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+ Mise en garde médicale
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+ La grossesse ou gestation humaine est l'état d'une femme enceinte, c'est-à-dire portant un embryon ou un fœtus humain, en principe au sein de l'utérus, qui est dit gravide. En général, elle fait suite à un rapport sexuel, et débute selon le point de vue à partir de la fécondation (fusion d'un ovule et d'un spermatozoïde) ou de la nidation (implantation de l'embryon dans l'utérus), et se déroule jusqu'à l'expulsion de l'organisme engendré. La durée moyenne de la fécondation à l'accouchement pour une grossesse unique est de 38 semaines et deux jours[1], soit un peu moins de neuf mois, une durée largement reprise dans la culture. Dans les faits, cette durée est variable selon les femmes et le déroulement de la grossesse. Ainsi une grossesse normale dure entre 37 semaines et 41 semaines d'aménorrhée (SA), on parlera alors de grossesse menée à terme. Pour une durée inférieure à 37 SA on parle de prématurité et pour une durée supérieure à 41 SA on parle de postmaturité.
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+ En obstétrique il existe trois types de grossesses selon le nombre de fœtus
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+ Chacune de ces grossesse nécessite des prises en charge et accouchements spécifiques.
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+ Cet article ne parle que de la surveillance de la grossesse unique.
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+ La grossesse se termine en principe par un accouchement aboutissant à la naissance d'un être humain viable, rarement plusieurs. L'Académie de Médecine française dans son dictionnaire (édition 2020) parle d’accouchement pour toute expulsion de fœtus à partir de 22 semaines d'aménorrhée, terme légal de viabilité[2]. Avant, il s'agit d'un avortement spontané ou fausse couche. L'accouchement peut se faire par les voies naturelles ou accouchement par voie basse, ou nécessiter une opération chirurgicale, la césarienne.
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+ La grossesse s'accompagne de modifications importantes de l'organisme, que ce soit sur le plan physique, notamment au niveau de l'utérus, ou sur le plan psychique. Plusieurs pathologies peuvent survenir au cours de la grossesse, qu'elles soient spécifiques ou non. Certaines de ces pathologies, parfois sans conséquence en dehors de la grossesse, peuvent avoir un retentissement important sur l'embryon ou le fœtus. En conséquence, une adaptation du mode de vie et un suivi particulier sont conseillés pour la femme enceinte. La spécialité médicale concernée est l'obstétrique. La grossesse peut aussi avoir des conséquences culturelles, sociales ou économiques pour les mères, notamment dans le cas des adolescentes ou de grossesses non désirées.
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+ Plusieurs méthodes de contrôle des naissances peuvent être utilisées pour influer sur la grossesse. Ainsi, la grossesse peut être issue du recours à la procréation médicalement assistée. Au contraire, la grossesse peut être prévenue par un moyen de contraception, ou arrêtée par une interruption volontaire de grossesse. Cependant, l'accès à certaines de ces méthodes est variable selon les pays, et est parfois interdit.
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+ L'avancement d'une grossesse est défini par le terme, exprimé le plus souvent en semaines d'aménorrhée (SA), qui représentent la durée écoulée depuis le premier jour des dernières règles. La fécondation ayant lieu en moyenne deux semaines après, à titre d'exemple une grossesse qui durerait trente-neuf semaines se déroulerait donc entre les termes de deux et quarante et une semaines d'aménorrhée. Souvent, le mot terme est également utilisé pour désigner la fin de la grossesse.
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+ L'ectogenèse est l'externalisation du développement de l'embryon ou du fœtus, comme les ovipares. Elle n'est pas techniquement au point.
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+ Selon les points de vue sur le sens que revêt le terme de "grossesse" et sur les conséquences éthiques et juridiques de cette définition, soit l'on considère que le début de la grossesse correspond à la fécondation donnant lieu à la formation du zygote, premier stade de l'embryogenèse[3], soit l'on considère qu'il correspond à la nidation, définie par l'implantation de l’embryon sur la muqueuse utérine[4],[5],[6].
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+ Les cellules germinales sont des cellules haploïdes s'étant divisées lors de la méiose, ce sont les éléments de la fécondation.
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+ L'ovocyte est une cellule haploïde femelle, elle possède environ la moitié du génome de la mère. Elle demeure dans un état de suspension jusqu'à ce que les fluctuations hormonales du cycle menstruel déclenchent l'ovulation (pic hormonal au 14e jour du cycle menstruel), provoquant sa libération dans la trompe de Fallope.
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+ Le spermatozoïde est la cellule germinale mâle, il possède environ la moitié du génome du père. Les spermatozoïdes sont déjà matures lorsqu'ils sortent des testicules, regroupés dans le sperme. Pour atteindre l'ovocyte naturellement, ils doivent traverser l'organe sexuel féminin, de l'utérus jusqu'à la trompe.
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+ En cas de fécondation, le spermatozoïde rencontre habituellement l'ovocyte dans la trompe de Fallope. Il termine sa transformation en ovule lors de sa fécondation.
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+
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+ Habituellement, un seul ovocyte est libéré par cycle menstruel, une libération de plusieurs ovules peut produire des jumeaux hétérozygotes ou « faux jumeaux ».
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+ Des moyens alternatifs de procréation, dont l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, sont parfois utilisés dans les cas de stérilité. En France, les conditions légales d'accès à la procréation médicalement assistée imposent la nécessité d'un couple vivant, en âge de procréer, de sexe différent, pouvant justifier d'au moins deux années de vie commune.
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+
37
+ À ce moment le zygote est une seule cellule souche totipotente (appelée cellule-œuf) avec la capacité de créer un organisme entier. La division cellulaire par mitose est le prochain processus : chaque cellule se dédouble pour produire une autre cellule diploïde. Le zygote se divise pour produire deux cellules plus petites, dites blastomères, environ toutes les vingt heures. Ces cellules se redivisent environ trois fois (seize cellules). Cet amas de cellules, dit la morula (en raison de son aspect, que l'on peut rapprocher d'une mûre), quitte la trompe de Fallope et entre dans l'utérus.
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+ Les cellules développantes se distribuent autour du blastocèle, une cavité liquidienne au milieu des cellules. Les cellules deviennent, au fur et à mesure de leurs divisions par mitose, de plus en plus petites. Cette structure comprenant les cellules zygotiques et le blastocèle s'appelle le blastocyste. Les cellules commencent à se différencier entre les cellules intérieures et extérieures au blastocyste. En vingt-quatre à quarante-huit heures, la paroi du blastocyste, la zone pellucide, se rompt. Les cellules extérieures du blastocyste commencent alors à sécréter une enzyme qui érode l'épithélium de l'utérus et crée un site pour l'implantation. Le blastocyste sécrète aussi l'hormone gonadotrophine chorionique (HCG), qui stimule le corps jaune de l'ovaire de la mère à produire de la progestérone, qui maintient le revêtement intérieur de l'utérus pour nourrir l'embryon. Les glandes dans le revêtement utérin grandissent en réponse au blastocyste, et la croissance des capillaires est stimulée dans la région, assurant la provision de nutriments vitaux et d'oxygène au blastocyste.
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+
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+ Le diagnostic biologique de la grossesse se fait par la recherche sanguine ou urinaire de la fraction bêta de HCG, connue également sous le nom de bêta-HCG. Les tests de grossesse urinaires disponibles en pharmacie d'officine proposent un dosage qualitatif de cette hormone, leur fiabilité est de 90 à 99 %. Le dosage sanguin, quantitatif, des bêta-HCG permet un diagnostic de certitude et une datation du début de la grossesse (le taux de cette hormone double toutes les quarante-huit heures en début de grossesse).
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+ Les cellules autour du blastocyste commencent à détruire des cellules du revêtement utérin, produisant de petites flaques de sang et stimulant ainsi la production de nouveaux capillaires sanguins. C'est la première étape dans le développement du placenta. Les cellules intérieures du blastocyste croissent rapidement et forment deux couches. La couche supérieure deviendra l'embryon et la cavité amniotique, et la couche inférieure créera un petit « sac », la vésicule vitelline. Quelques jours plus tard, des villosités choriales placentaires ancrent le blastocyste dans l'utérus. Un système sanguin se développe en regard du placenta, près du site de l'implantation : la future zone d'échange entre la circulation maternelle et la circulation fœtale se met en place. La vésicule vitelline dans le blastocyste commence à produire les premières hématies (ou « globules rouges »). Pendant les vingt-quatre heures qui suivent, du tissu conjonctif se développe entre le placenta et le fœtus, ce qui deviendra plus tard le cordon ombilical, reliant la face ventrale de l'embryon au placenta (il contient une veine et deux artères).
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+ Ensuite, une mince couche de cellules se développe à la surface de l'embryon, signalant le début de la gastrulation. C'est un processus au cours duquel les trois feuillets du fœtus, l'épiblaste, le mésoderme (ou mésoblaste) et l'endoderme, se développent. La couche de cellules commence par stimuler la croissance de l'endoblaste et du mésoblaste ; l'ectoblaste commence à croître rapidement grâce à des substances chimiques stimulatrices produites par le mésoblaste sus-jacent.
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+ Ces trois couches se développeront pour former toutes les structures du corps de l'embryon. L'endoblaste donnera la bouche, la langue, le tube digestif, les poumons, la vessie et plusieurs glandes. Le mésoblaste donne l'intérieur des poumons, le cœur, la rate, et le système reproducteur et d'excrétion. Il aidera aussi à la production des lignées sanguines. L'épiblaste (devenu neurectoblaste à la 4e semaine) deviendra la peau, les ongles, les poils et les cheveux, les yeux, le revêtement interne et externe des oreilles, le nez, les sinus, la bouche, l'anus, les dents, les glandes mammaires, et toutes les parties du système nerveux (cerveau, moelle épinière, nerfs).
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+
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+ Environ dix-huit jours après la fécondation, l'embryon a produit la plupart des formes du tissu dont il aura besoin. Il a la forme d'une poire, avec la tête (le pôle céphalique) plus grande que la queue (le pôle caudal). Le système nerveux est l'une des premières structures à se développer. Au sein du neurectoblaste, se crée une dépression dont les berges s'élèvent puis fusionnent pour donner un tube à l'origine de la gouttière neurale, étendue du pôle céphalique au pôle caudal de l'embryon, premier axe de l'organisation du futur système nerveux. Le système sanguin se met en place à partir du mésoderme produit des réseaux permettant la distribution du sang dans l'embryon, des cellules sanguines sont en production et en circulation dans l'embryon. Des vaisseaux secondaires se développent autour et dans le placenta pour pourvoir aux besoins croissants de l'embryon en nutriments. Le blastocèle produit des cellules sanguines et des cellules qui deviendront des vaisseaux sanguins. Des cellules endocardiales se développent au sein du mésoderme, elles sont destinées à former les couches internes du cœur.
50
+
51
+ Environ vingt-quatre jours après la fertilisation se met en place un cœur primitif (à ce stade un simple tube en forme de S), qui commence à battre et à faire circuler le sang dans les vaisseaux embryonnaires.
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+ On note une augmentation du débit cardiaque de 30 à 40 % durant la grossesse, avec une augmentation du volume du sang circulant pouvant aller jusqu'à un ou deux litres de plus au moment de l'accouchement.
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+
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+ D'un point de vue immunologique, le fœtus est à moitié « soi » et à moitié « non soi » (du fait de l'expression des gènes du père).
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+ Les cellules du placenta présentent à leur surface un antigène HLA particulier de classe I : la HLA-G qui empêche le système immunitaire de la mère de s'attaquer à elles.
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+ Tout le système endocrinien et le métabolisme de la mère est affecté et transformé par la grossesse.
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+
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+ En particulier, la fonction et l'économie thyroïdienne de la mère doivent s'adapter à la présence du fœtus qui stimule la thyroïde de la mère, ce qui se traduit par :
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+
62
+ L'iode va jouer un rôle important durant la grossesse[9] et après la grossesse[10]. L'ajustement du métabolisme thyroïdien est rendu difficile en cas de maladie thyroïdienne auto-immune et d'hypothyroïdie ou si la grossesse se déroule une carence en iode (L'OMS recommande pour cette raison un apport de 200 µg/jour d'iode pour les femmes enceintes). Une carence en iode conduit à une stimulation thyroïdienne accrue pour la mère, révélée par une hypothyroxinémie relative et une goitrogénèse (le goître formé pendant la gestation peut partiellement régresser après la parturition)[7].
63
+
64
+ La grossesse pourrait donc être l'un des facteurs environnementaux expliquant la plus forte prévalence de troubles thyroïdien et de goitre dans la population féminine, d'autant qu'une carence en iode chez la mère conduit aussi à la formation de goitre dans la descendance. Une supplémentation adéquate en iode en début de grossesse permet la correction et la prévention presque complète de la goitrogénèse maternelle et néonatale[7].
65
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66
+ La femme enceinte souffre souvent de nausées, en particulier pendant le premier trimestre.
67
+
68
+ Les nausées se manifestent différemment selon les femmes : ainsi certaines ne les ressentent que le matin et d'autres tout au long de la journée, ou certaines femmes auront des nausées fréquentes et quasi quotidiennes alors que d'autres femmes n'auront en revanche pas la moindre envie de vomir durant toute leur grossesse. L'hormone gonadotrophine chorionique est suspectée d'en être la cause principale, une fréquente infection à Helicobacter pylori associée, des troubles de la motilité œsophagienne, ou des facteurs psychosociaux, dans une moindre mesure pouvant aussi être en cause[11].
69
+
70
+ Lors de la grossesse, la vessie est comprimée, alors que le besoin alimentaire de la mère augmente, ce qui augmente la fréquence du besoin d'uriner.
71
+ Le métabolisme de la mère est modifié, ce qui se traduit par des modifications du contenu de l'urine.
72
+ De plus pour répondre aux besoins du foetus (en calcium et fer notamment), certains minéraux et métaux stockés dans le foie ou les os de la mère peuvent être désorbés et mobilisés, et donc aussi retrouvés dans le sang et dans l'urine ou la sueur ou les phanères à des doses inhabituelles[12],[13]. Parfois ils peuvent être source d'intoxication (par libération du plomb stocké dans les os de la mère à la place du calcium par exemple).
73
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+ La première grossesse modifie l'architecture du cerveau, d'une manière significative et pour une durée d'au moins 2 ans chez la femme.
75
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+ Le changement le plus spectaculaire est une diminution de la matière grise dans des zones connues pour traiter la réponse aux signaux sociaux, ce qui permettrait à la nouvelle mère de mieux répondre aux besoins de son bébé et/ou de détecter des personnes menaçantes dans son environnement[14].
77
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78
+ Ces changements sont corrélés avec les résultats de tests standard d'attachement de la mère à son bébé. Ils surviennent également en cas de fécondation in vitro. La perte de volume de matière grise pourrait correspondre à un processus de maturation ou de spécialisation (comme on en observe aussi à l'adolescence, quand les réseaux neuronaux s'affinent et se spécialisent), mais il pourrait aussi se traduire chez certaines femmes par une moindre mémoire (en lien avec une diminution de matière noire dans l'hippocampe) et capacité à se concentrer. Chez les rongeurs de laboratoires l'effet semble durable et permet notamment aux mères d'être plus efficaces dans la recherche de nourriture[14].
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80
+ L'IRM montre qu'après l'accouchement, quand la mère regarde des photos de son nourrisson et d'autres bébés, plusieurs des régions cérébrales qui avaient perdu la substance grise lors de la grossesse sont fortement activées par la photo de son propre bébé (plus que pour les photos d'autres nourrissons). Deux ans plus tard, l'hippocampe est presque reconstitué. Les changements sont si cohérents qu'un algorithme informatique a pu prédire avec 100 % de précision si une femme avait été enceinte au seul vu de son IRM[14].
81
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82
+ Rutherford (psychologue évolutionniste à l'Université McMaster de Hamilton au Canada) n'exclut pas que ces changements puissent agir sur la parentalité et les prises de décision et les comportements qu'elle implique plus tard dans la vie et suggère d'étudier également le cerveau de parents adoptifs et de mères qui abandonnent leurs enfants pour notamment savoir si ces changements proviennent de la grossesse ou éventuellement aussi du stress et de « la privation de sommeil que tous les parents éprouvent tôt dans la vie d'un enfant »[14].
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+ Le cerveau de nouveaux pères a été étudié de la même manière, mais aucun changement semblable n'y a été observé[14].
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+ La grossesse s'accompagne de très importantes modifications psychiques et donc psychologiques. La femme enceinte tend en général à mettre en œuvre une « gestation psychique », phase durant laquelle elle se concentre sur son propre corps, sur l'image qu'elle se fait de son enfant à naître et de la relation qu'elle aura avec lui. Cela peut entraîner une plus grande indifférence vis-à-vis du reste du monde dans une première phase, avant d'assumer son rôle de mère peu après la naissance. Dans le domaine de la psychanalyse, ces modifications s'accompagnent d'une levée du refoulement, qui permet à la femme d'aborder plus facilement des questions relatives à son passé, son enfance, ou plus généralement à ses préoccupations concernant l'enfant à venir, qui font qualifier cette période de « transparence psychique »[15],[16]. Ces modifications ne s'expriment pas en cas de déni de grossesse.
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+ Cette « crise identitaire » s'accompagne de troubles (anxiété, irritabilité, vécu dépressif sans manifestation clinique de dépression) qui relèvent de mécanismes d'adaptation et sont jugés non pathologiques. Toutefois, lorsque ces symptômes sont d'une trop grande intensité, et en particulier lorsque la femme dispose d'un terrain favorable, il est nécessaire d'envisager un suivi spécifique. Les pathologies psychiatriques les plus sérieuses se manifestent généralement après l'accouchement. La plus répandue d'entre elles, les états dépressifs du post-partum sont en constante augmentation (15 à 20 %) et représentent à l’heure actuelle un véritable problème de santé publique[17].
89
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90
+ La période du post-partum (ou « suites de couches ») est comprise entre l'expulsion du placenta et le retour de couches, c’est-à-dire le retour des règles. C'est une période de nouveaux bouleversements à la fois psychiques et familiaux (période clef pour la mise en place de la relation de la mère avec son enfant, de la découverte du nouveau-né, de mutations familiales), mais aussi physique avec la perte brutale des repères physiologiques et anatomiques liés à la grossesse.
91
+
92
+ Le post-partum est donc une période à risque de complications psychologiques liées aux bouleversements de tous les repères psycho-physiologiques d'une femme, en particulier lorsqu'il s'agit d'un premier enfant. On parle notamment de « baby blues » et de dépression post-partum.
93
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+ Il peut se faire par la femme elle-même, au vu de signes tels qu'un retard dans ses règles (aménorrhée), des nausées matinales, un besoin de sommeil accru, un gonflement et une plus grande sensibilité des seins accompagné ou non du grossissement des tubercules de Montgomery et d'un brunissement des aréoles.
95
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96
+ En cas de besoin un complément de diagnostic se fait en laboratoire de biologie médicale ou au domicile, et repose sur la détection dans l'urine ou le plasma de la femme enceinte d'une hormone spécifique produite par le tissu placentaire : l'hormone gonadotrophine chorionique (HCG), une glycoprot��ine constituée de deux sous-unités alpha et bêta. Cette hormone apparaît très rapidement dans le sang et les urines après la fécondation, sa concentration croît les trois premiers mois de la grossesse, puis décroît et disparaît après l'accouchement ; Le dosage radio-immunologique de la fraction bêta de l'HCG pratiqué en laboratoire peut être positif dès le 6e jour après fécondation.
97
+
98
+ Alors que traditionnellement la grossesse et son résultat attendu, l'accouchement, étaient une affaire de femmes, sa médicalisation a « pathologisé » cette période, avec en Occident une multiplication des examens, tels qu'échographie, amniocentèse, tests génétiques, et la prise en charge s'est masculinisée, l'osbtétricien, souvent un homme, ayant tendance à remplacer la sage-femme[18]. Une grossesse normale y fait désormais l'objet d'un certain nombre d'examens, avec des conséquences tant positives que négatives de cette technicisation, conduisant à une modification du vécu de la grossesse, et quelquefois, à l'apparition de choix cornéliens pour les femmes prévenues d'un risque de malformation de l'enfant[19]. Certains de ces examens doivent être pratiqués dans des périodes précises.
99
+
100
+ La durée de la grossesse est indiquée en semaines d'aménorrhée (SA) ou en mois de grossesse (semaines d'aménorrhée = nombre de semaines écoulées depuis les dernières règles, ce qui fait que le terme en semaines d'aménorrhée compte deux semaines de plus que le terme en semaines de grossesse). Le fait de parler de semaines d'aménorrhée est une convention internationale. Le tableau suivant donne la correspondance approximative entre semaines d'aménorrhée et mois de grossesse (1 mois valant 4,3 semaines). Pour plus de clarté, ce tableau fait également la correspondance avec le nombre de semaines de grossesse.
101
+
102
+ En France notamment, cette surveillance est marquée par une intervention forte de l'État, se traduisant par des décrets et réglementations. La Haute autorité de santé donne des conseils afin de respecter un suivi adapté aux grossesses physiologiques, et d'orienter vers des médecins généralistes et gynéco-obstétriciens les pathologies dépistées[20]. Le travail en réseau entre sages-femmes et médecins réduit les dépenses de santé publique[réf. souhaitée] tel que la loi du 21 juillet 2009 dite « Hôpital, patients, santé et territoire » le préconise.
103
+
104
+ Deux exemples sont particulièrement frappants: la France est le seul pays au monde où le dépistage de la toxoplasmose au cours de la grossesse est obligatoire[21]. De nombreux pays ne pratiquent aucun dépistage ou uniquement chez des populations à risque.
105
+
106
+ Le nombre d'échographies au cours de la grossesse est de trois en France, mais en Norvège une seule échographie est pratiquée systématiquement vers 18 semaines — la limite légale de l'interruption médicale dans ce pays est de vingt-deux semaines —, les autres se faisant uniquement sur signes d'appel.
107
+
108
+ L'objectif de la surveillance régulière est le dépistage précoce de pathologies obstétricales (retard de croissance intra-utérin, hypertension artérielle gravidique par exemple). Des sérologies sont faites de façon régulière pour dépister certaines maladies infectieuses pouvant entraîner une embryopathie ou une fœtopathie, en particulier chez les femmes non immunisées. Recherche des agglutinines irrégulières tous les mois chez les femmes de rhésus négatif.
109
+
110
+ Des examens biologiques ou bactériologiques sont recommandés à des moments bien précis de la grossesse.
111
+
112
+ L'examen du col de l'utérus par l'intermédiaire du toucher vaginal est habituellement effectué au cours de la grossesse normale pour dépister théoriquement les risques d'accouchement prématuré. Mais le toucher vaginal ne fait pas partie de la surveillance de la grossesse normale dans de nombreux pays en Europe (Angleterre, Espagne, Pays-Bas, Finlande, Suède, Danemark) avec des taux d'accouchement prématuré identiques ou inférieurs à celui de la France. Enfin certains pays considèrent cet examen comme dangereux (Norvège) et à ce titre comme une faute médicale.
113
+
114
+ L'existence d'une consultation destinée aux couples avant la mise en route d'une grossesse serait hautement souhaitable : le nombre important de couples dont l'un des éléments est porteur d'une maladie génétique impose de les informer des possibilités de diagnostic prénatal. Un diagnostic prénatal efficace impose souvent de connaître de façon précise la mutation en cause. La prévention de certaines anomalies du système nerveux central passe par la prise de vitamines plusieurs semaines avant la fécondation.
115
+
116
+ Il a pour but d'aider au dépistage de grossesses pathologiques : diabète, carences en vitamines ou en oligoéléments (fer), maladies infectieuses.
117
+
118
+ Certains paramètres sanguins se modifient durant la grossesse sans que cela ne soit pathologique[22] :
119
+
120
+ Il peut exister une fuite urinaire de sucre par abaissement du seuil rénal glycémique sans pour autant qu'il s'agisse d'un diabète gestationnel.
121
+
122
+ Dès qu'une femme connaît son état de grossesse, il est souhaitable qu'elle bénéficie d'une consultation avant deux mois auprès d'une sage-femme, médecin généraliste ou gynécologue[23]. Au cours de cette première consultation seront effectués :
123
+
124
+ L'échographie au premier trimestre de la grossesse permet :
125
+
126
+ Cet entretien est fait pour accompagner plus efficacement les parents. En sus du bilan général et obstétrical, et de la préparation à la naissance et à la parentalité, (PNP) il devrait être proposé à toutes les femmes enceintes et aux futurs parents un entretien individuel, ou en couple, au cours du 4e mois. Il est réalisé sous la responsabilité, principalement des sages-femmes ou des médecins.
127
+
128
+ Il peut déboucher sur la préparation à la naissance et à la parentalité qui a fait l'objet de recommandations de la Haute Autorité en Santé : HAS[25], celles-ci comportant l'accompagnement de la grossesse sur son versant psychologique, physique et médico-social.
129
+
130
+ En repérant les situations vulnérables, l'isolement, la dépression ou les violences familiales il permettra d'apporter aide et soutien prioritaire aux femmes qui sont dans des situations de précarité sociale ou psychique.
131
+
132
+ Il servira à écouter les difficultés et les craintes, à soutenir les changements de comportements face aux addictions ou à proposer des aides au sevrage (tabac, cannabis). Selon les souhaits des parents et fonction de leurs attentes, dresser le programme possible à proposer au couple, choisir entre séances collectives ou individuelles, prévoir une visite de la maternité.
133
+
134
+ Ces séances préparatoires à la naissance concerne informations sur les modifications corporelles le périnée, l’accouchement, les moyens de soulagement de la douleur dont postures, relaxation, sophrologie ou yoga, maîtrise respiratoire, mobilisation et la péridurale de plus en plus répandue. Ils informent les parents des droits des usagers (loi de 2002 : consentement obtenus pour gestes tels que l'épisiotomie, ou césarienne programmée), des projets de naissance, des incidents possibles dans un déroulement d'accouchement. On s'y prépare aussi à l'allaitement, au Programme National Nutrition Santé[26], à la prévention des accidents domestiques, à envisager une contraception adaptée à chaque femme et à retrouver l'équilibre du couple et l'autonomie des parents pour un retour de plus en plus précoce à domicile quand la santé de la mère et du bébé le permettent.
135
+
136
+ Pour les jeunes femmes mineures ou certaines femmes qui redoutent le collectif et ont besoin d'être accompagnées, la loi prévoit la possibilité de séances individuelles. Le plan de périnatalité 2004/2007[27] a aussi doté les maternités de postes de psychologues pour proposer à celles qui l'acceptent des prises en charge personnalisées durables afin de prévenir les dépressions postnatales.
137
+ Les « États généraux de l'enfance en danger » voient dans cet entretien un outil majeure de prévention, s'inscrivant dans les projets de la Loi Hôpital Patient Territoire Santé de 2011, pour soutenir les relations parents enfants, instaurer une écoute attentive des besoins et personnaliser, avec l'accord des parents, une aide à la parentalité sur mesure. En se faisant écoute bienveillante et partenaire du couple, des voies de collaboration s'avèrent possible, créant de la continuité entre professionnels du réseau et famille, ce dans le respect de la singularité du sujet.
138
+
139
+ Beaucoup de pays ne font pas systématiquement de troisième échographie.
140
+ En France, une troisième échographie est faite idéalement entre 7 mois et 7,5 mois soit 32 à 34 semaines. Elle permet :
141
+
142
+ C'est au cours de cette consultation que l'on détermine la possibilité d'accoucher normalement.
143
+
144
+ Elle est faite dans les 8 semaines suivant l'accouchement, elle renseigne sur :
145
+
146
+ Alors qu'en France 50 % des couples stoppent progressivement leurs relations sexuelles au cours de la grossesse, la période de la grossesse peut aussi une période très épanouissante pour la sexualité et pour le couple[28]. Si le premier trimestre peut engendrer une baisse du désir féminin, dès le quatrième mois, les tissus du vagin et de l'appareil génital sont plus épais, le vagin est plus humide, ce qui favorise une forte libido avant une nouvelle baisse possible dans les dernières semaines[28]. Si les rapports sexuels sont sans risque pour le bébé, le médecin peut conseiller de les limiter ou de les stopper dans certains cas : S'il y a un risque d'accouchement prématuré dû aux antécédents familiaux ou si le col de l'utérus est déjà raccourci et aminci ; en cas de placenta praevia ; en cas d'hypertension ou de saignements ; dans les deux premiers mois de grossesse en cas d’antécédent de fausse couche[28].
147
+ Certaines personnes sont maïeusophiles. Selon un sondage de 2015 en France, 30 % des femmes déclarent avoir été davantage courtisées par les hommes pendant leur grossesse[29],[30]. Selon Caroline Leroux, sexologue et psychologue : « La femme enceinte est un objet de désir pour l’homme. Ses formes voluptueuses la rendent particulièrement désirable. De plus, la femme enceinte est un objet sacré, donc intouchable. L’idée de transgresser cette règle représente un défi pour les hommes »[30].
148
+
149
+ En 2014, alors qu'elle est enceinte de huit mois, la coureuse américaine de 800 mètres Alysia Johnson-Montaño participe aux Championnats des États-Unis et termine dernière de sa série[31]. En 2017, elle réalise de nouveau cette performance en étant enceinte de cinq mois, bien qu'elle termine de nouveau dernière[32]. De même en avril 2017, la nageuse américaine Dana Vollmer, triple médaillée aux Jeux de Rio, s’est alignée sur 50 mètres nage libre lors d’un meeting enceinte de six mois. Malgré un chrono supérieur de deux secondes à son record, elle a expliqué vouloir s’entraîner le plus longtemps possible avant son accouchement : « Le chrono n’a pas d’importance, mon classement non plus, je suis simplement heureuse d’être là. Je fais essentiellement du travail d’endurance, ce qui me permet de garder mon feeling pour l’eau[33]. » En janvier 2017, Serena Williams a elle remporté enceinte de deux mois l’Open d'Australie en janvier 2017 en battant sa sœur aînée Venus Williams[34].
150
+
151
+ Pour la médecin du sport et gynécologue à l’INSEP Carole Maitre, qui s’occupe de nombreuses sportives qui fréquentent les pôles de haut niveau de la structure, « Au-delà de six mois, je pourrais difficilement conforter quelqu’une à continuer la course, car ça pourrait avoir éventuellement des effets sur l’apparition de contractions utérines et amener donc des risques de prématurité. Au fur et à mesure de la grossesse, avec le développement abdominal, il y a une modification du centre de gravité et d’équilibre, une hyperlaxité qui peut entraîner plus de blessures et une prise de poids progressive qui fragilise le corps. Les sportives adaptent leur entraînement à partir du quatrième mois. On ne va pas faire des compétitions de judo à quatre ou cinq mois, mais il ne faut pas non plus travailler comme des sédentaires. Le but est de rester à 80, 85 % de sa VO2max[33] ». Pour les femmes non sportives de haut niveau, elle conseille également la pratique sportive : « Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. On peut commencer doucement, chercher ce qui nous convient le mieux : marche, aqua jogging, aquabiking[33]... »
152
+
153
+ Parmi les nombreux changements de métabolisme induits par la grossesse, nombreux sont ceux qui interviennent au niveau de la bouche, de la dentition et de la salive, dont la composition chimique va évoluer. Il est donc éminemment recommandé de prendre soin de ses dents et de son hygiène dentaire pendant cette période. Il n'est, contrairement à ce que l'on peut croire, pas contre-indiqué d'effectuer une visite chez le dentiste. Si certaines interventions chirurgicales sont à prohiber (comme la pose d'implants dentaires), on pourra néanmoins effectuer des radios, effectuer un détartrage et même procéder à certains soins sur les caries, avant que celles-ci ne se dégradent.
154
+ La prise en charge de la femme enceinte ne devrait pas différer de celle des autres patientes. Seulement certaines précautions doivent être prises. Pour cela, il faut entrer en contact avec l’obstétricien pour savoir le moment approprié pour intervenir[35].
155
+ Le premier trimestre doit être réservé à faire le bilan clinique. Toute intervention, hormis l’urgence, sera reportée au deuxième trimestre de la grossesse. Les étapes opératoires des soins conservateurs ou endodontiques sont les mêmes sauf que les radiographies sont réservées aux cas d’indication impérative.
156
+ Au cours du troisième trimestre, seul le traitement d’urgence est dispensé.
157
+
158
+ L'alimentation de la mère pendant la grossesse est, si tout se passe bien, celle d'une personne en bonne santé : la plupart des informations nutritionnelles habituelles valent donc aussi pour une femme enceinte : un équilibre entre glucides, lipides et protides par une alimentation variée, et chaque jour consommation de végétaux. Quelques informations spécifiques existent cependant :
159
+
160
+ La listériose est une maladie dangereuse pour la femme enceinte et le fœtus. Selon les organismes institutionnels de divers pays,
161
+
162
+ Sont à éviter[39] :
163
+
164
+ Sont consommables avec moins de risque[39] :
165
+
166
+ Ces recommandations émanant d'organismes institutionnels sur l'utilisation de produits laitiers transformés concernent également les personnes immunodéficientes.
167
+ À titre d'exemple, dans les pays industrialisés, la filière du Vacherin Mont-d'Or suisse au lait thermisé (un fromage à pâte molle) fut le vecteur de la listériose et la cause de 34 décès[40].
168
+
169
+ Un accouchement prématuré est défini comme tout accouchement ayant lieu avant la 37e semaine d'aménorrhée. La limite légale de réanimation d'un enfant prématuré en France est à 24 semaines d'aménorrhée, et 500 grammes, en dessous de ce terme il s'agit d'une fausse couche.[réf. nécessaire]
170
+
171
+ Le nouveau-né prématuré est plus fragile qu'un nouveau-né à terme (risque d'infection). Plus petit, il ne peut s'alimenter seul (donc par sonde gastrique), il nécessite parfois une aide ventilatoire, et ne peut réguler seul sa température corporelle (installation en incubateur).
172
+ les nouveau-nés prématurés sont pris en charge en réanimation néonatale ou en néonatalogie selon leur terme, poids et fonctions vitales.
173
+
174
+ Signalons la méthode dite « bébé kangourou[41] », inventée en Colombie, qui consiste à maintenir l'enfant prématuré en contact peau-à-peau permanent avec sa mère (ou son père). Sous diverses adaptations, cette méthode très efficace est de plus en plus utilisée dans les pays industrialisés.[réf. nécessaire]
175
+
176
+ La mortinatalité parfois appelée « mortinaissance » est la naissance d'un fœtus mort après 24 semaines de grossesse. Lorsque le fœtus est mort ou expulsé avant 24 semaines de grossesse, il ne s'agit pas d'une mortinaissance, mais d'un avortement ou d'une fausse couche au sens épidémiologique et non pas médical.
177
+
178
+ Le calcul du taux de mortinatalité se fait en comptant le nombre de mortinaissances enregistrées durant une période donnée (en général l’année civile) pour mille naissances vivantes et mortinaissances enregistrées durant la même période.
179
+
180
+ La mortalité néonatale correspond au décès des enfants entre la naissance et jusqu'à de 28 jours de vie. On distingue la mortalité néonatale précoce pour les décès durant la première semaine, et de mortalité néonatale tardive pour ceux des trois semaines suivantes.
181
+
182
+ Le calcul du taux de mortalité néonatale se fait en comptant le nombre de décès d'enfants âgés de moins de vingt-huit jours enregistrés durant une année donnée pour mille naissances vivantes.
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+
184
+ La mortalité périnatale est la somme de la mortinatalité et de la mortalité néonatale précoce.
185
+
186
+ Le calcul du taux de mortalité périnatale se fait en comptant le nombre de mortinaissances et de décès d'enfants âgés de moins de sept jours enregistrés une année donnée divisé pour mille naissances en vie.
187
+
188
+ La définition de l'OMS — selon la Classification internationale des maladies (CIM 9) utilisée en France — de la mort maternelle au cours de la grossesse est « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de quarante-deux jours après sa terminaison, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite. »
189
+
190
+ D'autres pays, comme le Royaume-Uni, utilisent la CIM 10 qui impose d'inclure les décès dans l'année suivant la naissance (morts maternelles indirectes). Le choix d'une définition a une incidence appréciable sur la politique périnatale : en effet, si la première cause de mort maternelle, en France, est l'hémorragie post-partum, au Royaume-Uni elle est le suicide[42].
191
+
192
+ Les morts maternelles se répartissent en deux groupes :
193
+
194
+ Il s'agit d'une notion indiquant à partir de quel stade de développement le fœtus est considéré comme ayant une possibilité théorique de vivre hors de l'environnement utérin. Il ne s'oppose pas à l'état réel de l'enfant, qui peut être mort-né et viable. Chaque pays détermine ce seuil, qui peut être inscrit, ou non, dans la loi. Lorsqu'il est défini, ce seuil s'inspire en général des recommandations de l'OMS, soit 22 semaines d’aménorrhée ou un poids supérieur ou égal à 500 grammes[24].
195
+
196
+ La mortalité des pays en développement est très nettement supérieure à celle des pays industrialisés, la grande majorité étant concentrée dans l'Afrique subsaharienne et l'Asie. Cette mortalité maternelle est en décroissance régulière dans tous les pays sauf en Afrique subsaharienne où elle stagne[44].
197
+
198
+ La grossesse la plus longue de l'histoire serait celle de l'anglaise Jacqueline Haddock qui aurait mis au monde le 23 mars 1975 une fille de 1,360 kg après une grossesse de 398 jours (treize mois)[47].
199
+
200
+ Les grossesses réputées les plus courtes de l'histoire ayant donné lieu à des enfants viables ont eu lieu le 20 mai 1987, quand la Canadienne Brenda Gill met au monde le plus jeune prématuré par césarienne James Gill naît avec 128 jours d'avance, ne pesant que 624 g[48]. Le 7 novembre 2010, une Allemande met au monde des jumeaux après seulement 21 semaines et 5 jours de grossesse, seule la petite Frieda survit[49].
201
+
202
+ Le plus grand nombre d'enfants mis au monde seraient un record détenu par Mme Bernard Scheinberg (Autriche), qui aurait eu 70 enfants[50], et par Mme Fiodor Vassiliev (Russie), qui aurait eu 69 enfants en 27 grossesses (4 quadruplés, sept triplés et seize jumeaux) au XVIIIe siècle[51]. Ces deux cas sont cependant suspects car non vérifiés scientifiquement.
203
+
204
+ La plus jeune mère documentée dans l'histoire de la médecine est la péruvienne Lina Medina, mère à l'âge de cinq ans, sept mois et dix-sept jours.
205
+
206
+ Il existe quatre connus de lithopédion (fœtus issu d'une grossesse extra-utérine non arrivée à terme et mort sans avoir été expulsé du corps de la mère) depuis le début du XXIe siècle.
207
+
208
+ La Procréation Médicalement Assistée (PMA) comporte deux techniques : l’insémination artificielle et la fécondation in vitro. Dans les deux cas, il s’agit d’une intervention qui mènera à une fécondation. Les couples touchés par une infertilité peuvent avoir recours à ces techniques pour concevoir.
209
+
210
+ L’insémination artificielle consiste à injecter, à l’aide d’un cathéter, des spermatozoïdes dans l’utérus de la femme pendant la période d’ovulation.
211
+
212
+ Généralement, le développement des follicules a été stimulé en amont pour maximiser les chances de réussite. Lorsqu’ils sont matures, l’insémination est donc programmée. Le sperme utilisé peut être celui du conjoint ou bien peut provenir d’une banque de sperme. La fécondation in vitro se fait en plusieurs étapes, et a lieu en laboratoire. Il s’agit de provoquer la fécondation en mettant en contact un ovule et des spermatozoïdes. Avant cela, les follicules sont stimulés par un traitement hormonal, puis prélevés dès leur maturité pour être transmis au laboratoire. Le sperme est lui aussi recueilli. La fécondation est faite au laboratoire. Entre deux et cinq jours plus, un ou deux embryons est implanté dans la cavité utérine de la femme.
213
+
214
+ L’ICSI (Injection intracytoplasmique de spermatozoïdes) est une technique de FIV plus pointue. Elle consiste à injecter un seul spermatozoïde sélectionné au préalable directement dans un ovocyte. Les couples se tournent vers cette technique après l’échec d’une FIV classique.
215
+
216
+ Beaucoup de grossesses, notamment chez les jeunes, sont dues à une absence d'information quant à la sexualité[52]. L'éducation sexuelle permet également de parler de sentiments, d'égalité des sexes, des changements liés au corps du fait de la puberté, et de prévenir des comportements sexuels à risques. Cependant, de nombreux pays ne proposent pas d'éducation sexuelle[52].
217
+
218
+ La contraception regroupe l'ensemble des actes (coït interrompu, abstinence, etc.) des médicaments (pilule contraceptive, implant contraceptif hormonal, etc.) et des dispositifs (préservatif, dispositif intra-utérin, etc.) permettant de prévenir d'une grossesse. Leur but est d'éviter une fécondation. Les systèmes contraceptifs peuvent être plus ou moins fiables et doivent être utilisés en connaissance de cause. Il existe des solutions de contraception pour les femmes, qui en portent alors la responsabilité sociale et la contrainte, mais également pour les hommes. Dans beaucoup de pays, les systèmes contraceptifs sont chers ou ne sont pas légaux[52]. Dans les pays où des contraceptifs sont disponibles, le taux d'adolescentes susceptibles de les utiliser est moins élevé que celui des adultes[52].
219
+
220
+ Les grossesses en milieu scolaire sont soit désirées, soit non désirées, ces derrières étant la majorité. Dans ce dernier cas, ces grossesses peuvent être dues à un manque d'information quant à la sexualité[53],[54] ou à des abus contre des faveurs[55],[52]. Les adolescentes sont vulnérables aux grossesses non désirées et ont un risque de mortalité plus élevé à l'accouchement[52].
221
+
222
+ Un million de jeunes filles de moins de 15 ans et près de 16 millions de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans accouchent chaque année (11 % des naissances dans le monde en 2008)[52]. Elles habitent majoritairement dans des pays à revenu faible ou intermédiaire[52]. Les complications de la grossesse et de l’accouchement sont la deuxième cause de décès pour les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde[52].
223
+
224
+ Il est difficile de conjuguer études et grossesses sans l'aide de la famille ou d'une institution. Cela pousse beaucoup élèves à suspendre voire abandonner leurs études[52] (ce qui a un impact sur leur vie sociale et économique future, car il est difficile de trouver un emploi sans avoir reçu d'éducation[52]), ou à avorter. 3 millions de jeunes filles entre 15 et 19 ans subissent chaque année des avortements à risque, l'interruption médicale de grossesse n'étant pas légale dans tous les pays, ou trop chère pour la plupart des patientes[52].
225
+
226
+ Certains pays proposent une aide aux étudiantes ayant eu un bébé, tel que le Burkina Faso[53] ou la Côte d'Ivoire[55]. La scolarisation s'accompagne alors d'une éducation à la sexualité[55]. D'autres, comme le Burundi, excluent depuis juin 2018 les victimes ou auteurs d’une grossesse non désirée du système éducatif, une mesure décriée comme étant une « double punition » pour les mères[56]. Dans certains pays, un mariage est organisé du fait de la grossesse, afin de respecter les normes sociales, retirant de fait la mère du système éducatif[52].
227
+
228
+ Le 6 juin 2014, un amendement a été voté à l'unanimité par l'Assemblée Nationale française qui dispose : « Le Procureur de la République ou le Juge d'application des peines prennent toutes les dispositions utiles afin qu'aucune femme enceinte ne puisse être placée ou maintenue en détention au-delà de la douzième semaine de grossesse. (...) Durant cette période, la peine est suspendue ».
229
+
230
+ Six semaines après la fin des règles ou quatre semaines après fécondation[57],[58],[59]
231
+
232
+ Dix semaines après la fin des règles[60],[61],[62].
233
+
234
+ Vingt semaines après la fin des règles[63],[64],[65].
235
+
236
+ Quarante semaines après la fin des règles[66],[67],[68].
237
+
238
+ Premier mois.
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+
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+ À trois mois.
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+
242
+ À cinq mois.
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+
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+ À neuf mois.
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+ Films traitant de la grossesse
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Une personnalité politique est une personne impliquée dans la vie politique. Plusieurs synonymes sont également employés, tels que femme politique, homme politique ou, familièrement, politique. Les mots politicien et politicienne sont également couramment utilisés, en particulier au Canada et en Suisse, mais peuvent présenter une connotation péjorative dans d'autres pays de la francophonie[1]. En effet, il s'emploie parfois pour parler de quelqu'un qui ne vit que de ses fonctions politiques et fait preuve d'une grande habileté dans les intrigues de la vie politique.
2
+
3
+ L'expression « femme politique » est plus récente, car la majeure partie des fonctions politiques ont longtemps été exercées par des hommes, de façon exclusive ou non[citation nécessaire]. Des mesures telles que la parité ont pour objectif de faire évoluer cet état de fait. Lorsqu'une personnalité politique exerce les plus hautes fonctions exécutives, elle est connue en tant qu'homme ou femme d'État.
4
+
5
+ En démocratie, les personnalités politiques sont généralement élues au suffrage universel[citation nécessaire], direct ou indirect, et occupent des postes comme :
6
+
7
+ En Belgique :
8
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+ Au Canada :
10
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+ Au Maroc :
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+ En France :
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+ En Suisse :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le fémur est l'os de la cuisse — segment proximal du membre inférieur. Il s'agit de l'os le plus long du corps humain.
2
+
3
+ Le fémur est l’os le plus long du membre inférieur, le plus gros (par son volume), et le plus solide (quand on prend en compte sa résistance aux contraintes mécaniques, contraction des muscles…) du corps humain.
4
+
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+ Le fémur se compose d’une partie centrale, le corps ou diaphyse et de deux extrémités, les épiphyses. Un col unit l'extrémité supérieure à la diaphyse.
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+ L'extrémité supérieure du fémur porte la tête fémorale. Représentant les 2/3 d"une sphère, elle répond à l’acetabulum de l'os coxal constituant avec lui une articulation sphéroïde (ou énarthrose ). À l'union du col et de la diaphyse, se trouvent deux reliefs osseux, les trochanters — le petit est en dedans et en bas, le grand en dehors et en haut. Ces deux saillies ou apophyses sont réservées à l'insertion de muscles notamment destinés à faire tourner l'os sur son axe longitudinal (qui participent également aux mouvements d'adduction, abduction, de flexion et d'extension de la cuisse sur le tronc). Les épiphyses sont munies de trous nourriciers pour le passage des vaisseaux sanguins.
7
+
8
+ Sur la partie postérieure de la diaphyse, se présente la ligne âpre sur laquelle viennent s'insérer d'autres muscles, dont le muscle grand fessier et le muscle biceps fémoral. À la partie distale du fémur, on trouve deux condyles (un médial et un latéral), la facette rotulienne en avant et une fosse (ou échancrure intercondylienne) en bas et en arrière, l'ensemble constituant, avec l'épiphyse proximale du tibia et la rotule, l'articulation du genou, de type articulation trochléenne.
9
+
10
+ Dans la position debout anatomique, le fémur n'est pas vertical. Séparé en haut par un intervalle considérable, correspondant à la largeur du bassin, il descend oblique en dedans pour se rapprocher de la ligne du centre du corps à son extrémité distale, afin de permettre à l'articulation du genou d'être le plus proche possible de la ligne de gravité du corps. Cet angle d'inclinaison varie d'une personne à l'autre, et est plus grand chez la femme que chez l'homme, en raison de la différence de conformation des bassins. Le fémur, comme tout os long, est divisé en un corps et deux extrémités.
11
+
12
+ La coupe horizontale de la diaphyse fémorale montre un corps triangulaire à sommet postérieur (ligne âpre), une cavité centrale ou médullaire contenant de la moelle jaune. Cette cavité est entourée par l'os compact. Ce dernier est enveloppé par une membrane, le périoste. La coupe des épiphyses montre de l'os spongieux riche en cavités remplies de moelle rouge. C'est à ce niveau que naissent les cellules sanguines. Les zones articulaires des épiphyses sont protégées par du cartilage articulaire.
13
+
14
+ L'extrémité proximale (ou supérieure) du fémur est organisée en système de faisceaux partant de trois lames compactes qui sont : la lame compacte interne ou Arc d'Adams, la lame compacte externe et la lame compacte sus-cervicale. De la lame compacte interne part le faisceau trochantérien vers le grand trochanter. De la lame compacte externe, part le faisceau arciforme de Gallois vers la tête fémorale. De la lame sus-cervicale, partent des travées osseuses interne et externe. Ce système de faisceaux délimite une zone de faiblesse appelée triangle de Ward. L'union des faisceaux arciforme et trochantérien donne un système appelé système ogival.
15
+
16
+ La tête a la forme de 2/3 de sphère d'environ 24 mm de rayon, et est dirigée en haut (crânial), en dedans (médial) et un peu en avant (ventral). Sa surface convexe, dirigée en haut et en avant, est lisse, enrobée de Cartilage hyalin, à l'exception d'une dépression ovoïde ; la fossette de la tête (fovea capitis femoris), située un peu en dessous et en arrière de son centre, elle constitue la zone d'insertion du ligament de la tête fémorale (ligamentum capitis femoris), ancien ligament rond.
17
+
18
+ Le col est un os plat pyramidal, reliant la tête avec le corps, et formant avec ce dernier un grand angle. L'angle cervico-diaphysaire ouvert en dedans est plus grand à l'enfance. Il est de 150° environ chez le nouveau-né et diminue durant la croissance. Chez l'adulte, l'angle est d'environ 126° et, chez le vieillard de 120°. En plus de se projeter supérieurement et médialement par rapport à la diaphyse, le col présente également un angle d'antéversion (portant la tête fémorale en avant) variable selon les individus, allant en général de 10° à 15°.
19
+
20
+ Si l'angle cervico-diaphysaire est supérieur à 130° on parle de coxa valga, et s'il est inférieur à 110° on parle de coxa vara. Plus l'angle est petit, plus il y a un risque de fracture du col du fémur (ce qui permet d'expliquer, en lien avec l'ostéoporose, la fréquence plus élevée de ce type de fracture chez le vieillard).
21
+
22
+ Les trochanters sont des bosses-sphères proéminentes qui offrent un bras de levier aux muscles rotateurs de la cuisse. On distingue deux trochanters : le grand et le petit.
23
+
24
+ Le grand trochanter (trochanter major) est une éminence quadrilatérale située à la jonction du col avec la partie supérieure du corps. Il est situé légèrement latéralement et postérieurement et, chez l'adulte, est environ 1 cm plus bas que la tête. Il a deux surfaces et quatre arêtes. La surface latérale sert d'insertion au muscle moyen glutéal (gluteus medius, ancien muscle fessier moyen). La surface médiale, plus petite que la latérale, présente à sa base une dépression, la fosse trochantérique (fossa trochanterica, ancienne fossette digitale), où s'insère le tendon du muscle obturateur externe (obturator externus). Au-dessus et en avant se trouvent le lieu de l'attachement de l'obturateur interne et des muscles jumeaux. L'arête supérieure est le lieu d'insertion du muscle piriforme. L'arête inférieure donne naissance à la partie supérieure du vaste latéral (vastus lateralis). L'arête antérieure est proéminente, le muscle petit glutéal (gluteus minimus, ancien petit fessier) s'y rattachant.
25
+
26
+ Le petit trochanter (trochanter minor) est une éminence conique qui varie en grosseur chez différents individus. Il projette de la partie inféro-postérieure de la base du col. À son sommet s'attache le tendon du muscle ilio-psoas.
27
+
28
+ Une proéminence, le tubercule du fémur, se trouve à la jonction de la partie supérieure du col et du grand trochanter. Il est le lieu d'attache de cinq muscles : muscle petit glutéal latéralement, le vaste latéral en dessous et le tendon de l'obturateur interne et des deux gemilli au-dessus.
29
+
30
+ Descendant obliquement et médialement du tubercule, elle offre un attache au ligament ilio-fémoral de la hanche. Sa partie inférieure donne origine à la partie supérieure du vaste médial (vastus medialis). La ligne quadrate (linea quadrata) est le lieu d'origine du quadriceps fémoral (quadratus femoris) et de quelques fibres du muscle grand adducteur.
31
+
32
+ Le corps comprend trois faces : antérieure, postérieure et postéro-interne.
33
+
34
+ La linea aspera ou ligne âpre est une crête osseuse s'étendant verticalement sur la hauteur du fémur, trifurquant en haut et bifurquant en bas. Elle se trouve entre les faces postérieure et postéro-externe du corps du fémur. Elle se compose de deux lèvres qui s'évasent en haut et en bas mais se rejoignent sur toute la partie moyenne de l'os. On décrit une lèvre médiane et une latérale. Sur la lèvre médiane s'insère le muscle vaste médian du quadriceps, alors que sur la lèvre latérale s'insèrent le muscle vaste latéral du quadriceps, le muscle grand fessier et le muscle biceps fémoral par son ventre court. Entre les deux lèvres s'insèrent les différents muscles adducteurs de la cuisse. À cela s'ajoute la branche moyenne, de trifurquation, sur laquelle s'insère le muscle pectiné.
35
+
36
+ L'épiphyse distale du fémur supporte :
37
+ la surface patellaire (facies patellaris, ancienne trochlée fémorale), surface articulaire avec la patella, et les condyles, deux éminences latérales.
38
+
39
+ Elle est située à la partie ventrale de l'épiphyse distale du fémur, et a une forme de poulie, avec 2 facettes convexes (de haut en bas et transversalement) : une facette latérale et une facette médiale, de tailles inégales, se poursuivant en bas par les condyles et séparées par une gorge. La joue externe est toutefois plus convexe, plus large, plus haute et plus saillante.
40
+
41
+ Les condyles sont des surfaces articulaires situées à l'extrémité inférieure du fémur. Les deux condyles sont séparés par une fosse intercondylienne.
42
+
43
+ Le condyle médial se situe sur la tubérosité interne du fémur.
44
+ Sur sa face externe — répondant à la fosse intercondylienne — s'insère le ligament croisé postérieur.
45
+
46
+ Le condyle latéral se situe sur la tubérosité externe du fémur.
47
+ Il est plus saillant que le condyle interne.
48
+ Sur sa face interne s'insère le ligament croisé antérieur.
49
+
50
+ Le fémur possède un unique point d'ossification primaire au niveau de la diaphyse.
51
+
52
+ Les points d'ossification secondaire se trouvent dans les épiphyses: l'épiphyse proximale possède 3 points d'ossification secondaire (tête fémoral, grand et petit trochanter) et l'épiphyse distale n'en possède qu'un.
53
+
54
+ L'épiphyse distale contribue à 70% de la croissance du fémur et à 55% de la croissance du membre pelvien[réf. souhaitée].
55
+
56
+ La fracture du fémur est un traumatisme fréquent, particulièrement lors des accidents de la voie publique. Il peut survenir une complication grave et souvent mortelle : l'embolie graisseuse. C'est pourquoi ces fractures doivent être ostéosynthèsées rapidement.
57
+
58
+ La prise en charge pré-hospitalière se fait donc normalement par une équipe médicale (smur en France) ou paramédicale, qui commence par sédater la victime et procède au ré alignement du membre (réduction de la fracture). L'immobilisation de la fracture et du membre inférieur se fait typiquement avec une attelle de traction (type attelle de Donway), l'immobilisation de la hanche se fait en général avec un matelas immobilisateur à dépression.
59
+
60
+ Le traitement le plus utilisé actuellement est l'enclouage centromédulaire, qui permet la reprise d'appui immédiat et à un meilleur taux de consolidation que l'ostéosynthèse par plaque ou l'utilisation de fixateurs externes. Il faut compter 3 mois pour obtenir la consolidation.
61
+
62
+ La fracture du col du fémur est un accident classique des femmes âgées, en raison de l'ostéoporose : en 2007, 76,1 % des patients devant effectuer un séjour hospitalier dû à ce type de fracture sont des femmes de 55 ans et plus ; de 1998 à 2007, les séjours masculins sont toutefois en hausse de 12,1 % alors que ceux féminins sont stables (-0,1 %)[1]. Le taux de mortalité est élevé (14,7 % à 6 mois[2], entre 8,5 et 36 % à 1 an selon les études et les pays puisqu'il est difficile de rattacher le décès à sa cause initiale[1]) en raison de complications cardiaques, neurologiques et pulmonaires[1], des complications de décubitus et de la diminution d'autonomie qu'elles entraînent. Le risque principal est la nécrose de la tête fémorale (ostéonécrose). C'est pourquoi en cas de déplacement important ou en valgus (en) (Stades 3 et 4 de Garden), il est nécessaire de poser une prothèse céphalique. En cas de fracture non déplacée ou de fracture engraînée en varus (Stade 1 et 2 de Garden), on peut se contenter d'une ostéosynthèse par clou-plaque ou vis-plaque dynamique.
63
+ L'ostéonécrose de la tête fémorale est aussi une perte de la sphéricité de la tête du fémur provenant d'autres causes (corticoïdes à hautes doses ou sur une longue durée, drépanocytose…).
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+ Un tracteur agricole (du latin trahere) est un véhicule automoteur, équipé de roues ou de chenilles, et qui remplit trois fonctions dans les travaux agricoles, ruraux ou forestiers :
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+ Le tout premier tracteur à vapeur et à chenille a été inventé par le Russe Fiodor Blinov en 1881[1].
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+ Le tracteur Froelich, conçu par John Froelich en 1892 dans l'Iowa aux États-Unis, est le tout premier tracteur équipé d’un moteur à explosion fabriqué de manière industrielle.
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+ En 1907, Henry Bauchet alors constructeur automobile ardennais à la suite du départ de son associé Charles Schmidt chez Packard[2] (où il allait créer[3] la première Packard modèle G[4]) et son litige avec Renault sur la priorité de la prise directe, cessa de construire des automobiles. La mode était alors aux voitures à chaînes et, ne pouvant se plier à une technique qui ne répondait pas à ses conceptions, l'ingénieur ardennais préféra s'attaquer à la fabrication de moteurs fixes. Cette production trouvant des applications surtout dans le domaine de l'agriculture, il construisit, deux ans plus tard, en 1909, le premier tracteur à roues.
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+ À la déclaration de guerre, en 1914, il achevait le premier tracteur à chenilles.
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+ Ses modèles étaient dotés de « transdirection », invention brevetée Bauchet, leur permettant une importante souplesse car un équilibre automatique et une taille étroite permettant de passer dans les vignes, modèle commercialisé sous le nom de « vitichenille ». Comme il le disait lui-même, « la conduite en était si facile qu'un enfant pouvait le faire ! », arguments repris lors de la photo réalisée pour une publicité ou publication de ses tracteurs agricoles.
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+ Le tracteur s'est développé en France avec la motorisation de l'agriculture après la Première Guerre mondiale, Peugeot, Renault et Citroën y voyant un débouché pour maintenir l'activité de leurs usines d'armement et éviter le chômage. Il prend son essor dans les années 1950. Les fermiers ayant vu leurs animaux de trait réquisitionnés par l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale, ils n'avaient plus de chevaux ou de bœufs pour tracter leurs charrettes, si bien que les grandes exploitations agricoles du Bassin parisien se sont tournées vers le tracteur qu'on leur proposait grâce au développement de prêts sous forme de crédit. La loi du remembrement de 1941 (sous le régime de Vichy) visant à agrandir les surfaces cultivées[5] ne commença à voir ses effets que dans les années 1960, en 1946, il y avait 145 millions de parcelle en France, avec une taille moyenne de 0,33 hectares, la taille de ces exploitations rendait l'utilisation des tracteurs difficiles et peu rentables. la somme allouée au remembrement par le ministère de l'agriculture passe de 62,9 millions de nouveaux francs en 1959 à 111,283 en 1960, soit environ le double[6]. L'utilisation de machines. Le tracteur ne s'est véritablement imposé dans toutes les exploitations qu'à partir des années 1960[7].
13
+
14
+ Le tracteur agricole dans sa forme la plus classique possède quatre roues, les roues arrière sont motrices et de plus grand diamètre que les roues avant directrices. Les tracteurs à deux roues motrices sont de plus en plus rares. En effet, les agriculteurs utilisent des tracteurs de plus en plus puissants, demandant plus d'adhérence[8]. Le poste de conduite du tracteur peut être ouvert ou constitué d'une cabine dans laquelle le conducteur prend place sur un siège unique situé au centre. Les tracteurs modernes sont plus confortables (cabine suspendue, climatisée, siège pneumatique).
15
+
16
+ Depuis la fin des années 1980, l'apparition de l'électronique embarquée a permis de développer des « aides à la conduite ». Ainsi, un certain nombre d'opérations récurrentes se déclenchant lors des demi-tours au bout des champs par exemple peuvent être programmées par l'utilisateur. La plupart des tracteurs neufs sont vendus avec un ordinateur de bord permettant de surveiller tous les paramètres du tracteur et détecter un éventuel problème.
17
+
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+ Il compte en général quatre pédales : à gauche, l'embrayage et à droite du poste de conduite les freins droit et gauche ainsi que l'accélérateur. La pédale d'accélérateur est très souvent reliée à un levier actionné manuellement par le conducteur permettant de stabiliser le régime moteur, utile lors de la réalisation de certains travaux des champs (nécessitant l'utilisation de la prise de force du tracteur), on parle alors d'accélérateur à main.
19
+
20
+ Certains modèles sont spécialisés (ex. : tracteurs étroits (vergers, orangeraies), tracteurs enjambeurs pour la viticulture).
21
+
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+ Autrefois, la plupart des tracteurs recouraient à une transmission mécanique. Depuis les années 1980, les transmissions semi-powershift et powershift (passage des vitesses sous charge) ont été majoritairement adoptées par les agriculteurs. On note depuis les années 2000 la percée des transmissions à variation continue (Fendt en est le précurseur avec sa fameuse « boîte Vario »). Tous les constructeurs proposent désormais cette technologie (John Deere, New Holland, Case IH, Massey Ferguson, etc.).
23
+
24
+ Engin polyvalent, le tracteur est parfois concurrencé par le développement de machines automotrices conçues pour réaliser un travail spécifique (moissonneuses batteuses, automoteurs de traitements, etc.).
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+
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+ En 2002, le nombre total de tracteurs agricoles, tous types, en exploitation dans le monde s'élève à 26,7 millions[9].
27
+
28
+ Selon les pays, le type de tracteur agricole utilisé peut varier fortement. Ainsi par rapport aux Européens de l'Ouest, les Japonais se servent de tracteurs de puissance plus faible, tandis que les Américains utilisent des engins bien plus puissants (tracteurs articulés) (jusqu'à environ 600 ch). Les pays en voie de développement (Inde par exemple) produisent quant à eux des tracteurs sous licence utilisés par les Européens dans les années 1970.
29
+
30
+ Les 12 principaux pays utilisateurs représentent près de 70 % du total :
31
+
32
+ En France, les tracteurs agricoles sont impliqués dans 984 accidents sur une période de 5 ans, tuant 201 personnes entre 2013 et 2017[10].
33
+
34
+ Sur les 201 tués, la moitié sont des usagers vulnérables: 44 tués étaient à bord du tracteur alors que 157 tués étaient extérieurs au tracteur: 15 piétons, 15 cyclistes, 64 usagers de deux-roues motorisés (2RM) et 54 automobilistes[10].
35
+
36
+ Les usagers de tracteur agricole se tuent plutôt sans tiers[10].
37
+
38
+ Entre huit et neuf personnes sur dix sont tuées sur une section de route hors intersection[10].
39
+
40
+ Différentes direction du tracteur sont possibles avant l'accident:
41
+
42
+ La loi Macron a clarifié la réglementation sur le permis de conduire.
43
+
44
+ Depuis l'adoption de la loi Macron au début du mois d'août 2015, toute personne disposant d'un permis B peut désormais conduire un tracteur et une machine agricole ou forestière dont la vitesse n'excède pas 40 km/h. Jusqu'alors, seuls les actifs agricoles pouvaient circuler sur les routes sans permis. Les agriculteurs ou salariés agricoles retraités qui aidaient sur l'exploitation disposaient néanmoins d'une dispense. C'est désormais cette dernière règle qui s'applique à toute personne titulaire du permis B. Il n'est donc plus nécessaire d'avoir le permis poids lourd pour circuler sur la voie publique. .
45
+
46
+ Précisions sur les règles de dispense du permis
47
+
48
+ La modification du code de la route issue de la loi Macron vient clarifier les bénéficiaires de la dispense du permis B. Dans le cadre de l'activité professionnelle, un conducteur de tracteur et appareil agricole ou forestier, peut conduire sans permis à condition que le véhicule qu'il conduit soit attaché à une exploitation agricole ou forestière, à une entreprise de travaux agricoles ou à une coopérative d'utilisation de matériel agricole. L'article R. 221-20 du code de la route précise que le tracteur agricole s'entend y compris la remorque sans limite de poids total en charge autorisé (PTAC).
49
+
50
+ Concernant les appareils agricoles, il s'agit des machines agricoles automotrices, des ensembles comprenant un matériel remorqué, des ensembles comprenant un véhicule tracteur et plusieurs remorques ou matériels remorqués ainsi que des ensembles comprenant  une remorque transportant du personnel. Les cotisants au régime agricole qui peuvent conduire sans permis B sont les chefs d'exploitation ou d'entreprise à titre principal ou temporaire, et par extension les conjoints participant aux travaux, les collaborateurs à titre principal ou secondaire et les aides familiaux mineurs (mais plus de 16 ans pour conduire) et majeurs. Sont également concernés les retraités qui poursuivent la mise en valeur d'une surface minimale d'assujettissement, ainsi que les salariés agricoles, qu'ils soient en activité à temps plein ou en contrat à durée déterminée, temporaires, saisonniers, voire les apprentis et stagiaires (sous certaines conditions). Dans l'hypothèse de l'entraide, tous ceux qui ont une activité agricole et qui cotisent à la MSA peuvent donc conduire sans permis.
51
+
52
+ Si la vitesse dépasse par construction 40 km/h , le permis poids lourd est obligatoire
53
+
54
+ Il doit être également doté d'un ou deux gyrophare(s) orange permettant sa meilleure signalisation de jour comme de nuit ainsi qu'être mieux visible par les automobilistes.
55
+
56
+ L'âge minimal pour conduire un tracteur est de 16 ans.
57
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58
+ Ford a disparu (fusion Fiat-Ford) et se retrouve englobé dans le groupe CNH (Case New Holland).
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+ Mercedes-Benz a cessé la construction du MB-Trac mais construit toujours l'Unimog.
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+ JCB a plusieurs domaines d'activités (TP, manutention, agriculture). JCB commercialisait jusqu'en 2011 des tracteurs à roues égales. Depuis juillet 2011, le constructeur britannique propose deux modèles de forte puissance à roues inégales : les JCB Fastrac 8280 et 8310.
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+ Volvo a arrêté la production de tracteurs agricoles en 1986, quand la division de construction tracteurs agricoles a été vendue à la société finlandaise Valmet qui deviendra Valtra par la suite.
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+ Renault Agriculture n'existe plus sous cette marque, sauf pour les tracteurs destinés aux collectivités (Ergos). Claas a racheté 100 % des parts de Renault Agriculture en 2008. La production de tracteurs Claas se fait toujours dans l'usine historique de Renault Agriculture au Mans.
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+ La féodalité est un système politique, ayant notamment existé en Europe entre le Xe siècle et le XIIe siècle, dans lequel l'autorité centrale s'associe avec les seigneurs locaux et ceux-ci avec leur population, selon un système complet d'obligations et de services.
2
+ Le terme « féodalité » est issu du latin médiéval[1] feodum, « fief », qui vient probablement lui-même du francique fehu, « bétail », ou du gotique faihu, « argent, possession »[2]. Le mot « féodalité » est un mot savant et tardif employé au XVIIe siècle, dérivé du mot « fief » par l’intermédiaire de l’adjectif « féodal » ; « fief » et « féodal » sont beaucoup plus anciens : sous leur forme latine — la seule usitée à l’origine — « fief », en latin fevum, remonte au Xe siècle, mais ne s’est guère répandu qu’au XIe siècle, tandis que « féodal », feodalis date du XIe siècle[3].
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+ Plusieurs définitions peuvent être proposées au terme de féodalité[4]. La féodalité peut être conçue comme un système politique caractérisé par de forts liens de dépendance d'homme à homme, avec une forte hiérarchisation d'instances autonomes, l'autorité centrale, le pouvoir souverain, la puissance publique étant partagés dans les faits avec des principautés ou des seigneuries, et un important morcellement du droit de propriété s'appuyant sur la détention de fiefs. La féodalité peut aussi être définie comme un ensemble d'institutions et de relations concernant toute la société dite féodale[5], créant et régissant des obligations et des services — principalement militaires — de la part d'un homme libre, dit « vassal », ayant le plus souvent pour effet la concession par le seigneur au vassal d'un bien, dit « fief »[4].
9
+
10
+ Le sens de « féodalité » utilisé au XVIIIe siècle dépend du contexte chronologique et spatial : il renvoie en réalité au système de gestion diluée de la puissance publique, la potestas en latin, en Occident entre la fin du IXe et le XIIIe siècle. L'État, l'autorité publique, issus du monde gréco-romain, restaurés sous l'empire carolingien, se disloquent. Les anciens agents de l'Empire responsables des prérogatives régaliennes se les approprient et affirment leur autonomie à partir de l'affaiblissement de la lignée carolingienne à la fin du IXe siècle.
11
+
12
+ Cette société féodale serait, d'après certains historiens comme Pierre Bonnassie ou Jean-Pierre Poly, le résultat de la disparition de l'autorité publique autour du XIe siècle, due à une crise sociopolitique, la mutation féodale[6] ; mais plus récemment, d'autres chercheurs comme Dominique Barthélemy, ne distinguent pas de changement majeur entre les temps carolingiens et le XIIe siècle[7]. Selon Pierre Riché, la limite de l'an mille ne se justifie que du point de vue symbolique, et non sur la base d'une réelle rupture historique[8]. Quelques auteurs vont jusqu'à nier la notion même de féodalité[9].
13
+
14
+ Au IXe siècle, l'Occident connaît de nouvelles invasions. Grâce à leurs navires bien adaptés, les Vikings, venus de Scandinavie (Nord de l'Europe, d'où « Normands »), parviennent à remonter les cours d'eau et à piller l'Occident. La défense du pays est exercée par les représentants du roi dans une circonscription (comtes, abbés et évêques), car le roi n'a pas d'armée pour surveiller en permanence les estuaires et les fleuves. En se substituant localement au roi et en exerçant les mêmes droits que lui dans leurs seigneuries, ils gagnent un certain pouvoir envers les populations.
15
+
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+ À partir des invasions germaniques, le principe de lien personnel entre le Princeps, l'empereur romain, et les rois germaniques a pour conséquence l'introduction des liens de dépendance personnels dans la sphère publique.
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18
+ On peut caractériser le féodalisme par l'ensemble des institutions et usages contractuels entre suzerains et vassaux : le suzerain doit à son vassal l'entretien, généralement sous la forme d'une concession de fief (terres ou droits, ou encore rente), et la protection. En contrepartie, le vassal est tenu de fournir à son suzerain aide et conseil (foi et hommage).
19
+
20
+ Ce type de relations, au départ limitées à l'aristocratie guerrière, où le roi, « suzerain des suzerains », attribue des fiefs à ses fidèles pour protéger plus efficacement son domaine, s'est étendu à l'ensemble de la société, les « serfs »(personnes attachées à la terre du seigneur, ayant un rapport de vassal à suzerain avec leur seigneur). La féodalité désigne alors une société caractérisée par la hiérarchie des terres et des personnes, le morcellement des terres et de l'autorité, la domination de la classe combattante. Le vassal est celui qui, ayant reçu une propriété territoriale nommée bénéfice ou fief, se trouve dès lors dans la dépendance du garant de cette propriété, auquel il doit foi et hommage, en échange d’une assistance de son suzerain dans certains cas. Le suzerain est celui qui, ayant conféré le fief, a droit à l'aide du vassal.
21
+
22
+ Du reste, le même seigneur peut être suzerain pour certains fiefs (ceux qu'il a conférés) et vassal pour d'autres (ceux qu'il a reçus). Ainsi Sigismond, roi des Burgondes, écrit-il en 518 à l'empereur romain Justin, installé à Constantinople, pour rappeler les liens de dépendance personnelle que ces deux personnes entretiennent l'une envers l'autre : Sigismond n'est que le délégué de l'empereur sur un certain nombre de comtés, et il n'est délégué du Princeps que parce qu'il lui a rendu hommage ; ce lien entre vassalité et service public perdure jusqu'au XIVe siècle[10].
23
+
24
+ Un système féodal reposant sur le clientélisme paraît avoir existé en germe chez les Celtes et les Germains ; il fut régulièrement établi en Gaule à l'époque de la conquête par les Francs ; toutes les terres conquises sont alors divisées en « terres libres » dévolues par le sort à des chefs indépendants, et bénéfices ou fiefs (comme on les nomma plus tard), terres concédées par un chef à ses compagnons d'armes en récompense des services qu'ils lui ont rendus à la guerre.
25
+
26
+ Les Pippinides héritent du système de relations personnelles germaniques, de la clientèle de la noblesse mérovingienne. Rapidement, pour être en mesure de rémunérer les fidélités, les maires du palais pratiquent le procédé du « chasement » : un vassal est doté d'un bénéfice, souvent les revenus d'un domaine, communément ecclésiastique, et doit subvenir à ses besoins, les siens et ceux de sa petite suite, sur ce domaine. En général, lorsqu'il s'agit d'un domaine ecclésiastique, le guerrier est placé sous la dépendance de l'abbé, mais cette fiction est permise par la mise en place de la précaire : l'abbé confie le domaine au maire du palais pippinide, qui le rétrocède en précaire (precaria en latin) aux fidèles.
27
+
28
+ À ce système se superpose la conception du pouvoir romain, la potestas, qui est détenue par le « sénat et le peuple », le sénat devenant le roi. À aucun moment, cette notion n'est remise en cause, et le princeps est le dépositaire suprême du pouvoir ; il est donc indispensable, même s'il n'a aucun pouvoir réel. La vacance du trône mérovingien entre 737 et 743 est tellement émaillée de révoltes que les fils de Charles Martel éprouvent en 743 le besoin de tirer d'un monastère un rejeton mérovingien, installé sur le trône, mais sans pouvoir réel[11][source insuffisante].
29
+
30
+ C'est naturellement que les Carolingiens reprennent à leur compte le système mis en place par leur ancêtre Charles Martel, mais l'appliquent à la gestion territoriale de l'État.
31
+
32
+ La dynastie carolingienne s'appuie sur le système vassalique pour réorganiser l'État. Charlemagne réorganise les royaumes en vastes ensembles territoriaux, placés sous la tutelle des missi dominici (« envoyés du maître ») qui gèrent une circonscription territoriale, le missacatus, constituée de plusieurs comtés, placés chacun d'entre eux sous la férule d'un fonctionnaire public, le comte, rémunéré par la remise temporaire de terres et/ou de revenus publics, le bénéfice, qui constitue sa rémunération.
33
+
34
+ Le comte est régulièrement contrôlé par le roi, qui délègue sur place des missi dominici, deux en général, un évêque et un comte de son entourage, chargés de contrôler sa gestion et de s'assurer que la part du roi est régulièrement versée[11].
35
+
36
+ Durant le règne de Charlemagne et une partie de celui de son fils, le système fonctionne bien, sans révolte nobiliaire grave, mais ce système s'appuyait sur l'existence de butin, prélevé lors de campagnes militaires victorieuses. La disparition du butin, liée à la fin des guerres d'expansion, est donc l'une des causes principales de la fragilisation du système. Le butin permet en effet au roi de récompenser les fidélités sans pour autant aliéner ses biens propres et les fiscs royaux. Au cours du règne de Louis le Pieux, l'essor territorial ne prend plus la forme de campagnes militaires victorieuses, mais de lents efforts de grignotage de terres à l'Est et en Espagne. La part due au roi du versement des amendes et les nominations sont contrôlées par le roi jusque dans les années 830, dans tout l'empire, et dans certaines contrées jusque dans les années 870. Les missi dominici assurent leurs fonctions au service du roi, mais la restriction de l'horizon territorial finit aussi par les toucher dans les années 865[12][source insuffisante],[13][source insuffisante] et c'est à ce moment que Charles le Chauve cesse de se manifester en Catalogne, par exemple.
37
+
38
+ À partir des années 830, l'empire franc s'enfonce dans les guerres civiles autour de la succession de Louis le Pieux, avec, d'une part, l'empereur Louis appuyé sur le clan Welf de son épouse Judith, qui soutient son fils Charles le Chauve, et, d'autre part, les deux fils, Louis et Lothaire. Les grands du royaume profitent des dissensions familiales pour augmenter leurs revenus, leurs immunités, les terres publiques qu'ils contrôlent déjà… Ils dessinent ainsi les configurations mouvantes des années 830, se rapprochant des fils ou du père, selon leurs intérêts ; pendant cette période, chacune des parties, les fils aînés de Louis, d'une part, et Louis, de l'autre, mènent une lutte d'influence pour le soutien de la noblesse, chacun débauchant les fidèles de l'autre en promettant et en donnant beaucoup : des domaines, des abbayes, des charges lucratives. Cependant, à aucun moment, la fiction du contrôle de ces bénéfices par le roi n'est remise en cause : la potestas (pouvoir de juger) se parcellise, mais ne disparaît pas[14][source insuffisante]
39
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+ À peine entré en possession de sa part d'héritage, Charles le Chauve définit en 843, par le capitulaire de Coulaines, les termes du contrat qui le lie à son aristocratie, dont une partie a été déracinée, selon les clauses du traité de Verdun : aux uns, « la jouissance paisible de leur fonction » ; à l'autre, « aide et conseil »[15]. Cette formation (« fonction ») indique que Charles le Chauve s'appuie sur une noblesse de fonctionnaires (entendu, qui exerce des fonctions au sein de l'État), de plus en plus territorialisée et de moins en moins amovible. En outre, si le roi dispose d'un pouvoir de contrôle, mais aussi de nomination aux grands commandements, les nominations, de fait, sont validées par les grands de son royaume. Le roi contrôle directement un certain nombre de domaines, de monastères et de revenus et dispose donc encore d'une certaine marge de manœuvre face à son aristocratie ; en outre, il s'appuie sur le clergé, dont Hincmar, archevêque de Reims, théoricien et garant du système mis en place durant son règne. Charles le Chauve dispose encore de pouvoirs réels, mais, au fil de son règne, ses moyens s'amenuisent et c'est par une intense activité qu'il parvient à les maintenir, et sur certains points à les abonder, appuyé sur un clergé fidèle, groupé autour d'Hincmar de Reims.
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+ À aucun moment, la présence du roi n'est remise en cause, mais dans les faits, celui-ci se cantonne au nord de la Loire, là où le danger est le plus proche et le plus pressant, là où, abbé laïc, il contrôle le plus grand nombre d'abbayes, notamment les plus riches, là où il contrôle directement ses comtes, sans la médiation d'un duc ou d'un marquis.
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+ À partir de ce moment, toutes les révoltes nobiliaires ont pour but de ramener le roi dans les limites fixées à Coulaines. Les grands se font entendre, lors de plaids ou de révoltes[11][source insuffisante], lorsque le roi transgresse ses prérogatives, trafique les honneurs ou modifie à son profit les règles du droit, car il est garant de l'équilibre de l'ensemble et le soutien qu'il reçoit est fonction de sa politique, conforme à la justice et au droit. Cependant, s'il y a progressivement patrimonialisation des charges publiques, l'héritier doit voir sa fonction confirmée par le roi ou son représentant (duc ou marquis), par la remise du cingulum et du pallium, rappel des insignes consulaires romains, et symboles de la potestas. Il y a un souvenir de cette pratique quand Hugues Capet demande à un de ses comtes : « Qui t'a fait comte ? », preuve de la survivance de cette croyance[11][source insuffisante],[16][source insuffisante].
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+ Le pouvoir royal s'affaiblit considérablement et l'Europe se divise en principautés entre lesquelles les communications diminuent[17]. En France, l'hérédité des fiefs, déjà préservée en 587 par le traité d'Andelot, l'est de nouveau trois siècles plus tard par le capitulaire de Quierzy (877),qui l'étend aux gouvernements des provinces de l'empire carolingien. Commence alors la véritable époque féodale ; les possesseurs des fiefs devenus héréditaires accroissent facilement leur puissance sous les derniers Carolingiens, et certains de ces grands feudataires deviennent de fait indépendants.
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+ Les principales sources sont ecclésiastiques et doivent être analysées avec prudence ; les nombreuses exactions dénoncées par les clercs, comme les brigandages, ne sont pas forcément des actes de violence directe : les châtelains essayent d'imposer des taxes aux habitants des terres d'église ce qui ampute les revenus des religieux. Ces « brigands » sont bien souvent des spoliateurs de l'Église en ce sens qu'ils contestent ou rejettent les droits des églises sur les terres dont ils sont les héritiers. Les adversaires de l'Église sont des puissances laïques que l'autorité politique ne parvient pas seule à réprimer. Les couvents et les églises, subissent souvent les pressions de descendants des donateurs qui cherchent à récupérer les biens patrimoniaux dont ils auraient dû hériter[18]. L'Église prend donc sa propre défense, ce qui est révélateur du glissement de l'autorité en direction de l'Église et de l'affaiblissement de la législation étatique. L'Église représente la seule force morale, le seul frein à la violence des seigneurs et des chevaliers[19]. Au total, les intérêts des châtelains sont en conflit avec ceux de la paysannerie, du clergé et des puissants et le mouvement de la Paix de Dieu découle des efforts de ces trois groupes sociaux pour neutraliser les excès de la noblesse naissante.
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+ L'Église n'est pas épargnée par les désordres des IXe et Xe siècles. Des charges d'abbé, paroissiales ou ecclésiastiques, sont données à des laïcs pour se former des clientèles, ce qui entraîne un relâchement de la discipline monastique et un abaissement du niveau de culture des prêtres[20]. Les rares monastères qui ont conservé une conduite irréprochable acquièrent une grande autorité morale, d'autant plus que l'approche de l'an mil travaille les esprits : l'Apocalypse est le texte sacré qui retient l'attention la plus passionnée[21]. On y lit : « Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s'en ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer. »[22]. Les exactions des guerriers semblent correspondre à la prophétie. Dès lors, un soin particulier est mis à se laver de ses péchés. En particulier, les monastères intègres reçoivent de nombreuses donations pour obtenir des prières, en particulier post mortem[23]. Le choix des abbés se fait de plus en plus vers des hommes d'une grande intégrité, et certains, tel Guillaume d'Aquitaine, vont jusqu'à donner l'autonomie et l'immunité à des monastères qui élisent donc leur abbé. Ce fut le cas de Gorze, Brogne ou Cluny. D'autres monastères utilisent des faux certificats d'immunité pour acquérir l'autonomie[24][source insuffisante].
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+ De tous, Cluny a le développement et l'influence les plus impressionnants. Sous la férule d'abbés dynamiques tels qu'Odon, Maïeul ou Odilon, l'abbaye, entraînant d'autres monastères qui lui sont rattachés, constitue bientôt un ordre très puissant (en 994, l'ordre de Cluny compte déjà 34 couvents)[25]. L'une des grandes forces de Cluny est de recruter une bonne partie de ses membres, et particulièrement ses abbés, dans la haute aristocratie : Bernon (909-927) appartient à l'aristocratie du comté de Bourgogne ; Odon (927-942) est issu d'une grande famille de Touraine ; Mayeul (948-994) appartient à la famille provençale des Valensole ; Odilon de Mercœur (994-1048) fait partie du lignage comtal d'Auvergne ; Hugues de Semur (1049-1109) est le beau-frère du duc capétien de Bourgogne et sa nièce épousera le roi de Castille Alphonse VI ; Pons de Melgueil (1109-1122) est apparenté aux comtes d'Auvergne et de Toulouse ; Pierre de Montboissier, dit le Vénérable (1122-1156), est issu d'une famille seigneuriale d'Auvergne[26][source insuffisante]. Aimard (942-948) est le seul abbé issu d'un milieu modeste.
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+ Pour favoriser la conversion des populations païennes, le culte des saints, et donc des reliques, a été vivement encouragé dès le VIe siècle. La possession de reliques par les monastères et autres édifices religieux est très prisée, car l'afflux de pèlerins qu'elles entraînent est source de bénéfices importants[20]. Les pèlerinages se développent intensément, et c'est d'ailleurs sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle que Cluny étend son influence à cette époque[27].
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+ Les invasions du IXe siècle entraînent leur lot de malheurs. On prend l'habitude, à cette époque, de sortir les reliques de leur sanctuaire, en particulier pour des processions lors des calamités publiques, et pour réclamer la justice contre les ennemis ou les usurpateurs d'une église[28][source insuffisante]. Cet usage s'applique bien entendu aussi aux déprédations dues aux seigneurs locaux : c'est d'un de ces rassemblements expiatoires que démarre le mouvement de la Paix de Dieu. On dénombre 21 assemblées de paix, mais nous ne connaissons les décrets que pour seulement 8 d'entre elles[29][source insuffisante]. Il s'agit d'assemblées, réunies en plein champ, dans des lieux choisis pour leur très antique sociabilité populaire, au cours desquelles les évêques font jurer la paix. Si la Paix de Dieu se base sur un mouvement populaire dans sa première phase (989-1010), elle bénéficie ensuite du soutien du roi Robert II le Pieux et de la haute noblesse, qui y voient un moyen de structurer et de pacifier le royaume[30]. Les conciles en Aquitaine ont souvent été convoqués par le duc Guillaume d'Aquitaine. Si la contestation paysanne a un caractère antiseigneurial, l'Église ne cherche pas à se substituer au pouvoir central, mais plutôt à moraliser la conduite de la noblesse[31]. Les serments établissent un compromis juridique et foncier entre laïcs armés et ecclésiastiques : ils institutionnalisent la seigneurie[32]. La lutte de l'Église contre les violences seigneuriales assoit aussi, par les décisions de ses conciles, le nouvel ordre social organisant la société en trois ordres[30]. Ce mouvement est renforcé dans un deuxième temps par la Trêve de Dieu qui est tout autant soutenue par Cluny.
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+ Par la Paix de Dieu, l'Église ne cherche pas à interdire la guerre et à promouvoir la paix : elle moralise la paix et la guerre en fonction de leurs objectifs et de ses intérêts. C'est en cela que la Paix de Dieu constitue une étape préparatoire importante de la formation de l'idée de croisade.
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+ Les ducs et comtes retrouvent assez de pouvoir pour reprendre en main le mouvement de paix : en 1047, en Normandie, la Paix de Dieu devient la paix du duc (concile de Caen) ; en 1064, en Catalogne, elle devient la paix du comte. Dans le même temps, la paix s'internationalise, s'étendant aux pays voisins de la France : Catalogne, Angleterre, pays germaniques. La papauté conforte enfin le mouvement : Urbain II, ancien moine clunisien, reprend lors du concile de Clermont (1095) les dispositions promulguées aux conciles de paix. Il y invite tous les chrétiens à observer entre eux une paix perpétuelle et à aller combattre l'hérétique. C'est ainsi que la Paix de Dieu débouche sur la Croisade.
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+ Le XIIe siècle, en même temps qu'il est période de reconstruction du pouvoir royal, voit se transformer ce mouvement de paix. Durant la première moitié du siècle, le roi reprend en main le domaine royal, faisant reculer les ambitions des châtelains. Dans le même temps, l'Église et la papauté font de nouveau appel aux autorités civiles (roi et princes) pour assurer les prérogatives judiciaires. C'est dans le cadre de cette restauration de l'autorité royale que le roi Louis VII récupère en 1155 l'institution de paix : la Paix de Dieu devient la Paix du roi.
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+ La féodalité, comme relation entre professionnels de la guerre, est née entre Loire et Meuse au IXe siècle, de la déliquescence de l'Empire carolingien détruit par les agressions extérieures (Normands, Sarrasins, Hongrois) et morcelé à l'intérieur entre les héritiers et leurs partisans. Elle s'étendit à l'Allemagne, l'Italie du Nord, l'Espagne chrétienne dans un premier temps, puis à l'Italie du Sud, à l'Angleterre par la conquête normande, et fut transposée dans les États latins d'Orient avec les croisades. Ce mode d'organisation politico-sociale s'est développé dans une société presque exclusivement rurale, sous-peuplée, où la richesse et la puissance se confondent avec la possession de la terre.
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+ Ce système est né de la disparition de toute autorité publique et de l'insécurité majeure : invasions extérieures, guerres à l'intérieur d'un royaume, famines (souvent issues des guerres). Il implique la prédominance d'une caste de guerriers professionnels (qui n'existe pas à proprement parler à l'époque mérovingienne) et des relations d'homme à homme, qui permettent son extension à toute la société par la suite. La féodalité est issue de la présence d'un régime seigneurial dès la fin de l'Empire romain, où l'aristocratie guerrière s'était partagée la terre. Elle y agrège le régime vassalique de l'époque mérovingienne, où les hommes libres se mettent au service d'un puissant contre sa protection et contre un bénéfice s'il n'est pas propriétaire. Ces bénéfices étaient aussi attribués comme récompense aux compagnons (comes, qui donne comte) du puissant.
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+ Ce système de liens personnels hiérarchisé fut utilisé et renforcé par les Carolingiens qui y voyaient un moyen d'être à la tête de tous les hommes libres. Cependant, les invasions du IXe siècle brisent le lien envers le souverain et renforcent les pouvoirs des puissants locaux : comtes, ducs, marquis. La hiérarchie se met en place, le clergé s'y intègre. Le seul privilège du roi est, en France, de ne prêter en général[33] hommage à personne.
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+ En 987, Hugues Capet consomme le triomphe de la féodalité en renversant la dynastie régnante ; mais aussi, dès la même époque commence la lutte du pouvoir royal contre la féodalité. Hugues Capet et ses premiers successeurs ne sont encore vraiment souverains que dans leurs domaines personnels.
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+ Au XIIe siècle, la féodalité se modifie, avec l'arrêt des invasions, l'expansion démographique et économique. La chevalerie, base du système, se ferme et devient uniquement héréditaire. L'aide du vassal se limite aux quatre cas (aide aux quatre cas). Son fief devient sa pleine propriété et le roi de France renforce son pouvoir (notamment par la procédure de l'appel judiciaire).
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+ Aux XIe et XIIe siècles, l'organisation féodale du duché de Normandie peut se résumer ainsi :
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+ Le vassal doit à son seigneur l'ost, service armé gratuit de quarante jours. Mais dès le XIIe siècle, ce service est remplacé par une somme d'argent.
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+ Tout comme la disparition de la puissance centrale avait favorisé l'apparition de principautés, les désordres publics qu'elle avait entraînés avaient suscité un fort sentiment d'insécurité. Sur le modèle des relations d'homme à homme, des liens se créèrent entre la classe guerrière et la classe des paysans. Dans le système tel que présenté par les élites médiévales, pour l'essentiel cléricales, le chevalier assurait la protection aux paysans, qui en échange lui fournissaient subsistance et moyens de s'équiper.
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+ La protection revêtait plusieurs formes :
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+ Dans un premier temps, le système féodal s'est avéré efficace face aux invasions. Mais, celles-ci achevées, il n'a pas tardé à se créer une situation d'anomie due à la multiplicité des conflits locaux entre seigneurs, professionnels de la guerre. De plus, l'éclatement de la souveraineté en une multitude de principautés indépendantes a considérablement réduit le pouvoir du roi. Sa seule attribution demeure la suzeraineté, qui en fait le « seigneur suprême ». L'historiographie traditionnelle appelle cette période de déclin des XIe et XIIe siècles l'« anarchie féodale », bien que l'État royal ne se construise pas contre cette anarchie mais pour l'« ordre féodal »[34].
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+ Ce sont les Capétiens qui, en s'appuyant sur le système féodal pour augmenter constamment leur domaine personnel, lui portent le coup fatal en France. Le roi s'impose en jouant au maximum de sa suzeraineté et en exploitant les permanentes dissensions de ses vassaux. Ainsi, dans le courant du XIIe siècle, se met en place la monarchie féodale qui use des obligations vassaliques pour forcer à l'obéissance les grands seigneurs territoriaux.
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+ Louis VI est le premier qui attribue à la royauté un rang particulier. L'établissement des communes, en fournissant au roi un auxiliaire contre la puissance des vassaux, les croisades, en forçant les seigneurs à engager à la Couronne des domaines qu'ils ne purent depuis recouvrer, portent les premiers coups à la féodalité. Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe le Bel, soit par la force des armes, soit par jugement, achat, donation, succession, réunissent nombre de fiefs au domaine royal. Leurs successeurs, devenus plus forts, attaquent victorieusement les privilèges des feudataires.
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+ À la fin du XIIIe siècle, la féodalité est déjà pratiquement vidée de tout son contenu. Elle évolue vers le régime seigneurial, ensemble de charges et de redevances héritées du passé qui pèsent sur la paysannerie et progressivement apparaissent dépourvues de sens, puisque le seigneur, en contrepartie, n'a plus d'obligation précise. C'est Louis XI qui effectue les acquisitions décisives qui lui permettent de ne plus dépendre de l'aide de ses vassaux pour soumettre une révolte de ceux-ci, aussi étendue soit-elle. Le traité du Verger (1488), qui conclut la Guerre folle entre les grands vassaux et son fils Charles VIII, est un des tout derniers actes relevant vraiment du droit féodal : c'est encore un engagement entre deux hommes. Moins de dix ans plus tard, le contrat de mariage de Louis XII et Anne de Bretagne est un engagement entre deux pays puisqu'il est destiné à rester valable après la mort des deux époux. Dès lors, le système féodal français n'est plus qu'une coquille vide et le Moyen Âge est terminé[réf. nécessaire].
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+ La féodalité se prolonge au-delà du Moyen Âge par la survivance de droits et de privilèges attachés aux propriétaires (l'Église ou la noblesse). Il faudra attendre la Révolution française et la nuit du 4 août 1789 pour qu'il soit mis fin à cette situation et que soit abolie la société d'ordres. Les révolutionnaires parlaient de « féodalité » ; or ils voulaient dénoncer le régime seigneurial, la vraie féodalité ayant disparu avec le Moyen Âge. La Révolution propagea cette abolition en Europe occidentale par les guerres de la Révolution et de l'Empire (recès d'Empire).
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+ Depuis la renaissance de l'an mille où elle s’est structurée, la société médiévale a considérablement évolué. L’Europe a fortement progressé techniquement, artistiquement et démographiquement. Les villes se sont développées, créant de nouvelles classes sociales centrées sur l’artisanat et le commerce. Le système féodal et religieux à trois ordres instauré depuis le mouvement de la Paix de Dieu est adapté à une société agricole et décentralisée : la noblesse protège les terres et rend la justice ; les religieux sont les guides spirituels de la communauté : ils s’occupent des œuvres sociales et contribuent à maintenir et développer la culture ; quant aux paysans, par leur travail, ils assurent la fonction productrice.
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+ À partir de la fin du XIIIe siècle, l’équilibre entre les trois ordres se rompt. Le développement des villes a nécessité la création d’un État centralisé rendant justice, unifiant la monnaie et devant protéger le pays contre les attaques éventuelles de royaumes capables de lever des armées importantes. Une telle structure doit être financée et l’État a d’autant plus besoin de ressources financières que le système féodal se maintient par la redistribution de richesses vers ses vassaux. Le grand patriciat commerçant possède des ressources financières très abondantes qu’il prête aux princes et aux ecclésiastiques : il devient un acteur incontournable[35].
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+ En France, ne disposant pas d’une administration suffisante et voulant limiter la puissance des grands féodaux, les Capétiens délèguent aux bourgeois de plus en plus de pouvoirs politiques, fiscaux et judiciaires, créant de véritables zones franches aux grands carrefours commerciaux. La multiplication des affaires à régler a rendu impossible leur seul traitement par les rois et la grande noblesse, qui ont alors délégué une partie de leurs pouvoirs judiciaires à des parlements et autres cours de justice. À l’époque, plutôt que d’entretenir une coûteuse administration, les souverains ont pris l’habitude de faire prélever les taxes par de riches particuliers qui leur cèdent le montant souhaité et se remboursent en percevant les impôts pour leur compte, ce qui leur assure de confortables bénéfices[36]. En Angleterre, les revers de Jean sans Terre contre Philippe Auguste conduisent les barons anglais à lui imposer en 1215 la Magna Carta, la Grande Charte, qui institue, entre autres, la liberté des villes et le contrôle de la fiscalité par le Parlement.
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+ En France, Philippe le Bel instaure des états généraux où la noblesse, le clergé et les villes sont représentés, pour disposer d'une légitimité à lever des impôts y compris sur les terres d’Église et rassembler la nation naissante pour faire bloc contre le pape qui ne peut accepter de telles taxes et proclame la primauté du spirituel sur le temporel (par la bulle pontificale Unam Sanctam de 1302, Boniface VIII revendique l’instauration d’une théocratie).
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+ D’autre part, pour les besoins du commerce, puis pour sa propre ascension sociale, le patriciat urbain prend en charge une partie de la culture, créant des écoles laïques[37] et finançant un mécénat culturel[38]. De la même manière, il finance nombre d’œuvres sociales[39][source insuffisante]. La plupart des innovations techniques sont alors le fait de laïcs, ingénieurs, architectes (tels Villard de Honnecourt)[40], artisans (tels Jacopo Dondi et son fils Giovanni, concepteurs de l’horloge à échappement[41]. Le clergé perd une partie de son rôle culturel ou social dans les espaces urbains.
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+ Pour obtenir le rôle politique que leur importance croissante dans la société devrait leur donner, de nombreux bourgeois tentent d’être anoblis. C’est la voie que choisit par exemple Robert de Lorris qui, devenu proche conseiller de Jean le Bon, use de son soutien ou d’alliances matrimoniales judicieuses pour placer ses proches. La haute bourgeoisie adopte des comportements qui rappellent ceux de la noblesse : par exemple, la prévôté organise en 1330 un tournoi où les bourgeois combattent comme des chevaliers[42]. Ceux qui, comme Étienne Marcel, n’appartiennent pas au cercle très restreint du pouvoir sous Jean le Bon et dont la promotion sociale est bloquée deviennent les plus fervents promoteurs d’une réforme politique qui doit aboutir au contrôle de la monarchie par les États.
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+ Alors que, sous l’effet des progrès des techniques agraires et des défrichements, la population s’accroît en Occident depuis le Xe siècle, on franchit un seuil qui dépasse les capacités de production agricole dans certaines zones d’Europe dès la fin du XIIIe siècle. Par le jeu des partages successoraux, les parcelles se réduisent : elles n’ont plus en 1310 que le tiers de leur superficie moyenne de 1240[43]. Certaines régions comme les Flandres sont en surpopulation et essayent de gagner des terres cultivables sur la mer ; néanmoins, pour couvrir leurs besoins, elles optent pour une économie de commerce permettant d’importer les denrées agricoles. En Angleterre, dès 1279, 46 % des paysans ne disposent que d’une superficie cultivable inférieure à 5 hectares ; or, pour nourrir une famille de 5 personnes, il faut de 4 à 5 hectares[43]. La population rurale s’appauvrit, le prix des produits agricoles baisse et les revenus fiscaux de la noblesse diminuent alors que la pression fiscale augmente et donc les tensions avec la population rurale. Beaucoup de paysans tentent alors leur chance comme saisonniers dans les villes pour des salaires très faibles engendrant aussi des tensions sociales en milieu urbain. Le refroidissement climatique[44] et l’évolution de l’économie vers la spécialisation de la production et le commerce[45] provoquent de mauvaises récoltes, qui se traduisent, du fait de la pression démographique, en famines (qui avaient disparu depuis le XIIe siècle) dans le nord de l’Europe, en 1314, 1315 et 1316 : Ypres perd ainsi 10 % de sa population et Bruges 5 % en 1316[43].
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+ La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre est un excellent moyen pour y parvenir, par les rançons perçues après capture d’un adversaire, le pillage et l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. C’est ainsi que la noblesse pousse à la guerre, et particulièrement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont les plus touchés[46]. En France, le roi Philippe VI a besoin de renflouer les caisses de l’État et une guerre permettrait de lever des impôts exceptionnels.
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+ L’essor du commerce a rendu certaines régions dépendantes économiquement de l’un ou de l’autre royaume. À cette époque le transport de fret se fait essentiellement par voie maritime ou fluviale. La Champagne et la Bourgogne alimentent Paris via la Seine et ses affluents et sont donc pro-françaises. La Normandie est partagée, car elle est le point d’union entre ce bassin économique et la Manche qui devient une zone d’échanges de plus en plus intenses, grâce aux progrès des techniques maritimes (le contournement de la péninsule ibérique par les navires italiens devient de plus en plus fréquent). L’Aquitaine qui exporte son vin en Angleterre, la Bretagne qui exporte son sel et les Flandres qui importent la laine britannique ont tout intérêt à être dans la sphère d’influence anglaise[47].
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+ Ainsi, les marchands flamands, en voulant échapper à la pression fiscale française, se révoltent de manière récurrente contre le roi de France ; d’où les batailles successives de Courtrai en 1302 (où la chevalerie française est balayée et où les bourgeois flamands montrent que les villes peuvent battre militairement l’ost royal), de Mons-en-Pévèle en 1304 et de Cassel en 1328 (où Philippe VI mate les rebelles flamands). Les Flamands apportent leur soutien au roi d’Angleterre, déclarant même en 1340 qu’Édouard III est le légitime roi de France. Les deux États ont donc intérêt à augmenter leurs possessions territoriales pour accroître leurs rentrées fiscales et renflouer leurs finances. Dès lors, les intrigues des deux rois pour faire passer la Guyenne, la Bretagne et la Flandre sous leur influence conduisent rapidement à une guerre entre les deux États[48] qui durera 116 ans. Bien évidemment les conséquences de cette guerre interminable furent lourdes pour le commerce, d’autant qu’elles avaient entraîné une augmentation de la pression fiscale.
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+ Avant la Révolution française, la dénonciation des droits féodaux fut conduite par deux courants, pour aboutir à l'abolition des privilèges lors de la Nuit du 4 août 1789 :
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+ Il s'agissait d'asseoir le pouvoir central et, en supprimant les particularités et les droits seigneuriaux, de rendre tous les hommes directement sujets du roi. Le servage et les corvées étaient rendus responsables de la mauvaise exploitation des terres et de divers désordres. Le roi avait déjà aboli ces droits dans ses propres domaines, mais il fallait exiger les mêmes réformes chez les nobles et également sur les terres des abbayes. Turgot échoua à supprimer les droits féodaux, mais inspira divers ouvrages : Inconvénients des droits féodaux de Boncerf, juriste de Besançon ; De l'administration provinciale et de la réforme de l'impôt, de Letrosne (1779) ; Considérations sur le gouvernement ancien et présent de la France de d'Argenson (1784) ; Correspondance d'un homme d'État avec un publicicite sur la question de savoir si le roi peut affranchir les serfs des seigneurs à charge d'indemnité (1789)[49].
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+ À la même époque, un autre courant, plus polémique et contestataire, dénonçait les situations insupportables et l'arbitraire qu'engendrait toute forme même atténuée de féodalité. Se plaçant sur le plan de la dignité des hommes, il était constitué par les philosophes des Lumières : Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu. Mais plusieurs ouvrages furent publiés quelques mois ou au moment même de la rédaction des cahiers de doléance, manquant selon plusieurs études d'une certaine spontanéité : Des banalités de Frémainville ; Des droits de justice de Baquet ; Mémoires pour servir à l'histoire du comté de Bourgogne de Dunod de Charnage ; Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs d'Odolant Desnos. Au dernier moment paraissent d'autres livres : Modestes observations sur le « Mémoire des princes » faites au nom de 23 millions de citoyens français de G. Brizard (1788) ; Mémoire sur les moyens d'améliorer en France les conditions des laboureurs, des journaliers, des hommes de peine vivant dans les campagnes et celles de leurs femmes et de leurs enfants de S. Cliquot de Blerwache ; Cri de la raison ou Examen approfondi des lois et des coutumes qui tiennent dans la servitude mainmortable quinze mille sujets du roi de l'abbé Clerget (1789)[50].
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+ Au sein du royaume d'Angleterre, la féodalité n'a été introduite qu'avec la conquête normande. Elle a eu beaucoup de mal à s'implanter et a pris fin avec la dynastie des Tudors et la Renaissance anglaise (XVIe siècle). Toutefois, un régime seigneurial a subsisté en Écosse jusqu'en 2001 et resta en vigueur sur l'île de Sercq jusqu'au 4 octobre 2006.
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+ Sous Louis le Germanique, dans le royaume de Germanie, puis durant le Saint-Empire romain germanique, la notion de fief public a toujours été active jusqu'à l'Interrègne (1250-1273). Les empereurs s'appuyaient sur des réseaux de fidélité stables, des chevaliers serfs devant tout à l'empereur, et surtout une expansion géographique de nature à alimenter constamment le système en terres publiques nouvelles, distribuées par la suite aux fonctionnaires royaux. Le système se grippe, à l'image du système carolingien, à partir du moment où il se heurte à des États aussi bien organisés que lui : la parade est alors trouvée par les Angevins de Naples, roi de Naples, de Hongrie, de Croatie, podestat de Florence, seigneur de Parme, prince de Duras… qui empilent des couronnes, modèle pour les Jagellon et les Habsbourgs. Les fidèles peuvent alors être récompensés en terres et en fonctions publiques dans les royaumes les moins densément peuplés. Ce système est celui adopté par les Habsbourgs lors de la reconquête de la plaine de Hongrie au XVIIIe siècle. En outre, les fréquentes descentes italiennes des empereurs, avec le butin qu'elles génèrent, leur permettent de garder la haute main sur les terres publiques, les fidélités étant récompensées en cadeaux et en fiefs de bourse.
fr/1967.html.txt ADDED
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+
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+
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+ 152 ± 6 pm(haut spin)[2]
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+
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+ Le fer est l'élément chimique de numéro atomique 26, de symbole Fe.
6
+
7
+ Le corps simple est le métal et le matériau ferromagnétique le plus courant dans la vie quotidienne, le plus souvent sous forme d'alliages divers. Le fer pur est un métal de transition ductile, mais l'adjonction de très faibles quantités d'éléments d'additions modifie considérablement ses propriétés mécaniques. Allié au carbone et avec d'autres éléments d'additions il forme les aciers, dont la sensibilité aux traitements thermomécaniques permet de diversifier encore plus les propriétés du matériau.
8
+
9
+ Le fer fait partie du groupe des éléments à l'origine des métaux de transition, il montre des analogies caractéristiques avec le ruthénium, l'osmium, le cobalt et le nickel.
10
+
11
+ Le fer 56 est le nucléide stable le plus lourd issu de la fusion du silicium par réactions α lors de la nucléosynthèse stellaire, qui aboutit en fait au nickel 56, lequel est instable et donne du 56Fe par deux désintégrations β+ successives ; les éléments de numéro atomique plus élevé sont synthétisés par des réactions plus énergétiques intervenant plutôt lors de l'explosion de supernovas.
12
+
13
+ Le noyau de fer 56 possède la masse par nucléon la plus faible de tous les nucléides mais pas l'énergie de liaison la plus élevée, en raison d'une proportion de protons un peu plus élevée que le nickel 62 qui, lui, a l'énergie de liaison la plus élevée par nucléon[9].
14
+
15
+ Le fer 56 résulte de la désintégration naturelle du nickel 56, isotope instable produit au cœur d'étoiles massives par fusion du silicium 28 au cours de réactions alpha en cascade qui s'arrêtent au nickel précisément parce que ce dernier possède l'énergie de liaison nucléaire par nucléon la plus élevée : poursuivre la fusion, pour produire par exemple du zinc 60, consommerait de l'énergie au lieu d'en libérer.
16
+
17
+ Le fer possède 28 isotopes connus, de nombre de masse variant de 45 à 72, ainsi que six isomères nucléaires. Parmi ces isotopes, quatre sont stables, 54Fe, 56Fe, 57Fe et 58Fe, 56Fe étant largement le plus abondant (91,754 %), suivi de 54Fe (5,845 % possiblement légèrement radioactif avec une demi-vie supérieure à 3,1 × 1022 années), 57Fe (2,119 %) et 58Fe (0,282 %). La masse atomique standard du fer est de 55,845(2) u.
18
+
19
+ Le plus stable des radioisotopes du fer est 60Fe avec une demi-vie de 1,5 million d'années, suivi de 55Fe (2,7 années), 59Fe (un peu moins de 44,5 jours) et de 52Fe (8,5 heures).
20
+
21
+ Le fer est ainsi l'élément le plus abondant au cœur des étoiles géantes rouges ; c'est également le métal le plus abondant dans les météorites ainsi que dans le noyau des planètes, comme celui de la Terre.
22
+
23
+ Le fer minéral est présent dans la nature sous forme pure ou d'alliages à base de nickel, le plus souvent d'origine météoritique mais aussi sous forme de fer terrestre dit « tellurique ». Trop rare et surtout disséminé, il est fabriqué artificiellement par l'Homme forgeron et sidérurgiste et massivement dans certaines civilisations caucasiennes depuis plus de trois millénaires à partir de ses principaux minerais. Les combinaisons chimiques et minérales impliquant le fer sont pléthoriques, mais les véritables minerais relativement purs à forte teneur en fer sont beaucoup moins communs et souvent très localisés dans des mines de fer la plupart connues de haute antiquité.
24
+
25
+ Le fer est le 6e élément le plus abondant dans l'Univers, il est formé comme « élément final » de fusion nucléaire, par fusion du silicium dans les étoiles massives. Tandis qu'il compose environ 5 % (en masse) de la croûte terrestre, le noyau terrestre est censé être en grande partie un alliage de fer-nickel, constituant ainsi 35 % de la masse de la Terre dans son ensemble. Le fer est peut-être, en fait, l'élément le plus abondant sur Terre ou du moins comparable (en juste 2e position) en masse à l'oxygène, mais seulement le 4e élément le plus abondant dans la croûte terrestre.
26
+
27
+ Des courants de convection dans la couche externe du noyau terrestre (noyau externe), de « l'alliage » liquide principalement fer-nickel, sont supposés être à l'origine du champ magnétique terrestre.
28
+
29
+ Le fer joue un rôle majeur en tant qu'oligoélément ou micronutriment pour de nombreuses espèces et comme élément régulant l'amplitude et la dynamique de la productivité primaire océanique, ce qui en fait une composante essentielle des cycles biogéochimiques marins et des puits de carbone marins[10].
30
+
31
+ Les données récentes montrent que le cycle du fer océanique d'abord supposé lié aux apports de poussières riches en fer est en réalité bien plus complexe, et étroitement couplé biogéochimiquement avec des nutriments majeurs (carbonés, azotés)[10]. On a montré en 2017 que dans les zones pauvre en fer de l'antarctique, le fer particulaire issu du rabotage des roches par les glaciers est une source alternative de fer que le phytoplancton sait exploiter[11].
32
+ Des études ont montré que certains phytoplanctons semblent effectivement bénéficier d'un taux élevé de CO2, mais pour assimiler ce CO2 il leur faut aussi du fer ; il est spéculé depuis la fin du XXème siècle que l'ensemencement de l'océan avec du fer pourrait aider à limiter le changement climatique. Or on découvre que chez la plupart des espèces phytoplanctoniques ce fer n’est assimilable qu’en présence de carbonates. Problème : les carbonates sont détruits par l’acidification induites par la solubilisation du CO2 dans l’eau[12].
33
+
34
+ Le fer dévoile un polymorphisme métallique. L'allotropie n'en applique pas moins un changement basique du cortège des propriétés physiques (dilatation, résistivité, chaleur spécifique liée à la structure cristallochimique, etc.).
35
+
36
+ C'est un métal qui, en fonction de la température, présente un évident polymorphisme métallique. L'allotropie distingue :
37
+
38
+ Le corps pur fond à 1 538 °C avec une chaleur latente de fusion qui est de l'ordre de 3,7 kcal/atome-gramme. L'ébullition du fer, caractérisée par une chaleur latente d'ébullition de l'ordre de 84,18 kcal/atome-gramme apparaît vers 2 860 °C, en pratique pour un corps simple plus ou moins impur entre 2 750 °C et 3 000 °C.
39
+
40
+ Le fer est insoluble dans l'eau et les bases. Il est attaqué par les acides.
41
+
42
+ Dans la nature, le fer est présent assez souvent sous forme d'alliage à faible ou forte teneur de nickel. Mais l'homme de l'art, à commencer par le forgeron, a multiplié les alliages.
43
+
44
+ Le fer présente essentiellement trois degrés d'oxydation :
45
+
46
+ Le fer, combiné à l'oxygène, s'oxyde, suivant les conditions en trois oxydes de fer :
47
+
48
+ À l'air libre en présence d'humidité, il se corrode en formant de la rouille, constituée d'oxydes et d'oxyhydroxydes ferriques hydratés, qu'on peut écrire Fe2O3·nH2O et FeO(OH)·nH2O respectivement. La rouille étant un matériau poreux, la réaction d'oxydation peut se propager jusqu'au cœur du métal, contrairement, par exemple, à l'aluminium, qui forme une couche fine d'oxyde imperméable.
49
+
50
+ La spectroscopie Mössbauer fournit un outil puissant pour la distinction des différents degrés d'oxydation du fer. Avec cette technique, il est possible de faire une analyse quantitative en présence de mélange de phases de fer.
51
+
52
+ En solution aqueuse, l’élément chimique fer est présent sous forme ionique avec deux valences principales :
53
+
54
+ Un certain nombre d'ions conduisent à la précipitation des ions du fer en solution. L'ion hydroxyde HO− est de ceux-là (voir ci-dessus). L'ion sulfure S2− permet de former le sulfure de fer(II) FeS, le sulfure de fer(III) et Fe2S3 pour des pH pas trop acides. Il faut en effet qu'une quantité raisonnable d'ions sulfure soit présents, ce qui n'est pas le cas à pH acide puisque l'ion sulfure est alors sous sa forme diacide, le sulfure d'hydrogène H2S.
55
+
56
+ Les potentiels de référence des couples du fer sont[réf. nécessaire] :
57
+
58
+ Cela indique que le fer métallique n'est pas stable en milieu aqueux. Il s'oxyde d'autant plus vite que le pH est bas.
59
+
60
+ Cela indique également qu'en présence de dioxygène dissous (E°(O2 / H2O) = 1,3 V[réf. nécessaire]), les ions fer(II) ne sont pas stables non plus.
61
+
62
+ Ces potentiels de référence changent en fonction des ions présents en solution, surtout si les constantes de stabilité des complexes correspondant en Fe(II) et Fe(III) sont notablement différentes.
63
+
64
+ L'oxydoréduction est une manière de titrer les ions fer(II), par exemple par les ions cérium(IV) (couple Ce4+/Ce3+) ou par les ions permanganate MnO4− (couple MnO4− / Mn2+ en milieu acide sulfurique).
65
+
66
+ Bien que la réduction en fer métallique des ions du fer soit possible, elle est rarement pratiquée à partir de solution aqueuse.
67
+
68
+ De nombreux complexes du fer en solution aqueuse se forment facilement, par simple addition du ligand (au bon pH). Parmi les complexes les plus courant se trouvent ceux impliquant les ligands :
69
+
70
+ Ces complexes permettent de préparer le bleu de Prusse ;
71
+
72
+ En chimie analytique, ce complexe permet de marquer la couleur des ions fer(III) ;
73
+
74
+ Le couple redox constitué de ces deux complexes est utilisé comme indicateur de titrage d'oxydoréduction ;
75
+
76
+ Ce complexe permet de mettre en évidence de petite quantité d'ion fer(III) en solution grâce à sa couleur caractéristique.
77
+
78
+ Le premier complexe organométallique isolé comme tel, en 1951, fut un complexe du fer : le ferrocène. Il est constitué d'un ions fer(II) avec deux ions cyclopentadiényles C5H5−. De nombreux autres complexes ont été produits depuis, soit dérivés du ferrocène, soit de nature toute différente.
79
+
80
+ La majeure partie du fer dans la croûte est combinée avec l'oxygène, formant des minerais d'oxyde de fer, tels que l'hématite (Fe2O3), la magnétite (Fe3O4) et la limonite (Fe2O3·nH2O). L'oxyde magnétique ou magnétite Fe3O4 est connu depuis l'Antiquité grecque. Il tire son nom du mont Magnetos (le grand mont), une montagne grecque particulièrement riche en ce minéral.
81
+
82
+ Environ une météorite sur vingt comprend de la taénite, unique alliage de minéral de fer-nickel (fer 35-80 %), et de la kamacite (fer 90-95 %). Bien que rares, les météorites de fer sont une source de fer nickelé, ce fer météorique arrivé sur la surface terrestre étant à l'origine de la sidérurgie au sens étymologique ; l'autre source naturelle de fer métal légèrement nickelé sont les gisements de fer tellurique ou fer natif des minéralogistes qui sont plus rares.
83
+
84
+ La couleur rouge de la surface de Mars est due à un régolithe riche en hématite amorphe ; la planète rouge est en quelque sorte une « planète rouillée ».
85
+
86
+ 90 % des gisements de minerai de fer dans le monde sont retenus dans une couche de faible épaisseur et très riche en Fe(II), la couche de fer rubané. Aux premiers temps de la vie, à l'éon Archéen vers -2 à -4 Ga, les cyanobactéries vivent dans des océans de Fe(II). Lorsqu'elles commencent à faire de la photosynthèse, l'oxygène produit est dissous et réagit avec Fe(II) pour former des oxydes de Fe(III) qui précipitent au fond des océans. Après consommation de Fe(II), l'oxygène se concentre dans les océans puis dans l'atmosphère, il constitue alors un poison pour la proto-vie. Ainsi, les gisements de fer rubané se trouvent systématiquement entre les couches géologiques des massifs cristallins (schistes, gneiss, etc.) et les couches calcaires dolomitiques (coraux) constituant les massifs préalpins.
87
+
88
+ Le fer était connu dès le chalcolithique à travers les sites de fer telluriques et surtout les météorites de fer au fer souvent déjà allié de grande qualité, et il n'est pas assuré que sa métallurgie soit demeuré confidentielle comme on l'estime souvent jusqu'au XIIe siècle av. J.-C., époque qui marque, précisément, le début de « l'Âge du fer » : les Hittites, en Anatolie, avaient développé une assez bonne maîtrise du travail du fer autour du XVe siècle av. J.-C., dont leur tradition attribuait l'origine dans la région du Caucase, et cette technique semble également avoir été connue assez tôt en Inde du nord, notamment dans l'Uttar Pradesh.
89
+
90
+ Dans le monde hellénistique le fer est l'attribut d'Héphaïstos, dieu grec de la métallurgie et des volcans[15]. Chez les Romains, toujours forgé par Vulcain, avatar italique de Héphaïstos, il est un attribut princier de Mars.
91
+ Les alchimistes donnèrent au fer le nom de Mars, dieu de la guerre dans la mythologie romaine.
92
+
93
+ Jusqu'au milieu du Moyen Âge, l'Europe raffina le fer au moyen de bas fourneaux, qui ne produisent pas de fonte ; la technique du haut fourneau, qui, elle, produit de la fonte brute à partir de charbon de bois et de minerai de fer, a été mise au point en Chine au milieu du Ve siècle av. J.-C.. Elle est courante en Europe occidentale dès le milieu du XVe siècle.
94
+
95
+ L’Occident réinvente indépendamment la technique plus d'un millier d'années après la Chine. Selon le doxographe antique Théophraste, c'est Délas, un Phrygien, qui inventa le fer[16].
96
+
97
+ Les infimes changements dans les pièces de métal solide obtenues par le labeur physique du forgeron (martelage, réchauffement, alliage superficiels, etc.) sont très peu importants pour le chimiste. La chimie du fer oublie en grande partie l'appréciation extrêmement fine des forgerons ou des mares de forges au cours de la longue histoire technique du fer.
98
+
99
+ Les principaux pays producteurs de minerais de fer en 2013 sont[17] :
100
+
101
+ (millions tonnes)
102
+
103
+ minerai fer
104
+
105
+ (millions tonnes)
106
+
107
+ fer contenu
108
+
109
+ Les principales sociétés productrices de minerais de fer dans le monde sont, en 2008[18] :
110
+
111
+ En 2007, la Chine produit un tiers de l'acier mondial et attire 50 % des exportations du minerai de fer[19].
112
+
113
+ La plupart des métaux à base de fer sont magnétiques. Cette propriété simplifie leur tri. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, le faible coût des ferrailles rend les aciéries électriques plus compétitives que les hauts fourneaux.
114
+
115
+ Le fer s'obtient industriellement en réduisant par le monoxyde de carbone (CO) provenant du carbone, les oxydes de fer contenus dans le minerai ; ceci peut être réalisé :
116
+
117
+ Depuis l'Âge du fer et jusqu'au XIXe siècle dans certaines régions du monde : par réduction du minerai avec du charbon de bois dans un bas fourneau ou bas-foyer. On obtient, sans passer par une phase liquide, une masse hétérogène de fer, d'acier voire de fonte, mélangés avec des scories, appelée « loupe », « massiot » ou « éponge de fer ». Afin de rendre le métal propre à l'élaboration d'objets, la « loupe » peut être brisée et triée par type de teneur en carbone ou plus simplement être directement compactée à la forge.
118
+
119
+ C'est avec le développement des moulins et de la force hydraulique, que la lignée technique du haut fourneau a pu se développer et s'est globalement imposée sur celle du bas fourneau. La principale différence dans ce procédé est que la réduction des oxydes de fer se fait en même temps que la fusion. Le métal est produit en phase liquide sous forme de fonte qui a absorbé une partie du carbone du coke et qui fond plus facilement que le fer (température de fusion plus basse d'au moins 200 °C). Mais la fonte devra ensuite être transformée en fer.
120
+
121
+ C'est aussi en ajoutant de la silice au minerai à gangue calcaire, ou du calcaire au minerai à gangue siliceuse, que l'on est passé au haut fourneau : une proportion précise de silice et de calcaire donne un laitier facilement fusible qui se sépare naturellement de la fonte liquide.
122
+ Pendant longtemps les hauts fourneaux ont fonctionné au charbon de bois. Le coke, plus dur et plus abondant, a permis de faire des hauts fourneaux beaucoup plus hauts mais produisant une fonte chargée en soufre.
123
+
124
+ Pour obtenir un métal forgeable, il faut affiner la fonte. Cette étape, réalisée dans une aciérie consiste essentiellement à décarburer la fonte pour obtenir un alliage plus faible en carbone : fer ou acier. La fonte est transformée en acier au convertisseur. Dans cette cuve, on souffle de l'oxygène sur ou dans la fonte pour en éliminer le carbone.
125
+
126
+ Si l'élimination du carbone par combustion avec l'oxygène est l'étape principale dans l'affinage de la fonte, l'aciérie va également :
127
+
128
+ Dans certains cas, l'abondance de gaz naturel ou la difficulté d'adapter le minerai de fer au haut fourneau, ont mené à l'adoption de la filière dite de « réduction directe ». Le principe consiste à réduire le fer présent dans les minerais sans passer par l'étape de fusion (comme au bas fourneau), en utilisant des gaz réducteurs obtenus à partir d'hydrocarbures ou de charbon. Un grand nombre de procédés a été développé. En 2010, 5 % de l'acier produit est issu de fer obtenu par réduction directe.
129
+
130
+ Le fer n'est pratiquement pas utilisé à l'état pur (hormis pour résoudre certains problèmes de soudabilité, notamment sur aciers inoxydables). La fonte et l'acier (1 000 Mt) sont les principaux alliages :
131
+
132
+ L'ajout de divers éléments d'additions permet d'obtenir des fontes et des aciers spéciaux, mais l'élément ayant la plus forte incidence sur les propriétés de ces alliages reste le carbone.
133
+
134
+ Les aciers inoxydables doivent leurs propriétés de résistance à la corrosion à la présence de chrome qui, en s'oxydant, va former une fine pellicule protectrice.
135
+
136
+ L'appellation « fil de fer » ne signifie en rien fil en fer pur, les fils de fer sont en fait fabriqués en acier doux, très malléable.
137
+
138
+ Le fer métallique et ses oxydes sont utilisés depuis des décennies pour fixer des informations analogiques ou numériques sur des supports appropriés (bandes magnétiques, cassettes audio et vidéo, disquettes). L'usage de ces matériaux est cependant désormais supplanté par des composés possédant une meilleure permittivité, par exemple dans les disques durs.
139
+
140
+ Le fer est un élément indispensable au corps humain. Dans les toutes premières années de la vie d'un enfant, les besoins en fer alimentaire sont très importants, sous peine de carence alimentaire (anémie ferriprive). Par ailleurs, un surdosage en fer est également nocif pour la santé. En effet, une quantité trop importante de fer augmenterait le risque d'hépatite, de cancer, et pourrait être impliqué dans la maladie de Parkinson[20].
141
+
142
+ L'hémoglobine du sang est une métalloprotéine constituée d'un complexe du fer(II). Ce complexe permet aux globules rouges de transporter le dioxygène des poumons aux cellules du corps. La solubilité du dioxygène dans le sang est en effet insuffisante pour alimenter efficacement les cellules. Ce complexe est constitué d'un cation Fe(II) complexé par les quatre atomes d'azote[réf. nécessaire] d'une porphyrine et par l'azote d'un résidu histidine appartenant à la chaîne protéique. Le sixième site de complexation du fer est soit vacant, soit occupé par une molécule de dioxygène.
143
+
144
+ Il est notable que le fer(II) fixe une molécule de dioxygène sans être oxydé. Cela est dû à l'encombrement du fer par la protéine.
145
+
146
+ Le fer est un oligo-élément et fait partie des sels minéraux indispensables qu'on retrouve dans les aliments, mais peut être toxique sous certaines formes. Une carence en fer est source d'anémie et peut affecter le développement cognitif et socio-émotionnel du cerveau de l'enfant[21] ou exacerber les effets de certaines intoxications (saturnisme par exemple).
147
+
148
+ Le fer est essentiel au transport de l'oxygène et à la formation des globules rouges dans le sang. Il est un constituant essentiel des mitochondries, puisqu'il entre dans la composition de l'hème du cytochrome c. Il joue aussi un rôle dans la fabrication de nouvelles cellules, d'hormones et de neurotransmetteurs. Le fer contenu dans les végétaux (fer dit « non héminique ») Fe3+ ou fer ferrique est moins bien absorbé par l'organisme que celui contenu dans les aliments crus d'origine animale (fer « héminique ») Fe2+ ou fer ferreux. La cuisson des viandes transforme une partie du fer héminique en fer non héminique, moins biodisponible. Toutefois, l'absorption du fer est favorisée si on le consomme avec certains nutriments, comme la vitamine C ou le jus de citron. Mettre du jus de citron sur ses aliments est donc une excellente habitude culinaire si l'on manque de fer ; par contre, un complément en vitamine C est inutile si l'on ne souffre pas de carence en vitamine C (la carence extrême est le scorbut), même si cela ne peut pas mener à une hypervitaminose puisque la vitamine C est hydrosoluble (et donc son surplus s'élimine par la sudation et la voie urinaire). Comme le bœuf, les insectes sont une bonne source de fer[22].
149
+
150
+ En revanche son absorption est inhibée par la consommation de thé et/ou de café[23] car les tanins (polyphénols) sont des chélateurs de fer. C'est pourquoi il est recommandé aux personnes à risques (adolescentes, femmes enceintes, femmes en âge de procréer, végétariens) et buveuses de thé ou de café d'en boire plutôt une heure avant le repas ou deux heures après[24].
151
+
152
+ L'accumulation de fer dans l'organisme entraîne la mort cellulaire. Des chercheurs de l'Inserm suspectent, à cause de cela, que l'excès de fer pourrait être impliqué dans la dégénérescence des neurones chez les patients atteints de la maladie de Parkinson[25].
153
+
154
+ Pour la femme en ménopause et l’homme adulte, les apports journaliers recommandés de fer sont de 10 mg ; ce besoin nutritionnel est de 16 à 18 mg pour la femme de sa puberté à la ménopause[réf. souhaitée].
155
+
156
+ Le fer est utilisé en tant que médicament. Il est utilisé dans les cas de carences en fer (dites « carence martiale ») pouvant provoquer une asthénie, voire une anémie ferriprive. Il peut être donné par voie orale ou en injection.
157
+
158
+ La production mondiale de minerai de fer s'est élevée toutefois à 2,4 milliards de tonnes en 2010[26], assurée en grande partie par la Chine (37,5 %), devant l'Australie (17,5 %), le Brésil (15,4 %), l'Inde (10,8 %), la Russie (4,2 %) et l'Ukraine (3,0 %) ; les réserves mondiales de minerai de fer sont estimées à 180 milliards de tonnes, contenant 87 milliards de tonnes de fer, et sont détenues essentiellement par l'Ukraine (16,7 %), le Brésil (16,1 %) et la Russie (13,9 %). La Chine a produit 60 % du fer métallique mondial en 2010[27](environ 600 millions sur 1 milliard de tonnes) et 45 % de l'acier mondial (environ 630 millions sur 1,4 milliard de tonnes), devant le Japon (8,2 % du fer et 7,9 % de l'acier produits dans le monde).
159
+ La France est nette exportatrice de fer, d'après les douanes françaises. En 2014, le prix moyen à la tonne à l'export était de 55 €[28].
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+ L’agriculture (du latin agricultura, composé à partir de ager, « champ », et de cultura, « culture »[1]) est un processus par lequel les êtres humains aménagent leurs écosystèmes et contrôlent le cycle biologique d'espèces domestiquées, dans le but de produire des aliments et d'autres ressources utiles à leurs sociétés[2],[3]. Elle désigne l’ensemble des savoir-faire et activités ayant pour objet la culture des sols, et, plus généralement, l’ensemble des travaux sur le milieu naturel (pas seulement terrestre) permettant de cultiver et prélever des êtres vivants (végétaux, animaux, voire champignons ou microbes) utiles à l’être humain.
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+ La délimitation précise de ce qui entre ou non dans le champ de l’agriculture conduit à de nombreuses conventions qui ne font pas toutes l’objet d’un consensus. Certaines productions peuvent être considérées comme ne faisant pas partie de l'agriculture : la mise en valeur de la forêt (sylviculture), l’élevage d’animal aquatique (aquaculture), l’élevage hors-sol de certains animaux (volaille et porc principalement), la culture sur substrat artificiel (cultures hydroponiques)... Mis à part ces cas particuliers, on distingue principalement la culture pour l'activité concernant le végétal et l'élevage pour l'activité concernant l'animal.
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+ L'agronomie regroupe, depuis le XIXe siècle, l’ensemble de la connaissance biologique, technique, culturelle, économique et sociale relative à l'agriculture.
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+ En économie, l’économie agricole est définie comme le secteur d'activité dont la fonction est de produire un revenu financier à partir de l’exploitation de la terre (culture), de la forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des rivières (aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de l'animal sauvage (chasse)[4]. Dans la pratique, cet exercice est pondéré par la disponibilité des ressources et les composantes de l'environnement biophysique et humain. La production et la distribution dans ce domaine sont intimement liées à l'économie politique dans un environnement global.
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+ L’agriculture est apparue à partir de 9 000 av. J.C., indépendamment dans plusieurs foyers d'origines, dont les mieux connus à ce jour se trouvent au Moyen-Orient, en Chine, en Méso-Amérique ainsi qu'en Nouvelle-Guinée. C'est ce que l'on a appelé la révolution néolithique. À partir de ces foyers, l'agriculture s'est diffusée en moins de 9 000 ans sur la plus grande partie de la terre[5]. Néanmoins, au XIXe siècle, 20 % de l'humanité avait encore un mode de vie chasseur-cueilleur[6].
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+ L'apparition de l'agriculture a probablement entraîné de nombreuses modifications sociales : apparition de sociétés de classe, aggravation des inégalités hommes-femmes, augmentation importante de la population mondiale mais dégradation de l'état sanitaire général des populations, entraînant le passage à un nouveau régime démographique caractérisé par une forte mortalité et une forte natalité[7],[8],[9].
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+ En se répandant dans les zones précédemment couvertes de forêts, elle a donné naissance à des systèmes de culture sur abatis-brûlis, tandis que dans les écosystèmes de prairie et de steppe, elle a donné naissance à des systèmes agricoles pastoraux. À la suite de la progressive augmentation de la population, les forêts ont régressé et les systèmes de culture sur abatis-brûlis ont laissé la place à une série diversifiée de systèmes agraires : systèmes basés sur la maîtrise complexe de l'irrigation (Mésopotamie, Égypte, Chine, Andes), systèmes de riziculture aquatique, systèmes de savane, systèmes de culture attelée légère (dans l'Empire Romain). À la suite de la révolution agricole du Moyen Âge, les systèmes d'agriculture attelée légère européens (caractérisés par l'usage de l'araire) donnent naissance aux systèmes de culture attelée lourde (caractérisés par l'usage de la charrue)[5].
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+ À la suite de l'échange colombien, à partir de 1492, l'intensification du commerce maritime mondial et la mise en contact de l'ancien et du nouveau monde modifient fortement les systèmes agraires, en permettant aux plantes cultivées américaines (maïs, pomme de terre, tomate, piment, haricot...) de se diffuser en Europe, Afrique et Asie. De même, les plantes et animaux domestiques de l'ancien monde pénètrent en Amérique. Cet échange contribuera à la mise en place du système des plantations et à la colonisation de l'Amérique. Cet échange d'espèce concerne aussi les bioagresseurs, qui sont introduits dans de nouveaux territoires[10].
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+ La révolution agricole du XVIIIe siècle (parfois appelée première révolution agricole), née en Angleterre et aux Pays-Bas, basée sur la suppression de la jachère et une meilleure complémentarité entre élevage et cultures, augmente la productivité agricole de l'Europe (sans toutefois atteindre celle des systèmes rizicoles d'Asie du Sud-Est)[5].
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+ Au XIXe siècle, la révolution industrielle conduit à une première phase de mécanisation de l'agriculture. Le développement de l'agronomie pendant ce siècle conduit aux premières pratiques modernes de chaulage et de fertilisation. Le XIXe siècle est également caractérisé par la colonisation européenne de nouvelles terres agricoles (en Amérique du Nord, en Argentine, en Russie, en Australie et en Nouvelle-Zélande) et par l'expansion du système des plantations. Les premiers engrais azotés chimiques sont produits industriellement dans les années 1910 (par le procédé Haber-Bosch, principalement). Mais ce n'est qu'à partir de 1945 que l'agriculture d'Europe et d'Amérique du Nord voit une intensification massive de sa production par le recours simultané à la motorisation (tracteur, moissonneuse-batteuse, récolteuse automotrice...), à la mécanisation, aux engrais chimiques, aux pesticides et à de nouvelles variétés végétales adaptées à ces conditions (céréales à paille courte, par exemple). Se développe en parallèle l'élevage hors-sol. Le développement de la recherche et du conseil agronomique est également un élément clé de ce processus (en France, par exemple par la création de l'INRA et des instituts techniques agricoles, développement de l'enseignement agricole). Cette intensification accélère fortement le phénomène d'exode rural, qui avait commencé en Europe vers 1870, ainsi que la spécialisation des régions et des exploitations agricoles dans quelques productions. En France, la Bretagne se spécialise dans l'élevage intensif, l'Île-de-France dans les grandes cultures (céréales, betterave...), le pourtour méditerranéen dans la vigne et les fruits et légumes, etc.[5].
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+ Dans les pays en développement, un processus de modernisation analogue se produit, la révolution verte, basée sur de nouvelles variétés de plantes, des intrants et la maîtrise de l'irrigation. Néanmoins, au début du XXIe siècle, la majorité de la paysannerie des pays du Sud n'a pas accès aux techniques de la révolution verte[5].
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+ Dans la dernière moitié du XXe siècle, la déprise agricole, diverses crises économiques de l'agriculture intensive, plusieurs crises environnementales et sanitaires, ainsi que le développement de la prise de conscience environnementale, conduisent à une critique des conséquences sociales et environnementales de l'intensification agricole. Elles conduisent à la création et à la diffusion de modèles agricoles alternatifs (agriculture biologique, agriculture durable, agriculture paysanne, agroécologie...) plus respectueux de l’environnement[5].
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+ Au début du XXIe siècle, l’agriculture mondiale est « soumise à un triple défi : produire plus, développer de nouvelles cultures et, surtout, produire autrement pour répondre aux attentes d’un public de plus en plus sensibilisé à sa santé et aux risques environnementaux. Selon les spécialistes mondiaux en la matière, les agriculteurs devront inévitablement s’adapter à des contraintes que l’on voit déjà se profiler : la hausse des prix de l’énergie, l’ouverture des marchés internationaux, le retrait du marché de plusieurs fongicides à large spectre, les changements climatiques et l’émergence de nouvelles maladies[11] ».
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+ Malgré l'exode rural massif contemporain, la population agricole active serait d'environ 1,34 milliard de personnes soit près de 43 % de la population active mondiale.
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+ L'agriculture recouvrait 37,7 % des terres émergées en 2013[12].
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+ L'agriculture assure principalement l'alimentation des humains. Elle produit également l'alimentation du bétail (cultures fourragères, prairies). En outre, l’agriculture produit un nombre important de produits tels que des peaux d’animaux (cuir, fourrure), de la laine, des engrais (fumier, lisier, farines animales, engrais verts), des produits destinés à l’industrie (éthanol, biodiesel, fécule, caoutchouc, fibres textiles d'origine végétale), des plantes vertes et fleurs, du bois et des matériaux de construction (paille, isolants d'origine végétale). Elle représente un maillon indispensable dans la chaîne agroalimentaire, en lui assurant l’approvisionnement en matières premières (fécule, oignon, céréale, fruit, etc.).
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+ La culture, ou production végétale, est divisée en grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux et quelques légumes), arboriculture fruitière, viticulture (production du raisin), sylviculture et horticulture.
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+ L'élevage, ou production animale, vise à faire naître et élever des animaux pour la consommation directe (viande, poisson) ou pour leurs produits secondaires (lait, œuf, laine, miel, soie, etc). Les exploitations agricoles peuvent par exemple orienter leur production vers les bovins, les porcins, les ovins/caprins, les granivores, l'aquaculture, l'héliciculture...
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+ La valeur de la production agricole mondiale est estimée à 3 100 milliards de dollars américains en 2014, soit environ 4 % du PIB mondial[13].
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+ En 2014, la superficie des terres agricoles se monte à 4,9 milliards d'hectares, soit 38 % des terres émergées. Les terres cultivées se composent à hauteur de 68 % de prairies et pâturages, à 29 % de terres arables et à hauteur de 3 % de cultures permanentes (vergers, vignobles et autres de plantes pérennes à usage alimentaire). Seuls 331 millions d'hectare (soit 6,7 % des terres agricoles) étaient à cette date équipés pour l'irrigation[13].
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+ Les crises alimentaires de 2008 et de 2011 ont posé la question de la capacité à nourrir la population mondiale. Ces crises ont des origines multifactorielles complexes. « Cet emballement résulte du cumul de facteurs à long et à court termes : croissance de la population, investissements insuffisants dans l’agriculture et le développement rural, diminution des stocks, augmentation du prix du pétrole (donc des transports et des engrais), modification du climat, accaparement des terres pour les biocarburants ou l’exportation, distorsions du marché… »[14].
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+ De nombreuses conditions et facteurs de production interviennent dans les choix techniques des agriculteurs :
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+ On distingue plusieurs systèmes de production agricoles selon la combinaison (nature et proportions) de leurs activités productives, de leurs moyen de production, des ressources naturelles disponibles, de leur structure sociale et juridique[15],[16] :
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+ Les techniques qui ont marqué l'évolution de l'agriculture sont, par ordre alphabétique :
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+ Les insectes et les champignons cohabitent depuis plus de 400 millions d'années. Par conséquent, ils interagissent souvent ensemble, réalisant des interactions de mutualisme, de symbiose et de commensalisme[17].
54
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55
+ Une estimation d'horloge moléculaire (Kumar et Hedges 1998) place l'apparition de l'agriculture des champignons (ou fungiculture), de façon indépendante par convergence évolutive au sein de trois clades d’insectes eusociaux (les coléoptères, les fourmis et les termites), au cours du Paléocène (66–24 Ma)[17],[18]. La symbiose réalisée entre ces insectes et leurs champignons impliquent la dispersion, la protection et la nutrition, permettant alors à ces symbiotes de coloniser des niches écologiques auparavant inoccupées[19].
56
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+ La fungiculture chez les fourmis est apparue au début de l’ère Tertiaire, il y a environ 50 millions d’années[20]. La culture des champignons est réalisée par les fourmis de la sous-famille Myrmicinae et appartenant à la tribu des Attini, plus connu sous le nom vernaculaire de fourmis attines[20]. Ce groupe monophylétique est essentiellement répartie dans la région néotropicale[17]. Au sein de cette symbiose, les champignons bénéficient de substrat frais pour leur croissance et d’une protection contre les fongivores et contre la contamination de certains parasites en étant isolés à l’intérieur du nid des fourmis. Ces dernières récoltent de leurs champignons des nutriments essentiels pour l’alimentation de leur larves[17].
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+ Le système agricole des fourmis champignonnistes met en jeux trois symbiotes[17] :
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+ Chez les fourmis, la fungiculture n’est apparue qu’une seule fois dans la forêt amazonienne. Elle n’a cessé d’évoluer à travers les genres de fourmis Attines et de champignons. En effet, il existe cinq systèmes agricoles[21] :
62
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+ Puis au cours des 30 derniers millions d’années, quatre nouveaux systèmes agricoles sont apparus séparément au système agricole d’origine[21] :
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+ Concernant les facteurs qui ont poussé fourmis et champignons à coopérer, il est possible que les fourmis Attines étaient à l’origine des fourmis généralistes qui ont su tirer profit des champignons pour leur alimentation et sont devenues peu à peu fongivores exclusives. Il est également envisageable que les fourmis n’étaient que de simples vecteurs de transmission pour les champignons et qu’elles aient ensuite considéré le champignon comme une source d’alimentation. Enfin, il est possible que les fourmis aient initialement utilisé les champignons pour leur vertus antibiotiques. L’origine de cette coévolution reste à ce jour encore méconnue[17].
66
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+ L’acquisition des cultures de champignons par les Attini se fait soit d’une colonie à l’autre soit en passant par la nature. Dans la plupart des cas, ce sont les nouvelles reines vierges de la fourmilière qui transportent les cultivars de leur colonie d’origine[20]. Les cultivars fongiques basidiomycètes sont ainsi transmis verticalement de génération en génération ce qui signifie qu’ils sont propagés sous forme de clones asexués[20]. Cependant, de rares évènements de recombinaisons, incluant des processus sexuels peuvent avoir lieu entre une lignée de champignons cultivés n’étant plus en symbiose (se produit par exemple lorsqu’un cultivar s’échappe d’un jardin cultivé, retourne à l’état sauvage puis est réincorporé par une autre colonie de fourmis) et une lignée de champignons sauvages étroitement apparentés : c’est la  transmission horizontale. Ces évènements de recombinaisons génétiques occasionnels permettent d’apporter de la variabilité génétique au sein des cultivars fongiques et participent par conséquent à l’évolution de la fungiculture au cours du temps[17].
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+ La grande spécificité de la fungiculture chez les Attini est qu’elle se trouve essentiellement sous la forme stricte de monoculture : un nid de fourmis ne contient qu’un seul cultivar génétiquement similaire[20]. Les causes de l’élevage monospécifique au sein des nids de fourmis champignonnistes n’ont pas encore été éclairci précisément mais le fonctionnement de cette culture spécialisée témoigne d’une coévolution unique entre fourmis et champignons. Pour maintenir leur jardin génétiquement pur, les fourmis coupe-feuille Acromyrmex et Atta ont acquis la capacité de faire la distinction entre les fragments de champignons résidents et fragments de champignons étrangers au nid à l’aide de leurs gouttelettes fécales[22]. Ce contrôle réalisé de manière conjointe par le champignon et la fourmi, permet d’éviter la mise en place d’une compétition entre des symbiotes incompatibles qui pourrait nuire sur le long terme à toute la culture[22].
70
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+ La fungiculture chez les termites serait apparue une première fois il y a 24 à 34 millions d’années dans la forêt tropicale africaine[17]. Toutes les termites descendent d’un ancêtre commun se nourrissant de bois, et environ huit ou neuf familles le digèrent en s’associant avec des bactéries (Bacteroidetes et Firmicutes), des archées et des protozoaires. Les Termitidae sont une grande famille de termites parmi laquelle se trouve la famille des Macrotermitinae qui, au cours de l’évolution, a acquis un symbionte externe permettant la digestion de la lignocellulose. En effet, il y a environ 30 millions d'années, la sous-famille basale des termites supérieures Macrotermitinae s'est engagée dans une association de symbiose avec les champignons Termitomyces[23].
72
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+ L’âge des termites modernes est estimé à environ 140,6 millions d’années, suggérant que les termites ont évolué depuis 10 millions d’années précédant le plus vieux fossile trouvé de cette famille[23].
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+ La divergence de la famille des Termitidae date d’il y a 64,9 millions années et c’est il y a 50,1 millions d’années qu’on estime la divergence de 4 sous familles à partir des Termitidae, dont les Macrotermitinae[23].
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+ Cette symbiose a apporté un changement de la composition du microbiote intestinal des termites Macrotermitinae qui leur permet aujourd’hui de diversifier leur régime alimentaire. En plus du bois, les termites se nourrissent désormais de feuilles, d’herbe, d’humus et de leur symbiote fongique. La domestication des Termitomyces a exposé le système digestif des termites à de grandes quantités de glucanes, de chitine et de glycoprotéines. Leur décomposition nécessite une combinaison d'enzymes actives et de bactéries seulement observées à ce jour dans l’intestin des termites de la famille des Macrotermitinae ayant la capacité de cliver la chitine. Les termites en symbiose avec des champignons ont donc la particularité de posséder un microbiote spécifique de leur régime alimentaire et de leurs interactions avec des organismes fongiques, résultant d’une adaptation à ce mode de vie[24].
78
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+ Aujourd’hui, les termites Macrotermitinae et les champignons Termitomyces sont obligatoirement dépendants l’un de l’autre pour vivre. De ce fait, les Termitomyces ont évolué de façon à former des organes symbiotiques tels que des nodules[25]. Ceux ci permettent le transfert des spores asexués dans les fèces des termites pour aider à  la propagation des champignons et ainsi effectuer un transfert horizontal[17]. Ici, la termite Macrotermitinae joue un rôle essentiel dans l’augmentation de la reproduction de son symbiote Termitomyces[26]. La monoculture de Termitomyces réalisée par les termites Macrotermitinae permet de définir cette fungiculture comme une agriculture spécialisée[27].
80
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+ Chez les coléoptères, la fungiculture est apparue indépendamment à sept reprises il y a 20 à 60 millions d’années[17],[28]. Deux sous-familles de coléoptères en particulier, Scolytinae et Platypodinae, sont des spécialistes mycophages. Leurs comportements sont ainsi adaptés à ce type d’alimentation : ils s’enfouissent à l’intérieur des arbres à l’âge adulte afin de se nourrir et d’y pondre leurs oeufs. Parallèlement, leurs morphologies se sont adaptées à la mycophagie (i) par la présence de mycanges, des structures permettant le transport de champignons symbiotiques, et (ii) par la modification des mandibules et des viscères des larves permettant une meilleure manipulation des cultivars fongiques.
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+ Les champignons cultivés sont des ophiostomatoïdes (groupe polyphylétique comprenant l’ensemble des champignons utilisés dans la fungiculture des coléoptères). Ils digèrent la cellulose après que les coléoptères aient creusé dans l’écorce et aient passé les défenses de l’arbre. Les coléoptères n’ont plus qu’à laisser les champignons se développer et à s’en nourrir.
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+ Les scolytes forment une symbiose avec le genre Ophiostoma. Ces coléoptères ont une préférence ancestrale pour les conifères en tant que support pour la nutrition et la reproduction. Les champignons Ophiostoma sont capables de contourner les défenses résineuses des conifères lors de la création des galeries par les scolytes en effectuant une croissance rapide. Possiblement dû à une forte augmentation de la diversité des coléoptères, cette préférence pour les conifères a cependant changé à plusieurs reprises pour les angiospermes.
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+ Les coléoptères ambrosia, du genre Platypus, sont pourvus d’une symbiose avec les champignons ambrosia. Ce groupe de champignons est composé des trois genres Ambrosiella, Raffaelea (de la même famille que Ophiostoma) et Dryadomyces. Les coléoptères ambrosia sont des généralistes mycophages exploitant souvent une large diversité d’hôtes.
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+ L’origine de l’utilisation des champignons ambrosia semble être directement liées à une préférence de ces coléoptères pour les angiospermes plutôt que les conifères. L’association des scolytes avec les champignons Ophiostoma serait ainsi plus ancienne.
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91
+ L’apparition de l’agriculture par les insectes a émergé bien avant la caractérisation par l’espèce humaine. Les fourmis, termites et coléoptères réalisent la fungiculture afin d’apporter certains éléments nutritifs (glucides, lipides et protéines) nécessaires au bon fonctionnement de leur organisme, reposant sur le même principe que l’agriculture de l’Homme. Cependant, la culture des plantes chez l’Homme ne fournit pas autant de protéines que le régime dominant chasseurs-cueilleurs. Ainsi, chez l’Homme, la consommation animale est nécessaire afin de contrer les carences en protéines. A l’inverse, chez certains insectes agricoles, l’apport de toutes les ressources dont les protéines, provient entièrement de ses cultivars fongiques créant une dépendance nutritionnelle à son symbiote[29].
92
+
93
+ Les pratiques des insectes agricoles sont comparables à l’agriculture humaine. Elles visent toutes deux à améliorer les conditions de croissance afin d’optimiser les rendements et permettent aussi la protection des cultures contre herbivores, fongivores, parasites et maladies[17]. En effet, certains aspects de l’agriculture des insectes se rapprochent de l’agriculture vivrière entreprise par l’Homme. Il existe quelques différences entre ces agricultures, notamment chez certains genres de fourmis Attines. Tandis que l’agriculture humaine vivrière a très vite été remplacée par l’agriculture industrielle, étant beaucoup plus rentable pour l’exploitation des ressources pour répondre à la croissance exponentielle des populations humaines, l’agriculture chez les fourmis a évoluée de manière à ce qu’elle ne soit pas en concurrence avec d'autres types d'agriculture pour l’accès aux ressources[21],[29].
94
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95
+ Les espèces concernées produisent un miellat riche en sucre apprécié de fourmis appartenant aux genres lasius, formica et myrmica. En revanche les fourmis protègent les pucerons des prédateurs. Ce comportement mutualiste, qui existe depuis au moins 50 millions d'années, présente des analogies avec l'élevage laitier. La fourmi déclenche l'expulsion du miellat en palpant le puceron. Lorsqu'un puceron ne produit plus ou si les pucerons sont trop nombreux, ils sont mangés par les fourmis de la même façon qu'une vache est réformée. Lorsqu'une plante support est épuisée, les fourmis peuvent changer les pucerons de place[30].
96
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97
+ Ces poissons sont inféodés à des récifs coralliens. Certains coraux attirent des sortes de poissons-nettoyeurs qui consomment les algues évitant ainsi qu'elle ne recouvrent les coraux et les privent de lumière. Certaines espèces comme le Grégoire noir (Stegastes nigricans) font mieux: ce poisson ne se nourrit que des espèces d'un seul genre d'algues, Polysiphonia, qu'on ne rencontre pas ailleurs, ce qui suppose une longue coévolution. Les grégoires broutent l'algue de façon qu'elle repousse, écartent les autres poissons susceptibles de la consommer et arrachent les autres algues concurrentes (un « désherbage » en sorte)[31].
98
+
99
+ Les castors se nourrissent essentiellement d'écorces d'arbres et d'arbrisseaux ainsi que de quelques plantes aquatiques ou de terrain humide. Ils pratiquent un abattage sélectif des arbres, ce qui leur permet l'accès aux feuilles et aux pousse tendres d'une part et à du bois utilisé pour la construction de sa hutte et de barrages d'autre part. Il privilégie souvent des espèces aptes au recépage comme le saule qui donnent alors une multitude de pousses fines (procédé utilisé aussi par les horticulteurs en osiériculture). Les barrages permettent de réguler la hauteur du plan d'eau à un niveau assurant le développement optimal des plantes convoitées. Le castor sait aussi se constituer une réserve de plantes fraîches pour l'hiver en replantant des tiges juste coupées dans la boue devant l'entrée de sa hutte[32]. Ces pratiques diffèrent sensiblement de la simple économie de prédation.
100
+
101
+ L'agriculture a causé de l'érosion des sols et des modifications de la biodiversité depuis son apparition, il y a environ 10 000 ans. Mais à partir de 1945, l'augmentation de l'utilisation des engrais minéraux, l'apparition des pesticides organiques, le développement de l'irrigation (dans le cadre de la révolution verte, notamment) et la motorisation de l'agriculture ont fortement augmenté les impacts environnementaux de l'agriculture. Les impacts environnementaux de l'agriculture contemporaine s'étendent au-delà des écosystèmes agricoles, et incluent la pollution des eaux et de l'air, la contribution au changement climatique. La modification des pratiques agricoles a également des impacts paysagers.
102
+
103
+ L'agriculture est aussi un secteur fortement consommateur d'eau douce. Une tonne de céréales nécessite en moyenne 1 000 tonnes d'eau[33], et produire de la viande nécessite plus d'eau encore. L'importance de la consommation en eau et des échanges de produits agricoles dans le monde a donné naissance au concept d'eau virtuelle[34].
104
+
105
+ L'alimentation en eau se fait de deux façons différentes :
106
+
107
+ En 2000, dans le monde, l'agriculture irriguée consommait 1 500 km3 d'eau par an, sur une superficie de 264 millions d'hectares. Au rythme d'extension actuel de la superficie irriguée, on atteindrait, en 2050, 331 millions d'hectares irrigués, consommant environ 500 km3 par an d'eau de plus qu'aujourd'hui. Or, la demande en eau complémentaire en 2050 est estimée à 4 500 km3 par an du fait des prévisions d'accroissement démographique. Le seul recours à l'irrigation ne pourra donc pas satisfaire les besoins mondiaux[35]. En outre, environ 10 % de l'eau actuellement utilisée pour l'irrigation provient de sources non renouvelables (nappes fossiles)[36].
108
+
109
+ Selon une étude de l'université d'Utrecht, des pénuries d'eau sont donc à prévoir dans de nombreux pays, dont les trois plus grands pays producteurs de céréales au monde que sont la Chine, les États-Unis, et l'Inde, ainsi que dans des pays dont la proportion d'eau d'irrigation d'origine non renouvelable est importante : Arabie saoudite, Pakistan, Iran, Mexique, notamment[37].
110
+
111
+ Selon la même étude, « la non-durabilité de l'usage des eaux souterraines pour l'irrigation est un problème pour les pays utilisant intensivement des eaux souterraines, mais aussi pour le monde dans son ensemble, étant donné que le commerce international introduit de fortes corrélations entre la production de nourriture dans un pays et la consommation dans un autre ».
112
+
113
+ Ces enjeux véritables sont des défis pour demain auxquels l’humanité s’efforce de répondre. Au-delà du perfectionnement des méthodes de traitements de l’eau (dessalement…), le stockage fait partie des moyens utilisés afin d’économiser l’eau (réservoirs, citerne souple).
114
+
115
+ Le secteur agricole contribue fortement à l'effet de serre. Dans l'Union européenne, la part de l'agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre est de 10,2 % ; les émissions de l'agriculture ont baissé de 22 % de 1990 à 2012[38].
116
+
117
+ En France, les trois gaz à effet de serre émis par le secteur de l'agriculture sont les suivants, par ordre d'importance dans le secteur agricole[39] :
118
+
119
+ La FAO publie des statistiques détaillées sur les émissions de gaz à effet de serre (méthane et oxyde nitreux) mondiales et par pays (moyennes 1990-2011 en équivalent CO2)[40] :
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+
121
+ Selon les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, l'agriculture est très exposé au réchauffement climatique : chaque degré de réchauffement réduit les rendements de blé de 6 %, de riz de 3,2 %, de maïs de 7,4 % et de soja de 3,1 %[42]. Par ailleurs, elle est aussi une partie de la solution au réchauffement climatique. Diverses pistes de réflexion ont été proposées dans le rapport du GIEC d'août 2019, notamment en augmentant la productivité de l'agriculture tout en améliorant les pratiques agricoles[43], comme par exemple en séquestrant du carbone dans le sol (pratique de l'agriculture de conservation).
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+ La pollution des eaux par des produits phytosanitaires[44] engendre des problèmes de santé environnementale. Les pertes d'azote et de phosphore, provenant des engrais azotés et phosphorés minéraux ou des épandages de lisiers et de fientes entraînent l'eutrophisation des eaux souterraines et de surface, ainsi que des eaux côtières[45]. Les impacts en aval induisent un appauvrissement en espèces dans les zones marines (dystrophisation des estuaires, création de zones marines mortes dont la surface a doublé tous les 10 ans depuis 1960[45],[46]). L'érosion des sols agricoles est source de turbidité des cours d'eau, des estuaires et zones marines (via les sédiments en suspension et/ou les blooms algaux)[47].
124
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+ La volatilisation des ions ammonium sous forme d'ammoniac est responsable de pollution de l'air aux particules. Les principales sources d'ammonium dans les sols agricoles, sont les engrais minéraux azotés (urée, principalement) et les engrais organiques (lisiers, fientes de volailles). La déposition de l'ammoniac volatilisé peut provoquer l'eutrophisation des eaux de surface et la modification de la composition des espèces végétales des écosystèmes terrestres aux sols pauvres en azote (landes, prairies calcaires).
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+
127
+ La notion de dégradation de sol désigne toutes les causes possibles de pollution impactant n’importe quel type de sol : agricole, forestier, en milieu urbain, etc. Actuellement, du fait d’une consommation excessive d’engrais et de pesticides, la plupart des sols cultivés de nos jours subissent les contre coûts de ces excès passés.
128
+
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+ L'agriculture est également responsable de pollution, régression et dégradation des sols[48], notamment par les métaux : cadmium issu des engrais phosphatés, plomb, cuivre et autres métaux issus d'anciens pesticides, de lisiers ou de boues d'épuration contenant des traces de métaux lourds[49],[50].
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+ Pour enrayer l’érosion du sol, certains agriculteurs abandonnent le labour pour le semis direct, qui limite aussi l’utilisation du tracteur et donc diminue les émissions de CO2. Aux États-Unis en 2005, 15 % des terres arables étaient traitées de cette façon.
132
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+ En termes de production alimentaire et non alimentaire, de nouveaux secteurs émergent afin de pallier cette problématique, comme l'aquaponie, l'hydroponie et l'aéroponie. Ces méthodes de production visent une consommation plus durable et moins énergivores en ressources naturelles.
134
+
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+ L’utilisation des organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) dans certains pays, tels que les États-Unis, le Canada, le Mexique ou la Chine, et les risques potentiels qui leur sont associés sont également sujets à de nombreuses discussions et conflits.
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+ La modification des pratiques agricoles au XXe siècle a conduit à une érosion de la biodiversité[51] ayant conduit localement à l'extinction de nombreuses espèces animales (dont des papillons, abeilles, guêpes, coléoptères, reptiles, amphibiens, épinoches, alouettes, etc. très communs dans les champs ou à leurs abords jusque dans les années 1970). Depuis les années 1990, des expériences de monitoring de la biodiversité[52] se mettent en place, qui ont permis notamment de quantifier les impacts de l'agriculture intensive et de mettre en évidence certains intérêts de l'agriculture biologique.
138
+
139
+ Outre son importance pour la conservation de la diversité génétique des variétés anciennes, l'agriculture joue parfois un très grand rôle pour la protection de diversité biologique : la Commission européenne combine trois grands critères pour mesurer l’intérêt d'un espace agricole sur le plan de la contribution à la préservation de la biodiversité. Les zones ayant le score le plus élevées sont dites « à haute valeur naturelle »[53],[54]. 10 % à 30 % des terres agricoles méritent ce titre en Europe. En France, 84 % des surfaces classées en « haute valeur naturelle » sont en montagne ou moyenne montagne (Alpes, Corse, Franche-Comté, Massif central, Pyrénées…). Ce sont surtout des zones d’élevage extensif en plein air caractérisées par une faible densité de chargement (bétail) à l'hectare, peu ou pas d’intrants chimiques et presque toujours une utilisation plus importante de main-d’œuvre agricole.
140
+
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+ En France, à la demande de certaines collectivités et à certaines conditions, des zones agricoles protégées peuvent être inscrites dans les documents d'urbanisme, contre la perte de foncier agricole due à la périurbanisation.:
142
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143
+ En novembre 2019, plusieurs sociétés scientifiques ont signé une lettre ouverte au Parlement européen intitulée « réforme de la politique agricole commune : une agriculture nuisible détruit la nature ». La lettre vise à inciter l’Union européenne à avoir une plus grande considération pour la biodiversité dans le cadre des négociations autour de la politique agricole commune : « La PAC transforme les zones rurales en déserts verts de monocultures inhabitables à rendement maximal »[55].
144
+
145
+ L'Europe réoriente des subventions particulières vis a vis des agriculteurs qui font un effort pour l'environnement. Les mesures agrienvironnementales et l'agriculture biologique sont plus ou moins encouragées et développées selon les pays (2 % des cultures dans la zone OCDE sont « bio », jusqu'à 6 % dans certains pays).
146
+
147
+ L'agriculture et la pêche sont lourdement impactés par le changement climatique : réchauffement des sols et des océans, variations des régimes de précipitation, conditions d’approvisionnement en eau douce, migration des espèces, notamment marines, etc. D’ici 2100, la sécurité alimentaire de près de 90 % de la population de la planète devrait être malmené par les pertes de productivité des cultures en même temps qu’une baisse des captures de pêche[56].
148
+
149
+ La plupart de ces maladies étaient déjà présentes dans les siècles précédents. La « tremblante du mouton » (la variante ovine de la maladie de la vache folle), la listeria ou la salmonelle ne sont pas des problèmes récents. Ils apparaissaient autrefois de manière bien plus fréquente et souvent plus grave que maintenant[réf. nécessaire]. En effet, de gros progrès ont été faits en matière d’hygiène et de contrôle bactérien des produits alimentaires. Mais la massification de la fabrication et de la vente des aliments font qu’un seul incident peut toucher un très grand nombre de personnes. Le caractère exceptionnel des problèmes, le nombre de personnes potentiellement touchées, la médiatisation alarmiste tendent à marquer les esprits. Néanmoins, le nombre de morts par intoxication ou empoisonnement lors de ces affaires « médiatiques » est extrêmement faible[réf. nécessaire].
150
+
151
+ Ces dernières années ont été en Europe l’objet de plusieurs crises touchant à la sécurité alimentaire : bœuf aux hormones, poulet aux dioxines, vache folle et maladie de Creutzfelt-Jakob, contaminations bactériennes d'aliments (fromage par listeria).
152
+
153
+ Ces derniers événements et l'exigence d'une haute qualité sanitaire des produits ont eu pour conséquence la mise en place croissante de systèmes de traçabilité, la refonte de la législation sanitaire (règlements européens du paquet Hygiène) et la création d'agences de sécurité sanitaire indépendantes des pouvoirs exécutifs (EFSA pour l'Europe et AFSSA et AFSSET - fusionnées en ANSES - pour la France).
154
+
155
+ L’étiquetage devrait permettre au consommateur de décider s’il prend le supplément de risques inhérent à une agriculture intensive[réf. nécessaire] ou accepte le prix plus élevé qui accompagne l’émergence ou le développement de techniques agricoles alternatives, telles que l’agriculture biologique, la permaculture, l’agriculture raisonnée et l’agriculture de précision.
156
+
157
+ En économie, l’économie agricole est définie comme le secteur d'activité dont la fonction est de produire un revenu financier à partir de l’exploitation de la terre (culture), de la forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des rivières (aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de l'animal sauvage (chasse)[4]. Dans la pratique, cet exercice est pondéré par la disponibilité des ressources et les composantes de l'environnement biophysique et humain. La production et la distribution dans ce domaine sont intimement liées à l'économie politique dans un environnement global. La biomasse à vocation biomasse-énergie (CIVE...) ou la production de matériau bio-sourcé sont des vocations agricole, mise en avant par la bioéconomie.
158
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+ Les échanges agricoles représentent 8,8 % des échanges mondiaux. Ils restent très marquées par l’impact des subventions agricoles des pays développés et de nombreuses barrières douanières, tarifaires ou non. Cela dit, il faut nuancer ce chiffre : les échanges liés à l’industrie agroalimentaire, intimement liée à l’agriculture, sont loin d’être négligeables.
160
+
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+ Afin de favoriser les exportations, des études par pays, globales ou sectorielles, sont proposées gratuitement sur leur site internet par des organismes gouvernementaux. Parmi ceux-ci se trouvent le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) et Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), qui représentent deux des plus importants pays exportateurs de produits agricoles. Ces deux ministères, à côté d'autres organismes, associations, universités ou entreprises, en diffusent également sur le site Globaltrade.net[57].
162
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+ Globaltrade.net est issu d'un partenariat public-privé (PPP) entre l'United States Commercial Service (dépendant du département du Commerce des États-Unis) et la Fédération des associations du commerce international (FITA). Globaltrade classe les études suivant deux critères de tri : par pays étudié et par industrie.
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+ L'Union européenne propose aussi sur son site de nombreuses études statistiques, portant sur tout ou partie du territoire communautaire[58].
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+ L'agronomie regroupe, depuis le XIXe siècle, l’ensemble de la connaissance biologique, technique, culturelle, économique et sociale relative à l'agriculture.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La fermentation est un processus métabolique convertissant généralement des glucides en acides, en gaz ou en alcools pour en extraire une partie de l'énergie chimique tout en ré-oxydant les coenzymes réduites par ces réactions. Il s'agit d'une voie métabolique d'oxydoréduction dans laquelle l'accepteur ultime d'électrons est souvent confondu avec le produit final des réactions. Elle se caractérise par une dégradation partielle de la substance fermentescible et ne permet qu'une production d'énergie limitée. Elle a lieu chez des levures et des bactéries, ainsi que dans les cellules musculaires manquant d'oxygène, c'est-à-dire en conditions anaérobies. Sa caractérisation au XIXe siècle contribua à la découverte des enzymes. Louis Pasteur estimait ainsi que des ferments étaient responsables de la fermentation alcoolique chez la levure.
2
+
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+ Plus précisément, la fermentation est un mode de respiration cellulaire mettant en œuvre un système de transfert d'électrons reposant sur des petites molécules solubles du cytosol — souvent des acides organiques ou leurs dérivés — et non sur une chaîne respiratoire membranaire. Sa production d'ATP se fait souvent par phosphorylation au niveau du substrat, contrairement à celle de la phosphorylation oxydative, et est très sensiblement inférieure à cette dernière. La production d'ATP par fermentation est en revanche plus rapide que par phosphorylation oxydative car elle se déroule dans le compartiment cellulaire où l'ATP est consommé, sans nécessiter de passer par une translocase ATP/ADP.
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+
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+ La première étape commune à tous les modes de fermentation est la glycolyse, convertissant le glucose en pyruvate avec phosphorylation de deux molécules d'ADP en ATP et réduction de deux molécules de NAD+ en NADH :
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+ L'ATP est utilisé par les processus cellulaires qui requièrent de l'énergie, tels que les biosynthèses, le transport actif à travers les membranes, ou encore la motilité des cellules. En revanche, le NADH doit être ré-oxydé en NAD+ pour permettre au métabolisme cellulaire de se poursuivre. La fermentation a pour fonction première d'assurer cette ré-oxydation, en transférant les électrons du NADH sur un récepteur d'électrons qui est ensuite éliminé de la cellule. Au cours de la fermentation lactique, par exemple, l'accepteur d'électrons est le pyruvate lui-même, qui est alors réduit en lactate : c'est ce qui se produit dans les muscles lors d'un effort physique intense, qui dépasse les capacités d'oxygénation cellulaires et fait fonctionner la glycolyse du cytosol bien plus rapidement que la chaîne respiratoire des mitochondries.
8
+
9
+ On distingue plusieurs types de réactions de fermentation par la nature des produits de la réaction.
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+
11
+ La fermentation alcoolique est réalisée notamment par les levures et convertit des glucides tels que le glucose, le fructose et le saccharose — diholoside formé des deux précédents — en éthanol CH3CH2OH et dioxyde de carbone CO2 avec production d'une faible quantité d'énergie métabolique sous forme d'ATP.
12
+
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+ Lors de la formation de l'éthanol (réaction 2 ci-dessous), le pyruvate CH3COCOO– issu de la glycolyse (réaction 1) est d'abord décarboxylé en acétaldéhyde CH3CHO avec libération d'une molécule de dioxyde de carbone CO2, puis réduit en éthanol CH3CH2OH par l'alcool déshydrogénase avec oxydation d'une molécule de NADH en NAD+ :
14
+
15
+ La fermentation lactique est une voie métabolique, réalisée par certaines bactéries et certaines cellules animales, qui convertit des glucides tels que le glucose, d'autres hexoses et des diholosides formés d'hexoses en lactate CH3CHOHCOO– avec production d'une faible quantité d'énergie métabolique sous forme d'ATP.
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+
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+ Lors de la formation du lactate (réaction 2 ci-dessous), le pyruvate CH3COCOO– issu de la glycolyse (réaction 1) est réduit en lactate par la lactate déshydrogénase avec oxydation d'une molécule de NADH en NAD+ :
18
+
19
+ À titre de comparaison, en présence de dioxygène, la respiration produit jusqu'à 36-38 moles d'ATP à partir d'une mole de glucose, soit environ 18-19 fois plus que la fermentation. Elle mobilise un appareil enzymatique plus complexe (voir le Cycle de Krebs et chaîne respiratoire). En termes évolutifs, la fermentation est privilégiée tant qu'il existe de grandes quantités de sucre et peu d'oxygène, ce qui correspond aux conditions de vie avant l'apparition de l'oxygène dans l'atmosphère. Dès que le sucre se raréfie et/ou que l'oxygène devient abondant, comme cela a commencé il y a environ deux milliards d'années et s'est achevé il y environ 250 millions d'années, intervient la respiration ainsi que les organismes spécialisés capables de la mettre en œuvre. Notons que les mitochondries, lieu de la respiration cellulaire, sont des organites qui descendent des α-protéobactéries.
20
+
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+ Il existe d'autres types de fermentation (fermentation butyrique, acétique, sulfurique…).
22
+
23
+ La fermentation acide mixte est un autre type de fermentation qui concerne essentiellement les entérobactéries, c'est-à-dire les bactéries du tube digestif.
24
+
25
+ Elle est réalisée par des bactéries. Elle permet de stabiliser les vins de garde.
26
+
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+ L'équation chimique correspondante est la suivante (transformation de l'acide malique en acide lactique) :
28
+
29
+ La « fermentation acétique » (impropre) ou l'acétification est une réaction d'oxydoréduction de glucides, d'alcools primaires, de polyols ou d'aldéhydes en acide acétique résultant de bactéries acétiques.
30
+
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+ L'équation chimique pour celle de l'éthanol est : CH3CH2OH + O2 → CH3COOH + H2O + 348 kJ.
32
+
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+ Dans une solution aqueuse d'éthanol (telle qu'une boisson alcoolisée) ou de glucides non fermentés (telle qu'un moût), la fermentation acétique produite par des bactéries acétiques contribue à l'acidité volatile, particulièrement dans celles résultant directement d'une fermentation alcoolique où subsistent des glucides : vin, bière, saké, cidre, poiré, hydromel...
34
+
35
+ Au-delà d'un taux critique d'acidité volatile, l'acétification est à l'origine d'une acescence, une colonie de bactéries acétiques (principalement des genres Acetobacter aceti, Gluconoacetobacter europaeus, Gluconobacter oxydans et Acetobacter orleanensis) s'organisant en un biofilm lors de ce processus : la mère de vinaigre. En outre, Gluconobacter oxydans peut produire des polysaccharides (glucane, lavane...) lors d'un élevage, rendant ainsi le milieu visqueux[1].
36
+
37
+ Au-delà d'un taux critique spécifique d'acide acétique dans l'acidité volatile, une solution aqueuse d'éthanol peut subir une piqûre acétique par estérification à partir de l'acide acétique et de l'éthanol produisant de l'acétate d'éthyle[note 1].
38
+
39
+ Le catabolisme oxydatif des bactéries acétiques étant de type aérobie, la fermentation acétique ne qualifie pas une fermentation au sens strict, leur respiration cellulaire relevant d'une chaîne respiratoire membranaire[note 2].
40
+
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+ La fermentation alcoolique ou fermentation éthylique est réalisée par de nombreux organismes vivants (bactéries, levures) de manière permanente ou occasionnelle dans des milieux dépourvus d'oxygène. La propriété de certaines levures à transformer le sucre en éthanol est utilisée par l'homme dans la production de boissons alcooliques (et non boissons alcoolisées, comme on peut le lire improprement dans la presse ou l'entendre, car l'alcoolisation se fait de manière spontanée et non par adjonction d'éthanol/alcool), et pour la fabrication du pain. La température idéale de fermentation est de 35 °C à 40 °C.
42
+
43
+ Les boissons alcooliques sont obtenues par fermentation naturelles des solutions sucrées (moûts). Il s’agit d’une réaction chimique naturelle (biochimique) obtenue grâce aux micro-organismes (bactéries, moisissures, champignons) et aux levures qui grâce à leur enzyme, la zymase, décomposent les jus de fruits naturels en éthanol et en bulles de dioxyde de carbone.
44
+
45
+ Les levures sont présentes naturellement à la surface des fruits ou ajoutées aux moûts (jus de fruit) que l’on fait fermenter. Concrètement, pour provoquer le processus de fermentation, il suffit de laisser le fruit au contact de l'air en prenant soin de broyer les membranes de protection biologiques (peau…), ce qui se fait en écrasant ou en broyant le fruit. Les levures en suspension dans l'air sont amplement suffisantes pour produire la fermentation de la bouillie en quelques jours.
46
+
47
+ On peut aussi ajouter des levures afin d'accélérer ce processus naturel, comme la levure de bière (ou celle du pain) aussi, en maintenant la température aux alentours de 37 °C, la fermentation se produit en une heure environ.
48
+
49
+ Ce phénomène est scientifiquement connu depuis les travaux des chimistes Jean-Antoine Chaptal (à la suite des travaux de François Rozier et d'Antoine Lavoisier), de Gay-Lussac (1817), de Pasteur (1866) et de Buchner (1897) qui mettra en évidence le caractère enzymatique de la transformation du sucre en éthanol. Sa connaissance relève de la chimie, de l'enzymologie et de la microbiologie.
50
+
51
+ La fermentation lactique est très utilisée en fromagerie. Les yaourts sont obtenus à partir de lait bouilli puis refroidi et ensemencé avec une souche définie de bactérie, par exemple L. Bulgaricus (Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus), et incubée selon le procédé de fermentation et le produit à fermenter.
52
+
53
+ La fabrication de la choucroute est réalisée par fermentation lactique en présence de 2 à 3 % de chlorure de sodium. Le processus est arrêté lorsque la teneur en acide lactique atteint environ 1,5 %.
54
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+ La fermentation lactique est favorisée lors de l’ensilage des produits agricoles, car l’acidité produite empêche le développement d’autres micro-organismes pouvant provoquer la putréfaction des produits ensilés.
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+ La présence de ferments lactiques dans la flore intestinale est très favorable à un bon fonctionnement de l’intestin[réf. nécessaire].
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+ Enfin, au cours des processus anaérobies présidant à la contraction musculaire, le glycogène qui est un polymère glycosylé libère du glucose grâce à une enzyme, la glycogène phosphorylase, le glucose rejoint ensuite la glycolyse et forme deux équivalents de pyruvate. Ceux-ci sont alors transformés en acide lactique par une lactase déshydrogénase, lequel est ultérieurement oxydé au cours des processus aérobiques. La fermentation lactique est une réaction chimique pouvant se dérouler en cas de privation d'oxygène dans les cellules musculaires. Les muscles ayant besoin d'une grande quantité d'énergie en cas d'activité physique, consomment une grande quantité de sucre et surtout, d'oxygène. Le glucose et l'oxygène nécessaires à la réaction de respiration cellulaire sont stockés dans la cellule et renouvelés par la circulation sanguine. La quantité d'oxygène apportée peut ne pas être suffisante, soit en cas d'effort bref et intense (compte tenu du délai entre le débit de repos et le débit en plein effort), ou bien encore alors que le débit maximum d'oxygène est déjà atteint (pendant le sprint final), alors que du sucre reste disponible ; les cellules musculaires réalisent alors la fermentation lactique pour produire de l'énergie.
60
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+ L'augmentation de la concentration en ions lactates dans les cellules musculaires est une des raisons de la fatigue après une activité intense. En effet, ces ions lactates changent le pH intracellulaire et modifient de fait les conditions de fonctionnement enzymatiques de la cellule qui ne peut plus travailler correctement.
62
+
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+ Néanmoins, des recherches récentes suggèrent que l'augmentation d'ions K+ pourraient être à blâmer, alors que l'excès de lactate (forme ionisée de l'acide lactique) entraînerait une augmentation des performances musculaires[réf. nécessaire]. Le lactate excédentaire étant « recyclé » en pyruvate par les cellules hépatiques
64
+
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+ Des colonies de certaines espèces de bactéries acétiques interviennent en vinaigrerie dans l'acescence de solutions aqueuses contenant de l'alcool éthylique. Elles s'organisent en un biofilm dénommé mère de vinaigre, en présence d'air dans un contenant non ouillé.
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+ Des colonies de bactéries acétiques très tolérantes à l'éthanol et l'acide acétique interviennent dans l'acescence d'une solution aqueuse d'alcool éthylique issue de la fermentation alcoolique d'un moût : mélasse pour le vinaigre d'alcool, moût de raisins pour celui de vin, malt pour celui de bière, moût de pommes pour celui de cidre, moût de poires pour celui de poiré, moût de miel pour celui d'hydromel, moût de riz pour celui de riz, moût de banane-poyo pour celui de bière de banane...
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+ Les espèces de bactéries acétiques intervenant dans le processus d'acescence en vinaigre de vin sont principalement : Acetobacter aceti, Gluconobacter oxydans, Acetobacter orleanensis, Acetobacter œni et Gluconoacetobacter europaeus dont la tolérance à l'éthanol et l'acide acétique est la plus forte. Déposée sur une surface de 1 m2, une colonie de cette dernière constitue un biofilm de 0,5 g/m2 (à l'état sec) en 24 heures à 20 °C. En 48 heures, une seule bactérie produit son propre poids en acide acétique à condition de disposer d'une grande quantité d'oxygène ou d'un accepteur d'hydrogène (notamment du bleu de méthylène). Sa mise en culture rationalisée permet d'accélérer le processus d'acescence qui nécessitait jadis au moins trois semaines.
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+ Gluconoacetobacter kombuchae, Acetobacter aceti, Gluconobacter oxydans et Gluconoacetobacter xylinum peuvent se développer en symbiose avec certaines levures (schizosaccharomyces pombe, Brettanomyces bruxellensis, Torulaspora delbrueckii…) dans certaines boissons s'apparentant au vinaigre, notamment dans la kombucha qui est une boisson acidulée ayant subi une fermentation acétique[2]...
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+ Acetobacter pomorum intervient principalement dans l'élaboration des vinaigres de cidre et de poiré, Acetobacter lambici dans celle du vinaigre de bière, Acetobacter papayae dans celles des vinaigres de fruits tropicaux dont le moût a subi une fermentation alcoolique : vinaigre d'ananas, de banane-poyo, de fruit de la passion, de corossol, de papaye, de mangue[note 3]...
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+ Pour le vin, ce sont les levures qui se trouvent naturellement sur la pruine qui, après pressurage (vin blancs et rosés) ou pendant la cuvaison (vins rouges) vont transformer le sucre présent dans les baies de raisin en alcool.
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+
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+ En œnologie, les principaux objectifs de la fermentation alcoolique d'un jus de raisin en vin sont les suivants :
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+
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+ Ces étapes peuvent être favorisées par l’addition d'une levure sélectionnée pour ses caractéristiques fermentaires.
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+
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+ La conduite de la fermentation alcoolique d'un moût de raisin nécessite de maîtriser les facteurs influant directement sur la vie et la survie d'une population de levures.
82
+
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+ La fermentation est une des étapes de la fabrication de la bière. Cette étape consiste à ensemencer le moût avec une certaine quantité de levures afin que ces levures transforment les sucres présents en alcool et en CO2. Il existe quatre types de fermentation : basse, haute, spontanée et mixte.
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+
85
+ Le faisandage des venaisons est dû à la fermentation bactérienne de leur contenu intestinal, les protéases des bactéries désorganisant les muscles et les tendons robustes (processus de protéolyse) développés par la vie sauvage du gibier[3].
86
+
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+ Dans le domaine du traitement des déchets organiques et de la production d'énergie renouvelable, il existe la méthanisation. La méthanisation permet de transformer toute matière organique (pollution organique, fumier, déchets ménagers fermentescibles) en biogaz. Elle consiste principalement en quatre phases :
88
+
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+ La fermentation précède la maîtrise par l'homme de ce procédé ; en effet, les fruits fermentent sans aucune intervention humaine.
90
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+ La fermentation est un phénomène naturel qui se produit lors de la décomposition de la matière organique. L'utilisation de la fermentation par les humains, remonterait au Paléolithique pour la conservation des aliments, et au Néolithique pour la production de certaines boissons[4], la détoxification de plantes sauvages ou domestiquées (par exemple, fermentation du manioc par rouissage, fermentation lactique des choux sauvages pour faire de la choucroute[5], fermentation des légumineuses toxiques telles que le soja, la poudre de miso, les graines de néré), l'augmentation de la biodisponibilité des minéraux (par exemple la panification des céréales riches en phytates déminéralisant — orge, millet, amidonnier, engrain, épeautre, froment — grâce à la phytase des levures éliminant ces phytates lors de la fermentation)[6], la production de produits laitiers dont la fermentation élimine le lactose toxique du lait (typiquement les fromages qui l'éliminent dans le lactosérum et par la fermentation lactique dans le caillé) mal toléré par les populations adultes de l'époque ou dont la lactase des ferments conserve son activité (caractéristique des yaourts)[7]. Le fermentation permet ainsi aux hommes du Néolithique de s'adapter à la transition nutritionnelle due aux nouvelles ressources alimentaires introduites par l'agriculture et l'élevage, transition marquée par la généralisation de la consommation des céréales et des légumineuses cultivées, et l'apparition de la consommation de produits laitiers fermentés[8].
92
+
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+ L'appertisation développée au XIXe siècle met fin aux techniques traditionnelles de conservation de la viande telles que le salage, le fumage, mais aussi faisandage systématique des venaisons[9].
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+ Au début du XXIe siècle, ce sont plus de 3 500 aliments dans le monde que la tradition doit à la fermentation (boissons alcoolisées ou non, produits laitiers, produits carnés comme le saucisson, ou des végétaux, comme la choucroute)[10].
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+ L’Amérique du Sud est un continent ou un sous-continent et la partie méridionale de l'Amérique. Il est situé entièrement dans l'hémisphère ouest et principalement dans l'hémisphère sud. Il est bordé à l'ouest par l'océan Pacifique et au nord et à l'est par l'océan Atlantique. L'Amérique centrale, qui relie le sous-continent à l'Amérique du Nord, et les Caraïbes sont situées au nord-ouest.
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+ Le portugais et l'espagnol sont les deux langues dénombrant le plus grand nombre de locuteurs en Amérique du Sud.
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+ L'Amérique du Sud fut nommée, à Saint-Dié-des-Vosges en 1507, par les cartographes Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann d'après Amerigo Vespucci, qui fut le premier Européen à suggérer que l'Amérique n'était pas les Indes mais un Nouveau Monde inconnu des Européens.
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+ L'Amérique du Sud a une superficie de 17 840 000 km2, soit 11,9 % de la surface des terres émergées de la Terre. En 2015, sa population est d'environ 410 millions d'habitants[1]. Le gentilé de ses habitants est les « Sud-Américains ». L'Amérique du Sud est classée quatrième continent en superficie (après l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Nord) et cinquième en nombre d'habitants (après l'Asie, l'Afrique, l'Europe et l'Amérique du Nord).
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+ L'Amérique du Sud constitue la majeure partie australe des terres émergées de ce qui est généralement désigné comme le Nouveau Monde, l'hémisphère ouest, les Amériques, ou simplement l'Amérique (qui est parfois considérée comme un seul continent[2] et l'Amérique du Sud un sous-continent)[3]. Il se trouve au sud et à l'est du canal du Panama, qui traverse l'isthme de Panama. Géographiquement, presque tout le territoire sud-américain est situé sur la plaque sud-américaine. Géopolitiquement, tout le Panama – y compris le segment à l'est du canal de Panama de l'isthme – est souvent considéré comme faisant partie de l'Amérique du Nord et un pays d'Amérique centrale.
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+ Géologiquement, le continent n'est rattaché à l'Amérique du Nord que tout récemment avec la formation de l'isthme panaméen il y a environ 3 millions d'années, ce qui provoqua le Grand échange américain. De même, les Andes sont des chaînes de montagnes relativement jeunes et sismiquement instables, descendent du nord au sud en suivant la bordure occidentale du continent ; le territoire à l'est des Andes est principalement occupé par la forêt tropicale humide, le vaste bassin de l'Amazonie. Le continent présente aussi des régions plus sèches telle la Patagonie orientale ou l'Atacama.
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+ Le continent sud-américain comprend aussi de nombreuses îles, dont beaucoup appartiennent aux pays du continent. Beaucoup d'îles des Caraïbes (les Antilles) – par exemple, les Grandes Antilles et les Petites Antilles – sont situées au-dessus de la plaque caraïbe, une plaque tectonique avec une topographie diffuse. Aruba, les Barbades, Trinité-et-Tobago sont situées sur le plateau continental sud-américain. Les Antilles néerlandaises et les dépendances du Venezuela sont situées au nord du continent. Géopolitiquement, les îles-États et les territoires d'outre-mer des Caraïbes sont généralement regroupés et considérés comme une partie ou une sous-région d'Amérique du Nord. Les nations d'Amérique du Sud qui bordent la mer des Caraïbes – dont la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane – forment l'Amérique du Sud caribéenne. Les autres îles sont les Galapagos, l'île de Pâques (en Océanie mais qui appartient au Chili), l'île Robinson Crusoe, l'île de Chiloé, la Terre de Feu, et les îles Malouines.
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+ L'Amérique du Sud est la terre des plus hautes chutes d'eau, Salto Ángel, du fleuve au débit le plus important, l'Amazone, de la chaîne de montagne la plus longue, les Andes, du désert le plus aride, le désert d'Atacama, de la voie ferrée la plus élevée, Ticlio, de la capitale la plus haute, La Paz, du plus haut lac commercialement navigable, le lac Titicaca, et de la ville la plus australe, Puerto Toro.
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+ Les ressources naturelles de l'Amérique du Sud sont l'or, le cuivre, le minerai de fer, l'étain et le pétrole.
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+ L'Amérique du Sud abrite de nombreuses espèces d'animaux uniques comme le lama, l'anaconda, les piranha, le jaguar, la vigogne et le tapir. La forêt tropicale humide d'Amazonie possède une biodiversité élevée, contenant une fraction importante des espèces de la planète.
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+ Le plus grand pays d'Amérique du Sud est de loin le Brésil, à la fois du point de vue de sa superficie et de sa population[4].
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+ En Amérique du Sud, on distingue plusieurs sous-régions : les États andins, les Guyanes, le cône Sud et le Brésil.
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+ Le nord de l'Amérique du Sud abrite une grande partie de la biodiversité planétaire des terres émergées. Les forêts y sont cependant en forte régression au profit des prairies d'élevage (bovin notamment, destiné à l'exportation) et cultures industrielles (de soja notamment, pour partie transgénique). Les feux de forêts, la dégradation des sols, et l'élevage et l'agriculture industrielle sont à l'origine d'émissions importantes de gaz à effet de serre (qui font par exemple du Brésil un des premiers émetteurs mondiaux). Par ailleurs le sud du continent est situé sous le trou de la couche d'ozone de l'antarctique, qui a conduit à une forte hausse des taux d'UV (cancérogènes, mutagènes).
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+
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+ L'agriculture reste le secteur d'activité le plus important de l'Amérique du Sud, même si le chômage rural et la pauvreté chassent la population vers les énormes villes côtières. Les ressources minières et pétrolières, bien que substantielles, sont inégalement réparties selon les pays. Pour limiter l'importation de matières premières, relancer la production et renforcer les infrastructures, les gouvernements se sont lourdement endettés auprès de la Banque mondiale dans les années 1960 et 1970. Aujourd'hui, le Brésil est la première puissance économique, suivie de loin par l'Argentine, qui est, à son tour, suivie de près par la Colombie et le Venezuela[5]. L'ouest de l'Amérique du Sud, moins développé, a récemment su tirer parti de sa position géographique. Ainsi, le Chili exporte de plus en plus de matières premières vers le Japon.
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+ Les langues les plus utilisées en Amérique du Sud sont l'espagnol et le portugais, qui est la langue officielle du Brésil.
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+ L'Amérique du Sud présente un très grand nombre de langues minoritaires : on dénombre près de 600 langues qui appartiennent à 118 familles linguistiques. Par exemple, les 32 langues de Bolivie sont de 15 familles différentes, y compris 6 isolats. Les 68 langues de Colombie appartiennent à 13 familles différentes, dont 10 sont des isolats. Toutefois, le contraste est marqué entre les « grandes » langues (andennes et guarani) et les petites langues amazoniennes.
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+ Les cinq langues d'origine coloniale de l'Amérique du Sud sont le portugais, l'espagnol, l'anglais, le néerlandais et le français.
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+ La population amérindienne, chiffrée par millions, a été progressivement refoulée vers l'intérieur du continent. Paradoxalement, l'importance de cette population locutrice ne garantit en rien la pérennité des langues amérindiennes, qui sont pour la plupart menacées d'extinction.
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+ On distingue habituellement les langues d'Amérique du Sud selon l'importance recensée de la population locutrice. On dénombre ainsi habituellement quatre « grandes » langues :
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+ Les langues amazoniennes sont parlées par des groupes minoritaires dans les neuf pays du bassin amazonien :
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+ Beaucoup de ces langues sont parlées à cheval sur les frontières, en zones marginales des pays, pour beaucoup parce que les populations indigènes des côtes et du centre, exploitées par les européens, ont été exterminées. Ce sont dans leur ensemble des langues très menacées.
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+ La région amazonienne constitue un «trou noir » linguistique, au même titre que la Nouvelle-Guinée. Le travail linguistique sur ces langues, qui se sont révélées être très intéressantes dans leur diversité pour le développement de la linguistique, est encore très limité.
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+ La religion principale en Amérique du Sud est le catholicisme. Cependant, les églises protestantes (principalement évangéliques) se développent rapidement en nombre de pratiquants, notamment au Brésil (voir Religion au Brésil) et au Suriname[9]. Dans de nombreux pays la pratique de ces religions, en particulier le catholicisme, se mêlent avec des rites et pratiques de religions précolombiennes[10].
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+
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+ Les groupes ethniques et indigènes de l'Amérique du Sud incluent :
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+ Les pays (et territoires dépendants) dans cette table sont catégorisés d'après le schéma pour les régions et subrégions géographiques utilisé par les Nations unies.
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+
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+ Les douze pays indépendants du tableau ci-dessus ont lancé le 8 décembre 2004 (déclaration de Cuzco) un projet de Communauté sud-américaine de nations (CSN), devenu Union des nations sud-américaines (UNASUD), sur le modèle de l'Union européenne.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1970.html.txt ADDED
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+ La fermentation est un processus métabolique convertissant généralement des glucides en acides, en gaz ou en alcools pour en extraire une partie de l'énergie chimique tout en ré-oxydant les coenzymes réduites par ces réactions. Il s'agit d'une voie métabolique d'oxydoréduction dans laquelle l'accepteur ultime d'électrons est souvent confondu avec le produit final des réactions. Elle se caractérise par une dégradation partielle de la substance fermentescible et ne permet qu'une production d'énergie limitée. Elle a lieu chez des levures et des bactéries, ainsi que dans les cellules musculaires manquant d'oxygène, c'est-à-dire en conditions anaérobies. Sa caractérisation au XIXe siècle contribua à la découverte des enzymes. Louis Pasteur estimait ainsi que des ferments étaient responsables de la fermentation alcoolique chez la levure.
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+
3
+ Plus précisément, la fermentation est un mode de respiration cellulaire mettant en œuvre un système de transfert d'électrons reposant sur des petites molécules solubles du cytosol — souvent des acides organiques ou leurs dérivés — et non sur une chaîne respiratoire membranaire. Sa production d'ATP se fait souvent par phosphorylation au niveau du substrat, contrairement à celle de la phosphorylation oxydative, et est très sensiblement inférieure à cette dernière. La production d'ATP par fermentation est en revanche plus rapide que par phosphorylation oxydative car elle se déroule dans le compartiment cellulaire où l'ATP est consommé, sans nécessiter de passer par une translocase ATP/ADP.
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+
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+ La première étape commune à tous les modes de fermentation est la glycolyse, convertissant le glucose en pyruvate avec phosphorylation de deux molécules d'ADP en ATP et réduction de deux molécules de NAD+ en NADH :
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+
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+ L'ATP est utilisé par les processus cellulaires qui requièrent de l'énergie, tels que les biosynthèses, le transport actif à travers les membranes, ou encore la motilité des cellules. En revanche, le NADH doit être ré-oxydé en NAD+ pour permettre au métabolisme cellulaire de se poursuivre. La fermentation a pour fonction première d'assurer cette ré-oxydation, en transférant les électrons du NADH sur un récepteur d'électrons qui est ensuite éliminé de la cellule. Au cours de la fermentation lactique, par exemple, l'accepteur d'électrons est le pyruvate lui-même, qui est alors réduit en lactate : c'est ce qui se produit dans les muscles lors d'un effort physique intense, qui dépasse les capacités d'oxygénation cellulaires et fait fonctionner la glycolyse du cytosol bien plus rapidement que la chaîne respiratoire des mitochondries.
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+
9
+ On distingue plusieurs types de réactions de fermentation par la nature des produits de la réaction.
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+
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+ La fermentation alcoolique est réalisée notamment par les levures et convertit des glucides tels que le glucose, le fructose et le saccharose — diholoside formé des deux précédents — en éthanol CH3CH2OH et dioxyde de carbone CO2 avec production d'une faible quantité d'énergie métabolique sous forme d'ATP.
12
+
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+ Lors de la formation de l'éthanol (réaction 2 ci-dessous), le pyruvate CH3COCOO– issu de la glycolyse (réaction 1) est d'abord décarboxylé en acétaldéhyde CH3CHO avec libération d'une molécule de dioxyde de carbone CO2, puis réduit en éthanol CH3CH2OH par l'alcool déshydrogénase avec oxydation d'une molécule de NADH en NAD+ :
14
+
15
+ La fermentation lactique est une voie métabolique, réalisée par certaines bactéries et certaines cellules animales, qui convertit des glucides tels que le glucose, d'autres hexoses et des diholosides formés d'hexoses en lactate CH3CHOHCOO– avec production d'une faible quantité d'énergie métabolique sous forme d'ATP.
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+
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+ Lors de la formation du lactate (réaction 2 ci-dessous), le pyruvate CH3COCOO– issu de la glycolyse (réaction 1) est réduit en lactate par la lactate déshydrogénase avec oxydation d'une molécule de NADH en NAD+ :
18
+
19
+ À titre de comparaison, en présence de dioxygène, la respiration produit jusqu'à 36-38 moles d'ATP à partir d'une mole de glucose, soit environ 18-19 fois plus que la fermentation. Elle mobilise un appareil enzymatique plus complexe (voir le Cycle de Krebs et chaîne respiratoire). En termes évolutifs, la fermentation est privilégiée tant qu'il existe de grandes quantités de sucre et peu d'oxygène, ce qui correspond aux conditions de vie avant l'apparition de l'oxygène dans l'atmosphère. Dès que le sucre se raréfie et/ou que l'oxygène devient abondant, comme cela a commencé il y a environ deux milliards d'années et s'est achevé il y environ 250 millions d'années, intervient la respiration ainsi que les organismes spécialisés capables de la mettre en œuvre. Notons que les mitochondries, lieu de la respiration cellulaire, sont des organites qui descendent des α-protéobactéries.
20
+
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+ Il existe d'autres types de fermentation (fermentation butyrique, acétique, sulfurique…).
22
+
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+ La fermentation acide mixte est un autre type de fermentation qui concerne essentiellement les entérobactéries, c'est-à-dire les bactéries du tube digestif.
24
+
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+ Elle est réalisée par des bactéries. Elle permet de stabiliser les vins de garde.
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+
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+ L'équation chimique correspondante est la suivante (transformation de l'acide malique en acide lactique) :
28
+
29
+ La « fermentation acétique » (impropre) ou l'acétification est une réaction d'oxydoréduction de glucides, d'alcools primaires, de polyols ou d'aldéhydes en acide acétique résultant de bactéries acétiques.
30
+
31
+ L'équation chimique pour celle de l'éthanol est : CH3CH2OH + O2 → CH3COOH + H2O + 348 kJ.
32
+
33
+ Dans une solution aqueuse d'éthanol (telle qu'une boisson alcoolisée) ou de glucides non fermentés (telle qu'un moût), la fermentation acétique produite par des bactéries acétiques contribue à l'acidité volatile, particulièrement dans celles résultant directement d'une fermentation alcoolique où subsistent des glucides : vin, bière, saké, cidre, poiré, hydromel...
34
+
35
+ Au-delà d'un taux critique d'acidité volatile, l'acétification est à l'origine d'une acescence, une colonie de bactéries acétiques (principalement des genres Acetobacter aceti, Gluconoacetobacter europaeus, Gluconobacter oxydans et Acetobacter orleanensis) s'organisant en un biofilm lors de ce processus : la mère de vinaigre. En outre, Gluconobacter oxydans peut produire des polysaccharides (glucane, lavane...) lors d'un élevage, rendant ainsi le milieu visqueux[1].
36
+
37
+ Au-delà d'un taux critique spécifique d'acide acétique dans l'acidité volatile, une solution aqueuse d'éthanol peut subir une piqûre acétique par estérification à partir de l'acide acétique et de l'éthanol produisant de l'acétate d'éthyle[note 1].
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+
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+ Le catabolisme oxydatif des bactéries acétiques étant de type aérobie, la fermentation acétique ne qualifie pas une fermentation au sens strict, leur respiration cellulaire relevant d'une chaîne respiratoire membranaire[note 2].
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+
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+ La fermentation alcoolique ou fermentation éthylique est réalisée par de nombreux organismes vivants (bactéries, levures) de manière permanente ou occasionnelle dans des milieux dépourvus d'oxygène. La propriété de certaines levures à transformer le sucre en éthanol est utilisée par l'homme dans la production de boissons alcooliques (et non boissons alcoolisées, comme on peut le lire improprement dans la presse ou l'entendre, car l'alcoolisation se fait de manière spontanée et non par adjonction d'éthanol/alcool), et pour la fabrication du pain. La température idéale de fermentation est de 35 °C à 40 °C.
42
+
43
+ Les boissons alcooliques sont obtenues par fermentation naturelles des solutions sucrées (moûts). Il s’agit d’une réaction chimique naturelle (biochimique) obtenue grâce aux micro-organismes (bactéries, moisissures, champignons) et aux levures qui grâce à leur enzyme, la zymase, décomposent les jus de fruits naturels en éthanol et en bulles de dioxyde de carbone.
44
+
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+ Les levures sont présentes naturellement à la surface des fruits ou ajoutées aux moûts (jus de fruit) que l’on fait fermenter. Concrètement, pour provoquer le processus de fermentation, il suffit de laisser le fruit au contact de l'air en prenant soin de broyer les membranes de protection biologiques (peau…), ce qui se fait en écrasant ou en broyant le fruit. Les levures en suspension dans l'air sont amplement suffisantes pour produire la fermentation de la bouillie en quelques jours.
46
+
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+ On peut aussi ajouter des levures afin d'accélérer ce processus naturel, comme la levure de bière (ou celle du pain) aussi, en maintenant la température aux alentours de 37 °C, la fermentation se produit en une heure environ.
48
+
49
+ Ce phénomène est scientifiquement connu depuis les travaux des chimistes Jean-Antoine Chaptal (à la suite des travaux de François Rozier et d'Antoine Lavoisier), de Gay-Lussac (1817), de Pasteur (1866) et de Buchner (1897) qui mettra en évidence le caractère enzymatique de la transformation du sucre en éthanol. Sa connaissance relève de la chimie, de l'enzymologie et de la microbiologie.
50
+
51
+ La fermentation lactique est très utilisée en fromagerie. Les yaourts sont obtenus à partir de lait bouilli puis refroidi et ensemencé avec une souche définie de bactérie, par exemple L. Bulgaricus (Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus), et incubée selon le procédé de fermentation et le produit à fermenter.
52
+
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+ La fabrication de la choucroute est réalisée par fermentation lactique en présence de 2 à 3 % de chlorure de sodium. Le processus est arrêté lorsque la teneur en acide lactique atteint environ 1,5 %.
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+ La fermentation lactique est favorisée lors de l’ensilage des produits agricoles, car l’acidité produite empêche le développement d’autres micro-organismes pouvant provoquer la putréfaction des produits ensilés.
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+ La présence de ferments lactiques dans la flore intestinale est très favorable à un bon fonctionnement de l’intestin[réf. nécessaire].
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+ Enfin, au cours des processus anaérobies présidant à la contraction musculaire, le glycogène qui est un polymère glycosylé libère du glucose grâce à une enzyme, la glycogène phosphorylase, le glucose rejoint ensuite la glycolyse et forme deux équivalents de pyruvate. Ceux-ci sont alors transformés en acide lactique par une lactase déshydrogénase, lequel est ultérieurement oxydé au cours des processus aérobiques. La fermentation lactique est une réaction chimique pouvant se dérouler en cas de privation d'oxygène dans les cellules musculaires. Les muscles ayant besoin d'une grande quantité d'énergie en cas d'activité physique, consomment une grande quantité de sucre et surtout, d'oxygène. Le glucose et l'oxygène nécessaires à la réaction de respiration cellulaire sont stockés dans la cellule et renouvelés par la circulation sanguine. La quantité d'oxygène apportée peut ne pas être suffisante, soit en cas d'effort bref et intense (compte tenu du délai entre le débit de repos et le débit en plein effort), ou bien encore alors que le débit maximum d'oxygène est déjà atteint (pendant le sprint final), alors que du sucre reste disponible ; les cellules musculaires réalisent alors la fermentation lactique pour produire de l'énergie.
60
+
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+ L'augmentation de la concentration en ions lactates dans les cellules musculaires est une des raisons de la fatigue après une activité intense. En effet, ces ions lactates changent le pH intracellulaire et modifient de fait les conditions de fonctionnement enzymatiques de la cellule qui ne peut plus travailler correctement.
62
+
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+ Néanmoins, des recherches récentes suggèrent que l'augmentation d'ions K+ pourraient être à blâmer, alors que l'excès de lactate (forme ionisée de l'acide lactique) entraînerait une augmentation des performances musculaires[réf. nécessaire]. Le lactate excédentaire étant « recyclé » en pyruvate par les cellules hépatiques
64
+
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+ Des colonies de certaines espèces de bactéries acétiques interviennent en vinaigrerie dans l'acescence de solutions aqueuses contenant de l'alcool éthylique. Elles s'organisent en un biofilm dénommé mère de vinaigre, en présence d'air dans un contenant non ouillé.
66
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+ Des colonies de bactéries acétiques très tolérantes à l'éthanol et l'acide acétique interviennent dans l'acescence d'une solution aqueuse d'alcool éthylique issue de la fermentation alcoolique d'un moût : mélasse pour le vinaigre d'alcool, moût de raisins pour celui de vin, malt pour celui de bière, moût de pommes pour celui de cidre, moût de poires pour celui de poiré, moût de miel pour celui d'hydromel, moût de riz pour celui de riz, moût de banane-poyo pour celui de bière de banane...
68
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+ Les espèces de bactéries acétiques intervenant dans le processus d'acescence en vinaigre de vin sont principalement : Acetobacter aceti, Gluconobacter oxydans, Acetobacter orleanensis, Acetobacter œni et Gluconoacetobacter europaeus dont la tolérance à l'éthanol et l'acide acétique est la plus forte. Déposée sur une surface de 1 m2, une colonie de cette dernière constitue un biofilm de 0,5 g/m2 (à l'état sec) en 24 heures à 20 °C. En 48 heures, une seule bactérie produit son propre poids en acide acétique à condition de disposer d'une grande quantité d'oxygène ou d'un accepteur d'hydrogène (notamment du bleu de méthylène). Sa mise en culture rationalisée permet d'accélérer le processus d'acescence qui nécessitait jadis au moins trois semaines.
70
+
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+ Gluconoacetobacter kombuchae, Acetobacter aceti, Gluconobacter oxydans et Gluconoacetobacter xylinum peuvent se développer en symbiose avec certaines levures (schizosaccharomyces pombe, Brettanomyces bruxellensis, Torulaspora delbrueckii…) dans certaines boissons s'apparentant au vinaigre, notamment dans la kombucha qui est une boisson acidulée ayant subi une fermentation acétique[2]...
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+ Acetobacter pomorum intervient principalement dans l'élaboration des vinaigres de cidre et de poiré, Acetobacter lambici dans celle du vinaigre de bière, Acetobacter papayae dans celles des vinaigres de fruits tropicaux dont le moût a subi une fermentation alcoolique : vinaigre d'ananas, de banane-poyo, de fruit de la passion, de corossol, de papaye, de mangue[note 3]...
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+ Pour le vin, ce sont les levures qui se trouvent naturellement sur la pruine qui, après pressurage (vin blancs et rosés) ou pendant la cuvaison (vins rouges) vont transformer le sucre présent dans les baies de raisin en alcool.
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+ En œnologie, les principaux objectifs de la fermentation alcoolique d'un jus de raisin en vin sont les suivants :
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+
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+ Ces étapes peuvent être favorisées par l’addition d'une levure sélectionnée pour ses caractéristiques fermentaires.
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+ La conduite de la fermentation alcoolique d'un moût de raisin nécessite de maîtriser les facteurs influant directement sur la vie et la survie d'une population de levures.
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+ La fermentation est une des étapes de la fabrication de la bière. Cette étape consiste à ensemencer le moût avec une certaine quantité de levures afin que ces levures transforment les sucres présents en alcool et en CO2. Il existe quatre types de fermentation : basse, haute, spontanée et mixte.
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+ Le faisandage des venaisons est dû à la fermentation bactérienne de leur contenu intestinal, les protéases des bactéries désorganisant les muscles et les tendons robustes (processus de protéolyse) développés par la vie sauvage du gibier[3].
86
+
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+ Dans le domaine du traitement des déchets organiques et de la production d'énergie renouvelable, il existe la méthanisation. La méthanisation permet de transformer toute matière organique (pollution organique, fumier, déchets ménagers fermentescibles) en biogaz. Elle consiste principalement en quatre phases :
88
+
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+ La fermentation précède la maîtrise par l'homme de ce procédé ; en effet, les fruits fermentent sans aucune intervention humaine.
90
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+ La fermentation est un phénomène naturel qui se produit lors de la décomposition de la matière organique. L'utilisation de la fermentation par les humains, remonterait au Paléolithique pour la conservation des aliments, et au Néolithique pour la production de certaines boissons[4], la détoxification de plantes sauvages ou domestiquées (par exemple, fermentation du manioc par rouissage, fermentation lactique des choux sauvages pour faire de la choucroute[5], fermentation des légumineuses toxiques telles que le soja, la poudre de miso, les graines de néré), l'augmentation de la biodisponibilité des minéraux (par exemple la panification des céréales riches en phytates déminéralisant — orge, millet, amidonnier, engrain, épeautre, froment — grâce à la phytase des levures éliminant ces phytates lors de la fermentation)[6], la production de produits laitiers dont la fermentation élimine le lactose toxique du lait (typiquement les fromages qui l'éliminent dans le lactosérum et par la fermentation lactique dans le caillé) mal toléré par les populations adultes de l'époque ou dont la lactase des ferments conserve son activité (caractéristique des yaourts)[7]. Le fermentation permet ainsi aux hommes du Néolithique de s'adapter à la transition nutritionnelle due aux nouvelles ressources alimentaires introduites par l'agriculture et l'élevage, transition marquée par la généralisation de la consommation des céréales et des légumineuses cultivées, et l'apparition de la consommation de produits laitiers fermentés[8].
92
+
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+ L'appertisation développée au XIXe siècle met fin aux techniques traditionnelles de conservation de la viande telles que le salage, le fumage, mais aussi faisandage systématique des venaisons[9].
94
+
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+ Au début du XXIe siècle, ce sont plus de 3 500 aliments dans le monde que la tradition doit à la fermentation (boissons alcoolisées ou non, produits laitiers, produits carnés comme le saucisson, ou des végétaux, comme la choucroute)[10].
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+ Le chemin de fer est un système de transport guidé servant au déplacement de personnes et de marchandises. Il se compose d'une infrastructure spécialisée, de matériel roulant et de procédures d'exploitation faisant le plus souvent intervenir l'humain, même si dans le cas des métros automatiques cette intervention se limite en temps normal à de la surveillance.
2
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3
+ Par métonymie, « chemin de fer » désigne aussi les sociétés exploitantes, souvent appelées autrefois « compagnies ». Les employés du chemin de fer sont appelés « cheminots ».
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5
+ En France, l'expression « chemin de fer » est apparue officiellement dans l'ordonnance royale du 26 février 1823 autorisant la construction de la première ligne française à Saint-Étienne[1]. L'adjectif correspondant, « ferroviaire », qui dérive de l'italien ferrovia, est apparu vers 1911.
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7
+ Le système ferroviaire est aussi utilisé sous diverses déclinaisons spécialisées : métros[2], tramways, chemins de fer à crémaillère.
8
+
9
+ L'infrastructure des chemins de fer est appelée voie ferrée. Elle se compose, la plupart du temps, de deux files de rails posés sur des traverses, d'appareils de voie, de passages à niveau, de la signalisation et, le cas échéant, des installations de traction électrique (sous-stations, caténaires, etc.). La voie ferrée est généralement posée en remblai sur un ballast, et peut emprunter différents ouvrages, tunnels, viaducs, tranchées.
10
+
11
+ Le matériel roulant circule communément en convois, appelé trains ou rames. Les convois sont composés de wagons pour les marchandises ou de voitures pour les passagers, et sont tractés par des locomotives. Il peut également s'agir de rames autotractées, c'est-à-dire incluant leur propre système de traction.
12
+
13
+ L'humain est au centre des systèmes ferroviaires couramment rencontrés, que ce soit pour la conduite des trains, l'orientation des convois vers leur destination, la sécurisation des voyageurs ou marchandises transportées. Le travail de l'humain est encadré par des procédures.
14
+
15
+ Très tôt, on a légiféré sur le chemin de fer. En France, la loi du 15 juillet 1845[3] pose les bases de la Police du Chemin de Fer[4]. Depuis, de nouvelles lois et de nombreux règlements sont venus la compléter, en ce qui concerne la sécurité, l'organisation et le service public.
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+ Le chemin de fer s'est vraiment développé lors du boom ferroviaire des années 1840 mais de très nombreuses innovations avaient eu lieu au cours des siècles précédents.
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+ L'un des premiers exemples de chemin guidé est celui du diolkos, un système permettant aux bateaux de franchir l'isthme de Corinthe en Grèce, construit au VIe siècle av. J.-C. Des chariots tirés par des bêtes de somme circulaient sur des blocs de pierre entaillés. Ce chemin guidé a fonctionné jusqu'au Ier siècle.
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21
+ Sur les sections difficiles des voies romaines (en montagne, aux abords des ponts), les roues des chariots étaient guidées par des pierres entaillées en profondes ornières.
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+ La réapparition des transports guidés est attestée en Europe aux alentours de 1550[5], pour des voies minières. Celles-ci utilisaient des rails de bois. La première voie ferrée a été établie au Royaume-Uni au début du XVIIe siècle, principalement pour le transport du charbon d'une mine à un canal, d'où il pouvait être chargé sur des barges. On trouve des traces de ce genre de chemins de fer à Broseley dans le Shropshire. Les rails étaient constitués de bois nu, les roues étaient munies de boudins, comme sur les véhicules ferroviaires actuels. En 1768, la compagnie Coalbrookdale eut l'idée de remplacer ses rails en bois par des rails en fonte moulée, pour limiter l'usure de la voie et transporter de plus lourdes charges.
24
+
25
+ Les rails de fer sont apparus au début du XVIIIe siècle. L'ingénieur William Jessop conçut des rails prévus pour être utilisés avec des roues sans boudin : ils constituaient une sorte de cornière. Ces rails devaient être utilisés pour un projet dans le secteur de Loughborough, Leicestershire en 1789. En 1790 il était de ceux qui fondèrent une aciérie à Butterley, Derbyshire pour produire des rails (entre autres). Le premier chemin de fer ouvert au public a été le Surrey Iron Railway, ouvert en 1802 par Jessop[6]. Les convois étaient tractés par des chevaux.
26
+
27
+ La première locomotive à vapeur à fonctionner sur des rails a été construite par Richard Trevithick et essayée en 1804 à Merthyr Tydfil au Pays de Galles. Cette tentative ne fut pas couronnée de succès, l'engin étant si lourd qu'il brisait la voie.
28
+
29
+ En 1811, John Blenkinsop conçut la première locomotive réellement utilisable[7]. Il fit breveter (N° 3431) un système de transport du charbon mû par une locomotive à vapeur. La ligne fut construite, raccordant Middleton Colliery à Leeds. La locomotive a été construite par Matthew Murray de Fenton, Murray and Wood. Le Middleton Railway fut donc en 1812 le premier chemin de fer à utiliser la vapeur avec succès dans un objectif commercial. C'est également le premier à faire l'objet d'actes juridiques. La ligne du chemin de fer de Stockton et Darlington longue de 40 km, inaugurée le 27 septembre 1825 avec la Locomotion n° 1 de George Stephenson, fut la première au monde permettant le transport commercial de passagers avec des locomotives à vapeur.
30
+
31
+ La première ligne de chemin de fer à vapeur exploitée par le secteur public de l’Europe continentale fut mise en service le 5 mai 1835 entre Bruxelles-Allée verte et Malines ; c'est aussi la première ligne à horaires fixes de convois composés de wagons comprenant trois classes.
32
+
33
+ La Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à la Loire construit la première ligne en Europe continentale dans la région de Saint-Étienne, en France, entre 1827 (Louis-Antoine Beaunier) et 1830 (Marc Seguin) ; les convois sont à traction chevaline et servent au transport des houilles.
34
+
35
+ La première ligne aboutissant à Paris a été la ligne de Paris à Saint-Germain ouverte en 1837[8]. La loi du 15 février 1838 décide la construction de neuf grandes lignes par l'État[9]. Mais une autre loi, celle du 11 juin 1842, tranche en faveur d'un financement privé[10]. L'expansion boursière des années 1840 en Angleterre donne à ce pays la moitié des 9500 kilomètres de rail européen en 1845, lors de l'épisode de la « railway mania ».
36
+
37
+ En Europe et en Amérique du Nord, la période de plus grand développement du chemin de fer va de 1848 à 1914. L’enthousiasme ferroviaire de l'Allemagne fait que le pays compte vers 1870 près de vingt mille kilomètres de voies[11]. La France réduit une partie son retard sur sa rivale d'outre-Manche pour atteindre 15 600 km[12] de voies ferrées en 1870, contre 24 900 pour l'Angleterre[13].
38
+
39
+ Après la Première Guerre mondiale, le chemin de fer continue à se développer, mais les lignes secondaires commencent à fermer, fortement concurrencées par le transport automobile.
40
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+ La crise pétrolière de 1973 marque le début du renouveau du chemin de fer, principalement pour les transports de voyageurs à l'intérieur des grandes métropoles et grâce à de nouvelles lignes intercités, parcourues par des trains à grande vitesse.
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+
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+ La sustentation magnétique (dite Maglev), dont une ligne de 43 km a été mise en exploitation en 2005 à Shanghai (Chine), pourrait devenir un concurrent viable.
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+
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+ Les projets ferroviaires nécessitent une ingénierie dont les rôles principaux sont celui du concepteur chargé des études de conception au cours des différents stades, du maître d’œuvre de suivi de réalisation, de pilotage des opérations d’essais et mises en service et d'homologation. Tout ou partie de cette ingénierie peut être délégué par le maître d'ouvrage à des consultants extérieurs.
46
+
47
+ Roulement acier sur acier : la caractéristique fondamentale du chemin de fer est le roulement acier (roue) sur acier (rail) à faible coefficient d'adhérence, qui limite très sensiblement la résistance à l'avancement, mais augmente les distances de freinage. La faible adhérence impose aussi des contraintes de tracé des lignes pour éviter les trop fortes rampes : tracé en fond de vallées, ouvrages d'art importants (tunnels, viaducs, etc.).
48
+
49
+ Toutes ces caractéristiques induisent un système d'exploitation particulier, qui repose d'abord sur un système de signalisation strict et sur l'établissement d'un graphique de circulation. En contrepartie, elles limitent les dépenses d'énergie et procurent au chemin de fer un haut niveau de sécurité.
50
+
51
+ Les systèmes ferroviaires nécessitent une infrastructure particulière appelée voie ferrée. Les véhicules sont guidés par une ou plusieurs files de rails fixés sur des traverses au moyen, en France, de tirefonds. Le ballast est une couche drainante sur laquelle reposent les traverses. Il permet d'affiner la géométrie de la voie, par exemple pour créer un dévers en courbe ainsi qu'absorber les vibrations lors du passage des trains. Les véhicules étant guidés par les rails, ils ne peuvent pas changer de direction sans utiliser une installation particulière. La plupart du temps il s'agit d'un aiguillage, manœuvré soit à pied d'œuvre soit d'un poste d'aiguillages.
52
+
53
+ Le matériel ferroviaire, du fait de sa technique de roulement, ne peut pas monter ou descendre de pente trop importante, ni effectuer de courbe trop prononcée. Pour s'adapter au terrain, la construction des lignes de chemin de fer a nécessité l'établissement d'ouvrages d'art : ponts, viaducs et tunnels. La voie peut aussi croiser la route à un passage à niveau.
54
+
55
+ La distance entre les deux rails de roulement (cas le plus fréquent) est appelée écartement. Elle est mesurée entre les faces internes du rail. L'écartement le plus communément répandu est celui de la voie normale : 1,435 m (standard UIC). Au-delà, on parle de voie large, en dessous il s'agit de voie étroite.
56
+
57
+ Certains trains sont mus par de l'électricité et nécessitent des infrastructures spécifiques dès lors qu'ils ne fournissent pas eux-mêmes leur énergie. Dans la majorité des cas, cette alimentation en énergie se fait par une caténaire suspendue au-dessus des voies, le train venant capter le courant grâce à un pantographe ou une perche. Les métros et certains pays (Angleterre) utilisent un troisième rail latéral: le captage est alors assuré par des patins. D'autres systèmes utilisent un troisième rail central, par exemple le nouveau tramway de Bordeaux.
58
+
59
+ Dès lors que deux trains peuvent circuler en même temps sur une ligne commune, il est nécessaire d'établir des règles de circulation afin de garantir la sécurité. Comme sur route, une signalisation a été mise en place ainsi que des systèmes de prévention des risques ferroviaires. Un de ces systèmes est le cantonnement (ou block-système), qui interdit à un train d'entrer sur une section de ligne où se trouve déjà un autre train.
60
+
61
+ Comme tout transport en commun, les trains ne s'arrêtent pas n'importe où. Les voyageurs prennent le train dans une gare pour descendre dans une autre, parfois après avoir eu à effectuer des correspondances.
62
+ Les marchandises sont chargées sur des wagons dans une gare de fret ou sur un embranchement particulier. Elles changent de direction dans des triages. Les conteneurs sont chargés et déchargés à un terminal de transport combiné.
63
+
64
+ Les infrastructures ferroviaires nécessitent un entretien constant. Il s'agit d'opérations diversifiées, dont la nature dépend de la nature de la voie elle-même et des conditions dans lesquelles elle se trouve implantée : déneigement, Renouvellement Voie Ballast, inspection des ouvrages d'art, désherbage, etc.
65
+
66
+ Les véhicules ferroviaires sont appelés trains. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, on a vu apparaître l'expression train à grande vitesse pour qualifier les matériels dépassant les 250 km/h.
67
+
68
+ Les trains que l'on rencontre ont plusieurs structures. La première, la plus classique, est celle d'un convoi composé d'une (ou plusieurs) locomotive(s), de voitures dans le cas de trains de voyageurs ou bien de wagons. Dans le cas où la locomotive peut pousser la rame au lieu de la tirer, on dispose de voitures pilotes, dotées d'une cabine de conduite. En Belgique, des voitures pilote M7 motorisé sont en cours d'homologation.
69
+
70
+ Les locomotives peuvent être de plusieurs types, selon leur source d'énergie. Anciennement, on trouvait des locomotives à vapeur, brûlant du charbon ou du mazout. Actuellement, on trouve surtout des locomotives diesel, mues par un moteur thermique, ainsi que des locomotives électriques, alimentées par caténaire ou troisième rail.
71
+
72
+ Le second cas de figure est celui de convois indéformables comprenant à la fois éléments de traction et compartiments voyageurs appelés rames automotrices. Il existe en Allemagne des rames automotrices destinées aux marchandises. Une rame automotrice à traction diesel est appelée automoteur ou autorail, à l'exception notable des turbotrains. Les TGV sont des automotrices, ainsi que la plupart des trains à grande vitesse.
73
+
74
+ Pour les manœuvres ou la traction de trains légers, on a recours à des locotracteurs, électriques ou diesel. Alors qu'en France, on ne trouvera que des diesel, la Suisse dispose d'une majorité d'engins électriques.
75
+
76
+ Les services de l'entretien des voies utilisent des draisines, de petits véhicules capables de déplacer une équipe sur son chantier. On trouvera également à l'entretien des voies une grande variété de matériels spécialisés : désherbeuses, raton-laveur, bourreuses, etc.
77
+
78
+ Une grande variété de systèmes de transport dérivant du principe de base du chemin de fer existent. Les points communs entre ces systèmes sont le roulement fer sur fer et le guidage. Les variantes se situent au niveau de la structure et du mode d'exploitation.
79
+
80
+ En zone urbaine, du fait de la multitude d'infrastructures et de la nécessité de transporter un nombre élevé de passagers, le recours à des métros, reposant soit sur des infrastructures souterraines ou aériennes pour limiter l'espace occupé constitue une solution privilégiée par les grandes agglomérations. Ailleurs, des systèmes moins lourds ont été utilisés : VAL - Skytrain.
81
+
82
+ Pour la desserte d'une métropole entière, le système du Réseau express régional est utilisé. Il s'agit de mettre en place des axes permettant de transporter d'importantes quantités de voyageurs, souvent entre banlieue et centre urbain.
83
+
84
+ Le tramway permet une desserte plus fine (des arrêts plus rapprochés) en s'insérant dans le tissu urbain. Cependant, sa capacité par ligne est bien moins élevée que celle des métros. Néanmoins, son coût nettement moins élevé permet, pour un même budget, de multiplier les lignes et donc les lieux desservis et ainsi de ne pas concentrer artificiellement les flux de voyageurs.
85
+
86
+ Par son principe de fonctionnement, un train ne peut pas gravir d'importantes déclivités. Pour compenser cela, les ingénieurs ont eu l'idée de placer un troisième axe sur lequel le convoi vient prendre appui. Il s'agit du chemin de fer à crémaillère.
87
+
88
+ Si les déclivités sont encore plus importantes, on a recours au funiculaire. La traction est alors assurée par un câble. Dans certaines villes (San Francisco par exemple), il existe des tramways à traction par câble qui permet de concentrer le moteur de traction en un seul point.
89
+
90
+ Le téléphérique peut être considéré comme un « funiculaire suspendu », dont la voie est constituée par un ou plusieurs câbles porteurs fixes. Cette installation ferroviaire à part entière était d'ailleurs appelée « funiculaire aérien » à ses débuts. Le dictionnaire Flammarion de 1982 définit le téléphérique comme un « type de chemin de fer dont les véhicules circulent sur des câbles aériens faisant office de rails ».
91
+
92
+ La Télécabine sur voie, « système SK (transport) » ou l'ancien système Poma 2000 de Laon : Ces systèmes légers sont constitués de cabines guidées, tractées par un ou plusieurs câbles.
93
+
94
+ Pour limiter l'espace occupé, certains ont pensé à des monorails. Ce système est relativement peu utilisé pour le transport de voyageurs mais commun dans l'industrie dans sa version portante (rail au plafond).
95
+
96
+ Une des pistes d'évolution du chemin de fer est le train à sustentation magnétique. Les essais de ce système sont prometteurs[réf. nécessaire].
97
+
98
+ À l'inverse, d'autres expérimentations portent (ou ont porté) sur des trains gravitationnels, mus par la pesanteur, à la manière des trains de parc d'attractions qui, une fois lancés, avancent grâce à leur propre inertie.
99
+
100
+ La maintenance des trains requiert un grand nombre d’équipements ainsi que des centres de dépôt et de maintenance ferroviaire, qui requièrent eux-mêmes d’être entretenus. Parmi ces équipements, l’on peut citer :
101
+
102
+ Les entreprises ferroviaires réalisent généralement deux types d’opérations de maintenance : des opérations planifiées afin de réparer les principaux systèmes, et des interventions mineures non planifiées sur du matériel endommagé (réparation de portes ou de vitres). Ces deux approches présentent cependant deux inconvénients majeurs : dans le premier cas, un risque avéré de réparation trop précoce des pièces, et dans le second cas, de fortes probabilités de retard des trains, provoquant le mécontentement des utilisateurs.[14]
103
+
104
+
105
+
106
+ (km)
107
+
108
+ (km)
109
+
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+ (km)
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+
112
+ (km)
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114
+ plus
115
+ 30 000 km de chemins de fer industriels
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+ dont 21 000 km en Afrique du Sud
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+ Pour le sens commun, la fertilité désigne à la fin du XXe siècle la capacité des personnes, des animaux ou des plantes à produire une descendance viable et abondante. Le terme était généralement appliqué aux femmes, ou aux femelles des animaux, mais s'appliquent de plus en plus aux sujets mâles, au fur et à mesure des progrès dans la vision des mécanismes de la reproduction et de la meilleure connaissance du rôle de l'homme ou du mâle.
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+ Un couple dit fertile est un couple qui a commencé une grossesse après moins d'un an de rapports sexuels non protégés pendant la période fertile. Un couple qui a besoin de plus d’un an est considéré comme infertile, et un couple qui a besoin de l’assistance à la procréation médicalement assistée est considéré comme stérile[1],[2],[3]. L'indice de fécondité mesure en démographie le nombre d'enfants par femme.
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+ Par extension, le terme de fertilité peut s'appliquer aux pâturages, au sol (fertilité des sols) ou au paysage, ainsi qu'à l'esprit humain.
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9
+ Le mot provient du latin fertilitas. À partir de 1606, l'Académie française n'utilise le mot qu'associé à la terre et à l'esprit. Le Dictionnaire de l'Académie française, dans sa 8e édition (1932-1935) n'évoque toujours pas la qualité du spermatozoïde ou de l'ovule, ni la santé reproductive, la fertilité n'étant définie que comme « la qualité de ce qui est fertile », la « fertilité d'une terre » étant le seul exemple donné, l'autre concernant à propos de l'esprit, la fertilité de l'imagination. Au XVIIIe siècle, le Dictionnaire critique de la langue française[4] estime que le mot fertilité ne devrait concerner que la terre et les plantes et que, pour les animaux, on devrait dire fécondité. Ses explications laissent entendre que la fécondité serait plutôt liée à la nature, la fertilité tenant plus de l'art (sic), ce qu'évoquent les citations suivantes : « La chaleur du soleil, la pluie du ciel fécondent la terre ; le labour, les engrais la fertilisent ». « Un esprit, heureusement né, peut être fécond en grandes idées : un esprit naturellement moins fécond, peut devenir fertile par la culture, l'étude et le travail ».
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+ La fertilité humaine dépend de nombreux facteurs (nutrition, comportements sexuels, culture, instinct, endocrinologie, facteur temps, économie, mode de vie, émotions, expositions à des polluants ou médicaments reprotoxiques…).
12
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+ La fertilité animale n'est pas moins complexe, et peut présenter des mécanismes étonnants.
14
+ La fertilité des mammifères et de toutes les espèces animales peut être affectée par certains polluants, ou perturbateurs endocriniens[5], qui peuvent être facteurs directs ou indirects de délétion de la spermatogenèse ou des ovules, ou perturbant tout ou partie du cycle de la reproduction en raison de leur toxicité pour l'ovule, l'embryon, le fœtus ou parce qu'ils interfèrent avec les processus biologiques nécessaires au bon déroulement de la grossesse ou de la production des œufs. Ces phénomènes sont mal compris et sont probablement liés à des cocktails de polluants (synergies, potentialisation). La production moyenne de spermatozoïdes ne cesse de décroître dans les pays riches et au rythme des 30 dernières années, en 2070, si le déclin devait se poursuivre, la production moyenne de spermatozoïde sera proche de zéro[6].
15
+
16
+ Ontogenèse et séquelles de développement : La quantité et qualité des spermatozoïdes dépend fortement de la qualité des tubes séminifères qui contiennent les cellules germinales et les cellules de Sertoli. Ils se mettent en place chez l'embryon et se développeront sous l'action de la testostérone. L'exposition du fœtus ou de l'embryon à certains toxiques (uranium par exemple) ou perturbateurs endocriniens peut affecter ce processus, de manière irréversible pour le futur adulte.
17
+
18
+ Une sous-fertilité masculine peut notamment être induite par une exposition excessive au mercure (par exemple acquis via plus de quatre repas de poisson par semaine à Hong-Kong où les consommateurs avaient alors des taux de mercure plus élevés dans les cheveux et étaient les plus touchés par une sous-fertilité (avec également des problèmes de peau, et des autismes plus fréquents chez les enfants ayant les plus haut taux de mercure sanguin, urinaire et dans les cheveux)[7].
19
+
20
+ Les Amérindiens d'Aamjiwnaang, dans une réserve située au cœur de la « chemical valley » du Canada, exposés au mercure, dioxines, HCBs ou PCBs connaissent une modification du sex ratio de leurs enfants : Constanze MacKenzie, de l'université d'Ottawa, a montré que le ratio à la naissance est passé de un garçon pour une fille en 1984 à un garçon pour deux filles en 1999. Et le taux de fausse couche y est de 39 % (contre 25 % habituellement) ; 23 % des enfants de moins de 16 ans souffrent d'ADHD (hyperactivité avec déficit d'attention), au lieu de 4 % habituellement.
21
+
22
+ Les biologistes désignent par le mot fitness les chances de reproduction réussie (par exemple exprimées par une probabilité, ou par le pourcentage des jeunes qui survivront jusqu'à la maturité sexuelle et qui seront en mesure de se reproduire). Cette capacité semble globalement se dégrader dont en France, où 15 à 25 % des couples en 2010/2012 n'arrivent pas à produire une grossesse après un an sans contraception, selon l’InVS qui préconise un meilleur suivi épidémiologique de ce problème, et notamment de la délétion de la spermatogenèse et du « syndrome de dysgénésie testiculaire »[8].
23
+
24
+ Contrairement à l’homme qui est continuellement fertile ; la femme l’est quelques jours par mois ( « période fertile »). Elle ovule généralement une fois par mois (dans le cas de plusieurs ovulations, celles-ci ont lieu sous 24h), à la fin de la phase folliculaire. Un rapport sexuel est fécondant de 5 à 8 jours (en fonction des couples) ; le reste de son cycle, la femme est non fertile. L’une des indications du niveau de fertilité de la femme est la courbe de température.
25
+
26
+ Le taux de reproduction de l'homme était mal connu chez les plus de 50 ans, car leur compagne - à ce même âge - ne fait plus d'enfants à cause de la ménopause.
27
+
28
+ Ce taux a été étudié selon l'âge, au Canada, à partir de données démographiques du XVIIIe siècle (époque où la plupart des produits chimiques de synthèse aujourd'hui accusés de porter atteinte à la fertilité masculine n'existaient pas). Cette étude a porté sur la fécondité, durant 5 ans (1640 à 1775), de 29 000 couples de cette époque ; 1350 de ces hommes échantillonnés avaient plus de 40 ans avec une femme de moins de 30 ans, à une époque où le remariage des veufs était systématique même après 50 ans avec des femmes plus jeunes. À cette époque, les plus de 50 ans avaient en moyenne une fécondité correspondant à 90 % de celle des hommes de moins de 30 ans (2,5 enfants contre 2,8). Ce pourcentage était encore de 80 % pour les 60 ans et plus (2,2 enfants en moyenne), pour ensuite rapidement baisser[10].
29
+
30
+ Depuis les années 1950, la fertilité masculine tend à chuter, alors qu'augmentent les cancers du testicule et de la prostate et que diminuent le nombre et la qualité de la spermatogenèse (délétion de la spermatogenèse, syndrome de dysgénésie testiculaire), avec des variations spatiales et parfois temporelles marquées évoquant des causes environnementales (encore mal comprises).
31
+
32
+ Deux cas records de femmes ayant eu 69 enfants sont fréquemment cités : d'une part madame Vassilyev en Russie, et d'autre part madame Bernard Scheinberg en Autriche.
33
+
34
+ Madame Vassilyev aurait été la première épouse de Feodor Vassilyev, qui a donc eu 69 enfants d'elle et encore 18 enfants d'une seconde épouse[11]. Les 69 enfants se seraient répartis comme suit : quatre fois des quadruplés, sept fois des triplés et seize fois des jumeaux. Avec sa deuxième femme il aurait eu deux fois des triplés et six fois des jumeaux.
35
+
36
+ Madame Scheinberg serait morte à 58 ans après avoir donné naissance à 69 enfants[12],[13]. Monsieur Scheinberg se serait remarié après le décès de sa femme et aurait encore eu 18 enfants d'un second mariage[12].
37
+
38
+ Cependant, le cas de madame Vassilyev est invérifiable car elle aurait vécu au XVIIIe siècle[14]. Concernant le cas de madame Scheinberg, les articles et livres qui y font référence ne citent pas leurs sources. De plus, le nombre d'enfants (le même dans les deux cas, curieusement) fait considérer ces cas comme suspects.
39
+
40
+ Plusieurs cas de femmes vivant actuellement et ayant 17, 18 ou 19 enfants sont par contre documentés[15].
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3
+ Les fesses (du bas latin fissa : fente, fissure) sont les deux masses charnues situées à la partie postérieure du bassin, chez l’être humain et certains primates. Elles sont une partie majeure de la région glutéale[1].
4
+
5
+ Les deux fesses sont séparées par le pli interfessier, lequel se termine en bas vers l'anus.
6
+
7
+ Les fesses sont un des traits morphologiques caractéristiques des bipèdes en général, et des humains en particulier : en effet, c'est la station debout qui fait que les muscles postéro-supérieurs de la cuisse prennent ce rebond caractéristique ; dans le cas des autres animaux, les muscles fessiers sont effacés par l'angle formé entre la cuisse et le dos.
8
+
9
+ Leur forme de rembourrage musculaire facilite la station assise, une position caractéristique de la plupart des primates.
10
+
11
+ Les fesses comprennent plusieurs muscles glutéaux, appelés muscles fessiers : le grand glutéal, le moyen glutéal et le petit glutéal ; et le muscle tenseur du fascia lata. Elles contiennent aussi une quantité variable de graisse. Le pli fessier, est situé à la limite entre la fesse et la cuisse. Le pli interfessier, appelé aussi sillon interfessier (plus communément connu sous le nom de « raie des fesses ») correspond à la fente qui sert de séparation entre les deux fesses d'un individu. Il forme une ligne arquée qui épouse la courbe formée par le coccyx et par le sacrum[2].
12
+
13
+ D'une manière générale, les femmes ont des fesses plus rondes et plus saillantes que les hommes.
14
+
15
+ Certaines ethnies comme les Hottentots ont des fesses particulièrement proéminentes : c'est la stéatopygie[3]. En 1810, Saartjie Baartman, esclave, fut emmenée à Londres pour être exposée comme phénomène de foire.
16
+
17
+ Les fesses constituent un objet d'attirance sexuelle, aux critères variables selon les cultures.
18
+
19
+ La pygophilie est une paraphilie[réf. nécessaire] définissant une forte attirance sexuelle pour les fesses.
20
+
21
+ La Vénus callipyge (en grec ancien Ἀφροδίτη Καλλίπυγος / Aphrodítê Kallípugos) est un type particulier de statue grecque représentant la déesse Vénus, ou plus exactement Aphrodite, soulevant son péplos pour regarder ses fesses, nécessairement superbes (καλός / kalόs = « bon, beau », πυγή / pugế = « fesse »), par-dessus l'épaule.
22
+
23
+ Venus de Lespugue.
24
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+ Vénus callipyge, Musée archéologique national de Naples.
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+ Dessin de Jean-Jacques Lequeu.
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+ Huile sur toile de Félix Vallotton.
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+ Cabinet d'aisance, Oda.
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+ La fessée est un type de punition controversé consistant en des claques ou des coups administrés sur les fesses. Elle peut être permise ou interdite selon les cultures.
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+ La rumpologie est une pseudo-science basée sur les caractéristiques des fesses.
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+ Les macaques, les babouins et les membres de la famille des Hylobatidae, possèdent sur la croupe des callosités fessières qui leur permettent de s'asseoir pendant de longues durées. C'est la position qu'ils préfèrent pour se reposer ou dormir dans les arbres.
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+ Les fesses (du bas latin fissa : fente, fissure) sont les deux masses charnues situées à la partie postérieure du bassin, chez l’être humain et certains primates. Elles sont une partie majeure de la région glutéale[1].
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+ Les deux fesses sont séparées par le pli interfessier, lequel se termine en bas vers l'anus.
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+ Les fesses sont un des traits morphologiques caractéristiques des bipèdes en général, et des humains en particulier : en effet, c'est la station debout qui fait que les muscles postéro-supérieurs de la cuisse prennent ce rebond caractéristique ; dans le cas des autres animaux, les muscles fessiers sont effacés par l'angle formé entre la cuisse et le dos.
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+ Leur forme de rembourrage musculaire facilite la station assise, une position caractéristique de la plupart des primates.
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+ Les fesses comprennent plusieurs muscles glutéaux, appelés muscles fessiers : le grand glutéal, le moyen glutéal et le petit glutéal ; et le muscle tenseur du fascia lata. Elles contiennent aussi une quantité variable de graisse. Le pli fessier, est situé à la limite entre la fesse et la cuisse. Le pli interfessier, appelé aussi sillon interfessier (plus communément connu sous le nom de « raie des fesses ») correspond à la fente qui sert de séparation entre les deux fesses d'un individu. Il forme une ligne arquée qui épouse la courbe formée par le coccyx et par le sacrum[2].
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+ D'une manière générale, les femmes ont des fesses plus rondes et plus saillantes que les hommes.
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+ Certaines ethnies comme les Hottentots ont des fesses particulièrement proéminentes : c'est la stéatopygie[3]. En 1810, Saartjie Baartman, esclave, fut emmenée à Londres pour être exposée comme phénomène de foire.
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+ Les fesses constituent un objet d'attirance sexuelle, aux critères variables selon les cultures.
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+ La pygophilie est une paraphilie[réf. nécessaire] définissant une forte attirance sexuelle pour les fesses.
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+ La Vénus callipyge (en grec ancien Ἀφροδίτη Καλλίπυγος / Aphrodítê Kallípugos) est un type particulier de statue grecque représentant la déesse Vénus, ou plus exactement Aphrodite, soulevant son péplos pour regarder ses fesses, nécessairement superbes (καλός / kalόs = « bon, beau », πυγή / pugế = « fesse »), par-dessus l'épaule.
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+ Venus de Lespugue.
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+ Vénus callipyge, Musée archéologique national de Naples.
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+ Dessin de Jean-Jacques Lequeu.
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+ Huile sur toile de Félix Vallotton.
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+ Cabinet d'aisance, Oda.
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+ La fessée est un type de punition controversé consistant en des claques ou des coups administrés sur les fesses. Elle peut être permise ou interdite selon les cultures.
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+ La rumpologie est une pseudo-science basée sur les caractéristiques des fesses.
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+ Les macaques, les babouins et les membres de la famille des Hylobatidae, possèdent sur la croupe des callosités fessières qui leur permettent de s'asseoir pendant de longues durées. C'est la position qu'ils préfèrent pour se reposer ou dormir dans les arbres.
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+ Un festival est une manifestation à caractère festif, organisée à époque fixe et récurrente annuellement, autour d'une activité liée au spectacle, aux arts, aux loisirs, d'une durée de un ou plusieurs jours.
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+ Le terme apparaît dans le Nord de la France en 1829 et est lié au mouvement orphéonique, fête musicale populaire à vocation charitable et politique qui progressivement s'annualise et se laïcise. Mot emprunté à l'anglais qui est lui-même emprunté à l'ancien français festival « de fête ; joyeux ; solennel », mot latin festivus.
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+ * Avant 1939
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+ Le premier grand festival est créé à Orange et propose à partir de 1869 principalement des représentations théâtrales, mais aussi de l'art lyrique et de la musique. Il ne prendra le nom de Chorégies qu'en 1902. Un second festival d'importance voit le jour en 1894 aux arènes de Béziers mais son mécène et organisateur Castelbon de Beauxhostes fera faillite en 1928[1]. Il n'y a pas d'autres grand festival en France avant la Seconde guerre mondiale, hormis le Festival international de musique de Strasbourg créé en 1932.
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+ * Après la Seconde Guerre mondiale
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+ Les festivals participent de la nouvelle ère culturelle qui s'est ouverte après la 1945. Celui d'Avignon s'est créé dès 1947 ; le Nice Jazz Festival, dans les arènes de Cimiez, l'année suivante. Théâtre romain de Vienne ou pinède en bord de plage à Juan-les-Pins, la recette du lieu à dimension touristique devient la valeur ajoutée. Le territoire français comprend aujourd'hui plus de 2 400 festivals de spectacle vivant et plus de 1 600 festivals de musiques actuelles[2].
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+ * En Tunisie : Les premiers festivals datent du début du XXe siècle, mais leur véritable essor n'a commencé qu'à la fin des années soixante, après la décolonisation. Le premier festival tunisien a vu le jour en 1906 à Carthage. Le Festival international de Dougga a débuté en 1924, un seul spectacle du répertoire du théâtre classique français était alors présenté en juillet de chaque année. Au cours de cette période de leur évolution, ces festivals ne représentaient pas encore le phénomène social et culturel qu'ils sont devenus. De par le public ciblé et le contenu de leur programmation, ces festivals restaient élitistes, voire marginaux par rapport aux attentes des populations locales. À l'orée des années soixante, les festivals connaissent un essor réel : dans l'exemple tunisien, le festival de Sousse débute en 1958, Tabarka en 1961, Carthage en 1963, Hammamet en 1964, Monastir en 1965, les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), le festival de Testour en 1966; le festival de Douz en 1967... À partir des années 1970, le nombre festivals se multiplie et leur répartition régionale se confirme. En même temps, ils subissent des mutations importantes tant au niveau du contenu des programmes que celui du public qu'ils attirent. En outre, ils sont hiérarchisés en plusieurs catégories : internationale, nationale, régionale et locale[3].
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+
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+ * Au Burkina Faso
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+ Le Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) demeure le plus grand festival du continent africain. Il se déroule tous les deux ans à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.
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+ Le Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou (Fitmo), festival biennal, a été créé en 1989.
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+ * Dans les autres pays d'Afrique
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+ La Nouvelle-Orléans est la ville qui organise le plus de festivals dans le monde : chaque année, près de 500 manifestations[4] diverses sont organisées dans différents quartiers.
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+ Le Festival de Tanglewood du nom du centre culturel où il se déroule depuis 1940 situé dans les monts Berkshire au Massachusetts, entre Lenox et Stockbridge
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+
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+ Le Festival d'été de Québec est l’événement musical en extérieur le plus important au Canada.
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+ Le Festival Acadie Rock se tient tous les ans à Moncton, au Nouveau-Brunswick depuis 2012.
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+ Le festival de Stratford du Canada est un important festival de théâtre qui a lieu l'été dans la ville de Stratford dans l'Ontario.
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29
+ * Avant 1939
30
+ De même qu'en France, dans les autres pays européens avant 1939, il existe également peu de festivals. Mais trois d'entre eux ont une réputation et un public international : le Festival de Bayreuth (1876), le Festival de Salzbourg (1920) et le Festival des Arènes de Vérone (1913). Tous trois sont des festivals de musique classique et d'art lyrique. S'y ajoute la Mostra de Venise, premier festival de cinéma d'importance mondiale, créé en 1932.
31
+
32
+ * Après la Seconde Guerre mondiale
33
+ Se développeront d'autres grands festivals, au premier rang desquels le Festival international d'Édimbourg (Edinburgh International Festival ou EIF), créé en 1947. C'est un festival artistique voué à tous kes arts de la scène qui a lieu chaque année en août à Édimbourg (Écosse).
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+
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+ Les guerres mondiales ont donné l'occasion aux festivals d'associer les échanges artistiques à la promotion de l'idéal de la paix[5]. Plus largement, les festivals sont bien souvent le théâtre d'enjeux politiques, ils représentent parfois l’occasion de revendiquer une position sur la scène internationale et une existence nationale. Par exemple, le Festival palestinien de littérature ou PalFest (Palestine Festival of Literature) vise, depuis 2008, à apporter un festival culturel de niveau international en Palestine pour affirmer « la puissance de la culture sur la culture du pouvoir ». Par le passé, en tant que moyens d'affirmation politique, le festival des Arts nègres de Dakar (1966), le Festac '77 du Nigeria (1977) ou le Panaf à Alger (1969) ont marqué l'histoire des festivals dans ce sens, l'ouvrage Une histoire des festivals (2014) en décrit l'histoire, et montre aussi la dimension promotionnelle des festivals, qui dans certains cas s'inscrivent dans le cadre d'une propagande nationale illustrée par l'exemple du festival of Britain de 1951 (aspect campagne publicitaire) qui est caractéristique de l'enjeu politique. La période de la guerre froide est aussi très marquée par l'utilisation des festivals dans le grand jeu diplomatique et dans le cadre de la concurrence entre les deux blocs. Les exemples de ce type de tentative, côté bloc soviétique, est celui de la création d'un festival concurrent de Cannes et Venise et celui des festivals mondiaux de la jeunesse organisés pour réunir une jeunesse qui se retrouvait dans des idéaux marxistes. Le festival est souvent l'occasion de la remise de trophées, de prix et récompenses diverses.
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37
+ Les " vieilles pierres " sont souvent le seul capital culturel dont dispose une collectivité locale. Après les sons et lumières, et les reconstitutions historiques, la création d'un festival en est devenue le meilleur outil de promotion et de valorisation[6]. Qu'ils se positionnent ou non, dans une optique commerciale, les festivals placent souvent sous les projecteurs des terroirs « oubliés ». Christian Troadec, cofondateur des Vieilles Charrues de Carhaix en 1992, élu en 2001 maire divers gauche de cette ville du Finistère investit beaucoup dans l'identité bretonne, il a notamment contribué à l'établissement d'un lycée Diwan à Carhaix. Le musicien Bernard Lubat, reparti en 1977 dans le terroir de ses origines familiales pour créer le petit festival de l'Uzeste musical, a monté une compagnie qui s'est implantée dans ce petit pays d'Oc, et remis à l'œuvre L'Estaminet, qui s'est métamorphosé en centre de recherche et d'innovation transartistique.
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+ Les festivals ont trouvé une place privilégiée au sein des politiques publiques de la culture. États et collectivités locales insèrent ces festivals dans des dispositifs administratifs et discursifs qui ont pu varier selon les lieux et les époques. Le soutien à la création artistique et la volonté de rendre accessible la culture à un plus grand nombre ont été mis en avant dès l’origine. La défense d’une identité culturelle, la participation au rayonnement culturel et le souhait de renforcer l’attraction culturelle d’un État ou d’une ville constituent, depuis deux ou trois décennies, de nouveaux arguments. L’événementiel culturel, l’attraction touristique, et les ressources de l’économie créative priment désormais, sans les effacer totalement, les autres discours qui légitiment les interventions publiques. La multiplication du nombre des festivals, très nette au cours des années 1980 et 1990, véritable « festivalomanie » (Inez Boogaarts), accompagne une territorialisation croissante des politiques culturelles.
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+ L'anthropologue Alain Bertho s'interroge sur les motivations des élus locaux urbains, qui sont si facilement mobilisés pour ces opérations temporaires, coûteuses, dévoreuses de temps et d'énergie que sont les événements culturels[7]. Selon Jacques Denis (Le Monde diplomatique), la réponse tient en partie à leur volonté de se lancer dans un marketing territorial nappé de culture pour tous. Les édiles sont à l'écoute de toute suggestion qui rendra visible leur clocher sur les autoroutes encombrées de l'été. Un rapport du CNV établissait la répartition saisonnière des festivals comme suit : 45 % en été, 22 % au printemps, 26 % à l'automne et 7 % en hiver[8], car l'enjeu financier pour la filière et les retombées économiques pour les territoires ne sont pas minces[8].
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+ Le festival, manifestation culturelle éphémère inscrite dans un calendrier le plus souvent annuel, s’est progressivement imposé comme un dispositif essentiel de médiation culturelle. Issu du domaine musical, le festival, né dans les années 1830-1840, a été ensuite mobilisé par l’ensemble des secteurs artistiques et culturels : les arts de la scène, le spectacle vivant, les différentes formes musicales et le cinéma…
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+ Les festivals jouent également un rôle moteur dans le processus de création. Signe d'une vitalité artistique, les festivals étaient porteurs, en 2006, de « 104 créations mondiales » annuelles[9]. Les artistes et, plus largement les professionnels de la culture, se sont approprié la forme festivalière. La typologie est diverses, sans exclusive : la construction d’un lieu éponyme dédié à un créateur ; les lieux et moments de productions de nouvelles créations ; les lieux de découvertes de nouveaux talents ; le moment de la reconnaissance médiatique et artistique ; les lieux où se structurent les mouvements et les offres qui scandent le marché de l’art et des œuvres ; les lieux de circulation des œuvres et des productions à l’échelle nationale et internationale. Le festival de Suresnes Cités Danse a ainsi contribué, depuis 1993, à légitimer la scène hip-hop, et a favorisé la rencontre avec d’autres chorégraphies. Depuis 2007, ce festival est devenu un véritable centre de production et d’accompagnement des artistes. Le film The Artist, en compétition à Cannes, sera ainsi présenté dans les festivals nord-américains, avant de triompher, en février 2012, aux cérémonies des César et des Oscars.
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+ Les festivals, qui rencontrent un succès public croissant, ont contribué à la démocratisation de la culture. « Lieu de rencontres, pouvant susciter débats et forum, espace festif et de convivialité recherchée ou suscitée, la forme festivalière, souligne l’historien Philippe Poirrier, continue pourtant de prospérer alors même, que depuis les années 1970, l’individualisation des pratiques culturelles s’accentue, portée par les évolutions technologiques qui gouvernent les formes de la consommation culturelle ». L’histoire des pratiques festivalières, qui mobilise aujourd’hui de nombreux chercheurs en sciences sociales, saisie à l’échelle individuelle ou collective, reste indissociable, et étroitement articulée, à celle de la démocratisation des loisirs, du tourisme culturel et de l’accroissement des circulations et des mobilités. Enfin, il ne faut pas sous-estimer le goût de la fête, le souci qu'ont les gens de retrouver par tous les moyens des temps de convivialité dont ils sont privés le reste de l'année. Un festival, c'est le retour de la fête au village, des veillées modernes[6].
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+ Les festivals jouent aussi un rôle important dans le processus de légitimation artistique de certaines disciplines émergentes et sont souvent le vecteur d'un ancrage dans le champ artistique de ces nouveaux "arts" : cinéma, télévision, bande dessinée… L'enjeu de reconnaissance peut être analysé comme une question d'identité, à laquelle s'ajoute une recherche de reconnaissance de la qualité d'une discipline. Des arts réputés "mineurs" ambitionnent d'être reconnus comme des Arts à part entière. De nombreux exemples de ce rôle des festivals dans ce processus d'"artification" sont décrits dans le livre "Une histoire des festivals" (Publications de la Sorbonne). Dans cette optique, les festivals sont souvent le théâtre de conférences et de débats savants qui s'inscrivent dans ce "passage à l'art" de la discipline à laquelle ils sont consacrés. Il peut y avoir aussi processus de re-légitimation d'une discipline, exemple des festivals d'Aldeburgh et d'Aix-en-Provence et du rôle qu'ils ont joué dans la renaissance de l'opéra.
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+ Outre les composantes artistiques et politiques des festivals, la composante économique constitue un moteur important dans le développement de ces manifestations culturelles. Mais le développement des festivals peut s'opérer dans des logiques très différentes . Les Vieilles Charrues sont passées de la « kermesse » pour deux mille personnes en 1993 à l'un des rendez-vous incontournables de juillet - affichant deux cent mille spectateurs et un budget de 6 millions d'euros. Le festival d'Uzeste fondé par Bernard Lubat, qui dépend des subventions publiques, baisse régulièrement depuis quinze ans. En 2007, les subventions publiques s'élevaient à 56 000 euros, contre 71 550 euros en 2006. Du point de vue de Bernard Lubat, « On a vu apparaître des expositions de technologies, des écrans géants avec des nains sur scène qui beuglent à la rébellion face à cent mille pèlerins... En juin 2009, trois cent cinq festivals en France de musique, danse et théâtre étaient subventionnés par les collectivités publiques, pour un montant de 19,7 millions d'euros[8].
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+ La forte croissance des dépenses consacrées aux festivals s'explique par la conjugaison de trois phénomènes : des dépenses de communication nourries par une course folle à la notoriété, une inflation des coûts artistiques due au recours de plus en plus fréquent aux vedettes pour " assurer la recette " et nourrir la popularité de la manifestation, une institutionnalisation des structures de fonctionnement. En effet, réussir un festival devient un vrai métier, une préoccupation de toute une année[6]. Le budget d'un festival repose sur trois composantes : les recettes propres (essentiellement issues de la billetterie), les subventions des collectivités publiques et le mécénat d'entreprises partenaires. Chaque festival étant unique, on ne peut pas conclure à une structure de budget idéale entre ces trois sources de financement. Bien évidemment, plus la part des ressources propres est importante, plus la situation financière du festival est saine. Mais force est de constater que le poids des subventions est souvent très important pour les festivals de moyenne ampleur et conditionne la pérennité de l'événement. Cette dépendance de la subvention publique entraine un manque de visibilité à long terme pour les organisateurs[10].
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+ En 2006, une étude démontrait qu'il n'y avait pas de retrait de l'État[9]. En revanche, l'aide de l'État s'était recentrée sur un nombre restreint de festivals, les plus gros. « Si le nombre de festivals aidés est en constante diminution de 550 festivals en 1998 à 329 en 2004 , le volume global d'aide se maintient autour de 5 % des crédits du spectacle vivant » - soit 17,7 millions d'euros en 2004, et 20,2 millions d'euros en 2005[9].
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+ En 2003, une directive nationale d'orientation du ministère de la culture indiquait que les festivals n'étaient plus une priorité de la politique ministérielle, ce qui avait suscité un tollé. La consigne a été diversement appliquée par les services déconcentrés de l'État (DRAC, directions régionales des affaires culturelles), d'où une disparité, selon les régions, du soutien de l'État en direction des festivals.
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+ Des "reculades" dans les politiques de soutien et des réductions budgétaires drastiques sont pointées et analysées comme un désengagement de l'État depuis une décennie. Par exemple, les financements des festivals musicaux, qui représentaient en moyenne 6 % des investissements mis en œuvre pour les festivals en 2005, tombaient à 4 % en 2008[8]. Les festivals, fils aînés de la « décentralisation culturelle », pour reprendre l'expression d'Emmanuel Négrier[11], s'inscrivent désormais dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) visant à réduire les dépenses de l'État pour tendre à l'équilibre budgétaire.
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+ Les festivals sont financés, avant tout, par les collectivités locales, en premier lieu par les conseils généraux (départements) : ils attribuent 105 000 euros en moyenne par festival, dont le budget moyen se serait élèvé, en 2006, à 570 000 euros. Mais ces subventions sont extrêmement variables en fonction des festivals. Comme l'indiquait l'un de ses directeurs artistiques des Vieilles charrues au sujet de son festival: « Les subventions publiques ne constituent que 3 % du budget, sans aucun soutien du ministère. L'autofinancement est la clé de voûte. La billetterie avec les recettes annexes couvre tous les frais. » Et il faisait remarquer que Les Vieilles Charrues dégageaient des profits, répartis entre la centaine d'associations de bénévoles qui les soutiennent[8].
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+ Dans certains festivals comme le Printemps de Bourges se pressent désormais les professionnels. Alors que ce festival s'est positionné depuis 1977 en indicateur de tendances et révélateur de nouveaux talents, il programmait en 2010 Iggy Pop, Diam's ou encore -M-. Nombre de responsables festivaliers privilégient en effet leurs rapports avec le mécénat esthète, que favorise la loi Aillagon de 2003 qui défiscalise les dons à hauteur de 60 %. Un festival peut être une occasion idéale pour communiquer sur un nouveau produit. SFR comptait ainsi toucher la « génération 3 G » à Bourges... La multiplication des soutiens a neutralisé et dépolitisé le financement public analysait le fondateur du Printemps de Bourges[8].
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+ Le mécénat est de plus en plus sollicité. En termes de ressources, « c'est la plus forte croissance constatée » entre 2002 et 2005. Avec une moyenne de 71 000 euros attribués en 2006 par festival, le mécénat se situait au quatrième rang des partenaires, derrière le conseil général, le conseil régional et l'intercommunalité. Une chance pour les festivals les plus en vue mais, pour d'autres, une manne qui relève du « miracle »[9].
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+ Les festivals peuvent susciter de belles retombées économiques (122 000 euros par festival en moyenne en France en 2006). Toutefois, l'évolution « globalement positive » de la fréquentation, en France, entre 2002 et 2005 (+ 8 %), masquait une réalité contrastée : quelques locomotives tiraient la moyenne vers le haut, mais « 21 festivals enregistraient une baisse » du nombre de visiteurs. Sans lien apparent avec le niveau de subventions[9].
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+ Après le bâtiment et le tourisme le secteur des festivals est le troisième employeur en PACA [Provence - Alpes-Côte d'Azur].
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+ Les festival sont donc générateurs d'emplois. Mais pour leur fonctionnement, le bénévolat reste un « pilier » de l'activité de certaines structures, même si, en 2006, quinze festivals l'excluaient totalement. La même année, pour 38 festivals  l'emploi était constitué à plus de 60 % par le bénévolat. Par ailleurs, les structures, « massivement » de type associatif, ont dû faire face à la disparition des emplois-jeunes, fortement aidés par l'État. « La tendance est que les dépenses des festivals progressent plus vite que les recettes. L'emploi artistique augmente, mais la rémunération n'est pas tout à fait proportionnelle », commentait Emmanuel Négrier[9]. Ainsi, 77 festivals employaient 18 011 interprètes, « aux deux tiers français » pour les festivals de musique.
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+ Le festival est considéré comme un élément du produit touristique culturel, un des facteurs qui incitent les gens à voyager. Pour le tourisme, ce produit de niche, le tourisme événementiel, est un produit de consommation qui peut dans certains cas devenir un moteur important du tourisme local, doper les réservations. En Tunisie, par exemple, les grands événements à caractère touristique ont pris une ampleur telle qu'ils ont nécessairement un impact sur l'économie locale, régionale, voire nationale[10]. Chaque été, des centaines de festivals sont organisés dans les villes tunisiennes touristiques qui vivent au rythmes des festivals de toutes sortes à Hammamet, Carthage, Tabarka, à Mahdia et à El Djem. Sans que cela soit encore un produit toujours « rentable »[10] mais les bienfaits des festivals internationaux sur la dynamique économique sont probants. À Tabarka, la moitié du chiffre d'affaires de la ville était réalisée pendant l'été et particulièrement pendant les festivals du jazz, de world music et du raï.
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+ Mais le développement du festival est largement tributaires des capacités touristiques du lieu où il se déroule. La présence d'infrastructures d'accueil et de transports est une condition nécessaire à l'émergence d'une clientèle touristique. Un festival ne peut se développer en termes de fréquentation si les festivaliers n'arrivent pas à se loger dans les environs ou si le site est difficile d'accès. Pour reprendre l'exemple tunisien, à Hammamet, parvenir à trouver un logement pendant le festival en juillet et en août n'est pas toujours facile, les capacités hôtelières de la ville atteignent très vite leur seuil de saturation et la ville où se déroule le festival et ses environs doit pouvoir absorber un flux massif de festivaliers dans un espace temps très limité[10].
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+ Un véritable phénomène de concurrence est apparu entre les diverses manifestations, notamment estivales. La programmation reste un bon levier de différenciation, tout comme la durée du festival (un festival de trois jours n'a pas le même impact qu'un festival d'une semaine). Mais pour pouvoir réaliser une manifestation de qualité, il faut disposer de moyens financiers et humains à la hauteur de ses ambitions.
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+ L'économie des festivals engendre des retombées économiques directes, reflétées par le budget de l'événement, et des retombées indirectes dans les secteurs suivants: hôtellerie, restauration, transport, nettoyage, sécurité, alimentation et commerce en général, santé et action sociale, Poste et télécoms, associations socioculturelles. À Avignon et à Lorient, le chiffre de l'économie induite par la présence du public festivalier serait de plus de 7 millions d'euros (sans le festival "off" à Avignon); à Édimbourg, de près de 9 millions d'euros; à Salzbourg, de près de 15 millions d'euros; à Wexford, de 850 000 euros[10].
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+ Les retombées sur une ville et une région sont nombreuses et vont bien au-delà des seules retombées économiques. Les bénéfices en termes de communication et d'image, qui contribuent au développement touristique du lieu, peuvent être aussi importants. L'organisation d'un festival, si sa programmation est cohérente avec les caractéristiques du lieu et repose sur un projet artistique de qualité, contribue, en effet, à la valorisation de l'image de la ville, et donc au développement de l'attractivité touristique du lieu. Cela suppose de proposer un projet original, innovant et différencié, permettant d'affirmer l'identité de la collectivité organisatrice. Ce potentiel de communication n'a d'ailleurs pas échappé aux entreprises, qui y trouvent souvent, non seulement le support d'une promotion commerciale de leurs activités et produits, mais aussi un vecteur efficace de valorisation de leur image, tant en interne que vis-à-vis de leurs partenaires. En termes touristiques, l'impact des festivals est de deux types. D'une part, les festivals ont une incidence sur l'attractivité d'une ville, en intervenant dans les choix de destination touristique des vacanciers. D'autre part, ils contribuent à l'animation touristique du lieu .La population qu'ils attirent présente, en général, une forte propension aux consommations culturelles. Les festivals permettent également de renouveler l'attractivité du territoire d'une année sur l'autre. Ils peuvent être le support de produits touristiques (forfaits,voyages à thème...)[10].
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+ Le choix d'implanter un festival tient souvent à la volonté d'une personnalité à fort ancrage local. La trajectoire de Jean-Louis Guilhaumon est un cas d'école. Principal du collège de Marciac, il a porté le projet de Jazz in Marciac. Ce village du Gers incarne un haut lieu du jazz mondial; son directeur en est maire, ainsi que vice-président du conseil régional... chargé entre autres de l'économie touristique[8].
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+ « Le mot festival est devenu efficace en termes de levée de fonds. (...) Tous les programmateurs le savent, pour les financeurs et les audiences potentiels, le message doit être spectaculaire[12] ». Le Festival de Salzbourg, né en 1920, paraît à ce titre emblématique : près de deux cent cinquante mille personnes viennent en juillet consommer de la culture dans le cadre prestigieux qui fut le berceau de Mozart.
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+ Il existe autant de publics que de festivals; en outre, ceux-ci attirent chaque année un flot de nouveaux spectateurs. L'amateur qui va écouter des musiques postindustrielles dans les froidures de l'hiver ne se rend pas forcément au bord d'une plage l'été pour fredonner des bluettes. Le mélomane qui se déplace tout spécialement dans un festival pour une création originale peut pour sa part se trouver assis à côté d'un simple curieux venu pour la notoriété de ce festival. En revanche, une chose est sûre : la hausse régulière de la fréquentation va de pair avec la structuration professionnelle de telles manifestations. « Les festivals, après les musées, s'érigent en labels industrialisés. Surtout dans la musique. Le premier signe est l'affluence record », analyse le philosophe Yves Michaud[13]. Une étude portant sur le public des festivals en Languedoc-Roussillon, réalisée en novembre 2009, fait ainsi apparaître que 39 % de l'audience était constituée en 2008 de nouveaux venus - un phénomène encore accentué s'agissant des musiques actuelles et du jazz. Selon cette étude, le public était composé majoritairement de femmes mais aussi d'actifs, âgés en moyenne de 51 ans, diplômés à plus de 70 % de l'enseignement supérieur, habitant dans la région et ayant dépensé en moyenne 23 euros pour l'occasion[8].
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+ Devant l'importance qu'a pris le phénomène festival et devant l'extraodinaire variété de festivals que l'on trouve, il peut être utile de d'établir des classifications.
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+ Les festivals peuvent être classés en quatre catégories : international, national, régional, local. Cette classification n'est pas établie sur les critères de notoriété (internationale, nationale, régionale, locale) de rayonnement et d'audience, mais selon la cote-part des programmes présentés : part des spectacles d'origine internationale, nationale, régionale ou locale.
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+ Il est aussi bien-sûr possible de répertorier les festivals selon d'autres critères, notamment le contenu de leurs activités[3] :
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+ Établir une typologie festivalière se révèle difficile car on trouve une palette de domaines extrêmement variée : théâtre, cinéma, musique, bande-dessinée, pyrotechnie, cerfs-volants... Chaque domaine ayant en outre des spécialisations ou des spécificités de genres. En musique, les festivals couvrent aussi bien le jazz, le rock, le classique que la chanson ou le rap. De même pour les festivals de films cinématographique (film d'aventure, film policier, film LGBT, films documentaires, etc.), etc.
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+ La liste suivante est donc loin d'être exhaustive.
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+ L'hétérogénéité du monde des festivals est grande: petit budget à forte valeur créative comme grands moyens aux ambitions artistiques modestes; soutien de l'État à des récréations sans intérêt comme adhésion populaire à des innovations sans subventions. Cette diversité est accentuée par le fait que l'expansion des festivals s'est faite au niveau international et dans des domaines toujours plus variés.
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+ En appliquant la grille de lecture stratégique, on obtient une classification des festivals qui tient compte de leur mode de financements, de leur gouvernance, de leur modèle de croissance et de diversification, et de leur degré de réputation indépendamment des contenus et des domaines d'activités. L'étude réalisée sur 158 acteurs culturels dont 12 festivals par Mario d'Angelo[17] donne une autre vision de cette activité culturelle et créative.
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+ On peut alors distinguer les Festivals de type Institutionnel (gérée dans la sphère publique parfois en direct par une collectivité publique comme le Festival de Rock de Alacuás dans la région de Valence en Espagne), les festivals de type Conventionné (par exemple le Festival de danse de Kalamata en Grèce, cofinancé par le ministère de la Culture et la ville mais ayant une structure juridique autonome à but non lucratif), le festival de type Indépendant tel que le Paléo Festival de Nyon, également de forme juridique à but non lucratif mais autofinançant son fonctionnement et son développement[18]. Les festivals de type Fragile sont nombreux souvent avec une réputation locale ou limitée à des cercles spécialisés et étant peu médiatisés. Ils sont le plus souvent issus d'un processus "bottom up" reposant sur l'initiative de bénévoles voire militante. À la différence du type Indépendant qui a des recettes importantes de partenariats commerciaux ou de mécènes, ce type de festival est fragilisé par l'absence de telles ressources étant insuffisamment médiatisé[19].
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+ Cependant les festivals qui sont positionnés sur des segments "grand public" ont de plus en plus souvent une forme juridique d'entreprise commerciale, parfois en créant une structure associative parallèle pour ouvrir l'activité à des bénévoles. Ainsi la société Volt s'est développée à Budapest avec le Sziget Festival puis a développé d'autres festivals (Gourmet Festival, lac Balaton)[20]. Dès lors que l'activité festival dégage un excédent brut d'exploitation (EBE) suffisant pour financer la croissance, on observe des phénomènes de concentration. Ainsi Lollapalooza se situe entre le festival et la tournée de concerts entre les États-Unis, l'Amérique latine et l'Europe, nécessitant des investissements dans les firmes concernées. Deux types de festivals se dégagent donc de cette analyse: le type Follower (firme ayant un but commercial et lucratif, qui doit se diversifier en l'occurrence territorialement comme le fait Volt, utilisant le nom d'un festival comme une marque, mais reste de taille limitée avec des dirigeants qui restent proches d'un métier) et le type Leader (le festival appartient à un groupe diversifié, financiarisé, présent dans plusieurs activités comme les tournées internationales, la billetterie) avec une gouvernance caractérisée par l'importance des investisseurs ayant un objectif de rentabilité de leur investissements.
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+ Même si la concentration reste très limitée en Europe, on observe tout de même la présence de plusieurs grands groupes dans le secteur du festival comme évènementiel, en particulier dans les festivals de musiques (Live Nation et AEG Live).
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+ Un festival peut parfois être le source de nuisances sonores.
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+ C'est notamment le cas à Bacares où a du s'organiser une association électrostop pour arrêter les nuisances sonores du festival Electrobeach[21]. Il apparait ainsi que 55 % des personnes répondent qu'elles sont obligées de partir de chez elles pendant la période et 97 % font ressortir le bruit trop important[21].
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+ La fête nationale commémore un événement historique, politique ou culturel lié à l'histoire d'une nation.
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+ Dans la majorité des pays, la fête nationale marque la naissance de la nation :
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+ Souvent, cette fête commémore l'avènement d'un système politique auquel la nation s'identifie :
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+ Dans quelques autres pays, la fête nationale est liée à la personnalité du souverain auquel la nation s'identifie :
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+ Dans certaines régions ou territoires qui n'ont pas la pleine souveraineté, la fête nationale peut souligner l'identité d'une nation ou d'un peuple, ou encore l'autonomie d'un gouvernement local. Ainsi, par exemple :
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+ La plupart des pays ont adopté la tradition d'une fête nationale et soulignent cette fête par des célébrations diverses :
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+ C'est généralement un jour férié, chômé et payé. Il fait partie des symboles de la souveraineté ou de l'identité nationale : aux Pays-Bas, la plupart des Néerlandais s'habillent en orange et descendent fêter l'événement dans la rue. Il existe également lors de ce jour une tradition de commerce, où l’on s'échange des objets.
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+ La fête nationale commémore un événement historique, politique ou culturel lié à l'histoire d'une nation.
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+ Dans la majorité des pays, la fête nationale marque la naissance de la nation :
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+ Souvent, cette fête commémore l'avènement d'un système politique auquel la nation s'identifie :
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+ Dans quelques autres pays, la fête nationale est liée à la personnalité du souverain auquel la nation s'identifie :
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+ Dans certaines régions ou territoires qui n'ont pas la pleine souveraineté, la fête nationale peut souligner l'identité d'une nation ou d'un peuple, ou encore l'autonomie d'un gouvernement local. Ainsi, par exemple :
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+ La plupart des pays ont adopté la tradition d'une fête nationale et soulignent cette fête par des célébrations diverses :
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+ C'est généralement un jour férié, chômé et payé. Il fait partie des symboles de la souveraineté ou de l'identité nationale : aux Pays-Bas, la plupart des Néerlandais s'habillent en orange et descendent fêter l'événement dans la rue. Il existe également lors de ce jour une tradition de commerce, où l’on s'échange des objets.
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+ Le feu est la production d'une flamme et la dégradation visible d'un corps par une réaction chimique exothermique d'oxydo-réduction appelée combustion.
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+ De manière générale, le terme « feu » désigne souvent un phénomène produisant de la lumière et de la chaleur, qu'il provienne d'une combustion ou non.
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+ Le feu dans un sens plus large comprend la combustion des solides sans flamme comme lors de la combustion des braises.
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+ La combustion est une réaction chimique avec du feu et du gaz dégageant de l'énergie thermique (exothermique) et de l'énergie lumineuse. C'est aussi la dégradation visible d'une matière. Cette dégradation n'est réellement visible que pour les matières combustibles solides. Pour le gaz, seul l'abaissement de la pression dans le contenant peut être observé, et pour les liquides, l'abaissement du niveau de celui-ci s'il est visible. Elle ne peut avoir lieu que si l'on réunit trois facteurs : deux composés chimiques (un combustible et un comburant) et une source d'énergie (énergie d'activation), ce que l'on appelle le triangle du feu. Pour les puristes, il importe de rajouter le quatrième facteur (dénommé « radicaux libres ») qui seul permet la continuité de développement de la combustion et abouti à une considération de tétraèdre du feu. En terme général, le feu est déclenché par une flamme et/ou une étincelle, eux-mêmes déclenchés par une réaction chimique entre deux ou plusieurs corps. Sous l'effet de l'énergie d'activation (notamment de la chaleur), le combustible se décompose (pyrolyse) exclusivement pour les matériaux combustibles solides, les liquides se vaporisent et les gaz s'enflamment directement selon les proportions leur étant propres. Certaines matières plastiques se pyrolysent, d'autres fondent et se vaporisent. Le produit de cette décomposition ou les gaz diffusés réagissent avec le comburant (en général le dioxygène de l'air). Le processus décrit peut être résumé par la formule suivante : combustible + chaleur + dioxygène (comburant) = feu.
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+ Le feu peut avoir plusieurs couleurs selon la chaleur qu'il dégage. Les couleurs du feu varient selon sa température : bleu (~2 000 °C), jaune et rouge (~1 000 °C). Un feu de foyer, sans aucun vent qui alimente le feu en oxygène, a une température moyenne de 700 à 800 °C comme le montre l'image ci-contre prise par une caméra thermique (le chiffre du haut est la température du centre de l'image et le chiffre du milieu la température moyenne de l'image). La lumière provient de deux sources :
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+ La domestication du feu par les humains a marqué un tournant dans la Préhistoire, en permettant la cuisson régulière des aliments. Elle est attestée à partir d’environ −400 000 ans dans plusieurs parties du monde, notamment sur les sites de Menez Dregan à Plouhinec en Bretagne, de Terra Amata près de Nice, de Bilzingsleben en Allemagne, de Vértesszőlős en Hongrie[1], de Qesem en Israël, ou de Zhoukoudian en Chine.
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+ Des traces de feu ont été découvertes dans la couche 21 de la grotte de Petralona en Grèce. Elles seraient sensiblement plus anciennes que le fossile de l'Homme de Petralona, un Homo heidelbergensis daté d'environ 700 000 ans.
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+ Une équipe israélienne fait remonter les plus anciennes traces de domestication du feu à 790 000 ans, sur le site du Pont des filles de Jacob (Gesher Benot Ya'aqov), au bord du Jourdain[2],[3].
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+ Une équipe américaine ferait remonter ces traces à un million d'années en Afrique du Sud (ossements calcinés et cendres de végétaux dans la grotte de Wonderwerk) mais l'étude ne permet pas de savoir si les humains de cette époque allumaient eux-mêmes un feu ou savaient le conserver à partir d'incendies naturels (foudre, volcanisme)[4].
17
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18
+ La domestication du feu a avant tout permis de cuire la nourriture, puis de conserver et stocker la viande fumée, faisant ainsi reculer les parasitoses, favorisant la digestion des aliments et augmentant ainsi leur rendement métabolique, ce qui a ouvert la voie à l'augmentation du volume cérébral[5].
19
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20
+ En 2009, des chercheurs des universités du Cap, de Liverpool, de Wollongong et de Bordeaux ont montré que le feu était utilisé pour fabriquer des outils de pierre il y a 72 000 ans en Afrique australe, dans le cadre de la culture lithique Stillbay. Jusqu'alors, les plus anciennes traces remontaient à 25 000 ans en Europe[6]. Le feu permettait en effet d'améliorer la fabrication des outils en permettant notamment de durcir la pointe des épieux, mais surtout de traiter thermiquement les pierres avant la fabrication des outils pour en relâcher les contraintes internes.
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+ L'anthropologue Polly Wiessner a évalué l'activité nocturne et diurne des Khoïsan du Kalahari et estimé que la majorité des conversations le jour portent sur des questions économiques (stratégies de chasse et de cueillette, fabrication d'outils), des critiques, des plaisanteries et des commérages (6 % du temps étant seulement consacré à raconter des histoires) alors que la nuit autour du feu, plus de 80 % des conversations sont des contes, souvent au sujet de personnes distantes ou du monde des esprits. Selon Wiessner, la domestication du feu par les chasseurs-cueilleurs a permis l'allongement du temps de veille, la vie nocturne centrée sur la réunion autour du foyer favorisant les interactions sociales et l'émergence des cultures préhumaines par le chant, la danse ou le fait de raconter des histoires et légendes[7].
23
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+ La maîtrise du feu a ainsi inspiré de nombreux mythes, dont celui de Prométhée. À l'époque contemporaine, plusieurs œuvres de fiction ont dépeint l'importance du feu pour les groupes préhistoriques, notamment le roman La Guerre du feu de J.-H. Rosny aîné, adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud.
25
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26
+ Le feu est un phénomène naturel ; dans la nature, il peut résulter de la foudre ou de la fermentation (production de gaz inflammables et de chaleur). Sa domestication par les humains — capacité à le conserver (l'entretien du foyer étant dévolu à la femme dans certaines sociétés traditionnelles), puis à le recréer à volonté — a permis de nombreux progrès :
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28
+ Dans la philosophie chinoise, il fait partie des cinq éléments avec le métal, l'eau, le bois et la terre.
29
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30
+ Chez les alchimistes occidentaux, il fait partie des quatre éléments inertes de base composant chaque matière avec l'eau, l'air et la terre selon l'enseignement bien antérieur d'Aristote[8] (le feu est un élément central de plusieurs doctrines fondées sur les quatre éléments[9]).
31
+
32
+ Le feu est naturellement associé au Soleil, qui est également une source de chaleur et de lumière (on sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'une combustion mais d'une fusion nucléaire). Il est également souvent associé aux volcans, comme le feu de la forge d'Héphaistos/Vulcain.
33
+
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+ Cette ambivalence se retrouve dans les aspects moraux et juridiques du feu ; tantôt il a pu être considéré comme l'instrument d'une justice transcendante (le bûcher fut une condamnation pénale courante au Moyen Âge, et existe même très localement à l'époque contemporaine ; alors que l'immolation est considérée par certains comme un acte de sacrifice suprême face à la justice des hommes, y compris dans des sociétés modernes, comme en Tchécoslovaquie en 1969) ; tantôt son usage est rigoureusement contrôlé, et parfois gravement sanctionné (l'incendie était un des plus grands crimes à Athènes).
35
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36
+ Le feu est aussi un symbole de purification, d'où l'utilisation du bûcher pour certaines condamnations (cf. supra). Ce symbole provient sans doute de certaines pratiques agraires qui consistent à brûler la terre pour la rendre plus fertile (brûlis), mais il est certain que cette symbolique tient son origine de plusieurs sources. Pourtant, le feu comme symbole de purification était pratique courante pour les chrétiens du Moyen Âge ; avec le temps ces pratiques (ordalies, bûcher, etc.) se sont perdues ou ont tout simplement été interdites[10].
37
+
38
+ Le feu a aussi un symbolisme érotique. Dans l’Énéide, la passion que Didon avait pour Énée la consumait de l'intérieur. Cette symbolique érotique prend son sens dans les métaphores et les images qui font coïncider le feu et l'acte sexuel, la passion, l'affectivité, les sentiments, etc. Dans la mythologie gréco-romaine, Cupidon était représenté par un arc et une torche. De plus, la science soutient cette symbolique, car la motivation psychophysiologique naît des variations thermiques et se termine par l'acte sexuel[11].
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40
+ Le terme feu (du latin focus, le foyer) désigne au Moyen Âge le foyer, d'abord au sens strict (endroit où brûle le feu) puis figuré : le logement familial (cf. l'expression « sans feu ni lieu »), puis la famille elle-même. Très rapidement, il est utilisé comme unité de base pour l'assiette, le calcul et la perception de l'impôt, on parle alors de feu fiscal.
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+ Le feu est divinisé dans de nombreuses cultures et a été l'objet de l'adoration d'un grand nombre de peuples et de tribus[réf. nécessaire]. Il est également utilisé dans des rites monothéistes.
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+ Dans l'Iran ancien, les zoroastriens regardaient le culte du feu comme la partie fondamentale de leur religion et les cérémonies de ce culte sont retracées avec détail dans l'Avesta. Au XIXe siècle, les Guèbres, qui habitaient surtout dans le Kerman et le Gujarat, avaient conservé toutes les cérémonies des anciens Perses à l'égard du feu.
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46
+ Dans la mythologie grecque, il a été volé aux dieux et apporté aux Humains par Prométhée.
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+ Le feu inextinguible des Grecs, qui brulait sans cesse à Athènes et à Delphes, le culte de Vulcain, le feu qu'entretenaient à Rome les prêtresses de Vesta, rappellent encore la déification du feu, idolâtrie commune du reste à tous les peuples de race pélagique.
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+ Les Juifs allument une hanoukkia (chandelier à neuf branches) lors de la fête de Hanoucca pour commémorer le miracle de la fiole d'huile se remplissant par miracle chaque jour.
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+ Chaque vendredi soir lors de la tombée de la nuit, il est également de coutume d'allumer le handil ou des bougies pour honorer l'entrée du Shabbat ou de toute grande fête religieuse.
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+ De même, dans certaines familles, on allume également le handil ou les bougies le lundi et le jeudi, jours où l'on sort la Thora, ou à la date d'anniversaire de la mort de certaines personnes (membre de la famille, souvent de grands rabbins).
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+ L'usage de cierges est généralisé dans les églises catholiques et orthodoxes afin de marquer des temps liturgiques, ou en offrande à des saints. La flamme symbolise aussi l'Esprit Saint.[réf. nécessaire]
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+ Un certain nombre de pratiques païennes utilisant le feu ont été récupérées dans le christianisme populaire (les feux de la Saint-Jean, les chandelles de Sainte-Lucie en Suède, la Fête des lumières à Lyon, etc.).
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+ Dans le Coran, il existe deux sortes de feux : le feu cosmique relevant de l'Enfer tant dans l'au-delà que sur terre et le feu domestique, de cuisine[12]. Celui-ci, qu'on obtient par frottement et que Allah a placé « dans les arbres verts » n'est mentionné qu'à deux reprises dans le texte tandis que l'autre est cité à de multiples reprises sous six dénominations différentes — « feu » ou « flamme » — qui comptent parmi les sept noms qui servent à désigner l'Enfer ou à y faire référence : ainsi le terme nâr apparait à plus de cent-quarante reprises, parfois associé à jahannam pour désigner le « feu de la géhenne » ; le « feu intense », jaẖîm, compte vingt-six occurrences et le terme sa'îr, qui signifie à la fois feu et flamme, une quinzaine ; saqar[13] désignant « un feu qui fait fondre corps et esprits » apparait à trois reprises et est considéré comme un nom propre, ainsi que laẕâ[14] qu'on trouve une seule fois et signifie également « flamme »[12]. Le feu est également associé par le Coran au septième nom de l'enfer, ẖutama, qu'il définit comme « le feu allumé de Dieu »[12].
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+ L'Enfer décrit par le Coran est comme une fournaise totalement tapissée, investie d'un feu auquel rien ne résiste et cerne les damnés[15] dont la chair constitue, avec les pierres, son combustible préféré pour alimenter la géhenne[12]. Le feu, qui émet des braiments d'âne[16] et jette d'énormes flammes, brûle la peau des damnés qui, consumée, se renouvelle, pénètre leur corps, leurs viscères et arrache leur membres[12]. Outre ces brûlures atroces, les damnés souffrent éternellement de châtiments sensibles liés au feu et la chaleur : vents brûlants, eau bouillante, obscurité fuligineuse[17]...
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+ Outre son étroite association avec l'Enfer, le feu sert souvent à donner la mort et apparaît comme un élément destructeur qui figure tout au long du texte coranique[12]. C'est également à partir du feu que sont créés les djinns, génies malfaisants fabriqués à partir de la « lumière d'une flamme subtile, d'un feu sans fumée »[18] ainsi que le diable coranique, Iblis[19].
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+ Les Hindous et les Bouddhistes font brûler diverses offrandes dans le cadre de leur culte. Ils pratiquent aussi la crémation des défunts. Les Hindous ont un rapport religieux et culturel avec le feu beaucoup plus important que chez les Bouddhistes. En effet, le feu est personnifié en la divinité d'Agni. Il est symbole de justice et de victoire. De nombreuses fêtes hindoues font appel au feu, tel que Diwali et Karthigai Deepam, mais également dans les cérémonies religieuses.
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+ Le feu produit de la chaleur et de la fumée, prélève du dioxygène, et a tendance à se répandre sans contrôle en incendie.
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+ Pour les humains, le risque est triple :
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+ Le feu provoque également la destruction d'objets ou de végétaux, et peut donc mettre en péril le bien-être d'une population, sa capacité à se nourrir, se loger, le fonctionnement de son économie. Il peut présenter un risque pour la biodiversité, en détruisant des espèces animales et végétales.
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+ La feuille est, en morphologie végétale, l'organe spécialisé dans la photosynthèse chez les plantes vasculaires. Elle est insérée sur les tiges des plantes au niveau des nœuds. C'est aussi le siège de la respiration et de la transpiration. Les feuilles peuvent se spécialiser, notamment pour stocker des éléments nutritifs et de l'eau.
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+ Pour accomplir son rôle, une feuille est généralement formée d'une lame plate et fine aérienne, le limbe, qui lui permet d'exposer à la lumière un maximum de surface. Mais il existe aussi des feuilles transformées, pour lesquelles le limbe est très réduit en ne joue plus de rôle photosynthétique ; elles sont transformées en vrilles, cataphylles, écailles sur les bourgeons, aériens (épines, aiguilles de conifères) ou souterrains (comme dans les bulbes, cormes), feuilles succulentes. C'est le parenchyme palissadique, un type particulier de tissu de la feuille, qui effectue la photosynthèse grâce à ses cellules contenant les chloroplastes, et donne à la feuille sa couleur verte.
4
+ La feuille présente une grande variété de formes, de tailles, de teintes, de textures ou encore d'ornementations dans le règne végétal. Ces particularités de la feuille sont souvent caractéristiques d'une espèce végétale, ou au moins d'un genre.
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6
+ Les feuilles de certains légumes, tel le navet, sont appelés « fanes » ; d'autres feuilles comestibles sont des brèdes.*
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+ Le feuillage est constitué par l'ensemble des feuilles d'un arbre.
9
+
10
+ La feuillaison ou foliaison est un nom indénombrable qui désigne, pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles, phase saisonnière concomitante au débourrement.
11
+
12
+ La figure 1 montre les différentes parties de la feuille : un limbe plan (a) parcouru de nervures (b), avec souvent un pétiole (c) qui rattache la feuille à la tige, parfois élargi en gaine (d). Celle-ci peut « embrasser » la tige comme chez les poacées. Le pétiole peut être absent, la feuille est alors dite sessile. Il peut parfois être ailé, ou muni à sa base de stipules plus ou moins développés.
13
+ Au point d'insertion du pétiole et de la tige, se trouve un bourgeon axillaire.
14
+
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+ À la différence du reste de l'appareil végétatif de la plante (racine et tige), la feuille présente en général une symétrie bilatérale et non axiale.
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+
17
+ La feuille est dite simple si le limbe est entier, ou composée s'il est découpé en plusieurs petites feuilles : les folioles. Selon la disposition des folioles sur l'axe principal de la feuille ou rachis, il est dit que la feuille est :
18
+
19
+ La feuille peut être doublement composée ;
20
+
21
+ La forme de la feuille (fig. 2) :
22
+
23
+ Les formes sont très diversifiées :
24
+
25
+ Le limbe peut être uni ou entier (comme fig. 1 et 2) ou plus ou moins profondément découpé (fig. 4). Dans ce dernier cas (fig.4), la feuille peut être :
26
+
27
+ Le bord du limbe (ou la marge) peut être uni ou entier (fig. 1 et 2), ondulé, sinué, scié (fig. 3a), serrulé (finement scié), denté (fig. 3b) ou crénelé (fig. 3c).
28
+
29
+ En outre, la distribution des feuilles sur la tige est aussi un caractère très variable, dont l'étude est la phyllotaxie. Elles peuvent être :
30
+
31
+ Au sein d'une même espèce (chez les arbres notamment), les feuilles et les branches peuvent s'agencer de manière différente selon leur position dans l'arbre et leur exposition à la lumière. Ce phénomène participe de la morphologie générale des arbres, propre à chaque espèce.
32
+
33
+ Les feuilles excitées par le vent font scintiller et murmurer le feuillage. Les plantes sciaphiles de sous-bois et de forêts qui présentent généralement un indice foliaire élevé, donc un ombrage mutuel des feuilles très important, ont un feuillage qui forme un couvert discontinu, avec des trouées et des taches de soleil (en). Elles sont certainement adaptées à l'utilisation optimale des taches de soleil par le feuillage au vent, la disposition des feuilles et l'ouverture différentielle des stomates[1],[2]. Cette optimisation de la photosynthèse évite de saturer les feuilles de la partie supérieure de la canopée et de maintenir les feuilles de la partie inférieure dans l’ombre[3].
34
+
35
+ La forme des feuilles peut varier sur une même plante, c'est ce que l'on appelle l'hétérophyllie.
36
+ C'est un phénomène assez courant dans le règne végétal.
37
+
38
+ C'est le cas chez le lierre grimpant où la forme des feuilles provenant de rameaux fertiles est différente de celle des feuilles appartenant aux rameaux stériles (polymorphisme vrai).
39
+
40
+ Le polymorphisme peut aussi résulter des conditions environnementales : chez la sagittaire à feuilles en flèche les feuilles immergées sont rubanées, les feuilles nageantes sont cordiformes, les feuilles aériennes sagittées.
41
+
42
+ Les cotylédons et les feuilles juvéniles qui leur succèdent immédiatement peuvent fréquemment être différentes de celles de l'âge adulte.
43
+
44
+ Plus généralement chez de nombreux végétaux, on retrouve des feuilles différentes (taille, forme) en fonction de la position de celles-ci sur l'individu. C'est par exemple le cas chez Morus alba.
45
+
46
+ Les plantes aphylles sont marquées par une forte réduction de la taille des feuilles, voire leur quasi-disparition ou leur disparition totale. À l'opposé, les grands pommiers ont de 50 à 100 000 feuilles, les bouleaux 200 000 en moyenne, les chênes à maturité 700 000 (mises côte à côte, ces 700 000 feuilles couvriraient une surface de 700 m2). Certains ormes d'Amérique ont à leur maturité jusqu'à 5 millions de feuilles. On estime que l'ensemble des feuilles des arbres du monde entier produisent par photosynthèse 65 000 à 80 000 millions de m3 de matière sèche par an, ce qui correspond aux deux tiers de la production mondiale des plantes terrestres[4].
47
+
48
+ La coloration principale verte provient de la chlorophylle. Les feuilles juvéniles présentent parfois une teinte rougeâtre car le jeune tissu contient des anthocyanes de jeunesse, pigments bloquant les rayons ultraviolets, ce qui protège les petites feuilles des dommages de la photo-oxydation[5]. Le changement de couleur des feuilles montre l'existence de pigments complémentaires, les caroténoïdes, qui participent à la collecte des photons aux côtés des photosystèmes chlorophylliens. Les grandes variations dans la coloration des feuilles, pétioles et tiges, sans compter les fleurs et les fruits, ont une fonction aposématique : elles annulent le camouflage potentiel (i.e. l'homochromie) de certains insectes envers les oiseaux, par exemple[6].
49
+
50
+ L'observation à l'œil nu d'une feuille éclairée sous différents angles par le soleil laisse apparaître des tâches brillantes blanches sur un fond vert. Cet effet optique, dû à la réflexion spéculaire de la lumière visible à la surface foliaire indépendante de la longueur d'onde, est plus ou moins marqué selon les espèces : certaines feuilles recouvertes d'une épaisse couche de cire apparaissent luisantes alors que d'autres tapissées de poils semblent plus ternes[7].
51
+
52
+ La feuille est composée de pectine, de cellulose et de lignine. Ces composants sont de grandes molécules chimiques « emprisonnant » de nombreux éléments minéraux tels que calcium, potassium, sodium, magnésium, soufre, phosphore. Lors de la décomposition des feuilles en humus, ces éléments sont relâchés dans le sol et contribuent à son amélioration.
53
+
54
+ La fonction première des feuilles est la photosynthèse chlorophyllienne[10]. L'évolution des feuilles en organes de la photosynthèse s'est réalisée selon trois axes principaux[11] : l’exploitation de la lumière grâce au limbe plat qui présente une grande surface réceptrice[12], ce qui en fait un capteur solaire efficace[13] ; l’échange de gaz (CO2, O2 et évaporation d'H2O[14]) ; le transport de la sève brute et de la sève élaborée via un réseau très étendu de nervures. Selon le principe de l'allocation des ressources, les relations entre différents traits foliaires (forme, nervation, longueur du pétiole) reflètent l'existence de compromis évolutifsTrade-off associés à des contraintes structurales et fonctionnelles des plantes en relation avec leur écologie[15].
55
+
56
+ Chez les plantes terrestres, les racines sont de loin la première source de nutriments (et parfois de contamination), mais les feuilles peuvent aussi absorber des nutriments autres que le CO2, voire le cas échéant des produits toxiques (ex : molécules de certains pesticides systémiques, particules métalliques fines et ultrafines issues de la pollution de l'air, dont métaux lourds et des métalloïdes) déposés à partir de l'air ou des pluies[16]. Ce transfert, qui semble se faire lentement au travers de la cuticule et/ou plus rapidement via les stomates est parfois un facteur déterminant du transfert des métaux de l'air vers la plante (Ceci a notamment été montré pour le plomb qui après s'être déposé sur les feuilles, est retrouvé dans les cellules situées sous la surface de la feuille)[17]. La morphologie des feuilles est l'un des facteurs qui favorise ou non le dépôt puis l'adsorption ou l'absorption et l'internalisation des particules atmosphériques. Il peut poser des problèmes de santé environnementale par exemple quand il concerne des légumes ou autres cultures alimentaires humaine ou à destination animale (fourrages...), surtout si le toxique est principalement stocké dans les parties comestibles (feuilles, fruits ,graines, tubercules...). Bien comprendre ces processus est important pour le développement de l'agriculture urbaine (ou en zone polluée)[17]
57
+
58
+ Elles participent également à la défense des plantes contre les herbivores par synthèse de tanins, d'alcaloïdes ou de protéines PRprotéines PR, à la protection foliaire contre la photo-oxydation.
59
+
60
+ Les feuilles présentent toute une variété de spécialisation[18], dont par exemple :
61
+
62
+ Il est possible qu'avant l'évolution des feuilles, les plantes aient développé la photosynthèse dans leurs tiges[note 1]. Les feuilles, actuellement, sont dans presque tous les cas une adaptation destinée à accroitre la quantité de lumière solaire utilisable pour la photosynthèse. La dichotomie microphylle/mégaphylle est aujourd'hui abandonnée pour expliquer l'histoire évolutive des feuilles qui sont certainement apparues une dizaine de fois indépendamment, et étaient probablement à l'origine des excroissances épineuses destinées à protéger les plantes primitives contre les herbivores[note 2], ce qui en ferait un exemple d'exaptation[19].
63
+
64
+ Les champignons endophytes sont une règle générale chez les feuilles (notion de mycophylle, feuille à endophyte fongique), cette stratégie symbiotique ayant certainement joué un rôle majeur dans le développement des feuilles au cours de l'évolution (rôle encore mal compris : amélioration de la résistance au stress hydrique, augmentation de la croissance et de la teneur en azote, réduction du broutage par les herbivores ?)[20].
65
+
66
+ Les feuilles sont actuellement les organes primaires de la photosynthèse chez les plantes. Elles sont classées en deux types : les feuilles simples, irriguées par une seule nervure et le plus souvent petites, et les feuilles composées, plus grandes et ayant une nervation complexe. Il a été suggéré que ces structures soient apparues indépendamment[21]. Les feuilles composées, selon la théorie du télome (de), auraient évolué à partir de branches présentant une architecture tridimensionnelle, à travers trois transformations : la planation, « aplatissant » cette architecture ; le tissage, formant des réseaux entre ces branches, et la fusion, regroupant ces réseaux pour former un limbe complet. Ces trois étapes auraient eu lieu à de multiples reprises dans l'évolution des feuilles modernes[22].
67
+
68
+ Les feuilles composées modernes sont probablement devenues majoritaires il y a 360 millions d'années, environ 40 millions d'années après la colonisation des terres au Dévonien inférieur par des plantes dépourvues de feuilles[23].
69
+
70
+ Cette évolution a été liée à la diminution de concentration du CO2 atmosphérique à la fin du Paléozoïque, elle-même associée à une augmentation de la densité des stomates à la surface des feuilles pour capter plus de CO2, ce qui assurait une meilleure évapotranspiration, et des échanges gazeux accrus[24]. La photosynthèse consommant moins de 5 % de l'eau apportée par la sève brute, les 95 % restant qui s'évapore favorisait un meilleur refroidissement des feuilles et leur permettait ainsi d'acquérir une plus grande surface[25],[26].
71
+
72
+ Les rhyniophytes de la flore de Rhynie n'étaient formés que de tiges minces et sans ornements. Aussi, les trimérophytes (en) du Dévonien moyen sont les premières plantes à présenter un aspect que l'on puisse qualifier de « feuillu ». Les plantes vasculaires de ce groupe se reconnaissent à des masses de sporanges situées à leurs extrémités, lesquelles peuvent bifurquer ou trifurquer[27]. Certains microphylles pourraient être ainsi des homologues de ces sporanges devenus stériles[28]. Certains organismes, tels que Psilophyton (en), portent des énations, de petites excroissances de la tige, épineuses ou poilues et dépourvues de vascularisation.
73
+
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+ À peu près à la même époque, les zostérophyllophytes (en) prenaient de l'importance. Ce groupe est reconnaissable à des sporanges en forme de rein, poussant sur de courtes branches latérales, à proximité de la tige principale, parfois ramifiées dans des formes en H caractéristiques[27]. La majorité des plantes de ce groupe portaient des épines sur leurs tiges, mais elles n'étaient pas vascularisées. Les premières traces d'énations vascularisées se trouvent dans le genre Asteroxylon (en). Les épines d'Asteroxylon présentent des traces de vaisseaux partant du protostèle central et allant irriguer chaque « feuille » individuelle. Un fossile connu sous le nom de Baragwanathia apparait un peu plus tôt, au Silurien supérieur[29] ; dans cet organisme, ces traces de vaisseaux continuent jusqu'au milieu de la feuille[30]. La théorie des énations soutient que les feuilles de type microphylle se sont développées comme des excroissances du protostèle se reliant à des énations déjà existantes, mais il est également possible que les feuilles simples aient évolué à partir de tiges se ramifiant et formant un réseau[27].
75
+
76
+ Asteroxylon[31] et Baragwanathia sont généralement considérés comme des lycopodes primitifs[27]. Les lycopodes existent toujours aujourd'hui (par exemple l’Isoète) ; ces lycopodes modernes portent des feuilles simples. Elles pouvaient être assez grandes – les Lepidodendrales (en) avaient des feuilles simples de plus d'un mètre de long – mais elles sont presque toutes irriguées par un seul vaisseau, à l'exception de la ramification observée chez Selaginella.
77
+
78
+ Les feuilles composées ont sans doute des origines séparées ; elles sont de fait apparues indépendamment à quatre reprises, chez les fougères, les prèles, les progymnospermes et les plantes à graines[32]. Elles semblent provenir de branches ramifiées, qui se sont d'abord chevauchées, puis reliées entre elles, jusqu'à évoluer vers la structure typique d'un limbe foliaire[30]. Cette théorie des mégaphylles explique pourquoi la « lacune foliaire » laissée lorsque le pétiole se sépare de la branche ressemble à une ramification[30]. Dans chacun des quatre groupes où sont apparues des feuilles composées, ces feuilles ont subi une évolution rapide entre la fin du Dévonien et le début du Carbonifère, se diversifiant jusqu'à ce que les formes se stabilisent au milieu du Carbonifère[32].
79
+
80
+ La fin de cette diversification peut être attribuée à des contraintes de développement[32] mais une question reste ouverte : pourquoi les feuilles ont-elles mis si longtemps à apparaître ? Les plantes avaient conquis le sol depuis au moins 50 millions d'années avant que les feuilles composées apparaissent de manière significative. Cependant, de petites feuilles composées étaient déjà présentes dans le genre Eophyllophyton (en) au début du Dévonien – ce n'est donc pas en soi leur complexité qui explique le temps écoulé avant leur généralisation[33]. La meilleure explication donnée jusqu'à présent est que le taux de CO2 atmosphérique diminuait rapidement à cette époque – divisé par 10 durant le Dévonien[34]. Ceci est en relation avec une multiplication par 100 de la densité des stomates. Les stomates permettent à l'eau de s'évaporer des feuilles ; la faible densité des stomates au début du Dévonien avait pour conséquence que des feuilles trop grandes se seraient échauffées, et cette densité ne pouvait augmenter, car les tiges et les systèmes de racines primitifs ne pouvaient apporter d'eau assez vite pour soutenir un rythme d'évapotranspiration accru[35].
81
+
82
+ Les arbres à feuillage caduc sont une réponse à un autre inconvénient des feuilles. La croyance populaire selon laquelle c'est une adaptation au raccourcissement des jours en hiver est erronée : des arbres à feuillage persistant prospéraient au-delà des cercles polaires durant la période chaude de la fin du Paléocène[36]. La raison de la perte des feuilles en hiver la plus souvent retenue est la protection contre le vent et la neige, cette perte diminuant la surface totale de l'arbre. Ce mécanisme de perte saisonnière est apparu à plusieurs reprises, et se présente actuellement chez les ginkgoales, les pinophyta et les angiospermes[37]. Il est possible également que ce mécanisme soit une réponse à la pression des insectes : il est peut-être moins coûteux d'abandonner entièrement les feuilles en hiver que de continuer à investir des ressources dans leur réparation[38].
83
+
84
+ Le pétiole (du latin petiolus : petit pied) est le pédoncule de la feuille, reliant son limbe à la tige. Ses faisceaux conducteurs présentent une symétrie bilatérale, ce qui indique la nature foliaire et non caulinaire du pétiole. Lorsqu'il est élargi jusqu'à remplacer la feuille dans sa fonction, il est question de phyllode. Une feuille sans pétiole, ou à pétiole très court, est dite sessile.
85
+
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+ Quelques pétioles ont des fonctions spécifiques : chez la sensitive, il permet le mouvement des feuilles ; chez la châtaigne d'eau, il permet la flottaison de la plante.
87
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+ Les nervures d'une feuille sont les prolongements du pétiole dans le limbe foliaire. La nervure principale et les nervures secondaires partent de la première. C'est au niveau des nervures, se détachant par leur relief bombé du reste du limbe, que se situent l'essentiel des tissus conducteurs de sève (xylème et phloème), organisés en faisceaux.
89
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90
+ La disposition des nervures (ou nervation) varie selon les espèces ou les familles. Il existe trois grands types de nervation :
91
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+ Le limbe est constitué de tissus végétaux.
93
+
94
+ L'épiderme protecteur recouvre les surfaces supérieure et inférieure du limbe (appelées aussi faces adaxiale et abaxiale) ; il est constitué le plus souvent par une couche unique de cellules ne comportant généralement pas de chloroplastes, parfois couverte par une couche protectrice externe, la cuticule. Certaines cellules de l'épiderme peuvent se transformer en poils. Sur l'épiderme inférieur se trouvent les stomates. Ce sont des sortes de pores, formé par deux cellules en forme de reins, qui laissent entre elles une ouverture variable, l'ostiole.
95
+
96
+ Le mésophylle, ou parenchyme foliaire, comporte deux couches : sous l'épiderme supérieur, un parenchyme palissadique, tissu formé de plusieurs rangées de cellules allongées perpendiculairement à la surface du limbe et serrées entre elles, sans lacunes. Entre celui-ci et l'épiderme inférieur un parenchyme lacuneux, à cellules plus grandes ménageant entre elles un réseau de lacunes, qui communique avec les stomates et assure les échanges gazeux avec l'extérieur.
97
+
98
+ L'épiderme est la couche de cellules externes des feuilles. Cette couche est généralement transparente (ces cellules n'ont pas de chloroplastes) et couverte par une cuticule d'aspect cireux permettant de limiter les pertes en eau lors de trop fortes chaleurs. Chez les végétaux des climats secs cette cuticule est donc plus épaisse. La cuticule est parfois plus fine sur l'épiderme inférieur que sur l'épiderme supérieur.
99
+
100
+ L'épiderme inférieur est percé de pores appelés stomates. Ceux-ci permettent à l'oxygène et au dioxyde de carbone de rentrer et sortir des feuilles. La vapeur d'eau est aussi évacuée par les stomates au cours de la transpiration. Pour conserver de l'eau, les stomates peuvent se fermer pendant la nuit.
101
+
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+ Des poils recouvrent l'épiderme de nombreuses espèces de plantes.
103
+
104
+ La plus grande partie de l'intérieur d'une feuille, entre l'épiderme inférieur et supérieur, est composée d'un parenchyme appelé mésophylle. Ce tissu joue un rôle très important dans la photosynthèse.
105
+
106
+ Le mésophylle est composé de deux parties : vers la face supérieure, le parenchyme palissadique est constitué de cellules verticales, allongées et serrées, riches en chloroplastes : c'est dans ce parenchyme que se déroule l'essentiel de la photosynthèse. Vers la face inférieure se trouve le parenchyme lacuneux (ou spongieux), aux cellules plus arrondies et moins serrées. Les lacunes entre ces cellules contiennent les gaz échangés entre la feuille et l'atmosphère.
107
+
108
+ Chez les monocotyledones le mésophylle est homogène. Il est composé d'un parenchyme uniforme.
109
+
110
+ Les feuilles peuvent être persistantes (conservation du feuillage plusieurs années[39]), semi-persistantes (conservation de la majorité des feuilles bien que certaines soient remplacées à la belle saison) ou caduques (les feuilles de la plante ne durent que quelques mois puis tombent ; variante : marcescence) selon les espèces, les conditions climatiques et les saisons. Pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles est appelé « feuillaison » ou « foliaison ».
111
+
112
+ La chute des feuilles caduques en automne s’accompagne d'un changement de couleurs variant du jaune au brun rouge et au rouge. En Amérique du Nord, la saison des couleurs génère une grande activité touristique surtout en Nouvelle-Angleterre et dans l'est du Canada.
113
+
114
+ En novembre 2010, des chercheurs ont avancé l'hypothèse selon laquelle les écosystèmes boisés feuillus seraient capables de mieux dépolluer l’air que ce qui était initialement pensé, pour les composés organiques volatils (COV) testés. Les expériences faites en laboratoire laissent penser que les feuilles absorbent même encore plus efficacement les COV et les détruisent (par conversion enzymatique) quand elles sont stressées par des blessures ou par certains polluants (de l'ozone et du méthyl vinyl cétone lors des expériences). Le cycle des COV oxygénés dans l'air devrait donc être revu et mieux incorporé dans les modèles globaux de chimie de l'atmosphère et de transport des polluants[40].
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+
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+ Des feuilles de Raphia regalis peuvent atteindre 25 m de long, 4 m de large et 100 kg, ce qui en fait les feuilles les plus longues du règne végétal[41]. Celles de Crassula connata (en) ont une taille qui peut être réduite à 1,3 mm[42]
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+ Le nombre de feuilles des arbres est très variable, il dépend de leur âge, de leur diamètre et de leur hauteur. Ainsi un vieux hêtre pourpre de 80 ans qui a une hauteur de 25 m et un diamètre de 15 m possède 800 000 feuilles couvrant une surface de 1 600 m2, cet ensemble folaire consommant par jour 2,352 kg de dioxyde de carbone[note 3] (ce qui correspond à une consommation de 25 435 kJ ou encore un peu plus de 25,4 millions de joules, soit les besoins énergétiques journaliers de deux ou trois adultes) et produisant 1,6 kg de glucose et 1,712 kg d’oxygène par heure, ce qui couvre la consommation de dix hommes[43].
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+ L’Amérique du Sud est un continent ou un sous-continent et la partie méridionale de l'Amérique. Il est situé entièrement dans l'hémisphère ouest et principalement dans l'hémisphère sud. Il est bordé à l'ouest par l'océan Pacifique et au nord et à l'est par l'océan Atlantique. L'Amérique centrale, qui relie le sous-continent à l'Amérique du Nord, et les Caraïbes sont situées au nord-ouest.
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+ Le portugais et l'espagnol sont les deux langues dénombrant le plus grand nombre de locuteurs en Amérique du Sud.
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+ L'Amérique du Sud fut nommée, à Saint-Dié-des-Vosges en 1507, par les cartographes Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann d'après Amerigo Vespucci, qui fut le premier Européen à suggérer que l'Amérique n'était pas les Indes mais un Nouveau Monde inconnu des Européens.
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+ L'Amérique du Sud a une superficie de 17 840 000 km2, soit 11,9 % de la surface des terres émergées de la Terre. En 2015, sa population est d'environ 410 millions d'habitants[1]. Le gentilé de ses habitants est les « Sud-Américains ». L'Amérique du Sud est classée quatrième continent en superficie (après l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Nord) et cinquième en nombre d'habitants (après l'Asie, l'Afrique, l'Europe et l'Amérique du Nord).
12
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+ L'Amérique du Sud constitue la majeure partie australe des terres émergées de ce qui est généralement désigné comme le Nouveau Monde, l'hémisphère ouest, les Amériques, ou simplement l'Amérique (qui est parfois considérée comme un seul continent[2] et l'Amérique du Sud un sous-continent)[3]. Il se trouve au sud et à l'est du canal du Panama, qui traverse l'isthme de Panama. Géographiquement, presque tout le territoire sud-américain est situé sur la plaque sud-américaine. Géopolitiquement, tout le Panama – y compris le segment à l'est du canal de Panama de l'isthme – est souvent considéré comme faisant partie de l'Amérique du Nord et un pays d'Amérique centrale.
14
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15
+ Géologiquement, le continent n'est rattaché à l'Amérique du Nord que tout récemment avec la formation de l'isthme panaméen il y a environ 3 millions d'années, ce qui provoqua le Grand échange américain. De même, les Andes sont des chaînes de montagnes relativement jeunes et sismiquement instables, descendent du nord au sud en suivant la bordure occidentale du continent ; le territoire à l'est des Andes est principalement occupé par la forêt tropicale humide, le vaste bassin de l'Amazonie. Le continent présente aussi des régions plus sèches telle la Patagonie orientale ou l'Atacama.
16
+
17
+ Le continent sud-américain comprend aussi de nombreuses îles, dont beaucoup appartiennent aux pays du continent. Beaucoup d'îles des Caraïbes (les Antilles) – par exemple, les Grandes Antilles et les Petites Antilles – sont situées au-dessus de la plaque caraïbe, une plaque tectonique avec une topographie diffuse. Aruba, les Barbades, Trinité-et-Tobago sont situées sur le plateau continental sud-américain. Les Antilles néerlandaises et les dépendances du Venezuela sont situées au nord du continent. Géopolitiquement, les îles-États et les territoires d'outre-mer des Caraïbes sont généralement regroupés et considérés comme une partie ou une sous-région d'Amérique du Nord. Les nations d'Amérique du Sud qui bordent la mer des Caraïbes – dont la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane – forment l'Amérique du Sud caribéenne. Les autres îles sont les Galapagos, l'île de Pâques (en Océanie mais qui appartient au Chili), l'île Robinson Crusoe, l'île de Chiloé, la Terre de Feu, et les îles Malouines.
18
+
19
+ L'Amérique du Sud est la terre des plus hautes chutes d'eau, Salto Ángel, du fleuve au débit le plus important, l'Amazone, de la chaîne de montagne la plus longue, les Andes, du désert le plus aride, le désert d'Atacama, de la voie ferrée la plus élevée, Ticlio, de la capitale la plus haute, La Paz, du plus haut lac commercialement navigable, le lac Titicaca, et de la ville la plus australe, Puerto Toro.
20
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21
+ Les ressources naturelles de l'Amérique du Sud sont l'or, le cuivre, le minerai de fer, l'étain et le pétrole.
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23
+ L'Amérique du Sud abrite de nombreuses espèces d'animaux uniques comme le lama, l'anaconda, les piranha, le jaguar, la vigogne et le tapir. La forêt tropicale humide d'Amazonie possède une biodiversité élevée, contenant une fraction importante des espèces de la planète.
24
+
25
+ Le plus grand pays d'Amérique du Sud est de loin le Brésil, à la fois du point de vue de sa superficie et de sa population[4].
26
+
27
+ En Amérique du Sud, on distingue plusieurs sous-régions : les États andins, les Guyanes, le cône Sud et le Brésil.
28
+
29
+ Le nord de l'Amérique du Sud abrite une grande partie de la biodiversité planétaire des terres émergées. Les forêts y sont cependant en forte régression au profit des prairies d'élevage (bovin notamment, destiné à l'exportation) et cultures industrielles (de soja notamment, pour partie transgénique). Les feux de forêts, la dégradation des sols, et l'élevage et l'agriculture industrielle sont à l'origine d'émissions importantes de gaz à effet de serre (qui font par exemple du Brésil un des premiers émetteurs mondiaux). Par ailleurs le sud du continent est situé sous le trou de la couche d'ozone de l'antarctique, qui a conduit à une forte hausse des taux d'UV (cancérogènes, mutagènes).
30
+
31
+ L'agriculture reste le secteur d'activité le plus important de l'Amérique du Sud, même si le chômage rural et la pauvreté chassent la population vers les énormes villes côtières. Les ressources minières et pétrolières, bien que substantielles, sont inégalement réparties selon les pays. Pour limiter l'importation de matières premières, relancer la production et renforcer les infrastructures, les gouvernements se sont lourdement endettés auprès de la Banque mondiale dans les années 1960 et 1970. Aujourd'hui, le Brésil est la première puissance économique, suivie de loin par l'Argentine, qui est, à son tour, suivie de près par la Colombie et le Venezuela[5]. L'ouest de l'Amérique du Sud, moins développé, a récemment su tirer parti de sa position géographique. Ainsi, le Chili exporte de plus en plus de matières premières vers le Japon.
32
+
33
+ Les langues les plus utilisées en Amérique du Sud sont l'espagnol et le portugais, qui est la langue officielle du Brésil.
34
+ L'Amérique du Sud présente un très grand nombre de langues minoritaires : on dénombre près de 600 langues qui appartiennent à 118 familles linguistiques. Par exemple, les 32 langues de Bolivie sont de 15 familles différentes, y compris 6 isolats. Les 68 langues de Colombie appartiennent à 13 familles différentes, dont 10 sont des isolats. Toutefois, le contraste est marqué entre les « grandes » langues (andennes et guarani) et les petites langues amazoniennes.
35
+
36
+ Les cinq langues d'origine coloniale de l'Amérique du Sud sont le portugais, l'espagnol, l'anglais, le néerlandais et le français.
37
+
38
+ La population amérindienne, chiffrée par millions, a été progressivement refoulée vers l'intérieur du continent. Paradoxalement, l'importance de cette population locutrice ne garantit en rien la pérennité des langues amérindiennes, qui sont pour la plupart menacées d'extinction.
39
+
40
+ On distingue habituellement les langues d'Amérique du Sud selon l'importance recensée de la population locutrice. On dénombre ainsi habituellement quatre « grandes » langues :
41
+
42
+ Les langues amazoniennes sont parlées par des groupes minoritaires dans les neuf pays du bassin amazonien :
43
+
44
+ Beaucoup de ces langues sont parlées à cheval sur les frontières, en zones marginales des pays, pour beaucoup parce que les populations indigènes des côtes et du centre, exploitées par les européens, ont été exterminées. Ce sont dans leur ensemble des langues très menacées.
45
+
46
+ La région amazonienne constitue un «trou noir » linguistique, au même titre que la Nouvelle-Guinée. Le travail linguistique sur ces langues, qui se sont révélées être très intéressantes dans leur diversité pour le développement de la linguistique, est encore très limité.
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+ La religion principale en Amérique du Sud est le catholicisme. Cependant, les églises protestantes (principalement évangéliques) se développent rapidement en nombre de pratiquants, notamment au Brésil (voir Religion au Brésil) et au Suriname[9]. Dans de nombreux pays la pratique de ces religions, en particulier le catholicisme, se mêlent avec des rites et pratiques de religions précolombiennes[10].
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+
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+ Les groupes ethniques et indigènes de l'Amérique du Sud incluent :
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+ Les pays (et territoires dépendants) dans cette table sont catégorisés d'après le schéma pour les régions et subrégions géographiques utilisé par les Nations unies.
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+ Les douze pays indépendants du tableau ci-dessus ont lancé le 8 décembre 2004 (déclaration de Cuzco) un projet de Communauté sud-américaine de nations (CSN), devenu Union des nations sud-américaines (UNASUD), sur le modèle de l'Union européenne.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La feuille est, en morphologie végétale, l'organe spécialisé dans la photosynthèse chez les plantes vasculaires. Elle est insérée sur les tiges des plantes au niveau des nœuds. C'est aussi le siège de la respiration et de la transpiration. Les feuilles peuvent se spécialiser, notamment pour stocker des éléments nutritifs et de l'eau.
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+
3
+ Pour accomplir son rôle, une feuille est généralement formée d'une lame plate et fine aérienne, le limbe, qui lui permet d'exposer à la lumière un maximum de surface. Mais il existe aussi des feuilles transformées, pour lesquelles le limbe est très réduit en ne joue plus de rôle photosynthétique ; elles sont transformées en vrilles, cataphylles, écailles sur les bourgeons, aériens (épines, aiguilles de conifères) ou souterrains (comme dans les bulbes, cormes), feuilles succulentes. C'est le parenchyme palissadique, un type particulier de tissu de la feuille, qui effectue la photosynthèse grâce à ses cellules contenant les chloroplastes, et donne à la feuille sa couleur verte.
4
+ La feuille présente une grande variété de formes, de tailles, de teintes, de textures ou encore d'ornementations dans le règne végétal. Ces particularités de la feuille sont souvent caractéristiques d'une espèce végétale, ou au moins d'un genre.
5
+
6
+ Les feuilles de certains légumes, tel le navet, sont appelés « fanes » ; d'autres feuilles comestibles sont des brèdes.*
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+
8
+ Le feuillage est constitué par l'ensemble des feuilles d'un arbre.
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+
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+ La feuillaison ou foliaison est un nom indénombrable qui désigne, pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles, phase saisonnière concomitante au débourrement.
11
+
12
+ La figure 1 montre les différentes parties de la feuille : un limbe plan (a) parcouru de nervures (b), avec souvent un pétiole (c) qui rattache la feuille à la tige, parfois élargi en gaine (d). Celle-ci peut « embrasser » la tige comme chez les poacées. Le pétiole peut être absent, la feuille est alors dite sessile. Il peut parfois être ailé, ou muni à sa base de stipules plus ou moins développés.
13
+ Au point d'insertion du pétiole et de la tige, se trouve un bourgeon axillaire.
14
+
15
+ À la différence du reste de l'appareil végétatif de la plante (racine et tige), la feuille présente en général une symétrie bilatérale et non axiale.
16
+
17
+ La feuille est dite simple si le limbe est entier, ou composée s'il est découpé en plusieurs petites feuilles : les folioles. Selon la disposition des folioles sur l'axe principal de la feuille ou rachis, il est dit que la feuille est :
18
+
19
+ La feuille peut être doublement composée ;
20
+
21
+ La forme de la feuille (fig. 2) :
22
+
23
+ Les formes sont très diversifiées :
24
+
25
+ Le limbe peut être uni ou entier (comme fig. 1 et 2) ou plus ou moins profondément découpé (fig. 4). Dans ce dernier cas (fig.4), la feuille peut être :
26
+
27
+ Le bord du limbe (ou la marge) peut être uni ou entier (fig. 1 et 2), ondulé, sinué, scié (fig. 3a), serrulé (finement scié), denté (fig. 3b) ou crénelé (fig. 3c).
28
+
29
+ En outre, la distribution des feuilles sur la tige est aussi un caractère très variable, dont l'étude est la phyllotaxie. Elles peuvent être :
30
+
31
+ Au sein d'une même espèce (chez les arbres notamment), les feuilles et les branches peuvent s'agencer de manière différente selon leur position dans l'arbre et leur exposition à la lumière. Ce phénomène participe de la morphologie générale des arbres, propre à chaque espèce.
32
+
33
+ Les feuilles excitées par le vent font scintiller et murmurer le feuillage. Les plantes sciaphiles de sous-bois et de forêts qui présentent généralement un indice foliaire élevé, donc un ombrage mutuel des feuilles très important, ont un feuillage qui forme un couvert discontinu, avec des trouées et des taches de soleil (en). Elles sont certainement adaptées à l'utilisation optimale des taches de soleil par le feuillage au vent, la disposition des feuilles et l'ouverture différentielle des stomates[1],[2]. Cette optimisation de la photosynthèse évite de saturer les feuilles de la partie supérieure de la canopée et de maintenir les feuilles de la partie inférieure dans l’ombre[3].
34
+
35
+ La forme des feuilles peut varier sur une même plante, c'est ce que l'on appelle l'hétérophyllie.
36
+ C'est un phénomène assez courant dans le règne végétal.
37
+
38
+ C'est le cas chez le lierre grimpant où la forme des feuilles provenant de rameaux fertiles est différente de celle des feuilles appartenant aux rameaux stériles (polymorphisme vrai).
39
+
40
+ Le polymorphisme peut aussi résulter des conditions environnementales : chez la sagittaire à feuilles en flèche les feuilles immergées sont rubanées, les feuilles nageantes sont cordiformes, les feuilles aériennes sagittées.
41
+
42
+ Les cotylédons et les feuilles juvéniles qui leur succèdent immédiatement peuvent fréquemment être différentes de celles de l'âge adulte.
43
+
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+ Plus généralement chez de nombreux végétaux, on retrouve des feuilles différentes (taille, forme) en fonction de la position de celles-ci sur l'individu. C'est par exemple le cas chez Morus alba.
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46
+ Les plantes aphylles sont marquées par une forte réduction de la taille des feuilles, voire leur quasi-disparition ou leur disparition totale. À l'opposé, les grands pommiers ont de 50 à 100 000 feuilles, les bouleaux 200 000 en moyenne, les chênes à maturité 700 000 (mises côte à côte, ces 700 000 feuilles couvriraient une surface de 700 m2). Certains ormes d'Amérique ont à leur maturité jusqu'à 5 millions de feuilles. On estime que l'ensemble des feuilles des arbres du monde entier produisent par photosynthèse 65 000 à 80 000 millions de m3 de matière sèche par an, ce qui correspond aux deux tiers de la production mondiale des plantes terrestres[4].
47
+
48
+ La coloration principale verte provient de la chlorophylle. Les feuilles juvéniles présentent parfois une teinte rougeâtre car le jeune tissu contient des anthocyanes de jeunesse, pigments bloquant les rayons ultraviolets, ce qui protège les petites feuilles des dommages de la photo-oxydation[5]. Le changement de couleur des feuilles montre l'existence de pigments complémentaires, les caroténoïdes, qui participent à la collecte des photons aux côtés des photosystèmes chlorophylliens. Les grandes variations dans la coloration des feuilles, pétioles et tiges, sans compter les fleurs et les fruits, ont une fonction aposématique : elles annulent le camouflage potentiel (i.e. l'homochromie) de certains insectes envers les oiseaux, par exemple[6].
49
+
50
+ L'observation à l'œil nu d'une feuille éclairée sous différents angles par le soleil laisse apparaître des tâches brillantes blanches sur un fond vert. Cet effet optique, dû à la réflexion spéculaire de la lumière visible à la surface foliaire indépendante de la longueur d'onde, est plus ou moins marqué selon les espèces : certaines feuilles recouvertes d'une épaisse couche de cire apparaissent luisantes alors que d'autres tapissées de poils semblent plus ternes[7].
51
+
52
+ La feuille est composée de pectine, de cellulose et de lignine. Ces composants sont de grandes molécules chimiques « emprisonnant » de nombreux éléments minéraux tels que calcium, potassium, sodium, magnésium, soufre, phosphore. Lors de la décomposition des feuilles en humus, ces éléments sont relâchés dans le sol et contribuent à son amélioration.
53
+
54
+ La fonction première des feuilles est la photosynthèse chlorophyllienne[10]. L'évolution des feuilles en organes de la photosynthèse s'est réalisée selon trois axes principaux[11] : l’exploitation de la lumière grâce au limbe plat qui présente une grande surface réceptrice[12], ce qui en fait un capteur solaire efficace[13] ; l’échange de gaz (CO2, O2 et évaporation d'H2O[14]) ; le transport de la sève brute et de la sève élaborée via un réseau très étendu de nervures. Selon le principe de l'allocation des ressources, les relations entre différents traits foliaires (forme, nervation, longueur du pétiole) reflètent l'existence de compromis évolutifsTrade-off associés à des contraintes structurales et fonctionnelles des plantes en relation avec leur écologie[15].
55
+
56
+ Chez les plantes terrestres, les racines sont de loin la première source de nutriments (et parfois de contamination), mais les feuilles peuvent aussi absorber des nutriments autres que le CO2, voire le cas échéant des produits toxiques (ex : molécules de certains pesticides systémiques, particules métalliques fines et ultrafines issues de la pollution de l'air, dont métaux lourds et des métalloïdes) déposés à partir de l'air ou des pluies[16]. Ce transfert, qui semble se faire lentement au travers de la cuticule et/ou plus rapidement via les stomates est parfois un facteur déterminant du transfert des métaux de l'air vers la plante (Ceci a notamment été montré pour le plomb qui après s'être déposé sur les feuilles, est retrouvé dans les cellules situées sous la surface de la feuille)[17]. La morphologie des feuilles est l'un des facteurs qui favorise ou non le dépôt puis l'adsorption ou l'absorption et l'internalisation des particules atmosphériques. Il peut poser des problèmes de santé environnementale par exemple quand il concerne des légumes ou autres cultures alimentaires humaine ou à destination animale (fourrages...), surtout si le toxique est principalement stocké dans les parties comestibles (feuilles, fruits ,graines, tubercules...). Bien comprendre ces processus est important pour le développement de l'agriculture urbaine (ou en zone polluée)[17]
57
+
58
+ Elles participent également à la défense des plantes contre les herbivores par synthèse de tanins, d'alcaloïdes ou de protéines PRprotéines PR, à la protection foliaire contre la photo-oxydation.
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+ Les feuilles présentent toute une variété de spécialisation[18], dont par exemple :
61
+
62
+ Il est possible qu'avant l'évolution des feuilles, les plantes aient développé la photosynthèse dans leurs tiges[note 1]. Les feuilles, actuellement, sont dans presque tous les cas une adaptation destinée à accroitre la quantité de lumière solaire utilisable pour la photosynthèse. La dichotomie microphylle/mégaphylle est aujourd'hui abandonnée pour expliquer l'histoire évolutive des feuilles qui sont certainement apparues une dizaine de fois indépendamment, et étaient probablement à l'origine des excroissances épineuses destinées à protéger les plantes primitives contre les herbivores[note 2], ce qui en ferait un exemple d'exaptation[19].
63
+
64
+ Les champignons endophytes sont une règle générale chez les feuilles (notion de mycophylle, feuille à endophyte fongique), cette stratégie symbiotique ayant certainement joué un rôle majeur dans le développement des feuilles au cours de l'évolution (rôle encore mal compris : amélioration de la résistance au stress hydrique, augmentation de la croissance et de la teneur en azote, réduction du broutage par les herbivores ?)[20].
65
+
66
+ Les feuilles sont actuellement les organes primaires de la photosynthèse chez les plantes. Elles sont classées en deux types : les feuilles simples, irriguées par une seule nervure et le plus souvent petites, et les feuilles composées, plus grandes et ayant une nervation complexe. Il a été suggéré que ces structures soient apparues indépendamment[21]. Les feuilles composées, selon la théorie du télome (de), auraient évolué à partir de branches présentant une architecture tridimensionnelle, à travers trois transformations : la planation, « aplatissant » cette architecture ; le tissage, formant des réseaux entre ces branches, et la fusion, regroupant ces réseaux pour former un limbe complet. Ces trois étapes auraient eu lieu à de multiples reprises dans l'évolution des feuilles modernes[22].
67
+
68
+ Les feuilles composées modernes sont probablement devenues majoritaires il y a 360 millions d'années, environ 40 millions d'années après la colonisation des terres au Dévonien inférieur par des plantes dépourvues de feuilles[23].
69
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+ Cette évolution a été liée à la diminution de concentration du CO2 atmosphérique à la fin du Paléozoïque, elle-même associée à une augmentation de la densité des stomates à la surface des feuilles pour capter plus de CO2, ce qui assurait une meilleure évapotranspiration, et des échanges gazeux accrus[24]. La photosynthèse consommant moins de 5 % de l'eau apportée par la sève brute, les 95 % restant qui s'évapore favorisait un meilleur refroidissement des feuilles et leur permettait ainsi d'acquérir une plus grande surface[25],[26].
71
+
72
+ Les rhyniophytes de la flore de Rhynie n'étaient formés que de tiges minces et sans ornements. Aussi, les trimérophytes (en) du Dévonien moyen sont les premières plantes à présenter un aspect que l'on puisse qualifier de « feuillu ». Les plantes vasculaires de ce groupe se reconnaissent à des masses de sporanges situées à leurs extrémités, lesquelles peuvent bifurquer ou trifurquer[27]. Certains microphylles pourraient être ainsi des homologues de ces sporanges devenus stériles[28]. Certains organismes, tels que Psilophyton (en), portent des énations, de petites excroissances de la tige, épineuses ou poilues et dépourvues de vascularisation.
73
+
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+ À peu près à la même époque, les zostérophyllophytes (en) prenaient de l'importance. Ce groupe est reconnaissable à des sporanges en forme de rein, poussant sur de courtes branches latérales, à proximité de la tige principale, parfois ramifiées dans des formes en H caractéristiques[27]. La majorité des plantes de ce groupe portaient des épines sur leurs tiges, mais elles n'étaient pas vascularisées. Les premières traces d'énations vascularisées se trouvent dans le genre Asteroxylon (en). Les épines d'Asteroxylon présentent des traces de vaisseaux partant du protostèle central et allant irriguer chaque « feuille » individuelle. Un fossile connu sous le nom de Baragwanathia apparait un peu plus tôt, au Silurien supérieur[29] ; dans cet organisme, ces traces de vaisseaux continuent jusqu'au milieu de la feuille[30]. La théorie des énations soutient que les feuilles de type microphylle se sont développées comme des excroissances du protostèle se reliant à des énations déjà existantes, mais il est également possible que les feuilles simples aient évolué à partir de tiges se ramifiant et formant un réseau[27].
75
+
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+ Asteroxylon[31] et Baragwanathia sont généralement considérés comme des lycopodes primitifs[27]. Les lycopodes existent toujours aujourd'hui (par exemple l’Isoète) ; ces lycopodes modernes portent des feuilles simples. Elles pouvaient être assez grandes – les Lepidodendrales (en) avaient des feuilles simples de plus d'un mètre de long – mais elles sont presque toutes irriguées par un seul vaisseau, à l'exception de la ramification observée chez Selaginella.
77
+
78
+ Les feuilles composées ont sans doute des origines séparées ; elles sont de fait apparues indépendamment à quatre reprises, chez les fougères, les prèles, les progymnospermes et les plantes à graines[32]. Elles semblent provenir de branches ramifiées, qui se sont d'abord chevauchées, puis reliées entre elles, jusqu'à évoluer vers la structure typique d'un limbe foliaire[30]. Cette théorie des mégaphylles explique pourquoi la « lacune foliaire » laissée lorsque le pétiole se sépare de la branche ressemble à une ramification[30]. Dans chacun des quatre groupes où sont apparues des feuilles composées, ces feuilles ont subi une évolution rapide entre la fin du Dévonien et le début du Carbonifère, se diversifiant jusqu'à ce que les formes se stabilisent au milieu du Carbonifère[32].
79
+
80
+ La fin de cette diversification peut être attribuée à des contraintes de développement[32] mais une question reste ouverte : pourquoi les feuilles ont-elles mis si longtemps à apparaître ? Les plantes avaient conquis le sol depuis au moins 50 millions d'années avant que les feuilles composées apparaissent de manière significative. Cependant, de petites feuilles composées étaient déjà présentes dans le genre Eophyllophyton (en) au début du Dévonien – ce n'est donc pas en soi leur complexité qui explique le temps écoulé avant leur généralisation[33]. La meilleure explication donnée jusqu'à présent est que le taux de CO2 atmosphérique diminuait rapidement à cette époque – divisé par 10 durant le Dévonien[34]. Ceci est en relation avec une multiplication par 100 de la densité des stomates. Les stomates permettent à l'eau de s'évaporer des feuilles ; la faible densité des stomates au début du Dévonien avait pour conséquence que des feuilles trop grandes se seraient échauffées, et cette densité ne pouvait augmenter, car les tiges et les systèmes de racines primitifs ne pouvaient apporter d'eau assez vite pour soutenir un rythme d'évapotranspiration accru[35].
81
+
82
+ Les arbres à feuillage caduc sont une réponse à un autre inconvénient des feuilles. La croyance populaire selon laquelle c'est une adaptation au raccourcissement des jours en hiver est erronée : des arbres à feuillage persistant prospéraient au-delà des cercles polaires durant la période chaude de la fin du Paléocène[36]. La raison de la perte des feuilles en hiver la plus souvent retenue est la protection contre le vent et la neige, cette perte diminuant la surface totale de l'arbre. Ce mécanisme de perte saisonnière est apparu à plusieurs reprises, et se présente actuellement chez les ginkgoales, les pinophyta et les angiospermes[37]. Il est possible également que ce mécanisme soit une réponse à la pression des insectes : il est peut-être moins coûteux d'abandonner entièrement les feuilles en hiver que de continuer à investir des ressources dans leur réparation[38].
83
+
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+ Le pétiole (du latin petiolus : petit pied) est le pédoncule de la feuille, reliant son limbe à la tige. Ses faisceaux conducteurs présentent une symétrie bilatérale, ce qui indique la nature foliaire et non caulinaire du pétiole. Lorsqu'il est élargi jusqu'à remplacer la feuille dans sa fonction, il est question de phyllode. Une feuille sans pétiole, ou à pétiole très court, est dite sessile.
85
+
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+ Quelques pétioles ont des fonctions spécifiques : chez la sensitive, il permet le mouvement des feuilles ; chez la châtaigne d'eau, il permet la flottaison de la plante.
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+ Les nervures d'une feuille sont les prolongements du pétiole dans le limbe foliaire. La nervure principale et les nervures secondaires partent de la première. C'est au niveau des nervures, se détachant par leur relief bombé du reste du limbe, que se situent l'essentiel des tissus conducteurs de sève (xylème et phloème), organisés en faisceaux.
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+
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+ La disposition des nervures (ou nervation) varie selon les espèces ou les familles. Il existe trois grands types de nervation :
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+ Le limbe est constitué de tissus végétaux.
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+
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+ L'épiderme protecteur recouvre les surfaces supérieure et inférieure du limbe (appelées aussi faces adaxiale et abaxiale) ; il est constitué le plus souvent par une couche unique de cellules ne comportant généralement pas de chloroplastes, parfois couverte par une couche protectrice externe, la cuticule. Certaines cellules de l'épiderme peuvent se transformer en poils. Sur l'épiderme inférieur se trouvent les stomates. Ce sont des sortes de pores, formé par deux cellules en forme de reins, qui laissent entre elles une ouverture variable, l'ostiole.
95
+
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+ Le mésophylle, ou parenchyme foliaire, comporte deux couches : sous l'épiderme supérieur, un parenchyme palissadique, tissu formé de plusieurs rangées de cellules allongées perpendiculairement à la surface du limbe et serrées entre elles, sans lacunes. Entre celui-ci et l'épiderme inférieur un parenchyme lacuneux, à cellules plus grandes ménageant entre elles un réseau de lacunes, qui communique avec les stomates et assure les échanges gazeux avec l'extérieur.
97
+
98
+ L'épiderme est la couche de cellules externes des feuilles. Cette couche est généralement transparente (ces cellules n'ont pas de chloroplastes) et couverte par une cuticule d'aspect cireux permettant de limiter les pertes en eau lors de trop fortes chaleurs. Chez les végétaux des climats secs cette cuticule est donc plus épaisse. La cuticule est parfois plus fine sur l'épiderme inférieur que sur l'épiderme supérieur.
99
+
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+ L'épiderme inférieur est percé de pores appelés stomates. Ceux-ci permettent à l'oxygène et au dioxyde de carbone de rentrer et sortir des feuilles. La vapeur d'eau est aussi évacuée par les stomates au cours de la transpiration. Pour conserver de l'eau, les stomates peuvent se fermer pendant la nuit.
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+
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+ Des poils recouvrent l'épiderme de nombreuses espèces de plantes.
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+
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+ La plus grande partie de l'intérieur d'une feuille, entre l'épiderme inférieur et supérieur, est composée d'un parenchyme appelé mésophylle. Ce tissu joue un rôle très important dans la photosynthèse.
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+
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+ Le mésophylle est composé de deux parties : vers la face supérieure, le parenchyme palissadique est constitué de cellules verticales, allongées et serrées, riches en chloroplastes : c'est dans ce parenchyme que se déroule l'essentiel de la photosynthèse. Vers la face inférieure se trouve le parenchyme lacuneux (ou spongieux), aux cellules plus arrondies et moins serrées. Les lacunes entre ces cellules contiennent les gaz échangés entre la feuille et l'atmosphère.
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+
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+ Chez les monocotyledones le mésophylle est homogène. Il est composé d'un parenchyme uniforme.
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+ Les feuilles peuvent être persistantes (conservation du feuillage plusieurs années[39]), semi-persistantes (conservation de la majorité des feuilles bien que certaines soient remplacées à la belle saison) ou caduques (les feuilles de la plante ne durent que quelques mois puis tombent ; variante : marcescence) selon les espèces, les conditions climatiques et les saisons. Pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles est appelé « feuillaison » ou « foliaison ».
111
+
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+ La chute des feuilles caduques en automne s’accompagne d'un changement de couleurs variant du jaune au brun rouge et au rouge. En Amérique du Nord, la saison des couleurs génère une grande activité touristique surtout en Nouvelle-Angleterre et dans l'est du Canada.
113
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+ En novembre 2010, des chercheurs ont avancé l'hypothèse selon laquelle les écosystèmes boisés feuillus seraient capables de mieux dépolluer l’air que ce qui était initialement pensé, pour les composés organiques volatils (COV) testés. Les expériences faites en laboratoire laissent penser que les feuilles absorbent même encore plus efficacement les COV et les détruisent (par conversion enzymatique) quand elles sont stressées par des blessures ou par certains polluants (de l'ozone et du méthyl vinyl cétone lors des expériences). Le cycle des COV oxygénés dans l'air devrait donc être revu et mieux incorporé dans les modèles globaux de chimie de l'atmosphère et de transport des polluants[40].
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+ Des feuilles de Raphia regalis peuvent atteindre 25 m de long, 4 m de large et 100 kg, ce qui en fait les feuilles les plus longues du règne végétal[41]. Celles de Crassula connata (en) ont une taille qui peut être réduite à 1,3 mm[42]
117
+
118
+ Le nombre de feuilles des arbres est très variable, il dépend de leur âge, de leur diamètre et de leur hauteur. Ainsi un vieux hêtre pourpre de 80 ans qui a une hauteur de 25 m et un diamètre de 15 m possède 800 000 feuilles couvrant une surface de 1 600 m2, cet ensemble folaire consommant par jour 2,352 kg de dioxyde de carbone[note 3] (ce qui correspond à une consommation de 25 435 kJ ou encore un peu plus de 25,4 millions de joules, soit les besoins énergétiques journaliers de deux ou trois adultes) et produisant 1,6 kg de glucose et 1,712 kg d’oxygène par heure, ce qui couvre la consommation de dix hommes[43].
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+ La feuille est, en morphologie végétale, l'organe spécialisé dans la photosynthèse chez les plantes vasculaires. Elle est insérée sur les tiges des plantes au niveau des nœuds. C'est aussi le siège de la respiration et de la transpiration. Les feuilles peuvent se spécialiser, notamment pour stocker des éléments nutritifs et de l'eau.
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+ Pour accomplir son rôle, une feuille est généralement formée d'une lame plate et fine aérienne, le limbe, qui lui permet d'exposer à la lumière un maximum de surface. Mais il existe aussi des feuilles transformées, pour lesquelles le limbe est très réduit en ne joue plus de rôle photosynthétique ; elles sont transformées en vrilles, cataphylles, écailles sur les bourgeons, aériens (épines, aiguilles de conifères) ou souterrains (comme dans les bulbes, cormes), feuilles succulentes. C'est le parenchyme palissadique, un type particulier de tissu de la feuille, qui effectue la photosynthèse grâce à ses cellules contenant les chloroplastes, et donne à la feuille sa couleur verte.
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+ La feuille présente une grande variété de formes, de tailles, de teintes, de textures ou encore d'ornementations dans le règne végétal. Ces particularités de la feuille sont souvent caractéristiques d'une espèce végétale, ou au moins d'un genre.
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+ Les feuilles de certains légumes, tel le navet, sont appelés « fanes » ; d'autres feuilles comestibles sont des brèdes.*
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+ Le feuillage est constitué par l'ensemble des feuilles d'un arbre.
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+ La feuillaison ou foliaison est un nom indénombrable qui désigne, pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles, phase saisonnière concomitante au débourrement.
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+ La figure 1 montre les différentes parties de la feuille : un limbe plan (a) parcouru de nervures (b), avec souvent un pétiole (c) qui rattache la feuille à la tige, parfois élargi en gaine (d). Celle-ci peut « embrasser » la tige comme chez les poacées. Le pétiole peut être absent, la feuille est alors dite sessile. Il peut parfois être ailé, ou muni à sa base de stipules plus ou moins développés.
13
+ Au point d'insertion du pétiole et de la tige, se trouve un bourgeon axillaire.
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+
15
+ À la différence du reste de l'appareil végétatif de la plante (racine et tige), la feuille présente en général une symétrie bilatérale et non axiale.
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+
17
+ La feuille est dite simple si le limbe est entier, ou composée s'il est découpé en plusieurs petites feuilles : les folioles. Selon la disposition des folioles sur l'axe principal de la feuille ou rachis, il est dit que la feuille est :
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+
19
+ La feuille peut être doublement composée ;
20
+
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+ La forme de la feuille (fig. 2) :
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+
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+ Les formes sont très diversifiées :
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+
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+ Le limbe peut être uni ou entier (comme fig. 1 et 2) ou plus ou moins profondément découpé (fig. 4). Dans ce dernier cas (fig.4), la feuille peut être :
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+
27
+ Le bord du limbe (ou la marge) peut être uni ou entier (fig. 1 et 2), ondulé, sinué, scié (fig. 3a), serrulé (finement scié), denté (fig. 3b) ou crénelé (fig. 3c).
28
+
29
+ En outre, la distribution des feuilles sur la tige est aussi un caractère très variable, dont l'étude est la phyllotaxie. Elles peuvent être :
30
+
31
+ Au sein d'une même espèce (chez les arbres notamment), les feuilles et les branches peuvent s'agencer de manière différente selon leur position dans l'arbre et leur exposition à la lumière. Ce phénomène participe de la morphologie générale des arbres, propre à chaque espèce.
32
+
33
+ Les feuilles excitées par le vent font scintiller et murmurer le feuillage. Les plantes sciaphiles de sous-bois et de forêts qui présentent généralement un indice foliaire élevé, donc un ombrage mutuel des feuilles très important, ont un feuillage qui forme un couvert discontinu, avec des trouées et des taches de soleil (en). Elles sont certainement adaptées à l'utilisation optimale des taches de soleil par le feuillage au vent, la disposition des feuilles et l'ouverture différentielle des stomates[1],[2]. Cette optimisation de la photosynthèse évite de saturer les feuilles de la partie supérieure de la canopée et de maintenir les feuilles de la partie inférieure dans l’ombre[3].
34
+
35
+ La forme des feuilles peut varier sur une même plante, c'est ce que l'on appelle l'hétérophyllie.
36
+ C'est un phénomène assez courant dans le règne végétal.
37
+
38
+ C'est le cas chez le lierre grimpant où la forme des feuilles provenant de rameaux fertiles est différente de celle des feuilles appartenant aux rameaux stériles (polymorphisme vrai).
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+
40
+ Le polymorphisme peut aussi résulter des conditions environnementales : chez la sagittaire à feuilles en flèche les feuilles immergées sont rubanées, les feuilles nageantes sont cordiformes, les feuilles aériennes sagittées.
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+
42
+ Les cotylédons et les feuilles juvéniles qui leur succèdent immédiatement peuvent fréquemment être différentes de celles de l'âge adulte.
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+
44
+ Plus généralement chez de nombreux végétaux, on retrouve des feuilles différentes (taille, forme) en fonction de la position de celles-ci sur l'individu. C'est par exemple le cas chez Morus alba.
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+
46
+ Les plantes aphylles sont marquées par une forte réduction de la taille des feuilles, voire leur quasi-disparition ou leur disparition totale. À l'opposé, les grands pommiers ont de 50 à 100 000 feuilles, les bouleaux 200 000 en moyenne, les chênes à maturité 700 000 (mises côte à côte, ces 700 000 feuilles couvriraient une surface de 700 m2). Certains ormes d'Amérique ont à leur maturité jusqu'à 5 millions de feuilles. On estime que l'ensemble des feuilles des arbres du monde entier produisent par photosynthèse 65 000 à 80 000 millions de m3 de matière sèche par an, ce qui correspond aux deux tiers de la production mondiale des plantes terrestres[4].
47
+
48
+ La coloration principale verte provient de la chlorophylle. Les feuilles juvéniles présentent parfois une teinte rougeâtre car le jeune tissu contient des anthocyanes de jeunesse, pigments bloquant les rayons ultraviolets, ce qui protège les petites feuilles des dommages de la photo-oxydation[5]. Le changement de couleur des feuilles montre l'existence de pigments complémentaires, les caroténoïdes, qui participent à la collecte des photons aux côtés des photosystèmes chlorophylliens. Les grandes variations dans la coloration des feuilles, pétioles et tiges, sans compter les fleurs et les fruits, ont une fonction aposématique : elles annulent le camouflage potentiel (i.e. l'homochromie) de certains insectes envers les oiseaux, par exemple[6].
49
+
50
+ L'observation à l'œil nu d'une feuille éclairée sous différents angles par le soleil laisse apparaître des tâches brillantes blanches sur un fond vert. Cet effet optique, dû à la réflexion spéculaire de la lumière visible à la surface foliaire indépendante de la longueur d'onde, est plus ou moins marqué selon les espèces : certaines feuilles recouvertes d'une épaisse couche de cire apparaissent luisantes alors que d'autres tapissées de poils semblent plus ternes[7].
51
+
52
+ La feuille est composée de pectine, de cellulose et de lignine. Ces composants sont de grandes molécules chimiques « emprisonnant » de nombreux éléments minéraux tels que calcium, potassium, sodium, magnésium, soufre, phosphore. Lors de la décomposition des feuilles en humus, ces éléments sont relâchés dans le sol et contribuent à son amélioration.
53
+
54
+ La fonction première des feuilles est la photosynthèse chlorophyllienne[10]. L'évolution des feuilles en organes de la photosynthèse s'est réalisée selon trois axes principaux[11] : l’exploitation de la lumière grâce au limbe plat qui présente une grande surface réceptrice[12], ce qui en fait un capteur solaire efficace[13] ; l’échange de gaz (CO2, O2 et évaporation d'H2O[14]) ; le transport de la sève brute et de la sève élaborée via un réseau très étendu de nervures. Selon le principe de l'allocation des ressources, les relations entre différents traits foliaires (forme, nervation, longueur du pétiole) reflètent l'existence de compromis évolutifsTrade-off associés à des contraintes structurales et fonctionnelles des plantes en relation avec leur écologie[15].
55
+
56
+ Chez les plantes terrestres, les racines sont de loin la première source de nutriments (et parfois de contamination), mais les feuilles peuvent aussi absorber des nutriments autres que le CO2, voire le cas échéant des produits toxiques (ex : molécules de certains pesticides systémiques, particules métalliques fines et ultrafines issues de la pollution de l'air, dont métaux lourds et des métalloïdes) déposés à partir de l'air ou des pluies[16]. Ce transfert, qui semble se faire lentement au travers de la cuticule et/ou plus rapidement via les stomates est parfois un facteur déterminant du transfert des métaux de l'air vers la plante (Ceci a notamment été montré pour le plomb qui après s'être déposé sur les feuilles, est retrouvé dans les cellules situées sous la surface de la feuille)[17]. La morphologie des feuilles est l'un des facteurs qui favorise ou non le dépôt puis l'adsorption ou l'absorption et l'internalisation des particules atmosphériques. Il peut poser des problèmes de santé environnementale par exemple quand il concerne des légumes ou autres cultures alimentaires humaine ou à destination animale (fourrages...), surtout si le toxique est principalement stocké dans les parties comestibles (feuilles, fruits ,graines, tubercules...). Bien comprendre ces processus est important pour le développement de l'agriculture urbaine (ou en zone polluée)[17]
57
+
58
+ Elles participent également à la défense des plantes contre les herbivores par synthèse de tanins, d'alcaloïdes ou de protéines PRprotéines PR, à la protection foliaire contre la photo-oxydation.
59
+
60
+ Les feuilles présentent toute une variété de spécialisation[18], dont par exemple :
61
+
62
+ Il est possible qu'avant l'évolution des feuilles, les plantes aient développé la photosynthèse dans leurs tiges[note 1]. Les feuilles, actuellement, sont dans presque tous les cas une adaptation destinée à accroitre la quantité de lumière solaire utilisable pour la photosynthèse. La dichotomie microphylle/mégaphylle est aujourd'hui abandonnée pour expliquer l'histoire évolutive des feuilles qui sont certainement apparues une dizaine de fois indépendamment, et étaient probablement à l'origine des excroissances épineuses destinées à protéger les plantes primitives contre les herbivores[note 2], ce qui en ferait un exemple d'exaptation[19].
63
+
64
+ Les champignons endophytes sont une règle générale chez les feuilles (notion de mycophylle, feuille à endophyte fongique), cette stratégie symbiotique ayant certainement joué un rôle majeur dans le développement des feuilles au cours de l'évolution (rôle encore mal compris : amélioration de la résistance au stress hydrique, augmentation de la croissance et de la teneur en azote, réduction du broutage par les herbivores ?)[20].
65
+
66
+ Les feuilles sont actuellement les organes primaires de la photosynthèse chez les plantes. Elles sont classées en deux types : les feuilles simples, irriguées par une seule nervure et le plus souvent petites, et les feuilles composées, plus grandes et ayant une nervation complexe. Il a été suggéré que ces structures soient apparues indépendamment[21]. Les feuilles composées, selon la théorie du télome (de), auraient évolué à partir de branches présentant une architecture tridimensionnelle, à travers trois transformations : la planation, « aplatissant » cette architecture ; le tissage, formant des réseaux entre ces branches, et la fusion, regroupant ces réseaux pour former un limbe complet. Ces trois étapes auraient eu lieu à de multiples reprises dans l'évolution des feuilles modernes[22].
67
+
68
+ Les feuilles composées modernes sont probablement devenues majoritaires il y a 360 millions d'années, environ 40 millions d'années après la colonisation des terres au Dévonien inférieur par des plantes dépourvues de feuilles[23].
69
+
70
+ Cette évolution a été liée à la diminution de concentration du CO2 atmosphérique à la fin du Paléozoïque, elle-même associée à une augmentation de la densité des stomates à la surface des feuilles pour capter plus de CO2, ce qui assurait une meilleure évapotranspiration, et des échanges gazeux accrus[24]. La photosynthèse consommant moins de 5 % de l'eau apportée par la sève brute, les 95 % restant qui s'évapore favorisait un meilleur refroidissement des feuilles et leur permettait ainsi d'acquérir une plus grande surface[25],[26].
71
+
72
+ Les rhyniophytes de la flore de Rhynie n'étaient formés que de tiges minces et sans ornements. Aussi, les trimérophytes (en) du Dévonien moyen sont les premières plantes à présenter un aspect que l'on puisse qualifier de « feuillu ». Les plantes vasculaires de ce groupe se reconnaissent à des masses de sporanges situées à leurs extrémités, lesquelles peuvent bifurquer ou trifurquer[27]. Certains microphylles pourraient être ainsi des homologues de ces sporanges devenus stériles[28]. Certains organismes, tels que Psilophyton (en), portent des énations, de petites excroissances de la tige, épineuses ou poilues et dépourvues de vascularisation.
73
+
74
+ À peu près à la même époque, les zostérophyllophytes (en) prenaient de l'importance. Ce groupe est reconnaissable à des sporanges en forme de rein, poussant sur de courtes branches latérales, à proximité de la tige principale, parfois ramifiées dans des formes en H caractéristiques[27]. La majorité des plantes de ce groupe portaient des épines sur leurs tiges, mais elles n'étaient pas vascularisées. Les premières traces d'énations vascularisées se trouvent dans le genre Asteroxylon (en). Les épines d'Asteroxylon présentent des traces de vaisseaux partant du protostèle central et allant irriguer chaque « feuille » individuelle. Un fossile connu sous le nom de Baragwanathia apparait un peu plus tôt, au Silurien supérieur[29] ; dans cet organisme, ces traces de vaisseaux continuent jusqu'au milieu de la feuille[30]. La théorie des énations soutient que les feuilles de type microphylle se sont développées comme des excroissances du protostèle se reliant à des énations déjà existantes, mais il est également possible que les feuilles simples aient évolué à partir de tiges se ramifiant et formant un réseau[27].
75
+
76
+ Asteroxylon[31] et Baragwanathia sont généralement considérés comme des lycopodes primitifs[27]. Les lycopodes existent toujours aujourd'hui (par exemple l’Isoète) ; ces lycopodes modernes portent des feuilles simples. Elles pouvaient être assez grandes – les Lepidodendrales (en) avaient des feuilles simples de plus d'un mètre de long – mais elles sont presque toutes irriguées par un seul vaisseau, à l'exception de la ramification observée chez Selaginella.
77
+
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+ Les feuilles composées ont sans doute des origines séparées ; elles sont de fait apparues indépendamment à quatre reprises, chez les fougères, les prèles, les progymnospermes et les plantes à graines[32]. Elles semblent provenir de branches ramifiées, qui se sont d'abord chevauchées, puis reliées entre elles, jusqu'à évoluer vers la structure typique d'un limbe foliaire[30]. Cette théorie des mégaphylles explique pourquoi la « lacune foliaire » laissée lorsque le pétiole se sépare de la branche ressemble à une ramification[30]. Dans chacun des quatre groupes où sont apparues des feuilles composées, ces feuilles ont subi une évolution rapide entre la fin du Dévonien et le début du Carbonifère, se diversifiant jusqu'à ce que les formes se stabilisent au milieu du Carbonifère[32].
79
+
80
+ La fin de cette diversification peut être attribuée à des contraintes de développement[32] mais une question reste ouverte : pourquoi les feuilles ont-elles mis si longtemps à apparaître ? Les plantes avaient conquis le sol depuis au moins 50 millions d'années avant que les feuilles composées apparaissent de manière significative. Cependant, de petites feuilles composées étaient déjà présentes dans le genre Eophyllophyton (en) au début du Dévonien – ce n'est donc pas en soi leur complexité qui explique le temps écoulé avant leur généralisation[33]. La meilleure explication donnée jusqu'à présent est que le taux de CO2 atmosphérique diminuait rapidement à cette époque – divisé par 10 durant le Dévonien[34]. Ceci est en relation avec une multiplication par 100 de la densité des stomates. Les stomates permettent à l'eau de s'évaporer des feuilles ; la faible densité des stomates au début du Dévonien avait pour conséquence que des feuilles trop grandes se seraient échauffées, et cette densité ne pouvait augmenter, car les tiges et les systèmes de racines primitifs ne pouvaient apporter d'eau assez vite pour soutenir un rythme d'évapotranspiration accru[35].
81
+
82
+ Les arbres à feuillage caduc sont une réponse à un autre inconvénient des feuilles. La croyance populaire selon laquelle c'est une adaptation au raccourcissement des jours en hiver est erronée : des arbres à feuillage persistant prospéraient au-delà des cercles polaires durant la période chaude de la fin du Paléocène[36]. La raison de la perte des feuilles en hiver la plus souvent retenue est la protection contre le vent et la neige, cette perte diminuant la surface totale de l'arbre. Ce mécanisme de perte saisonnière est apparu à plusieurs reprises, et se présente actuellement chez les ginkgoales, les pinophyta et les angiospermes[37]. Il est possible également que ce mécanisme soit une réponse à la pression des insectes : il est peut-être moins coûteux d'abandonner entièrement les feuilles en hiver que de continuer à investir des ressources dans leur réparation[38].
83
+
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+ Le pétiole (du latin petiolus : petit pied) est le pédoncule de la feuille, reliant son limbe à la tige. Ses faisceaux conducteurs présentent une symétrie bilatérale, ce qui indique la nature foliaire et non caulinaire du pétiole. Lorsqu'il est élargi jusqu'à remplacer la feuille dans sa fonction, il est question de phyllode. Une feuille sans pétiole, ou à pétiole très court, est dite sessile.
85
+
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+ Quelques pétioles ont des fonctions spécifiques : chez la sensitive, il permet le mouvement des feuilles ; chez la châtaigne d'eau, il permet la flottaison de la plante.
87
+
88
+ Les nervures d'une feuille sont les prolongements du pétiole dans le limbe foliaire. La nervure principale et les nervures secondaires partent de la première. C'est au niveau des nervures, se détachant par leur relief bombé du reste du limbe, que se situent l'essentiel des tissus conducteurs de sève (xylème et phloème), organisés en faisceaux.
89
+
90
+ La disposition des nervures (ou nervation) varie selon les espèces ou les familles. Il existe trois grands types de nervation :
91
+
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+ Le limbe est constitué de tissus végétaux.
93
+
94
+ L'épiderme protecteur recouvre les surfaces supérieure et inférieure du limbe (appelées aussi faces adaxiale et abaxiale) ; il est constitué le plus souvent par une couche unique de cellules ne comportant généralement pas de chloroplastes, parfois couverte par une couche protectrice externe, la cuticule. Certaines cellules de l'épiderme peuvent se transformer en poils. Sur l'épiderme inférieur se trouvent les stomates. Ce sont des sortes de pores, formé par deux cellules en forme de reins, qui laissent entre elles une ouverture variable, l'ostiole.
95
+
96
+ Le mésophylle, ou parenchyme foliaire, comporte deux couches : sous l'épiderme supérieur, un parenchyme palissadique, tissu formé de plusieurs rangées de cellules allongées perpendiculairement à la surface du limbe et serrées entre elles, sans lacunes. Entre celui-ci et l'épiderme inférieur un parenchyme lacuneux, à cellules plus grandes ménageant entre elles un réseau de lacunes, qui communique avec les stomates et assure les échanges gazeux avec l'extérieur.
97
+
98
+ L'épiderme est la couche de cellules externes des feuilles. Cette couche est généralement transparente (ces cellules n'ont pas de chloroplastes) et couverte par une cuticule d'aspect cireux permettant de limiter les pertes en eau lors de trop fortes chaleurs. Chez les végétaux des climats secs cette cuticule est donc plus épaisse. La cuticule est parfois plus fine sur l'épiderme inférieur que sur l'épiderme supérieur.
99
+
100
+ L'épiderme inférieur est percé de pores appelés stomates. Ceux-ci permettent à l'oxygène et au dioxyde de carbone de rentrer et sortir des feuilles. La vapeur d'eau est aussi évacuée par les stomates au cours de la transpiration. Pour conserver de l'eau, les stomates peuvent se fermer pendant la nuit.
101
+
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+ Des poils recouvrent l'épiderme de nombreuses espèces de plantes.
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+
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+ La plus grande partie de l'intérieur d'une feuille, entre l'épiderme inférieur et supérieur, est composée d'un parenchyme appelé mésophylle. Ce tissu joue un rôle très important dans la photosynthèse.
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+
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+ Le mésophylle est composé de deux parties : vers la face supérieure, le parenchyme palissadique est constitué de cellules verticales, allongées et serrées, riches en chloroplastes : c'est dans ce parenchyme que se déroule l'essentiel de la photosynthèse. Vers la face inférieure se trouve le parenchyme lacuneux (ou spongieux), aux cellules plus arrondies et moins serrées. Les lacunes entre ces cellules contiennent les gaz échangés entre la feuille et l'atmosphère.
107
+
108
+ Chez les monocotyledones le mésophylle est homogène. Il est composé d'un parenchyme uniforme.
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+
110
+ Les feuilles peuvent être persistantes (conservation du feuillage plusieurs années[39]), semi-persistantes (conservation de la majorité des feuilles bien que certaines soient remplacées à la belle saison) ou caduques (les feuilles de la plante ne durent que quelques mois puis tombent ; variante : marcescence) selon les espèces, les conditions climatiques et les saisons. Pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles est appelé « feuillaison » ou « foliaison ».
111
+
112
+ La chute des feuilles caduques en automne s’accompagne d'un changement de couleurs variant du jaune au brun rouge et au rouge. En Amérique du Nord, la saison des couleurs génère une grande activité touristique surtout en Nouvelle-Angleterre et dans l'est du Canada.
113
+
114
+ En novembre 2010, des chercheurs ont avancé l'hypothèse selon laquelle les écosystèmes boisés feuillus seraient capables de mieux dépolluer l’air que ce qui était initialement pensé, pour les composés organiques volatils (COV) testés. Les expériences faites en laboratoire laissent penser que les feuilles absorbent même encore plus efficacement les COV et les détruisent (par conversion enzymatique) quand elles sont stressées par des blessures ou par certains polluants (de l'ozone et du méthyl vinyl cétone lors des expériences). Le cycle des COV oxygénés dans l'air devrait donc être revu et mieux incorporé dans les modèles globaux de chimie de l'atmosphère et de transport des polluants[40].
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+
116
+ Des feuilles de Raphia regalis peuvent atteindre 25 m de long, 4 m de large et 100 kg, ce qui en fait les feuilles les plus longues du règne végétal[41]. Celles de Crassula connata (en) ont une taille qui peut être réduite à 1,3 mm[42]
117
+
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+ Le nombre de feuilles des arbres est très variable, il dépend de leur âge, de leur diamètre et de leur hauteur. Ainsi un vieux hêtre pourpre de 80 ans qui a une hauteur de 25 m et un diamètre de 15 m possède 800 000 feuilles couvrant une surface de 1 600 m2, cet ensemble folaire consommant par jour 2,352 kg de dioxyde de carbone[note 3] (ce qui correspond à une consommation de 25 435 kJ ou encore un peu plus de 25,4 millions de joules, soit les besoins énergétiques journaliers de deux ou trois adultes) et produisant 1,6 kg de glucose et 1,712 kg d’oxygène par heure, ce qui couvre la consommation de dix hommes[43].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ La feuille est, en morphologie végétale, l'organe spécialisé dans la photosynthèse chez les plantes vasculaires. Elle est insérée sur les tiges des plantes au niveau des nœuds. C'est aussi le siège de la respiration et de la transpiration. Les feuilles peuvent se spécialiser, notamment pour stocker des éléments nutritifs et de l'eau.
2
+
3
+ Pour accomplir son rôle, une feuille est généralement formée d'une lame plate et fine aérienne, le limbe, qui lui permet d'exposer à la lumière un maximum de surface. Mais il existe aussi des feuilles transformées, pour lesquelles le limbe est très réduit en ne joue plus de rôle photosynthétique ; elles sont transformées en vrilles, cataphylles, écailles sur les bourgeons, aériens (épines, aiguilles de conifères) ou souterrains (comme dans les bulbes, cormes), feuilles succulentes. C'est le parenchyme palissadique, un type particulier de tissu de la feuille, qui effectue la photosynthèse grâce à ses cellules contenant les chloroplastes, et donne à la feuille sa couleur verte.
4
+ La feuille présente une grande variété de formes, de tailles, de teintes, de textures ou encore d'ornementations dans le règne végétal. Ces particularités de la feuille sont souvent caractéristiques d'une espèce végétale, ou au moins d'un genre.
5
+
6
+ Les feuilles de certains légumes, tel le navet, sont appelés « fanes » ; d'autres feuilles comestibles sont des brèdes.*
7
+
8
+ Le feuillage est constitué par l'ensemble des feuilles d'un arbre.
9
+
10
+ La feuillaison ou foliaison est un nom indénombrable qui désigne, pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles, phase saisonnière concomitante au débourrement.
11
+
12
+ La figure 1 montre les différentes parties de la feuille : un limbe plan (a) parcouru de nervures (b), avec souvent un pétiole (c) qui rattache la feuille à la tige, parfois élargi en gaine (d). Celle-ci peut « embrasser » la tige comme chez les poacées. Le pétiole peut être absent, la feuille est alors dite sessile. Il peut parfois être ailé, ou muni à sa base de stipules plus ou moins développés.
13
+ Au point d'insertion du pétiole et de la tige, se trouve un bourgeon axillaire.
14
+
15
+ À la différence du reste de l'appareil végétatif de la plante (racine et tige), la feuille présente en général une symétrie bilatérale et non axiale.
16
+
17
+ La feuille est dite simple si le limbe est entier, ou composée s'il est découpé en plusieurs petites feuilles : les folioles. Selon la disposition des folioles sur l'axe principal de la feuille ou rachis, il est dit que la feuille est :
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+
19
+ La feuille peut être doublement composée ;
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21
+ La forme de la feuille (fig. 2) :
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23
+ Les formes sont très diversifiées :
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+ Le limbe peut être uni ou entier (comme fig. 1 et 2) ou plus ou moins profondément découpé (fig. 4). Dans ce dernier cas (fig.4), la feuille peut être :
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+
27
+ Le bord du limbe (ou la marge) peut être uni ou entier (fig. 1 et 2), ondulé, sinué, scié (fig. 3a), serrulé (finement scié), denté (fig. 3b) ou crénelé (fig. 3c).
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29
+ En outre, la distribution des feuilles sur la tige est aussi un caractère très variable, dont l'étude est la phyllotaxie. Elles peuvent être :
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31
+ Au sein d'une même espèce (chez les arbres notamment), les feuilles et les branches peuvent s'agencer de manière différente selon leur position dans l'arbre et leur exposition à la lumière. Ce phénomène participe de la morphologie générale des arbres, propre à chaque espèce.
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33
+ Les feuilles excitées par le vent font scintiller et murmurer le feuillage. Les plantes sciaphiles de sous-bois et de forêts qui présentent généralement un indice foliaire élevé, donc un ombrage mutuel des feuilles très important, ont un feuillage qui forme un couvert discontinu, avec des trouées et des taches de soleil (en). Elles sont certainement adaptées à l'utilisation optimale des taches de soleil par le feuillage au vent, la disposition des feuilles et l'ouverture différentielle des stomates[1],[2]. Cette optimisation de la photosynthèse évite de saturer les feuilles de la partie supérieure de la canopée et de maintenir les feuilles de la partie inférieure dans l’ombre[3].
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+ La forme des feuilles peut varier sur une même plante, c'est ce que l'on appelle l'hétérophyllie.
36
+ C'est un phénomène assez courant dans le règne végétal.
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+ C'est le cas chez le lierre grimpant où la forme des feuilles provenant de rameaux fertiles est différente de celle des feuilles appartenant aux rameaux stériles (polymorphisme vrai).
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+ Le polymorphisme peut aussi résulter des conditions environnementales : chez la sagittaire à feuilles en flèche les feuilles immergées sont rubanées, les feuilles nageantes sont cordiformes, les feuilles aériennes sagittées.
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42
+ Les cotylédons et les feuilles juvéniles qui leur succèdent immédiatement peuvent fréquemment être différentes de celles de l'âge adulte.
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+ Plus généralement chez de nombreux végétaux, on retrouve des feuilles différentes (taille, forme) en fonction de la position de celles-ci sur l'individu. C'est par exemple le cas chez Morus alba.
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+ Les plantes aphylles sont marquées par une forte réduction de la taille des feuilles, voire leur quasi-disparition ou leur disparition totale. À l'opposé, les grands pommiers ont de 50 à 100 000 feuilles, les bouleaux 200 000 en moyenne, les chênes à maturité 700 000 (mises côte à côte, ces 700 000 feuilles couvriraient une surface de 700 m2). Certains ormes d'Amérique ont à leur maturité jusqu'à 5 millions de feuilles. On estime que l'ensemble des feuilles des arbres du monde entier produisent par photosynthèse 65 000 à 80 000 millions de m3 de matière sèche par an, ce qui correspond aux deux tiers de la production mondiale des plantes terrestres[4].
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48
+ La coloration principale verte provient de la chlorophylle. Les feuilles juvéniles présentent parfois une teinte rougeâtre car le jeune tissu contient des anthocyanes de jeunesse, pigments bloquant les rayons ultraviolets, ce qui protège les petites feuilles des dommages de la photo-oxydation[5]. Le changement de couleur des feuilles montre l'existence de pigments complémentaires, les caroténoïdes, qui participent à la collecte des photons aux côtés des photosystèmes chlorophylliens. Les grandes variations dans la coloration des feuilles, pétioles et tiges, sans compter les fleurs et les fruits, ont une fonction aposématique : elles annulent le camouflage potentiel (i.e. l'homochromie) de certains insectes envers les oiseaux, par exemple[6].
49
+
50
+ L'observation à l'œil nu d'une feuille éclairée sous différents angles par le soleil laisse apparaître des tâches brillantes blanches sur un fond vert. Cet effet optique, dû à la réflexion spéculaire de la lumière visible à la surface foliaire indépendante de la longueur d'onde, est plus ou moins marqué selon les espèces : certaines feuilles recouvertes d'une épaisse couche de cire apparaissent luisantes alors que d'autres tapissées de poils semblent plus ternes[7].
51
+
52
+ La feuille est composée de pectine, de cellulose et de lignine. Ces composants sont de grandes molécules chimiques « emprisonnant » de nombreux éléments minéraux tels que calcium, potassium, sodium, magnésium, soufre, phosphore. Lors de la décomposition des feuilles en humus, ces éléments sont relâchés dans le sol et contribuent à son amélioration.
53
+
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+ La fonction première des feuilles est la photosynthèse chlorophyllienne[10]. L'évolution des feuilles en organes de la photosynthèse s'est réalisée selon trois axes principaux[11] : l’exploitation de la lumière grâce au limbe plat qui présente une grande surface réceptrice[12], ce qui en fait un capteur solaire efficace[13] ; l’échange de gaz (CO2, O2 et évaporation d'H2O[14]) ; le transport de la sève brute et de la sève élaborée via un réseau très étendu de nervures. Selon le principe de l'allocation des ressources, les relations entre différents traits foliaires (forme, nervation, longueur du pétiole) reflètent l'existence de compromis évolutifsTrade-off associés à des contraintes structurales et fonctionnelles des plantes en relation avec leur écologie[15].
55
+
56
+ Chez les plantes terrestres, les racines sont de loin la première source de nutriments (et parfois de contamination), mais les feuilles peuvent aussi absorber des nutriments autres que le CO2, voire le cas échéant des produits toxiques (ex : molécules de certains pesticides systémiques, particules métalliques fines et ultrafines issues de la pollution de l'air, dont métaux lourds et des métalloïdes) déposés à partir de l'air ou des pluies[16]. Ce transfert, qui semble se faire lentement au travers de la cuticule et/ou plus rapidement via les stomates est parfois un facteur déterminant du transfert des métaux de l'air vers la plante (Ceci a notamment été montré pour le plomb qui après s'être déposé sur les feuilles, est retrouvé dans les cellules situées sous la surface de la feuille)[17]. La morphologie des feuilles est l'un des facteurs qui favorise ou non le dépôt puis l'adsorption ou l'absorption et l'internalisation des particules atmosphériques. Il peut poser des problèmes de santé environnementale par exemple quand il concerne des légumes ou autres cultures alimentaires humaine ou à destination animale (fourrages...), surtout si le toxique est principalement stocké dans les parties comestibles (feuilles, fruits ,graines, tubercules...). Bien comprendre ces processus est important pour le développement de l'agriculture urbaine (ou en zone polluée)[17]
57
+
58
+ Elles participent également à la défense des plantes contre les herbivores par synthèse de tanins, d'alcaloïdes ou de protéines PRprotéines PR, à la protection foliaire contre la photo-oxydation.
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+ Les feuilles présentent toute une variété de spécialisation[18], dont par exemple :
61
+
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+ Il est possible qu'avant l'évolution des feuilles, les plantes aient développé la photosynthèse dans leurs tiges[note 1]. Les feuilles, actuellement, sont dans presque tous les cas une adaptation destinée à accroitre la quantité de lumière solaire utilisable pour la photosynthèse. La dichotomie microphylle/mégaphylle est aujourd'hui abandonnée pour expliquer l'histoire évolutive des feuilles qui sont certainement apparues une dizaine de fois indépendamment, et étaient probablement à l'origine des excroissances épineuses destinées à protéger les plantes primitives contre les herbivores[note 2], ce qui en ferait un exemple d'exaptation[19].
63
+
64
+ Les champignons endophytes sont une règle générale chez les feuilles (notion de mycophylle, feuille à endophyte fongique), cette stratégie symbiotique ayant certainement joué un rôle majeur dans le développement des feuilles au cours de l'évolution (rôle encore mal compris : amélioration de la résistance au stress hydrique, augmentation de la croissance et de la teneur en azote, réduction du broutage par les herbivores ?)[20].
65
+
66
+ Les feuilles sont actuellement les organes primaires de la photosynthèse chez les plantes. Elles sont classées en deux types : les feuilles simples, irriguées par une seule nervure et le plus souvent petites, et les feuilles composées, plus grandes et ayant une nervation complexe. Il a été suggéré que ces structures soient apparues indépendamment[21]. Les feuilles composées, selon la théorie du télome (de), auraient évolué à partir de branches présentant une architecture tridimensionnelle, à travers trois transformations : la planation, « aplatissant » cette architecture ; le tissage, formant des réseaux entre ces branches, et la fusion, regroupant ces réseaux pour former un limbe complet. Ces trois étapes auraient eu lieu à de multiples reprises dans l'évolution des feuilles modernes[22].
67
+
68
+ Les feuilles composées modernes sont probablement devenues majoritaires il y a 360 millions d'années, environ 40 millions d'années après la colonisation des terres au Dévonien inférieur par des plantes dépourvues de feuilles[23].
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+
70
+ Cette évolution a été liée à la diminution de concentration du CO2 atmosphérique à la fin du Paléozoïque, elle-même associée à une augmentation de la densité des stomates à la surface des feuilles pour capter plus de CO2, ce qui assurait une meilleure évapotranspiration, et des échanges gazeux accrus[24]. La photosynthèse consommant moins de 5 % de l'eau apportée par la sève brute, les 95 % restant qui s'évapore favorisait un meilleur refroidissement des feuilles et leur permettait ainsi d'acquérir une plus grande surface[25],[26].
71
+
72
+ Les rhyniophytes de la flore de Rhynie n'étaient formés que de tiges minces et sans ornements. Aussi, les trimérophytes (en) du Dévonien moyen sont les premières plantes à présenter un aspect que l'on puisse qualifier de « feuillu ». Les plantes vasculaires de ce groupe se reconnaissent à des masses de sporanges situées à leurs extrémités, lesquelles peuvent bifurquer ou trifurquer[27]. Certains microphylles pourraient être ainsi des homologues de ces sporanges devenus stériles[28]. Certains organismes, tels que Psilophyton (en), portent des énations, de petites excroissances de la tige, épineuses ou poilues et dépourvues de vascularisation.
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+
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+ À peu près à la même époque, les zostérophyllophytes (en) prenaient de l'importance. Ce groupe est reconnaissable à des sporanges en forme de rein, poussant sur de courtes branches latérales, à proximité de la tige principale, parfois ramifiées dans des formes en H caractéristiques[27]. La majorité des plantes de ce groupe portaient des épines sur leurs tiges, mais elles n'étaient pas vascularisées. Les premières traces d'énations vascularisées se trouvent dans le genre Asteroxylon (en). Les épines d'Asteroxylon présentent des traces de vaisseaux partant du protostèle central et allant irriguer chaque « feuille » individuelle. Un fossile connu sous le nom de Baragwanathia apparait un peu plus tôt, au Silurien supérieur[29] ; dans cet organisme, ces traces de vaisseaux continuent jusqu'au milieu de la feuille[30]. La théorie des énations soutient que les feuilles de type microphylle se sont développées comme des excroissances du protostèle se reliant à des énations déjà existantes, mais il est également possible que les feuilles simples aient évolué à partir de tiges se ramifiant et formant un réseau[27].
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+ Asteroxylon[31] et Baragwanathia sont généralement considérés comme des lycopodes primitifs[27]. Les lycopodes existent toujours aujourd'hui (par exemple l’Isoète) ; ces lycopodes modernes portent des feuilles simples. Elles pouvaient être assez grandes – les Lepidodendrales (en) avaient des feuilles simples de plus d'un mètre de long – mais elles sont presque toutes irriguées par un seul vaisseau, à l'exception de la ramification observée chez Selaginella.
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+ Les feuilles composées ont sans doute des origines séparées ; elles sont de fait apparues indépendamment à quatre reprises, chez les fougères, les prèles, les progymnospermes et les plantes à graines[32]. Elles semblent provenir de branches ramifiées, qui se sont d'abord chevauchées, puis reliées entre elles, jusqu'à évoluer vers la structure typique d'un limbe foliaire[30]. Cette théorie des mégaphylles explique pourquoi la « lacune foliaire » laissée lorsque le pétiole se sépare de la branche ressemble à une ramification[30]. Dans chacun des quatre groupes où sont apparues des feuilles composées, ces feuilles ont subi une évolution rapide entre la fin du Dévonien et le début du Carbonifère, se diversifiant jusqu'à ce que les formes se stabilisent au milieu du Carbonifère[32].
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+
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+ La fin de cette diversification peut être attribuée à des contraintes de développement[32] mais une question reste ouverte : pourquoi les feuilles ont-elles mis si longtemps à apparaître ? Les plantes avaient conquis le sol depuis au moins 50 millions d'années avant que les feuilles composées apparaissent de manière significative. Cependant, de petites feuilles composées étaient déjà présentes dans le genre Eophyllophyton (en) au début du Dévonien – ce n'est donc pas en soi leur complexité qui explique le temps écoulé avant leur généralisation[33]. La meilleure explication donnée jusqu'à présent est que le taux de CO2 atmosphérique diminuait rapidement à cette époque – divisé par 10 durant le Dévonien[34]. Ceci est en relation avec une multiplication par 100 de la densité des stomates. Les stomates permettent à l'eau de s'évaporer des feuilles ; la faible densité des stomates au début du Dévonien avait pour conséquence que des feuilles trop grandes se seraient échauffées, et cette densité ne pouvait augmenter, car les tiges et les systèmes de racines primitifs ne pouvaient apporter d'eau assez vite pour soutenir un rythme d'évapotranspiration accru[35].
81
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+ Les arbres à feuillage caduc sont une réponse à un autre inconvénient des feuilles. La croyance populaire selon laquelle c'est une adaptation au raccourcissement des jours en hiver est erronée : des arbres à feuillage persistant prospéraient au-delà des cercles polaires durant la période chaude de la fin du Paléocène[36]. La raison de la perte des feuilles en hiver la plus souvent retenue est la protection contre le vent et la neige, cette perte diminuant la surface totale de l'arbre. Ce mécanisme de perte saisonnière est apparu à plusieurs reprises, et se présente actuellement chez les ginkgoales, les pinophyta et les angiospermes[37]. Il est possible également que ce mécanisme soit une réponse à la pression des insectes : il est peut-être moins coûteux d'abandonner entièrement les feuilles en hiver que de continuer à investir des ressources dans leur réparation[38].
83
+
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+ Le pétiole (du latin petiolus : petit pied) est le pédoncule de la feuille, reliant son limbe à la tige. Ses faisceaux conducteurs présentent une symétrie bilatérale, ce qui indique la nature foliaire et non caulinaire du pétiole. Lorsqu'il est élargi jusqu'à remplacer la feuille dans sa fonction, il est question de phyllode. Une feuille sans pétiole, ou à pétiole très court, est dite sessile.
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+
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+ Quelques pétioles ont des fonctions spécifiques : chez la sensitive, il permet le mouvement des feuilles ; chez la châtaigne d'eau, il permet la flottaison de la plante.
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+ Les nervures d'une feuille sont les prolongements du pétiole dans le limbe foliaire. La nervure principale et les nervures secondaires partent de la première. C'est au niveau des nervures, se détachant par leur relief bombé du reste du limbe, que se situent l'essentiel des tissus conducteurs de sève (xylème et phloème), organisés en faisceaux.
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+ La disposition des nervures (ou nervation) varie selon les espèces ou les familles. Il existe trois grands types de nervation :
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+ Le limbe est constitué de tissus végétaux.
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+ L'épiderme protecteur recouvre les surfaces supérieure et inférieure du limbe (appelées aussi faces adaxiale et abaxiale) ; il est constitué le plus souvent par une couche unique de cellules ne comportant généralement pas de chloroplastes, parfois couverte par une couche protectrice externe, la cuticule. Certaines cellules de l'épiderme peuvent se transformer en poils. Sur l'épiderme inférieur se trouvent les stomates. Ce sont des sortes de pores, formé par deux cellules en forme de reins, qui laissent entre elles une ouverture variable, l'ostiole.
95
+
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+ Le mésophylle, ou parenchyme foliaire, comporte deux couches : sous l'épiderme supérieur, un parenchyme palissadique, tissu formé de plusieurs rangées de cellules allongées perpendiculairement à la surface du limbe et serrées entre elles, sans lacunes. Entre celui-ci et l'épiderme inférieur un parenchyme lacuneux, à cellules plus grandes ménageant entre elles un réseau de lacunes, qui communique avec les stomates et assure les échanges gazeux avec l'extérieur.
97
+
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+ L'épiderme est la couche de cellules externes des feuilles. Cette couche est généralement transparente (ces cellules n'ont pas de chloroplastes) et couverte par une cuticule d'aspect cireux permettant de limiter les pertes en eau lors de trop fortes chaleurs. Chez les végétaux des climats secs cette cuticule est donc plus épaisse. La cuticule est parfois plus fine sur l'épiderme inférieur que sur l'épiderme supérieur.
99
+
100
+ L'épiderme inférieur est percé de pores appelés stomates. Ceux-ci permettent à l'oxygène et au dioxyde de carbone de rentrer et sortir des feuilles. La vapeur d'eau est aussi évacuée par les stomates au cours de la transpiration. Pour conserver de l'eau, les stomates peuvent se fermer pendant la nuit.
101
+
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+ Des poils recouvrent l'épiderme de nombreuses espèces de plantes.
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+
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+ La plus grande partie de l'intérieur d'une feuille, entre l'épiderme inférieur et supérieur, est composée d'un parenchyme appelé mésophylle. Ce tissu joue un rôle très important dans la photosynthèse.
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+
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+ Le mésophylle est composé de deux parties : vers la face supérieure, le parenchyme palissadique est constitué de cellules verticales, allongées et serrées, riches en chloroplastes : c'est dans ce parenchyme que se déroule l'essentiel de la photosynthèse. Vers la face inférieure se trouve le parenchyme lacuneux (ou spongieux), aux cellules plus arrondies et moins serrées. Les lacunes entre ces cellules contiennent les gaz échangés entre la feuille et l'atmosphère.
107
+
108
+ Chez les monocotyledones le mésophylle est homogène. Il est composé d'un parenchyme uniforme.
109
+
110
+ Les feuilles peuvent être persistantes (conservation du feuillage plusieurs années[39]), semi-persistantes (conservation de la majorité des feuilles bien que certaines soient remplacées à la belle saison) ou caduques (les feuilles de la plante ne durent que quelques mois puis tombent ; variante : marcescence) selon les espèces, les conditions climatiques et les saisons. Pour les végétaux non persistants, l'apparition des feuilles est appelé « feuillaison » ou « foliaison ».
111
+
112
+ La chute des feuilles caduques en automne s’accompagne d'un changement de couleurs variant du jaune au brun rouge et au rouge. En Amérique du Nord, la saison des couleurs génère une grande activité touristique surtout en Nouvelle-Angleterre et dans l'est du Canada.
113
+
114
+ En novembre 2010, des chercheurs ont avancé l'hypothèse selon laquelle les écosystèmes boisés feuillus seraient capables de mieux dépolluer l’air que ce qui était initialement pensé, pour les composés organiques volatils (COV) testés. Les expériences faites en laboratoire laissent penser que les feuilles absorbent même encore plus efficacement les COV et les détruisent (par conversion enzymatique) quand elles sont stressées par des blessures ou par certains polluants (de l'ozone et du méthyl vinyl cétone lors des expériences). Le cycle des COV oxygénés dans l'air devrait donc être revu et mieux incorporé dans les modèles globaux de chimie de l'atmosphère et de transport des polluants[40].
115
+
116
+ Des feuilles de Raphia regalis peuvent atteindre 25 m de long, 4 m de large et 100 kg, ce qui en fait les feuilles les plus longues du règne végétal[41]. Celles de Crassula connata (en) ont une taille qui peut être réduite à 1,3 mm[42]
117
+
118
+ Le nombre de feuilles des arbres est très variable, il dépend de leur âge, de leur diamètre et de leur hauteur. Ainsi un vieux hêtre pourpre de 80 ans qui a une hauteur de 25 m et un diamètre de 15 m possède 800 000 feuilles couvrant une surface de 1 600 m2, cet ensemble folaire consommant par jour 2,352 kg de dioxyde de carbone[note 3] (ce qui correspond à une consommation de 25 435 kJ ou encore un peu plus de 25,4 millions de joules, soit les besoins énergétiques journaliers de deux ou trois adultes) et produisant 1,6 kg de glucose et 1,712 kg d’oxygène par heure, ce qui couvre la consommation de dix hommes[43].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le feu est la production d'une flamme et la dégradation visible d'un corps par une réaction chimique exothermique d'oxydo-réduction appelée combustion.
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3
+ De manière générale, le terme « feu » désigne souvent un phénomène produisant de la lumière et de la chaleur, qu'il provienne d'une combustion ou non.
4
+ Le feu dans un sens plus large comprend la combustion des solides sans flamme comme lors de la combustion des braises.
5
+
6
+ La combustion est une réaction chimique avec du feu et du gaz dégageant de l'énergie thermique (exothermique) et de l'énergie lumineuse. C'est aussi la dégradation visible d'une matière. Cette dégradation n'est réellement visible que pour les matières combustibles solides. Pour le gaz, seul l'abaissement de la pression dans le contenant peut être observé, et pour les liquides, l'abaissement du niveau de celui-ci s'il est visible. Elle ne peut avoir lieu que si l'on réunit trois facteurs : deux composés chimiques (un combustible et un comburant) et une source d'énergie (énergie d'activation), ce que l'on appelle le triangle du feu. Pour les puristes, il importe de rajouter le quatrième facteur (dénommé « radicaux libres ») qui seul permet la continuité de développement de la combustion et abouti à une considération de tétraèdre du feu. En terme général, le feu est déclenché par une flamme et/ou une étincelle, eux-mêmes déclenchés par une réaction chimique entre deux ou plusieurs corps. Sous l'effet de l'énergie d'activation (notamment de la chaleur), le combustible se décompose (pyrolyse) exclusivement pour les matériaux combustibles solides, les liquides se vaporisent et les gaz s'enflamment directement selon les proportions leur étant propres. Certaines matières plastiques se pyrolysent, d'autres fondent et se vaporisent. Le produit de cette décomposition ou les gaz diffusés réagissent avec le comburant (en général le dioxygène de l'air). Le processus décrit peut être résumé par la formule suivante : combustible + chaleur + dioxygène (comburant) = feu.
7
+
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+ Le feu peut avoir plusieurs couleurs selon la chaleur qu'il dégage. Les couleurs du feu varient selon sa température : bleu (~2 000 °C), jaune et rouge (~1 000 °C). Un feu de foyer, sans aucun vent qui alimente le feu en oxygène, a une température moyenne de 700 à 800 °C comme le montre l'image ci-contre prise par une caméra thermique (le chiffre du haut est la température du centre de l'image et le chiffre du milieu la température moyenne de l'image). La lumière provient de deux sources :
9
+
10
+ La domestication du feu par les humains a marqué un tournant dans la Préhistoire, en permettant la cuisson régulière des aliments. Elle est attestée à partir d’environ −400 000 ans dans plusieurs parties du monde, notamment sur les sites de Menez Dregan à Plouhinec en Bretagne, de Terra Amata près de Nice, de Bilzingsleben en Allemagne, de Vértesszőlős en Hongrie[1], de Qesem en Israël, ou de Zhoukoudian en Chine.
11
+
12
+ Des traces de feu ont été découvertes dans la couche 21 de la grotte de Petralona en Grèce. Elles seraient sensiblement plus anciennes que le fossile de l'Homme de Petralona, un Homo heidelbergensis daté d'environ 700 000 ans.
13
+
14
+ Une équipe israélienne fait remonter les plus anciennes traces de domestication du feu à 790 000 ans, sur le site du Pont des filles de Jacob (Gesher Benot Ya'aqov), au bord du Jourdain[2],[3].
15
+
16
+ Une équipe américaine ferait remonter ces traces à un million d'années en Afrique du Sud (ossements calcinés et cendres de végétaux dans la grotte de Wonderwerk) mais l'étude ne permet pas de savoir si les humains de cette époque allumaient eux-mêmes un feu ou savaient le conserver à partir d'incendies naturels (foudre, volcanisme)[4].
17
+
18
+ La domestication du feu a avant tout permis de cuire la nourriture, puis de conserver et stocker la viande fumée, faisant ainsi reculer les parasitoses, favorisant la digestion des aliments et augmentant ainsi leur rendement métabolique, ce qui a ouvert la voie à l'augmentation du volume cérébral[5].
19
+
20
+ En 2009, des chercheurs des universités du Cap, de Liverpool, de Wollongong et de Bordeaux ont montré que le feu était utilisé pour fabriquer des outils de pierre il y a 72 000 ans en Afrique australe, dans le cadre de la culture lithique Stillbay. Jusqu'alors, les plus anciennes traces remontaient à 25 000 ans en Europe[6]. Le feu permettait en effet d'améliorer la fabrication des outils en permettant notamment de durcir la pointe des épieux, mais surtout de traiter thermiquement les pierres avant la fabrication des outils pour en relâcher les contraintes internes.
21
+
22
+ L'anthropologue Polly Wiessner a évalué l'activité nocturne et diurne des Khoïsan du Kalahari et estimé que la majorité des conversations le jour portent sur des questions économiques (stratégies de chasse et de cueillette, fabrication d'outils), des critiques, des plaisanteries et des commérages (6 % du temps étant seulement consacré à raconter des histoires) alors que la nuit autour du feu, plus de 80 % des conversations sont des contes, souvent au sujet de personnes distantes ou du monde des esprits. Selon Wiessner, la domestication du feu par les chasseurs-cueilleurs a permis l'allongement du temps de veille, la vie nocturne centrée sur la réunion autour du foyer favorisant les interactions sociales et l'émergence des cultures préhumaines par le chant, la danse ou le fait de raconter des histoires et légendes[7].
23
+
24
+ La maîtrise du feu a ainsi inspiré de nombreux mythes, dont celui de Prométhée. À l'époque contemporaine, plusieurs œuvres de fiction ont dépeint l'importance du feu pour les groupes préhistoriques, notamment le roman La Guerre du feu de J.-H. Rosny aîné, adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud.
25
+
26
+ Le feu est un phénomène naturel ; dans la nature, il peut résulter de la foudre ou de la fermentation (production de gaz inflammables et de chaleur). Sa domestication par les humains — capacité à le conserver (l'entretien du foyer étant dévolu à la femme dans certaines sociétés traditionnelles), puis à le recréer à volonté — a permis de nombreux progrès :
27
+
28
+ Dans la philosophie chinoise, il fait partie des cinq éléments avec le métal, l'eau, le bois et la terre.
29
+
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+ Chez les alchimistes occidentaux, il fait partie des quatre éléments inertes de base composant chaque matière avec l'eau, l'air et la terre selon l'enseignement bien antérieur d'Aristote[8] (le feu est un élément central de plusieurs doctrines fondées sur les quatre éléments[9]).
31
+
32
+ Le feu est naturellement associé au Soleil, qui est également une source de chaleur et de lumière (on sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'une combustion mais d'une fusion nucléaire). Il est également souvent associé aux volcans, comme le feu de la forge d'Héphaistos/Vulcain.
33
+
34
+ Cette ambivalence se retrouve dans les aspects moraux et juridiques du feu ; tantôt il a pu être considéré comme l'instrument d'une justice transcendante (le bûcher fut une condamnation pénale courante au Moyen Âge, et existe même très localement à l'époque contemporaine ; alors que l'immolation est considérée par certains comme un acte de sacrifice suprême face à la justice des hommes, y compris dans des sociétés modernes, comme en Tchécoslovaquie en 1969) ; tantôt son usage est rigoureusement contrôlé, et parfois gravement sanctionné (l'incendie était un des plus grands crimes à Athènes).
35
+
36
+ Le feu est aussi un symbole de purification, d'où l'utilisation du bûcher pour certaines condamnations (cf. supra). Ce symbole provient sans doute de certaines pratiques agraires qui consistent à brûler la terre pour la rendre plus fertile (brûlis), mais il est certain que cette symbolique tient son origine de plusieurs sources. Pourtant, le feu comme symbole de purification était pratique courante pour les chrétiens du Moyen Âge ; avec le temps ces pratiques (ordalies, bûcher, etc.) se sont perdues ou ont tout simplement été interdites[10].
37
+
38
+ Le feu a aussi un symbolisme érotique. Dans l’Énéide, la passion que Didon avait pour Énée la consumait de l'intérieur. Cette symbolique érotique prend son sens dans les métaphores et les images qui font coïncider le feu et l'acte sexuel, la passion, l'affectivité, les sentiments, etc. Dans la mythologie gréco-romaine, Cupidon était représenté par un arc et une torche. De plus, la science soutient cette symbolique, car la motivation psychophysiologique naît des variations thermiques et se termine par l'acte sexuel[11].
39
+
40
+ Le terme feu (du latin focus, le foyer) désigne au Moyen Âge le foyer, d'abord au sens strict (endroit où brûle le feu) puis figuré : le logement familial (cf. l'expression « sans feu ni lieu »), puis la famille elle-même. Très rapidement, il est utilisé comme unité de base pour l'assiette, le calcul et la perception de l'impôt, on parle alors de feu fiscal.
41
+
42
+ Le feu est divinisé dans de nombreuses cultures et a été l'objet de l'adoration d'un grand nombre de peuples et de tribus[réf. nécessaire]. Il est également utilisé dans des rites monothéistes.
43
+
44
+ Dans l'Iran ancien, les zoroastriens regardaient le culte du feu comme la partie fondamentale de leur religion et les cérémonies de ce culte sont retracées avec détail dans l'Avesta. Au XIXe siècle, les Guèbres, qui habitaient surtout dans le Kerman et le Gujarat, avaient conservé toutes les cérémonies des anciens Perses à l'égard du feu.
45
+
46
+ Dans la mythologie grecque, il a été volé aux dieux et apporté aux Humains par Prométhée.
47
+
48
+ Le feu inextinguible des Grecs, qui brulait sans cesse à Athènes et à Delphes, le culte de Vulcain, le feu qu'entretenaient à Rome les prêtresses de Vesta, rappellent encore la déification du feu, idolâtrie commune du reste à tous les peuples de race pélagique.
49
+
50
+ Les Juifs allument une hanoukkia (chandelier à neuf branches) lors de la fête de Hanoucca pour commémorer le miracle de la fiole d'huile se remplissant par miracle chaque jour.
51
+
52
+ Chaque vendredi soir lors de la tombée de la nuit, il est également de coutume d'allumer le handil ou des bougies pour honorer l'entrée du Shabbat ou de toute grande fête religieuse.
53
+
54
+ De même, dans certaines familles, on allume également le handil ou les bougies le lundi et le jeudi, jours où l'on sort la Thora, ou à la date d'anniversaire de la mort de certaines personnes (membre de la famille, souvent de grands rabbins).
55
+
56
+ L'usage de cierges est généralisé dans les églises catholiques et orthodoxes afin de marquer des temps liturgiques, ou en offrande à des saints. La flamme symbolise aussi l'Esprit Saint.[réf. nécessaire]
57
+
58
+ Un certain nombre de pratiques païennes utilisant le feu ont été récupérées dans le christianisme populaire (les feux de la Saint-Jean, les chandelles de Sainte-Lucie en Suède, la Fête des lumières à Lyon, etc.).
59
+
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+ Dans le Coran, il existe deux sortes de feux : le feu cosmique relevant de l'Enfer tant dans l'au-delà que sur terre et le feu domestique, de cuisine[12]. Celui-ci, qu'on obtient par frottement et que Allah a placé « dans les arbres verts » n'est mentionné qu'à deux reprises dans le texte tandis que l'autre est cité à de multiples reprises sous six dénominations différentes — « feu » ou « flamme » — qui comptent parmi les sept noms qui servent à désigner l'Enfer ou à y faire référence : ainsi le terme nâr apparait à plus de cent-quarante reprises, parfois associé à jahannam pour désigner le « feu de la géhenne » ; le « feu intense », jaẖîm, compte vingt-six occurrences et le terme sa'îr, qui signifie à la fois feu et flamme, une quinzaine ; saqar[13] désignant « un feu qui fait fondre corps et esprits » apparait à trois reprises et est considéré comme un nom propre, ainsi que laẕâ[14] qu'on trouve une seule fois et signifie également « flamme »[12]. Le feu est également associé par le Coran au septième nom de l'enfer, ẖutama, qu'il définit comme « le feu allumé de Dieu »[12].
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+ L'Enfer décrit par le Coran est comme une fournaise totalement tapissée, investie d'un feu auquel rien ne résiste et cerne les damnés[15] dont la chair constitue, avec les pierres, son combustible préféré pour alimenter la géhenne[12]. Le feu, qui émet des braiments d'âne[16] et jette d'énormes flammes, brûle la peau des damnés qui, consumée, se renouvelle, pénètre leur corps, leurs viscères et arrache leur membres[12]. Outre ces brûlures atroces, les damnés souffrent éternellement de châtiments sensibles liés au feu et la chaleur : vents brûlants, eau bouillante, obscurité fuligineuse[17]...
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+ Outre son étroite association avec l'Enfer, le feu sert souvent à donner la mort et apparaît comme un élément destructeur qui figure tout au long du texte coranique[12]. C'est également à partir du feu que sont créés les djinns, génies malfaisants fabriqués à partir de la « lumière d'une flamme subtile, d'un feu sans fumée »[18] ainsi que le diable coranique, Iblis[19].
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+ Les Hindous et les Bouddhistes font brûler diverses offrandes dans le cadre de leur culte. Ils pratiquent aussi la crémation des défunts. Les Hindous ont un rapport religieux et culturel avec le feu beaucoup plus important que chez les Bouddhistes. En effet, le feu est personnifié en la divinité d'Agni. Il est symbole de justice et de victoire. De nombreuses fêtes hindoues font appel au feu, tel que Diwali et Karthigai Deepam, mais également dans les cérémonies religieuses.
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+ Le feu produit de la chaleur et de la fumée, prélève du dioxygène, et a tendance à se répandre sans contrôle en incendie.
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+ Pour les humains, le risque est triple :
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+ Le feu provoque également la destruction d'objets ou de végétaux, et peut donc mettre en péril le bien-être d'une population, sa capacité à se nourrir, se loger, le fonctionnement de son économie. Il peut présenter un risque pour la biodiversité, en détruisant des espèces animales et végétales.
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+ janvier mars
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+ Février est le deuxième mois des calendriers grégorien et julien et chinois.
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+ Février est le plus court mois de l'année, le seul à compter moins de trente jours : il possède généralement 28 jours, sauf lors des années bissextiles où il en compte 29.
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+ Le nom de février provient du nom latin du mois, februarius, lui-même dérivé du verbe februare signifiant « purifier ». Le rituel de Februa se tenait le 15e jour de februarius dans l'ancien calendrier romain.
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+ Antérieurement au calendrier de 12 mois, le calendrier romain n'en comptait que 10 et totalisait 304 jours ; les 61 jours d'hiver ne faisaient alors partie d'aucun mois. Vers 713 av. J.-C., le roi légendaire Numa Pompilius aurait ajouté les mois de janvier et février, étendant l'année à 365 jours.
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+
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+ Mars est initialement le premier mois de l'ancien calendrier romain. La position des mois de janvier et février varie suivant les écrits des auteurs romains, pouvant être rencontrés en début d'année ou en fin. Selon les auteurs, janvier devient le premier mois soit sous Numa, soit sous les decemviri vers 450 av. J.-C. Cependant, les années romaines restent identifiées par deux consuls, qui prennent leurs fonctions le 1er mai et le 15 mars, jusqu'en 153 av. J.-C. Après cette date, ils les prennent le 1er janvier. Dans le calendrier julien, février est le deuxième mois de l'année.
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+ Pendant le Moyen Âge en Europe, plusieurs fêtes chrétiennes sont utilisées pour marquer le nouvel an, dont le 25 mars et le 25 décembre. Cependant, les calendriers médiévaux continuent à afficher les années selon la coutume romaine, en douze colonnes allant de janvier à décembre. À partir du XVIe siècle, les pays européens commencent à rétablir officiellement le 1er janvier comme date de début d'année.
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+ Initialement, février compte 28 jours les années standards et 29 jours tous les quatre ans ; il est alors suivi d'un mens intercalaris de 29 jours.
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+ Vers 450 av. J.-C., la République romaine réforme le calendrier romain : février compte 28 jours les années standards. Tous les deux ans, un mois de 27 jours, mercedonius, est ajouté à la suite de février. Février compte alors alternativement 23 et 24 jours.
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+ À partir de la réforme julienne, le mois supplémentaire est supprimé et février compte 28 jours les années standards et 29 les années bissextiles. Le calendrier grégorien conserve cette caractéristique. Historiquement, un 29 février a été utilisé dans quelques pays de tradition orthodoxe, pour rattraper un décalage en passant du calendrier julien au calendrier grégorien.
22
+
23
+ Selon une légende, Auguste aurait déplacé un jour du mois de février au mois d'août lorsque ce dernier est renommé en son honneur en 8 av. J.-C. : comme le mois précédent de juillet, renommé en l'honneur de Jules César, comptait 31 jours, il aurait désiré que son propre mois en compte autant. Il existe cependant des documents indiquant que l'irrégularité de février date d'avant la réforme julienne.
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+
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+ Février, Leandro Bassano (vers 1595-1600).
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+ Dans le Ruralium commodorum opus de Pierre de Crescent, premier traité d’agriculture écrit depuis l’Antiquité, le mois de février est symbolisé par l’épandage de la fumure animale dans un jardin.
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+
29
+ Ces dictons traditionnels[1] parfois discutables, ne traduisent une réalité que pour les pays tempérés de l'hémisphère nord.
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+
31
+ Le mois hivernal est redouté.
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+
33
+ Le temps de février annonce celui des mois suivants.
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35
+ Février débute le même jour de la semaine que mars et novembre les années communes, et août les années bissextiles.
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37
+ En raison de sa courte durée, février est le seul mois de l'année où il est possible de n'observer aucune pleine lune.
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+ Les noms de plusieurs places, voies, sites ou édifices, de pays ou régions francophones, contiennent le nom de ce mois avec ou sans quantième, sous diverses graphies.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une fiction est une histoire fondée plus souvent sur des faits imaginaires que sur des faits réels. Les personnages qui y sont décrits sont dits « personnages fictifs ». Une œuvre de fiction peut être orale ou écrite, du domaine de la littérature, du cinéma, du théâtre ou de l'audiovisuel (la radio, la télévision, le jeu vidéo et voire d'autres formes qui se développent sur internet).
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7
+ Le mot « fiction » vient du verbe latin « fingere, fingo, is, fixi, fictum », signifiant « manier », « toucher », « caresser » (en pressant), « composer », « coiffer », « friser », « modeler », « feindre », « faire semblant », « inventer », « se figurer », « imaginer ». Et plus directement de l'accusatif « fictionem » du mot latin « fictio, -nis ».
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+ Tous les faits présentés dans une fiction ne sont pas nécessairement imaginaires ; c'est le cas par exemple du roman historique, qui se fonde sur des faits historiques avérés, mais qui profite des vacuités de l'Histoire pour y introduire des personnages, des événements, tirés de l'imagination de l'auteur (comme dans Les Pardaillan de Michel Zévaco ou L'Ingénu de Voltaire).
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+ Pour les contes ou le médiéval fantastique (heroic fantasy), il ne s'agit pas pour le lecteur/spectateur de croire temporairement en la véridicité des faits présentés. Les contes décrivent alors de manière métaphorique l'univers dans lequel vit l'enfant[1]. Dans le cadre du médiéval fantastique, c'est la cohérence de l'univers qui permet au récipiendaire de croire en la plausibilité des événements, dans un univers fonctionnant selon d'autres règles que le nôtre.
12
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13
+ Le philosophe Hans Vaihinger a développé dans La Philosophie du « comme si » (1911) une théorie selon laquelle toute connaissance, même scientifique, est fiction. Nous ne connaissons que les phénomènes, et construisons des modèles scientifiques pour les penser, mais ne pouvons pas à proprement parler connaître l'essence des choses... Avant lui, le philosophe italien Giambattista Vico, auteur de La Science nouvelle (édité de 1725 à 1744), avait souligné la portée ontologique de la « fiction » depuis sa parenté étymologique avec le « fait ». Depuis lors, les développements de la linguistique (et de la poétique), de la phénoménologie comme de la philosophie analytique ou de la psychanalyse (en particulier avec Jacques Lacan qui parle de la « structure de fiction » de toute théorie) ont développé des conceptions à la fois plus larges et plus précises de la fiction. Les questions suscitées par la relation entre réel et fiction ont amené entre autres à distinguer le « réel » irréductible à toute représentation et la « réalité », toujours façonnée par des langages et donc toujours marquée de « fiction ». Les progressions des sciences et des techniques n'ont fait que souligner ce questionnement radical dont l'inflation actuelle du mot « virtuel » constitue le symptôme.
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15
+ Selon René Girard, la fonction de l'art est de révéler et certaines fictions comme les pièces de Shakespeare ou la production de ceux qu'il appelle les « grands romanciers » (comme Cervantès, Stendhal, Flaubert, Dostoïevski ou Proust) est supérieure à la philosophie et aux sciences humaines, qui souffrent de la position de surplomb que ne peut éviter l'observateur. L'idée que le désir humain ne vient de l'objet ni du sujet mais d'un médiateur dont le sujet veut imiter le désir s'oppose à l'illusion romantique qui égare la plupart des individus. Une telle opposition fait l'objet du premier livre de René Girard, intitulé Mensonge romantique et Vérité romanesque et se croise dans les œuvres tardives avec d'autres idées.
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+ Jean-Luc Moreau a créé en 1992 le concept romanesque de Nouvelle fiction (Éd. Criterion) dans lequel se retrouvent des auteurs tels que François Coupry, Hubert Haddad, Frédérick Tristan, etc.
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19
+ Dans Le propre de la fiction (1999), Dorrit Cohn, professeur à l'Université de Harvard, affirme que la fiction a des caractéristiques propres et reconnaissables : dialogues, style indirect libre, etc. En d’autres termes, la fiction n’est pas une question de degré, mais de « genre »[2].
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+
21
+ Pour de nombreux théoriciens, parmi lesquels Thomas Pavel, Marie-Laure Ryan ou Françoise Lavocat, Professeure à l'Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3), la fictionnalité est une question de degré : il n’y a pas de frontières nettes entre la fiction et la non-fiction. En effet, de nombreux textes sont hybrides[3].
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+
23
+ Pour Jean-Marie Schaeffer, Directeur de recherches au CNRS, philosophe de la réception esthétique et auteur de Pourquoi la fiction? (1999), la fiction, avant de renvoyer à la littérature ou à l'art en général, est une compétence psychologique que le petit enfant apprend dès ses premières années. Dès lors, la fiction est ce avec quoi « on peut jouer sans s'y abîmer »[4]
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25
+ Dans L’histoire est une littérature contemporaine (2014), l’historien Ivan Jablonka affirme que la « fiction de méthode » entre dans la construction du savoir sous la forme d’une « hypothèse étayée par des sources », d’une « question en suspens », d'un concept heuristique, voire d’une uchronie[5]. La fiction étant sollicitée pour sa « vertu cognitive »[6], elle possède une référentialité.
26
+
27
+ Laurent Demanze, Professeur à l'université Grenoble-Alpes, notant que la fiction reste fortement mobilisée dans la littérature contemporaine, établit une différence entre la fiction comme "dispositif de figuration du réel et d’établissement des faits" (Ivan Jablonka) et "support d’enquêtes et de contre-enquêtes qui interrogent les zones d’ombre de l’histoire" (Philippe Doumenc, Kamel Daoud)[7].
28
+
29
+ On peut distinguer trois types de fictions : le film (long ou court métrage, film cinématographique ou téléfilm, mais aussi film d'animation), le feuilleton télévisuel ou radiophonique, la série télévisée, le docu-fiction. Pour chaque type, il y a des caractéristiques ou des formats spécifiques (par exemple la durée d'un feuilleton ou d'une série).
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+
31
+ S'agissant de la télévision François Jost considère qu'il y a différents niveaux de fictionnalisation mais que celle-ci commence dès lors qu'une réalité est décrite par l'image et le commentaire par exemple sous forme de reportage ou de documentaire[8]. Tentant de classer les contenus diffusés par la télévision pour y analyser le rôle spécifique de la musique, Mario d'Angelo distingue cinq degrés de fictionnalisation, selon les critères de fiction/réalité racontée par l'image et le commentaire (un journaliste ou parfois un récitant[9]), d'histoire scénarisée, de mise en scène avec comédiens (ceux-ci pouvant être à l'écran ou en voix off dans le cas d'un dessin animé par exemple)[10]. Plus le degré de fictionnalisation est élevé, plus la musique sera construite pour servir le dessein de la fiction. Ainsi, dans les documentaires, reportages et autres contenus à moindre degré de fictionnalisation qu'un film ou un docu-fiction, c'est l'emploi de 'l'illustration musicale qui domine, c'est-à-dire une musique pré-écrite pour créer des ambiances par la musique ou par les instruments.
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+
33
+ Le concept de « fiction » se manifeste sous le nom de « mimesis » chez les philosophes Platon et Aristote, qui ne s’entendent pas sur sa valeur ni sur sa fonction.
34
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35
+ Pour Platon, la mimesis est surtout une question de rapport entre intelligible et sensible : la fiction n’est qu’une pâle reproduction de la réalité (qui, elle, est à son tour une reproduction du monde des idées) qui nous éloigne de la réalité intelligible et nous empêche donc d'accéder au vrai. Dans La République, Platon présente la poésie comme une tromperie qui s'oppose à la fois à la vérité et à l'utile, donc à la raison, parce qu'elle soulève les passions. Ainsi, c'est justement parce que la poésie est agréable qu'elle est dangereuse. La condamnation de la mimesis est cependant progressive dans La République : alors que Platon reconnaît, dans les livres II et III, que les récits faux peuvent avoir une certaine valeur pédagogique, lorsque réservés à une élite, on peut voir, dans le livre X, un rejet total de la mimesis.
36
+
37
+ Pour Aristote, la fiction acquiert le statut de réel outil d'apprentissage. C'est ce qu'il propose dans sa Poétique, notamment au chapitre IV. Aristote considère que l'imitation est innée chez l'être humain, et qu'elle constitue la différence fondamentale entre les humains et les animaux. Contrairement à Platon, Aristote juge que c'est parce que la poésie est agréable (et parce qu'elle serait intrinsèque à la nature humaine) qu'elle est le meilleur moyen d'apprentissage. Aristote affirme même que la poésie est supérieure à l'histoire, parce qu'elle s'intéresse aux principes généraux du monde plutôt qu'à des détails : alors que l'Histoire a pour objet d'étude des actions ou des événements particuliers, la poésie parle de toutes les actions possibles, autrement dit, de l'« action universelle »[11].
38
+
39
+ La mimesis a par ailleurs, chez Aristote, une deuxième fonction, à savoir la catharsis : la représentation artistique (la fiction, et plus précisément celle du théâtre tragique) permet de purger les passions grâce à la pitié et à la crainte qu'elle suscite chez les spectateurs. Ainsi, le soulèvement des passions qu'entraîne la mimesis est ici considéré comme positif et ne s'oppose pas nécessairement, comme chez Platon, au vrai et à la raison.
40
+
41
+ Aristote est l'un des premiers à défendre la fonction positive de la fiction, en tant que méthode d'apprentissage. Dans sa Poétique (chapitre IV), il constate que la curiosité et le goût pour l'apprentissage sont naturelles :
42
+
43
+ « Le fait d'imiter est inhérent à la nature humaine dès l'enfance; et ce qui fait différer l'homme d'avec les autres animaux, c'est qu'il en est le plus enclin à l'imitation : les premières connaissances qu'il acquiert, il les doit à l'imitation , et tout le monde goûte les imitations. »
44
+
45
+ — Poétique, chapitre IV
46
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47
+ Aristote défendra notamment le théâtre comme moyen d'imitation de la réalité précisément parce que ce processus est inoffensif (en nous permettant, par exemple, d'éviter ce qui nous ferait du mal).
48
+
49
+ Cette conception est reprise dans le discours contemporain avec la notion de « simulateur » (dont Timothy Leary est un des principaux tenants[réf. nécessaire]). On aura recours, par exemple, à des simulateurs aérospatiaux pour apprendre à piloter un avion, ce qui ne pose pas de risques pour le pilote en apprentissage.
50
+
51
+ Les visions respectives de Platon et d'Aristote sur la fiction nourrissent encore aujourd'hui les débats sur ses risques potentiels. Vers la fin du Moyen Âge, l'Église catholique, se fondant sur une conception platonicienne de la fiction, dénonçait la comédie dont elle jugeait les excès condamnables[12]. Les mêmes arguments qui ont servi à combattre la fiction, de la comédie du Moyen Âge au roman du 18e siècle, servent aujourd'hui à dénoncer les jeux vidéo jugés trop réalistes et violents. Les héritiers de la conception platonicienne insistent sur le danger que le joueur, aveuglé par une fiction trop réaliste, soit incapable de distinguer le jeu du monde réel[12]. Depuis la tuerie de Columbine de 1999, cette vision a de nombreux adeptes : les jeux vidéos sont fréquemment blâmés après certaines fusillades de masse[13].
52
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53
+ Le tenants de la pensée aristotélicienne, sur cet enjeu, répondent qu'à travers la catharsis les jeux vidéos permettent de purger certaines tensions et qu'ils auraient donc un pouvoir apaisant plutôt qu'exacerbant[12].
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+ Une fiction est une histoire fondée plus souvent sur des faits imaginaires que sur des faits réels. Les personnages qui y sont décrits sont dits « personnages fictifs ». Une œuvre de fiction peut être orale ou écrite, du domaine de la littérature, du cinéma, du théâtre ou de l'audiovisuel (la radio, la télévision, le jeu vidéo et voire d'autres formes qui se développent sur internet).
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+ Le mot « fiction » vient du verbe latin « fingere, fingo, is, fixi, fictum », signifiant « manier », « toucher », « caresser » (en pressant), « composer », « coiffer », « friser », « modeler », « feindre », « faire semblant », « inventer », « se figurer », « imaginer ». Et plus directement de l'accusatif « fictionem » du mot latin « fictio, -nis ».
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+ Tous les faits présentés dans une fiction ne sont pas nécessairement imaginaires ; c'est le cas par exemple du roman historique, qui se fonde sur des faits historiques avérés, mais qui profite des vacuités de l'Histoire pour y introduire des personnages, des événements, tirés de l'imagination de l'auteur (comme dans Les Pardaillan de Michel Zévaco ou L'Ingénu de Voltaire).
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+ Pour les contes ou le médiéval fantastique (heroic fantasy), il ne s'agit pas pour le lecteur/spectateur de croire temporairement en la véridicité des faits présentés. Les contes décrivent alors de manière métaphorique l'univers dans lequel vit l'enfant[1]. Dans le cadre du médiéval fantastique, c'est la cohérence de l'univers qui permet au récipiendaire de croire en la plausibilité des événements, dans un univers fonctionnant selon d'autres règles que le nôtre.
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+ Le philosophe Hans Vaihinger a développé dans La Philosophie du « comme si » (1911) une théorie selon laquelle toute connaissance, même scientifique, est fiction. Nous ne connaissons que les phénomènes, et construisons des modèles scientifiques pour les penser, mais ne pouvons pas à proprement parler connaître l'essence des choses... Avant lui, le philosophe italien Giambattista Vico, auteur de La Science nouvelle (édité de 1725 à 1744), avait souligné la portée ontologique de la « fiction » depuis sa parenté étymologique avec le « fait ». Depuis lors, les développements de la linguistique (et de la poétique), de la phénoménologie comme de la philosophie analytique ou de la psychanalyse (en particulier avec Jacques Lacan qui parle de la « structure de fiction » de toute théorie) ont développé des conceptions à la fois plus larges et plus précises de la fiction. Les questions suscitées par la relation entre réel et fiction ont amené entre autres à distinguer le « réel » irréductible à toute représentation et la « réalité », toujours façonnée par des langages et donc toujours marquée de « fiction ». Les progressions des sciences et des techniques n'ont fait que souligner ce questionnement radical dont l'inflation actuelle du mot « virtuel » constitue le symptôme.
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+ Selon René Girard, la fonction de l'art est de révéler et certaines fictions comme les pièces de Shakespeare ou la production de ceux qu'il appelle les « grands romanciers » (comme Cervantès, Stendhal, Flaubert, Dostoïevski ou Proust) est supérieure à la philosophie et aux sciences humaines, qui souffrent de la position de surplomb que ne peut éviter l'observateur. L'idée que le désir humain ne vient de l'objet ni du sujet mais d'un médiateur dont le sujet veut imiter le désir s'oppose à l'illusion romantique qui égare la plupart des individus. Une telle opposition fait l'objet du premier livre de René Girard, intitulé Mensonge romantique et Vérité romanesque et se croise dans les œuvres tardives avec d'autres idées.
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+ Jean-Luc Moreau a créé en 1992 le concept romanesque de Nouvelle fiction (Éd. Criterion) dans lequel se retrouvent des auteurs tels que François Coupry, Hubert Haddad, Frédérick Tristan, etc.
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+ Dans Le propre de la fiction (1999), Dorrit Cohn, professeur à l'Université de Harvard, affirme que la fiction a des caractéristiques propres et reconnaissables : dialogues, style indirect libre, etc. En d’autres termes, la fiction n’est pas une question de degré, mais de « genre »[2].
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+ Pour de nombreux théoriciens, parmi lesquels Thomas Pavel, Marie-Laure Ryan ou Françoise Lavocat, Professeure à l'Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3), la fictionnalité est une question de degré : il n’y a pas de frontières nettes entre la fiction et la non-fiction. En effet, de nombreux textes sont hybrides[3].
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+ Pour Jean-Marie Schaeffer, Directeur de recherches au CNRS, philosophe de la réception esthétique et auteur de Pourquoi la fiction? (1999), la fiction, avant de renvoyer à la littérature ou à l'art en général, est une compétence psychologique que le petit enfant apprend dès ses premières années. Dès lors, la fiction est ce avec quoi « on peut jouer sans s'y abîmer »[4]
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+ Dans L’histoire est une littérature contemporaine (2014), l’historien Ivan Jablonka affirme que la « fiction de méthode » entre dans la construction du savoir sous la forme d’une « hypothèse étayée par des sources », d’une « question en suspens », d'un concept heuristique, voire d’une uchronie[5]. La fiction étant sollicitée pour sa « vertu cognitive »[6], elle possède une référentialité.
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+ Laurent Demanze, Professeur à l'université Grenoble-Alpes, notant que la fiction reste fortement mobilisée dans la littérature contemporaine, établit une différence entre la fiction comme "dispositif de figuration du réel et d’établissement des faits" (Ivan Jablonka) et "support d’enquêtes et de contre-enquêtes qui interrogent les zones d’ombre de l’histoire" (Philippe Doumenc, Kamel Daoud)[7].
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+ On peut distinguer trois types de fictions : le film (long ou court métrage, film cinématographique ou téléfilm, mais aussi film d'animation), le feuilleton télévisuel ou radiophonique, la série télévisée, le docu-fiction. Pour chaque type, il y a des caractéristiques ou des formats spécifiques (par exemple la durée d'un feuilleton ou d'une série).
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+ S'agissant de la télévision François Jost considère qu'il y a différents niveaux de fictionnalisation mais que celle-ci commence dès lors qu'une réalité est décrite par l'image et le commentaire par exemple sous forme de reportage ou de documentaire[8]. Tentant de classer les contenus diffusés par la télévision pour y analyser le rôle spécifique de la musique, Mario d'Angelo distingue cinq degrés de fictionnalisation, selon les critères de fiction/réalité racontée par l'image et le commentaire (un journaliste ou parfois un récitant[9]), d'histoire scénarisée, de mise en scène avec comédiens (ceux-ci pouvant être à l'écran ou en voix off dans le cas d'un dessin animé par exemple)[10]. Plus le degré de fictionnalisation est élevé, plus la musique sera construite pour servir le dessein de la fiction. Ainsi, dans les documentaires, reportages et autres contenus à moindre degré de fictionnalisation qu'un film ou un docu-fiction, c'est l'emploi de 'l'illustration musicale qui domine, c'est-à-dire une musique pré-écrite pour créer des ambiances par la musique ou par les instruments.
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+ Le concept de « fiction » se manifeste sous le nom de « mimesis » chez les philosophes Platon et Aristote, qui ne s’entendent pas sur sa valeur ni sur sa fonction.
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+ Pour Platon, la mimesis est surtout une question de rapport entre intelligible et sensible : la fiction n’est qu’une pâle reproduction de la réalité (qui, elle, est à son tour une reproduction du monde des idées) qui nous éloigne de la réalité intelligible et nous empêche donc d'accéder au vrai. Dans La République, Platon présente la poésie comme une tromperie qui s'oppose à la fois à la vérité et à l'utile, donc à la raison, parce qu'elle soulève les passions. Ainsi, c'est justement parce que la poésie est agréable qu'elle est dangereuse. La condamnation de la mimesis est cependant progressive dans La République : alors que Platon reconnaît, dans les livres II et III, que les récits faux peuvent avoir une certaine valeur pédagogique, lorsque réservés à une élite, on peut voir, dans le livre X, un rejet total de la mimesis.
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37
+ Pour Aristote, la fiction acquiert le statut de réel outil d'apprentissage. C'est ce qu'il propose dans sa Poétique, notamment au chapitre IV. Aristote considère que l'imitation est innée chez l'être humain, et qu'elle constitue la différence fondamentale entre les humains et les animaux. Contrairement à Platon, Aristote juge que c'est parce que la poésie est agréable (et parce qu'elle serait intrinsèque à la nature humaine) qu'elle est le meilleur moyen d'apprentissage. Aristote affirme même que la poésie est supérieure à l'histoire, parce qu'elle s'intéresse aux principes généraux du monde plutôt qu'à des détails : alors que l'Histoire a pour objet d'étude des actions ou des événements particuliers, la poésie parle de toutes les actions possibles, autrement dit, de l'« action universelle »[11].
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+ La mimesis a par ailleurs, chez Aristote, une deuxième fonction, à savoir la catharsis : la représentation artistique (la fiction, et plus précisément celle du théâtre tragique) permet de purger les passions grâce à la pitié et à la crainte qu'elle suscite chez les spectateurs. Ainsi, le soulèvement des passions qu'entraîne la mimesis est ici considéré comme positif et ne s'oppose pas nécessairement, comme chez Platon, au vrai et à la raison.
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+ Aristote est l'un des premiers à défendre la fonction positive de la fiction, en tant que méthode d'apprentissage. Dans sa Poétique (chapitre IV), il constate que la curiosité et le goût pour l'apprentissage sont naturelles :
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+ « Le fait d'imiter est inhérent à la nature humaine dès l'enfance; et ce qui fait différer l'homme d'avec les autres animaux, c'est qu'il en est le plus enclin à l'imitation : les premières connaissances qu'il acquiert, il les doit à l'imitation , et tout le monde goûte les imitations. »
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+ — Poétique, chapitre IV
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+ Aristote défendra notamment le théâtre comme moyen d'imitation de la réalité précisément parce que ce processus est inoffensif (en nous permettant, par exemple, d'éviter ce qui nous ferait du mal).
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+ Cette conception est reprise dans le discours contemporain avec la notion de « simulateur » (dont Timothy Leary est un des principaux tenants[réf. nécessaire]). On aura recours, par exemple, à des simulateurs aérospatiaux pour apprendre à piloter un avion, ce qui ne pose pas de risques pour le pilote en apprentissage.
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+ Les visions respectives de Platon et d'Aristote sur la fiction nourrissent encore aujourd'hui les débats sur ses risques potentiels. Vers la fin du Moyen Âge, l'Église catholique, se fondant sur une conception platonicienne de la fiction, dénonçait la comédie dont elle jugeait les excès condamnables[12]. Les mêmes arguments qui ont servi à combattre la fiction, de la comédie du Moyen Âge au roman du 18e siècle, servent aujourd'hui à dénoncer les jeux vidéo jugés trop réalistes et violents. Les héritiers de la conception platonicienne insistent sur le danger que le joueur, aveuglé par une fiction trop réaliste, soit incapable de distinguer le jeu du monde réel[12]. Depuis la tuerie de Columbine de 1999, cette vision a de nombreux adeptes : les jeux vidéos sont fréquemment blâmés après certaines fusillades de masse[13].
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+ Le tenants de la pensée aristotélicienne, sur cet enjeu, répondent qu'à travers la catharsis les jeux vidéos permettent de purger certaines tensions et qu'ils auraient donc un pouvoir apaisant plutôt qu'exacerbant[12].
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+ Fidel Castro [fidɛl kastʁo][c] (en espagnol : [fiˈðel ˈkastɾo][d] Écouter), né le 13 août 1926 à Birán (dans la province de Holguín) et mort le 25 novembre 2016 à La Havane, est un révolutionnaire et homme d'État cubain. Il dirige la République de Cuba, pendant 49 ans, comme Premier ministre de 1959 à 1976 et ensuite comme président du Conseil d'État et président du Conseil des ministres de 1976 à 2008. C’est son frère Raúl Castro qui lui succède.
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+ Il est un des principaux dirigeants de la Révolution cubaine qui renversa le régime dictatorial de Fulgencio Batista. Fidel Castro, Raúl Castro, et Ernesto Guevara (dit « le Che ») donnent à la révolution, officiellement nationaliste au départ, une orientation marxiste-léniniste au début des années 1960, au moment de son affrontement avec les administrations américaines de l'époque. Le pays se rapproche alors de l'URSS. À la suite de la révolution, le régime cubain instaure progressivement une république socialiste à parti unique.
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+ Fidel Castro est également député de Santiago à partir de 1976 et premier secrétaire du Parti communiste de Cuba à partir de sa refondation en 1965.
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+ Considéré assez différemment à travers le monde[1], il est perçu par certains mouvements socialistes et communistes comme une icône alors que d'autres le voient comme un homme ayant instauré un régime autoritaire[2]. Il est aujourd'hui généralement considéré comme un dictateur par les historiens occidentaux et les pays démocratiques[3].
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+ Né à Birán, près de Mayarí, dans la province de Holguín (anciennement appelée province d'Orient), le 13 août 1926, Fidel Alejandro Castro Ruz est issu de la bourgeoisie cubaine[4]. Son père est un ancien soldat de la guerre d'indépendance de 1895, sympathisant franquiste et riche planteur sucrier[5]. De nombreux biographes pensent qu'il est né le 13 août 1927, considérant que son père avait modifié son certificat de naissance afin qu'il puisse entrer en seconde au collège Dolorès des jésuites à Santiago[6],[7]. Fidel Castro, « contrairement à une légende complaisante, a un vif souci de son image », et entretiendra cette tromperie en affirmant qu'à l'école des Frères des écoles chrétiennes chez les Frères maristes, il a « sauté » sa huitième en raison de bonnes notes[8].
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+ Il passe ses toutes premières années dans la ferme d'une famille aisée mais fort compliquée. Il est le fils d'Ángel Castro Argiz, immigrant espagnol (galicien) analphabète qui est ensuite devenu un riche propriétaire terrien, et de sa cuisinière d'origine espagnole née à Cuba, Lina Ruz González, alors que Don Ángel est encore marié avec son épouse délaissée, père de cinq enfants, et que le divorce n'est pas autorisé par la loi (Ángel, devenu citoyen cubain en 1941, épouse Lina en 1943 lorsque la Constitution légalise le divorce)[9]. Sept enfants naissent hors mariage, Fidel est le 3e et Raúl le 4e (des rumeurs font de Raúl un demi-frère de Fidel, la mère de Fidel l'ayant eu d'un sergent, Felipe Miraval métissé chinois et mulâtre, qu'Ángel Castro Ruz a reconnu néanmoins, après la prononciation du divorce avec sa première femme[10]). Fidel, enfant illégitime, est placé à l'âge de 5 ans à Santiago de Cuba, et ne sera baptisé, de père inconnu, qu'en janvier 1935. Il ne sera reconnu officiellement par son père, et ne prendra le nom de Castro, qu'en décembre 1943.
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+ Enfant, il est confronté à un univers patriarcal brutal, et est en contact avec les fils des paysans pauvres qui se tuent à la tâche pour son père[11].
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+ Le 28 février 2012, il perd sa sœur Ángela Castro Ruz, âgée de 88 ans et atteinte de la maladie d'Alzheimer[12]. Son frère aîné Ramón Castro Ruz meurt le 23 février 2016.
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+ Après des études dans des écoles catholiques, le cours préparatoire de l'école des Frères des écoles chrétiennes à Santiago de Cuba chez les Frères maristes de 1934 à 1939, puis chez les jésuites, d'abord à l'école Dolores de 1939 à 1942 puis au prestigieux lycée Belén de La Havane de 1942 à 1945, Fidel Castro entre à l'université de la capitale le 4 septembre 1945 d'où il sort docteur en droit, licencié en droit diplomatique et docteur en sciences sociales en 1950[13].
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+ C'est à travers le militantisme étudiant qu'il éveille sa conscience politique. Il devient délégué de la FEU (Fédération des étudiants d'université), qui s'oppose au régime corrompu de Ramón Grau San Martín. En mai 1947, il adhère au Parti orthodoxe, un parti nationaliste à tendance socialiste, dirigé par Eduardo Chibás, anti-communiste mais aussi anti-impérialiste c'est-à-dire anti-nord-américain. Il restera six ans dans cette organisation, jusqu'en 1953[14]. En juillet 1947, il participe, soutenu par certains des membres du gouvernement cubain dont José Alemán, avec un millier d'hommes dont Juan Bosch et Carlos Franqui, à la tentative manquée de débarquement en République dominicaine pour renverser le dictateur Trujillo[15]. En avril 1948 il participe au Bogotazo, émeutes de Bogota, consécutives à l'assassinat du libéral de gauche Jorge Eliécer Gaitan qui était candidat à la présidence de la Colombie, qui firent 3 000 morts.
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+ En octobre 1948, il épouse sa première femme, Mirta Díaz-Balart, sœur du ministre de l'Intérieur de Batista, Rafael Díaz-Balart, issue d'une famille bourgeoise de l'Oriente : son père, avocat, a défendu les compagnies américaines contre les Français qui voulaient contrôler l'industrie bananière. Cette famille joue encore aujourd'hui un rôle certain dans les milieux anticastristes de Miami (Lincoln Díaz-Balart est député de la Floride au Congrès, chef lobbyiste anticastriste aux États-Unis). Ils passent leur lune de miel à New York. Le mariage ne dure que quelques années et un seul enfant est issu de cette union : Fidel, dit Fidelito, né en 1949. De 1950 à 1952, il se consacre au droit. Fidel Castro a un cabinet d'avocat dans la rue Tejadillo et se consacre à la défense des pauvres[11], mais selon son amie Martha Frayde, lui et sa famille vivent des 200 pesos que lui envoie chaque mois son père[16]. Il se présente au Parlement pour le « Parti orthodoxe ». Mais le coup d'État du général Fulgencio Batista en 1952, qui renverse le gouvernement de Carlos Prío Socarrás, annule ces élections. Castro attaque Batista en justice, l'accusant d'avoir violé la Constitution, mais sa demande est jugée irrecevable.
24
+
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+ Castro organise alors une réaction armée en attaquant la caserne de Moncada le 26 juillet 1953 dans l'objectif de provoquer une insurrection locale et une grève générale, mais l’assaut est un désastre. Quatre-vingts des assaillants sont exécutés sommairement après leurs captures. Fidel Castro lui-même est capturé mais est épargné avec quelques autres survivants grâce au sergent Pedro Sarría, qui désobéit à ses instructions et ne fait pas fusiller ses prisonniers[17]. C'est à cette occasion qu'il rédige sa plaidoirie : « L'histoire m'acquittera », discours passionné défendant son action et explicitant ses thèses politiques. Libéré lors d'une vague d'amnistie en mai 1955, il s'exile avec son frère Raúl au Mexique où il rencontre Ernesto Guevara puis aux États-Unis pour collecter des fonds afin d'organiser le débarquement du Granma : il fonde le Mouvement du 26 juillet. À cette époque, Castro se définit comme un adepte de la philosophie jeffersonienne et adhère à la formule Lincoln de coopération entre le capital et le travail ; ainsi, en mars 1959, peu après son arrivée au pouvoir, il affirmera au U.S. News and World Report qu'il n'envisage aucune nationalisation[18].
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+ Le 2 décembre 1956, il rentre clandestinement à Cuba, avec 80 autres exilés et Che Guevara, sur le navire de plaisance Granma. La traversée s’effectue dans des conditions contraignantes puisque le navire n'offrait une capacité que de 25 personnes, et l'un des hommes tombe à la mer, mais ses compagnons réussissent à le sauver. Au moment où Castro et ses hommes débarquent, dans la Province orientale (au sud-est de Cuba), l'armée de Batista les attend. Après quelques jours de combats, seuls 16 des 82 hommes engagés ont survécu. Ils se réfugient dans la Sierra Maestra d'où ils mènent une guérilla contre l'armée de Batista, soutenue par le gouvernement américain qui lui fournit de l'argent et des armes[19]. Batista commet une erreur stratégique en ne les repoussant pas à la mer : il déclare que « personne ne survit dans la Sierra Maestra », mais Castro et ses hommes le démentent dans les faits. Parmi les survivants se trouvent Che Guevara, Raúl Castro et Camilo Cienfuegos.
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+ Les troupes rebelles obtiennent d’importants appuis chez les paysans pauvres de la sierra Maestra, victimes de l’arbitraire des grands propriétaires, et le mouvement regroupe bientôt 800 hommes. Le mouvement révolutionnaire est d'ailleurs très populaire aux États-Unis, le New York Times et CBS envoient leurs journalistes, Castro apparaît alors comme un héros de la démocratie. Le gouvernement des États-Unis, gêné par la brutalité du régime de Batista, retire l'aide militaire américaine qu'il lui apportait et commence à voir en Castro une alternative à Batista. Le retrait de cette aide n'entraine toutefois que peu de conséquences, les États-Unis continuant de fournir en armement les dictatures de Somoza au Nicaragua et Trujillo en République dominicaine qui toutes deux soutiennent Batista. Le 24 mai 1958, Batista envoie dix-sept bataillons (plus de 10 000 hommes) contre Castro lors de l'Opération Verano. Bien qu'en infériorité numérique, Castro remporte des victoires, aidé en cela par des désertions massives dans l'armée de Batista. Le traitement des prisonniers par les deux forces belligérantes contraste sensiblement et favorise les désertions dans les rangs gouvernementaux. Alors que les guérilleros prodiguent des soins médicaux aux soldats capturés et autorisent les visites de la Croix-Rouge, des cadavres de rebelles torturés à mort sont pendus aux arbres par les forces de Batista. Au cours de la contre-offensive de l'automne 1958, les forces révolutionnaires prennent Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays, et Santa Clara. Fidel Castro s'illustre personnellement dans ces combats, au point qu'Ernesto Guevara et une quarantaine d'officiers de la guérilla lui écrivent une lettre commune pour lui demander de cesser de s'exposer ainsi en première ligne[20].
30
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31
+ Le 31 décembre 1958, alors que la situation est très incertaine, Batista fuit le pays avec 40 millions de dollars vers la République dominicaine, puis l'Espagne de Franco. Au 1er janvier 1959, Castro et le président élu Carlos Rivero Agüero survolent le pays et les forces castristes prennent La Havane le 8 janvier 1959. Le crédit de Castro auprès de la population cubaine est énorme. Un premier gouvernement temporaire est mis en place, associant toutes les forces d'opposition à Batista et avec comme président Manuel Urrutia. Ce gouvernement est reconnu par les États-Unis le 7 janvier 1959 et Fidel Castro est nommé Premier ministre en février. Ce gouvernement a pour mission de préparer des élections dans les 18 mois. Cuba devra cependant affronter l'opposition croissante des États-Unis aux réformes nationalistes que Castro veut amener. Rapidement il sera confronté à un choix déterminant, soit renoncer aux réformes nationalistes désirées ou s'orienter vers la nationalisation complète de l'industrie, des banques et vers la réforme agraire qui concerne sa famille en tout premier lieu[21]. Le gouvernement de Castro s'orientera vers la seconde possibilité.
32
+
33
+ Fidel Castro est d'abord ministre de la Défense, puis il devient Premier ministre par le décret du 16 février 1959[22].
34
+
35
+ La peine de mort, abolie pour les civils à Cuba par la Constitution de 1940, est rétablie et progressivement étendue aux personnes qui commettraient des « délits contre-révolutionnaires » et des « actes préjudiciables à l’économie nationale et au Trésor public »[23].
36
+
37
+ Des procès publics parfois suivis d'exécutions d'anciens partisans du régime de Batista sont tenus. L'épuration concerne aussi l’opposition démocratique au dictateur Batista ainsi que des anciens partisans de Fidel Castro (c'est le cas du comandant Huber Matos condamné à vingt ans de prison). En 1960, on répertorie officiellement 631 condamnations à mort, exécutées principalement par Che Guevara depuis son quartier général situé dans la forteresse de la Cabaña à La Havane et 70 000 incarcérations politiques[24]. Devant les exécutions le nouveau Président Manuel Urrutia Lleó exige l'arrêt immédiat de la « justice sommaire ». Fidel Castro rétorque que « les assassins seront fusillés jusqu'au dernier »[25]. Juanita Castro, sœur de Fidel, indique avoir signalé à ce dernier l'arrestation, la condamnation et l'exécution d'innocents[26]. Aux protestations internationales, Fidel Castro affirme : « La justice révolutionnaire n’est pas fondée sur des principes légaux, mais sur des convictions morales... Nous n’exécutons pas des innocents ni des opposants politiques. Nous exécutons des meurtriers qui le méritent »[27]. Le correspondant du New York Times Herbertt Matthews note que « lorsque les batistains tuaient leurs adversaires à un rythme effrayant, généralement après les avoir torturés, il n'y avait pas eu de protestations américaines », et reconnaît ne connaître aucun exemple d'innocent exécuté. Même observation pour le correspondant du journal Le Monde, qui affirme : « les deux cents personnes exécutées sont des criminels de droit commun qui ont tué de leurs propres mains »[20]. Pour Elizabeth Burgos, la mise en œuvre immédiatement de la peine de mort par Fidel Castro est un des moyens pour modifier en profondeur la société cubaine et elle cite un texte de Fidel Castro, rédigé en 1954 : « Robespierre fut idéaliste et honnête jusqu’à sa mort. La révolution en danger, les ennemis à toutes les frontières, les traîtres prêts à tous les coups de poignard dans le dos, les hésitants toujours barrant la route : il fallait être dur, inflexible, sévère, pécher par excès et non par défaut, à l’heure où c’eût été le début de la fin. Il les fallait ces quelques mois de Terreur, pour venir à bout d’une terreur séculaire. Ce sont les Robespierre qu’il faut à Cuba, beaucoup de Robespierre ! »[28].
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+ Fidel Castro comprend très vite que la seule force organisée à Cuba est le Parti communiste (Partido socialista popular) dont son frère Raul fut membre. Il resserre ses relations avec ce parti, qui deviendra rapidement le pilier central du régime révolutionnaire. Castro donne immédiatement des gages sérieux au PC ; les secteurs-clés de l'économie, l'énergie et l'industrie sucrière sont nationalisés, les salaires des ouvriers sont augmentés, des terres sont distribuées aux paysans et les loyers baissés de moitié. Les propriétaires des journaux sont expropriés et les salariés encouragés à participer directement au contenu des publications. Bientôt, les journaux seront placés sous la tutelle du Parti communiste[20].
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41
+ Toutes les formes de ségrégations raciales qui prévalaient à Cuba dans l'accès aux emplois, plages, parcs ou centres de loisirs sont interdites[29]. Par ailleurs les biens de la mafia, devenue très influente sous le régime de Batista, sont nationalisés[30]. Le chef mafieux Meyer Lansky se déclarera « ruiné » par la révolution cubaine. Selon Enrique Cirules, historien spécialisé sur la mafia, Cuba est le seul pays où la mafia a connu une chute aussi vertigineuse[31]. Cependant, le géographe Yves Lacoste soutient qu'initialement, la mafia « qui combat ouvertement Batista », avait fourni aux partisans de Fidel Castro pendant sa prise de pouvoir des armes envoyées par voie maritime et installé une station de radio émettant sur toute l'île au sommet de la Sierra Maestra[32].
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+ Les États-Unis reconnaissent le nouveau gouvernement de Manuel Urrutia. Mais une tension se développe alors qu'il commence à exproprier des industries américaines telles que United Fruit, proposant une compensation uniquement fondée sur la taxe foncière que ces dernières s'étaient arrangées pour maintenir artificiellement basse. Le 6 juin 1958, Fidel Castro écrit pourtant une lettre dans la Sierra Maestra, qui fut publiée par la suite par l’un de ses partisans Carlos Franqui et dans laquelle il explique : « Quand cette guerre sera finie, commencera pour moi une guerre plus importante, plus longue : celle que je vais mener contre les Nord-Américains. Je suis certain que cela sera mon véritable destin. »[33]. En avril 1959, Castro rencontre le vice-président Richard Nixon à la Maison-Blanche[34]. On raconte qu'Eisenhower évita Castro, prétextant une partie de golf, pour laisser Nixon discuter avec lui et déterminer s'il était communiste.
44
+ La politique économique de Castro avait inquiété Washington, qui pensait qu'il avait fait allégeance à l'Union soviétique. À la suite de cette rencontre, Nixon expliqua que Castro était naïf mais pas forcément communiste. Il n’est alors qu’un réformateur humaniste et explique : « Le capitalisme sacrifie l’Homme… Le communisme sacrifie les droits de l’Homme. »
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46
+ Le 17 mars 1960, le gouvernement Eisenhower a pris la décision formelle de renverser le gouvernement cubain. Cette nouvelle politique se base sur plusieurs piliers : l'annulation de la quote-part sucrière cubaine, la fin des livraisons de ressources énergétiques telles que le pétrole, la poursuite de l'embargo sur les armes imposé en mars 1958 et la mise en place d'une campagne de terrorisme et de sabotage ainsi que l'organisation d'une force paramilitaire destinée à envahir l'île et destituer Fidel Castro[35],[36]′[37]. En avril 1960, Castro signe un accord avec l'URSS pour l'achat de pétrole à la suite du refus du gouvernement des États-Unis de livrer les raffineries américaines implantées à Cuba. Lors des premières livraisons de pétrole par l'URSS, le refus de ces compagnies, qui suivaient une directive de l'administration Eisenhower, de raffiner ce pétrole, entraîne leur nationalisation automatique[35],[38][source insuffisante]. Les États-Unis suppriment alors l'importation du sucre cubain, lequel représentait 80 % des exportations de Cuba vers ce pays et employait près de 25 % de la population[35],[38]. À la grande inquiétude de l'administration Eisenhower, Cuba resserre progressivement les liens avec l'Union soviétique. Nombre de conventions sont signées entre Fidel Castro et Nikita Khrouchtchev concernant une aide substantielle en matière économique et militaire. En 1968, Fidel Castro ne condamne pas l’intervention de l’armée soviétique en Tchécoslovaquie pour écraser le Printemps de Prague[39]. Dès 1960, la CIA prend contact avec la mafia pour élaborer un projet commun d'assassinat de Fidel Castro[40].
47
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48
+ Les États-Unis soutiennent en matériel et en entraînement les exilés cubains anti-castristes qui préparent un débarquement à Cuba.
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50
+ Une guerre du renseignement menée avec le KGB, les services cubains et des agents doubles au sein des exilés permet aux autorités cubaines d'être informées longtemps à l'avance de la préparation de ce débarquement. Alors que le débarquement est imminent, Fidel Castro déclare le 17 avril 1961 la nature « socialiste » de la révolution cubaine.
51
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52
+ Le débarquement de la Brigade 2506, composée de 1 400 exilés cubains financés et entraînés par la CIA, sous la direction des agents Grayston Lynch (en) et William Robertson a lieu sur la côte sud de Cuba, à la plage Girón appelée la Baie des Cochons.
53
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54
+ La CIA pense que le débarquement va provoquer un soulèvement populaire contre Castro. Or, il n'en est rien, et les forces débarquées sont capturées, alors que le Président Kennedy retire au dernier moment son soutien à l'opération. Deux navires de la marine américaine, venus en support, sont coulés par l'aviation cubaine et neuf personnes sont exécutées à la suite de cet échec.
55
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56
+ Castro, présent personnellement sur le champ de bataille, y gagne une popularité supplémentaire auprès des Cubains.
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+ Le 2 décembre de cette même année, lors d'une intervention télévisée, Castro se définit comme un « marxiste-léniniste » et annonce que Cuba adopte le communisme[41]. Pendant les années soixante, plusieurs autres tentatives de moindre ampleur sont menées. Les exilés cubains, financés et équipés par la CIA, tentent d'imiter la révolution castriste, formant des guérillas qui opèrent en particulier dans la Sierra de Escambray une région proche de Trinidad. Mais le régime cubain est désormais doté en armes lourdes venues du bloc de l'est, la guérilla est quadrillée par les forces révolutionnaires castristes et bien qu'une petite partie de la population de la région ait apporté un soutien à cette "guerre de bandits", ils furent finalement arrêtés.
59
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60
+ Dans ses mémoires, Khrouchtchev raconte qu'il était en vacances en Crimée le 17 avril 1961 lorsqu'il eut l'idée de placer des missiles à Cuba afin de dissuader les États-Unis d'agresser l'île ou directement l'URSS. Ayant consulté l'État-major soviétique, il rencontra en juillet une délégation cubaine conduite par Raúl Castro afin d'en préciser les modalités. Des missiles balistiques à moyenne portée R-12 devaient être déployés sur le sol cubain, mais les États-Unis découvrirent la construction des installations lance-missile le 15 octobre 1962, avant le déploiement des armes. Le gouvernement américain, considérant l'installation d'armes nucléaires soviétiques à 90 miles de Miami comme une agression et une menace directe contre la sécurité des États-Unis, annonça publiquement leur découverte et mit en place un embargo autour de Cuba, susceptible d'arrêter tout navire à destination de l'île. Dans une lettre que Castro adressa à Khrouchtchev le 27 octobre 1962, il lui demanda de réagir par la force nucléaire si Cuba venait à être envahie[42]. Mais le premier secrétaire rejeta l'idée.
61
+ Les militaires soviétiques présents à Cuba furent cependant autorisés à utiliser des armes tactiques nucléaires en cas d'attaque américaine.
62
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63
+ Khrouchtchev accepta finalement de retirer les lance-missiles en échange d'une promesse américaine de ne pas envahir Cuba et du retrait secret de leurs missiles Jupiter de Turquie et d'Italie[43]. À la suite de cet évènement, les États-Unis ne tentèrent plus d'invasion de Cuba, mais leurs relations restèrent tendues, notamment via l'embargo, et la CIA aurait continué de soutenir nombre de projets d'assassinat (638 selon le général Fabian Escalante, ancien chef des services secrets cubain[44]) pendant les années qui suivirent.
64
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65
+ Lors d’une conférence à La Havane en janvier 1992, Robert McNamara, l’ancien secrétaire à la Défense américaine, « a demandé à Castro s’il savait qu’il y avait des armes nucléaires soviétiques à Cuba, si, dans ces circonstances, il aurait quand même déclenché une attaque en cas d’invasion américaine, et s’il était conscient de ce qui se serait alors passé pour La Havane. Castro a répondu "oui" aux deux premières questions en ajoutant qu’il avait compris que Cuba aurait dans ce cas disparu de la carte »[45].
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+ Dès les années 1960, Cuba soutint de façon plus ou moins discrète des mouvements de guérillas communistes en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique mais à partir de 1975, l'armée cubaine intervint de façon directe dans des conflits sur ce dernier continent.
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+ Cuba envoya en été 1975 des conseillers militaires au MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola) qui avait pris le pouvoir en Angola lors de son indépendance, proclamant la République populaire d'Angola.
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+ En novembre, en réponse à l'intervention militaire sud-africaine sur le sol angolais, des unités régulières sont déployées et participent à la guerre civile angolaise : il y aura jusqu'à 50 000 hommes en permanence, et 300 000 soldats cubains auront été présents en 13 années de conflit. Cette aide militaire de Cuba à l'Angola est connue comme l'« Operación Carlota ».
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+ L'armée cubaine disposait de son propre état-major et constituait en fait la principale force militaire du MPLA avec des régiments d'artillerie et des blindés engagés, tandis que les forces du MPLA constituaient l'infanterie chargée des ratissages, etc. L'URSS s'était chargée du pont aérien, et a également fourni des avions MiG-21 avec des pilotes à l'armée cubaine.
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+ L'intervention cubaine en Angola s'est faite en deux temps. Le premier, immédiatement après l'indépendance de l'Angola (en fait les premiers hommes, habillés en touristes, arrivèrent un peu avant) fut décisif pour battre les milices soutenues par le Zaïre, les États-Unis et l'Afrique du Sud (alors sous le régime de l'apartheid) qui tentèrent de chasser le MPLA dès l'indépendance du pays. La colonne qui attaquait par le nord fut vite battue et le Zaïre préféra se retirer du conflit. Au sud la progression fut plus lente, mais l'armée angolaise et les Cubains finirent par récupérer le terrain envahi. Des pourparlers de paix eurent alors lieu, où Cuba ne fut pas présente, qui reconnaissaient l'indépendance de l'Angola, l'Afrique du Sud promit de ne plus soutenir de mouvements subversifs en Angola, et les Cubains se retirèrent progressivement.
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+ Le deuxième temps a lieu lorsque les forces cubaines se sont presque entièrement retirées[réf. nécessaire]. L'armée sud-africaine pense pouvoir profiter de l'occasion et lance une offensive de grande ampleur à partir de la Namibie. En janvier 1988, la bataille de Cuito Cuanavale oppose 20 000 soldats angolais et 5 000 soldats cubains à 7 000 soldats de l'armée sud-africaine et 10 000 combattants de l'UNITA. Cette bataille, qui constitue la plus importante engagée sur le continent africain depuis la Seconde Guerre mondiale, se solde par un échec relatif de toutes les forces engagées, en dépit des proclamations de victoire des uns et des autres, et marque les limites de la solution militaire. Au nombre impressionnant de soldats angolais et cubains tués répond l'absence de conquête territoriale de l'UNITA qui échoue à prendre la ville aux Cubains.
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+ Le 20 juillet 1988, un accord en 14 points est trouvé entre l'Afrique du Sud, l'Angola et Cuba. Parmi ceux-ci, la mise en œuvre de la résolution 435 prévoyant des élections en Namibie sous le contrôle des Nations unies en contrepartie du repli du contingent cubain. Le protocole de Genève est signé le 5 août et le 22 août, l'accord de paix est signé entre l'Angola et l'Afrique du Sud à Ruacana. Le 22 décembre, par l'accord de Brazzaville, un calendrier sur la mise en œuvre de la résolution 435 et celui du retrait cubain d'Angola est ratifié par tous les participants au conflit[46].
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+ Le soutien de Cuba à la lutte contre la politique d'Apartheid est reconnu par Nelson Mandela dès 1990 lors de sa libération puis plus tard quand, alors qu'il vient d'être élu à la présidence de l'ANC, il rend visite à Cuba en juillet, ceci après avoir rendu visite à Mouammar Kadhafi en mai 1990 après sa sortie de prison[47].
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+ Cuba a également envoyé des troupes en Éthiopie en 1977, à partir du moment où la junte militaire dirigée par Mengistu Haile Mariam avait décidé de s'allier à l'URSS.
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+ Dans les années 1980, plusieurs milliers de conseillers militaires furent envoyés pour soutenir le gouvernement sandiniste du Nicaragua.
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+ En 1976, Pierre Elliott Trudeau, alors Premier ministre du Canada fit à Cuba l'une des premières visites d'État d'un leader occidental pendant l'embargo imposé par les États-Unis[48], ce qui est étrange en raison des différends idéologiques des deux hommes. Il apporta 4 millions de dollars d'aide canadienne et offrit un prêt de 10 millions supplémentaires. Dans son discours, Trudeau déclara : « Longue vie au commandant en chef Fidel Castro. Longue vie à l'amitié cubano-canadienne. » L'amitié entre les deux hommes se poursuivit après le retrait du Premier ministre de ses fonctions et Trudeau se rendit à de nombreuses reprises sur l'île dans les années 1980 et 1990. Castro fit le déplacement au Canada en 2000 à Montréal (Québec) pour assister à ses funérailles. Ce fut d'ailleurs l'une des très rares fois où Castro ne revêtit pas son traditionnel uniforme militaire vert pour une fonction officielle.
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+ Le 28 mars 1980, un bus de demandeurs d'asile s'écrasa contre les portes de l'ambassade péruvienne à La Havane. Plus de 10 000 Cubains entrèrent dans l'ambassade en 48 heures. Le 20 avril, Castro annonça que tous ceux qui le souhaitaient pouvaient quitter le pays via le port de Mariel à La Havane. Les exilés cubains se mirent à naviguer vers Mariel formant ce qui fut appelé la « flottille de la liberté ». Selon les garde-côtes américains, 124 776 Cubains avaient quitté le pays lorsque Castro ferma les vannes le 26 septembre.
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+ Bien que la plupart des Cubains qui quittèrent l'île pendant cette période aient été des demandeurs d'asile réels, Castro en profita pour expulser 20 000 citoyens criminels.
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+ Fidel Castro a été au pouvoir face à dix présidents des États-Unis (Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, George H. W. Bush, Clinton, et G.W. Bush).
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+ Fidel Castro se livre à de virulentes critiques contre la politique américaine d'embargo et les tentatives fréquentes de renversement de son gouvernement. Il condamne aussi la mainmise des entreprises américaines sur les pays en voie de développement et même la politique de santé publique des États-Unis. Il a sévèrement critiqué la politique migratoire de son voisin qui empêche les émigrés cubains de rendre visite à leur famille dans l'île, et qui pousse les migrants à tenter la traversée mortelle[49].
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+ Il s'oppose aussi à l'attitude des pays développés vis-à-vis des pays en voie de développement, regrettant le poids croissant du service de la dette extérieure. Il accuse les États-Unis d'avoir eux-mêmes organisé les attentats du 11 septembre 2001 et affirme que le Pentagone a été touché avec un missile et non par le vol 77 American Airlines[50].
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+ Nombreuses sont les accusations dont les États-Unis font l'objet. Pendant la Guerre froide, ils ont provoqué selon le gouvernement cubain de nombreuses attaques secrètes et mortelles contre Cuba afin d'affaiblir le pays et par là même faire tomber le gouvernement Castro. En 1971, une épidémie de peste porcine africaine aurait été importée par des organisations anti-castristes soutenues par la CIA, ce qui fut révélé par la presse américaine en 1977. Les Cubains durent abattre la moitié de leurs porcs pour enrayer la maladie.
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+ En 1988, le procès du leader d'Omega 7, Eduardo Arocena, pour le meurtre du diplomate cubain Félix García en apporta de nouvelles preuves. D'autres pathologies telles que la mycète du tabac ou le smut de la canne à sucre leur furent attribuées, tout comme les tentatives répétées d'assassinat de leaders cubains, qui seraient au nombre de 638 d'après le livre de Fabian Escalante, ancien des services cubains[51].
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+ En 1988, Castro prend ouvertement parti contre l'évolution des pays « socialistes » vers l'économie de marché et la démocratie représentative[52].
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+ Le héros de la guerre d'Angola, le général Ochoa, très populaire dans l’armée et l'opinion publique est arrêté pour trafic de drogue. Celui-ci aurait eu recours à des sources de financement illégales pour pallier la réduction des financements apportés par Cuba (dont l’économie commençait à souffrir des nouvelles circonstances internationales) pour financer son corps expéditionnaire en Angola. Sont également arrêtés sous les mêmes chefs d'inculpation José Abrantes, ministre de l'Intérieur et ancien compagnon de Castro lui-même, ainsi que quelques autres représentants de ce ministère. Dans les semaines qui suivent, après que les cinq accusés ont reconnu leur culpabilité, quatre d'entre eux, dont le général, sont condamnés à mort, tandis que l'ancien ministre José Abrantès est condamné à 20 ans de prison mais décédera durant sa période de détention. Arrêté en juin 1989, Ochoa est exécuté le 13 juillet 1989. Pour certains opposants au régime cubain, ce procès résulterait d'une décision de Castro de réaffirmer son autorité en neutralisant un militaire réformateur selon eux en position de réaliser un coup d’État, et ils le comparent aux grands procès staliniens des années 1936-1938. Pour d'autres, la sévérité de la peine s'expliquerait par la volonté des autorités de maintenir une moralité intransigeante, même en période de crise[53]. Dans son livre La Vie cachée de Fidel Castro, l'ex-garde du corps Juan Reinaldo Sanchez passé aux États-Unis affirme que ce trafic de drogue impliquait d'autres personnalités du régime cubain et que les coupables ont été exécutés pour empêcher la vérité d'éclater.
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+ D'après le journaliste Ignacio Ramonet, après avoir passé sa vie à combattre les États-Unis, Arnaldo Ochoa « considérait, logiquement, que tout ce qui peut affaiblir les États-Unis ne peut qu’être bon pour Cuba. Aussi, il estimait que le trafic de drogue n'est point immoral quand il a pour cible les États-Unis : parce qu'il garantit aux paysans latinos-américains des revenus plus corrects ; qu'il favorise les investissements dans l'économie compensant l'hémorragie financière causée par le service de la dette extérieure ; et, enfin, parce qu'il mine la société américaine en aggravant la délinquance, les désordres et le mécontentement[54]. »
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+ Fidel Castro déclare, au cours d'un entretien, que l'affaire « Ochoa était une affaire de droit commun » et indique : « nous avons décidé [que] ces délits se sont transformés en acte de trahison ». Enfin Fidel Castro ajoute « Peu de gens ont autant souffert que moi de l'exécution d'Ochoa ». Son biographe Jean-Pierre Clerc dénonce le « machiavélisme » de Fidel Castro « prêt à tout, absolument tout, pour se maintenir au pouvoir »[55]. Selon Le Figaro, Fidel Castro « se refusait de voir condamner le général Ochoa », mais le ministre des Forces armées Raul Castro avait l'intention de « percer l'abcès de la corruption » dans l'armée[56]. Regis Debray, explique que ce « procès de Moscou à retardement qu'on appelle procès Ochoa a coupé les derniers rapports que je pouvais avoir avec l'officialité cubaine », et considère que « Castro, c'est Trotski, Lénine et Staline emboîtés en un seul caudillo »[57].
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+ Le 13 juillet 1994 a lieu le massacre du remorqueur 13 de Marzo qui voit la mort de 41 personnes, dont 10 enfants, dans le naufrage de leur bateau. Dans l'après-midi du 5 août 1994, des centaines de Cubains se rassemblent sur le Malecón de La Havane pour essayer de quitter l'île, à la suite d'une rumeur infondée indiquant l'arrivée prochaine de bateaux américains. L'espérance de ces candidats à l'exil est déçue. Alors ce rassemblement spontané se transforme en manifestation contre Fidel Castro et la révolution cubaine. L'émeute est rapidement mise au pas[58]. Puis Fidel Castro décide d'annuler l'interdiction d'émigrer[59], des dizaines de milliers de Cubains, les Balseros, tentent alors de rejoindre la Floride dans des embarcations improvisées[60].
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+ En 1998, Jean-Paul II fait une visite officielle à Cuba.
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+ La pétition du projet Varela, réclamant une démocratisation de la société cubaine, recueille finalement 25 000 signatures
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+ [61], Fidel Castro organise en novembre 1999, une manifestation rassemblant un million de personnes à La Havane, il y dénonce des opposants qualifiés de « laquais de l'impérialisme ». En juin 2002, fort d'une pétition de 11 millions de signataires, organisée par le régime, les députés inscrivent dans la Constitution de Cuba l'irrévocabilité du socialisme. En mars 2003, c'est le Printemps noir de Cuba, Fidel Castro fait arrêter 75 opposants dont des personnalités liées au projet Varela. Ces dissidents sont condamnés à de lourdes peines de prison. Depuis cette époque les Dames en blanc manifestent périodiquement à La Havane. Le 11 avril 2003, le moratoire sur la peine de mort est interrompu et trois Cubains, arrêtés le 2 avril, sont exécutés pour « terrorisme » à la suite d'une prise d'otages dans le détournement d'un ferry vers les États-Unis[62]. La réprobation est internationale, Fidel Castro perd de nouveaux soutiens dont celui de José Saramago[61].
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+ Hugo Chávez, président du Venezuela, et Fidel Castro ont entamé en avril 2005 la mise en œuvre de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), renforçant la coopération entre les deux pays.
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+ Le 31 juillet 2006, à la suite d'une crise intestinale aiguë, Fidel Castro cède temporairement ses pouvoirs au premier vice-président du Conseil d'État, son frère Raúl Castro, et subit une opération chirurgicale. À la suite de cette grave hémorragie intestinale, il apparaît à la télévision cubaine, visiblement fragilisé, affirmant que sa récupération de l'intervention chirurgicale qu'il avait subie se passait bien. Des doutes persistent néanmoins quant au véritable état de santé du leader cubain. Selon des rapports des services de renseignement américains, Castro serait atteint d'un cancer en phase terminale[63]. Cependant, le 30 janvier 2007, la télévision vénézuélienne diffuse une vidéo en contradiction avec les déclarations américaines, vidéo qui aurait été tournée trois jours auparavant. On y voit Castro debout, s'entretenant avec Hugo Chávez. Sur cette vidéo, il semble en regain de forme et parait avoir repris du poids par rapport à la dernière vidéo d'octobre 2006[64].
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+ Le 20 avril 2007, après plusieurs mois d’éloignement de ses fonctions, Fidel Castro reçoit à La Havane une délégation officielle chinoise de haut niveau. La durée de la rencontre (une heure) ainsi que les photos parues dans la presse locale[65] semblent confirmer l’évolution positive de l’état de santé du leader cubain.
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+ Le 6 juin 2007, Fidel Castro fait sa grande réapparition, après plus d'un an d'absence, lors d'une interview de 52 minutes à la télévision nationale cubaine. « Tout ce que je puis dire à mes compatriotes, c'est que je fais maintenant ce que je dois faire et rien de plus, il n'y a aucun secret », a déclaré le leader cubain qui avait fait lui-même de sa santé un « secret d'État » dans son communiqué au lendemain de l'annonce de sa première opération. « Il n'y a aucun secret d'État », a-t-il répété, avant de viser « l'espionnage » américain en assurant qu'« avec leurs satellites, ils vérifient n'importe quelle personne qui se présente à l'entrée de (ma) porte ». Alors que les responsables cubains répètent depuis plusieurs mois qu'il reviendra prochainement aux affaires, le chef de l'État cubain n'a fait aucune allusion à la question, consacrant l'essentiel de l'entretien à rendre hommage au Viêt Nam, un « pays-frère » allié de Cuba.
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+ À partir du 29 mars 2007, Fidel Castro signe des articles politiques publiés dans la presse officielle cubaine. Son allié le président vénézuélien Hugo Chávez affirme régulièrement que l'état de santé du leader cubain est bon et dément des spéculations sur sa mort. Enfin, le 21 septembre 2007, plus de trois mois après sa dernière prestation télévisée, Fidel Castro réapparait sur le petit écran pour démentir ces rumeurs. « Eh bien, je suis là. Il est moribond, il est mort, il va mourir après-demain. Eh bien, personne ne sait quel jour il va mourir » a plaisanté le leader cubain au terme de l'entretien d'une heure.
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+ Le 2 décembre 2007, le leader cubain est choisi comme candidat à l'Assemblée nationale en vue des élections du 20 janvier 2008 ce qui lui permet théoriquement de se présenter au scrutin présidentiel.
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+ Puis, le 18 décembre 2007, Castro laisse entendre qu’il est prêt à abandonner formellement le pouvoir. « Mon devoir élémentaire consiste à ne pas m'accrocher à des fonctions et à ne pas non plus faire obstacle à l'émergence de personnes plus jeunes » écrit-il dans une lettre adressée au peuple cubain[66].
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+ Dans un texte publié le 24 janvier 2008 à la première page des quotidiens cubains, l'ancien révolutionnaire a dévoilé pour la première fois quelques détails sur cet épisode douloureux de sa vie. « Quand je suis tombé gravement malade la nuit du 26 et à l'aube du 27 juillet, j'ai pensé que ce serait la fin », écrit-il. « Tandis que les médecins luttaient pour ma vie, le conseiller en chef du Conseil d'État a lu sur mon insistance le texte et j'ai dicté les changements à apporter », poursuit-il, faisant référence à ses mémoires.
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+ Enfin le 19 février 2008, Fidel Castro annonce son retrait de la tête de l'État cubain[67],[68]. Les analystes politiques s'accordent à penser qu'il jouera un rôle de « patriarche » vigilant. Son frère Raúl Castro lui succède le 24 février. Fidel Castro détient le record de longévité à la tête d’un État, à l’exception des rois et des reines. C’est après 49 ans d’exercice du pouvoir qu’il transmet celui-ci à Raúl Castro[69].
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+ Après son départ, Fidel Castro vit dans une maison à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la Havane[70], décrite comme « confortable mais non luxueuse » par le journal El País[71]. Dans cette résidence très gardée, il combat une santé qui se dégrade. Il n'effectue plus de déplacements à l’étranger et ses apparitions en public se raréfient. Les médias cubains révèlent qu’il se consacre essentiellement à l’écriture. Il reçoit également des visiteurs, en particulier des chefs d’État sud-américains comme le président vénézuélien Nicolás Maduro, les présidentes brésilienne Dilma Rousseff ou argentine Cristina Kirchner[72], mais également des dignitaires de pays alliés tel que le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung, le président russe Vladimir Poutine ou encore le ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi. Il rencontre aussi le pape Benoît XVI. En avril 2013, il apparaît lors de l’inauguration d’une école de son quartier et rend hommage à l’occasion à son ami récemment disparu Hugo Chávez qu'il a reçu plusieurs fois[73],[74]. Le premier vice-président cubain Miguel Díaz-Canel affirme en avril 2014 que Fidel Castro « va bien ».
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+ Malgré son retrait du pouvoir, Fidel Castro, même s'il ne gère plus les affaires quotidiennes, reste présent et influent dans la société cubaine. Il publie un livre, La Paz en Colombia (« La paix en Colombie »)[75], téléchargeable librement[76], ainsi que le premier tome de ses Mémoires, Les chemins de la victoire. II continue d'intervenir dans le débat politique en multipliant ses réflexions sur l'actualité au travers de chroniques périodiques dans la presse cubaine.
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+ Il réapparaît le 8 janvier 2014 lors d’une exposition d’art du peintre Kcho qui a lieu 55 ans jour pour jour après sa prise de pouvoir. L’ancien dirigeant cubain, âgé de 87 ans, y est apparu affaibli et vieillissant, voûté, montrant des difficultés évidentes à effectuer les gestes les plus simples, s’appuyant sur une canne pour progresser ou bien nécessitant une aide. Ensuite, ses rares apparitions publiques ne sont communiquées que par des photographies comme lors de sa rencontre avec le président français François Hollande le 11 mai 2015, premier dirigeant occidental à mettre les pieds sur l'île depuis Jean Chrétien en 1998. Le 20 septembre 2015, il apparaît recevant à son domicile le pape François durant une quarantaine de minutes. Lors de cet entretien, les deux hommes parlent notamment d'environnement et s'échangent des livres[77].
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+ Le 26 novembre 2016, son frère et successeur Raúl Castro annonce, lors d'une allocution télévisée, la mort à l'âge de 90 ans du « commandant en chef de la Révolution cubaine » survenue la veille au soir à 22 h 29 (heure locale). Il précise que selon les dernières volontés du défunt sa dépouille sera incinérée dès le lendemain aux premières heures de la matinée. Par ailleurs, neuf jours de deuil national sont décrétés par les autorités[78].
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+ Berta Soler, leader des Dames en blanc, indique : « Quand un dictateur meurt, il faut rire, il faut faire la fête »[79]. Le graffeur Danilo Maldonado Machado est arrêté[80], après avoir écrit sur un mur « Se fue » (« Il est parti »). Il s’est filmé ecrivant ces mots puis a mis en ligne une vidéo dans laquelle il appelle les Cubains à sortir dans la rue pour réclamer la liberté[81]. Il a été libéré près de deux mois plus tard le 21 janvier 2017[82]. En mars 2017, Eduardo Cardet, coordinateur national du Mouvement chrétien de libération, est condamné à trois ans de prison après avoir critiqué Fidel Castro, quelques jours après la mort de ce dernier en novembre 2016[83].
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146
+ Plusieurs millions de Cubains - plus de six millions selon les estimations officielles[84] - participent aux hommages officiels rendus dans les lieux publics à Fidel Castro dans les jours qui suivent sa mort[85].
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+ Dix jours de prohibition de consommation d'alcool ont lieu[86].
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150
+ Sa sœur Juanita Castro, entrée en dissidence depuis cinquante ans et vivant depuis à Miami, après avoir dénoncé publiquement les dérives du régime castriste, déclare : « Je ne me réjouis de la mort d'aucun être humain et je peux d'autant moins le faire avec une personne de mon sang et portant mon nom. (...) En tant que sœur de Fidel, je ressens en ces moments la perte d'un être humain de mon sang ». Elle annonce néanmoins qu'elle ne se rendra pas à Cuba pour les funérailles de son frère, dénonçant ainsi les rumeurs sur son éventuelle présence. Elle affirme en outre qu'elle n'avait pas l'intention de retourner un jour sur l'île[87].
151
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152
+ Pour Zoé Valdés, un tyran est mort mais un autre lui succède avec Raùl Castro. Le combat pour la liberté et la démocratie, contre la dictature militaire, doit continuer[88].
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154
+ Sa mort conduit à des déclarations de divers chefs d'État. Ainsi, Donald Trump a tweeté « Fidel Castro est mort ! »[89] alors que Barack Obama a considéré que « l'Histoire jugera l'impact énorme de Fidel Castro »[90].
155
+ Pour la Maison-Blanche, « Nous tendons une main d'amitié au peuple cubain. Nous savons que ce moment inspire aux Cubains — résidents à Cuba et aux États-Unis — de profondes et puissantes émotions, rappelant les innombrables manières dont Fidel Castro a changé le cours de la vie des personnes, des familles et de la nation cubaine. L'histoire retiendra et jugera l'immense influence de cette personnalité singulière sur les gens et le monde autour de lui. »[91]
156
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157
+ Pour le président de la République populaire de Chine Xi Jinping, « Le peuple chinois a perdu un camarade bon et sincère »[92].
158
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159
+ Pour Vladimir Poutine, « Cet homme d’État émérite est à juste titre considéré comme le symbole d’une époque de l’Histoire moderne du monde ». Pour Mikhaïl Gorbatchev, « Fidel a résisté et a fortifié son pays au cours du blocus américain le plus dur, quand il y avait une pression monumentale sur lui et il a pu mener son pays sur la voie du développement indépendant »[92].
160
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161
+ Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, il était « l'une des personnalités les plus iconiques du XXe siècle »[93].
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163
+ D'après le Premier ministre slovaque Robert Fico dont l’État préside à ce moment l'Union européenne, « Cuba n'a jamais menacé quiconque et ne veut que vivre sa propre vie. Nombreux sont ceux qui à tort ont haï et continuent de haïr Cuba pour son courage »[93].
164
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165
+ Pour le Premier ministre canadien Justin Trudeau, les Canadiens « s’associent au peuple cubain dans le deuil » après la mort de Fidel Castro et « la perte d’un leader remarquable »[92].
166
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167
+ Pour Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, il était « une personnalité unique qui a combattu contre le colonialisme et l'exploitation », « un modèle des luttes pour l'indépendance des nations opprimées »[93].
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169
+ Pour Nicolás Maduro, « Tous les révolutionnaires du monde, nous devons poursuivre son héritage et sa bannière d’indépendance, de socialisme, de patrie humaine »[92].
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+ Au cours des neuf jours de deuil national, les cendres de Fidel Castro ont parcouru 13 des 15 provinces cubaines, avant qu'il ne soit inhumé dans la plus stricte intimité[94] au cimetière Santa Ifigenia à Santiago de Cuba, le berceau de la révolution castriste situé dans l’est du pays[95]. Sa sépulture, située à quelques mètres de celle de José Martí, le père de l’indépendance cubaine, se présente sous la forme d'un simple bloc de granit de 2,5 mètres de haut, sur lequel fut apposé une plaque de marbre portant l'inscription « Fidel ». Par ailleurs, Raul Castro a annoncé qu'aucun monument ni statue ne sera édifiée à la mémoire de son frère, expliquant que « le leader de la révolution rejetait toute manifestation du culte de la personnalité […] jusque dans ses dernières heures »[96],[97],[98].
172
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173
+ Après la prise de pouvoir en 1959, Fidel Castro s'est engagé à organiser des élections dans un délai de deux ans. Puis en avril 1959, il indique que celles-ci seraient organisées quand le chômage et l'analphabétisme auront disparu. Le 1er mai 1960, il déclare : « Des élections ? Pour quoi faire ? ». Pour Fidel Castro, les élections sont devenues inutiles : « Une révolution exprimant la volonté du peuple est une élection chaque jour [...] Le peuple a-t-il le temps de faire des élections ? Non ! La révolution n'a pas de temps à perdre avec de telles folies »[99].
174
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+ Concernant les partis politiques Fidel Castro déclare en juillet 1965 : « Nous avons un parti qui représente uniquement les ouvriers et nous ne voulons pas de partis politiques qui représentent ceux qui les exploitent ». Puis il organise des élections pour faire adopter une nouvelle Constitution[100]. Le 15 février 1976 celle-ci est approuvée par 97,7% des votants[101].
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177
+ Pour l'écrivain cubain Reinaldo Arenas[e], Fidel Castro avait trois alternatives politiques en 1959. La mise en place d'élections démocratiques qui lui auraient permis d'être élu cependant il doit alors accepter une opposition et sa présence à la direction du pays serait éphémère. Mettre en place une dictature de droite mais qui n'assure pas un pouvoir définitif. Fidel Castro retient la troisième option en organisant « la tyrannie communiste, qui, à ce moment-là, outre qu’elle le couvrait de gloire, semblait lui assurer le pouvoir à vie. »[102].
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+
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+ Pour l'ancien ambassadeur français Jean Mendelson, s’exprimant en 2016 : « Cuba ne correspond à aucune case : ni démocratie représentative, ni dictature. Cuba n'a jamais été une démocratie parlementaire ; ce n'est pas un vrai État de droit, en dépit des apparences et d'un formalisme souvent paralysant. Mais ce système n'est pas comparable avec les dictatures latino-américaines encore présentes dans nos mémoires. Cuba n'a d'ailleurs pas non plus grand-chose à voir avec des pratiques encore fréquentes dans des pays voisins considérés comme démocratiques : à Cuba, il n'y a ni assassinat politique, ni exécution extra judiciaire, ni enlèvement ou disparition d'étudiants, de syndicalistes ou de journalistes dissidents ; depuis cinq ans, semble-t-il, il n'y a plus de condamné détenu pour motif politique dans les prisons cubaines. Un moratoire sur la peine de mort existe depuis plus de treize ans »[103].
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+ Castro consolide le contrôle de l'État sur la production en nationalisant les industries, en expropriant aussi bien les Cubains que les non-Cubains et en mettant en place des politiques sociales. En 1963, il met en place un carnet d'alimentation ; la libreta. Nombre de Cubains, à cause des expropriations, de la pauvreté ou pour des raisons politiques, quittèrent l'île, la plupart pour Miami, en Floride, où ils constituèrent une importante communauté anti-castriste. À cause de la politique des blocs durant la Guerre froide, et à cause de l'embargo établi par les États-Unis, Cuba devient de plus en plus dépendant des échanges commerciaux avec l'URSS et le bloc de l'Est, qui représentèrent environ 50 % de son PNB réel, dont une aide importante sous la forme de prix surévalués. La dissolution de l'Union soviétique en 1991 eut de sévères répercussions sur l'économie du pays.
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+ Les sanctions économiques des États-Unis contre Cuba, interdisant notamment aux touristes américains de s'y rendre, sont un facteur majeur du sous-développement de l'île. Cependant l'embargo n'empêche pas Cuba, pour des produits ne contenant aucune technologie américaine, de commercer avec les autres pays. Les États-Unis contrôlent les filiales étrangères des compagnies américaines qui commercent avec Cuba et imposent des sanctions aux compagnies étrangères qui font des bénéfices sur des propriétés nationalisées sans compensation. Ils restreignent également leurs propres échanges avec les petits pays qui traitent avec Cuba.[réf. nécessaire] Cependant les États-Unis sont de fait le premier partenaire commercial de Cuba. Un bateau qui a accosté dans un port cubain ne peut, avant trois mois, entrer dans un port américain.
184
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185
+ Cuba est la deuxième destination touristique des Caraïbes la plus prisée (derrière la République dominicaine) ce qui lui apporte des devises étrangères vitales. L'île reçoit également d'importants revenus (on les estime à 850 millions de dollars) de la part de Cubains exilés, qui en envoient à leur famille ou à leurs amis. En échange de personnel médical, Cuba reçoit également du pétrole en provenance du Venezuela, à la suite de la suppression du canal d'alimentation de l'Europe de l’Est.
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+ Ces dernières années, Fidel Castro a encouragé le développement de la biotechnologie pour soutenir l'économie cubaine et trouver des substituts à la dépendance extérieure cubaine en matière de produits de santé. Cette politique a fait craindre un développement d'armes biologiques par Cuba. Aussi, en 2002, l'un des objectifs de la visite de l'ancien président Carter était-elle de visiter les sites d'ingénierie génétique. Depuis, l'île a bénéficié des exportations de technologie médicale et de la croissance du tourisme à but sanitaire.
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+ La communication du gouvernement cubain à propos des réalisations économiques et sociales met un fort accent sur deux domaines phares : l’éducation et la santé.
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+ À Cuba, chacun peut accéder aux soins et à l'éducation. Depuis la Révolution, ces deux domaines montrent des statistiques officielles très bonnes, parmi les meilleures d’Amérique latine. Néanmoins, Cuba était déjà le pays le plus alphabétisé des Caraïbes avant la révolution castriste[24].
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+ En 2000, un demi-siècle après la Révolution, les taux officiels cubains se sont améliorés tant pour l’alphabétisation (99 %) que pour la mortalité infantile (4,2 pour mille, le taux le plus faible d'Amérique devant le Canada[104]). Selon les statistiques de l’Unesco, le taux d’instruction de base à Cuba est l’un des plus élevés d’Amérique latine.
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+ La campagne d'alphabétisation engagée par Fidel Castro a été concentrée sur les campagnes, notamment celles de la province Oriente où le niveau d'éducation[réf. nécessaire] était de l'ordre de 50 % avec un fort taux d'immigrés venant notamment d'Haïti. Lors d'un discours à l'automne 1960 devant les Nations unies, Fidel Castro annonça que Cuba serait « le seul pays qui pourra dire, après quelques mois, qu'il ne possède plus un seul illettré ». Près de 270 000 professeurs et étudiants furent envoyés à travers le pays pour apprendre à lire et à écrire à ceux qui le souhaitaient.
195
+ Les personnes qui terminaient leur cycle d'études étaient encouragées à envoyer une lettre à Fidel Castro comme test. Le musée national de l'instruction cubaine conserve 700 000 de ces courriers.
196
+ La télévision cubaine diffuse, en plus des programmes de divertissement, des cours du second degré pour la population adulte.
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+ L’opposant cubain Jacobo Machover relativise les réussites du système éducatif cubain. Selon lui, « l’éducation massifiée, gratuite et accessible à tous, tient davantage de l’endoctrinement que de l’acquisition des savoirs. Et les élèves contribuent eux-mêmes à leur propre entretien, obligés qu’ils sont de participer à des travaux agricoles non rémunérés en effectuant des séjours prolongés à « l’école de la campagne ». Le système castriste a fondé un enseignement à plusieurs vitesses, avec l’existence de vocacionales, réservées en théorie aux meilleurs élèves, en pratique aux enfants des dirigeants du Parti. Quant à l’université, elle est interdite à tous ceux qui n’ont pas un dossier révolutionnaire à toute épreuve. Les séances de critiques et d’autocritiques publiques, à la suite desquelles les étudiants accusés d’attitudes « déviantes » ou de « diversionnisme idéologique » font l’objet d’une exclusion immédiate, sont monnaie courante. Pour tous, privilégiés ou non, l’apprentissage du « matérialisme dialectique et historique » est de règle »[105].
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200
+ Le système de santé est d'excellente qualité. En reconnaissance de ses efforts, Fidel Castro fut le premier chef d'État à recevoir la médaille de la Santé pour tous, décernée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
201
+ La mortalité infantile est la plus basse de la région, avec toutefois un fort taux d’avortements, notamment pour raison médicale. La majeure partie du travail effectué par Cuba en matière de santé a porté sur l'enfance. Les médias cubains mettent fréquemment en avant la différence entre les enfants cubains et ceux de Bogota, Los Angeles, Buenos Aires, les « pueblos jóvenes » du Pérou, ou les favelas du Brésil.
202
+ Tous les enfants cubains ont droit à un litre de lait par jour gratuitement jusqu'à l'âge de 7 ans.
203
+ L'espérance de vie à Cuba est à peine inférieure à celle des États-Unis en 2002, et est la plus élevée de toute l'Amérique latine. L'espérance de vie est passée de moins de 60 ans en 1959 à 79 ans en 2012, montrant l’amélioration des conditions de vie depuis le début du XXe siècle.
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205
+ Environ 20 000 médecins de la brigade médicale cubaine ont été envoyés par Cuba auprès de 60 pays du tiers monde.
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207
+ Son gouvernement est régulièrement dénoncé comme une dictature[106],[107],[108],[109],[110],[111]. Plusieurs observateurs, think-tank et ONG comme Amnesty International ont critiqué ses dérives autoritaires[112],[113],[114],[115],[116]. Le journaliste cubain en exil Jacobo Machover parle quant à lui de « pouvoir absolu »[117].
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209
+ Cette vision est contestée par ses partisans[118],[119] : Castro jouissait d'une certaine popularité auprès d'hommes politiques (Hugo Chávez, Evo Morales) et d'intellectuels (Eduardo Galeano, Adolfo Pérez Esquivel[120]) en Amérique latine, en Afrique (Nelson Mandela)[121], en France (Danielle Mitterrand et Jean-Luc Mélenchon)[122] au Canada (Pierre Elliott Trudeau[123] et Justin Trudeau[124]) et aux États-Unis, où le révérend Jesse Jackson, ancien candidat à l'investiture du Parti démocrate pour l'élection présidentielle américaine, déclara en 1984 que Fidel Castro était « le politicien le plus honnête et le plus courageux qu'[il ait] jamais rencontré »[125].
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+ Selon un sondage réalisé en septembre 2006 par l'entreprise américaine Gallup dans les villes cubaines de la Havane et de Santiago, 49 % contre 39 % de leur population soutiennent le gouvernement actuel[126]. Contrairement à 80 % des habitants urbains d'Amérique latine, uniquement 26 % d'entre eux sont satisfaits de leur liberté individuelle[127].
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213
+ Fidel Castro n'organise pas de culte de la personnalité : on ne trouvera pas dans l'île de statue du personnage. Il a été représenté trois fois sur un timbre. La première fois en 1974, en commémoration de la visite de Léonid Brejnev, la deuxième fois en 1998, en commémoration de la visite historique du pape Jean-Paul II, puis en 1999, sur un timbre commémorant le 40e anniversaire de la Révolution. Le régime a plutôt encouragé l'admiration envers le héros de l'indépendance, José Martí, ou les martyrs de la révolution tels que Camilo Cienfuegos et surtout Che Guevara.
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+ En France, son amitié et sa caution restent revendiquées par des hommes et des femmes politiques comme Danielle Mitterrand ou Jean-Vincent Placé. L'historien Pierre Rigoulot indique en 2016 : « Il y a encore beaucoup de gens qui ont du mal à parler de Fidel Castro comme un dictateur »[128]. De nombreuses personnalités de carrure internationale, revendiquent leur amitié envers le « Comandante », de l'acteur américain Danny Glover, en passant par Desmond Tutu, Nelson Mandela ou bien Rigoberta Menchu.
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+ Cependant, à l'étranger cette image est depuis longtemps contestée du fait du nombre de prisonniers politiques : « Depuis quarante ans, Amnesty International fait campagne contre les atteintes aux droits humains perpétrées par le gouvernement cubain ; l'organisation s'est élevée, en particulier, contre l'emprisonnement de dissidents politiques et de journalistes, victimes des sévères restrictions imposées à la liberté d'expression, d'association et de réunion. »[129]
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+ Selon l’historien Claude Morin, Fidel Castro ne correspond pas au portrait d’un dictateur, car il a conservé jusqu'au bout l’estime et la confiance des Cubains. D’autres estiment que son gouvernement reposait sur la répression de toute contestation. S’il a monopolisé les leviers du pouvoir, il ne les a pas utilisés à des fins d’enrichissement personnel et a au contraire vécu simplement[11].
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+ Si Fidel Castro est généralement décrit comme un dictateur dans les médias occidentaux, il est considéré très différemment en Amérique latine, où, le 29 janvier 2014, les dirigeants des trente-trois pays de la région — y compris les conservateurs — l'avaient proclamé « guide politique et moral de l’Amérique », lors du deuxième sommet de la Communauté d’États latino-américains et caribéens (Celac)[130].
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+ Dans de nombreux pays dits du tiers-monde, Fidel Castro bénéficie d'une grande popularité, notamment en Amérique latine. Lors de son retrait du pouvoir en 2008, de nombreux chefs d'États lui ont rendu hommage[131]. Lula da Silva, président du Brésil, l'a qualifié de « seul mythe vivant de l'histoire de l'humanité ». Hugo Chávez, président du Venezuela, a quant à lui déclaré que « les hommes comme Fidel ne se retirent jamais ». Evo Morales en Bolivie, Daniel Ortega au Nicaragua, les dirigeants de l'ANC en Afrique du Sud, ou encore ceux du MPLA en Angola ont également assuré le président cubain de leur soutien.
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+ D'autres personnalités politiques ou associatives sud-américaines ont manifesté leur admiration pour Fidel Castro. C'est le cas de Rosario Ibarra (es), sénatrice mexicaine, de João Pedro Stedile, président du Mouvement des sans-terre au Brésil, ou de Hebe de Bonafi, présidente de l'Association des mères de la place de Mai en Argentine[132]. Portia Simpson-Miller, ex-Premier ministre de Jamaïque, a affirmé « c'est une légende, un géant, un champion »[131].
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+ Adolfo Pérez Esquivel, argentin qui reçut le prix Nobel de la paix en 1980 pour son action en faveur des droits humains, dit avoir « toujours été étonné par l’humanité que dégageait Fidel Castro ». Il décrit le révolutionnaire comme « l’un des plus grands hommes d’État », un « homme de culture » et « un intellectuel avec une vision parfois quasi prophétique »[120]. Eduardo Galeano, écrivain uruguayen, compare Fidel Castro à Don Quichotte. Il évoque la « volonté têtue et l'archaïque sens de l'honneur de ce chevalier qui sans cesse s'est battu en faveur des perdants, comme son fameux collègue des campagnes de la Mancha »[132].
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+ Gabriel García Márquez, colombien titulaire d'un prix Nobel de littérature, insiste sur « la confiance absolue qu'il place dans le contact direct », et écrit : « Son pouvoir est à la séduction. Il va chercher les problèmes là où ils sont. [...] Sa patience est invincible. Sa discipline est de fer. La force de son imagination le pousse jusqu'aux limites de l'imprévu. »[133]
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+ Bien qu'elles soient beaucoup moins nombreuses qu'en Amérique du Sud, certaines personnalités en France ont apporté leur soutien à Fidel Castro. Georges Marchais, ancien secrétaire général du Parti communiste français, était l'un de ses amis personnels[134]. Ce dernier l'a d'ailleurs invité à dîner à son domicile de Champigny-sur-Marne lors de sa visite non officielle en France en 1995[135]. Danielle Mitterrand a également pris parti pour le gouvernement de l'île. Elle s'est rendue à la cérémonie organisée pour les 80 ans du dirigeant, tout comme l'acteur Gérard Depardieu[136]. Salim Lamrani, journaliste français, dit avoir été surpris, lors d'un meeting du président cubain, par "la facilité qu'il a à dialoguer avec les gens, qui s'approchaient de lui et lui parlaient comme s'il était leur voisin de palier."[137]
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+ Ricardo Alarcón de Quesada, président de l'Assemblée Nationale de Cuba, explique ainsi les réélections successives de Fidel Castro : « Sa légitimité historique, ses qualités personnelles, [...] son autorité, son prestige au niveau international expliquent l'unanimité qu'il fait auprès des citoyens »; « il n'a jamais menti au peuple et ne s'est pas enrichi à ses dépens. [...] Pourquoi cesserions-nous d'élire un homme d'une stature aussi exceptionnelle ? » Il lui prête également une « capacité d'autocritique extraordinaire » et une grande intuition[137].
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+ Fidel Castro figure dans le Guinness World Records comme « la personne ayant subi le plus grand nombre de tentatives d’assassinat », 638 projets d'assassinats ayant été dénombrés. Le documentaire de Dollan Cannell 638 Ways to Kill Castro, diffusé en 2006 au Royaume-Uni, dénombre les attentats commis ou prévus contre par Fidel Castro sous administration de chaque président américain entre 1959 et 2000 : Dwight D. Eisenhower, 38 ; John F. Kennedy, 42 ; Lyndon Johnson, 72 ; Richard Nixon puis Gerald Ford, 184 ; Jimmy Carter, 64 ; Ronald Reagan, 197 ; George H. Bush, 16, William Clinton, 25[138].
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+ Pour l'historien Pierre Rigoulot deux crises majeures conduisent les intellectuels à une rupture avec le régime de Fidel Castro ou du moins à la fin de leur enthousiasme pour la gouvernance cubaine. Il s'agit d'une part du soutien de Fidel Castro à l'invasion de la Tchécoslovaquie par le Pacte de Varsovie en 1968 et d'autre part de l'affaire du poète cubain Heberto Padilla en 1971[139].
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+ Ainsi Simone de Beauvoir considère que le basculement du régime date du début de l'année 1968 : « Il y a un pays qui, pendant un temps, a incarné pour nous l'espoir socialiste : Cuba. Il a bientôt cessé d'être une terre de liberté ». Neuf ans après le renversement du dictateur Fulgencio Batista en 1959, le régime cubain se révèle de « style » soviétique d'État totalitaire avec un parti unique, une idéologie unique et obligatoire, un chef suprême et une collectivisation de l'économie. L'invasion de la Tchécoslovaquie par le Pacte de Varsovie aggrave le « désenchantement général ». Simone de Beauvoir écrit : « Le discours qu'il prononça après l'entrée des troupes soviétiques en Tchécoslovaquie, prouvait qu'il s'alignait inconditionnellement sur la politique de l'URSS ». L'ambassadeur français à Cuba Henry Bayle analyse fermement ce positionnement cubain : « Cuba ne défend pas les peuples dont l'indépendance nationale est menacée ou bafouée par les États-Unis. Lorsque l'oppresseur est Russe, les thèses guévaristes ou opsaalienne n'ont plus cours »[140].
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+ En 1971, le poète, écrivain et journaliste Heberto Padilla est arrêté et emprisonné par le régime. Il doit faire son auto-critique devant l'Union des écrivains cubains et reconnaitre ses erreurs contre-révolutionnaires. Fidel Castro prévient : « Les réactions dans le monde permettront à Cuba d'établir une distinction entre ses vrais amis et ceux qui posent des conditions ». Malgré cet avertissement la réprobation est internationale. Une première réaction émane d'intellectuels mexicains avec notamment Octavio Paz, Juan Rulfo... Puis une seconde lettre internationale signée en particulier de Jean-Paul Sartre, Alberto Moravia, Jorge Semprun, Simone de Beauvoir, Susan Sontag, Marguerite Duras, Octavio Paz, Julio Cortazar, Mario Vargas Llosa... Ce texte soutenait encore Cuba contre les États-Unis mais dénonçait la « mauvaise orientation » que prenait Fidel Castro. Cuba réagit en soulignant le « paternalisme » de ces intellectuels. Ces derniers sont déçus par Fidel Castro croyant avoir une influence sur lui. Ils expriment, dans un nouveau manifeste, leur « honte » et leur « colère » devant l'auto-critique du poète cubain. Les signataires sont à peu près les mêmes mais il faut y rajouter le Cubain Carlos Franqui[141].
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+ Pour Simone de Beauvoir : « La lune de miel de la révolution qui nous avait tant séduit est bien finie ». Pierre Rigoulot considère que la rupture des intellectuels et de la gauche avec ce régime concernait en fait les « espoirs excessifs » mis dans la révolution castriste[142].
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245
+ Des milliers de Cubains ont quitté le pays depuis l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro, pour des raisons politiques et/ou économiques. En août 1994, alors que le régime est installé depuis 35 ans, ce sont encore 32 000 Cubains qui préfèrent quitter l'île sur des radeaux[143]. Selon le journal communiste l'Humanité, chaque année, 20 000 Cubains demandent un visa pour les États-Unis[144].
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247
+ Plusieurs milliers d'entre eux se sont engagés dans des organisations plus ou moins aidées par le gouvernement des États-Unis, en vue de le renverser ou du moins de contester son régime, les actions violentes des années 1960 ayant échoué. Jacobo Machover estime à plusieurs centaines de milliers le nombre des opposants à Fidel Castro[117]. Concernant ces oppositions, l'historienne Jeannine Verdès-Leroux précise que la très « grande majorité ne recevaient pas d'aide de la CIA, ne la cherchaient ni ne la voulaient »[23].
248
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249
+ Dans les années 1960, les Unités militaires d'aide à la production (UMAP) sont fondés par le gouvernement cubain. Selon celui-ci ces centres UMAP doivent accueillir les individus qui ne peuvent pas être incorporés dans l'armée, il s'agit d'un service civil. Cela concerne notamment les antimilitaristes, homosexuels ou opposants politiques. Dans une interview avec La Jornada en 2010, Fidel Castro a admis sa responsabilité dans les persécutions lors d'une question à propos des camps de l'UMAP : « Après mon arrivée au pouvoir, les représentants des minorités sexuelles étaient persécutés…Oui, il y a eu des moments de grande injustice, de grande injustice ! »[145],[146]. Des malades du sida sont aussi enfermés dans le « sidatorium » de Los Cocos, où ils servent de cobayes pour des expériences, certains en mourant. À l'hôpital psychiatrique de Mazorra, des malades mentaux sont torturés par des électrochocs[147].
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251
+ Le 23 avril 2003, les membres de l'association Reporters sans frontières (RSF) accompagnés d'un journaliste de 20 Minutes, du cinéaste Romain Goupil, de l'écrivain Zoé Valdés et du philosophe et chroniqueur au Monde Pascal Bruckner ont manifesté devant l'ambassade cubaine à Paris contre la condamnation de 78 Cubains accusés de « conspiration ». Ils ont bloqué les entrées avec des chaînes et cadenas, et déclarent avoir alors été frappés par des employés de l'ambassade munis de bâtons et de barres de fer, sortis dans la rue. Il y a quatre blessés. L'association Cuba-Si[148], favorable au régime, parle de « calomnie ». Salim Lamrani et l'ambassadeur cubain donnent une version de l'évènement très différente de celle défendue par RSF[149]. Cependant la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH)[150] condamne « la violente réaction » des employés de l'ambassade. RSF en propose le film sur son site, où ne figurent pas les actes de violence[151].
252
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+ Des dissidents cubains ont déposé une requête devant l'Audience nationale, la plus haute instance de la justice espagnole, le 14 octobre 2005 pour demander l'inculpation de Fidel Castro pour génocide, crimes contre l'humanité, torture et terrorisme[152].
254
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+ Des opposants politiques sont morts emprisonnés dans les prisons cubaines[113], parmi lesquels le plus célèbre est le poète catholique Pedro Luis Boitel décédé à la suite de sa grève de la faim. Beaucoup d'écrivains furent également persécutés leur vie durant sans pouvoir quitter librement Cuba, comme Reinaldo Arenas en raison de son homosexualité (qui parvint à s'exiler aux États-Unis[153]), José Lezama Lima ou Virgilio Piñera.
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+ Le révolutionnaire Mario Chanes de Armas est un compagnon d'armes de Fidel Castro, tous deux membres à une époque du Parti orthodoxe. Il participe à l'attaque contre la Caserne de Moncada en 1953 puis au débarquement du Granma en 1956. Après l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959, il s'éloigne du régime castriste considérant que « l'organisation d'élections libres n'est pas à l'ordre du jour ». Il est arrêté en 1961, accusé de vouloir assassiner Fidel Castro et passe alors 30 ans en prison, faisant de lui le plus vieux prisonnier du monde[154]. Huber Matos est le commandant de l'Armée des guérilleros lors de l'assaut final contre Santiago de Cuba. Après la victoire, Huber Matos est nommé commandant militaire de la province de Camagüey. Mais il critique Fidel Castro et il est en désaccord avec la suppression d'une part de la Constitution démocratique et progressiste de 1940 et d'autre part des élections libres. Il présente alors sa démission, le 19 octobre 1959. Accusé de complot, il est traduit devant un tribunal. Selon le journaliste Paulo A. Paranagua : « Guevara et Raul Castro souhaitaient envoyer Matos devant le peloton d'exécution, mais Fidel ne veut pas en faire un martyr. Il sera donc condamné pour « trahison et sédition » à vingt ans de prison »[155]. D'autres guérilleros anti-Batista comme Eloy Gutiérrez Menoyo ou William Alexander Morgan se retournent contre Fidel Castro. Le premier n'adhère pas aux nouvelles orientations pro-communistes de Fidel Castro et est incarcéré après avoir fondé un groupe anticastriste (Alpha 66) ; le second, lui aussi opposé aux orientations pro-soviétiques, est soupçonné d'être un agent de la CIA et est condamné à mort et exécuté après avoir participé à une tentative d'assassinat de Fidel Castro.
258
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259
+ De nombreux opposants ont connu la prison. L'un des plus célèbres est Armando Valladares qui a raconté son expérience dans Against All Hope, condamné pour avoir placé des explosifs dans la Havane en 1960. Régis Debray, qui fut envoyé par François Mitterrand pour obtenir sa libération en 1980, écrivit plus tard qu'Armando Valladares s'était fait passer pour un poète paralytique alors qu'il était en réalité en parfaite santé[156]. Ce dernier obtint d'ailleurs par la suite la nationalité américaine et devint ambassadeur de Ronald Reagan auprès des Nations unies[157].
260
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261
+ Au fur et à mesure de l'évolution de la Révolution, le nombre de prisonniers politiques a décru.
262
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+ Cependant, la répression demeure très élevée selon Amnesty International : « Au cours de l'année 2006, on a constaté une augmentation des actes de harcèlement public et d'intimidation des critiques du régime et dissidents politiques par des groupes quasi officiels lors d'opérations dites "de répudiation" ».
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265
+ Les actes de répudiation ou manifestations organisées par des partisans du gouvernement qui s'en prennent à des dissidents politiques ou des critiques du régime sont en hausse[158].
266
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267
+ « (...) les manifestations de répudiation de dissidents étaient d’une violence inouïe, verbale en général, mais j’ai vu des gens déshabiller complètement une femme et, là-bas, la police est totalement du côté des manifestants. Je ne veux pas me souvenir de cela »[159].
268
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269
+ De nombreuses arrestations ont lieu au motif de « dangerosité sociale », définie comme une « propension à commettre une infraction » cette mesure de prison préventive qui concerne l'ivrognerie, la toxicomanie ne s'est appliquée qu'aux opposants[160] et peut aller jusqu'à quatre ans d'emprisonnement.
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271
+ Selon un rapport publié le 10 janvier 2005 par la Commission cubaine pour les droits de l’homme et la réconciliation nationale (CCDHRN), 294 prisonniers politiques sont encore enfermés à Cuba, contre 317 début 2004. Selon ce rapport, en 2004, au moins 21 personnes ont été emprisonnées pour des motifs politiques. Il rappelle également que le gouvernement cubain continue de refuser l’accès aux prisons au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et à la Commission des droits de l’homme de l’ONU.
272
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273
+ Pour Elizabeth Burgos, qui a été une proche de Fidel Castro c'« est avant tout un grand, un énorme séducteur, très conscient de son charisme. Je n'ai jamais vu quelqu'un ne pas tomber sous son charme ensorcelant. Il est capable de jouer l'enfant, le confident, le grand frère, l'ami intime et vous faire croire que vous êtes avec lui sur un pied d'égalité. C'est irrésistible »[161].
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275
+ En 2003, le magazine américain Forbes estime la fortune de Fidel Castro à « au moins 110 millions de dollars »[162]. En 2004 à 150 millions[163] ; puis, en 2005, à 550 millions de USD[164]. Et enfin en 2006, à 900 millions de dollars américains selon d'ex-fonctionnaires cubains[165]. Jusqu'en 2003, le magazine se contentait d’attribuer, de manière arbitraire, une partie du PIB cubain, environ 10 %, à Fidel Castro. Pour l'année 2006, la valeur des entreprises d'État a été comptabilisée comme relevant de sa fortune personnelle.
276
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+ Celui-ci a démenti ces affirmations et annonce qu'il ne gagne que 900 pesos (l'équivalent de 40 $US) par mois, il s'est par ailleurs engagé à quitter ses fonctions si la preuve est apportée qu'il possède une telle fortune[166]. En mai 2006, il déclare « Je ne suis pas né totalement pauvre. Mon père possédait des milliers d'hectares de terre. À la victoire de la révolution, toutes ces terres ont été remises aux paysans. […] Toute ma fortune, M. Bush, tient dans la poche de votre chemise ! »[167]
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+ En 2014, l'un de ses anciens gardes du corps, Juan Reinaldo Sánchez, décrit après sa défection et son passage aux États-Unis dans son livre La Vie cachée de Fidel Castro le « sanctuaire » et le « paradis » que constitue la propriété de Fidel Castro à Cayo Piedra. Ce que l'ancien chef d'État a toujours présenté comme une cabane de pêche serait en fait une propriété luxueuse s'étendant sur deux îles reliées par un pont, entourée d'un périmètre délimité ultra-protégé, avec piste d'hélicoptère, restaurant flottant, et zoo marin. Juan Reinaldo Sánchez affirme également que Castro participait pour des raisons stratégiques à des trafics de cocaïne aux États-Unis au passage desquels le régime cubain tirait profit.
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+ Ramón Castro Ruz (1924 – 2016) est le frère aîné de Fidel Castro et de Raúl Castro. Sa sœur cadette, Juanita Castro, après avoir soutenu la révolution castriste contre le dictateur Batista, déclare avoir changé de point de vue après les exécutions d'opposants ordonnées par Fidel : « J'ai commencé à perdre mes illusions en voyant tant d'injustice ». Elle s'exile aux États-Unis en 1964 et indique en octobre 2009 avoir travaillé pour la CIA de 1961 à son départ de Cuba[168].
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+ Fidel Castro se marie avec Mirta Díaz-Balart le 12 octobre 1948. C'est une étudiante en philosophie issue d'une famille aisée, elle sera la mère de Fidel Castro Díaz-Balart, dit Fidelito (1949-2018), physicien nucléaire. Le couple divorce en 1954.
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+ Natalia Revuelta est une Cubaine, ancienne maitresse de Fidel Castro dans les années 1950 alors que ce dernier est marié avec Mirta Díaz-Balart. Ils ont ensemble une fille, Alina Fernández[169]. Après une liaison en 1955 avec la créole Maria Laborde, militante du Mouvement du 26 Juillet, il a un fils, né en 1956, Jorge Ángel Castro Laborde.
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+ Marita Lorenz a une liaison avec Fidel Castro en 1959, à l'âge de 19 ans. Pendant près de 9 mois elle vit avec Fidel dans la suite 2408 du Hilton et affirme avoir eu un enfant de son amant, mais il lui aurait été retiré après son accouchement alors qu'elle était dans le coma à la suite d'un empoisonnement. Celui-ci porterait le nom d'Andres Vazquez. Après avoir quitté Cuba, elle rejoint les anti–castristes et retourne à Cuba pour tuer son ancien amant. Mais elle retombe sous son charme et renonce à son projet[170]
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+ Celia Sánchez participe à la révolution de 1959 et restera aux côtés de Fidel jusqu'à sa mort en 1980.
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+ Dalia Soto del Valle fréquente Fidel Castro depuis les années 1960. À partir des années 1980 elle vit à ses côtés jusqu'à la fin de sa vie[171], ils ont cinq fils : Alejandro, Alex, Antonio, Alexis et Angel[172].
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+ Fidel Castro Díaz-Balart, né le 1er septembre 1949, suit des études à l'Université d'État de Moscou et à l’institut d’énergie atomique Kourtchatov. Il épouse alors Natasha Smirnova, ils ont trois enfants. De retour à Cuba, Fidel Castro lui demande de diriger « un de ses projets mégalomanes », la centrale nucléaire de Juragua, à Cienfuegos, c'est un échec. En 1992, son père le démet de ses fonctions. Il restera à La Havane où il fait de la figuration dans les cérémonies officielles et profite de la « dolce vita ». Il se suicide le 1er février 2018 [173].
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+ Alina Fernández, une des filles naturelles de Fidel Castro, a fui Cuba en 1993 et ne cesse de s'opposer publiquement à son père et à sa politique. Elle est installée depuis 2001 à Miami. Au total, au moins six membres de sa famille se sont installés à Little Havana, le quartier cubain de cette ville : sa sœur, deux de ses filles et trois de ses petits-enfants, qui mènent, en général, une vie loin des médias.
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+ Antonio Castro Soto del Valle, Tony pour ses proches, est chirurgien orthopédique et président de la fédération cubaine de baseball. Il serait le fils préféré de Fidel[174].
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+ Le personnage de Fidel Castro est présent dans le jeu Call of Duty: Black Ops de Treyarch, dans les modes « Campagne » et « Zombies » (Five), où il est jouable. Fidel Castro est également l'un des personnages jouables du jeu Tropico 4.
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+ La fièvre est l'état d'un animal, à sang chaud (endotherme) ou à sang froid (ectotherme), dont la température interne est nettement supérieure (hyperthermie) à sa température ordinaire, de façon contrôlée.
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+ Chez les endothermes (essentiellement les mammifères et les oiseaux), ce phénomène physiologique semble être principalement une réponse hypothalamique stimulée par des substances pyrogènes principalement libérées par les macrophages et/ou lors des phénomènes inflammatoires.
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+ Chez l'humain, la fièvre accroît les défenses par plusieurs voies complémentaires : elle stimule l'immunité spécifique et non spécifique et la microbiostase (inhibition de la croissance) en diminuant le fer disponible pour les micro-organismes pathogènes afin de diminuer leur virulence[1]. Le phénomène se déroule suivant trois phases[2] :
6
+
7
+ La température corporelle normale moyenne des humains est de 37 °C (entre 36,5 et 37,5 °C selon les individus et le rythme nycthéméral). La fièvre est définie par une température rectale au repos supérieure ou égale à 38,0 °C[3]. Une fièvre au-delà de 40 °C est considérée comme un risque de santé majeur et immédiat, particulièrement chez les jeunes enfants (voir hyperthermie). Lorsque la fièvre est modérée, entre 37,7 et 37,9 °C, on l'appelle fébricule.
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+
9
+ Chez certains ectothermes, la fièvre s'obtient en se déplaçant dans des zones plus chaudes ; cette fièvre est qualifiée de comportementale.
10
+
11
+ Il n'existe pas de définition précise universellement admise de la fièvre notamment du fait de difficultés concrètes de mesure en situation clinique (la température mesurée dépend du moment de la journée, de la proximité d'un repas, de caractéristiques environnementales). Cependant, le Brighton Collaboration Fever Working Group s'accorde à la définir en 2004 comme relevant d'une température corporelle supérieure ou égale à 38 °C, et ce quelles que soient les modalités de mesure, l'âge ou les conditions environnementales. L'OMS de son côté, considère comme fiévreuse une température axillaire supérieure ou égale à 37,5 °C[4],[5],[6].
12
+
13
+ La température corporelle se mesure à l'aide d'un thermomètre médical. Suivant le placement de celui-ci, on parle de :
14
+
15
+ La température buccale et la température axillaire étant moins élevées que la température rectale, prise comme référence, des corrections doivent être appliquées (+0,5 °C pour la buccale, +0,7 °C pour l'axillaire[réf. nécessaire]).
16
+
17
+ L'état d'homéothermie est maintenu par une commande centrale exercée par la partie antérieure de l'hypothalamus (« thermostat hypothalamique »). L'hypothalamus reçoit des informations provenant des neurones associés aux thermorécepteurs périphériques, et aussi du sang circulant. En retour l'hypothalamus envoie des informations vers les neurones périphériques qui contrôlent les pertes de chaleur (vasodilatation périphérique et sudation) ou la production de chaleur (frissons musculaires).
18
+
19
+ La fièvre est une hyperthermie qui dépend du contrôle hypothalamique, et qui se traduit par un trouble de régulation des mécanismes de perte ou de production de chaleur. L'augmentation de température par le thermostat résulte de l'effet de substances sanguines dites pyrogènes, exogènes ou endogènes[10].
20
+
21
+ Les pyrogènes exogènes proviennent de micro-organismes infectants, comme l'endotoxine des bactéries gram-négatives, ou les toxines des bactéries gram-positives, soit par action directe sur le thermostat, soit par action indirecte en activant la production de pyrogènes endogènes par les cellules de l'hôte (leucocytes)[10].
22
+
23
+ Les leucocytes peuvent produire des pyrogènes endogènes capables d'induire un état fébrile. Il s'agit de protéines solubles de la famille des cytokines, parmi les plus importantes : l'interleukine 1, le TNF, les interférons... La plupart des cellules de l'organisme, soumises à des stress cellulaires, peuvent produire des pyrogènes. Ceci explique que tout état fébrile n'indique pas forcément une maladie infectieuse[10].
24
+
25
+ Les cytokines agissent sur des récepteurs spécifiques présents sur toutes les cellules de l'organisme, comme les récepteurs Toll qui activent les mécanismes inflammatoires. Ces derniers se traduisent notamment par une extravasation des leucocytes et leur migration vers les tissus pour neutraliser l'agent agresseur. Lorsque l'agression est maitrisée par les réponses inflammatoires et immunitaires, le thermostat hypothalamique induit un retour de la température corporelle à la normale[10].
26
+
27
+ La fièvre est donc considérée comme une réaction de défense de l'organisme contre une agression microbienne, physique ou chimique, qui s'est conservée tout au long de l'évolution des vertébrés. Son avantage se voit le plus clairement chez les poissons et les poikilothermes (animaux « à sang froid ») qui résistent mieux aux infections en augmentant la température de leur corps. Chez les mammifères, les avantages sont plus faibles (l'augmentation étant relativement plus limitée). De plus une fièvre très élevée (supérieure à 41 °C) peut léser le système nerveux central, d'où un probable système de régulation empêchant que la fièvre ne dépasse un certain plafond[10].
28
+
29
+ La fièvre est un signe médical fréquent. Il appartient au médecin d'essayer de la rattacher à une étiologie (diagnostic) et d'évaluer sa gravité.
30
+
31
+ Pour établir un diagnostic devant ce signe le médecin recherchera ses caractéristiques sémiologiques : homme / femme - âge - antécédents - ethnie - facteurs de risques - caractère aiguë / prolongée - lieu de séjour - fièvre isolée ou regroupement syndromique - incidence et prévalence locales et saisonnières - etc.
32
+
33
+ En médecine générale, le plus souvent (voir carré de White) la fièvre conduira vers un diagnostic de pathologie bénigne.
34
+
35
+ La cause de la fièvre peut être infectieuse (bactérie, virus ou parasite) ou non infectieuse (par exemple Vascularite, thrombose veineuse profonde ou effet secondaire). La fièvre due à une infection bactérienne est généralement plus élevée que celle due à un virus.
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+
37
+ Malgré leurs faibles prévalences dans les pays occidentaux, il est indispensable que le médecin sache écarter des atteintes particulièrement graves :
38
+
39
+ Voici ce que constate l'ANSM sur la fièvre de l'enfant, par la plume d'Aude Chaboissier :
40
+
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+ « Les bénéfices attendus du traitement sont désormais plus centrés sur l'amélioration du confort de l'enfant que sur un abaissement systématique de la température, la fièvre ne représentant pas, par elle-même et sauf cas très particuliers, un danger[11]. »
42
+
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+ Au cas par cas (par exemple : antécédents convulsifs, allergie, comorbidité, fiabilité de l'entourage, traitements associés, etc.) le médecin doit peser le rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus (hépatotoxicité, cardiotoxicité, syndrome de lyell, choc anaphylactique, cellulite faciale, etc.) avant de prescrire ou non des antipyrétiques.
44
+
45
+ Attitudes pratiques pour la prise en charge d'une fièvre persistante supérieure à 38,5 °C :
46
+
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+ Ces recommandations concernent le confort de l'enfant et ne font ni baisser, ni n’élèvent la température car le thermostat hypothalamique mettra en marche les mécanismes de thermogenèse (si l'enfant est trop refroidi) et de thermolyse (si l'enfant est dans un environnement trop chauffé) afin de laisser le corps à la température prévue tant que les mécanismes immunitaires seront activés.
48
+
49
+ Devant une fièvre de l'enfant, dans les pays occidentaux, il est fréquent de demander un avis diagnostic auprès d'un médecin généraliste pour affirmer le caractère bénin de l'épisode afin que l'enfant puisse être pris en charge par des adultes rassurés.
50
+
51
+ Toutefois, un diagnostic médical est primordial si la fièvre de l'enfant présente des caractéristiques inhabituelles : nourrissons, fièvre plus élevée qu’habituellement, durée et évolution inhabituelle, comportements inhabituels (pleurs continus, fatigue, agitation, etc.), teint inhabituel, éruptions cutanées, signes d'accompagnements (vomissements, etc.), épidémie locale de pathologies potentiellement graves (méningite, etc.)...
52
+
53
+ Au-dessus de 40 °C, la température peut être un signe de maladie grave et peut être mal tolérée par l'organisme : Exemple : pour le cerveau, le risque de convulsion augmente[12].
54
+
55
+ Chez le jeune enfant, cette fièvre peut entraîner des convulsions qui, si elles sont impressionnantes, sont en général bénignes ; il faut toutefois impérativement éviter que cette situation ne se prolonge, il faut donc abaisser lentement la température de l'ensemble du corps.
56
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+ On préconisait auparavant de donner systématiquement des bains d'eau dont la température est de 2 °C en dessous de la température du bébé, et la prescription médicale consistait souvent en une bithérapie aspirine-paracétamol ; la chute de la température était une priorité avec trois objectifs : empêcher le développement de l'hyperthermie maligne, éviter les convulsions fébriles et améliorer le confort de l'enfant.
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+
59
+ Cependant, aucune étude récente n'a mis en évidence l'effet des antipyrétiques pour la prévention des convulsions, et par ailleurs, seuls certains enfants (2 à 5 %) sont sujets aux convulsions[13].
60
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61
+ Une fièvre réelle (supérieure à 38 °C) chez un enfant doit toujours donner lieu à une consultation médicale[14], mais rarement aux urgences de l'hôpital[15] sauf pour les nourrissons de moins de 3 mois.
62
+
63
+ Il convient de prendre contact rapidement avec un médecin (le Samu en France) afin d'avoir des conseils et éventuellement une intervention médicalisée en présence de signes de gravité tels que :
64
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65
+ Avant d'aller consulter un médecin, il est nécessaire d'attendre 24 h pour un enfant entre 4 mois et moins de 2 ans puis 48 h pour un enfant de 2 ans et plus, sauf si les symptômes s'aggravent[16].
66
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67
+ La fièvre ayant un rôle dans la lutte contre l'infection, pour un enfant n'étant pas sujet aux convulsions et hors urgence (voir ci-dessus), l'administration d'antipyrétique n'est plus systématique, et n'est envisagée qu'à partir de 38,5 °C. On conseille alors plutôt le paracétamol en monothérapie[13],[17],[18].
68
+
69
+ L'utilisation de l'ibuprofène chez l'enfant est controversée[19],[20]. Il peut y avoir des effets secondaires rares mais graves chez l'enfant varicelleux[13].
70
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71
+ Par le passé, la fièvre a pu être délibérément provoquée dans un but de guérison. C'est ce que l'on a appelé « la pyrothérapie ». C'est le Dr Konteschweller Titus qui forgea le mot « pyrétothérapie » en 1918 rappelant notamment à cette fin l'usage du vaccin contre la typhoïde[21]. Cette approche obtint une certaine reconnaissance avec la mise au point par Julius Wagner-Jauregg de la malariathérapie[22] pour la guérison de la syphilis (cela lui valut le Nobel en 1927). D'autres procédés ont été utilisés[23],[24],[25],[26], que l'avènement des antibiotiques notamment ont relégué dans un oubli presque total[27]. Dans les dernières années cependant – notamment dans le domaine de la lutte anticancéreuse – la réévaluation de la littérature[28] à l'aune des connaissances contemporaines suscite un regain d'intérêt pour la - fever therapy, pyrétothérapie ainsi que pour la thermothérapie (élévation de la température par voie externe)[29],[30].
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+ Tout comme chez les organismes endothermes, chez les ectothermes, la température de la fièvre augmente la capacité défensive de l'hôte en diminuant le taux de réplication des pathogènes et en augmentant l'efficacité du système immunitaire. En effet, la fièvre est une défense immunitaire ancienne avec des mécanismes physiologiques apparemment bien conservés au sein d'une large diversité de taxons d'invertébrés et de vertébrés. Pour ce faire, certains ectothermes modifient leurs comportements habituels assurant leur thermorégulation : ils se placent dans des endroits chauds afin d'élever leur température. Ce mécanisme, nommé « fièvre comportementale » a été identifié dans les années 1970 chez les iguanes du désert, les crapets arlequins et les têtards. Il concerne aussi les poissons[31] et les insectes. Il permet aux insectes fébriles d'acquérir une survie et une fécondité supérieures aux non fébriles, mais l'atteinte et le maintien de la température élevée exigent des efforts coûteux pour l'organisme, parfois mortels[32].
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+ Dans le cas d'une infection fongique par Beauveria bassiana de la Mouche domestique, les hautes températures ont un effet négatif sur la croissance du champignon. Au petit matin, lorsque le champignon s'est développé à sa température optimale tout au long du cycle de la nuit, les immunosuppresseurs sont à des niveaux élevés et la réponse fébrile est la plus intense, pendant au maximum deux heures. À mesure que les facteurs immunitaires exogènes sont réduits ou éliminés de l'hémolymphe, la mouche se déplace progressivement vers des zones plus fraîches. Pendant la nuit, le champignon se rétablit, car la mouche ne peut pas exprimer de fièvre pour supprimer la croissance fongique. Et le cycle recommence le lendemain. La Mouche domestique provoque également des intensités de fièvre différentes, sélectionnant des températures plus élevées lorsqu'elle est infectée par une dose fongique plus élevée, montrant ainsi une capacité à gérer le bénéfice-risque de la fièvre[33].
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+ Une figure de style, du latin figura, est un procédé d’écriture qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue et donne une expressivité particulière au propos. On parle également de figure de rhétorique ou de figure du discours. Si certains auteurs établissent des distinctions dans la portée des deux expressions, l’usage courant en fait des synonymes.
2
+
3
+ Les figures de style, liées à l'origine à la rhétorique, sont l’une des caractéristiques des textes qualifiés de « littéraires ». Elles sont cependant d’un emploi commun dans les interactions quotidiennes, écrites ou orales, du moins pour certaines d’entre elles, comme l’illustrent par exemple les métaphores injurieuses du capitaine Haddock.
4
+
5
+ De manière générale, les figures de style mettent en jeu : soit le sens des mots (figures de substitution comme la métaphore ou la litote, l’antithèse ou l’oxymore), soit leur sonorité (allitération, paronomase par exemple) soit enfin leur ordre dans la phrase (anaphore, gradation parmi les plus importantes). Elles se caractérisent par des opérations de transformation linguistique complexes, impliquant la volonté stylistique de l'énonciateur, l'effet recherché et produit sur l'interlocuteur, le contexte et l'univers culturel de référence également.
6
+
7
+ Chaque langue a ainsi ses propres figures de style ; leur traduction pose souvent des problèmes de fidélité par rapport à l'image recherchée. Par conséquent, cet article ne traite que des figures de style en langue française.
8
+
9
+ Les figures de style constituent un vaste ensemble complexe de procédés variés et à l’étude délicate. Les spécialistes ont identifié, depuis l’Antiquité gréco-romaine (avec Cicéron, Quintilien) des centaines de figures de style et leur ont attribué des noms savants, puis ont tenté de les classer (Fontanier, Dumarsais).
10
+
11
+ La linguistique moderne a renouvelé l’étude de ces procédés d’écriture en introduisant des critères nouveaux, d'identification et de classement, se fondant tour à tour sur la stylistique, la psycholinguistique ou la pragmatique. Les mécanismes des figures de style sont en effet l'objet de recherches neurolinguistiques et psychanalytiques.
12
+
13
+ L'auteur (du latin auctor) est, étymologiquement, « celui qui augmente, qui fait avancer »[2]. L'apport de l'écrivain provient pour partie de son style, c'est-à-dire de l'ensemble des moyens d'expression qu'il utilise dans son propos et qui traduisent sa personnalité ; ce que résume la formule célèbre de Buffon : « Le style est l'homme même »[3].
14
+
15
+ Cette manière d'écrire propre se fonde en particulier sur l'utilisation des figures de style, du latin figura, mot désignant la forme d'un objet[F 1]. Celles-ci sont des écarts par rapport à la langue commune[F 1],[D 1].
16
+
17
+ L'auteur amplifie son discours en recourant aux figures, notamment par l'utilisation du langage imagé, mais pas seulement. C'est Pierre Fontanier le premier qui a développé la théorie de la figure-écart[K 1]. De nombreuses figures de style ont également pour intérêt d'agir sur le rythme, la construction syntaxique ou la répétition. On peut par exemple repérer deux figures de style dans le vers :
18
+
19
+ Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
20
+ Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
21
+
22
+ — Gérard de Nerval, Les Chimères, El Desdichado
23
+
24
+ L'expression « Soleil noir de la Mélancolie » permet à Nerval d'imager deux idées. Il y a en effet un oxymore, figure réunissant deux mots aux connotations contraires (« soleil » et « noir ») et une métaphore (analogie entre le « soleil noir » et la « mélancolie », maladie de l'ennui), qui permettent au lecteur de percevoir la sensibilité de l'auteur et son univers mental, marqué, ici, par l'étrangeté et le mal de vivre. En conséquence, la figure de style est une composante essentielle du style chez un écrivain, mais aussi, et plus généralement, chez tout locuteur et au sein de langage lui-même :
25
+
26
+ « La formation des figures est indivisible du langage lui-même, dont tous les mots abstraits sont obtenus par quelque abus ou quelque transfert de signification, suivi d'un oubli du sens primitif. »
27
+
28
+ — Paul Valéry[4]
29
+
30
+ La recherche de la nature de cet écart, et surtout de la norme à laquelle il se ressent, a été l'objectif de la plupart des études et analyses modernes[I 1],[K 2].
31
+
32
+ L'expression « figure de style », du latin figura[Étymologie 1], est elle-même la réunion de deux tropes :
33
+
34
+ « L’expression « figure de style » est un ensemble de deux figures de style accolées, une métaphore et une métonymie : le « style » était jadis un poinçon pour graver des caractères dans la cire, donc dire « style » au lieu d’écriture est une métonymie (l’outil à la place de l’usage) ; figure vient de figura, « dessin », donc il y a dérivation de sens, métaphore, car on passe d’une idée à sa représentation. »
35
+
36
+ — Henri Suhamy[D 2]
37
+
38
+ L'usage commun confond en effet les expressions de « figures de style » et de « figures de rhétorique » mais certains auteurs établissent une distinction entre les deux. Ainsi, dans son ouvrage Éléments de rhétorique, Jean-Jacques Robrieux distingue les figures de rhétorique, qui jouent un « rôle persuasif » et qui forment une classe de procédés fonctionnels, des figures autres dites non-rhétoriques et qui peuvent être « poétiques, humoristiques et lexicales »[5]. La distinction académique sépare elle aussi les figures de rhétorique, visant la persuasion, des figures stylistiques, visant l'« ornement du discours »[6].
39
+
40
+ Pourtant, à l'origine, la figure de style est l'une des composantes de l'elocutio, partie de l'art rhétorique qui s'attache au style et aux ornements du discours. Pour Cicéron elle est le propre de l'orateur et « adapte à ce que l'invention fournit des mots et des phrases appropriées »[7]. C'est donc la partie la plus littéraire de la rhétorique[8]. La figure de style est le lieu d'une bonne expression et de l'ornement (« ornatus »). Selon la rhétorique classique, l'élocution concerne ainsi le choix des mots et la composition des phrases (les membres de phrases ou « cola » doivent être équilibrés), le rejet des archaïsmes et des néologismes, l'usage de métaphores et des figures adaptées aux propos (à condition toutefois qu'elles soient claires, autrement il s'agit de fautes d'expression), enfin, le rythme doit être souple et au service du sens. La Rhétorique à Herennius recommande ainsi « l'élégance, l'agencement des mots, la beauté »[9].
41
+
42
+ Les figures de rhétorique (ou « schèmata » en grec[Étymologie 2]) proviennent donc de la qualité de l'orateur. Elles procurent en premier lieu un plaisir (ou « delectatio ») car « leur mérite manifeste [est] de s'éloigner de l'usage courant » selon Quintilien[11] mais servent avant tout la persuasion et l'argumentation. De ce fait, la notion de « figure de rhétorique » est à examiner au sein de la catégorie plus vaste des figures de style.
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+
44
+ La figure de style est spécifiquement un procédé d'écriture — à distinguer de la « clause de style »[D 3] —, qui met en jeu l'« effort » du locuteur pour constituer la figure, son intention stylistique en somme, et l'« effet » sur l'interlocuteur qui fait appel à sa sensibilité[H 1]. Les figures de style sont donc définies comme un sous-ensemble de la stylistique[Note 1],[H 2], constitué par des écarts par rapport à l'usage commun de la langue, un emploi remarquable des mots et de leur agencement. Elles concernent ainsi un rapport particulier entre le « signifiant » (le mot) et le « signifié » (le sens).
45
+
46
+ Les figures de style sont cependant présentes constamment[D 4], hors la littérature et même dans l'expression non poétique comme le montre George Lakoff[13]. Par exemple, dans la métonymie journalistique : « L'Élysée a fait savoir »[F 2]. Elles le sont encore davantage dans la langue orale, qui cherche à retenir l'attention du récepteur et qui use des procédés d'ironie, des jeux de mots, des clichés, de locutions figées ou de raccourcis de langage comme dans l'expression imagée : « Il pleut des cordes ». Cependant, pour Bernard Dupriez, « ce n'est qu'occasionnellement que les figures modifient la langue »[G 1].
47
+
48
+ Cet écart par rapport à la « norme linguistique » induit cependant des limites d'acceptabilité pour une figure de style. En effet, si la figure s'écarte trop de la norme elle tombe dans le registre des solécismes[Note 2],[F 3]. Mais le sens est aussi une limite : en effet la phrase peut être grammaticalement correcte mais asémantique (sans sens). L'expression poétique « inventant » des formes, elle échappe à ces restrictions. Certains textes surréalistes l'illustrent parfaitement, tel ces vers :
49
+
50
+ À la poste d'hier tu télégraphieras
51
+ que nous sommes bien morts avec les hirondelles.
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+ facteur triste facteur un cercueil sous ton bras
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+ va-t-en porter ma lettre aux fleurs à tire d'elle.
54
+
55
+ — Robert Desnos, La Liberté de l'Amour, Les Gorges froides
56
+
57
+ C'est également le cas de l'anacoluthe comme dans la dernière strophe de L'Albatros de Charles Baudelaire : « Exilé sur le sol au milieu des huées // Ses ailes de géant l'empêchent de marcher ». Reste que pour évaluer une figure par rapport à cette norme, il faudrait définir « un degré zéro de l'écriture » selon Roland Barthes[14],[D 5] et de l'usage linguistique, ce qui n'est pas possible puisque chaque locuteur teinte son propos de sa subjectivité propre. C'est dans les textes littéraires qu'on rencontre plus particulièrement les figures de style employées pour leur fonction esthétique et leur effet sur le « signifié » : chaque genre possède ses figures spécifiques ou favorites. Les romans usent de procédés descriptifs ou allusifs comme l'analepse ou la digression, la poésie privilégie des figures jouant sur les sonorités (allitération, homéotéleute) ou les images (métaphore, personnification) alors que l’art dramatique du théâtre utilise quant à lui des figures mimant les tournures orales ou permettant de moduler l'intensité de l'action. Cependant, beaucoup de figures de style sont transverses à tous les genres et à toutes les périodes.
58
+
59
+ Les figures de style apportent un enrichissement du signifié par l'originalité formelle qu'elles présentent ; c'est « l'effet de sens »[I 2]. Elles ont par exemple une force suggestive remarquable dans le cas de la métaphore (« Ma femme aux cheveux de savane », André Breton, à comparer avec l'expression informative : « Ma femme a des cheveux châtains ») comme elles peuvent frapper l'esprit par le raccourci que constitue l'association des contraires dans l'oxymore (« Le superflu, chose très nécessaire », Voltaire) ou produire un effet comique avec le zeugme (« On devrait faire l'amour et la poussière », Zazie). Elles représentent un effort de pensée et de formulation comme l'explique Littré[D 6] ; elles sont :
60
+
61
+ « Certaines formes de langage qui donnent au discours plus de grâce et de vivacité, d'éclat et d'énergie »
62
+
63
+ D'autres figures peuvent créer l'émotion du lecteur par l'effet d'insistance produit comme dans l'anaphore (« Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée ! », De Gaulle) ou le jeu sur les sonorités dans l'allitération (« Les crachats rouges de la mitraille », Rimbaud). Dans d'autres cas, l'intérêt sera plus purement esthétique comme dans la reprise juxtaposée de l'anadiplose :
64
+
65
+ Comme le champ semé en verdure foisonne,
66
+ De verdure se hausse en tuyau verdissant,
67
+ Du tuyau se hérisse en épi florissant,
68
+ D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne.
69
+
70
+ — Joachim Du Bellay, Les Antiquités de Rome
71
+
72
+ Ainsi, les figures de style sont à mettre sur le même plan que d'autres caractéristiques linguistiques comme les procédés de rythme (période poétique, cadence dans la prose), les procédés de la syntaxe (choix du type de coordination ou de subordination), les procédés sémantiques et logiques (syllogisme, tautologie, champs sémantiques etc.) ou les procédés de versification (rime, synérèse/diérèse, etc.)[A 1].
73
+
74
+ Le mécanisme de formation des figures de style étant délicat à conceptualiser, il existe de nombreuses définitions de la notion. La linguistique moderne en retient trois :
75
+
76
+ « Effet de signification produit par une construction particulière de la langue, qui s'écarte de l'usage le plus courant ; les figures de style peuvent modifier le sens des mots, modifier l'ordre des mots de la phrase, etc. »
77
+
78
+ — définition no 1[15],[A 2],
79
+
80
+ « Les figures de style sont des procédés d’écriture employés pour frapper l’esprit du lecteur, en créant un effet particulier. »
81
+
82
+ — définition no 2[16],[A 3],
83
+
84
+ « La figure est une forme typique de relation non linguistique entre des éléments discursifs. »
85
+
86
+ — définition no 3[17].
87
+
88
+ Ce pluralisme des définitions conduit à des typologies différentes et variées. Néanmoins la plupart s'appuient sur trois aspects : l’effet produit et recherché par l’émetteur sur le récepteur en premier lieu (par exemple : la surprise, le rire ou la peur)[L 1] ; le procédé mis en œuvre, participant d’un style esthétique (chaque écrivain utilise en effet un « stock figuratif » donné), et enfin la dimension sémantique (l'idée véhiculée). Bacry insiste sur l'importance du contexte, dépendant lui-même du cadre culturel[A 4].
89
+
90
+ Les typologies fournies par les travaux classiques se caractérisent par leur grande hétérogénéité. Des auteurs modernes explorent d'autres approches[18] et classent les figures selon le « niveau discursif »[Note 3],[L 2] où elles évoluent en distinguant entre, d'une part, les figures microstructurales (isolables sur un élément précis du discours, souvent positionnées au niveau de la phrase) et les figures macrostructurales d'autre part (non-isolables sur un élément précis du discours, qui dépassent les limites de la phrase et dont l'interprétation dépend de la prise en compte du contexte[19],[20],[A 5]).
91
+
92
+ La taille des figures permet en effet de les distinguer : « Dès que les figures se compliquent, elles se dessinent plus nettement, acquièrent des propriétés et deviennent plus rares », d'où leur raffinement singulier[G 2].
93
+
94
+ Certaines figures, dites macrostructurales, sont souvent formées de figures plus mineures : l'ironie, qui est une figure difficile à classer[21],[C 1], par exemple ou encore l'allégorie, l'hypotypose.
95
+
96
+ Les figures microstructurales réalisent des effets localisés et subtils. La distribution des figures de style au sein du discours peut se présenter sous la forme d'un spectre se complexifiant : au niveau du mot se trouvent les tropes). Puis, certaines figures concernent le syntagme en entier, comme l'oxymore. Elles peuvent aussi concerner une proposition entière (exemple : inversions). Enfin, au niveau du texte on peut trouver des figures complexes comme l'ironie ou hypotypose. Des figures très techniques comme les tropes ou le chiasme par exemple peuvent constituer des figures plus complexes, s'étendant sur des phrases entières, comme l'hypotypose, figure caractéristique qui peut concerner une dizaine de figures « mineures »[L 3],[C 2].
97
+
98
+ On peut se représenter les opérations aboutissant à la formation de figures et d’effets de sens en les positionnant sur un double axe qui est constitutif de la langue (décrit par Ferdinand de Saussure puis par Roman Jakobson[22],[23]). L'axe syntagmatique d'abord matérialise les figures in praesentia, les éléments discursifs coprésents dans un discours (exemple : un mot est répété, un mot est mis en comparaison, etc.) Ici deux ou plusieurs objets se désignent dans les strictes limites de la syntaxe et selon des règles de morphologie, de phonétique, de lexicologie et de grammaticalité (de sens). Cet axe décrit des figures que l’on donne comme étant in praesentia (présentes linguistiquement). L’appel fait par ces opérations à l’univers symbolique et extra-linguistique est très faible, l’image est contenue dans la phrase. Bacry résume la propriété de cet axe en partant du point de vue du producteur d'énoncé :
99
+
100
+ « À chaque moment d'une phrase donnée le locuteur (...) opère un choix parmi tous les vocables qui peuvent s'accorder avec la syntaxe de [la] phrase »
101
+
102
+ — Patrick Bacry[A 7]
103
+
104
+ L'axe paradigmatique (figures in absentia) matérialise des éléments ne faisant plus référence au discours mais à tout ce qu’il y a autour : univers énonciatif, contexte, sentiments partagés, symboles. Ici la figure établit des relations fortes entre des éléments présents dans le discours (mot, groupe de mots, phonèmes, morphèmes) et des éléments absents de celui-ci. Le récepteur doit donc se représenter cette référence manquante, qui lui demande de mettre en œuvre son univers mental et des connaissances partagées. Cet axe décrit des figures dites in abstentia, virtuelles, contextuelles. L’image est ici la plus forte possible alors que la contrainte morpho-syntaxique est relâchée. Les tropes représentent les figures opérant exclusivement sur cet axe.
105
+
106
+ Il existe des figures mixtes, opérant sur les deux axes, comme la métaphore ou la métonymie, qui ont un statut à part[A 8].
107
+
108
+ Les transformations des figures de style interviennent enfin sur les quatre signes linguistiques :
109
+
110
+ Sur le graphème d'abord, en effet plusieurs figures modifient les lettres de l'alphabet, comme les méthodes oulipiennes ou le palindrome,
111
+
112
+ Sur le phonème ensuite (accents, sons, syllabes, voyelles et consonnes, groupes vocaliques et consonantiques, pieds versifiés). Les principales figures sont ici d'ordres poétique et rythmique comme l'allitération et l'assonance (jeu sur les sons), l'homéotéleute, la gradation également.
113
+
114
+ Sur le morphème c'est-à-dire sur les mots, groupes de mots, particules et conjonctions, codes typographiques, ponctuation, étymologie, ainsi de l'hypotaxe, l'asyndète ou la figura etymologica.
115
+
116
+ Enfin, sur le sème soit la connotation, la polysémie, le lexique, le vocable, les antonymie, synonymie, ou paronymie, sur les champs sémantiques aussi. C'est le cas des figures les plus connues : métaphore, comparaison, oxymore.
117
+
118
+ Néanmoins il s'agit ici moins d'un critère de définition, puisqu'on exclut de fait l'effet et l'intention, que d'une façon de les repérer ou de révéler à quel niveau du discours les figures de style interviennent. Cette classification est surtout employée en pédagogie, pour l'enseignement didactique des figures de style les plus employées, notamment dans l'exercice du commentaire composé[24],[25].
119
+
120
+ En dehors des modes de classement traditionnels existent des figures de style aux propriétés et à la nature inclassables. Souvent définies comme des « procédés de style » elles forment un ensemble quasi infini et aux limites ténues, combinant plusieurs aspects[A 9],[C 3].
121
+
122
+ Tout d'abord les spécificités d'écriture d'un auteur (son style) peuvent définir des procédés de style considérés souvent comme des figures de style à part entière[F 4]. Par exemple, le langage imagé et truculent de San Antonio est lui-même l'assemblage de nombreuses figures.
123
+
124
+ Par ailleurs, les « contraintes » oulipiennes, du nom de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, qui sont des figures sans effet et sans but, mais qui entrent dans le manifeste esthétique du mouvement (telles l'anagramme ou le lipogramme, entre autres) sont classés comme des figures de style alors qu'elles opèrent de simples manipulations de langue. En soi elles se suffisent en elles-mêmes, par le fait qu'elles permettent d'éprouver la souplesse du langage.
125
+
126
+ La cimaise ayant chaponné
127
+ Tout l'éternueur,
128
+ Se tuba fort dépurative
129
+ Quand la bixacée fut verdie :
130
+ Pas un sexué pétrographique morio
131
+ De mouffette ou de verrat[26].
132
+
133
+ Le recours au dessin, comme dans le cas des calligrammes ou des lettres-images notamment est une autre source de création stylistique, de même que la manipulation de la syntaxe[A 10] : par déconstruction (écriture de Louis Ferdinand Céline par exemple), par écriture automatique (le poème Bouée de Louis Aragon par exemple), ou par hermétisme (comme dans le poème de Stéphane Mallarmé intitulé Hommage), par vers libre ou vers brisés.
134
+
135
+ L'utilisation des jeux de mots permet également une vaste palette d'effets de style. Enfin, les opérations sur le signe graphique[K 3], comme les onomatopées, la modification de la typographie (blanc typographique spécifique au roman poétique), l'usage de la ponctuation non standard ou la suppression de la ponctuation (esthétique de la poésie expérimentale moderne, dite « blanche » notamment ou du Nouveau Roman) constituent des procédés considérés souvent comme des figures de style.
136
+
137
+ La classification des figures de style est complexe et les diverses approches toujours contestables[D 2],[K 4]. Par exemple pour la rhétorique classique, issue des Grecs et des Latins, les figures relèvent des topoï discursifs alors que pour la stylistique, une figure se fonde sur un usage et sur un mécanisme mais aussi sur l'effet produit. Il existe aussi d'autres classifications, plus originales et émanant d'universitaires. Les typologies fournies par les travaux classiques ou par les manuels se caractérisent par leur grande hétérogénéité en effet. Ils s'accordent cependant le plus souvent sur certains regroupements à partir de procédés linguistiques comme l'analogie, la substitution, la reprise phonique etc[A 11].
138
+
139
+ Les principales figures de style sont le plus souvent regroupées en fonction de leurs principes de base :
140
+
141
+ « Les souvenirs sont cors de chasse
142
+ Dont meurt le bruit parmi le vent »
143
+
144
+ — Guillaume Apollinaire, Cors de chasse
145
+
146
+ « La musique souvent me prend comme une mer »
147
+
148
+ — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, LXIX. — La Musique
149
+
150
+ « Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
151
+ Entre les pins palpite, entre les tombes »
152
+
153
+ — Paul Valéry, Charmes, Le Cimetière marin
154
+
155
+ « Je vis les arbres s'éloigner en agitant leurs bras désespérés »
156
+
157
+ — Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Deuxième partie
158
+
159
+ « [...] la grande République
160
+ Montrant du doigt les cieux ! »
161
+
162
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, À l’obéissance passive
163
+
164
+ « Mon beau navire, ô ma mémoire »
165
+
166
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, La Chanson du mal-aimé
167
+
168
+ « Le poète est semblable au prince des nuées
169
+ Qui hante la tempête »
170
+
171
+ — Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
172
+
173
+ « [...] et Ruth se demandait,
174
+ [...]
175
+ Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été
176
+ Avait, en s’en allant, négligemment jeté
177
+ Cette faucille d’or dans le champ des étoiles »
178
+
179
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi
180
+
181
+ « le mélancolique animal »
182
+
183
+ — Jean de La Fontaine, Le Lièvre et les Grenouilles
184
+
185
+ « Automne malade »
186
+
187
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, Automne malade
188
+
189
+ « Qu'au son des guitares nomades
190
+ La gitane mime l'amour »
191
+
192
+ — Louis Aragon, Le Roman inachevé, À chaque gare de poussière...
193
+
194
+ « C'était au temps où Bruxelles chantait »
195
+
196
+ — Jacques Brel, Bruxelles
197
+
198
+ « Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire,
199
+ Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, »
200
+
201
+ — Corneille, Le Cid, acte I, scène 4
202
+
203
+ « Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
204
+ Le père par le fer, la fille par la vue ! »
205
+
206
+ — Corneille, Le Cid, acte III, scène 4
207
+
208
+ « C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
209
+ Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin »
210
+
211
+ — Du Bellay, Les Regrets, Ce n'est que le fleuve…
212
+
213
+ « La Parque t'a tuée, et cendres tu reposes »
214
+
215
+ — Ronsard, Sur la mort de Marie, V - Comme on voit sur la branche au mois de May la rose
216
+
217
+ « Les Filles du limon tiraient du Roi des Astres
218
+ Assistance et protection »
219
+
220
+ — La Fontaine, Le soleil et les grenouilles
221
+
222
+ « Tout ce joli monde se retrouvera là-haut
223
+ Près du bon dieu des flics »
224
+
225
+ — Jacques Prévert, Paroles, Le Temps des noyaux
226
+
227
+ « Comme le champ semé en verdure foisonne,
228
+ De verdure se hausse en tuyau verdissant,
229
+ Du tuyau se hérisse en épi florissant »
230
+
231
+ — Du Bellay, Les Antiquités de Rome, 30
232
+
233
+ « Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle... »
234
+
235
+ — Jean Racine, , Andromaque, acte III, scène 8
236
+
237
+ « Puisque le juste est dans l'abîme,
238
+ Puisqu'on donne le sceptre au crime,
239
+ Puisque tous les droits sont trahis,
240
+ Puisque les plus fiers restent mornes,
241
+ Puisqu'on affiche au coin des bornes
242
+ Le déshonneur de mon pays... »
243
+
244
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, Livre deuxième, V : Puisque le juste est dans l'abîme
245
+
246
+ « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
247
+ Interminablement, à travers le jour gris,
248
+ Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
249
+ Infiniment, la pluie,
250
+ La longue pluie,
251
+ La pluie. »
252
+
253
+ — Émile Verhaeren, Les Villages illusoires, La pluie
254
+
255
+ « adieu veau, vache, cochon… »
256
+
257
+ — La Fontaine, La Laitière et le Pot au lait
258
+
259
+ « Va, cours, vole, et nous venge. »
260
+
261
+ — Corneille, Le Cid, acte I, scène V
262
+
263
+ « Mon cheval sera la joie
264
+ Ton cheval sera l'amour »
265
+
266
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
267
+
268
+ « Semble élargir jusqu'aux étoiles
269
+ Le geste auguste du semeur »
270
+
271
+ — Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles. Le soir
272
+
273
+ « Ô République universelle,
274
+ Tu n'es encor que l'étincelle,
275
+ Demain tu seras le soleil ! »
276
+
277
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, Lux
278
+
279
+ « Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois »
280
+
281
+ — La Fontaine, Le Corbeau et le renard
282
+
283
+ « Parler en mangeant, manger en parlant »
284
+
285
+ — Balzac
286
+
287
+ « Tu m'emmènes, je t'enlève... »
288
+
289
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
290
+
291
+ « Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; »
292
+
293
+ — Louise Labé, Anciens poètes de France
294
+
295
+ « Éphémère immortel »
296
+
297
+ — Paul Valéry, Charmes - Fragments du Narcisse vers 123
298
+
299
+ « Le superflu, chose très nécessaire »
300
+
301
+ — Voltaire, Le Mondain
302
+
303
+ « Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
304
+ Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
305
+ Gémissant [...] »
306
+
307
+ — La Fontaine, La Mort et le bûcheron
308
+
309
+ répétition expressive des /r/ :
310
+
311
+ « Tandis que les crachats rouges de la mitraille
312
+ Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
313
+ Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
314
+ Croulent les bataillons en masse dans le feu ; »
315
+
316
+ — Arthur Rimbaud, Poésies, Le Mal
317
+
318
+ répétition expressive des /v/ :
319
+
320
+ « Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville, distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant, cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait vœu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux. [Il rit] En vérité, ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux alors laisse-moi simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V. »
321
+
322
+ — Lana et Lilly Wachowski, V pour Vendetta
323
+
324
+ « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant »
325
+
326
+ — Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Melancholia — VI : Mon rêve familier
327
+
328
+ « Il s’imobilise au songe froid de méprisQue vêt parmi l’exil inutile le Cygne »
329
+
330
+ — Stéphane Mallarmé, Poésies, Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
331
+
332
+ « cette tour était la flèche la plus hardie,
333
+ la plus ouvrée,
334
+ la plus menuisée,
335
+ la plus déchiquetée,
336
+ qui ait jamais laissé voir le ciel
337
+ à travers son cône dentelle »
338
+
339
+ — Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
340
+
341
+ « Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur,
342
+ Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. »
343
+
344
+ — Corneille, Le Cid, acte II scène 2
345
+
346
+ « Comme la vie est lente
347
+ Et comme l'Espérance est violente »
348
+
349
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, Le Pont Mirabeau
350
+
351
+ « Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. »
352
+
353
+ — Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, incipit
354
+
355
+ « Exilé sur le sol au milieu des huées
356
+ Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
357
+
358
+ — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
359
+
360
+ « Écoutez. Je suis Jean. J'ai vu des choses sombres »
361
+
362
+ — Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, IV : « Écoutez. Je suis Jean. J’ai vu des choses sombres »
363
+
364
+ Hugo fait parler saint Jean, bouche d'ombre de l'Apocalypse
365
+
366
+ « Je n'essaierai donc pas de vous décrire quel sombre enthousiasme se manifesta dans l'armée insurgée après l'allocution de Biassou. Ce fut un concert distordant de cris, de plaintes, de hurlements. Les uns se frappaient la poitrine, les autres heurtaient leurs massues et leurs sabres… »
367
+
368
+ — Victor Hugo, Bug-Jargal, ch. XXIX
369
+
370
+ « Fit-il pas mieux que de se plaindre ? »
371
+
372
+ — La Fontaine, Le Renard et les Raisins
373
+
374
+ Historiquement, les figures de style sont des tropes, idée que L'Encyclopédie de Diderot évoque[27]. Les tropes[Étymologie 3],[K 5] rassemblent cependant un échantillon assez restreint de figures, telles la métaphore et la métonymie[A 12]. Il s'agit surtout de figures reposant sur l'analogie et constitutives du langage imagé.
375
+
376
+ La distinction entre les tropes et les non-tropes (figures où aucun « changement de sens » ne semble apparaître) persiste dans la didactique française jusqu'à Pierre Fontanier[F 5]. Il distingue en effet les tropes des non-tropes qui sont définis de manière négative et les nomme les « autres que tropes » et introduit par-là un déclin de la rhétorique[28]. La classe de ces non-tropes regroupe la majeure partie des figures existantes et connues habituellement.
377
+
378
+ Fontanier les classe selon la transformation qu'ils mettent en œuvre. Patrick Bacry reprend cette distinction qui sous-divise les figures de style en[A 13] : figures de construction[Note 4], figures de la ressemblance[Note 5], figures du voisinage[Note 6], figures de l'ordre des mots[Note 7], figures du lexique[Note 8], figures du contenu sémantique[Note 9] et figures de l'organisation du discours[Note 10]. Comme Bernard Dupriez ou Michel Pougeoise, il propose de les classer au moyen d'une grille multi-critères combinant : la nature de la figure (ce qui la fait) ; la condition de son apparition (son repérage dans le discours) et l'effet qu'elle produit[A 11].
379
+
380
+ La linguistique moderne utilisant l’analyse combinatoire du langage aboutit ainsi à un système cohérent qui permet une classification plus exhaustive des figures de style[29]. Cette classification comporte deux axes : un axe de transformation lui-même sous-divisé en « identique » et « non-identique », composé des différentes opérations possibles sur la phrase et les mots concernés par la figure ; un axe dit de niveau qui correspond au sujet grammatical («graphique », « phonique » ou « morpho-syntaxique ») ou sémantique, sur lequel porte l’opération de transformation. Les opérations aboutissant à des figures de style jouant sur les trois premiers niveaux redéfinissent la « forme » des mots et des objets grammaticaux : graphèmes (la graphie des mots, les lettres), phonèmes (les sons) et morpho-syntaxe (constitution des mots et leurs combinaisons) ; les opérations portant sur la sémantique (le sens) jouent elles sur le contenu et regroupent plus largement les tropes qui rassemblent les figures qui transforment le sens propre d’un mot en un sens figuré.
381
+
382
+ Il existe aussi des classements plus originaux, souvent le fait d'un auteur. Richard Arcand par exemple, dans Les Figures de style. Allégorie, ellipse, hyperbole, métaphore… se distingue par sa prise de position originale dans le milieu littéraire. Il classe en effet les figures selon une double entrée : « des procédés aux figures » (classement qui part du mécanisme linguistique en œuvre et aboutit aux figures correspondantes) et des « effets aux figures »[30]. Il identifie ainsi systématiquement les effets de réception visés par les figures ; sa table d'orientation en guise d'annexe apporte une visibilité pédagogique remarquable à un discours qui devenait trop technique.
383
+
384
+ Pour Marc Bonhomme, il existe un « degré d'ambiguïté » inhérent à toute figure de style[31]. Auteur des Figures clés du discours, il considère que la portée stylistique de la figure ne peut se comprendre sans référence à l'acte d'énonciation discursif.
385
+
386
+ Dans son ouvrage La répétition : étude linguistique et rhétorique, M. Frédéric ne recense pas moins de 44 procédés de répétition. Constituant quantitativement le groupe le plus important au sein des figures de style, elles peuvent être regroupées en familles : répétitions phoniques ou phonétiques (allitération, assonance, homéotéleute), répétitions syntaxiques (anaphore, épiphore, anadiplose, antépiphore, chiasme, symploque), répétitions lexicales (antanaclase, polyptote, polysyndète)[32].
387
+
388
+ De façon générale, le discours est un ensemble de mots qui peut être étudié sous divers points de vue. Il se compose d’un ensemble de niveaux linguistiques décomposables dans l’absolu, entretenant des relations morpho-syntaxiques (les règles de grammaire) et sémantiques (contexte linguistique) : le mot, le groupe de mots (syntagme), la phrase (ou proposition), le texte. Si ce découpage fait débat, il reste le plus admis. Les figures peuvent être définies, dans leurs mécanismes et leurs effets, selon le ou les niveau(x) où elles évoluent. Ainsi, les figures du signifiant opèrent sur le mot, le phonème ou le morphème, au niveau minimal donc, c'est le cas de la paronomase, de l’épenthèse, l’aphérèse, la syncope.
389
+
390
+ Les figures syntaxiques opèrent sur les groupes de mots et syntagmes, au niveau dit « phrastique » (de la phrase) ; c’est le cas de l’épanorthose, du parallélisme, de l’ellipse. Les figures sémantiques opèrent sur le sens intra-linguistique (présent dans le texte), dans des relations d’images ; c’est le cas de l’oxymore, de l’hypallage et de la métonymie. Les figures référentielles agissent elles sur le contexte extra-linguistique (hors le texte), dans des relations d’images également, souvent par décalage ; cas de l’ironie, de la litote. Ces quatre niveaux permettent, par croisement d’avec les deux axes précédents déterminant la nature des figures (présentes/absentes), d’obtenir un effet particulier, par un mécanisme particulier, signifiant un sens particulier : une figure de style.
391
+
392
+ La classification des figures de style peut aussi se faire selon le critère des effets qu'elles produisent chez l'interlocuteur. Il existe ainsi quatre classes[A 14] : l’attention (par un écart à la norme, la figure frappe l'interlocuteur, c'est le cas de l'inversion (linguistique) par exemple), l'imitation (imitation d'un contenu d'un texte par la forme qui lui est donné (c'est la notion d'harmonie imitative), par exemple dans l'allitération), la connotation[Étymologie 4] enrichit le sens par polysémie, comme dans le cas des tropes.
393
+
394
+ Par ailleurs, la majeure partie des figures existantes induit ce type d'effet et enfin les catachrèses : certaines figures ne recherchent aucun effet, car l'écart à la norme sur lequel elles reposent est tout simplement accepté par l'usage. C'est le cas de certaines métonymies reconnues, et de métaphores devenues clichés comme l'expression devenue incontournable « Les ailes de l'avion » reposant à l'origine sur une métaphore. Les catachrèses enrichissent ainsi la langue, à partir d'un emploi qui était alors figure de style mais devenu normatif[L 4],[A 15].
395
+
396
+ Platon est le premier à évoquer les figures de style à travers ses dialogues, notamment le Gorgias et le Phèdre. Il s’intéresse à ce qui permet dans le discours de clarifier sa pensée (le λόγος, logos) afin d’exprimer au mieux l’idée à communiquer dans une approche herméneutique ou maïeutique[J 1].
397
+
398
+ Platon distingue deux arts rhétoriques, l’un sérieux, l’autre sophistique ; la différence entre les deux réside dans le bon emploi des figures logiques et dans l’effet recherché chez le récepteur (convaincre dans la véritable rhétorique, séduire dans le sophisme). Platon définit par là le cadre des figures de style de construction (celles dites argumentatives) ; de plus son recours constant à des images et analogies comme l’allégorie de la caverne, les exemplifications également, en font esthétiquement parlant un modèle d’utilisation stylistique, au-delà d’un simple recours argumentatif de la rhétorikè teknikè (la technique rhétorique grecque).
399
+
400
+ C'est Aristophane de Byzance qui établit le premier un répertoire lexicographique contenant de nombreuses figures. Les grands orateurs mirent en œuvre la force suggestive et argumentative des figures, tels Démosthène, Lysias ou Isocrate.
401
+
402
+ Aristote est quant à lui le premier, dans sa Rhétorique, à étudier l’effet des figures de style sur les récepteurs[J 2], à travers les trois genres de persuasion sociale au moyen du langage, construit vers un effet soit logique, soit affectif. Son autre œuvre de renom, la Poétique qui a trait au genre théâtral et à la notion d’imitation (mimèsis en grec) continue la réflexion sur les effets illocutoires[Note 11]. Il définit par-là les conditions d’un « langage relevé d’assaisonnements » agissant soit sur le rythme, soit sur la mélodie ou le chant. Aristote perçoit par-là les figures de style majeures, celles que l’évidence relève car jouant sur la modulation des mots (rythme, mélodie et chant). Aristote va donc permettre à ses épigones — médiévaux notamment — de classer les figures de style au moyen de leurs effets recherchés.
403
+
404
+ Les orateurs romains définissent une nouvelle rhétorique afin de satisfaire aux conditions prescrites lors des prises de paroles publiques par le protocole latin[J 3]. Reprenant Aristote, les romains vont rendre davantage pratique la rhétorique.
405
+
406
+ Cicéron, notamment dans son ouvrage fondateur De l’invention, divise un discours efficace en trois parties : narratio, confirmatio et peroratio. Chacune s’explique par la mise en œuvre de figures particulières liées à l’utilisation des arguments et des preuves. Deux niveaux d’effets sont envisagés : le pathos, πάθος en grec ancien, (jouer sur les sentiments de l’auditeur) et l’Ethos ἔθος (l’orateur se présente sous une certaine apparence). De là découle une gamme de capacités détenues par l’orateur pour animer son discours, parmi lesquelles : l’elocutio qui correspond au choix des mots et à la mobilisation des figures de style. Pour Cicéron, donc, celles-ci deviennent un instrument conscient utilisé par l’émetteur, dans le but de provoquer un effet chez le récepteur. D’autres ouvrages de l’orateur romain poursuivent la réflexion autour des catégories du discours : Brutus ou Dialogue des orateurs illustres, Des Orateurs parfaits et surtout Les Topiques[33] qui s’attachent aux arguments et à leur mise en forme ; de là découleront les figures dites « topiques », proches des images et des « topoi » (clichés, lieux communs…).
407
+
408
+ Dans la Rhétorique à Herennius, premier manuel de l'art de parler, l'auteur, anonyme, codifie la rhétorique et propose une méthode de constitution du discours, au moyen, notamment, de figures de rhétorique[34],[35].
409
+
410
+ « Tous les styles de discours, le style élevé, le moyen, le simple sont embellis par les figures de rhétorique dont nous parlerons plus loin. Disposées avec parcimonie, elles rehaussent le discours comme le feraient des couleurs. Placées en trop grand nombre, elles le surchargent[36] »
411
+
412
+ Il définit deux types de figures de style : les figures de mots et les figures de pensées que les romains nomment tropes (définition assez large évoquant le fait de « tourner » le mot d’une certaine façon, d’y imposer une image et une déformation donc). Il distingue une série de figures, qu’il nomme précisément, qui vont du portrait à la litote[37]. Certaines figures acquièrent le nom qu’elles garderont dans nos classifications modernes (hyperbole, personnification, comparaison…).
413
+
414
+ Quintilien dans son Institutions oratoires nourrit les réflexions médiévales et de la Renaissance. Il distingue les figurae sententiarum et les figurae verborum, soit : les « figures de pensée » et les « figures de mots », donnant au mot figure une assise rhétorique qui est la sienne aujourd'hui[I 3]. Sa figure dite de l’« Hexamètre mnémotechnique de Quintilien » permet de cadrer l’utilisation d’effets et la pertinence d’arguments. Il définit deux types de figures : dans une acceptation large d'abord, la figure est une forme particulière du discours, ce qui correspond à l’étymologie même de la figura et du trope. Deuxièmement, dans une acceptation étroite ou stricte elle permet à l’auteur de faire évoluer la poétique des figures de style. En effet pour Quintilien, une figure induit un écart par rapport à une norme du discours, une transformation non conventionnelle. Il jette par-là les bases du style et propose que la figure de style soit un point de vue réfléchi et esthétique adopté par l’émetteur, une valeur ajoutée de sens en d’autres mots[17]. Ces écarts linguistiques qu’il nomme les « barbarismes » sont générateurs d’effets :
415
+
416
+ « Quelques-uns ne considèrent pas comme solécismes ces trois vices de langage, et ils appellent l'addition, pléonasme ; le retranchement, ellipse ; l'inversion, anastrophe ; prétendant que, si ces figures sont des solécismes, on peut en dire autant de l'hyperbate[38] »
417
+
418
+ Il définit des niveaux de transformations conduisant à un surcroît de sens. Plus généralement, Quintilien passe en revue l’ensemble des figures connues à l’époque, héritées des grecs[J 4],[39]. Quintilien distingue le langage pur — les « mots propres », selon ses termes, — et les « mots métaphoriques », qui en sont une transformation :
419
+
420
+ « Les mots propres sont ceux qui conservent leur signification primitive ; les métaphoriques sont ceux qui reçoivent du lieu où ils sont placés un sens autre que celui qu'ils ont naturellement. Quant aux mots usités, ce sont ceux dont l'emploi est le plus sûr. Ce n'est pas sans quelque danger qu'on en crée de nouveaux ; car s'ils sont accueillis, ils ajoutent peu de mérite au discours ; et s'ils ne le sont pas, ils nous donnent même du ridicule[40] »
421
+
422
+ L’historien latin Tacite, dans son Dialogue des orateurs, forme des figures de style liées à la description afin d’animer ses portraits d’empereurs romains (il crée l’hypotypose notamment)[J 5]. Il crée en quelque sorte le genre narratif usant d’images et annonciateur des romans.
423
+
424
+ Le Traité du Sublime, attribué au Pseudo-Longin est l’acte de naissance de la notion de style littéraire, perçu comme gratuit et esthétique mais nécessaire pour provoquer l’émotion. Longin aura une puissante influence sur le Classicisme, sur Nicolas Boileau notamment, qui le traduit en français et commente son apport dans Réflexions critiques sur Longin (1694-1710)[J 6]. Ce dernier définit le sublime comme l’essence de l’art littéraire et poétique, qui doit être élevé afin de se démarquer du langage oral vulgaire et populaire : « le sublime ravit, transporte, produit une certaine admiration mêlée d'étonnement et de surprise... Quand le sublime vient à éclater, il renverse tout comme la foudre »[41]. Longtemps le style vrai et conventionnel sera assimilé au « sublime » (Racine, Malherbe…) et les images participent de manière importante dans la constitution d’un beau style afin d’évoquer les idées nobles (notamment religieuses).
425
+
426
+ La Renaissance est une période riche en traités rhétoriques. Peu à peu, les tropes et figures vont être l'objet d'une science naissante : la grammaire[42]. Les auteurs de la Pléiade usent de nouvelles figures de style comme la personnification ou l'anaphore comme dans ces strophes du poème tiré des Antiquités de Rome de Joachim Du Bellay :
427
+
428
+ Rome de Rome est le seul monument,
429
+ Et Rome Rome a vaincu seulement.
430
+ Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
431
+
432
+ Reste de Rome. O mondaine inconstance !
433
+ Ce qui est ferme, est par le temps destruit,
434
+ Et ce qui fuit, au temps fait résistance
435
+
436
+ Les figures de sonorités purement poétiques comme l'assonance ou l'allitération, sont également très employées, suivant le principe d’enrichissement de la langue française, exalté par Joachim Du Bellay dans son traité Défense et illustration de la langue française (1549). À la même époque, en 1539, l’édit de Villers-Cotterêts impose l’utilisation de la langue française, langue nationale, pour tous les actes administratifs.
437
+
438
+ La Pléiade préconise la formation d'une langue nationale, le français, dotée d'une souplesse et d'une richesse comparables à celles de la langue latine[43].
439
+
440
+ Dès lors, les poètes autour de Du Bellay et de Pierre Ronsard ne cesseront d'enrichir la langue, parfois à l'excès, de néologismes et de nouvelles images, en rupture avec les clichés de l'époque. Bien plus, La Pléiade se fonde sur la notion d’inspiration, suivant les mots d'Horace, et prône l'« innutrition », expression de leur invention qui désigne le fait d'assimiler les mots et les images des Anciens et de les adapter à la langue du poète ; une imitation créatrice en définitive. Néanmoins, c'est bien le renouveau que cherchent les poètes, suivant la consigne de l'auteur de la Défense :
441
+
442
+ Je choisirai cent mille nouveautés
443
+ Dont je peindrai vos plus grandes beautés
444
+ Sur la plus belle idée.
445
+
446
+ — Du Bellay, L’Olive (1553)
447
+
448
+ Par ailleurs Du Bellay, après en avoir fait la défense, veut « illustrer » la langue française. Celle-ci ne peut se produire que par l’ornementation, que Pierre de Ronsard définit ainsi :
449
+
450
+ « Les ornant et enrichissant de Figures, Schèmes, Tropes, Métaphores, Phrases et périphrases eslongnées presque du tout, ou pour le moins séparées, de la prose triviale et vulgaire (car le style prosaïque est ennemy capital de l’éloquence poëtique), et les illustrant de comparaisons bien adaptées de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de passements, broderies, tapisseries et entrelacements de fleurs poëtiques, tant pour représenter la chose que pour l’ornement et splendeur des vers »
451
+
452
+ — Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, II. 60-64
453
+
454
+ Il pointe là directement l'importance des figures de style dans le renouvellement de la langue et dans la force de l'expression, dans sa clarté aussi. Elles sont pour les auteurs de la Pléiade une source d'abondance, de copia. Du Bellay et Pierre de Ronsard aiment à les comparer à un fleurissement ou à des « épiceries » : pour eux, les tropes relèvent la langue comme si le texte était un plat à déguster.
455
+
456
+ Pierre de La Ramée (dit Ramus) et ses disciples, Omer Talon et Antoine Fouquelin, fondent dès 1545 le groupe des grammairiens du Collège de Presles qui, jusqu'en 1562, publie des ouvrages d'étude rhétorique intitulés les Ciceronianus où ils proposent, entre autres, une typologie des tropes et des procédés d'éloquence[44].
457
+
458
+ Antoine Fouquelin, notamment dans sa Rhétorique française[45] (1555) est l'un des premiers en France à se tourner non plus vers la valeur des figures mais vers la nature des mécanismes figuraux ; on peut dire qu'avec Fouquelin, la rhétorique se veut scientifique et classificatrice[46]. Il distingue les « figures de sentence », de la « réticence » et de la « correction ». On a déjà avec Fouquelin, une tentation scientifique de nommer et classer les figures et tropes par leur mécanisme linguistique.
459
+
460
+ Pour Chaïm Perelman, Ramus « enlève à la rhétorique d'Aristote ses deux parties essentielles, l'invention et la disposition, pour ne lui laisser que l'élocution »[47]. Ramus permet donc « une rhétorique des figures »[J 7].
461
+
462
+ La stricte codification des règles dramatiques et poétiques surtout, sous l’impulsion de théoriciens tels Nicolas Boileau ou François de Malherbe conduisent à une première classification des figures de style, dont le critère principal est qu’elles ne doivent pas obscurcir les idées de l’auteur mais au contraire exprimer avec davantage de clarté le message. Le registre doit toujours rester du domaine du sublime, fidèle aux prescriptions de Longin.
463
+
464
+ Le père Bernard Lamy évoque, lui, lors du débat sur l'ordre naturel des mots et son rapport à la logique formelle, dans son ouvrage La Rhétorique ou l'art de parler[48], que les figures de style sont le langage particulier des passions. Finalement, la force de l'impression qu'elles exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase. C'est le cas pour Lamy de l'antithèse, de l'hyperbate, de la suspension, au détriment de l'exposition claire des idées. Plus tard Fénelon, suivant Lamy, annonce que la sécheresse de la prose française est due au fait que l'on respecte par trop l'ordre naturel des idées dans la proposition, et que l'on ostracise la figure de l'inversion, pourtant source de variété et d'éloquence ; le style provenant donc pour lui du non-respect de la linéarité du discours[J 8].
465
+
466
+ Parallèlement se développent les figures de style de pensée, avec Molière notamment, et plus largement celle de l’ironie. Le courant marginal de la Préciosité inonde la littérature de nouvelles figures tendant au jeu de mot gratuit et inutile, dont quelques-unes cependant demeureront dans la culture (hyperbole, euphémisme etc.). L'Astrée d'Honoré d'Urfé et Clélie, histoire romaine de Madeleine de Scudéry en sont les expressions du genre.
467
+
468
+ L’antonomase est couramment employée par les moralistes comme Jean de La Bruyère, de même que les figures de l’animation et du portrait (ethopée, prosopopée principalement).
469
+
470
+ Jean de La Fontaine excelle quant à lui à employer les figures de construction qui apportent de la souplesse à ses Fables (accumulation, gradation) et celles de pensée apportant de l’analogie et de l’image (apologue, gnomisme).
471
+
472
+ Le développement du genre argumentatif, avec les genres du sermon et du pamphlet, conduit les auteurs à mettre au jour une gamme variée de figures opérant sur le niveau syntaxique (hypallage, prétérition). Le développement social du roman apporte finalement nombre de figures de contraste (oxymore, antithèse) et d’analogie, avec notamment Marguerite de Navarre et son Heptaméron, Charles Sorel et son Francion, Madame de La Fayette, enfin, avec La Princesse de Clèves, premier roman du genre.
473
+
474
+ À la période médiévale, succèdent de nombreux traités et manuels de rhétorique qui tentent de proposer une classification des ornements du discours. Bernard Lamy le premier dans La Rhétorique ou l’Art de parler (1675) expose que la force de l'impression que les figures exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase.
475
+
476
+ César Chesneau Dumarsais (Traité des Tropes, 1730) détaille l’usage des tropes dans le discours, en appuyant des exemples. L'Écossais Hugh Blair (Rhétorique, 1783), Gabriel-Henri Gaillard(La Rhétorique des Demoiselles, 1807), Pierre Fontanier avec son Manuel classique pour l’étude des Tropes (1827), François De Caussade (Rhétorique et Genres littéraires, 1881) et Paul Prat (Éléments de Rhétorique et de Littérature, 1889) enfin publient des traités de rhétorique qui préparent les analyses modernes[49]. Deux auteurs en France sont particulièrement significatifs : Dumarsais et Fontanier.
477
+
478
+ César Chesneau Dumarsais dans son Traité des tropes (1730)[50], son œuvre principale, expose d’abord ce qui constitue le style figuré, et montre combien ce style est ordinaire, et dans les écrits et dans la conversation ; il détaille l’usage des tropes[J 9] dans le discours, en appuyant ses observations d’exemples[H 3]. Il appelle trope une espèce particulière de figure qui modifie la signification[J 3]. La figure est ainsi, au sens propre et conformément à son étymologie, la forme extérieure d'un corps. Il définit le « trope » (notion non encore différenciée de celle de figure de style) comme :
479
+
480
+ « des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot[51]. »
481
+
482
+ Néanmoins, Dumarsais demeure sur l’aspect sémantique et n’entrevoit jamais, ou rarement, le mécanisme linguistique à l’œuvre dans la figure de style, et de ce fait il omet nombre de celles-ci. Son apport réside dans le fait qu'il ait montré l'universalité des figures ; n'importe quel type de production, écrite ou orale, a en effet recours à des figures de langage« Il n'y a rien de si naturel, de si ordinaire et de si commun que les figures dans le langage des hommes »[I 4]. Il popularise également l'idée que les pensées sont produites et façonnées par le langage[J 10].
483
+
484
+ Pierre Fontanier, éditeur du célèbre Commentaire des tropes de Du Marsais, est le premier théoricien des figures de style, au travers de deux ouvrages de référence[I 5]. En 1821, il publie le Manuel classique pour l’étude des tropes, qui est adopté comme manuel dans l’enseignement public (pour la classe de rhétorique). Puis en 1827, dans Les Figures du discours, il s’attache le premier à en proposer une classification scientifique et y distingue sept classes[52].
485
+
486
+ Il réduit les tropes à trois figures exemplaires : la métonymie, la synecdoque et la métaphore ; mais son intérêt réside surtout dans le fait qu’il a su proposer des définitions précises pour les figures recensées (il regroupe ainsi 82 figures). Son système de classification est le premier à être systématique et fondé sur des opérations logiques comme la cause, la conséquence, le contenant, la possession[53] mais aussi sur le sentiment, sur l'effet que la figure fait naître chez le récepteur[H 4]. Fontanier a ainsi pu décrire une véritable théorie des tropes — sans être pour autant exhaustif dans leur énumération — qui a beaucoup contribué aux classifications modernes, notamment des structuralistes comme Gérard Genette[54],[J 11].
487
+
488
+ À côté des auteurs et poètes qui se saisissent naturellement de la potentialité du langage à découvrir de nouvelles tournures de pensée ou de transformation linguistique, le XXe siècle voit apparaître différents courants spécialisés qui, à la confluence des nouvelles théories sociologiques, psychanalytiques et linguistiques vont réinterpréter le mécanisme de formation des figures, hors vision esthétique. De manière générale, tout au long du XXe siècle, « la rhétorique a été réduite à ce qu'elle a de plus linguistique, c'est-à-dire la théorie des figures », au mépris du discours en lui-même et de sa dimension relationnelle et sociale[55].
489
+
490
+ Le surréalisme est le mouvement poétique moderne fondateur d’une réinterprétation des figures de style. Basé sur l’axiome selon lequel la langue est à réinventer, les surréalistes vont employer systématiquement les analogies et tropes, coupés de toute référence sémantique conventionnelle. Les jeux sur les sonorités ou les graphies vont leur permettre de constituer de nouveaux genres de textes qui seront repris par le second mouvement novateur en la matière : l’Oulipo.
491
+
492
+ Laboratoire d’expérimentation linguistique, les auteurs de l’Oulipo vont créer de toutes pièces une nouvelle gamme de figures sur la base du concept de la contrainte comme la méthode S plus n (à partir de la « méthode S + 7 » mise au point par Jean Lescure dès 1961), la littérature combinatoire — qui permit à Raymond Queneau d’écrire Cent Mille Milliards de Poèmes, — mais aussi des poèmes booléens basés sur la théorie des ensembles. Les auteurs oulipiens forment ainsi une classe nouvelle de figures graphiques (lipogramme, anagramme) ou morpho-syntaxique (palindrome), revisitant des techniques anciennes souvent ignorées par la littérature conventionnelle, aboutissant à générer de nouveaux types de textes voire de nouveaux genres[56].
493
+
494
+ Georges Perec a écrit Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? qui propose de multiples usages de figures de style[57]. L'ouvrage collectif La Littérature potentielle propose également une liste de nouvelles figures et de contraintes oulipiennes qui dévoilent la plasticité des figures de style.
495
+
496
+ Le XXe siècle consacre la redécouverte des figures de style, ainsi que de la rhétorique. Pour Bernard Dupriez, cette redécouverte se fait en deux étapes. « En France, le premier pas vers un renouveau dans l'étude des figures de style remonte à 1959. M. Gérald Antoine[58], qui était alors professeur à la Sorbonne, proposa d'étudier les grands écrivains au point de vue de leurs procédés »[59].
497
+
498
+ Le second pas est la publication du Dictionnaire de poétique et de rhétorique d'Henri Morier, proposition de classement parmi les plus complètes[H 5]. Henri Morier, professeur d’histoire de la langue française à l'université de Genève, fondateur du Centre de Poétique, réalise en effet avec son dictionnaire un ouvrage majeur depuis Pierre Fontanier. Son ambition est de réinventer la rhétorique, dans une dimension davantage technique, éclairée par les découvertes et les avancées linguistiques modernes. Il exhume notamment des figures disparues et tente de définir chaque procédé[D 7].
499
+
500
+ Le linguiste Roman Jakobson, créateur des fonctions du langage et du schéma communicationnel, considère que les figures de style usent de la fonction poétique et référentielle de la langue. Il distingue également deux pôles : le « pôle métaphorique » et le « pôle métonymique », dominant toute la structure du langage et permettant respectivement d’opérer des sélections et des combinaisons. Cette double notion lui a permis d’aboutir aux axes du syntagme et du paradigme[K 4].
501
+
502
+ De la même manière, le philosophe Paul Ricœur dans La Métaphore vive (1975) analyse le processus de création cognitive aboutissant à la métaphore, qui représente le prototype de toutes les autres figures, la transformation originelle en somme. Ricœur est à l’origine d’une nouvelle conception, plus universelle, de la métaphore, davantage transdisciplinaire. Selon lui la métaphore témoigne d'un processus cognitif n’aboutissant pas qu’à un simple phénomène linguistique de transport de sens, mais lié notamment à l’imagination ou à la mémoire.
503
+
504
+ Le Groupe µ a fourni, dans les années 1970, une typologie raisonnée de toutes les figures rhétoriques, rassemblée dans l’ouvrage Rhétorique générale[60]. Le groupe de « l’école de Liège » est en effet composé des linguistes Jacques Dubois, Francis Édeline, Jean-Marie Klinkenberg, Philippe Minguet, F. Pire, Hadelin Trinon et vise une approche transdisciplinaire ; ils sont ainsi les premiers à théoriser les figures de style comme des procédés traduisibles dans tous les Arts, avec la notion de « sémiotique visuelle ».
505
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506
+ Pour ces auteurs, les figures de style sont des « métaboles », notions génériques permettant de regrouper sous une même nature toutes les figures existantes ; le terme désignant « toute espèce de changement soit dans les mots, soit dans les phrases ». Leur typologie est fondée sur la base de quatre opérations fondamentales : suppression, adjonction, suppression-adjonction, permutation. Ils ont forgé de nouveaux concepts pour regrouper les figures, déterminant les quatre types d’opérations linguistiques possibles : le métaplasme (modification phonétique ou morphologique d’un mot qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation), le métataxe (modification syntaxique d’un énoncé qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation) et le métalogisme (modification sémantique d’un énoncé qui altère sa cohérence interne ou sa valeur référentielle par addition, suppression, ou substitution).
507
+
508
+ Le structuralisme, avec Roland Barthes, conduit à formaliser une poétique (réflexion construite sur la création littéraire) centrée sur le contexte. Des figures de style créées par néologisme apparaissent, perçues comme des articulations du discours mettant en œuvre, dans un cadre énonciatif, la subjectivité de l’auteur. Gérard Genette travaille dans ses Figures (3 volumes) à étudier l’assemblage de procédés stylistiques en grands ensembles textuels aboutissant à isoler des grandes tendances de genres[61].
509
+
510
+ L’apport de Barthes réside principalement dans une classification retenant comme critère unique une double transformation. Il distingue deux grandes familles de figures : les métaboles (substitution d’un signifiant à un autre comme les jeux de mots, métaphores et métonymies) et les parataxes (modifications des rapports existant entre les signes comme les anaphores, ellipses et anacoluthes). Barthes réalise une définition linguistique de la figure de style : « La figure de rhétorique étant définie comme une opération qui, partant d’une proposition simple, modifie certains éléments de cette proposition »[62].
511
+
512
+ Cette vision de la figure de style est donc largement mécaniste et structuraliste, la transformation se faisant selon deux dimensions : la nature de la relation (jouant sur le contenu, le signifié) et la nature de l’opération (jouant sur la forme, sur le signifiant). De là, Barthes décrit deux plans nécessaires à l’effet de style : les opérations rhétoriques englobant les figures de diction et les figures de construction provenant de l’ancienne rhétorique, mais mettant en œuvre quatre transformations fondamentales qui sont : l’adjonction, la suppression, la substitution et l’échange et les relations : d’identité, de différence, de similarité et d’opposition. Ce plan se fonde, au niveau le plus élémentaire, sur la notion de sème et sera repris par Algirdas Julien Greimas (Sémantique structurale, 1966) ou Jean Cohen (Structure du langage poétique, 1966)[K 6].
513
+
514
+ La portée de l’apport de Barthes et des structuralistes en général réside dans leur volonté de réduire les faits de langue à des mécanismes primordiaux, en lien avec les théories sexuelles de Sigmund Freud. La nature des relations notamment (identité/différence) s’entend par exemple pour Barthes au niveau du complexe d’Œdipe et explique l’effet sur le récepteur. Néanmoins on peut reprocher en ce sens le relativisme de Barthes, le psychologisme de sa vision d’un phénomène qui appartient finalement au domaine esthétique et à l’acte créatif. On remarquera que Jacques Lacan s'inscrit également dans une perspective structuraliste, notamment par le fait qu'il reprend le concept de signifiant à la linguistique structurale de Ferdinand de Saussure.
515
+
516
+ Les recherches modernes sont marquées par une grande diversité des approches, et par un souci de classification opératoire des figures. Catherine Fromilhague les nomme les « néo-rhétoriques »[I 6].
517
+
518
+ Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (1958), dans leur Traité d'argumentation rappellent la valeur argumentative de la figure, conformément à la théorie d'Aristote ; la figure devient une composante fondamentale (et non plus un « ornement » facultatif) de l'acte d'énonciation, intégrant même une portée transphrastique (au-delà de la phrase). Ils posent par ailleurs que toute figure de rhétorique est un condensé d'argument : par exemple, la métaphore condense l'analogie.
519
+
520
+ Le groupe d'étude roumain, constitué de P. Servien et S. Marcus, la Bulgare Julia Kristeva également, interrogent la notion d'écart, préparant les travaux du groupe µ[K 7]. Gui Bonsiepe (Visual/verbal Rhetoric, 1965) propose lui une division des figures en « syntactiques » et « sémantiques »[63].
521
+
522
+ Olivier Reboul s'essaye lui à une Introduction à la rhétorique (1991), ouvrage universitaire majeur. Il y cherche, après avoir exposé plusieurs siècles de rhétorique et de codification du discours, à réconcilier l'argumentation héritée d'Aristote — qui cherche à persuader, — et celle des figures de style, qui forme le style[64]. Reboul propose de revoir la définition des figures de rhétorique seules (ce qui n'inclut pas toutes les figures). Il définit celles-ci comme « Un procédé de style permettant de s'exprimer d'une façon à la fois libre et codifiée » ; rejetant la notion d'écart comme constitutive de la figure[K 7], il précise « libre » car le locuteur n'est pas tenu d'y recourir pour communiquer et « codifiée » car chaque figure constitue une « structure connue, repérable, transmissible », et toujours liée au pathos.
523
+
524
+ Georges Molinié, dans son Dictionnaire de rhétorique (1992), élabore une méthodologie semblable à celle d'Henri Morier. Il est à l'origine de la distinction des figures entre celles étant microstructurales (comme dans « Ce matin, dans le métro, un mammouth était assis à côté de moi ») et celles étant macrostructurales (« Cette fille est vraiment très belle » par exemple)[K 8].
525
+
526
+ Michel Meyer dans Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours (1999) porte une réflexion philosophique et historique sur les figures de style, dans le cadre de l’argumentation, fondement de la rhétorique.
527
+
528
+ Pour la neurophysiologie, après les recherches de Paul Broca (aire de Broca) et celles de Carl Wernicke (aire de Wernicke) sur les aphasies, l’usage des tropes révèle l’intensité du trouble langagier. Broca identifie une série de symptômes purement langagiers traduits en figures de style comme la logorrhée, le jargon ou le stéréotype (répétition) qui renseignent sur les mécanismes de compréhension sémantique.
529
+
530
+ Le linguiste Roman Jakobson reprend dans les années 1950 les travaux de Broca et développe par-là la théorie de deux axes (paradigmatique/syntagmatique) dans une perspective pragmatique[65]. Jakobson fonde par-là les premiers fondements d’un pont jeté entre la sémiotique d’une part et la neurologie d’autre part[66][réf. à confirmer]. D'autres recherches explorent la relation des figures de style avec la perception, notamment dans la synesthésie[67].
531
+
532
+ La neurologie moderne, grâce à l’imagerie par résonance magnétique et aux expériences de simulation, montre que l’image est propre au mental. Ainsi, un courant dit de la sémantique cognitive s'attache à montrer comment notre organisation conceptuelle repose sur des processus essentiellement métaphoriques[I 4]. La métaphore et la métonymie[G 3] sont précisément au cœur de ces recherches[68]. Jean-Luc Nespoulous, chercheur au Laboratoire Jacques-Lordat, Institut des Sciences du Cerveau de Toulouse, montre que l'absence de métaphore nuit à la compréhension d'un énoncé complexe[69]. Bottini (1994[70]) de son côté évoque le rôle important que jouerait l'hémisphère droit dans l’appréciation de la métaphore : le traitement de la figure impliquerait des ressources cognitives additionnelles. Des expériences sur le temps de lecture, plus long pour les énoncés métaphoriques que pour les énoncés littéraux (de Janus & Bever en 1985) et sur l'influence cognitive du contexte, qui permet de mieux comprendre, et plus rapidement, le sens métaphorique (par Keysar et Gluksberg en 1990[71]) témoignent de l'actualité des recherches sur l'origine et la localisation cérébrale de la métaphore.
533
+
534
+ Les recherches aboutissent à la conclusion que le traitement global est moins spécialisé que prévu, et que la métaphore naît de la coopération des deux hémisphères. Dans une étude publiée en 2014 dans la revue Brain[72], le neurochirurgien et neuroscientifique Hugues Duffau montre que « l'aire de Broca n'est pas l'aire de la parole » et que les fonctions langagières ne sont pas tant localisées dans une aire précise que dépendantes de connexions neuronales en reconfiguration constante[73].
535
+
536
+ Des linguistes comme Olivier Reboul émettent l’hypothèse que l’emploi de figures de style relève du jeu et du plaisir, proche d’une régression de l’artiste vers un état antérieur, voire enfantin[74]. La psychanalyse y a ainsi recours pour accéder à l'univers mental du patient. La psycho-sociolinguistique prouve, par son intégrité épistémologique même, l’importance pour la science de fusionner linguistique (modalités d’utilisation des tropes) et psychosociologie (modalités communicationnelles)[75]. Le groupe renseigne dès lors sur l’usage des tropes et des distorsions qui en sont la fondation linguistique. Les figures populaires s’expliquent dès lors par des moyens économiques de communiquer, ainsi que par des solutions préservant les communautés ou réseaux sociaux.
537
+
538
+ L'analyse pragma-énonciative des figures étudie les mécanismes énonciatifs dans la production des figures. Karim Chibout propose une typologie de plusieurs figures de style impliquant des liens sémantiques complexes entre unités linguistiques mises en jeu et exigeant la mobilisation de ressources mentales diverses[76]. Pour Catherine Détrie, dans une perspective praxématique, la figure appartient aux processus d'« appropriation linguistique de l'univers sensible » et elle rend compte des phénomènes de « construction interactive du sens »[77] qui a lieu au sein des représentations cognitives. Marc Bonhomme a lui montré que la figure de style appartient à la fois à un processus de paradigmatisation et à un processus d'exemplarisation mettant en jeu des mécanismes de prégnance psycho-linguistiques. Finalement, une figure de style s'apparente comme un compromis de singularité (il s'agit d'une production individuelle et originale) et de régularité logico-syntaxique[78].
539
+
540
+ La psychologie clinique également a toujours pris en considération l’importance des tropes et de leurs modalités (débit, rythme, sonorités, kinésie…) dans la compréhension des phénomènes psychopathologiques comme l’hystérie et surtout la schizophrénie. Eugen Bleuler notamment, qui a étudié la schizophrénie, distingue les étiologies par un ensemble de troubles et symptômes langagiers[79]. Le schizophrène, en effet, use de tropes spécifiques telle l’analogie ou le néologisme, qui renseignent son rapport au sens, l'antiphrase et l'énantiosémie[80].
541
+
542
+ En psychologie clinique, un certain nombre d'écoles de thérapie mentale préconisent de raconter des histoires, en relation métaphorique avec la difficulté du patient, comme l'école de Milton Erickson, qui y a recours dans sa méthode de l'hypnose. Joyce C. Mills et Richard J. Crowley en exploitent les ressources thérapeutiques, dans Métaphores thérapeutiques pour enfants[81].
543
+
544
+ Avec le psychanalyste Jacques Lacan apparaît la notion d'une relation étroite entre la rhétorique et l'inconscient :
545
+
546
+ « Qu’on reprenne donc l’œuvre de Freud à la Traumdeutung pour s’y rappeler que le rêve a la structure d’une phrase, ou plutôt, à nous en tenir à sa lettre, d’un rébus, c’est-à-dire d’une écriture, dont le rêve de l’enfant représenterait l’idéographie primordiale. [...] C’est à la version du texte que l’important commence, l’important dont Freud nous dit qu’il est donné dans l’élaboration du rêve, c’est-à-dire dans sa rhétorique[82]. »
547
+
548
+ « La métaphore est constitutive de l'inconscient », énonce-t-il par ailleurs. Jacques Lacan a ainsi ouvert la voie de l'exploration métaphorique en psychanalyse, notamment dans La Métaphore du sujet (1960). Pour Lacan, « l'inconscient est structuré comme un langage », et le désir a deux façons d'être exprimé : par la métaphore ou par la métonymie et qu'il nomme « lois du langage » de l’inconscient.
549
+
550
+ Il postule en effet que l'inconscient, qui présente la même structure que le langage, peut également être défini par un axe syntagmatique et un axe paradigmatique, dans une image schématique similaire à celle que Roman Jakobson édifia pour la langue. En ce sens, Lacan reprend-il Ferdinand de Saussure pour donner une fonction psychique au concept de signifiant. Dans cet ordre d'idée, les figures, selon Irène Tamba[83], « mettent en jeu les pulsions primordiales qui commandent le fonctionnement régulier de l'imaginaire humain »[I 7].
551
+
552
+ La théorie de la pragmatique lexicale veut que le sens de presque tous les mots soit ajusté selon le contexte d’utilisation[84]. Ceci serait entre autres dû au fait qu’il existerait moins de mots dans la langue qu’il existe de concepts, et que les concepts n’ont pas besoin d’être lexicalisés pour être communiqués[85]. Par exemple, le russe a un mot, pochemuchka, pour désigner une personne posant trop de questions[86]. Le français n’en a pas, ce qui ne signifie pas que les francophones n’en possèdent pas le concept, au contraire.
553
+
554
+ Le concept est une représentation mentale dont le revers lexicalisé est le mot. Il contient toutes les informations génériques d’un mot en particulier[84]. Lorsque le sens d'un mot est ajusté dans un contexte particulier, un concept ad hoc est créé[84]. Ceux-ci sont différents des concepts encodés linguistiquement parce qu’ils sont créés sur le moment pour que la communication entre locuteurs soit réussie[84]. On note les concepts en majuscules (GLAÇON), et les concepts ad hoc en majuscules avec un astérisque (GLAÇON*) pour ne pas les confondre avec les concepts encodés linguistiquement (c'est-à-dire les mots).
555
+
556
+ Quand le contexte fait en sorte que le sens d’un mot est plus spécifique et restreint, il s’agit d’un processus de spécification. Au contraire, si le sens d’un mot devient plus général et plus large, il s’agit plutôt d’un processus d’élargissement.
557
+
558
+ La particularité de cette théorie est qu'elle ne considère par les figures de style comme une « anomalie » du langage, ni comme un usage qui s'écarte du sens « véritable » des mots. Au contraire, l'approximation, l'hyperbole et la métaphore résulteraient plutôt du phénomène courant de l'élargissement de sens. Cette théorie est étayée par de récentes études en psycholinguistique qui ont trouvé que la métaphore n'est pas plus complexe ni moins rapide à décoder au niveau cérébral qu'une expression littérale[87].
559
+
560
+ Selon la théorie de la pertinence, les concepts ad hoc seraient formés par notre recherche de pertinence[84]. Cette théorie stipule que tout locuteur aura tendance à sélectionner le sens le plus pertinent d’un énoncé avec un minimum d’effort cognitif. La pertinence implique deux paramètres : les coûts et les bénéfices. Les bénéfices sont des effets cognitifs positifs qui permettent au locuteur d’interpréter correctement un énoncé[88]. Les coûts représentent l’effort de traitement qui est demandé pour atteindre les effets positifs des bénéfices[88]. Ainsi, plus un énoncé demande d’effort cognitif, moins il sera jugé pertinent. C’est pourquoi la théorie de la pertinence suit la loi du moindre effort. En conséquence, un concept encodé linguistiquement qui n’est pas enrichi dans une situation de spécification ou d’élargissement sera jugé non pertinent[88]. Les concepts ad hoc permettent donc de pallier le manque de pertinence des concepts encodés linguistiquement qui sont spécifiés ou élargis dans certains contextes.
561
+
562
+ Diverses écoles de pensée ont émis différentes hypothèses quant aux relations qu’entretiennent les mots et les concepts. Selon la sémantique conceptuelle, il existe plus de mots que de concepts; certains mots peuvent être la combinaison de plusieurs concepts basiques[84]. Selon Fodor, la relation entre les mots et les concepts est biunivoque, c’est-à-dire qu’un mot représente un concept et inversement[84]. Enfin, selon Sperber & Wilson, le nombre de concepts est plus grand que le nombre de mots dans une langue[84]. Cette dernière hypothèse est celle qui est retenue par la pragmatique lexicale parce qu'il s'agit de la plus intéressante pour expliquer la formation des concepts ad hoc. En effet, si le nombre de concepts d’une langue est supérieur au nombre de mots, certains concepts ne sont même pas lexicalisés, mais peuvent tout de même être communiqués à l’aide des concepts ad hoc[84]. Ces concepts sont donc formés pendant l’interaction et sont flexibles vu qu’il est possible de communiquer des concepts qui ne sont pas lexicalisés.
563
+
564
+ La spécification se caractérise par le fait qu’elle met en évidence un sous-ensemble ou une sous-catégorie des référents d’un concept encodé linguistiquement[84]. L’exemple suivant illustre un processus de spécification :
565
+
566
+ Dans l’exemple (1), le verbe boire n’est pas utilisé pour communiquer le fait que les linguistes aiment boire n’importe quel breuvage. Le verbe ne fait référence qu'aux boissons alcoolisées. Le sens de boire est ainsi plus spécifique: les linguistes adorent boire de l’alcool et non pas n’importe quelle boisson. Le concept ad hoc BOIRE* ainsi créé est plus restreint que le concept encodé linguistiquement BOIRE. Le nombre de référents que l'on peut BOIRE* est ainsi diminué.
567
+
568
+ Un cas d’élargissement se produit quand le sens d’un mot est plus général que celui encodé linguistiquement[84]. Le nombre de référents du concept est alors augmenté. Voici un exemple du phénomène :
569
+
570
+ Dans l’exemple (2), il s’agit d’un élargissement si l’eau du lac n’est pas proche de zéro degrés Celsius. Admettons que la température de l’eau soit de 10 degrés. L’eau n’est pas glacée, mais elle est tout de même trop froide pour qu’on puisse se baigner dans le lac. Le sens de glacée est donc élargi; le concept ad hoc créé inclut davantage de référents pour ce mot.
571
+
572
+ Wilson, une pragmaticienne, classe les processus d’élargissement en deux catégories distinctes : les approximations et les extensions catégorielles[88]. L'approximation est une variété d’élargissement où un mot ayant un sens spécifique est utilisé dans un cas qui ne correspond pas nécessairement parfaitement à ses référents, comme dans l’exemple (3)[88].
573
+
574
+ Il s’agit d’une approximation parce que le visage de Pierre n’est pas parfaitement rond comme la forme géométrique. Son visage a une certaine rondeur sans pour autant correspondre à un rond parfait. L’exemple (2) serait aussi une approximation.
575
+
576
+ L’extension catégorielle est aussi une variété d’élargissement. Elle se définit par l’utilisation de noms communs, de noms propres ou encore de marques connues pour indiquer des catégories plus larges[88]. Voici quelques exemples d’extension catégorielle :
577
+
578
+ En (4), frigidaire est utilisé comme un nom commun même s’il s’agit d’une marque connue. Dans l’usage courant, en français québécois, on utilise frigidaire pour désigner n’importe quel réfrigérateur, peu importe s’il est de la marque Frigidaire ou pas.
579
+
580
+ En (5), le nom propre Chomsky fait référence à un linguiste talentueux qui a révolutionné la linguistique. On comprend donc que Smith est aussi une linguiste talentueuse. Le concept ad hoc CHOMSKY* peut alors faire référence à d’autres personnes qui ont du talent en linguistique.
581
+
582
+ Zufferey et Moeschler proposent que l’approximation, l’hyperbole et la métaphore se différencient selon l’application du processus d’élargissement, l’approximation ayant un élargissement minimal, l’hyperbole un élargissement considérable, et la métaphore un élargissement maximal[84]. Les trois phénomènes se trouveraient sur un continuum[84].
583
+
584
+ L'approximation est le type d'élargissement lexical le plus discret. Ainsi que Wilson la définit, une approximation se produit quand un mot est employé dans un contexte qui ne correspond pas exactement à sa définition littérale.
585
+
586
+ Supposons qu’on serve une tasse de thé à Marie, qu’il soit tiède, et que Marie se plaigne avec la phrase (6).
587
+
588
+ Il s’agirait d’élargissement du sens du mot « froid », parce que son thé n’est pas littéralement froid : il est simplement plus froid qu’elle voudrait. Les exemples (2) et (3) plus haut constituent également des approximations.
589
+
590
+ Les hyperboles sont considérées comme un élargissement lexical plus grand que l’approximation[84].
591
+
592
+ Si, dans la même situation que dans l'exemple (6), Marie disait plutôt (7), il s’agirait d’une hyperbole : son thé est loin d’être littéralement glacé, puisqu’il est tiède.
593
+
594
+ La pragmatique lexicale définit les métaphores comme étant le résultat d’un élargissement lexical porté à l’extrême. En effet, seule la propriété du concept linguistique la plus saillante selon le contexte sera retenue, ce qui constituera un concept ad hoc très large, qui englobera tout ce qui partage cette seule propriété[84].
595
+
596
+ Par exemple, Louis a été entrainé dans un vol à l’étalage par ses amis. Un professeur énoncé (8) dans ce contexte.
597
+
598
+ Pour interpréter cette phrase, on extrait la propriété du lemming la plus saillante en contexte, soit le fait que cet animal suivra le troupeau jusqu’à la mort, puis on l’applique à Louis. On en tire le sens que Louis suit le groupe, sans réfléchir par lui-même.
599
+
600
+ Enfin, il peut y avoir à la fois spécification et élargissement lexicaux dans une seule métaphore[84]. L'énoncé (9) en constitue un exemple.
601
+
602
+ Il y a élargissement du terme « oiseau », duquel on extrait la propriété « qui gazouille d’un chant caractéristique », comme dans n’importe quelle métaphore. Il y a cependant aussi spécification, parce que ce ne sont pas tous les oiseaux qui gazouillent. Pensons aux aigles qui trompètent. On spécifie donc le terme « oiseau » pour exclure les référents qui ne partagent pas la propriété qu’on a déjà extraite.
603
+
604
+ Il existe une autre théorie linguistique sur la construction des métaphores, basée sur la théorie de l’argumentation dans la langue (ADL)[89]. Cette dernière suppose que les mots possèdent une « orientation » inhérente, qui aurait pour effet d’orienter l’interlocuteur vers une certaine conclusion. Par exemple, l’expression « beau temps » orienterait fondamentalement l’interlocuteur vers l’idée d’aller dehors, puisque le concept d’être « favorable à la sortie » serait associée à cette expression[89]. Cette orientation serait inhérente aux mots, et non liée au contexte, puisqu’on peut la percevoir même hors contexte.
605
+
606
+ La métaphore, dans le cadre de cette théorie, n’existerait pas. En effet, la séparation des sens littéral et métaphorique qui caractérise cette figure de style n’a pas lieu d’être : ces deux emplois réaliseraient simplement la même orientation profonde liée au mot[89]. Ainsi, dire que son poisson est mort ou dire qu’une langue est morte convoquerait le même sens profond, soit quelque chose s’apparentant à « cesser d’exister, d’évoluer » et équivaudrait donc à un seul emploi d’une seule sémantique profonde du mot. Pour un autre exemple, cette théorie supposerait que l’idiotisme Il pleut des cordes réalise simplement le sens profond de l’expression : pleuvoir prend son sens littéral, tandis que cordes contient l’idée de longueur effilée. Pleuvoir des cordes signifie donc « pleuvoir de longues gouttes d’eau » et, par extension, « pleuvoir fort », puisque la quantité d’eau qui tombe est augmentée.
607
+
608
+ Selon Grice, la métaphore ainsi que l’ironie transgressent la maxime de qualité[84], qui demande premièrement de ne pas mentir, et deuxièmement de ne pas avancer quelque chose si on ne peut en faire la preuve. La transgression de maximes provoque le calcul d'implicatures conversationnelles[84].
609
+
610
+ Par exemple :
611
+
612
+ Dans les exemples métaphoriques en (10) et (11), la maxime de qualité est violée, car Sophie et Jacob ne sont clairement pas des animaux. La transgression de cette maxime provoque une implicature chez l'auditeur, qui, supposant que le locuteur essayait de contribuer une information pertinente à la conversation, calculera un autre sens à cet énoncé. Dans le cas présent, en associant une caractéristique saillante en contexte des animaux correspondant aux personnes, l'auditeur pourrait supposer qu'en (10), Sophie dort tout le temps, et qu'en (11), Jacob ne fait pas de bruit quand il se déplace.
613
+
614
+ Les phrases ironiques en (12) et (13), elles aussi, ne respectent pas la maxime de qualité. En (12), lorsque le locuteur dit à son interlocuteur qu’il est habile, c’est le contraire qu’il veut signifier, soit qu’il est malhabile. En (13), le locuteur ne semble pas trouver qu'Olivier est très intelligent s’il a branché les fils à l’envers.
615
+
616
+ La musique de la période romantique utilise fréquemment la digression. C'est le cas de Chopin ou de Liszt par exemple[90]. Des figures, comme l'épanadiplose par exemple, ou l'anaphore, sont à la base des comptines :
617
+
618
+ « Alouette, gentille alouette ! Alouette je te plumerai[91]... »
619
+
620
+ Les arts musicaux, tels que le rap ou le slam, utilisent beaucoup de figures de style, en particulier celles jouant sur la sonorité (allitération, paronomase) et la comparaison (analogie, métaphore, etc.) Un exemple de présence d'assonance en « i » et « en » ainsi que d'allitération en « s » dans la chanson L'Enfant seul du rappeur Oxmo Puccino :
621
+
622
+ « Maîtrise lancinante, sentiments en ciment sinon
623
+ Dans six ans on me retrouve ciseaux dans le crâne
624
+ Dans le sang gisant[92]... »
625
+
626
+ Selon le romancier et essayiste Thomas Ravier, le rappeur Booba est même l'inventeur d'une figure de style : la métagore[93]. En 2019, le microblogueur Nosferalis propose du reste d'exemplifier chaque figure de style recensée avec une citation de Booba[94].
627
+
628
+ La publicité a recours de manière massive aux figures et aux tropes comme, parmi les principales, l'hyperbole dite publicitaire, l'allégorie ou la métaphore, en particulier pour imager le message transmis au consommateur[95]. La rhétorique publicitaire appartient, selon Roland Barthes, à un domaine plus vaste : celui de la rhétorique visuelle, fixe (affiches) comme animée (clips publicitaires). Barthes fonde dans les années 1960, sous l’impulsion du structuralisme, la « rhétorique de l’image »[96], et y transfère les outils d’analyse du texte.
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+ Barthes montre que, comme dans un énoncé écrit, il y a en jeu dans l’image publicitaire deux niveaux de lecture, typiques du champ stylistique : la connotation et la dénotation. Par conséquent, avant d’avoir une fonction iconique, la publicité a une fonction avant tout symbolique, saisissable dans un univers linguistique[96]. Barthes montre que certaines figures de style sont à la base du langage publicitaire, et parmi elles surtout l’asyndète et la métonymie : « Il est en effet probable que parmi les métaboles (ou figures de substitution d’un signifiant à un autre, c’est la métonymie qui fournit à l’image le plus grand nombre de ses connotateurs ; et parmi les parataxes (ou figures du syntagme), c’est l’asyndète qui domine »[96]. Barthes applique en effet les axes paradigmatique et syntagmatique à l’étude de l’image.
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+ Publicité pour Citroën (hyperbole)
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+ La publicité par Fernand Le Quesne (Allégorie)
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+ Publicité pour les bouillons Kub (métonymie)
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+ Dans la lignée de Barthes, Jacques Durand montre que les effets recherchés font appel aux mêmes représentations et aux mêmes processus cognitifs qu’en littérature. Dans Les Formes de la communication (1981), il montre que la publicité est une « nouvelle rhétorique », sa continuité historique et sociale[97]. Durand, reprenant les études sémiotiques, élabore un tableau de classement identifiant les principales figures de style constitutives du pouvoir de persuasion de la publicité[98]. Il recense quatre mécanismes primordiaux : identité, similarité, opposition et différence, qu’il expose dans son article paru dans la revue Communications[62].
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+ Enfin, en pédagogie, pour plus de proximité culturelle avec l’élève, le matériel publicitaire permet une approche didactique pertinente à l’école qui conjugue lecture critique de l’image et apprentissage des grands processus de transformation de la langue, par le biais des figures de style, deux axes constitutifs des référentiels pédagogiques[99].
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+ Le cinéma également transpose sur le plan visuel des mécanismes discursifs hérités des figures de style et notamment la métonymie, comme c'est souvent le cas des gros plans sur un objet. Patrick Bacry prend comme exemple une scène du film Lancelot du Lac de Robert Bresson. Le metteur en scène ne montre du combat des chevaliers que les sabots des chevaux qui galopent ainsi que quelques écus brisant l'assaut de lances[A 16]. L’oxymore ou encore la digression sont également utilisés pour les mêmes raisons que dans le roman[100]. L'ellipse, la digression ou l'hypotypose sont aussi couramment utilisées[D 8]. Le Groupe µ a notamment permis la compréhension des opérations cognitives à l’origine des figures de style comme étant des objets mentaux traduisibles dans le registre de l’image en mouvement. Ils élaborent alors une la sémiotique visuelle, dont le Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l’image est l’ouvrage fondateur[101].
643
+
644
+ Les autres arts visuels utilisent des figures davantage tropiques, comme la métaphore dans le mouvement surréaliste (les tableaux de René Magritte sont parmi les plus explicites). L’allégorie est sans conteste la figure la plus utilisée en peinture, comme dans La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix mais la peinture connaît aussi le symbole et l'antithèse[D 8]. Nombres d’œuvres représentent de véritables scènes vivantes dans lesquelles le peintre cherche à animer la scène (hypotypose), des analogies (comparaison) comme les tableaux d'Arcimboldo ou l'oxymore (dans la technique du clair-obscur par exemple). La bande-dessinée utilise par ailleurs l'expressivité des figures de style, comme celle de l'onomatopée, pour illustrer les actions.
645
+
646
+ Définitions lexicographiques et étymologiques de « Trope » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Transformation
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+
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+ identique
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+
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+ Répétition
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+
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+ Figure dérivative · Isocolie
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+
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+ Allitération · Assonance · Contre-assonance · Écho · Homéotéleute · Onomatopée · Paréchèse · Prosonomasie
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+
660
+ Accumulation · Anaphore · Annomination · Antanaclase · Concaténation · Conglobation · Épanalepse · Épanaphore · Épanadiplose · Épanode · Épiphore · Épizeuxe · Expolition · Figura etymologica · Homéoptote · Isocolon · Palilogie · Paronomase · Polyptote · Symploque · Thématisation
661
+
662
+ Adynaton · Allusion · Anadiplose · Autocatégorème · Autocorrection · Cliché · Hyperbole · Métaphore filée · Parrhésie · Périssologie · Phébus · Poncif · Redondance · Topos
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+
664
+ non identique
665
+
666
+ Addition,adjonction
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+
668
+ Acrostiche · Épenthèse · Paragoge · Prosthèse
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+
670
+ Cacophonie
671
+
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+ Accumulation · Anadiplose · Antépiphore · Anticlimax · Auxèse · Énumération · Épanadiplose · Épiphonème · Épiphore · Épiphrase · Épithétisme · Épitrochasme · Gradation · Hyperhypotaxe · Hypotaxe · Mot-valise · Néologisme · Paradoxisme · Paraphrase · Parembole · Périphrase · Polysyndète · Pronomination · Suspension · Synchise · Tapinose
673
+
674
+ Amphigouri · Antilogie · Chleuasme · Comparaison · Épanorthose · Hypotypose · Oxymore · Paradoxe · Pléonasme · Régression · Tautologie · Truisme
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+
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+ Effacement,suppression
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+
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+ Apocope · Lipogramme
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+
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+ Aphérèse · Apocope · Élision · Syncope
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+ Asyndète · Ellipse · Épitrochasme · Parataxe · Syllepse · Zeugma
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+ Allusion · Amphibologie · Antiphrase · Aphorisme · Apophtegme · Aposiopèse · Brachylogie · Euphémisme · Gnomisme · Kakemphaton · Parabole · Prétérition
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+ Déplacement,réarrangement
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+ Anagramme · Antimétathèse
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+ Palindrome
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+ Anastrophe · Antilabe · Antimétabole · Chiasme · Énallage · Hendiadys · Hypallage · Hyperbate · Hypozeuxe · Inversion · Parallélisme · Tmèse
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+ Analepse · Antiparastase · Antithèse · Apostrophe · Épanorthose · Métalepse · Prolepse
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+
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+ Remplacement,substitution
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+ Anacoluthe · Anantapodoton · Astéisme · Constructio ad sensum · Solécisme · Syllepse · Verbigération (ou logorrhée, ou verbiage)
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+
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+ Allégorie · Antonomase · Circonlocution · Digression · Éthopée · Hypotypose · Ironie · Litote · Métalepse · Métaphore · Métonymie · Personnification · Prosopographie · Prosopopée · Question rhétorique · Prosopopée (ou Sermocination) · Réification (ou Chosification) · Symbole · Synecdoque
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+ L’Amérique est un continent de l'hémisphère ouest de la Terre. Elle s'étend depuis l'océan Arctique au nord, jusqu'au cap Horn dans le passage de Drake au sud, à la confluence des océans Atlantique et Pacifique qui la délimitent à l'est et à l'ouest, respectivement. Avec plus de 42 millions de km2, l'Amérique est le deuxième plus vaste continent de la planète[1], couvrant 8,3 % de la superficie totale et 28,2 % des terres émergées. De plus, l'Amérique concentre environ 13,3 % de la population mondiale avec plus d'un milliard de personnes[2]. Ses habitants sont désignés sous le gentilé Américains : ce terme est cependant également employé pour désigner les citoyens des États-Unis d'Amérique ; dès lors, les habitants des différentes parties du continent sont fréquemment distingués en employant des gentilés spécifiques comme Nord-Américains, Sud-Américains ou Latino-Américains. Le terme America est une invention des cartographes allemands Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann qui apparaît dans le planisphère qu'ils éditent en 1507, donné en honneur de l'explorateur Amerigo Vespucci au congrès géographique de Saint-Dié.
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+ En raison de ses caractéristiques géographiques, l'Amérique est traditionnellement considérée du point de vue d'un ensemble de sous-continents désigné sous le nom des Amériques, à savoir l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale, les Caraïbes et l'Amérique du Sud. Compte tenu également de son portrait culturel, elle se divise en Amérique anglo-saxonne et Amérique latine.
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+ L'Amérique est formée par les cultures de différents pays qui possèdent des influences et un héritage communs. Elle est parfois qualifiée de « Nouveau Monde » par opposition au « Vieux Continent » aussi dit les « Vieux Pays » (l'Europe). À ce titre, elle constitue un espace de civilisation précolombienne forgé par une histoire millénaire, qui devint un lieu de rencontre entre nations autochtones et européennes occidentales des Temps modernes dès sa découverte et exploration en 1492 pour une histoire « moderne » empreinte de violence des colonisateurs envers les populations autochtones et de déplacement contraint de populations africaines pour les mettre en esclavage. La colonisation des Amériques inspira à de nombreux aventuriers les sentiments d'indépendance, de liberté et de prospérité qu'offraient alors les vastes étendues de cette terre neuve dans les cités d'or et contrées mythiques d'Eldorado, Norembergue et Royaume de Saguenay.
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+ En 1507, Martin Waldseemüller, le cartographe d'une société savante du duché de Lorraine, dénommée Gymnase Vosgien, produisit avec l'aide de l'érudit Mathias Ringmann un planisphère intitulé Universalis Cosmographia représentant la région méridionale de l'Amérique. Cette mappemonde est la première carte sur laquelle apparaît le mot « America », prénom féminisé attribué en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci (Amerigo est l’équivalent italien du prénom d'origine germanique « Aymeric », variante méridionale de « Henri »). Cet explorateur fut en réalité le premier à émettre la thèse d'un nouveau continent lors de son expédition au sud de la Patagonie en 1502. Cette quatrième partie du monde, qui s'ajoutait au supercontinent de l'Afro-Eurasie, venait alors modifier les assertions de Christophe Colomb qui, en 1492, croyant avoir découvert la route des Indes, rencontra plutôt ceux qui, aujourd'hui, sont désignés par métonymie sous l'appellation « Amérindiens » ou « Indiens d'Amérique ».
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+ L'Amérique est le deuxième plus grand continent de la planète après l'Asie. Elle a une superficie d'environ 42 437 680 km2 et s'étend du nord au sud depuis le cap Columbia (58 ° N, Nunavut, Canada) jusqu'aux îles Diego Ramirez (56 º S, Terre de Feu, Chili). Elle est séparée de la Russie par l'océan Arctique et de l'Antarctique par le passage de Drake. Ses points les plus occidental et oriental correspondent respectivement à l'île Attu (173 ° 11'E) en Alaska (États-Unis) et à la pointe du Seixas (34 ° 47'O) en Paraíba (Brésil).
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+ Le continent américain se compose de trois sous-continents : Amérique centrale, Amérique du Nord et Amérique du Sud, ainsi que d'un arc insulaire désigné sous le nom des Antilles et faisant office de connexion continentale entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. De plus, selon la théorie de la dérive des continents et de la tectonique des plaques, ce qui est l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud serait resté séparé pendant des millions d'années. Après la séparation du Gondwana de la Laurasie, deux sous-continents dérivèrent jusqu'à leurs positions actuelles, puis furent unis par l'Amérique centrale. D'abord un arc insulaire, ce pont terrestre émergea entre eux par l'action de la tectonique des plaques et devint plus tard une bande continue de terre. Le point le plus mince de cette union est à l'isthme de Panama, lequel permit le grand échange interaméricain lors de sa formation il y a 3 millions d'années.
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+ Dans leur déplacement du centre de l'océan Atlantique vers l'ouest, les plaques tectoniques (caraïbe, nord-américaine et sud-américaine) forment la cordillère américaine par subduction de la plaque pacifique sur le pourtour oriental de la ceinture de feu. La chaîne de montagnes ainsi formée est essentiellement composée d'une série de crêtes élevées telles que les montagnes Rocheuses, la Sierra Madre occidentale et la Cordillère des Andes. À l'est de l'Amérique du Nord, les Appalaches s'étendent depuis l'Alabama jusqu'à Terre-Neuve sur plus de 2 300 km, alors qu'au nord s'élève la cordillère arctique.
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+ Au centre du continent, l'Amérique du Nord est composée de vastes étendues de plaines, dont les basses-terres du Saint-Laurent, le bassin du fleuve Mackenzie et la Prairie. Au nord-est, le plateau Laurentien s'étend sur près de cinq millions de kilomètres carrés et couvrent la majeure partie du Nunavut et du Québec. L'Amérique du Sud est pour sa part composée des basses terres du bassin amazonien au nord-est, du plateau brésilien sur la côte est et des plaines du Gran Chaco et de la Pampa au sud.
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+ Pirincipales chaînes de montagnes
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+ Du point de vue de la culture, de l'histoire, de la langue et de la sociologie, on distingue sur le continent américain deux aires linguistiques :
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+ Avec les religions amérindiennes, la principale religion en Amérique est le christianisme et ses différentes confessions : catholicisme et protestantisme. Selon l'Église catholique, la sainte patronne principale du continent est Notre-Dame de Guadalupe, alors que la patronne secondaire est sainte Rose de Lima.
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+ Jusque dans les dernières décennies a prévalu la théorie du peuplement tardif qui soutient que l’être humain aurait migré en Amérique depuis l’Asie par la Béringie pendant la dernière ère glaciaire il y a de cela 12 000 à 14 000 ans. Cependant, des traces indiquant la présence d'humains dans le nord du Yukon il y a 24 000 ans ont été retrouvés. Ces données suggéreraient la traversée d'humains en provenance de Sibérie qui auraient occupés les territoires aujourd'hui submergés de la Béringie, et seraient restés isolés par les glaciers quelque 8 000 ans avant de se disperser dans le reste du continent américain[4].
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+ Des scientifiques soutiennent également la thèse selon laquelle le premier peuplement de l'Amérique se serait produit de 20 000 à 50 000 ans plus tôt et serait aussi le résultat d’une migration au cours de laquelle l’être humain aurait emprunté différents itinéraires, tels que la Mongolie, la Sibérie et la banquise de l'océan Arctique.
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+ Par la suite, l'humain a rapidement occupé l'ensemble du continent où il a formé des sociétés diverses : en Amérique du Nord, la civilisation du Mississippi et la cité de Cahokia, les villages iroquoiens d’Hochelaga et Stadaconé, ainsi que les cultures inuits, Dorset et Saqqaq. En Amérique du Sud, la ville sacrée de Caral-Supe (la plus ancienne cité américaine) et la vallée sacrée des Incas; en Mésoamérique, les villes mayas de Chichén Itzá et Yaxchilan et la capitale aztèque de Mexico-Tenochtitlan.
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+ La colonisation viking de l'Amérique est la première tentative d’établissement de l’être humain en provenance de l’Europe à être bien documentée. Selon la saga d’Érik le Rouge, les premières colonies auraient été implantées au Groenland vers l’an 985 (apr. J.-C.). Son fils, Leif Ericson, aurait ensuite exploré le Vinland (île de Terre-Neuve) vers l’an 1000 et serait entré en relation avec les Béothuks. Cependant sont présumés d’autres contacts trans-océaniques précolombiens qui se seraient produits avant même les explorations scandinaves.
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+ Les Capitulations de Santa Fe ayant été ratifiées par les rois catholiques en 1492, Christophe Colomb débarqua incidemment à l’île San Salvador quelques mois plus tard, alors en quête d’une nouvelle route des Indes, conséquence inéluctable de la chute de Constantinople de 1453. Dès cette découverte et exploration, celui-ci fonda La Navidad sur l’île Hispaniola (Haïti et République Dominicaine) avant que ne soit entamée la colonisation espagnole de la terre ferme d'Amérique, en 1510.
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+ Suivant le traité de Tordesillas de 1494, les terres du Nouveau Monde étaient alors partagées entre Isabelle Ire de Castille, Ferdinand II d'Aragon et Jean II de Portugal. Ainsi, le Royaume d’Espagne établit ses vice-royautés de Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Grenade, Pérou et Río de la Plata sur les côtes de l'océan Pacifique, tandis que le Royaume de Portugal implanta les capitaineries du Brésil sur les côtes de l’Atlantique Sud dès 1500. À partir de 1497, le Royaume d'Angleterre s’établit sur les côtes de l’Atlantique Nord, dans la zone Arctique et dans la mer des Caraïbes. Puis à partir de 1534, le Royaume de France établit ses colonies principalement au nord-est et centre de l’Amérique du Nord jusqu’au golfe du Mexique, ainsi que dans les Antilles et sur le plateau des Guyanes. Les Provinces-Unies conquirent des îles caribéennes (Aruba, Curaçao et Saint-Martin), le Royaume du Danemark et de Norvège s’installa au Groenland et l’Empire russe conquit la région de l’Alaska.
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+ L'arrivée des colons eu pour conséquence l’introduction d’une série de nouvelles maladies au sein des civilisations précolombiennes, telles que la variole, causant ainsi – de façon similaire à la peste noire en Europe médiéval – le déclin démographique de près de 93 % de la population autochtone.
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+ Les Jésuites et coureurs des bois contribuèrent à l’expansion du vice-royaume de Nouvelle-France en Amérique du Nord, grâce à la traite des fourrures, l’évangélisation et l’établissement de relations avec les peuples autochtones. De plus, des missions catholiques furent envoyées au pays des Hurons et, dans les empires espagnol et portugais, chez les Guaranis.
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+ Au nord, les guerres franco-iroquoises et intercoloniales furent directement liées aux affrontements entre les colonies des empires français et britannique. Alors qu’au sud, les Conquistadors menèrent une série d’invasions – telles qu'à la conquête des empires aztèque et inca –, néanmoins repoussées en diverses régions par les peuples autochtones. Plusieurs réussirent en fait à maintenir leur domination sur leurs terres jusqu’à la fin du XIXe siècle. Par exemple, le Royaume d’Araucanie et de Patagonie, la Pampa, le Mato Grosso et l’Amazonie demeurèrent sous la domination de peuples telles que les Mapuches, les Het, les Ranquel, les Wichi, les Tobas, les Amazoniens et les Comanches, etc.
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+ En Amérique du Sud furent aussi créées par marronnage des mocambos et quilombos (exemple : Palmares), dont les habitants — d’origine africaine — avaient réussi à fuir l’état d’esclavage auquel ils étaient réduits par l’effet du commerce triangulaire.
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+ De 1754 à 1763 eu lieu la guerre de la Conquête au cours de laquelle les forces armées britanniques s’emparèrent du nord de la Nouvelle-France, s’adonnèrent au siège de Québec en 1759 et se livrèrent à la déportation des Acadiens.
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+ Après trois siècles de domination coloniale, les peuples américains commencèrent à déclarer leur indépendance politique des nations européennes, réclamant ainsi le droit de constituer des États nationaux. Les premières tentatives vinrent des Treize colonies britanniques dès 1775 grâce à la révolution américaine au terme de laquelle naissaient les États-Unis. Un nouveau type de société était alors créé sur la base de concepts politiques novateurs tels que le constitutionnalisme, les droits de l’homme, le fédéralisme et l’indépendantisme.
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+ De 1791 à 1804, la révolution haïtienne se termina par la libération des esclaves de leur emprise des autorités françaises, créant ainsi le premier État moderne avec un gouvernement de descendants de l’Afrique noire.
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+ La bataille de Vertières fut le couronnement de cette guerre héroïquement remportée par les Haïtiens, ouvrant ainsi la voie à divers mouvements diplomatiques de grande ampleur, dont le panaméricanisme.
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+ À partir de 1809, les peuples sous domination espagnole menèrent les guerres d'indépendance d'Amérique du Sud qui suscitèrent la naissance de diverses nations : Argentine, Bolivie, Colombie, Costa Rica, Chili, Équateur, Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela. Le processus se compléta en 1844, 1883 et 1898 au terme de la guerre d’indépendance dominicaine, de la guerre hispano-sud-américaine et de la guerre d'indépendance cubaine. Alors qu’au Nord, le continent était ravagé par la conquête de l’Ouest, la guerre anglo-américaine de 1812, la rébellion des Patriotes (1837-1838), la guerre de Sécession (1861-1865), la rébellion de la rivière Rouge (1869-1870) et la rébellion du Nord-Ouest (1885).
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+ En 1819 fut constitué un vaste pays sud-américain désigné sous le nom de Grande Colombie et qui intégrait les terres des actuels Panama, Colombie, Venezuela, Équateur, ainsi que de régions du Brésil, du Costa Rica, de la Guyane, du Honduras, du Nicaragua et du Pérou. Cette république fut dissoute et scindée en trois pays en 1830 : la République bolivarienne du Venezuela et la République d’Équateur, ainsi que successivement la République de Nouvelle-Grenade, la Confédération grenadine, les États-Unis de Colombie et enfin, la République de Colombie.
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+ En 1822, la principauté du Brésil s’organisa en une monarchie indépendante – l’Empire du Brésil –, dissolvant ainsi le Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et de l'Algarve, jusqu’en 1889 où la monarchie fut abolie et remplacée par un régime républicain. Pour leur part, le peuple de l'Amérique du Nord britannique négocia à partir de 1864 avec le Royaume-Uni l'organisation de la Confédération canadienne, dont l’indépendance se confirma en 1867, et dont la pleine souveraineté fut définitivement acquise dans un processus qui se termina en 1982.
60
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+ Enfin, au XXe siècle, les dernières colonies, tels les Bahamas, le Suriname, la Guyana, Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago, Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et la Barbade obtinrent leur indépendance, achevant de manière définitive la décolonisation de l'Amérique.
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+ Alors qu'au début du XXe siècle était franchi le passage du Nord-Ouest, pour la première fois par des explorateurs européens, le canal de Panama ouvrit à la navigation maritime sur l'isthme séparant les océans Atlantique et Pacifique.
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+ Puis, pendant la seconde moitié du siècle, les sentiments de décolonisation atteignirent plusieurs peuples. Ainsi, des nations acquirent leur indépendance constitutionnelle du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord : Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Grenade, Guyana, Jamaïque, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, ainsi que Trinité-et-Tobago. De plus, le Suriname obtint son indépendance des Pays-Bas. Actuellement, quelques territoires demeurent sous tutelle de nations européennes (britannique, danoise, française et néerlandaise). Pour sa part, le peuple québécois devint la première collectivité nationale à être animé de façon manifeste par un sentiment et volonté de libération politique d’un État américain.
66
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67
+ Après leur émancipation, les pays américains se développèrent séparément et de façon dissemblable. Ainsi, pendant le XIXe siècle, les États-Unis s'affirmèrent en tant que puissance mondiale, remplaçant l’empire européen sur le continent. Alors que le XXe siècle a vu croître une différence de développement entre les diverses régions du continent. Pendant que les États-Unis se convertissaient en une superpuissance mondiale, les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes se constituaient en collectivités nationales où les inégalités sociales en termes de disparité de revenus sont les plus élevées du monde, incluant des pays comme le Brésil, la Colombie et le Chili.
68
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+ Parmi les évènements politiques les plus importants de l’histoire contemporaine de l’Amérique, notons la guerre hispano-américaine (1898), la révolution mexicaine (1910-1917), la guerre froide (1945-1991), les dictatures militaires d’Amérique latine (juntes), le mouvement afro-américain des droits civiques (1955-1968), la révolution cubaine (1959), la révolution tranquille (1960-1966) et la déclaration des droits des peuples autochtones (1982-2007).
70
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+ Depuis la fin du XIXe siècle, plusieurs États d’Amérique s'unirent en un système d’unité panaméricaine, résultant en la création de l’Organisation des États américains (OEA) en 1948. D’autre part, depuis la fin du XXe siècle, les États d’Amérique ont intensifié leurs efforts en vue de coopérations mutuelles en diverses instances régionales, telles que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD), l’Union des nations sud-américaines (UNASUR), le marché commun du Sud (Mercosur), la communauté andine (CAN), le Parlement centraméricain, l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), ainsi que la communauté caribéenne (CARICOM).
72
+
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+ Nouvelle-France (continentale)
74
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75
+ Antilles françaises (insulaire)
76
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77
+ Ci-dessous, la liste des municipalités de plus d'un million d'habitants (à distinguer des principales aires urbaines d'Amérique), par ordre décroissant de population :
78
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79
+ Les sites culturels et naturels suivants sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.
80
+
81
+ L'arrondissement historique du Vieux-Québec à Québec (Canada)
82
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83
+ L'Independence Hall à Philadelphie (États-Unis)
84
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85
+ Le Parc national du Grand Canyon (États-Unis)
86
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87
+ Le Huayna Picchu et la cité perdue du Machu Picchu (Pérou)
88
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89
+ La statue du Christ Rédempteur à Rio de Janeiro (Brésil)
90
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+ Le Golden Gate Bridge à San Francisco (États-Unis)
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+ Le Parc national de Yellowstone (États-Unis)
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+ La Cité préhispanique d'El Tajín (Mexique)
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+ Le lac Chungará et le volcan Parinacota (Chili)
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+ Citadelle La Ferrière (Haïti)
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1
+ Une figure de style, du latin figura, est un procédé d’écriture qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue et donne une expressivité particulière au propos. On parle également de figure de rhétorique ou de figure du discours. Si certains auteurs établissent des distinctions dans la portée des deux expressions, l’usage courant en fait des synonymes.
2
+
3
+ Les figures de style, liées à l'origine à la rhétorique, sont l’une des caractéristiques des textes qualifiés de « littéraires ». Elles sont cependant d’un emploi commun dans les interactions quotidiennes, écrites ou orales, du moins pour certaines d’entre elles, comme l’illustrent par exemple les métaphores injurieuses du capitaine Haddock.
4
+
5
+ De manière générale, les figures de style mettent en jeu : soit le sens des mots (figures de substitution comme la métaphore ou la litote, l’antithèse ou l’oxymore), soit leur sonorité (allitération, paronomase par exemple) soit enfin leur ordre dans la phrase (anaphore, gradation parmi les plus importantes). Elles se caractérisent par des opérations de transformation linguistique complexes, impliquant la volonté stylistique de l'énonciateur, l'effet recherché et produit sur l'interlocuteur, le contexte et l'univers culturel de référence également.
6
+
7
+ Chaque langue a ainsi ses propres figures de style ; leur traduction pose souvent des problèmes de fidélité par rapport à l'image recherchée. Par conséquent, cet article ne traite que des figures de style en langue française.
8
+
9
+ Les figures de style constituent un vaste ensemble complexe de procédés variés et à l’étude délicate. Les spécialistes ont identifié, depuis l’Antiquité gréco-romaine (avec Cicéron, Quintilien) des centaines de figures de style et leur ont attribué des noms savants, puis ont tenté de les classer (Fontanier, Dumarsais).
10
+
11
+ La linguistique moderne a renouvelé l’étude de ces procédés d’écriture en introduisant des critères nouveaux, d'identification et de classement, se fondant tour à tour sur la stylistique, la psycholinguistique ou la pragmatique. Les mécanismes des figures de style sont en effet l'objet de recherches neurolinguistiques et psychanalytiques.
12
+
13
+ L'auteur (du latin auctor) est, étymologiquement, « celui qui augmente, qui fait avancer »[2]. L'apport de l'écrivain provient pour partie de son style, c'est-à-dire de l'ensemble des moyens d'expression qu'il utilise dans son propos et qui traduisent sa personnalité ; ce que résume la formule célèbre de Buffon : « Le style est l'homme même »[3].
14
+
15
+ Cette manière d'écrire propre se fonde en particulier sur l'utilisation des figures de style, du latin figura, mot désignant la forme d'un objet[F 1]. Celles-ci sont des écarts par rapport à la langue commune[F 1],[D 1].
16
+
17
+ L'auteur amplifie son discours en recourant aux figures, notamment par l'utilisation du langage imagé, mais pas seulement. C'est Pierre Fontanier le premier qui a développé la théorie de la figure-écart[K 1]. De nombreuses figures de style ont également pour intérêt d'agir sur le rythme, la construction syntaxique ou la répétition. On peut par exemple repérer deux figures de style dans le vers :
18
+
19
+ Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
20
+ Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
21
+
22
+ — Gérard de Nerval, Les Chimères, El Desdichado
23
+
24
+ L'expression « Soleil noir de la Mélancolie » permet à Nerval d'imager deux idées. Il y a en effet un oxymore, figure réunissant deux mots aux connotations contraires (« soleil » et « noir ») et une métaphore (analogie entre le « soleil noir » et la « mélancolie », maladie de l'ennui), qui permettent au lecteur de percevoir la sensibilité de l'auteur et son univers mental, marqué, ici, par l'étrangeté et le mal de vivre. En conséquence, la figure de style est une composante essentielle du style chez un écrivain, mais aussi, et plus généralement, chez tout locuteur et au sein de langage lui-même :
25
+
26
+ « La formation des figures est indivisible du langage lui-même, dont tous les mots abstraits sont obtenus par quelque abus ou quelque transfert de signification, suivi d'un oubli du sens primitif. »
27
+
28
+ — Paul Valéry[4]
29
+
30
+ La recherche de la nature de cet écart, et surtout de la norme à laquelle il se ressent, a été l'objectif de la plupart des études et analyses modernes[I 1],[K 2].
31
+
32
+ L'expression « figure de style », du latin figura[Étymologie 1], est elle-même la réunion de deux tropes :
33
+
34
+ « L’expression « figure de style » est un ensemble de deux figures de style accolées, une métaphore et une métonymie : le « style » était jadis un poinçon pour graver des caractères dans la cire, donc dire « style » au lieu d’écriture est une métonymie (l’outil à la place de l’usage) ; figure vient de figura, « dessin », donc il y a dérivation de sens, métaphore, car on passe d’une idée à sa représentation. »
35
+
36
+ — Henri Suhamy[D 2]
37
+
38
+ L'usage commun confond en effet les expressions de « figures de style » et de « figures de rhétorique » mais certains auteurs établissent une distinction entre les deux. Ainsi, dans son ouvrage Éléments de rhétorique, Jean-Jacques Robrieux distingue les figures de rhétorique, qui jouent un « rôle persuasif » et qui forment une classe de procédés fonctionnels, des figures autres dites non-rhétoriques et qui peuvent être « poétiques, humoristiques et lexicales »[5]. La distinction académique sépare elle aussi les figures de rhétorique, visant la persuasion, des figures stylistiques, visant l'« ornement du discours »[6].
39
+
40
+ Pourtant, à l'origine, la figure de style est l'une des composantes de l'elocutio, partie de l'art rhétorique qui s'attache au style et aux ornements du discours. Pour Cicéron elle est le propre de l'orateur et « adapte à ce que l'invention fournit des mots et des phrases appropriées »[7]. C'est donc la partie la plus littéraire de la rhétorique[8]. La figure de style est le lieu d'une bonne expression et de l'ornement (« ornatus »). Selon la rhétorique classique, l'élocution concerne ainsi le choix des mots et la composition des phrases (les membres de phrases ou « cola » doivent être équilibrés), le rejet des archaïsmes et des néologismes, l'usage de métaphores et des figures adaptées aux propos (à condition toutefois qu'elles soient claires, autrement il s'agit de fautes d'expression), enfin, le rythme doit être souple et au service du sens. La Rhétorique à Herennius recommande ainsi « l'élégance, l'agencement des mots, la beauté »[9].
41
+
42
+ Les figures de rhétorique (ou « schèmata » en grec[Étymologie 2]) proviennent donc de la qualité de l'orateur. Elles procurent en premier lieu un plaisir (ou « delectatio ») car « leur mérite manifeste [est] de s'éloigner de l'usage courant » selon Quintilien[11] mais servent avant tout la persuasion et l'argumentation. De ce fait, la notion de « figure de rhétorique » est à examiner au sein de la catégorie plus vaste des figures de style.
43
+
44
+ La figure de style est spécifiquement un procédé d'écriture — à distinguer de la « clause de style »[D 3] —, qui met en jeu l'« effort » du locuteur pour constituer la figure, son intention stylistique en somme, et l'« effet » sur l'interlocuteur qui fait appel à sa sensibilité[H 1]. Les figures de style sont donc définies comme un sous-ensemble de la stylistique[Note 1],[H 2], constitué par des écarts par rapport à l'usage commun de la langue, un emploi remarquable des mots et de leur agencement. Elles concernent ainsi un rapport particulier entre le « signifiant » (le mot) et le « signifié » (le sens).
45
+
46
+ Les figures de style sont cependant présentes constamment[D 4], hors la littérature et même dans l'expression non poétique comme le montre George Lakoff[13]. Par exemple, dans la métonymie journalistique : « L'Élysée a fait savoir »[F 2]. Elles le sont encore davantage dans la langue orale, qui cherche à retenir l'attention du récepteur et qui use des procédés d'ironie, des jeux de mots, des clichés, de locutions figées ou de raccourcis de langage comme dans l'expression imagée : « Il pleut des cordes ». Cependant, pour Bernard Dupriez, « ce n'est qu'occasionnellement que les figures modifient la langue »[G 1].
47
+
48
+ Cet écart par rapport à la « norme linguistique » induit cependant des limites d'acceptabilité pour une figure de style. En effet, si la figure s'écarte trop de la norme elle tombe dans le registre des solécismes[Note 2],[F 3]. Mais le sens est aussi une limite : en effet la phrase peut être grammaticalement correcte mais asémantique (sans sens). L'expression poétique « inventant » des formes, elle échappe à ces restrictions. Certains textes surréalistes l'illustrent parfaitement, tel ces vers :
49
+
50
+ À la poste d'hier tu télégraphieras
51
+ que nous sommes bien morts avec les hirondelles.
52
+ facteur triste facteur un cercueil sous ton bras
53
+ va-t-en porter ma lettre aux fleurs à tire d'elle.
54
+
55
+ — Robert Desnos, La Liberté de l'Amour, Les Gorges froides
56
+
57
+ C'est également le cas de l'anacoluthe comme dans la dernière strophe de L'Albatros de Charles Baudelaire : « Exilé sur le sol au milieu des huées // Ses ailes de géant l'empêchent de marcher ». Reste que pour évaluer une figure par rapport à cette norme, il faudrait définir « un degré zéro de l'écriture » selon Roland Barthes[14],[D 5] et de l'usage linguistique, ce qui n'est pas possible puisque chaque locuteur teinte son propos de sa subjectivité propre. C'est dans les textes littéraires qu'on rencontre plus particulièrement les figures de style employées pour leur fonction esthétique et leur effet sur le « signifié » : chaque genre possède ses figures spécifiques ou favorites. Les romans usent de procédés descriptifs ou allusifs comme l'analepse ou la digression, la poésie privilégie des figures jouant sur les sonorités (allitération, homéotéleute) ou les images (métaphore, personnification) alors que l’art dramatique du théâtre utilise quant à lui des figures mimant les tournures orales ou permettant de moduler l'intensité de l'action. Cependant, beaucoup de figures de style sont transverses à tous les genres et à toutes les périodes.
58
+
59
+ Les figures de style apportent un enrichissement du signifié par l'originalité formelle qu'elles présentent ; c'est « l'effet de sens »[I 2]. Elles ont par exemple une force suggestive remarquable dans le cas de la métaphore (« Ma femme aux cheveux de savane », André Breton, à comparer avec l'expression informative : « Ma femme a des cheveux châtains ») comme elles peuvent frapper l'esprit par le raccourci que constitue l'association des contraires dans l'oxymore (« Le superflu, chose très nécessaire », Voltaire) ou produire un effet comique avec le zeugme (« On devrait faire l'amour et la poussière », Zazie). Elles représentent un effort de pensée et de formulation comme l'explique Littré[D 6] ; elles sont :
60
+
61
+ « Certaines formes de langage qui donnent au discours plus de grâce et de vivacité, d'éclat et d'énergie »
62
+
63
+ D'autres figures peuvent créer l'émotion du lecteur par l'effet d'insistance produit comme dans l'anaphore (« Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée ! », De Gaulle) ou le jeu sur les sonorités dans l'allitération (« Les crachats rouges de la mitraille », Rimbaud). Dans d'autres cas, l'intérêt sera plus purement esthétique comme dans la reprise juxtaposée de l'anadiplose :
64
+
65
+ Comme le champ semé en verdure foisonne,
66
+ De verdure se hausse en tuyau verdissant,
67
+ Du tuyau se hérisse en épi florissant,
68
+ D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne.
69
+
70
+ — Joachim Du Bellay, Les Antiquités de Rome
71
+
72
+ Ainsi, les figures de style sont à mettre sur le même plan que d'autres caractéristiques linguistiques comme les procédés de rythme (période poétique, cadence dans la prose), les procédés de la syntaxe (choix du type de coordination ou de subordination), les procédés sémantiques et logiques (syllogisme, tautologie, champs sémantiques etc.) ou les procédés de versification (rime, synérèse/diérèse, etc.)[A 1].
73
+
74
+ Le mécanisme de formation des figures de style étant délicat à conceptualiser, il existe de nombreuses définitions de la notion. La linguistique moderne en retient trois :
75
+
76
+ « Effet de signification produit par une construction particulière de la langue, qui s'écarte de l'usage le plus courant ; les figures de style peuvent modifier le sens des mots, modifier l'ordre des mots de la phrase, etc. »
77
+
78
+ — définition no 1[15],[A 2],
79
+
80
+ « Les figures de style sont des procédés d’écriture employés pour frapper l’esprit du lecteur, en créant un effet particulier. »
81
+
82
+ — définition no 2[16],[A 3],
83
+
84
+ « La figure est une forme typique de relation non linguistique entre des éléments discursifs. »
85
+
86
+ — définition no 3[17].
87
+
88
+ Ce pluralisme des définitions conduit à des typologies différentes et variées. Néanmoins la plupart s'appuient sur trois aspects : l’effet produit et recherché par l’émetteur sur le récepteur en premier lieu (par exemple : la surprise, le rire ou la peur)[L 1] ; le procédé mis en œuvre, participant d’un style esthétique (chaque écrivain utilise en effet un « stock figuratif » donné), et enfin la dimension sémantique (l'idée véhiculée). Bacry insiste sur l'importance du contexte, dépendant lui-même du cadre culturel[A 4].
89
+
90
+ Les typologies fournies par les travaux classiques se caractérisent par leur grande hétérogénéité. Des auteurs modernes explorent d'autres approches[18] et classent les figures selon le « niveau discursif »[Note 3],[L 2] où elles évoluent en distinguant entre, d'une part, les figures microstructurales (isolables sur un élément précis du discours, souvent positionnées au niveau de la phrase) et les figures macrostructurales d'autre part (non-isolables sur un élément précis du discours, qui dépassent les limites de la phrase et dont l'interprétation dépend de la prise en compte du contexte[19],[20],[A 5]).
91
+
92
+ La taille des figures permet en effet de les distinguer : « Dès que les figures se compliquent, elles se dessinent plus nettement, acquièrent des propriétés et deviennent plus rares », d'où leur raffinement singulier[G 2].
93
+
94
+ Certaines figures, dites macrostructurales, sont souvent formées de figures plus mineures : l'ironie, qui est une figure difficile à classer[21],[C 1], par exemple ou encore l'allégorie, l'hypotypose.
95
+
96
+ Les figures microstructurales réalisent des effets localisés et subtils. La distribution des figures de style au sein du discours peut se présenter sous la forme d'un spectre se complexifiant : au niveau du mot se trouvent les tropes). Puis, certaines figures concernent le syntagme en entier, comme l'oxymore. Elles peuvent aussi concerner une proposition entière (exemple : inversions). Enfin, au niveau du texte on peut trouver des figures complexes comme l'ironie ou hypotypose. Des figures très techniques comme les tropes ou le chiasme par exemple peuvent constituer des figures plus complexes, s'étendant sur des phrases entières, comme l'hypotypose, figure caractéristique qui peut concerner une dizaine de figures « mineures »[L 3],[C 2].
97
+
98
+ On peut se représenter les opérations aboutissant à la formation de figures et d’effets de sens en les positionnant sur un double axe qui est constitutif de la langue (décrit par Ferdinand de Saussure puis par Roman Jakobson[22],[23]). L'axe syntagmatique d'abord matérialise les figures in praesentia, les éléments discursifs coprésents dans un discours (exemple : un mot est répété, un mot est mis en comparaison, etc.) Ici deux ou plusieurs objets se désignent dans les strictes limites de la syntaxe et selon des règles de morphologie, de phonétique, de lexicologie et de grammaticalité (de sens). Cet axe décrit des figures que l’on donne comme étant in praesentia (présentes linguistiquement). L’appel fait par ces opérations à l’univers symbolique et extra-linguistique est très faible, l’image est contenue dans la phrase. Bacry résume la propriété de cet axe en partant du point de vue du producteur d'énoncé :
99
+
100
+ « À chaque moment d'une phrase donnée le locuteur (...) opère un choix parmi tous les vocables qui peuvent s'accorder avec la syntaxe de [la] phrase »
101
+
102
+ — Patrick Bacry[A 7]
103
+
104
+ L'axe paradigmatique (figures in absentia) matérialise des éléments ne faisant plus référence au discours mais à tout ce qu’il y a autour : univers énonciatif, contexte, sentiments partagés, symboles. Ici la figure établit des relations fortes entre des éléments présents dans le discours (mot, groupe de mots, phonèmes, morphèmes) et des éléments absents de celui-ci. Le récepteur doit donc se représenter cette référence manquante, qui lui demande de mettre en œuvre son univers mental et des connaissances partagées. Cet axe décrit des figures dites in abstentia, virtuelles, contextuelles. L’image est ici la plus forte possible alors que la contrainte morpho-syntaxique est relâchée. Les tropes représentent les figures opérant exclusivement sur cet axe.
105
+
106
+ Il existe des figures mixtes, opérant sur les deux axes, comme la métaphore ou la métonymie, qui ont un statut à part[A 8].
107
+
108
+ Les transformations des figures de style interviennent enfin sur les quatre signes linguistiques :
109
+
110
+ Sur le graphème d'abord, en effet plusieurs figures modifient les lettres de l'alphabet, comme les méthodes oulipiennes ou le palindrome,
111
+
112
+ Sur le phonème ensuite (accents, sons, syllabes, voyelles et consonnes, groupes vocaliques et consonantiques, pieds versifiés). Les principales figures sont ici d'ordres poétique et rythmique comme l'allitération et l'assonance (jeu sur les sons), l'homéotéleute, la gradation également.
113
+
114
+ Sur le morphème c'est-à-dire sur les mots, groupes de mots, particules et conjonctions, codes typographiques, ponctuation, étymologie, ainsi de l'hypotaxe, l'asyndète ou la figura etymologica.
115
+
116
+ Enfin, sur le sème soit la connotation, la polysémie, le lexique, le vocable, les antonymie, synonymie, ou paronymie, sur les champs sémantiques aussi. C'est le cas des figures les plus connues : métaphore, comparaison, oxymore.
117
+
118
+ Néanmoins il s'agit ici moins d'un critère de définition, puisqu'on exclut de fait l'effet et l'intention, que d'une façon de les repérer ou de révéler à quel niveau du discours les figures de style interviennent. Cette classification est surtout employée en pédagogie, pour l'enseignement didactique des figures de style les plus employées, notamment dans l'exercice du commentaire composé[24],[25].
119
+
120
+ En dehors des modes de classement traditionnels existent des figures de style aux propriétés et à la nature inclassables. Souvent définies comme des « procédés de style » elles forment un ensemble quasi infini et aux limites ténues, combinant plusieurs aspects[A 9],[C 3].
121
+
122
+ Tout d'abord les spécificités d'écriture d'un auteur (son style) peuvent définir des procédés de style considérés souvent comme des figures de style à part entière[F 4]. Par exemple, le langage imagé et truculent de San Antonio est lui-même l'assemblage de nombreuses figures.
123
+
124
+ Par ailleurs, les « contraintes » oulipiennes, du nom de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, qui sont des figures sans effet et sans but, mais qui entrent dans le manifeste esthétique du mouvement (telles l'anagramme ou le lipogramme, entre autres) sont classés comme des figures de style alors qu'elles opèrent de simples manipulations de langue. En soi elles se suffisent en elles-mêmes, par le fait qu'elles permettent d'éprouver la souplesse du langage.
125
+
126
+ La cimaise ayant chaponné
127
+ Tout l'éternueur,
128
+ Se tuba fort dépurative
129
+ Quand la bixacée fut verdie :
130
+ Pas un sexué pétrographique morio
131
+ De mouffette ou de verrat[26].
132
+
133
+ Le recours au dessin, comme dans le cas des calligrammes ou des lettres-images notamment est une autre source de création stylistique, de même que la manipulation de la syntaxe[A 10] : par déconstruction (écriture de Louis Ferdinand Céline par exemple), par écriture automatique (le poème Bouée de Louis Aragon par exemple), ou par hermétisme (comme dans le poème de Stéphane Mallarmé intitulé Hommage), par vers libre ou vers brisés.
134
+
135
+ L'utilisation des jeux de mots permet également une vaste palette d'effets de style. Enfin, les opérations sur le signe graphique[K 3], comme les onomatopées, la modification de la typographie (blanc typographique spécifique au roman poétique), l'usage de la ponctuation non standard ou la suppression de la ponctuation (esthétique de la poésie expérimentale moderne, dite « blanche » notamment ou du Nouveau Roman) constituent des procédés considérés souvent comme des figures de style.
136
+
137
+ La classification des figures de style est complexe et les diverses approches toujours contestables[D 2],[K 4]. Par exemple pour la rhétorique classique, issue des Grecs et des Latins, les figures relèvent des topoï discursifs alors que pour la stylistique, une figure se fonde sur un usage et sur un mécanisme mais aussi sur l'effet produit. Il existe aussi d'autres classifications, plus originales et émanant d'universitaires. Les typologies fournies par les travaux classiques ou par les manuels se caractérisent par leur grande hétérogénéité en effet. Ils s'accordent cependant le plus souvent sur certains regroupements à partir de procédés linguistiques comme l'analogie, la substitution, la reprise phonique etc[A 11].
138
+
139
+ Les principales figures de style sont le plus souvent regroupées en fonction de leurs principes de base :
140
+
141
+ « Les souvenirs sont cors de chasse
142
+ Dont meurt le bruit parmi le vent »
143
+
144
+ — Guillaume Apollinaire, Cors de chasse
145
+
146
+ « La musique souvent me prend comme une mer »
147
+
148
+ — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, LXIX. — La Musique
149
+
150
+ « Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
151
+ Entre les pins palpite, entre les tombes »
152
+
153
+ — Paul Valéry, Charmes, Le Cimetière marin
154
+
155
+ « Je vis les arbres s'éloigner en agitant leurs bras désespérés »
156
+
157
+ — Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Deuxième partie
158
+
159
+ « [...] la grande République
160
+ Montrant du doigt les cieux ! »
161
+
162
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, À l’obéissance passive
163
+
164
+ « Mon beau navire, ô ma mémoire »
165
+
166
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, La Chanson du mal-aimé
167
+
168
+ « Le poète est semblable au prince des nuées
169
+ Qui hante la tempête »
170
+
171
+ — Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
172
+
173
+ « [...] et Ruth se demandait,
174
+ [...]
175
+ Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été
176
+ Avait, en s’en allant, négligemment jeté
177
+ Cette faucille d’or dans le champ des étoiles »
178
+
179
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi
180
+
181
+ « le mélancolique animal »
182
+
183
+ — Jean de La Fontaine, Le Lièvre et les Grenouilles
184
+
185
+ « Automne malade »
186
+
187
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, Automne malade
188
+
189
+ « Qu'au son des guitares nomades
190
+ La gitane mime l'amour »
191
+
192
+ — Louis Aragon, Le Roman inachevé, À chaque gare de poussière...
193
+
194
+ « C'était au temps où Bruxelles chantait »
195
+
196
+ — Jacques Brel, Bruxelles
197
+
198
+ « Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire,
199
+ Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, »
200
+
201
+ — Corneille, Le Cid, acte I, scène 4
202
+
203
+ « Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
204
+ Le père par le fer, la fille par la vue ! »
205
+
206
+ — Corneille, Le Cid, acte III, scène 4
207
+
208
+ « C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
209
+ Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin »
210
+
211
+ — Du Bellay, Les Regrets, Ce n'est que le fleuve…
212
+
213
+ « La Parque t'a tuée, et cendres tu reposes »
214
+
215
+ — Ronsard, Sur la mort de Marie, V - Comme on voit sur la branche au mois de May la rose
216
+
217
+ « Les Filles du limon tiraient du Roi des Astres
218
+ Assistance et protection »
219
+
220
+ — La Fontaine, Le soleil et les grenouilles
221
+
222
+ « Tout ce joli monde se retrouvera là-haut
223
+ Près du bon dieu des flics »
224
+
225
+ — Jacques Prévert, Paroles, Le Temps des noyaux
226
+
227
+ « Comme le champ semé en verdure foisonne,
228
+ De verdure se hausse en tuyau verdissant,
229
+ Du tuyau se hérisse en épi florissant »
230
+
231
+ — Du Bellay, Les Antiquités de Rome, 30
232
+
233
+ « Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle... »
234
+
235
+ — Jean Racine, , Andromaque, acte III, scène 8
236
+
237
+ « Puisque le juste est dans l'abîme,
238
+ Puisqu'on donne le sceptre au crime,
239
+ Puisque tous les droits sont trahis,
240
+ Puisque les plus fiers restent mornes,
241
+ Puisqu'on affiche au coin des bornes
242
+ Le déshonneur de mon pays... »
243
+
244
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, Livre deuxième, V : Puisque le juste est dans l'abîme
245
+
246
+ « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
247
+ Interminablement, à travers le jour gris,
248
+ Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
249
+ Infiniment, la pluie,
250
+ La longue pluie,
251
+ La pluie. »
252
+
253
+ — Émile Verhaeren, Les Villages illusoires, La pluie
254
+
255
+ « adieu veau, vache, cochon… »
256
+
257
+ — La Fontaine, La Laitière et le Pot au lait
258
+
259
+ « Va, cours, vole, et nous venge. »
260
+
261
+ — Corneille, Le Cid, acte I, scène V
262
+
263
+ « Mon cheval sera la joie
264
+ Ton cheval sera l'amour »
265
+
266
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
267
+
268
+ « Semble élargir jusqu'aux étoiles
269
+ Le geste auguste du semeur »
270
+
271
+ — Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles. Le soir
272
+
273
+ « Ô République universelle,
274
+ Tu n'es encor que l'étincelle,
275
+ Demain tu seras le soleil ! »
276
+
277
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, Lux
278
+
279
+ « Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois »
280
+
281
+ — La Fontaine, Le Corbeau et le renard
282
+
283
+ « Parler en mangeant, manger en parlant »
284
+
285
+ — Balzac
286
+
287
+ « Tu m'emmènes, je t'enlève... »
288
+
289
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
290
+
291
+ « Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; »
292
+
293
+ — Louise Labé, Anciens poètes de France
294
+
295
+ « Éphémère immortel »
296
+
297
+ — Paul Valéry, Charmes - Fragments du Narcisse vers 123
298
+
299
+ « Le superflu, chose très nécessaire »
300
+
301
+ — Voltaire, Le Mondain
302
+
303
+ « Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
304
+ Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
305
+ Gémissant [...] »
306
+
307
+ — La Fontaine, La Mort et le bûcheron
308
+
309
+ répétition expressive des /r/ :
310
+
311
+ « Tandis que les crachats rouges de la mitraille
312
+ Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
313
+ Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
314
+ Croulent les bataillons en masse dans le feu ; »
315
+
316
+ — Arthur Rimbaud, Poésies, Le Mal
317
+
318
+ répétition expressive des /v/ :
319
+
320
+ « Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville, distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant, cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait vœu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux. [Il rit] En vérité, ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux alors laisse-moi simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V. »
321
+
322
+ — Lana et Lilly Wachowski, V pour Vendetta
323
+
324
+ « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant »
325
+
326
+ — Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Melancholia — VI : Mon rêve familier
327
+
328
+ « Il s’imobilise au songe froid de méprisQue vêt parmi l’exil inutile le Cygne »
329
+
330
+ — Stéphane Mallarmé, Poésies, Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
331
+
332
+ « cette tour était la flèche la plus hardie,
333
+ la plus ouvrée,
334
+ la plus menuisée,
335
+ la plus déchiquetée,
336
+ qui ait jamais laissé voir le ciel
337
+ à travers son cône dentelle »
338
+
339
+ — Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
340
+
341
+ « Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur,
342
+ Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. »
343
+
344
+ — Corneille, Le Cid, acte II scène 2
345
+
346
+ « Comme la vie est lente
347
+ Et comme l'Espérance est violente »
348
+
349
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, Le Pont Mirabeau
350
+
351
+ « Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. »
352
+
353
+ — Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, incipit
354
+
355
+ « Exilé sur le sol au milieu des huées
356
+ Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
357
+
358
+ — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
359
+
360
+ « Écoutez. Je suis Jean. J'ai vu des choses sombres »
361
+
362
+ — Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, IV : « Écoutez. Je suis Jean. J’ai vu des choses sombres »
363
+
364
+ Hugo fait parler saint Jean, bouche d'ombre de l'Apocalypse
365
+
366
+ « Je n'essaierai donc pas de vous décrire quel sombre enthousiasme se manifesta dans l'armée insurgée après l'allocution de Biassou. Ce fut un concert distordant de cris, de plaintes, de hurlements. Les uns se frappaient la poitrine, les autres heurtaient leurs massues et leurs sabres… »
367
+
368
+ — Victor Hugo, Bug-Jargal, ch. XXIX
369
+
370
+ « Fit-il pas mieux que de se plaindre ? »
371
+
372
+ — La Fontaine, Le Renard et les Raisins
373
+
374
+ Historiquement, les figures de style sont des tropes, idée que L'Encyclopédie de Diderot évoque[27]. Les tropes[Étymologie 3],[K 5] rassemblent cependant un échantillon assez restreint de figures, telles la métaphore et la métonymie[A 12]. Il s'agit surtout de figures reposant sur l'analogie et constitutives du langage imagé.
375
+
376
+ La distinction entre les tropes et les non-tropes (figures où aucun « changement de sens » ne semble apparaître) persiste dans la didactique française jusqu'à Pierre Fontanier[F 5]. Il distingue en effet les tropes des non-tropes qui sont définis de manière négative et les nomme les « autres que tropes » et introduit par-là un déclin de la rhétorique[28]. La classe de ces non-tropes regroupe la majeure partie des figures existantes et connues habituellement.
377
+
378
+ Fontanier les classe selon la transformation qu'ils mettent en œuvre. Patrick Bacry reprend cette distinction qui sous-divise les figures de style en[A 13] : figures de construction[Note 4], figures de la ressemblance[Note 5], figures du voisinage[Note 6], figures de l'ordre des mots[Note 7], figures du lexique[Note 8], figures du contenu sémantique[Note 9] et figures de l'organisation du discours[Note 10]. Comme Bernard Dupriez ou Michel Pougeoise, il propose de les classer au moyen d'une grille multi-critères combinant : la nature de la figure (ce qui la fait) ; la condition de son apparition (son repérage dans le discours) et l'effet qu'elle produit[A 11].
379
+
380
+ La linguistique moderne utilisant l’analyse combinatoire du langage aboutit ainsi à un système cohérent qui permet une classification plus exhaustive des figures de style[29]. Cette classification comporte deux axes : un axe de transformation lui-même sous-divisé en « identique » et « non-identique », composé des différentes opérations possibles sur la phrase et les mots concernés par la figure ; un axe dit de niveau qui correspond au sujet grammatical («graphique », « phonique » ou « morpho-syntaxique ») ou sémantique, sur lequel porte l’opération de transformation. Les opérations aboutissant à des figures de style jouant sur les trois premiers niveaux redéfinissent la « forme » des mots et des objets grammaticaux : graphèmes (la graphie des mots, les lettres), phonèmes (les sons) et morpho-syntaxe (constitution des mots et leurs combinaisons) ; les opérations portant sur la sémantique (le sens) jouent elles sur le contenu et regroupent plus largement les tropes qui rassemblent les figures qui transforment le sens propre d’un mot en un sens figuré.
381
+
382
+ Il existe aussi des classements plus originaux, souvent le fait d'un auteur. Richard Arcand par exemple, dans Les Figures de style. Allégorie, ellipse, hyperbole, métaphore… se distingue par sa prise de position originale dans le milieu littéraire. Il classe en effet les figures selon une double entrée : « des procédés aux figures » (classement qui part du mécanisme linguistique en œuvre et aboutit aux figures correspondantes) et des « effets aux figures »[30]. Il identifie ainsi systématiquement les effets de réception visés par les figures ; sa table d'orientation en guise d'annexe apporte une visibilité pédagogique remarquable à un discours qui devenait trop technique.
383
+
384
+ Pour Marc Bonhomme, il existe un « degré d'ambiguïté » inhérent à toute figure de style[31]. Auteur des Figures clés du discours, il considère que la portée stylistique de la figure ne peut se comprendre sans référence à l'acte d'énonciation discursif.
385
+
386
+ Dans son ouvrage La répétition : étude linguistique et rhétorique, M. Frédéric ne recense pas moins de 44 procédés de répétition. Constituant quantitativement le groupe le plus important au sein des figures de style, elles peuvent être regroupées en familles : répétitions phoniques ou phonétiques (allitération, assonance, homéotéleute), répétitions syntaxiques (anaphore, épiphore, anadiplose, antépiphore, chiasme, symploque), répétitions lexicales (antanaclase, polyptote, polysyndète)[32].
387
+
388
+ De façon générale, le discours est un ensemble de mots qui peut être étudié sous divers points de vue. Il se compose d’un ensemble de niveaux linguistiques décomposables dans l’absolu, entretenant des relations morpho-syntaxiques (les règles de grammaire) et sémantiques (contexte linguistique) : le mot, le groupe de mots (syntagme), la phrase (ou proposition), le texte. Si ce découpage fait débat, il reste le plus admis. Les figures peuvent être définies, dans leurs mécanismes et leurs effets, selon le ou les niveau(x) où elles évoluent. Ainsi, les figures du signifiant opèrent sur le mot, le phonème ou le morphème, au niveau minimal donc, c'est le cas de la paronomase, de l’épenthèse, l’aphérèse, la syncope.
389
+
390
+ Les figures syntaxiques opèrent sur les groupes de mots et syntagmes, au niveau dit « phrastique » (de la phrase) ; c’est le cas de l’épanorthose, du parallélisme, de l’ellipse. Les figures sémantiques opèrent sur le sens intra-linguistique (présent dans le texte), dans des relations d’images ; c’est le cas de l’oxymore, de l’hypallage et de la métonymie. Les figures référentielles agissent elles sur le contexte extra-linguistique (hors le texte), dans des relations d’images également, souvent par décalage ; cas de l’ironie, de la litote. Ces quatre niveaux permettent, par croisement d’avec les deux axes précédents déterminant la nature des figures (présentes/absentes), d’obtenir un effet particulier, par un mécanisme particulier, signifiant un sens particulier : une figure de style.
391
+
392
+ La classification des figures de style peut aussi se faire selon le critère des effets qu'elles produisent chez l'interlocuteur. Il existe ainsi quatre classes[A 14] : l’attention (par un écart à la norme, la figure frappe l'interlocuteur, c'est le cas de l'inversion (linguistique) par exemple), l'imitation (imitation d'un contenu d'un texte par la forme qui lui est donné (c'est la notion d'harmonie imitative), par exemple dans l'allitération), la connotation[Étymologie 4] enrichit le sens par polysémie, comme dans le cas des tropes.
393
+
394
+ Par ailleurs, la majeure partie des figures existantes induit ce type d'effet et enfin les catachrèses : certaines figures ne recherchent aucun effet, car l'écart à la norme sur lequel elles reposent est tout simplement accepté par l'usage. C'est le cas de certaines métonymies reconnues, et de métaphores devenues clichés comme l'expression devenue incontournable « Les ailes de l'avion » reposant à l'origine sur une métaphore. Les catachrèses enrichissent ainsi la langue, à partir d'un emploi qui était alors figure de style mais devenu normatif[L 4],[A 15].
395
+
396
+ Platon est le premier à évoquer les figures de style à travers ses dialogues, notamment le Gorgias et le Phèdre. Il s’intéresse à ce qui permet dans le discours de clarifier sa pensée (le λόγος, logos) afin d’exprimer au mieux l’idée à communiquer dans une approche herméneutique ou maïeutique[J 1].
397
+
398
+ Platon distingue deux arts rhétoriques, l’un sérieux, l’autre sophistique ; la différence entre les deux réside dans le bon emploi des figures logiques et dans l’effet recherché chez le récepteur (convaincre dans la véritable rhétorique, séduire dans le sophisme). Platon définit par là le cadre des figures de style de construction (celles dites argumentatives) ; de plus son recours constant à des images et analogies comme l’allégorie de la caverne, les exemplifications également, en font esthétiquement parlant un modèle d’utilisation stylistique, au-delà d’un simple recours argumentatif de la rhétorikè teknikè (la technique rhétorique grecque).
399
+
400
+ C'est Aristophane de Byzance qui établit le premier un répertoire lexicographique contenant de nombreuses figures. Les grands orateurs mirent en œuvre la force suggestive et argumentative des figures, tels Démosthène, Lysias ou Isocrate.
401
+
402
+ Aristote est quant à lui le premier, dans sa Rhétorique, à étudier l’effet des figures de style sur les récepteurs[J 2], à travers les trois genres de persuasion sociale au moyen du langage, construit vers un effet soit logique, soit affectif. Son autre œuvre de renom, la Poétique qui a trait au genre théâtral et à la notion d’imitation (mimèsis en grec) continue la réflexion sur les effets illocutoires[Note 11]. Il définit par-là les conditions d’un « langage relevé d’assaisonnements » agissant soit sur le rythme, soit sur la mélodie ou le chant. Aristote perçoit par-là les figures de style majeures, celles que l’évidence relève car jouant sur la modulation des mots (rythme, mélodie et chant). Aristote va donc permettre à ses épigones — médiévaux notamment — de classer les figures de style au moyen de leurs effets recherchés.
403
+
404
+ Les orateurs romains définissent une nouvelle rhétorique afin de satisfaire aux conditions prescrites lors des prises de paroles publiques par le protocole latin[J 3]. Reprenant Aristote, les romains vont rendre davantage pratique la rhétorique.
405
+
406
+ Cicéron, notamment dans son ouvrage fondateur De l’invention, divise un discours efficace en trois parties : narratio, confirmatio et peroratio. Chacune s’explique par la mise en œuvre de figures particulières liées à l’utilisation des arguments et des preuves. Deux niveaux d’effets sont envisagés : le pathos, πάθος en grec ancien, (jouer sur les sentiments de l’auditeur) et l’Ethos ἔθος (l’orateur se présente sous une certaine apparence). De là découle une gamme de capacités détenues par l’orateur pour animer son discours, parmi lesquelles : l’elocutio qui correspond au choix des mots et à la mobilisation des figures de style. Pour Cicéron, donc, celles-ci deviennent un instrument conscient utilisé par l’émetteur, dans le but de provoquer un effet chez le récepteur. D’autres ouvrages de l’orateur romain poursuivent la réflexion autour des catégories du discours : Brutus ou Dialogue des orateurs illustres, Des Orateurs parfaits et surtout Les Topiques[33] qui s’attachent aux arguments et à leur mise en forme ; de là découleront les figures dites « topiques », proches des images et des « topoi » (clichés, lieux communs…).
407
+
408
+ Dans la Rhétorique à Herennius, premier manuel de l'art de parler, l'auteur, anonyme, codifie la rhétorique et propose une méthode de constitution du discours, au moyen, notamment, de figures de rhétorique[34],[35].
409
+
410
+ « Tous les styles de discours, le style élevé, le moyen, le simple sont embellis par les figures de rhétorique dont nous parlerons plus loin. Disposées avec parcimonie, elles rehaussent le discours comme le feraient des couleurs. Placées en trop grand nombre, elles le surchargent[36] »
411
+
412
+ Il définit deux types de figures de style : les figures de mots et les figures de pensées que les romains nomment tropes (définition assez large évoquant le fait de « tourner » le mot d’une certaine façon, d’y imposer une image et une déformation donc). Il distingue une série de figures, qu’il nomme précisément, qui vont du portrait à la litote[37]. Certaines figures acquièrent le nom qu’elles garderont dans nos classifications modernes (hyperbole, personnification, comparaison…).
413
+
414
+ Quintilien dans son Institutions oratoires nourrit les réflexions médiévales et de la Renaissance. Il distingue les figurae sententiarum et les figurae verborum, soit : les « figures de pensée » et les « figures de mots », donnant au mot figure une assise rhétorique qui est la sienne aujourd'hui[I 3]. Sa figure dite de l’« Hexamètre mnémotechnique de Quintilien » permet de cadrer l’utilisation d’effets et la pertinence d’arguments. Il définit deux types de figures : dans une acceptation large d'abord, la figure est une forme particulière du discours, ce qui correspond à l’étymologie même de la figura et du trope. Deuxièmement, dans une acceptation étroite ou stricte elle permet à l’auteur de faire évoluer la poétique des figures de style. En effet pour Quintilien, une figure induit un écart par rapport à une norme du discours, une transformation non conventionnelle. Il jette par-là les bases du style et propose que la figure de style soit un point de vue réfléchi et esthétique adopté par l’émetteur, une valeur ajoutée de sens en d’autres mots[17]. Ces écarts linguistiques qu’il nomme les « barbarismes » sont générateurs d’effets :
415
+
416
+ « Quelques-uns ne considèrent pas comme solécismes ces trois vices de langage, et ils appellent l'addition, pléonasme ; le retranchement, ellipse ; l'inversion, anastrophe ; prétendant que, si ces figures sont des solécismes, on peut en dire autant de l'hyperbate[38] »
417
+
418
+ Il définit des niveaux de transformations conduisant à un surcroît de sens. Plus généralement, Quintilien passe en revue l’ensemble des figures connues à l’époque, héritées des grecs[J 4],[39]. Quintilien distingue le langage pur — les « mots propres », selon ses termes, — et les « mots métaphoriques », qui en sont une transformation :
419
+
420
+ « Les mots propres sont ceux qui conservent leur signification primitive ; les métaphoriques sont ceux qui reçoivent du lieu où ils sont placés un sens autre que celui qu'ils ont naturellement. Quant aux mots usités, ce sont ceux dont l'emploi est le plus sûr. Ce n'est pas sans quelque danger qu'on en crée de nouveaux ; car s'ils sont accueillis, ils ajoutent peu de mérite au discours ; et s'ils ne le sont pas, ils nous donnent même du ridicule[40] »
421
+
422
+ L’historien latin Tacite, dans son Dialogue des orateurs, forme des figures de style liées à la description afin d’animer ses portraits d’empereurs romains (il crée l’hypotypose notamment)[J 5]. Il crée en quelque sorte le genre narratif usant d’images et annonciateur des romans.
423
+
424
+ Le Traité du Sublime, attribué au Pseudo-Longin est l’acte de naissance de la notion de style littéraire, perçu comme gratuit et esthétique mais nécessaire pour provoquer l’émotion. Longin aura une puissante influence sur le Classicisme, sur Nicolas Boileau notamment, qui le traduit en français et commente son apport dans Réflexions critiques sur Longin (1694-1710)[J 6]. Ce dernier définit le sublime comme l’essence de l’art littéraire et poétique, qui doit être élevé afin de se démarquer du langage oral vulgaire et populaire : « le sublime ravit, transporte, produit une certaine admiration mêlée d'étonnement et de surprise... Quand le sublime vient à éclater, il renverse tout comme la foudre »[41]. Longtemps le style vrai et conventionnel sera assimilé au « sublime » (Racine, Malherbe…) et les images participent de manière importante dans la constitution d’un beau style afin d’évoquer les idées nobles (notamment religieuses).
425
+
426
+ La Renaissance est une période riche en traités rhétoriques. Peu à peu, les tropes et figures vont être l'objet d'une science naissante : la grammaire[42]. Les auteurs de la Pléiade usent de nouvelles figures de style comme la personnification ou l'anaphore comme dans ces strophes du poème tiré des Antiquités de Rome de Joachim Du Bellay :
427
+
428
+ Rome de Rome est le seul monument,
429
+ Et Rome Rome a vaincu seulement.
430
+ Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
431
+
432
+ Reste de Rome. O mondaine inconstance !
433
+ Ce qui est ferme, est par le temps destruit,
434
+ Et ce qui fuit, au temps fait résistance
435
+
436
+ Les figures de sonorités purement poétiques comme l'assonance ou l'allitération, sont également très employées, suivant le principe d’enrichissement de la langue française, exalté par Joachim Du Bellay dans son traité Défense et illustration de la langue française (1549). À la même époque, en 1539, l’édit de Villers-Cotterêts impose l’utilisation de la langue française, langue nationale, pour tous les actes administratifs.
437
+
438
+ La Pléiade préconise la formation d'une langue nationale, le français, dotée d'une souplesse et d'une richesse comparables à celles de la langue latine[43].
439
+
440
+ Dès lors, les poètes autour de Du Bellay et de Pierre Ronsard ne cesseront d'enrichir la langue, parfois à l'excès, de néologismes et de nouvelles images, en rupture avec les clichés de l'époque. Bien plus, La Pléiade se fonde sur la notion d’inspiration, suivant les mots d'Horace, et prône l'« innutrition », expression de leur invention qui désigne le fait d'assimiler les mots et les images des Anciens et de les adapter à la langue du poète ; une imitation créatrice en définitive. Néanmoins, c'est bien le renouveau que cherchent les poètes, suivant la consigne de l'auteur de la Défense :
441
+
442
+ Je choisirai cent mille nouveautés
443
+ Dont je peindrai vos plus grandes beautés
444
+ Sur la plus belle idée.
445
+
446
+ — Du Bellay, L’Olive (1553)
447
+
448
+ Par ailleurs Du Bellay, après en avoir fait la défense, veut « illustrer » la langue française. Celle-ci ne peut se produire que par l’ornementation, que Pierre de Ronsard définit ainsi :
449
+
450
+ « Les ornant et enrichissant de Figures, Schèmes, Tropes, Métaphores, Phrases et périphrases eslongnées presque du tout, ou pour le moins séparées, de la prose triviale et vulgaire (car le style prosaïque est ennemy capital de l’éloquence poëtique), et les illustrant de comparaisons bien adaptées de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de passements, broderies, tapisseries et entrelacements de fleurs poëtiques, tant pour représenter la chose que pour l’ornement et splendeur des vers »
451
+
452
+ — Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, II. 60-64
453
+
454
+ Il pointe là directement l'importance des figures de style dans le renouvellement de la langue et dans la force de l'expression, dans sa clarté aussi. Elles sont pour les auteurs de la Pléiade une source d'abondance, de copia. Du Bellay et Pierre de Ronsard aiment à les comparer à un fleurissement ou à des « épiceries » : pour eux, les tropes relèvent la langue comme si le texte était un plat à déguster.
455
+
456
+ Pierre de La Ramée (dit Ramus) et ses disciples, Omer Talon et Antoine Fouquelin, fondent dès 1545 le groupe des grammairiens du Collège de Presles qui, jusqu'en 1562, publie des ouvrages d'étude rhétorique intitulés les Ciceronianus où ils proposent, entre autres, une typologie des tropes et des procédés d'éloquence[44].
457
+
458
+ Antoine Fouquelin, notamment dans sa Rhétorique française[45] (1555) est l'un des premiers en France à se tourner non plus vers la valeur des figures mais vers la nature des mécanismes figuraux ; on peut dire qu'avec Fouquelin, la rhétorique se veut scientifique et classificatrice[46]. Il distingue les « figures de sentence », de la « réticence » et de la « correction ». On a déjà avec Fouquelin, une tentation scientifique de nommer et classer les figures et tropes par leur mécanisme linguistique.
459
+
460
+ Pour Chaïm Perelman, Ramus « enlève à la rhétorique d'Aristote ses deux parties essentielles, l'invention et la disposition, pour ne lui laisser que l'élocution »[47]. Ramus permet donc « une rhétorique des figures »[J 7].
461
+
462
+ La stricte codification des règles dramatiques et poétiques surtout, sous l’impulsion de théoriciens tels Nicolas Boileau ou François de Malherbe conduisent à une première classification des figures de style, dont le critère principal est qu’elles ne doivent pas obscurcir les idées de l’auteur mais au contraire exprimer avec davantage de clarté le message. Le registre doit toujours rester du domaine du sublime, fidèle aux prescriptions de Longin.
463
+
464
+ Le père Bernard Lamy évoque, lui, lors du débat sur l'ordre naturel des mots et son rapport à la logique formelle, dans son ouvrage La Rhétorique ou l'art de parler[48], que les figures de style sont le langage particulier des passions. Finalement, la force de l'impression qu'elles exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase. C'est le cas pour Lamy de l'antithèse, de l'hyperbate, de la suspension, au détriment de l'exposition claire des idées. Plus tard Fénelon, suivant Lamy, annonce que la sécheresse de la prose française est due au fait que l'on respecte par trop l'ordre naturel des idées dans la proposition, et que l'on ostracise la figure de l'inversion, pourtant source de variété et d'éloquence ; le style provenant donc pour lui du non-respect de la linéarité du discours[J 8].
465
+
466
+ Parallèlement se développent les figures de style de pensée, avec Molière notamment, et plus largement celle de l’ironie. Le courant marginal de la Préciosité inonde la littérature de nouvelles figures tendant au jeu de mot gratuit et inutile, dont quelques-unes cependant demeureront dans la culture (hyperbole, euphémisme etc.). L'Astrée d'Honoré d'Urfé et Clélie, histoire romaine de Madeleine de Scudéry en sont les expressions du genre.
467
+
468
+ L’antonomase est couramment employée par les moralistes comme Jean de La Bruyère, de même que les figures de l’animation et du portrait (ethopée, prosopopée principalement).
469
+
470
+ Jean de La Fontaine excelle quant à lui à employer les figures de construction qui apportent de la souplesse à ses Fables (accumulation, gradation) et celles de pensée apportant de l’analogie et de l’image (apologue, gnomisme).
471
+
472
+ Le développement du genre argumentatif, avec les genres du sermon et du pamphlet, conduit les auteurs à mettre au jour une gamme variée de figures opérant sur le niveau syntaxique (hypallage, prétérition). Le développement social du roman apporte finalement nombre de figures de contraste (oxymore, antithèse) et d’analogie, avec notamment Marguerite de Navarre et son Heptaméron, Charles Sorel et son Francion, Madame de La Fayette, enfin, avec La Princesse de Clèves, premier roman du genre.
473
+
474
+ À la période médiévale, succèdent de nombreux traités et manuels de rhétorique qui tentent de proposer une classification des ornements du discours. Bernard Lamy le premier dans La Rhétorique ou l’Art de parler (1675) expose que la force de l'impression que les figures exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase.
475
+
476
+ César Chesneau Dumarsais (Traité des Tropes, 1730) détaille l’usage des tropes dans le discours, en appuyant des exemples. L'Écossais Hugh Blair (Rhétorique, 1783), Gabriel-Henri Gaillard(La Rhétorique des Demoiselles, 1807), Pierre Fontanier avec son Manuel classique pour l’étude des Tropes (1827), François De Caussade (Rhétorique et Genres littéraires, 1881) et Paul Prat (Éléments de Rhétorique et de Littérature, 1889) enfin publient des traités de rhétorique qui préparent les analyses modernes[49]. Deux auteurs en France sont particulièrement significatifs : Dumarsais et Fontanier.
477
+
478
+ César Chesneau Dumarsais dans son Traité des tropes (1730)[50], son œuvre principale, expose d’abord ce qui constitue le style figuré, et montre combien ce style est ordinaire, et dans les écrits et dans la conversation ; il détaille l’usage des tropes[J 9] dans le discours, en appuyant ses observations d’exemples[H 3]. Il appelle trope une espèce particulière de figure qui modifie la signification[J 3]. La figure est ainsi, au sens propre et conformément à son étymologie, la forme extérieure d'un corps. Il définit le « trope » (notion non encore différenciée de celle de figure de style) comme :
479
+
480
+ « des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot[51]. »
481
+
482
+ Néanmoins, Dumarsais demeure sur l’aspect sémantique et n’entrevoit jamais, ou rarement, le mécanisme linguistique à l’œuvre dans la figure de style, et de ce fait il omet nombre de celles-ci. Son apport réside dans le fait qu'il ait montré l'universalité des figures ; n'importe quel type de production, écrite ou orale, a en effet recours à des figures de langage« Il n'y a rien de si naturel, de si ordinaire et de si commun que les figures dans le langage des hommes »[I 4]. Il popularise également l'idée que les pensées sont produites et façonnées par le langage[J 10].
483
+
484
+ Pierre Fontanier, éditeur du célèbre Commentaire des tropes de Du Marsais, est le premier théoricien des figures de style, au travers de deux ouvrages de référence[I 5]. En 1821, il publie le Manuel classique pour l’étude des tropes, qui est adopté comme manuel dans l’enseignement public (pour la classe de rhétorique). Puis en 1827, dans Les Figures du discours, il s’attache le premier à en proposer une classification scientifique et y distingue sept classes[52].
485
+
486
+ Il réduit les tropes à trois figures exemplaires : la métonymie, la synecdoque et la métaphore ; mais son intérêt réside surtout dans le fait qu’il a su proposer des définitions précises pour les figures recensées (il regroupe ainsi 82 figures). Son système de classification est le premier à être systématique et fondé sur des opérations logiques comme la cause, la conséquence, le contenant, la possession[53] mais aussi sur le sentiment, sur l'effet que la figure fait naître chez le récepteur[H 4]. Fontanier a ainsi pu décrire une véritable théorie des tropes — sans être pour autant exhaustif dans leur énumération — qui a beaucoup contribué aux classifications modernes, notamment des structuralistes comme Gérard Genette[54],[J 11].
487
+
488
+ À côté des auteurs et poètes qui se saisissent naturellement de la potentialité du langage à découvrir de nouvelles tournures de pensée ou de transformation linguistique, le XXe siècle voit apparaître différents courants spécialisés qui, à la confluence des nouvelles théories sociologiques, psychanalytiques et linguistiques vont réinterpréter le mécanisme de formation des figures, hors vision esthétique. De manière générale, tout au long du XXe siècle, « la rhétorique a été réduite à ce qu'elle a de plus linguistique, c'est-à-dire la théorie des figures », au mépris du discours en lui-même et de sa dimension relationnelle et sociale[55].
489
+
490
+ Le surréalisme est le mouvement poétique moderne fondateur d’une réinterprétation des figures de style. Basé sur l’axiome selon lequel la langue est à réinventer, les surréalistes vont employer systématiquement les analogies et tropes, coupés de toute référence sémantique conventionnelle. Les jeux sur les sonorités ou les graphies vont leur permettre de constituer de nouveaux genres de textes qui seront repris par le second mouvement novateur en la matière : l’Oulipo.
491
+
492
+ Laboratoire d’expérimentation linguistique, les auteurs de l’Oulipo vont créer de toutes pièces une nouvelle gamme de figures sur la base du concept de la contrainte comme la méthode S plus n (à partir de la « méthode S + 7 » mise au point par Jean Lescure dès 1961), la littérature combinatoire — qui permit à Raymond Queneau d’écrire Cent Mille Milliards de Poèmes, — mais aussi des poèmes booléens basés sur la théorie des ensembles. Les auteurs oulipiens forment ainsi une classe nouvelle de figures graphiques (lipogramme, anagramme) ou morpho-syntaxique (palindrome), revisitant des techniques anciennes souvent ignorées par la littérature conventionnelle, aboutissant à générer de nouveaux types de textes voire de nouveaux genres[56].
493
+
494
+ Georges Perec a écrit Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? qui propose de multiples usages de figures de style[57]. L'ouvrage collectif La Littérature potentielle propose également une liste de nouvelles figures et de contraintes oulipiennes qui dévoilent la plasticité des figures de style.
495
+
496
+ Le XXe siècle consacre la redécouverte des figures de style, ainsi que de la rhétorique. Pour Bernard Dupriez, cette redécouverte se fait en deux étapes. « En France, le premier pas vers un renouveau dans l'étude des figures de style remonte à 1959. M. Gérald Antoine[58], qui était alors professeur à la Sorbonne, proposa d'étudier les grands écrivains au point de vue de leurs procédés »[59].
497
+
498
+ Le second pas est la publication du Dictionnaire de poétique et de rhétorique d'Henri Morier, proposition de classement parmi les plus complètes[H 5]. Henri Morier, professeur d’histoire de la langue française à l'université de Genève, fondateur du Centre de Poétique, réalise en effet avec son dictionnaire un ouvrage majeur depuis Pierre Fontanier. Son ambition est de réinventer la rhétorique, dans une dimension davantage technique, éclairée par les découvertes et les avancées linguistiques modernes. Il exhume notamment des figures disparues et tente de définir chaque procédé[D 7].
499
+
500
+ Le linguiste Roman Jakobson, créateur des fonctions du langage et du schéma communicationnel, considère que les figures de style usent de la fonction poétique et référentielle de la langue. Il distingue également deux pôles : le « pôle métaphorique » et le « pôle métonymique », dominant toute la structure du langage et permettant respectivement d’opérer des sélections et des combinaisons. Cette double notion lui a permis d’aboutir aux axes du syntagme et du paradigme[K 4].
501
+
502
+ De la même manière, le philosophe Paul Ricœur dans La Métaphore vive (1975) analyse le processus de création cognitive aboutissant à la métaphore, qui représente le prototype de toutes les autres figures, la transformation originelle en somme. Ricœur est à l’origine d’une nouvelle conception, plus universelle, de la métaphore, davantage transdisciplinaire. Selon lui la métaphore témoigne d'un processus cognitif n’aboutissant pas qu’à un simple phénomène linguistique de transport de sens, mais lié notamment à l’imagination ou à la mémoire.
503
+
504
+ Le Groupe µ a fourni, dans les années 1970, une typologie raisonnée de toutes les figures rhétoriques, rassemblée dans l’ouvrage Rhétorique générale[60]. Le groupe de « l’école de Liège » est en effet composé des linguistes Jacques Dubois, Francis Édeline, Jean-Marie Klinkenberg, Philippe Minguet, F. Pire, Hadelin Trinon et vise une approche transdisciplinaire ; ils sont ainsi les premiers à théoriser les figures de style comme des procédés traduisibles dans tous les Arts, avec la notion de « sémiotique visuelle ».
505
+
506
+ Pour ces auteurs, les figures de style sont des « métaboles », notions génériques permettant de regrouper sous une même nature toutes les figures existantes ; le terme désignant « toute espèce de changement soit dans les mots, soit dans les phrases ». Leur typologie est fondée sur la base de quatre opérations fondamentales : suppression, adjonction, suppression-adjonction, permutation. Ils ont forgé de nouveaux concepts pour regrouper les figures, déterminant les quatre types d’opérations linguistiques possibles : le métaplasme (modification phonétique ou morphologique d’un mot qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation), le métataxe (modification syntaxique d’un énoncé qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation) et le métalogisme (modification sémantique d’un énoncé qui altère sa cohérence interne ou sa valeur référentielle par addition, suppression, ou substitution).
507
+
508
+ Le structuralisme, avec Roland Barthes, conduit à formaliser une poétique (réflexion construite sur la création littéraire) centrée sur le contexte. Des figures de style créées par néologisme apparaissent, perçues comme des articulations du discours mettant en œuvre, dans un cadre énonciatif, la subjectivité de l’auteur. Gérard Genette travaille dans ses Figures (3 volumes) à étudier l’assemblage de procédés stylistiques en grands ensembles textuels aboutissant à isoler des grandes tendances de genres[61].
509
+
510
+ L’apport de Barthes réside principalement dans une classification retenant comme critère unique une double transformation. Il distingue deux grandes familles de figures : les métaboles (substitution d’un signifiant à un autre comme les jeux de mots, métaphores et métonymies) et les parataxes (modifications des rapports existant entre les signes comme les anaphores, ellipses et anacoluthes). Barthes réalise une définition linguistique de la figure de style : « La figure de rhétorique étant définie comme une opération qui, partant d’une proposition simple, modifie certains éléments de cette proposition »[62].
511
+
512
+ Cette vision de la figure de style est donc largement mécaniste et structuraliste, la transformation se faisant selon deux dimensions : la nature de la relation (jouant sur le contenu, le signifié) et la nature de l’opération (jouant sur la forme, sur le signifiant). De là, Barthes décrit deux plans nécessaires à l’effet de style : les opérations rhétoriques englobant les figures de diction et les figures de construction provenant de l’ancienne rhétorique, mais mettant en œuvre quatre transformations fondamentales qui sont : l’adjonction, la suppression, la substitution et l’échange et les relations : d’identité, de différence, de similarité et d’opposition. Ce plan se fonde, au niveau le plus élémentaire, sur la notion de sème et sera repris par Algirdas Julien Greimas (Sémantique structurale, 1966) ou Jean Cohen (Structure du langage poétique, 1966)[K 6].
513
+
514
+ La portée de l’apport de Barthes et des structuralistes en général réside dans leur volonté de réduire les faits de langue à des mécanismes primordiaux, en lien avec les théories sexuelles de Sigmund Freud. La nature des relations notamment (identité/différence) s’entend par exemple pour Barthes au niveau du complexe d’Œdipe et explique l’effet sur le récepteur. Néanmoins on peut reprocher en ce sens le relativisme de Barthes, le psychologisme de sa vision d’un phénomène qui appartient finalement au domaine esthétique et à l’acte créatif. On remarquera que Jacques Lacan s'inscrit également dans une perspective structuraliste, notamment par le fait qu'il reprend le concept de signifiant à la linguistique structurale de Ferdinand de Saussure.
515
+
516
+ Les recherches modernes sont marquées par une grande diversité des approches, et par un souci de classification opératoire des figures. Catherine Fromilhague les nomme les « néo-rhétoriques »[I 6].
517
+
518
+ Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (1958), dans leur Traité d'argumentation rappellent la valeur argumentative de la figure, conformément à la théorie d'Aristote ; la figure devient une composante fondamentale (et non plus un « ornement » facultatif) de l'acte d'énonciation, intégrant même une portée transphrastique (au-delà de la phrase). Ils posent par ailleurs que toute figure de rhétorique est un condensé d'argument : par exemple, la métaphore condense l'analogie.
519
+
520
+ Le groupe d'étude roumain, constitué de P. Servien et S. Marcus, la Bulgare Julia Kristeva également, interrogent la notion d'écart, préparant les travaux du groupe µ[K 7]. Gui Bonsiepe (Visual/verbal Rhetoric, 1965) propose lui une division des figures en « syntactiques » et « sémantiques »[63].
521
+
522
+ Olivier Reboul s'essaye lui à une Introduction à la rhétorique (1991), ouvrage universitaire majeur. Il y cherche, après avoir exposé plusieurs siècles de rhétorique et de codification du discours, à réconcilier l'argumentation héritée d'Aristote — qui cherche à persuader, — et celle des figures de style, qui forme le style[64]. Reboul propose de revoir la définition des figures de rhétorique seules (ce qui n'inclut pas toutes les figures). Il définit celles-ci comme « Un procédé de style permettant de s'exprimer d'une façon à la fois libre et codifiée » ; rejetant la notion d'écart comme constitutive de la figure[K 7], il précise « libre » car le locuteur n'est pas tenu d'y recourir pour communiquer et « codifiée » car chaque figure constitue une « structure connue, repérable, transmissible », et toujours liée au pathos.
523
+
524
+ Georges Molinié, dans son Dictionnaire de rhétorique (1992), élabore une méthodologie semblable à celle d'Henri Morier. Il est à l'origine de la distinction des figures entre celles étant microstructurales (comme dans « Ce matin, dans le métro, un mammouth était assis à côté de moi ») et celles étant macrostructurales (« Cette fille est vraiment très belle » par exemple)[K 8].
525
+
526
+ Michel Meyer dans Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours (1999) porte une réflexion philosophique et historique sur les figures de style, dans le cadre de l’argumentation, fondement de la rhétorique.
527
+
528
+ Pour la neurophysiologie, après les recherches de Paul Broca (aire de Broca) et celles de Carl Wernicke (aire de Wernicke) sur les aphasies, l’usage des tropes révèle l’intensité du trouble langagier. Broca identifie une série de symptômes purement langagiers traduits en figures de style comme la logorrhée, le jargon ou le stéréotype (répétition) qui renseignent sur les mécanismes de compréhension sémantique.
529
+
530
+ Le linguiste Roman Jakobson reprend dans les années 1950 les travaux de Broca et développe par-là la théorie de deux axes (paradigmatique/syntagmatique) dans une perspective pragmatique[65]. Jakobson fonde par-là les premiers fondements d’un pont jeté entre la sémiotique d’une part et la neurologie d’autre part[66][réf. à confirmer]. D'autres recherches explorent la relation des figures de style avec la perception, notamment dans la synesthésie[67].
531
+
532
+ La neurologie moderne, grâce à l’imagerie par résonance magnétique et aux expériences de simulation, montre que l’image est propre au mental. Ainsi, un courant dit de la sémantique cognitive s'attache à montrer comment notre organisation conceptuelle repose sur des processus essentiellement métaphoriques[I 4]. La métaphore et la métonymie[G 3] sont précisément au cœur de ces recherches[68]. Jean-Luc Nespoulous, chercheur au Laboratoire Jacques-Lordat, Institut des Sciences du Cerveau de Toulouse, montre que l'absence de métaphore nuit à la compréhension d'un énoncé complexe[69]. Bottini (1994[70]) de son côté évoque le rôle important que jouerait l'hémisphère droit dans l’appréciation de la métaphore : le traitement de la figure impliquerait des ressources cognitives additionnelles. Des expériences sur le temps de lecture, plus long pour les énoncés métaphoriques que pour les énoncés littéraux (de Janus & Bever en 1985) et sur l'influence cognitive du contexte, qui permet de mieux comprendre, et plus rapidement, le sens métaphorique (par Keysar et Gluksberg en 1990[71]) témoignent de l'actualité des recherches sur l'origine et la localisation cérébrale de la métaphore.
533
+
534
+ Les recherches aboutissent à la conclusion que le traitement global est moins spécialisé que prévu, et que la métaphore naît de la coopération des deux hémisphères. Dans une étude publiée en 2014 dans la revue Brain[72], le neurochirurgien et neuroscientifique Hugues Duffau montre que « l'aire de Broca n'est pas l'aire de la parole » et que les fonctions langagières ne sont pas tant localisées dans une aire précise que dépendantes de connexions neuronales en reconfiguration constante[73].
535
+
536
+ Des linguistes comme Olivier Reboul émettent l’hypothèse que l’emploi de figures de style relève du jeu et du plaisir, proche d’une régression de l’artiste vers un état antérieur, voire enfantin[74]. La psychanalyse y a ainsi recours pour accéder à l'univers mental du patient. La psycho-sociolinguistique prouve, par son intégrité épistémologique même, l’importance pour la science de fusionner linguistique (modalités d’utilisation des tropes) et psychosociologie (modalités communicationnelles)[75]. Le groupe renseigne dès lors sur l’usage des tropes et des distorsions qui en sont la fondation linguistique. Les figures populaires s’expliquent dès lors par des moyens économiques de communiquer, ainsi que par des solutions préservant les communautés ou réseaux sociaux.
537
+
538
+ L'analyse pragma-énonciative des figures étudie les mécanismes énonciatifs dans la production des figures. Karim Chibout propose une typologie de plusieurs figures de style impliquant des liens sémantiques complexes entre unités linguistiques mises en jeu et exigeant la mobilisation de ressources mentales diverses[76]. Pour Catherine Détrie, dans une perspective praxématique, la figure appartient aux processus d'« appropriation linguistique de l'univers sensible » et elle rend compte des phénomènes de « construction interactive du sens »[77] qui a lieu au sein des représentations cognitives. Marc Bonhomme a lui montré que la figure de style appartient à la fois à un processus de paradigmatisation et à un processus d'exemplarisation mettant en jeu des mécanismes de prégnance psycho-linguistiques. Finalement, une figure de style s'apparente comme un compromis de singularité (il s'agit d'une production individuelle et originale) et de régularité logico-syntaxique[78].
539
+
540
+ La psychologie clinique également a toujours pris en considération l’importance des tropes et de leurs modalités (débit, rythme, sonorités, kinésie…) dans la compréhension des phénomènes psychopathologiques comme l’hystérie et surtout la schizophrénie. Eugen Bleuler notamment, qui a étudié la schizophrénie, distingue les étiologies par un ensemble de troubles et symptômes langagiers[79]. Le schizophrène, en effet, use de tropes spécifiques telle l’analogie ou le néologisme, qui renseignent son rapport au sens, l'antiphrase et l'énantiosémie[80].
541
+
542
+ En psychologie clinique, un certain nombre d'écoles de thérapie mentale préconisent de raconter des histoires, en relation métaphorique avec la difficulté du patient, comme l'école de Milton Erickson, qui y a recours dans sa méthode de l'hypnose. Joyce C. Mills et Richard J. Crowley en exploitent les ressources thérapeutiques, dans Métaphores thérapeutiques pour enfants[81].
543
+
544
+ Avec le psychanalyste Jacques Lacan apparaît la notion d'une relation étroite entre la rhétorique et l'inconscient :
545
+
546
+ « Qu’on reprenne donc l’œuvre de Freud à la Traumdeutung pour s’y rappeler que le rêve a la structure d’une phrase, ou plutôt, à nous en tenir à sa lettre, d’un rébus, c’est-à-dire d’une écriture, dont le rêve de l’enfant représenterait l’idéographie primordiale. [...] C’est à la version du texte que l’important commence, l’important dont Freud nous dit qu’il est donné dans l’élaboration du rêve, c’est-à-dire dans sa rhétorique[82]. »
547
+
548
+ « La métaphore est constitutive de l'inconscient », énonce-t-il par ailleurs. Jacques Lacan a ainsi ouvert la voie de l'exploration métaphorique en psychanalyse, notamment dans La Métaphore du sujet (1960). Pour Lacan, « l'inconscient est structuré comme un langage », et le désir a deux façons d'être exprimé : par la métaphore ou par la métonymie et qu'il nomme « lois du langage » de l’inconscient.
549
+
550
+ Il postule en effet que l'inconscient, qui présente la même structure que le langage, peut également être défini par un axe syntagmatique et un axe paradigmatique, dans une image schématique similaire à celle que Roman Jakobson édifia pour la langue. En ce sens, Lacan reprend-il Ferdinand de Saussure pour donner une fonction psychique au concept de signifiant. Dans cet ordre d'idée, les figures, selon Irène Tamba[83], « mettent en jeu les pulsions primordiales qui commandent le fonctionnement régulier de l'imaginaire humain »[I 7].
551
+
552
+ La théorie de la pragmatique lexicale veut que le sens de presque tous les mots soit ajusté selon le contexte d’utilisation[84]. Ceci serait entre autres dû au fait qu’il existerait moins de mots dans la langue qu’il existe de concepts, et que les concepts n’ont pas besoin d’être lexicalisés pour être communiqués[85]. Par exemple, le russe a un mot, pochemuchka, pour désigner une personne posant trop de questions[86]. Le français n’en a pas, ce qui ne signifie pas que les francophones n’en possèdent pas le concept, au contraire.
553
+
554
+ Le concept est une représentation mentale dont le revers lexicalisé est le mot. Il contient toutes les informations génériques d’un mot en particulier[84]. Lorsque le sens d'un mot est ajusté dans un contexte particulier, un concept ad hoc est créé[84]. Ceux-ci sont différents des concepts encodés linguistiquement parce qu’ils sont créés sur le moment pour que la communication entre locuteurs soit réussie[84]. On note les concepts en majuscules (GLAÇON), et les concepts ad hoc en majuscules avec un astérisque (GLAÇON*) pour ne pas les confondre avec les concepts encodés linguistiquement (c'est-à-dire les mots).
555
+
556
+ Quand le contexte fait en sorte que le sens d’un mot est plus spécifique et restreint, il s’agit d’un processus de spécification. Au contraire, si le sens d’un mot devient plus général et plus large, il s’agit plutôt d’un processus d’élargissement.
557
+
558
+ La particularité de cette théorie est qu'elle ne considère par les figures de style comme une « anomalie » du langage, ni comme un usage qui s'écarte du sens « véritable » des mots. Au contraire, l'approximation, l'hyperbole et la métaphore résulteraient plutôt du phénomène courant de l'élargissement de sens. Cette théorie est étayée par de récentes études en psycholinguistique qui ont trouvé que la métaphore n'est pas plus complexe ni moins rapide à décoder au niveau cérébral qu'une expression littérale[87].
559
+
560
+ Selon la théorie de la pertinence, les concepts ad hoc seraient formés par notre recherche de pertinence[84]. Cette théorie stipule que tout locuteur aura tendance à sélectionner le sens le plus pertinent d’un énoncé avec un minimum d’effort cognitif. La pertinence implique deux paramètres : les coûts et les bénéfices. Les bénéfices sont des effets cognitifs positifs qui permettent au locuteur d’interpréter correctement un énoncé[88]. Les coûts représentent l’effort de traitement qui est demandé pour atteindre les effets positifs des bénéfices[88]. Ainsi, plus un énoncé demande d’effort cognitif, moins il sera jugé pertinent. C’est pourquoi la théorie de la pertinence suit la loi du moindre effort. En conséquence, un concept encodé linguistiquement qui n’est pas enrichi dans une situation de spécification ou d’élargissement sera jugé non pertinent[88]. Les concepts ad hoc permettent donc de pallier le manque de pertinence des concepts encodés linguistiquement qui sont spécifiés ou élargis dans certains contextes.
561
+
562
+ Diverses écoles de pensée ont émis différentes hypothèses quant aux relations qu’entretiennent les mots et les concepts. Selon la sémantique conceptuelle, il existe plus de mots que de concepts; certains mots peuvent être la combinaison de plusieurs concepts basiques[84]. Selon Fodor, la relation entre les mots et les concepts est biunivoque, c’est-à-dire qu’un mot représente un concept et inversement[84]. Enfin, selon Sperber & Wilson, le nombre de concepts est plus grand que le nombre de mots dans une langue[84]. Cette dernière hypothèse est celle qui est retenue par la pragmatique lexicale parce qu'il s'agit de la plus intéressante pour expliquer la formation des concepts ad hoc. En effet, si le nombre de concepts d’une langue est supérieur au nombre de mots, certains concepts ne sont même pas lexicalisés, mais peuvent tout de même être communiqués à l’aide des concepts ad hoc[84]. Ces concepts sont donc formés pendant l’interaction et sont flexibles vu qu’il est possible de communiquer des concepts qui ne sont pas lexicalisés.
563
+
564
+ La spécification se caractérise par le fait qu’elle met en évidence un sous-ensemble ou une sous-catégorie des référents d’un concept encodé linguistiquement[84]. L’exemple suivant illustre un processus de spécification :
565
+
566
+ Dans l’exemple (1), le verbe boire n’est pas utilisé pour communiquer le fait que les linguistes aiment boire n’importe quel breuvage. Le verbe ne fait référence qu'aux boissons alcoolisées. Le sens de boire est ainsi plus spécifique: les linguistes adorent boire de l’alcool et non pas n’importe quelle boisson. Le concept ad hoc BOIRE* ainsi créé est plus restreint que le concept encodé linguistiquement BOIRE. Le nombre de référents que l'on peut BOIRE* est ainsi diminué.
567
+
568
+ Un cas d’élargissement se produit quand le sens d’un mot est plus général que celui encodé linguistiquement[84]. Le nombre de référents du concept est alors augmenté. Voici un exemple du phénomène :
569
+
570
+ Dans l’exemple (2), il s’agit d’un élargissement si l’eau du lac n’est pas proche de zéro degrés Celsius. Admettons que la température de l’eau soit de 10 degrés. L’eau n’est pas glacée, mais elle est tout de même trop froide pour qu’on puisse se baigner dans le lac. Le sens de glacée est donc élargi; le concept ad hoc créé inclut davantage de référents pour ce mot.
571
+
572
+ Wilson, une pragmaticienne, classe les processus d’élargissement en deux catégories distinctes : les approximations et les extensions catégorielles[88]. L'approximation est une variété d’élargissement où un mot ayant un sens spécifique est utilisé dans un cas qui ne correspond pas nécessairement parfaitement à ses référents, comme dans l’exemple (3)[88].
573
+
574
+ Il s’agit d’une approximation parce que le visage de Pierre n’est pas parfaitement rond comme la forme géométrique. Son visage a une certaine rondeur sans pour autant correspondre à un rond parfait. L’exemple (2) serait aussi une approximation.
575
+
576
+ L’extension catégorielle est aussi une variété d’élargissement. Elle se définit par l’utilisation de noms communs, de noms propres ou encore de marques connues pour indiquer des catégories plus larges[88]. Voici quelques exemples d’extension catégorielle :
577
+
578
+ En (4), frigidaire est utilisé comme un nom commun même s’il s’agit d’une marque connue. Dans l’usage courant, en français québécois, on utilise frigidaire pour désigner n’importe quel réfrigérateur, peu importe s’il est de la marque Frigidaire ou pas.
579
+
580
+ En (5), le nom propre Chomsky fait référence à un linguiste talentueux qui a révolutionné la linguistique. On comprend donc que Smith est aussi une linguiste talentueuse. Le concept ad hoc CHOMSKY* peut alors faire référence à d’autres personnes qui ont du talent en linguistique.
581
+
582
+ Zufferey et Moeschler proposent que l’approximation, l’hyperbole et la métaphore se différencient selon l’application du processus d’élargissement, l’approximation ayant un élargissement minimal, l’hyperbole un élargissement considérable, et la métaphore un élargissement maximal[84]. Les trois phénomènes se trouveraient sur un continuum[84].
583
+
584
+ L'approximation est le type d'élargissement lexical le plus discret. Ainsi que Wilson la définit, une approximation se produit quand un mot est employé dans un contexte qui ne correspond pas exactement à sa définition littérale.
585
+
586
+ Supposons qu’on serve une tasse de thé à Marie, qu’il soit tiède, et que Marie se plaigne avec la phrase (6).
587
+
588
+ Il s’agirait d’élargissement du sens du mot « froid », parce que son thé n’est pas littéralement froid : il est simplement plus froid qu’elle voudrait. Les exemples (2) et (3) plus haut constituent également des approximations.
589
+
590
+ Les hyperboles sont considérées comme un élargissement lexical plus grand que l’approximation[84].
591
+
592
+ Si, dans la même situation que dans l'exemple (6), Marie disait plutôt (7), il s’agirait d’une hyperbole : son thé est loin d’être littéralement glacé, puisqu’il est tiède.
593
+
594
+ La pragmatique lexicale définit les métaphores comme étant le résultat d’un élargissement lexical porté à l’extrême. En effet, seule la propriété du concept linguistique la plus saillante selon le contexte sera retenue, ce qui constituera un concept ad hoc très large, qui englobera tout ce qui partage cette seule propriété[84].
595
+
596
+ Par exemple, Louis a été entrainé dans un vol à l’étalage par ses amis. Un professeur énoncé (8) dans ce contexte.
597
+
598
+ Pour interpréter cette phrase, on extrait la propriété du lemming la plus saillante en contexte, soit le fait que cet animal suivra le troupeau jusqu’à la mort, puis on l’applique à Louis. On en tire le sens que Louis suit le groupe, sans réfléchir par lui-même.
599
+
600
+ Enfin, il peut y avoir à la fois spécification et élargissement lexicaux dans une seule métaphore[84]. L'énoncé (9) en constitue un exemple.
601
+
602
+ Il y a élargissement du terme « oiseau », duquel on extrait la propriété « qui gazouille d’un chant caractéristique », comme dans n’importe quelle métaphore. Il y a cependant aussi spécification, parce que ce ne sont pas tous les oiseaux qui gazouillent. Pensons aux aigles qui trompètent. On spécifie donc le terme « oiseau » pour exclure les référents qui ne partagent pas la propriété qu’on a déjà extraite.
603
+
604
+ Il existe une autre théorie linguistique sur la construction des métaphores, basée sur la théorie de l’argumentation dans la langue (ADL)[89]. Cette dernière suppose que les mots possèdent une « orientation » inhérente, qui aurait pour effet d’orienter l’interlocuteur vers une certaine conclusion. Par exemple, l’expression « beau temps » orienterait fondamentalement l’interlocuteur vers l’idée d’aller dehors, puisque le concept d’être « favorable à la sortie » serait associée à cette expression[89]. Cette orientation serait inhérente aux mots, et non liée au contexte, puisqu’on peut la percevoir même hors contexte.
605
+
606
+ La métaphore, dans le cadre de cette théorie, n’existerait pas. En effet, la séparation des sens littéral et métaphorique qui caractérise cette figure de style n’a pas lieu d’être : ces deux emplois réaliseraient simplement la même orientation profonde liée au mot[89]. Ainsi, dire que son poisson est mort ou dire qu’une langue est morte convoquerait le même sens profond, soit quelque chose s’apparentant à « cesser d’exister, d’évoluer » et équivaudrait donc à un seul emploi d’une seule sémantique profonde du mot. Pour un autre exemple, cette théorie supposerait que l’idiotisme Il pleut des cordes réalise simplement le sens profond de l’expression : pleuvoir prend son sens littéral, tandis que cordes contient l’idée de longueur effilée. Pleuvoir des cordes signifie donc « pleuvoir de longues gouttes d’eau » et, par extension, « pleuvoir fort », puisque la quantité d’eau qui tombe est augmentée.
607
+
608
+ Selon Grice, la métaphore ainsi que l’ironie transgressent la maxime de qualité[84], qui demande premièrement de ne pas mentir, et deuxièmement de ne pas avancer quelque chose si on ne peut en faire la preuve. La transgression de maximes provoque le calcul d'implicatures conversationnelles[84].
609
+
610
+ Par exemple :
611
+
612
+ Dans les exemples métaphoriques en (10) et (11), la maxime de qualité est violée, car Sophie et Jacob ne sont clairement pas des animaux. La transgression de cette maxime provoque une implicature chez l'auditeur, qui, supposant que le locuteur essayait de contribuer une information pertinente à la conversation, calculera un autre sens à cet énoncé. Dans le cas présent, en associant une caractéristique saillante en contexte des animaux correspondant aux personnes, l'auditeur pourrait supposer qu'en (10), Sophie dort tout le temps, et qu'en (11), Jacob ne fait pas de bruit quand il se déplace.
613
+
614
+ Les phrases ironiques en (12) et (13), elles aussi, ne respectent pas la maxime de qualité. En (12), lorsque le locuteur dit à son interlocuteur qu’il est habile, c’est le contraire qu’il veut signifier, soit qu’il est malhabile. En (13), le locuteur ne semble pas trouver qu'Olivier est très intelligent s’il a branché les fils à l’envers.
615
+
616
+ La musique de la période romantique utilise fréquemment la digression. C'est le cas de Chopin ou de Liszt par exemple[90]. Des figures, comme l'épanadiplose par exemple, ou l'anaphore, sont à la base des comptines :
617
+
618
+ « Alouette, gentille alouette ! Alouette je te plumerai[91]... »
619
+
620
+ Les arts musicaux, tels que le rap ou le slam, utilisent beaucoup de figures de style, en particulier celles jouant sur la sonorité (allitération, paronomase) et la comparaison (analogie, métaphore, etc.) Un exemple de présence d'assonance en « i » et « en » ainsi que d'allitération en « s » dans la chanson L'Enfant seul du rappeur Oxmo Puccino :
621
+
622
+ « Maîtrise lancinante, sentiments en ciment sinon
623
+ Dans six ans on me retrouve ciseaux dans le crâne
624
+ Dans le sang gisant[92]... »
625
+
626
+ Selon le romancier et essayiste Thomas Ravier, le rappeur Booba est même l'inventeur d'une figure de style : la métagore[93]. En 2019, le microblogueur Nosferalis propose du reste d'exemplifier chaque figure de style recensée avec une citation de Booba[94].
627
+
628
+ La publicité a recours de manière massive aux figures et aux tropes comme, parmi les principales, l'hyperbole dite publicitaire, l'allégorie ou la métaphore, en particulier pour imager le message transmis au consommateur[95]. La rhétorique publicitaire appartient, selon Roland Barthes, à un domaine plus vaste : celui de la rhétorique visuelle, fixe (affiches) comme animée (clips publicitaires). Barthes fonde dans les années 1960, sous l’impulsion du structuralisme, la « rhétorique de l’image »[96], et y transfère les outils d’analyse du texte.
629
+
630
+ Barthes montre que, comme dans un énoncé écrit, il y a en jeu dans l’image publicitaire deux niveaux de lecture, typiques du champ stylistique : la connotation et la dénotation. Par conséquent, avant d’avoir une fonction iconique, la publicité a une fonction avant tout symbolique, saisissable dans un univers linguistique[96]. Barthes montre que certaines figures de style sont à la base du langage publicitaire, et parmi elles surtout l’asyndète et la métonymie : « Il est en effet probable que parmi les métaboles (ou figures de substitution d’un signifiant à un autre, c’est la métonymie qui fournit à l’image le plus grand nombre de ses connotateurs ; et parmi les parataxes (ou figures du syntagme), c’est l’asyndète qui domine »[96]. Barthes applique en effet les axes paradigmatique et syntagmatique à l’étude de l’image.
631
+
632
+ Publicité pour Citroën (hyperbole)
633
+
634
+ La publicité par Fernand Le Quesne (Allégorie)
635
+
636
+ Publicité pour les bouillons Kub (métonymie)
637
+
638
+ Dans la lignée de Barthes, Jacques Durand montre que les effets recherchés font appel aux mêmes représentations et aux mêmes processus cognitifs qu’en littérature. Dans Les Formes de la communication (1981), il montre que la publicité est une « nouvelle rhétorique », sa continuité historique et sociale[97]. Durand, reprenant les études sémiotiques, élabore un tableau de classement identifiant les principales figures de style constitutives du pouvoir de persuasion de la publicité[98]. Il recense quatre mécanismes primordiaux : identité, similarité, opposition et différence, qu’il expose dans son article paru dans la revue Communications[62].
639
+
640
+ Enfin, en pédagogie, pour plus de proximité culturelle avec l’élève, le matériel publicitaire permet une approche didactique pertinente à l’école qui conjugue lecture critique de l’image et apprentissage des grands processus de transformation de la langue, par le biais des figures de style, deux axes constitutifs des référentiels pédagogiques[99].
641
+
642
+ Le cinéma également transpose sur le plan visuel des mécanismes discursifs hérités des figures de style et notamment la métonymie, comme c'est souvent le cas des gros plans sur un objet. Patrick Bacry prend comme exemple une scène du film Lancelot du Lac de Robert Bresson. Le metteur en scène ne montre du combat des chevaliers que les sabots des chevaux qui galopent ainsi que quelques écus brisant l'assaut de lances[A 16]. L’oxymore ou encore la digression sont également utilisés pour les mêmes raisons que dans le roman[100]. L'ellipse, la digression ou l'hypotypose sont aussi couramment utilisées[D 8]. Le Groupe µ a notamment permis la compréhension des opérations cognitives à l’origine des figures de style comme étant des objets mentaux traduisibles dans le registre de l’image en mouvement. Ils élaborent alors une la sémiotique visuelle, dont le Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l’image est l’ouvrage fondateur[101].
643
+
644
+ Les autres arts visuels utilisent des figures davantage tropiques, comme la métaphore dans le mouvement surréaliste (les tableaux de René Magritte sont parmi les plus explicites). L’allégorie est sans conteste la figure la plus utilisée en peinture, comme dans La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix mais la peinture connaît aussi le symbole et l'antithèse[D 8]. Nombres d’œuvres représentent de véritables scènes vivantes dans lesquelles le peintre cherche à animer la scène (hypotypose), des analogies (comparaison) comme les tableaux d'Arcimboldo ou l'oxymore (dans la technique du clair-obscur par exemple). La bande-dessinée utilise par ailleurs l'expressivité des figures de style, comme celle de l'onomatopée, pour illustrer les actions.
645
+
646
+ Définitions lexicographiques et étymologiques de « Trope » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
647
+
648
+ Sur les autres projets Wikimedia :
649
+
650
+ Transformation
651
+
652
+ identique
653
+
654
+ Répétition
655
+
656
+ Figure dérivative · Isocolie
657
+
658
+ Allitération · Assonance · Contre-assonance · Écho · Homéotéleute · Onomatopée · Paréchèse · Prosonomasie
659
+
660
+ Accumulation · Anaphore · Annomination · Antanaclase · Concaténation · Conglobation · Épanalepse · Épanaphore · Épanadiplose · Épanode · Épiphore · Épizeuxe · Expolition · Figura etymologica · Homéoptote · Isocolon · Palilogie · Paronomase · Polyptote · Symploque · Thématisation
661
+
662
+ Adynaton · Allusion · Anadiplose · Autocatégorème · Autocorrection · Cliché · Hyperbole · Métaphore filée · Parrhésie · Périssologie · Phébus · Poncif · Redondance · Topos
663
+
664
+ non identique
665
+
666
+ Addition,adjonction
667
+
668
+ Acrostiche · Épenthèse · Paragoge · Prosthèse
669
+
670
+ Cacophonie
671
+
672
+ Accumulation · Anadiplose · Antépiphore · Anticlimax · Auxèse · Énumération · Épanadiplose · Épiphonème · Épiphore · Épiphrase · Épithétisme · Épitrochasme · Gradation · Hyperhypotaxe · Hypotaxe · Mot-valise · Néologisme · Paradoxisme · Paraphrase · Parembole · Périphrase · Polysyndète · Pronomination · Suspension · Synchise · Tapinose
673
+
674
+ Amphigouri · Antilogie · Chleuasme · Comparaison · Épanorthose · Hypotypose · Oxymore · Paradoxe · Pléonasme · Régression · Tautologie · Truisme
675
+
676
+ Effacement,suppression
677
+
678
+ Apocope · Lipogramme
679
+
680
+ Aphérèse · Apocope · Élision · Syncope
681
+
682
+ Asyndète · Ellipse · Épitrochasme · Parataxe · Syllepse · Zeugma
683
+
684
+ Allusion · Amphibologie · Antiphrase · Aphorisme · Apophtegme · Aposiopèse · Brachylogie · Euphémisme · Gnomisme · Kakemphaton · Parabole · Prétérition
685
+
686
+ Déplacement,réarrangement
687
+
688
+ Anagramme · Antimétathèse
689
+
690
+ Palindrome
691
+
692
+ Anastrophe · Antilabe · Antimétabole · Chiasme · Énallage · Hendiadys · Hypallage · Hyperbate · Hypozeuxe · Inversion · Parallélisme · Tmèse
693
+
694
+ Analepse · Antiparastase · Antithèse · Apostrophe · Épanorthose · Métalepse · Prolepse
695
+
696
+ Remplacement,substitution
697
+
698
+
699
+
700
+
701
+
702
+ Anacoluthe · Anantapodoton · Astéisme · Constructio ad sensum · Solécisme · Syllepse · Verbigération (ou logorrhée, ou verbiage)
703
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704
+ Allégorie · Antonomase · Circonlocution · Digression · Éthopée · Hypotypose · Ironie · Litote · Métalepse · Métaphore · Métonymie · Personnification · Prosopographie · Prosopopée · Question rhétorique · Prosopopée (ou Sermocination) · Réification (ou Chosification) · Symbole · Synecdoque
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1
+ Une figure de style, du latin figura, est un procédé d’écriture qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue et donne une expressivité particulière au propos. On parle également de figure de rhétorique ou de figure du discours. Si certains auteurs établissent des distinctions dans la portée des deux expressions, l’usage courant en fait des synonymes.
2
+
3
+ Les figures de style, liées à l'origine à la rhétorique, sont l’une des caractéristiques des textes qualifiés de « littéraires ». Elles sont cependant d’un emploi commun dans les interactions quotidiennes, écrites ou orales, du moins pour certaines d’entre elles, comme l’illustrent par exemple les métaphores injurieuses du capitaine Haddock.
4
+
5
+ De manière générale, les figures de style mettent en jeu : soit le sens des mots (figures de substitution comme la métaphore ou la litote, l’antithèse ou l’oxymore), soit leur sonorité (allitération, paronomase par exemple) soit enfin leur ordre dans la phrase (anaphore, gradation parmi les plus importantes). Elles se caractérisent par des opérations de transformation linguistique complexes, impliquant la volonté stylistique de l'énonciateur, l'effet recherché et produit sur l'interlocuteur, le contexte et l'univers culturel de référence également.
6
+
7
+ Chaque langue a ainsi ses propres figures de style ; leur traduction pose souvent des problèmes de fidélité par rapport à l'image recherchée. Par conséquent, cet article ne traite que des figures de style en langue française.
8
+
9
+ Les figures de style constituent un vaste ensemble complexe de procédés variés et à l’étude délicate. Les spécialistes ont identifié, depuis l’Antiquité gréco-romaine (avec Cicéron, Quintilien) des centaines de figures de style et leur ont attribué des noms savants, puis ont tenté de les classer (Fontanier, Dumarsais).
10
+
11
+ La linguistique moderne a renouvelé l’étude de ces procédés d’écriture en introduisant des critères nouveaux, d'identification et de classement, se fondant tour à tour sur la stylistique, la psycholinguistique ou la pragmatique. Les mécanismes des figures de style sont en effet l'objet de recherches neurolinguistiques et psychanalytiques.
12
+
13
+ L'auteur (du latin auctor) est, étymologiquement, « celui qui augmente, qui fait avancer »[2]. L'apport de l'écrivain provient pour partie de son style, c'est-à-dire de l'ensemble des moyens d'expression qu'il utilise dans son propos et qui traduisent sa personnalité ; ce que résume la formule célèbre de Buffon : « Le style est l'homme même »[3].
14
+
15
+ Cette manière d'écrire propre se fonde en particulier sur l'utilisation des figures de style, du latin figura, mot désignant la forme d'un objet[F 1]. Celles-ci sont des écarts par rapport à la langue commune[F 1],[D 1].
16
+
17
+ L'auteur amplifie son discours en recourant aux figures, notamment par l'utilisation du langage imagé, mais pas seulement. C'est Pierre Fontanier le premier qui a développé la théorie de la figure-écart[K 1]. De nombreuses figures de style ont également pour intérêt d'agir sur le rythme, la construction syntaxique ou la répétition. On peut par exemple repérer deux figures de style dans le vers :
18
+
19
+ Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
20
+ Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
21
+
22
+ — Gérard de Nerval, Les Chimères, El Desdichado
23
+
24
+ L'expression « Soleil noir de la Mélancolie » permet à Nerval d'imager deux idées. Il y a en effet un oxymore, figure réunissant deux mots aux connotations contraires (« soleil » et « noir ») et une métaphore (analogie entre le « soleil noir » et la « mélancolie », maladie de l'ennui), qui permettent au lecteur de percevoir la sensibilité de l'auteur et son univers mental, marqué, ici, par l'étrangeté et le mal de vivre. En conséquence, la figure de style est une composante essentielle du style chez un écrivain, mais aussi, et plus généralement, chez tout locuteur et au sein de langage lui-même :
25
+
26
+ « La formation des figures est indivisible du langage lui-même, dont tous les mots abstraits sont obtenus par quelque abus ou quelque transfert de signification, suivi d'un oubli du sens primitif. »
27
+
28
+ — Paul Valéry[4]
29
+
30
+ La recherche de la nature de cet écart, et surtout de la norme à laquelle il se ressent, a été l'objectif de la plupart des études et analyses modernes[I 1],[K 2].
31
+
32
+ L'expression « figure de style », du latin figura[Étymologie 1], est elle-même la réunion de deux tropes :
33
+
34
+ « L’expression « figure de style » est un ensemble de deux figures de style accolées, une métaphore et une métonymie : le « style » était jadis un poinçon pour graver des caractères dans la cire, donc dire « style » au lieu d’écriture est une métonymie (l’outil à la place de l’usage) ; figure vient de figura, « dessin », donc il y a dérivation de sens, métaphore, car on passe d’une idée à sa représentation. »
35
+
36
+ — Henri Suhamy[D 2]
37
+
38
+ L'usage commun confond en effet les expressions de « figures de style » et de « figures de rhétorique » mais certains auteurs établissent une distinction entre les deux. Ainsi, dans son ouvrage Éléments de rhétorique, Jean-Jacques Robrieux distingue les figures de rhétorique, qui jouent un « rôle persuasif » et qui forment une classe de procédés fonctionnels, des figures autres dites non-rhétoriques et qui peuvent être « poétiques, humoristiques et lexicales »[5]. La distinction académique sépare elle aussi les figures de rhétorique, visant la persuasion, des figures stylistiques, visant l'« ornement du discours »[6].
39
+
40
+ Pourtant, à l'origine, la figure de style est l'une des composantes de l'elocutio, partie de l'art rhétorique qui s'attache au style et aux ornements du discours. Pour Cicéron elle est le propre de l'orateur et « adapte à ce que l'invention fournit des mots et des phrases appropriées »[7]. C'est donc la partie la plus littéraire de la rhétorique[8]. La figure de style est le lieu d'une bonne expression et de l'ornement (« ornatus »). Selon la rhétorique classique, l'élocution concerne ainsi le choix des mots et la composition des phrases (les membres de phrases ou « cola » doivent être équilibrés), le rejet des archaïsmes et des néologismes, l'usage de métaphores et des figures adaptées aux propos (à condition toutefois qu'elles soient claires, autrement il s'agit de fautes d'expression), enfin, le rythme doit être souple et au service du sens. La Rhétorique à Herennius recommande ainsi « l'élégance, l'agencement des mots, la beauté »[9].
41
+
42
+ Les figures de rhétorique (ou « schèmata » en grec[Étymologie 2]) proviennent donc de la qualité de l'orateur. Elles procurent en premier lieu un plaisir (ou « delectatio ») car « leur mérite manifeste [est] de s'éloigner de l'usage courant » selon Quintilien[11] mais servent avant tout la persuasion et l'argumentation. De ce fait, la notion de « figure de rhétorique » est à examiner au sein de la catégorie plus vaste des figures de style.
43
+
44
+ La figure de style est spécifiquement un procédé d'écriture — à distinguer de la « clause de style »[D 3] —, qui met en jeu l'« effort » du locuteur pour constituer la figure, son intention stylistique en somme, et l'« effet » sur l'interlocuteur qui fait appel à sa sensibilité[H 1]. Les figures de style sont donc définies comme un sous-ensemble de la stylistique[Note 1],[H 2], constitué par des écarts par rapport à l'usage commun de la langue, un emploi remarquable des mots et de leur agencement. Elles concernent ainsi un rapport particulier entre le « signifiant » (le mot) et le « signifié » (le sens).
45
+
46
+ Les figures de style sont cependant présentes constamment[D 4], hors la littérature et même dans l'expression non poétique comme le montre George Lakoff[13]. Par exemple, dans la métonymie journalistique : « L'Élysée a fait savoir »[F 2]. Elles le sont encore davantage dans la langue orale, qui cherche à retenir l'attention du récepteur et qui use des procédés d'ironie, des jeux de mots, des clichés, de locutions figées ou de raccourcis de langage comme dans l'expression imagée : « Il pleut des cordes ». Cependant, pour Bernard Dupriez, « ce n'est qu'occasionnellement que les figures modifient la langue »[G 1].
47
+
48
+ Cet écart par rapport à la « norme linguistique » induit cependant des limites d'acceptabilité pour une figure de style. En effet, si la figure s'écarte trop de la norme elle tombe dans le registre des solécismes[Note 2],[F 3]. Mais le sens est aussi une limite : en effet la phrase peut être grammaticalement correcte mais asémantique (sans sens). L'expression poétique « inventant » des formes, elle échappe à ces restrictions. Certains textes surréalistes l'illustrent parfaitement, tel ces vers :
49
+
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+ À la poste d'hier tu télégraphieras
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+ que nous sommes bien morts avec les hirondelles.
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+ facteur triste facteur un cercueil sous ton bras
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+ va-t-en porter ma lettre aux fleurs à tire d'elle.
54
+
55
+ — Robert Desnos, La Liberté de l'Amour, Les Gorges froides
56
+
57
+ C'est également le cas de l'anacoluthe comme dans la dernière strophe de L'Albatros de Charles Baudelaire : « Exilé sur le sol au milieu des huées // Ses ailes de géant l'empêchent de marcher ». Reste que pour évaluer une figure par rapport à cette norme, il faudrait définir « un degré zéro de l'écriture » selon Roland Barthes[14],[D 5] et de l'usage linguistique, ce qui n'est pas possible puisque chaque locuteur teinte son propos de sa subjectivité propre. C'est dans les textes littéraires qu'on rencontre plus particulièrement les figures de style employées pour leur fonction esthétique et leur effet sur le « signifié » : chaque genre possède ses figures spécifiques ou favorites. Les romans usent de procédés descriptifs ou allusifs comme l'analepse ou la digression, la poésie privilégie des figures jouant sur les sonorités (allitération, homéotéleute) ou les images (métaphore, personnification) alors que l’art dramatique du théâtre utilise quant à lui des figures mimant les tournures orales ou permettant de moduler l'intensité de l'action. Cependant, beaucoup de figures de style sont transverses à tous les genres et à toutes les périodes.
58
+
59
+ Les figures de style apportent un enrichissement du signifié par l'originalité formelle qu'elles présentent ; c'est « l'effet de sens »[I 2]. Elles ont par exemple une force suggestive remarquable dans le cas de la métaphore (« Ma femme aux cheveux de savane », André Breton, à comparer avec l'expression informative : « Ma femme a des cheveux châtains ») comme elles peuvent frapper l'esprit par le raccourci que constitue l'association des contraires dans l'oxymore (« Le superflu, chose très nécessaire », Voltaire) ou produire un effet comique avec le zeugme (« On devrait faire l'amour et la poussière », Zazie). Elles représentent un effort de pensée et de formulation comme l'explique Littré[D 6] ; elles sont :
60
+
61
+ « Certaines formes de langage qui donnent au discours plus de grâce et de vivacité, d'éclat et d'énergie »
62
+
63
+ D'autres figures peuvent créer l'émotion du lecteur par l'effet d'insistance produit comme dans l'anaphore (« Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée ! », De Gaulle) ou le jeu sur les sonorités dans l'allitération (« Les crachats rouges de la mitraille », Rimbaud). Dans d'autres cas, l'intérêt sera plus purement esthétique comme dans la reprise juxtaposée de l'anadiplose :
64
+
65
+ Comme le champ semé en verdure foisonne,
66
+ De verdure se hausse en tuyau verdissant,
67
+ Du tuyau se hérisse en épi florissant,
68
+ D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne.
69
+
70
+ — Joachim Du Bellay, Les Antiquités de Rome
71
+
72
+ Ainsi, les figures de style sont à mettre sur le même plan que d'autres caractéristiques linguistiques comme les procédés de rythme (période poétique, cadence dans la prose), les procédés de la syntaxe (choix du type de coordination ou de subordination), les procédés sémantiques et logiques (syllogisme, tautologie, champs sémantiques etc.) ou les procédés de versification (rime, synérèse/diérèse, etc.)[A 1].
73
+
74
+ Le mécanisme de formation des figures de style étant délicat à conceptualiser, il existe de nombreuses définitions de la notion. La linguistique moderne en retient trois :
75
+
76
+ « Effet de signification produit par une construction particulière de la langue, qui s'écarte de l'usage le plus courant ; les figures de style peuvent modifier le sens des mots, modifier l'ordre des mots de la phrase, etc. »
77
+
78
+ — définition no 1[15],[A 2],
79
+
80
+ « Les figures de style sont des procédés d’écriture employés pour frapper l’esprit du lecteur, en créant un effet particulier. »
81
+
82
+ — définition no 2[16],[A 3],
83
+
84
+ « La figure est une forme typique de relation non linguistique entre des éléments discursifs. »
85
+
86
+ — définition no 3[17].
87
+
88
+ Ce pluralisme des définitions conduit à des typologies différentes et variées. Néanmoins la plupart s'appuient sur trois aspects : l’effet produit et recherché par l’émetteur sur le récepteur en premier lieu (par exemple : la surprise, le rire ou la peur)[L 1] ; le procédé mis en œuvre, participant d’un style esthétique (chaque écrivain utilise en effet un « stock figuratif » donné), et enfin la dimension sémantique (l'idée véhiculée). Bacry insiste sur l'importance du contexte, dépendant lui-même du cadre culturel[A 4].
89
+
90
+ Les typologies fournies par les travaux classiques se caractérisent par leur grande hétérogénéité. Des auteurs modernes explorent d'autres approches[18] et classent les figures selon le « niveau discursif »[Note 3],[L 2] où elles évoluent en distinguant entre, d'une part, les figures microstructurales (isolables sur un élément précis du discours, souvent positionnées au niveau de la phrase) et les figures macrostructurales d'autre part (non-isolables sur un élément précis du discours, qui dépassent les limites de la phrase et dont l'interprétation dépend de la prise en compte du contexte[19],[20],[A 5]).
91
+
92
+ La taille des figures permet en effet de les distinguer : « Dès que les figures se compliquent, elles se dessinent plus nettement, acquièrent des propriétés et deviennent plus rares », d'où leur raffinement singulier[G 2].
93
+
94
+ Certaines figures, dites macrostructurales, sont souvent formées de figures plus mineures : l'ironie, qui est une figure difficile à classer[21],[C 1], par exemple ou encore l'allégorie, l'hypotypose.
95
+
96
+ Les figures microstructurales réalisent des effets localisés et subtils. La distribution des figures de style au sein du discours peut se présenter sous la forme d'un spectre se complexifiant : au niveau du mot se trouvent les tropes). Puis, certaines figures concernent le syntagme en entier, comme l'oxymore. Elles peuvent aussi concerner une proposition entière (exemple : inversions). Enfin, au niveau du texte on peut trouver des figures complexes comme l'ironie ou hypotypose. Des figures très techniques comme les tropes ou le chiasme par exemple peuvent constituer des figures plus complexes, s'étendant sur des phrases entières, comme l'hypotypose, figure caractéristique qui peut concerner une dizaine de figures « mineures »[L 3],[C 2].
97
+
98
+ On peut se représenter les opérations aboutissant à la formation de figures et d’effets de sens en les positionnant sur un double axe qui est constitutif de la langue (décrit par Ferdinand de Saussure puis par Roman Jakobson[22],[23]). L'axe syntagmatique d'abord matérialise les figures in praesentia, les éléments discursifs coprésents dans un discours (exemple : un mot est répété, un mot est mis en comparaison, etc.) Ici deux ou plusieurs objets se désignent dans les strictes limites de la syntaxe et selon des règles de morphologie, de phonétique, de lexicologie et de grammaticalité (de sens). Cet axe décrit des figures que l’on donne comme étant in praesentia (présentes linguistiquement). L’appel fait par ces opérations à l’univers symbolique et extra-linguistique est très faible, l’image est contenue dans la phrase. Bacry résume la propriété de cet axe en partant du point de vue du producteur d'énoncé :
99
+
100
+ « À chaque moment d'une phrase donnée le locuteur (...) opère un choix parmi tous les vocables qui peuvent s'accorder avec la syntaxe de [la] phrase »
101
+
102
+ — Patrick Bacry[A 7]
103
+
104
+ L'axe paradigmatique (figures in absentia) matérialise des éléments ne faisant plus référence au discours mais à tout ce qu’il y a autour : univers énonciatif, contexte, sentiments partagés, symboles. Ici la figure établit des relations fortes entre des éléments présents dans le discours (mot, groupe de mots, phonèmes, morphèmes) et des éléments absents de celui-ci. Le récepteur doit donc se représenter cette référence manquante, qui lui demande de mettre en œuvre son univers mental et des connaissances partagées. Cet axe décrit des figures dites in abstentia, virtuelles, contextuelles. L’image est ici la plus forte possible alors que la contrainte morpho-syntaxique est relâchée. Les tropes représentent les figures opérant exclusivement sur cet axe.
105
+
106
+ Il existe des figures mixtes, opérant sur les deux axes, comme la métaphore ou la métonymie, qui ont un statut à part[A 8].
107
+
108
+ Les transformations des figures de style interviennent enfin sur les quatre signes linguistiques :
109
+
110
+ Sur le graphème d'abord, en effet plusieurs figures modifient les lettres de l'alphabet, comme les méthodes oulipiennes ou le palindrome,
111
+
112
+ Sur le phonème ensuite (accents, sons, syllabes, voyelles et consonnes, groupes vocaliques et consonantiques, pieds versifiés). Les principales figures sont ici d'ordres poétique et rythmique comme l'allitération et l'assonance (jeu sur les sons), l'homéotéleute, la gradation également.
113
+
114
+ Sur le morphème c'est-à-dire sur les mots, groupes de mots, particules et conjonctions, codes typographiques, ponctuation, étymologie, ainsi de l'hypotaxe, l'asyndète ou la figura etymologica.
115
+
116
+ Enfin, sur le sème soit la connotation, la polysémie, le lexique, le vocable, les antonymie, synonymie, ou paronymie, sur les champs sémantiques aussi. C'est le cas des figures les plus connues : métaphore, comparaison, oxymore.
117
+
118
+ Néanmoins il s'agit ici moins d'un critère de définition, puisqu'on exclut de fait l'effet et l'intention, que d'une façon de les repérer ou de révéler à quel niveau du discours les figures de style interviennent. Cette classification est surtout employée en pédagogie, pour l'enseignement didactique des figures de style les plus employées, notamment dans l'exercice du commentaire composé[24],[25].
119
+
120
+ En dehors des modes de classement traditionnels existent des figures de style aux propriétés et à la nature inclassables. Souvent définies comme des « procédés de style » elles forment un ensemble quasi infini et aux limites ténues, combinant plusieurs aspects[A 9],[C 3].
121
+
122
+ Tout d'abord les spécificités d'écriture d'un auteur (son style) peuvent définir des procédés de style considérés souvent comme des figures de style à part entière[F 4]. Par exemple, le langage imagé et truculent de San Antonio est lui-même l'assemblage de nombreuses figures.
123
+
124
+ Par ailleurs, les « contraintes » oulipiennes, du nom de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, qui sont des figures sans effet et sans but, mais qui entrent dans le manifeste esthétique du mouvement (telles l'anagramme ou le lipogramme, entre autres) sont classés comme des figures de style alors qu'elles opèrent de simples manipulations de langue. En soi elles se suffisent en elles-mêmes, par le fait qu'elles permettent d'éprouver la souplesse du langage.
125
+
126
+ La cimaise ayant chaponné
127
+ Tout l'éternueur,
128
+ Se tuba fort dépurative
129
+ Quand la bixacée fut verdie :
130
+ Pas un sexué pétrographique morio
131
+ De mouffette ou de verrat[26].
132
+
133
+ Le recours au dessin, comme dans le cas des calligrammes ou des lettres-images notamment est une autre source de création stylistique, de même que la manipulation de la syntaxe[A 10] : par déconstruction (écriture de Louis Ferdinand Céline par exemple), par écriture automatique (le poème Bouée de Louis Aragon par exemple), ou par hermétisme (comme dans le poème de Stéphane Mallarmé intitulé Hommage), par vers libre ou vers brisés.
134
+
135
+ L'utilisation des jeux de mots permet également une vaste palette d'effets de style. Enfin, les opérations sur le signe graphique[K 3], comme les onomatopées, la modification de la typographie (blanc typographique spécifique au roman poétique), l'usage de la ponctuation non standard ou la suppression de la ponctuation (esthétique de la poésie expérimentale moderne, dite « blanche » notamment ou du Nouveau Roman) constituent des procédés considérés souvent comme des figures de style.
136
+
137
+ La classification des figures de style est complexe et les diverses approches toujours contestables[D 2],[K 4]. Par exemple pour la rhétorique classique, issue des Grecs et des Latins, les figures relèvent des topoï discursifs alors que pour la stylistique, une figure se fonde sur un usage et sur un mécanisme mais aussi sur l'effet produit. Il existe aussi d'autres classifications, plus originales et émanant d'universitaires. Les typologies fournies par les travaux classiques ou par les manuels se caractérisent par leur grande hétérogénéité en effet. Ils s'accordent cependant le plus souvent sur certains regroupements à partir de procédés linguistiques comme l'analogie, la substitution, la reprise phonique etc[A 11].
138
+
139
+ Les principales figures de style sont le plus souvent regroupées en fonction de leurs principes de base :
140
+
141
+ « Les souvenirs sont cors de chasse
142
+ Dont meurt le bruit parmi le vent »
143
+
144
+ — Guillaume Apollinaire, Cors de chasse
145
+
146
+ « La musique souvent me prend comme une mer »
147
+
148
+ — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, LXIX. — La Musique
149
+
150
+ « Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
151
+ Entre les pins palpite, entre les tombes »
152
+
153
+ — Paul Valéry, Charmes, Le Cimetière marin
154
+
155
+ « Je vis les arbres s'éloigner en agitant leurs bras désespérés »
156
+
157
+ — Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Deuxième partie
158
+
159
+ « [...] la grande République
160
+ Montrant du doigt les cieux ! »
161
+
162
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, À l’obéissance passive
163
+
164
+ « Mon beau navire, ô ma mémoire »
165
+
166
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, La Chanson du mal-aimé
167
+
168
+ « Le poète est semblable au prince des nuées
169
+ Qui hante la tempête »
170
+
171
+ — Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
172
+
173
+ « [...] et Ruth se demandait,
174
+ [...]
175
+ Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été
176
+ Avait, en s’en allant, négligemment jeté
177
+ Cette faucille d’or dans le champ des étoiles »
178
+
179
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi
180
+
181
+ « le mélancolique animal »
182
+
183
+ — Jean de La Fontaine, Le Lièvre et les Grenouilles
184
+
185
+ « Automne malade »
186
+
187
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, Automne malade
188
+
189
+ « Qu'au son des guitares nomades
190
+ La gitane mime l'amour »
191
+
192
+ — Louis Aragon, Le Roman inachevé, À chaque gare de poussière...
193
+
194
+ « C'était au temps où Bruxelles chantait »
195
+
196
+ — Jacques Brel, Bruxelles
197
+
198
+ « Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire,
199
+ Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, »
200
+
201
+ — Corneille, Le Cid, acte I, scène 4
202
+
203
+ « Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
204
+ Le père par le fer, la fille par la vue ! »
205
+
206
+ — Corneille, Le Cid, acte III, scène 4
207
+
208
+ « C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
209
+ Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin »
210
+
211
+ — Du Bellay, Les Regrets, Ce n'est que le fleuve…
212
+
213
+ « La Parque t'a tuée, et cendres tu reposes »
214
+
215
+ — Ronsard, Sur la mort de Marie, V - Comme on voit sur la branche au mois de May la rose
216
+
217
+ « Les Filles du limon tiraient du Roi des Astres
218
+ Assistance et protection »
219
+
220
+ — La Fontaine, Le soleil et les grenouilles
221
+
222
+ « Tout ce joli monde se retrouvera là-haut
223
+ Près du bon dieu des flics »
224
+
225
+ — Jacques Prévert, Paroles, Le Temps des noyaux
226
+
227
+ « Comme le champ semé en verdure foisonne,
228
+ De verdure se hausse en tuyau verdissant,
229
+ Du tuyau se hérisse en épi florissant »
230
+
231
+ — Du Bellay, Les Antiquités de Rome, 30
232
+
233
+ « Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle... »
234
+
235
+ — Jean Racine, , Andromaque, acte III, scène 8
236
+
237
+ « Puisque le juste est dans l'abîme,
238
+ Puisqu'on donne le sceptre au crime,
239
+ Puisque tous les droits sont trahis,
240
+ Puisque les plus fiers restent mornes,
241
+ Puisqu'on affiche au coin des bornes
242
+ Le déshonneur de mon pays... »
243
+
244
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, Livre deuxième, V : Puisque le juste est dans l'abîme
245
+
246
+ « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
247
+ Interminablement, à travers le jour gris,
248
+ Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
249
+ Infiniment, la pluie,
250
+ La longue pluie,
251
+ La pluie. »
252
+
253
+ — Émile Verhaeren, Les Villages illusoires, La pluie
254
+
255
+ « adieu veau, vache, cochon… »
256
+
257
+ — La Fontaine, La Laitière et le Pot au lait
258
+
259
+ « Va, cours, vole, et nous venge. »
260
+
261
+ — Corneille, Le Cid, acte I, scène V
262
+
263
+ « Mon cheval sera la joie
264
+ Ton cheval sera l'amour »
265
+
266
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
267
+
268
+ « Semble élargir jusqu'aux étoiles
269
+ Le geste auguste du semeur »
270
+
271
+ — Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles. Le soir
272
+
273
+ « Ô République universelle,
274
+ Tu n'es encor que l'étincelle,
275
+ Demain tu seras le soleil ! »
276
+
277
+ — Victor Hugo, Les Châtiments, Lux
278
+
279
+ « Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois »
280
+
281
+ — La Fontaine, Le Corbeau et le renard
282
+
283
+ « Parler en mangeant, manger en parlant »
284
+
285
+ — Balzac
286
+
287
+ « Tu m'emmènes, je t'enlève... »
288
+
289
+ — Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
290
+
291
+ « Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; »
292
+
293
+ — Louise Labé, Anciens poètes de France
294
+
295
+ « Éphémère immortel »
296
+
297
+ — Paul Valéry, Charmes - Fragments du Narcisse vers 123
298
+
299
+ « Le superflu, chose très nécessaire »
300
+
301
+ — Voltaire, Le Mondain
302
+
303
+ « Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
304
+ Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
305
+ Gémissant [...] »
306
+
307
+ — La Fontaine, La Mort et le bûcheron
308
+
309
+ répétition expressive des /r/ :
310
+
311
+ « Tandis que les crachats rouges de la mitraille
312
+ Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
313
+ Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
314
+ Croulent les bataillons en masse dans le feu ; »
315
+
316
+ — Arthur Rimbaud, Poésies, Le Mal
317
+
318
+ répétition expressive des /v/ :
319
+
320
+ « Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville, distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant, cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait vœu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux. [Il rit] En vérité, ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux alors laisse-moi simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V. »
321
+
322
+ — Lana et Lilly Wachowski, V pour Vendetta
323
+
324
+ « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant »
325
+
326
+ — Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Melancholia — VI : Mon rêve familier
327
+
328
+ « Il s’imobilise au songe froid de méprisQue vêt parmi l’exil inutile le Cygne »
329
+
330
+ — Stéphane Mallarmé, Poésies, Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
331
+
332
+ « cette tour était la flèche la plus hardie,
333
+ la plus ouvrée,
334
+ la plus menuisée,
335
+ la plus déchiquetée,
336
+ qui ait jamais laissé voir le ciel
337
+ à travers son cône dentelle »
338
+
339
+ — Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
340
+
341
+ « Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur,
342
+ Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. »
343
+
344
+ — Corneille, Le Cid, acte II scène 2
345
+
346
+ « Comme la vie est lente
347
+ Et comme l'Espérance est violente »
348
+
349
+ — Guillaume Apollinaire, Alcools, Le Pont Mirabeau
350
+
351
+ « Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. »
352
+
353
+ — Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, incipit
354
+
355
+ « Exilé sur le sol au milieu des huées
356
+ Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
357
+
358
+ — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
359
+
360
+ « Écoutez. Je suis Jean. J'ai vu des choses sombres »
361
+
362
+ — Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, IV : « Écoutez. Je suis Jean. J’ai vu des choses sombres »
363
+
364
+ Hugo fait parler saint Jean, bouche d'ombre de l'Apocalypse
365
+
366
+ « Je n'essaierai donc pas de vous décrire quel sombre enthousiasme se manifesta dans l'armée insurgée après l'allocution de Biassou. Ce fut un concert distordant de cris, de plaintes, de hurlements. Les uns se frappaient la poitrine, les autres heurtaient leurs massues et leurs sabres… »
367
+
368
+ — Victor Hugo, Bug-Jargal, ch. XXIX
369
+
370
+ « Fit-il pas mieux que de se plaindre ? »
371
+
372
+ — La Fontaine, Le Renard et les Raisins
373
+
374
+ Historiquement, les figures de style sont des tropes, idée que L'Encyclopédie de Diderot évoque[27]. Les tropes[Étymologie 3],[K 5] rassemblent cependant un échantillon assez restreint de figures, telles la métaphore et la métonymie[A 12]. Il s'agit surtout de figures reposant sur l'analogie et constitutives du langage imagé.
375
+
376
+ La distinction entre les tropes et les non-tropes (figures où aucun « changement de sens » ne semble apparaître) persiste dans la didactique française jusqu'à Pierre Fontanier[F 5]. Il distingue en effet les tropes des non-tropes qui sont définis de manière négative et les nomme les « autres que tropes » et introduit par-là un déclin de la rhétorique[28]. La classe de ces non-tropes regroupe la majeure partie des figures existantes et connues habituellement.
377
+
378
+ Fontanier les classe selon la transformation qu'ils mettent en œuvre. Patrick Bacry reprend cette distinction qui sous-divise les figures de style en[A 13] : figures de construction[Note 4], figures de la ressemblance[Note 5], figures du voisinage[Note 6], figures de l'ordre des mots[Note 7], figures du lexique[Note 8], figures du contenu sémantique[Note 9] et figures de l'organisation du discours[Note 10]. Comme Bernard Dupriez ou Michel Pougeoise, il propose de les classer au moyen d'une grille multi-critères combinant : la nature de la figure (ce qui la fait) ; la condition de son apparition (son repérage dans le discours) et l'effet qu'elle produit[A 11].
379
+
380
+ La linguistique moderne utilisant l’analyse combinatoire du langage aboutit ainsi à un système cohérent qui permet une classification plus exhaustive des figures de style[29]. Cette classification comporte deux axes : un axe de transformation lui-même sous-divisé en « identique » et « non-identique », composé des différentes opérations possibles sur la phrase et les mots concernés par la figure ; un axe dit de niveau qui correspond au sujet grammatical («graphique », « phonique » ou « morpho-syntaxique ») ou sémantique, sur lequel porte l’opération de transformation. Les opérations aboutissant à des figures de style jouant sur les trois premiers niveaux redéfinissent la « forme » des mots et des objets grammaticaux : graphèmes (la graphie des mots, les lettres), phonèmes (les sons) et morpho-syntaxe (constitution des mots et leurs combinaisons) ; les opérations portant sur la sémantique (le sens) jouent elles sur le contenu et regroupent plus largement les tropes qui rassemblent les figures qui transforment le sens propre d’un mot en un sens figuré.
381
+
382
+ Il existe aussi des classements plus originaux, souvent le fait d'un auteur. Richard Arcand par exemple, dans Les Figures de style. Allégorie, ellipse, hyperbole, métaphore… se distingue par sa prise de position originale dans le milieu littéraire. Il classe en effet les figures selon une double entrée : « des procédés aux figures » (classement qui part du mécanisme linguistique en œuvre et aboutit aux figures correspondantes) et des « effets aux figures »[30]. Il identifie ainsi systématiquement les effets de réception visés par les figures ; sa table d'orientation en guise d'annexe apporte une visibilité pédagogique remarquable à un discours qui devenait trop technique.
383
+
384
+ Pour Marc Bonhomme, il existe un « degré d'ambiguïté » inhérent à toute figure de style[31]. Auteur des Figures clés du discours, il considère que la portée stylistique de la figure ne peut se comprendre sans référence à l'acte d'énonciation discursif.
385
+
386
+ Dans son ouvrage La répétition : étude linguistique et rhétorique, M. Frédéric ne recense pas moins de 44 procédés de répétition. Constituant quantitativement le groupe le plus important au sein des figures de style, elles peuvent être regroupées en familles : répétitions phoniques ou phonétiques (allitération, assonance, homéotéleute), répétitions syntaxiques (anaphore, épiphore, anadiplose, antépiphore, chiasme, symploque), répétitions lexicales (antanaclase, polyptote, polysyndète)[32].
387
+
388
+ De façon générale, le discours est un ensemble de mots qui peut être étudié sous divers points de vue. Il se compose d’un ensemble de niveaux linguistiques décomposables dans l’absolu, entretenant des relations morpho-syntaxiques (les règles de grammaire) et sémantiques (contexte linguistique) : le mot, le groupe de mots (syntagme), la phrase (ou proposition), le texte. Si ce découpage fait débat, il reste le plus admis. Les figures peuvent être définies, dans leurs mécanismes et leurs effets, selon le ou les niveau(x) où elles évoluent. Ainsi, les figures du signifiant opèrent sur le mot, le phonème ou le morphème, au niveau minimal donc, c'est le cas de la paronomase, de l’épenthèse, l’aphérèse, la syncope.
389
+
390
+ Les figures syntaxiques opèrent sur les groupes de mots et syntagmes, au niveau dit « phrastique » (de la phrase) ; c’est le cas de l’épanorthose, du parallélisme, de l’ellipse. Les figures sémantiques opèrent sur le sens intra-linguistique (présent dans le texte), dans des relations d’images ; c’est le cas de l’oxymore, de l’hypallage et de la métonymie. Les figures référentielles agissent elles sur le contexte extra-linguistique (hors le texte), dans des relations d’images également, souvent par décalage ; cas de l’ironie, de la litote. Ces quatre niveaux permettent, par croisement d’avec les deux axes précédents déterminant la nature des figures (présentes/absentes), d’obtenir un effet particulier, par un mécanisme particulier, signifiant un sens particulier : une figure de style.
391
+
392
+ La classification des figures de style peut aussi se faire selon le critère des effets qu'elles produisent chez l'interlocuteur. Il existe ainsi quatre classes[A 14] : l’attention (par un écart à la norme, la figure frappe l'interlocuteur, c'est le cas de l'inversion (linguistique) par exemple), l'imitation (imitation d'un contenu d'un texte par la forme qui lui est donné (c'est la notion d'harmonie imitative), par exemple dans l'allitération), la connotation[Étymologie 4] enrichit le sens par polysémie, comme dans le cas des tropes.
393
+
394
+ Par ailleurs, la majeure partie des figures existantes induit ce type d'effet et enfin les catachrèses : certaines figures ne recherchent aucun effet, car l'écart à la norme sur lequel elles reposent est tout simplement accepté par l'usage. C'est le cas de certaines métonymies reconnues, et de métaphores devenues clichés comme l'expression devenue incontournable « Les ailes de l'avion » reposant à l'origine sur une métaphore. Les catachrèses enrichissent ainsi la langue, à partir d'un emploi qui était alors figure de style mais devenu normatif[L 4],[A 15].
395
+
396
+ Platon est le premier à évoquer les figures de style à travers ses dialogues, notamment le Gorgias et le Phèdre. Il s’intéresse à ce qui permet dans le discours de clarifier sa pensée (le λόγος, logos) afin d’exprimer au mieux l’idée à communiquer dans une approche herméneutique ou maïeutique[J 1].
397
+
398
+ Platon distingue deux arts rhétoriques, l’un sérieux, l’autre sophistique ; la différence entre les deux réside dans le bon emploi des figures logiques et dans l’effet recherché chez le récepteur (convaincre dans la véritable rhétorique, séduire dans le sophisme). Platon définit par là le cadre des figures de style de construction (celles dites argumentatives) ; de plus son recours constant à des images et analogies comme l’allégorie de la caverne, les exemplifications également, en font esthétiquement parlant un modèle d’utilisation stylistique, au-delà d’un simple recours argumentatif de la rhétorikè teknikè (la technique rhétorique grecque).
399
+
400
+ C'est Aristophane de Byzance qui établit le premier un répertoire lexicographique contenant de nombreuses figures. Les grands orateurs mirent en œuvre la force suggestive et argumentative des figures, tels Démosthène, Lysias ou Isocrate.
401
+
402
+ Aristote est quant à lui le premier, dans sa Rhétorique, à étudier l’effet des figures de style sur les récepteurs[J 2], à travers les trois genres de persuasion sociale au moyen du langage, construit vers un effet soit logique, soit affectif. Son autre œuvre de renom, la Poétique qui a trait au genre théâtral et à la notion d’imitation (mimèsis en grec) continue la réflexion sur les effets illocutoires[Note 11]. Il définit par-là les conditions d’un « langage relevé d’assaisonnements » agissant soit sur le rythme, soit sur la mélodie ou le chant. Aristote perçoit par-là les figures de style majeures, celles que l’évidence relève car jouant sur la modulation des mots (rythme, mélodie et chant). Aristote va donc permettre à ses épigones — médiévaux notamment — de classer les figures de style au moyen de leurs effets recherchés.
403
+
404
+ Les orateurs romains définissent une nouvelle rhétorique afin de satisfaire aux conditions prescrites lors des prises de paroles publiques par le protocole latin[J 3]. Reprenant Aristote, les romains vont rendre davantage pratique la rhétorique.
405
+
406
+ Cicéron, notamment dans son ouvrage fondateur De l’invention, divise un discours efficace en trois parties : narratio, confirmatio et peroratio. Chacune s’explique par la mise en œuvre de figures particulières liées à l’utilisation des arguments et des preuves. Deux niveaux d’effets sont envisagés : le pathos, πάθος en grec ancien, (jouer sur les sentiments de l’auditeur) et l’Ethos ἔθος (l’orateur se présente sous une certaine apparence). De là découle une gamme de capacités détenues par l’orateur pour animer son discours, parmi lesquelles : l’elocutio qui correspond au choix des mots et à la mobilisation des figures de style. Pour Cicéron, donc, celles-ci deviennent un instrument conscient utilisé par l’émetteur, dans le but de provoquer un effet chez le récepteur. D’autres ouvrages de l’orateur romain poursuivent la réflexion autour des catégories du discours : Brutus ou Dialogue des orateurs illustres, Des Orateurs parfaits et surtout Les Topiques[33] qui s’attachent aux arguments et à leur mise en forme ; de là découleront les figures dites « topiques », proches des images et des « topoi » (clichés, lieux communs…).
407
+
408
+ Dans la Rhétorique à Herennius, premier manuel de l'art de parler, l'auteur, anonyme, codifie la rhétorique et propose une méthode de constitution du discours, au moyen, notamment, de figures de rhétorique[34],[35].
409
+
410
+ « Tous les styles de discours, le style élevé, le moyen, le simple sont embellis par les figures de rhétorique dont nous parlerons plus loin. Disposées avec parcimonie, elles rehaussent le discours comme le feraient des couleurs. Placées en trop grand nombre, elles le surchargent[36] »
411
+
412
+ Il définit deux types de figures de style : les figures de mots et les figures de pensées que les romains nomment tropes (définition assez large évoquant le fait de « tourner » le mot d’une certaine façon, d’y imposer une image et une déformation donc). Il distingue une série de figures, qu’il nomme précisément, qui vont du portrait à la litote[37]. Certaines figures acquièrent le nom qu’elles garderont dans nos classifications modernes (hyperbole, personnification, comparaison…).
413
+
414
+ Quintilien dans son Institutions oratoires nourrit les réflexions médiévales et de la Renaissance. Il distingue les figurae sententiarum et les figurae verborum, soit : les « figures de pensée » et les « figures de mots », donnant au mot figure une assise rhétorique qui est la sienne aujourd'hui[I 3]. Sa figure dite de l’« Hexamètre mnémotechnique de Quintilien » permet de cadrer l’utilisation d’effets et la pertinence d’arguments. Il définit deux types de figures : dans une acceptation large d'abord, la figure est une forme particulière du discours, ce qui correspond à l’étymologie même de la figura et du trope. Deuxièmement, dans une acceptation étroite ou stricte elle permet à l’auteur de faire évoluer la poétique des figures de style. En effet pour Quintilien, une figure induit un écart par rapport à une norme du discours, une transformation non conventionnelle. Il jette par-là les bases du style et propose que la figure de style soit un point de vue réfléchi et esthétique adopté par l’émetteur, une valeur ajoutée de sens en d’autres mots[17]. Ces écarts linguistiques qu’il nomme les « barbarismes » sont générateurs d’effets :
415
+
416
+ « Quelques-uns ne considèrent pas comme solécismes ces trois vices de langage, et ils appellent l'addition, pléonasme ; le retranchement, ellipse ; l'inversion, anastrophe ; prétendant que, si ces figures sont des solécismes, on peut en dire autant de l'hyperbate[38] »
417
+
418
+ Il définit des niveaux de transformations conduisant à un surcroît de sens. Plus généralement, Quintilien passe en revue l’ensemble des figures connues à l’époque, héritées des grecs[J 4],[39]. Quintilien distingue le langage pur — les « mots propres », selon ses termes, — et les « mots métaphoriques », qui en sont une transformation :
419
+
420
+ « Les mots propres sont ceux qui conservent leur signification primitive ; les métaphoriques sont ceux qui reçoivent du lieu où ils sont placés un sens autre que celui qu'ils ont naturellement. Quant aux mots usités, ce sont ceux dont l'emploi est le plus sûr. Ce n'est pas sans quelque danger qu'on en crée de nouveaux ; car s'ils sont accueillis, ils ajoutent peu de mérite au discours ; et s'ils ne le sont pas, ils nous donnent même du ridicule[40] »
421
+
422
+ L’historien latin Tacite, dans son Dialogue des orateurs, forme des figures de style liées à la description afin d’animer ses portraits d’empereurs romains (il crée l’hypotypose notamment)[J 5]. Il crée en quelque sorte le genre narratif usant d’images et annonciateur des romans.
423
+
424
+ Le Traité du Sublime, attribué au Pseudo-Longin est l’acte de naissance de la notion de style littéraire, perçu comme gratuit et esthétique mais nécessaire pour provoquer l’émotion. Longin aura une puissante influence sur le Classicisme, sur Nicolas Boileau notamment, qui le traduit en français et commente son apport dans Réflexions critiques sur Longin (1694-1710)[J 6]. Ce dernier définit le sublime comme l’essence de l’art littéraire et poétique, qui doit être élevé afin de se démarquer du langage oral vulgaire et populaire : « le sublime ravit, transporte, produit une certaine admiration mêlée d'étonnement et de surprise... Quand le sublime vient à éclater, il renverse tout comme la foudre »[41]. Longtemps le style vrai et conventionnel sera assimilé au « sublime » (Racine, Malherbe…) et les images participent de manière importante dans la constitution d’un beau style afin d’évoquer les idées nobles (notamment religieuses).
425
+
426
+ La Renaissance est une période riche en traités rhétoriques. Peu à peu, les tropes et figures vont être l'objet d'une science naissante : la grammaire[42]. Les auteurs de la Pléiade usent de nouvelles figures de style comme la personnification ou l'anaphore comme dans ces strophes du poème tiré des Antiquités de Rome de Joachim Du Bellay :
427
+
428
+ Rome de Rome est le seul monument,
429
+ Et Rome Rome a vaincu seulement.
430
+ Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
431
+
432
+ Reste de Rome. O mondaine inconstance !
433
+ Ce qui est ferme, est par le temps destruit,
434
+ Et ce qui fuit, au temps fait résistance
435
+
436
+ Les figures de sonorités purement poétiques comme l'assonance ou l'allitération, sont également très employées, suivant le principe d’enrichissement de la langue française, exalté par Joachim Du Bellay dans son traité Défense et illustration de la langue française (1549). À la même époque, en 1539, l’édit de Villers-Cotterêts impose l’utilisation de la langue française, langue nationale, pour tous les actes administratifs.
437
+
438
+ La Pléiade préconise la formation d'une langue nationale, le français, dotée d'une souplesse et d'une richesse comparables à celles de la langue latine[43].
439
+
440
+ Dès lors, les poètes autour de Du Bellay et de Pierre Ronsard ne cesseront d'enrichir la langue, parfois à l'excès, de néologismes et de nouvelles images, en rupture avec les clichés de l'époque. Bien plus, La Pléiade se fonde sur la notion d’inspiration, suivant les mots d'Horace, et prône l'« innutrition », expression de leur invention qui désigne le fait d'assimiler les mots et les images des Anciens et de les adapter à la langue du poète ; une imitation créatrice en définitive. Néanmoins, c'est bien le renouveau que cherchent les poètes, suivant la consigne de l'auteur de la Défense :
441
+
442
+ Je choisirai cent mille nouveautés
443
+ Dont je peindrai vos plus grandes beautés
444
+ Sur la plus belle idée.
445
+
446
+ — Du Bellay, L’Olive (1553)
447
+
448
+ Par ailleurs Du Bellay, après en avoir fait la défense, veut « illustrer » la langue française. Celle-ci ne peut se produire que par l’ornementation, que Pierre de Ronsard définit ainsi :
449
+
450
+ « Les ornant et enrichissant de Figures, Schèmes, Tropes, Métaphores, Phrases et périphrases eslongnées presque du tout, ou pour le moins séparées, de la prose triviale et vulgaire (car le style prosaïque est ennemy capital de l’éloquence poëtique), et les illustrant de comparaisons bien adaptées de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de passements, broderies, tapisseries et entrelacements de fleurs poëtiques, tant pour représenter la chose que pour l’ornement et splendeur des vers »
451
+
452
+ — Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, II. 60-64
453
+
454
+ Il pointe là directement l'importance des figures de style dans le renouvellement de la langue et dans la force de l'expression, dans sa clarté aussi. Elles sont pour les auteurs de la Pléiade une source d'abondance, de copia. Du Bellay et Pierre de Ronsard aiment à les comparer à un fleurissement ou à des « épiceries » : pour eux, les tropes relèvent la langue comme si le texte était un plat à déguster.
455
+
456
+ Pierre de La Ramée (dit Ramus) et ses disciples, Omer Talon et Antoine Fouquelin, fondent dès 1545 le groupe des grammairiens du Collège de Presles qui, jusqu'en 1562, publie des ouvrages d'étude rhétorique intitulés les Ciceronianus où ils proposent, entre autres, une typologie des tropes et des procédés d'éloquence[44].
457
+
458
+ Antoine Fouquelin, notamment dans sa Rhétorique française[45] (1555) est l'un des premiers en France à se tourner non plus vers la valeur des figures mais vers la nature des mécanismes figuraux ; on peut dire qu'avec Fouquelin, la rhétorique se veut scientifique et classificatrice[46]. Il distingue les « figures de sentence », de la « réticence » et de la « correction ». On a déjà avec Fouquelin, une tentation scientifique de nommer et classer les figures et tropes par leur mécanisme linguistique.
459
+
460
+ Pour Chaïm Perelman, Ramus « enlève à la rhétorique d'Aristote ses deux parties essentielles, l'invention et la disposition, pour ne lui laisser que l'élocution »[47]. Ramus permet donc « une rhétorique des figures »[J 7].
461
+
462
+ La stricte codification des règles dramatiques et poétiques surtout, sous l’impulsion de théoriciens tels Nicolas Boileau ou François de Malherbe conduisent à une première classification des figures de style, dont le critère principal est qu’elles ne doivent pas obscurcir les idées de l’auteur mais au contraire exprimer avec davantage de clarté le message. Le registre doit toujours rester du domaine du sublime, fidèle aux prescriptions de Longin.
463
+
464
+ Le père Bernard Lamy évoque, lui, lors du débat sur l'ordre naturel des mots et son rapport à la logique formelle, dans son ouvrage La Rhétorique ou l'art de parler[48], que les figures de style sont le langage particulier des passions. Finalement, la force de l'impression qu'elles exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase. C'est le cas pour Lamy de l'antithèse, de l'hyperbate, de la suspension, au détriment de l'exposition claire des idées. Plus tard Fénelon, suivant Lamy, annonce que la sécheresse de la prose française est due au fait que l'on respecte par trop l'ordre naturel des idées dans la proposition, et que l'on ostracise la figure de l'inversion, pourtant source de variété et d'éloquence ; le style provenant donc pour lui du non-respect de la linéarité du discours[J 8].
465
+
466
+ Parallèlement se développent les figures de style de pensée, avec Molière notamment, et plus largement celle de l’ironie. Le courant marginal de la Préciosité inonde la littérature de nouvelles figures tendant au jeu de mot gratuit et inutile, dont quelques-unes cependant demeureront dans la culture (hyperbole, euphémisme etc.). L'Astrée d'Honoré d'Urfé et Clélie, histoire romaine de Madeleine de Scudéry en sont les expressions du genre.
467
+
468
+ L’antonomase est couramment employée par les moralistes comme Jean de La Bruyère, de même que les figures de l’animation et du portrait (ethopée, prosopopée principalement).
469
+
470
+ Jean de La Fontaine excelle quant à lui à employer les figures de construction qui apportent de la souplesse à ses Fables (accumulation, gradation) et celles de pensée apportant de l’analogie et de l’image (apologue, gnomisme).
471
+
472
+ Le développement du genre argumentatif, avec les genres du sermon et du pamphlet, conduit les auteurs à mettre au jour une gamme variée de figures opérant sur le niveau syntaxique (hypallage, prétérition). Le développement social du roman apporte finalement nombre de figures de contraste (oxymore, antithèse) et d’analogie, avec notamment Marguerite de Navarre et son Heptaméron, Charles Sorel et son Francion, Madame de La Fayette, enfin, avec La Princesse de Clèves, premier roman du genre.
473
+
474
+ À la période médiévale, succèdent de nombreux traités et manuels de rhétorique qui tentent de proposer une classification des ornements du discours. Bernard Lamy le premier dans La Rhétorique ou l’Art de parler (1675) expose que la force de l'impression que les figures exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase.
475
+
476
+ César Chesneau Dumarsais (Traité des Tropes, 1730) détaille l’usage des tropes dans le discours, en appuyant des exemples. L'Écossais Hugh Blair (Rhétorique, 1783), Gabriel-Henri Gaillard(La Rhétorique des Demoiselles, 1807), Pierre Fontanier avec son Manuel classique pour l’étude des Tropes (1827), François De Caussade (Rhétorique et Genres littéraires, 1881) et Paul Prat (Éléments de Rhétorique et de Littérature, 1889) enfin publient des traités de rhétorique qui préparent les analyses modernes[49]. Deux auteurs en France sont particulièrement significatifs : Dumarsais et Fontanier.
477
+
478
+ César Chesneau Dumarsais dans son Traité des tropes (1730)[50], son œuvre principale, expose d’abord ce qui constitue le style figuré, et montre combien ce style est ordinaire, et dans les écrits et dans la conversation ; il détaille l’usage des tropes[J 9] dans le discours, en appuyant ses observations d’exemples[H 3]. Il appelle trope une espèce particulière de figure qui modifie la signification[J 3]. La figure est ainsi, au sens propre et conformément à son étymologie, la forme extérieure d'un corps. Il définit le « trope » (notion non encore différenciée de celle de figure de style) comme :
479
+
480
+ « des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot[51]. »
481
+
482
+ Néanmoins, Dumarsais demeure sur l’aspect sémantique et n’entrevoit jamais, ou rarement, le mécanisme linguistique à l’œuvre dans la figure de style, et de ce fait il omet nombre de celles-ci. Son apport réside dans le fait qu'il ait montré l'universalité des figures ; n'importe quel type de production, écrite ou orale, a en effet recours à des figures de langage« Il n'y a rien de si naturel, de si ordinaire et de si commun que les figures dans le langage des hommes »[I 4]. Il popularise également l'idée que les pensées sont produites et façonnées par le langage[J 10].
483
+
484
+ Pierre Fontanier, éditeur du célèbre Commentaire des tropes de Du Marsais, est le premier théoricien des figures de style, au travers de deux ouvrages de référence[I 5]. En 1821, il publie le Manuel classique pour l’étude des tropes, qui est adopté comme manuel dans l’enseignement public (pour la classe de rhétorique). Puis en 1827, dans Les Figures du discours, il s’attache le premier à en proposer une classification scientifique et y distingue sept classes[52].
485
+
486
+ Il réduit les tropes à trois figures exemplaires : la métonymie, la synecdoque et la métaphore ; mais son intérêt réside surtout dans le fait qu’il a su proposer des définitions précises pour les figures recensées (il regroupe ainsi 82 figures). Son système de classification est le premier à être systématique et fondé sur des opérations logiques comme la cause, la conséquence, le contenant, la possession[53] mais aussi sur le sentiment, sur l'effet que la figure fait naître chez le récepteur[H 4]. Fontanier a ainsi pu décrire une véritable théorie des tropes — sans être pour autant exhaustif dans leur énumération — qui a beaucoup contribué aux classifications modernes, notamment des structuralistes comme Gérard Genette[54],[J 11].
487
+
488
+ À côté des auteurs et poètes qui se saisissent naturellement de la potentialité du langage à découvrir de nouvelles tournures de pensée ou de transformation linguistique, le XXe siècle voit apparaître différents courants spécialisés qui, à la confluence des nouvelles théories sociologiques, psychanalytiques et linguistiques vont réinterpréter le mécanisme de formation des figures, hors vision esthétique. De manière générale, tout au long du XXe siècle, « la rhétorique a été réduite à ce qu'elle a de plus linguistique, c'est-à-dire la théorie des figures », au mépris du discours en lui-même et de sa dimension relationnelle et sociale[55].
489
+
490
+ Le surréalisme est le mouvement poétique moderne fondateur d’une réinterprétation des figures de style. Basé sur l’axiome selon lequel la langue est à réinventer, les surréalistes vont employer systématiquement les analogies et tropes, coupés de toute référence sémantique conventionnelle. Les jeux sur les sonorités ou les graphies vont leur permettre de constituer de nouveaux genres de textes qui seront repris par le second mouvement novateur en la matière : l’Oulipo.
491
+
492
+ Laboratoire d’expérimentation linguistique, les auteurs de l’Oulipo vont créer de toutes pièces une nouvelle gamme de figures sur la base du concept de la contrainte comme la méthode S plus n (à partir de la « méthode S + 7 » mise au point par Jean Lescure dès 1961), la littérature combinatoire — qui permit à Raymond Queneau d’écrire Cent Mille Milliards de Poèmes, — mais aussi des poèmes booléens basés sur la théorie des ensembles. Les auteurs oulipiens forment ainsi une classe nouvelle de figures graphiques (lipogramme, anagramme) ou morpho-syntaxique (palindrome), revisitant des techniques anciennes souvent ignorées par la littérature conventionnelle, aboutissant à générer de nouveaux types de textes voire de nouveaux genres[56].
493
+
494
+ Georges Perec a écrit Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? qui propose de multiples usages de figures de style[57]. L'ouvrage collectif La Littérature potentielle propose également une liste de nouvelles figures et de contraintes oulipiennes qui dévoilent la plasticité des figures de style.
495
+
496
+ Le XXe siècle consacre la redécouverte des figures de style, ainsi que de la rhétorique. Pour Bernard Dupriez, cette redécouverte se fait en deux étapes. « En France, le premier pas vers un renouveau dans l'étude des figures de style remonte à 1959. M. Gérald Antoine[58], qui était alors professeur à la Sorbonne, proposa d'étudier les grands écrivains au point de vue de leurs procédés »[59].
497
+
498
+ Le second pas est la publication du Dictionnaire de poétique et de rhétorique d'Henri Morier, proposition de classement parmi les plus complètes[H 5]. Henri Morier, professeur d’histoire de la langue française à l'université de Genève, fondateur du Centre de Poétique, réalise en effet avec son dictionnaire un ouvrage majeur depuis Pierre Fontanier. Son ambition est de réinventer la rhétorique, dans une dimension davantage technique, éclairée par les découvertes et les avancées linguistiques modernes. Il exhume notamment des figures disparues et tente de définir chaque procédé[D 7].
499
+
500
+ Le linguiste Roman Jakobson, créateur des fonctions du langage et du schéma communicationnel, considère que les figures de style usent de la fonction poétique et référentielle de la langue. Il distingue également deux pôles : le « pôle métaphorique » et le « pôle métonymique », dominant toute la structure du langage et permettant respectivement d’opérer des sélections et des combinaisons. Cette double notion lui a permis d’aboutir aux axes du syntagme et du paradigme[K 4].
501
+
502
+ De la même manière, le philosophe Paul Ricœur dans La Métaphore vive (1975) analyse le processus de création cognitive aboutissant à la métaphore, qui représente le prototype de toutes les autres figures, la transformation originelle en somme. Ricœur est à l’origine d’une nouvelle conception, plus universelle, de la métaphore, davantage transdisciplinaire. Selon lui la métaphore témoigne d'un processus cognitif n’aboutissant pas qu’à un simple phénomène linguistique de transport de sens, mais lié notamment à l’imagination ou à la mémoire.
503
+
504
+ Le Groupe µ a fourni, dans les années 1970, une typologie raisonnée de toutes les figures rhétoriques, rassemblée dans l’ouvrage Rhétorique générale[60]. Le groupe de « l’école de Liège » est en effet composé des linguistes Jacques Dubois, Francis Édeline, Jean-Marie Klinkenberg, Philippe Minguet, F. Pire, Hadelin Trinon et vise une approche transdisciplinaire ; ils sont ainsi les premiers à théoriser les figures de style comme des procédés traduisibles dans tous les Arts, avec la notion de « sémiotique visuelle ».
505
+
506
+ Pour ces auteurs, les figures de style sont des « métaboles », notions génériques permettant de regrouper sous une même nature toutes les figures existantes ; le terme désignant « toute espèce de changement soit dans les mots, soit dans les phrases ». Leur typologie est fondée sur la base de quatre opérations fondamentales : suppression, adjonction, suppression-adjonction, permutation. Ils ont forgé de nouveaux concepts pour regrouper les figures, déterminant les quatre types d’opérations linguistiques possibles : le métaplasme (modification phonétique ou morphologique d’un mot qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation), le métataxe (modification syntaxique d’un énoncé qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation) et le métalogisme (modification sémantique d’un énoncé qui altère sa cohérence interne ou sa valeur référentielle par addition, suppression, ou substitution).
507
+
508
+ Le structuralisme, avec Roland Barthes, conduit à formaliser une poétique (réflexion construite sur la création littéraire) centrée sur le contexte. Des figures de style créées par néologisme apparaissent, perçues comme des articulations du discours mettant en œuvre, dans un cadre énonciatif, la subjectivité de l’auteur. Gérard Genette travaille dans ses Figures (3 volumes) à étudier l’assemblage de procédés stylistiques en grands ensembles textuels aboutissant à isoler des grandes tendances de genres[61].
509
+
510
+ L’apport de Barthes réside principalement dans une classification retenant comme critère unique une double transformation. Il distingue deux grandes familles de figures : les métaboles (substitution d’un signifiant à un autre comme les jeux de mots, métaphores et métonymies) et les parataxes (modifications des rapports existant entre les signes comme les anaphores, ellipses et anacoluthes). Barthes réalise une définition linguistique de la figure de style : « La figure de rhétorique étant définie comme une opération qui, partant d’une proposition simple, modifie certains éléments de cette proposition »[62].
511
+
512
+ Cette vision de la figure de style est donc largement mécaniste et structuraliste, la transformation se faisant selon deux dimensions : la nature de la relation (jouant sur le contenu, le signifié) et la nature de l’opération (jouant sur la forme, sur le signifiant). De là, Barthes décrit deux plans nécessaires à l’effet de style : les opérations rhétoriques englobant les figures de diction et les figures de construction provenant de l’ancienne rhétorique, mais mettant en œuvre quatre transformations fondamentales qui sont : l’adjonction, la suppression, la substitution et l’échange et les relations : d’identité, de différence, de similarité et d’opposition. Ce plan se fonde, au niveau le plus élémentaire, sur la notion de sème et sera repris par Algirdas Julien Greimas (Sémantique structurale, 1966) ou Jean Cohen (Structure du langage poétique, 1966)[K 6].
513
+
514
+ La portée de l’apport de Barthes et des structuralistes en général réside dans leur volonté de réduire les faits de langue à des mécanismes primordiaux, en lien avec les théories sexuelles de Sigmund Freud. La nature des relations notamment (identité/différence) s’entend par exemple pour Barthes au niveau du complexe d’Œdipe et explique l’effet sur le récepteur. Néanmoins on peut reprocher en ce sens le relativisme de Barthes, le psychologisme de sa vision d’un phénomène qui appartient finalement au domaine esthétique et à l’acte créatif. On remarquera que Jacques Lacan s'inscrit également dans une perspective structuraliste, notamment par le fait qu'il reprend le concept de signifiant à la linguistique structurale de Ferdinand de Saussure.
515
+
516
+ Les recherches modernes sont marquées par une grande diversité des approches, et par un souci de classification opératoire des figures. Catherine Fromilhague les nomme les « néo-rhétoriques »[I 6].
517
+
518
+ Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (1958), dans leur Traité d'argumentation rappellent la valeur argumentative de la figure, conformément à la théorie d'Aristote ; la figure devient une composante fondamentale (et non plus un « ornement » facultatif) de l'acte d'énonciation, intégrant même une portée transphrastique (au-delà de la phrase). Ils posent par ailleurs que toute figure de rhétorique est un condensé d'argument : par exemple, la métaphore condense l'analogie.
519
+
520
+ Le groupe d'étude roumain, constitué de P. Servien et S. Marcus, la Bulgare Julia Kristeva également, interrogent la notion d'écart, préparant les travaux du groupe µ[K 7]. Gui Bonsiepe (Visual/verbal Rhetoric, 1965) propose lui une division des figures en « syntactiques » et « sémantiques »[63].
521
+
522
+ Olivier Reboul s'essaye lui à une Introduction à la rhétorique (1991), ouvrage universitaire majeur. Il y cherche, après avoir exposé plusieurs siècles de rhétorique et de codification du discours, à réconcilier l'argumentation héritée d'Aristote — qui cherche à persuader, — et celle des figures de style, qui forme le style[64]. Reboul propose de revoir la définition des figures de rhétorique seules (ce qui n'inclut pas toutes les figures). Il définit celles-ci comme « Un procédé de style permettant de s'exprimer d'une façon à la fois libre et codifiée » ; rejetant la notion d'écart comme constitutive de la figure[K 7], il précise « libre » car le locuteur n'est pas tenu d'y recourir pour communiquer et « codifiée » car chaque figure constitue une « structure connue, repérable, transmissible », et toujours liée au pathos.
523
+
524
+ Georges Molinié, dans son Dictionnaire de rhétorique (1992), élabore une méthodologie semblable à celle d'Henri Morier. Il est à l'origine de la distinction des figures entre celles étant microstructurales (comme dans « Ce matin, dans le métro, un mammouth était assis à côté de moi ») et celles étant macrostructurales (« Cette fille est vraiment très belle » par exemple)[K 8].
525
+
526
+ Michel Meyer dans Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours (1999) porte une réflexion philosophique et historique sur les figures de style, dans le cadre de l’argumentation, fondement de la rhétorique.
527
+
528
+ Pour la neurophysiologie, après les recherches de Paul Broca (aire de Broca) et celles de Carl Wernicke (aire de Wernicke) sur les aphasies, l’usage des tropes révèle l’intensité du trouble langagier. Broca identifie une série de symptômes purement langagiers traduits en figures de style comme la logorrhée, le jargon ou le stéréotype (répétition) qui renseignent sur les mécanismes de compréhension sémantique.
529
+
530
+ Le linguiste Roman Jakobson reprend dans les années 1950 les travaux de Broca et développe par-là la théorie de deux axes (paradigmatique/syntagmatique) dans une perspective pragmatique[65]. Jakobson fonde par-là les premiers fondements d’un pont jeté entre la sémiotique d’une part et la neurologie d’autre part[66][réf. à confirmer]. D'autres recherches explorent la relation des figures de style avec la perception, notamment dans la synesthésie[67].
531
+
532
+ La neurologie moderne, grâce à l’imagerie par résonance magnétique et aux expériences de simulation, montre que l’image est propre au mental. Ainsi, un courant dit de la sémantique cognitive s'attache à montrer comment notre organisation conceptuelle repose sur des processus essentiellement métaphoriques[I 4]. La métaphore et la métonymie[G 3] sont précisément au cœur de ces recherches[68]. Jean-Luc Nespoulous, chercheur au Laboratoire Jacques-Lordat, Institut des Sciences du Cerveau de Toulouse, montre que l'absence de métaphore nuit à la compréhension d'un énoncé complexe[69]. Bottini (1994[70]) de son côté évoque le rôle important que jouerait l'hémisphère droit dans l’appréciation de la métaphore : le traitement de la figure impliquerait des ressources cognitives additionnelles. Des expériences sur le temps de lecture, plus long pour les énoncés métaphoriques que pour les énoncés littéraux (de Janus & Bever en 1985) et sur l'influence cognitive du contexte, qui permet de mieux comprendre, et plus rapidement, le sens métaphorique (par Keysar et Gluksberg en 1990[71]) témoignent de l'actualité des recherches sur l'origine et la localisation cérébrale de la métaphore.
533
+
534
+ Les recherches aboutissent à la conclusion que le traitement global est moins spécialisé que prévu, et que la métaphore naît de la coopération des deux hémisphères. Dans une étude publiée en 2014 dans la revue Brain[72], le neurochirurgien et neuroscientifique Hugues Duffau montre que « l'aire de Broca n'est pas l'aire de la parole » et que les fonctions langagières ne sont pas tant localisées dans une aire précise que dépendantes de connexions neuronales en reconfiguration constante[73].
535
+
536
+ Des linguistes comme Olivier Reboul émettent l’hypothèse que l’emploi de figures de style relève du jeu et du plaisir, proche d’une régression de l’artiste vers un état antérieur, voire enfantin[74]. La psychanalyse y a ainsi recours pour accéder à l'univers mental du patient. La psycho-sociolinguistique prouve, par son intégrité épistémologique même, l’importance pour la science de fusionner linguistique (modalités d’utilisation des tropes) et psychosociologie (modalités communicationnelles)[75]. Le groupe renseigne dès lors sur l’usage des tropes et des distorsions qui en sont la fondation linguistique. Les figures populaires s’expliquent dès lors par des moyens économiques de communiquer, ainsi que par des solutions préservant les communautés ou réseaux sociaux.
537
+
538
+ L'analyse pragma-énonciative des figures étudie les mécanismes énonciatifs dans la production des figures. Karim Chibout propose une typologie de plusieurs figures de style impliquant des liens sémantiques complexes entre unités linguistiques mises en jeu et exigeant la mobilisation de ressources mentales diverses[76]. Pour Catherine Détrie, dans une perspective praxématique, la figure appartient aux processus d'« appropriation linguistique de l'univers sensible » et elle rend compte des phénomènes de « construction interactive du sens »[77] qui a lieu au sein des représentations cognitives. Marc Bonhomme a lui montré que la figure de style appartient à la fois à un processus de paradigmatisation et à un processus d'exemplarisation mettant en jeu des mécanismes de prégnance psycho-linguistiques. Finalement, une figure de style s'apparente comme un compromis de singularité (il s'agit d'une production individuelle et originale) et de régularité logico-syntaxique[78].
539
+
540
+ La psychologie clinique également a toujours pris en considération l’importance des tropes et de leurs modalités (débit, rythme, sonorités, kinésie…) dans la compréhension des phénomènes psychopathologiques comme l’hystérie et surtout la schizophrénie. Eugen Bleuler notamment, qui a étudié la schizophrénie, distingue les étiologies par un ensemble de troubles et symptômes langagiers[79]. Le schizophrène, en effet, use de tropes spécifiques telle l’analogie ou le néologisme, qui renseignent son rapport au sens, l'antiphrase et l'énantiosémie[80].
541
+
542
+ En psychologie clinique, un certain nombre d'écoles de thérapie mentale préconisent de raconter des histoires, en relation métaphorique avec la difficulté du patient, comme l'école de Milton Erickson, qui y a recours dans sa méthode de l'hypnose. Joyce C. Mills et Richard J. Crowley en exploitent les ressources thérapeutiques, dans Métaphores thérapeutiques pour enfants[81].
543
+
544
+ Avec le psychanalyste Jacques Lacan apparaît la notion d'une relation étroite entre la rhétorique et l'inconscient :
545
+
546
+ « Qu’on reprenne donc l’œuvre de Freud à la Traumdeutung pour s’y rappeler que le rêve a la structure d’une phrase, ou plutôt, à nous en tenir à sa lettre, d’un rébus, c’est-à-dire d’une écriture, dont le rêve de l’enfant représenterait l’idéographie primordiale. [...] C’est à la version du texte que l’important commence, l’important dont Freud nous dit qu’il est donné dans l’élaboration du rêve, c’est-à-dire dans sa rhétorique[82]. »
547
+
548
+ « La métaphore est constitutive de l'inconscient », énonce-t-il par ailleurs. Jacques Lacan a ainsi ouvert la voie de l'exploration métaphorique en psychanalyse, notamment dans La Métaphore du sujet (1960). Pour Lacan, « l'inconscient est structuré comme un langage », et le désir a deux façons d'être exprimé : par la métaphore ou par la métonymie et qu'il nomme « lois du langage » de l’inconscient.
549
+
550
+ Il postule en effet que l'inconscient, qui présente la même structure que le langage, peut également être défini par un axe syntagmatique et un axe paradigmatique, dans une image schématique similaire à celle que Roman Jakobson édifia pour la langue. En ce sens, Lacan reprend-il Ferdinand de Saussure pour donner une fonction psychique au concept de signifiant. Dans cet ordre d'idée, les figures, selon Irène Tamba[83], « mettent en jeu les pulsions primordiales qui commandent le fonctionnement régulier de l'imaginaire humain »[I 7].
551
+
552
+ La théorie de la pragmatique lexicale veut que le sens de presque tous les mots soit ajusté selon le contexte d’utilisation[84]. Ceci serait entre autres dû au fait qu’il existerait moins de mots dans la langue qu’il existe de concepts, et que les concepts n’ont pas besoin d’être lexicalisés pour être communiqués[85]. Par exemple, le russe a un mot, pochemuchka, pour désigner une personne posant trop de questions[86]. Le français n’en a pas, ce qui ne signifie pas que les francophones n’en possèdent pas le concept, au contraire.
553
+
554
+ Le concept est une représentation mentale dont le revers lexicalisé est le mot. Il contient toutes les informations génériques d’un mot en particulier[84]. Lorsque le sens d'un mot est ajusté dans un contexte particulier, un concept ad hoc est créé[84]. Ceux-ci sont différents des concepts encodés linguistiquement parce qu’ils sont créés sur le moment pour que la communication entre locuteurs soit réussie[84]. On note les concepts en majuscules (GLAÇON), et les concepts ad hoc en majuscules avec un astérisque (GLAÇON*) pour ne pas les confondre avec les concepts encodés linguistiquement (c'est-à-dire les mots).
555
+
556
+ Quand le contexte fait en sorte que le sens d’un mot est plus spécifique et restreint, il s’agit d’un processus de spécification. Au contraire, si le sens d’un mot devient plus général et plus large, il s’agit plutôt d’un processus d’élargissement.
557
+
558
+ La particularité de cette théorie est qu'elle ne considère par les figures de style comme une « anomalie » du langage, ni comme un usage qui s'écarte du sens « véritable » des mots. Au contraire, l'approximation, l'hyperbole et la métaphore résulteraient plutôt du phénomène courant de l'élargissement de sens. Cette théorie est étayée par de récentes études en psycholinguistique qui ont trouvé que la métaphore n'est pas plus complexe ni moins rapide à décoder au niveau cérébral qu'une expression littérale[87].
559
+
560
+ Selon la théorie de la pertinence, les concepts ad hoc seraient formés par notre recherche de pertinence[84]. Cette théorie stipule que tout locuteur aura tendance à sélectionner le sens le plus pertinent d’un énoncé avec un minimum d’effort cognitif. La pertinence implique deux paramètres : les coûts et les bénéfices. Les bénéfices sont des effets cognitifs positifs qui permettent au locuteur d’interpréter correctement un énoncé[88]. Les coûts représentent l’effort de traitement qui est demandé pour atteindre les effets positifs des bénéfices[88]. Ainsi, plus un énoncé demande d’effort cognitif, moins il sera jugé pertinent. C’est pourquoi la théorie de la pertinence suit la loi du moindre effort. En conséquence, un concept encodé linguistiquement qui n’est pas enrichi dans une situation de spécification ou d’élargissement sera jugé non pertinent[88]. Les concepts ad hoc permettent donc de pallier le manque de pertinence des concepts encodés linguistiquement qui sont spécifiés ou élargis dans certains contextes.
561
+
562
+ Diverses écoles de pensée ont émis différentes hypothèses quant aux relations qu’entretiennent les mots et les concepts. Selon la sémantique conceptuelle, il existe plus de mots que de concepts; certains mots peuvent être la combinaison de plusieurs concepts basiques[84]. Selon Fodor, la relation entre les mots et les concepts est biunivoque, c’est-à-dire qu’un mot représente un concept et inversement[84]. Enfin, selon Sperber & Wilson, le nombre de concepts est plus grand que le nombre de mots dans une langue[84]. Cette dernière hypothèse est celle qui est retenue par la pragmatique lexicale parce qu'il s'agit de la plus intéressante pour expliquer la formation des concepts ad hoc. En effet, si le nombre de concepts d’une langue est supérieur au nombre de mots, certains concepts ne sont même pas lexicalisés, mais peuvent tout de même être communiqués à l’aide des concepts ad hoc[84]. Ces concepts sont donc formés pendant l’interaction et sont flexibles vu qu’il est possible de communiquer des concepts qui ne sont pas lexicalisés.
563
+
564
+ La spécification se caractérise par le fait qu’elle met en évidence un sous-ensemble ou une sous-catégorie des référents d’un concept encodé linguistiquement[84]. L’exemple suivant illustre un processus de spécification :
565
+
566
+ Dans l’exemple (1), le verbe boire n’est pas utilisé pour communiquer le fait que les linguistes aiment boire n’importe quel breuvage. Le verbe ne fait référence qu'aux boissons alcoolisées. Le sens de boire est ainsi plus spécifique: les linguistes adorent boire de l’alcool et non pas n’importe quelle boisson. Le concept ad hoc BOIRE* ainsi créé est plus restreint que le concept encodé linguistiquement BOIRE. Le nombre de référents que l'on peut BOIRE* est ainsi diminué.
567
+
568
+ Un cas d’élargissement se produit quand le sens d’un mot est plus général que celui encodé linguistiquement[84]. Le nombre de référents du concept est alors augmenté. Voici un exemple du phénomène :
569
+
570
+ Dans l’exemple (2), il s’agit d’un élargissement si l’eau du lac n’est pas proche de zéro degrés Celsius. Admettons que la température de l’eau soit de 10 degrés. L’eau n’est pas glacée, mais elle est tout de même trop froide pour qu’on puisse se baigner dans le lac. Le sens de glacée est donc élargi; le concept ad hoc créé inclut davantage de référents pour ce mot.
571
+
572
+ Wilson, une pragmaticienne, classe les processus d’élargissement en deux catégories distinctes : les approximations et les extensions catégorielles[88]. L'approximation est une variété d’élargissement où un mot ayant un sens spécifique est utilisé dans un cas qui ne correspond pas nécessairement parfaitement à ses référents, comme dans l’exemple (3)[88].
573
+
574
+ Il s’agit d’une approximation parce que le visage de Pierre n’est pas parfaitement rond comme la forme géométrique. Son visage a une certaine rondeur sans pour autant correspondre à un rond parfait. L’exemple (2) serait aussi une approximation.
575
+
576
+ L’extension catégorielle est aussi une variété d’élargissement. Elle se définit par l’utilisation de noms communs, de noms propres ou encore de marques connues pour indiquer des catégories plus larges[88]. Voici quelques exemples d’extension catégorielle :
577
+
578
+ En (4), frigidaire est utilisé comme un nom commun même s’il s’agit d’une marque connue. Dans l’usage courant, en français québécois, on utilise frigidaire pour désigner n’importe quel réfrigérateur, peu importe s’il est de la marque Frigidaire ou pas.
579
+
580
+ En (5), le nom propre Chomsky fait référence à un linguiste talentueux qui a révolutionné la linguistique. On comprend donc que Smith est aussi une linguiste talentueuse. Le concept ad hoc CHOMSKY* peut alors faire référence à d’autres personnes qui ont du talent en linguistique.
581
+
582
+ Zufferey et Moeschler proposent que l’approximation, l’hyperbole et la métaphore se différencient selon l’application du processus d’élargissement, l’approximation ayant un élargissement minimal, l’hyperbole un élargissement considérable, et la métaphore un élargissement maximal[84]. Les trois phénomènes se trouveraient sur un continuum[84].
583
+
584
+ L'approximation est le type d'élargissement lexical le plus discret. Ainsi que Wilson la définit, une approximation se produit quand un mot est employé dans un contexte qui ne correspond pas exactement à sa définition littérale.
585
+
586
+ Supposons qu’on serve une tasse de thé à Marie, qu’il soit tiède, et que Marie se plaigne avec la phrase (6).
587
+
588
+ Il s’agirait d’élargissement du sens du mot « froid », parce que son thé n’est pas littéralement froid : il est simplement plus froid qu’elle voudrait. Les exemples (2) et (3) plus haut constituent également des approximations.
589
+
590
+ Les hyperboles sont considérées comme un élargissement lexical plus grand que l’approximation[84].
591
+
592
+ Si, dans la même situation que dans l'exemple (6), Marie disait plutôt (7), il s’agirait d’une hyperbole : son thé est loin d’être littéralement glacé, puisqu’il est tiède.
593
+
594
+ La pragmatique lexicale définit les métaphores comme étant le résultat d’un élargissement lexical porté à l’extrême. En effet, seule la propriété du concept linguistique la plus saillante selon le contexte sera retenue, ce qui constituera un concept ad hoc très large, qui englobera tout ce qui partage cette seule propriété[84].
595
+
596
+ Par exemple, Louis a été entrainé dans un vol à l’étalage par ses amis. Un professeur énoncé (8) dans ce contexte.
597
+
598
+ Pour interpréter cette phrase, on extrait la propriété du lemming la plus saillante en contexte, soit le fait que cet animal suivra le troupeau jusqu’à la mort, puis on l’applique à Louis. On en tire le sens que Louis suit le groupe, sans réfléchir par lui-même.
599
+
600
+ Enfin, il peut y avoir à la fois spécification et élargissement lexicaux dans une seule métaphore[84]. L'énoncé (9) en constitue un exemple.
601
+
602
+ Il y a élargissement du terme « oiseau », duquel on extrait la propriété « qui gazouille d’un chant caractéristique », comme dans n’importe quelle métaphore. Il y a cependant aussi spécification, parce que ce ne sont pas tous les oiseaux qui gazouillent. Pensons aux aigles qui trompètent. On spécifie donc le terme « oiseau » pour exclure les référents qui ne partagent pas la propriété qu’on a déjà extraite.
603
+
604
+ Il existe une autre théorie linguistique sur la construction des métaphores, basée sur la théorie de l’argumentation dans la langue (ADL)[89]. Cette dernière suppose que les mots possèdent une « orientation » inhérente, qui aurait pour effet d’orienter l’interlocuteur vers une certaine conclusion. Par exemple, l’expression « beau temps » orienterait fondamentalement l’interlocuteur vers l’idée d’aller dehors, puisque le concept d’être « favorable à la sortie » serait associée à cette expression[89]. Cette orientation serait inhérente aux mots, et non liée au contexte, puisqu’on peut la percevoir même hors contexte.
605
+
606
+ La métaphore, dans le cadre de cette théorie, n’existerait pas. En effet, la séparation des sens littéral et métaphorique qui caractérise cette figure de style n’a pas lieu d’être : ces deux emplois réaliseraient simplement la même orientation profonde liée au mot[89]. Ainsi, dire que son poisson est mort ou dire qu’une langue est morte convoquerait le même sens profond, soit quelque chose s’apparentant à « cesser d’exister, d’évoluer » et équivaudrait donc à un seul emploi d’une seule sémantique profonde du mot. Pour un autre exemple, cette théorie supposerait que l’idiotisme Il pleut des cordes réalise simplement le sens profond de l’expression : pleuvoir prend son sens littéral, tandis que cordes contient l’idée de longueur effilée. Pleuvoir des cordes signifie donc « pleuvoir de longues gouttes d’eau » et, par extension, « pleuvoir fort », puisque la quantité d’eau qui tombe est augmentée.
607
+
608
+ Selon Grice, la métaphore ainsi que l’ironie transgressent la maxime de qualité[84], qui demande premièrement de ne pas mentir, et deuxièmement de ne pas avancer quelque chose si on ne peut en faire la preuve. La transgression de maximes provoque le calcul d'implicatures conversationnelles[84].
609
+
610
+ Par exemple :
611
+
612
+ Dans les exemples métaphoriques en (10) et (11), la maxime de qualité est violée, car Sophie et Jacob ne sont clairement pas des animaux. La transgression de cette maxime provoque une implicature chez l'auditeur, qui, supposant que le locuteur essayait de contribuer une information pertinente à la conversation, calculera un autre sens à cet énoncé. Dans le cas présent, en associant une caractéristique saillante en contexte des animaux correspondant aux personnes, l'auditeur pourrait supposer qu'en (10), Sophie dort tout le temps, et qu'en (11), Jacob ne fait pas de bruit quand il se déplace.
613
+
614
+ Les phrases ironiques en (12) et (13), elles aussi, ne respectent pas la maxime de qualité. En (12), lorsque le locuteur dit à son interlocuteur qu’il est habile, c’est le contraire qu’il veut signifier, soit qu’il est malhabile. En (13), le locuteur ne semble pas trouver qu'Olivier est très intelligent s’il a branché les fils à l’envers.
615
+
616
+ La musique de la période romantique utilise fréquemment la digression. C'est le cas de Chopin ou de Liszt par exemple[90]. Des figures, comme l'épanadiplose par exemple, ou l'anaphore, sont à la base des comptines :
617
+
618
+ « Alouette, gentille alouette ! Alouette je te plumerai[91]... »
619
+
620
+ Les arts musicaux, tels que le rap ou le slam, utilisent beaucoup de figures de style, en particulier celles jouant sur la sonorité (allitération, paronomase) et la comparaison (analogie, métaphore, etc.) Un exemple de présence d'assonance en « i » et « en » ainsi que d'allitération en « s » dans la chanson L'Enfant seul du rappeur Oxmo Puccino :
621
+
622
+ « Maîtrise lancinante, sentiments en ciment sinon
623
+ Dans six ans on me retrouve ciseaux dans le crâne
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+ Dans le sang gisant[92]... »
625
+
626
+ Selon le romancier et essayiste Thomas Ravier, le rappeur Booba est même l'inventeur d'une figure de style : la métagore[93]. En 2019, le microblogueur Nosferalis propose du reste d'exemplifier chaque figure de style recensée avec une citation de Booba[94].
627
+
628
+ La publicité a recours de manière massive aux figures et aux tropes comme, parmi les principales, l'hyperbole dite publicitaire, l'allégorie ou la métaphore, en particulier pour imager le message transmis au consommateur[95]. La rhétorique publicitaire appartient, selon Roland Barthes, à un domaine plus vaste : celui de la rhétorique visuelle, fixe (affiches) comme animée (clips publicitaires). Barthes fonde dans les années 1960, sous l’impulsion du structuralisme, la « rhétorique de l’image »[96], et y transfère les outils d’analyse du texte.
629
+
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+ Barthes montre que, comme dans un énoncé écrit, il y a en jeu dans l’image publicitaire deux niveaux de lecture, typiques du champ stylistique : la connotation et la dénotation. Par conséquent, avant d’avoir une fonction iconique, la publicité a une fonction avant tout symbolique, saisissable dans un univers linguistique[96]. Barthes montre que certaines figures de style sont à la base du langage publicitaire, et parmi elles surtout l’asyndète et la métonymie : « Il est en effet probable que parmi les métaboles (ou figures de substitution d’un signifiant à un autre, c’est la métonymie qui fournit à l’image le plus grand nombre de ses connotateurs ; et parmi les parataxes (ou figures du syntagme), c’est l’asyndète qui domine »[96]. Barthes applique en effet les axes paradigmatique et syntagmatique à l’étude de l’image.
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+
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+ Publicité pour Citroën (hyperbole)
633
+
634
+ La publicité par Fernand Le Quesne (Allégorie)
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+ Publicité pour les bouillons Kub (métonymie)
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+
638
+ Dans la lignée de Barthes, Jacques Durand montre que les effets recherchés font appel aux mêmes représentations et aux mêmes processus cognitifs qu’en littérature. Dans Les Formes de la communication (1981), il montre que la publicité est une « nouvelle rhétorique », sa continuité historique et sociale[97]. Durand, reprenant les études sémiotiques, élabore un tableau de classement identifiant les principales figures de style constitutives du pouvoir de persuasion de la publicité[98]. Il recense quatre mécanismes primordiaux : identité, similarité, opposition et différence, qu’il expose dans son article paru dans la revue Communications[62].
639
+
640
+ Enfin, en pédagogie, pour plus de proximité culturelle avec l’élève, le matériel publicitaire permet une approche didactique pertinente à l’école qui conjugue lecture critique de l’image et apprentissage des grands processus de transformation de la langue, par le biais des figures de style, deux axes constitutifs des référentiels pédagogiques[99].
641
+
642
+ Le cinéma également transpose sur le plan visuel des mécanismes discursifs hérités des figures de style et notamment la métonymie, comme c'est souvent le cas des gros plans sur un objet. Patrick Bacry prend comme exemple une scène du film Lancelot du Lac de Robert Bresson. Le metteur en scène ne montre du combat des chevaliers que les sabots des chevaux qui galopent ainsi que quelques écus brisant l'assaut de lances[A 16]. L’oxymore ou encore la digression sont également utilisés pour les mêmes raisons que dans le roman[100]. L'ellipse, la digression ou l'hypotypose sont aussi couramment utilisées[D 8]. Le Groupe µ a notamment permis la compréhension des opérations cognitives à l’origine des figures de style comme étant des objets mentaux traduisibles dans le registre de l’image en mouvement. Ils élaborent alors une la sémiotique visuelle, dont le Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l’image est l’ouvrage fondateur[101].
643
+
644
+ Les autres arts visuels utilisent des figures davantage tropiques, comme la métaphore dans le mouvement surréaliste (les tableaux de René Magritte sont parmi les plus explicites). L’allégorie est sans conteste la figure la plus utilisée en peinture, comme dans La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix mais la peinture connaît aussi le symbole et l'antithèse[D 8]. Nombres d’œuvres représentent de véritables scènes vivantes dans lesquelles le peintre cherche à animer la scène (hypotypose), des analogies (comparaison) comme les tableaux d'Arcimboldo ou l'oxymore (dans la technique du clair-obscur par exemple). La bande-dessinée utilise par ailleurs l'expressivité des figures de style, comme celle de l'onomatopée, pour illustrer les actions.
645
+
646
+ Définitions lexicographiques et étymologiques de « Trope » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Transformation
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+
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+ identique
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+
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+ Répétition
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+
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+ Figure dérivative · Isocolie
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+
658
+ Allitération · Assonance · Contre-assonance · Écho · Homéotéleute · Onomatopée · Paréchèse · Prosonomasie
659
+
660
+ Accumulation · Anaphore · Annomination · Antanaclase · Concaténation · Conglobation · Épanalepse · Épanaphore · Épanadiplose · Épanode · Épiphore · Épizeuxe · Expolition · Figura etymologica · Homéoptote · Isocolon · Palilogie · Paronomase · Polyptote · Symploque · Thématisation
661
+
662
+ Adynaton · Allusion · Anadiplose · Autocatégorème · Autocorrection · Cliché · Hyperbole · Métaphore filée · Parrhésie · Périssologie · Phébus · Poncif · Redondance · Topos
663
+
664
+ non identique
665
+
666
+ Addition,adjonction
667
+
668
+ Acrostiche · Épenthèse · Paragoge · Prosthèse
669
+
670
+ Cacophonie
671
+
672
+ Accumulation · Anadiplose · Antépiphore · Anticlimax · Auxèse · Énumération · Épanadiplose · Épiphonème · Épiphore · Épiphrase · Épithétisme · Épitrochasme · Gradation · Hyperhypotaxe · Hypotaxe · Mot-valise · Néologisme · Paradoxisme · Paraphrase · Parembole · Périphrase · Polysyndète · Pronomination · Suspension · Synchise · Tapinose
673
+
674
+ Amphigouri · Antilogie · Chleuasme · Comparaison · Épanorthose · Hypotypose · Oxymore · Paradoxe · Pléonasme · Régression · Tautologie · Truisme
675
+
676
+ Effacement,suppression
677
+
678
+ Apocope · Lipogramme
679
+
680
+ Aphérèse · Apocope · Élision · Syncope
681
+
682
+ Asyndète · Ellipse · Épitrochasme · Parataxe · Syllepse · Zeugma
683
+
684
+ Allusion · Amphibologie · Antiphrase · Aphorisme · Apophtegme · Aposiopèse · Brachylogie · Euphémisme · Gnomisme · Kakemphaton · Parabole · Prétérition
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+
686
+ Déplacement,réarrangement
687
+
688
+ Anagramme · Antimétathèse
689
+
690
+ Palindrome
691
+
692
+ Anastrophe · Antilabe · Antimétabole · Chiasme · Énallage · Hendiadys · Hypallage · Hyperbate · Hypozeuxe · Inversion · Parallélisme · Tmèse
693
+
694
+ Analepse · Antiparastase · Antithèse · Apostrophe · Épanorthose · Métalepse · Prolepse
695
+
696
+ Remplacement,substitution
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698
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699
+
700
+
701
+
702
+ Anacoluthe · Anantapodoton · Astéisme · Constructio ad sensum · Solécisme · Syllepse · Verbigération (ou logorrhée, ou verbiage)
703
+
704
+ Allégorie · Antonomase · Circonlocution · Digression · Éthopée · Hypotypose · Ironie · Litote · Métalepse · Métaphore · Métonymie · Personnification · Prosopographie · Prosopopée · Question rhétorique · Prosopopée (ou Sermocination) · Réification (ou Chosification) · Symbole · Synecdoque
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+ République de Finlande
2
+
3
+ (fi) Suomen tasavalta Écouter
4
+
5
+ (sv) Republiken Finland Écouter
6
+
7
+ 60° 10′ N, 24° 56′ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ La Finlande (en finnois : Suomi Prononciation ; en suédois : Finland), en forme longue la république de Finlande (en finnois : Suomen tasavalta ; en suédois : Republiken Finland), est un pays d'Europe du Nord, membre de l'Union européenne depuis 1995.
12
+
13
+ La Finlande est baignée par la mer Baltique, plus précisément par le golfe de Finlande au sud et par le golfe de Botnie à l'ouest et au sud-ouest. Son territoire s'étend de part et d'autre du cercle arctique dans la partie orientale de la Fennoscandie, ce qui fait d'elle un pays nordique entièrement extérieur à la Scandinavie. Composé de plus de 3 000 lacs et d'innombrables îles, parmi lesquelles celles de l'archipel autonome d'Åland, il occupe une superficie totale de 338 145 km2 entre la Norvège au nord, la Russie à l'est et la Suède au nord-nord-ouest, ce qui en fait un des plus vastes pays de l'Union européenne.
14
+
15
+ Cet espace géographique soumis à un climat rigoureux pendant l'hiver est majoritairement une zone de taïga. Les 5,3 millions d'habitants que recense la démographie nationale confèrent au pays l'une des plus faibles densités de population de toute l'Union européenne. Principalement installés dans le Sud du pays, en particulier sur la côte méridionale, où se trouve la capitale, Helsinki, mais aussi les autres municipalités les plus peuplées, à savoir Espoo et Vantaa, qui sont regroupées au sein de la Région capitale ou Grand Helsinki, les Finlandais disposent de deux langues officielles, le finnois et le suédois. Après la zone urbaine d'Helsinki, la deuxième plus grande ville de Finlande est Tampere, située à environ 180 kilomètres au nord d'Helsinki.
16
+
17
+ Enrichie par les apports ancestraux d'une mythologie féconde, par les Samis, ou encore par les populations autochtones de la province septentrionale de Laponie, et bien qu'elle se soit clairement occidentalisée dans la seconde moitié du XXe siècle à la suite d'une reconversion réussie de son économie (centrée sur la sylviculture, puis la métallurgie, et enfin l'électronique), la culture nationale plébiscite toujours un certain dépouillement matériel, dont le sisu et le sauna sont des symboles sûrs, ainsi qu'une culture du silence.
18
+
19
+ Longtemps sous domination du voisin suédois, sous le règne duquel fut fondée la première capitale, Turku, la Finlande demeure marquée par les nombreux conflits qui l'ont opposée durant toute son histoire récente à la Russie, puissance impérialiste dont elle est devenue un grand-duché autonome en 1809, et dont elle n'a obtenu son indépendance qu'en 1917. L'année suivante, une guerre civile ensanglante le pays, suivie de deux guerres contre l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale, et enfin, d'une longue tutelle soviétique indirecte durant la guerre froide, connue sous le nom de « finlandisation ».
20
+
21
+ Ces soubresauts n'ont cependant pas empêché l'établissement d'une république stable dont les réalisations sont souvent présentées en modèles, et ce en de nombreux domaines, notamment environnement et qualité de vie. La politique nationale s'articule autour d'un président de la République, Sauli Niinistö, d'un parlement unicaméral, l'Eduskunta et d'un gouvernement dirigé par la Première ministre, actuellement Sanna Marin. Le Grand-duché de Finlande, alors composante de l'Empire russe, a été le premier État en Europe à accorder le droit de vote aux femmes ainsi que le premier au monde à les rendre éligibles au même titre que les hommes. En 2009, l'étude Legatum Prosperity classe la Finlande en première position à la suite de ses performances économiques et de la qualité de vie[4].
22
+
23
+ La Finlande connaît une forte période de récession à la fin des années 2000, en partie liée à l’affaiblissement de son industrie électronique (comme la chute de Nokia), la récession de son voisin russe et une crise dans l'industrie forestière. L'économie du pays se redresse néanmoins au milieu des années 2010.
24
+
25
+ Le paysage finlandais est plat dans la partie sud-ouest et dans les vastes plaines côtières d'Ostrobothnie, mais vallonné de collines dans le Centre et l'Est. La Laponie est par endroits montagneuse, mais généralement formée de vastes étendues assez planes. Le point culminant est le mont Ridnitsohkka 1 317,1 m d'altitude[5],[6], qui se trouve dans la pointe nord-ouest de la Laponie, près des frontières norvégienne et suédoise[6]. La Finlande est un pays aux milliers de lacs (dont la plupart communiquent entre eux) et d'îles (187 888 lacs et 179 584 îles). Un de ces lacs, le Saimaa, est le cinquième plus grand d'Europe. À côté des nombreux lacs, le paysage est dominé par la forêt boréale (environ 68 % du pays) et assez peu de terres arables. La plupart des îles sont dans le Sud-Ouest, dans l'archipel d’Åland, et le long de la côte méridionale du golfe de Finlande.
26
+
27
+ Le socle rocheux de la Finlande est formé principalement de roches précambriennes du bouclier scandinave (gneiss, granite et schistes). Le relief de la Finlande s'est formé il y a environ un milliard d'années, si bien qu'il est aujourd’hui très érodé et peu marqué. Seuls quelques dômes de quartzite ont relativement bien résisté à l'érosion, et ils forment les rares collines du pays.
28
+
29
+ Le paysage actuel est essentiellement marqué par les glaciations. Il y a 10 000 ans, les glaciers recouvraient la totalité de la Finlande : ils ont charrié des rochers puis ont laissé en se retirant de vastes moraines, érodées à leur tour par l’eau de fonte. Les paysages présentent des formes typiques de paysage glaciaire : roches moutonnées, drumlins et eskers. Autour des moraines, comme à Suomenselkä dans l’Ouest, ou à Salpausselkä au sud, l’épaisseur des dépôts de sédiments glaciaires peut dépasser par endroits 100 m. L’eau de fonte des glaciers a donné naissance au lac Ancylus, ancêtre de l’actuelle mer Baltique, et recouvert une grande partie du pays. Le lac s’est ouvert il y a 7 000 ans sur la mer du Nord. L’abaissement du niveau de l’eau, conjugué à la surrection isostatique a donné au fil des siècles suivants le relief actuel du pays. Dans l’intérieur des terres, l’eau de fonte des glaciers a noyé les dépressions du relief et rempli d’anciennes failles, donnant naissance à la multitude de lacs de la Finlande. Le processus de surrection du relief se poursuit aujourd’hui : ainsi la côte de Pohjanmaa s’élève de 8 mm/an au-dessus de la mer Baltique. Il s’ensuit presque à chaque printemps des inondations, car les rivières n’ont pas de chenal d’écoulement naturel formé vers les côtes et les eaux de fontes peuvent librement s’épancher à travers le pays. Au cours des derniers siècles, certaines villes, comme Pori et Vaasa, ont été rebâties plus à l’ouest de plusieurs kilomètres car leurs ports étaient asséchés.
30
+
31
+ Le type de sédiment le plus commun dans les sols est la tillite, qui est un héritage des glaciations. Comme on ne trouve de craie ou de marbre que dans des sites isolés en Finlande, les dépôts glaciaires sont souvent pauvres en calcaire, et c’est pourquoi ils donnent des sols sujets à l’acidification. Dans les dépressions du relief, formées lors de la phase du lac d'Ancylus et de la formation de la Baltique, les sédiments glaciaires sont souvent recouverts par des sédiments marins, enrichis en carbonates. Ces sols limoneux, combinés à la douceur du climat, concentrent la culture des céréales sur les côtes ouest et sud de la Finlande ; car dans l’intérieur du pays, les sols sont peu favorables à l’agriculture du fait de leur acidification et de la fossilisation : il faut les chauler, les principales ressources en chaux étant fournies par les carrières de Pargas, de Lohja et de Lappeenranta.
32
+
33
+ Si les mines de fer de Finlande sont aujourd’hui pratiquement épuisées, il subsiste d’importants gisements de cuivre, de nickel, de zinc et de chrome. Dans les années 1860, la découverte de quartz aurifères dans la vallée du Kemijoki déclencha une véritable ruée vers l’or en Laponie. Les rivières de Laponie sont toujours en exploitation, soit par orpaillage, soit par lixiviation industrielle : un filon important se trouve à Pahtavaara près de Sodankylä. Les autres placers se répartissent un peu partout à l’intérieur du pays : dernièrement, en 1996, on a découvert près de Kittilä un filon estimé à 50 tonnes d'or. La Finlande est aussi le plus gros exportateur de talc d’Europe[7]. Cette roche, très utilisée dans l’industrie de la pâte à papier, est extraite en grandes quantités à Sotkamo et Polvijärvi. Parmi les autres minéraux d’intérêt industriel extraits en Finlande, on trouve la wollastonite, dolomite, apatite, quartz et feldspath.
34
+
35
+ Le climat de la Finlande méridionale est continental. En Finlande du Nord, particulièrement en Laponie, le climat subarctique domine, caractérisé par des hivers parfois très froids (pouvant descendre jusqu'à −40 °C). Dans le Sud et le Sud-Ouest, les hivers peuvent être rudes, selon les années. L'enneigement, en tout cas, est plus irrégulier que dans le Nord finlandais. L'été, le thermomètre peut parfois monter jusqu'à 30 °C. La Finlande est d'ailleurs un pays à faible pluviométrie : 400 mm de pluie en Laponie et dans l'Est carélien, 550 à 700 mm dans le Sud-Ouest.
36
+
37
+ On dénombre 42 000 espèces différentes d'animaux et de végétaux en Finlande, dont 65 espèces de mammifères[8]. Si la biodiversité y est moindre qu'en Europe centrale, les zones vierges procurent un habitat à de nombreuses espèces devenues rares sur le reste du continent.
38
+
39
+ En Finlande, la tradition du droit d'accès à la nature (jokamiehenoikeus en finnois, allemansrätten en suédois) permet à tout particulier, sous certaines conditions, de fréquenter en toute liberté les zones naturelles : il est notamment permis de récolter des baies, des champignons ou de pêcher à la ligne ; la chasse et la pêche sont du reste des activités très communes, puisque 6 % des Finlandais possèdent un permis de chasse[9].
40
+
41
+ La Finlande est le pays le plus boisé d'Europe : 86 % de la superficie du pays est couverte de forêts[10]. Mais la végétation s’ordonne du nord au sud en trois zones de végétation bien contrastées : la plus grande partie du pays est recouverte par la forêt boréale, qui se caractérise par une dominance des conifères, une période végétative brève et des sols pauvres, sur lesquels la croissance des arbres est lente et la variété florale est faible. Les essences dominantes sont le pin (50 %) et l'épicéa (30 %) ; le feuillu le plus représenté est le bouleau (16,5 %[11]). Le sol est couvert d’airelles et de mousse, qui plus au nord cèdent la place aux lichens.
42
+
43
+ On ne retrouve de forêt mixte que le long de la côte sud-ouest ainsi que sur les quelques récifs disséminés au large. Il s'y trouve certaines essences uniques pour la Finlande, comme le chêne. La Laponie septentrionale est essentiellement dénudée ; seuls quelques bouleaux faméliques trouvent à se développer. Les collines sont couvertes de toundra.
44
+
45
+ Un tiers de la Finlande était à l'origine couvert de tourbières : au fil des siècles passés, la moitié a été asséchée pour l'agriculture[12]. Il ne subsiste au sud que quelques tourbières ombrotrophes ; plus au nord, ce sont des tourbières d’aapa. La plus grande partie de ces tourbières sont des ripisylves.
46
+
47
+ Malgré une chasse intense, les rennes sont encore nombreux en Finlande, et bien qu'un tiers du cheptel soit abattu chaque année, la population se maintient à peu près au niveau de 100 000 individus[13]. Ces animaux présentent un véritable danger pour les automobilistes car les chocs sont souvent mortels. Dans le Nord du pays, l'animal est omniprésent : quelque 200 000 rennes sont semi-domestiqués et s'ébattent toute l'année en liberté ; à la fin de l'automne, les éleveurs rassemblent le troupeau et sélectionnent les individus pour l'abattage. Le renne des forêts est beaucoup plus rare : naguère commun dans toute la Finlande, il avait disparu à la fin du XIXe siècle ; dans les années 1950, une petite population a migré de Russie à Cajanie et en Carélie du Nord. Les cerfs de Virginie, importés en grande quantité d'Amérique, se sont acclimatés dans le Sud et l'Ouest du pays.
48
+
49
+ La prospérité retrouvée des populations de prédateurs doit beaucoup aux mesures prises par les autorités ces dernières années ; on dénombre aujourd’hui plus de 1 000 ours bruns et lynx, et plus de 200 loups. Par endroits, on a dû autoriser de nouveau la chasse de certains de ces animaux pour une durée déterminée. Il subsiste en Laponie une population de 150 gloutons. Le renard polaire était naguère répandu dans tout le pays, mais l'activité des trappeurs l'avait pratiquement fait disparaître au début du XXe siècle. Le renard roux a toujours été vivace, mais depuis quelques décennies il est concurrencé par le chien viverrin, venu de Russie.
50
+
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+ Le Pusa hispida saimensis (en) (phoque annelé) est confiné aux lacs de Saimaa. Cette variété rare de phoque d'eau douce n'a pu être sauvée que par l'adoption de mesures énergiques et symbolise la protection de la Nature en Finlande. Le polatouche de Sibérie, qui pour l'Union européenne ne se trouve qu'en Finlande et en Estonie, bénéficie également de mesures spécifiques.
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+ L’avifaune de Finlande comporte 430 espèces[8], dont l’aigle royal, le pygargue, des gallinacées comme le Grand Tétras, le coq de bruyère, la gélinotte et le lagopède et enfin une multitude de palmipèdes. Le cygne chanteur, par la place qu'il occupe dans la mythologie nordique, est l'animal-emblème finlandais. Cette espèce, elle aussi, n'a pu être sauvée de la disparition que par l'adoption de lois sévères : des 15 couples recensés dans les années 1950, sont nés les 1 500 couples actuels.
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+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+ En décembre 2018, la Finlande comptait 1 866 sites dont :
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+ La superficie totale est de 50 636 km2, ce qui représente 12,6 % de la surface terrestre et marine du territoire de la Finlande[14].
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61
+ La Finlande est subdivisée en 19 régions, 70 sous-régions et 320 municipalités.
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63
+ La Finlande est la patrie de Nokia, ancien numéro un mondial de la téléphonie mobile, ainsi que de nombreuses autres grandes entreprises, par exemple : Kone, Outokumpu, Rautaruukki, Amer Sports, Fiskars, UPM-Kymmene, Stora Enso, Patria, F-Secure, TietoEVRY, Nautor's Swan (sv), Marimekko, VR-Yhtymä Oy…
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+
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+ La population active finlandaise s'élève à 2,66 millions (2004). Celle-ci se répartit dans les catégories suivantes : service public 32 %, industrie 22 %, commerce 14 %, finance et services 10 %, agriculture et forêt 8 %, transport et communication 8 %, construction 6 %.
66
+
67
+ En 2004, le taux de chômage était de 8,8 % (2004). Il est passé à 7,7 % en 2006 avant d'atteindre 6,0 % en avril 2008. Par la suite, le taux de chômage remonte à 8,9 % en novembre 2009 puis revient à 7,2 % en novembre 2011[16].
68
+
69
+ La Finlande est l'un des 12 pays à avoir adopté l'euro le 1er janvier 2002.
70
+
71
+ L'ONU, à travers le calcul de l'IDH (mesure synthétique du niveau de développement des pays) place la Finlande en neuvième position mondiale en 2007.
72
+
73
+ En 2015, l’écart d’espérance de vie entre les personnes diplômées et les personnes non diplômées est de 5 ans en Finlande[17]
74
+
75
+ En 2016, le gouvernement modifie le code du travail dans l'objectif d'accroitre la compétitivité des entreprises. Les salaires des fonctionnaires sont réduits pendant les jours de congés, les heures supplémentaires et le travail dominical seront moins payés et les cotisations sociales des salariés sont augmentées. En revanche, les cotisations patronales sont réduites[18].
76
+
77
+ La « Finlande et le Nord de la Sibérie » fut d'abord peuplée par des chasseurs-cueilleurs. Ils ont transmis leurs gènes jusqu’à l’ère moderne. Le groupe s’étend de la Laponie à l’est jusqu‘au Groenland. Bien que génétiquement variées, ces populations ont une signature génétique qui les relie le plus souvent aux peuples finnois.
78
+
79
+ Ils sont descendants des chasseurs-cueilleurs qui ont résisté à la poussée des agriculteurs. Ils se sont adaptés, et ont prospéré dans un nouvel âge. Tout comme l’expansion de Béring, ce groupe dépasse les divisions conventionnelles, montrant des connexions claires à la fois avec l’est et l’ouest. Même l’Amérique est connectée avec le groupe « Finlande et le nord de la Sibérie », par sa parenté avec la Sibérie ancienne.
80
+
81
+ Les Hommes ne se sont installés dans le Grand Nord qu’il y a 30 000 ans, là où aucun Néanderthalien ne s’était aventuré. Conservant des connexions sur le long terme avec les populations du Sud, les peuples du Grand Nord ont maintenu leur cohérence après la fin de la glaciation. Le groupe « Finlande et le Nord de la Sibérie » se retrouve chez les chasseurs-pêcheurs Saami, avec des apports ouraliens, russes, suédois et même scandinaves.
82
+
83
+ La Finlande est, pendant le Moyen Âge et jusqu'au début du XIXe siècle, une partie du royaume de Suède. Pour autant la délimitation exacte de ses frontières notamment septentrionales fait l'objet d'une évolution lente marquée par les rapports de forces entre les différentes puissances voisines parfois alliées du Danemark, de la Norvège, de la Russie et de la Suède[19].
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+ Elle passe sous la souveraineté de la Russie de 1809 à 1917 en tant que grand-duché autonome. Plusieurs guerres entre ces deux pays se sont déroulées en Finlande, notamment là où se trouve la forteresse suédoise de Suomenlinna (Sveaborg en suédois), à l'entrée d'Helsinki. Cette période ouvre les débuts de la construction d'une identité nationale finlandaise[20].
86
+
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+ En témoigne également « Le Livre d'Or de la Baltique », havre naturel constitué par des îlots rocheux à proximité immédiate de Hanko (Hangö), où de nombreux marins, partis guerroyer contre les Russes, ont laissé une trace de leur passage, gravée dans le roc.
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+ Le 6 décembre 1917, pendant les événements révolutionnaires russes, la Finlande obtient son indépendance, à l'instar de ses voisins baltes. En 1918, une guerre civile déchire le pays et se termine par la défaite des « rouges » soutenus par la Russie soviétique.
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91
+ Le 30 novembre 1939, l'Union soviétique attaque la Finlande lors de la guerre d'Hiver à la suite de désaccords territoriaux concernant des îles du golfe de Finlande ; Moscou tente même d'y installer un régime fantoche, la République démocratique finlandaise. La Finlande parvient à tenir tête bien mieux que prévu à l'Armée rouge, le conflit aboutissant à un traité de paix en 1940 : l'URSS annexe l'isthme de Carélie, mais renonce à envahir le reste de la Finlande. L'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie en 1941 (opération Barbarossa), place la Finlande dans la position d'une alliée de facto de l'Axe (se battant contre l'URSS pour des raisons différentes). Les Finlandais passent à l'offensive (guerre de Continuation), mais si les débuts sont victorieux, les défaites successives de l'Allemagne et une vaste offensive soviétique lancée en Carélie les conduisent à signer une paix séparée avec l'URSS en 1944, ce qui place cette fois l'armée finlandaise du côté des Alliés. Après avoir lancé un ultimatum à la Wehrmacht pour se retirer du territoire, en accord avec le traité de paix, la Finlande attaque les Allemands qui lui font payer ce « coup de poignard dans le dos » par de lourdes pertes : le pays sort ruiné et ravagé de cette guerre. Cet engagement porte ses fruits, car bien qu'elle doive, après la guerre, payer de lourdes réparations à l'URSS suite au traité de Paris de 1947, la Finlande, contrairement à ses voisins baltes, sauve au moins son indépendance. Elle fait en effet valoir que son combat était motivé par la volonté de récupérer les territoires perdus en 1940 et qu'elle n'avait pas aidé l'armée allemande à encercler définitivement Léningrad durant l'hiver 1941.
92
+
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+ Elle est ensuite soumise à une politique de neutralité stricte pendant la guerre froide (interdiction d'adhérer à l'OTAN, de permettre des troupes occidentales ou à des systèmes de défense sur son sol, interdiction des livres ou films anti-soviétiques, etc.), marquée par l'influence que l'URSS exerce sur la politique extérieure finlandaise. En Occident, cet état de soumission sera appelé la « finlandisation ».
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+
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+ Durant presque toute cette période, le président Urho Kekkonen, dont la personnalité a durablement marqué la Finlande, « règne » avec une longévité remarquable.
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+ En 1995, la Finlande adhère à l'Union européenne. Elle adopte l'euro comme monnaie en 2002.
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+ La Finlande est une démocratie parlementaire. Le président de la République, élu au suffrage universel direct, dispose de pouvoirs non négligeables, mais joue actuellement un rôle moins marqué dans la vie politique qu'il y a vingt ans. Le gouvernement (valtioneuvosto en finnois ou statsrådet en suédois) est dirigé par le Premier ministre qui est choisi par le parlement. Le gouvernement est constitué du Premier ministre, des différents ministres du gouvernement central et d'un membre d'office, le Chancelier de la justice.
100
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101
+ Le parlement (Eduskunta en finnois ou Riksdag en suédois) unicaméral est constitué de 200 députés, et possède constitutionnellement l'autorité législative suprême en Finlande. Il peut modifier la constitution, révoquer le gouvernement, et contrer les vetos présidentiels. Ses actes ne peuvent être judiciairement contestés. Les lois peuvent être proposées par le gouvernement ou l'un des membres de l'Eduskunta, qui sont élus au suffrage proportionnel pour une durée de quatre ans.
102
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103
+ Le système judiciaire comprend les tribunaux de grande instance qui jugent des affaires civiles et pénales, des cours d'appel et une Cour suprême. Le contentieux administratif est du ressort des tribunaux administratifs, des cours administratives d'appel et de la Cour administrative suprême. Certaines juridictions administratives particulières sont chargées de traiter des litiges, par exemple dans le domaine des eaux.
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+
105
+ Le parlement, depuis que le suffrage universel a été instauré en 1906 (femmes comprises), a été dominé par les partis agrariens (parti centriste Maalaisliitto, actuellement Suomen Keskusta), sociaux-démocrates (SDP) et alliance de gauche (Vasemmistoliitto). On peut noter que l'éventail politique a été plus marqué par l'influence des courants anti-socialistes (au sens soviétique) que dans d'autres pays similaires ayant eu moins de contacts avec l'URSS.
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+
107
+ La constitution et sa place dans le système judiciaire sont uniques, dans le sens où il n'y a pas de Cour constitutionnelle et où la Cour suprême ne peut intervenir sur une loi au seul prétexte que celle-ci soit inconstitutionnelle. La valeur constitutionnelle d'une loi dépend d'un simple vote parlementaire. Les seuls autres pays européens à ne pas disposer d'organe suprême constitutionnel sont les Pays-Bas, la Suisse et le Royaume-Uni (ce dernier n'ayant d'ailleurs pas de constitution écrite, celle-ci reposant sur les traditions, les précédents, la jurisprudence et un nombre limité de lois quasi-constitutionnelles).
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+
109
+ La Finlande est un pays neutre depuis 1955, et ne fait pas partie de l'OTAN, mais développe un programme d'interopérabilité de ses forces avec celles de l'OTAN.
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+ Les langues officielles du pays sont le finnois et le suédois.
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113
+ Le finnois est une langue agglutinante appartenant à la famille des langues finno-ougriennes, qui comprend aussi l'estonien, les langues sames et, dans une moindre mesure, le hongrois, langue ouralo-altaïque. Ces langues se distinguent des autres langues parlées en Europe car, de même que le basque, elles ne sont pas indo-européennes.
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115
+ Les bases du finnois écrit ont été codifiées par Mikael Agricola, archevêque de Turku, qui écrivit un abécédaire en 1543.
116
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117
+ Les mots « finnois » et « finlandais » sont souvent employés indifféremment en français courant pour désigner la langue. L'usage le plus courant en français est de faire la distinction entre les deux termes :
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119
+ On trouve en Finlande une grande majorité de finnophones (environ 91,5 % de la population, cf. Démographie de la Finlande) mais aussi une minorité suédophone (environ 300 000 personnes ; mais 46,6 % de la population sait parler le suédois en 2008), et une minorité d'expression samie (Lapons). On estime le nombre de locuteurs de langue samie à 1 500 actuellement sur le territoire de la Finlande. À cela s'ajoute une minorité Rom relativement importante (près de 10 000 personnes). Il y a donc en Finlande des Finlandais d'origine finnoise finnophones et suédophones (tous les suédophones ne sont pas des descendants de Suédois), d'autres d'origine suédoise suédophones ou finnophones (des anciens Suédois ayant changé de langue), des Samis d'expression finnoise (qui ont perdu la connaissance du sami).
120
+
121
+ Le nom de nombreuses villes de la bande littorale est exprimé dans les deux langues ; ainsi de Helsinki (Helsingfors), Turku (Åbo) ou Tampere (Tammerfors), par exemple. La signalisation routière bilingue est également présente dans de nombreuses municipalités.
122
+
123
+ L’anglais est aussi très présent, en seconde, ou même en troisième langue, pour une très grande partie de la population, vu le haut niveau d'éducation de la population, surtout en milieux urbains, et chez les plus jeunes. En 2011, environ 90 % des Finlandais avaient des connaissances partielles, ou parlaient couramment l'anglais, soit environ deux fois plus que les Finlandais qui savent parler suédois.[réf. nécessaire]
124
+
125
+ La Finlande fut une province russe (grand-duché) entre 1809 et 1918. Quelque 200 000 Finlandais parlent russe ; elle demeure une langue universitaire[réf. nécessaire]. Le Russe reste la langue maternelle de quelque 5 000 Finlandais, qui sont surtout des descendants de Russes, ou Slaves, qui s'établirent en Finlande entre 1800 et 1910. De nos jours, ils sont généralement bilingues russe/finnois, ou russe/suédois. Ils sont localisés surtout à Helsinki, et vers Hamina[réf. nécessaire].
126
+
127
+ Avant l'arrivée du christianisme, la Finlande est le berceau de croyances animistes et polythéistes.
128
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129
+ À partir de l'an 1000, et la conversion des rois suédois, le christianisme commence à apparaître. Il se développe sous la poussée de Éric IX de Suède et de l'évêque anglais saint Henri au XIIe. Comme les pays du Nord de l'Europe, la Finlande se convertit aux idées de la Réforme. En 1634, l'adhésion à l'Église luthérienne devient obligatoire par la loi. Toutefois, des traces et des croyances de la religion païenne subsistent jusqu'au XIXe siècle dans les campagnes.
130
+
131
+ L'Église évangélique luthérienne est, en 2018, la principale confession du pays, avec 69,8 % de la population se réclamant de cette foi (Église d'État depuis 1923)[21]. La seconde Église d'État est l'Église orthodoxe de Finlande qui regroupe environ 1 % des Finlandais, on trouve aussi environ 11 000 catholiques finlandais[22]. L'islam s'est développé avec l'immigration (10 000 musulmans aujourd’hui)[23].
132
+
133
+ L'éducation est considérée comme un des droits fondamentaux de tous les citoyens finlandais. Il s'agit du droit de recevoir une formation secondaire (lycée inclus) gratuitement. La loi garantit ce droit pour tous les résidents et non uniquement pour les citoyens finlandais.
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135
+ Les enfants de Finlande qui entrent à l’école à sept ans « ont passé leur enfance à jouer à la crèche »[réf. nécessaire], ils peuvent apprendre l'alphabet un an avant d’entrer à l’école, mais rien n'est exigé. L'enseignement fondamental est un enseignement de culture générale dispensé à l'ensemble des classes d'âge. Il est destiné à l'enfant de sa septième à sa seizième année. L'école fondamentale dure donc neuf ans et correspond à l'accomplissement de la scolarité obligatoire. Dans l'enseignement fondamental, les groupes sont formés par classes d'âge. Pendant les six premières années, il y a en général un enseignant principal qui enseigne la plupart des matières, ou toutes. Durant les trois dernières années, l'enseignement se fait habituellement par matières si bien que les enseignants sont spécialisés selon celles-ci. Dans l'enseignement fondamental sont intégrés aussi l’orientation pédagogique de l'élève et, en cas de besoin, un enseignement spécifique de soutien.
136
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137
+ Le programme scolaire inclut au moins les matières suivantes : langue maternelle et littérature, seconde langue nationale (suédois ou finnois, selon le cas), langues étrangères, connaissances de l'environnement, instruction civique, religion ou morale, histoire, sciences sociales, mathématiques, physique, chimie, biologie, géographie, éducation physique et sportive, musique, dessin, travaux manuels et ménagers. La définition des objectifs généraux au niveau national et la répartition horaire des différentes matières ou combinaisons de matières dans l'enseignement et l'orientation pédagogique de l’élève sont du ressort du gouvernement. La direction nationale de l'enseignement définit les objectifs particuliers et les principaux contenus de l'enseignement en arrêtant les fondements des programmes scolaires. Sur ces bases, chaque établissement détermine concrètement, au niveau local, son programme d'enseignement. Il n'y a aucun examen à la fin de la scolarité obligatoire (à 16 ans). Les redoublements et les abandons sont extrêmement rares.
138
+
139
+ Le baccalauréat finlandais s'appelle Ylioppilastutkinto[24] et est considéré comme une véritable institution, et un pas important vers la vie adulte. En classe de terminale, les cours s'arrêtent fin avril, et les élèves se consacrent alors aux révisions, non sans avoir gratifié les plus jeunes de bordées de bonbons et d'autres friandises lancées depuis des camions lors de la virée bigarrée et joyeuse des Penkinpainajaiset[25],[26]. Après le baccalauréat, les heureux élus gagnent le droit de porter la casquette blanche du bachelier, ou ylioppilaslakki[27] et inondent les restaurants des grandes villes pour une grande fête avant d'attaquer les révisions pour les examens d'entrée aux études supérieures, la vie active, ou une année sabbatique.
140
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141
+ De plus, l’école est gratuite, comme le transport scolaire et le repas de midi. Les horaires sont doux : la journée démarre à 8 heures et se termine vers 14 heures. L’après-midi est consacrée aux sports, aux activités artistiques, à la découverte de la nature et il n’y a pratiquement pas de devoirs à la maison. Après l'école élémentaire, les jeunes Finlandais peuvent choisir entre le lycée et le lycée professionnel qui durent environ trois ans.
142
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143
+ La Finlande est depuis plusieurs années championne du monde pour l'efficacité du système scolaire. Selon l'enquête PISA[28] sur les acquis des jeunes de 15 ans (2000 et 2003), la Finlande arrive en effet en tête en mathématiques, en maîtrise de la lecture, en sciences et en capacité à résoudre un problème (Finlande : deuxième position)[29]. Pourtant ce pays performant ne consacre que 6,2 % de son PIB à l'éducation alors que la France par exemple en consacre 6,9 %.
144
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145
+ Si on en croit les enquêtes menées sur cette réussite, les relations avec les professeurs sont très bonnes, le climat est moins à la répression qu'à l'autodiscipline. Si un élève perd pied, pas question de redoubler, des professeurs spécialisés (2 ou 3 par établissement) viennent prêter main-forte à leur collègue dans la classe ou donnent des cours particuliers, autant qu’il est nécessaire. Les enseignants se situent dans une optique d'accompagnement et les textes, la hiérarchie, les maîtres y sont très respectés et leur autorité reconnue.
146
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147
+ Le système est entièrement décentralisé. L'équipe enseignante et le directeur ont une grande marge de manœuvre dans l'organisation de l'établissement. L'école se charge elle-même de l'embauche des professeurs. Il n'y pas d'inspecteurs, mais des évaluations ministérielles à usage interne. Les professeurs s'évaluent entre eux. Les municipalités financent les établissements à hauteur de 50 % du budget, le reste étant financé par l'État[30].
148
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149
+ L'enseignement supérieur comprend deux types d'institutions : les universités et les instituts universitaires professionnalisés. Pour y entrer il faut passer des concours. Le système de l'enseignement supérieur est très décentralisé avec une cinquantaine d'établissements.
150
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151
+ La culture finlandaise est propre à la Finlande, et se distingue notablement de celles des pays voisins. En dépit d'un siècle au sein de la Russie, et d'une frontière de plus de mille kilomètres avec ce pays, les influences culturelles russes sont bien moins fortes que les influences suédoise et allemande. Le sentiment d’identité culturelle finnoise est né au XIXe siècle, quand la Finlande faisait partie de la Russie, et que cette dernière a laissé naître, voire encouragé, le sentiment d'identité nationale.
152
+
153
+ Un grand pan de la musique finlandaise est influencé par les mélodies et les paroles de la musique traditionnelle carélienne, telle qu'elle est exprimée par le Kalevala. La culture carélienne est considérée comme l'expression la plus pure des mythes et croyances de la culture finlandaise, et la moins influencée par la culture germanique. La musique traditionnelle finlandaise vit un renouveau depuis quelques décennies, et est devenue une branche de la musique populaire. Les peuples du Nord de la Finlande, les Samis, ont leur propre tradition musicale (en).
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155
+ Un grand compositeur national est Jean Sibelius dont l'œuvre majeure Finlandia symbolise le mieux la naissance de l'identité nationale finlandaise.
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157
+ La musique contemporaine populaire finlandaise inclut une scène renommée de metal, phénomène musical partagé avec les autres pays nordiques. Les groupes/artistes les plus connus hors frontières sont actuellement Stratovarius, Nightwish, Tarja Turunen, Impaled Nazarene, Children of Bodom, HIM, Sonata Arctica, Wintersun, Sentenced, Moonsorrow, Ensiferum, Turisas, Korpiklaani, Finntroll, Von Hertzen Brothers, Apocalyptica, Lordi, Reckless Love (en), Santa Cruz, Insomnium et Shiraz Lane (fi). Il existe également un certain nombre de groupes de rock dont The Rasmus, connu entre autres pour les titres In The Shadows et No Fear, de musiciens de jazz et de représentants du hip-hop. La musique finlandaise est aussi représentée par un grand nombre d'artistes de musique classique. Le groupe Värttinä est aujourd’hui aux avant-postes de la musique folk finlandaise.
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+ La littérature finlandaise fait référence à la littérature écrite en Finlande. Au début du Moyen Âge européen, le texte le plus ancien en langue finnoise est la lettre sur écorce de bouleau no 92 (en) de Novgorod, datant du XIIIe siècle. Les premiers textes en Finlande sont écrits en suédois ou en latin, au cours du Moyen Âge (aux environs de 1200 à 1523). La littérature finnoise se développe lentement, à partir du XVIe siècle, après que l'évêque et réformateur luthérien finlandais Mikael Agricola (1510-1557) eut fondé le finnois écrit. Il traduit le Nouveau Testament, dans cette langue, en 1548[31].
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+ Au début du XIXe siècle, la Finlande passe sous domination russe et l'essor du nationalisme se reflète et est favorisé par l'activité littéraire, qui se concentre sur le folklore finlandais. La plupart des œuvres importantes de l'époque, écrites en suédois ou de plus en plus en finnois, s'articulent autour de l'acquisition ou du maintien d'une identité finlandaise forte, comme le Carélianisme. Des milliers de poèmes folkloriques sont rassemblés dans Suomen kansan vanhat runot (en) (en français : Les poèmes anciens du peuple finlandais). Le recueil de poésie le plus célèbre est le Kalevala, publié en 1835. Le premier roman publié en finnois est Les Sept Frères (en)[32] (1870) d'Aleksis Kivi (1834-1872). Le livre Sainte Misère[33] (1919) de Frans Emil Sillanpää (1888-1964) lui vaut le premier prix Nobel de littérature finlandais, en 1939. D'autres auteurs notables sont Väinö Linna, Eino Leino et Johannes Linnankoski.
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+ Les réalisateurs finlandais les plus célèbres sont Aki Kaurismäki, Mika Kaurismäki et Timo Koivusalo. Le réalisateur et producteur hollywoodien Renny Harlin est aussi finlandais et est né en Finlande.
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+ À l'occasion du 100e anniversaire d'indépendance du pays, un vote a été tenu pour déterminer l'aliment national de la Finlande. Le choix des citoyens s'est arrêté sur le pain de seigle[34].
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+ La cuisine traditionnelle finlandaise a été fortement influencée par les cuisines suédoise, allemande et russe. Il y a cependant des différences et des singularités. Par exemple, les plats finlandais ont tendance à être moins sucrés que les plats suédois, et les Finlandais utilisent moins de crème smetana que les voisins russes. Dans des temps plus reculés, la cuisine finnoise variait d'une région à l'autre, et différait notablement entre l'Ouest et l'Est de la Finlande.
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+ Le petit déjeuner traditionnel, très consistant, est un vrai repas. Le déjeuner, qui est un repas assez léger, rapide et peu formel, est en général consommé autour de 11 h 30, « là où on est », soit pour ceux qui travaillent : sur le lieu de travail ou dans une cantine. Le dîner est pris entre 17 et 18 h, à la maison.
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171
+ Le sport est un passe-temps national en Finlande et de nombreux Finlandais se rendent régulièrement aux compétitions sportives. Le sport national est le pesäpallo, proche du baseball, mais les sports les plus populaires pour l'audience et la couverture médiatique sont le hockey sur glace et la Formule 1. Le football est aussi très populaire en Finlande grâce au célèbre Jari Litmanen, surnommé « le Roi » en Finlande. L'équipe nationale s'est qualifiée pour le championnat d'Europe de football 2020, première compétition majeure de son histoire.
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+ La Finlande est le berceau de Keke Rosberg (un titre), Nico Rosberg (un titre), Mika Häkkinen (deux titres), et Kimi Räikkönen (un titre), tous les quatre champions du monde de Formule 1 ; et de deux autres pilotes, Heikki Kovalainen (une victoire) et Valtteri Bottas (cinq victoires), qui sont vainqueurs en GP de F1. La Finlande a aussi donné naissance à de grands champions de rallye, tels qu'Ari Vatanen, Hannu Mikkola, Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Jari-Matti Latvala ou encore Kimi Räikkönen ; le joueur de hockey Saku Koivu, ancien capitaine de l'équipe des Canadiens de Montréal et ancien joueur des Ducks d'Anaheim, qui est maintenant retraité ; Teemu Selänne, qui a remporté la Coupe Stanley avec les Ducks d'Anaheim en 2007 ; Tuukka Rask, qui remporte la Coupe Stanley en 2011 avec les Bruins de Boston. La Finlande a également de très bonnes équipes de patinage sur glace synchronisé, et une biathlète qui évolue au sommet dans les années 2010 : Kaisa Mäkäräinen.
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+
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+ Parmi les plus fameux athlètes finlandais du temps passé, il y a Hannes Kolehmainen (1890-1966), Paavo Nurmi (1897-1973) et Ville Ritola (1896-1982), qui, à eux trois, ont remporté 25 médailles olympiques de course de fond. Ils sont considérés comme étant les premiers d'une génération de grands coureurs de fond finlandais, surnommés les « Finlandais volants ». Un autre coureur de fond, Lasse Virén (né en 1949), a remporté quatre médailles d'or au cours des Jeux olympiques de 1972 et 1976. Il n'est pas rare de voir un Finlandais skier deux heures après le travail.
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+
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+ Jari Litmanen
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+
179
+ Teemu Selänne
180
+
181
+ Jari Kurri
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+
183
+ Paavo Nurmi en 1920.
184
+
185
+ Mika Häkkinen.
186
+
187
+ Sami Hyypiä avec Liverpool.
188
+
189
+ Marcus Grönholm.
190
+
191
+ Kaisa Mäkäräinen.
192
+
193
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
194
+
195
+ Si la Finlande n'est pas dans les premiers pays pour la durée moyenne de vie (le Japon et la France sont aujourd’hui en tête dans ce palmarès), elle est mieux placée que la France pour les chances d'arriver à 35 ans en bonne santé.
196
+
197
+ Dans le domaine du cancer, on parle même d'« exception finlandaise » pour décrire le phénomène suivant : les cancérologues et urologues signalent et mesurent une fréquence accrue du cancer du testicule partout dans le monde (en tous cas partout où existent des registres du cancer, et surtout dans les pays riches où les populations à peau blanche dominent, notamment au début des années 1990 en Europe). Or, pour des raisons encore inexpliquées, la Finlande semble être le seul pays épargné par ce phénomène, alors même que le proche Danemark semble le pays le plus touché au monde, avec des taux de cancer quatre fois plus élevés qu'en Finlande dont il n'est séparé que par la Baltique ; la Finlande serait le pays (suivi) le moins touché au monde, et la qualité du sperme y semble également la meilleure[35]. De nombreux indices plaident pour des causes environnementales[36] et tout particulièrement pour les cancers de l'enfant, une exposition à des perturbateurs endocriniens ou à des produits cancérigènes in utero. Dans ce dernier cas, ce cancer est un des éléments du syndrome de dysgénésie testiculaire qui semble inexplicablement ne pas exister en Finlande.
198
+
199
+ Le terme héritage finlandais s'applique à un groupe de maladies génétiques dont la prévalence est particulièrement élevée en Finlande.
200
+
201
+ Le drapeau de la Finlande, une croix scandinave bleue sur fond blanc, date de 1918. Les armoiries sont plus anciennes, puisqu’elles datent de 1557.
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+
203
+ Drapeau.
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+
205
+ Armoiries.
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+
207
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
209
+ Le pays s’est aussi doté, après des sondages auprès de sa population, de sept symboles supplémentaires :
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+
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+ Triptyque de Akseli Gallen-Kallela, représentant une scène du Kalevala.
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+
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+ Children of Bodom, un groupe de Death metal mélodique finlandais.
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+ Parc national de Repovesi (fi).
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+ Musée national de Finlande à Helsinki.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Finlande
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+
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+ (fi) Suomen tasavalta Écouter
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+
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+ (sv) Republiken Finland Écouter
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+
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+ 60° 10′ N, 24° 56′ E
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+
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+ modifier
10
+
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+ La Finlande (en finnois : Suomi Prononciation ; en suédois : Finland), en forme longue la république de Finlande (en finnois : Suomen tasavalta ; en suédois : Republiken Finland), est un pays d'Europe du Nord, membre de l'Union européenne depuis 1995.
12
+
13
+ La Finlande est baignée par la mer Baltique, plus précisément par le golfe de Finlande au sud et par le golfe de Botnie à l'ouest et au sud-ouest. Son territoire s'étend de part et d'autre du cercle arctique dans la partie orientale de la Fennoscandie, ce qui fait d'elle un pays nordique entièrement extérieur à la Scandinavie. Composé de plus de 3 000 lacs et d'innombrables îles, parmi lesquelles celles de l'archipel autonome d'Åland, il occupe une superficie totale de 338 145 km2 entre la Norvège au nord, la Russie à l'est et la Suède au nord-nord-ouest, ce qui en fait un des plus vastes pays de l'Union européenne.
14
+
15
+ Cet espace géographique soumis à un climat rigoureux pendant l'hiver est majoritairement une zone de taïga. Les 5,3 millions d'habitants que recense la démographie nationale confèrent au pays l'une des plus faibles densités de population de toute l'Union européenne. Principalement installés dans le Sud du pays, en particulier sur la côte méridionale, où se trouve la capitale, Helsinki, mais aussi les autres municipalités les plus peuplées, à savoir Espoo et Vantaa, qui sont regroupées au sein de la Région capitale ou Grand Helsinki, les Finlandais disposent de deux langues officielles, le finnois et le suédois. Après la zone urbaine d'Helsinki, la deuxième plus grande ville de Finlande est Tampere, située à environ 180 kilomètres au nord d'Helsinki.
16
+
17
+ Enrichie par les apports ancestraux d'une mythologie féconde, par les Samis, ou encore par les populations autochtones de la province septentrionale de Laponie, et bien qu'elle se soit clairement occidentalisée dans la seconde moitié du XXe siècle à la suite d'une reconversion réussie de son économie (centrée sur la sylviculture, puis la métallurgie, et enfin l'électronique), la culture nationale plébiscite toujours un certain dépouillement matériel, dont le sisu et le sauna sont des symboles sûrs, ainsi qu'une culture du silence.
18
+
19
+ Longtemps sous domination du voisin suédois, sous le règne duquel fut fondée la première capitale, Turku, la Finlande demeure marquée par les nombreux conflits qui l'ont opposée durant toute son histoire récente à la Russie, puissance impérialiste dont elle est devenue un grand-duché autonome en 1809, et dont elle n'a obtenu son indépendance qu'en 1917. L'année suivante, une guerre civile ensanglante le pays, suivie de deux guerres contre l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale, et enfin, d'une longue tutelle soviétique indirecte durant la guerre froide, connue sous le nom de « finlandisation ».
20
+
21
+ Ces soubresauts n'ont cependant pas empêché l'établissement d'une république stable dont les réalisations sont souvent présentées en modèles, et ce en de nombreux domaines, notamment environnement et qualité de vie. La politique nationale s'articule autour d'un président de la République, Sauli Niinistö, d'un parlement unicaméral, l'Eduskunta et d'un gouvernement dirigé par la Première ministre, actuellement Sanna Marin. Le Grand-duché de Finlande, alors composante de l'Empire russe, a été le premier État en Europe à accorder le droit de vote aux femmes ainsi que le premier au monde à les rendre éligibles au même titre que les hommes. En 2009, l'étude Legatum Prosperity classe la Finlande en première position à la suite de ses performances économiques et de la qualité de vie[4].
22
+
23
+ La Finlande connaît une forte période de récession à la fin des années 2000, en partie liée à l’affaiblissement de son industrie électronique (comme la chute de Nokia), la récession de son voisin russe et une crise dans l'industrie forestière. L'économie du pays se redresse néanmoins au milieu des années 2010.
24
+
25
+ Le paysage finlandais est plat dans la partie sud-ouest et dans les vastes plaines côtières d'Ostrobothnie, mais vallonné de collines dans le Centre et l'Est. La Laponie est par endroits montagneuse, mais généralement formée de vastes étendues assez planes. Le point culminant est le mont Ridnitsohkka 1 317,1 m d'altitude[5],[6], qui se trouve dans la pointe nord-ouest de la Laponie, près des frontières norvégienne et suédoise[6]. La Finlande est un pays aux milliers de lacs (dont la plupart communiquent entre eux) et d'îles (187 888 lacs et 179 584 îles). Un de ces lacs, le Saimaa, est le cinquième plus grand d'Europe. À côté des nombreux lacs, le paysage est dominé par la forêt boréale (environ 68 % du pays) et assez peu de terres arables. La plupart des îles sont dans le Sud-Ouest, dans l'archipel d’Åland, et le long de la côte méridionale du golfe de Finlande.
26
+
27
+ Le socle rocheux de la Finlande est formé principalement de roches précambriennes du bouclier scandinave (gneiss, granite et schistes). Le relief de la Finlande s'est formé il y a environ un milliard d'années, si bien qu'il est aujourd’hui très érodé et peu marqué. Seuls quelques dômes de quartzite ont relativement bien résisté à l'érosion, et ils forment les rares collines du pays.
28
+
29
+ Le paysage actuel est essentiellement marqué par les glaciations. Il y a 10 000 ans, les glaciers recouvraient la totalité de la Finlande : ils ont charrié des rochers puis ont laissé en se retirant de vastes moraines, érodées à leur tour par l’eau de fonte. Les paysages présentent des formes typiques de paysage glaciaire : roches moutonnées, drumlins et eskers. Autour des moraines, comme à Suomenselkä dans l’Ouest, ou à Salpausselkä au sud, l’épaisseur des dépôts de sédiments glaciaires peut dépasser par endroits 100 m. L’eau de fonte des glaciers a donné naissance au lac Ancylus, ancêtre de l’actuelle mer Baltique, et recouvert une grande partie du pays. Le lac s’est ouvert il y a 7 000 ans sur la mer du Nord. L’abaissement du niveau de l’eau, conjugué à la surrection isostatique a donné au fil des siècles suivants le relief actuel du pays. Dans l’intérieur des terres, l’eau de fonte des glaciers a noyé les dépressions du relief et rempli d’anciennes failles, donnant naissance à la multitude de lacs de la Finlande. Le processus de surrection du relief se poursuit aujourd’hui : ainsi la côte de Pohjanmaa s’élève de 8 mm/an au-dessus de la mer Baltique. Il s’ensuit presque à chaque printemps des inondations, car les rivières n’ont pas de chenal d’écoulement naturel formé vers les côtes et les eaux de fontes peuvent librement s’épancher à travers le pays. Au cours des derniers siècles, certaines villes, comme Pori et Vaasa, ont été rebâties plus à l’ouest de plusieurs kilomètres car leurs ports étaient asséchés.
30
+
31
+ Le type de sédiment le plus commun dans les sols est la tillite, qui est un héritage des glaciations. Comme on ne trouve de craie ou de marbre que dans des sites isolés en Finlande, les dépôts glaciaires sont souvent pauvres en calcaire, et c’est pourquoi ils donnent des sols sujets à l’acidification. Dans les dépressions du relief, formées lors de la phase du lac d'Ancylus et de la formation de la Baltique, les sédiments glaciaires sont souvent recouverts par des sédiments marins, enrichis en carbonates. Ces sols limoneux, combinés à la douceur du climat, concentrent la culture des céréales sur les côtes ouest et sud de la Finlande ; car dans l’intérieur du pays, les sols sont peu favorables à l’agriculture du fait de leur acidification et de la fossilisation : il faut les chauler, les principales ressources en chaux étant fournies par les carrières de Pargas, de Lohja et de Lappeenranta.
32
+
33
+ Si les mines de fer de Finlande sont aujourd’hui pratiquement épuisées, il subsiste d’importants gisements de cuivre, de nickel, de zinc et de chrome. Dans les années 1860, la découverte de quartz aurifères dans la vallée du Kemijoki déclencha une véritable ruée vers l’or en Laponie. Les rivières de Laponie sont toujours en exploitation, soit par orpaillage, soit par lixiviation industrielle : un filon important se trouve à Pahtavaara près de Sodankylä. Les autres placers se répartissent un peu partout à l’intérieur du pays : dernièrement, en 1996, on a découvert près de Kittilä un filon estimé à 50 tonnes d'or. La Finlande est aussi le plus gros exportateur de talc d’Europe[7]. Cette roche, très utilisée dans l’industrie de la pâte à papier, est extraite en grandes quantités à Sotkamo et Polvijärvi. Parmi les autres minéraux d’intérêt industriel extraits en Finlande, on trouve la wollastonite, dolomite, apatite, quartz et feldspath.
34
+
35
+ Le climat de la Finlande méridionale est continental. En Finlande du Nord, particulièrement en Laponie, le climat subarctique domine, caractérisé par des hivers parfois très froids (pouvant descendre jusqu'à −40 °C). Dans le Sud et le Sud-Ouest, les hivers peuvent être rudes, selon les années. L'enneigement, en tout cas, est plus irrégulier que dans le Nord finlandais. L'été, le thermomètre peut parfois monter jusqu'à 30 °C. La Finlande est d'ailleurs un pays à faible pluviométrie : 400 mm de pluie en Laponie et dans l'Est carélien, 550 à 700 mm dans le Sud-Ouest.
36
+
37
+ On dénombre 42 000 espèces différentes d'animaux et de végétaux en Finlande, dont 65 espèces de mammifères[8]. Si la biodiversité y est moindre qu'en Europe centrale, les zones vierges procurent un habitat à de nombreuses espèces devenues rares sur le reste du continent.
38
+
39
+ En Finlande, la tradition du droit d'accès à la nature (jokamiehenoikeus en finnois, allemansrätten en suédois) permet à tout particulier, sous certaines conditions, de fréquenter en toute liberté les zones naturelles : il est notamment permis de récolter des baies, des champignons ou de pêcher à la ligne ; la chasse et la pêche sont du reste des activités très communes, puisque 6 % des Finlandais possèdent un permis de chasse[9].
40
+
41
+ La Finlande est le pays le plus boisé d'Europe : 86 % de la superficie du pays est couverte de forêts[10]. Mais la végétation s’ordonne du nord au sud en trois zones de végétation bien contrastées : la plus grande partie du pays est recouverte par la forêt boréale, qui se caractérise par une dominance des conifères, une période végétative brève et des sols pauvres, sur lesquels la croissance des arbres est lente et la variété florale est faible. Les essences dominantes sont le pin (50 %) et l'épicéa (30 %) ; le feuillu le plus représenté est le bouleau (16,5 %[11]). Le sol est couvert d’airelles et de mousse, qui plus au nord cèdent la place aux lichens.
42
+
43
+ On ne retrouve de forêt mixte que le long de la côte sud-ouest ainsi que sur les quelques récifs disséminés au large. Il s'y trouve certaines essences uniques pour la Finlande, comme le chêne. La Laponie septentrionale est essentiellement dénudée ; seuls quelques bouleaux faméliques trouvent à se développer. Les collines sont couvertes de toundra.
44
+
45
+ Un tiers de la Finlande était à l'origine couvert de tourbières : au fil des siècles passés, la moitié a été asséchée pour l'agriculture[12]. Il ne subsiste au sud que quelques tourbières ombrotrophes ; plus au nord, ce sont des tourbières d’aapa. La plus grande partie de ces tourbières sont des ripisylves.
46
+
47
+ Malgré une chasse intense, les rennes sont encore nombreux en Finlande, et bien qu'un tiers du cheptel soit abattu chaque année, la population se maintient à peu près au niveau de 100 000 individus[13]. Ces animaux présentent un véritable danger pour les automobilistes car les chocs sont souvent mortels. Dans le Nord du pays, l'animal est omniprésent : quelque 200 000 rennes sont semi-domestiqués et s'ébattent toute l'année en liberté ; à la fin de l'automne, les éleveurs rassemblent le troupeau et sélectionnent les individus pour l'abattage. Le renne des forêts est beaucoup plus rare : naguère commun dans toute la Finlande, il avait disparu à la fin du XIXe siècle ; dans les années 1950, une petite population a migré de Russie à Cajanie et en Carélie du Nord. Les cerfs de Virginie, importés en grande quantité d'Amérique, se sont acclimatés dans le Sud et l'Ouest du pays.
48
+
49
+ La prospérité retrouvée des populations de prédateurs doit beaucoup aux mesures prises par les autorités ces dernières années ; on dénombre aujourd’hui plus de 1 000 ours bruns et lynx, et plus de 200 loups. Par endroits, on a dû autoriser de nouveau la chasse de certains de ces animaux pour une durée déterminée. Il subsiste en Laponie une population de 150 gloutons. Le renard polaire était naguère répandu dans tout le pays, mais l'activité des trappeurs l'avait pratiquement fait disparaître au début du XXe siècle. Le renard roux a toujours été vivace, mais depuis quelques décennies il est concurrencé par le chien viverrin, venu de Russie.
50
+
51
+ Le Pusa hispida saimensis (en) (phoque annelé) est confiné aux lacs de Saimaa. Cette variété rare de phoque d'eau douce n'a pu être sauvée que par l'adoption de mesures énergiques et symbolise la protection de la Nature en Finlande. Le polatouche de Sibérie, qui pour l'Union européenne ne se trouve qu'en Finlande et en Estonie, bénéficie également de mesures spécifiques.
52
+
53
+ L’avifaune de Finlande comporte 430 espèces[8], dont l’aigle royal, le pygargue, des gallinacées comme le Grand Tétras, le coq de bruyère, la gélinotte et le lagopède et enfin une multitude de palmipèdes. Le cygne chanteur, par la place qu'il occupe dans la mythologie nordique, est l'animal-emblème finlandais. Cette espèce, elle aussi, n'a pu être sauvée de la disparition que par l'adoption de lois sévères : des 15 couples recensés dans les années 1950, sont nés les 1 500 couples actuels.
54
+
55
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
56
+
57
+ En décembre 2018, la Finlande comptait 1 866 sites dont :
58
+
59
+ La superficie totale est de 50 636 km2, ce qui représente 12,6 % de la surface terrestre et marine du territoire de la Finlande[14].
60
+
61
+ La Finlande est subdivisée en 19 régions, 70 sous-régions et 320 municipalités.
62
+
63
+ La Finlande est la patrie de Nokia, ancien numéro un mondial de la téléphonie mobile, ainsi que de nombreuses autres grandes entreprises, par exemple : Kone, Outokumpu, Rautaruukki, Amer Sports, Fiskars, UPM-Kymmene, Stora Enso, Patria, F-Secure, TietoEVRY, Nautor's Swan (sv), Marimekko, VR-Yhtymä Oy…
64
+
65
+ La population active finlandaise s'élève à 2,66 millions (2004). Celle-ci se répartit dans les catégories suivantes : service public 32 %, industrie 22 %, commerce 14 %, finance et services 10 %, agriculture et forêt 8 %, transport et communication 8 %, construction 6 %.
66
+
67
+ En 2004, le taux de chômage était de 8,8 % (2004). Il est passé à 7,7 % en 2006 avant d'atteindre 6,0 % en avril 2008. Par la suite, le taux de chômage remonte à 8,9 % en novembre 2009 puis revient à 7,2 % en novembre 2011[16].
68
+
69
+ La Finlande est l'un des 12 pays à avoir adopté l'euro le 1er janvier 2002.
70
+
71
+ L'ONU, à travers le calcul de l'IDH (mesure synthétique du niveau de développement des pays) place la Finlande en neuvième position mondiale en 2007.
72
+
73
+ En 2015, l’écart d’espérance de vie entre les personnes diplômées et les personnes non diplômées est de 5 ans en Finlande[17]
74
+
75
+ En 2016, le gouvernement modifie le code du travail dans l'objectif d'accroitre la compétitivité des entreprises. Les salaires des fonctionnaires sont réduits pendant les jours de congés, les heures supplémentaires et le travail dominical seront moins payés et les cotisations sociales des salariés sont augmentées. En revanche, les cotisations patronales sont réduites[18].
76
+
77
+ La « Finlande et le Nord de la Sibérie » fut d'abord peuplée par des chasseurs-cueilleurs. Ils ont transmis leurs gènes jusqu’à l’ère moderne. Le groupe s’étend de la Laponie à l’est jusqu‘au Groenland. Bien que génétiquement variées, ces populations ont une signature génétique qui les relie le plus souvent aux peuples finnois.
78
+
79
+ Ils sont descendants des chasseurs-cueilleurs qui ont résisté à la poussée des agriculteurs. Ils se sont adaptés, et ont prospéré dans un nouvel âge. Tout comme l’expansion de Béring, ce groupe dépasse les divisions conventionnelles, montrant des connexions claires à la fois avec l’est et l’ouest. Même l’Amérique est connectée avec le groupe « Finlande et le nord de la Sibérie », par sa parenté avec la Sibérie ancienne.
80
+
81
+ Les Hommes ne se sont installés dans le Grand Nord qu’il y a 30 000 ans, là où aucun Néanderthalien ne s’était aventuré. Conservant des connexions sur le long terme avec les populations du Sud, les peuples du Grand Nord ont maintenu leur cohérence après la fin de la glaciation. Le groupe « Finlande et le Nord de la Sibérie » se retrouve chez les chasseurs-pêcheurs Saami, avec des apports ouraliens, russes, suédois et même scandinaves.
82
+
83
+ La Finlande est, pendant le Moyen Âge et jusqu'au début du XIXe siècle, une partie du royaume de Suède. Pour autant la délimitation exacte de ses frontières notamment septentrionales fait l'objet d'une évolution lente marquée par les rapports de forces entre les différentes puissances voisines parfois alliées du Danemark, de la Norvège, de la Russie et de la Suède[19].
84
+
85
+ Elle passe sous la souveraineté de la Russie de 1809 à 1917 en tant que grand-duché autonome. Plusieurs guerres entre ces deux pays se sont déroulées en Finlande, notamment là où se trouve la forteresse suédoise de Suomenlinna (Sveaborg en suédois), à l'entrée d'Helsinki. Cette période ouvre les débuts de la construction d'une identité nationale finlandaise[20].
86
+
87
+ En témoigne également « Le Livre d'Or de la Baltique », havre naturel constitué par des îlots rocheux à proximité immédiate de Hanko (Hangö), où de nombreux marins, partis guerroyer contre les Russes, ont laissé une trace de leur passage, gravée dans le roc.
88
+
89
+ Le 6 décembre 1917, pendant les événements révolutionnaires russes, la Finlande obtient son indépendance, à l'instar de ses voisins baltes. En 1918, une guerre civile déchire le pays et se termine par la défaite des « rouges » soutenus par la Russie soviétique.
90
+
91
+ Le 30 novembre 1939, l'Union soviétique attaque la Finlande lors de la guerre d'Hiver à la suite de désaccords territoriaux concernant des îles du golfe de Finlande ; Moscou tente même d'y installer un régime fantoche, la République démocratique finlandaise. La Finlande parvient à tenir tête bien mieux que prévu à l'Armée rouge, le conflit aboutissant à un traité de paix en 1940 : l'URSS annexe l'isthme de Carélie, mais renonce à envahir le reste de la Finlande. L'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie en 1941 (opération Barbarossa), place la Finlande dans la position d'une alliée de facto de l'Axe (se battant contre l'URSS pour des raisons différentes). Les Finlandais passent à l'offensive (guerre de Continuation), mais si les débuts sont victorieux, les défaites successives de l'Allemagne et une vaste offensive soviétique lancée en Carélie les conduisent à signer une paix séparée avec l'URSS en 1944, ce qui place cette fois l'armée finlandaise du côté des Alliés. Après avoir lancé un ultimatum à la Wehrmacht pour se retirer du territoire, en accord avec le traité de paix, la Finlande attaque les Allemands qui lui font payer ce « coup de poignard dans le dos » par de lourdes pertes : le pays sort ruiné et ravagé de cette guerre. Cet engagement porte ses fruits, car bien qu'elle doive, après la guerre, payer de lourdes réparations à l'URSS suite au traité de Paris de 1947, la Finlande, contrairement à ses voisins baltes, sauve au moins son indépendance. Elle fait en effet valoir que son combat était motivé par la volonté de récupérer les territoires perdus en 1940 et qu'elle n'avait pas aidé l'armée allemande à encercler définitivement Léningrad durant l'hiver 1941.
92
+
93
+ Elle est ensuite soumise à une politique de neutralité stricte pendant la guerre froide (interdiction d'adhérer à l'OTAN, de permettre des troupes occidentales ou à des systèmes de défense sur son sol, interdiction des livres ou films anti-soviétiques, etc.), marquée par l'influence que l'URSS exerce sur la politique extérieure finlandaise. En Occident, cet état de soumission sera appelé la « finlandisation ».
94
+
95
+ Durant presque toute cette période, le président Urho Kekkonen, dont la personnalité a durablement marqué la Finlande, « règne » avec une longévité remarquable.
96
+
97
+ En 1995, la Finlande adhère à l'Union européenne. Elle adopte l'euro comme monnaie en 2002.
98
+
99
+ La Finlande est une démocratie parlementaire. Le président de la République, élu au suffrage universel direct, dispose de pouvoirs non négligeables, mais joue actuellement un rôle moins marqué dans la vie politique qu'il y a vingt ans. Le gouvernement (valtioneuvosto en finnois ou statsrådet en suédois) est dirigé par le Premier ministre qui est choisi par le parlement. Le gouvernement est constitué du Premier ministre, des différents ministres du gouvernement central et d'un membre d'office, le Chancelier de la justice.
100
+
101
+ Le parlement (Eduskunta en finnois ou Riksdag en suédois) unicaméral est constitué de 200 députés, et possède constitutionnellement l'autorité législative suprême en Finlande. Il peut modifier la constitution, révoquer le gouvernement, et contrer les vetos présidentiels. Ses actes ne peuvent être judiciairement contestés. Les lois peuvent être proposées par le gouvernement ou l'un des membres de l'Eduskunta, qui sont élus au suffrage proportionnel pour une durée de quatre ans.
102
+
103
+ Le système judiciaire comprend les tribunaux de grande instance qui jugent des affaires civiles et pénales, des cours d'appel et une Cour suprême. Le contentieux administratif est du ressort des tribunaux administratifs, des cours administratives d'appel et de la Cour administrative suprême. Certaines juridictions administratives particulières sont chargées de traiter des litiges, par exemple dans le domaine des eaux.
104
+
105
+ Le parlement, depuis que le suffrage universel a été instauré en 1906 (femmes comprises), a été dominé par les partis agrariens (parti centriste Maalaisliitto, actuellement Suomen Keskusta), sociaux-démocrates (SDP) et alliance de gauche (Vasemmistoliitto). On peut noter que l'éventail politique a été plus marqué par l'influence des courants anti-socialistes (au sens soviétique) que dans d'autres pays similaires ayant eu moins de contacts avec l'URSS.
106
+
107
+ La constitution et sa place dans le système judiciaire sont uniques, dans le sens où il n'y a pas de Cour constitutionnelle et où la Cour suprême ne peut intervenir sur une loi au seul prétexte que celle-ci soit inconstitutionnelle. La valeur constitutionnelle d'une loi dépend d'un simple vote parlementaire. Les seuls autres pays européens à ne pas disposer d'organe suprême constitutionnel sont les Pays-Bas, la Suisse et le Royaume-Uni (ce dernier n'ayant d'ailleurs pas de constitution écrite, celle-ci reposant sur les traditions, les précédents, la jurisprudence et un nombre limité de lois quasi-constitutionnelles).
108
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109
+ La Finlande est un pays neutre depuis 1955, et ne fait pas partie de l'OTAN, mais développe un programme d'interopérabilité de ses forces avec celles de l'OTAN.
110
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+ Les langues officielles du pays sont le finnois et le suédois.
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+ Le finnois est une langue agglutinante appartenant à la famille des langues finno-ougriennes, qui comprend aussi l'estonien, les langues sames et, dans une moindre mesure, le hongrois, langue ouralo-altaïque. Ces langues se distinguent des autres langues parlées en Europe car, de même que le basque, elles ne sont pas indo-européennes.
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+ Les bases du finnois écrit ont été codifiées par Mikael Agricola, archevêque de Turku, qui écrivit un abécédaire en 1543.
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+ Les mots « finnois » et « finlandais » sont souvent employés indifféremment en français courant pour désigner la langue. L'usage le plus courant en français est de faire la distinction entre les deux termes :
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+ On trouve en Finlande une grande majorité de finnophones (environ 91,5 % de la population, cf. Démographie de la Finlande) mais aussi une minorité suédophone (environ 300 000 personnes ; mais 46,6 % de la population sait parler le suédois en 2008), et une minorité d'expression samie (Lapons). On estime le nombre de locuteurs de langue samie à 1 500 actuellement sur le territoire de la Finlande. À cela s'ajoute une minorité Rom relativement importante (près de 10 000 personnes). Il y a donc en Finlande des Finlandais d'origine finnoise finnophones et suédophones (tous les suédophones ne sont pas des descendants de Suédois), d'autres d'origine suédoise suédophones ou finnophones (des anciens Suédois ayant changé de langue), des Samis d'expression finnoise (qui ont perdu la connaissance du sami).
120
+
121
+ Le nom de nombreuses villes de la bande littorale est exprimé dans les deux langues ; ainsi de Helsinki (Helsingfors), Turku (Åbo) ou Tampere (Tammerfors), par exemple. La signalisation routière bilingue est également présente dans de nombreuses municipalités.
122
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123
+ L’anglais est aussi très présent, en seconde, ou même en troisième langue, pour une très grande partie de la population, vu le haut niveau d'éducation de la population, surtout en milieux urbains, et chez les plus jeunes. En 2011, environ 90 % des Finlandais avaient des connaissances partielles, ou parlaient couramment l'anglais, soit environ deux fois plus que les Finlandais qui savent parler suédois.[réf. nécessaire]
124
+
125
+ La Finlande fut une province russe (grand-duché) entre 1809 et 1918. Quelque 200 000 Finlandais parlent russe ; elle demeure une langue universitaire[réf. nécessaire]. Le Russe reste la langue maternelle de quelque 5 000 Finlandais, qui sont surtout des descendants de Russes, ou Slaves, qui s'établirent en Finlande entre 1800 et 1910. De nos jours, ils sont généralement bilingues russe/finnois, ou russe/suédois. Ils sont localisés surtout à Helsinki, et vers Hamina[réf. nécessaire].
126
+
127
+ Avant l'arrivée du christianisme, la Finlande est le berceau de croyances animistes et polythéistes.
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+ À partir de l'an 1000, et la conversion des rois suédois, le christianisme commence à apparaître. Il se développe sous la poussée de Éric IX de Suède et de l'évêque anglais saint Henri au XIIe. Comme les pays du Nord de l'Europe, la Finlande se convertit aux idées de la Réforme. En 1634, l'adhésion à l'Église luthérienne devient obligatoire par la loi. Toutefois, des traces et des croyances de la religion païenne subsistent jusqu'au XIXe siècle dans les campagnes.
130
+
131
+ L'Église évangélique luthérienne est, en 2018, la principale confession du pays, avec 69,8 % de la population se réclamant de cette foi (Église d'État depuis 1923)[21]. La seconde Église d'État est l'Église orthodoxe de Finlande qui regroupe environ 1 % des Finlandais, on trouve aussi environ 11 000 catholiques finlandais[22]. L'islam s'est développé avec l'immigration (10 000 musulmans aujourd’hui)[23].
132
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133
+ L'éducation est considérée comme un des droits fondamentaux de tous les citoyens finlandais. Il s'agit du droit de recevoir une formation secondaire (lycée inclus) gratuitement. La loi garantit ce droit pour tous les résidents et non uniquement pour les citoyens finlandais.
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+ Les enfants de Finlande qui entrent à l’école à sept ans « ont passé leur enfance à jouer à la crèche »[réf. nécessaire], ils peuvent apprendre l'alphabet un an avant d’entrer à l’école, mais rien n'est exigé. L'enseignement fondamental est un enseignement de culture générale dispensé à l'ensemble des classes d'âge. Il est destiné à l'enfant de sa septième à sa seizième année. L'école fondamentale dure donc neuf ans et correspond à l'accomplissement de la scolarité obligatoire. Dans l'enseignement fondamental, les groupes sont formés par classes d'âge. Pendant les six premières années, il y a en général un enseignant principal qui enseigne la plupart des matières, ou toutes. Durant les trois dernières années, l'enseignement se fait habituellement par matières si bien que les enseignants sont spécialisés selon celles-ci. Dans l'enseignement fondamental sont intégrés aussi l’orientation pédagogique de l'élève et, en cas de besoin, un enseignement spécifique de soutien.
136
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137
+ Le programme scolaire inclut au moins les matières suivantes : langue maternelle et littérature, seconde langue nationale (suédois ou finnois, selon le cas), langues étrangères, connaissances de l'environnement, instruction civique, religion ou morale, histoire, sciences sociales, mathématiques, physique, chimie, biologie, géographie, éducation physique et sportive, musique, dessin, travaux manuels et ménagers. La définition des objectifs généraux au niveau national et la répartition horaire des différentes matières ou combinaisons de matières dans l'enseignement et l'orientation pédagogique de l’élève sont du ressort du gouvernement. La direction nationale de l'enseignement définit les objectifs particuliers et les principaux contenus de l'enseignement en arrêtant les fondements des programmes scolaires. Sur ces bases, chaque établissement détermine concrètement, au niveau local, son programme d'enseignement. Il n'y a aucun examen à la fin de la scolarité obligatoire (à 16 ans). Les redoublements et les abandons sont extrêmement rares.
138
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139
+ Le baccalauréat finlandais s'appelle Ylioppilastutkinto[24] et est considéré comme une véritable institution, et un pas important vers la vie adulte. En classe de terminale, les cours s'arrêtent fin avril, et les élèves se consacrent alors aux révisions, non sans avoir gratifié les plus jeunes de bordées de bonbons et d'autres friandises lancées depuis des camions lors de la virée bigarrée et joyeuse des Penkinpainajaiset[25],[26]. Après le baccalauréat, les heureux élus gagnent le droit de porter la casquette blanche du bachelier, ou ylioppilaslakki[27] et inondent les restaurants des grandes villes pour une grande fête avant d'attaquer les révisions pour les examens d'entrée aux études supérieures, la vie active, ou une année sabbatique.
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141
+ De plus, l’école est gratuite, comme le transport scolaire et le repas de midi. Les horaires sont doux : la journée démarre à 8 heures et se termine vers 14 heures. L’après-midi est consacrée aux sports, aux activités artistiques, à la découverte de la nature et il n’y a pratiquement pas de devoirs à la maison. Après l'école élémentaire, les jeunes Finlandais peuvent choisir entre le lycée et le lycée professionnel qui durent environ trois ans.
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+ La Finlande est depuis plusieurs années championne du monde pour l'efficacité du système scolaire. Selon l'enquête PISA[28] sur les acquis des jeunes de 15 ans (2000 et 2003), la Finlande arrive en effet en tête en mathématiques, en maîtrise de la lecture, en sciences et en capacité à résoudre un problème (Finlande : deuxième position)[29]. Pourtant ce pays performant ne consacre que 6,2 % de son PIB à l'éducation alors que la France par exemple en consacre 6,9 %.
144
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145
+ Si on en croit les enquêtes menées sur cette réussite, les relations avec les professeurs sont très bonnes, le climat est moins à la répression qu'à l'autodiscipline. Si un élève perd pied, pas question de redoubler, des professeurs spécialisés (2 ou 3 par établissement) viennent prêter main-forte à leur collègue dans la classe ou donnent des cours particuliers, autant qu’il est nécessaire. Les enseignants se situent dans une optique d'accompagnement et les textes, la hiérarchie, les maîtres y sont très respectés et leur autorité reconnue.
146
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147
+ Le système est entièrement décentralisé. L'équipe enseignante et le directeur ont une grande marge de manœuvre dans l'organisation de l'établissement. L'école se charge elle-même de l'embauche des professeurs. Il n'y pas d'inspecteurs, mais des évaluations ministérielles à usage interne. Les professeurs s'évaluent entre eux. Les municipalités financent les établissements à hauteur de 50 % du budget, le reste étant financé par l'État[30].
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+ L'enseignement supérieur comprend deux types d'institutions : les universités et les instituts universitaires professionnalisés. Pour y entrer il faut passer des concours. Le système de l'enseignement supérieur est très décentralisé avec une cinquantaine d'établissements.
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151
+ La culture finlandaise est propre à la Finlande, et se distingue notablement de celles des pays voisins. En dépit d'un siècle au sein de la Russie, et d'une frontière de plus de mille kilomètres avec ce pays, les influences culturelles russes sont bien moins fortes que les influences suédoise et allemande. Le sentiment d’identité culturelle finnoise est né au XIXe siècle, quand la Finlande faisait partie de la Russie, et que cette dernière a laissé naître, voire encouragé, le sentiment d'identité nationale.
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153
+ Un grand pan de la musique finlandaise est influencé par les mélodies et les paroles de la musique traditionnelle carélienne, telle qu'elle est exprimée par le Kalevala. La culture carélienne est considérée comme l'expression la plus pure des mythes et croyances de la culture finlandaise, et la moins influencée par la culture germanique. La musique traditionnelle finlandaise vit un renouveau depuis quelques décennies, et est devenue une branche de la musique populaire. Les peuples du Nord de la Finlande, les Samis, ont leur propre tradition musicale (en).
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+ Un grand compositeur national est Jean Sibelius dont l'œuvre majeure Finlandia symbolise le mieux la naissance de l'identité nationale finlandaise.
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+ La musique contemporaine populaire finlandaise inclut une scène renommée de metal, phénomène musical partagé avec les autres pays nordiques. Les groupes/artistes les plus connus hors frontières sont actuellement Stratovarius, Nightwish, Tarja Turunen, Impaled Nazarene, Children of Bodom, HIM, Sonata Arctica, Wintersun, Sentenced, Moonsorrow, Ensiferum, Turisas, Korpiklaani, Finntroll, Von Hertzen Brothers, Apocalyptica, Lordi, Reckless Love (en), Santa Cruz, Insomnium et Shiraz Lane (fi). Il existe également un certain nombre de groupes de rock dont The Rasmus, connu entre autres pour les titres In The Shadows et No Fear, de musiciens de jazz et de représentants du hip-hop. La musique finlandaise est aussi représentée par un grand nombre d'artistes de musique classique. Le groupe Värttinä est aujourd’hui aux avant-postes de la musique folk finlandaise.
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+ La littérature finlandaise fait référence à la littérature écrite en Finlande. Au début du Moyen Âge européen, le texte le plus ancien en langue finnoise est la lettre sur écorce de bouleau no 92 (en) de Novgorod, datant du XIIIe siècle. Les premiers textes en Finlande sont écrits en suédois ou en latin, au cours du Moyen Âge (aux environs de 1200 à 1523). La littérature finnoise se développe lentement, à partir du XVIe siècle, après que l'évêque et réformateur luthérien finlandais Mikael Agricola (1510-1557) eut fondé le finnois écrit. Il traduit le Nouveau Testament, dans cette langue, en 1548[31].
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+ Au début du XIXe siècle, la Finlande passe sous domination russe et l'essor du nationalisme se reflète et est favorisé par l'activité littéraire, qui se concentre sur le folklore finlandais. La plupart des œuvres importantes de l'époque, écrites en suédois ou de plus en plus en finnois, s'articulent autour de l'acquisition ou du maintien d'une identité finlandaise forte, comme le Carélianisme. Des milliers de poèmes folkloriques sont rassemblés dans Suomen kansan vanhat runot (en) (en français : Les poèmes anciens du peuple finlandais). Le recueil de poésie le plus célèbre est le Kalevala, publié en 1835. Le premier roman publié en finnois est Les Sept Frères (en)[32] (1870) d'Aleksis Kivi (1834-1872). Le livre Sainte Misère[33] (1919) de Frans Emil Sillanpää (1888-1964) lui vaut le premier prix Nobel de littérature finlandais, en 1939. D'autres auteurs notables sont Väinö Linna, Eino Leino et Johannes Linnankoski.
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+ Les réalisateurs finlandais les plus célèbres sont Aki Kaurismäki, Mika Kaurismäki et Timo Koivusalo. Le réalisateur et producteur hollywoodien Renny Harlin est aussi finlandais et est né en Finlande.
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+ À l'occasion du 100e anniversaire d'indépendance du pays, un vote a été tenu pour déterminer l'aliment national de la Finlande. Le choix des citoyens s'est arrêté sur le pain de seigle[34].
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+ La cuisine traditionnelle finlandaise a été fortement influencée par les cuisines suédoise, allemande et russe. Il y a cependant des différences et des singularités. Par exemple, les plats finlandais ont tendance à être moins sucrés que les plats suédois, et les Finlandais utilisent moins de crème smetana que les voisins russes. Dans des temps plus reculés, la cuisine finnoise variait d'une région à l'autre, et différait notablement entre l'Ouest et l'Est de la Finlande.
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+ Le petit déjeuner traditionnel, très consistant, est un vrai repas. Le déjeuner, qui est un repas assez léger, rapide et peu formel, est en général consommé autour de 11 h 30, « là où on est », soit pour ceux qui travaillent : sur le lieu de travail ou dans une cantine. Le dîner est pris entre 17 et 18 h, à la maison.
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171
+ Le sport est un passe-temps national en Finlande et de nombreux Finlandais se rendent régulièrement aux compétitions sportives. Le sport national est le pesäpallo, proche du baseball, mais les sports les plus populaires pour l'audience et la couverture médiatique sont le hockey sur glace et la Formule 1. Le football est aussi très populaire en Finlande grâce au célèbre Jari Litmanen, surnommé « le Roi » en Finlande. L'équipe nationale s'est qualifiée pour le championnat d'Europe de football 2020, première compétition majeure de son histoire.
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+ La Finlande est le berceau de Keke Rosberg (un titre), Nico Rosberg (un titre), Mika Häkkinen (deux titres), et Kimi Räikkönen (un titre), tous les quatre champions du monde de Formule 1 ; et de deux autres pilotes, Heikki Kovalainen (une victoire) et Valtteri Bottas (cinq victoires), qui sont vainqueurs en GP de F1. La Finlande a aussi donné naissance à de grands champions de rallye, tels qu'Ari Vatanen, Hannu Mikkola, Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Jari-Matti Latvala ou encore Kimi Räikkönen ; le joueur de hockey Saku Koivu, ancien capitaine de l'équipe des Canadiens de Montréal et ancien joueur des Ducks d'Anaheim, qui est maintenant retraité ; Teemu Selänne, qui a remporté la Coupe Stanley avec les Ducks d'Anaheim en 2007 ; Tuukka Rask, qui remporte la Coupe Stanley en 2011 avec les Bruins de Boston. La Finlande a également de très bonnes équipes de patinage sur glace synchronisé, et une biathlète qui évolue au sommet dans les années 2010 : Kaisa Mäkäräinen.
174
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175
+ Parmi les plus fameux athlètes finlandais du temps passé, il y a Hannes Kolehmainen (1890-1966), Paavo Nurmi (1897-1973) et Ville Ritola (1896-1982), qui, à eux trois, ont remporté 25 médailles olympiques de course de fond. Ils sont considérés comme étant les premiers d'une génération de grands coureurs de fond finlandais, surnommés les « Finlandais volants ». Un autre coureur de fond, Lasse Virén (né en 1949), a remporté quatre médailles d'or au cours des Jeux olympiques de 1972 et 1976. Il n'est pas rare de voir un Finlandais skier deux heures après le travail.
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+ Jari Litmanen
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+ Teemu Selänne
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+ Jari Kurri
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+ Paavo Nurmi en 1920.
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+ Mika Häkkinen.
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+ Sami Hyypiä avec Liverpool.
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+ Marcus Grönholm.
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+ Kaisa Mäkäräinen.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Si la Finlande n'est pas dans les premiers pays pour la durée moyenne de vie (le Japon et la France sont aujourd’hui en tête dans ce palmarès), elle est mieux placée que la France pour les chances d'arriver à 35 ans en bonne santé.
196
+
197
+ Dans le domaine du cancer, on parle même d'« exception finlandaise » pour décrire le phénomène suivant : les cancérologues et urologues signalent et mesurent une fréquence accrue du cancer du testicule partout dans le monde (en tous cas partout où existent des registres du cancer, et surtout dans les pays riches où les populations à peau blanche dominent, notamment au début des années 1990 en Europe). Or, pour des raisons encore inexpliquées, la Finlande semble être le seul pays épargné par ce phénomène, alors même que le proche Danemark semble le pays le plus touché au monde, avec des taux de cancer quatre fois plus élevés qu'en Finlande dont il n'est séparé que par la Baltique ; la Finlande serait le pays (suivi) le moins touché au monde, et la qualité du sperme y semble également la meilleure[35]. De nombreux indices plaident pour des causes environnementales[36] et tout particulièrement pour les cancers de l'enfant, une exposition à des perturbateurs endocriniens ou à des produits cancérigènes in utero. Dans ce dernier cas, ce cancer est un des éléments du syndrome de dysgénésie testiculaire qui semble inexplicablement ne pas exister en Finlande.
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+ Le terme héritage finlandais s'applique à un groupe de maladies génétiques dont la prévalence est particulièrement élevée en Finlande.
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+ Le drapeau de la Finlande, une croix scandinave bleue sur fond blanc, date de 1918. Les armoiries sont plus anciennes, puisqu’elles datent de 1557.
202
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203
+ Drapeau.
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+ Armoiries.
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207
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
208
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209
+ Le pays s’est aussi doté, après des sondages auprès de sa population, de sept symboles supplémentaires :
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+ Triptyque de Akseli Gallen-Kallela, représentant une scène du Kalevala.
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213
+ Children of Bodom, un groupe de Death metal mélodique finlandais.
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215
+ Parc national de Repovesi (fi).
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217
+ Musée national de Finlande à Helsinki.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1996.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,192 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+ Mozilla Firefox [mɒˈzɪlə ˈfaɪɚfɑks][a] est un navigateur web libre et gratuit, développé et distribué par la Mozilla Foundation avec l'aide de milliers de bénévoles grâce aux méthodes de développement du logiciel libre/open source et à la liberté du code source.
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7
+ Il est géré depuis 2003 par la fondation Mozilla. Celle-ci a créé en 2005 la société employant l'ensemble des salariés de la fondation, la Mozilla Corporation, et déposé la marque Mozilla en 2006.
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9
+ Firefox est à l'origine un programme dérivé du logiciel Mozilla (actuellement connu sous le nom de SeaMonkey), mais reprenant uniquement les fonctions de navigation de celui-ci. Ce logiciel multiplateforme est compatible avec diverses versions de Windows, macOS, GNU/Linux, Android et, fin 2015, iOS. Il a été porté sur d'autres systèmes d'exploitation, ce qui est rendu possible par la mise à disposition de son code source sous licence libre MPL.
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+ Le logiciel fait partie de la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (S.I.).
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13
+ Ce logiciel a connu un succès croissant dans un premier temps, dépassant 1,2 milliard de téléchargements en janvier 2010. Même si ce chiffre ne reflète pas le nombre réel d'utilisateurs du logiciel, Firefox est rapidement devenu le principal concurrent d'Internet Explorer, le navigateur Web de Microsoft. En décembre 2010, Firefox devient temporairement le navigateur le plus utilisé en Europe devant Internet Explorer et Google Chrome. Il se fait finalement rattraper par ce dernier pendant l'année 2011. Le 3 avril 2013, le projet Mozilla fête ses quinze années d'existence.
14
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15
+ Depuis 2010 et en partie depuis l'essor des smartphones, Firefox a vu sa part du marché des navigateurs web décroître d'environ 35 % à environ 5 % (estimations entre 3,3 % et 5,4 % en février 2020), au profit notamment des navigateurs Google Chrome et Safari (Apple).
16
+
17
+ Parmi les initiatives de la fondation destinées à enrayer ce déclin, Mozilla lance fin 2016 un énorme chantier d'alignement sur la concurrence, avec des refontes structurelles tant au niveau du code (notamment l'implémentation du multithreading et l'unification sur le système WebExtensions) que de l'interface ; une étape importante se concrétise avec Firefox Quantum, soit la version 57 du navigateur, qui est sorti fin 2017.
18
+
19
+ En septembre 2019, l'agence allemande de sécurité informatique (BSI), recommande Firefox car étant le navigateur le plus sécurisé.
20
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21
+ Le navigateur peut être personnalisé à partir de la base initiale. En effet, Firefox accepte des milliers d’extensions et de thèmes graphiques, ce qui permet à chaque utilisateur de le modifier facilement selon ses besoins : ajout de fonctionnalités, modification de l'interface, etc.
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23
+ Quelques fonctionnalités présentes par défaut dans Firefox incluent notamment :
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+
25
+ Parmi les milliers de modules complémentaires à la demande[9],[10] :
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27
+ La Mozilla Foundation, par l’intermédiaire de son moteur de rendu Gecko, promeut et suit dans ses logiciels les normes et standards ouverts, en priorité ceux du W3C[11]. Ainsi, Mozilla Firefox supporte les standards du Web les plus basiques comme HTML, CSS, XHTML, XML, JavaScript, mais aussi DOM, MathML, XSL ou encore XPath. Le test Acid2 est passé depuis la 3e version[12], tandis que le test Acid3 n'est passé que partiellement, avec un résultat de 97/100 pour la dernière version 6. Ce résultat stagnait depuis la version 4. Avec la modification du test Acid3 en septembre 2011, Firefox obtient désormais un score de 100/100[13].
28
+
29
+ Les contributeurs Mozilla sont constamment en train d’améliorer le support des standards de Firefox, et plus particulièrement le CSS niveau 2 et le CSS niveau 3, ou d’ajouter de nouvelles fonctionnalités comme le rendu de SVG, déjà bien supporté, APNG ou XForms. Un support natif, bien que partiel, de SVG 1.1 est notamment activé depuis Firefox 1.5[14].
30
+
31
+ Firefox dispose d’un panneau d’options permettant de configurer une grande partie du navigateur. Toutes les barres d’outils sont également entièrement paramétrables. Pour les configurations avancées, le fait de taper about:config dans la barre d’adresse permet de configurer de nombreux éléments pointus inaccessibles depuis la fenêtre d’options (une liste non exhaustive est présente sur MozillaZine[15]). Il faut cependant être vigilant et ne pas faire de manipulations hasardeuses à cet endroit, car celles-ci se font alors sans garde-fou et peuvent altérer le fonctionnement du logiciel de manière importante. Depuis Firefox 3, un message d'avertissement permet de tenir éloignés de cette fonctionnalité les utilisateurs débutants.
32
+
33
+ En plus des options avancées, Firefox dispose de nombreuses extensions destinées aux internautes, aux webmestres et aux développeurs, qui ne sont pas à confondre avec les plugins. Elles permettent d’ajouter des fonctions plus ou moins variées à celles étant les plus basiques. Certaines des fonctions les plus utilisées ou jugées comme étant les plus utiles parmi ces outils deviennent des fonctions implémentées nativement dans Firefox. Par exemple, une extension se nommant SessionSaver et permettant de retrouver l’état de la navigation en cas de fermeture intempestive a été incluse dans Firefox 2. Les extensions permettent d’ajouter de nouvelles fonctionnalités au navigateur, comme la météo, un blocage des publicités des sites Web[16], des outils de développement Web, etc. Elles permettent également de changer son apparence (grâce aux thèmes). Les extensions développées ne sont compatibles qu'avec une branche précise du navigateur (la compatibilité est souvent réduite aux nouvelles versions mineures). Les développeurs de ces extensions doivent donc adapter leur logiciel avec chaque nouvelle version. Ce processus prend du temps pendant lequel certaines extensions ne sont pas disponibles pour la nouvelle version. Mozilla a annoncé qu’un milliard d’extensions avaient été téléchargées depuis le site addons.mozilla.org le 19 novembre 2008[17] et que la barre des 2 milliards de téléchargements avait été franchie le 1er juillet 2010.
34
+
35
+ En septembre 2016, la version 49 de Firefox ajoute des capacités multi-processus qui devraient être accessibles pour tous les utilisateurs en 2017. L’usage du multi-processus permet de renforcer la sécurité en ajoutant une sandbox[18].
36
+
37
+ Le mode lecture dont le texte lu à voix haute est optimisé, cette version permet l'accès aux pages déjà lues en étant hors connexion[c]. Cependant le multi-processus entraîne l'arrêt du plugin Firebug utilisé par les développeurs web pour vérifier le code HTML, modifier les CSS et accéder au débogueur de Javascript[20].
38
+
39
+ L'interface de Firefox peut être personnalisée selon les goûts de l'utilisateur. Il est possible de changer l'apparence du navigateur via plusieurs milliers de thèmes, proposés par les utilisateurs[21]. Il est également possible de créer facilement son propre thème[22] et de le distribuer sur la plateforme Firefox add-ons. Ces thèmes se contentent souvent d'ajouter une image de fond pour la partie haute du navigateur, pour les onglets et la barre principale.
40
+
41
+ Il est également possible de changer la disposition des icônes : Firefox permet de choisir quelles icônes sont affichées dans l'interface depuis la version 29[23]. L'utilisateur peut, via le menu Personnaliser arranger les icônes en les déplaçant à la souris. Il peut également ajouter les icônes et des extensions qu'il a installées.
42
+
43
+ jusqu'à Firefox 52[24]
44
+
45
+ Firefox fonctionne sur de nombreux systèmes d’exploitation[25] dont GNU/Linux, BSD, Solaris et d’une façon plus générale tous les systèmes d’exploitation compatibles UNIX, macOS, Android et Windows NT (incluant Windows 98, Windows 2000, Windows XP, Windows Vista, Windows 7, Windows 8[26], Windows 10).
46
+
47
+ Il est également porté sur d'autres systèmes tels que OS/2[27], IRIX, RISC OS[28][source insuffisante], SkyOS[29], BeOS[30] et sur les mobiles et les tablettes embarquant les systèmes d'exploitation Android, iOS (iPhone et iPad)[31], Firefox OS et Ubuntu Touch. Il n'est pas disponible sous Windows Mobile[32].
48
+
49
+ Mozilla Foundation annonce l'arrêt des nouvelles fonctionnalités et mises à jour ordinaires des OS de Microsoft Windows XP et Vista en septembre 2017[d].
50
+
51
+ Mozilla Firefox sous Firefox OS
52
+
53
+ Firefox 31 sous Arch Linux
54
+
55
+ Firefox 30 sous OS X Mavericks
56
+
57
+ Firefox 42 sous OS X El Capitan
58
+
59
+ Firefox est un navigateur web libre et gratuit, développé et distribué par la Mozilla Foundation avec l'aide de milliers de bénévoles[34],[35] grâce aux méthodes de développement du logiciel libre/open source et à la liberté du code source.
60
+
61
+ Il est géré depuis 2003 par la fondation Mozilla[36]. Celle-ci a créé en 2005 la société employant l'ensemble des salariés de la fondation, la Mozilla Corporation, et déposé la marque Mozilla en 2006.
62
+
63
+ Firefox est disponible sous licence libre MPL[37],[38].
64
+
65
+ En septembre 2019, l'agence allemande de sécurité informatique (BSI), recommande Firefox car étant le navigateur le plus sécurisé[39].
66
+
67
+ Le logiciel fait partie de la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (S.I.).
68
+
69
+ Le projet Firefox commence dès le printemps 2002, sous l’apparence d’une branche expérimentale de la plate-forme Mozilla conduite par David Hyatt et Blake Ross. Ils considèrent alors que le succès du projet Mozilla était compromis, tant par les besoins commerciaux du commanditaire Netscape que par l’expansion incessante des fonctionnalités induite par ses propres développeurs. La Suite Mozilla intègre en effet des fonctionnalités comme la gestion du courrier électronique, de l’IRC et des forums Usenet, ainsi qu’un éditeur HTML. Le projet mozilla/browser, rapidement surnommé « Phoenix », a donc été créé afin de combattre ce gonflement perçu comme néfaste et fournir un navigateur plus simple à utiliser. Les développeurs principaux sont alors Blake Ross, Dave Hyatt, Pierre Chanial et Joe Hewitt[40].
70
+
71
+ Dès le début du projet, un mécanisme d'extensions est implémenté. Ce choix permettra à l'utilisateur de personnaliser son navigateur comme il le souhaite et a posteriori, contrairement à la Suite Mozilla qui implémentait les fonctionnalités de facto. L’utilisation de XUL rend possible l’extension des capacités du navigateur à travers l’utilisation de thèmes graphiques (habillages ou skins) et d’extensions. Cependant, le processus de développement et d’installation de ces ajouts a également soulevé des problèmes potentiels de sécurité. C’est ainsi qu’avec la sortie de Firefox 0.9, la Mozilla Foundation a ouvert un site Web « Mozilla Update » contenant des thèmes et extensions « approuvés », les extensions provenant d’autres sites devant être dorénavant explicitement autorisées par l’utilisateur suivant un fonctionnement similaire au bloqueur de fenêtres surgissantes intégré. Firefox est finalement en passe de remplacer la Suite Mozilla pour l'utilisateur final.
72
+ Aussi, plusieurs fonctionnalités de la Suite Mozilla (comme le client IRC) sont maintenant disponibles en tant qu'extensions.
73
+
74
+ Pour le lancement de la version 1.0 (le 9 novembre 2004), la Mozilla Foundation lance une vaste campagne de publicité par le biais du site Spread Firefox[41] et publie le 16 décembre de la même année une double page de publicité dans le New York Times grâce aux dons de milliers de personnes[42]. Cette version de Firefox constitue la base de développement du navigateur Netscape 8.0.
75
+
76
+ Le 23 septembre 2002, une fois le logiciel suffisamment développé pour être utilisable, la première compilation, en phase de test, a été publiée sous le nom de « Phoenix[43] ». Le nom Phoenix a perduré jusqu’au 14 avril 2003, où il a dû être changé, car la marque était déjà détenue dans ce domaine par le constructeur de BIOS Phoenix Technologies[44]. Le nouveau nom, « Firebird » (« Oiseau de feu »), ne rencontra pas un grand enthousiasme ; de plus ce nom était déjà utilisé par un autre logiciel libre, le gestionnaire de bases de données Firebird[45]. Fin avril 2003, la Mozilla Foundation a donc publié un communiqué indiquant qu’il fallait se référer au navigateur en utilisant le nom Mozilla Firebird pour éviter la confusion[44]. Cependant, la pression constante de la communauté força un nouveau changement, et le 9 février 2004, Mozilla Firebird fut finalement renommé Mozilla Firefox[46].
77
+
78
+ Le nom de Firefox a été choisi pour ses similarités avec Firebird, et il était unique dans l’industrie informatique. Pour s’assurer qu’un nouveau changement de nom ne serait pas nécessaire, la Mozilla Foundation avait d’ailleurs, en décembre 2003, lancé une procédure d’enregistrement du nom Firefox comme une marque déposée aux États-Unis[47]. L’abréviation officielle de Firefox est depuis lors Fx ou fx[48], bien que dans le langage courant, de nombreux utilisateurs emploient l’abréviation FF ou ff. Certains utilisateurs ont été irrités par ces changements de nom successifs à l'époque[49].
79
+
80
+ Une des améliorations les plus visibles est la nouvelle identité visuelle de Firefox et de Thunderbird[50]. Firebird et Phoenix étaient auparavant considérés comme ayant un aspect graphique acceptable, mais pas toujours au même niveau que beaucoup d’applications professionnelles. En octobre 2003, le graphiste professionnel Steven Garrity a publié sur son site Web un article décrivant tout ce qu’il considérait comme bancal dans l’image de Mozilla[51]. Celui-ci a reçu énormément d’attention et la plupart des critiques suscitées par l’article consistaient à dire « où est le patch ? », une façon de dire dans la communauté du logiciel libre « si vous n’aimez pas un aspect du logiciel, arrangez-le vous-même ». Peu après, la Mozilla Foundation a invité Garrity à prendre la tête de sa nouvelle équipe d’identité visuelle[52]. La sortie de Firefox 0.8 en février 2004 a suscité un nouvel effort sur la marque, présentant notamment de nouveaux logos dessinés par Jon Hicks, qui avait travaillé précédemment sur Camino. La version finale du logo vient d’un concept de Daniel Burka et d’un croquis de Stephen Desroches. L’animal montré dans le logo est un renard stylisé. Aussi firefox est en général un nom commun pour désigner le panda roux[50] (Ailurus fulgens), selon Hicks cet animal ne renvoyait pas suffisamment l’image souhaitée[52] et n'était pas assez connu, ils ont donc opté pour un renard.
81
+
82
+ En 2009, pour la sortie de la version 3.5, le logo est entièrement redessiné et retravaillé par Anthony Piraino de The Iconfactory. Au fil du temps, le logo a gagné en notoriété : il est fréquemment utilisé dans un but promotionnel à diverses occasions, sans systématiquement associer le nom du logiciel. Ainsi, en août 2006, un agroglyphe ayant la forme de ce logo a été créé dans un champ dans l'État de l'Oregon[53] en45° 07′ 26″ N, 123° 06′ 49″ O « pour attirer l'attention des vaisseaux spatiaux de passage et des extra-terrestres » (« to gain traction with observers in passing spacecraft and hyper-intelligent space-faring races »)[54]. En avril 2008, un autre buzz amusant s'est déroulé autour de Firefox et l'astronomie : une comparaison entre une photographie de l'étoile V838 Monocerotis, prise par le Télescope spatial Hubble en mars 2004, et le logo de Firefox a circulé sur la toile[55]. La Fondation Mozilla a adopté, en décembre 2010, deux bébés pandas roux pendant quelques mois, afin d'officialiser l'animal qui a donné son nom à Firefox[56].
83
+
84
+ Au cours du temps, les logos des versions de développement et de la version stable du navigateur ont évolué. Voici les logos actuels :
85
+
86
+ Logo actuel de Mozilla Firefox
87
+
88
+ Logo de la version Developer Edition
89
+
90
+ Logo de la version Nightly
91
+
92
+ Bien que le code source du logiciel en lui-même soit libre[57], la marque « Firefox » et le logo, intégrés à ce même logiciel, ne le sont pas, car ce sont des marques déposées[58] et, de ce fait l'utilisation de la marque et du logo est soumise à certaines restrictions[59]. Ainsi, les distributions Linux qui se veulent entièrement libres, et exemptes de tout copyright, distribuent un dérivé libre et open source de Firefox sans la marque et le logo Firefox, en accord avec la licence MPL. Les trois logos de gauche sont des versions libres du logo dont le dérivé distribué entre 2006 et le 9 juin 2016[60] par Debian se nommait Iceweasel[61].
93
+
94
+ Logo libre (utilisé par certaines distributions GNU/Linux)
95
+
96
+ Logo d'IceCat(version GNU)
97
+
98
+ Logo d'Iceweasel (version Debian)
99
+
100
+ Logo de Tor Browser qui intègre le réseau Tor
101
+
102
+ Pour permettre aux utilisateurs de Firefox de pouvoir tester très tôt des nouvelles versions, Mozilla a créé Nightly, puis, pour son cycle de développement rapide de Firefox 5, 6 et 7, Developer Edition. Nightly est une version de Firefox éditée bien avant la version finale, c'est le tout début de cette nouvelle version. Elle est disponible dans toutes les langues sur la page dédiée aux versions en développement de Mozilla[62]. C'est la version « n + 3 » de Firefox (où « n » est la version stable courante). Developer Edition, anciennement Aurora, sert à utiliser une version de Firefox bien avant la version finale et dans toutes les langues[63]. C'est la version « n + 2 » de Firefox (où « n » est la version stable courante).
103
+
104
+ Finalement, une version donnée de Firefox passera par ce processus : Nightly → Developer Edition → Beta → Version finale stable. C'est sur Nightly que sont implémentées les nouvelles fonctionnalités, Developper Edition et Beta ne servant que pour filtrer les fonctionnalités pas assez mûres et rendre plus stables les ajouts de Nightly (correction des bugs présents)[64].
105
+
106
+ Au cours du développement de Firefox, différents projets se sont lancés à partir de versions dérivées du navigateur :
107
+
108
+ Depuis sa version 0.5 en 2003, le navigateur est disponible en français grâce au projet Frenchmozilla hébergé sur SourceForge.net. Depuis la version 1.0 de Firefox, les traductions sont directement hébergées sur le site de Mozilla et le téléchargement est proposé directement dans la langue utilisée par le navigateur courant. Le navigateur Firefox, dans sa version 2.x, est (au 4 juin 2007) disponible en 42 langues (dont l’hébreu et le chinois), toutes les traductions étant des réalisations de groupes indépendants de la Mozilla Foundation. La version 3.0 (à sa sortie, le 17 juin 2008) est disponible en 46 langues complètes, dont deux langues « en traduction ». Ces deux langues peuvent contenir des erreurs de traductions et ne sont donc que provisoires. La version 18.0.1 est disponible en 82 langues complètes dont l'espéranto[65]. L’adoption rapide de Firefox, 100 millions de téléchargements dans sa première année d’existence[66], est fort probablement la conséquence d’une série de campagnes de publicité agressives. En 2004, on pouvait assister à une série de manifestations à l’occasion des « Semaines Marketing ». Chaque nouvelle version majeure du logiciel fait l'objet d'une campagne de publicité virale sur Internet.
109
+
110
+ Le 12 septembre 2004, le portail de marketing baptisé Spread Firefox voit le jour. C’est le portail amélioré de la campagne Get Firefox. Sur ce site peuvent être trouvés des crayons, des macarons, des autocollants, et bien plus, via le « Mozilla Store ». La progression des évènements publicitaires y est également incluse. Une campagne nommée « Journée mondiale de Firefox » débute le 15 juillet 2006[67], en même temps que le troisième anniversaire de la Mozilla Foundation[68] pour se terminer le 15 septembre 2006[67]. Cet évènement avait pour but de promouvoir Firefox. Pascal Chevrel de Mozilla Europe explique que « l’idée c’est que les utilisateurs actuels de Firefox peuvent à partir du 15 juillet et ceci jusqu’au 15 septembre, faire découvrir à un ou une de leurs ami(e)s notre navigateur, si cette personne télécharge Firefox depuis ce site et l’utilise d’ici le 26 septembre, les noms du parrain et du filleul seront inclus dans Firefox 2 ainsi que sur un grand mur numérique installé dans les locaux du projet Mozilla »[69]. Le 28 mai 2008, le Download day (« jour du téléchargement ») est créé et placé au 17 juin 2008. Cette opération publicitaire visait à promouvoir Firefox 3.0 grâce au bouche-à-oreille. En effet, les internautes avaient la possibilité d'inciter leurs contacts à faire une promesse de téléchargement lors de la sortie du logiciel. Le nombre de téléchargements en 24 heures fut alors compté en vue d'établir un record du monde. Plus de 8 millions (8 002 530)[70] de téléchargements ont été effectués durant ce laps de temps[71] sur les serveurs de la Mozilla Foundation.
111
+
112
+ Le 19 novembre 2014, la fondation Mozilla annonce ne pas renouveler son partenariat avec Google et lui préférer Yahoo! comme moteur de recherche par défaut sur ordinateur et sur mobile pour ses utilisateurs américains[72]. Ce changement, d'abord appliqué aux États-Unis[73] a été ensuite étendu : Baidu est désormais le moteur de recherche par défaut en Chine, tandis qu'un accord a été passé avec Yandex pour les utilisateurs russes et chinois[74]. L'utilisateur peut bien sûr modifier son moteur de recherche par défaut.
113
+
114
+ Le 4 juillet 2016, la maison mère Mozilla Foundation annonce un partenariat avec Qwant grâce à une nouvelle version du navigateur optimisée pour le moteur de recherche français[e].
115
+
116
+ Le 15 novembre 2017, Mozilla rompt le contrat avec Yahoo!, fondé sur un partage de revenus publicitaires. L’accord, signé fin 2014, faisait de Yahoo! le moteur de recherche par défaut pour les internautes américains utilisateurs de Firefox. Le contrat devait initialement durer jusqu'en 2019[76],[77],[78].
117
+
118
+ Le 14 novembre 2017, Mozilla publie la version 57 du logiciel, nom de code Quantum, une mouture profondément remaniée de Firefox comptant notamment une modernisation du moteur de rendu Gecko (qui est amenée à se poursuivre avec les versions suivantes). Basé sur le projet Servo, Quantum inclut des parties écrites avec le langage Rust, langage développé par la fondation Mozilla, selon la philosophie développée dans le projet Electrolysis qui vise à gagner en vitesse d'exécution en exploitant mieux les possibilités des processeurs à plusieurs cœurs ainsi que l’utilisation de l’accélération apportée par le processeur graphique de l’ordinateur[82].
119
+
120
+ La version standard de Firefox.
121
+
122
+ En janvier 2012, la Mozilla Foundation met à disposition une version « ESR » (« Extended Support Release ») de Firefox. Cette version offre une plus grande stabilité dans le temps sans mises à jour, elle est à l'attention des organisations et entreprises qui déploient, utilisent et maintiennent des environnements de bureau, principalement des universités, des écoles, des organisations publiques ou des entreprises privées[83]. La fondation assure la sécurité de la version pendant un an, avant qu'une nouvelle version venant de la branche stable serve d'appui pour le cycle suivant. Un chevauchement de 43 semaines est prévu entre deux versions ESR[84]. Il n'existe aucune version mobile. La version actuelle est basée sur la version 78.0 de Firefox, sortie le 30 juin 2020[85]. Les navigateurs web IceCat et Tor Browser sont basés sur la version ESR. La version 52.9.0 ESR de Firefox sortie en 2018, était la dernière version compatible pour Windows XP et Windows Vista[86].
123
+
124
+ Pour tester et déboguer les nouvelles fonctionnalités de Firefox
125
+
126
+ La version, adaptée pour les développeurs, est basée sur le canal aurora et offre des fonctionnalités avancées.
127
+
128
+ Firefox Mobile est la version pour périphériques mobiles de Firefox, dont la version 1.0 a été publiée le 28 janvier 2010[87]. La première version alpha a été publiée le 16 octobre 2008[88], la seconde le 22 décembre 2008[89] et la première version bêta le 17 mars 2009[90]. Actuellement, Firefox Mobile se destine essentiellement aux plates-formes ouvertes telles que Maemo et Android. Le développement sous Windows Mobile a été stoppé du fait de la difficulté à développer sur Silverlight, Microsoft obligeant les développeurs à utiliser sa technologie propriétaire.
129
+
130
+ En juillet 2016, la version pour iOS apporte plusieurs améliorations[g] :
131
+
132
+ Portable Firefox (anciennement Firefox Portable) est une version portable de Firefox conçue pour fonctionner sur une carte mémoire flash USB, baladeur, disque dur externe ou tout autre appareil portatif. John T. Haller a créé la première version et ensuite continué le développement. Portable Firefox comprend un lanceur spécialisé qui garde les extensions et les thèmes pour qu’on puisse les utiliser d��un ordinateur à un autre. Il utilise aussi la compression (grâce à UPX et 7-Zip) pour réduire l’espace requis pour le stockage[92]. Depuis sa version 1.2.1.1, Portable Firefox Launcher permet de fonctionner sur CD-R et autres périphériques en lecture seule. Plusieurs applications utilisent déjà Portable Firefox Live pour offrir un navigateur à base de contenu et HTML à partir du CD. Portable Firefox n'est compatible en natif qu'avec les environnements Windows (Windows XP, Windows Vista, Windows 7 et Windows 8) et avec Wine pour les environnements Linux et UNIX[93].
133
+
134
+ Firefox Send[94], est un service qui permet d'envoyer des fichiers via un lien personnalisé.
135
+
136
+ Pocket (application) est une fonctionnalité permettant de sauvegarder des pages web.
137
+
138
+ Ce logiciel a connu un succès croissant dans un premier temps, dépassant 1,2 milliard[95] de téléchargements en janvier 2010. Même si ce chiffre ne reflète pas le nombre réel d'utilisateurs du logiciel, Firefox est rapidement devenu le principal concurrent d'Internet Explorer, le navigateur Web de Microsoft. En décembre 2010, Firefox devient temporairement le navigateur le plus utilisé en Europe[96] devant Internet Explorer et Google Chrome. Il se fait finalement rattraper par ce dernier pendant l'année 2011. Le 3 avril 2013, le projet Mozilla fête ses quinze années d'existence[97],[98],[36].
139
+
140
+ navigateurs
141
+
142
+ En 2019, environ 5% des utilisateurs de navigateurs Web utilisaient Mozilla Firefox.
143
+
144
+ La version pour terminaux mobiles de Firefox reste quant à elle encore timide en termes de parts de marché.
145
+
146
+ Jusqu'à la version 2 (sortie à la fin de 2006), Firefox a majoritairement été critiqué pour sa consommation excessive de mémoire vive. Le problème était surtout une augmentation de la consommation de mémoire ainsi qu’un ralentissement du navigateur au fur et à mesure de la navigation. Ces problèmes auraient été davantage liés à une fragmentation excessive de la mémoire qu’à des fuites de mémoire[105]. Ce problème a été résolu en grande partie depuis la version 3/3.5 (sortie au milieu de l'année 2009, la version 3.5 ré-alloue 100 % de la mémoire à la fermeture d'un onglet ou d'une fenêtre).
147
+
148
+ La longue durée de chargement du navigateur par rapport à ses principaux concurrents est mise en avant.
149
+ Étant fréquemment utilisé avec Windows, une comparaison est faite à Internet Explorer alors que celui-ci est chargé automatiquement avec le système d’exploitation. Cependant ça ne peut pas être le cas avec Firefox (comme avec Opera, avec Safari, etc.) puisque ces logiciels ne font pas partie du cœur de Windows. Tout dépend du système d’exploitation. Ces désagréments sont assez spécifiques selon les configurations ; leurs causes sont donc mal cernées. Dans la version 3 (sortie en 2008) du logiciel, l'intégration de la barre d'adresses « intelligente » a été mal accueillie par certains utilisateurs qui préféraient l'ancienne barre d'adresses, surtout pour des questions d'historique de navigation[106],[107]. Cependant cette fonctionnalité est complètement configurable et désactivable à l'aide du menu about:config ou d'extensions. Il est également à noter que les fonctionnalités de cette barre d'adresse « intelligente » se retrouvent dans tous les navigateurs récents.
150
+
151
+ Depuis 2011, Firefox possède un cycle de développement rapide[108], ainsi certains utilisateurs peuvent être confrontés à des problèmes de compatibilité avec certaines extensions du navigateur. Les extensions sont créées par des programmeurs indépendants, et ceux-ci n'ont pas forcément le temps et les moyens de maintenir leur(s) application(s) avec ce rythme de cycle de développement.
152
+
153
+ En mai 2014, Mozilla annonce l'intention d'ajouter un DRM dans le code source de Firefox. La communauté du logiciel libre n'est pas ravie par ce bout de code propriétaire. Mozilla justifie ce choix par un refus de perte de marché. Avec la sortie de Firefox 38 le 12 mai 2015, Firefox prend en charge les extensions EME mais une version sans les extensions EME est aussi proposée[109].
154
+
155
+ En juin 2015, Mozilla et Pocket annoncent un partenariat[110] afin d'intégrer directement dans le navigateur le service propriétaire éponyme, provoquant la grogne[111],[112] et l'incompréhension de beaucoup d'utilisateurs ; d'autant que des alternatives libres telles que Wallabag existaient. La fondation achète Pocket en février 2017[6].
156
+
157
+ En juillet 2016, Mozilla prévoit l'arrêt progressif d’Adobe Flash Player à l'origine de nombreux plantages[113].
158
+
159
+ Depuis sa version 57, il semble être le plus rapide de tous les navigateurs selon différents tests[114],[115].
160
+
161
+ Depuis juin 2019 et la sortie de la version 67, Firefox bloque par défaut les traqueurs dont Google Analytics [116], ce qui empêche toute analyse des visiteurs.
162
+
163
+ La relation avec Google a été notée dans les médias[117],[118], en particulier en ce qui concerne les ententes financières avec Google. En 2005, la Mozilla Foundation et la Mozilla Corporation ont eu un revenu combiné de 52,9 millions de USD, dont environ 95 % provenant de redevances de moteurs de recherche[119]. En 2006, la Mozilla Foundation et la Mozilla Corporation ont eu un revenu combiné de 66,9 millions de USD, dont environ 90 % provenant de redevances de moteurs de recherche[120]. Le 1er septembre 2008, la veille de la sortie de Google Chrome, Google et la Mozilla Foundation ont renouvelé leur accord commercial jusqu’en 2011[121]. Le 20 décembre 2011, la Fondation Mozilla a annoncé le renouvellement de l'accord financier pour trois ans[122].
164
+
165
+ En 2014, Firefox a annoncé qu'il privilégierait dorénavant Yahoo! comme moteur de recherche par défaut pour les utilisateurs américains, mettant ainsi fin à son partenariat avec Google qui durait depuis dix ans[123]. Le partenariat avec Yahoo! a été signé pour une durée de cinq ans[124]. Cependant, en Europe, les internautes utilisant Firefox auront encore, pour le moment, Google comme moteur de recherche par défaut[125].
166
+
167
+ En novembre 2017 avec la version 57.0, à la suite du rachat de Yahoo par Verizon, Mozilla a remis Google en moteur de recherche par défaut et a sans doute fait jouer une clause inscrite à l’alinéa 9.1 du contrat qui établit que la fondation peut, au cas où Yahoo viendrait à changer de mains, interrompre le partenariat, sans perdre les rentes financières associées : 375 millions de dollars par an, jusqu’au terme du contrat, en 2019[126]. Il est fort probable qu'en parallèle un nouveau contrat avec Google ait été réalisé.
168
+
169
+ En février 2019, Mozilla s'associe avec Ubisoft en vue de fluidifier le développement du navigateur. Firefox va ainsi utiliser Clever-Commit, une technologie d'Ubisoft qui permet de repérer les bugs sur le navigateur[127].
170
+
171
+ Les premières sorties de Firefox comportaient une option qui décrivait les cookies de la façon suivante : « Cookies are delicious delicacies », littéralement : « Les cookies sont de délicieuses gourmandises » et improprement traduit en « Les cookies sont de délicieuses délices » par les développeurs francophones. La phrase était un symbole du sens de l’humour caustique des programmeurs, et une réflexion générale sur l’approche non conventionnelle du mouvement open source. Elle fut ensuite reprise dans le livre Google: The Missing Manual publié par O’Reilly[128]. Cependant, à la suite d’une réflexion sur la croissance massive de l’utilisation de Firefox sur Internet, le texte a été changé en « Les cookies sont des informations stockées sur votre ordinateur par les sites Web. Ils sont utilisés pour conserver des informations de connexion et d’autres données ».
172
+
173
+ Cette révision a été considérée comme plus utile pour les utilisateurs moins concernés par la technique ; Firefox représentant le désir de la Mozilla Foundation de devenir accessible à tout public. Le texte original avait été inséré par Blake Ross, un des développeurs principaux de Firefox. Son remplacement a été effectué par Mike Connor[128]. Le 22 août 2004, Jesse Ruderman produit la version 0.1 de l’extension « Delicious Delicacies[129] ». Cette extension restaure l’ancienne version de la description des cookies.
174
+
175
+ En tapant about:Mozilla dans la barre d’adresse s’affiche une citation du livre de Mozilla faisant référence à ce qui est appelé la « guerre des navigateurs ». Le livre de Mozilla (7:15) explique « Alors, au final [sic], la bête fut vaincue et les infidèles se réjouirent. Mais tout n’était pas perdu, car des cendres s’éleva un majestueux oiseau. L’oiseau scruta les infidèles et lança sur eux le feu et le tonnerre. Dès lors que la bête fut réincarnée et sa puissance renouvelée, les disciples de Mammon se tapirent dans l’horreur. » Depuis la version 4.0, cette nouvelle citation reprend la suite de la précédente dans la 10e édition (11:9) : « Mammon s'était endormi. Et la bête réincarnée se répandit sur la terre et son nombre se fit légion. Et ils parlèrent au Temps et ils firent l'offrande de leur moisson au feu, avec la ruse des renards. Et ils bâtirent un nouveau monde à leur image comme le promettaient les paroles sacrées, et ils parlèrent de la bête avec leurs enfants. Lorsque Mammon se réveilla, voilà ! ce n'était plus rien qu'un disciple. »
176
+ La phrase actuelle[h] est (11:14) : « La Bête se para de nouveaux ornements et étudia le Temps, l’Espace, la Lumière et les Flux d’énergie au sein de l’univers. De son ouvrage, la Bête façonna de nouvelles structures à partir de métal oxydé et chanta leurs louanges. Alors, les adorateurs de la Bête se réjouirent, retrouvant une destinée renouvelée au sein de ses enseignements. »
177
+
178
+ Apparu dans la version 3.0, en tapant about:robots dans la barre d'adresse, le texte suivant apparaît :
179
+
180
+ « Bienvenue, humains ! Je suis prêt pour vous.
181
+ Nous sommes venus en paix et avec bienveillance !
182
+
183
+ Et ils ont un plan. »
184
+
185
+ Chacune des phrases de la page fait référence à une œuvre plus ou moins liée avec l'univers des robots[i] :
186
+
187
+ La page dispose également d'un bouton sur lequel il ne faut pas cliquer deux fois, sans quoi celui-ci disparaît.
188
+ Il s'agit d'une référence au Guide du voyageur galactique de Douglas Adams, dans lequel Arthur Dent appuie sur un bouton qui lui demande de ne pas appuyer de nouveau.
189
+
190
+ Sur les autres projets Wikimedia :
191
+
192
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/1997.html.txt ADDED
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+ Florence (en italien : Firenze, prononcé /fi'rɛnʦe/) est la huitième ville d'Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence.
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+ Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d'Italie entre 1865 et 1870, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre du Centre historique de Florence, la ville présente une richesse artistique exceptionnelle (églises, musées, palais). Renommée dans le monde entier pour sa beauté, elle est devenue un grand centre touristique.
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+ Florence est située à 50 m d'altitude, dans la partie orientale d'une plaine, appelée bassin de Florence, au pied de l'Apennin du nord, au nord et à l'est de la ville. Elle est traversée par l'Arno, fleuve naissant dans les Apennins et se jetant dans la mer Tyrrhénienne, distante de 70 km[2].
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+ Le climat de Florence est de type méditerranéen. Il est influencé par la mer Tyrrhénienne, les Apennins et les collines toscanes, les trois distants de moins de 100 km, et assurant une certaine humidité même en été. L'hiver est par contre plus frais que sur la côte, marqué par la continentalité.
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+ Florence a été fondée sous le nom latin de Florentia pendant l'époque romaine, en 59 av. J.-C., près du fleuve Arno. Elle resta une simple bourgade jusqu'au XIIe siècle, début de son essor économique et artistique qui dura jusqu'au XVIe siècle.
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+ Du XIIe au XIVe siècle, Florence connaît de profonds bouleversements politiques et sociaux avec l'essor des riches familles de marchands groupées au sein du popolo, et le conflit entre les guelfes et gibelins qui partage l'Italie et Florence en deux. Ces deux processus accompagnent le développement de la commune qui, comme dans les autres villes de l'Italie septentrionale, désigne l'émergence de gouvernements autonomes qui ont acquis leur souveraineté après une lutte féroce débouchant sur la paix de Constance, octroyée par l'empereur Frédéric Ier en 1183. Les communes italiennes y ont acquis des droits souverains qui en faisaient de véritables cités-États.
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+ La commune florentine, qu'on connaît alors sous le nom de Fiorenza, naît environ un siècle après celle de Pise ; elle est attestée dès 1081. Faut-il voir là l'absence d'une noblesse urbaine qui créait les premières communes partout en Italie ? En tout cas, le popolo des marchands cherche rapidement à faire partie des instances de la commune : le conseil exécutif du consulat, puis du podestat, une assemblée délibérative qui aura plusieurs noms. Florence connaît le combat des factions, avec les gibelins qui triomphent dans les années 1240, avec le vicaire impérial Frédéric d'Antioche, bâtard de l'empereur Frédéric II. Les guelfes sont au pouvoir en 1250 puis en 1266, quand ils prennent Florence avec l'appui de Charles d'Anjou, frère du roi de France appelé comme roi de Naples par le pape. Ces guelfes sont soutenus par le popolo : ils créent la charge de capitaine du peuple en 1250, puis élaborent une nouvelle forme institutionnelle, la seigneurie (Signoria), en 1282 : un conseil de prieurs, appartenant aux corporations des marchands, les fameux 7 arts majeurs des Arti (laine, draps, changeurs, juges et notaires, etc.), auxquels sont juxtaposés un « gonfalonnier de justice » (Gonfaloniere di Giustizia) et des gonfalons (étendards) de quartiers, et ce alors que le podestat et le capitaine du peuple continuent d'exister.
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+ Le florin, principale monnaie du Moyen Âge, est créé en 1252 par la corporation des changeurs et banquiers (Arte del Cambio) de Florence, l'une des cinq corporations majeures et contribue au succès de la ville, succès qui l'impose en Europe[3].
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+ La faction guelfe se structure, reçoit même, pour les gérer, les biens des 4 000 gibelins qui ont fui la ville. Dans les années 1290, les lois anti-magnatices entrent en vigueur : c'est la revanche des corporations de marchands qui interdisent aux nobles l'accès aux charges et limitent la taille des tours qu'ils avaient érigé.
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+ Au début du XIVe siècle, Florence expérimente, tout comme les autres villes d'Italie (ex. les Della Scala à Vérone à partir de 1273), les seigneuries personnelles : Charles de Calabre la gouverne en 1323, suivi par le duc d'Athènes Gautier VI de Brienne en 1343. Florence connaît une véritable crise au milieu du XIVe siècle : révolte du peuple, faillite des Peruzzi (grande banque) en 1343, peste noire qui fait disparaître la moitié de la population de la ville en 1348.
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+ La ville est ensuite dominée par différents clans qui se disputent le pouvoir. En 1434, ce sont les Médicis qui deviennent maîtres de la ville. Puis, à leur chute, nombre de grandes familles s'exilent en France et y font fortune. Les Gadagne quittent Florence vers la fin du XVe siècle, et détiennent la première place des banques lyonnaises, tandis qu'Albisse Del Bene, un autre banquier florentin, contrôle la levée des impôts dans toutes les régions de France.
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+ En 1569, Florence devient la capitale du grand-duché de Toscane.
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+ Florence a été le chef-lieu de l'Arno, département français créé le 25 mai 1808, à la suite de l'annexion du royaume d'Étrurie à l'Empire français par les troupes napoléoniennes. La ville connaît ensuite une période de lent déclin jusqu'en 1865, date à laquelle elle devient capitale du royaume d'Italie. C’est à cette époque que l’on construit la place de la république au centre de Florence, comme l’atteste la plaque commémorative qui s’y trouve. Elle perd ce statut en 1870, au profit de Rome.
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+ Le 6 novembre 1966, l'Arno inonde une grande partie du centre-ville, endommageant de nombreux chefs-d'œuvre. Un grand mouvement de solidarité internationale naît à la suite de cet évènement et mobilise des milliers de volontaires, surnommés Les anges de la boue.
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+ Les 30 et 31 mars 2017, le premier G7 de la Culture, organisé sur initiative de l'Italie, s'est tenu à Florence.
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+ Les premières académies d'Europe ont été fondées à Florence :
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Bibliothèque Nationale Centrale.
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+ Bibliothèque Laurentienne.
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+ Biblioteca Riccardiana.
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+ Bibliothèque Marucelliana.
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+ L'université de Florence a été fondée en 1321. C'est l'une des plus anciennes et prestigieuses universités italiennes, avec 12 facultés et 60 000 étudiants.
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+ L'Institut universitaire européen de Florence est basé à Fiesole depuis son ouverture en 1976.
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+ Plusieurs universités étrangères ont également une représentation ou une antenne à Florence, notamment pour les études concernant la Renaissance, l'histoire de l'art ou les activités artistiques et créatives. C'est le cas de l'université Harvard, à la Villa I Tatti, de la New York University à la Villa La Pietra ou encore de la California State University située sur la Via Leopardi.
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+ La ville abrite également le célèbre Institut d'art de Florence, ainsi que l'Institut français de Florence, le plus ancien de tous les Instituts français fondé en 1907, et le British Institute of Florence, institut culturel anglo-italien fondé en 1917.
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+ A noter aussi que depuis 2009, le palais Portinari Salviati héberge les Archives historiques de l'Union européenne.
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+ Seul le Ponte Vecchio a échappé aux destructions de la Seconde Guerre mondiale (bombardements et minages allemands). Les autres ont tous été reconstruits depuis, plus ou moins à l'identique.
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+ Jardin de Boboli.
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+ Jardin des Roses.
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+ Giardino Torrigiani et sa tour.
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+ Terrasses du Giardino Bardini.
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+ Parc des Cascine, pyramide.
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+ Giardino dell'Orticultura : grande serre.
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+ Bâtiment ouvert, la loggia accueille beaucoup des activités des Florentins, marchés couverts ou lieux d'exposition ouverts jour et nuit :
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+ Murs de Florence.
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+ Porta San Miniato.
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+ Porta Romana.
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+ Forte Belvedere.
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+ Bastions du Forte Belvedere.
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+ Porta alla Croce.
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+ Porta San Giorgio.
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+ Torre della Castagna.
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+ Torre di San Niccolo.
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+ Torre degli Alberti.
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+ Les 2 torri di Corso Donati.
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+ Torre dei Foresi.
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+ Villa di Poggio Imperiale.
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+ Villa di Marignole.
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+ Villa di Poggio Imperiale.
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103
+ Villa di Careggi.
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105
+ Villa di Castello.
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+ Villa Gamberaia
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+ Villa Demidoff
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+ Villa La Quiete
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+ Villa La Pietra
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+ Villa Favard
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+ Teatro Comunale.
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+ Teatro alla Pergola.
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+ Teatro Goldoni.
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+ Teatro Verdi.
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+ Cloître du Scalzo.
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+ Cloître Vert.
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+ Cloître des Aranci.
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+ Chartreuse de Galluzzo.
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+ Cloître de Santa Maria del Carmine.
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+ Synagogue de Florence.
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+ Grande Synagogue.
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+ Arc de Triomphe.
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+ Nouvel Opéra.
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+ Cimetière des Portes Saintes, à San Miniato.
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+ Cimetière des Allori.
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+ Cimetière des Anglais.
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+ Cimetière américain.
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+ Le lys rouge (il Giglio), distinct des lys jaunes de l'Emblème des Rois de France, symbolise la cité de Florence. Il est nommé « fleur de lys florencée » et est semblable au meuble présent dans les armes de Lille. Ce symbole figure sur l'ancienne monnaie de la cité-État, le florin (fiorino à rapprocher tant de fiore (« fleur ») que de Fiorentia, ancien nom toscan de la cité), et lui donne son surnom littéraire, la Cité au lys rouge.
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+ Florence a une équipe de football célèbre, la Fiorentina, surnommée la Viola, d'après la couleur violet de son maillot. Fondé en 1926, le club joue au stade Artemio Franchi (46 000 places), a gagné une Coupe d'Europe en 1961 et participé à plusieurs finales européennes. Le Nelson Mandela Forum est la grande salle omnisports de la ville (8 200 places).
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+ Florence a une économie diversifiée active surtout dans le secteur tertiaire. Important centre ferroviaire et routier, la ville est aussi le siège d’une activité industrielle mécanique (comme Selex Galileo, Beta Motor ou la Nuovo Pignone), chimique, pharmaceutique (le Groupe Menarini par exemple), le travail du cuir (Braccialini), de l’habillement (souvent dans le secteur du luxe, comme Roberto Cavalli, Gucci, Ermanno Scervino et Ferragamo), du mobilier. Il y a de nombreuses entreprises typographiques et éditoriales ainsi qu’un artisanat florentin, d’antique réputation, surtout dans le secteur mobilier (ébénisterie), de la porcelaine (Richard Ginori), de la carte décorée, du bronze et de l’orfèvrerie.
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+ Une ressource importante de la ville est le tourisme, avec à peu près 35 000 chambres d’hôtes et 23 000 emplacements hors hôtel (campings, locations de chambre ou gîtes). Le nombre annuel de nuitées s’élève à 10 millions, un tiers des touristes sont italiens, 20 % américains, 13 % allemands, 8 % japonais, 7,8 % anglais, 5,7 % français et 5 % espagnols. La galerie des Offices reçoit 1 875 000 visiteurs, tandis que la Galleria dell'Accademia reçoit 1 200 000 visiteurs. La fréquentation de Florence liée aux congrès et aux foires s’est largement développée grâce au réaménagement au cours des années 1990 du centre des congrès[6].
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+ Dans le secteur du service, le secteur bancaire (Banca Toscana, Banca CR Firenze) et des assurances (La Fondiaria) est important.
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+ Dans une étude publiée en 2016, des économistes ont constaté que les familles riches de Florence sont généralement héritières de fortunes constituées depuis le XVe siècle[7].
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+ La ville est un centre important du commerce, avec une activité de haute spécialisation et très diversifiée. Le centre de la ville, outre l’activité liée au tourisme et à l’accueil, est l’hôte de nombreuses activités traditionnelles (travail du cuir), magasins de produits artisanaux et produits typiques. Les dernières années du XXe siècle ont vu l’érosion de l’activité artisanale au profit des grandes chaines internationales actives surtout dans le secteur de la mode, qui par des magasins associés aux marques les plus importantes du secteur, ont créé (surtout via de’ Tornabuoni, via della Vigna Nuova, via degli Strozzi) un quartier de commerce de luxe.
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+ La grande distribution est active dans la zone externe au centre urbain et près de l’aéroport de Florence-Peretola, Osmannoro concentre de nombreuses activités industrielles.
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+ Florence a une longue tradition de la mode. L'industrie de la haute couture est importante: la ville s'enorgueillit de maisons de mode célèbres telles Gucci, Salvatore Ferragamo, Enrico Coveri, Roberto Cavalli, Emilio Pucci, Patrizia Peppe, Conte of Florence, et beaucoup d'autres. La majorité de ces enseignes sont concentrées dans le secteur des commerces de luxe des Via Tornabuoni et Via della Vigna Nuova. C'est à Florence que s'est tenue en 1951 le premier défilé de haute couture italien, via dei Serragli. La ville abrite depuis cette date une série d'évènements de mode prestigieux : Pitti Imagine, qui se tient chaque année dans différents lieux de la cité. Parmi eux, le Pitti Uomo, né en 1972, est un salon international de mode masculine qui se tient deux fois par an: c'est l'un des plus importants rendez vous du monde. Tous les ans également se tient le Percorsi di Moda a Firenze, une série de visites guidées permettant de visiter les lieux de création et les produits liés à la mode à travers la ville. Enfin, Florence possède une importante école de mode, le Polimoda Istituto Internazionale Fashion Design & Marketing, ainsi que l'Accademia Italiana, située au palais Pitti, école de mode, graphique et design.
168
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169
+ Florence abrite l'unique musée italien consacré à la mode, la galerie des Costumes (dans les jardins du Palais Pitti), et depuis 1995, s'est installé le musée Salvatore Ferragamo dans le palais Spini Ferroni. La ville comprend également le musée Gucci, Piazza della Signoria à côté du Palazzo Vecchio. Il retrace l'histoire de la célèbre maison de luxe de sa création à nos jours.
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+
171
+ La cuisine florentine est caractérisée par quatre éléments fondamentaux :
172
+
173
+ Parmi les plats typiquement florentins :
174
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175
+ Florence se trouve sur l'axe principal de la liaison nord-sud de l'Italie et elle est raccordée au principal réseau d'infrastructure et de transport.
176
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177
+ En ville, il existe des pistes cyclables mais leur entretien laisse à désirer ainsi que les liaisons entre les différentes pistes. Utiliser le vélo en dehors du centre historique s’avère assez dangereux à cause de l’importance du trafic.
178
+
179
+ À Florence, il existe un service de covoiturage.
180
+
181
+ Les transports urbains à Florence sont constitués de lignes d’autobus et minibus (utilisés dans le centre de la ville) administrés par l’ATAF qui gère aussi deux lignes touristiques avec des autobus à double étage découverts[8].
182
+
183
+ Il existe aussi un réseau d’autobus long parcours, les principales agences sont SITA, Copit, CAP et Lazzi.
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+
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+ Pour lutter contre l’engorgement chronique des rues à cause du trafic, la ville s'est lancée dans la construction d'un réseau moderne de tramway. Cependant un certain nombre de citoyens opposés au projet ont réclamé un référendum qui s’est tenu le 17 février 2008[9]. La majorité des votants a toutefois approuvé le projet. Une première ligne reliant la gare centrale à Scandicci a été inaugurée le 14 f��vrier 2010[10]. Elle a 14 stations sur une longueur de 7,8 kilomètres[10]. La ville espère accueillir 9,8 millions de passagers par an à bord de cette première ligne[10]. Après appel d'offres, l'exploitation et la maintenance ont été attribuées pour une durée de 30 ans à RATP Dev, filiale de la RATP[10]. RATP Dev travaille également à la conception de deux autres nouvelles lignes de tramway (lignes 2 et 3)[10]. En 2018 la ligne 1 a été prolongée, et la ligne 2 inaugurée l'année suivante jusqu'à l'aéroport. En 2019 le réseau compte donc 2 lignes, soit 17 km et 37 stations.
186
+
187
+ Le centre historique de la ville est fermé au trafic à l’exception des autobus, des taxis et des résidents en possession d’un permis. Cette zone est appelée « ZTL » (Zone à Trafic Limité) et est divisée en cinq secteurs. L’entrée est protégée par une porte télématique. L’interdiction d’accès de la ZTL est de 7 h 30 à 19 h 30 les jours fériés et le samedi jusqu’à 18 h. L’été, l’interdiction est étendue la nuit de 22 h 30 à 3 h les jeudis, vendredis et samedis. La traversée est possible aux véhicules à traction animale, aux bicyclettes, aux cyclomoteurs et aux motos. À l'intérieur du centre historique, des zones piétonnes sont strictement réservées aux piétons et aux cyclistes.
188
+
189
+ En dehors du centre historique, ZCS (Zone à stationnement contrôlé) se compose de 14 zones correspondant aux autres parties de la ville. La ZCS est gérée par la société Servizi alla Strada S.P.A.[11] qui s’occupe de contrôler les parkings de la ville. Les résidents peuvent demander à la commune un permis afin de pouvoir stationner leur véhicule dans leur zone résidentielle ; en dehors de la zone, le stationnement est payant pour les Florentins comme pour les étrangers.
190
+
191
+ La ville est desservie par deux autoroutes, l'A1 et l'A11, qui la relient à la côte toscane et au nord et au sud de l'Italie. De plus, d'autres routes nationales et régionales l'unissent au reste de la Toscane et à l'Émilie-Romagne, la ville est reliée par deux grandes voies respectivement à Sienne et au Valdarno inférieur vers Pise et Livourne.
192
+
193
+ Important nœud routier, Florence est le point de départ et de passage de plusieurs routes nationales dont la Via Cassia qui conduit à Rome et la Via della Futa qui rejoint Bologne.
194
+
195
+ Trenitalia est l'unique gestionnaire des transports ferroviaires sur Florence. Les gares sur le territoire communal sont :
196
+
197
+ Avec l'entrée en fonction du train à grande vitesse TAV, la ville est desservie selon l'axe principal Turin-Milan-Naples. Il existe un projet de liaison souterraine qui atteindra la future gare de Florence Belfiore afin d'éviter de desservir la gare de Santa-Maria-Novella qui est en cul-de-sac[12].
198
+
199
+ Florence dispose d'un aéroport qui se trouve sur le territoire de la commune de Sesto Fiorentino à 4 km au nord-ouest du centre ville. Il existe des liaisons avec le plus grand aéroport toscan, l'aéroport Galileo Galilei de Pise.
200
+
201
+ Galluzzo, Settignano, Le Piagge, Brozzi, Gavinana, Isolotto, Trespiano, Legnaia, Soffiano, Ponte a Greve, Rovezzano, Novoli, Careggi, Peretola, Sollicciano, Rifredi, Borgo San Frediano, Oltrarno.
202
+
203
+ La municipalité de Florence est divisée en cinq quartiers (quarteri) administratifs :
204
+
205
+ Bagno a Ripoli, Campi Bisenzio, Fiesole, Impruneta, Scandicci, Sesto Fiorentino, Prato.
206
+
207
+ Comme beaucoup d'autres villes en Italie, la population de retraités est bien supérieure à celles de jeunes (moins de 14 ans) et en constant vieillissement. Les chiffres suivants sont de mai 2006[13].
208
+
209
+ La population de Florence est à peu près à 91,5 % d’origine italienne. La population étrangère comprend 33 603 individus dont :
210
+
211
+ Habitants recensés
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+ La ville de Florence est jumelée avec[14] :
218
+
219
+ La ville a signé des pactes d'amitié avec[14] :
220
+
221
+ Florence entretient aussi un pacte de fraternité avec[14] :
222
+
223
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
224
+
225
+ Florence vue depuis Fiesole : le dôme de Florence à droite ; Palazzo Vecchio au centre droit ; Forte Belvedere au centre ;à gauche, la grande synagogue aux coupoles vertes.
226
+
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1
+ En informatique, un système d'exploitation (souvent appelé OS — de l'anglais Operating System) est un ensemble de programmes qui dirige l'utilisation des ressources d'un ordinateur par des logiciels applicatifs[1]. Il reçoit des demandes d'utilisation des ressources de l'ordinateur — ressources de stockage des mémoires (par exemple des accès à la mémoire vive, aux disques durs), ressources de calcul du processeur central, ressources de communication vers des périphériques (pour parfois demander des ressources de calcul au GPU par exemple ou tout autre carte d'extension) ou via le réseau — de la part des logiciels applicatifs. Le système d'exploitation gère les demandes ainsi que les ressources nécessaires, évitant les interférences entre les logiciels[1].
2
+
3
+ Le système d'exploitation est un logiciel, le deuxième après le firmware et le principal programme[pourquoi ?] exécuté lors de la mise en marche de l'ordinateur[2], le premier étant le programme d'amorçage (en anglais bootloader). Il offre une suite de services généraux facilitant la création de logiciels applicatifs et sert d'intermédiaire entre ces logiciels et le matériel informatique[1]. Un système d'exploitation apporte commodité, efficacité et capacité d'évolution, permettant d'introduire de nouvelles fonctions et du nouveau matériel sans remettre en cause les logiciels[2].
4
+
5
+ Il existe sur le marché des dizaines de systèmes d'exploitation différents[2], très souvent livrés avec l'appareil informatique[3]. C'est le cas de Windows, Mac OS, Irix, Symbian OS, GNU/Linux, (pour lequel il existe de nombreuses distributions) ou Android. Les fonctionnalités offertes diffèrent d'un système à l'autre et sont typiquement en rapport avec l'exécution des programmes, l'utilisation de la mémoire centrale ou des périphériques, la manipulation des systèmes de fichiers, la communication, ou la détection et la gestion d'erreurs[2]. Toutefois, la modélisation CIM Schema attribue à ce concept une classe de base CIM_OperatingSystem, éventuellement dérivée sous Windows[4], Linux[5] ou z/OS[6].
6
+
7
+ En 2012, les deux familles de systèmes d'exploitation les plus populaires sont Unix (dont macOS, GNU/Linux, iOS et Android) et Windows. Cette dernière détient un quasi-monopole sur les ordinateurs personnels avec près de 90 % de part de marché depuis 15 ans[7].
8
+
9
+ Le système d'exploitation offre une suite de services généraux facilitant la création et l'utilisation de logiciels applicatifs. Les services offerts sont en rapport avec l'utilisation des ressources de l'ordinateur par les programmes[2]. Ils permettent en particulier d'exécuter des programmes, de lire et écrire des informations, de manipuler les fichiers, de communiquer entre ordinateurs et de déceler des erreurs[2]. Ces services permettent à plusieurs usagers et plusieurs programmes de se partager les ressources de l'ordinateur[8]. Le principal rôle du système d'exploitation est alors de gommer les différences entre les différentes architectures informatiques, et d'organiser l'utilisation des ressources de façon rationnelle :
10
+
11
+ La palette des services offerts et la manière de s'en servir diffère d'un système d'exploitation à l'autre. Le standard industriel POSIX du IEEE définit une suite d'appels systèmes standard. Un logiciel applicatif qui effectue des appels système selon POSIX pourra être utilisé sur tous les systèmes d'exploitation conformes à ce standard[9].
12
+
13
+ Le système d'exploitation assure la réservation des différentes ressources pour les besoins des programmes exécutés simultanément. Les réservations peuvent être inscrites dans des journaux d'activités à des fins de statistiques ou de dépannage et le système d'exploitation peut refuser une réservation à un utilisateur n'ayant pas reçu d'autorisation[2] préalable.
14
+
15
+ Le matériel informatique peut exécuter des instructions, celles-ci sont rarement plus que des copies ou des additions. La traduction d'opérations complexes en suite d'instructions est une tâche fastidieuse qui incombe au système d'exploitation[8]. Le système d'exploitation prend en charge toute la manipulation du matériel, le logiciel applicatif ne peut donc pas voir de différence entre une machine simple, rudimentaire et une machine riche et complexe : les mêmes services sont offerts dans les deux cas[1].
16
+
17
+ Le système d'exploitation facilite le travail de programmation en fournissant une suite de services pouvant être utilisés par les logiciels applicatifs[1]. Du point de vue du programmeur, son logiciel applicatif s'oriente en direction du système d'exploitation et du matériel, et les programmes sont considérés comme fonctionnant sur le système d'exploitation. Un système d'exploitation peut ainsi être vu comme une machine virtuelle. L'ensemble composé du matériel et du système d'exploitation forme la « machine » qui exécute le logiciel applicatif, une machine en partie simulée par du logiciel[1].
18
+
19
+ Un système d'exploitation est composé d'une large palette de programmes. La composition exacte dépend de l'usage cible et du type d'appareil informatique auquel le système est destiné (ordinateur personnel, serveur, superordinateur ou encore système embarqué).
20
+
21
+ Les utilisateurs et les programmeurs peuvent demander des services au système d'exploitation par son interface de programmation, ses commandes ou son interface graphique[10].
22
+
23
+ Les appels système permettent des interactions entre un programme en cours d'exécution et le système d'exploitation. L'utilisation d'appels système ressemble a celle de fonctions ou de sous-routines ordinaires en langage C ou Pascal[2].
24
+
25
+ Les commandes permettent à un utilisateur ou un programme de demander une opération au système d'exploitation. Une commande est un programme qui effectue un appel système selon la demande de l'utilisateur[2],[10].
26
+
27
+ L'interface graphique permet une manipulation intuitive par l'intermédiaire de pictogrammes. Cette interface, qui n'est pas une partie essentielle du système d'exploitation, et qui cache tous les détails intrinsèques de celui-ci, est souvent considérée comme un complément[10].
28
+
29
+ POSIX (acronyme de l'anglais Portable Operating System Interface) est une norme relative à l'interface de programmation du système d'exploitation. De nombreux systèmes d'exploitation sont conformes à cette norme, notamment les membres de la famille Unix.
30
+
31
+ Lorsqu’il est multitâche, le système d'exploitation permet à plusieurs utilisateurs de se servir de l'ordinateur et donne à chaque utilisateur l'impression qu'il est le seul à utiliser l'ordinateur[8]. Pour ce faire, l'utilisation du processeur est planifiée : chaque programme est exécuté durant une tranche de temps déterminé, puis le système d'exploitation bascule sur l'exécution d'un autre programme[8].
32
+
33
+ Un processus est un ensemble d'instructions qui sont en train d'être exécutées. Les instructions proviennent d'un programme, et l'exécution nécessite du temps, de la mémoire, des fichiers et des périphériques[11]. Le système d'exploitation s'occupe de créer, d'interrompre, et de supprimer des processus. Plusieurs processus se trouvent en mémoire centrale en même temps[10].
34
+
35
+ La responsabilité du système d'exploitation et de réserver de la mémoire, et de planifier l'exécution, de s'occuper des interblocages[12] et d'assurer les communications entre les processus[11]. L'ordonnanceur (anglais scheduler) associe un processus à un processeur, puis plus tard le dissocie du processeur pour associer un autre processus. cette opération associer / dissocier est appelée context switch[10]. Lors de la planification, le système d'exploitation tient compte de la disponibilité, ou non, des ressources utilisées par le processus[12]. Certains systèmes d'exploitation créent des processus pour effectuer certaines tâches propre au système[9].
36
+
37
+ Lors de l'exécution du programme, celui-ci peut demander de réserver des ressources de l'ordinateur[9]. L'exécution de ce programme peut être interrompue et le système d'exploitation continue l'exécution d'un autre programme, cependant les ressources restent réservées[9]. Lorsqu'un autre processus demande une ressource déjà réservée, le processus est mis en attente. En situation de forte compétition plusieurs processus peuvent être en attente de la même ressource[9]. Lorsque la ressource est libérée le système d'exploitation décide alors quel est le prochain processus auquel la ressource sera réservée. La stratégie d'octroi des ressources par le système d'exploitation vise à répondre équitablement à toutes les demandes et éviter des conflits[9].
38
+
39
+ Dans certains logiciels applicatifs, plusieurs programmes effectuent la même tâche simultanément, et s'échangent des informations[9]. Le mécanisme de protection de la mémoire (voir plus loin) empêche aux programmes de manipuler les mêmes informations, et ceux-ci doivent faire appel à des services du système d'exploitation[9].
40
+
41
+ Par mesure de sécurité, le système d'exploitation réserve à chaque programme un espace d'adressage - un emplacement en mémoire que seul le programme en question peut manipuler[9]. Le système d'exploitation détecte toute tentative d'accès en dehors de l'espace d'adressage et provoque l'arrêt immédiat du programme qui tente d'effectuer de telles opérations[9]. On nomme cela une erreur de protection générale.
42
+
43
+ Le système d'exploitation dirige l'utilisation de la mémoire. Il retient la liste des emplacements de mémoire utilisés, et par qui, ainsi que la liste des emplacements libres[13]. Le système d'exploitation réserve un emplacement de mémoire lorsqu'un processus le demande, et le libère lorsqu'il n'est plus utilisé, par exemple lorsque le processus s'est arrêté[13].
44
+
45
+ Les fonctions de contrôle de l'utilisation de la mémoire vont en particulier suivre l'utilisation de celle-ci, quels emplacement sont libres, sont utilisés, et par qui[2]. Ces fonctions vont également décider quel programme reçoit de la mémoire, quand et quelle quantit�� est mise à disposition et récupérer la mémoire qui était utilisée par un programme après son exécution, que le programme se soit arrêté volontairement ou accidentellement[2].
46
+
47
+ La quantité de mémoire utilisée par l'ensemble du système informatique dépend essentiellement de la manière dont le système d'exploitation effectue les réservations[11].
48
+
49
+ Dans les systèmes d'exploitation contemporains, plusieurs programmes sont exécutés en même temps et utilisent simultanément la mémoire centrale[9]. Si un processus modifie - accidentellement ou intentionnellement - un emplacement de mémoire utilisée par un autre processus, il met celui-ci en danger[9]. S'il modifie un emplacement utilisé par le système d'exploitation il met en danger l'ensemble du système informatique[9].
50
+
51
+ Pour éviter un tel incident, le système d'exploitation réserve à chaque programme un espace d'adressage — un emplacement en mémoire que seul le programme en question peut manipuler[9]. Le système d'exploitation détecte toute tentative d'accès en dehors de l'espace d'adressage et provoque l'arrêt immédiat du programme qui tente d'effectuer telles opérations[9], par le biais d'une erreur de protection générale.
52
+
53
+ Le mécanisme dit de mémoire virtuelle est destiné à simuler la présence ou l'absence de mémoire centrale par manipulation de l'unité de gestion mémoire — un composant électronique (anglais Memory Management Unit abrégé MMU). C'est un mécanisme courant dans les systèmes d'exploitation contemporains.
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+
55
+ La mémoire virtuelle permet d'exécuter simultanément plus de programmes que ce que la mémoire centrale peut contenir. Chaque programme n'ayant pas besoin que la totalité des informations qu'il manipule soit présente dans la mémoire centrale[N 1], une partie des informations est stockée dans la mémoire de masse (en général dans un fichier ou une partition de disque dur) habituellement plus importante mais plus lente et sont transférées en mémoire centrale lorsque le programme en a besoin[T 1].
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+
57
+ Les programmes disposent d'un (ou plusieurs) espaces virtuels de mémoire continus pour travailler. Les adresses des données sont dites virtuelles dans la mesure où l'information adressée ne se trouve pas forcément ni en mémoire centrale, ni à l'adresse indiquée. Lorsque le programme essaie de lire ou écrire une donnée dans sa mémoire virtuelle, l'unité de gestion de mémoire cherche l'adresse physique correspondant à l'adresse virtuelle sollicitée grâce à une table de correspondance. Si l'emplacement n'est pas présent en mémoire centrale (on appelle cela une faute de page), il n'y aura évidemment aucune adresse physique correspondante. Le système d'exploitation devra alors chercher à libérer un espace en mémoire centrale en échangeant (anglais swap) le contenu d'un emplacement donné de mémoire centrale avec le contenu sollicité, qui se trouve en mémoire de masse[N 2],[T 2]. Cette opération s'effectue automatiquement, à l'insu des programmes.
58
+
59
+ Des mémoires associatives, incorporées dans l'unité de gestion de mémoire, accélèrent le calcul des adresses[T 3]. Les systèmes d'exploitation utilisent généralement deux mémoires associatives : une pour le mode noyau et une pour le mode utilisateur. La mémoire du mode noyau est arrangée de manière à permettre au processeur d'utiliser la totalité de la mémoire centrale disponible — lors de l'exécution des programmes du noyau du système d'exploitation. Tandis que celle du mode utilisateur est arrangée de manière à protéger le noyau (qui est ainsi invisible pour le programme en question) — lors de l'exécution des programmes hors du noyau. C'est ce que l'on nomme la protection, et ces mécanismes constituent les principales caractéristiques du mode protégé.
60
+
61
+ Chaque programme dispose de sa propre table de correspondance, ce qui permet de les isoler les uns des autres. Lors d'une commutation de contexte, le système d'exploitation placera la table du programme courant dans la mémoire associative[T 4]. Le système d'exploitation crée également de nouvelles tables pour les programmes qui démarrent et décide quels emplacements de mémoire virtuelle seront ou ne seront pas présents en mémoire centrale[T 5].
62
+
63
+ Les périphériques sont tous les dispositifs informatiques qui permettent au processeur de communiquer avec l'extérieur : clavier, imprimante, carte réseau, mémoire, disque dur[9]. Ils permettent en particulier de recevoir des informations, d'en envoyer, ainsi que de stocker des informations — les collecter dans le but de les renvoyer plus tard[9].
64
+
65
+ Une des responsabilités du système d'exploitation est de suivre l'état d'utilisation — libre ou réservé — de tout le matériel du système informatique. Lorsqu'un matériel libre est demandé par un processus, il est alors réservé à ce processus[12]. Pour utiliser un périphérique, le système d'exploitation se sert d'un contrôleur et d'un pilote de périphérique[12].
66
+
67
+ Un contrôleur est un composant électronique, qui comporte une mémoire tampon, et manipule un certain type de périphérique (disque dur, imprimante, mémoire, lecteur de bande magnétique...)[12]. Le contrôleur est souvent intégré au périphérique[9]. Les différents contrôleurs disponibles sur le marché ne s'utilisent pas tous de la même manière[9].
68
+
69
+ Les instructions de manipulation d'une gamme de contrôleurs donnée sont incluses dans un pilote informatique : un logiciel qui exploite les possibilités offertes par les contrôleurs[9]. Les pilotes informatiques font partie du système d'exploitation, et offrent des services uniformes utilisés par les autres programmes du système d'exploitation[9].
70
+
71
+ Il existe deux stratégies de manipulation des contrôleurs[9] :
72
+
73
+ Certains périphériques ne peuvent pas être partagés, et leur utilisation est alors dédiée à un seul programme à la fois.
74
+ Certains périphériques peuvent être virtuels, ou leur utilisation peut être indirecte. Par exemple l'utilisation d'une imprimante n'entraine pas une impression immédiate parce que les informations sont tout d'abord mises en attente. Cette technique du spool permet l'utilisation partagée d'un périphérique qui sans ça ne pourrait pas être partagé[2].
75
+
76
+ Un fichier est une collection d'informations portant un nom, enregistrée sur un média tel qu'un disque dur, une bande magnétique ou un disque optique[11]. Chaque médium a ses propres caractéristiques et sa propre organisation[11].
77
+
78
+ Le système d'exploitation s'occupe de créer et de détruire des fichiers et des répertoires, de réserver de l'espace sur les médias ainsi que copier le contenu des fichiers de et vers la mémoire centrale[11]. Il aide également les logiciels applicatifs à retrouver les fichiers, partager les fichiers entre plusieurs utilisateurs, modifier le contenu des fichiers et créer des répertoires (permettant de classer et d'organiser les fichiers)[12]. La vitesse du système informatique dépendra de la vitesse de manipulation des fichiers[11].
79
+
80
+ Le système d'exploitation permet en particulier de manipuler les attributs : les caractéristiques du fichier tels que son nom, la date de création, le type du contenu, la taille et l'emplacement[12]. Il permet également de manipuler les permissions : des autorisations qui indiquent si un utilisateur pourra lire, écrire ou exécuter le fichier[12].
81
+
82
+ Le système d'exploitation tient compte du système de fichiers : la manière dont les fichiers sont organisés et répartis sur un dispositif de stockage[12].
83
+
84
+ Les mémoires amovibles telles que les CD ou les DVD ont une disposition normalisée dont les spécifications sont publiques, ce qui assure leur reconnaissance par tous les systèmes d'exploitation (voir ISO 9660 et UDF ainsi que l'hybride ISO/UDF).
85
+
86
+ Lorsque le système de fichier est distribué, et que les fichiers sont donc stockés sur différents ordinateurs d'un réseau informatique, le système d'exploitation envoie une requête à l'ordinateur stockant le fichier pour chaque opération à effectuer (voir NFS ou CIFS).
87
+
88
+ Dans un système d'exploitation multi-utilisateurs, les programmes manipulant le système de fichiers effectuent des contrôles pour vérifier qu'aucun fichier n'est manipulé par une personne non autorisée. Ce type de système d'exploitation refusera toute manipulation non autorisée.
89
+
90
+ Dans un réseau informatique, deux ordinateurs reliés communiquent dès lors que les communications se font de part et d'autre selon les mêmes protocoles réseau. Selon le modèle OSI, les différents protocoles existants sont répartis sur sept niveaux, où un protocole d'un niveau donné peut être combiné avec n'importe quel protocole des niveaux situés en dessus et en dessous (voir encapsulation).
91
+
92
+ Un système d'exploitation contient typiquement plusieurs programmes nécessaires pour des échanges d'informations dans différents protocoles des niveaux 1 à 4. Tandis que les niveaux 5 à 7 sont pris en charge par les logiciels applicatifs et les middleware.
93
+
94
+ Pour les échanges d'informations selon les protocoles de niveau 1 et 2, le système d'exploitation demande l'opération au matériel de l'ordinateur par l'intermédiaire d'un pilote informatique, pilote qui peut faire partie intégrante du système d'exploitation ou être fourni par le constructeur du matériel.
95
+
96
+ Lors de l'envoi d'informations sur le réseau, un logiciel applicatif crée une information, la met en forme conformément aux protocoles des niveaux 7 à 5, puis la transmet au système d'exploitation. Divers programmes du système d'exploitation vont découper cette information en trames, puis vont mettre en forme les trames et les envoyer conformément aux protocoles des niveaux 4 à 1.
97
+
98
+ Lors de la réception de trames depuis le réseau, divers programmes du système d'exploitation vont tenter de les décoder conformément à différents protocoles des niveaux 1 à 4, puis transformer la suite de trames en un flux continu, qui sera envoyé au logiciel applicatif destinataire. Le logiciel va alors décoder le flux conformément aux protocoles de niveaux 5 à 7. Le logiciel applicatif effectue préalablement une connexion, c'est-à-dire une liaison logique par laquelle il va s'associer avec un flux particulier.
99
+
100
+ Le choix exact des protocoles utilisés dépend de l'ordinateur concerné et des liaisons réseau qui vont être utilisées. Divers paramètres de configuration permettent d'influencer le choix des protocoles. Ils permettent par exemple d'empêcher l'utilisation de protocoles interdits sur le réseau concerné.
101
+
102
+ Les systèmes d'exploitation contemporains permettent à plusieurs usagers de se servir simultanément de l'ordinateur[11]. Le système d'exploitation comporte des mécanismes destinés à contrôler l'utilisation des ressources par les utilisateurs, les processus et les programmes[11]. Ces mécanismes permettent de certifier l'identité du programme ou de l'utilisateur et l'autoriser à accéder à une ressource en application de règlements de sécurité[11].
103
+
104
+ Les mécanismes de sécurité du système d'exploitation servent à protéger le système informatique de l'intérieur comme de l'extérieur : les mécanismes de sécurité intérieure protègent les processus les uns des autres, et assurent la fiabilité du système informatique[12]. Les mécanismes de sécurité extérieure protègent les données et les programmes enregistrés dans l'ordinateur contre des accès non autorisés et des erreurs de manipulation[12]. Le système d'exploitation empêche la lecture par des personnes non autorisées, la falsification, la suppression de données, ainsi que l'utilisation non autorisée de périphériques[12].
105
+
106
+ Plusieurs programmes sont exécutés en même temps et utilisent simultanément la mémoire centrale[9]. Si un processus modifie — accidentellement ou intentionnellement — un emplacement de mémoire utilisée par un autre processus, il met celui-ci en danger[9]. S'il modifie un emplacement utilisé par le système d'exploitation il met en danger l'ensemble du système informatique[9].
107
+
108
+ Pour éviter tel incident, le système d'exploitation réserve à chaque programme un espace d'adressage - un emplacement en mémoire que seul le programme en question peut manipuler[9]. Le système d'exploitation détecte toute tentative d'accès en dehors de l'espace d'adressage et provoque l'arrêt immédiat du programme qui tente d'effectuer de telles opérations[9].
109
+
110
+ Le système d'exploitation va également refuser la mise hors service de programmes centraux tels que les logiciels serveur ou des programmes du système d'exploitation par tout utilisateur qui n'a pas préalablement reçu le privilège d'effectuer cette opération — selon les règlements introduits par l'administrateur de sécurité.
111
+
112
+ Lorsqu'un logiciel autonome (bot informatique) demande des opérations au système d'exploitation, le logiciel doit préalablement décliner son identité en tant que produit puis, sur la base de cette identité, le système d'exploitation effectue les mêmes vérifications que pour une personne physique.
113
+
114
+ Les mécanismes de contrôle d'accès ont aussi pour effet de lutter contre les logiciels malveillants — ceux-ci effectuent souvent des opérations susceptibles de perturber l'utilisation de l'ordinateur.
115
+
116
+ Un ensemble de programmes du système d'exploitation reçoit les informations envoyées par les logiciels applicatifs, et les place sur une image numérique qui sera envoyée au matériel par l'intermédiaire d'un pilote. En complément un autre ensemble de programmes reçoit les manipulations effectuées par l'usager par l'intermédiaire de pilotes puis les transmettent au logiciel concerné. Ces deux ensembles créent l'interface homme-machine qui permet à un usager de dialoguer avec la machine.
117
+
118
+ Le système d'exploitation peut dialoguer avec un usager par l'intermédiaire d'un autre ordinateur ou d'un terminal (interface distribuée). Les informations envoyées par les logiciels applicatifs seront alors envoyées à l'autre ordinateur selon un protocole prévu à cet effet, tandis que l'autre ordinateur enverra les manipulations effectuées par l'utilisateur. Voir SSH, RFB ou X Window System.
119
+
120
+ Lorsque l'interface est en mode texte, l'image numérique est une grille dans laquelle sont placés des caractères d'imprimerie, la grille comporte typiquement 80 colonnes et 35 lignes. L'interface se manipule avec un clavier. Ce type d'interface, qui existe depuis les débuts de l'informatique[N 3] est aujourd'hui remplacé par les interfaces graphiques.
121
+
122
+ Dans une interface utilisateur graphique (anglais Graphical User Interface abrégé GUI), l'image numérique est composée par un programme du système d'exploitation par superposition de points, de lignes, de pictogrammes et de caractères d'imprimerie. L'interface se manipule typiquement avec une souris selon le principe WIMP (anglais Windows, Icons, Menus and Pointer device). L'image numérique est créée à l'aide du processeur graphique de l'ordinateur.
123
+
124
+ Lors des manipulations de la souris, le système d'exploitation déplace l'élément d'image qu'est le pointeur et effectue les calculs nécessaires pour déterminer quel est l'élément de l'image qui se trouve juste en dessous. À chaque élément de l'image peut être associé un programme. Un widget est un programme qui dessine et anime un élément d'image dont l'aspect peut-être celui d'un bouton poussoir, d'une lampe témoin, d'un ascenseur, d'une zone texte, d'un menu, etc. Divers widgets sont fournis avec le système d'exploitation.
125
+
126
+ Les programmes pour interface graphique sont aujourd'hui (2011) inclus dans tous les systèmes d'exploitation contemporains. Le X Window System est l'ensemble des programmes pour interface utilisateur graphique inclus dans tous les systèmes d'exploitation de la famille Unix. Pour Windows, l'équivalent est le programme Explorer, aussi nommé Explorateur Windows (à ne pas confondre avec Internet Explorer).
127
+
128
+ Un logiciel applicatif sert à assister l'utilisateur dans une activité. Les logiciels utilitaires sont des logiciels applicatifs qui permettent à l'utilisateur d'effectuer des manipulations basiques telles que démarrer des programmes, copier des fichiers ou modifier des paramètres de configuration. Divers logiciels utilitaires sont fournis avec les systèmes d'exploitation.
129
+
130
+ Un interpréteur de commandes est un programme qui permet d'exécuter d'autres programmes en écrivant leur nom éventuellement suivi de divers paramètres. Il est accompagné de plusieurs programmes qui permettent la manipulation des fichiers (copie, changement de nom…). Ce type de programme est utilisé pour effectuer des manipulations ou exécuter des scripts — suites de manipulations pré-enregistrées (voir commande informatique). Ce type de programme est souvent fourni avec le système d'exploitation, mais rien n'y oblige, et on peut très bien en importer.
131
+
132
+ Un environnement de bureau est un programme dans lequel les différents éléments de l'ordinateur (programmes, fichiers, disques durs) sont présentés sous forme de pictogrammes sur lesquels il est possible d'effectuer différentes actions. Il permet d'exécuter des programmes, d'effectuer différentes opérations sur les fichiers (copie, changement du nom, déplacement ou suppression).
133
+
134
+ Certains programmes permettent à l'utilisateur de modifier les paramètres de configuration du système d'exploitation. Ceux-ci proposent des listes à choix multiples et effectuent des contrôles de validité avant le modifier les paramètres.
135
+
136
+ D'autres programmes servent à installer des logiciels, c'est-à-dire copier les fichiers dans les emplacements prévus à cet effet, et effectuer les modifications de configuration nécessaire pour rendre le logiciel opérationnel. Ces programmes peuvent aussi servir à consulter la liste des logiciels actuellement installés dans l'ordinateur.
137
+
138
+ Un système d'exploitation multi-utilisateurs est en général fourni avec des programmes permettant de surveiller l'utilisation — par autrui — de l'ordinateur — consultation de journaux d'activité — ou de modifier les listes de droits d'accès en vue d'autoriser ou d'interdire un fichier à certains utilisateurs.
139
+
140
+ Il existe cinq générations de systèmes d'exploitation : par lots (batch), multi programmés, en temps partagé, temps réel, et distribués. Chacun des principes mis en œuvre dans une génération se retrouve dans les générations suivantes[8].
141
+
142
+ À partir de la génération des systèmes d'exploitation multi-programmés, plusieurs programmes sont exécutés simultanément par planification (scheduling). Dans ces systèmes d'exploitation multitâches, plusieurs programmes résident dans la mémoire centrale et le système d'exploitation suspend régulièrement l'exécution d'un programme pour continuer l'exécution d'un autre[8].
143
+
144
+ Chaque système d'exploitation est conçu pour fonctionner avec une gamme particulière de machines (type de processeur, constructeur, architecture). Si un système d'exploitation est disponible pour plusieurs gammes de machines différentes, alors le même code source est compilé[N 4] et adapté à chaque gamme de machines. La palette de pilotes inclus dans le système d'exploitation est adaptée au matériel informatique disponible sur le marché pour cette gamme de machines.
145
+
146
+ Les systèmes d'exploitation basés sur le traitement par « lots » (suites d'instructions et de données dans un ensemble de cartes perforées) sont apparus dans les années 1950. Un programme (avec ses données) n'est rien d'autre qu'une pile de cartes avec des indicateurs de début et de fin de lot. L'exécution d'un programme consiste à demander à un opérateur de placer la pile de cartes dans le lecteur, puis l'opérateur lance la lecture séquentielle des cartes. Le processeur central est au repos, durant les manipulations de l'opérateur[8].
147
+
148
+ Un batch est un lot de travaux à effectuer. L'opérateur compose un batch en posant les unes sur les autres les piles de cartes des différents programmes (avec leurs données) demandés par les utilisateurs. Il forme une grande pile de cartes séparées par des marque-page, en général une carte de couleur particulière, qu'il place ensuite dans le lecteur. Le regroupement de plusieurs programmes en un batch diminue les interventions de l'opérateur[8].
149
+
150
+ Dans un système basé sur les batchs, le cœur du système d'exploitation est un programme moniteur qui réside continuellement en mémoire centrale et permet à l'opérateur de demander le début ou l'arrêt de l'exécution du lot. À la fin de l'exécution de chaque tâche du lot, le moniteur effectue des travaux de nettoyage, puis lance l'exécution de la tâche suivante. Ainsi, l'opérateur intervient uniquement au début et à la fin du lot[8].
151
+
152
+ Dans ces systèmes d'exploitation les commandes ajoutées au marque-page, formulées dans le langage JCL (Job Control Language) sont un des seuls moyens qu'a l'utilisateur d'interagir avec le système d'exploitation[8].
153
+
154
+ Les systèmes d'exploitation batch sont adaptés à des applications nécessitant de très gros calculs mais peu d'implication de l'utilisateur : météo, statistiques, impôts... Les utilisateurs n'attendent pas immédiatement de résultats. Ils soumettent les demandes, puis reviennent ultérieurement collecter les résultats[8].
155
+
156
+ En raison de la grande différence de vitesse entre le processeur et les périphériques, dans un système d'exploitation batch le processeur est inutilisé 90 % du temps car les programmes attendent qu'un périphérique ou un autre termine les opérations. Avec ces systèmes d'exploitation il n'y a pas de concurrence entre les différentes tâches, la mise en œuvre de l'utilisation du processeur, de la mémoire et des périphériques est triviale[8] mais loin d’être optimale.
157
+
158
+ Les systèmes d'exploitation multi-programmés sont apparus dans les années 1960. Le but recherché par de tels systèmes est d'augmenter l'efficacité de l'utilisation du processeur et des périphériques en utilisant la possibilité de les faire fonctionner en parallèle. Plusieurs programmes sont placés en mémoire centrale, et lorsque le programme en cours d'exécution attend un résultat de la part d'un périphérique, le système d'exploitation ordonne au processeur d'exécuter un autre programme[8].
159
+
160
+ Dans les systèmes d'exploitation multi-programmés, l'utilisation du processeur est partagée par planification (scheduling) : à chaque utilisation d'un périphérique, le système d'exploitation choisit quel programme va être exécuté. Ce choix se fait sur la base de priorités. Le système d'exploitation comporte un mécanisme de protection évitant ainsi que le programme en cours d'exécution ne lise ou n'écrive dans la mémoire attribuée à un autre programme. Les programmes sont exécutés dans un mode non-privilégié, dans lequel l'exécution de certaines instructions est interdite[8].
161
+
162
+ Les systèmes multi-programmés nécessitent un ordinateur et des périphériques mettant en œuvre la technique du DMA (direct memory access) celle-ci, le processeur ordonne à un périphérique d'effectuer une opération, le résultat de l'opération est placé en mémoire centrale par le périphérique tandis que le processeur exécute d'autres instructions. Dans les systèmes multi-programmés, tout comme pour les systèmes batch, l'utilisateur n'a que peu de contact avec les programmes et de maigres possibilités d'intervention[8].
163
+
164
+ Les systèmes d'exploitation en temps partagé sont apparus dans les années 1970. Ils sont utilisés dans des dispositifs interactifs où plusieurs utilisateurs sont simultanément en dialogue avec l'ordinateur. Un système d'exploitation en temps partagé est destiné à répondre rapidement aux demandes de l'utilisateur, et donner à chaque utilisateur l'impression qu'il est le seul à utiliser l'ordinateur[8].
165
+
166
+ Un système en temps partagé met en œuvre des techniques sophistiquées de multiprogrammation en vue de permettre l'utilisation interactive de l'ordinateur par plusieurs usagers et plusieurs programmes simultanément[2]. L'arrivée, en 1970, de cette nouvelle génération de systèmes d'exploitation résulte d'une forte demande des consommateurs, et de la baisse du prix du matériel informatique ayant rendu possible sa réalisation[8].
167
+
168
+ Dans les systèmes d'exploitation en temps partagé la notion de batch n'a que peu d'importance. Ces systèmes mettent en œuvre de nouveaux mécanismes d'utilisation du processeur et de la mémoire, qui leur permet de répondre rapidement à des demandes provenant simultanément d'un grand nombre d'utilisateurs[8].
169
+
170
+ Dans ces systèmes, tout comme dans la génération précédente, l'utilisation du processeur est planifiée. Cependant, contrairement aux systèmes de la génération précédente, dans les systèmes en temps partagé chaque programme est exécuté durant une tranche de temps déterminé, puis le système d'exploitation bascule sur l'exécution d'un autre programme, ce qui évite qu'un programme monopolise l'utilisation du processeur au service d'un utilisateur, entraînant des retards pour les autres usagers[8].
171
+
172
+ Les systèmes d'exploitation en temps partagé mettent en œuvre la technique du swap : lorsque le programme en cours d'exécution a besoin de plus de mémoire que celle disponible, un autre programme inactif est retiré pour gagner de la place, le programme inactif est alors enregistré temporairement sur le disque dur. L'enregistrement sur disque provoque cependant une perte de temps non négligeable[8].
173
+
174
+ En 2011 de nombreux systèmes d'exploitation sont basés sur Unix, un système en temps partagé[3].
175
+
176
+ Les systèmes d'exploitation temps-réel sont apparus au milieu des années 1970, notamment chez Hewlett-Packard[14]. Ils sont destinés aux dispositifs devant non seulement donner des résultats corrects, mais les donner dans un délai déterminé. Ces systèmes d'exploitation sont souvent utilisés par des ordinateurs reliés à un appareil externe (pilotes automatiques, robots industriels, applications vidéo et audio[8]) pour lequel un retard de réponse de l'ordinateur entraînerait un échec de l'appareil.
177
+
178
+ Dans ces systèmes d'exploitation, l'accent est mis sur la durée nécessaire pour effectuer chaque opération, pour répondre aux demandes rapidement en vue de satisfaire aux contraintes de temps du système dans lequel il est utilisé[8].
179
+
180
+ Certains services offerts par ces systèmes d'exploitation sont réalisés comme des logiciels applicatifs, et sont exécutés en concurrence avec ceux-ci. Un système d'exploitation temps réel autorise un contact direct entre les logiciels applicatifs et les périphériques. Dans certains systèmes temps réel les ressources sont réservées, évitant ainsi les ralentissements que provoqueraient les réservations à la volée, et garantissant que les ressources sont continuellement disponibles[8].
181
+
182
+ Les systèmes d'exploitation temps-réel évitent d'utiliser la technique du swap en raison des risques de dépassement des délais[8].RTX, Windows CE, Embedded Linux, Symbian OS, Palm OS et VxWorks sont des systèmes d'exploitation temps réel[15].
183
+
184
+ La baisse des prix du matériel informatique a permis, dans les années 1990, la création de systèmes informatiques composés de plusieurs ordinateurs, et donc plusieurs processeurs, plusieurs mémoires, et de nombreux périphériques. Un système distribué permet le partage des ressources entre les ordinateurs. Un utilisateur d'un ordinateur bon marché peut se servir de ressources coûteuses existant sur un autre ordinateur[8].
185
+
186
+ Mach, Amoeba, Andrew, Athena, et Locus sont des systèmes d'exploitation distribués. Ils ont tous été développés par des universités[16].
187
+
188
+ L'histoire des systèmes d'exploitation est fortement liée à celle des ordinateurs. Les premières générations d'ordinateurs, dans les années 1945 à 1955, ne comportaient pas de système d'exploitation. Dans ces ordinateurs équipés de tubes à vide, les programmes manipulaient les ressources matérielles de l'ordinateur sans passer par un intermédiaire[17]. L'ordinateur était utilisé par une seule personne à la fois : la tâche de l'opérateur consistait à placer des piles de cartes perforées dans le lecteur, où chaque carte comportait des instructions d'un programme ou des données[17]. Les ordinateurs à tube à vide de cette génération n'avaient qu'une faible puissance de calcul, ils étaient volumineux, peu commodes et peu fiables (les tubes à vide grillaient souvent)[17].
189
+
190
+ Dans les années 1960, avec l'arrivée des circuits électroniques à semi-conducteurs, la puissance de calcul des processeurs a augmenté de manière significative[17]. Cela a permis la réalisation de systèmes d'exploitation rudimentaires : les ordinateurs ont été équipés d'un spooler — file d'attente permettant d'utiliser la puissance de calcul du processeur pendant que l'opérateur introduit les cartes. L'utilisation des ressources matérielles par les programmes se faisaient alors par l'intermédiaire d'une bibliothèque logicielle[17]. Il a alors été possible de placer en mémoire plusieurs programmes simultanément et de les exécuter simultanément ; un programme dit resident monitor résidait continuellement dans la mémoire centrale et contrôlait l'exécution des différents programmes[17].
191
+
192
+ En 1965 le Massachusetts Institute of Technology se lance dans la création du premier système d'exploitation multitâche et multi-utilisateurs : Multics (pour MULTiplexed Information and Computing Service[T 6], ou service multiplexé d'information et de calcul). Sur le principe de la multiprogrammation, le système d'exploitation autorisait le chargement de plusieurs programmes en mémoire et gérait le passage de l'un à l'autre, mais cette fois-ci sans attendre le blocage d'un programme[N 5]. Chaque programme était exécuté pendant une durée de quelques millisecondes, puis le système passait au suivant. Ce temps, très court, donnait l'illusion que les programmes s'exécutaient simultanément — une illusion qui existe encore avec les systèmes d'exploitation contemporains.
193
+
194
+ De plus, ces programmes pouvaient appartenir à des utilisateurs distincts, chacun ayant l'impression que la machine travaille uniquement pour lui. La possibilité pour un ordinateur de servir simultanément plusieurs personnes augmentait le retour sur investissement de l'achat de matériel très coûteux par les entreprises et les institutions. Cependant, du fait de son écriture dans un langage de programmation PL/I trop complexe pour les ordinateurs de l'époque, Multics fut un échec commercial. Il a cependant inspiré en grande partie la gamme de systèmes GCOS développés conjointement par Honeywell et Bull[18].
195
+
196
+ En 1969, les ingénieurs Ken Thompson et Dennis Ritchie des laboratoires Bell rêvent d'utiliser le système d'exploitation Multics, mais le matériel pour le faire fonctionner est encore hors de prix. Thompson se lance dans l'écriture d'une version allégée de Multics pour un PDP-7 inutilisé. Le système, fonctionnel, est surnommé Unics (pour UNiplexed Information and Computing Service[T 7]), puis finalement baptisé UNIX. Rapidement reprogrammé dans un langage de programmation plus approprié (le C, développé par Ritchie pour l'occasion), UNIX se révèle particulièrement simple à porter sur de nouvelles plateformes, ce qui assure son succès[T 8],[19].
197
+
198
+ Dès 1980, les circuits électroniques à transistor ont été remplacés par des circuits intégrés, plus petits, ce qui a permis de réaliser des appareils plus compacts et moins coûteux et lancé le marché des ordinateurs personnels. De nombreux concepteurs de système d'exploitation qui se sont lancés sur ce marché n'avaient pas d'expérience, ce qui a donné de nouveaux produits, fondés sur des nouvelles idées, sans héritage ou influence de ce qui se faisait jusqu'alors[17]. CP/M, mis sur le marché en 1974, a été le premier système d'exploitation pour micro-ordinateur, son caractère très sympathique, facile à aborder et commode (user-friendly) l'a rendu très populaire et influencé le marché des systèmes d'exploitation[17].
199
+
200
+ En 1980, IBM prend contact avec Bill Gates, cofondateur de la société Microsoft, pour l'adaptation du langage BASIC à son nouveau micro-ordinateur : le Personal Computer (abrégé PC). IBM est également à la recherche d'un système d'exploitation, et Bill Gates leur conseille de se tourner vers CP/M. Mais Gary Kildall refuse de signer le contrat avec IBM. Bill Gates saute sur l'occasion : il rachète QDOS — un système d'exploitation quick-and-dirty pour les processeurs Intel 8086 — pour proposer à IBM le package DOS/BASIC. Après quelques modifications effectuées à la demande d'IBM, le système est baptisé MS-DOS[T 9],[20].
201
+
202
+ Xerox, une des sociétés majeures de l'époque, s'intéresse à l'optique de Steve Jobs. Elle réunit une poignée de scientifiques et d'ingénieurs dans son centre de recherche de Palo Alto et développe le premier micro-ordinateur équipé d'une interface utilisateur graphique, sur la base de thèses et d'études en ergonomie effectuées les années précédentes. Le résultat de ces recherches, le Xerox Star, ne sera jamais commercialisé. Dix ans plus tard, c'est Apple avec le Macintosh qui popularise les recherches effectuées par Xerox[21].
203
+
204
+ En 1983, Richard Stallman du Massachusetts Institute of Technology lance l'idée d'un système d'exploitation sous licence libre : GNU[22]. Il développe des outils de programmation, des logiciels utilitaires, et crée la GNU General Public License — un contrat de licence autorisant une utilisation sans restrictions ainsi que la publication du code source, sa modification, et sa redistribution. Le succès est immédiat, mais le système ne possède toujours pas, en 1990, de noyau libre, et les tentatives pour en développer un sont loin d'être abouties[23].
205
+
206
+ En 1987, Andrew Tanenbaum, professeur à l'université libre d'Amsterdam créé le système d'exploitation Minix, clone d'UNIX dont le code source est destiné à illustrer son cours sur la construction des systèmes d'exploitation[N 6]. Mais Minix, dont la vocation est pédagogique, comporte alors de trop nombreuses limitations techniques et ne permet pas une utilisation poussée[N 7].
207
+
208
+ En 1989 un « système d'exploitation libre » apparaît à la même époque : 4.4BSD. La Berkeley Software Distribution (BSD) est la version d'UNIX développée par les étudiants et les chercheurs de l'université de Berkeley depuis 1977[24]. Les logiciels utilitaires, créés sous licence libre, sont vendus avec le noyau Unix de AT&T, lui-même sous licence propriétaire. Cette double licence de BSD est à l'origine de plusieurs années de litige entre l'Université de Berkeley et AT&T[25]. Les étudiants de l'université travaillent à remplacer les programmes développés par AT&T par leurs propres programmes, sous licence libre, afin de résoudre le litige. Cette situation dure jusqu'à la sortie de 4.4BSD en 1994, qui ne contient pratiquement plus de code AT&T[T 10].
209
+
210
+ En 1991, Linus Torvalds, étudiant à l'université d'Helsinki, inspiré par les travaux de Tanenbaum, sort la toute première version (0.01) de son propre noyau : Linux, qui est au départ une réécriture de Minix. Linux passe sous licence GNU en 1992[26] et il faut attendre 1994 pour voir la version 1.0[T 11], donnant ainsi naissance à la distribution d'un système d'exploitation entièrement libre, GNU/Linux.
211
+
212
+ C'est à la suite des initiatives et travaux de Linus Torvalds et de Richard Stallman, aidés par des milliers de bénévoles, et consécutivement aux travaux des étudiants de l'université de Berkeley que GNU/Linux et 4.4BSD sont devenus les premiers systèmes d'exploitation sous licence libre[27].
213
+
214
+ Un système d'exploitation est essentiellement événementiel - il est exécuté lorsque quelque chose s'est passé, typiquement lors d'un appel système, une interruption matérielle ou une erreur[28]. C'est un logiciel étendu et complexe, qui offre de nombreuses fonctions. Il est construit comme une suite de modules, chacun ayant une fonction déterminée[29].
215
+
216
+ Le noyau (en anglais : kernel) est la pièce centrale du système d'exploitation[30]. C'est le second programme chargé en mémoire (juste après le bootloader) et il y reste en permanence - ses services sont utilisés continuellement[30].
217
+
218
+ Il réside généralement dans un emplacement protégé de mémoire vive, qui ne peut pas être modifié ni exploité par les autres programmes[30] (c'est-à-dire dans le cas d'un système d'exploitation en mode protégé).
219
+
220
+ C'est un composant critique : si le kernel subit une erreur et s'arrête alors l'ordinateur cessera de fonctionner, tandis que si un autre programme s'arrêtait (par exemple un programme utilisateur) alors le système d'exploitation resterait opérationnel[30].
221
+
222
+ Il offre typiquement des fonctions pour créer ou détruire des processus (i.e. exécuter des programmes), diriger l'utilisation du processeur, de la mémoire et des périphériques. Il offre également les fonctions qui permettent aux programmes de communiquer entre eux et de s'aligner dans le temps (synchronisation)[29].
223
+
224
+ Née en 1985, la gamme des systèmes Windows de Microsoft équipe en 2008 près de 90 % des ordinateurs personnels, ce qui la place en situation de monopole notamment auprès du grand public. En 2008, ses parts de marché sont descendues en dessous de 90 % pour la première fois depuis 15 ans[42]. Puis à la suite de la croissance très rapide du marché des smartphones, et du retard pris par Microsoft sur ce marché, ses parts de marché sur les appareils personnels sont passées de 95 % en 2005 à 20 % en 2013[43].
225
+
226
+ Amorcée en 1969, la famille de systèmes d'exploitation Unix compte plus de 25 membres[44]. GNU/Linux, BSD et Mac OS X sont aujourd'hui les systèmes d'exploitation les plus populaires de la famille Unix.
227
+
228
+ La famille Windows équipe aujourd'hui[Quand ?] 38 % des serveurs tandis que la famille Unix équipe 31 %, dont à peu près la moitié avec GNU/Linux[45]. La famille Unix anime 60 % des sites web dans le monde[46]. La famille GNU/Linux équipe 100 % des 500 superordinateurs du monde[47]. En mai 2019, la famille Unix anime plus de 98 % des smartphones[48].
229
+
230
+ Né en 1990, Symbian OS est en 2007 le système d'exploitation le plus répandu sur les téléphones mobiles et assistants personnels, avec 67 % de part de marché[49].
231
+
232
+ En 2012, les quatre systèmes d'exploitation Android de Google, Symbian, iOS de Apple et Blackberry de Research In Motion occupent ensemble 95 % du marché des smartphones. Android, le plus populaire (75 %), est en progression, tandis que les autres sont en recul. Les parts de marché de Symbian ne sont plus que de 2,3 %[50].
233
+
234
+ Du côté des tablettes tactiles, iOS de Apple était le premier système d'exploitation largement diffusé avec plus de 80 % de part de marché en 2010[51]. Trois ans plus tard sa part de marché est de 20 % et celle de Android est de plus de 56 %[52].
235
+
236
+ Les serveurs et super-ordinateurs sont majoritairement équipés de systèmes d'exploitation de la famille UNIX[53].
237
+
238
+ De nombreux logiciels applicatifs sur le marché sont construits pour fonctionner avec un système d'exploitation en particulier, ou une famille en particulier et un système d'exploitation est construit pour fonctionner avec une gamme de machines donnée. Pour l'acheteur le choix de la famille de machine limite le choix du système d'exploitation, qui lui-même limite le choix des logiciels applicatifs.
239
+
240
+ Chaque système d'exploitation, selon la palette de programmes qu'il contient, est construit pour fonctionner avec certains réseaux informatiques. Pour l'acheteur qui possède un réseau informatique (typiquement les entreprises et les institutions) le choix du système d'exploitation dépend de son adéquation au réseau existant de l'acheteur.
241
+
242
+ L'utilité d'un système d'exploitation pour l'usager est proportionnel au nombre de logiciels applicatifs qui sont prévus pour lui. La popularité élevée d'un système d'exploitation attire les éditeurs de logiciels applicatifs, ce qui accroit encore sa popularité (effet réseau). Ce phénomène fait que le marché est sujet aux situations de monopole.
243
+
244
+ Apple, Sun Microsystems et Silicon Graphics sont des marques qui fabriquent du matériel informatique et développent des systèmes d'exploitation pour leur propre matériel. Certains systèmes d'exploitation, comme Microsoft Windows et Android, sont vendus avec le matériel informatique, conformément à des accords entre les fabricants.
245
+
246
+ La compatibilité d'un système d'exploitation est sa capacité à être utilisé à la place d'un autre, en particulier à exécuter les logiciels applicatifs de l'autre. Le système d'exploitation est dit « compatible » avec l'autre. La compatibilité au niveau source est la capacité pour un système d'exploitation A d'exécuter un logiciel applicatif créé pour B après avoir compilé le code source du logiciel pour la machine A. Et la compatibilité binaire est la capacité pour un système d'exploitation A d'exécuter un logiciel applicatif créé pour B tel quel, sans avoir à le recompiler.
247
+
248
+ L’interopérabilité est la capacité pour plusieurs systèmes à être utilisés ensemble, par exemple dans un même appareil, ou dans un réseau informatique.
249
+
250
+ Pour être compatibles, deux systèmes d'exploitation doivent avoir des points communs, notamment sur l'interface de programmation. La compatibilité binaire n'est possible qu'entre deux systèmes d'exploitation qui fonctionnent avec la même famille de processeur.
251
+
252
+ La compatibilité et l'interopérabilité entre les systèmes d'exploitation sont assurées, par les éditeurs, par alignement de leur produit sur des normes industrielles ainsi que des technologies rendues publiques.
253
+
254
+ Le système d'exploitation Unix, créé en 1969, a servi de source d'inspiration pour toute une famille de systèmes d'exploitation. Le jeu de la concurrence, très vif dans les années 1980, a conduit les différents membres de la famille Unix à s'éloigner, et perdre la compatibilité les uns avec les autres. Des organismes de normalisation tels que Open Group se sont penchés sur le problème et ont édicté des normes garantissant la compatibilité à travers toute la famille Unix.
255
+
256
+ Entre 1995 et 2007, Microsoft, éditeur de la suite de systèmes d'exploitation Windows a été l'objet de plusieurs procès pour des pratiques anticoncurrentielles nuisant à la concurrence et à l'interopérabilité. La société a été condamnée par le département de la justice des États-Unis pour violation du Sherman Antitrust Act, ainsi que par la Commission européenne pour violation des traités relatifs à la concurrence dans l'Union européenne.
257
+
258
+ La popularisation d'Internet dans les années 1990 a contribué à améliorer l'interopérabilité entre les systèmes d'exploitation.
259
+
260
+ Le système d'exploitation Unix a été développé par American Telephone & Telegraph (AT&T). Jusqu'en 1975, un accord avec l'État fédéral américain lui interdisait de commercialiser Unix, ayant le monopole de la téléphonie aux États-Unis, le code source du système d'exploitation était par conséquent public. Mais en 1975, ce monopole fut attaqué en justice et en 1982, la société était démembrée par décision de justice. AT&T, née de la fragmentation des activités d’American Telephone & Telegraph, put enfin commercialiser Unix : les ingénieurs de la société partirent du code source de la version 7 (ouverte) pour aboutir à UNIX System V. Simultanément, d'autres éditeurs s'inspirèrent de la version 7 pour créer des systèmes Unix, notamment l'université de Berkeley, avec sa Berkeley Software Distribution[54] (BSD, 1979). Puis ceux-ci ont servi de source d'inspiration pour d'autres systèmes d'exploitation, et ainsi de suite. En 2009, la famille Unix comptait plus de 25 systèmes d'exploitation.
261
+
262
+ Le jeu de la concurrence a conduit chaque éditeur à ajouter ses propres améliorations et ses propres fonctionnalités à son système d'exploitation optimisé pour un matériel en particulier. Ceci a amené les différents membres de la famille Unix à s'éloigner, et perdre la compatibilité l'un avec l'autre.
263
+
264
+ En 1987, dans le but de réunifier la famille Unix, AT&T conclut un accord avec Sun Microsystems (un des principaux éditeurs de système d'exploitation fondé sur BSD). Les autres éditeurs ne voyant pas cet accord d'un bon œil, créent la fondation Open Software Foundation (OSF). Dans un même temps, l'Open Group, un consortium de normalisation, publie des normes relatives aux systèmes d'exploitation de la famille Unix[55]. Les deux institutions sont aujourd'hui fusionnées.
265
+
266
+ POSIX est le nom donné aux normes IEEE 1003. Cette famille de normes appartenant à l'Open Group a été lancée en 1988 et concerne l'interface de programmation. La conformité d'un système d'exploitation à cette norme assure la compatibilité au niveau source. En 2009, de nombreux systèmes d'exploitations sont conformes à cette norme, y compris en dehors de la famille Unix[56].
267
+
268
+ POSIX fait partie de la Single Unix Specification, une norme lancée en 1994 par l'Open Group, qui concerne les systèmes de fichiers, les logiciels utilitaires, ainsi que 1 742 fonctions de l'interface de programmation[57]. Le nom « Unix » appartient à l'Open Group et tout système d'exploitation doit être conforme à la Single Unix Specification pour être reconnu comme faisant partie de la famille Unix[58].
269
+
270
+ En 1995, conformément au Sherman Antitrust Act — une loi des États-Unis pour la prévention de l'abus de position dominante, le département de la justice des États-Unis interdit à Microsoft certaines de ses pratiques considérées comme nuisibles à la concurrence. Deux ans plus tard, un procès est ouvert pour non-respect des interdictions de 1995 : Microsoft obtient l'annulation du procès sur l'argument que « la justice n'est pas équipée pour juger du bien-fondé du design des produits de haute technologie (sic) ».
271
+
272
+ Entre 1999 et 2001, une enquête est ouverte concernant la position de Microsoft. L'enquête, menée par les juges Thomas Jackson et Richard Posner, amène à la conclusion que Microsoft abuse de sa position de monopole pour pratiquer du « favoritisme » sur le marché connexe des navigateurs Web, des pratiques qui nuisent à ses concurrents, gênent leur émergence et freinent l'innovation[59]. La société échappe de peu à la scission, et se retrouve dans l'obligation de publier les spécifications de ses technologies, en particulier les interfaces de programmation et les protocoles réseau, ceci afin de préserver l'interopérabilité et la concurrence[60].
273
+
274
+ Plus tard, en 2007, Microsoft est condamné par la Commission européenne à une amende de près de 500 millions d'euros pour violation de l'article 82 du traité CE et l'article 54 de l'accord EEE (textes relatifs au droit de la concurrence et l'abus de position dominante) après avoir refusé de publier une de ses spécifications techniques à son concurrent Sun Microsystems[N 19]. Selon la Commission européenne, les agissements de Microsoft nuisent à l'interopérabilité des systèmes d'exploitation et à la concurrence[61].
275
+
276
+ Chaque système d'exploitation comporte une palette de programmes relatifs aux protocoles réseau. La composition de la palette dépend du choix de l'éditeur et diffère d'un système d'exploitation à l'autre. Toutefois, deux ordinateurs ne peuvent communiquer ensemble qu'à la condition unique d'utiliser les mêmes protocoles.
277
+
278
+ La popularisation d'Internet dans les années 1990 a poussé de nombreux éditeurs à inclure dans leur système d'exploitation des programmes relatifs aux protocoles TCP/IP (les protocoles d'Internet), améliorant ainsi l'interopérabilité entre les systèmes d'exploitation.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
2
+
3
+ England
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+
5
+ L'Angleterre (en anglais England [ˈɪŋɡlənd] Écouter) est une nation constitutive du Royaume-Uni[1]. Elle est bordée par l'Écosse au nord et le pays de Galles à l'ouest. Son littoral est entouré par la mer du Nord à l'est, la mer d'Irlande au nord-ouest, la mer Celtique au sud-ouest, et la Manche au sud qui la sépare de l'Europe continentale. Son territoire couvre la majorité du centre et du sud de l'île de Grande-Bretagne, et il inclut également une centaine de petites îles. Sa capitale est Londres qui est la première aire urbaine du Royaume-Uni et, selon les critères retenus, d'Europe de l'Ouest[2]. L'Angleterre est la nation la plus peuplée du Royaume-Uni avec 53 millions d'habitants en 2011, ce qui représente 84 % de la population britannique[3], et est la plus grande avec une superficie de 131 760 km2. Le nom d'« Angleterre » est fréquemment mais faussement employé, par synecdoque, pour désigner le Royaume-Uni dans son ensemble.
6
+
7
+ Le territoire anglais a commencé à être peuplé durant le Paléolithique supérieur et tire son nom des Angles, l'une des tribus germaniques qui s'installa aux Ve et VIe siècles. L'Angleterre est devenue un État unifié au cours du Xe siècle avec la création du royaume d'Angleterre en 927. Le royaume — qui après 1284 inclut définitivement le pays de Galles — a été un État souverain jusqu'au 1er mai 1707, date à laquelle l'Acte d'Union l'unifia au royaume d'Écosse pour créer la Grande-Bretagne[4]. En 1801, la Grande-Bretagne s'unifia avec le royaume d'Irlande par un autre Acte d'Union pour former le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. En 1922, l'Irlande du Sud devient indépendante du Royaume-Uni, le pays fut alors rebaptisé Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.
8
+
9
+ Depuis l'Âge des découvertes qui commença au XVe siècle, l'Angleterre a eu un impact culturel considérable sur le reste du monde[5]. La langue anglaise, l'anglicanisme, le droit anglais (qui est la base de la common law, un droit basé principalement sur la jurisprudence qui sert aujourd'hui de système juridique dans un grand nombre de pays), ainsi que le système de Westminster (un système parlementaire de gouvernance) ont été exportés à travers le monde[6]. L'Angleterre est également considérée comme l'une des premières démocraties parlementaires de l'Histoire[7]. L'Angleterre est le berceau de la révolution industrielle qui débuta au XVIIIe siècle, faisant d'elle la première nation industrialisée du monde[8].
10
+
11
+ Deux tiers de la Grande-Bretagne, au sud et au centre, constituent l’Angleterre, ainsi que quelques îles au large comme l’île de Wight ou les îles Scilly. La nation constitutive est frontalière de deux autres nations du Royaume-Uni — l’Écosse au nord et le Pays de Galles à l’ouest —, et est plus proche du continent européen que toute autre île britannique. L’Angleterre est séparée de la France par un corridor maritime de 34 kilomètres[9], même si le tunnel sous la Manche les relie près de Folkestone[10]. L’Angleterre possède aussi des littoraux sur la mer d’Irlande, la Mer du Nord et l’Océan Atlantique.
12
+
13
+ Les ports de Londres, de Liverpool et de Newcastle upon Tyne se trouvent respectivement à l’embouchure de la Tamise, de la Mersey et de la Tyne. La Severn est la plus longue rivière d’Angleterre, sur 354 kilomètres[11]. Elle se jette dans le canal de Bristol et est célèbre pour ses lames de fond de plus de 2 mètres de hauteur (dans le mascaret de Severn)[12]. Cependant, la plus longue rivière entièrement en Angleterre est la Tamise, longue de 346 kilomètres. Il y a de nombreux lacs, le plus grand étant le Windermere dans le bien nommé Lake District[13].
14
+
15
+ Les Pennines, dites la « colonne vertébrale de l’Angleterre », est la plus ancienne chaîne montagneuse de la région, apparue à la fin de l’ère paléozoïque il y a environ 300 millions d’années[14]. Elle se compose principalement de grès, de calcaire et de charbon. Il y a des paysages karstiques dans des régions riches en calcite, comme le Yorkshire ou le Derbyshire par exemple. Les Pennines sont couvertes de landes en altitude, dentelées de vallées fertiles grâces aux rivières. Elles contiennent trois parcs nationaux, les Yorkshire Dales, le Northumberland et le Peak District. Le point culminant de l’Angleterre, à 978 mètres, est le Scafell Pike, dans le comté de Cumbria[13]. À cheval sur la frontière entre l’Angleterre et l’Écosse se trouvent les monts Cheviot.
16
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17
+ Les terres basses de l’Angleterre se trouvent au sud des Pennines, sur de nombreuses collines vertes, dont les Cotswolds, les Chilterns, les North Downs et les South Downs — quand elles rencontrent la mer, elles dévoilent des roches blanches comme les falaises blanches de Douvres. La péninsule du sud-ouest, dans le West Country, se compose de hautes landes, telles le Dartmoor et l’Exmoor, tous les deux parcs nationaux, et profite d’un climat océanique[15].
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+
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+ La faune et flore sont dégradées depuis l'après-guerre, plus de 80 % des haies, prés et marécages qui s'y trouvaient ont disparu[réf. nécessaire].
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21
+ Par des cartes des profondeurs de la Manche dressées par des sonars ultraperfectionnés, une gigantesque vallée au fond de la mer a pu être reconstituée en 3D, présentant les caractéristiques de l'érosion due à l'écoulement du fluide.
22
+ Le cataclysme se serait produit il y a 400 000 ans à la suite de la rupture d'un barrage naturel existant entre Douvres et Calais. Le lac glaciaire en amont se serait écoulé à un débit supérieur à 1 million de mètres cubes par seconde dans cette vallée séparant l'île du continent. Une seconde inondation se serait reproduite il y a 160 000 ans.
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24
+ En 2007, Sanjeev Gupta de l'Imperial College de Londres a conforté la théorie des années 1980 prédisant une séparation de l'île britannique à la suite d'inondations.[réf. nécessaire]
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+ L'Angleterre a un climat océanique tempéré. Il y fait doux avec des températures rarement dessous de 0 °C en hiver et rarement dessus de 32 °C en été[16]. Le temps est fréquemment pluvieux et changeant. Les mois les plus froids sont janvier et février, ce dernier en particulier sur le littoral anglais, tandis que le mois de juillet est généralement le plus chaud. Les mois avec un temps variable sont mai, juin, septembre et octobre[16]. Les précipitations sont réparties presque uniformément tout au long de l’année.
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+ Plusieurs facteurs ont une influence importante sur le climat de l’Angleterre : la proximité de l'océan Atlantique, la latitude au nord et le réchauffement des courants marins par le Gulf Stream[16]. C'est une des régions européennes qui connaît le plus grand nombre de dépressions météorologiques. Les précipitations sont plus fortes à l’ouest, et certaines régions du Lake District reçoivent plus de pluie que partout ailleurs dans le reste de l'Angleterre[16]. Le climat est plus humide à l'Est et au Nord, et plus continental au Sud-Est. Les chutes de pluie à Londres restent inférieures à 604 mm pour l'année entière.
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+ Les archives des températures montrent que le record de la plus haute température est de 38,5 °C le 10 août 2003 à Brogdale dans le Kent[17], et la plus basse est de −26,1 °C le 10 janvier 1982 à Edgmond, dans le Shropshire[18].
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+ La ville la plus peuplée d'Angleterre est Londres, la capitale du Royaume-Uni. Elle est suivie par des villes qui se sont développées au XIXe siècle, lors de la révolution industrielle : Manchester, Birmingham, Leeds et Liverpool. D'après l'Office for National Statistics, les dix plus grandes aires urbaines d'Angleterre en 2011 sont les suivantes[19] :
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+ Les os humains les plus anciens découverts en Angleterre datent de plus de 700 000 ans — des restes d’Homo erectus trouvés dans les Norfolk et Suffolk actuels[20]. Les Homo sapiens arrivent pour la première fois dans la région il y a environ 35 000 ans, mais à cause des conditions difficiles de la dernière période glaciaire (connue en Grande-Bretagne et Irlande sous le nom de glaciation Devensian)[21], ils se replient dans les montagnes du Sud de l’Europe. Les grands mammifères comme les mammouths, les bisons et les rhinocéros laineux restent seuls[22]. Il y a environ 11 000 ans, quand les couches de glace commencent à reculer, les humains repeuplent la zone. Les recherches génétiques ont montré qu’ils viennent du Nord de la péninsule Ibérique. Le niveau de la mer étant plus bas, l’Angleterre était reliée par la terre à l’Irlande et à l’Eurasie. L’élévation des eaux il y a 9 000 ans sépare à nouveau la Grande-Bretagne de l'Irlande, puis du continent un demi-siècle plus tard[23].
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+ Il y a environ 4 500 ans, une migration massive depuis le continent introduit la culture campaniforme dans l'île. La propagation du complexe campaniforme est associée au remplacement d'environ 90 % du patrimoine génétique local en quelques centaines d'années. Cette migration se produit dans le prolongement de l'expansion vers l'ouest des groupes humains de la steppe pontique qui avaient essaimé en Europe centrale et du nord au cours des siècles précédents, probablement les locuteurs de langues indo-européennes[24],[25],[26].
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+ C’est pendant cette période que des monuments néolithiques, comme Stonehenge ou Avebury sont construits. En fondant ensemble de l’étain et du cuivre, présents en abondance dans la région, les humains fabriquent du bronze, et plus tard du fer grâce au minerai de fer. Ils sont capables de tisser de la laine de mouton pour en faire des vêtements. Selon John T. Koch et d’autres historiens, l’Angleterre, à la fin de l’Âge du bronze, faisait partie d’un réseau commercial maritime, appelé l’Âge du bronze atlantique, qui inclut toute la Grande-Bretagne, ainsi que l’Irlande, la France, l’Espagne et le Portugal. Dans ces régions, les langues celtiques se développent : le tartessien est la plus lointaine langue celtique écrite découverte[27].
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+ Pendant l’âge du fer, la culture celte, dérivant des cultures du Hallstatt et de La Tène, se propage jusqu’en Europe centrale. Leur langue, pratiquement la même que l'on retrouve en Gaule, fait un rapprochement culturel évident en tant que celtique de type P. Le développement des fonderies de fer permet la fabrication de meilleures charrues, améliorant l’agriculture, et d'accroître l’efficacité des armes. Les sociétés tribales établies dans l'île parlent les langues brittoniques : la Géographie de Ptolémée recense environ vingt tribus dans la région, cependant les structures plus anciennes ne sont pas connues car les Bretons n'avaient pas recensé les noms et le nombre de leurs tribus, d'autant plus que la transmission culturelle se faisait par voie orale. Le consul de la République romaine Jules César tente d’envahir deux fois la région en 55 av. J.-C.. Ces invasions étant des échecs, il essaye alors de créer un royaume-client avec le chef des Trinovantes. Lors de l'expansion de l’Empire romain, comme d‘autres régions à sa marge, la Bretagne tisse de nombreux liens avec la puissance continentale.
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+ L'Empire romain conquiert l’Angleterre en 43 apr. J.-C., pendant le règne de l’empereur Claude, et la région est annexée à l’Empire romain, sous le nom de Bretagne[28]. Les plus connus des peuples qui ont tenté de résister à l’invasion sont les Catuvellauni, menés par Caratacus. En 47 apr. J.-C., Publius Ostorius Scapula est nommé par Claude propréteur de la province de Bretagne. En 54 ap. J.-C., d'après Suétone, l'Empereur Claude abolit complètement la religion des druides, ce qui déstabilisera fortement le monde celtique insulaire[29]. L'archéologie et l'anthropologie aujourd'hui nous permettent de nous défaire de l'idéologie colonialiste prêtée aux romains envers les Celtes. En effet, les romains comme les Celtes, sont tous deux d'origine indo-européenne. Le flaminica et le druidica ne sont pas si différents l'un de l'autre et la Rome comme la Gaule sont toutes deux structurées dans la tripartition, comme nous l'a bien démontré Gerges Dumézil[30]. En 57 apr. J.-C., les cohortes romaines d'Agricola commandées par Suetonius Paulinus détruisent le sanctuaire de l'Île de Mona, Anglesey, massacrant les druides et les druidesses ainsi que les enfants qui le servent et y vivent. Vers l'an 60 apr. J.-C.[31], une révolte menée par Boadicée, reine des Iceni, est écrasée à la bataille de Watling Street[32]. Elle avait réuni une armée de 120 000 hommes et les Bretons s'en prirent d'abord à la nouvelle colonie de Camulodunum, dont le sanctuaire consacré à l'empereur Claude constituait une source d'irritation. Cette nouvelle ère amena l'imposition du modèle gallo-romain qui était un succès dans ce qui fut jadis la Gaule indépendante, avec l’architecture romaine, des systèmes de cultures d'assimilation romaines, un système d'éducation différent de celui instauré par les druides[33]., Les Romains n'ont pas fait découvrir l'hygiène corporelle aux Gaulois, car Pline l'Ancien suggère dans son œuvre Histoire Naturelle que le savon, du celtique ancien sappo, puis sapo, était l'invention des Gaulois[34]. Les Gaulois furent les premiers à procéder empiriquement à la saponification. Selon Pline, les Romains ignoraient totalement les savons et, après avoir envahi la Gaule, ils furent les premiers utilisateurs étrangers de cette production artisanale pour leur hygiène corporelle, qu'ils ne tentèrent pas d'imiter. Ils continuèrent de dégraisser leurs lainages au moyen ''d'urine corrompue'' (selon les textes), c'est-à-dire d'ammoniaque. La Britannia désignait la province romaine qui couvrait l’Angleterre, le pays de Galles et le sud de l’Écosse du Ier siècle au début du Ve siècle. Au IIIe siècle, l’empereur Septime Sévère meurt à York, où Constantin est proclamé empereur par la suite[35]. Le christianisme est pour la première fois introduit au début du IIIe siècle, bien que cette origine soit contestée : on parle d’une introduction par l’intermédiaire soit de Joseph d'Arimathie, soit de saint Lucius[36]. Vers 410, les Romains se retirent de l’île à mesure de leur perte de puissance, pour défendre leurs frontières en Europe continentale[37].
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+ À la suite de la retraite romaine, l’Angleterre est laissée à l’abandon, et la région devient propice à des attaques de peuples marins païens, tels les Saxons et les Jutes qui prennent le contrôle de territoires dans le Sud-Est. Leurs avancées sont contenues pendant un temps après la victoire des Bretons insulaires à la bataille du Mont Badon. Les royaumes britanniques post-romains dans le Nord, plus tard réunis sous la dénomination galloise de Hen Ogledd (« vieux Nord »), ont peu à peu été conquis par les Angles au cours du VIe siècle. Les Irlandais effectuaient des raids sur la côte ouest de la Bretagne[réf. nécessaire]. Les Irlandais finissent par fonder de véritables principautés sur les côtes galloises et écossaises[réf. nécessaire]. Si les premières sont finalement écrasées, les secondes ont donné naissance à l'Écosse par la fusion du Dal Riada avec les royaumes britanniques du Nord[réf. nécessaire].
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+ Durant cette période sur laquelle les sources fiables font défaut (c'est l'Âge sombre ou Dark Ages de l'historiographie anglaise), des populations bretonnes peu romanisées établirent de nombreux royaumes bretons dans l'île de Bretagne, notamment dans le pays de Galles et d'autres migrèrent en Irlande[réf. nécessaire]. De même, là se trouve probablement la cause première d'une émigration en masse de Bretons vers la péninsule armoricaine, celle-ci prenant alors le nom de Bretagne. Il existe plusieurs théories qui s’opposent sur l’étendue et l’histoire de l’installation des Anglo-Saxons en Angleterre. Cerdic de Wessex a peut-être été un Breton insulaire. Un patchwork de royaumes anglo-saxons finit par émerger au sud et au centre de l’Angleterre, les principaux étant la Northumbrie, la Mercie et le Wessex. Le christianisme est réintroduit dans la région à partir de la fin du VIe siècle, au sud par la mission grégorienne d'Augustin, venu de Rome, et au nord par Aidan de Lindisfarne depuis l’Irlande.
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+ Northumbrie et Mercie sont alors les forces dominantes. Toutefois, après les conquêtes vikings au nord et à l’est, et l’imposition du Danelaw, c'est-à-dire la loi des Vikings, le Wessex devient le premier royaume anglais sous Alfred le Grand. L'unification est le fait d'Édouard l'Ancien, roi de Wessex, assisté de sa sœur Æthelflæd, souveraine de Mercie dans les années 910 : l'Est-Anglie est conquise en 917, le royaume d'York en 918 mais à nouveau perdu en 919, la Northumbrie en 918. À la mort de sa sœur, en 918, Édouard annexe également la Mercie. Son fils et successeur Æthelstan cimente cette unification en prenant le titre de « roi des Anglais », une unification parachevée en 954 avec la victoire d’Eadred sur le Norvégien Éric à la Hache sanglante. Au début du XIe siècle, Knut le Grand intègre brièvement l’Angleterre dans un empire qui réunit aussi le Danemark et la Norvège. Plus tard, Édouard le Confesseur restaure la dynastie des Wessex.
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+ En 1066, les Normands de Guillaume le Conquérant, depuis le duché de Normandie, s'emparent de l'Angleterre, chassant Harold II, dernier des rois anglo-saxons. Ceux que l'on appela « souverains anglo-normands » ouvriront le pays aux influences continentales. Ils introduisent le féodalisme et maintiennent l’ordre à travers la figure de barons, qui construisent des châteaux dans toute la région. La langue de cette nouvelle élite aristocratique est le normand, ce qui aura une influence considérable sur la langue anglaise.
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+ Après la mort du dernier représentant de la dynastie anglo-normande en 1135, la guerre civile éclate entre les différents prétendants et se répand sur l'ensemble des territoires d'outre-Manche. Geoffroy Plantagenêt finit par triompher. La maison des Plantagenêt d’Anjou hérite du trône d’Angleterre avec Henri II d'Angleterre, ajoutant l’Angleterre au bourgeonnant empire Plantagenêt, formé de fiefs en France dont l’Aquitaine. Ils règnent pendant trois siècles, et fournissent plusieurs monarques tels que Richard Ier, Édouard Ier, Édouard III, et Henri V. Cette période voit des mutations dans le commerce et la législation, avec notamment la signature de la Magna Carta, une charte destinée à limiter les pouvoirs des souverains par la loi et protéger les privilèges des hommes. Le monachisme catholique prospère, fournit des philosophes et les universités d’Oxford et de Cambridge sont créées sous la protection royale. La Principauté de Galles devient un fief des Plantagenêt pendant le XIIIe siècle et la seigneurie d'Irlande est offerte à la monarchie anglaise par le pape.
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+ Au cours du XIVe siècle, les Plantagenêt et les Valois se réclament tous les deux de la maison des Capet, et par là-même, de la France: les deux puissances s’affrontent lors de la guerre de Cent Ans. L’épidémie de peste noire touche l’Angleterre en 1348, et a tué jusqu’à la moitié de ses habitants. De 1453 à 1487, deux branches de la famille royale (la Maison d’York et la Maison de Lancastre) se battent lors de la guerre des Deux-Roses. Elle mène à la défaite de la maison d’York, qui abandonne le trône à une famille noble galloise, les Tudor, une branche de la Maison de Lancastre, dirigée par Henri Tudor aidé de troupes galloises et de mercenaires bretons, qui remportent la victoire à la bataille de Bosworth, où le roi Richard III est tué.
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+ Le règne des Tudor est mouvementé. La Renaissance parvient en Angleterre grâce aux courtisans italiens, qui réintroduisent les arts, l’éducation et les savoirs de l’Antiquité gréco-romaine. Pendant ce temps, l’Angleterre développe une flotte navale, invente le théodolite, et explore les mers à l'ouest. Ces explorations sont bloquées par l’Empire ottoman, qui contrôle la mer Méditerranée, et empêche le commerce maritime des États chrétiens de l’Europe avec l’Est méditerranéen.
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+ Henri VIII rompt avec l’Église catholique romaine, à cause d’un désaccord sur un énième divorce royal, et proclame l’Acte de suprématie, en 1534, qui fait du monarque le chef de l’Église anglicane. Contrairement au protestantisme européen, les racines de ce schisme sont plus politiques que théologiques. Il incorpore aussi officiellement les terres galloises dans le royaume d’Angleterre par l’Acte d'Union (1536). Des conflits internes naissent durant les règnes des filles d’Henri VIII : Marie Ire et Élisabeth Ire. La première tenta de ramener le pays dans le giron catholique, tandis que la seconde rompra une seconde fois plus profondément encore, pour asseoir la suprématie de l’anglicanisme.
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+ Une flotte anglaise sous le commandement de Francis Drake détruisit l’Invincible Armada durant l’ère élisabéthaine. À la lutte avec l’Espagne, la première colonie anglaise en Amérique est créée par l’explorateur Walter Raleigh en 1585, et l’appelle la Virginie. La Compagnie des Indes Orientales entre en compétition au Moyen-Orient avec les Pays-Bas et la France. La nature de l’île change elle aussi après la mort d'Élisabeth Ire: les Stuart qui règnent alors sur l'Écosse accèdent au trône d'Angleterre. Partisans d'un absolutisme, leurs visées inquiètent certains Anglais qui craignent pour leurs droits. De plus, le catholicisme des Stuart fait craindre une remise en cause des réformes religieuses de la part des puritains. L’Union des Couronnes est proclamée en 1603 sous Jacques Ier d'Angleterre. Le roi se nomme dès lors roi de Grande-Bretagne, bien que cela n’existe pas dans la loi anglaise.
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+ Un conflit politique, religieux et social donne naissance à la Première Révolution anglaise entre les soutiens du Parlement et ceux du roi, respectivement appelés les «Têtes Rondes» et les «Cavaliers». Ce conflit provient d’un enchevêtrement de problématiques diverses, dans le contexte des guerres des Trois Royaumes, impliquant l’Écosse et l’Irlande. Les parlementaires sortent victorieux, Charles Ier est exécuté. Un régime républicain est alors instauré sous le nom de Commonwealth de l'Angleterre, dirigé par un Lord Protecteur en la personne de Oliver Cromwell, suivi de son fils Richard.
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+ À la démission de ce dernier, Charles II revient comme monarque en 1660. La Restauration des Stuart en 1660 durera à peine trente ans. Il apparaît toutefois que le roi et le Parlement doivent gouverner ensemble, bien que cela ne soit en pratique le cas qu’à partir du XVIIIe siècle. La création la même année de la Royal Society encourage les sciences et les arts.
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+ Le Grand incendie de Londres en 1666 frappe la capitale, mais elle est reconstruite peu après. Deux factions émergent dans le Parlement: les Tories, royalistes, et les Whigs, libéraux. Alors que les Tories soutiennent initialement le roi catholique Jacques II, plusieurs d’entre eux, avec le parti Whig, renversent le roi en 1688. la Glorieuse Révolution de 1688 porte le prince néerlandais Guillaume III d'Orange au pouvoir et confirme la monarchie protestante en Angleterre. La révolution financière britannique se traduit par un recours important à l'endettement pour financer la Royal Navy et les aménagements de rivière, tandis que se développe un marché boursier et des assurances. Quelques groupes anglais, particulièrement dans le nord avec les Jacobites, continuent de soutenir le roi Jacques et ses fils. En 1707, les royaumes d'Angleterre et d'Écosse, bien que dirigés par les mêmes souverains issus de la dynastie Stuart, ne forment plus qu'un seul royaume, la Grande-Bretagne, à la suite de la signature de l'Acte d'Union, dont la reine Anne de Grande-Bretagne en devient la première souveraine. Pour faciliter le rapprochement, les législations et les systèmes religieux restent séparés.
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+ Sous le royaume nouvellement formé Grande-Bretagne, les Lumières anglaises et écossaises, avec la Royal Society, produisent de nombreuses innovations en science et ingénierie. Cela permet à l’Empire britannique de prospérer, pour devenir le plus grand de l’Histoire. La 1re Révolution industrielle apparaît en Angleterre, qui provoque des profonds changements socioéconomiques et culturels. L’agriculture s’industrialise, les usines et les mines apparaissent, tout comme les réseaux routiers, ferroviaires et maritimes, qui facilitent l’expansion et le développement de la révolution industrielle. L’ouverture du Canal de Bridgewater au nord-ouest de l’Angleterre en 1761 introduit la nation dans une véritable frénésie de la construction de canaux.
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+ L’Angleterre maintient une relative stabilité lors de la Révolution française. William Pitt le Jeune est premier ministre sous le règne de George III du Royaume-Uni. Pendant les guerres napoléoniennes, Napoléon Bonaparte prévoit d’envahir l’Angleterre par le sud-ouest. Toutefois, ces projets d’invasion échouent, d’abord après la défaite de Trafalgar face à Horatio Nelson, ensuite après la défaite de Waterloo, contre le général Wellington. Les guerres napoléoniennes ont encouragé le concept de la nation britannique, avec le sentiment d’un peuple britannique uni, partagé avec les Gallois et les Écossais.
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+ En 1825, la première locomotive à vapeur transportant des passagers ouvre au public, sur le chemin de fer de Stockton-on-Tees et Darlington et la nation détient à elle seule la moitié des 9 500 kilomètres de rail européen en 1845, lors de l'épisode de la "railway mania".
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+ Pendant la Révolution industrielle, beaucoup de travailleurs quittent les campagnes anglaises pour aller habiter dans des aires industrielles, et travailler dans des usines, par exemple à Manchester ou à Birmingham. L'expansion très tôt et très rapide des banques, fait de l'Angleterre le premier endroit au monde où la majorité de la population utilise des billets de banque. Pendant l’époque victorienne, Londres devient la plus grande et la plus peuplée des capitales du monde, et le commerce avec l’Empire britannique, tout comme la présence militaire et navale britannique, apporte beaucoup de prestige. L’agitation politique domestique menée par les Chartistes et les suffragettes aboutissent à une réforme législative et l’adoption du suffrage universel. Lors de la Première Guerre mondiale, des milliers de soldats anglais meurent dans les tranchées en France, car le pays fait partie des forces alliées. Deux décennies plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni combat à nouveau pour les forces alliées. Winston Churchill est alors le premier ministre. Les développements dans les technologies de guerre permettent un bombardement aérien massif du pays par l’Allemagne nazie, c’est le Blitz. Après la guerre, l’Empire britannique fait face à une décolonisation rapide. De nouvelles innovations technologiques voient le jour: l’automobile devient le premier moyen de transport du pays, et les recherches de Frank Whittle sur le moteur à réaction permettent un voyage aérien plus poussé. Les comportements sociaux des Anglais sont bouleversés par l’accès privé aux automobiles, et par la création du National Health Service, en 1948. Cette organisation publique fournit des soins gratuits aux habitants, selon les niveaux de vie de chacun. Tous ces changements ont accéléré la réforme des pouvoirs locaux au milieu du XXe siècle.
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+ Le XXe siècle voit de nombreuses migrations vers l’Angleterre, en particulier depuis les îles Britanniques, mais aussi depuis le Commonwealth, dont le sous-continent indien. Depuis les années 1970, le secteur industriel périclite doucement, au profit des emplois du secteur tertiaire. L’Angleterre, qui fait partie du Royaume-Uni, rejoint le marché commun de la Communauté économique européenne, qui devient plus tard l’Union européenne. À la fin du XXe siècle, les pouvoirs politiques se sont de plus en plus décentralisés en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. L’Angleterre et le pays de Galles continuent néanmoins d’exister au sein du Royaume-Uni comme une juridiction unique. La décentralisation a accru le sentiment d’appartenance à l’identité anglaise. Il n’y a pas de gouvernement anglais, et une tentative récente de créer un système similaire a été rejetée par référendum.
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+ La loi dite Wales and Berwick Act (en) de 1746 avait établi que l'« Angleterre » comprendrait le pays de Galles. Mais cette loi fut révisée en 1967 par la loi dite Welsh Language Act (en) et, depuis cette date, l'« Angleterre » légale ne comprend plus le pays de Galles. L'Angleterre légale fut établie définitivement en 1974 en conséquence de l'effet de la loi dite Local Government Act de 1972 qui rattacha la ville de Berwick à l'Angleterre et le comté de Monmouthshire au pays de Galles.
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+ Le 23 juin 2016, lors du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, 53,4 % des Anglais se prononcent pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit).
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+ Elle n'en fait plus partie depuis le dimanche 1er février 2020.
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+ Faisant partie du Royaume-Uni, l’Angleterre est une monarchie constitutionnelle doublée d’un système parlementaire. Il n’y a pas de gouvernement d’Angleterre depuis 1707, quand l’Acte d’union, qui promulgue les termes du traité de l’Union, allie l’Angleterre et l’Écosse au sein de la Grande-Bretagne. Avant cette union, l’Angleterre était dirigée par une monarchie et le Parlement d’Angleterre. L’Angleterre est gouvernée par le Parlement du Royaume-Uni, même si certaines nations constitutives du Royaume-Uni ont des gouvernements décentralisés. À la Chambre des communes, qui est la chambre basse du parlement britannique basée au Palais de Westminster, à Londres, 532 membres du parlement représentent des circonscriptions anglaises, sur un total de 650 élus.
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+ Lors des élections législatives de 2010, le parti conservateur, sur les 532 sièges mis en jeu, a remporté la majorité absolue en Angleterre avec 61 sièges d’avance sur le total des sièges des autres partis (le Président de la Chambre des communes n’est pas considéré comme un conservateur). Cependant, en tenant compte des résultats en Écosse, en Irlande du Nord et au pays de Galles, ce n’est pas suffisant pour avoir une majorité absolue dans le Royaume-Uni. Aussi, afin de s’assurer la majorité absolue, le parti conservateur, dirigé par David Cameron, a créé une coalition avec les démocrates libéraux, menés par Nick Clegg. En conséquence, Gordon Brown a annoncé qu’il démissionnait de son poste de premier ministre et de dirigeant du parti travailliste.
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+ Lorsque le Royaume-Uni fut membre de l’Union européenne, des élections régionales se déroulèrent pour élire les membres du Parlement européen. Les élections européennes de 2009 ont abouti à l’élection de 33 conservateurs, 10 travaillistes, 9 membres du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, 9 démocrates libéraux, 2 membres du parti vert de l’Angleterre et du pays de Galles, et 2 membres du parti national britannique.
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+ Depuis la décentralisation où les autres nations constitutives du Royaume-Uni (l’Écosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles) ont eu un parlement délégué, les débats en Angleterre font rage pour déterminer comment contrebalancer cette réforme. Au départ, il était prévu que plusieurs régions anglaises auraient leurs propres assemblées locales, mais l’opposition de l’Angleterre du Nord-Est a enterré cette proposition.
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+ La « West Lothian question » est l’un des débats en cours[Quand ?] : des membres des parlements gallois ou écossais peuvent-ils statuer sur des lois qui concernent uniquement les Anglais ? Dans le contexte d’une Angleterre qui est la seule nation du Royaume-Uni à ne pas avoir de traitement contre le cancer gratuit, ce débat a donné lieu à une montée du nationalisme anglais. Certains ont donc proposé la création d’un parlement anglais dédié, ou bien de limiter les votes des lois qui concernent uniquement l’Angleterre, aux membres anglais du parlement.
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+ Avec plus de 53 millions d’habitants, l’Angleterre est de loin la nation constitutive du Royaume-Uni la plus peuplée, avec environ 84 % de la population totale. À titre de comparaison, l'Angleterre possède le 4e plus grand nombre d’habitants d'Europe de l'Ouest, et le 25e dans le monde. Avec une densité de 422 habitants au kilomètre carré, c’est l'un des territoires les plus densément peuplés d'Europe.
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+ Les recherches génétiques suggèrent que 75 à 95 % de la population anglaise descendent en ligne paternelle de populations préhistoriques venues de la péninsule Ibérique[38],[39],[40]. Un élément scandinave important ainsi qu'une contribution de 5 % des Angles et des Saxons[40] constituent le reste, bien que certains généticiens estiment l'élément scandinave et germanique à hauteur de 50 %[41]. Au cours du temps, de nombreuses cultures ont exercé leur influence : Bretons insulaires, Romains, Anglo-Saxons, Vikings, Gaëls, sans oublier la profonde influence des Normands. Il existe une diaspora anglaise présente notamment dans les anciennes colonies de l’Empire britannique, en particulier aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande.
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+ Au temps du Domesday Book, compilé en 1086, plus de 90 % des 2 millions d’Anglais vivent à la campagne. En 1801, la population est de 8,3 millions d’habitants, et elle augmente à 30,5 millions en 1901. Grâce notamment à la prospérité économique de l’Angleterre du Sud-Est, il y a de nombreuses migrations économiques depuis toutes les régions de l’Angleterre. L’immigration irlandaise a également été importante. La proportion d’immigrants d’origine européenne est à cette époque d'environ 87,5 % (Allemands, Polonais, etc.).
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+ D’autres migrants venant des anciennes colonies britanniques se sont installés depuis 1950. 6 % des habitants viennent du sous-continent indien, notamment d’Inde et du Pakistan. 2,9 % de la population est noire, d’origine caribéenne principalement. Il y a un nombre également important de Chinois. En 2007, 22 % des enfants en école primaire sont issus de minorités ethniques. Environ la moitié de l’augmentation de la population anglaise entre 1991 et 2001 est due à l’immigration. Le débat sur l’immigration revêt une forte importance en Angleterre, car selon un sondage du Département de l’Intérieur, 80 % des Anglais souhaitent le résoudre. L’ONS a prévu que la population augmenterait de 6 millions d’habitants entre 2004 et 2029.
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+ En 2017, 29,2 % des nouveau-nés en Angleterre (188 829 sur 646 794) ont une mère née à l'étranger. 16,8 % ont une mère née hors du continent européen (9,7 % une mère née au Moyen-Orient ou en Asie, 5,0 % une mère née dans un pays d'Afrique et 2,1 % une mère née dans une autre région du monde)[42].
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102
+ Selon le recensement de 2011, près de 15 % des habitants de l'Angleterre appartiennent à des minorités ethniques (20,4 % chez les moins de 40 ans et 5 % chez les 60 ans et plus). Dans le Grand Londres, les minorités ethniques représentent 40,2 % de la population totale et 51,2 % des moins de 25 ans[43].
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+ Comme son nom le suggère, l’anglais est historiquement la langue de l’Angleterre, et en est toujours la langue principale. C’est une langue indo-européenne dans la branche anglo-frisone de la famille des langues germaniques. Après la conquête normande, le vieil anglais est confiné dans les classes sociales populaires, et le normand, le latin et l'anglo-normand le supplantent dans l’aristocratie. L'anglais utilise l'alphabet latin et les chiffres arabes comme système d’écriture.
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118
+ Vers le XVe siècle, l’anglais revient à la mode dans toutes les classes sociales, bien que très modifié. Le moyen anglais montre de nombreux signes de l’influence normande, à la fois dans le vocabulaire et dans la prononciation. Pendant la Renaissance anglaise, de nouveaux mots sont forgés grâce au latin et au grec. L’anglais moderne étend cette habitude de flexibilité, en incorporant des mots depuis d’autres langues. Héritage de l’empire colonial britannique, l’anglais est aujourd'hui considéré comme la lingua franca à l'échelle du monde, notamment grâce à son utilisation par les États-Unis.
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+
120
+ L’apprentissage et l’enseignement de l’anglais est une activité économique importante pour l'Angleterre, et implique l’existence d’écoles de langue, de voyages linguistiques ou encore de publications à la portée internationale. Il n’y a pas de loi au niveau du Royaume-Uni qui reconnaît une langue officielle en Angleterre, mais l’anglais est la seule langue utilisée par l'ultra majorité des Anglais. En dépit de la relative petite taille de la nation anglaise, il y a de nombreux accents régionaux distincts, et des personnes avec un accent particulièrement prononcé peuvent ne pas être facilement comprises dans toute l'Angleterre.
121
+
122
+ Le cornique, qui a disparu comme langue d’usage au cours du XVIIIe siècle, est en train d’être ressuscité. Il est maintenant protégé par la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Il est parlé par 0,1 % des habitants en Cornouailles, et est enseigné dans plusieurs écoles, à n’importe quel âge. Les étudiants apprennent dans les écoles publiques une deuxième langue, souvent le français, l’allemand ou l’espagnol. De par l’immigration, un rapport montre qu’en 2007, 800 000 étudiants parlent une langue étrangère à leur domicile, souvent le panjâbî ou l’ourdou.
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124
+ Le National Health Service (NHS) est le système de santé public de l’Angleterre, qui fournit l’essentiel des soins dans le pays. Le NHS a été créé le 5 juillet 1948, appliquant la loi de 1946 sur le National Health Service. Cette loi se base sur les conclusions du rapport Beveridge, préparé par l’économiste et réformateur social William Beveridge. Le NHS est en majeure partie financé par les impôts, dont les montants de la National Insurance, et dispense la plupart de ses services gratuitement, même si des charges doivent être payées par certaines personnes, pour les soins ophtalmologiques et dentaires, ainsi que certains soins personnels.
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+
126
+ Le ministère responsable du NHS est le département de la Santé, dirigé par le secrétaire d’état à la santé, membre du cabinet du Royaume-Uni. La majeure partie des dépenses du département de la santé concerne le NHS — environ 100 millions de livres sterling sont dépensées en 2008-2009. Récemment, le secteur privé est de plus en plus sollicité pour assurer des soins du NHS, malgré l’opposition des syndicats. En 2018, le système de santé public souffre à l'échelle de tout le Royaume-Uni de grandes difficultés[44].
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+
128
+ L’espérance de vie moyenne des habitants en Angleterre est de 77,5 ans pour les hommes, et de 81,7 ans pour les femmes, la moyenne la plus élevée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni.
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130
+ Le christianisme est la religion la plus pratiquée en Angleterre, comme c’est le cas depuis le haut Moyen Âge, bien qu’il ait été introduit plus tôt, pendant les ères gaéliques et romaines. La chrétienté a perduré pendant les siècles qui ont suivi, et environ 59 % des Anglais se considèrent chrétiens[Quand ?]. La confession dominante dans le pays est l’anglicanisme, et date de la Réforme anglaise au XVIe siècle, au moment du schisme de 1536 quand l’Église de Rome a refusé de valider le divorce entre Henri VIII et Catherine d'Aragon. La confession se considère à la fois comme catholique et réformée.
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+
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+ Il existe des traditions pour la Haute Église et la Basse Église, et quelques anglicans se considèrent comme anglo-catholiques, après le mouvement d’Oxford. La monarchie du Royaume-Uni est à la tête de l’Église, en tant que gouverneur suprême. L’anglicanisme a le statut de religion d’État. Il y a environ 26 millions de pratiquants et ils forment la Communion anglicane, et l’archevêque de Cantorbéry en est le représentant symbolique aux yeux du monde. De nombreuses cathédrales sont des bâtiments historiques d’une forte importance architecturale, comme l’abbaye de Westminster, la cathédrale d’York, la cathédrale de Durham ou celle de Salisbury.
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+ La seconde confession chrétienne la plus répandue est l’Église latine de l’Église catholique, qui fait remonter son histoire en Angleterre au VIe siècle avec l’évangélisation d’Augustin de Cantorbéry, et a été la religion principale de l’île pendant près d’un millénaire. Depuis sa réintroduction après l’émancipation catholique, l’Église s’est réorganisée sur des bases anglaises et galloises où elle compte 4,5 millions de fidèles (dont la plupart sont anglais). Un seul pape fut anglais, Adrien IV, et les saints Bède le Vénérable et Anselme de Cantorbéry sont considérés comme des docteurs de l’Église. Une forme du protestantisme, connue sous le nom de méthodisme, est la troisième confession de l'Angleterre, et a grandi hors de l’anglicanisme grâce à John Wesley. Elle a gagné en popularité dans les villes-usines du Lancashire et du Yorkshire, et parmi les mineurs d’étain en Cornouailles. Il y a d’autres minorités non-conformistes, comme l’Église baptiste, les quakers, l’Église congrégationaliste, les unitaristes, et l’Armée du salut. L’immigration de l’île de Chypre (une ancienne colonie britannique) et du Moyen-Orient a introduit une minorité orthodoxe.
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+ Le saint patron de l’Angleterre est saint Georges, représenté sur le drapeau national et sur l’Union Jack. Il y a de nombreux autres saints anglais, dont les plus connus sont Cuthbert, Alban, Wilfrid, Aidan, Édouard le Confesseur, John Fisher, Thomas More, Saint Pétroc, Saint Piran, Margaret Clitherow et Thomas Becket.
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+ Des religions non-chrétiennes sont aussi pratiquées. Une minorité juive est présente sur l’île depuis 1070. Ils sont expulsés d’Angleterre en 1290 selon l’Édit d’Expulsion, et autorisés à revenir seulement en 1656. Dans les années 1950 en particulier, des religions orientales provenant des anciennes colonies britanniques font leur apparition due à l’immigration. L’islam est la principale religion importée, avec 4,8 % de pratiquants anglais, et suivent en nombre l’hindouisme, le sikhisme et le bouddhisme, qui rassemblent 2,7 % de la population ensemble, et qui viennent de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est.
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+ Environ 25 % de la population n'a pas de religion et 7,2 % ne déclare pas de religion.
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+ Évolution de la part des différentes religions en Angleterre et au pays de Galles entre 2001 et 2011[45] :
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+ L'économie anglaise est l'une des plus grandes au monde, avec un PIB moyen par habitant de 22 907 livres sterling. Habituellement considérée comme une économie de marché mixte, elle a adopté de nombreux principes du libre marché, contrairement au capitalisme rhénan de l'Europe continentale[48]. La monnaie officielle en Angleterre est la livre sterling, également connue sous le nom de GBP. La fiscalité en Angleterre est caractérisée à partir de 2009 par un taux de base de l'impôt des particuliers de 20 % du revenu imposable jusqu'à concurrence de 37 400 livres sterling, et de 40 % sur les revenus supplémentaires au-dessus de ce montant[49].
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+ L’Angleterre est le contributeur principal de l’économie du Royaume-Uni, qui est, selon la Banque mondiale, le 24e pays en termes de PIB (PPA) au monde. Les entreprises anglaises sont leaders dans les secteurs chimiques et pharmaceutiques, ainsi que dans les industries aérospatiales, de l’armement, et dans la conception de logiciels. Londres, où siège le London Stock Exchange, principale bourse des valeurs du Royaume-Uni et l’une des plus grandes en Europe, est le centre financier de l’Angleterre – 100 des 500 plus grandes entreprises européennes y ont leur siège social. Londres est le plus grand centre financier en Europe, et l’a aussi été en 2009 au niveau mondial.
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+ La Banque d’Angleterre, fondée en 1694 par le banquier écossais William Paterson, est la banque centrale du Royaume-Uni. Pensée à l’origine comme une banque privée à disposition du gouvernement anglais, elle joue ensuite un rôle au sein du Royaume-Uni – l’institution est nationalisée depuis 1946. La Banque a le monopole de l’émission des devises en Angleterre et au pays de Galles, mais pas dans les autres nations constitutives du Royaume-Uni. Sa Commission de Politique Monétaire a décentralisé la gestion de la politique monétaire et l’établissement des taux d’intérêts de chaque nation du Royaume-Uni.
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+ L’Angleterre est hautement industrialisée, mais connaît depuis les années 1970 un déclin dans les industries lourdes et manufacturières, ainsi qu’une augmentation du secteur tertiaire dans l’économie. Le tourisme est devenu une activité importante, en attirant des millions de visiteurs chaque année dans la région. L'Angleterre exporte principalement des médicaments, des automobiles — même si de nombreuses marques sont depuis détenues par des entreprises étrangères, comme Rolls-Royce, Lotus, Jaguar, Land Rover ou Bentley Motors — du pétrole depuis les possessions anglaises en Mer du Nord et le champ de Wytch Farm, des moteurs d’avions, et des boissons alcoolisées. L’agriculture est intensive et fortement mécanisée, et produit 60 % des besoins en nourriture de la population avec seulement 2 % de la population active. Les deux tiers de la production sont consacrés au bétail, le reste aux moissons agricoles.
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+ Les plus éminents chercheurs anglais dans le domaine des sciences et des techniques sont Isaac Newton, Michael Faraday, Robert Hooke, Robert Boyle, Joseph Priestley, J. J. Thomson, Charles Babbage, Charles Darwin, Stephen Hawking, Christopher Wren, Alan Turing, Francis Crick, Joseph Lister, Tim Berners-Lee, Paul Dirac, Andrew Wiles et Richard Dawkins. Quelques experts affirment que le premier concept d’un système métrique apparaît avec John Wilkins, alors premier secrétaire de la Royal Society, en 1668. En tant que lieu de naissance de la Révolution Industrielle, l’Angleterre abrite de nombreux inventeurs de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle. Parmi les célèbres ingénieurs anglais se trouve Isambard Kingdom Brunel, plus connu pour la création du Great Western Railway, pour la fabrication d’une série de bateaux à vapeur et de nombreux ponts, ce qui provoque une révolution du transport public et des méthodes d’ingénierie. La Révolution Industrielle est née du moteur à vapeur de Thomas Newcomen. Le physicien Edward Jenner met au point le vaccin contre la variole, puis reconnu pour avoir « sauvé plus de vies […] que toutes celles qui ont été perdues dans toutes les guerres de l’Humanité de l’Histoire connue ».
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+ De nombreuses inventions et découvertes ont été réalisées en Angleterre, comme le moteur à réaction, la première machine à filer industrielle, le premier ordinateur et le premier ordinateur moderne, le World Wide Web ainsi que le protocole HTTP et le langage HTML, la première transfusion sanguine réussie, l’aspirateur, la tondeuse à gazon, la ceinture de sécurité, l’aéroglisseur, le moteur à vapeur, le moteur électrique, ou encore la théorie de l'évolution de Charles Darwin et la théorie atomique. Isaac Newton a développé la loi de la gravitation universelle, la mécanique newtonienne, et calcul infinitésimal. Robert Hooke a donné son nom à la loi d’élasticité des solides. L’Angleterre est aussi à l’origine du chemin de fer, du thermosiphon, du tarmac, de l’élastique, du piège à souris, de la lampe à incandescence, de la locomotive à vapeur, du semoir moderne, et de nombreuses nouvelles techniques et technologies développées sont utilisées en ingénierie de précision.
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+ Le département des Transports est le ministère responsable de la supervision des transports en Angleterre. Il y a de nombreuses autoroutes et beaucoup de routes nationales, comme la route A1, qui traverse l’Est de l’Angleterre, de Londres à Newcastle (la plus grande partie de celle-ci est une autoroute), et ce jusqu’à la Frontière entre l'Angleterre et l'Écosse. L’autoroute anglaise la plus longue est la M6, et part de Rugby jusque dans le Nord-Ouest de la région. Les autres routes principales sont la M1 de Londres à Leeds, la M25 qui entoure Londres, la M60 autour de Manchester, la M4 de Londres au pays de Galles du Sud, la M62 de Liverpool au Yorkshire de l’Est via Manchester, et la M5 de Birmingham à Bristol vers le sud-ouest.
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+
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+ Le transport en bus dans la région est très répandu, les principales compagnies sont National Express, Arriva et Go-Ahead Group. Les bus rouges à impériale à Londres sont devenus un symbole de l’Angleterre. Il existe deux réseaux ferroviaires à grande vitesse : le métro de Londres, et le métro Tyne and Wear qui dessert Newcastle, Gateshead et Sunderland. Il y a aussi plusieurs réseaux de tramways, comme celui de Blackpool, le Manchester Metrolink, le Sheffield Supertram, le Midland Metro, ou le Tramlink, système basé à Croydon dans le Sud de Londres.
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+ Le réseau ferroviaire anglais est le plus ancien au monde, et a accueilli ses premiers passagers dès 1825. La majeure partie des 16 116 kilomètres du réseau de chemin de fer britannique se trouve en Angleterre, uniformément répartis, même si une forte proportion des lignes est fermée après la seconde guerre mondiale. L’écartement des rails est en général standard (pour les voies uniques, doubles ou multiples), et il existe aussi quelques voies étroites, principalement les chemins de fer héritages. Il est possible d’aller en train, en France et en Belgique, grâce au Tunnel sous la Manche, terminé en 1994.
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+ L’Angleterre possède un réseau aérien étendu, domestique et international. Le plus grand aéroport est l’aéroport de Londres Heathrow, et il est le deuxième mondial en nombre de passagers internationaux. Les aéroports de Londres Gatwick, de Manchester, de Londres Stansted, de Londres Luton, ou de Birmingham sont également importants. La mer permet le transport en ferry, localement et internationalement, dont l’Irlande, les Pays-Bas et la Belgique. Il y a environ 7 100 kilomètres de voies navigables en Angleterre, dont la moitié est la propriété de British Waterways, même si ce type de transport est limité. La Tamise est la voie navigable la plus empruntée en Angleterre, car les exportations et importations sont concentrées sur le Port de Tilbury dans l’estuaire de la Tamise. C’est l’un des trois ports les plus importants du Royaume-Uni.
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+ Le système scolaire britannique se caractérise par des différences entre les régions du Royaume-Uni (Angleterre, pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord) et le fait que le système est semi-privatisé.
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+ Le cursus se déroule généralement ainsi :
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+ Le sondage réalisé par le programme PISA en 2006 situe le système éducatif britannique nettement au-dessus de la moyenne OCDE1.
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+ Le système éducatif anglais est assez proche des systèmes gallois et écossais. Il est obligatoire d’aller à l'école primaire (primary school) à partir de l’âge de 5 ans. Les deuxième et sixième années comportent chacune un examen, respectivement Key Stage 1 et Key Stage 2. Après l'école primaire, on a le choix entre deux types d'établissement : grammar school (lycée) et comprehensive state (lycée général). Pour entrer dans une grammar school, il faut passer un examen nommé « 11+ ». Les Grammar schools étant pour les étudiants les plus doués, et les places étant limitées, la grande majorité des enfants fréquentent les state comprehensive. Les familles ayant plus de moyens optent à la grande majorité pour le système privé.
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+ À partir de l’âge de 11 ans, on étudie pour passer des examens Key Stage 3. Après avoir réussi la neuvième année, les enfants choisissent les matières pour les examens General Certificate of Secondary Education (GCSE). 15 à 40 matières sont à choisir en fonction de l'école, dont seulement cinq sont obligatoires (les maths, l'anglais, et les trois sciences : biologie, physique, chimie). Les écoles exigent en règle générale de leurs élèves qu'ils choisissent au minimum six matières, mais la plupart en demanderont entre neuf et douze. On passe les examens pendant l’été de l’année 11 (équivalent à la fin de la seconde en France) après deux ans d’étude. Après les GCSE, on a le choix entre quitter l’école et continuer d'étudier pour les A-levels (semblables au baccalauréat). Habituellement, les étudiants sélectionnent 3 matières mais certains optent pour 4.
173
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174
+ En parallèle de ce système d'éducation publique subsiste le système d'éducation privé, élitiste et réservé du fait de son coût élevé à la classe moyenne supérieure, petite et grande bourgeoise et à la noblesse britannique. Les élèves commencent dans ce système par fréquenter une école préparatoire jusqu'à l'âge de treize ans, puis deviennent pensionnaires dans une public schools jusqu'à leurs 18 ans. Ces écoles bénéficient d'un statut et d'une renommée internationaux, et l'éducation se fait au prix d'environ 30 000 livres sterling par an. Eton, surnommée « la nursery de l'élite », et qui a accueilli de nombreux futurs premiers ministres, membres de la famille royale britannique et têtes couronnées étrangères, est probablement l'exemple le plus emblématique de ces écoles dites indépendantes, privées malgré leur nom de public school.
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+ Il y a de nombreuses universités en Angleterre. Les deux les plus célèbres et les plus vielles sont l'Université d'Oxford et l'Université de Cambridge.
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+ Un grand nombre de vieux menhirs a été érigé pendant la préhistoire, parmi les plus connus sont Stonehenge, Devil's Arrows, Monolithe de Rudston et Cromlech de Castlerigg[50]. Avec l'introduction de l'architecture romaine il y a eu un développement des basiliques, thermes, amphithéâtres, arcs de triomphe, villas, temples romains, voies romaines, forts romains, aqueducs, palissades[51]. Ce sont les Romains qui ont fondé les premières cités et villes telles que Londres (Londinium), Bath (Aquae Sulis), York (Eburacum), Chester (Deva) et St Albans (Verulamium). L'exemple le plus connu est peut-être le Mur d'Hadrien qui s'étend dans tout le nord de l'Angleterre[51]. Un autre exemple bien préservé est les thermes de Bath à Bath, ville du comté de Somerset, au Sud-Ouest de l'Angleterre[51].
179
+
180
+ Les constructions séculaires de l'architecture anglo-saxonne étaient des constructions simples qui utilisaient principalement le bois avec de la chaume pour les toitures. L'architecture ecclésiastique a varié passant d'une synthèse de monachisme irlando-saxon[52],[53] à un art paléochrétien caractérisé par des pilastres, des arcades, des balustres et des triangulaires. Après la conquête normande en 1066 de nombreux châteaux en Angleterre ont été créés afin que les Law Lords puissent confirmer leur autorité et se mettre à l'abri de l'invasion venant du nord. Certains des plus célèbres châteaux médiévaux incluent parmi tant d'autres la tour de Londres, le château de Warwick, le château de Durham et le château de Windsor[54].
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+ Tout au long de l'ère Plantagenêt une architecture gothique anglaise n'a cessé de fleurir, les cathédrales médiévales telles que la cathédrale de Cantorbéry, l'abbaye de Westminster et la Cathédrale d'York, en sont de parfaits exemples[54]. S'inspirant de l'architecture normande il y avait aussi des châteaux, des palais, des grandes maisons, des universités et des églises paroissiales. L'architecture médiévale a été achevée avec le style Tudor du XVIe siècle, connu maintenant comme l'arche Tudor, qui était une caractéristique définie comme l'étaient les maisons en torchis. Au lendemain de la Renaissance une forme d'architecture rappelant l'Antiquité classique, mélangée avec le christianisme apparut, le style baroque anglais. L'architecte Christopher Wren célèbre pour son rôle dans la reconstruction de Londres après le grand incendie de 1666 en est un des plus notables promoteurs[55].
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+ L'architecture georgienne suivit, dans un style plus raffiné, évoquant une simple forme palladienne, le Royal Crescent à Bath est l'un des meilleurs exemples. Avec l'émergence du romantisme au cours de la période victorienne, un style néogothique a été lancé dans le même temps, la révolution industrielle a ouvert la voie pour des bâtiments tels que le Crystal Palace. Depuis les années 1930 diverses formes modernistes ont fait leur apparition dont l'accueil est souvent controversé, même si les mouvements de résistance traditionaliste continuent avec le soutien de lieux d'influence.
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+ Le folklore anglais s’est développé pendant plusieurs siècles. Quelques-uns des personnages et des histoires existent à travers toute l’Angleterre, mais la plupart proviennent de régions très spécifiques. Les êtres folkloriques communs sont des pixies, des elfes, des croque-mitaines, des trolls, des gobelins, et des nains. Alors que de nombreuses légendes semblent très anciennes, par exemple celles qui mettent en scène Offa d'Angeln ou Völund, d’autres ont été conçues après l’invasion normande. La légende de Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons de la forêt de Sherwood qui combattent le shérif de Nottingham, est sûrement la plus connue d’entre toutes.
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+ Pendant le Moyen Âge classique, des légendes originaires de mythes brittoniques intègrent le folklore anglais : le mythe arthurien. Elles proviennent de sources anglo-normandes, françaises ou galloises, et mettent en avant le Roi Arthur, Camelot, Excalibur, Merlin, et les Chevaliers de la Table Ronde, comme Lancelot du Lac. Ces histoires sont rapportées par Geoffroy de Monmouth dans son Historia regum Britanniae. Une autre figure précoce des traditions britanniques, Coel Hen, semble être basé sur un personnage réel de l’Angleterre post-romaine. Beaucoup de ces légendes et pseudo-histoires font partie de la matière de Bretagne.
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+ Plusieurs personnages folkloriques sont fondés sur des personnes historiques, ou en partie, dont l’histoire a traversé les siècles. Par exemple, on dit de Godiva qu’elle a traversé Coventry nue à dos de cheval, Hereward l'Exilé est une figure anglaise héroïque représentant la résistance à l’invasion normande, Herne est un cavalier fantôme associé à la forêt de Sherwood et au Windsor Great Park, et la Mère Shipton est l’archétype de la sorcière. Dick Whittington était une personne réel, avec la légende de son chat ajoutée. Chaque année, les 5 novembre sont l’occasion de faire des feux de joie, de tirer des feux d’artifices, et de manger des pommes d’amour en commémoration à la Conspiration des poudres, centrée autour du personnage de Guy Fawkes. Le bandit chevaleresque, comme Dick Turpin, est un personnage récurrent, et Barbe Noire est le pirate typique. Il y a de nombreuses activités folkloriques, que ce soit au niveau national ou régional, comme la Morris dance, la Maypole dance, la Rapper sword (une danse de l’épée) dans le Nord-Est, la Long Sword dance dans le Yorkshire, les Mummers Plays, le bottle-kicking dans le Leicestershire, et le Cooper's Hill Cheese-Rolling and Wake à Brockworth. Il n’y a pas de costume officiel national, mais certains ont une certaine renommée comme les Pearly Kings and Queens londoniens, les Scots Guards, et les Beefeaters (gardes de la tour de Londres).
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+ Depuis le début de l'époque moderne, la nourriture de l'Angleterre a toujours été caractérisée par sa simplicité d'approche, l'honnêteté de sa saveur, et le recours à la haute qualité des produits naturels[56]. Pendant le Moyen Âge et pendant la Renaissance, la cuisine anglaise était dotée d'une excellente réputation, malgré un déclin qui a commencé pendant la révolution industrielle avec l'abandon de la terre et l'urbanisation croissante de la population. Mais la nourriture anglaise a souvent, de nos jours, la réputation de ne pas être très sophistiquée ou même rudimentaire[57]. Cependant, la cuisine anglaise a récemment connu un renouveau, qui a été reconnu par les critiques gastronomes avec quelques bonnes évaluations dans le magazine britannique Restaurant[58]. Le premier livre de recettes anglaises est le Forme of Cury de la cour royale de Richard II[59].
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+ Les exemples traditionnels de la cuisine anglaise incluent le Sunday roast; comportant généralement du bœuf, de l'agneau ou du poulet, servi avec un assortiment de légumes bouillis, du Yorkshire pudding et de la sauce[60]. D'autres repas importants incluent le fish and chips et le petit déjeuner anglais comprenant bacon, tomates grillées, pain frit, boudin noir, baked beans, champignons frits, saucisses et œufs. Plusieurs tourtes à la viande sont consommées telles que le steak and kidney pie (en), le shepherd's pie, le cottage pie, le Cornish pasty et le pork pie (en), le dernier étant consommé froid[60].
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+ Les saucisses sont couramment consommées, soit en tant que bangers and mash ou toad in the hole. Le Lancashire hotpot est un ragoût bien connu. Certains des fromages les plus populaires sont le cheddar, le cheshire, le red leicester, le stilton et le Wensleydale. De nombreux plats hybrides anglo-indiens avec du curry ont été créés tels que le poulet tikka masala et le balti. Les plats anglais sucrés comprennent l'apple pie, la mince pie, le spotted dick, les scones, l'eccles cake, la custard et le sticky toffee pudding. Les boissons communes sont le thé, qui est très consommé grâce à Catherine de Bragance[61], tandis que des boissons alcoolisées comprennent les vins et les bières britanniques.
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+ Les premiers exemples connus sont les pierres préhistoriques et les pièces d’art pariétal, en particulier dans le Yorkshire du Nord, la Northumbrie et la Cumbria, et aussi plus loin dans le sud de l'Angleterre, dans les grottes de Creswell. Avec l’arrivée de la culture romaine au Ier siècle, de nouvelles formes d’art apparaissent : des statues, des bustes, le travail du verre et les mosaïques. De nombreux artefacts ont été retrouvés, à la villa romaine de Lullingstone et à Aldborough. Durant le haut Moyen Âge, le style évolue vers les croix sculptées, la peinture de manuscrits, la joaillerie d’or et d’émail, et démontre un goût pour les dessins entrelacés, comme le trésor de Staffordshire découvert en 2009. Ce style fusionne ensuite avec l'art insulaire, comme en témoignent les Évangiles de Lindisfarne et le Psautier Vespasien. Plus tard, l’art gothique devient populaire à Winchester et à Cantorbéry, par exemple avec le Livre des bénédictions de St. Æthelwold ou le psautier de Luttrell.
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+ De nombreux artistes accompagnent l’ère des Tudor au sein même de la Cour, qui font de la peinture de portraits un élément fondamental et durable de l’art anglais. L’Allemand Hans Holbein en est le chef de file, et Nicholas Hilliard continue dans cette voie. Pendant l'ère Stuart, les artistes continentaux, en particulier les peintres flamands, influencent l’Angleterre, comme Anthony Van Dyck, Peter Lely, Godfrey Kneller et William Dobson. Le XVIIIe siècle est marqué par la création de la Royal Academy, et un certain classicisme, fondé sur l’art de la Renaissance, supplante les autres styles. Thomas Gainsborough et Joshua Reynolds deviennent deux des artistes les plus prisés d’Angleterre.
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202
+ L’école de Norwich perpétue la tradition des paysages, pendant que le préraphaélisme, dans un style détaillé et éclatant, faire revivre le style de la Renaissance : les leaders du mouvement sont Holman Hunt, Dante Gabriel Rossetti et John Everett Millais. Au XXe siècle, les artistes remarquables sont Henry Moore, sculpteur, et les modernistes britanniques en général. Parmi les peintres contemporains, Lucian Freud détient le record mondial de la vente en valeur d’un tableau, pour un artiste vivant, avec Benefits Supervisor Sleeping, en 2008.
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+ Les premiers auteurs anglais écrivent en latin, comme Bède le Vénérable et Alcuin. La littérature vieil-anglaise fournit le poème épique Beowulf, la Chronique anglo-saxonne, ainsi que des textes chrétiens comme Judith, l’Hymne de Cædmon et de nombreuses hagiographies. Après la conquête normande de l’Angleterre, le latin survit parmi les classes sociales éduquées, ainsi que dans la littérature anglo-normande.
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+ La littérature en moyen anglais a émergé avec Geoffrey Chaucer (auteur des Contes de Canterbury), John Gower, le Pearl Poet et William Langland. Les moines franciscains, Guillaume d'Ockham et Roger Bacon sont les philosophes majeurs du Moyen Âge. Julienne de Norwich avec ses Revelations of Divine Love, est une éminente écrivaine chrétienne. Avec la Renaissance anglaise, la littérature en anglais moderne naissant apparaît. William Shakespeare, dont les œuvres les plus connues sont Hamlet, Roméo et Juliette, Macbeth, et Le Songe d’une nuit d’été, reste l’un des auteurs les plus célèbres de la littérature anglaise.
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208
+ Christopher Marlowe, Edmund Spenser, Philip Sidney, Thomas Kyd, John Donne, Ben Jonson sont d’autres auteurs connus de la littérature élisabéthaine. Francis Bacon et Thomas Hobbes ont écrit sur l’empirisme et le matérialisme, ainsi que sur la méthode scientifique et le contrat social. Robert Filmer a écrit sur le droit divin. Andrew Marvell est le poète le plus fameux du Commonwealth, pendant que John Milton publie Le Paradis perdu pendant la Restauration anglaise.
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+ Quelques-uns des plus remarquables philosophes des Lumières anglaises sont John Locke, Thomas Paine, Samuel Johnson et Jeremy Bentham. Edmund Burke suit plus tard et est considéré comme le fondateur du conservatisme. Le poète Alexander Pope et ses vers satiriques sont de plus en plus connus. Puis les auteurs anglais jouent un rôle significatif dans le romantisme, et Samuel Taylor Coleridge, Lord Byron, John Keats, Mary Shelley, Percy Bysshe Shelley, William Blake, William Wordsworth et Alfred Tennyson deviennent des figures reconnues.
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+ En réaction à la Révolution industrielle, les auteurs agrariens cherchent une voie entre la liberté et la tradition. William Cobbett, G. K. Chesterton et Hilaire Belloc en sont les principaux représentants, en lien avec Arthur Penty et le socialisme corporatif, et G. D. H. Cole et le mouvement coopératif. L’empirisme continue avec John Stuart Mill et Bertrand Russell, tandis que Bernard Williams s’implique dans la philosophie morale. Les auteurs de l’ère victorienne sont Charles Dickens, la famille Brontë, Jane Austen, George Eliot, Rudyard Kipling, Thomas Hardy, H. G. Wells, Lewis Carroll ou bien encore Evelyn Underhill. Depuis, l’Angleterre a enfanté de nombreux romanciers devenus très célèbres, comme George Orwell, D. H. Lawrence, Virginia Woolf, Enid Blyton, Aldous Huxley, Agatha Christie, Terry Pratchett, J. R. R. Tolkien, et J. K. Rowling.
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+ La musique traditionnelle britannique est vieille de plusieurs siècles et a inspiré plusieurs genres musicaux, parmi lesquels les chants de marins, les gigues, les hornpipes, et des danses traditionnelles. Ces musiques ont de nombreuses variations, et des particularités régionales. Au XVIe siècle, Wynkyn de Worde imprime des ballades de Robin des Bois qui ont un fort retentissement, tout comme The English Dancing Master de John Playford ou les Roxburghe Ballads de Robert Harley. Les chansons les plus connues à cette époque sont The Good Old Way, Pastime with Good Company, Maggie Mae, et Spanish Ladies, parmi d’autres. De nombreuses comptines sont d’origine anglaise, telles Twinkle Twinkle Little Star, Roses Are Red (en), Jack and Jill, Here We Go Round the Mulberry Bush, ou Humpty Dumpty.
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+ Les premiers compositeurs anglais de musique classique sont des artistes de la Renaissance, Thomas Tallis et William Byrd, suivis de Henry Purcell pendant la période baroque. George Frideric Handel, né allemand, devient un sujet britannique, et passe la majeure partie de sa vie de compositeur à Londres, créant quelques-uns des morceaux les plus célèbres de la musique classique, comme le Messie, Water Music et Music for the Royal Fireworks. Le paysage des compositeurs classiques anglais se renouvelle complètement au XXe siècle, avec Benjamin Britten, Frederick Delius, Edward Elgar, Gustav Holst, Ralph Vaughan Williams, William Walton ; Michael Nyman en est le chef de file, grâce à La Leçon de piano.
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+ Dans le champ de la pop et du rock, de nombreux artistes et groupes anglais sont régulièrement cités comme les musiciens les plus influents et les plus prolifiques de tous les temps en termes de vente. En font partie, par exemple, The Beatles, Led Zeppelin, The Who, Pink Floyd, Elton John, Genesis, Queen, Black Sabbath, Iron Maiden, Rod Stewart, The Rolling Stones, The Stone Roses, The Libertines, Blur, Oasis, et plus récemment, Adele, Ed Sheeran, Arctic Monkeys et One Direction. De très nombreux genres musicaux ont leurs racines, ou un fort lien de parenté, avec l’Angleterre, comme la British invasion, le hard rock, le glam rock, le heavy metal, le mod, la Britpop, le drum and bass, le rock progressif, le punk rock, le rock indépendant, le rock gothique, le shoegazing, l’acid house, l’UK garage, le trip hop et le dubstep.
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+ Les grands festivals de musique en plein air en été et à l’automne attirent beaucoup de monde, tels le festival de Glastonbury, le V Festival, et les Reading and Leeds Festivals. L’opéra le plus remarquable en Angleterre est le Royal Opera House, à Covent Garden. The Proms, qui est une saison de musique classique au Royal Albert Hall, est un événement culturel majeur annuel. The Royal Ballet est au premier rang des compagnies de ballet classique. Sa réputation provient de deux grandes figures de la danse du XXe siècle, prima ballerina Margot Fonteyn et le chorégraphe Frederick Ashton.
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+ English Heritage est un organisme gouvernemental avec une large attribution en matière de gestion du patrimoine historique de l'Angleterre. Il est actuellement parrainé par le département de la Culture, des Médias et du Sport. L'organisme associatif National Trust for Places of Historic Interest or Natural Beauty tient un rôle contrasté. Dix-sept des vingt-cinq sites du patrimoine mondial de l'UNESCO au Royaume-Uni mondial relèvent des lieux historiques de l'Angleterre. Certains des plus connus incluent le mur d'Hadrien, Stonehenge, Avebury and Associated Sites, la tour de Londres, le littoral du Dorset et de l'est du Devon, Saltaire, Ironbridge Gorge, le parc de Studley Royal et plusieurs autres.
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+ Il y a de nombreux musées en Angleterre, mais le plus remarquable est le British Museum de Londres. Sa collection de plus de sept millions d'objets provenant de tous les continents est l'un des plus grands et le plus complet dans le monde, illustrant et documentant l'histoire de la culture humaine depuis son commencement jusqu'à nos jours. La British Library de Londres est la bibliothèque nationale et est l'une des bibliothèques de recherche les plus importantes au monde, maintenant plus de 150 millions d'articles dans toutes les langues connues et tous les formats, incluant environ 25 millions de livres. La galerie d'art la plus ancienne est la National Gallery de Trafalgar Square, qui abrite une collection de plus de 2 300 peintures datant du milieu du XIIIe siècle à 1900. Les galeries de la Tate abritent des collections nationales d'art britannique moderne et international; elles sont également les hôtes du controversé prix Turner.
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+ L'Angleterre a un héritage sportif très fort, et pendant le XIXe siècle la nation a codifié de nombreux sports qui se jouent maintenant dans le monde entier. Les sports originaires de l'Angleterre sont le football, le cricket, le rugby à XV, le rugby à XIII, le tennis, le badminton, le squash[63], le rounders[64], la boxe, le snooker, le billard, les fléchettes, le tennis de table, le boulingrin, le netball, courses de chevaux pur-sang et la chasse à courre. Il a aidé le développement de la voile et la Formule 1. Le football est le plus populaire de ces sports. L'équipe d'Angleterre de football, qui joue dans le mythique stade de Wembley, a remporté la Coupe du monde de football de 1966, année où la nation a accueilli la compétition.
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+ Au niveau du football, l'Angleterre est reconnue par la FIFA comme le lieu de naissance de ce sport, avec notamment le club de football de Sheffield fondé en 1857 et qui demeure le plus ancien club de football. La Fédération d'Angleterre de football formée en 1863, est la plus ancienne association nationale de football au monde et joua un rôle important dans la mise en place des règles de son sport. La FA Challenge Cup et la Football League ont été respectivement les toutes premières compétitions. Dans l'ère moderne la Premier League est la ligue de football la plus lucrative du monde et fait partie de l'élite internationale. La Ligue des champions a été remporté par Chelsea, Liverpool, Manchester United, Nottingham Forest et Aston Villa, tandis que Arsenal et Leeds United ont atteint la finale[65].
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+ Le cricket est généralement considéré comme ayant été élaboré en début de la période médiévale parmi les communautés agricoles et de la métallurgie du Weald[66]. L'Équipe d'Angleterre de cricket est l’équipe nationale de cricket de l’Angleterre et du pays de Galles. Une des rivalités au sommet de ce jeu est la série de test-matchs appelée The Ashes entre l'Angleterre et l'Australie, qui se déroule depuis 1882. La finale de l'édition 2009 a été regardée par près de 2 millions de personnes, bien que le point culminant fut l'édition de 2005 qui a été vue par 7,4 millions[67]. L'Angleterre est actuellement la détentrice du trophée et est classée 5e à la fois des compétitions de cricket Test et One-day International[68].
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+ L'Angleterre a accueilli quatre Coupe du monde de cricket (1975, 1979, 1983, 1999) et l'ICC World Twenty20 en 2009. Il existe plusieurs compétitions de niveau national, y compris le County Championship dans lequel l'équipe de Yorkshire est de loin le club le plus brillant et avoir remporté la compétition à 31 reprises[69]. Le Lord's Cricket Ground situé à Londres, est parfois appelé la « Mecque du cricket »[70]. William Penny Brookes a été important dans l'organisation du cricket pour les Jeux olympiques modernes. Londres a accueilli les Jeux olympiques d'été en 1908,1948 et 2012. L'Angleterre prend part aux Jeux du Commonwealth, qui se déroule tous les quatre ans. Sport England est l'organe directeur responsable de la distribution des fonds et fournit des orientations stratégiques pour l'activité sportive en Angleterre. Le Grand Prix créé en 1926 se tient chaque année à Silverstone[71].
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+ L'équipe d'Angleterre de rugby à XV, considérée comme l’une des meilleures sélections nationales au monde, a remporté la Coupe du monde en 2003. Par ailleurs, l’Angleterre a été l'une des nations hôtes de la compétition en 1991 et en 1999. Elle l’accueille de nouveau en 2015[72]. Les clubs de l'élite anglaise, surtout basés dans le sud du pays, participent à la Premiership et à la coupe anglo-galloise. Les clubs des Leicester Tigers, des London Wasps, de Bath et des Northampton Saints ont remporté la coupe d’Europe.
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+ Dans une autre forme de rugby qui est né à Huddersfield en 1895, l'équipe d'Angleterre de rugby à XIII est classée en tant que 3e meilleure nation dans le monde et première en Europe. L'Angleterre par l'intermédiaire du Royaume-Uni accueille en 2013 la Coupe du monde de rugby à XIII. Les clubs du rugby à XIII, surtout dans le nord, rencontrent un fort succès: Wigan Warriors, St Helens, Leeds Rhinos et Huddersfield Giants, les trois premiers ayant gagné le World Club Challenge.
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+ En tennis, le Tournoi de Wimbledon qui se déroule chaque année à Londres est le plus ancien tournoi de tennis au monde.
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+ Le drapeau national de l'Angleterre, connu sous le nom de la Croix-Saint-Georges, a été le drapeau national depuis le XIIIe siècle. À l'origine, le drapeau a été utilisé par la République de Gênes. Le monarque anglais a rendu un hommage au doge de Gênes à compter de 1190, de sorte que les navires anglais pouvaient battre le pavillon comme un moyen de protection lors de l'entrée en mer Méditerranée. Une croix rouge a agi comme un symbole pour de nombreux croisés aux XIIe et XIIIe siècles. Il est devenu associé à Georges de Lydda, qu'ils revendiquaient comme leur saint patron et utilisaient sa croix comme un étendard[73]. Depuis 1606 la Croix de St George a fait partie de la conception du Union Jack, drapeau britannique conçu par le roi James I.
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+ Il existe de nombreux autres symboles et objets symboliques, à la fois officiels et non officiels, y compris la rose Tudor, l'emblème floral national, le Dragon Blanc et les Trois Lions présentés sur les Armoiries royales de l'Angleterre. La rose Tudor a été adoptée comme l'emblème national de l'Angleterre à l'époque de la guerre des Deux-Roses (1455–1485) entre les maisons d'York et de Lancastre avec la victoire d'Henri Tudor (futur Henri VII) sur Richard III, lors de la bataille de Bosworth, comme un symbole de paix[74]. Il est un symbole syncrétique dans lequel ont fusionné la rose blanche des York et la rose rouge des Lancasters-cadets des Plantagenêt qui s'affrontèrent pour le contrôle de la maison royale. Le symbole est également connu sous le nom de la Rose d'Angleterre[75]. Le chêne est le symbole de l'Angleterre, représentant force et courage. Le terme « Chêne royal » (Royal Oak) est utilisé pour désigner l'évasion du roi Charles II qui, pourchassé par les parlementaires après l'exécution de son père, s'est caché dans un chêne pour éviter d'être repéré avant de s'exiler en toute sécurité.
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+ Les armoiries royales d'Angleterre, un blason national avec trois lions, remontent à leur adoption par Richard Ier d'Angleterre de 1198 à 1340. Il est décrit « de gueules à trois léopards d'or armés et lampassés d'azur », c'est-à-dire rouge avec trois lions jaunes regardant le spectateur. L'origine de ce blason des rois d'Angleterre reste sans explication définitive: selon une théorie contestée[réf. nécessaire], il s'agit de l'union de l'héraldique du duché de Normandie (« de gueules à deux léopards d'or armés et lampassés d’azur ») et de l'Aquitaine (« de gueules à un léopard d'or armés et lampassés d’azur »).
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+ L'Angleterre n'a pas d'hymne national officiel à la différence du Royaume-Uni et son hymne God Save the Queen. Toutefois, les éléments suivants sont souvent considérés comme des hymnes nationaux anglais non officiels : Jerusalem, Land of Hope and Glory (utilisé pour l'Angleterre pendant les Jeux du Commonwealth de 2002)[76], et I Vow to Thee, My Country. La fête nationale anglaise est la Saint George, ce dernier étant le saint patron de l'Angleterre, elle se tient chaque année le 23 avril[77].
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+ ABBA (prononciation en suédois : [²abːa]) est un groupe de pop suédois fondé à Stockholm en novembre 1972. Le groupe est originellement composé d'Agnetha Fältskog, Anni-Frid Lyngstad, dite « Frida », Benny Andersson et Björn Ulvaeus.
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+ L'acronyme et palindrome ABBA est composé des quatre initiales des prénoms des membres (Agnetha, Björn, Benny, Anni-Frid → ABBA). Ce n'est qu'à partir de 1976 que le désormais célèbre ambigramme, avec un B inversé, est utilisé comme logo.
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+ Connaissant un immense succès à la fin des années 1970 (notamment durant la période disco), le groupe a vendu des millions de disques. Séparé depuis 1982, ABBA annonce fin avril 2018 que ses membres se sont retrouvés pour l'enregistrement de deux nouvelles chansons, à l'occasion d'un spectacle en hologrammes prévu pour 2019[1].
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+ La création d'ABBA se fait à l'initiative d'un mentor imprésario, Stikkan « Stig » Anderson (1931-1997). À la fin des années 1960, ce parolier se trouve à la tête d'une maison d'édition musicale riche de plus de deux mille chansons.
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+ En juin 1966, Björn Ulvaeus et Benny Andersson se rencontrent en studio et décident d'écrire une chanson ensemble. Leur première tentative a été Isn't It Easy to Say, une chanson enregistrée par la suite par les Hep Stars. Stig Anderson est le fondateur du label Polar Music. Il a vu le potentiel de leur collaboration et les a encouragés à écrire davantage. Tous deux ont également commencé à jouer de temps en temps avec d'autres groupes sur scène et sur disque, même si ce n'est qu'en 1969 que la paire a écrit et produit quelques-uns de leurs premiers véritables hits ensemble : Ljuva sextital (Merry Sixties), enregistrée par Brita Borg, et The Hep Stars en 1969 avec le hit Speleman (Fiddler).
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+ Andersson a écrit et présenté la chanson Hej, Clown pour le Melodifestivalen de 1969, le festival national pour sélectionner l'entrée suédoise à l'Eurovision. La chanson est reléguée à la deuxième place. À cette occasion, Andersson a rencontré sa future épouse, la chanteuse Anni-Frid Lyngstad, qui a également participé au concours. Un mois plus tard, ils étaient devenus un couple. Andersson et Ulvaeus enregistrent leur premier album ensemble en 1970, appelé Lycka (en) (Happiness), qui comprenait des chansons originales chantées par les deux hommes. Leurs conjointes sont souvent présentes dans le studio d'enregistrement, et parfois s'ajoutent aux chœurs ; Agnetha Fältskog co-écrit une chanson avec les deux comparses. Ulvaeus parfois enregistre et joue avec le groupe Hootenanny Singers jusqu'à l'été 1974[2].
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+ Agnetha Fältskog a chanté avec un orchestre local dirigé par Bernt Enghardt, qui a envoyé un enregistrement d'une démo de la bande à Karl Gerhard Lundkvist, démo d'une chanson écrite et chantée par Agnetha, Jag var så kär. Lundkvist a montré un intérêt pour la jeune chanteuse de 17 ans et sa chanson. Il était tellement impressionné par sa voix qu'il était convaincu qu'elle serait une star. Après avoir localisé la chanteuse, il s'est arrangé pour faire venir Agnetha à Stockholm et enregistrer deux de ses chansons, Agnetha a alors vendu plus de 80 000 exemplaires. Elle fut très vite remarquée par les critiques et les auteurs-compositeurs comme une chanteuse de talent. La plupart de ses plus grands succès ont été auto-composés, ce qui était tout à fait inhabituel pour une chanteuse dans les années 1960. Pendant le tournage d'une émission de télévision suédoise en mai 1969, Agnetha Fältskog rencontre Ulvaeus. Ils se marient en 1971. En 1970, les deux couples commencent une session d'enregistrement, ce sera le troisième album studio Som jag är (As I Am).
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+ Les deux couples décident d'unir leurs talents en avril 1970, pendant les vacances qu'ils passent ensemble à Chypre. Ce qui était du chant pour le plaisir sur une plage finit par une performance improvisée en direct devant des soldats des Nations unies stationnés sur l’île. L'idée de travailler ensemble et de lancer un groupe de scène, se décide le 1er novembre 1970 à Göteborg[3].
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+ Grand vainqueur du Concours Eurovision de la chanson 1974 avec Waterloo, numéro un à l'échelle internationale, ABBA commence sa carrière modestement avec les titres People Need Love en 1972 (qui sera leur première chanson enregistrée), Disilusion (qui sera produite par Agnetha et Björn), Ring Ring en 1973, (qui se classera quand même troisième aux présélections suédoises pour ce même concours cette année-là), Hasta Mañana (dans certains pays) en 1974 et I Do, I Do, I Do, I Do, I Do, SOS en 1975. Par ailleurs, le groupe est l'un des pionniers en matière de vidéo-clips et son image aux costumes excentriques est rapidement associée au kitsch durant la mode disco.
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+ Ses membres ayant déjà connu la gloire de façon individuelle en Suède dans les années 1960, ABBA connaît la musique et ne néglige rien de tous les aspects de production. Tout est effectué par les quatre membres du groupe, de l'écriture des textes par Björn à la composition musicale par Benny en passant par les techniques vocales de Anni-Frid et Agnetha. Les arrangements, le mixage, le marketing et toutes décisions importantes passent entre les mains des membres du groupe, qu'elles soient d'ordre musical, artistique ou d'affaires. Le manager Stig Anderson, souvent appelé cinquième membre du groupe, coécrit les textes sur les premiers albums, jusqu'en 1977. Les initiales des quatre prénoms formant l'acronyme et palindrome ABBA sont choisis en 1973 pour former le nom du groupe mais il s'agit également du sigle commercial d'une conserverie de poisson suédoise, qui autorise le groupe à l'utiliser[4].
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+ Grâce à la chorégraphie de Graham Tainton[5] et aux costumes d'Owe Sandström[6], le groupe s'est fait remarquer non seulement par sa musique mais aussi par son identité visuelle.
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+ En 1976, l'image et le son ABBA sont dorénavant reconnaissables. Les mélodies sont accrocheuses et les arrangements très soignés ; c'est ainsi que Mamma Mia et Fernando (malgré quelques erreurs de grammaire anglaise) occupent la première place des palmarès mondiaux dans le premier semestre de cette même année. En juin, ABBA est invité à se produire à l'Opéra royal de Stockholm, lors des célébrations du mariage du roi Charles XVI Gustave de Suède et de Silvia Sommerlath. Pour l'occasion, ABBA interprète une toute nouvelle chanson dont le titre fera histoire : Dancing Queen. Le groupe, portant costumes et perruques baroques, dédie le morceau à la jeune reine rayonnante. Ce titre à succès sortira sur l'album Arrival, qui se vendra à plus de dix millions d'exemplaires dans le monde.
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+ Lors de sa sortie, en août 1976, Dancing Queen connaît instantanément un succès mondial et est rapidement associée à la vague disco de l'époque. La chanson détient la première position du palmarès de certains pays durant plusieurs mois et l'ABBAmania fait dorénavant fureur partout dans le monde, jusqu'en Australie, pays où le groupe devait[précision nécessaire] d'ailleurs rencontrer le plus franc succès. ABBA multiplie les apparitions télévisées. Jeunes et moins jeunes s'affichent avec des vêtements à l'effigie ABBA. Les ventes d'albums ne cessent d'augmenter et les stations de radiodiffusion ne cessent de diffuser les succès du groupe. Seule l'Amérique du Nord est réticente au phénomène ABBA, le Canada lui étant toutefois plus favorable que son voisin du Sud. En Amérique latine et en Espagne, le groupe connaît également un vif succès avec la version espagnole de certains de leurs succès parus ailleurs en anglais.
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+ D'autres succès suivent : Money, Money, Money ; Knowing Me, Knowing You ; The Name of the Game ; Take a Chance on Me ; Eagle (dans certains pays) ; et Summer Night City. À cette époque, et dans le but d'éviter des impôts nationaux de près de 75 %, ABBA investit et devient une gigantesque société économique. Le groupe et ses membres investissent dans la société de production qui l'a vu naître, Polar Music AB, qui devient dès lors Polar Music International AB. ABBA fait aussi construire son propre studio d'enregistrement, le Polar Music Studios, dans un ancien cinéma désaffecté de Stockholm. Polar investit également dans des usines d'assemblage, des chaînes de restaurants, des salles de cinéma, une galerie d'art (AH Grafik), une compagnie de pétrole (Poloil) et se voit désormais coté en bourse (Kubben).
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+ Le sacre suprême arrive en 1977, lors de la sortie du film documentaire ABBA-The Movie (connu en France sous le titre Vive Abba) tourné en Australie durant la tournée The European & Australian Tour de 1977 et réalisé par Lasse Hallström, concepteur de la quasi-totalité des clips d'ABBA. Ce film creva les écrans aux États-Unis et le mois de mai 1978 y fut déclaré « mois ABBA ». En fin d'année, le film se classe en cinquième position, avec plus de vingt millions d'entrées. Toutefois, une ombre au tableau se dessine partiellement, Agnetha souffre de cette popularité. Elle craint les foules de plus en plus et sa peur de l'avion restreint les engagements du groupe. Mais le plus difficile à ses yeux demeure néanmoins l'éloignement de ses deux enfants qui lui pèse énormément. Agnetha et Björn annoncent officiellement leur divorce à la mi-janvier 1979.
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+ Malgré ces épreuves, ABBA réfute les rumeurs de séparation et poursuit sur sa lancée. En janvier 1979, le groupe participe au gala télévisé A Gift Of Song - A Unicef Concert organisé conjointement par l'Unesco et le producteur australien Robert Stigwood à l'occasion de l'Année internationale de l'enfance. La soirée est retransmise en direct du siège de l'Unesco de New York. En guise de contribution, ABBA interprète sa toute nouvelle chanson Chiquitita et en cède les droits à l'Unicef.
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+ Dans la même année, ce n'est pas moins de cinq chansons à succès qui se hissent au sommet des palmarès mondiaux. Outre Chiquitita, Voulez-Vous, Angeleyes (dans certains pays) et Does Your Mother Know (extraits de l'album Voulez-Vous), le nouveau succès Gimme! Gimme! Gimme! (A Man After Midnight) s'ajoute à la liste et figure sur l'album compilation Greatest hits Volume 2. Dans ce même temps, ABBA effectue une immense tournée qui conduit Agnetha, Björn, Benny et Anni-Frid en Amérique du Nord et en Europe. Le groupe joue et chante partout à guichets fermés.
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+ En 1980, le quatuor, qui connaît beaucoup de succès avec I Have a Dream, Super Trouper et The Winner Takes It All, enregistre également Gracias Por La Musica, un album compilation réunissant une dizaine de ses succès enregistrés en espagnol. Tout au long de sa carrière, ABBA aura utilisé le suédois, l'anglais, l'espagnol, le français et l'allemand pour les besoins d'un puissant marketing international.
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+ En février 1981, Anni-Frid et Benny divorcent à leur tour. Le plaisir de créer, de travailler et de chanter ensemble s'émousse. L'album, The Visitors sera le dernier. Même si le disque est, comme les précédents, de grande qualité, la magie d'ABBA n'est plus là. Malgré tout, le titre One of Us réussit à bien se démarquer et se classe dans de nombreux palmarès internationaux, à la différence de When All Is Said and Done et Head over Heels qui ne connurent qu'un bref passage sur les ondes radio.
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+ En août 1982, les membres d'ABBA effectuent leur dernière séance d'enregistrement. Seules six chansons seront enregistrées : Just Like That, Cassandra, You Owe Me One, I Am The City et les deux simples The Day Before You Came et Under Attack qui figurent également sur le double album compilation The Singles - The First Ten Years. Les deux titres feront office de chant du cygne.
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+ Devant sa popularité en déclin et sans toutefois annoncer officiellement sa dissolution, ABBA effectue sa dernière apparition publique à la télévision le 11 décembre 1982. Cependant, lors d'une entrevue accordée à un magazine suédois paru le 23 janvier 1983, Agnetha confia que chacun des membres désirait faire évoluer sa carrière solo et qu'il était peu probable que les membres d'ABBA reprennent leur carrière ensemble.
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+ En janvier 1986, ABBA se réunit le temps d'une dernière chanson filmée (Tivedshambo), en l'honneur de Stig Anderson, leur ancien manager.
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+ Depuis, le groupe a toujours refusé de se reformer. Pourtant, le groupe se réunit le temps d'une soirée privée le 5 juin 2016 et a interprété Me and I et The Way Old Friends Do[7].
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+ En 1990, après une lutte qui finit en justice avec trois des membres du groupe (Agnetha, Benny et Bjorn), à qui il aurait omis de payer de forts dividendes, Stig Anderson vend Polar Music et le catalogue ABBA à Polygram Records qui, à son tour, passe aux mains d'Universal Music. Néanmoins, et malgré son regain de popularité, les membres du groupe continuent de soutenir que jamais celui-ci ne se reformera.
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+ En février 1999, un consortium d'affaires offre à ABBA la somme d'un milliard de dollars pour la reformation du groupe, la création d'un nouvel album original et une tournée de spectacles d'adieu à travers le monde, ce que les membres du groupe refusèrent. Il faudra attendre février 2005 pour retrouver les trois membres du groupe (Benny, Bjorn et Frida, Agnetha ne souhaitant pas prendre l'avion) dans un seul et même endroit, lors de la première de la comédie musicale Mamma Mia! à Stockholm[8].
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+ Cependant, au début du XXIe siècle, près de deux millions d'albums ABBA se vendent chaque année de par le monde, fait remarquable pour un groupe inactif depuis plus de vingt ans. Le 6 avril 2004, trente ans jour pour jour après sa victoire au Concours Eurovision de la chanson, Universal Music offre à ABBA une certification spéciale attestant des ventes de plus de trois cent soixante millions de supports musicaux (2004) depuis sa création en 1970.[réf. souhaitée] Cet événement n'est pas officiellement photographié, mais il est cependant possible d'en voir quelques séquences vidéo sur le DVD ABBA - Super Troupers.
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+ Les chances de revoir ABBA un jour sur scène sont maintenant nulles, depuis une déclaration de Bjorn Ulvaeus et de Benny Andersson en 2008 : « We'll never play music together again »[9] (« Nous ne jouerons plus jamais ensemble »). Le 4 juillet 2008, pour la première fois depuis vingt-deux ans, les quatre membres du groupe se sont réunis à l'occasion de la première à Stockholm du film Mamma Mia! et posent ensemble pour les photographes.
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+ Anni-Frid reprend du service solo avec les albums Something's Going On réalisé par Phil Collins en 1982, Shine en 1984 et Djupa Andetag, album suédois enregistré en 1996. Mais, coup sur coup, sa fille Lise Lotte meurt dans un accident de voiture aux États-Unis en 1998 et son mari, le prince Heinrich Ruzzo Reuss von Plauen, meurt d'un cancer en 1999.
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+ Frida participe à la comédie musicale française Abbacadabra en compagnie de Daniel Balavoine, alors que Björn et Benny écrivent de nouvelles musiques pour la version anglaise qui sera jouée à Londres en décembre 1983.
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+ Benny et Björn travaillent à l'élaboration de comédies musicales dont Chess en 1984 et Kristina Fran Duvemala en 1994, tout en créant et réalisant des albums pour des artistes suédois. Pour sa part, en plus d'inaugurer sa propre maison de disques et studio d'enregistrement Mono Music, Benny évolue également en solo avec les albums Klinga Mina Klockor en 1987 et en novembre 1989.
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+ Agnetha enregistre quant à elle les albums Wrap Your Arms Around Me sur lequel elle conserve le style et le son ABBA en 1983, Eyes Of A Woman en 1985 et I Stand Alone réalisé par Peter Cetera en 1987, pour finalement se retirer du milieu artistique l'année suivante. Dix-sept années s'écouleront avant de voir son retour sur disque avec une compilation de chansons ayant marqué sa jeunesse, reprises sur l'album My Coloring Book en 2004, qui se vend à cinq cent mille exemplaires dans le monde dont cinquante mille au Royaume-Uni et obtient la sixième place du hit-parade allemand. Elle pensait alors ne plus jamais chanter jusqu'à ce qu'un producteur vienne frapper à la porte de chez elle pour lui proposer de nouvelles chansons. « Je n'ai jamais pensé que je rechanterais, précise Agnetha Fältskog, mais quand j'ai entendu les trois premiers titres, je n'ai pas pu dire non. » Dans le même temps, elle a renoué avec de vieilles amours : la recherche de mélodies. « Je n'avais pas composé depuis vraiment longtemps, a-t-elle poursuivi, mais quand je me suis assise au piano cela m'est venu naturellement. » Un nouvel album est alors programmé pour mai 2013 intitulé A en référence à son initiale déjà présente dans le nom du groupe ABBA.
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+ La nostalgie à l'égard d'ABBA prend rapidement le nom d'« ABBA-revival » dès 1989, à l'occasion des premiers concerts de Björn Again, un groupe australien clonant avec humour l'apparence, ainsi que le répertoire d'ABBA. Rapidement, de nombreux autres artistes rendirent hommage à ABBA en reprenant certains de leurs titres.
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+ En 1992, alors qu'un retour est en train de voir le jour dans les clubs de Londres et Sydney, le groupe anglais Erasure s'illustra avec un mini-album hommage à ABBA (intitulé Abba-esque) qui se classe numéro un dans plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni et la Suède. La même année, ABBA sort une compilation, ABBA Gold - Greatest Hits, qui se classe numéro un dans de nombreux pays au monde. ABBA Gold obtient un immense succès et s'écoule à plus de vingt-neuf millions d'exemplaires à travers le monde, ce qui lui vaut d'être classé parmi les albums les plus vendus de tous les temps. Deux ans plus tard, en 1994, les films australiens Muriel (Muriel's Wedding, dans lequel la jeune héroïne écoute inlassablement ABBA) et Priscilla, folle du désert (The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert) (dans lequel la musique et les mimiques d'ABBA sont utilisées et parodiées dans un spectacle travesti culte de Sydney) mettent un autre coup d'accélérateur au regain de notoriété d'ABBA.
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+ Tout au long des années 1990, la vague « ABBA-revival » ne cesse de s'amplifier au fil des reprises (avec le groupe A*Teens, entre autres), rééditions et compilations diverses (voir la section Discographie), pour culminer en 1999 à l'occasion d'une comédie musicale événement, intitulée Mamma Mia!.
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+ Le 6 avril 1999, vingt-cinq ans jour pour jour après sa victoire au Concours Eurovision de la chanson, ABBA y refait indirectement surface avec vingt-trois de ses chansons insérées dans le concours. Selon le pays, Mamma Mia! est présentée en anglais, en suédois, en espagnol, en coréen, en allemand et en français. Le spectacle fait revivre les grands succès d'ABBA au travers d'une comédie sentimentale écrite par Catherine Johnson et produite par Judy Craymer et trois des membres de ABBA, Anni-Frid, Benny et Björn. Mamma Mia! a été présentée devant trente millions de spectateurs répartis dans seize villes internationales.
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+ En 2001, le label de métal allemand Nuclear Blast sort une compilation de titres d'ABBA, A Tribute to ABBA, repris par des groupes de metal.
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+ En 2005, le producteur et compositeur anglais Stuart Price effectue un échantillon de la chanson Gimme! Gimme! Gimme! (A Man After Midnight) pour le titre Hung Up de Madonna.
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+ Au début de 2006, apparaît un groupe allemand, Abba Gold, reprenant point pour point la scénographie, les costumes et le répertoire d'ABBA, qui fait revivre sur scène le groupe mythique à s'y méprendre. Concerts à l'Olympia en juillet 2006 et tournée en Europe.
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+ En 2008, sort le film Mamma Mia ! de Phyllida Lloyd, tiré de la comédie musicale Mamma Mia! et dans lequel les acteurs Meryl Streep, Pierce Brosnan, Colin Firth, Stellan Skarsgard et Amanda Seyfried tiennent l'affiche. Ce même casting est présent dans la suite du film, Mamma Mia! Here We Go Again qui sort en 2018. Le scénario imagine une suite à la comédie originale de base, et la distribution s'élargit à Lily James ou Cher.
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+ Toujours en 2008, Sony Computer Entertainment Europe, en collaboration avec Universal Music Group Sweden AB, sort le jeu SingStar ABBA sur PlayStation 2 et PlayStation 3. Le jeu contient environ vingt chansons du groupe dont la plupart font partie de leurs grands succès.
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+ En janvier 2010, une exposition temporaire, ABBA World, ouvre à Londres, créée pour remplacer le projet du musée Abba qui n'a pas pu voir le jour. Ce show devrait avoir lieu dans d'autres grandes villes du monde, notamment Melbourne, et propose de nombreuses attractions interactives[10].
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+ Le 15 mars 2010, ABBA rejoint le Rock and Roll Hall of Fame qui honore les artistes ayant marqué l'histoire du rock, devenant le premier groupe non anglophone d'origine à y être honoré[11].
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+ En octobre 2012 la compilation ABBA Gold, sortie la même année, devient le CD le plus vendu au Royaume-Uni avec plus de quatre millions de copies, devant les plus grands noms d'artistes anglais. Les ventes sont propulsées grâce d'une part à la comédie musicale Mamma Mia! (vue par cinquante millions de spectateurs à travers le monde) qui reprend les hits des Suédois et, d'autre part, par le film Mamma Mia!.
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+ Le 7 mai 2013, ouvre le musée ABBA the Museum à Stockholm.
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+ En avril 2018, 37 ans après le dernier album du groupe (The Visitors en 1981), ABBA annonce s'être retrouvé en studio pour enregistrer deux nouveaux titres : I Still Have Faith in You et Don’t Shut Me Down[12]. Les morceaux ont été enregistrés à l’été 2017[12]. Les membres du groupe, âgés entre 68 et 73 ans, n’envisagent pas pour autant de se réunir pour chanter en public[12] mais projettent de faire une tournée en hologrammes, prévue pour 2019[13], l'idée étant pour eux que le public retrouve ce qu'il a connu à l'époque. La sortie des deux titres, initialement prévue pour décembre 2018, est repoussée à l'année suivante[14].
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+ En octobre 2018, Björn Ulvaeus annonce qu'il pourrait y avoir « possiblement un nouvel album. Ou alors quatre chansons ou quelque chose dans le genre. C'est possible »[13].
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+ Les chiffres de ventes annoncés du groupe ABBA sont incertains et divers, allant de 140 à 500 millions de disques écoulés[15].
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+ En 2006, la Fédération internationale de l'industrie phonographique affirme que le groupe a vendu 160 millions d'albums dans le monde[16]. Alors que les États-Unis représentent le plus grand marché de l'industrie du disque, seulement 11 millions d'albums et 1,5 million de singles vendus par le groupe ABBA y ont été certifiés[17], près de 16 millions de disques au Royaume-Uni[18] et près de 8,5 millions de disques en France[19]. Aujourd'hui, ABBA affirme néanmoins avoir écoulé au moins 380 millions de disques dans le monde[20],[21].
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+ La catastrophe nucléaire de Tchernobyl [ t͡ʃɛʁnɔbil][1] est un accident nucléaire majeur survenu le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire V.I. Lénine, située à l'époque en république socialiste soviétique d'Ukraine, en URSS. Il s'agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle, classée au niveau 7 (le plus élevé) de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), surpassant, d'après l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), par ses impacts environnementaux immédiats l’accident nucléaire de Fukushima de 2011, classé au même niveau. L’IRSN mentionne pour ces accidents des effets sanitaires potentiels, une contamination durable de territoires et d’importantes conséquences économiques et sociales.
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+ L'accident est provoqué par l'augmentation incontrôlée de la puissance du réacteur no 4, conduisant à la fusion du cœur. Cela entraîne le craquage de l'eau des circuits de refroidissement, puis l'explosion et la libération d'importantes quantités d’éléments radioactifs dans l’atmosphère, provoquant une très large contamination de l'environnement, ainsi que de nombreux décès et maladies survenus immédiatement ou à long terme du fait des irradiations ou contaminations.
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+ Les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, controversées, sont importantes aussi bien sur le plan sanitaire, écologique, économique que politique. Plus de 200 000 personnes sont définitivement évacuées. Le nombre de morts directement liés à la catastrophe, objet de controverses, varie selon les sources de 200 (décès d'origine radiologique avérés, officiellement constatés par les Nations unies)[2] à un peu moins d'un million. En 2016, l’Ukraine reconnaît formellement 35 000 décès directement liés à la catastrophe de Tchernobyl. D'autres estimations font état de 150 000 « liquidateurs » morts sur les 350 000 d’Ukraine[3],[4][réf. non conforme].
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9
+ Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique au moment de la catastrophe, affirme en 2011 : « Nous n'avons pas encore pris toute la mesure de cette tragédie »[5].
10
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11
+ La centrale nucléaire est située sur un affluent du Dniepr à environ 15 kilomètres de Tchernobyl (Ukraine), et à 110 kilomètres de la capitale Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie. Sa construction date du début des années 1970 en même temps que la création de la ville de Prypiat dans le but de loger les employés de la future centrale. Le premier réacteur est mis en service en 1977, le deuxième l'année suivante, suivi des troisième et quatrième réacteurs mis en service respectivement en 1981 et 1983[6]. C'est ce dernier qui sera détruit par l'explosion. Deux autres réacteurs RBMK étaient en construction lors de l’accident.
12
+
13
+ La catastrophe de Tchernobyl est la conséquence de dysfonctionnements importants et multiples :
14
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15
+ En outre, la construction de la centrale a été réalisée sans respecter les normes en vigueur. Un rapport confidentiel de 1979, signé par le directeur du KGB Iouri Andropov et cité par Nicolas Werth[10], souligne que « divers chantiers de construction réalisant le bloc no 2 de la centrale atomique de Tchernobyl mènent leurs travaux sans aucun respect des normes, des technologies de montage et de construction définies dans le cahier des charges »[11].
16
+
17
+ En 1983, l'« acte de mise en exploitation expérimentale » du réacteur no 4 de la centrale de Tchernobyl est signé alors que « toutes les vérifications n'avaient pas été achevées »[10].
18
+
19
+ Le réacteur de la tranche no 4 est de type RBMK 1000 qui est un réacteur de conception et de construction soviétiques, à tubes de force, utilisant un combustible au dioxyde d’uranium faiblement enrichi (2 % de U235)[12].
20
+
21
+ En 2002, l'OCDE a fait une description technique du réacteur expliquant ses faiblesses :
22
+
23
+ « Le modérateur, qui a pour fonction de ralentir les neutrons afin qu’ils produisent plus efficacement une réaction de fission dans le combustible, est constitué par du graphite. On fait circuler un mélange d’azote et d’hélium entre les blocs de graphite, en grande partie pour empêcher l’oxydation du graphite mais aussi pour améliorer la transmission de la chaleur dégagée par les interactions des neutrons dans le graphite, à partir du modérateur jusqu’au canal de combustible[12]. Le cœur lui-même a environ 7 m de hauteur et 14 m de diamètre[7]. Il y a quatre pompes principales de circulation du réfrigérant, dont l’une est toujours en réserve. On contrôle la réactivité ou la puissance du réacteur en élevant ou en abaissant 211 barres de commande qui, lorsqu’elles sont abaissées, absorbent les neutrons et réduisent le taux de fission[12]. »
24
+
25
+ « Les réacteurs RBMK ont pour principale caractéristique de posséder un « coefficient de vide positif ». Cela signifie que, si la puissance augmente ou que le débit d’eau diminue, la production de vapeur s’accroît dans les canaux de combustible, de sorte que les neutrons qui auraient été absorbés par l’eau, plus dense, augmenteront alors le taux de fission dans le combustible. Cependant, lorsque la puissance augmente, il en va de même de la température du combustible, ce qui a pour effet de réduire le flux de neutrons (coefficient de température négatif du combustible). L’effet net de ces deux caractéristiques antagonistes varie en fonction du niveau de puissance. Au niveau de puissance élevé atteint dans des conditions de fonctionnement normales, l’effet de la température l’emporte, de sorte que les excursions de puissance entraînant un excès d’échauffement du combustible ne se produisent pas. Cependant, lorsque la puissance produite est inférieure à 20 % de la puissance maximale, c’est l’effet du coefficient de vide positif qui l’emporte, le réacteur devenant alors instable et sujet à de brusques à-coups de puissance. Ce facteur a joué un rôle important dans le déroulement de l’accident[12]. »
26
+
27
+ L'accident s'est produit à la suite d'une série d'erreurs commises par les techniciens de la centrale en supprimant plusieurs sécurités sous les ordres de leur supérieur et sans en analyser les risques : « faute de préparation suffisante des conditions nécessaires à l’essai prévu, et par manque de temps lors de sa réalisation, les opérateurs n’ont pas respecté toutes les règles de conduite. Ils ont par ailleurs commis des violations de règles en inhibant de très importants systèmes de sûreté. »
28
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29
+ En particulier, les opérateurs n’ont pas respecté les procédures garantissant le contrôle et la sécurité du réacteur, et ont amené, par ignorance, le réacteur dans une zone de fonctionnement particulièrement instable ; en effet, le RBMK présente notamment « une instabilité importante du réacteur à certains niveaux de puissance [et] un temps de réaction trop long du système d’arrêt d’urgence » (défauts connus des concepteurs avant l’accident)[13],[14],[15],[16].
30
+
31
+ Un essai d'îlotage était prévu sur le réacteur no 4, pour tester l'alimentation électrique de secours qui permet au réacteur de fonctionner en toute sécurité pendant une panne de courant. La puissance thermique[Note 2] du réacteur avait été réduite de 1 000 à 200 MW alors que les autorités soviétiques avaient stipulé dans un rapport[Lequel ?] que la puissance devait obligatoirement se trouver dans une fourchette de 700 à 1 000 MW pour que le test puisse avoir lieu dans de bonnes conditions de sécurité. L'expérience était initialement prévue dans la journée du 25 avril, mais une autre centrale électrique tomba en panne et le centre de régulation de Kiev demanda de retarder l'expérience car son énergie était nécessaire pour satisfaire la consommation électrique de la soirée. À 23h04min, le centre de régulation de Kiev donna l'autorisation de reprendre l'expérience.
32
+
33
+ Le test prévoyait que la puissance du réacteur fût située entre 700 et 1 000 MW[17]. La puissance de 700 MW est atteinte le 26 avril 1986 à 0 h 5 mais continue à baisser. Lorsqu'elle atteint environ 500 MW, le responsable du régime du réacteur, Leonid Toptunov, commet une erreur en insérant les barres de commande trop loin. Ceci conduit à la chute de la puissance de sortie qui tombe à 30 MW[17], provoquant un empoisonnement du réacteur au xénon[18]. Les opérateurs essaient alors de rétablir la puissance, mais le xénon 135 accumulé absorbe les neutrons et limite la puissance à 200 MW. Pour débloquer la situation, les opérateurs retirent les barres de carbure de bore au-delà des limites de sécurité autorisées (ces barres de commande servent à piloter la puissance du réacteur par absorption des neutrons).
34
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35
+ Plus de cent versions alternatives de l'accident ont été proposées par des sources diverses. Aucune de ces versions n'a jamais été reprise dans un rapport national ou international, ni dans une revue publiée sous évaluation par les pairs.
36
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37
+ L'une d'elles attribue la cause de l'accident à un tremblement de terre qui aurait eu lieu quelques secondes avant dans la zone de Tchernobyl[24],[25],[26]. Des enregistrements sismiques effectués par trois stations militaires auraient mis en évidence un séisme de magnitude 2,6 sur l'échelle de Richter à 1 h 23 min 39 s (moment du pic des courbes), tandis que selon plusieurs rapports l'explosion aurait eu lieu entre 1 h 23 min 49 s et 1 h 23 min 59 s. Cet enchaînement des événements est contesté, et la secousse enregistrée pourrait simplement correspondre à l'onde de choc provoquée par l'explosion du bloc no 4. Plusieurs scientifiques qui se sont penchés sur l'hypothèse du tremblement de terre ont ainsi refait les calculs de temps en prenant en compte différentes incertitudes et ont montré qu'il était possible de faire coïncider le moment de l'explosion avec celui de la secousse, ce qui les a cependant amenés à modifier la chronologie « officielle » des événements telle qu'elle a été décrite dans la section précédente[27],[28].
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+ Le documentaire Le Pic-vert russe, réalisé en 2015 par Chad Gracia à l'initiative de l'artiste ukrainien Fiodor Alexandrovitch (lui-même évacué de la zone interdite dans son enfance), développe l'hypothèse selon laquelle cette catastrophe aurait été commanditée par le ministre russe des communications Vassily Chamchine. L'objectif aurait été de cacher aux yeux du pouvoir soviétique le fait que l'antenne radar trans-horizon DUGA-3 surnommée « le Pic-vert russe » et située à 15 km de la centrale nucléaire (dont il a été le donneur d'ordre et qui a coûté des milliards de roubles) ne fonctionnait pas. En provoquant cette explosion, il masquait l'échec technologique du système Duga (en faisant passer la catastrophe nucléaire comme cause de cet échec) et échappait à une accusation de « détournement de fonds publics » qui était à l'époque punie de la peine de mort[29],[30].
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+ Durant cette nuit, avec l'aide des électriciens du quart d'Akimov, Davletbaiev essaie de remplacer l'hydrogène du générateur par de l'azote pour éviter l'explosion[31]. Ils vident l'huile des bacs de la turbine dans les réservoirs de secours situés à l'extérieur de la tranche. Les bacs d'huile sont noyés d'eau[31]. Cette intervention évitera notamment la progression des flammes jusqu'à la salle des machines, l'effondrement du toit du réacteur et la propagation de l'incendie aux autres réacteurs qui eux-mêmes auraient pu exploser[32].
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+ Afin d'éteindre l'incendie, Brioukhanov appelle simplement les pompiers. Ceux-ci, venus de Prypiat, située à 3 km de la centrale, interviennent sur les lieux sans équipement particulier. Cependant, les matières nucléaires ne peuvent être éteintes avec de l'eau. Les pompiers, gravement irradiés, sont évacués et mourront pour la plupart. Les témoignages sur leur souffrance et les conditions de leur mort ont été recueillis par la journaliste biélorusse Svetlana Aleksievitch, prix Nobel de la littérature, et publiés dans son livre Supplication : le monde après l'apocalypse.
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+ Le principal danger de l'incendie est que les dégâts qu'il occasionne à la structure risquent de provoquer l'effondrement de la matière en fusion (corium) dans les parties souterraines qui sont noyées. Un contact entre l'eau et le réacteur en fusion provoquerait une explosion qui disperserait d'immenses quantités de matière radioactive. Ainsi, au cours des jours suivants, des plongeurs sont envoyés afin de fermer les vannes et installer un système de pompage pour vider les salles noyées. L'incendie finira par être éteint par projection dans le brasier de sacs de sable et de bore depuis des hélicoptères.
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+ Les photos des pompiers de Tchernobyl sont exposées au musée de Tchernobyl de Kiev. On y découvre des héros de l'Union soviétique tels que Vladimir Pravik, Victor Kibenok, Vassili Ignatenko, Micolas Titenok, Micolas Vachtchouk et Tichtchoura[33].
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+ L'incendie éteint, les techniciens de la centrale prennent conscience de l'étendue des dégâts provoqués par la retombée du toit sur le réacteur, qui est désormais fissuré. Le graphite toujours en combustion, mélangé au magma de combustible qui continue de réagir, dégage un nuage de fumée saturé de particules radioactives.
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+ Il faut donc au plus vite maîtriser le feu de graphite et faire face à la présence de débris hautement radioactifs projetés aux environs par l'explosion. Ce n'est qu'ensuite que le réacteur pourra être isolé par un sarcophage.
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+ La première opération, menée par plus de mille pilotes, est réalisée grâce à un ballet d'hélicoptères militaires de transport Mil Mi-8[34]. Il s'agit de larguer dans le trou béant 5 000 tonnes de sable, d'argile, de plomb, de bore, de borax et de dolomite[35], un mélange qui permettra de stopper la réaction nucléaire et d'étouffer l'incendie du graphite afin de limiter les rejets radioactifs[36]. La mission est difficile, car elle consiste à larguer les sacs à une hauteur de plus de 200 m dans un trou de 10 m de diamètre environ, et ceci le plus vite possible, car malgré l'altitude les opérateurs reçoivent 15 röntgens, soit 150 mSv, en huit secondes, avec un débit dose de plus de 100 Sv/h. Une telle dose augmente significativement la probabilité de développer un cancer. Dans la seule journée du 30 avril, 30 tonnes de sable et d'argile sont ainsi déversées sur le réacteur.
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55
+ D'autre part, sur le toit et aux alentours immédiats de la centrale, une cinquantaine d'opérateurs sont chargés dans les premiers jours suivant la catastrophe de collecter les débris très radioactifs. Chaque opérateur ne dispose que de 90 secondes pour effectuer sa tâche. Il est exposé à cette occasion à des niveaux de radiations extrêmement élevés dont ne le protègent guère des équipements de protection dérisoires, principalement destinés à l’empêcher d’inhaler des poussières radioactives. Un grand nombre de ces travailleurs en première ligne ont développé par la suite des cancers et sont morts dans les années qui ont suivi. Ces travailleurs ont été surnommés les liquidateurs. Il a aussi été fait appel à des robots télécommandés français, suisses et allemands mais ceux-ci sont tous tombés en panne à cause des niveaux de radiation exceptionnellement élevés[37],[38].
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+ Cependant, le réacteur est toujours actif et la dalle de béton qui le soutient menace de se fissurer. Plus grave, l'eau déversée par les pompiers pour éteindre l'incendie[39] a noyé les sous-structures, menaçant ainsi l'intégrité et le pilotage des trois autres réacteurs de la centrale. Le professeur Vassili Nesterenko diagnostique que si le cœur en fusion atteint la nappe d'eau accumulée par l'intervention des pompiers, une explosion de vapeur est susceptible de se produire et de disséminer des éléments radioactifs à une très grande distance[39]. En effet, la fusion du combustible et des structures métalliques a formé un corium sur le plancher situé sous le réacteur. L'eau pouvait être drainée en ouvrant des vannes d'évacuation. Cependant, les soupapes qui la contrôlaient étaient sous l'eau, situées dans un couloir inondé dans le sous-sol. Ainsi, des volontaires en combinaison de plongée, avec des respirateurs (pour la protection contre les aérosols radioactifs) et équipés de dosimètres, plongent dans l'eau radioactive pour ouvrir les vannes[40],[41]. Ces hommes sont les ingénieurs Alexei Ananenko et Valeri Bezpalov (qui savaient où se trouvaient les vannes), accompagnés du superviseur de quart Boris Baranov[42]. Les trois hommes savaient que c'était une mission suicide, ils ont subi une forte irradiation et seraient morts peu de temps après, selon de nombreux articles en langue anglaise, des livres et le docufiction de la BBC Surviving Disaster - Chernobyl Nuclear. Certaines sources ont également affirmé à tort qu'ils étaient morts dans l'usine[43]. Cependant les recherches d'Andrew Leatherbarrow, auteur du livre Tchernobyl 01:23:40, ont déterminé que l'histoire fréquemment racontée était une exagération grossière : Alexei Ananenko continue de travailler dans l'industrie de l'énergie nucléaire et pense qu'il y a beaucoup de « folklore » autour de Tchernobyl dans les média[44]. Bien que Valeri Bezpalov ait été retrouvé encore vivant par Leatherbarrow, Baranov âgé de 65 ans, a vécu jusqu'en 2005 et est mort d'une insuffisance cardiaque, selon une source en langue russe[45].
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+ Sous le cœur du réacteur en fusion, la dalle de béton menace de fondre. Au cours de la seconde quinzaine de mai, environ 400 mineurs des mines des environs de Moscou et du bassin houiller du Donbass sont appelés pour creuser un tunnel de 167 mètres de long menant sous le réacteur[46] afin d'y construire une salle. Un serpentin de refroidissement à l'azote doit y être installé pour refroidir la dalle de béton du réacteur[36]. Les mineurs se relaient 24 heures sur 24 dans des conditions très difficiles dues à des températures élevées (plus de 50 °C) et en étant dans l'impossibilité d'utiliser des ventilateurs à cause du niveau très important de poussières radioactives. Le débit de dose à la sortie du tunnel est d’environ 200 röntgens par heure[36]. La radioactivité dans le tunnel lui-même est élevée quoique non fatale à court terme, mais la chaleur rend le travail difficile[23]. Le circuit de refroidissement ne fut jamais installé et finalement remplacé par du béton pour ralentir et arrêter la descente du cœur fondu.
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+ Grâce à ces travaux, le niveau de radiation baissera momentanément avant de s'élever à nouveau. Ce n'est que le 6 mai que la radiation absorbée en huit secondes chute enfin à 1,5 röntgen par heure. Après cette date, ce sont encore 80 tonnes de mélanges qui seront déversées.
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+ Deux ans après la catastrophe, Valeri Legassov, scientifique (directeur de l'Institut Kourchatov de physique nucléaire) et haut fonctionnaire soviétique chargé des questions nucléaires, et qui a co-écrit et présenté le rapport de la première commission gouvernementale chargée de la gestion de Tchernobyl se pend après avoir dénoncé les défauts des centrales nucléaires russes, qui étaient mal conçues à cause des problèmes monétaires de l'Union soviétique, et publie à titre posthume un article dans la Pravda[47],[48].
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+ Le 6 mai, l'émission du réacteur tombe en moins de vingt minutes à 1/50 de sa valeur précédente, puis à quelques curies par jour. L'explication n'en sera connue qu'en 1988, à la suite des forages horizontaux faits à cette date à travers le bloc 4 par l'Institut Kourtchatov : le fond du réacteur avait cédé d’un coup, et le cœur fondu en lave liquide s’était écoulé puis définitivement solidifié 20 m plus bas dans les infrastructures, dans la piscine de suppression de pression qui avait heureusement été vidée[49]. Le cœur du réacteur fondu est ce qu'on appelle un corium, ou aussi, du fait de sa forme, le pied d'��léphant[50]. Ce cœur est toujours actif mais son activité radioactive n'a cessé de décroître depuis les événements.
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+ Dans les mois qui ont suivi, plusieurs centaines de milliers d'ouvriers (600 000 environ[51]), les « liquidateurs » venus d'Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie, de Lituanie et de Russie arrivent sur le site pour procéder à des nettoyages du terrain environnant[52]. Leur protection individuelle contre les rayonnements était très faible, voire nulle. La décontamination était illusoire dans la mesure où personne ne savait où transférer les gravats déblayés. Beaucoup de villages en Ukraine mais surtout en Biélorussie ont été évacués, détruits et enterrés en raison d'une radioactivité trop élevée.
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+ Dans la zone interdite, les liquidateurs étaient chargés de tuer les animaux car la poussière radioactive présente dans leur pelage risquait de contaminer les autres liquidateurs. D'autres unités de liquidateurs procédaient à la décontamination des villages et des camions revenant de la centrale à l'aide de simples jets d'eau, la poussière radioactive recouvrant presque tout.
70
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71
+ En août 1986, la décontamination de la centrale et l'isolation du réacteur commençaient. C'est dans ce périmètre que les niveaux de radioactivité étaient les plus élevés. Les véhicules étaient recouverts de plaques de plomb pour protéger leur équipage. Les liquidateurs travaillaient dans une radioactivité si élevée qu'ils ne pouvaient rester sur place que quelques minutes voire secondes. De plus, des morceaux de graphite qui entouraient les barres de combustible du réacteur en avaient été expulsés lors de l'explosion et étaient éparpillés sur le toit de la centrale et dans ses environs. Ces gravats hautement radioactifs ne pouvaient être récupérés par des êtres humains sans sacrifier leur santé. Dans de telles conditions, des robots téléguidés ont été choisis pour procéder au nettoyage, mais la radioactivité était si élevée qu'ils tombaient en panne après quelques missions. La dernière solution était donc d'envoyer des hommes pour effectuer ce travail. Ces liquidateurs, par la suite appelés « bio-robots » ou « « robots verts » (à cause de la couleur de leur uniforme) », se relayaient à peu près toutes les 30 secondes[38]. Leur mission était de jeter les gravats radioactifs dans des bennes ou dans le réacteur détruit à l'aide de pelles ou, quand il n'y en avait plus, à la main[38]. Une fois cette lourde tâche effectuée, les travaux d'isolement du réacteur pouvaient commencer. On estime qu'il y avait sur le toit de 10 000 à 12 000 röntgen par heure ; sachant que la dose mortelle est d'à peu près 400 röntgens en une année, ces hommes ont enduré différents problèmes de santé une fois rentrés chez eux[39].
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+ La solution retenue pour isoler le réacteur détruit est une imposante structure d'acier recouvrant les ruines du bâtiment du réacteur. Du fait de la radioactivité, les liquidateurs chargés de sa construction ne pouvaient pas rester longtemps sur place. La construction de ce premier sarcophage de Tchernobyl s'est déroulée de mai à octobre 1986[53]. Pour en célébrer la fin, un drapeau rouge a été hissé au-dessus de la tour de refroidissement. Les noms des liquidateurs sont mentionnés sur la dernière pièce métallique fixée au sarcophage. Une seule personne y repose : Valeri Kodemtchouk, un employé de la centrale mort à son poste dans la salle de pompage et dont le corps n'a jamais été retrouvé.
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+ Un hélicoptère Mil Mi-8 s'est écrasé pendant l'édification du sarcophage, entraînant la mort de son équipage. Les pales ont percuté le câble d'une grue. La scène a été filmée par le cinéaste Vladimir Chevtchenko.
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+ Selon Viatcheslav Grichine, membre de l'Union Tchernobyl, principale organisation des liquidateurs, sur 600 000 liquidateurs, « 25 000 sont morts et 70 000 restés handicapés en Russie, en Ukraine les chiffres sont proches et en Biélorussie 10 000 sont morts et 25 000 handicapés »[54].
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+ Le 26 avril 1986, la population locale n’est pas prévenue de l'accident et poursuit ses activités habituelles sans prendre de précautions particulières, les autorités soviétiques considérant que la panique est bien plus dangereuse que la radioactivité[55]. Les habitants de Prypiat, petite ville située à 3 km de Tchernobyl, ne sont pas immédiatement informés sur la gravité de la situation. Ils vivront une journée comme les autres, envoyant leurs enfants à l'école, les emmenant jouer au square. Ils ne seront évacués que 30 heures après l'accident[56]. À Prypiat toujours, 900 élèves âgés de 10 à 17 ans participent à un « marathon de la paix » qui fait le tour de la centrale.
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+ L'évacuation débute le 27 avril à 14 h et les 49 360 habitants[57] de Prypiat sont les premiers concernés. Ils n'ont été informés que quelques heures auparavant par la radio locale, qui leur demandait de n'emporter que le strict minimum et leur promettait qu'ils seraient de retour sous 2 ou 3 jours. Emmenés par l'armée, ils sont hébergés dans des conditions précaires dans la région de Polesskoïe, elle-même gravement touchée par les radiations.
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+ Au début du mois de mai, les 115 000 personnes habitant dans un rayon de 30 km autour du site sont évacuées, opération qui se poursuit jusqu'à la fin du mois d'août. Chaque évacué reçoit une indemnité de 4 000 roubles par adulte[Note 3] et 1 500 roubles par enfant. Les évacuations touchent au total environ 250 000 personnes de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Slavoutytch, une ville comptant plus de 30 000 habitants à la fin de l'année 1987, est créée ex nihilo.
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+ Quatre « zones de contamination radioactive » décroissantes sont définies. Deux d'entre elles ne sont pas évacuées, mais les habitants disposent d'un suivi médical et de primes de risque.
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+ Dans les premières heures qui suivent la catastrophe, l'opacité créée par les différents échelons administratifs est totale. Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, n'est informé officiellement que le 27 avril. Avec l'accord du Politburo, il est forcé de faire appel au KGB pour obtenir des informations fiables[58][réf. non conforme]. Le rapport qui lui est transmis parle d'une explosion, de la mort de deux hommes, de l'arrêt des tranches 1, 2 et 3. Les rapports faits au dirigeant soviétique sont entourés d'« un luxe de précautions oratoires »[59].
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+ Le 28 avril au matin, un niveau de radioactivité anormal est constaté dans la centrale nucléaire de Forsmark en Suède, qui entraîne l'évacuation immédiate de l'ensemble du site par crainte d'une fuite radioactive interne. Mais les premières analyses montrent que l'origine de la contamination est extérieure à la centrale et vient de l'est. L'après-midi du même jour, l'Agence France-Presse rapporte l'incident[60].
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+ À partir de ce moment, toutes les hypothèses sont formulées par les médias occidentaux. Les informations arrivent au compte-goutte (entretien à Kiev de personnes évacuées de la zone, etc.). L'agence de presse TASS parle le 29 avril d'un accident « de gravité moyenne survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl », le « premier de cette nature », citant le Conseil des ministres de l'URSS. Alexandre Liachko, le premier ministre ukrainien, affirmera finalement que « les autorités de Moscou n'ont été mises au courant de la pleine gravité de la catastrophe que quarante-huit heures après les faits »[60]. En même temps, les photos satellites du site de la centrale fournissent les premières images de la catastrophe.
92
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93
+ Pour Gorbatchev, la catastrophe constitue la première mise en œuvre de la politique de glasnost (« transparence ») présentée au cours du XXVIIe congrès du PCUS (25 février – 6 mars 1986), et qui a rencontré de fortes oppositions. Dans son esprit, l'accident constitue « un nouvel argument fort en faveur de réformes profondes ».
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+ Le 14 mai, Gorbatchev prononce une allocution télévisée dans laquelle il reconnaît l'ampleur de la catastrophe et admet que des dysfonctionnements profonds ont eu pour conséquence que « ni les politiques ni même les scientifiques n'étaient préparés à saisir la portée de cet événement. » Cette volonté de transparence ne va pas sans une très importante propagande autour des travaux réalisés, destinée à mettre en valeur la « bataille contre l'atome ». Une banderole apposée sur le réacteur éventré proclame que « le peuple soviétique est plus fort que l'atome » tandis qu'un drapeau rouge est fixé au sommet de la tour d'aération de la centrale à l'issue des travaux de déblaiement.
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+ Pendant 15 ans, seuls les 56 premiers décès seront reconnus par les autorités[61].
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+ Une grande quantité de déchets radioactifs a été produite à la suite de l'accident. Une partie de ces déchets a été conservée sous le sarcophage ; une autre a été stockée en surface, ou enfouie dans de nombreux dépôts et tranchées (au nombre de 1 000 rien qu'en Ukraine où le volume de déchets a été évalué à environ « un million de mètres cubes et une radioactivité de 14 pétabecquerels »[62]. Avec l'aide de la France et de l'Allemagne, une base de données a été créée (de 1999 à mi-2000[62]) pour décrire et localiser ces déchets et permettre leur suivi, pour les trois États principalement concernés[62] à partir des informations qu'ils ont pu ou voulu fournir ; avant d'être complétée au fur et à mesure des données nouvelles (via 426 enregistrements[62], la base contenait (en 2000) l'équivalent de 45 % environ des dépôts estimés dans les zones contaminées[62]). Des incohérences de données ont été détectées entre les versions russes et anglaises, et « des lacunes importantes dans les données sur les émetteurs alpha et bêta rendent délicate la classification de certains déchets » précisent les gestionnaires de la base[62].
100
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101
+ Lioubov Kovalevskaia est une journaliste Russe qui avait tenté d’alerter l’opinion publique sur le risque d’accident nucléaire avant la catastrophe de Tchernobyl [63].
102
+ Elle a travaillé comme rédactrice en chef du journal "La tribune de l’énergéticien" de la centrale de Tchernobyl à partir de 1980.
103
+ A partir de 1983, ayant observé et enquêté sur « une fuite de vapeur radioactive [ayant] contaminé le site et atteint Pripiat », elle a cherché à travers plusieurs articles censurés et édulcorés, à alerter les lecteurs du manque de sureté nucléaire de la centrale. C’était un risque dont elle était témoin, et dont elle a été tragiquement victime finalement. Dans ses articles, la censure ne l’a jamais laissé que faire allusion aux dynfonctionnements qu’elle constatait.
104
+ Après quelques années, elle a démissionné de son poste. Dans la foulée, en début d’année 1986, elle a osé publier un article dans l’Ukrainien litteraire (de Kiev) affirmant plus clairement cette fois-ci que la centrale « n’était pas sûre ». L’administration communiste ouvre alors une enquète qui vise à l’exclure du Parti, même si cette publication, improbable dans une revue littéraire, ne pouvait pas avoir d’impact important sur l’opinion publique d’URSS.
105
+ Elle a ensuite écrit deux ouvrages : « Tchernobyl secret » et « le journal de Tchernobyl » et donné une interview [64]. Ainsi a posteriori a-t-elle été surnommée la « Cassandre de Tchernobyl » et Mikhaïl Gorbatchev l’a félicitée pour son « courage civique ».
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+ Internationalement, une crise de crédibilité affectant globalement l'énergie nucléaire est déclenchée par l'accident de Tchernobyl.
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+ En France, Pierre Pellerin, directeur du Service de protection contre la radioactivité, déclare qu'il n'y a pas de risques pour la santé publique en France des suites de Tchernobyl malgré l’augmentation de la radioactivité mesurée dans l'air. Cette déclaration est transformée en « le nuage s’est arrêté aux frontières » dans les médias[65],[66].
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+ Selon Kate Brown, professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), les conséquences réelles du désastre restent largement méconnues et sous-estimées : « Il s’agit surtout d’occulter les effets des radiations chroniques à faibles doses, afin de détourner l’attention de l’impact possible des essais nucléaires sur les populations. […] Se contenter de ne voir dans Tchernobyl qu’un accident avec un début et une fin, c’est l’utiliser comme un balai pour écarter le vrai sujet : au nom de la paix, nos dirigeants ont fait exploser 2 000 bombes dans l’atmosphère pendant la guerre froide, qui ont émis 500 fois plus de radioactivité que Tchernobyl. Nous y avons tous été exposés, surtout dans l’hémisphère nord. Depuis 1950, on constate partout une envolée des taux de cancers, surtout chez les enfants, des malformations congénitales, une chute de moitié de la qualité du sperme… Voulons-nous savoir pourquoi ? Ou acceptons-nous un humain en moins bonne santé comme étant le nouveau standard ? À cause du nucléaire, des produits chimiques ? Non, nous devons demander à en savoir plus, et nous armer de données pour résister à ceux qui essaient de nous endormir avec des demi-vérités »[67],[68].
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113
+ Le rapport de 2007 de l'IRSN rapporte que dans la semaine qui a suivi l’accident, les autorités soviétiques ont procédé à l’évacuation des habitants des localités des environs, soit plus de 135 000 personnes, qui ont dû être relogées ultérieurement[69]. Comme le note Philippe Coumarianos : « entre le 27 avril et le 7 mai, deux villes et soixante-dix localités, situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, furent vidées de leurs habitants. Cette zone d'exclusion couvre une superficie de près de 300 000 hectares, à cheval sur les territoires ukrainien et biélorusse. (…) Au total, environ 250 000 personnes quittèrent leurs foyers »[70].
114
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115
+ Le déplacement des populations vivant dans les zones d’exclusion a également engendré un coût, et encore de nombreuses personnes vivent en territoire contaminé (en Biélorussie, le pays le plus touché, 1,6 million de personnes) et connaissent donc des difficultés. Il a également fallu créer de nouveaux établissements de santé et prendre des mesures sanitaires[71].
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+ Passant outre les ordres d'évacuation de la zone d'exclusion nucléaire, environ un millier de samossioly (« colons individuels ») sont revenus y habiter, vivant en autarcie de leur lopin de terre[10] ; en 2007, ils seraient environ 300, dont la moitié à Tchernobyl.
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+ L'IRSN a publié en 2007 un rapport sur « Les accidents dus aux rayonnements ionisants » qui consacre cinq pages à une synthèse des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. « Des surfaces importantes de trois territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie (correspondant à plus de sept millions d’habitants) ont présenté des dépôts de césium 137 supérieurs à 37 kBq/m2 (1 Ci/km2) :
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121
+ L'IRSN rapporte que « deux radionucléides ont soulevé des problèmes sanitaires, tant à cause de leurs effets que des quantités rejetées : le césium 137 avec 85 PBq (2,3 106 Ci) rejetés et l’iode 131 avec 1 760 PBq (47,5 106 Ci) rejetés »[69].
122
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+ Les plus fortes doses de radiation ont été reçues par le millier de personnes qui sont intervenues sur le site les premiers jours, et ont été exposées à des doses allant de 2 à 20 gray. Selon l'IAEA et l'IRSN, 134 présentèrent un syndrome d'irradiation aiguë et 28 décédèrent[72],[73]. L'effet stochastique de la contamination radioactive sur les populations exposées moins fortement n'apparaît que statistiquement, et est plus difficile à mettre en évidence, d'où son caractère très polémique. La distribution dans les premières heures (6-30) de l'accident de tablettes d'iode à la population de Prypiat (la plus grande ville à proximité de la centrale, dont la population a été évacuée moins de 48 heures après l'accident) a permis en moyenne de diminuer la dose sur la thyroïde d'un facteur six[72]. Selon d'autres experts, allant du Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants à la Commission européenne en passant par le professeur Aurengo, la distribution de d'iode a été trop partielle et/ou tardive[74],[75],[76]. Finalement, une très nette épidémie de 4 000 cancers de la thyroïde (au lieu des 50 statistiquement attendus) a été constatée chez les jeunes enfants de la région, directement attribuable à une contamination à l'Iode-131, et conduisant à neuf décès. Cela correspond à une multiplication du taux naturel de ce cancer, très rare chez l’enfant[77],[78], par un facteur entre 10 et 100[79]. Cet excès de cancers de la thyroïde chez les enfants aurait été évité si toute la population avait bénéficié en temps voulu d’une distribution prophylactique d’iode stable[80].
124
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+ Selon l'IAEA[72], les quelque 600 000 « liquidateurs » qui étaient intervenus sur le site reçurent en moyenne une dose de l'ordre de 100 mSv (de 10 à 500 mSv) ; et le taux de mortalité de ce groupe semble avoir augmenté de quelque 5 %, conduisant à une estimation de quatre mille morts supplémentaires. Cependant, si la mortalité a été anormalement élevée, le risque de cancer à proprement parler semble avoir diminué dans ce groupe selon une étude pratiquée sur 8 600 de ces liquidateurs ayant reçu une moyenne de 50 mSv, qui montre une sous-incidence significative de 12 % de l’ensemble des cancers par rapport à la population générale russe, et n’a pas permis de mettre en évidence de relation dose-effet significative[81]. L’analyse chez ces liquidateurs a montré une augmentation (doublement voire triplement) de l’incidence des leucémies mais sans relation dose effet significative, ce qui pouvait indiquer que cette augmentation apparente n'est qu'un biais de dépistage[81],[82],[83]. L'IRSN indique que « indépendamment des incertitudes sur les doses reçues par les « liquidateurs », souvent surévaluées en raison des avantages sociaux et des compensations liées au statut de « liquidateur », les données issues du suivi de ces travailleurs sont d’interprétation difficile, notamment à cause de l’éclatement de l’URSS, qui a rendu nombre de « liquidateurs » à leurs pays d’origine »[84]. En reconstruisant les doses des sujets plutôt que d'utiliser les chiffres officiels donnés par les registres, une étude récente a cependant observé une augmentation significative du nombre de leucémies chez des liquidateurs ukrainiens, ce résultat étant conforté par l'existence d'une relation dose-effet linéaire[85],[75].
126
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127
+ L'IAEA estime qu'il n'y a pas d'effet statistiquement observable sur le taux de leucémie ou de cancer (autre que de la thyroïde) des populations les plus exposées : 116 000 personnes évacuées des zones hautement contaminées (exposition moyenne estimée à 33 mSv, avec des expositions maximales de l'ordre de quelques centaines de mSv), 270 000 personnes habitant les zones strictement contrôlées (exposition cumulée de l'ordre de 50 mSv entre 1986 et 2005), et les 5 millions d'habitants des zones faiblement contaminées (de 10 à 20 mSv)[72]. Ces zones contaminées (à plus de 37 kBq/m2 en Cs-137, soit un curie/km2) représentent un total de 200 000 km2. Une contamination de 15 Ci par km² occasionne une dose externe d’environ 4 mSv/an, auxquels il faut ajouter la part de contamination interne provenant des produits utilisés dans la chaîne alimentaire, doublant en moyenne cette valeur[86].
128
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129
+ Pour l'OMS, la principale cause des décès dus à la catastrophe de Tchernobyl est le stress, pas les radiations[87]. Cependant, il faut rappeler que l'OMS, organisation de l'ONU, est liée depuis 1959 par ses statuts à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de la promotion du nucléaire, qui lui interdit d’« entreprendre un programme ou une activité » dans le domaine nucléaire sans consulter cette dernière « en vue de régler la question d’un commun accord » (point 2 de l’article 1). »[88].
130
+
131
+ Les personnes évacuées ont ainsi été confrontées à des facteurs de stress aigu, d’où peuvent découler le stress psychologique à long terme, le syndrome de stress post-traumatique et une diminution du bien-être[89].
132
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133
+ Kate Brown indique : « Officiellement, selon l’ONU, la catastrophe n’aurait fait que 33 à 55 morts, et provoqué 600 cancers infantiles. Le pire accident nucléaire de l’histoire n’aurait pas eu de conséquences si graves que cela. Beaucoup de gens soupçonnaient que c’était largement sous-évalué. En 2014, j’ai commencé à éplucher les très nombreux rapports des médecins locaux, uniquement transmis aux responsables médicaux du KGB et restés secrets. J’ai trouvé une énorme collection, en ukrainien et en russe, sur les « conséquences médicales du désastre de Tchernobyl ». J’ai été choquée par l’ampleur des dégâts sanitaires, par leur visibilité aux yeux de tous. L’été 1986, les registres notent une forte hausse des complications à la naissance, des bébés nés avec des malformations, ou qui meurent dans le mois. Les gens se plaignent de maux de gorge, de problèmes respiratoires et gastro-intestinaux, à force de respirer des poussières radioactives et d’avaler des aliments contaminés. Avant l’accident, 80 % à 90 % des enfants étaient répertoriés comme étant « en bonne santé » ; après, en 1987 et 1988, seuls 10 à 20 % le sont. Le nombre de cancers explose environ 18 mois après l’accident, des leucémies, des cancers de la thyroïde chez les enfants.[68] ».
134
+
135
+ En dehors de ces zones, dans le reste de l'Europe, le passage des « nuages radioactifs » multiples [90] a conduit à une hausse détectable de la radioactivité[91], mais la population a été exposée à moins de 10 mSv (c'est-à-dire deux à quatre fois la dose moyenne annuelle reçue par la radioactivité naturelle). En France, la radioactivité maximale enregistrée a été de l'ordre de 6 kBq/m2, cinq à six fois plus faible que la limite des « zones faiblement contaminées » (zones où les populations n'ont pas été évacuées). « L'explosion est restée très concentrée près de l'installation, et les retombées ont été dispersées par de grands panaches de fumée, qui sont montés très haut dans l'atmosphère et ont traversé l'Europe, diluant leur concentration… Ça aurait pu être bien pire »[92].
136
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137
+ L'IRSN précise que « les conséquences radiologiques de l’accident de Tchernobyl sur la santé des populations doivent être dissociées des effets qui ont été causés ou amplifiés par les changements radicaux […] qui ont eu lieu en Union Soviétique au même moment. La période post-accidentelle a coïncidé avec la période de restructuration de la Perestroïka, qui a entraîné une chute brutale de tous les indices économiques, comparable à celle constatée dans des pays en guerre. […] L’effondrement économique a eu un impact significatif sur les taux de mortalité et de morbidité. En Russie, le taux brut de mortalité est passé de 488 pour 100 000 en 1990 à 741 pour 100 000 en 1993, soit une augmentation de 52 %. En 1993, l’espérance de vie des hommes est tombée à cinquante-neuf ans, soit six ans de moins qu’en 1987. […] Si l’on néglige cette augmentation globale de la morbidité et de la mortalité, l’examen isolé des statistiques sur les populations exposées du fait de l’accident peut aboutir à la fausse conclusion que ces effets sont en rapport direct avec l’accident.[93] »
138
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139
+ Des incendies de forêts et de tourbières tels que ceux qui ont accompagné la canicule européenne de 2010 en Russie sont susceptibles de réinjecter brutalement dans l'atmosphère et les eaux superficielles et souterraines des radionucléides ou du plomb qui étaient restés piégés jusque-là dans la biomasse et la nécromasse fongique, lichénique, animale et végétale.
140
+
141
+ Après l’accident, de nombreux obstétriciens ont jugé plus prudent de mettre un terme à une grossesse, ou ont été incapables de résister à la demande de la future mère, alors que les doses de radiation étaient bien en dessous de celles susceptibles de produire un quelconque effet in utero mais en quelques semaines les idées fausses ont été largement dissipées au sein de la profession médicale[94]. Néanmoins, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique entre 100 000 et 200 000 avortements en Europe de l'Ouest ont été provoqués à la suite de cette catastrophe[94],[95].
142
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143
+ En 2000, la plus grande partie des zones contaminées ne présente plus de danger particulier d'irradiation. La dose causée par les retombées radioactives de l'accident ne dépasse encore 1 millisievert par an que dans les zones qui avaient été fortement contaminées (zones de contrôle permanent), ce qui concerne 100 000 personnes[72]. C'est l'ordre de grandeur du niveau d'exposition dû à la radioactivité naturelle (2,5 mSv/an en moyenne, jusqu'à dix fois plus dans certaines régions, sans effets détectables sur les populations). Le 5 septembre 2005, un rapport de 600 pages a été produit à l'occasion du Forum Tchernobyl organisé à Vienne réunissant une centaine d'experts sous l'égide notamment de l'AIEA, de l'OMS et du PNUD : « Jusqu'à 4 000 personnes pourraient, à terme, décéder des suites d'une radio-exposition consécutive à l’accident ». Cette étude fut très critiquée voire même qualifiée de mensongère[96]. Élisabeth Cardis, chef du groupe rayonnement et cancer au Circ de Lyon, estime que, si l'on prend en compte toutes les personnes touchées par les retombées radioactives, soit 570 millions de personnes, « nous prévoyons [...] 41 000 cas de cancers, thyroïde et autres, tous confondus, liés à l'accident de Tchernobyl dont 16 000 décès »[97]. Les cancers devraient cependant toucher disproportionnellement les habitants de la Biélorussie, de l'Ukraine et des territoires les plus contaminés de la Russie, avec près des deux tiers des cas de cancer de la thyroïde et au moins la moitié des autres cancers[98]. Le rapport TORCH (The Other Report on Chernobyl), quant à lui, estime que le chiffre pour le monde entier se situera entre 30 000 et 60 000; Greenpeace, d’autre part, évalue à 93 000 le nombre de morts en ex-URSS[96].
144
+
145
+ Au cours des années 2000, le réacteur détruit sous le sarcophage reste une menace permanente. Ce premier sarcophage se détériore de jour en jour et n'est plus étanche. Il laisse filtrer les eaux de pluie qui risquent par écoulement et infiltration naturelle de contaminer la nappe phréatique qui se situe à l’aplomb[99]. Un nouveau sarcophage est mis en place en 2016.
146
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147
+ Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) établi en 2005 recense près de 30 morts par syndrome d'irradiation aiguë directement attribuables à l'accident et estime que 5 % des décès de liquidateurs serait lié à la catastrophe. Dans les populations locales, 4 000 cancers de la thyroïde ont été officiellement diagnostiqués entre la catastrophe et 2002, dont la grande majorité est attribuée à la catastrophe. Cependant, ce rapport estime que le nombre de morts supplémentaires par cancer dans ces populations (estimé à 4 000 morts d'après les modèles de radioprotection) est trop faible par rapport à la mortalité naturelle (100 000 morts, soit 4 % d'accroissement) pour être détectable par les outils épidémiologiques disponibles[72].
148
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149
+ Le nombre de décès directement imputables à la radioactivité varie entre 9 000, selon le rapport élaboré en 2006 par plusieurs agences de l'ONU sous la houlette de l’AIEA, et près d'un million selon le le rapport russe A. Yablokov (Center for Russian Environmental Policy de Moscou), V.B. Nesterenko et A.V. Nesterenko (Institute of Radiation Safety de Minsk) de 2007[100],[101].
150
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151
+ Selon Kate Brown, les conséquences réelles du désastre sont largement méconnues et sous-estimées : il y aurait, par exemple, jusqu'à 150 000 morts en Ukraine selon certains scientifiques de ce pays[102].
152
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153
+ En 2011, Helen Caldicott, militante anti-nucléaire, docteur en médecine de nationalité australienne, s’appuie sur les chiffres du rapport de Yablokov, Nesterenko et Nesterenko (publié en anglais en 2009) qui estime qu’un million de personnes sont déjà décédées des suites de l’accident[103].
154
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155
+ Selon Michael Shellenberger, les chiffres des morts liées à la catastrophe de Tchernobyl sont surestimés : les radiations ne seraient pas aussi nocives et auraient tué au maximum 200 personnes[2],[104].
156
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157
+ L'article de vérification des faits de Libération par Olivier Monod, qui ne prétend pas trancher entre les différentes conclusions, avance « une fourchette, ou plutôt un râteau, allant de 4 000 à 200 000 » morts[105].
158
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159
+ Selon le gouvernement allemand, il existe des chiffres très différents sur les décès. Une cinquantaine de morts sont directement dus à l’accident. Les Nations Unies estiment un nombre de 4 000 décès en 2006. Par ailleurs, selon Greenpeace[106],[107], la catastrophe causera de l'ordre de 270 000 cancers (93 000 mortels) sur 70 ans, selon l'IPPNW plus de 112 000 liquidateurs seraient décédés et cette association prévoit près de 240 000 nouveaux cas de cancer en Europe d’ici 2056. Le gouvernement allemand montre donc qu'il y a d'énormes divergences d'appréciation, affirme qu'il n'existe pas de danger pour la population allemande, mais que les conséquences de la catastrophe l'ont conduit à sortir progressivement du nucléaire[108].
160
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161
+ Après l'accident de Tchernobyl, un projet de construction d'une centrale nucléaire en Crimée fut abandonné[109].
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163
+ La catastrophe a accéléré la recherche sur les réacteurs RBMK et leur modernisation. Elle a également mis en évidence la nécessité d'une enceinte de confinement autour des installations, dont l'efficacité avait été pleinement démontrée lors de l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island. Le 15 décembre 2000 la dernière tranche encore active de la centrale de Tchernobyl a été arrêtée définitivement, sous la pression de l'Union européenne et en échange d'aides financières[110],[111].
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+ Depuis sa construction, l'eau et la neige s'infiltrent dans le premier « sarcophage » : le béton a souffert de la radioactivité, et la structure a été bâtie sur des fondations préexistantes ou sur des structures instables dont l'état n'est plus connu avec précision et est aujourd'hui invérifiable car non accessible à cause de la radioactivité et des débris. En 1997, la communauté internationale jugeait qu'une intervention sur le site de Tchernobyl était nécessaire. Il s'agissait de stabiliser le premier sarcophage, préparer le site à l’édification du nouveau sarcophage et procéder à sa construction.
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+ En 1999, une première série de travaux de consolidation du toit a été réalisée par les Ukrainiens, en attendant la décision de réalisation du nouveau sarcophage. Au début des études SIP (shelter implementation plan), en 1998[112], la priorité a été donnée au renforcement du toit qui menaçait de tomber et risquait ainsi de recontaminer le site.
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+ Entre 2003 et 2006, des travaux de construction d'un bâtiment de vestiaire, d'un hôpital, d'un centre d'entraînement, d'une base de construction, des réseaux d'alimentation en eau et énergies ainsi que d'un bâtiment administratif ont été réalisés. En 2006, à la suite d'un appel d'offres, une entreprise russe a procédé à la stabilisation des parties instables du premier sarcophage. En 2001, le concept « arche de Tchernobyl » fut choisi. Entre 2002 et 2003, un avant-projet a été réalisé. Un appel d'offres international a été lancé le 11 mars 2004 pour la conception, la construction et la mise en service du nouveau confinement. Le consortium Novarka mené par les groupes français Vinci et Bouygues est chargé des travaux. Les travaux de terrassement ont débuté en 2006 et la construction de l'arche a commencé en avril 2012. La désormais emblématique tour de refroidissement (qui se trouve être aussi le logo de Novarka) a été démontée lors des travaux car sa base se trouvait sous le futur sarcophage. De plus, cette tour qui n'est plus entretenue depuis la catastrophe, menaçait de s'écrouler sur le toit du sarcophage et de le faire s'effondrer. En février 2013, le toit d'un bâtiment proche du sarcophage s'est effondré sous le poids de la neige[113].
170
+
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+ En novembre 2016, l'opération de mise en place du sarcophage, « un bâtiment mesurant 162 mètres de long pour 108 mètres de haut et un poids total de 36 000 tonnes équipé », est réalisée[114]. Le coût total de ce projet atteint les 1,426 milliard d'euros, bien au-delà des 432 millions d'euros initialement estimés, payés en majeure partie par les pays du G7 et l'Ukraine. Son financement a été géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
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+ Ce nouveau sarcophage, en forme d’arche, doit abriter des ateliers destinés à décontaminer, traiter et conditionner les matériaux radioactifs en vue d'un futur stockage[115]. Selon un spécialiste de l'IRSN, le démantèlement nécessitera plusieurs décennies et aucune stratégie n'est encore [en 2017] arrêtée[116].
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+
175
+ L’accident nucléaire a eu un énorme impact économique dans les trois pays. La plus grande conséquence économique est due aux pertes de terrains agricoles et de forêts (784 000 ha de terrains agricoles et 694 000 ha de forêts ont dû être abandonnés) et d’établissements ruraux. La situation économique problématique consécutive à la chute de l’URSS a également été aggravée par la perte des sources de revenus secondaires qu’étaient la chasse, la pêche…[71]
176
+ Selon Gorbatchev, l'ensemble de la liquidation a coûté 18 milliards de roubles [39], soit 25 milliards de dollars.
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+ Le nouveau sarcophage, construit avec l'aide d'un financement européen, a coûté 1,426 milliard d'euros. Il devrait tenir un siècle. Depuis fin 2016, sa structure métallique recouvre le premier sarcophage de béton et de plomb construit à la hâte par les Soviétiques, destiné lui à durer 30 ans.
179
+
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+ Sur 30 ans, plusieurs rapports cités par l'IAEA estiment le coût de la catastrophe de Tchernobyl à plusieurs centaines de milliards de dollars[117]. Pour sa part, le directeur de Greenpeace France, Pascal Husting, chiffre le coût total de Tchernobyl à 1 000 milliards[Note 4].
181
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+ Des divergences subsistent sur l'évaluation à long terme des conséquences sur le milieu naturel : la contamination de longue durée de plantes forestières et de gibier, une forte mortalité d'animaux invertébrés ou mammifères, ainsi qu'un impact sur la durée de vie des conifères ont été évoqués[118]. Certains médias évoquent une nouvelle biodiversité consécutive à l'abandon par l'homme des environs de la centrale[119]. En effet, moins de quinze ans après l'accident, on constate que la nature a repris petit à petit ses droits dans les zones contaminées. Presque toutes les espèces animales se multiplient librement. Cigognes, grues grises et toutes sortes de poissons et oiseaux refont leur apparition. Selon Robert Baker, de l'université Tech au Texas, « le départ des hommes a contrebalancé beaucoup des effets négatifs liés aux rayons ionisants. L'industrialisation, l'élevage, l'agriculture et la chasse sont des activités plus dévastatrices pour la biodiversité que le pire accident nucléaire »[120]. Cependant, ce point de vue est sujet à débat[121]. Selon Kate Brown, « dans les zones les plus radioactives, ils ne peuvent même pas capturer de souris, car il n’y en a pas. Il y a aussi très peu de pollinisateurs, donc très peu de fruits et d’animaux frugivores comme les oiseaux. La population d’oiseaux a chuté de 66 % dans ces zones, et ceux qui y vivent souffrent souvent de malformations. Les feuilles et arbres morts ne se décomposent pas, car il n’y a pas assez d’insectes et de microbes pour s’en charger. »[102].
183
+
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+ Alors que l'URSS sous la direction de Mikhaïl Gorbatchev a amorcé un certain nombre de transformations, l'accident nucléaire de Tchernobyl montre au grand jour les faiblesses scientifiques, techniques et de sécurité du pays. Il éclaire d'une lumière crue l'incurie du système en place. Ainsi pour Valeri Legassov, l'accident de Tchernobyl fut « le point extrême de tout ce qui n'allait pas dans la gestion de l'économie du pays »[122].
185
+
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+ Alors que, vingt ans après, la vie dans les régions touchées reste marquée par la catastrophe[123], le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a lancé en 2003 un programme spécifique pour le développement des régions touchées par l'accident intitulé : « Chernobyl Recovery and Development Programme » (Programme pour le développement et le renouveau de Tchernobyl).
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+ Tirant les leçons des effets catastrophiques de l'absence de transparence et de communication les jours qui ont suivi l'explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl (fin avril 1986), l'AIEA a organisé la rédaction et l'adoption rapide d'une Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire ainsi qu'une Convention sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique (dont l'adoption sera plus lente)[124].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Plusieurs jeux vidéo évoquent la catastrophe de Tchernobyl :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L’Amérique latine (en espagnol et en portugais : América Latina) est généralement définie comme la partie de l'Amérique dans laquelle les pays ont pour langue officielle des langues romanes, c'est-à-dire dérivées du latin (espagnol, portugais et français). L'Amérique latine englobe ainsi potentiellement l'Amérique hispanique, certaines îles des Caraïbes, ainsi que la quasi-totalité de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale. Cependant, bien que le français soit une langue romane, les territoires ayant comme langue officielle le français ne sont pas toujours retenus pour définir l'Amérique latine[1],[2], souvent considérée comme formée des seuls pays indépendants dont les langues officielles sont l'espagnol ou le portugais : l'« Ibéro-Amérique ». Pour ce qui est de Porto Rico, du Belize, de Haïti, ou des Antilles et de la Guyane françaises, ils ne sont pas toujours pris en compte.
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+ À l'instar de l'Amérique du Nord, la population d'Amérique latine est ethniquement diversifiée, mêlant descendants des peuples amérindiens, des colonisateurs européens, des esclaves d'origine africaine et des immigrants plus récents, Italiens, Allemands, Libano-Syriens, Japonais, etc. selon les régions. La religion prédominante en Amérique latine est le christianisme, historiquement le catholicisme[3], concurrencé aujourd'hui par les églises évangéliques. Les religions amérindiennes et les religions afro-américaines continuent à être suivies par une partie des ces communautés.
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+ L'Amérique latine a une superficie d'environ 20 010 600 km2, soit plus de 3,9 % de la surface de la Terre, et 13,5 % de sa surface émergée. En 2012, sa population est estimée à plus de 600 millions d'habitants.
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7
+ L'expression « Amérique latine » a été utilisée pour la première fois par le poète colombien José María Torres Caicedo en 1856[4] et par le socialiste chilien Francisco Bilbao, tous deux proches de Lamennais[5].
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9
+ Le concept d'une Amérique catholique et latine s’opposant à une Amérique anglo-saxonne et protestante a été repris par l’entourage de Napoléon III[4]. En 1861, c’est au nom de la défense de ces pays « latins », considérés comme culturellement proches de la France, que l'empereur envoie une expédition du Mexique[6] dans un contexte de panlatinisme[7].
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+ Le développement de l'expression « Amérique latine » est donc lié aux visées coloniales de Napoléon III dans cette région, aux alentours de 1860, lors de l'aventure mexicaine. C'est le Français Michel Chevalier qui mit alors en avant un concept de « panlatinité » destiné à promouvoir les ambitions françaises en opposant les régions de langue latine (espagnol, portugais, et français) dans les Amériques, aux régions de langue anglaise[8]. Cette sorte d'« ingérence » est toujours combattue, au nom des droits de la mère patrie, par Madrid, où le concept d'Amérique latine n'a toujours pas droit de cité, mais où prévaut au contraire le concept d'hispanité[9]. Les Espagnols ont toujours préféré les expressions Hispanoamérica ou encore Iberoamérica pour la désigner[4]. Plus récemment, les géographes utilisent l'expression « Extrême-Occident » pour parler de l'Amérique latine[10],[11]. L'Académie française définit l’Amérique latine comme « l'ensemble des pays d'Amérique anciennement colonisés par l'Espagne et par le Portugal »[12].
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+ La définition la plus fréquente de l'Amérique latine retient en pratique les dix-huit pays indépendants de l'« Amérique hispanique », dont la langue officielle principale est l'espagnol, en y ajoutant le Brésil, dont la langue officielle est le portugais et de Haïti, le français, son caractère de langue latine, joue le rôle de définir l'appartenance à l'Amérique latine. L'expression peut aujourd'hui désigner :
14
+
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+ L'expression « Amérique latine » peut être diversement comprise, même si la définition du périmètre correspondant n'est pas toujours précise, on considère assez généralement que l'Amérique latine est constituée de 19 pays[14], listés ci-dessous, sans y inclure systématiquement Porto Rico, « associé » aux États-Unis, Haïti, pays indépendant parlant une langue latine, ni les Antilles et la Guyane françaises. Toutefois, une définition restreignant l'Amérique latine aux pays issus de la colonisation ibérique la rend synonyme du terme d'Ibero-Amérique : il peut sembler logique de les différencier.
16
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+ L’effondrement de l’Empire espagnol après 1808 donne naissance au même moment, après une quinzaine d'années de guerres de libération, à de nouveaux pays qui font appel à la Bourse de Londres pour financer leur industrie minière[19] et la moderniser, mais leurs destins divergent ensuite, le rêve de Simón Bolívar d'une grande fédération ne se réalisant pas.
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+ D'autre part, l’examen attentif de l’histoire et de la culture de l’Amérique latine montre que cette dernière ne constitue pas un ensemble culturellement homogène : l’expression « Amérique latine » efface le passé précolombien de la région, pour ne s'attacher qu'à la langue des colonisateurs. Une définition souvent rencontrée, fait ainsi de l'Amérique latine l'addition des 18 pays indépendants de langue espagnole d'un côté (« l'Amérique espagnole »), du Brésil (de langue portugaise) et Haïti de l'autre[20].
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+ Cette définition de l'Amérique latine est cohérente avec le concept du « partage du monde » signé en 1494 par l'Espagne (alors Castille) et le Portugal lors du Traité de Tordesillas[21], établi pour définir le partage du Nouveau Monde — considéré comme terra nullius — entre les deux puissances coloniales émergentes, avec pour ligne de partage un méridien nord-sud localisé à 370 lieues (1 770 km) à l'ouest des îles du Cap-Vert, méridien qui se situerait aujourd'hui à 46° 37' ouest.
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+ La situation de l'économie des pays d'Amérique latine est très variable d'un pays à l'autre, tant au niveau du PIB, des partenaires commerciaux, de l'inflation, de la pauvreté/richesse, des produits exportés, etc.
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+ Les quatre plus grandes économies en termes de PIB sont le Brésil, le Mexique, l'Argentine et la Colombie[25].
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27
+ L’Amérique latine a enregistré des progrès considérables au cours des dernières années. Sur le plan politique, après les épisodes de dictature militaire des années 1970 et 1980, la transition démocratique s’est faite dans pratiquement tous les pays. Ce continent, très riche en ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, a connu une croissance vigoureuse pendant les années 2000. De nombreux pays de la région ont en outre tenté de conjuguer le dynamisme économique avec une plus grande équité à travers de nouvelles politiques sociales. Les pays d’Amérique latine n’ont pas échappé aux effets de la crise économique globale, mais ils y font face avec plus de succès que lors de crises précédentes, grâce à l’amélioration de la gestion macroéconomique et à la réduction de la vulnérabilité financière.
28
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29
+ Dans un rapport publié en 2014, Oxfam International constate que, après avoir atteint leur niveau le plus élevé en 2000, « les inégalités ont baissé entre 2002 et 2011 » du fait de l'action des gouvernements « favorisant les mesures progressistes, comme l’accroissement des dépenses publiques en matière de santé, d'éducation, de retraites, de protection sociale, d'emploi et de défense du salaire minimum. » L'ONG relève ainsi que « l'expérience latino-américaine montre que l'intervention publique peut avoir un impact déterminant sur les inégalités »[26].
30
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31
+ Cependant, des défis importants demeurent pour la région. Dans un environnement international instable, elle devra surmonter des obstacles tels que la faible productivité, le niveau relativement bas de l’épargne et de l’investissement domestiques, les fortes inégalités spatiales et sociales ou l’insuffisance des efforts sur le plan de la recherche et de l’innovation, pour s’installer dans un sentier de croissance et développement durable[27].
32
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33
+ L'OCDE souligne en 2020 qu'en Amérique latine, « la classe moyenne est vulnérable parce qu'elle a des emplois de mauvaise qualité, généralement informels, et une protection sociale insuffisante, un faible revenu souvent instable, ce qui l'expose au risque de tomber dans la pauvreté »[28].
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35
+ Dans ce domaine, l'Amérique latine présente de forts contrastes. La région a connu un recul significatif de la pauvreté (le taux le plus bas depuis trente ans)[29] et une explosion de la classe moyenne (la proportion de Latino-Américains vivant avec moins de quatre dollars par jour est passée de plus de 40 % en 2000 à moins de 30 % en 2010)[30]. Malgré ces résultats positifs, un tiers de la population de la région est encore menacée par la pauvreté[31]. Certains pays demeurent plus fragiles économiquement alors que d'autres connaissent un développement très rapide qui s'accompagne d'une croissance économique particulièrement dynamique, comme le Pérou, ou près de 70 milliards de dollars d'investissements sont attendus d'ici à 2017[32]. L'exemple de la Colombie est encore plus frappant : 6,4 % de croissance en moyenne en 2013, soit l'un des plus importants taux de croissance du monde, derrière la Chine, le seul pays à avoir fait mieux[33]. L'Amérique du Sud est, avec le Moyen-Orient, le continent qui possède les plus grandes réserves de pétrole de la planète[34]. Ainsi, le Venezuela est la première puissance pétrolière au monde, avec des réserves absolues estimées à 297 milliards de barils, soit plus que n'importe quel autre pays. Les poids lourds de l'économie, le Brésil et le Mexique, font tous les deux figure de géants sur la scène internationale : en effet, le Brésil est la 7e puissance économique mondiale accompagné dans le top 15 du Mexique (14e). Mesurée en parité de pouvoir d'achat, l'économie mexicaine a récemment devancée l'Italie pour occuper désormais la 10e place[35].
36
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37
+ Entre 2014 et 2020, l'Amérique latine a connu son plus faible taux de croissance moyen depuis 1950 : 0,5 %. Alors que la population continue d’augmenter, la richesse par habitant a reculé de 4 % entre 2014 et 2019. La pauvreté et les inégalités augmentent et les classes moyennes apparues au cours des années 2000 voient leur niveau de vie baisser[26].
38
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39
+ Les pays d'Amérique latine sont peuplés de façon bien différentes, en particulier en termes d'importance de la population de chaque pays. Ainsi le Brésil a 206 millions d'habitants et le Mexique compte un peu plus de 119 millions d'habitants, alors que l'Uruguay compte moins de 4 millions d'habitants. Deux pays possèdent plus de 100 millions d'habitants, deux plus de 40 millions, quatre autres entre 10 millions et 16 millions, cinq pays comptent entre 5 et 10 millions d'habitants.
40
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+ La population d'Amérique latine est également remarquable par la diversité de ses origines ethniques, car le continent - où l'homme est apparu beaucoup plus tardivement que sur la plupart des autres continents - a vu arriver successivement plusieurs vagues de peuplement d'origines diverses.
42
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43
+ La population amérindienne est issue de peuplements pré-coloniaux. Ces populations amérindiennes, originaires d'Asie, ont été décimées au moment de la conquête espagnole, en particulier au Mexique, au contact des maladies venues d'Europe (telles que la variole), auxquelles elles n'ont pu opposer aucune défense naturelle. Indépendamment de la maladie, la conquête elle-même et l'exploitation de la population par les Espagnols et les Portugais ont décimé la population : l'estimation la plus élevée[36] de la mortalité provoquée par l'exploitation des mines de Potosi est de 8 millions d'Amérindiens, notamment en raison de l'utilisation du mercure pour extraire l'argent des mines. Au début du XXIe siècle, la population amérindienne est la majorité seulement en Bolivie (55 % de la population). Elle est très importante au Pérou, avec 45 % de la population, Guatemala 40 %, et en Équateur (25 %), mais est très minoritaire au Mexique (7 %, soit de l'ordre de 7 à 8 millions d'habitants) et en le reste d'Amérique centrale, ou encore plus petite au Venezuela (5 % de la population) et en Colombie (3 % de la population).
44
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+ Elle est au départ essentiellement d'origine portugaise au Brésil ou espagnole ailleurs. Des vagues d'immigration ultérieures sont venues ensuite : par exemple l'immigration italienne en Argentine.
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+ Les latino-américains de type caucasien sont les descendants de fondateurs européens venus en Amérique durant les périodes coloniales et post-indépendantes. Ils sont principalement originaires d'Espagne, d'Allemagne, d'Italie et du Portugal. Bien que minoritaire au regard des 18 millions d'Allemands[37] ou des 31 millions d'Italiens du Brésil[38], on estime à pas moins d'un million la communauté de Français ou de descendants de Français dans les pays latino-américains.
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+ Les pays comptant la plus forte proportion de population d'origine européenne sont l'Uruguay (88 %), l'Argentine (86 %), Costa Rica (84 %) et Puerto Rico (80 %). Au Chili, les habitants d'origine européenne représentent 67 %. Viennent ensuite le Brésil (47 %), le Venezuela (42 %) et Cuba (37 %). En Colombie et au Guatemala, les blancs atteignent un cinquième de la population (20 %), et au Nicaragua 17 %. Dans les pays comme le Mexique et le Pérou environ 15 % de la population est criollo ou blanche, principalement d'origine espagnole. Le pays avec la plus petite population d'origine européenne est le Honduras (1 % de la population).
50
+
51
+ L'arrivée de ces populations en Amérique latine est due à l'esclavage. En effet, la résistance « insuffisante » des populations locales, en particulier face aux maladies importées de l'Ancien monde, a poussé les exploitants espagnols et portugais à faire venir une population d'esclaves, plus résistante, venue d'Afrique.
52
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53
+ Mais la majorité de la population d'Amérique latine est en réalité le résultat du métissage entre la population amérindienne et les différents apports. Les métis représentent par exemple (estimation 2007) 93 % de la population du Paraguay, 90 % de la population du Honduras, 86 % de la population du Salvador, 75 % de la population du Mexique, 70 % de la population du Panama, 69 % de la population du Nicaragua, 60-65 % de la population du Équateur et 58 % de la population du Colombie. Cependant, les métis sont minoritaires au Chili, où ils ne représentent que 44 % de la population du pays, le Guatemala avec 42 %, le Pérou 40 %, Bolivie 35 %, ainsi qu'en Argentine et en Uruguay, où ils ne représentent que 15 % et 8 % de la population totale respectivement[réf. nécessaire].
54
+
55
+ L'Amérique latine est cinq fois plus touchée par les homicides que les autres continents[39]. La moyenne annuelle des meurtres s'établit à 27 pour 100 000 habitants, alors que la moyenne mondiale est de 5 pour 100 000[39]. Cette vague de criminalité touche de nombreux pays d'Amérique latine (supérieur à 80 pour 100 000 habitants par an). La violence est particulièrement urbaine [40].
56
+
57
+ Outre cette criminalité ardente, de petites délinquances sont en hausse, donnant un sentiment d'insécurité aux classes moyennes (incivilités, vols à la tire, cambriolages, vols de voiture, etc.)[40].
58
+
59
+ L'Amérique latine connaît une forte violence à l'encontre des femmes. En effet, 50 % des femmes sont maltraitées, dans la sphère intime, au point de vue physique et/ou psychologique. Ces femmes connaissent des formes de violences, bien divers, individuelle et quotidiennes, et dépasse régulièrement le cadre domestique. Les femmes sont les victimes préférées d'une violence sociale généralisée[40].
60
+
61
+ L'Amérique latine est le continent le plus inégalitaire du Monde. On retrouve ces inégalités à différentes échelles: infra nationale, infra régionale et locale.
62
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63
+ En effet en Amérique latine, 40 % des ménages les plus pauvres perçoivent 15 % des revenus totaux, là où 10 % des plus riches détiennent 30 % des revenus totaux.
64
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65
+ Les inégalités touchent principalement les groupes sociaux minoritaires tels que les femmes, les enfants de moins de 17 ans et les populations d'origine africaines et sont la source des violences sociales qui sévissent en Amérique latine[40].
66
+
67
+ Des disparités au sein des grandes métropoles sont visibles entre quartiers riches et quartiers pauvres. Ces différents quartiers sont généralement coupés par des murs physiques ou naturels (forêts, manque d'infrastructures pour rejoindre le centre ville, etc.)[41].
68
+
69
+ Ces inégalités s'expliquent en partie par un système fiscal très avantageux pour les plus fortunés : peu de prélèvement sur la fortune ou la propriété et des impôts sur les biens et les services (qui touchent indistinctement riches et pauvres) cinq à six fois supérieurs aux impôts sur le revenu[42].
70
+
71
+ D'après la Cepalc (Nations unies), le coefficient de Gini (qui mesure les disparités de revenus) ne baisse que de 3 % après impôts en Amérique latine contre 17 % dans les pays de l'OCDE. D'après une étude de l'OCDE sur l'Amérique latine, « Les faibles recettes des impôts sur les revenus, les profits et le capital s'expliquent en partie par les généreuses exemptions et les hauts dégrèvements octroyés, ainsi que par l'évasion fiscale des contribuables les plus riches ». Les fraudes fiscales représentent 350 milliards de dollars par an, soit 6,3 % du PIB[42].
72
+
73
+ Le catholicisme est majoritaire dans la plupart des pays d'Amérique latine. Toutefois, le protestantisme (principalement évangélique) connaît depuis plusieurs années une forte croissance.
74
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+ Part des religions dans les pays d'Amérique latine (2014)[43]
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1
+ L'olfaction ou l'odorat est le sens qui permet d'analyser les substances chimiques volatiles (odeurs) présentes dans l’air.
2
+
3
+ L'olfaction est un sens vital pour de nombreuses espèces[1] ; il est par exemple utile ou nécessaire pour les activités de recherche alimentaire (chasse, recherche de végétaux appétents, etc), l’évitement des prédateurs, la localisation du lieu de nidification, ponte, reproduction, mise bas, etc., pour la reconnaissance et le marquage du territoire, pour la communication entre individus par messages olfactifs, pour la recherche de partenaires sexuels, et pour la pollinisation des fleurs, etc.
4
+
5
+ Ce sens est moins utilisé chez l’être humain que chez de nombreux mammifères pour lesquels il est prépondérant, néanmoins, l'odeur personnelle semble encore jouer un ou plusieurs rôles chez l'humain en termes de communication non verbale[2], à plusieurs âges de la vie, avec des nuances notamment selon le sexe (Homme/Femme)[3], selon l'âge ou selon les contextes socio-culturels[4],[5].
6
+
7
+ L'odorat du requin est le plus développé des animaux.[réf. nécessaire]
8
+
9
+ L'odorat du chat est celui le plus développé des mammifères jusqu'à ce jour.[réf. nécessaire]
10
+
11
+ Des chiens ont été dressés avec succès pour repérer à l'odorat des gouttes de mercure par exemple piégées dans la moquette ou dans les fentes d'un plancher, des instruments contaminés, des puits, des égouts... Deux labradors ont ainsi en Suède pu aider à repérer 1,3 t de mercure collectées, dans les 1 000 écoles ayant participé au projet « Mercurius 98 »[6]. Aux États-Unis, un chien dressé a permis de récupérer 2 t de mercure dans les écoles du Minnesota[7].
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13
+ Chez l'être humain, l'individu est généralement naturellement capable de distinguer sa propre odeur, celle de son partenaire de couple et de certains de ses proches, et celles d'autres personnes[2], mais cette capacité peut être fortement dégradée par l'usage de désodorisant de parfums ou de certaines pratiques d'hygiène corporelle[2]. Le cerveau et d'autres organes (cœur) continuent à réagir à certains stimuli olfactifs durant le sommeil[8]. Au troisième jour, le nouveau-né se montre capable de réagir à l'odeur de sa mère, à celle du lait maternel (ou du lait artificiel s'il a commencé à être nourri avec ce lait précocement) ou de répondre par des mimiques différentes à une odeur agréable (vaniline) ou désagréable (acide butyrique)[9]. La plupart des études ayant comparé les capacités olfactives des hommes et des femmes ont conclu que les femmes sont plus douées que les hommes pour détecter les odeurs, les identifier, les discriminer et les mémoriser[3]. L'imagerie fonctionnelle et les études électrophysiologiques vont dans le même sens (quand des différences de sexe existent)[3]. Le cycle menstruel, la grossesse, la gonadectomie, et l'hormonothérapie substitutive influencent l'olfaction féminine. Bien que l'importance des phéromones soit discutée chez l'être humain, il semble exister une relation complexe entre hormones de la reproduction humaine et la fonction olfactive[3].
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+
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+ Certaines odeurs peuvent aussi aider à se concentrer sur une tâche difficile ; On a ainsi expérimentalement montré que la diffusion épisodique d'une odeur telle que celle de la menthe poivrée pouvait améliorer les résultats d'un exercice difficile impliquant une double tâche (Dual-task) complexe, mais n'améliorait pas les résultats à un test facile[10]. Chez de nombreux animaux, l'odorat est bien plus important que pour l'être humain[1]. Ainsi, les corridors biologiques (y compris aquatiques) sont-ils pour de nombreuses espèces des corridors de parfums et d'odeurs. Ils sont d'ailleurs surtout utilisés de nuit ou dans la pénombre le matin et le soir. Le goût, qui permet de détecter les substances chimiques en solution, est un sens proche de celui de l'odorat. Il n'existe d'ailleurs pas de distinction entre goût et odorat en milieu aquatique[11].
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17
+ L'olfaction est plus active ou améliorée dans un air humide, chaud (ou « lourd »), car l'hygrométrie élevée permet aux molécules d'aérosols odorants de se conserver plus longtemps (ex parfums)[12].
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19
+ L’olfaction est la fonction sensorielle qui correspond à la perception des substances odorantes. Il s'agit généralement de la perception consciente, qui peut être sollicitée par voie directe (flairage) ou par voie rétro-nasale. Cette fonction est assurée par la muqueuse olfactive qui couvre environ 10 % soit 2 cm2 de la surface totale de la cavité nasale[11]. Des cellules glandulaires, présentes dans la muqueuse et dans la sous-muqueuse, sécrètent un mucus tapissant l'épithélium olfactif, ce qui assure un lavage permanent de la muqueuse.
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+
21
+ Cette muqueuse olfactive est composée de neurones olfactifs primaires, bien plus sensibles que les gustatifs[11]. Ces neurones sont des neurones spécialisés bipolaires : ils présentent des cils à l'extrémité des dendrites qui baignent dans la couche de mucus tapissant la cavité nasale et qui aboutissent dans l'épithélium olfactif, un corps cellulaire situé dans le premier tiers de la muqueuse, et un axone communiquant avec le bulbe olfactif. Les neurones olfactifs, comme les neurones gustatifs, et contrairement aux autres neurones[réf. nécessaire], se renouvèlent constamment tous les un ou deux mois[11]. Contrairement à ce qui se passe chez les rongeurs, les cellules nerveuses du bulbe olfactif humain ne se renouvellent pas ou très peu (moins de 1 % en 100 ans) (neurogenèse adulte)[13],[14].
22
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23
+ Les molécules odorantes arrivent soit directement par diffusion dans le mucus, soit sont prises en charge par des protéines de transport (odor binding protein ou OBP) qui permettent aux molécules hydrophobes - majoritaires - de pénétrer dans le mucus recouvrant l'épithélium, et ainsi d'atteindre les récepteurs membranaires présents sur les cils des neurones olfactifs. On pense que ces protéines de transports concentreraient les molécules odorantes sur les récepteurs membranaires. En tant que ligands, les molécules odorantes se fixent sur des récepteurs membranaires des cils ce qui déclenche une voie de transduction d'un stimulus faisant intervenir des protéines Golf (premier messager), l'enzyme adénylate cyclase, et l'AMPc (second messager). Le second messager provoque l'ouverture de canaux ioniques Ca2+/Na+ présents sur la membrane plasmique du récepteur olfactif, ces deux ions entrent alors dans la cellule. Le Ca2+ provoque l'ouverture d'un canal Cl-, la sortie de cet ion entraîne une dépolarisation de la membrane de sorte que le récepteur olfactif produit des potentiels d'action. Ces influx vont aller directement vers le bulbe olfactif, dans la région préfrontale du cerveau, où ces informations (et celles du goût) sont traitées par l'organisme.
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+
25
+ Chaque type de récepteur olfactif (400 différents types de protéines de récepteurs olfactif sont répertoriées[15]) semble posséder une sensibilité particulière, qui recouvre partiellement, mais non totalement, celles des autres cellules. Cela signifie qu'une molécule définie active un ensemble unique de récepteurs (chacun de ces récepteurs répondant avec une intensité qui lui est propre). Les axones des neurones olfactifs portant le même récepteur convergent vers une même structure synaptique (glomérule) localisé au sein du bulbe olfactif. Cette activation « géographique » se traduit ensuite par un motif spatiotemporel nerveux particulier au sein du bulbe olfactif et interprétée comme une odeur par le cerveau.
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+
27
+ Les millions d'odeurs détectables par l'humain sont chacune créées par une substance odorante structuralement distincte des autres. Pour être odorante, la substance doit avoir un poids moléculaire compris entre certaines valeurs et être volatile. Le mécanisme est encore assez mal connu, mais des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années dans sa compréhension[16] à la suite de la découverte des gènes (plus de 1 000, soit 3 % des gènes humains[11]) qui codent les protéines réceptrices des odorants. Chaque neurone olfactif n'exprimant qu'un ou quelques-uns de ces gènes, de nombreux récepteurs olfactifs sont donc nécessaires. L'être humain est ainsi capable de percevoir des milliers voire des milliards de composés odorants grâce à un système de codage combinatoire reposant sur la sélectivité limitée des neurones récepteurs olfactifs (en). Ces neurones exprimant un même gène de récepteur olfactif transmettent tous leurs potentiels d'action à une même petite zone du bulbe olfactif[11]. Depuis qu'Homo sapiens existe, 60 % de ses gènes olfactifs ont été perdus par inactivation génique mais il lui en reste encore aujourd'hui 350 à 400 actifs[17].
28
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29
+ L'odorat humain était considéré comme l'un des sens les moins développés[18]. Au XIXe siècle et jusque dans les années 1970, les neuroanatomistes qualifiaient l'homme de microsmate (faible développement des aires cérébrales associées à l'olfaction) du fait de son utilité moindre pour la survie (système olfactif vestigial, la bipédie ayant éloigné le nez du substrat terrestre), et l'opposaient aux espèces macrosmates (rongeurs, canidés)[19]. La littérature scientifique considérait qu'il pouvait détecter 10 000 odeurs différentes mais les études menées par des éthologues comme Karl von Frisch depuis les années 1970 ont montré que l'homme possède une discrimination qualitative des odeurs fine et multiple, s'effectuant sur des quantités infinitésimales[19]. Une étude en 2014 suggère qu'il peut percevoir plus d'un billion (1 000 milliards) d'odeurs[20]. Ainsi, l'olfaction reste d'une grande importance dans la détermination consciente ou inconsciente de nos comportements. Il existe, en pratique, deux seuils perceptifs. Le plus faible correspond à la détection d'une odeur, mais que le sujet ne peut identifier. Le second seuil correspond à l'identification de l'odeur en question. Certaines molécules, comme les thiols, se détectent à des taux beaucoup plus faibles que d'autres. Certains animaux sont capables de détecter des molécules un milliard de fois plus diluées que le seuil de notre odorat. Enfin, il existe une présomption que certaines molécules (hormones, phéromones) soient détectées par le système olfactif, même si leur perception ne se traduit pas en termes d'odeur « consciente ».
30
+
31
+ La perception d'une odeur résulte d'un stimulus très rapide, presque instantané, qui comporte plusieurs informations, parmi lesquelles l'intensité et la qualité de l'odeur[21]. Au niveau de l'intensité, notre odorat se comporte comme pour la notion de chaud et de froid. L'intensité du signal est importante au début de la perception puis baisse progressivement avec l'adaptation. Sur le plan qualitatif, notre odorat fonctionne comme pour la notion de goût. Nous pouvons reconnaître, apprécier et classer la qualité d'une odeur.
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+
33
+ Bien qu'empruntant des voies nerveuses distinctes, l'odorat et le goût sont étroitement liés et une grande partie de ce qu'on attribue au goût dépend en fait de l'odorat. Ainsi, si l'organe olfactif est congestionné à cause d'un rhume, les sensations de goût s'en trouvent considérablement réduites.
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+
35
+ Comme les autres sens, l'odorat peut être exacerbé par l'attention. Son intensité dépend aussi du rythme circadien[22]. Il a ainsi été montré chez le rat de laboratoire que la performance de la réponse neuronales à une odeur varie selon l'heure[23],[22]. Ainsi, chez le rat, une odeur réputée biologiquement neutre (huile de bois de cèdre, ou huile minérale) est un stimulus odorant mieux perçu en période de nuit subjective par l'odorat du rat que de jour subjectif, de même pour une odeur biologiquement pertinente (alarme) telle que celle de l'urine du renard roux, l'un des principaux prédateurs potentiels du rat[22].
36
+
37
+ Dans les années 1960, des recherches menées par le professeur Lipsitt ont permis de démontrer qu'il existe des capacités de détection et d'apprentissage des odeurs chez le nouveau-né. Même in utero, le système olfactif du fœtus est un des premiers sens à se mettre en place entre 11 et 15 semaines[24].
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39
+ L'exposition du fœtus aux substances odorantes transportées par le liquide amniotique lui donne une première expérience olfactive qui est susceptible d'influencer ses préférences après la naissance[25].
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+
41
+ Au niveau anatomique, le système olfactif est composé de deux structures, le système olfactif principal dont la stimulation induit les sensations d'odeur et le système trigéminal qui induit des sensations somatosensorielles (tactile, thermique, douleur, humidité)[26]. Il existe une troisième partie appelée « organe voméronasal », qui est situé en retrait dans l'orifice des narines. Chez l'homme, l'organe voméronasal reste dans un état rudimentaire car ses afférences nerveuses disparaissent dès la 18e semaine de la vie embryonnaire. Il ne semble pas fonctionnel, mais son implication dans la détection de phéromones fait l’objet d’un vif débat (Giorgi et al., 2000; Foltan et Sedy, 2009; Mast et Samuelsen, 2009). Chez de nombreuses espèces de vertébrés cet organe sensoriel est lié à la perception des phéromones pour sa reproduction ou le marquage de son territoire par exemple.
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+
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+ Les troubles de l'odorat sont appelés dysosmies.
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45
+ La perte de l'odorat est appelée anosmie, sa diminution substantielle est appelée hyposmie. Elle est le plus souvent due à des traumatismes, à certaines intoxications (saturnisme chronique par exemple pour les personnes âgées[27]) ou à un virus (SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19)[28],[29] ou à des infections mal soignées (rhinite aiguë[30], ...), mais peut aussi être d'origine génétique ou congénitale ou faire suite à la prise de certains médicaments[31].
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+ L'anosmie peut concerner toutes les odeurs ou seulement certaines d'entre elles (anosmies spécifiques). Elle est souvent accompagnée d'agueusie (son équivalent lié au goût), quoique cette diminution du goût soit constatée chez les gens ayant perdu l'odorat tardivement. Une perte d'odorat signale parfois que les sinus sont bouchés, notamment dans la maladie polypose naso-sinusienne.
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+ L'anosmie est l'un des signes précurseurs de maladies neurodégénératives, telle la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson, ou d'autres problèmes différents des pertes sensorielles "normales", liées au vieillissement[32]. Il a d'ailleurs été constaté, chez des souris de laboratoires modifiées pour produire naturellement des plaques amyloïdes, reproduisant ainsi ce qu'on observe chez l'homme dans le cas de maladie d'Alzheimer, que la première partie touchée par la dégénérescence du cerveau est celle qui est responsable de l'odorat de la souris (située entre le centre du cerveau et le museau)[32]. Les premiers symptômes sont une chute rapide et sensible de l'olfaction, détectés dès les premières plaques, vers 3 mois (chez la souris modifiée)[32]. Un test olfactif pourrait donc être une des alternatives aux méthodes plus coûteuses (scanner, etc.) de diagnostic précoce de la maladie d'Alzheimer »[32].
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50
+ La perte d'odorat a des effets variés sur les gens qui en sont atteints : elle induit souvent une période de forte dépression, accompagnée de symptômes divers, dont un amoindrissement de l'appétit et de la libido et de l'excitation sexuelle notamment. Quand elle est sévère elle est associée à un risque accru d'accident domestique[33]
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+ Un test efficace quels que soient l'âge et la culture du patient et n'impliquant pas les capacités de mémoire est basé sur l'inhalation de parfums très désagréables : Une personne normale bloque (par réflexe) sa respiration dès le début de l'inhalation, alors qu'un déficient olfactif inhalera plus longtemps avant de détecter l'odeur ou ne la détectera pas[34].
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+
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+ L'hyperosmie est une augmentation de la capacité olfactive, par exemple avoir la capacité d'identifier la dernière personne à avoir quitté une chaise grâce à son odeur. On retrouve ce symptôme chez les personnes atteintes d'algie vasculaire de la face, de migraines, ou d'insuffisance surrénalienne chronique primaire.
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+ Trouble de l'odorat qui amène les patients à aimer ou percevoir des odeurs fétides, putrides ou réputées désagréables.
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+ La cacosmie peut avoir une origine physiologique (rhinite, sinusite, tumorale) ou psychologique.
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+ Souvent confondu avec la cacostomie qui désigne l'exhalaison d'odeurs désagréables. Celles-ci proviennent de troubles fonctionnels (de la bouche ou du système digestif).
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+ La parosmie est une distorsion d'une odeur vers une autre odeur, généralement désagréable.
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+ La phantosmie (ou fantosmie) est une odeur fantôme qui survient sans qu'une source d'odeur soit présente. Elle peut être agréable ou désagréable.
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+ En France, des opérations « Nez de Cléopâtre » demandant à des citoyens de noter leurs sensations olfactives à la fenêtre ou au balcon une fois par jour, ont permis de mieux suivre le trajet de certaines pollutions dans des villes industrielles (par exemple Calais), en cartographiant ces données, croisées avec celles de la météo[35].
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+ Bioinspiration : Des chercheurs tentent de s'inspirer de l'olfaction animale pour développer un nez artificiel[36].
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+ L'olfaction ou l'odorat est le sens qui permet d'analyser les substances chimiques volatiles (odeurs) présentes dans l’air.
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+ L'olfaction est un sens vital pour de nombreuses espèces[1] ; il est par exemple utile ou nécessaire pour les activités de recherche alimentaire (chasse, recherche de végétaux appétents, etc), l’évitement des prédateurs, la localisation du lieu de nidification, ponte, reproduction, mise bas, etc., pour la reconnaissance et le marquage du territoire, pour la communication entre individus par messages olfactifs, pour la recherche de partenaires sexuels, et pour la pollinisation des fleurs, etc.
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5
+ Ce sens est moins utilisé chez l’être humain que chez de nombreux mammifères pour lesquels il est prépondérant, néanmoins, l'odeur personnelle semble encore jouer un ou plusieurs rôles chez l'humain en termes de communication non verbale[2], à plusieurs âges de la vie, avec des nuances notamment selon le sexe (Homme/Femme)[3], selon l'âge ou selon les contextes socio-culturels[4],[5].
6
+
7
+ L'odorat du requin est le plus développé des animaux.[réf. nécessaire]
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+ L'odorat du chat est celui le plus développé des mammifères jusqu'à ce jour.[réf. nécessaire]
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11
+ Des chiens ont été dressés avec succès pour repérer à l'odorat des gouttes de mercure par exemple piégées dans la moquette ou dans les fentes d'un plancher, des instruments contaminés, des puits, des égouts... Deux labradors ont ainsi en Suède pu aider à repérer 1,3 t de mercure collectées, dans les 1 000 écoles ayant participé au projet « Mercurius 98 »[6]. Aux États-Unis, un chien dressé a permis de récupérer 2 t de mercure dans les écoles du Minnesota[7].
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+ Chez l'être humain, l'individu est généralement naturellement capable de distinguer sa propre odeur, celle de son partenaire de couple et de certains de ses proches, et celles d'autres personnes[2], mais cette capacité peut être fortement dégradée par l'usage de désodorisant de parfums ou de certaines pratiques d'hygiène corporelle[2]. Le cerveau et d'autres organes (cœur) continuent à réagir à certains stimuli olfactifs durant le sommeil[8]. Au troisième jour, le nouveau-né se montre capable de réagir à l'odeur de sa mère, à celle du lait maternel (ou du lait artificiel s'il a commencé à être nourri avec ce lait précocement) ou de répondre par des mimiques différentes à une odeur agréable (vaniline) ou désagréable (acide butyrique)[9]. La plupart des études ayant comparé les capacités olfactives des hommes et des femmes ont conclu que les femmes sont plus douées que les hommes pour détecter les odeurs, les identifier, les discriminer et les mémoriser[3]. L'imagerie fonctionnelle et les études électrophysiologiques vont dans le même sens (quand des différences de sexe existent)[3]. Le cycle menstruel, la grossesse, la gonadectomie, et l'hormonothérapie substitutive influencent l'olfaction féminine. Bien que l'importance des phéromones soit discutée chez l'être humain, il semble exister une relation complexe entre hormones de la reproduction humaine et la fonction olfactive[3].
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+ Certaines odeurs peuvent aussi aider à se concentrer sur une tâche difficile ; On a ainsi expérimentalement montré que la diffusion épisodique d'une odeur telle que celle de la menthe poivrée pouvait améliorer les résultats d'un exercice difficile impliquant une double tâche (Dual-task) complexe, mais n'améliorait pas les résultats à un test facile[10]. Chez de nombreux animaux, l'odorat est bien plus important que pour l'être humain[1]. Ainsi, les corridors biologiques (y compris aquatiques) sont-ils pour de nombreuses espèces des corridors de parfums et d'odeurs. Ils sont d'ailleurs surtout utilisés de nuit ou dans la pénombre le matin et le soir. Le goût, qui permet de détecter les substances chimiques en solution, est un sens proche de celui de l'odorat. Il n'existe d'ailleurs pas de distinction entre goût et odorat en milieu aquatique[11].
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+ L'olfaction est plus active ou améliorée dans un air humide, chaud (ou « lourd »), car l'hygrométrie élevée permet aux molécules d'aérosols odorants de se conserver plus longtemps (ex parfums)[12].
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+ L’olfaction est la fonction sensorielle qui correspond à la perception des substances odorantes. Il s'agit généralement de la perception consciente, qui peut être sollicitée par voie directe (flairage) ou par voie rétro-nasale. Cette fonction est assurée par la muqueuse olfactive qui couvre environ 10 % soit 2 cm2 de la surface totale de la cavité nasale[11]. Des cellules glandulaires, présentes dans la muqueuse et dans la sous-muqueuse, sécrètent un mucus tapissant l'épithélium olfactif, ce qui assure un lavage permanent de la muqueuse.
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+ Cette muqueuse olfactive est composée de neurones olfactifs primaires, bien plus sensibles que les gustatifs[11]. Ces neurones sont des neurones spécialisés bipolaires : ils présentent des cils à l'extrémité des dendrites qui baignent dans la couche de mucus tapissant la cavité nasale et qui aboutissent dans l'épithélium olfactif, un corps cellulaire situé dans le premier tiers de la muqueuse, et un axone communiquant avec le bulbe olfactif. Les neurones olfactifs, comme les neurones gustatifs, et contrairement aux autres neurones[réf. nécessaire], se renouvèlent constamment tous les un ou deux mois[11]. Contrairement à ce qui se passe chez les rongeurs, les cellules nerveuses du bulbe olfactif humain ne se renouvellent pas ou très peu (moins de 1 % en 100 ans) (neurogenèse adulte)[13],[14].
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+ Les molécules odorantes arrivent soit directement par diffusion dans le mucus, soit sont prises en charge par des protéines de transport (odor binding protein ou OBP) qui permettent aux molécules hydrophobes - majoritaires - de pénétrer dans le mucus recouvrant l'épithélium, et ainsi d'atteindre les récepteurs membranaires présents sur les cils des neurones olfactifs. On pense que ces protéines de transports concentreraient les molécules odorantes sur les récepteurs membranaires. En tant que ligands, les molécules odorantes se fixent sur des récepteurs membranaires des cils ce qui déclenche une voie de transduction d'un stimulus faisant intervenir des protéines Golf (premier messager), l'enzyme adénylate cyclase, et l'AMPc (second messager). Le second messager provoque l'ouverture de canaux ioniques Ca2+/Na+ présents sur la membrane plasmique du récepteur olfactif, ces deux ions entrent alors dans la cellule. Le Ca2+ provoque l'ouverture d'un canal Cl-, la sortie de cet ion entraîne une dépolarisation de la membrane de sorte que le récepteur olfactif produit des potentiels d'action. Ces influx vont aller directement vers le bulbe olfactif, dans la région préfrontale du cerveau, où ces informations (et celles du goût) sont traitées par l'organisme.
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+ Chaque type de récepteur olfactif (400 différents types de protéines de récepteurs olfactif sont répertoriées[15]) semble posséder une sensibilité particulière, qui recouvre partiellement, mais non totalement, celles des autres cellules. Cela signifie qu'une molécule définie active un ensemble unique de récepteurs (chacun de ces récepteurs répondant avec une intensité qui lui est propre). Les axones des neurones olfactifs portant le même récepteur convergent vers une même structure synaptique (glomérule) localisé au sein du bulbe olfactif. Cette activation « géographique » se traduit ensuite par un motif spatiotemporel nerveux particulier au sein du bulbe olfactif et interprétée comme une odeur par le cerveau.
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+ Les millions d'odeurs détectables par l'humain sont chacune créées par une substance odorante structuralement distincte des autres. Pour être odorante, la substance doit avoir un poids moléculaire compris entre certaines valeurs et être volatile. Le mécanisme est encore assez mal connu, mais des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années dans sa compréhension[16] à la suite de la découverte des gènes (plus de 1 000, soit 3 % des gènes humains[11]) qui codent les protéines réceptrices des odorants. Chaque neurone olfactif n'exprimant qu'un ou quelques-uns de ces gènes, de nombreux récepteurs olfactifs sont donc nécessaires. L'être humain est ainsi capable de percevoir des milliers voire des milliards de composés odorants grâce à un système de codage combinatoire reposant sur la sélectivité limitée des neurones récepteurs olfactifs (en). Ces neurones exprimant un même gène de récepteur olfactif transmettent tous leurs potentiels d'action à une même petite zone du bulbe olfactif[11]. Depuis qu'Homo sapiens existe, 60 % de ses gènes olfactifs ont été perdus par inactivation génique mais il lui en reste encore aujourd'hui 350 à 400 actifs[17].
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+ L'odorat humain était considéré comme l'un des sens les moins développés[18]. Au XIXe siècle et jusque dans les années 1970, les neuroanatomistes qualifiaient l'homme de microsmate (faible développement des aires cérébrales associées à l'olfaction) du fait de son utilité moindre pour la survie (système olfactif vestigial, la bipédie ayant éloigné le nez du substrat terrestre), et l'opposaient aux espèces macrosmates (rongeurs, canidés)[19]. La littérature scientifique considérait qu'il pouvait détecter 10 000 odeurs différentes mais les études menées par des éthologues comme Karl von Frisch depuis les années 1970 ont montré que l'homme possède une discrimination qualitative des odeurs fine et multiple, s'effectuant sur des quantités infinitésimales[19]. Une étude en 2014 suggère qu'il peut percevoir plus d'un billion (1 000 milliards) d'odeurs[20]. Ainsi, l'olfaction reste d'une grande importance dans la détermination consciente ou inconsciente de nos comportements. Il existe, en pratique, deux seuils perceptifs. Le plus faible correspond à la détection d'une odeur, mais que le sujet ne peut identifier. Le second seuil correspond à l'identification de l'odeur en question. Certaines molécules, comme les thiols, se détectent à des taux beaucoup plus faibles que d'autres. Certains animaux sont capables de détecter des molécules un milliard de fois plus diluées que le seuil de notre odorat. Enfin, il existe une présomption que certaines molécules (hormones, phéromones) soient détectées par le système olfactif, même si leur perception ne se traduit pas en termes d'odeur « consciente ».
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+ La perception d'une odeur résulte d'un stimulus très rapide, presque instantané, qui comporte plusieurs informations, parmi lesquelles l'intensité et la qualité de l'odeur[21]. Au niveau de l'intensité, notre odorat se comporte comme pour la notion de chaud et de froid. L'intensité du signal est importante au début de la perception puis baisse progressivement avec l'adaptation. Sur le plan qualitatif, notre odorat fonctionne comme pour la notion de goût. Nous pouvons reconnaître, apprécier et classer la qualité d'une odeur.
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+ Bien qu'empruntant des voies nerveuses distinctes, l'odorat et le goût sont étroitement liés et une grande partie de ce qu'on attribue au goût dépend en fait de l'odorat. Ainsi, si l'organe olfactif est congestionné à cause d'un rhume, les sensations de goût s'en trouvent considérablement réduites.
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+ Comme les autres sens, l'odorat peut être exacerbé par l'attention. Son intensité dépend aussi du rythme circadien[22]. Il a ainsi été montré chez le rat de laboratoire que la performance de la réponse neuronales à une odeur varie selon l'heure[23],[22]. Ainsi, chez le rat, une odeur réputée biologiquement neutre (huile de bois de cèdre, ou huile minérale) est un stimulus odorant mieux perçu en période de nuit subjective par l'odorat du rat que de jour subjectif, de même pour une odeur biologiquement pertinente (alarme) telle que celle de l'urine du renard roux, l'un des principaux prédateurs potentiels du rat[22].
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+ Dans les années 1960, des recherches menées par le professeur Lipsitt ont permis de démontrer qu'il existe des capacités de détection et d'apprentissage des odeurs chez le nouveau-né. Même in utero, le système olfactif du fœtus est un des premiers sens à se mettre en place entre 11 et 15 semaines[24].
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+ L'exposition du fœtus aux substances odorantes transportées par le liquide amniotique lui donne une première expérience olfactive qui est susceptible d'influencer ses préférences après la naissance[25].
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+ Au niveau anatomique, le système olfactif est composé de deux structures, le système olfactif principal dont la stimulation induit les sensations d'odeur et le système trigéminal qui induit des sensations somatosensorielles (tactile, thermique, douleur, humidité)[26]. Il existe une troisième partie appelée « organe voméronasal », qui est situé en retrait dans l'orifice des narines. Chez l'homme, l'organe voméronasal reste dans un état rudimentaire car ses afférences nerveuses disparaissent dès la 18e semaine de la vie embryonnaire. Il ne semble pas fonctionnel, mais son implication dans la détection de phéromones fait l’objet d’un vif débat (Giorgi et al., 2000; Foltan et Sedy, 2009; Mast et Samuelsen, 2009). Chez de nombreuses espèces de vertébrés cet organe sensoriel est lié à la perception des phéromones pour sa reproduction ou le marquage de son territoire par exemple.
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+ La perte de l'odorat est appelée anosmie, sa diminution substantielle est appelée hyposmie. Elle est le plus souvent due à des traumatismes, à certaines intoxications (saturnisme chronique par exemple pour les personnes âgées[27]) ou à un virus (SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19)[28],[29] ou à des infections mal soignées (rhinite aiguë[30], ...), mais peut aussi être d'origine génétique ou congénitale ou faire suite à la prise de certains médicaments[31].
46
+ L'anosmie peut concerner toutes les odeurs ou seulement certaines d'entre elles (anosmies spécifiques). Elle est souvent accompagnée d'agueusie (son équivalent lié au goût), quoique cette diminution du goût soit constatée chez les gens ayant perdu l'odorat tardivement. Une perte d'odorat signale parfois que les sinus sont bouchés, notamment dans la maladie polypose naso-sinusienne.
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48
+ L'anosmie est l'un des signes précurseurs de maladies neurodégénératives, telle la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson, ou d'autres problèmes différents des pertes sensorielles "normales", liées au vieillissement[32]. Il a d'ailleurs été constaté, chez des souris de laboratoires modifiées pour produire naturellement des plaques amyloïdes, reproduisant ainsi ce qu'on observe chez l'homme dans le cas de maladie d'Alzheimer, que la première partie touchée par la dégénérescence du cerveau est celle qui est responsable de l'odorat de la souris (située entre le centre du cerveau et le museau)[32]. Les premiers symptômes sont une chute rapide et sensible de l'olfaction, détectés dès les premières plaques, vers 3 mois (chez la souris modifiée)[32]. Un test olfactif pourrait donc être une des alternatives aux méthodes plus coûteuses (scanner, etc.) de diagnostic précoce de la maladie d'Alzheimer »[32].
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+ La perte d'odorat a des effets variés sur les gens qui en sont atteints : elle induit souvent une période de forte dépression, accompagnée de symptômes divers, dont un amoindrissement de l'appétit et de la libido et de l'excitation sexuelle notamment. Quand elle est sévère elle est associée à un risque accru d'accident domestique[33]
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+ Un test efficace quels que soient l'âge et la culture du patient et n'impliquant pas les capacités de mémoire est basé sur l'inhalation de parfums très désagréables : Une personne normale bloque (par réflexe) sa respiration dès le début de l'inhalation, alors qu'un déficient olfactif inhalera plus longtemps avant de détecter l'odeur ou ne la détectera pas[34].
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+ L'hyperosmie est une augmentation de la capacité olfactive, par exemple avoir la capacité d'identifier la dernière personne à avoir quitté une chaise grâce à son odeur. On retrouve ce symptôme chez les personnes atteintes d'algie vasculaire de la face, de migraines, ou d'insuffisance surrénalienne chronique primaire.
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+ Trouble de l'odorat qui amène les patients à aimer ou percevoir des odeurs fétides, putrides ou réputées désagréables.
57
+ La cacosmie peut avoir une origine physiologique (rhinite, sinusite, tumorale) ou psychologique.
58
+ Souvent confondu avec la cacostomie qui désigne l'exhalaison d'odeurs désagréables. Celles-ci proviennent de troubles fonctionnels (de la bouche ou du système digestif).
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+ La parosmie est une distorsion d'une odeur vers une autre odeur, généralement désagréable.
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+ La phantosmie (ou fantosmie) est une odeur fantôme qui survient sans qu'une source d'odeur soit présente. Elle peut être agréable ou désagréable.
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+ En France, des opérations « Nez de Cléopâtre » demandant à des citoyens de noter leurs sensations olfactives à la fenêtre ou au balcon une fois par jour, ont permis de mieux suivre le trajet de certaines pollutions dans des villes industrielles (par exemple Calais), en cartographiant ces données, croisées avec celles de la météo[35].
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+ Bioinspiration : Des chercheurs tentent de s'inspirer de l'olfaction animale pour développer un nez artificiel[36].
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+ Le néerlandais (Nederlands, prononciation /ˈneː.dəɾ.ˌlɑnts/) est la troisième langue germanique, après l'anglais et le haut allemand, avec ses 25 millions de locuteurs maternels. Elle est langue officielle aux Pays-Bas et dans ses territoires d'outre mer, en Belgique (les états fédérés de la Flandre et de Bruxelles-Capitale) et au Suriname. Elle est enfin langue régionale en France. Confinée, après une importante extension médiévale, dans l'actuel Westhoek français, elle a toutefois pratiquement disparu de la Flandre française au cours du XXe siècle Aujourd'hui, seuls quelques dizaines de milliers de locuteurs, âgés de plus de 60 ans, la pratiquent encore quotidiennement. Le néerlandais fait partie des dialectes franciques, soit les dialectes parlés par les francs. Plus précisément, il s'agit des parlers des francs saliens, par opposition aux francs ripuaires, qui, vers 440, se sont installés aux Pays-Bas méridionaux (ou la Belgica Inferior en gallo-romain). Le vieux néerlandais (500-1150) est issu du francique occidental. Il se distingue essentiellement du vieux haut allemand, issu du moyen et haut francique, par l'absence de la seconde mutation consonantique et l'abandon du système casuel. Ces caractéristiques morphologiques, syntaxiques et lexicales offrent certaines similitudes avec les autres dialectes germaniques occidentaux, tel que les dialectes anglo-frisons (anglais, frison) et saxons (le bas-allemand en Allemagne septentrionale et son pendant bas-saxon dans le nord-ouest des Pays-Bas).[2],[3].
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+ Historiquement parlé aux Pays-Bas et en Flandre belge et française, le néerlandais s'est également répandu dans d'autres régions du monde. Au total, plus de 32 millions de personnes le parlent, en comptant les locuteurs de l'afrikaans, langue procédant du fonds néerlandais méridional du XVIIe siècle ayant, du fait des conditions d'isolement et des influences locales (bantoues, malaises…), subi ses propres évolutions (dialectales, orthographiques et grammaticales) ; cette langue demeure fortement usitée en Afrique du Sud, où elle est langue officielle, ainsi qu'en Namibie, où elle est langue reconnue.[4]
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+ Le néerlandais est la langue officielle du royaume des Pays-Bas[5] et du Suriname[6],[7]. C'est aussi la principale langue officielle de la Belgique (60 %) à côté du français (38 %) et de l'allemand (2 %)[8]. La langue est également co-officielle à Aruba[9], Curaçao[10] et Saint-Martin[11], trois pays constitutifs du royaume des Pays-bas.
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+ C'est une des vingt-quatre langues officielles de l'Union européenne ainsi qu'une des langues officielles de plusieurs organisations internationales : le Benelux[12], la Communauté caribéenne, l'Union des nations sud-américaines ou l'Union de la langue néerlandaise.
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+ Enfin, en Afrique, l'afrikaans, langue dérivée du néerlandais, est langue officielle en Afrique du Sud et langue reconnue en Namibie. Plus de 7 millions de personnes parlent l'afrikaans comme langue maternelle. En Indonésie, autrefois colonie des Pays-Bas, un groupe limité de personnes le parlent comme langue maternelle (environ 10 000), ou principale (30 000), mais la langue n'a pas de statut officiel, et est largement en retrait face à l'anglais (surtout dans les zones touristiques).
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+ Depuis 1980, un organisme officiel, l'Union de la langue néerlandaise, assure l'intégrité et la promotion de la langue néerlandaise. Il publie régulièrement une Woordenlijst Nederlandse taal, c'est-à-dire une liste officielle des mots du néerlandais, qu'on appelle familièrement le « Petit livre vert » (het groene boekje), à cause de la couleur verte de sa couverture. Le Suriname est depuis 2005 également membre de cet organisme initialement cogéré uniquement par les institutions néerlandaises et flamandes. Il en est résulté l'entrée de nombreux mots surinamais dans le livret vert. La dernière version du livre vert a été publiée le 15 octobre 2005 et a donné lieu à beaucoup de commentaires, notamment sur des incohérences entre l'écriture de différents mots du même style (par exemple cao-overleg contre VUT-premie, incohérence majuscules/minuscules, ou 24-jarige contre 24 uursservice, incohérence tiret/sans tiret). C'est pour cette raison que le site web onzetaal.nl (en français, « notrelangue »)[13] a publié le 16 août 2006 une version alternative de ce livret : le « livret blanc » (Het Witte Boekje[14]).
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+ Le néerlandais contemporain trouve sa source dans les dialectes bas-franciques occidentaux parlés dans le sud des Pays-Bas, la Flandre belge, la Flandre française, l'Artois et le Hainaut. Elle est issue du vieux bas-francique, la langue des Francs saliens, fondateurs de la dynastie des Mérovingiens.
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+ L'inscription runique de Bergakker, découverte dans la Betuwe et attribuée aux Francs saliens entre 425 et 450, est le plus ancien fragment du vieux francique parvenu jusqu'à nous, cette langue se révèle très proche du vieux néerlandais du Moyen Âge, cette inscription peut donc être considérée comme la plus ancienne en néerlandais[15].
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+ Très tôt déjà, le bas-francique s'est démarqué du moyen et du haut francique, et donc de ce qu'on appelle aujourd'hui l'allemand, par la mutation consonantique haut-allemande. Elle a eu lieu à partir du IVe siècle jusqu'au VIIIe siècle.
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+ À l'époque des Anciens Pays-Bas et auparavant les diverses principautés étaient morcelées (Flandre, Brabant, etc.) mais elles furent réunies dans l'État bourguignon. Tout comme en Allemagne, il y avait plusieurs dialectes par régions. Par la suite les Pays-Bas du Nord (République des Provinces-Unies à l'époque) se sont unifiés en prenant leur indépendance, ce qui n'empêcha pas le maintien de plusieurs dialectes, mais fixa très rapidement les bases de la prononciation et, plus tard, de l'écriture de la langue normalisée.
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25
+ Toutefois la langue était presque complètement fixée dès le XIVe siècle environ, et les textes de cette époque sont, pour les Néerlandais d'aujourd'hui, parfaitement compréhensibles, malgré quelques tournures de phrases archaïques et une orthographe souvent très différente. Les dernières mutations de la langue remontent au XIXe siècle. Aujourd'hui, les principales modifications sont des ajouts de mots d'origine anglaise au vocabulaire.
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+ Il n'y eut que très peu d'influence espagnole sur le néerlandais au temps de la domination de l'Espagne.
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+ Les documents archivés de l'époque comme ceux de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, permettent aux historiens de remonter à une écriture plus ancienne de certains mots actuels et de mieux comprendre leur évolution linguistique.
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+ Deux réformes de l'orthographe eurent lieu au XXe siècle, une, fondamentale, en 1946 et l'autre, moins importante, en 1995.
32
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+ Aujourd'hui, les principales modifications sont des ajouts de mots d'origine anglaise au vocabulaire, comme dans le domaine informatique. Il y a cependant depuis longtemps une forte composante française dans le vocabulaire, particulièrement dans le néerlandais (flamand) de Belgique. Cela amène de nombreux cas de synonymie, un mot d'origine française à côté d'un mot d'origine germanique : creëren à côté de scheppen (« créer »).
34
+
35
+ Sur le plan pratique, de nombreuses variantes locales subsistent, tant aux Pays-Bas qu'en Flandre. Elles affectent la tournure, le vocabulaire et la prononciation. L'ensemble forme un continuum sans transition précise, le Rhin dessinant cependant une nuance plus marquée.
36
+
37
+ Il y a, en revanche, des différences de vocabulaire entre les parlers flamands et le néerlandais. À côté du néerlandais standard normé (AN), les dialectes se sont maintenus davantage en Belgique flamande et sont très différenciés. Il n'y a pas une prononciation belge unique non plus mais bien de nombreuses variantes dans lesquelles on peut distinguer des points communs mais aussi des variations considérables. C'est ainsi qu'à l'ouïe, un locuteur du Limbourg belge et un autre de Flandre-Occidentale peuvent sembler parler deux langues différentes. On arrive assez facilement à distinguer les Flamands et les Néerlandais selon leur prononciation – cela vaut aussi chez les anglophones pour les Australiens et les Britanniques ou chez les francophones pour les Canadiens et les Français.
38
+
39
+ On distingue six zones linguistiques sur le territoire néerlandais et belge. Les frontières belgo-néerlandaise et belgo-française ne matérialisent aucune transition sur le plan linguistique (ce qui suit utilise une numérotation en rapport avec la carte des six zones linguistiques).
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+
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+ I. Groupe bas-francique occidental
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+
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+ II. Groupe bas-francique oriental b
44
+
45
+ III. Groupe bas-saxon c
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+
47
+ a : Ce sous-groupe comprend des dialectes considérés comme néerlandais, mais ont un substrat frison occidental récent très important.
48
+ b : Groupe dialectal transitionnel (bas-francique néerlandais teinté de moyen francique), le limbourgeois se voit, en sa façade est-méridionale, bordé par des parlers transfrontaliers franciques ripuaires dont les lexique et morphologie moyens franciques sont, à son tour, mêlés d'influences allemandes[16].
49
+ c : Tous ces dialectes ne représentent que la limite occidentale d'une vaste étendue de deux sous-groupes du bas-allemand dont le bas saxon de Frise orientale et l'ouest-phalien, qui occupe tout le nord de l'Allemagne.
50
+
51
+ L'afrikaans, parlé en Afrique du Sud et en Namibie, est une langue dérivée du néerlandais, qui conserve de nombreux archaïsmes datant des XVIe et XVIIe siècles.
52
+
53
+ L'afrikaans ayant été formé par des colons venant du sud des Pays-Bas, il existe donc des liens évidents, mais l'afrikaans, en plus de conserver certains archaïsmes, a sensiblement simplifié la grammaire. D'autres langues dérivées du néerlandais: le skepi et le berbice (Gyana), le petjo et le javindo (Indonésie), le negerhollands (Iles Vierges), le ceylon dutch (Sri Lanka), le formosa dutch (Taïwan), le mohawk dutch, negro dutch et low dutch (USA).
54
+
55
+ Le néerlandais utilise l'alphabet latin, complété de quelques diacritiques. Le tréma est utilisé pour séparer des voyelles consécutives et éviter leur prononciation comme diphtongues. L'une des règles d'orthographe les plus importantes est la règle du dt.
56
+
57
+ L'accent aigu (plus rarement grave) est utilisé pour signaler la présence de l'accent tonique sur un mot qui ne le porte habituellement pas.
58
+
59
+ L'ensemble ij est parfois considéré comme une seule lettre. Autrefois, dans certaines régions, il était écrit au moyen d'un y avec ou sans tréma (Ÿ/ÿ). En majuscule (premier mot d'une phrase, nom propre, adjectif dérivé d'un nom propre) les deux lettres s'écrivent en principe en capitales: het IJsselmeer, de Hollandse en de Gelderse IJssel (l'Yssel hollandais et l'Yssel de Gueldre), IJsland (l'Islande), de IJszee (l'Océan glacial: arctique ou antarctique), ijs (de la glace), een ijsberg (un iceberg), mais au début d'une phrase: IJs et IJsbergen (des icebergs), etc.
60
+
61
+ La grammaire du néerlandais rappelle par bien des traits celle de l'allemand. Elle s'en distingue néanmoins par la quasi-disparition des cas et la faible distinction que l'on fait aujourd'hui entre les genres masculin et féminin (encore plus faible au nord du Rhin qu'au sud).
62
+
63
+ La langue française a emprunté certains mots au néerlandais, en particulier dans le domaine de la navigation. À titre d'exemple, voici une liste non exhaustive de mots français provenant du néerlandais, moderne ou médiéval :
64
+
65
+ Mais aussi : bélître, bitter, blague, blaser, bouquin, brader, brique, briquet, buse, cabillaud, cancrelat, étriquer, hère, tricot, varlope, etc.
66
+
67
+ Le français de Belgique comporte encore plus d'emprunts qualifiés de « belgicismes » tels que kot « chambre d'étudiant, bicoque » ou drève, de dreef « allée bordée d'arbres ».
68
+
69
+ Il existe au moins quatre racines pour dire néerlandais dans les langues européennes et d'Asie mineure. En français, on peut très bien dire « néerlandais », ou bien « hollandais » (selon la métonymie qui tend à confondre, dans le langage courant, la Hollande avec les Pays-Bas dans leur ensemble, ce qui est linguistiquement erroné hollandais désignant un groupe de dialectes) mais également parfois « flamand », (notamment en Belgique même si cet usage pour désigner la langue entière et pas seulement ensemble dialecte est, comme pour hollandais, d'un point de vue linguistique erroné), les racines « nederland » et « holland » sont ainsi les deux racines principales dans les langues européennes, à l'exception de l'anglais. En effet, « Dutch » en anglais vient de la racine germanique « diot » (d'où l'ancienne appellation du néerlandais « diets », mais aussi, désignant cette fois l'allemand : all. « deutsch » le français « teuton » et l'italien « tedesco »).
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+
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+ Nederland :
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+ Holland :
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+ Langue + Holland :
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+ Diot :
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+ Langue + Diot :
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+ Flamand
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+ Plusieurs racines :
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+ Le Certificaat Nederlands als Vreemde Taal (CNaVT), « Certificat de néerlandais langue étrangère », est le diplôme de langue officiel et international du néerlandais pour les locuteurs non natifs. Il est basé sur le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR).
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+ « 2. The official languages are Dutch and English. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Région flamande, communément appelée Flandre, est une des trois régions de Belgique[2] créées par la loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980.
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+ Le territoire de la Région flamande correspond au territoire de la région de langue néerlandaise. La superficie de la Région flamande est de 13 522 km2 ce qui fait 44,31 % de la Belgique.
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+ La Région flamande comprend les provinces suivantes : Anvers, le Brabant flamand, la Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Limbourg[3].
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+ La Région est bordée à l'ouest par la Mer du Nord et par la France (de Bray-Dunes à Menin dans les Hauts-de-France) ; au nord, par les Pays-Bas, dont les villes les plus proches sont: Bréda, Eindhoven et Maastricht ; au sud, par la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale qui forme une enclave.
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+ Depuis la création de la Région flamande, ses compétences sont exercées par les institutions de la Communauté flamande, c'est-à-dire le Parlement flamand[5] et le Gouvernement flamand uniquement sur le territoire de la Région flamande.
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+ La capitale de la région flamande est Bruxelles[réf. nécessaire], bien que Bruxelles ne soit pas en région flamande et que les décrets régionaux flamands ne s’y appliquent pas.
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+ Les plus grandes villes de la région sont (population communale au 1er janvier 2020, selon Statbel) [6]:
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+ Le graphique suivant reprend sa population résidente au 1er janvier de chaque année[12] (x 1.000)
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+ Bien que la région et ses 300 communes soient officiellement unilingues (néerlandais), la minorité francophone dispose, dans 12 communes, de certains droits linguistiques. Selon l'association pour la promotion de la francophonie en Flandre, la région flamande comptait en 2009 plus de 350 000 personnes de langue maternelle française[13], dont la moitié résidaient en Brabant flamand.
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+ La Région flamande, communément appelée Flandre, est une des trois régions de Belgique[2] créées par la loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980.
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+ Le territoire de la Région flamande correspond au territoire de la région de langue néerlandaise. La superficie de la Région flamande est de 13 522 km2 ce qui fait 44,31 % de la Belgique.
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+ La Région flamande comprend les provinces suivantes : Anvers, le Brabant flamand, la Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Limbourg[3].
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+ La Région est bordée à l'ouest par la Mer du Nord et par la France (de Bray-Dunes à Menin dans les Hauts-de-France) ; au nord, par les Pays-Bas, dont les villes les plus proches sont: Bréda, Eindhoven et Maastricht ; au sud, par la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale qui forme une enclave.
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+ Depuis la création de la Région flamande, ses compétences sont exercées par les institutions de la Communauté flamande, c'est-à-dire le Parlement flamand[5] et le Gouvernement flamand uniquement sur le territoire de la Région flamande.
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+ Bien que la région et ses 300 communes soient officiellement unilingues (néerlandais), la minorité francophone dispose, dans 12 communes, de certains droits linguistiques. Selon l'association pour la promotion de la francophonie en Flandre, la région flamande comptait en 2009 plus de 350 000 personnes de langue maternelle française[13], dont la moitié résidaient en Brabant flamand.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ En biologie, chez toutes sortes de plantes à fleurs (angiospermes), la fleur constitue l'organe de la reproduction sexuée et l'ensemble des « enveloppes » qui l'entourent. Après la pollinisation, la fleur est fécondée et se transforme en fruit contenant les graines. Les fleurs peuvent être solitaires, mais elles sont le plus souvent regroupées en inflorescences.
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+ Très tôt, les fleurs ont attiré l’attention des humains, qui les utilisent et les cultivent pour la parure (couronne de fleurs), pour l’ornementation intérieure (fleurs coupées, bouquets, ikebana) et extérieure (jardins, plates-bandes, etc.). Elles sont utilisées en parfumerie, pour leurs fragrances, ainsi qu'en teinture, pour leurs pigments. Les fleurs comestibles servent à la préparation de boissons et de mets.
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+ Les fleurs ont souvent inspiré les artistes, peintres, poètes, sculpteurs et décorateurs. La culture des fleurs est la floriculture, une branche de l'horticulture.
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+ La plupart des fleurs sont hermaphrodites, c'est-à-dire qu'elles ont à la fois des organes reproducteurs mâles et femelles : elles ont un pistil et des étamines. Les étamines sont la partie mâle (qui libère du pollen), et le pistil la partie femelle (qui contient les ovules).
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+ Certaines plantes comme le pistachier ou le kiwi ont des fleurs qui ne sont pas hermaphrodites : elles sont soit mâles, soit femelles, les scientifiques parlent de fleurs gonochoriques. D'autres plantes comme l'avocatier ont des fleurs qui sont successivement mâles et femelles, on parle alors d'hermaphrodisme successif.
13
+
14
+ La fleur hermaphrodite est constituée de pièces florales insérées sur un réceptacle floral. Lorsque la fleur est complète, elle comprend quatre verticilles de pièces florales. De l'extérieur vers l'intérieur, on rencontre :
15
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16
+ Calice et corolle forment le périanthe, enveloppe stérile, qui joue un rôle protecteur pour les pièces fertiles, et attractif pour les animaux pollinisateurs.
17
+
18
+ Ce plan théorique de la fleur, que l'on trouve typiquement chez le bouton d'or (Renonculacées), est sujet à de nombreuses variations. On rencontre par exemple des fleurs sans pétales, dites « apétales ». Une fleur mixte est une fleur qui possède à la fois étamines et pistil.
19
+
20
+ « La fleur double est celle dont quelqu'une des parties est multipliée au-delà de son nombre naturel, mais sans que cette multiplication nuise à la fécondation. Les fleurs se doublent rarement par le calice, presque jamais par les étamines. Leur multiplication la plus commune se fait par la corolle. Les exemples les plus fréquents sont dans les fleurs polypétales, comme œillets, anémones, renoncules ; les fleurs monopétales doublent moins communément. Cependant on voit assez souvent des campanules, des primevères auricules, et surtout des jacinthes à fleur double. Ce mot de fleur double ne marque pas dans le nombre des pétales une simple duplication, mais une multiplication quelconque. Soit que le nombre des pétales devienne double, triple, quadruple, etc., tant qu'ils ne multiplient pas au point d'étouffer la fructification, la fleur garde toujours le nom de fleur double ; mais, lorsque les pétales trop multipliés font disparaître les étamines et avorter le germe, alors la fleur perd le nom de fleur double et prend celui de fleur pleine. »
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22
+ — Jean-Jacques Rousseau, Lettres écrites de la montagne, 1764
23
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24
+ L'induction florale est le phénomène qui permet la transformation du méristème apical caulinaire en méristème floral. Cette transition peut être induite par vernalisation (froid), photopériodisme (la longueur du jour), thermopériodisme (la température), etc.
25
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+ La formation des fleurs est contrôlée par 3 gènes principaux : A, B et C. Le gène A agit sur le développement des sépales et des pétales, le gène B sur le développement des pétales et des étamines et enfin le gène C, sur le développement des étamines et du pistil. Le développement des pétales et des étamines nécessitent donc l'activation de deux gènes à la fois.
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+ Deux gènes supplémentaires ont été découverts ultérieurement, le gène D nécessaire à la mise en place des ovules et le gène E nécessaire au développement des quatre verticilles (calice, corolle, androcée, gynécée) et des ovules.
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+ Chez les angiospermes, ou plantes à fleurs, la fleur est le siège des organes de la reproduction. La reproduction a lieu par pollinisation des carpelles par le pollen émis par les étamines. La pollinisation peut notamment avoir lieu à l'aide d'insectes (entomogamie), ou du vent (anémogamie).
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+ Dans le cas fréquent de l'entomogamie[1], les fleurs attirent et utilisent les pollinisateurs par divers moyens :
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+ La plante émet aussi des substances protectrices pour sa fleur et pour les organes de cette fleur. Ce sont des composés insecticides et fongicides toxiques tels que la nicotine du tabac. On a ainsi montré que des plants de tabac sauvage (Nicotiana attenuata) génétiquement modifiés pour ne pas produire de nicotine ou de benzylacétone (parfum qui contribue à l'odeur du cacao, du jasmin et de la fraise) sont nettement moins bien fécondés et produisent jusqu'à cinq fois moins de graines[2],[3],[4].
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+ L’éclosion des fleurs, ou floraison, est souvent très éphémère, mais ce phénomène est chez certaines plantes compensé par l'éclosion échelonnée de séries ou grappes de fleurs.
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+ Des fleurs présentent des mouvements dans des directions consécutifs à un stimulus extérieur et que l'on nomme tropismes, notamment par rapport à la lumière solaire (héliotropisme floral, surtout chez des plantes de montagne ou de climat froid). Elles sont animées par un organe appelé pulvinus qui est situé à la base du pédoncule floral. Ce mouvement favoriserait la reproduction en attirant les pollinisateurs[6], en augmentant la température des organes reproducteurs (réflexion de la lumière par les pétales sur le pistil)[7].
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+ De nombreuses fleurs présentent des nasties qui sont des mouvements dans des directions non déterminées par une composante vectorielle du stimulus. Les stimuli sont constitués soit de variations journalières de la température pour la thermonastie (par exemple, fleur de tulipe, de rose), soit de l'alternance jour/nuit pour la nyctinastie. Dans ce dernier cas, les fleurs s'ouvrent le matin et se ferment complètement le soir ; elles font de même par temps humide ou très nuageux. Ce phénomène a un impact positif sur la croissance (protection contre le froid et l'humidité nocturne) mais peut aussi, par le processus d'exaptation, jouer un rôle de défense contre les herbivores la nuit, sachant que certains consommateurs de ces fleurs, les limaces et les chevreuils, sont surtout actifs de nuit[8].
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+ Les angiospermes sont un groupe monophylétique, apparu relativement récemment et qui s'est rapidement diversifié en co-évoluant avec les insectes ou d'autres animaux pollinisateurs anthophiles, pour donner les environ 250 000 espèces actuelles de plantes à fleur.
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+ Les plus anciens fossiles de plante à fleur sont Archaefructus, probablement aquatique et datée d'il y a 120 millions d'années (début du crétacé). Cette fleur découverte en Chine n'avait ni pétales ni sépale mais des carpelles, et des étamines dispersés le long d'une tige, non ancrés sur un même point[10]. Montsechia vidalii découverte dans les Pyrénées espagnoles est également une plante aquatique datant de 130 millions d'années[11]. Par la méthode phylogénétique de la reconstitution des états ancestraux, des chercheurs ont fait le portrait-robot[12] du plus ancien ancêtre commun de toutes les fleurs, il y a 140 millions d'années, qui s'avère être une fleur hermaphrodite dont la majorité des pièces florales ne sont pas insérées en spirale mais en verticille[13], ce qui contredit la théorie euanthe du botaniste américain Charles Edwin Bessey qui suggère que les Angiospermes sont monophylétiques, dérivant d'une fleur primitive de type Magnolia[9].
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+ Une équipe du CNRS répond en partie à la question : comment est apparue une structure aussi complexe que la fleur ? L'étude d’une plante gymnosperme, Welwitschia mirabilis, qui pousse dans des déserts de Namibie et d’Angola et peut vivre plus d’un millénaire, montre que ses cônes mâles possèdent quelques ovules stériles et du nectar, ce qui révèle une tentative échouée d’inventer la fleur bisexuelle. Les chercheurs ont trouvé dans son génome des gènes similaires à ceux responsables de la formation des fleurs et organisés selon la même hiérarchie. Angiospermes et gymnospermes ont donc hérité d'un ancêtre commun. Le mécanisme aboutissant à la fleur n’a pas été inventé il y a environ 150 millions d'années : il a été hérité et utilisé par la plante[14],[15].
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+ La présence de fleurs dans le paysage, la ville, l'environnement intérieur (chambre d’hôpital, classe, bureau, cellule de prison…) induit un sentiment et des réactions psychophysiologiques, qui varient selon les personnes, les cultures, les saisons, et les contextes, qu'on commence à pouvoir quantifier.
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+ Par exemple, on a demandé[16] à 119 étudiants (52 hommes et 67 femmes, âgés en moyenne de 21 ans, répartis en 3 groupes) de remplir une tâche en 10 minutes. Le premier groupe, de contrôle, devait remplir des pots avec de la terre. Le deuxième groupe devait repiquer des plantes non fleuries (Viola × wittrockiana Sakura Sakura). Le troisième groupe devait repiquer des plants de la même espèce, mais en fleurs. Des tests ont été faits avant et après l'expérience : électroencéphalogramme (EEG), électromyogramme (EMG), enregistrements du nombre de clignements d'yeux par minute et Profile of Mood States (POMS) — test mesurant les variations de l'humeur du sujet. Le ratio ondes alpha/ondes bêta avec les yeux fermés a considérablement augmenté sauf chez ceux qui ne manipulaient que de la terre. L'amplitude des ondes bêta avec les yeux ouverts a diminué chez ceux manipulant les plantes, et particulièrement les plantes fleuries de même que l'électromyogramme et la fréquence de clignotements des yeux. Le sentiment de fatigue était significativement réduit chez ceux qui ont rempoté les plantes fleuries par rapport aux autres groupes, confirmant l'effet de relaxation physiologique que procurent les plantes fleuries, plus encore que les plantes non fleuries[16].
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+ La plus grande fleur simple du règne végétal, la Rafflesia arnoldii peut atteindre 1 m de diamètre et peser jusqu'à 10 kg.
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+ L'Arum titan possède la plus grande inflorescence du monde, pouvant atteindre près de 3 m.
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+ Marché aux fleurs à Calcutta.
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+ Jonquille.
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+ Tulipe rouge macro.
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+ Fleurs sauvages blanches en Jordanie.
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