wagner, mais leur mariage entre dans un délitement qui se termine dans la souffrance trente ans plus tard.
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Avant même 1839, le couple est criblé de dettes et doit fuir Riga pour échapper aux créanciers (les ennuis d'argent tourmenteront Wagner le restant de ses jours). Pendant sa fuite à Londres, le couple est pris dans une tempête, ce qui inspire à Wagner Le Vaisseau fantôme. Le couple vit ensuite quelques années à Paris (Maison Wagner à Meudon) où Wagner gagne sa vie en réorchestrant les opéras d'autres compositeurs[13].
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En 1840, Wagner achève l'opéra Rienzi, le dernier des Tribuns. Il retourne en Allemagne avec Minna deux ans plus tard pour le faire jouer à Dresde, où il rencontre un succès considérable. Pendant six ans, Wagner exerce avec brio le métier de chef d'orchestre du grand théâtre de la ville et compose et met en scène Le Vaisseau fantôme et Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à la Wartburg, ses premiers chefs-d'œuvre.
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Le séjour dresdois du couple prend fin en raison de l'engagement de Wagner dans les milieux anarchistes. Dans les États allemands indépendants de l'époque, un mouvement nationaliste commence en effet à faire entendre sa voix, réclamant davantage de libertés ainsi que l'unification de la nation allemande. Wagner, qui met beaucoup d'enthousiasme dans son engagement, reçoit fréquemment chez lui des anarchistes, tels le Russe Bakounine[13].
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Le mécontentement populaire contre le gouvernement saxon, largement répandu, entre en ébullition en avril 1849, quand le roi Frédéric-Auguste II de Saxe décide de dissoudre le parlement et de rejeter la nouvelle constitution que le peuple lui présente. En mai, une insurrection éclate (Wagner y participe, se dressant sur les barricades[18]). La révolution naissante est rapidement écrasée par les troupes saxonnes et prussiennes et de nombreuses interpellations de révolutionnaires ont lieu. Le 16 mai 1849, la police de Dresde lance un mandat d'arrêt contre Wagner[19] qui réussit à fuir, grâce à un passeport périmé fourni par un ami, d'abord à Paris, puis à Zurich[20].
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C'est en exil que Wagner passe les douze années suivantes. Ayant achevé Lohengrin avant l'insurrection de Dresde, il sollicite son ami Franz Liszt, le priant de veiller à ce que cet opéra soit joué en son absence. Liszt, en bon ami, dirige lui-même la première à Weimar, le 28 août 1850[21].
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Wagner se trouve néanmoins dans une situation très précaire, à l'écart du monde musical allemand, sans revenu et avec peu d'espoir de pouvoir faire représenter les œuvres qu'il compose. Sa femme Minna, qui a peu apprécié ses derniers opéras, s'enfonce peu à peu dans une profonde dépression.
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Pendant les premières années qu'il passe à Zurich, Wagner produit des essais (L'Œuvre d'art de l'avenir, Opéra et Drame) ainsi qu'un ouvrage antisémite, Le Judaïsme dans la musique. Avec L'Œuvre d'art de l'avenir, il présente une nouvelle conception de l'opéra, la Gesamtkunstwerk ou « œuvre d'art totale ». Il s'agit de mêler de façon indissociable la musique, le chant, la danse, la poésie, le théâtre et les arts plastiques.
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Au cours des années qui suivent, Wagner utilise trois sources d'inspiration indépendantes pour mener à bien son opéra révéré entre tous, Tristan et Isolde.
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Musicalement, il est influencé en particulier par son ami Liszt, ce qu'il refusera toujours de reconnaître publiquement. Ainsi, en juin et août 1859, peu après les premières auditions du prélude de Tristan et Isolde, le musicologue Richard Pohl fait paraître un panégyrique dans lequel il attribue directement à Liszt la substance harmonique de l’œuvre. Le 7 octobre, Wagner écrit à Bülow : « Il y a nombre de sujets sur lesquels nous sommes tout à fait francs entre nous ; par exemple que je traite l’harmonie de manière tout à fait différente depuis que je me suis familiarisé avec les compositions de Liszt. Mais quand l’ami Pohl le révèle au monde entier, qui plus est en tête d’une notice sur mon prélude, c’est pour moi une indiscrétion ; ou dois-je penser que c’est une indiscrétion autorisée[22] »
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Philosophiquement, la première source d'inspiration de Wagner est Schopenhauer. Wagner prétendra plus tard que cette expérience est le moment le plus important de sa vie[réf. nécessaire]. La philosophie de Schopenhauer, axée sur une vision pessimiste de la condition humaine, est très vite adoptée par Wagner. Ses difficultés personnelles ne sont vraisemblablement pas étrangères à cette adhésion. Il restera toute sa vie un fervent partisan de Schopenhauer, même quand sa situation personnelle sera moins critique.
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Selon Schopenhauer, la musique joue un rôle central parmi les arts car elle est le seul d'entre eux qui n'ait pas trait au monde matériel[23]. Cette opinion trouve un écho en Wagner qui l'adopte très vite, malgré l'incompatibilité apparente avec ses propres idées selon lesquelles c'est la musique qui est au service du drame. Quoi qu'il en soit, de nombreux aspects de la doctrine de Schopenhauer transparaîtront dans ses livrets ultérieurs : Hans Sachs, le poète cordonnier des Maîtres chanteurs, est une création typiquement schopenhauerienne[précision nécessaire].
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C'est sous l'influence de Schopenhauer (fortement influencé par la philosophie indienne, le védanta et le bouddhisme[24]) que Richard Wagner devient végétarien et défenseur de la cause animale dont il développera une apologie dans Art et Religion[25]. Il transmettra plus tard, mais temporairement, ce point de vue à Nietzsche.
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L'autre source d'inspiration de Wagner pour Tristan et Isolde est le poète et écrivain Mathilde Wesendonck, femme du riche marchand Otto Wesendonck. Il rencontre le couple à Zurich en 1852. Otto, grand admirateur de Wagner, met à sa disposition en avril 1857 une petite maison de sa propriété, « l’Asile »[26]. Au bout de quelques années, Wagner s'éprend de Mathilde mais, bien qu'elle partage ses sentiments, elle n'a pas l'intention de compromettre son mariage. Aussi tient-elle son mari informé de ses contacts avec Wagner[réf. nécessaire]. On ne sait pas néanmoins si cette liaison a été uniquement platonique. Wagner n'en laisse pas moins de côté, brusquement, la composition de la Tétralogie — qu'il ne reprend que douze ans plus tard — pour commencer à travailler sur Tristan et Isolde. Cette œuvre, issue d'une crise psychosomatique déclenchée par cet amour non réalisable, correspond à la perfection au modèle romantique d'une création inspirée par des sentiments contrariés. Du reste, deux des Wesendonck-Lieder, Träume et Im Treibhaus, composés d'après les poèmes de Mathilde, seront repris, étoffés, dans l'opéra. Träume donnera « Descend sur nous nuit d'extase » et Im Treibhaus l'inquiétant prélude du troisième acte et ses sombres accords confiés aux violoncelles et contrebasses.
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Le 7 avril 1858, Minna intercepte une lettre enflammée de Wagner à Mathilde. Le couple décide de se séparer : Minna est envoyée faire une cure aux eaux de Brestenberg, les Wesendonck quittent Zurich pour Venise tandis que Wagner reste à Zurich pour continuer son Tristan et Isolde. Minna et les époux Wesendonck revenus, les tensions entre les deux couples deviennent trop fortes dans « l’Asile », aussi Minna quitte le domicile familial pour Dresde et Richard part à son tour pour Venise, sa course s'achevant au palais Giustinian (it) qu'il a loué pour quelques jours[27]. L'année suivante, il retourne à Paris afin de superviser le montage d’une nouvelle version de Tannhäuser, en français, à l’opéra Le Peletier. Trois représentations, en mars 1861, provoquent un scandale mémorable : Wagner annule les suivantes et quitte la ville[13].
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Quand il peut enfin retourner en Allemagne, Wagner s’installe à Biebrich, où il commence à travailler sur Les Maîtres chanteurs de Nuremberg. Cet opéra est de loin son œuvre la plus joyeuse. Sa seconde femme, Cosima, écrira plus tard : « Puissent les générations futures, en cherchant du rafraîchissement dans cette œuvre unique, avoir une petite pensée pour les larmes qui ont mené à ces sourires ! [réf. nécessaire] ». En 1862, Wagner se sépare de Minna, mais il continue de la soutenir financièrement jusqu’à sa mort, en 1866 (ou du moins ses créanciers le feront-ils).
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La carrière de Wagner prend un virage spectaculaire en 1864, lorsque le roi Louis II accède au trône de Bavière, à l'âge de 18 ans. Le jeune roi, qui admire les opéras de Wagner depuis son enfance, décide en effet de faire venir le compositeur à Munich : leur rencontre le 4 mai 1864 au palais de la Résidence met fin aux soucis financiers de Wagner qui ne parvenait toujours pas à vivre de ses droits d’auteur, le roi devenant son mécène[28]. Le journal du roi[29] ainsi que des lettres[30] montrent son homosexualité et son adoration passionnée de Wagner dont il est probablement amoureux[31], sans qu'on puisse en conclure à une liaison entre les deux hommes[32]. Il règle ses dettes considérables (son amour du luxe et des femmes fait qu'il accumule continuellement les dettes) et s'arrange pour que son nouvel opéra, Tristan et Isolde, puisse être monté. Malgré les énormes difficultés rencontrées lors des répétitions, la première a lieu le 10 juin 1865 et rencontre un succès retentissant.
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Wagner se trouve ensuite mêlé à un scandale du fait de sa liaison avec Cosima von Bülow. Il s'agit de la femme de Hans von Bülow, un fervent partisan de Wagner, qui a œuvré comme chef d'orchestre pour Tristan et Isolde. Cosima est la fille de Franz Liszt et de la comtesse Marie d'Agoult, et est de vingt-quatre ans la cadette de Wagner. En avril 1865, elle accouche d'une fille naturelle qui est prénommée Isolde. La nouvelle s'ébruite rapidement et scandalise tout Munich. Pour ne rien arranger, Wagner tombe en disgrâce auprès des membres de la Cour qui le soupçonnent d'influencer le jeune roi. En décembre 1865, Louis II est contraint de demander au compositeur de quitter Munich. En effet, la population munichoise pense que le roi dépense trop d'argent pour Wagner, se rappelant la relation dispendieuse qu'avait le grand-père du roi, Louis Ier de Bavière, avec sa maîtresse Lola Montez. Cela vaut à Wagner d'être surnommé « Lolus » par les Munichois. Louis II caresse l'idée d'abdiquer pour suivre son héros en exil, mais Wagner l'en aurait rapidement dissuadé[33].
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Wagner part s'installer à Tribschen, près de Lucerne, sur les bords du lac des Quatre-Cantons. Son opéra Les Maîtres chanteurs de Nuremberg est achevé en 1867 et présenté à Munich le 21 juin de l'année suivante. En octobre, Cosima convainc son mari de divorcer. Le 25 août 1870[34], elle épouse Wagner qui, deux mois plus tard, compose l’Idylle de Siegfried pour son anniversaire. Ce second mariage dure jusqu'à la mort du compositeur. Ils ont une autre fille, Eva, et un fils prénommé Siegfried, qui doit son nom à l'opéra Siegfried, auquel travaille Wagner au moment de sa naissance.
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Une fois installé dans sa nouvelle vie de famille, Wagner met toute son énergie à terminer la Tétralogie. Devant l'insistance de Louis II, on donne à Munich des représentations séparées (première de L'Or du Rhin le 22 septembre 1869 et première de La Walkyrie le 26 juin 1870). Mais Wagner tient à ce que le cycle complet soit réuni dans un opéra spécialement conçu à cet effet.
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En 1871, il choisit la petite ville de Bayreuth pour accueillir sa nouvelle salle d'opéra. Les Wagner s'y rendent l'année suivante et la première pierre du Festspielhaus (« Palais des festivals ») est posée. Louis II et la baronne Marie von Schleinitz, une des proches amies des Wagner, s'investissent pour aider à financer le bâtiment. Afin de rassembler les fonds pour la construction, Wagner entreprend également une tournée de concerts à travers l'Allemagne et diverses associations de soutien sont créées dans plusieurs villes. Il faut cependant attendre une donation du roi Louis II en 1874 pour que l'argent nécessaire soit enfin rassemblé. Un peu plus tard dans l'année, les Wagner emménagent à Bayreuth dans une villa que Richard surnomme Wahnfried (« Paix des illusions »).
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Le Palais des festivals ouvre ses portes le 13 août 1876, à l'occasion de la représentation de L'Or du Rhin, début d'exécution de trois cycles complets de la Tétralogie. D'illustres invités sont conviés à ce premier festival : l'empereur Guillaume Ier, l'empereur Pierre II du Brésil, le roi Louis II – qui reste incognito –, ainsi que les compositeurs Bruckner, Grieg, Augusta Holmès, Vincent d'Indy, Liszt, Saint-Saëns, Tchaïkovski et Charles-Marie Widor.
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D'un point de vue artistique, ce festival est un succès remarquable. Tchaïkovski, qui y a assisté en tant que correspondant russe, écrit : « Ce qui s'est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance [réf. nécessaire] ». Financièrement, c'est toutefois un désastre absolu. Wagner doit renoncer à organiser un second festival l'année suivante et tente de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres.
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En 1877, Wagner s'attelle à son dernier opéra, Parsifal, qu'il finit à Palerme pendant l'hiver 1881-82. Il loge dans la villa des Whitaker, futur Grand Hotel et des Palmes. Pendant la composition, il écrit également une série d'essais sur la religion et l'art.
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Il met la dernière main à Parsifal en janvier 1882, et le présente lors du second Festival de Bayreuth. Pendant l'acte III de la seizième et dernière représentation, le 29 août, le chef Hermann Levi est victime d'un malaise. Wagner entre alors discrètement dans la fosse d'orchestre, prend la baguette et dirige l'œuvre jusqu'à son terme[réf. souhaitée].
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À la fin de sa vie, Wagner est gravement malade du cœur mais continue de mener ses activités habituelles. Après le Festival de Bayreuth, il se rend à Venise avec sa famille pour y passer l'hiver. Le 13 février 1883, au palais Vendramin, dont il avait pris en location l'étage noble, il est emporté par une crise d'angine de poitrine plus violente que celles qu'il avait déjà éprouvées. Sa dépouille mortelle est rapatriée en Allemagne, au cours de funérailles grandioses tant à Venise que sur le chemin du retour. Il est inhumé dans les jardins de sa maison Wahnfried, à Bayreuth.
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Richard Wagner laisse un catalogue de 43 œuvres musicales achevées. Une cinquantaines de partitions sont soit perdues (13), esquissées ou inachevées (22), ou sont des arrangements d'œuvres d'autres compositeurs (16). Le reste est constitué, par exemple, de mélodies et de pages d'albums pour piano.
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Wagner a composé 14 opéras. On peut schématiquement les séparer en deux groupes : 4 opéras de jeunesse, et 10 opéras de maturité, inscrits au répertoire du festival de Bayreuth.
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Parmi les opéras de jeunesse on trouve Die Hochzeit (Les Noces, inachevé et jamais représenté), Die Feen (Les Fées), Das Liebesverbot (La Défense d'aimer) et Rienzi. Ils sont rarement joués.
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Puis Wagner écrit ses premiers grands opéras romantiques : Le Vaisseau fantôme (Der fliegende Holländer), Tannhäuser et Lohengrin.
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La période suivante voit la composition de Tristan et Isolde (Tristan und Isolde), puis Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Die Meistersinger von Nürnberg).
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L'Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen), surnommé la Tétralogie, est un ensemble de quatre opéras inspirés des mythologies allemandes et scandinaves. Ce gigantesque ensemble est écrit et composé sur une longue période de trente ans, débutant avant l'écriture de Tristan et Isolde et finissant en 1874[35].
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Le dernier opéra de Wagner, Parsifal, est une œuvre contemplative tirée de la légende chrétienne du saint Graal.
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À travers ses œuvres et ses essais théoriques, Wagner exerça une grande influence dans l'univers de la musique lyrique. Mariant le théâtre et la musique pour créer le « drame musical », il se fit le défenseur d'une conception nouvelle de l'opéra, dans laquelle l'orchestre occupe une place au moins aussi importante que celle des chanteurs. L'expressivité de l'orchestre est accrue par l'emploi de leitmotivs (petits thèmes musicaux d'une grande puissance dramatique qui évoquent un personnage, un élément de l'intrigue, un sentiment…)[36], dont l'évolution et l'enchevêtrement complexe éclairent la progression du drame avec une richesse infinie.
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Wagner a écrit lui-même ses livrets, empruntant la plupart de ses arguments à des légendes et mythologies européennes, le plus souvent germaniques, mais parfois indiennes. Par sa lecture de l’Introduction à l’histoire du bouddhisme indien d'Eugène Burnouf, il sera en effet influencé par les légendes bouddhiques et les râgas de la musique classique indienne (ces références sont présentes dans Die Sieger (en), Parsifal)[37]. Ses œuvres acquièrent de ce fait une unité profonde ou parfois plus complexe, dans laquelle se rejoignent le bouddhisme, le christianisme, les mythologies païennes, la philosophie et la tradition médiévale.
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Munich[38]
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Munich[38]
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Bayreuth[43]
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Des extraits des opéras sont fréquemment joués en concert comme des pièces à part entière, dans des versions éventuellement légèrement modifiées. Par exemple :
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À côté de ses opéras, qui constituent l'essentiel de son œuvre musicale, Wagner a écrit un certain nombre de pièces diverses, qui occupent environ cent numéros du catalogue de ses œuvres, le Wagner Werk-Verzeichnis (WWV).
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Il a composé un certain nombre de pièces pour piano, parmi lesquelles on peut citer :
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Il n'a pratiquement pas abordé la musique de chambre. Citons néanmoins l'Idylle de Siegfried (Siegfried-Idyll), une pièce pour treize instrumentistes écrite pour l'anniversaire de sa seconde femme Cosima. Wagner en écrivit ensuite la version orchestrale, la plus souvent interprétée de nos jours. Ce morceau réunit plusieurs motifs (leitmotive) de Siegfried. Le compositeur Christophe Looten en a réalisé une transcription pour quatuor à cordes [1].
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Wagner est un écrivain extrêmement prolifique. On compte à son actif des centaines de livres, poèmes et articles, en plus de sa volumineuse correspondance. Ses écrits couvrent un large éventail de sujets, comme la politique, la philosophie, ou encore l'analyse de ses propres opéras. Parmi les essais les plus significatifs, on peut citer Oper und Drama (Opéra et Drame, 1851) et Das Kunstwerk der Zukunft (L'Œuvre d'art de l'avenir, 1849). Il a également écrit une autobiographie, Ma vie (1880)[45]. Une partie de ces écrits a ��té traduite et annotée par Christophe Looten dans son ouvrage Dans la tête de Richard Wagner, archéologie d'un génie, Fayard, 2011.
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Wagner est à l'origine de plusieurs innovations théâtrales, telles que la conception et la construction du Festspielhaus de Bayreuth, inauguré en 1876. Ce bâtiment à l'acoustique légendaire a été spécialement construit pour y jouer ses propres œuvres. Chaque été, des milliers d'amateurs d'opéra viennent du monde entier assister au célèbre Festival de Bayreuth. Pendant les représentations, le public est plongé dans l'obscurité et l'orchestre joue dans une fosse, hors de la vue des spectateurs.
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Dans sa jeunesse, Wagner aurait voulu être Shakespeare avant d'être Beethoven[46]. Wagner était l'auteur de ses livrets d'opéra, cas fort rare dans l'histoire de la musique de scène. Toutefois, Wagner ne souhaitait pas que sa poésie fût appréciée pour elle-même, mais qu'elle soit toujours considérée en relation avec la musique[47].
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Richard Wagner a entièrement transformé la conception de l'opéra à partir de 1850, le concevant non plus comme un divertissement, mais comme une dramaturgie sacrée. Les quatre opéras de L'Anneau du Nibelung illustrent cette réforme wagnérienne à la perfection. Dans la Tétralogie, chaque personnage (l'Anneau y compris) est associé à un thème musical autonome dont les variations indiquent dans quel climat psychologique ce personnage évolue : c'est le fameux « leitmotiv » (en allemand : motif conducteur), procédé préexistant que Wagner a poussé aux limites ultimes de la dramaturgie sonore. Ainsi lorsque Wotan évoque l'Anneau, les thèmes musicaux associés se mêlent en une nouvelle variation. On peut y voir une manifestation de « l'art total » au travers d'une musique reflétant à la fois les personnages et leurs sentiments, tout en soutenant le chant et soulignant l'action scénique.
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Mais l'apport de Richard Wagner à la musique sur le plan technique (harmonie et contrepoint) est tout aussi considérable, sinon plus encore[48]. C'est principalement dans son œuvre la plus déterminante à cet égard, à savoir Tristan et Isolde, que Wagner innove de manière radicale. Conçu dans des circonstances psychologiques très particulières, plus rapidement que les autres opéras, Tristan constitue une singularité, et aussi une charnière tant dans l'œuvre de Wagner que dans l'histoire de l'harmonie et du contrepoint[49].
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Certes, comme le dit Wilhelm Furtwängler, il n'est pas dans Tristan un seul accord qui ne puisse être analysé tonalement, et cela a été démontré par le musicologue français Jacques Chailley dans une très précise et très fouillée analyse du fameux “Prélude”, où tous les accords et modulations sont ramenés, une fois éliminées les notes de passage, les appoggiatures, les échappées et autres broderies, à des enchaînements harmoniques parfaitement répertoriés. Il s'agissait il est vrai pour Chailley de faire un sort aux analyses qu'il trouvait tendancieuses de Arnold Schönberg et plus tard de Pierre Boulez[réf. nécessaire].
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Cela ne retire rien au génie de Wagner, bien au contraire, puisqu'il a su justement faire du neuf avec du vieux : si presque tous ses accords peuvent se retrouver dans les chorals de Johann Sebastian Bach ou chez Wolfgang Amadeus Mozart, leur emploi de manière isolée et expressive est une nouveauté géniale. Ainsi, le célébrissime « accord de Tristan », qui intervient dès les premières mesures du Prélude, peut être interprété de diverses façons, toutes finalement relativement traditionnelles : il s'apparente à un accord de neuvième sans fondamentale, mais on peut aussi l'analyser comme une septième d'espèce, ou encore, voulant échapper à une tradition française ne considérant que la verticalité, comme une sixte augmentée « à la française » avec appoggiature/note de passage du sol# conduisant au la, préparant traditionnellement, depuis le « style classique » du XVIIIe siècle, l'accord de dominante. En effet, chez Wagner, le contrepoint influence l'harmonie et non le contraire, technique germanique qu'il importe de Carl Maria von Weber et surtout de l'abbé Vogler.
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Wagner va cependant, avec des audaces moins connues, bien plus loin : résolution d'une neuvième mineure par sa forme majeure, appoggiature de neuvième mineure formant dissonance avec la tierce (formule dont le jazz fait un fréquent usage), emploi simultané d'appoggiatures, broderies et autres notes étrangères amenant aux limites de l'analyse de l'accord réel[réf. nécessaire], etc.
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Par ailleurs, l'analyse de Tristan montre l'influence de Bach[réf. nécessaire], notamment de son L'Art de la fugue, dont les formules contrapuntiques se retrouvent dans les enchaînements harmoniques du prélude de Tristan. Bach attaque dans le “Contrapunctus IV” une neuvième mineure sans préparation (“Contrapunctus IV”, mesure 79) cent ans avant Tristan. Wagner a certes, peu pratiqué la fugue, mais en réalité les entrées fuguées, camouflées ou non, sont nombreuses dans Tristan, et permettent de plus grandes audaces harmoniques encore que les agrégations harmoniques « inédites ».
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Wagner est également réputé pour avoir innové de façon décisive sur le plan de l'orchestration : certes, c'est d'abord son génie proprement musical qui fait vibrer l'orchestre tel que Beethoven le laisse à la fin de sa vie (IXe Symphonie et Missa Solemnis) d'une sonorité jamais entendue jusqu'alors. Wagner doit certaines formules à Gluck, à Beethoven et à Weber, l'ensemble sonnant pourtant… comme du Wagner. Wagner étire en effet des accords sur lesquels ses devanciers ne restent que deux notes, il utilise massivement des combinaisons que Beethoven n'a fait qu'employer une ou deux fois, son emploi des redoublements voire triplements de timbre qu'il reprend de Gluck[réf. nécessaire] et même de Haydn[réf. nécessaire] devient systématique, avec l'effet « magique » bien connu qui souvent se révèle, à la lecture de la partition, obtenu avec une étonnante économie de moyens. L'innovation s'observe également dans son orchestration des mélodies, qui, doublées extensivement, changent imperceptiblement d'un instrument à l'autre, certainement à l'origine de la Klangfarbenmelodie que Schönberg étendra[réf. nécessaire].
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Wagner était, il faut l'avoir constamment à l'esprit, un autodidacte qui a toute sa vie acquis du métier en innovant. Comme tous les autodidactes efficaces[précision nécessaire], il a su être très conventionnel à ses débuts afin d'apprendre les ficelles de son art et faire éclore son génie. On a été jusqu'à affirmer que le génie de Wagner venait de ses lacunes mêmes. Et de fait, Wagner n'a jamais réussi à créer de musique de chambre ou de musique instrumentale : ses essais dans ces domaines se sont soldés par de piètres résultats. Seul un motif scénique l'inspirait. Et pourtant, paradoxalement, transcrites pour piano seul ou petit ensemble, ses pages symphoniques de scènes conservent intacte leur magie : mystère insondable de tous les créateurs…
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On ne peut négliger ce qui fait encore une spécificité de Wagner, à savoir l'influence considérable qu'il a eue sur ses successeurs, et notamment le plus illustre, Arnold Schönberg.
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Schönberg, par son génie même, est sans doute le responsable d'un grand malentendu. Seul Schönberg a su à ses débuts pasticher, ou plutôt continuer Wagner, avec un niveau égal de qualité. La poignante Nuit transfigurée, les monumentaux Gurre-Lieder et le génial poème symphonique (dévalué de manière contestable par René Leibowitz) Pelleas und Melisande sont les seuls véritables exemples de continuation, non de Wagner, mais des techniques inventées par lui dans Tristan, avec un génie équivalent à celui du maître. Schönberg en a déduit qu'une tendance évolutive était à l'œuvre dans l'harmonie moderne, et c'est bien Schönberg, mais aussi des compositeurs comme Anton Bruckner, Hugo Wolf, Gustav Mahler et Richard Strauss qui ont cru pouvoir faire progresser une tradition musicale exclusivement germanique, de Wagner vers, en ce qui concerne des compositeurs comme Hauer ou Schönberg, l'atonalité et le dodécaphonisme.
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Cet aspect de la personnalité de Wagner a donné lieu à une abondante littérature polémique, largement alimentée tant par la récupération de sa musique par le régime national-socialiste que par l'amitié de l'épouse de son fils Siegfried, Winifred, avec Adolf Hitler[7].
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L'antisémitisme de Wagner n'a rien d'exceptionnel : il s'agit en fait d'un antijudaïsme dont les préjugés étaient très courants au cours du XIXe siècle. Mais ces thèses étaient combattues : Nietzsche, par exemple, se brouille avec Wagner, en partie pour ses opinions à l'égard des juifs[50]. L'antijudaïsme était donc un débat central à l'époque, y compris aux yeux mêmes de nombreux intellectuels juifs. Entre pogrom et assimilation, les discussions entre penseurs juifs faisaient rage. Dans sa prime jeunesse, Wagner n'était pas antisémite. Il l'est devenu au fil du temps. Le premier amour de Richard Wagner est une certaine Leah David, une jeune fille juive, fille d'un banquier juif de Leipzig et amie de sa sœur Luise, ainsi que le compositeur en témoigne dans son autobiographie. Lors de son séjour à Paris, de 1840 à 1842, Wagner était en contact avec de nombreux artistes juifs dont le poète Heinrich Heine. Il a notamment bénéficié de l'aide du célèbre musicien Giacomo Meyerbeer, qui lui écrivait des lettres de recommandation. Mais devant l'insuccès de ses œuvres et ses difficultés pécuniaires, Wagner finit par nourrir une rancœur tenace à l'endroit de Meyerbeer[51]. Dans ses conversations, dans ses écrits, Richard Wagner n'a cessé d'émettre des opinions « anti-judaïques », en ce qui le concernait, pas sur des préjugés raciaux mais sur le reproche adressé aux juifs de « demeurer juifs » et donc de n'être pas allemands, ou de ne pas vouloir le devenir. Selon Warshaw cet antijudaïsme est donc fort différent de l'antisémitisme qui repose sur des distinctions raciales. Par conséquent, ce serait une injustice, un anachronisme, et une méconnaissance de la réalité objective de confondre l'antijudaïsme traditionnel, tel que le manifestait Wagner comme nombre de ses contemporains, avec l'antisémitisme racialiste des nazis durant le siècle suivant. Wagner préconisait sincèrement l'assimilation des Juifs à la culture germanique, tandis que les nazis n'admettront pas cette assimilation et la combattront systématiquement. Par ailleurs, l'assimilation était aussi un sujet de débat intense entre les intellectuels juifs eux-mêmes[7].
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Le premier essai de Wagner, Das Judenthum in der Musik, est publié en 1850 dans la revue Neue Zeitschrift für Musik sous le pseudonyme de « K. Freigedank » (« libre pensée »). Wagner s'est donné pour but d'expliquer la prétendue « aversion populaire » envers la musique des compositeurs juifs tels que Felix Mendelssohn ou Giacomo Meyerbeer. Il écrit notamment que le peuple allemand est « repoussé » par les Juifs en raison « de leur aspect et de leur comportement d'étrangers » ; les Juifs « sont des anomalies de la nature » jasant « de leurs voix grinçantes, couinantes et bourdonnantes ». Wagner allègue que les musiciens juifs, n'étant pas en relation avec l'esprit authentique du peuple allemand, ne peuvent qu'écrire une musique artificielle, sans aucune profondeur, et rabâcher la vraie musique à la manière des perroquets. L'article attire peu l'attention. Cependant, après que Wagner l'a publié de nouveau en 1869 sous la forme d'un pamphlet signé de son véritable nom, de vives protestations s’élèvent dans le public lors d'une représentation des Maîtres chanteurs.
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Wagner a également manifesté son antisémitisme dans d'autres essais ; dans Qu'est-ce qui est allemand ? (1879), il écrit, par exemple :
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« Les Juifs [tiennent] le travail intellectuel allemand entre leurs mains. Nous pouvons ainsi constater un odieux travestissement de l'esprit allemand, présenté aujourd'hui à ce peuple comme étant sa prétendue ressemblance. Il est à craindre qu'avant longtemps la nation prenne ce simulacre pour le reflet de son image. Alors, quelques-unes des plus belles dispositions de l'espèce humaine s'éteindraient, peut-être à tout jamais. »
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En dépit de tels écrits controversés, Wagner avait plusieurs amis juifs[7]. Le plus représentatif d'entre eux fut sans doute le chef d'orchestre Hermann Levi, un Juif pratiquant que Wagner choisit pour diriger la première représentation de Parsifal. Le compositeur souhaita d'abord que Levi se fît baptiser, mais il renonça finalement à cette exigence. Cependant, lorsqu'il analyse le détail des péripéties de cette valse-hésitation telles que les rapporte Carl Glasenapp[52], Theodor W. Adorno, dans son Essai sur Wagner[53], résume en ces termes cet épisode, qui relèvait, selon lui, du côté « démoniaque » de Wagner :
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« Une envie sadique d'humilier [Levi], une humeur conciliante et sentimentale, et surtout la volonté de s'attacher affectivement le maltraité, se réunissent dans la casuistique du comportement de Wagner. » De son côté, Levi maintint toujours ses relations amicales avec Wagner et porta même son cercueil lors de ses funérailles. Un autre de ces amis fut Joseph Rubinstein. »
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Notons enfin que l'antijudaïsme de Wagner n'est presque jamais évoqué, dans ses abondants écrits, par son plus fervent admirateur, le viennois Arnold Schoenberg (1874-1951), fils de commerçants juifs convertis, qui allait réembrasser la foi judaïque dans les années 1930.
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Cependant, après la mort de Wagner à Venise en 1883, Bayreuth allait devenir le lieu de rassemblement d'un groupe antisémite, soutenu par Cosima et formé d'admirateurs zélés du compositeur, notamment du théoricien racialiste Houston Stewart Chamberlain[54]. À la mort de Cosima et de Siegfried en 1930, la responsabilité du festival échoit à la veuve de ce dernier, Winifred, amie personnelle d'Adolf Hitler. Hitler est lui-même un zélateur de Wagner, donnant une lecture national-socialiste à un antisémitisme retiré de son contexte, et aux thèmes germaniques qui jalonnent l'œuvre, censée inscrire le maître de Bayreuth dans l'idéologie nazie. Les nazis font un usage courant de sa musique et la jouent lors de leurs grands rassemblements. Il n'est pas le seul compositeur qu'ils voudront « enrôler » : Bruckner, et même Beethoven seront aussi récupérés par le régime[7].
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Eu égard à cette polémique historique, les œuvres de Wagner continuent à ne pas être représentées, en public, en Israël (largement influencée, à l'origine, par des Juifs d'Europe centrale imprégnés de civilisation germanique), ainsi il n'est pas inscrit dans le répertoire de l'Orchestre philharmonique d'Israël ; cependant, la musique de Wagner est couramment diffusée par des stations de radio et des chaînes de télévision israéliennes, tout comme partout dans le monde. En revanche, jusqu'à présent, toutes les tentatives de représentation publique directe (notamment par le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboim, qui a dirigé le prélude de Tristan et Isolde à Tel Aviv en 2001), ont déclenché les plus vives protestations, certains auditeurs ayant même quitté la salle. Ce n'est que depuis le début du XXIe siècle que de nombreux Israéliens soutiennent qu'il est possible d'apprécier le génie musical de Wagner, sans que cela implique l'acceptation de ses idées politiques ou sociales. En 2010, un avocat israélien mélomane, Jonathan Livny, fonde une « Société wagnérienne israélienne » afin de mettre fin au boycott de l'œuvre du compositeur dans son pays[55].
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L'éditeur exclusif de Wagner est la maison Schott à Mayence.
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Nietzsche, décriant tout ce qu'il pressent de particulièrement dérangeant non tant chez Wagner en soi que chez les admirateurs de Wagner, écrit cependant :
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« J'aime Wagner. »
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— Ecce homo, « Pourquoi j'écris de si bons livres, Le Cas Wagner, I »
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L'adjectif « wagnérien », dérivé de « Wagner », est entré dans la langue courante depuis 1861, et comme substantif depuis 1873 sous la plume d'Alphonse Daudet dans son recueil Contes du lundi[56].
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La musique de Wagner a été très utilisée par l'industrie cinématographique, telle l'attaque des hélicoptères rythmée par la Chevauchée des Walkyries dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979), ou le prélude de Lohengrin au son duquel Charlie Chaplin, déguisé en Hitler, joue avec un globe dans Le Dictateur (1940). La Chevauchée des Walkyries accompagne également Marcello Mastroianni dans ses fantasmes lorsqu'il s'imagine coursant et fouettant des femmes dans une ronde infernale, dans Huit et demi de Federico Fellini (1963). On en retrouve également les notes dans La Horde sauvage, thème musical d'Ennio Morricone illustrant la charge de 150 cavaliers sans foi ni loi dans Mon nom est Personne (1973). En 2018, le thème de Tristan et Isolde est utilisé dans l´épilogue de l'adaptation cinématographique de Chien, de Samuel Benchetrit.
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1956 : What's Opera, Doc ?, dessin animé réalisé par Chuck Jones, parodie d'opéra de Richard Wagner.
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En 1965, Yukio Mishima accomplit le rituel du seppuku aux sons du Liebestod de Tristan et Isolde dans Yūkoku (Patriotisme), film de trente minutes, longtemps interdit à la projection par la veuve de l'écrivain. Ce Liebestod avait déjà été utilisé en 1929 par Luis Buñuel et Salvador Dalí dans Un chien andalou et, un an plus tard, dans L'Âge d'or. C'est la musique de Tristan qui accompagne le traquenard qui conclut La Monstrueuse Parade (Freaks) de Tod Browning (1932) ; elle apparaît aussi dans les arrangements de Bernard Herrmann pour Sueurs froides (1958) et dans The Milkman collector, un sketch des Monty Python. Le prélude de Tristan et Isolde constitue la musique de l'introduction du film Melancholia de Lars von Trier (2011).
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Excalibur de John Boorman est rythmé par la musique du Ring, tandis qu'une scène du Nosferatu de Werner Herzog (1979) s'ouvre avec le prélude de L'Or du Rhin que l'on peut entendre aussi dans Le Nouveau Monde de Terrence Malick (2005), ainsi que dans La Belle Captive d'Alain Robbe-Grillet (1983), où il accompagne les scènes où le personnage de Sarah Zeitgeist (interprété par Cyrielle Clair) conduit une moto.
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En 2017, dans Alien: Covenant de Ridley Scott, L'entrée des dieux au Valhalla, composante de la scène 4 de L'Or du Rhin, joue un rôle important pour l'un des personnages, David, et donc, ouvre et ferme le film.
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Entre autres sources d'inspiration (revendiquée) pour Star Wars de George Lucas figure la Tétralogie : Luke Skywalker et Leia Organa partagent avec Siegmund et Sieglinde la gémellité amoureuse. Leur père, Dark Vador, est proche de Wotan dans sa volonté de pouvoir contrariée par ses propres enfants. Le leitmotiv de Dark Vador évoque celui des Géants et, symboliquement, il est immolé sur un bûcher pour clore le cycle.
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De nombreux musiciens hollywoodiens ont été influencés par Wagner : Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner…
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Voir la Liste des œuvres en prose de Richard Wagner. On distingue particulièrement :
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Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac, est un ecclésiastique et homme d'État français, né le 9 septembre 1585 à Paris et mort le 4 décembre 1642 dans cette même ville. Pair de France, il a été le principal ministre du roi Louis XIII.
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Initialement destiné au métier des armes, il est contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon. Temporairement ministre des Affaires étrangères en 1616, il est créé cardinal en 1622 et devient principal ministre d'État de Louis XIII en 1624. Il reste en fonction jusqu'à sa mort, en 1642, date à laquelle le cardinal Mazarin lui succède.
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La fonction exercée par Richelieu auprès de Louis XIII est souvent désignée par l'expression de « Premier ministre », bien que le titre ne soit utilisé à l'époque que de façon officieuse pour désigner le ministre principal du roi dont l'action englobe aussi bien des dimensions politiques, diplomatiques et coloniales que culturelles et religieuses.
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Réputé pour son habileté voire pour son caractère jugé retors, souvent critiqué pour sa fermeté intransigeante, il rénove la vision de la raison d'État et en fait la clef de voûte de ses méthodes de gouvernement et de sa conception de la diplomatie et de la politique. En lutte à l'extérieur contre les Habsbourg, et à l'intérieur contre la noblesse et les protestants, il réprime sévèrement tant les duels meurtriers que les révoltes antifiscales paysannes. Il s'illustre également dans des affaires demeurées fameuses, telle l'Affaire des démons de Loudun.
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Richelieu est considéré comme l'un des fondateurs majeurs de l'État moderne en France. Son action est un dur combat pour un renforcement du pouvoir royal.
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Par son action, la monarchie s'affirme sous une nouvelle forme qui sera plus tard désignée par le terme d'absolutisme, et ce, de manière triomphante sous le gouvernement personnel de Louis XIV (1661-1715), puis de manière plus apaisée sous celui du cardinal de Fleury (1726-1743).
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Richelieu naît à Paris[3], rue du Bouloi, bien qu'une ancienne polémique situe sa naissance dans le fief familial, au château des Richelieu, en Touraine, polémique née du fait que son acte de baptême a disparu[4]. Il est ondoyé à sa naissance, nourrisson chétif et fiévreux, dont on ne sait s'il survivra[5]. Il n'est baptisé qu'au huitième mois, le 5 mai 1586, à l'église Saint-Eustache de Paris. Sa famille, d'ancienne noblesse (noblesse de robe et d'épée) à la fois poitevine et parisienne mais pauvre, est très honorablement connue : son père, François du Plessis, seigneur de Richelieu, est un soldat et un courtisan qui occupe la charge de Grand prévôt de France ; sa mère, Suzanne de La Porte, est la fille d'un avocat au parlement[6]. Il est le troisième d'une famille de cinq enfants[7] :
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Une Isabelle, inconnue des historiens jusqu'en 1901[8] serait une sœur ignorée[9] dont l'existence et l'identité sont contestées[10].
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Il est aussi question d'une « Marguerite » dans les registres de naissances de l'église de Braye-sous-Faye, paroisse du château de Richelieu en Poitou, mais, faute d'éléments, on peut penser que cette enfant est morte en bas âge.
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Alors que le jeune Armand n'est âgé que de cinq ans, son père, capitaine des gardes d'Henri IV, meurt le 10 juin 1590 de fièvre pernicieuse. Il laisse une famille endettée mais la générosité royale lui permet d'éviter les difficultés financières. Antérieurement, pour la récompenser de la participation de François du Plessis à son service durant les guerres de Religion, le roi Henri III avait donné en 1584 l'évêché de Luçon à sa famille[11]. Celle-ci en perçoit ainsi pour son usage privé la plus grande partie des revenus, ce qui mécontente les ecclésiastiques qui auraient préféré que ces fonds fussent utilisés pour l'Église[12].
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À l'âge de neuf ans, le jeune Armand-Jean est envoyé à Paris, par son oncle Amador de La Porte, en septembre 1594 au collège de Navarre, pour étudier la philosophie, le latin, le grec et l'hébreu : il porte alors le titre de « Marquis du Chillou »[13], de l'ancienne possession des seigneurs de Chillou à Jaulnay, arrondissement de Chinon, dont Richelieu est le lointain descendant[14] ; titre qu'il portera également plus tard à l'Académie fondée par ses soins. Il reçoit ensuite une formation à l'académie équestre de Monsieur de Pluvinel, qui forme les gentilshommes à la carrière militaire. Il y apprend l'équitation, mais aussi la voltige équestre, l'escrime, la danse, la littérature, les mathématiques et le dessin. Il vit alors la vie typique d'un officier de l'époque, le médecin Théodore de Mayerne devant le traiter pour une gonorrhée en 1605[15]. En 1599, il y rencontra François Leclerc du Tremblay, ancien élève au Collège de Navarre, venu annoncer à ses anciens professeurs son intention d'abandonner sa vie militaire et ses titres, pour se consacrer à sa vocation de capucin.
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Destiné à une carrière militaire, Richelieu se trouve dans l'obligation en 1605 de se tourner vers une carrière religieuse : son frère Alphonse-Louis du Plessis refuse l'évêché de Luçon (gardé depuis 20 ans dans la famille) pour devenir moine en entrant à la Grande Chartreuse, et la famille refuse de perdre ce qu'elle considère comme une importante source de revenus. Il est frêle et maladif (migraines dues peut-être à des crises d'épilepsie et à la tuberculose en fin de vie) : la perspective de devenir évêque ne lui déplaît nullement. Les études universitaires l’attirent : il commence des études de théologie en 1605 pour obtenir son doctorat à la Sorbonne en 1607.
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Prêtre sans vocation mais attaché à ses devoirs[16], il est nommé évêque de Luçon le 18 décembre 1606 par le roi Henri IV, et se rend à Rome où il reçoit l'investiture canonique le 17 avril 1607 des mains du cardinal de Givry[17]. Selon Tallemant des Réaux, il aurait triché sur son âge (il a 22 ans, alors que l'âge requis pour être évêque est de 26 ans)[18] et, après un aveu supposé du nouvel évêque devant le pape Paul V, celui-ci aurait commenté d'une simple phrase : « S'il vit longtemps, il sera un grand fourbe »[18]. Michel Carmona estime néanmoins que l'anecdote, pour plaisante qu'elle soit, n'est pas conforme à la réalité : Richelieu s'étant précisément rendu à Rome pour obtenir une dispense liée à son jeune âge, il ne pouvait guère mentir sur celui-ci[17].
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Il rencontre le chapitre de Luçon à Fontenay-le-Comte le 15 décembre 1608 et ne se rend à Luçon que l'année suivante. Peu après son installation dans son diocèse, il montre son caractère de réformateur catholique en étant le premier évêque en France à mettre en œuvre les réformes institutionnelles que le concile de Trente avait prescrites entre 1545 et 1563.
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Richelieu devient alors l’ami de François Leclerc du Tremblay (plus connu sous le nom de « Père Joseph »), un moine capucin, devenant son confident le plus proche. Cette intimité avec Richelieu (qu’on appelait « Son Éminence ») et la couleur grise de son froc vaut au Père Joseph le surnom d'éminence grise. Richelieu l'emploie par la suite souvent comme émissaire et agent à l’occasion de tractations diplomatiques.
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Pendant cette période, Richelieu commence également à s'entourer de familiers qui lui resteront fidèles toute sa vie. Les secrétaires Denis Charpentier et Michel Le Masle, ainsi que le médecin François Citoys furent recrutés en 1608-1609[19].
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Richelieu assista le père Humblot dans la conférence religieuse tenue à Châtellerault entre le 8 et le 16 juillet 1611, contre le pasteur dauphinois Daniel Chamier et le ministre Le Faucheur. Le but de la dispute est d'obtenir la conversion d'une demoiselle noble locale nommée La Foulenne[20]. Richelieu est donc déjà engagé à lutter contre le protestantisme avant son ascension politique.
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En août 1614, à 29 ans, grâce à l'appui du secrétaire particulier de la reine, Denis Bouthillier, il se fait élire député du clergé poitevin aux états généraux de Paris, puis porte-parole de l'assemblée[22].
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Il se met alors au service de la régente sur les recommandations du cardinal du Perron qui lui a vanté ses qualités intellectuelles[23] et demeure rue des Mauvaises-Paroles jusqu'en 1617[24].
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Marie de Médicis, la reine mère, le fait nommer en novembre 1615 grand aumônier auprès de la jeune reine Anne d'Autriche, puis le 25 novembre 1616 ministre des Affaires étrangères au Conseil du roi où il succède à Villeroy. Il fait partie avec Claude Barbin et Claude Mangot des principaux ministres au service de Concino Concini, maréchal d'Ancre et favori de la reine mère[25]. Ce premier ministériat ne durera que 6 mois.
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Le 24 avril 1617, l'exécution de Concini, à l'initiative de Louis XIII et du duc de Luynes, entraîne la mise à l'écart de la reine mère de l'entourage du roi. Louis XIII, croisant Richelieu au Louvre, lui dit « Me voila délivré de votre tyrannie, monsieur de Luçon »[26]. Richelieu doit suivre la reine mère en disgrâce à Blois. Il essaie dans un premier temps de s'entremettre entre la reine mère et le duc de Luynes, puis se retire le 11 juin dans son prieuré de Coussay sans en avertir la reine, de plus en plus méfiante envers son chef de Conseil. Affligé, voyant sa carrière politique perdue, il y rédige son testament[15]. Le roi le bannit même en avril 1618 à Avignon où il loge à hôtel de Beaumont en entraînant dans sa disgrâce son frère aîné Henri et son beau-frère René de Vignerot de Pont-Courlay[27]. Il y consacre la majorité de son temps à écrire, composant par exemple L’Instruction du chrétien[15].
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Marie de Médicis, en résidence surveillée au château de Blois, s'en échappe le 22 février 1619 avec la complicité du duc d'Épernon et prend la tête d'une rébellion aristocratique. Luynes fait alors appel à Richelieu qu'il charge de négocier un accommodement entre la mère et le fils. Il réussit à rapprocher Louis XIII et Marie de Médicis, fait conclure le traité d'Angoulême du 30 avril 1619 et organise la première réconciliation au château de Couzières le 7 septembre 1619[28], acquérant une réputation de fin négociateur. Marie de Médicis, insatisfaite, relance la guerre (« deuxième guerre de la mère et du fils »). Richelieu se trouve cette-fois-ci clairement dans le camp des rebelles mais joue la prudence, ce qui lui permet, après la défaite de la coalition nobiliaire, de participer à la réconciliation solennelle au château de Brissac, en août 1620, et au traité d'Angers le 10 août suivant.
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Même si Luynes se rapproche de Richelieu en mariant son neveu M. de Combalet à sa nièce Marie-Madeleine, Louis XIII et son favori agissent en sous-main contre lui. Alors que le chapeau de cardinal lui a été promis contre son arbitrage, ce sont La Valette et Bentivoglio qui sont nommés par Paul V, sur proposition de la France. Finalement, la mort de Luynes à la suite d'une fièvre crée un vide politique qui profite à Marie de Médicis. Celle-ci obtient du nouveau pape Grégoire XV le cardinalat pour son protégé, qui est intronisé à Lyon le 12 décembre 1622[28]. La même année, Richelieu devenu cardinal est suggéré par Marie de Médicis au jeune roi. Cependant Louis XIII — qui garde un amer souvenir de Concino Concini — refuse dans un premier temps de faire appel au cardinal. Ce n'est que le 29 avril 1624 que Richelieu entre à nouveau au Conseil du roi, avec la protection de la reine mère. Cette nomination marque un tournant décisif dans le règne de Louis XIII.
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Marie de Médicis fait don, le 28 juin 1627, à son favori Richelieu, du Petit Luxembourg, par la suite cadre de la journée des Dupes[29].
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À un Louis XIII ombrageux et soucieux d’affirmer l’autorité royale, Richelieu propose le programme suivant :
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D’abord méfiant, Louis XIII accorde ensuite sa confiance à Richelieu.
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À la tête du parti dévot, Marie de Médicis finit par s’offenser de la volonté de Richelieu de contrer l’hégémonie de la maison catholique des Habsbourg : il est prêt dans cet objectif à s’allier avec des États protestants. Au cours de la journée des Dupes (1630), elle exige du roi la destitution du cardinal qu’elle juge trop indépendant. Ce dernier, qui doit tout à la reine mère, se croit perdu. Son ami le cardinal de La Valette le retient de prendre la fuite. Mais le roi confirme sa confiance à Richelieu : ce sont Marie de Médicis et le chancelier Michel de Marillac qui doivent partir. L’exil de la reine mère confirme l'abandon d'une politique qui, pour assurer le triomphe du catholicisme en Europe, consentait à laisser le premier rôle à l’Espagne. Marie de Médicis ne pardonnera jamais à sa « créature » de l'avoir trahie[15].
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En 1625, Richelieu s’adresse au roi en son conseil pour le mettre en garde « que c'étoit chose certaine que tant que le parti des huguenots subsisteroit en France, le Roi ne seroit absolu dans son Royaume »[30]. Or, à la suite de l'édit de Nantes, les protestants de France forment un État dans l’État : ils ont leurs assemblées politiques, une organisation territoriale et leurs places fortes militaires. Leur métropole est la ville de La Rochelle qui s’est de fait depuis un demi-siècle affranchie de l’autorité royale. Quand Richelieu accède au pouvoir, le roi a mené plusieurs campagnes militaires contre les protestants, mais vainement, étant mal servi par son favori Charles d'Albert de Luynes. Le cardinal va poursuivre la politique du roi avec une volonté inflexible.
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Dans un contexte de tension entre la France et l'Angleterre, cette dernière encourageant la sédition des réformés, la ville de La Rochelle entend préserver ses libertés, notamment celle d’entretenir directement des relations avec des puissances étrangères, en particulier l’Angleterre. Richelieu décide de soumettre définitivement la ville. Il entreprend le siège et ne recule devant aucun moyen : une digue de 1 500 mètres est édifiée qui bloque toute communication de la ville avec la mer. Le siège prend alors une tournure dramatique : La Rochelle résiste pendant plus d’une année au prix de la mort des quatre cinquièmes de sa population. La reddition de la ville (1628) sonne le glas de l’autonomie politique et militaire des protestants. Louis XIII confirme cependant la liberté de culte par l’édit de grâce d’Alès (1629).
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Par ailleurs, le climat religieux de l'époque est à l’heure d’une contre-offensive du catholicisme. C’est la Contre-Réforme : Louis XIII est profondément catholique depuis toujours, contrairement à son père Henri IV qui s’est converti du protestantisme au catholicisme pour accéder au trône. Il impose en 1620 le rétablissement du culte catholique dans la province protestante du Béarn (dans laquelle il avait été interdit depuis 1570, par décision de Jeanne d'Albret). Richelieu lui-même inaugure l'église Saint-Louis de l'ordre des Jésuites à Paris.
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Dans ses mémoires, Richelieu défend sa politique en soutenant qu'il y avait nécessité absolue à mettre au pas tous ces « Grands qui, abusant des biens que le Roi leur a faits et de la puissance qu'ils tiennent de Sa Majesté, ne s'en sont servis que pour se rendre criminels »[31]. Aussi, face à la noblesse turbulente et ses prises d'armes régulières, Richelieu répond par la fermeté : il supprime les hautes charges que les grands seigneurs exercent auprès du roi et fait raser plus de 2 000 châteaux forts qui ne sont plus utiles à la défense du royaume (notamment Pamiers et Mazéres).
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Il donne davantage de pouvoir aux Intendants qui sont envoyés pour faire appliquer les décisions royales dans les provinces. Les assemblées provinciales (les États) sont parfois supprimées. L'institutionnalisation de cette intendance de police, justice et finances, permet d'imposer à partir de 1635 le « tour de vis fiscal » qui suit l'entrée en guerre de la France, considéré comme abusif et qui accroît l'impopularité de Richelieu à cette époque[32].
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Les gouverneurs des provinces, parfois de puissants notables, sont surveillés et Richelieu n'hésite pas à sévir avec les plus grands : il fait décapiter le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, qui prend les armes avec Gaston d'Orléans en 1632 et défend les réclamations de la province. Il finit par assigner à résidence dans la forteresse de Loches le vieux duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne et fidèle de Marie de Médicis qui rapportait les effets négatifs sur la population des prélèvements fiscaux croissants du pouvoir central. Il n'hésite pas à s'appuyer sur des réseaux mouvants d'alliances et de factions locales en tissant un jeu de relations parfois complexes avec les parlements et la noblesse de robe[33].
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Par ailleurs, Richelieu doit déjouer les nombreuses intrigues organisées par tous ceux que son action gêne, notamment la reine mère Marie de Médicis et le frère du roi Gaston d'Orléans. Les comploteurs ne craignent pas d'envisager l'assassinat du cardinal ou de faire appel aux puissances étrangères. Mais les conspirations menées par le comte de Chalais en 1626 et le marquis de Cinq-Mars en 1642 sont des échecs éclatants, les protagonistes étant exécutés (Chalais, Cinq-Mars), mis en prison (maréchal d'Ornano, César et Alexandre de Vendôme) ou disgraciés (la duchesse de Chevreuse, la princesse de Conti, le maréchal de Bassompierre) par Louis XIII. Seul le principal bénéficiaire et complice de ces complots, le frère du roi, Gaston, s'en sort sans trop de dommages ; il perd toutefois ses droits à la régence.
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Profondément affecté par la mort, le 8 juillet 1619, de son frère Henri au cours d'un duel, Richelieu réprime avec la plus grande sévérité cette pratique et fait mettre à mort les nobles pris en flagrant délit de se battre. Le 22 juin 1627 sont exécutés François de Montmorency-Bouteville et son cousin François de Rosmadec, comte de Chapelles, meurtriers en duel du marquis de Bussy d'Amboise.
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Après avoir rétabli l’autorité du roi en France, Richelieu entreprend de rabaisser les prétentions de la maison d’Autriche en Europe. Les Habsbourg ont réussi grâce à une heureuse politique patrimoniale à réunir sous leur coupe un grand nombre d’États européens : Autriche, Bohême, Espagne, Milan, Naples, Pays-Bas, Portugal. Au nom d’un catholicisme militant, ils cherchent à établir leur autorité en Allemagne et à y réduire les États protestants lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648).
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La France finance déjà la Hollande et la Suède, puissances protestantes en guerre contre les Habsbourg. Dans un premier temps, Richelieu replace sous contrôle français la vallée de la Valteline, un nœud de communications essentiel en Europe, que l'Espagne lui disputait (1626). Il assure au duc de Nevers le duché de Mantoue et le Montferrat en forçant le pas de Suse (1629) : c'est l'épisode de la guerre de Succession de Mantoue.
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En 1632, l'armée du roi occupe les États de Charles IV, duc de Lorraine, hostile à la France.
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Louis XIII déclare la guerre à l’Espagne en 1635. Les premiers temps de guerre sont difficiles : la chute de Corbie sur la Somme en 1636 laisse craindre une attaque sur Paris. Richelieu est effondré mais Louis XIII organise la défense de la capitale. À partir de 1640, l’effort de guerre fait basculer le sort en faveur de la France. Richelieu qui s'est attribué le titre de « Grand Maître et Surintendant de la Navigation » développe une armée de terre mais aussi une marine de guerre permanente. Il accroît considérablement les prélèvements fiscaux, entraînant de nombreuses révoltes de la paysannerie qui sont durement réprimées.
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Marie de Médicis, conseillée par le pamphlétaire Mathieu de Morgues, tente vainement de ranimer le parti des « bons catholiques » contre sa politique d'alliance avec les États protestants[34].
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Richelieu exploite le manque de cohésion au sein de la monarchie espagnole. La Catalogne fait sécession en 1640. Peu après, le Portugal restaure son indépendance, mettant fin à l'Union ibérique à laquelle il avait été contraint soixante ans auparavant sous le règne de Philippe II d'Espagne.
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Les armées du roi de France font la conquête de l’Alsace et de l’Artois en 1640, puis du Roussillon en 1642. Après la mort du cardinal, un brillant chef militaire, le futur prince Louis II de Condé remporte les victoires de Rocroi (1643), Fribourg-en-Brisgau (1644), Nördlingen (1645) et Lens (1648).
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Il donne une grande extension aux établissements coloniaux, faisant occuper notamment les Petites Antilles, Saint-Domingue, la Guyane, le Sénégal, etc. Pour soutenir Samuel de Champlain en Nouvelle-France et conserver le poste de Québec, il fonde en 1627 la Compagnie des Cent-Associés, puis rend le Canada à l’autorité française de Champlain par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1632), après que la colonie eut été prise par les frères Kirke en 1629. Ce succès permet à la colonie de se développer par la suite et de devenir le centre de la culture francophone en Amérique du Nord.
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Richelieu est aussi célèbre pour le soutien qu’il apporte aux arts ; le fait le plus connu est la fondation en 1635 de l'Académie française, société responsable des questions concernant la langue française.
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Richelieu souffre dans les dernières années de sa vie de fièvres récurrentes (peut-être la malaria), de rhumatismes et de goutte (il ne se déplace plus que dans une chaise à porteurs et litière), de ténesme (provoqué par des hémorroïdes à répétition et probablement contracté par sa gonorrhée lors de sa formation militaire, ce qui suscite des sarcasmes triviaux au sujet du « cardinal au cul pourri »[35]), de tuberculose intestinale (avec comme conséquence des fistules et une ostéite tuberculeuse qui fait suppurer son bras droit) et de migraine, ce qui accentue son hypocondrie. Les lavements et saignées pratiqués par ses médecins ne font que l'affaiblir. Crachant fréquemment du sang, il meurt le 4 décembre 1642, probablement des suites d'une tuberculose pulmonaire, son autopsie ayant révélé des nécroses caséeuses des poumons[36].
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Les exigences de sa politique ont rendu le cardinal tellement impopulaire qu'à l'annonce de sa mort, le peuple allume des feux de joie pour fêter l'événement[37],[38].
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Richelieu recommande au roi celui qui sera son successeur, Jules Mazarin, dont la trajectoire sera similaire à la sienne. Les deux cardinaux auront passé le même temps au pouvoir ; Richelieu d'avril 1624 à décembre 1642, Mazarin de janvier 1643 à mars 1661. Le premier a subi l'orage de novembre 1630, le second la tempête de la Fronde entre 1648 et 1652. Tous les deux sont parvenus aux affaires grâce à l'appui des reines mères. Passablement désargentés, dans un pays que la guerre saignait à blanc, tous deux ont édifié d'immenses fortunes.
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L'historien Joseph Bergin[39] a analysé les étapes de celle de Richelieu[40]. Elle repose sur une richesse foncière répartie en trois pôles : le complexe Poitou-Touraine, le complexe Aunis-Saintonge, le complexe Paris et Île-de-France. Cela l'amène avec la grande maîtrise de la Navigation à contrôler les activités économiques et financières de la mer. Richelieu profite aussi des recettes fiscales via ses droits sur le roi et ses gouvernements, dont ceux de Bretagne et d'Aunis. Il cumule les bénéfices ecclésiastiques car commendataire des abbayes les mieux dotées du royaume comme Cluny, Cîteaux, Saint-Arnould de Metz, La Chaise-Dieu, Saint-Lucien de Beauvais.
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Il laisse à sa mort une fortune de 20 millions de livres. C'est davantage qu'Henri II de Bourbon-Condé, qui pourtant avait reçu l'héritage Montmorency, dont la fortune n’excédait pas 15 millions de livres à sa mort. Mazarin entendit faire mieux[41].
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À sa mort, le cardinal-duc de Richelieu laissa une grande fortune, estimée à une vingtaine de millions de livres répartie entre terres, immeubles, bénéfices, prébendes issus des quinze abbayes dont il est abbé commendataire (Cluny, Marmoutiers, Cîteaux la Chaise-Dieu, Redon, Saint-Benoît-sur-Loire[42],[43]), créances, argent et bijoux. Sa répartition était précisée dans un testament rédigé en mai 1642 à Narbonne avec comme exécuteurs testamentaires le chancelier Séguier, le secrétaire d'État Claude Bouthillier et le secrétaire d'État à la guerre Sublet de Noyers. Ceux-ci, avec Alphonse, archevêque de Lyon et frère du défunt, ainsi que de manière officieuse, mais essentielle, la duchesse d'Aiguillon durent régler les contestations soulevées par Mlle de Brézé, oubliée par le cardinal et qui revendiquait un statut d'héritière ab intestat et par le Grand Condé grâce à son mariage avec Claire-Clémence de Maillé, nièce du cardinal-duc. Si un accord fut trouvé avec la première dès 1631, il fallut attendre 1674 pour que le conflit avec le second soit réglé[44].
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Les légataires de Richelieu étaient :
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La descendance directe d'Armand-Jean de Vignerot du Plessis comprend le maréchal de Richelieu, ami de Louis XV, ainsi que le duc de Richelieu, Premier ministre de Louis XVIII de 1815 à 1818.
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Un des descendants de son frère, le duc d’Aiguillon, fut secrétaire d’état aux Affaires étrangères de 1771 à 1774.
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Le corps du cardinal est inhumé dans la chapelle de la Sorbonne, puis dans un caveau sous un mausolée en marbre de Carrare commandé par son héritière la duchesse d'Aiguillon, sculpté par François Girardon à partir de dessins de Le Brun et qui ne fut achevé qu’en 1694. Ce monument funéraire supporte un groupe sculpté représentant le cardinal demi-couché, une main sur son cœur et sur le cordon de l’Ordre du Saint-Esprit, l'autre ouverte sur le livre, les yeux tournés vers l’autel et le Créateur, s'abandonnant dans les bras de l'allégorie de la Piété et à ses pieds l'allégorie de la Doctrine chrétienne (ou de la Science ?)[précision nécessaire] également affligée de sa mort. Sur les côtés, deux anges portent ses armoiries, qui se trouvent reproduites sur les vitraux des trois fenêtres qui éclairent le porche intérieur. Au-dessus de lui pend, à trente pieds de hauteur, le chapeau rouge authentique du cardinal orné de glands de la même couleur. Selon la légende, lorsque le cordon lâchera, le chapeau tombera et l’âme du cardinal montera au Paradis[45].
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Le 5 décembre 1793, les révolutionnaires saccagent son tombeau, et ce malgré l'intervention physique d'Alexandre Lenoir. Les assaillants exhument le corps du cardinal, puis le décapitent ; le reste du corps est soit jeté à la Seine soit placé dans un des caveaux de la Sorbonne faisant office de fosse commune avec ceux de plusieurs membres de sa famille, dont le Maréchal de Richelieu. Cette profanation suscite un trafic de reliques sans que l'on puisse attester de leur authenticité, telle la tête, des cheveux et un petit doigt du cardinal[46]. La tête du cardinal en partie momifiée aurait été emportée par un commerçant parisien nommé Cheval, bonnetier ou épicier rue de la Harpe qui, la Terreur finie, peut-être repentant, offre avec insistance la partie antérieure[47] à l'abbé Boshamp[48] lequel, à sa mort en 1805, la lègue à son tour à Nicolas Armez, maire de Plourivo. Nicolas Armez étant le grand-oncle paternel de Louis Armez, député des Côtes-du- Nord, ce dernier rapportait parfois la tête momifiée à Paris pour la montrer à ses collègues de l'Assemblée nationale. En 1846, la tête est prêtée au peintre Bonhomé pour réaliser un portrait en pied du cardinal pour le Conseil d'État. Mise à l'abri à Saint-Brieuc où elle est exposée tous les ans aux élèves à la remise des prix du collège, la relique ne retrouve la Sorbonne que le 15 décembre 1866 lors d'une cérémonie funèbre en présence de Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique et d'une délégation de l'Académie française[49].
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En 1896, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères et biographe du cardinal, s'empare du crâne pour l'examiner une dernière fois, en faire des photographies et des moulages[50],[51], avant de le placer dans un coffret scellé et de le faire recouvrir d'une chape de ciment armé, dans un lieu tenu secret à proximité du tombeau[52]. Le 4 décembre 1971, la tête est inhumée à nouveau dans la chapelle et son cénotaphe replacé à sa place originelle, au centre du chœur, lors d'une cérémonie officielle en présence de Jacques Duhamel, ministre de la Culture, des corps constitués et d'une délégation de l'Académie française[53].
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Même si Richelieu est principalement connu pour son implication dans les politiques du Royaume, il était d'abord un ecclésiastique. Sa pensée théologique peut être comprise au travers des quelques ouvrages qu'il a écrits avant et après sa nomination comme cardinal, eux-mêmes influencés par la doctrine du concile de Trente adoptée quelque vingt ans avant sa naissance.
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À l'image de son Testament politique (1688), sa pensée spirituelle est condensée dans le Traité de la perfection du chrétien, publié après sa mort. Son contenu diverge peu des enseignements du concile de Trente. Sa seule originalité à l'époque était d'affirmer la nécessité du pardon entier en cas d'attrition, c'est-à-dire à quelqu'un voulant se repentir d'une faute sous l'effet de la honte ou de la crainte de l'Enfer, et non par amour sincère envers Dieu (ce qui est la contrition). Cette position diverge légèrement de celle du concile, qui déclara que l'attrition était une « contrition imparfaite » pouvant mener à la rémission du pêché mais pas au sacrement de pénitence[54]. À l'opposé, les théologiens jansénistes dont l'abbé de Saint-Cyran, défendaient la thèse du regret authentique comme condition nécessaire au pardon. L'imbrication du domaine religieux dans des intrigues politiques a pu laisser croire que la position du cardinal visait à s'assurer de la conscience et de la confiance du catholique Louis XIII (mais dont la moralité ne semblait guidée que par la peur de l'enfer) dans certaines de ses impitoyables manœuvres. Quoi qu'il en soit, l'historienne Françoise Hildesheimer interprète plutôt la croisade du cardinal pour l'attrition comme une façon pour lui de se déculpabiliser de sa carrière dans les plus hautes sphères de l'État, d'être en paix avec son âme de chrétien[55].
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Les citations suivantes sont extraites des Mémoires du cardinal de Richelieu, et de son Testament politique.
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Pour le cardinal Richelieu, l'expulsion des morisques fut "la proposition la plus audacieuse et la plus barbare dont fasse mention l'histoire de tous les siècles passés"[56].
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Le cardinal a beaucoup écrit et sous les formes les plus diverses, notamment pour justifier les objectifs de sa politique et ses actes.
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Docteur de la Sorbonne en 1606[57], élu le 29 août 1622 proviseur de la Maison et Société de Sorbonne, Richelieu entreprend un ambitieux programme de rénovation du collège et de sa chapelle pour lequel il a dépensé 500 000 livres[58] et où il est enterré.
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En 1624, Richelieu achète l’hôtel de Rambouillet qui présente pour lui le double avantage d’être proche du Louvre et d’être bordé par un fragment de l’enceinte de Charles V qui peut, s'il est démoli, fournir un grand espace en pleine ville derrière son hôtel. C'est le cas en 1633, un brevet royal lui donnant la propriété des terrains. Il entreprend alors, en faisant appel à l’architecte Jacques Lemercier, la transformation de l’hôtel en un véritable palais, le Palais-Cardinal, avec des appartements somptueux et un théâtre qui demeurera longtemps le plus beau de Paris. Sauval[59] a laissé des témoignages précis sur la galerie des Hommes Illustres du Palais-Cardinal qui comportait, accompagnés de quatre statues et trente-huit bustes de marbres antiques, vingt-cinq portraits (dont celui de Louis XIII et le sien) peints par Philippe de Champaigne et Simon Vouet.
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En 1631, au faîte de sa puissance, il obtient du roi l'autorisation de construire en Touraine le château et la cité fortifiée de Richelieu, en lieu et place du domaine de ses ancêtres où il vécut sa prime enfance. Ce lieu est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs-d'œuvre de l'urbanisme occidental du XVIIe siècle.
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En 1633, Richelieu acquiert à Rueil le château du Val, qu'il aménage à grand frais pendant des années pour en faire un véritable palais et qui devient sa résidence favorite. Loin des cabales et du bruit de la ville, il est idéalement placé sur la route entre Paris et Saint-Germain-en-Laye, où le roi aime aller chasser.
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Trois sources, jamais attestées ni documentées par les historiens, prêtent des liaisons au cardinal : les Historiettes de Tallemant des Réaux où il affirme que « le Cardinal aimait les femmes ; mais il craignait que le roi soit médisant »[60], Galanterie des rois de France d'Henri Sauval et l’album du maréchal de Bassompierre. Selon Tallemant des Réaux[61] et l’ouvrage Galanteries des rois de France[62], Marion Delorme, courtisane notoire, serait concernée. Ensuite, Marie-Madeleine de Vignerot d'Aiguillon, la nièce même du cardinal, femme d’une grande beauté, plus connue sous le nom de Madame d’Aiguillon ; une chanson sarcastique de l’époque lui suppose sans équivoque des relations avec elle et brocarde également la princesse de Condé, maîtresse du cardinal de La Valette : « La Combalet et la princesse, ne pensant point faire de mal, et ne s’en iront point à confesse, d’aimer chacune un cardinal, car laisser lever sa chemise, et mettre ainsi leur corps à l’abandon, n’est que se soumettre à l’église, qui leur donnera son pardon »[63]. Des enfants seraient nés de cette liaison ; le journal d’Olivier Lefèvre d'Ormesson mentionne que, le 16 août 1647, la belle-sœur de Mme d’Aiguillon présente une requête pour désavouer ses enfants, en affirmant qu’ils sont en réalité ceux de Mme d’Aiguillon et du Cardinal[64]. Enfin, toujours selon Tallemant, dans ses Historiettes, il y aurait eu Madame de Chaulnes, femme du maréchal Honoré d'Albert[65].
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Le cardinal de Richelieu aimait beaucoup les chats. Il fit installer une chatterie au Palais-Cardinal même, et les diverses chroniques rapportent qu'il avait toujours un chat sur ses genoux lorsqu'il travaillait. Il a contribué à les faire considérer comme des animaux de compagnie. À sa mort, il en possédait quatorze, la plupart des persans au poil Angora, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous : Félimare, Lucifer, Ludovic-le-Cruel, Ludoviska, Mimi-Piaillon, Mounard-le-Fougueux, Perruque, Rubis-sur-l'ongle, Serpolet, Pyrame, Thisbe, Racan, Soumise et Gazette[66].
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Certains voient en lui l'un des plus importants ministres qui aient gouverné la France : ses visions politiques sont fécondes et sont mises à exécution avec une persévérance, une fermeté inébranlables.
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La tradition populaire — influencée par le portrait qu'en a tracé Alexandre Dumas — retient l'image d'un personnage froid et machiavélique, presque maléfique[67], qui mérite — au regard de l'histoire réelle — d'être sérieusement nuancé. On lui reproche de s'être montré implacable et d'avoir quelquefois exercé des vengeances personnelles sous le prétexte des intérêts de l'État. La couleur rouge de sa cape ou la couleur pourpre de sa soutane cardinalice s'accordent — disent ses adversaires — à son caractère sanguinaire. Comme en témoigne le vers par lequel se termine Marion de Lorme : « Regardez tous ! Voilà l’homme rouge qui passe ».
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Qu’on parle mal ou bien du fameux Cardinal
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Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien ;
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Il m’a trop fait de bien pour en dire du mal ;
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Il m’a trop fait de mal pour en dire du bien.
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Ci-gît un fameux Cardinal
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Qui fit plus de mal que de bien ;
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Le bien qu'il fit, il le fit mal ;
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Le mal qu'il fit, il le fit bien.
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Si Richelieu a connu de nombreuses incarnations au cinéma et à la télévision, là encore, le personnage est le plus souvent traité d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas.
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Interprètes du cardinal de Richelieu (liste non exhaustive) :
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En mémoire de celui qui avait tant fait pour l'établissement, l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne a créé la médaille Richelieu, une décoration décernée depuis 2010 à des personnalités « qui par leur position, leurs déclarations et/ou leurs actes, contribuent activement au respect et à la défense des valeurs de l'Université, tout en favorisant la diffusion d'un savoir universitaire d'excellence »[77].
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Une rose gallique de couleur pourpre lui est dédiée en 1840 sous le nom de 'Cardinal de Richelieu'.
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Riga (/ʁi.ga/, en letton : Rīga /riː.ga/) est la capitale de la Lettonie. Construite sur la mer Baltique au fond du golfe de Riga, dans lequel se jette la Daugava, c'est un centre industriel, commercial, culturel et financier majeur de la région de Vidzeme.
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Le nom de la ville tiendrait de celui d'un bras (Ridzene, terme équivalent au slave reka désignant un « fleuve ») de la Daugava, aujourd'hui disparu, isolant une île sur laquelle fut bâtie la ville. Une autre hypothèse est celle d'une parenté avec le vieux mot lituanien ringi signifiant « sinuosité »[2].
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Riga possède un climat tempéré de type continental. Les hivers sont froids et les étés assez chauds. Les pluies sont modérées, l'été étant la saison la plus arrosée. La neige recouvre le sol en moyenne 91 jours par an.
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Riga est la plus grande ville des États baltes mais sa population (les Riganais ou Rigois) continue de décroître rapidement. Le déclin démographique est particulièrement évident depuis 1991 avec le départ de nombreux russophones en raison du positionnement politique letton jusqu'en 1998 (nouvelles lois sur la naturalisation[4],[5], et l'incapacité du pays à augmenter son taux de fécondité. Cependant, la ville connaît un fort taux d'immigration interne au pays qui n'est pas répercuté dans les chiffres à cause du système d'enregistrement qui est une démarche personnelle que beaucoup ne font pas.
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L'évolution de la population à Riga est la suivante[6]:
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La composition ethnique de Riga a évolué comme suit[7],[8],[9],[10],[11],[12] :
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À titre de comparaison, en 2015 sur l'ensemble du pays, 59,6 % sont des Lettons natifs, 26,9 % sont Russes, 3,4 % Biélorusses, 2,4 % Ukrainiens, 2,2 % Polonais, 1,3 % Lituaniens et les 4,2 % restants sont composés d'autres nationalités.
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La plupart des Lettons sont des protestants luthériens, tandis que la majorité des Russes sont orthodoxes. Il y a 18 églises luthériennes à Riga, 15 églises orthodoxes, 10 églises catholiques et une maison de prières de Vieux-Croyants.
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La particularité de Riga est l'origine diverse de sa population. Elle n'a été mono-ethnique que de sa fondation au XIIIe siècle jusqu'au XVIIe siècle, où elle était exclusivement peuplée de germano-baltes qui ont laissé leur empreinte dans tous les monuments historiques de la ville, tandis que l'administration municipale et ecclésiastique demeura germanophone jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale. Les Lettons étaient quant à eux ruraux. Riga était, même sous les dominations polonaise, suédoise et russe, un îlot germanophone peuplée de germano-baltes, avec une forte minorité juive s'exprimant en yiddish ou en allemand. Au XVIIe siècle, les Russes lèveront les barrières de peuplement imposées par la municipalité et commenceront à s'y installer, ainsi que les Lettons. Au XIXe siècle, la population de ce qui était la troisième ville de l'Empire russe est de plus en plus bigarrée (Germano-baltes, Lettons, Russes, Polonais, Biélorusses, Juifs). Après le départ en masse des germanophones, les germano-baltes, au XXe siècle, l'extermination des Juifs pendant l'occupation allemande, et finalement l'arrivée de populations soviétiques variées, après la Seconde Guerre mondiale, le caractère multi-ethnique de la ville perdura (vers 1950, 60 % étaient de langue lettonne et 40 % russophones).
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Cependant l'indépendance de 1991 imposera des restrictions de naturalisations sur des critères ethnolinguistiques, la refusant aux russophones, posant aujourd'hui un problème ethnique spécial pour un pays de l'Union européenne.
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Depuis le XIe siècle des villages de Lives et de Lettes, peuplés par des artisans, des pêcheurs et des marchands sont établis sur les bords de la rivière Ridzene. La ville doit son nom à cette rivière qui se jette dans la Daugava. Le port — situé à l'embouchure de la Daugava — attirait aussi bien des marchands allemands, toujours à la recherche de nouvelles voies commerciales, que des croisés occidentaux qui cherchaient à convertir les peuples baltes au christianisme.
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La ville est mentionnée pour la première fois, dans un écrit, en 1198, mais elle a été fondée officiellement en 1201, par Albert de Buxhoeveden, évêque de Livonie et fondateur de l'ordre des chevaliers porte-glaives, sur une île fluviale formée par un bras de la Daugava. Dès lors des colons allemands viendront en masse, les germano-baltes qui feront eux aussi la spécificité de la ville, avec leurs églises, leurs commerces, etc. jusqu'à la Première Guerre mondiale. Au XIIIe siècle on construit à l'intérieur des murs de la ville le château du Maître de l'Ordre de Livonie, une cathédrale et des églises, un hôtel de ville, les Maisons des guildes des artisans et marchands. Entrée dans la ligue hanséatique en 1282, Riga sera au fil des siècles victime de l'instabilité politique des pays baltes : elle est conquise successivement par les Polonais en 1561, les Suédois en 1621, les Russes en 1710, après un échec en 1656) qui en font la capitale du Gouvernement de Livonie. Elle est assiégée en vain, en 1812, par les troupes françaises et prussiennes de Napoléon Ier. L'histoire de Riga se confond à partir de 1919 avec celle de la Lettonie.
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Les anciens remparts de la ville sont détruits au milieu du XIXe siècle et la construction de la nouvelle ville démarre. Au début du XXe siècle, une ceinture de boulevards est aménagée autour du Vieux Riga (Vecriga), avec des parcs, des espaces verts et des immeubles Art nouveau, construits en particulier par Mikhaïl Eisenstein. Ces changements ont également touché les anciens faubourgs.
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Au cours de la Première Guerre mondiale, la ville est prise par les Allemands le 5 septembre 1917. Lorsque la République de Lettonie déclare son indépendance, le 18 novembre 1918, Riga devient la capitale du pays. L'expansion de la ville s'accélère et les rues prennent de nouveaux noms lettons. Pendant l'occupation soviétique, et le rattachement du pays à l'URSS (1945-1991), Riga est la capitale de la République socialiste soviétique de Lettonie. La République de Lettonie retrouve son indépendance le 21 août 1991 et Riga redevient la capitale du nouvel État indépendant.
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Grâce à la plus forte concentration de bâtiments de style Art nouveau en Europe, le centre historique de Riga a été inclus, en 1997, sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, ce qui permet la préservation présente et future de la vieille ville.
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L'activité économique et les loisirs se sont significativement développés ces dernières années, en raison d'une amélioration des infrastructures. Rīga, en tant que ville portuaire, est devenue un point clé où transitent de plus en plus de biens et de personnes, avec des liaisons maritimes régulières avec Stockholm, Kiel et Lübeck. Le trafic aérien a doublé entre 1993 et 2004, grâce à la modernisation de l'aéroport international de Riga, qui est le plus grand aéroport des États baltes.
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La plupart des institutions financières lettones sont localisées à Riga, à l'instar de la Banque de Lettonie. Les échanges commerciaux à travers Riga sont en augmentation ces dernières années, surtout depuis l'entrée de la Lettonie dans l'Union européenne, le 1er mai 2004. Riga génère à elle seule la moitié de la production industrielle de la Lettonie et met l'accent sur les services publics, le secteur financier, l'agro-alimentaire, le textile, l'édition.
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Riga est le siège d'un des plus grands marchés d'Europe, le Marché central de Riga[13], situés dans d'anciens hangars à zeppelins.
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Les deux autres grands marchés[14] de Riga sont:
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Un intéressant marché de produits naturels et d'artisanat se tient à Kalnciema (outre-Daugava).
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Riga possède également un centre commercial, Rīga Plaza.
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Le port de Riga (lv), géré par l'autorité du port franc de Riga[15], couvre (en 2016) 6 348 ha, avec une surface de stockage de 1 872 842 m2, dont 370 736 m2 sous hangar, et 15 623 m2 de réfrigéré.
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En 2016, la répartition des marchandises dans le port est la suivante (en tonnes): charbon (35 %), hydrocarbures (21,9 %), bois et produits dérivés (11 %), conteneurs (10,9 %), engrais (7,6 %), métaux (3,7 %), céréales (3,6 %), autres (5,4 %). Les importations sont de 4 179 MT (11 %), dont 50 % en transit, et les exportations de 32 891 MT (89 %), dont 81 % en transit. La répartition de trafic de marchandises des ports baltiques est : Riga (27 %), Klaipeda (29 %), Tallinn (15 %), Ventspils (14 %), Butinge (7 %), Sillamue (5 %), Liepaja (4 %).
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Le terminal de passagers de Riga est le plus important de la Lettonie.
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Outre le centre historique (vieille ville), l'un des intérêts de Rīga réside dans un ensemble de témoignages de l'Art nouveau réalisés entre 1895 et 1912[13], en particulier par Mikhaïl Eisenstein.
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Depuis l'indépendance, le départ d'une partie de la population russe, et l'ancrage à l'Ouest, la ville se restructure. Des zones d'habitation sont réhabilitées. D'anciens quartiers industriels ou de dépôt sont progressivement rénovés dans une préoccupation de nouveau développement culturel. L'Association of Creative Quarters and Territories a participé à la préparation de Riga Capitale Européenne de la Culture 2014, et publie une Culture Map[28] en letton et en anglais.
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Riga est desservie par un aéroport et une liaison aérienne directe existe vers de nombreuses grandes villes d'Europe grâce à AirBaltic, Ryanair et Wizz Air.
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Les liaisons en autobus (de luxe ou non : Eurolines[44], Ecolines[45], Luxexpress[46], Olimp[47]) relient Riga à Tallinn (Estonie) au nord, à Vilnius (Lituanie) au sud, et à la plupart des grandes villes d'Allemagne, Autriche, Belgique, Hongrie, Pologne, Biélorussie, Russie, Ukraine…
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De nombreuses liaisons régulières en autobus (service public[48] ou concurrentiel) permettent de se rendre dans la plupart des villes et régions de Lettonie, pour un prix d'environ 5 centimes d'euro le kilomètre (en mai 2017). Chaque gare routière (autoosta) est fréquentée par des minibus qui assurent de courtes liaisons locales, selon un maillage bien étudié.
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La gare ferroviaire[49] permet de relier Riga aux grandes villes de Lettonie ainsi qu'à certaines plus petites (dont Jurmala), mais aussi à Minsk, Saint-Pétersbourg et Moscou, etc.
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Enfin, à partir du terminal de passagers de Riga des liaisons maritimes régulières joignent les autres ports des Pays Baltes, et des pays voisins (Suède, Finlande, Russie).
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Le réseau de transport en commun est très développé et dessert tous les quartiers de la ville. Il est composé de plusieurs lignes de tramway, de trolleybus ou de bus[50].
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Un projet de métro, lancé à l'époque soviétique, a été abandonné. Des alternatives sont étudiées pour faciliter la circulation et désengorger les artères de cette ville aux dimensions de métropole.
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En 2017, Riga est jumelée avec les villes suivantes[51] :
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Façade Art nouveau de Dzirnavu iela.
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L'ambassade de Hongrie.
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No 33 Elizabetes iela.
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Mākslas muzejs Rīgas Birža.
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No 4 Strēlnieku iela.
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No 13 Alberta iela.
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No 2 Elizabetes iela.
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no 10b Elizabetes iela.
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No 13 Alberta iela.
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No 6 Strēlnieku Iela.
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no 4a Strēlnieku Iela.
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Mairie de Riga.
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La Maison des Têtes Noires.
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Statue de Roland de Roncevaux[65].
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La vieille ville.
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La Bourse de Riga.
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Statue des Musiciens de Brême derrière l'Église Saint-Pierre.
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L'ambassade de France.
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L'opéra national de Lettonie.
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L'Académie des sciences de Lettonie.
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Pont de chemin de fer.
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Hall de la Gare centrale de Riga.
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Tour Poudrière de Riga.
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Monument de la Liberté.
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Marché central de Riga.
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Cathédrale de la Nativité.
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Musée du chemin de fer.
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Riga, capitale de l'arbre de Noël décoré.
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Cathédrale de la Sainte-Trinité.
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Centre historique de Riga (1997) · Arc géodésique de Struve (avec neuf autres pays) (2005)
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Une rime est une répétition de sons semblables (le plus souvent identiques) dans les syllabes finales de deux ou plusieurs mots. Le plus souvent, ce type de répétition est utilisé volontairement à la fin des vers de poèmes ou de chansons.
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La rime a le plus souvent une fonction esthétique, mais sert aussi de moyen mnémotechnique, et, dans ses usages poétiques, elle renforce la structure métrique pour l'auditeur[1]. Certains auteurs l'utilisent dans des textes non poétiques à des fins d'emphase ; ainsi, William Shakespeare termine souvent chaque scène de ses pièces de théâtre par un couplet rimé.
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Au sens strict, deux mots riment si leurs dernières syllabes sont phonétiquement identiques (on parle de rimes parfaites)[2]. Plus généralement, toute similarité phonétique, et même toute correspondance peut être vue comme une forme de rime ; les types les plus fréquents sont détaillés ci-dessous.
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7 |
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Les règles définissant les rimes parfaites dépendent beaucoup de la langue, et parfois de conventions traditionnelles, et n'ayant été respectées qu'à une époque donnée. Ainsi, en anglais, une rime entre leave et believe est considérée comme imparfaite, en dépit de l'identité phonétique entre les dernières syllabes, là où en français, la rime entre cor et encor(e)[3] est parfaitement acceptable. Le respect de l'accent tonique est essentiel en anglais et en grec ancien (où l'on distingue, par exemple, dactyles et spondées) ; en français, la différence entre e muet et e prononcé (lié à la notion de rimes masculines et féminines) a été le sujet de longues disputes à l'époque classique.
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La notion de rime renvoie le plus souvent à des similarités phonétiques, et à leur utilisation dans l'organisation des vers ; la classification des rimes à ce sens étendu se fait en fonction du type de similarité phonétique. Ainsi, par exemple, on parle de
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Les rimes entre de nombreuses syllabes identiques (en particulier entre homophones) sont très différemment considérées selon les langues : vues comme imparfaites en anglais, elles sont au contraire valorisées sous le nom de rimes riches en français. Le cas extrême, relevant plus du jeu que de la littérature, est l'holorime ; il en existe cependant des utilisations poétiques, comme celle-ci :
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« Étonnamment monotone et lasse
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Est ton âme en mon automne, hélas ! »
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— Louise de Vilmorin
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D'autres positions que la fin des vers (ou même des mots) peuvent être utilisées : on parle ainsi de
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On parle de schéma de rimes (en) pour décrire la succession des rimes entre vers d'un poème ; beaucoup de formes classiques (comme le sonnet ou la ballade) ont un schéma de rimes obligatoire ; plus généralement, on parle par exemple de
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Ces schémas se combinent souvent à des schémas métriques (définissant la longueur de chaque vers) et parfois à des répétitions de vers entiers, comme pour le refrain des chansons, ou la forme savante du pantoum.
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Une rime pour l'œil est une correspondance entre la graphie, mais non la prononciation, des syllabes finales ; comme en français entre soutien et martien ou en anglais entre love et move. Certaines poésies anciennes qui semblent en contenir rimaient souvent correctement lorsqu'elles furent écrites, mais des changements de prononciation ont détruit la correspondance phonétique. Alphonse Allais s'est amusé à composer un poème particulièrement riche en rimes de ce type[5].
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Les rimes induites, ou rimes pour l'esprit, sont obtenues en remplaçant le mot qui devrait rimer (et qui est le plus souvent grivois, voire obscène) par un synonyme plus convenable, mais qui ne rime pas forcément, ou par une rime sans rapport avec celle attendue. Technique proche du rhyming slang (mais moins codifiée), on la rencontre souvent dans des chansons de music-hall[6] ; Alphonse Allais propose également cet amusant exemple (qui n'est donc pas un exemple de vers holorimes) :
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« Ah ! Vois au pont du Loing, de là, vogue en mer, Dante !
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Hâve oiseau, pondu loin de la vogue ennuyeuse »
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— qu'il fait suivre de ce commentaire : « La rime n'est pas très riche, mais j'aime mieux cela que de sombrer dans la trivialité ».
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Certaines traditions poétiques font grand usage de la répétition et de la synonymie (laquelle est déconseillée, voire interdite, en poésie française, du moins classique). La tradition finnoise, outre l'usage intensif de l'allitération, fait ainsi suivre chaque vers par un second, en résonance avec lui. Voici deux exemples typiques, tirés du Kalevala :
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Dans de nombreuses langues, en particulier les langues européennes modernes et l'arabe, les rimes sont utilisées dans des formes poétiques fixes, comme les ballades et les sonnets ; certaines de ces formes sont communes à beaucoup de traditions littéraires. Cependant, même en Europe, cet usage n'est pas universel, et beaucoup de poètes contemporains évitent ces formes traditionnelles.
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L'attestation la plus ancienne connue de rimes est le Classique des vers (recueil chinois du Xe siècle av. J.-C.). Des rimes sont également utilisées à l'occasion dans la Bible (hébraïque)[7]. La poésie classique grecque et latine n'utilise la rime qu'exceptionnellement[8], comme dans Les Guêpes d'Aristophane[9] ou dans le poème de Catulle Cui dono lepidum novum libellum[10]. La rime est en revanche essentielle dans la poésie arabe classique, dès ses racines pré-islamiques au VIe siècle.
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Selon certaines sources anciennes, c'est la littérature irlandaise qui a introduit la poésie rimée en Europe au début du Moyen-Âge, mais cette affirmation est désormais mise en doute[11], même si dès le VIIe siècle, l'art de la rime était poussé en Irlande à un point de perfection.
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Au Moyen Âge central, la versification rimée se développa dans toute l'Europe, en partie sous l'influence de la poésie arabe du royaume d'Al-Andalus[12] : les rimes avaient été utilisées dès le début de l'écriture en arabe littéraire au VIe siècle, par exemple dans les qasidas[13].
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Comme dans la plupart des langues occidentales, la rime a remplacé l'assonance médiévale en imposant cette reprise des sons consonantiques qui suivent éventuellement la dernière voyelle tonique : les poètes du XVIe siècle et leurs successeurs comme Malherbe ont par ailleurs défini peu à peu des règles contraignantes qui se sont imposées jusqu'à la fin du XIXe siècle ; à partir de ce moment, les poètes s'affranchissent progressivement de ces règles, Verlaine écrivant par exemple :
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L'espagnol distingue deux types de rimes :
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Au début du XIVe siècle, la Divine Comédie, souvent considérée comme texte fondateur de l'italien moderne, introduit également un schéma de rimes systématique et original, la terza rima.
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En portugais, les rimes sont classées en fonction de règles phonétiques et grammaticales, par exemple :
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La poésie vieil-anglaise est essentiellement allitérative, bien qu'une exception remarquable, dès le Xe siècle, soit le Rhyming Poem (en). Par la suite, en imitation des auteurs classiques latins et grecs, plusieurs poètes anglais considéraient la rime comme un ornement inutile, voire nuisible, l'accent tonique et la métrique suffisant à donner un effet rythmique à la poésie, comme l'expose John Milton dans sa préface au Paradis perdu :
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« La Mesure est donnée par le vers héroïque anglais, sans rime, comme celui d'Homère ou de Virgile ; la rime n'est nullement un ornement ou un enrichissement nécessaire, mais plutôt l'invention d'un âge barbare, que des poètes modernes ont cru bon d'adopter. »
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L'importance de l'accent tonique en anglais amène à considérer qu'il n'y a rime parfaite (perfect rhyme) que lorsque la dernière voyelle accentuée et tous les phonèmes qui la suivent sont identiques[4].
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Des rimes imparfaites, forcées ou maladroites sont un ingrédient essentiel du doggerel (en), style dans lequel s'est particulièrement illustré, quoique involontairement, William McGonagall.
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La phonologie de l'allemand contenant une grande variété de voyelles, de nombreuses rimes imparfaites (au sens de l'anglais) sont largement acceptées en poésie germanique, en particulier les rimes entre "e" et "ä" ou "ö", entre "i" et "ü", entre "ei" et "eu" (noté "äu" dans certains mots) , ainsi que des rimes entre une voyelle longue et la voyelle brève correspondante, comme dans les exemples suivants, tous provenant de l'Ode à la joie de Friedrich von Schiller :
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Malgré leurs importants contacts avec les cultures romanes et anglo-saxonnes, les règles de la rime dans les langues celtiques ont suivi une évolution assez différente de celle des autres langues européennes. Brian Ó Cuív (en) a précisé les règles de la poésie celte classique : la dernière voyelle accentuée et toutes celles qui la suivent doivent être identiques, tandis que les consonnes doivent seulement appartenir à la même classe phonétique (par exemple, b peut rimer avec d, en tant qu'occlusives voisées, ou bh avec l, en tant que spirantes sonores)[14]. Ces règles tombèrent en désuétude par la suite, et la simple assonance les remplaça. Le cas particulier du gallois correspond à un schéma beaucoup plus complexe, connu sous le nom de cynghanedd (en), dans lequel les consonnes se répètent de part et d'autre de la césure, comme sur cet exemple : « clawdd i ddal / cal ddwy ddwylaw » ; Dylan Thomas a souvent respecté ces règles, et Gerard Manley Hopkins s'en est inspiré dans ses poèmes en anglais.
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La rime apparait dans la poésie russe au XVIIIe siècle ; jusque-là, la poésie reposait surtout sur des terminaisons dactyliques. Les contraintes imposées à la rime étaient au départ plus rigoureuses encore qu'en français classique, demandant par exemple l'identité de la consonne précédant la voyelle accentuée, ainsi que l'identité de la classe grammaticale (les noms rimant avec les noms, les verbes avec les verbes, etc.). Ces exigences ont disparu en poésie russe moderne[15].
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La poésie polonaise utilisa la rime dès ses débuts, sauf dans quelques rares imitations du latin ; les traducteurs polonais des poèmes épiques d'Homère, de Virgile et de Milton les firent rimer[16]. Les règles de la rime furent fixées au XVIe siècle, n'autorisant alors que des rimes féminines (en accord avec la structure de l'accent tonique en polonais) ; par la suite, des rimes masculines apparurent, atteignant le maximum de leur popularité à la fin du XIXe siècle. Le schéma de rimes le plus fréquent en Vieux Polonais (en) (du 16ème au 18ème siècle) était celui de rimes plates aa bb cc dd ..., mais les poètes polonais, familiers de la littérature italienne, expérimentèrent également l'ottava rima (aba bab cc) et le sonnet (abba abba cdc dcd ou abba abba cdcd ee).
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La poésie grecque ancienne est strictement métrique ; lorsque des rimes ou autres correspondances phonétiques apparaissent, il s'agit d'un ornement rhétorique occasionnel, connu sous le nom de homéotéleute.
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Stéphane Sachlikis, au XIVe siècle, semble avoir été le premier à utiliser la rime ; c'est devenu ensuite un caractère usuel de la poésie grecque.
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La rhétorique et la poésie latine utilisaient fréquemment l'homéotéleute et l'allitération. La rime au sens moderne (c’est à dire en position finale) était utilisée occasionnellement, mais n’apparaît pas comme élément structurel essentiel avant son introduction au début du Moyen-Âge sous l’influence de traditions vernaculaires, comme dans l’hymne Dies Iræ. Il est d’ailleurs fréquent à cette époque de voir mêlés latin et langues vernaculaires, un usage connu sous le nom de langage macaronique.
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Des schémas de rimes riches (prāsa) jouent un rôle en poésie sanskrite moderne, mais il était moins important dans les textes classiques. La classification des rimes se fait selon leur position dans la métrique : ādiprāsa (première syllabe), dvitīyākṣara prāsa (seconde syllabe), antyaprāsa (syllabe finale), etc.
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L'hébreu ancien n'emploie que rarement les rimes (par exemple, dans Exode 29 35 : ועשית לאהרן ולבניו כָּכה, ככל אשר צויתי אֹתָכה, / 'axa/ étant la partie commune aux deux mots). Elles prirent un caractère constant (et même obligatoire) vers le IVe siècle, dans la poésie liturgique juive écrite sous l'Empire byzantin, ce qui ne fut compris qu'au milieu du XXe siècle, après la découverte et l'étude de milliers de piyyouts découverts dans la Guéniza du Caire. On pense que le principe de la rime passa ensuite à la poésie chrétienne syriaque (écrite en araméen), puis à la poésie en bas latin et enfin aux autres langues européennes[17].
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La poésie rimée était répandue dans la péninsule arabique au VIe siècle, que ce soit dans les lettres, les poèmes et les chansons, ou dans les longues qasidas[13]. Le Coran utilise également une forme de prose rimée appelée saj'.
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Certains schémas de rimes sont uniques aux langues dravidiennes comme le tamoul. Ainsi, la rime appelée etukai (anaphore) est portée par la deuxième consonne de chaque vers.
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On trouve également des schémas appelés mōnai (allitération), toṭai (épiphore) et iraṭṭai kiḷavi (parallélisme).
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Certaines formes poétiques tamoules, comme la forme veṇpā, ont des règles si rigides qu'elles peuvent être exprimées à l'aide d'une grammaire non contextuelle.
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Les rimes sont utilisées en vietnamien pour renforcer des métaphores. Par exemple :
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Nghèo như con mèo
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/ŋɛu ɲɯ kɔn mɛu/
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Pauvre comme un chat
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En français, ce type de rime n'apparaîtrait plutôt que dans des proverbes, comme « À bon chat, bon rat »[18].
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Outre les correspondances entre voyelles et consonnes, les rimes chinoises tiennent en principe compte des tons, ou plus précisément des contours de tons.
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La poésie classique chinoise utilise le plus souvent des rimes suivies (aa bb cc, etc.), la rime se faisant sur la dernière syllabe de chaque vers.
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L'étude des classiques chinois a été systématisée à l'aide de dictionnaires de rimes, dont le plus connu est le Guangyun (compilé au VIIIe siècle). Dans les études linguistiques, ces structures ont permis des reconstructions de dialectes anciens, tels que le chinois médiéval.
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Une rime est une répétition de sons semblables (le plus souvent identiques) dans les syllabes finales de deux ou plusieurs mots. Le plus souvent, ce type de répétition est utilisé volontairement à la fin des vers de poèmes ou de chansons.
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La rime a le plus souvent une fonction esthétique, mais sert aussi de moyen mnémotechnique, et, dans ses usages poétiques, elle renforce la structure métrique pour l'auditeur[1]. Certains auteurs l'utilisent dans des textes non poétiques à des fins d'emphase ; ainsi, William Shakespeare termine souvent chaque scène de ses pièces de théâtre par un couplet rimé.
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Au sens strict, deux mots riment si leurs dernières syllabes sont phonétiquement identiques (on parle de rimes parfaites)[2]. Plus généralement, toute similarité phonétique, et même toute correspondance peut être vue comme une forme de rime ; les types les plus fréquents sont détaillés ci-dessous.
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Les règles définissant les rimes parfaites dépendent beaucoup de la langue, et parfois de conventions traditionnelles, et n'ayant été respectées qu'à une époque donnée. Ainsi, en anglais, une rime entre leave et believe est considérée comme imparfaite, en dépit de l'identité phonétique entre les dernières syllabes, là où en français, la rime entre cor et encor(e)[3] est parfaitement acceptable. Le respect de l'accent tonique est essentiel en anglais et en grec ancien (où l'on distingue, par exemple, dactyles et spondées) ; en français, la différence entre e muet et e prononcé (lié à la notion de rimes masculines et féminines) a été le sujet de longues disputes à l'époque classique.
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La notion de rime renvoie le plus souvent à des similarités phonétiques, et à leur utilisation dans l'organisation des vers ; la classification des rimes à ce sens étendu se fait en fonction du type de similarité phonétique. Ainsi, par exemple, on parle de
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Les rimes entre de nombreuses syllabes identiques (en particulier entre homophones) sont très différemment considérées selon les langues : vues comme imparfaites en anglais, elles sont au contraire valorisées sous le nom de rimes riches en français. Le cas extrême, relevant plus du jeu que de la littérature, est l'holorime ; il en existe cependant des utilisations poétiques, comme celle-ci :
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« Étonnamment monotone et lasse
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Est ton âme en mon automne, hélas ! »
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— Louise de Vilmorin
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D'autres positions que la fin des vers (ou même des mots) peuvent être utilisées : on parle ainsi de
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On parle de schéma de rimes (en) pour décrire la succession des rimes entre vers d'un poème ; beaucoup de formes classiques (comme le sonnet ou la ballade) ont un schéma de rimes obligatoire ; plus généralement, on parle par exemple de
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Ces schémas se combinent souvent à des schémas métriques (définissant la longueur de chaque vers) et parfois à des répétitions de vers entiers, comme pour le refrain des chansons, ou la forme savante du pantoum.
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Une rime pour l'œil est une correspondance entre la graphie, mais non la prononciation, des syllabes finales ; comme en français entre soutien et martien ou en anglais entre love et move. Certaines poésies anciennes qui semblent en contenir rimaient souvent correctement lorsqu'elles furent écrites, mais des changements de prononciation ont détruit la correspondance phonétique. Alphonse Allais s'est amusé à composer un poème particulièrement riche en rimes de ce type[5].
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Les rimes induites, ou rimes pour l'esprit, sont obtenues en remplaçant le mot qui devrait rimer (et qui est le plus souvent grivois, voire obscène) par un synonyme plus convenable, mais qui ne rime pas forcément, ou par une rime sans rapport avec celle attendue. Technique proche du rhyming slang (mais moins codifiée), on la rencontre souvent dans des chansons de music-hall[6] ; Alphonse Allais propose également cet amusant exemple (qui n'est donc pas un exemple de vers holorimes) :
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« Ah ! Vois au pont du Loing, de là, vogue en mer, Dante !
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Certaines traditions poétiques font grand usage de la répétition et de la synonymie (laquelle est déconseillée, voire interdite, en poésie française, du moins classique). La tradition finnoise, outre l'usage intensif de l'allitération, fait ainsi suivre chaque vers par un second, en résonance avec lui. Voici deux exemples typiques, tirés du Kalevala :
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Dans de nombreuses langues, en particulier les langues européennes modernes et l'arabe, les rimes sont utilisées dans des formes poétiques fixes, comme les ballades et les sonnets ; certaines de ces formes sont communes à beaucoup de traditions littéraires. Cependant, même en Europe, cet usage n'est pas universel, et beaucoup de poètes contemporains évitent ces formes traditionnelles.
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L'attestation la plus ancienne connue de rimes est le Classique des vers (recueil chinois du Xe siècle av. J.-C.). Des rimes sont également utilisées à l'occasion dans la Bible (hébraïque)[7]. La poésie classique grecque et latine n'utilise la rime qu'exceptionnellement[8], comme dans Les Guêpes d'Aristophane[9] ou dans le poème de Catulle Cui dono lepidum novum libellum[10]. La rime est en revanche essentielle dans la poésie arabe classique, dès ses racines pré-islamiques au VIe siècle.
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Selon certaines sources anciennes, c'est la littérature irlandaise qui a introduit la poésie rimée en Europe au début du Moyen-Âge, mais cette affirmation est désormais mise en doute[11], même si dès le VIIe siècle, l'art de la rime était poussé en Irlande à un point de perfection.
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Au Moyen Âge central, la versification rimée se développa dans toute l'Europe, en partie sous l'influence de la poésie arabe du royaume d'Al-Andalus[12] : les rimes avaient été utilisées dès le début de l'écriture en arabe littéraire au VIe siècle, par exemple dans les qasidas[13].
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Comme dans la plupart des langues occidentales, la rime a remplacé l'assonance médiévale en imposant cette reprise des sons consonantiques qui suivent éventuellement la dernière voyelle tonique : les poètes du XVIe siècle et leurs successeurs comme Malherbe ont par ailleurs défini peu à peu des règles contraignantes qui se sont imposées jusqu'à la fin du XIXe siècle ; à partir de ce moment, les poètes s'affranchissent progressivement de ces règles, Verlaine écrivant par exemple :
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L'espagnol distingue deux types de rimes :
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Au début du XIVe siècle, la Divine Comédie, souvent considérée comme texte fondateur de l'italien moderne, introduit également un schéma de rimes systématique et original, la terza rima.
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En portugais, les rimes sont classées en fonction de règles phonétiques et grammaticales, par exemple :
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La poésie vieil-anglaise est essentiellement allitérative, bien qu'une exception remarquable, dès le Xe siècle, soit le Rhyming Poem (en). Par la suite, en imitation des auteurs classiques latins et grecs, plusieurs poètes anglais considéraient la rime comme un ornement inutile, voire nuisible, l'accent tonique et la métrique suffisant à donner un effet rythmique à la poésie, comme l'expose John Milton dans sa préface au Paradis perdu :
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« La Mesure est donnée par le vers héroïque anglais, sans rime, comme celui d'Homère ou de Virgile ; la rime n'est nullement un ornement ou un enrichissement nécessaire, mais plutôt l'invention d'un âge barbare, que des poètes modernes ont cru bon d'adopter. »
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L'importance de l'accent tonique en anglais amène à considérer qu'il n'y a rime parfaite (perfect rhyme) que lorsque la dernière voyelle accentuée et tous les phonèmes qui la suivent sont identiques[4].
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Des rimes imparfaites, forcées ou maladroites sont un ingrédient essentiel du doggerel (en), style dans lequel s'est particulièrement illustré, quoique involontairement, William McGonagall.
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La phonologie de l'allemand contenant une grande variété de voyelles, de nombreuses rimes imparfaites (au sens de l'anglais) sont largement acceptées en poésie germanique, en particulier les rimes entre "e" et "ä" ou "ö", entre "i" et "ü", entre "ei" et "eu" (noté "äu" dans certains mots) , ainsi que des rimes entre une voyelle longue et la voyelle brève correspondante, comme dans les exemples suivants, tous provenant de l'Ode à la joie de Friedrich von Schiller :
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Malgré leurs importants contacts avec les cultures romanes et anglo-saxonnes, les règles de la rime dans les langues celtiques ont suivi une évolution assez différente de celle des autres langues européennes. Brian Ó Cuív (en) a précisé les règles de la poésie celte classique : la dernière voyelle accentuée et toutes celles qui la suivent doivent être identiques, tandis que les consonnes doivent seulement appartenir à la même classe phonétique (par exemple, b peut rimer avec d, en tant qu'occlusives voisées, ou bh avec l, en tant que spirantes sonores)[14]. Ces règles tombèrent en désuétude par la suite, et la simple assonance les remplaça. Le cas particulier du gallois correspond à un schéma beaucoup plus complexe, connu sous le nom de cynghanedd (en), dans lequel les consonnes se répètent de part et d'autre de la césure, comme sur cet exemple : « clawdd i ddal / cal ddwy ddwylaw » ; Dylan Thomas a souvent respecté ces règles, et Gerard Manley Hopkins s'en est inspiré dans ses poèmes en anglais.
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La rime apparait dans la poésie russe au XVIIIe siècle ; jusque-là, la poésie reposait surtout sur des terminaisons dactyliques. Les contraintes imposées à la rime étaient au départ plus rigoureuses encore qu'en français classique, demandant par exemple l'identité de la consonne précédant la voyelle accentuée, ainsi que l'identité de la classe grammaticale (les noms rimant avec les noms, les verbes avec les verbes, etc.). Ces exigences ont disparu en poésie russe moderne[15].
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La poésie polonaise utilisa la rime dès ses débuts, sauf dans quelques rares imitations du latin ; les traducteurs polonais des poèmes épiques d'Homère, de Virgile et de Milton les firent rimer[16]. Les règles de la rime furent fixées au XVIe siècle, n'autorisant alors que des rimes féminines (en accord avec la structure de l'accent tonique en polonais) ; par la suite, des rimes masculines apparurent, atteignant le maximum de leur popularité à la fin du XIXe siècle. Le schéma de rimes le plus fréquent en Vieux Polonais (en) (du 16ème au 18ème siècle) était celui de rimes plates aa bb cc dd ..., mais les poètes polonais, familiers de la littérature italienne, expérimentèrent également l'ottava rima (aba bab cc) et le sonnet (abba abba cdc dcd ou abba abba cdcd ee).
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La poésie grecque ancienne est strictement métrique ; lorsque des rimes ou autres correspondances phonétiques apparaissent, il s'agit d'un ornement rhétorique occasionnel, connu sous le nom de homéotéleute.
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Stéphane Sachlikis, au XIVe siècle, semble avoir été le premier à utiliser la rime ; c'est devenu ensuite un caractère usuel de la poésie grecque.
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La rhétorique et la poésie latine utilisaient fréquemment l'homéotéleute et l'allitération. La rime au sens moderne (c’est à dire en position finale) était utilisée occasionnellement, mais n’apparaît pas comme élément structurel essentiel avant son introduction au début du Moyen-Âge sous l’influence de traditions vernaculaires, comme dans l’hymne Dies Iræ. Il est d’ailleurs fréquent à cette époque de voir mêlés latin et langues vernaculaires, un usage connu sous le nom de langage macaronique.
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L'hébreu ancien n'emploie que rarement les rimes (par exemple, dans Exode 29 35 : ועשית לאהרן ולבניו כָּכה, ככל אשר צויתי אֹתָכה, / 'axa/ étant la partie commune aux deux mots). Elles prirent un caractère constant (et même obligatoire) vers le IVe siècle, dans la poésie liturgique juive écrite sous l'Empire byzantin, ce qui ne fut compris qu'au milieu du XXe siècle, après la découverte et l'étude de milliers de piyyouts découverts dans la Guéniza du Caire. On pense que le principe de la rime passa ensuite à la poésie chrétienne syriaque (écrite en araméen), puis à la poésie en bas latin et enfin aux autres langues européennes[17].
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La poésie rimée était répandue dans la péninsule arabique au VIe siècle, que ce soit dans les lettres, les poèmes et les chansons, ou dans les longues qasidas[13]. Le Coran utilise également une forme de prose rimée appelée saj'.
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Certains schémas de rimes sont uniques aux langues dravidiennes comme le tamoul. Ainsi, la rime appelée etukai (anaphore) est portée par la deuxième consonne de chaque vers.
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On trouve également des schémas appelés mōnai (allitération), toṭai (épiphore) et iraṭṭai kiḷavi (parallélisme).
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Certaines formes poétiques tamoules, comme la forme veṇpā, ont des règles si rigides qu'elles peuvent être exprimées à l'aide d'une grammaire non contextuelle.
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Les rimes sont utilisées en vietnamien pour renforcer des métaphores. Par exemple :
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Nghèo như con mèo
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/ŋɛu ɲɯ kɔn mɛu/
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Pauvre comme un chat
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En français, ce type de rime n'apparaîtrait plutôt que dans des proverbes, comme « À bon chat, bon rat »[18].
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Outre les correspondances entre voyelles et consonnes, les rimes chinoises tiennent en principe compte des tons, ou plus précisément des contours de tons.
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La poésie classique chinoise utilise le plus souvent des rimes suivies (aa bb cc, etc.), la rime se faisant sur la dernière syllabe de chaque vers.
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L'étude des classiques chinois a été systématisée à l'aide de dictionnaires de rimes, dont le plus connu est le Guangyun (compilé au VIIIe siècle). Dans les études linguistiques, ces structures ont permis des reconstructions de dialectes anciens, tels que le chinois médiéval.
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Rio de Janeiro (/ˈʁi.u d(ʒi) ʒɐˈnejɾu/[2]), souvent désignée simplement sous le nom de Rio (on disait aussi Riogénaire en français au XIXe siècle[3]), est la deuxième plus grande ville du Brésil après São Paulo. Située dans le Sud-Est du pays, elle est la capitale de l'État de Rio de Janeiro. Avec ses 6,1 millions d'habitants intra-muros (communément appelés Cariocas, la variante Carioques existant aussi en français) et 12,62 millions dans l'aire urbaine, Rio de Janeiro est l'une des métropoles les plus importantes du continent américain.
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Elle est mondialement connue pour son carnaval, ses plages (Copacabana, Leblon et Ipanema) ainsi que sa statue du Christ Rédempteur au sommet du Corcovado. Elle fut capitale du Royaume-Uni de Portugal, du Brésil et des Algarves, à la suite de la fuite de la cour portugaise lors de l'invasion des troupes napoléoniennes (1808-1821), puis de l'Empire du Brésil (1822-1889), de la República Velha (1889-1930), de l’Estado Novo (1937-1945) et du début de la Deuxième République jusqu'en 1960.
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La ville a accueilli les Journées mondiales de la jeunesse 2013, les finales des Coupes du monde de football de 1950 et de 2014 et enfin, en 2016, les Jeux olympiques d'été.
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Rio de Janeiro désigne à l'origine la baie de Guanabara, découverte le 1er janvier 1502 par Gaspar de Lemos et Gonçalo Coelho[4], capitaines de la flotte de l'explorateur portugais Pedro Álvares Cabral, découvreur du Brésil.
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Selon certains historiens[5], le nom initial était Ria de Janeiro « baie de janvier », puis une confusion se produisit entre le mot ria, qui à l'époque pouvait désigner une baie ou un bras de mer, et rio « rivière ». Par la suite, le nom de la baie était fixé sous la forme Rio de Janeiro « rivière de janvier ». Selon d'autres, c'est Amerigo Vespucci qui, lors de son 3e voyage d'exploration en Amérique du Sud aurait pris la baie de Guanabara pour l'embouchure d'un fleuve auquel il attribua le nom du mois[6],[7].
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Les habitants de la ville sont des « cariocas », venant du tupi[8] et signifiant « maison des hommes blancs », contraction des mots kara’iwa, « hommes blancs » et oka, « maison ». Les habitants de l'État de Rio de Janeiro, sont eux des « fluminenses ».
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Le littoral de l'État actuel de Rio de Janeiro a été habité initialement par des Amérindiens du groupe linguistique macro-jê. Vers l'an 1000, la région est conquise par des locuteurs d'une langue tupi, provenant de l'Amazone. Les Tamoios, aussi connus comme Tupinamba, vivent autour de la baie de Guanabara au XVIe siècle, lorsque les Portugais arrivent dans la région[9].
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Le site actuel de la ville de Rio de Janeiro fut découvert le 1er janvier 1502 par un des explorateurs portugais Gaspar de Lemos et Gonçalo Coelho[10], accompagné par Amerigo Vespucci qui donne lui-même le nom du lieu[11].
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À cette époque, le site était habité par des Amerindiens Tamoyos qui établirent rapidement un commerce de troc avec les Européens. D'importantes relations commerciales se développèrent, notamment grâce à la profusion d'arbres « couleur de braise », le « Pau Brasil » ou « brasa » (le Brésil en français). Les relations entre Amérindiens et Portugais n'étaient toutefois pas toujours pacifiques, les Portugais ayant la coutume de prendre les Amérindiens pour en faire des esclaves. En outre, certaines tribus organisaient souvent des rites anthropophagiques. De plus, les Amérindiens commerçaient également avec les Français qui portaient des visées coloniales au Brésil.
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Durant le XVIe siècle, de fréquentes attaques menées par les pirates et les corsaires français ravagèrent une partie de la région. En 1555, l'amiral Villegagnon reçut le commandement de la flotte mise à la disposition de Gaspard de Coligny par Henri II pour installer une colonie protestante au Brésil où les protestants français pourraient exercer librement leur religion. Villegagnon construisit le Fort Coligny et s'installa sur une île, dans la baie de Guanabara, qu'il appela la France antarctique. De nos jours, cette île, où se situe le bâtiment de l'École de la Marine de Guerre brésilienne, s'appelle encore « ilha de Vilegagnon ».
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Toutefois, les Portugais voulant à tout prix empêcher des établissements étrangers sur son territoire, le roi portugais envoya un chevalier, Mem de Sá, afin d'expulser les Français. Ils détruisent le Fort-Coligny et les Français sont chassés de la baie de Guanabara — mais restent dans la région. Seulement en 1565, après deux années de luttes entre les flottes des deux pays, Estácio de Sá, un neveu de Mem, fonda la ville telle qu'on la connaît aujourd'hui. Les Français resteront dans la région de Rio de Janeiro jusqu'en 1572, date des derniers combats qui eurent lieu à Cabo Frio.
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La victoire du chevalier portugais Estácio de Sá, le 1er mars 1565, marque la fondation de la ville de « São Sebastião do Rio de Janeiro » (« saint Sébastien du fleuve de janvier ») en l'honneur du roi Sébastien Ier de Portugal et du saint fêté le jour de sa naissance. Saint Sébastien qui reste le patron de la ville est fêté chaque année.
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Vers la fin du XVIe siècle, la couronne portugaise traita le village comme une position stratégique pour le transit atlantique des navires entre le Brésil, les colonies africaines et l'Europe. Plusieurs forteresses furent construites et une alliance fut convenue avec les tribus indigènes pour défendre les colonies des invasions. On fonda, par exemple, dans le voisinage de Rio, Niterói, afin de veiller à la défense de la cité. Les quais de Rio et le Morro do Castelo (pt) (« colline du château », en français), dont le château imitait les châteaux fortifiés médiévaux, formèrent les premières grandes défenses de la ville. Rio de Janeiro était réellement menacé par les nombreuses invasions des flibustiers français et hollandais.
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En effet le 21 septembre 1711, alors que la France est en pleine guerre de Succession d'Espagne (le Portugal est alors allié de l'Angleterre en lutte contre la France), René Duguay-Trouin, à la tête d'une expédition de quinze navires et 6 000 hommes, s'empare de la ville de Rio de Janeiro. Les fortifications de cette place paraissaient inexpugnables : en effet, la ville était défendue par sept vaisseaux de guerre, sept forts et 12 000 hommes. Il débarqua, incendia l'escadre portugaise, força le gouverneur à la capitulation, obligea la ville à payer de lourdes rançons et à libérer 1 000 prisonniers français (capturés lors d'une première bataille l'année précédente).
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La ville connut son essor pendant le XVIIIe siècle avec la découverte d'or et de diamants dans la région voisine du Minas Gerais vers 1700, devenant un site portuaire plus utile pour l'exportation des richesses que Salvador de Bahia. C'est donc pour des raisons logistiques que l'administration coloniale portugaise en Amérique s'établit en 1763 à Rio qui devint la capitale du Brésil à la place de Salvador de Bahia.
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La ville demeura une capitale coloniale jusqu'en 1808. En raison de l'invasion des troupes de Napoléon au Portugal, la famille royale portugaise (la reine Marie Ire, le prince Jean et son fils Pierre) et la plupart des nobles de Lisbonne fuirent au Brésil et s'installèrent à Rio de Janeiro. La capitale du royaume portugais fut donc transférée de Lisbonne à Rio de Janeiro, qui devint ainsi l'unique capitale européenne située à l'extérieur du continent européen. L'arrivée soudaine de centaines de nobles portugais entraîna un manque d'espace physique et de structure urbaine, et eut comme conséquence le renvoi des habitants de leur propre logement. Bien qu'ils fussent majoritairement repartis au Portugal en 1821, les nobles portugais ouvrirent davantage le port de Rio (et le Brésil) au marché international (notamment britannique). Le Brésil fut élevé par ailleurs au statut de Royaume uni à la couronne du Portugal[12],[13].
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Le 7 septembre 1822, le prince régent Pierre Ier (qui deviendra plus tard Pierre IV du Portugal) proclama l'indépendance de l'empire du Brésil et conserva Rio de Janeiro comme capitale. La couronne restant entre les mains de la maison royale des Bragance, cet événement tenait plus du partage en deux de l'Empire portugais que d'un véritable mouvement indépendant comme on pouvait en voir en Amérique du Sud à la même époque. La monarchie, s'appuyant sur le peuple pour contrebalancer les riches latifundiaires brésiliens, devint constitutionnelle en 1824. En 1831, sous la pression des élites propriétaires, l'empereur Pierre Ier abdique en faveur de son fils, alors âgé de cinq ans. Pierre II s'engagea dès les années 1850 à lutter contre l'esclavage, dont il interdit la pratique. La culture du café prit de l'ampleur et augmenta l'importance des propriétaires terriens, notamment ceux de São Paulo. Sous son règne, Rio profita de développements majeurs en matière de gaz, de plomberie, de barrages hydroélectriques, de téléphone et de télégraphe. Continuant à lutter contre l'esclavagisme, l'Empire proclama en 1871 que les enfants d'esclaves seraient désormais libres à la naissance. L'esclavage brésilien fut donc condamné à long terme. Cependant, la loi dite « Áurea » (« loi d'or ») de 1888 de la princesse Isabelle, la fille de Pierre II, abolissant totalement l'esclavage au Brésil, souleva la résistance des propriétaires, qui s'engagèrent alors dans une lutte armée pour renverser le régime. La libération des esclaves entraîna une importante migration depuis les campagnes vers les villes. La première favela (« bidonville » en français) de Rio fut construite sur les hauteurs du Morro da Providência (pt) (« colline de la Providence »). Ses habitants étaient pour la plupart des militaires noirs qui s'étaient battus pour leur liberté à Salvador de Bahia et qui tentèrent de profiter des opportunités qu'offrait Rio.
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Les propriétaires terriens renversent l'empereur Pierre II et son empire en 1889. Après ce coup d'État, la République, sous la présidence du maréchal Deodoro da Fonseca, fut aux mains des classes dirigeantes détenant le pouvoir économique et qui refusaient l'organisation d'élections libres et maintenaient par la force leur emprise politique. Ils gardèrent Rio de Janeiro comme capitale. Cette république qui perdura de 1889 à 1930, est communément appelée « république café com leite » (« café au lait » en français) puisqu'elle s'appuyait sur les industries cafetières de São Paulo et laitières-bovines du Minas Gerais, la fin de l'esclavage ayant entraîné une diminution du pouvoir de l'industrie sucrière du Nord-Est (Nordeste) au profit de l'industrie cafetière du Sud-Est et de l'État de São Paulo. D'ailleurs celui-ci monopolisa le pouvoir central oligarchique, mené par les grands propriétaires, dans laquelle la classe moyenne grandissante poussa au changement. En 1917, le Brésil s'allia aux puissances de la Triple-Entente lors de la Première Guerre mondiale. L'accroissement du commerce permit l'agrandissement d'une classe moyenne mais qui resta soumise à l'oligarchie cafetière, mais s'y opposant sur les questions sociales et politiques. Le renouveau économique d'après guerre ne dura pas longtemps au Brésil. La crise économique éclata en 1922 et des grèves populaires eurent lieu en 1924 ainsi que des manifestations dans la ville de Rio. La République café au lait répondit par l'établissement de la loi martiale. La crise de 1929, ruinant ses marchés extérieurs, dévasta le pays et sema le discrédit sur l'oligarchie propriétaire et son gouvernement.
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La république fut renversée par le coup d'État du 4 octobre 1930 qui voit l'arrivée au pouvoir de Getúlio Vargas en qualité de nouveau président de la République dès 1934. Cet événement permit la montée de la classe moyenne. Vargas établit un État et exécutif fort, plus centralisé, engagea le pays dans le droit de vote universel, le vote des femmes, et le vote à bulletin secret. Il devint dictateur en 1937 et, après avoir soutenu les puissances de l'Axe durant la Seconde Guerre mondiale, le Brésil cédera à la pression des États-Unis et s'engagera au côté des Alliés en envoyant un corps expéditionnaire durant la reconquête de l'Italie (bataille du mont Cassin). Il abandonna le pouvoir en 1945. Cependant, plusieurs dirigeants nazis trouvèrent refuge au Brésil, et dans la ville de Rio plus précisément, afin d'éviter le procès de Nuremberg. Vargas parvint à revenir au pouvoir de 1951 à 1954. Accusé, discrédité et acculé, il se suicida à Rio de Janeiro.
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En 1955, Juscelino Kubitschek fut élu président du Brésil. Une de ses promesses électorales était de bâtir une nouvelle capitale, projet qui avait été maintes fois proposé mais qui avait toujours été ajourné. Il lança donc le projet de Brasilia comme capitale censée devenir la vitrine moderne de la destinée du Brésil, afin de mettre fin à la rivalité historique entre Rio de Janeiro (capitale politique et culturelle) et São Paulo (capitale économique). Kubitschek fit construire cette nouvelle ville mais le coût fut énorme. Le 21 avril 1960, la capitale du Brésil fut officiellement transférée de Rio de Janeiro à Brasilia.
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En 1960, la ville de Rio devint la capitale de l'État de Guanabara. Cependant, pour des raisons à la fois administratives et politiques, un décret présidentiel d'Ernesto Geisel, connu sous le nom de « fusão » (« fusion » en français), remplaça le statut fédératif de la ville et l'intégra à l'État de Rio de Janeiro en 1975. Encore aujourd'hui, certains Cariocas réclament un retour à l'autonomie municipale.
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Même si Rio a perdu, de nos jours, la place que jadis elle a occupée en matière politique et économique, elle demeure la vitrine touristique et culturelle du Brésil. En 2013, la ville a accueilli les Journées mondiales de la jeunesse, puis en 2014 elle accueille la finale de la Coupe du monde de football et enfin, en 2016, les Jeux olympiques d'été. Ces évènements s'accompagnent de grands travaux d'infrastructures, de réhabilitation de certains quartiers, certaines favelas sont « pacifiées » (reprises en main par la police et l'armée). Mais le coût de tels travaux ainsi que l'absence de concertation ont suscité des protestations de la population, comme au printemps 2013.
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La ville est localisée au sud du craton de São Francisco, dans le bouclier Atlantique (en). Ce bouclier a subi plusieurs bouleversements tectoniques qui ont résulté en collines, montagnes et vallées qui caractérisent la côte de Rio. Cette tectonique est attribuée à plusieurs cycles orogéniques marqués par un plutonisme de granites[14]. Le « Pão de açucar » (le « Pain de Sucre ») et le « Corcovado » sont de bons exemples du résultat de ces mouvements tectoniques avec la mise en place de pitons de granite désquamés.
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Près de 25 % de la population, soit 1,5 million de personnes, vit dans des bidonvilles, appelés favelas au Brésil[15]. Les favelas poussent à un rythme soutenu car elles regroupent la population la plus pauvre composée des nouveaux arrivants, de familles sans travail, de marginaux mais aussi et surtout de travailleurs pauvres. C'est donc le point de chute de tous ceux qui n'ont pas accès aux logements sociaux. « Les habitants des favelas sont la main-d’œuvre de Rio, et servent de travailleurs informels, femmes de ménage, caissières, ouvriers journaliers, vendeurs de rue… »[16].
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Leurs habitats, souvent concentrés sur les pentes escarpées des collines, est un amalgame de matériaux de fortune récupérés sur les dépôts d'ordures au fur et à mesure des besoins. Cette situation engendre de nombreux accidents lors des glissements de terrains faisant suite la plupart du temps à de fortes précipitations. Celles-ci minent les fondations et font alors glisser des blocs entiers de maisons.
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La plupart des maisons des favelas ont deux ou trois pièces, avec cinq à huit habitants. L'insalubrité de certaines habitations pose aussi problème : « Dans la favela, la plupart des maisons ont peu de fenêtres, ce qui empêche une bonne circulation de l'air, l'entrée de la lumière du jour et favorise la propagation de maladies respiratoires », souligne Patricia Canto, pneumologue de l'École Nationale de Santé Publique de Rio[15].
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Leur apparence chaotique cache pourtant une organisation précise et très hiérarchisée de l'espace, des règles et des usages. Le pouvoir étant souvent entre les mains des gangs et des narcotrafiquants qui y ont élu domicile ou de milices parapolicières. De ce fait, les favelas sont aussi le théâtre de violences, souvent dues au trafic de drogue et à des guerres de gangs. Ville dans la ville, la favela fait peur à qui ne l'habite pas. Cependant, depuis que le Brésil s'est vu offrir l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014 et celui des Jeux olympiques d'été de 2016 pour la ville de Rio, les pouvoirs publics brésiliens ont décidé d'utiliser des moyens militaires pour déloger les narcotrafiquants avec un certain succès, comme notamment à Vila Cruzeiro (pt) à Rio en novembre 2010[17].
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Des 968 favelas de Rio[18], Ladeira dos Tabajaras, Santa Marta (pt), Mangueira (pt), Morro do Borel, Cidade de Deus, Vidigal, Rocinha et Bento Ribeiro sont les plus connues.
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Le 12 avril 2019, 22 personnes meurent dans l'effondrement de deux immeubles dans le quartier populaire de Muzema[19].
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La ville de Rio est située dans la zone tropicale. En effet, le tropique du Capricorne se situe seulement à quelques degrés au sud de Rio. Le climat y est tropical de savane avec hiver sec avec certains changements locaux dus à l'altitude. Il est classé Aw dans la classification de Köppen car toutes les températures mensuelles moyennes sont supérieures à 18 °C. De plus, les précipitations du mois le plus sec sont inférieures à 60,0 mm et à [100 - (précipitations annuelles mensuelles)/25]. En effet les mois de juillet et août sont les plus secs avec 40,0 mm et leurs précipitations sont inférieures à (100 - 1 090,0 mm / 25) soit 56,4.
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La température annuelle moyenne est de 24 °C et les précipitations sont d'environ 1 200 mm par an. La ville se situant dans l'hémisphère sud, la saison estivale dure de décembre à mars et est plus humide que la saison hivernale qui, elle, dure de juin à septembre.
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Les forêts tropicales recouvrent plus de 90 % du territoire de Rio. Une grande proportion de ce territoire fut dévastée par l'urbanisation et les plantations (café, sucre). Les rares sites préservés de toute trace humaine se trouvent en général sur les pics des chaînes de montagnes. La ville de Rio jouit également de la plus grande forêt urbaine du monde[20]. La « Floresta da Tijuca », un vestige de la Forêt atlantique (Mata atlântica), fut préservée à l'intérieur même de la ville. La rivière la plus importante de Rio est la « Paraíba do Sul » qui provient de São Paulo et qui marque la frontière entre l'État de Rio de Janeiro et celui du Minas Gerais.
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La baie de Guanabara est profonde de trente kilomètres. Son entrée est gardée par deux forts des XVIIe et XIXe siècles. Il est facile de traverser la baie de Guanabara pour se rendre à Niterói ou dans les îles, d'où l'on découvre une vue magnifique de la ville de Rio et des montagnes luxuriantes qui la sertissent. L'étape la plus intéressante est l'île de Paquetá, une des 84 îles de la baie, où le paysage n'a pas changé depuis le XIXe siècle. Dans cette île, les voitures ne sont pas autorisées. La plus grande de toutes est l'Ilha do Governador ("Île du Gouverneur"), où est situé l'aéroport international Antônio Carlos Jobim.
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Rio est la plus grande ville du Brésil après São Paulo. Elle est la capitale de l'État de Rio de Janeiro qui se situe au sud-est du pays. Ses habitants (appelés Cariocas) sont environ 6 500 000 (selon les chiffres de 2017) et occupent un territoire de 1 256 km2. La région métropolitaine de la ville est estim��e entre 10 et 12 millions de personnes.
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Bien que la plupart des cariocas soient d'ascendance portugaise ou africaine, plusieurs vagues d'immigration ont contribué à constituer la population de l'ancienne capitale du Brésil. Ainsi, des communautés italiennes, libanaises, allemandes, espagnoles, juives ou encore japonaises coexistent dans ses différents quartiers.
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La Constitution interdit et condamne la discrimination raciale sous toutes ses formes. L’article 1er de la Constitution de 1988 précise que le Brésil « constitue un État démocratique de droit [qui] a pour fondements […] la dignité de la personne humaine ». De plus, l’article 5 de la Constitution précise même que la pratique du racisme constitue une infraction pour laquelle il ne sera autorisé aucune libération sous caution et entraînera une peine de réclusion.
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La population brésilienne dans son ensemble est sans doute la plus fervente du continent américain, 90 % de ses habitants déclarent pratiquer activement une religion et plus de 97 % qu'ils croient en un Dieu et une religion[24].
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Le catholicisme a été la principale religion du pays dès le XVIe siècle avec l'arrivée des Portugais et beaucoup d'églises construites par les colons existent toujours. En 2010, alors que les catholiques forment environ 63 %[réf. nécessaire] de la population du pays, seulement 50 % des habitants de Rio de Janeiro se disent catholiques[24].
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En 2011, la ville a été choisie par le pape Benoît XVI aux JMJ de Madrid pour accueillir les Journées mondiales de la jeunesse en 2013[25].
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Même si son poids économique ne surpasse pas celui de São Paulo, la ville de Rio demeure la seconde ville économique en importance du Brésil. Elle collabore pour un peu plus de 10 % du PIB brésilien. Elle représente donc le moteur de l'économie de l'État de Rio de Janeiro dont elle est la capitale.
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Le tourisme est une grande force économique, grâce aux plages de la ville de Rio mais aussi de l'État de Rio — à la « Região dos Lagos » (Cabo Frio, Búzios), au nord de la capitale ; ou à « Côte Verte » (Angra dos Reis, Paraty), au sud. À l'intérieur, à la montagne, les villes de Petrópolis, Nova Friburgo et Teresópolis sont les plus connues. Les villes de l'État de Rio ne sont pas plus loin qu'à 300 km de la capitale.
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Jouissant d'un grand potentiel touristique, l'État de Rio dispose également de parcs industriels performants. C'est également à quelques kilomètres de la capitale que se concentrent les plus grandes réserves pétrolières du pays (les villes de Campos et Macaé). De plus, la ville s'est spécialisée dans la métallurgie, la sidérurgie, la mécanique, la chimie, l'agroalimentaire, le papier, l'extraction minière et la construction navale. Mais ce sont vraiment les activités touristiques (la ville est la première destination en Amérique du Sud), bancaires et audiovisuelles (troisième producteur mondial après les États-Unis et le Japon dans le domaine du télévisuel) qui sont le fer de lance de l'économie carioca.
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Le maire de la ville, Marcelo Crivella (Parti républicain brésilien - conservateur), réduit à hauteur de 2,2 milliards de réais (environ 500 millions d’euros) les investissements dans le secteur de la santé depuis son entrée en fonction, en 2017. La situation des hôpitaux est critique en 2019, en raison du manque de matériel et de personnel soignant. Des patients atteints de maladies chroniques doivent parfois attendre des mois avant d’obtenir leurs traitements et les files d’attente aux urgences ne cessent de s’allonger[26].
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La situation financière de la ville est également des plus préoccupante : personnels soignants, fonctionnaires et employés d’entreprises prestataires de services des hôpitaux municipaux déclarent une grève en décembre 2019 en raison de salaires impayés. La mairie décide alors d'entrée en cessation de paiements « jusqu’à nouvel ordre ». La mesure serait « ponctuelle » et pourrait « être annulée à tout moment », selon les autorités[26].
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D'après le parquet de Rio, le budget alloué aux dépenses publicitaires pour promouvoir la gestion de la municipalité ont presque doublé en 2019 par rapport à l’année précédente[26].
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La plupart des activités industrielles de l'État de Rio se concentrent dans la sidérurgie (Companhia Siderúrgica Nacional — à Volta Redonda), la métallurgie (Álcalis — à Arraial do Cabo), le raffinage du pétrole (raffinerie de Duque de Caxias ou celle de Petrobrás) ainsi que l'automobile (les usines de Volkswagen, à Resende et du groupe PSA, à Porto Real). En plus de ses grandes entreprises, implantées sur le territoire de l'État de Rio (on y dit territoire fluminense), d'autres sociétés de moindre importance, mais essentielles au développement de la région se sont implantées à Rio. Ainsi, les entreprises pharmaceutiques, des transports, de presse et d'imprimerie (Globo), du ciment, de verre ou encore de textile sont les plus compétitives non seulement dans la région mais également à l'échelle nationale.
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De nos jours, l'agriculture est une activité peu développée à Rio, tant en volume qu'en valeur. Le phénomène de modernisation agricole à partir des années 1970 dans le pays modifia la nécessité du développement de l'économie primaire.
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Toutefois, la principale activité agricole est la culture de la canne à sucre, au nord du État du Rio, à la ville de Campos. La culture de la tomate, du riz, de la fève, du maïs, de la pomme de terre, de l'orange et de la banane contribuent également à l'économie locale. Pour des raisons stratégiques, la ville de Rio semble avoir misé sur le développement du tourisme et des industries secondaires.
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Les principaux produits minéraux extraits sont les sels marins, le calcaire et le marbre. En 1974, du pétrole fut découvert sur le littoral et dans les eaux profondes au large de la baie de Guanabara. D'importantes installations de plates-formes off-shore pétrolières ont été aménagées alors dans la région. Aujourd'hui, la grande région métropolitaine carioca est la région la plus productive en matière de pétrole au pays, représentant ainsi environ 65 % de la production nationale de pétrole exploité par la compagnie nationale Petrobras. Avec ses 52 600 m3 et ses techniques de forage en profondeur détenant des records (près de 2 km), sa capacité de plus de 330 000 barils par jour, ce site est le plus compétitif du pays.
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La ville de Rio de Janeiro, ainsi que celle de São Paulo, sont parmi les plus avancées dans le domaine de l'éducation. De nombreuses grandes écoles et universités nationales ont choisi de s'implanter à Rio telles que l’université fédérale de Rio de Janeiro, la plus grande du pays[27].
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Le Pain de Sucre est un pic rocheux à l'altitude de 395 mètres et à la forme si singulière qui a toujours été le symbole de Rio. Les Indigènes l'appelaient autrefois Pau-nd-Acuqua, ce qui signifie « haut promontoire pointu et isolé ». Pour les Portugais cela sonnait comme pão de açúcar, et le pic lui-même leur rappelait la forme de ces moules d'argile utilisés pour faire des pains de sucre. Le nom portugais est resté. À l'ouest, on peut découvrir des panoramas de toute beauté, où s'étendent les plages de Leme, Copacabana, Ipanema et Leblon, bordées par les montagnes. À vos pieds, vous apercevrez les quartiers de Botafogo et de Flamengo avec le Corcovado surmonté du Christ Rédempteur. Quelle que soit l'heure, la vue depuis le Pain de Sucre est splendide.
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La célèbre statue du Christ Rédempteur (Cristo Redentor), bras en croix, se dresse sur le pic du Corcovado d'une hauteur de 710 mètres et que l'on peut apercevoir de tous les quartiers de Rio. La statue mesure 38 mètres de haut. De simple monument religieux à ses débuts, elle est devenue au fil des ans un des emblèmes reconnus internationalement de la ville. L'œuvre, datant de 1931, est due à la collaboration du sculpteur français Paul Landowski et de l'architecte brésilien Heitor da Silva Costa. En 2007, la statue du Christ Rédempteur a été choisie comme l'une des Sept nouvelles merveilles du monde[28] par des internautes allant voter sur un site web indépendant et par téléphone ; le soutien à la candidature brésilienne à cette élection avait fait l'objet d'une campagne de soutien privée puis publique[b],[c]. Autour du Corcovado s'étend la magnifique forêt de Tijuca qui s'avance presque jusqu'au cœur même de la ville.
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Copacabana et son prolongement au nord, le Leme, avec ses six kilomètres de longueur qui décrivent une courbe parfaite reste certainement la plage préférée des étrangers. C'est dans les années 1920 qu'elle acquit sa notoriété, avec la construction, en 1923 du prestigieux Copacabana Palace, le seul hôtel de luxe de toute l'Amérique latine à l'époque. En été, sa population se compte par centaines de milliers. Les vendeurs de boissons, de lotions solaires, de chapeaux, de sandales et de cerfs-volants arpentent la plage à longueur de journée.
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La plage d'Ipanema se situe dans le quartier résidentiel le plus sélect de la ville. Aujourd'hui, Ipanema est le centre de la mode et de la sophistication. Les plus luxueuses boutiques de Rio bordent les rues d'Ipanema et de Leblon. La plage d'Ipanema, moins étendue que celle de Copacabana, est le lieu de rendez-vous de la jeunesse dorée de Rio (Poste 9) et de la communauté homosexuelle. Moins animée et moins bruyante que Copacabana, Ipanema est sans doute la plus romantique des vingt-cinq plages que compte Rio.
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Au sud d'Ipanema, s'étendent des plages plus isolées et donc mieux préservées que les autres. São Conrado s'y situe dans une anse cernée de toutes parts par des montagnes recouvertes d'une dense végétation. C'est là que s'élève le Pedra da Gávea, un énorme bloc de granit bien plus impressionnant par sa forme et par sa taille, avec ses 842 mètres, que le célèbre Pain de Sucre. La plage jouit d'une certaine popularité auprès de la jeunesse de Rio, les jeunes des favelas et les intellectuels s'y retrouvant sur un territoire où la police ne venait jamais avant la création des Unite de Police Pacificatrice. Avec ses dix-huit kilomètres de long, la plage de Barra da Tijuca est à la fois la plus longue, mais aussi la moins fréquentée de Rio pendant la semaine. À l'extrémité de Barra, la petite plage de Recreio dos Bandeirantes s'étire à l'abri d'une jetée naturelle qui forme une véritable baie miniature. Du Recreio, une route grimpe dans la montagne avant de redescendre vers la plage de Prainha, fréquentée par les surfeurs, puis celle de Grumari, merveilleusement isolée.
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La montagne de Pedra da Gávea culmine à près de 900 mètres d'altitude. Elle surplombe les longues plages de sable fin. On y accède après le Jardin botanique de Rio de Janeiro. On y pratique des sports aériens tels que le parapente depuis le sommet dénudé.
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La Pedra da Gávea est célèbre pour la forme particulière de sa falaise, qui ressemble à une immense tête sculptée à même la roche.
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Le quartier de Santa Teresa, aux ruelles pavées et tortueuses, avec ses vues spectaculaires sur la baie, est certainement l'un des plus pittoresques de Rio. La manière la plus attrayante d'y accéder est de prendre le célèbre bonde elétrico (« tramways ») construit en 1896. Santa Teresa offre de nombreux points de vue de toute beauté. Au deuxième arrêt du tramway, par exemple, on découvrira un panorama splendide sur la baie de Guanabara.
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Cette petite formation montagneuse de 220 mètres d'altitude se situe à l'entrée de la Baie de Guanabara. On peut y admirer d'anciens forts et établissements coloniaux des XVIe et XVIIe siècles, devenus des musées. La colline offre également une vue formidable sur la baie de Guanabara et propose un téléphérique qui permet de se rendre jusqu'au Pain de Sucre.
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La plus grande forêt urbaine du monde, avec une superficie d’environ 3 200 hectares, regroupe des centaines d’espèces de la faune et de la flore que l’on ne trouve que dans la « Mata Atlantica » et dont plusieurs sont en voie de disparition.
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Située dans le cœur de la ville, à quelques minutes de la plupart des quartiers de Rio, ses nombreux sites historiques méritent une visite : la cascatinha (petite cascade), la chapelle Mayrink, le Mirador Excelsior, le Baracão, la grotte Paulo et Virginia, le lac des fées et l’étang des solitudes. La forêt, qui se trouve à une altitude variant de 100 à 1 020 mètres, est le réservoir de fraîcheur de Rio. La température y oscille de 7 °C en hiver à 25 °C au plus fort de la canicule.
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Au XIXe siècle il y avait une plantation de café qui assécha pratiquement les ruisseaux qui alimentaient la ville. Alors, l'Empereur Pedro II chargea un officier de l'armée, le major Manuel Gomes Archer, de refaire la forêt primaire. Ce travail, commencé en 1861, lui a pris 13 années. Cent mille arbres de variétés typiques y ont été plantés. Avec le temps, la forêt a été restaurée dans ce qui est l'un des plus anciens et brillants faits de conservation de terrain du monde et une bonne partie de Rio dépend de ses cours d'eau aujourd'hui. Elle est parc national depuis 1961.
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Chacun des 141 hectares du jardin botanique héberge des spécimens de la flore brésilienne et mondiale. Les Palmiers Impériaux, principale attraction du jardin, ont été semés sous les ordres du prince régent João VI en 1809. Des arbres séculaires se mélangent à des orchidées, des victorias, des broméliacées, des flamboyants et à une végétation tropicale exubérante avec plus de 235 000 plantes et 5 000 espèces d'arbres. On peut y voir une collection de cactus américains, une serre de plantes carnivores, un pavillon de quatre cents fougères, une forêt de bambous… C’est naturellement qu’il est devenu l‘endroit préféré des amoureux.
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Le sambodrome Marquês de Sapucaí (Sambódromo - Marquês de Sapucaí), bordé de gradins en béton, fut construit en 1984 pour accueillir le prestigieux carnaval de Rio, qui avait lieu auparavant dans les rues de la ville, le plus souvent sur l'avenue Presidente Vargas. Dessinée par l'architecte Oscar Niemeyer, l'avenue Marquês de Sapucaí, d'habitude ouverte à la circulation, se transforme pour quelques jours en la passarela do samba et voit défiler les plus prestigieuses écoles de samba de Rio de Janeiro.
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Rio possède trente-six kilomètres de plages.
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Il en existe plus de trente, dont certains ne présentent que des collections très spécialisées, comme le musée de la Pharmacie, du Port, de la Presse ou encore de la Carpologia (science des fruits comestibles).
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Ce palais peint en rose, couleur emblématique des constructions impériales, est l'un des plus vieux édifices de Rio. Tour à tour forteresse (ses souterrains servirent de prison aux esclaves noirs au XVIIe et XVIIIe siècles), arsenal, fabrique d'armement, siège de l'académie militaire, il ne fut transformé en musée qu'en 1922. Ses collections, réparties sur quatorze salles, retracent l'histoire du Brésil impérial (XIXe siècle). Il dispose d'une bibliothèque de 70 000 volumes.
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Situé dans le parc de Quinta de Boa Vista, promenade dominicale des cariocas des faubourgs, cet ancien palais fut autrefois la demeure de Joao VI et de la famille impériale, jusqu'à la proclamation de la république en 1889. Il renferme la plus grande collection scientifique du Brésil : zoologie, minéralogie, archéologie, ethnologie. On peut y voir la météorite tombée dans l'État de Bahia en 1888, le Bendego, qui pèse 5 300 kilos ainsi qu'une curieuse momie de femme égyptienne : ses jambes sont recouvertes séparément de bandelettes (traditonnellement, le corps est enveloppé d'une seule pièce). Autour d'elle, une foule marmonne constamment des prières ; la momie suscite chez les adeptes du rite umbanda beaucoup de dévotion. D'autres collections se rapportent à la flore et à la faune amazoniennes et aux tribus indiennes (plus de cent quarante dont beaucoup ont disparu).
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Le 2 septembre 2018, le musée est ravagé par un incendie qui a gagné des centaines des salles et détruit toutes les archives historiques[29].
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Plus grande collection d'art de Rio, elle présente des tableaux des écoles italienne, flamande, espagnole, portugaise, anglaise et péruvienne des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. La galerie brésilienne présente elle des peintures de l'époque coloniale, du XIXe siècle et du XXe siècle : Portinari, Di Cavalcanti, Pancetti (pt), Anita Malfatti, Alfredo Volpi, Manabu Mabe et Djanira (pt).
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Le Musée de Demain est inauguré le 17 décembre 2015. Situé au bord de la baie de Guanabara, le bâtiment l'abritant a été conçu par l'architecte Santiago Calatrava Valls. Il est consacré à la création de l'Univers et à l'avenir de l'humanité.
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Bien que Rio ait été, de 1763 à 1960, la capitale du plus grand pays catholique du monde, il n'y subsiste que peu d'églises baroques.
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Rio de Janeiro comporte 56 gratte-ciels dont le plus ancien remonte aux années 1940.
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La presse souligne fréquemment les importantes difficultés de la ville de Rio en matière de sécurité des personnes, habitants ou touristes[30],[31].
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Les violences policières sont, tout autant, dénoncées[32]. La ville de Rio figurait, en 2011, parmi les 10 villes les plus dangereuses de la planète[réf. souhaitée] notamment en raison de son taux d'homicide élevé et de la guerre entre la police et les gangs pour le contrôle des favélas.
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Des hommes de main du groupe criminel de Rio das Pedras, dans la zone ouest de la ville, seraient les assassins de la conseillère municipale de gauche Marielle Franco, dans la nuit du 14 mars 2018[33].
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Durant les mois de janvier et février 2019, 305 homicides « dus à l’intervention d’un agent de l’État » – policier ou militaire – ont été recensés par l’Institut de sécurité publique (ISP), ce qui représente une augmentation de 18 % par rapport à la même période l'année précédente. Les policiers et militaires sont responsables d'un quart des homicides perpétrés dans la ville[33].
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En 2019, le gouverneur Wilson Witzel décide de recourir à des snipers autorisés à tirer à vue sur les trafiquants de drogue dans les quartiers pauvres[34].
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Les déplacements urbains sont principalement réalisés en voiture, en taxi et en autobus. La ville est dotée de deux lignes de métro totalisant 38 km ainsi qu'un réseau de train urbain, SuperVia, avec un réseau de plus de 264 km. Elle est desservie par les aéroports internationaux Santos-Dumont et Galeão ayant des liaisons quotidiennes avec les grandes capitales mondiales ainsi que l'important pont aérien entre Rio de Janeiro et São Paulo et les nombreux vols intérieurs (Brasilia, Belo Horizonte, Recife, Manaus, Salvador de Bahia, Porto Alegre).
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L'agglomération possède trois aéroports civils :
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Elle possède également trois aéroports militaires :
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Le métro de Rio fut ouvert au public en 1979. Ses deux lignes qui desservent 33 stations (pt) totalisent 38 kilomètres, dont dix kilomètres ne sont pas souterrains :
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En juin 2010, la construction de la ligne 4 a commencé. Elle relie Ipanema au quartier Barra da Tijuca. Il s'agit d'un projet en vue des Jeux olympiques d'été de 2016, dont les compétitions sportives sont basées en grande partie à La Barra da Tijuca. Le terminus a pour nom Jardim Oceanico[35]. Sur son trajet, la ligne permet également de desservir d'autres quartiers de la zone sud de Rio de Janeiro : Leblon, Gávea, São Conrado et Rocinha.
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Depuis 2014, la Gare Central do Brasil est reliée par le téléphérique de Providência (pt) à la favela Morro da Providência (pt).
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La ville possède deux réseaux de tramway :
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Le projet d'une LGV Rio de Janeiro à São Paulo et Campinas annoncé en 2007 est encore à l'état de projet en décembre 2017.
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Importé d'Angleterre par un étudiant brésilien, Oscar Cox, le football va déchaîner les passions. Témoin les 1 280 buts du « roi Pelé », véritable artiste du ballon rond, meilleur joueur mondial du siècle. La ville abrite également le célèbre stade du Maracanã, qui est en cours de modernisation.
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Le premier club de football fondé à Rio est le Fluminense FC (1902). D'autres clubs de la ville trustent régulièrement les premières places du championnat national: CR Flamengo, Botafogo FR, Vasco de Gama. Enfin, d'autre équipes cariocas prennent souvent part aux divisions inférieures brésiliennes: Madureira EC, Bangu AC, AA Portuguesa-RJ, Bonsucesso FC et America FC-RJ.
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Après s'être portée candidate comme ville hôte pour les jeux olympiques de 2012, la ville a décroché l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2016, lors d'un vote le 2 octobre 2009 à Copenhague. Les jeux olympiques ont eu lieu à Rio du 5 au 21 août 2016 sur les différents sites proposés au comité olympique. Mais, le 18 juin 2016, à deux mois des Jeux, l'État de Rio (qui est a la charge de ces Jeux) est en déficit de 5 milliards de dollars américains. Les Jeux ont finalement lieu sans problème majeur.
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La ville de Rio de Janeiro a accueilli en 2007 les quinzièmes jeux panaméricains, et s'est donc dotée de nouvelles infrastructures sportives qui seront réutilisées pour les futurs jeux olympiques.
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Le Brésil est le pays accueillant la quatrième Coupe du monde de football de 1950 du 24 juin au 16 juillet 1950, bien que ne comportant pas de finale à proprement parler — un mini championnat à quatre termine en effet l'épreuve —le match décisif qui fait office de finale voit s'opposer le Brésil et l'Uruguay au stade du Maracanã de Rio. Le Brésil a ensuite été le pays organisateur de la Coupe du monde de football de 2014, douze villes du pays ont accueilli les différentes rencontres, dont Rio où les matchs ont eu lieu au Maracanã. La ville a également reçu les équipes souhaitant se qualifier pour le mondial entre 2011 et 2013.
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La ville de Rio de Janeiro accueille les championnats du monde de judo de 2015.
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Les Cariocas, résidents ou natifs de la ville de Rio de Janeiro, ont participé activement au développement de l'histoire, de la culture, de la musique, de la littérature, de l'éducation, de la science ou encore des technologies du Brésil. Une panoplie d'innovations culturelles et scientifiques, surtout à l'époque où la ville était la capitale fédérale brésilienne, ont été possibles grâce à l'apport de ces Cariocas :
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En 1977, Claude François sort la chanson Je vais à Rio.
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Saint Sébastien est le Saint patron de Rio de Janeiro.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Ville historique d'Ouro Preto (1980) · Centre historique de la ville d'Olinda (1982) · Missions jésuites des Guaranis : ruines de São Miguel Arcanjo (1984) · Centre historique de Salvador de Bahia (1985) · Sanctuaire du Bon Jésus à Congonhas (1985) · Brasilia (1987) · Parc national de Serra da Capivara (1991) · Centre historique de São Luís (1997) · Centre historique de la ville de Diamantina (1999) · Centre historique de la ville de Goiás (2001) · Place São Francisco dans la ville de São Cristóvão (2010) · Rio de Janeiro, paysages cariocas entre les montagnes et la mer (2012) · Ensemble moderne de Pampulha (2016) · Site archéologique du quai de Valongo (2017)
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Parc national d'Iguaçu (1986) · Côte de la découverte – Réserves de la forêt atlantique (1999) · Forêt atlantique – Réserves du sud-est (1999) · Aire de conservation du Pantanal (2000) · Complexe de conservation de l'Amazonie centrale (2000) · Aires protégées du Cerrado : Parcs nationaux Chapada dos Veadeiros et Emas (2001) · Îles atlantiques brésiliennes : les Réserves de Fernando de Noronha et de l'atol das Rocas (2001)
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Paraty et Ilha Grande – culture et biodiversité (2019)
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Rio de Janeiro (/ˈʁi.u d(ʒi) ʒɐˈnejɾu/[2]), souvent désignée simplement sous le nom de Rio (on disait aussi Riogénaire en français au XIXe siècle[3]), est la deuxième plus grande ville du Brésil après São Paulo. Située dans le Sud-Est du pays, elle est la capitale de l'État de Rio de Janeiro. Avec ses 6,1 millions d'habitants intra-muros (communément appelés Cariocas, la variante Carioques existant aussi en français) et 12,62 millions dans l'aire urbaine, Rio de Janeiro est l'une des métropoles les plus importantes du continent américain.
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Elle est mondialement connue pour son carnaval, ses plages (Copacabana, Leblon et Ipanema) ainsi que sa statue du Christ Rédempteur au sommet du Corcovado. Elle fut capitale du Royaume-Uni de Portugal, du Brésil et des Algarves, à la suite de la fuite de la cour portugaise lors de l'invasion des troupes napoléoniennes (1808-1821), puis de l'Empire du Brésil (1822-1889), de la República Velha (1889-1930), de l’Estado Novo (1937-1945) et du début de la Deuxième République jusqu'en 1960.
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La ville a accueilli les Journées mondiales de la jeunesse 2013, les finales des Coupes du monde de football de 1950 et de 2014 et enfin, en 2016, les Jeux olympiques d'été.
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Rio de Janeiro désigne à l'origine la baie de Guanabara, découverte le 1er janvier 1502 par Gaspar de Lemos et Gonçalo Coelho[4], capitaines de la flotte de l'explorateur portugais Pedro Álvares Cabral, découvreur du Brésil.
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Selon certains historiens[5], le nom initial était Ria de Janeiro « baie de janvier », puis une confusion se produisit entre le mot ria, qui à l'époque pouvait désigner une baie ou un bras de mer, et rio « rivière ». Par la suite, le nom de la baie était fixé sous la forme Rio de Janeiro « rivière de janvier ». Selon d'autres, c'est Amerigo Vespucci qui, lors de son 3e voyage d'exploration en Amérique du Sud aurait pris la baie de Guanabara pour l'embouchure d'un fleuve auquel il attribua le nom du mois[6],[7].
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Les habitants de la ville sont des « cariocas », venant du tupi[8] et signifiant « maison des hommes blancs », contraction des mots kara’iwa, « hommes blancs » et oka, « maison ». Les habitants de l'État de Rio de Janeiro, sont eux des « fluminenses ».
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Le littoral de l'État actuel de Rio de Janeiro a été habité initialement par des Amérindiens du groupe linguistique macro-jê. Vers l'an 1000, la région est conquise par des locuteurs d'une langue tupi, provenant de l'Amazone. Les Tamoios, aussi connus comme Tupinamba, vivent autour de la baie de Guanabara au XVIe siècle, lorsque les Portugais arrivent dans la région[9].
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Le site actuel de la ville de Rio de Janeiro fut découvert le 1er janvier 1502 par un des explorateurs portugais Gaspar de Lemos et Gonçalo Coelho[10], accompagné par Amerigo Vespucci qui donne lui-même le nom du lieu[11].
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À cette époque, le site était habité par des Amerindiens Tamoyos qui établirent rapidement un commerce de troc avec les Européens. D'importantes relations commerciales se développèrent, notamment grâce à la profusion d'arbres « couleur de braise », le « Pau Brasil » ou « brasa » (le Brésil en français). Les relations entre Amérindiens et Portugais n'étaient toutefois pas toujours pacifiques, les Portugais ayant la coutume de prendre les Amérindiens pour en faire des esclaves. En outre, certaines tribus organisaient souvent des rites anthropophagiques. De plus, les Amérindiens commerçaient également avec les Français qui portaient des visées coloniales au Brésil.
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Durant le XVIe siècle, de fréquentes attaques menées par les pirates et les corsaires français ravagèrent une partie de la région. En 1555, l'amiral Villegagnon reçut le commandement de la flotte mise à la disposition de Gaspard de Coligny par Henri II pour installer une colonie protestante au Brésil où les protestants français pourraient exercer librement leur religion. Villegagnon construisit le Fort Coligny et s'installa sur une île, dans la baie de Guanabara, qu'il appela la France antarctique. De nos jours, cette île, où se situe le bâtiment de l'École de la Marine de Guerre brésilienne, s'appelle encore « ilha de Vilegagnon ».
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Toutefois, les Portugais voulant à tout prix empêcher des établissements étrangers sur son territoire, le roi portugais envoya un chevalier, Mem de Sá, afin d'expulser les Français. Ils détruisent le Fort-Coligny et les Français sont chassés de la baie de Guanabara — mais restent dans la région. Seulement en 1565, après deux années de luttes entre les flottes des deux pays, Estácio de Sá, un neveu de Mem, fonda la ville telle qu'on la connaît aujourd'hui. Les Français resteront dans la région de Rio de Janeiro jusqu'en 1572, date des derniers combats qui eurent lieu à Cabo Frio.
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La victoire du chevalier portugais Estácio de Sá, le 1er mars 1565, marque la fondation de la ville de « São Sebastião do Rio de Janeiro » (« saint Sébastien du fleuve de janvier ») en l'honneur du roi Sébastien Ier de Portugal et du saint fêté le jour de sa naissance. Saint Sébastien qui reste le patron de la ville est fêté chaque année.
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Vers la fin du XVIe siècle, la couronne portugaise traita le village comme une position stratégique pour le transit atlantique des navires entre le Brésil, les colonies africaines et l'Europe. Plusieurs forteresses furent construites et une alliance fut convenue avec les tribus indigènes pour défendre les colonies des invasions. On fonda, par exemple, dans le voisinage de Rio, Niterói, afin de veiller à la défense de la cité. Les quais de Rio et le Morro do Castelo (pt) (« colline du château », en français), dont le château imitait les châteaux fortifiés médiévaux, formèrent les premières grandes défenses de la ville. Rio de Janeiro était réellement menacé par les nombreuses invasions des flibustiers français et hollandais.
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En effet le 21 septembre 1711, alors que la France est en pleine guerre de Succession d'Espagne (le Portugal est alors allié de l'Angleterre en lutte contre la France), René Duguay-Trouin, à la tête d'une expédition de quinze navires et 6 000 hommes, s'empare de la ville de Rio de Janeiro. Les fortifications de cette place paraissaient inexpugnables : en effet, la ville était défendue par sept vaisseaux de guerre, sept forts et 12 000 hommes. Il débarqua, incendia l'escadre portugaise, força le gouverneur à la capitulation, obligea la ville à payer de lourdes rançons et à libérer 1 000 prisonniers français (capturés lors d'une première bataille l'année précédente).
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La ville connut son essor pendant le XVIIIe siècle avec la découverte d'or et de diamants dans la région voisine du Minas Gerais vers 1700, devenant un site portuaire plus utile pour l'exportation des richesses que Salvador de Bahia. C'est donc pour des raisons logistiques que l'administration coloniale portugaise en Amérique s'établit en 1763 à Rio qui devint la capitale du Brésil à la place de Salvador de Bahia.
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La ville demeura une capitale coloniale jusqu'en 1808. En raison de l'invasion des troupes de Napoléon au Portugal, la famille royale portugaise (la reine Marie Ire, le prince Jean et son fils Pierre) et la plupart des nobles de Lisbonne fuirent au Brésil et s'installèrent à Rio de Janeiro. La capitale du royaume portugais fut donc transférée de Lisbonne à Rio de Janeiro, qui devint ainsi l'unique capitale européenne située à l'extérieur du continent européen. L'arrivée soudaine de centaines de nobles portugais entraîna un manque d'espace physique et de structure urbaine, et eut comme conséquence le renvoi des habitants de leur propre logement. Bien qu'ils fussent majoritairement repartis au Portugal en 1821, les nobles portugais ouvrirent davantage le port de Rio (et le Brésil) au marché international (notamment britannique). Le Brésil fut élevé par ailleurs au statut de Royaume uni à la couronne du Portugal[12],[13].
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Le 7 septembre 1822, le prince régent Pierre Ier (qui deviendra plus tard Pierre IV du Portugal) proclama l'indépendance de l'empire du Brésil et conserva Rio de Janeiro comme capitale. La couronne restant entre les mains de la maison royale des Bragance, cet événement tenait plus du partage en deux de l'Empire portugais que d'un véritable mouvement indépendant comme on pouvait en voir en Amérique du Sud à la même époque. La monarchie, s'appuyant sur le peuple pour contrebalancer les riches latifundiaires brésiliens, devint constitutionnelle en 1824. En 1831, sous la pression des élites propriétaires, l'empereur Pierre Ier abdique en faveur de son fils, alors âgé de cinq ans. Pierre II s'engagea dès les années 1850 à lutter contre l'esclavage, dont il interdit la pratique. La culture du café prit de l'ampleur et augmenta l'importance des propriétaires terriens, notamment ceux de São Paulo. Sous son règne, Rio profita de développements majeurs en matière de gaz, de plomberie, de barrages hydroélectriques, de téléphone et de télégraphe. Continuant à lutter contre l'esclavagisme, l'Empire proclama en 1871 que les enfants d'esclaves seraient désormais libres à la naissance. L'esclavage brésilien fut donc condamné à long terme. Cependant, la loi dite « Áurea » (« loi d'or ») de 1888 de la princesse Isabelle, la fille de Pierre II, abolissant totalement l'esclavage au Brésil, souleva la résistance des propriétaires, qui s'engagèrent alors dans une lutte armée pour renverser le régime. La libération des esclaves entraîna une importante migration depuis les campagnes vers les villes. La première favela (« bidonville » en français) de Rio fut construite sur les hauteurs du Morro da Providência (pt) (« colline de la Providence »). Ses habitants étaient pour la plupart des militaires noirs qui s'étaient battus pour leur liberté à Salvador de Bahia et qui tentèrent de profiter des opportunités qu'offrait Rio.
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Les propriétaires terriens renversent l'empereur Pierre II et son empire en 1889. Après ce coup d'État, la République, sous la présidence du maréchal Deodoro da Fonseca, fut aux mains des classes dirigeantes détenant le pouvoir économique et qui refusaient l'organisation d'élections libres et maintenaient par la force leur emprise politique. Ils gardèrent Rio de Janeiro comme capitale. Cette république qui perdura de 1889 à 1930, est communément appelée « république café com leite » (« café au lait » en français) puisqu'elle s'appuyait sur les industries cafetières de São Paulo et laitières-bovines du Minas Gerais, la fin de l'esclavage ayant entraîné une diminution du pouvoir de l'industrie sucrière du Nord-Est (Nordeste) au profit de l'industrie cafetière du Sud-Est et de l'État de São Paulo. D'ailleurs celui-ci monopolisa le pouvoir central oligarchique, mené par les grands propriétaires, dans laquelle la classe moyenne grandissante poussa au changement. En 1917, le Brésil s'allia aux puissances de la Triple-Entente lors de la Première Guerre mondiale. L'accroissement du commerce permit l'agrandissement d'une classe moyenne mais qui resta soumise à l'oligarchie cafetière, mais s'y opposant sur les questions sociales et politiques. Le renouveau économique d'après guerre ne dura pas longtemps au Brésil. La crise économique éclata en 1922 et des grèves populaires eurent lieu en 1924 ainsi que des manifestations dans la ville de Rio. La République café au lait répondit par l'établissement de la loi martiale. La crise de 1929, ruinant ses marchés extérieurs, dévasta le pays et sema le discrédit sur l'oligarchie propriétaire et son gouvernement.
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La république fut renversée par le coup d'État du 4 octobre 1930 qui voit l'arrivée au pouvoir de Getúlio Vargas en qualité de nouveau président de la République dès 1934. Cet événement permit la montée de la classe moyenne. Vargas établit un État et exécutif fort, plus centralisé, engagea le pays dans le droit de vote universel, le vote des femmes, et le vote à bulletin secret. Il devint dictateur en 1937 et, après avoir soutenu les puissances de l'Axe durant la Seconde Guerre mondiale, le Brésil cédera à la pression des États-Unis et s'engagera au côté des Alliés en envoyant un corps expéditionnaire durant la reconquête de l'Italie (bataille du mont Cassin). Il abandonna le pouvoir en 1945. Cependant, plusieurs dirigeants nazis trouvèrent refuge au Brésil, et dans la ville de Rio plus précisément, afin d'éviter le procès de Nuremberg. Vargas parvint à revenir au pouvoir de 1951 à 1954. Accusé, discrédité et acculé, il se suicida à Rio de Janeiro.
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En 1955, Juscelino Kubitschek fut élu président du Brésil. Une de ses promesses électorales était de bâtir une nouvelle capitale, projet qui avait été maintes fois proposé mais qui avait toujours été ajourné. Il lança donc le projet de Brasilia comme capitale censée devenir la vitrine moderne de la destinée du Brésil, afin de mettre fin à la rivalité historique entre Rio de Janeiro (capitale politique et culturelle) et São Paulo (capitale économique). Kubitschek fit construire cette nouvelle ville mais le coût fut énorme. Le 21 avril 1960, la capitale du Brésil fut officiellement transférée de Rio de Janeiro à Brasilia.
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En 1960, la ville de Rio devint la capitale de l'État de Guanabara. Cependant, pour des raisons à la fois administratives et politiques, un décret présidentiel d'Ernesto Geisel, connu sous le nom de « fusão » (« fusion » en français), remplaça le statut fédératif de la ville et l'intégra à l'État de Rio de Janeiro en 1975. Encore aujourd'hui, certains Cariocas réclament un retour à l'autonomie municipale.
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Même si Rio a perdu, de nos jours, la place que jadis elle a occupée en matière politique et économique, elle demeure la vitrine touristique et culturelle du Brésil. En 2013, la ville a accueilli les Journées mondiales de la jeunesse, puis en 2014 elle accueille la finale de la Coupe du monde de football et enfin, en 2016, les Jeux olympiques d'été. Ces évènements s'accompagnent de grands travaux d'infrastructures, de réhabilitation de certains quartiers, certaines favelas sont « pacifiées » (reprises en main par la police et l'armée). Mais le coût de tels travaux ainsi que l'absence de concertation ont suscité des protestations de la population, comme au printemps 2013.
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La ville est localisée au sud du craton de São Francisco, dans le bouclier Atlantique (en). Ce bouclier a subi plusieurs bouleversements tectoniques qui ont résulté en collines, montagnes et vallées qui caractérisent la côte de Rio. Cette tectonique est attribuée à plusieurs cycles orogéniques marqués par un plutonisme de granites[14]. Le « Pão de açucar » (le « Pain de Sucre ») et le « Corcovado » sont de bons exemples du résultat de ces mouvements tectoniques avec la mise en place de pitons de granite désquamés.
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Près de 25 % de la population, soit 1,5 million de personnes, vit dans des bidonvilles, appelés favelas au Brésil[15]. Les favelas poussent à un rythme soutenu car elles regroupent la population la plus pauvre composée des nouveaux arrivants, de familles sans travail, de marginaux mais aussi et surtout de travailleurs pauvres. C'est donc le point de chute de tous ceux qui n'ont pas accès aux logements sociaux. « Les habitants des favelas sont la main-d’œuvre de Rio, et servent de travailleurs informels, femmes de ménage, caissières, ouvriers journaliers, vendeurs de rue… »[16].
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Leurs habitats, souvent concentrés sur les pentes escarpées des collines, est un amalgame de matériaux de fortune récupérés sur les dépôts d'ordures au fur et à mesure des besoins. Cette situation engendre de nombreux accidents lors des glissements de terrains faisant suite la plupart du temps à de fortes précipitations. Celles-ci minent les fondations et font alors glisser des blocs entiers de maisons.
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La plupart des maisons des favelas ont deux ou trois pièces, avec cinq à huit habitants. L'insalubrité de certaines habitations pose aussi problème : « Dans la favela, la plupart des maisons ont peu de fenêtres, ce qui empêche une bonne circulation de l'air, l'entrée de la lumière du jour et favorise la propagation de maladies respiratoires », souligne Patricia Canto, pneumologue de l'École Nationale de Santé Publique de Rio[15].
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Leur apparence chaotique cache pourtant une organisation précise et très hiérarchisée de l'espace, des règles et des usages. Le pouvoir étant souvent entre les mains des gangs et des narcotrafiquants qui y ont élu domicile ou de milices parapolicières. De ce fait, les favelas sont aussi le théâtre de violences, souvent dues au trafic de drogue et à des guerres de gangs. Ville dans la ville, la favela fait peur à qui ne l'habite pas. Cependant, depuis que le Brésil s'est vu offrir l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014 et celui des Jeux olympiques d'été de 2016 pour la ville de Rio, les pouvoirs publics brésiliens ont décidé d'utiliser des moyens militaires pour déloger les narcotrafiquants avec un certain succès, comme notamment à Vila Cruzeiro (pt) à Rio en novembre 2010[17].
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Des 968 favelas de Rio[18], Ladeira dos Tabajaras, Santa Marta (pt), Mangueira (pt), Morro do Borel, Cidade de Deus, Vidigal, Rocinha et Bento Ribeiro sont les plus connues.
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Le 12 avril 2019, 22 personnes meurent dans l'effondrement de deux immeubles dans le quartier populaire de Muzema[19].
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La ville de Rio est située dans la zone tropicale. En effet, le tropique du Capricorne se situe seulement à quelques degrés au sud de Rio. Le climat y est tropical de savane avec hiver sec avec certains changements locaux dus à l'altitude. Il est classé Aw dans la classification de Köppen car toutes les températures mensuelles moyennes sont supérieures à 18 °C. De plus, les précipitations du mois le plus sec sont inférieures à 60,0 mm et à [100 - (précipitations annuelles mensuelles)/25]. En effet les mois de juillet et août sont les plus secs avec 40,0 mm et leurs précipitations sont inférieures à (100 - 1 090,0 mm / 25) soit 56,4.
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La température annuelle moyenne est de 24 °C et les précipitations sont d'environ 1 200 mm par an. La ville se situant dans l'hémisphère sud, la saison estivale dure de décembre à mars et est plus humide que la saison hivernale qui, elle, dure de juin à septembre.
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Les forêts tropicales recouvrent plus de 90 % du territoire de Rio. Une grande proportion de ce territoire fut dévastée par l'urbanisation et les plantations (café, sucre). Les rares sites préservés de toute trace humaine se trouvent en général sur les pics des chaînes de montagnes. La ville de Rio jouit également de la plus grande forêt urbaine du monde[20]. La « Floresta da Tijuca », un vestige de la Forêt atlantique (Mata atlântica), fut préservée à l'intérieur même de la ville. La rivière la plus importante de Rio est la « Paraíba do Sul » qui provient de São Paulo et qui marque la frontière entre l'État de Rio de Janeiro et celui du Minas Gerais.
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La baie de Guanabara est profonde de trente kilomètres. Son entrée est gardée par deux forts des XVIIe et XIXe siècles. Il est facile de traverser la baie de Guanabara pour se rendre à Niterói ou dans les îles, d'où l'on découvre une vue magnifique de la ville de Rio et des montagnes luxuriantes qui la sertissent. L'étape la plus intéressante est l'île de Paquetá, une des 84 îles de la baie, où le paysage n'a pas changé depuis le XIXe siècle. Dans cette île, les voitures ne sont pas autorisées. La plus grande de toutes est l'Ilha do Governador ("Île du Gouverneur"), où est situé l'aéroport international Antônio Carlos Jobim.
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Rio est la plus grande ville du Brésil après São Paulo. Elle est la capitale de l'État de Rio de Janeiro qui se situe au sud-est du pays. Ses habitants (appelés Cariocas) sont environ 6 500 000 (selon les chiffres de 2017) et occupent un territoire de 1 256 km2. La région métropolitaine de la ville est estim��e entre 10 et 12 millions de personnes.
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Bien que la plupart des cariocas soient d'ascendance portugaise ou africaine, plusieurs vagues d'immigration ont contribué à constituer la population de l'ancienne capitale du Brésil. Ainsi, des communautés italiennes, libanaises, allemandes, espagnoles, juives ou encore japonaises coexistent dans ses différents quartiers.
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La Constitution interdit et condamne la discrimination raciale sous toutes ses formes. L’article 1er de la Constitution de 1988 précise que le Brésil « constitue un État démocratique de droit [qui] a pour fondements […] la dignité de la personne humaine ». De plus, l’article 5 de la Constitution précise même que la pratique du racisme constitue une infraction pour laquelle il ne sera autorisé aucune libération sous caution et entraînera une peine de réclusion.
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La population brésilienne dans son ensemble est sans doute la plus fervente du continent américain, 90 % de ses habitants déclarent pratiquer activement une religion et plus de 97 % qu'ils croient en un Dieu et une religion[24].
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Le catholicisme a été la principale religion du pays dès le XVIe siècle avec l'arrivée des Portugais et beaucoup d'églises construites par les colons existent toujours. En 2010, alors que les catholiques forment environ 63 %[réf. nécessaire] de la population du pays, seulement 50 % des habitants de Rio de Janeiro se disent catholiques[24].
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En 2011, la ville a été choisie par le pape Benoît XVI aux JMJ de Madrid pour accueillir les Journées mondiales de la jeunesse en 2013[25].
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Même si son poids économique ne surpasse pas celui de São Paulo, la ville de Rio demeure la seconde ville économique en importance du Brésil. Elle collabore pour un peu plus de 10 % du PIB brésilien. Elle représente donc le moteur de l'économie de l'État de Rio de Janeiro dont elle est la capitale.
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Le tourisme est une grande force économique, grâce aux plages de la ville de Rio mais aussi de l'État de Rio — à la « Região dos Lagos » (Cabo Frio, Búzios), au nord de la capitale ; ou à « Côte Verte » (Angra dos Reis, Paraty), au sud. À l'intérieur, à la montagne, les villes de Petrópolis, Nova Friburgo et Teresópolis sont les plus connues. Les villes de l'État de Rio ne sont pas plus loin qu'à 300 km de la capitale.
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Jouissant d'un grand potentiel touristique, l'État de Rio dispose également de parcs industriels performants. C'est également à quelques kilomètres de la capitale que se concentrent les plus grandes réserves pétrolières du pays (les villes de Campos et Macaé). De plus, la ville s'est spécialisée dans la métallurgie, la sidérurgie, la mécanique, la chimie, l'agroalimentaire, le papier, l'extraction minière et la construction navale. Mais ce sont vraiment les activités touristiques (la ville est la première destination en Amérique du Sud), bancaires et audiovisuelles (troisième producteur mondial après les États-Unis et le Japon dans le domaine du télévisuel) qui sont le fer de lance de l'économie carioca.
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Le maire de la ville, Marcelo Crivella (Parti républicain brésilien - conservateur), réduit à hauteur de 2,2 milliards de réais (environ 500 millions d’euros) les investissements dans le secteur de la santé depuis son entrée en fonction, en 2017. La situation des hôpitaux est critique en 2019, en raison du manque de matériel et de personnel soignant. Des patients atteints de maladies chroniques doivent parfois attendre des mois avant d’obtenir leurs traitements et les files d’attente aux urgences ne cessent de s’allonger[26].
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La situation financière de la ville est également des plus préoccupante : personnels soignants, fonctionnaires et employés d’entreprises prestataires de services des hôpitaux municipaux déclarent une grève en décembre 2019 en raison de salaires impayés. La mairie décide alors d'entrée en cessation de paiements « jusqu’à nouvel ordre ». La mesure serait « ponctuelle » et pourrait « être annulée à tout moment », selon les autorités[26].
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D'après le parquet de Rio, le budget alloué aux dépenses publicitaires pour promouvoir la gestion de la municipalité ont presque doublé en 2019 par rapport à l’année précédente[26].
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La plupart des activités industrielles de l'État de Rio se concentrent dans la sidérurgie (Companhia Siderúrgica Nacional — à Volta Redonda), la métallurgie (Álcalis — à Arraial do Cabo), le raffinage du pétrole (raffinerie de Duque de Caxias ou celle de Petrobrás) ainsi que l'automobile (les usines de Volkswagen, à Resende et du groupe PSA, à Porto Real). En plus de ses grandes entreprises, implantées sur le territoire de l'État de Rio (on y dit territoire fluminense), d'autres sociétés de moindre importance, mais essentielles au développement de la région se sont implantées à Rio. Ainsi, les entreprises pharmaceutiques, des transports, de presse et d'imprimerie (Globo), du ciment, de verre ou encore de textile sont les plus compétitives non seulement dans la région mais également à l'échelle nationale.
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De nos jours, l'agriculture est une activité peu développée à Rio, tant en volume qu'en valeur. Le phénomène de modernisation agricole à partir des années 1970 dans le pays modifia la nécessité du développement de l'économie primaire.
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Toutefois, la principale activité agricole est la culture de la canne à sucre, au nord du État du Rio, à la ville de Campos. La culture de la tomate, du riz, de la fève, du maïs, de la pomme de terre, de l'orange et de la banane contribuent également à l'économie locale. Pour des raisons stratégiques, la ville de Rio semble avoir misé sur le développement du tourisme et des industries secondaires.
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Les principaux produits minéraux extraits sont les sels marins, le calcaire et le marbre. En 1974, du pétrole fut découvert sur le littoral et dans les eaux profondes au large de la baie de Guanabara. D'importantes installations de plates-formes off-shore pétrolières ont été aménagées alors dans la région. Aujourd'hui, la grande région métropolitaine carioca est la région la plus productive en matière de pétrole au pays, représentant ainsi environ 65 % de la production nationale de pétrole exploité par la compagnie nationale Petrobras. Avec ses 52 600 m3 et ses techniques de forage en profondeur détenant des records (près de 2 km), sa capacité de plus de 330 000 barils par jour, ce site est le plus compétitif du pays.
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La ville de Rio de Janeiro, ainsi que celle de São Paulo, sont parmi les plus avancées dans le domaine de l'éducation. De nombreuses grandes écoles et universités nationales ont choisi de s'implanter à Rio telles que l’université fédérale de Rio de Janeiro, la plus grande du pays[27].
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Le Pain de Sucre est un pic rocheux à l'altitude de 395 mètres et à la forme si singulière qui a toujours été le symbole de Rio. Les Indigènes l'appelaient autrefois Pau-nd-Acuqua, ce qui signifie « haut promontoire pointu et isolé ». Pour les Portugais cela sonnait comme pão de açúcar, et le pic lui-même leur rappelait la forme de ces moules d'argile utilisés pour faire des pains de sucre. Le nom portugais est resté. À l'ouest, on peut découvrir des panoramas de toute beauté, où s'étendent les plages de Leme, Copacabana, Ipanema et Leblon, bordées par les montagnes. À vos pieds, vous apercevrez les quartiers de Botafogo et de Flamengo avec le Corcovado surmonté du Christ Rédempteur. Quelle que soit l'heure, la vue depuis le Pain de Sucre est splendide.
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La célèbre statue du Christ Rédempteur (Cristo Redentor), bras en croix, se dresse sur le pic du Corcovado d'une hauteur de 710 mètres et que l'on peut apercevoir de tous les quartiers de Rio. La statue mesure 38 mètres de haut. De simple monument religieux à ses débuts, elle est devenue au fil des ans un des emblèmes reconnus internationalement de la ville. L'œuvre, datant de 1931, est due à la collaboration du sculpteur français Paul Landowski et de l'architecte brésilien Heitor da Silva Costa. En 2007, la statue du Christ Rédempteur a été choisie comme l'une des Sept nouvelles merveilles du monde[28] par des internautes allant voter sur un site web indépendant et par téléphone ; le soutien à la candidature brésilienne à cette élection avait fait l'objet d'une campagne de soutien privée puis publique[b],[c]. Autour du Corcovado s'étend la magnifique forêt de Tijuca qui s'avance presque jusqu'au cœur même de la ville.
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Copacabana et son prolongement au nord, le Leme, avec ses six kilomètres de longueur qui décrivent une courbe parfaite reste certainement la plage préférée des étrangers. C'est dans les années 1920 qu'elle acquit sa notoriété, avec la construction, en 1923 du prestigieux Copacabana Palace, le seul hôtel de luxe de toute l'Amérique latine à l'époque. En été, sa population se compte par centaines de milliers. Les vendeurs de boissons, de lotions solaires, de chapeaux, de sandales et de cerfs-volants arpentent la plage à longueur de journée.
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La plage d'Ipanema se situe dans le quartier résidentiel le plus sélect de la ville. Aujourd'hui, Ipanema est le centre de la mode et de la sophistication. Les plus luxueuses boutiques de Rio bordent les rues d'Ipanema et de Leblon. La plage d'Ipanema, moins étendue que celle de Copacabana, est le lieu de rendez-vous de la jeunesse dorée de Rio (Poste 9) et de la communauté homosexuelle. Moins animée et moins bruyante que Copacabana, Ipanema est sans doute la plus romantique des vingt-cinq plages que compte Rio.
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Au sud d'Ipanema, s'étendent des plages plus isolées et donc mieux préservées que les autres. São Conrado s'y situe dans une anse cernée de toutes parts par des montagnes recouvertes d'une dense végétation. C'est là que s'élève le Pedra da Gávea, un énorme bloc de granit bien plus impressionnant par sa forme et par sa taille, avec ses 842 mètres, que le célèbre Pain de Sucre. La plage jouit d'une certaine popularité auprès de la jeunesse de Rio, les jeunes des favelas et les intellectuels s'y retrouvant sur un territoire où la police ne venait jamais avant la création des Unite de Police Pacificatrice. Avec ses dix-huit kilomètres de long, la plage de Barra da Tijuca est à la fois la plus longue, mais aussi la moins fréquentée de Rio pendant la semaine. À l'extrémité de Barra, la petite plage de Recreio dos Bandeirantes s'étire à l'abri d'une jetée naturelle qui forme une véritable baie miniature. Du Recreio, une route grimpe dans la montagne avant de redescendre vers la plage de Prainha, fréquentée par les surfeurs, puis celle de Grumari, merveilleusement isolée.
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La montagne de Pedra da Gávea culmine à près de 900 mètres d'altitude. Elle surplombe les longues plages de sable fin. On y accède après le Jardin botanique de Rio de Janeiro. On y pratique des sports aériens tels que le parapente depuis le sommet dénudé.
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La Pedra da Gávea est célèbre pour la forme particulière de sa falaise, qui ressemble à une immense tête sculptée à même la roche.
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Le quartier de Santa Teresa, aux ruelles pavées et tortueuses, avec ses vues spectaculaires sur la baie, est certainement l'un des plus pittoresques de Rio. La manière la plus attrayante d'y accéder est de prendre le célèbre bonde elétrico (« tramways ») construit en 1896. Santa Teresa offre de nombreux points de vue de toute beauté. Au deuxième arrêt du tramway, par exemple, on découvrira un panorama splendide sur la baie de Guanabara.
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Cette petite formation montagneuse de 220 mètres d'altitude se situe à l'entrée de la Baie de Guanabara. On peut y admirer d'anciens forts et établissements coloniaux des XVIe et XVIIe siècles, devenus des musées. La colline offre également une vue formidable sur la baie de Guanabara et propose un téléphérique qui permet de se rendre jusqu'au Pain de Sucre.
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La plus grande forêt urbaine du monde, avec une superficie d’environ 3 200 hectares, regroupe des centaines d’espèces de la faune et de la flore que l’on ne trouve que dans la « Mata Atlantica » et dont plusieurs sont en voie de disparition.
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Située dans le cœur de la ville, à quelques minutes de la plupart des quartiers de Rio, ses nombreux sites historiques méritent une visite : la cascatinha (petite cascade), la chapelle Mayrink, le Mirador Excelsior, le Baracão, la grotte Paulo et Virginia, le lac des fées et l’étang des solitudes. La forêt, qui se trouve à une altitude variant de 100 à 1 020 mètres, est le réservoir de fraîcheur de Rio. La température y oscille de 7 °C en hiver à 25 °C au plus fort de la canicule.
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Au XIXe siècle il y avait une plantation de café qui assécha pratiquement les ruisseaux qui alimentaient la ville. Alors, l'Empereur Pedro II chargea un officier de l'armée, le major Manuel Gomes Archer, de refaire la forêt primaire. Ce travail, commencé en 1861, lui a pris 13 années. Cent mille arbres de variétés typiques y ont été plantés. Avec le temps, la forêt a été restaurée dans ce qui est l'un des plus anciens et brillants faits de conservation de terrain du monde et une bonne partie de Rio dépend de ses cours d'eau aujourd'hui. Elle est parc national depuis 1961.
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Chacun des 141 hectares du jardin botanique héberge des spécimens de la flore brésilienne et mondiale. Les Palmiers Impériaux, principale attraction du jardin, ont été semés sous les ordres du prince régent João VI en 1809. Des arbres séculaires se mélangent à des orchidées, des victorias, des broméliacées, des flamboyants et à une végétation tropicale exubérante avec plus de 235 000 plantes et 5 000 espèces d'arbres. On peut y voir une collection de cactus américains, une serre de plantes carnivores, un pavillon de quatre cents fougères, une forêt de bambous… C’est naturellement qu’il est devenu l‘endroit préféré des amoureux.
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Le sambodrome Marquês de Sapucaí (Sambódromo - Marquês de Sapucaí), bordé de gradins en béton, fut construit en 1984 pour accueillir le prestigieux carnaval de Rio, qui avait lieu auparavant dans les rues de la ville, le plus souvent sur l'avenue Presidente Vargas. Dessinée par l'architecte Oscar Niemeyer, l'avenue Marquês de Sapucaí, d'habitude ouverte à la circulation, se transforme pour quelques jours en la passarela do samba et voit défiler les plus prestigieuses écoles de samba de Rio de Janeiro.
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Rio possède trente-six kilomètres de plages.
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Il en existe plus de trente, dont certains ne présentent que des collections très spécialisées, comme le musée de la Pharmacie, du Port, de la Presse ou encore de la Carpologia (science des fruits comestibles).
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Ce palais peint en rose, couleur emblématique des constructions impériales, est l'un des plus vieux édifices de Rio. Tour à tour forteresse (ses souterrains servirent de prison aux esclaves noirs au XVIIe et XVIIIe siècles), arsenal, fabrique d'armement, siège de l'académie militaire, il ne fut transformé en musée qu'en 1922. Ses collections, réparties sur quatorze salles, retracent l'histoire du Brésil impérial (XIXe siècle). Il dispose d'une bibliothèque de 70 000 volumes.
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Situé dans le parc de Quinta de Boa Vista, promenade dominicale des cariocas des faubourgs, cet ancien palais fut autrefois la demeure de Joao VI et de la famille impériale, jusqu'à la proclamation de la république en 1889. Il renferme la plus grande collection scientifique du Brésil : zoologie, minéralogie, archéologie, ethnologie. On peut y voir la météorite tombée dans l'État de Bahia en 1888, le Bendego, qui pèse 5 300 kilos ainsi qu'une curieuse momie de femme égyptienne : ses jambes sont recouvertes séparément de bandelettes (traditonnellement, le corps est enveloppé d'une seule pièce). Autour d'elle, une foule marmonne constamment des prières ; la momie suscite chez les adeptes du rite umbanda beaucoup de dévotion. D'autres collections se rapportent à la flore et à la faune amazoniennes et aux tribus indiennes (plus de cent quarante dont beaucoup ont disparu).
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Le 2 septembre 2018, le musée est ravagé par un incendie qui a gagné des centaines des salles et détruit toutes les archives historiques[29].
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Plus grande collection d'art de Rio, elle présente des tableaux des écoles italienne, flamande, espagnole, portugaise, anglaise et péruvienne des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. La galerie brésilienne présente elle des peintures de l'époque coloniale, du XIXe siècle et du XXe siècle : Portinari, Di Cavalcanti, Pancetti (pt), Anita Malfatti, Alfredo Volpi, Manabu Mabe et Djanira (pt).
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Le Musée de Demain est inauguré le 17 décembre 2015. Situé au bord de la baie de Guanabara, le bâtiment l'abritant a été conçu par l'architecte Santiago Calatrava Valls. Il est consacré à la création de l'Univers et à l'avenir de l'humanité.
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Bien que Rio ait été, de 1763 à 1960, la capitale du plus grand pays catholique du monde, il n'y subsiste que peu d'églises baroques.
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Rio de Janeiro comporte 56 gratte-ciels dont le plus ancien remonte aux années 1940.
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La presse souligne fréquemment les importantes difficultés de la ville de Rio en matière de sécurité des personnes, habitants ou touristes[30],[31].
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Les violences policières sont, tout autant, dénoncées[32]. La ville de Rio figurait, en 2011, parmi les 10 villes les plus dangereuses de la planète[réf. souhaitée] notamment en raison de son taux d'homicide élevé et de la guerre entre la police et les gangs pour le contrôle des favélas.
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Des hommes de main du groupe criminel de Rio das Pedras, dans la zone ouest de la ville, seraient les assassins de la conseillère municipale de gauche Marielle Franco, dans la nuit du 14 mars 2018[33].
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Durant les mois de janvier et février 2019, 305 homicides « dus à l’intervention d’un agent de l’État » – policier ou militaire – ont été recensés par l’Institut de sécurité publique (ISP), ce qui représente une augmentation de 18 % par rapport à la même période l'année précédente. Les policiers et militaires sont responsables d'un quart des homicides perpétrés dans la ville[33].
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En 2019, le gouverneur Wilson Witzel décide de recourir à des snipers autorisés à tirer à vue sur les trafiquants de drogue dans les quartiers pauvres[34].
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Les déplacements urbains sont principalement réalisés en voiture, en taxi et en autobus. La ville est dotée de deux lignes de métro totalisant 38 km ainsi qu'un réseau de train urbain, SuperVia, avec un réseau de plus de 264 km. Elle est desservie par les aéroports internationaux Santos-Dumont et Galeão ayant des liaisons quotidiennes avec les grandes capitales mondiales ainsi que l'important pont aérien entre Rio de Janeiro et São Paulo et les nombreux vols intérieurs (Brasilia, Belo Horizonte, Recife, Manaus, Salvador de Bahia, Porto Alegre).
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L'agglomération possède trois aéroports civils :
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Elle possède également trois aéroports militaires :
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Le métro de Rio fut ouvert au public en 1979. Ses deux lignes qui desservent 33 stations (pt) totalisent 38 kilomètres, dont dix kilomètres ne sont pas souterrains :
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En juin 2010, la construction de la ligne 4 a commencé. Elle relie Ipanema au quartier Barra da Tijuca. Il s'agit d'un projet en vue des Jeux olympiques d'été de 2016, dont les compétitions sportives sont basées en grande partie à La Barra da Tijuca. Le terminus a pour nom Jardim Oceanico[35]. Sur son trajet, la ligne permet également de desservir d'autres quartiers de la zone sud de Rio de Janeiro : Leblon, Gávea, São Conrado et Rocinha.
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Depuis 2014, la Gare Central do Brasil est reliée par le téléphérique de Providência (pt) à la favela Morro da Providência (pt).
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La ville possède deux réseaux de tramway :
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Le projet d'une LGV Rio de Janeiro à São Paulo et Campinas annoncé en 2007 est encore à l'état de projet en décembre 2017.
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Importé d'Angleterre par un étudiant brésilien, Oscar Cox, le football va déchaîner les passions. Témoin les 1 280 buts du « roi Pelé », véritable artiste du ballon rond, meilleur joueur mondial du siècle. La ville abrite également le célèbre stade du Maracanã, qui est en cours de modernisation.
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Le premier club de football fondé à Rio est le Fluminense FC (1902). D'autres clubs de la ville trustent régulièrement les premières places du championnat national: CR Flamengo, Botafogo FR, Vasco de Gama. Enfin, d'autre équipes cariocas prennent souvent part aux divisions inférieures brésiliennes: Madureira EC, Bangu AC, AA Portuguesa-RJ, Bonsucesso FC et America FC-RJ.
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Après s'être portée candidate comme ville hôte pour les jeux olympiques de 2012, la ville a décroché l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2016, lors d'un vote le 2 octobre 2009 à Copenhague. Les jeux olympiques ont eu lieu à Rio du 5 au 21 août 2016 sur les différents sites proposés au comité olympique. Mais, le 18 juin 2016, à deux mois des Jeux, l'État de Rio (qui est a la charge de ces Jeux) est en déficit de 5 milliards de dollars américains. Les Jeux ont finalement lieu sans problème majeur.
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La ville de Rio de Janeiro a accueilli en 2007 les quinzièmes jeux panaméricains, et s'est donc dotée de nouvelles infrastructures sportives qui seront réutilisées pour les futurs jeux olympiques.
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Le Brésil est le pays accueillant la quatrième Coupe du monde de football de 1950 du 24 juin au 16 juillet 1950, bien que ne comportant pas de finale à proprement parler — un mini championnat à quatre termine en effet l'épreuve —le match décisif qui fait office de finale voit s'opposer le Brésil et l'Uruguay au stade du Maracanã de Rio. Le Brésil a ensuite été le pays organisateur de la Coupe du monde de football de 2014, douze villes du pays ont accueilli les différentes rencontres, dont Rio où les matchs ont eu lieu au Maracanã. La ville a également reçu les équipes souhaitant se qualifier pour le mondial entre 2011 et 2013.
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La ville de Rio de Janeiro accueille les championnats du monde de judo de 2015.
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Les Cariocas, résidents ou natifs de la ville de Rio de Janeiro, ont participé activement au développement de l'histoire, de la culture, de la musique, de la littérature, de l'éducation, de la science ou encore des technologies du Brésil. Une panoplie d'innovations culturelles et scientifiques, surtout à l'époque où la ville était la capitale fédérale brésilienne, ont été possibles grâce à l'apport de ces Cariocas :
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En 1977, Claude François sort la chanson Je vais à Rio.
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Saint Sébastien est le Saint patron de Rio de Janeiro.
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Ville historique d'Ouro Preto (1980) · Centre historique de la ville d'Olinda (1982) · Missions jésuites des Guaranis : ruines de São Miguel Arcanjo (1984) · Centre historique de Salvador de Bahia (1985) · Sanctuaire du Bon Jésus à Congonhas (1985) · Brasilia (1987) · Parc national de Serra da Capivara (1991) · Centre historique de São Luís (1997) · Centre historique de la ville de Diamantina (1999) · Centre historique de la ville de Goiás (2001) · Place São Francisco dans la ville de São Cristóvão (2010) · Rio de Janeiro, paysages cariocas entre les montagnes et la mer (2012) · Ensemble moderne de Pampulha (2016) · Site archéologique du quai de Valongo (2017)
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Parc national d'Iguaçu (1986) · Côte de la découverte – Réserves de la forêt atlantique (1999) · Forêt atlantique – Réserves du sud-est (1999) · Aire de conservation du Pantanal (2000) · Complexe de conservation de l'Amazonie centrale (2000) · Aires protégées du Cerrado : Parcs nationaux Chapada dos Veadeiros et Emas (2001) · Îles atlantiques brésiliennes : les Réserves de Fernando de Noronha et de l'atol das Rocas (2001)
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Paraty et Ilha Grande – culture et biodiversité (2019)
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Bachar el-Assad (en arabe : بشار الاسد / Baššār al-Asad), né le 11 septembre 1965 à Damas, est un homme d'État syrien. Il est président de la République arabe syrienne depuis le 17 juillet 2000, date à laquelle il a succédé à son père, Hafez el-Assad. Il exerce également les fonctions de secrétaire régional du Parti Baas. Il est une personnalité centrale de la guerre civile syrienne, pendant laquelle il est accusé de crimes de guerres et de crimes contre l'humanité.
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Bachar el-Assad naît le 11 septembre 1965 à Damas[1]. Il est le deuxième fils de Hafez el-Assad, chef d'État de Syrie, et d'Anissa Makhlouf. Bachar el-Assad parle d'une enfance « très normale »[2] ; la famille vit dans une maison relativement modeste au nord de l'ancienne ville de Damas, jusqu'en 1973, lorsqu'elle déménage dans le quartier plus aisé de Malki. À l'âge de trois ans, il commence sa scolarité à Damas, à l'École laïque, un établissement jouissant d'une grande réputation nationale[3]. Il apprend le français et l'anglais, respectivement ses deuxième et troisième langues.
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Bachar el-Assad se décrit comme un élève « moyen », ses professeurs s'en souvenant comme « au-dessus de la moyenne »[4] sans être excellent et plutôt timide. Il va d'ailleurs, en raison de ses notes insuffisantes, quitter la « Laïque » pour terminer ses deux années de secondaire à l'école Le Frère (un lycée français[5]) où il obtient de meilleurs résultats[4]. Des professeurs mentionnent le fait que Bachar el-Assad, dont le père devient président en 1971, ne profite jamais de son rang. Contrairement à d'autres enfants de familles importantes, il arrive à l'école sans service de sécurité et préfère participer aux voyages scolaires en autocar, plutôt qu'avec un chauffeur privé[6].
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En septembre 1982, Bachar el-Assad est admis à l'université de Damas[7] et obtient un diplôme en ophtalmologie en 1988[8]. Il effectue quatre années d'internat à l'hôpital militaire de Tichrine, dans la banlieue de Damas. Afin de poursuivre sa spécialisation, il part à l'automne 1992 pour Londres après avoir passé des examens sélectifs (un candidat sur quatre reçu) ; il échoue lors d'une première tentative, mais réussit à la seconde[9]. Il commence sa résidence au Western Eye Hospital, faisant partie du St Mary's Hospital, dans le quartier de Marylebone[10]. Plus tard, il est accepté en tant qu'apprenti par le docteur Ed Schulenber au St Mary's Hospital. Ce dernier garde un bon souvenir de Bachar el-Assad qu'il qualifie de « gentil » et « sympathique »[11].
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À Londres, Bachar el-Assad vit seul dans un appartement au sud de Hyde Park. Il y découvre la liberté d'accès à internet et de manière plus générale la haute technologie[10]. Il ne sort que très peu en raison de son travail et de ses études. Durant son séjour à Londres, il rencontre sa future femme, Asma al-Akhras, une Britannico-Syrienne de confession sunnite et travaillant à la City pour JP Morgan[12].
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Il est de confession alaouite, branche du chiisme.
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Bachar el-Assad avait à l'origine un faible intérêt pour la politique. Hafez el-Assad avait préparé son fils aîné, Bassel, à prendre sa succession à la tête du régime. À la mort de son fils aîné dans un accident de voiture en 1994, Hafez el-Assad fait alors appel à son fils cadet. Il est contraint de revenir en Syrie où il entre à l'académie militaire de Homs.
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Il est placé par son père à la tête de la Société informatique syrienne, où il participe à l'introduction d'Internet dans le pays, en 1998[13].
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En 1999, il devient colonel, puis effectue des missions de confiance pour le gouvernement. Il s'est notamment rendu au Liban pour rencontrer le président Émile Lahoud et en France, en novembre 1999, où il est reçu en tête-à-tête par le président Jacques Chirac à l'Élysée.
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À la mort du président Hafez el-Assad, le Parlement amende la Constitution pour abaisser l'âge minimum pour la candidature à la présidentielle, qui passe de 40 à 34 ans. Bachar el-Assad est promu deux jours plus tard général en chef des forces armées syriennes par le vice-président Khaddam, qui assure alors l'intérim à la tête du pays. Le Parlement le propose comme président de la République le 25 juin 2000. Il promet de mettre en œuvre des réformes économiques et politiques en Syrie. Il est élu président de la République par un référendum le 10 juillet 2000, certains Syriens voyant en lui un réformateur qui démocratiserait le pays.
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À la suite de son élection, le régime se libéralise timidement, ce qu'on appelle généralement le « Printemps de Damas », qui dure de juillet 2000 à février 2001[14]. Environ 600 des 1 400 prisonniers politiques du pays retrouvent la liberté, des forums regroupant des intellectuels parlant de la démocratisation de la Syrie et de la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 voient le jour. Après huit mois, le « printemps de Damas » est brutalement arrêté sous la pression des plus anciens dignitaires du régime. Des opposants et militants des droits de l'homme sont arrêtés[14] ,[15].
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Il est parfois décrit comme un président devant composer avec les membres les plus radicaux du Parti Baas qui tiennent l'administration mise en place par son père et qui se placent toujours dans l'optique d'un conflit armé avec Israël pour libérer le plateau du Golan qu'Israël occupe illégalement. N'ayant pas la possibilité de contrôler le Baas, il le double et en moins de deux ans, parvient à écarter les trois quarts des responsables politiques, administratifs et militaires de l'ancien régime[16]. Il réalise ainsi des réformes économiques, notamment en libéralisant le secteur bancaire, mais en conservant le principe d'un socialisme d'État. Il s'inspire du modèle chinois en proclamant « les réformes économiques passent avant les réformes politiques »[17]. Conséquence de cette politique, le boom immobilier explose dans certains quartiers de Damas, douze banques privées sont créées[16]. Ces réformes profitent en premier lieu aux milieux d'affaires de la grande bourgeoisie sunnite[16]. Elles favorisent également la création d'une classe moyenne sunnite qui rallie les sympathisants du régime[18]. Mais, la corruption, bien que condamnée dans les discours officiels, devient endémique[16].
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Sur le plan politique et en dépit de cette période d'euphorie, l'État reste verrouillé. Avec l'arrivée au pouvoir d'Ariel Sharon en Israël et la montée des revendications antisyriennes au Liban, Bachar el-Assad durcit sa position[14]. Sous la pression de la vieille garde du régime, en particulier Khaddam qui craint l'« algérisation » de la Syrie, il met fin à ce mouvement libéral en déclarant qu'il est des limites à ne pas franchir. Il fait arrêter des dizaines d'intellectuels qui avaient signé une déclaration avec les Frères musulmans[réf. souhaitée]. En 2003, il explique que les opposants avaient « mal compris » les promesses de son discours d'investiture. Les sanctions économiques mises en place par les États-Unis compliquent la situation. Pour l'écrivain et journaliste Michel Kilo : « Ce que le pouvoir avait en tête, c'était de changer l'atmosphère ambiante afin que les capitaux occidentaux viennent en Syrie pour mettre fin à l'actuelle crise sociale et économique. Les réformes ne visaient qu'à donner à la population la possibilité de mieux travailler, mieux vivre, tout en maintenant l'emprise du pouvoir sur elle »[14].
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Il est reconduit à la présidence de la République par 97,62 % des suffrages exprimés lors d'un référendum présidentiel organisé le 27 mai 2007.
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Dans un entretien au Wall Street Journal, il explique, le 31 janvier 2011, son projet politique. Selon lui, pour ériger la démocratie, il faut changer la société. Il convient à la fois de développer le sens du dialogue, ce qu'il a entrepris au travers de la presse à partir de 2005, et de créer une classe moyenne, ce qu'il est parvenu à faire dans les grandes villes.
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Fin avril 2014, il annonce briguer un troisième mandat à l'élection présidentielle qui a lieu le 3 juin suivant[19]. Bachar el-Assad remporte le scrutin avec 88,7 % des voix d'après le président du Parlement syrien[20]. Cette élection, verrouillée, est qualifiée de mascarade[21],[22],[23]. Il prête serment pour un troisième mandat le 16 juillet 2014.
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En dépit des relations tendues qu'entretient la Syrie avec Israël, le président Assad a demandé la reprise des négociations de paix pour la restitution du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Les États-Unis et Israël lui reprochent par ailleurs de soutenir activement des groupes armés comme le Hezbollah, le Hamas et le Djihad islamique[réf. nécessaire].
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Il collabore néanmoins dès octobre 2001 avec la CIA dans les enquêtes concernant Al-Qaïda, mais l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003 marque un tournant[16]. Avec Jacques Chirac, Assad s'oppose à la guerre d'Irak, en utilisant le siège de la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU en dépit de l'animosité qui existait alors entre les régimes syrien et irakien. De nombreux djihadistes se rendant en Irak passent par la Syrie[16].
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En 2005, il est accusé par les États-Unis et la France d'avoir commandité, avec le président libanais Émile Lahoud, l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafiq Hariri, ce qui n'est toujours pas prouvé à ce jour. Un tribunal spécial est créé par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur cet assassinat. D'énormes manifestations ont lieu au Liban et Bachar doit annoncer le retrait des troupes syriennes du pays[16]. Il maintient néanmoins son contrôle du Liban grâce au Hezbollah[16].
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Dans le monde arabe, Bachar el-Assad reprend de bonnes relations avec l'OLP et essaye d'en établir avec des États arabes conservateurs (du Golfe), tout en se tenant garant de l'agenda nationaliste arabe de la Syrie. Il entretient alors également d'excellentes relations avec la Turquie d'Erdoğan qui surnomme Bachar « mon petit frère » avec l'Arabie saoudite et le Qatar dont les aides se déversent sur la Syrie[16].
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Partisan du projet de Nicolas Sarkozy pour instituer une Union pour la Méditerranée, Bachar el-Assad est devenu un partenaire indispensable à la réussite du projet. Sur l'insistance de l'émir du Qatar[16], il participe au sommet des 13-14 juillet 2008 à Paris et est invité au défilé militaire du 14 juillet aux côtés des autres chefs d'États signataires de l'accord. Sa présence à la tribune officielle provoque une controverse en France[24].
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À partir de mars 2011, le régime baassiste doit faire face à une vague de contestation populaire sociale et politique sans précédent. Elle s'inscrit dans le contexte de protestation dans certains pays arabes baptisé « Printemps arabe ». Comme en Tunisie ou encore en Égypte, les manifestants demandent le départ de leur dirigeant. À partir du vendredi 18 mars 2011, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu à Damas, Homs, Banias et surtout à Deraa, après qu'un cousin de Bachar el-Assad, Atef Najib (en), chargé de la sécurité, a été accusé d'avoir fait torturer une dizaine d'enfants pour des graffitis hostiles au régime[25]. C'est avant tout la Syrie périphérique des bourgs ruraux et des campagnes, qui n'a pas bénéficié des changements économiques, qui se soulève[16]. Plusieurs bâtiments symboliques du pouvoir (siège du Parti Baas, tribunaux) sont notamment incendiés. Bachar el-Assad et ses collaborateurs ordonnent la répression de ces manifestations, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés, aussi bien militaires que civils (insurgés ou non). Des dizaines d’opposants, armés ou non, sont arrêtés. À partir du 25 mars, malgré la répression et des concessions du gouvernement, le mouvement s'étend aux principales villes du pays. Des manifestations de soutien au gouvernement sont également organisées en réponse. La mort d'Hamza al-Khatib, arrêté lors d'une manifestation à Derra, à l'âge de 13 ans, et sa dépouille, rendue à sa famille avec de multiples marques de torture et d'os brisés, provoque une vive réaction contre Bachar el-Assad et son régime dans tout le pays[26].
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Dès mars 2011, Bachar el-Assad créé une cellule centrale de gestion de crise pour discuter des stratégies à mettre en œuvre pour écraser la contestation[27],[28]. Le Times et le Sunday Times feront plus tard état de documents indiquant que le président syrien aurait alors personnellement donné l'ordre de faire torturer et exécuter les opposants[27],[28].
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Les manifestations sont réprimées dans le sang (au moins 5 000 morts et 14 000 arrestations pour l'ensemble de l'année 2011 selon l'ONU[29]) et le mouvement contestataire se transforme en révolution armée. Les déserteurs de l'armée refusant de participer à la répression sur les civils rejoignent l'armée syrienne libre. Les quartiers des villes rebelles sont pilonnés à l'arme lourde (obusiers, mortiers) et bombardés par des avions de chasse et des hélicoptères. En juillet 2012, le comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont officiellement déclaré la Syrie en état de guerre civile[30]. En décembre 2014, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, principale source d'information de la presse occidentale[31], on comptabiliserait 200 000 morts (civils, rebelles en armes et soldats confondus) et 3 millions de réfugiés à l'étranger, principalement en Turquie et au Liban où ils représentent désormais près d'un tiers de la population[32].
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Bachar el-Assad se présente comme le rempart d'une nation unie, stable et laïque, face à des bandes de terroristes formés, financés, équipés et soutenus politiquement par des puissances étrangères : Qatar, Arabie saoudite, Turquie, Europe, États-Unis[33]. Il nie avoir donné l'ordre de massacrer les manifestants pacifistes au début du soulèvement. Il nie même l'existence du massacre : « Aucun gouvernement dans le monde ne tue son propre peuple, à moins d'être mené par un fou »[34]. Il nie aussi l'utilisation d'armes chimiques, et notamment de gaz toxique, entre autres le 21 août 2013 à Moadamiyat al-Cham (en) et dans la Ghouta orientale, deux régions contrôlées par les rebelles à l'ouest et à l'est de Damas[35]. Il bénéficie lui-même du soutien diplomatique, économique et militaire de l'Iran et de la Russie.
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En 2015, l'armée syrienne subit une succession de défaites : les rebelles s'emparent d'Idleb en mars, puis de Jisr al-Choghour en avril, tandis que l'État islamique prend Palmyre en mai[36]. En septembre 2015, la Russie intervient militairement en Syrie, tandis que l'Iran renforce le déploiement des milices chiites venues d'Irak, du Liban et d'Afghanistan, ce qui permet de renverser la balance en faveur des troupes loyalistes à la fin de l'année[36]. Cependant, Bachar el-Assad devient totalement dépendant du soutien de la Russie et de l'Iran[36]. Selon Benjamin Barthe, journaliste pour Le Monde : « Jamais le régime syrien n’a paru aussi confiant depuis le début de la révolte en 2011. Et jamais l’Etat syrien n’a semblé aussi inexistant. Généraux à l’ego boursouflé, milices loyalistes semi-mafieuses, militaires russes et iraniens omniprésents : en plus des rebelles, le président doit composer avec des alliés envahissants, qui ne cessent d’empiéter sur ses attributions. Le roi Bachar trône sans rival, mais ce roi est de moins en moins vêtu »[36].
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Le 11 février 2016, Bachar el-Assad affirme à l'AFP son intention de reconquérir tout le pays, quitte à mener de « longs combats » : « Que nous soyons capables de le faire ou non, c'est un but que nous chercherons à atteindre sans hésitation »[37],[38],[39],[40]. Cependant, ces objectifs ne sont pas totalement en phase avec ceux de la Russie qui réagit quelques jours plus tard[36] : le 19 février 2016, Vitali Tchourkine, ambassadeur de la Russie aux Nations unies, estime que les déclarations du président syrien « dissonent avec les efforts diplomatiques entrepris par la Russie » afin de mettre fin aux hostilités en Syrie et instaurer un cessez-le-feu ; il affirme que si le régime syrien considère qu'un « cessez-le-feu n'est pas nécessaire et qu'il faut se battre jusqu'à la victoire, ce conflit va durer encore très longtemps et imaginer cela fait peur »[41],[42]. Mais la ligne du régime ne bouge pas. Dans une interview accordée au quotidien croate Večernji list et publié le 6 avril 2017, Bachar el-Assad renchérit : « Il n'y a pas d'autre choix que la victoire »[43],[44],[45].
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Au cours de la guerre civile syrienne, il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par l'ONU[46],[47],[48] et d'avoir utilisé à plusieurs reprises des gaz et du sarin pour perpétrer des attaques chimiques[49],[50]. L'ONG Amnesty International estime quant à elle que 300 détenus meurent par mois en moyenne dans les prisons du régime depuis le début de la guerre civile, et la quasi-totalité des prisonniers est torturée[51]. Amnesty International décrit les actions du gouvernement syrien au cours de la guerre comme des tueries de civils[52]. En janvier 2014, trois anciens procureurs internationaux publient un rapport dans lequel le chiffre apparaît beaucoup plus élevé : ils affirment que 11 000 prisonniers ont été exécutés ou torturés à mort dans les prisons sous le contrôle de l'administration syrienne. Le rapport, qui a été commandé par le Qatar, allié de la rébellion, se base sur 55 000 photos numériques, dont 27 000 sont authentifiées par l'ONU et des ONG. Quelques-unes rendues publiques[53],[54],[55]. Le 8 février 2016, les enquêteurs du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies affirment que ces exactions sont le résultat d'une « politique d'État » et accusent le régime syrien de mener une « extermination » des détenus. Le chef de la commission, Paulo Pinheiro (en), déclare : « Le caractère massif des morts de détenus suggère que le gouvernement syrien est responsable d’actes qui relèvent de l’extermination et sont assimilables à un crime contre l’humanité »[56]. Selon le politologue Ziad Majed : « Du temps de Hafez el-Assad, le régime tolérait les morts sous la torture, mais il ne fallait pas dépasser un certain seuil: les matons devaient savoir que seul lui détenait l'autorité absolue. Aujourd'hui, les enquêtes comme celles d'Amnesty montrent qu'il n'y a plus de limites »[57].
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Dans un nouveau rapport publié le 7 février 2017, Amnesty International déclare qu'au moins 13 000 opposants au régime syrien ont été pendus dans la prison de Saidnaya entre septembre 2011 et décembre 2015[58]. Mais l'auteure du rapport, Nicolette Waldman, déclare : « il n'y a aucune raison de penser que les pendaisons se sont arrêtées. Nous pensons que ces exécutions se poursuivent encore aujourd'hui et que des milliers de personnes ont été tuées »[59]. Nicolette Waldman précisé également que : « La sentence est approuvée par le ministre de la Défense, dont la signature est mandatée par le président Assad. Il est impossible que les hauts responsables et les hauts gradés du régime ne soient pas au courant. Il s’agit d’une politique d’extermination »[59].
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En Occident, au cours du conflit syrien, Bachar el-Assad reçoit un soutien particulièrement fort des mouvements politiques d'extrême droite, mais aussi d'une partie de ceux de droite et d'extrême gauche[60],[61],[62],[63],[64],[65],[66].
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Plusieurs enquêtes pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité visant Bachar el-Assad et des membres du régime sont lancées au niveau international et au niveau national dans des pays d’Europe ayant recueilli les témoignages de réfugiés syriens, notamment d'anciens prisonniers et anciens dignitaires du régime [67],[68],[69],[70],[71], ou encore des proches de victimes. En France, une plainte est en cours concernant la disparition forcée et la mort en détention dans les prisons du régime de Bachar al-Assad de deux civils franco-syriens, un père et son fils, respectivement employé et étudiant au lycée français de Damas. Une information judiciaire a été ouverte[Où ?] en octobre 2016 pour « disparitions forcées et tortures, constitutives de crimes contre l'humanité, et complicité de crimes »[72].
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En juillet 2015, un sondage commandé par la BBC est mené en Syrie par l'institut international ORB. Il porte sur un échantillon de 1 365 personnes, dont 674 en zone contrôlée par le gouvernement syrien, 430 en zone contrôlée par les rebelles, 170 en zone contrôlée par l’État islamique et 90 en zone contrôlée par les Kurdes. Les résultats sont cependant à prendre avec précaution, les sondés ayant pu orienter leurs réponses par craintes de représailles. À la question : « Que pensez-vous de l'influence de cet acteur (Bachar el-Assad) sur la guerre en Syrie ? » les réponses sont[73] :
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En septembre et octobre 2015, un sondage est mené en Allemagne par l'association « Adopt a Revolution » auprès de 900 réfugiés syriens, 69,5 % estiment que Bachar el-Assad porte la responsabilité des luttes armées, 51,5 % déclarent qu'ils rentreraient en Syrie s'il n'était plus au pouvoir, 5,8 % réclament un soutien de l'Europe et de la communauté internationale au régime syrien[74].
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Selon un sondage effectué en 2016 au Liban par le journal américain Foreign Affairs auprès de 2 000 réfugiés syriens : 52,7 % d'entre-eux soutiennent l'opposition — dont 24 % favorables aux nationalistes et aux modérés, 19,1 % favorables aux djihadistes étrangers et 9,7 % favorables aux islamistes locaux — 39,4 % soutiennent le gouvernement syrien, et 8 % personne[75].
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Le rire est un réflexe qui se manifeste par un enchaînement de petites expirations saccadées accompagné d'une vocalisation inarticulée plus ou moins bruyante. Ces mouvements concernent en premier lieu la musculature respiratoire et le larynx et sont accompagnés d'une mimique provoquée par la contraction de muscles faciaux, entraînant notamment l'ouverture de la bouche. D'autres mouvements plus ou moins contrôlés peuvent accompagner le rire.
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Theodore Roosevelt en train de rire.
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Deux hommes riant, Hans von Aachen, vers 1574.
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Fillette portant un chapeau rouge et en train de rire avec excitation en jouant avec l'eau d'une fontaine, en France.
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Le rire est essentiellement causé par une situation comique, le chatouillement ou le rire lui-même. Paradoxalement, le rire est étroitement lié à son contraire émotionnel, les pleurs, avec qui il peut parfois se retrouver mélangé[1].
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Il apparaît chez l'être humain aux alentours du quatrième ou cinquième mois[1].
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Le rire peut avoir différentes sources :
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Aujourd'hui, on commence à comprendre ce qui confère au rire cette dimension de partage irrésistible. Il s'agit probablement de phénomènes d'empathie assez fondamentaux, faisant intervenir les systèmes miroirs du cerveau, probablement les neurones miroirs : le psychologue Leonhard Schilbach, de l'Université de Cologne en Allemagne, a ainsi montré qu'une personne qui commence à rire suscite auprès de ceux qui l'observent une activité des neurones impliqués dans la contraction des muscles zygomatiques (impliqués dans le rire), même quand l'observateur ne rit pas lui-même. Il se produirait ainsi une préactivation de l'activité neurologique liée au rire par simple observation. L’être humain serait en quelque sorte « précâblé » pour le rire, et plus particulièrement en situation sociale ou communautaire[2].
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Des bandes sonores pré-enregistrées dites « pistes de rire », « rire en conserve » sont couramment utilisées dans certains spectacles d'humour ou de comédies filmées pour signaler un élément (plaisanteries, blagues, jeux de mots...) supposés comiques. Et des études récentes (publication 2019) ont montré qu'entendre ce rire a effectivement un certain impact sur l'humour perçu d'une blague médiocre, y compris chez des autistes. Une blague peu drôle associée à un rire est toujours perçue comme plus drôle par un plus grand nombre de spectateurs ou auditeurs que sans rire associé. De vrais éclats de rire spontanés renforcent encore cet effet. Lors des expériences, cet effet de "rigolade" se manifeste aussi pour des participants atteints d'un trouble du spectre autistique (effet relativement faible, mais statistiquement significatif, laissant penser que le rire des autres et le nôtre influence effectivement nos jugements, et que l'humour et la comédie seraient plus accessibles aux autistes qu'on ne le pensait auparavant[3].
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Le rire est en général anodin et n'a souvent que peu de conséquences sur la santé bien qu'il permettrait, selon son intensité, d'augmenter fortement le taux de sérotonine et de dopamine de telle sorte qu'il aurait un effet antidépresseur immédiat. Il renforcerait les muscles de la sangle abdominale due aux contractions musculaires rythmés et souvent intenses[4].
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Cependant, le rire peut dans de très rares cas être mortel. Des cas de mort causée par l'hilarité ont en effet été relatés dès l'antiquité. L'une des mentions les plus anciennes est la mort de Chrysippe de Soles, bien que la véracité de l'épisode soit incertaine. Des cas plus récents ne font quant à eux que peu de doutes. L'expression « mourir de rire » n'est donc pas totalement dénuée de fondement.
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Rire ne s'apprend pas, contrairement aux langues. Cette capacité est innée chez l'espèce humaine. L'humain rit 12 fois moins souvent lorsqu'il est seul qu'en présence d'autres personnes[réf. souhaitée], ce qui suggérerait un rôle social du rire. Le rire est dit « communicatif ». Les chercheurs en psychologie cognitive ont trouvé que les mêmes parties du cerveau étaient activées lorsqu'une histoire drôle est racontée ou lorsqu'un rire est entendu. Un sujet qui entend un rire à la suite d'une blague et qui se met à rire attribuera à la blague le fait qu'il ait ri. Cette expérience justifie l'utilisation de rires enregistrés dans les émissions de télévision.
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Quand le rire a été déclenché une fois, il aura tendance à être plus facilement déclenché, très peu de temps après. Dans un spectacle comique, les acteurs auront parfois du mal à déclencher les premiers rires chez les spectateurs, mais par la suite, ils les enchaînent facilement. Le rire est en général déclenché lorsqu'un individu accumule une tension (ou une peur) et qu'il s'aperçoit d'un coup qu'il n'y avait en fait aucun danger.
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Dans certains pays, comme au Japon, les gens se forcent à rire lorsqu'ils sont soumis à une peur qu'ils savent irrationnelle[5] ou lorsqu'ils viennent d'avoir peur. En occident, le rire est souvent associé à la moquerie ; la moquerie est une forme d'humour qui consiste à tourner quelqu'un ou quelque chose en ridicule, à s'amuser d'eux[6]. La moquerie se raccroche donc au principe du danger qui se révèle faux. La caricature consiste à pousser un trait de caractère tellement loin qu'il devient irréaliste et donc faux.
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Le rôle du rire serait double : pour celui qui rit, le cerveau relâcherait des hormones destinées à contrer les effets du stress qui s'est révélé faux. Contrairement à une idée reçue, le rire n'exprime pas la joie, mais le rire rend joyeux ; pour ceux qui entendent le rire, celui-ci indique l'absence de danger. Ceux qui entendent le rire peuvent à leur tour déclencher un rire et relâcher ces mêmes hormones au niveau du cerveau. Le rôle du rire pour un animal social comme l'homme est donc très important. Il permet de faire savoir quand et où il n'y a plus de danger pour le groupe pour pouvoir s'amuser et se relaxer.
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Quelqu'un qui rit sans raison ou à contre-sens, c'est-à-dire en présence d'un danger réel, sera vu comme un fou.
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Pour un animal social comme l'homme, il est effectivement très dangereux d'avoir dans son groupe un individu envoyant de faux signaux. Le rire sans raison pourrait provoquer de la méfiance et du rejet[réf. nécessaire].
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Le stéréotype du savant fou popularisé par le cinéma hollywoodien utilise ce principe pour le rire machiavélique.
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Se moquer de quelqu'un en riant consiste à communiquer qu'il ne représente aucun danger, même si lui-même s'identifie ou d'autres personnes l'identifient comme une source de danger (hiérarchie sociale, force physique, autorité religieuse, pouvoir magique, etc) : cela se nomme de la raillerie, de la moquerie, des risées[réf. nécessaire].
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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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Le « rire nerveux » est une accumulation de tension qui se relâche pour éviter la panique. Proche de lui, le fou rire est un rire incontrôlé, inapproprié et qui dure bien au-delà du rire classique. Il existe une forme de pathologie, le fou rire prodromique, qui est associé à plusieurs syndromes neuropsychiatriques, décrit pour la première fois par Féré[7]. Ce rire pathologique est rencontré après des lésions de certaines parties du cerveau, en particulier l'hypothalamus, le gyrus cortical antérieur ou le lobe temporal. L'acide valproïque en injection intraveineuse peut aussi provoquer cet état de rire prodromique.
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Le « rire jaune » est en fait un rire forcé ou un faux rire, utilisé lorsqu'un individu veut se faire percevoir positivement alors qu'il n'a pas envie de rire, ou bien pour souligner l'ironie d'une situation désagréable.
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Les « rires en boîte » ou « rires en canne » sont des rires enregistrés utilisés dans le monde du spectacle, notamment les sitcoms pour déclencher le rire chez le spectateur.
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Les Grecs avaient deux mots pour différencier le rire joyeux, gelan, du rire agressif, catagelan[8].
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En sémiologie, le rire a été interprété non seulement comme un moment de rupture de l'ordre social[9], sinon comme un renforcement de celui-ci en ordre d'appartenance[10]. Exemples de ce phénomène de renforcement de l'ordre social établi à travers le rire sont les films comiques, dans lesquels la nourriture étrangère est toujours immangeable et objet de moquerie (Le père Noël est une ordure, 1982 ; Polly et moi, 2004), ainsi que, toujours dans les films du même genre comique, les blind dates dans lesquelles les prétendants sont plus fous les uns que les autres, par opposition au héros en tant que « juste milieu », renforcé encore celui-ci dans ce rôle d'« exemple »[11] par le fait qu'il soit toujours accompagné d'amis excessivement excentriques (Coup de foudre à Notting Hill, 1999).
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La psychologie et la communication sont deux domaines bien différents, mais très semblables et connexes lorsqu’ils s’attaquent aux concepts d’interactionnisme et de relations individuelles ou collectives. Un phénomène bien connu, mais très complexe à expliquer, s’inscrit dans ces deux domaines, soit le rire. Sophie Scott, chercheuse en neuroscience cognitive, mentionne que nous avons « 30 fois plus de chances de rire si nous sommes avec d’autres personnes, comme des amis, que si nous sommes seuls[12]». Cette théorie en vient donc à croire que le rire est contagieux, mais aussi un moyen de communication. Bien que le rire ait des propriétés neurologiques telles que diminuer le stress, il augmente également les sentiments de satisfaction dans plusieurs sphères du quotidien, dont le travail, les relations amoureuses et les interactions. Le rire est relatif à chacun selon leur développement psychologique, et est aussi relatif au contexte dans lequel l’action se déroule. C’est dans cette dualité que le rire devient un processus complexe, « résultant non pas d’une forme d’intelligence émotionnelle, mais plutôt d’un outil de communication et d’intégration[13]». Le rire devient alors un élément essentiel au fonctionnement de la société et des interactions entre les individus. Le rire n’est donc pas seulement un mode d’apprentissage et de compréhension, mais aussi un outil de socialisation qui permet aux individus de développer des tendances inoffensives ou tendancieuses, selon les interactions[14].
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« En effet, le rire permet de créer et de maintenir les liens sociaux entre les individus d’un même groupe social. Telles sont les conclusions d’une équipe de l’Université de Californie (UCLA, Etats Unis), qui les publie dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Composée de chercheurs internationaux, cette équipe est parvenue à prouver que le rire permettait aux autres individus d’un groupe social d’identifier le statut du rigolard, amical ou étranger[15]».
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Le 28 février 1907, le philosophe italien Angelo Fortunato Formiggini (1878-1938) passe à l'université de Bologne une thèse universitaire en philosophie sur la Filosofia del ridere (Philosophie du rire). Où il affirme que le rire rend fraternellement solidaire les hommes. Et que l'humour est la massima manifestazione del pensiero filosofico (la plus haute manifestation de la pensée philosophique). Par la suite, de 1912 à 1938, en tant qu'éditeur, il publie 105 volumes dans sa collection des Classici del ridere (Classiques du rire).
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Il crée la Casa del Ridere (Maison du Rire), bibliothèque et musée du Rire. Léguée à la Bibliothèque Estense de Modène, la collection rassemblée par Angelo Fortunato Formiggini pour la Casa del Ridere comprend notamment 4581 livres rassemblés au cours des années. Des traités italiens et d'autres pays sur le rire, le comique, le grotesque, l'humour, datant du XIXe siècle et du XXe siècle, des éditions originales dont certaines remontent à la fin du XVIe siècle, 195 journaux et périodiques humoristiques, anciens ou modernes, publiés en Italie ou dans d'autres pays. Una specie di biblioteca e di museo di tutto ciò che è attinente al Ridere, senza limiti di tempo e di geografia (Une espèce de bibliothèque et de musée de tout ce qui concerne le rire, sans limites dans le temps et la géographie) comme l'a définie Formiggini[16].
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De nombreuses études ont été publiées sur le rôle « éducatif » du rire, qu'il s'agisse de celles d'A.Ziv ou bien encore autour d'Hugues Lethierry.
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Malgré l'observation de Rabelais selon laquelle le rire est le propre de l'Homme, des observations scientifiques récentes montrent que certains animaux (primates, rats[17],[18]) connaissent également le rire dans le cadre de chatouilles. L'observation de Rabelais est peut-être une manière de se moquer de cette perspective, classique en philosophie, d'identifier ce qui distingue l'Homme de l'animal.
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Certains psychologues comportementaux objectent que le vrai rire nécessite des prérequis tels que la conscience de soi ou l'aptitude à s'identifier à autrui, et qu'en conséquence les bêtes ne rient pas vraiment de la même manière que l'humain. Cette conception du rire se rapporte plus particulièrement à l'humour qu'au rire en général et que, c'est donc l'humour qui serait le propre de l'Homme et non le rire en lui-même.
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Des études soulignant la similarité du rire chez divers primates (l'homme, le gorille, l'orang-outan…) tendraient à prouver que leur rire provient d'une même origine et qu'il aurait par la suite évolué chez les différentes espèces[19].
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