de-francophones commited on
Commit
5f2c5cd
1 Parent(s): 9532c9c

3007f60ecf6c95d4e7caa733e0c4a7545ea1b2e1416bdd33d3783004b84d45a8

Browse files
fr/2501.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
4
+
5
+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
6
+
7
+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
+
49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
148
+
149
+ Sur les autres projets Wikimedia :
150
+
151
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/2502.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
6
+
7
+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
9
+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
10
+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
12
+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
231
+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
232
+
233
+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
234
+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2503.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
4
+
5
+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
6
+
7
+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
+
49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
148
+
149
+ Sur les autres projets Wikimedia :
150
+
151
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/2504.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
4
+
5
+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
6
+
7
+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
+
49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
148
+
149
+ Sur les autres projets Wikimedia :
150
+
151
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/2505.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
6
+
7
+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
9
+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
10
+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
12
+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
231
+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
232
+
233
+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
234
+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2506.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
4
+
5
+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
6
+
7
+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
+
49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
148
+
149
+ Sur les autres projets Wikimedia :
150
+
151
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/2507.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
6
+
7
+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
9
+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
10
+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
12
+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
231
+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
232
+
233
+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
234
+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2508.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,35 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Une semaine (du latin septimana : « semaine ») est une période de sept jours consécutifs.
2
+
3
+ L'adjectif français correspondant est « hebdomadaire » du latin hebdomadarius signifiant « celui qui est de semaine, semainier »[1], latinisation du mot grec ἑβδομάς. Substantivé (utilisé comme nom), le mot désigne une publication paraissant chaque semaine.
4
+
5
+ Du latin septimanus « relatif au nombre sept » (lui-même de septimus « septième »)[2].
6
+
7
+ Cet adjectf a été utilisé par :
8
+
9
+ Substantivé, il apparaît avec le sens de « semaine » dans le Codex Theodosianus (15, 5, 5) publié sous le règne de l'empereur byzantin (chrétien) Théodose II (401 - règne 408 - 450). Le sénat de Rome prit officiellement connaissance de l’ouvrage le 25 décembre 438 et il entra en vigueur le 1er janvier 439.
10
+
11
+ Nous avons trois problématiques distinctes :
12
+
13
+ Ce nombre, peu utilisé par les Gréco-romains, a une grande importance en numérologie. Dans la tradition hébraïque, il apparaît notamment dans la Génèse (Création du monde, six jours de travail plus un de repos) et à travers la menorah (chandelier à sept branches).
14
+
15
+ En raison de coïncidences historiques, physiques, ésotériques et mathématiques, le sept est parfois considéré comme un « chiffre magique » (voir l'article « Septénaire (symbolisme) ».
16
+
17
+ En Mésopotamie, le chiffre 7 était considéré comme néfaste et il était recommandé de ne rien entreprendre les 7, 14, 21 et 28 du mois. On peut remarquer que 7 jours correspondent approximativement à un « quartier » de lune. 13 semaines constituent une « saison » de 91 jours ; l'année solaire de 365 jours comprend 4 « saisons » plus un jour, soit 52 semaines plus un jour[réf. souhaitée].
18
+
19
+ Par définition, le jour de repos (septième jour de la semaine) vient après les six jours de travail. On se repose après avoir travaillé. La nouvelle semaine de travail commence après ce jour de repos.
20
+
21
+ La tradition hébraïque (reprise par les Chrétiens) commence la semaine le lendemain du Shabbat. De la même manière, la tradition musulmane commence la semaine le jour de Yawm-ul-Ahad (assimilable au dimanche chrétien).
22
+
23
+ L'Organisation internationale de normalisation (ISO) a émis les recommandations suivantes :
24
+
25
+ Division du jour et de la semaine (IXe siècle)
26
+
27
+ Table des matières minérales planétaires, principalement des planètes dominantes (ca. 1569)
28
+
29
+ bracelet (moitié XIXe siècle) et les sept divinités romaines
30
+
31
+ Sur les autres projets Wikimedia :
32
+
33
+ Semaine :
34
+
35
+ Autres périodes :
fr/2509.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,111 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ L’hébreu (en hébreu moderne : עִבְרִית / ivrit /ivˈʁit/ ou /ʕivˈɾit/, et en hébreu ancien : לשון הקודש lašon ha-qodeš « langue sacrée ») est une langue chamito-sémitique appartenant à la branche centre-nord de la famille des langues sémitiques du groupe canaanéen. Elle est étroitement apparentée au phénicien et aux langues araméennes ainsi qu'à l'arabe.
4
+
5
+ L'hébreu classique est la langue rituelle et liturgique de la religion juive, tandis que l'hébreu moderne compte plus de 9 millions de locuteurs en Israël[1] et 1 million dans le reste du monde[2]. L’hébreu est la langue officielle de l’État d’Israël.
6
+
7
+ De l’écriture égyptienne en hiéroglyphes dériva hypothétiquement l’écriture protosinaïtique, suivie de l’écriture protocananéenne. Cette écriture évolua ensuite en écriture phénicienne considérée comme la mère des écritures grecque, paléo-hébraïque, samaritaine et araméenne.
8
+
9
+ Les lettres d’Amarna ou de Tel-Amarna sont une correspondance diplomatique égyptienne du XIVe siècle avant notre ère. Certaines lettres viennent de Canaan. Elles sont rédigées en akkadien, la langue diplomatique de l’époque. Toutefois, elles comprennent bien des mots et d'expressions de la ou des langues ouest-sémitiques parlées en Canaan. On y retrouve des parallèles linguistiques frappants avec l’hébreu de la Torah, ce qui indique que des formes dialectales de proto-hébreu étaient parlées en Canaan avant l'installation des Hébreux eux-mêmes (les lettres ne font pas mention des Hébreux, sauf peut-être sous la forme des Apirou, population mal identifiée, dont le nom a un rapport possible avec « Hébreux »).
10
+
11
+ Cependant, au-delà de ces indices linguistiques, la forme de ce ou de ces proto-hébreu(x) reste imprécise. On peut cependant remarquer que les anciens dialectes phéniciens (Liban actuel) connus sont très similaires à l’hébreu ancien, à tel point qu’on peut parler de formes géographiques d’une même langue, qui semble donc avoir été parlée (avec des variantes régionales) sur la côte syro-palestinienne. L’hébreu biblique provient donc d’une (voire plusieurs) de ces variantes géographiques dialectales.
12
+
13
+ En juillet 2008, est découvert dans une strate datée entre -1050 et -970 : l'Ostracon de Khirbet Qeiyafa, qui pourrait être la plus ancienne trace écrite de l'hébreu sur le site de Khirbet Qeiyafa, une petite localité de l’Âge du Fer II A.
14
+
15
+ L'hébreu est la langue de la Bible hébraïque (תַּנַ"ךְ / tanakh) et de la Mishnah ; celle de la plupart des livres apocryphes (ספרים חיצוניים / sefarim hiśoniyim) est l'araméen. Les manuscrits de Qumran (ספרים גנוזות / sefarim genuzot) découverts dans des grottes situées au nord de la mer Morte entre 1947 et 1956, sont eux aussi principalement écrits en hébreu. En dehors des copies de livres bibliques, seulement un manuscrit sur six était rédigé en araméen (quelques manuscrits étant aussi composés en grec).
16
+
17
+ Dans la Bible, notamment dans le premier livre, la Genèse (בְּרֵאשִׁית / Berešit), au chapitre 14, verset 13, on trouve אברם העברי / Abram ha-’ibri, il s’agit « d’Abram l’Hébreu » avant qu’il ne devienne Abraham (אַבְרָהָם / Abraham), mais le texte ne fait aucune mention de la langue parlée par celui-ci et ses descendants. Il est généralement admis que le terme « hébreu » viendrait de l’expression « מעבר לנהר / me-’eber la-nahar » (de l’autre côté du fleuve), qui désigne l’origine d’Abraham.
18
+
19
+ Le texte de la Bible hébraïque en usage dans les éditions imprimées ou dans les rouleaux de la Torah à la synagogue est appelé texte « massorétique » (מסורת / massoret, signifiant « transmission »). Sa rédaction est le fruit d’un travail de plusieurs siècles, depuis l’époque des rois (VIIIe siècle av. J.-C.) jusqu'à celle des Maccabées (livre de Daniel, 167 avant l’ère chrétienne), dont il est difficile d’établir les différentes étapes.
20
+
21
+ L'hébreu biblique est une langue religieuse, sans doute différente de la langue parlée par la population. On y retrouve en effet essentiellement des termes pouvant être utilisés dans un contexte religieux. On a ainsi remarqué une certaine pauvreté de la langue biblique : la Bible ne comporte pas plus de 8 000 mots, dont 2 000 seraient des hapax (des termes n'apparaissant qu'une seule fois), et ces mots sont construits sur seulement 500 racines hébraïques[réf. nécessaire]. À titre de comparaison, à la même époque, le lexique grec comporte 120 000 mots[3]. Un vocabulaire populaire plus diversifié, maintenant disparu, a dû exister à côté de la langue formaliste et spécialisée de la Bible.
22
+
23
+ Cette forme de l'hébreu correspond à une période de l'histoire de la langue hébraïque (Ier – VIe siècle) qui correspond à peu près à la période du Talmud (IIe - Ve siècle), et celui-ci en est donc un témoignage. Elle est appelée aussi hébreu rabbinique ou langue des Sages.
24
+
25
+ C'était une langue vivante utilisée dans la vie courante autant que dans la littérature, comme attestent des documents épigraphiques et des manuscrits retrouvés par les archéologues en Israël et réunis dans une banque de données israélienne[4]. Elle a commencé à être étudiée linguistiquement par Abraham Geiger en 1845.
26
+
27
+ L’hébreu mishnaïque contient certaines innovations par rapport à l’hébreu de la Bible auquel il est postérieur de plusieurs siècles. Ces innovations portent en particulier sur les domaines de la syntaxe et du vocabulaire. Dans ce dernier domaine, on constate des emprunts aux langues politiquement et/ou culturellement dominantes de l’époque : araméen, grec, latin et persan.
28
+
29
+ À partir du Xe siècle, c'est en dehors de la Palestine, au milieu des diverses communautés juives de la diaspora (גלות / galout) que l’hébreu survit, jusqu’à sa remarquable renaissance en Israël au XXe siècle à la suite des efforts d'Éliézer Ben-Yehoudah.
30
+
31
+ Dans la vie quotidienne, les juifs parlaient la langue du pays dans lequel ils vivaient, réservant la langue hébraïque au domaine culturel. C’est en effet dans cette langue que les juifs de la diaspora priaient trois fois par jour, qu’ils lisaient la Torah et en étudiaient les commentaires. C’est également en hébreu que des sages (חכמים / hakhamim) des différents pays correspondaient. La production hébraïque dans des domaines cultuels, culturels et professionnels montrent la dynamique de la langue hébraïque sur la longue durée historique.
32
+
33
+ L’hébreu a connu au XXe siècle une renaissance moderne sous l’impulsion d'Eliézer Ben Yehoudah (1858-1922).
34
+
35
+ Le travail de Ben Yehoudah trouve son origine dans la période dite de la Haskalah (השכלה).
36
+
37
+ La Haskalah est un mouvement philosophique, influencé par le siècle des Lumières, qui est lancé à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne par Moses Mendelssohn (1729-1786). Il entend mieux intégrer les Juifs dans leur environnement non juif par la pratique d’une éducation « moderne », l’implication dans les débats philosophiques ou scientifiques, et l’intégration aux circuits économiques de l’époque.
38
+
39
+ Une partie du mouvement s’est aussi attachée à une renaissance de l’usage de la langue hébraïque. Celle-ci était devenue exclusivement une langue religieuse utilisée pour le culte. Les partisans de la Haskalah, les maskilim (משכילים), du moins ceux intéressés par cette question, souhaitaient développer un usage laïque de la langue et en répandre l’usage dans les populations juives.
40
+
41
+ En 1793, le premier périodique en langue hébraïque est publié par des maskilim de la ville prussienne de Koenigsberg : המאסף / Hameasef (« le Collectionneur »). Une part importante du journal est consacrée aux traductions, à la philologie, à la création littéraire de type moderne et aux actualités.
42
+
43
+ Dès 1853, Avraham Mapou, le père du roman hébreu, publie un « roman biblique » qui connaîtra un grand succès auprès des lecteurs : L’Amour de Sion[5].
44
+
45
+ Shalom Abramovitch, plus connu sous le nom de Mendele Moich Sforim (Mendele le vendeur de livres), inventa, après un détour via le yiddish, une nouvelle prose hébraïque, mélange d’hébreu biblique et rabbinique.
46
+
47
+ La Haskalah se développe progressivement dans l'Empire austro-hongrois et dans l'Empire russe, où elle se heurte à l'hostilité de milieux plus traditionalistes, moins exposés à l’assimilation qu'en Allemagne.
48
+
49
+ C’est en Europe centrale et orientale que se développe la presse hébraïque : plusieurs journaux naissent à Vienne, en Galicie (חלוץ / halouts, השחר / hašahar) ou dans l’Empire russe (המגיד / hamagid, המליץ / hamelits). Ces derniers jouèrent un rôle clé dans la diffusion des idées « modernisatrices », des œuvres littéraires et de l’usage laïque de l’hébreu propre aux maskilim.
50
+
51
+ Ces derniers furent très tôt confrontés à la relative pauvreté (8 000 mots et 500 racines) de la langue hébraïque, en particulier pour évoquer le monde moderne. Le problème avait deux origines. D’une part, l’hébreu était une langue datant de l’Antiquité, et d’autre part, il s’agissait d’une langue formaliste spécialisée dans le domaine religieux et qui n’était quasiment plus usitée en dehors du domaine religieux.
52
+
53
+ Certains auteurs, comme Mendele Moich Sforim, commencèrent donc un travail de création lexicale, inventant de nouveaux mots sur la base de racines hébraïques et arabes.
54
+
55
+ Les maskilim parvinrent ainsi à faire éclore l’usage littéraire de la langue hébraïque, partiellement modernisée.
56
+
57
+ C’est en 1858 que naquit dans une bourgade lituanienne Eliézer Perlman. De son maître à la yeshiva (école talmudique), il apprit la grammaire hébraïque et lut en cachette, comme d’autres étudiants, le roman d’Avraham Mapou, L’Amour de Sion. Il poursuivit des études de médecine à Paris où il eut l’occasion de parler hébreu et conçut le projet de faire revivre l’usage de cette langue. En 1878, il écrivit un article dans ha-šahar dans lequel il exhorte aux Juifs de parler l’hébreu.
58
+
59
+ Sympathisant du premier groupe sioniste, les Amants de Sion, Eliézer Perlman choisit en 1881 le patronyme d’Eliézer Ben Yehouda et partit s’installer dans la ville de Jérusalem, en Palestine ottomane. Il décida de ne s’adresser qu'en hébreu à Deborah qu'il avait épousée la même année. Il interdit que l’on communique avec son fils, Ben Tsion, qui portera plus tard le nom d’Itamar Ben Avi, dans une autre langue. Les maskilim avaient développé une langue littéraire, mais c’est à l’initiative de Ben Yehouda que commença le renouveau de l’hébreu parlé.
60
+
61
+ En 1894, Ben Yehouda entreprit la rédaction d’un Grand Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne réunissant tous les termes hébreux utilisables en hébreu moderne, dictionnaire intitulé à l'origine le Thesaurus Totius Hebraitatis. Pour ce faire, il parcourut des dizaines de milliers d'ouvrages, se fonda sur l’hébreu religieux (biblique ou mishnaïque) et sur le travail de création lexical des premiers maskilim. Ce travail restant insuffisant, Ben Yehouda fut à l’origine de nombreux néologismes comme « restaurant » (מסעדה / mis'ada), « journal » (עיתון / iton) ou encore « montre » (שעון / ša'on). Il est aussi à la base de l’usage de la prononciation séfarade, qu’il considérait être plus fidèle à la prononciation antique, de l’hébreu religieux comme base de la prononciation de l’hébreu moderne.
62
+
63
+ Après 15 ans, le premier volume du Thésaurus de la langue hébraïque ancienne et moderne était publié. Les sixième et septième volumes furent publiés peu avant sa mort, en 1922. Ce n’est qu’en 1959 que la série complète en seize volumes fut achevée par une équipe fidèle à son esprit. Pour chacune de ses entrées, ce Grand Dictionnaire contient une traduction en allemand, en russe, en français et en anglais, ainsi qu'une indication de la racine arabe correspondante[6].
64
+
65
+ La pratique « vulgaire » et quotidienne de la « langue sacrée » (לשון הקודש / Lĕšôn Ha-Qôdeš) suscitera la très ferme hostilité des Juifs les plus religieux. Au cours du XXe siècle, la plupart des haredim (ultra-orthodoxes) se rallieront cependant progressivement à la pratique quotidienne de cette langue « modernisée », tout en conservant l’hébreu religieux pour le culte.
66
+
67
+ Certains groupes haredim actuels, comme la Edah Haredit continuent de refuser l’usage laïque de l’hébreu, le réservant à un usage sacré. Les membres israéliens actuels de la Edah utilisent ainsi toujours le yiddish comme langue parlée.
68
+
69
+ À l’inverse, le mouvement sioniste défendit rapidement l’usage de l’hébreu modernisé des maskilim, plus particulièrement dans la version de Ben Yehouda.
70
+
71
+ Si dans Der Judenstaat, Theodor Herzl ne croit pas à l’hébreu comme langue uniforme de l’État juif, les organisations sionistes qui apparurent entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle s’y rallièrent très rapidement. L’hébreu devint ainsi une des langues officielles de la Palestine mandataire (1922-1948) et d’Israël depuis 1948.
72
+
73
+ La langue est officiellement régie par l'Académie de la langue hébraïque (האקדמיה ללשון העברית / Ha-aqademia La-lašon Ha-ibhrit) née en 1948 et dont l'ancêtre créé en 1890 par Ben Yehouda, s'appelait la Va'ad halashon, la « Commission de la langue hébraïque »[6]. Cependant, les Israéliens ont tendance à ne pas suivre les conseils que donne l'Académie hébraïque; par exemple, les recommandations en matière de prononciation de l'hébreu moderne n'ont pas été toujours suivies, et on retient, par exemple, la prononciation des consonnes gutturales, qui donnent à l'hébreu son caractère plus oriental. Les Israéliens se sont bien éloignés maintenant du modèle oriental initialement proposé. Une des décisions de l'Académie de la langue hébraïque qui a été appliquée fut la prononciation du « sadi » comme le « z » allemand, en raison de la difficulté supposée des populations germanophones de le prononcer autrement, le « sadi » devient alors « tsadi »[réf. souhaitée].
74
+
75
+ Pendant le Moyen Âge, il n'est plus une langue vernaculaire, mais subsistent comme langue d'étude juive, alors que les textes sacrés et les discussions rabiniques sont tous écrits en hébreu. Son utilisation, se réservait aussi à la liturgie juive (langue liturgique ou cultuelle) et au monde de l'écrit à travers les études à la Renaissance ou la correspondance entre lettrés (langue savante) ou dans les documents commerciaux entre Juifs (langue véhiculaire). L'hébreu était la langue d'écriture principale des Juifs, principalement en matière halakhique : rédaction des protocoles des tribunaux , dossiers halakhiques, interprétation des Écritures, et plus encore.
76
+
77
+ Le linguiste Claude Hagège affirme alors que « l'hébreu n'était plus vivant, mais il n'était pas mort »[6]. L'hébreu est la langue de l'étude juive, alors que celle-ci occupait une place centrale dans la vie des communautés juives, en particulier au sein des shtetls.
78
+
79
+ À partir de la fin du XVIIIe siècle , avec la croissance du mouvement éducatif juif en Allemagne et en Europe de l'Est , la langue hébraïque est entrée dans la dynamique moderne. Tout au long du siècle, son utilisation laïque se fait croissante.
80
+
81
+ Avec le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, l'hébreu est utilisé comme langue d' établissement en terre d'Israël. Mais ce n'est qu'avec Eliezer Ben-Yehuda et d'autres linguistes, que la langue est adaptée en langue vernaculaire pour devenir la langue nationale du Yishouv. Les maskilim qui l’ont précédé y ont contribué. Les locuteurs de l’hébreu qui lui ont succédé ont continué de créer des mots. Durant cette renaissance de l'hébreu, il existait deux dialectes juif et samaritain. Le dialecte juif avait trois modes de prononciation principaux : ashkénaze, sépharade, yéménite et irakienne). Ben-Yehuda choisi la prononciation espagnole comme prononciation standard de l'hébreu dans le Yishouv. Cependant, la pratique de la vie linguistique à résulté en un compromis entre les prononciations.
82
+
83
+ Avec le mandat britannique, l'hébreu obtient le statut de langue officielle, aux côtés de l'arabe et de l'anglais.
84
+
85
+ L'hébreu est actuellement parlée par plus de 9 millions de locuteurs[7].
86
+
87
+ L’hébreu s’écrit et se lit de droite à gauche en utilisant un alphabet consonantique (abjad) de 22 lettres.
88
+
89
+ L'écriture actuelle de l’hébreu est l'écriture dite carrée (כתב מרובע / ketab meruba’), que les sages du Talmud appelaient « écriture assyrienne » (כתב אשורי / ketab ašuri).
90
+
91
+ Les sages du Talmud connaissaient deux écritures de l’hébreu : l’écriture dite hébraïque (כתב עברי / ketab 'ibri — maintenant appelée alphabet paléo-hébraïque) et l’écriture assyrienne. D’après un traité talmudique, le peuple d’Israël aurait abandonné aux Samaritains l’écriture hébraïque à l’époque du Talmud et conservé la seule écriture assyrienne : « Israël a choisi l’écriture assyrienne et la langue sacrée et a laissé aux hediotot [Samaritains[8]] l’écriture hébraïque et la langue araméenne ».
92
+
93
+ Ainsi les caractères paléo-hébraïques de l’hébreu samaritain, qui sont encore utilisés par les Samaritains de la petite communauté de Holon et Naplouse, sont les antiques caractères, légèrement modifiés au cours des siècles et abandonnés par les Juifs à l’époque talmudique.
94
+
95
+ Si l’hébreu ancien distingue très clairement les différentes gutturales, l’hébreu contemporain ne le fait guère. De plus, sa syntaxe incline de plus en plus vers des structures indo-européennes. La prononciation de l’hébreu moderne ne distingue plus certains phonèmes notés par des lettres différenciées, telles que « ח » (het) et « כ » (khaf) par exemple, ce qui cause une tendance homophonique et des difficultés d’orthographe. D’autres couples homophoniques figurent dans l’hébreu moderne : « ב » / « ו » (vav / bhet), « ת » / « ט » (tet / tav) et « כ » / « ק » (qof / kaf).
96
+
97
+ À l’origine, la langue hébraïque, comme toutes les autres langues sémitiques utilisant l’alphabet, ne note pas les sons vocaliques.
98
+
99
+ Trois systèmes vocaliques se sont développés : le babylonien, le palestinien et celui dit de Tibériade. Ce n’est qu’au VIIe siècle que les sages (חז"ל / hazal) du judaïsme réunis à Tibériade convinrent d’un système de voyelles basé sur des traits et des points qu’on appelle système vocalique, qui se nomme en hébreu « torat haniqud » (« règles de ponctuation »). On hérite aussi de cette période les signes de cantillation (טעמים / te'amim — le mot טעם / ta’am signifie « goût » en hébreu), la Torah étant chantée depuis ses origines ; elle l’est encore dans le culte juif, grâce à ces signes de cantillation.
100
+
101
+ En hébreu, tout mot peut s’analyser en deux morphèmes : le schème et la racine.
102
+
103
+ Les schèmes nominaux ou verbaux constituent des squelettes dans lesquels sont coulées les racines. Ils sont en nombre limité et associés à des sens ou des usages spécifiques.
104
+
105
+ La racine de chaque mot se dégage naturellement pour le locuteur qui distingue l’ajout d’une consonne préfixale ou suffixale. Une racine est généralement trilitère, mais l’hébreu connaît aussi des racines quadrilitères, voire quinquilitères.
106
+
107
+ C’est ainsi qu'on peut produire un adjectif, une conjugaison, une forme passive, un indicatif etc. à partir de toute racine, même si le mot est d’origine étrangère ou [lazim] לעזי"ם, comme l’écrit Rachi : prenons le mot « téléphone » (טלפון) se prononçant bien entendu « telefon », le verbe « téléphoner » suivant la grammaire hébraïque, se dit « letalpen » (לטלפן) (certains prononcent [letalfεn] par assimilation).
108
+
109
+ Les membres de la famille Kimhi qui ont vécu vers le milieu du Moyen Âge ont passé de nombreuses années à dénombrer et comprendre les schèmes (משקל) et ont posé les bases de la première grammaire hébraïque.
110
+
111
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/251.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,119 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un animal de compagnie est un animal recevant la protection des humains en échange de sa présence, sa beauté, sa jovialité ou encore pour ses talents (oiseaux chanteurs, parleurs…). En raison de leur très longue présence au côté de l'Homme, ces animaux familiers ont souvent fait l'objet d'une domestication à la suite de leur apprivoisement. Ils se distinguent toutefois de l'animal domestique vivant simplement dans le voisinage de la maison, simple commensale de l'homme comme le chien de travail, et par opposition aux dits « animaux de production » utilisés pour leur viande, leur lait ou leurs œufs, telles les vaches ou les poules. Dans les pays occidentaux, les principaux animaux de compagnie sont le chat et le chien qui, avec le furet, sont des animaux classés comme « carnivores domestiques » et donc soumis à une législation particulière.
2
+
3
+ Depuis les années 1980[1], on désigne sous le terme « nouveaux animaux de compagnie » (NAC), des espèces qui sont entrées après les années 1970 dans le cercle des animaux de compagnie. Certains de ces animaux, comme le furet ou le lapin, étaient domestiqués depuis longtemps, mais destinés à un autre usage. D'autres sont des animaux exotiques, légalement considérés comme animaux domestiques uniquement dans leur pays d'origine, tandis qu'ailleurs ce sont des individus sauvages qu'il est possible de garder en captivité sous certaines conditions. Depuis le début des années 2000, des animaux de compagnie génétiquement modifiés comme le GloFish font également leur apparition.
4
+
5
+ La réglementation diffère d'un pays à l'autre, notamment pour les conditions d'acquisition, de détention, d'importation et d'exportation.
6
+
7
+ Le premier animal de compagnie, le chien, est issu de la domestication du loup. Les chasseurs-cueilleurs ramenant chez eux des louveteaux qu'ils n'ont pas tués le confient probablement à leurs femmes qui les élèvent. D'après le biologiste Ray Coppinger, ce serait peut-être même les loups les plus enhardis qui profitèrent de nos restes, devenant ainsi par la suite de plus dociles compagnons. La mode des animaux de compagnie se développe par la suite dans un contexte colonial (civilisation gréco-romaine, mise en place des empires coloniaux), les colons rapportant des pays conquis des animaux exotiques (singes, perroquets, poissons rouges…) ou de races peu connues en Europe (chats, chiens…)[2].
8
+
9
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris (qui finit à son tour animal de compagnie) en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi, en partie, son rôle utilitaire de prédateur pour plus devenir progressivement un animal de compagnie en Europe[3]. Sous Louis XV, se développe la mode du « chien de manchon », chien d'une fort petite espèce que les dames portent dans leur manchon, et des « animaux de tendresse »[4].
10
+
11
+ Au XIXe siècle, l'animal de compagnie du pauvre est le canari, car il exige peu de nourriture[2].
12
+
13
+ Chez les peuples chasseurs-cueilleurs d'Amazonie, il est fréquent de recueillir de jeunes animaux, tels que le pécari, le cabiai ou l'agouti. Une fois apprivoisés, ils vivent en liberté dans la maison et sont les compagnons de jeu des enfants[5].
14
+
15
+ Dans les sociétés occidentales, les animaux de compagnie sont devenus un véritable phénomène de société, avec le chien et le chat tenant le rôle d'excellence.
16
+
17
+ En 2006, la proportion de foyers possédant un animal familier était de[6] :
18
+
19
+ En 2010, en France, un sondage révèle que 48,7 % des foyers posséderaient au moins un animal de compagnie[8], chiffre en constante baisse comparé à 2006. Soit 59 millions d’animaux familiers en 2010. Si le nombre de chiens (7,59 millions, -2,86 % depuis 2008), petits mammifères (3 millions, -7 % depuis 2008) et poissons (31,58 millions, -13 % depuis 2008) est en baisse, en revanche le nombre de chats (10,96 millions, +2,6 % depuis 2008) et d'oiseaux (6,04 millions, soit 70,6 % de plus qu'en 2008) augmente[8].
20
+
21
+ Le nombre d'oiseaux a retrouvé son niveau d'avant la crise de la grippe aviaire de 2004 qui avait imposé des contraintes d'isolation aux oiseaux de volière, ceux-ci ayant la faveur au détriment de l'oiseau unique en cage. À l'inverse, le poisson rouge unique dans son bocal progresse de 2,8 % entre 2008 et 2010 au détriment de l'aquarium collectif, malgré les campagnes de sensibilisation[8],[9].
22
+
23
+ L'animal de compagnie est un objet d'attachement dont la présence est rassurante. Il rompt la solitude et l'isolement social. C'est une aide précieuse pour certaines catégories sociales, notamment les personnes âgées et les enfants.[réf. nécessaire]
24
+
25
+ En France, en 2010, chiens et chats sont adoptés principalement par des familles de taille moyenne vivant en zone rurale dans une maison avec jardin. Les Français ont moins de chiens, notamment les retraités, car ils désirent désormais pouvoir voyager sans contrainte ou estiment ne pas remplir les conditions pour s'en occuper correctement[8].
26
+
27
+ En 2011, la France regroupe la plus grande population d'animaux de compagnie de l'Union européenne, avec 61,6 millions d'animaux[10].
28
+
29
+ En 2012, en France, on estime que deux foyers sur trois possèdent un animal de compagnie[11].
30
+
31
+ Cette liste est loin d'être exhaustive, car l'acquisition, l'importation et la détention des différentes espèces sont soumises aux réglementations internationales et locales. Elle varie aussi selon les époques et les modes.
32
+
33
+ Par exemple, le perroquet jaco est quasiment menacé à l'état sauvage à cause des importations excessives et du déboisement ; le furet est totalement interdit en Nouvelle-Zélande, où il constitue une espèce invasive ; on ne peut pas maintenir un hérisson commun en captivité en Europe, alors que c'est un animal de compagnie prisé en Amérique ; il faut obtenir un certificat de capacité pour élever un chien de prairie en France ; le poisson rouge en bocal est interdit à Rome[12], l'écureuil de Corée (Tamias sibiricus), est interdit en Europe depuis 2016 car c'est un vecteur de maladie s'il est relâché dans la nature[13]. etc.
34
+
35
+ Voir Catégorie : Oiseau de compagnie
36
+
37
+ Le marché des animaux de compagnie se développe rapidement et touche divers aspects :
38
+
39
+ En 2013, la valeur marché mondial des animaux de compagnie est estimée à 53 milliards d'euros[16].
40
+
41
+ Au Japon, en 2011, le marché des animaux de compagnie est le deuxième au monde après les États-Unis, dont un tiers consacré à l'alimentation. Il est estimé à environ 10 milliards d’euros (1 137 milliards de yens), soit 170 euros (19 000 yens) par foyer japonais et par an. C'est un marché en pleine expansion depuis 2002 pour répondre aux besoins des 29 millions d'animaux de compagnie, nombre qui devrait encore s'accroître avec une préférence pour les petits chiens mais aussi d'autres animaux comme les insectes dont 600 000 individus sont importés par an. Assurances, aliments diététiques, produits de soins et de toilettage connaissent par conséquent un véritable boom[17].
42
+
43
+ En France, en 2009, le marché des animaux de compagnie était estimé à 3,5 milliards d'euros par an. En 2010 les français ont dépensé en moyenne 800 € pour leurs chiens et 600 € pour leurs chats et ils ont acheté sur Internet 2,1 % de l'alimentation animale et 5,9 % des accessoires[18]. En 2016, seulement 6 % des animaux de compagnie sont assurés en France[19] (contre 80 % dans d'autres pays européens), majoritairement les chiens et les chats. En 2014, le coût d'une mutuelle « basique » pour animaux est d'environ 15,80 euros pour un chien et d'environ 11,90 euros pour un chat[20][pertinence contestée].
44
+
45
+ Ce commerce engendre en outre un des plus importants en volume fiduciaire trafic illégal[réf. nécessaire].
46
+
47
+ Les animaux de compagnie peuvent être porteurs de parasites ou infecter d'autres espèces animales voire l'homme (zoonose). Leur détention ou leur passage aux frontières sont très souvent réglementés et des documents officiels avec des certificats vétérinaires peuvent être réclamés au propriétaire par les autorités des pays concernés[21].
48
+
49
+ Une identification des animaux est souvent requise, par baguage, puce électronique sous-cutanée, boucle[22], etc.
50
+
51
+ En France, il faut un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques.
52
+
53
+ Certains spécialistes comme les médecins allergologues de l'ARCAA rappellent que les animaux de compagnie peuvent être impliqués dans les allergies des patients[23]. Par exemple, les urines ou la salive du chat peuvent contenir des allergènes qui entraînent des crises d'Asthme. On parle d'effet cocktail[24] quand un environnement chargé en COV associé aux allergènes de l'animal amplifie le risque de réaction allergique. Pour faire face à ces risques, il convient donc de minimiser les polluants intérieurs si on a un animal chez soi[25]. [pertinence contestée]
54
+
55
+ Les animaux vivants sont susceptibles d'agression, de véhiculer des maladies graves (rage ou la grippe aviaire) ou bien encore de ne pas respecter la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. La réglementation de leurs déplacements diffère selon les pays et il convient de se renseigner auprès des ambassades ou des services de douane[26].
56
+
57
+ En règle générale, pour voyager avec un animal de compagnie, il est prudent de s'assurer qu'il appartient à une espèce ou une race autorisée dans le pays de destination et de retour, être en possession de documents officiels valides attestant sa bonne santé au cours des mois précédents, voire de son identité et sa propriété. Les conditions de contention durant le transport sont également réglementées.
58
+
59
+ Sur le territoire français, sur la voie publique, les races de chiens présumés dangereux (1re et 2e catégories) doivent être tenus en laisse par une personne majeure et être muselés. Ils n’ont pas accès aux transports en commun et aux lieux publics[26]. Les petits animaux (dans un sac ou une cage) ou les chiens guides d'aveugles ont accès aux transports et lieux publics selon certaines conditions[27].
60
+
61
+ En Europe, depuis le 1er octobre 2004, les carnivores domestiques (chiens, chats, furets…) doivent être munis d'un passeport pour pouvoir circuler à l'intérieur de l'Union européenne. Ce document est délivré par un vétérinaire habilité et nécessite, depuis 2011, que l'animal soit identifié par une puce électronique sous-cutanée[28]. Les animaux doivent être vaccinés contre la rage. Certains pays (le Royaume-Uni, l'Irlande, la Suède) exigent en outre que leur niveau de protection contre la rage soit évalué par un test sérologique, de façon à vérifier l'efficacité réelle de la vaccination. Le défaut de passeport peut entraîner selon le cas le retour de l'animal aux frais du propriétaire, la mise en quarantaine, voire l'euthanasie. Hors de l'Union européenne, selon les pays de provenance ou de destination, un titrage sérique des anticorps antirabiques qui doit être fait au moins 3 mois avant le voyage[26].
62
+
63
+ En France, par exemple, seules certaines espèces sont considérées comme des animaux domestiques en droit français, et donc susceptibles d'accompagner un voyageur en bénéficiant d'une certaine tolérance[29], mais au-delà d'un nombre supérieur à 5 spécimens le service des douanes considère qu'il s'agit d'un mouvement à caractère commercial. Il faut aussi noter que l'importation de certains chiens d'attaque est interdite (Staffordshire bull terrier, american Staffordshire terrier, mastiff ou boerbull, tosa, molosses de type dogue correspondant à la description donnée en annexe de l'arrêté du 27 avril 1999) ainsi que l'introduction de carnivores domestiques de moins de 3 mois, pas encore vaccinés contre la rage. Pour tous les animaux, le passage préalable chez un vétérinaire pour obtenir une attestation de bonne santé est indispensable pour éviter la propagation des maladies et des parasites[26].
64
+
65
+ Si l'animal de compagnie est un objet d'attachement, il reste un être qu'on abandonne trop facilement ou, pire, que l'on maltraite. Ce phénomène a entraîné en réaction des actions pour la protection des animaux.
66
+
67
+ Citons parmi les lois concernant les animaux de compagnie :
68
+
69
+ La première loi en faveur de la protection des animaux, la loi Grammont de 1850, prévoit une amende et même plusieurs jours de prison pour ceux qui maltraitent leurs animaux[30]. La Société protectrice des animaux (SPA), fut reconnue d'utilité publique en 1860 par Napoléon III.
70
+
71
+ En 1976, l'animal acquiert un statut d'être sensible et doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce[30]. En 1978 est proclamée la Déclaration universelle des droits de l’animal à Paris, au siège de l’UNESCO[30].
72
+
73
+ Depuis 1977, il faut un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques[31]. Il existe 3 sortes de capacités non domestiques : élevage, vente/détention/transit, et présentation au public. La détention pour le plaisir de certaines espèces non domestiques est tolérée dans le cadre d'un élevage d'agrément, pour un nombre limité d'individus, s'il s'agit d'espèces ni dangereuses, ni protégées ou réglementées[32].
74
+
75
+ Le 13 novembre 1987, les États membres du Conseil de l'Europe signent, à Strasbourg, la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie. En 1989, la « loi Nallet » (du nom du ministre français de l'Agriculture) double le temps de garde avant euthanasie animale des animaux trouvés (on passe de 4 jours à 8 jours)[30].
76
+
77
+ En 1999 est promulguée la loi relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux : les animaux errants sont moins maltraités, les conditions de vente et de détention sont plus réglementées, la cruauté est davantage punie et l'animal est distingué de l'objet au regard de la loi[30].
78
+
79
+ Depuis octobre 2000 l'exercice des activités liées aux animaux de compagnie nécessite aussi l'obtention par les personnes d'un certificat de capacité pour les animaux domestiques (CCAD)[33].
80
+
81
+ En France, 100 000 animaux sont abandonnés chaque année, majoritairement durant l'été[34].
82
+
83
+ La loi fédérale du 4 octobre 2002 introduit un nouvel article 641a au Code civil, qui met fin au statut selon lequel les animaux sont des choses[35].
84
+
85
+ Voir aussi la Loi fédérale sur la protection des animaux (LPA) du 16 décembre 2005[36]
86
+
87
+
88
+
89
+ Un chien affublé d’un manteau qu’on appelle « mon bébé », « mon fils », « ma fille », « ma fifille », pour qui l’on crée un profil sur les réseaux sociaux d’internet, voilà un schéma qui n'étonne pas dans la société occidentale.
90
+
91
+ Gilles Deleuze, dans son Abécédaire, distingue deux gammes de rapports avec les animaux : les rapports humains et les rapports animaux. Avec l’animal de compagnie l'homme entretient un rapport humain, il projette sa condition sur son compagnon. Au contraire le chasseur ou l'éthologue entretient un rapport animal, il incorpore la condition de l’animal pour mieux approcher le sauvage. L’animal de compagnie est un être sujet contrairement à l’animal d'élevage (ou militaire, de laboratoire) qui est considéré un animal-machine ou animal-objet.
92
+
93
+ Le premier rapport de l’homme à l’animal est celui de la catégorisation. On détermine le bon soin à porter à l’animal de compagnie en invoquant les arguments de la biologie et de sa nature. Sa nature réifiée dans une catégorie biologique, devient une norme à défendre. Ce rapport est signe d’une domination humaine sur l’animal, en tant qu’être humain je sais ce qu’il y a de mieux pour l’Autre.
94
+
95
+ L'anthropomorphisme, au contraire, consiste à nier l’animalité. On attribue à l’animal de compagnie une conscience et des désirs humains. Par exemple avec les produits d’alimentation qui prennent une forme appétente pour les humains, des accessoires qui s’accordent avec l’habillement et les modes humaines.
96
+
97
+ Le syndrome de Noé (animal hoarding en anglais, est une maladie mentale qui consiste à posséder trop d'animaux de compagnie pour s'en occuper correctement.
98
+
99
+ Sujet qui fait débat, les droits concernant les animaux sont inscrits à la fois dans le Code civil, Code pénal et Code rural. Le statut particulier de l'animal de compagnie oppose radicalement son traitement à celui des animaux d’élevages ou sauvages. Dans le Code civil les lois protègent les animaux domestiques qui sont soumis au régime des biens[37]. Dans le Code rural, l'animal est un être sensible qui doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce[38]. Selon le Code rural, dans le droit relatif aux animaux de compagnie, on entend par animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l'homme pour son agrément[39]. Le Code pénal sanctionne les sévices graves ou de nature sexuelle ainsi que tout acte de cruauté sur les animaux domestiques ou apprivoisés ou tenus en captivité[40].
100
+
101
+ Il existe une convention européenne pour la protection des animaux de compagnie[41].
102
+
103
+ L'abattage de 50 000 chiens en réponse à une épidémie de rage, dans la province chinoise du Yunnan, en juillet 2006, suscite une controverse[42].
104
+
105
+ Certains penseurs défendent l'idée qu'il serait nécessaire de créer un droit des animaux.
106
+
107
+ Contrairement aux animaux d’élevage, la norme pour les animaux de compagnie n'est pas l'équarrissage. L’homme a créé différentes pratiques de traitement du corps des animaux de compagnie. Lorsqu'un animal de compagnie meurt l’incinération par le vétérinaire est la voie la plus courante.
108
+
109
+ On peut laisser la dépouille d’un animal chez un vétérinaire pour une incinération collective, coût entre 15 et 120€ selon le poids de l'animal. L'incinération individuelle doit être effectuée par une société d’incinération. Le coût pour l'enterrement dans un cimetière pour animaux en France comprend le prix du cercueil, de l'inhumation, du caveau et de la redevance annuelle, il s’élève souvent à plusieurs centaines voire milliers d'euros.
110
+
111
+ Selon l’article L.226-3 du Code rural il est interdit de déposer le corps d’un animal sur la voie publique ou de le jeter dans les ordures ménagères, ni de le jeter dans les égouts ou dans tout type de plan d'eau. Selon article R. 63-1 du Code pénal, l'amende s'élève à 150€ pour ceux qui ne suivent pas la loi. Il est légal d'enterrer un animal dans un espace privé si l'on suit les règles données par le Code rural.
112
+
113
+ Il existe une quarantaine de cimetières animaliers en France. Le plus connu et le plus ancien est le cimetière d’Asnières. Cette pratique est un bon exemple d'anthropomorphisme : cela permet à l’homme d’offrir à son chien, son chat, ou son lapin un hommage mimétique de la pratique pour les humains. Les pierres tombales, les épitaphes sont des imitations des cimetières humains. La cérémonie de mise en bière, les visites du lieu et les bouquets de fleurs posées sur les petites tombes des animaux sont des actions inspirées des pratiques d’enterrements humains.
114
+
115
+ Espaces sur internet, sites internet, qui permettent aux propriétaires d'animaux de compagnie d’honorer la mémoire de leurs animaux décédés. Cette alternative au cimetière physique est la plupart du temps gratuite. Ils permettent aux propriétaires de visiter une tombe « virtuelle » de leur animal de compagnie, de publier des commentaires, des photos, de converser avec d'autres individus.
116
+
117
+ La présence des animaux de compagnie est importante sur les réseaux sociaux de l’internet. Il existe des groupes sur Facebook dédiés aux races de chiens, des profils Instagram (réseau de partage de photographies et images) qui présentent des animaux personnifiés, auxquels on prête souvent une voix et des comptes Twitter qui sont tenus de manière d'un jeu de rôle par le propriétaires, donnant l'illusion d'une communauté d’animaux discutant des humains entre eux. Ces réseaux permettent aux usagers de diffuser de l’information à propos des animaux de compagnie, mais aussi d'utiliser à des fins promotionnelles l'image de leur compagnon, souvent des chats[43], dont les représentations diffusées deviennent iconiques, comme Grumpy Cat ou Choupette.
118
+
119
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2510.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,111 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ L’hébreu (en hébreu moderne : עִבְרִית / ivrit /ivˈʁit/ ou /ʕivˈɾit/, et en hébreu ancien : לשון הקודש lašon ha-qodeš « langue sacrée ») est une langue chamito-sémitique appartenant à la branche centre-nord de la famille des langues sémitiques du groupe canaanéen. Elle est étroitement apparentée au phénicien et aux langues araméennes ainsi qu'à l'arabe.
4
+
5
+ L'hébreu classique est la langue rituelle et liturgique de la religion juive, tandis que l'hébreu moderne compte plus de 9 millions de locuteurs en Israël[1] et 1 million dans le reste du monde[2]. L’hébreu est la langue officielle de l’État d’Israël.
6
+
7
+ De l’écriture égyptienne en hiéroglyphes dériva hypothétiquement l’écriture protosinaïtique, suivie de l’écriture protocananéenne. Cette écriture évolua ensuite en écriture phénicienne considérée comme la mère des écritures grecque, paléo-hébraïque, samaritaine et araméenne.
8
+
9
+ Les lettres d’Amarna ou de Tel-Amarna sont une correspondance diplomatique égyptienne du XIVe siècle avant notre ère. Certaines lettres viennent de Canaan. Elles sont rédigées en akkadien, la langue diplomatique de l’époque. Toutefois, elles comprennent bien des mots et d'expressions de la ou des langues ouest-sémitiques parlées en Canaan. On y retrouve des parallèles linguistiques frappants avec l’hébreu de la Torah, ce qui indique que des formes dialectales de proto-hébreu étaient parlées en Canaan avant l'installation des Hébreux eux-mêmes (les lettres ne font pas mention des Hébreux, sauf peut-être sous la forme des Apirou, population mal identifiée, dont le nom a un rapport possible avec « Hébreux »).
10
+
11
+ Cependant, au-delà de ces indices linguistiques, la forme de ce ou de ces proto-hébreu(x) reste imprécise. On peut cependant remarquer que les anciens dialectes phéniciens (Liban actuel) connus sont très similaires à l’hébreu ancien, à tel point qu’on peut parler de formes géographiques d’une même langue, qui semble donc avoir été parlée (avec des variantes régionales) sur la côte syro-palestinienne. L’hébreu biblique provient donc d’une (voire plusieurs) de ces variantes géographiques dialectales.
12
+
13
+ En juillet 2008, est découvert dans une strate datée entre -1050 et -970 : l'Ostracon de Khirbet Qeiyafa, qui pourrait être la plus ancienne trace écrite de l'hébreu sur le site de Khirbet Qeiyafa, une petite localité de l’Âge du Fer II A.
14
+
15
+ L'hébreu est la langue de la Bible hébraïque (תַּנַ"ךְ / tanakh) et de la Mishnah ; celle de la plupart des livres apocryphes (ספרים חיצוניים / sefarim hiśoniyim) est l'araméen. Les manuscrits de Qumran (ספרים גנוזות / sefarim genuzot) découverts dans des grottes situées au nord de la mer Morte entre 1947 et 1956, sont eux aussi principalement écrits en hébreu. En dehors des copies de livres bibliques, seulement un manuscrit sur six était rédigé en araméen (quelques manuscrits étant aussi composés en grec).
16
+
17
+ Dans la Bible, notamment dans le premier livre, la Genèse (בְּרֵאשִׁית / Berešit), au chapitre 14, verset 13, on trouve אברם העברי / Abram ha-’ibri, il s’agit « d’Abram l’Hébreu » avant qu’il ne devienne Abraham (אַבְרָהָם / Abraham), mais le texte ne fait aucune mention de la langue parlée par celui-ci et ses descendants. Il est généralement admis que le terme « hébreu » viendrait de l’expression « מעבר לנהר / me-’eber la-nahar » (de l’autre côté du fleuve), qui désigne l’origine d’Abraham.
18
+
19
+ Le texte de la Bible hébraïque en usage dans les éditions imprimées ou dans les rouleaux de la Torah à la synagogue est appelé texte « massorétique » (מסורת / massoret, signifiant « transmission »). Sa rédaction est le fruit d’un travail de plusieurs siècles, depuis l’époque des rois (VIIIe siècle av. J.-C.) jusqu'à celle des Maccabées (livre de Daniel, 167 avant l’ère chrétienne), dont il est difficile d’établir les différentes étapes.
20
+
21
+ L'hébreu biblique est une langue religieuse, sans doute différente de la langue parlée par la population. On y retrouve en effet essentiellement des termes pouvant être utilisés dans un contexte religieux. On a ainsi remarqué une certaine pauvreté de la langue biblique : la Bible ne comporte pas plus de 8 000 mots, dont 2 000 seraient des hapax (des termes n'apparaissant qu'une seule fois), et ces mots sont construits sur seulement 500 racines hébraïques[réf. nécessaire]. À titre de comparaison, à la même époque, le lexique grec comporte 120 000 mots[3]. Un vocabulaire populaire plus diversifié, maintenant disparu, a dû exister à côté de la langue formaliste et spécialisée de la Bible.
22
+
23
+ Cette forme de l'hébreu correspond à une période de l'histoire de la langue hébraïque (Ier – VIe siècle) qui correspond à peu près à la période du Talmud (IIe - Ve siècle), et celui-ci en est donc un témoignage. Elle est appelée aussi hébreu rabbinique ou langue des Sages.
24
+
25
+ C'était une langue vivante utilisée dans la vie courante autant que dans la littérature, comme attestent des documents épigraphiques et des manuscrits retrouvés par les archéologues en Israël et réunis dans une banque de données israélienne[4]. Elle a commencé à être étudiée linguistiquement par Abraham Geiger en 1845.
26
+
27
+ L’hébreu mishnaïque contient certaines innovations par rapport à l’hébreu de la Bible auquel il est postérieur de plusieurs siècles. Ces innovations portent en particulier sur les domaines de la syntaxe et du vocabulaire. Dans ce dernier domaine, on constate des emprunts aux langues politiquement et/ou culturellement dominantes de l’époque : araméen, grec, latin et persan.
28
+
29
+ À partir du Xe siècle, c'est en dehors de la Palestine, au milieu des diverses communautés juives de la diaspora (גלות / galout) que l’hébreu survit, jusqu’à sa remarquable renaissance en Israël au XXe siècle à la suite des efforts d'Éliézer Ben-Yehoudah.
30
+
31
+ Dans la vie quotidienne, les juifs parlaient la langue du pays dans lequel ils vivaient, réservant la langue hébraïque au domaine culturel. C’est en effet dans cette langue que les juifs de la diaspora priaient trois fois par jour, qu’ils lisaient la Torah et en étudiaient les commentaires. C’est également en hébreu que des sages (חכמים / hakhamim) des différents pays correspondaient. La production hébraïque dans des domaines cultuels, culturels et professionnels montrent la dynamique de la langue hébraïque sur la longue durée historique.
32
+
33
+ L’hébreu a connu au XXe siècle une renaissance moderne sous l’impulsion d'Eliézer Ben Yehoudah (1858-1922).
34
+
35
+ Le travail de Ben Yehoudah trouve son origine dans la période dite de la Haskalah (השכלה).
36
+
37
+ La Haskalah est un mouvement philosophique, influencé par le siècle des Lumières, qui est lancé à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne par Moses Mendelssohn (1729-1786). Il entend mieux intégrer les Juifs dans leur environnement non juif par la pratique d’une éducation « moderne », l’implication dans les débats philosophiques ou scientifiques, et l’intégration aux circuits économiques de l’époque.
38
+
39
+ Une partie du mouvement s’est aussi attachée à une renaissance de l’usage de la langue hébraïque. Celle-ci était devenue exclusivement une langue religieuse utilisée pour le culte. Les partisans de la Haskalah, les maskilim (משכילים), du moins ceux intéressés par cette question, souhaitaient développer un usage laïque de la langue et en répandre l’usage dans les populations juives.
40
+
41
+ En 1793, le premier périodique en langue hébraïque est publié par des maskilim de la ville prussienne de Koenigsberg : המאסף / Hameasef (« le Collectionneur »). Une part importante du journal est consacrée aux traductions, à la philologie, à la création littéraire de type moderne et aux actualités.
42
+
43
+ Dès 1853, Avraham Mapou, le père du roman hébreu, publie un « roman biblique » qui connaîtra un grand succès auprès des lecteurs : L’Amour de Sion[5].
44
+
45
+ Shalom Abramovitch, plus connu sous le nom de Mendele Moich Sforim (Mendele le vendeur de livres), inventa, après un détour via le yiddish, une nouvelle prose hébraïque, mélange d’hébreu biblique et rabbinique.
46
+
47
+ La Haskalah se développe progressivement dans l'Empire austro-hongrois et dans l'Empire russe, où elle se heurte à l'hostilité de milieux plus traditionalistes, moins exposés à l’assimilation qu'en Allemagne.
48
+
49
+ C’est en Europe centrale et orientale que se développe la presse hébraïque : plusieurs journaux naissent à Vienne, en Galicie (חלוץ / halouts, השחר / hašahar) ou dans l’Empire russe (המגיד / hamagid, המליץ / hamelits). Ces derniers jouèrent un rôle clé dans la diffusion des idées « modernisatrices », des œuvres littéraires et de l’usage laïque de l’hébreu propre aux maskilim.
50
+
51
+ Ces derniers furent très tôt confrontés à la relative pauvreté (8 000 mots et 500 racines) de la langue hébraïque, en particulier pour évoquer le monde moderne. Le problème avait deux origines. D’une part, l’hébreu était une langue datant de l’Antiquité, et d’autre part, il s’agissait d’une langue formaliste spécialisée dans le domaine religieux et qui n’était quasiment plus usitée en dehors du domaine religieux.
52
+
53
+ Certains auteurs, comme Mendele Moich Sforim, commencèrent donc un travail de création lexicale, inventant de nouveaux mots sur la base de racines hébraïques et arabes.
54
+
55
+ Les maskilim parvinrent ainsi à faire éclore l’usage littéraire de la langue hébraïque, partiellement modernisée.
56
+
57
+ C’est en 1858 que naquit dans une bourgade lituanienne Eliézer Perlman. De son maître à la yeshiva (école talmudique), il apprit la grammaire hébraïque et lut en cachette, comme d’autres étudiants, le roman d’Avraham Mapou, L’Amour de Sion. Il poursuivit des études de médecine à Paris où il eut l’occasion de parler hébreu et conçut le projet de faire revivre l’usage de cette langue. En 1878, il écrivit un article dans ha-šahar dans lequel il exhorte aux Juifs de parler l’hébreu.
58
+
59
+ Sympathisant du premier groupe sioniste, les Amants de Sion, Eliézer Perlman choisit en 1881 le patronyme d’Eliézer Ben Yehouda et partit s’installer dans la ville de Jérusalem, en Palestine ottomane. Il décida de ne s’adresser qu'en hébreu à Deborah qu'il avait épousée la même année. Il interdit que l’on communique avec son fils, Ben Tsion, qui portera plus tard le nom d’Itamar Ben Avi, dans une autre langue. Les maskilim avaient développé une langue littéraire, mais c’est à l’initiative de Ben Yehouda que commença le renouveau de l’hébreu parlé.
60
+
61
+ En 1894, Ben Yehouda entreprit la rédaction d’un Grand Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne réunissant tous les termes hébreux utilisables en hébreu moderne, dictionnaire intitulé à l'origine le Thesaurus Totius Hebraitatis. Pour ce faire, il parcourut des dizaines de milliers d'ouvrages, se fonda sur l’hébreu religieux (biblique ou mishnaïque) et sur le travail de création lexical des premiers maskilim. Ce travail restant insuffisant, Ben Yehouda fut à l’origine de nombreux néologismes comme « restaurant » (מסעדה / mis'ada), « journal » (עיתון / iton) ou encore « montre » (שעון / ša'on). Il est aussi à la base de l’usage de la prononciation séfarade, qu’il considérait être plus fidèle à la prononciation antique, de l’hébreu religieux comme base de la prononciation de l’hébreu moderne.
62
+
63
+ Après 15 ans, le premier volume du Thésaurus de la langue hébraïque ancienne et moderne était publié. Les sixième et septième volumes furent publiés peu avant sa mort, en 1922. Ce n’est qu’en 1959 que la série complète en seize volumes fut achevée par une équipe fidèle à son esprit. Pour chacune de ses entrées, ce Grand Dictionnaire contient une traduction en allemand, en russe, en français et en anglais, ainsi qu'une indication de la racine arabe correspondante[6].
64
+
65
+ La pratique « vulgaire » et quotidienne de la « langue sacrée » (לשון הקודש / Lĕšôn Ha-Qôdeš) suscitera la très ferme hostilité des Juifs les plus religieux. Au cours du XXe siècle, la plupart des haredim (ultra-orthodoxes) se rallieront cependant progressivement à la pratique quotidienne de cette langue « modernisée », tout en conservant l’hébreu religieux pour le culte.
66
+
67
+ Certains groupes haredim actuels, comme la Edah Haredit continuent de refuser l’usage laïque de l’hébreu, le réservant à un usage sacré. Les membres israéliens actuels de la Edah utilisent ainsi toujours le yiddish comme langue parlée.
68
+
69
+ À l’inverse, le mouvement sioniste défendit rapidement l’usage de l’hébreu modernisé des maskilim, plus particulièrement dans la version de Ben Yehouda.
70
+
71
+ Si dans Der Judenstaat, Theodor Herzl ne croit pas à l’hébreu comme langue uniforme de l’État juif, les organisations sionistes qui apparurent entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle s’y rallièrent très rapidement. L’hébreu devint ainsi une des langues officielles de la Palestine mandataire (1922-1948) et d’Israël depuis 1948.
72
+
73
+ La langue est officiellement régie par l'Académie de la langue hébraïque (האקדמיה ללשון העברית / Ha-aqademia La-lašon Ha-ibhrit) née en 1948 et dont l'ancêtre créé en 1890 par Ben Yehouda, s'appelait la Va'ad halashon, la « Commission de la langue hébraïque »[6]. Cependant, les Israéliens ont tendance à ne pas suivre les conseils que donne l'Académie hébraïque; par exemple, les recommandations en matière de prononciation de l'hébreu moderne n'ont pas été toujours suivies, et on retient, par exemple, la prononciation des consonnes gutturales, qui donnent à l'hébreu son caractère plus oriental. Les Israéliens se sont bien éloignés maintenant du modèle oriental initialement proposé. Une des décisions de l'Académie de la langue hébraïque qui a été appliquée fut la prononciation du « sadi » comme le « z » allemand, en raison de la difficulté supposée des populations germanophones de le prononcer autrement, le « sadi » devient alors « tsadi »[réf. souhaitée].
74
+
75
+ Pendant le Moyen Âge, il n'est plus une langue vernaculaire, mais subsistent comme langue d'étude juive, alors que les textes sacrés et les discussions rabiniques sont tous écrits en hébreu. Son utilisation, se réservait aussi à la liturgie juive (langue liturgique ou cultuelle) et au monde de l'écrit à travers les études à la Renaissance ou la correspondance entre lettrés (langue savante) ou dans les documents commerciaux entre Juifs (langue véhiculaire). L'hébreu était la langue d'écriture principale des Juifs, principalement en matière halakhique : rédaction des protocoles des tribunaux , dossiers halakhiques, interprétation des Écritures, et plus encore.
76
+
77
+ Le linguiste Claude Hagège affirme alors que « l'hébreu n'était plus vivant, mais il n'était pas mort »[6]. L'hébreu est la langue de l'étude juive, alors que celle-ci occupait une place centrale dans la vie des communautés juives, en particulier au sein des shtetls.
78
+
79
+ À partir de la fin du XVIIIe siècle , avec la croissance du mouvement éducatif juif en Allemagne et en Europe de l'Est , la langue hébraïque est entrée dans la dynamique moderne. Tout au long du siècle, son utilisation laïque se fait croissante.
80
+
81
+ Avec le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, l'hébreu est utilisé comme langue d' établissement en terre d'Israël. Mais ce n'est qu'avec Eliezer Ben-Yehuda et d'autres linguistes, que la langue est adaptée en langue vernaculaire pour devenir la langue nationale du Yishouv. Les maskilim qui l’ont précédé y ont contribué. Les locuteurs de l’hébreu qui lui ont succédé ont continué de créer des mots. Durant cette renaissance de l'hébreu, il existait deux dialectes juif et samaritain. Le dialecte juif avait trois modes de prononciation principaux : ashkénaze, sépharade, yéménite et irakienne). Ben-Yehuda choisi la prononciation espagnole comme prononciation standard de l'hébreu dans le Yishouv. Cependant, la pratique de la vie linguistique à résulté en un compromis entre les prononciations.
82
+
83
+ Avec le mandat britannique, l'hébreu obtient le statut de langue officielle, aux côtés de l'arabe et de l'anglais.
84
+
85
+ L'hébreu est actuellement parlée par plus de 9 millions de locuteurs[7].
86
+
87
+ L’hébreu s’écrit et se lit de droite à gauche en utilisant un alphabet consonantique (abjad) de 22 lettres.
88
+
89
+ L'écriture actuelle de l’hébreu est l'écriture dite carrée (כתב מרובע / ketab meruba’), que les sages du Talmud appelaient « écriture assyrienne » (כתב אשורי / ketab ašuri).
90
+
91
+ Les sages du Talmud connaissaient deux écritures de l’hébreu : l’écriture dite hébraïque (כתב עברי / ketab 'ibri — maintenant appelée alphabet paléo-hébraïque) et l’écriture assyrienne. D’après un traité talmudique, le peuple d’Israël aurait abandonné aux Samaritains l’écriture hébraïque à l’époque du Talmud et conservé la seule écriture assyrienne : « Israël a choisi l’écriture assyrienne et la langue sacrée et a laissé aux hediotot [Samaritains[8]] l’écriture hébraïque et la langue araméenne ».
92
+
93
+ Ainsi les caractères paléo-hébraïques de l’hébreu samaritain, qui sont encore utilisés par les Samaritains de la petite communauté de Holon et Naplouse, sont les antiques caractères, légèrement modifiés au cours des siècles et abandonnés par les Juifs à l’époque talmudique.
94
+
95
+ Si l’hébreu ancien distingue très clairement les différentes gutturales, l’hébreu contemporain ne le fait guère. De plus, sa syntaxe incline de plus en plus vers des structures indo-européennes. La prononciation de l’hébreu moderne ne distingue plus certains phonèmes notés par des lettres différenciées, telles que « ח » (het) et « כ » (khaf) par exemple, ce qui cause une tendance homophonique et des difficultés d’orthographe. D’autres couples homophoniques figurent dans l’hébreu moderne : « ב » / « ו » (vav / bhet), « ת » / « ט » (tet / tav) et « כ » / « ק » (qof / kaf).
96
+
97
+ À l’origine, la langue hébraïque, comme toutes les autres langues sémitiques utilisant l’alphabet, ne note pas les sons vocaliques.
98
+
99
+ Trois systèmes vocaliques se sont développés : le babylonien, le palestinien et celui dit de Tibériade. Ce n’est qu’au VIIe siècle que les sages (חז"ל / hazal) du judaïsme réunis à Tibériade convinrent d’un système de voyelles basé sur des traits et des points qu’on appelle système vocalique, qui se nomme en hébreu « torat haniqud » (« règles de ponctuation »). On hérite aussi de cette période les signes de cantillation (טעמים / te'amim — le mot טעם / ta’am signifie « goût » en hébreu), la Torah étant chantée depuis ses origines ; elle l’est encore dans le culte juif, grâce à ces signes de cantillation.
100
+
101
+ En hébreu, tout mot peut s’analyser en deux morphèmes : le schème et la racine.
102
+
103
+ Les schèmes nominaux ou verbaux constituent des squelettes dans lesquels sont coulées les racines. Ils sont en nombre limité et associés à des sens ou des usages spécifiques.
104
+
105
+ La racine de chaque mot se dégage naturellement pour le locuteur qui distingue l’ajout d’une consonne préfixale ou suffixale. Une racine est généralement trilitère, mais l’hébreu connaît aussi des racines quadrilitères, voire quinquilitères.
106
+
107
+ C’est ainsi qu'on peut produire un adjectif, une conjugaison, une forme passive, un indicatif etc. à partir de toute racine, même si le mot est d’origine étrangère ou [lazim] לעזי"ם, comme l’écrit Rachi : prenons le mot « téléphone » (טלפון) se prononçant bien entendu « telefon », le verbe « téléphoner » suivant la grammaire hébraïque, se dit « letalpen » (לטלפן) (certains prononcent [letalfεn] par assimilation).
108
+
109
+ Les membres de la famille Kimhi qui ont vécu vers le milieu du Moyen Âge ont passé de nombreuses années à dénombrer et comprendre les schèmes (משקל) et ont posé les bases de la première grammaire hébraïque.
110
+
111
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2511.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,1306 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ F
2
+
3
+
4
+
5
+
6
+
7
+
8
+ {\displaystyle {\vec {F}}}
9
+
10
+ =
11
+
12
+
13
+
14
+ m
15
+
16
+
17
+ {\displaystyle m}
18
+
19
+ .
20
+
21
+
22
+
23
+
24
+
25
+
26
+ γ
27
+
28
+
29
+
30
+
31
+
32
+
33
+ {\displaystyle {\vec {\gamma }}}
34
+
35
+ modifier
36
+
37
+ En physique, la masse est une grandeur physique positive intrinsèque d'un corps. En physique newtonienne, c'est une grandeur extensive, c'est-à-dire que la masse d'un corps formé de parties est la somme des masses de ces parties. Elle est conservative, c'est-à-dire qu'elle reste constante pour un système isolé n'échangeant pas de matière avec son environnement. Dans le cadre du modèle standard de la physique des particules, la masse des particules résulte de leur interaction avec le champ de Higgs.
38
+
39
+ La masse se manifeste à travers deux propriétés fondamentales :
40
+
41
+ L'unité de masse est le kilogramme dans le Système international d'unités (S.I.).
42
+
43
+ La masse est facilement confondue avec le poids, qui, dans le vocabulaire de la physique, est la force exercée par la gravité sur un corps pesant.
44
+
45
+ Le moyen le plus commun de mesurer une masse est de la comparer à d'autres à l'aide d'une balance. En fait une balance compare des poids, le poids étant le produit de la masse par l'accélération de la pesanteur, dans un contexte où cette accélération peut être considérée comme constante. La mesure des masses se faisant usuellement au sein d'un fluide (l'air), en toute rigueur il faut aussi tenir compte de la poussée d'Archimède, qui est proportionnelle au volume et n'est donc pas la même pour deux corps de même masse mais de densités différentes. La correction est prise en compte pour les mesures très précises.
46
+
47
+ Avec l'émergence de la mécanique céleste au XVIIe siècle, il est devenu courant de mesurer les masses relatives des corps célestes. La masse n'est plus alors directement mesurée, mais calculée, à travers l'effet qu'elle exerce sur la trajectoire des autres corps. Cette masse, qui est statiquement à l'origine de la force de gravitation, est toujours une « masse pesante ». On peut de même estimer une masse par la perturbation du champ de gravité qu'elle induit. Cette mesure par gravimétrie n'est utilisable que pour les objets extrêmement lourds, et est utilisée en géologie pour estimer la taille d'une formation rocheuse, ainsi qu'en archéologie.
48
+
49
+ Mais par ailleurs, la cinématique a permis d'étudier les transferts de quantité de mouvement dus à des forces et se traduisant par des variations de vitesse. De même, avec la physique des particules du XXe siècle, la masse d'une particule chargée est calculée à partir de l'accélération qu'elle subit dans un champ électrique, ou de la courbure de sa trajectoire dans un champ magnétique. Cette masse qui apparaît en cinématique traduit la résistance de la matière à des changements de vitesse, et est la « masse inerte ». Il s'agit toujours d'une masse calculée à travers d'autres grandeurs physiques mesurées.
50
+
51
+ Au quotidien, la masse inerte en tant que « résistance de la matière aux variations de mouvement » se perçoit facilement à travers l'effet de forces continues, lorsque par exemple on souffle avec une paille sur une balle de tennis (de l'ordre de 57 g) et sur une boule de pétanque (de l'ordre de 800 g) : la force exercée dans les deux cas est sensiblement la même, mais il est beaucoup plus difficile de mettre en mouvement la boule de pétanque, parce que sa masse est beaucoup plus importante. De même, cette résistance se perçoit facilement à travers l'effet des chocs : un footballeur tapant dans un ballon de football (de l'ordre de 430 g) lui donne facilement une impulsion qui le fait partir à grande vitesse, sans que la quantité de mouvement de sa jambe n'ait sensiblement varié ; le même exercice sur un boulet de canon de même taille (dont la masse est d'une soixantaine de kilogrammes) n'ébranlera guère le boulet, mais arrêtera net la jambe (et très probablement, fracassera le pied).
52
+
53
+ La mécanique classique a dégagé un certain nombre de propriétés de la masse :
54
+
55
+ Toutefois, la physique moderne montre que ces propriétés ne sont vérifiées que dans les conditions de l'expérience courante ; mais peuvent ne plus l'être en physique quantique ou en mécanique relativiste.
56
+
57
+ La masse est à la racine de deux grandeurs conservatoires fondamentales en mécanique :
58
+
59
+ Ces deux lois de conservation sont fondamentales tant en physique newtonienne qu'en physique moderne. Sur cette base, il est possible de proposer une nouvelle définition de la masse, qui permet de rendre compte des cinq propriétés ci-dessus sans en présupposer aucune ; en particulier sans avoir à recourir à la notion de force, critiquée au xixe siècle par des physiciens comme Ernst Mach, Gustav Kirchhoff, Heinrich Hertz parmi d'autres.
60
+
61
+ Chaque culture a eu ses unités de masse, et des unités différentes étaient souvent utilisées pour des produits différents. Dans les anciennes unités de mesure françaises on peut relever les poids de marc, dont le quintal reste d'usage courant. Les unités de mesure anglo-saxonnes sont beaucoup plus variées, et la livre y reste d'usage courant. Il faut se rappeler que la livre, en France, n'avait pas la même valeur sur tout le territoire : la provençale, la parisienne ou encore la bretonne n'avaient pas tout à fait la même valeur et aujourd'hui encore, la livre tout comme le gallon n'ont pas la même valeur aux États-Unis et au Royaume-Uni. Beaucoup de marchandises se vendaient au volume, par boisseaux ou encore par barils, soit 18 boisseaux (235 litres) — différent du baril pétrolier qui ne fait que 158,98 litres.
62
+
63
+ L'unité SI de masse est le kilogramme (kg) et non pas[1] le gramme (g). On utilise également la tonne (t), égale à 1 000 kg.
64
+
65
+ Dans l'Union européenne, de nombreuses masses (et volumes) sur les produits de consommation sont indiquées en quantité estimée. Ils sont marqués comme tels, du symbole « ℮ » (U+202E), semblable à un e minuscule stylé.
66
+
67
+ Dans le domaine scientifique, on utilise l'unité de masse atomique. Du fait de l'équivalence masse-énergie révélée par la fameuse formule E=mc2, les physiciens spécialistes des particules utilisent la même unité de mesure pour la masse et l'énergie, en général un multiple d'électron-volt/c², ce qui est rendu indispensable par l'observation quotidienne, dans les accélérateurs de particules, de la transformation de l'énergie en ses différentes formes : masse, énergie cinétique, énergie de liaison, lumière.
68
+
69
+ On peut aussi estimer indirectement la masse à partir du poids, c'est-à-dire que l'on mesure la force qu'exerce l'objet à peser ; le dispositif est en fait un dynamomètre. C'est le cas le plus courant des pèse-personne et des balances électroniques. Cette méthode ne donne pas le même résultat de mesure sur la Terre et sur la Lune, parce que le dynamomètre compare le poids à une force indépendante de la gravitation (celle du ressort), alors que le poids, qui est la force de gravitation s'exerçant sur un corps donné, dépend du lieu, et sera différent sur Terre et sur la Lune. Pour mesurer correctement la masse d'un corps à partir d'un dynamomètre, il faut donc d'abord étalonner le dynamomètre avec une masse de référence.
70
+
71
+ Dans le langage courant, la masse est fréquemment confondue avec le « poids ». La confusion est d'autant plus facile que la graduation du peson est (incorrectement) donnée en kilogrammes, que c'est par une « pesée » que l'on mesure la masse, que cette pesée est (de fait) effectuée par une comparaison des poids, et que ce que les corps « pèsent » est donc alors (correctement) exprimé en kilogrammes.
72
+
73
+ Dans le vocabulaire de la physique, le mot « poids » désigne spécifiquement la force exercée par la gravité sur un corps pesant, dont la valeur dépend de la pesanteur, et dont l'unité est le newton (Symbole N). Considérons par exemple un objet de masse m suspendu à un dynamomètre. La Terre exerce sur cet objet une force
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+ F
82
+
83
+
84
+
85
+
86
+
87
+
88
+
89
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}}
90
+
91
+ , appelée poids de l'objet, qui est donnée par la loi universelle de la gravitation : en supposant la terre parfaitement sphérique, le poids de l'objet est proportionnel à sa masse et inversement proportionnel au carré de sa distance au centre de la terre. Donc, suivant l'altitude son poids est variable. Par exemple, à Paris, où g = 9,81 N/kg, une masse de 10 kg a donc pour poids 98 N (même si l'on dit couramment, dans la vie quotidienne, qu'un objet pèse 10 kg) ; et au sommet de l'Everest son poids est légèrement plus petit.
92
+
93
+ L'accélération de la pesanteur étant sensiblement constante sur la surface de la Terre, la mesure du poids rend compte de la masse pour les besoins pratiques, même s'il existe de légères différences d'un lieu à l'autre, de l'ordre du pour-cent[a]. Pour cette raison, une unité pratique de poids a longtemps été le kilogramme-force, simplement défini comme le poids du kilogramme. La distinction entre poids et masse a conduit dans un souci de rigueur à remplacer dans l'affichage officiel le « kilogramme-force » par le « décanewton », qui n'est que 2 % plus grand. Pour cette raison, les limites d'utilisation des engins de chantiers et des ponts roulants est alors affiché en kilodécanewton (kdaN), les opérateurs sachant que « en pratique » le kdaN correspond à une tonne (ou pour le dire en toute rigueur : c'est à 2 % près le poids d'une masse d'une tonne, dans des conditions normales de pesanteur).
94
+
95
+ À strictement parler, la masse se mesure donc avec une balance, tandis que le poids se mesure avec un peson. La meilleure manière de percevoir la différence est de se rappeler que la masse est une grandeur scalaire, un nombre sans orientation, tandis que le poids est une grandeur vectorielle, qui a une orientation vers le bas (et qui définit la verticale en un lieu). L'autre manière de visualiser la différence est de se rappeler la démarche embarrassée et flottante des astronautes sur la Lune : leur masse est la même que sur Terre, et se manifeste toujours par la même résistance aux variations de vitesse ; mais leur poids est alors six fois plus faible, à cause de la faible gravité lunaire.
96
+
97
+ En sciences physiques, on peut distinguer de nombreux aspects à travers lesquels apparaît la notion de masse, ou traduisant ce concept[2]. À ce jour, l'expérience montre que tous ces aspects conduisent à des valeurs identiques, l'ensemble construisant progressivement ce qu'est le concept abstrait de « masse » en physique.
98
+
99
+ Depuis que le commerce existe, le « poids » d'un objet est ce qui permet d'apprécier une « quantité de matière », principe à la base de la vente par pesée : plus il y a de matière, et plus le prix à payer est fort ; plus le poids d'or est grand, et plus grande est sa valeur.
100
+
101
+ C'est cette notion qui conduit historiquement au premier concept de « masse », en tant que grandeur essentiellement additive (en termes modernes, une grandeur extensive). Pour l'expérience quotidienne, le champ gravitationnel terrestre est une donnée constante ; et il n'y a pas de raison de distinguer entre le poids concret, accessible aux sens, et une masse abstraite qui en serait la cause.
102
+
103
+ Pour la pensée scolastique, gouvernée par les enseignements d'Aristote, le poids est une qualité intrinsèque de la matière, laquelle est par nature attirée vers le bas parce que c'est son lieu de repos ; mais c'est une propriété des seuls corps lourds susceptibles de chuter[3] : l'air n'a pas de poids et reste à son emplacement, de même que les nuages. La loi empirique du mouvement est que tout corps tend vers son lieu de repos naturel, soit en tombant quand il est en l'air, soit en s'arrêtant progressivement quand il roule au sol : le mouvement résulte d'un déséquilibre, et le rétablissement de cet équilibre entraîne l'absence de mouvement. De plus, l'expérience courante montre que les objets lourds comme une enclume tombent rapidement, tandis que les objets plus légers, comme des plumes ou de la flanelle, tombent plus lentement ; ce qui conforte l'idée informelle que la vitesse de chute est qualitativement fonction du poids.
104
+
105
+ Nonobstant toutes sortes de transformations physiques et chimiques, la conservation de la masse a longtemps été expérimentalement observée, puis admise comme une grandeur fondamentale et confondue avec « la quantité de matière » (Isaac Newton l'a définie comme telle dans ses Principia Mathematica)[4].
106
+ La nature phénoménologique de la masse se confond dans cette approche avec celle du poids : c'est la qualité additive de la matière qui peut faire l'objet de comparaisons par pesée. L'opération de pesée conduira à terme à la notion de « masse pesante » (plus tard vue en mécanique newtonienne comme une « masse grave » puis une « masse gravitationnelle passive »), qui se mesure à travers la force appliquée à un objet lorsqu'il est passivement plongé dans un champ gravitationnel. Le rapport de cette « masse pesante » à celle d'une masse étalon peut être déterminé lors d'opérations de pesées classiques, parce que dans l'histoire de l'humanité, cette pesée est toujours effectuée dans le champ gravitationnel terrestre.
107
+
108
+ Avec la physique galiléenne, au début du xviie siècle, l'étude de la chute des corps et les premières études de dynamique permettent de dégager ce qui deviendra la notion de « masse inerte », qui est la mesure de la résistance interne d'un objet à un changement de mouvement[3] lorsqu'une force lui est appliqué.
109
+
110
+ La révolution introduite par Galilée est celle de la mesure des lois du mouvement. En pratique, dans ces premières expériences, la force en question est celle de la pesanteur, ou une fraction de celle-ci dans les expériences sur plan incliné ; et le mouvement étudié est celui d'un pendule ou d'un corps en chute libre. Expérimentalement, et contrairement à l'intuition de l'époque, la loi du mouvement ne dépend pas du poids — qui est pourtant de toute évidence la force à laquelle l'objet est soumis — et ne dépend pas non plus de la nature du corps ou de sa densité. Cette indépendance surprenante du résultat par rapport au poids a priori générateur du mouvement conduit à identifier dans la matière une qualité d'inertie, capacité du corps à s'opposer à la variation de vitesse en créant ce qui semble être une « force d'inertie » équilibrant l'effet du poids.
111
+
112
+ Par rapport à la vision scolastique, Galilée ne change donc pas radicalement la nature phénoménologique de la masse / quantité de matière, mais lui rajoute un caractère se manifestant dans les lois du mouvement : celui de pouvoir engendrer une « force d'inertie ». Pour Galilée, cette « force d'inertie », étant capable de rendre le mouvement indépendant du poids, se manifeste donc nécessairement de manière proportionnelle à celui-ci.
113
+
114
+ Galilée étudie des situations où le frottement est négligeable, ce qui condamne l'idée d'une tendance naturelle au repos. De toute évidence il n'y a pas une telle force d'inertie sur un corps au repos. Mais par ailleurs, cette « force d'inertie » se manifestant comme une opposition à toute variation de vitesse, le déplacement dans un plan horizontal, qui n'est pas influencé par le poids, doit donc également se faire sans variation de vitesse : ce déplacement idéal à vitesse constante, identifiée par Galilée, est celui d'un référentiel galiléen.
115
+
116
+ L'approche de Galilée était obscurcie par la confusion, traduisant les conceptions de son époque, entre la masse et le poids, ce dernier était compris comme une propriété (vectorielle) intrinsèque à la matière, et conduisant à l'idée d'une force compensatrice émergeant à l'occasion des variations de vitesse.
117
+
118
+ De nos jours, on dira plutôt que le poids est la manifestation d'une qualité de « masse pesante », tandis que la force d'inertie manifeste de son côté celle « masse inerte », l'une et l'autre propriétés scalaires intrinsèques de la matière, et que l'on trouve expérimentalement en proportion constante - ce qui permet d'assimiler l'une à l'autre. En termes modernes, l’expérience de Galilée est la première manifestation de l'identité entre masse inerte et masse pesante. Il y a cependant une différence conceptuelle très importante entre ces deux, parce qu'elles diffèrent radicalement dans leur manifestation. Conceptuellement, la « masse inerte » n'apparaît qu'en dynamique. Elle est définie en appliquant une force à un objet, et en mesurant l'accélération qui en résulte : à force égale, l'accélération d'un objet est inversement proportionnelle à la masse de cet objet.
119
+
120
+ Avec la mécanique newtonienne, à la fin du xviie siècle, la logique causale ayant conduit à imaginer une « force d'inertie » est inversée : dans la loi du mouvement il n'y a pas une « force d'inertie » découlant d'une qualité d'inertie (scalaire), qui s'oppose à la variation de vitesse que tend à créer la « masse pesante » (comprise comme vectorielle). L'approche analytique du calcul différentiel traite avant tout de position, de vitesse et d'accélération, et sépare alors ces questions de toute préoccupation relative à la masse.
121
+
122
+ Celle ci étant introduite, il apparaît que d'une manière générale, il est nécessaire d'appliquer une « force » pour créer une variation de vitesse en proportion de la quantité de matière, laquelle est alors mesurée par une « masse inerte » mi (comprise comme scalaire) ainsi mise en mouvement. Autrement dit, le changement de la quantité de mouvement d'un corps, provoqué par une force agissant sur lui, est proportionnel à cette force en grandeur et direction[3] ; ou inversement, une force est ce qui est capable de produire une variation de la quantité de mouvement d'un corps matériel. C'est le principe fondamental de la dynamique :
123
+
124
+ La nature phénoménologique de la masse inerte est donc de se manifester par le rapport entre une force appliquée et une variation de quantité de mouvement. Prise littéralement, cette définition que l'on note à présent
125
+
126
+
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+ F
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+ =
137
+
138
+ m
139
+
140
+ i
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+ γ
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+
153
+
154
+ {\displaystyle {\vec {F}}=m_{i}\cdot {\vec {\gamma }}}
155
+
156
+ est cependant circulaire[3], dans la mesure où la mesure d'une force suppose par ailleurs que la masse soit définie d'une manière ou d'une autre. Ce n'est qu'avec Ernst Mach que la masse inerte recevra une définition phénoménologique rigoureuse, à travers le principe d'action et de réaction.
157
+
158
+ Il n'y a pas non plus une qualité de poids (vectoriel) intrinsèque à la matière. L'approche newtonienne est que le poids (vectoriel) est également une force, qui traduit l'attraction qu'exerce la Terre, laquelle est proportionnelle à une certaine « masse grave » ; et seule cette « masse grave » (également comprise comme un scalaire) est une qualité intrinsèque à la matière, parce que la force, elle, doit dépendre de la distance à la terre (ce que montrent les lois de Kepler). Pour la physique newtonienne, si les lois de la chute des corps sont les mêmes que celles de la mécanique céleste, et si donc la Lune « tombe » en permanence sur la Terre comme le ferait une pomme, c'est qu'il s'agit d'un seul et même phénomène : l'attraction subie par la Lune —ce qui mesure sa « masse pesante », mais dépend de sa distance — n'est autre que sa réponse gravitationnelle à la présence de la Terre (désignée dans ce contexte comme sa « masse grave », ou « masse gravitationnelle passive »). Ce changement de perspective conduit donc à identifier « masse grave » et « masse pesante ».
159
+
160
+ En séparant ainsi poids vectoriel et masse scalaire (qu'elle soit inertielle ou gravitationnelle), c'est Newton qui est ainsi à l'origine du concept moderne de masse scalaire[3]. Par ailleurs, la force exercée par la terre sur une « masse grave » céleste est donc égale à celle nécessaire à vaincre la résistance à l'accélération de sa « masse inerte », ce qui conduit à supposer que « masse grave » et « masse inerte » sont de même nature, voire (dans la mesure où il n'y a pas de raison que les lois de la gravitation dépendent de la nature des corps) qu'elles sont égales.
161
+
162
+ Formalisé ensuite dans le cadre général du potentiel newtonien, la « masse gravitationnelle passive » devient une réinterprétation de la « masse pesante », qui prend sa source dans la loi universelle de la gravitation.
163
+
164
+ De son côté, la « masse gravitationnelle active » est la « charge massique » responsable du potentiel gravitationnel créé par un corps, et dont on constate la présence en mécanique céleste : pour Newton, « tous les corps ont en propre un pouvoir de gravité, proportionnel aux quantités de matière que chacun d'eux contient ». Autrement dit, la nature phénoménologique d'une masse (pesante), sur le plan de la mécanique céleste, est sa capacité à imposer une accélération centripète à son espace environnant ; cette capacité de « masse gravitationnelle active » se traduit par le « paramètre gravitationnel standard »
165
+
166
+
167
+
168
+ μ
169
+ =
170
+ G
171
+
172
+
173
+ m
174
+
175
+ p
176
+
177
+
178
+
179
+
180
+ {\displaystyle \mu =G\cdot m_{p}}
181
+
182
+ , qui donne l'accélération gravitationnelle γ exercée par ce corps[b] à une distance r :
183
+
184
+ Par ailleurs, la distinction entre masses gravitationnelles active et passive n'a pas lieu d'être en mécanique classique, puisque la « charge massique » est aussi bien à l'origine du potentiel (donc de la masse active) qu'à l'origine de la force subie par une particule chargée qui y est placée (donc de la masse passive ou inertielle). Une différence entre ces deux notions n'apparaît qu'en relativité générale, dans certains problèmes de cosmologie.
185
+
186
+ Pour Newton encore, la masse représente essentiellement une quantité de matière, qui est définie par le produit d'un volume (caractéristique géométrique) par une densité (propriété intrinsèque dépendant de la nature du matériau considéré)[3]. Un siècle plus tard, à la fin du xviiie siècle, Antoine Lavoisier découvre ensuite expérimentalement la loi de conservation de la masse: « la masse totale d'un système fermé reste constante quelles que soient les transformations physico-chimiques dont il peut être le siège ». De ce fait, c'est bien la masse qui est une qualité intrinsèque et conservatoire de la matière, et non la masse volumique.
187
+
188
+ Cette loi, qui se révéla approximative, confirmait la définition de la masse et permit de s'en servir comme constante dans les transformations chimiques (d'où la classification des éléments chimiques en fonction de leur masse atomique dans le tableau de Mendeleiev) et fut un élément de mesure permettant, entre autres, de mettre en évidence l'existence des atomes[4]. La notion de « quantité de matière » s'en est progressivement dégagée pour les besoins de la chimie. L'analyse précise des masses impliquées dans les transformations chimiques conduira à la loi des proportions définies, puis à la loi des proportions multiples, conduisant enfin à la notion d'atome et de masse atomique. La nature phénoménologique de la quantité de matière contenue dans un corps (chimiquement pur), qui se manifeste par la pesée, est alors essentiellement le nombre d'atomes (ou de molécules) impliqués, dont le nombre immense est appréhendé par le nombre d'Avogadro ; et la masse de ce corps n'est autre que la masse totale de ces atomes, agissant sur le plan pondéral par leur masse atomique.
189
+
190
+ Le Système international d'unités, continuellement amélioré depuis le XXe siècle, établit une distinction fondamentale entre la quantité de matière, mesurée en mole, et la masse, mesurée en kilogramme.
191
+
192
+ La quantité de matière peut être déterminée avec précision dans certains cas, en comptant le nombre d'atomes d'un échantillon, obtenu par dépôt électrolytique ou par usinage d'ultra-haute précision d'un monocristal sans défaut. Une mesure précise montre que la masse d'un tel échantillon est « presque » intégralement due au nombre et à la nature des molécules qui le constitue. L'écart à cette valeur théorique est dû à l'énergie de liaison qui assure la cohésion de l'ensemble, et qui contribue à un léger « déficit de masse » de l'échantillon par rapport à la somme de ses constituants : c'est un effet abordé par la relativité restreinte.
193
+
194
+ Dans la vie de tous les jours, à notre échelle et lors de processus de basse énergie, on considère volontiers que la masse est une grandeur additive : si l'on prend deux paquets de sucre de 1 kg, on obtient 2 kg de sucre.
195
+
196
+ En relativité restreinte, cependant, la résistance d'un corps à une variation de vitesse devient d'autant plus grande que cette vitesse se rapproche de celle de la lumière : le principe fondamental de la dynamique reste valable sous sa forme
197
+
198
+
199
+
200
+
201
+
202
+
203
+
204
+ F
205
+
206
+
207
+
208
+
209
+ =
210
+
211
+ d
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+ p
217
+
218
+
219
+
220
+
221
+
222
+ /
223
+
224
+
225
+ d
226
+ t
227
+
228
+ =
229
+ m
230
+ .
231
+
232
+ d
233
+
234
+
235
+
236
+
237
+ v
238
+
239
+
240
+
241
+
242
+
243
+ /
244
+
245
+
246
+ d
247
+ t
248
+
249
+
250
+
251
+
252
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}=\mathrm {d} {\vec {p}}/\mathrm {dt} =m.\mathrm {d} {\vec {v}}/\mathrm {dt} }
253
+
254
+ , mais la « masse inerte » qui est définie ainsi ne peut plus être considérée comme constante ; elle ne se limite pas à la « masse au repos » de la matière, parce que l'énergie elle-même correspond à une masse inertielle, suivant le principe d'équivalence entre masse et énergie.
255
+
256
+ La masse d'inertie relativiste est alors définie par rapport à la masse au repos
257
+
258
+
259
+
260
+
261
+ m
262
+
263
+ 0
264
+
265
+
266
+
267
+
268
+ {\displaystyle m_{0}}
269
+
270
+ et la vitesse
271
+
272
+
273
+
274
+ v
275
+
276
+
277
+ {\displaystyle v}
278
+
279
+ , par :
280
+
281
+ La masse au carré est l'invariant relativiste (la pseudo-norme) du quadrivecteur impulsion ou quadri-moment,
282
+
283
+
284
+
285
+
286
+
287
+ E
288
+
289
+ 2
290
+
291
+
292
+
293
+
294
+ p
295
+
296
+ 2
297
+
298
+
299
+
300
+ c
301
+
302
+ 2
303
+
304
+
305
+ =
306
+
307
+ m
308
+
309
+ 0
310
+
311
+
312
+ 2
313
+
314
+
315
+
316
+ c
317
+
318
+ 4
319
+
320
+
321
+
322
+
323
+
324
+ {\displaystyle \scriptstyle E^{2}-p^{2}c^{2}=m_{0}^{2}c^{4}}
325
+
326
+ , ce qui permet d'écrire la relation[c]
327
+
328
+
329
+
330
+
331
+
332
+ E
333
+
334
+ 2
335
+
336
+
337
+ =
338
+
339
+ m
340
+
341
+ 0
342
+
343
+
344
+ 2
345
+
346
+
347
+
348
+ c
349
+
350
+ 4
351
+
352
+
353
+ +
354
+
355
+ p
356
+
357
+ 2
358
+
359
+
360
+
361
+ c
362
+
363
+ 2
364
+
365
+
366
+
367
+
368
+
369
+ {\displaystyle \scriptstyle E^{2}=m_{0}^{2}c^{4}+p^{2}c^{2}}
370
+
371
+ , où
372
+
373
+
374
+
375
+
376
+ m
377
+
378
+ 0
379
+
380
+
381
+
382
+
383
+ {\displaystyle m_{0}}
384
+
385
+ est la masse au repos, E l'énergie totale du corps (énergie de masse + énergie cinétique) et p sa quantité de mouvement. Aussi, dans cette optique, il n'y a qu'une seule masse, la masse invariante, liée au quadri-vecteur énergie-impulsion[d]. Dès lors, on peut considérer la masse comme une forme d'énergie, appelée énergie de masse, et il apparaît que la notion véritablement invariante au cours des transformations physiques n'est pas la masse mais l'énergie qui se manifeste successivement sous différentes formes : sous forme de masse, d'énergie cinétique, d'énergie de liaison entre particules.
386
+
387
+ La conséquence de la théorie est que toute énergie possède également une masse inerte ; et inversement, toute masse au repos représente une énergie interne, susceptible d'être libérée. Dans les phénomènes usuels, les échanges d'énergie sont suffisamment faibles pour que la masse puisse être considérée comme sensiblement constante, mais ce n'est plus le cas pour la physique atomique et pour la cosmologie. La création de paires de particules élémentaires, et la fusion nucléaire, sont des exemples où des quantités non négligeables de masse sont converties en énergie, ou inversement. De même, la déviation gravitationnelle des rayons lumineux montre que des photons, particules sans masse mais porteur d'énergie, ont un comportement similaire à celui d'une masse gravitationnelle passive.
388
+
389
+ La relativité restreinte et la physique atomique révèlent que masse et quantité de matière sont deux quantités qui ne sont pas exactement proportionnelles ; bien que pour une substance inerte[e] donnée (le carbone par exemple), la masse est directement proportionnelle à la quantité de matière, aux forces de liaison près : dix grammes de carbone contiennent bel et bien dix fois plus de matière qu'un seul gramme de carbone. De ce fait, la masse n'est pas réellement une quantité extensive et conservatoire, mais doit être appréhendée dans un ensemble plus vaste. La relativité restreinte montre que la masse (inertielle) constitue une forme d'énergie du corps qui, dès lors, n'est pas strictement conservée : par exemple, la dissipation d'énergie sous forme lumineuse se traduit par une perte de masse qui n'est pas envisagée par la physique classique. La connaissance de la constitution de la matière offre d'autres exemples de pertes de masse par l'utilisation de l'énergie sous forme de liaisons atomiques.
390
+
391
+ L'énergie nucléaire, qu'elle provienne de la fusion ou de la fission, résulte de la transformation d'une certaine quantité de masse en énergie :
392
+
393
+ Ce lien entre énergie et masse permet d'utiliser la même unité de mesure pour la masse et l'énergie : une unité de mesure de l'énergie, par exemple l'électron-volt est souvent utilisée pour exprimer la masse des particules élémentaires. Les accélérateurs de particules permettent de transformer physiquement de l'énergie en masse. Dans ce cadre, exprimer la masse en électron-volt permet de voir plus facilement dans quel régime d'énergie on se trouve et de savoir si l'on peut s'attendre à l'apparition de nouvelles particules. Par exemple, quand on accélère un électron jusqu'à 99,999 % de la vitesse de la lumière, on peut considérer que sa masse devient environ 224 fois plus grande qu'au repos. On peut alors affirmer que lors d'une collision d'un électron et d'un positron accélérés à 99,999 % de la vitesse de la lumière, on peut produire des muons, qui sont effectivement 206 fois plus massifs que des électrons.
394
+
395
+ La relativité générale posera comme principe qu'il n'est pas possible de distinguer une accélération reflétant un changement de vitesse d'une accélération gravitationnelle, ce qui revient à poser que par nature, la « masse inerte » est égale à la « masse grave ». La relativité générale dérive entre autres du principe d'équivalence qu'Einstein présente comme une « interprétation » de l'égalité de la masse inerte et de la masse grave en termes de relativité du mouvement accéléré.
396
+
397
+ La courbure de l'espace-temps est une manifestation relativiste de l'existence de la masse, et l'on peut considérer que la nature phénoménologique de la masse est sa capacité à courber l'espace-temps. Dans la métrique de Schwarzschild, la présence d'une masse
398
+
399
+
400
+
401
+
402
+ m
403
+
404
+ i
405
+
406
+
407
+
408
+
409
+ {\displaystyle m_{i}}
410
+
411
+ se caractérise par la courbure qu'elle impose à l'espace, dont la déformation est donnée par le « rayon de Schwarzschild », ou rayon gravitationnel (formule où le facteur
412
+
413
+
414
+
415
+
416
+
417
+ 4
418
+ G
419
+
420
+
421
+ /
422
+
423
+
424
+
425
+ c
426
+
427
+ 2
428
+
429
+
430
+
431
+
432
+
433
+
434
+ {\displaystyle \scriptstyle {4G}/{c^{2}}}
435
+
436
+ est la masse linéique de Planck) :
437
+
438
+ Pour les masses usuelles, cependant, cette courbure est très faible et difficilement mesurable ; c'est la raison pour laquelle elle n'a pas été découverte avant d'être prédite par la théorie de la relativité générale. À un facteur
439
+
440
+
441
+
442
+
443
+
444
+ c
445
+
446
+ 2
447
+
448
+
449
+
450
+ /
451
+
452
+ 2
453
+
454
+
455
+
456
+ {\displaystyle \scriptstyle c^{2}/2}
457
+
458
+ près, le rayon de Schwarzschild est lié au paramètre gravitationnel standard, noté
459
+
460
+
461
+
462
+ μ
463
+
464
+
465
+ {\displaystyle \mu }
466
+
467
+ , égal au produit de la constante gravitationnelle
468
+
469
+
470
+
471
+ G
472
+
473
+
474
+ {\displaystyle G}
475
+
476
+ par la masse
477
+
478
+
479
+
480
+
481
+ m
482
+
483
+ i
484
+
485
+
486
+
487
+
488
+ {\displaystyle m_{i}}
489
+
490
+ de l'objet correspondant. Là où le paramètre gravitationnel standard traduit la capacité d'une masse à imposer une accélération dans son environnement, le rayon de Schwarzschild traduit la capacité d'une masse à courber l'espace, parce qu'en relativité générale il n'y a pas de différence de nature entre ces deux manières de se placer dans un repère non galiléen.
491
+
492
+ La masse grave n'a pas sa place en relativité restreinte car la gravitation n'a pu y être incluse en respectant à la fois les principes relativistes et les observations. Toutefois, pour l'élaboration d'une gravitation relativiste, Einstein est parti du constat de l'égalité entre masse grave et masse inerte pour en tirer une « interprétation » sous la forme d'un nouveau principe : son « principe d'équivalence ». Ensuite, dans la théorie de la relativité générale, le rôle de la masse grave est tenu par l'énergie du corps, exprimée sous la forme du tenseur énergie-impulsion, prolongeant ainsi l'identité liant la masse inerte et l'énergie établie en relativité restreinte.
493
+
494
+ La masse des particules élémentaires (leptons et quarks) est une propriété intrinsèque de ces particules (qu'elle soit due ou non au boson de Higgs[réf. nécessaire]). Autrement dit, les particules élémentaires ont chacune une masse bien définie. Mais si macroscopiquement, la masse est associée à la matière, dans le détail la « matière » n'est pas un concept aussi bien défini que celui de « masse ». À l'échelle subatomique, non seulement les fermions (qui sont les particules usuellement associées à la notion de « matière ») ont une masse au repos, mais une masse au repos est également associée à quelques bosons, qui sont les particules vecteurs de force et qui servent de « colle » pour lier la matière. Un autre problème gênant pour assimiler masse et matière est qu'une grande partie de la masse au repos de la matière ordinaire provient de l'équivalent en masse d'énergies cinétiques, et de la contribution de particules qui n'ont pas par elles-mêmes de masse au repos. L'un dans l'autre, il n'y a que 1 % de la masse de la matière ordinaire qui peut être considéré comme provenant effectivement de la masse au repos de quarks fermioniques et d'électrons.
495
+
496
+ La masse, dans le cadre de la physique des hautes énergies, n'est pas une quantité extensive (additive). La masse de trois quarks pris individuellement, n'est pas égale à la masse d'un baryon contenant ces mêmes types de quarks : la masse du baryon résultant est égale à la somme des masses des trois quarks qui le constituent moins l'équivalent masse de l'énergie de liaison par la relation d'Einstein. C'est ainsi que les protons et les neutrons, ont une masse (env. 940 MeV
497
+
498
+
499
+
500
+
501
+ /
502
+
503
+
504
+ c
505
+
506
+ 2
507
+
508
+
509
+
510
+
511
+ {\displaystyle /c^{2}}
512
+
513
+ ) bien différente de la somme des masses des quarks qui les composent (quark up et quark down) (d'env. 10 MeV
514
+
515
+
516
+
517
+
518
+ /
519
+
520
+
521
+ c
522
+
523
+ 2
524
+
525
+
526
+
527
+
528
+ {\displaystyle /c^{2}}
529
+
530
+ ). Dans cet exemple, la grande différence de masse indique que la force nucléaire entre les quarks est très grande : c'est l'interaction forte.
531
+
532
+ Sur le plan quantique, la masse se manifeste comme la différence entre la fréquence quantique d'une particule et son nombre d'onde. La masse quantique d'un électron, la longueur d'onde de Compton, peut être déterminée de diverses manières et est liée à la constante de Rydberg, le rayon de Bohr, et le rayon classique de l'électron. La masse quantique d'objets plus grand peut être mesurée directement au moyen d'une balance du watt.
533
+
534
+ La physique quantique utilise l'équivalence masse-énergie pour caractériser les particules virtuelles, responsables des interactions entre particules.
535
+
536
+ En mécanique quantique, l'action observable ne peut varier que par un nombre entier d'action élémentaire, la constante de Planck. Ce principe de base conduit à de nombreuses conséquences étranges sur les limites de l'observabilité, et au fait que les lois habituelles de la physique classique ne sont plus respectées à l'échelle quantique. Il existe en particulier une relation d'incertitude portant sur l'énergie d'une particule et la variable temps : la durée
537
+
538
+
539
+
540
+
541
+ Δ
542
+ t
543
+
544
+
545
+
546
+ {\displaystyle \scriptstyle \Delta t}
547
+
548
+ nécessaire à la détection d'une particule d'énergie
549
+
550
+
551
+
552
+
553
+ E
554
+
555
+
556
+
557
+ {\displaystyle \scriptstyle E}
558
+
559
+ à
560
+
561
+
562
+
563
+
564
+ Δ
565
+ E
566
+
567
+
568
+
569
+ {\displaystyle \scriptstyle \Delta E}
570
+
571
+ près vérifie la relation :
572
+
573
+ Inversement, donc, une fluctuation d'énergie
574
+
575
+
576
+
577
+
578
+ Δ
579
+ E
580
+
581
+
582
+
583
+ {\displaystyle \scriptstyle \Delta E}
584
+
585
+ ne peut pas être détectée physiquement si elle apparaît et disparaît en un intervalle de temps inférieur : le vide est constamment l'objet de fluctuations d'énergie extrêmement brèves. Ces fluctuations peuvent se matérialiser par la création de paires de particules / antiparticules, du moment que leur masse-énergie est inférieure à celle de la fluctuation, et que la paire s’annihile dans un temps inférieur à
586
+
587
+
588
+
589
+
590
+ Δ
591
+ t
592
+
593
+
594
+
595
+ {\displaystyle \scriptstyle \Delta t}
596
+
597
+  :
598
+
599
+ De même, une particule virtuelle peut être émise par une particule et capturée par une autre, à condition que ce soit fait suffisamment rapidement pour que la relation d'incertitude soit respectée. Ces particules virtuelles sont ainsi responsables des interactions entre particules (réelles), et de la propagation des champs ; ceci d'autant plus facilement que dans le monde étrange des particules virtuelles, la vitesse de la lumière n'est plus une limitation, du moment que leur durée de vie est négligeable. Ce concept de particule virtuelle est primordial en théorie quantique des champs.
600
+
601
+ En mécanique quantique relativiste, la masse est l'une des représentations irréductibles et unitaires d'énergie positive du groupe de Poincaré.
602
+
603
+ En particulier, le boson de Higgs, qui semble avoir été découvert[5] le 4 juillet 2012 par l'expérience CMS et ATLAS au CERN, est, dans la théorie du modèle standard, considéré comme responsable de l'acquisition de masse par les particules.
604
+
605
+ En mécanique classique, la masse inerte apparaît dans l'équation d'Euler-Lagrange comme un paramètre m :
606
+
607
+ En remplaçant le vecteur x par une fonction d'onde pour quantifier cette relation, ce paramètre m apparaît dans l'opérateur d'énergie cinétique :
608
+
609
+ Dans la forme covariante (invariante par transformation relativiste) de l'équation de Dirac, et en unités naturelles, l'équation devient :
610
+
611
+ Bref, la masse m apparaît à présent comme une constante associée au quantum que décrit la fonction d'onde ψ associée à la particule.
612
+
613
+ Dans le modèle standard de la physique des particules élaboré à partir des années 1960, il a été proposé que ce terme constant pouvait provenir du couplage entre le champ ψ et un champ additionnel Φ, le Champ de Higgs électrofaible. Dans le cas de fermions, le mécanisme de Higgs (et al.) conduit à remplacer dans le lagrangien le terme mψ par un terme de la forme
614
+
615
+
616
+
617
+
618
+
619
+ G
620
+
621
+ ψ
622
+
623
+
624
+
625
+
626
+ ψ
627
+ ¯
628
+
629
+
630
+ ϕ
631
+ ψ
632
+
633
+
634
+
635
+ {\displaystyle \scriptstyle G_{\psi }{\overline {\psi }}\phi \psi }
636
+
637
+ .
638
+
639
+ Avec cette transformation, l’explicandum de pourquoi une masse est constatée sur diverses particules élémentaires se simplifie, la question étant alors celle de la valeur des couplages inconnus Gψ. Dans le modèle standard, un couplage des particules élémentaires au champ de Higgs permet alors d'expliquer l'origine de la masse de ces particules, une particule ayant fondamentalement une masse nulle par elle-même.
640
+
641
+ Du coup, le, ou les, boson(s) de Higgs serai(en)t responsable de la masse de toutes les particules élémentaires, ainsi que de celle de certains bosons d'échange des interactions. Au niveau des particules élémentaires, la masse des bosons de jauge de l'interaction faible (boson W et boson Z), est due au boson de Higgs, leur donnant ainsi des propriétés différentes de celles du boson de l'électromagnétisme, le photon.
642
+
643
+ L'existence du boson de Higgs a été confirmée de manière expérimentale en 2012 grâce à l'utilisation du LHC et a conduit à l'attribution d'un prix Nobel de physique en 2013[6]. Cette particule élémentaire constitue l'une des clefs de voûte du modèle standard de la physique des particules[7].
644
+
645
+ Cette découverte probable d'un boson de Higgs massif est considérée comme une confirmation forte de la théorie. Mais il y a de toute manière des arguments forts en faveur de la rupture de symétrie électrofaible telle que décrite par le mécanisme de Higgs (et al.) ; et la non-existence d'un tel boson de Higgs ne conduirait qu'à une description alternative de ce mécanisme.
646
+
647
+
648
+
649
+ La masse d'un corps physique renvoie donc à deux natures phénoménologiques distinctes.
650
+
651
+ La masse grave (du latin gravis, lourd) est une propriété de la matière qui se manifeste par l'attraction universelle des corps, et au quotidien, par leur poids. Concrètement, en présence d'un même champ de gravité extérieur (celui de la Terre par exemple), la masse de 20 kg subira une force (le poids) deux fois plus grande que la masse de 10 kg ; par ailleurs, une masse de 20 kg crée autour d'elle un champ de gravité deux fois plus intense qu'une masse de 10 kg. La masse grave (gravifique, gravitationnelle) d'un corps est définie par Isaac Newton comme une mesure de la quantité de matière de ce corps, c'est la grandeur physique intervenant dans le calcul de la force de gravitation créée ou subie par un corps : c'est ainsi qu'il l'a introduite dans la loi universelle de la gravitation, et qu'elle a été utilisée jusqu'à la relativité générale. La force de gravitation est donc proportionnelle à la quantité de matière. En physique classique, la masse grave est aussi supposée extensive.
652
+
653
+ La masse inerte est une propriété de la matière qui se manifeste par l'inertie des corps. Concrètement, une masse de 20 kg résiste deux fois plus à l'accélération qu'une masse de 10 kg. La masse inerte (inertielle) d'un corps est la grandeur physique utilisée pour calculer la force nécessaire pour qu'un corps acquière une accélération, en fonction de celle-ci. C'est la quantification de la résistance du corps aux accélérations. Mathématiquement, cela s'exprime par l'égalité
654
+
655
+
656
+
657
+
658
+
659
+
660
+
661
+ F
662
+
663
+
664
+
665
+
666
+ =
667
+
668
+ m
669
+
670
+ i
671
+
672
+
673
+ .
674
+
675
+
676
+
677
+ γ
678
+
679
+
680
+
681
+
682
+
683
+
684
+
685
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}=m_{i}.{\vec {\gamma }}}
686
+
687
+ , où
688
+
689
+
690
+
691
+
692
+
693
+
694
+
695
+ γ
696
+
697
+
698
+
699
+
700
+
701
+
702
+
703
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {\gamma }}}
704
+
705
+ est l'accélération acquise et
706
+
707
+
708
+
709
+
710
+
711
+
712
+
713
+ F
714
+
715
+
716
+
717
+
718
+
719
+
720
+
721
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}}
722
+
723
+ est la force nécessaire à l'obtention de cette accélération. Isaac Newton a défini la masse inerte comme une autre mesure de la quantité de matière, et a considéré que pour imprimer à une quantité de matière doublée une même accélération, il fallait le double de force. En physique classique, la masse inerte est ainsi supposée extensive : en mêlant deux corps, on obtient un troisième corps dont la masse est la somme des masses des deux corps initiaux.
724
+
725
+ Il n'y a aucune raison fondamentale imposant que masse inerte et masse grave soient identiques, ce n'est qu'un fait empirique. À part le fait d'être toutes les deux proportionnelles à la quantité de matière (proportionnalité approximative comme cela a été montré à partir du début du XXe siècle), la masse grave et la masse inerte semblent a priori n'avoir aucun lien entre elles, et constituer deux propriétés de la matière tout à fait indépendantes l'une de l'autre. Mais inversement, et bien que les deux soient conceptuellement distinctes, aucune expérience n'a jamais pu mettre en évidence une quelconque différence entre les deux.
726
+
727
+ Le fait de désigner ces deux manifestations sous le même terme de « masse » présuppose qu'il s'agit de la même grandeur physique, ce qui est effectivement la conception usuelle, mais obscurcit le caractère extraordinaire de cette proportionnalité. Pour mieux toucher du doigt cette différence, on peut discuter de deux qualités scalaires conservatoires et extensives de la matière, l'« inertie » qui se manifeste en dynamique, et le « pondéral » qui se manifeste par l'attraction gravitationnelle.
728
+
729
+ On peut en effet imaginer deux corps de natures différentes, ayant même inertie et des pondéraux différents. Le pondéral (qui intervient dans la loi de la gravitation de Newton) est formellement l'analogue de la charge électrique (qui intervient dans la loi de Coulomb) : le pondéral est en quelque sorte une charge gravitationnelle de la matière. De même qu'une charge électrique est à l'origine d'un potentiel électrostatique, le pondéral est à l'origine d'un potentiel gravitationnel. De même qu'une charge électrique placée dans un champ électrique subit une force électrostatique
730
+
731
+
732
+
733
+
734
+
735
+
736
+
737
+ F
738
+
739
+
740
+
741
+
742
+ =
743
+ q
744
+ .
745
+
746
+
747
+
748
+ E
749
+
750
+
751
+
752
+
753
+
754
+
755
+
756
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}=q.{\vec {E}}}
757
+
758
+ , de même une charge pondérale placée dans un champ gravitationnel subit une force de pesanteur
759
+
760
+
761
+
762
+
763
+
764
+
765
+
766
+ F
767
+
768
+
769
+
770
+
771
+ =
772
+ m
773
+ .
774
+
775
+
776
+
777
+ g
778
+
779
+
780
+
781
+
782
+
783
+
784
+
785
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}=m.{\vec {g}}}
786
+
787
+ . La particularité du pondéral est que contrairement à la charge électrique, ce scalaire est toujours positif, et la force d'attraction entre deux « charges gravitationnelles » de même signe est toujours positive.
788
+
789
+ Lorsqu'un corps subit une force électrostatique, du fait de sa charge électrique, il y répond par une accélération en raison inverse de son inertie ; mais il n'y a aucun rapport nécessaire entre cette inertie et sa charge électrique. Pour quelle raison l'inertie serait-elle alors toujours proportionnelle au pondéral, indépendamment de la nature des corps? Puisque la masse inerte n'a aucun lien avec la charge électrique, pour quelle raison en aurait-elle un avec la masse grave ?
790
+
791
+ L'équivalence entre masse inerte et masse grave est parfois appelé le « principe d'équivalence galiléen », ou encore la version faible du principe d'équivalence. La conséquence la plus directe de ce principe se rencontre en effet dans la loi de la chute libre, dont l'étude par Galilée l'avait conduit à dégager la notion d'inertie, étude à l'occasion de laquelle il avait pu constater que la loi de la chute était indépendante de la masse des corps et de leur nature. En termes modernes, si une masse pesante
792
+
793
+
794
+
795
+
796
+ m
797
+
798
+ p
799
+
800
+
801
+
802
+
803
+ {\displaystyle m_{p}}
804
+
805
+ est placée dans un champ gravitationnel
806
+
807
+
808
+
809
+
810
+
811
+
812
+ g
813
+
814
+
815
+
816
+
817
+
818
+
819
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
820
+
821
+ , elle subit une force
822
+
823
+
824
+
825
+
826
+
827
+
828
+
829
+ F
830
+
831
+
832
+
833
+
834
+ =
835
+
836
+ m
837
+
838
+ p
839
+
840
+
841
+ .
842
+
843
+
844
+
845
+ g
846
+
847
+
848
+
849
+
850
+
851
+
852
+
853
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}=m_{p}.{\vec {g}}}
854
+
855
+ , et y répond par une accélération
856
+
857
+
858
+
859
+
860
+
861
+
862
+
863
+ F
864
+
865
+
866
+
867
+
868
+ =
869
+
870
+ m
871
+
872
+ i
873
+
874
+
875
+ .
876
+
877
+
878
+
879
+ γ
880
+
881
+
882
+
883
+
884
+
885
+
886
+
887
+ {\displaystyle \scriptstyle {\vec {F}}=m_{i}.{\vec {\gamma }}}
888
+
889
+ , impliquant cette fois-ci sa masse inerte
890
+
891
+
892
+
893
+
894
+ m
895
+
896
+ i
897
+
898
+
899
+
900
+
901
+ {\displaystyle m_{i}}
902
+
903
+ . Si l'expérience montre que la loi du mouvement est la même pour tous les corps, indépendamment de leur nature, c'est donc que l'accélération
904
+
905
+
906
+
907
+
908
+
909
+
910
+ γ
911
+
912
+
913
+
914
+
915
+
916
+
917
+ {\displaystyle {\vec {\gamma }}}
918
+
919
+ est la même pour tous, et donc :
920
+
921
+ Cette équation signifie que dire : « le rapport de la masse grave à la masse inerte est une constante »[b], est équivalent à dire que : « ils tombent suivant la même loi dans un champ gravitationnel donné ». Ce constat expérimental est effectivement ce qui permet d'énoncer une loi universelle de la gravitation.
922
+
923
+ Des expériences bien plus précises ont été réalisées par le baron Loránd Eötvös[8], en 1889, à partir d'une balance de torsion. L'idée à la base de son expérience est que le champ de pesanteur en un lieu sur terre est (au premier ordre) la somme de deux composantes : une composante gravitationnelle, dépendant de la masse pesante et dirigée vers le centre de la terre, et une composante centrifuge, dépendant de la masse inerte et dirigée perpendiculaire à son axe de rotation. Si donc masse inerte et masse pesante ne sont pas toujours strictement proportionnelles, la direction de la verticale doit être légèrement différente pour deux corps de nature différente. Dans ce cas, une balance de torsion dont le bras est orienté en est-ouest subira un couple tendant à le tourner au contraire dans l'orientation nord-sud, cet effet étant maximum aux latitudes de l'ordre de 45°. Avec cette méthode, Eötvös a pu montrer l'égalité des deux masses à 10−9 près.
924
+
925
+ Une autre démonstration de cette égalité se fonde sur la remarque que la loi du mouvement des corps en orbite dépend à la fois du paramètre gravitationnel standard et du rapport entre masse inerte et masse grave du satellite[b]. Le fait que tous les satellites autour de la terre suivent le même mouvement démontre également l'égalité des deux masses ; de même, une inégalité se traduirait par un couple tendant à faire tourner les satellites hétérogènes, qui n'est pas non plus observé.
926
+
927
+ Même si ces deux grandeurs sont a priori conceptuellement distinctes, tous les résultats expérimentaux indiquent donc qu'elles sont toujours directement proportionnelles entre elles, avec un même coefficient de proportionnalité, pour toutes les matières expérimentées. À notre échelle, cette équivalence semble évidente, et l'égalité
928
+
929
+
930
+
931
+
932
+ m
933
+
934
+ g
935
+
936
+
937
+
938
+ /
939
+
940
+
941
+ m
942
+
943
+ i
944
+
945
+
946
+ =
947
+ 1
948
+
949
+
950
+ {\displaystyle m_{g}/m_{i}=1}
951
+
952
+ est aujourd'hui démontrée expérimentalement à 10-15 près.
953
+
954
+ En outre, dans ce cas, il n'y a pas de raison de considérer que masse inerte et masse grave sont deux grandeurs physiques indépendantes. Puisque le rapport entre elles est constant, c'est en fait la proportionnalité de ces grandeurs qui est vérifiée, indépendamment de la nature du corps. Dès lors, il s'agit d'une grandeur physique unique se manifestant par deux phénomènes différents, et un choix d'unité approprié permet de poser que l'« inertie » est égale au « pondéral », c'est-à-dire que masse inerte et masse grave sont identiques. On se permet dès lors de parler de la masse d'un corps : en choisissant la même unité de mesure pour les deux masses, leur universelle proportionnalité (expérimentale) se traduit par leur égalité.
955
+
956
+ Ce fait d'expérience constitue le principe d'équivalence entre masse inerte et masse grave. Albert Einstein l'admit tel quel, et en donna une interprétation en termes de relativité du mouvement. Ce fut une avancée fondamentale vers la formulation des lois de la relativité générale. Albert Einstein développa la relativité générale en partant du principe que la correspondance entre masse inertielle et masse gravitationnelle (passive) n'était pas accidentelle, et que jamais aucune expérience ne pourrait détecter une quelconque diff��rence entre les deux (c'est la version faible du principe d'équivalence). Cependant, dans le modèle théorique qui en résulte, la gravité n'est pas réellement une force, et ne répond pas au principe d'action et de réaction, si bien que « l'égalité de la masse inerte et de la masse gravitationnelle active [...] demeure aussi étrange que jamais »[9].
957
+
958
+ Certaines théories scientifiques, comme la théorie des cordes, prédisent que l'équivalence pourrait cesser d'être vérifiée à des échelles beaucoup plus fines.
959
+
960
+ Même si masse inerte et masse grave sont expérimentalement égales, il est parfois utile, dans des problèmes d'analyse dimensionnelle, de faire comme si ces deux quantités pouvaient varier indépendamment et correspondaient donc à des dimensions différentes.
961
+
962
+ Comme signalé par ailleurs[b], la constante de gravitation G peut être vue comme un facteur d'échelle entre masse inertielle et masse grave ; on peut chercher comment un problème varie en fonction du rapport entre les forces de gravité (qui se traduisent par des mesures pondérales statiques) et les forces d'inertie. De manière imagée, cette analyse consiste à « faire varier la constante de gravitation » dans le problème. Plus pragmatiquement, elle consiste à distinguer, dans les équations aux dimensions, entre masse inerte et masse pesante.
963
+
964
+ Sur le plan des dimensions, la constante gravitationnelle est alors exprimée en
965
+
966
+
967
+
968
+
969
+
970
+ M
971
+
972
+ p
973
+
974
+
975
+
976
+ 2
977
+
978
+
979
+ .
980
+
981
+ M
982
+
983
+ i
984
+
985
+
986
+ .
987
+
988
+ L
989
+
990
+ 3
991
+
992
+
993
+ .
994
+
995
+ T
996
+
997
+
998
+ 2
999
+
1000
+
1001
+
1002
+
1003
+
1004
+ {\displaystyle \scriptstyle M_{p}^{-2}.M_{i}.L^{3}.T^{-2}}
1005
+
1006
+ . D'une manière générale, les unités « pondérales » se traduisent alors par des dimensions en masse pesante, alors que les unités « dynamiques » ou « énergétiques » se traduisent par de la masse inerte. L'analyse permet de proche en proche de distinguer entre ces dimensions pondérales et inertielles :
1007
+
1008
+ Dans l'histoire du concept de masse inerte, le chapitre le plus important est celui de la reformulation due à Ernst Mach, qui visait à éliminer de la définition les éléments qu'il qualifiait de « métaphysique » pour ne plus reposer que sur des phénomènes observables. En effet, dans la mécanique newtonienne, la force est définie par le produit de l'accélération et de la masse inerte, mais cette dernière n'est elle-même définie qu'à travers la force. La reformulation claire qu'il en donna est une définition considérée à présent comme « classique ». C'est à partir de cette définition que Albert Einstein a tenté de définir la masse dans sa théorie de la relativité générale, mais à son grand regret, l'approche de Mach ne peut pas se transposer en mécanique relativiste. L'approche de Mach est fondée sur le principe d'action et réaction, en appliquant le principe de proportionnalité entre accélérations pour définir le rapport entre masses sans avoir à passer par les forces en présence.
1009
+
1010
+ Considérons un système isolé, constitué de deux corps (ponctuels) indicés « 1 » et « 2 », qui interagissent l'un sur l'autre. Quelle que soit la force agissant entre les deux corps, on peut observer expérimentalement que les accélérations subies par les deux corps sont toujours proportionnelles[f] et dans un rapport constant de l'un à l'autre :
1011
+
1012
+ Le point important est que ce rapport de proportionnalité
1013
+
1014
+
1015
+
1016
+
1017
+
1018
+ μ
1019
+
1020
+ 12
1021
+
1022
+
1023
+
1024
+
1025
+
1026
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{12}}
1027
+
1028
+ est une constante qui ne dépend ni du temps, ni de l'état initial du système. La constante de proportionnalité est donc une propriété physique intrinsèque qui ne dépend que de ces deux corps ; et qui est modifiée lorsqu'on remplace l'un des deux corps par un troisième. On peut également noter que par définition,
1029
+
1030
+ Introduisons à présent un troisième corps « 3 », et refaisons les trois expériences correspondantes sur les trois couples possibles de masses ponctuelles (en supposant toujours le système isolé). On peut alors mesurer les trois constantes
1031
+
1032
+
1033
+
1034
+
1035
+
1036
+ μ
1037
+
1038
+ 12
1039
+
1040
+
1041
+
1042
+
1043
+
1044
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{12}}
1045
+
1046
+ ,
1047
+
1048
+
1049
+
1050
+
1051
+
1052
+ μ
1053
+
1054
+ 23
1055
+
1056
+
1057
+
1058
+
1059
+
1060
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{23}}
1061
+
1062
+ et
1063
+
1064
+
1065
+
1066
+
1067
+
1068
+ μ
1069
+
1070
+ 31
1071
+
1072
+
1073
+
1074
+
1075
+
1076
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{31}}
1077
+
1078
+ . On constate expérimentalement que l'on a toujours
1079
+
1080
+
1081
+
1082
+
1083
+
1084
+ μ
1085
+
1086
+ 12
1087
+
1088
+
1089
+
1090
+
1091
+ μ
1092
+
1093
+ 23
1094
+
1095
+
1096
+
1097
+
1098
+ μ
1099
+
1100
+ 31
1101
+
1102
+
1103
+ =
1104
+ 1
1105
+
1106
+
1107
+
1108
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{12}\cdot \mu _{23}\cdot \mu _{31}=1}
1109
+
1110
+  ; ou autrement dit, que les coefficients vérifient une relation de transitivité
1111
+
1112
+
1113
+
1114
+
1115
+
1116
+ μ
1117
+
1118
+ 12
1119
+
1120
+
1121
+
1122
+
1123
+ μ
1124
+
1125
+ 23
1126
+
1127
+
1128
+ =
1129
+
1130
+
1131
+ μ
1132
+
1133
+ 13
1134
+
1135
+
1136
+
1137
+
1138
+
1139
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{12}\cdot \mu _{23}=\cdot \mu _{13}}
1140
+
1141
+ . Cependant, dans cette dernière forme, on voit que le coefficient
1142
+
1143
+
1144
+
1145
+
1146
+
1147
+ μ
1148
+
1149
+ 13
1150
+
1151
+
1152
+
1153
+
1154
+
1155
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{13}}
1156
+
1157
+ est donc le produit de deux termes, dont le premier terme
1158
+
1159
+
1160
+
1161
+
1162
+
1163
+ μ
1164
+
1165
+ 12
1166
+
1167
+
1168
+
1169
+
1170
+
1171
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{12}}
1172
+
1173
+ ne dépend pas de la nature du corps « 3 », et le second
1174
+
1175
+
1176
+
1177
+
1178
+
1179
+ μ
1180
+
1181
+ 23
1182
+
1183
+
1184
+
1185
+
1186
+
1187
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{23}}
1188
+
1189
+ ne dépend pas de celle du corps « 1 ». On en déduit donc que chaque coefficient
1190
+
1191
+
1192
+
1193
+
1194
+ μ
1195
+
1196
+ i
1197
+ j
1198
+
1199
+
1200
+
1201
+
1202
+ {\displaystyle \mu _{ij}}
1203
+
1204
+ s'exprime d'une manière générale comme le produit de deux termes, chaque terme ne dépendant que de la nature d'un des deux corps. Posons alors
1205
+
1206
+
1207
+
1208
+
1209
+
1210
+ μ
1211
+
1212
+ a
1213
+ b
1214
+
1215
+
1216
+ =
1217
+
1218
+ ν
1219
+
1220
+ b
1221
+
1222
+
1223
+
1224
+
1225
+ m
1226
+
1227
+ a
1228
+
1229
+
1230
+
1231
+
1232
+
1233
+ {\displaystyle \scriptstyle \mu _{ab}=\nu _{b}\cdot m_{a}}
1234
+
1235
+ . Mais il faut alors que l'on ait de même, pour tout couple de corps a et b, et à chaque instant :
1236
+
1237
+ Par conséquent, on peut réécrire la proportionnalité des accélérations sous la forme suivante :
1238
+
1239
+ La quantité m ainsi définie (à un facteur constant près, qui correspond au choix de l'unité de mesure) est appelée par définition « masse inertielle » de ce corps.
1240
+
1241
+ Il est donc possible de comparer la masse inertielle de deux corps, en mesurant les accélérations auxquelles ils sont soumis du fait de leurs interactions, sans avoir besoin de passer par les « forces » agissant sur ces deux corps (du moins, à condition de pouvoir supposer que le système est isolé, c'est-à-dire qu'il n'est pas soumis à des forces extérieures). Le rapport entre les deux masses est alors donné par le rapport des accélérations :
1242
+
1243
+ Que ce soit la « masse inerte » ou la « masse pesante », la masse est une grandeur physique qui apparaît toujours positive dans l'expérience courante. Cet état de fait empirique n'exclut pas que l'on puisse rencontrer un jour une masse négative, et n'interdit donc pas d'en explorer les propriétés sur le plan de la physique théorique, à défaut de pouvoir faire de la physique expérimentale. Des scientifiques se sont penchés sur la question car rien n'impose a priori que toute masse devrait être positive. En envisageant le concept de masse négative, il est important de considérer lequel des concepts de masse est négatif.
1244
+
1245
+ En physique théorique, une masse pesante négative est un concept hypothétique postulant l'existence de masse de « charge » négative, tout comme il existe des charges électriques positives et négatives. Comme rappelé ci-dessus, il n'y a pas de raison impérative, sur le plan théorique, pour que la masse inerte et la masse pesante soient systématiquement égales ; et la masse pesante peut être vue comme une « charge grave » gouvernant le mouvement de la matière dans un champ gravitationnel, de même qu'une « charge électrique » gouverne le mouvement de la matière dans un champ électrique. Dans ce cadre, et à partir du moment où l'on admet qu'une « charge grave » puisse être négative tout en maintenant une « inertie » positive, il ne peut rien y avoir d'intrinsèquement contradictoire dans les équations du mouvement.
1246
+
1247
+ Cependant, l'expérience montre que les « charges graves » de même signe s'attirent, la loi universelle de la gravitation imposant alors symétriquement que des « charges graves » de signe contraire se repoussent. Contrairement au cas électrique, une matière composite formée de « charges graves » positives et négatives ne peut donc pas maintenir sa cohérence, et les charges de différents signes tendent à la fois à se regrouper entre elles, et à se placer le plus loin possible de corps de charge contraire. Une « charge grave » de signe opposé ne peut donc que fuir un centre de masse homogène comme la Terre, le Soleil, la Galaxie... Dans le champ gravitationnel terrestre, par exemple, une « charge grave » de signe opposé sera soumise à une accélération donnée par :
1248
+
1249
+ C'est l'hypothèse d'une masse inertielle
1250
+
1251
+
1252
+
1253
+
1254
+ m
1255
+
1256
+ i
1257
+
1258
+
1259
+
1260
+
1261
+ {\displaystyle m_{i}}
1262
+
1263
+ négative qui implique des formes contre-intuitives de mouvement. La principale caractéristique de la masse inertielle est en effet de permettre à la matière de stocker de l'énergie cinétique à travers une augmentation de la vitesse :
1264
+
1265
+ Une masse inertielle négative signifierait inversement qu'il faut fournir de l'énergie au système pour le ralentir, ou symétriquement, que le système fournit de l'énergie à son environnement en accélérant. Par exemple, un objet avec une masse inertielle négative accélérerait dans la direction opposée à celle vers laquelle il est poussé ou freiné. Une telle particule de masse inertielle négative serait par conséquent un projectile précieux : il fournit de l'énergie lorsqu'on lui donne une impulsion au départ, accélère sous l'effet des frottements de l'air, et en heurtant un obstacle tendrait donc à accélérer au travers de celui-ci, d'autant plus violemment que la résistance serait importante : un tel projectile serait donc irrésistible.
1266
+
1267
+ L'idée initiale de tachyon dérive directement de l'équation donnant la masse relativiste : si une particule dépasse la vitesse de la lumière, son terme en
1268
+
1269
+
1270
+
1271
+
1272
+
1273
+
1274
+ 1
1275
+
1276
+
1277
+ v
1278
+
1279
+ 2
1280
+
1281
+
1282
+
1283
+ /
1284
+
1285
+
1286
+ c
1287
+
1288
+ 2
1289
+
1290
+
1291
+
1292
+
1293
+
1294
+
1295
+
1296
+ {\displaystyle \scriptstyle {\sqrt {1-v^{2}/c^{2}}}}
1297
+
1298
+ devient un nombre imaginaire pur. Et, « par conséquent », une particule se déplaçant plus rapidement que la vitesse de la lumière « doit » avoir une masse imaginaire pure, le quotient des deux permettant de retrouver les lois usuelles sur l'énergie. Une telle approche littérale, cependant, n'a jamais été prise au sérieux, que ce soit en mécanique relativiste ou en mécanique quantique.
1299
+
1300
+ En mécanique quantique, on définit effectivement un champ tachyonique (ou plus simplement, un tachyon) comme un champ quantique associé à une masse imaginaire[10]. De fait, et bien que des tachyons (en tant que particules se déplaçant plus rapidement que la vitesse de la lumière) ne sont que des particules purement hypothétiques, et qui n'ont probablement pas d'existence réelle[10],[11], l'idée d'un champ associé à une masse imaginaire est cependant un concept important pour la physique moderne des particules[12],[13],[14], et ce concept est abordé dans des livres de vulgarisation de physique quantique[10],[15].
1301
+
1302
+ Dans ce cadre théorique, cependant, une excitation ne se propage jamais plus rapidement que la vitesse de la lumière. Qu'il puisse ou non exister des masses tachyoniques n'a aucune conséquence possible sur la vitesse de propagation de l'information, et il ne peut y avoir aucune violation du principe de causalité[16]. Même si le champ quantique comporte dans ce cas un terme qui peut être interprété comme une « masse imaginaire », aucune description de particule n'hérite d'une telle masse. Ce qui se traduit apparemment par une « masse imaginaire » montre par ailleurs que le système devient instable, et que cette instabilité conduit à une transition de phase, conduisant à un condensat de tachyons, très proche d'une transition de second ordre qui conduit à une symétrie brisée dans le modèle standard.
1303
+
1304
+ « ... so existence of particles v > c ... Called tachyons ... would present relativity with serious ... problems of infinite creation energies and causality paradoxes. »
1305
+
1306
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2512.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,35 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le litre (dérivé de litron[1], ancienne mesure de capacité) est une unité de mesure de volume égale à un décimètre cube. Cette définition du Bureau international des poids et mesures (BIPM) date de 1964. Bien qu’en dehors du Système international d'unités, l'usage du litre est accepté par le BIPM. Les symboles reconnus par ce dernier sont les caractères l (lettre l minuscule) et L (lettre l majuscule, ou capitale)[2].
4
+
5
+ Le litre est défini comme étant un nom spécial pour le décimètre cube[3]. Cette définition est la seule acceptée par le Bureau international des poids et mesures[4]. En première approximation, un litre peut également être défini comme le volume occupé par une masse d'un kilogramme d'eau pure à la pression atmosphérique normale (760 mmHg)[1]. Cependant, cette deuxième définition est moins précise de 28 millionièmes[5].
6
+
7
+ Le litre n'appartient pas au Système international d'unités, contrairement au mètre cube qui dérive directement du mètre (à la puissance trois) et ne nécessite donc pas de conversion. Ce n'est pas le cas du litre qui correspond à un millième de mètre cube. Le Bureau international des poids et mesures accepte toutefois l'usage du litre car il est couramment utilisé au niveau mondial[2].
8
+
9
+ En 1790 l'Assemblée constituante se prononce, face aux diverses unités de mesures alors en cours en France, en faveur d'un système d'unités unifié[6]. La loi du 18 germinal an III (7 avril 1795)[7] définit le mètre comme « la mesure de longueur égale à la 10 millionième partie de l'arc du méridien terrestre compris entre le pôle boréal et l'équateur » et le litre comme « la mesure de capacité, tant pour les liquides que pour les matières sèches, dont la contenance sera celle du cube de la dixième partie du mètre ». Autrement dit, dès 1795 le litre est défini comme étant égal au décimètre cube.
10
+
11
+ Avant d'être définitivement dénommée litre, l'unité de mesure du volume a été provisoirement appelée pinte, puis cadil[8],[9],[10]. Un étalon de cadil est visible au musée des arts et métiers à Paris[11].
12
+
13
+ En 1901, le Bureau international des poids et mesures définit le litre comme « le volume occupé par la masse de 1 kilogramme d'eau pure, à son maximum de densité et sous la pression atmosphérique normale »[12]. Cette définition fut abrogée en 1964[13] à la suite de la constatation en 1960 d'une différence avec le décimètre cube de 28 millionièmes[5]. Le litre est désormais défini comme un nom spécial du décimètre cube.
14
+
15
+ Les symboles l (minuscule) et L (capitale) sont les deux symboles acceptés par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) pour représenter le litre[2].
16
+
17
+ D'une façon générale, l'usage veut qu'une capitale ne soit utilisée qu'avec le symbole d'une unité issue d'un nom propre[14] (par exemple Pa pour le pascal en l'honneur de Blaise Pascal, ou K pour le kelvin en l'honneur de Lord Kelvin), ce qui n'est pas le cas du litre[15]. Le litre et son symbole l (en minuscule) furent adoptés par le Comité international des poids et mesures (CIPM) en 1879[2].
18
+
19
+ Néanmoins, le chiffre 1 (un) et la lettre l minuscule peuvent être confondus dans certaines polices d'écriture, et plusieurs pays ont pris l'habitude d'utiliser la capitale L pour éviter toute confusion[16]. En 1979, exceptionnellement et face à l'habitude rencontrée, le symbole L (en capitale) fut également adopté par la 16e Conférence générale des poids et mesures (CGPM) « comme alternative pour éviter le risque de confusion entre la lettre l et le chiffre un, 1[17] », mais considère « que dans l'avenir un seul des deux symboles devrait être retenu ». Et précise en note : « Le Comité international a estimé encore prématuré, en 1990, de choisir un symbole unique du litre[18] ».
20
+
21
+ L'approbation par le BIPM du symbole L pour le litre, en parallèle du symbole l, constitue donc une exception à la règle sur les capitales[14]. Le Code de rédaction interinstitutionnel de l'Office des publications de l'Union européenne rend le seul symbole l[19] obligatoire dans l'ensemble des publications émanant des institutions, organes et organismes de l'Union européenne[20]. En France, le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale indique les deux casses et précise : « symbole L si confusion possible entre l et 1[21] ». L'Office québécois de la langue française au Canada indique de même : « le symbole L est toléré uniquement lorsqu'il y a risque de confusion entre le symbole l et le chiffre 1[3] ».
22
+
23
+ La typographie ℓ, en cursif, est un symbole du litre non mentionné par les recommandations du Bureau international des poids et mesures[22],[23]. Ce ℓ est utilisé dans certains pays[24]. Il permet d'éviter la confusion avec le chiffre 1, tout comme la lettre L[25].
24
+
25
+
26
+
27
+ Les sous-multiples couramment utilisés sont le décilitre (dl), le centilitre (cl) et le millilitre (ml), plus rarement le microlitre (µl). Les multiples sont rarement utilisés au profit du mètre cube (m3, unité faisant partie du Système international d'unités (SI)), à l'exception de l'hectolitre (hl) utilisé dans le secteur agroalimentaire.
28
+
29
+ Le tableau suivant donne les conversions entre les multiples et sous-multiples du litre et ceux du mètre-cube. Les noms en gras désignent les multiples et sous-multiples couramment utilisés.
30
+
31
+ Pour les coffres d'automobile, le volume est quelquefois exprimé en litres selon la norme VDA (Verband der Automobilindustrie ; « union de l'industrie automobile », un organisme allemand). Cette unité se base sur des pavés normalisés de dimensions 50 mm × 200 mm × 100 mm, soit 1 litre de volume. Le volume utilisable ainsi obtenu est inférieur au volume total réel du coffre mais plus réaliste dans le contexte d'une utilisation normale.
32
+
33
+ Autrefois, le vin était parfois quantifié au poids, ce qui se fait encore de nos jours pour la vente au détail. D'où l'expression familière kil, signifiant un kilogramme de vin, pour désigner un litre[26],[27].
34
+
35
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2513.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,58 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Dans la mythologie grecque, Hélène (en grec ancien Ἑλένη / Helénê) est la fille de Zeus et de Léda. Selon la légende, elle était la plus belle femme du monde, surpassée à ce titre par la seule déesse Aphrodite. Elle était mariée à Ménélas, roi de Sparte, avant d'être enlevée par Pâris, prince troyen, ce qui déclencha la guerre de Troie qui opposa Grecs et Troyens de 1194 à 1184[1] avant J.-C.
2
+
3
+ Léda, femme de Tyndare, roi de Sparte, engendra quatre enfants : les jumeaux Castor et Pollux, Clytemnestre et Hélène. Mais Hélène et Pollux étaient en réalité les enfants de Zeus. Selon l'une des versions de la légende, Zeus rendit visite à Léda sous la forme d'un cygne ; de cette union, Léda pondit un œuf d'où sortirent les deux enfants divins.
4
+
5
+ Considérée comme la plus belle femme au monde, inspiratrice d'innombrables passions, elle fut enlevée par Thésée dans sa jeunesse, qui l'emporta en Attique. Mais elle fut secourue par ses frères alors que Thésée s'était absenté pour se rendre aux Enfers.
6
+
7
+ Lorsqu'elle fut en âge de se marier, tous les chefs de Grèce briguèrent sa main (cf. ci-dessous). Comme leur rivalité risquait d'embraser la Grèce, sur la suggestion d'Ulysse, Tyndare sacrifia un cheval et fit monter les prétendants sur la peau du cheval et prêter un serment solennel : peu importe celui qui serait choisi, ils promettaient de lui porter secours tous ensemble si jamais quiconque tentait de lui ravir son épouse.
8
+
9
+ Selon les variantes de la légende, Hélène choisit elle-même le plus beau des princes — mais non le plus spirituel —, ou bien ce fut Tyndare qui prit la décision, préférant le plus riche, mais non le plus agréable à sa fille. Hélène épousa Ménélas, devenant ainsi reine de Sparte, et lui donna une fille, Hermione. Plusieurs années plus tard, alors que Ménélas s'était absenté pour aller en Crète, le prince troyen Pâris arriva à Sparte et charma la belle Hélène. Selon certaines versions, il la séduisit grâce à l'intervention d'Aphrodite et la persuada de s'enfuir avec lui, ou bien il l'enleva et l'emmena à Troie. La déesse Aphrodite lui avait en effet accordé l'amour de la plus belle femme au monde à la suite du jugement de Pâris, qui impliquait la pomme de discorde. Furieux de cet affront, Ménélas se rendit auprès de son frère Agamemnon, le plus puissant des rois grecs, et tous deux montèrent une immense expédition pour aller à Troie détruire la ville et récupérer Hélène. Selon le serment prêté peu avant le mariage d’Hélène, tous les anciens prétendants furent contraints de participer à la guerre qui se préparait.
10
+
11
+ Au chant IV de l'Odyssée, Hélène se qualifie devant Ménélas de « cynique ». Le mot grec κυνώπιδος (visage de chien) ressemble à κυνόμορφος (en forme de chien) qui signifie aussi « fleur de safran ». La guerre de Troie ne serait-elle pas une guerre entre les deux grands producteurs de safran, jadis et maintenant, la Grèce et l'Iran via la Turquie ?
12
+
13
+ Cette guerre dura dix ans et fut la plus meurtrière de l'Antiquité. C'est sur les Portes Scées de la ville de Troie qu'Hélène est invitée par Priam, aux côtés des sages troyens, pour lui présenter les chefs grecs que l'on perçoit au loin ; c'est aussi ici, que contrairement à de nombreux Troyens, il lui témoigne son soutien, et lui prie de ne pas se reprocher les causes de la guerre, qui sont plutôt à lui dévouer[2]. Ménélas et Pâris s'affrontent en duel pour l'amour d'Hélène, chacun protégé par ses déesses protectrices, et le Troyen n'est sauvé dans son duel que par Aphrodite, qui le dépose hors de la zone du combat. Finalement, grâce à une ruse d'Ulysse, les Grecs parviennent avec le Cheval de Troie à s'emparer de la ville, qu'ils détruisent totalement. Ménélas fait partie des Grecs qui s'introduisent dans la ville. Il tue alors Déiphobe (le nouvel époux d'Hélène après la mort de Pâris) et retrouve son épouse.
14
+
15
+ Selon le récit que Déiphobe fait à Énée lorsqu'il le rencontre aux enfers dans le chant VI de l'Énéide, c'est Hélène qui fit signe aux troupes grecques restées à l'extérieur de s'approcher une fois les soldats sortis du cheval, et c'est avec la complicité d'Hélène que Ménélas put ensuite tuer Déiphobe dans son lit :
16
+
17
+ « Quand ce colosse altier apportant le trépasEntrait gros de malheurs, d'armes et de soldats, [...]Hélène secondait ce colosse guerrier [...], Secouait une torche, et, des tours d'Ilion,Appelait et la Grèce et la destruction.Je sommeillais alors : ce sommeil homicide,Du repos de la mort avant-coureur perfide,À mes vils ennemis livrait un malheureux.Ma tendre épouse alors, ce cœur si généreux,Écarte du palais les armes qu'il recèle,Dérobe à mon chevet ma défense fidèle,Ce glaive qui, la nuit, protégeait mon sommeil;Appelle Ménélas à mon affreux réveil :Il entre; et dans l'instant sa lâche perfidieLui livre mon palais, mes armes et ma vie.Sans doute se flattant, par cette lâcheté,D'expier envers lui son infidélité. »
18
+
19
+ — Traduction de Jacques Delille
20
+
21
+ Ménélas ayant récupéré sa femme, il a tout d'abord l'intention de la tuer à cause de sa trahison, mais devant son immense beauté, il s'éprend de nouveau d'elle et la ramène avec lui. Pendant le voyage de retour, qui dura huit ans, ils s'arrêtèrent en Crète, à Chypre, en Libye, en Phénicie, puis en Égypte. Après la mort de Ménélas, Hélène fut chassée de Sparte et se réfugia à Rhodes. Mais la reine Polyxo, qui l'avait accueillie sur son île, désespérée par la mort de son époux, tué devant Troie, l'accusa de ce malheur. Elle la fit alors étouffer dans son bain par ses servantes et fit suspendre son cadavre à un arbre. Joël Schmidt écrit dans son Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine que"Hélène dont la grâce avait désarmé tant de farouches héros, d'ennemis irréductibles, eut, selon quelques versions, une fin digne de son exceptionnelle destinée : comme Protée l'avait prédit dans L'Odyssée, les dieux lui accordèrent l'immortalité et la faveur de vivre éternellement en compagnie de Ménélas dans les Champs Élysées. Selon une autre version, après avoir disparu de la Terre, elle épousa Achille, l'un des rares héros, qui, en raison de sa jeunesse, n'avait pas figuré au nombre des prétendants. Leurs noces eurent lieu dans les Îles des Bienheureux, l'île Blanche, et furent bénies par la naissance d'un fils ailé, Euphorion, qui, dédaignant quelques années plus tard l'amour de Zeus, fut foudroyé."
22
+
23
+ Elle fut l'objet d'un culte héroïque important dans la ville de Sparte. Le Xe Discours de Dion de Pruse rapporte que c'est pour avoir parlé d'Hélène comme Homère que Stésichore fut frappé d'aveuglement, en punition de son mensonge, et que la vue ne lui fut rendue qu'après qu'il se fut dédit. Platon préserve dans le Phèdre la palinodie de Stésichore : privé de la vue par les dieux pour avoir nié les faits homériques, il compose alors un poème dans lequel il se rétracte. Toutefois, la tournure qu'il emploie laisse encore place à l'ambiguïté :
24
+
25
+ « Non, ce discours n’est pas vrai
26
+ tu [Hélène] n’es jamais montée sur les navires aux beaux bancs de rameurs,
27
+ tu n’es jamais entrée dans la citadelle de Troie. »
28
+
29
+ Cette palinodie est également citée par Ovide dans L'Art d'aimer[3].
30
+
31
+ D'après Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio[4], il semble qu'Hélène pratiquait la sorcellerie, ou la magie : elle utilisait des potions, qu'une femme, Polydamna, lui avait données en Égypte, comme on le lit dans l'Odyssée d'Homère, au Chant IV, où elle utilise un baume magique, le népenthès, qui fait oublier les malheurs, afin que ses convives retrouvent le plaisir du banquet gâché par le souvenir d'Ulysse disparu.
32
+
33
+ « Et alors Hélénè, fille de Zeus, eut une autre pensée, et, aussitôt, elle versa dans le vin qu'ils buvaient un baume, le népenthès, qui donne l'oubli des maux. Celui qui aurait bu ce mélange ne pourrait plus répandre des larmes de tout un jour, même si sa mère et son père étaient morts, même si on tuait devant lui par l'airain son frère ou son fils bien-aimé, et s'il le voyait de ses yeux. Et la fille de Zeus possédait cette liqueur excellente que lui avait donnée Polydamna, femme de Thôs, en Aigyptiè, terre fertile qui produit beaucoup de baumes, les uns salutaires et les autres mortels. Là tous les médecins sont les plus habiles d'entre les hommes, et ils sont de la race de Paièôn[5]. »
34
+
35
+ Elle pouvait aussi imiter les voix et attirer les hommes à la manière des Sirènes[6], comme elle le fit durant la Guerre de Troie, ainsi que le raconte Homère dans l'Odyssée, Chant IV, alors que les Grecs se trouvaient dans la ville cachés dans le cheval de Troie. La nuit tombée, elle fit trois fois le tour de la construction en appelant chacun des chefs avec la voix de son épouse pour les faire sortir malgré eux, au risque de donner l'avantage aux Troyens, ainsi que le lui rappelle Ménélas, son mari. Ulysse arrive à empêcher les chefs grecs de sortir.
36
+
37
+ « je n'ai jamais vu de mes yeux un cœur tel que celui du patient Odysseus, ni ce que ce vaillant homme fit et affronta dans le cheval bien travaillé où nous étions tous entrés, nous, les princes des Argiens, afin de porter le meurtre et la kèr aux Troiens. Et tu vins là, et sans doute un dieu te l'ordonna qui voulut accorder la gloire aux Troiens, et Dèiphobos semblable à un dieu te suivait. Et tu fis trois fois le tour de l'embûche creuse, en la frappant ; et tu nommais les princes des Danaens en imitant la voix des femmes de tous les Argiens ; et nous, moi, Diomèdès et le divin Odysseus, assis au milieu, nous écoutions ta voix. Et Diomèdès et moi nous voulions sortir impétueusement plutôt que d'écouter de l'intérieur, mais Odysseus nous arrêta et nous retint malgré notre désir. Et les autres fils des Akhaiens restaient muets, et Antiklos, seul, voulut te répondre : mais Odysseus lui comprima la bouche de ses mains robustes, et il sauva tous les Akhaiens ; et il le contint ainsi jusqu'à ce que Pallas Athènè t'eût éloignée[5]. »
38
+
39
+ Ces capacités particulières d'Hélène sont connues dans l'antiquité et Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, rapporte un dialogue entre le philosophe Apollonios et son disciple Damis qui commentent le récit d'Homère, mais ils évoquent aussi la possibilité qu'Hélène ait pratiqué les incantations :
40
+
41
+ « D'ailleurs à quoi bon parler philosophie à des hommes dont l'esprit est abattu ? - Ce sont précisément ceux qui ont le plus besoin qu'on leur parle et qu'on les réconforte. Rappelez-vous ce qu'Homère dit d'Hélène, qui versait dans une coupe les remèdes égyptiens pour y noyer les chagrins des hommes : ne croyez-vous pas qu'Hélène, qui était instruite dans la sagesse égyptienne, prononçait sur cette coupe certaines paroles magiques, et que c'était à la fois la vertu de ces paroles et celle du vin qui guérissaient les affligés ? - Rien n'est plus probable, dit Damis, s'il est vrai qu'elle soit allée en Égypte, qu'elle y ait connu Protée, ou, comme le dit Homère, qu'elle ait été liée avec Polydamne, épouse de Thon[7]. »
42
+
43
+ Plus loin dans le texte d'Homère, au chant XV[8], elle se montre également capable d'interpréter un oracle :
44
+
45
+ « Et tandis qu’il parlait ainsi, un aigle s’envola à sa droite, portant dans ses serres une grande oie blanche domestique. Les hommes et les femmes le poursuivaient avec des cris ; et l'aigle, s'approchant, passa à la droite des chevaux. Et tous, l'ayant vu, se réjouirent dans leurs âmes ; et le Nestoride Peisistratos dit le premier :
46
+ « — Décide, divin Ménélaos, prince des peuples, si un Dieu nous envoie ce signe, ou à toi. »
47
+ Il parla ainsi, et Ménélaos cher à Arès songeait comment il répondrait sagement ; mais Hélénè au large péplos le devança et dit :
48
+ « — Écoutez-moi, et je prophétiserai ainsi que les Immortels me l'inspirent, et je pense que ceci s'accomplira. De même que l'aigle, descendu de la montagne où est sa race et où sont ses petits, a enlevé l'oie dans les demeures, ainsi Odysseus, après avoir beaucoup souffert et beaucoup erré, reviendra dans sa maison et se vengera. Peut-être déjà est-il dans sa demeure, apportant la mort aux Prétendants. »
49
+ Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :
50
+ « — Puisse Zeus, le tonnant mari de Hèrè, le vouloir ainsi, et, désormais, je t'adresserai des prières comme à une Déesse. »
51
+
52
+ Dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux présente une Hélène passive, à peine humaine, réduite de façon à la fois grotesque et tragique à son rôle de symbole de la beauté. Parfois évoquée, assez injustement, comme une séductrice vénale, l'Hélène de Giraudoux est avant tout l'incarnation du destin implacable et sourd, contre lequel il est impossible d'aller.
53
+
54
+ Hélène de Troie est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine de Judy Chicago, The Dinner Party, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. Le nom d'Hélène figure sur le socle, elle y est associée à Sophie, sixième convive de l'aile I de la table[9].
55
+
56
+ En raison de sa grande beauté, un véritable culte s'est créé autour d'Hélène pour lui rendre hommage. Ainsi, à Sparte, de nombreux objets féminins tels les miroirs, eye-liners, peignes et flacons de parfum lui étaient consacrés. En plus de deux sites majeurs en l'honneur d'Hélène, on trouve également un temple au centre de Sparte et de nombreuses stèles sculptées à son effigie un peu partout dans la ville.
57
+
58
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2514.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,58 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Dans la mythologie grecque, Hélène (en grec ancien Ἑλένη / Helénê) est la fille de Zeus et de Léda. Selon la légende, elle était la plus belle femme du monde, surpassée à ce titre par la seule déesse Aphrodite. Elle était mariée à Ménélas, roi de Sparte, avant d'être enlevée par Pâris, prince troyen, ce qui déclencha la guerre de Troie qui opposa Grecs et Troyens de 1194 à 1184[1] avant J.-C.
2
+
3
+ Léda, femme de Tyndare, roi de Sparte, engendra quatre enfants : les jumeaux Castor et Pollux, Clytemnestre et Hélène. Mais Hélène et Pollux étaient en réalité les enfants de Zeus. Selon l'une des versions de la légende, Zeus rendit visite à Léda sous la forme d'un cygne ; de cette union, Léda pondit un œuf d'où sortirent les deux enfants divins.
4
+
5
+ Considérée comme la plus belle femme au monde, inspiratrice d'innombrables passions, elle fut enlevée par Thésée dans sa jeunesse, qui l'emporta en Attique. Mais elle fut secourue par ses frères alors que Thésée s'était absenté pour se rendre aux Enfers.
6
+
7
+ Lorsqu'elle fut en âge de se marier, tous les chefs de Grèce briguèrent sa main (cf. ci-dessous). Comme leur rivalité risquait d'embraser la Grèce, sur la suggestion d'Ulysse, Tyndare sacrifia un cheval et fit monter les prétendants sur la peau du cheval et prêter un serment solennel : peu importe celui qui serait choisi, ils promettaient de lui porter secours tous ensemble si jamais quiconque tentait de lui ravir son épouse.
8
+
9
+ Selon les variantes de la légende, Hélène choisit elle-même le plus beau des princes — mais non le plus spirituel —, ou bien ce fut Tyndare qui prit la décision, préférant le plus riche, mais non le plus agréable à sa fille. Hélène épousa Ménélas, devenant ainsi reine de Sparte, et lui donna une fille, Hermione. Plusieurs années plus tard, alors que Ménélas s'était absenté pour aller en Crète, le prince troyen Pâris arriva à Sparte et charma la belle Hélène. Selon certaines versions, il la séduisit grâce à l'intervention d'Aphrodite et la persuada de s'enfuir avec lui, ou bien il l'enleva et l'emmena à Troie. La déesse Aphrodite lui avait en effet accordé l'amour de la plus belle femme au monde à la suite du jugement de Pâris, qui impliquait la pomme de discorde. Furieux de cet affront, Ménélas se rendit auprès de son frère Agamemnon, le plus puissant des rois grecs, et tous deux montèrent une immense expédition pour aller à Troie détruire la ville et récupérer Hélène. Selon le serment prêté peu avant le mariage d’Hélène, tous les anciens prétendants furent contraints de participer à la guerre qui se préparait.
10
+
11
+ Au chant IV de l'Odyssée, Hélène se qualifie devant Ménélas de « cynique ». Le mot grec κυνώπιδος (visage de chien) ressemble à κυνόμορφος (en forme de chien) qui signifie aussi « fleur de safran ». La guerre de Troie ne serait-elle pas une guerre entre les deux grands producteurs de safran, jadis et maintenant, la Grèce et l'Iran via la Turquie ?
12
+
13
+ Cette guerre dura dix ans et fut la plus meurtrière de l'Antiquité. C'est sur les Portes Scées de la ville de Troie qu'Hélène est invitée par Priam, aux côtés des sages troyens, pour lui présenter les chefs grecs que l'on perçoit au loin ; c'est aussi ici, que contrairement à de nombreux Troyens, il lui témoigne son soutien, et lui prie de ne pas se reprocher les causes de la guerre, qui sont plutôt à lui dévouer[2]. Ménélas et Pâris s'affrontent en duel pour l'amour d'Hélène, chacun protégé par ses déesses protectrices, et le Troyen n'est sauvé dans son duel que par Aphrodite, qui le dépose hors de la zone du combat. Finalement, grâce à une ruse d'Ulysse, les Grecs parviennent avec le Cheval de Troie à s'emparer de la ville, qu'ils détruisent totalement. Ménélas fait partie des Grecs qui s'introduisent dans la ville. Il tue alors Déiphobe (le nouvel époux d'Hélène après la mort de Pâris) et retrouve son épouse.
14
+
15
+ Selon le récit que Déiphobe fait à Énée lorsqu'il le rencontre aux enfers dans le chant VI de l'Énéide, c'est Hélène qui fit signe aux troupes grecques restées à l'extérieur de s'approcher une fois les soldats sortis du cheval, et c'est avec la complicité d'Hélène que Ménélas put ensuite tuer Déiphobe dans son lit :
16
+
17
+ « Quand ce colosse altier apportant le trépasEntrait gros de malheurs, d'armes et de soldats, [...]Hélène secondait ce colosse guerrier [...], Secouait une torche, et, des tours d'Ilion,Appelait et la Grèce et la destruction.Je sommeillais alors : ce sommeil homicide,Du repos de la mort avant-coureur perfide,À mes vils ennemis livrait un malheureux.Ma tendre épouse alors, ce cœur si généreux,Écarte du palais les armes qu'il recèle,Dérobe à mon chevet ma défense fidèle,Ce glaive qui, la nuit, protégeait mon sommeil;Appelle Ménélas à mon affreux réveil :Il entre; et dans l'instant sa lâche perfidieLui livre mon palais, mes armes et ma vie.Sans doute se flattant, par cette lâcheté,D'expier envers lui son infidélité. »
18
+
19
+ — Traduction de Jacques Delille
20
+
21
+ Ménélas ayant récupéré sa femme, il a tout d'abord l'intention de la tuer à cause de sa trahison, mais devant son immense beauté, il s'éprend de nouveau d'elle et la ramène avec lui. Pendant le voyage de retour, qui dura huit ans, ils s'arrêtèrent en Crète, à Chypre, en Libye, en Phénicie, puis en Égypte. Après la mort de Ménélas, Hélène fut chassée de Sparte et se réfugia à Rhodes. Mais la reine Polyxo, qui l'avait accueillie sur son île, désespérée par la mort de son époux, tué devant Troie, l'accusa de ce malheur. Elle la fit alors étouffer dans son bain par ses servantes et fit suspendre son cadavre à un arbre. Joël Schmidt écrit dans son Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine que"Hélène dont la grâce avait désarmé tant de farouches héros, d'ennemis irréductibles, eut, selon quelques versions, une fin digne de son exceptionnelle destinée : comme Protée l'avait prédit dans L'Odyssée, les dieux lui accordèrent l'immortalité et la faveur de vivre éternellement en compagnie de Ménélas dans les Champs Élysées. Selon une autre version, après avoir disparu de la Terre, elle épousa Achille, l'un des rares héros, qui, en raison de sa jeunesse, n'avait pas figuré au nombre des prétendants. Leurs noces eurent lieu dans les Îles des Bienheureux, l'île Blanche, et furent bénies par la naissance d'un fils ailé, Euphorion, qui, dédaignant quelques années plus tard l'amour de Zeus, fut foudroyé."
22
+
23
+ Elle fut l'objet d'un culte héroïque important dans la ville de Sparte. Le Xe Discours de Dion de Pruse rapporte que c'est pour avoir parlé d'Hélène comme Homère que Stésichore fut frappé d'aveuglement, en punition de son mensonge, et que la vue ne lui fut rendue qu'après qu'il se fut dédit. Platon préserve dans le Phèdre la palinodie de Stésichore : privé de la vue par les dieux pour avoir nié les faits homériques, il compose alors un poème dans lequel il se rétracte. Toutefois, la tournure qu'il emploie laisse encore place à l'ambiguïté :
24
+
25
+ « Non, ce discours n’est pas vrai
26
+ tu [Hélène] n’es jamais montée sur les navires aux beaux bancs de rameurs,
27
+ tu n’es jamais entrée dans la citadelle de Troie. »
28
+
29
+ Cette palinodie est également citée par Ovide dans L'Art d'aimer[3].
30
+
31
+ D'après Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio[4], il semble qu'Hélène pratiquait la sorcellerie, ou la magie : elle utilisait des potions, qu'une femme, Polydamna, lui avait données en Égypte, comme on le lit dans l'Odyssée d'Homère, au Chant IV, où elle utilise un baume magique, le népenthès, qui fait oublier les malheurs, afin que ses convives retrouvent le plaisir du banquet gâché par le souvenir d'Ulysse disparu.
32
+
33
+ « Et alors Hélénè, fille de Zeus, eut une autre pensée, et, aussitôt, elle versa dans le vin qu'ils buvaient un baume, le népenthès, qui donne l'oubli des maux. Celui qui aurait bu ce mélange ne pourrait plus répandre des larmes de tout un jour, même si sa mère et son père étaient morts, même si on tuait devant lui par l'airain son frère ou son fils bien-aimé, et s'il le voyait de ses yeux. Et la fille de Zeus possédait cette liqueur excellente que lui avait donnée Polydamna, femme de Thôs, en Aigyptiè, terre fertile qui produit beaucoup de baumes, les uns salutaires et les autres mortels. Là tous les médecins sont les plus habiles d'entre les hommes, et ils sont de la race de Paièôn[5]. »
34
+
35
+ Elle pouvait aussi imiter les voix et attirer les hommes à la manière des Sirènes[6], comme elle le fit durant la Guerre de Troie, ainsi que le raconte Homère dans l'Odyssée, Chant IV, alors que les Grecs se trouvaient dans la ville cachés dans le cheval de Troie. La nuit tombée, elle fit trois fois le tour de la construction en appelant chacun des chefs avec la voix de son épouse pour les faire sortir malgré eux, au risque de donner l'avantage aux Troyens, ainsi que le lui rappelle Ménélas, son mari. Ulysse arrive à empêcher les chefs grecs de sortir.
36
+
37
+ « je n'ai jamais vu de mes yeux un cœur tel que celui du patient Odysseus, ni ce que ce vaillant homme fit et affronta dans le cheval bien travaillé où nous étions tous entrés, nous, les princes des Argiens, afin de porter le meurtre et la kèr aux Troiens. Et tu vins là, et sans doute un dieu te l'ordonna qui voulut accorder la gloire aux Troiens, et Dèiphobos semblable à un dieu te suivait. Et tu fis trois fois le tour de l'embûche creuse, en la frappant ; et tu nommais les princes des Danaens en imitant la voix des femmes de tous les Argiens ; et nous, moi, Diomèdès et le divin Odysseus, assis au milieu, nous écoutions ta voix. Et Diomèdès et moi nous voulions sortir impétueusement plutôt que d'écouter de l'intérieur, mais Odysseus nous arrêta et nous retint malgré notre désir. Et les autres fils des Akhaiens restaient muets, et Antiklos, seul, voulut te répondre : mais Odysseus lui comprima la bouche de ses mains robustes, et il sauva tous les Akhaiens ; et il le contint ainsi jusqu'à ce que Pallas Athènè t'eût éloignée[5]. »
38
+
39
+ Ces capacités particulières d'Hélène sont connues dans l'antiquité et Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, rapporte un dialogue entre le philosophe Apollonios et son disciple Damis qui commentent le récit d'Homère, mais ils évoquent aussi la possibilité qu'Hélène ait pratiqué les incantations :
40
+
41
+ « D'ailleurs à quoi bon parler philosophie à des hommes dont l'esprit est abattu ? - Ce sont précisément ceux qui ont le plus besoin qu'on leur parle et qu'on les réconforte. Rappelez-vous ce qu'Homère dit d'Hélène, qui versait dans une coupe les remèdes égyptiens pour y noyer les chagrins des hommes : ne croyez-vous pas qu'Hélène, qui était instruite dans la sagesse égyptienne, prononçait sur cette coupe certaines paroles magiques, et que c'était à la fois la vertu de ces paroles et celle du vin qui guérissaient les affligés ? - Rien n'est plus probable, dit Damis, s'il est vrai qu'elle soit allée en Égypte, qu'elle y ait connu Protée, ou, comme le dit Homère, qu'elle ait été liée avec Polydamne, épouse de Thon[7]. »
42
+
43
+ Plus loin dans le texte d'Homère, au chant XV[8], elle se montre également capable d'interpréter un oracle :
44
+
45
+ « Et tandis qu’il parlait ainsi, un aigle s’envola à sa droite, portant dans ses serres une grande oie blanche domestique. Les hommes et les femmes le poursuivaient avec des cris ; et l'aigle, s'approchant, passa à la droite des chevaux. Et tous, l'ayant vu, se réjouirent dans leurs âmes ; et le Nestoride Peisistratos dit le premier :
46
+ « — Décide, divin Ménélaos, prince des peuples, si un Dieu nous envoie ce signe, ou à toi. »
47
+ Il parla ainsi, et Ménélaos cher à Arès songeait comment il répondrait sagement ; mais Hélénè au large péplos le devança et dit :
48
+ « — Écoutez-moi, et je prophétiserai ainsi que les Immortels me l'inspirent, et je pense que ceci s'accomplira. De même que l'aigle, descendu de la montagne où est sa race et où sont ses petits, a enlevé l'oie dans les demeures, ainsi Odysseus, après avoir beaucoup souffert et beaucoup erré, reviendra dans sa maison et se vengera. Peut-être déjà est-il dans sa demeure, apportant la mort aux Prétendants. »
49
+ Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :
50
+ « — Puisse Zeus, le tonnant mari de Hèrè, le vouloir ainsi, et, désormais, je t'adresserai des prières comme à une Déesse. »
51
+
52
+ Dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux présente une Hélène passive, à peine humaine, réduite de façon à la fois grotesque et tragique à son rôle de symbole de la beauté. Parfois évoquée, assez injustement, comme une séductrice vénale, l'Hélène de Giraudoux est avant tout l'incarnation du destin implacable et sourd, contre lequel il est impossible d'aller.
53
+
54
+ Hélène de Troie est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine de Judy Chicago, The Dinner Party, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. Le nom d'Hélène figure sur le socle, elle y est associée à Sophie, sixième convive de l'aile I de la table[9].
55
+
56
+ En raison de sa grande beauté, un véritable culte s'est créé autour d'Hélène pour lui rendre hommage. Ainsi, à Sparte, de nombreux objets féminins tels les miroirs, eye-liners, peignes et flacons de parfum lui étaient consacrés. En plus de deux sites majeurs en l'honneur d'Hélène, on trouve également un temple au centre de Sparte et de nombreuses stèles sculptées à son effigie un peu partout dans la ville.
57
+
58
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2515.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,58 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Dans la mythologie grecque, Hélène (en grec ancien Ἑλένη / Helénê) est la fille de Zeus et de Léda. Selon la légende, elle était la plus belle femme du monde, surpassée à ce titre par la seule déesse Aphrodite. Elle était mariée à Ménélas, roi de Sparte, avant d'être enlevée par Pâris, prince troyen, ce qui déclencha la guerre de Troie qui opposa Grecs et Troyens de 1194 à 1184[1] avant J.-C.
2
+
3
+ Léda, femme de Tyndare, roi de Sparte, engendra quatre enfants : les jumeaux Castor et Pollux, Clytemnestre et Hélène. Mais Hélène et Pollux étaient en réalité les enfants de Zeus. Selon l'une des versions de la légende, Zeus rendit visite à Léda sous la forme d'un cygne ; de cette union, Léda pondit un œuf d'où sortirent les deux enfants divins.
4
+
5
+ Considérée comme la plus belle femme au monde, inspiratrice d'innombrables passions, elle fut enlevée par Thésée dans sa jeunesse, qui l'emporta en Attique. Mais elle fut secourue par ses frères alors que Thésée s'était absenté pour se rendre aux Enfers.
6
+
7
+ Lorsqu'elle fut en âge de se marier, tous les chefs de Grèce briguèrent sa main (cf. ci-dessous). Comme leur rivalité risquait d'embraser la Grèce, sur la suggestion d'Ulysse, Tyndare sacrifia un cheval et fit monter les prétendants sur la peau du cheval et prêter un serment solennel : peu importe celui qui serait choisi, ils promettaient de lui porter secours tous ensemble si jamais quiconque tentait de lui ravir son épouse.
8
+
9
+ Selon les variantes de la légende, Hélène choisit elle-même le plus beau des princes — mais non le plus spirituel —, ou bien ce fut Tyndare qui prit la décision, préférant le plus riche, mais non le plus agréable à sa fille. Hélène épousa Ménélas, devenant ainsi reine de Sparte, et lui donna une fille, Hermione. Plusieurs années plus tard, alors que Ménélas s'était absenté pour aller en Crète, le prince troyen Pâris arriva à Sparte et charma la belle Hélène. Selon certaines versions, il la séduisit grâce à l'intervention d'Aphrodite et la persuada de s'enfuir avec lui, ou bien il l'enleva et l'emmena à Troie. La déesse Aphrodite lui avait en effet accordé l'amour de la plus belle femme au monde à la suite du jugement de Pâris, qui impliquait la pomme de discorde. Furieux de cet affront, Ménélas se rendit auprès de son frère Agamemnon, le plus puissant des rois grecs, et tous deux montèrent une immense expédition pour aller à Troie détruire la ville et récupérer Hélène. Selon le serment prêté peu avant le mariage d’Hélène, tous les anciens prétendants furent contraints de participer à la guerre qui se préparait.
10
+
11
+ Au chant IV de l'Odyssée, Hélène se qualifie devant Ménélas de « cynique ». Le mot grec κυνώπιδος (visage de chien) ressemble à κυνόμορφος (en forme de chien) qui signifie aussi « fleur de safran ». La guerre de Troie ne serait-elle pas une guerre entre les deux grands producteurs de safran, jadis et maintenant, la Grèce et l'Iran via la Turquie ?
12
+
13
+ Cette guerre dura dix ans et fut la plus meurtrière de l'Antiquité. C'est sur les Portes Scées de la ville de Troie qu'Hélène est invitée par Priam, aux côtés des sages troyens, pour lui présenter les chefs grecs que l'on perçoit au loin ; c'est aussi ici, que contrairement à de nombreux Troyens, il lui témoigne son soutien, et lui prie de ne pas se reprocher les causes de la guerre, qui sont plutôt à lui dévouer[2]. Ménélas et Pâris s'affrontent en duel pour l'amour d'Hélène, chacun protégé par ses déesses protectrices, et le Troyen n'est sauvé dans son duel que par Aphrodite, qui le dépose hors de la zone du combat. Finalement, grâce à une ruse d'Ulysse, les Grecs parviennent avec le Cheval de Troie à s'emparer de la ville, qu'ils détruisent totalement. Ménélas fait partie des Grecs qui s'introduisent dans la ville. Il tue alors Déiphobe (le nouvel époux d'Hélène après la mort de Pâris) et retrouve son épouse.
14
+
15
+ Selon le récit que Déiphobe fait à Énée lorsqu'il le rencontre aux enfers dans le chant VI de l'Énéide, c'est Hélène qui fit signe aux troupes grecques restées à l'extérieur de s'approcher une fois les soldats sortis du cheval, et c'est avec la complicité d'Hélène que Ménélas put ensuite tuer Déiphobe dans son lit :
16
+
17
+ « Quand ce colosse altier apportant le trépasEntrait gros de malheurs, d'armes et de soldats, [...]Hélène secondait ce colosse guerrier [...], Secouait une torche, et, des tours d'Ilion,Appelait et la Grèce et la destruction.Je sommeillais alors : ce sommeil homicide,Du repos de la mort avant-coureur perfide,À mes vils ennemis livrait un malheureux.Ma tendre épouse alors, ce cœur si généreux,Écarte du palais les armes qu'il recèle,Dérobe à mon chevet ma défense fidèle,Ce glaive qui, la nuit, protégeait mon sommeil;Appelle Ménélas à mon affreux réveil :Il entre; et dans l'instant sa lâche perfidieLui livre mon palais, mes armes et ma vie.Sans doute se flattant, par cette lâcheté,D'expier envers lui son infidélité. »
18
+
19
+ — Traduction de Jacques Delille
20
+
21
+ Ménélas ayant récupéré sa femme, il a tout d'abord l'intention de la tuer à cause de sa trahison, mais devant son immense beauté, il s'éprend de nouveau d'elle et la ramène avec lui. Pendant le voyage de retour, qui dura huit ans, ils s'arrêtèrent en Crète, à Chypre, en Libye, en Phénicie, puis en Égypte. Après la mort de Ménélas, Hélène fut chassée de Sparte et se réfugia à Rhodes. Mais la reine Polyxo, qui l'avait accueillie sur son île, désespérée par la mort de son époux, tué devant Troie, l'accusa de ce malheur. Elle la fit alors étouffer dans son bain par ses servantes et fit suspendre son cadavre à un arbre. Joël Schmidt écrit dans son Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine que"Hélène dont la grâce avait désarmé tant de farouches héros, d'ennemis irréductibles, eut, selon quelques versions, une fin digne de son exceptionnelle destinée : comme Protée l'avait prédit dans L'Odyssée, les dieux lui accordèrent l'immortalité et la faveur de vivre éternellement en compagnie de Ménélas dans les Champs Élysées. Selon une autre version, après avoir disparu de la Terre, elle épousa Achille, l'un des rares héros, qui, en raison de sa jeunesse, n'avait pas figuré au nombre des prétendants. Leurs noces eurent lieu dans les Îles des Bienheureux, l'île Blanche, et furent bénies par la naissance d'un fils ailé, Euphorion, qui, dédaignant quelques années plus tard l'amour de Zeus, fut foudroyé."
22
+
23
+ Elle fut l'objet d'un culte héroïque important dans la ville de Sparte. Le Xe Discours de Dion de Pruse rapporte que c'est pour avoir parlé d'Hélène comme Homère que Stésichore fut frappé d'aveuglement, en punition de son mensonge, et que la vue ne lui fut rendue qu'après qu'il se fut dédit. Platon préserve dans le Phèdre la palinodie de Stésichore : privé de la vue par les dieux pour avoir nié les faits homériques, il compose alors un poème dans lequel il se rétracte. Toutefois, la tournure qu'il emploie laisse encore place à l'ambiguïté :
24
+
25
+ « Non, ce discours n’est pas vrai
26
+ tu [Hélène] n’es jamais montée sur les navires aux beaux bancs de rameurs,
27
+ tu n’es jamais entrée dans la citadelle de Troie. »
28
+
29
+ Cette palinodie est également citée par Ovide dans L'Art d'aimer[3].
30
+
31
+ D'après Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio[4], il semble qu'Hélène pratiquait la sorcellerie, ou la magie : elle utilisait des potions, qu'une femme, Polydamna, lui avait données en Égypte, comme on le lit dans l'Odyssée d'Homère, au Chant IV, où elle utilise un baume magique, le népenthès, qui fait oublier les malheurs, afin que ses convives retrouvent le plaisir du banquet gâché par le souvenir d'Ulysse disparu.
32
+
33
+ « Et alors Hélénè, fille de Zeus, eut une autre pensée, et, aussitôt, elle versa dans le vin qu'ils buvaient un baume, le népenthès, qui donne l'oubli des maux. Celui qui aurait bu ce mélange ne pourrait plus répandre des larmes de tout un jour, même si sa mère et son père étaient morts, même si on tuait devant lui par l'airain son frère ou son fils bien-aimé, et s'il le voyait de ses yeux. Et la fille de Zeus possédait cette liqueur excellente que lui avait donnée Polydamna, femme de Thôs, en Aigyptiè, terre fertile qui produit beaucoup de baumes, les uns salutaires et les autres mortels. Là tous les médecins sont les plus habiles d'entre les hommes, et ils sont de la race de Paièôn[5]. »
34
+
35
+ Elle pouvait aussi imiter les voix et attirer les hommes à la manière des Sirènes[6], comme elle le fit durant la Guerre de Troie, ainsi que le raconte Homère dans l'Odyssée, Chant IV, alors que les Grecs se trouvaient dans la ville cachés dans le cheval de Troie. La nuit tombée, elle fit trois fois le tour de la construction en appelant chacun des chefs avec la voix de son épouse pour les faire sortir malgré eux, au risque de donner l'avantage aux Troyens, ainsi que le lui rappelle Ménélas, son mari. Ulysse arrive à empêcher les chefs grecs de sortir.
36
+
37
+ « je n'ai jamais vu de mes yeux un cœur tel que celui du patient Odysseus, ni ce que ce vaillant homme fit et affronta dans le cheval bien travaillé où nous étions tous entrés, nous, les princes des Argiens, afin de porter le meurtre et la kèr aux Troiens. Et tu vins là, et sans doute un dieu te l'ordonna qui voulut accorder la gloire aux Troiens, et Dèiphobos semblable à un dieu te suivait. Et tu fis trois fois le tour de l'embûche creuse, en la frappant ; et tu nommais les princes des Danaens en imitant la voix des femmes de tous les Argiens ; et nous, moi, Diomèdès et le divin Odysseus, assis au milieu, nous écoutions ta voix. Et Diomèdès et moi nous voulions sortir impétueusement plutôt que d'écouter de l'intérieur, mais Odysseus nous arrêta et nous retint malgré notre désir. Et les autres fils des Akhaiens restaient muets, et Antiklos, seul, voulut te répondre : mais Odysseus lui comprima la bouche de ses mains robustes, et il sauva tous les Akhaiens ; et il le contint ainsi jusqu'à ce que Pallas Athènè t'eût éloignée[5]. »
38
+
39
+ Ces capacités particulières d'Hélène sont connues dans l'antiquité et Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, rapporte un dialogue entre le philosophe Apollonios et son disciple Damis qui commentent le récit d'Homère, mais ils évoquent aussi la possibilité qu'Hélène ait pratiqué les incantations :
40
+
41
+ « D'ailleurs à quoi bon parler philosophie à des hommes dont l'esprit est abattu ? - Ce sont précisément ceux qui ont le plus besoin qu'on leur parle et qu'on les réconforte. Rappelez-vous ce qu'Homère dit d'Hélène, qui versait dans une coupe les remèdes égyptiens pour y noyer les chagrins des hommes : ne croyez-vous pas qu'Hélène, qui était instruite dans la sagesse égyptienne, prononçait sur cette coupe certaines paroles magiques, et que c'était à la fois la vertu de ces paroles et celle du vin qui guérissaient les affligés ? - Rien n'est plus probable, dit Damis, s'il est vrai qu'elle soit allée en Égypte, qu'elle y ait connu Protée, ou, comme le dit Homère, qu'elle ait été liée avec Polydamne, épouse de Thon[7]. »
42
+
43
+ Plus loin dans le texte d'Homère, au chant XV[8], elle se montre également capable d'interpréter un oracle :
44
+
45
+ « Et tandis qu’il parlait ainsi, un aigle s’envola à sa droite, portant dans ses serres une grande oie blanche domestique. Les hommes et les femmes le poursuivaient avec des cris ; et l'aigle, s'approchant, passa à la droite des chevaux. Et tous, l'ayant vu, se réjouirent dans leurs âmes ; et le Nestoride Peisistratos dit le premier :
46
+ « — Décide, divin Ménélaos, prince des peuples, si un Dieu nous envoie ce signe, ou à toi. »
47
+ Il parla ainsi, et Ménélaos cher à Arès songeait comment il répondrait sagement ; mais Hélénè au large péplos le devança et dit :
48
+ « — Écoutez-moi, et je prophétiserai ainsi que les Immortels me l'inspirent, et je pense que ceci s'accomplira. De même que l'aigle, descendu de la montagne où est sa race et où sont ses petits, a enlevé l'oie dans les demeures, ainsi Odysseus, après avoir beaucoup souffert et beaucoup erré, reviendra dans sa maison et se vengera. Peut-être déjà est-il dans sa demeure, apportant la mort aux Prétendants. »
49
+ Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :
50
+ « — Puisse Zeus, le tonnant mari de Hèrè, le vouloir ainsi, et, désormais, je t'adresserai des prières comme à une Déesse. »
51
+
52
+ Dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux présente une Hélène passive, à peine humaine, réduite de façon à la fois grotesque et tragique à son rôle de symbole de la beauté. Parfois évoquée, assez injustement, comme une séductrice vénale, l'Hélène de Giraudoux est avant tout l'incarnation du destin implacable et sourd, contre lequel il est impossible d'aller.
53
+
54
+ Hélène de Troie est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine de Judy Chicago, The Dinner Party, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. Le nom d'Hélène figure sur le socle, elle y est associée à Sophie, sixième convive de l'aile I de la table[9].
55
+
56
+ En raison de sa grande beauté, un véritable culte s'est créé autour d'Hélène pour lui rendre hommage. Ainsi, à Sparte, de nombreux objets féminins tels les miroirs, eye-liners, peignes et flacons de parfum lui étaient consacrés. En plus de deux sites majeurs en l'honneur d'Hélène, on trouve également un temple au centre de Sparte et de nombreuses stèles sculptées à son effigie un peu partout dans la ville.
57
+
58
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2516.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,179 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un hélicoptère est un aéronef dont la sustentation et la propulsion sont assurées par une voilure tournante, couramment appelée rotor, et entraînée par un ou plusieurs moteurs.
2
+
3
+ La majorité des hélicoptères utilise un seul rotor de sustentation et un rotor ou autre dispositif anticouple, les autres solutions sont bi-rotors contrarotatifs placés sur le même axe, sur deux axes convergents, en tandem ou sur les côtés.
4
+
5
+ L'histoire de l'hélicoptère commence au début du XXe siècle mais les progrès sont nettement plus lents que ceux de l'avion. L'utilisation intensive des hélicoptères en Algérie et au Viêt-Nam et le développement des turbomachines marquent un tournant majeur pour apporter la preuve de ses capacités opérationnelles civiles ou militaires.
6
+
7
+ Comparé aux aéronefs à ailes fixes, l'hélicoptère est d'une conception plus complexe, sa maintenance plus exigeante et le coût de l'heure de vol plus élevé. Son aptitude à décoller et atterrir sur des terrains étroits et non préparés le rend indispensable pour certaines missions et fonctions malgré son autonomie et sa vitesse réduites.
8
+
9
+ Le mot « hélicoptère » a été inventé par le français Gustave de Ponton d'Amécourt[1],[2], à partir du grec « έλιξ, έλικος » ou « helix » (« spirale », « hélice ») et « πτερὸν » ou « pteron » (« aile »). Ce terme est apparu pour la première fois le 3 août 1861 dans une demande de brevet au Royaume-Uni, puis le 16 avril 1862 dans un certificat d'addition au brevet 49.077 initialement déposé le 3 avril 1861 en France ne mentionnant que le terme « aéronef ». Cet inventeur construisit avec Gabriel de La Landelle un petit prototype d'hélicoptère à moteur à vapeur, dont la chaudière fut une des premières utilisations de l'aluminium.
10
+
11
+ L'histoire de l'hélicoptère commence au début du XXe siècle, comme pour l'avion. Mais l'insuffisance de la puissance des moteurs et les problèmes de stabilité rendent les développements beaucoup plus longs et aléatoires. En dehors de la parenthèse des autogires, l'hélicoptère parvient à prouver son efficacité potentielle au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le premier hélicoptère totalement contrôlable a été le Breguet Dorand Gyroplane-Laboratoire à double rotor contrarotatif de 1935[3], mais le premier hélicoptère réellement viable fut le Focke-Wulf Fw 61 de 1936. Les scientifiques du IIIe Reich ont mis au point, en 1945, des hélicoptères opérationnels, et ont montré leur potentiel en missions de reconnaissance et de sauvetage, mais ces derniers resteront très peu employés.
12
+ Les guerres menées dans les années 1950 par la France, en Indochine, en Algérie, et les États-Unis, en Corée puis au Viêt Nam dans les années 1960/1970, démontreront son intérêt militaire pour les missions de pénétration, d'appui-feu, de lutte anti-chars et pour le secours des blessés.
13
+
14
+ Sur le plan technique c'est l'apparition des turbomachines permettant le développement d'appareils plus lourds, plus rapides et plus fiables, qui donne à l'hélicoptère une place importante au sein des forces armées, de police, de sécurité civile, et de douane de beaucoup de pays. Sur le plan civil, en raison du coût très élevé de l'heure de vol et de la maintenance, seuls quelques privilégiés, et quelques opérations cruciales[4], profitent de ce moyen de transport et de manutention.
15
+
16
+ Comme pour l'avion, la vitesse relative de l'air et de la voilure génère une action mécanique qui permet à l'engin de voler.
17
+
18
+ Schématiquement, si l'on fait l'approximation que le rotor impose une vitesse descendante uniforme au cylindre d'air qui le traverse, la force F (en kg⋅m⋅s−2) générée par le rotor vient de ce que un certain débit massique d'air (en kg⋅s−1) est mis en mouvement à une vitesse v (en m⋅s−1), la force étant le produit de ces deux quantités. Le débit massique passant à travers le disque des pales (en kg⋅s−1) dépend lui-même de la densité de l'air (en kg⋅m−3), de la surface S de ce disque (en m2) et de la vitesse v de l'air (en m⋅s−1), le débit massique étant le produit de ces trois quantités. Globalement, la force générée par le rotor est donc de la forme :
19
+
20
+ La puissance W (en kg⋅m2⋅s−3) nécessaire pour créer cette force est en première approche l'énergie cinétique (
21
+
22
+
23
+
24
+
25
+
26
+
27
+ 1
28
+ 2
29
+
30
+
31
+ .
32
+ m
33
+ .
34
+
35
+ v
36
+
37
+ 2
38
+
39
+
40
+
41
+
42
+
43
+ {\displaystyle \scriptstyle {\frac {1}{2}}.m.v^{2}}
44
+
45
+ ) fournie à chaque élément de cette colonne d'air par unité de temps, donc le débit massique d'air est cette fois-ci multiplié par la vitesse au carré :
46
+
47
+ En réalité, de toute évidence, le régime des vitesses des filets d'air traversant le rotor est un champ vectoriel variable. Il n'est pas possible donc de parler de vitesse constante, et les quantités précédentes sont le résultat de l'intégration des quantités élémentaires sur la surface du rotor ; mais ça ne change pas l'analyse dimensionnelle ci-dessus[5].
48
+
49
+ Qualitativement, on voit que le rapport [puissance sur poussée] est proportionnel à la vitesse (moyenne) d’éjection de l'air. Pour une motorisation donnée (donc, une puissance maximale donnée), et pour une poussée nécessaire donnée (le poids de l'appareil), on voit que le poids à supporter pourra être d'autant plus important que la vitesse d'éjection par le rotor sera plus faible :
50
+
51
+ Mais l'autre équation nous indique que pour ce poids donné, et pour pouvoir réaliser cette vitesse imposée, la surface balayée par le rotor doit être d'autant plus grande que le poids à supporter est grand :
52
+
53
+ Cette équation impose que pour une motorisation donnée (W) et un poids d'emport imposé (F) la surface balayée par le rotor doit être en proportion du cube de la masse à soulever, et donc, à puissance disponible égale, que le diamètre du rotor soit proportionnel à la puissance 3/2 de la charge. C'est la raison pour laquelle le rotor d'un hélicoptère est si grand : il vaut mieux avoir une pale longue et lente que courte et rapide.
54
+
55
+ La longueur de la pale rencontre cependant des limites pratiques, parce que l'analyse dimensionnelle ci-dessus suppose que le poids du rotor est faible devant la masse totale qu'il doit soulever. Par exemple, pour faire décoller un hélicoptère en pédalant (human-powered helicopter (en)), un athlète de 80 kg (donc pesant 785 N) développant une puissance de 250 W (la densité de l'air étant de 1,3 kg m−3) devrait utiliser un rotor de l'ordre de 1 500 m2, c'est-à-dire des pales de plus de 20 mètres ; mais des pales aussi longues entraînent un problème de poids.
56
+
57
+ Un hélicoptère peut, d'une manière générale, être décomposé en un nombre limité de sous-ensembles : cellule, voilure, groupe motopropulseur, commandes de vol, servitudes de bord, avionique, emports.
58
+
59
+ La cellule est constituée du fuselage et du train d'atterrissage.
60
+
61
+ La voilure est constituée, dans la configuration la plus courante, d'un rotor sustentateur unique et d'un rotor anticouple situé à l'extrémité d'une poutre à l'arrière du fuselage. La voilure prend aussi parfois la forme de rotors sustentateurs uniquement, en nombre pair pour éliminer le besoin d'un moyen anticouple. Enfin, pour être complet, on peut mentionner les configurations plus rares suivantes :
62
+
63
+ Le groupe motopropulseur est constitué d'un moteur à pistons ou d'une ou plusieurs turbines entraînant les rotors.
64
+
65
+ Les commandes de vol comprennent des leviers et des pédales disposés à l'intérieur du poste de pilotage. Ces éléments sont le plus souvent doublées, pour le pilote et le copilote. Les commandes principales sont :
66
+
67
+ Le sous-ensemble des commandes de vol comprend également toute la timonerie reliant les leviers et pédales aux rotors.
68
+
69
+ Les servitudes de bord, ensemble des systèmes qui fournissent ou transmettent l'énergie nécessaire au fonctionnement de l'hélicoptère ainsi que la vie à bord :
70
+
71
+ L'avionique est l'ensemble des équipements électroniques (capteurs, calculateurs, actionneurs, système de communication).
72
+
73
+ Les emports sont généralement situés sur les côtés d'un hélicoptère. Il s'agit d'ancrages permettant de fixer les différents modules que peut emporter l'aéronef. Il peut s'agir de missiles, de pods d'observation (point d'emport sec) ou de réservoirs supplémentaires de carburant (point d'emport humide).
74
+
75
+ Il existe plusieurs formules de construction d'hélicoptères.
76
+
77
+ La plus répandue est composée de deux parties essentielles :
78
+
79
+ Cette formule emploie deux rotors contrarotatifs principaux :
80
+
81
+ Une autre solution consiste à propulser un unique rotor avec des éjecteurs de gaz à haute vitesse positionnés en bouts de pales. Ceci permet de se passer de rotor anticouple, tous les efforts aérodynamiques de traînée étant annulés par réaction. Cette formule n'a été utilisée en série que sur le petit Djinn de la SNCASO, produit dans les années 1950.
82
+
83
+ Cette boîte de transmission, élément primordial de l'hélicoptère, permet la transmission de la puissance des moteurs vers le rotor principal, ainsi que vers le rotor anticouple (RAC). Elle est dimensionnée pour répondre à plusieurs contraintes mécaniques :
84
+
85
+ Elle est composée généralement de plusieurs engrenages appelés « planétaires » et « satellites » permettant de réduire la vitesse de rotation de sortie moteur (plusieurs dizaines de milliers de tours par minute pour les moteurs à turbine) et de transmettre la puissance au rotor principal (généralement aux alentours de 200 à 400 tr/min selon le diamètre rotor) ainsi qu'au RAC. Cette transmission de puissance est assumée par des engrenages (droits, hélicoïdaux, trains épicycloïdaux…). Au regard du couple transmis et des spécificités d'utilisation, le graissage est fait sous pression et refroidi par radiateur. La BTP comporte également une ou plusieurs roues libres, pour désolidariser le rotor du moteur pour le démarrage et aussi en cas de panne ou pour permettre l'autorotation sans frein. La roue libre est du type à galets : les galets sont coincés entre l'arbre menant à facettes et l'anneau extérieur de roue libre. Afin d'assurer une transmission de mouvement sans à-coups, un système à ressort plaque les galets contre l'anneau extérieur. Certains constructeurs prévoient un système de décrabotage qui permet de décoincer les galets de façon permanente : cela permet d'alimenter les accessoires sans entraîner les rotors arrière et principal. Les accessoires fixés sur la BTP sont généralement ceux qui ont besoin d'énergie mécanique : la ou les pompes hydrauliques, le ou les alternateurs, un entraînement pour le ventilateur (circuit de refroidissement huile BTP)…
86
+
87
+ Les pales du rotor principal sont généralement entraînées par le moteur au moyen d'une boîte de transmission, appelée par son acronyme BTP (boîte de transmission principale).
88
+ Cependant on a aussi essayé d'utiliser la force de réaction des gaz d'échappement en extrémité des pales comme sur le Djinn.
89
+
90
+ Elles ont un profil asymétrique ou symétrique, et agissent en rotation suivant le même principe que les ailes d'un avion. Le rotor tournant toujours à vitesse angulaire constante, c'est la variation de l'angle d'incidence des pales (angle formé entre la corde de la pale et le vent relatif) qui provoque une modification du comportement du rotor. Cette action sur le « pas cyclique » est utilisée pour contrôler l'assiette de l'aéronef. Pour cabrer par exemple, il faut que le rotor induise un moment à cabrer. On modifie donc l'incidence des pales de sorte que la portance de celles-ci soit maximale au passage à l'avant de l'appareil, et minimale à l'arrière de l'appareil. L'incidence des pales varie donc de manière sinusoïdale selon leur position sur un tour du rotor. Cette variation d'incidence est donc utilisée pour les variations en tangage et en roulis. Elle est contrôlée par le pilote à l'aide du manche cyclique (l'équivalent du manche à balai sur un avion). L'autre manière de contrôler l'incidence des pales est réalisée au moyen du levier de commande du pas général (aussi appelé « pas collectif »), contrôlé par la main gauche du pilote. La variation d'incidence est dans ce cas identique pour toutes les pales quelle que soit leur position (avançante, reculante…) et permet de contrôler la portance générale générée par le rotor (pour prendre de l'altitude ou descendre).
91
+
92
+ Le mouvement du rotor principal génère un couple de réaction qui a tendance à faire tourner la cellule autour de son axe, et en sens inverse (3e loi de Newton), sauf dans le cas d'un rotor mû par réaction (voir hélicoptère Djinn, à éjection d'air en bout de pale). Pour contrer cet effet indésirable, on place (pour les hélicoptères à un seul rotor principal), à l'extrémité de la poutre de queue un rotor secondaire plus petit et tournant dans un plan sensiblement vertical appelé « rotor anticouple » (ou RAC). La présence de ce RAC est inutile sur un hélicoptère à principe contrarotatif (ex. : Kamov), c'est-à-dire constitué de deux rotors principaux l'un au-dessus de l'autre et tournant en sens opposés, annulant ainsi l'effet de couple. Le couple de réaction variant en fonction de l'incidence des pales du rotor principal (la résistance au vent est d'autant plus grande que l'angle que forme celui-ci avec la corde des pales augmente). La force à appliquer doit elle aussi pouvoir être réglée par l'intermédiaire du rotor anticouple qui est commandé par deux pédales (le « palonnier ») situées aux pieds du pilote. Selon le sens dans lequel le pilote agit sur le palonnier (enfoncement de la pédale gauche ou de la pédale droite) il augmente l'incidence des pales du RAC, ce qui va davantage contrer le couple du rotor principal (« tirer » la queue), ou il diminue cette incidence et qui aura pour effet de laisser « filer » celle-ci.
93
+
94
+ Le mouvement de giration en vol stationnaire est commandé à l'aide du palonnier. Selon que le rotor principal tourne dans le sens horaire comme sur les hélicoptères de conception française, soviétique et russe; ou en sens anti-horaire comme c'est le cas des hélicoptères de conception américaine, britannique, italienne ou allemande (avant la fusion entre la Deutsche Aerospace AG et Aérospatiale pour créer le groupe Eurocopter), le rotor anticouple sera situé d'un côté ou de l'autre de la poutre de queue ou bien son souffle sera dirigé dans un sens ou dans l'autre, s'il est encastré dans un fenestron.
95
+
96
+ Le rotor anticouple conventionnel peut être remplacé par :
97
+
98
+ Pour déplacer l'hélicoptère dans une direction ou une autre, on bascule légèrement la composante de portance du rotor principal dans la direction souhaitée. La force de sustentation, perpendiculaire au plan formé par le rotor en rotation vu de côté et auparavant verticale, va donc être inclinée et laisser « glisser » l'hélicoptère dans le sens désiré. Ceci est obtenu en augmentant de façon sélective l'incidence des pales : celle qui aura une incidence plus grande aura aussi une portance plus importante et aura tendance à se soulever par rapport aux autres, provoquant par là l'inclinaison du rotor.
99
+
100
+ Pour une pale donnée, au cours de sa rotation, son incidence va donc varier d'un angle donné au départ pour augmenter puis revenir à cette même valeur quand la pale aura terminé un tour complet. Puisqu'à chaque tour les pales connaîtront une modification de leur incidence de façon récurrente, on nomme ces changements d'état la variation cyclique et c'est pour cette raison que la commande qui provoque ces modifications est appelée « commande de pas cyclique », contrôlée par la main droite du pilote (voir l'article consacré au plateau cyclique). En complément, la force de sustentation ainsi inclinée garde la même valeur et voit sa composante verticale, servant effectivement à la sustentation de l'aéronef, diminuer ce qui provoque un enfoncement de celui-ci. Ceci est compensé en augmentant légèrement l'incidence générale des pales (main gauche), action qui demandera aussi une correction au niveau du palonnier.
101
+
102
+ Les pales sont de plus animées de deux types de mouvements au cours d'une rotation complète du rotor : le battement (« flapping » en anglais) dans le sens vertical et la traînée (« lead/lag » en anglais) dans le sens horizontal. Il s'agit de déplacements angulaires de la partie courante de la pale par rapport au pied de pale qui est fixé au niveau du moyeu rotor. Ces mouvements sont dus aux forces aérodynamiques s'exerçant pendant le vol d'avancement : la dissymétrie de portance est la différence de portance qui existe entre la moitié avançante du disque rotor et la moitié reculante. Elle provient du fait que dans la direction du vol, le vent relatif s’ajoute au vent relatif rotatoire de la pale avançante et se soustrait de celui de la pale reculante. La pale qui passe la queue et qui avance du côté droit de l’hélicoptère possède une vitesse air qui atteint son maximum sur la position 3 h de l’horloge. Lorsque la pale continue, la vitesse air est essentiellement réduite à la vitesse rotatoire de l’air au-dessus du nez de l’appareil. En quittant le nez, la vitesse air décroît progressivement pour atteindre son minimum à 9 heures. La vitesse air ensuite augmente progressivement et atteint de nouveau la vitesse rotatoire en passant au-dessus de la queue. Pour éviter une rupture de la pale aux points sollicités en flexion, celle-ci est équipée d'articulations et de butées ou amortisseurs spéciaux. Les pales modernes en matériau composite s'affranchissent de ces articulations. Le premier hélicoptère sans articulations fut le Bo 105 de Ludwig Bölkow.
103
+
104
+ Contrôle de la propulsion
105
+
106
+ On distingue deux composantes de cette action aérodynamique :
107
+
108
+ Le contrôle d'un appareil repose alors sur la gestion de cette portance[9].
109
+
110
+ Alors que sur les avions, des volets permettent de modifier la portance des ailes pour virer monter… sur l'hélicoptère, comme sur les éoliennes, on modifie le pas, donc l'inclinaison des pales. Cependant, il existe une différence. Si sur l'avion on agit individuellement sur chaque gouverne, sur l'hélicoptère on contrôle la portance d'une pale suivant sa position (azimut) par rapport à l'axe de l'appareil. C'est le rôle du plateau cyclique, pièce principale du dispositif de commande de vol.
111
+
112
+ Vol stationnaire
113
+
114
+ Le rotor de l'hélicoptère étant entraîné à vitesse constante, les déplacements verticaux de l'hélicoptère sont obtenus par la seule modification du pas des pales. À ce stade du vol, la portance des pales reste identique sur un tour du rotor.
115
+ Il existe une position où la portance globale s'oppose exactement au poids de l'appareil : l'hélicoptère peut rester immobile. Si elle lui est inférieure, l'appareil descend. Si elle est supérieure, il monte.
116
+
117
+ Équilibre en vol stationnaire.
118
+
119
+ Déséquilibre.
120
+
121
+ Déplacement stabilisé ou vol en translation.
122
+
123
+ Vol en translation
124
+
125
+ Pour que l'hélicoptère avance il faut une force à composante horizontale. Si on augmente la portance des pales lorsqu'elles passent derrière le rotor, leur plan de rotation s'incline vers l'avant, grâce à une articulation en battement reliant chaque pale à l'axe de rotation, et l'inclinaison de la portance produit la composante horizontale nécessaire. Il reste toutefois une composante verticale principale qui s'oppose au poids permettant le maintien en l'air, et la composante horizontale motrice engendre le mouvement d'avancement, donc accélération jusqu'à une vitesse où la traînée globale (résistance à l'avancement de l'hélicoptère) s'équilibrera avec la composante motrice.
126
+
127
+ Le principe est le même quelle que soit la direction de déplacement souhaitée.
128
+
129
+ En cas de panne du/des moteur(s), le pilote d'hélicoptère doit se poser en autorotation, c'est un cas de vol spécifique à l'hélicoptère mais aussi à l'autogire. Cette manœuvre peut s'apparenter au vol plané en avion.
130
+
131
+ Si le(s) moteur(s) ne tourne(nt) plus, les rotors ne sont donc plus entraînés. Les rotors peuvent continuer à tourner grâce à une roue libre, et au vent relatif qui souffle à travers le rotor principal (loi de Froude). Puisque les pales continuent à tourner, l'hélicoptère ne va pas tomber comme une pierre, sa chute est ralentie, et même contrôlée, seulement ses vitesses horizontales et verticales sont encore trop grandes, le pilote va effectuer différentes actions permettant d'amener son hélicoptère dans une configuration permettant un posé en douceur.
132
+
133
+ Lors d'une panne moteur, le pilote d'un hélicoptère doit effectuer les actions suivantes :
134
+
135
+ L'hélicoptère possède un avantage considérable sur l'avion : son aptitude à effectuer un vol stationnaire (maintenir une position fixe en vol -ou sustentation-) qui lui permet d'atteindre des endroits inaccessibles à son homologue à voilure fixe qui doit presque toujours utiliser une piste. En contrepartie, l'hélicoptère a besoin d'un moteur bien plus puissant afin de se soulever du sol, limitant en cela sa capacité d'emport.
136
+
137
+ Les particularités qui font l'intérêt de l'hélicoptère sont sa capacité à décoller et atterrir verticalement, son accès possible aux lieux étroits et la possibilité de se déplacer lentement et dans tous les axes (en particulier latéralement et à reculons). L'hélicoptère est donc doué d'une manœuvrabilité adaptée à un certain nombre de situations spécifiques.
138
+
139
+ On appelle « activités civiles » tout ce qui n'est pas expressément militaire. Elles comprennent donc, en plus des hélicoptères privés et des sociétés de transport de passagers ou de travail aérien, les activités de l'aviation civile dites « parapubliques » comme les services de :
140
+
141
+ Dans les armées, les différents types d'hélicoptères servent à de nombreux usages : reconnaissance, lutte antichar, lutte antiaérienne, appui-protection aux troupes au sol ou aux autres hélicoptères, transport de troupes ou de matériel, évacuation sanitaire, sauvetage, commandement et guerre électronique, lutte anti-sous-marine, etc.
142
+
143
+ Dès la Seconde Guerre mondiale jusqu'en Corée et en Indochine, les hélicoptères militaires assurent avant tout un rôle de soutien dans l'observation d'artillerie et l'évacuation sanitaire[11]. À partir du milieu des années 1950, à la faveur des progrès réalisés par les Français en Algérie et le Howze Board (en) aux États-Unis, l'hélicoptère étend son emploi au transport tactique armé, dont l'exemple le plus célèbre est certainement le UH-1 Huey employé de manière extensive par les Américains au Viêt Nam. Alors que son armement devient plus important, ses missions s'élargissent et l'on voit apparaître dès le milieu des années 1960 un hélicoptère d'attaque, propre à l'appui-feu, sous la forme de l'AH-1 Cobra qui est construit à partir d'un châssis de Huey. Enfin, les années 1970 et 1980 voient l'avènement d'un hélicoptère de manœuvre, développé par les Soviétiques puis les Américains dans la perspective d'une guerre conventionnelle en Europe. C'est l'âge d'or de l'hélicoptère de combat (ou aérocombat) qui interviendrait alors de manière décisive afin d'opérer un « enveloppement vertical » qui permettrait de prendre l'ennemi en tenaille[11].
144
+
145
+ En France, l'aviation légère de l'Armée de terre (ALAT) regroupe environ 70 % des hélicoptères de l'armée française et fait partie intégrante de l'armée de terre de ce pays, servant principalement à l'appui des troupes au sol, que ce soit au combat (par exemple antichar), ou en ravitaillement. Sa principale composante est à base d'hélicoptères, dont les différents rôles sont l'éclairage des forces au sol (chars et infanterie), le repérage de cibles pour l'artillerie, l'engagement des forces d'éclairage adverses, ainsi que la dépose et la récupération de soldats en zone ennemie. Quantitativement, son parc aérien représente en 2015 : 285 hélicoptères (26 Cougar, 51 Tigre (67 prévu), 75 SA.330 Puma, 110 SA.341 Gazelle, 8 Caracal et 15 NH90 Caiman (74 prévu).
146
+
147
+ Son équivalent dans l'US Army est l'United States Army Aviation Branch, la Heeresfliegertruppe et Luftbewegliche Brigade 1 (de) pour l'ancienne Nationale Volksarmee et actuelle Bundeswehr allemande et l'Army Air Corps dans la British Army.
148
+
149
+ Les hélicoptères sont notamment soumis aux réglementations concernant la sécurité aérienne et la gestion de l'espace aérien.
150
+
151
+ En France, exploiter des hélicoptères pour le transport public nécessite une licence d’exploitation et un certificat de transporteur aérien (CTA) conformément au règlement européen no 965-2012 du 5 octobre 2012[12]. L’exploitation d’hélicoptères avec moins de trois passagers à bord pour des vols locaux n’est pas soumise à l’exigence d’un CTA[13].
152
+
153
+ En Europe, un nouveau règlement européen publié par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), dit « Règlement européen AIR OPS (965/20012) », régit le transport public de passagers en hélicoptère (en vigueur depuis le 28 octobre 2014). Pour des raisons de sécurité, il interdit notamment aux hélicoptères monomoteurs de survoler les zones habitées ne disposant pas d'« aires de recueil immédiat ». Les hélicoptères autorisés seront ceux équipés de deux moteurs « performants » capables d'assurer « des opérations en classe de performances 1 », c'est-à-dire selon la DGAC « avec des performances telles que, en cas de défaillance du groupe motopropulseur le plus défavorable, l'hélicoptère peut soit atterrir dans la distance utilisable pour le décollage interrompu, soit poursuivre le vol en sécurité jusqu'à une aire d'atterrissage appropriée, selon le moment où la défaillance survient ».
154
+
155
+ Il y aurait en 2014 en France environ un millier d’hélicoptères civils en service à 50 % bimoteurs[14] et parmi ces hélicoptères, selon l’Union française de l’hélicoptère (UFH), 480 machines (dont les trois quarts sont monomoteurs) sont utilisées (par 80 sociétés) pour du transport civil, d'où des difficultés[15], notamment pour le survol de la région parisienne[16].
156
+
157
+ Les hélicoptères emploient un grand nombre de personnes à travers le monde qui travaillent sur le fuselage, les turbines, les instruments de bord ou bien la commercialisation des machines.
158
+
159
+ Ainsi, à titre d'illustration, l'entreprise Eurocopter, le premier fabricant mondial d'hélicoptères, emploie près de 16 000 salariés pour un CA de 4,8 milliards d'euros en 2010 (contre 3,8 milliards en 2006), Sikorsky Aircraft Corporation regroupe 14 000 salariés en 2007 pour 3,2 milliards d'euros en 2006, Turbomeca 6 200 personnes pour 950 millions d'euros de CA, Bell Aircraft Corporation emploie 10 200 salariés pour un CA 2010 de 3,241 milliards de dollars, et AgustaWestland réalise un CA de 3,5 milliards d'euros en 2009 pour 14 300 employés. En 2001, Eurocopter possédait une part de marché mondiale de 40 % et de 30 % aux États-Unis. La part de marché mondiale d'Eurocopter sur le marché civil et parapublic était de 52 %, loin devant ses premiers concurrents Bell, Agusta, Boeing et Sikorsky.
160
+
161
+ En 2012, Eurocopter domine le marché des hélicoptères civils revendiquant 44 % des livraisons sur le marché mondial des hélicoptères civils et parapublics (police et services d'urgence) pour un marché évalué à 750 hélicoptères (25 % pour Bell et 16 % pour l'Italien Agusta Westland)[17]. Sur le marché militaire (pour un marché de 698 appareils), l'Américain Sikorsky est leader devant les constructeurs russes qui ont chacun 24 % et Eurocopter avec 18 % de parts de marché.
162
+
163
+ Le marché des hélicoptères représente 1 600 livraisons par an en moyenne. À fin 2010, le marché mondial de l'hélicoptère se décompose de façon schématique à hauteur de 40 % pour la partie Défense, 11 % pour l'aviation d'affaires, 7 % pour les forces policières, 4 % pour l'industrie gazière et pétrolière et 4 % pour l'évacuation médicale[18]. Eurocopter a livré 588 hélicoptères à ses clients en 2008 contre 488 en 2007 et 558 en 2009[19]. Son principal concurrent, l'américain Sikorsky, a vu ses ventes augmenter de 50 % en 2007 à 4,8 milliards de dollar.
164
+
165
+ Selon une étude prospective menée par Rolls Royce, fabriquant de turbine, près de 16 000 nouveaux hélicoptères entreront en service dans les 10 prochaines années pour un montant estimé de 141 milliards de dollars pour les machines et 13,3 milliards pour les turbines. Le marché civil portera la croissance avec une augmentation en volume prévue de 50 % des livraisons (9 095 appareils produits) pour une valeur de 31,5 milliards de dollars[20]. La demande mondiale d'hélicoptères est tirée par la demande d'hélicoptères pour les plates formes pétrolières off-shore ou les appareils destinés à une clientèle d'hommes d'affaires.
166
+
167
+ Parmi les tendances observées début 2013 sur le marché de l'hélicoptère, on observe la poursuite de la forte demande pour les hélicoptères de transport par l'industrie pétrolière et gazière, la demande soutenue dans le marché des services médicaux de secours et enfin l'émergence d'un marché de leasing[17]. Le salon Heli-Expo 2013 de Las Vegas confirme la bonne santé du marché des hélicoptères, qui avait été beaucoup malmené en raison de la crise financière en 2009 et 2010.
168
+
169
+ Peu peints, les hélicoptères sont davantage photographiés. À cet égard, de nombreuses illustrations d'hélicoptères existent. Parmi les photos célèbres figure celle de Hubert van Es, Helicopters on the Roof, représentant l'évacuation de Saïgon en hélicoptères Huey lors de la déroute américaine en 1975.
170
+
171
+ Parmi les films et séries centrés sur l'hélicoptère figurent :
172
+
173
+ Les hélicoptères figurent sur de nombreux timbres à travers le monde où ils ont parfois fait l'objet de tirage dans le cadre d'une série comme au Kampuchéa en 1966.
174
+
175
+ Les hélicoptères ont suscité l'intérêt des amateurs de modèle réduit d'aéronef. Les hélicoptères radiocommandés, dans les mains de pilotes confirmés, sont capables de réaliser des prouesses (vol 3D ou voltige) qui ne sont pas réalisables avec des hélicoptères grandeur nature.
176
+
177
+ Une pratique humoristique ou sexuelle consiste à imiter l'hélicoptère avec son pénis flaccide ; c'est l'hélicobite ou le zizicoptère.
178
+
179
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2517.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,179 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un hélicoptère est un aéronef dont la sustentation et la propulsion sont assurées par une voilure tournante, couramment appelée rotor, et entraînée par un ou plusieurs moteurs.
2
+
3
+ La majorité des hélicoptères utilise un seul rotor de sustentation et un rotor ou autre dispositif anticouple, les autres solutions sont bi-rotors contrarotatifs placés sur le même axe, sur deux axes convergents, en tandem ou sur les côtés.
4
+
5
+ L'histoire de l'hélicoptère commence au début du XXe siècle mais les progrès sont nettement plus lents que ceux de l'avion. L'utilisation intensive des hélicoptères en Algérie et au Viêt-Nam et le développement des turbomachines marquent un tournant majeur pour apporter la preuve de ses capacités opérationnelles civiles ou militaires.
6
+
7
+ Comparé aux aéronefs à ailes fixes, l'hélicoptère est d'une conception plus complexe, sa maintenance plus exigeante et le coût de l'heure de vol plus élevé. Son aptitude à décoller et atterrir sur des terrains étroits et non préparés le rend indispensable pour certaines missions et fonctions malgré son autonomie et sa vitesse réduites.
8
+
9
+ Le mot « hélicoptère » a été inventé par le français Gustave de Ponton d'Amécourt[1],[2], à partir du grec « έλιξ, έλικος » ou « helix » (« spirale », « hélice ») et « πτερὸν » ou « pteron » (« aile »). Ce terme est apparu pour la première fois le 3 août 1861 dans une demande de brevet au Royaume-Uni, puis le 16 avril 1862 dans un certificat d'addition au brevet 49.077 initialement déposé le 3 avril 1861 en France ne mentionnant que le terme « aéronef ». Cet inventeur construisit avec Gabriel de La Landelle un petit prototype d'hélicoptère à moteur à vapeur, dont la chaudière fut une des premières utilisations de l'aluminium.
10
+
11
+ L'histoire de l'hélicoptère commence au début du XXe siècle, comme pour l'avion. Mais l'insuffisance de la puissance des moteurs et les problèmes de stabilité rendent les développements beaucoup plus longs et aléatoires. En dehors de la parenthèse des autogires, l'hélicoptère parvient à prouver son efficacité potentielle au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le premier hélicoptère totalement contrôlable a été le Breguet Dorand Gyroplane-Laboratoire à double rotor contrarotatif de 1935[3], mais le premier hélicoptère réellement viable fut le Focke-Wulf Fw 61 de 1936. Les scientifiques du IIIe Reich ont mis au point, en 1945, des hélicoptères opérationnels, et ont montré leur potentiel en missions de reconnaissance et de sauvetage, mais ces derniers resteront très peu employés.
12
+ Les guerres menées dans les années 1950 par la France, en Indochine, en Algérie, et les États-Unis, en Corée puis au Viêt Nam dans les années 1960/1970, démontreront son intérêt militaire pour les missions de pénétration, d'appui-feu, de lutte anti-chars et pour le secours des blessés.
13
+
14
+ Sur le plan technique c'est l'apparition des turbomachines permettant le développement d'appareils plus lourds, plus rapides et plus fiables, qui donne à l'hélicoptère une place importante au sein des forces armées, de police, de sécurité civile, et de douane de beaucoup de pays. Sur le plan civil, en raison du coût très élevé de l'heure de vol et de la maintenance, seuls quelques privilégiés, et quelques opérations cruciales[4], profitent de ce moyen de transport et de manutention.
15
+
16
+ Comme pour l'avion, la vitesse relative de l'air et de la voilure génère une action mécanique qui permet à l'engin de voler.
17
+
18
+ Schématiquement, si l'on fait l'approximation que le rotor impose une vitesse descendante uniforme au cylindre d'air qui le traverse, la force F (en kg⋅m⋅s−2) générée par le rotor vient de ce que un certain débit massique d'air (en kg⋅s−1) est mis en mouvement à une vitesse v (en m⋅s−1), la force étant le produit de ces deux quantités. Le débit massique passant à travers le disque des pales (en kg⋅s−1) dépend lui-même de la densité de l'air (en kg⋅m−3), de la surface S de ce disque (en m2) et de la vitesse v de l'air (en m⋅s−1), le débit massique étant le produit de ces trois quantités. Globalement, la force générée par le rotor est donc de la forme :
19
+
20
+ La puissance W (en kg⋅m2⋅s−3) nécessaire pour créer cette force est en première approche l'énergie cinétique (
21
+
22
+
23
+
24
+
25
+
26
+
27
+ 1
28
+ 2
29
+
30
+
31
+ .
32
+ m
33
+ .
34
+
35
+ v
36
+
37
+ 2
38
+
39
+
40
+
41
+
42
+
43
+ {\displaystyle \scriptstyle {\frac {1}{2}}.m.v^{2}}
44
+
45
+ ) fournie à chaque élément de cette colonne d'air par unité de temps, donc le débit massique d'air est cette fois-ci multiplié par la vitesse au carré :
46
+
47
+ En réalité, de toute évidence, le régime des vitesses des filets d'air traversant le rotor est un champ vectoriel variable. Il n'est pas possible donc de parler de vitesse constante, et les quantités précédentes sont le résultat de l'intégration des quantités élémentaires sur la surface du rotor ; mais ça ne change pas l'analyse dimensionnelle ci-dessus[5].
48
+
49
+ Qualitativement, on voit que le rapport [puissance sur poussée] est proportionnel à la vitesse (moyenne) d’éjection de l'air. Pour une motorisation donnée (donc, une puissance maximale donnée), et pour une poussée nécessaire donnée (le poids de l'appareil), on voit que le poids à supporter pourra être d'autant plus important que la vitesse d'éjection par le rotor sera plus faible :
50
+
51
+ Mais l'autre équation nous indique que pour ce poids donné, et pour pouvoir réaliser cette vitesse imposée, la surface balayée par le rotor doit être d'autant plus grande que le poids à supporter est grand :
52
+
53
+ Cette équation impose que pour une motorisation donnée (W) et un poids d'emport imposé (F) la surface balayée par le rotor doit être en proportion du cube de la masse à soulever, et donc, à puissance disponible égale, que le diamètre du rotor soit proportionnel à la puissance 3/2 de la charge. C'est la raison pour laquelle le rotor d'un hélicoptère est si grand : il vaut mieux avoir une pale longue et lente que courte et rapide.
54
+
55
+ La longueur de la pale rencontre cependant des limites pratiques, parce que l'analyse dimensionnelle ci-dessus suppose que le poids du rotor est faible devant la masse totale qu'il doit soulever. Par exemple, pour faire décoller un hélicoptère en pédalant (human-powered helicopter (en)), un athlète de 80 kg (donc pesant 785 N) développant une puissance de 250 W (la densité de l'air étant de 1,3 kg m−3) devrait utiliser un rotor de l'ordre de 1 500 m2, c'est-à-dire des pales de plus de 20 mètres ; mais des pales aussi longues entraînent un problème de poids.
56
+
57
+ Un hélicoptère peut, d'une manière générale, être décomposé en un nombre limité de sous-ensembles : cellule, voilure, groupe motopropulseur, commandes de vol, servitudes de bord, avionique, emports.
58
+
59
+ La cellule est constituée du fuselage et du train d'atterrissage.
60
+
61
+ La voilure est constituée, dans la configuration la plus courante, d'un rotor sustentateur unique et d'un rotor anticouple situé à l'extrémité d'une poutre à l'arrière du fuselage. La voilure prend aussi parfois la forme de rotors sustentateurs uniquement, en nombre pair pour éliminer le besoin d'un moyen anticouple. Enfin, pour être complet, on peut mentionner les configurations plus rares suivantes :
62
+
63
+ Le groupe motopropulseur est constitué d'un moteur à pistons ou d'une ou plusieurs turbines entraînant les rotors.
64
+
65
+ Les commandes de vol comprennent des leviers et des pédales disposés à l'intérieur du poste de pilotage. Ces éléments sont le plus souvent doublées, pour le pilote et le copilote. Les commandes principales sont :
66
+
67
+ Le sous-ensemble des commandes de vol comprend également toute la timonerie reliant les leviers et pédales aux rotors.
68
+
69
+ Les servitudes de bord, ensemble des systèmes qui fournissent ou transmettent l'énergie nécessaire au fonctionnement de l'hélicoptère ainsi que la vie à bord :
70
+
71
+ L'avionique est l'ensemble des équipements électroniques (capteurs, calculateurs, actionneurs, système de communication).
72
+
73
+ Les emports sont généralement situés sur les côtés d'un hélicoptère. Il s'agit d'ancrages permettant de fixer les différents modules que peut emporter l'aéronef. Il peut s'agir de missiles, de pods d'observation (point d'emport sec) ou de réservoirs supplémentaires de carburant (point d'emport humide).
74
+
75
+ Il existe plusieurs formules de construction d'hélicoptères.
76
+
77
+ La plus répandue est composée de deux parties essentielles :
78
+
79
+ Cette formule emploie deux rotors contrarotatifs principaux :
80
+
81
+ Une autre solution consiste à propulser un unique rotor avec des éjecteurs de gaz à haute vitesse positionnés en bouts de pales. Ceci permet de se passer de rotor anticouple, tous les efforts aérodynamiques de traînée étant annulés par réaction. Cette formule n'a été utilisée en série que sur le petit Djinn de la SNCASO, produit dans les années 1950.
82
+
83
+ Cette boîte de transmission, élément primordial de l'hélicoptère, permet la transmission de la puissance des moteurs vers le rotor principal, ainsi que vers le rotor anticouple (RAC). Elle est dimensionnée pour répondre à plusieurs contraintes mécaniques :
84
+
85
+ Elle est composée généralement de plusieurs engrenages appelés « planétaires » et « satellites » permettant de réduire la vitesse de rotation de sortie moteur (plusieurs dizaines de milliers de tours par minute pour les moteurs à turbine) et de transmettre la puissance au rotor principal (généralement aux alentours de 200 à 400 tr/min selon le diamètre rotor) ainsi qu'au RAC. Cette transmission de puissance est assumée par des engrenages (droits, hélicoïdaux, trains épicycloïdaux…). Au regard du couple transmis et des spécificités d'utilisation, le graissage est fait sous pression et refroidi par radiateur. La BTP comporte également une ou plusieurs roues libres, pour désolidariser le rotor du moteur pour le démarrage et aussi en cas de panne ou pour permettre l'autorotation sans frein. La roue libre est du type à galets : les galets sont coincés entre l'arbre menant à facettes et l'anneau extérieur de roue libre. Afin d'assurer une transmission de mouvement sans à-coups, un système à ressort plaque les galets contre l'anneau extérieur. Certains constructeurs prévoient un système de décrabotage qui permet de décoincer les galets de façon permanente : cela permet d'alimenter les accessoires sans entraîner les rotors arrière et principal. Les accessoires fixés sur la BTP sont généralement ceux qui ont besoin d'énergie mécanique : la ou les pompes hydrauliques, le ou les alternateurs, un entraînement pour le ventilateur (circuit de refroidissement huile BTP)…
86
+
87
+ Les pales du rotor principal sont généralement entraînées par le moteur au moyen d'une boîte de transmission, appelée par son acronyme BTP (boîte de transmission principale).
88
+ Cependant on a aussi essayé d'utiliser la force de réaction des gaz d'échappement en extrémité des pales comme sur le Djinn.
89
+
90
+ Elles ont un profil asymétrique ou symétrique, et agissent en rotation suivant le même principe que les ailes d'un avion. Le rotor tournant toujours à vitesse angulaire constante, c'est la variation de l'angle d'incidence des pales (angle formé entre la corde de la pale et le vent relatif) qui provoque une modification du comportement du rotor. Cette action sur le « pas cyclique » est utilisée pour contrôler l'assiette de l'aéronef. Pour cabrer par exemple, il faut que le rotor induise un moment à cabrer. On modifie donc l'incidence des pales de sorte que la portance de celles-ci soit maximale au passage à l'avant de l'appareil, et minimale à l'arrière de l'appareil. L'incidence des pales varie donc de manière sinusoïdale selon leur position sur un tour du rotor. Cette variation d'incidence est donc utilisée pour les variations en tangage et en roulis. Elle est contrôlée par le pilote à l'aide du manche cyclique (l'équivalent du manche à balai sur un avion). L'autre manière de contrôler l'incidence des pales est réalisée au moyen du levier de commande du pas général (aussi appelé « pas collectif »), contrôlé par la main gauche du pilote. La variation d'incidence est dans ce cas identique pour toutes les pales quelle que soit leur position (avançante, reculante…) et permet de contrôler la portance générale générée par le rotor (pour prendre de l'altitude ou descendre).
91
+
92
+ Le mouvement du rotor principal génère un couple de réaction qui a tendance à faire tourner la cellule autour de son axe, et en sens inverse (3e loi de Newton), sauf dans le cas d'un rotor mû par réaction (voir hélicoptère Djinn, à éjection d'air en bout de pale). Pour contrer cet effet indésirable, on place (pour les hélicoptères à un seul rotor principal), à l'extrémité de la poutre de queue un rotor secondaire plus petit et tournant dans un plan sensiblement vertical appelé « rotor anticouple » (ou RAC). La présence de ce RAC est inutile sur un hélicoptère à principe contrarotatif (ex. : Kamov), c'est-à-dire constitué de deux rotors principaux l'un au-dessus de l'autre et tournant en sens opposés, annulant ainsi l'effet de couple. Le couple de réaction variant en fonction de l'incidence des pales du rotor principal (la résistance au vent est d'autant plus grande que l'angle que forme celui-ci avec la corde des pales augmente). La force à appliquer doit elle aussi pouvoir être réglée par l'intermédiaire du rotor anticouple qui est commandé par deux pédales (le « palonnier ») situées aux pieds du pilote. Selon le sens dans lequel le pilote agit sur le palonnier (enfoncement de la pédale gauche ou de la pédale droite) il augmente l'incidence des pales du RAC, ce qui va davantage contrer le couple du rotor principal (« tirer » la queue), ou il diminue cette incidence et qui aura pour effet de laisser « filer » celle-ci.
93
+
94
+ Le mouvement de giration en vol stationnaire est commandé à l'aide du palonnier. Selon que le rotor principal tourne dans le sens horaire comme sur les hélicoptères de conception française, soviétique et russe; ou en sens anti-horaire comme c'est le cas des hélicoptères de conception américaine, britannique, italienne ou allemande (avant la fusion entre la Deutsche Aerospace AG et Aérospatiale pour créer le groupe Eurocopter), le rotor anticouple sera situé d'un côté ou de l'autre de la poutre de queue ou bien son souffle sera dirigé dans un sens ou dans l'autre, s'il est encastré dans un fenestron.
95
+
96
+ Le rotor anticouple conventionnel peut être remplacé par :
97
+
98
+ Pour déplacer l'hélicoptère dans une direction ou une autre, on bascule légèrement la composante de portance du rotor principal dans la direction souhaitée. La force de sustentation, perpendiculaire au plan formé par le rotor en rotation vu de côté et auparavant verticale, va donc être inclinée et laisser « glisser » l'hélicoptère dans le sens désiré. Ceci est obtenu en augmentant de façon sélective l'incidence des pales : celle qui aura une incidence plus grande aura aussi une portance plus importante et aura tendance à se soulever par rapport aux autres, provoquant par là l'inclinaison du rotor.
99
+
100
+ Pour une pale donnée, au cours de sa rotation, son incidence va donc varier d'un angle donné au départ pour augmenter puis revenir à cette même valeur quand la pale aura terminé un tour complet. Puisqu'à chaque tour les pales connaîtront une modification de leur incidence de façon récurrente, on nomme ces changements d'état la variation cyclique et c'est pour cette raison que la commande qui provoque ces modifications est appelée « commande de pas cyclique », contrôlée par la main droite du pilote (voir l'article consacré au plateau cyclique). En complément, la force de sustentation ainsi inclinée garde la même valeur et voit sa composante verticale, servant effectivement à la sustentation de l'aéronef, diminuer ce qui provoque un enfoncement de celui-ci. Ceci est compensé en augmentant légèrement l'incidence générale des pales (main gauche), action qui demandera aussi une correction au niveau du palonnier.
101
+
102
+ Les pales sont de plus animées de deux types de mouvements au cours d'une rotation complète du rotor : le battement (« flapping » en anglais) dans le sens vertical et la traînée (« lead/lag » en anglais) dans le sens horizontal. Il s'agit de déplacements angulaires de la partie courante de la pale par rapport au pied de pale qui est fixé au niveau du moyeu rotor. Ces mouvements sont dus aux forces aérodynamiques s'exerçant pendant le vol d'avancement : la dissymétrie de portance est la différence de portance qui existe entre la moitié avançante du disque rotor et la moitié reculante. Elle provient du fait que dans la direction du vol, le vent relatif s’ajoute au vent relatif rotatoire de la pale avançante et se soustrait de celui de la pale reculante. La pale qui passe la queue et qui avance du côté droit de l’hélicoptère possède une vitesse air qui atteint son maximum sur la position 3 h de l’horloge. Lorsque la pale continue, la vitesse air est essentiellement réduite à la vitesse rotatoire de l’air au-dessus du nez de l’appareil. En quittant le nez, la vitesse air décroît progressivement pour atteindre son minimum à 9 heures. La vitesse air ensuite augmente progressivement et atteint de nouveau la vitesse rotatoire en passant au-dessus de la queue. Pour éviter une rupture de la pale aux points sollicités en flexion, celle-ci est équipée d'articulations et de butées ou amortisseurs spéciaux. Les pales modernes en matériau composite s'affranchissent de ces articulations. Le premier hélicoptère sans articulations fut le Bo 105 de Ludwig Bölkow.
103
+
104
+ Contrôle de la propulsion
105
+
106
+ On distingue deux composantes de cette action aérodynamique :
107
+
108
+ Le contrôle d'un appareil repose alors sur la gestion de cette portance[9].
109
+
110
+ Alors que sur les avions, des volets permettent de modifier la portance des ailes pour virer monter… sur l'hélicoptère, comme sur les éoliennes, on modifie le pas, donc l'inclinaison des pales. Cependant, il existe une différence. Si sur l'avion on agit individuellement sur chaque gouverne, sur l'hélicoptère on contrôle la portance d'une pale suivant sa position (azimut) par rapport à l'axe de l'appareil. C'est le rôle du plateau cyclique, pièce principale du dispositif de commande de vol.
111
+
112
+ Vol stationnaire
113
+
114
+ Le rotor de l'hélicoptère étant entraîné à vitesse constante, les déplacements verticaux de l'hélicoptère sont obtenus par la seule modification du pas des pales. À ce stade du vol, la portance des pales reste identique sur un tour du rotor.
115
+ Il existe une position où la portance globale s'oppose exactement au poids de l'appareil : l'hélicoptère peut rester immobile. Si elle lui est inférieure, l'appareil descend. Si elle est supérieure, il monte.
116
+
117
+ Équilibre en vol stationnaire.
118
+
119
+ Déséquilibre.
120
+
121
+ Déplacement stabilisé ou vol en translation.
122
+
123
+ Vol en translation
124
+
125
+ Pour que l'hélicoptère avance il faut une force à composante horizontale. Si on augmente la portance des pales lorsqu'elles passent derrière le rotor, leur plan de rotation s'incline vers l'avant, grâce à une articulation en battement reliant chaque pale à l'axe de rotation, et l'inclinaison de la portance produit la composante horizontale nécessaire. Il reste toutefois une composante verticale principale qui s'oppose au poids permettant le maintien en l'air, et la composante horizontale motrice engendre le mouvement d'avancement, donc accélération jusqu'à une vitesse où la traînée globale (résistance à l'avancement de l'hélicoptère) s'équilibrera avec la composante motrice.
126
+
127
+ Le principe est le même quelle que soit la direction de déplacement souhaitée.
128
+
129
+ En cas de panne du/des moteur(s), le pilote d'hélicoptère doit se poser en autorotation, c'est un cas de vol spécifique à l'hélicoptère mais aussi à l'autogire. Cette manœuvre peut s'apparenter au vol plané en avion.
130
+
131
+ Si le(s) moteur(s) ne tourne(nt) plus, les rotors ne sont donc plus entraînés. Les rotors peuvent continuer à tourner grâce à une roue libre, et au vent relatif qui souffle à travers le rotor principal (loi de Froude). Puisque les pales continuent à tourner, l'hélicoptère ne va pas tomber comme une pierre, sa chute est ralentie, et même contrôlée, seulement ses vitesses horizontales et verticales sont encore trop grandes, le pilote va effectuer différentes actions permettant d'amener son hélicoptère dans une configuration permettant un posé en douceur.
132
+
133
+ Lors d'une panne moteur, le pilote d'un hélicoptère doit effectuer les actions suivantes :
134
+
135
+ L'hélicoptère possède un avantage considérable sur l'avion : son aptitude à effectuer un vol stationnaire (maintenir une position fixe en vol -ou sustentation-) qui lui permet d'atteindre des endroits inaccessibles à son homologue à voilure fixe qui doit presque toujours utiliser une piste. En contrepartie, l'hélicoptère a besoin d'un moteur bien plus puissant afin de se soulever du sol, limitant en cela sa capacité d'emport.
136
+
137
+ Les particularités qui font l'intérêt de l'hélicoptère sont sa capacité à décoller et atterrir verticalement, son accès possible aux lieux étroits et la possibilité de se déplacer lentement et dans tous les axes (en particulier latéralement et à reculons). L'hélicoptère est donc doué d'une manœuvrabilité adaptée à un certain nombre de situations spécifiques.
138
+
139
+ On appelle « activités civiles » tout ce qui n'est pas expressément militaire. Elles comprennent donc, en plus des hélicoptères privés et des sociétés de transport de passagers ou de travail aérien, les activités de l'aviation civile dites « parapubliques » comme les services de :
140
+
141
+ Dans les armées, les différents types d'hélicoptères servent à de nombreux usages : reconnaissance, lutte antichar, lutte antiaérienne, appui-protection aux troupes au sol ou aux autres hélicoptères, transport de troupes ou de matériel, évacuation sanitaire, sauvetage, commandement et guerre électronique, lutte anti-sous-marine, etc.
142
+
143
+ Dès la Seconde Guerre mondiale jusqu'en Corée et en Indochine, les hélicoptères militaires assurent avant tout un rôle de soutien dans l'observation d'artillerie et l'évacuation sanitaire[11]. À partir du milieu des années 1950, à la faveur des progrès réalisés par les Français en Algérie et le Howze Board (en) aux États-Unis, l'hélicoptère étend son emploi au transport tactique armé, dont l'exemple le plus célèbre est certainement le UH-1 Huey employé de manière extensive par les Américains au Viêt Nam. Alors que son armement devient plus important, ses missions s'élargissent et l'on voit apparaître dès le milieu des années 1960 un hélicoptère d'attaque, propre à l'appui-feu, sous la forme de l'AH-1 Cobra qui est construit à partir d'un châssis de Huey. Enfin, les années 1970 et 1980 voient l'avènement d'un hélicoptère de manœuvre, développé par les Soviétiques puis les Américains dans la perspective d'une guerre conventionnelle en Europe. C'est l'âge d'or de l'hélicoptère de combat (ou aérocombat) qui interviendrait alors de manière décisive afin d'opérer un « enveloppement vertical » qui permettrait de prendre l'ennemi en tenaille[11].
144
+
145
+ En France, l'aviation légère de l'Armée de terre (ALAT) regroupe environ 70 % des hélicoptères de l'armée française et fait partie intégrante de l'armée de terre de ce pays, servant principalement à l'appui des troupes au sol, que ce soit au combat (par exemple antichar), ou en ravitaillement. Sa principale composante est à base d'hélicoptères, dont les différents rôles sont l'éclairage des forces au sol (chars et infanterie), le repérage de cibles pour l'artillerie, l'engagement des forces d'éclairage adverses, ainsi que la dépose et la récupération de soldats en zone ennemie. Quantitativement, son parc aérien représente en 2015 : 285 hélicoptères (26 Cougar, 51 Tigre (67 prévu), 75 SA.330 Puma, 110 SA.341 Gazelle, 8 Caracal et 15 NH90 Caiman (74 prévu).
146
+
147
+ Son équivalent dans l'US Army est l'United States Army Aviation Branch, la Heeresfliegertruppe et Luftbewegliche Brigade 1 (de) pour l'ancienne Nationale Volksarmee et actuelle Bundeswehr allemande et l'Army Air Corps dans la British Army.
148
+
149
+ Les hélicoptères sont notamment soumis aux réglementations concernant la sécurité aérienne et la gestion de l'espace aérien.
150
+
151
+ En France, exploiter des hélicoptères pour le transport public nécessite une licence d’exploitation et un certificat de transporteur aérien (CTA) conformément au règlement européen no 965-2012 du 5 octobre 2012[12]. L’exploitation d’hélicoptères avec moins de trois passagers à bord pour des vols locaux n’est pas soumise à l’exigence d’un CTA[13].
152
+
153
+ En Europe, un nouveau règlement européen publié par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), dit « Règlement européen AIR OPS (965/20012) », régit le transport public de passagers en hélicoptère (en vigueur depuis le 28 octobre 2014). Pour des raisons de sécurité, il interdit notamment aux hélicoptères monomoteurs de survoler les zones habitées ne disposant pas d'« aires de recueil immédiat ». Les hélicoptères autorisés seront ceux équipés de deux moteurs « performants » capables d'assurer « des opérations en classe de performances 1 », c'est-à-dire selon la DGAC « avec des performances telles que, en cas de défaillance du groupe motopropulseur le plus défavorable, l'hélicoptère peut soit atterrir dans la distance utilisable pour le décollage interrompu, soit poursuivre le vol en sécurité jusqu'à une aire d'atterrissage appropriée, selon le moment où la défaillance survient ».
154
+
155
+ Il y aurait en 2014 en France environ un millier d’hélicoptères civils en service à 50 % bimoteurs[14] et parmi ces hélicoptères, selon l’Union française de l’hélicoptère (UFH), 480 machines (dont les trois quarts sont monomoteurs) sont utilisées (par 80 sociétés) pour du transport civil, d'où des difficultés[15], notamment pour le survol de la région parisienne[16].
156
+
157
+ Les hélicoptères emploient un grand nombre de personnes à travers le monde qui travaillent sur le fuselage, les turbines, les instruments de bord ou bien la commercialisation des machines.
158
+
159
+ Ainsi, à titre d'illustration, l'entreprise Eurocopter, le premier fabricant mondial d'hélicoptères, emploie près de 16 000 salariés pour un CA de 4,8 milliards d'euros en 2010 (contre 3,8 milliards en 2006), Sikorsky Aircraft Corporation regroupe 14 000 salariés en 2007 pour 3,2 milliards d'euros en 2006, Turbomeca 6 200 personnes pour 950 millions d'euros de CA, Bell Aircraft Corporation emploie 10 200 salariés pour un CA 2010 de 3,241 milliards de dollars, et AgustaWestland réalise un CA de 3,5 milliards d'euros en 2009 pour 14 300 employés. En 2001, Eurocopter possédait une part de marché mondiale de 40 % et de 30 % aux États-Unis. La part de marché mondiale d'Eurocopter sur le marché civil et parapublic était de 52 %, loin devant ses premiers concurrents Bell, Agusta, Boeing et Sikorsky.
160
+
161
+ En 2012, Eurocopter domine le marché des hélicoptères civils revendiquant 44 % des livraisons sur le marché mondial des hélicoptères civils et parapublics (police et services d'urgence) pour un marché évalué à 750 hélicoptères (25 % pour Bell et 16 % pour l'Italien Agusta Westland)[17]. Sur le marché militaire (pour un marché de 698 appareils), l'Américain Sikorsky est leader devant les constructeurs russes qui ont chacun 24 % et Eurocopter avec 18 % de parts de marché.
162
+
163
+ Le marché des hélicoptères représente 1 600 livraisons par an en moyenne. À fin 2010, le marché mondial de l'hélicoptère se décompose de façon schématique à hauteur de 40 % pour la partie Défense, 11 % pour l'aviation d'affaires, 7 % pour les forces policières, 4 % pour l'industrie gazière et pétrolière et 4 % pour l'évacuation médicale[18]. Eurocopter a livré 588 hélicoptères à ses clients en 2008 contre 488 en 2007 et 558 en 2009[19]. Son principal concurrent, l'américain Sikorsky, a vu ses ventes augmenter de 50 % en 2007 à 4,8 milliards de dollar.
164
+
165
+ Selon une étude prospective menée par Rolls Royce, fabriquant de turbine, près de 16 000 nouveaux hélicoptères entreront en service dans les 10 prochaines années pour un montant estimé de 141 milliards de dollars pour les machines et 13,3 milliards pour les turbines. Le marché civil portera la croissance avec une augmentation en volume prévue de 50 % des livraisons (9 095 appareils produits) pour une valeur de 31,5 milliards de dollars[20]. La demande mondiale d'hélicoptères est tirée par la demande d'hélicoptères pour les plates formes pétrolières off-shore ou les appareils destinés à une clientèle d'hommes d'affaires.
166
+
167
+ Parmi les tendances observées début 2013 sur le marché de l'hélicoptère, on observe la poursuite de la forte demande pour les hélicoptères de transport par l'industrie pétrolière et gazière, la demande soutenue dans le marché des services médicaux de secours et enfin l'émergence d'un marché de leasing[17]. Le salon Heli-Expo 2013 de Las Vegas confirme la bonne santé du marché des hélicoptères, qui avait été beaucoup malmené en raison de la crise financière en 2009 et 2010.
168
+
169
+ Peu peints, les hélicoptères sont davantage photographiés. À cet égard, de nombreuses illustrations d'hélicoptères existent. Parmi les photos célèbres figure celle de Hubert van Es, Helicopters on the Roof, représentant l'évacuation de Saïgon en hélicoptères Huey lors de la déroute américaine en 1975.
170
+
171
+ Parmi les films et séries centrés sur l'hélicoptère figurent :
172
+
173
+ Les hélicoptères figurent sur de nombreux timbres à travers le monde où ils ont parfois fait l'objet de tirage dans le cadre d'une série comme au Kampuchéa en 1966.
174
+
175
+ Les hélicoptères ont suscité l'intérêt des amateurs de modèle réduit d'aéronef. Les hélicoptères radiocommandés, dans les mains de pilotes confirmés, sont capables de réaliser des prouesses (vol 3D ou voltige) qui ne sont pas réalisables avec des hélicoptères grandeur nature.
176
+
177
+ Une pratique humoristique ou sexuelle consiste à imiter l'hélicoptère avec son pénis flaccide ; c'est l'hélicobite ou le zizicoptère.
178
+
179
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2518.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,131 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ L'héliocentrisme est une théorie physique qui s'oppose au géocentrisme en plaçant le Soleil (plutôt que la Terre) au centre de l'univers. D’après les variantes plus modernes, le Soleil n'est plus le centre de l'Univers, mais un point relatif autour duquel s'organise notre propre système solaire. Même si le sens de cette affirmation a varié depuis les premières théories héliocentriques, ce modèle reste globalement accepté pour décrire le système solaire.
2
+
3
+ Bien que quelques précurseurs, comme Aristarque de Samos (vers 280 av. J.-C.), aient envisagé le mouvement de la Terre autour du Soleil, ce fut Nicolas Copernic qui proposa le premier, vers 1513, un modèle héliocentrique incluant la Terre et toutes les planètes connues à l'époque. Johannes Kepler établit vers 1609 un modèle plus précis du système solaire, se démarquant notamment par l'introduction d'orbites planétaires non plus circulaires mais elliptiques, admettant le Soleil comme un de leurs foyers. On doit à Galilée les observations astronomiques et les premiers principes mécaniques justifiant l'héliocentrisme.
4
+
5
+ La théorie de l'héliocentrisme s'est opposée à la théorie du géocentrisme, lors de la controverse ptoléméo-copernicienne, entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIIe siècle : l'héliocentrisme fut l'objet d'interdits religieux, d'abord de la part des protestants (Luther condamna Copernic), puis après une période d'intérêt par l'Église catholique en 1616. Galilée fut condamné à se rétracter en 1633 pour son livre le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Les interdits furent levés en 1741 et 1757 par Benoît XIV.
6
+
7
+ Enfin, en 1687, Isaac Newton propose une formulation mathématique de la gravitation, et des lois de mécaniques qui permettent de démontrer les lois empiriques de Kepler. À partir du XVIIe siècle, l'héliocentrisme devint progressivement la représentation du monde communément adoptée en Occident. Au début du XVIIIe siècle, les observations confirmèrent définitivement la théorie de la gravitation de Newton, expliquant très précisément les phénomènes astronomiques alors observés. Déjà, dans la théorie de Newton, la position du Soleil comme point fixe du système solaire est la limite obtenue en considérant que la masse des planètes est négligeable devant celle du Soleil, pour simplifier les calculs et s'affranchir des problèmes d'évaluation des masses. La correction obtenue est toutefois si faible[1] que le fait de considérer le Soleil comme fixe n'est pas tenu comme faux.
8
+
9
+ L'idée que le Soleil ne soit que le centre du système solaire et que l'Univers en soit dépourvu apparaît dans les écrits du moine Giordano Bruno. La cosmologie moderne l'approuve pour deux raisons : d'une part le Soleil lui-même est en révolution autour du centre galactique, et les galaxies elles-mêmes sont en mouvement. D'autre part, la cosmologie moderne considère que l'Univers ne peut admettre de centre, ni même de point privilégié — ce principe a été nommé principe de Copernic.
10
+
11
+ Divers sondages conduits sur la période 2004-2012 montrent cependant que le principe de l'héliocentrisme n'est pas encore compris par une large partie du grand public : 34 % des Européens, 30 % des Indiens, 28 % des Malaisiens, 26 % des Américains ou 14 % des Sud-Coréens pensent ainsi que c'est le Soleil qui tourne autour de la Terre[2].
12
+
13
+ Contrairement à une idée répandue, Copernic n'a pas inventé l'héliocentrisme. Cette hypothèse est beaucoup plus ancienne, mais elle a eu du mal à se diffuser en Occident car, d'une part, elle semblait être en contradiction avec un certain nombre d'observations comme le mouvement apparent du Soleil dans le ciel ou le fait que tout semble attiré par la Terre et, d'autre part, elle s'opposait à certains dogmes religieux.
14
+
15
+ Au Ve siècle av. J.-C., Philolaos de Crotone est le premier penseur grec à affirmer que la Terre n'était pas au centre de l'Univers. Il fait tourner notre planète en un jour autour d'un « Feu central ». Comme elle tourne sur elle-même également en un jour, ce feu central nous est invisible et nous percevons uniquement sa lumière reflétée par le Soleil.
16
+
17
+ Héraclide du Pont, disciple de Platon et d'Aristote, propose vers 340 av. J.-C. une théorie héliocentrique pour les orbites de Vénus et de Mercure, tout en gardant le principe du géocentrisme pour la Terre[3]. Il soutient aussi la thèse de la rotation de la Terre sur elle-même, afin d'expliquer le mouvement apparent des étoiles au cours de la nuit.
18
+
19
+ L'astronome et mathématicien Aristarque de Samos (310-230 av. J.-C.)[4] pousse plus loin le raisonnement d'Héraclide. Ayant évalué le diamètre du soleil, il émet au IIIe siècle av. J.-C. l'hypothèse que, puisque le diamètre de celui-ci est beaucoup plus important que celui de la Terre, c'est autour de lui que doivent tourner les autres planètes. Conscient qu'une telle théorie devrait faire apparaître une parallaxe dans l'observation des étoiles, il place la sphère des étoiles fixes à une très grande distance du Soleil. On connaît cette théorie notamment par les critiques qu'en fait Archimède et l'hypothèse héliocentrique fut rejetée par la majorité des scientifiques de l'Antiquité.
20
+
21
+ Toutefois, la théorie d'Héraclide du Pont était couramment exposée dans les manuels anciens, comme le montre le fait que sept siècles après son apparition, elle est encore présentée dans les Noces de Philologie et de Mercure, un manuel encyclopédique de Martianus Capella, rédigé vers 420[3]. Cet ouvrage extrêmement populaire durant tout le Moyen Âge était connu de Copernic, puisque ce dernier le mentionne dans le De revolutionibus orbium coelestium (I, 10). En outre, tout indique que Copernic connaissait aussi la théorie d'Aristarque, mais qu'il a délibérément effacé de son manuscrit final la référence qu'il y faisait, retrouvée dans un de ses brouillons[5].
22
+
23
+ Selon quelques historiens, on trouverait trace d'une pensée héliocentrique chez certains astronomes indiens comme Âryabhata au VIe ou Bhāskara II au XIIe.
24
+
25
+ Dans son ouvrage Āryabhaṭīya, Âryabhata présente une Terre qui tourne sur elle-même, mais son modèle planétaire reste géocentrique[6]. Cependant le calcul qu'il présente concernant les périodes des planètes sont pour l'historien des sciences Bartel Leendert van der Waerden[7] des indices que le modèle d'Aryabhatta serait pensé de manière héliocentrique. Il envisage même une filiation de pensée d'Aristarque à Âryabhata. Ce mathématicien est le premier à soutenir cette hypothèse mais celle-ci est critiquée par de nombreux historiens[8],[9].
26
+
27
+ Au XIIe Bhāskara II publie Siddhanta-Shiromani, un traité d'astronomie dans lequel il approfondit les travaux de Âryabhata.
28
+
29
+ Au XVe, l'école astronomique de Kérala, et plus précisément l'astronome Nilakantha SomayajiNilakantha Somayaji dans son traité Tantrasamgraha (en), présente un système planétaire dans lequel les cinq planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, tournent autour du Soleil qui, lui, tourne autour de la terre[10].
30
+
31
+ Les modèles planétaires des astronomes arabes restent principalement de type géocentrique mais il semble qu'ils aient eu connaissance des théories héliocentriques.
32
+
33
+ Ainsi Van des Waerden étudiant les travaux de l'astronome perse Abû Ma'shar (IXe siècle) au travers des écrits des astronomes al-Biruni et al-Sijzi pense déceler dans l'étude des périodes des planètes de ce savant une pensée héliocentrique[7]. Selon lui, le modèle est plus primitif que celui d'Aryabhata mais semble dériver d'une théorie héliocentrique qui trouverait sa source dans les Zij-i Shah[11] des Sassanides.
34
+
35
+ Au XIe siècle, l'astronome Al-Biruni fait l'inventaire de l'état de l'art en astronomie à son époque. Il était au courant des écrits d'Aryabhatta et d'Aristarque de Samos et s'est posé la question du mouvement de la terre[12]. S'il s'est beaucoup interrogé sur la possibilité de la rotation de la terre sur elle-même, il n'a pas mis en doute le modèle géocentrique hérité de Ptolémée[13].
36
+
37
+ À partir du XIe siècle se développe, dans le monde arabe, une critique du modèle de Ptolémée, des erreurs sont relevées, d'autres modèles sont proposés, principalement dans la partie orientale du monde arabe, dans ce qu'on appelle l'école de Maragha, avec les astronomes Nasir ad-Din at-Tusi et Ibn al-Shatir par exemple. Mais ces modèles conservent le principe d'un soleil tournant autour de la terre[14]. Cependant, ils mettent en place des outils (couple d'al-Tusi, modèle d'ibn al-Shatir) que l'on retrouve dans l’œuvre de Copernic[15].
38
+
39
+ Au XIVe siècle, des auteurs comme Jean Buridan ou Nicole Oresme ont abordé la question de la possibilité du mouvement de rotation diurne de la Terre[16].
40
+
41
+ Un siècle plus tard, le théologien et cardinal Nicolas de Cues réexamine ces travaux et postule, en se basant sur des arguments théologiques, que la taille de l'Univers n'est pas finie, et que la Terre est un astre en mouvement, de même nature que ceux que l'on voit dans le ciel.
42
+
43
+ Dans son Codex Leicester paru en 1510, Léonard de Vinci découvre que la lumière cendrée de la Lune est due à la réverbération de la Terre. Il émet l'hypothèse que la Terre est un astre de même nature que la Lune.
44
+
45
+ Le système imaginé par Copernic au XVIe siècle va annoncer l'abandon progressif du système géocentrique utilisé jusqu'alors comme modèle de l'Univers.
46
+
47
+ Le système de Copernic est un système théorique destiné à simplifier les calculs astronomiques. Il se fonde sur trois principes :
48
+
49
+ Dans son livre De revolutionibus, il énonce une série de postulats :
50
+
51
+ Ces postulats lui permettent de placer les différentes planètes dans le bon ordre par rapport à leur distance au Soleil. Il n'est donc plus nécessaire de faire appel aux épicycles pour expliquer les mouvements rétrogrades.
52
+
53
+ Cependant, il est obligé de compliquer son modèle pour tenir compte des variations de vitesse et de distance sur les trajectoires (en effet, les trajectoires réelles ne sont pas circulaires, mais elliptiques). Il reconstitue alors un système complexe de déférents et épicycles.
54
+
55
+ Copernic pense que le centre de l'orbite terrestre (Ot sur le schéma) décrit un épicycle dont le centre tourne lui-même sur un excentrique (en pointillés). De même, le centre du déférent des planètes (Om pour celle de Mars) n'est situé ni sur le Soleil, ni sur la Terre, mais un peu à côté. Les planètes, elles, tournent autour d'un épicycle centré sur leur déférent. La Lune, elle, tourne toujours autour de la Terre (avec un système d'épicycle et de déférent).
56
+
57
+ Il lui semble également plus rationnel de faire mouvoir un corps relativement petit que des corps extrêmement grands comme le Soleil, ou la sphère des étoiles.
58
+
59
+ Les deux principaux atouts de sa théorie sont donc la simplicité des trajectoires (relative, à cause de la conservation des épicycles causée par le choix d'orbites circulaires) et surtout le fait qu'elle explique pourquoi Vénus et Mercure restent à proximité du Soleil.
60
+
61
+ Malgré ces apports, le modèle de Copernic était largement contradictoire avec l'état de la connaissance de son époque.
62
+
63
+ Son traité De revolutionibus Orbium Coelestium paraît en 1543. Malgré la prudence de sa préface, écrite par son ami Andreas Osiander, et qui précise que le système héliocentrique est un simple modèle mathématique permettant d'améliorer les calculs, l'ouvrage n'est pas bien perçu par les autorités religieuses. Le pasteur protestant Luther le traite de sot, et argue que le Soleil ne peut être fixe, car dans le Livre de Josué qui fait partie de la Bible, Josué ordonne au Soleil de s'arrêter[17]. La Sainte Inquisition lui emboîte le pas en déclarant la thèse de Copernic incompatible avec les Saintes Écritures. Son ouvrage très scientifique n'a d'audience que parmi ses pairs, il sera mis à l'Index à partir de 1616.
64
+
65
+ Mais des arguments théologiques sont aussi avancés par les partisans de l"héliocentrisme. Par exemple l'astronome Christoph Rothmann, pour répondre à l'objection de Tycho Brahe sur la distance et la taille des étoiles, lui rétorque que cela ne peut être qualifié d'absurde considérant l'infini majesté du Créateur[18].
66
+
67
+ Les observations expérimentales de l'époque faisaient apparaître la taille apparente de Mars, ou de Vénus, comme étant fixe au cours de l'année, ce qui est contradictoire avec le modèle de Copernic dans lequel la distance entre la Terre et ces planètes est variable tout au long de leur révolution.
68
+
69
+ La révolution de la Terre autour du soleil devrait faire apparaître une modification de l'angle d'observation des étoiles fixes. Pour expliquer l'absence de parallaxe discernable Tycho Brahe détermine que le modèle héliocentrique nécessite de placer l'étoile la plus proche à au moins 7 000 fois la distance Terre Soleil. Si on sait aujourd’hui que Alpha du Centaure est encore 37 fois plus loin, à l'époque une telle distance semblait totalement absurde. Par ailleurs Tycho Brahe montre que si les étoiles sont aussi éloignées, leur diamètre devra être plusieurs centaines de fois celui de notre Soleil pour expliquer leur taille apparente vue depuis la Terre; il faudra attendre le XIXe siècle pour comprendre que nous ne percevons pas une image fidèle des étoiles mais un disque lumineux élargi par des phénomènes de diffraction de notre œil[19].
70
+
71
+ Si la Terre tourne sur elle-même, comment se fait-il que les objets restent à sa surface alors que « la poussière qu'on jette sur une pirouette [une toupie] pendant qu'elle tourne n'y peut demeurer, mais est rejetée par elle vers l'air de tous côtés[20] » ? Et comment se fait-il que la Lune accompagne la Terre dans son mouvement de révolution autour du Soleil ?
72
+
73
+ Si la Terre est en révolution autour du Soleil, elle doit se déplacer à une très grande vitesse. Or, quand on laisse tomber une pierre du haut d'une tour, elle en tombe précisément au pied : c'est bien que la tour, et donc la Terre à laquelle elle est attachée, est restée fixe pendant la chute de la pierre.
74
+
75
+ Pourquoi la trajectoire d'un boulet de canon ne change pas que l'on tire vers l'est ou vers l'ouest, alors que le mouvement de la terre devrait s'opposer au mouvement du boulet dans un cas et l'accompagner dans l'autre[21] ?
76
+
77
+ Il devrait y avoir constamment un vent d'est, comme le vent relatif que l'on ressent en se déplaçant à grande vitesse.
78
+
79
+ La réponse à cet argument sera donnée par Galilée avec son principe de relativité, qui explique l'absence d'un tel effet. Plus tard, le développement de la mécanique newtonienne montre que si le contre-argument de Galilée est juste, en revanche le mouvement de rotation provoque des effets mesurables, contrairement au mouvement de translation, et qu'il faut donc introduire des forces fictives pour en rendre compte.
80
+
81
+ Il faut souligner que l'argument évoqué ici engendrerait un effet très supérieur à ces forces fictives. Par exemple, pour la chute de la pierre, son décalage avec le pied de la tour devrait être de 40 000 km x [temps de chute] / 24h. La force de Coriolis provoque une déviation vers l'est, mais beaucoup plus faible que celle évoquée ici, trop faible pour être perçue dans la vie courante. En revanche, des expériences précises ont mis en évidence cette déviation, qui a ainsi servi d'argument pour démontrer la rotation de la Terre[22].
82
+
83
+ Les oppositions à l'héliocentrisme n'étaient donc pas d'ordre uniquement religieux, mais provenaient également du milieu scientifique, qui présentait des contre-arguments extrêmement solides en comparaison des avantages de la théorie par rapport au modèle géocentrique. La plupart des réponses proposées par les partisans de Copernic ne sont que des hypothèses ad hoc (l'atmosphère ou les objets en chute libre suivent la Terre dans son mouvement, les étoiles sont extrêmement lointaines…) qu'il est alors impossible de confirmer expérimentalement.
84
+
85
+ Dans un premier temps, le modèle de Copernic sera donc surtout vu comme un outil de calcul. C'est ainsi, par exemple, que pour établir ses Tables pruténiques, Erasmus Reinhold utilisera les formules de Copernic dans un système géocentrique. Il faudra encore toute une succession de découvertes pour valider la théorie, puis pour l'affiner. Ces découvertes auront de profondes implications sur la représentation de la place de l'être humain dans l'univers.
86
+
87
+ Utilisant les observations de Tycho Brahe, Kepler (1571–1630) confirme la thèse de Copernic en remarquant que les plans des trajectoires des planètes passent tous par le Soleil. Mais, il ne peut conserver l'idée de mouvement circulaire : les planètes tournent autour du Soleil suivant des trajectoires elliptiques. Ce sont les lois de Kepler.
88
+
89
+ Grâce à ses observations, Galilée (1564–1642) montre les failles du système géocentrique et prouve la cohérence du système héliocentrique.
90
+
91
+ À l'aide d'une lunette astronomique, il révise un certain nombre de résultats expérimentaux :
92
+
93
+ Il réalise des expériences sur des plans inclinés et introduit la notion de principe d'inertie, qui explique pourquoi les corps tombent à la verticale.
94
+
95
+ Robert Hooke puis Isaac Newton, en inventant et exploitant le principe de la force gravitationnelle, prouvent la validité des lois expérimentales de Kepler.
96
+
97
+ Cette force explique pourquoi les objets sont retenus à la surface de la Terre, en dépit de sa révolution autour du Soleil et pourquoi la Lune suit la Terre dans cette révolution.
98
+
99
+ Après les travaux de Newton, le modèle héliocentrique acquiert une grande cohérence interne, mais n'est pas confirmé expérimentalement. Il n'existe encore aucune observation qui permette de prouver que la Terre est bien en mouvement par rapport aux étoiles lointaines. La principale prédiction du modèle, le mouvement relatif des étoiles causé par la parallaxe, n'a toujours pas été vérifiée.
100
+
101
+ C'est grâce à la publication des travaux de James Bradley sur l'aberration de la lumière en 1727 qu'on découvre la première preuve expérimentale du mouvement de la Terre autour du Soleil.
102
+
103
+ La première mesure de la parallaxe d'une étoile ne sera, elle, publiée qu'un siècle plus tard, en 1838 par l'Allemand Friedrich Wilhelm Bessel.
104
+
105
+ Le mouvement de rotation de la Terre sur elle-même sera, lui, confirmé expérimentalement par Foucault en 1851, grâce à son expérience du pendule de Foucault.
106
+
107
+ Les équations de Newton fournissent une solution exacte dans le cas d'un corps isolé en orbite autour d'un autre, dit problème à deux corps. Pour le système solaire, elles ne sont qu'une approximation puisqu’elles négligent les interactions réciproques des planètes.
108
+
109
+ La résolution du problème à N corps est nécessaire pour affiner l'évaluation des orbites des planètes. En 1785, dans Théorie de Jupiter et de Saturne, Pierre-Simon de Laplace introduit le calcul des perturbations, une méthode approchée basée sur le développement en série. Il montre que l'interaction réciproque de ces deux planètes entraîne une légère fluctuation de leur orbite sur une période de 80 ans.
110
+
111
+ En 1889, Henri Poincaré démontre que le problème n'est pas soluble, et que le Système solaire est chaotique : la sensibilité aux conditions initiales fait qu'il est impossible de prévoir à long terme la trajectoire des planètes.
112
+
113
+ Copernic fait du Soleil le centre, non seulement du système solaire, mais de l'univers tout entier. Il imagine d'autre part une sphère des étoiles fixes. Cette vision est remise en cause par Giordano Bruno par exemple, mais les techniques expérimentales de l'époque ne permettaient pas d’aboutir à une conclusion scientifique sur la nature des étoiles.
114
+
115
+ En 1718, l'astronome britannique Edmond Halley met en évidence le mouvement propre des étoiles en comparant les déplacements angulaires de α Canis Majoris (Sirius) et α Bootis (Arcturus). Il n'existe donc pas de sphère des étoiles fixes.
116
+
117
+ En 1783, William Herschel analyse le déplacement du Soleil en observant le mouvement propre de 14 étoiles. Il découvre que le Soleil se déplace à la vitesse de 20 km/s vers l'apex, qu'il situe dans la constellation d'Hercule. Le Soleil n'est donc pas immobile dans l'univers. Mais Herschel le place quand même au centre de la Galaxie.
118
+
119
+ Par ailleurs, Emmanuel Kant sera le premier à spéculer que la Galaxie n'est qu'un « univers-île » (galaxie) parmi de nombreuses autres. Jusqu'aux années 1910, les scientifiques s'accordent pour réduire l'Univers à notre Galaxie, dont le Soleil serait le centre. Harlow Shapley est un des premiers à affirmer que le Soleil n'est pas au centre de notre Galaxie, il continue cependant de voir l'univers comme une seule galaxie. Le 26 avril 1920, il en débat publiquement à l'Académie des sciences des États-Unis avec Heber Curtis qui estime que les nébuleuses sont extra-galactiques.
120
+
121
+ À l'époque, les données expérimentales sont contradictoires, et le débat s'achève sans que Shapley et Curtis révisent leurs positions. La multiplicité des galaxies ne sera définitivement acceptée par la communauté scientifique qu'après les mesures de Edwin Hubble en 1924. L'idée d'un centre de l'Univers a aujourd'hui perdu de son sens avec le modèle cosmologique du Big Bang.
122
+
123
+ Aujourd'hui, où il est admis qu'il n'y a pas de centre absolu de l'univers, il faut comprendre la définition d'un centre du système solaire comme le choix consensuel d'un modèle considéré comme le plus pertinent pour un problème donné, car le plus simple à utiliser. En effet, selon le principe de la relativité, les lois physiques ne dépendent pas du référentiel choisi, seule leur expression mathématique sera différente.
124
+
125
+ En cinématique, le choix d'un référentiel dans l'espace étant toujours libre, on peut ainsi fixer arbitrairement le centre du système solaire. Cela signifie que l'on peut faire des calculs exacts en considérant, comme l'a fait Tycho Brahe au XVIe siècle, que la Terre est le centre de l'Univers, que le Soleil et la Lune tournent autour d'elle, et que tout le reste tourne autour du Soleil. Ces deux modèles sont donc tout aussi « réels » l'un que l'autre, et seule la régularité des trajectoires dans le modèle héliocentrique lui donne une vérité plus forte aux yeux des physiciens. Dans certains cas particuliers (comme des lancements de sondes spatiales), le modèle géocentrique est d'ailleurs toujours utilisé car il permet de simplifier les équations.
126
+
127
+ En dynamique également, la complexité de l'expression des forces et des accélérations va dépendre du référentiel choisi. Cette expression sera la plus simple si on choisit un référentiel galiléen. Une bonne approximation d'un tel référentiel est obtenue en prenant le Soleil comme origine, et des axes dirigés vers des étoiles lointaines. Dans un tel référentiel, la Terre tourne autour du Soleil. Une mécanique est possible dans un référentiel lié à la Terre, mais sera plus difficile à exprimer car il faut introduire des forces d'inertie.
128
+
129
+ En revanche, si l'on considère la trajectoire du Système solaire dans l'univers, il est tout à fait légitime de considérer son centre d'inertie. Dans le Système solaire, il est très proche du centre d'inertie de notre étoile (se déplaçant avec une période moyenne de 20 ans dans une sphère de 2,2 rayons solaires[23]), mais ceci n'a rien d'universel : dans les systèmes à étoiles multiples, ce centre peut être en un point quelconque.
130
+
131
+ Jean-François Stoffel, en analysant quelques passages célèbres du De revolutionibus (1543), a cherché à examiner la part qui revient au culte solaire dans la volonté de Copernic de positionner l'astre du jour comme sur un « trône royal », au milieu de la famille des astres qui l'entourent. Il a cherché à explorer l'influence de la cosmologie à l'époque moderne sur l'héliolâtrie traditionnelle. Il pense à deux appréciations différentes :
fr/2519.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,343 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ 0,125 kg·L-1 (liquide, −268,93 °C)[1]
4
+
5
+ équation[4] :
6
+
7
+
8
+
9
+ ρ
10
+ =
11
+ 7.2475
12
+
13
+ /
14
+
15
+
16
+ 0.41865
17
+
18
+ (
19
+ 1
20
+ +
21
+ (
22
+ 1
23
+
24
+ T
25
+
26
+ /
27
+
28
+ 5.2
29
+
30
+ )
31
+
32
+ 0.24096
33
+
34
+
35
+ )
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle \rho =7.2475/0.41865^{(1+(1-T/5.2)^{0.24096})}}
41
+
42
+
43
+ Masse volumique du liquide en kmol·m-3 et température en kelvins, de 2,20 à 5,2 K.
44
+ Valeurs calculées :
45
+
46
+
47
+
48
+ équation[4] :
49
+
50
+
51
+
52
+
53
+ P
54
+
55
+ v
56
+ s
57
+
58
+
59
+ =
60
+ e
61
+ x
62
+ p
63
+ (
64
+ 11.533
65
+ +
66
+
67
+
68
+
69
+
70
+ 8.99
71
+
72
+ T
73
+
74
+
75
+ +
76
+ (
77
+ 0.6724
78
+ )
79
+ ×
80
+ l
81
+ n
82
+ (
83
+ T
84
+ )
85
+ +
86
+ (
87
+ 2.7430
88
+ E
89
+
90
+ 1
91
+ )
92
+ ×
93
+
94
+ T
95
+
96
+ 1
97
+
98
+
99
+ )
100
+
101
+
102
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(11.533+{\frac {-8.99}{T}}+(0.6724)\times ln(T)+(2.7430E-1)\times T^{1})}
103
+
104
+
105
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 1,76 à 5,2 K.
106
+ Valeurs calculées :
107
+
108
+ équation[4] :
109
+
110
+
111
+
112
+
113
+ C
114
+
115
+ P
116
+
117
+
118
+ =
119
+ (
120
+ 387220
121
+ )
122
+ +
123
+ (
124
+
125
+ 465570
126
+ )
127
+ ×
128
+ T
129
+ +
130
+ (
131
+ 211800
132
+ )
133
+ ×
134
+
135
+ T
136
+
137
+ 2
138
+
139
+
140
+ +
141
+ (
142
+
143
+ 4.2494
144
+ E
145
+ 4
146
+ )
147
+ ×
148
+
149
+ T
150
+
151
+ 3
152
+
153
+
154
+ +
155
+ (
156
+ 3212.9
157
+ )
158
+ ×
159
+
160
+ T
161
+
162
+ 4
163
+
164
+
165
+
166
+
167
+ {\displaystyle C_{P}=(387220)+(-465570)\times T+(211800)\times T^{2}+(-4.2494E4)\times T^{3}+(3212.9)\times T^{4}}
168
+
169
+
170
+ Capacité thermique du liquide en J·kmol-1·K-1 et température en kelvins, de 2,2 à 4,6 K.
171
+ Valeurs calculées :
172
+
173
+ L’hélium est l'élément chimique de numéro atomique 2, de symbole He. C'est un gaz noble (ou gaz rare), pratiquement inerte, le premier de la famille des gaz nobles dans le tableau périodique des éléments. Son point d'ébullition est le plus bas parmi les corps connus, et il n'existe sous forme solide que s'il est soumis à une pression supérieure à 25 atmosphères.
174
+
175
+ L'hélium possède deux isotopes stables : l'hélium 4 (4He), le plus abondant, et l'hélium 3 (3He). Ces deux isotopes, contrairement à ceux de la plupart des éléments chimiques, diffèrent sensiblement dans leurs propriétés, car le rapport de leurs masses atomiques est important. D'autre part, les effets quantiques, sensibles à basse énergie, leur donnent des propriétés très différentes. Le présent article traite essentiellement de l'hélium 4 (4He). L'article Hélium 3 compile les propriétés spécifiques de l'isotope 3He.
176
+
177
+ Le mot hélium a été construit à partir du grec Helios (Ἥλιος / Hếlios, « le Soleil »), cet élément ayant été observé pour la première fois dans le spectre solaire le 18 août 1868, au cours d'une éclipse totale de Soleil, par l'astronome Jules Janssen[9].
178
+
179
+ L'hélium est, après l'hydrogène, l'élément le plus abondant de l'Univers. L'essentiel de cet hélium a été produit lors de la nucléosynthèse primordiale mais d'autres processus en produisent, notamment la radioactivité α (cf. sous-section Abondance naturelle). Sur la Terre, selon une estimation du Bureau of Land Management des États-Unis de 2006, les ressources d'hélium totalisent 52 milliards de mètres cubes[10].
180
+
181
+ L'hélium a divers usages en forte croissance, alors que la production industrielle a diminué pour des raisons conjoncturelles : sa raréfaction devient inquiétante[11]. Cela dit, en 2016, d'un point de vue économique le marché de l'hélium est calme et il est récemment passé de la pénurie au surplus[10].
182
+
183
+ On connait huit isotopes de l'hélium. L'hélium 3 (deux protons et un neutron) et l'hélium 4 (deux protons et deux neutrons) sont stables, les autres sont extrêmement instables, certains n'existant virtuellement que lors de leur formation. Dans l'atmosphère terrestre, il n'y a qu'un atome d'hélium 3 pour environ un million d'atomes d'hélium 4[12]. Contrairement à la plupart des éléments, l'abondance isotopique de l'hélium varie considérablement selon son origine, en raison des processus de formation différents. L'isotope le plus abondant, l'hélium 4, est produit sur Terre par la radioactivité α d'éléments lourds : les particules α qui y sont produites sont des noyaux d'hélium 4 complètement ionisés. L'hélium 4 est un noyau à la stabilité inhabituelle, parce que ses nucléons sont arrangés en couches complètes.
184
+
185
+ À l'échelle de l'Univers, la grande partie de l'hélium présent a été formé (en quantités énormes, environ 25 % de toute la matière) lors de la nucléosynthèse primordiale[13]. Quasiment tout le reste de l'hélium produit dans l'Univers l'est (ou l'a été) lors de la nucléosynthèse stellaire.
186
+
187
+ L'hélium 3 n'est présent sur Terre qu'à l'état de traces ; la plupart date de la formation de la Terre, bien qu'un peu tombe encore dessus, piégé dans la poussière interstellaire[14][réf. non conforme]. Des traces sont aussi produites encore par la radioactivité β du tritium[15]. Les roches de la croûte terrestre ont des rapports isotopiques variant jusqu'à un facteur 10 et ces rapports peuvent être utilisés pour la détermination de l'origine des roches et la composition du manteau terrestre[14]. L'hélium 3 est bien plus abondant dans les étoiles, mais bien qu'il soit produit lors de la fusion nucléaire, les étoiles n'en relâchent que très peu (comme le deutérium et le lithium, ou le bore) car il n'apparait que dans une chaine intermédiaire menant à l'hélium 4 : il est « consommé » au fur et à mesure de sa production dans les étoiles. Par suite, dans le milieu interstellaire, le rapport isotopique est environ 100 fois plus élevé que sur Terre[16]. Les matériaux extraplanétaires, comme le régolithe de la Lune ou des astéroïdes, ont des traces d'hélium 3 provenant du vent solaire. La surface de la Lune en contient une concentration de l'ordre de 10-8[17],[18]. Un certain nombre d'auteurs, commençant par Gerald Kulcinski en 1986[19], ont proposé d'explorer la Lune, d'extraire l'hélium 3 du régolithe et de l'utiliser pour produire de l'énergie par fusion nucléaire.
188
+
189
+ L'hélium 4 peut être refroidi jusqu'à environ 1 K par évaporation. L'hélium 3, qui a un point d'ébullition inférieur, peut être refroidi jusqu'à 0,2 K par la même méthode. Des mélanges à parts égales d'hélium 3 et 4 se séparent, au-dessous de 0,8 K, car ils ne sont plus miscibles, en raison de leurs différences (l'atome d'hélium 4 étant un boson tandis que l'atome d'hélium 3 est un fermion, ils suivent deux statistiques quantiques différentes[N 1]). Les réfrigérateurs à dilution utilisent cette propriété pour atteindre quelques millikelvins.
190
+
191
+ On peut fabriquer par réactions nucléaires d'autres isotopes de l'hélium, qui sont instables, et se désintègrent rapidement vers d'autres noyaux. L'isotope dont la demi-vie la plus courte, si on peut même parler d'isotope dans ce cas, est l'hélium 2 (2 protons, sans neutron : le diproton, qui se désintègre en deux protons en 3 × 10−27 s). L'hélium 5 et l'hélium 7 se désintègrent par émission d'un neutron, avec une demi-vie de 7,6 × 10−23 s et 2,9 × 10−21 s, respectivement. L'hélium 6 et l'hélium 8 se désintègrent par radioactivité β, avec une demi-vie de 0,8 s et 0,119 s, respectivement. Les isotopes 6 et 8 ont une structure lâche, dans laquelle des neutrons orbitent loin du cœur, ce que l'on appelle halo nucléaire.
192
+
193
+ L'hélium est un gaz incolore, inodore et non toxique. Il est pratiquement inerte chimiquement, monoatomique en toute circonstance. Dans un vaste domaine de températures et de pressions, il se comporte expérimentalement comme un gaz parfait, ce qui en fait une substance privilégiée pour l'expérimentation des théories physico-chimiques.
194
+ Les deux isotopes stables de l'hélium sont les seuls composés chimiques à ne pas posséder de point triple[20].
195
+
196
+ La conductivité thermique de l'hélium gazeux est supérieure à celle de tous les gaz, sauf l'hydrogène, et sa chaleur spécifique est exceptionnellement élevée. Son coefficient de Joule-Thomson est négatif à température ambiante, ce qui signifie que, contrairement à la plupart des gaz, il se réchauffe lorsqu'il peut se détendre librement. La température d'inversion de Joule-Thomson est d'environ 40 K soit −233,15 °C à la pression d'1 atm[21]. Une fois refroidi en dessous de cette température, l'hélium peut être liquéfié par le refroidissement dû à sa détente.
197
+
198
+ L'hélium est aussi le gaz le moins hydrosoluble de tous les gaz connus[22]. En raison de la petite taille de ses atomes, sa vitesse de diffusion à travers les solides est égale à trois fois celle de l'air et environ 65 % celle de l'hydrogène.
199
+
200
+ L'indice de réfraction de l'hélium est plus proche de l'unité que celui de n'importe quel autre gaz[23]. La vitesse du son dans l'hélium est supérieure à celle dans tout autre gaz, sauf l'hydrogène[24].
201
+
202
+ Contrairement au plasma, le gaz est un excellent isolant électrique.
203
+
204
+ La plupart de l'hélium extraterrestre se trouve dans l'état de plasma, dont les propriétés diffèrent notablement de celles de l'hélium atomique. Dans le plasma, les électrons de l'hélium ne sont pas liés au noyau, ce qui conduit à une très grande conductivité électrique, même quand l'ionisation est partielle. Les particules chargées sont très sensibles aux champs électrique et magnétique. Par exemple, dans le vent solaire, l'hélium et l'hydrogène ionisés interagissent avec la magnétosphère terrestre, donnant lieu aux phénomènes de courants de Birkeland et aux aurores polaires[25].
205
+
206
+ Comme les autres gaz nobles, l'hélium a des niveaux d'énergie métastables qui lui permettent de rester excité dans une décharge électrique dont la tension est inférieure à son potentiel d'ionisation. Ceci permet son utilisation dans les lampes à décharge.
207
+
208
+ Contrairement aux autres éléments, l'hélium reste liquide jusqu'au zéro absolu, à des pressions inférieures à 25 atm. Ceci est une conséquence directe de la mécanique quantique : plus précisément l'énergie des atomes dans l'état fondamental du système est trop élevée pour permettre la solidification (voir sous-chapitre #Solide).
209
+
210
+ Au-dessous du point d'ébullition à 4,22 K et au-dessus du point lambda à 2,176 8 K, l'hélium 4 existe sous forme d'un liquide normal incolore, appelé hélium I[21]. Comme les autres liquides cryogéniques, il bout quand il est chauffé et se contracte quand sa température est abaissée. L'hélium I a un indice de réfraction voisin de celui des gaz : 1,026 ; ce qui rend sa surface tellement difficile à apercevoir que l'on utilise souvent des flotteurs de mousse de polystyrène pour voir son niveau[26]. Ce liquide incolore a une viscosité très faible et une densité de 0,125 = 1/8, ce qui n'est qu'un quart de la valeur prévue par la physique classique[26]. Il faut recourir à la mécanique quantique pour expliquer cette propriété et donc l'hélium liquide sous ses diverses formes est appelé fluide quantique, pour signifier que les effets de la mécanique quantique, normalement sensibles seulement à l'échelle microscopique, se manifestent à l'échelle macroscopique car l'atome d'hélium 4 est un boson. Ceci s'interprète comme une conséquence du fait que le point d'ébullition est si rapproché du zéro absolu que les mouvements thermiques aléatoires ne peuvent plus masquer les propriétés atomiques[26].
211
+
212
+ L'hélium liquide en dessous du point lambda commence à présenter des caractères tout à fait inhabituels, dans un état appelé hélium II.
213
+
214
+ À la transition de l'hélium I vers l'hélium II au point lambda, l'hélium se dilate. Quand la température baisse, l'hélium II continue à se dilater, jusqu'à environ 1 K, où il recommence à se contracter comme la plupart des corps.
215
+
216
+ L'hélium II peut s'écouler à travers des capillaires de 10-7 à 10-8 m, sans viscosité mesurable[12]. Cependant quand on mesure la viscosité entre deux disques tournant l'un par rapport à l'autre, on trouve une viscosité comparable à celle de l'hélium gazeux. La théorie actuelle explique ce fait en utilisant un modèle à deux fluides de László Tisza (en) pour l'hélium II. Dans ce modèle, l'hélium liquide, au-dessous du point lambda, consiste en un mélange d'atomes d'hélium dans l'état fondamental et d'atomes dans des états excités, qui se comportent davantage comme un fluide ordinaire[27].
217
+
218
+ Une illustration de cette théorie est donnée par l’effet fontaine. Dans cette expérience, un tube vertical, présentant un petit ajutage à son extrémité supérieure, est plongé par son extrémité inférieure dans un bain d'hélium II. Il y est bouché par un disque fritté, au travers duquel seul le fluide sans viscosité peut circuler. Si l'on chauffe le tube, en l'éclairant par exemple, on va y transformer la partie superfluide en fluide ordinaire. Pour rétablir l'équilibre des deux fluides avec le bain, du superfluide va pénétrer à travers le bouchon fritté, et pour conserver le volume, une partie du contenu du tube sera éjecté par l'ajutage supérieur, formant un jet, que l'on peut interrompre en cessant de chauffer[N 2].
219
+
220
+ La conductivité thermique de l'hélium II est supérieure à celle de tout autre corps connu. Ceci empêche l'hélium II de bouillir, car tout apport de chaleur se transporte immédiatement à la surface, où il provoque tout simplement l'évaporation en gaz. Cette conductivité est un million de fois supérieure à celle de l'hélium I, et plusieurs centaines de fois celle du cuivre[21]. Ceci est dû au fait que la conduction de la chaleur se fait par un mécanisme quantique exceptionnel. La plupart des matériaux bons conducteurs de la chaleur ont une bande de valence d'électrons libres qui servent à conduire la chaleur. L'hélium II n'a pas de telle bande et pourtant conduit bien la chaleur. Le flux de chaleur obéit à des équations semblables aux équations d'onde de la propagation du son dans l'air. Quand de la chaleur est introduite, elle se déplace à 20 m s−1 à 1,8 K dans l'hélium II. On appelle ces ondes deuxième son[28].
221
+
222
+ Contrairement aux liquides ordinaires, l'hélium II rampe le long des surfaces, même, apparemment, contre la gravité. Il s'échappera d'un récipient non fermé en rampant sur les côtés, à moins qu'il ne rencontre un endroit moins froid où il s'évapore. Quelle que soit la surface, il se déplace en un film de quelque 30 nm. Ce film est appelé film de Rollin, en souvenir du physicien qui l'a caractérisé le premier, Bernard V. Rollin[28],[29],[30]. À la suite de cet effet et de la capacité de l'hélium II de passer rapidement à travers de petites ouvertures, il est difficile de confiner l'hélium liquide. À moins que le récipient ne soit astucieusement construit, l'hélium II escaladera les parois et passera à travers les vannes jusqu'à ce qu'il atteigne une région plus chaude où il s'évaporera. Les ondes qui se propagent le long d'un film de Rollin obéissent aux mêmes équations que les vagues en eau peu profonde, mais la force de rappel est ici la force de van der Waals à la place de la gravité[31]. Ces ondes sont connues sous le nom de troisième son[32].
223
+
224
+ L'hélium ne se solidifie que sous l'effet de fortes pressions. Le solide pratiquement invisible et incolore qui en résulte est fortement compressible ; une compression en laboratoire peut réduire son volume de plus de 30 %[33]. Avec un module d'élasticité cubique de l'ordre de 5 × 107 Pa, il est cinquante fois plus compressible que l'eau. Dans des conditions normales de pression, et à l'inverse des autres éléments, l'hélium ne se solidifie pas et reste liquide jusqu'au zéro absolu. L'hélium solide nécessite une pression minimale d'environ 26 atm. Il est souvent assez difficile de distinguer l'hélium solide de l'hélium liquide, leurs indices de réfraction étant presque identiques. Le solide a une chaleur latente (chaleur de fusion) élevée et une structure cristalline hexagonale, comme celle de l'eau.
225
+
226
+ Comme tous les gaz nobles, l'hélium a sa couche de valence complète ce qui implique une très faible réactivité chimique. Comme il n'a pas de sous-couches capables de réagir, c'est (avec le néon) le moins réactif de tous les corps simples[33].
227
+
228
+ L'hélium peut néanmoins former des composés instables (excimères) avec le tungstène, l'iode, le fluor, le soufre et le phosphore en phase plasma, par décharge ou d'une autre manière. HeNe, HgHe10, WHe2 et les ions moléculaires He2+, He2++, HeH+, HeD+ ont été créés de cette manière. Cette technique a aussi permis la production de la molécule neutre He2, qui possède un plus grand nombre de systèmes de bandes, et HgHe, dont la cohésion ne semble reposer que sur des forces de polarisation. Théoriquement, d'autres composants comme le fluorohydrure d'hélium (HHeF) sont également possibles. En 2013 on a pu former l'héliure de lithium LiHe à l'état gazeux par ablation laser à très basse température (1 à 5 K)[34].
229
+
230
+ Les premiers composés stables de l'hélium prouvés sont des complexes endoédriques de fullerènes, comme He@C60, où un atome d'hélium est emprisonné dans une cage de fullerène C60. Depuis, il a été montré qu'à très haute pression (supérieure à 113 GPa) il est possible de former un composé stable de l'hélium et du sodium, Na2He[35],[36]. De telles molécules pourraient également se trouver dans les planètes géantes à la pression élevée comme Jupiter et Saturne[37].
231
+
232
+ De l'intérieur de la Terre se dégage (dans les laves et les gaz volcaniques) de l'hélium riche en hélium 3, que l'on pense primordial (c'est-à-dire acquis lors de la formation de la Terre, il y a près de 4,6 milliards d'années). S'il était à l'état gazeux ou dissous dans les minéraux du manteau inférieur il aurait eu largement le temps de dégazer quasi complètement, vu sa volatilité et les températures à l'intérieur de la Terre. Il faut donc qu'il soit stocké sous la forme d'un minéral stable dans les conditions du manteau inférieur, or on n'en connaît aucun. Le calcul en 2018 de l'enthalpie libre d'un millier de composés de l'hélium hypothétiques mais plausibles[38] a prédit un (et un seul) composé d'enthalpie libre suffisamment faible pour piéger l'hélium dans le manteau au lieu de le laisser libre, le dioxyde de fer et d'hélium FeO2He[39],[40],[38].
233
+
234
+ L'hélium, neutre, dans les conditions standard, est non-toxique, ne joue aucun rôle biologique et on en trouve à l'état de traces dans le sang humain. Si l'on en inhale assez pour que le dioxygène nécessaire à une respiration normale soit déplacé, l'asphyxie devient possible.
235
+
236
+
237
+
238
+ La voix d'un individu qui a inhalé de l'hélium change temporairement de timbre vers les harmoniques élevés — l'hélium étant trois fois moins dense que l'air, la vitesse du son devient ainsi plus élevée — et comme la fréquence fondamentale d'une cavité remplie de gaz est proportionnelle à la vitesse du son, l'inhalation d'hélium correspondra à une augmentation des fréquences de résonance de l'appareil phonatoire qui modulent la fréquence fondamentale donnée par les cordes vocales[12],[41],[42].
239
+ Un effet opposé, de baisse de timbre, peut être obtenu en inhalant un gaz plus dense, comme l'hexafluorure de soufre.
240
+
241
+ L'inhalation d'hélium pur à faible dose est normalement sans danger car il s'agit d'un gaz inerte. Cependant l'utilisation d'hélium vendu en commerce, comme celui utilisé pour gonfler des ballons, peut être dangereuse en raison des nombreux contaminants qu'il peut contenir, traces d'autres gaz, ou aérosols d'huile lubrifiante[43].
242
+
243
+ L'inhalation d'hélium en excès peut être dangereuse, puisque l'hélium est simplement un asphyxiant, qui remplace le dioxygène nécessaire à une respiration normale[12],[44]. La respiration d'hélium pur provoque l'asphyxie en quelques minutes. L'inhalation de l'hélium directement à partir de cylindres sous pression est extrêmement dangereuse, en raison du fort débit, qui peut produire un barotraumatisme qui déchire le tissu pulmonaire et peut être fatal[44],[45]. Cependant, cet accident est assez rare, puisqu'on ne compte que deux décès entre 2000 et 2004 aux États-Unis[45].
244
+
245
+ À haute pression (plus de 20 atm ou 2 MPa), un mélange d'hélium et de dioxygène (héliox) peut conduire à un syndrome nerveux des hautes pressions, une espèce d'effet contre-anesthésique. En ajoutant un peu de diazote au mélange, on peut éviter le problème[46],[47]. Néanmoins, en plongée subaquatique, le syndrome nerveux des hautes pressions ne peut être contrecarré que par l'adjonction d'hydrogène, l'ajout de diazote étant hautement narcotique dès que la pression totale atteint 5 bars.
246
+
247
+ L'hélium est administré dans des mélanges contenant un minimum de 20 % de dioxygène, à des patients aux prises avec une obstruction des voies respiratoires supérieures ou inférieures. La faible viscosité de l'hélium permet ainsi de diminuer le travail de respiration.
248
+
249
+ En ce qui concerne l'hélium cryogénique, les mesures de sécurité sont semblables à celles nécessaires pour l'azote liquide ; sa température extrêmement basse peut causer des brûlures par le froid.
250
+
251
+ Une inhalation d'une grande quantité en une seule prise, produit une légère asphyxie, conduisant à une courte mais dangereuse perte de conscience. On dénombre également certains cas d'embolies cérébrales ou de sérieux problèmes pulmonaires chez les personnes ayant inhalé de l'hélium sous pression.
252
+
253
+ Par ailleurs, le taux de dilatation entre la phase liquide et la phase gazeuse est tel qu'il peut provoquer des explosions en cas de vaporisation rapide, si aucun dispositif de limitation de pression n'est installé.
254
+
255
+ Les réservoirs d'hélium gazeux à 5–10 K doivent aussi être manipulés comme s'ils contenaient de l'hélium liquide, en raison de la dilatation thermique importante et rapide qui a lieu quand de l'hélium à moins de 10 K est amené à la température ordinaire[33].
256
+
257
+ Malgré son prix élevé, l'hélium est utilisé pour de nombreux usages exigeant certaines de ses propriétés uniques, telles son point d'ébullition bas, sa faible densité, sa faible solubilité, sa haute conductivité thermique ou son caractère chimiquement et biologiquement inerte. On le trouve dans le commerce sous forme liquide ou gazeuse. Sous forme liquide, on peut trouver des petits réservoirs appelés dewars, qui peuvent contenir jusqu'à 1 000 l d'hélium, ou dans des grands réservoirs ISO de capacités nominales jusqu'à 40 000 l. Sous forme gazeuse, de petites quantités d'hélium sont fournies dans des cylindres à haute pression contenant jusqu'à 8,5 m3 standards, tandis que les grandes quantités sont livrées en camions-citernes sous pression qui peuvent avoir des capacités jusqu'à 5 000 m3 standards.
258
+
259
+ En raison de son caractère inerte, sa grande conductivité thermique, sa transparence aux neutrons et parce qu'il ne forme pas d'isotope radioactifs au sein des réacteurs, on utilise l'hélium comme fluide de transfert de chaleur dans certains réacteurs nucléaires refroidis au gaz[48].
260
+
261
+ L'hélium est utilisé comme atmosphère protectrice lors de la croissance du silicium monocristallin destiné à la fabrication de circuits intégrés et des fibres optiques, pour la production de titane et de zirconium, et en chromatographie en phase gazeuse[33], parce qu'il est inerte.
262
+ Vu son inertie chimique, ses propriétés thermodynamiques et calorifiques idéales, sa vitesse du son élevée et un grand coefficient de Laplace, il est également utile dans les souffleries supersoniques[49] ou pour les installations d'étude de phénomènes transitoires[50].
263
+
264
+ L'hélium en mélange avec un gaz plus lourd, comme le xénon, est utile pour la réfrigération thermoacoustique, en raison du grand rapport des capacités thermiques et du faible nombre de Prandtl[51]. L'inertie chimique de l'hélium a des avantages environnementaux sur d'autres systèmes de réfrigération, qui contribuent au trou d'ozone ou au réchauffement climatique[52].
265
+
266
+ Comme il diffuse à travers les solides trois fois plus vite que l'air, l'hélium est utilisé pour détecter les fuites dans les équipements à ultravide ou les réservoirs à haute pression[48].
267
+
268
+ Il est également utilisé avec des produits alimentaires (additif alimentaire autorisé par l'Union européenne sous la référence E939) pour permettre une vérification de l'étanchéité de l'emballage (voir liste des additifs alimentaires).
269
+
270
+ L'utilisation de l'hélium réduit les effets de distorsion dus aux variations de température dans l'espace séparant les lentilles de certains télescopes ou lunettes, en raison de son indice de réfraction exceptionnellement bas[21]. Cette méthode est spécialement utilisée pour les télescopes solaires, soumis à des variations importantes de température, mais pour lesquels une enceinte supportant la différence de pression entre l'atmosphère et le vide serait trop lourde[53],[54].
271
+
272
+ L'âge des roches et minéraux qui contiennent de l'uranium et du thorium peut être estimé en mesurant leur contenu en hélium par un procédé appelé datation à l'hélium[12],[21].
273
+
274
+ L'hélium liquide est aussi utilisé pour refroidir certains métaux aux températures extrêmement basses nécessitées pour la supraconductivité, par exemple pour les aimants supraconducteurs utilisés notamment pour les détecteurs à IRM. Le LHC au CERN utilise 120 t d'hélium liquide pour maintenir la température des aimants à 1,9 K[55],[56]. De façon plus générale, l'hélium à basse température est utilisé en cryogénie.
275
+
276
+ En raison de sa faible solubilité dans le tissu nerveux, on utilise des mélanges d'hélium tels que le trimix, l'héliox et l'héliair pour la plongée profonde, afin de réduire les effets de la narcose à l'azote[57],[58]. Aux profondeurs supérieures à 150 m, de petites quantités d'hydrogène sont ajoutées au mélange hélium-dioxygène pour contrebalancer le syndrome nerveux des hautes pressions[59].
277
+
278
+ À ces profondeurs, la faible densité de l'hélium diminue considérablement l'effort respiratoire[60].
279
+
280
+ Les lasers He-Ne ont diverses applications, en particulier les lecteurs de code-barres[12].
281
+
282
+ Comme l'hélium est plus léger que l'air, il peut être utilisé pour gonfler des dirigeables et des ballons libres ou captifs. Bien que l'hydrogène ait une force portante approximativement 7 % supérieure, l'hélium a l'avantage d'être incombustible (et même ignifuge)[61].
283
+
284
+ L'exploration de l'atmosphère, notamment pour la météorologie s'effectue avec des ballons-sondes la plupart du temps gonflés à l'hélium.
285
+
286
+ En technique des fusées, l'hélium est utilisé comme milieu de déplacement pour gérer par pressurisation le combustible et le comburant dans les réservoirs en microgravité et pour assurer le mélange d'hydrogène et de dioxygène qui alimente les tuyères de propulsion. Il est aussi utilisé pour la purge de ces substances dans l'équipement au sol avant le lancement, et pour pré-refroidir l'hydrogène liquide des véhicules spatiaux. Par exemple, la fusée Saturn V consommait environ 370 000 m3 d'hélium pour décoller[33].
287
+
288
+ L'hélium est le deuxième élément le plus abondant dans l'Univers connu après l'hydrogène et en constitue 23 % de la masse baryonique[12]. La grande majorité de l'hélium a été formée par la nucléosynthèse primordiale, dans les minutes suivant le Big Bang. C'est pourquoi la mesure de son abondance contribue à fixer certains paramètres des modèles cosmologiques. Dans la majeure partie de l'existence des étoiles, il est formé par la fusion nucléaire de l'hydrogène. En fin de vie, les étoiles utilisent l'hélium comme matière première pour la création d'éléments plus lourds, par des processus bien plus rapides, voire explosifs. Au bout du compte, l'hélium de l'Univers ne provient qu'en très faible partie des étoiles.
289
+
290
+ Dans l'atmosphère terrestre, la concentration de l'hélium est 5,2 × 10−6 en volume[62],[63]. Cette basse concentration est assez constante dans le temps, en raison d'un équilibre entre la production continue d'hélium dans les roches et la fuite vers l'espace par divers mécanismes[64],[65]. Dans l'hétérosphère terrestre, une partie de la haute atmosphère, l'hélium et autres gaz légers sont les constituants les plus abondants.
291
+
292
+ Presque tout l'hélium sur Terre provient de la radioactivité α. On le trouve principalement dans les composés d'uranium et de thorium, notamment la pechblende, la carnotite et la monazite, parce qu'ils émettent des particules α, qui sont des noyaux d'hélium ionisé He2+, qui se neutralisent immédiatement avec des électrons[10]. On estime à 3 000 t l'hélium ainsi produit chaque année dans la lithosphère[66],[67],[68]. Dans la croûte terrestre, la concentration de l'hélium est 8 × 10−6 en volume. Dans l'eau de mer, elle n'est que de 4 × 10−12. Il y en a aussi de petites quantités dans les eaux minérales, les gaz volcaniques et le fer météorique. Comme l'hélium est piégé comme le gaz naturel par les couches de roches imperméables, on trouve les plus hautes concentrations d'hélium dans les gisements de gaz naturel, d'où l'on extrait la plupart de l'hélium commercial. Sa concentration en volume par rapport au gaz naturel varie de quelques parties par million à une concentration de 7 % identifiée dans le comté de San Juan, Nouveau-Mexique[69],[70].
293
+
294
+ En 2016, une société dénommée « Hélium » dit avoir identifié trois possibles champs massifs de cet élément en Tanzanie, assez vastes — selon elle — pour approvisionner le monde durant plusieurs décennies, et ce pourquoi elle recherche 40 millions de dollars d'investissements pour tenter un forage en Tanzanie en 2017. Certains experts jugent néanmoins que l'exploitation de ce gisement ne serait pas rentable avant longtemps, car selon eux le marché mondial est récemment entré dans une période de surproduction en raison d'une utilisation plus économe et une mise sur le marché plus importante aux États-Unis, au Qatar et en Russie[71].
295
+
296
+ Pour l'utilisation à grande échelle, l'hélium est extrait par distillation fractionnée du gaz naturel, qui peut en contenir jusqu'à 7 %[72]. Comme l'hélium a un point d'ébullition inférieur à tout autre corps, on utilise une basse température et une haute pression pour liquéfier presque tous les autres gaz (principalement le diazote et le méthane). L'hélium brut qui en résulte est alors purifié par exposition à des températures de plus en plus basses, ce qui fait précipiter pratiquement tout le diazote et autres gaz restants du mélange gazeux. On utilise enfin du charbon actif pour une étape finale de purification, pour obtenir ainsi de l'hélium d'une qualité de 99,995 %[73]. La principale impureté de l'hélium de qualité A est le néon. Pour terminer la purification, la plupart de l'hélium produit est liquéfié, par un processus cryogénique. La liquéfaction est nécessaire pour les applications utilisant l'hélium liquide et permet d'ailleurs aux fournisseurs d'hélium de réduire le coût du transport à distance, car les plus grands réservoirs à hélium liquide ont une capacité au moins cinq fois plus grande que les remorques portant des cylindres d'hélium gazeux sous pression[74],a.
297
+
298
+ En 2005, environ 160 millions de mètres cubes d'hélium ont été extraits du gaz naturel, ou puisés dans les réserves, avec environ 83 % des États-Unis, 11 % d'Algérie et le reste principalement de Russie et de Pologne[75]. Aux États-Unis, la plupart de l'hélium est extrait du gaz naturel de Hugoton et des gisements voisins du Kansas, de l'Oklahoma et du Texas[74].
299
+
300
+ Une autre méthode de production et de purification de l'hélium est la diffusion du gaz naturel brut à travers des membranes semi-perméables ou d'autres barrières[76].
301
+
302
+ Il est possible de faire la synthèse de l'hélium en bombardant du lithium ou du bore avec des protons de haute énergie, mais cela ne constitue pas une méthode économiquement viable de production[77].
303
+
304
+ La première indication de l'hélium est observée le 18 août 1868, comme une raie jaune brillante à une longueur d'onde de 587,49 nm dans le spectre de la chromosphère du Soleil. Cette raie est détectée par l'astronome français Jules Janssen pendant une éclipse totale à Guntur (Inde)[78],[12]. Au début, on pense que cette raie est celle du sodium. Le 20 octobre de la même année, l'astronome anglais Norman Lockyer observe une raie jaune dans le spectre solaire, qu'il appelle raie de Fraunhofer D3, en raison de sa proximité avec les raies bien connues D1 et D2 du sodium[79]. Il en conclut qu'elle est provoquée par un élément du Soleil inconnu sur Terre. Lockyer et le chimiste anglais Edward Frankland nomment cet élément d'après le mot grec pour Soleil, ἥλιος (hélios)[80].
305
+
306
+ En 1882, Luigi Palmieri réussit pour la première fois à démontrer la présence d'hélium sur la Terre, par l'analyse spectrale de la lave du Vésuve.
307
+
308
+ Le 26 mars 1895, le chimiste britannique Sir William Ramsay isole l'hélium sur Terre en traitant la clévéite[81] (une variété de pechblende, contenant au moins 10 % de terres rares) avec des acides minéraux. Ramsay cherchait de l'argon, mais, après avoir séparé le diazote et le dioxygène du gaz libéré par l'acide sulfurique, il remarque au spectroscope une raie jaune brillante qui coïncide avec la raie D3 observée dans le spectre solaire[82],[83],[84],[85].
309
+
310
+ Ces échantillons sont identifiés comme étant de l'hélium par Lockyer et le physicien britannique William Crookes. Indépendamment, il est isolé de la clévéite la même année par les chimistes Per Theodor Cleve et Abraham Langlet (en) à Uppsala, qui accumulent suffisamment de gaz pour pouvoir déterminer avec précision sa masse atomique[12],[86],[87].
311
+
312
+ L'hélium avait aussi été isolé par le géochimiste américain William Francis Hillebrand, quelques années avant la découverte par Ramsay, en remarquant des raies spectrales inhabituelles à l'examen d'un échantillon d'uraninite. Mais Hillebrand attribue ces raies au diazote. Sa lettre de félicitations à Ramsay présente un cas intéressant de découverte et de presque-découverte en science[88].
313
+
314
+ En 1907, Ernest Rutherford et Thomas Royds démontrent que les particules α sont des noyaux d'hélium, en permettant aux particules de pénétrer à travers une fine fenêtre en verre d'un tube où ils ont fait le vide, puis créant une décharge dans le tube pour étudier le spectre du nouveau gaz qui s'y trouve. En 1908, l'hélium est liquéfié pour la première fois par le physicien néerlandais Heike Kamerlingh Onnes, en refroidissant le gaz au-dessous de 1 K[89][réf. non conforme]. Il essaie de le solidifier en baissant encore la température, mais échoue, puisque l'hélium n'a pas de point triple. C'est un étudiant d'Onnes, Willem Hendrik Keesom, qui arrive à solidifier sous pression 1 cm3 d'hélium en 1926[90].
315
+
316
+ En 1938, le physicien soviétique Pyotr Leonidovitch Kapitsa découvre que l'hélium 4 n'a presque pas de viscosité aux températures proches du zéro absolu, phénomène maintenant nommé superfluidité[91]. En 1972, le même phénomène est observé dans l'hélium 3, mais à une température bien plus proche du zéro absolu, par les physiciens américains Douglas D. Osheroff, David M. Lee, et Robert C. Richardson. Le phénomène dans l'hélium 3 est interprété comme la formation de paires d'atomes, qui sont des fermions, pour former des bosons, par analogie avec les paires de Cooper d'électrons à la base de la supraconductivité[92].
317
+
318
+ Après un forage pétrolier en 1903 à Dexter, Kansas, le jet de gaz produit était incombustible. Erasmus Haworth (en), le géologue de l'État du Kansas, collecta des échantillons du gaz produit et les rapporta à l'université du Kansas, Lawrence. Avec l'aide des chimistes Hamilton Cady (en) et David McFarland, il détermina que le gaz était, en volume, 72 % de diazote, 15 % de méthane (un pourcentage combustible seulement avec plus de dioxygène) et 12 % de gaz non identifiable[12],[93]. Une analyse plus poussée montre à Cady et McFarland que 1,84 % de l'échantillon de gaz est de l'hélium[94],[95]. Ceci montre qu'en dépit de sa rareté globale sur Terre, l'hélium est concentré en grandes quantités sous les Grandes Plaines américaines et disponible pour la production comme sous-produit de l'exploitation du gaz naturel[96]. Les plus grandes réserves d'hélium sont dans le gisement d'Hugoton et dans les gisements voisins du Kansas du sud-ouest avec des prolongements au Texas et en Oklahoma.
319
+
320
+ Ceci a permis aux États-Unis de devenir le premier producteur d'hélium du monde. Suivant la suggestion de Sir Richard Threlfall (en), la marine des États-Unis subventionne trois petites usines expérimentales de production d'hélium pendant la Première Guerre mondiale. Le but est d'approvisionner les ballons captifs de barrage avec ce gaz ininflammable et plus léger que l'air. Un total de 5 700 m3 d'hélium à 92 % est produit par ce programme, bien que précédemment, moins de 100 l ait été produit au total[82]. Une partie de ce gaz est utilisée pour le premier dirigeable gonflé à l'hélium dans le monde, le C-7 de la marine américaine, inauguré pour son premier voyage de Hampton Roads en Virginie au terrain de Bolling à Washington le 1er décembre 1921[97].
321
+
322
+ Bien que le procédé d'extraction par liquéfaction du gaz à basse température ne soit pas mis au point assez tôt pour jouer un rôle significatif pendant la Première Guerre mondiale, la production se poursuivra. L'hélium est utilisé en premier lieu pour gonfler les aérostats. Cet usage va accroître la demande pendant la Seconde Guerre mondiale, de même que la demande pour la soudure à l'arc.
323
+
324
+ Le spectromètre de masse à hélium est également vital pour le projet Manhattan de bombe atomique[98].
325
+
326
+ Le gouvernement des États-Unis crée en 1925 une Réserve Nationale d'Hélium à Amarillo, Texas, dans le but d'approvisionner les aérostats, militaires en temps de guerre, et civils en temps de paix[21]. En raison de l'embargo militaire des États-Unis contre l'Allemagne, la fourniture d'hélium y a été restreinte et le Hindenburg a dû être gonflé à l'hydrogène, avec les conséquences catastrophiques qui s'ensuivirent lors de son incendie. La consommation d'hélium après la Seconde Guerre mondiale diminue, mais la réserve est augmentée dans les années 1950 pour assurer la fourniture d'hélium liquide pour le lancement des fusées pendant la course à l'espace et la guerre froide. En 1965, la consommation d'hélium des États-Unis dépasse huit fois le maximum qu'elle a atteint pendant le temps de guerre[99].
327
+
328
+ Après les Amendements sur les lois de l'hélium de 1960 (loi publique 86-777), le Bureau des mines des États-Unis met en place cinq usines privées pour l'extraction de l'hélium du gaz naturel. Pour ce programme de préservation de l'hélium, le Bureau construit un gazoduc de 684 km de Bushton, Kansas, à Cliffside, près d'Amarillo, gisement partiellement épuisé. Le mélange hélium-diazote ainsi apporté est injecté et stocké jusqu'au moment des besoins, quand il est extrait et purifié[100].
329
+
330
+ En 1995, un milliard de mètres cubes de gaz ont été réunis mais la réserve a 1,4 milliard de dollars US de dettes, ce qui conduit le Congrès des États-Unis, en 1996, à faire cesser progressivement son activité[12],[61]. La Loi de privatisation de l'hélium de 1996 qui s'ensuit (Loi publique 104–273) enjoint au Département de l'Intérieur des États-Unis de commencer à vider la réserve en 2005[101].
331
+
332
+ L'hélium produit entre 1930 et 1945 était pur à environ 98,3 % (~ 2 % de diazote), ce qui convenait parfaitement pour les aérostats. En 1945, une petite quantité d'hélium à 99,9 % était produite pour l'utilisation pour la soudure à l'arc. Dès 1949, des quantités commerciales d'hélium de qualité A à 99,995 % étaient disponibles[102].
333
+
334
+ Pendant plusieurs années, les États-Unis produisent plus de 90 % de l'hélium commercialement disponible dans le monde, les usines d'extraction du Canada, de Pologne, de Russie et d'autres nations produisant le reste. À ce rythme, selon une étude (août 2010), les réserves des États-Unis seront épuisées avant 2040[103] (près d'un tiers des besoins mondiaux sont fournis par les États-Unis dont la capacité de production globale est d'environ 142 millions de mètres cubes (en 2010) alors que la consommation s'est élevée à 180 millions de mètres cubes[103] et que l'hélium semble « indispensable à la plupart de ses applications »)[103].
335
+ Au milieu des années 1990, une nouvelle usine commence à produire à Arzew, en Algérie. Avec 1,7 × 107 m3 par an, elle peut couvrir toute la demande européenne, soit environ 16 % de la production mondiale. Pendant ce temps-là, la consommation aux États-Unis a dépassé 15 000 t en 2000[104]. En 2004–2006, deux usines additionnelles sont construites, une à Ras Laffan (Qatar) produisant 9,2 tonnes d'hélium liquide par jour, soit 1,88 × 107 m3 par an, et l'autre à Skikda (Algérie). L'Algérie est rapidement devenue le deuxième producteur d'hélium[74]. Au cours de cette période, la consommation d'hélium et les coûts de production ont augmenté[105]. Entre 2002 et 2007, les prix de l'hélium ont doublé[106] et pendant la seule année 2008, les principaux fournisseurs ont augmenté leurs prix d'environ 50 %[citation nécessaire]. Ceci est lié aux très faibles production et consommation d'hélium, rendant leur adéquation difficile, peu de producteurs souhaitant investir dans ce « marché de niche ».
336
+ Robert Richardson (Prix Nobel de physique) a en 2010 alerté la communauté internationale sur le risque de pénurie, plaidant pour une augmentation des prix, afin de refléter la rareté de cet élément et moins le gaspiller.
337
+
338
+ Sur les autres projets Wikimedia :
339
+
340
+ a.(en) Z. Cai, R. Clarke, N. Ward, W. J. Nuttall, B. A. Glowacki, « Modelling Helium Markets » [PDF], University of Cambridge, 2007 (consulté le 22 juin 2009).
341
+
342
+
343
+
fr/252.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,254 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Animalia
4
+
5
+ Règne
6
+
7
+ Taxons de rang inférieur
8
+
9
+ Synonymes
10
+
11
+ Metazoa Haeckel, 1874[1]
12
+
13
+ Les Animaux (Animalia) (du latin animalis « animé, vivant, animal ») sont en biologie, selon la classification classique, des êtres vivants hétérotrophes, c’est-à-dire qui se nourrissent de substances organiques. On réserve aujourd'hui le terme « animal » à des êtres complexes et multicellulaires, bien qu’on ait longtemps considéré les protozoaires comme des animaux unicellulaires. Comme les autres êtres vivants, tout animal a des semblables avec qui il forme un groupe homogène, appelé espèce.
14
+
15
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874). Quel que soit le terme employé ou quelle que soit la classification retenue (évolutionniste ou cladiste), les animaux sont consensuellement décrits comme des organismes eucaryotes pluricellulaires généralement mobiles et hétérotrophes.
16
+
17
+ Dans le langage courant, le terme « animal » ou « bête » ou encore « animal non-humain » est souvent utilisé pour distinguer le reste du monde animal des humains. Le langage courant diffère également du biologique par le fait que « animal » renvoie souvent à une certaine taille qui exclut entre autres les insectes. Enfin, il peut être utilisé en opposition à « végétal ».
18
+
19
+ La science consacrée à l'étude du règne animal est la zoologie.
20
+
21
+ Le registre fossile des animaux est dominé par l'explosion cambrienne (−541 à −530 Ma), qui a marqué un développement et une diversification extrêmes, avec l'apparition de tous les grands plans d'organisation actuels.
22
+
23
+ Les animaux complexes sont cependant apparus au moins des dizaines de millions d'années auparavant, sans doute pendant l'Édiacarien (−635 à −541 Ma). Les fossiles les plus anciens ont été trouvés à Terre-Neuve et datent d'environ 571 Ma, mais le biote édiacarien est resté peu diversifié jusque vers −560 Ma. Les premières traces de l'existence d'animaux sont plus anciennes encore (−650 Ma dans le supergroupe de Huqf en Oman, −635 Ma dans la formation de Lantian en Chine méridionale), mais reposent sur des biomarqueurs comme le stérane ou sur des empreintes mal identifiables, et sont contestées[2].
24
+
25
+ Comme tous les organismes vivants, les animaux ont besoin d'eau, d'un comburant qui est exclusivement le dioxygène pour ces espèces, et de matières organiques provenant d'autres organismes car ils ne peuvent pas la produire par eux-mêmes à partir de molécules ne provenant pas du vivant. On dit qu'ils sont chimio-organotrophes. Cette nourriture répond à trois objectifs : fournir les substances qui servent à créer d'autres cellules; produire des substances utiles à créer des molécules et structures de l'organisme (os, poils, larmes, odeurs, etc.), et surtout fournir de l'énergie.
26
+
27
+ Comme pour tous les organismes vivants, l'eau est l'élément dont les animaux ont le plus de mal à se passer. En plus du fait que les cellules sont essentiellement constituées d'eau, l'eau est nécessaire à la plupart des réactions biochimiques où elle sert de solvant. Mais, en outre, elle sert à l'évacuation des déchets azotés produits par le métabolisme des protéines qui doivent être éliminées. Les animaux sont, comme les autres espèces même non aquatiques, également confrontés aux problèmes liés à l'osmorégulation. Le besoin en eau implique d'avoir un système de régulation osmotique.
28
+
29
+ Ils ont besoin de se procurer leur nourriture en se déplaçant ou en l'attrapant, et grâce à un système digestif, de dissocier les organismes en substances nécessaires qui leur sont utiles, puis de les assimiler. L'acquisition de dioxygène sert à oxyder des hydrates de carbones pour produire de l'énergie chimique, est donc aussi une priorité pour la plupart des animaux. La plupart des espèces disposent d'un système respiratoire pour absorber le dioxygène. Le dioxygène, l'eau et les diverses substances sont amenées vers les cellules, et les sous-produits inutiles sont évacués (excrétion) grâce à divers systèmes circulatoires. Les problèmes posés par les différents milieux supposent des adaptations spécifiques. Ainsi l'acquisition de dioxygène pour un organisme terrestre est moins difficile que l'acquisition de l'eau. L'inverse est vrai dans un milieu aquatique. Pour acquérir ces substances essentielles à la vie, la plupart des animaux utilisent des organes de perception. Ils utilisent également leurs sens pour fuir leurs prédateurs.
30
+ Pour assimiler les substances nécessaires à sa vie qu'il puise dans d'autres organismes vivants, l'animal a le plus souvent besoin d'un système digestif et donc d'un système d'excrétion.
31
+
32
+ Les fonctions de reproduction sont également importantes chez les animaux qui sont principalement sexués, mais certaines espèces comme l'hydre peuvent aussi se reproduire d'une manière asexuée (par bourgeonnement dans son cas). L'appareil de reproduction est vital à l'espèce seulement, sans quoi, inévitablement celle-ci disparaîtrait après un certain temps.
33
+
34
+ Les animaux possèdent également des systèmes très divers de locomotion, de perception.
35
+
36
+ En outre, ils possèdent divers systèmes de circulation de fluide à l'intérieur du corps et de coordination des différentes cellules. Le vieillissement ne semble pas faire partie des caractéristiques fondamentales, car certaines espèces d'éponges ne vieillissent pas[4].
37
+
38
+ L'organisation interne des animaux peut être très variable, comme des organisations complexes comme les insectes ou des vertébrés ou des colonies de cellules relativement amorphes que forment les éponges . Scientifiquement, les animaux sont des organismes eucaryotes multicellulaires (exception faite des Myxozoa) ce qui les différencie des Bacteria et des Protista et dépourvus de chloroplastes (hétérotrophes), ce qui les distingue des végétaux et algues. Ils se distinguent également des Mycota. Ils sont les seuls organismes vivants qui passent dans une étape de leur développement par un blastocyste[réf. nécessaire]. Ils sont aptes au mouvement, parfois seulement sous forme larvaire (cas des éponges et de nombreux invertébrés benthiques fixés au substrat). Ils forment le règne Animalia, subdivision du domaine Eukaryota.
39
+
40
+ Les animaux (ou métazoaires) sont l'un des types d'eucaryotes à s'être développés sur un mode multicellulaire, comme les plantes, certains champignons, et les algues brunes par opposition aux unicellulaires qui regroupent les levures, d'autres algues et champignons, des protozoaires, ainsi que les êtres vivants regroupés au sein des Prokaryota, composés des Eubacteria et Archaea.
41
+
42
+ On distingue, selon leur complexité d'organisation interne, trois groupes ou niveaux[5].
43
+
44
+ Les cellules animales sont hétérotrophes, c'est-à-dire qu'elles doivent manger pour survivre, contrairement aux plantes. Le mode de nutrition est souvent une caractéristique contraignante pour les animaux. La stratégie des éponges consiste à filtrer l'eau qui les traverse, pour y capturer des proies et particules.
45
+
46
+ Les éponges (Porifera) ont une organisation souvent décrite comme simple : ce sont des colonies de cellules pratiquement indifférenciées, sans structures internes bien identifiables. Ce sont des animaux sans système nerveux ni tube digestif. Leur corps n’est formé que par deux couches de cellules (ectoderme et endoderme).
47
+
48
+ Les polypes quant à eux poussent la nourriture vers un ventre (cavité gastrique) où elle pourra être digérée sans pouvoir s'échapper.
49
+
50
+ Cette autre stratégie permet de se nourrir de proies plus grosses (ce que les éponges ne peuvent pas filtrer). Par rapport aux éponges ce plan d'organisation suppose deux choses : les cellules se spécialisent (avec l'acquisition de cellules nerveuses et musculaires permettant des mouvements coordonnés) et l'organisme gagne la capacité à prendre une forme définie (morphogénèse), pour que des tentacules efficaces puissent pousser leur proie vers la cavité gastrique.
51
+
52
+ L'organisation de type ver est un autre type de plan d'organisation. La stratégie de base des organismes de type « ver » (vermiforme) est de se déplacer pour aller chercher la nourriture, au lieu d'attendre qu'elle passe à portée. Cette stratégie permet notamment d'exploiter des déchets organiques, qui peuvent être à haute valeur nutritive, mais ne se déplacent pas.
53
+
54
+ Passé le cap des éponges et des polypes, tous les organismes complexes sont des bilatériens, qui dérivent d'un schéma fondamental : le tube. Le développement est organisé autour d'un axe tête / queue d'une part, et dos / ventre d'autre part. Ces deux axes conduisent à un plan d'ensemble où les côtés droit et gauche tendent à être symétriques, d'où leur nom de bilatérien.
55
+
56
+ D'un point de vue fondamental les vers diffèrent des cnidaires les cellules nerveuses s'organisent en un système nerveux cohérent, qui chez certains organismes pourra donner un cerveau à l'avant de l'animal. Un tissu intermédiaire important est aussi présent chez les vers qui se trouve entre les tissus extérieurs qui forment la peau (ectoderme) et les tissus intérieurs du système digestif (endoderme) : le mésoderme qui peut former des organes internes complexes. On parle d'animaux triploblastiques.
57
+
58
+ Un second caractère considéré important chez les vers (absent par exemple chez les vers plats) est la présence d'un canal alimentaire : à une extrémité, une bouche absorbe la nourriture, à l'autre, un anus excrète les déchets.
59
+
60
+ L'invention du tube digestif à partir de la cavité gastrique ancestrale semble avoir été faite deux fois. Chez les protostomiens, les deux orifices du canal alimentaire sont formés à partir du blastopore, dont les lèvres se rapprochent pour former un canal par soudure longitudinale. Chez les deutérostomiens, l'orifice du blastopore devient l'anus, le canal alimentaire étant formé par un percement ultérieur qui évoluera vers la bouche.
61
+
62
+ On trouvera chez les vers une autre caractéristique évolutive importante de certains animaux : la segmentation (métamérie) qui semble être apparue dans plusieurs branches différentes.
63
+
64
+ L'apparition du tube digestif (avec deux orifices, une bouche et un anus) et de la capacité de se déplacer (en rampant) a été une innovation évolutive fondamentale chez les bilatériens : les organismes vermiformes sont assez polyvalents, et peuvent servir de base à des modes de vie très variés. C'est ce qu'on appelle une explosion radiative : à partir d'un schéma de base commun, les formes prennent des voies divergentes, se diversifiant à partir d'une forme commune.
65
+
66
+ Les principaux groupes qui relèvent du niveau d'organisation vermiforme sont :
67
+
68
+ On retrouve également cette forme chez de nombreux arthropodes (notamment les asticots), des échinodermes (concombres de mer), et même des mollusques (solenogastres).
69
+
70
+ Tous les bilatériens ne gardent pas une morphologie vermiforme. Des organismes comme les tuniciers ressemblent plus à des formes d'éponges ou de coraux qu'à des vers (ce sont des organismes fixés et filtreurs), ce qui est généralement le cas des formes retournant à un mode de vie végétatif.
71
+
72
+ Enfin, cette forme d'organisation se complexifie suivant de multiples voies, dont les parties dures pourront laisser des fossiles, par exemple :
73
+
74
+ Les mollusques évoluent à partir d'une organisation de type ver. Une innovation évolutive importante des mollusques est la coquille, permettant de se protéger des prédateurs : l'acquisition de plaques calcaires protégeant le dos. Les premiers mollusques devaient donc avoir certains points communs avec les polyplacophores (une sorte d'escargot marin qui peut se rouler en boule comme un cloporte).
75
+
76
+ Les mollusques comprennent les classes importantes suivantes :
77
+
78
+ Sur la formule générale des vers, les arthropodes ont superposé plusieurs innovations évolutives remarquables :
79
+
80
+ Cette organisation correspond à la forme générale des mille-pattes. Elle a été immédiatement à l'origine d'une nouvelle explosion radiative, entraînant la modification de certaines paires de pattes en mâchoires, antennes, pattes spécialisées, sur certaines parties du corps, ou perdant leurs pattes sur d'autres parties du corps.
81
+
82
+ L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes. Le nombre de pattes, la manière dont le corps est organisé en différentes parties et la forme de ces pattes semblent avoir beaucoup participé à la diversification foisonnante des arthropodes.
83
+
84
+ La fonctionnalité essentielle qui a initialement structuré ce groupe a été la capacité de nager dans l'eau.
85
+
86
+ Mais cette capacité a conduit à une première explosion radiative des vertébrés: les poissons ont vite envahi l'espace en trois dimensions formé par l'eau des océans, et se sont diversifiés en un grand nombre d'espèces à l'écologie et à la morphologie différentes, en passant par l'hippocampe, le poisson lune et le requin baleine.
87
+
88
+ Plusieurs innovations marqueront l'histoire évolutive des poissons : l'apparition progressive de la tête et de la mâchoire, et enfin, la conquête de l'environnement aérien avec l'apparition de pattes, continuant leur explosion radiative en donnant les sauriens.
89
+
90
+ Les tétrapodes, animaux à quatre membres, ont eu une explosion radiative après avoir conquis la capacité à se déplacer sur la terre ferme. Cependant, certains groupes d'espèces comme les cétacés ou les serpents ne gardent, à la suite de leur évolution, que des vestiges de membres.
91
+
92
+ Les tétrapodes regroupent des animaux de tailles très différentes, des micro-mammifères à la baleine bleue qui est le plus gros animal connu de tous les temps, mais ils ne représentent qu'une infime partie à la fois des espèces vivantes (au plus 2 %) et de la biomasse. Malgré cela, ils sont parmi les espèces les mieux connues de l'homme, qui en fait lui-même partie. Bien que l'homme ait, depuis Aristote au moins, essayé de regrouper les différentes espèces suivant des groupes homogènes, il n'est parvenu à comprendre la phylogénie de ce groupe qu'à la fin du XIXe siècle. On considère aujourd'hui que ce groupe est composé des amphibiens, des Sauropsida (dont les reptiles et les oiseaux) et des mammifères.
93
+
94
+ Les mammifères sont généralement identifiables par leur peau, qui est au moins partiellement couverte de poils. Le fait que les femelles allaitent leurs petits est la caractéristique majeure de ce groupe.
95
+
96
+ Environ 1 250 000 espèces animales sont connues et répertoriées sur Terre[6]. Certains scientifiques estiment qu'il y a dix millions d'espèces vivant actuellement sur Terre et qu'il y a eu cent millions d'espèces qui ont existé en comptant toutes les espèces qui ont vécu sur Terre depuis l'apparition du vivant[7].
97
+
98
+ Une étude publiée en 2011, indique que parmi les 8 750 000 espèces (±1 300 000) d'eucaryotes estimées, la Terre recenserait 7 770 000 espèces animales (±958 000), dont 2 150 000 (±145 000) espèces vivant dans les océans[6]. Parmi ces espèces, seules 953 000 sont répertoriées dont 171 000 espèces océaniques[6].
99
+
100
+ Il existe des grandes caractéristiques générales qui permettent de classer les espèces vivantes en embranchements. D'après la théorie de l'évolution, les embranchements d'animaux actuels sont les groupes survivants de près d'une centaine existants au Cambrien, ceux-ci ne sont connus que par leurs fossiles.
101
+
102
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia[1],[11] (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874).
103
+
104
+ Plusieurs bases de données en ligne existent qui tentent de recenser l'ensemble des taxons actuellement reconnus. Chacune se fonde sur des choix étayés par des études publiées, ce qui ne les empêche pas forcément de se contredire, en particulier pour les taxons fossiles, pour lesquels la vérification génétique n'est pas possible.
105
+
106
+ Cette classification taxinomique est un outil pratique pour les biologistes, mais elle range artificiellement côte à côte des groupes dont le statut et l'âge n'est cependant pas le même : elle doit donc être complétée par une classification phylogénétique, sous forme d'arborescence, qui détaille le moment de divergence des différents groupes à partir d'un unique ancêtre commun.
107
+
108
+ Selon World Register of Marine Species (7 mars 2016)[12] :
109
+
110
+ Selon Catalogue of Life (7 mars 2016)[13] :
111
+
112
+
113
+
114
+ Macracanthorhynchus hirudinaceus, un Acanthocephala.
115
+
116
+ Phyllodoce mucosa, un ver Annelida.
117
+
118
+ Différents Arthropoda.
119
+
120
+ Liospiriferina rostrata, un Brachiopoda.
121
+
122
+ Sertella septentrionalis, un Bryozoa.
123
+
124
+ Priapulus caudatus, un Cephalorhyncha.
125
+
126
+ Spadella cephaloptera, un Chaetognatha.
127
+
128
+ Différents Chordata.
129
+
130
+ Différents Cnidaria.
131
+
132
+ Mnemiopsis leidyi, un Ctenophora.
133
+
134
+ Différents Echinodermata.
135
+
136
+ Barentsa discreta, un Entoprocta.
137
+
138
+ Un Gastrotricha.
139
+
140
+ Différents Hemichordata.
141
+
142
+ Différents Mollusca.
143
+
144
+ Des Nematoda.
145
+
146
+ Différents vers Nemertea.
147
+
148
+ Phoronis australis, un Phoronida.
149
+
150
+ Trichoplax adhaerens, un Placozoa.
151
+
152
+ Pseudobiceros hancockanus, un Plathelminthes.
153
+
154
+ Xestospongia testudinaria, un Porifera.
155
+
156
+ Habrotrocha rosa, un Rotifera.
157
+
158
+ Thysanocardia nigra, un Sipuncula.
159
+
160
+ Hypsibius dujardini, un Tardigrada.
161
+
162
+ Différents Xenacoelomorpha.
163
+
164
+ Diverses sciences visent à étudier le monde animal par exemple la zoologie qui se décompose en une multitude de spécialités, la médecine vétérinaire, mais aussi d'une façon dérivée la paléontologie, la biologie, et la microbiologie et l'agronomie pour son implication économique.
165
+
166
+ Depuis l'apparition de la vie, de nombreuses espèces disparaissent tandis que d'autres évoluent et donnent de nouvelles espèces. Au cours de l'histoire du vivant, il y a eu des extinctions massives (on en distingue habituellement cinq majeures) notamment après certains cataclysmes. Ces extinctions sont suivies par des explosions radiatives, c'est-à-dire une forte augmentation d'espèces nouvelles.
167
+
168
+ L'homme en tentant de domestiquer la nature, en favorisant un nombre forcément restreint d'espèces, a eu tendance à réduire le nombre de biomes. D'autre part, les pollutions générées par l'industrie et la société de consommation ont également pour effet de déstabiliser les biomes et de réduire le nombre d'espèces. Les espèces de grandes tailles sont les plus particulièrement touchées si bien que l'on considère que le nombre d'espèces pouvant s'éteindre dans les années à venir pourrait être massif. L'extinction actuelle est nommée extinction de l'Holocène et son rythme serait dix à cent fois supérieur à celui des extinctions passées.
169
+
170
+ De nombreuses lois visent à protéger la faune, ses habitats des impacts des actions des humains. Certaines sont plus spécifiques à la protection des milieux naturels et d'autres plus spécifiques à protéger les animaux de la malveillance, du roadkill, de la surexploitation ou de risques d'empoisonnement, etc.
171
+
172
+ Il existe également plusieurs types d'organisations pour la protection animale et la protection de la nature, par exemple :
173
+
174
+ Une grande partie des maladies infectieuses ou dues à un prion pathogène peuvent être véhiculées par des animaux domestiques ou sauvages. Dans un contexte de mondialisation accélérée, l'OMS, la FAO et l'OIE[14] encouragent un meilleur suivi écoépidémiologique et la mise en place de dispositifs de sécurisation des échanges ou ventes d'animaux (morts ou vifs), qui se heurtent aussi au trafic d'animaux.
175
+
176
+ Dans les cultures au droit formalisé ou coutumier, les relations entre les humains et les autres espèces animales ont beaucoup varié dans l'espace et dans le temps, et selon l'animal, avec souvent un statut particulier pour les espèces-gibier, domestiques ou des animaux-totems ou symboliques ou emblématiques.
177
+
178
+ Il a beaucoup varié selon les époques, les pays, le droit coutumier et les espèces considérées, ou encore selon que l'animal soit sauvage ou domestiqué ; de l'animal sacré ou royal à la bête de somme, en passant par l'animal de compagnie et au chien de travail ou de chasse ou de garde et jusqu'à l'abeille domestique, etc.
179
+
180
+ Des animaux semblent avoir été considérés comme responsable pénalement dans tout l'Occident chrétien entre le milieu du XIIIe siècle jusqu'à l'époque moderne. La majorité des cas connus de procès d'animaux ont eu lieu au XVIe siècle, mais ces pratiques, finalement assez rares (un peu plus de 200 affaires recensés en Europe entre le Moyen Âge et le XIXe siècle), sont considérés par les historiens comme des manifestations de la survie d'archaïsmes judiciaires[15].
181
+
182
+ En France, l'animal domestique est aujourd'hui une res propria (ayant un propriétaire, qui en est responsable). Le Code pénal considère comme un délit le fait d'infliger des souffrances injustifiées à un animal domestique. En 1976, la loi précise que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce »[16]. Le code rural en septembre 2000[17], puis le code civil en 2015 ont reconnu l'animal comme « doué de sensibilité » mettant ainsi le droit français en conformité au droit européen, et répondant à une demande depuis longtemps portée par diverses ONG (ex. : Fondation 30 millions d'amis) et diverses personnalités dont 24 intellectuels ayant récemment, avec l'éthologue Boris Cyrulnik ou le philosophe Michel Onfray, soutenu une pétition. Cet ajout au Code civil a été fait alors qu'un groupe d'étude sur la protection des animaux, constitué au sein de l'Assemblée, préparait un projet de nouveau statut pour les animaux, et il ne change pas les catégories et statuts juridiques existants[18].
183
+
184
+ L'animal sauvage reste aujourd’hui considéré par le code rural ou le code civil ou le code de l'environnement comme res nullius (c'est-à-dire n'appartenant à personne en particulier). Et l'animal domestique reste un bien meuble[19]. Seules des espèces menacées ou jugées utiles (pour l'agriculture en général) peuvent être partiellement ou complètement protégées par la loi (Loi n°76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature[20]). Certains animaux peuvent être à certaines conditions, localement et durant un certain temps (celui durant lequel on peut démontrer que leurs populations sont excessives) déclarés nuisibles (concept ancien qui fait l'objet de polémiques au regard des progrès de la science) et peuvent alors être chassés ou piégés plus largement. Le bien-être animal ainsi que les droits des animaux et la protection des animaux sont des préoccupations croissantes dans de nombreux pays, dont dans les contextes d'élevage, animaleries, chasse, pêche, cirques, corrida, expositions animalières, expérimentation animale (scientifique, cosmétique, alimentaire ou médicale), transport d'animaux, abattoirs, trafic d'animaux, abandon d'animaux, etc.
185
+
186
+ Selon Jean-Luc Guichet, chercheur au Centre d'étude et de recherche politiques (CERPO), l'évolution de l'animal n'a été que de se rapprocher de l'homme, de sauvage à domestique puis de familier à apprivoisé[21]. L'axe de progression ainsi dégagé dans la relation de l'homme et de l'animal est celui de l'extérieur de la maison vers l'intérieur de la famille :
187
+
188
+ Plusieurs espèces disposent de plans de gestion d'espèces ou de groupes d'espèces menacées ou jugées patrimonialement importantes, visant parfois (comme pour le bison européen) à lutter contre la pollution génétique[22] ou à aider une espèce qui a failli disparaître à sortir d'un goulot d'étranglement génétique. Certains plans visent au contraire à freiner la diffusion d'espèces invasives.
189
+
190
+ En France, des « ORGFH » (Orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats) ont été écrites dans chaque région. Ce document pourra peut-être être remplacé et complété par le SRCE (Schéma régional de cohérence écologique)[23].
191
+
192
+ Plus on remonte dans le temps, plus les animaux semblent avoir eu une importance culturelle pour les sociétés humaines[24] ; l'exemple de la vénération pour la vache, pour les bovins, est le plus significatif chez les humains ayant acquis l'agriculture : vénération d'abord commune à l'ensemble de l'humanité, de même que celle d'arbres (Nietzsche, dans son cours le service divin des Grecs, rappelle que vénérer des arbres est une pratique commune à l'ensemble de l'humanité lors de la Préhistoire et pendant l'Antiquité, les arbres étant les « premiers temples […] où logeait l'esprit des divinités »[25]), la vénération sacrée des animaux (ou zoolâtrie ; les dieux prenant souvent les traits d'animaux, comme en Égypte antique) s'est éteinte (le christianisme l'ayant combattu sur les cinq continents)[24], pour ne survivre que dans des régions « animistes » ou culturellement hindoues (« Mère vache » en est le symbole). Ce qui signifie que plus on avance dans le temps, plus les animaux perdent leur statut saint ou sacré[24], statut qui garantissait à certains d'entre eux (vivant spécialement parmi les hommes) le respect[24], pour devenir dans la société de consommation des « animaux-objets » (pour les loisirs), ou des « abstractions » totales (afin de ne pas laisser place à l'affect), leur sort laissant en fait indifférent la majorité des humains de ce type de société[24].
193
+
194
+ Depuis le Paléolithique, pour s'assurer la présence d'animaux pouvant lui rendre service, l'homme en a domestiqué un certain nombre d'espèces et a créé des élevages. Les éleveurs ont su, par sélection des croisements afin d'obtenir des animaux plus dociles ou économiquement plus rentables, changer les caractéristiques de certaines espèces et créer des hybrides pour que les animaux répondent plus efficacement à leurs besoins utilitaires de produire soit du lait, des œufs, de la viande, du cuir et de la laine, soit des bêtes de somme ou de trait (la zootechnie n'ayant pas permis d'éviter l'appauvrissement génétique des animaux d'élevage, du fait de la consanguinité importante créée par des hommes[26]).
195
+
196
+ Certains animaux sont une source de revenus pour les humains, allant de la nourriture au transport, en passant par l'exhibition (on payait les montreurs d'ours pour voir leur animal), l'habillement, etc. L'utilisation des animaux (transport, élevage) explose à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, auparavant les ressources alimentaires limitées étaient réservées à la famille[27].
197
+
198
+ L'homme utilise aussi les animaux pour ses loisirs en élevant des animaux de compagnie, en les filmant, en les découvrant dans le cadre de parcs zoologiques ou de parcs safaris. Ces deux dernières activités tendent à devenir plus respectueuses de la sauvegarde des animaux dans leur milieu naturel en favorisant la reproduction d'espèces menacées et l'étude pour les parcs.
199
+
200
+ Les différentes définitions de la protection animale sont axées autour d'une même préoccupation : préserver le bien-être des animaux, en d'autres termes leur épargner toute souffrance inutile. Le bien-être de l'animal englobe sa condition physique et physiologique, et réciproquement sa bonne condition implique une santé physique satisfaisante et un sentiment de bien-être. Le bien-être animal est décliné en cinq libertés correspondant aux besoins fondamentaux de l'animal :
201
+
202
+ En Occident, Aristote a divisé le monde du vivant entre les animaux et les plantes. Celui-ci ne se pose pas encore clairement la question de la fixité des espèces, et les théologiens chrétiens qui prennent sa suite, en faisant une lecture littérale de la Bible, instituent le fixisme en considérant que l'univers et le monde connu ont été créés en une semaine, idée qui devient un dogme inquestionnable jusqu'au XVIIIe siècle. Dans cette vision, les animaux étaient là pour servir l'homme, qui dominait la Création. Cependant à partir de la Renaissance, certaines idées sont remises en question. Alors que les travaux de Carl von Linné au XVIIIe siècle cherchent à classer systématiquement toutes les espèces vivantes en leur donnant un nom unique et précis (nom binomial), Jean-Baptiste Lamarck, puis surtout Charles Darwin, élaborent des théories d'une évolution des espèces. De ces théories, et plus particulièrement avec celle de Darwin va naître une controverse avec les créationnistes qui souvent revendiquent leur soutien à une vision biblique chrétienne de l'origine de la vie. La théorie de Darwin fait de l'homme un animal, fruit d'une évolution par des processus de sélection naturelle dont la sexualité.
203
+
204
+ Linné avait défini au départ trois royaumes (Mineralia, Vegetalia, Animalia) avec les animaux séparés eux-mêmes dans les groupes suivants : Vermes, Insecta, Pisces, Amphibia, Aves, et Mammalia. Ce classement va peu à peu évoluer au fil des découvertes en zoologie ou en paléontologie. Cette classification basée sur les caractères anatomiques et physiologiques tend à devenir une classification phylogénétique, c'est-à-dire la plus proche possible de l'arbre phylogénétique.
205
+
206
+ Le catholicisme (le judaïsme et l'islam ne sont pas aussi radicaux sur ce point[réf. nécessaire]) sépare l'« Homme » du règne animal dans sa nature, son essence (l'« Homme » est le seul être créé à l'image de Dieu, qui est en l'occurrence Jésus, sauveur des seuls hommes selon le christianisme de saint Paul) comme dans sa fonction (Dieu donne la nature à l'Homme pour assurer sa subsistance, l'Homme doit « dominer » la nature)[28]. Cela n'est pas le cas néanmoins dans le catharisme, du fait de la croyance en la réincarnation.
207
+
208
+ Cette séparation radicale entre humanité et animalité a été vigoureusement critiquée, correspondant de manière plus large à celle du « posthumanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste), par Claude Lévi-Strauss.
209
+
210
+ Les religions « animistes » (africaines, asiatiques, américaines, etc.), les religions chinoises (confucianisme, taoïsme) et spécialement les religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme) intègrent complètement l'animal et l'homme dans l'univers, sans rupture de continuité (la différence est de degré, non de nature), tous les êtres étant dotés d'une âme, d'un même principe vital (d'un même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer).
211
+
212
+ La philosophie antique a légué sa vision de l'animal à partir d'une problématique de l'homme au monde : les Stoïciens ont une vision dogmatique et anthropocentriste de l'animal alors que les Académiciens ont une vision holistique, plaçant l'histoire générale des animaux et des hommes dans l'histoire plus large de la biosphère[29].
213
+
214
+ Le philosophe français René Descartes (1596-1650) est dualiste, distinguant nettement deux formes de réalité : la pensée (l'âme) et l'étendue (la matière). L'animal, qui n'a pas d'âme, n'est donc qu'une « machine », un automate perfectionné. C'est la théorie de l'animal-machine[30]. Cette théorie, se démarquant du regard bienveillant porté par Montaigne (1533-1592) sur le monde animal et récusant son nominalisme hyperbolique[31], a été vigoureusement attaquée par le poète Jean de la Fontaine[32] et scrupuleusement disséquée par le philosophe français Jacques Derrida avec son dernier ouvrage, L'Animal que donc je suis, faisant référence au « je pense donc je suis » de Descartes, dont il accuse l'idéalisme dangereux de ce dernier.
215
+
216
+ Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) voit aussi dans tout animal, y compris l'Homme, une « machine ingénieuse ». Mais il distingue l'Homme de l'animal en ce que « la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. » La différence vient ici de la pensée et de la capacité d'initiative et de liberté de l'Homme qui en découle[33].
217
+
218
+ La critique du dualisme radical s'est tournée vers la théorie du continuisme selon laquelle les animaux possèdent des ébauches (proto-langage, proto-culture, ébauche de conscience ou d'âme) de ce que l'homme possède en plein. Ainsi dans cette perspective philosophique spiritualiste, l'homme est un animal non seulement parmi les autres, mais aussi comme les autres[34]. Une vision matérialiste et évolutionniste de ce continuisme soutient au contraire la thèse de la singularité humaine : selon Ian Tattersall, les animaux ne sont ni rationnels ni doués de conscience[35].
219
+
220
+ L'hypothèse Gaïa proposée par l'écologiste anglais James Lovelock en 1970, mais également évoquée par d'autres scientifiques avant lui (comme le géologue Eduard Suess qui émet en 1875 le concept de biosphère, théorisé en 1926 par le minéralogiste Vladimir Vernadski)[36], considère l'ensemble des êtres vivants sur Terre comme formant une sorte de vaste super-organisme (qu'il nomme Gaïa d'après le nom de la déesse primordiale de la mythologie grecque personnifiant la Terre), réalisant l'autorégulation de ses composants pour favoriser la continuité de la vie et une certaine stabilité du climat.
221
+
222
+ Le terme « animal », au singulier, est rejeté par le philosophe français Jacques Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalement différents les uns des autres, d'une espèce à une autre[37] :
223
+
224
+ Jacques Derrida a créé le mot-valise « l'animot » qui, prononcé, fait entendre le pluriel « animaux » dans le singulier, et rappelle l'extrême diversité des animaux que « l'animal » efface[38],[39].
225
+
226
+ À la différence, la philosophe Élisabeth de Fontenay préfère l'emploi du vieux mot français « bête », qu'elle met au pluriel « les bêtes »[40].
227
+
228
+ La phénoménologie de l'animalité propose le concept d'« existence animale », dépassant le dualisme existentialiste entre « vie animale » et « existence humaine », dans la mesure où la subjectivité n'est pas confondue à la conscience réflexive[41].
229
+
230
+ La notion d'animalité[42] a souvent été utilisée comme repoussoir par les grandes religions du livre révélé ou par la politique[43] mais des courants de pensée suggèrent de mieux reconnaître et prendre en compte l'animalité présente en chacun des hommes[44], dont sur des bases scientifiques, ce qui questionne le statut de l'humain[45],[46] et de la frontière animalité/humanité[47],[48] (Existe-t-il une « animalité transcendentale » se demande Depraz (1995)[49]), pourrait pour certains légitimer certaines formes de violence[50] et n'est pas selon Brels (2012) sans conséquences éthico-juridiques[51].
231
+
232
+ La sociologie, en ce qu’elle s’intéresse à l’homme et aux collectifs humains, propose elle aussi un point de vue et des angles d’approche de la question animale. La sociologie a pour objets d’étude les faits sociaux et essaye de percevoir dans l’activité humaine des régularités afin de comprendre et d’expliquer les actions des collectifs. C’est à l’aide d’outils théoriques et méthodologiques que la discipline institutionnalisée par les travaux d’Emile Durkheim sur le suicide[52] ou par ceux de Max Weber sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme[53] tente soit d’approcher les motivations des individus qui les poussent à agir d’une certaine manière, soit d’étudier les structures objectives de la société qui dirigent les actions de ces derniers. Nous pouvons par exemple citer Durkheim qui explique qu’il faut « expliquer le social par le social », soit s’écarter des considérations individuelles des actions de chacun pour s’intéresser au fait social comme une « chose » qui ne s’explique pas par l’agrégation d’actions individuelles, c’est le caractère « Sui generis » du fait social, et qui possède son propre genre. Ainsi, les individus agissent dans des cadres prénormés et préréglés avec tout de même une certaine marge de manœuvre.
233
+
234
+ La sociologie ambitionne donc de dénaturaliser les comportements individuels et collectifs en introduisant la dimension culturelle des sociétés et le caractère socialisant des catégories et représentations présentes au sein de celles-ci. Après avoir expliqué ceci, nous voyons clairement que l’analyse sociologique prend tout son sens quand il s’agit de s’intéresser aux rapports entre les individus et les animaux. C’est de cette manière que les individus évoluant dans une société particulière vont devoir agir dans la particularité que cette même société et ses cadres normés proposent.
235
+
236
+ L’analyse d’Howard Becker peut d’ailleurs nous éclairer fortement dans son analyse de la déviance[54]. En effet, celui-ci met en avant le fait qu’un acte n’est pas déviant en soi mais qu’il présente un caractère déviant en fonction des règles et des normes qu’il est amené à transgresser. Il y a selon lui un processus déviant, une carrière déviante de l’individu qui va se socialiser à l’acte déviant et être étiqueté comme déviant par d’autres individus qui eux prennent pour champ des possibles les actions encadrées par les normes et les règles présentes dans un collectif. Ce sont ces écarts à la norme que la sociologie se propose donc d’étudier ; la maltraitance des animaux ou encore la sur-humanisation de ces derniers. Cette discipline considère que la plupart des actions ne sont pas naturelles et sont par exemple régies par des mécanismes de domination pour certains (Bourdieu) ou, autre exemple, par des jeux d’acteurs (la métaphore dramaturgique[55] de Goffman).
237
+
238
+ Les sentiments et les émotions des individus représentent aussi pour la sociologie des forces du social en ce qu’ils contraignent les individus à agir dans un cadre prédéfini normativement. Ainsi, Norbert Elias observe et nous explique que nos émotions peuvent être une force d’inertie dans la mesure où elles sanctionnent déjà les actions qui ne sont pas conformes aux normes sociales et ceci avant qu’elles aient lieu. Dans cette perspective, l’individu va se conformer à des normes sociales préexistantes en adaptant ses émotions positives ou négatives vis-à-vis d’un comportement ou de la position d’un individu. Nous voyons ici que maltraiter un chat sera fortement condamné par la société et que de ce fait les émotions de l’individu vont prendre en charge de possible pulsion jusqu’à contraindre ce dernier à l’affection pour l’animal.
239
+
240
+ Dans une perspective socio-historique nous pouvons voir que la place de l’animal et son rapport à l’Homme évolue dans le temps. En effet, celui-ci a d’abord été vu comme une fin matérielle en soi (possibilité de subsister en le consommant, ou récupérer certains de ses organes pour des rites symboliques), avec une vision humaniste anthropocentrique. D’un point de vue occidental, celui-ci a petit à petit été intégré à la vie quotidienne humaine, toujours dans le même but au début (aide à la chasse dans la royauté par exemple), pour obtenir une place de choix auprès de l’Homme de nos jours, considéré parfois comme son égal. Un droit des animaux existe dans le but de sanctionner certaines maltraitances à leur encontre, ce genre de pratiques pouvant entraîner des sanctions plus graves que certains délits commis envers d’autres êtres humains, ce qui aurait pu choquer il y a à peine un siècle.
241
+
242
+ L’élevage intensif actuel des sociétés occidentales dans le but de répondre à des demandes toujours plus grandes et des délais toujours plus brefs se développe en même temps qu’un certain mode de vie : celui de ne pas du tout consommer de viande, ni d’aliments ayant un lien avec l’exploitation des animaux (comme les œufs et le lait par exemple). Ce mode de vie connaît nombre de variantes, et évolue en permanence en fonction des pratiques de consommation. Le mot « Vegan » (végétalien en anglais) regroupe plusieurs de ces modes de vie. Les individus se revendiquent eux-mêmes « Vegan », mot qui reste employé en anglais, se diffusant à travers les pays selon différents processus sociaux[pas clair]. Les pratiques observées dans certains abattoirs sont également dénoncées à travers des reportages dans les médias. On peut observer le développement de certaines contradictions en ce qui concerne le respect de la dignité des animaux et dans le même temps l'intensification de la production animale ou encore le développement d'énormes structures de production.
243
+
244
+ La place des animaux a donc grandement évolué dans le temps, et notamment ces dernières années. Claude Lévi-Strauss disait : « Un jour viendra où l'idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu'aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains[56]. »
245
+
246
+ La culture est donc très importante pour envisager sociologiquement les actions individuelles et collectives observables dans la société. Ainsi, la culture occidentale va plus intégrer un animal comme le chien quand la culture moyen-orientale va considérer ce dernier comme impur. Cette supposée impureté du chien va interdire aux individus des sociétés moyen-orientales de faire rentrer cet animal dans leur domicile quand un congénère évoluant par exemple en Europe pourra lui s’installer sur le sofa du salon d’un appartement parisien. Nous voyons ici que les catégories ne sont pas les mêmes en fonction des cultures des sociétés. Nous pouvons souligner de plus, pour l’exemple du chien dans les pays musulmans, que nous voyons dans cet interdit une expression culturelle d’une injonction cultuel. En effet, les chiens dans l’islam ne doivent pas être présents dans les habitations et les propriétés des individus sauf si ces derniers servent à garder un troupeau de bêtes, une ferme ou s'ils aident les hommes à la chasse. Tout l’enjeu pour la sociologie est ici de dénaturaliser la possession de l’animal et les comportements qui accompagnent cette possession. Ces analyses ont pour objectifs d’éviter l’ethnocentrisme qui amène les individus à la sur-légitimation de leurs comportements et à la condamnation sans équivoque des actions régies par d’autres prismes culturels. C’est une horizontalité culturelle que la sociologie propose pour comprendre le rapport aux animaux.
247
+
248
+ Les hommes, depuis la nuit des temps, ont prêté aux animaux des vertus ou des caractéristiques soit humaines, soit divines. Mythes fondateurs et mythologies font une place essentielle à des animaux parfois réels (louve, renard pâle, aigle du Caucase), parfois fantastiques (hydre, dragon, oiseau-tonnerre…)[57]. Le thème de la métamorphose de l'homme en animal y revient souvent (Lycaon, Callisto)[58] et nombre d'êtres mythiques sont mi-humains, mi-animaux (femme bison[59], Minotaure).
249
+
250
+ Certains animaux sont devenus des symboles, et on n'est pas étonné que les expressions populaires en fourmillent (avoir le cafard, devenir chèvre, noyer le poisson)[60]. Bon nombre de contes sont anthropomorphiques : les contes africains, par exemple, font de certains animaux des archétypes de qualités humaines : le lièvre (Lëk en wolof) et l'araignée (Jargooñ) personnifient l'astuce et l'intelligence, la hyène (Bukki) la bêtise gloutonne[61]. Les animaux tiennent une grande place dans le vocabulaire amoureux (biche, lapin, crapaud mort d'amour) depuis le Cantique des cantiques (brebis, colombe), mais aussi dans les insultes (butor, ours mal léché), d'ailleurs parfois dénommés « noms d'oiseaux »…
251
+
252
+ Certaines espèces d'animaux ont également été déifiées par certains peuples. Les animaux dans les univers de fiction sont toujours très abondants. L'art martial d'animal imite des animaux, pour leur redoutable efficacité martiale.
253
+
254
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2520.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,29 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Hello Kitty (ハローキティ, Harō Kiti?) est un personnage fictif, et l'un des nombreux personnages créés par la société japonaise Sanrio[1]. Les produits Hello Kitty utilisent généralement des couleurs rose vif et sont reconnaissables par le logo représentant une petite chatte (kitty qui signifie « minou » en anglais) avec un ruban rouge sur la tête[2]. Le copyright date de 1976 et Hello Kitty est maintenant une marque déposée[2].
4
+
5
+ Selon le profil officiel de Hello Kitty, cette dernière se nomme Kitty White (キティ・ホワイト, Kiti Howaito?), et elle est née à Londres, en Angleterre, un 1er novembre. Elle pèse l'équivalent du poids de cinq pommes. Elle est caractérisée par son grand cœur, et proche de sa jumelle Mimmy. Elle cuisine des cookies à la perfection, adore collectionner des choses mignonnes, et a une préférence pour la langue anglaise, la musique et l'art[3],[4]. Hello Kitty est membre d'une grande famille dont les membres se nomment tous White[4].
6
+
7
+ Hello Kitty,vise surtout un public d'enfants[5]. Maintenant le logo Hello Kitty orne de très nombreux produits, en partant des jouets, des porte-monnaie[6], stickers ou stylos jusqu'à des grille-pain, des téléviseurs ou d'autres produits de haute technologie, des vêtements, etc. Une série d'animation Hello Kitty destinée aux jeunes enfants est également réalisée[7]. Le premier produit portant l'image d'Hello Kitty était un petit porte-monnaie en vinyle qui se vendait à l'époque pour 240 yens, soit environ 1,48 € en 2008. C'est maintenant devenu un phénomène couvrant plus de 22 000 produits et représentant la moitié des revenus de Sanrio qui s'élèvent à environ un milliard d'euros par an. Un parc d'attraction entièrement consacré à Hello Kitty ouvre ses portes le 22 octobre 2010 nommé Hello Kitty's Kawaii Paradise[8].
8
+
9
+ Sur la télévision japonaise, une série animée de Hello Kitty (et ses amis) de 16 épisodes est diffusée de 1993 à 1994, la version anglaise quant à elle datant de novembre 2002. Des jeux vidéo pour différentes consoles ont également été créés depuis. Depuis 2004, la petite chatte est également utilisée sur des cartes de crédit MasterCard de Legend Credit Inc. aux États-Unis[5]. Cette carte était supposée apprendre aux petites filles à consommer. Ce fut la première carte de crédit visant cette population. En 2008 une nouvelle série, intitulée Hello Kitty et ses amis, est produite en 3D. Elle connait immédiatement un succès fulgurant dans le monde entier y compris la France ; elle y est distribuée par la société Carrere Group D.A.
10
+
11
+ En 2016, des cartes Amiibo en collaboration avec Nintendo et Sanrio pour le jeu Animal Crossing: New Leaf - Welcome amiibo sont commercialisées. Elles ont la particularité d'avoir un personnage d'Animal Crossing dans sa caravane avec des meubles Hello Kitty.
12
+
13
+ Début 2018, Puma et Hello Kitty ont fait une collaboration proposant plusieurs modèles vestimentaires.
14
+
15
+ Hello Kitty est créé par la styliste Yuko Shimizu en 1974. Shimizu quitte Sanrio environ un an plus tard. La seconde styliste, Mme Yokenubo, reste ensuite cinq ans jusqu'à 1980, pour ensuite passer la main à Yuko Yamaguchi. Hello Kitty se voit donner un pedigree britannique car cette culture était populaire auprès des jeunes filles japonaises au moment de sa création. Le nom « Kitty » provient d'un des chats gardés par Alice dans le roman De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll[9]. La devise de l'entreprise Sanrio étant « social communication », son fondateur Shintaro Tsuji (en) cherche à associer le nom Kitty avec un terme évoquant la sociabilité. Il envisage le nom Hi Kitty, avant d'opter pour Hello Kitty[10]. Quand Dear Daniel, le compagnon d'Hello Kitty, a été créé en 1999, les stylistes se sont inspirés du film Mercredi après-midi (Melody) de Waris Hussein sorti en 1971 dans lequel Mark Lester jouait un personnage au nom de Daniel, et dont les musiques étaient écrites par les Bee Gees. Le monde fictif d'Hello Kitty comprend tout un panel d'amis et de membres de la famille. Depuis 2004, Kitty possède même des animaux domestiques, comme un petit chat appelé Charmmy Kitty ou Sugar, son hamster. Charmmy ressemble à Kitty mais possède plus de caractéristiques félines.
16
+
17
+ En août 2014, l'anthropologue Christine R. Yano, qui publie une étude autour de Hello Kitty, révèle que, selon Sanrio, Kitty n'est pas une chatte au sens strict du terme. Selon Yano, Sanrio lui a déclaré que Kitty est « un personnage cartoon », « une petite fille », « une amie » mais « elle n'est pas une chatte », rappelant qu'elle possède elle-même un chat, qu'elle ne s'est jamais tenu sur quatre pattes et qu'elle marche et s'assoit comme une créature bipède[11],[12]. À la suite de ces déclarations, un porte-parole de Sanrio confirme à Kotaku que Kitty était bien la « personnification » d'un chat et déclare que c'est « aller trop loin » que de dire que Kitty n'est pas un chat[13],[14].
18
+
19
+ Comme tous les personnages de Sanrio, Hello Kitty est dessinée selon un style mignon (on dit aussi « kawaii » qui est le mot japonais pour « mignon »). La réponse officielle de Sanrio à la question « pourquoi Hello Kitty n'a-t-elle pas de bouche ? » est qu'elle parle avec son cœur, sans utiliser de langage particulier. Hello Kitty porte souvent un ruban sous l'oreille droite, mais elle peut aussi le remplacer par une fleur à 5 pétales ou porter les deux ensemble. D'autres variantes plus rares utilisent des accessoires comme des chaînes fleuries.
20
+
21
+ Certains[Qui ?] émettent l'hypothèse que Hello Kitty retrouve ses origines dans le maneki-neko, et que le nom Hello Kitty lui-même est une traduction de « Maneki Neko », qui signifie « chat qui fait signe de venir avec la main » (au Japon, les maneki-neko sont des chats porte bonheur). Il a aussi été dit que le personnage de Hello Kitty ressemblait à Musti du belge Ray Goossens et à Miffy de Dick Bruna et donc que le design n'est pas original. Il est également avancé que le succès de Hello Kitty pouvait avoir pour origine cette absence de bouche : on peut ainsi lui attribuer facilement ses joies et ses peines du moment, ce qui en fait un personnage sympathique au sens étymologique : qui partage les mêmes émotions.
22
+
23
+ Hello Kitty est vendu aux États-Unis depuis le début et tient la position d'ambassadeur pour l'UNICEF depuis 1983. Elle devint vraiment populaire à la fin des années 1990 quand plusieurs célébrités comme Mariah Carey l'ont adopté comme article de mode[15]. Désormais, les produits Hello Kitty peuvent être achetés dans pratiquement tous les centres commerciaux américains et français. Une campagne de publicité sur la chaîne Target fait également la promotion de Hello Kitty. De nombreuses autres célébrités en ont fait la promotion et ont participé à la popularité de Kitty : Cameron Diaz, Heidi Klum, Liv Tyler, Carmen Electra, Jeffree Star, Katy Perry, Mandy Moore, et Nicky Hilton ont toutes été vues avec des produits Hello Kitty. La chanteuse Lisa Loeb a également annoncé être une fan, et a même dédicacé un album complet, Hello Lisa, à Hello Kitty[16],[17],[18].
24
+
25
+ Il existe plusieurs séries d'animation inspirées de Hello Kitty. La première série s'intitule Hello Kitty's Furry Tale Theater, composée de 13 épisodes et diffusée en 1987 au Japon. La suivante, une OVA intitulée Hello Kitty and Friends, également composée de 13 épisodes, est diffusée en 1993. Hello Kitty's Paradise est diffusée en 1999, en 16 épisodes. Hello Kitty's Stump Village est diffusée en 2005, et Les Aventures d'Hello Kitty et ses amis, en 2006 avec 52 épisodes. KISS Hello Kitty est une nouvelle série à paraître sur la chaîne Hub Network. Gene Simmons, bassiste du groupe KISS, en est le producteur exécutif[19].
26
+
27
+ Hello Kitty possède sa propre compilation musicale, Hello World, présentant des artistes tels que Keke Palmer, Cori Yarckin, et Ainjel Emme[20]. Hello Kitty est également sélectionné par AH-Software comme base de sa nouvelle Vocaloid Nekomura Iroha (猫村いろは, Nekomura iroha?)[21] pour célébrer le 50e anniversaire de Sanrio[22]. La chanteuse-interprète Avril Lavigne enregistre une chanson intitulée Hello Kitty sur son cinquième album en 2013. La chanson est mal accueillie par la presse spécialisée[23].
28
+
29
+ De nombreux jeux vidéo Hello Kitty sont sortis depuis le début des années 1990 :
fr/2521.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,175 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Helsinki (prononcé /ɛl.siŋ.ˈki/ ; Helsinki /ˈhɛl.siŋ.ki/ Écouter en finnois et Helsingfors /hɛl.sɪŋ.ˈfɔrs/ Écouter en suédois), est la capitale et la plus grande ville de la Finlande avec 642 045 habitants[4] dans la commune et 1 456 619 dans le Grand Helsinki. Helsinki est la capitale la plus septentrionale du monde après Reykjavik, capitale de l'Islande. La ville a la plus forte population immigrée de tout le pays. Il y a plus de 130 nationalités résidant dans la ville d'Helsinki. Elle s'étale sur une presqu'île entourée d'un grand nombre d'îles et est fortement caractérisée par la présence de l'eau. Helsinki est un port marchand ouvert sur le golfe de Finlande.
4
+
5
+ Ses habitants sont appelés les Helsinkiens ; en finnois Helsinkiläiset, en suédois Helsingforsare.
6
+
7
+ La ville s'appelait à l'origine Helsingfors ([hɛlsiŋ'fɔʂ], qui reste aujourd'hui encore le nom officiel en suédois. Helsingfors proviendrait du nom d'une paroisse voisine Helsinge (qui aurait donné le nom finnois Helsinki) et de fors, rapides en suédois (lesdits rapides auraient traversé le village d'origine). Une autre version attribue le nom aux immigrants suédois venus de la province de Hälsingland.
8
+
9
+ En argot de Helsinki, la ville est aussi appelée Stadi (du suédois stad, ville) et Hesa en finnois familier.
10
+
11
+ Helsinki fut fondé sous le nom d'Helsingfors, en 1550, par Gustave Vasa, roi de Suède dans le but de concurrencer Reval (actuellement Tallinn, la capitale d’Estonie), alors ville hanséatique florissante. Le premier village d'Helsinki se situait alors dans le quartier encore appelé Vanhakaupunki (qui signifie en français : Vieille ville), une plaque commémorative indiquant l'emplacement de la première église et du premier cimetière. L'urbanisation récente se traduit en particulier par l'importance des noms de lieux et de quartiers liés à des particularités naturelles et géographiques, comme Koskela (les rapides), Katajanokka (Presqu'île du Genévrier), etc.
12
+
13
+ La ville fut incendiée et occupée par les Russes en guerre contre les Suédois pendant la Grande guerre du Nord entre 1713 et 1721, et de nouveau en 1742. Fortifier la ville devint donc une priorité pour se défendre des occupations. La forteresse maritime de Sveaborg (actuellement Suomenlinna en finnois) est construite entre 1748 et 1798, avec l'appui du roi de France Louis XV.
14
+
15
+ Après la défaite de la Suède dans sa guerre contre la Russie de 1808-1809, la Finlande est annexée à l'Empire russe. Helsingfors devint le 8 avril 1812[5] alors la capitale d'un grand-duché autonome, à la place de Turku, jugée trop proche géographiquement et sentimentalement de la Suède.
16
+ La ville connaît dès lors un développement considérable, le centre-ville est reconstruit selon les plans de Carl Ludwig Engel, l'université de Turku est déplacée vers la nouvelle capitale et deviendra l'université d'Helsinki.
17
+
18
+ Pendant la guerre de Crimée, la forteresse de Sveaborg est en partie détruite par une expédition franco-anglaise.
19
+
20
+ Contrairement à Tampere, Helsingfors a subi relativement peu de dégâts pendant la guerre civile finlandaise.
21
+ Après la victoire des blancs, de nombreux ex-rouges ont été mis dans des camps de prisonniers, le plus grand camp avait quelque 13 300 prisonniers et était situé sur l'île forteresse de Sveaborg.
22
+ Bien que la guerre civile ait laissé une cicatrice considérable dans la société, le niveau de vie dans le pays et la ville a commencé à s'améliorer dans la décennie suivante.
23
+ Des architectes renommés, comme Eliel Saarinen ont créé des plans pour la ville, mais ils n'ont jamais été pleinement réalisés.
24
+
25
+ En 1917, à l'indépendance de la Finlande, Helsinki devient le nouveau nom officiel de la ville qui est aussi capitale de la nouvelle république.
26
+
27
+ Durant la guerre d'Hiver puis durant la guerre de Continuation, la ville subit plusieurs bombardements de la part de l'aviation soviétique[6] mais la défense antiaérienne se révèle efficace et les dégâts relativement limités[7].
28
+
29
+ En 1975, la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) adopta à Helsinki l’Acte final de son premier sommet.
30
+
31
+ La place du Sénat (Senaatintori) au centre de la ville témoigne encore de ces liens avec la Russie avec une statue du tsar Alexandre II devant la cathédrale et la ressemblance des bâtiments avec la ville de Saint-Pétersbourg et ainsi la ville fut souvent utilisée pour des tournages de cinéma, à l'époque de la guerre froide, afin de représenter l'ancienne capitale impériale, notamment dans des James Bond, du fait de cette ressemblance.
32
+
33
+ Construite sur une presqu'île entourée de quelque 330 îles[8], la ville est fortement caractérisée par la présence de l'eau. La remontée des terres due au phénomène d'isostasie fait que certains lieux autrefois occupés par la mer sont aujourd'hui urbanisés, comme l'ancienne baie du quartier de Kluuvi.
34
+
35
+ La commune d'Helsinki s'étale sur des baies, des péninsules et des îles plus ou moins grandes.
36
+ Le secteur du centre-ville occupe une péninsule au sud de la commune, ce qui est rarement mentionné par son nom réel "Vironniemi".
37
+ La densité de la population dans certaines parties du centre-ville d'Helsinki est très élevée, atteignant jusqu'à 16 494 habitants au kilomètre carré dans le quartier de Kallio, mais la densité de population dans l'ensemble d'Helsinki est de 3 050 habitants au kilomètre carré.
38
+
39
+ Elle est classée comme très peu peuplée en comparaison à d'autres capitales européennes comme Paris, Moscou, Londres ou encore Berlin. Une grande partie d'Helsinki se situe en dehors du centre-ville et se compose de quartiers d'après-guerre séparés les uns des autres par des îlots de forêts.
40
+
41
+ La commune comprend une superficie totale de 715,55 km2, dont seulement 213 km2 de superficie terrestre.
42
+
43
+ Le climat d'Helsinki est de type continental tempéré par le Gulf stream et la proximité de la mer. Les températures hivernales y sont relativement élevées compte tenu de la latitude, avec des moyennes d'environ −5 °C en janvier et février. La moyenne des maximales de juin à août oscille quant à elle entre 19 et 21 °C. Les records de température enregistrés sont de 33,2 °C le 28 juillet 2019[9] et de -35 °C le 10 janvier 1987.
44
+
45
+
46
+
47
+ Comme dans toutes les municipalités finlandaises, le conseil municipal d'Helsinki est le principal organe exécutif de la vie politique locale. Il traite les questions telles que la planification de la ville, les écoles, l'urbanisme, les soins médicaux et les transports publics. Le Conseil est composé de 85 membres élus tous les quatre ans aux élections municipales.
48
+
49
+ Le maire d'Helsinki, est nommé par le conseil municipal. Le poste est actuellement occupé par Jan Vapaavuori. Il a été nommé pour un mandat de 4 ans, à compter de juin 2017.
50
+
51
+ En 2012, la commune d'Helsinki comptait 602 200 habitants[11] (10,8 % de la population de la Finlande), la région capitale (avec Espoo, Vantaa et Kauniainen) compte 1 050 819 d’habitants (19,2 % de la population finlandaise) et le Grand Helsinki, regroupant treize communes compte 1 344 757 d’habitants.
52
+ La population d'Helsinki est essentiellement de langue finnoise (84,3 %) avec une minorité suédophone importante (6,1 %)
53
+
54
+ La ville a la plus forte population immigrée de la Finlande en termes tant absolus que relatifs. Il y a plus de 130 nationalités résidentes dans la ville d'Helsinki. Les communautés les plus importantes sont les Russes, les Estoniens, les Suédois, mais aussi un nombre important de Somaliens, de Serbes, de Chinois, d'Indiens, d'Irakiens et d'Allemands.
55
+
56
+ La commune d'Helsinki est découpée en subdivisions de tailles et de natures variées. Le découpage fait intervenir des quartiers, des districts, des superdistricts, des sections et des secteurs. Sa complexité le rend parfois difficilement compréhensible par les habitants, un nom géographique donné pouvant désigner deux réalités différentes. Ces divisions sont uniquement le fait de la municipalité, les codes postaux obéissant à une logique différente.
57
+
58
+ Les quartiers d'Helsinki sont la subdivision la plus ancienne de la commune.
59
+
60
+ À l'origine, Helsinki comptait 54 quartiers officiels, mais à la suite d'une décision de l'État, la commune d'Helsinki a annexé une partie de celle de Sipoo, à l'est, le 1er janvier 2009, la commune d'Helsinki s'est agrandie et ses quartiers sont désormais au nombre de 59.
61
+
62
+ Généralement, les quartiers sont utilisés par le conseil municipal pour des missions de planification et d'urbanisme.
63
+
64
+ Les districts (finnois : peruspiiri, suédois : distrikt), sont au nombre de 34. Les différents services publics prirent l'habitude de diviser la ville en diverses zones, la plupart du temps sans tenir compte des quartiers existants. Il en résultait un réseau très complexe, difficilement compréhensible d'un service public à l'autre. Pour permettre une meilleure coordination des services publics et une plus grande lisibilité, le conseil municipal a entériné la création de districts le 13 décembre 1982.
65
+
66
+ La ville, qui ne comptait au début du XIXe siècle qu'une dizaine de milliers d'habitants, fut profondément modifiée après son annexion par la Russie, selon un plan orthogonal conçu par l'architecte Carl Ludwig Engel. Au centre de ce plan, la place du Sénat, ensemble monumental néoclassique élevé entre 1822 et 1852, est bordée par les bâtiments de l’université, le Conseil d'État et la cathédrale luthérienne construite entre 1830 et 1852.
67
+
68
+ La fin du XIXe siècle voit l'apparition du style romantique national, dont les exemples les plus célèbres sont le Musée national de Finlande, construit entre 1905 et 1910 par le cabinet d'architectes Gesellius-Lindgren-Saarinen ainsi que le Théâtre National construit en 1902 par Onni Tarjanne.
69
+
70
+ Le centre ville, en particulier le quartier de Katajanokka, est ponctué de nombreux bâtiments art nouveau construits au début du XXe siècle, tels que le bâtiment de la compagnie de téléphone ou la gare centrale construite entre 1910 et 1914 par l'architecte Eliel Saarinen, ainsi que la statue d'Havis Amanda. L'architecte moderne Alvar Aalto y a réalisé certaines œuvres mondialement célèbres, à l'image de la maison Finlandia (Finlandia-talo) (1971), construit au bord de la baie de Töölö et où furent signés en 1975 les accords d'Helsinki.
71
+
72
+ Le 21e siècle marque le début de la construction de tours à Helsinki, lorsque la ville décide d'autoriser la construction de gratte-ciels. En avril 2017, il n'y avait pas de gratte-ciel de plus de 100 mètres dans la région d'Helsinki, mais plusieurs projets sont en construction ou en projet, principalement à Pasila et à Kalasatama.
73
+ Un concours international d'architecture a été organisé pour la construction d'au moins 10 immeubles de grande hauteur à Pasila. La construction des tours est prévue en 2020-2021[13].
74
+ Dans la région de Kalasatama, on construira une quinzaine de tours entre 2015 et 2025
75
+ [14].
76
+
77
+ Les transports publics font en général l'objet de vifs débats dans la politique locale d'Helsinki. À Helsinki, les transports publics sont le plus souvent gérés dans le cadre de l'établissement des transports de la ville d'Helsinki, qui est l'autorité de transport de la ville. Le système des transports publics est diversifié et se compose de tramways, de trains de banlieue, d'un métro, de lignes d'autobus, de deux lignes de ferry et de vélos en libre service. Dès 2009, comme dans toutes les grandes villes, par loi nationale est créé un organisme de gestion des transports en commun couvrant la principale ville mais aussi son agglomération ; à Helsinki, il y a les Transports de la région d’Helsinki (HSL) qui son chargés de gérer les transports dans toute l'agglomération d'Helsinki ainsi que ceux vers les municipalités voisines d'Espoo, de Vantaa de Kauniainen, de Kerava, du Kirkkonummi et de Sipoo.
78
+
79
+ En 2000, 210 millions de voyages furent effectués, dans le réseau de transports publics d'Helsinki dont 47,6 % par bus, 27 % par trams, 24,7 % par métro et 0,7 % grâce aux ferries[15].
80
+
81
+ Helsinki est dotée d'une ligne de métro partiellement aérienne se séparant en deux branches à la station de Itäkeskus et traversant la ville d'est en ouest.
82
+ Cette ligne de métro sera prolongée dans les années à venir vers l’ouest jusqu'à Espoo et à l’est dans la direction de Sipoo[16].
83
+
84
+ Outre son réseau de lignes de métro et de bus qui dessert la ville ainsi que certaines communes limitrophes, Helsinki possède aussi un ferry municipal qui assure la traversée jusqu'à la forteresse de Suomenlinna et un réseau de tramway qui dessert principalement le centre-ville.
85
+ Ce réseau compte 10 lignes : 1, 1 A, 2, 3, 4, 6, 7 A, 7B, 8, 9, 10) pour 71 km de voies.
86
+ Le réseau de bus dessert la ville intramuros ainsi que les banlieues nord et ouest.
87
+
88
+ Helsinki est reliée par ferry à Stockholm (Suède), Tallinn (Estonie), Saint-Pétersbourg (Russie), Rostock et Travemünde (Allemagne), totalisant en 2017 un trafic de 12,3 millions de passagers[17],[18].
89
+
90
+ Le trafic se fait à partir des différents terminaux du port d'Helsinki en fonction des compagnies : les bateaux de Silja Line et Viking Line ont respectivement pour point de départ les terminaux Olympia et Katajanokka du port du Sud, tandis que les bateaux de Tallink partent du port de l'Ouest.
91
+
92
+ Chaque hiver, le port d'Helsinki, est pris dans les glaces. La vie de la capitale finlandaise n'est cependant pas paralysée. Les liaisons maritimes quotidiennes avec les grandes villes de la Baltique sont assurées grâce à l'action d'une flotte de brise-glace.
93
+
94
+ Helsinki dispose de deux aéroports : l'aéroport d'Helsinki-Vantaa et l'aéroport d'Helsinki-Malmi.
95
+
96
+ L'aéroport d'Helsinki-Vantaa est le principal aéroport international de Finlande. Il est situé à 5 km du centre de la ville de Vantaa et à 20 km au nord du centre de la capitale Helsinki. C'est de très loin le principal aéroport du pays. En 2007 il a vu transiter 13 090 744 passagers soit plus de 75 % du total des voyageurs ayant transité par un aéroport du pays, et près de 16 fois plus que le deuxième aéroport du pays, l'aéroport d'Oulu[19].
97
+
98
+ L'aéroport d'Helsinki-Malmi est un aéroport dans le quartier de Malmi, situé à environ 10 km au nord-est d'Helsinki.
99
+ Jusqu'en 1952, c'était le principal terrain d'aviation d'Helsinki. Désormais, il est utilisé par l'aviation générale. Depuis longtemps, la ville d'Helsinki projette de fermer l'aéroport de Malmi et de construire à la place des habitations.
100
+ La fermeture de l'aéroport est cependant un projet très litigieux, et il n'est pas sûr qu'il soit mené à son terme.
101
+
102
+ Helsinki compte 13 établissements d'enseignement supérieur :
103
+
104
+ Helsinki est le principal centre économique de la Finlande. On y trouve la bourse d'Helsinki (OMX), et le siège de la plupart des banques et compagnies d'assurances finlandaises. Parmi les grandes compagnies installées dans la ville, on compte UPM, Stora Enso (industrie papetière), Sanoma WSOY, Éditions Otava, Stockmann et Kesko (distribution), Elisa (télécommunications), Stonesoft (sécurité des réseaux).
105
+
106
+ Le port d'Helsinki est le principal port de Finlande que ce soit pour le transport de marchandises ou les transports de passagers (8,5 millions de passagers).
107
+
108
+ Helsinki est le premier centre industriel du pays et possède une industrie diversifiée : chantiers navals (Arctech), industries chimiques et agro-alimentaires, imprimeries, usines textiles, fabriques de liqueurs et de porcelaine.
109
+
110
+ La région métropolitaine est une destination de choix pour le siège de grandes entreprises finlandaises, ainsi que les sièges régionaux d'entreprises internationales. La zone métropolitaine d'Helsinki a la meilleure disponibilité pour les travailleurs hautement qualifiés en Finlande, et de bonnes infrastructures et des systèmes de soutien aux entreprises.
111
+
112
+ Depuis juin 2007, le centre ville a accueilli l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), qui a conduit à la délocalisation de plusieurs centaines d'experts internationaux et leurs familles à Helsinki.
113
+
114
+ L'amélioration de l'économie d'Helsinki et de la coopération entre les municipalités de l'agglomération d'Helsinki sont considérés comme les principaux défis futurs pour le développement économique de la région.
115
+
116
+ Le plus grand musée historique à Helsinki, est le musée national de Finlande, qui affiche une vaste collection historique de la préhistoire au XXIe siècle. Le bâtiment lui-même, ressemble à un château médiéval de style néoromantique, ce qui en fait une véritable attraction touristique. L'autre musée historique majeur d'Helsinki est le musée municipal d’Helsinki, qui présente aux visiteurs l'histoire de 500 ans d’Helsinki.
117
+
118
+ L'université d'Helsinki possède également de nombreux musées importants, y compris le musée Arppeanum et le musée d'histoire naturelle.
119
+
120
+ La Galerie nationale de Finlande se compose de trois musées: le musée d'art Ateneum pour l'art finlandais classique, le musée Sinebrychoff pour l'art classique européen et le musée d'art Kiasma pour l'art moderne (200 000 visiteurs).
121
+ Le musée d'art Ateneum, est un palais de style néo-renaissance du XIXe siècle et l'un des principaux édifices historiques de la ville (300 000 visiteurs), tandis que le Kiasma, d'architecture très moderne, est probablement le bâtiment le plus populaire d'Helsinki. Les bâtiments des trois musées font partie des propriétés du Sénat.
122
+
123
+ Helsinki possède trois grands théâtres : le théâtre national finlandais, le théâtre municipal d'Helsinki et le théâtre suédois.
124
+
125
+ Helsinki compte 79 musées, 45 cinémas, et 12 théâtres[20].
126
+
127
+ Le Festival d'Helsinki (en) a lieu tous les ans au mois d'août et dure quinze jours. L'un des évènements important est la Nuit des Arts (en)[21] (en finnois : Taiteiden yö, qui fait aussi partie de la Nuit blanche : il permet de se rendre librement en soirée et la nuit dans les musées, les librairies, les parcs publics et d'autres lieux.
128
+
129
+ Helsinki est considérée comme l'une des principales plaques tournantes de la musique populaire en Europe du Nord, de nombreux groupes largement reconnus y ont été représentés, notamment des groupes originaires de la ville ou du pays comme HIM, Stratovarius, Norther, Wintersun,Amorphis, Children Of Bodom, Sonata Arctica, Ensiferum, The Rasmus, Shape of Despair, The 69 Eyes, Hanoi Rocks ou encore Apocalyptica.
130
+
131
+ Les principaux sites pour écouter de la musique en ville sont l'Opéra national de Finlande, sur le bord de la baie de Töölö et la maison Finlandia. Les principaux orchestres de la ville sont l'orchestre philharmonique d'Helsinki fondé en 1882 et l'orchestre symphonique de la radio finlandaise fondé en 1927.
132
+
133
+ De grands concerts et événements ont lieu généralement à l'une des deux grandes patinoires de hockey de la ville: la Hartwall Areena d'Helsinki ou le Helsingin Jäähalli.
134
+ Sa principale salle est l'Hartwall Areena qui a servi à accueillir de nombreux événements comme le concours Eurovision de la chanson 2007, des concerts et des spectacles à grands budgets et des événements sportifs.
135
+
136
+ Le tourisme à Helsinki est largement dominé par la culture. La ville compte bon nombre de musées tels que le musée national (Kansallismuseo), le musée d'art contemporain (Kiasma), le musée d'art classique (Ateneum) ou le musée d'histoire naturelle.
137
+
138
+ De plus, comme partout dans les pays nordiques, l'architecture et le design sont d'une grande importance. Le classicisme a donné visage au centre ville comme à la cathédrale et à l'université d'Helsinki. (cf. paragraphe sur l'urbanisme).
139
+
140
+ Par rapport à son histoire riche, il est nécessaire de visiter les petites îles de Suomenlinna (Sveaborg en suédois), ancienne fortification dans le port de la ville ayant été construite par les Suédois pour défendre la ville et la Finlande, notamment contre les Russes.
141
+
142
+ Helsinki compte 44 hôtels totalisant 6 838 chambres, ainsi que 876 restaurants[20].
143
+
144
+ Helsinki compte :
145
+
146
+ Helsinki n'a pas de ville jumelée à proprement parler. Elle fait à la place partie du réseau des métropoles européennes[23].
147
+ Elle a également des accords de coopération avec plusieurs capitales nordiques et de la zone baltique, ainsi qu'avec Moscou et Pékin.
148
+
149
+ L'esplanade d'Helsinki par un beau dimanche d'hiver.
150
+
151
+ La place du Sénat un matin de décembre.
152
+
153
+ Vue sur Töölö depuis le stade olympique.
154
+
155
+ Le port Katajanokka.
156
+
157
+ La cathédrale Uspenski.
158
+
159
+ L'Esplanade.
160
+
161
+ Le Théâtre national de Finlande.
162
+
163
+ Le bâtiment d'Ympyrätalo.
164
+
165
+ Vue sur le centre d'Helsinki.
166
+
167
+ Le centre commercial de Kamppi Center, dans le quartier de Kamppi.
168
+
169
+ Un quartier du centre-ville à l'aube.
170
+
171
+ Le gymnase de Töölö.
172
+
173
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
174
+
175
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2522.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,27 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
4
+
5
+ L’érythrocyte (du grec erythros : rouge et kutos : cellule), aussi appelée hématie, ou plus communément globule rouge, fait partie des éléments figurés du sang. Chez les mammifères, c'est une cellule anucléée (dépourvue de noyau), tandis que chez les oiseaux c'est une cellule nucléée. Son cytoplasme est riche en hémoglobine, qui assure le transport du dioxygène (O2), mais très pauvre en organites qui n'existent qu'à l'état de trace.
6
+
7
+ Le terme d'anémie s'applique parfois (dans le langage courant en particulier) à une diminution du nombre de globules rouges, mais en réalité elle est définie par une diminution du taux d'hémoglobine (les deux étant souvent simultanées). Le volume relatif des globules rouges ou hématocrite est le volume occupé par les hématies dans un volume donné du sang total.
8
+
9
+ Un érythrocyte normal se présente de profil comme un disque biconcave, de face comme un disque à centre plus clair : c'est une sorte de poche contenant l'hémoglobine.
10
+ Cette forme lui confère une élasticité importante, qui permet le transport de dioxygène à travers certains capillaires étroits. Le diamètre normal des globules rouges de face varie de 6,7 à 7,7 micromètres (moyenne 7,2 micromètres).
11
+ Ils sont en forme de disques biconcaves (région centrale : 0,8 micromètre, région périphérique : 2,6 micromètres)[1] la plus apte à une fixation maximale.
12
+ Vus au microscope optique à l'état frais, ils sont de couleur rouge-orangé ; sur un frottis mince coloré au May-Grünwald Giemsa ou à la coloration de Wright, ils apparaissent plus rose. Leur forme est très bien visualisée au microscope électronique à balayage (MEB). Sur frottis épais, les globules rouges se disposent volontiers en rouleaux (particulièrement en présence d'un excès de fibrinogène ou d'une paraprotéine) et sont alors vus de profil.
13
+
14
+ La biosynthèse des globules rouges commence au stade embryonnaire, à partir de la 3e semaine de développement, au niveau du sac vitellin. La synthèse d'érythrocytes par le sac vitellin diminue vers la 5e semaine pour disparaître complètement lors de la 9e semaine de développement. Le relai est pris au cours du 3e mois par le foie, puis par la moelle osseuse hématopoïétique à partir du 5e mois de développement[2]. Cette dernière restera le seul site de synthèse des érythrocytes chez l'adulte.
15
+
16
+ Chez l'adulte, les globules rouges sont élaborés dans la moelle osseuse dite moelle hématopoïétique, que l’on retrouve dans les os plats (côtes, sternum, calvaria, os coxaux, clavicules) et aux extrémités (épiphyses) des os longs. La fabrication d'hématies par la moelle osseuse est appelée érythropoïèse. Tout commence avec des cellules souches hématopoïétiques, qui sont dites pluripotentes (elles pourront donner naissance à plusieurs types cellulaires). Certaines vont ensuite commencer à se différencier, et vont former les progéniteurs (BFU-E, CFU-E). Les premières cellules de la lignée érythrocytaire morphologiquement identifiables sont appelées proérythroblastes (pronormoblastes). Par division cellulaire (mitose) on passe à l'érythroblaste (normoblaste) basophile (en référence à la coloration du cytoplasme après coloration de May-Grünwald-Giemsa), puis à l'érythroblaste (normoblaste) polychromatophile de type I, puis de type II (également appelé orthochromatique, car la couleur de son cytoplasme est quasi identique à celle de l'hématie) ; toutes ces cellules sont nucléées et -sauf circonstances pathologiques- sont exclusivement médullaires. À chaque étape, on observe une diminution de taille de la cellule (et de son noyau). Au fur et à mesure, les cellules vont se charger en hémoglobine, responsable de la couleur rouge de leur cytoplasme, et la concentration cytoplasmique en hémoglobine augmente. À la fin (« à l'entrée dans la circulation », pourrait-on dire), l'érythroblaste perd son noyau. Quelques mitochondries et des fragments de REG (réticulum endoplasmique granuleux) ou de Golgi persistent : c'est un réticulocyte qui a l'apparence d'un globule rouge en microscopie optique (une coloration spécifique est nécessaire pour le mettre en évidence, au bleu de crésyl brillant ou par fluorescence). Après quoi, l’expulsion de ces derniers résidus donnera naissance au globule rouge (érythrocyte ou hématie) mûr.
17
+
18
+ L'érythropoïèse est régulée par différents facteurs de croissance. L'érythropoïétine (EPO) va agir en stimulant les progéniteurs, surtout les CFU-E, et ainsi favoriser in fine la production de globule rouge. L'érythropoïétine est majoritairement produite par le cortex rénal (environ 90 % de la production) mais peut aussi être produite par le foie, le cerveau, l'utérus et peut même être produite artificiellement. Elle est actuellement utilisée à titre thérapeutique pour stimuler la production de globules rouges dans le traitement de certaines anémies, insuffisance rénale, au cours de certains traitements aplasiants… et comme agent dopant chez certains athlètes.
19
+
20
+ Chez l'humain, leur durée de vie atteint 120 jours, et près de 1 % des globules rouges d'un individu sont remplacés quotidiennement[3].
21
+
22
+ La moelle osseuse, située à l'intérieur des os, assure le renouvellement des cellules du sang. On distingue la moelle jaune, constituée de tissu adipeux, de la moelle rouge qui produit les cellules souches capables de se différencier en cellules sanguines : c'est le processus d'hématopoïèse. Les érythrocytes, ou globules rouges, sont des cellules anuclées constituant 99 % des cellules circulant dans le sang. Il y a également d’autres cellules avec cette fois un noyau, ce sont les leucocytes, ou globules blancs, qui constituent 1 % des cellules du sang et servent à la défense de l'organisme. Les thrombocytes, ou plaquettes, sont des fragments de cytoplasme de plus grandes cellules, les mégacaryocytes.
23
+
24
+ Les hématies peuvent faire l'objet d'anomalies quantitatives : anémie dans un cas, polyglobulie dans l'autre.
25
+
26
+ Les hématies peuvent être malformées à la suite d'une déficience génétique ou beaucoup plus souvent, à une autre cause :
27
+
fr/2523.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,51 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ L’hématologie[1] est la science qui étudie le sang et ses maladies (ou hémopathies). Elle étudie plus particulièrement les cellules sanguines dont l'origine est hématopoïétique (synthèse de ces cellules dans la moelle osseuse) et qui ont un rôle pour l'oxygénation, l'immunité et la coagulation, et étudie également certaines molécules plasmatiques que sont les facteurs de coagulation.
2
+
3
+ L'hématologie est généralement divisée en deux sous-domaines :
4
+
5
+ Pour avoir accès aux termes fréquemment utilisés en hématologie voir vocabulaire de l'hématologie.
6
+
7
+ Les maladies hématologiques graves, que sont les lymphomes et les leucémies, sont des cancers peu fréquents, ils ont en France une incidence de respectivement 15 nouveaux cas et 7 nouveaux cas par an et pour 100 000 personnes[2].
8
+
9
+ Il y a peu de facteurs de risque recensés pour ces maladies, on peut citer :
10
+
11
+ Pour les défauts de certains facteurs de coagulation et de certaines cellules les facteurs de risques sont :
12
+
13
+ La prévention consiste simplement à légiférer et à réduire l'exposition à certains produits chimiques et rayonnements ionisants, particulièrement dans certaines industries[Lesquelles ?].
14
+
15
+ La physiologie permet de savoir quels sont les mécanismes concernant un domaine médical et ainsi mieux comprendre les maladies, mieux les diagnostiquer et les guérir.
16
+
17
+ Les maladies hématologiques sont nommées « Hémopathies ».
18
+
19
+ L'hématologie est communément divisée en trois sous catégories, en fonction du groupe de cellules étudiée (érythrocytes, globules blanc ou leucocytes, plaquettes). Cette subdivision reste incomplète, puisque de nombreuses maladies affectent certains ou tous les composants du sang et de la moelle osseuse.
20
+
21
+ Une grande partie des hémopathies est due soit au manque ou soit à l'excès de synthèse de ces composants du sang, pour les cellules sanguines il s'agit d'un problème lors d'une étape de l'hématopoïèse (synthèse des cellules sanguines dans les os) ou dans la différenciation au niveau des organes lymphoïdes secondaires, et pour les facteurs de coagulation d'un problème au foie.
22
+
23
+ Il peut également s'agir d'une perte excessive en périphérie ou de la synthèse de cellules non fonctionnelles.
24
+
25
+ On retrouve donc en excès ou en défaut certaines cellules dans un ou plusieurs de ces compartiments : la moelle osseuse, le sang et les organes lymphatiques secondaires.
26
+
27
+ On classe les hémopathies ainsi :
28
+
29
+ On distingue quatre types de leucémies :
30
+
31
+ Il faut savoir qu'il y a toujours une phase de leucémie chronique avant qu'il y ait l'évolution vers une leucémie aiguë.
32
+
33
+ Quant aux lymphomes, ils sont scindés en deux groupes :
34
+
35
+ Les maladies provoquant un problème de coagulation sont les coagulopathies, parmi celles-ci il y a les maladies dont l'origine est l'érythrocyte, mais aussi celles dont l'origine vient des facteurs de coagulation, ce sont les hémophilies.
36
+
37
+ On peut également classer les hémopathies suivant l'origine de la cellule touchée :
38
+
39
+ Signes cliniques :
40
+
41
+ Interrogatoire :
42
+
43
+ Signes généraux :
44
+
45
+ Les tests les plus utilisés dans l’étude des problèmes hématologiques sont :
46
+
47
+ Les traitements proposés sont :
48
+
49
+ À noter que pour les transfusions sanguines, il est nécessaire de recourir à des donneurs volontaires, soit bénévoles (en France en particulier) soit rémunérés. Cette collecte de sang est assurée soit par un service public (en France) ou une ONG (Croix Rouge), soit par des firmes privées. Le site transfusionnel qui fournit les produits aux cliniciens utilisateurs est parfois appelé « banque du sang ».
50
+
51
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2524.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,18 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
2
+
3
+ L'hémisphère nord[1], boréal ou septentrional, est la moitié qui s'étend entre l'équateur et le pôle Nord d'une planète.
4
+
5
+ En astronomie, ce terme désigne la partie du ciel située au nord de l'équateur céleste (déclinaisons positives).
6
+
7
+ L'hémisphère nord terrestre, en géopolitique ou en économie, représente également l'ensemble des pays industrialisés (Europe, Asie, Amérique du Nord) par opposition à l'hémisphère sud et ses pays en voie de développement (principalement l'Afrique).
8
+
9
+ Environ 100 millions de kilomètres carrés de terres émergées sont situés dans cet hémisphère, soit les deux tiers du total mondial. Comme l'hémisphère nord a une surface de 255 millions de kilomètres carrés, il est couvert de terres émergées à hauteur de 40 %. La plus haute montagne du monde, l'Everest, est également située dans cet hémisphère. Il est à remarquer que la plus grande partie de l'humanité (près de 90 % de la population totale[2]) vit dans cet hémisphère, ce qui n'est guère surprenant étant donné que l'Asie, qui compte à elle seule environ 60 % de la population mondiale, est presque entièrement située dans l'hémisphère nord.
10
+
11
+ Des sources spécialisées en typographie, dont le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale[1] et Jean-Pierre Lacroux[3] préconisent la minuscule à l'adjectif « nord ».
12
+
13
+ D'autres sources dont la typographie n'est pas la spécialité, comme le Trésor de la langue française informatisé, font de même[4]), ou bien utilisent la majuscule, comme le Larousse[5].
14
+
15
+ L'Académie française a un usage variable[6],[7], de même que Le Petit Robert : article Hémisphère : « Hémisphère nord ou boréal, sud ou austral »[8] mais article Nord : « Hémisphère Nord »[9].
16
+
17
+ Des sites canadiens comme la Banque de dépannage linguistique[10] ou Termium Plus[11] mettent la majuscule à « nord ».
18
+
fr/2525.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,18 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
2
+
3
+ L'hémisphère nord[1], boréal ou septentrional, est la moitié qui s'étend entre l'équateur et le pôle Nord d'une planète.
4
+
5
+ En astronomie, ce terme désigne la partie du ciel située au nord de l'équateur céleste (déclinaisons positives).
6
+
7
+ L'hémisphère nord terrestre, en géopolitique ou en économie, représente également l'ensemble des pays industrialisés (Europe, Asie, Amérique du Nord) par opposition à l'hémisphère sud et ses pays en voie de développement (principalement l'Afrique).
8
+
9
+ Environ 100 millions de kilomètres carrés de terres émergées sont situés dans cet hémisphère, soit les deux tiers du total mondial. Comme l'hémisphère nord a une surface de 255 millions de kilomètres carrés, il est couvert de terres émergées à hauteur de 40 %. La plus haute montagne du monde, l'Everest, est également située dans cet hémisphère. Il est à remarquer que la plus grande partie de l'humanité (près de 90 % de la population totale[2]) vit dans cet hémisphère, ce qui n'est guère surprenant étant donné que l'Asie, qui compte à elle seule environ 60 % de la population mondiale, est presque entièrement située dans l'hémisphère nord.
10
+
11
+ Des sources spécialisées en typographie, dont le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale[1] et Jean-Pierre Lacroux[3] préconisent la minuscule à l'adjectif « nord ».
12
+
13
+ D'autres sources dont la typographie n'est pas la spécialité, comme le Trésor de la langue française informatisé, font de même[4]), ou bien utilisent la majuscule, comme le Larousse[5].
14
+
15
+ L'Académie française a un usage variable[6],[7], de même que Le Petit Robert : article Hémisphère : « Hémisphère nord ou boréal, sud ou austral »[8] mais article Nord : « Hémisphère Nord »[9].
16
+
17
+ Des sites canadiens comme la Banque de dépannage linguistique[10] ou Termium Plus[11] mettent la majuscule à « nord ».
18
+
fr/2526.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,22 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
4
+
5
+ L'hémisphère sud, austral ou méridional est la moitié qui s'étend entre l'équateur et le pôle Sud d'une planète.
6
+
7
+ En astronomie, ce terme désigne la partie du ciel située au sud de l'équateur céleste (déclinaisons négatives).
8
+
9
+ L'hémisphère sud terrestre est essentiellement marin. Les terres émergées (50 millions de kilomètres carrés) ne représentent que 20 % de sa surface et le tiers des terres émergées terrestres. Entre 50 et 65 degrés de latitude sud, il n'y a quasiment pas de terre émergée, ce qui n'est pas le cas de l'hémisphère nord. Le point culminant de cet hémisphère est l'Aconcagua en Argentine, plus haut sommet de la cordillère des Andes avec 6 962 m, et situé à 150 kilomètres au nord-est de la capitale chilienne, Santiago. L'Antarctique est le seul continent sans population indigène et, avec sa glace, environ 70 % des réserves d'eau douce disponible planétaire.
10
+
11
+ L'hémisphère sud terrestre, en géopolitique ou en économie, comprend de nombreux pays émergents (Brésil, Chili, et au sud de l'Afrique) et quelques pays industrialisés (en Océanie), par opposition à l'hémisphère nord. Il est à remarquer qu'une petite partie de l'humanité (un peu plus de 10 % de la population totale) vit dans cet hémisphère.
12
+
13
+ Le portugais y est la langue la plus parlée, devant le malais-indonésien et l'anglais.
14
+
15
+ Des sources spécialisées en typographie, dont le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale[1] et Jean-Pierre Lacroux[2] préconisent la minuscule à l'adjectif « sud ».
16
+
17
+ D'autres sources dont la typographie n'est pas la spécialité, comme le Trésor de la langue française informatisé, font de même[3] ou bien utilisent la majuscule, comme le Larousse[4].
18
+
19
+ L'Académie française a un usage variable[5],[6].
20
+
21
+ Des sites canadiens comme la Banque de dépannage linguistique[7] ou Termium Plus[8] mettent la majuscule à « Sud ».
22
+
fr/2527.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,22 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
4
+
5
+ L'hémisphère sud, austral ou méridional est la moitié qui s'étend entre l'équateur et le pôle Sud d'une planète.
6
+
7
+ En astronomie, ce terme désigne la partie du ciel située au sud de l'équateur céleste (déclinaisons négatives).
8
+
9
+ L'hémisphère sud terrestre est essentiellement marin. Les terres émergées (50 millions de kilomètres carrés) ne représentent que 20 % de sa surface et le tiers des terres émergées terrestres. Entre 50 et 65 degrés de latitude sud, il n'y a quasiment pas de terre émergée, ce qui n'est pas le cas de l'hémisphère nord. Le point culminant de cet hémisphère est l'Aconcagua en Argentine, plus haut sommet de la cordillère des Andes avec 6 962 m, et situé à 150 kilomètres au nord-est de la capitale chilienne, Santiago. L'Antarctique est le seul continent sans population indigène et, avec sa glace, environ 70 % des réserves d'eau douce disponible planétaire.
10
+
11
+ L'hémisphère sud terrestre, en géopolitique ou en économie, comprend de nombreux pays émergents (Brésil, Chili, et au sud de l'Afrique) et quelques pays industrialisés (en Océanie), par opposition à l'hémisphère nord. Il est à remarquer qu'une petite partie de l'humanité (un peu plus de 10 % de la population totale) vit dans cet hémisphère.
12
+
13
+ Le portugais y est la langue la plus parlée, devant le malais-indonésien et l'anglais.
14
+
15
+ Des sources spécialisées en typographie, dont le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale[1] et Jean-Pierre Lacroux[2] préconisent la minuscule à l'adjectif « sud ».
16
+
17
+ D'autres sources dont la typographie n'est pas la spécialité, comme le Trésor de la langue française informatisé, font de même[3] ou bien utilisent la majuscule, comme le Larousse[4].
18
+
19
+ L'Académie française a un usage variable[5],[6].
20
+
21
+ Des sites canadiens comme la Banque de dépannage linguistique[7] ou Termium Plus[8] mettent la majuscule à « Sud ».
22
+
fr/2528.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,126 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ GENATLAS • GeneTests • GoPubmed • HCOP • H-InvDB • Treefam • Vega
4
+
5
+ GENATLAS • GeneTests • GoPubmed • HCOP • H-InvDB • Treefam • Vega
6
+
7
+ GENATLAS • GeneTests • GoPubmed • HCOP • H-InvDB • Treefam • Vega
8
+
9
+ GENATLAS • GeneTests • GoPubmed • HCOP • H-InvDB • Treefam • Vega
10
+
11
+ GENATLAS • GeneTests • GoPubmed • HCOP • H-InvDB • Treefam • Vega
12
+
13
+ GENATLAS • GeneTests • GoPubmed • HCOP • H-InvDB • Treefam • Vega
14
+
15
+ L'hémoglobine, couramment symbolisée par Hb, parfois Hgb, est un pigment respiratoire de la famille moléculaire des métalloprotéines contenant du fer, présent essentiellement dans le sang des vertébrés au sein de leurs globules rouges, ainsi que dans les tissus de certains invertébrés. Elle a pour fonction de transporter l'oxygène O2 depuis l'appareil respiratoire (poumons, branchies) vers le reste de l'organisme. Elle libère l'oxygène dans les tissus afin d'y permettre la respiration cellulaire aérobie, laquelle, à travers le métabolisme, fournit l'énergie des processus biologiques essentiels à la vie. Chez l'humain, l'hémoglobine est une protéine hétéro-tétramérique formée de chaînes peptidiques identiques deux à deux. L'hémoglobine A (HbA) représente environ 95 % des molécules d'hémoglobines chez l'adulte, constituée de deux chaînes α et de deux chaînes β ; il existe également une hémoglobine A2 (HbA2) de formule α2δ2, et une hémoglobine F (HbF, fœtale) de formule α2γ2. Chacune des quatre chaînes est associée à un groupe prosthétique appelé hème et constitué d'un cation de fer complexé avec une porphyrine. L'hémoglobine est donc une hémoprotéine.
16
+
17
+ Chez les mammifères, l'hémoglobine constitue près de 96 % de la masse de matière sèche des globules rouges, et environ 35 % de leur contenu total en incluant l'eau[3]. Chaque molécule d'hémoglobine peut fixer jusqu'à quatre molécules d'oxygène O2, et l'hémoglobine du sang peut transporter 1,34 mL d'O2 par gramme de protéine[4], ce qui lui permet de transporter 70 fois plus d'oxygène que la quantité d'O2 dissoute dans le sang. L'hémoglobine intervient aussi dans le transport d'autres gaz que l'oxygène. Elle assure notamment le transport d'une partie du dioxyde de carbone CO2 produit par la respiration cellulaire, et transporte également du monoxyde d'azote NO, qui joue un rôle significatif dans la signalisation cellulaire de certains processus physiologiques, et qui est libéré en même temps que l'oxygène après avoir été transporté sur un groupe thiol de l'apoprotéine[5].
18
+
19
+ Toute l'hémoglobine n'est pas concentrée dans les globules rouges. On en trouve ainsi par exemple dans les neurones dopaminergiques du groupe A9 de la substantia nigra, dans les macrophages, dans les cellules alvéolaires et, au niveau des reins, dans les cellules du mésangium. Dans ces tissus, l'hémoglobine joue un rôle d'antioxydant et de régulateur du métabolisme du fer[6].
20
+
21
+ L'hémoglobine et diverses molécules apparentées sont également présentes chez un grand nombre d'invertébrés, de champignons et de plantes[7]. Chez ces organismes, l'hémoglobine peut avoir pour fonction de transporter l'oxygène O2, mais peut également intervenir comme transporteur et régulateur d'autres espèces chimiques telles que le dioxyde de carbone CO2, le monoxyde d'azote NO, le sulfure d'hydrogène HS et l'anion sulfure S2–. Une variante de l'hémoglobine, appelée léghémoglobine, assure l'élimination de l'oxygène des systèmes anaérobies, par exemple des nodules de Rhizobium chez les fabacées, avant que celui-ci ne les inactive.
22
+
23
+ L'hémoglobine possède une structure quaternaire caractéristique de nombreuses protéines à sous-unités globulaires. La plupart de ses résidus d'acides aminés sont engagés dans des hélices α reliées entre elles par des segments non hélicoïdaux. Les sections hélicoïdales sont stabilisées par des liaisons hydrogène qui confèrent à la protéine sa structure tridimensionnelle caractéristique, appelée repliement globine car on le retrouve également dans d'autres globines à groupe prosthétique héminique telles que la myoglobine[8]. Ce repliement caractéristique présente une cavité dans laquelle est étroitement insérée une molécule d'hème constituant le groupe prosthétique de la protéine. L'hémoglobine contient donc une molécule d'hème par sous-unité.
24
+
25
+ Représentation générique d'une molécule d'hémoglobine, montrant les quatre sous unités, identiques deux à deux, avec chacune une molécule d'hème insérée dans des cavités à l'intérieur des sous-unités.
26
+
27
+ Chez la plupart des vertébrés, la molécule d'hémoglobine est un assemblage de quatre sous-unités globulaires selon un arrangement grossièrement tétraédrique. Ces sous-unités sont maintenues ensemble par des liaisons hydrogène, par des liaisons ioniques et par effet hydrophobe. Chez l'Homme adulte, le type d'hémoglobine le plus courant est l'hémoglobine A, constituée de deux sous-unités α et deux sous-unités β, formées chacune de 141 et 146 résidus d'acides aminés respectivement. Cette structure est symbolisée par α2β2. Ces sous-unités sont structurellement très semblables et ont sensiblement la même taille. Chacune a une masse moléculaire d'environ 16 kDa, soit 64 kDa (64 458 g·mol-1) pour la protéine complète[9]. Chez l'enfant, l'hémoglobine principale est dite hémoglobine F (fœtale), de formule α2γ2, les chaînes γ étant progressivement remplacée par des chaînes β au cours de la croissance.
28
+
29
+ L'hème est constitué d'un cation de fer(II) coordonné à quatre atomes d'azote d'une porphyrine, un tétrapyrrole dont la molécule est plane. Ce cation Fe2+ est également lié par covalence au résidu d'histidine F8 de la globine dans laquelle l'hème est inséré ; ce résidu, appelé histidine proximale, est situé sous le plan de l'hème. Fe2+ peut également se lier de manière réversible par une liaison covalente de coordination à une molécule d'oxygène O2 au-dessus du plan de l'hème, à l'opposé de l'histidine proximale, ce qui complète la géométrie de coordination octaédrique à six ligands du cation de fer(II) dans l'oxyhémoglobine ; en l'absence d'oxygène, dans la désoxyhémoglobine, ce sixième site est occupé par une molécule d'eau très faiblement liée.
30
+
31
+ Le fer ferreux de la désoxyhémoglobine est dans un état haut spin, c'est-à-dire que ses cinq orbitales d sont occupées, essentiellement par des électrons célibataires, d'où un rayon ionique de l'ordre de 92 pm[10], tandis que, dans l'oxyhémoglobine, le fer ferreux est dans un état bas spin, c'est-à-dire que ses orbitales d sont occupées par six électrons appariés qui se limitent aux trois orbitales de plus basse énergie, d'où un rayon ionique de seulement 75 pm. Pour cette raison, l'ion Fe2+ est décalé d'environ 40 pm par rapport au plan de l'hème dans la désoxyhémoglobine, mais de seulement 10 pm dans l'oxyhémoglobine. Cette variation est à la base du basculement entre forme tendue et forme relâché de l'hémoglobine.
32
+
33
+ (en) Schéma de principe de la liaison d'une molécule d'oxygène O2 sur l'hème, symbolysé ici par un trait épais. L'ion superoxyde O2•- résultant est lié d'un côté au cation de fer(III) par une liaison covalente de coordination et de l'autre côté à l'histidine distale. Le cation Fe(II) de la désoxyhémoglobine est à l'état haut spin et décalé hors du plan de l'hème vers l'histidine proximale, mais est ramené dans ce plan en passant à l'état bas spin par la liaison à l'oxygène, ce qui déplace l'histidine proximale vers l'hème et favorise le basculement du reste de la protéine de la forme tendue (T) vers la forme relâchée (R).
34
+
35
+ Le cation de fer peut être à l'état d'oxydation +2 ou +3 : dans ce dernier cas, on a affaire à de la méthémoglobine, qui se lie à l'oxygène de manière moins réversible que l'hémoglobine, et avec une affinité inférieure. En effet, lorsqu'elle se lie à l'hème ferreux, la molécule d'oxygène O2 tend à être réduite en ion superoxyde O2•- tandis que le cation Fe2+ tend à être oxydé en Fe3+, mécanisme qui s'inverse lors de la libération de l'oxygène ; en revanche, la liaison de l'oxygène à l'hème ferrique est essentiellement irréversible et tend à bloquer la protéine en forme R, ce qui empêche la libération de l'oxygène et inhibe sa fonctionnalité de transporteur d'oxygène. La cytochrome b5 réductase, ou méthémoglobine réductase, est l'enzyme qui assure la réduction de la méthémoglobine en hémoglobine fonctionnelle par réduction du cation Fe3+ en Fe2+, ce qui en fait une enzyme essentielle au maintien des propriétés du sang.
36
+
37
+ L'hémoglobine désoxygénée (désoxyhémoglobine) présente une conformation dite T, ou tendue, tandis que l'hémoglobine oxygénée (oxyhémoglobine) présente une conformation dite R, ou relâchée. La forme T a une faible affinité pour l'oxygène et tend par conséquent à le libérer, tandis que la forme R a une forte affinité pour l'oxygène et tend à le fixer. Plusieurs facteurs favorisent l'une ou l'autre de ces conformations. Ainsi, la forme T est favorisée par un pH faible (acide), une forte concentration en CO2 et un taux élevé en 2,3-bisphosphoglycérate (2,3-BPG), ce qui favorise la libération de l'oxygène lorsque le sang circule à travers les tissus, tandis que la forme R est favorisée par un pH élevé, une faible pression partielle de CO2 et un faible taux de 2,3-BPG, ce qui favorise la fixation de l'oxygène lorsque le sang circule au niveau des alvéoles pulmonaires.
38
+
39
+ Représentation schématique du basculement de l'hémoglobine entre les formes T (désoxy) et R (oxy). Les déplacements de l'hème et de l'histidine proximale sont bien visibles dans les sous-unités α1 et β2.
40
+
41
+ Taux de saturation en O2 de l'hémoglobine en fonction de la pression partielle d'O2 ; parfois appelée courbe de Barcroft, elle est sigmoïde en raison de l'effet coopératif accompagnant la liaison de l'oxygène à l'hémoglobine.
42
+
43
+ Le basculement entre la forme T et la forme R de l'hémoglobine est un mécanisme dit coopératif, c'est-à-dire allostérique, car la liaison d'une molécule d'oxygène à la forme T induit un changement conformationnel qui se propage partiellement aux sous-unités adjacentes, dont l'affinité pour l'oxygène augmente progressivement au fur et à mesure que d'autres molécules d'oxygène se lient à l'hémoglobine, jusqu'à ce que toute la protéine adopte la conformation R ; à l'inverse, la libération d'une molécule d'oxygène par la forme R induit un changement conformationnel qui se propage partiellement aux sous-unités adjacentes, dont l'affinité pour l'oxygène décroît graduellement au fur et à mesure que l'hémoglobine libère de l'oxygène, jusqu'à ce que toute la protéine adopte la conformation T[11]. C'est la raison pour laquelle la courbe de liaison de l'oxygène à l'hémoglobine en fonction de la pression partielle d'oxygène présente une forme sigmoïde, alors qu'elle serait hyperbolique en l'absence d'allostérie.
44
+
45
+ On a coutume de tracer le taux de saturation de l'hémoglobine en oxygène O2 représentée en ordonnée en fonction de la pression partielle de l'oxygène O2, donnée en abscisse. Dans cette représentation, la courbe est sigmoïde et tend à glisser vers la gauche lorsque l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène augmente, et vers la droite lorsqu'elle diminue. La pression partielle d'oxygène à laquelle l'hémoglobine est saturée d'oxygène à 50 % est appelée p50 : plus sa valeur est faible et plus l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène est élevée. À titre indicatif, la p50 de l'hémoglobine d'un adulte sain vaut typiquement 3,5 kPa, souvent écrite 26,6 mmHg, tandis que celle de la myoglobine vaut typiquement 130 Pa.
46
+
47
+ Plusieurs facteurs augmentent la p50 et font donc glisser cette courbe vers la droite :
48
+
49
+ Ces effets sont réversibles, et l'inversion du sens de variation de ces facteurs fait glisser la courbe vers la gauche.
50
+
51
+ Outre l'oxygène O2, qui se lie à l'hémoglobine selon un mécanisme dit coopératif, cette protéine transporte également d'autres ligands dont certains sont des inhibiteurs compétitifs, comme le monoxyde de carbone CO, et d'autres sont des ligands allostériques tels que le dioxyde de carbone CO2 et le monoxyde d'azote NO. Le CO2 se lie de manière réversible à des groupes amine de l'apoprotéine pour former de la carbaminohémoglobine, dont on pense qu'elle assure environ 10 % du transport de CO2 chez les mammifères, le reste étant transporté essentiellement sous forme d'ions bicarbonate HCO3–. Le monoxyde d'azote se lie de manière réversible à des groupes thiol de l'apoprotéine pour former un S-nitrosothiol. Il est possible que le transport du monoxyde d'azote intervienne indirectement pour favoriser le transport de l'oxygène par l'hémoglobine en agissant comme vasodilatateur dans les tissus où la pression partielle d'oxygène est faible[12].
52
+
53
+ La liaison de l'oxygène à l'hémoglobine est efficacement bloquée par le monoxyde de carbone CO, provenant par exemple de la fumée de cigarettes, de pots d'échappements ou d'une combustion incomplète par une chaudière. Le monoxyde de carbone entre en compétition avec l'oxygène au niveau du site de liaison de ce dernier sur l'hème. L'affinité de l'hémoglobine pour le monoxyde de carbone est environ 230 fois supérieure à celle de l'hémoglobine pour l'oxygène[13],[14],[15], de sorte que de faibles quantités de monoxyde de carbone suffisent pour significativement réduire l'oxygénation de l'hémoglobine lors de l'hématose, et donc la capacité du sang à oxygéner l'organisme. L'hypoxie qui résulte ainsi d'une exposition continue à 0,16 % de CO dans l'air provoque vertige, nausée, céphalée et tachycardie en 20 minutes, et conduit à la mort en moins de deux heures ; un taux de 1,28 % de CO dans l'air provoque une perte de connaissance après seulement deux à trois inspirations, et la mort en moins de trois minutes[16],[17]. Lorsqu'elle se combine au monoxyde de carbone, l'hémoglobine est une protéine appelée carboxyhémoglobine dont la couleur rouge très vif est susceptible de colorer en rose la peau des victimes mortes d'une intoxication au monoxyde de carbone, qui auraient sans cela le teint pâle ou bleui.
54
+
55
+ De manière semblable, l'hémoglobine présente, sur son site de liaison à l'oxygène, une affinité compétitive pour l'ion cyanure CN–, le monoxyde de soufre SO et l'ion sulfure S2–, comme avec le sulfure d'hydrogène H2S. Ceux-ci se lient au cation de fer de l'hème sans modifier son état d'oxydation, mais ils inhibent cependant la liaison de l'oxygène à l'hème, d'où leur grande toxicité.
56
+
57
+ Le dioxyde de carbone CO2 se lie plus facilement à la désoxyhémoglobine, ce qui facilite son élimination de l'organisme. C'est ce qu'on appelle l'effet Haldane.
58
+
59
+ Par ailleurs, le CO2 dissous dans le sang est converti en anion bicarbonate HCO3– par l'anhydrase carbonique, selon la réaction :
60
+
61
+ Il s'ensuit que le sang riche en CO2 est également plus acide, c'est-à-dire que son pH est abaissé sous l'effet de l'acide carbonique. La liaison de protons H+ et de molécules de CO2 à l'hémoglobine induit un changement conformationnel qui en favorise la forme T, et donc la libération de l'oxygène. Les protons se lient sur différents sites de l'hémoglobine, tandis que le dioxyde de carbone se lie aux groupes amine α pour former de la carbaminohémoglobine. La baisse d'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène en présence de CO2 et de pH acide est appelée effet Bohr.
62
+
63
+ Les personnes acclimatées aux altitudes élevée présentent un taux sanguin accru de 2,3-bisphosphoglycérate (2,3-BPG). Ce dernier est un effecteur hétéroallostérique qui a pour effet de réduire l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène en stabilisant la forme T : sous une pression partielle d'oxygène plus faible qu'au niveau de la mer, une baisse d'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène a pour effet d'accroître l'efficacité globale du transport de l'oxygène par l'hémoglobine. On observe plus généralement une augmentation du taux de 2,3-BPG lorsque la pression partielle en oxygène décroît dans les tissus périphériques, par exemple en cas d'hypoxémie, de maladie respiratoire chronique, d'anémie, ou encore d'insuffisance cardiaque. A contrario, le taux de 2,3-BPG décroît en cas de choc septique et d'hypophosphatémie (en).
64
+
65
+ La biosynthèse de l'hémoglobine fait intervenir un ensemble complexe d'étapes. L'hème est issu d'une suite de réactions qui commencent dans les mitochondries et se poursuivent dans le cytosol d'érythrocytes immatures, tandis que l'apoprotéine est produite au niveau de ribosomes du cytosol. La production d'hémoglobine se produit aux premiers stades de l'érythropoïèse, depuis le stade proérythroblaste jusqu'au stade réticulocyte dans la moelle osseuse. C'est à ce niveau que les érythrocytes des mammifères perdent leur noyau, tandis que ce dernier demeure dans les érythrocytes chez les oiseaux et de nombreuses autres espèces. La biosynthèse de l'apoprotéine se poursuit cependant après la perte du noyau car il subsiste de l'ARN messager dans la cellule, qui peut être traduit par les ribosomes du cytosol jusqu'à la mise en fonction de l'érythrocyte dans l'appareil cardiovasculaire[18].
66
+
67
+ Chez les vertébrés, les érythrocytes parvenus en fin de vie du fait de leur sénescence ou de leur altération sont retirés du sang par phagocytose par des macrophages dans la rate et dans le foie. En cas d'hémolyse dans la circulation sanguine, l'hémoglobine se lie à l'haptoglobine, tandis que l'hème libre est fixé par l'hémopexine, ce qui limite l'effet oxydant. L'hémoglobine incomplètement dégradée ou libérée en trop grande quantité à partir de globules rouges endommagés est susceptible d'obstruer les vaisseaux sanguins, notamment les capillaires des reins, ce qui peut provoquer des néphropathies. L'hémoglobine libérée est éliminée du sang par la protéine CD163, exclusivement exprimée dans les monocytes et les macrophages. L'hémoglobine est dégradée dans ces cellules et le fer de l'hème est recyclé, tandis qu'une molécule de monoxyde de carbone est libérée par molécule d'hème dégradée[19] : la dégradation de l'hème est l'un des rares processus naturels produisant du monoxyde de carbone dans le corps humain et est responsable de la présence de CO dans le sang d'individus respirant même l'air le plus pur. Ce processus forme de la biliverdine, puis de la bilirubine, de couleur jaune. Insoluble, elle est libérée par les macrophages dans le plasma sanguin, où elle se lie à la sérum albumine, qui la transporte jusqu'aux hépatocytes. Ces derniers la solubilisent par conjugaison avec l'acide glucuronique et la sécrètent dans les intestins avec la bile. Les intestins métabolisent la bilirubine en urobilinogène, qui est excrété dans les fèces sous forme de stercobiline ainsi que dans les urines. Lorsque la bilirubine ne peut être excrétée, sa concentration sanguine augmente et elle est éliminée essentiellement par les urines, qui deviennent foncées tandis que les fèces sont décolorées.
68
+
69
+ Le fer issu de la dégradation de l'hème est stocké dans les ferritines des tissus et véhiculé dans le plasma sanguin par des β-globulines telles que les transferrines.
70
+
71
+ Les molécules d'hémoglobine sont constituées de sous-unités de type globine dont la séquence diffère selon les espèces. Il existe également des variantes d'hémoglobines au sein d'une même espèce, bien que l'une de ces variantes soit généralement largement prépondérante sur les autres. Chez l'Homme, la forme prépondérante d'hémoglobine est appelée hémoglobine A ; elle est codée par les gènes HBA1, HBA2 et HBB situés sur le chromosome 16 pour les deux premiers et sur le chromosome 11 pour le dernier[20].
72
+
73
+ Il est généralement admis que la divergence entre hémoglobine et myoglobine est postérieure à la séparation des gnathostomes (vertébrés à mâchoire) d'avec les lamproies[21]. La myoglobine a été orientée vers le stockage de l'oxygène tandis que l'hémoglobine a été spécialisée dans le transport de l'oxygène[22]. Les sous-unités de la protéine sont codées par des gènes de type globines α et β[20]. Les prédécesseurs de ces gènes sont apparus lors d'une duplication survenue après l'apparition des gnathostomes, il y a environ 450 à 500 millions d'années[21]. L'apparition de gènes α et β a ouvert la voie à la polymérisation de ces globines, et donc à la formation d'une protéine plus grosse constituée de sous-unités distinctes. Le fait que l'hémoglobine soit une protéine polymérique est à la base du mécanisme allostérique qui sous-tend notamment le caractère coopératif de la liaison de l'oxygène à l'hémoglobine[22]. Le gène α a par la suite subi une seconde duplication qui conduit à la formation des gènes HBA1 et HBA2[23]. Ces multiples duplications et divergences ont créé tout un ensemble de gènes apparentés aux globines α et β dont la régulation conduit à les exprimer à différents stades de développement[22].
74
+
75
+ Alignement de séquences de chaînes α, β et δ d'hémoglobine humaine (source UniProt).
76
+
77
+ Les mutations sur les gènes de l'hémoglobine peuvent conduire à des variantes d'hémoglobine. La plupart de ces variantes sont fonctionnelles et sans effet sur la santé. Certaines mutations de l'hémoglobine, en revanche, sont susceptibles de provoquer des maladies génétiques appelées hémoglobinopathies. La mieux connue de ces affections est la drépanocytose, qui a été la première maladie humaine dont le mécanisme a été élucidé au niveau moléculaire. Les thalassémies forment un autre groupe d'hémoglobinopathies impliquant une altération de la régulation des gènes des globines constituant l'hémoglobine. Toutes ces maladies ont pour conséquence une anémie.
78
+
79
+ La modification de la séquence en acides aminés de l'hémoglobine peut être adaptative. On a pu ainsi montrer que l'hémoglobine s'adapte à la baisse de la pression partielle en oxygène observée en haute altitude. L'hémoglobine doit alors être en mesure de se lier à l'oxygène à une pression plus faible, ce qui peut se manifester par une modification de la séquence au niveau des acides aminés intervenant dans l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène, comme cela a été observé par exemple chez des colibris de la cordillère des Andes : ainsi, chez les espèces du genre Oreotrochilus, chez le colibri de Castelneau, l'inca violifère ou encore le colibri géant, ces mutations réduisent l'affinité de l'hémoglobine pour l'acide phytique, qui joue chez ces oiseaux le même rôle que le 2,3-bisphospoglycérate chez l'homme ; cette baisse d'affinité a pour effet d'accroître l'efficacité du transport de l'oxygène lorsque la pression partielle de ce dernier est réduite[24].
80
+
81
+ L'adaptation de l'hémoglobine aux altitudes élevées touche également les humains. On ainsi identifié un groupe de femmes tibétaines dont le génotype code une hémoglobine dont l'affinité pour l'oxygène est accrue à faible pression partielle[25]. Ceci a pour effet de réduire la mortalité infantile dans ces conditions extrêmes, ce qui offre un avantage sélectif favorisant les individus porteurs de ces mutations de l'hémoglobine.
82
+
83
+ Chez l'adulte, la principale variante d'hémoglobine est l'hémoglobine A, ou HbA, de formule α2β2, qui représente plus de 97 % de l'hémoglobine totale d'un adulte sain. L'autre variante d'hémoglobine adulte est l'hémoglobine A2, ou HbA2, de formule α2δ2, qui représente entre 1,5 % et 3,1 % de l'hémoglobine totale d'un adulte sain, mais dont la proportion augmente chez les patients drépanocytaires. Outre ces variantes adultes saines, il existe une douzaine d'autres variantes d'hémoglobine humaine, qu'on rencontre chez l'embryon, le fœtus, ou les patients atteints d'une ou plusieurs formes d'hémoglobinopathies.
84
+
85
+ On connaît quatre types d'hémoglobine embryonnaire chez l'homme :
86
+
87
+ L'hémoglobine embryonnaire est parfois symbolisée par Hbε, qui ne doit pas être confondue avec l'hémoglobine E, notée HbE, laquelle est une variante pathologique d'HbA présentant une mutation délétère sur les sous-unités β, notées βE (le « E » fait dans ce cas référence au résidu de glutamate modifié par mutation).
88
+
89
+ L'hémoglobine fœtale HbF, de formule α2γ2, remplace l'hémoglobine embryonnaire après 10 à 12 semaines de développement. Elle constitue jusqu'à 95 % du sang du nouveau-né, et est progressivement remplacée par l'hémoglobine adulte HbA à partir du sixième mois suivant la naissance ; elle demeure cependant présente à l'état de traces chez l'adulte, où elle n'excède pas 1 % de toutes les variantes d'hémoglobine détectables. Elle demeure produite chez l'enfant lors de certaines thalassémies particulières, parfois jusqu'à l'âge de cinq ans, et une maladie rare, dite syndrome de persistance héréditaire de l'hémoglobine fœtale (en) (HPFH), se traduit par la production d'HbF au lieu d'HbA au-delà de la période normale. Par ailleurs, la production d'HbF peut être réactivée chez l'adulte dans un cadre thérapeutique pour traiter la drépanocytose[28].
90
+
91
+ L'hémoglobine fœtale est caractérisée par une plus grande affinité pour l'oxygène que l'hémoglobine adulte, ce qui permet au fœtus de s'oxygéner à partir du sang de sa mère : en effet, la p50 d'HbF vaut environ 19 mmHg (2,6 kPa), contre 26,8 mmHg (3,6 kPa) pour HbA. Cette différence d'affinité pour l'oxygène résulte d'une différence d'affinité pour l'un des effecteurs allostériques de l'hémoglobine : le 2,3-bisphosphoglycérate (2,3-BPG), dont la liaison avec l'hémoglobine a pour effet de stabiliser la forme T de cette protéine, laquelle correspond à la désoxyhémoglobine, ce qui réduit l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène. Dans le cas de l'hémoglobine fœtale, la sous-unité γ présente un résidu de sérine en position 143, là où une sous-unité β d'HbA présente un résidu d'histidine : cette position se trouve au niveau du site de liaison au 2,3-BPG, et le remplacement d'une histidine, dont la chaîne latérale porte une charge électrique positive, par une sérine, électriquement neutre, affaiblit l'interaction du 2,3-BPG avec l'hémoglobine, car le 2,3-BPG est une petite molécule porteuse de cinq charges électriques négatives.
92
+
93
+ Les thalassémies sont caractérisées par l'insuffisance de production d'un des deux types de sous-unités de l'hémoglobine adulte. On distingue ainsi la thalassémie α, plutôt rare, dans laquelle les sous-unités α sont insuffisamment produites, et la thalassémie β, la plus courante, dans laquelle ce sont les sous-unités β qui sont insuffisamment produites. La première conduit à la formation de tétramères de β-globine dits hémoglobine H, de formule β4, qui sont assez instables. Les homozygotes α0 ne survivent généralement pas longtemps après la naissance en raison d'une altération profonde de l'hémoglobine fœtale HbF, donnant dans ces conditions de l'hémoglobine Barts, de formule γ4.
94
+
95
+ Les principales mutations de l'hémoglobine sont :
96
+
97
+ Il existe, chez les plantes et les animaux, une grande diversité de protéines qui se lient à l'oxygène pour en assurer le stockage ou le transport. Les bactéries, les protozoaires et les champignons possèdent tous également des protéines apparentées à l'hémoglobine qui, par leur fonction connue ou prédite, se lient à des ligands gazeux de manière réversible. Outre le transport et la détection de l'oxygène, ces protéines peuvent intervenir pour éliminer l'oxygène des milieux qui sont censés demeurer anaérobies[32], comme c'est par ailleurs le cas de la léghémoglobine.
98
+
99
+ Dans la mesure où de nombreuses protéines de ce type sont formées de globines et d'hème, elles sont souvent appelées « hémoglobine » même si leur structure générale est très différente de l'hémoglobine des vertébrés. En particulier, la distinction entre myoglobine et hémoglobine est souvent impossible chez les animaux les plus simples en l'absence de muscles chez ces derniers, tandis que le système circulatoire de la plupart des insectes n'intervient pas dans la diffusion de l'oxygène à travers l'organisme. Un certain nombre d'arthropodes (araignées, scorpions, certains crustacés) ont recours à l'hémocyanine, qui est une métalloprotéine dépourvue d'hème mais utilisant des cations de cuivre directement coordonnés à des résidus d'histidine, mais cette protéine n'est pas homologue de l'hémoglobine.
100
+
101
+ La structure des hémoglobines est très variable selon les espèces considérées. Elle est souvent mono-globine chez les bactéries, les protozoaires, les algues et les plantes, tandis que de nombreux nématodes, mollusques et crustacés possèdent de très grandes protéines contenant un nombre de sous-unités bien plus élevé que chez les vertébrés. Les champignons et les annélides possèdent en particulier des hémoglobines chimériques contenant à la fois des globines et d'autres types de protéines[7]. Ainsi, le ver tubicole géant des monts hydrothermaux contient une variété d'hémoglobine comprenant pas moins de 144 sous-unités globine, associées chacune à un groupe héminique, dont le rôle est de capter l'oxygène O2 et le sulfure d'hydrogène H2S nécessaires aux bactéries qui vivent en symbiose avec lui, ainsi que le dioxyde de carbone CO2 nécessaire à l'anabolisme du ver. Ces structures sont remarquables en ce qu'elles peuvent transporter l'oxygène en présence d'ions sulfure et transporter ces ions eux-mêmes sans être empoisonnées par eux comme le sont les hémoglobines des autres espèces[33],[34].
102
+
103
+ Parmi les protéines autres que l'hémoglobine capables de se lier à l'oxygène, on peut retenir les molécules suivantes :
104
+
105
+ En médecine, plusieurs termes se rapportent à l'hémoglobine :
106
+
107
+ Comme de nombreuses protéines, les chaines d'hémoglobine présentent diverses mutations qui n'ont le plus souvent aucune incidence clinique. Plus de 500 hémoglobines anormales ont été répertoriées[36].
108
+ Certaines mutations (Hb Köln, Indianapolis, etc.) entraînent une instabilité du tétramère précipitant en corps de Heinz, ou une méthémoglobinémie (hémoglobines M).
109
+
110
+ Parfois cette mutation entraîne une affinité anormale pour l'oxygène, soit, telle l'Hb Hope, une diminution d'affinité avec une P50 élevée donnant une anémie bien tolérée et une cyanose au repos, l'effort et l'altitude étant mal supportés, soit, telle l'Hb Chesapeake, Malmö, ou Olympia, une augmentation d'affinité avec une P50 diminuée et une polyglobulie compensatrice entraînant des manifestations cliniques à partir d'un certain âge.
111
+
112
+ D'autres peuvent être responsables d'une hémolyse chronique, HbS (par mutation de glutamine en valine ce qui va provoquer la polymérisation d'Hb), HbC, ou aggraver à l'état hétérozygote une autre hémoglobinopathie, HbO Arabe, HbD Punjab ou Hb Lepore, ou une β-thalassémie, HbE.
113
+
114
+ Enfin, l'atteinte génétique peut porter non sur la structure primaire de la protéine, mais sur un défaut quantitatif de sa synthèse, ou une persistance anormalement élevée de l'hémoglobine fœtale HbF.
115
+
116
+ Les défauts de synthèse, ou l'anomalie moléculaire sont décrits sous les noms de :
117
+
118
+ Les premières études sur l'hémoglobine ont été conduites au XIXe siècle en Allemagne. Découverte en 1840 par Hünefeld, l'hémoglobine a été cristallisée en 1851 par Otto Funke (en), et c'est Felix Hoppe-Seyler qui mit en évidence la fixation réversible de l'oxygène sur cette protéine en 1866[37]. La nature tétramérique et la masse moléculaire de l'hémoglobine furent établies par Gilbert Smithson Adair (en) en 1925 par mesure de la pression osmotique de solutions d'hémoglobine[38], qui identifia également les bases de l'effet coopératif de la liaison de l'oxygène à cette protéine par allostérie.
119
+
120
+ La structure tridimensionnelle de l'hémoglobine fut établie par Max Perutz en 1959 par cristallographie aux rayons X[39],[40], ce qui lui valu de partager le prix Nobel de chimie 1962 avec John Kendrew[41], qui avait conduit des travaux semblables sur la myoglobine.
121
+
122
+ En 2005, l’artiste Julian Voss-Andreae a réalisé la sculpture Heart of Steel (Hemoglobin), ayant pour modèle l’épine dorsale de la protéine. La sculpture est faite de verre et d’acier Corten. L’aspect rouillé de l’œuvre est intentionnel et évoque la réaction chimique fondamentale de l’oxygène se liant au fer contenu dans l’hémoglobine[42],[43].
123
+
124
+ L'artiste montréalais Nicolas Baier a réalisé la sculpture Lustre (hémoglobine), une sculpture en acier inoxydable poli qui montre la structure de la molécule d'hémoglobine. La sculpture se trouve à l'atrium du centre de recherches du Centre universitaire de santé McGill à Montréal. La taille de la sculpture est d'environ 10 mètres par 10 mètres par 10 mètres[44],[45],[46].
125
+
126
+ The Nobel Prize in Chemistry 1962 was awarded jointly to Max Ferdinand Perutz and John Cowdery Kendrew "for their studies of the structures of globular proteins".
fr/2529.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/253.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,3 @@
 
 
 
 
1
+ Le mot animation peut faire référence à :
2
+
3
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2530.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,116 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Henry Ford, né le 30 juillet 1863 à Dearborn (Michigan, États-Unis) et mort le 7 avril 1947 dans la même ville, est un industriel américain de la première moitié du XXe siècle et le fondateur du constructeur automobile Ford. Son nom est notamment attaché au fordisme, une méthode industrielle alliant un mode de production en série fondé sur le principe de ligne d’assemblage et un modèle économique ayant recours à des salaires élevés. La mise en place de cette méthode au début des années 1910 révolutionne l’industrie américaine en favorisant une consommation de masse et lui permet de produire à plus de 16 millions d’exemplaires la Ford T ; il devient alors l’une des personnes les plus riches et les plus connues au monde.
4
+
5
+ Ford a une vision globale de son action : il voit dans la consommation la clé de la paix. Son important engagement à réduire les coûts aboutit à de nombreuses innovations techniques mais également commerciales ; il met ainsi en place tout un système de franchises qui installe une concession Ford dans un maximum de villes en Amérique du Nord et dans les grandes villes des six continents. La Fondation Ford hérite de la majeure partie de la fortune de Ford, mais l’industriel veille néanmoins à ce que sa famille en conserve le contrôle de façon permanente. D’ailleurs, il assumera très longtemps le poste de président de la Ford Motor Company. Dans les années 1930, Ford se constitue, selon l'expression du New York Times, « la plus importante troupe militaire privée du monde ». Il s'associe à la pègre de Détroit, notamment afin de recruter des mercenaires capables d'intimider les syndicalistes et de mener des actions punitives contre les ouvriers grévistes.
6
+
7
+ Le diplôme de docteur en ingénierie lui est délivré par l’Université du Michigan et le collège de l’État du Michigan. Il reçoit par ailleurs un LL.D. honoraire de l’Université de Colgate. En collaboration avec Samuel Crowther, il écrit My Life, and Work (1922), Today and Tomorrow (1926) et Moving Forward (1930) qui décrivent le développement de son entreprise et expose ses théories sociales et industrielles. Son nom est également associé au livre The International Jew ainsi qu’au journal The Dearborn Independent, ce qui lui vaudra de nombreuses controverses concernant son antisémitisme et ses liens avec le régime nazi, certains voyant en lui l'un des maîtres à penser de Hitler.
8
+
9
+ Le père d’Henry Ford, William Ford (1826-1905), est natif de la paroisse de Kilmalooda, située dans le comté de Cork en Irlande. En 1847, âgé de 21 ans, il immigre avec sa famille aux États-Unis où, l’année suivante, son père John Ford fait l’acquisition auprès d’un vieil homme également originaire de Cork, d’une ferme dans le comté de Wayne près de Détroit[1]. C’est dans cette ferme où il travaille avec son père que William fait la connaissance de Mary Litogot (1839-1876), dont il tombe amoureux. Née dans le Michigan de parents immigrés belges, elle est la fille adoptée d’un des employés de la ferme, Patrick Ahern[1]. William et Mary officialisent leur union le 21 avril 1861[1] ; après leur mariage, ils décident de s’installer ensemble à Fair Lane (en), la résidence où vivent les parents de Mary, à Dearborn. Le 30 juillet 1863, Mary donne naissance à Henry Ford, l’aîné d’une fratrie qui comptera six enfants[2].
10
+
11
+ Henry fréquente l’école jusqu’à l’âge de 15 ans[2]. Il n’éprouve que peu d’intérêt pour ses études et se révèle piètre élève ; d’ailleurs, il n’apprendra jamais à orthographier ni à lire correctement, et ne s’exprimera toujours que de la manière la plus simple[2]. S’il n’aime guère plus la vie agricole, Henry Ford se passionne en revanche très tôt pour la mécanique. À l’âge de 12 ans, il reçoit une montre de poche de son père qu’il parvient à démonter et remonter de nombreuses fois, gagnant une réputation de réparateur de montres auprès de ses voisins et amis[3]. Selon Henry Ford, « une immense quantité de savoir peut être acquise simplement en bricolant des choses. La manière dont tout est fabriqué ne peut pas uniquement s’apprendre des livres »[3]. Par la suite, Ford passe le plus clair de son temps dans un atelier qu’il équipe lui-même et où il construit, à l’âge de 15 ans, sa première machine à vapeur[4],[5].
12
+
13
+ Malgré les besoins de l'exploitation agricole familiale, Henry Ford, à l’âge de 16 ans, est autorisé par ses parents à partir travailler à Détroit[6],[2] ; il y est notamment employé comme apprenti dans un atelier d’usinage de fer[2]. Son salaire hebdomadaire de 2,50 $ ne lui permet cependant pas de payer sa chambre et ses repas si bien qu’il travaille également de nuit dans un atelier de réparation de montres et d’horloges. Après trois années passées à Détroit, Ford retourne travailler à la ferme. C’est à cette période qu’il fabrique pour Westinghouse – une entreprise de location et de réparation de moteurs – une petite machine agricole à vapeur, dont le châssis et une partie du moteur sont issus d’une vieille tondeuse à gazon[6],[2]. Plusieurs années après la mort de sa mère en 1876, Henry fait la rencontre de Clara Bryant, la fille de Melvin Bryant, un fermier du comté de Wayne. Ils se marient le 13 avril 1888 et donnent naissance à un fils dénommé Edsel Ford, le 6 novembre 1893[6].
14
+
15
+ En 1891, Ford retourne à Détroit, accompagné de sa famille, en tant qu’ingénieur mécanicien chez Edison Illuminating Company. Devenu ingénieur en chef en 1893, il a suffisamment de temps et d’argent pour se consacrer à quelques expériences personnelles sur les moteurs à essence[2]. Elles aboutissent en 1896 avec l’achèvement de son propre véhicule automobile nommé « Ford Quadricycle »[7], un véhicule de 4 chevaux à 4 roues refroidi par eau. La même année, lors d’une convention tenue à Manhattan Beach, à New York, destinée à trouver des investisseurs, Ford est présenté à Thomas Edison, expliquant que « ce jeune homme venait de mettre au point une petite automobile à essence »[8]. Après lui avoir posé quelques questions, Edison finit par déclarer : « Young man, that’s the thing! You have it! Your car is self contained and carries its own power plant. »[8] (« Jeune homme, vous l’avez ! Votre voiture est un contenant qui transporte sa propre centrale d'énergie. »)
16
+
17
+ Encouragé par cette approbation, Ford démissionne de la société Edison et fonde le 5 août 1899, avec le soutien de l’industriel William H. Murphy, la Detroit Automobile Company dans le but de produire des automobiles. Sans succès, l’entreprise est dissoute en janvier 1901. Pour autant, Ford et Murphy ne se découragent pas et créent une nouvelle entreprise : la Henry Ford Company[9]. Pour se faire connaître, Ford fait preuve d’imagination. En octobre 1901, avec l’aide de son associé Childe Harold Wills, il participe à une course de 10 miles sur le circuit de Grosse-Pointe au volant d’une automobile de compétition qu’il a conçue, la 999. Ford la remporte devant Alexander Winton[10], un coureur réputé[9]. Grâce à cette victoire largement diffusée dans la presse, Ford se fait connaitre à travers tous les États-Unis[9].
18
+
19
+ Cependant en 1902, Ford est en profond désaccord avec plusieurs actionnaires de l’entreprise ; ces derniers désirent mettre sur le marché dès à présent une voiture de tourisme tandis que Ford insiste encore et toujours pour poursuivre l’amélioration de l’automobile sur laquelle il travaille[11],[2]. Ford décide donc de quitter la Henry Ford Company. Elle sera reprise par Henry M. Leland qui la renomme Cadillac Automobile Company[11].
20
+
21
+ Peu de temps après son départ, Henry Ford propose à Alexander Malcomson, une connaissance rencontrée lorsqu’il était employé chez Edison, de participer à la création d’une nouvelle entreprise de fabrication d’automobiles. Malcomson accepte et ils fondent ensemble un partenariat dénommé Ford & Malcomson, Ltd[12]. Leur premier modèle est la Ford A (T33), une petite berline de conception bon marché destinée à être vendue à environ 750 $. En 1903, Ford et Malcomson se mettent d’accord pour vendre une partie de leurs parts de l’entreprise, notamment aux frères John et Horace Dodge[13].
22
+
23
+ Les commandes n’affluant pas, l’entreprise se retrouve rapidement en difficulté et n’est pas en mesure de payer les frères Dodge. Malcomson se tourne alors vers John S. Gray, le président de la banque germano-américaine de Détroit. Gray investit 10 500 $ dans leur entreprise[14]. Malcomson convainc également quelques-uns de ses jeunes employés d’investir ; finalement, Malcomson récolte 28 000 $[15],[2]. Le 16 juin 1903, Ford & Malcomson, Ltd devient Ford Motor Company[12], entreprise dirigée par Gray. Ford, tout comme Malcomson, possède alors 25,5 % des parts de la nouvelle organisation en tant que vice-président ; il en deviendra président le 22 octobre 1906[4],[16]. Entre-temps, en janvier 1904, il bat le record du monde de vitesse terrestre sur un modèle Arrow au Lac Sainte-Claire (un lac alors gelé d'Anchor Bay, près de New Baltimore, MI), époque où Barney Oldfield et Tom Cooper conduisent régulièrement dans des courses sur ovales la 999, Ford lui-même en disputant quelques-unes en 1905, avec au passage une victoire à Ventnor Beach (NJ) en septembre sur le mile, lors d'un challenge contre une Darracq[17]. Au total Ford bat personnellement trois records mondiaux automobiles avec sa 999, en plein hiver sur son lac de prédilection : deux sur le mile lancé (1903 et 1904), et un sur le kilomètre lancé (1904), pour plusieurs autres tentatives infructueuses sur ovales en terre battue à cette période de sa vie[18]. En 1906, il prend la mer en compagnie de Vincenzo Lancia et de Victor Demogeot (le futur vainqueur) pour venir assister le 12 février à la seconde Course cubaine à La Havane[19].
24
+
25
+ La nouvelle entreprise est cette fois-ci une réussite : 100 000 $ de profit sont réalisés les six premiers mois et 250 000 $ sur l’année[15]. Pour accroître leurs profits, Malcomson souhaite investir le marché des automobiles de luxe, le segment automobile le plus porteur selon lui ; Ford est récalcitrant mais doit finalement se résigner à accepter. Les Ford Modèle B et Modèle K vont ainsi voir le jour[15] ; les clients sont au rendez-vous si bien qu’en 1907, les profits excèdent le million de dollars[2].
26
+
27
+ « Je construirai une voiture automobile pour le plus grand nombre. »
28
+
29
+ — Henry Ford, en octobre 1908[11]
30
+
31
+ C’est ce que proclame Henry Ford peu avant la naissance de la Ford T ou Tin Lizzie (« la bonne à tout faire de fer blanc »). Introduite le 1er octobre 1908, elle est très simple à conduire et peu coûteuse à réparer. La Ford T est de surcroît tellement bon marché en 1908 que, dans les années 1920, une majorité de conducteurs américains apprennent à conduire dessus[20]. La Ford T va connaître un succès sans précédent jusqu’alors dans l’histoire de l’automobile ; au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Ford T équipe près d’un ménage américain sur deux, parmi ceux qui possèdent une voiture[21].
32
+
33
+ Henry Ford doit notamment ce succès au fordisme, un mode de développement inspiré du taylorisme basé sur la rationalisation et la standardisation[21]. La rationalisation, ou plus simplement la décomposition de l’activité de l’ouvrier en tâches élémentaires lui permettant de travailler sur des machines-outils spécialisées, conduit à une simplification et une normalisation des gestes ainsi qu’une augmentation conséquente de la productivité[21]. La standardisation quant à elle, méthode déjà utilisée dans l’industrie de l’armement dont certains ingénieurs de la Ford Motor Company sont issus, permet « l’utilisation de pièces standards parfaitement interchangeables dans la construction et la maintenance du véhicule »[21]. La standardisation dans les usines Ford est tellement poussée à l’extrême que seule la Ford T est produite, et uniquement en noir en raison, a-t-on dit, de son temps de séchage rapide, plus probablement de son moindre coût. Cette méthode favorise, non seulement l’augmentation de la production, mais également l’expansion géographique de la Ford T puisque des pièces détachées standards peuvent être aisément envoyées pour réparation[21].
34
+
35
+ Lorsqu’en 1913, Ford introduit le déplacement des pièces sur des convoyeurs, le temps de montage du châssis de la Ford T passe de 728 min à 93 min[21],[22] ; « L’homme qui place une pièce ne la fixe pas, l’homme qui place un boulon ne met pas l’écrou et l’homme qui place l’écrou ne le
36
+ visse pas »[23]. L’idée de cette ligne ou chaîne d’assemblage lui est venue, d’après ses mémoires, lors d’une visite lorsqu’il était adolescent d’un abattoir de Chicago[24]. Mais bien qu’il soit souvent crédité de l’idée, les sources indiquent que le concept et son développement sont en réalité dus à quatre de ses employés : Clarence Avery, Peter E. Martin, Charles E. Sorensen, et C. Harold Wills[réf. nécessaire]. Ces transformations du mode de production, qui vont s’inscrire durablement dans la plupart des industries du début du XXe siècle, permettent une forte diminution du coût de revient. Une Ford T vaut 825 $ au lancement du modèle ; cela correspond certes à 6 mois du salaire d’un enseignant, mais reste nettement inférieur au prix moyen d’une automobile qui avoisinait alors près de 2 000 $. Et le prix ne cessera de diminuer à mesure de l’augmentation de la production : de 690 $ en 1911, il est de 490 $ en 1914 puis de 360 $ en 1916, et enfin de 290 $ en 1927[22]. Les ventes de Ford T sont également décuplées et passent de 250 000 véhicules en 1914 à 472 000 en 1916, puis un million au début des années 1920[21].
37
+
38
+ Le dernier aspect de ce succès concerne le marketing ; Ford crée une machine de publicité massive à Détroit, pour s’assurer que tous les journaux retransmettent les annonces sur ses produits, ainsi qu’un important réseau de distributeurs introduisant l’automobile dans pratiquement toutes les villes d’Amérique du Nord[réf. nécessaire]. Les ventes augmentent en flèche. Finalement, lorsque la production de la Ford T cesse le 27 mai 1927, ce sont 15 007 034 unités qui ont été vendues en 19 ans ; ce record a tenu dans les 45 années qui suivirent[21].
39
+
40
+ Henry Ford cède la présidence de Ford Motor Company à son fils Edsel Ford en décembre 1918 ; âgé de 55 ans, il conserve toutefois un pouvoir discrétionnaire. Interrogé sur le devenir de la Ford Motor Company, Ford répondait que s’il n’était pas le maître de sa propre entreprise, il en construirait une autre. C’est ainsi qu’en juillet 1919, il rachète l’ensemble des parts, pour un montant de près de 106 millions de dollars, qu’il partage avec les membres de sa famille[22].
41
+
42
+ Au milieu des années 1920, les ventes du modèle T commencent à décliner en raison de l’augmentation de la concurrence[25]. D’autres marques automobiles offrent à leurs clients la possibilité d’acquérir une automobile à crédit, ce que Ford a toujours refusé, avec de meilleures prestations et un style plus moderne que le modèle T[26]. En dépit des demandes pressantes d’Edsel, Henry refuse toujours d’intégrer de nouvelles fonctionnalités au modèle T ou toute forme de plan de crédit client[9]. Ce déclin s’explique également par des raisons sociales et commerciales : d’une part, les ouvriers se lassent d’un travail jugé peu valorisant, et d’autre part, l’élévation générale du niveau de vie permet aux autres constructeurs de miser sur la segmentation du marché. Les clients sont en effet de plus en plus soucieux de se distinguer socialement par leur automobile et de disposer d’une voiture confortable. Posséder une Ford T n’est plus aussi valorisant et conduit les clients à renouveler leur voiture en se portant vers des marques plus prestigieuses.
43
+
44
+ En 1926, Henry est finalement convaincu qu’il faut développer un nouveau modèle[9]. Il suit le projet avec beaucoup d’intérêt pour la conception du moteur, du châssis, de la mécanique et d’autres aspects, tout en laissant le gros de la conception à son fils. La Ford Modèle A (deuxième du nom) voit le jour en 1927 ; elle connaîtra en 1931 une production totale de plus de quatre millions d’unités[réf. nécessaire][27].
45
+
46
+ Le leitmotiv de Ford est l’indépendance économique, voire l’autarcie, des États-Unis. Son complexe industriel de Red River est l’un des sites industriels les plus importants de l’époque, capable de produire l’acier nécessaire à sa production[28]. Son objectif premier est de produire un véhicule à partir de zéro et ce, sans avoir recours au commerce extérieur. Il croit en l’expansion mondiale de son entreprise et estime que le commerce et la coopération internationale conduisent à la paix ; il utilise d’ailleurs la ligne d’assemblage de traitement et de production du modèle T pour le démontrer[29].
47
+
48
+ Ford ouvre des usines de montage au Royaume-Uni et au Canada en 1911, et devient rapidement le plus grand producteur automobile de ces pays[30]. En 1912, Ford coopère avec Giovanni Agnelli, dirigeant de Fiat, afin de lancer la première chaîne de montage automobile italienne. La première des usines en Allemagne est construite dans les années 1920 avec le soutien d’Herbert Hoover et du Département du commerce, qui partage la théorie de Ford selon laquelle le commerce international est essentiel pour la paix dans le monde[31]. Dans les années 1920, Ford ouvre également des usines en Australie, en Inde, et en France. En 1929, Ford dispose de concessionnaires sur les cinq continents[32]. Ford expérimente également une plantation de caoutchouc dans la jungle amazonienne appelé Fordlândia : sa superficie représente 10 000 km2 de l’État brésilien du Pará. Mais celle-ci est l’un de ses rares échecs. Fordlândia visait à mettre fin à la dépendance de Ford envers le caoutchouc venant de la Malaisie britannique[33].
49
+
50
+ En 1932, Ford produit le tiers des automobiles construites dans le monde. L’image de l’entreprise suscite différentes réactions chez les Européens, en particulier les Allemands : « la crainte pour certains, l’engouement pour d’autres, et la fascination pour tous »[34]. Partisans et détracteurs insistent sur le fait que le fordisme américain incarne le développement capitaliste, et que l’industrie automobile est la clé pour comprendre les relations économiques et sociales aux États-Unis. Comme le déclare à cette époque un Allemand, « l’automobile a à ce point révolutionné le mode de vie américain qu’il est à peine croyable qu’on puisse vivre sans voiture. Il est difficile de se souvenir comment on faisait avant que M. Ford vienne prêcher son nouvel évangile »[34]. Pour beaucoup d’Allemands, la réussite de l’américanisme est essentiellement attribuée à Henry Ford[34].
51
+
52
+ Henry Ford est l’un des pionniers du welfare capitalism (le « capitalisme du bien-être »), une pratique industrielle paternaliste destinée à améliorer le niveau de vie des travailleurs. Le 5 janvier 1914, Ford annonce l’augmentation des salaires journaliers minimum de 2,34 $ à 5 $ pour les ouvriers en apprentissage (« The Five Dollar Day ») ainsi qu’une nouvelle réduction du temps de travail journalier de 9 h à 8 h[22]. Qualifié de « grand humaniste » ou de « socialiste fou »[22], Ford n’a pas mis en place cette initiative pour établir une solide classe moyenne capable d’acheter ses produits, comme on l’a parfois avancé[Note 1], ni même par acte de charité. Comme il l’explique lui-même dans ses mémoires, c’est l’« un des meilleurs moyens de réduction des coûts jamais mis en place »[35],[22].
53
+
54
+ En effet, Henry Ford agit uniquement dans l’intérêt de son entreprise. Ses usines sont en proie à un important turnover, qui conduit de nombreux départements à devoir engager annuellement 300 personnes pour remplir 100 postes de travail, et à un absentéisme excessif. Par ailleurs, presque tous les emplois sont monotones, et le travail sur les chaînes d’assemblage est extrêmement pénible à force de réaliser la même procédure toute la journée. Embaucher et former des travailleurs « de remplacement » est par ailleurs très coûteux[35]. L’augmentation des salaires est donc une solution pour lutter contre ces difficultés. Cette philosophie du travail permet d’augmenter rapidement la productivité, mais les salaires demeurent quasiment inchangés pendant 30 ans[36] : 6 $ en 1919 et 7 $ en 1927[21].
55
+
56
+ Le « Département social Ford » utilise néanmoins des enquêteurs pour s’assurer que ceux qui bénéficient d’une participation aux bénéfices soient irréprochables[37]. On conseille d’ailleurs fortement aux ouvriers de ne pas fumer, non seulement à l’usine, mais également à la maison. « Si vous étudiez l’histoire de la plupart des criminels, vous constaterez qu’ils étaient des fumeurs invétérés », expliquait Henry Ford[36]. L’alcool, les jeux d’argent et le billard sont également strictement interdits. L’intrusion excessive de Ford dans la vie privée de ses employés sera longtemps source de controverses. Dans ses mémoires de 1922, Ford affirmait pourtant que « le paternalisme n’avait pas sa place dans l’industrie »[23].
57
+
58
+ Dans les années 1930, Ford se constitue, selon l'expression du New York Times, « la plus importante troupe militaire privée du monde ». L'entreprise s'associe à la pègre de Détroit notamment afin de recruter des mercenaires capables d'intimider les syndicalistes et de mener des actions punitives contre les ouvriers grévistes[38].
59
+
60
+ Dès 1927, la direction de Ford passe un accord avec le « Al Capone de Détroit », Chester LaMare, puis s'associe à Joe Adonis, l'un des chefs de la mafia new-yorkaise. Après un accident de la route survenu à Henry Ford, en 1927, Harry Bennett, le « directeur du personnel » et véritable no  2 de l'entreprise, se dit en mesure de rassurer le public quant à l'hypothèse que son patron aurait été victime d'un attentat :« Nos liens avec la pègre de Détroit sont tels que moins de vingt-quatre heures après qu'un tel projet ait été tramé, nous en serions informés »[38].
61
+
62
+ L'affrontement le plus violent entre des recrues de la milice patronale et des syndicalistes eu lieu le 26 mai 1937, devant l'usine de River Rouge où des dizaines d'ouvriers syndiqués à la United Auto Workers s’apprêtant à distribuer des tracts sont attaqués. D'après les témoignages réunis par la Commission nationale des relations industrielles en juillet 1937, cinq miliciens étaient affectés pour chaque syndicaliste. En raison de la violence de ses pratiques anti-syndicales, le New York Times décrivait Ford comme étant « un fasciste de l'industrie — le Mussolini de Detroit »[38].
63
+
64
+ Plus connu pour ses automobiles, Ford s’investit pourtant relativement tôt dans l’aéronautique. En 1923, Edsel Ford fait l’acquisition de la Stout Metal Airplane Company et développe le Stout 2-AT Pullman[5]. En 1925, il fonde la Stout Metal Airplane Division, qui marque le lancement de l’étude du premier avion expérimental Ford ; dénommé Ford Trimotor, sa mise sur le marché intervient en 1926. Ce premier avion constitue un progrès technologique majeur et permet à Ford de devenir le premier fabricant d’avions commerciaux au monde. Les compagnies aériennes abandonnent progressivement leurs avions et les remplacent par des avions Ford dont la capacité de transport de passagers est nettement supérieure à la concurrence[5]. Ils sont ainsi rapidement utilisés pour créer le premier service aérien transcontinental[5].
65
+
66
+ La participation de Ford dans l’aviation joue également un rôle important dans la victoire des Alliés pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale[39]. Pendant la Première Guerre mondiale, la Ford Motor Company produit en masse des moteurs V8 Liberty destinés à équiper l’aviation américaine et développe le Kettering Bug, le premier missile guidé américain. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Henry Ford soutient la construction de milliers de Pratt & Whitney « Double Wasp » ainsi que des moteurs de bombardiers Consolidated B-24 Liberator[5]. Le président américain Franklin D. Roosevelt fera d'ailleurs référence à Détroit comme faisant partie de l’« arsenal des démocraties »[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Ford a toujours farouchement refusé la présence des syndicats dans ses entreprises. Il les estime en effet fortement influencés par certains dirigeants, et qu’en dépit de leur apparente bonne volonté, leur actions est contre-productive pour le bien-être des travailleurs[40]. Si restreindre la productivité est pour la plupart un moyen de favoriser l’emploi, Ford considère à l’inverse qu’elle est nécessaire pour accroître la prospérité économique et ainsi stimuler l’économie[40], ce qui par conséquent permet de créer de nouveaux emplois. Ford se méfie également des dirigeants syndicaux – plus particulièrement les léninistes – qu’il accuse de fomenter de perpétuelles crises socio-économiques de façon à maintenir leur propre pouvoir. En bon gestionnaire, il se considère néanmoins capable de repousser les attaques de politiques malavisés et de créer un système socio-économique dans lequel ni la mauvaise gestion ni les syndicats ne pourront trouver le soutien leur permettant de se maintenir[40].
69
+
70
+ Au début des années 1930, malgré la Grande Dépression, Henry Ford accélère la production à un rythme insupportable. Il règne sur ses usines par la crainte ; alors que leurs conditions de vie se dégradent, ouvriers et cadres se méfient des mouchards. Ford utilise en effet près de 3 500 hommes de main pour empêcher les syndicats d’entrer dans l’usine. Le maire de Détroit observe d’ailleurs qu’« Henry Ford emploie certains des pires bandits de notre ville »[36]. Harry Bennett, un ancien Marine nommé à la tête du service de sécurité interne, emploie différentes tactiques d’intimidation pour écraser la syndicalisation dont le plus célèbre incident, survenu en 1937, aboutit à une bagarre sanglante ; l’événement sera connu sous le nom de « Bataille de l’Overpass »[36]. La même année, Walter Reuther, futur président de l’United Auto Workers (l’Union des Ouvriers de l’Automobile) est brutalisé à Red River pour avoir distribué des tracts syndicaux[36].
71
+
72
+ Après l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le plein emploi met un terme au recours à la terreur. Cependant, les salaires stagnent depuis des années et finissent par devenir très inférieurs à ceux des usines concurrentes. Les syndicats n’obtiennent toujours aucun droit dans les usines Ford, à l’inverse de celles de General Motors et de Chrysler. En avril 1941, huit ouvriers décident d’entamer une marche de protestation dans l’usine de Red River en chantant Solidarity Forever (Solidarité pour toujours). Finalement, toute l’usine est paralysée et en partie contrôlée par l’UAW ; Ford n’a pas d’autre issue que de négocier avec le syndicat[36]. Edsel, qui est alors président de la société, estime qu’il est nécessaire pour l’entreprise d’arriver à une sorte de convention collective avec les syndicats, les violences, les interruptions de travail et les impasses ne pouvant ainsi continuer. Mais Henry refuse pendant plusieurs années de coopérer, et on sait qu'il a confié à Bennett la tâche de faire en sorte que le dialogue avec les syndicats n’aboutisse à aucun accord[41].
73
+
74
+ Les dernières années sont particulièrement frustrantes pour Henry Ford. Il n’accepte pas les changements induits par la Grande Dépression et s’oppose au New Deal, le plan mis en œuvre par le président Roosevelt en vue de redresser la situation économique et sociale des États-Unis. Il refuse toujours de reconnaître le syndicat des travailleurs de l’automobile et utilise des policiers armés pour faire face aux mobilisations syndicales[42]. Pour diverses raisons, Ford, seul dans son industrie, refuse de coopérer avec l’administration du redressement national, un organisme gouvernemental des années 1930 qui prépare et supervise les codes de concurrence loyale pour les entreprises et les industries[2].
75
+
76
+ Lorsque son fils Edsel, alors président de Ford Motor Company, meurt d'un cancer en mai 1943, Henry Ford décide d’assumer la présidence. À ce stade de sa vie, il a déjà connu plusieurs accidents cardiovasculaires (crise cardiaque et accident vasculaire cérébral) et n’est mentalement plus apte à occuper un tel poste[43]. La plupart des administrateurs ne veulent pas le voir comme président. Au cours des vingt dernières années, bien qu’il ne soit pas administrateur de plein exercice, le conseil d’administration et la direction ne le défient jamais ouvertement[44]. Au cours de cette période, la société commence à péricliter, perdant plus de 10 millions de dollars par mois. L’administration du président Franklin Roosevelt envisage d’ailleurs une reprise de l’entreprise pour assurer la continuité de la production pendant la guerre[45], mais le projet ne se concrétise pas.
77
+
78
+ En mai 1946, Henry reçoit le Jubilé d’or de l’industrie automobile américaine pour ses contributions décisives au développement de cette industrie. La première médaille d’or de l’Institut américain du pétrole lui est attribuée en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au bien-être de l’humanité[4]. Ford maintient par ailleurs une résidence de vacances, connue sous le nom de Ford Plantation, à Richmond Hill en Géorgie, dont le domaine s’étend sur 1 800 hectares[46]. Il contribue sensiblement à la vie de la communauté locale, notamment en faisant construire une chapelle et une école, et y emploie de nombreux résidents locaux.
79
+
80
+ Sa femme Clara désire qu’Henry quitte la présidence de Ford, d’autant que le gouvernement voit d’un très mauvais œil qu’un homme de 80 ans s’occupe de la gestion de la société. Le 21 septembre 1945, Henry Ford, en mauvaise santé, laisse les pleins pouvoirs à son petit-fils, Henry Ford II, et prend sa retraite en septembre 1945[9]. Il meurt le 7 avril 1947 à 23 h 40[4] d’une hémorragie cérébrale à l’âge de 83 ans à Fair Lane, sa résidence dans son domaine à Dearborn. Le service funéraire se tient dans la cathédrale anglicane Saint-Paul à Détroit, et Henry Ford est enterré dans le cimetière de la famille Ford à l’église anglicane Sainte Martha.
81
+
82
+ Henry Ford reçut en 1938 la « Grand-Croix de l'ordre de l'Aigle allemand », plus haute décoration nazie pour les étrangers[47]. Cette faveur accordée par les nazis engendre une importante controverse aux États-Unis et finit par un échange de notes diplomatiques entre le gouvernement allemand et le Département d’État. Ford s’exprime à propos de cette polémique en clamant que « [son] acceptation d’une médaille du peuple allemand ne [le fait] pas, comme certains semblent le penser, entraîner aucune sympathie de [sa] part avec le nazisme »[47]. Cette décoration n'aurait pas fait polémique, comme pour Thomas J. Watson, président d'IBM, décoré l'année précédente, si Ford n'avait pas été l'auteur d'écrits antisémites et un grand soutien financier pour Adolf Hitler et le parti nazi. Ford a également eu des relations économiques avec l'Union soviétique, jusqu'à ce que son ami Serguei Dyakanov, accusé de dérive droitière soit « purgé », jugé et exécuté en janvier 1938. En avril 1943, le secrétaire américain au Trésor Henry Morgenthau aurait estimé que la production de la filiale française de Ford était « au seul profit de l’Allemagne ». Selon la série Apocalypse, Hitler, dont les sources sont à confirmer, Henry Ford aurait financé dès le début des années 1930 le parti nazi en laissant des profits en provenance d'Allemagne à ce parti et en versant 50 000 dollars chaque année à l'occasion de l'anniversaire d'Hitler.
83
+
84
+ Alors que Ford clame publiquement qu’il n’aime pas les gouvernements militaristes, il tire profit de la Seconde Guerre mondiale, en alimentant l’industrie de guerre des deux camps : il produit d'un côté, via ses filiales allemandes, des véhicules pour la Wehrmacht, mais aussi de l'autre des véhicules pour l’armée américaine[47]. Il participe à l’effort de guerre allemand comme le faisait Opel, filiale de General Motors. En 1942, l'aviation britannique bombarde l'usine Ford de Poissy. Ford demande alors au gouvernement français de protester auprès de l’ambassade américaine à Vichy[48].
85
+
86
+ Les déclarations publiques d’Henry Ford montrent qu’il est à l’avant-garde des hommes d’affaires américains qui privilégient la recherche du profit sans que leurs opinions politiques aient d’influence sur leur volonté de trouver de nouveaux marchés[réf. nécessaire]. Pour autant, Ford est foncièrement antisémite[49]. Il se base sur Les Protocoles des Sages de Sion pour affirmer que les Juifs avaient prévu de longue date que la guerre qui se profilait à l'horizon serait une « world war » et il ajoute : « How did they know it was to be a world war ? »[50]. Nombreux sont les mouvements américains qui reprennent ses théories antisémites pour raviver une haine latente[51]. Son antisémitisme s’exprime également dans ses mémoires : « Notre travail n’a pas la prétention d’avoir le dernier mot sur les juifs en Amérique. […] Si les juifs sont si sages qu’ils le disent, ils feraient mieux de travailler à devenir des juifs américains, plutôt que travailler à construire une Amérique juive »[52]. Le thème de la conspiration juive se mêle aussi à l'anticommunisme dans ses écrits : pour Henry Ford, la révolution soviétique aurait été « la couverture externe d’un coup longuement planifié pour établir la domination d’une race »[53].
87
+
88
+ Se justifiant à ce sujet, il explique dans son livre The International Jew (Le Juif International) que l’antisémitisme n’est selon lui que le pendant de l’antigoyisme de la communauté juive[54]. The International Jew est un ouvrage en quatre volumes publié sous le nom d’Henry Ford qui rassemble des articles parus dans le journal The Dearborn Independent. Une phrase dans un texte consacré à la salutaire « réaction de l’Allemagne contre le Juif » illustre l’esprit prétendument scientifique de l’ouvrage et dont le langage est chargé de métaphores médicales : il s’agit d’une question d’« hygiène politique », parce que « la principale source de la maladie du corps national allemand [...], c’est l’influence des Juifs »[55],[53].
89
+
90
+ Dans plusieurs autres passages, les Juifs sont présentés comme un « germe » qui doit faire l’objet d’un « nettoyage »[56]. Adolf Hitler et ses collaborateurs reprendront cette terminologie pour justifier leurs crimes. Le Juif n’est plus défini par sa religion mais par sa « race », « une race dont la persistance a vaincu tous les efforts faits en vue de son extermination »[57]. Il faut donc réveiller chez les jeunes la « fierté de la race »[58]. Ford s’inspire des Protocoles des Sages de Sion, un ouvrage qui serait « trop terriblement vrai pour être une fiction, trop profond dans sa connaissance des rouages secrets de la vie pour être un faux », cité et commenté abondamment, comme preuve ultime et irréfutable de la conspiration juive pour s’emparer du pouvoir à l’échelle mondiale[53]. Cet ouvrage est par ailleurs vivement critiqué par le Times. Il y est souvent fait référence à l’Allemagne qui est décrite comme dominée par les Juifs malgré le fait qu’il « n’y a pas dans le monde de contraste plus fort que celui entre la pure race germanique et la pure race sémite »[55].
91
+
92
+ Le thème de la complicité entre le judéo-bolchevisme et la finance capitaliste juive, dans une conspiration pour imposer à la planète un gouvernement mondial juif est abondamment repris par le nazisme. Trois volumes ont pour objet la place des Juifs aux États-Unis[53]. Selon Ford, leur émigration massive d’Europe de l’Est en Amérique du Nord n’a rien à voir avec de prétendues persécutions : les pogroms ne sont que de la propagande ; il s’agit bel et bien d’une véritable invasion : le « Juif international » peut déplacer un million de personnes de la Pologne vers l’Amérique « comme un général déplace son armée »[59]. Les Juifs sont responsables de l’introduction dans les arts de la scène aux États-Unis d’une « sensualité orientale » sale et indécente, « instillant un poison moral insidieux »[60].
93
+
94
+ La contribution de Ford à la propagation de l’antisémitisme va au-delà de l’imprimé. Il travaille activement à former une communauté. Au départ réunis autour du Dearborn Independent, ces hommes constituent une force importante dans l’évolution américaine de l’antisémitisme, et incluent un grand nombre de pro-fascistes[49].
95
+
96
+ En 1918, le secrétaire privé et proche ami de Ford, Ernest G. Liebold, achète un obscur hebdomadaire, le Dearborn Independent, pour Ford. Le journal est édité par Liebold pendant huit ans, de 1920 à 1927, et atteint au maximum environ 700 000 lecteurs[61]. Vincent Curcio, auteur anglais, écrit de ces publications qu’« ils ont été largement distribués et ont une grande influence, en particulier en Allemagne, où pas moins qu’un personnage comme Adolf Hitler devenait très lu et admiré »[réf. nécessaire]. Hitler, fasciné par les automobiles, accroche même, sur son mur, une photo de Ford. Steven Watts mentionne qu’Hitler « vénérait » Ford, en proclamant que : « [il] ferai[t] de [son] mieux pour mettre ses théories en pratique en Allemagne, en modélisant la Volkswagen, la voiture du peuple, sur le modèle T »[62].
97
+
98
+ Dénoncée par l’Anti-Defamation League, les articles du Dearborn Independent sont explicitement condamnés pour leur violence contre les Juifs[63]. Cependant, selon le rapport des témoignages du procès, Ford n’écrit presque rien dans ces articles. Des amis et des associés d’affaires déclarent qu’ils ont mis Ford en garde sur le contenu du journal mais que Ford ne lit probablement jamais les articles ; Ford ne porta son attention que sur les gros titres du journal[62]. Un procès en diffamation intenté par un avocat de San Francisco et par une coopérative agricole juive en réponse à des articles antisémites conduisent Ford à fermer le journal en décembre 1927. Des reportages tournés au moment cité ci-dessus le montrent comme étant choqué par le contenu et qu’il n’est pas au courant de sa nature. Pendant le procès, le rédacteur en chef de Ford, William Cameron, témoigne en faveur de Ford, indiquant qu’il n’a rien à voir avec les éditoriaux, même s’ils sont publiés sous son nom. Cameron déclare lors du procès en diffamation qu’il ne discute jamais avec Ford du contenu des pages et qu’il ne les envoie jamais à Ford pour approbation[64].
99
+
100
+ En 1927, les excuses[65] de Ford, à la suite de la pression conjuguée des consommateurs juifs américains et même de Hollywood qui menaça d’employer des voitures Ford pour les besoins des scènes de crash, sont bien accueillies : quatre cinquième des centaines de lettres adressées à Ford en juillet de 1927 furent de Juifs et saluent l’industriel[64]. En janvier 1937, une déclaration de Ford dans le Détroit Jewish Chronicle désavoue « quelconque lien avec la publication en Allemagne d’un ouvrage connu sous le nom de The International Jew »[66].
101
+
102
+ Cependant, lors du procès de Nuremberg, Baldur von Schirach, le chef des Jeunesses hitlériennes déclare avoir été influencé par la lecture de Ford. Après ses excuses en 1927, Ford se refuse à d'autres déclarations publiques au sujet des juifs[65]. Il continue pourtant, en sous-main, de soutenir des publications antisémites[67]. Sur ce point, l’historien Pierre Abramovici, dans l’article Comment les firmes US ont travaillé pour le Reich »[68] porte un jugement sévère sur les positions d’Henry Ford.
103
+
104
+ « Henry Ford accuse les Juifs d’avoir déclenché la grande Guerre. En 1920, il achète un hebdomadaire, le Dearborn Independant, qui lui fournit une tribune. Il entretient des relations privilégiées avec l’Allemagne nazie. Henry Ford est décoré, à Détroit le 30 juillet 1938, de l'ordre allemand de l’Aigle. Cette distinction, réservée aux étrangers, lui est remise par le consul allemand à Détroit, Karl Capp, et par son homologue à Cleveland, Fritz Heiler. Il participe le 26 juin 1940 à un dîner de gala au Waldorf Astoria de New York, destiné à célébrer la victoire allemande sur la France, après que cette dernière lui eut déclaré la guerre. »
105
+
106
+ — Pierre Abramovici, septembre 2002[68]
107
+
108
+ La fortune personnelle de Henry Ford était colossale. D'après le blog financier Celebrity Networth, il serait le neuvième homme le plus riche de tous les temps[69].
109
+
110
+ Dans le très célèbre roman dystopique d'Aldous Huxley, Le Meilleur des Mondes, où des procédés d’ingénierie biologique et de conditionnement mental permettent de produire des êtres humains identiques à la chaîne pour en faire des ouvriers dociles, Henry Ford (Sanctifié en Notre Ford) est l'objet d'un culte religieux obligatoire, imposé par un État mondial totalitaire. Ce culte au contenu assez creux et consensuel a remplacé toutes les religions préexistantes, désormais interdites. L'auteur précise que le calendrier grégorien a été remplacé par un calendrier dont l'année zéro est celle du lancement en série de la Ford T. Huxley précise aussi que les croix latines des églises ont été coupées pour les transformer en T majuscules. Les personnages du roman emploient l'interjection : « Ford du tacot ! » (« Ford's in his Flivver ! » en anglais) en lieu et place de « Dieu du ciel ! »[70].
111
+
112
+ Dans le roman uchronique Le Complot contre l'Amérique de Philip Roth (2004), il est le secrétaire à l'Intérieur des États-Unis du président Charles Lindbergh[71].
113
+
114
+ Dans la série de jeux vidéos Assassin's creed, Henry Ford était membre de la branche américaine de l'ordre du Temple. Il fut un des principaux fondateurs d'Abstergo Industries avec Ransom Eli Olds.
115
+
116
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2531.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,175 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
2
+
3
+
4
+
5
+
6
+
7
+ Henri II (né le 31 mars 1519 à Saint-Germain-en-Laye et mort le 10 juillet 1559 à Paris) est roi de France de 1547 à sa mort. Deuxième fils de François Ier et de Claude de France, il devient l'héritier du trône à la mort de son frère aîné en 1536. Il reçoit alors les titres de dauphin et de duc de Bretagne.
8
+
9
+ Sacré roi de France le 26 juillet 1547[1] à Reims, il prend comme emblème le croissant de lune, qui est depuis toujours celui de la maison d'Orléans à laquelle il appartient en tant que fils cadet de François Ier (et non pas l'emblème de Diane de Poitiers, comme on a pu souvent le croire)[réf. nécessaire]. Ses devises sont Plena est œmula solis (« L'émule du soleil est pleine ») et Donec totum impleat orbem (« Jusqu'à ce qu'elle remplisse le monde entier »).
10
+
11
+ Roi parfaitement représentatif de la Renaissance française, Henri II poursuit l'œuvre politique et artistique de son père. Il continue les guerres d'Italie, en concentrant son attention sur l'empire de Charles Quint qu'il parvient à mettre en échec. Henri II maintient la puissance de la France mais son règne se termine sur des événements défavorables comme la défaite de Saint-Quentin (1557) et le traité du Cateau-Cambrésis qui met un terme au rêve italien.
12
+
13
+ Son règne marque également l'essor du protestantisme qu'il réprime avec davantage de rigueur que son père. Devant l'importance des adhésions à la Réforme, Henri II ne parvient pas à régler la question religieuse, qui débouche après sa mort sur les guerres de Religion.
14
+
15
+ Il meurt accidentellement à l'âge de quarante ans : le 30 juin 1559, lors d’un tournoi tenu rue Saint-Antoine à Paris (devant l'ancien hôtel des Tournelles), il est blessé d'un éclat de lance dans l'œil par Gabriel de Montgommery, capitaine de sa garde écossaise. Il en meurt dix jours plus tard.
16
+
17
+ En tant que second fils du roi de France, Henri reçoit le titre de duc d'Orléans dès sa naissance. Il reçoit le prénom de son parrain Henri VIII d'Angleterre[2].
18
+
19
+ En application du traité de Madrid entre François Ier et Charles Quint, Henri reste otage en Espagne de 1526 à 1530, en compagnie de son frère aîné François, dauphin et duc de Bretagne. Cette dure captivité a de lourdes conséquences sur son enfance et il en garde des séquelles psychologiques, devenant notamment hypocondriaque. Ce caractère rendra difficiles ses relations avec son père François Ier, qui accorde sa préférence à son jeune frère Charles.
20
+
21
+ Considéré comme le dernier roi chevalier, la légende dit qu'il a été formé à la chevalerie par la lecture d’Amadis de Gaule pendant sa captivité mais ce roman de chevalerie n'a été traduit en français qu'en 1540[3].
22
+
23
+ Jean Capello, ambassadeur de Venise à la cour de France, le décrit ainsi : « ...la taille haute et bien prise, la figure belle et agréable, le teint un peu brun... » De son côté, Joachim du Bellay affirme, dans son Tumbeau du roy Henry II, que « son visage estoit doulx, meslé de gravité. » À la différence de son père, François Ier, Henri II est d'une nature plutôt taciturne. Selon le Vénitien Dandolo, il rit rarement, « au point que nombre de ceux qui sont à la cour assurent ne l'avoir jamais vu rire une seule fois. »
24
+
25
+ Il épouse le 28 octobre 1533 Catherine de Médicis, fille de Laurent II de Médicis, unique héritière de ses biens et nièce de Léon X, mais son cœur reste voué à sa confidente et préceptrice depuis l'âge de 15 ans Diane de Poitiers (avec qui il semble n'entretenir un adultère qu'après 1538 seulement).
26
+
27
+ Il succède à son frère François, mort en 1536, comme dauphin et duc de Bretagne, sans en gouverner le duché dont son père garde l’usufruit. Après avoir fait ses armes en Picardie, Henri rejoint les armées françaises au Piémont pour en commander l'avant-garde, participe à la prise de Moncalieri (23 octobre 1537), où il rencontre Filippa Duci pour une brève aventure dont naît son premier enfant, Diane de France. Cette naissance rassure le dauphin sur sa capacité à assurer sa descendance malgré l'absence d'héritier 4 ans après son mariage. Son infertilité temporaire est en fait due à une malformation pénienne causée par un hypospadias, comme le diagnostique son médecin Jean Fernel qui lui recommande avec succès de pratiquer le coitus more ferarum pour pouvoir procréer[4].
28
+
29
+ Le 9 février 1540, Henri est investi de la jouissance de son duché, « pour son entretenement », le roi conservant la haute main sur les affaires du Dauphiné et du duché. Henri n'a en réalité aucune marge de manœuvre politique, son autorité se limite à la nomination de ses courtisans et amis à des charges et des terres. Ainsi donne-t-il à sa maîtresse Diane de Poitiers les anciennes terres ducales de Rhuys et de Fougères.
30
+
31
+ La rupture entre le roi et le dauphin éclate à la disgrâce du connétable de Montmorency en 1541 auquel le dauphin était très attaché[a]. La cour se trouve alors divisée en deux partis :
32
+
33
+ En août 1542, il commande l'armée du Roussillon dans la quatrième campagne de son père et de ses alliés allemands et turcs contre Charles Quint et participe au siège de Perpignan.
34
+
35
+ À l'automne 1544, il repousse les Anglais dans Calais, lève le siège de Montreuil, et échoue de peu à reprendre Boulogne-sur-Mer, finalement rachetée en 1550.
36
+
37
+ Durant les dernières années du règne de François Ier, les deux factions rivalisent à la cour de France : la première menée par les conseillers du roi, l'amiral de France d'Annebault et le cardinal de Tournon, la seconde composée des appuis du dauphin Henri, autour de Diane de Poitiers et du connétable Anne de Montmorency.
38
+
39
+ Dans ce contexte, il fit pourtant donner un bal à Fontainebleau à l’occasion du baptême de sa fille, Élisabeth de Valois, en juillet 1546. Il s'y montra sous le costume évocateur de Capitaine tenant le bâton de commandement, dessiné par Le Primatice, (Nationalmuseum, Stockholm).
40
+
41
+ L'année 1547, avec la disparition de François Ier et l'avènement d'Henri II, voit un renouvellement complet du personnel de la Cour et des conseillers du souverain. L'ancienne faction au pouvoir est chassée sans ménagement et certains hauts responsables politiques sont emprisonnés et poursuivis par la justice royale. Les places au sein du conseil royal et les charges honorifiques de la cour sont redistribuées aux proches du nouveau roi : à côté d'Anne de Montmorency, on trouve désormais Jacques d'Albon de Saint-André fait maréchal et premier gentilhomme de la Chambre, et les princes lorrains, les frères François futur duc de Guise, et Charles, cardinal de Guise, futur cardinal de Lorraine.
42
+
43
+ Le nouveau roi, à 28 ans, désire marquer une rupture avec le train de vie de son prédécesseur et un courant d'austérité souffle passagèrement sur la cour royale. Le nombre de dames d'honneur est réduit et l'accès à la personne royale, resserré. Henri II s'entoure de nouveaux conseillers.
44
+
45
+ Poursuivant la politique administrative de son père, Henri II réforme certaines institutions qui contribuent à faire de la France un État puissant au pouvoir centralisé. Henri II ordonne ainsi en 1557 qu'un type unique de poids et mesures soit désormais appliqué à l'ensemble de la banlieue de Paris, puis dans un second temps à tout le ressort du Parlement de Paris, avec dépôt d'un étalon à l'hôtel de ville.
46
+
47
+ Dès le début de son règne, il met en place un véritable système ministériel, généralisant le gouvernement de son père. En 1547, l'administration est supervisée par quatre secrétaires d'État, choisis dans la compagnie des notaires-secrétaires du roi. Ils sont chargés des commandements du roi et plus particulièrement de l'expédition des affaires financières. À l'origine chargés d'un secteur topographique du royaume, ils prennent en 1557 le titre de secrétaire d'État et des finances du roi. Les registres du Trésor royal sont confiés à un contrôleur général. Henri II poursuit également l'unification du système judiciaire avec la création (par l'ordonnance de janvier 1551), des présidiaux, tribunaux intermédiaires entre les parlements et les juridictions inférieures. Ces présidiaux sont composés de 9 juges chacun et sont situés au siège des bailliages et sénéchaussées).
48
+
49
+ En 1553, une ordonnance royale prévoit que les maîtres des requêtes visitent chaque année les provinces.
50
+
51
+ L'année 1555 voit l'institution du Grand Parti de Lyon, un emprunt géant levé auprès des marchands-banquiers de la ville de Lyon (principale place financière du royaume de France) qui refinance à long terme l'ensemble des dettes royales existantes. Le caractère innovant de cet emprunt n'empêche pas les circonstances militaires et politiques de le faire s'achever par une faillite qui entraîne la convocation par le roi des états généraux de Paris en janvier 1558 pour en obtenir le vote d'une contribution.
52
+
53
+ À l'instar de son prédécesseur, Henri II doit faire face à d'importants besoins financiers et suit l'exemple de François Ier en recourant à l'augmentation des impôts existants (tentatives d'uniformisation de la gabelle, création du taillon et application de nouvelles crues de taille, développement des taxes sur les importations[b]). Les mêmes causes produisant des effets similaires, Henri II doit faire face, comme François Ier à La Rochelle en 1542, à une révolte paysanne, la jacquerie des Pitauds, qui contamine les villes, dont Bordeaux. Henri II confie la répression au connétable Anne de Montmorency. La réaction de Montmorency est brutale : la cité perd ses privilèges, est désarmée, doit verser une amende de 200 000 livres, voit son parlement suspendu. 140 personnes sont condamnées à mort. La répression s’étend ensuite dans les campagnes d'alentour où l’on pend les meneurs. En 1549, Henri II amnistie la cité.
54
+
55
+ À l'instar de son père, il veille également à améliorer le recouvrement de l'impôt, et ordonne (édit de janvier 1551) la réunion des 4 trésoriers de France et des 4 généraux des finances en un même corps de trésoriers généraux, dont l'effectif est porté à 17.
56
+
57
+ Après les réformes administratives et fiscales engagées successivement par François Ier et Henri II, l'essentiel des ressources de l'État provient désormais des aides.
58
+
59
+ Dès 1548, Henri II connaît son premier conflit en tant que roi de France. Il se heurte au roi d'Angleterre Édouard VI, qui s'offusque de la réception à la cour de France de Marie Stuart, reine d'Écosse, qui doit épouser le dauphin François. La jeune reine d'Écosse est obligée de se réfugier en France pour échapper aux troupes anglaises qui entendent marier Marie à Édouard VI. Les Écossais, défaits à Pinkie Cleugh, font jouer la vieille alliance avec la France, la Auld Alliance, et Henri II accepte d'accueillir la jeune reine à la cour de France. De plus, Marie Stuart, fille de Marie de Guise, est la nièce des Lorrains, dont l'influence sur Henri II a permis d'arranger ce mariage. En 1549 et 1550, les armées d'Henri II, sous le commandement de François de Guise et de Leone Strozzi, assiègent Boulogne-sur-Mer que les Anglais occupent depuis 1544. Le 24 mars 1550, le traité d'Outreau restitue la ville à la France, et impose la domination d'Henri II en Écosse. Plus tard, en 1558, les troupes du duc de Guise reprennent la ville de Calais, dernière possession anglaise en territoire français.
60
+
61
+ Les relations d'Henri II avec les Habsbourg s'inscrivent dans la continuité de celles de son prédécesseur.
62
+
63
+ Dès 1551, Henri II écoute les princes réformés d'Allemagne, qu'il avait bien connus lorsqu'il était dauphin. En janvier 1552, il reçoit à Chambord le margrave Albert de Brandebourg qui lui suggère d'occuper Cambrai, Verdun, Toul et Metz (ces trois dernières villes constituant les Trois-Évêchés), cités d'Empire de langue française et bénéficiant traditionnellement d'une certaine autonomie. Henri II y prendrait le titre de « vicaire d'Empire ». Le traité de Chambord est signé le 15 janvier 1552, scellant l'alliance d'Henri II avec les princes réformés, contre Charles Quint.
64
+
65
+ Le « voyage d'Allemagne » débute à Joinville, où l'armée française est rassemblée en mars 1552, sous le commandement du connétable de Montmorency et du duc de Guise. Cambrai, Verdun et Toul ouvrent leurs portes sans opposer de résistance ; le 18 avril 1552, Henri II entre dans Metz. En octobre 1552, sur ordre de Charles Quint, Ferdinand Alvare de Tolède, duc d'Albe, met le siège devant Metz, où reste une faible garnison sous les ordres de François de Guise. Le siège dure quatre mois et reste voué à l'échec, ce malgré le déploiement d'importantes forces impériales : 35 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 150 canons.
66
+
67
+ Pour l'Italie comme en d'autres domaines, Henri II tente d'inscrire ses pas dans ceux de son père. Au-delà des motivations italiennes de ses prédécesseurs, il faut rappeler que Catherine de Médicis entretient une cour très italianisée et que les Guise sont alliés à la famille d'Este : François a épousé Anne d'Este, fille du duc de Ferrare.
68
+
69
+ En 1545, le pape Paul III donne le duché de Parme et de Plaisance à son fils Pierre-Louis Farnèse. Après l'assassinat de ce dernier, le duché passe à Octave Farnèse mais reste convoité par Ferrand Gonzague, vice-roi de Milan. Henri II accepte d'intervenir en appui des Farnèse d'autant plus que Jules III, nouveau pape élu, penche nettement du côté de l'Empire. Les troupes royales, commandées par les maréchaux de Brissac et de Thermes, affrontent l'armée impériale augmentée de contingents pontificaux.
70
+
71
+ En avril 1552, une première trêve est négociée par le cardinal François de Tournon. Ce dernier, ambassadeur d'Henri II en Italie de 1551 à 1556, est plus enclin à la diplomatie qu'à la guerre et s'emploie à faire échouer un projet d'expédition contre Naples. Il réussit à faire placer la ville de Sienne, qui a évacué sa garnison espagnole, sous la protection du royaume de France.
72
+
73
+ Les 8 et 9 octobre 1553, une expédition du maréchal de Thermes, qui s'est adjoint l'appui d'une flotte turque, enlève la Corse aux Génois.
74
+
75
+ En 1554, Sienne cherche à en découdre avec Florence. L'armée royale, commandée par Pierre Strozzi, est défaite le 3 août à Marciano della Chiana par l'armée de Florence ; Sienne est assiégée. Défendue par Monluc, la ville tombe le 17 avril 1555 et passe sous contrôle florentin.
76
+
77
+ Le 16 janvier 1556, Charles Quint abdique en faveur de son fils Philippe II mais conserve la couronne impériale qu'il transmet à son frère Ferdinand Ier du Saint-Empire puis se retire au monastère de Yuste. De son côté, le roi de France perd progressivement ses appuis: les princes allemands réformés ont signé la Paix d'Augsbourg leur donnant la liberté de religion et les Turcs se révèlent moins actifs en Méditerranée occidentale. Le nouveau roi d'Espagne et la France signent donc une trêve à l'abbaye de Vaucelles. La trêve est destinée à durer 5 ans et reconnaît à la France ses conquêtes territoriales du Piémont et des Trois-Évêchés. Cet accord souffre néanmoins d'un défaut majeur: tout comme la paix d'Augsbourg, il n'a pas reçu l'aval du pape.
78
+
79
+ Paul IV, élu pape en 1555, est animé d'une haine farouche envers l'Empereur : « Depuis mille ans, il n'est pas né un homme aussi méchant que lui ». Il multiplie les provocations envers Philippe II et envoie son neveu le cardinal Carlo Carafa comme légat à la cour de France en 1556. Ce dernier en revient avec une promesse d'intervention d'Henri II.
80
+
81
+ En novembre 1556, le duc de Guise, auréolé de sa gloire messine, rejoint le maréchal de Brissac en Piémont, avec l'objectif avoué d'enlever Naples aux Espagnols. Les manœuvres de Philippe II et de ses alliés anglais et savoyards au nord de la France remettent rapidement en cause ce plan et François de Guise est contraint de rentrer précipitamment en France après la défaite française de Saint-Quentin. Cette dernière tentative manquée marque la fin des ambitions françaises en Italie, formalisée par le traité du Cateau-Cambrésis par lequel Henri II restitue l'ensemble des possessions françaises dans le pays, y compris la Corse.
82
+
83
+ Philippe II se marie en 1554 avec Marie Tudor, alliance qui lui permet de bénéficier de la puissance maritime de l'Angleterre. Il dispose également aux Pays-Bas d'une armée de 60 000 hommes sous les ordres du duc Emmanuel-Philibert de Savoie. Les alliés profitent du départ de l'armée du duc de Guise pour l'Italie pour lancer l'offensive vers Paris, à travers l'Artois. L'armée française, commandée par le connétable Anne de Montmorency essuie une terrible défaite à Saint-Quentin le 10 août 1557, avec plus de 3 000 morts et plusieurs milliers de prisonniers dont le propre connétable, l'amiral de Coligny et le maréchal de Saint-André[c].
84
+
85
+ Henri II confie au duc de Nevers François de Clèves la constitution d'une nouvelle armée et rappelle le duc de Guise d'Italie pour lui confier les opérations militaires dans le Nord du pays en tant que lieutenant-général du royaume. Guise choisit de marcher sur Calais, qu'il enlève le 6 janvier 1558, puis retourne vers Thionville qu'il atteint le 22 juin et enlève en juillet.
86
+
87
+ L'armée commandée par le maréchal de Thermes est battue à Gravelines par les Espagnols. La route de Paris est ouverte. Henri II réunit alors une armée de 50 000 hommes et se porte à la rencontre de ses adversaires. Mais les Espagnols doivent licencier leur armée, faute d'argent[d].
88
+
89
+ Les Anglais chassés du sol français et les Impériaux repoussés au-delà de la Moselle, l'équilibre est à peu près rétabli. Les deux royaumes n'ont pas vraiment les moyens de continuer la guerre, d'autant que Philippe II, veuf de Marie Tudor depuis le 17 novembre 1558, ne peut plus compter sur les ressources de l'Angleterre. Les deux pays conviennent donc d'un traité de paix signé le 3 avril 1559 au Cateau-Cambrésis. Henri II restitue à Philippe II toutes ses possessions dont le Piémont, la Savoie, et la Bresse, pourtant occupée depuis 30 ans, ainsi que la Corse, mais conserve les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun ainsi que cinq places fortes en Piémont pour trois ans. La paix est sanctionnée par deux mariages :
90
+
91
+ De son côté, la nouvelle reine d'Angleterre, Élisabeth Ire, doit assurer son trône après une succession délicate et n'est pas en mesure de disputer la ville de Calais au roi de France. Par le premier traité du Cateau-Cambrésis, signé les 12 mars et 2 avril 1559, elle permet aux Français de conserver la ville contre une indemnité de 500 000 écus.
92
+
93
+ Sous le règne d'Henri II, la réforme protestante continue de se développer. Sous l'influence de Diane de Poitiers, le roi, fervent catholique, décide de prendre de sévères mesures à l'égard de la nouvelle religion.
94
+
95
+ Dès le 8 octobre 1547, une chambre ardente est constituée au Parlement de Paris, chargée de connaître des procès d'hérésie, avec à sa tête l'inquisiteur Matthieu Ory. En trois ans, elle rend plus de 500 arrêts contre les protestants, et est à l'origine d'une violente répression à leur encontre entre 1547 et 1549.
96
+
97
+ Le 19 novembre 1549, l'édit de Paris rend une partie de leur pouvoir aux juges ecclésiastiques.
98
+
99
+ Le 27 juin 1551, l'édit de Châteaubriant remet aux juges séculiers les causes des « hérétiques » ayant provoqué des troubles et coordonne la répression. Seuls les catholiques sont autorisés à ouvrir des écoles.
100
+
101
+ Il est complété le 24 juillet 1557 de l'édit de Compiègne, qui accentue la répression, y compris contre les catholiques qui aident ou hébergent des protestants.
102
+
103
+ En 1551, dans le contexte de la guerre et de la gestion des affaires italiennes, un violent conflit oppose Henri II au pape Jules III. Le 27 juillet 1551, le pape lance l'anathème contre le roi. En réaction, Henri II rompt toutes ses relations avec la papauté et l'idée d'un schisme, quoique vite écartée, est évoquée. Henri II préfère prendre des mesures de rétorsions. Il interdit le transfert des bénéfices à Rome, il s'oppose à la participation des prélats français au concile de Trente et le 13 août, il déclare la guerre au pape. Inquiet de la rupture engagée, le pape cherche à se réconcilier dès le mois d'octobre.
104
+
105
+ Le roi bénéficie de l'appui du Parlement de Paris, toujours hostile à l'ingérence de Rome dans les affaires françaises. Ainsi, en 1557, celui-ci s'oppose au rétablissement de l'Inquisition dans le royaume.
106
+
107
+ L'attachement du roi à la religion catholique ne l'empêche pas de soutenir les princes réformés d'Allemagne et de maintenir l'alliance avec les Turcs qu'avait initiée François Ier, dans une dynamique propre au XVIe siècle d'affirmation des intérêts de l’État, même contre d'autres monarques catholiques.
108
+
109
+ Malgré tous les édits répressifs, le protestantisme connaît à la fin des années 1550 une croissance exponentielle qu'il n'avait encore jamais connue. Les adhésions se multiplient dans la noblesse. Deux princes du sang, Antoine de Navarre et son frère le prince de Condé, contribuent à diffuser les nouvelles idées en se faisant notamment accompagner dans leurs déplacements par des ministres. Les deux frères participent également aux célébrations du Pré-aux-Clercs organisées à Paris par les protestants en mai 1558 et auxquelles participent plusieurs centaines de personnes. Les premières églises réformées se mettent en place et en mai 1559, a lieu le premier synode national des églises, au Faubourg Saint-Honoré, qui publie la Confession de foi des églises françaises en 40 articles.
110
+
111
+ Un mouvement de sympathie naît au sein-même de la cour, dans l'entourage de la reine, de la sœur du roi, Marguerite et du roi lui-même avec les neveux d'Anne de Montmorency — François d'Andelot, le cardinal de Châtillon et l'amiral Gaspard de Coligny. Comme eux, de nombreux gentilshommes hésitent par fidélité au roi à afficher leurs convictions.
112
+
113
+ La virulence croissante du protestantisme accentue l'aversion des catholiques et renforce les crispations. En septembre 1557, une émeute éclate à Paris rue Saint-Jacques, où des réformés s'étaient rassemblés. En septembre 1557, Henri II est victime d'une tentative d'assassinat par un dénommé Caboche, vite maîtrisé par la garde du roi, et exécuté dans les heures ayant suivi son arrestation, sans procès ni interrogatoire. Cette promptitude à exécuter le régicide entraîne à l'époque la conviction qu'il s'agit d'un attentat commandité par le parti protestant, sans que la preuve ait pu en être apportée.
114
+
115
+ Henri II répond aux tensions religieuses avec l'édit d'Écouen, le 2 juin 1559, qui stipule que tout protestant révolté ou en fuite sera tué, et nomme également des commissaires chargés de poursuivre les réformés. De nombreux parlementaires sont acquis aux idées de la Réforme et, à l'occasion de la mercuriale du 10 juin, le roi embastille ceux qui critiquent ouvertement sa politique de répression. La plupart se rétractent, à l'exception d'Anne du Bourg, qui est brûlé en place de Grève quelques mois après la mort du roi.
116
+
117
+ Henri II s'inscrit également dans la continuité de son père dans son soutien au développement artistique et intellectuel, quoique de façon moins flamboyante. La nouveauté du règne est caractérisée surtout dans la mise en scène du pouvoir royal, par la multiplication des entrées royales et des festivités. La monarchie fait travailler ensemble poètes, architectes, sculpteurs et peintres pour magnifier le pouvoir royal à l'occasion de fêtes éphémères. Pour les entrées royales, des ouvrages sont publiés pour rappeler le souvenir des portes splendidement décorées, tels des arcs de triomphes, parfois accompagnés de poèmes et de musique jouée au passage du roi. Celui-ci fait également appel à des orfèvres réputés pour le faire revêtir de luxueuses armures de parade. Cette politique de mise en scène artistique sera habilement reprise à sa mort par son épouse Catherine de Médicis.
118
+
119
+ Henri II modifie les plans d'aménagement du palais du Louvre tels que conçus quelques années avant la mort de François Ier et confirme l'architecte Pierre Lescot à la tête des travaux. L'architecte de prédilection d'Henri II reste néanmoins Philibert Delorme, le premier à porter le titre d'architecte du roi, qui dirige nombre de projets de construction ou de réaménagements de châteaux (Saint-Maur, Anet, Meudon…), inventeur de l'ordre français. Toujours sur un plan architectural, le règne d'Henri II voit arriver l'ordre colossal en France, introduit par Jean Bullant[e] dans la reconstruction du château d'Écouen ou dans la construction du Petit Château à Chantilly et du Château Neuf à Saint-Germain.
120
+
121
+ Les sculptures de l'aile dite Lescot du Louvre sont l'œuvre de Jean Goujon, sculpteur du roi Henri II. L'autre sculpteur emblématique du XVIe siècle, Germain Pilon se fait une spécialité des sculptures funéraires, avec la réalisation des tombeaux et des gisants des rois de France.
122
+
123
+ La littérature française s'enrichit également de l'œuvre de grands écrivains, tels Michel de Montaigne et Étienne de La Boétie, et d'un nouveau mouvement poétique, la Pléiade, avec Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay…
124
+
125
+ En 1555, un demi-siècle après la découverte du Brésil par Cabral, Henri II charge le vice-amiral de Bretagne Nicolas Durand de Villegagnon de l'installation d'une colonie française dans la baie de Guanabara (au Brésil), reconnue cinq ans auparavant par le navigateur et cartographe Guillaume Le Testu. Des Havrais ont installé un comptoir quelques années plus tôt, proche de l'actuel Cabo Frio, afin de fournir l'industrie drapière de Rouen en Brésil (pau brasil en portugais), dont est tirée une teinture rouge.
126
+
127
+ Accompagné de 600 colons, Villegagnon fonde la France antarctique et fait construire une bourgade, Henryville, et le Fort Coligny pour en défendre l'accès. Villegagnon a lancé son expédition avec d'importantes difficultés de recrutement et doit faire face à des défections dues à sa rigueur morale, opposée aux relations charnelles entre colons et indiennes tupinambas. Il renvoie Le Testu en France pour solliciter des renforts. L'amiral Gaspard de Coligny accède à cette requête qui rejoint son objectif de créer une colonie protestante dans cette région du monde. Trois navires quittent Honfleur le 19 novembre 1556 avec à leur bord un groupe de réformés, dont le pasteur Jean de Léry.
128
+
129
+ Ce dernier évoque, dans son récit, les dissensions continuelles au sein de la colonie, notamment ses affrontements avec André Thevet, moine franciscain et aumônier de l'expédition initiale de Villegagnon. Les divisions religieuses de la communauté profitent aux Portugais qui, en 1560, prennent et détruisent le fort Coligny et signent la fin de la première aventure française en Amérique du Sud[f]. Les premiers échantillons de pétun (tabac ou herbe angoumoisine) auraient été ramenés en France par Thevet à l'occasion de ces voyages, bien que la diffusion de l'usage de cette plante soit imputée à Jean Nicot, qui en a ramené de Lisbonne et en a vanté les propriétés curatives à Catherine de Médicis.
130
+
131
+ L'extension territoriale réalisée sous François Ier, la brièveté du règne d'Henri II et le succès relatif de ses campagnes militaires expliquent la faible évolution du territoire de la Couronne à la mort du roi. Il convient néanmoins de mentionner l'union de la Bretagne à la France, effective du fait du sacre d'Henri, déjà duc de Bretagne, bien qu'elle soit logiquement portée au crédit de François Ier.
132
+
133
+ Les territoires italiens et savoyards, ainsi que la Corse, sont perdus à la suite des défaites de Saint-Quentin et Gravelines. Les seuls succès en la matière sont donc l'annexion des Trois-Évêchés en 1555 et celle des comtés de Calais et d'Oye en 1558.
134
+
135
+ Bien que longtemps considérée comme stérile, Catherine de Médicis donne à Henri II dix enfants, dont trois morts en bas âge :
136
+
137
+ Il a également des enfants illégitimes :
138
+
139
+ À l'occasion du double mariage d'Élisabeth de France avec Philippe II d’Espagne et de Marguerite de France, sœur du roi, avec le duc de Savoie, un tournoi est organisé le 30 juin 1559 rue Saint-Antoine, la plus large rue de Paris à l’époque[g], car elle a déjà les dimensions qu’on lui connaît de nos jours.
140
+
141
+ Au cours d’une joute se déroulant devant l’hôtel de Sully (soit au niveau de l’actuel numéro 62), Henri II est grièvement blessé d’un coup de lance accidentel par Gabriel de Lorges, comte de Montgommery, capitaine de sa garde écossaise. Il est transporté à l’hôtel des Tournelles, résidence royale toute proche située à l'emplacement de l'actuelle place des Vosges. Malgré les soins des médecins (dont François Pidoux) et des chirurgiens royaux (dont Ambroise Paré), autorisés à reproduire la blessure sur des condamnés à mort afin de mieux la soigner, ainsi que d'André Vésale, chirurgien particulier de Philippe II d’Espagne appelé d'urgence de Bruxelles au chevet du blessé, le roi meurt dans d'atroces souffrances le 10 juillet.
142
+
143
+ Les entrailles et le cœur du monarque furent portés à l'église des Célestins, tandis que le corps était embaumé. Le 29 juillet, on exposa l'effigie du roi sur une estrade haute de quatre marches, surmontée d'un dais. Paré des ornements royaux (la couronne fermée, la tunique de satin violet semée de fleur de lys, le manteau fourré d'hermine), tandis que le sceptre et la main de justice étaient placés de part et d'autre, le mannequin témoignait de l'éclat permanent de la dignité royale. Pendant six jours, on servit les repas comme s'il s'agissait d'un être vivant. Le 5 août, l'effigie fut enlevée. Le cercueil abritant le corps périssable du monarque était désormais exposé seul, sur de simples tréteaux. Le 11 août, l'effigie et le corps furent portés solennellement à la cathédrale Notre-Dame, où l'on célébra deux jours des messes de requiem et enfin le 13 août, le cortège funèbre se rendit à Saint-Denis.
144
+
145
+ Plusieurs astrologues auraient conseillé au roi d'éviter tout combat singulier[h]. Le quatrain I-35, par lequel Nostradamus aurait anticipé la mort de Henri II, est l'un de ses plus célèbres, mais ni Nostradamus ni ses contemporains n'ont relié le quatrain à l’événement[7],[8] :
146
+
147
+ « Le lion jeune le vieux surmonteraEn champ bellique par singulier duelle,Dans cage d'or les yeux lui crèvera,Deux classes une puis mourir mort cruelle. »
148
+
149
+ Au cours de la Révolution française, son tombeau en la basilique Saint-Denis fut profané. Le vendredi 18 octobre 1793, son cercueil fut extrait du caveau des Valois et son corps jeté dans une fosse commune. Son gisant, le représentant aux côtés de Catherine de Médicis, réalisé par Germain Pilon en 1565 est encore visible dans la basilique.
150
+
151
+ Un monument funéraire appelé les Trois Grâces[i], contenant le cœur du roi, et conservé au musée du Louvre, est resté érigé jusqu'à la Révolution dans la chapelle d'Orléans de l'église du couvent des Célestins à Paris. À la Restauration, le vase de cuivre contenant la relique est remplacé par une copie en bois.
152
+
153
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
154
+
155
+ François II, fils aîné d'Henri II, lui succède à l'âge de 15 ans.
156
+
157
+ Ronsard a célébré Henri II dans Les Hymnes de 1555. Le poète avait déjà écrit une Avant-entrée du Roi très chrestien à Paris pour l'entrée solennelle du 16 juin 1549.
158
+
159
+ Si vous connaissez le sujet dont traite l'article, merci de le reprendre à partir de sources pertinentes en utilisant notamment les notes de fin de page. Vous pouvez également laisser un mot d'explication en page de discussion (modifier l'article).
160
+
161
+ Comme de nombreux princes de la Renaissance, Henri II utilise une emblématique riche et variée. Sa principale devise personnelle lui vient de sa jeunesse. Il s'agit du croissant ou plus souvent du triple croissant entrelacé, associé à la phrase latine donec totum impleat orbem (jusqu'à ce qu'il emplisse le monde entier). Le croissant provient-il de la brisure des Valois-Angoulême, qui rompaient les armes de France d'un lambel d'argent chargé de trois croissants de gueules ? Comme souvent, ce corps de devise formait un jeu de mot avec la sentence : à l'origine, il soulignait le fait que le jeune prince n'était que le dauphin et ne jouissait donc pas de la plénitude de son pouvoir. Le croissant était certes un cercle évidé, inachevé, mais il fallait également le prendre à son sens littéral. La gloire des trois croissants avait ainsi vocation à s'accroître jusqu'à s'étendre au monde entier, orbem signifiant à la fois cercle et monde. Cette devise s'inscrivait dans la tradition impériale et providentialiste de la dynastie. Mais le croissant est aussi l'emblème de Diane chasseresse, bien entendu utilisé par Diane de Poitiers, y compris dans sa forme entrelacée…
162
+
163
+ Le monogramme forme un autre élément important de l'emblématique henricienne. Il est composé d'un H et de deux C. Les deux C sont entrelacés dos à dos avec le H. Le problème est que les branches des C ne dépassent pas les jambages du H, de sorte qu'on lit plus facilement D que C. Belle ambigüité qui semble voulue mais dont Catherine n'a pas été dupe. Après la mort d'Henri II, elle a fait redessiner le chiffre avec les extrémités des C qui dépassent nettement les jambages du H, de sorte que plus aucune confusion n'est possible.
164
+
165
+ Honoré de Balzac, dans Sur Catherine de Médicis (1841-1843) refuse de croire qu'on ait pu vouloir mettre l'initiale de Diane[9] :
166
+
167
+ « C’est ici le lieu de détruire une de ces opinions populaires erronées que répètent quelques personnes, d’après Sauval d’ailleurs. On a prétendu que Henri II poussa l’oubli des convenances jusqu’à mettre le chiffre de sa maîtresse sur les monuments que Catherine lui conseilla de continuer ou de commencer avec tant de magnificence. Mais le double chiffre qui se voit au Louvre dément tous les jours ceux qui sont assez peu clairvoyants pour donner de la consistance à ces niaiseries qui déshonorent gratuitement nos rois et nos reines. L’H de Henri II et les deux C adossés de Catherine, paraissent aussi former deux D pour Diane. Cette coïncidence a dû plaire à Henri II, mais il n’en est pas moins vrai que le chiffre royal contenait officiellement la lettre du roi et celle de la reine. Et cela est si vrai, que ce chiffre existe encore sur la colonne de la Halle au Blé, bâtie par Catherine seule. On peut d’ailleurs voir ce même chiffre dans les caveaux de Saint-Denis sur le tombeau que Catherine se fit élever à elle-même de son vivant à côté de celui de Henri II, et où elle est représentée d’après nature par le sculpteur pour qui elle a posé. »
168
+
169
+ Croissants et monogrammes sont les éléments les plus souvent employés. On les trouve fréquemment sur les monnaies[10]. Les commandes royales en regorgent, que ce soient les reliures de la bibliothèque royale, les décors sculptés du Louvre de Pierre Lescot ou les bronzes du château de Fontainebleau.
170
+
171
+ La relation avec Diane forme un autre pôle important de la mythologie développée par Henri II et l'emblématique qui en découle. Prenant prétexte de sa passion pour la chasse, Henri II fait réaliser de nombreux décors en rapport avec la déesse antique de la chasse, Diane. Les arcs et les flèches, les cerfs et les chiens, caractéristiques de la divinité, sont très fréquents dans l'emblématique henricienne. On les retrouve ainsi dans les vitraux que le roi offrit à la Sainte-Chapelle de Vincennes ou au plafond de l'escalier Henri II du Louvre.
172
+
173
+ « Reste à avoir bon cœur et ne s'étonner de rien », écrit après la bataille de Saint-Quentin remportée par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie.
174
+
175
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2532.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,162 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri III[n 1], né le 19 septembre 1551 à Fontainebleau et mort assassiné le 2 août 1589 à Saint-Cloud, est roi de Pologne sous le nom d'Henri Ier (Henryk en polonais) de 1573 à 1575 et roi de France de 1574 à 1589. Il est le dernier roi de la dynastie des Valois.
6
+
7
+ Quatrième fils du roi Henri II et de la reine Catherine de Médicis, Henri n'est pas destiné à la couronne. Sous le règne de son frère Charles IX, il s'illustre comme chef de l'armée royale en remportant sur les protestants les batailles de Jarnac et de Moncontour. À l'âge de 21 ans, il se porte candidat pour le trône vacant de Pologne et le 11 mai 1573, il est élu sous le nom d'Henryk Walezy, roi de Pologne et grand-duc de Lituanie. Son règne ne dure pas plus d'un an, puisqu'à l'annonce de la mort de son frère, décédé sans descendant mâle, il abandonne son royaume pour lui succéder sur le trône de France.
8
+
9
+ En devenant roi de France, Henri III hérite d'un royaume divisé où son autorité n'est que partiellement reconnue. Son règne est marqué par de sérieux problèmes religieux, politiques et économiques. Quatre guerres de Religion se déroulent sous son règne. Henri III doit faire face à des partis politiques et religieux soutenus par des puissances étrangères, qui finissent par venir à bout de son autorité, le parti des Malcontents, le parti des protestants et pour finir celui de la Ligue qui parvient à le faire assassiner. Il meurt à Saint-Cloud le 2 août 1589 après avoir été poignardé par le moine Jacques Clément.
10
+
11
+ Son emblème est constitué de trois couronnes[1] symbolisant les royaumes de France et de Pologne ainsi qu'une devise qui explique la troisième couronne : « Manet ultima cælo » (« La dernière se trouve au ciel »).
12
+
13
+ Quatrième fils du roi Henri II et de la reine Catherine de Médicis, le nouveau-né est initialement baptisé le 5 décembre dans la chapelle haute Saint-Saturnin sous le prénom d'Alexandre Édouard (prénoms de ses deux parrains, le cardinal Alexandre Farnèse, allié des Français en Italie, et le jeune roi Édouard VI d'Angleterre)[2], et titré duc d'Angoulême. En 1560, à l'avènement de son frère Charles IX, il devient duc d'Orléans. Il prend lors de sa confirmation à Toulouse, le 17 mars 1565, le prénom de son père : Henri[3]. Le 8 février 1566, il devient duc d'Anjou.
14
+
15
+ Jusqu'à la mort de son père, Henri grandit avec ses frères et sœurs aux châteaux de Blois et d'Amboise. Au sortir de la petite enfance, il est confié à deux précepteurs connus pour leur humanisme, Jacques Amyot et François de Carnavalet. C'est auprès d'eux qu'il apprend à aimer les lettres et les discussions intellectuelles[4].
16
+
17
+ Il exerce très tôt son rôle de prince royal. À 9 ans, il siège à côté de son frère le roi Charles IX aux états généraux de 1560. Il l'accompagne ensuite dans son grand tour de France et en 1565, à l'âge de quatorze ans, il se voit chargé, à l'occasion de l'entrevue de Bayonne d'aller en Espagne chercher sa sœur la reine Élisabeth.
18
+
19
+ En grandissant, il devient l'enfant préféré de sa mère Catherine de Médicis qui désire qu'Henri devienne le plus ferme appui de la royauté. Le 12 novembre 1567, jour de la mort du connétable Anne de Montmorency, le jeune prince est nommé lieutenant-général du Royaume, haute charge militaire qui fait de lui le chef des armées royales. À seize ans, le duc d'Anjou devient ainsi « une sorte d’alter ego du monarque », destinataire des doubles de toutes les dépêches. Bien qu'Henri commande officiellement l'armée, l'autorité effective reste toutefois assumée par Gaspard de Saulx-Tavannes, lieutenant général de Bourgogne et seigneur catholique rompu à l'art de la guerre[5]. Cette nomination contrarie les ambitions politiques du prince Louis de Condé, qui convoitait également cette charge. Leur mauvaise entente pousse Condé, également chef des protestants, à quitter la cour et à rouvrir les hostilités.
20
+
21
+ Henri s'investit alors personnellement durant les deuxième et troisième guerres de Religion. Adroitement conseillé par Gaspard de Saulx-Tavannes, il s'illustre en remportant la bataille de Jarnac, au cours de laquelle Condé est assassiné en 1569 par le capitaine des gardes du duc d'Anjou, puis de Moncontour. Henri laisse la dépouille princière être tournée en ridicule par le peuple et promenée pendant deux jours sur une ânesse, s'attirant ainsi la rancœur d'Henri Ier de Bourbon-Condé, le fils et successeur de Louis.
22
+
23
+ Les hauts faits militaires d'Henri durant la guerre ont développé sa réputation en Europe tout en attisant la jalousie du roi son frère, à peine plus âgé que lui. Sa grâce et sa popularité, ainsi que son ingérence politique, irritent Charles IX, avec qui Henri s'entend de plus en plus mal.
24
+
25
+ Très tôt, le duc d'Anjou est confronté à la politique. Plus proche des Guise que des Montmorency, il prône au sein du conseil royal — où sa mère l'a introduit — une politique de rigueur contre les protestants. Son ambition de gouverner et ses aptitudes à le faire font de lui, aux yeux de ses contemporains, un successeur potentiel très attendu. Catherine de Médicis nourrit l'ambition de lui faire épouser une haute princesse, mais Henri n'a d'yeux que pour la belle Marie de Clèves. Tandis que la reine mère persiste à vouloir donner à son fils une couronne royale en Europe, les tractations avec Élisabeth Ire, reine d'Angleterre, échouent à cause des exigences religieuses du prince.
26
+
27
+ Durant les épisodes de la Saint-Barthélemy, Henri prend parti pour une action contre les chefs protestants : s'il n'est pas possible de prouver sa présence dans les rues au moment du massacre, il est en revanche certain que ses hommes participent activement au meurtre des militaires protestants[n 3],[6],[7].
28
+
29
+ En janvier 1573, le roi lui confie le commandement de l'armée pour s'emparer de la ville de La Rochelle, capitale du protestantisme français. Malgré les moyens utilisés, le siège s'avère un échec. Les pertes du côté catholique sont importantes et Henri lui-même est blessé. La trêve est sonnée quand Henri apprend de sa mère qu'il a été élu roi de Pologne.
30
+
31
+ La reine Catherine envoie l'évêque de Valence, Jean de Monluc, accompagné de son secrétaire Jean Choisnin, conseiller du roi, en ambassade extraordinaire pour soutenir devant la Diète la candidature de son fils au trône polonais, lors de l'élection libre de 1573. Grâce à son talent de diplomate, l'évêque iréniste Monluc réussit à convaincre les 40 000 nobles électeurs (catholiques et calvinistes, malgré la nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy qui compromet les chances d'Henri)[8]. Le 11 mai 1573, Henri est élu roi de la Rzeczpospolita de Pologne-Lituanie sous le nom d'Henri de Valois (Henryk Walezy). Le 19 août 1573, une grande délégation polonaise composée de 10 ambassadeurs et 250 gentilshommes est expédiée en France pour aller le chercher. Le nouveau roi est obligé de signer la première Pacta Conventa et Les Articles du Roi Henry (Artykuły Henrykowskie), que tous les souverains polono-lituaniens de l’avenir auront à respecter. Selon ces documents Henri doit arrêter les persécutions contre les protestants en France et estimer la tolérance religieuse en Pologne conforme à la Confédération de Varsovie (Konfederacja Warszawska, 1573). Henri, aucunement pressé de quitter la France, fait traîner son départ mais doit s'exécuter devant les exigences du roi son frère, à qui il fait ses adieux en décembre 1573.
32
+
33
+ Parti de Fontainebleau, il arrive à Cracovie le 18 février 1574 après une traversée assez difficile des pays allemands. Il est accompagné par une troupe nombreuse de gentilshommes de qualité : Albert de Gondi, René de Villequier, Louis de Gonzague, Charles de Mayenne, François d'O[9].
34
+
35
+ Le 21 février, le jeune prince de 23 ans est sacré roi dans la cathédrale Saint-Stanislas[10], mais refuse d'épouser Anna Jagellon, sœur de Sigismond II Auguste, une femme quinquagénaire qu'il juge « laide »[11].
36
+
37
+ Il apprend par une lettre le 14 juin 1574 la mort de son frère Charles, et songe alors à quitter la Pologne. Un roi de Pologne ne jouit pas d'autant de pouvoir qu'un roi de France et Henri regrette la cour de France réputée dans toute l'Europe pour ses fêtes. Sans la permission de la diète de Pologne, il s'échappe en catimini dans la nuit du 18 juin 1574 du palais royal du Wawel.
38
+
39
+ À bien des égards, la culture polonaise a eu une influence positive sur la France.[non neutre] À Wawel, les Français ont été initiés aux nouvelles technologies des installations septiques, dans lesquelles la litière (excréments) a été emportée à l'extérieur des murs du château. De retour en France, Henri a voulu ordonner la construction de telles installations au Louvre et dans d'autres palais.[source insuffisante] D'autres inventions introduites aux Français par les Polonais comprenaient un bain avec eau chaude et froide réglementée, ainsi que des fourchettes à manger[12],[13],[14],[15],[16],[17].
40
+
41
+ Après un interrègne de dix-huit mois, la diète élit un nouveau roi de Pologne en la personne d'Étienne Báthory, prince de Transylvanie (1575).
42
+
43
+ Henri arrive à Vienne en Autriche, le 23 juin où il rencontre l'empereur Maximilien II. La capitale autrichienne l'accueille avec faste et il y dépense près de 150 000 écus. Il atteint ensuite l'Italie et s'y arrête plus longuement.
44
+
45
+ La magnificence avec laquelle la république de Venise le reçoit, à son tour, émerveille le jeune souverain. Il a peut-être là une brève liaison avec la courtisane Veronica Franco.
46
+
47
+ Il passe ensuite à Padoue, Ferrare et Mantoue. En août, il est à Monza où il rencontre Charles Borromée qui l'impressionne vivement. À Turin, il retrouve sa tante Marguerite de France, puis le duc de Savoie vient le chercher pour l'emmener à Chambéry. Il traverse donc les Alpes à bord d'une litière vitrée. Il rapporte certaines modes, notamment - selon la légende - celle de la fourchette[19].
48
+
49
+ Il arrive à Chambéry le 2 septembre 1574 où il retrouve son frère François d'Alençon et son cousin Henri de Navarre. Le 6 septembre il est accueilli à Lyon par sa mère. Il souhaite l'annulation du mariage de Marie de Clèves afin de l'épouser, mais le 30 octobre, alors qu'il vient d'arriver à Avignon, il apprend la mort de celle-ci. Cette nouvelle l'anéantit et il refuse de s'alimenter pendant dix jours.
50
+
51
+ Le 13 février 1575, Henri troisième du nom, est sacré dans la cathédrale de Reims par le cardinal de Guise. Lors du sacre, la couronne de sacre manque à plusieurs reprises de tomber de la tête du nouveau souverain, et les célébrants oublient de faire jouer le Te Deum. Le 15 février, il épouse Louise de Vaudémont-Nomény, princesse de Lorraine. Il n'a pas d'enfant de ce mariage d'amour[20].
52
+
53
+ Dès son avènement, Henri III se voit confronté à la guerre menée par Henri de Montmorency, comte de Damville, dit roi du Languedoc. À la Cour, il doit faire face aux complots fomentés par son frère François d'Alençon, qui mène le parti « des Malcontents », et le roi de Navarre, le futur Henri IV, lesquels finissent par s'enfuir de la cour et prendre les armes. Tandis qu'Alençon s'allie avec le parti protestant, le roi de Navarre retourne à la religion calviniste. La campagne qui s'engage alors s'avère désastreuse pour le roi. Le prince de Condé a fait appel au fils du comte palatin du Rhin Jean Casimir, qui vient avec ses mercenaires menacer Paris. Malgré la victoire du duc de Guise à Dormans sur l’avant-garde, Henri III doit s'incliner. Le 6 mai 1576, il accorde l'édit de Beaulieu, autrement appelé la paix de Monsieur dont son frère François sort principal gagnant. Henri III lui accorde le titre de duc d'Anjou. Les protestants obtiennent quant à eux de très nombreux avantages, ce qui renforce la rancœur des catholiques et contribue à faire naître les premières ligues.
54
+
55
+ Humilié, Henri III ne cherche qu'à prendre sa revanche. Il doit tout d'abord réunir à la fin de l'année les états généraux à Blois dans le but de combler les déficits budgétaires causés par la guerre. Sous la pression des députés catholiques, Henri III décide de reprendre la guerre contre les protestants. Auparavant, il a pris soin de se réconcilier avec son frère qui, comblé de bienfaits, marche à ses côtés. Henri de Montmorency se rallie également à la cause royale. Ainsi débute la 6e guerre de Religion qui se déroule principalement en Languedoc. La ville de Montpellier, prise par les protestants, voit sa citadelle rasée par les troupes catholiques. Le 17 septembre 1577, la paix de Bergerac est signée entre les belligérants et l'édit de Poitiers restreint quelque peu les libertés accordées aux protestants dans l'édit précédent.
56
+
57
+ Henri III laisse à sa mère Catherine de Médicis le soin de parfaire la paix. Elle effectue un séjour à Nérac où elle réconcilie le couple Navarre et signe le 28 février 1579, un édit accordant aux protestants trois places de sûreté en Guyenne et onze places en Languedoc, pour une durée de six mois. Elle entame ensuite un grand tour du royaume de France.
58
+
59
+ Les efforts de la reine-mère n'empêchent pas la guerre de se rallumer très brièvement. En 1580, la 7e guerre de Religion appelée « guerre des Amoureux », éclate en France. Elle sera de très courte durée et le frère du roi François, duc d'Alençon et d'Anjou, négocie la paix du Fleix le 26 novembre 1580. Les négociateurs prévoient une trêve de six ans.
60
+
61
+ Toujours sur les conseils de sa mère, Henri III soutient les ambitions du duc d'Alençon aux Pays-Bas, tout en le désavouant devant l'ambassadeur espagnol. Conscient des fragilités du pays, le roi ne veut pas se risquer à un conflit ouvert avec l'Espagne. Ses relations avec Philippe II d'Espagne sont alors au plus bas. En 1582, la France soutient Antoine, prétendant au trône du Portugal, alors que Philippe II occupe le pays. Commandée par Philippe Strozzi, la flotte française est lourdement mise en échec à la bataille des Açores, permettant l'annexion de l'Empire portugais par l'Espagne. Les Français sont exécutés sans pitié et Strozzi trouve la mort.
62
+
63
+ La même année, les Français échouent également aux Pays-Bas avec la retraite désastreuse de François d'Anjou. Après la furie française d'Anvers, le prince français doit se retirer faute de moyens, ce qui amène les Espagnols à reprendre le contrôle de la Flandre, qu'ils avaient perdu. Devant la montée en puissance de l'Espagne, Henri III resserre plus que jamais l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre et reçoit l'ordre de la Jarretière.
64
+
65
+ Henri III est un chef d'État qui aime prendre connaissance des affaires du royaume et entend être au courant de tout. Dans son conseil, il s'entoure de juristes compétents, comme le comte de Cheverny ou Pomponne de Bellièvre.
66
+
67
+ À la cour, il aime promouvoir des hommes de noblesse moyenne, à qui il va donner de très hautes responsabilités, à l'image des ducs de Joyeuse et d'Épernon. Henri III veut s'appuyer sur ces hommes neufs, qui lui sont complètement dévoués, pour régner. De cette façon, Henri III marginalise les plus grandes familles nobles, qui pourraient constituer un obstacle au pouvoir royal. Sa cour voit donc apparaître des favoris qui connaissent, grâce au roi, une fortune fulgurante et qu'on va appeler vulgairement les mignons. Pour concrétiser ce projet, il crée, en 1578, l'ordre du Saint-Esprit, un ordre de chevalerie très prestigieux qui rassemble autour de la personne royale les gentilshommes les plus distingués de la haute société.
68
+
69
+ Le roi aime impressionner ses sujets et organise des fêtes somptueuses, comme celles données en l'honneur du duc de Joyeuse en 1581. À cette occasion, on joue à la cour le somptueux Ballet comique de la reine.
70
+
71
+ Le souverain offre également d'importantes sommes d'argent, en récompense, aux serviteurs les plus zélés. Toutes ces dépenses, fortement critiquées ne manquent pas d'approfondir la dette du Royaume mais, pour le roi, qui n'hésite pas à emprunter d'importantes sommes au Grand Prévôt Richelieu (père du cardinal de Richelieu) ou au financier Scipion Sardini, la restauration de la puissance royale demeure la priorité.
72
+
73
+ Par ailleurs, Henri III organise plusieurs réformes importantes, notamment des réformes monétaires devant régler les problèmes financiers du Royaume.
74
+
75
+ Le souverain rend également l'étiquette de la cour plus stricte, préfigurant ainsi celle de Versailles un siècle plus tard. Comme Louis XIV ultérieurement, Henri III cherche à mettre sa majesté en valeur. C'est ainsi qu'apparaissent les barrières qui empêchent les courtisans de s'approcher de la table et du lit royal[21].
76
+
77
+ La paix relative accommodée pendant quelques années dans le Royaume se voit minée lorsque François, le frère du roi, meurt de tuberculose en 1584 sans enfant. Henri III lui-même ne parvient pas à en avoir. Enceinte au début de son mariage, la reine Louise n'a conçu que de faux espoirs. La dynastie des Valois est donc condamnée à s'éteindre. Selon la loi salique, l'héritage de la couronne reviendrait à la maison de Bourbon dont le chef, protestant, s'avère Henri, roi de Navarre. Pour les catholiques, l'accession au trône d'un huguenot demeure rédhibitoire ; même la réconciliation entre le roi de France et le roi de Navarre est inacceptable.
78
+
79
+ Le duc de Guise, craignant l'arrivée sur le trône d'Henri de Navarre, signe avec l'Espagne un traité secret. Contre 50 000 écus mensuels, le duc s'engage à empêcher Henri de devenir roi de France et à placer plutôt le cardinal de Bourbon, catholique, sur le trône.
80
+
81
+ Sous la pression de la Ligue et de son chef, le très populaire duc de Guise, Henri III se voit contraint de signer le traité de Nemours le 7 juillet 1585. Le roi s'y engage à « bouter les hérétiques hors du royaume » et à faire la guerre à Henri de Navarre, son propre héritier. La huitième et dernière guerre de Religion commence. On la nomme « guerre des Trois Henri », car Henri de Guise, Henri III de France, et Henri III de Navarre incarnent les trois belligérants.
82
+
83
+ En février 1587, Henri reçoit une lettre de Marie Stuart sur le point d'être exécutée par Élisabeth Ire, reine d'Angleterre. Quelque temps plus tard, la France rend hommage à son ancienne reine, Marie. En mars 1587, alors qu'il est en visite à Saint-Germain-en-Laye, Henri III manque de se faire enlever par la faction de la Ligue catholique et du roi d'Espagne. Cette conspiration bientôt découverte, échoue[22],[23].
84
+
85
+ Le 20 octobre 1587, à la bataille de Coutras, les troupes catholiques du roi dirigées par le duc de Joyeuse se heurtent à celles d'Henri de Navarre, en route depuis La Rochelle pour rallier une armée de 35 000 huguenots qui doit marcher sur Paris. Pour l'armée catholique, la confrontation tourne à la catastrophe : 2 000 de ses soldats y périssent, alors qu'Henri de Navarre n'en perd que quarante. Le duc de Joyeuse est tué, ainsi que son frère Claude de Saint-Sauveur.
86
+
87
+ Les ambitions de la Ligue catholique et l'ampleur du mouvement qu'elle représente font ombrage au roi qui la prend en haine. Henri III tente par tous les moyens de freiner son expansion. Très vite, un fossé se creuse entre lui et les milieux catholiques urbains. Les catholiques lui reprochent son manque de vitalité et d'utilité dans la guerre contre les protestants. Henri III, en effet, se préoccupe davantage des ambitions de la Ligue que des protestants. L'image du roi, ridiculisé par les pamphlets de la Ligue et par les sermons des curés parisiens, se détériore considérablement dans les milieux populaires. Le 8 mai 1588, le duc de Guise, malgré l'interdiction qui lui en avait été faite, entre à Paris. Craignant une prise de pouvoir des ultra-catholiques, Henri III fait, le 12 mai, entrer les Suisses et les Gardes-Françaises dans la capitale, ce qui déclenche une insurrection[25]. C'est la journée des barricades. Le 13 mai 1588, le roi quitte Paris pour Chartres.
88
+
89
+ Le 1er août 1588, Catherine de Médicis et Henri de Guise se rendent à Chartres et demandent au roi de revenir à Paris. Il refuse. Dissimulant son intention de se débarrasser de la Ligue, il signe à Rouen l'édit d'union qui fait siennes les intentions de la Ligue. Dans le but d'obtenir des crédits pour poursuivre la guerre, il convoque les états généraux à Blois et congédie les membres de son conseil les plus fidèles, Bellièvre, Cheverny et Villeroy, même le duc d'Épernon, bête noire de la Ligue, est officiellement disgracié.
90
+
91
+ Croyant rétablir son autorité par un « coup de majesté », il fait assassiner[n 4] le duc de Guise le 23 décembre au matin et le lendemain, son frère le cardinal de Guise, jugé aussi dangereux que son frère, à coups de hallebarde. À Blois, il fait arrêter les ligueurs et les membres de la famille des Guise. Le 5 janvier 1589, il est au chevet de sa vieille mère qui meurt dans la nuit. L'assassinat du duc de Guise provoque le soulèvement immédiat de la France ligueuse. À Paris, la Sorbonne délie de son serment de fidélité le peuple de France, alors que les prêcheurs appellent au meurtre. Toutes les villes et les provinces suivent, à l’exception de Tours, Blois et Beaugency, proches du roi, et Bordeaux (tenue par Matignon), Angers (d’Aumont) et le Dauphiné (d’Ornano)[26]. Abandonnant Blois, le roi se réfugie à Tours le 6 mars 1589. Isolé, traqué par le duc de Mayenne près d’Amboise, Henri III se voit contraint de se réconcilier et de traiter avec le roi de Navarre le 3 avril 1589. Les deux hommes (Henri III et Henri de Navarre futur Henri IV) se rencontrent au Plessis-lèz-Tours le 30 avril 1589. Troupes royales et troupes protestantes s'unissent alors pour combattre la Ligue. Henri de Navarre s'étant porté sur Chinon, le chef de la Ligue Charles de Mayenne lance son offensive contre Tours le 8 mai 1589. Alors qu'il s'est rendu à l'abbaye de Marmoutier, sur la rive droite de la Loire, pour entendre la messe, Henri III manque d'être surpris par l'avant-garde ligueuse menée par le chevalier d'Aumale. Les assaillants donnent l'assaut contre le faubourg Saint-Symphorien, qui est sauvagement pillé. Dans les Îles de la Loire et sur le pont, l'engagement se montre d'une extrême violence. Bien que les royaux aient perdu deux fois plus d'hommes que les ligueurs, ils restent maîtres de la ville de Tours grâce aux renforts huguenots de François de Coligny (fils du fameux amiral Gaspard II de Coligny). Les royalistes se rallient peu à peu, et permettent aux rois de France et de Navarre de faire campagne pour aller assiéger Paris, plongé dans un délire fanatique[27]. Les deux rois ont réuni une armée de plus de 30 000 hommes qui s'apprête à assiéger la capitale. Le duc d'Épernon les rejoint avec un renfort de 15 000 hommes principalement composés de Suisses. Paris est alors défendue par 45 000 hommes de la milice bourgeoise, armée par le roi d'Espagne Philippe II.
92
+
93
+ Installé à Saint-Cloud dans l'attente du siège de Paris, ce 1er août 1589, vers huit heures du matin, Henri III accueille sur sa chaise percée[28],[n 5] le procureur général accompagné d’un moine dominicain ligueur, Jacques Clément, qui se dit porteur de nouvelles en provenance du Louvre. Devant l'insistance du religieux à vouloir parler en privé avec le souverain, Roger de Bellegarde, premier gentilhomme de la Chambre, laisse le moine s'approcher du roi. Selon les versions des chroniqueurs de l'époque, le roi reste sur sa chaise percée ou se lève pour s'entretenir dans l'embrasure d'une fenêtre[29],[30]. Jacques Clément en profite pour frapper le roi au bas ventre avec le couteau qu'il tient dissimulé sous son habit. Henri III s'exclame : « Ah, mon Dieu ! », puis arrache le couteau de son intestin perforé et frappe son assaillant au visage en s'écriant : « Méchant, tu m'as tué ! »[31]
94
+
95
+ Au bruit, les gardes du roi, les fameux Quarante-cinq, accourent, transpercent le moine de leurs épées et le jettent par la fenêtre. Dans un premier temps, les médecins minimisent la gravité de la blessure, remettent les intestins en place et recousent la plaie. Henri III parvient à dicter des lettres aux villes qui lui obéissent afin de couper court aux rumeurs. À sa femme restée à Chenonceau, il affirme même que dans quelques jours, il pourra monter de nouveau à cheval. Toutefois, à l'occasion d'une visite de son cousin Henri de Navarre, le roi de France aurait harangué ses serviteurs de respecter les règles de passation de pouvoir en reconnaissant le roi de Navarre comme son successeur légitime[32].
96
+
97
+ Cependant, le soir venu, la péritonite progresse et ses souffrances augmentent. Après une douloureuse agonie, il meurt le 2 août 1589 vers 3 heures du matin. Henri de Navarre lui succède sous le nom d'Henri IV.
98
+
99
+ Henri III est le dernier souverain de la maison capétienne de Valois, laquelle a régné sur la France de 1328 à 1589.
100
+
101
+ « Ce Roy étoit un bon prince, s’il eût rencontré un meilleur siècle. »[33] Ce sont les mots utilisés par le chroniqueur Pierre de L'Estoile à la mort du roi pour rappeler qu'en dépit de sa personnalité particulière et de l'explosion de haine qu'il a pu susciter, Henri III avait démontré aussi ses qualités. Aujourd'hui encore, sa personnalité fait l'objet de discussions, notamment à propos de sa sexualité.
102
+
103
+ Henri III s'affirme comme un homme de contrastes, présentant plusieurs facettes. Fier, il se distingue par des manières distinguées et solennelles mais, homme extravagant, il prise les divertissements et les plaisirs. Sa personnalité s'avère complexe : une apparente douceur cache un esprit nerveux et inflexible.
104
+
105
+ Homme élégant, il incarne la grâce et la majesté d'un roi. Il apprécie la mode et ses extravagances (boucles d'oreilles et fraise imposante). Homme d'une grande douceur, abhorrant la violence, il évite toute confrontation belliqueuse et délaisse les activités physiques bien qu'il soit une des plus fines lames du Royaume. Son dégoût de la chasse et des activités guerrières, privilèges des nobles, et son goût pour la propreté et l'hygiène, lui valent des critiques acerbes de la part de ses contemporains qui le considèrent comme un roi efféminé.
106
+
107
+ Formé dans un milieu humaniste, le roi encourage le monde des lettres en protégeant des écrivains (Desportes, Montaigne, Du Perron). Il s'adonne lui-même à la philosophie et, malgré son opposition politique aux protestants, il fait venir l'imprimeur Estienne à Paris.
108
+
109
+ Henri III préfère travailler dans son cabinet avec ses ministres plutôt que faire la guerre, d'autant plus que sa santé s'avère fragile. Il souffre de divers maux : gale, coliques néphrétiques, ophtalmies, fistules à l'oreille et au nez[35]. Cela ne l'empêche aucunement de faire plusieurs campagnes militaires et de rester ferme quand il donne l'ordre de tirer sur le prince de Condé à Jarnac. Homme d'une vive intelligence, il fait généralement preuve de mansuétude vis-à-vis de ses adversaires et des villes rebelles qu'il reconquiert. De même, il recherche toujours les solutions diplomatiques, ce qui lui vaut parfois quelques revers.
110
+
111
+ Homme pieux, profondément croyant, sa piété se développe encore avec l'âge. Les malheurs qui l'accablent à la fin de son règne exacerbent sa foi catholique; ainsi, il s'adonne de manière ostentatoire aux processions des pénitents. Séduit par la piété des confréries de pénitents lorsqu'il séjourna à Avignon; à son retour de Pologne en 1574, il institue le 20 mars 1583 la Confrérie des Pénitents blancs de l'Annonciation Notre-Dame dont il figure comme membre actif[36]. De nature nerveuse, le roi s'avère un grand malade. Il croit que ses maux, l'absence d'héritier, de même que les afflictions de son royaume sont causés par ses péchés. Il passe, donc, son temps à se mortifier dans des monastères où, pendant quelques jours, il prend une retraite spirituelle.
112
+
113
+ Les contemporains d'Henri III nous ont décrit le roi comme un homme appréciant beaucoup les femmes. Si celles-ci sont assez peu connues, c'est qu’Henri III ne leur a jamais conféré le titre de maîtresse officielle.
114
+
115
+ Dans sa jeunesse, Henri III se fait remarquer par une fréquentation assidue des femmes, au point que sa réputation et sa santé en pâtissent[37]. En 1582, l'ambassadeur italien Lorenzo Priuli dit : « Le roi a aussi eu quelques maladies pour avoir fréquenté dans sa jeunesse trop familièrement les femmes[38]. » Michelet attribue la dégénérescence des trois derniers Valois à la syphilis de François Ier, Henri II ayant pu transmettre la bactérie tréponème pâle de cette maladie à son fils[39].
116
+
117
+ Parmi ses maîtresses, les plus célèbres figurent Louise de La Béraudière (de plus de vingt ans son aînée), Françoise Babou de La Bourdaisière (mère de Gabrielle d’Estrées) et Renée de Rieux, issues de la moyenne noblesse[37]. Il fréquente également lors de son périple italien qui le ramène de Pologne en juin 1574, Veronica Franco, une courtisane vénitienne fort renommée à l'époque. À la même date, il entretient aussi une relation platonique avec la princesse de Condé, Marie de Clèves, pour qui il éprouve une passion démesurée. Sa mort survenue brutalement en 1574 conduit le roi à prendre un deuil particulièrement ostensible qui étonne la cour.
118
+
119
+ Après son mariage avec Louise de Lorraine, les aventures d’Henri III paraissent plus discrètes. Par respect pour son épouse qu’il aime, il organise ses rendez-vous avec les dames galantes, à l’écart du palais, dans des hôtels particuliers parisiens. Fait exceptionnel, Henri III a choisi Louise de Lorraine pour sa beauté et son esprit et non pas pour des raisons politiques, comme c’est le cas pour la plupart des mariages royaux. Louise de Lorraine tient une place très importante dans la vie sentimentale et spirituelle du roi. Un jour que Catherine de Médicis entre dans ses appartements sans se faire annoncer, elle la surprend en intimité sur les genoux de son mari[40]. Cette intimité quasi exceptionnelle du couple royal n'empêche toutefois pas le roi de poursuivre ses aventures furtives avec une multitude de jeunes filles belles et enjouées (mesdemoiselles d’Assy, de La Mirandole, de Pont, de Stavay, ou encore une des sœurs de Gabrielle d’Estrées[41]). Louise de Lorraine et Catherine de Médicis, toutes les deux fort pointilleuses sur la moralité à la cour, possèdent alors suffisamment d’influence sur le roi pour faire chasser ces maîtresses d’un jour.
120
+
121
+ Longtemps, l'image véhiculée d'Henri III a été indissociable de celle de ses favoris plus couramment appelés mignons[42], terme pourtant déjà en vogue au XVe siècle[43]. Au XIXe siècle, c'est un thème à la mode et plusieurs peintres et auteurs romantiques s'y sont essayés. Henri III est alors décrit de manière caricaturale, représenté en compagnie d'éphèbes efféminés, aux costumes excentriques et aux passe-temps frivoles comme le jeu du bilboquet.
122
+
123
+ En raison des nombreux témoignages sur le côté entreprenant d'Henri III auprès des femmes, l'image longtemps répandue de l'homosexualité stricte du roi a été remise en cause par des historiens[n 6]. Une source importante qui évoque des aventures masculines s'avère une source partisane, celle du diplomate savoyard Lucinge. Cet ennemi de la France, et par conséquent peut-être non retenu par un devoir de réserve ou par la flatterie, écrit que le roi a été initié aux amours masculines par René de Villequier[n 7]. Les autres textes allusifs à l'homosexualité sont issus des pamphlets rédigés par des ligueurs radicaux, des calvinistes intransigeants ou encore par des membres du parti des Malcontents dans l'entourage du frère du roi François d'Alençon ayant perdu la faveur royale[45] qui promeut alors des hommes nouveaux appartenant à la « noblesse seconde »[46] du Royaume dans l'entourage du dernier Valois. Le raffinement des costumes, les nouvelles pratiques de cour, l'accès plus restreint au roi constituent autant d'éléments qui irritent la haute-noblesse traditionnelle et remettent en cause le mode de gouvernementalité prévalant jusqu'au milieu du XVIe siècle selon lequel le roi gouverne par conseil de sa noblesse. Les écrivains comme L'Estoile ou Brantôme, pourtant connus pour leurs informations scabreuses, n'accordent aucun crédit à ces rumeurs et mettent en exergue, quant à eux, la passion du roi pour les femmes. D'Aubigné et Ronsard, en revanche, n'hésitent pas nombre de fois dans des vers à brocarder le roi sur le sujet :
124
+
125
+ « Le roi comme l'on dit, accole, baise et lèche
126
+ De ses poupins mignons le teint frais, nuit et jour ;
127
+ Eux pour avoir argent, lui prêtent tour à tour
128
+ Leurs fessiers rebondis et endurent la brèche. »[47]
129
+
130
+ L'ambiguïté de l'image d'Henri III trouve peut-être également son explication dans la propagande, particulièrement violente, suscitée contre lui par la Ligue. L'appel au soulèvement s'accompagne dans les derniers mois de son règne d'une violente vague de calomnies destinées à pervertir l'image du roi dans l'esprit des Français. Le changement de dynastie n'a pas vraiment permis d'établir le portrait le plus impartial de ce roi attaqué et l'image trouble d'Henri III a continué de se perpétuer. En dépit des efforts de la reine Louise et de la duchesse d'Angoulême pour obtenir un soutien en faveur du défunt roi, ni Henri IV, trop soucieux de ménager les Guise[n 8], ni l'Église n’ont examiné objectivement la vie privée de ce roi, ni cherché même à punir les coupables de son assassinat.
131
+
132
+ En l'état actuel des recherches, on ne peut trancher sur la nature exacte de la sexualité d'Henri III (hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel). Les perceptions contradictoires quant à la sexualité d'Henri III se retrouvent dans les œuvres de fiction : si, dans le roman La Reine Margot d'Alexandre Dumas, le prince est décrit comme hétérosexuel, l'adaptation cinématographique du roman réalisée en 1954 par Jean Dréville le représente, sous les traits de Daniel Ceccaldi, comme un homosexuel efféminé, tandis que la version suivante, réalisée en 1994 par Patrice Chéreau et où il est interprété par Pascal Greggory, en fait un pervers décadent, avant tout homosexuel mais également attiré par les femmes (en l'occurrence par sa sœur Marguerite).
133
+
134
+ Armoiries comme fils de France (1551-1559).
135
+
136
+ Armoiries comme fils de France (1559-1573).
137
+
138
+ Armoiries comme roi de Pologne (1573-1574).
139
+
140
+ Armoiries comme roi de France (1574-1589).
141
+
142
+ Sur les autres projets Wikimedia :
143
+
144
+ La famille :
145
+
146
+ Les Grands :
147
+
148
+ Les proches :
149
+
150
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
151
+
152
+ Les hommes de loi :
153
+
154
+ Les financiers :
155
+
156
+ Les hommes des arts et des lettres :
157
+
158
+ Les ennemis :
159
+
160
+ Henri III apparaît d'abord comme duc d'Anjou, puis comme roi de Pologne, et enfin comme roi de France dans la série de romans historiques d'Alexandre Dumas que forment La Reine Margot (1845), La Dame de Monsoreau (1846) et Les Quarante-Cinq (1847).
161
+
162
+ Il apparaît également dans certains volumes de Fortune de France de Robert Merle dont Le Prince que voilà, ainsi que dans le roman Charly 9 de Jean Teulé et dans le roman La Saga des Bourbons : Henry, roi de Navarre, de Louis-Gilles Pairault (La Geste, 2018, 372 p., présentation en ligne).
fr/2533.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/2534.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/2535.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/2536.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/2537.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/2538.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ Henri IV, dit « le Grand »[2], à l'origine Henri de Bourbon, né le 13 décembre 1553 à Pau et mort assassiné le 14 mai 1610 à Paris, roi de Navarre de 1572 à 1610 sous le nom d'Henri III[a], devient en 1589 roi de France sous le nom d'Henri IV. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
6
+
7
+ Fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême donc nièce du roi François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon et descendant du roi Saint Louis, Henri de Bourbon est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[3], ce qui a été le cas de tous les fils d'Henri II.
8
+
9
+ Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
10
+
11
+ En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
12
+
13
+ En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la Basilique de Saint-Denis[4], ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion.
14
+
15
+ Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
16
+
17
+ Sa devise, Duo prætendit unus, peut se traduire par « L'une protège l'autre » (la France et la Navarre).
18
+
19
+ Henri naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553[b] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[c]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[7], André Favyn[8]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[9]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[10], dans le but de prévenir les maladies[11] et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[12]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[13]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[14].
20
+
21
+ Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le 6 mars 1554, dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[15]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[16] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[11].
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [17], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[18]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[19].
26
+
27
+ À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
28
+
29
+ Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[20].
30
+
31
+ De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
32
+
33
+ En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[21].
34
+
35
+ En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[d]. Le 18 août 1572, il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[22], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête.
36
+
37
+ Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[23]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
38
+
39
+ Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (avril 1574). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
40
+
41
+ Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le 5 février 1576. Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le 13 juin[24]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[25]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[26].
42
+
43
+ Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[27]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En décembre 1576, il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[28]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
44
+
45
+ D’octobre 1578 à mai 1579, la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
46
+
47
+ Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour s’amuse notamment en parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[29]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[30].
48
+
49
+ Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[31], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[32].
50
+
51
+ Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins à laquelle il promet le mariage et qui le soutient financièrement, la seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires[33] : elle semble avoir joué le rôle tant de conseillère politique que de confidente[34]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple qui n'a toujours pas d'enfants et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
52
+
53
+ En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il lui envoie le duc d'Épernon pour l'inviter à se convertir et à revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[35].
54
+
55
+ Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
56
+
57
+ Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le 5 mars 1588, la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le 23 décembre 1588, par un « coup de majesté »[36], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet.
58
+
59
+ Le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain de ses blessures, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
60
+
61
+ Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.
62
+
63
+ Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à dix-neuf ans avait déjà changé trois fois de religion[37]. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoille quittant même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.
64
+
65
+ Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.
66
+
67
+ Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Les 10 000 hommes du roi ayant battu 35 000 ligueurs, une analogie se fait avec la victoire de David contre Goliath. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Île-de-France)[38].
68
+
69
+ Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Il arrive devant Le Mans[e], après avoir pris en passant quelques villes de Touraine. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[39]. La plupart des villes voisines, à la suite de la chute du Mans, n'essaient pas de résister. Beaumont, Sablé, Château-Gontier ouvrent leurs portes. Guillaume Fouquet de La Varenne est dépêché dans le Maine et l'Anjou pour y répandre la nouvelle de ce succès. Laval se rend à son tour, Henri de Navarre y entre le 9 décembre 1589[40]. En quittant Laval, Henri se dirige vers Mayenne dont il s'assure, puis vers Alençon où Biron l'attend.
70
+
71
+ Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590 où naît le mythe du panache blanc car Henri IV aurait crié : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de la gloire ». Il assiège Dreux sans succès puis affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols. L'approche du duc de Mayenne et du duc de Parme lui fait lever le siège.
72
+
73
+ Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’édit de Mantes (à ne pas confondre avec l'édit de Nantes de 1598) les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait une liberté très limitée du culte[41]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les états généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les états négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.
74
+
75
+ Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593)[42], même si le fond semble plein de sens[43].
76
+
77
+ Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 millions de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[44].
78
+
79
+ Au début de 1594, Henri IV assiège avec succès Dreux puis il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres : il est l'un des trois rois de France sacrés ailleurs qu'à Reims et Paris, qui étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594, où il distribue des billets exprimant son pardon royal et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[45].
80
+
81
+ En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre à l'Espagne. Il s'agit d'une stratégie habile faisant des derniers ligueurs, soutenus financièrement par Philippe II, des traîtres. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne, où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, cousin des Guise et beau-frère du feu roi Henri III, ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.
82
+
83
+ Le roi perd également l'appui de la noblesse protestante. À l'imitation de La Trémoille et de Bouillon, elle s'abstient de paraître au combat. Choqués par sa conversion et par les nombreuses personnalités qui l'imitent, les protestants en plein désarroi reprochent au roi de les avoir abandonnés. Ils se réunissent régulièrement en assemblée pour réactiver leur organisation politique. Ils vont jusqu'à se saisir de l'impôt royal pour leur propre compte[46].
84
+
85
+ Après avoir soumis la Bretagne, ravagé la Franche-Comté[47] et repris Amiens aux Espagnols, le 13 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes qui met en place une paix entre protestants et catholiques. Nantes est la ville où siège le gouverneur de Bretagne et dernier ligueur, le duc de Mercœur, dont Henri a acheté le ralliement. Au total, les ralliements de nobles ont coûté 35 millions de livres tournois. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix. Henri IV mène une « bataille de l'édit » pour faire accepter l'édit de Nantes au différents parlements du Royaume. Le dernier est le parlement de Rouen en 1609.
86
+
87
+ Toutefois, l'article de la paix de Vervins concernant le duc de Savoie devint la cause d'une nouvelle guerre. Le 20 décembre 1599, Henri IV reçut Charles-Emmanuel Ier de Savoie à Fontainebleau afin de régler le différend. En mars 1600, le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de trois mois et repartit pour ses États. Le terme de trois mois étant écoulé, Henri IV fit sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répondit que la guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclara la guerre, le 11 août 1600.
88
+
89
+ Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais, n'appartenant pas à une famille régnante, elle ne peut guère prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle suscite de nombreuses critiques, tant de l'entourage royal que des pamphlétaires, qui la surnomment la « duchesse d'Ordure ». Sa mort survenue brutalement en 1599, sans doute d'une éclampsie puerpérale, permet au roi d'envisager de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.
90
+
91
+ En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier de Médicis et de Jeanne d'Autriche, et nièce de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane alors régnant. Ce mariage est une double bénédiction puisque la dot permet d'effacer toute une année de dette et Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis l'année suivante, assurant ainsi l'avenir de la dynastie de Bourbon.
92
+
93
+ Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extra-conjugale, commencée peu de temps après la mort de Gabrielle d'Estrées, avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant. En 1602, Henri IV, vient présenter sa filleule, Louise de Gondi, au Prieuré Saint-Louis de Poissy et qui deviendra prieure en 1623, il remarque en passant la beauté de Louise de Maupeou à qui il fait la cour.
94
+
95
+ En 1609, après plusieurs autres passades, Henri va se prendre de passion pour la jeune Charlotte-Marguerite de Montmorency.
96
+
97
+ Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully, le catholique Villeroy et l'économiste Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il lance plusieurs campagnes d'agrandissement et de décors dans les grands châteaux royaux, à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye, en faisant appel à plusieurs sculpteurs de talent (Pierre Biard l'Aîné, Pierre Franqueville, Matthieu Jacquet, Barthélemy Prieur, Jean Mansart) et des peintres français ou flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel, Martin Fréminet). Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine, sur l'île de la Cité. Il projette également de créer une « place de France » semi-circulaire au nord du Marais, mais elle ne verra jamais le jour.
98
+
99
+ La place Dauphine.
100
+
101
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
102
+
103
+ Son règne voit cependant le soulèvement des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, après la guerre franco-savoyarde, le traité de Lyon établit un échange territorial entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie : le duc céda à la France les territoires de la Bresse et du Bugey et en plus les pays de Gex et de Valromey, de plusieurs siècles possession du duché de Savoie, au lieu du marquisat de Saluces, situé en territoire italien. Après le traité, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d’Angoulême, le dernier des Valois, fils bâtard de Charles IX.
104
+
105
+ Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi[48], crée une « caisse des conversions » en 1598[49]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie, avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique — sans être dévot — et incite sa sœur et son ministre Sully à se convertir, mais aucun d'eux ne le fait.
106
+
107
+ Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.
108
+
109
+ Le roi et son ministre Sully sont conscients que les arts et l'artisanat d'excellence ont un rôle à jouer dans le redressement économique du Royaume. Henri IV cherche notamment à mettre fin aux importations massives de tapisseries des Flandres, qui déséquilibrent la balance commerciale française : il offre en 1597 au maître lissier Girard Laurent de s'établir dans l'ancienne Maison professe des jésuites (désertée par ces derniers à la suite de l'expulsion des jésuites du Royaume), où il sera rejoint par le lissier Maurice Dubout. En 1606, les deux tapissiers du roi s'installent dans les nouvelles galeries du Louvre, que le roi transforme en véritable « pépinière » d'artistes. Peintres, sculpteurs, brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs y sont logés et bénéficient d'un brevet qui les tient à l'écart des règles contraignantes des corporations. Dans le même temps, les lissiers flamands Marc de Comans et François de La Planche reçoivent l'autorisation pour l'ouverture d'une manufacture de tapisseries « façon de Flandres » dans des ateliers du faubourg Saint-Marcel. C'est l'ancêtre de la célèbre manufacture royale des Gobelins.
110
+
111
+ Barthélemy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s'inspirent des travaux de l'agronome protestant Olivier de Serres et jouent un rôle majeur dans l'histoire de la soie en faisant planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et d'autres régions.
112
+
113
+ Le canal de Briare reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole est le premier canal de transport fluvial creusé en France. D'autres projets sont préparés mais ensuite abandonnés à la mort d'Henri IV.
114
+
115
+ « Poule chimérique que le roi Henri aurait promise à toutes
116
+ les marmites du royaume, la poule au pot s'est construite
117
+ depuis le xviiie siècle comme plat mythique et comme lieu
118
+ de mémoire »[50]. Mais dans une querelle avec le duc de Savoie, il aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d'avoir une poule dans son pot. Le duc de Savoie, en visite en France, apprenant que les gardes du roi ne sont payés que quatre écus par mois, propose au roi de leur offrir à chacun un mois de paye ; ce à quoi le roi, humilié, répond qu'il pendra tous ceux qui accepteront, et évoque alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot[51],[52]. Son ministre Sully explique dans ses mémoires intitulés Les Œconomies royales sa conception de la prospérité de la France, liée au développement de l'agriculture : « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
119
+
120
+ Sully règle le problème de la dette en déclarant la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et en négociant les remboursements à la baisse vis-à-vis des autres. Par exemple, en 1602, la France doit 36 millions de livres tournois aux cantons suisses mais, après négociation, elle n'en doit plus que 16 millions en 1607. À partir de 1598 est lancée une enquête contre les faux nobles. Aussi, en 1604, un impôt de succession pour les charges d'officiers est créé : la paulette. L'officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l'office pour qu'elle devienne héréditaire.
121
+
122
+ La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes. Pourchassées par les forces de l'ordre royales légitimes, elles disparaîtront progressivement dans les années 1600. Les mœurs au sein de la noblesse restent également violentes : ainsi en 1607 sont enregistrés 4 000 morts par duel ; par ailleurs les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[53].
123
+
124
+ Dans la continuité de ses prédécesseurs, Henri soutient les expéditions maritimes en Amérique du Sud et favorise le projet d'une implantation au Brésil[54]. Mais c'est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement. Dès 1599, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac, en Nouvelle-France, à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Par la suite, Henri IV donne le monopole du commerce des fourrures et charge Pierre Dugua de Mons (protestant) de monter une expédition, sous les ordres de Samuel de Champlain, et d'établir un poste français en Acadie. Ce sera en premier sur l'Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island au Maine), en 1604 et par la suite à Port-Royal, en Nouvelle-France, au printemps 1605. Mais le monopole est révoqué en 1607, ce qui mettra fin à la tentative de peuplement. Le roi charge Samuel de Champlain de lui faire rapport de ses découvertes. En 1608 le monopole est rétabli, mais pour un an seulement. Champlain est envoyé, avec François Dupont-Gravé, pour fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique, pendant que de Mons reste en France pour faire prolonger le monopole.
125
+
126
+ La fin du règne d'Henri IV est marquée par des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités contre l'Espagne. Henri IV intervient dans le conflit de succession qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
127
+
128
+ Le déclenchement d'une guerre européenne ne plaît ni au pape, soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français, inquiets de leur tranquillité. Ne pouvant accepter une alliance avec des princes protestants contre un souverain catholique, des prêtres ravivent par leurs sermons les esprits échauffés des anciens Ligueurs. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir grâce à l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.
129
+
130
+ Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt poignardé par François Ravaillac, catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rendait à l'Arsenal pour rendre visite à Sully qui était souffrant[55]. L'enquête conclut à l'action isolée d'un fou[56].
131
+
132
+ Ravaillac est écartelé le 27 mai 1610 sur la place de Grève, à Paris, pour avoir assassiné le roi Henri IV.
133
+
134
+ Après autopsie et embaumement (son cœur placé dans une urne de plomb contenue dans un reliquaire d'argent est envoyé à l’église Saint-Louis de La Flèche, le roi ayant promis sa relique royale au collège des jésuites de La Flèche), le corps est exposé dans une chambre de parade du Louvre puis son effigie dans la salle des Cariatides[57].
135
+
136
+ Henri IV est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres qui commencent déjà à faire naître la légende du bon roi Henri[58]. Au cours du lit de justice tenu le 15 mai 1610, son fils aîné âgé de neuf ans, le roi Louis XIII, proclame la régence de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri IV[59].
137
+
138
+ Son premier mariage avec Marguerite de France fut infécond. Le roi était en effet atteint d'une malformation congénitale des organes reproducteurs connue sous le nom d'hypospadias ayant pour conséquence une courbure de la verge accompagnée d'un phimosis. Sa malformation ne fut corrigée que par une opération alors que le roi avait plus de 40 ans[60]. Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :
139
+
140
+ Henri IV eut également au moins 12 enfants illégitimes :
141
+
142
+ Dès son règne, à la demande de ses conseillers tel Philippe Duplessis-Mornay, Henri IV utilise des imprimeries itinérantes pour diffuser portraits et tracts tentant de le faire passer pour un « prince idéal ». Néanmoins les catholiques le considèrent comme un usurpateur, certains protestants l'accusent de trahison puisqu'il a changé six fois de religion et le peuple voit en lui un tyran prélevant de nombreux impôts. Son assassinat par François Ravaillac le transforme en martyr[63].
143
+
144
+ En 1601, un ouvrage hagiographique illustré de 244 pages est édité sous le titre de Labyrinthe royal de l'Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage & autres faicts héroïques & mémorables de très-auguste & très-chrestien prince. Henry IIII. roy de France, & de Navarre[64].
145
+
146
+ C'est au XVIIIe siècle que s'est formée et développée la légende du bon roi Henri. Icône devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade. Le 12 février 1792, le député Charles Lambert propose d'inhumer son corps et celui de Louis XII au Panthéon, tous deux étant, selon lui, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[65].
147
+
148
+ Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux de dépouilles qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans un ossuaire sous la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui.
149
+
150
+ Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennisera la légende du Bon Roy Henry, roi galant, brave et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants et grand chantre de la fameuse Poule-au-pot.
151
+
152
+ En fait, l'État avait, après les troubles récents, grand besoin de restaurer une image positive de la monarchie ; Chilpéric et Charlemagne semblaient trop lointains ; les Louis : … VII, VIII, X, XII étaient trop obscurs (ou mieux trop pâles) ; Louis IX jugé, sans doute, trop religieux. Les autres Louis : XI, XIII, XIV, etc. éveillaient de bien mauvais souvenirs… Il fallait donc dans une véritable opération « publicitaire » trouver un monarque qui recueillît le maximum de suffrages : « le bon Roy » tint ce rôle pour la postérité. Alexandre Dumas en fait ainsi un héros épique dans son œuvre Les Grands Hommes en robe de chambre : César, Henri IV, Richelieu en 1856[63].
153
+
154
+ Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une carapace de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Il doit son surnom de « Vert-galant » à son ardeur envers ses 73 maîtresses officielles recensées, lui donnant 22 enfants légitimes ou non reconnus qui vivent à la Cour[source insuffisante][66],[67].
155
+
156
+ Dans le premier chapitre de L’Homme aux quarante écus, Voltaire mentionne pour le peuple un âge d'or sous Henri IV et Louis XIII en raison de la modicité relative de l'impôt.
157
+
158
+ Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais »[68].
159
+
160
+ Chaque année depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée en la basilique Saint-Jean-de-Latran par le vicaire pontifical, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance[69].
161
+
162
+ Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, surtout par le parti catholique, son effigie brûlée et son nom associé au diable ou à l'Antéchrist comme dans les sermons fanatiques du ligueur Jean Boucher[70]. À cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de Religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[71],[72] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et qui fut roué et brûlé sur la place du Martroy à Melun[73] et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage le 27 décembre 1594[74] rue saint-Honoré, chez sa maîtresse. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélemy se répand durant l'été 1610[75].
163
+
164
+ Attaques incessantes : physiques ou morales ou religieuses… sans même parler de l'affaire Marthe Brossier grossièrement montée par la Ligue (voir la : « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », de Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat - 1838 - France).
165
+
166
+ La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.
167
+
168
+ Ayant été le dernier comte de Foix, Henri IV est à ce titre resté un roi d'une grande importance pour les Ariégeois et souvent cité dans l'histoire locale[76].
169
+
170
+ La chanson Vive Henri IV ! qui a été écrite en son honneur a été durablement populaire en France à partir de 1774. Sous la Restauration, son air est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du Roi et de la famille royale. Il fait alors figure de chanson quasi officielle de la monarchie.
171
+
172
+ Vingt jours après la mort d'Henri IV, le cœur du monarque est placé dans le retable de l'autel d'une chapelle latérale de l'église du collège de La Flèche. En février 1643, le cœur de Marie de Médicis y rejoint celui de son époux[77]. Durant la Révolution, le 7 vendémiaire an II, le représentant du peuple Didier Thirion fait brûler sur la place publique le cœur du roi et de Marie de Médicis par les troupes du général Fabrefond. Le cœur d'Henri IV était conservé dans une boîte de chêne qui fut brisée, et le coffre en plomb à l'intérieur ouvert ; celui-ci portait l'épitaphe : « Cy gît le cœur de Henri-le-Grand[78]. » Un cœur noirci et solide en fut extrait et brûlé sur un bûcher sur la place de la Révolution.
173
+
174
+ Une fois la foule dispersée, Charles Boucher, l'ex-chirurgien du Collège, récupère les cendres de ces deux cœurs qu'il conserve, à son domicile, dans une ampoule de verre dont il fait un objet de vénération pour sa famille[79]. L'ampoule est restituée au collège de La Flèche à la Restauration. Le 6 juillet 1814, la veuve de Boucher fait mettre les cendres dans un flacon de verre blanc, puis enfermer dans un caisson de plomb doré en forme de cœur qui vient porté en procession solennelle par le maire et est donné au général Dutheil, commandant le Prytanée, lequel enfin dépose les cendres sur une estrade dans le chœur de l'église, dans une niche en haut de la grande tribune[80].
175
+
176
+ En 2010 et 2012, une équipe de scientifiques rassemblée autour du médecin légiste Philippe Charlier serait parvenue à authentifier la tête momifiée du roi qui aurait été séparée de son corps à la Révolution - même si aucun document d'archives ne le rapporte. Sous la Terreur, le tombeau du roi à la basilique de Saint-Denis fut, comme ceux des autres monarques, profané. Son corps, exposé au public durant deux jours, fut ensuite jeté, avec celui des autres rois, dans une fosse commune. Au début du XXe siècle, un collectionneur prétendait posséder la tête momifiée du roi. Il fallut attendre le quadricentenaire de l'assassinat du roi en 2010 pour que des analyses scientifiques soient effectuées sur la présumée relique.
177
+
178
+ Une première étude aurait trouvé trente points de concordance confirmant que l'identité de la tête embaumée était bien celle du roi Henri IV, avec selon les auteurs de cette étude, « 99,99 % de certitude »[81]. Cette conclusion fut confirmée en 2012 par une seconde étude à l'Institut de biologie évolutive de Barcelone qui parvint à extraire de l'ADN et à le comparer avec l'ADN supposé de Louis XVI (à partir d'un mouchoir qui aurait été trempé dans le sang du roi le jour de son exécution)[82]. À l'occasion de l'annonce des résultats, une image du visage royal créé virtuellement en 3D fut présentée au public.
179
+
180
+ Cette authentification est contestée par plusieurs historiens, généticiens, médecins-légistes, archéologues, paléoanthropologues et journalistes, comme Joël Cornette, Jean-Jacques Cassiman, Maarten Larmuseau, Geoffroy Lorin de la Grandmaison, Yves de Kisch, Franck Ferrand, Gino Fornaciari[83] ou Philippe Delorme[84].
181
+
182
+ En décembre 2010, le prince Louis de Bourbon s'adresse au président Nicolas Sarkozy pour obtenir la réinhumation de la tête présumée de son aïeul dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Selon Jean-Pierre Babelon, Nicolas Sarkozy prévoit initialement une cérémonie pour mai 2012[85]. Cependant, la controverse autour de la relique et la campagne présidentielle repoussent la date de la célébration et le projet est ensuite abandonné par François Hollande[86].
183
+
184
+ Le 9 octobre 2013, un article scientifique publié dans l’European Journal of Human Genetics, cosigné par les généticiens Maarten Larmuseau et Jean-Jacques Cassiman de l'université catholique de Louvain, ainsi que par l'historien Philippe Delorme, a démontré que le chromosome Y de trois princes de la maison de Bourbon actuellement vivants différait radicalement de la signature ADN trouvée dans la tête comme dans le sang analysés au cours de l'étude de 2012. La conclusion de cet article est qu'aucune de ces deux « reliques » n'est authentique[87].
185
+
186
+ (liste non exhaustive)
187
+
188
+ Sur les autres projets Wikimedia :
189
+
190
+ Les princes et princesses du sang :
191
+
192
+ * Bourbon :
193
+
194
+ * Valois
195
+
196
+ * Parenté :
197
+
198
+ Les Grands :
199
+
200
+ Les barons et personnalités protestants :
201
+
202
+ Les conseillers et serviteurs de l'État :
203
+
204
+ Entourage :
205
+
206
+ Les hommes d'Église :
207
+
208
+ Les hommes des arts et des lettres :
209
+
fr/2539.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,197 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Henri Matisse, né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis et mort le 3 novembre 1954 à Nice, est un peintre, dessinateur, graveur et sculpteur français.
4
+
5
+ Figure majeure du XXe siècle, son influence sur l'art de la seconde partie de ce siècle est considérable par l'utilisation de la simplification, de la stylisation, de la synthèse et de la couleur comme seul sujet de la peinture, aussi bien pour les nombreux peintres figuratifs ou abstraits qui se réclameront de lui et de ses découvertes. Il fut le chef de file du fauvisme.
6
+
7
+ De Pablo Picasso, qui fut son ami et le considérait comme son grand rival[2], à Andy Warhol qui « voulait être Matisse[3] », tous les peintres du XXe siècle ont été confrontés à la gloire et au génie de Matisse.
8
+
9
+ Henri Matisse naît le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis en France, fils d’un marchand de grains. Sa mère est peintre amateur. Après la guerre franco-allemande, en 1871, la famille déménage à Bohain-en-Vermandois où Matisse passe sa jeunesse. Il commence sa vie professionnelle comme clerc de notaire chez maître Derieux à Saint-Quentin[4]. À 20 ans, à la suite d'une crise d'appendicite, il est contraint de rester alité pendant de longues semaines. Grâce à son voisin et ami peintre amateur, Léon Bouvier, Matisse découvre le plaisir de peindre. Sa mère lui offre une boîte de peinture. Il réalise ses premières œuvres, plus particulièrement un Chalet suisse, chromo reproduit dans les boîtes de peinture en vente à l'époque, dont Henri Matisse peindra une copie, qu'il signera « Essitam[5] ».
10
+
11
+ Dès son rétablissement, tout en réintégrant l'étude, il s'inscrit au cours de dessin de l'école Quentin-de-La Tour destinée aux dessinateurs en textile de l'industrie locale.
12
+
13
+ Il peint son premier tableau, Nature morte avec des livres, en juin 1890[6].
14
+
15
+ Peu après, il se rend à Paris. En 1892, Matisse rencontre Albert Marquet à l'École des Arts déco. C'est le début d'une amitié indéfectible entre les deux hommes qui échangeront par la suite une abondante correspondance[7]. En 1895, Matisse s'inscrit à l'École des beaux-arts, dans l'atelier de Gustave Moreau. L'enseignement du maître encourage ses élèves à penser leur peinture, à la rêver, au-delà de la virtuosité technique. Matisse, comme ses condisciples, Georges Rouault, Léon Lehmann, Simon Bussy, Eugène Martel, Albert Huyot ou Henri Evenepoel, est stimulé par cette conception de la peinture et entend développer la sienne selon son individualité. Gustave Moreau, lors d'une correction, lui dit : « Vous allez simplifier la peinture »[8]
16
+
17
+ Cette prophétie peut être considérée comme le programme esthétique de l'œuvre d'Henri Matisse.
18
+
19
+ En 1896, Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des beaux-arts, dont il devient membre associé sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes. Cette fonction lui permet notamment d'exposer sans passer par un jury. Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'Australien John Peter Russell, qui l'introduit auprès d'Auguste Rodin et Camille Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressionniste qu'il découvre en 1897 au musée du Luxembourg. Il est alors un peintre classique de natures mortes réalistes aux textures amples. Pour gagner sa vie, Matisse et Marquet travaillent comme peintre décorateurs à la journée, pour les décorateurs de théâtre[9].
20
+
21
+ Le 31 août 1894 naît sa fille Marguerite[10] dont la mère, Caroline Joblaud, est un de ses modèles[11]. Le 8 janvier 1898, Matisse épouse Amélie Parayre[12]. Ils ont deux enfants, Jean en 1899[13] et Pierre[14] en 1900 tous deux nés à Toulouse où les Matisse vivent près des parents d'Amélie[15]. Le couple Matisse élève les trois enfants. Ils partent en voyage de noces à Londres où, sur les conseils de Pissarro, Matisse découvre la peinture de Joseph Mallord William Turner. Puis Matisse s'installe en Corse[16], il habite dans une villa dont il a loué le dernier étage meublé à un certain De la Rocca. Henri Matisse peint, à Ajaccio, une cinquantaine de toiles dont Le Mur rose qui représente l'arrière de l'hospice Eugénie vu depuis la Villa de la Rocca. Matisse s'inspire alors de Turner.
22
+
23
+ En 1899, il découvre le traité de Paul Signac, D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme[17]. À partir de 1900, Matisse travaille la sculpture et le modelage, à l'Académie de la Grande Chaumière, sous la direction d'Antoine Bourdelle et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière. Il y fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des indépendants (1901) et participe à la première édition du Salon d'automne (1903). En 1902, Berthe Weill devient son premier marchand et, en 1904, Ambroise Vollard lui consacre sa première exposition personnelle ; cette année-là, il prend un atelier rue de Sèvres, dans l'ancien Couvent des Oiseaux.
24
+
25
+ En 1900, Matisse achète à Ambroise Vollard Les Trois Baigneuses de Cézanne, toile aujourd'hui au Petit Palais de Paris. Matisse gardera toujours cette toile avec lui, refusant même de la vendre dans les moments difficiles[18], avant de la donner, en 1936, au musée parisien. Car, pour Matisse : « Cézanne est notre maître à tous »[19].
26
+
27
+ Au début de 1905, Matisse participe au Salon des indépendants. L'été de 1905, il séjourne sur les bords de la Méditerranée, à Collioure[20], en compagnie de Derain. Il rencontre le sculpteur Maillol. Au Salon d'automne de 1905, l'accrochage des œuvres de Matisse, Albert Marquet, Vlaminck, Derain et Kees van Dongen provoque un scandale par les couleurs pures et violentes posées en aplat sur leurs toiles. À la vue de ces tableaux regroupés dans une même salle, le critique Louis Vauxcelles, dans un article intitulé « Le Salon d'automne », publié dans Gil Blas, le 17 octobre 1905, décrit le salon salle par salle. Il écrit notamment « Salle no  VII. MM. Henri Matisse, Marquet, Manguin, Camoin, Girieud, Derain, Ramon Pichot. Salle archi-claire, des oseurs, des outranciers, de qui il faut déchiffrer les intentions, en laissant aux malins et aux sots le droit de rire, critique trop aisée. […] Au centre de la salle, un torse d'enfant et un petit buste en marbre, d'Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l'orgie des tons purs : « Donatello chez les fauves[21] ».
28
+
29
+ L'appellation de « fauve » est aussitôt adoptée et revendiquée par les peintres eux-mêmes. Cette période marque également la reconnaissance du travail de Matisse, lui permettant enfin une relative aisance matérielle ; il devient le chef de file du fauvisme.
30
+
31
+ Matisse s'en explique ainsi :
32
+
33
+ « Le fauvisme secoue la tyrannie du divisionnisme. On ne peut pas vivre dans un ménage trop bien fait, un ménage de tantes de province. Ainsi on part dans la brousse pour se faire des moyens plus simples qui n'étouffent pas l'esprit. ll y a aussi à ce moment, l'influence de Gauguin et Van Gogh. Voici les idées d'alors : construction par surfaces colorées, recherche d'intensité dans la couleur. La lumière n'est pas supprimée, mais elle se trouve exprimée par un accord des surfaces colorées intensément. Mon tableau La Musique était fait avec un beau bleu pour le ciel, le plus bleu des bleus. La surface était colorée à saturation, c'est-à-dire jusqu'au point où le bleu, l'idée du bleu absolu, apparaissait entièrement, le vert des arbres et le vermillon vibrant des corps. J'avais avec ces trois couleurs mon accord lumineux, et aussi la pureté dans la teinte. Signe particulier, la couleur était proportionnée à la forme. La forme se modifiait, selon les réactions des voisinages colorés. Car l'expression vient de la surface colorée que le spectateur saisit dans son entier[22]. »
34
+
35
+ André Gide écrit dans Promenade au salon d'Automne :
36
+
37
+ « Je veux admettre que M. Henri Matisse ait les plus beaux dons naturels. […] Les toiles qu'il présente aujourd'hui ont l'aspect d'exposés de théorèmes. […] Tout peut s'y déduire, expliquer, l'intuition n'a que faire[23]. »
38
+
39
+ … Alors que sur les murs de Montparnasse, on pouvait lire : « Matisse rend fou, Matisse est plus dangereux que l'absinthe[23]. » La même année, il rencontre Edmond-Marie Poullain et Signac lui achète Luxe, Calme et Volupté.
40
+ En 1907, Guillaume Apollinaire écrit dans ses critiques :
41
+
42
+ « Tout tableau, tout dessin d’Henri Matisse possède une vertu qu’on ne peut toujours identifier, mais qui est une force véritable. Et c’est la force de l’artiste de ne point la contrarier, de la laisser agir. Si l’on devait comparer l’œuvre d’Henri Matisse à quelque chose, il faudrait choisir l’orange. Comme elle, l’œuvre d’Henri Matisse est un fruit de lumière éclatante. Avec une entière bonne foi et un pur souci de se connaître et de se réaliser, ce peintre n’a cessé de suivre son instinct. Il lui laisse le soin de choisir entre les émotions, de juger et de limiter la fantaisie et celui de scruter profondément la lumière, rien que la lumière. À vue d’œil, son art s’est dépouillé et malgré sa simplicité toujours plus grande il n’a pas manqué de devenir plus somptueux. Ce n’est pas l’habileté qui rend ainsi cet art plus simple et l’œuvre plus lisible. Mais, la beauté de la lumière se confondant chaque jour davantage avec la vertu de l'instinct auquel l’artiste se fie entièrement, tout ce qui contrariait cette union disparaît comme il arrive aux souvenirs de se fondre dans les brouillards du passé[24]. »
43
+
44
+ Le 18 septembre 1909, Matisse signe son contrat avec la galerie Josse et Gaston Bernheim qui l'expose. Ce contrat prévoit que Matisse touche 25 % du prix de vente des toiles. Le contrat de trois ans fut renouvelé pendant dix-sept ans. Matisse se trouvait selon, ses propres mots : « condamné à ne plus faire que des chefs-d'œuvre. »
45
+
46
+ Matisse rencontre Leo et Gertrude Stein, collectionneurs américains, vivant à Paris, qui lui achètent Femme au chapeau (San Francisco Museum of Modern Art), un portrait de madame Matisse qui était exposé dans la « cage aux fauves ». En 1907, chez eux, il rencontre Picasso. Gertrude Stein définissait les deux artistes comme le « Pôle Nord » (Matisse) et le « Pôle Sud » (Picasso) de l'Art moderne. Fernande Olivier se souvient que dans les dîners en ville, Matisse paraissait docte et professoral, ne répondant que par oui ou non, ou tout d'un coup s'enferrant dans des théories interminables. « Matisse, beaucoup plus âgé, sérieux, n'avait jamais les idées de Picasso[25] ! » Puis Matisse retrouve le critique Louis Vauxcelles, à qui il dit avoir vu au jury du Salon un tableau de Georges Braque « fait en petits cubes », que Matisse baptise du nom de « cubisme[26] ».
47
+
48
+ En 1908, Matisse publie Note d'un peintre. La même année, avec entre autres l'aide financière de Sarah et Michael Stein, Matisse ouvre une académie libre au Couvent des Oiseaux, puis à l'hôtel de Biron (où Rodin possède son atelier de présentation). Le succès est immédiat : sur 120 élèves inscrits au total s'y pressent des étudiants pour la plupart étrangers, puisqu'on n'y compte aucun Français et principalement de jeunes peintres scandinaves, ainsi que des Allemands, issus du cercle du café du Dôme. Le peintre Hans Purrmann est nommé « grand massier ». L'académie Matisse ferme en 1911[27].
49
+
50
+ Matisse se souvient, en 1951, de son activité d’enseignant :
51
+
52
+ En 1909, le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine lui commande deux toiles : La Danse et La Musique. Ces deux toiles, qui sont considérées comme deux chefs-d'œuvre du peintre, sont présentées au Salon d'automne en 1910, et sont installées à Moscou en 1911.
53
+
54
+ La Danse est décrite par Marcel Sembat :
55
+
56
+ « Une ronde endiablée fait tourner, sur un fond bleu des mouvements roses. À gauche une grande figure entraîne toute la chaîne ! Quelle ivresse ! Quelle bacchante ! Cette arabesque souveraine, cette courbe empoignante qui va de la tête tournée jusqu'à la hanche saillante descend le long de la jambe tendue[23]. »
57
+
58
+ Entre 1908 et 1912, ses œuvres sont exposées à Moscou, Berlin, Munich et Londres. Matisse et Amélie reviennent à Ajaccio, en décembre 1912. En 1913, Matisse est exposé à l’Armory Show de New York, à côté d'œuvres de Marcel Duchamp et Francis Picabia, comme autant de représentants de l'art le plus moderne.
59
+
60
+ De 1906 et jusqu'en 1913, Matisse part en hiver en voyage en Andalousie, au Maroc, en Algérie, accompagné de ses amis peintres, Camoin et Marquet. Ces voyages influenceront profondément Matisse — couleurs, céramique, carreaux de faïence — dans son sentiment décoratif du monde extérieur. Si la recherche de l'arabesque est un des signes distinctifs de l'écriture de Matisse, sa peinture se caractérise par une simplification des formes et des couleurs souvent pures et plates, cernées d'un trait noir. Cependant, Matisse n'hésite pas à utiliser des dégradés de gris ou de roses dans ses portraits ou nus.
61
+
62
+ De 1909 à 1917, Matisse vit et travaille à Issy-les-Moulineaux, au 42, route de Clamart, dans une villa comportant un grand parc où il fait construire son atelier (aujourd'hui détruit), et qui héberge l'Académie Matisse jusqu'en 1911. La villa existe toujours et abrite désormais les archives du peintre, au 92, avenue du Général-de-Gaulle[29].
63
+
64
+ Dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il quitte Collioure qu'il fréquentait régulièrement depuis 1905. Marquet et Matisse, qui a 46 ans, demandent à intégrer l'armée et à rejoindre leurs collègues : « Derain, Braque, Camoin, Puy sont au front, risquent leurs peaux. Nous en avons assez de rester à l'arrière… Comment pouvons nous servir le pays ? » demandent-ils à Marcel Sembat, ministre des Travaux publics, qui leur répond : « En continuant, comme vous le faites, à bien peindre[30] ! »
65
+
66
+ Après avoir passé une partie de l'hiver 1916-1917 à Nice, Matisse décide de rester plus longuement sur la Côte d'Azur, qu'il considère comme un paradis, et dont il recherche la transcription dans ses toiles. En 1918, Matisse rencontre Renoir à qui il présente ses toiles, à Cagnes. Renoir est très surpris de la qualité des toiles et du travail de Matisse : « Je croyais que ce bougre travaillait comme ça… ! C'est faux ! Il se donne beaucoup de mal ! […] Tout est très juste. C'était difficile ! », déclare Renoir après le départ de Matisse[31].
67
+
68
+ Matisse expose avec Picasso à la galerie Paul Guillaume à Paris, le catalogue est préfacé par Apollinaire.
69
+ Durant cette période, Matisse rencontre le peintre japonais Yoshio Aoyama, qui vivait aussi à Nice, dans le quartier de Cimiez, et qui devient son disciple[32].
70
+
71
+ En 1920, Igor Stravinsky et Serge Diaghilev lui font commande de dessiner les costumes et les décors du ballet Le Chant du rossignol, présenté à Londres. En 1924, Matisse expose à New York, et une première rétrospective lui est consacrée au Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.
72
+
73
+ En 1925, Matisse est nommé chevalier de la Légion d'honneur et son fils Pierre Matisse ouvre une galerie à New York[33] sur la recommandation de son père, dont les collectionneurs sont essentiellement américains. Matisse voyage régulièrement aux États-Unis. Il reçoit le Prix Carnegie 1927 à Pittsburgh, et fait partie du jury qui attribue le même prix à Picasso en 1930.
74
+
75
+ Son travail se concentre sur la réalisation de natures mortes, de nus et d'odalisques qui évoquent les nus orientalistes aux couleurs chatoyantes et au dessin épuré, une forme de classicisme renouvelé, tant les citations de Delacroix ou d'Ingres semblent prégnantes. Le critique Claude Roger-Marx écrit dans le Dessin d'Henri Matisse :
76
+
77
+ « L'imagination plastique du peintre aime à s'éveiller au son de cette musique de chambre que composent une ou plusieurs figures (figurantes serait plus juste) dans un intérieur. Si leur nudité l'exalte, il aime aigrement à les orner d'accessoires — écharpes, mantilles, coiffures étranges, culottes assorties à leur épiderme — à les parer d'un certain luxe oriental. Il y a de l'Oriental, en effet, chez cet homme du Nord. C'est en véritable égoïste qui s'empare de ces êtres vivants conçus presque comme des objets et qu'il observe, moins pour eux-mêmes que pour les démonstrations et pour le plaisir visuel qu'il en veut tirer […] un prétexte pour s'affirmer lui[34]. »
78
+
79
+ Henri Matisse travaille par variations et répétitions d'un même thème ou motif. Les premières études peuvent être très poussées, figuratives puis, de proche en proche, les formes se font plus stylisées, abstraites. Matisse photographie les différentes étapes de son travail.
80
+
81
+ Il publie également des lithographies, des gravures et des albums de dessin où il laisse libre cours à ses variations sur un thème, en général un nu féminin :
82
+
83
+ « Ces dessins sont toujours précédés d'études faites avec un moyen moins rigoureux que le trait, le fusain par exemple ou l'estompe, qui permet de considérer simultanément le caractère du modèle, son expression humaine, la qualité de la lumière qui l'entoure, son ambiance, et tout ce qu'on ne peut exprimer que par le dessin. Et c'est seulement lorsque j'ai la sensation d'être épuisé par ce travail, qui peut durer plusieurs séances, que, l'esprit clarifié, je peux laisser aller ma plume, avec confiance. »
84
+
85
+ Et Matisse d'ajouter : « Certaines de mes gravures, je les ai faites après des centaines de dessins[35]… » Les Américains malicieusement appellent cette période The Nice Period, la « période niçoise » ou la « jolie période », par jeu de mots.
86
+
87
+ En 1930, il séjourne à Tahiti où il rencontre le réalisateur expressionniste allemand Murnau, qui tourne Tabou.
88
+
89
+ « Je me baignais dans le « lagoon ». Je nageais autour des couleurs des coraux soutenues par les accents piquants et noirs des holothuries. Je plongeais la tête dans l'eau, transparente sur le fond absinthe du lagon, les yeux grands ouverts… et puis brusquement je relevais la tête au-dessus de l'eau et fixais l'ensemble lumineux des contrastes[36]. »
90
+
91
+ À New York, Le Museum of Modern Art organise une rétrospective en 1931 après une exposition personnelle en 1930. Pendant son séjour aux États-Unis, Albert Barnes, un collectionneur, lui commande une œuvre monumentale pour sa fondation à Philadelphie. À son retour à Nice, dans l'atelier de la rue Désiré Niel loué spécialement pour cette réalisation, Matisse s'attelle à La Danse dont il réalise, de 1930 à 1933, trois versions en raison d'erreurs de gabarit. La première version inachevée a été retrouvée après sa mort dans son appartement de Nice. Elle est exposée en présentation définitive avec la deuxième version, la Danse de Paris (1 037 × 450 cm), dans la salle Matisse du musée d'art moderne de la ville de Paris. La dernière version, dite la Danse de Mérion, a été installée par Matisse lui-même en mai 1933, à la Fondation Barnes de Philadelphie. C'est au cours de ce travail que Matisse invente sa technique des « gouaches découpées ».
92
+
93
+ De retour des États-Unis, il déclare :
94
+
95
+ « Vous comprendrez, quand vous verrez l'Amérique, qu'un jour ils auront des peintres, parce que ce n'est pas possible, dans un pays pareil, qui offre des spectacles visuels aussi éblouissants, qu'il n'y ait pas de peintres un jour[37]. »
96
+
97
+ annonçant ainsi la naissance d'une école américaine.
98
+
99
+ Il travaille à l'illustration du roman de James Joyce, Ulysse, et aux décors et aux costumes de Rouge et noir pour les Ballets russes de Monte-Carlo (1934-1938).
100
+
101
+ En 1924, Matisse se consacre à la sculpture et réalise Grand nu assis, qui est exemplaire de son style — à la fois en arabesques et en angles —, en ronde-bosse. Matisse pratique la sculpture depuis qu'il a été l'élève d'Antoine Bourdelle, dont Matisse conserve le goût pour les grandes stylisations, comme on peut le voir dans la grande série des Nu de dos, séries de plâtres monumentaux qu'il réalise entre 1909 et 1930. Matisse y affronte en bas-relief les problèmes picturaux qu'il rencontre : le tracé des figures monumentales (la réalisation de Nu de dos I, de 1909, est contemporaine de celle des grandes compositions La Musique et La Danse), le rapport forme et fond (les fresques destinées à la Fondation Barnes sont réalisées en 1930, comme Nu de dos IV). Toutefois, bien que la série ne semble pas avoir été conçue pour être présentée en une seule entité (la fonte des pièces en bronze n'a été faite qu'après la mort de Matisse), ces quatre sculptures constituent un ensemble plastique cohérent[38].
102
+
103
+ En 1939, Matisse se sépare de sa femme. Après un court voyage en Espagne, il revient à Nice où il peint La Blouse roumaine[39].
104
+
105
+ En 1940, il rencontre Pierre Bonnard au Cannet. Le marchand Paul Rosenberg renouvelle son contrat avec Matisse. Le peintre part le retrouver à Floirac, avec Lydia Délectorskaya[40], qui était son assistante et modèle depuis 1935. En 1941, atteint d'un cancer du côlon, il est hospitalisé à la clinique du Parc de Lyon. Ses médecins lui donnent six mois à vivre. Il retourne à Nice où cette fois il s'installe à l'hôtel Regina, alité. Il conserve de son opération le port d'un corset de fer, qui empêche la station debout plus d'une heure ; de plus, il souffre de calculs biliaires.
106
+
107
+ Il dessine au crayon et au fusain, les dessins sont exposés chez Louis Carré en novembre. S'il ne peut plus voyager, il utilise alors les étoffes ramenées de ses voyages pour habiller ses modèles originaires du monde entier. Son infirmière, Monique Bourgeois, accepte d'être son modèle. Matisse commence à utiliser la technique des gouaches découpées et commence la série Jazz.
108
+
109
+ Il s'installe à Vence et renoue une amitié épistolaire assidue avec le dessinateur et écrivain André Rouveyre, connu autrefois à l'atelier de Gustave Moreau[41].
110
+
111
+ En 1942, Aragon fait de Matisse le symbole artistique « d'une manifestation de résistance à l'envahisseur barbare », celui de la Vraie France contre l'Allemagne nazie dans l'Art français — « Propos d'un amateur[42] ».
112
+
113
+ En 1943, le peintre Vlaminck, collaborateur des Allemands, l'ancien compagnon de la cage aux fauves, attaque violemment Matisse dans son livre Portraits avant décès :
114
+
115
+ « Bien qu'Henri Matisse professe une volonté de simplification, ne retrouve-y-on pas dans les casaquins et les pantalons bouffants de ses odalisques, l'Orientalisme où se perdaient les festons et les astragales littéraires de Théophile Gautier. Tous ces dons de coloristes, son œil de peintre, Henri Matisse les employa à des compositions de couleur pure, dépourvues de modelé, aux figures schématiques, encore accentuées par le trait du dessin avec leurs aplats de rouge, de jaune, de laque-rose et de bleu. En réalité et en dehors de leur parti-pris scientifique, ces morceaux n'apparaissent-ils pas, aujourd'hui, comme des symboles décoratifs ? Matisse fut pris au piège… Matisse c'est un vieux monsieur qui a mal tourné[43]. »
116
+
117
+ Depuis septembre 1939, Georges Duthuit, le gendre de Matisse, est resté aux États-Unis, où il est speaker pour des émissions radiophoniques en direction de la France[44]. En avril 1944, Amélie (la femme de Matisse) et le 21 mai 1944, Marguerite Matisse-Duthuit (sa fille), sont arrêtées par la Gestapo, pour faits de Résistance. Madame Amélie Matisse est condamnée à six mois de prison (elle est libérée en septembre 1944), tandis que Marguerite Matisse, la fille du peintre, est torturée et défigurée[45].
118
+
119
+ Marguerite, dite « Jeannette », internée au fort Hatry de Belfort, est libérée le 27 août 1944[46]. Elle est recueillie dans un premier temps par la famille de Léon Delarbre, un peintre résistant et déporté, connu pour avoir réussi à rapporter des dessins réalisés dans les camps d'extermination (musée de la Résistance à Besançon). Marguerite est ensuite prise en charge par la Croix-Rouge, qui la cache au sein de la famille Bruno à Giromagny près de Belfort. Elle est libérée en octobre 1944. Matisse la revoit en janvier et février 1945[47]. Sous le coup d'une émotion intense, Henri Matisse dessine de nombreux portraits de sa fille, dont le dernier de la série montre un visage enfin apaisé[48],[49]. Jean Matisse, son fils, sculpteur, appartient lui à un réseau de résistance très actif[45].
120
+
121
+ Dans une lettre à Albert Marquet, du 6 novembre 1944, Matisse donne des nouvelles de sa fille : « Je suppose qu'elle n'est que très fatiguée, car on ne m'a pas dit autre chose pour me ménager. Le docteur a dit que c'était un miracle qu'elle en soit sortie ainsi. »
122
+
123
+ En 1945, une grande rétrospective Matisse est organisée au Salon d'automne de Paris après celle sur Picasso en 1944, et sur Braque, en 1943. Il réalise les cartons de tapisserie, à savoir Polynésie, le Ciel et Polynésie, la Mer (1946).
124
+
125
+ Alité, handicapé, mais « vivant », Matisse ne peut plus peindre ou pratiquer des techniques qui demandent des diluants (eau ou huile). Il invente alors la technique des papiers découpés, qu'il peut, dans son lit, couper avec des ciseaux, papiers que ses assistants placent et collent aux endroits souhaités par l'artiste.
126
+
127
+ Entre 1943 et 1947, Matisse travaille à l'élaboration de Jazz, un livre illustré, pour l'éditeur et critique d'art Tériade. Pour Matisse,
128
+
129
+ « Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs. Ce livre a été conçu dans cet esprit. »
130
+
131
+ Le texte qui accompagne les illustrations est écrit et calligraphié par Matisse lui-même, et constitue un texte théorique du peintre sur sa conception de l'art[50].
132
+
133
+ Il commence à travailler, à partir de 1949, au décor de la chapelle du Rosaire de Vence[51], à la demande de son infirmière-assistante. L'artiste Jean Vincent de Crozals lui sert de modèle pour ses dessins du Christ[52]. D'un point de vue plastique, la simplification des formes semblent être nées des observations des icônes byzantines dont son gendre, Georges Duthuit, était un spécialiste au Louvre.
134
+
135
+ En 1950, alors que le peintre reçoit la visite de ses trois petits-enfants, il dessine au plafond de sa chambre leurs trois portraits au fusain avec un bâton de 2 m de long. Le plafond a été déposé et offert au musée Matisse du Cateau-Cambrésis par les descendants de Pierre Matisse où il est visible : « Ce sont mes petits-enfants. J'essaie de me les représenter et quand j'y parviens, je me sens mieux. Aussi, je les ai dessinés au plafond pour les avoir sous les yeux, surtout pendant la nuit. Je me sens moins seul. »
136
+
137
+ À 81 ans, Henri Matisse représente la France à la XXVe Biennale de Venise.
138
+
139
+ Installé dans une chambre-atelier à l'hôtel Regina de Nice, il réalise sa dernière œuvre, La Tristesse du roi, une gouache découpée aujourd'hui au musée d'Art moderne du Centre Pompidou.
140
+
141
+ En 1952 a lieu l'inauguration du musée Matisse du Cateau-Cambrésis, sa ville natale.
142
+
143
+ Henri Matisse meurt le 3 novembre 1954 à Nice, après avoir dessiné la veille une dernière fois le portrait de Lydia Délectorskaya, que Matisse disait connaître par cœur, il conclut d'un : « Ça ira ! », expression qui peut être considérée comme ses dernières paroles[53]. Matisse est enterré dans cette ville, au cimetière de Cimiez.
144
+
145
+ En 1963, le musée Matisse de Nice ouvre ses portes à son tour et, en 1970, la première rétrospective de l'œuvre de Matisse en France est organisée au Grand Palais de Paris. L'année suivante, Aragon publie Henri Matisse, roman, recueil d'une vingtaine d'articles, de textes et préfaces de catalogues, de conférences d'Aragon, consacré au peintre. L'œuvre de Matisse rencontre le public français.[pas clair]
146
+
147
+ Depuis, les expositions et les rétrospectives se succèdent dans le monde entier. Lors de l'exposition à la Tate Modern de Londres, en 2014, consacrée aux papiers découpés, la critique Laura Cumming de The Guardian écrit : « L'art de Matisse est une leçon de vie, et une source d'inspiration pour le spectateur : voilà ce dont nous devrions tous être capable, être prêt à savourer la beauté de la vie alors même que nous sommes confrontés à sa fin[54]. »
148
+
149
+ Célèbre et célébré de son vivant, Matisse aura une influence prépondérante sur la peinture américaine, et en particulier sur l'École de New York, Mark Rothko, Barnett Newman, Motherwell, mais aussi en Allemagne, au travers des élèves de son académie, Marg Moll, Oskar Moll, Hans Purrmann…
150
+
151
+ À la première école de New York, emmené par les deux critiques Harold Rosenberg et Clement Greenberg[55], il convient d'ajouter la seconde école de New York avec des figures comme Frank Stella et le mouvement que Greenberg définit comme la Post-Painterly-Abstraction, le Colorfield Painting (Morris Louis, Helen Frankenthaler, Sam Francis, Jules Olitskix), ou encore le hard edge (Kenneth Noland Mary Pinchot Meyer…)[56].
152
+
153
+ Mais également les peintres du Pop Art, dont Warhol qui déclare, en 1956 : « Je veux être Matisse[57] », ou Tom Wesselmann, Roy Lichtenstein, qui feront d'amples citations du peintre français.
154
+
155
+ En France, l'influence de Matisse se retrouve chez les peintres de Supports/Surfaces, et dans les textes théoriques du critique Marcelin Pleynet, comme Système de la peinture.
156
+
157
+ Une autre particularité est que de nombreux descendants d'Henri Matisse sont des peintres ou des sculpteurs, comme son fils Jean, sculpteur, son fils Pierre, galeriste, ses petits-enfants, Paul Matisse, sculpteur, Jacqueline, artiste et son arrière-petite-fille, Sophie, peintre.
158
+
159
+ En 2015, une étude menée à l'European Synchrotron Radiation Facility de Grenoble révèle au monde de l'art que le sulfure de cadmium connu aussi comme étant le pigment jaune de cadmium utilisé par Matisse est sujet à un processus d'oxydation lors d'une exposition à la lumière, se transformant alors en sulfate de cadmium très soluble dans l'eau et surtout incolore[58].
160
+
161
+ Matisse, s'il n'apparaît pas directement comme tel, est un théoricien de l'art qui a laissé par ses interviews et ses différents textes, les explications de son art « inspiré de la nature » mais travaillé par la mémoire et les perceptions. C'est dans Jazz, en particulier, qu'il rejette toute distinction entre art abstrait et figuratif. Tout au long de sa carrière, il a laissé des textes — Notes d'un peintre, des interviews, jusqu'à Jazz — que l'on peut lire dans Écrits et propos sur l'art[59], qui donnent le sentiment d'un classicisme revisité.
162
+
163
+ « Mon dessin au trait est la traduction directe et la plus pure de mon émotion. La simplification du moyen permet cela[60]. »
164
+
165
+ Louis Aragon, dans Henri Matisse, roman, note comment Matisse lui explique l'utilisation des signes qui fondent son dessin par exemple les : « signe-œil », « signe-arbre », « signe 3-bouche », « signe fleurs », « signe main-fleurs ». Ainsi, l'épuration de son dessin doit atteindre au hiéroglyphe, le 3 devenant bouche, ou l'arbre désigné par quelques feuilles comme « un signe chinois qui signifie l'homme, l'oiseau ou même la bouche[61] ».
166
+
167
+ Pour Matisse :
168
+
169
+ « L'importance d'un peintre se mesure à la quantité de nouveaux signes qu'il aura introduit dans le langage plastique[62]. »
170
+
171
+ Le sinologue François Cheng a remarqué la parenté des remarques et assertions de Matisse avec les traités taoïstes de peinture chinoise[63], connus en France depuis le XVIIIe siècle, et qui vont bien au-delà de la simple citation visuelle d'un vase Quing ou d'une calligraphie, par la recherche d'une intériorité spirituelle de la peinture.
172
+
173
+ D'un autre côté, Matisse était très attentif aux évolutions techniques, au métier de peintre et aux différentes théories scientifiques des couleurs et à leurs effets de perception. Mais :
174
+
175
+ « Le choix de mes couleurs ne repose sur aucune théorie scientifique. Il est basé sur l'observation, sur le sentiment, sur l'expérience de ma sensibilité. S'inspirant de certaines pages de Delacroix, un artiste comme Signac se préoccupe des complémentaires, et leur connaissance théorique le porte à employer ici ou là, tel ou tel ton. Pour moi, je cherche simplement à poser des couleurs qui rendent ma sensation. Il y a une proportion nécessaire des tons qui m'aident à modifier la forme d'une figure ou à transformer ma composition. Tant que je ne l'ai pas obtenu pour tous les parties, je la cherche et poursuis mon travail. Puis il arrive un moment où toutes les parties ont trouvé leurs rapports définitifs et dès lors, il me serait impossible de rien retoucher à mon tableau, sans le refaire entièrement.
176
+
177
+ En réalité, j'estime que la théorie des complémentaires, n'est pas absolue. En étudiant les tableaux de peintres dont la connaissance des couleurs repose sur l'instinct et le sentiment, sur une analogie constante de leurs sensations ; on pourrait préciser, sur certains points, les lois de la couleur, recaler les bornes de la théorie de la couleur, telle qu'elle est actuellement admise[64]. »
178
+
179
+ Cependant, Matisse considérait toujours que :
180
+
181
+ « Ce que je poursuis par-dessus tout, c’est l’expression. Quelquefois, on m’a concédé une certaine science, tout en déclarant que mon ambition était bornée et n’allait pas au-delà de la satisfaction d’ordre purement visuel que peut procurer la vue d'un tableau. Mais la pensée d'un peintre ne doit pas être considérée en dehors de ses moyens, car elle ne vaut qu’autant qu’elle est servie par des moyens qui doivent être d’autant plus complets (et, par complets, je n’entends pas compliqués) que sa pensée est plus profonde. Je ne puis pas distinguer entre le sentiment que j’ai de la vie et la façon dont je le traduis[65]. »
182
+
183
+ En 1948, dans une lettre à son ami Henry Clifford, il fait le point sur sa démarche :
184
+
185
+ « J'ai toujours essayé de dissimuler mes efforts, j'ai toujours souhaité que mes œuvres aient la légèreté et la gaieté du printemps qui ne laisse jamais soupçonner le travail qu'il a coûté. Je crains donc que les jeunes, en ne voyant que l'apparente facilité et les négligences du dessin, se servent de cela comme d'une excuse pour se dispenser de certains efforts que je juge nécessaires. […] Ce lent et pénible travail est indispensable. En vérité, si les jardins n'étaient pas bêchés à l'époque voulue, ils ne seraient bientôt plus bons à rien. N'avons-nous pas d'abord à nettoyer puis à cultiver le sol à chaque saison de l'année ? […] Ce n'est qu'après des années de préparation que le jeune artiste a le droit de toucher aux couleurs — pas aux couleurs en tant que moyen de description — mais en tant que moyen d'expression intime. Alors il peut espérer que toutes les images et même tous les symboles qu'il emploie puissent être le reflet de son amour pour les choses, un reflet dans lequel il peut avoir confiance, s'il a été capable d'accomplir jusqu'au bout son éducation avec pureté et sans se mentir à lui-même. Alors il emploiera les couleurs avec discernement. Il les posera en accord avec un dessin naturel, informulé et totalement conçu qui jaillira directement de sa sensation ; ce qui permettait à Toulouse-Lautrec, à la fin de sa vie, de s'exclamer : « Enfin, je ne sais plus dessiner. » […] Le peintre débutant pense qu'il peint avec son cœur. L'artiste qui a terminé son développement pense aussi qu'il peint avec son cœur. Seulement ce dernier a raison parce que son entraînement et la discipline qu'il s'est imposée lui permettent d'accepter les impulsions. […] Mon but n'est pas d'enseigner. […] Je voudrais que les gens sachent qu'il ne faut pas approcher de la couleur comme on entre dans un moulin, qu'il faut une sévère préparation pour être digne d'elle. Mais avant tout, il faut posséder le don de la couleur comme un chanteur doit posséder la voix. Sans ce don, on ne peut aller nulle part et tout le monde ne peut pas dire comme le Corrège : moi aussi je suis un peintre. Un coloriste marque de son empreinte même un simple dessin au fusain. […] Je m'aperçois que, obéissant à une nécessité intérieure, j'en ai fait l'expression de ce que je ressens à propos du dessin et de la couleur et de l'importance d'une discipline dans l'éducation d'un artiste[66]. »
186
+
187
+ Ainsi, l'artiste arrive à exprimer ses visons intérieures, ce qui selon Matisse est l'objet de la peinture[67].
188
+
189
+ Henri Matisse filmé par François Campaux. en train de peindre deux portraits, un d'enfant et un de Lydia.[réf. souhaitée]
190
+
191
+ Connu et reconnu de son vivant, la cote de Matisse n'a cessé depuis de monter ainsi que le montre, en 2009, la valeur historique de 32 millions d'euros atteinte par Les Coucous, tapis bleu et rose, œuvre mise en vente dans le cadre de la vente Bergé-Yves Saint Laurent à Paris[68].
192
+
193
+ La sculpture Nu de dos IV a été vendue aux enchères chez Christie's, à New York, pour près de 49 millions $ (environ 35 millions € avec les frais[69]), elle devient ainsi la 4e sculpture la plus onéreuse vendue aux enchères, après Alberto Giacometti et Amedeo Modigliani[70].
194
+
195
+ L'œuvre comprend également d'importantes séries de sculptures tirées en bronze (bustes de Jeannette, 1910-1913 ; quatre Nus de dos, bas reliefs, 1909-1930), près de 500 pièces gravées (eaux-fortes, bois, lithographies), des illustrations de livres : Poésies de Mallarmé (1932), Lettres de la religieuse portugaise (1946), Florilège des Amours de Ronsard (1948).
196
+
197
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/254.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,119 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un animal de compagnie est un animal recevant la protection des humains en échange de sa présence, sa beauté, sa jovialité ou encore pour ses talents (oiseaux chanteurs, parleurs…). En raison de leur très longue présence au côté de l'Homme, ces animaux familiers ont souvent fait l'objet d'une domestication à la suite de leur apprivoisement. Ils se distinguent toutefois de l'animal domestique vivant simplement dans le voisinage de la maison, simple commensale de l'homme comme le chien de travail, et par opposition aux dits « animaux de production » utilisés pour leur viande, leur lait ou leurs œufs, telles les vaches ou les poules. Dans les pays occidentaux, les principaux animaux de compagnie sont le chat et le chien qui, avec le furet, sont des animaux classés comme « carnivores domestiques » et donc soumis à une législation particulière.
2
+
3
+ Depuis les années 1980[1], on désigne sous le terme « nouveaux animaux de compagnie » (NAC), des espèces qui sont entrées après les années 1970 dans le cercle des animaux de compagnie. Certains de ces animaux, comme le furet ou le lapin, étaient domestiqués depuis longtemps, mais destinés à un autre usage. D'autres sont des animaux exotiques, légalement considérés comme animaux domestiques uniquement dans leur pays d'origine, tandis qu'ailleurs ce sont des individus sauvages qu'il est possible de garder en captivité sous certaines conditions. Depuis le début des années 2000, des animaux de compagnie génétiquement modifiés comme le GloFish font également leur apparition.
4
+
5
+ La réglementation diffère d'un pays à l'autre, notamment pour les conditions d'acquisition, de détention, d'importation et d'exportation.
6
+
7
+ Le premier animal de compagnie, le chien, est issu de la domestication du loup. Les chasseurs-cueilleurs ramenant chez eux des louveteaux qu'ils n'ont pas tués le confient probablement à leurs femmes qui les élèvent. D'après le biologiste Ray Coppinger, ce serait peut-être même les loups les plus enhardis qui profitèrent de nos restes, devenant ainsi par la suite de plus dociles compagnons. La mode des animaux de compagnie se développe par la suite dans un contexte colonial (civilisation gréco-romaine, mise en place des empires coloniaux), les colons rapportant des pays conquis des animaux exotiques (singes, perroquets, poissons rouges…) ou de races peu connues en Europe (chats, chiens…)[2].
8
+
9
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris (qui finit à son tour animal de compagnie) en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi, en partie, son rôle utilitaire de prédateur pour plus devenir progressivement un animal de compagnie en Europe[3]. Sous Louis XV, se développe la mode du « chien de manchon », chien d'une fort petite espèce que les dames portent dans leur manchon, et des « animaux de tendresse »[4].
10
+
11
+ Au XIXe siècle, l'animal de compagnie du pauvre est le canari, car il exige peu de nourriture[2].
12
+
13
+ Chez les peuples chasseurs-cueilleurs d'Amazonie, il est fréquent de recueillir de jeunes animaux, tels que le pécari, le cabiai ou l'agouti. Une fois apprivoisés, ils vivent en liberté dans la maison et sont les compagnons de jeu des enfants[5].
14
+
15
+ Dans les sociétés occidentales, les animaux de compagnie sont devenus un véritable phénomène de société, avec le chien et le chat tenant le rôle d'excellence.
16
+
17
+ En 2006, la proportion de foyers possédant un animal familier était de[6] :
18
+
19
+ En 2010, en France, un sondage révèle que 48,7 % des foyers posséderaient au moins un animal de compagnie[8], chiffre en constante baisse comparé à 2006. Soit 59 millions d’animaux familiers en 2010. Si le nombre de chiens (7,59 millions, -2,86 % depuis 2008), petits mammifères (3 millions, -7 % depuis 2008) et poissons (31,58 millions, -13 % depuis 2008) est en baisse, en revanche le nombre de chats (10,96 millions, +2,6 % depuis 2008) et d'oiseaux (6,04 millions, soit 70,6 % de plus qu'en 2008) augmente[8].
20
+
21
+ Le nombre d'oiseaux a retrouvé son niveau d'avant la crise de la grippe aviaire de 2004 qui avait imposé des contraintes d'isolation aux oiseaux de volière, ceux-ci ayant la faveur au détriment de l'oiseau unique en cage. À l'inverse, le poisson rouge unique dans son bocal progresse de 2,8 % entre 2008 et 2010 au détriment de l'aquarium collectif, malgré les campagnes de sensibilisation[8],[9].
22
+
23
+ L'animal de compagnie est un objet d'attachement dont la présence est rassurante. Il rompt la solitude et l'isolement social. C'est une aide précieuse pour certaines catégories sociales, notamment les personnes âgées et les enfants.[réf. nécessaire]
24
+
25
+ En France, en 2010, chiens et chats sont adoptés principalement par des familles de taille moyenne vivant en zone rurale dans une maison avec jardin. Les Français ont moins de chiens, notamment les retraités, car ils désirent désormais pouvoir voyager sans contrainte ou estiment ne pas remplir les conditions pour s'en occuper correctement[8].
26
+
27
+ En 2011, la France regroupe la plus grande population d'animaux de compagnie de l'Union européenne, avec 61,6 millions d'animaux[10].
28
+
29
+ En 2012, en France, on estime que deux foyers sur trois possèdent un animal de compagnie[11].
30
+
31
+ Cette liste est loin d'être exhaustive, car l'acquisition, l'importation et la détention des différentes espèces sont soumises aux réglementations internationales et locales. Elle varie aussi selon les époques et les modes.
32
+
33
+ Par exemple, le perroquet jaco est quasiment menacé à l'état sauvage à cause des importations excessives et du déboisement ; le furet est totalement interdit en Nouvelle-Zélande, où il constitue une espèce invasive ; on ne peut pas maintenir un hérisson commun en captivité en Europe, alors que c'est un animal de compagnie prisé en Amérique ; il faut obtenir un certificat de capacité pour élever un chien de prairie en France ; le poisson rouge en bocal est interdit à Rome[12], l'écureuil de Corée (Tamias sibiricus), est interdit en Europe depuis 2016 car c'est un vecteur de maladie s'il est relâché dans la nature[13]. etc.
34
+
35
+ Voir Catégorie : Oiseau de compagnie
36
+
37
+ Le marché des animaux de compagnie se développe rapidement et touche divers aspects :
38
+
39
+ En 2013, la valeur marché mondial des animaux de compagnie est estimée à 53 milliards d'euros[16].
40
+
41
+ Au Japon, en 2011, le marché des animaux de compagnie est le deuxième au monde après les États-Unis, dont un tiers consacré à l'alimentation. Il est estimé à environ 10 milliards d’euros (1 137 milliards de yens), soit 170 euros (19 000 yens) par foyer japonais et par an. C'est un marché en pleine expansion depuis 2002 pour répondre aux besoins des 29 millions d'animaux de compagnie, nombre qui devrait encore s'accroître avec une préférence pour les petits chiens mais aussi d'autres animaux comme les insectes dont 600 000 individus sont importés par an. Assurances, aliments diététiques, produits de soins et de toilettage connaissent par conséquent un véritable boom[17].
42
+
43
+ En France, en 2009, le marché des animaux de compagnie était estimé à 3,5 milliards d'euros par an. En 2010 les français ont dépensé en moyenne 800 € pour leurs chiens et 600 € pour leurs chats et ils ont acheté sur Internet 2,1 % de l'alimentation animale et 5,9 % des accessoires[18]. En 2016, seulement 6 % des animaux de compagnie sont assurés en France[19] (contre 80 % dans d'autres pays européens), majoritairement les chiens et les chats. En 2014, le coût d'une mutuelle « basique » pour animaux est d'environ 15,80 euros pour un chien et d'environ 11,90 euros pour un chat[20][pertinence contestée].
44
+
45
+ Ce commerce engendre en outre un des plus importants en volume fiduciaire trafic illégal[réf. nécessaire].
46
+
47
+ Les animaux de compagnie peuvent être porteurs de parasites ou infecter d'autres espèces animales voire l'homme (zoonose). Leur détention ou leur passage aux frontières sont très souvent réglementés et des documents officiels avec des certificats vétérinaires peuvent être réclamés au propriétaire par les autorités des pays concernés[21].
48
+
49
+ Une identification des animaux est souvent requise, par baguage, puce électronique sous-cutanée, boucle[22], etc.
50
+
51
+ En France, il faut un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques.
52
+
53
+ Certains spécialistes comme les médecins allergologues de l'ARCAA rappellent que les animaux de compagnie peuvent être impliqués dans les allergies des patients[23]. Par exemple, les urines ou la salive du chat peuvent contenir des allergènes qui entraînent des crises d'Asthme. On parle d'effet cocktail[24] quand un environnement chargé en COV associé aux allergènes de l'animal amplifie le risque de réaction allergique. Pour faire face à ces risques, il convient donc de minimiser les polluants intérieurs si on a un animal chez soi[25]. [pertinence contestée]
54
+
55
+ Les animaux vivants sont susceptibles d'agression, de véhiculer des maladies graves (rage ou la grippe aviaire) ou bien encore de ne pas respecter la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. La réglementation de leurs déplacements diffère selon les pays et il convient de se renseigner auprès des ambassades ou des services de douane[26].
56
+
57
+ En règle générale, pour voyager avec un animal de compagnie, il est prudent de s'assurer qu'il appartient à une espèce ou une race autorisée dans le pays de destination et de retour, être en possession de documents officiels valides attestant sa bonne santé au cours des mois précédents, voire de son identité et sa propriété. Les conditions de contention durant le transport sont également réglementées.
58
+
59
+ Sur le territoire français, sur la voie publique, les races de chiens présumés dangereux (1re et 2e catégories) doivent être tenus en laisse par une personne majeure et être muselés. Ils n’ont pas accès aux transports en commun et aux lieux publics[26]. Les petits animaux (dans un sac ou une cage) ou les chiens guides d'aveugles ont accès aux transports et lieux publics selon certaines conditions[27].
60
+
61
+ En Europe, depuis le 1er octobre 2004, les carnivores domestiques (chiens, chats, furets…) doivent être munis d'un passeport pour pouvoir circuler à l'intérieur de l'Union européenne. Ce document est délivré par un vétérinaire habilité et nécessite, depuis 2011, que l'animal soit identifié par une puce électronique sous-cutanée[28]. Les animaux doivent être vaccinés contre la rage. Certains pays (le Royaume-Uni, l'Irlande, la Suède) exigent en outre que leur niveau de protection contre la rage soit évalué par un test sérologique, de façon à vérifier l'efficacité réelle de la vaccination. Le défaut de passeport peut entraîner selon le cas le retour de l'animal aux frais du propriétaire, la mise en quarantaine, voire l'euthanasie. Hors de l'Union européenne, selon les pays de provenance ou de destination, un titrage sérique des anticorps antirabiques qui doit être fait au moins 3 mois avant le voyage[26].
62
+
63
+ En France, par exemple, seules certaines espèces sont considérées comme des animaux domestiques en droit français, et donc susceptibles d'accompagner un voyageur en bénéficiant d'une certaine tolérance[29], mais au-delà d'un nombre supérieur à 5 spécimens le service des douanes considère qu'il s'agit d'un mouvement à caractère commercial. Il faut aussi noter que l'importation de certains chiens d'attaque est interdite (Staffordshire bull terrier, american Staffordshire terrier, mastiff ou boerbull, tosa, molosses de type dogue correspondant à la description donnée en annexe de l'arrêté du 27 avril 1999) ainsi que l'introduction de carnivores domestiques de moins de 3 mois, pas encore vaccinés contre la rage. Pour tous les animaux, le passage préalable chez un vétérinaire pour obtenir une attestation de bonne santé est indispensable pour éviter la propagation des maladies et des parasites[26].
64
+
65
+ Si l'animal de compagnie est un objet d'attachement, il reste un être qu'on abandonne trop facilement ou, pire, que l'on maltraite. Ce phénomène a entraîné en réaction des actions pour la protection des animaux.
66
+
67
+ Citons parmi les lois concernant les animaux de compagnie :
68
+
69
+ La première loi en faveur de la protection des animaux, la loi Grammont de 1850, prévoit une amende et même plusieurs jours de prison pour ceux qui maltraitent leurs animaux[30]. La Société protectrice des animaux (SPA), fut reconnue d'utilité publique en 1860 par Napoléon III.
70
+
71
+ En 1976, l'animal acquiert un statut d'être sensible et doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce[30]. En 1978 est proclamée la Déclaration universelle des droits de l’animal à Paris, au siège de l’UNESCO[30].
72
+
73
+ Depuis 1977, il faut un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques[31]. Il existe 3 sortes de capacités non domestiques : élevage, vente/détention/transit, et présentation au public. La détention pour le plaisir de certaines espèces non domestiques est tolérée dans le cadre d'un élevage d'agrément, pour un nombre limité d'individus, s'il s'agit d'espèces ni dangereuses, ni protégées ou réglementées[32].
74
+
75
+ Le 13 novembre 1987, les États membres du Conseil de l'Europe signent, à Strasbourg, la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie. En 1989, la « loi Nallet » (du nom du ministre français de l'Agriculture) double le temps de garde avant euthanasie animale des animaux trouvés (on passe de 4 jours à 8 jours)[30].
76
+
77
+ En 1999 est promulguée la loi relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux : les animaux errants sont moins maltraités, les conditions de vente et de détention sont plus réglementées, la cruauté est davantage punie et l'animal est distingué de l'objet au regard de la loi[30].
78
+
79
+ Depuis octobre 2000 l'exercice des activités liées aux animaux de compagnie nécessite aussi l'obtention par les personnes d'un certificat de capacité pour les animaux domestiques (CCAD)[33].
80
+
81
+ En France, 100 000 animaux sont abandonnés chaque année, majoritairement durant l'été[34].
82
+
83
+ La loi fédérale du 4 octobre 2002 introduit un nouvel article 641a au Code civil, qui met fin au statut selon lequel les animaux sont des choses[35].
84
+
85
+ Voir aussi la Loi fédérale sur la protection des animaux (LPA) du 16 décembre 2005[36]
86
+
87
+
88
+
89
+ Un chien affublé d’un manteau qu’on appelle « mon bébé », « mon fils », « ma fille », « ma fifille », pour qui l’on crée un profil sur les réseaux sociaux d’internet, voilà un schéma qui n'étonne pas dans la société occidentale.
90
+
91
+ Gilles Deleuze, dans son Abécédaire, distingue deux gammes de rapports avec les animaux : les rapports humains et les rapports animaux. Avec l’animal de compagnie l'homme entretient un rapport humain, il projette sa condition sur son compagnon. Au contraire le chasseur ou l'éthologue entretient un rapport animal, il incorpore la condition de l’animal pour mieux approcher le sauvage. L’animal de compagnie est un être sujet contrairement à l’animal d'élevage (ou militaire, de laboratoire) qui est considéré un animal-machine ou animal-objet.
92
+
93
+ Le premier rapport de l’homme à l’animal est celui de la catégorisation. On détermine le bon soin à porter à l’animal de compagnie en invoquant les arguments de la biologie et de sa nature. Sa nature réifiée dans une catégorie biologique, devient une norme à défendre. Ce rapport est signe d’une domination humaine sur l’animal, en tant qu’être humain je sais ce qu’il y a de mieux pour l’Autre.
94
+
95
+ L'anthropomorphisme, au contraire, consiste à nier l’animalité. On attribue à l’animal de compagnie une conscience et des désirs humains. Par exemple avec les produits d’alimentation qui prennent une forme appétente pour les humains, des accessoires qui s’accordent avec l’habillement et les modes humaines.
96
+
97
+ Le syndrome de Noé (animal hoarding en anglais, est une maladie mentale qui consiste à posséder trop d'animaux de compagnie pour s'en occuper correctement.
98
+
99
+ Sujet qui fait débat, les droits concernant les animaux sont inscrits à la fois dans le Code civil, Code pénal et Code rural. Le statut particulier de l'animal de compagnie oppose radicalement son traitement à celui des animaux d’élevages ou sauvages. Dans le Code civil les lois protègent les animaux domestiques qui sont soumis au régime des biens[37]. Dans le Code rural, l'animal est un être sensible qui doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce[38]. Selon le Code rural, dans le droit relatif aux animaux de compagnie, on entend par animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l'homme pour son agrément[39]. Le Code pénal sanctionne les sévices graves ou de nature sexuelle ainsi que tout acte de cruauté sur les animaux domestiques ou apprivoisés ou tenus en captivité[40].
100
+
101
+ Il existe une convention européenne pour la protection des animaux de compagnie[41].
102
+
103
+ L'abattage de 50 000 chiens en réponse à une épidémie de rage, dans la province chinoise du Yunnan, en juillet 2006, suscite une controverse[42].
104
+
105
+ Certains penseurs défendent l'idée qu'il serait nécessaire de créer un droit des animaux.
106
+
107
+ Contrairement aux animaux d’élevage, la norme pour les animaux de compagnie n'est pas l'équarrissage. L’homme a créé différentes pratiques de traitement du corps des animaux de compagnie. Lorsqu'un animal de compagnie meurt l’incinération par le vétérinaire est la voie la plus courante.
108
+
109
+ On peut laisser la dépouille d’un animal chez un vétérinaire pour une incinération collective, coût entre 15 et 120€ selon le poids de l'animal. L'incinération individuelle doit être effectuée par une société d’incinération. Le coût pour l'enterrement dans un cimetière pour animaux en France comprend le prix du cercueil, de l'inhumation, du caveau et de la redevance annuelle, il s’élève souvent à plusieurs centaines voire milliers d'euros.
110
+
111
+ Selon l’article L.226-3 du Code rural il est interdit de déposer le corps d’un animal sur la voie publique ou de le jeter dans les ordures ménagères, ni de le jeter dans les égouts ou dans tout type de plan d'eau. Selon article R. 63-1 du Code pénal, l'amende s'élève à 150€ pour ceux qui ne suivent pas la loi. Il est légal d'enterrer un animal dans un espace privé si l'on suit les règles données par le Code rural.
112
+
113
+ Il existe une quarantaine de cimetières animaliers en France. Le plus connu et le plus ancien est le cimetière d’Asnières. Cette pratique est un bon exemple d'anthropomorphisme : cela permet à l’homme d’offrir à son chien, son chat, ou son lapin un hommage mimétique de la pratique pour les humains. Les pierres tombales, les épitaphes sont des imitations des cimetières humains. La cérémonie de mise en bière, les visites du lieu et les bouquets de fleurs posées sur les petites tombes des animaux sont des actions inspirées des pratiques d’enterrements humains.
114
+
115
+ Espaces sur internet, sites internet, qui permettent aux propriétaires d'animaux de compagnie d’honorer la mémoire de leurs animaux décédés. Cette alternative au cimetière physique est la plupart du temps gratuite. Ils permettent aux propriétaires de visiter une tombe « virtuelle » de leur animal de compagnie, de publier des commentaires, des photos, de converser avec d'autres individus.
116
+
117
+ La présence des animaux de compagnie est importante sur les réseaux sociaux de l’internet. Il existe des groupes sur Facebook dédiés aux races de chiens, des profils Instagram (réseau de partage de photographies et images) qui présentent des animaux personnifiés, auxquels on prête souvent une voix et des comptes Twitter qui sont tenus de manière d'un jeu de rôle par le propriétaires, donnant l'illusion d'une communauté d’animaux discutant des humains entre eux. Ces réseaux permettent aux usagers de diffuser de l’information à propos des animaux de compagnie, mais aussi d'utiliser à des fins promotionnelles l'image de leur compagnon, souvent des chats[43], dont les représentations diffusées deviennent iconiques, comme Grumpy Cat ou Choupette.
118
+
119
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2540.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,116 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Henry Ford, né le 30 juillet 1863 à Dearborn (Michigan, États-Unis) et mort le 7 avril 1947 dans la même ville, est un industriel américain de la première moitié du XXe siècle et le fondateur du constructeur automobile Ford. Son nom est notamment attaché au fordisme, une méthode industrielle alliant un mode de production en série fondé sur le principe de ligne d’assemblage et un modèle économique ayant recours à des salaires élevés. La mise en place de cette méthode au début des années 1910 révolutionne l’industrie américaine en favorisant une consommation de masse et lui permet de produire à plus de 16 millions d’exemplaires la Ford T ; il devient alors l’une des personnes les plus riches et les plus connues au monde.
4
+
5
+ Ford a une vision globale de son action : il voit dans la consommation la clé de la paix. Son important engagement à réduire les coûts aboutit à de nombreuses innovations techniques mais également commerciales ; il met ainsi en place tout un système de franchises qui installe une concession Ford dans un maximum de villes en Amérique du Nord et dans les grandes villes des six continents. La Fondation Ford hérite de la majeure partie de la fortune de Ford, mais l’industriel veille néanmoins à ce que sa famille en conserve le contrôle de façon permanente. D’ailleurs, il assumera très longtemps le poste de président de la Ford Motor Company. Dans les années 1930, Ford se constitue, selon l'expression du New York Times, « la plus importante troupe militaire privée du monde ». Il s'associe à la pègre de Détroit, notamment afin de recruter des mercenaires capables d'intimider les syndicalistes et de mener des actions punitives contre les ouvriers grévistes.
6
+
7
+ Le diplôme de docteur en ingénierie lui est délivré par l’Université du Michigan et le collège de l’État du Michigan. Il reçoit par ailleurs un LL.D. honoraire de l’Université de Colgate. En collaboration avec Samuel Crowther, il écrit My Life, and Work (1922), Today and Tomorrow (1926) et Moving Forward (1930) qui décrivent le développement de son entreprise et expose ses théories sociales et industrielles. Son nom est également associé au livre The International Jew ainsi qu’au journal The Dearborn Independent, ce qui lui vaudra de nombreuses controverses concernant son antisémitisme et ses liens avec le régime nazi, certains voyant en lui l'un des maîtres à penser de Hitler.
8
+
9
+ Le père d’Henry Ford, William Ford (1826-1905), est natif de la paroisse de Kilmalooda, située dans le comté de Cork en Irlande. En 1847, âgé de 21 ans, il immigre avec sa famille aux États-Unis où, l’année suivante, son père John Ford fait l’acquisition auprès d’un vieil homme également originaire de Cork, d’une ferme dans le comté de Wayne près de Détroit[1]. C’est dans cette ferme où il travaille avec son père que William fait la connaissance de Mary Litogot (1839-1876), dont il tombe amoureux. Née dans le Michigan de parents immigrés belges, elle est la fille adoptée d’un des employés de la ferme, Patrick Ahern[1]. William et Mary officialisent leur union le 21 avril 1861[1] ; après leur mariage, ils décident de s’installer ensemble à Fair Lane (en), la résidence où vivent les parents de Mary, à Dearborn. Le 30 juillet 1863, Mary donne naissance à Henry Ford, l’aîné d’une fratrie qui comptera six enfants[2].
10
+
11
+ Henry fréquente l’école jusqu’à l’âge de 15 ans[2]. Il n’éprouve que peu d’intérêt pour ses études et se révèle piètre élève ; d’ailleurs, il n’apprendra jamais à orthographier ni à lire correctement, et ne s’exprimera toujours que de la manière la plus simple[2]. S’il n’aime guère plus la vie agricole, Henry Ford se passionne en revanche très tôt pour la mécanique. À l’âge de 12 ans, il reçoit une montre de poche de son père qu’il parvient à démonter et remonter de nombreuses fois, gagnant une réputation de réparateur de montres auprès de ses voisins et amis[3]. Selon Henry Ford, « une immense quantité de savoir peut être acquise simplement en bricolant des choses. La manière dont tout est fabriqué ne peut pas uniquement s’apprendre des livres »[3]. Par la suite, Ford passe le plus clair de son temps dans un atelier qu’il équipe lui-même et où il construit, à l’âge de 15 ans, sa première machine à vapeur[4],[5].
12
+
13
+ Malgré les besoins de l'exploitation agricole familiale, Henry Ford, à l’âge de 16 ans, est autorisé par ses parents à partir travailler à Détroit[6],[2] ; il y est notamment employé comme apprenti dans un atelier d’usinage de fer[2]. Son salaire hebdomadaire de 2,50 $ ne lui permet cependant pas de payer sa chambre et ses repas si bien qu’il travaille également de nuit dans un atelier de réparation de montres et d’horloges. Après trois années passées à Détroit, Ford retourne travailler à la ferme. C’est à cette période qu’il fabrique pour Westinghouse – une entreprise de location et de réparation de moteurs – une petite machine agricole à vapeur, dont le châssis et une partie du moteur sont issus d’une vieille tondeuse à gazon[6],[2]. Plusieurs années après la mort de sa mère en 1876, Henry fait la rencontre de Clara Bryant, la fille de Melvin Bryant, un fermier du comté de Wayne. Ils se marient le 13 avril 1888 et donnent naissance à un fils dénommé Edsel Ford, le 6 novembre 1893[6].
14
+
15
+ En 1891, Ford retourne à Détroit, accompagné de sa famille, en tant qu’ingénieur mécanicien chez Edison Illuminating Company. Devenu ingénieur en chef en 1893, il a suffisamment de temps et d’argent pour se consacrer à quelques expériences personnelles sur les moteurs à essence[2]. Elles aboutissent en 1896 avec l’achèvement de son propre véhicule automobile nommé « Ford Quadricycle »[7], un véhicule de 4 chevaux à 4 roues refroidi par eau. La même année, lors d’une convention tenue à Manhattan Beach, à New York, destinée à trouver des investisseurs, Ford est présenté à Thomas Edison, expliquant que « ce jeune homme venait de mettre au point une petite automobile à essence »[8]. Après lui avoir posé quelques questions, Edison finit par déclarer : « Young man, that’s the thing! You have it! Your car is self contained and carries its own power plant. »[8] (« Jeune homme, vous l’avez ! Votre voiture est un contenant qui transporte sa propre centrale d'énergie. »)
16
+
17
+ Encouragé par cette approbation, Ford démissionne de la société Edison et fonde le 5 août 1899, avec le soutien de l’industriel William H. Murphy, la Detroit Automobile Company dans le but de produire des automobiles. Sans succès, l’entreprise est dissoute en janvier 1901. Pour autant, Ford et Murphy ne se découragent pas et créent une nouvelle entreprise : la Henry Ford Company[9]. Pour se faire connaître, Ford fait preuve d’imagination. En octobre 1901, avec l’aide de son associé Childe Harold Wills, il participe à une course de 10 miles sur le circuit de Grosse-Pointe au volant d’une automobile de compétition qu’il a conçue, la 999. Ford la remporte devant Alexander Winton[10], un coureur réputé[9]. Grâce à cette victoire largement diffusée dans la presse, Ford se fait connaitre à travers tous les États-Unis[9].
18
+
19
+ Cependant en 1902, Ford est en profond désaccord avec plusieurs actionnaires de l’entreprise ; ces derniers désirent mettre sur le marché dès à présent une voiture de tourisme tandis que Ford insiste encore et toujours pour poursuivre l’amélioration de l’automobile sur laquelle il travaille[11],[2]. Ford décide donc de quitter la Henry Ford Company. Elle sera reprise par Henry M. Leland qui la renomme Cadillac Automobile Company[11].
20
+
21
+ Peu de temps après son départ, Henry Ford propose à Alexander Malcomson, une connaissance rencontrée lorsqu’il était employé chez Edison, de participer à la création d’une nouvelle entreprise de fabrication d’automobiles. Malcomson accepte et ils fondent ensemble un partenariat dénommé Ford & Malcomson, Ltd[12]. Leur premier modèle est la Ford A (T33), une petite berline de conception bon marché destinée à être vendue à environ 750 $. En 1903, Ford et Malcomson se mettent d’accord pour vendre une partie de leurs parts de l’entreprise, notamment aux frères John et Horace Dodge[13].
22
+
23
+ Les commandes n’affluant pas, l’entreprise se retrouve rapidement en difficulté et n’est pas en mesure de payer les frères Dodge. Malcomson se tourne alors vers John S. Gray, le président de la banque germano-américaine de Détroit. Gray investit 10 500 $ dans leur entreprise[14]. Malcomson convainc également quelques-uns de ses jeunes employés d’investir ; finalement, Malcomson récolte 28 000 $[15],[2]. Le 16 juin 1903, Ford & Malcomson, Ltd devient Ford Motor Company[12], entreprise dirigée par Gray. Ford, tout comme Malcomson, possède alors 25,5 % des parts de la nouvelle organisation en tant que vice-président ; il en deviendra président le 22 octobre 1906[4],[16]. Entre-temps, en janvier 1904, il bat le record du monde de vitesse terrestre sur un modèle Arrow au Lac Sainte-Claire (un lac alors gelé d'Anchor Bay, près de New Baltimore, MI), époque où Barney Oldfield et Tom Cooper conduisent régulièrement dans des courses sur ovales la 999, Ford lui-même en disputant quelques-unes en 1905, avec au passage une victoire à Ventnor Beach (NJ) en septembre sur le mile, lors d'un challenge contre une Darracq[17]. Au total Ford bat personnellement trois records mondiaux automobiles avec sa 999, en plein hiver sur son lac de prédilection : deux sur le mile lancé (1903 et 1904), et un sur le kilomètre lancé (1904), pour plusieurs autres tentatives infructueuses sur ovales en terre battue à cette période de sa vie[18]. En 1906, il prend la mer en compagnie de Vincenzo Lancia et de Victor Demogeot (le futur vainqueur) pour venir assister le 12 février à la seconde Course cubaine à La Havane[19].
24
+
25
+ La nouvelle entreprise est cette fois-ci une réussite : 100 000 $ de profit sont réalisés les six premiers mois et 250 000 $ sur l’année[15]. Pour accroître leurs profits, Malcomson souhaite investir le marché des automobiles de luxe, le segment automobile le plus porteur selon lui ; Ford est récalcitrant mais doit finalement se résigner à accepter. Les Ford Modèle B et Modèle K vont ainsi voir le jour[15] ; les clients sont au rendez-vous si bien qu’en 1907, les profits excèdent le million de dollars[2].
26
+
27
+ « Je construirai une voiture automobile pour le plus grand nombre. »
28
+
29
+ — Henry Ford, en octobre 1908[11]
30
+
31
+ C’est ce que proclame Henry Ford peu avant la naissance de la Ford T ou Tin Lizzie (« la bonne à tout faire de fer blanc »). Introduite le 1er octobre 1908, elle est très simple à conduire et peu coûteuse à réparer. La Ford T est de surcroît tellement bon marché en 1908 que, dans les années 1920, une majorité de conducteurs américains apprennent à conduire dessus[20]. La Ford T va connaître un succès sans précédent jusqu’alors dans l’histoire de l’automobile ; au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Ford T équipe près d’un ménage américain sur deux, parmi ceux qui possèdent une voiture[21].
32
+
33
+ Henry Ford doit notamment ce succès au fordisme, un mode de développement inspiré du taylorisme basé sur la rationalisation et la standardisation[21]. La rationalisation, ou plus simplement la décomposition de l’activité de l’ouvrier en tâches élémentaires lui permettant de travailler sur des machines-outils spécialisées, conduit à une simplification et une normalisation des gestes ainsi qu’une augmentation conséquente de la productivité[21]. La standardisation quant à elle, méthode déjà utilisée dans l’industrie de l’armement dont certains ingénieurs de la Ford Motor Company sont issus, permet « l’utilisation de pièces standards parfaitement interchangeables dans la construction et la maintenance du véhicule »[21]. La standardisation dans les usines Ford est tellement poussée à l’extrême que seule la Ford T est produite, et uniquement en noir en raison, a-t-on dit, de son temps de séchage rapide, plus probablement de son moindre coût. Cette méthode favorise, non seulement l’augmentation de la production, mais également l’expansion géographique de la Ford T puisque des pièces détachées standards peuvent être aisément envoyées pour réparation[21].
34
+
35
+ Lorsqu’en 1913, Ford introduit le déplacement des pièces sur des convoyeurs, le temps de montage du châssis de la Ford T passe de 728 min à 93 min[21],[22] ; « L’homme qui place une pièce ne la fixe pas, l’homme qui place un boulon ne met pas l’écrou et l’homme qui place l’écrou ne le
36
+ visse pas »[23]. L’idée de cette ligne ou chaîne d’assemblage lui est venue, d’après ses mémoires, lors d’une visite lorsqu’il était adolescent d’un abattoir de Chicago[24]. Mais bien qu’il soit souvent crédité de l’idée, les sources indiquent que le concept et son développement sont en réalité dus à quatre de ses employés : Clarence Avery, Peter E. Martin, Charles E. Sorensen, et C. Harold Wills[réf. nécessaire]. Ces transformations du mode de production, qui vont s’inscrire durablement dans la plupart des industries du début du XXe siècle, permettent une forte diminution du coût de revient. Une Ford T vaut 825 $ au lancement du modèle ; cela correspond certes à 6 mois du salaire d’un enseignant, mais reste nettement inférieur au prix moyen d’une automobile qui avoisinait alors près de 2 000 $. Et le prix ne cessera de diminuer à mesure de l’augmentation de la production : de 690 $ en 1911, il est de 490 $ en 1914 puis de 360 $ en 1916, et enfin de 290 $ en 1927[22]. Les ventes de Ford T sont également décuplées et passent de 250 000 véhicules en 1914 à 472 000 en 1916, puis un million au début des années 1920[21].
37
+
38
+ Le dernier aspect de ce succès concerne le marketing ; Ford crée une machine de publicité massive à Détroit, pour s’assurer que tous les journaux retransmettent les annonces sur ses produits, ainsi qu’un important réseau de distributeurs introduisant l’automobile dans pratiquement toutes les villes d’Amérique du Nord[réf. nécessaire]. Les ventes augmentent en flèche. Finalement, lorsque la production de la Ford T cesse le 27 mai 1927, ce sont 15 007 034 unités qui ont été vendues en 19 ans ; ce record a tenu dans les 45 années qui suivirent[21].
39
+
40
+ Henry Ford cède la présidence de Ford Motor Company à son fils Edsel Ford en décembre 1918 ; âgé de 55 ans, il conserve toutefois un pouvoir discrétionnaire. Interrogé sur le devenir de la Ford Motor Company, Ford répondait que s’il n’était pas le maître de sa propre entreprise, il en construirait une autre. C’est ainsi qu’en juillet 1919, il rachète l’ensemble des parts, pour un montant de près de 106 millions de dollars, qu’il partage avec les membres de sa famille[22].
41
+
42
+ Au milieu des années 1920, les ventes du modèle T commencent à décliner en raison de l’augmentation de la concurrence[25]. D’autres marques automobiles offrent à leurs clients la possibilité d’acquérir une automobile à crédit, ce que Ford a toujours refusé, avec de meilleures prestations et un style plus moderne que le modèle T[26]. En dépit des demandes pressantes d’Edsel, Henry refuse toujours d’intégrer de nouvelles fonctionnalités au modèle T ou toute forme de plan de crédit client[9]. Ce déclin s’explique également par des raisons sociales et commerciales : d’une part, les ouvriers se lassent d’un travail jugé peu valorisant, et d’autre part, l’élévation générale du niveau de vie permet aux autres constructeurs de miser sur la segmentation du marché. Les clients sont en effet de plus en plus soucieux de se distinguer socialement par leur automobile et de disposer d’une voiture confortable. Posséder une Ford T n’est plus aussi valorisant et conduit les clients à renouveler leur voiture en se portant vers des marques plus prestigieuses.
43
+
44
+ En 1926, Henry est finalement convaincu qu’il faut développer un nouveau modèle[9]. Il suit le projet avec beaucoup d’intérêt pour la conception du moteur, du châssis, de la mécanique et d’autres aspects, tout en laissant le gros de la conception à son fils. La Ford Modèle A (deuxième du nom) voit le jour en 1927 ; elle connaîtra en 1931 une production totale de plus de quatre millions d’unités[réf. nécessaire][27].
45
+
46
+ Le leitmotiv de Ford est l’indépendance économique, voire l’autarcie, des États-Unis. Son complexe industriel de Red River est l’un des sites industriels les plus importants de l’époque, capable de produire l’acier nécessaire à sa production[28]. Son objectif premier est de produire un véhicule à partir de zéro et ce, sans avoir recours au commerce extérieur. Il croit en l’expansion mondiale de son entreprise et estime que le commerce et la coopération internationale conduisent à la paix ; il utilise d’ailleurs la ligne d’assemblage de traitement et de production du modèle T pour le démontrer[29].
47
+
48
+ Ford ouvre des usines de montage au Royaume-Uni et au Canada en 1911, et devient rapidement le plus grand producteur automobile de ces pays[30]. En 1912, Ford coopère avec Giovanni Agnelli, dirigeant de Fiat, afin de lancer la première chaîne de montage automobile italienne. La première des usines en Allemagne est construite dans les années 1920 avec le soutien d’Herbert Hoover et du Département du commerce, qui partage la théorie de Ford selon laquelle le commerce international est essentiel pour la paix dans le monde[31]. Dans les années 1920, Ford ouvre également des usines en Australie, en Inde, et en France. En 1929, Ford dispose de concessionnaires sur les cinq continents[32]. Ford expérimente également une plantation de caoutchouc dans la jungle amazonienne appelé Fordlândia : sa superficie représente 10 000 km2 de l’État brésilien du Pará. Mais celle-ci est l’un de ses rares échecs. Fordlândia visait à mettre fin à la dépendance de Ford envers le caoutchouc venant de la Malaisie britannique[33].
49
+
50
+ En 1932, Ford produit le tiers des automobiles construites dans le monde. L’image de l’entreprise suscite différentes réactions chez les Européens, en particulier les Allemands : « la crainte pour certains, l’engouement pour d’autres, et la fascination pour tous »[34]. Partisans et détracteurs insistent sur le fait que le fordisme américain incarne le développement capitaliste, et que l’industrie automobile est la clé pour comprendre les relations économiques et sociales aux États-Unis. Comme le déclare à cette époque un Allemand, « l’automobile a à ce point révolutionné le mode de vie américain qu’il est à peine croyable qu’on puisse vivre sans voiture. Il est difficile de se souvenir comment on faisait avant que M. Ford vienne prêcher son nouvel évangile »[34]. Pour beaucoup d’Allemands, la réussite de l’américanisme est essentiellement attribuée à Henry Ford[34].
51
+
52
+ Henry Ford est l’un des pionniers du welfare capitalism (le « capitalisme du bien-être »), une pratique industrielle paternaliste destinée à améliorer le niveau de vie des travailleurs. Le 5 janvier 1914, Ford annonce l’augmentation des salaires journaliers minimum de 2,34 $ à 5 $ pour les ouvriers en apprentissage (« The Five Dollar Day ») ainsi qu’une nouvelle réduction du temps de travail journalier de 9 h à 8 h[22]. Qualifié de « grand humaniste » ou de « socialiste fou »[22], Ford n’a pas mis en place cette initiative pour établir une solide classe moyenne capable d’acheter ses produits, comme on l’a parfois avancé[Note 1], ni même par acte de charité. Comme il l’explique lui-même dans ses mémoires, c’est l’« un des meilleurs moyens de réduction des coûts jamais mis en place »[35],[22].
53
+
54
+ En effet, Henry Ford agit uniquement dans l’intérêt de son entreprise. Ses usines sont en proie à un important turnover, qui conduit de nombreux départements à devoir engager annuellement 300 personnes pour remplir 100 postes de travail, et à un absentéisme excessif. Par ailleurs, presque tous les emplois sont monotones, et le travail sur les chaînes d’assemblage est extrêmement pénible à force de réaliser la même procédure toute la journée. Embaucher et former des travailleurs « de remplacement » est par ailleurs très coûteux[35]. L’augmentation des salaires est donc une solution pour lutter contre ces difficultés. Cette philosophie du travail permet d’augmenter rapidement la productivité, mais les salaires demeurent quasiment inchangés pendant 30 ans[36] : 6 $ en 1919 et 7 $ en 1927[21].
55
+
56
+ Le « Département social Ford » utilise néanmoins des enquêteurs pour s’assurer que ceux qui bénéficient d’une participation aux bénéfices soient irréprochables[37]. On conseille d’ailleurs fortement aux ouvriers de ne pas fumer, non seulement à l’usine, mais également à la maison. « Si vous étudiez l’histoire de la plupart des criminels, vous constaterez qu’ils étaient des fumeurs invétérés », expliquait Henry Ford[36]. L’alcool, les jeux d’argent et le billard sont également strictement interdits. L’intrusion excessive de Ford dans la vie privée de ses employés sera longtemps source de controverses. Dans ses mémoires de 1922, Ford affirmait pourtant que « le paternalisme n’avait pas sa place dans l’industrie »[23].
57
+
58
+ Dans les années 1930, Ford se constitue, selon l'expression du New York Times, « la plus importante troupe militaire privée du monde ». L'entreprise s'associe à la pègre de Détroit notamment afin de recruter des mercenaires capables d'intimider les syndicalistes et de mener des actions punitives contre les ouvriers grévistes[38].
59
+
60
+ Dès 1927, la direction de Ford passe un accord avec le « Al Capone de Détroit », Chester LaMare, puis s'associe à Joe Adonis, l'un des chefs de la mafia new-yorkaise. Après un accident de la route survenu à Henry Ford, en 1927, Harry Bennett, le « directeur du personnel » et véritable no  2 de l'entreprise, se dit en mesure de rassurer le public quant à l'hypothèse que son patron aurait été victime d'un attentat :« Nos liens avec la pègre de Détroit sont tels que moins de vingt-quatre heures après qu'un tel projet ait été tramé, nous en serions informés »[38].
61
+
62
+ L'affrontement le plus violent entre des recrues de la milice patronale et des syndicalistes eu lieu le 26 mai 1937, devant l'usine de River Rouge où des dizaines d'ouvriers syndiqués à la United Auto Workers s’apprêtant à distribuer des tracts sont attaqués. D'après les témoignages réunis par la Commission nationale des relations industrielles en juillet 1937, cinq miliciens étaient affectés pour chaque syndicaliste. En raison de la violence de ses pratiques anti-syndicales, le New York Times décrivait Ford comme étant « un fasciste de l'industrie — le Mussolini de Detroit »[38].
63
+
64
+ Plus connu pour ses automobiles, Ford s’investit pourtant relativement tôt dans l’aéronautique. En 1923, Edsel Ford fait l’acquisition de la Stout Metal Airplane Company et développe le Stout 2-AT Pullman[5]. En 1925, il fonde la Stout Metal Airplane Division, qui marque le lancement de l’étude du premier avion expérimental Ford ; dénommé Ford Trimotor, sa mise sur le marché intervient en 1926. Ce premier avion constitue un progrès technologique majeur et permet à Ford de devenir le premier fabricant d’avions commerciaux au monde. Les compagnies aériennes abandonnent progressivement leurs avions et les remplacent par des avions Ford dont la capacité de transport de passagers est nettement supérieure à la concurrence[5]. Ils sont ainsi rapidement utilisés pour créer le premier service aérien transcontinental[5].
65
+
66
+ La participation de Ford dans l’aviation joue également un rôle important dans la victoire des Alliés pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale[39]. Pendant la Première Guerre mondiale, la Ford Motor Company produit en masse des moteurs V8 Liberty destinés à équiper l’aviation américaine et développe le Kettering Bug, le premier missile guidé américain. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Henry Ford soutient la construction de milliers de Pratt & Whitney « Double Wasp » ainsi que des moteurs de bombardiers Consolidated B-24 Liberator[5]. Le président américain Franklin D. Roosevelt fera d'ailleurs référence à Détroit comme faisant partie de l’« arsenal des démocraties »[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Ford a toujours farouchement refusé la présence des syndicats dans ses entreprises. Il les estime en effet fortement influencés par certains dirigeants, et qu’en dépit de leur apparente bonne volonté, leur actions est contre-productive pour le bien-être des travailleurs[40]. Si restreindre la productivité est pour la plupart un moyen de favoriser l’emploi, Ford considère à l’inverse qu’elle est nécessaire pour accroître la prospérité économique et ainsi stimuler l’économie[40], ce qui par conséquent permet de créer de nouveaux emplois. Ford se méfie également des dirigeants syndicaux – plus particulièrement les léninistes – qu’il accuse de fomenter de perpétuelles crises socio-économiques de façon à maintenir leur propre pouvoir. En bon gestionnaire, il se considère néanmoins capable de repousser les attaques de politiques malavisés et de créer un système socio-économique dans lequel ni la mauvaise gestion ni les syndicats ne pourront trouver le soutien leur permettant de se maintenir[40].
69
+
70
+ Au début des années 1930, malgré la Grande Dépression, Henry Ford accélère la production à un rythme insupportable. Il règne sur ses usines par la crainte ; alors que leurs conditions de vie se dégradent, ouvriers et cadres se méfient des mouchards. Ford utilise en effet près de 3 500 hommes de main pour empêcher les syndicats d’entrer dans l’usine. Le maire de Détroit observe d’ailleurs qu’« Henry Ford emploie certains des pires bandits de notre ville »[36]. Harry Bennett, un ancien Marine nommé à la tête du service de sécurité interne, emploie différentes tactiques d’intimidation pour écraser la syndicalisation dont le plus célèbre incident, survenu en 1937, aboutit à une bagarre sanglante ; l’événement sera connu sous le nom de « Bataille de l’Overpass »[36]. La même année, Walter Reuther, futur président de l’United Auto Workers (l’Union des Ouvriers de l’Automobile) est brutalisé à Red River pour avoir distribué des tracts syndicaux[36].
71
+
72
+ Après l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le plein emploi met un terme au recours à la terreur. Cependant, les salaires stagnent depuis des années et finissent par devenir très inférieurs à ceux des usines concurrentes. Les syndicats n’obtiennent toujours aucun droit dans les usines Ford, à l’inverse de celles de General Motors et de Chrysler. En avril 1941, huit ouvriers décident d’entamer une marche de protestation dans l’usine de Red River en chantant Solidarity Forever (Solidarité pour toujours). Finalement, toute l’usine est paralysée et en partie contrôlée par l’UAW ; Ford n’a pas d’autre issue que de négocier avec le syndicat[36]. Edsel, qui est alors président de la société, estime qu’il est nécessaire pour l’entreprise d’arriver à une sorte de convention collective avec les syndicats, les violences, les interruptions de travail et les impasses ne pouvant ainsi continuer. Mais Henry refuse pendant plusieurs années de coopérer, et on sait qu'il a confié à Bennett la tâche de faire en sorte que le dialogue avec les syndicats n’aboutisse à aucun accord[41].
73
+
74
+ Les dernières années sont particulièrement frustrantes pour Henry Ford. Il n’accepte pas les changements induits par la Grande Dépression et s’oppose au New Deal, le plan mis en œuvre par le président Roosevelt en vue de redresser la situation économique et sociale des États-Unis. Il refuse toujours de reconnaître le syndicat des travailleurs de l’automobile et utilise des policiers armés pour faire face aux mobilisations syndicales[42]. Pour diverses raisons, Ford, seul dans son industrie, refuse de coopérer avec l’administration du redressement national, un organisme gouvernemental des années 1930 qui prépare et supervise les codes de concurrence loyale pour les entreprises et les industries[2].
75
+
76
+ Lorsque son fils Edsel, alors président de Ford Motor Company, meurt d'un cancer en mai 1943, Henry Ford décide d’assumer la présidence. À ce stade de sa vie, il a déjà connu plusieurs accidents cardiovasculaires (crise cardiaque et accident vasculaire cérébral) et n’est mentalement plus apte à occuper un tel poste[43]. La plupart des administrateurs ne veulent pas le voir comme président. Au cours des vingt dernières années, bien qu’il ne soit pas administrateur de plein exercice, le conseil d’administration et la direction ne le défient jamais ouvertement[44]. Au cours de cette période, la société commence à péricliter, perdant plus de 10 millions de dollars par mois. L’administration du président Franklin Roosevelt envisage d’ailleurs une reprise de l’entreprise pour assurer la continuité de la production pendant la guerre[45], mais le projet ne se concrétise pas.
77
+
78
+ En mai 1946, Henry reçoit le Jubilé d’or de l’industrie automobile américaine pour ses contributions décisives au développement de cette industrie. La première médaille d’or de l’Institut américain du pétrole lui est attribuée en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au bien-être de l’humanité[4]. Ford maintient par ailleurs une résidence de vacances, connue sous le nom de Ford Plantation, à Richmond Hill en Géorgie, dont le domaine s’étend sur 1 800 hectares[46]. Il contribue sensiblement à la vie de la communauté locale, notamment en faisant construire une chapelle et une école, et y emploie de nombreux résidents locaux.
79
+
80
+ Sa femme Clara désire qu’Henry quitte la présidence de Ford, d’autant que le gouvernement voit d’un très mauvais œil qu’un homme de 80 ans s’occupe de la gestion de la société. Le 21 septembre 1945, Henry Ford, en mauvaise santé, laisse les pleins pouvoirs à son petit-fils, Henry Ford II, et prend sa retraite en septembre 1945[9]. Il meurt le 7 avril 1947 à 23 h 40[4] d’une hémorragie cérébrale à l’âge de 83 ans à Fair Lane, sa résidence dans son domaine à Dearborn. Le service funéraire se tient dans la cathédrale anglicane Saint-Paul à Détroit, et Henry Ford est enterré dans le cimetière de la famille Ford à l’église anglicane Sainte Martha.
81
+
82
+ Henry Ford reçut en 1938 la « Grand-Croix de l'ordre de l'Aigle allemand », plus haute décoration nazie pour les étrangers[47]. Cette faveur accordée par les nazis engendre une importante controverse aux États-Unis et finit par un échange de notes diplomatiques entre le gouvernement allemand et le Département d’État. Ford s’exprime à propos de cette polémique en clamant que « [son] acceptation d’une médaille du peuple allemand ne [le fait] pas, comme certains semblent le penser, entraîner aucune sympathie de [sa] part avec le nazisme »[47]. Cette décoration n'aurait pas fait polémique, comme pour Thomas J. Watson, président d'IBM, décoré l'année précédente, si Ford n'avait pas été l'auteur d'écrits antisémites et un grand soutien financier pour Adolf Hitler et le parti nazi. Ford a également eu des relations économiques avec l'Union soviétique, jusqu'à ce que son ami Serguei Dyakanov, accusé de dérive droitière soit « purgé », jugé et exécuté en janvier 1938. En avril 1943, le secrétaire américain au Trésor Henry Morgenthau aurait estimé que la production de la filiale française de Ford était « au seul profit de l’Allemagne ». Selon la série Apocalypse, Hitler, dont les sources sont à confirmer, Henry Ford aurait financé dès le début des années 1930 le parti nazi en laissant des profits en provenance d'Allemagne à ce parti et en versant 50 000 dollars chaque année à l'occasion de l'anniversaire d'Hitler.
83
+
84
+ Alors que Ford clame publiquement qu’il n’aime pas les gouvernements militaristes, il tire profit de la Seconde Guerre mondiale, en alimentant l’industrie de guerre des deux camps : il produit d'un côté, via ses filiales allemandes, des véhicules pour la Wehrmacht, mais aussi de l'autre des véhicules pour l’armée américaine[47]. Il participe à l’effort de guerre allemand comme le faisait Opel, filiale de General Motors. En 1942, l'aviation britannique bombarde l'usine Ford de Poissy. Ford demande alors au gouvernement français de protester auprès de l’ambassade américaine à Vichy[48].
85
+
86
+ Les déclarations publiques d’Henry Ford montrent qu’il est à l’avant-garde des hommes d’affaires américains qui privilégient la recherche du profit sans que leurs opinions politiques aient d’influence sur leur volonté de trouver de nouveaux marchés[réf. nécessaire]. Pour autant, Ford est foncièrement antisémite[49]. Il se base sur Les Protocoles des Sages de Sion pour affirmer que les Juifs avaient prévu de longue date que la guerre qui se profilait à l'horizon serait une « world war » et il ajoute : « How did they know it was to be a world war ? »[50]. Nombreux sont les mouvements américains qui reprennent ses théories antisémites pour raviver une haine latente[51]. Son antisémitisme s’exprime également dans ses mémoires : « Notre travail n’a pas la prétention d’avoir le dernier mot sur les juifs en Amérique. […] Si les juifs sont si sages qu’ils le disent, ils feraient mieux de travailler à devenir des juifs américains, plutôt que travailler à construire une Amérique juive »[52]. Le thème de la conspiration juive se mêle aussi à l'anticommunisme dans ses écrits : pour Henry Ford, la révolution soviétique aurait été « la couverture externe d’un coup longuement planifié pour établir la domination d’une race »[53].
87
+
88
+ Se justifiant à ce sujet, il explique dans son livre The International Jew (Le Juif International) que l’antisémitisme n’est selon lui que le pendant de l’antigoyisme de la communauté juive[54]. The International Jew est un ouvrage en quatre volumes publié sous le nom d’Henry Ford qui rassemble des articles parus dans le journal The Dearborn Independent. Une phrase dans un texte consacré à la salutaire « réaction de l’Allemagne contre le Juif » illustre l’esprit prétendument scientifique de l’ouvrage et dont le langage est chargé de métaphores médicales : il s’agit d’une question d’« hygiène politique », parce que « la principale source de la maladie du corps national allemand [...], c’est l’influence des Juifs »[55],[53].
89
+
90
+ Dans plusieurs autres passages, les Juifs sont présentés comme un « germe » qui doit faire l’objet d’un « nettoyage »[56]. Adolf Hitler et ses collaborateurs reprendront cette terminologie pour justifier leurs crimes. Le Juif n’est plus défini par sa religion mais par sa « race », « une race dont la persistance a vaincu tous les efforts faits en vue de son extermination »[57]. Il faut donc réveiller chez les jeunes la « fierté de la race »[58]. Ford s’inspire des Protocoles des Sages de Sion, un ouvrage qui serait « trop terriblement vrai pour être une fiction, trop profond dans sa connaissance des rouages secrets de la vie pour être un faux », cité et commenté abondamment, comme preuve ultime et irréfutable de la conspiration juive pour s’emparer du pouvoir à l’échelle mondiale[53]. Cet ouvrage est par ailleurs vivement critiqué par le Times. Il y est souvent fait référence à l’Allemagne qui est décrite comme dominée par les Juifs malgré le fait qu’il « n’y a pas dans le monde de contraste plus fort que celui entre la pure race germanique et la pure race sémite »[55].
91
+
92
+ Le thème de la complicité entre le judéo-bolchevisme et la finance capitaliste juive, dans une conspiration pour imposer à la planète un gouvernement mondial juif est abondamment repris par le nazisme. Trois volumes ont pour objet la place des Juifs aux États-Unis[53]. Selon Ford, leur émigration massive d’Europe de l’Est en Amérique du Nord n’a rien à voir avec de prétendues persécutions : les pogroms ne sont que de la propagande ; il s’agit bel et bien d’une véritable invasion : le « Juif international » peut déplacer un million de personnes de la Pologne vers l’Amérique « comme un général déplace son armée »[59]. Les Juifs sont responsables de l’introduction dans les arts de la scène aux États-Unis d’une « sensualité orientale » sale et indécente, « instillant un poison moral insidieux »[60].
93
+
94
+ La contribution de Ford à la propagation de l’antisémitisme va au-delà de l’imprimé. Il travaille activement à former une communauté. Au départ réunis autour du Dearborn Independent, ces hommes constituent une force importante dans l’évolution américaine de l’antisémitisme, et incluent un grand nombre de pro-fascistes[49].
95
+
96
+ En 1918, le secrétaire privé et proche ami de Ford, Ernest G. Liebold, achète un obscur hebdomadaire, le Dearborn Independent, pour Ford. Le journal est édité par Liebold pendant huit ans, de 1920 à 1927, et atteint au maximum environ 700 000 lecteurs[61]. Vincent Curcio, auteur anglais, écrit de ces publications qu’« ils ont été largement distribués et ont une grande influence, en particulier en Allemagne, où pas moins qu’un personnage comme Adolf Hitler devenait très lu et admiré »[réf. nécessaire]. Hitler, fasciné par les automobiles, accroche même, sur son mur, une photo de Ford. Steven Watts mentionne qu’Hitler « vénérait » Ford, en proclamant que : « [il] ferai[t] de [son] mieux pour mettre ses théories en pratique en Allemagne, en modélisant la Volkswagen, la voiture du peuple, sur le modèle T »[62].
97
+
98
+ Dénoncée par l’Anti-Defamation League, les articles du Dearborn Independent sont explicitement condamnés pour leur violence contre les Juifs[63]. Cependant, selon le rapport des témoignages du procès, Ford n’écrit presque rien dans ces articles. Des amis et des associés d’affaires déclarent qu’ils ont mis Ford en garde sur le contenu du journal mais que Ford ne lit probablement jamais les articles ; Ford ne porta son attention que sur les gros titres du journal[62]. Un procès en diffamation intenté par un avocat de San Francisco et par une coopérative agricole juive en réponse à des articles antisémites conduisent Ford à fermer le journal en décembre 1927. Des reportages tournés au moment cité ci-dessus le montrent comme étant choqué par le contenu et qu’il n’est pas au courant de sa nature. Pendant le procès, le rédacteur en chef de Ford, William Cameron, témoigne en faveur de Ford, indiquant qu’il n’a rien à voir avec les éditoriaux, même s’ils sont publiés sous son nom. Cameron déclare lors du procès en diffamation qu’il ne discute jamais avec Ford du contenu des pages et qu’il ne les envoie jamais à Ford pour approbation[64].
99
+
100
+ En 1927, les excuses[65] de Ford, à la suite de la pression conjuguée des consommateurs juifs américains et même de Hollywood qui menaça d’employer des voitures Ford pour les besoins des scènes de crash, sont bien accueillies : quatre cinquième des centaines de lettres adressées à Ford en juillet de 1927 furent de Juifs et saluent l’industriel[64]. En janvier 1937, une déclaration de Ford dans le Détroit Jewish Chronicle désavoue « quelconque lien avec la publication en Allemagne d’un ouvrage connu sous le nom de The International Jew »[66].
101
+
102
+ Cependant, lors du procès de Nuremberg, Baldur von Schirach, le chef des Jeunesses hitlériennes déclare avoir été influencé par la lecture de Ford. Après ses excuses en 1927, Ford se refuse à d'autres déclarations publiques au sujet des juifs[65]. Il continue pourtant, en sous-main, de soutenir des publications antisémites[67]. Sur ce point, l’historien Pierre Abramovici, dans l’article Comment les firmes US ont travaillé pour le Reich »[68] porte un jugement sévère sur les positions d’Henry Ford.
103
+
104
+ « Henry Ford accuse les Juifs d’avoir déclenché la grande Guerre. En 1920, il achète un hebdomadaire, le Dearborn Independant, qui lui fournit une tribune. Il entretient des relations privilégiées avec l’Allemagne nazie. Henry Ford est décoré, à Détroit le 30 juillet 1938, de l'ordre allemand de l’Aigle. Cette distinction, réservée aux étrangers, lui est remise par le consul allemand à Détroit, Karl Capp, et par son homologue à Cleveland, Fritz Heiler. Il participe le 26 juin 1940 à un dîner de gala au Waldorf Astoria de New York, destiné à célébrer la victoire allemande sur la France, après que cette dernière lui eut déclaré la guerre. »
105
+
106
+ — Pierre Abramovici, septembre 2002[68]
107
+
108
+ La fortune personnelle de Henry Ford était colossale. D'après le blog financier Celebrity Networth, il serait le neuvième homme le plus riche de tous les temps[69].
109
+
110
+ Dans le très célèbre roman dystopique d'Aldous Huxley, Le Meilleur des Mondes, où des procédés d’ingénierie biologique et de conditionnement mental permettent de produire des êtres humains identiques à la chaîne pour en faire des ouvriers dociles, Henry Ford (Sanctifié en Notre Ford) est l'objet d'un culte religieux obligatoire, imposé par un État mondial totalitaire. Ce culte au contenu assez creux et consensuel a remplacé toutes les religions préexistantes, désormais interdites. L'auteur précise que le calendrier grégorien a été remplacé par un calendrier dont l'année zéro est celle du lancement en série de la Ford T. Huxley précise aussi que les croix latines des églises ont été coupées pour les transformer en T majuscules. Les personnages du roman emploient l'interjection : « Ford du tacot ! » (« Ford's in his Flivver ! » en anglais) en lieu et place de « Dieu du ciel ! »[70].
111
+
112
+ Dans le roman uchronique Le Complot contre l'Amérique de Philip Roth (2004), il est le secrétaire à l'Intérieur des États-Unis du président Charles Lindbergh[71].
113
+
114
+ Dans la série de jeux vidéos Assassin's creed, Henry Ford était membre de la branche américaine de l'ordre du Temple. Il fut un des principaux fondateurs d'Abstergo Industries avec Ransom Eli Olds.
115
+
116
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2541.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,66 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ modifier
4
+
5
+ Bulbizarre (フシギダネ, Fushigidane?, dans les versions originales en japonais) et ses évolutions, Herbizarre (フシギソウ, Fushigisō?) et Florizarre (フシギバナ, Fushigibana?), sont trois espèces de Pokémon de la première génération.
6
+
7
+ Issus de la célèbre franchise de médias créée par Satoshi Tajiri, ils apparaissent dans une collection de jeux vidéo et de cartes, dans une série d'animation, plusieurs films, et d'autres produits dérivés, ils sont imaginés par l'équipe de Game Freak et dessinés par Ken Sugimori. Leur première apparition a lieu au Japon en 1996, dans les jeux vidéo Pokémon Vert et Pokémon Rouge, jeux dans lesquels Bulbizarre est un des trois Pokémon de départ que le joueur peut choisir pour commencer l'aventure. Ces trois Pokémon sont tous du double type plante et poison et occupent les trois premiers emplacements du Pokédex, l'encyclopédie fictive recensant les différentes espèces de Pokémon.
8
+
9
+ Propriété de Nintendo, la franchise Pokémon est apparue au Japon en 1996 avec les jeux vidéo Pocket Monsters Vert et Pocket Monsters Rouge. Son concept de base est la capture et l'entraînement de créatures appelées Pokémon, afin de leur faire affronter ceux d'autres dresseurs de Pokémon. Chaque Pokémon possède un ou deux types – tels que l'eau, le feu ou la plante – qui déterminent ses faiblesses et ses résistances au combat. En s'entraînant, ils apprennent de nouvelles attaques et peuvent évoluer en un autre Pokémon[1].
10
+
11
+ La conception de Bulbizarre, d'Herbizarre et de Florizarre est l'œuvre, comme pour la plupart des Pokémon, de l'équipe chargée du développement des personnages au sein du studio Game Freak. Leur apparence est finalisée par Ken Sugimori pour la première génération des jeux Pokémon, Pokémon Rouge et Pokémon Vert, sortis à l'extérieur du Japon sous les titres de Pokémon Rouge et Pokémon Bleu[2],[3]. Satoshi Tajiri expliquera avoir imaginé Bulbizarre à partir du Ophiocordyceps sinensis[4], un champignon parasite qui grandit à l'intérieur du corps de ses hôtes avant de faire sortir de leur corps sa partie fertile pour disséminer ses spores, qu'on retrouve avec la plante sur le dos de Bulbizarre. L'animal lui-même évoque soit un reptile soit un amphibien, notamment le groupe éteint des temnospondyles.
12
+
13
+ Bulbizarre, Herbizarre et Florizarre sont initialement nommés Fushigidane (フシギダネ?), Fushigisō (フシギソウ?) et Fushigibana (フシギバナ?) en japonais. Les trois noms japonais sont des mots-valises composés du mot « fushigi » (不思議?, mystère ou bizarre) et du mot tane (種?, graine) pour Bulbizarre, du mot « sō » (草?, herbe) pour Herbizarre et du mot « hana » (花?, fleur) pour Florizarre. Les noms de Bulbizarre et Herbizarre forment également deux jeux de mots qui se répondent, « Fushigi da ne ? » (不思議だね??) pouvant être traduit par « Bizarre, n'est-ce pas ? » et « Fushigi sō » (不思議そ?) par « Bizarre, en effet. »[5]. Ces noms sont ensuite adaptés dans trois langues lors de la parution des jeux en Occident : anglais, français et allemand ; le nom anglais est utilisé dans les autres traductions du jeu.
14
+
15
+ Nintendo choisit de donner aux Pokémon des noms « astucieux et descriptifs », liés à l'apparence ou aux pouvoirs des créatures, lors de la traduction des jeux ; il s'agit d'un moyen de rendre les personnages plus compréhensibles pour les enfants[6]. Fushigidane est traduit par « Bulbasaur » en anglais, « Bisasam » en allemand et « Bulbizarre » en français ; Fushigibana devient « Ivysaur » en anglais, « Bisaknosp » en allemand et « Herbizarre » en français et Fushigibana s'appelle « Venusaur » en anglais, « Bisaflor » en allemand et « Florizarre » en français. Selon IGN, les noms anglais sont des mots-valises avec tous pour terminaison le « -saur » de dinosaur (l'anglais pour dinosaure) et pour début « bulb » (bulbe) pour Bulbizarre[7], « ivy » (lierre) pour Herbizarre[8] et « venus flytrap » (dionée attrape-mouche) pour Florizarre[9].
16
+
17
+ La version française est directement traduite de la version originale en japonais. Les noms de Bulbizarre et de ses évolutions sont directement calqués sur les noms japonais : ce sont des mots-valise formés sur la terminaison commune « bizarre » et, respectivement, les mots « bulbe », « herbe » et « flore », qui renvoient à l'apparence du Pokémon et aux différents stades de croissance d'une plante[5].
18
+
19
+ Ces trois Pokémon sont les évolutions les uns des autres : Bulbizarre évolue en Herbizarre puis en Florizarre. De plus, en exposant Florizarre à une Florizarrite, le Pokémon évolue temporairement en Méga-Florizarre[10]. Dans les jeux vidéo, ces évolutions surviennent en atteignant, respectivement le niveau 16 et le niveau 32[11],[N 1]. Pour évoluer en Florizarre, Bulbizarre est d'abord obligé d'évoluer en Herbizarre.
20
+
21
+ Comme pratiquement tous les Pokémon, ils ne peuvent pas parler : lors de leurs apparitions dans les jeux vidéo tout comme dans la série d'animation, ils ne peuvent pas parler et ne sont seulement capables de communiquer verbalement en répétant les syllabes de leur nom d'espèce en utilisant différents accents, différentes tonalités, et en rajoutant du langage corporel.
22
+
23
+ Bulbizarre est une créature courtaude et vaguement reptilienne qui se déplace à quatre pattes et possède un corps bleu-vert clair avec des taches bleu-vert plus foncées. Le bulbe sur son dos semble être lié à lui par une relation symbiotique, plus que parasitaire (ce qui est le cas de Paras), comme peut le montrer ses attaques qui tirent profit du bulbe, telles que le Tranch'Herbe qui est un jet de feuilles tranchantes comme des rasoirs, et le Fouet Lianes qui est l’utilisation de tiges comme membres articulés pour frapper l’adversaire. Il se sert aussi de ses tiges pour manipuler des objets ou se porter lui-même en hauteur. La force de ses tiges est incroyable, il peut ainsi soulever des masses équivalentes à la sienne[12].
24
+
25
+ Le bulbe sur son dos possède un orifice à son sommet, lui donnant l’apparence d’une fleur fermée, et il est la réserve de nourriture du Bulbizarre. En effet, en période de disette, il peut survivre plusieurs jours sans manger grâce à l’énergie accumulée par le bulbe. Énergie qui s’accumule depuis la naissance du Bulbizarre car lorsque celui-ci fait la sieste au soleil, ses rayons sont absorbés afin de faire grandir le bulbe, ainsi tous les jours, il grandit. Le bulbe grandit alors jusqu’à en devenir trop grand et lourd pour Bulbizarre ce qui l’empêchera alors de se dresser sur ses deux pattes arrière, signe que son évolution en Herbizarre est proche[12].
26
+
27
+ Évoluant de Bulbizarre, un Herbizarre ressemble beaucoup à sa pré-évolution. Il est plus grand que Bulbizarre, il a plus de taches foncées mais la couleur de son corps est plus claire. Il est encore courtaud, mais plus large, et développe des canines plus proéminentes. Ce qui était auparavant un bulbe sur son dos dans sa pré-évolution s'est développé en bourgeon. La taille du bourgeon étant beaucoup plus grande que celle du bulbe de Bulbizarre, il a perdu sa capacité à se tenir sur deux pattes, et est donc obligé de marcher à quatre pattes. Le poids important de son bourgeon, l’aide à se muscler les pattes, ce qui le rend plus forts et le prépare pour le stade final de son évolution[13]. Tout comme Bulbizarre, Herbizarre peut vivre plusieurs jours sans manger, son bourgeon lui servant de réserve de nourriture. Son bourgeon se recharge, lui, à la lumière du soleil, et plus il est chargé, plus il grossit, et plus il grossit, plus Herbizarre est musclé et fort. En effet, la plupart de ses attaques proviennent du bourgeon sur son dos, des attaques telles que Tranch’Herbe ou Fouets lianes, lianes qu’il peut utiliser pour traverser un fossé. Il peut aussi utiliser des poudres, tel que la Poudre Dodo[13].
28
+
29
+ Et ainsi, lorsque Herbizarre est proche de l’évolution, le bourgeon sur son dos libèrent des effluves agréables, de plus, Herbizarre commence alors à se prélasser au soleil de plus en plus longtemps. Peu de temps après, la fleur éclot et Herbizarre devient Florizarre[13]. Le comportement des Herbizarre sauvages est peu connu, on peut supposer qu’ils vivent dans des plaines avec une grande qualité d’exposition au soleil et de grandes quantités d’eau douce[14]. Et Herbizarre étant un peu plus agressif que Bulbizarre, bien que toujours très loyal envers son dresseur, ce doit être encore plus vrai dans son milieu naturel.
30
+
31
+ Les Florizarres sont de larges animaux reptiliens qui marchent à quatre pattes. Il est considérablement plus grand et lourd que chacune de ses deux pré-évolutions, et bien sûr, ses mouvements sont aussi plus lents. Par contre, ses attaques spéciales sont plus rapides que jamais, du fait que la plante sur son dos ait évolué jusqu’à son stade final, une fleur superbe et gigantesque. Il est capable de charger ses adversaires en gagnant de la vitesse, en utilisant des mouvements, comme Charge, Plaquage ou Bélier, avec plus de puissance qu’un camion blindé[15]. Il a pourtant une incroyable agilité pour un Pokémon si lourd, et est capable d’éviter des attaques et de sauter sur des formations rocheuses. Son seul point faible est que son poids provoque un tremblement de terre lorsqu’il atterrit, ce qui peut casser la plate-forme sur laquelle il essaie d’atterrir, ou causer son enterrement dans la boue ou le sable. Chacun de ses pas provoquant aussi un petit tremblement de terre[15].
32
+
33
+ Sa fleur, lorsque régénérée par le soleil, dégage un parfum envoûtant et prend une couleur vive. Le parfum de sa fleur peut calmer les gens et les Pokémon engagés dans un combat. Son parfum se faisant encore plus pénétrant les lendemains de pluie, appâtant les Pokémon. La femelle a une « graine » poussant depuis sa fleur, graine qui sera ensuite plantée sur le dos de Bulbizarre ; la graine peut aussi, si plantée ailleurs, donner de grandes lianes qui bloqueront tout passage[15]. Tout comme ses pré-évolutions, la plupart des attaques de Florizarre proviennent de la plante sur son dos, mais ses attaques sont clairement plus puissantes que celles provenant d’un Bulbizarre ou Herbizarre. En effet, il possède plus de tiges lorsqu’il attaque, les autres étant limités à deux. Avec elles, il peut soulever des adversaires très lourds. Et lorsqu’il utilise Lance-Soleil, la plante sur son dos emmagasine l’énergie solaire et il semblerait qu’il puisse relâcher la puissance acquise soit par l’orifice de sa fleur, soit par sa gueule, en prenant en compte la position de son ennemi par rapport à la sienne. Un dresseur doit être très expérimenté pour en posséder un. Ils ont un potentiel de loyauté très élevé, c’est pour cela que la plupart des Florizarre sont utilisés en tant que garde du corps et sont rarement abandonnés.
34
+
35
+ Rare dans la nature, Florizarre est généralement le leader du rituel d’évolution, chaque année, loin du regard Humain. Florizarre obtient la plupart, peut-être même toute son énergie, de la fleur sur son dos. En effet, elle use de la photosynthèse qui fournit l’énergie dont a besoin Florizarre, mais on ne sait pas s’il a quand même besoin de manger. Son habitat naturel consiste ainsi en de grandes plaines ensoleillées et avec des points d’eau fraîches[14],[15].
36
+
37
+ Florizarre peut se transformer temporairement en Méga-Florizarre. La fleur sur le dos du Pokémon s'épanouit encore un peu plus, des lianes apparaissent entre les feuilles. La tête change également, le Pokémon gagne une fleur à six pétales au-dessus de son front et trois tâches apparaissent au-dessus du museau, entre les yeux. Le Pokémon devient également plus épais et plus lourd ; il pèse 155,5 kg. Sa taille change également ; il atteint 2,4 m[10].
38
+
39
+ Bulbizarre, Herbizarre et Florizarre apparaissent dans la série de jeux vidéo Pokémon. D'abord en japonais, puis traduits en plusieurs autres langues, ces jeux ont été vendus à près de 200 millions d'exemplaires à travers le monde[16]. Ils font leur première apparition le 27 février 1996, dans les jeux japonais Pocket Monsters Aka (ポケットモンスター 赤, Poketto Monsutā Aka?, Pocket Monsters Rouge) et Pocket Monsters Midori (ポケットモンスター 緑, Poketto Monsutā Midori?, Pocket Monsters Vert) (remplacé dans les autres pays par la version Bleue[17]). Bulbizarre peut être choisi comme Pokémon de départ dans les versions Rouge, Bleue, Rouge feu et Vert feuille[11], et dans la version Jaune, le Pokémon est offert[18]. Pour l'obtenir avec ses évolutions dans les autres jeux, il faut les échanger. Bulbizarre est considéré comme un bon choix pour les débutants, vu que les deux premières arènes Pokémon de Kanto sont Pierre, qui utilise des Pokémon de type roche[19], et Ondine, qui utilise des Pokémon de type eau[20].
40
+
41
+ Il est possible d'avoir un œuf de Bulbizarre en faisant se reproduire deux Pokémon dont au moins un Bulbizarre, un Herbizarre ou un Florizarre femelle[N 2]. Cet œuf éclot après 5 120 pas, et un Bulbizarre de niveau 5 en sort. Bulbizarre, Herbizarre et Florizarre appartiennent aux groupes d'œuf monstre et plante. Leurs capacités spéciales sont « Engrais », qui donne une puissance multipliée par 1,5 aux attaques plante lorsque les PV de ce Pokémon sont inférieurs au tiers et « Chlorophylle », qui augmente sa vitesse au soleil[11].
42
+
43
+ Bulbizarre, Herbizarre et Florizarre apparaissent dans d'autres jeux de la franchise Nintendo. Bulbizarre peut être, le Pokémon de départ de Pokémon : Donjon Mystère 1 et 2[21],[22], obtenu au hasard parmi sept Pokémon en récompense d'un tournoi gagné dans Pokémon Stadium, photographié dans Pokémon Snap[23]. Herbizarre est un Pokémon jouable au travers du dresseur Pokémon, dans Super Smash Bros. Brawl[24] et Super Smash Bros. Ultimate aux côtés de Carapuce et de Dracaufeu. Dans Super Smash Bros. Brawl et dans Super Smash Bros. Melee, Bulbizarre, Herbizarre et Florizarre apparaissent en tant que trophée à la loterie[25],[26]. Lorsque Florizarre apparait dans la série de jeux Super Smash Bros., celui-ci déstabilise les joueurs avec ses attaques. Il apparaît aussi dans ce jeu en tant qu'élément d'un stage. Bulbizarre a aussi fait des apparitions dans Hey You, Pikachu! et Pokémon Channel. Bulbizarre fait partie du premier lot de figurines de la technologie de communication en champ proche pour Pokémon Rumble U[27]. Pour les vingt ans de Pokémon, dans Super Mario Maker, Mario peut prendre un costume de Bulbizarre[28].
44
+
45
+ La série télévisée Pokémon et les films qui en sont issus narrent les aventures d'un jeune dresseur de Pokémon du nom de Sacha, qui voyage à travers le monde pour affronter d'autres dresseurs ; l'intrigue est souvent distincte de celle des jeux vidéo[29]. Sacha obtient Bulbizarre au dixième épisode intitulé Le village caché[30],[31]. Son Bulbizarre apparait ensuite dans les épisodes L'Île aux géants Pokémon où il affronte un Florizarre géant robot[32],[33], Le Jardin mystérieux en compagnie d'un Florizarre et de plusieurs Bulbizarre qui évoluent en Herbizarre, excepté celui de Sacha qui refuse d'évoluer[34],[35], Un quatrième tour décisif[36], La Menace mystérieuse à côté d'un Bulbizarre rejeté par le maire de la ville[37], Le Trophée du vainqueur, où un autre dresseur utilise un Florizarre contre le Tauros de Sacha[38], La Lutte des plantes[39]. Par la suite, le Pokémon reste chez le professeur Chen car il sert de « négociateur » entre les Pokémon et évite les conflits[40].
46
+
47
+ Flora capture elle aussi un Bulbizarre, ceci dans l'épisode Le Territoire interdit, épisode où un Florizarre sauvage apparaît également[41]. Elle le laisse avec le Bulbizarre de Sacha au professeur Chen. Même si dans les jeux, le Pokémon n'a pas de dimorphisme sexuel, le Bulbizarre de Flora a une marque en forme de cœur sur son front[11]. Un Herbizarre du dresseur appelé Jimmy apparaît dans l'épisode L'arbitre, il est accompagné de Carabaffe et de Reptincel[42]. Dans un tournoi dans la région de Hoenn, le Jungko de Sacha bat le Florizarre d'un dresseur[43].
48
+
49
+ Dans Pokémon Chronicles, une collection d'histoires séparées de la série animée principale, un personnage nommé Gilbert a choisi Bulbizarre comme son Pokémon de départ[44] et Herbizarre était le Pokémon d'une fille, Crystal. Dans un autre épisode, Régis Chen créé un Ptéra, un Pokémon éteint, cependant celui-ci s'échappe. Misawo, la petite sœur de Kobara, une chercheuse, retrouve le Pokémon égaré et bat la Team Rocket avec son Herbizarre[45]. Dans le premier film Pokémon, Mewtwo a cloné un Bulbizarre qui a depuis évolué en Florizarre et l'utilise (aux côtés des clones de Dracaufeu et de Tortank) pour battre les dresseurs qu'il a invité sur son île pour combattre[46].
50
+
51
+ Dans la version japonaise de la série, la voix du Bulbizarre de Sacha est doublée par Megumi Hayashibara, tandis que celle du Bulbizarre de Flora est doublée par Miyako Itō. Dans la version anglophone, elles sont toutes deux doublées par Tara Jayne.
52
+
53
+ Le jeu de cartes Pokémon est un jeu de cartes à collectionner avec un but du jeu similaire à un match Pokémon dans la série de jeux vidéo ; les joueurs doivent utiliser des cartes (qui ont chacune leurs forces et faiblesses) dans le but de vaincre son adversaire en mettant toutes ses cartes KO[47].
54
+
55
+ Bulbizarre était parmi les premières cartes Pokémon quand le jeu fut sorti en octobre 1996. Les cartes de Bulbizarre sont peu apparues au début de la série de jeu de cartes. En particulier, le set Rocket contenait une carte Salamèche et Carapuce, mais pas de Bulbizarre[48]. Bulbizarre a commencé à faire des apparitions plus fréquentes dans les expansions récentes, en commençant avec le set Expédition. La plupart des cartes Bulbizarre sont de la fréquence « ordinaire » et peuvent généralement être trouvées facilement[49]. Ses attaques sont souvent Poudre dodo endormant son adversaire et Tranch'Herbe provoquant des dégâts à son adversaire[50].
56
+
57
+ La plupart des cartes Herbizarres sont des cartes ordinaires semi-évoluées et sont généralement utilisées pour combattre des cartes plus fortes (comme des Pokémon complètement évolués comme Dracaufeu). Herbizarre apparait dans le set de base, le set Gym Challenge, le set Expédition, et le set EX Rouge Feu & Vert Feuille, ainsi que dans le set promotionnel des Îles du Sud[51]. Ses apparitions sont moins communes que celle de Bulbizarre, mais en contrepartie, il possède des attaques tels que Poudre Toxik ou bien Fouets lianes[51].
58
+
59
+ Florizarre est présent dans les deux premiers Set de base, la Collection légendaire, le Gym Challenge, le Set Expedition et le EX RougeFeu/VertFeuille[52]. Ses apparitions sont rares, mais en contrepartie ses attaques sont puissantes. Il possède en effet des attaques tels que Plaquage ou Lance-Soleil[52].
60
+
61
+ Florizarre est la mascotte de Pocket Monsters Vert, le premier jeu de la série sorti, avec Pocket Monsters Rouge, en 1996 uniquement au Japon[53], ainsi que sa réédition Pokémon version Vert Feuille, sortie mondialement en 2004[54]. Les lecteurs d'IGN ont élu leurs cent Pokémon les plus populaires. Florizarre arrive en 15e position, loin derrière Dracaufeu (1er) et Tortank (3e) « peut-être […] parce qu'ils sont plus dangereux qu'une fleur »[55]. Bulbizarre se place en 52e position. Ce « Pokémon verdoyant » s'agit du « préféré » de l'éditrice d'IGN car elle a « un attachement très spécial pour » lui[56]. Herbizarre se classe 78e car il n'a « jamais eu autant de reconnaissance que ses autres formes, Bulbizarre et Florizarre », jusqu'à ce qu'il apparaisse dans Super Smash Bros. Brawl[24].
62
+
63
+ Florizarre apparaît sur différentes consoles. Parmi lesquels, il existe la Nintendo 64 et la Game Boy Advance SP[57].Bulbizarre a aussi été utilisé dans des publicités pour des chaînes de restaurants fast-food comme McDonald's[58] et Burger King[59]. Bulbizarre est également cité dans l'épisode des Simpson, Serial piégeurs ; en effet lorsque Milhouse voit ses parents s'embrasser, il crie « Nom d'un Bulbizarre ! »[60]. Trois cocktails inspirés de la famille d'évolution a été créée par The Drunken Moogle ; il s'agit d'un mélange entre de la vodka citron vert, du jus de citron vert et de la liqueur de melon[61]. Pour la Coupe du monde de football de 2014, Bulbizarre et d'autres Pokémon deviennent les mascottes officielles de l'équipe du Japon de football[62].
64
+
65
+ Sur les autres projets Wikimedia :
66
+
fr/2542.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,58 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Œuvres principales
2
+
3
+ modifier
4
+
5
+ Herman Melville, né le 1er août 1819 à Pearl Street, au sud-est de Manhattan (New York) et mort le 28 septembre 1891 à New York, est un romancier, essayiste et poète américain.
6
+
7
+ Presque oublié après sa mort, Melville est redécouvert dans les années 1920 à travers son œuvre maîtresse Moby Dick. Il est désormais considéré comme l'une des plus grandes figures de la littérature américaine.
8
+
9
+ Herman Melville est le troisième de huit enfants (et le second fils) de Maria Gansevoort et Allan Melvill (sans « e »). Du côté maternel, ses aïeux sont des patriciens d'origine néerlandaise (l'un d'eux, le général Peter Gansevoort (en), est un héros de la révolution américaine). Du côté paternel, c'est une lignée de commerçants écossais. Le père d'Allan, le major Thomas Melvill, a lui aussi joué un rôle glorieux pendant la guerre d'indépendance. Allan Melvill importe de France des « nouveautés ». En 1826, l'économie américaine entre dans une période de stagnation, et le père de l'écrivain subit de plein fouet la concurrence britannique. Ses affaires périclitant, il doit faire des emprunts de plus en plus importants à son beau-père, Peter Gansevoort, qui devient le soutien financier de la famille. Entre 1820 et 1830, la famille déménage trois fois, avant de s'installer en 1830 à proximité des Gansevoort, à Albany, capitale de l'État de New York, où Allan Melvill travaille comme employé dans une fabrique de fourrures.
10
+
11
+ Au cours d'un voyage à New York en décembre 1831, Allan Melvill, qui tente de monter une nouvelle affaire dont il serait le patron, contracte une pneumonie. Il meurt le 28 janvier 1832. Les deux aînés, Gansevoort (né en 1815) et Herman quittent alors le collège d'Albany. Le premier, aidé par l'oncle Peter, ouvre un commerce de peaux et fourrures qui prospérera pendant trois ans (à cette époque, il ajoute un « e » à son nom, que toute la famille reprend). Le second devient à treize ans employé à la New York State Bank, dont l'oncle Peter est l'un des administrateurs.
12
+
13
+ Deux ans plus tard, peut-être à cause d'une faiblesse des yeux, Herman Melville quitte son travail à la banque et part chez un autre oncle, qui possède une ferme à Pittsfield, dans le Massachusetts. Après quelques mois dans les champs, il revient à Albany au début de 1835 et s'inscrit au lycée classique de la ville. Durant ces années, il fait ses premières lectures marquantes : James Fenimore Cooper, Walter Scott, Byron, les poètes anglais du XVIIIe siècle. Après les cours, il tient les comptes du commerce de son frère Gansevoort.
14
+
15
+ En avril 1837, un mouvement de panique financière accule Gansevoort à la faillite. Les Melville s'installent à Lansingburgh, une petite ville sur les bords de l'Hudson. Herman enseigne quelque temps comme instituteur dans une école de campagne près de Pittsfield. Puis, de retour à Lasingburgh, il suit des cours d'arpentage au collège.
16
+
17
+ En 1839, Melville s'engage comme mousse à bord d'un navire marchand en partance pour Liverpool, le St. Lawrence. Cette première croisière entre New York et Liverpool (du 5 juin au 30 septembre) lui inspirera dix ans plus tard un roman d'apprentissage de la vie de mer et de l'enfer de la ville industrielle dans Redburn. À son retour, il trouve un nouveau poste d'école à Greenbush, en 1840 (qui ne sera jamais rémunéré). Puis il se rend dans l'Illinois, où il parcourt la frontière occidentale et descend peut-être le Mississippi jusqu'à Cairo.
18
+
19
+ À la fin de 1840, déçu dans ses espoirs à l'ouest, Melville se rend à Nantucket, berceau américain de la chasse à la baleine, où il signe, le 26 décembre, son inscription sur le rôle de l’Acushnet, trois-mâts baleinier de 358 tonnes (il reçoit une avance de 84 dollars sur son salaire) et embarque à New Bedford le 31 décembre. Il parcourt ainsi le Pacifique, visitant les îles Galápagos et les Marquises où il déserte, le 9 juillet 1842, avec un de ses compagnons d'infortune, Richard Tobbias Greene, le « Toby » du livre Typee (Taïpi), qui relatera son aventure sur Nuku Hiva.
20
+
21
+ Le 9 août 1842, il réussit à quitter la vallée de Taipivai sur le baleinier australien Lucy Ann alerté par Richard Tobbias Greene et part pour Tahiti. À l'arrivée à Tahiti, il est arrêté pour avoir participé à une mutinerie à bord du Lucy Ann et est emprisonné. Il s'échappe de Tahiti pour rejoindre Moorea, puis Hawaii. Il travaille un temps comme commis chez un marchand, puis s'engage comme simple matelot dans l'équipage de la frégate USS United States de la marine de guerre américaine qui débarque à Boston en octobre 1844.
22
+
23
+ La période aventureuse de sa vie, qui s'achève lorsqu'il pose à nouveau le pied sur le sol américain, est la matière de ses deux premiers romans, Taïpi et Omoo. La rédaction du premier nommé est achevée à l'issue de l'été 1845[1], mais Melville rencontre des difficultés à trouver un éditeur. C'est en 1846 qu'il est finalement publié à Londres, où il devient un bestseller immédiat. Le succès facilite les démarches de Melville : le Boston publisher accepte son roman suivant, Omoo, sans même l'avoir vu. Si Melville assoit sa notoriété sur des récits d'aventures exotiques à caractère autobiographique, Mardi (1849) marque un premier tournant dans sa carrière littéraire. Pour la première fois, son récit ne se nourrit pas directement de son expérience personnelle. Rompant avec la recette qui a fait son succès, Melville s'engage sur une voie plus ambitieuse, celle d'un roman qui prend comme prétexte le cadre bien établi du récit maritime pour aborder des questionnements philosophiques qui résonnent avec l'actualité politique de son temps.
24
+
25
+ Beaucoup plus épais que ses écrits précédents, émaillé de longues digressions, Mardi rencontre l'hostilité conjuguée de la critique et du public. L'auteur est pour sa part persuadé que « le Temps, qui résout toutes les énigmes, donnera la clé de Mardi[2]. »
26
+
27
+ En juin-juillet 1849, Melville écrit Redburn, souvenir de son passage dans la marine marchande, puis en août-septembre, Vareuse-Blanche, son engagement dans la marine de guerre américaine[3]
28
+
29
+ En août 1850, lors d'une excursion sur le site de Monument Mountain, dans le Massachusetts, il fait par hasard la rencontre de l'écrivain Nathaniel Hawthorne. Les deux hommes produisent forte impression l'un sur l'autre. Melville se lance immédiatement dans une critique du premier écrit de Hawthorne qu'il parvient à se procurer, le recueil de nouvelles Mousses d'un vieux presbytère (Mosses from an Old Manse, 1846). Publié anonymement sous le titre « Hawthorne et ses mousses » (Hawthorne and his Mosses) dans le Literary World d'Evert Augustus Duyckinck, l'article fait franchir à Hawthorne une marche décisive sur le chemin de la reconnaissance littéraire. Il rapproche encore les deux hommes, Hawthorne n'ayant pas tardé à identifier en Melville l'auteur des lignes louangeuses qui le comparent à Shakespeare.
30
+
31
+ Les liens entre les deux hommes sont si forts que Melville obtient de son beau-père la somme nécessaire à l'acquisition d'« Arrowhead », une veille ferme située à proximité de la propriété de son nouveau mentor. La mère de Melville et trois de ses sœurs ne tardent pas à rejoindre le couple Melville et leur fils dans les Monts Berkshire[4]. L'écrivain Stéphane Lambert relate l'amitié passionnée entre les deux hommes dans son livre Fraternelle mélancolie[5].
32
+
33
+ L'achat, qui l'a obligé à contracter plusieurs emprunts, place Melville dans une situation financière précaire. C'est sous la pression de ses créanciers qu'il met la touche finale à son dernier roman, qui paraît d'abord en Angleterre sous son titre initial — The Whale — en octobre 1851. Les critiques anglaises sont excellentes et lorsque le roman paraît à son tour aux États-Unis, sous le titre définitif de Moby Dick, les ventes sont plutôt bonnes lors de la première semaine. Le roman rencontre toutefois l'hostilité des critiques américains et les ventes déclinent[4].
34
+
35
+ La suite de sa carrière littéraire est une longue suite de désillusions. Son ouvrage suivant, Pierre ou les Ambiguïtés (1852), rencontre une hostilité encore plus grande[6]. Son éditeur Harper refuse le manuscrit, d'Isle of the Cross, aujourd'hui perdu. The Confidence Man (1857) est lui aussi sévèrement critiqué. Pour faire face à des finances toujours plus fragiles, Melville suit le conseil de ses proches et se fait conférencier, occupation qui peut à cette époque être très lucrative. De 1857 à 1860, il se produit dans les lyceums pour évoquer ses aventures dans les mers du Sud. Il se tourne parallèlement vers la poésie, sans parvenir à éveiller l'intérêt des éditeurs. Il ne rencontre pas plus de succès lorsqu'il sollicite un poste de consul du sénateur Charles Sumner, alors à la tête du Comité des affaires étrangères[7].
36
+
37
+ En 1866, sa femme fait jouer ses relations pour lui obtenir un poste d'inspecteur des douanes de la ville de New York, lui qui tenait pourtant, quelques années plus tôt, cet emploi pour « des moins glorieux qui soient, à vrai dire, pire qu'amener des oies à l'abreuvoir[8]. » Il s'acquitte pourtant de sa tâche dix-neuf années durant, gagnant la réputation d'être le seul employé honnête dans une maison connue pour sa corruption généralisée.
38
+
39
+ Sa carrière publique d'écrivain est arrivée à son terme. En privé, il continue cependant d'écrire : d'abord un long poème épique, inspiré de son pèlerinage en Palestine ; ce Clarel est bien publié en 1876[9], grâce au concours financier de son oncle, Peter Ganservoort[10]. Mais l'expérience est cependant une nouvelle fois cruelle pour Melville, puisque les exemplaires invendus sont brûlés, l'écrivain n'ayant pas été en mesure de réunir la somme nécessaire pour les racheter.
40
+
41
+ Son second fils, Stanwix, meurt de la tuberculose à San Francisco, au début de l'année 1886. C'est aussi l'année de la retraite de Melville, permise par un héritage que sa femme reçoit de son frère[11]. Il reprend alors la plume, écrivant une série de poèmes inspirés pour partie par son expérience de la mer. Deux recueils — John Marr (1888) et Timoleon (1891) — paraissent dans des éditions confidentielles, destinées avant tout à sa famille et à ses proches[12].
42
+
43
+ Un de ces poèmes le retient plus particulièrement ; il le reprend, le développe pour en faire une nouvelle, puis un roman. Avec des périodes d'interruption, il y consacre plusieurs années, n'arrêtant d'y travailler qu'en avril 1891[13], quelques mois avant sa mort, en septembre 1891. Il faut l'intervention de Raymond Weaver, son premier biographe, pour voir l'ouvrage publié en 1924, sous le titre de Billy Budd, marin (Billy Budd, Sailor).
44
+
45
+ Herman Melville est l'arrière-arrière-grand-oncle d'Elizabeth McBride Warner, la mère de Richard Melville Hall, l'artiste de musique électronique connu sous le nom de Moby [14].
46
+
47
+ Moby Dick raconte l'histoire du Péquod, baleinier dont le capitaine se nomme Achab[15]. Cet étrange marin est obsédé par une grande baleine blanche : Moby Dick. Le narrateur est un membre d'équipage nommé Ishmaël qui dispose, tout comme Melville, d'une grande culture littéraire et y recourt fréquemment pour mettre en scène les membres de l'équipage et leur aventure. L'équipage du Péquod permet à Melville de multiplier les portraits et des analyses psychologiques ou sociales extrêmement fouillées et détaillées ; l'action se déroulant sur ce seul baleinier, l'œuvre a souvent été qualifiée par les critiques d'univers clos. Les descriptions de la chasse à la baleine, l'aventure elle-même et les réflexions du narrateur s'entrelacent dans une gigantesque trame où se mêlent des références à l'Histoire, à la littérature occidentale, à la mythologie, la philosophie et la science[16].
48
+
49
+ La prose de Melville est complexe et déborde d'imagination ; il est considéré comme un des plus grands stylistes américains — aux côtés de William Faulkner, Henry James ou Thomas Pynchon. Il était lié d'amitié avec Nathaniel Hawthorne, et fut influencé par ses écrits ; Moby-Dick est ainsi dédié à Hawthorne.
50
+
51
+ Melville est aussi l'auteur de récits tirés de son expérience de marin, Typee, Omoo et Mardi, de romans, Redburn, White-Jacket (La Vareuse blanche), Pierre ou les Ambiguïtés, The Confidence Man, ainsi que de plusieurs nouvelles, parues pour l'essentiel dans les années 1850 dans deux revues concurrentes, le Putnam's Monthly Magazine (qui publie cinq nouvelles, dont : Bartleby, Benito Cereno et Les Îles enchantées) et le Harper's New Monthly Magazine (qui en publie sept).
52
+ Bartleby the scrivener est certainement la plus célèbre : on considère qu'elle contient déjà en gésine des traits de la littérature existentialiste et de la littérature de l'absurde, entre autres.
53
+
54
+ Cas rare parmi les poètes, il n'écrit aucune œuvre lyrique majeure avant un âge avancé. Après la guerre de Sécession, il publie quelques pièces sur le conflit (Battle Pieces), qui se vendent bien. Mais une fois encore il prend ses distances par rapport aux goûts et aux attentes des lecteurs contemporains dans la pièce maîtresse de son œuvre poétique, Clarel, qui raconte l'épopée du pèlerinage d'un étudiant en Terre sainte et resta, elle aussi, quasiment inconnue de son vivant.
55
+
56
+ Son dernier court roman, Billy Budd marin, récit interne, auquel il travailla les cinq dernières années de sa vie, ne fut édité qu'après sa mort, à partir d'un manuscrit retrouvé par son épouse. Il est considéré par les critiques de son oeuvre, comme un « testament » littéraire par le conflit entre le bien et le mal qui se joue entre les trois principaux personnages.
57
+
58
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2543.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,109 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Hermione Jean Granger [ʔɛʁmjɔn dʒin ɡʁɑ̃ndʒœʁ][a] (en anglais : [hɜːˈmaɪənɪ dʒiːn ˈɡɹeɪndʒə(ɹ)][b]) est un personnage fictif créé par la romancière britannique J. K. Rowling. Elle apparaît dans la série romanesque Harry Potter et dans la pièce de théâtre dérivée située dix-neuf ans après l'intrigue du dernier tome.
4
+
5
+ Amie proche de Harry Potter et de Ron Weasley, Hermione fait figure de droiture et d'esprit tout au long de l'histoire. Née de parents moldus, elle est particulièrement douée pour la magie et se montre d'un grand secours auprès de ses camarades de Poudlard. Elle est à l'origine de l'Armée de Dumbledore, qu'elle fonde avec Harry et Ron en cinquième année pour contrer leur nouveau professeur de défense contre les forces du mal, Dolores Ombrage. Hermione et Ron aident ensuite Harry à trouver et à détruire tous les horcruxes de Voldemort, pour permettre à Harry de le vaincre. Dans son épilogue, dix-neuf ans plus tard, elle est mariée avec Ron Weasley et le couple a deux enfants.
6
+
7
+ L'auteure J. K. Rowling évoque dans une entrevue sa propre ressemblance avec ce personnage.
8
+
9
+ Le personnage est interprété par Emma Watson au cinéma et par Noma Dumezweni dans la pièce de théâtre Harry Potter et l'enfant maudit (2016).
10
+
11
+ Hermione est de taille moyenne, et décrite comme ayant une masse de cheveux bruns ébouriffés et de grandes dents[2]. Ses yeux sont de couleur marron[3]. Elle fait réduire la taille de ses dents un peu plus que nécessaire par Madame Pomfresh[4] après avoir reçu un sortilège de Drago Malefoy qui consistait à les lui faire grandir.
12
+
13
+ Dès sa première rencontre avec Harry, elle lui apparaît autoritaire et très sûre d'elle[2]. Elle a tendance à vouloir démontrer l'étendue de ses connaissances, ce qui lui attire parfois les moqueries de certains. Le professeur Rogue, qui la nomme « mademoiselle je-sais-tout »[5], est forcé de constater à plusieurs reprises qu'elle lit et retient l'intégralité des livres du programme[6] avant même le début des cours. Hermione cite d'ailleurs régulièrement des passages de l'Histoire de Poudlard. Son discernement et son savoir permettent par ailleurs au trio de surmonter de nombreux obstacles.
14
+
15
+ « [Harry Potter] s'est tiré de situations difficiles grâce à de purs coups de chance et à l'aide d'amis plus doués que lui[7]. »
16
+
17
+ — Severus Rogue (Harry Potter et le Prince de sang-mêlé)
18
+
19
+ Selon Remus Lupin, Hermione est singulièrement intelligente[8]. Elle est aussi d'un tempérament posé et réfléchi. Albus Dumbledore avoue lui-même avoir compté sur Hermione, qui possédait le recul et le calme nécessaires, pour tempérer le comportement parfois emporté de Harry lors de la recherche des horcruxes[9]. La jeune fille a la faculté de comprendre les émotions des autres. Elle aide par ailleurs Harry à éclaircir les « mystérieuses » humeurs de Cho Chang en cinquième année, tout comme elle joue le rôle de confidente et de conseillère auprès de Ginny Weasley[10].
20
+
21
+ Hermione prouve sa sensibilité et son grand cœur[11] notamment par son attachement aux elfes de maison et par sa volonté de défendre leurs droits. Une idée que seul Sirius Black semble encourager[12], ajoutant que selon lui, un homme traitant un être vulnérable différemment que son égal ne peut être considéré comme digne de confiance. Hermione fonde la S.A.L.E. (Société d'Aide à la Libération des Elfes) au cours de sa quatrième année.
22
+
23
+ Son Patronus prend la forme d'une loutre (animal préféré de J. K. Rowling[13]) mais elle a des difficultés à le former. Elle est très douée en Métamorphose et en Sortilèges. Selon Justin Finch-Fletchley, élève de Poufsouffle et ami du trio, Hermione est tout simplement « la meilleure dans toutes les matières[14] ».
24
+
25
+ Hermione Jean Granger[15], fille unique[c], est née le 19 septembre 1979[1], de parents moldus exerçant la profession de dentiste.
26
+
27
+ Dans Harry Potter à l'école des sorciers, la jeune fille apparaît pour la première fois dans le Poudlard Express où elle fait la rencontre de Ron Weasley et de Harry Potter[2]. Une amitié sincère naît progressivement entre Harry, Ron et Hermione, qui franchissent ensemble les obstacles pour trouver la pierre philosophale avant Voldemort. Lorsque Harry parvient à récupérer la pierre grâce à un stratagème d'Albus Dumbledore, ce dernier attribue cinquante points à Hermione pour sa logique et sa réussite lors de l'énigme du professeur Rogue[17], qui a permis à Harry d'atteindre le miroir du Riséd.
28
+
29
+ Dans Harry Potter et la Chambre des secrets, Hermione prépare du Polynectar, une potion très complexe permettant à Harry et Ron de prendre temporairement l'apparence d'élèves de la maison Serpentard[18]. De cette manière, les deux garçons peuvent tenter de recueillir des informations sur la Chambre des secrets auprès de Drago Malefoy, qu'ils soupçonnent (à tort) d'être l'héritier de Salazar Serpentard et de provoquer l'agression des enfants nés moldus et sangs-mêlés de Poudlard grâce au monstre de la Chambre qu'il parviendrait à contrôler. Par la suite, Hermione est retrouvée pétrifiée près de la bibliothèque[19], mais parvient à mettre Harry et Ron sur la voie grâce à un article arraché des pages d'un manuel, retrouvé au creux de sa main[20]. Grâce à ses informations, Harry et Ron trouvent l'entrée de la Chambre. Harry affronte le monstre (un basilic) ainsi que l'héritier de Serpentard, qui n'est autre que Tom Elvis Jedusor — Voldemort adolescent[21] — sous la forme d'un souvenir[22]. Hermione et les autres enfants pétrifiés sont finalement guéris grâce à un philtre de mandragores[23].
30
+
31
+ Dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, Hermione choisit de suivre tous les cours possibles et fait donc l'acquisition, sur autorisation du ministère, d'un retourneur de temps lui permettant de suivre plusieurs cours sur le même horaire[24]. Très impliquée dans la défense de Buck, l'hippogriffe qui a causé la blessure de Drago Malefoy, elle fait tout son possible pour aider Hagrid à l'innocenter mais il est malgré tout condamné à mort[25]. À la fin de l'année scolaire, Dumbledore suggère à Hermione d'utiliser son retourneur de temps afin d'aider Harry à sauver à la fois l'hippogriffe et Sirius Black[26].
32
+
33
+ Dans Harry Potter et la Coupe de feu, Hermione est sensibilisée au mauvais traitement des elfes de maison. Après avoir appris qu'il y avait des centaines d'elfes s'occupant des tâches ménagères à Poudlard sans être rémunérés par Dumbledore[27], elle crée la Société d'Aide à la Libération des Elfes[28] (« SALE »), à la grande exaspération de Harry et de Ron[29]. La Coupe de feu marque également un tournant dans les relations entre Ron et Hermione. Ron devient jaloux du champion de Durmstrang, Viktor Krum, qui est très proche d'Hermione[30] et accuse cette dernière de « fraterniser avec l'ennemi » et de trahir Harry[31].
34
+
35
+ Durant l'été suivant, dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Hermione est au 12, Square Grimmaurd, le quartier général de l'Ordre du même nom. Nommée préfète à Poudlard[32], elle continue de défendre la « SALE »[33] et tempère Harry, qui est nerveux et très irritable face aux souvenirs des événements qui l'ont bouleversé au cours de l'année précédente. Elle l'aide également dans sa relation complexe avec Cho Chang[34]. Après s'être rendue compte que le nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, envoyée par le ministère de la Magie, n'allait leur enseigner que la théorie sur les stratégies de défense[35], Hermione a l'idée de créer l'« Armée de Dumbledore »[36] (AD), consciente que Voldemort élabore ses projets de son côté et qu'il devient urgent d'apprendre à se défendre. Après en avoir discuté avec Harry, Ron et Sirius Black, qui soutiennent entièrement son idée, elle fonde une association d'élèves souhaitant s'exercer sous l'enseignement de Harry[37], dans la Salle sur demande conseillée par l'elfe Dobby[38], et dans le plus grand secret. En parallèle, Hermione fait pression sur la journaliste Rita Skeeter[39] et l'oblige à publier une interview détaillée de Harry à propos du retour de Voldemort[40], ouvrant les yeux de nombreux lecteurs sur la réalité niée par le ministère de la Magie. Hermione est ravie de constater que Dolores Ombrage cherche à censurer le journal au sein de l'école[41], ce qui le rend particulièrement populaire, conformément à ce qu'elle souhaitait. Pendant la bataille au ministère, opposant quelques membres de l'AD à des mangemorts, Hermione est sérieusement blessée par Antonin Dolohov[42], mais elle est rapidement soignée.
36
+
37
+ Dans Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, Horace Slughorn, le nouveau professeur de potions, est émerveillé par le savoir de sa nouvelle élève[43] et l'invite à toutes ses soirées privées auxquelles sont conviés traditionnellement tous ses élèves préférés (et dont Ron est exclu). Comme le craignait Harry[44], les relations entre Ron et Hermione se détériorent[45] et chacun d'eux entreprend de rendre l'autre jaloux[46],[47]. Cependant, un empoisonnement accidentel de Ron[48] choque profondément Hermione, qui en oublie sa rancune et se réconcilie aussitôt avec lui[49].
38
+
39
+ Dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, Hermione est déterminée à aider Harry dans sa quête des horcruxes, et prend toutes les dispositions nécessaires. Elle fait déménager ses parents moldus et va jusqu'à modifier leur mémoire afin qu'ils ne se souviennent plus de son existence[d],[51]. Ron quitte le groupe après une sévère dispute avec Harry. Ce départ affecte beaucoup Hermione[52]. Néanmoins, ils poursuivent à deux leur quête. Lorsque Harry et Hermione se rendent à Godric's Hollow pour y trouver des indices, ils font la rencontre du serpent de Voldemort[53] et transplanent in-extremis lorsque celui-ci est sur le point de les rejoindre[54]. Hermione accueille froidement Ron lors de son retour[55], mais finit par lui pardonner. Le trio est capturé peu après par une bande de rafleurs menés par Fenrir Greyback, engagé par Voldemort. Alors que Harry et Ron sont enfermés dans les cachots du manoir des Malefoy en attendant que Voldemort soit appelé, Hermione est torturée par Bellatrix Lestrange à l'étage supérieur[56]. Ils réussissent cependant à s'enfuir tous les trois avant l'arrivée de Voldemort, grâce à l'intervention de Dobby[57], qui, poignardé par Bellatrix, y laisse sa vie. Après l'enterrement de l'elfe, Hermione prend l'apparence de Bellatrix pour accéder à son coffre de Gringotts, accompagnée de Ron qui est transformé en son homme de main, et de Harry dissimulé sous sa cape d'invisibilité[58]. Ils parviennent à y dérober la coupe horcruxe de Poufsouffle et à s'enfuir sur le dos du dragon qui gardait la chambre forte[59]. De retour à Poudlard lors de la bataille finale contre Voldemort, Hermione s'éclipse dans la Chambre des secrets avec Ron et y détruit la coupe horcruxe à l'aide d'un crochet venimeux resté sur la dépouille du basilic[60]. Ron songe à sauver les elfes de maison restés dans les cuisines, à la grande surprise d'Hermione. Sur ses mots, Ron et Hermione s'embrassent avant de retrouver leurs amis au combat. Hermione affronte entre autres Bellatrix Lestrange avec l'aide de Ginny Weasley et de Luna Lovegood[61].
40
+
41
+ Dans l'épilogue de Harry Potter et les Reliques de la Mort (dix-neuf ans plus tard), ainsi qu'au commencement de la pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit, Hermione et Ron sont mariés et ont deux enfants, Rose, l'aînée qui entre en première année à Poudlard en même temps qu'Albus Potter (le fils de Harry et de Ginny Weasley) et Hugo, son jeune frère. Hermione occupe le poste de ministre de la Magie et possède le dernier retourneur de temps existant, caché dans son bureau. Albus Potter, Scorpius Malfoy et Delphi Diggory parviennent à le lui voler en utilisant du polynectar et modifient (temporairement) le cours des événements passés.
42
+
43
+ Hermione apparaît dans le chapitre six du premier tome. Elle démontre aussitôt ses connaissances en matière de magie[62] et tente régulièrement par la suite d'empêcher Harry et Ron d'enfreindre le règlement de Poudlard[63], ce qui lui attire dans un premier temps leur antipathie. L'auteure J. K. Rowling évoque dans une entrevue avec Lindsey Fraser sa propre ressemblance avec le personnage ː
44
+
45
+ « Enfant, j'étais très angoissée. Je m'inquiétais de tout. Mais je masquais cette angoisse. À l'âge de onze ou douze ans, je ressemblais peut-être un peu à Hermione. J'avais le sentiment que je devais m'imposer, il fallait toujours que je sois la première à lever le doigt, il fallait toujours que j'aie raison[64]. »
46
+
47
+ — J. K. Rowling.
48
+
49
+ J. K. Rowling confie avoir découvert le prénom « Hermione » grâce à la pièce de théâtre Le Conte d'hiver de Shakespeare, plusieurs années avant d'écrire Harry Potter[65], tout en admettant que ses deux personnages n'ont en commun que leur prénom[66]. Lors de l’écriture du premier livre, l’auteure souhaitait un prénom peu commun et difficile à prononcer en anglais[67] afin que, dans l'éventualité où le livre serait publié, les jeunes filles aussi studieuses que le personnage ne pâtissent pas de la comparaison[67],[66]. Son nom de famille devait être à l'origine « Puckle », mais J. K. Rowling a finalement opté pour un nom « moins frivole »[68].
50
+
51
+ À l'image du personnage de Dumbledore qui sait « tout ce qu'il y a à savoir sur l'univers de Harry Potter », Hermione, qui lit beaucoup, est un autre personnage « utile » pour J. K. Rowling, puisqu'elle introduit l'univers au lecteur par ses connaissances bibliographiques[69].
52
+
53
+ En 2014, sept ans après la fin de la saga, Le Point rapporte que J. K. Rowling aurait regretté d’avoir marié Hermione et Ron, et qu'elle aurait avoué, lors d'une interview, « avoir fait une erreur »[70]. L'auteure reconnaît que Hermione et Harry auraient formé un couple plus réaliste, mais indique que sa priorité était de se tenir à son plan initial[70],[71]. Elle ajoute que le couple Ron-Hermione a été formé « pour des raisons qui n'ont pas grand chose à voir avec la littérature », et que « la distance » lui a donné « un peu de recul sur ce sujet »[72]. L’interprète du personnage, Emma Watson, concorde avec l’auteure en se demandant « si Ron aurait vraiment pu la rendre heureuse ». Elle explique que « Harry et Hermione étaient complices comme peuvent l’être un frère et une sœur », mais pense qu’ils auraient fait « un bien meilleur couple »[71],[72].
54
+
55
+ Selon l'auteure, Hermione souffre d'un sentiment d'insécurité qu'elle compense en essayant d'être la « meilleure » possible. Elle peut paraître très désagréable et suffisante[73] :
56
+
57
+ « J'ai déjà appris par cœur tous les livres qui sont au programme. […] Je sais tout sur toi, j'ai lu quelques livres supplémentaires pour ma culture générale. »
58
+
59
+ — Hermione Granger, Harry Potter à l’école des sorciers, chapitre 6.
60
+
61
+ Pour Phalène de La Valette, ce trait de caractère démontre une tentative maladroite d'intégration[73]. Pour Camille Botrel, professeur d'anglais et auteur de Harry Potter, un mythe d'initiation moderne, Hermione, en plus de posséder le « handicap » d'être une fille[73], n'a aucun proche appartenant au monde magique : « Ses inquiétudes font écho à celles de beaucoup de femmes aujourd'hui, […] qui ont cette angoisse de ne pas réussir à l'école ou professionnellement. Peut-être parce qu'elles ont encore inconsciemment la mémoire de l'époque où les femmes n'accédaient pas à cet univers »[73].
62
+
63
+ « Hermione est le parfait exemple de la façon dont on peut tirer parti des préjugés dont certains sont victimes. Elle trouve le moyen d'exploiter son intelligence[74]. »
64
+
65
+ — Emma Watson.
66
+
67
+ Hermione possède également un sens de la répartie assez vif, dont Ron fait souvent les frais. Harry et Ron, qui au départ trouvaient les réactions d'Hermione démesurées et exaspérantes, finissent par s'en attendrir[75].
68
+
69
+ Dans son étude, Phalène de La Valette précise que Harry Potter appartient au genre littéraire très codifié des school stories, qui s'appuie traditionnellement sur l'amitié, le courage et l'honneur de jeunes héros le plus souvent masculins[67], et que le fait que la série intègre une fille à un groupe de garçons est particulièrement novateur[67]. Qui plus est, le personnage ne semble pas avoir pour ligne de conduite de demeurer jolie, de protéger ou de soutenir moralement ses compagnons masculins dans leur mission[67], mais plutôt d'y participer activement, voire de prendre la plupart des opérations en charge (notamment dans Les Reliques de la Mort[74]). Douée d’empathie[76], Hermione noue une relation singulièrement fusionnelle avec Harry Potter tout au long de l'intrigue. Elle joue à la fois le rôle de « sœur d'armes » et de confidente. Selon Marie-France Burgain, spécialiste de l’œuvre de J. K. Rowling, Hermione « est indispensable au héros, sans être sa fiancée, sans être son faire-valoir. […] Et le plus formidable, c'est qu'à aucun moment elle n'essaie de jouer les garçons manqués »[76]. L'auteure insiste elle-même sur le fait qu'Hermione ne renie jamais son « identité première » :
70
+
71
+ « […] On peut devenir une héroïne sans être une beauté fatale, mais il n'y a pas beaucoup d'autres exemples… Quand j'ai créé Hermione, j'ai pensé que j'avais créé une véritable héroïne, alors qu'elle n'avait rien de sexy. C'est une vraie fille. Elle ne va jamais compromettre son statut intellectuel. Elle ne va jamais agir comme une gourde, se faire passer pour moins brillante qu'elle n'est pour mieux se faire accepter, pas même auprès de Ron. […] Elle ne joue pas le jeu[77]. »
72
+
73
+ — J. K. Rowling.
74
+
75
+ Dans son essai From Teenage Witch to Social Activist, William V. Thompson affirme que le personnage d'Hermione Granger apporte une dimension contemporaine et sociale à la série de J. K. Rowling[73] : « Hermione est le personnage qui fait passer Harry Potter du simple récit fantastique à une saga qui remet en question les préjugés de genre et donne à expérimenter le pouvoir de l'action des femmes »[73].
76
+
77
+ L'actrice anglaise Emma Watson, alors âgée de neuf ans en 1999, est choisie pour interpréter le rôle d'Hermione Granger dans le film Harry Potter à l'école des sorciers. Un agent de casting la contacte après avoir été conseillé par un professeur de théâtre de son école. Elle est sélectionnée parmi 35 000 candidates, impressionnant les producteurs par son assurance[78],[79] : « Il y avait quelque chose dans ses yeux » se souvient David Heyman. « Un mélange d'intelligence et d'impétuosité qui dissimulaient une vulnérabilité[80] ». Emma Watson a été la première du trio à être choisie[80].
78
+
79
+ L'actrice renouvelle son contrat pour les sept autres films de la série et l'auteure J. K. Rowling avouera plus tard, dans un documentaire du DVD de Harry Potter et les Reliques de la Mort, qu'elle était soulagée dès le départ du choix d'Emma pour incarner son personnage : « Hermione me tenait à cœur. Je me disais : "Est-ce qu'ils vont choisir une fille avec des lunettes, pour bien montrer qu'elle est intelligente ?" Combien de fois a-t-on vu cela ? Puis j'ai parlé à Emma au téléphone. Elle devait avoir 10 ans. J'ai su qu'elle saurait parfaitement jouer une fille brillante, parce que c'est ce qu'elle est[81] ».
80
+
81
+ Le personnage d'Hermione, dans les films, apparaît fidèle à la description des romans, excepté pour les grandes dents que le personnage était censé avoir jusqu'au quatrième volet (où Hermione décide de les faire raccourcir par l'infirmière). Chris Columbus, réalisateur des deux premiers films, avait effectué quelques essais avec de fausses dents, mais n'était pas satisfait du résultat et a préféré changer d'avis. Dans la scène du Poudlard Express, à la fin du premier film, les fausses dents portées en test par Emma sont visibles à l'écran[82].
82
+
83
+ Le choix de Dumezweni, comédienne d'origine sud-africaine, pour interpréter le rôle d'Hermione au théâtre a conduit à des critiques sur les réseaux sociaux en raison de sa couleur de peau. Des critiques qui selon J. K. Rowling ont été encouragées « par une poignée de racistes[83] » et qui n'ont pas lieu d'être. L'auteure a ajouté que les livres n'avaient jamais explicitement fait mention de la race ou de la couleur de peau d'Hermione, et qu'elle avait déjà été dépeinte comme noire dans certains fan arts[83]. « C'est la façon dont le monde est, et Noma a été choisie parce qu'elle était la meilleure comédienne pour ce travail » ajoute-t-elle.
84
+
85
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
86
+
87
+ Romans
88
+
89
+ Études
90
+
91
+ Autres
92
+
93
+ Sur les autres projets Wikimedia :
94
+
95
+ L'école des sorciers (1997)
96
+
97
+ La Chambre des secrets (1998)
98
+
99
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
100
+
101
+ La Coupe de feu (2000)
102
+
103
+ L'Ordre du Phénix (2003)
104
+
105
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
106
+
107
+ Les Reliques de la Mort (2007)
108
+
109
+ L'Enfant maudit (2016)
fr/2544.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,109 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Hermione Jean Granger [ʔɛʁmjɔn dʒin ɡʁɑ̃ndʒœʁ][a] (en anglais : [hɜːˈmaɪənɪ dʒiːn ˈɡɹeɪndʒə(ɹ)][b]) est un personnage fictif créé par la romancière britannique J. K. Rowling. Elle apparaît dans la série romanesque Harry Potter et dans la pièce de théâtre dérivée située dix-neuf ans après l'intrigue du dernier tome.
4
+
5
+ Amie proche de Harry Potter et de Ron Weasley, Hermione fait figure de droiture et d'esprit tout au long de l'histoire. Née de parents moldus, elle est particulièrement douée pour la magie et se montre d'un grand secours auprès de ses camarades de Poudlard. Elle est à l'origine de l'Armée de Dumbledore, qu'elle fonde avec Harry et Ron en cinquième année pour contrer leur nouveau professeur de défense contre les forces du mal, Dolores Ombrage. Hermione et Ron aident ensuite Harry à trouver et à détruire tous les horcruxes de Voldemort, pour permettre à Harry de le vaincre. Dans son épilogue, dix-neuf ans plus tard, elle est mariée avec Ron Weasley et le couple a deux enfants.
6
+
7
+ L'auteure J. K. Rowling évoque dans une entrevue sa propre ressemblance avec ce personnage.
8
+
9
+ Le personnage est interprété par Emma Watson au cinéma et par Noma Dumezweni dans la pièce de théâtre Harry Potter et l'enfant maudit (2016).
10
+
11
+ Hermione est de taille moyenne, et décrite comme ayant une masse de cheveux bruns ébouriffés et de grandes dents[2]. Ses yeux sont de couleur marron[3]. Elle fait réduire la taille de ses dents un peu plus que nécessaire par Madame Pomfresh[4] après avoir reçu un sortilège de Drago Malefoy qui consistait à les lui faire grandir.
12
+
13
+ Dès sa première rencontre avec Harry, elle lui apparaît autoritaire et très sûre d'elle[2]. Elle a tendance à vouloir démontrer l'étendue de ses connaissances, ce qui lui attire parfois les moqueries de certains. Le professeur Rogue, qui la nomme « mademoiselle je-sais-tout »[5], est forcé de constater à plusieurs reprises qu'elle lit et retient l'intégralité des livres du programme[6] avant même le début des cours. Hermione cite d'ailleurs régulièrement des passages de l'Histoire de Poudlard. Son discernement et son savoir permettent par ailleurs au trio de surmonter de nombreux obstacles.
14
+
15
+ « [Harry Potter] s'est tiré de situations difficiles grâce à de purs coups de chance et à l'aide d'amis plus doués que lui[7]. »
16
+
17
+ — Severus Rogue (Harry Potter et le Prince de sang-mêlé)
18
+
19
+ Selon Remus Lupin, Hermione est singulièrement intelligente[8]. Elle est aussi d'un tempérament posé et réfléchi. Albus Dumbledore avoue lui-même avoir compté sur Hermione, qui possédait le recul et le calme nécessaires, pour tempérer le comportement parfois emporté de Harry lors de la recherche des horcruxes[9]. La jeune fille a la faculté de comprendre les émotions des autres. Elle aide par ailleurs Harry à éclaircir les « mystérieuses » humeurs de Cho Chang en cinquième année, tout comme elle joue le rôle de confidente et de conseillère auprès de Ginny Weasley[10].
20
+
21
+ Hermione prouve sa sensibilité et son grand cœur[11] notamment par son attachement aux elfes de maison et par sa volonté de défendre leurs droits. Une idée que seul Sirius Black semble encourager[12], ajoutant que selon lui, un homme traitant un être vulnérable différemment que son égal ne peut être considéré comme digne de confiance. Hermione fonde la S.A.L.E. (Société d'Aide à la Libération des Elfes) au cours de sa quatrième année.
22
+
23
+ Son Patronus prend la forme d'une loutre (animal préféré de J. K. Rowling[13]) mais elle a des difficultés à le former. Elle est très douée en Métamorphose et en Sortilèges. Selon Justin Finch-Fletchley, élève de Poufsouffle et ami du trio, Hermione est tout simplement « la meilleure dans toutes les matières[14] ».
24
+
25
+ Hermione Jean Granger[15], fille unique[c], est née le 19 septembre 1979[1], de parents moldus exerçant la profession de dentiste.
26
+
27
+ Dans Harry Potter à l'école des sorciers, la jeune fille apparaît pour la première fois dans le Poudlard Express où elle fait la rencontre de Ron Weasley et de Harry Potter[2]. Une amitié sincère naît progressivement entre Harry, Ron et Hermione, qui franchissent ensemble les obstacles pour trouver la pierre philosophale avant Voldemort. Lorsque Harry parvient à récupérer la pierre grâce à un stratagème d'Albus Dumbledore, ce dernier attribue cinquante points à Hermione pour sa logique et sa réussite lors de l'énigme du professeur Rogue[17], qui a permis à Harry d'atteindre le miroir du Riséd.
28
+
29
+ Dans Harry Potter et la Chambre des secrets, Hermione prépare du Polynectar, une potion très complexe permettant à Harry et Ron de prendre temporairement l'apparence d'élèves de la maison Serpentard[18]. De cette manière, les deux garçons peuvent tenter de recueillir des informations sur la Chambre des secrets auprès de Drago Malefoy, qu'ils soupçonnent (à tort) d'être l'héritier de Salazar Serpentard et de provoquer l'agression des enfants nés moldus et sangs-mêlés de Poudlard grâce au monstre de la Chambre qu'il parviendrait à contrôler. Par la suite, Hermione est retrouvée pétrifiée près de la bibliothèque[19], mais parvient à mettre Harry et Ron sur la voie grâce à un article arraché des pages d'un manuel, retrouvé au creux de sa main[20]. Grâce à ses informations, Harry et Ron trouvent l'entrée de la Chambre. Harry affronte le monstre (un basilic) ainsi que l'héritier de Serpentard, qui n'est autre que Tom Elvis Jedusor — Voldemort adolescent[21] — sous la forme d'un souvenir[22]. Hermione et les autres enfants pétrifiés sont finalement guéris grâce à un philtre de mandragores[23].
30
+
31
+ Dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, Hermione choisit de suivre tous les cours possibles et fait donc l'acquisition, sur autorisation du ministère, d'un retourneur de temps lui permettant de suivre plusieurs cours sur le même horaire[24]. Très impliquée dans la défense de Buck, l'hippogriffe qui a causé la blessure de Drago Malefoy, elle fait tout son possible pour aider Hagrid à l'innocenter mais il est malgré tout condamné à mort[25]. À la fin de l'année scolaire, Dumbledore suggère à Hermione d'utiliser son retourneur de temps afin d'aider Harry à sauver à la fois l'hippogriffe et Sirius Black[26].
32
+
33
+ Dans Harry Potter et la Coupe de feu, Hermione est sensibilisée au mauvais traitement des elfes de maison. Après avoir appris qu'il y avait des centaines d'elfes s'occupant des tâches ménagères à Poudlard sans être rémunérés par Dumbledore[27], elle crée la Société d'Aide à la Libération des Elfes[28] (« SALE »), à la grande exaspération de Harry et de Ron[29]. La Coupe de feu marque également un tournant dans les relations entre Ron et Hermione. Ron devient jaloux du champion de Durmstrang, Viktor Krum, qui est très proche d'Hermione[30] et accuse cette dernière de « fraterniser avec l'ennemi » et de trahir Harry[31].
34
+
35
+ Durant l'été suivant, dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Hermione est au 12, Square Grimmaurd, le quartier général de l'Ordre du même nom. Nommée préfète à Poudlard[32], elle continue de défendre la « SALE »[33] et tempère Harry, qui est nerveux et très irritable face aux souvenirs des événements qui l'ont bouleversé au cours de l'année précédente. Elle l'aide également dans sa relation complexe avec Cho Chang[34]. Après s'être rendue compte que le nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, envoyée par le ministère de la Magie, n'allait leur enseigner que la théorie sur les stratégies de défense[35], Hermione a l'idée de créer l'« Armée de Dumbledore »[36] (AD), consciente que Voldemort élabore ses projets de son côté et qu'il devient urgent d'apprendre à se défendre. Après en avoir discuté avec Harry, Ron et Sirius Black, qui soutiennent entièrement son idée, elle fonde une association d'élèves souhaitant s'exercer sous l'enseignement de Harry[37], dans la Salle sur demande conseillée par l'elfe Dobby[38], et dans le plus grand secret. En parallèle, Hermione fait pression sur la journaliste Rita Skeeter[39] et l'oblige à publier une interview détaillée de Harry à propos du retour de Voldemort[40], ouvrant les yeux de nombreux lecteurs sur la réalité niée par le ministère de la Magie. Hermione est ravie de constater que Dolores Ombrage cherche à censurer le journal au sein de l'école[41], ce qui le rend particulièrement populaire, conformément à ce qu'elle souhaitait. Pendant la bataille au ministère, opposant quelques membres de l'AD à des mangemorts, Hermione est sérieusement blessée par Antonin Dolohov[42], mais elle est rapidement soignée.
36
+
37
+ Dans Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, Horace Slughorn, le nouveau professeur de potions, est émerveillé par le savoir de sa nouvelle élève[43] et l'invite à toutes ses soirées privées auxquelles sont conviés traditionnellement tous ses élèves préférés (et dont Ron est exclu). Comme le craignait Harry[44], les relations entre Ron et Hermione se détériorent[45] et chacun d'eux entreprend de rendre l'autre jaloux[46],[47]. Cependant, un empoisonnement accidentel de Ron[48] choque profondément Hermione, qui en oublie sa rancune et se réconcilie aussitôt avec lui[49].
38
+
39
+ Dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, Hermione est déterminée à aider Harry dans sa quête des horcruxes, et prend toutes les dispositions nécessaires. Elle fait déménager ses parents moldus et va jusqu'à modifier leur mémoire afin qu'ils ne se souviennent plus de son existence[d],[51]. Ron quitte le groupe après une sévère dispute avec Harry. Ce départ affecte beaucoup Hermione[52]. Néanmoins, ils poursuivent à deux leur quête. Lorsque Harry et Hermione se rendent à Godric's Hollow pour y trouver des indices, ils font la rencontre du serpent de Voldemort[53] et transplanent in-extremis lorsque celui-ci est sur le point de les rejoindre[54]. Hermione accueille froidement Ron lors de son retour[55], mais finit par lui pardonner. Le trio est capturé peu après par une bande de rafleurs menés par Fenrir Greyback, engagé par Voldemort. Alors que Harry et Ron sont enfermés dans les cachots du manoir des Malefoy en attendant que Voldemort soit appelé, Hermione est torturée par Bellatrix Lestrange à l'étage supérieur[56]. Ils réussissent cependant à s'enfuir tous les trois avant l'arrivée de Voldemort, grâce à l'intervention de Dobby[57], qui, poignardé par Bellatrix, y laisse sa vie. Après l'enterrement de l'elfe, Hermione prend l'apparence de Bellatrix pour accéder à son coffre de Gringotts, accompagnée de Ron qui est transformé en son homme de main, et de Harry dissimulé sous sa cape d'invisibilité[58]. Ils parviennent à y dérober la coupe horcruxe de Poufsouffle et à s'enfuir sur le dos du dragon qui gardait la chambre forte[59]. De retour à Poudlard lors de la bataille finale contre Voldemort, Hermione s'éclipse dans la Chambre des secrets avec Ron et y détruit la coupe horcruxe à l'aide d'un crochet venimeux resté sur la dépouille du basilic[60]. Ron songe à sauver les elfes de maison restés dans les cuisines, à la grande surprise d'Hermione. Sur ses mots, Ron et Hermione s'embrassent avant de retrouver leurs amis au combat. Hermione affronte entre autres Bellatrix Lestrange avec l'aide de Ginny Weasley et de Luna Lovegood[61].
40
+
41
+ Dans l'épilogue de Harry Potter et les Reliques de la Mort (dix-neuf ans plus tard), ainsi qu'au commencement de la pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit, Hermione et Ron sont mariés et ont deux enfants, Rose, l'aînée qui entre en première année à Poudlard en même temps qu'Albus Potter (le fils de Harry et de Ginny Weasley) et Hugo, son jeune frère. Hermione occupe le poste de ministre de la Magie et possède le dernier retourneur de temps existant, caché dans son bureau. Albus Potter, Scorpius Malfoy et Delphi Diggory parviennent à le lui voler en utilisant du polynectar et modifient (temporairement) le cours des événements passés.
42
+
43
+ Hermione apparaît dans le chapitre six du premier tome. Elle démontre aussitôt ses connaissances en matière de magie[62] et tente régulièrement par la suite d'empêcher Harry et Ron d'enfreindre le règlement de Poudlard[63], ce qui lui attire dans un premier temps leur antipathie. L'auteure J. K. Rowling évoque dans une entrevue avec Lindsey Fraser sa propre ressemblance avec le personnage ː
44
+
45
+ « Enfant, j'étais très angoissée. Je m'inquiétais de tout. Mais je masquais cette angoisse. À l'âge de onze ou douze ans, je ressemblais peut-être un peu à Hermione. J'avais le sentiment que je devais m'imposer, il fallait toujours que je sois la première à lever le doigt, il fallait toujours que j'aie raison[64]. »
46
+
47
+ — J. K. Rowling.
48
+
49
+ J. K. Rowling confie avoir découvert le prénom « Hermione » grâce à la pièce de théâtre Le Conte d'hiver de Shakespeare, plusieurs années avant d'écrire Harry Potter[65], tout en admettant que ses deux personnages n'ont en commun que leur prénom[66]. Lors de l’écriture du premier livre, l’auteure souhaitait un prénom peu commun et difficile à prononcer en anglais[67] afin que, dans l'éventualité où le livre serait publié, les jeunes filles aussi studieuses que le personnage ne pâtissent pas de la comparaison[67],[66]. Son nom de famille devait être à l'origine « Puckle », mais J. K. Rowling a finalement opté pour un nom « moins frivole »[68].
50
+
51
+ À l'image du personnage de Dumbledore qui sait « tout ce qu'il y a à savoir sur l'univers de Harry Potter », Hermione, qui lit beaucoup, est un autre personnage « utile » pour J. K. Rowling, puisqu'elle introduit l'univers au lecteur par ses connaissances bibliographiques[69].
52
+
53
+ En 2014, sept ans après la fin de la saga, Le Point rapporte que J. K. Rowling aurait regretté d’avoir marié Hermione et Ron, et qu'elle aurait avoué, lors d'une interview, « avoir fait une erreur »[70]. L'auteure reconnaît que Hermione et Harry auraient formé un couple plus réaliste, mais indique que sa priorité était de se tenir à son plan initial[70],[71]. Elle ajoute que le couple Ron-Hermione a été formé « pour des raisons qui n'ont pas grand chose à voir avec la littérature », et que « la distance » lui a donné « un peu de recul sur ce sujet »[72]. L’interprète du personnage, Emma Watson, concorde avec l’auteure en se demandant « si Ron aurait vraiment pu la rendre heureuse ». Elle explique que « Harry et Hermione étaient complices comme peuvent l’être un frère et une sœur », mais pense qu’ils auraient fait « un bien meilleur couple »[71],[72].
54
+
55
+ Selon l'auteure, Hermione souffre d'un sentiment d'insécurité qu'elle compense en essayant d'être la « meilleure » possible. Elle peut paraître très désagréable et suffisante[73] :
56
+
57
+ « J'ai déjà appris par cœur tous les livres qui sont au programme. […] Je sais tout sur toi, j'ai lu quelques livres supplémentaires pour ma culture générale. »
58
+
59
+ — Hermione Granger, Harry Potter à l’école des sorciers, chapitre 6.
60
+
61
+ Pour Phalène de La Valette, ce trait de caractère démontre une tentative maladroite d'intégration[73]. Pour Camille Botrel, professeur d'anglais et auteur de Harry Potter, un mythe d'initiation moderne, Hermione, en plus de posséder le « handicap » d'être une fille[73], n'a aucun proche appartenant au monde magique : « Ses inquiétudes font écho à celles de beaucoup de femmes aujourd'hui, […] qui ont cette angoisse de ne pas réussir à l'école ou professionnellement. Peut-être parce qu'elles ont encore inconsciemment la mémoire de l'époque où les femmes n'accédaient pas à cet univers »[73].
62
+
63
+ « Hermione est le parfait exemple de la façon dont on peut tirer parti des préjugés dont certains sont victimes. Elle trouve le moyen d'exploiter son intelligence[74]. »
64
+
65
+ — Emma Watson.
66
+
67
+ Hermione possède également un sens de la répartie assez vif, dont Ron fait souvent les frais. Harry et Ron, qui au départ trouvaient les réactions d'Hermione démesurées et exaspérantes, finissent par s'en attendrir[75].
68
+
69
+ Dans son étude, Phalène de La Valette précise que Harry Potter appartient au genre littéraire très codifié des school stories, qui s'appuie traditionnellement sur l'amitié, le courage et l'honneur de jeunes héros le plus souvent masculins[67], et que le fait que la série intègre une fille à un groupe de garçons est particulièrement novateur[67]. Qui plus est, le personnage ne semble pas avoir pour ligne de conduite de demeurer jolie, de protéger ou de soutenir moralement ses compagnons masculins dans leur mission[67], mais plutôt d'y participer activement, voire de prendre la plupart des opérations en charge (notamment dans Les Reliques de la Mort[74]). Douée d’empathie[76], Hermione noue une relation singulièrement fusionnelle avec Harry Potter tout au long de l'intrigue. Elle joue à la fois le rôle de « sœur d'armes » et de confidente. Selon Marie-France Burgain, spécialiste de l’œuvre de J. K. Rowling, Hermione « est indispensable au héros, sans être sa fiancée, sans être son faire-valoir. […] Et le plus formidable, c'est qu'à aucun moment elle n'essaie de jouer les garçons manqués »[76]. L'auteure insiste elle-même sur le fait qu'Hermione ne renie jamais son « identité première » :
70
+
71
+ « […] On peut devenir une héroïne sans être une beauté fatale, mais il n'y a pas beaucoup d'autres exemples… Quand j'ai créé Hermione, j'ai pensé que j'avais créé une véritable héroïne, alors qu'elle n'avait rien de sexy. C'est une vraie fille. Elle ne va jamais compromettre son statut intellectuel. Elle ne va jamais agir comme une gourde, se faire passer pour moins brillante qu'elle n'est pour mieux se faire accepter, pas même auprès de Ron. […] Elle ne joue pas le jeu[77]. »
72
+
73
+ — J. K. Rowling.
74
+
75
+ Dans son essai From Teenage Witch to Social Activist, William V. Thompson affirme que le personnage d'Hermione Granger apporte une dimension contemporaine et sociale à la série de J. K. Rowling[73] : « Hermione est le personnage qui fait passer Harry Potter du simple récit fantastique à une saga qui remet en question les préjugés de genre et donne à expérimenter le pouvoir de l'action des femmes »[73].
76
+
77
+ L'actrice anglaise Emma Watson, alors âgée de neuf ans en 1999, est choisie pour interpréter le rôle d'Hermione Granger dans le film Harry Potter à l'école des sorciers. Un agent de casting la contacte après avoir été conseillé par un professeur de théâtre de son école. Elle est sélectionnée parmi 35 000 candidates, impressionnant les producteurs par son assurance[78],[79] : « Il y avait quelque chose dans ses yeux » se souvient David Heyman. « Un mélange d'intelligence et d'impétuosité qui dissimulaient une vulnérabilité[80] ». Emma Watson a été la première du trio à être choisie[80].
78
+
79
+ L'actrice renouvelle son contrat pour les sept autres films de la série et l'auteure J. K. Rowling avouera plus tard, dans un documentaire du DVD de Harry Potter et les Reliques de la Mort, qu'elle était soulagée dès le départ du choix d'Emma pour incarner son personnage : « Hermione me tenait à cœur. Je me disais : "Est-ce qu'ils vont choisir une fille avec des lunettes, pour bien montrer qu'elle est intelligente ?" Combien de fois a-t-on vu cela ? Puis j'ai parlé à Emma au téléphone. Elle devait avoir 10 ans. J'ai su qu'elle saurait parfaitement jouer une fille brillante, parce que c'est ce qu'elle est[81] ».
80
+
81
+ Le personnage d'Hermione, dans les films, apparaît fidèle à la description des romans, excepté pour les grandes dents que le personnage était censé avoir jusqu'au quatrième volet (où Hermione décide de les faire raccourcir par l'infirmière). Chris Columbus, réalisateur des deux premiers films, avait effectué quelques essais avec de fausses dents, mais n'était pas satisfait du résultat et a préféré changer d'avis. Dans la scène du Poudlard Express, à la fin du premier film, les fausses dents portées en test par Emma sont visibles à l'écran[82].
82
+
83
+ Le choix de Dumezweni, comédienne d'origine sud-africaine, pour interpréter le rôle d'Hermione au théâtre a conduit à des critiques sur les réseaux sociaux en raison de sa couleur de peau. Des critiques qui selon J. K. Rowling ont été encouragées « par une poignée de racistes[83] » et qui n'ont pas lieu d'être. L'auteure a ajouté que les livres n'avaient jamais explicitement fait mention de la race ou de la couleur de peau d'Hermione, et qu'elle avait déjà été dépeinte comme noire dans certains fan arts[83]. « C'est la façon dont le monde est, et Noma a été choisie parce qu'elle était la meilleure comédienne pour ce travail » ajoute-t-elle.
84
+
85
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
86
+
87
+ Romans
88
+
89
+ Études
90
+
91
+ Autres
92
+
93
+ Sur les autres projets Wikimedia :
94
+
95
+ L'école des sorciers (1997)
96
+
97
+ La Chambre des secrets (1998)
98
+
99
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
100
+
101
+ La Coupe de feu (2000)
102
+
103
+ L'Ordre du Phénix (2003)
104
+
105
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
106
+
107
+ Les Reliques de la Mort (2007)
108
+
109
+ L'Enfant maudit (2016)
fr/2545.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,193 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Hernán Cortés (parfois écrit Cortès[N. 1] ou Cortez), dont le nom complet est Fernando Cortés de Monroy Pizarro Altamirano[N. 2], premier marquis de la Vallée d'Oaxaca, né, probablement, en 1485, à Medellín (un village d'Estrémadure) et mort à Castilleja de la Cuesta (près de Séville) le 2 décembre 1547, est un conquistador espagnol qui s'est emparé de l'Empire aztèque pour le compte de Charles Quint, roi de Castille et empereur romain germanique. Cette conquête est l'acte fondateur de la Nouvelle-Espagne et marque une étape fondamentale de la colonisation espagnole des Amériques au XVIe siècle.
4
+
5
+ Cortés naît à Medellín, dans la province d'Estrémadure, dans le royaume de Castille, en Espagne, sans doute en 1485, bien que certaines sources affirment 1484 ou 1483[4]. Il est issu de familles d'ancienne noblesse, tant du côté paternel que maternel. La légende en a fait une famille pauvre, mais ce point est contesté, la famille ayant occupé des charges probablement lucratives[5].
6
+
7
+ C'est aussi le cousin de Francisco Pizarro au deuxième degré.
8
+
9
+ Son père, Martin Cortés de Monroy, est un hidalgo. Il occupe diverses charges officielles, dont celle de Procureur général, ce qui laisse penser qu'il dispose d'une fortune personnelle[5]. Les Monroy sont une famille de vieux chrétiens originaires de la Cantabrie, dans le Nord de l'Espagne. Ils prennent part à la Reconquista de l'Estrémadure et ont des possessions dans leur fief de Belvís (aujourd'hui Belvís de Monroy) comme à Salamanque. Plusieurs ancêtres de Cortés sont célèbres pour leurs faits d'armes. Le grand-père de Cortés, Alfonso de Monroy, est grand-maître de l'Ordre d'Alcántara, un des puissants ordres espagnols de chevalerie[6].
10
+
11
+ La mère de Cortés se nomme Catalina Pizarro Altamirano. Son père, Diego Alonso Altamirano, juriste, a occupé plusieurs charges officielles, dont celle de maire de Medellín[7]. Sa mère est issue de la famille noble des Pizarro. Les familles Pizarro et Altamirano sont les deux plus puissantes de Medellín[8].
12
+
13
+ L'arbre généalogique d'Hernán Cortés est, pour ses ascendants immédiats[9] :
14
+
15
+ Hernán Cortés est fils unique. Il n'aime pas beaucoup sa mère, qu'il dépeint comme « dure et mesquine », même s'il lui témoigne du respect[10]. Il est en revanche très complice avec son père. Celui-ci fait partie des « grands d'Espagne », capables de se montrer fiers et hautains, y compris devant le roi. Ce trait de caractère sera partagé par Hernán[11].
16
+
17
+ La légende veut que Cortés ait été un enfant chétif né dans une famille noble, mais pauvre. La pauvreté supposée de sa famille est une invention, sa faiblesse physique sans doute une autre[12].
18
+
19
+ À l'âge de 14 ans[13], ses parents l'envoient à Salamanque afin qu'il s'instruise auprès de son oncle Francisco Nuñez de Valera, grammairien. Il ne reste que deux ans à l'université de Salamanque, l'une des plus prestigieuses de l'époque. Parmi les hypothèses avancées sur la brièveté de ses études figurent la maladie, la discipline de fer, l'ennui, le manque d'argent voire l'appel d'une autre vie ou une jeunesse agitée. Quoi qu'il en soit, il semble que Cortés quitte l'université sans avoir obtenu de diplôme. En revanche, il y acquiert des bases intéressantes en latin, droit et rhétorique, autant d'armes dont il usera par la suite[14]. En attendant, afin d'assurer son quotidien, il travaille comme apprenti notaire à Valladolid[15].
20
+
21
+ De retour à Medellín, au grand dam de ses parents, Cortés opte pour la carrière militaire. Il hésite entre les guerres d'Italie et le Nouveau Monde. Après quelques péripéties, notamment amoureuses, il embarque en 1504 ou 1506[16] pour Hispaniola (Saint-Domingue). Le départ a lieu à Sanlúcar de Barrameda sur un navire de Palos dirigé par Alonso Quintero (es). Les cinq navires du convoi font route vers La Gomera (îles Canaries) puis vers Hispaniola. La plupart des hommes ayant investi dans la cargaison marchande afin de la revendre au meilleur prix lors de leur arrivée, Alonso Quintero (es) prend des risques afin de semer les autres bateaux. Mais ayant cassé le mât, il doit retourner à La Gomera pour réparer. Autre contretemps, le navire perd sa route quelque temps, ce qui, finalement, voit Cortés rejoindre Hispaniola avec quelques jours de retard sur le reste de la flotte[17].
22
+
23
+ À son arrivée sur l'île, Cortés reçoit des terres et des Indiens, afin de développer la colonisation. Sur ses domaines, il pratique l'élevage et acquiert une relative aisance matérielle[18]. Il rencontre Nicolás de Ovando, gouverneur d'Hispaniola, qui lui octroie la charge de notaire[13] à Azua. En 1509, touché par la syphilis[18], il ne peut participer à une expédition de conquête.
24
+
25
+ En 1511, Cortés accompagne Diego Velázquez de Cuéllar à Cuba, où il participe à la conquête de l'île. En guise de récompense, il est nommé premier maire de Santiago de Cuba et reçoit une grande propriété ainsi qu'un lot d'esclaves. Ceci ne l'empêche pas de se faire emprisonner, quelque temps après, pour conspiration contre Velázquez. Libéré, il se marie avec la belle-sœur de ce dernier, Catalina Juárez Marcaida. À la même époque, les expéditions dans le Yucatan de Francisco Hernández de Córdoba (1517) et Juan de Grijalva (1518) reviennent à Cuba avec de petites quantités d'or et des histoires de terres lointaines où abonderait le métal précieux. Cortés vend tous ses biens pour acheter des navires et du matériel et passe un accord avec Velázquez, devenu gouverneur de Cuba, pour mener une expédition, officiellement pour explorer et commercer avec de nouvelles terres se trouvant à l'ouest. Mais Velázquez est toujours inquiet et méfiant.
26
+
27
+ Finalement, le 18 novembre 1518[19], craignant que Diego Velázquez de Cuéllar n'annule l'expédition, l'armada de Cortés quitte précipitamment le port de Santiago de Cuba. La fuite, mal préparée, oblige Cortés à s'arrêter à la Trinité et dans d'autres îles pour faire des stocks de provisions et acquérir de nouveaux bateaux. Le 10 février 1519 Cortés quitte Cuba avec 11 navires, 16 cavaliers, 518 fantassins, 13 artilleurs avec 8 petits canons, 32 arbalétriers, 13 arquebusiers, 110 marins et 200 Indiens et esclaves noirs comme auxiliaires de troupes[20]. En outre, ils emmènent 32 chevaux, 10 canons de bronze et 4 fauconneaux (canons plus petits). Les capitaines de cette expédition sont Alonso Hernández Puertocarrero, Alonso de Ávila (es), Diego de Ordás, Francisco de Montejo, Francisco de Morla (es), Francisco de Saucedo, Juan de Escalante, Juan Velázquez de León (de la famille du gouverneur de Cuba), Cristóbal de Olid et Pedro de Alvarado, dont beaucoup sont des vétérans des guerres d'Italie. Antón de Alaminos est le pilote de l'expédition. Ils arrivent sur l'île de Cozumel. Là, les Espagnols font une recrue étrange, mais bienvenue, qui arrive du nord du Yucatan. C'était un diacre espagnol, nommé Gerónimo de Aguilar, qui, huit ans plus tôt, faisant route vers Saint Domingue, avait survécu à un naufrage. « On allait le sacrifier lorsqu'une nuit il put s'enfuir et se réfugier » chez un chef maya dont il devint l'esclave (B. Diaz del Castillo, 2003, p. 126). Grâce à une rançon de verroterie envoyée quelque temps plus tôt par Cortés qui avait eu connaissance de sa captivité, il put rejoindre la flotte espagnole, et, comme il parlait le maya yucatèque, il put servir d'interprète à Cortés, d'abord pour traduire les échanges en maya, puis ceux en nahuatl par l'intermédiaire de La Malinche (cf. ci-dessous) qui lui traduisait dans un premier temps le nahuatl en maya.
28
+
29
+ Cortés débarque près de l'actuelle Veracruz le 23 avril 1519. Le premier contact avec les autochtones avait eu lieu à Cozumel où les Mayas, qui s'étaient d'abord enfuis, sont invités à regagner leurs demeures. Mais déterminés à remplacer par la religion catholique les cultes païens auxquels étaient fidèles les indigènes (en particulier les sacrifices humains, qui horrifient Cortés), Cortès et ses soldats procèdent à la destruction des statues représentant les divinités locales, démontrant ainsi l'impuissance de ces dernières. Sont alors érigées au même emplacement une croix en bois et une statue de la vierge Marie.
30
+
31
+ À la suite de cela, Antón de Alaminos conduit la flotte jusqu'à l'embouchure du fleuve (qui sera baptisé quelques années plus tard Río Grijalva, en hommage à Juan de Grijalva), où les Espagnols rencontrent des Mayas hostiles, qu'ils réussissent cependant à vaincre, grâce à la peur qu'engendrent les armes à feu et les chevaux.
32
+
33
+ Leurs chefs offrent alors des vivres, des bijoux, des tissus et un groupe de vingt esclaves[13], qui seront baptisées plus tard. Parmi ces esclaves se trouve une dénommée Malintzin, connue également sous les noms de Marina ou La Malinche. Sa capacité à parler les langues maya et náhuatl, sa connaissance de la psychologie et des coutumes mexica, ajoutées à sa fidélité indéfectible envers les Espagnols, feront d'elle un atout majeur dans la conquête. Elle devient rapidement l'interprète, la conseillère et l'amante d'Hernán Cortés, à qui elle donne un fils baptisé Martín, comme le père de Cortés. Avec Gerónimo de Aguilar, elle remplace l'ancien interprète Melchorejo, repassé du côté des Aztèques, et qui les incite à lutter contre les Espagnols.
34
+
35
+ À Tabasco, les Espagnols apprennent l'existence d'un pays à l'ouest que les Mayas appellent Mexico. Suivant la côte en direction du nord-ouest, l'expédition croise bientôt quelques canoës transportant des ambassadeurs de l'empereur aztèque Moctezuma II[21]. Cortés leur montre ses chevaux et ses armes à feu, pour les impressionner, mais tâche de les rassurer, en leur parlant de paix. Les émissaires, venus accompagnés de peintres et de dessinateurs, ont pour mission d'aller rendre compte de la présence des Espagnols à leur maître.
36
+
37
+ Peu de temps après, les émissaires aztèques reviennent avec de nouveaux présents et Cortés insiste pour rencontrer leur empereur. Il entend alors parler de ce qu'ils pensent être Quetzalcoatl, ou un émissaire de Quetzalcoatl (un homme d'or qui devait un jour revenir) et décide sur les conseils de son traducteur, la Malinche, de tirer profit de ce mythe indien. D'autant plus que les ambassadeurs indiens continuent de lui refuser de rencontrer Moctezuma II.
38
+
39
+ C'est alors qu'arrivent d'autres Amérindiens, originaires de Cempoala, qui se présentent à Cortés comme des ennemis des Aztèques. Ils souhaitent que les Espagnols les aident à se libérer du joug des Aztèques. Cortés comprend alors que l'empereur a des ennemis, et, s'inspirant de la stratégie utilisée par César lors de la conquête de la Gaule, va s'efforcer d'utiliser les rancœurs et la haine qui existent entre les différents peuples locaux. Il prend appui sur la légende amérindienne de Quetzalcóatl pour s'attribuer le rôle d'un messie destiné à régner sur les Mexicains[22]. Dès lors, son objectif est simple : essayer de s'emparer des terres et richesses dont semble regorger ce territoire, étant donnés les différents présents apportés par les ambassadeurs de Moctezuma II. Pour cela, il doit imposer sa volonté et son autorité sur la partie de la troupe fidèle au gouverneur Velázquez, lesquels soutiennent que Cortés n'a pas l'autorisation de peupler ce territoire, et qu'ils doivent rentrer à Cuba une fois l'expédition terminée. La majorité des capitaines et de la troupe s'opposent à lui, même s'ils sont conscients des richesses que semble receler Tenochtitlan.
40
+
41
+ Le 9 juillet 1519[23], il commence par transformer le campement où les Espagnols se trouvent en ville, à laquelle il donne le nom de Villa Rica de la Vera Cruz (« La riche ville de la véritable croix »), devenue Veracruz, les Espagnols y ayant débarqué un Vendredi saint. Les nouveaux habitants demandent à Cortés qu'il se proclame capitaine général, dépendant directement du roi et non plus de Velázquez, qui n'a pas de pouvoir sur ces côtes. Se faisant supplier, il accepte la charge. Il nomme un maire, des régisseurs, des gendarmes, et un trésorier. En se libérant de l'autorité du gouverneur de Cuba, il constitue ainsi la première ville européenne d'Amérique, mais se met aussi dans une certaine illégalité.
42
+
43
+ Entre-temps, la nouvelle de la nomination par les Cortes de Diego Velázquez, comme gouverneur du Yucatan, arrive. Pour contrer cela, il envoie ses fidèles Montejo et Alonso Hernández Puertocarrero, avec les plus belles pièces du butin amassé jusque-là, dans l'espoir d'obtenir sa nomination à la place de Velázquez.
44
+
45
+ À Veracruz, les partisans de Velàzquez et les mécontents s'agitent. Certains souhaitent rentrer à Cuba pour dénoncer les agissements de Cortés, d'autres aimeraient revoir leurs familles ou sont mécontents de ne pas avoir amassé suffisamment d'or. C'est ainsi qu'ils décident de voler un bateau pour rentrer à Cuba. Dénoncés par l'un des conspirateurs repenti, ils sont châtiés par Cortés : Pedro Escudero et Juan Cermeño sont condamnés à mort par pendaison, Gonzalo de Umbria, le pilote, a les pieds mutilés, et les matelots reçoivent 200 coups de fouet[24].
46
+
47
+ Cet incident pose un problème à Cortés. En effet, il souhaite découvrir les terres et aller à la rencontre de Moctezuma mais il ne peut pas se permettre de laisser les marins et les navires à Veracruz, au risque d'avoir des désertions vers Cuba dès qu'il aura le dos tourné. Il se trouve à ce moment-là dans la ville de Cempoala avec ses capitaines. Il leur expose la situation et, très vite, les capitaines lui suggèrent l'idée de détruire tous les navires. Cela empêcherait les départs vers Cuba, mais aussi et surtout, cela permettrait de renforcer l'expédition terrestre avec une centaine d'hommes (maîtres, pilotes, matelots…). Juan de Escalante reçoit alors l'ordre de partir pour Veracruz. Sa mission consiste à récupérer sur les navires tout ce qui peut être utile (ancres, câbles, voiles…), puis à les faire échouer (en ne conservant que les bateaux). Les marins les plus vieux sont assignés à Veracruz, notamment pour aller pêcher et permettre de nourrir la ville. Tous les autres sont regroupés par Juan de Escalante qui forme une compagnie d'une centaine d'hommes et rejoint Cortés à Cempoala[24].
48
+
49
+ Sur la forme physique que prend la destruction des bateaux, les sources utilisent l'expression barrenar (littéralement, forer) et dar de través (retourner le bateau, le mettre sur le flanc). Les deux procédés furent probablement utilisés.
50
+
51
+ Depuis le début, certains biographes de Cortés ont glorifié excessivement cet acte en faisant croire que les bateaux avaient été brûlés. L'expression « brûler les navires » (« quemar las naves » en espagnol) est toujours utilisée pour dire qu'il n'est plus possible de rebrousser chemin, c'est l'expression française « brûler ses vaisseaux ».
52
+
53
+ On peut souligner que Cervantès, dans le chapitre VIII de la deuxième partie de son Don Quichotte, compare ce fait à d'autres actes héroïques tel César franchissant le Rubicon : « ...¿quién barrenó los navíos y dejó en seco y aislados los valerosos Españoles guiados por el cortesísimo Cortés en el Nuevo Mundo?... » (« qui fora les navires et laissa isolés et à sec les valeureux Espagnols guidés par le très courtois Cortés dans le Nouveau Monde ? »). Ce qui prouve qu'en 1615, on pensait toujours qu'il avait fait forer et non brûlé ses navires. La mise à feu fut une mystification postérieure destinée à donner un aspect plus pompeux au succès.
54
+
55
+ Quoi qu'il en soit, l'expédition terrestre est prête, et la marche vers l'intérieur commence le 16 août 1519, tout en laissant Gonzalo de Sandoval, avec une centaine d'hommes, protéger Vera Cruz. La première surprise est le changement de climat dans les plateaux, beaucoup plus froid que le climat de la côte et des îles, la deuxième est de découvrir l'existence de vallées fertiles à l'intérieur des terres. Cortés arrive dans l'État de Tlaxcala, république indépendante, ennemie héréditaire de l'Empire aztèque, mais dont les forces attaquent ses troupes le 2 septembre 1519. Il remporte malgré tout la bataille, notamment grâce à une supériorité technologique indéniable (arbalètes, épées d'acier, armes à feu) ainsi qu'à un élément de guerre psychologique inattendu : le cheval, inconnu des Indiens et qui leur fait très peur. Les Espagnols sont également avantagés par leur façon de combattre. En effet, ils luttent pour tuer, alors que les Indiens tentent de neutraliser leurs adversaires, en vue de les offrir en sacrifice aux dieux. Après sa victoire, Cortés tente de rallier les Tlaxcaltèques à sa cause. Ainsi, s'ils acceptent de devenir ses alliés et serviteurs, il leur pardonnera leur manque de respect. Dans le cas contraire, il les anéantira. Les Tlaxcaltèques donnent leur accord et après quelques semaines de repos, Cortés peut poursuivre son chemin, avec le renfort de 2 000 combattants tlaxcaltèques et peut-être autant de porteurs.
56
+
57
+ À son arrivée à Cholula, une ville sainte de l'empire de Moctezuma II, les Espagnols reçoivent un accueil grandiose. C'est en fait une ruse, les Aztèques ayant prévu d'éliminer les Espagnols pendant leur sommeil. Mais une vieille dame, désireuse de sauver la Malinche, a l'indiscrétion de lui confier ce qui se trame. Cette dernière s'empresse d'aller avertir Cortés. Sans avoir vérifié l'information, il décide de mener une attaque préventive. Les Espagnols massacrent d'abord les nobles, incendient la ville et tuent entre 15 000 et 30 000 habitants. C'est un des plus grands massacres menés par Cortés, et aujourd'hui encore, son souvenir est vivace au Mexique. Cortés adresse alors un message à Moctezuma et justifie son action par un manque de respect de la part des autorités de Cholula à son encontre. Il lui annonce que s'il le traite avec respect et lui offre de l'or, il n'aura pas à craindre sa colère.
58
+
59
+ Dans sa marche vers Tenochtitlan, la troupe de Cortés passe devant les volcans de Popocatepetl et Ixtaccíhuatl. Diego de Ordás, un des capitaines de Cortés, et deux compagnons d'armes sont les premiers Européens à atteindre le sommet du Popocatepetl, ce qui impressionne beaucoup les Indiens accompagnant l'expédition. L'expédition dure huit mois.
60
+
61
+ L'entrée dans la capitale aztèque a lieu le 8 novembre 1519. Moctezuma croit que les Espagnols sont des Teules, envoyés des Dieux devant arriver de l'est selon la légende aztèque; de plus, il est ébloui par le pouvoir de séduction de Cortés[réf. nécessaire]. Cortés est accueilli à Tenochtitlan avec la pompe requise pour le retour d'un dieu. Moctezuma avait ainsi fait préparer le palais de son père, Axayacatl, pour les Espagnols et leurs alliés. Pour de nombreux espagnols, Tenochtitlan est la plus magnifique ville qu'ils aient jamais vue[25]. Cortés demande davantage d'or et Moctezuma promet d'offrir d'égales quantités à Cortés et au roi d'Espagne chaque année à venir. Cortés demande aussi qu'une statue soit retirée de l'un des deux principaux temples de la cité pour qu'une chapelle dédiée à la Vierge soit érigée à la place. Toutes ses exigences sont acceptées.
62
+
63
+ Résidant dans le palais d’Axayacatl, les Espagnols veulent également y faire construire une chapelle. L'empereur donnant son accord, les capitaines se mettent à la recherche du lieu idéal pour l'ériger dans le palais. C'est alors qu'un soldat (qui était également charpentier) remarque l'existence d'une porte secrète, que les Aztèques avaient tenté de camoufler peu avant. Cortés, accompagné de quelques capitaines, entre dans la salle, et découvre un énorme trésor, que Axayacatl avait amassé durant son règne. C'est à ce moment que Cortés commence à craindre que les Aztèques ne cherchent à les assassiner. Quatre capitaines et douze soldats lui suggèrent de prendre l'empereur en otage, afin que ce dernier réponde sur sa vie de leur sécurité. Aucune décision immédiate n'est prise, mais les nouvelles de Veracruz vont précipiter les événements.
64
+
65
+ En effet, Cortés apprend que des chefs mexicains ont pris d'assaut Veracruz, et tué Juan de Escalante, le maire, six Espagnols ainsi que des alliés indiens. C'est un signal fort pour les Indiens, qui comprennent que les Espagnols ne sont pas des Teules invincibles, mais bien des êtres humains[réf. nécessaire]. Pour preuve, un soldat espagnol nommé Argüello est fait prisonnier, sacrifié, et sa tête envoyée à l'empereur.
66
+
67
+ Cortés décide donc de s'emparer de Moctezuma comme otage pour se prémunir d'une révolte aztèque. Il demande également que les auteurs de l'attaque de Veracruz soient punis. Amenés devant Moctezuma, ces derniers affirment qu'ils ont agi sur ordre de l'empereur. En guise de sanction, ils sont brûlés sur un bûcher. D'autre part, Cortés obtient de Moctezuma qu'il se déclare vassal de Charles Quint.
68
+
69
+ Quelques jours plus tard, une nouvelle annonce l'arrivée de 18 navires espagnols à Veracruz. Cortés pense d'abord qu'il s'agit de renforts envoyés par l'empereur. Mais en réalité, il s'agit d'une expédition dirigée par Pánfilo de Narváez et commanditée par Diego Velázquez de Cuéllar pour punir Cortés et ses compagnons. Ces derniers annoncent à Moctezuma II que Cortés est rebelle à son roi, et qu'il peut être exécuté par les Aztèques. Face à l'urgence de la situation, il décide de laisser une garnison d'une centaine d'hommes à Tenochtitlan, sous les ordres de Pedro de Alvarado, et il prend la tête du reste de la troupe (environ 300 Espagnols et plusieurs centaines d'Indiens) rejoindre Gonzalo de Sandoval, avant d'affronter l'expédition de Pánfilo de Narváez. Il sort victorieux du combat (attaque par surprise qui fait très peu de victimes) et capture Narváez. Il parvient aussi à convaincre les soldats de Narváez de se joindre à lui en leur parlant des richesses en or de Tenochtitlan.
70
+
71
+ Pendant que Cortés est occupé à combattre ses compatriotes, Alvarado décide de passer à l'action à Tenochtitlan. Croyant déceler une menace (réelle ou feinte ?) contre ses troupes, il profite d'une fête aztèque[26] pour massacrer les Indiens. La population se rebelle alors contre les Espagnols qui se retrouvent cette fois totalement assiégés dans le palais.
72
+
73
+ Le 24 juin 1520, l'armée de Cortés entre à nouveau dans la ville. Le frère de Moctezuma, Cuitláhuac est libéré en signe d'apaisement, mais ce dernier, loin de vouloir la paix, s'unit aux caciques, dirigés par Cuauhtémoc, afin d'écraser les Espagnols. Cuitláhuac est élu nouvel empereur à la suite de Moctezuma, toujours emprisonné. Encerclés, les Espagnols sont pris au piège. Cortès ordonne alors à Moctezuma de parler à son peuple depuis un balcon pour le convaincre de laisser les Espagnols retourner paisiblement vers la côte. Moctezuma lui obéit mais il est hué et reçoit des pierres qui le blessent grièvement. A moins qu'il n'ait été assassiné par un Espagnol. Les deux versions sont plausibles, et l'on n'a retrouvé aucune preuve matérielle faisant pencher la balance pour l'une ou pour l'autre, ce qui laisse la responsabilité de la mort de Moctezuma encore sujette à débat aujourd'hui. Il meurt quelques jours plus tard.
74
+
75
+ Toujours assiégés, les Espagnols voient leur moral baisser en même temps que l'eau et les vivres. Pour Cortés, l'unique chance de salut est la sortie les armes à la main. C'est ce qu'il décide de faire dans la nuit pluvieuse du 30 juin au 1er juillet 1520, surnommée la Noche Triste. La lutte est terrible. Les Espagnols sont lourdement chargés, souhaitant emporter le maximum d'or possible. Fonçant au milieu des Aztèques, beaucoup plus nombreux, ils tentent de sortir du piège que constitue Tenochtitlan. Environ 400 Espagnols (les estimations vont de 150 à 800 morts) et près de 2 000 alliés sont tués (la grande majorité des Espagnols qui ne se sont pas noyés seront sacrifiés aux dieux). L'arrière-garde a été décimée (l'athlétique Pedro de Alvarado, chef de cette arrière-garde, se serait sauvé de justesse grâce à un saut prodigieux à l'aide de sa pique). Presque tout est abandonné sur place : chevaux, pièces d'artillerie et une grande partie du trésor. Cortés parvient cependant à s'échapper de justesse (désarçonné, il allait être englouti par la masse des combattants aztèques mais deux conquistadors purent le sauver in extremis). Poursuivis par les Indiens, les Espagnols sont épuisés, abattus, moins nombreux et désormais très mal équipés. Mais ils doivent malgré tout combattre, le 7 juillet, lors de la bataille d'Otumba. Contre toute attente, les Aztèques (qui pensaient la bataille facile) se heurtent à la résistance désespérée des Espagnols (qui préfèrent la mort à l'affreux supplice infligé aux prisonniers). Devant cette résistance inattendue, et à la suite d'une charge désespérée des Espagnols qui tuent le général ennemi, les Aztèques se débandent, et les Espagnols peuvent poursuivre leur retraite. L'expédition de Cortés vient d'échapper au pire.
76
+
77
+ Cortès profite du soutien indéfectible des Tlaxcaltèques (un retournement de ceux-ci aurait mis fin à l'épopée de Cortès et de sa petite troupe). Ralliant tous les Indiens ennemis des Aztèques, il prépare sa revanche. Grâce à ces nombreux renforts, il peut aligner une armée digne de ce nom. En fin tacticien, il prépare une attaque à la fois terrestre et lacustre, la ville de Tenochtitlan se trouvant sur un lac. Après un long siège de trois mois et des combats qui détruisent une partie de la ville, faisant selon les estimations entre 120 000 et 240 000 morts chez les Aztèques (dont 40 000 dans la bataille[27]), le dernier empereur, Cuauhtémoc, se rend à Cortés le 13 août 1521[28]. Amené devant Cortés, il lui aurait dit : « Seigneur Malinche, j'ai fait ce que j'ai pu pour défendre ma ville et mes vassaux; je ne peux faire plus, aussi je viens par force comme prisonnier devant ta personne et ton pouvoir, prends le poignard qui est à ta ceinture et tue-moi dès maintenant. » (« Señor Malinche: ya he hecho lo que soy obligado en defensa de mi ciudad y vasallos, y no puedo más, y pues vengo por fuerza y preso ante tu persona y poder, toma ese puñal que tienes en la cinta y mátame luego con él. »[29])
78
+
79
+ Capturé par Cortés peu après la chute de la ville, il fut torturé en compagnie de Tlacotzin (son cihuacóatl) et de Tetlepanquetzal (tlatoani de Tlacopán), mais les Espagnols, qui voulaient savoir où les Aztèques avaient caché leurs trésors, ne purent leur extorquer aucun renseignement. Hernán Cortés a participé personnellement à la torture du dernier empereur mexicain[30][source insuffisante].
80
+
81
+ Hernán Cortés entend parler de richesses qui existeraient vers Las Hibueras (actuelle République du Honduras). De plus il suppose l'existence d'un détroit qui dans l'opinion de beaucoup de pilotes permet le passage à l'autre mer (de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique), détroit dont l'existence avait été révélée par le pilote Juan de la Cosa depuis l'an 1500. Aussi, en 1524, Cortés envoie une expédition vers Las Hibueras, sous le commandement de son capitaine Cristóbal de Olid. Elle comprend cinq navires avec l'artillerie, 400 hommes, 30 chevaux[31]. Cristóbal de Olid doit cependant passer par Cuba pour récupérer des chevaux et des munitions supplémentaires achetés par Cortés par l'intermédiaire d'Alonso de Contreras. Lorsqu'il arrive à Cuba, Cristóbal de Olid entre en contact avec Diego Velázquez, le gouverneur de Cuba. Ce dernier souhaite priver Cortés des découvertes futures de cette nouvelle expédition. Aussi, il pousse de Olid à se libérer de la tutelle de Cortés (qui a pourtant financé l'intégralité de l'expédition) et à coloniser les terres de Las Hibueras au nom du roi d'Espagne. Le 3 mai 1524, de Olid débarque à Las Hibueras et fonde la ville de Triomphe de la Croix. Il en profite immédiatement pour rejeter l'autorité de Cortés avec l'accord de ses soldats (une grande partie d'entre eux étant des anciens de l'expédition de Narváez)[32].
82
+
83
+ En juin 1524, Cortés est informé de la trahison et met sur pied une expédition, qu'il confie à son cousin Francisco de las Casas. Elle se compose également de cinq navires et d'une centaine d'hommes, avec pour mission d'appréhender et de punir Cristóbal de Olid. Mais cette expédition n'est pas très chanceuse et une tempête envoie les navires sur la côte, où ils tombent entre les mains de Olid. Francisco de las Casas est capturé, mais grâce à quelques soldats fidèles à Cortés, il s'échappe puis parvient à s'emparer de Cristóbal de Olid. Blessé au cours de l'affrontement, ce dernier est jugé, condamné à mort et égorgé (ou étranglé) publiquement sur la place de Naco[33].
84
+
85
+ Ignorant tout de la situation, Cortés craint que Francisco de las Casas ait échoué. Aussi, il décide de former une nouvelle expédition, et d'en prendre la tête. Il se heurte en cela à la plupart de ses capitaines, qui ne voient pas d'un bon œil son départ de Tenochtitlan. Bernal Díaz del Castillo est d'ailleurs très clair sur le sujet[34]
86
+
87
+ « Le facteur Salazar et le contrôleur Chirinos qui devaient demeurer à Mexico, décidèrent de faire amitié avec le licencié Zuazo et Rodrigo de Paz et tous les conquistadors vieux amis de Cortés qui restaient à Mexico, et tous ensemble ils demandèrent à Cortés de ne pas quitter Mexico et de gouverner le pays; ils lui firent valoir que la Nouvelle-Espagne tout entière se révolterait; et à ce propos, il y eut de longues discussions... »
88
+
89
+ Malgré ces recommandations, Cortés maintient sa décision. Il prend cependant la précaution d'emmener avec lui la plupart des grands chefs des différentes tribus indiennes, notamment Cuauhtémoc, l'empereur aztèque et Tepanquezatl, seigneur de Tlacopan. Il espère ainsi limiter le risque de révolte. Pour cette expédition, il peut compter sur ses fidèles, parmi lesquels Gonzalo de Sandoval, Pedro de Solis, Juan Jaramillo, Hernán López de Avila ou encore Bernal Díaz del Castillo. Ce dernier nous précise que l'expédition se compose d'environ 250 soldats, 130 cavaliers, quelques dizaines d'arbalétriers et arquebusiers, 3 000 Indiens de guerre, auxquels il faut rajouter les serviteurs indiens[34].
90
+
91
+ Contrairement aux deux expéditions précédentes passées par la mer, Cortés décide de mener une expédition terrestre. L'expédition quitte Tenochtitlan devenue Mexico pour Coatzacoalcos. Cette partie du voyage se passe sans encombre et Cortés décide de poursuivre sa route (alors qu'il avait pris l'engagement auprès de ses capitaines, de ne pas poursuivre par voie terrestre à partir de cette ville). De Coatzacoalcos à Ayagualulco, les premières difficultés apparaissent, avec l'obligation de construire des canots, mais aussi et surtout un pont de près de 500 mètres pour traverser un fleuve. Le chemin devient de plus en plus difficile, avec de nombreux marécages, une jungle hostile et meurtrière (serpents, araignées...), le manque de nourriture...
92
+
93
+ C'est dans ce contexte délicat qu'arrive aux oreilles de Cortés une rumeur de complot fomenté par Cuauhtémoc. Sa réaction est immédiate: il oblige Cuauhtémoc à avouer le complot. Ce dernier est alors jugé puis pendu près d'Itzamkanac (site connu sous le nom El Tigre rive droite de la rivière Candelaria) capitale du royaume Acalan, en février 1525, en compagnie de Tepanquezatl. En dépit des aveux, il semblerait que cette affaire soit surtout un excellent prétexte pour Cortés d'éliminer Cuauhtémoc. C'est en tout cas ce qu'il ressort des propos sévères de Bernal Díaz del Castillo[35].
94
+
95
+ L'expédition poursuit sa route, toujours faite de privations et d'énormes difficultés, puisqu'il faut se frayer un passage à la machette et à l'épée dans l'épaisse jungle, quand ce n'est pas la traversée de marécages ou de fleuves. Malgré tout, Cortés parvient à San Gil de Buena Vista, un petit village de 40 habitants fondé par Gil González de Ávila. Il apprend alors la réussite de l'expédition de Francisco de las Casas. Il se rend à Puerto de Caballos et fonde la ville de Natividad, aujourd'hui connue sous le nom de Puerto Cortes, puis rejoint Trujillo[36]. Cortés termine ainsi cette désastreuse expédition (un long calvaire de deux ans et demi), au cours de laquelle il ne découvre rien d'intéressant, si ce n'est la géographie des lieux. Le tout au prix d'un lourd tribut : des dizaines de morts et l'ombre de l'assassinat de Cuauhtémoc.
96
+
97
+ Cette expédition fut par ailleurs une énorme erreur politique puisqu'il laissa la capitale aztèque aux pouvoirs de quatre officiers du roi (et non à des proches capables qui pourtant existaient). Ces derniers s'entredéchirèrent, puis profitèrent de leur pouvoir de façon abjecte et lorsque la rumeur annonça que Cortès avait péri dans la jungle du Honduras, ils n'hésitèrent pas à s'approprier l'ensemble des biens de Cortès et de ceux qui s'étaient joints à cette expédition malheureuse, pour se les répartir entre eux et les conquistadors restés afin de se les attacher. Cortès fut averti et parvint intelligemment à retourner la situation. Il n'aura cependant plus jamais le contrôle total sur l'ex-empire Aztèque.
98
+
99
+ « Sache qu'à main droite des Indes il y a une île appelée Californie très proche du bord du paradis terrestre ; elle est peuplée de femmes noires, sans aucun homme parmi elles, car elles vivent à la façon des Amazones. Elles avaient de beaux et robustes corps, un courage plein de fougue et une grande force. Leur île était la plus forte du monde, avec ses côtes rocheuses et ses falaises escarpées. Leurs armes étaient toutes en or, du même métal qu'étaient fait les harnais des bêtes sauvages qu'elles avaient l'habitude de dresser pour les monter, car dans toute l'île il n'y avait d'autre métal que l'or[37]. »
100
+
101
+ On considère actuellement Hernán Cortés comme le découvreur de la péninsule de Basse-Californie bien que le premier Européen à y débarquer soit le navigateur espagnol Fortún Ximénez, commandant de la Concepción, navire qui appartenait à Hernán Cortés. Lorsqu'il y débarque en 1534, il pense qu'il s'agit d'une île.
102
+
103
+ Dans la quatrième Carta de Relación, datée du 15 octobre 1524 à México, Hernán Cortés décrit au roi d'Espagne la préparation d'embarcations pour explorer et soumettre de nouvelles régions sur la Mer du Sud (l'océan Pacifique), idée qu'il poursuit depuis deux ans déjà. Étant rentré en Espagne en 1529, Cortés signe un accord avec la Couronne d'Espagne, par lequel elle accepte d'envoyer à son compte des « armées pour découvrir des îles et des territoires dans la mer du Sud ».
104
+
105
+ Il désire, outre la domination territoriale et les possibles gains en métaux précieux, trouver un passage maritime entre l'Atlantique et le Pacifique. En effet, il pense que puisque Ferdinand Magellan a trouvé un détroit reliant les deux océans par le sud, il doit bien aussi exister un passage par le nord, passage mythique encore inconnu, mais qu'on nomme déjà détroit de Anián. Dans l'accord, il était convenu qu'un dixième des terres découvertes appartiendraient au découvreur et à sa descendance, de manière perpétuelle.
106
+
107
+ Durant son séjour en Espagne en 1529, Cortés négocie donc des terres pour lui. De retour au Mexique, le 30 juin 1532, il envoie son cousin Diego Hurtado de Mendoza explorer les îles et le littoral de l'océan Pacifique, au-delà des limites de la Nouvelle-Galice, gouvernée par Nuño de Guzmán, farouche ennemi de Hernán Cortés.
108
+
109
+ Il divise l'expédition en deux depuis Tehuantepec (Oaxaca), après avoir atteint Manzanillo (Colima) ils continuent à suivre les côtes de Jalisco et Nayarit, qui faisaient alors partie de la Nouvelle-Galice, jusqu'à la découverte des îles Marías, de là-bas ils retournent à la terre ferme et tentent d'obtenir un approvisionnement en eau dans la baie de Matanchén (Nayarit), approvisionnement qui leur est refusé par Nuño de Guzmán, propriétaire et seigneur de la région.
110
+
111
+ Un des navires abîmé par la tempête prend le chemin du retour, il arrive aux côtes de Jalisco et termine entre les mains de Nuño de Guzmán ; pendant ce temps, l'autre navire qui transportait Diego Hurtado de Mendoza prend la direction du nord. Aucun de ceux qui étaient à bord ne revinrent en Nouvelle-Espagne et on n'eut plus jamais de nouvelles d'eux. Des années après, l'auteur de Deuxième récit du voyage que fit Nuño de Guzmán à la Nouvelle-Galice (Segunda Relación anónima de la jornada que hizo Nuño de Guzmán a la Nueva Galicia), recolta certaines informations qui nous permettent de supposer que le navire avait fait naufrage sur le littoral nord de l'état actuel de Sinaloa, causant la mort de tout l'équipage.
112
+
113
+ La Concepción emmenée par le commandant Diego de Becerra, est un des deux navires que Cortés envoie en 1533, peu après la conquête de Tenochtitlan, dans le second voyage d'exploration de l'océan Pacifique, l'autre étant le San Lázaro sous les ordres du capitaine Hernando de Grijalva.
114
+
115
+ L'expédition appareille depuis l'actuel port de Manzanillo (Colima), le 30 octobre 1533. Le 20 décembre, les navires se séparent. Le San Lázaro, qui avait pris de l'avance, attend la Concepción durant trois jours, et ne le voyant pas venir, il commence l'exploration de l'océan Pacifique et découvre les îles Revillagigedo. À bord de la Concepción tout est différent, le navigateur et second à bord Fortún Ximénez se mutine et assassine dans son sommeil le capitaine Diego de Becerra, puis il agresse les membres d'équipage restés fidèles au défunt capitaine en les abandonnant sur les côtes de Michoacán, en compagnie des frères franciscains qui les accompagnaient dans la traversée.
116
+
117
+ Fortún Ximénez navigue vers le nord-ouest, longeant la côte, puis il vire vers l'ouest et arrive dans une paisible baie. On sait aujourd'hui que le lieu où il mouilla n'est autre que La Paz. Il pense alors être arrivé sur une île. Il fait la rencontre d'Indiens, parlant une langue inconnue et marchant à moitié nus, très différents des Indiens rencontrés sur les plateaux mexicains.
118
+
119
+ L'équipage qui l'accompagne viole les Indiennes présentes. Puis ils se rendent compte qu'en ce lieu les perles, que les Indiens extrayaient des coquillages, abondent dans la baie, et ils mettent le lieu à sac. Il est intéressant de préciser que Fortún Ximénez et ses hommes ne donnèrent aucun nom aux lieux qu'ils visitèrent, comme pour cacher les traces de leurs méfaits.
120
+ Le viol des Indiennes par l'équipage et la mise à sac provoque un affrontement violent avec les Indiens, qui se termine par la mort de Fortún Ximénez et de quelques-uns de ses hommes. Les survivants prennent la fuite, remettent la Concepción à l'eau à grand-peine et naviguent tant bien que mal jusqu'aux côtes de l'actuel État de Jalisco, où ils tombent sur des soldats de Nuño de Guzmán qui les font prisonniers, et réquisitionnent le bateau.
121
+
122
+ Après avoir financé deux voyages dans la mer du Sud et sans avoir obtenu de « résultat matériel », Hernán Cortés décide de prendre la tête du troisième voyage d'exploration.
123
+
124
+ Cortés est ennuyé que Nuño de Guzmán, son ennemi de toujours, lui ait dérobé la Concepción. Aussi, il décide de l'affronter sur son propre terrain et de lancer sa troisième expédition de là-bas. Pour cela il rassemble une armée nombreuse, composée de fantassins et de cavaliers, pour marcher sur la province de Nouvelle-Galice.
125
+
126
+ Le vice-roi de Nouvelle-Espagne demande à Hernán Cortés, le 4 septembre 1534 de « ne pas affronter celui qui avait dérobé ses navires » ce que Cortés refuse, prétextant qu'il avait déboursé cent mille castellanos d'or, et qu'il avait été désigné par sa Majesté le roi d'Espagne Charles Quint pour découvrir et conquérir de nouveaux territoires. Il avait même mis en route un chantier naval à Tehuantepec et avait à sa disposition trois navires prêts à prendre la mer : le San Lázaro (qui était rentré avec Grijalva de la seconde expédition), le Santa Águeda et le Santo Tomás, qui venaient d'être construits.
127
+
128
+ Le projet de Cortés est ambitieux. Il envoie ses navires à Chametla (Sinaloa) (près de l'actuelle ville de Escuinapa) dans un territoire gouverné par Nuño de Guzmán et là-bas accoste l'armée qui est sous ses ordres. Pour arriver à Chametla, Cortés doit traverser, plusieurs jours durant, le Nouveau Royaume de la Nouvelle-Galice. La Nouvelle-Galice étant une province de la Nouvelle-Espagne.
129
+
130
+ Bernal Díaz del Castillo nous rapporte que quand on sut en Nouvelle-Espagne que le Marquis de Oaxaca partait de nouveau en conquête, nombreux furent ceux qui offrirent de le servir en tant que cavalier ou arbalétrier. Au total, 320 personnes et 150 chevaux prennent la mer. Il ajoute que les embarcations sont très bien pourvues de biscottes, viande, huile, vin et vinaigre, trois forgerons avec leurs forges et deux charpentiers avec leurs outils, mais aussi des religieux, des médecins et un chirurgien.
131
+ L'armée de Cortés débarque à la ville de Santiago de Galicia de Compostela, située à l'époque dans la vallée de Matatipac (aujourd'hui ville de Tepic), où elle est accueillie amicalement par le gouverneur Nuño Beltrán de Guzmán, son ennemi. Cortés et sa troupe restent seulement quatre jours dans cette ville avant de poursuivre leur voyage. Nuño de Guzmán aurait alors conseillé à Cortés de ne pas continuer son exploration, mais Cortés n'en tient aucun compte, notamment parce que Nuño de Guzmán vit dans une certaine pauvreté. Quoi qu'il en soit, l'accueil que reçoit le Conquistador du Mexique de la part de Guzmán est en grande partie dû à l'armée qui l'accompagne.
132
+
133
+ Après le départ de Cortés, Nuño de Guzmán envoie une lettre à la Audiencia du Mexique dans laquelle il se plaint que « le marquis de la Vallée voulait pénétrer avec ses gens dans son territoire, étant seulement Capitaine Général de la Nouvelle-Espagne ».
134
+
135
+ À Chametla (Sinaloa), après avoir traversé les États de Jalisco et Nayarit, territoires faisant partie du royaume de Nouvelle-Galice à l'époque, Cortés et son cortège embarquent sur le Santa Águeda et le San Lázaro avec 113 soldats, 40 cavaliers avec leurs chevaux et il laisse à terre 60 cavaliers supplémentaires, selon ce que rapporte à la Audiencia le gouverneur Nuño de Guzmán.
136
+
137
+ Une fois sur le San Lázaro, Cortés prend la direction du nord-ouest, et le 3 mai 1535, il arrive à la baie de Santa Cruz actuellement La Paz, où il apprend la mort de son subalterne par les Indiens.
138
+
139
+ Une fois la baie de Santa Cruz prise, Cortés décide d' y établir une colonie. Il envoie chercher les soldats et pièces d'artillerie laissés à Sinaloa, mais le mauvais temps vient s'en mêler, les navires se perdent et un seul peut revenir à la baie de Santa Cruz, avec une cargaison de cinquante fanègues de maïs, pas assez pour alimenter la population. Cortés prend la décision de partir personnellement à la recherche de vivres, mais tout ce qu'il rapporte est encore insuffisant, c'est pourquoi il se met en route pour la Nouvelle-Espagne, dans l'intention de pourvoir en vivres, depuis là-bas, la nouvelle colonie.
140
+
141
+ Il nomme Francisco de Ulloa à la tête du village de Santa Cruz. Mais les plaintes des familles de ceux qui étaient restés sur la péninsule parviennent à convaincre le vice-roi d'abandonner la colonie.
142
+
143
+ Malgré les échecs des trois premières expéditions, Cortés décide d'envoyer une quatrième mission d'exploration dans la mer du Sud, qu'il confie à Francisco de Ulloa en 1539. L'expédition quitte Acapulco le 8 juillet de la même année à bord du Santo Tomás, de la Santa Águeda et de la Trinidad. Au niveau des îles Marías ils sont obligés d'abandonner le Santo Tomás à la suite d'une avarie, et continuent sur les deux navires restants.
144
+
145
+ Ils pénètrent dans le golfe de Californie et s'arrêtent à l'aller comme au retour dans la colonie abandonnée de Santa Cruz. Ils atteignent l'extrême nord du golfe le 28 septembre, à l'embouchure du Colorado et nomment l'embouchure du fleuve « Ancón de San Andrés », un bref texte fut rédigé à cette occasion :
146
+
147
+ « Moi Pedro de Palenzia, écrivain public de cette armée, donne fidèle et véritable témoignage à tous les hommes qui verraient la présente, que Dieu notre seigneur les protège de tout mal, qu'en ce vingt-huitième jour du mois de septembre de l'an mille cinq cent trente neuf, le très noble seigneur Francisco de Ulloa, lieutenant du gouverneur et capitaine de cette armée par la grâce du très illustre seigneur Marquis de la Vallée de Guajaca, prit possession à l'ancón de San Andrés et de la mer vermeille, qui est sur la côte de cette Nouvelle-Espagne vers le Nord, qui est à une hauteur de trente-trois degrés et demi, selon les ordres du Marquis de la Vallée au nom de l'Empereur notre roi de Castille, actuellement et véritablement, mettant la main à l'épée, disant que s'il était une personne pour le contredire, qu'il était prêt à le défendre, coupant avec elle des arbres, arrachant des herbes, retournant des pierres de toutes parts, et sortant de l'eau de la mer ; tout ceci en signe de possession.
148
+
149
+ Témoins qui furent présents à ce que je dis, les révérends pères du seigneur saint François, le père Frère Raymundo, le père frère Antonio de Mena, Francisco de Terrazas, devant Diego de Haro, Gabriel Márquez. En date du jour, du mois et de l'année susdite. J'ai, moi, Pedro de Palenzia, écrivain public de cette armée, écrit selon ce qui m'est arrivé ; avant de faire ici ce signe mien, qui est en tant que tel, un témoignage de vérité.- Pedro de Palencia, écrivain public. Frère Ramundus Alilius, Frère Antonius de Mena, -Gabriel Márquez. -Diego de Haro. -Francisco de Terrazas. »
150
+
151
+ Après avoir débarqué et pris possession des terres de l'extrême nord de la mer Vermeille, (connue aujourd'hui comme le golfe de Californie), dont le nom vient de la coloration rougeâtre des eaux qui se tintent au contact des eaux venant du Colorado, ils commencent le voyage du retour vers Santa Cruz. Ils doublent le Cabo San Lucas et entrent dans l'océan Pacifique et passent devant la baie Magdalena le 5 décembre sans y pénétrer, Francisco de Ulloa ayant été blessé lors d'une escarmouche avec les Indiens. Le 5 avril 1540, il adresse à Cortés un récit des succès de l'exploration, depuis l'île Cedros que l'on connaît grâce à l'exemplaire présent dans le Santa Águeda. En effet, il continua l'exploration avec la Trinidad, mais jamais plus on entendit parler de Francisco de Ulloa et de ses compagnons.
152
+
153
+ Conquérant de l'Empire aztèque, puis gouverneur et capitaine de la Nouvelle-Espagne (dès 1522), Cortès est aussi, de ce fait, responsable des violences commises pendant le processus de colonisation qu'il a engagé. Selon les estimations des démographes de l'école de Berkeley, notamment celles de Sh. Cook et W. Borah, l'effondrement démographique des populations mexicaines suit immédiatement la conquête espagnole : le Mexique comptait 25 millions d'habitants à la veille de l'arrivée des Espagnols ; un demi-siècle plus tard, en 1568, la population du Mexique est estimée à 3 millions d'habitants (en 1620 elle descendra à un million six cent mille personnes[38]).
154
+
155
+ Le choc viral au contact des Européens, le travail forcé et l'esclavage, dans les conditions où ils ont été instaurés par les Espagnols dès leur arrivée au Mexique, sous la direction de Cortès, sont en partie responsables de cette situation, selon l'historien Michel Mourre (qui évoque des estimations démographiques plus basses, cependant, que celles des démographes américains) : pour tenter de limiter les violences perpétrées sous le commandement de Cortès, « dès 1537, la bulle Sublimis Deus de Paul III déclarait que les Indiens, baptisés ou non, ne pouvaient être réduits en esclavage, mais ces prescriptions, confirmées par les Leyes nueves de 1542, restèrent trop souvent lettre morte, et la population indienne, évaluée à 11 millions au moment de la conquête, n'était plus que de un million cinq cent mille vers 1650. L'évangélisation du pays, souvent superficielle, s'accompagna d'une destruction complète de l'ancienne culture aztèque »[39].
156
+
157
+ Tzvetan Todorov juge pour sa part que les épidémies qui ont frappé les populations amérindiennes ne doivent pas occulter les morts liées aux violences commises par les Espagnols dès les débuts de la conquête entreprise par Cortès, et parle de ce fait de « génocide amérindien »[40].
158
+
159
+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
160
+
161
+ Selon l'historien Jean-Pierre Berthe[41], « dès avant la prise de Mexico, Cortès et ses lieutenants avaient condamné à l'esclavage, pour rébellion, de nombreux Indiens de Cholula, Texcoco, Cuernavaca, Oaxtépec, etc. Il n'est guère possible d'en fixer le nombre exact, mais les dépositions des témoins s'accordent à l'évaluer à plusieurs milliers »[42].
162
+
163
+ La réduction en esclavage des prisonniers de guerre est devenue une pratique systématique : « les instructions adressées à Cortès par la Couronne, le 26 juin 1523, légitimaient a posteriori l'esclavage des prisonniers de guerre capturés parmi les populations qui avaient refusé de se soumettre ou qui s'étaient soulevées contre la domination espagnole. Bien des raids (entradas) en terre insoumise ou prétendue telle, n'ont souvent d'autre mobile que de rafler des captifs »[43].
164
+
165
+ L'autre source d'approvisionnement en esclaves, sous le commandement de Cortès, est l'achat d'esclaves, « le rescate, tel que l'autorise une cédule royale du 15 octobre 1522, publiée à Mexico le 10 juillet 1524 ». Les Mexicains pratiquaient l'esclavage. « Les esclaves de droit autochtone devenaient ainsi esclaves au regard du système juridique européen de tradition romaine : il en résultait une aggravation catastrophique de leur condition. Il n'y avait pas en effet de commune mesure entre la servitude domestique assez légère qu'ils connaissaient dans leurs communautés d'origine et le sort qui devenait le leur, lorsque, marqués au visage du fer rouge de l'esclavage, ils étaient soumis à la dure exploitation du travail dans les mines »[44].
166
+
167
+ Nous connaissons, écrit l'historien J-P Berthe, « pour la période 1538-1547, les mines d'or que possédait Cortès dans la province de Tehuantepec. Elles employaient, en 1543, 395 esclaves »[45]. « Après 1530-1531, l'exploitation des premières mines d'argent repose, elle aussi, sur l'utilisation massive d'esclaves indigènes. Lorsque Cortès achète des mines à Sultépec en 1536, et y organise une compagnie, de concert avec le trésorier Juan Alonso de Sosa, ces diverses opérations portent sur plus de 200 esclaves[46]. » « Les esclaves ne sont pas absents des grandes entreprises agricoles. [...] C'est ainsi que Cortès en avait une trentaine, avec quelques nègres, dans sa plantation sucrière de Tuxtla, en 1538, et qu'ils représentaient plus de la moitié de la main-d'œuvre servile dans ses domaines de Cuernavaca, en 1549 : 193 [esclaves mexicains], pour 130 esclaves noirs dont seulement 99 étaient des adultes[46]. » « L'inventaire d'une partie des biens laissés par Cortès, établi en 1549, mentionne un demi-millier d'esclaves indigènes[46]. » « Les conséquences démographiques de l'esclavage sont de très grande portée » écrit J.-P. Berthe[47] ; la dépopulation enregistrée dès les premières décennies de la conquête a conduit la Couronne de Castille à durcir par la suite la législation relative à l'esclavage.
168
+
169
+ Quelques années plus tard, Cortés est récompensé pour ses grandes conquêtes par le roi Charles, avec le titre de marquis de la Vallée de Oaxaca, mais on ne lui accorde pas le gouvernement de la nouvelle colonie.
170
+
171
+ De retour en Espagne, il se porte volontaire lors de l'expédition malheureuse de Charles Quint à Alger, en 1541. La tempête qui détruisit alors la flotte réunie par l'empereur d'Espagne n'épargna pas l'embarcation de Cortés qui dut regagner la côte à la nage. La défense de la ville est assurée par 800 janissaires, 5 000 hommes levés à la hâte et composé d’Algériens, mais surtout de Maures.
172
+
173
+ Hernán Cortés meurt de la dysenterie le vendredi 2 décembre 1547 à Castilleja de la Cuesta, en Espagne, à l'âge de 62 ans, alors qu'il entreprenait de retourner en Amérique. Malgré les énormes richesses et surtout les territoires qu'il apporta à son Roi, il mourut pratiquement en disgrâce, sa gloire passée étant occultée par les immenses trésors ramenés à ce moment du Pérou par Francisco Pizarro.
174
+
175
+ Bernal Díaz del Castillo l'a décrit ainsi, dans son Historia verdadera[48] :
176
+
177
+ « Il avait belle taille avec un corps membru harmonieusement développé. Son visage, d'un aspect peu réjoui et d'une couleur presque cendrée, aurait eu plus d'élégance s'il eut été plus allongé. Son regard était à la fois doux et grave. Sa barbe foncée et rare couvrait peu sa figure. Il avait la poitrine large et les épaules bien taillées. Son corps était mince et son ventre effacé[49] »
178
+
179
+ Sur ses vêtements et ses postures, il complète la description par : « Il avait les manières d'être d'un grand seigneur. Il s'habillait à la mode du temps ».
180
+
181
+ Tous les témoignages de la conquête de l'empire aztèque évoquent les actions, les décisions et les motivations d'Hernán Cortés. Cependant, ces sources sont contradictoires, leurs auteurs ayant eu des intérêts personnels à faire valoir auprès de la couronne espagnole dans le cadre des démêlés judiciaires qui ont opposé Cortés à Diego Velázquez de Cuéllar. Une des sources considérées comme les plus précises et les plus fiables par les historiens est l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne de Bernal Díaz del Castillo[réf. nécessaire].
182
+
183
+ Plusieurs philosophes des Lumières ont jugé sévèrement ce qu'ils ont appelé les « crimes » de Cortès. Montesquieu critique Cortès nommément dans ses Pensées. Francine Markovits[Qui ?] écrit à ce propos : « Lorsque Montesquieu parle de la conquête du Mexique par Cortez, il souligne à la fois la barbarie et l'extravagance, comme lorsqu'il parle de l'Inquisition, il en parle comme d'un droit contraire à l'esprit du droit »[50]. Diderot condamne également Cortès avec la plus grande fermeté. Selon Jonathan Israel, Diderot le présente comme « despotique et cruel, un meurtrier de masse qui baigne dans le sang innocent, et dont les actes sont impitoyables, barbares et injustifiés »[51],[52].
184
+
185
+ Il s'est marié deux fois, à Cuba avec Catalina Suárez Marcaida, qui meurt à Coyoacán en 1522 sans descendance et en 1529 à doña Juana Ramírez de Arellano de Zúñiga, fille de don Carlos Ramírez de Arellano, 2e comte d'Aguilar dont:
186
+
187
+ Il a eu aussi plusieurs enfants naturels :
188
+
189
+ Hernán Cortés apparaît en tant que personnage dans :
190
+
191
+ Classement par ordre chronologique :
192
+
193
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2546.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,193 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Hernán Cortés (parfois écrit Cortès[N. 1] ou Cortez), dont le nom complet est Fernando Cortés de Monroy Pizarro Altamirano[N. 2], premier marquis de la Vallée d'Oaxaca, né, probablement, en 1485, à Medellín (un village d'Estrémadure) et mort à Castilleja de la Cuesta (près de Séville) le 2 décembre 1547, est un conquistador espagnol qui s'est emparé de l'Empire aztèque pour le compte de Charles Quint, roi de Castille et empereur romain germanique. Cette conquête est l'acte fondateur de la Nouvelle-Espagne et marque une étape fondamentale de la colonisation espagnole des Amériques au XVIe siècle.
4
+
5
+ Cortés naît à Medellín, dans la province d'Estrémadure, dans le royaume de Castille, en Espagne, sans doute en 1485, bien que certaines sources affirment 1484 ou 1483[4]. Il est issu de familles d'ancienne noblesse, tant du côté paternel que maternel. La légende en a fait une famille pauvre, mais ce point est contesté, la famille ayant occupé des charges probablement lucratives[5].
6
+
7
+ C'est aussi le cousin de Francisco Pizarro au deuxième degré.
8
+
9
+ Son père, Martin Cortés de Monroy, est un hidalgo. Il occupe diverses charges officielles, dont celle de Procureur général, ce qui laisse penser qu'il dispose d'une fortune personnelle[5]. Les Monroy sont une famille de vieux chrétiens originaires de la Cantabrie, dans le Nord de l'Espagne. Ils prennent part à la Reconquista de l'Estrémadure et ont des possessions dans leur fief de Belvís (aujourd'hui Belvís de Monroy) comme à Salamanque. Plusieurs ancêtres de Cortés sont célèbres pour leurs faits d'armes. Le grand-père de Cortés, Alfonso de Monroy, est grand-maître de l'Ordre d'Alcántara, un des puissants ordres espagnols de chevalerie[6].
10
+
11
+ La mère de Cortés se nomme Catalina Pizarro Altamirano. Son père, Diego Alonso Altamirano, juriste, a occupé plusieurs charges officielles, dont celle de maire de Medellín[7]. Sa mère est issue de la famille noble des Pizarro. Les familles Pizarro et Altamirano sont les deux plus puissantes de Medellín[8].
12
+
13
+ L'arbre généalogique d'Hernán Cortés est, pour ses ascendants immédiats[9] :
14
+
15
+ Hernán Cortés est fils unique. Il n'aime pas beaucoup sa mère, qu'il dépeint comme « dure et mesquine », même s'il lui témoigne du respect[10]. Il est en revanche très complice avec son père. Celui-ci fait partie des « grands d'Espagne », capables de se montrer fiers et hautains, y compris devant le roi. Ce trait de caractère sera partagé par Hernán[11].
16
+
17
+ La légende veut que Cortés ait été un enfant chétif né dans une famille noble, mais pauvre. La pauvreté supposée de sa famille est une invention, sa faiblesse physique sans doute une autre[12].
18
+
19
+ À l'âge de 14 ans[13], ses parents l'envoient à Salamanque afin qu'il s'instruise auprès de son oncle Francisco Nuñez de Valera, grammairien. Il ne reste que deux ans à l'université de Salamanque, l'une des plus prestigieuses de l'époque. Parmi les hypothèses avancées sur la brièveté de ses études figurent la maladie, la discipline de fer, l'ennui, le manque d'argent voire l'appel d'une autre vie ou une jeunesse agitée. Quoi qu'il en soit, il semble que Cortés quitte l'université sans avoir obtenu de diplôme. En revanche, il y acquiert des bases intéressantes en latin, droit et rhétorique, autant d'armes dont il usera par la suite[14]. En attendant, afin d'assurer son quotidien, il travaille comme apprenti notaire à Valladolid[15].
20
+
21
+ De retour à Medellín, au grand dam de ses parents, Cortés opte pour la carrière militaire. Il hésite entre les guerres d'Italie et le Nouveau Monde. Après quelques péripéties, notamment amoureuses, il embarque en 1504 ou 1506[16] pour Hispaniola (Saint-Domingue). Le départ a lieu à Sanlúcar de Barrameda sur un navire de Palos dirigé par Alonso Quintero (es). Les cinq navires du convoi font route vers La Gomera (îles Canaries) puis vers Hispaniola. La plupart des hommes ayant investi dans la cargaison marchande afin de la revendre au meilleur prix lors de leur arrivée, Alonso Quintero (es) prend des risques afin de semer les autres bateaux. Mais ayant cassé le mât, il doit retourner à La Gomera pour réparer. Autre contretemps, le navire perd sa route quelque temps, ce qui, finalement, voit Cortés rejoindre Hispaniola avec quelques jours de retard sur le reste de la flotte[17].
22
+
23
+ À son arrivée sur l'île, Cortés reçoit des terres et des Indiens, afin de développer la colonisation. Sur ses domaines, il pratique l'élevage et acquiert une relative aisance matérielle[18]. Il rencontre Nicolás de Ovando, gouverneur d'Hispaniola, qui lui octroie la charge de notaire[13] à Azua. En 1509, touché par la syphilis[18], il ne peut participer à une expédition de conquête.
24
+
25
+ En 1511, Cortés accompagne Diego Velázquez de Cuéllar à Cuba, où il participe à la conquête de l'île. En guise de récompense, il est nommé premier maire de Santiago de Cuba et reçoit une grande propriété ainsi qu'un lot d'esclaves. Ceci ne l'empêche pas de se faire emprisonner, quelque temps après, pour conspiration contre Velázquez. Libéré, il se marie avec la belle-sœur de ce dernier, Catalina Juárez Marcaida. À la même époque, les expéditions dans le Yucatan de Francisco Hernández de Córdoba (1517) et Juan de Grijalva (1518) reviennent à Cuba avec de petites quantités d'or et des histoires de terres lointaines où abonderait le métal précieux. Cortés vend tous ses biens pour acheter des navires et du matériel et passe un accord avec Velázquez, devenu gouverneur de Cuba, pour mener une expédition, officiellement pour explorer et commercer avec de nouvelles terres se trouvant à l'ouest. Mais Velázquez est toujours inquiet et méfiant.
26
+
27
+ Finalement, le 18 novembre 1518[19], craignant que Diego Velázquez de Cuéllar n'annule l'expédition, l'armada de Cortés quitte précipitamment le port de Santiago de Cuba. La fuite, mal préparée, oblige Cortés à s'arrêter à la Trinité et dans d'autres îles pour faire des stocks de provisions et acquérir de nouveaux bateaux. Le 10 février 1519 Cortés quitte Cuba avec 11 navires, 16 cavaliers, 518 fantassins, 13 artilleurs avec 8 petits canons, 32 arbalétriers, 13 arquebusiers, 110 marins et 200 Indiens et esclaves noirs comme auxiliaires de troupes[20]. En outre, ils emmènent 32 chevaux, 10 canons de bronze et 4 fauconneaux (canons plus petits). Les capitaines de cette expédition sont Alonso Hernández Puertocarrero, Alonso de Ávila (es), Diego de Ordás, Francisco de Montejo, Francisco de Morla (es), Francisco de Saucedo, Juan de Escalante, Juan Velázquez de León (de la famille du gouverneur de Cuba), Cristóbal de Olid et Pedro de Alvarado, dont beaucoup sont des vétérans des guerres d'Italie. Antón de Alaminos est le pilote de l'expédition. Ils arrivent sur l'île de Cozumel. Là, les Espagnols font une recrue étrange, mais bienvenue, qui arrive du nord du Yucatan. C'était un diacre espagnol, nommé Gerónimo de Aguilar, qui, huit ans plus tôt, faisant route vers Saint Domingue, avait survécu à un naufrage. « On allait le sacrifier lorsqu'une nuit il put s'enfuir et se réfugier » chez un chef maya dont il devint l'esclave (B. Diaz del Castillo, 2003, p. 126). Grâce à une rançon de verroterie envoyée quelque temps plus tôt par Cortés qui avait eu connaissance de sa captivité, il put rejoindre la flotte espagnole, et, comme il parlait le maya yucatèque, il put servir d'interprète à Cortés, d'abord pour traduire les échanges en maya, puis ceux en nahuatl par l'intermédiaire de La Malinche (cf. ci-dessous) qui lui traduisait dans un premier temps le nahuatl en maya.
28
+
29
+ Cortés débarque près de l'actuelle Veracruz le 23 avril 1519. Le premier contact avec les autochtones avait eu lieu à Cozumel où les Mayas, qui s'étaient d'abord enfuis, sont invités à regagner leurs demeures. Mais déterminés à remplacer par la religion catholique les cultes païens auxquels étaient fidèles les indigènes (en particulier les sacrifices humains, qui horrifient Cortés), Cortès et ses soldats procèdent à la destruction des statues représentant les divinités locales, démontrant ainsi l'impuissance de ces dernières. Sont alors érigées au même emplacement une croix en bois et une statue de la vierge Marie.
30
+
31
+ À la suite de cela, Antón de Alaminos conduit la flotte jusqu'à l'embouchure du fleuve (qui sera baptisé quelques années plus tard Río Grijalva, en hommage à Juan de Grijalva), où les Espagnols rencontrent des Mayas hostiles, qu'ils réussissent cependant à vaincre, grâce à la peur qu'engendrent les armes à feu et les chevaux.
32
+
33
+ Leurs chefs offrent alors des vivres, des bijoux, des tissus et un groupe de vingt esclaves[13], qui seront baptisées plus tard. Parmi ces esclaves se trouve une dénommée Malintzin, connue également sous les noms de Marina ou La Malinche. Sa capacité à parler les langues maya et náhuatl, sa connaissance de la psychologie et des coutumes mexica, ajoutées à sa fidélité indéfectible envers les Espagnols, feront d'elle un atout majeur dans la conquête. Elle devient rapidement l'interprète, la conseillère et l'amante d'Hernán Cortés, à qui elle donne un fils baptisé Martín, comme le père de Cortés. Avec Gerónimo de Aguilar, elle remplace l'ancien interprète Melchorejo, repassé du côté des Aztèques, et qui les incite à lutter contre les Espagnols.
34
+
35
+ À Tabasco, les Espagnols apprennent l'existence d'un pays à l'ouest que les Mayas appellent Mexico. Suivant la côte en direction du nord-ouest, l'expédition croise bientôt quelques canoës transportant des ambassadeurs de l'empereur aztèque Moctezuma II[21]. Cortés leur montre ses chevaux et ses armes à feu, pour les impressionner, mais tâche de les rassurer, en leur parlant de paix. Les émissaires, venus accompagnés de peintres et de dessinateurs, ont pour mission d'aller rendre compte de la présence des Espagnols à leur maître.
36
+
37
+ Peu de temps après, les émissaires aztèques reviennent avec de nouveaux présents et Cortés insiste pour rencontrer leur empereur. Il entend alors parler de ce qu'ils pensent être Quetzalcoatl, ou un émissaire de Quetzalcoatl (un homme d'or qui devait un jour revenir) et décide sur les conseils de son traducteur, la Malinche, de tirer profit de ce mythe indien. D'autant plus que les ambassadeurs indiens continuent de lui refuser de rencontrer Moctezuma II.
38
+
39
+ C'est alors qu'arrivent d'autres Amérindiens, originaires de Cempoala, qui se présentent à Cortés comme des ennemis des Aztèques. Ils souhaitent que les Espagnols les aident à se libérer du joug des Aztèques. Cortés comprend alors que l'empereur a des ennemis, et, s'inspirant de la stratégie utilisée par César lors de la conquête de la Gaule, va s'efforcer d'utiliser les rancœurs et la haine qui existent entre les différents peuples locaux. Il prend appui sur la légende amérindienne de Quetzalcóatl pour s'attribuer le rôle d'un messie destiné à régner sur les Mexicains[22]. Dès lors, son objectif est simple : essayer de s'emparer des terres et richesses dont semble regorger ce territoire, étant donnés les différents présents apportés par les ambassadeurs de Moctezuma II. Pour cela, il doit imposer sa volonté et son autorité sur la partie de la troupe fidèle au gouverneur Velázquez, lesquels soutiennent que Cortés n'a pas l'autorisation de peupler ce territoire, et qu'ils doivent rentrer à Cuba une fois l'expédition terminée. La majorité des capitaines et de la troupe s'opposent à lui, même s'ils sont conscients des richesses que semble receler Tenochtitlan.
40
+
41
+ Le 9 juillet 1519[23], il commence par transformer le campement où les Espagnols se trouvent en ville, à laquelle il donne le nom de Villa Rica de la Vera Cruz (« La riche ville de la véritable croix »), devenue Veracruz, les Espagnols y ayant débarqué un Vendredi saint. Les nouveaux habitants demandent à Cortés qu'il se proclame capitaine général, dépendant directement du roi et non plus de Velázquez, qui n'a pas de pouvoir sur ces côtes. Se faisant supplier, il accepte la charge. Il nomme un maire, des régisseurs, des gendarmes, et un trésorier. En se libérant de l'autorité du gouverneur de Cuba, il constitue ainsi la première ville européenne d'Amérique, mais se met aussi dans une certaine illégalité.
42
+
43
+ Entre-temps, la nouvelle de la nomination par les Cortes de Diego Velázquez, comme gouverneur du Yucatan, arrive. Pour contrer cela, il envoie ses fidèles Montejo et Alonso Hernández Puertocarrero, avec les plus belles pièces du butin amassé jusque-là, dans l'espoir d'obtenir sa nomination à la place de Velázquez.
44
+
45
+ À Veracruz, les partisans de Velàzquez et les mécontents s'agitent. Certains souhaitent rentrer à Cuba pour dénoncer les agissements de Cortés, d'autres aimeraient revoir leurs familles ou sont mécontents de ne pas avoir amassé suffisamment d'or. C'est ainsi qu'ils décident de voler un bateau pour rentrer à Cuba. Dénoncés par l'un des conspirateurs repenti, ils sont châtiés par Cortés : Pedro Escudero et Juan Cermeño sont condamnés à mort par pendaison, Gonzalo de Umbria, le pilote, a les pieds mutilés, et les matelots reçoivent 200 coups de fouet[24].
46
+
47
+ Cet incident pose un problème à Cortés. En effet, il souhaite découvrir les terres et aller à la rencontre de Moctezuma mais il ne peut pas se permettre de laisser les marins et les navires à Veracruz, au risque d'avoir des désertions vers Cuba dès qu'il aura le dos tourné. Il se trouve à ce moment-là dans la ville de Cempoala avec ses capitaines. Il leur expose la situation et, très vite, les capitaines lui suggèrent l'idée de détruire tous les navires. Cela empêcherait les départs vers Cuba, mais aussi et surtout, cela permettrait de renforcer l'expédition terrestre avec une centaine d'hommes (maîtres, pilotes, matelots…). Juan de Escalante reçoit alors l'ordre de partir pour Veracruz. Sa mission consiste à récupérer sur les navires tout ce qui peut être utile (ancres, câbles, voiles…), puis à les faire échouer (en ne conservant que les bateaux). Les marins les plus vieux sont assignés à Veracruz, notamment pour aller pêcher et permettre de nourrir la ville. Tous les autres sont regroupés par Juan de Escalante qui forme une compagnie d'une centaine d'hommes et rejoint Cortés à Cempoala[24].
48
+
49
+ Sur la forme physique que prend la destruction des bateaux, les sources utilisent l'expression barrenar (littéralement, forer) et dar de través (retourner le bateau, le mettre sur le flanc). Les deux procédés furent probablement utilisés.
50
+
51
+ Depuis le début, certains biographes de Cortés ont glorifié excessivement cet acte en faisant croire que les bateaux avaient été brûlés. L'expression « brûler les navires » (« quemar las naves » en espagnol) est toujours utilisée pour dire qu'il n'est plus possible de rebrousser chemin, c'est l'expression française « brûler ses vaisseaux ».
52
+
53
+ On peut souligner que Cervantès, dans le chapitre VIII de la deuxième partie de son Don Quichotte, compare ce fait à d'autres actes héroïques tel César franchissant le Rubicon : « ...¿quién barrenó los navíos y dejó en seco y aislados los valerosos Españoles guiados por el cortesísimo Cortés en el Nuevo Mundo?... » (« qui fora les navires et laissa isolés et à sec les valeureux Espagnols guidés par le très courtois Cortés dans le Nouveau Monde ? »). Ce qui prouve qu'en 1615, on pensait toujours qu'il avait fait forer et non brûlé ses navires. La mise à feu fut une mystification postérieure destinée à donner un aspect plus pompeux au succès.
54
+
55
+ Quoi qu'il en soit, l'expédition terrestre est prête, et la marche vers l'intérieur commence le 16 août 1519, tout en laissant Gonzalo de Sandoval, avec une centaine d'hommes, protéger Vera Cruz. La première surprise est le changement de climat dans les plateaux, beaucoup plus froid que le climat de la côte et des îles, la deuxième est de découvrir l'existence de vallées fertiles à l'intérieur des terres. Cortés arrive dans l'État de Tlaxcala, république indépendante, ennemie héréditaire de l'Empire aztèque, mais dont les forces attaquent ses troupes le 2 septembre 1519. Il remporte malgré tout la bataille, notamment grâce à une supériorité technologique indéniable (arbalètes, épées d'acier, armes à feu) ainsi qu'à un élément de guerre psychologique inattendu : le cheval, inconnu des Indiens et qui leur fait très peur. Les Espagnols sont également avantagés par leur façon de combattre. En effet, ils luttent pour tuer, alors que les Indiens tentent de neutraliser leurs adversaires, en vue de les offrir en sacrifice aux dieux. Après sa victoire, Cortés tente de rallier les Tlaxcaltèques à sa cause. Ainsi, s'ils acceptent de devenir ses alliés et serviteurs, il leur pardonnera leur manque de respect. Dans le cas contraire, il les anéantira. Les Tlaxcaltèques donnent leur accord et après quelques semaines de repos, Cortés peut poursuivre son chemin, avec le renfort de 2 000 combattants tlaxcaltèques et peut-être autant de porteurs.
56
+
57
+ À son arrivée à Cholula, une ville sainte de l'empire de Moctezuma II, les Espagnols reçoivent un accueil grandiose. C'est en fait une ruse, les Aztèques ayant prévu d'éliminer les Espagnols pendant leur sommeil. Mais une vieille dame, désireuse de sauver la Malinche, a l'indiscrétion de lui confier ce qui se trame. Cette dernière s'empresse d'aller avertir Cortés. Sans avoir vérifié l'information, il décide de mener une attaque préventive. Les Espagnols massacrent d'abord les nobles, incendient la ville et tuent entre 15 000 et 30 000 habitants. C'est un des plus grands massacres menés par Cortés, et aujourd'hui encore, son souvenir est vivace au Mexique. Cortés adresse alors un message à Moctezuma et justifie son action par un manque de respect de la part des autorités de Cholula à son encontre. Il lui annonce que s'il le traite avec respect et lui offre de l'or, il n'aura pas à craindre sa colère.
58
+
59
+ Dans sa marche vers Tenochtitlan, la troupe de Cortés passe devant les volcans de Popocatepetl et Ixtaccíhuatl. Diego de Ordás, un des capitaines de Cortés, et deux compagnons d'armes sont les premiers Européens à atteindre le sommet du Popocatepetl, ce qui impressionne beaucoup les Indiens accompagnant l'expédition. L'expédition dure huit mois.
60
+
61
+ L'entrée dans la capitale aztèque a lieu le 8 novembre 1519. Moctezuma croit que les Espagnols sont des Teules, envoyés des Dieux devant arriver de l'est selon la légende aztèque; de plus, il est ébloui par le pouvoir de séduction de Cortés[réf. nécessaire]. Cortés est accueilli à Tenochtitlan avec la pompe requise pour le retour d'un dieu. Moctezuma avait ainsi fait préparer le palais de son père, Axayacatl, pour les Espagnols et leurs alliés. Pour de nombreux espagnols, Tenochtitlan est la plus magnifique ville qu'ils aient jamais vue[25]. Cortés demande davantage d'or et Moctezuma promet d'offrir d'égales quantités à Cortés et au roi d'Espagne chaque année à venir. Cortés demande aussi qu'une statue soit retirée de l'un des deux principaux temples de la cité pour qu'une chapelle dédiée à la Vierge soit érigée à la place. Toutes ses exigences sont acceptées.
62
+
63
+ Résidant dans le palais d’Axayacatl, les Espagnols veulent également y faire construire une chapelle. L'empereur donnant son accord, les capitaines se mettent à la recherche du lieu idéal pour l'ériger dans le palais. C'est alors qu'un soldat (qui était également charpentier) remarque l'existence d'une porte secrète, que les Aztèques avaient tenté de camoufler peu avant. Cortés, accompagné de quelques capitaines, entre dans la salle, et découvre un énorme trésor, que Axayacatl avait amassé durant son règne. C'est à ce moment que Cortés commence à craindre que les Aztèques ne cherchent à les assassiner. Quatre capitaines et douze soldats lui suggèrent de prendre l'empereur en otage, afin que ce dernier réponde sur sa vie de leur sécurité. Aucune décision immédiate n'est prise, mais les nouvelles de Veracruz vont précipiter les événements.
64
+
65
+ En effet, Cortés apprend que des chefs mexicains ont pris d'assaut Veracruz, et tué Juan de Escalante, le maire, six Espagnols ainsi que des alliés indiens. C'est un signal fort pour les Indiens, qui comprennent que les Espagnols ne sont pas des Teules invincibles, mais bien des êtres humains[réf. nécessaire]. Pour preuve, un soldat espagnol nommé Argüello est fait prisonnier, sacrifié, et sa tête envoyée à l'empereur.
66
+
67
+ Cortés décide donc de s'emparer de Moctezuma comme otage pour se prémunir d'une révolte aztèque. Il demande également que les auteurs de l'attaque de Veracruz soient punis. Amenés devant Moctezuma, ces derniers affirment qu'ils ont agi sur ordre de l'empereur. En guise de sanction, ils sont brûlés sur un bûcher. D'autre part, Cortés obtient de Moctezuma qu'il se déclare vassal de Charles Quint.
68
+
69
+ Quelques jours plus tard, une nouvelle annonce l'arrivée de 18 navires espagnols à Veracruz. Cortés pense d'abord qu'il s'agit de renforts envoyés par l'empereur. Mais en réalité, il s'agit d'une expédition dirigée par Pánfilo de Narváez et commanditée par Diego Velázquez de Cuéllar pour punir Cortés et ses compagnons. Ces derniers annoncent à Moctezuma II que Cortés est rebelle à son roi, et qu'il peut être exécuté par les Aztèques. Face à l'urgence de la situation, il décide de laisser une garnison d'une centaine d'hommes à Tenochtitlan, sous les ordres de Pedro de Alvarado, et il prend la tête du reste de la troupe (environ 300 Espagnols et plusieurs centaines d'Indiens) rejoindre Gonzalo de Sandoval, avant d'affronter l'expédition de Pánfilo de Narváez. Il sort victorieux du combat (attaque par surprise qui fait très peu de victimes) et capture Narváez. Il parvient aussi à convaincre les soldats de Narváez de se joindre à lui en leur parlant des richesses en or de Tenochtitlan.
70
+
71
+ Pendant que Cortés est occupé à combattre ses compatriotes, Alvarado décide de passer à l'action à Tenochtitlan. Croyant déceler une menace (réelle ou feinte ?) contre ses troupes, il profite d'une fête aztèque[26] pour massacrer les Indiens. La population se rebelle alors contre les Espagnols qui se retrouvent cette fois totalement assiégés dans le palais.
72
+
73
+ Le 24 juin 1520, l'armée de Cortés entre à nouveau dans la ville. Le frère de Moctezuma, Cuitláhuac est libéré en signe d'apaisement, mais ce dernier, loin de vouloir la paix, s'unit aux caciques, dirigés par Cuauhtémoc, afin d'écraser les Espagnols. Cuitláhuac est élu nouvel empereur à la suite de Moctezuma, toujours emprisonné. Encerclés, les Espagnols sont pris au piège. Cortès ordonne alors à Moctezuma de parler à son peuple depuis un balcon pour le convaincre de laisser les Espagnols retourner paisiblement vers la côte. Moctezuma lui obéit mais il est hué et reçoit des pierres qui le blessent grièvement. A moins qu'il n'ait été assassiné par un Espagnol. Les deux versions sont plausibles, et l'on n'a retrouvé aucune preuve matérielle faisant pencher la balance pour l'une ou pour l'autre, ce qui laisse la responsabilité de la mort de Moctezuma encore sujette à débat aujourd'hui. Il meurt quelques jours plus tard.
74
+
75
+ Toujours assiégés, les Espagnols voient leur moral baisser en même temps que l'eau et les vivres. Pour Cortés, l'unique chance de salut est la sortie les armes à la main. C'est ce qu'il décide de faire dans la nuit pluvieuse du 30 juin au 1er juillet 1520, surnommée la Noche Triste. La lutte est terrible. Les Espagnols sont lourdement chargés, souhaitant emporter le maximum d'or possible. Fonçant au milieu des Aztèques, beaucoup plus nombreux, ils tentent de sortir du piège que constitue Tenochtitlan. Environ 400 Espagnols (les estimations vont de 150 à 800 morts) et près de 2 000 alliés sont tués (la grande majorité des Espagnols qui ne se sont pas noyés seront sacrifiés aux dieux). L'arrière-garde a été décimée (l'athlétique Pedro de Alvarado, chef de cette arrière-garde, se serait sauvé de justesse grâce à un saut prodigieux à l'aide de sa pique). Presque tout est abandonné sur place : chevaux, pièces d'artillerie et une grande partie du trésor. Cortés parvient cependant à s'échapper de justesse (désarçonné, il allait être englouti par la masse des combattants aztèques mais deux conquistadors purent le sauver in extremis). Poursuivis par les Indiens, les Espagnols sont épuisés, abattus, moins nombreux et désormais très mal équipés. Mais ils doivent malgré tout combattre, le 7 juillet, lors de la bataille d'Otumba. Contre toute attente, les Aztèques (qui pensaient la bataille facile) se heurtent à la résistance désespérée des Espagnols (qui préfèrent la mort à l'affreux supplice infligé aux prisonniers). Devant cette résistance inattendue, et à la suite d'une charge désespérée des Espagnols qui tuent le général ennemi, les Aztèques se débandent, et les Espagnols peuvent poursuivre leur retraite. L'expédition de Cortés vient d'échapper au pire.
76
+
77
+ Cortès profite du soutien indéfectible des Tlaxcaltèques (un retournement de ceux-ci aurait mis fin à l'épopée de Cortès et de sa petite troupe). Ralliant tous les Indiens ennemis des Aztèques, il prépare sa revanche. Grâce à ces nombreux renforts, il peut aligner une armée digne de ce nom. En fin tacticien, il prépare une attaque à la fois terrestre et lacustre, la ville de Tenochtitlan se trouvant sur un lac. Après un long siège de trois mois et des combats qui détruisent une partie de la ville, faisant selon les estimations entre 120 000 et 240 000 morts chez les Aztèques (dont 40 000 dans la bataille[27]), le dernier empereur, Cuauhtémoc, se rend à Cortés le 13 août 1521[28]. Amené devant Cortés, il lui aurait dit : « Seigneur Malinche, j'ai fait ce que j'ai pu pour défendre ma ville et mes vassaux; je ne peux faire plus, aussi je viens par force comme prisonnier devant ta personne et ton pouvoir, prends le poignard qui est à ta ceinture et tue-moi dès maintenant. » (« Señor Malinche: ya he hecho lo que soy obligado en defensa de mi ciudad y vasallos, y no puedo más, y pues vengo por fuerza y preso ante tu persona y poder, toma ese puñal que tienes en la cinta y mátame luego con él. »[29])
78
+
79
+ Capturé par Cortés peu après la chute de la ville, il fut torturé en compagnie de Tlacotzin (son cihuacóatl) et de Tetlepanquetzal (tlatoani de Tlacopán), mais les Espagnols, qui voulaient savoir où les Aztèques avaient caché leurs trésors, ne purent leur extorquer aucun renseignement. Hernán Cortés a participé personnellement à la torture du dernier empereur mexicain[30][source insuffisante].
80
+
81
+ Hernán Cortés entend parler de richesses qui existeraient vers Las Hibueras (actuelle République du Honduras). De plus il suppose l'existence d'un détroit qui dans l'opinion de beaucoup de pilotes permet le passage à l'autre mer (de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique), détroit dont l'existence avait été révélée par le pilote Juan de la Cosa depuis l'an 1500. Aussi, en 1524, Cortés envoie une expédition vers Las Hibueras, sous le commandement de son capitaine Cristóbal de Olid. Elle comprend cinq navires avec l'artillerie, 400 hommes, 30 chevaux[31]. Cristóbal de Olid doit cependant passer par Cuba pour récupérer des chevaux et des munitions supplémentaires achetés par Cortés par l'intermédiaire d'Alonso de Contreras. Lorsqu'il arrive à Cuba, Cristóbal de Olid entre en contact avec Diego Velázquez, le gouverneur de Cuba. Ce dernier souhaite priver Cortés des découvertes futures de cette nouvelle expédition. Aussi, il pousse de Olid à se libérer de la tutelle de Cortés (qui a pourtant financé l'intégralité de l'expédition) et à coloniser les terres de Las Hibueras au nom du roi d'Espagne. Le 3 mai 1524, de Olid débarque à Las Hibueras et fonde la ville de Triomphe de la Croix. Il en profite immédiatement pour rejeter l'autorité de Cortés avec l'accord de ses soldats (une grande partie d'entre eux étant des anciens de l'expédition de Narváez)[32].
82
+
83
+ En juin 1524, Cortés est informé de la trahison et met sur pied une expédition, qu'il confie à son cousin Francisco de las Casas. Elle se compose également de cinq navires et d'une centaine d'hommes, avec pour mission d'appréhender et de punir Cristóbal de Olid. Mais cette expédition n'est pas très chanceuse et une tempête envoie les navires sur la côte, où ils tombent entre les mains de Olid. Francisco de las Casas est capturé, mais grâce à quelques soldats fidèles à Cortés, il s'échappe puis parvient à s'emparer de Cristóbal de Olid. Blessé au cours de l'affrontement, ce dernier est jugé, condamné à mort et égorgé (ou étranglé) publiquement sur la place de Naco[33].
84
+
85
+ Ignorant tout de la situation, Cortés craint que Francisco de las Casas ait échoué. Aussi, il décide de former une nouvelle expédition, et d'en prendre la tête. Il se heurte en cela à la plupart de ses capitaines, qui ne voient pas d'un bon œil son départ de Tenochtitlan. Bernal Díaz del Castillo est d'ailleurs très clair sur le sujet[34]
86
+
87
+ « Le facteur Salazar et le contrôleur Chirinos qui devaient demeurer à Mexico, décidèrent de faire amitié avec le licencié Zuazo et Rodrigo de Paz et tous les conquistadors vieux amis de Cortés qui restaient à Mexico, et tous ensemble ils demandèrent à Cortés de ne pas quitter Mexico et de gouverner le pays; ils lui firent valoir que la Nouvelle-Espagne tout entière se révolterait; et à ce propos, il y eut de longues discussions... »
88
+
89
+ Malgré ces recommandations, Cortés maintient sa décision. Il prend cependant la précaution d'emmener avec lui la plupart des grands chefs des différentes tribus indiennes, notamment Cuauhtémoc, l'empereur aztèque et Tepanquezatl, seigneur de Tlacopan. Il espère ainsi limiter le risque de révolte. Pour cette expédition, il peut compter sur ses fidèles, parmi lesquels Gonzalo de Sandoval, Pedro de Solis, Juan Jaramillo, Hernán López de Avila ou encore Bernal Díaz del Castillo. Ce dernier nous précise que l'expédition se compose d'environ 250 soldats, 130 cavaliers, quelques dizaines d'arbalétriers et arquebusiers, 3 000 Indiens de guerre, auxquels il faut rajouter les serviteurs indiens[34].
90
+
91
+ Contrairement aux deux expéditions précédentes passées par la mer, Cortés décide de mener une expédition terrestre. L'expédition quitte Tenochtitlan devenue Mexico pour Coatzacoalcos. Cette partie du voyage se passe sans encombre et Cortés décide de poursuivre sa route (alors qu'il avait pris l'engagement auprès de ses capitaines, de ne pas poursuivre par voie terrestre à partir de cette ville). De Coatzacoalcos à Ayagualulco, les premières difficultés apparaissent, avec l'obligation de construire des canots, mais aussi et surtout un pont de près de 500 mètres pour traverser un fleuve. Le chemin devient de plus en plus difficile, avec de nombreux marécages, une jungle hostile et meurtrière (serpents, araignées...), le manque de nourriture...
92
+
93
+ C'est dans ce contexte délicat qu'arrive aux oreilles de Cortés une rumeur de complot fomenté par Cuauhtémoc. Sa réaction est immédiate: il oblige Cuauhtémoc à avouer le complot. Ce dernier est alors jugé puis pendu près d'Itzamkanac (site connu sous le nom El Tigre rive droite de la rivière Candelaria) capitale du royaume Acalan, en février 1525, en compagnie de Tepanquezatl. En dépit des aveux, il semblerait que cette affaire soit surtout un excellent prétexte pour Cortés d'éliminer Cuauhtémoc. C'est en tout cas ce qu'il ressort des propos sévères de Bernal Díaz del Castillo[35].
94
+
95
+ L'expédition poursuit sa route, toujours faite de privations et d'énormes difficultés, puisqu'il faut se frayer un passage à la machette et à l'épée dans l'épaisse jungle, quand ce n'est pas la traversée de marécages ou de fleuves. Malgré tout, Cortés parvient à San Gil de Buena Vista, un petit village de 40 habitants fondé par Gil González de Ávila. Il apprend alors la réussite de l'expédition de Francisco de las Casas. Il se rend à Puerto de Caballos et fonde la ville de Natividad, aujourd'hui connue sous le nom de Puerto Cortes, puis rejoint Trujillo[36]. Cortés termine ainsi cette désastreuse expédition (un long calvaire de deux ans et demi), au cours de laquelle il ne découvre rien d'intéressant, si ce n'est la géographie des lieux. Le tout au prix d'un lourd tribut : des dizaines de morts et l'ombre de l'assassinat de Cuauhtémoc.
96
+
97
+ Cette expédition fut par ailleurs une énorme erreur politique puisqu'il laissa la capitale aztèque aux pouvoirs de quatre officiers du roi (et non à des proches capables qui pourtant existaient). Ces derniers s'entredéchirèrent, puis profitèrent de leur pouvoir de façon abjecte et lorsque la rumeur annonça que Cortès avait péri dans la jungle du Honduras, ils n'hésitèrent pas à s'approprier l'ensemble des biens de Cortès et de ceux qui s'étaient joints à cette expédition malheureuse, pour se les répartir entre eux et les conquistadors restés afin de se les attacher. Cortès fut averti et parvint intelligemment à retourner la situation. Il n'aura cependant plus jamais le contrôle total sur l'ex-empire Aztèque.
98
+
99
+ « Sache qu'à main droite des Indes il y a une île appelée Californie très proche du bord du paradis terrestre ; elle est peuplée de femmes noires, sans aucun homme parmi elles, car elles vivent à la façon des Amazones. Elles avaient de beaux et robustes corps, un courage plein de fougue et une grande force. Leur île était la plus forte du monde, avec ses côtes rocheuses et ses falaises escarpées. Leurs armes étaient toutes en or, du même métal qu'étaient fait les harnais des bêtes sauvages qu'elles avaient l'habitude de dresser pour les monter, car dans toute l'île il n'y avait d'autre métal que l'or[37]. »
100
+
101
+ On considère actuellement Hernán Cortés comme le découvreur de la péninsule de Basse-Californie bien que le premier Européen à y débarquer soit le navigateur espagnol Fortún Ximénez, commandant de la Concepción, navire qui appartenait à Hernán Cortés. Lorsqu'il y débarque en 1534, il pense qu'il s'agit d'une île.
102
+
103
+ Dans la quatrième Carta de Relación, datée du 15 octobre 1524 à México, Hernán Cortés décrit au roi d'Espagne la préparation d'embarcations pour explorer et soumettre de nouvelles régions sur la Mer du Sud (l'océan Pacifique), idée qu'il poursuit depuis deux ans déjà. Étant rentré en Espagne en 1529, Cortés signe un accord avec la Couronne d'Espagne, par lequel elle accepte d'envoyer à son compte des « armées pour découvrir des îles et des territoires dans la mer du Sud ».
104
+
105
+ Il désire, outre la domination territoriale et les possibles gains en métaux précieux, trouver un passage maritime entre l'Atlantique et le Pacifique. En effet, il pense que puisque Ferdinand Magellan a trouvé un détroit reliant les deux océans par le sud, il doit bien aussi exister un passage par le nord, passage mythique encore inconnu, mais qu'on nomme déjà détroit de Anián. Dans l'accord, il était convenu qu'un dixième des terres découvertes appartiendraient au découvreur et à sa descendance, de manière perpétuelle.
106
+
107
+ Durant son séjour en Espagne en 1529, Cortés négocie donc des terres pour lui. De retour au Mexique, le 30 juin 1532, il envoie son cousin Diego Hurtado de Mendoza explorer les îles et le littoral de l'océan Pacifique, au-delà des limites de la Nouvelle-Galice, gouvernée par Nuño de Guzmán, farouche ennemi de Hernán Cortés.
108
+
109
+ Il divise l'expédition en deux depuis Tehuantepec (Oaxaca), après avoir atteint Manzanillo (Colima) ils continuent à suivre les côtes de Jalisco et Nayarit, qui faisaient alors partie de la Nouvelle-Galice, jusqu'à la découverte des îles Marías, de là-bas ils retournent à la terre ferme et tentent d'obtenir un approvisionnement en eau dans la baie de Matanchén (Nayarit), approvisionnement qui leur est refusé par Nuño de Guzmán, propriétaire et seigneur de la région.
110
+
111
+ Un des navires abîmé par la tempête prend le chemin du retour, il arrive aux côtes de Jalisco et termine entre les mains de Nuño de Guzmán ; pendant ce temps, l'autre navire qui transportait Diego Hurtado de Mendoza prend la direction du nord. Aucun de ceux qui étaient à bord ne revinrent en Nouvelle-Espagne et on n'eut plus jamais de nouvelles d'eux. Des années après, l'auteur de Deuxième récit du voyage que fit Nuño de Guzmán à la Nouvelle-Galice (Segunda Relación anónima de la jornada que hizo Nuño de Guzmán a la Nueva Galicia), recolta certaines informations qui nous permettent de supposer que le navire avait fait naufrage sur le littoral nord de l'état actuel de Sinaloa, causant la mort de tout l'équipage.
112
+
113
+ La Concepción emmenée par le commandant Diego de Becerra, est un des deux navires que Cortés envoie en 1533, peu après la conquête de Tenochtitlan, dans le second voyage d'exploration de l'océan Pacifique, l'autre étant le San Lázaro sous les ordres du capitaine Hernando de Grijalva.
114
+
115
+ L'expédition appareille depuis l'actuel port de Manzanillo (Colima), le 30 octobre 1533. Le 20 décembre, les navires se séparent. Le San Lázaro, qui avait pris de l'avance, attend la Concepción durant trois jours, et ne le voyant pas venir, il commence l'exploration de l'océan Pacifique et découvre les îles Revillagigedo. À bord de la Concepción tout est différent, le navigateur et second à bord Fortún Ximénez se mutine et assassine dans son sommeil le capitaine Diego de Becerra, puis il agresse les membres d'équipage restés fidèles au défunt capitaine en les abandonnant sur les côtes de Michoacán, en compagnie des frères franciscains qui les accompagnaient dans la traversée.
116
+
117
+ Fortún Ximénez navigue vers le nord-ouest, longeant la côte, puis il vire vers l'ouest et arrive dans une paisible baie. On sait aujourd'hui que le lieu où il mouilla n'est autre que La Paz. Il pense alors être arrivé sur une île. Il fait la rencontre d'Indiens, parlant une langue inconnue et marchant à moitié nus, très différents des Indiens rencontrés sur les plateaux mexicains.
118
+
119
+ L'équipage qui l'accompagne viole les Indiennes présentes. Puis ils se rendent compte qu'en ce lieu les perles, que les Indiens extrayaient des coquillages, abondent dans la baie, et ils mettent le lieu à sac. Il est intéressant de préciser que Fortún Ximénez et ses hommes ne donnèrent aucun nom aux lieux qu'ils visitèrent, comme pour cacher les traces de leurs méfaits.
120
+ Le viol des Indiennes par l'équipage et la mise à sac provoque un affrontement violent avec les Indiens, qui se termine par la mort de Fortún Ximénez et de quelques-uns de ses hommes. Les survivants prennent la fuite, remettent la Concepción à l'eau à grand-peine et naviguent tant bien que mal jusqu'aux côtes de l'actuel État de Jalisco, où ils tombent sur des soldats de Nuño de Guzmán qui les font prisonniers, et réquisitionnent le bateau.
121
+
122
+ Après avoir financé deux voyages dans la mer du Sud et sans avoir obtenu de « résultat matériel », Hernán Cortés décide de prendre la tête du troisième voyage d'exploration.
123
+
124
+ Cortés est ennuyé que Nuño de Guzmán, son ennemi de toujours, lui ait dérobé la Concepción. Aussi, il décide de l'affronter sur son propre terrain et de lancer sa troisième expédition de là-bas. Pour cela il rassemble une armée nombreuse, composée de fantassins et de cavaliers, pour marcher sur la province de Nouvelle-Galice.
125
+
126
+ Le vice-roi de Nouvelle-Espagne demande à Hernán Cortés, le 4 septembre 1534 de « ne pas affronter celui qui avait dérobé ses navires » ce que Cortés refuse, prétextant qu'il avait déboursé cent mille castellanos d'or, et qu'il avait été désigné par sa Majesté le roi d'Espagne Charles Quint pour découvrir et conquérir de nouveaux territoires. Il avait même mis en route un chantier naval à Tehuantepec et avait à sa disposition trois navires prêts à prendre la mer : le San Lázaro (qui était rentré avec Grijalva de la seconde expédition), le Santa Águeda et le Santo Tomás, qui venaient d'être construits.
127
+
128
+ Le projet de Cortés est ambitieux. Il envoie ses navires à Chametla (Sinaloa) (près de l'actuelle ville de Escuinapa) dans un territoire gouverné par Nuño de Guzmán et là-bas accoste l'armée qui est sous ses ordres. Pour arriver à Chametla, Cortés doit traverser, plusieurs jours durant, le Nouveau Royaume de la Nouvelle-Galice. La Nouvelle-Galice étant une province de la Nouvelle-Espagne.
129
+
130
+ Bernal Díaz del Castillo nous rapporte que quand on sut en Nouvelle-Espagne que le Marquis de Oaxaca partait de nouveau en conquête, nombreux furent ceux qui offrirent de le servir en tant que cavalier ou arbalétrier. Au total, 320 personnes et 150 chevaux prennent la mer. Il ajoute que les embarcations sont très bien pourvues de biscottes, viande, huile, vin et vinaigre, trois forgerons avec leurs forges et deux charpentiers avec leurs outils, mais aussi des religieux, des médecins et un chirurgien.
131
+ L'armée de Cortés débarque à la ville de Santiago de Galicia de Compostela, située à l'époque dans la vallée de Matatipac (aujourd'hui ville de Tepic), où elle est accueillie amicalement par le gouverneur Nuño Beltrán de Guzmán, son ennemi. Cortés et sa troupe restent seulement quatre jours dans cette ville avant de poursuivre leur voyage. Nuño de Guzmán aurait alors conseillé à Cortés de ne pas continuer son exploration, mais Cortés n'en tient aucun compte, notamment parce que Nuño de Guzmán vit dans une certaine pauvreté. Quoi qu'il en soit, l'accueil que reçoit le Conquistador du Mexique de la part de Guzmán est en grande partie dû à l'armée qui l'accompagne.
132
+
133
+ Après le départ de Cortés, Nuño de Guzmán envoie une lettre à la Audiencia du Mexique dans laquelle il se plaint que « le marquis de la Vallée voulait pénétrer avec ses gens dans son territoire, étant seulement Capitaine Général de la Nouvelle-Espagne ».
134
+
135
+ À Chametla (Sinaloa), après avoir traversé les États de Jalisco et Nayarit, territoires faisant partie du royaume de Nouvelle-Galice à l'époque, Cortés et son cortège embarquent sur le Santa Águeda et le San Lázaro avec 113 soldats, 40 cavaliers avec leurs chevaux et il laisse à terre 60 cavaliers supplémentaires, selon ce que rapporte à la Audiencia le gouverneur Nuño de Guzmán.
136
+
137
+ Une fois sur le San Lázaro, Cortés prend la direction du nord-ouest, et le 3 mai 1535, il arrive à la baie de Santa Cruz actuellement La Paz, où il apprend la mort de son subalterne par les Indiens.
138
+
139
+ Une fois la baie de Santa Cruz prise, Cortés décide d' y établir une colonie. Il envoie chercher les soldats et pièces d'artillerie laissés à Sinaloa, mais le mauvais temps vient s'en mêler, les navires se perdent et un seul peut revenir à la baie de Santa Cruz, avec une cargaison de cinquante fanègues de maïs, pas assez pour alimenter la population. Cortés prend la décision de partir personnellement à la recherche de vivres, mais tout ce qu'il rapporte est encore insuffisant, c'est pourquoi il se met en route pour la Nouvelle-Espagne, dans l'intention de pourvoir en vivres, depuis là-bas, la nouvelle colonie.
140
+
141
+ Il nomme Francisco de Ulloa à la tête du village de Santa Cruz. Mais les plaintes des familles de ceux qui étaient restés sur la péninsule parviennent à convaincre le vice-roi d'abandonner la colonie.
142
+
143
+ Malgré les échecs des trois premières expéditions, Cortés décide d'envoyer une quatrième mission d'exploration dans la mer du Sud, qu'il confie à Francisco de Ulloa en 1539. L'expédition quitte Acapulco le 8 juillet de la même année à bord du Santo Tomás, de la Santa Águeda et de la Trinidad. Au niveau des îles Marías ils sont obligés d'abandonner le Santo Tomás à la suite d'une avarie, et continuent sur les deux navires restants.
144
+
145
+ Ils pénètrent dans le golfe de Californie et s'arrêtent à l'aller comme au retour dans la colonie abandonnée de Santa Cruz. Ils atteignent l'extrême nord du golfe le 28 septembre, à l'embouchure du Colorado et nomment l'embouchure du fleuve « Ancón de San Andrés », un bref texte fut rédigé à cette occasion :
146
+
147
+ « Moi Pedro de Palenzia, écrivain public de cette armée, donne fidèle et véritable témoignage à tous les hommes qui verraient la présente, que Dieu notre seigneur les protège de tout mal, qu'en ce vingt-huitième jour du mois de septembre de l'an mille cinq cent trente neuf, le très noble seigneur Francisco de Ulloa, lieutenant du gouverneur et capitaine de cette armée par la grâce du très illustre seigneur Marquis de la Vallée de Guajaca, prit possession à l'ancón de San Andrés et de la mer vermeille, qui est sur la côte de cette Nouvelle-Espagne vers le Nord, qui est à une hauteur de trente-trois degrés et demi, selon les ordres du Marquis de la Vallée au nom de l'Empereur notre roi de Castille, actuellement et véritablement, mettant la main à l'épée, disant que s'il était une personne pour le contredire, qu'il était prêt à le défendre, coupant avec elle des arbres, arrachant des herbes, retournant des pierres de toutes parts, et sortant de l'eau de la mer ; tout ceci en signe de possession.
148
+
149
+ Témoins qui furent présents à ce que je dis, les révérends pères du seigneur saint François, le père Frère Raymundo, le père frère Antonio de Mena, Francisco de Terrazas, devant Diego de Haro, Gabriel Márquez. En date du jour, du mois et de l'année susdite. J'ai, moi, Pedro de Palenzia, écrivain public de cette armée, écrit selon ce qui m'est arrivé ; avant de faire ici ce signe mien, qui est en tant que tel, un témoignage de vérité.- Pedro de Palencia, écrivain public. Frère Ramundus Alilius, Frère Antonius de Mena, -Gabriel Márquez. -Diego de Haro. -Francisco de Terrazas. »
150
+
151
+ Après avoir débarqué et pris possession des terres de l'extrême nord de la mer Vermeille, (connue aujourd'hui comme le golfe de Californie), dont le nom vient de la coloration rougeâtre des eaux qui se tintent au contact des eaux venant du Colorado, ils commencent le voyage du retour vers Santa Cruz. Ils doublent le Cabo San Lucas et entrent dans l'océan Pacifique et passent devant la baie Magdalena le 5 décembre sans y pénétrer, Francisco de Ulloa ayant été blessé lors d'une escarmouche avec les Indiens. Le 5 avril 1540, il adresse à Cortés un récit des succès de l'exploration, depuis l'île Cedros que l'on connaît grâce à l'exemplaire présent dans le Santa Águeda. En effet, il continua l'exploration avec la Trinidad, mais jamais plus on entendit parler de Francisco de Ulloa et de ses compagnons.
152
+
153
+ Conquérant de l'Empire aztèque, puis gouverneur et capitaine de la Nouvelle-Espagne (dès 1522), Cortès est aussi, de ce fait, responsable des violences commises pendant le processus de colonisation qu'il a engagé. Selon les estimations des démographes de l'école de Berkeley, notamment celles de Sh. Cook et W. Borah, l'effondrement démographique des populations mexicaines suit immédiatement la conquête espagnole : le Mexique comptait 25 millions d'habitants à la veille de l'arrivée des Espagnols ; un demi-siècle plus tard, en 1568, la population du Mexique est estimée à 3 millions d'habitants (en 1620 elle descendra à un million six cent mille personnes[38]).
154
+
155
+ Le choc viral au contact des Européens, le travail forcé et l'esclavage, dans les conditions où ils ont été instaurés par les Espagnols dès leur arrivée au Mexique, sous la direction de Cortès, sont en partie responsables de cette situation, selon l'historien Michel Mourre (qui évoque des estimations démographiques plus basses, cependant, que celles des démographes américains) : pour tenter de limiter les violences perpétrées sous le commandement de Cortès, « dès 1537, la bulle Sublimis Deus de Paul III déclarait que les Indiens, baptisés ou non, ne pouvaient être réduits en esclavage, mais ces prescriptions, confirmées par les Leyes nueves de 1542, restèrent trop souvent lettre morte, et la population indienne, évaluée à 11 millions au moment de la conquête, n'était plus que de un million cinq cent mille vers 1650. L'évangélisation du pays, souvent superficielle, s'accompagna d'une destruction complète de l'ancienne culture aztèque »[39].
156
+
157
+ Tzvetan Todorov juge pour sa part que les épidémies qui ont frappé les populations amérindiennes ne doivent pas occulter les morts liées aux violences commises par les Espagnols dès les débuts de la conquête entreprise par Cortès, et parle de ce fait de « génocide amérindien »[40].
158
+
159
+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
160
+
161
+ Selon l'historien Jean-Pierre Berthe[41], « dès avant la prise de Mexico, Cortès et ses lieutenants avaient condamné à l'esclavage, pour rébellion, de nombreux Indiens de Cholula, Texcoco, Cuernavaca, Oaxtépec, etc. Il n'est guère possible d'en fixer le nombre exact, mais les dépositions des témoins s'accordent à l'évaluer à plusieurs milliers »[42].
162
+
163
+ La réduction en esclavage des prisonniers de guerre est devenue une pratique systématique : « les instructions adressées à Cortès par la Couronne, le 26 juin 1523, légitimaient a posteriori l'esclavage des prisonniers de guerre capturés parmi les populations qui avaient refusé de se soumettre ou qui s'étaient soulevées contre la domination espagnole. Bien des raids (entradas) en terre insoumise ou prétendue telle, n'ont souvent d'autre mobile que de rafler des captifs »[43].
164
+
165
+ L'autre source d'approvisionnement en esclaves, sous le commandement de Cortès, est l'achat d'esclaves, « le rescate, tel que l'autorise une cédule royale du 15 octobre 1522, publiée à Mexico le 10 juillet 1524 ». Les Mexicains pratiquaient l'esclavage. « Les esclaves de droit autochtone devenaient ainsi esclaves au regard du système juridique européen de tradition romaine : il en résultait une aggravation catastrophique de leur condition. Il n'y avait pas en effet de commune mesure entre la servitude domestique assez légère qu'ils connaissaient dans leurs communautés d'origine et le sort qui devenait le leur, lorsque, marqués au visage du fer rouge de l'esclavage, ils étaient soumis à la dure exploitation du travail dans les mines »[44].
166
+
167
+ Nous connaissons, écrit l'historien J-P Berthe, « pour la période 1538-1547, les mines d'or que possédait Cortès dans la province de Tehuantepec. Elles employaient, en 1543, 395 esclaves »[45]. « Après 1530-1531, l'exploitation des premières mines d'argent repose, elle aussi, sur l'utilisation massive d'esclaves indigènes. Lorsque Cortès achète des mines à Sultépec en 1536, et y organise une compagnie, de concert avec le trésorier Juan Alonso de Sosa, ces diverses opérations portent sur plus de 200 esclaves[46]. » « Les esclaves ne sont pas absents des grandes entreprises agricoles. [...] C'est ainsi que Cortès en avait une trentaine, avec quelques nègres, dans sa plantation sucrière de Tuxtla, en 1538, et qu'ils représentaient plus de la moitié de la main-d'œuvre servile dans ses domaines de Cuernavaca, en 1549 : 193 [esclaves mexicains], pour 130 esclaves noirs dont seulement 99 étaient des adultes[46]. » « L'inventaire d'une partie des biens laissés par Cortès, établi en 1549, mentionne un demi-millier d'esclaves indigènes[46]. » « Les conséquences démographiques de l'esclavage sont de très grande portée » écrit J.-P. Berthe[47] ; la dépopulation enregistrée dès les premières décennies de la conquête a conduit la Couronne de Castille à durcir par la suite la législation relative à l'esclavage.
168
+
169
+ Quelques années plus tard, Cortés est récompensé pour ses grandes conquêtes par le roi Charles, avec le titre de marquis de la Vallée de Oaxaca, mais on ne lui accorde pas le gouvernement de la nouvelle colonie.
170
+
171
+ De retour en Espagne, il se porte volontaire lors de l'expédition malheureuse de Charles Quint à Alger, en 1541. La tempête qui détruisit alors la flotte réunie par l'empereur d'Espagne n'épargna pas l'embarcation de Cortés qui dut regagner la côte à la nage. La défense de la ville est assurée par 800 janissaires, 5 000 hommes levés à la hâte et composé d’Algériens, mais surtout de Maures.
172
+
173
+ Hernán Cortés meurt de la dysenterie le vendredi 2 décembre 1547 à Castilleja de la Cuesta, en Espagne, à l'âge de 62 ans, alors qu'il entreprenait de retourner en Amérique. Malgré les énormes richesses et surtout les territoires qu'il apporta à son Roi, il mourut pratiquement en disgrâce, sa gloire passée étant occultée par les immenses trésors ramenés à ce moment du Pérou par Francisco Pizarro.
174
+
175
+ Bernal Díaz del Castillo l'a décrit ainsi, dans son Historia verdadera[48] :
176
+
177
+ « Il avait belle taille avec un corps membru harmonieusement développé. Son visage, d'un aspect peu réjoui et d'une couleur presque cendrée, aurait eu plus d'élégance s'il eut été plus allongé. Son regard était à la fois doux et grave. Sa barbe foncée et rare couvrait peu sa figure. Il avait la poitrine large et les épaules bien taillées. Son corps était mince et son ventre effacé[49] »
178
+
179
+ Sur ses vêtements et ses postures, il complète la description par : « Il avait les manières d'être d'un grand seigneur. Il s'habillait à la mode du temps ».
180
+
181
+ Tous les témoignages de la conquête de l'empire aztèque évoquent les actions, les décisions et les motivations d'Hernán Cortés. Cependant, ces sources sont contradictoires, leurs auteurs ayant eu des intérêts personnels à faire valoir auprès de la couronne espagnole dans le cadre des démêlés judiciaires qui ont opposé Cortés à Diego Velázquez de Cuéllar. Une des sources considérées comme les plus précises et les plus fiables par les historiens est l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne de Bernal Díaz del Castillo[réf. nécessaire].
182
+
183
+ Plusieurs philosophes des Lumières ont jugé sévèrement ce qu'ils ont appelé les « crimes » de Cortès. Montesquieu critique Cortès nommément dans ses Pensées. Francine Markovits[Qui ?] écrit à ce propos : « Lorsque Montesquieu parle de la conquête du Mexique par Cortez, il souligne à la fois la barbarie et l'extravagance, comme lorsqu'il parle de l'Inquisition, il en parle comme d'un droit contraire à l'esprit du droit »[50]. Diderot condamne également Cortès avec la plus grande fermeté. Selon Jonathan Israel, Diderot le présente comme « despotique et cruel, un meurtrier de masse qui baigne dans le sang innocent, et dont les actes sont impitoyables, barbares et injustifiés »[51],[52].
184
+
185
+ Il s'est marié deux fois, à Cuba avec Catalina Suárez Marcaida, qui meurt à Coyoacán en 1522 sans descendance et en 1529 à doña Juana Ramírez de Arellano de Zúñiga, fille de don Carlos Ramírez de Arellano, 2e comte d'Aguilar dont:
186
+
187
+ Il a eu aussi plusieurs enfants naturels :
188
+
189
+ Hernán Cortés apparaît en tant que personnage dans :
190
+
191
+ Classement par ordre chronologique :
192
+
193
+ Sur les autres projets Wikimedia :