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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
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+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
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+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
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+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
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+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
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+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
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+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
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+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
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+
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+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
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+
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+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
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+
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+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
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+
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+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
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+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
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+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
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+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
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+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
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+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
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+
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+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
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+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
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+
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+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
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+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
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+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
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+
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+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
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+
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+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
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+
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+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
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+
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+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
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+
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+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
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+
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+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
58
+
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+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
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+
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+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
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+
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+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
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+
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+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
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+ ou Corfidi[36]
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+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
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+
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+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
70
+
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+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
+
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+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
74
+
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+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
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+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
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+
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+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
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+
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+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
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+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
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+
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+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
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+
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+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
88
+
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+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
90
+
91
+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
92
+
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+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
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+
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+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
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+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
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+
99
+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
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+
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+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
102
+
103
+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
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+
105
+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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107
+ La formation et la classification de ces nuages extraterrestres varient également avec la composition de l'atmosphère considérée.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ État de la Cité du Vatican
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+ (it) Stato della Città del Vaticano
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+
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+ (la) Status Civitatis Vaticanæ
8
+
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+ (de) Staat der Vatikanstadt
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+
11
+ modifier
12
+
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+ Le Vatican, en forme longue l'État de la Cité du Vatican (en italien Stato della Città del Vaticano, [ˈstaːto della tʃitˈta del vatiˈkaːno] ; en latin Status Civitatis Vaticanæ), est un pays d'Europe. Il s'agit du support territorial du Saint-Siège enclavé dans la ville et capitale italienne de Rome. En 2019, il compte 799 habitants[5] sur une superficie totale de 0,439 km2, ce qui en fait le plus petit État au monde ainsi que le moins peuplé.
14
+
15
+ Le Vatican se compose de deux entités juridiques distinctes : le Saint-Siège, entité spirituelle, et l'État de la Cité du Vatican, entité temporelle. Le lien entre ces deux entités est le pape, chef du spirituel et du temporel, disposant du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire)[6].
16
+
17
+ La colline du Vatican est déjà mentionnée sous la République romaine. De nos jours, le Vatican est la représentation temporelle du Saint-Siège et de l'ensemble des institutions de l'Église catholique romaine : l'État de la Cité du Vatican est, lui, créé le 11 février 1929 aux termes des accords du Latran, signés par l'Italie représentée par Mussolini et par le Saint-Siège représenté par le cardinal Gasparri.
18
+
19
+ Le Vatican, important site archéologique du monde romain, situé sur la colline du même nom, est le siège de la papauté et du monde catholique. Selon l'historiographie catholique, il remonte à saint Pierre lui-même, comme premier évêque de Rome et est le centre officiel de tout le christianisme depuis l'empereur Constantin (IVe siècle), mais ce point de vue n'est pas forcément partagé par tous les historiens ni par toutes les confessions chrétiennes[7].
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21
+ L'État du Vatican est une monarchie absolue, de droit divin et élective[8] dirigée par le Pontife romain et évêque de Rome, c'est-à-dire actuellement le pape François, élu le 13 mars 2013, à la suite de la renonciation de Benoît XVI, le 28 février de la même année. Le pape y exerce souverainement le triple pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.
22
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23
+ Selon les étymologistes anciens comme Festus Grammaticus (cité par Paul Diacre), ce nom de Vaticanus tirerait son origine du mot Vaticinium, ou plus exactement Vātēs ou Vātis signifiant « devin » ou « voyant », parce que beaucoup de devins auraient résidé de ce côté du Tibre, car on sait notamment que sous Tibère, l’art de la divination était interdit à Rome même (c’était un délit passible de la confiscation des biens et de la relégation)[9].
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25
+ Cette étymologie étant incertaine, d'autres parlent d'une ville étrusque nommée Vaticum, qui aurait jadis existé à cet endroit ou du dieu Vaticanus qui présidait aux premières paroles des enfants[10] et dont le temple était construit sur l'ancien site de Vaticanum, la colline du Vatican[11]. En effet, cette colline était la maison des Vates longtemps avant l'époque préchrétienne de Rome[12].
26
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27
+ La Cité du Vatican actuelle est généralement considérée comme le reliquat des anciens États pontificaux, bien que l'existence de fait de ceux-ci s'arrête en 1870 tandis que celle de droit du Vatican commence en 1929. L'origine ancienne de ce territoire des États pontificaux est une accumulation de donations foncières reçues par les papes successifs, depuis l'époque constantinienne jusqu'à celle du Royaume lombard (avec par exemple la donation de Sutri). Le pape s'est ainsi trouvé placé à la tête d'un important domaine foncier connu sous le nom de patrimoine de Saint-Pierre, initialement sous suzeraineté romaine d'Orient, mais que l'historiographie catholique a longtemps appelé « donation de Constantin », en même temps qu'elle justifiait ainsi le pouvoir temporel du pape.
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29
+ En fait, la « donation de Constantin » est un mythe selon lequel l'empereur Constantin Ier aurait donné au pape Sylvestre la primauté sur les Églises d'Orient et l'imperium (pouvoir impérial) sur l'Occident : le caractère apocryphe de ce document a été établi en 1442 par l'humaniste Lorenzo Valla. La justification historique de ce pouvoir temporel réside en fait dans la donation de Pépin de 754 confirmée par Charlemagne en 774, donation cette fois bien réelle.
30
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+ La cité se situe sur ce que l'on appelait dans l'Antiquité l'ager Vaticanus qui se compose d'une petite plaine (la plaine vaticane) aux bords du Tibre, se relevant à quelque distance en une colline d'une faible élévation, les Montes Vaticani (colline Vaticane).
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33
+ Quelques villas, bâties autour de « jardins impériaux » y furent propriété d'Agrippine. Le fils de cette dernière, l’empereur Caligula (37-41 ap. J.-C.), y fit réaliser un cirque privé, le Circus Vaticanus, dont l'actuel obélisque du Vatican constitue un des seuls vestiges. C’est là, ainsi que dans les jardins adjacents, qu’eut lieu le martyre de nombreux chrétiens de Rome à l’époque de Néron (54-68). On dit que saint Pierre fut enterré au nord de ce cirque, dans une nécropole qui longeait une route secondaire, la via Cornelia. Sur le lieu de sa sépulture, l’empereur Constantin fit édifier entre 326 et 333 une basilique grandiose à l'emplacement du site de l'ancien cirque romain qui fut alors démoli. L'édifice a été remplacé par la basilique actuelle au cours des XVIe et XVIIe siècles.
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+ Au Ve siècle, le pape Symmaque y fit construire une résidence dans laquelle certains personnages illustres vinrent séjourner, tel Charlemagne lors de son couronnement (800). Au XIIe siècle, Célestin II, puis Innocent III la firent rénover. La construction du palais du Vatican débuta sous le pontificat de Nicolas V durant la première moitié du XVe siècle.
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+ Le 20 septembre 1870, après l'évacuation des troupes françaises, Rome est conquise par les troupes piémontaises et rattachée au royaume d'Italie. Le pape Pie IX qui résidait au palais du Quirinal (devenu depuis, la résidence officielle des rois d'Italie, puis du président de la République italienne), se réfugie alors au palais du Vatican. Son refus de reconnaître l'annexion donne une dimension politique et diplomatique au conflit causé par l'Unité italienne : c'est le début de la « question romaine ». Cette controverse dure jusqu'aux accords du Latran en 1929, par lesquels l'État italien s'engage à respecter les frontières de l'État du Vatican qu'il reconnaît alors de fait, la reconnaissance de droit allant au Saint-Siège ; en échange, le Pape reconnaît le rattachement à l'Italie des États pontificaux, ville de Rome comprise[13].
38
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39
+ Le pape dispose du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire). Le pouvoir exécutif est délégué à un gouverneur nommé qui est également chargé de la représentation diplomatique[14]. Une commission composée de cinq à sept cardinaux exerce par délégation le pouvoir législatif. Les institutions du Vatican sont réglées par une constitution, dont la première mouture a été rédigée par Pie XI au moment des accords du Latran. Actuellement, le Vatican est régi par la loi fondamentale du 26 novembre 2000 (entrée en vigueur le 22 février 2001)[15]. Ses lois sont consignées dans les Acta Apostolicæ Sedis.
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41
+ Le Vatican est une monarchie absolue et élective : le pape est élu à la majorité qualifiée (2/3 des voix) lors du conclave, et règne à vie en principe, mais il peut aussi renoncer, cette possibilité a été exploitée par Benoît XVI en 2013. Il peut également se définir comme une théocratie dans la mesure où son existence, son fonctionnement et son action sont dominés par un impératif religieux.
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43
+ La citoyenneté vaticane n'est pas l'expression d'une appartenance nationale. Elle est liée à l'exercice de fonctions au sein du Vatican ou du Saint-Siège. Par conséquent, cette citoyenneté vient toujours s'ajouter à une nationalité d'origine. Dès que ces fonctions cessent, la citoyenneté cesse. Ainsi, un prélat de la Curie prenant des fonctions pastorales perd sa citoyenneté vaticane. Celle-ci est attribuée également au conjoint et à la famille (ascendants, descendants et collatéraux directs) des fonctionnaires du Vatican, à l'âge de 25 ans pour les garçons et au moment de leur mariage pour les filles[réf. nécessaire].
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+ C'est le Saint-Siège, organe de gouvernement de l'Église catholique romaine, et non l'État de la Cité du Vatican, qui fait l'objet d'une représentation internationale. Il dispose d'un siège d'État non membre observateur à l'ONU[16].
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+ Le Vatican a exprimé le désir de rejoindre l'espace Schengen[17].
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+ La plus vieille armée encore en exercice est celle du Vatican[18]. Elle comptait encore en 1977, 89 officiers et hommes de troupes, recrutés depuis 1506, exclusivement dans les cantons suisses. Les troupes pontificales ne sont plus montées au feu des combats depuis leur défaite par les troupes italiennes, survenue en 1870[19].
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+ La diplomatie du Saint-Siège est l'activité de négociation internationale de l'Église catholique. Avant la Réforme et le siècle des Lumières, la papauté a exercé à plusieurs reprises des fonctions d’arbitre entre les souverains chrétiens européens. La diplomatie du Saint-Siège trouva sa première expression formelle véritable vers la fin du XIe siècle quand le pape commença à envoyer des légats vers les différents royaumes de la chrétienté. Il s’agissait de permettre au clergé résident d’avoir une plus grande marge de manœuvre à l’égard des autorités civiles locales.
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53
+ À partir du XVIe siècle, les premières nonciatures apparaissent, avec à leur tête un archevêque venant de Rome. Fragilisée par la Réforme et le développement de la philosophie des Lumières, l’autorité du Saint-Siège est contestée, mais celui-ci reste toujours présent sur la scène internationale. La légitimité de la diplomatie pontificale dans la sphère internationale est ensuite entérinée à plusieurs reprises par des traités de référence (le congrès de Vienne en 1815 et la conférence de Vienne de 1961 codifiant le droit diplomatique)[16].
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+ Du fait de sa très faible superficie, le Vatican est le plus petit pays du monde. Toutefois, l’« État du Vatican » n’est pas un État souverain au sens strict, puisqu’il n’est pas lui-même sujet de droit international[16] et se fait représenter par le Saint-Siège, dont les compétences s’étendent au-delà du seul État du Vatican aux ambassades, sous l’autorité du pape qui est à la fois le souverain du Saint-Siège et le dirigeant du Vatican. De plus, il n'a pas de nationaux en propre et sa puissance souveraine sur son territoire est, dans certaines circonstances et sur certaines parcelles définies par l'accord du Latran, partagée avec l’État italien (notamment la place Saint-Pierre). De ce fait, selon la convention de Montevideo, le statut juridique international du Vatican n'est, d'après certains juristes, pas celui d'un État[20],[21], mais plutôt celui d'un sujet international analogue à une organisation internationale telle que l'ONU[22].
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+ À ce titre, les ambassades (nonciatures) et propriétés du Saint-Siège hors-les-murs ne relèvent pas de l’État du Vatican, mais de la seule autorité du Saint-Siège, manifestée à travers ses institutions (regroupées dans la Curie romaine siégeant au Vatican) et son souverain.
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+ La superficie du Vatican représente un cinquième de celle de la principauté de Monaco : le Vatican peut être qualifié de micro-État. Il est enserré dans des murailles imposées par l'article 5 des accords du Latran, entièrement enclavé dans la ville de Rome, dans le territoire italien. Cette enclave comprend notamment la place Saint-Pierre, la basilique Saint-Pierre, le Palais apostolique, les musées du Vatican et des jardins.
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+ Le Saint-Siège a également la pleine propriété sur plusieurs bâtiments situés hors de la Cité vaticane, qui bénéficient d'un statut d'immunité diplomatique[23], à l'instar d'une ambassade. Il s'agit notamment de :
62
+
63
+ En outre, l'Université grégorienne, la station d'émission de Radio Vatican située dans la banlieue de Rome et divers autres bâtiments sont exempts d'impôts et préservés de toute expropriation. Ces bâtiments et propriétés ne font pas partie stricto sensu de l'État de la Cité du Vatican mais leur superficie cumulée représente environ le double de celle du Vatican (voir Propriétés du Saint-Siège en Italie).
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+
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+ En 2002, le déficit consolidé du Vatican s'élevait à 13,5 millions d'euros pour 216 millions d'euros de recettes. Les dépenses sont principalement les salaires des 2 600 employés (dont environ 750 ecclésiastiques). En 2010, l'économie vaticane a réalisé un excédent budgétaire de 10 millions d'euros, malgré la baisse des dons des fidèles[24].
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+ Outre les revenus touristiques tels les revenus des musées du Vatican (91,3 millions d'euros de recettes en 2011[25]), l'organisation de voyages et pèlerinages, l'émission de timbres postaux et de monnaies recherchés par les collectionneurs et la vente de publications, les revenus viennent de placements mobiliers (32 millions d'euros de plus-value en 2002) et immobiliers (12,9 millions d'euros).
68
+
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+ Un autre poste financier non négligeable est le denier de Saint-Pierre qui a avoisiné les 50 millions d'euros en 2002, même si une partie de cette somme seulement est affectée au budget du Vatican[réf. nécessaire]. Son origine remonte au VIIIe siècle, quand les Anglo-Saxons commencèrent à envoyer une contribution annuelle au pape[réf. nécessaire]. Cet usage s'étendit ensuite aux autres pays d'Europe et a été reconnu officiellement par le pape Pie IX le 5 août 1871 dans l'encyclique Sæpe venerabilis.
70
+
71
+ Depuis le 1er janvier 2013, la Deutsche Bank, qui gère les paiements monétiques au sein de la Cité vaticane, s'est vue dans l'obligation de désactiver l'utilisation de tous ses terminaux électroniques sur ordre de la Banque d'Italie, car le Saint-Siège n'a pas encore atteint les standards requis au niveau international contre le blanchiment d'argent[26]. Les membres du comité Moneyval (un comité d'experts dépendant du Conseil de l'Europe qui repère notamment les blanchiments des capitaux et les sources occultes de financement du terrorisme) estiment en effet que le Vatican remplit à peine 9 des 16 recommandations clés et lui attribuent 7 mentions négatives[27]. Le Vatican a lancé depuis 2010 une série de réformes à la suite d'importants scandales financiers ayant impliqué sa banque, l'Institut pour les œuvres de religion (IOR) et qui gère en 2011 plus de 6,3 milliards d'euros répartis en 20 772 comptes, dont 37 des membres de la famille du pape, 236 de cardinaux, 1 604 d'évêques et 128 de monastères, couvents ou abbayes[28]. L’IOR s’est trouvé au cours des années au cœur de nombreux scandales notamment sous le mandat de Mgr Paul Casimir Marcinkus, ex-directeur de la banque du Vatican. L’établissement était le principal actionnaire du Banco Ambrosiano, banque accusée dans les années 1980 de blanchiment d’argent de la drogue pour la mafia. En mai 2012, l’IOR refait parler d’elle avec le limogeage de son président Ettore Gotti Tedeschi[29]. Les États-Unis ont ajouté en 2012 le Vatican à une liste de 68 États dont la situation est jugée préoccupante, selon le rapport annuel du Département d'État américain sur la lutte contre le trafic de drogue dans le monde[30].
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+
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+ Le pape François tend à sortir l'économie du Vatican des réseaux mafieux, et a d’ailleurs fait plusieurs déclarations à ce sujet[réf. nécessaire].
74
+
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+ La quasi-totalité des habitants vivent à l'intérieur des murs de la cité. Ce sont principalement des membres du clergé, incluant les hauts dignitaires, les prêtres, les religieuses. La fameuse garde suisse pontificale, chargée de la protection du pape, réside également au Vatican. Près de 3 000 travailleurs étrangers composent la majorité de la main-d'œuvre du pays, tout en résidant en dehors du Vatican. Sauf exception, les personnes possédant un passeport de la cité du Vatican conservent leur nationalité d'origine. Faute de maternité, il n'y a aucune naissance au Vatican.
76
+
77
+ Le Vatican comptait 921 habitants en 2014, ce qui en fait le pays le moins peuplé du monde. En revanche, il en est l'un des plus densément peuplés avec plus de 2 000 habitants par kilomètre carré (le troisième derrière Monaco et Singapour). En effet, cette population est concentrée sur une superficie de 0,44 km2 seulement.
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+ Les langues officielles de la Cité du Vatican sont[1] :
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+
81
+ Sont également utilisés :
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+
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+ En tant que siège du catholicisme, le Vatican a une influence culturelle très importante. Il a aussi une activité culturelle propre, comme sa radio, Radio Vatican, qui émet en plusieurs langues.
84
+
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+ Les onze musées du Vatican possèdent de riches collections d'art sacré et profane ainsi que des antiquités étrusques et égyptiennes et des œuvres de peintres, dont Michel-Ange. Ils ont été fondés par Clément XIV au XVIIIe siècle.
86
+
87
+ Garde suisse.
88
+
89
+ La Pietà de Michel-Ange.
90
+
91
+ Basilique Saint-Pierre.
92
+
93
+ Fresque du plafond de la chapelle Sixtine.
94
+
95
+ La salle Sixtine de la Bibliothèque du Vatican.
96
+
97
+ Jardins du Vatican.
98
+
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+ La place Saint-Pierre, Vatican
100
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+ Football : voir Équipe du Vatican de football
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+ Le Vatican a pour codes :
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1
+ Le citron (ou citron jaune) est un agrume, fruit du citronnier (Citrus limon). Il existe sous deux formes : le citron doux, fruit décoratif de cultivars à jus peu ou pas acide néanmoins classé Citrus limon (L.) Burm. f. (classification de Tanaka) ; et le citron acide, le plus commun de nos jours, dont le jus a un pH d'environ 2,5.
2
+
3
+ Ce fruit, mûr, a une écorce qui va du vert tendre au jaune éclatant sous l'action du froid. La maturité est en fin d'automne et début d'hiver dans l’hémisphère nord. Sa chair est juteuse, le citron acide est riche en vitamine C, ce qui lui vaut - avec sa conservation facile - d'avoir été diffusé sur toute la planète par les navigateurs qui l'utilisent pour prévenir le scorbut. De l'écorce on extrait une huile essentielle qui contient entre autres substances du limonène et du citral.
4
+
5
+ Phanias d'Érèse semble soupçonner que le citron puisse tirer son nom du mot Cédron[1].
6
+
7
+ L'origine du citron jaune est longtemps restée inconnue, notamment en raison de son polymorphisme et de sa diversité inter-variétale. Les chercheurs situaient son ancêtre sauvage dans la région d'Assam, la région indo-birmane ou en Chine[2]. Des études phylogénétiques en 2016 montrent qu'il est né en Méditerranée et est issu d'un hybride entre la bigarade (ou orange amère) et le cédrat vers le Ve millénaire av. J.-C.[3].
8
+
9
+ Le citronnier servait à l'origine de plante ornementale dans les jardins de plaisance au Moyen Âge, notamment les jardins islamiques[4]. Le citron est progressivement introduit dans l'alimentation médiévale où il est utilisé comme fonds acide destiné essentiellement aux aménagements de légumes crus ou d'assaisonnement de toute nourriture au même titre que le verjus, le vinaigre ou le jus d'orange. Il est cependant probable qu'il ait servi de technique de conservation de la viande par l'acide depuis l'Antiquité[5].
10
+
11
+ Au niveau de la morphologie externe, le citron est un fruit charnu particulier, un type de baie appelé hespéride, issu du développement d'un ovaire multicarpellé. De forme ovale, il est doté chez de nombreuses variétés, d'un mucron ou d'un mamelon cerné d'une aréole, dépression circulaire plus ou moins profonde et large à l'extrémité stylaire. La croissance du pédoncule au cours de la fructification donne naissance à la columelle, axe central plus ou moins fibreux du fruit qui comporte autant de faisceaux libéro-ligneux qu'il y a de carpelles auxquels ils aboutissent. Le calice persistant au niveau de la région pédonculaire, possède 5 sépales verts, soudés en forme de coupe[6].
12
+
13
+ Au niveau anatomique, le péricarpe de cet agrume, appelé aussi écorce, est composé de deux couches superposées : la couche externe, également nommée « flavedo » (riche en flavonoïdes, pigments jaunes, du latin flaveo, « jaune »), est formée de l'épicarpe et du mésocarpe externe, et correspond au zeste ; la couche interne blanche et spongieuse, également nommée « albédo » (du latin albedo, « blancheur »), est le mésocarpe interne qui constitue la source la plus importante en pectines et en glucides. Selon la maturité du citron, la couleur du flavedo varie de vert à jaune vif. Il renferme de nombreuses glandes à huile essentielle à l’arôme très typé. Ces glandes, riches en terpènes, constituent une véritable barrière chimique contre les insectes et les microorganismes et permettent de protéger le fruit des attaques extérieures. L'écorce est formée de l'épicarpe et du mésocarpe[7].L'endocarpe mince limite la pulpe charnue. Il émet vers l'intérieur des sacs ou vésicules à jus (ces sacs sont des poils endocarpiens, cellules fusiformes constituées d’une grande vacuole où s’accumulent eau, glucides et acide citrique) contenues dans 8 à 12 quartiers (ou segments) bien différenciés séparés par un septum, mince membrane formée à partir de l'épiderme interne des carpelles (cette paroi carpellaire contenant de la cellulose, de l'hémicellulose et des pectines délimite les segments correspondant aux loges carpellaires). Les graines de type pépin se forment dans les loges carpellaires à partir de deux rangs d'ovules placés sur les côtés de l'angle formé par les septa à leur confluence avec la columelle[8].
14
+
15
+ Un phénomène singulier peut parfois se manifester sur certains individus : la navelisation (de l’anglais navel, cette variété se caractérisant par la présence fréquente d'un second petit fruit qui fait penser à un nombril) qui est analogue à la superfétation chez l'homme. La fleur comporte plusieurs étages de carpelles, le second étage se formant au-dessus et à l'intérieur du premier et donnant naissance à un petit fruit plus ou moins avorté. Ce second fruit peut se former entièrement à l'intérieur du fruit principal ou, au contraire, être repoussé vers l'extérieur en donnant naissance à une protubérance plus ou moins accentuée[8].
16
+
17
+ Certains citronniers dits « variegata » produisent des citrons présentant des panachures durant la phase de mûrissement. Les fleurs et la chair des fruits sont roses.
18
+
19
+ Le citron vert est une variété de citron.
20
+
21
+ Les couleurs, arômes, saveurs, degré d'acidité ou sucre, la richesse en huile essentielle varient selon les variétés, les terroirs, les climats, la maturité, l'âge du citronnier et le type de porte-greffe, formant une palette de goûts insoupçonnée.
22
+
23
+ La diversité des citrons n'est pas reflétée par le catalogue des variétés inscrites. Il existe, du climat méditerranéen aux tropiques, de nombreux cultivars locaux résultant de la reproduction par semis. Ce sont notamment des citrons géants qui ne sont pas commercialisés car pauvres en jus.
24
+
25
+ Il existe actuellement sept IGP en Europe (six en Italie et une en France). Ce sont : Limone di Rocca Imperiale, Limone di Siracusa, Limone Interdonato Messina Jonica, Limone Costa d'Amalfi, Limone di Sorrento, Limone Femminello del Gargano et Citron de Menton.
26
+
27
+ La variété Malaga est un citron à jus doux au zeste aromatique qui se mange localement entier, au sel et à Pâques.
28
+
29
+ Ces cultivars sont souvent anciens, le citron étant cultivé depuis l'Empire romain, les Arabes andalous ont largement participé à la sélection. Les méthodes de culture sont parfois sophistiquées, les deux IGP de la côte amalfitaine sont ombragés pendant l'été.
30
+
31
+ Le Citron de Menton bénéficie d'une IGP depuis octobre 2015[9]. Il s'agit d'une variété à petits fruits typique du golfe de Gênes, cultivée dans une zone protégée extrêmement septentrionale pour le citron.
32
+
33
+ Ces variétés sont sélectionnées pour leur valeur commerciale : productivité, richesse en jus, capacité d'être récoltée toute l'année, en effet le citron est un agrume principalement à maturité l'hiver mais apprécié l'été.
34
+
35
+ Il est principalement cultivé en Inde, au Mexique, en Argentine, en Chine et au Brésil[11].
36
+
37
+ Production en tonnes de citron et de lime. Chiffres 2010. Données de FAOSTAT (FAO)
38
+
39
+ La France consomme 130 000 tonnes de citrons par an soit environ 2,2 kg par personne et par an. La production française provenant des Alpes-Maritimes (dont 10 t à Menton où existe depuis 1928 la fête du Citron) et de Corse est très faible et ne représente qu’un peu plus de 1 % des citrons consommés, soit 1 700 tonnes[12]. 80 % des volumes produits proviennent d'Espagne, d'Argentine (11 %) et de Turquie[13].
40
+
41
+ Le citron est transporté par navires ou conteneurs reefers à 10 °C. Après le chargement, la température peut être ajustée à -2 ou −3 °C pendant un laps de temps nécessaire pour tuer le chancre parasite du citron ou empêcher qu'il ne se développe dans la cargaison ou le conteneur, évitant ainsi leur perte par citrons chancrés.
42
+
43
+ Les citrons sont classés en calibres et en neuf catégories qualitatives dont trois pour la vente (Extra, I et II). Les calibres 4 (env. 125 g) et 5 (env. 100 g) sont les plus répandus[14].
44
+
45
+ Les citrons conventionnels font l'objet de traitements pré-récolte (pesticides, fongicides) et post-récolte : ils sont triés, lavés au savon alimentaire afin d'être débarrassés de la poussière qui les recouvre et d'une partie des insecticides qu'ils ont reçus pendant la période de croissance, séchés, puis recouverts d'une pellicule de cire (ce qui les rend plus brillants et évite leur déshydratation) et enfin à nouveau imprégnés avec des fongicides (orthophénylphénol, thiabendazole, imazalil) qui permettent à l'agrume de se conserver plus de 15 jours[15]. Les recherches de variétés favorisant l’étalement de la période maturité n'empêchent pas le déverdissent artificiel des fruits avec de l'éthylène en chambre froide. Ce processus de maturation artificiel s'applique, selon les législations, sur les fruits satisfaisant à des critères de maturité. Il uniformise l'évolution des agrumes provenant de lots différents et fournit un citron jaune conforme à l'attente du consommateur[16].
46
+
47
+ Depuis 2011, dans le cadre de sa législation sur les additifs alimentaires, le droit de l'Union européenne stipule que les colis d'agrumes les plus courants (oranges, citrons et mandarines mais pas les citrons verts, pomelos et pamplemousses) ont l’obligation de mentionner sur l'étiquetage les agents conservateurs et les autres substances chimiques utilisés en traitement post-récolte[17].
48
+
49
+ Il a de multiples usages en cuisine :
50
+
51
+ À température ambiante, il se conserve une dizaine de jours, il faut donc le consommer rapidement.
52
+
53
+ Le citron peut servir à empêcher l'oxydation de certains fruits et légumes qui noircissent au contact de l'air.[18]. On peut frotter la chair des fruits (pomme, poire, avocats) avec une moitié de citron ou arroser les crudités râpées comme le céleri rave avec du jus de citron.
54
+
55
+ L'ajout de quelques gouttes de citron ou de vinaigre rend la pâte brisée plus tendre et moins élastique, car l'acide désagrège le gluten (protéine de la farine).
56
+
57
+ De l'alcool peut être produit à base de citron, comme la liqueur de citron.
58
+
59
+ Les publicit��s concernant les bienfaits du citron peuvent contenir des allégations santé fausses, ambigües ou trompeuses. Ainsi, on prête au citron toutes sortes de vertus[19] : fort en vitamine C, il gommerait toute fatigue, favoriserait la digestion, rendrait les dents blanches, serait diurétique. En plus de ses propriétés anti-infectieuses, antiseptiques et cicatrisantes, il réduirait la cellulite (aliment brûle-graisse), ralentirait le vieillissement et aiderait même à se protéger du cancer.
60
+
61
+ La plupart de ces allégations ne sont pas prouvées scientifiquement. Cependant, sa richesse en vitamine C favorise les cicatrisations. L'acide citrique du jus est antiseptique, d'où les gargarismes avec du jus coupé d'eau en cas de maux de gorge et l'ajout de quelques gouttes de jus de citron dans les fruits de mer consommés crus. Le citron frotté sur les dents, au lieu de les blanchir (éliminant les taches de thé, tabac), attaque l'émail sur lequel l'acidité répétée peut entraîner la déminéralisation des dents et créer des micropores suffisants pour laisser entrer les bactéries à l'origine de caries. Enfin, ce fruit reste intéressant pour la santé en raison de sa richesse en vitamine C, en calcium, phosphore et potassium dont l'assimilation est favorisée par l'acide citrique[20].
62
+
63
+ Le citron peut même avoir des effets néfastes importants. Le citron, comme tous les agrumes, est riche en furanocoumarines (psoralène, bergaptène surtout présents dans la pulpe, ces composants étant donc plus concentrés dans les jus de fruits frais que dans les jus de fruit pasteurisés) qui peuvent entraîner une photosensibilisation. Une consommation élevée d'agrumes augmente de 30 % le risque de mélanome. Ainsi, la consommation fréquente de jus de fruits frais permettrait de ralentir la progression de certains cancers mais favoriserait celui de la peau pour les personnes qui ne se protègent pas du soleil[21].
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+ Le citron peut aussi servir comme détartrant dans un lave-vaisselle, parfumant aussi ce dernier.
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+ Le jus de citron :
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+ Citron cru sans peau (valeur nutritive pour 100 g)
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+ Représentation du Striatus amalphitanus de G.B Ferrari en 1646.
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+ Fleur et fruit.
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+ Citrons.
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+ Gros plan sur un citron.
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+ Un citronnier.
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+ Citrons sur l'arbre.
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+ Fleurs de citronnier.
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+ Yukou Citron Japonais
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+ Citron panaché
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+ Les citrons peuvent être attaqués et déformés par des ravageurs, comme les acariens des bourgeons (invisibles à l’œil nu) Aceria sheldoni Ewing.
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+ Dégâts dus à l'acarien des bourgeons.
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+ Citron déformé par acarien.
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+ Attaque d'acariens des bourgeons.
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+ Citron mal formé
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+ Dans le calendrier républicain, le Citron était le nom donné au seizième jour du mois de fructidor[25].
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+ En langage populaire anglophone, un « lemon (en) », « citron » en français, est une voiture pleine de défauts[26].
102
+
103
+ Zurbarán : Nature morte aux citrons et oranges avec une rose (1633)
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105
+ Giovanna Garzoni, Nature morte aux citrons (fin des années 1640)
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+ Jan van de Velde, Nature morte aux citrons (milieu du XVIIe siècle)
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+ Luis Meléndez : Citrons, boîte de gelée, papillon et récipients (vers 1770)
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+ Van Gogh : Nature morte aux citrons (1887)
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+ Renoir : Citrons et Tasse à Cagnes (1912)
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+ L'expression « Grèce antique » renvoie à la civilisation des peuples de langue et de culture grecques durant l'Antiquité. On entend parfois plus précisément par Grèce antique la Grèce classique, en particulier l'Athènes du Ve siècle av. J.-C., celle de Périclès et de la tragédie, et celle du IVe siècle av. J.-C., de Platon et d'Aristote. Toutefois, la culture grecque s'est développée plus tôt : les épopées de l’Iliade et de l’Odyssée remontent sans doute au VIIIe siècle av. J.-C. Elle a aussi conservé un réel dynamisme au cours des siècles suivants, pendant lesquels elle s'est étendue dans de nombreuses autres régions. En Orient, après les conquêtes d'Alexandre le Grand, la culture grecque s'est mêlée aux cultures antérieures pour donner naissance à la civilisation hellénistique. Dans le bassin méditerranéen, la culture grecque a joué un rôle décisif, notamment du fait de l'influence qu'elle eut à Rome, où le grec devint la langue du savoir utilisée par les élites, et de l'influence qu'elle exerça dans le monde arabo-musulman, qui traduisit en arabe de nombreux traités grecs. C'est ainsi que certaines productions politiques et culturelles du monde grec ont eu un rôle majeur dans le développement de la civilisation occidentale.
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5
+ Les chercheurs estiment souvent que les Grecs sont à l'origine d'une nouvelle manière d'appréhender le monde, affranchissant la pensée des dogmes religieux[1]. Contrairement aux grandes religions monothéistes, la religion grecque est avant tout basée sur l'orthopraxie - il est en ce sens impossible de parler de dogme - et met l'homme au cœur de ses réflexions[2].
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7
+ On considère les Grecs comme les fondateurs de la philosophie (les présocratiques, Socrate, Platon, Aristote, etc.). Inventeurs de la logique, ils peuvent être considérés comme des précurseurs de l'investigation scientifique (physique, mathématiques, astronomie)[3]. La littérature grecque eut sans doute longtemps moins d'influence que celle de ses imitateurs romains. L'art grec reste considéré comme un modèle de l'équilibre classique.
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9
+ Comme ailleurs dans l’Antiquité, l’esclavage fournit à l’économie du monde grec antique une force de travail indispensable. Aristote[4] décrivait l’esclavage comme la « pierre angulaire » du fonctionnement de la société grecque[5], en raison de son importance dans le fonctionnement économique. Aristote a admis dans le Politique que les esclaves disparaîtront lorsque les machines deviendront autonomes, et dénonce le système spartiate des hilotes comme défaillant. Platon condamnait l'esclavage comme une pratique déshonorante pour un Grec, sans remettre en cause le principe économique de l'esclavagisme.
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11
+ L'histoire de la Grèce avant le VIIIe siècle av. J.-C. est assez mal connue. La civilisation mycénienne a duré de -1650 à -1100 environ, elle est fortement influencée par la Crète minoenne. Les raisons de sa disparition sont sujettes à controverse. Les chercheurs croyant à l'historicité de la guerre de Troie la situent pendant cette période. Les temps qui suivent, aussi mal connus, sont parfois appelés siècles obscurs. Des changements culturels importants semblent s'y être déroulés.
12
+
13
+ Au VIIIe siècle av. J.-C., la Grèce commence à émerger de la période sombre qui suit la chute de la civilisation mycénienne. L'écriture et les écrits mycéniens en général sont perdus et oubliés mais les Grecs adoptent l'alphabet phénicien tout en le modifiant, ce qui deviendra l'alphabet grec. Au IXe siècle av. J.-C., les premiers textes proprement grecs apparaissent. Le pays est alors divisé en une multitude de petites communautés indépendantes, situation imposée par la géographie grecque, où chaque île, vallée ou plaine est totalement coupée de ses voisins par la mer ou les montagnes.
14
+
15
+ Il semble qu'à partir du VIIIe siècle av. J.-C. apparaissent les cités, de petits territoires indépendants et politiquement structurés. La population augmente fortement et des colonies grecques sont fondées, dans les îles de la mer Égée et en Asie mineure, puis dans d'autres régions méditerranéennes. Les grands penseurs vivent souvent outre-mer : Thalès et Xénophane vivent en Asie ; Pythagore fonde une école en Italie du Sud. C'est la naissance de la Grande Grèce.
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+
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+ La guerre lélantine (de -710 à -650) fut un long conflit entre cités grecques qui présente la particularité d'être l'un des premiers affrontements de la Grèce antique documenté. Cette guerre voit s'affronter les cités-état de Chalcis et d’Érétria à propos de la Lélantine, plaine fertile de l’Eubée.
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+
19
+ Une classe marchande se développe dans la première moitié du VIIe siècle av. J.-C. comme le démontre l'apparition de monnaies grecques vers -680, ce qui ne manque pas de susciter des tensions entre les villes. Les classes aristocratiques qui gouvernent les cités sont menacées par cette nouvelle bourgeoisie de marchands qui souhaite se lancer dans la politique. À partir de -650, cette même classe aristocratique doit lutter afin de ne pas être renversée par des tyrans populistes. Le mot tyran étant d'ailleurs lui-même issu du grec τύραννος (tyrannos) signifiant « dirigeant illégitime » indifféremment qu'il soit bon ou mauvais.
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+ Au début du Ve siècle av. J.-C., les Grecs parviennent à repousser les troupes de l'immense Empire perse lors des guerres médiques. La bataille de Salamine (480 av. J.C.) pose les bases de l'hégémonie de la cité d'Athènes en mer Égée. La Grèce connaît alors un « âge d'or ». Certains penseurs, Parménide, Empédocle, Leucippe inaugurent de nouvelles manières d'envisager le monde. Athènes, où une démocratie s'est mise en place, occupe une place prépondérante sur les plans politique et artistique. La tragédie s'y développe. Socrate ne quitte presque jamais la ville.
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23
+ Après la guerre du Péloponnèse (de -431 à -404), les cités grecques sont affaiblies, mais la vie intellectuelle reste vivace (Platon, Aristote).
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+ Vers -338, la Macédoine domine la Grèce. Entre -336 et -323, son roi, Alexandre le Grand, conquiert un immense empire.
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+ À la mort d'Alexandre le Grand, son empire est partagé entre ses anciens généraux ou diadoques : Ptolémée, Séleucos, Lysimaque, Antigone le Borgne, qui règnent en souverains absolus sur de vastes régions.
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+ Les Antigonides conservent la Macédoine. Les Séleucides règnent en Asie, sur l'ancien Empire perse. On ressent des influences grecques jusque dans les sculptures bouddhiques d'Afghanistan. Les Ptolémées, qui dominèrent l'Égypte, nous sont toutefois mieux connus. Alexandrie y est un haut lieu du savoir. En Grèce même, de nouvelles philosophies se développent : l'épicurisme et le stoïcisme.
30
+
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+ La situation politique est assez difficile et, au IIe siècle av. J.-C., la Grèce passe sous domination romaine. La Grèce reste un centre culturel mais perd en créativité.
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+ L'économie de la Grèce antique se caractérise par une forte prédominance de l’agriculture, d’autant plus importante que les sols grecs sont peu fertiles. Cette sténochôria provoque la création de colonies, qui procurent des matières premières. Plus qu'une source de subsistance, l’agriculture façonne une partie des représentations et des rapports sociaux : la majorité de la population du monde grec est rurale et la propriété foncière représente un idéal. L’artisanat et le commerce (principalement maritime) se développent à partir du VIe siècle av. J.-C. dans les cités. Cependant, les Grecs éprouvent une grande répugnance pour le travail rétribué, et en particulier le travail manuel : la politique est la seule activité réellement digne du citoyen, le reste devant être autant que possible abandonné aux esclaves.
34
+
35
+ La religion grecque antique a pour particularité de n'avoir ni textes sacrés, ni dogme, ni Église : elle est polythéiste. Elle accorde une grande importance aux rites et peu à la dévotion personnelle. Les différents cultes peuvent être distingués en trois grandes catégories : cultes publics, rassemblant la communauté des citoyens d'une cité, cultes privés, appartenant à la sphère domestique, cultes à mystères, qui seuls promettent aux initiés une vie heureuse et un au-delà.
36
+
37
+ Le panthéon grec comporte douze divinités principales (dites « olympiennes »), dont les plus importantes sont exprimées par trois figures ayant le monde en partage : Zeus, dieu de la foudre, régnant sur le Ciel, Poséidon, dieu des mers, des océans et des séismes et enfin Hadès, maître du monde des Enfers. Il existait cependant de nombreuses autres divinités, appelées parfois « divinités mineures », auxquelles on accordait plus ou moins d'importance selon la situation, l'époque de l'année, le lieu...
38
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39
+ L'art grec est l'aspect le plus immédiatement sensible de la Grèce antique : il a influencé l'art romain, celui de la Renaissance et une grande partie de l'art moderne et contemporain d'Occident. Ses monuments sont admirés par les touristes en Grèce même, ainsi que sur les sites des colonies grecques de Grande Grèce et d'Asie mineure ; ses sculptures et ses vases occupent souvent une place de choix dans les musées et les collections privées. Le Parthénon et son décor sculpté, l'aurige de Delphes, le groupe du Laocoon et la Victoire de Samothrace figurent parmi les œuvres d'art les plus connues dans le monde.
40
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41
+ Pour autant, l'œuvre d'art grecque est souvent mal comprise. Elle est admirée aujourd'hui pour le plaisir esthétique qu'elle procure, alors que sa fin première est pratique ou religieuse. Les ruines de monuments se trouvent dans des endroits isolés, ou sont incorporées dans des villes modernes, alors que les bâtiments grecs se trouvaient naturellement intégrés à tout un ensemble de bâtiments environnants. La peinture murale, l'une des principales formes d'expression de l'art grec, a presque totalement disparu, alors que la sculpture grecque nous est parvenue principalement sous la forme de copies ou variantes romaines, pour lesquelles il est difficile de départager le génie de l'auteur original de celui du copiste-adaptateur. Il est donc important de replacer l'art grec dans son contexte et de restituer ses origines, évolutions et influences.
42
+
43
+ Les Grecs ont joué un rôle déterminant dans l’évolution des sciences. Ils ont notamment fait progresser les mathématiques, trigonométrie, géométrie (avec Pythagore), la physique (avec Aristote et Archimède), la chimie, l’astronomie et la géographie (avec Ptolémée), la météorologie, la zoologie (classification du règne animal par Aristote), la botanique (avec Théophraste et Dioscoride), la médecine (avec Hippocrate), l’anatomie et la physiologie.
44
+
45
+ Ces sciences atteindront un niveau qui ne sera dépassé qu’à la Renaissance. Les sciences physiques notamment sont longtemps restées basées sur des fondements aristotéliciens, qui n'ont commencé à être abandonnés qu'au XVIIe siècle avec la naissance de la physique classique.
46
+
47
+ On sait que les Grecs anciens, du moins les hommes, avaient un mode de vie bisexuel : s'ils se mariaient afin d'assurer la descendance, ils passaient aussi par une éducation de nature pédéraste durant l'adolescence, qui les liait sexuellement à un homme légèrement plus âgé, avant qu'eux-mêmes, une fois devenus citoyens, ne deviennent les amants et formateurs d'autres jeunes gens[6]. Par exemple, les sources d'époque présentent la vie amoureuse d'Alcibiade ainsi : « lorsqu'il était jeune, il détournait les hommes de leurs épouses, et lorsqu'il était plus âgé, il détournait les femmes de leurs maris »[7].
48
+
49
+ Comme dans toutes les sociétés, la condition de la femme dans la Grèce antique diffère selon les époques et même les cités. À l'époque minoenne[8], elles jouent un rôle important dans la société et semblent l'avoir conservé à l'époque homérique[9]. Au VIe siècle av. J.-C., à Lesbos, la poétesse Sappho dirige un institut d'éducation pour jeunes filles de haute naissance où elles peuvent s'adonner à des exercices physiques, court vêtues et montrant leurs cuisses. Sur ce point du moins, Sparte était plus tolérante qu'Athènes et la relative liberté des femmes ne manquait pas de scandaliser les Athéniens comme Euripide ou Platon :« En dehors des maisons, avec les jeunes gens / Allant les jambes nues et la robe flottant[10] » Aristote définissant la citoyenneté comme la possibilité de participer au pouvoir politique, la femme en est donc la plus éloignée : elle ne peut jamais devenir citoyenne. Confinée à la maison, la jeune Athénienne apprend principalement les travaux ménagers : cuisine, traitement de la laine et tissage, peut-être aussi quelques rudiments de lecture, de calcul et de musique. Ses rares occasions de sortir sont certaines fêtes religieuses où elles assistent aux sacrifices et participent aux processions. Si elles apprennent à danser et à chanter pour participer aux chœurs religieux, les chœurs de jeunes filles restent séparés de ceux des jeunes hommes.
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+ Le mariage, arrangé par le père ou le tuteur légal, ne la délivre en rien de son confinement. Elle aura juste toute autorité sur sa maison et les esclaves pour lesquels elle est la despoïna. Le seul but du mariage est la procréation. La plupart des Athéniens se marient par convenance religieuse et sociale plus que par goût. À Sparte, le célibataire endurci est puni par la loi.
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+ Il convient cependant de distinguer les différentes classes sociales. Les Athéniens pauvres et ne disposant que d'un logement exigu laissaient plus facilement sortir leur femme, souvent contraintes de travailler au dehors, notamment comme revendeuses sur les marchés, pour subvenir aux besoins de la famille[11].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le terme civilisation — dérivé indirectement du latin civis — a été utilisé de différentes manières au cours de l'histoire.
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+ Dans l'acception historique et sociologique actuelle, la civilisation est l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'une société donnée, du point de vue technique, intellectuel, politique et moral, sans porter de jugement de valeur. On peut alors parler de civilisations au pluriel et même de « civilisations primitives », au sens chronologique, sans connotation péjorative.
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+ Comme les mots culture, religion et société, le mot civilisation a acquis un poids politique et idéologique déterminant, au point de devenir un concept clé ou un « maître-mot » pour penser le monde et l'histoire à l'époque des Lumières[5]. Le premier à avoir employé le mot civilisation dans l'acception actuelle est Victor Riqueti de Mirabeau, le père de Mirabeau le révolutionnaire[5]. En 1756, dans L'Ami des Hommes ou Traité de la population, il écrit : « La religion est sans contredit le premier et le plus utile frein de l'humanité : c'est le premier ressort de la civilisation[6]. » De façon similaire, en 1795, dans Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Condorcet, l'idée de civilisation désigne les progrès accomplis par l'humanité dans une nation donnée lorsqu'il fut possible de passer de l'état de barbarie à celui de civilisé[7].
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+ Au XIXe siècle la civilisation, alors envisagée comme un idéal à atteindre et comme un processus de transformation de la société vers cet idéal, fut la principale légitimation donnée à la colonisation impérialiste[8],[9]. Il s'agissait de « civiliser » les peuples du monde dans une vision hiérarchique et évolutionniste de la civilisation. Ainsi, la supériorité technique et militaire des pays colonisateurs servit de preuve de la supériorité d'une civilisation dite "occidentale", sur les autres civilisations considérées comme primitives ou barbares. Cette supériorité civilisationnelle légitimait à son tour la conquête du reste du monde par les pays "chrétiens" (catholiques et protestants), qui se voyaient comme les seuls à même d'éclairer les peuples inférieurs et de les tirer hors de la barbarie de leurs civilisations respectives.
12
+
13
+ Aujourd'hui les conceptions de la civilisation sont plus égalitaires et débarrassées des conceptions racialistes qui entretenaient une hiérarchisation des civilisations et leur confusion avec les aires religieuses, de sorte que le terme désigne davantage un état de fait historique et social qu'un processus de transformation, d'évolution et de maturation des sociétés. L'idée a cessé de fonctionner en opposition avec celles de barbarie ou de sauvagerie, tandis qu'est affirmé le principe du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes »[10] avec la décolonisation progressive du monde. En outre, la diffusion des méthodes scientifiques à travers le monde permet aux peuples anciennement colonisés de se réapproprier progressivement leurs histoires et leurs cultures respectives, favorisant ainsi le dialogue entre "civilisations" et leur étude réciproque grâce à cette base méthodologique commune.
14
+
15
+ Pour pouvoir définir des civilisations qui n'ont ni structure précise ni représentation institutionnelle, il faut sélectionner les faits que l'on juge appropriés. Ainsi, on se fonde sur des faits linguistiques, éthiques, géographiques, culturels, religieux, historiques ou politiques. Mais les concepts de religion ou de culture, sont eux-mêmes discutés, ainsi que leur pertinence pour caractériser l'état d'une civilisation. La notion de civilisation, au singulier ou au pluriel, reste donc encore confuse et difficile à définir. Ainsi, pour Bertrand Binoche, « Après avoir prédit le triomphe de la civilisation, on peut bien annoncer le choc des civilisations, mais cela ne contribue pas à y voir plus clair »[5].
16
+
17
+ Après avoir été largement employé depuis la fin du XVIIIe siècle au singulier, en l'opposant à la « barbarie », le terme est mis ensuite au pluriel, en particulier par les sciences sociales au XXe siècle. Cela fait suite à un débat organisé en 1929, s'appuyant sur des articles de Lucien Febvre[11] et Marcel Mauss. En 2008, la Revue de synthèse[12],[13] est revenu sur la réapparition dans l'actualité de ce mot au cours des années 1990. En 2003, la revue Sciences Humaines[14] s'est aussi interrogée sur ce retour à la mode du terme « civilisation ».
18
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19
+ Si les ethnologues et anthropologues ont préféré le terme de « culture », les historiens, les archéologues, et parfois les sociologues ont largement utilisé le mot « civilisation ». Les politologues, et particulièrement Samuel Huntington dans Le Choc des civilisations (1996), en ont fait usage. Certains historiens et géographes tels que Pierre Gourou et Fernand Braudel en ont fait une notion centrale de leurs approches. Le concept braudélien de civilisation (« civilisation matérielle ») est défini de la manière suivante : c'est d'abord un espace, une aire culturelle à laquelle sont rattachés des biens (matériels ou non, ce qui peut englober la forme des maisons, les traditions culinaires, la manière de vivre, etc., biens ayant une cohérence entre eux. Si, en plus de cela, une permanence s'observe dans le temps, alors Braudel définit une civilisation[15]. Cette vision est très proche de celle des archéologues actuels, qui définissent des « cultures » évoluant dans l'espace et dans le temps, à travers des outils comme les tableaux typo-chronologiques, présentant l'évolution des types (comme les divers types de vases) au cours d'une période de temps dans un espace donné.
20
+
21
+ Le terme, dans les années 2000-2010, n'est plus employé par ces scientifiques « à cause sans doute de son caractère ambigu et peut-être de son appartenance à une géographie classique surannée. Ils lui préfèrent le mot de culture, promu surtout par les anthropologues anglo-saxons puis francophones, en grande partie synonyme de civilisation, mais plus neutre »[16]. Cependant, le terme est encore d'usage courant sans que soit pour autant précisé son sens. Par exemple, lors d'une de ses conférences au Collège de France en 2015, Anne Cheng[17] a ainsi fait allusion, sans s'y attarder, à la « civilisation chinoise » à propos du confucianisme.
22
+
23
+ Le terme de civilisation étant en lui-même difficile à définir précisément, définir ses caractéristiques est tout aussi problématique. Cependant, étant données l'importance du terme et la nécessité pour les chercheurs d'évaluer sur une base commune les divers éléments sociologiques ou archéologiques, certaines caractéristiques ont été retenues pour caractériser, sous un angle restreint, une civilisation.
24
+
25
+ D'après l'archéologue Gordon Childe dans Urban Civilization, paru en 1950, les premières civilisations les plus connues ayant laissé de grands ensembles archéologiques sont Sumer, l’Égypte antique, la civilisation de la vallée de l'Indus et la civilisation chinoise. Les fonctions de ces ensembles archéologiques monumentaux les différencient des établissements précédents du Néolithique. La découverte puis la maîtrise de l'agriculture au sein de « civilisations agraires »[18] ont ainsi entraîné une nouvelle organisation de l'espace et de l'activité humaine au sein de « civilisations urbaines ». Pour être qualifiée de civilisation[19], celle-ci doit regrouper la plupart des caractéristiques suivantes :
26
+
27
+ Cinq critères primaires (organisation) :
28
+
29
+ Cinq critères secondaires (réalisations matérielles) :
30
+
31
+ L'historien Arnold Joseph Toynbee, dans A Study of History parue entre 1934 et 1961, comptabilise vingt-et-une civilisations distinctes[20] ; il conçoit la civilisation comme « un état de la société où une minorité de la population est libérée de tout travail, non seulement de la production de vivres, mais aussi de toutes les autres activités économiques… : [habitants des villes], soldats de métier, administrateurs et, peut-être, plus que tout, prêtres ».
32
+
33
+ Les civilisations développent des normes de comportements en société, comme la chevalerie. Une société définit souvent son type d'homme idéal (l'« homme de bien » de Confucius, l'« honnête homme » du XVIIe siècle européen, le « gentleman » de l'Angleterre victorienne…).
34
+
35
+ Le comportement civilisé est celui qui permet aux hommes de vivre ensemble pacifiquement. Un mythe, rapporté par Platon dans Protagoras, distingue les apports de la technique de ceux de la civilisation. Prométhée a apporté aux hommes les arts et les sciences, mais les hommes ne parviennent pas à s'entendre et à profiter de ces présents, ils continuent à vivre comme des animaux. Zeus leur fournit alors la pudeur et la justice, c’est-à-dire la possibilité de prendre en compte les autres membres de la société et de régler les différends de manière pacifique et ordonnée. Les hommes peuvent alors construire la vie en cité. La civilisation apparait comme étant le moyen pour les hommes de s'élever au-dessus de la condition animale.
36
+
37
+ Jusqu'au XVIIIe siècle, l'idée de civilisation est exprimée par les mots « politesse » et « civilité ». Ces termes contiennent une connotation, justifiée ou non, de supériorité morale : de la classe noble sur les classes populaires, de l'Europe sur les « barbares ». Saint-Simon, en 1717, est fasciné par le mélange chez le tsar Pierre Ier, en visite à Paris, d'une « politesse » remarquable et de « cette ancienne barbarie de son pays qui rendait toutes ses manières promptes, même précipitées, ses volontés incertaines »[21]. La civilisation s'observe non seulement dans la vie de la cité, mais aussi dans toutes les circonstances de la vie quotidienne : manières de table, contrôle de son corps en société… Norbert Elias a étudié ce « processus de la civilisation » ; selon lui, les classes les plus élevées de la société ont dû apprendre peu à peu à maîtriser leurs pulsions pour s'adapter à un monde dans lequel les contacts entre les individus sont de plus en plus importants, condition d'apparition de l'État moderne.
38
+
39
+ La civilisation suppose donc l'existence de lois et de règlements destinés à éviter que les gens ne deviennent violents. Nonobstant, les cultures civilisées possèdent des institutions autorisées à recourir à la violence, telles que la police et l'armée. Ce qui distingue le pays « civilisé », c'est plutôt la manière dont la violence est utilisée ; dans un État moderne, toute force armée doit relever de l'État, qui a le « monopole de la violence légitime » selon l'expression de Max Weber.
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41
+ Le terme de « civilisation » apparaît au milieu du XVIIIe siècle, dans l'œuvre de Mirabeau père. Par la suite, la civilisation apparaît de plus en plus comme un processus à l'occasion duquel les sociétés passent d'un état « barbare » à un état civilisé, caractérisé par l'« adoucissement de ses mœurs » (Mirabeau). L'idée du mouvement vers la civilisation permet de penser que si la société européenne a atteint cet idéal, le reste du monde pourrait aussi en bénéficier. Tout au long du XIXe siècle, l'association entre progrès technique et progrès de la civilisation semble évidente ; dès lors, l'Europe, aidée par son avance technique et militaire, va se sentir investie d'une mission civilisatrice envers, notamment, l'Afrique, qu'elle réduit en esclavage, et certaines parties de l'Asie.
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+ Des événements marquants pour les sociétés occidentales — prise de conscience de l'horreur de l'esclavage, nazisme de 1933 à 1945… —, mèneront à relativiser la notion de civilisation. On ne parle désormais plus d'un progrès unidirectionnel des sociétés, pas plus qu'on ne parle de « barbares » ou de « sauvages ». Le mot « civilisations » s'écrit au pluriel. Dans le même temps que les ethnologues et artistes occidentaux partent à la recherche de ce que ces autres cultures peuvent inspirer comme progrès à leur civilisation, ces autres civilisations effectuent de leur côté leurs choix dans ce qu'elles désirent prendre ou laisser dans la culture ou la technique occidentales : l'ayatollah Khomeini, qui rejette l'occidentalisation de l'Iran proposée par le Shah, n'en mène pas moins son action de communication grâce à des cassettes audio, produit de ce même Occident (il s'en expliquera à Oriana Fallaci). Gandhi refusa la colonisation et l'impérialisme de la Grande-Bretagne.
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+ L'approche culturelle définit la civilisation comme une identité culturelle associée, pour chaque individu, à « la plus grande subdivision de l'humanité à laquelle il peut s’identifier »[22]. Elle représente donc un groupe plus étendu que la famille, la tribu, la ville de résidence, la région ou encore la nation. Les civilisations sont souvent liées à la religion ou à d’autres systèmes de croyance.
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+ À des fins de classification, l’historien Arnold Joseph Toynbee en distingue vingt-six avec leurs montées et déclins[23]. C’est aussi la thèse de Samuel Huntington pour qui les conflits globaux de l'époque contemporaine sont les témoins du déclin possible d'une civilisation. Le livre Effondrement de Jared Diamond analyse comment, dans le passé, plusieurs civilisations (Île de Pâques, Mayas, Groenland…) ont elles-mêmes provoqué leur propre effondrement[24]. Il place ensuite les causes identifiées en parallèle avec l'état actuel de la civilisation (par exemple au Montana) pour tenter de trouver des moyens d'action afin d'éviter de futurs effondrements. Le sous-titre de son livre l'annonce sans ambiguïté : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie.
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+ Le concept d’« empire » se superpose à celui de « civilisation ».
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+ Les études post-coloniales relativisent les bienfaits de la civilisation[25].
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+ Sigmund Freud, dans Malaise dans la civilisation, établit un inventaire des frustrations apportées par la société moderne et examine en contrepartie le bilan des compensations qu'elle offre en matière de sécurité, de santé, de culture et d'art. Il y évoque le fait que l'accumulation de ces frustrations peut conduire parfois à des réactions violentes, l'instinct de mort. Ces points seront aussi relevés par Wilhelm Reich, Herbert Marcuse, etc.
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+ Henri Laborit, dans L'Homme et la ville met en relief le fait que la ville fonctionne comme une machine servant à juxtaposer sans heurts de grandes inégalités qui ne seraient pas tolérées dans un autre contexte.
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+ L'anthropologue Alain Testart critique[26] la classification des sociétés fondée sur l'id��e d'une complexification croissante. Cette idée a permis de distinguer les sociétés dites « complexes », néolithiques à hiérarchie sociale (« chefferies ») et civilisations antiques, très hiérarchisées, par opposition aux cultures des chasseurs-cueilleurs, qui de ce fait ne sont pas considérées comme relevant d'une quelconque « civilisation ». Il poursuit sa réflexion dans son étude de l'idée d'évolution des sociétés[27].
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+ La thèse du « choc des civilisations » est aujourd'hui principalement liée au livre éponyme de Samuel Huntington publié en 1994 et aux débats que ce livre continue de susciter. Cependant l'expression avait été employée antérieurement, par Albert Camus puis Bernard Lewis.
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+ Au cours de l'émission radiodiffusée du 1er juillet 1946, « Tribune de Paris », présentée par Paul Guimard, consacrée au « problème algérien », l'écrivain Albert Camus évoque un choc des civilisations par lequel il annonce la décolonisation, sans connotation religieuse : « le problème russo-américain, et là nous revenons à l’Algérie, va être dépassé lui-même avant très peu, cela ne sera pas un choc d’empires. Nous assistons au choc de civilisations et nous voyons dans le monde entier les civilisations colonisées surgir peu à peu et se dresser contre les civilisations colonisatrices[28]. »
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+ Bernard Lewis revendique avoir utilisé le terme dès 1957 ; il en a développé l'idée durant sa carrière[29]. Pour lui, l'idée de choc des civilisations est construite sur une analyse des ressentiments entre un Occident de culture judéo-chrétienne et le monde musulman : « ces ressentiments actuels des peuples du Moyen-Orient se comprennent mieux lorsqu’on s’aperçoit qu’ils résultent, non pas d’un conflit entre des États ou des nations, mais du choc entre deux civilisations. Commencé avec le déferlement des Arabes musulmans vers l’ouest et leur conquête de la Syrie, de l’Afrique du Nord et de l’Espagne chrétiennes, le « grand débat », comme l’appelait Gibbon, entre l’islam et la chrétienté s’est poursuivi avec la contre-offensive chrétienne des croisades et son échec, puis avec la poussée des Turcs en Europe, leur farouche combat pour y rester et leur repli. Depuis un siècle et demi, le Moyen-Orient musulman subit la domination de l’Occident – domination politique, économique et culturelle, même dans les pays qui n’ont pas connu un régime colonial […]. Je me suis efforcé de hisser les conflits du Moyen-Orient, souvent tenus pour des querelles entre États, au niveau d’un choc des civilisations[29]. » Néanmoins il considère qu'en ce qui concerne l'Occident et l'islam, il faudrait aujourd'hui envisager un choc entre deux variantes d'une même civilisation, plutôt qu'un choc des civilisations[29].
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+ Samuel Huntington a donné une portée mondiale à l'idée de choc des civilisations en identifiant huit civilisations à l'échelle desquelles se jouerait désormais la guerre et la paix dans le monde. Avec Huntington, l'idée de choc des civilisations excède l'analyse du rapport entre christianisme et islam. Il envisage une certaine pluralité des civilisations qui se réfèrent au christianisme ou à l'islam ainsi que d'autres civilisations, telles que celles de l'Inde ou de la Chine, qui ne sont ni chrétiennes, ni musulmanes. Il considère néanmoins que ces civilisations sont toutes liées à des présupposés religieux irréductibles les uns aux autres. Les thèses de Huntington se présentent comme une analyse pessimiste de la situation du monde dans la mesure où, si son analyse est exacte, le choc annoncé est inévitable. Les attentats du 11 septembre 2001 ont relancé les débats sur cette thèse, Huntington ayant lui-même déclaré et regretté qu'ils donnent une certaine actualité à sa thèse[30].
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+ Certaines régions ou pays sont classés à part :
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+ Dans Le Rendez-vous des civilisations, Youssef Courbage et Emmanuel Todd estiment que l'affirmation religieuse dans les pays musulmans où la population et les États semblent faire bloc dans l'affirmation et la défense de l'islam ferait paradoxalement partie d'un processus de dé-islamisation. Ils considèrent que l'importance accordée à l'islam dans la vie publique de pays majoritairement musulmans ne signifie pas pour autant que ces sociétés retournent à l'ordre ancien de la tradition. Les crispations et résistances religieuses dans ces pays seraient moins des obstacles à la modernisation que les symptômes de son accélération. En somme, plus se fait sentir le besoin d'affirmer une identité ou des convictions religieuses, éventuellement de les défendre en pratiquant l'intimidation ou la coercition, plus on rend manifeste la faiblesse des convictions et plus on fragilise l'adhésion réelle des populations à celles-ci.
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+ Souligner les convergences entre civilisations ne contredit pas totalement l'hypothèse d'un choc ou d'un affrontement entre elles. Dans un cas comme dans l'autre, les civilisations sont supposées se former les unes en rapport aux autres comme des entités équivalentes, ce qui explique aussi bien leurs ressemblances et leur convergences que leurs oppositions et leurs affrontements. Andrea Riccardi estime ainsi que l'on accorde une valeur indue aux blocs ou aux entités que seraient les civilisations. Il considère que la thèse du choc des civilisations laisse entendre que des valeurs universelles pourraient être considérées comme le propre de certaines civilisations et estime au contraire que la justice, la paix, le droit ou la légalité, n'ont pas à être rapportées à des entités particulières, celles que l'on appelle à tort ou à raison « les civilisations » pas plus que d'autres. Ce sont ces valeurs qu'il s'agirait de promouvoir sans se laisser arrêter par les sentiments d'étrangeté que les uns et les autres peuvent ressentir les uns envers les autres[31],[32].
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+ Marc Crépon estime que la thèse du choc des civilisations est une imposture « dangereuse » qui globalise les peurs en permettant à chacun de se désigner des ennemis. Affirmer des civilisations, ce serait supposer des homogénéités ou des « puretés » qui n'existent pas, tout en niant ce qui communique et se transforme continuellement. Cela conduirait à enfermer l'humanité dans des sphères concurrentes et opposées au détriment de la construction de la paix fondée sur le droit[33].
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+ Jean-Louis Margolin, qui déclare être « pleinement d'accord avec le caractère régressif
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+ théoriquement et nocif politiquement du livre d'Huntington », se dit néanmoins « convaincu qu'il y a une région du monde où les thèses d'Huntington forment le fond de la vision du monde de la quasi-unanimité : le monde musulman »[34]. Huntington, en présentant de façon systématique cette vision du monde, en a aussi facilité la critique.
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+ La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud. À son apogée, elle s'étend de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, en couvrant la plus grande partie des territoires actuels de l'Équateur, du Pérou et près de la moitié Ouest de la Bolivie.
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+ Elle est à l'origine de l'Empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne. Cet empire avait pour chef suprême le Sapa Inca. L'Empire inca fut conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532.
4
+
5
+ L'une des grandes singularités de cet empire fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.
6
+
7
+ Les premières traces humaines en Amérique du Sud datent au moins du trentième millénaire avant notre ère[1]. Cette présence humaine est attestée sur le site archéologique de Pedra Furada (« pierre percée » en portugais), situé dans le parc national de la Serra da Capivara (Piauí) au nord-est du Brésil, qui représente probablement le site humain connu le plus ancien en Amérique. Vivant de chasse et de cueillette, ces peuples nomades s'intéressaient progressivement à l'agriculture. Les propriétés nutritionnelles du maïs, cultivé dès le troisième millénaire dans la région d'Ayacucho[Favre 1], permettaient d'accroître son importance[Favre 2].
8
+
9
+ Le développement de l'agriculture entraîna des changements sociaux importants : la population explose, des villes apparaissent et une élite religieuse se crée[Favre 2]. Le premier millénaire avant notre ère voit ainsi s'épanouir la civilisation Chavín, unissant dans un style artistique commun de nombreuses cultures locales, probablement grâce à un culte unique dont un élément caractéristique est l'image du jaguar[Favre 2].
10
+
11
+ Entre le Ier et le VIIIe siècle, l'unité créée par la civilisation Chavín disparut au profit de cultures plus locales (Mochica, Paracas-Nazca, Tiwanaku)[Favre 3]. Le développement agricole, notamment l'irrigation et l'aménagement de terrasses, continue. À partir du VIIIe siècle, deux villes des hautes terres rayonnent particulièrement et regroupent sous leur bannière les peuples andins : Tiwanaku vers le sud jusqu'au nord du Chili et Huari vers le nord[Favre 4].
12
+
13
+ Les États de Tiahuanaco et Huari s'effondrent brusquement au XIIe siècle. À nouveau, le régionalisme prévaut dans un premier temps, puis de nouvelles tentatives d'intégration impérialistes ont lieu[Favre 5]. Ainsi, vers le milieu du XIIIe siècle, le peuple Chimú initie la création d'un nouvel empire, sur la côte nord du Pérou actuel, fondé sur l'aménagement hydraulique[Favre 6]. L'Empire Chimú s'étend le long de la côte jusqu'à l'actuelle frontière équatorienne, et il entre inévitablement en rivalité avec l'Empire inca, l'autre grand empire andin du XVe siècle, ce qui lui sera fatal[Favre 7].
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15
+ Voir notamment la section La fondation du Cuzco et l'origine des Incas.
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17
+ Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Plusieurs versions[2] de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco (légende de Pacaritambo[3]) ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.
18
+
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+ Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir[4]. C'est là qu'ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril » en quechua[5]. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.
20
+
21
+ À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse communément admise étant qu'ils provenaient des rives du lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le rapprochement est souvent évoqué avec la civilisation méconnue de Tiahuanaco (en Bolivie). Les Incas seraient donc un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée de Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.
22
+
23
+ D'autres sources évoquent une origine amazonienne. La présence des incas en Amazonie est attestée par la découverte de la cité agricole inca de Mameria (en) par deux explorateurs franco-péruviens en 1979, Nicole et Herbert Cartagena, en compagnie du péruvien Goyo Tolédo. L'analyse d'un morceau de charbon trouvé à Mameria[6], effectuée par Grégory Deyermenjian, donne une datation de 1345 après JC, avec une plage d'erreur allant de 1240 à 1500 après JC. Cette datation laisse donc les deux hypothèses ouvertes d'une occupation Inca, ou Huari tardif (empire pré-Inca de culture Quechua). Toute la question est donc de savoir si cette cité de Mameria est antérieure ou postérieure à l'arrivée des Incas dans la vallée du Cuzco.
24
+
25
+ En parallèle, les ruines récemment trouvées par l'équipe franco-péruvienne Inka LLacta / P.E.P[7] en 2015 montrent une occupation probablement Huari à proximité de Mameria (cordillère du Toporake), dans la vallée Nord-Lacco et dans le parc du Megantoni.
26
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27
+ D'autres sources argumentent l'hypothèse amazonienne de l'origine des Incas à partir de certaines parentés linguistiques :
28
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29
+ « [...] certains traits, notamment la langue, laissent penser que les Incas seraient originaires de la forêt amazonienne, et que le groupe conduit par Manco Cápac aurait été composé de plusieurs lignages, unis par des liens de parenté[8]. »
30
+
31
+ Quoi qu'il en soit, la question demeure donc ouverte de l'origine des incas, ou plutôt de la localisation de l'ethnie Taipicala de Manco Cápac (dont les Incas sont la filiation directe) avant son arrivée dans la "Vallée sacrée".
32
+
33
+ À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres dans une confédération locale, occupant dans un premier temps un rang subordonné[Favre 8]. Leur position de chefs militaires dans la confédération leur permet de gagner progressivement de l'influence lors des règnes successifs de Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui. Finalement, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération[Favre 9].
34
+
35
+ Yahuar Huacac puis Viracocha Inca étendent la domination inca. Néanmoins, le territoire inca ne dépasse pas un rayon de 40 km autour de Cuzco[Favre 9]. En 1438, lors d'une guerre avec la tribu voisine des Chancas, Viracocha abandonne la capitale, mais son fils Pachacutec la défend avec succès et défait les Chancas. C'est le début de l'expansion extrêmement rapide de l'empire[Favre 10].
36
+
37
+ Le fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui et son fils après lui, Huayna Capac, repoussent les frontières de l'empire du Chili au Sud de la Colombie. L'empire est à son apogée[Favre 11].
38
+
39
+ En 1532, 180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l'empire inca. Bien que peu nombreux face aux armées incas de plusieurs dizaines de milliers de soldats, cette conquête est très rapide[Favre 12]. Les historiens expliquent cela par une combinaison de plusieurs raisons : la guerre de succession consécutive à la mort de Huayna Capac en 1527, la rapide capture du nouvel empereur Atahualpa, la supériorité militaire des Espagnols, tant par leur armement (chevaux, armures en métal et armes à feu) que par leur stratégie, leur habileté diplomatique à soulever contre l'empire des tribus locales ainsi que l'assimilation par les Incas des Espagnols à des dieux annoncés par des prophéties.
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41
+ La conquête espagnole s'accompagne de nombreux pillages et de massacres. La colonisation qui s'ensuit engendre une catastrophe démographique majeure : la population de l'empire inca, estimée entre 12 et 15 millions de personnes avant la conquête, est d'environ 600 000 un siècle plus tard. L'exploitation des indigènes et leur manque de défenses immunitaires contre les maladies apportées par les Espagnols en sont les principales raisons[Itier 1].
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43
+ Prisonnier de Pizarro, Atahualpa lui donna tout son or en échange de sa libération. Pizarro prit l'or mais fit malgré cet accord exécuter l'empereur le 29 août 1533.
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+
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+ Les Incas se rebelleront tout de même plusieurs fois, notamment en 1536 sous le commandement de Manco Inca. La ville de Vilcabamba devient le centre d'un noyau de résistance inca qui y subsistera jusqu'en 1572[Favre 13]. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru II en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’empire inca.
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+ La liste des empereurs incas s'appelle la capaccuna[9] (en quechua les plus puissants parmi les êtres humains).
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+ Avant Viracocha Inca les empereurs incas sont semi-légendaires et les dates de leurs règnes sont incertaines.
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+ Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur emprise territoriale reste localisée aux alentours de ce centre de résistance.
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+
53
+ Après avoir formé pendant des siècles une puissance locale, quoiqu'en expansion régulière, les Incas rêvèrent d'un plus grand royaume. Ils allaient conquérir 780 000 km² en quelques générations. Vers 1400, ayant soumis leurs voisins, les rois incas mènent leurs premières conquêtes en dehors de la région de Cuzco. Vers 1470, poussant vers la côte, les Incas défont l'Empire chimu et emmènent avec eux de nombreux artisans de la puissance vaincue. Vers 1500, se tournant vers le sud, les Incas s'emparent d'un vaste territoire s'étendant jusqu'aux limites de la Patagonie. Vers 1532, lors d'une offensive finale le long des pentes orientales des Andes, les Incas pénètrent plus avant à l'intérieur du bassin de l'Amazone.
54
+
55
+ Le Sapa Inca, chef suprême de l'empire, est avant tout un guerrier, et c'est un rapport très personnel qui le lie aux chefs locaux des tribus conquises. Ces relations sont souvent à établir à nouveau lors de chaque succession, ce qui amène parfois des guerres de reconquêtes[Itier 2].
56
+
57
+ Ces liens ont une importance capitale dans la gestion des provinces côtières : au contraire des provinces andines, les Incas n'y créent en effet ni villes ni administration. Ces provinces en sont par ailleurs souvent déjà pourvues par héritage des civilisations précédentes. Les Incas se contentent de gouverner à distance en maintenant les élites locales[Itier 3].
58
+
59
+ Dans les Andes, par contre, les Incas créent de véritables capitales provinciales. Si les liens personnels entre les chefs locaux et le Sapa Inca restent importants, une administration impériale est établie en parallèle. À la tête de ces provinces sont nommés des gouverneurs de provinces (tukriquq) représentant l'empereur localement. Ces gouverneurs sont entourés de fonctionnaires kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des kipus[Itier 4]. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un État où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées[Favre 14].
60
+
61
+ La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.
62
+
63
+ D'une manière générale, il existait trois classes : la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, la classe de gouvernance locale et, au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.
64
+
65
+ Cette société était donc fondée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante à la suite d'un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.
66
+
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+ Le groupe social de base est formé par la famille constituée des parents et des enfants célibataires. L'homme travaille aux champs, et pratique éventuellement de l'artisanat, tandis que la femme s'occupe de la cuisine et de l'entretien de la maison[Favre 15]. L'entraide entre familles est très fréquente, notamment au moment des récoltes. Les personnes invalides sont généralement soutenues par l'ensemble de la communauté[Favre 16].
68
+
69
+ Les peuples des Andes sont répartis dans de nombreux villages situés sur des hauteurs. L'ensemble des familles, la plupart du temps liées par le sang, qui habitent un village forme un ayllu. Un chef (kuraka) dirige l'ayllu répartit les travaux collectifs et les terres. L'ayllu possède en effet des terres agricoles, distribuées par lots, ainsi que des pâturages, d'accès collectif[Favre 17].
70
+
71
+ Les ayllus sont organisés en chefferies, regroupant plusieurs ayllus sous la domination de l'un d'entre eux. Les ayllus dépendants doivent verser un tribut de corvées à l'ayllu dominant. En échange, ce dernier doit maintenir des réserves pour pallier les mauvaises récoltes et subvenir à l'entretien des pauvres[Favre 18].
72
+
73
+ Des chefferies forment à leur tour des groupes sous la domination de l'une d'entre elles. L'empire inca s'inscrit dans le même schéma, l'empereur étant le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire[Favre 19].
74
+
75
+ Les conquêtes se faisaient soit pacifiquement, et alors les souverains conquis conservaient un certain pouvoir, soit par armes, et le peuple vaincu était en partie déplacé dans une région solidement acquise aux Incas et qui lui était souvent totalement étrangère. Des peuples soumis de longue date à l'empire venaient alors repeupler leurs terres. Ces déplacements de population furent très importants, notamment sous Tupa Yupanki et Huana Kapac[Favre 20].
76
+
77
+ À la différence des Mayas, les Incas ne disposaient pas de système d'écriture proprement dit. Mais les quipus (voir ci-dessous la section consacrée à La question de l'« écriture » inca) constituaient une mémoire complexe d'informations de natures diverses dans l'Empire, et leur maîtrise nécessitait plusieurs années d'étude, se poursuivant toute la vie, un peu comme chez les scribes de l'Égypte antique :
78
+
79
+ « Le même manuscrit nous informe que l'interprétation des quipus [juridiques, indiquant "les peines prescrites pour chaque crime"] était une véritable science, nécessitant des études prolongées : [lors des séances du "Conseil des douze membres", le tribunal suprême de l'Empire], "pour savoir ce que disaient les lois, deux Indiens étaient choisis, ils ne quittaient jamais les quipus et ne cessaient de les étudier. Ils explicaient la signification de toutes choses et les études de ce genre se poursuivaient sans arrêt. La connaissance de ces questions pouvait se transmettre de génération en génération, car on sélectionnait de très jeunes garçons pour leur inculquer la science de toutes ces choses[10]". Rafaël Karsten[11]. »
80
+
81
+ La vie des Incas est rythmée par quatre étapes principales. La première s'effectue vers deux ans : on fête le passage du bébé au statut d'enfant en effectuant la cérémonie de la première coupe de cheveux, que l'on garde ensuite précieusement[Itier 5].
82
+
83
+ La deuxième constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte, vers 14 ou 15 ans. Pour les garçons, le rite de passage qui y est associé est appelé warachikuy, la "mise du pagne", et comporte un jeûne et une série d'épreuves physiques. À cette occasion, on leur perce les oreilles pour y insérer les boucles propres à l'ethnie inca, on leur remet un pagne et on leur donne un nouveau nom. Le rituel féminin, le k'ikuchikuy, "première menstruation", est plus simple et comportait également une phase de jeûne[Itier 6].
84
+
85
+ La troisième étape est celle du mariage, entre 20 et 25 ans pour les hommes et 16 à 20 ans pour les femmes. Le couple s'établit dans une nouvelle maison et bénéficie alors de tous les droits et devoirs. Parmi ces obligations se trouvent notamment celle de participer aux corvées collectives[Itier 7].
86
+
87
+ Enfin, lors de la mort, les défunts sont placés dans des tours funéraires ou des abris rocheux plus simples. Ils sont parés de leurs plus beaux atours et de leurs outils du quotidien afin d'assurer leur subsistance dans l'au-delà[Itier 8].
88
+
89
+ Dans la plupart des cas, les Incas conservent les structures d'habitation des territoires conquis[Itier 9].
90
+
91
+ Dans les terres hautes, ils construisent des capitales provinciales, mais la plupart des habitants habitent des villages de quelques centaines d'habitants. Chaque foyer y possède une cour bordée d'un muret en pierre dans laquelle se trouve un ou plusieurs bâtiments circulaires de 3 à 6 m de diamètre. Parmi ces bâtiments, il peut y avoir une cuisine, des chambres, des entrepôts... Les murs sont de pierre non taillée ou d'adobe, et les toits de chaume[Itier 9].
92
+
93
+ Sur la côte, les maisons populaires sont en roseau et celles de l'aristocratie en pisé[Itier 10].
94
+
95
+ Le bois étant rare, tant dans la montagne que sur la côte, les Incas n'ont pas de mobilier. La vaisselle est posée à même le sol et on mange par terre[Itier 11].
96
+
97
+ Les paysans incas, comme leurs descendants péruviens actuels, prennent deux repas par jour (vers 8h et 16 ou 17h) et une légère collation vers midi. Il est la grande majorité du temps végétarien et composé de plantes et légumes bouillis dans une marmite. La viande, du lama ou de l'alpaga séché ou du cochon d'Inde rôti, est réservée aux jours de fêtes. Néanmoins, sur la côte, les poissons sont très consommés[Itier 12].
98
+
99
+ Le légume de base est la pomme de terre, qui peut être conservée pendant plus de cinq ans grâce à un processus de conservation complexe (qui comprend notamment l'exposition au gel et l'écrasement). Le maïs est également l'un des aliments de base, mais en plus grande quantité sur la côte que dans les Andes. Il est souvent utilisé pour produire de la bière légèrement alcoolisée[Itier 13].
100
+
101
+ Enfin, ils mastiquent des feuilles de coca pour ses vertus médicinales et son effet « coupe-faim »[Itier 14].
102
+
103
+ Les paysans incas portent tous des vêtements assez semblables. Il s'agit, pour les hommes, d'un pagne et d'une tunique sans manches auxquels on ajoute une cape lorsque les conditions climatiques ou cérémonielles l'exigent[Itier 15].
104
+
105
+ Les femmes, elles, portent une robe et une cape. Leur robe est constituée d'un simple morceau de tissu rectangulaire, enroulé autour d'elles et maintenu par une ceinture et deux fibules circulaires au niveau des épaules. La cape est elle accrochée via une épingle ou un nœud sur le devant. Leurs cheveux sont ceints d'un bandeau et elles portent généralement un voile léger pour s'abriter du soleil[Itier 15].
106
+
107
+ Les vêtements sont généralement noirs ou marron dans les hautes terres où ils sont faits de laine, et blancs sur la côte où le coton est principalement utilisé. Ils sont la plupart du temps faits d'une seule pièce, et non pas composés de différents morceaux cousus entre eux[Itier 15].
108
+
109
+ Les vêtements étant assez comparables partout dans les Andes, les différences sociales s'expriment principalement au niveau de la qualité du tissu employé pour leur confection. Mais la coiffure masculine est également un autre moyen de différenciation : l'élite porte des cheveux très longs, alors que le peuple se rase court[Itier 15].
110
+
111
+ Les deux sexes portent aux pieds des sandales ou des mocassins. Ils arborent également des bijoux : les hommes portent notamment des ornements d'oreille cylindriques qui leur déforment les lobes, d'où leur surnom d'orejones ("oreillards") que leur donnent les Espagnols. Les femmes elles portent plutôt des colliers et des fibules[Itier 15].
112
+
113
+ Le quotidien des paysans incas ne comporte que peu de divertissements, hormis ceux liés au travail en commun et aux cérémonies –– ces deux derniers cas sont en effet des occasions de fêtes. Le travail en commun s'effectue en chantant et est généralement accompagné d'un bon repas et de bière de maïs. De grandes battues sont organisées par le Sapa Inca tous les quatre ans[12] ; elles sont également l'occasion de festoyer et de consommer de la viande. Les cérémonies en l'honneur d'une divinité ou d'un haut personnage sont elles l'occasion de danser et de jouer de la musique[Itier 16].
114
+
115
+ Peu de jeux incas sont parvenus jusqu'à nous, mais la plupart des chroniqueurs rapportent l'existence d'un jeu de dé, la pichqa ("cinq" en quechua)[13]. Le dé pyramidal à cinq faces utilisé dans ce jeu servait aussi comme instrument de divination[Itier 16].
116
+
117
+ La colonisation espagnole et l'évangélisation catholique ont rapidement fait décliner les religions des Incas. Si certaines formes subsistent aujourd'hui notamment sous forme d'animisme, la plupart des informations que l'on possède à ce propos sont issues de témoignages indirects, plus ou moins biaisés. On possède par ailleurs très peu d'informations sur le système religieux en dehors des Andes, les populations ayant rapidement décliné avant même l'évangélisation[Itier 17].
118
+
119
+ En plus de la volonté d'imposer une religion d'état, l'héritage des civilisations précédentes et une longue histoire d'échanges et d'influence permettent aux populations andines une certaine unité religieuse. Certaines divinités sont ainsi communes à différents peuples, mais portent des noms différents[Itier 17].
120
+
121
+ Les ancêtres décédés occupent une place particulière dans les religions andines. Le fondateur d'un lignage est ainsi révéré, notamment pour avoir donné à son ayllu des terres. Ces fondateurs sont souvent semi-légendaires, ayant accompli des actes surnaturels et n'ayant pas de géniteurs humains. C'est ainsi le cas pour ceux de la tribu inca[Itier 18].
122
+
123
+ Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur sont offertes et elles sont promenées lors des cérémonies[Itier 18].
124
+
125
+ (Voir notamment la section : Culte rendu aux Huacas)
126
+
127
+ Si les Incas imposent le culte du Soleil, ils interdisent rarement l'exercice des croyances animistes préexistantes[Métraux 1]. Ainsi la plupart des peuples de l'empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des fétiches (huacas)[Métraux 2]. En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle[Métraux 2].
128
+
129
+ Il existe des huacas partout sur le territoire inca, et on estime à plus de cinq cents leur nombre à Cuzco et ses environs[Métraux 2]. Ils reçoivent de nombreuses offrandes et on cherche à communiquer avec eux pour obtenir de l'aide ou des conseils[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. Les empereurs, descendants directs de Manco Capac, sont appelés Sapa Inca (littéralement "inca unique"; ou encore Intip churin: "fils du soleil", titre adopté par le neuvième empereur Pachacutec[14]). Ils sont vénérés comme des demi-dieux fils du soleil (Inti ou Tahuantinsuyu en quechua)[15]. L'inca roi donnait la loi d'une manière absolue, car il la recevait du Soleil, son père, et ne se trompait jamais; il résidait à Cuzco et transmettait directement ses ordres aux quatre incas, vice-rois des quatre parties de l'empire. Dans chacune de ces parties se trouvaient trois conseils: un pour la guerre, un pour la justice, un pour l'administration économique[16]. Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire, mais l'idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État[Métraux 1].
132
+
133
+ Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha (enclos d'or en quechua), le temple du Soleil de Cuzco[Métraux 1].
134
+
135
+ Parallèlement au culte du soleil, les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d'entre eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l'aménagement du sol – les techniques d'irrigations revêtant une importance particulière pour les peuples andins[Itier 19]. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n'est pas clairement établi. La subordination de l'un à l'autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables[Itier 19]. Après Viracocha, les Incas révéraient également l'Éclair, Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre[Métraux 3].
136
+
137
+ L'Empire inca se composant d'une mosaïque de peuples qui n'ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c'est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s'appelle lui-même Pachacamac et remonte à l'époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l'an 300 et l'an 600. C'est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 apr. J.-C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée[réf. nécessaire].
138
+
139
+ La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action d'importance, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices[Métraux 4]. La divination était utilisée aussi bien pour prédire le déroulement des batailles que pour punir un crime[Métraux 4].
140
+
141
+ Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate[Métraux 4]. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des entrailles d'animaux sacrifiés, et notamment les poumons de lamas[Métraux 4].
142
+
143
+ Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac Umu. Marié, il était souvent un proche parent de l'Inca et son autorité était en concurrence avec ce dernier[Métraux 5].
144
+
145
+ Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou pour les Espagnols « vierges du Soleil »), forment une institution à part entière. Choisies dès leur plus jeune âge, elles suivent une éducation particulière[Métraux 5]. Elles peuvent ensuite être choisies par le Sapa Inca comme concubines, ou données à de hauts fonctionnaires, ou même sacrifiées[Métraux 5]. Elles préparent les aliments cérémoniels et confectionnent des vêtements portés par l'Inca et les prêtres.
146
+
147
+ Les sacrifices et offrandes étaient quotidiens, dédiés aux dieux ou aux huacas.
148
+
149
+ À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice. L'animal le plus utilisé était un lama, le choix des animaux sacrifiés étant soumis à des règles précises sur la couleur de la fourrure[Métraux 5].
150
+
151
+ Les sacrifices humains étaient relativement rares (à la différence des civilisations mésoaméricaines comme chez les mayas et les aztèques), et ne se faisaient que lors de périodes de grands changements ou de grands troubles, comme lors de l'avènement d'un nouvel Inca, ou lorsque l'Inca était malade, par exemple, et encore s'il mourait, ou encore lors de catastrophes naturelles (tremblement de terre, éruption volcanique...), risques de calamités (famine, épidémie, guerre[19]) ou éclipses de lune, de soleil[Métraux 5]. L'objectif était alors d'apaiser le ou les dieux irrités, dans une démarche rituelle d'expiation, ou dans une logique substitutive (une jeune victime est offerte pour régénérer les forces du Sapa Inca malade[20]). Ou bien il s'agissait « d'accroître le pouvoir surnaturel de divinités essentiellement propices et bienfaitrices de l'humanité[21] », ou encore « d'assurer des récoltes abondantes[22] ».
152
+
153
+ Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution[Métraux 5]. À la différence des civilisations maya et aztèque, où les sacrifiés étaient le plus souvent des esclaves ou des prisonniers de guerre, chez les incas ils appartenaient à la bonne société cuzquénienne, ou à la noblesse des provinces conquises ; sélectionnés pour leur perfection physique parmi les classes dominantes, ceux-ci étaient amenés jusqu’à Cuzco et reçus par l’Inca, puis acheminés jusqu’au lieu du sacrifice[17] : « les enfants que les provinces livraient aux sanctuaires impériaux pour y être immolés faisaient partie du tribut auquel elles étaient astreintes[23] ». De même, parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être femmes choisies (aclla-cuna), une partie était destinée à être sacrifiée[Métraux 5]. Comme le précise l’anthropologue Gabriela Recagno[17] :
154
+
155
+ « N’oublions pas qu’il s’agissait d’un système politique de domination. Dans les régions assujetties se déplaçait un représentant de l’Inca avec un enfant qui allait se transformer en un dieu : pour eux, il ne mourrait pas et allait pouvoir surveiller tout ce territoire du haut de la montagne. Il devenait un gardien du territoire, un être divinisé. Un système très bien rodé pour, à travers la religion et la peur, exercer une politique de domination par les sacrifices[17]. »
156
+
157
+ Pendant le voyage, et en attendant le sacrifice, les futures victimes étaient donc très bien traités[Métraux 5], comme des dieux vivants. Avant la mise à mort, durant une période plus ou moins longue, le sacrifié buvait de la chicha (un alcool de maïs parfois très fort) pour atténuer la perception de ses sens[Métraux 5]. Après avoir été profondément sédaté, dans de nombreux cas, il était ensuite enterré vivant[Métraux 5]. Pour Gabriela Recagno, dans d'autres cas, au sommet, les enfants (par ailleurs épuisés par une marche de 1 600 kilomètres, engourdis par le froid, l'alcool ou d'autres drogues) s’endormaient sous l’effet de la basse pression jusqu’à mourir d’hypothermie[17]. Dans le cas de Juanita, il semble que la jeune fille, affaiblie par la montée, et elle aussi anesthésiée par le froid, la chicha et les feuilles de coca, ait été achevée par un violent coup sur la tête[24]. Pour honorer la jeune victime, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre.
158
+
159
+ C'est en effet ce type de rite qui fut par exemple utilisé pour calmer les dieux, lors d'une éruption volcanique à Arequipa il y a plus de 500 ans : cette jeune fille de douze ou treize ans, surnommée Juanita par les archéologues l'ayant retrouvée, fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Elle appartenait à la haute noblesse de Cuzco comme en témoigne la richesse de ses parures. Un cortège cérémonial partit de Cuzco pour rejoindre Arequipa dans le seul but de ce sacrifice. Préservés par la glace, la jeune fille et les objets qui l'accompagnaient furent retrouvés presque intacts en 1995 et reposent désormais au musée Santuarios Andinos [sanctuaires andins] d'Arequipa[25],[24].
160
+
161
+ Le même genre de rites est attesté dans d'autres sociétés précolombiennes d'Amérique du Sud, mais ne peut être comparé aux sacrifices de masse aztèques.
162
+
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+ La principale fête de l'empire était l'Inti Raymi ou (fête du soleil en quechua). Elle se déroulait le 21 juin, solstice d'hiver et jour le plus court dans l'hémisphère sud.
164
+
165
+ Pour escorter l'Inca dans son voyage dans l'autre monde, deux de ses femmes, un serviteur et un guerrier étaient sacrifiés le jour de sa mort. Prétendument volontaires, ils étaient choisis dès leur plus jeune âge et enterrés vivants. Le corps de l'Inca, embaumé, était placé face au temple du soleil à Cuzco. Les obsèques duraient une année, pendant laquelle la population revêtait les insignes de l'Inca et chantait ses louanges, de façon continue le premier mois, puis tous les quinze jours, à chaque pleine et nouvelle lune[26].
166
+
167
+ En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtissent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte au soleil. Certains sont encore visibles de nos jours et témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou se trouvent ainsi le temple de Coricancha à Cuzco, le temple Vilcashuaman et celui de Huascarán. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur l'Isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent.
168
+
169
+ Le temple du Soleil de Cuzco, Coricancha, était le principal temple de l'empire. S'il était d'abord dédié au soleil, il servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la Lune, et Illapa, divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.
170
+
171
+ Véritable saint des saints de l'empire, ce temple n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. Sa circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.
172
+
173
+ L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.
174
+
175
+ Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.
176
+
177
+ Le kuraka, le chef de l'ayllu, était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.
178
+
179
+ Les travaux agricoles étaient divisés en trois temps :
180
+
181
+ Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.
182
+
183
+ Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.
184
+
185
+ La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes, des centres administratifs...
186
+
187
+ [Voir aussi les sections : Irrigation, Cultures en terrasses, et Étagement de l'agriculture et implications sociales de l'article consacré à l'Empire inca].
188
+
189
+ À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre « inventée » au Pérou et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. Le quinoa, une graine (et non une céréale), est plus facile à cultiver, il pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Une autre culture était répandue : celle du maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitaient sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses (les fameuses andenes) furent construites dont certaines perdurent jusqu'à nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.
190
+
191
+ D'autres plantes étaient cultivées selon les régions : tomates, arachides, haricots, piments, ananas, cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle était utilisée dans toutes les cérémonies.
192
+
193
+ En ce qui concerne l'élevage, la viande et la laine provenaient essentiellement des lamas et des alpagas.
194
+
195
+ La monnaie et l'impôt n'existaient pas. Le troc est le seul système d'échange.
196
+ Les lamas servent pour le transport mais surtout pour le lait, la viande, la laine, le cuir et les occrements[Quoi ?].
197
+
198
+ Les Incas étaient d'excellents architectes. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cuzco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leurs bâtiments les restes des temples incas. Lors des nombreux séismes, les constructions ou fondations incas tenaient généralement mieux que les constructions espagnoles.
199
+
200
+ Les Incas utilisaient divers styles architecturaux, mais le plus connu est sans conteste celui utilisé par exemple pour le temple du Soleil de Cuzco ainsi que beaucoup d'autres bâtiments d'importance : le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles. De grandes pierres polygonales étaient alors utilisées, s'emboîtant parfaitement les unes dans les autres sans laisser le moindre espace vide. On peut voir encore de nos jours de nombreux exemples de cet art architectural, parmi lesquels Sacsayhuamán la forteresse de Cuzco, ou encore les impressionnantes ruines d'Ollantaytambo.
201
+
202
+ Les Incas ont découvert le vermeil [réf. nécessaire]. Ce n'est pas un alliage, mais de l'argent recouvert d'or.
203
+
204
+ Voir notamment sur ce sujet les sections : La musique, La légende du « Manchay Puitu » et La « musique Inca » et ses survivances sous le « palimpseste » du thème d’El Cóndor pasa, dans l'article El Cóndor pasa consacré à la pièce et à la musique éponyme.
205
+
206
+ Les Incas étaient capables de voir les solstices ou équinoxes et leur calendrier à la fois lunaire et solaire leur permettait de gérer les cycles agricoles.
207
+
208
+ Les mathématiques des Incas sont omniprésentes dans l'art inca, tel le tissage. Leur développement est expliqué par plusieurs facteurs, tels la géographie.
209
+
210
+ La civilisation inca (1400-1530), s'étendait sur les actuels Pérou, Équateur, Bolivie, Chili, Argentine et au sud de la Colombie, avec une population d'environ 12 millions, dont plusieurs groupes ethniques et une vingtaine de langues[27]. Ne connaissant pas l'écriture au sens strict du terme[note 1], ils utilisaient des quipus pour « écrire » les statistiques de l'État. Un quipu est un encordage dont les cordes présentent trois types de nœuds symbolisant respectivement l'unité, la dizaine et la centaine[28].
211
+ Les Incas ont donc développé un système de numération positionnel en base 10, similaire à celui utilisé aujourd'hui.
212
+
213
+ L'empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu'à plus de 700 micro-idiomes différents furent parlés sur son territoire[29]; les Incas auraient cependant imposé le quechua comme langue véhiculaire.
214
+
215
+ L’aymara (ou parfois écrit : "aimara") est une langue vernaculaire qui a remplacé de nombreuses autres comme l'uru ou l'uchhumataqu de Bolivie.
216
+
217
+ Selon Rodolfo Cerrón-Palomino (linguiste péruvien), un des principaux spécialistes de ces deux langues, ce n'est pas le quechua, mais bien l'aymara qui était la langue officielle et aussi la langue sacrée (voire langue liturgique) de l'empire inca. Le quechua quant à lui sera la lingua franca (ou langue véhiculaire) de l'empire, et la plus répandue.
218
+
219
+ Les variétés d'aymara forment une sous-famille linguistique avec les variétés de quechua. Aujourd’hui, l'aymara compte environ deux millions de locuteurs, essentiellement en Bolivie.
220
+
221
+ Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y a apparemment pas existé, tout au moins sous la forme de glyphes comme chez les Mayas et dans la plupart des civilisations mésoaméricaines précolombiennes[30].
222
+
223
+ En revanche, un système de quipus a été mis en place. Le quipu est un message codé qui se présente sous la forme d'un écheveau de cordelettes nouées, rassemblées sur un seul cordon porteur horizontal; ces cordelettes présentent des nœuds de différentes sortes et diverses positions sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs, le tout selon un code précis et complexe, nécessitant à l'époque un long apprentissage, qui est seulement en partie déchiffré aujourd'hui.
224
+
225
+ Les quipus relevaient donc d'abord d'une interprétation numérique (en base 10, comme on l'a vu). Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc. Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs[31].
226
+
227
+ Mais les quipus revêtaient aussi probablement un sens narratif et qualitatif[32], voire langagier, qui les rapprochent des fonctions actuelles de l'écriture (peut-être comme une sorte de système idéographique singulier, puisque n'utilisant pas de signes écrits ou gravés)[33]. Cette thèse a déjà été affirmée, et sourcée chez les témoins oculaires de l'Empire inca au moment de la Conquista par l'ethno-anthropologue et archéologue finlandais Rafaël Karsten (es) (de l'Université d'Helsinki), dans les années 1950[34]. Elle a été reprise récemment par le grand spécialiste américain des quipus qu’est Gary Urton[35], ainsi que par l'ethnographe et anthropologue anglaise à la St Andrews University (Royaume-Uni) Sabine Hyland[36]. Il semblerait donc que les quipus, au-delà de leur valeur comptable[note 2], aient donné lieu à des sens divers : chronique historique et calendaire, recueil juridique de textes réglementaires et de lois[note 3], récits plus ou moins légendaires...
228
+
229
+ Pour Rafaël Karsten, l'étymologie du mot quipu indique qu'ils servaient aussi en tant que calendriers : le mot serait de la même famille lexicale que le terme quilca ou quila qui signifie "mois". « Huaman Poma, il faut le remarquer, appelle les spécialistes des cordes nouées quilcacamayoc ou quila huata quipoc, ce qui signifie "ceux qui tiennent le compte des années lunaires". Quila huata, c'est l'année lunaire et quipoc (d'où dérive le substantif quipu) est un participe, tiré d'un verbe dont l'infinitif devait être quipuy (quipuna)[note 4] » [nouer et aussi compter]. On sait en tout cas que ce système de quipus était aussi utilisé par les dirigeants des provinces pour transmettre les nouvelles importantes à l'Inca[37]. Guamán Poma, cité par Karsten, n'entre pas dans les détails en ce qui concerne le système des quipus lui-même, mais souligne qu'on y enregistrait de telles connaissances, si précises et si détaillées, qu'ils lui donnaient l'impression de constituer une véritable écriture. « Du papier et de l'encre eussent été préférables, c'est vrai », ajoute-t-il. Mais il affirme en conclusion que « c'est par les quipus que tout l'empire était gouverné[note 5] ».
230
+
231
+ Enfin, pour l'archéologue suédois Erland Nordenskiöld, cité par Karsten, les quipus trouvés dans les tombes précolombiennes avaient une valeur magique associée au rituels funéraires incas :
232
+
233
+ « Selon la théorie de Nordenskiöld, les quipus contenaient des nombres astronomiques de caractère magique et, à son avis, ils auraient été conçus comme "des énigmes pour les esprits". "Le mort recevait un quipu pour l’occuper et pour l’empêcher, peut-être par le moyen de nombres magiques, de sortir de sa tombe[38]." Rafaël Karsten[39]. »
234
+
235
+ Les quipus auraient donc aussi servi à conserver la mémoire des grandes dates de l'Histoire de l'Empire, et à consigner certains récits, secrets religieux ou textes de loi. Mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours, même si certains chercheurs tablent encore sur la possibilité de découvrir une sorte de "pierre de Rosette" hypothétique des quipus[note 6] permettant de révéler leur sens narratif caché[32],[33],[40]; quipus langagiers toujours mystérieux donc, contrairement aux quipus de statistiques dont les valeurs numériques sont aujourd'hui bien connues[note 7].
236
+
237
+ Les récentes découvertes de Ruth Shady sur le site de Caral ont démontré que les quipus étaient connus par les civilisations précolombiennes il y a près de 4 500 ans[41].
238
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239
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240
+
241
+ En 1954, l'expédition Marquette, avec à sa tête Jean Raspail et Guy Morance.
242
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243
+ Il est à noter un point important concernant la dénomination Inca. En effet, si ce terme est communément admis comme se rapportant à la civilisation inca, il ne faut pas oublier qu'à la base l'Inca représente le chef du gouvernement et du clergé, c'est-à-dire la personne la plus importante dans cette société après les dieux. L'ethnie dominante était celle des Quechuas, et leur chef était l'Inca. C'est un peu comme si l'on nommait les russes, les tsars. Le tsar était le titre du souverain, pas celui du peuple[réf. nécessaire].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Bandes dessinées
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+ Romans
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+ Dessins animés
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3
+ C est un langage de programmation impératif généraliste, de bas niveau. Inventé au début des années 1970 pour réécrire UNIX, C est devenu un des langages les plus utilisés, encore de nos jours. De nombreux langages plus modernes comme C++, C#, Java et PHP ou Javascript ont repris une syntaxe similaire au C et reprennent en partie sa logique. C offre au développeur une marge de contrôle importante sur la machine (notamment sur la gestion de la mémoire) et est de ce fait utilisé pour réaliser les « fondations » (compilateurs, interpréteurs…) de ces langages plus modernes.
4
+
5
+ Le langage C a été inventé au cours de l'année 1972 dans les Laboratoires Bell. Il était développé en même temps que UNIX par Dennis Ritchie et Ken Thompson. Ken Thompson avait développé un prédécesseur de C, le langage B, qui est lui-même inspiré de BCPL. Dennis Ritchie a fait évoluer le langage B dans une nouvelle version suffisamment différente, en ajoutant notamment les types, pour qu'elle soit appelée C[1].
6
+
7
+ Bien que C soit officiellement inspiré de B et de BCPL, on note une forte influence de PL/I (ou de PL360) ; on a pu dire que C était à Unix et au PDP-11 ce que PL/I fut pour la réécriture de Multics.
8
+
9
+ Par la suite, Brian Kernighan aida à populariser le langage C. Il procéda aussi à quelques modifications de dernière minute.
10
+
11
+ En 1978, Kernighan fut le principal auteur du livre The C Programming Language décrivant le langage enfin stabilisé ; Ritchie s'était occupé des appendices et des exemples avec Unix. On appelle aussi ce livre « le K&R », et l'on parle de C traditionnel ou de C K&R lorsqu'on se réfère au langage tel qu'il existait à cette époque.
12
+
13
+ En 1983, l'Institut national américain de normalisation (ANSI) a formé un comité de normalisation (X3J11) du langage qui a abouti en 1989 à la norme dite ANSI C ou C89 (formellement ANSI X3.159-1989). En 1990, cette norme a également été adoptée par l'Organisation internationale de normalisation (C90, C ISO, formellement ISO/CEI 9899:1990). ANSI C est une évolution du C K&R qui reste extrêmement compatible. Elle reprend quelques idées de C++, notamment la notion de prototype et les qualificateurs de type[2].
14
+
15
+ Entre 1994 et 1996, le groupe de travail de l'ISO (ISO/CEI JTC1/SC22/WG14) a publié deux correctifs et un amendement à C90 : ISO/CEI 9899/COR1:1994 Technical Corrigendum 1, ISO/CEI 9899/AMD1:1995 Intégrité de C et ISO/CEI 9899/COR1:1996 Technical Corrigendum 2. Ces changements assez modestes sont parfois appelés C89 avec amendement 1, ou C94 / C95[3],[4]. Trois fichiers d'entêtes ont été ajoutés, dont deux concernant les caractères larges et un autre définissant un certain nombre de macros en rapport avec la norme de caractères ISO 646.
16
+
17
+ En 1999, une nouvelle évolution du langage est normalisée par l'ISO : C99 (formellement ISO/CEI 9899:1999). Les nouveautés portent notamment sur les tableaux de taille variable, les pointeurs restreints, les nombres complexes, les littéraux composés, les déclarations mélangées avec les instructions, les fonctions inline, le support avancé des nombres flottants, et la syntaxe de commentaire de C++. La bibliothèque standard du C99 a été enrichie de six fichiers d'en-tête depuis la précédente norme.
18
+
19
+ En 2011, l'ISO ratifie une nouvelle version du standard[5] : C11, formellement ISO/CEI 9899:2011. Cette évolution introduit notamment le support de la programmation multi-thread, les expressions à type générique, et un meilleur support d'Unicode.
20
+
21
+ C est un langage de programmation impératif et généraliste. Il est qualifié de langage de bas niveau dans le sens où chaque instruction du langage est conçue pour être compilée en un nombre d'instructions machine assez prévisible en termes d'occupation mémoire et de charge de calcul. En outre, il propose un éventail de types entiers et flottants conçus pour pouvoir correspondre directement aux types de donnée supportés par le processeur. Enfin, il fait un usage intensif des calculs d'adresse mémoire avec la notion de pointeur[6].
22
+
23
+ Hormis les types de base, C supporte les types énumérés, composés, et opaques. Il ne propose en revanche aucune opération qui traite directement des objets de plus haut niveau (fichier informatique, chaîne de caractères, liste, table de hachage…). Ces types plus évolués doivent être traités en manipulant des pointeurs et des types composés. De même, le langage ne propose pas en standard la gestion de la programmation orientée objet, ni de système de gestion d'exceptions. Il existe des fonctions standards pour gérer les entrées-sorties et les chaînes de caractères, mais contrairement à d'autres langages, aucun opérateur spécifique pour améliorer l'ergonomie. Ceci rend aisé le remplacement des fonctions standards par des fonctions spécifiquement conçues pour un programme donné.
24
+
25
+ Ces caractéristiques en font un langage privilégié quand on cherche à maîtriser les ressources matérielles utilisées, le langage machine et les données binaires générées par les compilateurs étant relativement prévisibles. Ce langage est donc extrêmement utilisé dans des domaines comme la programmation embarquée sur microcontrôleurs, les calculs intensifs, l'écriture de systèmes d'exploitation et les modules où la rapidité de traitement est importante. Il constitue une bonne alternative au langage d'assemblage dans ces domaines, avec les avantages d'une syntaxe plus expressive et de la portabilité du code source. Le langage C a été inventé pour écrire le système d'exploitation UNIX, et reste utilisé pour la programmation système. Ainsi le noyau de grands systèmes d'exploitation comme Windows et Linux sont développés en grande partie en C.
26
+
27
+ En contrepartie, la mise au point de programmes en C, surtout s'ils utilisent des structures de données complexes, est plus difficile qu'avec des langages de plus haut niveau. En effet, dans un souci de performance, le langage C impose à l'utilisateur de programmer certains traitements (libération de la mémoire, vérification de la validité des indices sur les tableaux…) qui sont pris en charge automatiquement dans les langages de haut niveau.
28
+
29
+ Dépouillé des commodités apportées par sa bibliothèque standard, C est un langage simple, et son compilateur l'est également. Cela se ressent au niveau du temps de développement d'un compilateur C pour une nouvelle architecture de processeur : Kernighan et Ritchie estimaient qu'il pouvait être développé en deux mois car « on s'apercevra que les 80 % du code d'un nouveau compilateur sont identiques à ceux des codes des autres compilateurs existant déjà[7]. »
30
+
31
+ C'est un des langages les plus utilisés car :
32
+
33
+ Ses principaux inconvénients sont :
34
+
35
+ Le programme Hello world est proposé en exemple en 1978 dans The C Programming Language de Brian Kernighan et Dennis Ritchie. Créer un programme affichant "hello world" est depuis devenu l'exemple de référence pour présenter les bases d'un nouveau langage. Voici l'exemple original de la 1re édition de 1978 :
36
+
37
+ Le même programme, conforme à la norme ISO et suivant les bonnes pratiques contemporaines :
38
+
39
+ La syntaxe de C a été conçue pour être brève. Historiquement, elle a souvent été comparée à celle de Pascal[11], langage impératif également créé dans les années 1970. Voici un exemple avec une fonction factorielle :
40
+
41
+ Là où Pascal utilise 7 mots clés (function, integer, begin, if, then, else et end), C n'en utilise que 2 (int et return).
42
+
43
+ La brièveté de C ne repose pas que sur la syntaxe. Le grand nombre d'opérateurs disponibles, le fait que la plupart des instructions contiennent une expression, que les expressions produisent presque toujours une valeur, et que les instructions de test se contentent de comparer la valeur de l'expression testée avec zéro, concourent à la brièveté du code source.
44
+
45
+ Voici l'exemple de fonction de copie de chaîne de caractères — dont le principe est de copier les caractères jusqu'à avoir copié le caractère nul, qui marque par convention la fin d'une chaîne en C — donné dans The C Programming Language, 2nd edition, p. 106 :
46
+
47
+ La boucle while utilise un style d'écriture classique en C, qui a contribué à lui donner une réputation de langage peu lisible. L'expression *s++ = *t++ contient : deux déréférencements de pointeur ; deux incrémentations de pointeur ; une affectation ; et la valeur affectée est comparée avec zéro par le while. Cette boucle n'a pas de corps, car toutes les opérations sont effectuées dans l'expression de test du while. On considère qu'il faut maîtriser ce genre de notation pour maîtriser le C[12].
48
+
49
+ Pour comparaison, une version n'utilisant pas les opérateurs raccourcis ni la comparaison implicite à zéro donnerait :
50
+
51
+ Un programme écrit en C est généralement réparti en plusieurs fichiers sources compilés séparément.
52
+
53
+ Les fichiers sources C sont des fichiers texte, généralement dans le codage des caractères du système hôte. Ils peuvent être écrits avec un simple éditeur de texte. Il existe de nombreux éditeurs, voire des environnements de développement intégrés (IDE), qui ont des fonctions spécifiques pour supporter l'écriture de sources en C.
54
+
55
+ L'usage est de donner les extensions de nom de fichier .c et .h aux fichiers source C. Les fichiers .h sont appelés fichiers d'en-tête, de l'anglais header. Ils sont conçus pour être inclus au début des fichiers source, et contiennent uniquement des déclarations.
56
+
57
+ Lorsqu'un fichier .c ou .h utilise un identificateur déclaré dans un autre fichier .h, alors il inclut ce dernier. Le principe généralement appliqué consiste à écrire un fichier .h pour chaque fichier .c, et à déclarer dans le fichier .h tout ce qui est exporté par le fichier .c.
58
+
59
+ La génération d'un exécutable à partir des fichiers sources se fait en plusieurs étapes, qui sont souvent automatisées à l'aide d'outils comme make, SCons, ou bien des outils spécifiques à un environnement de développement intégré. Les étapes menant des sources au fichier exécutable sont au nombre de quatre : précompilation, compilation, assemblage, édition de liens. Lorsqu'un projet est compilé, seuls les fichiers .c font partie de la liste des fichiers à compiler ; les fichiers .h sont inclus par les directives du préprocesseur contenues dans les fichiers source.
60
+
61
+ Le préprocesseur C exécute des directives contenues dans les fichiers sources. Il les reconnaît au fait qu'elles sont en début de ligne, et commencent toutes avec le caractère croisillon #. Parmi les directives les plus courantes, il y a :
62
+
63
+ Outre l'exécution des directives, le préprocesseur remplace les commentaires par un espace blanc, et procède au remplacement des macros.
64
+ Pour le reste, le code source est transmis tel quel au compilateur pour la phase suivante. Il faut toutefois que chaque #include dans le code source soit récursivement remplacé par le code source inclus. Ainsi, le compilateur reçoit un seul source du préprocesseur, qui constitue l'unité de compilation.
65
+
66
+ Voici un exemple de fichier source copyarray.h faisant un usage classique des directives du préprocesseur :
67
+
68
+ Les directives #ifndef, #define et #endif garantissent que le code à l'intérieur n'est compilé qu'une seule fois même s'il est inclus plusieurs fois. La directive #include <stddef.h> inclut l'en-tête qui déclare le type size_t utilisé plus bas.
69
+
70
+ La phase de compilation consiste généralement en la génération du code assembleur. C'est la phase la plus intensive en traitements. Elle est accomplie par le compilateur proprement dit. Pour chaque unité de compilation, on obtient un fichier en langage d'assemblage.
71
+
72
+ Cette étape peut être divisée en sous-étapes :
73
+
74
+ Par abus de langage, on appelle compilation toute la phase de génération d'un fichier exécutable à partir des fichiers sources. Mais c'est seulement une des étapes menant à la création d'un exécutable.
75
+
76
+ Certains compilateurs C fonctionnent à ce niveau en deux phases, la première générant un fichier compilé dans un langage intermédiaire destiné à une machine virtuelle idéale (voir P-Code) portable d'une plate-forme à l'autre, la seconde convertissant le langage intermédiaire en langage d'assemblage dépendant de la plate-forme cible. D'autres compilateurs C permettent de ne pas générer de langage d'assemblage, mais seulement le fichier compilé en langage intermédiaire, qui sera interprété ou compilé automatiquement en code natif à l'exécution sur la machine cible (par une machine virtuelle qui sera liée au programme final).
77
+
78
+ Cette étape consiste en la génération d'un fichier objet en langage machine pour chaque fichier de code assembleur. Les fichiers objet sont généralement d’extension .o sur Unix, et .obj avec les outils de développement pour MS-DOS, Microsoft Windows, VMS, CP/M… Cette phase est parfois regroupée avec la précédente par établissement d'un flux de données interne sans passer par des fichiers en langage intermédiaire ou langage d'assemblage. Dans ce cas, le compilateur génère directement un fichier objet.
79
+
80
+ Pour les compilateurs qui génèrent du code intermédiaire, cette phase d'assemblage peut aussi être totalement supprimée : c'est une machine virtuelle qui interprétera ou compilera ce langage en code machine natif. La machine virtuelle peut être un composant du système d'exploitation ou une bibliothèque partagée.
81
+
82
+ L'édition des liens est la dernière étape, et a pour but de réunir tous les éléments d'un programme. Les différents fichiers objet sont alors réunis, ainsi que les bibliothèques statiques, pour ne produire qu'un fichier exécutable.
83
+
84
+ Le but de l'édition de liens est de sélectionner les éléments de code utiles présents dans un ensemble de codes compilés et de bibliothèques, et de résoudre les références mutuelles entre ces différents éléments afin de permettre à ceux-ci de se référencer directement à l'exécution du programme. L'édition des liens échoue si des éléments de code référencés manquent.
85
+
86
+ Le jeu de caractères ASCII suffit pour écrire en C. Il est même possible, mais inusité, de se restreindre au jeu de caractères invariants de la norme ISO 646, en utilisant des séquences d'échappement appelées trigraphe. En général, les sources C sont écrits avec le jeu de caractères du système hôte. Il est toutefois possible que le jeu de caractères d'exécution ne soit pas celui du source.
87
+
88
+ Le C est sensible à la casse. Les caractères blancs (espace, tabulation, fin de ligne) peuvent être librement utilisés pour la mise en page, car ils sont équivalents à un seul espace dans la plupart des cas.
89
+
90
+ Le C89 compte 32 mots clés, dont cinq qui n'existaient pas en K&R C, et qui sont par ordre alphabétique :
91
+
92
+ Ce sont des termes réservés qui ne doivent pas être utilisés autrement.
93
+
94
+ La révision C99[13] en ajoute cinq :
95
+
96
+ Ces nouveaux mots-clés commencent par une majuscule préfixée d’un underscore afin de maximiser la compatibilité avec les codes existants. Des en-têtes de la bibliothèque standard fournissent les alias bool (<stdbool.h>), complex et imaginary (<complex.h>).
97
+
98
+ La dernière révision, C11[14], introduit encore sept nouveaux mots-clés avec les mêmes conventions :
99
+
100
+ Les en-têtes standards <stdalign.h>, <stdnoreturn.h>, <assert.h> et <threads.h> fournissent respectivement les alias alignas et alignof, noreturn, static_assert, et thread_local.
101
+
102
+ Le préprocesseur du langage C offre les directives suivantes :
103
+
104
+ Le langage C comprend de nombreux types de nombres entiers, occupant plus ou moins de bits. La taille des types n'est que partiellement standardisée : le standard fixe uniquement une taille minimale et une magnitude minimale. Les magnitudes minimales sont compatibles avec d'autres représentations binaires que le complément à deux, bien que cette représentation soit presque toujours utilisée en pratique. Cette souplesse permet au langage d'être efficacement adapté à des processeurs très variés, mais elle complique la portabilité des programmes écrits en C.
105
+
106
+ Chaque type entier a une forme « signée » pouvant représenter des nombres négatifs et positifs, et une forme « non signée » ne pouvant représenter que des nombres naturels. Les formes signées et non signées doivent avoir la même taille.
107
+
108
+ Le type le plus commun est int, il représente le mot machine.
109
+
110
+ Contrairement à de nombreux autres langages, le type char est un type entier comme un autre, bien qu'il soit généralement utilisé pour représenter les caractères. Sa taille est par définition d'un byte.
111
+
112
+ Les types énumérés se définissent avec le mot clé enum.
113
+
114
+ Il existe des types de nombre à virgule flottante, de précision, donc de longueur en bits, variable ; en ordre croissant :
115
+
116
+ C99 a ajouté float complex, double complex et long double complex, représentant les nombres complexes associés.
117
+
118
+ Types élaborés :
119
+
120
+ Le type _Bool est standardisé par C99. Dans les versions antérieures du langage, il était courant de définir un synonyme :
121
+
122
+ Le type void représente le vide, comme une liste de paramètres de fonction vide, ou une fonction ne retournant rien.
123
+
124
+ Le type void* est le pointeur générique : tout pointeur de donnée peut être implicitement converti de et vers void*. C'est par exemple le type retourné par la fonction standard malloc, qui alloue de la mémoire. Ce type ne se prête pas aux opérations nécessitant de connaître la taille du type pointé (arithmétique de pointeurs, déréférencement).
125
+
126
+ C supporte les types composés avec la notion de structure. Pour définir une structure, il faut utiliser le mot-clé struct suivi du nom de la structure. Les membres doivent ensuite être déclarés entre accolades. Comme toute déclaration, un point-virgule termine le tout.
127
+
128
+ Pour accéder aux membres d'une structure, il faut utiliser l'opérateur ..
129
+
130
+ Les fonctions peuvent recevoir des pointeurs vers des structures. Ils fonctionnent avec la même syntaxe que les pointeurs classiques. Néanmoins, l'opérateur -> doit être utilisé sur le pointeur pour accéder aux champs de la structure. Il est également possible de déréférencer le pointeur pour ne pas utiliser cet opérateur, et toujours utiliser l'opérateur ..
131
+
132
+ Dans les versions de C antérieures à C99, les commentaires devaient commencer par une barre oblique et un astérisque (« /* ») et se terminer par un astérisque et une barre oblique. Presque tous les languages modernes ont repris cette syntaxe pour écrire des commentaires dans le code. Tout ce qui est compris entre ces symboles est du commentaire, saut de ligne compris :
133
+
134
+ La norme C99 a repris de C++ les commentaires de fin de ligne, introduits par deux barres obliques et se terminant avec la ligne :
135
+
136
+ La syntaxe des différentes structures de contrôle existantes en C est largement reprise dans plusieurs autres langages, comme le C++ bien sûr, mais également Java, C#, PHP ou encore JavaScript.
137
+
138
+ Les trois grands types de structures sont présents :
139
+
140
+ Les fonctions en C sont des blocs d'instructions, recevant un ou plusieurs arguments et pouvant retourner une valeur. Si une fonction ne retourne aucune valeur, le mot-clé void est utilisé. Une fonction peut également ne recevoir aucun argument. Le mot-clé void est conseillé dans ce cas.
141
+
142
+ Un prototype consiste à déclarer une fonction et ses paramètres sans les instructions qui la composent. Un prototype se termine par un point-virgule.
143
+
144
+ Généralement, tous les prototypes sont écrits dans des fichiers .h, et les fonctions sont définies dans un fichier .c.
145
+
146
+ La norme du langage C laisse, délibérément, certaines opérations sans spécification précise. Cette propriété du C permet aux compilateurs d'utiliser directement des instructions spécifiques au processeur, d'effectuer des optimisations ou d'ignorer certaines opérations, pour compiler des programmes exécutables courts et efficaces. En contrepartie, c'est parfois la cause de bugs de portabilité des codes source écrits en C.
147
+
148
+ Il existe trois catégories de tels comportements[16] :
149
+
150
+ En C, les comportements définis par l'implémentation[17] sont ceux où l'implémentation doit choisir un comportement et s'y tenir. Ce choix peut être libre ou parmi une liste de possibilités données par la norme. Le choix doit être documenté par l'implémentation, afin que le programmeur puisse le connaître et l'utiliser.
151
+
152
+ Un des exemples les plus importants de tel comportement est la taille des types de donnée entiers. La norme C spécifie la taille minimale des types de base, mais pas leur taille exacte. Ainsi, le type int par exemple, correspondant au mot machine, doit avoir une taille minimale de 16 bits. Il peut avoir une taille de 16 bits sur un processeur 16 bits et une taille de 64 bits sur un processeur 64 bits.
153
+
154
+ Un autre exemple est la représentation des entiers signés[18]. Il peut s'agir du complément à deux, du complément à un ou d'un système avec un bit de signe et des bits de valeur (en). La vaste majorité des systèmes modernes utilise le complément à deux, qui est par exemple le seul encore supporté par GCC[19]. De vieux systèmes utilisent les autres formats, comme l'IBM 7090 qui utilise le format signe/valeur, le PDP-1 ou l'UNIVAC et ses descendants, dont certains encore utilisés actuellement tels le UNIVAC 1100/2200 series#UNISYS 2200 series (en), qui utilisent le complément à un.
155
+
156
+ Un autre exemple est le décalage à droite d'un entier signé négatif[20]. Typiquement, l'implémentation peut choisir de décaler comme pour un entier non signé ou de propager le bit de poids fort représentant le signe.
157
+
158
+ Les comportements non spécifiés[21] sont similaires aux comportements définis par l'implémentation, mais le comportement adopté par l'implémentation n'a pas à être documenté. Il n'a même pas à être le même en toute circonstances. Néanmoins, le programme reste correct, le programmeur ne peut juste pas compter sur une règle particulière.
159
+
160
+ Par exemple, l'ordre d'évaluation des paramètres lors d'un appel de fonction n'est pas spécifié. Le compilateur peut même choisir d'évaluer dans un ordre différents les paramètres de deux appels à la même fonction, si ça peut aider son optimisation.
161
+
162
+ La norme C définit certains cas où des constructions syntaxiquement valides ont un comportement indéfini[22]. Selon la norme, tout peut alors arriver : la compilation peut échouer, ou produire un exécutable dont l'exécution sera interrompue, ou qui produira des résultats faux, ou même qui donnera l'apparence de fonctionner sans erreur. Lorsqu'un programme contient un comportement indéfini, c'est le comportement de l'ensemble du programme qui devient indéfini, pas seulement le comportement de l'instruction contenant l'erreur. Ainsi, une instruction erronée peut corrompre des données qui seront traitées bien plus tard, reportant d'autant la manifestation de l'erreur. Et même sans être exécutée, une instruction erronée peut amener le compilateur à réaliser des optimisations sur la base d'hypothèses fausses, produisant un exécutable qui ne fait pas du tout ce qui est prévu.
163
+
164
+ On peut signaler la classique division par zéro, ou l'affectation multiple d'une variable dans la même expression avec l'exemple[23] :
165
+
166
+ On pourrait ainsi penser que dans cet exemple i pourrait valoir 4 ou 5 suivant le choix du compilateur, mais il pourrait tout aussi bien valoir 42 ou l'affectation pourrait arrêter l'exécution, ou le compilateur peut refuser la compilation. Aucune garantie n'existe dès qu'un comportement indéfini existe.
167
+
168
+ Pour ne citer que quelques exemples, le déréférencement d'un pointeur nul, tout accès à un tableau hors de ses limites[24], l'utilisation d'une variable non initialisée ou encore le débordement d'entiers signés ont tous des comportements indéfinis. Le compilateur peut utiliser le fait qu'une construction est indéfinie dans certains cas pour supposer que ce cas ne se produit jamais et optimiser plus agressivement le code. Si l'exemple ci-dessus peut paraître évident, certains exemples complexes peuvent être bien plus subtils et être source de bugs parfois graves[25],[26].
169
+
170
+ Par exemple, beaucoup de code contient des vérifications destinées à éviter l'exécution dans des cas hors bornes, qui peut ressembler à ceci[27] :
171
+
172
+ En apparence, ce code est prudent et effectue les vérifications de sécurité nécessaires pour ne pas déborder du buffer alloué. En pratique, les versions récentes de compilateurs tels que GCC, Clang ou Microsoft Visual C++ peuvent supprimer le second test, et rendre possibles des débordements. En effet, la norme précise que l'arithmétique de pointeur sur un objet ne peut donner un pointeur hors de cet objet. Le compilateur peut donc décider que le test est toujours faux et le supprimer. La vérification correcte est la suivante :
173
+
174
+ En 2008, quand les développeurs de GCC ont modifié le compilateur pour qu'il optimise certaines vérifications de débordement qui reposaient sur des comportements indéfinis, le CERT a émis un avertissement sur l'utilisation des versions récentes de GCC[28]. Ces optimisations sont en fait présentes dans la plupart des compilateurs modernes, le CERT a révisé son avertissement dans ce sens.
175
+
176
+ Certains outils existent pour détecter ces constructions problématiques, et les meilleurs compilateurs en décèlent certaines (il faut parfois activer des options particulières) et peuvent les signaler, mais aucun ne prétend à l'exhaustivité.
177
+
178
+ La bibliothèque standard normalisée, disponible avec toutes les implémentations, présente la simplicité liée à un langage bas-niveau. Voici une liste de quelques en-têtes déclarant des types et fonctions de la bibliothèque standard :
179
+
180
+ La bibliothèque standard normalisée n'offre aucun support de l'interface graphique, du réseau, des entrées/sorties sur port série ou parallèle, des systèmes temps réel, des processus, ou encore de la gestion avancée des erreurs (comme avec des exceptions structurées). Cela pourrait restreindre d'autant la portabilité pratique des programmes qui ont besoin de faire appel à certaines de ces fonctionnalités, sans l'existence de très nombreuses bibliothèques portables et palliant ce manque ; dans le monde UNIX, ce besoin a aussi fait émerger une autre norme, POSIX.1.
181
+
182
+ Le langage C étant un des langages les plus utilisés en programmation, de nombreuses bibliothèques ont été créées pour être utilisées avec le C : glib, BLAS, etc. Fréquemment, lors de l'invention d'un format de données, une bibliothèque ou un logiciel de référence en C existe pour manipuler le format. C'est le cas pour zlib, libjpeg, libpng, Expat, les décodeurs de référence MPEG, libsocket, etc.
183
+
184
+ Voici quelques exemples présentant très succinctement quelques propriétés du C. Pour plus d'information, voir le WikiLivre "Programmation C".
185
+
186
+ La structure int_list représente un élément d'une liste chaînée de nombres entiers. Les deux fonctions qui suivent (insert_next et remove_next) servent à ajouter et supprimer un élément de la liste.
187
+
188
+ Dans cet exemple, les deux fonctions essentielles sont malloc et free. La première sert à allouer de la mémoire, le paramètre qu'elle reçoit est le nombre de bytes que l'on désire allouer et elle retourne l'adresse du premier byte qui a été alloué, sinon elle retourne NULL. free sert à libérer la mémoire qui a été allouée par malloc.
189
+
190
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/116.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,5 @@
 
 
 
 
 
 
1
+ Sur les autres projets Wikimedia :
2
+
3
+ Le terme alcool peut désigner :
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5
+ Voir aussi : Alcools, recueil de poésie.
fr/1160.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,190 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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3
+ C est un langage de programmation impératif généraliste, de bas niveau. Inventé au début des années 1970 pour réécrire UNIX, C est devenu un des langages les plus utilisés, encore de nos jours. De nombreux langages plus modernes comme C++, C#, Java et PHP ou Javascript ont repris une syntaxe similaire au C et reprennent en partie sa logique. C offre au développeur une marge de contrôle importante sur la machine (notamment sur la gestion de la mémoire) et est de ce fait utilisé pour réaliser les « fondations » (compilateurs, interpréteurs…) de ces langages plus modernes.
4
+
5
+ Le langage C a été inventé au cours de l'année 1972 dans les Laboratoires Bell. Il était développé en même temps que UNIX par Dennis Ritchie et Ken Thompson. Ken Thompson avait développé un prédécesseur de C, le langage B, qui est lui-même inspiré de BCPL. Dennis Ritchie a fait évoluer le langage B dans une nouvelle version suffisamment différente, en ajoutant notamment les types, pour qu'elle soit appelée C[1].
6
+
7
+ Bien que C soit officiellement inspiré de B et de BCPL, on note une forte influence de PL/I (ou de PL360) ; on a pu dire que C était à Unix et au PDP-11 ce que PL/I fut pour la réécriture de Multics.
8
+
9
+ Par la suite, Brian Kernighan aida à populariser le langage C. Il procéda aussi à quelques modifications de dernière minute.
10
+
11
+ En 1978, Kernighan fut le principal auteur du livre The C Programming Language décrivant le langage enfin stabilisé ; Ritchie s'était occupé des appendices et des exemples avec Unix. On appelle aussi ce livre « le K&R », et l'on parle de C traditionnel ou de C K&R lorsqu'on se réfère au langage tel qu'il existait à cette époque.
12
+
13
+ En 1983, l'Institut national américain de normalisation (ANSI) a formé un comité de normalisation (X3J11) du langage qui a abouti en 1989 à la norme dite ANSI C ou C89 (formellement ANSI X3.159-1989). En 1990, cette norme a également été adoptée par l'Organisation internationale de normalisation (C90, C ISO, formellement ISO/CEI 9899:1990). ANSI C est une évolution du C K&R qui reste extrêmement compatible. Elle reprend quelques idées de C++, notamment la notion de prototype et les qualificateurs de type[2].
14
+
15
+ Entre 1994 et 1996, le groupe de travail de l'ISO (ISO/CEI JTC1/SC22/WG14) a publié deux correctifs et un amendement à C90 : ISO/CEI 9899/COR1:1994 Technical Corrigendum 1, ISO/CEI 9899/AMD1:1995 Intégrité de C et ISO/CEI 9899/COR1:1996 Technical Corrigendum 2. Ces changements assez modestes sont parfois appelés C89 avec amendement 1, ou C94 / C95[3],[4]. Trois fichiers d'entêtes ont été ajoutés, dont deux concernant les caractères larges et un autre définissant un certain nombre de macros en rapport avec la norme de caractères ISO 646.
16
+
17
+ En 1999, une nouvelle évolution du langage est normalisée par l'ISO : C99 (formellement ISO/CEI 9899:1999). Les nouveautés portent notamment sur les tableaux de taille variable, les pointeurs restreints, les nombres complexes, les littéraux composés, les déclarations mélangées avec les instructions, les fonctions inline, le support avancé des nombres flottants, et la syntaxe de commentaire de C++. La bibliothèque standard du C99 a été enrichie de six fichiers d'en-tête depuis la précédente norme.
18
+
19
+ En 2011, l'ISO ratifie une nouvelle version du standard[5] : C11, formellement ISO/CEI 9899:2011. Cette évolution introduit notamment le support de la programmation multi-thread, les expressions à type générique, et un meilleur support d'Unicode.
20
+
21
+ C est un langage de programmation impératif et généraliste. Il est qualifié de langage de bas niveau dans le sens où chaque instruction du langage est conçue pour être compilée en un nombre d'instructions machine assez prévisible en termes d'occupation mémoire et de charge de calcul. En outre, il propose un éventail de types entiers et flottants conçus pour pouvoir correspondre directement aux types de donnée supportés par le processeur. Enfin, il fait un usage intensif des calculs d'adresse mémoire avec la notion de pointeur[6].
22
+
23
+ Hormis les types de base, C supporte les types énumérés, composés, et opaques. Il ne propose en revanche aucune opération qui traite directement des objets de plus haut niveau (fichier informatique, chaîne de caractères, liste, table de hachage…). Ces types plus évolués doivent être traités en manipulant des pointeurs et des types composés. De même, le langage ne propose pas en standard la gestion de la programmation orientée objet, ni de système de gestion d'exceptions. Il existe des fonctions standards pour gérer les entrées-sorties et les chaînes de caractères, mais contrairement à d'autres langages, aucun opérateur spécifique pour améliorer l'ergonomie. Ceci rend aisé le remplacement des fonctions standards par des fonctions spécifiquement conçues pour un programme donné.
24
+
25
+ Ces caractéristiques en font un langage privilégié quand on cherche à maîtriser les ressources matérielles utilisées, le langage machine et les données binaires générées par les compilateurs étant relativement prévisibles. Ce langage est donc extrêmement utilisé dans des domaines comme la programmation embarquée sur microcontrôleurs, les calculs intensifs, l'écriture de systèmes d'exploitation et les modules où la rapidité de traitement est importante. Il constitue une bonne alternative au langage d'assemblage dans ces domaines, avec les avantages d'une syntaxe plus expressive et de la portabilité du code source. Le langage C a été inventé pour écrire le système d'exploitation UNIX, et reste utilisé pour la programmation système. Ainsi le noyau de grands systèmes d'exploitation comme Windows et Linux sont développés en grande partie en C.
26
+
27
+ En contrepartie, la mise au point de programmes en C, surtout s'ils utilisent des structures de données complexes, est plus difficile qu'avec des langages de plus haut niveau. En effet, dans un souci de performance, le langage C impose à l'utilisateur de programmer certains traitements (libération de la mémoire, vérification de la validité des indices sur les tableaux…) qui sont pris en charge automatiquement dans les langages de haut niveau.
28
+
29
+ Dépouillé des commodités apportées par sa bibliothèque standard, C est un langage simple, et son compilateur l'est également. Cela se ressent au niveau du temps de développement d'un compilateur C pour une nouvelle architecture de processeur : Kernighan et Ritchie estimaient qu'il pouvait être développé en deux mois car « on s'apercevra que les 80 % du code d'un nouveau compilateur sont identiques à ceux des codes des autres compilateurs existant déjà[7]. »
30
+
31
+ C'est un des langages les plus utilisés car :
32
+
33
+ Ses principaux inconvénients sont :
34
+
35
+ Le programme Hello world est proposé en exemple en 1978 dans The C Programming Language de Brian Kernighan et Dennis Ritchie. Créer un programme affichant "hello world" est depuis devenu l'exemple de référence pour présenter les bases d'un nouveau langage. Voici l'exemple original de la 1re édition de 1978 :
36
+
37
+ Le même programme, conforme à la norme ISO et suivant les bonnes pratiques contemporaines :
38
+
39
+ La syntaxe de C a été conçue pour être brève. Historiquement, elle a souvent été comparée à celle de Pascal[11], langage impératif également créé dans les années 1970. Voici un exemple avec une fonction factorielle :
40
+
41
+ Là où Pascal utilise 7 mots clés (function, integer, begin, if, then, else et end), C n'en utilise que 2 (int et return).
42
+
43
+ La brièveté de C ne repose pas que sur la syntaxe. Le grand nombre d'opérateurs disponibles, le fait que la plupart des instructions contiennent une expression, que les expressions produisent presque toujours une valeur, et que les instructions de test se contentent de comparer la valeur de l'expression testée avec zéro, concourent à la brièveté du code source.
44
+
45
+ Voici l'exemple de fonction de copie de chaîne de caractères — dont le principe est de copier les caractères jusqu'à avoir copié le caractère nul, qui marque par convention la fin d'une chaîne en C — donné dans The C Programming Language, 2nd edition, p. 106 :
46
+
47
+ La boucle while utilise un style d'écriture classique en C, qui a contribué à lui donner une réputation de langage peu lisible. L'expression *s++ = *t++ contient : deux déréférencements de pointeur ; deux incrémentations de pointeur ; une affectation ; et la valeur affectée est comparée avec zéro par le while. Cette boucle n'a pas de corps, car toutes les opérations sont effectuées dans l'expression de test du while. On considère qu'il faut maîtriser ce genre de notation pour maîtriser le C[12].
48
+
49
+ Pour comparaison, une version n'utilisant pas les opérateurs raccourcis ni la comparaison implicite à zéro donnerait :
50
+
51
+ Un programme écrit en C est généralement réparti en plusieurs fichiers sources compilés séparément.
52
+
53
+ Les fichiers sources C sont des fichiers texte, généralement dans le codage des caractères du système hôte. Ils peuvent être écrits avec un simple éditeur de texte. Il existe de nombreux éditeurs, voire des environnements de développement intégrés (IDE), qui ont des fonctions spécifiques pour supporter l'écriture de sources en C.
54
+
55
+ L'usage est de donner les extensions de nom de fichier .c et .h aux fichiers source C. Les fichiers .h sont appelés fichiers d'en-tête, de l'anglais header. Ils sont conçus pour être inclus au début des fichiers source, et contiennent uniquement des déclarations.
56
+
57
+ Lorsqu'un fichier .c ou .h utilise un identificateur déclaré dans un autre fichier .h, alors il inclut ce dernier. Le principe généralement appliqué consiste à écrire un fichier .h pour chaque fichier .c, et à déclarer dans le fichier .h tout ce qui est exporté par le fichier .c.
58
+
59
+ La génération d'un exécutable à partir des fichiers sources se fait en plusieurs étapes, qui sont souvent automatisées à l'aide d'outils comme make, SCons, ou bien des outils spécifiques à un environnement de développement intégré. Les étapes menant des sources au fichier exécutable sont au nombre de quatre : précompilation, compilation, assemblage, édition de liens. Lorsqu'un projet est compilé, seuls les fichiers .c font partie de la liste des fichiers à compiler ; les fichiers .h sont inclus par les directives du préprocesseur contenues dans les fichiers source.
60
+
61
+ Le préprocesseur C exécute des directives contenues dans les fichiers sources. Il les reconnaît au fait qu'elles sont en début de ligne, et commencent toutes avec le caractère croisillon #. Parmi les directives les plus courantes, il y a :
62
+
63
+ Outre l'exécution des directives, le préprocesseur remplace les commentaires par un espace blanc, et procède au remplacement des macros.
64
+ Pour le reste, le code source est transmis tel quel au compilateur pour la phase suivante. Il faut toutefois que chaque #include dans le code source soit récursivement remplacé par le code source inclus. Ainsi, le compilateur reçoit un seul source du préprocesseur, qui constitue l'unité de compilation.
65
+
66
+ Voici un exemple de fichier source copyarray.h faisant un usage classique des directives du préprocesseur :
67
+
68
+ Les directives #ifndef, #define et #endif garantissent que le code à l'intérieur n'est compilé qu'une seule fois même s'il est inclus plusieurs fois. La directive #include <stddef.h> inclut l'en-tête qui déclare le type size_t utilisé plus bas.
69
+
70
+ La phase de compilation consiste généralement en la génération du code assembleur. C'est la phase la plus intensive en traitements. Elle est accomplie par le compilateur proprement dit. Pour chaque unité de compilation, on obtient un fichier en langage d'assemblage.
71
+
72
+ Cette étape peut être divisée en sous-étapes :
73
+
74
+ Par abus de langage, on appelle compilation toute la phase de génération d'un fichier exécutable à partir des fichiers sources. Mais c'est seulement une des étapes menant à la création d'un exécutable.
75
+
76
+ Certains compilateurs C fonctionnent à ce niveau en deux phases, la première générant un fichier compilé dans un langage intermédiaire destiné à une machine virtuelle idéale (voir P-Code) portable d'une plate-forme à l'autre, la seconde convertissant le langage intermédiaire en langage d'assemblage dépendant de la plate-forme cible. D'autres compilateurs C permettent de ne pas générer de langage d'assemblage, mais seulement le fichier compilé en langage intermédiaire, qui sera interprété ou compilé automatiquement en code natif à l'exécution sur la machine cible (par une machine virtuelle qui sera liée au programme final).
77
+
78
+ Cette étape consiste en la génération d'un fichier objet en langage machine pour chaque fichier de code assembleur. Les fichiers objet sont généralement d’extension .o sur Unix, et .obj avec les outils de développement pour MS-DOS, Microsoft Windows, VMS, CP/M… Cette phase est parfois regroupée avec la précédente par établissement d'un flux de données interne sans passer par des fichiers en langage intermédiaire ou langage d'assemblage. Dans ce cas, le compilateur génère directement un fichier objet.
79
+
80
+ Pour les compilateurs qui génèrent du code intermédiaire, cette phase d'assemblage peut aussi être totalement supprimée : c'est une machine virtuelle qui interprétera ou compilera ce langage en code machine natif. La machine virtuelle peut être un composant du système d'exploitation ou une bibliothèque partagée.
81
+
82
+ L'édition des liens est la dernière étape, et a pour but de réunir tous les éléments d'un programme. Les différents fichiers objet sont alors réunis, ainsi que les bibliothèques statiques, pour ne produire qu'un fichier exécutable.
83
+
84
+ Le but de l'édition de liens est de sélectionner les éléments de code utiles présents dans un ensemble de codes compilés et de bibliothèques, et de résoudre les références mutuelles entre ces différents éléments afin de permettre à ceux-ci de se référencer directement à l'exécution du programme. L'édition des liens échoue si des éléments de code référencés manquent.
85
+
86
+ Le jeu de caractères ASCII suffit pour écrire en C. Il est même possible, mais inusité, de se restreindre au jeu de caractères invariants de la norme ISO 646, en utilisant des séquences d'échappement appelées trigraphe. En général, les sources C sont écrits avec le jeu de caractères du système hôte. Il est toutefois possible que le jeu de caractères d'exécution ne soit pas celui du source.
87
+
88
+ Le C est sensible à la casse. Les caractères blancs (espace, tabulation, fin de ligne) peuvent être librement utilisés pour la mise en page, car ils sont équivalents à un seul espace dans la plupart des cas.
89
+
90
+ Le C89 compte 32 mots clés, dont cinq qui n'existaient pas en K&R C, et qui sont par ordre alphabétique :
91
+
92
+ Ce sont des termes réservés qui ne doivent pas être utilisés autrement.
93
+
94
+ La révision C99[13] en ajoute cinq :
95
+
96
+ Ces nouveaux mots-clés commencent par une majuscule préfixée d’un underscore afin de maximiser la compatibilité avec les codes existants. Des en-têtes de la bibliothèque standard fournissent les alias bool (<stdbool.h>), complex et imaginary (<complex.h>).
97
+
98
+ La dernière révision, C11[14], introduit encore sept nouveaux mots-clés avec les mêmes conventions :
99
+
100
+ Les en-têtes standards <stdalign.h>, <stdnoreturn.h>, <assert.h> et <threads.h> fournissent respectivement les alias alignas et alignof, noreturn, static_assert, et thread_local.
101
+
102
+ Le préprocesseur du langage C offre les directives suivantes :
103
+
104
+ Le langage C comprend de nombreux types de nombres entiers, occupant plus ou moins de bits. La taille des types n'est que partiellement standardisée : le standard fixe uniquement une taille minimale et une magnitude minimale. Les magnitudes minimales sont compatibles avec d'autres représentations binaires que le complément à deux, bien que cette représentation soit presque toujours utilisée en pratique. Cette souplesse permet au langage d'être efficacement adapté à des processeurs très variés, mais elle complique la portabilité des programmes écrits en C.
105
+
106
+ Chaque type entier a une forme « signée » pouvant représenter des nombres négatifs et positifs, et une forme « non signée » ne pouvant représenter que des nombres naturels. Les formes signées et non signées doivent avoir la même taille.
107
+
108
+ Le type le plus commun est int, il représente le mot machine.
109
+
110
+ Contrairement à de nombreux autres langages, le type char est un type entier comme un autre, bien qu'il soit généralement utilisé pour représenter les caractères. Sa taille est par définition d'un byte.
111
+
112
+ Les types énumérés se définissent avec le mot clé enum.
113
+
114
+ Il existe des types de nombre à virgule flottante, de précision, donc de longueur en bits, variable ; en ordre croissant :
115
+
116
+ C99 a ajouté float complex, double complex et long double complex, représentant les nombres complexes associés.
117
+
118
+ Types élaborés :
119
+
120
+ Le type _Bool est standardisé par C99. Dans les versions antérieures du langage, il était courant de définir un synonyme :
121
+
122
+ Le type void représente le vide, comme une liste de paramètres de fonction vide, ou une fonction ne retournant rien.
123
+
124
+ Le type void* est le pointeur générique : tout pointeur de donnée peut être implicitement converti de et vers void*. C'est par exemple le type retourné par la fonction standard malloc, qui alloue de la mémoire. Ce type ne se prête pas aux opérations nécessitant de connaître la taille du type pointé (arithmétique de pointeurs, déréférencement).
125
+
126
+ C supporte les types composés avec la notion de structure. Pour définir une structure, il faut utiliser le mot-clé struct suivi du nom de la structure. Les membres doivent ensuite être déclarés entre accolades. Comme toute déclaration, un point-virgule termine le tout.
127
+
128
+ Pour accéder aux membres d'une structure, il faut utiliser l'opérateur ..
129
+
130
+ Les fonctions peuvent recevoir des pointeurs vers des structures. Ils fonctionnent avec la même syntaxe que les pointeurs classiques. Néanmoins, l'opérateur -> doit être utilisé sur le pointeur pour accéder aux champs de la structure. Il est également possible de déréférencer le pointeur pour ne pas utiliser cet opérateur, et toujours utiliser l'opérateur ..
131
+
132
+ Dans les versions de C antérieures à C99, les commentaires devaient commencer par une barre oblique et un astérisque (« /* ») et se terminer par un astérisque et une barre oblique. Presque tous les languages modernes ont repris cette syntaxe pour écrire des commentaires dans le code. Tout ce qui est compris entre ces symboles est du commentaire, saut de ligne compris :
133
+
134
+ La norme C99 a repris de C++ les commentaires de fin de ligne, introduits par deux barres obliques et se terminant avec la ligne :
135
+
136
+ La syntaxe des différentes structures de contrôle existantes en C est largement reprise dans plusieurs autres langages, comme le C++ bien sûr, mais également Java, C#, PHP ou encore JavaScript.
137
+
138
+ Les trois grands types de structures sont présents :
139
+
140
+ Les fonctions en C sont des blocs d'instructions, recevant un ou plusieurs arguments et pouvant retourner une valeur. Si une fonction ne retourne aucune valeur, le mot-clé void est utilisé. Une fonction peut également ne recevoir aucun argument. Le mot-clé void est conseillé dans ce cas.
141
+
142
+ Un prototype consiste à déclarer une fonction et ses paramètres sans les instructions qui la composent. Un prototype se termine par un point-virgule.
143
+
144
+ Généralement, tous les prototypes sont écrits dans des fichiers .h, et les fonctions sont définies dans un fichier .c.
145
+
146
+ La norme du langage C laisse, délibérément, certaines opérations sans spécification précise. Cette propriété du C permet aux compilateurs d'utiliser directement des instructions spécifiques au processeur, d'effectuer des optimisations ou d'ignorer certaines opérations, pour compiler des programmes exécutables courts et efficaces. En contrepartie, c'est parfois la cause de bugs de portabilité des codes source écrits en C.
147
+
148
+ Il existe trois catégories de tels comportements[16] :
149
+
150
+ En C, les comportements définis par l'implémentation[17] sont ceux où l'implémentation doit choisir un comportement et s'y tenir. Ce choix peut être libre ou parmi une liste de possibilités données par la norme. Le choix doit être documenté par l'implémentation, afin que le programmeur puisse le connaître et l'utiliser.
151
+
152
+ Un des exemples les plus importants de tel comportement est la taille des types de donnée entiers. La norme C spécifie la taille minimale des types de base, mais pas leur taille exacte. Ainsi, le type int par exemple, correspondant au mot machine, doit avoir une taille minimale de 16 bits. Il peut avoir une taille de 16 bits sur un processeur 16 bits et une taille de 64 bits sur un processeur 64 bits.
153
+
154
+ Un autre exemple est la représentation des entiers signés[18]. Il peut s'agir du complément à deux, du complément à un ou d'un système avec un bit de signe et des bits de valeur (en). La vaste majorité des systèmes modernes utilise le complément à deux, qui est par exemple le seul encore supporté par GCC[19]. De vieux systèmes utilisent les autres formats, comme l'IBM 7090 qui utilise le format signe/valeur, le PDP-1 ou l'UNIVAC et ses descendants, dont certains encore utilisés actuellement tels le UNIVAC 1100/2200 series#UNISYS 2200 series (en), qui utilisent le complément à un.
155
+
156
+ Un autre exemple est le décalage à droite d'un entier signé négatif[20]. Typiquement, l'implémentation peut choisir de décaler comme pour un entier non signé ou de propager le bit de poids fort représentant le signe.
157
+
158
+ Les comportements non spécifiés[21] sont similaires aux comportements définis par l'implémentation, mais le comportement adopté par l'implémentation n'a pas à être documenté. Il n'a même pas à être le même en toute circonstances. Néanmoins, le programme reste correct, le programmeur ne peut juste pas compter sur une règle particulière.
159
+
160
+ Par exemple, l'ordre d'évaluation des paramètres lors d'un appel de fonction n'est pas spécifié. Le compilateur peut même choisir d'évaluer dans un ordre différents les paramètres de deux appels à la même fonction, si ça peut aider son optimisation.
161
+
162
+ La norme C définit certains cas où des constructions syntaxiquement valides ont un comportement indéfini[22]. Selon la norme, tout peut alors arriver : la compilation peut échouer, ou produire un exécutable dont l'exécution sera interrompue, ou qui produira des résultats faux, ou même qui donnera l'apparence de fonctionner sans erreur. Lorsqu'un programme contient un comportement indéfini, c'est le comportement de l'ensemble du programme qui devient indéfini, pas seulement le comportement de l'instruction contenant l'erreur. Ainsi, une instruction erronée peut corrompre des données qui seront traitées bien plus tard, reportant d'autant la manifestation de l'erreur. Et même sans être exécutée, une instruction erronée peut amener le compilateur à réaliser des optimisations sur la base d'hypothèses fausses, produisant un exécutable qui ne fait pas du tout ce qui est prévu.
163
+
164
+ On peut signaler la classique division par zéro, ou l'affectation multiple d'une variable dans la même expression avec l'exemple[23] :
165
+
166
+ On pourrait ainsi penser que dans cet exemple i pourrait valoir 4 ou 5 suivant le choix du compilateur, mais il pourrait tout aussi bien valoir 42 ou l'affectation pourrait arrêter l'exécution, ou le compilateur peut refuser la compilation. Aucune garantie n'existe dès qu'un comportement indéfini existe.
167
+
168
+ Pour ne citer que quelques exemples, le déréférencement d'un pointeur nul, tout accès à un tableau hors de ses limites[24], l'utilisation d'une variable non initialisée ou encore le débordement d'entiers signés ont tous des comportements indéfinis. Le compilateur peut utiliser le fait qu'une construction est indéfinie dans certains cas pour supposer que ce cas ne se produit jamais et optimiser plus agressivement le code. Si l'exemple ci-dessus peut paraître évident, certains exemples complexes peuvent être bien plus subtils et être source de bugs parfois graves[25],[26].
169
+
170
+ Par exemple, beaucoup de code contient des vérifications destinées à éviter l'exécution dans des cas hors bornes, qui peut ressembler à ceci[27] :
171
+
172
+ En apparence, ce code est prudent et effectue les vérifications de sécurité nécessaires pour ne pas déborder du buffer alloué. En pratique, les versions récentes de compilateurs tels que GCC, Clang ou Microsoft Visual C++ peuvent supprimer le second test, et rendre possibles des débordements. En effet, la norme précise que l'arithmétique de pointeur sur un objet ne peut donner un pointeur hors de cet objet. Le compilateur peut donc décider que le test est toujours faux et le supprimer. La vérification correcte est la suivante :
173
+
174
+ En 2008, quand les développeurs de GCC ont modifié le compilateur pour qu'il optimise certaines vérifications de débordement qui reposaient sur des comportements indéfinis, le CERT a émis un avertissement sur l'utilisation des versions récentes de GCC[28]. Ces optimisations sont en fait présentes dans la plupart des compilateurs modernes, le CERT a révisé son avertissement dans ce sens.
175
+
176
+ Certains outils existent pour détecter ces constructions problématiques, et les meilleurs compilateurs en décèlent certaines (il faut parfois activer des options particulières) et peuvent les signaler, mais aucun ne prétend à l'exhaustivité.
177
+
178
+ La bibliothèque standard normalisée, disponible avec toutes les implémentations, présente la simplicité liée à un langage bas-niveau. Voici une liste de quelques en-têtes déclarant des types et fonctions de la bibliothèque standard :
179
+
180
+ La bibliothèque standard normalisée n'offre aucun support de l'interface graphique, du réseau, des entrées/sorties sur port série ou parallèle, des systèmes temps réel, des processus, ou encore de la gestion avancée des erreurs (comme avec des exceptions structurées). Cela pourrait restreindre d'autant la portabilité pratique des programmes qui ont besoin de faire appel à certaines de ces fonctionnalités, sans l'existence de très nombreuses bibliothèques portables et palliant ce manque ; dans le monde UNIX, ce besoin a aussi fait émerger une autre norme, POSIX.1.
181
+
182
+ Le langage C étant un des langages les plus utilisés en programmation, de nombreuses bibliothèques ont été créées pour être utilisées avec le C : glib, BLAS, etc. Fréquemment, lors de l'invention d'un format de données, une bibliothèque ou un logiciel de référence en C existe pour manipuler le format. C'est le cas pour zlib, libjpeg, libpng, Expat, les décodeurs de référence MPEG, libsocket, etc.
183
+
184
+ Voici quelques exemples présentant très succinctement quelques propriétés du C. Pour plus d'information, voir le WikiLivre "Programmation C".
185
+
186
+ La structure int_list représente un élément d'une liste chaînée de nombres entiers. Les deux fonctions qui suivent (insert_next et remove_next) servent à ajouter et supprimer un élément de la liste.
187
+
188
+ Dans cet exemple, les deux fonctions essentielles sont malloc et free. La première sert à allouer de la mémoire, le paramètre qu'elle reçoit est le nombre de bytes que l'on désire allouer et elle retourne l'adresse du premier byte qui a été alloué, sinon elle retourne NULL. free sert à libérer la mémoire qui a été allouée par malloc.
189
+
190
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1161.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,289 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La clarinette (du provençal clarin désignant un hautbois[1]) est un instrument de musique à vent de la famille des bois caractérisé par son anche simple et sa perce quasi cylindrique. Elle a été créée vers 1690 par Johann Christoph Denner (1655-1707) à Nuremberg sur la base d'un instrument à anche simple plus ancien : le « chalumeau ». La clarinette soprano (en si♭) est le modèle le plus commun.
2
+
3
+ La perce cylindrique de la clarinette la distingue du hautbois et du saxophone, tous deux à perce conique, et lui confère une aptitude au quintoiement[note 1]. Son timbre chaud dans le registre grave, peut s'avérer extrêmement brillant voire perçant dans l'aigu.
4
+
5
+ De tous les instruments à vent de sa famille, la clarinette possède la plus grande tessiture avec trois octaves plus une sixte mineure, soit 45 notes en tout[2],[3]. Elle se décline en une famille d'instruments presque tous transpositeurs, depuis la clarinette contrebasse jusqu'à la clarinette sopranino, couvrant ainsi toute l'étendue d'un orchestre symphonique. À l'exception des percussions, la clarinette est l'instrument qui possède la plus grande famille.
6
+
7
+ Cet instrument est utilisé dans la musique classique et traditionnelle ainsi qu'en jazz et en musique contemporaine. Parmi les compositions célèbres pour clarinette, on peut citer le Concerto pour clarinette de Mozart.
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+
9
+ Le musicien instrumentiste qui joue de la clarinette est appelé un clarinettiste.
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12
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13
+ Le centre national de ressources textuelles et lexicales considère comme origine la plus probable du mot clarinette un dérivé du mot provençal clarin, désignant un hautbois primitif, dont le nom dérivait encore du mot « clar » (clair) auquel a été ajouté le suffixe -ette pour le différencier de la clarine[1].
14
+
15
+ Selon Paul Rougnon, clarinette dérive de clarinet : « Au début du XVIIIe siècle, on connaissait le clarinet qu'on appelait aussi hautbois de forêt. Clarinet a dû engendrer clarinette[4] ».
16
+
17
+ Le dictionnaire historique de la langue française reprend le clarin provençal comme source étymologique, en ajoutant qu'« une autre origine possible, avec une valeur diminutive, par dérivation de clarine, « clochette à son clair au cou des animaux », est moins probable[5] ». La première mention de « clarin » est attestée en 1508, celle de « clarinette » en 1753[5].
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19
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20
+
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+ Ancienne clarinette à 4 clefs.
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+ Clef de douzième sur une clarinette moderne (1).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
26
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27
+ Toute la famille des clarinettes tire son origine du chalumeau français du Moyen Âge, « vieil instrument encore employé par Gluck dans l’Orfeo (1764) et dans l’Alceste italienne (1766)[6] ».
28
+
29
+ François-Auguste Gevaert note que « le nom français de l'instrument est employé par les vieux compositeurs italiens sous le déguisement graphique de salmó, et par les maîtres allemands qui l'écrivent Chalumau et Chalamaus. En allemand, de même qu'en néerlandais, le mot Schalmei désigne le hautbois primitif[6] ». Aujourd'hui encore, le registre grave de la clarinette est appelé registre du chalumeau.
30
+
31
+ C'est à Johann Christoph Denner (1655–1707), un facteur de Nuremberg, que l'on doit l'invention de la clarinette. Vers 1690[7], « après dix années d'essais infructueux »[8] il ajouta au chalumeau français le pavillon et deux clés d'importance majeure. L'ajout de la « clé de 12e[note 2]», également désignée « clé de registre », permit de tirer parti de l'aptitude de l'instrument au quintoiement, que les musiciens les plus doués pouvaient provoquer par une modification de la position de l'embouchure. Le registre atteint est alors celui dit du clairon et sa sonorité se rapproche de la clarine, petite trompette du XVIIIe siècle, qui donna son nom à la clarinette.
32
+
33
+ À cette époque, l'instrument était manipulé via huit trous bouchés par les doigts, ce qui permettait à l'instrumentiste de jouer la gamme depuis le fa grave jusqu'au sol médium. La gamme ne se poursuivait sur le registre supérieur qu'à partir du do, et se faisait donc avec un défaut de deux notes sur la gamme : le la et le si étaient absents de la gamme. La deuxième clef, celle « du la », étend vers le haut le registre du chalumeau.
34
+
35
+ Le si est obtenu par « quintoiement[10] » d'une note plus grave (le mi) grâce au pavillon prolongeant la clarinette et l'ajout d'une clef actionnée par l'auriculaire de la main gauche alors inoccupé. Il fait donc partie du registre du clairon. La gamme (diatonique) est alors complète et le changement de registre se passe sans discontinuité.
36
+
37
+ Dans l'état, l'instrument ne disposant pas d'une gamme chromatique complète, il restait prisonnier de quelques tonalités particulières. Pour y remédier, les musiciens disposaient de différents modèles de clarinettes, réalisés chacun pour une tonalité spécifique[11]. Les altérations pouvaient cependant être obtenues par des doigtés fourches ne permettant pas une grande virtuosité, et à la sonorité peu satisfaisante.
38
+
39
+ En 1810, Heinrich Bärmann (1784-1847) proposa le retournement du bec[12], positionnant ainsi l'anche sur la lèvre inférieure du musicien. Ceci adoucit et garantit la sonorité. Iwan (ou Ywan) Müller[13],[note 3] y apporta en 1812 treize clés supplémentaires offrant enfin la gamme chromatique complète. Ces nouveautés permirent d'abandonner peu à peu la collection d'instruments dédiés aux tonalités distinctes dont disposaient les musiciens pour interpréter les différentes pièces.
40
+
41
+ La clarinette fut amenée à son degré de perfectionnement actuel par le facteur d'instruments français Louis Auguste Buffet en collaboration avec le clarinettiste Hyacinthe Klosé[14],[note 4]. Tous deux adoptèrent le principe des anneaux mobiles que l'Allemand Theobald Boehm avait imaginé pour la flûte : le système Boehm (1843). Aujourd'hui, le système Boehm est utilisé par les clarinettistes du monde entier, aux exceptions des Allemands et des Autrichiens, qui se servent pour la plupart du système concurrent : le système Oehler[note 5]. Un autre système à treize clés mis au point par Eugène Albert au XIXe siècle, le système Albert, est encore utilisé de nos jours en Europe centrale et en Turquie.
42
+
43
+ Une clarinette utilisant le système Boehm, peut disposer de près de 22 éléments mobiles utiles, auxquels il faut ajouter les paliers, les axes, les vis et les ressorts. L'ensemble dépasse la centaine de pièces mécaniques, et participe à la manipulation de 17 tampons obturant autant d'orifices inaccessibles avec les doigts.
44
+
45
+ Le clarinettiste allemand Fritz Wurlitzer (père de Herbert Wurlitzer) a mis au point en 1949 une variante de la clarinette française, qu'il a qualifiée de clarinette Boehm réformée. C'est une clarinette avec un système de doigté français, dont le son est très proche de celui de la clarinette allemande à travers un trou interne différent et un autre embout buccal[15]. Ce type de clarinette trouve encore des amoureux dans certains pays.
46
+
47
+ Le nombre de clés annoncé par les facteurs correspond au nombre de points de commande intentionnelles (les anneaux n'en font donc pas partie puisqu'ils sont actionnés en même temps qu'un trou est bouché). La clarinette Boehm comporte donc 17 clés, parfois 18 avec la clé de rappel de mi main gauche. Il existe deux variantes du système Oehler comportant respectivement 19 et 27 clés.
48
+
49
+ La famille des clarinettes modernes est très étendue. La taille et la tonalité sont les principaux éléments différentiels. Si l'étendue de la tessiture est à peu près constante, les registres de jeu sont différents.
50
+ Aujourd'hui, les clarinettes suivantes sont utilisées, depuis la plus aiguë jusqu'à la plus grave[16] :
51
+
52
+ La clarinette est un instrument transpositeur (sauf celle en ut naturellement). Par exemple lorsqu'un musicien joue, sur une clarinette en sib, un do qu'il est en train de lire sur sa partition, le pianiste entend un sib. Cela permet de ne pas changer les doigtés principaux entre les instruments d'une même famille: ce sont les notes - et les armures - qui sont décalées sur les partitions de clarinette. Cependant, depuis Schoenberg et Prokofiev, les compositeurs ont tendance « à écrire directement les sons que l'oreille perçoit » sur les partitions d'orchestre[27].
53
+
54
+ Conçu par l'acousticien Charles Houvenaghel, un prototype de clarinette octo-contrebasse en métal[28] a été fabriqué en 1939 par Léon Leblanc[note 6]. Cet instrument était plus grave d'une octave par rapport à la clarinette contrebasse. Elle sonnait comme un jeu d'orgue de 32 pieds. Le projet, très ambitieux de par la taille de l'instrument, a été abandonné. En 1971, une clarinette octo-contralto a également été fabriquée par Léon Leblanc. Décrite et jouée par Cyrille Mercadier lors d'un concert le 2 octobre 2011[29], elle est exposée avec la clarinette octo-contrebasse au Musée des Instruments à vent de La Couture-Boussey.
55
+
56
+
57
+
58
+ La clarinette en si (mais aussi celles en la, en ut, en ré et mi) se présente sous la forme d'un long tuyau droit. La clarinette est généralement réalisée en bois noble tel que le grenadille ou le palissandre (au moins pour le corps). Certains modèles, dits d'études, sont parfois moulés en plastique. Dans les années 1930 le jazz a utilisé des modèles en métal[note 7],[30].
59
+
60
+ En 1994, des clarinettes en matériau composite ont fait leur apparition. Cette gamme d'instruments est développée par Buffet Crampon sous l'appellation Green Line et fabriquée sur la base d'un matériau constitué de 95 % de poudre d'ébène et de 5 % de fibre de carbone[31]. Ces clarinettes présentent les avantages du bois sans leurs inconvénients : elles conservent la sonorité des instruments en ébène et gagnent en légèreté.
61
+
62
+ Les clés sont en maillechort (alliage à base de nickel) nickelé, parfois argenté, ou plus rarement doré.
63
+
64
+ Pour des raisons pratiques de fabrication et de transport, les clarinettes soprano (en Si, La ou Ut) se composent en général de 5 éléments principaux (de haut en bas) :
65
+
66
+ Les deux parties du corps d'une clarinette (en bois, en plastique, ou en métal) sont parfois frappées d'un numéro de série, sorte d'immatriculation de l'instrument. Cette identification permet notamment de vérifier lors de l'achat d'un instrument d'occasion que les deux éléments appartiennent bien à un instrument unique. Le barillet et le pavillon n'étant pas taillés dans la même pièce de bois, et parfois même réalisés dans un autre matériau, ne sont généralement pas marqués.
67
+
68
+ Le bec (ou embouchure) est l'élément par lequel l'instrumentiste souffle l'air. Autrefois taillé dans le bois ou dans l'ivoire, il est aujourd'hui principalement moulé en ébonite noire ou blanche, en plastique voire en verre (alors appelé « bec cristal »). Dans tous les cas, la table (partie du bec sur laquelle s'applique l'anche) est finie par usinage ou polissage.
69
+
70
+ Les becs en ébonite sont les plus fréquemment utilisés et offrent une large gamme de sonorité. Les becs en verre ont un entretien[note 8] plus simple et une sonorité plus nette ; ils sont plus rares et sont généralement réservés à la musique classique. Moins chers, les becs en plastique ont également une moindre qualité sonore ; ils sont généralement réservés aux instruments d'étude.
71
+
72
+ L'ouverture (hauteur de flèche de l'anche) et la longueur de la table (longueur libre en flexion de l'anche) sont les principaux paramètres géométriques distinctifs des becs. Un bec ouvert offre plus de puissance mais peut dégrader la qualité du son.
73
+
74
+ Le choix d'un bec est aussi important que celui de l'instrument. Il influe grandement sur le confort du musicien. Si les conseils de clarinettistes professionnels peuvent aider au choix d'un bec, seuls des essais personnels permettent un choix définitif. Des prototypes de becs à géométrie variable sont développés[32].
75
+
76
+ L'anche est la partie vibrante de l'instrument. Elle est faite en roseau de canne et est placée sur le bec au moyen d'une ligature en métal, en cuir ou en plastique. Les modèles allemands utilisent une cordelette comme ligature. Lorsque la clarinette est montée, l'anche se trouve sous le bec, contre la lèvre inférieure du musicien.
77
+
78
+ Des tentatives pour remplacer le roseau ont été menées et se poursuivent, notamment en utilisant des matières plastiques, ou des matériaux composites (bambou/plastique..), mais elles n'ont pas réussi à détrôner le roseau traditionnel.
79
+
80
+ Les anches sont vendues taillées selon un classement de dureté, en fonction de l'épaisseur de l'anche. De nombreux musiciens professionnels taillent ou retaillent eux-mêmes leurs anches. La dureté de l'anche et la géométrie du bec sont liées.
81
+
82
+ L'anche est à l'origine de la production sonore. Avec son utilisation, une anche se dégrade rapidement, et les fibres du roseau se brisent. La résistance de cette pièce à la pression de l'air, la force de l'anche, est rapidement modifiée. Par conséquent, la façon dont le son est produit est modifiée et affecte le jeu du musicien.
83
+
84
+ Le temps mis par l'anche pour perdre de sa force est variable. Il dépend de la force initiale de l'anche, de son temps d'utilisation, de la pression d'air exercée par le musicien, et de la façon dont le bec est tenu en bouche (de la puissance avec laquelle le clarinettiste serre l'anche entre ses mâchoires). Pour une utilisation quotidienne de deux heures par jour, l'anche doit être changée en moyenne toutes les deux semaines.
85
+
86
+ Le barillet, situé après le bec, est une bague dont le rôle principal est l'accord de l'instrument. Beaucoup de clarinettistes se munissent de plusieurs barillets de longueurs différentes afin de pouvoir en changer selon les conditions de jeu (essentiellement les conditions de chaleur et d'humidité) et du diapason retenu par l'orchestre. La longueur de cette pièce et son écartement par rapport au corps de la clarinette influent sur la longueur totale de l'instrument et donc sur l'accord.
87
+
88
+ Les corps de la main droite et de la main gauche peuvent également être écartés l'un de l'autre, allongeant la taille de l'instrument. Cependant les écarts relatifs des orifices de chacun de ces corps sont calculés pour être fixes. La clarinette est très sensible à toute modification de ces longueurs. Il faut éviter d'utiliser ce moyen pour l'accord. Les professionnels réussissent à compenser la justesse simplement en modifiant leur technique d'embouchure et le support aérodynamique. Dans les cas extrêmes, le recours à des barillets de tailles différentes devient inévitable.
89
+
90
+ Les deux corps situés entre le barillet et le pavillon de l'instrument portent les trous, les anneaux et les clés. Les doigts de l'instrumentiste bouchent les différents trous en fonction de la note jouée. Lorsqu'un trou est hors de portée des doigts (car situé en haut, en bas et sur les côtés de l’instrument), l'instrumentiste utilise les clés prévues à cet effet.
91
+
92
+ Sur certains instruments, l'obturation des trous n'est pas confiée aux doigts eux-mêmes mais à des plateaux métalliques munis de tampons. On parle alors de clarinette à plateaux. Ceci peut s'avérer utile aux musiciens ayant des difficultés à assurer avec leurs doigts un bouchage parfait (arthrose, par exemple).
93
+
94
+ Certaines clarinettes (en ré, en mi, mais souvent aussi les clarinettes en métal) ont un corps en une seule partie.
95
+
96
+ En prolongeant le chalumeau, le pavillon permet l'émission d'une note plus grave (le mi) qui par quintoiement, donne le si (dit bouché) grâce à la clé de douzième. Ainsi la gamme de la clarinette est complète.
97
+
98
+ Enfin, cette pièce de forme évasée favorise une bonne diffusion du son des notes bouchées : mi, fa, sol, la pour le grave. Elle résout le problème de la justesse relative des notes les plus graves des registres grave et clairon.
99
+
100
+ Les modèles de clarinettes graves présentent quelques différences structurelles par rapport aux clarinettes droites. Il s'agit du cor de basset et des clarinettes alto, basse, contralto et contrebasse. Hormis les proportions plus grandes rendant leur tessiture plus basse, l'allongement global du tuyau est obtenu en partie, par l'ajout de pièces cintrées réduisant ainsi son encombrement : le bocal et le pavillon sont réalisés en métal (mêmes alliages que pour les saxophones ou les cuivres). Pour les plus grosses clarinettes, le corps lui-même peut être métallique.
101
+
102
+ Du fait du poids élevé de l'instrument, une béquille fixée sous le pavillon le maintient à hauteur. Les clarinettes graves se jouent principalement en position assise.
103
+
104
+ Enfin, les modèles graves disposent de notes supplémentaires dans le grave, le mi essentiellement, voire jusqu'au do pour le cor de basset et certaines clarinettes basses.
105
+
106
+ Pour une clarinette en si, le tableau ci-dessous donne les dimensions et autres données physiques liées à l'instrument[33]. Pour certains cas particuliers, ces valeurs pourront évidemment s'écarter des plages proposées.
107
+
108
+ Modèle d’étude corps en ABS
109
+
110
+ Modèle en ébène
111
+
112
+ Diamètre et écartement moyens
113
+
114
+ (corps du haut)
115
+
116
+ (corps du bas)
117
+
118
+ (en ut)
119
+
120
+ à 147 Hz
121
+
122
+ à 1 867 Hz
123
+
124
+ Comme presque tous les instruments à vent, la clarinette se tient avec la main gauche en haut du corps (plus près de la bouche) et la main droite en bas du corps. Sur le corps inférieur, une patte accueille le pouce droit qui maintient l'instrument, et qui n'intervient pas dans le jeu. Le poids de l'instrument repose entièrement sur ce doigt, les clarinettistes peuvent souffrir de tendinite[34] lors d'une pratique prolongée. Les jeunes instrumentistes peuvent alors utiliser un collier.
125
+
126
+ La clarinette est tenue en bouche et les bras avec un angle de 30° à 45° avec le corps du musicien. Le corps du haut possède quatre trous qui sont bouchés par le pouce, l'index, le majeur et l'annulaire de la main gauche. Le corps du bas possède trois trous. Ils sont bouchés par l'index, le majeur et l'annulaire de la main droite et dans le même ordre. Les auriculaires de chaque main permettent de manipuler les clés de bas de registre. Chaque auriculaire est utilisé pour contrôler quatre clés. Le travail de ces doigts est certainement celui qui demande le plus d'efforts au début[35]. Le changement d'instrument peut nécessiter un temps d'adaptation.
127
+
128
+ Comme tous les instruments à trous, la note jouée est d'autant plus aiguë que le nombre de trous ouverts est grand et la note la plus grave est obtenue lorsque tous les trous sont bouchés. Pour un même registre, les doigtés des autres notes, s'obtiennent en ouvrant progressivement les trous de la main droite puis ceux de la main gauche.
129
+
130
+ Le son est une onde qui se propage dans l'air. Elle résulte d'une variation locale de pression. Les étapes du déroulement d'un cycle d'oscillation de la colonne d'air (en régime d'anche battante) sont les suivantes[37]:
131
+
132
+ Ce cycle se répétant à fréquence constante, on obtient l'émission d'une note dont la hauteur est liée à cette fréquence. Ainsi le la (3), à 440 Hz, est obtenu quand ce cycle se produit 440 fois par seconde.
133
+
134
+ Dans l'orchestre symphonique, la clarinette s'inscrit au pupitre des bois. La plupart du temps une à deux clarinettes sopranos sont utilisées (si ou la, suivant la tonalité des morceaux). Une clarinette basse peut compléter la formation, pour la première fois dans l'opéra Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer (acte V). Plus rarement, certaines pièces plus modernes, telles que le Boléro de Ravel, la Symphonie fantastique de Berlioz ou bien les symphonies de Mahler, font usage d'une petite clarinette en mi>. Mozart a également beaucoup utilisé le cor de basset, notamment dans la Sérénade KV 361 Grande Partita pour 13 instruments et dans son Requiem KV.625, ou encore la clarinette de basset (en Si bémol ou en La), qu'il utilise pour de superbes interventions dans son opéra La Clémence de Titus. C'est pour cet instrument que le concerto pour clarinette KV.622 fut composé. Aujourd'hui, les clarinettistes l'interprètent généralement sur la clarinette en La.
135
+
136
+ Les orchestres de chambre étant de petits orchestres, ils ne rassemblent pas obligatoirement tous les pupitres de l'orchestre symphonique. Certains bois viennent apporter une couleur différente au son des violons, parmi lesquels la clarinette occupe une place privilégiée. L'Orpheus Chamber Orchestra est un bel exemple de ce type de formation ; dans leur enregistrement consacré à Aaron Copland, la clarinette tient une magnifique partition[38].
137
+
138
+ Il existe aussi des orchestres de chambre composés exclusivement de clarinettes, interprétant des pièces transcrites ou dédiées. Ces formations sont composées de trois ou quatre instruments comprenant essentiellement des clarinettes sopranos (duo, trio, quatuor de clarinettes sopranos) et complétées éventuellement par une clarinette basse.
139
+
140
+ Un ensemble complet de clarinettes est formé par quatre à cinq clarinettes sopranos, une clarinette alto, une clarinette basse et éventuellement une clarinette contralto et/ou contrebasse. Certains ensembles de clarinettes disposent de quasiment toutes les tailles de clarinettes, pour autant de variété de timbre.
141
+
142
+ La clarinette si est à l'harmonie ce qu'est le violon à l'orchestre symphonique. Pour une harmonie de 50 musiciens, on compte idéalement 10 à 12 clarinettes réparties sur trois voix. Ce pupitre est souvent situé à gauche du chef d'orchestre, c'est-à-dire à la même place que les violons de l'orchestre symphonique, face aux saxophones.
143
+
144
+ Dans les plus gros orchestres, on trouvera également une à deux petites clarinettes mi, une clarinette alto, une à deux clarinettes basses et, à l'occasion, une clarinette contralto ou contrebasse.
145
+
146
+ Outre son rôle dans des œuvres de musique de chambre, les quintettes avec quatuor à cordes étant les plus connues, la clarinette est un élément du quintette à vent avec la flûte, le hautbois, le basson et le cor. De nombreuses compositions ont été écrites pour cet ensemble depuis le début du XIXe siècle.
147
+
148
+ On retrouve également la clarinette dans certains « stages band », souvent jouée par un saxophoniste. Dans un big band, un des saxophonistes peut aussi parfois jouer de la clarinette sur certains morceaux.
149
+
150
+ La présence de la clarinette est très rare dans la musique baroque, notamment par le fait qu’elle n’a été créée qu'en 1690. On peut néanmoins citer l’Ouverture HWV 424 de Georg Friedrich Haendel où l’on trouve deux clarinettes[39]
151
+
152
+ La généralisation de l'utilisation de la clarinette commence au XVIIIe siècle. À cette époque l'instrument est en cours de maturation et des modèles de grandes factures voient le jour. Elle est inconnue de Mattheson en 1713[40], mais Vivaldi signe les deux premiers concerti avec clarinette dès 1716[11],[41]. C’est dans la même année qu’il introduit deux clarinettes dans l’oratorio Juditha triumphans[42]
153
+
154
+ En France, Rameau introduit la clarinette à l’opéra en 1749 pour sa tragédie en musique Zoroastre[43],[11].
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+ On retrouve également aujourd’hui de nombreuses adaptations de musiques baroques à la clarinette, telles que celles de Johann Sebastian Bach.
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+ À la fin des années 1740, au début de la période classique, les clarinettes sont introduites à l’orchestre de la Pouplinière à Paris. Le célèbre clarinette solo de cet orchestre est Gaspard Proksch, et c’est pour lui que Johann Stamitz écrit son Concerto en si bémol majeur[44]. Ce concerto est le premier à être écrit pour la grande clarinette en si-bémol et à couvrir toute la tessiture employée à cette époque : plus de trois octaves. Au même moment, Johann Melchior Molter écrit six concertos pour clarinette en ré.
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+ Les clarinettes apparaissent dans l'orchestre symphonique chez Johann Stamitz, Ruggi, Schencker dès 1754[40],[45] au Concert Spirituel[46], à Mannheim par Stamitz en 1758[40],[47], mais sont rarement employées jusqu’aux années 1780. De nombreux compositeurs ont toutefois écrit des concertos pour cet instrument : Karl Stamitz, František Xaver Pokorný, Johann Baptist Vanhal, Leopold Kozeluch, Franz Anton Hoffmeister, Ignaz Pleyel et beaucoup d’autres. Les clarinettistes virtuoses tels que Heinrich Backofen, Franz Tausch, Joseph Beer, John Mahon, Michel Yost et Jean-Xavier Lefèvre ont également écrit des concertos. On compte également quelques concerti pour deux clarinettes, tels que ceux de Karl Stamitz et Franz Krommer. La première sonate pour clarinette est écrite en 1770 par le compositeur Napolitain Gregorio Sciroli[48].
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+ Wolfgang Amadeus Mozart joue un rôle déterminant dans l’histoire de la clarinette. Il l’utilise pour la première fois en 1771 dans son Divertimento KV113[48], dans la symphonie « Parisienne » (1778)[11] et plus fréquemment après le début des années 1780. Tous ses opéras à partir d’Idomeneo font appel à la clarinette, ainsi que les symphonies no 31, 35, 39 et 40, les concertos pour piano no 22, 23 et 24. Mozart est l’un des premiers compositeurs à utiliser la clarinette en musique de chambre. Il écrit trois sérénades pour les vents, le quintette pour vents et piano, le quintette avec clarinette et le trio avec alto et piano (dit « des quilles »). Ces deux dernières œuvres sont écrites pour le célèbre virtuose Anton Stadler, ami du compositeur, et franc-maçon comme lui. C’est aussi pour Stadler que Mozart écrit son Concerto pour clarinette en la majeur, KV 622. Certaines œuvres de Mozart employant la clarinette et le cor de basset sont restées inachevées.
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+ Alors que la période classique avait fait un usage intensif de la clarinette en tant qu'instrument soliste, la musique romantique du XIXe siècle utilisera principalement la clarinette en tant qu'instrument d'orchestre dont elle devient membre permanent. Franz Schubert, Hector Berlioz, Mikhaïl Glinka, Richard Wagner, Giuseppe Verdi, Johannes Brahms, Piotr Ilitch Tchaïkovski, Nikolaï Rimski-Korsakov et beaucoup d’autres compositeurs lui confient les solos d’un caractère tranquille et joyeux ainsi que dramatique même tragique.
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+ Outre son rôle d'instrument d'orchestre la clarinette reste utilisée comme instrument soliste de concerto et dans la musique de chambre.
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+ Les œuvres de Carl Maria von Weber font une partie importante du répertoire de la clarinette. Weber utilise cet instrument en tant que soliste pour la première fois en mars 1811, quand il vient à Munich et fait connaissance de Heinrich Joseph Bärmann, clarinette solo à l’orchestre de la cour du roi de Bavière. Le Concertino en mi bémol majeur a beaucoup de succès et Weber écrit pour Bärmann deux autres grand concertos, en fa mineur, op.73, et en mi bémol majeur, op.74. Plus tard Weber écrit les Variations pour clarinette et piano et le Quintette pour clarinette et cordes, tous deux également pour Bärmann[49]. Sa dernière œuvre pour la clarinette, le Grand duo concertant pour clarinette et piano, est dédiée à un autre virtuose de son temps : Johann Simon Hermstedt. C’est aussi pour Hermstedt que Louis Spohr écrit ses quatre concertos pour clarinette.
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+ Comme au siècle précédent, certains clarinettistes composent eux-mêmes les œuvres pour leur instrument. C’est le cas de Bernhard Henrik Crusell qui écrit trois concertos et les Variations sur un air suédois, ou des clarinettistes italiens tels que Benedetto Carulli, Ernesto Cavallini, Luigi Bassi, dont on doit des nombreuses fantaisies sur les thèmes des opéras italiens[48].
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+ À cette époque beaucoup de pièces utilisent la clarinette en musique de chambre. Les formations et les œuvres sont variées. On trouve cet instrument dans les œuvres de Ludwig van Beethoven (duos pour clarinette et basson, trio avec piano et violoncelle, quintette pour vents et piano, septuor pour cordes et vents), Franz Schubert (Octuor), Felix Mendelssohn (Sonate avec piano, deux Konzertstücke avec cor de basset et piano), Robert Schumann (Phantasiestücke pour clarinette et piano, Märchenerzählungen avec piano et alto) et d’autres compositeurs.
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+ Johannes Brahms, inspiré par Richard Mühlfeld, écrit dans les dernières années de sa vie quatre œuvres pour la clarinette : deux sonates avec piano, le trio avec violoncelle et piano et le quintette avec cordes. Sous l’influence de Brahms sont écrits le trio d’Alexander von Zemlinsky et la sonate de Gustav Jenner.
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+
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+ La clarinette est très utilisée dans la musique moderne du début du XXe siècle. Les principaux compositeurs de cette période ont écrit pour l'instrument.
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+ La clarinette est utilisée dans la plupart des formations instrumentales, depuis les pièces pour clarinette seule (Igor Stravinsky[50]), jusqu'aux pupitres des bois des orchestres. La clarinette reste un instrument de choix pour la musique de chambre. On compte de nombreuses œuvres pour clarinette et piano (Max Reger, Camille Saint-Saëns, Francis Poulenc, Claude Debussy, Alban Berg). L'instrument intervient avec les cordes dans des trios (Béla Bartók[51], Igor Stravinsky[52], Darius Milhaud[53], Ernst Křenek[54]) et des quatuors (Olivier Messiaen[55] et Paul Hindemith).
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+ L'instrument reste utilisé pour des concerti : Carl Nielsen, Jean Françaix, Aaron Copland sur commande de Benny Goodman, ou encore Paul Hindemith, dont le concerto est également créé par Benny Goodman en 1950.
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+ À l'orchestre, la clarinette incarne le chat dans Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev, et un de ses emplois les plus fameux est évidemment le glissando virtuose qui introduit la Rhapsody in Blue de George Gershwin, ce solo redoutablement difficile est une sorte d'indicatif de l'œuvre et est demeuré célèbre.
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+ Dans cette célèbre composition de Camille Saint-Saëns, la clarinette joue dans quatre des quatorze mouvements, à savoir :
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+ Exemple rarissime de musique purement imitative, ce caquetage concertant, auquel vient s'ajouter la clarinette, est un morceau de bravoure, au caractère très ironique. La clarinette y renforce à un court instant le caquetage présomptueux des coqs.
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+
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+ C’est sans doute l’un des thèmes les plus connus à la clarinette. Son originalité réside dans le fait que la clarinette a le privilège de répéter 21 fois le même motif, sur les mêmes deux notes (2 croches Ré4-Sib3, à l’oreille Do4-Lab3), alors que le piano mène la mélodie seul par des accords lents… Par ces deux notes répétées inlassablement, la clarinette imite le son du coucou, renforçant ainsi le côté satirique de la pièce.
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+
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+ Passage parodique évoquant, outre les animaux disparus, les vieux airs d'époque. La clarinette reprend le célèbre thème du Barbier de Séville de Gioachino Rossini una voce poco fa et plaisante même avec sa propre Danse macabre, rendue gaie pour l'occasion ! On y entend très clairement un fragment d’Au clair de la lune, par la clarinette.
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+
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+ Ce dernier morceau équivaut à la parade des fins de revue. La clarinette y joue tout au long, côte à côte avec la petite flûte.
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+
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+ La clarinette est utilisée par les compositeurs contemporains. C'est le cas dans :
201
+
202
+ La clarinette est représentée depuis la fin du XIXe siècle dans bien des musiques traditionnelles européennes, mais il convient de rappeler qu'il existe aussi depuis fort longtemps de par le monde des clarinettes dites « primitives », ayant les mêmes caractéristiques de productions sonores, mais réalisées dans des matériaux et à l'aide d'une facture plus simple, ainsi en est-il de l'arghoul.
203
+
204
+ La clarinette est aujourd'hui, avec le saxophone, l'instrument roi de la musique des Balkans[56]. On la trouve notamment en Bulgarie, en Macédoine (grneta), en Serbie (gërnëte), en Grèce (klarino), en Arménie (klarnet), et dans le Banat au sud de la Roumanie où elle est colportée par les musiciens tsiganes ou juifs. Elle est présente dans des ensembles chalgia qui jouent dans les noces, les danses (berance) les fêtes de village, et aujourd'hui dans des concerts « modernes » où se marient claviers, batterie, et instruments traditionnels. Elle intègre tout autant les petites formations grecques koumpania que des duos instrumentaux avec une percussion (daouli ou toumbeleki) où elle joue un rôle de soliste. On la retrouve aussi dans l'accompagnement de la danse Tsifteteli. Tassos Halkias en est un interprète notable.
205
+
206
+ Devant jouer parfois toute une nuit, le clarinettiste préfère les becs ouverts et les anches faibles. Le son qui en ressort est très caractéristique : embouchure relâchée, détaché léger mais toujours présent, suivant les ornementations des doigts pour obtenir le fameux « Tay-ta ». Afin de produire au mieux ces ornementations, les clarinettistes préfèrent souvent utiliser les systèmes « Full Boehm ».
207
+
208
+ La clarinette est présente dans la musique bretonne depuis les années 1840. Le clarinettiste est appelé "soner treujenn-gaol" en breton, "soner" désignant le sonneur et "treujenn-gaol" fait référence au "tronc de choux" qui est la tige des choux à vaches qui laisse apparaître un creux lorsque l'on coupe une feuille. Elle est le plus souvent jouée en duo, imitant les couples de kan ha diskan (chant et déchant), en utilisant des effets de tuilage : le premier clarinettiste joue une phrase, le deuxième commence à jouer les dernières notes de la phrase puis la reprend du début. Un tambour peut se joindre au couple, comme pour le couple biniou et bombarde, mais il est aussi possible de jouer seul. Le répertoire des musiciens (sonneurs) était constitué d'airs : de danses, à marcher, de circonstances... accompagnant tout le cérémonial du mariage traditionnel. Aujourd'hui on retrouve la Treujenn-gaol principalement dans les festoù-noz, jouée en couple, ou dans des groupes. Des groupes bretons de concert aux influences jazz, rock ou World music l'utilisent aussi.
209
+
210
+ Certains facteurs font aujourd'hui des clarinettes diatoniques (sans clef de quintoiement), avec de 1 à 5 clefs, généralement en sol.
211
+
212
+ La clarinette semble avoir été introduite dans les ensembles de musique klezmer au début du XIXe siècle et constitue l'instrument dominant depuis les premières décennies du XXe siècle, supplantant le violon[57].
213
+
214
+ Le système Albert, utilisé par les clarinettistes européennes, et les clarinettes en ut furent progressivement remplacées au début du XXe siècle par des clarinettes en si bémol utilisant le système Boehm[58].
215
+
216
+ La grande vague migratoire des juifs européens fuyant l'antisémitisme vers les États-Unis et en particulier New York apporte avec elle la musique klezmer[59]. La scène new-yorkaise est alors dominée par Naftule Brandwein, Dave Tarras et Shloimke Beckerman (en)[60].
217
+
218
+ Les clarinettistes contemporains les plus connus en la matière sont Giora Feidman et David Krakauer.
219
+
220
+ En Cantabrie, région du nord de l'Espagne, parmi les styles de musique folklorique, on trouve les « piteros », duo composé d'une caisse claire (tambor) et d'une clarinette (pito), qui donnent son nom à ce type de formation. Très mobiles, ils se produisent lors des fêtes de village, foires ou pèlerinages. Les thèmes joués, appelés « jotas montañesas » sont sur une base rythmique à 3/4 (à 200 environ à la noire), sur lesquels s'exécutent spontanément des groupes de danseurs improvisés.
221
+
222
+ Cette clarinette en mi (avec un petit nombre de clés pour les instruments les plus anciens), est appelée alors requinto. On notera cependant deux modifications : la clé de douzième est volontairement tordue pour ne plus se fermer. De ce fait l'instrument est toujours dans les registres du clairon ou suraigu ce qui permet au son de porter loin. De plus, l'embouchure est retournée (anche en haut comme sur le chalumeau), ce qui confère un son plus perçant.
223
+
224
+ Le pito est l'instrument mélodique de la formation. Il peut être remplacé par un fifre parfois.
225
+
226
+ Dans la province de Valence, la clarinette tend à remplacer le hautbois dulzaina.
227
+
228
+ La clarinette est très présente dans la musique turque (sous le nom de klarnet)[61], parfois sous sa forme occidentale, parfois sous la forme d'une clarinette en métal mais plus fine, plus petite et de forme sensiblement différente, notamment pour les clés. La perce reste néanmoins cylindrique contrairement à celle du saxophone, et le son et le comportement restent ceux d'une clarinette, mais avec des effets de glissandi propres aux clarinettes et des possibilités de jeux typiquement orientales.
229
+
230
+ Barbaros Erköse et Selim Sesler en sont des interprètes bien connus.
231
+
232
+ Elle est de façon générale bien intégrée aux différentes musiques traditionnelles. On la retrouve :
233
+
234
+ Cantonnée par la musique classique dans un registre lyrique et poétique avec Mozart et Brahms, la clarinette s'impose dès les débuts du jazz Nouvelle-Orléans comme un des trois instruments à vent obligés de ce style, au côté du trombone et de la trompette (ou du cornet), à laquelle, grâce à l'étendue de son registre, elle peut apporter un contrepoint volubile aussi bien dans le grave que dans l'aigu, tout en se prêtant à des démonstrations de haute virtuosité en solo.
235
+
236
+ Aux États-Unis, le terme Liquorice Stick (bâton de réglisse) est aussi employé en argot pour désigner une clarinette[66]
237
+
238
+ Consacrée dans les faubourgs de Storyville reine du blues avec Sidney Bechet, Barney Bigard, Johnny Dodds, Jimmie Noone, Omer Simeon, elle garde sa place dans les big bands de swing avec Benny Goodman, Artie Shaw et Jimmy Hamilton.
239
+
240
+ Malgré la concurrence des saxophones, privilégiés pendant les années 1940, sa richesse d'expression lui a permis de revenir sur le devant de la scène européenne du jazz dans les années 1950 avec des artistes aussi populaires qu'Acker Bilk, Monty Sunshine ou Claude Luter.
241
+
242
+ Dans le jazz moderne, c'est surtout la clarinette basse qui a été retenue par des artistes comme Jimmy Giuffre, Buddy DeFranco, Eddie Daniels, Don Byron, Eric Dolphy, Tony Scott, Michel Portal, Louis Sclavis, Alvin Batiste, Perry Robinson, John Surman.
243
+
244
+ Bien qu'il s'agisse d'une pièce classique, la Rhapsody in Blue de George Gershwin, commence par le très célèbre solo de clarinette, et un glissando ascendant remarquable (mi au do suraigu). De même, Aaron Copland composa en 1943, sur commande de Benny Goodman un concerto dont la cadence centrale ressemble à une improvisation jazz.
245
+
246
+ Le saxophoniste Art Pepper a laissé également quelques enregistrements à la clarinette. Le saxophoniste Eric Dolphy est également connu pour avoir popularisé la clarinette basse dans le jazz. Le clarinettiste Jean-Christian Michel s'est illustré dans le cross-over Jazz- classique avec des ventes de disques considérables en France et à l'étranger[67].Les clarinettes sont également utilisées en jazz funk, ces instruments supportent bien les effets wah-wah, et de réverbération.
247
+
248
+ Le cinéma emploie la clarinette dans divers films. Il peut s'agir de musiques pour clarinette composées de manières indépendantes du film (concerto pour clarinette en la majeur de Mozart dans Out of Africa), mais également de nombreuses musiques écrites spécialement pour le film (La désillusion de Bruno Coulais dans Les Choristes).
249
+
250
+ La clarinette est utilisée pour les thèmes principaux de nombreux films représentant de nombreux genres. Alfred Hitchcock l'utilise dans des films comme La Mort aux trousses et c'est cet instrument qui débute le thème principal du western Le train sifflera trois fois ou dans le thème de Alan Silvestri de Forrest Gump. C'est toujours la clarinette qui donne le thème principal du film The Terminal.
251
+
252
+ L'instrument est utilisé comme accompagnement. On le retrouve dans ce rôle dans West Side Story (Leonard Bernstein), notamment dans les scènes « Jet Song », « Something's Coming », ainsi que très discrètement dans la scène « Cool » et dans le célèbre thème « America ». La clarinette y évoque l'ambiance jazz de New York des années 1950.
253
+
254
+ La télévision utilise également cet instrument qui réplique au saxophone ténor dans Hercule Poirot.
255
+
256
+ En rock et en pop, l'instrument est utilisé occasionnellement comme dans When I'm Sixty-Four des Beatles ou Breakfast in America de Supertramp. Le groupe Noir Désir l'a également utilisée dans plusieurs compositions dont Le vent nous portera.
257
+
258
+ Dans une lettre datée du 3 décembre 1778[68] adressée à son père Léopold, Wolfgang Amadeus Mozart dépeint son admiration de la sonorité de la clarinette :
259
+
260
+ « J’étais hier soir à l’Opéra de Mannheim – J’étais assis au-dessus de l’orchestre – Il y avait tout un ensemble d’instruments à vent – Parmi ceux-ci, deux clarinettes – Père, vous ne pouvez imaginer la beauté du son de la clarinette ! [...] Si seulement nous avions aussi des clarinettes ! Vous ne pouvez pas imaginer la sonorité ainsi produite dans une symphonie par le mélange des flûtes, hautbois et clarinettes[68]. »
261
+
262
+ Le compositeur franco-belge André Grétry (1741-1813) donne un descriptif plus sombre de l'instrument[69] :
263
+
264
+ « La clarinette en si bémol est un instrument qui exprime la douleur. Lorsqu'elle exécute des airs gais, il y mêle encore une certaine teinte de tristesse. Si l'on dansait dans les prisons, je voudrais que ce fût au son de la clarinette. »
265
+
266
+ Hector Berlioz, dans son Grand traité d’instrumentation et d’orchestration modernes de 1844, fait une large part à cet élément indispensable de l'orchestre symphonique :
267
+
268
+ « La clarinette est peu propre à l’idylle, c’est un instrument épique, comme les cors, les trompettes et les trombones. Sa voix est celle de l’héroïque amour ; et si les masses d’instruments de cuivre, dans les grandes symphonies militaires éveillent l’idée d’une troupe guerrière couverte d’armures étincelantes, marchant à la gloire ou à la mort, les nombreux unissons de clarinettes, entendus en même temps, semblent représenter les femmes aimées, les amantes à l’œil fier, à la passion profonde, que le bruit des armes exalte, qui chantent en combattant, qui couronnent les vainqueurs ou meurent avec les vaincus. Je n’ai jamais pu entendre de loin une musique militaire sans être vivement ému par ce timbre féminin des clarinettes, et préoccupé d’images de cette nature, comme après la lecture des antiques épopées. Ce beau soprano instrumental, si retentissant, si riche d’accents pénétrants quand on l’emploie par masses, gagne dans le solo en délicatesse, en nuances fugitives, en affectivités mystérieuses ce qu’il perd en force et en puissants éclats. Rien de virginal, rien de pur comme le coloris donné à certaines mélodies par le timbre d’une clarinette jouée dans le médium par un virtuose habile. C’est celui, de tous les instruments à vent, qui peut le mieux faire naître, enfler, diminuer et perdre le son. De là la faculté précieuse de produire le lointain, l’écho, l’écho de l’écho, le son crépusculaire. Quel plus admirable exemple pourrai-je citer de l’application de quelques-unes de ces nuances, que la phrase rêveuse de la clarinette, accompagnée d’un trémolo des instruments à cordes, dans le milieu de l’allegro de l’ouverture du Freyschütz !!! N’est-ce pas la vierge isolée, la blonde fiancée du chasseur, qui, les yeux au ciel, mêle sa tendre plainte au bruit des bois profonds agités par l’orage[70] ? »
269
+
270
+ Le compositeur et musicologue belge François-Auguste Gevaert, en 1885, dans son Nouveau traité d'instrumentation[71], décrit ainsi la sonorité de l'instrument :
271
+
272
+ « Son timbre réalise à un degré éminent les qualités maîtresses de cette voix instrumentale, pureté et mordant joint l'éclat à la douceur. »
273
+
274
+ Émile Zola appréciait aussi la clarinette[note 9]. Dans ses Mémoires de la vie littéraire[72], Edmond de Goncourt décrit un dîner chez les Daudet en compagnie des Charpentier et de Coppée où :
275
+
276
+ « … Zola de célébrer la clarinette et de proclamer que c'est l'instrument qui représente l'amour sensuel, tandis que la flûte représente tout au plus l'amour platonique. « Comme le hautbois représente le paysage ironique » jette un blagueur dans l'esthétique musicale de Zola. »
277
+
278
+ Ambrose Bierce (1842-1914), écrivain et journaliste américain, en donne une autre vision plus humoristique :
279
+
280
+ « Clarinette : instrument de torture utilisé par une personne qui a du coton dans les oreilles. Il y a deux instruments qui sont pires qu'une clarinette – deux clarinettes[73]. »
281
+
282
+ De même qu'Alphonse Karr : « La clarinette rend sourds ceux qui l'écoutent et aveugles ceux qui en jouent[74]. »
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284
+ À propos d'humoriste, Raymond Devos (1922–2006) jouait souvent de la clarinette dans ses sketchs et déclarait[75] :
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+ « Je me suis remis à la clarinette. C'est ce qui rapproche le plus de l'anglais. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Dans les sciences du vivant, la classification scientifique des espèces (nommée également « classification biologique ») correspond autant à la systématique, qui est la méthode ou ensemble de méthodes pour classer le vivant, qu'à la taxinomie, qui est la classification elle-même, résultante de l'application de la méthode. Les méthodes de la classification dite classique ou traditionnelle ont été dominantes jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, marquée par l'apparition, en 1950[1], de la systématique phylogénétique ou cladisme.
2
+
3
+ Les termes concernés par les différentes classifications ne bénéficient pourtant pas d'une définition unanimement admise, chaque ouvrage scientifique, chaque dictionnaire et, pour ainsi dire, chaque auteur ayant la sienne. Comme l'a écrit le chercheur scientifique Ernest Small en 1989 [2] : « L'ironie est de constater que les spécialistes en classification biologique n'ont pas réussi à se doter d'une nomenclature claire et systématique à l'intérieur de leur propre champ d'activité et de ses composants […]. »[3]
4
+
5
+ C'est par l'observation des organismes vivants et par leur comparaison qu'Homo sapiens a défini des taxons élémentaires correspondant souvent au genre et à l'espèce, eux-mêmes classés dans un système.
6
+
7
+ Liée à une culture, à un état d'avancement des connaissances, toute classification évolue avec les sociétés elles-mêmes. En outre, le découpage conceptuel varie avec chaque langue (y compris les langues de métier), chaque civilisation ou spécialité ayant tendance à surestimer l'objectivité de sa pensée classificatrice.
8
+
9
+ Alors que la société traditionnelle se modifie peu ou très lentement, les sociétés dites scientifiques sont beaucoup plus changeantes et indépendantes les unes des autres. Ceci expliquant la multiplicité de classifications.
10
+
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+ Première, la parataxonomie remonte aux chasseurs-cueilleurs du Paléolithique[4].
12
+
13
+ C'est la classification populaire qui « primitivement » (et vernaculairement) a permis de distinguer les genres et les espèces. Elle conserve encore, de nos jours, son importance. Fondée sur des critères simples (l'apparence, les mœurs supposées, les cris...), elle ne s'embarrasse guère de données scientifiques. Devant l'inconnu, elle procède par extension ou assimilation : par exemple, la souris → la chauve-souris → le kiwi (couvert de poils, le kiwi était, pour les Chinois, assimilable à une souris végétale). Toutefois, le mécanisme universel de l'assimilation, et fondé sur une étape de l'observation, se retrouve aussi dans la formation des noms scientifiques. La science des hommes n'étant, après tout, « qu'une suite d'erreurs… rectifiées » (Georges Becker).
14
+
15
+ Elle distingue de même les hiboux des chouettes, les crapauds des grenouilles, les rats des souris..., toutes espèces apparentées qui, dans l'esprit de certains, sont censées être maris et femmes. Ainsi le hibou serait le mâle de la chouette, le crapaud celui de la grenouille, le corbeau celui de la corneille... Bien sûr, cela varie selon les langues et n’a, par exemple, aucun sens en anglais (dans Tom et Jerry, bien qu'il soit une souris, Jerry est un mâle, comme le confirment de nombreux épisodes).
16
+
17
+ Les classifications populaires des plantes « ont une fonction opératoire en rapport avec des nécessités d'ordre cognitif (mise en ordre, mémorisation, repérage), mais aussi avec le rôle imparti à chaque plante dans les pratiques techniques et symboliques[5] ».
18
+
19
+ Abandonnée par les scientifiques à partir du 20e siècle, la théorie des signatures, qui recherche des similitudes entre la forme d'une plante et son usage supposé en faisant appel à l'isomorphisme et à l'anthropomorphisme, a été un mode de classement des plantes médicinales dont le souvenir perdure pour les nommer et les mémoriser[6].
20
+
21
+ La vision ethnocentrique qui préjuge d'une supériorité de l'homme moderne sur le primitif est invalidée par de très nombreux travaux comparatifs en anthropologie moderne.
22
+
23
+ Ces études montrent en effet que, dans tous les cas où l'homme prétendu « primitif » ou sauvage (pour son économie de subsistance) est resté intégré à son milieu, son sens aigu d'observation et sa pleine conscience des rapports entre la vie animale et végétale, qui ne laissent pas d'étonner les scientifiques, constitue une science considérable.
24
+
25
+ Ainsi, d'après Claude Lévi-Strauss, les indiens Navajos distinguent plus de 500 plantes, les Hanunóo des îles Philippines classent les oiseaux en 75 catégories et divisent leur flore locale, au plus bas niveau, en plus de 1 800 taxons, alors que les botanistes distinguent pour la même flore moins de 1 300 espèces, d'un point de vue scientifique moderne.
26
+
27
+ Par exemple, dans une population « arriérée » des îles Ryūkyū, le botaniste A.H. Smith rapporte que « même un enfant peut souvent identifier l'espèce d'un arbre d'après un menu fragment de bois et, qui plus est, le sexe de cet arbre selon les idées qu'entretiennent les indigènes sur le sexe des végétaux ; et cela en observant l'apparence du bois et de l'écorce, l'odeur, la dureté et d'autres caractères du même ordre ». Les observations de ce type abondent.
28
+
29
+ L'enseignement qu'on en retire est un rappel de l'évidence : quand on a la prétention de classer scientifiquement l'univers, il importe de recueillir de la façon la plus large possible, l'héritage de tous les classificateurs, qu'ils soient passés ou présents et quel que soit leur niveau d'éducation.
30
+
31
+ Continuellement enrichie depuis sa création princeps, la classification traditionnelle (ou classique) des espèces, actuellement obsolète mais encore défendue par quelques auteurs, est issue de celle de Linné. Elle reste importante dans la mesure où elle est présente dans de nombreux ouvrages et est utilisée dans la gestion de collections. Linné commença par diviser les êtres naturels en trois règnes, un pour le monde minéral et deux autres pour le monde vivant, les règnes végétal et animal. Le nombre de règnes eut tendance ensuite à s'accroître au fur et à mesure que les systématiciens prenaient conscience de la complexité du monde vivant. On ajouta ainsi le règne fungi (les champignons) et plus tard les règnes protiste (eucaryotes unicellulaires) et monère (procaryotes unicellulaires). Actuellement, la classification traditionnelle est telle que six règnes divisent le monde vivant :
32
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33
+ La classification traditionnelle est fondée sur des caractères multiples (biologiques, phénotypiques, physiologiques). Dans de nombreux cas, le critère est la présence d'un caractère, s'opposant à son absence, considérée comme primitive (par exemple vertébrés et invertébrés). Mais les taxons définis par l'absence d'un caractère se sont révélés, à l'usage, très fragiles et les méthodes modernes de classification (phylogénétique, cladistique, phénétique ou évolutive, entre autres) ont tendance à les invalider. Le classement des taxons doit répondre à une hiérarchisation des caractères (principe de la subordination des caractères établi par Jussieu).
34
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35
+ La classification traditionnelle repose sur une hiérarchie fixe de catégories (les rangs de taxon), définie de la façon suivante :
36
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37
+ À titre d'exemple, pour l'espèce humaine (Homo sapiens) :
38
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39
+ Un moyen mnémotechnique connu permettant de retenir cette classification est le suivant : « Reste En Classe Ou Fais Grandes Études ». La première lettre de chacun des mots permet de retrouver respectivement :
40
+
41
+ La classification classique évolue en tenant compte des avancées en systématique phylogénétique (voir ci-dessous). La classification admet au-dessus du niveau de l'embranchement des sous-règnes, (ainsi que des super-embranchements, et de sous-embranchements en dessous). Au-dessus du règne, on parle maintenant d'empire (bien que souvent non présenté dans les arbres phénétiques car implicite et largement documenté par ailleurs) :
42
+
43
+ Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la classification traditionnelle s'est vue de plus en plus remplacée par la classification phylogénétique, qui est uniquement fondée sur le modèle évolutif et la notion d'ascendance commune (ou phylogénie). Les taxons sont désormais obtenus par sa méthode, la méthode cladistique. Cette nouvelle classification ne valide que des groupes monophylétiques (ceux qui incluent un ancêtre et tous ses descendants) et permet de mieux visualiser les embranchements du vivant constitués par différenciations successives au cours du temps.
44
+
45
+ La hiérarchie fixe de catégories (les rangs taxinomiques : espèce, genre, famille, etc.) est abandonnée au profit d'un système de taxons emboîtés les uns dans les autres, système exprimé par le biais de cladogrammes. Chaque taxon devient ainsi une ramification de taxons subordonnés entre eux, un clade.
46
+
47
+ La classification en cinq règnes de Whittaker (1969) a été ramenée à trois domaines, les premiers de la classification de l'ensemble du vivant :
48
+
49
+ Savoir lesquels de ces trois groupes partagent un ancêtre commun qui les distingue du troisième est un sujet de recherche, comme le sont d'ailleurs tous les taxons non divisés en deux autres taxons (les « arbres non enracinés »). Certains chercheurs ont déjà proposé leur propre cladogramme, faisant de deux de ces trois clades les deux premiers de leur classification globale du vivant.
50
+
51
+ Les premiers travaux de la classification phylogénétique ont d'abord consisté à corriger les taxons de la classification traditionnelle mais en l'état actuel des choses les chercheurs travaillent uniquement sur la construction de cladogrammes, en ayant abandonné les arbres généalogiques et les rangs taxinomiques de l'ancienne classification et en la rendant par là même obsolète. La classification traditionnelle ne survit que dans certains manuels scolaires non actualisés ou chez une minorité d'auteurs qui cherchent encore à la faire appliquer, en attribuant aux anciens rangs taxinomiques (ou même en créant de nouveaux) les nouveaux taxons obtenus par la méthode de la classification phylogénétique[7].
52
+
53
+ Les principes et les méthodes de la systématique dite « traditionnelle » ont continué à se moderniser en parallèle de la concurrence du cladisme. Elle prône la reconnaissance formelle des grades évolutifs dans la classification et critique l'holophylie obligatoire des taxons sur laquelle insistent les cladistes[8]. S'appropriant pleinement la mathématisation et l'informatisation de la systématique qui a fait suite à l'introduction de la cladistique et des ordinateurs, voire les raisonnements bayésiens d'une épistémologie renouvelée, certains la distinguent clairement de la systématique classique du début du XXe siècle en parlant de systématique post-phylogénétique[9].
54
+
55
+ La langue utilisée par les scientifiques pour décrire (diagnose originale) et nommer les espèces vivantes est le latin. Une espèce est désignée par un nom binominal ou binom[10], combinant un nom de genre commençant par une majuscule suivi d'une épithète spécifique (entièrement en minuscules) et, autant que possible suivie de la citation abrégée du nom de l'auteur (en botanique) ou en entier (en zoologie) qui a le premier décrit l'espèce sous ce nom; le nom complet est en italique. Donnons un exemple pour chaque règne :
56
+
57
+ Traditionnellement, et jusqu'à la fin du siècle dernier, les principales langues scientifiques étaient, à égalité : l'allemand, l'anglais, l'espagnol, le français et l'italien (les codes de nomenclatures, par exemple, étant simultanément édités en cinq langues officielles). Mais de nos jours, dans les publications et communications, l'anglais se positionne de plus en plus en concurrence avec le latin et le supplante même parfois.
58
+
59
+ La nomenclature de la classification classique a établi une terminologie codifiée qui permet, au vu de la seule terminaison (ou suffixe) d'un taxon quelconque, de savoir quel est son rang taxinomique dans la hiérarchie systématique. L'utilisation de rangs, comme ceux illustrés sur le tableau ci-dessous, ne survit que chez les quelques systématiciens qui expriment leur volonté d'adapter les taxons obtenus par analyse cladistique à l'ancien système linnéen de la classification classique.
60
+
61
+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.
62
+ Bien qu'elles ne figurent pas dans ce tableau, la plupart reçoivent également une terminaison latine plus ou moins codifiée selon les disciplines. On distingue plusieurs catégories de combinaisons :
63
+
64
+ Les terminaisons de ces épithètes suivent les mêmes règles de syntaxe latine et d'exception que les épithètes spécifiques.
65
+
66
+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants :
fr/1163.html.txt ADDED
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+ Dans les sciences du vivant, la classification scientifique des espèces (nommée également « classification biologique ») correspond autant à la systématique, qui est la méthode ou ensemble de méthodes pour classer le vivant, qu'à la taxinomie, qui est la classification elle-même, résultante de l'application de la méthode. Les méthodes de la classification dite classique ou traditionnelle ont été dominantes jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, marquée par l'apparition, en 1950[1], de la systématique phylogénétique ou cladisme.
2
+
3
+ Les termes concernés par les différentes classifications ne bénéficient pourtant pas d'une définition unanimement admise, chaque ouvrage scientifique, chaque dictionnaire et, pour ainsi dire, chaque auteur ayant la sienne. Comme l'a écrit le chercheur scientifique Ernest Small en 1989 [2] : « L'ironie est de constater que les spécialistes en classification biologique n'ont pas réussi à se doter d'une nomenclature claire et systématique à l'intérieur de leur propre champ d'activité et de ses composants […]. »[3]
4
+
5
+ C'est par l'observation des organismes vivants et par leur comparaison qu'Homo sapiens a défini des taxons élémentaires correspondant souvent au genre et à l'espèce, eux-mêmes classés dans un système.
6
+
7
+ Liée à une culture, à un état d'avancement des connaissances, toute classification évolue avec les sociétés elles-mêmes. En outre, le découpage conceptuel varie avec chaque langue (y compris les langues de métier), chaque civilisation ou spécialité ayant tendance à surestimer l'objectivité de sa pensée classificatrice.
8
+
9
+ Alors que la société traditionnelle se modifie peu ou très lentement, les sociétés dites scientifiques sont beaucoup plus changeantes et indépendantes les unes des autres. Ceci expliquant la multiplicité de classifications.
10
+
11
+ Première, la parataxonomie remonte aux chasseurs-cueilleurs du Paléolithique[4].
12
+
13
+ C'est la classification populaire qui « primitivement » (et vernaculairement) a permis de distinguer les genres et les espèces. Elle conserve encore, de nos jours, son importance. Fondée sur des critères simples (l'apparence, les mœurs supposées, les cris...), elle ne s'embarrasse guère de données scientifiques. Devant l'inconnu, elle procède par extension ou assimilation : par exemple, la souris → la chauve-souris → le kiwi (couvert de poils, le kiwi était, pour les Chinois, assimilable à une souris végétale). Toutefois, le mécanisme universel de l'assimilation, et fondé sur une étape de l'observation, se retrouve aussi dans la formation des noms scientifiques. La science des hommes n'étant, après tout, « qu'une suite d'erreurs… rectifiées » (Georges Becker).
14
+
15
+ Elle distingue de même les hiboux des chouettes, les crapauds des grenouilles, les rats des souris..., toutes espèces apparentées qui, dans l'esprit de certains, sont censées être maris et femmes. Ainsi le hibou serait le mâle de la chouette, le crapaud celui de la grenouille, le corbeau celui de la corneille... Bien sûr, cela varie selon les langues et n’a, par exemple, aucun sens en anglais (dans Tom et Jerry, bien qu'il soit une souris, Jerry est un mâle, comme le confirment de nombreux épisodes).
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+
17
+ Les classifications populaires des plantes « ont une fonction opératoire en rapport avec des nécessités d'ordre cognitif (mise en ordre, mémorisation, repérage), mais aussi avec le rôle imparti à chaque plante dans les pratiques techniques et symboliques[5] ».
18
+
19
+ Abandonnée par les scientifiques à partir du 20e siècle, la théorie des signatures, qui recherche des similitudes entre la forme d'une plante et son usage supposé en faisant appel à l'isomorphisme et à l'anthropomorphisme, a été un mode de classement des plantes médicinales dont le souvenir perdure pour les nommer et les mémoriser[6].
20
+
21
+ La vision ethnocentrique qui préjuge d'une supériorité de l'homme moderne sur le primitif est invalidée par de très nombreux travaux comparatifs en anthropologie moderne.
22
+
23
+ Ces études montrent en effet que, dans tous les cas où l'homme prétendu « primitif » ou sauvage (pour son économie de subsistance) est resté intégré à son milieu, son sens aigu d'observation et sa pleine conscience des rapports entre la vie animale et végétale, qui ne laissent pas d'étonner les scientifiques, constitue une science considérable.
24
+
25
+ Ainsi, d'après Claude Lévi-Strauss, les indiens Navajos distinguent plus de 500 plantes, les Hanunóo des îles Philippines classent les oiseaux en 75 catégories et divisent leur flore locale, au plus bas niveau, en plus de 1 800 taxons, alors que les botanistes distinguent pour la même flore moins de 1 300 espèces, d'un point de vue scientifique moderne.
26
+
27
+ Par exemple, dans une population « arriérée » des îles Ryūkyū, le botaniste A.H. Smith rapporte que « même un enfant peut souvent identifier l'espèce d'un arbre d'après un menu fragment de bois et, qui plus est, le sexe de cet arbre selon les idées qu'entretiennent les indigènes sur le sexe des végétaux ; et cela en observant l'apparence du bois et de l'écorce, l'odeur, la dureté et d'autres caractères du même ordre ». Les observations de ce type abondent.
28
+
29
+ L'enseignement qu'on en retire est un rappel de l'évidence : quand on a la prétention de classer scientifiquement l'univers, il importe de recueillir de la façon la plus large possible, l'héritage de tous les classificateurs, qu'ils soient passés ou présents et quel que soit leur niveau d'éducation.
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+ Continuellement enrichie depuis sa création princeps, la classification traditionnelle (ou classique) des espèces, actuellement obsolète mais encore défendue par quelques auteurs, est issue de celle de Linné. Elle reste importante dans la mesure où elle est présente dans de nombreux ouvrages et est utilisée dans la gestion de collections. Linné commença par diviser les êtres naturels en trois règnes, un pour le monde minéral et deux autres pour le monde vivant, les règnes végétal et animal. Le nombre de règnes eut tendance ensuite à s'accroître au fur et à mesure que les systématiciens prenaient conscience de la complexité du monde vivant. On ajouta ainsi le règne fungi (les champignons) et plus tard les règnes protiste (eucaryotes unicellulaires) et monère (procaryotes unicellulaires). Actuellement, la classification traditionnelle est telle que six règnes divisent le monde vivant :
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+ La classification traditionnelle est fondée sur des caractères multiples (biologiques, phénotypiques, physiologiques). Dans de nombreux cas, le critère est la présence d'un caractère, s'opposant à son absence, considérée comme primitive (par exemple vertébrés et invertébrés). Mais les taxons définis par l'absence d'un caractère se sont révélés, à l'usage, très fragiles et les méthodes modernes de classification (phylogénétique, cladistique, phénétique ou évolutive, entre autres) ont tendance à les invalider. Le classement des taxons doit répondre à une hiérarchisation des caractères (principe de la subordination des caractères établi par Jussieu).
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+ La classification traditionnelle repose sur une hiérarchie fixe de catégories (les rangs de taxon), définie de la façon suivante :
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+ À titre d'exemple, pour l'espèce humaine (Homo sapiens) :
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+ Un moyen mnémotechnique connu permettant de retenir cette classification est le suivant : « Reste En Classe Ou Fais Grandes Études ». La première lettre de chacun des mots permet de retrouver respectivement :
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+ La classification classique évolue en tenant compte des avancées en systématique phylogénétique (voir ci-dessous). La classification admet au-dessus du niveau de l'embranchement des sous-règnes, (ainsi que des super-embranchements, et de sous-embranchements en dessous). Au-dessus du règne, on parle maintenant d'empire (bien que souvent non présenté dans les arbres phénétiques car implicite et largement documenté par ailleurs) :
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+ Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la classification traditionnelle s'est vue de plus en plus remplacée par la classification phylogénétique, qui est uniquement fondée sur le modèle évolutif et la notion d'ascendance commune (ou phylogénie). Les taxons sont désormais obtenus par sa méthode, la méthode cladistique. Cette nouvelle classification ne valide que des groupes monophylétiques (ceux qui incluent un ancêtre et tous ses descendants) et permet de mieux visualiser les embranchements du vivant constitués par différenciations successives au cours du temps.
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+ La hiérarchie fixe de catégories (les rangs taxinomiques : espèce, genre, famille, etc.) est abandonnée au profit d'un système de taxons emboîtés les uns dans les autres, système exprimé par le biais de cladogrammes. Chaque taxon devient ainsi une ramification de taxons subordonnés entre eux, un clade.
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+ La classification en cinq règnes de Whittaker (1969) a été ramenée à trois domaines, les premiers de la classification de l'ensemble du vivant :
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+ Savoir lesquels de ces trois groupes partagent un ancêtre commun qui les distingue du troisième est un sujet de recherche, comme le sont d'ailleurs tous les taxons non divisés en deux autres taxons (les « arbres non enracinés »). Certains chercheurs ont déjà proposé leur propre cladogramme, faisant de deux de ces trois clades les deux premiers de leur classification globale du vivant.
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+ Les premiers travaux de la classification phylogénétique ont d'abord consisté à corriger les taxons de la classification traditionnelle mais en l'état actuel des choses les chercheurs travaillent uniquement sur la construction de cladogrammes, en ayant abandonné les arbres généalogiques et les rangs taxinomiques de l'ancienne classification et en la rendant par là même obsolète. La classification traditionnelle ne survit que dans certains manuels scolaires non actualisés ou chez une minorité d'auteurs qui cherchent encore à la faire appliquer, en attribuant aux anciens rangs taxinomiques (ou même en créant de nouveaux) les nouveaux taxons obtenus par la méthode de la classification phylogénétique[7].
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+ Les principes et les méthodes de la systématique dite « traditionnelle » ont continué à se moderniser en parallèle de la concurrence du cladisme. Elle prône la reconnaissance formelle des grades évolutifs dans la classification et critique l'holophylie obligatoire des taxons sur laquelle insistent les cladistes[8]. S'appropriant pleinement la mathématisation et l'informatisation de la systématique qui a fait suite à l'introduction de la cladistique et des ordinateurs, voire les raisonnements bayésiens d'une épistémologie renouvelée, certains la distinguent clairement de la systématique classique du début du XXe siècle en parlant de systématique post-phylogénétique[9].
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+ La langue utilisée par les scientifiques pour décrire (diagnose originale) et nommer les espèces vivantes est le latin. Une espèce est désignée par un nom binominal ou binom[10], combinant un nom de genre commençant par une majuscule suivi d'une épithète spécifique (entièrement en minuscules) et, autant que possible suivie de la citation abrégée du nom de l'auteur (en botanique) ou en entier (en zoologie) qui a le premier décrit l'espèce sous ce nom; le nom complet est en italique. Donnons un exemple pour chaque règne :
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+ Traditionnellement, et jusqu'à la fin du siècle dernier, les principales langues scientifiques étaient, à égalité : l'allemand, l'anglais, l'espagnol, le français et l'italien (les codes de nomenclatures, par exemple, étant simultanément édités en cinq langues officielles). Mais de nos jours, dans les publications et communications, l'anglais se positionne de plus en plus en concurrence avec le latin et le supplante même parfois.
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+ La nomenclature de la classification classique a établi une terminologie codifiée qui permet, au vu de la seule terminaison (ou suffixe) d'un taxon quelconque, de savoir quel est son rang taxinomique dans la hiérarchie systématique. L'utilisation de rangs, comme ceux illustrés sur le tableau ci-dessous, ne survit que chez les quelques systématiciens qui expriment leur volonté d'adapter les taxons obtenus par analyse cladistique à l'ancien système linnéen de la classification classique.
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+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.
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+ Bien qu'elles ne figurent pas dans ce tableau, la plupart reçoivent également une terminaison latine plus ou moins codifiée selon les disciplines. On distingue plusieurs catégories de combinaisons :
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+ Les terminaisons de ces épithètes suivent les mêmes règles de syntaxe latine et d'exception que les épithètes spécifiques.
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+ Dans les sciences du vivant, la classification scientifique des espèces (nommée également « classification biologique ») correspond autant à la systématique, qui est la méthode ou ensemble de méthodes pour classer le vivant, qu'à la taxinomie, qui est la classification elle-même, résultante de l'application de la méthode. Les méthodes de la classification dite classique ou traditionnelle ont été dominantes jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, marquée par l'apparition, en 1950[1], de la systématique phylogénétique ou cladisme.
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+ Les termes concernés par les différentes classifications ne bénéficient pourtant pas d'une définition unanimement admise, chaque ouvrage scientifique, chaque dictionnaire et, pour ainsi dire, chaque auteur ayant la sienne. Comme l'a écrit le chercheur scientifique Ernest Small en 1989 [2] : « L'ironie est de constater que les spécialistes en classification biologique n'ont pas réussi à se doter d'une nomenclature claire et systématique à l'intérieur de leur propre champ d'activité et de ses composants […]. »[3]
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+ Elle distingue de même les hiboux des chouettes, les crapauds des grenouilles, les rats des souris..., toutes espèces apparentées qui, dans l'esprit de certains, sont censées être maris et femmes. Ainsi le hibou serait le mâle de la chouette, le crapaud celui de la grenouille, le corbeau celui de la corneille... Bien sûr, cela varie selon les langues et n’a, par exemple, aucun sens en anglais (dans Tom et Jerry, bien qu'il soit une souris, Jerry est un mâle, comme le confirment de nombreux épisodes).
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+ Les classifications populaires des plantes « ont une fonction opératoire en rapport avec des nécessités d'ordre cognitif (mise en ordre, mémorisation, repérage), mais aussi avec le rôle imparti à chaque plante dans les pratiques techniques et symboliques[5] ».
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+ Abandonnée par les scientifiques à partir du 20e siècle, la théorie des signatures, qui recherche des similitudes entre la forme d'une plante et son usage supposé en faisant appel à l'isomorphisme et à l'anthropomorphisme, a été un mode de classement des plantes médicinales dont le souvenir perdure pour les nommer et les mémoriser[6].
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+ Ainsi, d'après Claude Lévi-Strauss, les indiens Navajos distinguent plus de 500 plantes, les Hanunóo des îles Philippines classent les oiseaux en 75 catégories et divisent leur flore locale, au plus bas niveau, en plus de 1 800 taxons, alors que les botanistes distinguent pour la même flore moins de 1 300 espèces, d'un point de vue scientifique moderne.
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+ Par exemple, dans une population « arriérée » des îles Ryūkyū, le botaniste A.H. Smith rapporte que « même un enfant peut souvent identifier l'espèce d'un arbre d'après un menu fragment de bois et, qui plus est, le sexe de cet arbre selon les idées qu'entretiennent les indigènes sur le sexe des végétaux ; et cela en observant l'apparence du bois et de l'écorce, l'odeur, la dureté et d'autres caractères du même ordre ». Les observations de ce type abondent.
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+ Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la classification traditionnelle s'est vue de plus en plus remplacée par la classification phylogénétique, qui est uniquement fondée sur le modèle évolutif et la notion d'ascendance commune (ou phylogénie). Les taxons sont désormais obtenus par sa méthode, la méthode cladistique. Cette nouvelle classification ne valide que des groupes monophylétiques (ceux qui incluent un ancêtre et tous ses descendants) et permet de mieux visualiser les embranchements du vivant constitués par différenciations successives au cours du temps.
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+ La hiérarchie fixe de catégories (les rangs taxinomiques : espèce, genre, famille, etc.) est abandonnée au profit d'un système de taxons emboîtés les uns dans les autres, système exprimé par le biais de cladogrammes. Chaque taxon devient ainsi une ramification de taxons subordonnés entre eux, un clade.
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+ Savoir lesquels de ces trois groupes partagent un ancêtre commun qui les distingue du troisième est un sujet de recherche, comme le sont d'ailleurs tous les taxons non divisés en deux autres taxons (les « arbres non enracinés »). Certains chercheurs ont déjà proposé leur propre cladogramme, faisant de deux de ces trois clades les deux premiers de leur classification globale du vivant.
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+ Les premiers travaux de la classification phylogénétique ont d'abord consisté à corriger les taxons de la classification traditionnelle mais en l'état actuel des choses les chercheurs travaillent uniquement sur la construction de cladogrammes, en ayant abandonné les arbres généalogiques et les rangs taxinomiques de l'ancienne classification et en la rendant par là même obsolète. La classification traditionnelle ne survit que dans certains manuels scolaires non actualisés ou chez une minorité d'auteurs qui cherchent encore à la faire appliquer, en attribuant aux anciens rangs taxinomiques (ou même en créant de nouveaux) les nouveaux taxons obtenus par la méthode de la classification phylogénétique[7].
52
+
53
+ Les principes et les méthodes de la systématique dite « traditionnelle » ont continué à se moderniser en parallèle de la concurrence du cladisme. Elle prône la reconnaissance formelle des grades évolutifs dans la classification et critique l'holophylie obligatoire des taxons sur laquelle insistent les cladistes[8]. S'appropriant pleinement la mathématisation et l'informatisation de la systématique qui a fait suite à l'introduction de la cladistique et des ordinateurs, voire les raisonnements bayésiens d'une épistémologie renouvelée, certains la distinguent clairement de la systématique classique du début du XXe siècle en parlant de systématique post-phylogénétique[9].
54
+
55
+ La langue utilisée par les scientifiques pour décrire (diagnose originale) et nommer les espèces vivantes est le latin. Une espèce est désignée par un nom binominal ou binom[10], combinant un nom de genre commençant par une majuscule suivi d'une épithète spécifique (entièrement en minuscules) et, autant que possible suivie de la citation abrégée du nom de l'auteur (en botanique) ou en entier (en zoologie) qui a le premier décrit l'espèce sous ce nom; le nom complet est en italique. Donnons un exemple pour chaque règne :
56
+
57
+ Traditionnellement, et jusqu'à la fin du siècle dernier, les principales langues scientifiques étaient, à égalité : l'allemand, l'anglais, l'espagnol, le français et l'italien (les codes de nomenclatures, par exemple, étant simultanément édités en cinq langues officielles). Mais de nos jours, dans les publications et communications, l'anglais se positionne de plus en plus en concurrence avec le latin et le supplante même parfois.
58
+
59
+ La nomenclature de la classification classique a établi une terminologie codifiée qui permet, au vu de la seule terminaison (ou suffixe) d'un taxon quelconque, de savoir quel est son rang taxinomique dans la hiérarchie systématique. L'utilisation de rangs, comme ceux illustrés sur le tableau ci-dessous, ne survit que chez les quelques systématiciens qui expriment leur volonté d'adapter les taxons obtenus par analyse cladistique à l'ancien système linnéen de la classification classique.
60
+
61
+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.
62
+ Bien qu'elles ne figurent pas dans ce tableau, la plupart reçoivent également une terminaison latine plus ou moins codifiée selon les disciplines. On distingue plusieurs catégories de combinaisons :
63
+
64
+ Les terminaisons de ces épithètes suivent les mêmes règles de syntaxe latine et d'exception que les épithètes spécifiques.
65
+
66
+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants :
fr/1165.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,244 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le tableau périodique des éléments, également appelé tableau ou table de Mendeleïev, classification périodique des éléments ou simplement tableau périodique, représente tous les éléments chimiques, ordonnés par numéro atomique croissant et organisés en fonction de leur configuration électronique, laquelle sous-tend leurs propriétés chimiques.
2
+
3
+ La conception de ce tableau est généralement attribuée au chimiste russe Dmitri Ivanovitch Mendeleïev, qui, en 1869, construisit une table, différente de celle qu'on utilise aujourd'hui[a] mais semblable dans son principe, dont le grand intérêt était de proposer une classification systématique des éléments connus à l'époque en vue de souligner la périodicité de leurs propriétés chimiques, d'identifier les éléments qui restaient à découvrir, voire de prédire certaines propriétés d'éléments chimiques alors inconnus.
4
+
5
+ Le tableau périodique a connu de nombreux réajustements depuis lors jusqu'à prendre la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Il est devenu un référentiel universel auquel peuvent être rapportés tous les types de comportements physique et chimique des éléments. Depuis la mise à jour de l'UICPA du 28 novembre 2016, sa forme standard comporte 118 éléments[1], allant de l'hydrogène 1H à l'oganesson 118Og.
6
+
7
+ Ce tableau est la représentation la plus usuelle de la classification des éléments chimiques. Certains chimistes ont proposé d'autres façons de classer les éléments, mais celles-ci restent bornées au domaine scientifique.
8
+
9
+ Parmi les 118 éléments chimiques connus, 83 sont dits primordiaux parce qu'ils possèdent au moins un isotope stable ou suffisamment stable pour être plus ancien que la Terre. Parmi eux, trois sont radioactifs : l'uranium 92U, le thorium 90Th et le bismuth 83Bi ; la radioactivité de ce dernier est cependant si faible qu'elle n'a été mise en évidence qu'en 2003[2].
10
+
11
+ 11 éléments existent naturellement dans l'environnement terrestre mais sont trop radioactifs pour que leurs isotopes présents lors de la formation du Système solaire aient pu subsister jusqu'à nos jours : ils sont formés continuellement par désintégration radioactive d'autres éléments chimiques, principalement de l'uranium et du thorium. C'est par exemple le cas du technétium 43Tc, le plus léger d'entre eux, qui est un produit de fission de l'uranium, ou encore du plutonium 94Pu, le plus lourd d'entre eux, qui est considéré comme un radioisotope naturel présent à l'état de traces dans la pechblende, principal minerai d'uranium. La chaîne de désintégration de l'uranium 238, principal isotope naturel d'uranium, produit ainsi continuellement du protactinium 234Pa, du thorium 234Th et 230Th, du radium 226Ra, du radon 222Rn, du polonium 218Po, 214Po et 210Po, du bismuth 214Bi et 210Bi, et du plomb 214Pb, 210Pb et 206Pb, ce dernier étant stable.
12
+
13
+ Les 24 derniers éléments sont dits synthétiques car ils n'existent pas naturellement dans l'environnement terrestre et sont produits artificiellement dans les réacteurs nucléaires ou expérimentalement en laboratoire. On peut cependant trouver certains d'entre eux dans la nature à la suite d'essais nucléaires atmosphériques ou d'accidents nucléaires, comme c'est le cas, dans certaines zones contaminées, pour l'américium 95Am, le curium 96Cm, le berkélium 97Bk et le californium 98Cf. Hors de notre planète, ces éléments, ainsi que l'einsteinium 99Es, sont peut-être produits naturellement par processus r[3] lors d'explosions de supernovae, comme on l'a longtemps pensé de l'isotope 254Cf[4],[5],[6], hypothèse cependant réfutée depuis lors[7] ; ils auraient également été détectés dans le spectre de l'étoile de Przybylski[8].
14
+
15
+ Parmi les 103 éléments dont l'état standard est connu aux conditions normales de température et de pression (0 °C et 1 atm), 90 sont solides, 11 sont gazeux, et seulement deux sont liquides : le brome 35Br, fondant à −7,2 °C, et le mercure 80Hg, fondant à −38,8 °C ; plusieurs éléments solides ont cependant un point de fusion voisin de la température ambiante, par exemple le francium 87Fr, à 27 °C, le césium 55Cs, à 28,5 °C, le gallium 31Ga, à 29,8 °C, le rubidium 37Rb, à 39,3 °C, ou encore le phosphore blanc 15P, à 44,2 °C.
16
+
17
+ Dans la mesure où les propriétés physico-chimiques des éléments reposent sur leur configuration électronique, cette dernière est sous-jacente à l'agencement du tableau périodique. Ainsi, chaque ligne du tableau, appelée période, correspond à une couche électronique, identifiée par son nombre quantique principal, noté n : il existe sept couches électroniques connues à l'état fondamental, donc sept périodes dans le tableau périodique standard, numérotées de 1 à 7. Chaque période est elle-même scindée en un à quatre blocs, qui correspondent aux sous-couches électroniques, identifiées par leur nombre quantique secondaire, noté ℓ : il existe quatre types de sous-couches électroniques connues à l'état fondamental, notées s, p, d et f (ces lettres viennent d'abréviations utilisées initialement en spectroscopie). Chacune de ces sous-couches contient respectivement 1, 3, 5 et 7 orbitales atomiques, identifiées par leur nombre quantique magnétique, noté mℓ. Enfin, chaque orbitale est occupée par au plus deux électrons, identifiés chacun par leur nombre quantique magnétique de spin, noté ms.
18
+
19
+ Chaque électron d'un atome est donc décrit par quatre nombres quantiques, qui vérifient les propriétés suivantes :
20
+
21
+ En vertu du principe d'exclusion de Pauli, selon lequel deux fermions (ici, deux électrons) d'un même système (ici, un même atome) ne peuvent partager le même état quantique, les sous-couches électroniques s, p, d et f ne peuvent contenir chacune qu'au plus 2, 6, 10 et 14 électrons respectivement ; dans le tableau périodique, elles matérialisent ainsi le bloc s, le bloc p, le bloc d et le bloc f, contenant respectivement 2, 6, 10 et 14 éléments par période.
22
+
23
+ Si l'on respecte la construction du tableau par blocs en fonction des configurations électroniques, l'hélium devrait se trouver au-dessus du béryllium dans la 2e colonne, celle dont les atomes ont une sous-couche externe ns2, et non au-dessus du néon dans la 18e colonne, dont les atomes ont une sous-couche externe np6 ; l'hélium est cependant positionné usuellement dans la 18e colonne car c'est celle des gaz nobles, dont il fait chimiquement partie.
24
+
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+ Ordre indicatif de remplissage des couches et les sous-couches par énergie croissante selon la règle de Klechkowski.
26
+
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+ Construction du tableau à partir des orbitales atomiques.
28
+
29
+ Toutes les sous-couches d'une période n'appartiennent pas nécessairement à la même couche électronique : à partir de la 3e période, des sous-couches appartenant à des couches différentes se remplissent sur une même période. En effet, la distribution des électrons sur les différents niveaux d'énergie quantiques autour de l'atome obéit au principe d'Aufbau (« édification » en allemand), selon lequel l'ordre précis des sous-couches électroniques est donné par la règle de Klechkowski : les sous-couches sont remplies afin que les valeurs n + ℓ puis n soient croissantes, avec n le nombre quantique principal et ℓ le nombre quantique azimutal.
30
+
31
+ C'est la succession des sous-couches électroniques de chaque période qui détermine la structure du tableau périodique en blocs, chaque période étant définie par le retour d'une sous-couche s suivant une sous-couche p de la période précédente, avec un nombre quantique principal incrémenté d'une unité.
32
+
33
+ La règle de Klechkowski est observée pour plus de 80 % des 103 éléments dont la configuration électronique à l'état fondamental est connue avec précision, mais une vingtaine d'éléments y font exception. L'état fondamental est en effet par définition celui dont l'énergie est la plus faible, et le nombre quantique magnétique de spin des électrons entre en jeu pour déterminer cette énergie : plus le spin résultant des électrons d'une orbitale atomique est élevé, plus la configuration de ces électrons sur cette orbitale est stable (règle de Hund). Il s'ensuit que, pour les éléments du bloc d et du bloc f (métaux de transition, lanthanides et actinides), il est énergétiquement moins favorable de suivre la règle de Klechkowski que de favoriser l'occupation impaire des sous-couches les plus externes lorsque la couche d ou f est vide, à moitié remplie ou entièrement remplie, car l'écart d'énergie entre ces sous-couches est inférieur au gain d'énergie induit par la redistribution des électrons de telle sorte que leur nombre quantique magnétique de spin résultant soit le plus élevé — dans le tableau qui suit, les distributions d'électrons irrégulières sont indiquées en gras :
34
+
35
+ Le grand intérêt de la classification périodique est d'organiser les éléments chimiques de telle sorte que leurs propriétés physico-chimiques puissent être largement prédites par leur position dans la table. Ces propriétés évoluent différemment selon qu'on se déplace verticalement ou horizontalement dans le tableau.
36
+
37
+ Une période désigne une ligne du tableau périodique. Elle se définit par le remplissage progressif des sous-couches électroniques jusqu'à atteindre la sous-couche s de la couche électronique suivante. Les propriétés des éléments varient généralement beaucoup le long d'une période, mais peuvent être localement assez semblables et constituer des familles d'éléments chimiques complètes, notamment dans le bloc d (métaux dits « de transition ») et surtout dans le bloc f (lanthanides sur la 6e période et actinides sur la 7e période).
38
+
39
+ Un groupe désigne une colonne du tableau périodique. Chacun des 18 groupes du tableau périodique standard constitue souvent un ensemble d'éléments aux propriétés distinctes des groupes voisins, notamment aux extrémités gauche et droite du tableau périodique (c'est-à-dire dans les blocs s et p), où ils se sont vus attribuer des noms d'usage au fil du temps :
40
+
41
+ Si les termes pnictogène et chalcogène sont aujourd'hui assez désuets, les quatre autres en revanche sont encore très employés car ils se confondent usuellement avec des familles de même nom :
42
+
43
+ Le groupe 3 est un cas particulier dans la mesure où sa composition ne fait pas l'objet d'un consensus parmi les chimistes : si les éléments des périodes 4 et 5 qui le constituent sont toujours le scandium et l'yttrium, ceux des périodes 6 et 7 sont en revanche ou bien le lanthane et l'actinium, ou bien le lutécium et le lawrencium. Cela signifie que la composition des blocs d et f est également variable selon les auteurs, car le groupe 3 fait partie du bloc d. La première option, plaçant le lanthane et l'actinium dans le groupe 3, et donc dans le bloc d, était prépondérante jusqu'au début du siècle, avec semble-t-il un renversement de tendance depuis lors ; ce choix relève essentiellement d'une convention : les propriétés chimiques du scandium, de l'yttrium et des 15 lanthanides (lanthane et lutécium compris) sont ainsi suffisamment semblables pour que ces éléments soient collectivement appelés terres rares.
44
+
45
+ La description quantique de la configuration électronique des atomes permet d'expliquer la similitude des propriétés chimiques au sein d'un groupe par une configuration identique des électrons dans la couche de valence. Le rayon atomique augmente rapidement de haut en bas d'une colonne, car à chaque période s'ajoute une couche électronique. En corollaire, l'énergie d'ionisation et l'électronégativité diminuent car les électrons périphériques sont moins fortement liés au noyau dans le bas du tableau.
46
+
47
+ Outre les analyses par lignes et par colonnes, le tableau périodique permet également d'établir des relations diagonales entre certains éléments chimiques des deuxième et troisième périodes qui se trouvent en diagonale les uns par rapport aux autres dans le tableau. Il s'agit toujours de la direction diagonale allant du haut à gauche vers le bas à droite, car parcourir une période vers la droite et descendre le long d'une colonne se traduisent de façon opposée sur la couche de valence des atomes (respectivement, diminution et augmentation du rayon atomique, d'où augmentation et diminution de l'électronégativité). Il s'ensuit certaines similitudes entre éléments diagonaux, qui pourtant ne partagent ni la même période ni le même groupe : la distribution des métalloïdes dans le tableau périodique illustre cet effet.
48
+
49
+ D'une manière générale, le rayon atomique tend à décroître lorsqu'on parcourt une période de gauche à droite, depuis les métaux alcalins jusqu'aux gaz nobles, et à croître lorsqu'on parcourt un groupe de haut en bas. Il croît brutalement lorsqu'on passe d'une période à la suivante, entre le gaz noble d'une période P et le métal alcalin de la période P + 1. Ceci s'explique très bien par les couches électroniques constituant les atomes, et ces observations fournissent des preuves importantes pour l'élaboration et la confirmation des théories de la mécanique quantique.
50
+
51
+ La décroissance du rayon atomique le long des périodes résulte notamment du fait que la charge électrique du noyau atomique augmente tout au long de chaque période, ce qui accroît l'attraction du noyau sur les électrons et réduit par conséquent le volume des orbitales atomiques. La contraction des lanthanides, observée au cours du remplissage de la sous-couche 4f, illustre très bien ce phénomène : le rayon atomique de l'osmium (élément 76) est quasiment identique à celui du ruthénium (élément 44), qui lui est juste au-dessus dans le tableau. Cette particularité s'observe le long de la 6e période à partir du hafnium (élément 72) jusqu'au platine (élément 78), après lequel elle est masquée par un effet relativiste appelé effet de paire inerte. Un phénomène semblable s'observe également avec le remplissage des sous-couches nd du bloc d, mais est moins marqué que celui observé avec les lanthanides, bien qu'il ait la même origine.
52
+
53
+ Le tableau ci-dessous présente les rayons de covalence moyens mesurés pour la plupart des atomes, qui illustrent les tendances observées pour les rayons atomiques à travers le tableau périodique :
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+
59
+ L'énergie d'ionisation, qui correspond implicitement à l'énergie de première ionisation, est l'énergie minimum nécessaire pour retirer un électron à un atome et former un cation. L'électron retiré est le moins lié au noyau atomique et se trouve dans la couche de valence. L'énergie de deuxième ionisation est par conséquent l'énergie nécessaire pour retirer un deuxième électron à l'ion précédemment formé, etc. Pour un atome donné, les énergies d'ionisation successives augmentent avec le degré d'ionisation. Pour le magnésium, par exemple, l'énergie de première ionisation est de 738 kJ·mol-1 pour former le cation Mg+, tandis que l'énergie de deuxième ionisation est de 1 450 kJ·mol-1 pour former le cation Mg2+. Cela s'explique par le fait que les électrons sont d'autant plus liés au noyau qu'ils sont dans des sous-couches intérieures, ce qui explique également que l'énergie de première ionisation croisse quand on se rapproche du haut et de la droite du tableau.
60
+
61
+ L'énergie d'ionisation fait un bond lorsqu'on tente d'arracher un électron à une configuration électronique de gaz noble, ce qui est par exemple le cas du magnésium ionisé deux fois Mg2+, dont la configuration électronique est très semblable à celle du néon : l'énergie de troisième ionisation passe à 7 730 kJ·mol-1 pour former le cation Mg3+ et correspond à l'arrachement d'un électron de la sous-couche 2p après que les deux électrons de la sous-couche 3s ont été retirés lors des première et deuxième ionisations.
62
+
63
+ Le tableau ci-dessous représente la première énergie d'ionisation mesurée pour la plupart des éléments, ce qui permet de visualiser les variations de cette grandeur à travers le tableau périodique. On observe en particulier plusieurs minima locaux autour de l'angle inférieur gauche des différents blocs, césium et francium pour le bloc s, actinium pour le bloc f, lawrencium pour le bloc d et thallium pour le bloc p :
64
+
65
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66
+
67
+
68
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69
+ L'électronégativité est une indication de la tendance d'un atome à attirer les électrons. Elle dépend à la fois du numéro atomique et de l'éloignement des électrons de valence par rapport au noyau atomique. Plus l'électronégativité est élevée, plus l'élément attire les électrons. Cette grandeur, déterminée par exemple par l'échelle de Pauling, suit globalement la même tendance que l'énergie d'ionisation : elle croît quand on va vers le haut et vers la droite du tableau, avec un maximum pour le fluor et un minimum pour le francium. Il existe cependant des exception à cette règle générale, qui suivent les exceptions à l'évolution du rayon atomique : le gallium et le germanium ont une électronégativité supérieure à celle de l'aluminium et du silicium respectivement en raison de la contraction du bloc d. Les éléments de la 4e période qui viennent immédiatement après les métaux de transition ont des rayons atomiques particulièrement petits, d'où une électronégativité plus élevée. On observe également que les métaux du groupe du platine et les métaux nobles ont une électronégativité particulièrement élevée et croissante vers le bas du tableau, phénomène qu'on observe également le long du groupe no 6.
70
+
71
+
72
+
73
+ L'affinité électronique d'un atome est la quantité d'énergie libérée lorsqu'un électron est ajouté à un atome neutre pour former un anion. Cette grandeur varie beaucoup d'un élément à un autre, mais des tendances sont perceptibles à travers le tableau périodique, présentant certaines similitudes avec l'électronégativité. Les halogènes présentent la plus forte affinité électronique, très supérieure à celle des tous les autres éléments ; elle est maximum pour le chlore, et non le fluor, à la différence de l'électronégativité.
74
+
75
+ D'une manière générale, les non métaux ont une affinité électronique plus positive que celle des métaux, tandis que celle des gaz nobles, réagissant trop peu, n'a pas été mesurée. L'affinité électronique croît généralement le long d'une période, mais il est plus difficile de dégager une tendance le long des groupes : elle devrait décroître en descendant le long d'un groupe puisque les couches de valence sont de moins en moins liées au noyau, mais on observe expérimentalement qu'environ un tiers des éléments échappent à cette tendance, et présentent une affinité électronique supérieure à celle de l'élément situé au-dessus d'eux dans le tableau périodique ; seul le 1er groupe, celui des métaux alcalins, est caractérisé par une décroissance régulière de l'affinité électronique.
76
+
77
+ En fonction de leurs propriétés physiques et chimiques générales, les éléments peuvent être classés en métaux, métalloïdes et non-métaux :
78
+
79
+ Plus l'énergie d'ionisation, l'électronégativité et l'affinité électronique sont faibles, plus l'élément a un caractère métallique prononcé. Réciproquement, les éléments pour lesquels ces grandeurs sont élevées sont non métalliques. Les non-métaux se regroupent par conséquent autour de l'angle supérieur droit du tableau (typiquement le fluor et le chlore), tandis que la grande majorité des éléments ont un caractère métallique plus ou moins prononcé, les plus métalliques se regroupant autour de l'angle inférieur gauche (typiquement le francium et le césium). Entre ces deux extrêmes, on a coutume de distinguer parmi les métaux :
80
+
81
+ Parmi les non-métaux, on peut distinguer, outre les familles conventionnelles :
82
+
83
+ Au-delà des lignes, des colonnes et des diagonales, les éléments sont traditionnellement regroupés en familles aux propriétés physico-chimiques homogènes :
84
+
85
+ Aux extrémités gauche et droite du tableau, ces familles se confondent à peu pr��s avec les groupes, tandis qu'au centre du tableau elles ont plutôt tendance à se confondre avec les blocs, voire avec les périodes. Ces regroupements d'éléments fondés sur leurs propriétés physiques et chimiques sont par essence imparfaits, car ces propriétés varient souvent de manière assez continue à travers le tableau périodique, de sorte qu'il est fréquent d'observer des recouvrements aux limites entre ces regroupements. Ainsi, le béryllium est toujours classé parmi les métaux alcalins bien que ses oxydes soient amphotères et qu'il présente une tendance marquée à former des composés covalents, deux caractéristiques des métaux pauvres comme l'aluminium. De même, le radon est toujours classé comme gaz noble bien qu'il ne soit pas chimiquement inerte et tende à former des composés ioniques, ce qui le rapproche des métaux.
86
+
87
+ D'autres regroupements sont également en usage, par exemple :
88
+
89
+ La configuration électronique des éléments est décrite de façon satisfaisante par le modèle des orbitales atomiques jusqu'au milieu de la 7e période. Pour Z >> 100, des effets relativistes deviennent significatifs sur des électrons en interaction avec un noyau très fortement chargé, certaines corrections induites par l'électrodynamique quantique ne peuvent plus être négligées, les approximations considérant les électrons de façon individuelle pour déterminer les orbitales — approximation du champ central — ne sont plus valides, et des effets de couplage spin-orbite redistribuent les niveaux d'énergie, et donc les sous-couches électroniques. Il s'ensuit que la distribution des électrons autour du noyau devient délicate à modéliser pour ces éléments, et qu'on peut s'attendre à ce que leurs propriétés chimiques soient plus difficiles à prévoir.
90
+
91
+ Si les propriétés physiques et chimiques de tous les éléments jusqu'au hassium 108Hs sont bien connues, seuls deux éléments de numéro atomique supérieur à 108 ont fait l'objet d'études expérimentales : le copernicium 112Cn et le flérovium 114Fl ; on n'a par conséquent que très peu d'informations sur les propriétés physiques et chimiques des autres éléments de numéro atomique supérieur à 108.
92
+
93
+ Le copernicium 112Cn, dont les propriétés chimiques ont été particulièrement étudiées, s'est révélé être un homologue plus volatil du mercure et prolonge donc bien le groupe 12[13]. Il peut ainsi être rangé parmi les métaux pauvres comme le mercure, mais il semble également répondre à la définition de l'IUPAC pour les éléments de transition, c'est-à-dire « un élément chimique dont les atomes ont une sous-couche électronique d incomplète, ou qui peuvent former des cations dont la sous-couche électronique d est incomplète[14] » en raison d'effets relativistes stabilisant la sous-couche électronique s au détriment de la sous-couche d : le cation Cn2+ aurait ainsi la configuration électronique [Rn]5f14 6d8 7s2. Le copernicium présente par ailleurs certaines propriétés le rapprochant des gaz nobles[15] et pourrait d'ailleurs être gazeux[16].
94
+
95
+ Le flérovium, quant à lui, présente des propriétés ambiguës : davantage métal que gaz noble, contrairement à ce que laissaient penser les premiers résultats obtenus en 2008[17], il serait lui aussi volatil mais plus réactif que le copernicium, et pourrait appartenir, tout comme lui, à une nouvelle famille correspondant à des « métaux volatils », intermédiaires entre métaux et gaz nobles du point de vue de leurs propriétés d'adsorption sur l'or[18] ; dans la mesure où il s'avère chimiquement semblable au plomb, il peut être vu comme un métal pauvre, mais ne peut en toute rigueur être rangé dans une famille d'éléments en l'état actuel de nos connaissances.
96
+
97
+ Les propriétés de l'oganesson 118Og, qui devrait être un gaz noble en vertu de son positionnement en bas de la 18e colonne du tableau, n'ont pas été étudiées expérimentalement ; des modélisations suggèrent qu'il pourrait peut-être s'agir d'un solide semiconducteur ayant des propriétés évoquant les métalloïdes[13].
98
+
99
+ Les éléments chimiques sont identifiés dans le tableau périodique par leur numéro atomique, qui représente le nombre de protons que contient leur noyau, mais il peut exister plusieurs atomes différents pour un même élément chimique, différant les uns des autres par le nombre de neutrons dans leur noyau. Dans la mesure où ces atomes occupent la même case dans le tableau périodique, ils sont dits isotopes — avec une étymologie issue du grec ancien ἴσος τόπος signifiant « au même endroit ».
100
+
101
+ Les isotopes d'un élément ont généralement exactement les mêmes propriétés chimiques, car leur configuration électronique est identique. Mais la masse du noyau étant différente, on observe un effet isotopique d'autant plus prononcé que l'atome est léger. C'est notamment le cas pour le lithium 3Li, l'hélium 2He (du point de vue de ses propriétés physiques) et surtout l'hydrogène 1H.
102
+
103
+ L'isotope 2H (deutérium) de l'hydrogène est suffisamment différent de l'isotope 1H (protium) pour que l'UICPA admette — mais sans le recommander — l'usage d'un symbole chimique spécifique au deutérium (D) distinct de celui de l'hydrogène (H).
104
+
105
+ 80 des 118 éléments du tableau périodique standard possèdent au moins un isotope stable : ce sont tous les éléments de numéro atomique compris entre 1 (hydrogène) et 82 (plomb) hormis le technétium 43Tc et le prométhium 61Pm, qui sont radioactifs.
106
+
107
+ Dès le bismuth 83Bi, tous les isotopes des éléments connus sont radioactifs. L'isotope 209Bi a ainsi une période radioactive valant un milliard de fois l'âge de l'univers. Lorsque la période dépasse quatre millions d'années, la radioactivité produite par ces isotopes devient négligeable et présente à court terme un risque sanitaire très faible : c'est par exemple le cas de l'uranium 238, dont la période est de près de 4,5 milliards d'années et dont la toxicité est avant tout chimique[19],[20],[21], à travers notamment des composés solubles tels que UF6, UO2F2, UO2Cl2, UO2(NO3)2, UF4, UCl4, UO3, certains composés peu solubles tels que UO2 et U3O8 étant quant à eux radiotoxiques[22].
108
+
109
+ Au-delà de Z = 110 (darmstadtium 281Ds), tous les isotopes des éléments ont une période radioactive de moins de 30 secondes, et de moins d'un dixième de seconde à partir de l'élément 115 (moscovium 288Mc).
110
+
111
+ Le modèle en couches de la structure nucléaire permet de rendre compte de la plus ou moins grande stabilité des noyaux atomiques en fonction de leur composition en nucléons (protons et neutrons). En particulier, des « nombres magiques » de nucléons, conférant une stabilité particulière aux atomes qui en sont composés, ont été observés expérimentalement, et expliqués par ce modèle[23],[24]. Le plomb 208, qui est le plus lourd des noyaux stables existants, est ainsi composé du nombre magique de 82 protons et du nombre magique de 126 neutrons.
112
+
113
+ Certaines théories[b] extrapolent ces résultats en prédisant l'existence d'un îlot de stabilité parmi les nucléides superlourds, pour un « nombre magique » de 184 neutrons et — selon les théories et les modèles — 114, 120, 122 ou 126 protons ; une approche plus moderne montre toutefois, par des calculs fondés sur l'effet tunnel, que, si de tels noyaux doublement magiques sont probablement stables du point de vue de la fission spontanée, ils devraient cependant subir des désintégrations α avec une période radioactive de quelques microsecondes[25],[26],[27], tandis qu'un îlot de relative stabilité pourrait exister autour du darmstadtium 293, correspondant aux nucléides définis par Z compris entre 104 et 116 et N compris entre 176 et 186 : ces éléments pourraient avoir des isotopes présentant des périodes radioactives de l'ordre de la minute.
114
+
115
+ On ignore jusqu'à combien de protons et d'électrons un même atome peut contenir. La limite d'observabilité pratique est généralement estimée à au plus Z = 130[28], dans la mesure où l'existence des atomes superlourds se heurte à la limite de stabilité des noyaux[29]. Cela place la fin du tableau périodique peu après l'une des valeurs proposées pour le dernier îlot de stabilité, centré dans ce cas autour de Z = 126.
116
+
117
+ Richard Feynman releva en 1948 qu'une interprétation simple de l'équation de Dirac semi-relativiste aboutit à une impossibilité pour représenter les orbitales atomiques lorsque le numéro atomique vaut Z > 1⁄α ≈ 137, où α est la constante de structure fine : de tels atomes ne pourraient avoir d'orbitale électronique stable pour plus de 137 électrons, ce qui rendrait impossible l'existence d'atomes électriquement neutres au-delà de 137 protons ; l'élément 137 est depuis lors parfois surnommé « feynmanium »[30]. Le modèle de Bohr donne par ailleurs une vitesse supérieure à celle de la lumière pour les électrons de la sous-couche 1s dans le cas où Z > 137. Une étude plus poussée, prenant notamment en compte la taille non nulle du noyau, montre cependant que le nombre critique de protons pour lequel l'énergie de liaison électron-noyau devient supérieure à 2m0c2, où m0 représente la masse au repos d'un électron ou d'un positron, vaut Zcrit ≈ 173 : dans ce cas, si la sous-couche 1s n'est pas pleine, le champ électrostatique du noyau y crée une paire électron-positron[31],[32], d'où l'émission d'un positron[33] ; si ce résultat n'écarte pas complètement la possibilité d'observer un jour des atomes comprenant plus de 173 protons, il met en lumière un facteur supplémentaire d'instabilité les concernant.
118
+
119
+ Au-delà des sept périodes standard, une huitième période est envisagée pour classer les atomes — à ce jour inobservés — ayant plus de 118 protons. Cette huitième période serait la première à posséder des éléments du bloc g, caractérisés à l'état fondamental par des électrons sur une orbitale g. Néanmoins, compte tenu des limites à la périodicité aux confins du tableau — effets relativistes sur les électrons des très gros atomes — qui deviennent significatifs dès le dernier tiers de la 7e période, il est peu probable que la configuration électronique de tels atomes obéisse aux règles observées tout au long des six premières périodes. Il est en particulier délicat d'établir le nombre d'éléments contenus dans ce bloc g : la règle de Klechkowski en prédit 18, mais la méthode de Hartree-Fock en prédit 22.
120
+
121
+ Le tableau périodique étendu à la huitième période avec 22 éléments dans le bloc g pourrait ainsi présenter l'aspect suivant :
122
+
123
+ Une neuvième période est parfois évoquée, mais, compte tenu de l'incertitude réelle quant à la possibilité d'observer à terme plus d'une dizaine d'éléments nouveaux sur la huitième période, tous les éléments de numéro atomique supérieur à 130 relèvent a priori de la pure extrapolation mathématique. À noter qu'une variante de la table ci-dessus, proposée par Fricke et al. en 1971[34] et revue par Pekka Pyykkö en 2011[35], répartit les 172 mêmes éléments sur 9 périodes, et non 8, en les distribuant de manière non périodique : les éléments 139 et 140 sont ainsi placés entre les éléments 164 et 169, dans le bloc p et non plus dans le bloc g, tandis que les éléments 165 à 168 sont placés sur une 9e période dans les blocs s et p.
124
+
125
+ De la toute première tentative de classification des éléments chimiques par Antoine Lavoisier en 1789 au tableau périodique de Glenn Seaborg que nous utilisons aujourd'hui, de nombreux hommes de sciences, issus d'horizons — et parfois de disciplines — différents, ont apporté chacun leur contribution, sur une période de près de deux siècles.
126
+
127
+ C'est en 1789 que le chimiste français Antoine Lavoisier a publié à Paris son Traité élémentaire de chimie, présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes. Cet ouvrage en deux volumes a jeté les bases de la chimie moderne, en faisant le point sur les connaissances de la fin du XVIIIe siècle dans cette discipline. Il y précise notamment le concept d'élément chimique comme une substance simple qui ne peut être décomposée en d'autres substances, avec en corollaire la loi fondamentale de conservation de la masse de chacune de ces substances simples au cours des réactions chimiques. Il mentionna également le fait que de nombreuses substances considérées comme simples par le passé se sont révélées être en réalité des composés chimiques (par exemple l'huile et le sel marin), et il précisa s'attendre à ce qu'on considère sous peu les terres (c'est-à-dire certains minerais) comme des substances composées de nouveaux éléments.
128
+
129
+ Il publia dans cet ouvrage un tableau récapitulatif des « substances » considérées à son époque comme des éléments chimiques, en prenant soin d'établir une équivalence avec le vocabulaire hérité des alchimistes afin d'éliminer toute ambiguïté. Ce tableau, qui se voulait exhaustif et outil de référence, mentionnait ainsi, parmi les éléments chimiques, la lumière et le feu, encore considérés à cette époque comme des principes « chimiques » bien que Lavoisier lui-même ait invalidé la théorie du phlogistique :
130
+
131
+ Chaleur
132
+ Principe de la chaleur
133
+ Fluide igné
134
+ Feu
135
+ Matière du feu et de la chaleur
136
+
137
+ Air déphlogistiqué
138
+ Air empiréal
139
+ Air vital
140
+ Base de l'air vital
141
+
142
+ Gaz phlogistiqué
143
+ Mossette
144
+ Base de la mossette
145
+
146
+ Gaz inflammable
147
+ Base du gaz inflammable
148
+
149
+ Terre calcaire
150
+ Chaux
151
+
152
+ Magnésie
153
+ Base du sel d'Epsom
154
+
155
+ Barote
156
+ Terre pesante
157
+
158
+ Argile
159
+ Terre de l'alun
160
+ Base de l'alun
161
+
162
+ Terre siliceuse
163
+ Terre vitrifiable
164
+
165
+ Les éléments chimiques y sont classés en quatre familles :
166
+
167
+ Le chlore est désigné comme « radical muriatique », car Lavoisier considérait que tous les acides étaient des oxoacides — le nom oxygène signifie étymologiquement « formant des acides » — et cherchait donc le « radical » que l'oxygène aurait rendu acide — l'acide muriatique désignait l'acide chlorhydrique, qui ne contient cependant pas d'oxygène.
168
+
169
+ Cette classification a surtout le mérite de clarifier certaines notions fondamentales, mais ne révèle encore aucune périodicité des propriétés des éléments classés : les métaux sont ainsi recensés tout simplement par ordre alphabétique en français.
170
+
171
+ La première tentative de classification moderne des éléments chimiques revient au chimiste allemand Johann Wolfgang Döbereiner qui, en 1817, nota que la masse atomique du strontium (88) était égale à la moyenne arithmétique des masses atomiques du calcium (40) et du baryum (137), qui ont des propriétés chimiques semblables (aujourd'hui, ils sont classés parmi les métaux alcalino-terreux). En 1829, il avait découvert deux autres « triades » de ce type : celle des halogènes (la masse atomique du brome (80) étant égale à la moyenne arithmétique (81) de celles du chlore (35,5) et de l'iode (127)) et celle des métaux alcalins (la masse atomique du sodium (23) étant égale à la moyenne arithmétique de celles du lithium (7) et du potassium (39)).
172
+
173
+ D'autres chimistes identifièrent d'autres séries d'éléments, et Leopold Gmelin publia en 1843 la première édition de son Handbuch der Chemie, qui mentionnait des triades, ainsi que trois « tétrades » et une « pentade » — azote, phosphore, arsenic, antimoine et bismuth, que nous connaissons aujourd'hui comme les éléments du groupe 15 du tableau périodique.
174
+
175
+ En 1859, le chimiste français Jean-Baptiste Dumas généralisa les triades de Döbereiner en les étendant en tétrades incluant les éléments les plus légers, définies non plus par les moyennes arithmétiques, mais par une progression similaire d'une tétrade à l'autre, par exemple :
176
+
177
+ Bien qu'en apparence similaire à celle de Döbereiner, l'approche de Dumas était potentiellement bien plus féconde car applicable de façon pertinente à un bien plus grand nombre d'éléments : alors que les progressions arithmétiques sont restreintes à quelques groupes d'éléments, l'incrément constaté par Dumas entre éléments successifs aux propriétés similaires mesure précisément la longueur de la période qui sépare ces deux éléments — incrément d'environ 16 entre les deux premiers éléments d'une tétrade, puis incrément d'environ 48 entre deuxième et troisième éléments, puis entre troisième et quatrième éléments.
178
+
179
+ Le premier à remarquer la périodicité des propriétés chimiques des éléments fut le géologue français Alexandre-Émile Béguyer de Chancourtois lorsqu'il classa en 1862 les éléments chimiques alors connus en fonction de leur masse atomique déterminée en 1858 par le chimiste italien Stanislao Cannizzaro. Il normalisa la masse atomique de tous les éléments en prenant celle de l'oxygène égale à 16, et, considérant que « les propriétés des éléments sont les propriétés des nombres, » organisa les éléments chimiques en spirale sur un cylindre divisé en seize parties, de telle sorte que les éléments aux propriétés similaires apparaissent l'un au-dessus de l'autre.
180
+
181
+ Chancourtois remarqua alors que certaines « triades » se retrouvaient précisément alignées dans cette représentation, ainsi que la tétrade oxygène – soufre – sélénium – tellure, qui se trouvait également avoir des masses atomiques à peu près multiples de seize (respectivement 16, 32, 79 et 128). C'est la raison pour laquelle il appela cette représentation « vis tellurique, » en référence au tellure. C'était la première ébauche de classification périodique des éléments. Celle-ci ne retint cependant pas l'attention de la communauté scientifique, car Chancourtois n'était pas chimiste et avait employé des termes appartenant plutôt au domaine de la géochimie dans la publication qu'il avait adressée à l'Académie des sciences, laquelle fut éditée de surcroît sans ses schémas explicatifs, ce qui rendit le texte abscons.
182
+
183
+ D'un point de vue conceptuel, c'était une grande avancée, mais, d'un point de vue pratique, Chancourtois n'avait pas identifié la période correcte pour les éléments les plus lourds, de sorte que, dans sa représentation, une même colonne regroupait le bore, l'aluminium et le nickel, ce qui est correct pour les deux premiers mais totalement erroné d'un point de vue chimique pour le troisième.
184
+
185
+ Dans la foulée, le chimiste anglais John Alexander Reina Newlands publia en 1863 une classification périodique qui eut, elle, un plus fort retentissement (quoique tardif, et a posteriori), car il avait organisé les premiers éléments alors connus par masse atomique croissante — plus précisément, par masse équivalente croissante — dans un tableau à sept lignes en les arrangeant de telle sorte que leurs propriétés chimiques soient similaires par lignes, sans hésiter à placer deux éléments dans une même case si nécessaire pour éviter de laisser des cases vides par ailleurs.
186
+
187
+ Ce faisant, il avait identifié une nouvelle triade, dont les extrémités étaient le silicium et l'étain, et dont l'élément médian restait à découvrir : il prédit ainsi l'existence du germanium, en lui assignant une masse atomique d'environ 73. Mais la grande faiblesse de son travail était qu'il n'avait pas laissé de case vide dans son tableau pour accueillir notamment le futur germanium : il avait en fait cherché avant tout à classer les éléments connus dans un tableau complet sans chercher de classification plus large tenant compte de possibles éléments à découvrir, qu'il avait pourtant pressentis. De plus, comme Chancourtois, il avait un problème de périodicité, car si les éléments légers connus à l'époque avaient bien une périodicité chimique tous les sept éléments, cela cessait d'être valable au-delà du calcium, et le tableau de Newlands s'avère alors inopérant :
188
+
189
+ La mise en évidence d'une périodicité globale jusqu'au calcium était néanmoins une grande avancée, et Newlands présenta cette classification en l'appelant « loi des octaves » par analogie avec les sept notes de musique, mais ce travail fut assez mal accueilli par ses pairs de la Société de chimie de Londres, qui le tournèrent souvent en ridicule et firent obstacle à sa publication ; ce n'est qu'après la publication des travaux de Dmitri Mendeleïev que la qualité de cette analyse a été reconnue.
190
+
191
+ Le chimiste anglais William Odling — secrétaire de la Société de chimie de Londres, et donc rival de Newlands — travaillait également, dans les années 1860, à une table périodique des éléments chimiques remarquablement proche de celle que publierait Mendeleïev en 1869. Elle était organisée en périodes verticales avec des cases vides pour les éléments manquants et plaçait — à la différence du premier tableau de Mendeleïev — le platine, le mercure, le thallium et le plomb dans les bons groupes. Son action négative à l'encontre de Newlands entacha néanmoins définitivement la renommée d'Odling, et sa contribution à l'élaboration du tableau périodique des éléments est aujourd'hui largement méconnue.
192
+
193
+ La contribution du chimiste allemand Lothar Meyer est à peine mieux reconnue que celle d'Odling, car ses travaux décisifs ont été publiés après ceux de Mendeleïev alors qu'ils étaient pour la plupart antérieurs. Il publia ainsi une première version de sa classification des éléments en 1864, puis finalisa en 1868 une seconde version plus aboutie qui ne fut intégralement publiée qu'à sa mort, en 1895.
194
+
195
+ Le premier tableau de Meyer comprenait vingt-huit éléments classés en six familles définies par leur valence : c'était un grand pas en direction de la forme moderne du tableau périodique, organisé en groupes dépendant de la configuration électronique des éléments, elle-même directement en relation avec leur valence ; ce n'était néanmoins pas encore le même tableau qu'aujourd'hui, car les éléments étaient toujours rangés par masse atomique croissante. Le second tableau de Meyer, qui élargissait et corrigeait le premier, fut publié en 1870, quelques mois après celui de Mendeleïev, dont il renforça l'impact sur la communauté scientifique en apportant aux thèses du chimiste russe, encore très contestées, le soutien de travaux indépendants. La grande force de ce travail résidait dans les périodes de longueur variable, avec une disposition des éléments qui permettait d'éviter les regroupements fâcheux de Newlands, tels que le fer, l'or et certains éléments du groupe du platine parmi l'oxygène, le soufre, et les autres éléments du groupe 16 :
196
+
197
+ Meyer avait également remarqué que si l'on trace une courbe représentant en abscisse la masse atomique et en ordonnée le volume atomique de chaque élément, cette courbe présente une série de maxima et de minima périodiques, les maxima correspondant aux éléments les plus électropositifs.
198
+
199
+ Malgré la qualité réelle des travaux de ses contemporains, c'est bien au chimiste russe Dmitri Mendeleïev qu'on doit le premier tableau périodique des éléments s'approchant de celui que nous utilisons aujourd'hui, non seulement dans sa forme mais surtout par la vision qui l'accompagne. À la différence de ses prédécesseurs, Mendeleïev a en effet formulé explicitement en quoi son tableau constituait un outil d'analyse théorique des propriétés de la matière :
200
+
201
+ L'avancée était significative :
202
+
203
+ Les travaux de Mendeleïev ont été accueillis avec scepticisme par ses pairs, mais la publication subséquente de plusieurs résultats similaires (ceux de John Newlands et de Lothar Meyer en particulier) obtenus de façon indépendante a fait basculer le consensus en faveur de cette nouvelle vision des éléments chimiques.
204
+
205
+ C'est en voulant mesurer avec précision la masse atomique de l'oxygène et de l'azote par rapport à celle de l'hydrogène que John William Strutt Rayleigh nota une divergence entre la masse atomique de l'azote produit à partir d'ammoniac et celle de l'azote séparé de l'air atmosphérique, légèrement plus lourd. Employant une méthodologie rigoureuse, William Ramsay parvint en 1894 à isoler l'argon à partir de « l'azote » atmosphérique, et expliqua l'anomalie apparente de la masse atomique de l'azote atmosphérique en déterminant la masse atomique de ce nouvel élément, pour lequel rien n'était prévu dans le tableau de Mendeleïev. Sa nature gazeuse et son inertie chimique l'avaient rendu jusqu'alors invisible aux chimistes.
206
+
207
+ La masse atomique de l'argon (un peu moins de 40) est très voisine de celle du calcium (un peu plus de 40) et donc supérieure à celle du potassium (39,1), ce qui posa quelques problèmes de classification[39] car il semblait y avoir « plus de place » dans le tableau périodique entre le chlore et le potassium qu'entre le potassium et le calcium. Les choses se compliquèrent encore lorsque Ramsay et Morris Travers découvrirent le néon en 1898, matérialisant, avec l'hélium (découvert en 1868 par l'astronome français Jules Janssen et l'Anglais Joseph Norman Lockyer), le groupe nouveau des gaz rares (ou gaz nobles), appelé « groupe 0 » : la masse atomique du néon (20,2) était exactement intermédiaire entre celles du fluor (19) et du sodium (23). Ainsi, les gaz rares semblaient se positionner tantôt entre un métal alcalin et un métal alcalino-terreux, tantôt entre un halogène et un métal alcalin.
208
+
209
+ À la suite de la découverte de l'électron et de celle des isotopes par l'Anglais Joseph John Thomson — qui ont accompagné les débuts de la physique de l'atome avec les travaux de l'Allemand Max Planck, du Néo-Zélandais Ernest Rutherford et du Danois Niels Bohr — les recherches du physicien anglais Henry Moseley sur la corrélation entre la charge du noyau atomique et le spectre aux rayons X des atomes ont abouti en 1913 au classement des éléments chimiques non plus par masse atomique croissante, mais par numéro atomique croissant. C'était une évolution majeure, qui résolvait toutes les incohérences issues du classement en fonction de la masse atomique, lesquelles devenaient gênantes depuis les travaux de systématisation de Dmitri Mendeleïev.
210
+
211
+ L'argon était ainsi placé entre le chlore et le potassium, et non plus entre le potassium et le calcium, tandis que le cobalt était clairement positionné avant le nickel bien qu'il soit un peu plus lourd. Il confirma que le tellure devait être placé avant l'iode sans nécessiter de revoir sa masse atomique, contrairement à ce qu'avait suggéré Mendeleïev. Il releva également que les éléments de numéro atomique 43 et 61 manquaient à l'appel : l'élément 43 avait déjà été prédit par Mendeleïev comme eka-manganèse (il s'agit du technétium, radioactif, synthétisé en 1937) mais l'élément 61 était nouveau — il s'agit du prométhium, radioactif également, isolé en 1947 :
212
+
213
+
214
+
215
+ Ce tableau, directement inspiré de celui de John Newlands, constituait l'étape intermédiaire conduisant à la disposition contemporaine. En particulier, la numérotation des groupes avec des chiffres romains de I à VIII, qui remontent à Newlands, et les lettres A et B, introduites par Moseley, étaient encore largement utilisées à la fin du XXe siècle :
216
+
217
+
218
+
219
+
220
+
221
+ Il était identique au tableau actuel, hormis pour ce qui avait trait à la septième période.
222
+
223
+ Le physicien américain Glenn Theodore Seaborg contribua dès 1942 au projet Manhattan dans l'équipe du physicien italien Enrico Fermi. Il était chargé d'isoler le plutonium — que lui-même avait synthétisé et caractérisé en février 1941 — de la matrice d'uranium au sein de laquelle il se formait. C'est au cours de ce travail qu'il développa une connaissance approfondie de la chimie particulière de ces éléments. Il établit ainsi que leur position dans le tableau périodique (l'uranium était alors placé sous le tungstène et le plutonium sous l'osmium) ne rendait pas compte de leurs propriétés.
224
+
225
+ En 1944, il parvint à synthétiser et à caractériser l'américium et le curium (éléments 95 et 96), ce qui lui permit de formaliser le concept des actinides, c'est-à-dire d'une nouvelle famille aux propriétés spécifiques et formée des éléments 89 à 103, située sous les lanthanides dans le tableau périodique, qui prit ainsi sa configuration actuelle. Seaborg conjectura également l'existence des superactinides, regroupant les éléments 121 à 153 et situés sous les actinides.
226
+
227
+ Le tableau périodique utilisé de nos jours est celui remanié en 1944 par Seaborg.
228
+
229
+ De très nombreuses présentations alternatives du tableau périodique ont été proposées tout au long du XXe siècle, et des présentations graphiques innovantes sont encore régulièrement proposées. L'une des plus anciennes et des plus simples est celle d'un autodidacte français par ailleurs méconnu, Charles Janet, qui a donné son nom à une disposition du tableau élaborée au début du XXe siècle et récemment redécouverte par les Anglo-saxons, chez lesquels elle est assez bien connue des spécialistes du sujet (sous les noms de Janet Form ou de Left-Step Periodic Table) car elle range les éléments chimiques sur des périodes définies chacune par une valeur de n + ℓ donnée (où n est le nombre quantique principal et ℓ le nombre quantique azimutal) tout en ayant le double mérite de rester familière et de disposer les éléments dans l'ordre naturel des blocs (de droite à gauche), à la différence du tableau usuel :
230
+
231
+ Une autre représentation est celle de Theodor Benfey, datée de 1960, dont l'objectif était de remédier aux discontinuités du tableau standard à l'aide d'une représentation en spirale :
232
+
233
+ De nombreux modèles en trois dimensions ont également été proposés afin d'enrichir la représentation des éléments par diverses informations spécifiques[43].
234
+
235
+ Une autre représentation a été proposée par Timmothy Stowe, en losanges par niveaux de remplissage : voir Tableau radial des éléments chimiques)
236
+
237
+ Le tableau de Mendeleïev a été adapté pour représenter d'autres données physiques des éléments, et été appliqué pour visualiser des éléments totalement différents [45]
238
+
239
+ Concernant plus particulièrement les métaux, jusque dans les années 1970, moins de 20 métaux étaient utilisés dans l'industrie. Depuis les années 2000, par suite du développement exponentiel des produits électroniques, des technologies de l'information et de la communication, de l'aéronautique, allié à l'innovation technique dans la recherche de performances et de rendements, la demande en nouveaux métaux « high tech » a explosé, et concerne maintenant environ 60 métaux. Pratiquement tous les éléments de la table sont utilisés jusqu'au no 92 (uranium)[46]. Les réserves de la plupart des métaux au niveau de production 2008 varient de 20 ans à 100 ans[47].
240
+
241
+ Transition element: an element whose atom has an incomplete d sub-shell, or which can give rise to cations with an incomplete d sub-shell.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Dans les sciences du vivant, la classification scientifique des espèces (nommée également « classification biologique ») correspond autant à la systématique, qui est la méthode ou ensemble de méthodes pour classer le vivant, qu'à la taxinomie, qui est la classification elle-même, résultante de l'application de la méthode. Les méthodes de la classification dite classique ou traditionnelle ont été dominantes jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, marquée par l'apparition, en 1950[1], de la systématique phylogénétique ou cladisme.
2
+
3
+ Les termes concernés par les différentes classifications ne bénéficient pourtant pas d'une définition unanimement admise, chaque ouvrage scientifique, chaque dictionnaire et, pour ainsi dire, chaque auteur ayant la sienne. Comme l'a écrit le chercheur scientifique Ernest Small en 1989 [2] : « L'ironie est de constater que les spécialistes en classification biologique n'ont pas réussi à se doter d'une nomenclature claire et systématique à l'intérieur de leur propre champ d'activité et de ses composants […]. »[3]
4
+
5
+ C'est par l'observation des organismes vivants et par leur comparaison qu'Homo sapiens a défini des taxons élémentaires correspondant souvent au genre et à l'espèce, eux-mêmes classés dans un système.
6
+
7
+ Liée à une culture, à un état d'avancement des connaissances, toute classification évolue avec les sociétés elles-mêmes. En outre, le découpage conceptuel varie avec chaque langue (y compris les langues de métier), chaque civilisation ou spécialité ayant tendance à surestimer l'objectivité de sa pensée classificatrice.
8
+
9
+ Alors que la société traditionnelle se modifie peu ou très lentement, les sociétés dites scientifiques sont beaucoup plus changeantes et indépendantes les unes des autres. Ceci expliquant la multiplicité de classifications.
10
+
11
+ Première, la parataxonomie remonte aux chasseurs-cueilleurs du Paléolithique[4].
12
+
13
+ C'est la classification populaire qui « primitivement » (et vernaculairement) a permis de distinguer les genres et les espèces. Elle conserve encore, de nos jours, son importance. Fondée sur des critères simples (l'apparence, les mœurs supposées, les cris...), elle ne s'embarrasse guère de données scientifiques. Devant l'inconnu, elle procède par extension ou assimilation : par exemple, la souris → la chauve-souris → le kiwi (couvert de poils, le kiwi était, pour les Chinois, assimilable à une souris végétale). Toutefois, le mécanisme universel de l'assimilation, et fondé sur une étape de l'observation, se retrouve aussi dans la formation des noms scientifiques. La science des hommes n'étant, après tout, « qu'une suite d'erreurs… rectifiées » (Georges Becker).
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15
+ Elle distingue de même les hiboux des chouettes, les crapauds des grenouilles, les rats des souris..., toutes espèces apparentées qui, dans l'esprit de certains, sont censées être maris et femmes. Ainsi le hibou serait le mâle de la chouette, le crapaud celui de la grenouille, le corbeau celui de la corneille... Bien sûr, cela varie selon les langues et n’a, par exemple, aucun sens en anglais (dans Tom et Jerry, bien qu'il soit une souris, Jerry est un mâle, comme le confirment de nombreux épisodes).
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17
+ Les classifications populaires des plantes « ont une fonction opératoire en rapport avec des nécessités d'ordre cognitif (mise en ordre, mémorisation, repérage), mais aussi avec le rôle imparti à chaque plante dans les pratiques techniques et symboliques[5] ».
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+
19
+ Abandonnée par les scientifiques à partir du 20e siècle, la théorie des signatures, qui recherche des similitudes entre la forme d'une plante et son usage supposé en faisant appel à l'isomorphisme et à l'anthropomorphisme, a été un mode de classement des plantes médicinales dont le souvenir perdure pour les nommer et les mémoriser[6].
20
+
21
+ La vision ethnocentrique qui préjuge d'une supériorité de l'homme moderne sur le primitif est invalidée par de très nombreux travaux comparatifs en anthropologie moderne.
22
+
23
+ Ces études montrent en effet que, dans tous les cas où l'homme prétendu « primitif » ou sauvage (pour son économie de subsistance) est resté intégré à son milieu, son sens aigu d'observation et sa pleine conscience des rapports entre la vie animale et végétale, qui ne laissent pas d'étonner les scientifiques, constitue une science considérable.
24
+
25
+ Ainsi, d'après Claude Lévi-Strauss, les indiens Navajos distinguent plus de 500 plantes, les Hanunóo des îles Philippines classent les oiseaux en 75 catégories et divisent leur flore locale, au plus bas niveau, en plus de 1 800 taxons, alors que les botanistes distinguent pour la même flore moins de 1 300 espèces, d'un point de vue scientifique moderne.
26
+
27
+ Par exemple, dans une population « arriérée » des îles Ryūkyū, le botaniste A.H. Smith rapporte que « même un enfant peut souvent identifier l'espèce d'un arbre d'après un menu fragment de bois et, qui plus est, le sexe de cet arbre selon les idées qu'entretiennent les indigènes sur le sexe des végétaux ; et cela en observant l'apparence du bois et de l'écorce, l'odeur, la dureté et d'autres caractères du même ordre ». Les observations de ce type abondent.
28
+
29
+ L'enseignement qu'on en retire est un rappel de l'évidence : quand on a la prétention de classer scientifiquement l'univers, il importe de recueillir de la façon la plus large possible, l'héritage de tous les classificateurs, qu'ils soient passés ou présents et quel que soit leur niveau d'éducation.
30
+
31
+ Continuellement enrichie depuis sa création princeps, la classification traditionnelle (ou classique) des espèces, actuellement obsolète mais encore défendue par quelques auteurs, est issue de celle de Linné. Elle reste importante dans la mesure où elle est présente dans de nombreux ouvrages et est utilisée dans la gestion de collections. Linné commença par diviser les êtres naturels en trois règnes, un pour le monde minéral et deux autres pour le monde vivant, les règnes végétal et animal. Le nombre de règnes eut tendance ensuite à s'accroître au fur et à mesure que les systématiciens prenaient conscience de la complexité du monde vivant. On ajouta ainsi le règne fungi (les champignons) et plus tard les règnes protiste (eucaryotes unicellulaires) et monère (procaryotes unicellulaires). Actuellement, la classification traditionnelle est telle que six règnes divisent le monde vivant :
32
+
33
+ La classification traditionnelle est fondée sur des caractères multiples (biologiques, phénotypiques, physiologiques). Dans de nombreux cas, le critère est la présence d'un caractère, s'opposant à son absence, considérée comme primitive (par exemple vertébrés et invertébrés). Mais les taxons définis par l'absence d'un caractère se sont révélés, à l'usage, très fragiles et les méthodes modernes de classification (phylogénétique, cladistique, phénétique ou évolutive, entre autres) ont tendance à les invalider. Le classement des taxons doit répondre à une hiérarchisation des caractères (principe de la subordination des caractères établi par Jussieu).
34
+
35
+ La classification traditionnelle repose sur une hiérarchie fixe de catégories (les rangs de taxon), définie de la façon suivante :
36
+
37
+ À titre d'exemple, pour l'espèce humaine (Homo sapiens) :
38
+
39
+ Un moyen mnémotechnique connu permettant de retenir cette classification est le suivant : « Reste En Classe Ou Fais Grandes Études ». La première lettre de chacun des mots permet de retrouver respectivement :
40
+
41
+ La classification classique évolue en tenant compte des avancées en systématique phylogénétique (voir ci-dessous). La classification admet au-dessus du niveau de l'embranchement des sous-règnes, (ainsi que des super-embranchements, et de sous-embranchements en dessous). Au-dessus du règne, on parle maintenant d'empire (bien que souvent non présenté dans les arbres phénétiques car implicite et largement documenté par ailleurs) :
42
+
43
+ Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la classification traditionnelle s'est vue de plus en plus remplacée par la classification phylogénétique, qui est uniquement fondée sur le modèle évolutif et la notion d'ascendance commune (ou phylogénie). Les taxons sont désormais obtenus par sa méthode, la méthode cladistique. Cette nouvelle classification ne valide que des groupes monophylétiques (ceux qui incluent un ancêtre et tous ses descendants) et permet de mieux visualiser les embranchements du vivant constitués par différenciations successives au cours du temps.
44
+
45
+ La hiérarchie fixe de catégories (les rangs taxinomiques : espèce, genre, famille, etc.) est abandonnée au profit d'un système de taxons emboîtés les uns dans les autres, système exprimé par le biais de cladogrammes. Chaque taxon devient ainsi une ramification de taxons subordonnés entre eux, un clade.
46
+
47
+ La classification en cinq règnes de Whittaker (1969) a été ramenée à trois domaines, les premiers de la classification de l'ensemble du vivant :
48
+
49
+ Savoir lesquels de ces trois groupes partagent un ancêtre commun qui les distingue du troisième est un sujet de recherche, comme le sont d'ailleurs tous les taxons non divisés en deux autres taxons (les « arbres non enracinés »). Certains chercheurs ont déjà proposé leur propre cladogramme, faisant de deux de ces trois clades les deux premiers de leur classification globale du vivant.
50
+
51
+ Les premiers travaux de la classification phylogénétique ont d'abord consisté à corriger les taxons de la classification traditionnelle mais en l'état actuel des choses les chercheurs travaillent uniquement sur la construction de cladogrammes, en ayant abandonné les arbres généalogiques et les rangs taxinomiques de l'ancienne classification et en la rendant par là même obsolète. La classification traditionnelle ne survit que dans certains manuels scolaires non actualisés ou chez une minorité d'auteurs qui cherchent encore à la faire appliquer, en attribuant aux anciens rangs taxinomiques (ou même en créant de nouveaux) les nouveaux taxons obtenus par la méthode de la classification phylogénétique[7].
52
+
53
+ Les principes et les méthodes de la systématique dite « traditionnelle » ont continué à se moderniser en parallèle de la concurrence du cladisme. Elle prône la reconnaissance formelle des grades évolutifs dans la classification et critique l'holophylie obligatoire des taxons sur laquelle insistent les cladistes[8]. S'appropriant pleinement la mathématisation et l'informatisation de la systématique qui a fait suite à l'introduction de la cladistique et des ordinateurs, voire les raisonnements bayésiens d'une épistémologie renouvelée, certains la distinguent clairement de la systématique classique du début du XXe siècle en parlant de systématique post-phylogénétique[9].
54
+
55
+ La langue utilisée par les scientifiques pour décrire (diagnose originale) et nommer les espèces vivantes est le latin. Une espèce est désignée par un nom binominal ou binom[10], combinant un nom de genre commençant par une majuscule suivi d'une épithète spécifique (entièrement en minuscules) et, autant que possible suivie de la citation abrégée du nom de l'auteur (en botanique) ou en entier (en zoologie) qui a le premier décrit l'espèce sous ce nom; le nom complet est en italique. Donnons un exemple pour chaque règne :
56
+
57
+ Traditionnellement, et jusqu'à la fin du siècle dernier, les principales langues scientifiques étaient, à égalité : l'allemand, l'anglais, l'espagnol, le français et l'italien (les codes de nomenclatures, par exemple, étant simultanément édités en cinq langues officielles). Mais de nos jours, dans les publications et communications, l'anglais se positionne de plus en plus en concurrence avec le latin et le supplante même parfois.
58
+
59
+ La nomenclature de la classification classique a établi une terminologie codifiée qui permet, au vu de la seule terminaison (ou suffixe) d'un taxon quelconque, de savoir quel est son rang taxinomique dans la hiérarchie systématique. L'utilisation de rangs, comme ceux illustrés sur le tableau ci-dessous, ne survit que chez les quelques systématiciens qui expriment leur volonté d'adapter les taxons obtenus par analyse cladistique à l'ancien système linnéen de la classification classique.
60
+
61
+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.
62
+ Bien qu'elles ne figurent pas dans ce tableau, la plupart reçoivent également une terminaison latine plus ou moins codifiée selon les disciplines. On distingue plusieurs catégories de combinaisons :
63
+
64
+ Les terminaisons de ces épithètes suivent les mêmes règles de syntaxe latine et d'exception que les épithètes spécifiques.
65
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+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants :
fr/1167.html.txt ADDED
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+ Dans les sciences du vivant, la classification scientifique des espèces (nommée également « classification biologique ») correspond autant à la systématique, qui est la méthode ou ensemble de méthodes pour classer le vivant, qu'à la taxinomie, qui est la classification elle-même, résultante de l'application de la méthode. Les méthodes de la classification dite classique ou traditionnelle ont été dominantes jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, marquée par l'apparition, en 1950[1], de la systématique phylogénétique ou cladisme.
2
+
3
+ Les termes concernés par les différentes classifications ne bénéficient pourtant pas d'une définition unanimement admise, chaque ouvrage scientifique, chaque dictionnaire et, pour ainsi dire, chaque auteur ayant la sienne. Comme l'a écrit le chercheur scientifique Ernest Small en 1989 [2] : « L'ironie est de constater que les spécialistes en classification biologique n'ont pas réussi à se doter d'une nomenclature claire et systématique à l'intérieur de leur propre champ d'activité et de ses composants […]. »[3]
4
+
5
+ C'est par l'observation des organismes vivants et par leur comparaison qu'Homo sapiens a défini des taxons élémentaires correspondant souvent au genre et à l'espèce, eux-mêmes classés dans un système.
6
+
7
+ Liée à une culture, à un état d'avancement des connaissances, toute classification évolue avec les sociétés elles-mêmes. En outre, le découpage conceptuel varie avec chaque langue (y compris les langues de métier), chaque civilisation ou spécialité ayant tendance à surestimer l'objectivité de sa pensée classificatrice.
8
+
9
+ Alors que la société traditionnelle se modifie peu ou très lentement, les sociétés dites scientifiques sont beaucoup plus changeantes et indépendantes les unes des autres. Ceci expliquant la multiplicité de classifications.
10
+
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+ Première, la parataxonomie remonte aux chasseurs-cueilleurs du Paléolithique[4].
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+ C'est la classification populaire qui « primitivement » (et vernaculairement) a permis de distinguer les genres et les espèces. Elle conserve encore, de nos jours, son importance. Fondée sur des critères simples (l'apparence, les mœurs supposées, les cris...), elle ne s'embarrasse guère de données scientifiques. Devant l'inconnu, elle procède par extension ou assimilation : par exemple, la souris → la chauve-souris → le kiwi (couvert de poils, le kiwi était, pour les Chinois, assimilable à une souris végétale). Toutefois, le mécanisme universel de l'assimilation, et fondé sur une étape de l'observation, se retrouve aussi dans la formation des noms scientifiques. La science des hommes n'étant, après tout, « qu'une suite d'erreurs… rectifiées » (Georges Becker).
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+ Elle distingue de même les hiboux des chouettes, les crapauds des grenouilles, les rats des souris..., toutes espèces apparentées qui, dans l'esprit de certains, sont censées être maris et femmes. Ainsi le hibou serait le mâle de la chouette, le crapaud celui de la grenouille, le corbeau celui de la corneille... Bien sûr, cela varie selon les langues et n’a, par exemple, aucun sens en anglais (dans Tom et Jerry, bien qu'il soit une souris, Jerry est un mâle, comme le confirment de nombreux épisodes).
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+ Les classifications populaires des plantes « ont une fonction opératoire en rapport avec des nécessités d'ordre cognitif (mise en ordre, mémorisation, repérage), mais aussi avec le rôle imparti à chaque plante dans les pratiques techniques et symboliques[5] ».
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+ Abandonnée par les scientifiques à partir du 20e siècle, la théorie des signatures, qui recherche des similitudes entre la forme d'une plante et son usage supposé en faisant appel à l'isomorphisme et à l'anthropomorphisme, a été un mode de classement des plantes médicinales dont le souvenir perdure pour les nommer et les mémoriser[6].
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+ La vision ethnocentrique qui préjuge d'une supériorité de l'homme moderne sur le primitif est invalidée par de très nombreux travaux comparatifs en anthropologie moderne.
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+ Ces études montrent en effet que, dans tous les cas où l'homme prétendu « primitif » ou sauvage (pour son économie de subsistance) est resté intégré à son milieu, son sens aigu d'observation et sa pleine conscience des rapports entre la vie animale et végétale, qui ne laissent pas d'étonner les scientifiques, constitue une science considérable.
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+ Ainsi, d'après Claude Lévi-Strauss, les indiens Navajos distinguent plus de 500 plantes, les Hanunóo des îles Philippines classent les oiseaux en 75 catégories et divisent leur flore locale, au plus bas niveau, en plus de 1 800 taxons, alors que les botanistes distinguent pour la même flore moins de 1 300 espèces, d'un point de vue scientifique moderne.
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+ Par exemple, dans une population « arriérée » des îles Ryūkyū, le botaniste A.H. Smith rapporte que « même un enfant peut souvent identifier l'espèce d'un arbre d'après un menu fragment de bois et, qui plus est, le sexe de cet arbre selon les idées qu'entretiennent les indigènes sur le sexe des végétaux ; et cela en observant l'apparence du bois et de l'écorce, l'odeur, la dureté et d'autres caractères du même ordre ». Les observations de ce type abondent.
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+ L'enseignement qu'on en retire est un rappel de l'évidence : quand on a la prétention de classer scientifiquement l'univers, il importe de recueillir de la façon la plus large possible, l'héritage de tous les classificateurs, qu'ils soient passés ou présents et quel que soit leur niveau d'éducation.
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+ Continuellement enrichie depuis sa création princeps, la classification traditionnelle (ou classique) des espèces, actuellement obsolète mais encore défendue par quelques auteurs, est issue de celle de Linné. Elle reste importante dans la mesure où elle est présente dans de nombreux ouvrages et est utilisée dans la gestion de collections. Linné commença par diviser les êtres naturels en trois règnes, un pour le monde minéral et deux autres pour le monde vivant, les règnes végétal et animal. Le nombre de règnes eut tendance ensuite à s'accroître au fur et à mesure que les systématiciens prenaient conscience de la complexité du monde vivant. On ajouta ainsi le règne fungi (les champignons) et plus tard les règnes protiste (eucaryotes unicellulaires) et monère (procaryotes unicellulaires). Actuellement, la classification traditionnelle est telle que six règnes divisent le monde vivant :
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+ La classification traditionnelle est fondée sur des caractères multiples (biologiques, phénotypiques, physiologiques). Dans de nombreux cas, le critère est la présence d'un caractère, s'opposant à son absence, considérée comme primitive (par exemple vertébrés et invertébrés). Mais les taxons définis par l'absence d'un caractère se sont révélés, à l'usage, très fragiles et les méthodes modernes de classification (phylogénétique, cladistique, phénétique ou évolutive, entre autres) ont tendance à les invalider. Le classement des taxons doit répondre à une hiérarchisation des caractères (principe de la subordination des caractères établi par Jussieu).
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+ La classification traditionnelle repose sur une hiérarchie fixe de catégories (les rangs de taxon), définie de la façon suivante :
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+ À titre d'exemple, pour l'espèce humaine (Homo sapiens) :
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+ Un moyen mnémotechnique connu permettant de retenir cette classification est le suivant : « Reste En Classe Ou Fais Grandes Études ». La première lettre de chacun des mots permet de retrouver respectivement :
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+ La classification classique évolue en tenant compte des avancées en systématique phylogénétique (voir ci-dessous). La classification admet au-dessus du niveau de l'embranchement des sous-règnes, (ainsi que des super-embranchements, et de sous-embranchements en dessous). Au-dessus du règne, on parle maintenant d'empire (bien que souvent non présenté dans les arbres phénétiques car implicite et largement documenté par ailleurs) :
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+ Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la classification traditionnelle s'est vue de plus en plus remplacée par la classification phylogénétique, qui est uniquement fondée sur le modèle évolutif et la notion d'ascendance commune (ou phylogénie). Les taxons sont désormais obtenus par sa méthode, la méthode cladistique. Cette nouvelle classification ne valide que des groupes monophylétiques (ceux qui incluent un ancêtre et tous ses descendants) et permet de mieux visualiser les embranchements du vivant constitués par différenciations successives au cours du temps.
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+ La hiérarchie fixe de catégories (les rangs taxinomiques : espèce, genre, famille, etc.) est abandonnée au profit d'un système de taxons emboîtés les uns dans les autres, système exprimé par le biais de cladogrammes. Chaque taxon devient ainsi une ramification de taxons subordonnés entre eux, un clade.
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+ La classification en cinq règnes de Whittaker (1969) a été ramenée à trois domaines, les premiers de la classification de l'ensemble du vivant :
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+ Savoir lesquels de ces trois groupes partagent un ancêtre commun qui les distingue du troisième est un sujet de recherche, comme le sont d'ailleurs tous les taxons non divisés en deux autres taxons (les « arbres non enracinés »). Certains chercheurs ont déjà proposé leur propre cladogramme, faisant de deux de ces trois clades les deux premiers de leur classification globale du vivant.
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+ Les premiers travaux de la classification phylogénétique ont d'abord consisté à corriger les taxons de la classification traditionnelle mais en l'état actuel des choses les chercheurs travaillent uniquement sur la construction de cladogrammes, en ayant abandonné les arbres généalogiques et les rangs taxinomiques de l'ancienne classification et en la rendant par là même obsolète. La classification traditionnelle ne survit que dans certains manuels scolaires non actualisés ou chez une minorité d'auteurs qui cherchent encore à la faire appliquer, en attribuant aux anciens rangs taxinomiques (ou même en créant de nouveaux) les nouveaux taxons obtenus par la méthode de la classification phylogénétique[7].
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+ Les principes et les méthodes de la systématique dite « traditionnelle » ont continué à se moderniser en parallèle de la concurrence du cladisme. Elle prône la reconnaissance formelle des grades évolutifs dans la classification et critique l'holophylie obligatoire des taxons sur laquelle insistent les cladistes[8]. S'appropriant pleinement la mathématisation et l'informatisation de la systématique qui a fait suite à l'introduction de la cladistique et des ordinateurs, voire les raisonnements bayésiens d'une épistémologie renouvelée, certains la distinguent clairement de la systématique classique du début du XXe siècle en parlant de systématique post-phylogénétique[9].
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+ La langue utilisée par les scientifiques pour décrire (diagnose originale) et nommer les espèces vivantes est le latin. Une espèce est désignée par un nom binominal ou binom[10], combinant un nom de genre commençant par une majuscule suivi d'une épithète spécifique (entièrement en minuscules) et, autant que possible suivie de la citation abrégée du nom de l'auteur (en botanique) ou en entier (en zoologie) qui a le premier décrit l'espèce sous ce nom; le nom complet est en italique. Donnons un exemple pour chaque règne :
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+ Traditionnellement, et jusqu'à la fin du siècle dernier, les principales langues scientifiques étaient, à égalité : l'allemand, l'anglais, l'espagnol, le français et l'italien (les codes de nomenclatures, par exemple, étant simultanément édités en cinq langues officielles). Mais de nos jours, dans les publications et communications, l'anglais se positionne de plus en plus en concurrence avec le latin et le supplante même parfois.
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+ La nomenclature de la classification classique a établi une terminologie codifiée qui permet, au vu de la seule terminaison (ou suffixe) d'un taxon quelconque, de savoir quel est son rang taxinomique dans la hiérarchie systématique. L'utilisation de rangs, comme ceux illustrés sur le tableau ci-dessous, ne survit que chez les quelques systématiciens qui expriment leur volonté d'adapter les taxons obtenus par analyse cladistique à l'ancien système linnéen de la classification classique.
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+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.
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+ Bien qu'elles ne figurent pas dans ce tableau, la plupart reçoivent également une terminaison latine plus ou moins codifiée selon les disciplines. On distingue plusieurs catégories de combinaisons :
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+ Les terminaisons de ces épithètes suivent les mêmes règles de syntaxe latine et d'exception que les épithètes spécifiques.
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+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants :
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+ République fédérale d’Allemagne
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+
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+ (de) Bundesrepublik Deutschland
4
+
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+ 52° 31′ N, 13° 25′ E
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+
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+ modifier
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9
+ L'Allemagne (/almaɲ/ ; en allemand : Deutschland /ˈdɔʏtʃlant/ Écouter), en forme longue la République fédérale d'Allemagne[a] abrégée en RFA (en allemand : Bundesrepublik Deutschland /ˈbʊn.dəs.ʁe.pu.ˌblik ˈdɔʏtʃ.lant/ Écouter, abrégée en BRD), est un État d'Europe centrale, entouré par la mer du Nord, le Danemark et la mer Baltique au nord, par la Pologne à l'est-nord-est, par la Tchéquie à l'est-sud-est, par l'Autriche au sud-sud-est, par la Suisse au sud-sud-ouest, par la France au sud-ouest, par la Belgique et le Luxembourg à l'ouest, enfin par les Pays-Bas à l'ouest-nord-ouest. Décentralisée et fédérale, l'Allemagne compte quatre métropoles de plus d'un million d'habitants : la capitale Berlin, ainsi que Hambourg, Munich et Cologne. Le siège du gouvernement est situé dans la ville de Berlin et dans la ville fédérale de Bonn. Francfort-sur-le-Main est considérée comme la capitale financière de l'Allemagne[b] : dans cette ville se trouve le siège de la BCE.
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11
+ Beaucoup de peuples germaniques occupent le Nord du territoire actuel depuis l'Antiquité classique. Durant ce que l'on nomme les invasions barbares, les tribus germaniques se rapprochent du Sud de ce territoire. À partir du Xe siècle, les territoires forment la partie centrale du Saint-Empire romain germanique. Au XVIe siècle, le Nord de l'Allemagne est au cœur de la réforme protestante. Le pangermanisme entraîne l'unification des États allemands en 1871 pour former l'Empire allemand. Après la Première Guerre mondiale, et la révolution allemande de 1918-1919, l'Empire est remplacé par la république parlementaire de Weimar. L'accès au pouvoir des nazis en 1933 mène à la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le régime totalitaire connu sous le nom de Troisième Reich, fondé sur un racisme et un antisémitisme singulier, et dirigé par le dictateur Adolf Hitler perpètre des crimes de masse en Europe, dont la Shoah, et laisse le pays en ruines. Après sa défaite militaire en 1945, l'Allemagne perd des territoires et — par la volonté des vainqueurs alliés qui entrent dans la « guerre froide » — est contrainte de se scinder en deux nations : à l'ouest un État démocratique, la République fédérale d'Allemagne (en abrégé RFA) et, à l'est, la République démocratique allemande (en abrégé RDA) sous emprise de l'Union soviétique. Le mur de Berlin — qui symbolise cette division dans l'ancienne capitale — tombe le 9 novembre 1989 et l'Allemagne est à nouveau réunifiée le 3 octobre 1990, Berlin en redevenant la capitale.
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+ La langue officielle du pays est l'allemand, sa monnaie est l'euro, sa devise est Einigkeit und Recht und Freiheit (« Unité et Droit et Liberté ») et son drapeau est constitué de trois bandes horizontales aux couleurs nationales de l'Allemagne : noir, rouge et or. Son hymne national est Das Deutschlandlied (« Le Chant de l'Allemagne »). Avec plus de 83 millions d'habitants[2], l'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'Union européenne. Elle est une grande puissance politique[5] et sa dirigeante politique, Angela Merkel en 2019, est largement perçue comme la personnalité politique la plus influente de l'Union européenne[6]. L'Allemagne est aussi la première puissance économique d'Europe ainsi que la quatrième puissance économique mondiale et elle compte parmi les pays industrialisés les plus développés et les plus performants dans le monde. Elle figure parmi les premiers mondiaux dans les secteurs de l'aéronautique, de l'automobile, de l'industrie chimique et de la construction mécanique. L'Allemagne est en 2017 le troisième exportateur mondial derrière la Chine et les États-Unis et elle est le pays présentant le plus grand excédent commercial du monde en 2018[7]. Elle a aussi le taux de chômage le plus bas parmi les 19 États membres de la zone euro, ce taux s'établissant à 3,3 % en décembre 2018, d'après Eurostat[8]. L'Allemagne affiche un niveau de vie « très élevé » : elle est 4e au classement IDH en 2019[4].
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+ Membre fondateur de l'Union européenne et membre du G7, du G20, de la zone euro, de l'espace Schengen et de l'OTAN, elle abrite le siège de la Banque centrale européenne, du Tribunal international du droit de la mer et de l'Office européen des brevets. L'Allemagne est le pays le plus apprécié du monde, ceci d'après des sondages effectués à la demande de la BBC en mai 2013[9], du GfK en novembre 2014[10] et de U.S. News en janvier 2016[11]. Comme destination d'immigration, elle est une des terres préférées, se classant ainsi deuxième dans le monde[12], après les États-Unis. L'Allemagne est en 2014 le principal pollueur d'Europe, émettant à elle seule près de 23 % de l'ensemble des émissions de CO2 du continent[13].
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+ Le mot gotique Thiuda signifiant « peuple », a comme adjectif Thiudisk. Thiudisk est transformé en Theodischus par les Romains, puis en Teudischus. Thiudisk devient Diutisca en vieux haut allemand pour aboutir à Deutsch en allemand moderne ou Tysk dans les langues scandinaves (d'où Tyskland). En ancien français, le latin Theodiscus donne Thodesche, puis Tudesque.
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+ Le français moderne préfère le mot Allemand issu du latin Alamanni désignant le peuple des Alamans[14]. Ceci est également valable, par exemple, en portugais (Alemão), en espagnol ou castillan (Alemán), et pour le catalan (Alemanys). L'italien lui, a conservé l'origine latine dans son adjectif Tedesco pour dire Allemand[15].
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+ Germany en anglais se réfère aux Germains et Saksa en finnois et en estonien se réfère aux Saxons.
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+ Dans les langues des peuples slaves, le nom renvoie à l'adjectif signifiant « muet ».
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+ En langue chinoise écrite, le nom de l'Allemagne est 德国 (Déguó). Ici, 德 (Dé) est l'abréviation de la transcription 德意志 (Déyìzhì) du mot allemand deutsch, et 国 (Guó) signifie pays[16].
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+ De 962 à 1806, l'Allemagne est la force centrifuge du Saint-Empire romain germanique. Après le Congrès de Vienne, les États allemands se regrouperont au sein de la Confédération germanique (de 1815 à 1866) alors en proie aux luttes d'influence entre l'Autriche et la Prusse. C'est en 1871, à la fin de la guerre franco-prussienne, les divers États allemands furent réunis dans un État dominé par la Prusse, donnant ainsi naissance à l'Allemagne unifiée moderne, dite également Deuxième Reich ou Reich Wilhelminien. La défaite allemande qui suivit la Première Guerre mondiale provoqua en 1918 l'avènement de la République, puis en 1933 celui du Troisième Reich, lequel s'effondra en 1945 dans la défaite qu'entraîna la Seconde Guerre mondiale. D'abord occupée par les forces armées de ses vainqueurs, l'Allemagne fut séparée en deux parties en 1949, qui formèrent la République fédérale d'Allemagne (dite « Allemagne de l'Ouest ») et la République démocratique allemande (dite « Allemagne de l'Est »). La réunification a eu lieu le 3 octobre 1990, onze mois après la chute du Mur de Berlin, qui marqua la réunification populaire. En 1990, sa capitale redevient Berlin.
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+ La linguistique et les textes latins nous montrent que la mention du peuple germain remonte à l'époque romaine. Cependant les historiens s'entendent pour trouver les origines d'un territoire allemand au partage de Verdun de 842. Louis le Germanique a obtenu, lors de ce partage, l'est de l'empire carolingien, nommé Francie orientale. C'est de la Francie orientale qu'est issu le Saint-Empire romain germanique fondé par Otton Ier, dit le Grand (936-973). Cet empire comprend, outre le territoire de l'actuelle Allemagne, l'Italie du nord et la Bourgogne. Dès sa fondation, ce nouvel empire est entravé par le peu d'institutions sur lesquelles l'empereur peut asseoir son autorité et la faiblesse des revenus, les empereurs ne disposant que de leurs propres domaines pour financer leur politique. Le système d'élection de l'empereur par les princes-électeurs conduisit souvent à affaiblir le pouvoir du monarque. Traditionnellement, l'empereur élu entreprenait un voyage à Rome pour être couronné par le pape.
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+ Le délitement du pouvoir impérial est accentué par l'obsession de certains empereurs à vouloir établir une autorité forte dans leurs possessions italiennes. Au XIIIe siècle, Frédéric II est tellement occupé par ses affaires italiennes qu'il renonce à tout pouvoir et tout contrôle dans les nombreuses principautés ecclésiastiques allemandes et qu'il abdique une grande partie de ceux-ci dans les principautés laïques. De ce fait, les terres allemandes sont pratiquement indépendantes du pouvoir impérial dès cette époque.
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+ À partir du XIe siècle, la Germanie déborde de ses limites traditionnelles entre le Rhin et l'Oder. Commence alors la colonisation de l'Europe centrale sous l'action de grands seigneurs, des rives de la mer Baltique par une croisade menée par les chevaliers Teutoniques et du Sud du pays à partir du règne de Otton Ier. Des centaines de milliers d'Allemands de l'Ouest poussés par la surpopulation ont ainsi migré vers l'Est où des tenures plus vastes et des droits féodaux plus légers les attendent. Les villes rhénanes et les ports se développent mais prennent une part peu active au grand commerce européen du XIIe siècle.
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+ Après 1438, l'empereur porte le titre d'un « empereur élu » après son élection formelle par les sept « électeurs » de l'Empire à Francfort. À l'époque moderne, le Saint-Empire compte plus de 300 États qui n'obéissent que de très loin à l'empereur Habsbourg.
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+ Au XVIe siècle, la réforme luthérienne continue à diviser l'Allemagne. En 1546, l'empereur Charles Quint entre en guerre contre les nombreux princes et villes allemands qui se sont convertis au luthéranisme. Son échec à réduire le protestantisme dans le Saint-Empire est sanctionné par la paix d'Augsbourg de 1555, qui permet à chaque prince et ville libre de choisir sa religion mais oblige les sujets à avoir la même religion que leur souverain — cujus regio, ejus religio. L'Allemagne n'en a pas pour autant fini avec les guerres de religion. Les progrès du calvinisme en Allemagne à la fin du XVIe siècle et la volonté de l'empereur Ferdinand II d'imposer son autorité et celle de la religion catholique aux États du Saint-Empire, entraînent la guerre de Trente Ans qui ravage le pays de 1618 à 1648. Les traités de Westphalie entérinent l'affaiblissement du pouvoir impérial en favorisant les droits des 350 États allemands. La liberté religieuse des princes est réaffirmée.
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+ Le rapprochement se fait partiellement par la finance. La Frankfurter Wertpapierbörse créée en 1585 par des marchands pour établir un cours unique des monnaies, devenue une bourse aux effets de commerce au XVIIe siècle, centralise depuis la fin du XVIIIe siècle la négociation de la dette publique. La Banque de Bethmann innove en fragmentant et revendant, par appel à l'épargne publique, les prêts souverains à François Ier[17].
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+ Sous la pression de la France, le Saint-Empire est dissous en 1806 et remplacé par la Confédération du Rhin sous protectorat français. Après le congrès de Vienne (novembre 1814 - juin 1815), celle-ci est remplacée par la Confédération germanique (en allemand : Deutscher Bund) qui ne regroupe plus que 39 États sous la direction honorifique des Habsbourg, lesquels ne portent plus que le titre d'Empereur d'Autriche. En fait, cette confédération ne peut exister que si l'Autriche et la Prusse s'entendent. À partir de 1834, le Zollverein ou union douanière commence à se constituer à l'initiative de la Prusse. Il construit un espace économique sans douane intérieure et définit une même politique commerciale vis-à-vis de l'extérieur. Cet espace, progressivement élargi, exclut délibérément l'Autriche. Les révolutions de 1848 touchent la plupart des États allemands. Une assemblée élue au suffrage universel se réunit à Francfort et propose la couronne d'une Allemagne unifiée au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, qui la refuse, soucieux de ne pas tenir son pouvoir de la souveraineté du peuple. Il est prêt à accepter la couronne que lui proposent les princes allemands, mais l'Autriche force la Prusse à renoncer en 1850. L'Allemagne se retrouve dans la même situation politique qu'en 1815.
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+ En 1862, Otto von Bismarck devient le ministre-président du roi de Prusse Guillaume Ier. Il a compris que l'unité allemande ne se fera pas sans l'éviction de l'Autriche par la guerre. Il fait passer par la force les réformes modernisant l'armée. En 1866, l'armée prussienne écrase l'armée autrichienne à Sadowa.
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+ La Prusse annexe les territoires situés entre sa partie orientale et sa partie occidentale, et dirige la Confédération de l'Allemagne du Nord. Seuls les quatre États du Sud n'y adhèrent pas.
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+ La France, en déclarant la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870, permet de fédérer tous les États allemands autour d'un ennemi commun. La défaite française débouche sur la proclamation de l'Empire allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête, entraînant également l'annexion de l'Alsace (sauf Belfort) et du nord de la Lorraine, dont la région de Metz, place-forte de première importance. L'unité allemande s'est faite par le haut et par la guerre, comme le souhaitait Bismarck.
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+ L'indemnité de guerre de 1871, forçant la France à emprunter 25 % de son PIB pour verser de l'or à l'Allemagne, dope la spéculation immobilière à Berlin, précipitant le krach de mai 1873, le plus profond de l'histoire boursière allemande, puis la Grande Dépression (1873-1896). Les banques se méfient les unes des autres. Les prêts interbancaires s'assèchent, mais la Deutsche Bank nouvellement créée résiste à la tempête et d'autres banques la suivent.
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+ La sidérurgie allemande connaît une formidable expansion car elle profite mieux des procédés Bessemer (1858) et surtout Thomas (1877), grâce à un charbon plus abondant, même s'il est moins rentable, exploité dans les mines de la Ruhr. Dans les années 1890 des dizaines de milliers de travailleurs polonais émigrent de Pologne vers la Ruhr pour s'embaucher dans les mines de charbon, dont une partie qui se feront embaucher après la Première Guerre mondiale par les industriels français souhaitant relancer leur économie, grâce à leur savoir-faire[18].
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+ L'Allemagne, devenue une des puissances politiques majeures en Europe s'engage dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Autriche-Hongrie (1914) et tente d'envahir la France. Après les premiers assauts, la guerre s'oriente vers une longue et lente guerre de position dans les tranchées, meurtrière d'un côté comme de l'autre. Elle prend fin en 1918 avec la défaite allemande, et l'empereur allemand, le Kaiser Guillaume II, doit abdiquer en raison de la Révolution allemande de novembre 1918. Lors du traité de Versailles, l'Allemagne est considérée comme responsable de la guerre et condamnée à payer de très lourdes réparations, d'autant que les Allemands ont fait sauter les cuvelages de 18 des 19 sociétés minières françaises du nord pendant la guerre et noyé les galeries.
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+ L'Allemagne, chose unique dans l'histoire diplomatique, n'est pas invitée aux discussions versaillaises. Elle est jugée comme principalement responsable (avec l'Autriche-Hongrie) de la guerre, mais conserve néanmoins la Rhénanie, au regret de la France qui voulait fixer la frontière sur le Rhin. L'Alsace et la Lorraine perdues en 1871 reviennent à la France qui n'obtient cependant pas la Sarre (51 millions de tonnes de charbon, soit deux tiers des besoins français), en raison des pressions exercées par l'Angleterre. La Sarre est placée sous la tutelle de la Société des Nations et un référendum sera organisé quinze ans plus tard pour décider son rattachement à la France ou à l'Allemagne. Le Schleswig du Nord est rattaché au Danemark après consultation de la population. Les cantons d'Eupen et de Malmedy sont rattachés à la Belgique. La Pologne obtient un accès à la mer, le fameux « corridor de Dantzig », avec les populations Kachoubes parlant un dialecte polonais mais étant favorables aux Allemands. La ville de Dantzig n'est rattachée ni à l'Allemagne, ni à la Pologne, c'est une ville libre sous contrôle de la SDN. Solutions de compromis qui ne plaisent à personne. 80 kilomètres séparent la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne. La Haute-Silésie, rattachée après plébiscite à l'Allemagne en mars 1921, est occupée par la Pologne peu après. La SDN arbitre la situation et le partage, dénoncé par les deux parties, est réalisé arbitrairement.
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+ L'Allemagne perd 88 000 km2 et huit millions d'habitants. Le service militaire est aboli et l'armée est réduite à 100 000 hommes dont 5 000 officiers. Elle ne peut posséder ni blindés, ni artillerie lourde, ni aviation. Sa flotte de guerre se saborde à Scapa Flow le 26 juin 1919. Elle perd ses colonies, qui sont placées par la SDN sous mandats confiés aux vainqueurs. Comme responsable de la guerre, elle doit céder du matériel et des produits agricoles. Les réparations de guerre sont évaluées en 1921 à 132 milliards de marks-or à payer en 30 ans. Tous les brevets allemands sont perdus, les vainqueurs obtiennent la clause de « nation la plus favorisée » et le Rhin, l'Oder et l'Elbe sont internationalisés, l'Allemagne perdant tout pouvoir sur leur contrôle. La rive gauche du Rhin, avec des têtes de pont rive droite, est occupée, puis considérée comme démilitarisée perpétuellement.
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+ Malgré ces mesures intransigeantes, l'industrie allemande résiste et affiche une croissance plus forte que celle des Anglais, qui sont les perdants de la forte expansion européenne des années 1920. En 1939, le charbon français coûte 25 % plus cher qu'en Allemagne.
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+ Le pangermanisme dévoyé en un nationalisme hostile à l'impérialisme franco-britannique et raciste envers les populations juives et slaves, le ressentiment contre les conditions du traité de Versailles et les conséquences particulièrement dures de la crise économique mondiale de 1929 permettent au NSDAP (parti nazi) d'Adolf Hitler d'accéder par les urnes au pouvoir en 1933. Hitler élimine rapidement toute opposition puis prend le contrôle absolu de l'État allemand en instaurant un régime totalitaire[19]. En 1935, l'Allemagne devient officiellement antisémite en promulguant les lois de Nuremberg. La politique d'Hitler consistant à annexer ou envahir ses voisins finit par provoquer la Seconde Guerre mondiale le 1er septembre 1939.
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+ L'Allemagne domine le début du conflit. Elle conquiert une grande partie de l'Europe, de l'Afrique du Nord, de l'URSS. Mais pendant l'hiver 1941-1942, l'armée allemande subit de lourdes pertes sur le front russe. En 1942-1943, la guerre tourne en faveur des pays alliés : le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis, l'URSS écrasent finalement les armées de l'Axe, envahissant finalement Berlin. La Shoah est l'extermination systématique par l'Allemagne nazie d'entre cinq et six millions de juifs, soit les deux tiers des juifs d'Europe et environ 40 % des juifs du monde. Le 30 avril 1945, Hitler se suicide.
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+ Dévastée par la guerre (même si le potentiel industriel du pays est encore énorme car la politique de la terre brûlée souhaitée par Adolf Hitler n'est pas appliquée de façon conséquente), l'Allemagne est occupée par les Alliés. Le pays et Berlin sont divisés en quatre secteurs, chacun contrôlé par l'une des nations victorieuses (États-Unis, Royaume-Uni, Union soviétique et France). Après plusieurs propositions pour une nouvelle Allemagne (comme le plan Morgenthau), elle est finalement divisée en deux parties durant toute la Guerre froide : la RFA (République fédérale d'Allemagne) créée le 23 mai 1949 à l'Ouest avec Bonn pour capitale et siège administratif, et la RDA (République démocratique allemande) créée le 7 octobre 1949 à l'Est avec Berlin-Est pour capitale. Les territoires à l'est du fleuve Oder et son affluent Neisse de Lusace ont été intégrés à la Pologne et à l'URSS.
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+ Le creux démographique provoqué par la guerre est rapidement compensé par l'arrivée d'environ 13 millions d'Allemands expulsés des anciens territoires d'Allemagne-Orientale et des pays d'Europe de l'Est. Ces millions de réfugiés ont été intégrés dans la société d'après-guerre des territoires de la RFA et la RDA. Ils venaient principalement des anciennes provinces allemandes de la Silésie, de la Prusse-Orientale et aussi de l'est de la province de la Poméranie. En outre ils venaient de Pologne, notamment des anciennes provinces de la Prusse-Occidentale et de la Posnanie. Ils venaient encore des régions qui autrefois appartenaient à l'Autriche-Hongrie : de la Tchécoslovaquie - notamment des régions de Bohême, Moravie et Silésie Tchèque (Allemands des Sudètes) -, ainsi que de Hongrie et de Roumanie (Transylvanie). Par ailleurs ils venaient du territoire de Klaipėda (Memel), en Lituanie.
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+ Sous l'impulsion du plan Marshall (1948-1952), l'Allemagne de l'Ouest renoue rapidement avec la croissance économique, au contraire de l'Allemagne de l'Est. L'amitié franco-allemande naît avec Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, et est considérée encore aujourd'hui comme le moteur de l'Europe. À la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, prélude à la réunification de l'Allemagne du 3 octobre 1990, les deux pays de RFA et de RDA ne possèdent pas le même niveau économique. Cette différence persiste aujourd'hui, les Länder de l'Est (ancienne RDA) demeurant plus pauvres que ceux de l'Ouest. Le coût de la réunification a entraîné d'importantes difficultés économiques pour le pays depuis les années 1990. Son unification a cependant permis d'en faire une nation politiquement incontournable au sein de l'Union européenne et la première puissance économique du continent.
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+ De 1991 à 2000, 150 milliards de DM ont été investis chaque année à l'Est de l'Allemagne sans parvenir à sortir cette région de la crise, mais des réformes en profondeur sont entreprises dans les deux parties de l'Allemagne dans les années 1990, afin d'inciter le pays à être plus compétitif, en particulier celle du système de retraite. De 1998 à l'automne 2005, le gouvernement allemand est dirigé par Gerhard Schröder, du SPD (Parti social-démocrate). Les écologistes du parti Die Grünen participent à un gouvernement de coalition. Après les élections législatives anticipées de 2005, la chancelière chrétienne démocrate Angela Merkel dirige un gouvernement basé sur une « grande coalition » qui regroupe cette fois la CDU (et sa branche bavaroise la CSU) et le SPD. Depuis 2009, la même Angela Merkel est à la tête d'une coalition « noire-jaune » entre la CDU et les libéraux du FDP avant de former une nouvelle « grande coalition » après les élections fédérales en 2013.
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+ En 2005, le cardinal Joseph Ratzinger, ancien archevêque de Munich, et au Vatican préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, est élu pape sous le nom de Benoît XVI. Benoît XVI est le premier pape germanique depuis Benoît XI, qui a régné au XIIIe siècle.
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+ En 2015, lors de la crise migratoire en Europe, Angela Merkel affirme que l'Allemagne doit être un pays d'accueil et annonce vouloir accueillir 800 000 migrants[20]. Mais, rapidement confronté à une vague d'une ampleur inattendue qui dépasse le million de migrants[21] le gouvernement décide de rétablir sa frontière avec l'Autriche le 13 septembre 2015 afin de freiner le flux des arrivées[22].
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+ En 2016, les agressions sexuelles du Nouvel An qui font plus de 1 049 victimes ont un impact considérable dans la population allemande[23]. En juillet de la même année, le pays connaît ses premiers attentats islamistes[24],[25],[26]. Ceux-ci, impliquant des demandeurs d'asile, font 15 morts et plusieurs dizaines de blessés en moins d'un mois[27].
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+ Le Nord est occupé par la plaine d'Europe du Nord, formée par les glaciations du quaternaire, aux paysages fortement différenciés, le centre par des montagnes anciennes d'altitudes peu élevées, le sud par un bassin sédimentaire et par le massif alpin. Ce pays, bordé au nord-ouest par la mer du Nord et au nord-est par la mer Baltique, occupe une place centrale dans l'Union européenne par sa situation, sa puissance démographique, industrielle et commerciale. Une grande partie de l'Allemagne occidentale fait partie de l'Europe rhénane, la région la plus dynamique d'Europe et l'une des plus dynamiques du monde.
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+ La réunification de 1990 a changé l'organisation de l'espace allemand. L'espace rhénan reste cependant le cœur de l'Allemagne et l'axe le plus fréquenté, aussi bien sur le plan économique que sur le plan démographique malgré la nécessaire mutation de la Ruhr. Francfort et la conurbation de Région Rhin-Main continue de jouer son rôle de capitale financière du pays.
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+ Depuis le début des années 1960, les régions du Sud, le Bade-Wurtemberg et la Bavière sont des espaces attractifs. Ce sont des régions aussi bien industrielles (techniques de pointe, complexes militaro-industriels) que touristiques. Le solde migratoire régional est fortement positif.
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+ Depuis la réunification, le Centre et le Nord jouissent d'une position privilégiée. Ils sont devenus un nouveau centre géographique de l'Allemagne. Les ports de Hambourg et de Brême disposent de l'Hinterland de l'ancienne RDA dont ils étaient privés jusqu'en 1990. Le transit entre ces ports et les régions diverses d'Allemagne et d'Europe permet au Land de Basse-Saxe d'occuper une place majeure dans l'espace de l'Allemagne réunifiée.
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+ Les cinq Länder de l'est constituent une périphérie en reconstruction. Le passage d'une économie socialiste à une économie de marché a entraîné la fermeture de nombreuses usines vétustes et peu concurrentielles, le développement de friches industrielles, des migrations régionales vers les Länder de l'ouest et une forte augmentation du chômage. Le taux de chômage était, fin 2006, de 16,4 %[28] alors qu'il est de 10,1 % pour l'ensemble de l'Allemagne. Ceci est dû à une faible compétitivité qui persiste depuis plus de quinze ans, malgré les investissements consentis par le gouvernement fédéral. Cette situation a abouti à un « désamour » entre les Allemands de l'ouest « Wessis » et les Allemands de l'est « Ossis », les uns trouvant qu'ils ont payé trop cher l'union, les autres se sentant oubliés par les plus nantis et regrettant l'époque de la RDA. Ce dernier phénomène a été appelé Ostalgie par les journalistes. Cependant, les autorités misent sur les nouveaux élargissements de l'Union européenne à l'Est pour dynamiser l'économie des cinq Länder de l'est.
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+ Entre 1990 et 2017, l'Allemagne a perdu 75 % de ses insectes volants[29].
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+ En 2019, le jour du dépassement (date de l'année à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Allemagne[c] est le 3 mai[30]. L'Allemagne est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+ L'Allemagne est le 25e pays ayant la plus forte concentration annuelle de particules. Celle-ci dépasse légèrement le seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[31].
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+ La disparition des insectes est massive en Allemagne : jusqu'à 67 % ont disparu entre 2010 et 2019 des prairies, et 41 % dans les forêts[32].
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+ L'Allemagne a connu des changements territoriaux successifs au XXe siècle. La défaite de 1918 a sonné le glas de l'Empire allemand. Le traité de Versailles de 1919 qui règle le sort de l'Allemagne fait passer la superficie de l'Allemagne de 540 848 km2 à 468 776 km2. Celle-ci est amputée de l'Alsace-Moselle, du Nord du Schleswig, d'Eupen et de Malmedy. De plus, pour permettre à la Pologne d'avoir un accès à la mer, la Prusse-Orientale est séparée du reste de l'Allemagne par le corridor de Dantzig.
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+ Après la défaite de 1945, l'Allemagne est occupée par les vainqueurs. À l'est, onze millions d'Allemands sont chassés ou fuient vers l'ouest. Environ 110 000 km2 de l'Est allemand sont rattachés à la Pologne ou à l'URSS. Une des conséquences de la Guerre froide est la création en 1949 de la RFA à l'ouest dans les zones d'occupations des occidentaux suivie par celle de la RDA dans la zone occupée par les soviétiques à l'est. Il y a désormais deux États allemands : la République fédérale allemande (RFA), une démocratie pluraliste et capitaliste et la République démocratique allemande (RDA), une démocratie populaire avec un parti unique au pouvoir, le Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED), et une économie calquée sur celle de l'URSS.
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+ Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin, construit en 1961, tombe. L'année suivante la RDA est absorbée par la RFA. Les Allemands sont de nouveau réunis dans un seul État, la République fédérale d'Allemagne, le 3 octobre 1990. L'Allemagne renonce alors officiellement à ses revendications territoriales sur la Prusse-Orientale[33]. Ce nouvel État doit surmonter le coût de la réunification allemande, c'est-à-dire investir pour rattraper le retard économique des Länder de l'Est par rapport à ceux de l'Ouest. Il s'agit de reconnecter les deux territoires coupés par le rideau de fer durant la Guerre froide : le gouvernement a notamment mis en œuvre des chantiers d'infrastructures de transport : le projet « Unité allemande » lancé en 1992, prévoit des travaux jusqu'en 2010[34] pour un montant total de plusieurs dizaines de milliards d'euros. L'effort est porté en particulier sur les autoroutes à numéros pairs, d'orientation est-ouest : par exemple, la Bundesautobahn 4 qui va de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie à la frontière polonaise en passant par la Thuringe. Les canaux sont modernisés ou complétés, comme le Mittellandkanal. L'intégration de l'ex-Allemagne de l'Est à l'Union européenne reste encore inachevée et les inégalités sont toujours présentes.
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+
103
+ Les plus grandes îles de l'Allemagne sont
104
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+ Les plus longs fleuves d'Allemagne sont listés ci-dessous (avec la longueur entière et la longueur en Allemagne, entre parenthèses est indiquée la plus grande ville allemande dans le bassin versant du fleuve respectif).
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+
107
+ Affluent de la mer Noire :
108
+
109
+ Affluent de la mer du Nord :
110
+
111
+ Affluent de la mer Baltique :
112
+
113
+ Les plus longs fleuves entièrement en Allemagne (mer du Nord) :
114
+
115
+ Les villes d'Aix-la-Chapelle et Mönchengladbach sont situées dans le bassin versant de la Meuse.
116
+
117
+ La Vltava froide (en tchèque : Studená Vltava ; en allemand : Kalte Moldau), le premier affluent de la Vltava, prend sa source en Bavière. Elle est le plus court des deux ruisseaux qui s'unissent pour former la Vltava. Le plus long est la Vltava chaude (en tchèque : Teplá Vltava).
118
+
119
+ La Breg et la Brigach s'unissent à Donaueschingen, dans la Forêt-Noire, pour former le Danube.
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121
+ Le rapport de suivi du gouvernement fédéral allemand (« Monitoringbericht 2019 ») montre le tableau suivant pour l'Allemagne[35]: Les dernières années ont été très chaudes et caractérisées par de longues périodes de sécheresse et des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des tempêtes et de fortes pluies. Les étés 2003, 2018 et 2019 ont été les plus chauds depuis le début des records météorologiques. La température de l'air a augmenté de 1,5 °C de 1881 à 2018. Au cours des dernières décennies, une tendance à la hausse des chaleurs extrêmes a été observée. En particulier, le nombre de journées chaudes (> 30 °C) a considérablement augmenté. Par exemple, en 2003, environ 7 500 personnes sont mortes de plus que ce à quoi on aurait pu s'attendre sans une vague de chaleur. Les mois où le niveau des eaux souterraines est inférieur à la moyenne deviennent nettement plus fréquents. En été, les rivières contiennent de moins en moins d'eau. Le niveau de la mer dans les mers Nord et Baltique est en forte hausse. Cela provoque une augmentation de l'intensité des ondes de tempête. La durée des périodes de végétation est de plus en plus longue. Un exemple est la saison des fleurs de pommier. La proportion de hêtres a diminué par rapport aux essences mieux adaptées à la sécheresse dans les réserves forestières naturelles chaudes et sèches. Les effets du réchauffement croissant sont également évidents si la température de l'eau des lacs et de la mer du Nord a considérablement augmenté.
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123
+ Les États fédérés de l'Allemagne se nomment Bundesland (singulier) ou Bundesländer (pluriel).
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+ * Berlin, Brême et Hambourg sont des « villes-Länder » (en allemand « Stadtstaat »). Pour Hambourg et Brême, il s'agit d'un héritage du passé commercial de ces villes (voir Hanse). Elles sont des Länder à part entière.
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+ Chaque Land a sa propre constitution (Verfassung). Il est aussi doté d'un Parlement (Landtag) et d'un gouvernement (Landesregierung) issu de la majorité du Landtag. Il est souverain en matière de culture (enseignement, théâtre, musique, etc.), d'organisation des services de police, de droit communal. La Fédération peut élargir les compétences des Länder par des prescriptions-cadres : l'enseignement supérieur, l'aménagement du territoire, la protection de la nature et la conservation des sites naturels sont passés de la compétence de la Fédération à celle des Länder. Enfin, les Länder ont la responsabilité de faire respecter les décisions fédérales sur leur territoire. Chacun des Länder peut également lever des impôts. De ce fait, 36 % des impôts directs collectés reviennent aux Länder, l'État fédéral en recevant près de 50 % et les communes se partageant le reste.
128
+ La loi fondamentale n'a pas délimité strictement certains domaines législatifs : pour le droit civil, le droit pénal, le droit économique, le droit du travail, la politique du logement, la politique énergétique, la circulation routière ou encore la gestion des déchets, les Länder peuvent légiférer à condition que l'État fédéral l'autorise. Et ce dernier ne peut légiférer que pour un besoin uniforme à l'échelle nationale.
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+ Une des particularités de la démocratie allemande est l'institutionnalisation du rôle des partis politiques : représenter les citoyens et leur apporter une formation politique.
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+ La Deutsche Bahn, souvent désignée par son nom commercial Die Bahn ou par le sigle DB, est l'entreprise ferroviaire publique en Allemagne, la plus importante d'Europe après la Russie, tant par la longueur de son réseau, que par le chiffre d'affaires ou les prestations de transport.
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+ Voici une liste des aéroports allemands avec plus de 1 000 000 passagers par an :
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+ Les alliés occidentaux ont réintroduit une structure fédéraliste en Allemagne en 1949. Le but était de préserver l'unité de la partie occupée par les occidentaux en empêchant le retour d'une Allemagne trop puissante sur le plan politique. Le fonctionnement du système politique allemand est donc régi depuis 1949 par une Constitution appelée Loi fondamentale (Grundgesetz). La Cour constitutionnelle qui siège à Karlsruhe veille à son respect. Depuis cette date, l'Allemagne est donc une république fédérale, composée d'abord de onze Länder[d], puis de seize depuis 1990. Depuis la réunification des deux Allemagnes la capitale fédérale est Berlin. Les pouvoirs exercés par la seule Fédération concernent les affaires étrangères, la défense, la nationalité, la monnaie, les frontières, le trafic aérien, les postes et télécommunications, et une partie du droit fiscal. Le Parlement allemand est composé de deux chambres, le Bundestag, élu au scrutin mixte pour quatre ans, et le Bundesrat (Conseil fédéral) qui comprend 68 représentants des gouvernements des Länder. Chaque Land donne toutes ses voix pour ou contre une loi.
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+ L'accroissement des pouvoirs du Bundesrat met ceux-ci en mesure de bloquer l'action du gouvernement fédéral. En même temps, les compétences de l'État fédéral ont augmenté aux dépens des Länder. L'imbrication des compétences rend toute décision de plus en plus difficile. En effet, le Bundesrat doit se prononcer sur toutes les lois dont le contenu est applicable dans les Länder. En cinquante ans, la proportion de lois fédérales exigeant l'accord du Bundesrat est passée de 10 % à 60 %. En cas de différence de majorité entre les Länder et le gouvernement fédéral, il y a parfois blocage. Cela gêne même l'action de l'Allemagne dans les instances européennes[39].
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+ Les Länder et le gouvernement fédéral ont donc réfléchi ensemble à une réforme des institutions allemandes qui a été votée en mars 2006. Les prérogatives législatives du Bundesrat sont diminuées. Le Bundesrat ne vote que les lois qui ont un impact sur les budgets des régions. En contrepartie, l'État fédéral abandonne à celles-ci des champs entiers de compétences dans l'éducation, la recherche et l'environnement[40].
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+ Le président de la République fédérale (Bundespräsident) est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois, au suffrage indirect, c'est-à-dire par les députés du Bundestag et des personnes élues par les parlements des Länder. Il représente l'unité allemande et défend les intérêts de l'Allemagne mais ses prérogatives restent serrées, son rôle étant essentiellement symbolique. Cependant, il s'agit d'une autorité morale respectée et écoutée. L'actuel président fédéral est Frank-Walter Steinmeier ; cet ancien ministre fédéral des Affaires étrangères a été élu à la fonction présidentielle le 12 février 2017.
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+ Le chancelier fédéral (Bundeskanzler) est le chef du gouvernement allemand. Il est élu par les membres du Bundestag, sur proposition du président fédéral pour un mandat de quatre ans, renouvelable à plusieurs reprises. Angela Merkel (CDU) est l'actuelle chancelière fédérale (Bundeskanzlerin) depuis le 22 novembre 2005 ; elle a été réélue en 2009, 2013 et 2017.
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+ La formation de coalitions (généralement désignées par référence aux couleurs qui symbolisent les grands partis) joue un grand rôle dans le fonctionnement politique de l'Allemagne, tant au niveau fédéral que dans chaque Land. Un seul des vingt-et-un gouvernements fédéraux ne reposait sur aucune coalition : le cabinet Adenauer III, entre 1960 et 1961. Deux grands partis dominent traditionnellement ces coalitions et s'opposent électoralement, quand ils ne sont pas unis dans une Grande coalition (große Koalition, de 1966 à 1969, de 2005 à 2009 et depuis 2013 au niveau fédéral) : l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU, symbolisée par le noir, centre droit démocrate chrétien et libéral-conservateur, présent dans tous les Länder sauf la Bavière) et son allié bavarois l'Union chrétienne-sociale en Bavière (Christlich-soziale union in Bayern, CSU, symbolisée par le bleu ou le noir, droite démocrate chrétienne et conservatrice), membres du Parti populaire européen, ont dominé le gouvernement fédéral en occupant la chancellerie de 1949 à 1969, de 1982 à 1998 et depuis 2005) ; le Parti social-démocrate d'Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD, symbolisé par le rouge, centre gauche social-démocrate), membre du Parti socialiste européen, a dirigé l'Allemagne fédérale de 1969 à 1982 et de 1998 à 2005, et deuxième force d'une Grande coalition de 1966 à 1969, de 2005 à 2009 et depuis 2013.
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+ Deux autres partis ont été des partenaires mineurs de coalition au niveau fédéral : le Parti libéral-démocrate (Freie Demokratische Partei, FDP, symbolisé par le jaune, centre libéral), membre du Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe, a été associé aussi bien à la CDU/CSU (coalition noire-jaune) de 1961 à 1966, de 1982 à 1998 et de 2009 à 2013, qu'au SPD (coalition sociale-libérale ou rouge-jaune) de 1969 à 1982, en s'affirmant pendant longtemps comme la troisième force politique du pays avant de disparaître du Bundestag en 2013 ; l'Alliance 90 / Les Verts (Bündnis 90 / Die Grünen, symbolisée par le vert, centre gauche écologiste), membre du Parti vert européen, n'a été membre d'un cabinet fédéral qu'en association avec le SPD (coalition rouge-verte) de 1998 à 2005, après avoir connu une progression électorale relativement soutenue depuis les années 1980. Une cinquième formation est représentée au Bundestag depuis 2009 sans avoir jamais fait partie d'une coalition au niveau fédéral et est devenue la troisième force politique allemande (et la première d'opposition) en 2013 : Die Linke (« La Gauche », symbolisé par le rouge, gauche et extrême gauche socialiste démocratique, antilibéral et populiste de gauche), membre du Parti de la gauche européenne. Plus récemment, durant les années 2010, à la suite successivement de la crise de la dette dans la zone euro et à la crise migratoire en Europe, un parti eurosceptique a vu ses résultats électoraux progresser très rapidement (cinquième force lors des élections européennes de 2014, la deuxième lors des élections législatives régionales de 2016 en Saxe-Anhalt et la troisième pour celles de Rhénanie-Palatinat et de Bade-Wurtemberg la même année) : l'Alternative pour l'Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD symbolisé par le bleu et le rouge), à l'origine créé par des économistes critiques envers l'euro, devenu davantage national-conservateur depuis 2015 en se réorientant vers des positions anti-immigration et anti-islam.
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+ Au niveau des Länder, au 19 juillet 2016, neuf d'entre eux ont un ministre-président social-démocrate dont quatre dans le cadre d'une coalition rouge-verte (Brême, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Basse-Saxe et Hambourg), deux avec une Grande coalition (Berlin et Mecklembourg-Poméranie-Occidentale), deux dans une coalition en feu tricolore (avec l'Alliance 90 / Les Verts et un parti centriste libéral ou régionaliste, Schleswig-Holstein avec le parti de défense de la minorité danoise de la Fédération des électeurs du Schleswig-du-Sud ou SSW, et Rhénanie-Palatinat avec le FDP), un avec une coalition rouge-rouge (avec Die Linke, Brandebourg). Quatre Länder ont un chef de gouvernement issu de la CDU, dont deux en Grande coalition (Sarre et Saxe), un avec une coalition noire-verte (avec l'Alliance 90 / Les Verts, Hesse) et un avec une coalition noire-rouge-verte ou kényane (avec le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts, Saxe-Anhalt), à quoi s'ajoute un Land traditionnellement dominé par la CSU seule (Bavière). Enfin, deux Länder ont un ministre-président issu d'autres mouvements que les deux grandes forces de gouvernement : le Bade-Wurtemberg a un dirigeant issu de l'Alliance 90 / Les Verts gouvernant en coalition avec la CDU (coalition verte-noire) depuis 2016 après l'avoir fait avec le SPD (coalition verte-rouge) de 2011 à 2016 ; la Thuringe avec un chef issu de Die Linke depuis 2014 qui mène une coalition rouge-rouge-verte (avec le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts).
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+ La Bundeswehr (en allemand « force de défense fédérale ») est une armée exclusivement servie par des professionnels depuis 2011, composée en décembre 2012 de 191 818 militaires, dotée d'un budget de 31,68 milliards d'euros qui déploie aujourd'hui à l'étranger plus de 13 000 hommes.
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+ De 1945 à la réunification allemande de 1990, la RFA cultive l'« oubli de puissance »[41]. Elle devient le modèle de l'État-marchand civil qui renonce à toute ambition militaire et rôle important dans les relations internationales. Elle cherche à faire oublier son passé impérialiste en s'intégrant au sein du plus grand nombre d'alliances. De ce point de vue l'entrée de la RFA dans l'OTAN, en 1955, la fait passer de pays occupé à partenaire stratégique des États-Unis. La RFA tient d'autant plus à cette alliance que les États-Unis sont ses principaux protecteurs face à l'Union soviétique. La participation à la CECA en 1951 et à la naissance de la CEE marquent le retour de l'Allemagne dans le jeu européen. Néanmoins, les actions de la RFA sur la scène internationale étaient de l'ordre d'une « diplomatie du chéquier[42], » la RFA se montrant généreuse sur le plan des solidarités internationales. Le traité de l'Élysée signé en 1963, permet la réconciliation franco-allemande et une coopération profitable pour les deux pays.
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+ La chute du communisme et la réunification de l'Allemagne changent le statut du pays. L'unification intéresse directement les quatre vainqueurs de 1945 qui s'étaient partagé quatre secteurs d'occupation. Sans leur accord l'unité allemande est impossible, chacun ayant un droit de veto sur le processus. D'où la signature, à Moscou en 1990, du traité « 4 + 2 » ou « 2 + 4 », ou bien traité de Moscou, son véritable nom étant pour autant « Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne »[43]. Ce traité règle le nouveau statut international de l'Allemagne unie au cœur de l'Europe en fixant définitivement les frontières (art. 1er), et en plafonnant l'armée allemande à 370 000 hommes. Après 45 ans de tutelle étrangère, l'Allemagne retrouve sa souveraineté pleine et entière ; elle redevient un État comme les autres. Forte de sa puissance économique et de sa stabilité, elle s'efforce d'aider les autres États, principalement ses voisins de l'Est, à acquérir cette même stabilité politique. N'ayant plus de visée de puissance ou d'hégémonie, elle promeut les critères environnementaux, les droits de l'homme ou les droits sociaux[44], elle privilégie la culture d'influence via les investissements économiques dans les pays de l'Europe centrale et orientale dont elle favorise l'intégration à l'Europe politique. Elle est devenue un des piliers de l'Europe. Des troupes allemandes sont intervenues dans le cadre des missions de l'OTAN en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en Afghanistan. En ce qui concerne ce dernier pays, la Bundeswehr y participe depuis janvier 2002 à la mission de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN[45]. En 2005, environ 7 000 soldats y étaient stationnés[46].
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+ Après une hausse considérable de la dette publique allemande à cause de paiements forts pour l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande et la crise économique à partir de 2008, le taux de la dette publique trouvait son maximum en 2010 (80,9 % du PIB)[47]. À partir de 2012, l'Allemagne a réalisé des excédents budgétaires sur l'ensemble de l'État[48] et était capable de réduire ses dettes de 80,9 % en 2010 à 63,9 % du PIB (2 092,6 milliards d'euros) en 2017[47]. Cela signifie qu'aussi la dette absolue de l'Allemagne ne grossit plus mais au contraire désormais se rétracte.
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+ Par conséquent, l' Allemagne respecte le critère sur le déficit budgétaire du Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro, qui limite le déficit à 3 % du PIB ainsi que les critères du Pacte budgétaire européen de 2012 qui limitent le déficit structurel à 0,5 % du PIB pour l'objectif budgétaire à moyen terme. La dette publique allemande rapportée au PIB pourrait passer dès 2018, avant l'objectif visé de 2019, sous le plafond de 60% fixé par l'Union européenne.
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+ En 2009 l'Allemagne a introduit un frein à l'endettement pour continuer à atteindre des budgets publiques sans déficits structurels (Länder, États fédéraux) ou au maximum un déficit très limité (0,35 % du PIB pour l'État fédéral). Le frein à l'endettement est maintenant fixé en article 109 paragraphe 3 de la Loi fondamentale. Entre-temps, quelques Länder ont aussi adopté le frein d'endettement dans leurs constitutions régionales. Avec le frein d'endettement, le déficit structurel fédéral, et non le déficit conjoncturel, ne doit plus surmonter 0,35 % du PIB à partir de 2016. Pour les Länder, des déficits structurels sont complètement interdits à partir de 2020. Seule exception sont des catastrophes naturelles ou récessions fortes.
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164
+ La notation financière de l'Allemagne par les trois agences de notation les plus suivies Moody's, Standard & Poor's et Fitch est AAA, la note maximale. L'emprunt d'État à long terme (10 à 30 ans) émis par l'Allemagne s'appelle Bundesanleihe et constitue le marché directeur des taux d'intérêt à moyen et long terme dans la zone euro.
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166
+ L'Allemagne est peuplée de 83,1 millions d'habitants[2] en septembre 2019, dont 10,3 millions d'étrangers[2]. Avec ses 233 habitants par km2, l'Allemagne est l'un des pays les plus densément peuplés d'Europe (après les Pays-Bas, la Belgique et le Royaume-Uni). C'est le pays le plus peuplé de l'Union européenne. L'Ouest du pays reste plus peuplé que l'Est. En effet, on rencontre d'importantes concentrations urbaines à l'Ouest (région métropolitaine Rhin-Ruhr), dans le Sud-Ouest (région Rhin-Main, région métropolitaine Rhin-Neckar) et le Sud du pays (région métropolitaine de Stuttgart, région métropolitaine de Munich).
167
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168
+ Le taux de natalité de l'Allemagne est l'un des plus faibles du monde (9,5 ‰) et son accroissement naturel est négatif depuis les années 1980 pour les onze Länder de l'Ouest, et dès 1972 à l'échelle nationale. Le nombre de naissances a atteint un minimum en 2011 avec 662.685 avant de remonter dans les années suivantes jusqu'à 792,000 naissances en 2016 du fait d'une immigration augmentée et une politique familiale plus ambitieuse. En 2016, le taux de fécondité allemand est de 1,60 enfant par femme et se trouve proche de la moyenne de l'Union européenne[54]. Jusqu'au début des années 1990 cependant, les cinq Länder de l'Est avaient un taux de fécondité bien plus élevé qu'à l'Ouest, mais la natalité de l'Est est aujourd'hui aussi faible que celle de l'Ouest. Une des raisons de cette faible fécondité résidait dans la difficulté pour les femmes de concilier vies familiale et professionnelle. Cela s'est amélioré dans les dernières années grâce à l'ouverture de beaucoup de nouvelles crèches[55].
169
+
170
+ Durant longtemps, l'Allemagne a été réticente à toute politique incitative qui lui rappelait l'époque nazie ou, en RDA, celle communiste. La récente coalition CDU-SPD a pris une série de mesures, sous la houlette de la ministre ancienne de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse, Ursula von der Leyen, qui bouleversent la politique familiale. En 2007, un salaire parental a été créé. Il vient s'ajouter aux allocations familiales. Le parent qui arrête son travail pendant un an touche une allocation représentant 67 % du salaire perdu, avec un plafond de 1 800 euros et un minimum de 300 euros[56]. La ministre a décidé la construction de crèches représentant 500 000 places jusqu'en 2013 pour les enfants de un à trois ans. Le nombre de places en crèches a atteint de nouveaux sommets en 2014[55]. L'aménagement du temps de travail, indispensable au développement de toute politique familiale, commence à entrer dans les négociations collectives. Ainsi, en 2016, l'Allemagne applique une des politiques familiales les plus coûteuses au monde, avec un total de 156 mesures, pour un coût annuel total de 55,4 milliards d'euros. En 2019, les allocations familiales sont augmentées de 10 € par mois et enfant : 204 € au lieu de 194 € pour le premier et deuxième enfant, 210 € au lieu de 200 € pour le troisième enfant et 235 € au lieu de 225 € par mois pour le quatrième enfant et les enfants suivants. Une nouvelle augmentation de 15 € par mois et enfant est prévue pour 2021.
171
+
172
+ Actuellement, la population allemande n'augmente que grâce à un solde migratoire positif[2]. En 2018, ce solde migratoire net a atteint un niveau entre 340 000 et 380 000 personnes, mais le nombre de naissances était inférieur à celui des décès par 150 000 à 180 000[57]. L'essentiel des nouveaux immigrés en Allemagne est originaire des pays de l'Union européenne.
173
+
174
+ Pour résoudre le problème du financement des retraites, les assemblées allemandes ont choisi d'élever l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029[58]. Il est ensuite question de le repousser à 69 ans et quatre mois. Les retraites en Allemagne sont assez faibles, ne représentant que 48 % du salaire moyen[59].
175
+
176
+ L'Allemagne accueille environ 10,3 millions d'étrangers[2], parmi lesquels les Turcs forment la plus importante minorité avec 1,5 million de ressortissants[60], devant les Italiens, les Polonais, les Russes et les Grecs.
177
+
178
+ L'Allemagne durcit son encadrement de l'immigration et des procédures d'intégration des nouveaux arrivants, et adopte en 2005 la Zuwanderungsgesetz (de), ou loi sur l'immigration, qui comprend la reconnaissance de l'Allemagne en tant que « pays d'immigration »[61].
179
+
180
+ Cette nouvelle loi sur l'immigration touche aussi la loi sur la Natalité, facilitant l'obtention du statut de Citoyen pour les enfants nés sur le territoire allemand d'au moins un parent ayant vécu légalement en Allemagne pendant cinq ans[61].
181
+
182
+ Le tableau ci-dessous donne la liste des principales aires urbaines au sens de l'Eurostat :
183
+
184
+ Dans le dernier classement de Mercer des villes les plus agréables à vivre dans le monde de mars 2019, cinq villes allemandes se trouvent parmi les 25 premières, en offrant une très haute qualité de vie à leurs habitants : Munich (3e), Düsseldorf (6e), Francfort (7e), Berlin (13e), Hambourg (19e) et Nuremberg 23e[62].
185
+
186
+ Faust spricht mit dem Erdgeist (« Faust parle avec le Erdgeist ») de Margret Hofheinz-Döring en 1969.
187
+
188
+ L'Allemand parlé : extrait du Faust de Goethe.
189
+
190
+ L'allemand est une langue indo-européenne appartenant à la branche occidentale des langues germaniques, de même que le néerlandais ou l'anglais. 92 % de la population a l'allemand comme langue maternelle, ce qui indique une très grande homogénéité linguistique. 8 % de locuteurs parlent une autre langue : le danois, le frison septentrional, le frison oriental, le sorabe, le polonais, les parlers de deux groupes roms (les Sintis et les Roms allemands) ainsi que le turc, le kurde, ou le serbe.
191
+
192
+ Il s'agit d'une estimation, car il n'existe en Allemagne aucun recensement basé sur les données linguistiques. Les immigrés ont contribué à l'élargissement du champ linguistique.
193
+
194
+ L'allemand standard, appelé en Allemagne Hochdeutsch, n'est pas la langue vernaculaire de tous les germanophones. En effet, plusieurs millions d'Allemands parlent dans leur vie quotidienne l'un des dialectes allemands. Ces nombreux dialectes peuvent être rattachés géographiquement à trois groupes, du nord au sud : le bas-allemand (Niederdeutsch), le bas francique, au centre les dialectes du moyen-allemand occidental et du moyen-allemand oriental, et au sud le haut allemand : le bavarois, l'alémanique, le francique méridional et le francique oriental (voir la liste complète des dialectes dans l'article détaillé sur la langue allemande). La différenciation nord-sud (bas-allemand / haut-allemand) est apparue à partir du VIe siècle. En 1980, on estimait qu'environ 50 % des Allemands utilisaient dans leur vie quotidienne l'un de ces dialectes sans jamais l'écrire[63].
195
+
196
+ L'anglais est très répandu, et est la première langue étrangère et commerciale : le quotidien Aktuelle Woche estime[source insuffisante] qu'au moins 50 % des Allemands parlent anglais, ou ont des notions d'anglais, et 30 % des Allemands parleraient anglais couramment. Le français, qui avait un taux de connaissance de quelque 15 % dans les années 1970, a maintenant moins de 5 % de locuteurs en seconde langue.
197
+
198
+ Minorités linguistiques historiques
199
+
200
+ Les lois fédérales reconnaissent quatre minorités nationales : les Danois, les Frisons, les Sorabes et les Tsiganes. Les quatre communautés reconnues ont fondé en 2004 un Conseil des minorités doté d'une convention commune pour promouvoir leurs intérêts devant le gouvernement fédéral.
201
+
202
+ Les Sorabes ou Sorbes, qui constituaient une minorité protégée dans la République démocratique allemande, vivent dans la région de la Lusace (dans les Länder de Saxe et de Brandebourg), qui est subdivisée en Haute Lusace et Basse Lusace. Ils parlent les langues slaves occidentales haut-sorabe et bas-sorabe (en sorabe hornjoserbšćina et delnjoserbšćina), et forment la minorité nationale reconnue la plus importante. Ils ont réussi à maintenir leur culture et leur langue malgré les tentatives de germanisation dans le passé. Tous parlent aussi l'allemand, le taux de bilinguisme atteignant près de 100 %[63]. Le sorabe se situe entre le tchèque et le polonais et s'écrit en caractères latins complétés par quelques signes diacritiques. Le haut sorabe est phonétiquement proche du tchèque mais dispose d'un lexique apparenté au polonais, alors que le bas sorabe à l'inverse est phonétiquement proche du polonais mais utilise un lexique plus proche du tchèque.
203
+ La ville de Budisse, Budyšin ou Budyšyn en sorabe, est considérée comme le centre des sorabes de la Haute Lusace, et la ville de Cottbus, Chóśebuz en sorabe, est considérée comme le centre politique et culturel des sorabes de la Basse Lusace.
204
+
205
+ Les Frisons vivent dans la Frise, principalement dans la région côtière du nord-ouest du Land de Schleswig-Holstein. Ils parlent le frison septentrional et le frison oriental, qui font partie du groupe des langues germaniques occidentales. Ils constituent avec l'anglais et le scots la branche anglo-frisonne de ce groupe. Ils ressemblent étroitement au vieil anglais, mais aussi au néerlandais et au bas-allemand.
206
+
207
+ Dans la moitié nord du Land de Schleswig-Holstein, il existe une petite minorité danoise (en danois : det danske mindretal i Sydslesvig), parlant le sydslesvigsdansk, le danois du sud du Schleswig. La minorité danoise représente entre 15 000 et 50 000 personnes. Elle dispose d'organisations culturelles, d'une Église (rattachée à l'Église du Danemark) et d'écoles spécifiques. La minorité danoise est reconnue officiellement et protégée dans le cadre de l'accord germano-danois de 1955 et de la convention-cadre sur les minorités du Conseil de l'Europe. La Fédération des électeurs du Schleswig-du-Sud, son parti, est exemptée de la règle des 5 % pour être représentée au parlement régional.
208
+
209
+ Entre 1570 et 1815, des centaines de milliers de Huguenots, ou Protestants Français fuient la France pour s'installer dans les états Allemands du Saint Empire Germanique. Après 1685, et la révocation de l'édit de Nantes en France, par Louis XIV, les départs de protestants pour les états Allemands s'accélèrent. On retrouve de nos jours les descendants de ces protestants à travers leurs noms, à consonance française.
210
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211
+ On estime a plus de 10 millions le nombre de francophones en Allemagne[64]. Avant 1815, date du congrès de Vienne, certaines régions frontalières, comme celle de Landau étaient françaises. En 1815, l'Alsace sera maintenue française, mais les régions au-delà du Rhin ou au nord de la Lorraine, dont la Sarre et Sarrelouis, furent cédées aux états du Saint-Empire germanique (états Allemands dont la Prusse). Avec le temps et les divers conflits, les minorités francophones de ces régions ont disparu.
212
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213
+ Un regain pour la langue française va revenir avec le rapprochement franco-allemand des années 1960, initié par les présidents de Gaulle et Adenauer.
214
+
215
+ En conséquence, l'organisation des francophones en Allemagne va retrouver une certaine vigueur en intégrant diverses structures francophones dont La Gazette de Berlin, Le Carrefour francophone de Hanovre et de sa région, la Société franco-allemande de Berlin ou encore la Société franco-allemande d'Osnabrück[65].
216
+
217
+ De plus, on peut noter la présence de paroisses francophones dont la communauté catholique d'Aix-la-Chapelle, la communauté catholique francophone et l'aumônerie de Bonn ou la communauté catholique francophone de Francfort[66].
218
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219
+ Enfin, un point d'accès à la culture francophone en Allemagne vient consolider la présence française dans ce pays[67]. En effet, l'Institut français d'Allemagne y fait la promotion du français depuis 1949. Il est à noter que sur les 200 structures d'Institut français à travers le monde, l'Institut français d'Allemagne est un des plus développés sur la planète.
220
+
221
+ Les guerres de religions ont déchiré les Allemands aux XVIe et XVIIe siècles, au cours de la guerre de Trente Ans. La réforme luthérienne est introduite par le moine augustin Martin Luther. La diffusion de la Dispute de Martin Luther sur la puissance des indulgences (titre latin Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum), plus connue comme les Quatre-vingt-quinze thèses, a déclenché la Réforme en Allemagne. Le document aurait été placardé à la porte de l'église de Wittemberg (aujourd'hui en Saxe-Anhalt) le 31 octobre 1517. Les 95 thèses sont finalement condamnées le 15 juin 1520 par la bulle Exsurge Domine du pape Léon X. Luther, alors ouvertement en conflit avec l'Église, est excommunié au début de l'année suivante.
222
+
223
+ Aujourd'hui, le Nord et l'Est de l'Allemagne sont majoritairement protestants. La grande majorité des protestants allemands appartient à l'Église évangélique en Allemagne qui rassemble 25,5 % de la population. Des majorités catholiques se trouvent avant tout en Rhénanie, au sud du Bade-Wurtemberg et en Bavière où est né le pape Benoît XVI. 27,7 % de la population est catholique[68]. L'Est de l'Allemagne et Hambourg sont majoritairement sans confession[69] mais la première religion reste le luthéranisme. Enfin, l'islam est pratiqué par la communauté turque, concentrée dans la Ruhr et à Berlin. La population alévi bektachi est estimée entre 500 000 et 625 000. En 2000, l'Allemagne accorde aux alévis le statut de « communauté religieuse »[70].
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+ En Allemagne existe la Kirchensteuer, un impôt destiné aux institutions religieuses.
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+ Églises (édifices)
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+ Quelques-unes des plus grandes et fameuses églises d'Allemagne :
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+ L'Allemagne est la première puissance économique de l'Union européenne. Elle figure au quatrième rang mondial depuis 2008 derrière les États-Unis, le Japon, et la Chine[71] mais devant la France et le Royaume-Uni. Elle possède pour cela de nombreux atouts : un marché intérieur important, une population active qualifiée grâce à l'apprentissage professionnel, et un niveau de vie élevé. Les entreprises et les syndicats allemands fonctionnent en cogestion. Le PIB allemand s'élève à 3 876 milliards de dollars (GDP 2014, Fonds monétaire international)[72]. Le commerce extérieur représente un tiers du PNB : avec un volume d'exportations de 1 134 milliards d'euros (2014)[73]. L'excédent commercial était le plus élevé du monde en 2014 avec 217 milliards d'euros[73]. Le principal moteur de ce commerce extérieur est l'industrie, dont le pourcentage dans le total des exportations se situe à quelque 84 % (2004).
232
+
233
+ L'économie allemande dispose d'un réseau de communication de première qualité : le plus long réseau autoroutier d'Europe, un réseau ferré particulièrement dense et trois axes navigables, le Rhin premier fleuve mondial pour le fret, la liaison Rhin-Main-Danube et le canal du Mittelland.
234
+
235
+ L'Allemagne est la quatrième puissance maritime économique du monde. Au 1er janvier 2013, sa flotte s'élevait à 3 833 navires, totalisant 125,778 millions de tonnes de port en lourd, dont 109,136 millions battant pavillon étranger et répartis sur 3 437 unités. 52,41 % de la totalité du tonnage est immatriculée au Liberia et 10,43 % à Antigua-et-Barbuda, contre seulement 13,23 % en Allemagne[74].
236
+
237
+ Certaines entreprises allemandes occupent la première place du marché mondial dans leur domaine (par exemple BASF dans l'industrie chimique, Munich Re (aussi Münchener Rück) dans la réassurance, Aldi et Lidl pour les supermarchés hard-discount). Autres entreprises occupent la première place européenne dans leur domaine (par exemple Volkswagen dans la construction automobile, Bosch pour les équipementiers automobiles, Deutsche Bahn pour les entreprises ferroviaires, Lufthansa pour les compagnies aériennes, DHL pour la logistique, SAP pour les entreprises de logiciels ou Adidas dans la fabrication d'articles de sport). En outre, il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises, le fameux « Mittelstand », qui occupent la première place du marché mondial ou européen dans une niche qui s'appellent « champions cachées »[75] ou « hidden champions »[76].
238
+
239
+ L'évasion fiscale représente 165 milliards d'euros par an selon Tax Justice Network[77].
240
+
241
+ Les inégalités comptent parmi les plus élevées d'Europe et se traduisent notamment par des bas salaires dans de nombreux secteurs. Ainsi, 22,5 % des actifs gagnent moins de 10,50 € de l'heure contre seulement 8,8 % pour la France[78].
242
+
243
+ L'Allemagne est confrontée depuis 2004 à une envolée du prix des loyers, pouvant déboucher sur l'éclatement d'une bulle immobilière. Entre 2016 et 2017, les prix ont augmenté de plus de 20 % à Berlin[79].
244
+
245
+ L'industrie est un secteur économique très important en Allemagne. Environ 33 % de la population active travaille dans ce secteur. Les principaux secteurs en chiffre d'affaires sont la construction automobile avec 777 000 salariés en 2004, suivie par l'électrotechnique avec 799 000 salariés, la construction mécanique avec 868 000 salariés et l'industrie chimique[80]. À côté des grandes entreprises mondialement connues comme Siemens, Volkswagen, ThyssenKrupp, Allianz, Bosch, BASF ou Bayer, les PME/PMI emploient plus de 20 millions de salariés. Dans la construction mécanique, secteur où la RFA détient 19,3 % du marché mondial, la grande majorité des entreprises a moins de 200 salariés. Ces succès sont dus à la réputation de bonne qualité des produits allemands en général. Les entreprises allemandes dépendent peu des banques pour leur financement. Grâce à leurs bons rendements, près de 70 % d'entre elles peuvent couvrir elles-mêmes leurs besoins financiers[81].
246
+
247
+ La construction automobile fournit 40 % des exportations allemandes. Un salarié sur sept travaille dans ce secteur. Les grands constructeurs Volkswagen et Audi, BMW, Daimler AG, Porsche et Opel, ce dernier filiale allemande de PSA depuis 2017, font de l'Allemagne le troisième producteur d'automobiles mondial. Environ six millions de voitures sortent chaque année des chaînes de montage allemandes et 4,8 millions de voitures de marque allemande sont produites à l'étranger.
248
+
249
+ L'industrie automobile allemande traverse une période de fortes convulsions due au dieselgate, au déploiement de l'électromobilité à marche forcée, et aux changements de paradigme tels que l'autopartage et le véhicule autonome[82]. L'arrivée de Tesla dans le Brandebourg, aux portes de Berlin, va compliquer la situation[83]. En 2020, la pandémie de Covid-19 vient encore affaiblir l'industrie automobile du pays, car les gens auront « tout autre chose en tête que l'achat d'une nouvelle voiture », dans tous les marchés, qu'ils soient européens, chinois ou américains[84]. En matière d'emploi, eu égard aux changements de paradigme, The Shift Project s'attend à « bilan globalement négatif [...] qui ne sera probablement pas entièrement compensé par le développement des mobilités actives et partagées »[85].
250
+
251
+ Comme dans toutes les économies développées, le secteur tertiaire est le premier employeur allemand. Près de 28 millions de personnes y travaillent dont 10 millions dans le commerce, l'hôtellerie, la restauration et les transports. Ce secteur est constitué à plus de 40 % de PME/PMI.
252
+
253
+ Le tourisme est en Allemagne un facteur économique important. L'Allemagne est le leader mondial du tourisme d'affaires avec une part de 11 % des voyages d'affaires internationaux. Des concerts, des festivals et de grandes manifestations sportives attirent beaucoup de vacanciers. Pour ne citer que quelques exemples, il y a les fêtes de rues ou les marchés de Noël (voir aussi: section de la culture)[86].
254
+
255
+ Quoique densément peuplée et fortement industrialisée, l'Allemagne offre encore une large place à la nature. Les forêts recouvrent 29 % du territoire. La forêt bavaroise constitue le plus grand espace de montagnes boisées en Europe centrale et la Forêt-Noire conserve toujours un caractère sauvage. Il y a des siècles gestion durable des forêts en Allemagne.
256
+
257
+ L'agriculture est également très importante, contrairement aux idées reçues ; en comparaison, l'Allemagne se situe juste derrière la France pour la production céréalière, mais la devance et occupe ainsi le premier rang européen en ce qui concerne la production de lait. Depuis 2007, les exportations agro-alimentaires allemandes ont dépassé celles de la France pour parvenir au second rang mondial derrière les États-Unis[87].
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+
259
+ L'économie allemande est particulièrement orientée vers le marché mondial. Les grands partenaires commerciaux de l'Allemagne sont la France, les États-Unis, l'Italie et le Royaume-Uni. Mais l'Allemagne, qui a retrouvé un rôle de pivot de l'Europe depuis la chute du communisme et la réunification, cherche à développer de nouveaux débouchés. Elle a accru sa présence en Europe de l'Est. Depuis le début des années 1990, une partie de la production allemande a été délocalisée vers ces pays, si bien que 830 000 personnes travaillaient pour des entreprises allemandes dans les anciens pays communistes en 2002, contre presque aucune avant 1990. Des entreprises allemandes ont aussi absorbé des entreprises locales comme Volkswagen qui a racheté le constructeur tchèque Skoda[88]. Au total, plus de 10 % des exportations allemandes se font vers ces pays, soit autant que vers les États-Unis.
260
+
261
+ Les pays émergents constituent un défi de taille pour l'Allemagne. L'importance des relations économiques avec la Chine ou l'Inde ne cesse donc de croître. Les échanges avec l'Inde sont plus modestes. Les entreprises allemandes doivent relever le défi de la compétitivité face à des pays où le coût de la main-d'œuvre est très faible. Cependant, elles misent peu sur le faible prix de leurs produits pour exporter, mais beaucoup plus sur leur qualité ou leur spécificité. On achète les produits allemands non pas parce qu'ils sont bon marché, mais parce qu'ils sont de bonne qualité[89], ou parce qu'on a besoin d'un produit que seuls les Allemands fabriquent.
262
+
263
+ L'Allemagne a connu après la réunification des difficultés. La concurrence internationale est importante et les entreprises doivent se moderniser rapidement ou délocaliser, sous peine de faillite. L'Ouest du pays est le plus dynamique, tandis qu'à l'Est (ancienne RDA) de nombreuses entreprises ont dû fermer, ce qui a provoqué une forte hausse du chômage jusqu'à 2005 et un exode de l'Est vers l'Ouest.
264
+
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+ À cause des reformes du marché de travail (réformes Hartz), la performance forte des entreprises, notamment dans l'export, et aussi à cause de la démographie (plus de nouveaux retraités que de jeunes entrants sur le marché de travail), le taux de chômage a fortement diminué depuis 2005 et s'établit selon Eurostat en décembre 2018 à seulement 3,3 %[8]. C'est le taux le plus bas de tous les 19 États membres de la zone euro devant les Pays-Bas (3,6 %) et la Malte (3,8 %). Le taux de chômage pour les jeunes de moins de 25 ans s'établit à seulement 6,0 %[8] - c'est le taux le plus bas de l'Union européenne devant les Pays-Bas (6,6 %) et l'Autriche (8,9 %).
266
+
267
+ Le nombre de postes proposés en Allemagne a crû fortement de 300 641 en 2009 à 556 831 en 2015[90]. Pour trouver plus de travailleurs étrangers, l'État allemand a lancé la campagne « Make it in Germany »[91].
268
+
269
+ En 2006, le PIB a crû de 2,9 %, après plusieurs années de stagnation[92]. Les entreprises profitent d'une compétitivité regagnée depuis dix ans à force de restructurations et de modération salariale. Depuis 2006, la production augmente chaque année, les carnets de commande restent remplis[93]. Après un fort recul du PIB pendant la crise économique de 2008/2009, la croissance de celui-ci a fortement repris en 2010 (4,1 %) et en 2011 (3,6 %), et plus légèrement en 2012 (0,4 %) et 2013 (0,1 %). En 2014, la croissance reprenait à 1,6 %[94], et en 2015, à 1,7 %[95].
270
+
271
+ Selon les données d'Eurostat, 70,8 % des chômeurs allemands vivent dans la pauvreté en 2016, le taux le plus élevé de l'Union européenne, contre 38,4 % en France. Cet écart serait lié entre autres aux conditions d'accès à l'indemnisation du chômage très restrictives en Allemagne[96].
272
+
273
+ Dans la dernière décennie, l'Allemagne a réformé son marché du travail avec les réformes Hartz (2003/2005) et pris des mesures contre la crise pour préserver son dynamisme économique. Ces mesures sont souvent vues comme un modèle pour les autres pays européens car l'Allemagne a été capable de diminuer le chômage à 3,3 % (Eurostat, décembre 2018)[8] et de réaliser des excédents budgétaires sur l'ensemble de l'État à partir de 2012[97], mais le prix à payer sur le plan social est également souligné par les économistes et il est jugé parfois excessif. Ainsi, Henrik Uterwedde, économiste et directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, parle-t-il de quasi-« abus et exploitation en ce qui concerne les temps partiels et les bas salaires »[98].
274
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275
+ Pour maintenir son dynamisme économique, l'Allemagne a en effet privilégié l'emploi précaire sans salaire minimum : les mesures prises par le gouvernement allemand (définissant de nouveaux contrats de travail, exonérant les employeurs et ne donnant pas droit au chômage, avec la possibilité de payer des chômeurs de longue durée moins d'un euro par heure pour une activité à temps partiel afin d'aider ces personnes à se réintégrer dans le marché de travail normal), en accord avec le patronat et les syndicats ont ainsi entraîné une baisse de salaire de 20 % pour 1,6 million de personnes, et une stagnation depuis dix ans pour les autres[98].
276
+
277
+ Concernant la recherche d'emploi, il y a en tout 7 millions de personnes (soit 16 % de la population active) qui sont soit au chômage soit touchent des indemnités prévues par la loi Hartz IV. Les chômeurs allemands (dont le nombre s'est réduit de manière significative ces dernières années) sont les plus exposés à la pauvreté relative dans l'Union européenne : 70 % d'entre eux sont en danger de pauvreté (moins de 952 euros par mois de ressources), contre 45 % en moyenne dans l'Union européenne[99]. Cependant, le coût de la vie et en particulier du logement est beaucoup moins élevé en Allemagne - en moyenne les loyers à Paris avec 26,25 € par mètre carré sont beaucoup plus élevés qu'à Berlin (5,73 €/m2), Hambourg (6,30 €/m2), Munich (9,70 €/m2) ou Cologne (7,26 €/m2) en 2009[100]. Les loyers offerts pour les nouvelles locations dans les grandes villes ont en général augmenté fortement durant les dernières années mais ont aussi été plafonnés récemment par une nouvelle loi[101].
278
+
279
+ Pour restreindre l'emploi précaire, le gouvernement allemand avait décidé en printemps 2014 d'introduire un salaire minimum de 8,50 € bruts de l'heure à partir du 1er janvier 2015, mais une période de transition était prévue pour les secteurs qui étaient encore sous le coup d'un accord de branche. À partir de 2017, il concerne tout le monde, sauf les moins de 18 ans, les stagiaires et les chômeurs de longue durée, exemptés pendant les six mois suivant leur embauche[102]. Le salaire minimum a été relevé à 8,84 € bruts de l'heure à partir du 1er janvier 2017[103]. La commission chargée de le réévaluer statuera en 2018 sur une nouvelle augmentation, pour une application au 1er janvier 2019[104]. En septembre 2016, l'institut IAB de recherche sur l'emploi évalue à 60 000 le nombre de postes perdus ou non-créés à cause du salaire minimum[105].
280
+
281
+ Les personnes âgées sont également de plus en plus exposées à la pauvreté. Depuis l'adoption des réformes lancées en 2002 et 2005 par le chancelier Gerhard Schröder, le taux de remplacement (montant de la première pension en comparaison du dernier salaire) est tombé à 48 %. Plus d'un million de seniors, pour beaucoup âgés de plus de 70 ans, sont contraints en 2019 d'exercer des « mini-jobs » pour vivre. Soit une hausse de 40 % sur dix ans. La part des retraités précipités sous le seuil de pauvreté a nettement augmentée. 16,8 % des personnes âgées sont touchés aujourd'hui. Une enquête prospective publiée en septembre 2019 par l'institut de recherche économique de Berlin (DIW) relève qu'avec le système actuel, 21,6 % des retraités allemands seront en situation de grande pauvreté à l'horizon 2039[106].
282
+
283
+ L'Allemagne fait partie de l'aire de la civilisation occidentale et européenne et compte 46 sites inscrits au patrimoine mondial, dont quarante-trois culturels et trois naturels.
284
+
285
+ La notion de culture est perçue de façon différente en France et en Allemagne. En France, la culture désigne plus une connaissance « intellectuelle », individuelle. En Allemagne, les deux sens, individuel et collectif, sont exprimés par deux mots distincts : Bildung et Kultur. La définition de la culture individuelle ou culture générale correspond au mot Bildung[107]. C'est surtout cette dernière notion que l'article se propose de développer même si le mot culture et le mot civilisation sont désormais pratiquement synonymes en France[108]. La deuxième difficulté rencontrée pour parler de culture allemande est liée au fait que l'État allemand ne date que de la seconde moitié du XIXe siècle. Beaucoup d'artistes perçus comme allemands ne se revendiquent pas comme tels, mais sont assimilés à l'aire germanique qui se définit sur des bases linguistiques. À ce titre, il est difficile de distinguer culture allemande et culture autrichienne jusqu'au milieu du XIXe siècle. Enfin, les frontières du territoire allemands ont fluctué à travers les siècles, ce qui rend la définition géographique du sujet délicate.
286
+
287
+ Certaines grandes fêtes populaires - comme la Noël en Allemagne, la fête de la bière à Munich (« Oktoberfest »), le Christopher Street Day dans les grandes villes, le Carnaval des cultures à Berlin, les carnavals de Mayence, Düsseldorf et de Cologne, le Hanse Sail de Rostock - sont depuis longtemps des pôles d'attraction pour beaucoup de locaux et touristes.
288
+
289
+ L'Allemagne est également le pays possédant le plus de zoo au monde, ainsi que le plus grand nombre espèces différentes vivantes dans ces zoo[109].
290
+
291
+ Le pays compte plusieurs orchestres de renommée internationale, au premier rang desquels :
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293
+ L'Allemagne a été riche en compositeurs, notamment :
294
+
295
+ Karl Friedrich Abel, Jean-Sébastien Bach[e] et ses fils Carl Philipp Emanuel Bach et Johann Christian Bach, Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms, Johann Jakob Froberger, Christoph Willibald Gluck, Georg Friedrich Haendel, E.T.A. Hoffmann, Félix Mendelssohn, Johann Pachelbel, Johann Joachim Quantz, Max Reger, Heinrich Schütz, Robert Schumann, Richard Strauss[f], Georg Philipp Telemann, Richard Wagner, et Carl Maria von Weber entre autres.
296
+
297
+ Les principaux opéras d'Allemagne sont situés à :
298
+
299
+ L'Allemagne connaît aussi la pratique de musiques traditionnelles, notamment le Yodel encore connu de nos jours dans les régions alpines de Bavière.
300
+
301
+ La musique populaire allemande s'appelle le Schlager. Des groupes comme Modern Talking, Alphaville, Münchener Freiheit, Ireen Sheer, Dschinghis Khan ou la chanteuse de Nouvelle Vague Allemande (Neue Deutsche Welle) Nena originaires d'Allemagne ont connu un succès international.
302
+
303
+ Le pays a donné naissance à plusieurs groupes de rock allemand de renommée internationale, notamment avec Scorpions à partir des années 1980, Rammstein des années 1990 à aujourd'hui et Scooter (groupe) de 1994 à aujourd'hui, ou encore le groupe Tokio Hotel de 2001 à nos jours.
304
+
305
+ Jean-Sébastien Bach(1685-1750).
306
+
307
+ Ludwig van Beethoven(1770-1827).
308
+
309
+ Richard Wagner(1813-1883).
310
+
311
+ Semperoper, Dresde(construit 1878).
312
+
313
+ Rammstein(commencé en 1994).
314
+
315
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
316
+
317
+ Des philosophes allemands :
318
+ Theodor W. Adorno, Hannah Arendt, Jakob Böhme, Friedrich Engels, Johann Gottlieb Fichte, Jürgen Habermas, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Martin Heidegger, Max Horkheimer, Edmund Husserl, Karl Jaspers, Emmanuel Kant, Gottfried Wilhelm Leibniz, Karl Marx, Friedrich Nietzsche, Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, August Wilhelm Schlegel, Arthur Schopenhauer, Christian Wolff.
319
+
320
+ G. W. Leibniz(1646-1716).
321
+
322
+ Emmanuel Kant(1724-1804).
323
+
324
+ Arthur Schopenhauer(1788-1860).
325
+
326
+ Karl Marx(1818-1883).
327
+
328
+ Friedrich Nietzsche(1844-1900).
329
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
331
+
332
+ Des ingénieurs ou scientifiques allemands :
333
+
334
+ Johannes Gutenberg(1400-1468).
335
+
336
+ Alexander von Humboldt(1769-1859).
337
+
338
+ Max Planck(1858-1947).
339
+
340
+ Albert Einstein(1879-1955).
341
+
342
+ Konrad Zuse(1910-1995).
343
+
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345
+
346
+ La littérature allemande s'inscrit dans le cadre plus général de la littérature de langue allemande qui regroupe l'ensemble des œuvres littéraires de langue allemande, en englobant celles produites en Autriche ainsi que dans une partie de la Suisse.
347
+
348
+ Née au Moyen Âge, la littérature allemande a connu des périodes de grand rayonnement comme le « Sturm und Drang » (vers 1765-1785) avec Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller, le romantisme (vers 1796-1835) avec les Frères Grimm et les poètes Friedrich Hölderlin, Jean Paul Richter, Novalis, Joseph von Eichendorff, et un peu plus tard Heinrich Heine, avant la période « Klassische Moderne » (de 1900 aux années 1920) où dominent Hermann Hesse, Erich Kästner et Thomas Mann qui, avec les poètes et prosateurs autrichiens, ouvrent la voie de la modernité sur laquelle pèsera le nazisme qui conduira de nombreux auteurs à l'exil.
349
+
350
+ Enfin le renouveau littéraire depuis 1945 a été notable et marqué par plusieurs attributions du prix Nobel de littérature à des écrivains allemands : Nelly Sachs (1966, naturalisée suédoise), Heinrich Böll (1972), Günter Grass (1999) et Herta Müller (2009).
351
+
352
+ Goethe(1749-1832).
353
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354
+ Friedrich von Schiller(1759-1805).
355
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356
+ Les Frères Grimm(1785-1863).
357
+
358
+ Thomas Mann(1875-1955).
359
+
360
+ Hermann Hesse(1877-1962).
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363
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364
+ Certains designers allemands ont apporté une contribution importante au design industriel moderne, en s'inspirant notamment de l'école du Bauhaus, de Dieter Rams et de Braun[111].
365
+
366
+ La mode vestimentaire en Allemagne, si elle ne dispose pas d'influence au niveau mondial, est source de plusieurs personnalités reconnues, telles Karl Lagerfeld ou Claudia Schiffer ainsi que de marques largement implantées internationalement comme Hugo Boss ou Esprit. Pour ces personnalités qui officient parfois pour des entreprises tierces, une grande part de leur réussite est liée à leur présence sur la scène européenne ou parisienne, ainsi que pour l'industrie, à l'exportation. La Semaine de la mode qui a lieu annuellement dans la capitale voit grandir peu à peu son importance sur la scène européenne, y compris à travers des événements annexes tel que le Bread & Butter.
367
+
368
+ Karl Lagerfeld(1933-2019).
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370
+ Claudia Schiffer(*1970).
371
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372
+ Heidi Klum(*1973).
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+
374
+ Diane Kruger(*1976).
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+ Philipp Plein(*1978).
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
380
+ L'Allemagne a pour codes :
381
+
382
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+ Claude Monet, né (sous le nom d'Oscar-Claude Monet) le 14 novembre 1840 à Paris et mort le 5 décembre 1926 à Giverny, est un peintre français et l’un des fondateurs de l'impressionnisme.
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+ Il commence sa carrière d'artiste en réalisant des portraits à charge des notables de la ville du Havre. En 1859, il part pour Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. En 1866, il connaît le succès au Salon de peinture et de sculpture grâce à La Femme en robe verte représentant Camille Doncieux qu'il épouse en 1870. Il fuit la guerre de 1870 à Londres, puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera sa principale source de revenus, pendant le reste de sa carrière. Revenu en France en 1871, il participe à la première exposition des futurs impressionnistes, en 1874.
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+ En 1876, il rencontre Ernest Hoschedé, un mécène qui va rapidement faire faillite. La mort de Camille en 1879 et les nombreuses absences d'Ernest, conduisent au rapprochement de Monet et d'Alice Hoschedé. En plus de peindre intensivement la Seine, Claude se rend régulièrement sur la côte normande pour peindre. En 1883, lui, ses deux enfants et la famille Hoschedé emménagent définitivement à Giverny. C'est à partir de cette période que prennent fin ses ennuis financiers
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+ À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. Il commence par Les Meules, puis enchaîne successivement Les Peupliers, la série des Cathédrales de Rouen, celle des Parlements de Londres et Les Nymphéas de son jardin, qu'il décline en grand format pour peindre de grandes décorations. La fin de sa vie est marquée par la mort d'Alice et par une maladie, la cataracte, qui affecte son travail. Il s'éteint à 86 ans d'un cancer pulmonaire.
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+ Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres.
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+ D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet est un grand travailleur qui n'hésite pas à défier les éléments pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ? »
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+ Claude Monet est né le 14 novembre 1840 au 45, rue Laffitte dans le IXe arrondissement de Paris. Il est le second fils d’Adolphe et Louise-Justine Monet, née Aubrée, après Léon Pascal, dit Léon (1836-1917)[1]. Baptisé sous le nom d'Oscar-Claude à l'église Notre-Dame-de-Lorette de Paris, au début de l'année 1841, il est appelé « Oscar » par ses parents[2]. Il aime à dire plus tard qu’il est un vrai Parisien. Ses parents sont tous deux nés à Paris, tandis que ses grands-parents y étaient déjà installés aux environs de 1800. La famille, grands-parents paternels compris, s’installe au Havre en Normandie vers 1845, l'année de ses cinq ans. Ce déménagement est certainement provoqué par la situation financière précaire dans laquelle se trouve alors Claude Adolphe[3]. L'influence de la demi-sœur de ce dernier, Marie-Jeanne Lecadre, née Gaillard, épouse et fille de commerçants havrais, y est aussi certainement pour quelque chose[4]. C'est elle qui, à la suite de la mort de Louise-Justine Monet survenue en 1857, élève Léon et Oscar[1].
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+ Le jeune Oscar n’est pas un élève très appliqué selon ses propres dires, mais il apparaît dans les annales du collège havrais situé rue de la Mailleraye, qu’il fréquente à partir du 1er avril 1851 comme « une excellente nature très sympathique à ses condisciples ». De manière précoce, il développe un goût pour le dessin et il suit avec intérêt le cours d’Ochard, un ancien élève de David. Ses premiers dessins sont des « portraits-charges » de personnages (professeurs, hommes politiques) dont Monet « enguirlande la marge de ses livres... en déformant le plus possible la face ou le profil de ses maîtres » selon ses propres termes[5]. Il fait déjà des croquis de bateau et des paysages en « plein air » sur le motif[5].
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+ Le 28 janvier 1857, sa mère meurt et il abandonne ses études. Sa tante Jeanne Lecadre (1790-1870), qui peint elle-même à ses heures perdues, l’accueille et l’encourage à continuer le dessin. Face au succès rencontré par ses caricatures, il décide d'y apposer la signature « O. Monet » et de les vendre chez un papetier-encadreur, du nom de Gravier, ancien associé d'Eugène Boudin qui lui confie le négoce de certaines de ses toiles[6]. C’est là que Claude Monet va faire sa connaissance, vraisemblablement début 1858, rencontre déterminante pour sa carrière artistique : « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois »[7].
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+ Monet commence à peindre ses premières toiles de paysage à l'été 1858. Il en présente deux à l'exposition municipale des Beaux-Arts de la ville du Havre qui se déroule durant les mois d'août et de septembre de la même année. Ces deux toiles, fortement influencées par la technique de Boudin, sont acceptées et présentées sous le titre unique : Paysage. Vallée de Rouelles[8]. Devant ce succès, Boudin conseille à son jeune comparse de quitter Le Havre pour Paris dans le but d'y prendre des cours et d'y rencontrer d'autres artistes[7].
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+ Claude Monet arrive à Paris en avril 1859 et s'installe à l'hôtel du Nouveau Monde, place du Havre[8]. Il visite immédiatement le salon qui vient d'ouvrir. Ensuite il est accueilli par Amand Gautier, un ami de sa tante Lecadre. Celle-ci lui verse une pension régulière et gère ses économies d'environ 2 000 francs accumulées grâce à la vente de dessin à charge. Son père a demandé une bourse à la ville du Havre, le 6 août 1858, mais il a essuyé un refus. Il rend également visite à Charles Lhuillier, Constant Troyon et Charles Monginot. Ces deux derniers lui conseillent d'entrer dans l'atelier de Thomas Couture, qui prépare à l'École des beaux-arts. Toutefois celui-ci refuse le jeune Monet[9]. Début 1860, probablement en février, il entre à l'Académie Suisse, située dans l'île de la Cité, que dirige Charles Suisse[10]. Il y rencontre notamment Camille Pissarro. Lors du salon de cette année, il admire tout particulièrement les œuvres d'Eugène Delacroix, l'année précédente c'était Daubigny qui attirait son attention. Ce premier séjour n'est cependant pas consacré qu'au travail. En effet, Claude passe une part non négligeable de son temps dans les cafés parisiens et plus particulièrement à la brasserie des Martyrs, alors haut lieu des rencontres entre auteurs et artistes[11],[12].
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+ Le 2 mars 1861, Monet est tiré au sort au Havre pour être conscrit. Certes, sa famille aurait pu payer l'exonération de 2 500 francs, mais celle-ci est liée à son renoncement à la carrière d'artiste pour reprendre les affaires familiales. Monet s'y refuse et intègre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique le 29 avril 1861 et va stationner à Mustapha en Algérie[12]. Début 1862, il contracte la fièvre typhoïde à Alger et est autorisé à rentrer au Havre durant l'été. Sa tante, Jeanne Lecadre, accepte de le faire sortir de l'armée et de payer les quelque 3 000 francs que coûtent l'exonération, à condition qu'il prenne des cours d’art à l’académie. Il quitte donc l’armée, mais n’aime pas les styles traditionnels de peinture enseignés à l’académie. En revanche, malgré les expériences pouvant paraître déplaisantes qu'a vécues Monet en Algérie, il en retient un bon souvenir en général. Il dit en effet à Gustave Geffroy : « Cela m'a fait le plus grand bien sous tous les rapports et m'a mis du plomb dans la tête. Je ne pensais plus qu'à peindre, grisé que j'étais par cet admirable pays, et j'eus désormais tout l'assentiment de ma famille qui me voyait si plein d'ardeur[13]. » En 1862, il se lie d’amitié avec Johan Barthold Jongkind et retrouve Eugène Boudin, lors de son séjour à Sainte-Adresse[14].
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+ La même année en 1862, il commence à étudier l’art dans l’atelier de l’École impériale des beaux-arts de Paris dirigé par Charles Gleyre à Paris, grâce aux recommandations de son cousin par alliance Auguste Toulmouche[15]. Mais il finit par quitter rapidement l'atelier de son maître, étant en désaccord avec celui-ci sur la manière de présenter la nature. En effet, Gleyre, dont l’art prône le retour à l'antique, privilégie une idéalisation des formes tandis que Monet la reproduit telle qu'elle est[16]. Après qu’il a déclaré à Monet : « Rappelez-vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours penser à l'antique[17],[18]. », le soir même, il réunit Frédéric Bazille, Auguste Renoir et Alfred Sisley et leur suggère, selon sa déclaration, de quitter l'atelier de Gleyre[19], ce qu'ils feront 15 jours plus tard, au printemps 1863[notes 1].
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+ Ce passage rapide à l'École impériale des beaux-arts lui aura toutefois permis de rencontrer Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille[20] avec qui il entretient, par la suite, une importante correspondance. Au printemps 1863, devenu copiste au Louvre, Monet va, avec Bazille, peindre devant nature à Chailly-en-Bière près de Barbizon[16].
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+ Mi-mai 1864, Monet retourne sur la côte normande et en particulier à Honfleur en compagnie de Bazille. Il réside un temps à la ferme Saint-Siméon. Frédéric retourne à Paris, tandis que Claude continue à peindre en Normandie. Fin août, il retrouve Jongkind et Boudin. De sa période honfleuraise en compagnie de ces deux peintres, Monet conservera un attachement et ils auront une influence essentielle dans la genèse de son art. C'est aussi à cette période qu'éclate une brouille avec sa famille qui le menace de lui couper les vivres. Il appelle alors pour la première fois à l'aide Bazille[21].
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+ Fin 1864, Claude s'installe avec Frédéric dans un atelier à Paris. Il présente deux vues de l'estuaire de la Seine prises à Honfleur et à Sainte-Adresse au jury du salon de 1865 : La pointe de la Hève et Embouchure de la Seine. Acceptées par le jury, ces deux œuvres sont exposées et rencontrent un accueil positif, notamment de la part des critiques[22]. Par la suite, il peint au pavé de Chailly son Déjeuner sur l'herbe (de), une toile de grande taille (4,65 × 6 m) qui, donnée par l'artiste en désespoir de cause en 1865 et rachetée par celui-ci en 1920, restera inachevée[23].
36
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37
+ En 1866, il rencontre Camille Doncieux, qui devient un de ses modèles. N'ayant pas pu achever le Déjeuner pour le Salon de 1866, Monet y expose La Femme en robe verte, un portrait de sa fiancée Camille, exécuté à la hâte et avec fureur en seulement quatre jours. Cette toile obtient un grand succès au salon de la même année[24] et est très acclamé, notamment par Emile Zola. Il est exposé avec une toile représentant la forêt de Fontainebleau réalisée deux ans auparavant. Monet établit ici une association entre deux œuvres radicalement opposées appartenant à deux genres distincts, qu'il cherchait à réunir dans son Déjeuner[25]. Il a également envoyé au salon un pavé de Chailly. Il peint ensuite Femmes au jardin, d'abord à Sèvres, puis à Honfleur. Cette œuvre, qui montre pour la première fois la lumière naturelle et changeante, est refusée par le jury du salon, en 1867[26] (il en est de même pour Le Port de Honfleur, autre toile présentée par Monet cette année-là). De plus, la pétition lancée par de nombreux artistes pour qu'une exposition des œuvres rejetées ait lieu est rejetée[27].
38
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39
+ Ces refus successifs plongent Claude Monet dans une situation financière très délicate. Malgré l'achat de la toile Femmes au jardin pour 2 500 francs par Frédéric Bazille[26], Claude est plus que jamais dans la misère d'autant plus que Camille est enceinte. Il se voit donc dans l'obligation de rentrer en Normandie auprès de sa famille. Il passe l'été à peindre : La plage de Sainte-Adresse, Jetée du Havre, Terrasse à Sainte-Adresse, etc. Camille donne naissance à Jean Monet le 8 août 1867[28]. C'est l'année où il la représenta assise auprès du berceau de l'enfant dans un tableau qui était conservé en 1966 dans une collection Mellon, ainsi qu'un portrait d'eux de 1874 assis sous un arbuste de leur jardin d'Argenteuil, par Renoir[notes 2].
40
+
41
+ En 1868, une de ses deux toiles présentées, Navires sortant des jetées du Havre, est acceptée au salon. Cependant, l'accueil de cette œuvre n'est guère enthousiaste et déçoit critiques et artistes[29].
42
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43
+ À cette époque, il se fait souvent prêter de l’argent par ses amis, au premier rang desquels Bazille. Ses tableaux sont souvent saisis au point qu’il fait une tentative de suicide au printemps 1868[30]. L'été de cette même année semble toutefois s'annoncer sous de meilleurs auspices, puisque M. Gaudibert, un riche armateur havrais, lui commande plusieurs tableaux dont le portrait de sa femme. De plus, cinq de ses toiles sont acceptées à l'exposition internationale maritime qui se tient au Havre[29]. À la fin de l'année, Claude Monet habite avec sa femme et son fils à Fécamp, sa famille refusant d'héberger la jeune femme.
44
+
45
+ En 1869, il s'installe à Bougival. Sur l'île de Croissy, en compagnie de Renoir, il peint l'établissement des bains de la Grenouillère (Bain à la Grenouillère), inventant alors la technique de peinture impressionniste[31]. Cette année-là et la suivante, toutes ses toiles sont refusées par le salon sous l'impulsion de Gérôme[27]. En dépit de sa pauvreté persistante, il épouse Camille, le 28 juin 1870, à la mairie du huitième arrondissement de Paris[32],[33],[34].
46
+
47
+ La Femme en robe verte, 1866.
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+ Femmes au jardin, 1866.
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+ Bain à la Grenouillère, 1869.
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+ Portrait de son fils Jean en bonnet à pompon , 1869
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+ La route de Versailles à Louveciennes, effet de neige, 1870.
56
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57
+ Le Port de Trouville, 1870.
58
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+ L'entrée en guerre de la France en juillet 1870 ne soulève aucun sentiment nationaliste chez Monet, pas plus que l'établissement du Gouvernement de Défense nationale. Dans ce contexte tendu, il souhaite s'éloigner de Paris qui devient de plus en plus agité. Il s'installe alors à Trouville, où il peint de nombreuses toiles en plein air comme La plage de Trouville ou Hôtel des Roches noires[35].
60
+
61
+ Frédéric Bazille qui a souvent aidé Monet, trouve la mort sur le champ de bataille, à Beaune-la-Rolande, le 28 novembre 1870. À la fin de l'année, Claude ne voulant pas servir militairement, décide de partir à Londres. Il y retrouve certaines de ses connaissances telles que Pissarro[36]. Il y admire les œuvres des peintres britanniques Turner et John Constable et est impressionné par la manière du premier de traiter la lumière, notamment dans les œuvres représentant le brouillard sur la Tamise. Ce séjour est également l'occasion de faire des rencontres : celle du peintre américain James Abbott McNeill Whistler, également influencé par Turner, avec lequel il se lie d’amitié ; et surtout celle du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera déterminante pour sa carrière. Enfin, ce séjour est également l'occasion pour Monet de peindre, les jardins londoniens et la Tamise notamment, et de faire encore évoluer sa technique, allant toujours plus loin dans le bouleversement de la tradition[37]. Désargenté, il ne peint que six tableaux en l'espace de sept ou huit mois, ce qui est très peu pour lui. Parmi ceux-ci figure le portrait de sa femme Camille, intitulé Méditation. Madame Monet au canapé, dans lequel on peut percevoir cette sorte de déprime qui animait[38]. Cependant, Monet est intéressé par la lumière et souhaite pouvoir revenir à Londres y peindre la Tamise, ce qu'il fera dans une centaine de tableaux entre 1899 et 1901[36].
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+ Son père meurt le 17 janvier 1871. Mais Monet ne rentre pas en France et n'assiste pas aux obsèques, craignant l'accueil qui sera fait à ceux qui, comme lui, se sont soustraits à leurs obligations patriotiques[39].
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+
65
+ Fin mai 1871, il se rend aux Pays-Bas et s'installe à Zaandam, en compagnie de Camille et Jean. Il y peint 25 toiles pendant son séjour de quatre mois[40].
66
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+ C'est lors d'une visite d'Amsterdam toute proche qu'il découvre des estampes japonaises dans une boutique et en commence la collection[41]. Il rentre à Paris le 8 octobre[42].
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+ En décembre 1871, Monet et sa famille emménagent dans une maison avec jardin à Argenteuil, près de la Seine[43]. L'héritage de son père et la dot de sa femme permettent d'améliorer les conditions matérielles. En outre, au cours de l'année 1872, il enregistre des achats importants de Durand-Ruel : 29 toiles au total, dont certaines sont exposées à Londres[44]; c'est également à cette époque-là qu'il fait l'acquisition de son bateau-atelier qui lui permet d'accéder à de nouveaux points de vue. C'est l'année où Renoir le représenta assis à une table lisant un livre en fumant une longue pipe[notes 3].
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+ En décembre 1873, Durand-Ruel, victime d'ennuis financiers, doit réduire puis suspendre ses achats[45].
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+ Le 15 avril 1874, l'exposition de la Première exposition des peintres impressionnistes organisée par la Société anonyme coopératives d'artiste ouvre ses portes dans les ateliers de Nadar, au 35, boulevard des Capucines. Elle présente les œuvres des différents artistes qui se qualifieront plus tard d'impressionnistes. Y est notamment présenté un paysage du port du Havre : Impression, soleil levant. N’attirant que 3 500 visiteurs durant son mois d'ouverture, la manifestation n'a pas le succès attendu et un grand nombre de critiques et de journalistes sont hostiles[46]. Pour ajouter à cette déroute, la société se retrouve, à l'issue de la manifestation, au bord de la faillite, l'obligeant à procéder à sa dissolution[47]. Enfin, c'est à l'occasion de cette exposition que le terme impressionniste est utilisé pour la première fois de manière ironique dans une critique de Louis Leroy, du Charivari du 25 avril sur l'exposition[48].
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+ En avril 1876, contre toute attente, a lieu la deuxième exposition dans les locaux de Durand-Ruel. Monet y expose 18 tableaux. Les critiques sont, cette fois, moins virulents ; des éloges sont même adressées à Claude Monet. À la fin de l'été de la même année, il s'installe au château de Rottembourg de Montgeron afin de travailler à la décoration de certaines de ses pièces[notes 4]. La demeure appartient à Ernest Hoschedé et à sa femme Alice, née Raingo, issue d'une riche famille d'origine belge par le père. Ils y vivent avec leurs cinq enfants[49].
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+ En 1877, il peint une série de peintures à la gare Saint-Lazare. Monet envoie 8 tableaux issus de cette série[notes 5] à la troisième exposition impressionniste. Pour la première fois, une revue, L'impressionniste, est publiée pour accompagner l'exposition et commenter les différentes œuvres présentées[50]. C'est donc également la première fois que les peintres impressionnistes reprennent à leur compte le terme impressionnisme qu'ils jugent approprié pour désigner et identifier leur style[49]. L'exposition est un succès et fait l'objet d'une approbation critique[51].
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+ Jean Monet sur son cheval à bascule, 1872.
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+ Le Pont d'Argenteuil, 1874.
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+ La Promenade, 1875.
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+ Camille sur son lit de mort, 1879.
86
+
87
+ Michel Monet au pompon, 1880.
88
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+ Début 1878, obligé de réduire son train de vie, Monet quitte Argenteuil et s'installe provisoirement à Paris, rue d’Édimbourg. Il réussit à payer in-extremis ses créanciers afin de ne pas se faire saisir ses toiles. Le 17 mars 1878, Camille met au monde un second fils : Michel. Elle ne se remettra jamais totalement de cet accouchement, demeurant dans un état de fatigue et de faiblesse continuel. Monet, inquiet pour elle, fera souvent part de ses craintes la concernant dans ses différentes correspondances[51]. Durant cette période, Monet peint l'île de la Grande-Jatte ainsi que La Rue Montorgueil[52].
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91
+ En août 1878, les Monet et les Hoschedé emménagent dans une petite maison à Vétheuil, près de Pontoise. L'ancien mécène, Ernest Hoschedé, a alors fait faillite du fait de ses spéculations sur les œuvres d'art [53]; l'ensemble de sa collection, dans laquelle figurent 16 toiles de Monet, fait l'objet d'une vente publique.
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+ Dans le courant de l'année 1879, les soucis liés à l'argent et à la santé de Camille ont éloigné Monet des autres peintres impressionnistes ainsi que de Paris où il se rend uniquement pour écouler ses œuvres. Toutefois, il participe à la quatrième exposition du groupe des impressionnistes qui se tient, cette année-là, avenue de l'Opéra. Monet y expose 29 tableaux. Réalisés entre 1867 et 1878, ils offrent un résumé de la carrière du peintre et de son évolution artistique[54].
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+ Camille, encore malade, ne parvient pas à se rétablir. Pour tenter de la sauver et financer les soins dont elle a besoin, Monet brade les dernières toiles qu'il a peintes. En vain. Elle meurt le 5 septembre 1879 après de longues souffrances. Monet témoigne des derniers instants de sa femme en réalisant un portrait d'elle sur son lit de mort[53].
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+ La mort de Camille va se traduire chez le peintre par deux ruptures. La première est d'ordre esthétique. Elle est nettement visible dans les peintures, Débâcles et Glaçons, qu'il fait de la Seine prise dans les glaces, lors de l'hiver rigoureux de 1880 : couleurs irréelles, absence d'êtres humains, etc.[55] La deuxième rupture se fait avec les autres peintres impressionnistes. Ces derniers n'acceptent pas vraiment ce choix et publient, le 24 janvier 1880 dans les pages du Gaulois, un avis de décès de Monet : « Les obsèques de M. Claude Monet seront célébrées le premier mai prochain à dix heures du matin en l'église du Palais de l'Industrie - salon de M. Cabanel. Prière de ne pas y assister »[55]. Autre manifestation de cette seconde rupture : Monet présente deux nouvelles toiles au jury du salon, chose qu'il n'avait pas faite depuis des années. L'une des deux œuvres, une peinture du village de Lavacourt, est admise. Cependant, exposée à 6 m du sol, juste sous le plafond, elle passe plutôt inaperçue[56].
98
+
99
+ Cet échec est vite oublié : le journal La Vie moderne, dirigé par Georges Charpentier, propose d'organiser une exposition qui lui est uniquement consacrée. Celle-ci ouvre le 7 juin 1880 et présente 18 tableaux. Elle est accompagnée d'un catalogue qui, outre la préface de Théodore Duret et la description des œuvres, contient un entretien de Monet avec le journaliste Émile Taboureux. Cette exposition obtient un réel succès puisque le peintre réalise suffisamment de transactions pour solder ses dettes[57],[58].
100
+
101
+ À cette époque, Ernest Hoschedé étant souvent absent, Claude, à présent veuf, vit avec Alice et ses enfants. Ce mode de vie est montré du doigt par la société de l'époque[57].
102
+
103
+ Toutefois, durant l'été et l'automne 1880, Monet se rend régulièrement sur la côte normande afin de travailler[59].
104
+
105
+ En 1881, la situation financière s'améliore peu à peu d'autant plus que Durand-Ruel se porte régulièrement acquéreur de ses œuvres. Toutefois, en décembre de la même année, n'ayant pu s'acquitter de son loyer, il déménage avec ses deux fils, Alice et les six enfants de celle-ci pour s'installer à Poissy[60]. En vivant sous le même toit, leur concubinage devient connu de tous ; c'est une situation scandaleuse à l'époque.
106
+
107
+ Le 1er mars 1882, la 7e exposition des artistes indépendants ouvre ses portes dans les salons du Reichshoffen au 251, rue Saint-Honoré. C'est la dernière exposition des impressionnistes à laquelle participe Monet[59]. Il y expose 35 tableaux parmi lesquels Fleurs de Topinambours, deux versions des débâcles sur la Seine et des vues de Vétheuil et de Poissy[61].
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109
+ Par la suite, durant l'été, puis durant l'hiver, Monet retourne sur la côte normande : d'abord à Dieppe, puis à Pourville.
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+ Le 28 février 1883, une nouvelle exposition consacrée à Monet ouvre ses portes au 9, boulevard de la Madeleine, dans les nouveaux locaux de Durand-Ruel. Les 56 tableaux exposés offrent une rétrospective complète de la carrière du peintre, des premières toiles de 1864 jusqu'aux dernières réalisées en 1882 sur la côte normande. Malgré cela, l'exposition est peu fréquentée et les ventes sont décevantes, mais les critiques dans la presse sont majoritairement positives[62].
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+ Désireux de quitter Poissy où il ne s'est jamais vraiment plu, Claude Monet cherche un lieu où lui et toute sa famille[notes 6] pourraient s'installer définitivement. Ses recherches le mènent à Giverny, près de Vernon en Normandie. Dans ce petit village, il trouve une « maison de paysan » au lieu-dit le Pressoir, bordée par un jardin potager et un verger, le Clos normand. L'ensemble clos de murs s'étend sur près d'un hectare. Son propriétaire, Louis-Joseph Singeot, consent à la louer et Monet et sa famille s'y installent le 29 avril 1883[63]. Locataire durant plusieurs années, Monet finira par acheter la maison et le jardin attenant en 1890 quand sa situation financière se sera améliorée.
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+ Fin 1883, il se rend avec Renoir sur le littoral méditerranéen. Tous les deux, ils relient Marseille à Gênes, puis rendent visite à Cézanne à L'Estaque. Après un court retour à Giverny, Monet reprend seul, dès janvier 1884, la route du Sud. Il se rend cette fois à Bordighera et à Menton[64],[65]. Émerveillé par la nature et les paysages sauvages, Monet peint une quarantaine de toiles représentant les sites les plus pittoresques tels que les vallées de Sasso ou de la Nervia.
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+ En novembre 1884, commence une longue amitié avec l’écrivain Octave Mirbeau, qui est désormais son chantre attitré et contribue à sa reconnaissance[66].
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+ En 1885, à l'occasion d'un déplacement sur la côte normande, à Étretat, Monet conclut un accord avec le galeriste Georges Petit : désormais, celui-ci assure l'achat et la commercialisation d'une partie des œuvres du peintre. De ce fait, l'exclusivité dont bénéficiait Durand-Ruel jusqu'alors est rompue[67]. À la fin de l'année, Monet lui annonce son souhait de ne traiter qu'avec Petit. Par ailleurs, Monet, ne souhaitant pas dépendre totalement des galeristes, entretient et développe son réseau de collectionneurs[68].
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+ En 1886, malgré la rupture entre les deux hommes, Paul Durand-Ruel ouvre les portes du marché américain à Monet en nouant des liens avec l'American Art Association (en): la reconnaissance officielle qu’il obtient outre-Atlantique a pour contrecoup de développer le marché de l’art impressionniste en France dans les années 1890.
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+ Toujours la même année, Monet retourne aux Pays-Bas, sur invitation du baron d'Estournelles de Constans, secrétaire d'ambassade auprès de la Légation française à la Haye. Durant ce séjour, il découvre les champs de tulipes qu'il peint à plusieurs reprises (À Sassenheim, près de Haarlem, champ de tulipes ou Champ de tulipes en Hollande)[69]. En fin d'année, à la recherche de motifs originaux, il décide d'aller peindre à Belle-Île-en-Mer. Il y réalise une quarantaine de toiles dont les sujets majeurs sont les Aiguilles de Port-Coton (Les Pyramides de Port-Coton, mer sauvage), et la baie de Port Dormois, en particulier la Roche Guibel[70]. Il y est interrogé par Gustave Geffroy, critique au journal la Justice, dirigé par Clemenceau. Il devient un des plus fervents admirateurs du peintre.
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+ Début 1888, il retourne sur la Côte d'Azur, au château de La Pinède, à Antibes. Il y réalise une trentaine de toiles fortement inspirées par l'estampe japonaise. Dix d'entre elles sont vendues à Théo van Gogh et présentées, l'année suivante, à la galerie Boussod, Valadon et Cie où elles rencontrent un fort succès[71].
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+ En février 1889, il se rend dans la Creuse chez Maurice Rollinat en compagnie de Geffroy et de quelques amis. Il rentre pour assister à l'inauguration de la quatrième exposition universelle parisienne où il expose trois toiles, puis retourne dans la Creuse, dès le mois de mars, seul cette fois. Durant ce séjour, il peint environ une vingtaine de toiles dont neuf ont pour motif le ravin de la Creuse[72].
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+ En juin 1889, Auguste Rodin et Claude Monet exposent conjointement « Rien que vous et moi » dans la galerie parisienne de Georges Petit. Cette exposition réunit 145 peintures et 36 sculptures et bénéficie d'un catalogue où apparaissent une notice consacrée à Rodin par Geffroy et une consacrée à Monet par Mirbeau. Le peintre offre une véritable rétrospective de sa carrière allant de La Pointe de la Hève en 1864 jusqu'aux dernières toiles de 1889. Si les commentaires élogieux concernent davantage Rodin que Monet, et si ce dernier reste parfois contesté, l'exposition préfigure ses futurs succès[66],[73].
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+ En 1889, Monet s'implique totalement dans l'obtention des souscriptions nécessaires à l'achat de l'Olympia de Manet et en fait don au Louvre. Les difficultés et les oppositions auxquelles il a dû faire face pour mener à bien cette transaction l'ont tenu éloigné longtemps de ses pinceaux : le retour à la peinture est donc des plus difficiles. C'est à cette occasion qu'il opère un tournant dans sa carrière en s'attelant aux séries[74],[75].
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+ Mer agitée à Étretat, 1883.
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+ Le Manneporte à Étretat, 1886.
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+ Étretat sous la pluie, 1886.
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+ Creuse, soleil couchant, 1889.
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+ L'année 1890 est une année charnière dans la vie de Monet. Les voyages de travail deviennent alors beaucoup plus rares. Il vient le temps des séries, genre pictural connu de son ami Boudin, et dont l’idée s'était imposée peu à peu avec les gares Saint-Lazare, puis par exemple en 1886 avec les deux Essais de figure en plein-air (la Femme à l’ombrelle tournée vers la droite et la Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche), les Rochers de Belle-Île la même année et surtout La Petite Creuse en 1889, lors de son séjour à Fresselines. Cette période commence à proprement parler fin 1890 avec Les Meules, série composé de plus d'une vingtaine de versions. Ces imposants gerbiers de blé se trouvent proche de son domicile. Il a commencé à en peindre en 1888, mais l'année 1890 marque véritablement le début de la répétition inlassable du même motif à la recherche d'effets différents. Cet enracinement est confirmé par l'achat du clos de Giverny en automne 1890 pour 22 000 francs[76].
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+ Meules, milieu du jour.
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+ Meules, soleil couchant.
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+ Meules, effet de neige, temps couvert.
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+ Fin 1890, Ernest Hoschedé, malade, est alité. Alice, sûrement prise de remords, vient à son chevet. Il meurt le 19 mars 1891[77]. Monet achète, à la demande de ses beaux-enfants, une concession dans le cimetière de Giverny afin d'y inhumer Ernest Hoschedé[78].
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+ À peine deux mois plus tard, le 4 mai 1891, une exposition consacrée à Monet ouvre ses portes dans la galerie parisienne de Durand-Ruel. Intitulée Œuvres récentes de Claude Monet, elle propose, entre autres, quinze toiles des Meules. Dans le catalogue, chacune de ces toiles porte le titre Meules, mais avec, à chaque fois, une précision temporelle. Les peintures ainsi que ce détail de présentation remportent un vif succès critique, notamment auprès des journalistes[79].
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+ En 1891, Monet suit le cours de l'Epte à la recherche d'un nouveau motif pouvant faire le sujet d'une série : Les Peupliers. Il y travaille de la fin du printemps à la fin de l'automne. Le 8 octobre 1891, il paie le marchand de bois afin de retarder l'abattage de ces arbres qui se trouvaient à Limetz[80],[81].
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+ Immédiatement terminée, cette série suscite l'intérêt des marchands et des galeristes : Maurice Jouant, achète, pour la galerie Boussod et Valadon plusieurs toiles ; Durand-Ruel fait l'acquisition de sept d'entre elles pour 28 000 francs et crée une exposition uniquement consacrée à cette série[82].
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+ Les peupliers, sous le soleil
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+ Les peupliers, dans le vent.
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+ Les Peupliers, trois arbres roses, automne.
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+ En 1892, Monet cherche un nouveau sujet qui puisse faire l'objet d'une série et qui ne soit pas un élément naturel. Son choix se porte sur la cathédrale de Rouen. Ses premiers travaux, qu'il réalise depuis la maison de Fernand Lévy, située en face de la cathédrale, ne se déroulent pas comme il le souhaite. Lorsqu'il revient à Giverny en avril, mécontent, il refuse d'en montrer les résultats à quiconque, à l'exception de ses plus fidèles amis. Il passe le reste de l'année à reprendre l'ensemble de ses toiles dans son atelier. Il retourne à Rouen, le 16 février 1893, et se positionne à deux endroits différents, mais toujours face à l’édifice et à différentes heures du jour[83].
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+
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+ La même année, Suzanne Hoschedé rencontre Theodore Butler, un peintre américain. Après un temps d'hésitation, les noces sont décidées. Monet profite de l'occasion pour épouser Alice le 16 juillet, Suzanne et Théodore se mariant le 20[84].
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+ Le 5 février 1893, à Giverny, il achète un terrain partiellement marécageux et traversé par un bras de rivière. Il est situé idéalement en face de la maison en contrebas du Chemin du Roy où passe une voie de chemin de fer, ce qui fera dire à Georges Clemenceau « et en plus, il a le train chez lui ! » Dans cette maison de Giverny, il procède à de nombreux aménagements et crée le jardin d’eau et fait creuser l'étang aux nymphéas. Il s'intéresse aussi de plus en plus au jardinage comme en témoigne sa visite au directeur du jardin des plantes de Rouen[85].
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+ Il achève les vingt-huit toiles qui composent la série des cathédrales en atelier en 1894. Comme les précédentes séries, les cathédrales sont vouées au succès et Monet le sait. C'est pour cela qu'il va faire jouer la concurrence entre les galeristes, en particulier entre Paul Durand-Ruel et Georges Petit. Ce stratagème lui permet ainsi d'obtenir les meilleures conditions d'exposition et une plus grosse somme d'argent pour la vente de ces toiles.
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+ Pour la série des cathédrales, c'est Durand-Ruel qui obtient l'exclusivité de l'exposer, au prix non négligeable de 12 000 francs pour chacune des toiles. Cette exposition a lieu du 10 au 31 mai 1895 et s'intitule Œuvres récentes[86],[notes 7]. Le succès est de nouveau au rendez-vous. Parmi les nombreuses critiques des journalistes, celle de Georges Clemenceau, titrée Révolution des Cathédrales, se distingue particulièrement par la pertinence et la justesse de son analyse[87],[88].
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+ Enfin, il est à noter qu'au début de l'année 1895, c'est-à-dire avant l'exposition consacrée en partie aux cathédrales, Monet s'est rendu en Norvège, à Christiana. Il pose son chevalet notamment au lac Daeli, au mont Kolsaas, à Kirkerud ou encore à Sandviken. Il rapporte au total vingt-huit toiles qu'il ne retravaille quasiment pas, une fois revenu en France[89].
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+ Les années 1896 et 1897 vont être beaucoup plus calmes pour Monet. En effet, il se consacre davantage à ses jardins de Giverny : d'une part en poursuivant leur aménagement et d'autre part, en commençant à les utiliser comme motif de ses toiles, ce qui dura jusqu'à la fin de sa vie. Par ailleurs, il ne voyage guère, excepté pour se rendre sur la côte normande, notamment à Pourville et Varengeville où il peint La Maison du pêcheur ou La Falaise à Varengeville[90].
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+
177
+ En 1897, Monet et sa femme voient Jean, le fils du premier, épouser Blanche, la fille de la seconde.
178
+
179
+ Dans l'affaire Dreyfus, Monet se range résolument du côté de Zola dès 1897 et lui exprime toute son admiration pour le J'accuse. Il signe notamment la pétition dite « manifeste des intellectuels » qui paraît dans le journal l’Aurore, mais refuse de s'engager dans un groupe de soutien[91].
180
+
181
+ En 1898, il apprend la mort de son ami d'adolescence, Eugène Boudin.
182
+
183
+ Le début de l'année 1899 est marqué par la mort de Suzanne à trente et un ans. Très affectée par cette disparition, Alice éprouve un chagrin dont elle ne se remettra jamais complètement[92]. D'ailleurs, à partir de ce moment, Monet, dans ses correspondances, apparaît plus soucieux de sa femme et de l'état de santé de celle-ci. Cette inquiétude le conduit à associer davantage Alice à ses voyages et à ses activités[93].
184
+
185
+ À la même période, il commence à peindre le pont japonais du bassin, prélude aux nymphéas. Il érige également un second atelier à côté de sa demeure[94].
186
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+ À l'automne de 1899, il effectue, en compagnie de sa femme, le premier d'une série de trois voyages à Londres afin de rendre visite à son fils Michel qui y vit depuis le printemps. Lors de ces trois séjours qui s'étalent de 1899 à 1901, il peint une série consacrée au Parlement de Londres et dont le thème récurrent est le brouillard sur la Tamise. La réalisation de cette série se poursuit par un travail de retouches en atelier jusqu'en 1904. La série Vues de la Tamise à Londres- 1900 à 1904 est exposée en mai et juin 1904 et constitue le plus grand triomphe de la carrière du peintre jusqu'alors[95].
188
+
189
+ Le parlement, coucher de soleil.
190
+
191
+ Le parlement, reflets sur la Tamise.
192
+
193
+ Le Parlement, soleil couchant.
194
+
195
+ Charing Cross Bridge.
196
+
197
+ Waterloo Bridge.
198
+
199
+ En 1900, les impressionnistes sont exposés à l'exposition universelle de Paris, signe de reconnaissance officielle. Leurs toiles, dont deux de Monet, sont placées dans le Grand Palais dans le cadre de l'exposition Centennale[96].
200
+
201
+ Il peint en 1901 Leicester Square, la nuit.
202
+
203
+ En 1902, Germaine Hoschedé, puis, en 1903, Jean-Pierre Hoschedé, se marient, quittant le foyer familial et plongeant Alice dans une profonde mélancolie[97]. Grâce à l'acquisition, quelques années plus tôt, d'une Panhard-Levassor[98], Monet emmène sa femme, en 1904, à Madrid, puis à Tolède, dans le but de lui redonner la joie de vivre. Durant ce séjour de trois semaines, le peintre admire les œuvres de Velasquez et du Greco[99].
204
+
205
+ En 1904, du 9 mai au 4 juin, Monet expose chez Durand-Ruel. Il présente trente sept Vues de la Tamise à Londres[100]. Malgré un succès indéniable, des voix critiques, plus réceptives aux formes géométriques imposées par Cézanne, se manifestent, rejetant la dissolution des formes dont fait preuve Monet dans ses toiles[101].
206
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207
+ Après Londres, Monet peint surtout la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas, son étang et son pont. Du 22 novembre au 15 décembre 1900, une nouvelle exposition qui lui est consacrée se tient à la galerie Durand-Ruel. Une dizaine de versions du Bassin aux nymphéas y est présentée. Cette même exposition est organisée, en février 1901, à New York, où elle remporte un vif succès[102].
208
+
209
+ En 1901, Monet fait agrandir l'étang de sa demeure en rachetant une prairie située de l'autre côté de la Ru, le cours d'eau local. Il partage alors son temps entre travail sur nature et travail dans son atelier[103],[104].
210
+
211
+ Les toiles consacrées aux nymphéas évoluent au gré des transformations du jardin. De plus, Monet en modifie peu à peu l'esthétisme en abandonnant, vers 1905, tout repère de limite au plan d'eau et donc de perspective. Il fait également évoluer la forme et la taille de ses toiles en passant de supports rectangulaires à des supports carrés puis circulaires[105].
212
+
213
+ Toutefois, il est important de remarquer que ces toiles sont créées avec beaucoup de difficultés : Monet, en effet, passe du temps à les reprendre afin de trouver l'effet et l'impression parfaits et, quand il n'y parvient pas, n'hésite pas à les détruire. Il repousse sans cesse l'exposition de Durand-Ruel qui doit les présenter au public[106]. Après plusieurs reports depuis 1906, l'exposition, nommée Les Nymphéas, séries de paysages d'eau, finit par ouvrir le 6 mai 1909. Comprenant quarante-huit toiles datées de 1903 à 1908, cette exposition est de nouveau un succès[107].
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+ Nymphéas, 1904.
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+ Nymphéas, 1904
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+ Nymphéas, 1906.
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+ Nymphéas, 1907.
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223
+ À l'automne 1908, Monet et sa femme séjournent à Venise, au Palazzo Barbaro, au sein d'une élite passionnée d'art. En cette si bonne compagnie, le peintre se trouve souvent distrait et éprouve les plus grandes difficultés à travailler. Durant le mois que dure ce séjour, il ne réalise que quelques ébauches. Par conséquent, il y effectue, un an plus tard, un second séjour et réalise, cette fois, de nombreux tableaux qu'il reprendra dans son atelier[108]. Ils ne seront finalement livrés qu'en 1912 et exposés chez les frères Bernheim-Jeune[99].
224
+
225
+ Palazzo da Mula.
226
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227
+ Le Palais ducal.
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+
229
+ Le Grand Canal.
230
+
231
+ Saint-Georges Majeur au crépuscule.
232
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233
+ Malgré le succès, le début de l'année 1909 est difficile. En effet, Alice est tombée malade en rentrant de Venise et passe tout le mois de janvier alitée. Les mois passent sans que son état s'améliore significativement. Elle finit par s'éteindre le 19 mai 1911[109].
234
+
235
+ Monet traverse alors une période difficile durant laquelle sa santé devient plus fébrile et au cours de laquelle il alterne les moments euphoriques et de découragement complet. Il consacre son temps aux toiles de Venise et, malgré les réticences liées à la qualité de son travail, en expose vingt-neuf à la galerie Bernheim, du 28 mai au 8 juin 1912. Devant le succès rencontré, l'exposition est prolongée[110].
236
+
237
+ En 1912, une double cataracte est diagnostiquée chez le peintre. En 1914, il a la douleur de perdre son fils Jean des suites d'une longue maladie[Laquelle ?][111].
238
+
239
+ C'est à cette période que germe l'idée de réaliser un ensemble de panneaux décoratifs sur le thème des Nymphéas. Monet, encouragé par Clemenceau, retrouve l'envie de travailler en pleine Guerre mondiale. Afin de parvenir à ses fins, il fait construire pendant l'été 1915 un vaste atelier conçu spécialement pour accueillir ces grandes toiles. Il imagine d'abord les présenter dans une salle circulaire (forme de présentation envisagée depuis au moins mai 1909[112]), puis abandonne l'idée au profit d'une salle elliptique. Ce projet l'occupe jusqu'à la fin de sa vie.
240
+
241
+ Grande décoration, entre 1914 et 1926.
242
+
243
+ En novembre 1918, il offre à Clemenceau deux panneaux décoratifs qu'il a signés le 11, jour de l'armistice et de la fin de la Première Guerre mondiale. C'est, selon le peintre, la seule manière qu'il ait de prendre part à la victoire[113].
244
+
245
+ En novembre 1919, Clemenceau lui conseille de se faire opérer des yeux[114].
246
+
247
+ Claude Monet dans son jardin vers 1917, autochrome de Clémentel
248
+
249
+ En décembre de cette même année, il perd son ami Pierre Auguste Renoir.
250
+
251
+ Monet est devenu entre-temps une personnalité respectée de tous. Son 80e anniversaire en 1920, prend ainsi une allure d'événement national que le Président du Conseil des ministres Georges Leygues se propose d'honorer de sa présence, en vain[114].
252
+
253
+ En avril 1922, un acte notarié est signé pour le don de dix-neuf panneaux qui devront être livrés dans les deux ans qui suivent. Un décret paraît également au Journal officiel du 23 juin de la même année pour signaler le don[115].
254
+
255
+ Peu de temps après, la vue du peintre se dégrade de nouveau. Bien que ses proches et Clemenceau l'exhortent à se faire opérer, Monet refuse. En mai, il ne peut presque plus travailler. Tous ses essais pour commencer une nouvelle toile se soldent par un échec[115].
256
+
257
+ Après de longues tergiversations, Monet finit par accepter avec réticence l'opération de l'œil droit réalisée par le docteur Charles Coutela le 10 janvier 1923. Après deux autres opérations réussies, Monet voit certes mieux mais sa perception des couleurs est altérée. En plus du port de lunettes, l'opération de l'œil gauche est préconisée, mais Monet la refuse catégoriquement.
258
+
259
+ À cette période, il retouche sans aucun répit les grandes décorations. L'échéance approchant, il pense, à plusieurs reprises, ne pas pouvoir la respecter et revient sur sa parole de donation. Mais Clemenceau veille et n'hésite pas à se quereller avec son ami[116],[117].
260
+
261
+ Pour l'installation des grandes décorations, plusieurs possibilités sont étudiées. On pense d'abord les exposer à l'hôtel Biron, où l'architecte Paul Léon doit réaliser une nouvelle construction spéciale dans les jardins, mais finalement la décision est prise en mars 1921 de les exposer à l'Orangerie. L'architecture revient alors à Camille Lefèvre[118].
262
+
263
+ Monet obtient, malgré les réticences de Clemenceau, un délai supplémentaire d'un an pour la livraison des panneaux. Par ailleurs, le peintre fait régulièrement évoluer son œuvre, obligeant l'architecte à revoir sans cesse l'installation prévue pour l'exposition[117].
264
+
265
+ C'est à cette période qu'il peint certains des tableaux de la série du Pont japonais, qui choque le goût de l'époque.
266
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267
+ Affaibli par un travail incessant, Monet contracte une infection pulmonaire qui le cloue au lit en 1926. Atteint d'un cancer du poumon[119], il meurt le 5 décembre vers une heure de l'après-midi[120].
268
+
269
+ Les dix-neuf panneaux sont remis par son fils, Michel, à la direction des Beaux-Arts. Camille Lefèvre termine l'installation des deux salles elliptiques sous la supervision de Clemenceau. L'exposition ouvre ses portes le 17 mai 1927 sous le nom de musée Claude Monet[121].
270
+
271
+ Lors de l'enterrement, Clemenceau dans un geste élégant enleva le drap funéraire recouvrant le cercueil de son ami, s'écriant : « Non ! Pas de noir pour Monet ! Le noir n’est pas une couleur ! »[122], lui substituant une « cretonne ancienne aux couleurs des pervenches, des myosotis et des hortensias »[123],[notes 8]. Puis Clemenceau suivit le convoi vers le cimetière de l’église Sainte-Radegonde de Giverny où Monet fut enterré, et s'écroula en pleurs[124].
272
+
273
+ Les grandes décorations sont installées à l'Orangerie au cours des premiers mois de 1927. Son fils Michel hérite de l'intégralité des propriétés de Claude. En 1966, quand il se tue dans un accident de voiture, ses toiles reviennent à son légataire universel : le musée Marmottan[125].
274
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275
+ Claude Monet épouse en premières noces le 28 juin 1870, à Paris, Camille Doncieux (1847-1879), avec laquelle il a deux enfants :
276
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+ Claude Monet n’a donc aucune postérité.
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+ Il épouse en secondes noces le 16 juillet 1892 Alice Hoschedé (1844-1911), qui a six enfants de son premier mariage avec Ernest Hoschedé ; ces six enfants ne sont pas de Claude Monet (sauf peut-être le dernier, Jean-Pierre), mais il les élève :
280
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281
+ Claude Monet a déménagé à de nombreuses reprises avant de s'installer définitivement à Giverny. La carte ci-contre présente les principaux lieux :
282
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283
+ Par ailleurs, Monet a beaucoup voyagé pour peindre. Outre les séjours dans sa famille au Havre et dans ses environs, il a peint à :
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+ Monet se rend également à Madrid, en 1904, mais n'y peint pas[127].
286
+
287
+ Monet laisse se répandre l'idée qu'il ne peint que sur nature. Ainsi en avril 1880 devant un journaliste lui demande à voir son atelier il s'exclame : « Mon atelier ! Mais je n'ai jamais eu d'atelier, moi, je ne comprends pas qu'on s'enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui : pour peindre, non ». Il désigne ensuite la Seine, les collines et Vétheuil et dit : « Voilà mon atelier à moi[57] ! »
288
+
289
+ Daniel Wildenstein tient à rétablir la vérité : Monet a bel et bien terminé de nombreuses de ses toiles en atelier, du Déjeuner sur l'herbeLe Déjeuner sur l'herbe (Monet)[23] en passant par Les Glaçons[57], puis toutes les Cathédrales[87], les vues de Londres, de Venise et les Nymphéas. La construction d'ateliers en 1899[94] et 1915, attestée par des photographies et les permis de construire, ne viennent que confirmer l'évidence[114].
290
+
291
+ Certes Monet ne travaille pas de mémoire, il utilise en fait les autres toiles d'une série pour se remémorer le motif en atelier. Il semble qu'il utilise aussi parfois des photographies, comme pour finir les toiles de Londres[99].
292
+
293
+ Monet est très travailleur, il travaille souvent « comme un forcené », ou avec une « ardeur décuplée[62] » et en plein air par tous les temps, étonnant par son endurance[145]. À Étretat, il n'hésite pas à s'aventurer avec tout son matériel dans le sentier de la valleuse de Jambourg qui descend du sommet des falaises à leurs pieds pour peindre sous un meilleur angle et, à Belle-Île, il fait fi de la tempête pour aller travailler[66].
294
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+ Souvent ce mode de travail l'exténue, et Monet connaît des alternances de périodes très assidues avec des périodes de démoralisation, où il pense « tout planter là[59],[66],[62] ». Il profite en général de la période hivernale pour se reposer[114].
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297
+ Monet est en outre un éternel insatisfait. À propos des Meules, il déclare : « Plus je vais, plus je vois qu'il faut beaucoup travailler pour rendre ce que je cherche[76] ». Monet gratte ou détruit parfois ses toiles. Ainsi en revenant dans le pays de Caux après un séjour à Paris début 1882, il gratte deux toiles[62]. Particulièrement à la fin de sa carrière, il détruit de nombreuses toiles : trente en 1907. Il explique : « Je dois veiller à ma réputation d'artiste pendant que je le puis. Lorsque je serai mort, personne ne détruira un seul de mes tableaux, quelque mauvais soit-il[99] ». Dans cette logique, peu avant sa mort, il fait détruire par sa belle-fille Blanche de nombreux tableaux[120].
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+ Vers la fin de sa vie son emploi du temps devient très réglé, comme à Londres[146]. En 1908, la journée estivale est divisée comme suit : la matinée et début de l'après-midi séparés par le déjeuner sont occupés par le travail, ainsi que la fin de journée. De trois à cinq voire six heures, Monet effectue une pause où il reçoit ses invités. La fermeture des nénuphars est la cause de cette interruption. Le travail au soir permet de capter des effets de fin de jour[99].
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+ Début 1893, la construction du bassin aux nymphéas correspond à un accroissement de l'intérêt de Monet pour le jardinage. Ainsi, il rend visite à M. Varenne, directeur du jardin des plantes de Rouen. Il achète également de nombreuses plantes aux jardiniers de Rouen[87]. Monet est assurément plus homme des champs qu'intellectuel[147]. À propos du jardinage, Monet déclare : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture — et aussi son jardin et ses fleurs[148] ».
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+ Monet n'aurait, d'après ses admirateurs, pas eu recours aux croquis ni aux aquarelles, ce qui semble bien erroné puisque de nombreux carnets de croquis et de dessins préparatoires sont présentés sur le site du musée Marmottan pour la série de la « Gare St Lazare », sur la Base-Joconde des musées de France pour la série « Étretat » ou des barques et bateaux, ou encore le Sterling and Francine Clark Art Institute de Williamstown qui ont présenté dessins et pastels préparatoires[notes 9]. Monet utilise également la photographie qu'il pratique, pour les séries sur Londres et Venise. Pour le peintre, le premier contact avec le motif revêt une importance primordiale. Il prend le pinceau en main. « Il commence brusquement à couvrir [une toile blanche] de plaques de couleurs qui correspondent aux taches colorés que lui donne la scène naturelle entrevue ». Dès la première séance, la toile doit être couverte autant que possible sur son étendue. Sur une toile ébauchée, Monet peint à « pleine pâte, sans mélange, avec quatre ou cinq couleurs franches, en juxtaposant ou superposant les tons crus[66] ». Monet renonce d'ailleurs aux bases sombres dès 1865[130]. Ainsi, une étude à laquelle Monet a travaillé une fois est revêtue de traits épais d'environ un demi centimètre et distants l'un de l'autre de deux centimètres, lesquels sont destinés à fixer l'aspect de l'ensemble. Le lendemain, revenu sur les lieux, il ajoute à la première esquisse et les détails s'accentuent, les contours se précisent. Ainsi, sur une toile qui a bénéficié de deux séances, les traits sont nettement plus rapprochés et le sujet commence à prendre forme. Un tableau doit être poussé aussi loin que l'artiste le juge nécessaire, lui seul pouvant déterminer le moment à partir duquel il est impossible d'aller plus loin. Il accorde aussi beaucoup d'importance aux détails[74],[57].
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+ Ses tableaux comme Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, ou harmonie rose révèlent plus de 70 000 touches par mètre carré[149].
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+ À partir du temps de séries, Monet recherche les effets dans ses toiles. Il travaille sur plusieurs toiles en parallèle. Déjà en 1885, Maupassant note que « il allait, suivi d'enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six toiles représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. Il les prenait et les quittait tour à tour, suivant les changements du ciel[66]. » Il ne travaille que quand il a son effet[76]. Cette méthode se développe avec le temps, pour les vues de Londres il peint sur plus de quinze toiles en parallèle, les vingt-deux toiles des Grandes décorations sont peintes aussi en même temps[150].
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309
+ Boudin est la première influence de Monet en l'initiant aux paysages[7]. Son ami Johan Barthold Jongkind a certainement également influencé ses premières années[14]. Charles Gleyre lui enseigne par la suite la peinture de manière structurée[16]. Les membres du groupe des impressionnistes constitué de Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Camille Pissarro s'influencent sans aucun doute mutuellement, comme c'était le cas avec son camarade Frédéric Bazille auparavant[151]. On sait également, que Claude Monet appréciait le travail d'Eugène Delacroix[21]. Lors de son voyage à Londres, il va voir les œuvres de Turner et John Constable qui l'ont certainement marqué[132]. Édouard Manet échange aussi avec Monet lors de son séjour à Argenteuil[74].
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+ La peinture de Monet est influencée par l'art japonais. Il porte ainsi un intérêt particulier aux estampes peintes par Hiroshige et Hokusai[45]. Il réalise d'ailleurs la Japonaise en 1875, un tableau dont la facture tranche diamétralement avec ses autres œuvres[49]. Le 1er février 1893, Monet se rend à une exposition organisée par Durand-Ruel : elle est consacrée aux estampes d'Outamaro et de Hiroshige. Ce rendez-vous revêt pour lui une grande importance car il s'accorde parfaitement avec son cheminement artistique à la même époque[85]. Sa salle à manger de Giverny est par ailleurs décorée avec des estampes japonaises[87]. Enfin, une autre série de peintures qui dénote l'influence du Japon sur son art est paradoxalement celle ayant pour sujet des paysages norvégiens, notamment avec des vues du pont de Løkke, puisque ce coin de Sandviken lui faisait penser à « un village japonais ». Le mont Kolsås lui faisait en fait « songer au Fujiyama[87] ».
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+ Monet désirait saisir le réel dans « la mobilité de ses lumières changeantes ». Son intérêt se porte sur les effets de lumière qui changent suivant les heures et les saisons. L’évolution de l’industrie donnera à Monet un nouvel essor pour ses paysages, c’est à travers l’urbanisation que le genre se renouvellera. Par exemple, il peint en 1877 La Gare Saint-Lazare. À cette époque, ces lieux étaient considérés comme utile et sans valeur esthétique. Monet s’exerce à représenter aussi bien des paysages que des portraits. Toutefois il reste dans l’optique de montrer la lumière et de restituer les sensations premières. Pour ce faire, il réfléchit à la mise en scène qui pourrait représenter au mieux la mouvance de la lumière. La répétition du motif n’est qu’un prétexte pour le peintre, l’objet représenté importe bien moins que l’évolution du sujet au cours des heures.
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+ Claude Monet a eu un début de carrière difficile sur le plan financier. Si les premières années sa tante Lecadre lui vient en aide, dès 1864, il doit demander de l'aide à Bazille. Monet commence alors à accumuler les dettes, ne serait-ce que pour acheter son matériel de peinture[21]. Monsieur Gaudibert par ses commandes lui vient en aide notamment en 1868[27]. L'arrivée à Argenteuil fin 1871, marque le début d'une situation financière meilleure, causée par l'héritage de son père et la dot de sa femme[45]. Toutefois l'arrêt des achats de Durand-Ruel en 1874 correspond à un retour des soucis d'ordre pécuniaire. Rapidement le loyer devient un problème, les dettes s'accumulent[136]. Il doit sa survie à l'aide de Manet[136], du docteur Bellio, de Gustave Caillebotte et d'Ernest Hoschedé[152].
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+ Malgré ses difficultés financières, Monet est assez dispendieux. À Argenteuil, il dispose ainsi de deux domestiques auxquels s'ajoute un jardinier. Il consomme également abondamment du vin. Enfin, une somme de 240 francs à Pleyel et Wolff pourrait représenter l'acquisition d'un instrument de musique ou la location d'un piano[153]. En arrivant à Vétheuil, les Hoschédés gardent leurs domestiques malgré leur faillite[53].
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+ Monet a l'habitude de faire patienter ses créanciers. Par conséquent, des huissiers viennent souvent lui rendre visite, parfois pour des dettes contractées plusieurs années avant[154]. Ainsi en 1885, il est menacé de saisie pour une affaire jugée en 1875[66].
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+ En 1879, il dépend quasiment intégralement des aides Caillebotte pour sa survie. Pourtant, les Hoschedé continuent à avoir des domestiques[53]. À Vétheuil également les créanciers défilent[57]. En 1881, malgré la progression des revenus, Monet ne peut s'acquitter de son loyer et cumule en décembre 2 962 francs[59]. En 1887, il possède des actions, ce qui indique qu'il épargne[66]. En 1890, il achète la maison de Giverny et, l'année suivante, il prête de l'argent à Pisarro, les dures années sont derrière lui[76].
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+ Par la suite, il connaît un certain embourgeoisement avec notamment l'achat d'une voiture[99]. Durand-Ruel résume en déclarant que « Monet fut toujours un jouisseur[114] ».
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+ Monet n'est pas toujours très généreux. Ainsi, à Bordighera, alors que son hôte M. Moreno l'invite dans les jardins de sa villa, les jardins Moreno, assume les frais de chemin de fer et paie le restaurant, Monet lui offre en échange… une pomme[64]. Il ne se montre pas plus généreux envers Rollinat ou E. Mauquit qui l'accueillent respectivement dans la Creuse et à Rouen[155]. Ses amis Boudin ou Pissaro ne sont pas mieux lotis[156].
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+ Ce n'est qu'à partir de 1910 qu'il semble détendre les cordons de sa bourse. Cette année-là, non seulement il offre une Tamise à Charing Cross pour les sinistrés de l'inondation, mais, en plus, il vend à la ville du Havre trois tableaux pour 3 000 francs[109]. La donation de grandes décorations à l'État confirme ce changement de mentalité chez le peintre[114].
328
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+ Le caractère de Monet n'est pas toujours facile. Il a ainsi une certaine réputation de sauvagerie[127], Clemenceau le nomme son « vieux hérisson sinistre[164] ». Claude Monet est certes capable d'élans généreux comme de colères brutales, mais il préfère aux positions extrêmes la solution de compromis et d'équilibre. C'est, en somme, un conciliateur, un modéré qui laisse de propos délibéré les attitudes héroïques à d'autres[165].
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+ Il est un peu ingrat. Ainsi, lors de ses premières participations au salon en 1865 et 1866, Monet ne déclare pas Gleyre comme étant son maître, alors que cela est recommandé. Pourtant le vieil homme, membre du jury en 1866, n'a pas la dent dure et défend le premier[23]. La principale victime de ce trait de caractère est, sans conteste, Durand-Ruel qui, alors qu'il l'a fait vivre pendant de nombreuses années, se voit souvent concurrencer par d'autres marchands d'art, comme Georges Petit, fin 1885 ou en 1888. Durand-Ruel a beau n'être nullement rancunier et faire mille preuves de dévouement[66],[146], cela ne l'empêche pas de recevoir un mandat de 75 francs en 1897[166].
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333
+ Claude Monet est exposé dans les plus grands musées du monde : au MoMA[169], à la National Gallery of Art[170], à la National Gallery[171], au musée Thyssen-Bornemisza[172], au Rijksmuseum[173] et à la Neue Pinakothek[174]. Quelques œuvres sont également exposées au musée national des beaux-arts d'Alger.
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+ En France, le musée Marmottan-Monet possède la plus importante collection publique d'œuvres de Claude Monet. Le musée de l'Orangerie expose les grandes décorations conformément à la volonté de l'artiste. Le musée d'Orsay possède également une importante collection de ses tableaux.
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+ En région, le musée d’art moderne André-Malraux au Havre expose notamment les œuvres Soleil d'hiver à Lavacourt, Le Parlement de Londres ou encore une œuvre de la série des Nymphéas[175].
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+ Par ailleurs, la maison du peintre à Giverny et son jardin sont préservés et ouverts au public par la Fondation Claude Monet[176].
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+ Les tableaux de Claude Monet sont très disputés aux enchères. Relativement peu sont en vente : en 2004 il y a eu 26 ventes, 22 en 2005 et 28 en 2006. Parmi les ventes connues, on dénombre :
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+ En 2008, ses peintures ont établi deux records :
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345
+ En 2018, un nouveau record est établi :
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+ Claude semble avoir partiellement inspiré le roman de Zola L'Œuvre de 1886[66]. Marcel Proust est également inspiré par le travail de Monet et admire fortement les impressionnistes. Dans le roman Jean Santeuil, Claude Monet est plusieurs fois évoqué, un collectionneur de Rouen achetant ses toiles, tout comme dans Sodome et Gomorrhe[185].
348
+
349
+ Il est également cité à plusieurs reprises dans le roman intitulé Aurélien de Louis Aragon (1944 pour la seconde édition), notamment lorsque les personnages font une sortie à Giverny pour le rencontrer car Rose Melrose souhaite qu'il fasse son portrait.
350
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351
+ L'écrivain belge Stéphane Lambert a consacré deux livres à Claude Monet : L'Adieu au paysage : les Nymphéas de Claude Monet (éditions de la Différence, 2008) et Monet, impressions de l'étang (éditions Arléa, 2016).
352
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+ Autres romans faisant référence au peintre :
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+ Adrien Goetz, Intrigue à Giverny : roman, Paris, Grasset, 2 avril 2014, 304 p., 21 cm (ISBN 978-2-246-80435-2).
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357
+ Claude Monet est représenté par plusieurs de ses amis du groupe impressionniste. Ainsi Auguste Renoir, le peint trois fois, Édouard Manet deux fois au travail sur son bateau-atelier, John Singer Sargent deux fois un portrait de profil et à l'orée d'un bois au travail. Frédéric Bazille, le représente alité et blessé ou dans l'atelier des Batignolles.
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+ Bazille, L'Ambulance improvisée, 1865.
360
+
361
+ Monet lisant, par Renoir, 1872.
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363
+ Monet peignant dans son jardin en 1873 par Renoir
364
+
365
+ Pierre-Auguste Renoir, Portrait de Monet, 1875.
366
+
367
+ Claude Monet peignant dans son atelier de Manet en 1874.
368
+
369
+ John Singer Sargent, Monet peignant à l’orée d'un bois, 1885.
370
+
371
+ En 1915, Sacha Guitry le présente parmi d'autres dans le film Ceux de chez nous[114].
372
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373
+ Le Monet de la peinture La Seine à Argenteuil de 1873 inspire le titre du film Vanilla Sky de 2001.
374
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375
+ Claude Monet à Giverny, la maison d'Alice, film de Philippe Piguet (52 minutes) produit par Bix Films pour France 5 et la Réunion des Musées nationaux[186].
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+ Une rose panachée de rose et de jaune a été baptisée de son nom par la maison Delbard en 1992, la rose Claude Monet.
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+ Sont nommés en son honneur l'astéroïde (6676) Monet[187] et le cratère mercurien Monet[187].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Claude Monet, né (sous le nom d'Oscar-Claude Monet) le 14 novembre 1840 à Paris et mort le 5 décembre 1926 à Giverny, est un peintre français et l’un des fondateurs de l'impressionnisme.
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+ Il commence sa carrière d'artiste en réalisant des portraits à charge des notables de la ville du Havre. En 1859, il part pour Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. En 1866, il connaît le succès au Salon de peinture et de sculpture grâce à La Femme en robe verte représentant Camille Doncieux qu'il épouse en 1870. Il fuit la guerre de 1870 à Londres, puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera sa principale source de revenus, pendant le reste de sa carrière. Revenu en France en 1871, il participe à la première exposition des futurs impressionnistes, en 1874.
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+ En 1876, il rencontre Ernest Hoschedé, un mécène qui va rapidement faire faillite. La mort de Camille en 1879 et les nombreuses absences d'Ernest, conduisent au rapprochement de Monet et d'Alice Hoschedé. En plus de peindre intensivement la Seine, Claude se rend régulièrement sur la côte normande pour peindre. En 1883, lui, ses deux enfants et la famille Hoschedé emménagent définitivement à Giverny. C'est à partir de cette période que prennent fin ses ennuis financiers
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+ À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. Il commence par Les Meules, puis enchaîne successivement Les Peupliers, la série des Cathédrales de Rouen, celle des Parlements de Londres et Les Nymphéas de son jardin, qu'il décline en grand format pour peindre de grandes décorations. La fin de sa vie est marquée par la mort d'Alice et par une maladie, la cataracte, qui affecte son travail. Il s'éteint à 86 ans d'un cancer pulmonaire.
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+ Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres.
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+ D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet est un grand travailleur qui n'hésite pas à défier les éléments pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ? »
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+ Claude Monet est né le 14 novembre 1840 au 45, rue Laffitte dans le IXe arrondissement de Paris. Il est le second fils d’Adolphe et Louise-Justine Monet, née Aubrée, après Léon Pascal, dit Léon (1836-1917)[1]. Baptisé sous le nom d'Oscar-Claude à l'église Notre-Dame-de-Lorette de Paris, au début de l'année 1841, il est appelé « Oscar » par ses parents[2]. Il aime à dire plus tard qu’il est un vrai Parisien. Ses parents sont tous deux nés à Paris, tandis que ses grands-parents y étaient déjà installés aux environs de 1800. La famille, grands-parents paternels compris, s’installe au Havre en Normandie vers 1845, l'année de ses cinq ans. Ce déménagement est certainement provoqué par la situation financière précaire dans laquelle se trouve alors Claude Adolphe[3]. L'influence de la demi-sœur de ce dernier, Marie-Jeanne Lecadre, née Gaillard, épouse et fille de commerçants havrais, y est aussi certainement pour quelque chose[4]. C'est elle qui, à la suite de la mort de Louise-Justine Monet survenue en 1857, élève Léon et Oscar[1].
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+ Le jeune Oscar n’est pas un élève très appliqué selon ses propres dires, mais il apparaît dans les annales du collège havrais situé rue de la Mailleraye, qu’il fréquente à partir du 1er avril 1851 comme « une excellente nature très sympathique à ses condisciples ». De manière précoce, il développe un goût pour le dessin et il suit avec intérêt le cours d’Ochard, un ancien élève de David. Ses premiers dessins sont des « portraits-charges » de personnages (professeurs, hommes politiques) dont Monet « enguirlande la marge de ses livres... en déformant le plus possible la face ou le profil de ses maîtres » selon ses propres termes[5]. Il fait déjà des croquis de bateau et des paysages en « plein air » sur le motif[5].
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+ Le 28 janvier 1857, sa mère meurt et il abandonne ses études. Sa tante Jeanne Lecadre (1790-1870), qui peint elle-même à ses heures perdues, l’accueille et l’encourage à continuer le dessin. Face au succès rencontré par ses caricatures, il décide d'y apposer la signature « O. Monet » et de les vendre chez un papetier-encadreur, du nom de Gravier, ancien associé d'Eugène Boudin qui lui confie le négoce de certaines de ses toiles[6]. C’est là que Claude Monet va faire sa connaissance, vraisemblablement début 1858, rencontre déterminante pour sa carrière artistique : « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois »[7].
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+ Monet commence à peindre ses premières toiles de paysage à l'été 1858. Il en présente deux à l'exposition municipale des Beaux-Arts de la ville du Havre qui se déroule durant les mois d'août et de septembre de la même année. Ces deux toiles, fortement influencées par la technique de Boudin, sont acceptées et présentées sous le titre unique : Paysage. Vallée de Rouelles[8]. Devant ce succès, Boudin conseille à son jeune comparse de quitter Le Havre pour Paris dans le but d'y prendre des cours et d'y rencontrer d'autres artistes[7].
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+ Claude Monet arrive à Paris en avril 1859 et s'installe à l'hôtel du Nouveau Monde, place du Havre[8]. Il visite immédiatement le salon qui vient d'ouvrir. Ensuite il est accueilli par Amand Gautier, un ami de sa tante Lecadre. Celle-ci lui verse une pension régulière et gère ses économies d'environ 2 000 francs accumulées grâce à la vente de dessin à charge. Son père a demandé une bourse à la ville du Havre, le 6 août 1858, mais il a essuyé un refus. Il rend également visite à Charles Lhuillier, Constant Troyon et Charles Monginot. Ces deux derniers lui conseillent d'entrer dans l'atelier de Thomas Couture, qui prépare à l'École des beaux-arts. Toutefois celui-ci refuse le jeune Monet[9]. Début 1860, probablement en février, il entre à l'Académie Suisse, située dans l'île de la Cité, que dirige Charles Suisse[10]. Il y rencontre notamment Camille Pissarro. Lors du salon de cette année, il admire tout particulièrement les œuvres d'Eugène Delacroix, l'année précédente c'était Daubigny qui attirait son attention. Ce premier séjour n'est cependant pas consacré qu'au travail. En effet, Claude passe une part non négligeable de son temps dans les cafés parisiens et plus particulièrement à la brasserie des Martyrs, alors haut lieu des rencontres entre auteurs et artistes[11],[12].
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+ Le 2 mars 1861, Monet est tiré au sort au Havre pour être conscrit. Certes, sa famille aurait pu payer l'exonération de 2 500 francs, mais celle-ci est liée à son renoncement à la carrière d'artiste pour reprendre les affaires familiales. Monet s'y refuse et intègre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique le 29 avril 1861 et va stationner à Mustapha en Algérie[12]. Début 1862, il contracte la fièvre typhoïde à Alger et est autorisé à rentrer au Havre durant l'été. Sa tante, Jeanne Lecadre, accepte de le faire sortir de l'armée et de payer les quelque 3 000 francs que coûtent l'exonération, à condition qu'il prenne des cours d’art à l’académie. Il quitte donc l’armée, mais n’aime pas les styles traditionnels de peinture enseignés à l’académie. En revanche, malgré les expériences pouvant paraître déplaisantes qu'a vécues Monet en Algérie, il en retient un bon souvenir en général. Il dit en effet à Gustave Geffroy : « Cela m'a fait le plus grand bien sous tous les rapports et m'a mis du plomb dans la tête. Je ne pensais plus qu'à peindre, grisé que j'étais par cet admirable pays, et j'eus désormais tout l'assentiment de ma famille qui me voyait si plein d'ardeur[13]. » En 1862, il se lie d’amitié avec Johan Barthold Jongkind et retrouve Eugène Boudin, lors de son séjour à Sainte-Adresse[14].
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+ La même année en 1862, il commence à étudier l’art dans l’atelier de l’École impériale des beaux-arts de Paris dirigé par Charles Gleyre à Paris, grâce aux recommandations de son cousin par alliance Auguste Toulmouche[15]. Mais il finit par quitter rapidement l'atelier de son maître, étant en désaccord avec celui-ci sur la manière de présenter la nature. En effet, Gleyre, dont l’art prône le retour à l'antique, privilégie une idéalisation des formes tandis que Monet la reproduit telle qu'elle est[16]. Après qu’il a déclaré à Monet : « Rappelez-vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours penser à l'antique[17],[18]. », le soir même, il réunit Frédéric Bazille, Auguste Renoir et Alfred Sisley et leur suggère, selon sa déclaration, de quitter l'atelier de Gleyre[19], ce qu'ils feront 15 jours plus tard, au printemps 1863[notes 1].
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+ Ce passage rapide à l'École impériale des beaux-arts lui aura toutefois permis de rencontrer Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille[20] avec qui il entretient, par la suite, une importante correspondance. Au printemps 1863, devenu copiste au Louvre, Monet va, avec Bazille, peindre devant nature à Chailly-en-Bière près de Barbizon[16].
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+ Mi-mai 1864, Monet retourne sur la côte normande et en particulier à Honfleur en compagnie de Bazille. Il réside un temps à la ferme Saint-Siméon. Frédéric retourne à Paris, tandis que Claude continue à peindre en Normandie. Fin août, il retrouve Jongkind et Boudin. De sa période honfleuraise en compagnie de ces deux peintres, Monet conservera un attachement et ils auront une influence essentielle dans la genèse de son art. C'est aussi à cette période qu'éclate une brouille avec sa famille qui le menace de lui couper les vivres. Il appelle alors pour la première fois à l'aide Bazille[21].
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35
+ Fin 1864, Claude s'installe avec Frédéric dans un atelier à Paris. Il présente deux vues de l'estuaire de la Seine prises à Honfleur et à Sainte-Adresse au jury du salon de 1865 : La pointe de la Hève et Embouchure de la Seine. Acceptées par le jury, ces deux œuvres sont exposées et rencontrent un accueil positif, notamment de la part des critiques[22]. Par la suite, il peint au pavé de Chailly son Déjeuner sur l'herbe (de), une toile de grande taille (4,65 × 6 m) qui, donnée par l'artiste en désespoir de cause en 1865 et rachetée par celui-ci en 1920, restera inachevée[23].
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+ En 1866, il rencontre Camille Doncieux, qui devient un de ses modèles. N'ayant pas pu achever le Déjeuner pour le Salon de 1866, Monet y expose La Femme en robe verte, un portrait de sa fiancée Camille, exécuté à la hâte et avec fureur en seulement quatre jours. Cette toile obtient un grand succès au salon de la même année[24] et est très acclamé, notamment par Emile Zola. Il est exposé avec une toile représentant la forêt de Fontainebleau réalisée deux ans auparavant. Monet établit ici une association entre deux œuvres radicalement opposées appartenant à deux genres distincts, qu'il cherchait à réunir dans son Déjeuner[25]. Il a également envoyé au salon un pavé de Chailly. Il peint ensuite Femmes au jardin, d'abord à Sèvres, puis à Honfleur. Cette œuvre, qui montre pour la première fois la lumière naturelle et changeante, est refusée par le jury du salon, en 1867[26] (il en est de même pour Le Port de Honfleur, autre toile présentée par Monet cette année-là). De plus, la pétition lancée par de nombreux artistes pour qu'une exposition des œuvres rejetées ait lieu est rejetée[27].
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+ Ces refus successifs plongent Claude Monet dans une situation financière très délicate. Malgré l'achat de la toile Femmes au jardin pour 2 500 francs par Frédéric Bazille[26], Claude est plus que jamais dans la misère d'autant plus que Camille est enceinte. Il se voit donc dans l'obligation de rentrer en Normandie auprès de sa famille. Il passe l'été à peindre : La plage de Sainte-Adresse, Jetée du Havre, Terrasse à Sainte-Adresse, etc. Camille donne naissance à Jean Monet le 8 août 1867[28]. C'est l'année où il la représenta assise auprès du berceau de l'enfant dans un tableau qui était conservé en 1966 dans une collection Mellon, ainsi qu'un portrait d'eux de 1874 assis sous un arbuste de leur jardin d'Argenteuil, par Renoir[notes 2].
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41
+ En 1868, une de ses deux toiles présentées, Navires sortant des jetées du Havre, est acceptée au salon. Cependant, l'accueil de cette œuvre n'est guère enthousiaste et déçoit critiques et artistes[29].
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+ À cette époque, il se fait souvent prêter de l’argent par ses amis, au premier rang desquels Bazille. Ses tableaux sont souvent saisis au point qu’il fait une tentative de suicide au printemps 1868[30]. L'été de cette même année semble toutefois s'annoncer sous de meilleurs auspices, puisque M. Gaudibert, un riche armateur havrais, lui commande plusieurs tableaux dont le portrait de sa femme. De plus, cinq de ses toiles sont acceptées à l'exposition internationale maritime qui se tient au Havre[29]. À la fin de l'année, Claude Monet habite avec sa femme et son fils à Fécamp, sa famille refusant d'héberger la jeune femme.
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+ En 1869, il s'installe à Bougival. Sur l'île de Croissy, en compagnie de Renoir, il peint l'établissement des bains de la Grenouillère (Bain à la Grenouillère), inventant alors la technique de peinture impressionniste[31]. Cette année-là et la suivante, toutes ses toiles sont refusées par le salon sous l'impulsion de Gérôme[27]. En dépit de sa pauvreté persistante, il épouse Camille, le 28 juin 1870, à la mairie du huitième arrondissement de Paris[32],[33],[34].
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+ La Femme en robe verte, 1866.
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+ Femmes au jardin, 1866.
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+ Bain à la Grenouillère, 1869.
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+ Portrait de son fils Jean en bonnet à pompon , 1869
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+ La route de Versailles à Louveciennes, effet de neige, 1870.
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+ Le Port de Trouville, 1870.
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+ L'entrée en guerre de la France en juillet 1870 ne soulève aucun sentiment nationaliste chez Monet, pas plus que l'établissement du Gouvernement de Défense nationale. Dans ce contexte tendu, il souhaite s'éloigner de Paris qui devient de plus en plus agité. Il s'installe alors à Trouville, où il peint de nombreuses toiles en plein air comme La plage de Trouville ou Hôtel des Roches noires[35].
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61
+ Frédéric Bazille qui a souvent aidé Monet, trouve la mort sur le champ de bataille, à Beaune-la-Rolande, le 28 novembre 1870. À la fin de l'année, Claude ne voulant pas servir militairement, décide de partir à Londres. Il y retrouve certaines de ses connaissances telles que Pissarro[36]. Il y admire les œuvres des peintres britanniques Turner et John Constable et est impressionné par la manière du premier de traiter la lumière, notamment dans les œuvres représentant le brouillard sur la Tamise. Ce séjour est également l'occasion de faire des rencontres : celle du peintre américain James Abbott McNeill Whistler, également influencé par Turner, avec lequel il se lie d’amitié ; et surtout celle du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera déterminante pour sa carrière. Enfin, ce séjour est également l'occasion pour Monet de peindre, les jardins londoniens et la Tamise notamment, et de faire encore évoluer sa technique, allant toujours plus loin dans le bouleversement de la tradition[37]. Désargenté, il ne peint que six tableaux en l'espace de sept ou huit mois, ce qui est très peu pour lui. Parmi ceux-ci figure le portrait de sa femme Camille, intitulé Méditation. Madame Monet au canapé, dans lequel on peut percevoir cette sorte de déprime qui animait[38]. Cependant, Monet est intéressé par la lumière et souhaite pouvoir revenir à Londres y peindre la Tamise, ce qu'il fera dans une centaine de tableaux entre 1899 et 1901[36].
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63
+ Son père meurt le 17 janvier 1871. Mais Monet ne rentre pas en France et n'assiste pas aux obsèques, craignant l'accueil qui sera fait à ceux qui, comme lui, se sont soustraits à leurs obligations patriotiques[39].
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+ Fin mai 1871, il se rend aux Pays-Bas et s'installe à Zaandam, en compagnie de Camille et Jean. Il y peint 25 toiles pendant son séjour de quatre mois[40].
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+ C'est lors d'une visite d'Amsterdam toute proche qu'il découvre des estampes japonaises dans une boutique et en commence la collection[41]. Il rentre à Paris le 8 octobre[42].
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+ En décembre 1871, Monet et sa famille emménagent dans une maison avec jardin à Argenteuil, près de la Seine[43]. L'héritage de son père et la dot de sa femme permettent d'améliorer les conditions matérielles. En outre, au cours de l'année 1872, il enregistre des achats importants de Durand-Ruel : 29 toiles au total, dont certaines sont exposées à Londres[44]; c'est également à cette époque-là qu'il fait l'acquisition de son bateau-atelier qui lui permet d'accéder à de nouveaux points de vue. C'est l'année où Renoir le représenta assis à une table lisant un livre en fumant une longue pipe[notes 3].
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+ En décembre 1873, Durand-Ruel, victime d'ennuis financiers, doit réduire puis suspendre ses achats[45].
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+ Le 15 avril 1874, l'exposition de la Première exposition des peintres impressionnistes organisée par la Société anonyme coopératives d'artiste ouvre ses portes dans les ateliers de Nadar, au 35, boulevard des Capucines. Elle présente les œuvres des différents artistes qui se qualifieront plus tard d'impressionnistes. Y est notamment présenté un paysage du port du Havre : Impression, soleil levant. N’attirant que 3 500 visiteurs durant son mois d'ouverture, la manifestation n'a pas le succès attendu et un grand nombre de critiques et de journalistes sont hostiles[46]. Pour ajouter à cette déroute, la société se retrouve, à l'issue de la manifestation, au bord de la faillite, l'obligeant à procéder à sa dissolution[47]. Enfin, c'est à l'occasion de cette exposition que le terme impressionniste est utilisé pour la première fois de manière ironique dans une critique de Louis Leroy, du Charivari du 25 avril sur l'exposition[48].
74
+
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+ En avril 1876, contre toute attente, a lieu la deuxième exposition dans les locaux de Durand-Ruel. Monet y expose 18 tableaux. Les critiques sont, cette fois, moins virulents ; des éloges sont même adressées à Claude Monet. À la fin de l'été de la même année, il s'installe au château de Rottembourg de Montgeron afin de travailler à la décoration de certaines de ses pièces[notes 4]. La demeure appartient à Ernest Hoschedé et à sa femme Alice, née Raingo, issue d'une riche famille d'origine belge par le père. Ils y vivent avec leurs cinq enfants[49].
76
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+ En 1877, il peint une série de peintures à la gare Saint-Lazare. Monet envoie 8 tableaux issus de cette série[notes 5] à la troisième exposition impressionniste. Pour la première fois, une revue, L'impressionniste, est publiée pour accompagner l'exposition et commenter les différentes œuvres présentées[50]. C'est donc également la première fois que les peintres impressionnistes reprennent à leur compte le terme impressionnisme qu'ils jugent approprié pour désigner et identifier leur style[49]. L'exposition est un succès et fait l'objet d'une approbation critique[51].
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+ Jean Monet sur son cheval à bascule, 1872.
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+ Le Pont d'Argenteuil, 1874.
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+ La Promenade, 1875.
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+ Camille sur son lit de mort, 1879.
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+ Michel Monet au pompon, 1880.
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+ Début 1878, obligé de réduire son train de vie, Monet quitte Argenteuil et s'installe provisoirement à Paris, rue d’Édimbourg. Il réussit à payer in-extremis ses créanciers afin de ne pas se faire saisir ses toiles. Le 17 mars 1878, Camille met au monde un second fils : Michel. Elle ne se remettra jamais totalement de cet accouchement, demeurant dans un état de fatigue et de faiblesse continuel. Monet, inquiet pour elle, fera souvent part de ses craintes la concernant dans ses différentes correspondances[51]. Durant cette période, Monet peint l'île de la Grande-Jatte ainsi que La Rue Montorgueil[52].
90
+
91
+ En août 1878, les Monet et les Hoschedé emménagent dans une petite maison à Vétheuil, près de Pontoise. L'ancien mécène, Ernest Hoschedé, a alors fait faillite du fait de ses spéculations sur les œuvres d'art [53]; l'ensemble de sa collection, dans laquelle figurent 16 toiles de Monet, fait l'objet d'une vente publique.
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+
93
+ Dans le courant de l'année 1879, les soucis liés à l'argent et à la santé de Camille ont éloigné Monet des autres peintres impressionnistes ainsi que de Paris où il se rend uniquement pour écouler ses œuvres. Toutefois, il participe à la quatrième exposition du groupe des impressionnistes qui se tient, cette année-là, avenue de l'Opéra. Monet y expose 29 tableaux. Réalisés entre 1867 et 1878, ils offrent un résumé de la carrière du peintre et de son évolution artistique[54].
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+ Camille, encore malade, ne parvient pas à se rétablir. Pour tenter de la sauver et financer les soins dont elle a besoin, Monet brade les dernières toiles qu'il a peintes. En vain. Elle meurt le 5 septembre 1879 après de longues souffrances. Monet témoigne des derniers instants de sa femme en réalisant un portrait d'elle sur son lit de mort[53].
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+ La mort de Camille va se traduire chez le peintre par deux ruptures. La première est d'ordre esthétique. Elle est nettement visible dans les peintures, Débâcles et Glaçons, qu'il fait de la Seine prise dans les glaces, lors de l'hiver rigoureux de 1880 : couleurs irréelles, absence d'êtres humains, etc.[55] La deuxième rupture se fait avec les autres peintres impressionnistes. Ces derniers n'acceptent pas vraiment ce choix et publient, le 24 janvier 1880 dans les pages du Gaulois, un avis de décès de Monet : « Les obsèques de M. Claude Monet seront célébrées le premier mai prochain à dix heures du matin en l'église du Palais de l'Industrie - salon de M. Cabanel. Prière de ne pas y assister »[55]. Autre manifestation de cette seconde rupture : Monet présente deux nouvelles toiles au jury du salon, chose qu'il n'avait pas faite depuis des années. L'une des deux œuvres, une peinture du village de Lavacourt, est admise. Cependant, exposée à 6 m du sol, juste sous le plafond, elle passe plutôt inaperçue[56].
98
+
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+ Cet échec est vite oublié : le journal La Vie moderne, dirigé par Georges Charpentier, propose d'organiser une exposition qui lui est uniquement consacrée. Celle-ci ouvre le 7 juin 1880 et présente 18 tableaux. Elle est accompagnée d'un catalogue qui, outre la préface de Théodore Duret et la description des œuvres, contient un entretien de Monet avec le journaliste Émile Taboureux. Cette exposition obtient un réel succès puisque le peintre réalise suffisamment de transactions pour solder ses dettes[57],[58].
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+ À cette époque, Ernest Hoschedé étant souvent absent, Claude, à présent veuf, vit avec Alice et ses enfants. Ce mode de vie est montré du doigt par la société de l'époque[57].
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+ Toutefois, durant l'été et l'automne 1880, Monet se rend régulièrement sur la côte normande afin de travailler[59].
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+ En 1881, la situation financière s'améliore peu à peu d'autant plus que Durand-Ruel se porte régulièrement acquéreur de ses œuvres. Toutefois, en décembre de la même année, n'ayant pu s'acquitter de son loyer, il déménage avec ses deux fils, Alice et les six enfants de celle-ci pour s'installer à Poissy[60]. En vivant sous le même toit, leur concubinage devient connu de tous ; c'est une situation scandaleuse à l'époque.
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+ Le 1er mars 1882, la 7e exposition des artistes indépendants ouvre ses portes dans les salons du Reichshoffen au 251, rue Saint-Honoré. C'est la dernière exposition des impressionnistes à laquelle participe Monet[59]. Il y expose 35 tableaux parmi lesquels Fleurs de Topinambours, deux versions des débâcles sur la Seine et des vues de Vétheuil et de Poissy[61].
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+ Par la suite, durant l'été, puis durant l'hiver, Monet retourne sur la côte normande : d'abord à Dieppe, puis à Pourville.
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+ Le 28 février 1883, une nouvelle exposition consacrée à Monet ouvre ses portes au 9, boulevard de la Madeleine, dans les nouveaux locaux de Durand-Ruel. Les 56 tableaux exposés offrent une rétrospective complète de la carrière du peintre, des premières toiles de 1864 jusqu'aux dernières réalisées en 1882 sur la côte normande. Malgré cela, l'exposition est peu fréquentée et les ventes sont décevantes, mais les critiques dans la presse sont majoritairement positives[62].
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+ Désireux de quitter Poissy où il ne s'est jamais vraiment plu, Claude Monet cherche un lieu où lui et toute sa famille[notes 6] pourraient s'installer définitivement. Ses recherches le mènent à Giverny, près de Vernon en Normandie. Dans ce petit village, il trouve une « maison de paysan » au lieu-dit le Pressoir, bordée par un jardin potager et un verger, le Clos normand. L'ensemble clos de murs s'étend sur près d'un hectare. Son propriétaire, Louis-Joseph Singeot, consent à la louer et Monet et sa famille s'y installent le 29 avril 1883[63]. Locataire durant plusieurs années, Monet finira par acheter la maison et le jardin attenant en 1890 quand sa situation financière se sera améliorée.
114
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+ Fin 1883, il se rend avec Renoir sur le littoral méditerranéen. Tous les deux, ils relient Marseille à Gênes, puis rendent visite à Cézanne à L'Estaque. Après un court retour à Giverny, Monet reprend seul, dès janvier 1884, la route du Sud. Il se rend cette fois à Bordighera et à Menton[64],[65]. Émerveillé par la nature et les paysages sauvages, Monet peint une quarantaine de toiles représentant les sites les plus pittoresques tels que les vallées de Sasso ou de la Nervia.
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+ En novembre 1884, commence une longue amitié avec l’écrivain Octave Mirbeau, qui est désormais son chantre attitré et contribue à sa reconnaissance[66].
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+ En 1885, à l'occasion d'un déplacement sur la côte normande, à Étretat, Monet conclut un accord avec le galeriste Georges Petit : désormais, celui-ci assure l'achat et la commercialisation d'une partie des œuvres du peintre. De ce fait, l'exclusivité dont bénéficiait Durand-Ruel jusqu'alors est rompue[67]. À la fin de l'année, Monet lui annonce son souhait de ne traiter qu'avec Petit. Par ailleurs, Monet, ne souhaitant pas dépendre totalement des galeristes, entretient et développe son réseau de collectionneurs[68].
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+ En 1886, malgré la rupture entre les deux hommes, Paul Durand-Ruel ouvre les portes du marché américain à Monet en nouant des liens avec l'American Art Association (en): la reconnaissance officielle qu’il obtient outre-Atlantique a pour contrecoup de développer le marché de l’art impressionniste en France dans les années 1890.
122
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123
+ Toujours la même année, Monet retourne aux Pays-Bas, sur invitation du baron d'Estournelles de Constans, secrétaire d'ambassade auprès de la Légation française à la Haye. Durant ce séjour, il découvre les champs de tulipes qu'il peint à plusieurs reprises (À Sassenheim, près de Haarlem, champ de tulipes ou Champ de tulipes en Hollande)[69]. En fin d'année, à la recherche de motifs originaux, il décide d'aller peindre à Belle-Île-en-Mer. Il y réalise une quarantaine de toiles dont les sujets majeurs sont les Aiguilles de Port-Coton (Les Pyramides de Port-Coton, mer sauvage), et la baie de Port Dormois, en particulier la Roche Guibel[70]. Il y est interrogé par Gustave Geffroy, critique au journal la Justice, dirigé par Clemenceau. Il devient un des plus fervents admirateurs du peintre.
124
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+ Début 1888, il retourne sur la Côte d'Azur, au château de La Pinède, à Antibes. Il y réalise une trentaine de toiles fortement inspirées par l'estampe japonaise. Dix d'entre elles sont vendues à Théo van Gogh et présentées, l'année suivante, à la galerie Boussod, Valadon et Cie où elles rencontrent un fort succès[71].
126
+
127
+ En février 1889, il se rend dans la Creuse chez Maurice Rollinat en compagnie de Geffroy et de quelques amis. Il rentre pour assister à l'inauguration de la quatrième exposition universelle parisienne où il expose trois toiles, puis retourne dans la Creuse, dès le mois de mars, seul cette fois. Durant ce séjour, il peint environ une vingtaine de toiles dont neuf ont pour motif le ravin de la Creuse[72].
128
+
129
+ En juin 1889, Auguste Rodin et Claude Monet exposent conjointement « Rien que vous et moi » dans la galerie parisienne de Georges Petit. Cette exposition réunit 145 peintures et 36 sculptures et bénéficie d'un catalogue où apparaissent une notice consacrée à Rodin par Geffroy et une consacrée à Monet par Mirbeau. Le peintre offre une véritable rétrospective de sa carrière allant de La Pointe de la Hève en 1864 jusqu'aux dernières toiles de 1889. Si les commentaires élogieux concernent davantage Rodin que Monet, et si ce dernier reste parfois contesté, l'exposition préfigure ses futurs succès[66],[73].
130
+
131
+ En 1889, Monet s'implique totalement dans l'obtention des souscriptions nécessaires à l'achat de l'Olympia de Manet et en fait don au Louvre. Les difficultés et les oppositions auxquelles il a dû faire face pour mener à bien cette transaction l'ont tenu éloigné longtemps de ses pinceaux : le retour à la peinture est donc des plus difficiles. C'est à cette occasion qu'il opère un tournant dans sa carrière en s'attelant aux séries[74],[75].
132
+
133
+ Mer agitée à Étretat, 1883.
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135
+ Le Manneporte à Étretat, 1886.
136
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137
+ Étretat sous la pluie, 1886.
138
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139
+ Creuse, soleil couchant, 1889.
140
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141
+ L'année 1890 est une année charnière dans la vie de Monet. Les voyages de travail deviennent alors beaucoup plus rares. Il vient le temps des séries, genre pictural connu de son ami Boudin, et dont l’idée s'était imposée peu à peu avec les gares Saint-Lazare, puis par exemple en 1886 avec les deux Essais de figure en plein-air (la Femme à l’ombrelle tournée vers la droite et la Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche), les Rochers de Belle-Île la même année et surtout La Petite Creuse en 1889, lors de son séjour à Fresselines. Cette période commence à proprement parler fin 1890 avec Les Meules, série composé de plus d'une vingtaine de versions. Ces imposants gerbiers de blé se trouvent proche de son domicile. Il a commencé à en peindre en 1888, mais l'année 1890 marque véritablement le début de la répétition inlassable du même motif à la recherche d'effets différents. Cet enracinement est confirmé par l'achat du clos de Giverny en automne 1890 pour 22 000 francs[76].
142
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143
+ Meules, milieu du jour.
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+ Meules, soleil couchant.
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+ Meules, effet de neige, temps couvert.
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+ Fin 1890, Ernest Hoschedé, malade, est alité. Alice, sûrement prise de remords, vient à son chevet. Il meurt le 19 mars 1891[77]. Monet achète, à la demande de ses beaux-enfants, une concession dans le cimetière de Giverny afin d'y inhumer Ernest Hoschedé[78].
150
+
151
+ À peine deux mois plus tard, le 4 mai 1891, une exposition consacrée à Monet ouvre ses portes dans la galerie parisienne de Durand-Ruel. Intitulée Œuvres récentes de Claude Monet, elle propose, entre autres, quinze toiles des Meules. Dans le catalogue, chacune de ces toiles porte le titre Meules, mais avec, à chaque fois, une précision temporelle. Les peintures ainsi que ce détail de présentation remportent un vif succès critique, notamment auprès des journalistes[79].
152
+
153
+ En 1891, Monet suit le cours de l'Epte à la recherche d'un nouveau motif pouvant faire le sujet d'une série : Les Peupliers. Il y travaille de la fin du printemps à la fin de l'automne. Le 8 octobre 1891, il paie le marchand de bois afin de retarder l'abattage de ces arbres qui se trouvaient à Limetz[80],[81].
154
+
155
+ Immédiatement terminée, cette série suscite l'intérêt des marchands et des galeristes : Maurice Jouant, achète, pour la galerie Boussod et Valadon plusieurs toiles ; Durand-Ruel fait l'acquisition de sept d'entre elles pour 28 000 francs et crée une exposition uniquement consacrée à cette série[82].
156
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+ Les peupliers, sous le soleil
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+ Les peupliers, dans le vent.
160
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161
+ Les Peupliers, trois arbres roses, automne.
162
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+ En 1892, Monet cherche un nouveau sujet qui puisse faire l'objet d'une série et qui ne soit pas un élément naturel. Son choix se porte sur la cathédrale de Rouen. Ses premiers travaux, qu'il réalise depuis la maison de Fernand Lévy, située en face de la cathédrale, ne se déroulent pas comme il le souhaite. Lorsqu'il revient à Giverny en avril, mécontent, il refuse d'en montrer les résultats à quiconque, à l'exception de ses plus fidèles amis. Il passe le reste de l'année à reprendre l'ensemble de ses toiles dans son atelier. Il retourne à Rouen, le 16 février 1893, et se positionne à deux endroits différents, mais toujours face à l’édifice et à différentes heures du jour[83].
164
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165
+ La même année, Suzanne Hoschedé rencontre Theodore Butler, un peintre américain. Après un temps d'hésitation, les noces sont décidées. Monet profite de l'occasion pour épouser Alice le 16 juillet, Suzanne et Théodore se mariant le 20[84].
166
+
167
+ Le 5 février 1893, à Giverny, il achète un terrain partiellement marécageux et traversé par un bras de rivière. Il est situé idéalement en face de la maison en contrebas du Chemin du Roy où passe une voie de chemin de fer, ce qui fera dire à Georges Clemenceau « et en plus, il a le train chez lui ! » Dans cette maison de Giverny, il procède à de nombreux aménagements et crée le jardin d’eau et fait creuser l'étang aux nymphéas. Il s'intéresse aussi de plus en plus au jardinage comme en témoigne sa visite au directeur du jardin des plantes de Rouen[85].
168
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+ Il achève les vingt-huit toiles qui composent la série des cathédrales en atelier en 1894. Comme les précédentes séries, les cathédrales sont vouées au succès et Monet le sait. C'est pour cela qu'il va faire jouer la concurrence entre les galeristes, en particulier entre Paul Durand-Ruel et Georges Petit. Ce stratagème lui permet ainsi d'obtenir les meilleures conditions d'exposition et une plus grosse somme d'argent pour la vente de ces toiles.
170
+
171
+ Pour la série des cathédrales, c'est Durand-Ruel qui obtient l'exclusivité de l'exposer, au prix non négligeable de 12 000 francs pour chacune des toiles. Cette exposition a lieu du 10 au 31 mai 1895 et s'intitule Œuvres récentes[86],[notes 7]. Le succès est de nouveau au rendez-vous. Parmi les nombreuses critiques des journalistes, celle de Georges Clemenceau, titrée Révolution des Cathédrales, se distingue particulièrement par la pertinence et la justesse de son analyse[87],[88].
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173
+ Enfin, il est à noter qu'au début de l'année 1895, c'est-à-dire avant l'exposition consacrée en partie aux cathédrales, Monet s'est rendu en Norvège, à Christiana. Il pose son chevalet notamment au lac Daeli, au mont Kolsaas, à Kirkerud ou encore à Sandviken. Il rapporte au total vingt-huit toiles qu'il ne retravaille quasiment pas, une fois revenu en France[89].
174
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+ Les années 1896 et 1897 vont être beaucoup plus calmes pour Monet. En effet, il se consacre davantage à ses jardins de Giverny : d'une part en poursuivant leur aménagement et d'autre part, en commençant à les utiliser comme motif de ses toiles, ce qui dura jusqu'à la fin de sa vie. Par ailleurs, il ne voyage guère, excepté pour se rendre sur la côte normande, notamment à Pourville et Varengeville où il peint La Maison du pêcheur ou La Falaise à Varengeville[90].
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+ En 1897, Monet et sa femme voient Jean, le fils du premier, épouser Blanche, la fille de la seconde.
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179
+ Dans l'affaire Dreyfus, Monet se range résolument du côté de Zola dès 1897 et lui exprime toute son admiration pour le J'accuse. Il signe notamment la pétition dite « manifeste des intellectuels » qui paraît dans le journal l’Aurore, mais refuse de s'engager dans un groupe de soutien[91].
180
+
181
+ En 1898, il apprend la mort de son ami d'adolescence, Eugène Boudin.
182
+
183
+ Le début de l'année 1899 est marqué par la mort de Suzanne à trente et un ans. Très affectée par cette disparition, Alice éprouve un chagrin dont elle ne se remettra jamais complètement[92]. D'ailleurs, à partir de ce moment, Monet, dans ses correspondances, apparaît plus soucieux de sa femme et de l'état de santé de celle-ci. Cette inquiétude le conduit à associer davantage Alice à ses voyages et à ses activités[93].
184
+
185
+ À la même période, il commence à peindre le pont japonais du bassin, prélude aux nymphéas. Il érige également un second atelier à côté de sa demeure[94].
186
+
187
+ À l'automne de 1899, il effectue, en compagnie de sa femme, le premier d'une série de trois voyages à Londres afin de rendre visite à son fils Michel qui y vit depuis le printemps. Lors de ces trois séjours qui s'étalent de 1899 à 1901, il peint une série consacrée au Parlement de Londres et dont le thème récurrent est le brouillard sur la Tamise. La réalisation de cette série se poursuit par un travail de retouches en atelier jusqu'en 1904. La série Vues de la Tamise à Londres- 1900 à 1904 est exposée en mai et juin 1904 et constitue le plus grand triomphe de la carrière du peintre jusqu'alors[95].
188
+
189
+ Le parlement, coucher de soleil.
190
+
191
+ Le parlement, reflets sur la Tamise.
192
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193
+ Le Parlement, soleil couchant.
194
+
195
+ Charing Cross Bridge.
196
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197
+ Waterloo Bridge.
198
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199
+ En 1900, les impressionnistes sont exposés à l'exposition universelle de Paris, signe de reconnaissance officielle. Leurs toiles, dont deux de Monet, sont placées dans le Grand Palais dans le cadre de l'exposition Centennale[96].
200
+
201
+ Il peint en 1901 Leicester Square, la nuit.
202
+
203
+ En 1902, Germaine Hoschedé, puis, en 1903, Jean-Pierre Hoschedé, se marient, quittant le foyer familial et plongeant Alice dans une profonde mélancolie[97]. Grâce à l'acquisition, quelques années plus tôt, d'une Panhard-Levassor[98], Monet emmène sa femme, en 1904, à Madrid, puis à Tolède, dans le but de lui redonner la joie de vivre. Durant ce séjour de trois semaines, le peintre admire les œuvres de Velasquez et du Greco[99].
204
+
205
+ En 1904, du 9 mai au 4 juin, Monet expose chez Durand-Ruel. Il présente trente sept Vues de la Tamise à Londres[100]. Malgré un succès indéniable, des voix critiques, plus réceptives aux formes géométriques imposées par Cézanne, se manifestent, rejetant la dissolution des formes dont fait preuve Monet dans ses toiles[101].
206
+
207
+ Après Londres, Monet peint surtout la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas, son étang et son pont. Du 22 novembre au 15 décembre 1900, une nouvelle exposition qui lui est consacrée se tient à la galerie Durand-Ruel. Une dizaine de versions du Bassin aux nymphéas y est présentée. Cette même exposition est organisée, en février 1901, à New York, où elle remporte un vif succès[102].
208
+
209
+ En 1901, Monet fait agrandir l'étang de sa demeure en rachetant une prairie située de l'autre côté de la Ru, le cours d'eau local. Il partage alors son temps entre travail sur nature et travail dans son atelier[103],[104].
210
+
211
+ Les toiles consacrées aux nymphéas évoluent au gré des transformations du jardin. De plus, Monet en modifie peu à peu l'esthétisme en abandonnant, vers 1905, tout repère de limite au plan d'eau et donc de perspective. Il fait également évoluer la forme et la taille de ses toiles en passant de supports rectangulaires à des supports carrés puis circulaires[105].
212
+
213
+ Toutefois, il est important de remarquer que ces toiles sont créées avec beaucoup de difficultés : Monet, en effet, passe du temps à les reprendre afin de trouver l'effet et l'impression parfaits et, quand il n'y parvient pas, n'hésite pas à les détruire. Il repousse sans cesse l'exposition de Durand-Ruel qui doit les présenter au public[106]. Après plusieurs reports depuis 1906, l'exposition, nommée Les Nymphéas, séries de paysages d'eau, finit par ouvrir le 6 mai 1909. Comprenant quarante-huit toiles datées de 1903 à 1908, cette exposition est de nouveau un succès[107].
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+ Nymphéas, 1904.
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+ Nymphéas, 1904
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+ Nymphéas, 1906.
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+ Nymphéas, 1907.
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+ À l'automne 1908, Monet et sa femme séjournent à Venise, au Palazzo Barbaro, au sein d'une élite passionnée d'art. En cette si bonne compagnie, le peintre se trouve souvent distrait et éprouve les plus grandes difficultés à travailler. Durant le mois que dure ce séjour, il ne réalise que quelques ébauches. Par conséquent, il y effectue, un an plus tard, un second séjour et réalise, cette fois, de nombreux tableaux qu'il reprendra dans son atelier[108]. Ils ne seront finalement livrés qu'en 1912 et exposés chez les frères Bernheim-Jeune[99].
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+
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+ Palazzo da Mula.
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+ Le Palais ducal.
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229
+ Le Grand Canal.
230
+
231
+ Saint-Georges Majeur au crépuscule.
232
+
233
+ Malgré le succès, le début de l'année 1909 est difficile. En effet, Alice est tombée malade en rentrant de Venise et passe tout le mois de janvier alitée. Les mois passent sans que son état s'améliore significativement. Elle finit par s'éteindre le 19 mai 1911[109].
234
+
235
+ Monet traverse alors une période difficile durant laquelle sa santé devient plus fébrile et au cours de laquelle il alterne les moments euphoriques et de découragement complet. Il consacre son temps aux toiles de Venise et, malgré les réticences liées à la qualité de son travail, en expose vingt-neuf à la galerie Bernheim, du 28 mai au 8 juin 1912. Devant le succès rencontré, l'exposition est prolongée[110].
236
+
237
+ En 1912, une double cataracte est diagnostiquée chez le peintre. En 1914, il a la douleur de perdre son fils Jean des suites d'une longue maladie[Laquelle ?][111].
238
+
239
+ C'est à cette période que germe l'idée de réaliser un ensemble de panneaux décoratifs sur le thème des Nymphéas. Monet, encouragé par Clemenceau, retrouve l'envie de travailler en pleine Guerre mondiale. Afin de parvenir à ses fins, il fait construire pendant l'été 1915 un vaste atelier conçu spécialement pour accueillir ces grandes toiles. Il imagine d'abord les présenter dans une salle circulaire (forme de présentation envisagée depuis au moins mai 1909[112]), puis abandonne l'idée au profit d'une salle elliptique. Ce projet l'occupe jusqu'à la fin de sa vie.
240
+
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+ Grande décoration, entre 1914 et 1926.
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+
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+ En novembre 1918, il offre à Clemenceau deux panneaux décoratifs qu'il a signés le 11, jour de l'armistice et de la fin de la Première Guerre mondiale. C'est, selon le peintre, la seule manière qu'il ait de prendre part à la victoire[113].
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+
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+ En novembre 1919, Clemenceau lui conseille de se faire opérer des yeux[114].
246
+
247
+ Claude Monet dans son jardin vers 1917, autochrome de Clémentel
248
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+ En décembre de cette même année, il perd son ami Pierre Auguste Renoir.
250
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251
+ Monet est devenu entre-temps une personnalité respectée de tous. Son 80e anniversaire en 1920, prend ainsi une allure d'événement national que le Président du Conseil des ministres Georges Leygues se propose d'honorer de sa présence, en vain[114].
252
+
253
+ En avril 1922, un acte notarié est signé pour le don de dix-neuf panneaux qui devront être livrés dans les deux ans qui suivent. Un décret paraît également au Journal officiel du 23 juin de la même année pour signaler le don[115].
254
+
255
+ Peu de temps après, la vue du peintre se dégrade de nouveau. Bien que ses proches et Clemenceau l'exhortent à se faire opérer, Monet refuse. En mai, il ne peut presque plus travailler. Tous ses essais pour commencer une nouvelle toile se soldent par un échec[115].
256
+
257
+ Après de longues tergiversations, Monet finit par accepter avec réticence l'opération de l'œil droit réalisée par le docteur Charles Coutela le 10 janvier 1923. Après deux autres opérations réussies, Monet voit certes mieux mais sa perception des couleurs est altérée. En plus du port de lunettes, l'opération de l'œil gauche est préconisée, mais Monet la refuse catégoriquement.
258
+
259
+ À cette période, il retouche sans aucun répit les grandes décorations. L'échéance approchant, il pense, à plusieurs reprises, ne pas pouvoir la respecter et revient sur sa parole de donation. Mais Clemenceau veille et n'hésite pas à se quereller avec son ami[116],[117].
260
+
261
+ Pour l'installation des grandes décorations, plusieurs possibilités sont étudiées. On pense d'abord les exposer à l'hôtel Biron, où l'architecte Paul Léon doit réaliser une nouvelle construction spéciale dans les jardins, mais finalement la décision est prise en mars 1921 de les exposer à l'Orangerie. L'architecture revient alors à Camille Lefèvre[118].
262
+
263
+ Monet obtient, malgré les réticences de Clemenceau, un délai supplémentaire d'un an pour la livraison des panneaux. Par ailleurs, le peintre fait régulièrement évoluer son œuvre, obligeant l'architecte à revoir sans cesse l'installation prévue pour l'exposition[117].
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265
+ C'est à cette période qu'il peint certains des tableaux de la série du Pont japonais, qui choque le goût de l'époque.
266
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267
+ Affaibli par un travail incessant, Monet contracte une infection pulmonaire qui le cloue au lit en 1926. Atteint d'un cancer du poumon[119], il meurt le 5 décembre vers une heure de l'après-midi[120].
268
+
269
+ Les dix-neuf panneaux sont remis par son fils, Michel, à la direction des Beaux-Arts. Camille Lefèvre termine l'installation des deux salles elliptiques sous la supervision de Clemenceau. L'exposition ouvre ses portes le 17 mai 1927 sous le nom de musée Claude Monet[121].
270
+
271
+ Lors de l'enterrement, Clemenceau dans un geste élégant enleva le drap funéraire recouvrant le cercueil de son ami, s'écriant : « Non ! Pas de noir pour Monet ! Le noir n’est pas une couleur ! »[122], lui substituant une « cretonne ancienne aux couleurs des pervenches, des myosotis et des hortensias »[123],[notes 8]. Puis Clemenceau suivit le convoi vers le cimetière de l’église Sainte-Radegonde de Giverny où Monet fut enterré, et s'écroula en pleurs[124].
272
+
273
+ Les grandes décorations sont installées à l'Orangerie au cours des premiers mois de 1927. Son fils Michel hérite de l'intégralité des propriétés de Claude. En 1966, quand il se tue dans un accident de voiture, ses toiles reviennent à son légataire universel : le musée Marmottan[125].
274
+
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+ Claude Monet épouse en premières noces le 28 juin 1870, à Paris, Camille Doncieux (1847-1879), avec laquelle il a deux enfants :
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+ Claude Monet n’a donc aucune postérité.
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+ Il épouse en secondes noces le 16 juillet 1892 Alice Hoschedé (1844-1911), qui a six enfants de son premier mariage avec Ernest Hoschedé ; ces six enfants ne sont pas de Claude Monet (sauf peut-être le dernier, Jean-Pierre), mais il les élève :
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+ Claude Monet a déménagé à de nombreuses reprises avant de s'installer définitivement à Giverny. La carte ci-contre présente les principaux lieux :
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+ Par ailleurs, Monet a beaucoup voyagé pour peindre. Outre les séjours dans sa famille au Havre et dans ses environs, il a peint à :
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+ Monet se rend également à Madrid, en 1904, mais n'y peint pas[127].
286
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+ Monet laisse se répandre l'idée qu'il ne peint que sur nature. Ainsi en avril 1880 devant un journaliste lui demande à voir son atelier il s'exclame : « Mon atelier ! Mais je n'ai jamais eu d'atelier, moi, je ne comprends pas qu'on s'enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui : pour peindre, non ». Il désigne ensuite la Seine, les collines et Vétheuil et dit : « Voilà mon atelier à moi[57] ! »
288
+
289
+ Daniel Wildenstein tient à rétablir la vérité : Monet a bel et bien terminé de nombreuses de ses toiles en atelier, du Déjeuner sur l'herbeLe Déjeuner sur l'herbe (Monet)[23] en passant par Les Glaçons[57], puis toutes les Cathédrales[87], les vues de Londres, de Venise et les Nymphéas. La construction d'ateliers en 1899[94] et 1915, attestée par des photographies et les permis de construire, ne viennent que confirmer l'évidence[114].
290
+
291
+ Certes Monet ne travaille pas de mémoire, il utilise en fait les autres toiles d'une série pour se remémorer le motif en atelier. Il semble qu'il utilise aussi parfois des photographies, comme pour finir les toiles de Londres[99].
292
+
293
+ Monet est très travailleur, il travaille souvent « comme un forcené », ou avec une « ardeur décuplée[62] » et en plein air par tous les temps, étonnant par son endurance[145]. À Étretat, il n'hésite pas à s'aventurer avec tout son matériel dans le sentier de la valleuse de Jambourg qui descend du sommet des falaises à leurs pieds pour peindre sous un meilleur angle et, à Belle-Île, il fait fi de la tempête pour aller travailler[66].
294
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295
+ Souvent ce mode de travail l'exténue, et Monet connaît des alternances de périodes très assidues avec des périodes de démoralisation, où il pense « tout planter là[59],[66],[62] ». Il profite en général de la période hivernale pour se reposer[114].
296
+
297
+ Monet est en outre un éternel insatisfait. À propos des Meules, il déclare : « Plus je vais, plus je vois qu'il faut beaucoup travailler pour rendre ce que je cherche[76] ». Monet gratte ou détruit parfois ses toiles. Ainsi en revenant dans le pays de Caux après un séjour à Paris début 1882, il gratte deux toiles[62]. Particulièrement à la fin de sa carrière, il détruit de nombreuses toiles : trente en 1907. Il explique : « Je dois veiller à ma réputation d'artiste pendant que je le puis. Lorsque je serai mort, personne ne détruira un seul de mes tableaux, quelque mauvais soit-il[99] ». Dans cette logique, peu avant sa mort, il fait détruire par sa belle-fille Blanche de nombreux tableaux[120].
298
+
299
+ Vers la fin de sa vie son emploi du temps devient très réglé, comme à Londres[146]. En 1908, la journée estivale est divisée comme suit : la matinée et début de l'après-midi séparés par le déjeuner sont occupés par le travail, ainsi que la fin de journée. De trois à cinq voire six heures, Monet effectue une pause où il reçoit ses invités. La fermeture des nénuphars est la cause de cette interruption. Le travail au soir permet de capter des effets de fin de jour[99].
300
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301
+ Début 1893, la construction du bassin aux nymphéas correspond à un accroissement de l'intérêt de Monet pour le jardinage. Ainsi, il rend visite à M. Varenne, directeur du jardin des plantes de Rouen. Il achète également de nombreuses plantes aux jardiniers de Rouen[87]. Monet est assurément plus homme des champs qu'intellectuel[147]. À propos du jardinage, Monet déclare : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture — et aussi son jardin et ses fleurs[148] ».
302
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303
+ Monet n'aurait, d'après ses admirateurs, pas eu recours aux croquis ni aux aquarelles, ce qui semble bien erroné puisque de nombreux carnets de croquis et de dessins préparatoires sont présentés sur le site du musée Marmottan pour la série de la « Gare St Lazare », sur la Base-Joconde des musées de France pour la série « Étretat » ou des barques et bateaux, ou encore le Sterling and Francine Clark Art Institute de Williamstown qui ont présenté dessins et pastels préparatoires[notes 9]. Monet utilise également la photographie qu'il pratique, pour les séries sur Londres et Venise. Pour le peintre, le premier contact avec le motif revêt une importance primordiale. Il prend le pinceau en main. « Il commence brusquement à couvrir [une toile blanche] de plaques de couleurs qui correspondent aux taches colorés que lui donne la scène naturelle entrevue ». Dès la première séance, la toile doit être couverte autant que possible sur son étendue. Sur une toile ébauchée, Monet peint à « pleine pâte, sans mélange, avec quatre ou cinq couleurs franches, en juxtaposant ou superposant les tons crus[66] ». Monet renonce d'ailleurs aux bases sombres dès 1865[130]. Ainsi, une étude à laquelle Monet a travaillé une fois est revêtue de traits épais d'environ un demi centimètre et distants l'un de l'autre de deux centimètres, lesquels sont destinés à fixer l'aspect de l'ensemble. Le lendemain, revenu sur les lieux, il ajoute à la première esquisse et les détails s'accentuent, les contours se précisent. Ainsi, sur une toile qui a bénéficié de deux séances, les traits sont nettement plus rapprochés et le sujet commence à prendre forme. Un tableau doit être poussé aussi loin que l'artiste le juge nécessaire, lui seul pouvant déterminer le moment à partir duquel il est impossible d'aller plus loin. Il accorde aussi beaucoup d'importance aux détails[74],[57].
304
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305
+ Ses tableaux comme Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, ou harmonie rose révèlent plus de 70 000 touches par mètre carré[149].
306
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307
+ À partir du temps de séries, Monet recherche les effets dans ses toiles. Il travaille sur plusieurs toiles en parallèle. Déjà en 1885, Maupassant note que « il allait, suivi d'enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six toiles représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. Il les prenait et les quittait tour à tour, suivant les changements du ciel[66]. » Il ne travaille que quand il a son effet[76]. Cette méthode se développe avec le temps, pour les vues de Londres il peint sur plus de quinze toiles en parallèle, les vingt-deux toiles des Grandes décorations sont peintes aussi en même temps[150].
308
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309
+ Boudin est la première influence de Monet en l'initiant aux paysages[7]. Son ami Johan Barthold Jongkind a certainement également influencé ses premières années[14]. Charles Gleyre lui enseigne par la suite la peinture de manière structurée[16]. Les membres du groupe des impressionnistes constitué de Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Camille Pissarro s'influencent sans aucun doute mutuellement, comme c'était le cas avec son camarade Frédéric Bazille auparavant[151]. On sait également, que Claude Monet appréciait le travail d'Eugène Delacroix[21]. Lors de son voyage à Londres, il va voir les œuvres de Turner et John Constable qui l'ont certainement marqué[132]. Édouard Manet échange aussi avec Monet lors de son séjour à Argenteuil[74].
310
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311
+ La peinture de Monet est influencée par l'art japonais. Il porte ainsi un intérêt particulier aux estampes peintes par Hiroshige et Hokusai[45]. Il réalise d'ailleurs la Japonaise en 1875, un tableau dont la facture tranche diamétralement avec ses autres œuvres[49]. Le 1er février 1893, Monet se rend à une exposition organisée par Durand-Ruel : elle est consacrée aux estampes d'Outamaro et de Hiroshige. Ce rendez-vous revêt pour lui une grande importance car il s'accorde parfaitement avec son cheminement artistique à la même époque[85]. Sa salle à manger de Giverny est par ailleurs décorée avec des estampes japonaises[87]. Enfin, une autre série de peintures qui dénote l'influence du Japon sur son art est paradoxalement celle ayant pour sujet des paysages norvégiens, notamment avec des vues du pont de Løkke, puisque ce coin de Sandviken lui faisait penser à « un village japonais ». Le mont Kolsås lui faisait en fait « songer au Fujiyama[87] ».
312
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313
+ Monet désirait saisir le réel dans « la mobilité de ses lumières changeantes ». Son intérêt se porte sur les effets de lumière qui changent suivant les heures et les saisons. L’évolution de l’industrie donnera à Monet un nouvel essor pour ses paysages, c’est à travers l’urbanisation que le genre se renouvellera. Par exemple, il peint en 1877 La Gare Saint-Lazare. À cette époque, ces lieux étaient considérés comme utile et sans valeur esthétique. Monet s’exerce à représenter aussi bien des paysages que des portraits. Toutefois il reste dans l’optique de montrer la lumière et de restituer les sensations premières. Pour ce faire, il réfléchit à la mise en scène qui pourrait représenter au mieux la mouvance de la lumière. La répétition du motif n’est qu’un prétexte pour le peintre, l’objet représenté importe bien moins que l’évolution du sujet au cours des heures.
314
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315
+ Claude Monet a eu un début de carrière difficile sur le plan financier. Si les premières années sa tante Lecadre lui vient en aide, dès 1864, il doit demander de l'aide à Bazille. Monet commence alors à accumuler les dettes, ne serait-ce que pour acheter son matériel de peinture[21]. Monsieur Gaudibert par ses commandes lui vient en aide notamment en 1868[27]. L'arrivée à Argenteuil fin 1871, marque le début d'une situation financière meilleure, causée par l'héritage de son père et la dot de sa femme[45]. Toutefois l'arrêt des achats de Durand-Ruel en 1874 correspond à un retour des soucis d'ordre pécuniaire. Rapidement le loyer devient un problème, les dettes s'accumulent[136]. Il doit sa survie à l'aide de Manet[136], du docteur Bellio, de Gustave Caillebotte et d'Ernest Hoschedé[152].
316
+
317
+ Malgré ses difficultés financières, Monet est assez dispendieux. À Argenteuil, il dispose ainsi de deux domestiques auxquels s'ajoute un jardinier. Il consomme également abondamment du vin. Enfin, une somme de 240 francs à Pleyel et Wolff pourrait représenter l'acquisition d'un instrument de musique ou la location d'un piano[153]. En arrivant à Vétheuil, les Hoschédés gardent leurs domestiques malgré leur faillite[53].
318
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319
+ Monet a l'habitude de faire patienter ses créanciers. Par conséquent, des huissiers viennent souvent lui rendre visite, parfois pour des dettes contractées plusieurs années avant[154]. Ainsi en 1885, il est menacé de saisie pour une affaire jugée en 1875[66].
320
+
321
+ En 1879, il dépend quasiment intégralement des aides Caillebotte pour sa survie. Pourtant, les Hoschedé continuent à avoir des domestiques[53]. À Vétheuil également les créanciers défilent[57]. En 1881, malgré la progression des revenus, Monet ne peut s'acquitter de son loyer et cumule en décembre 2 962 francs[59]. En 1887, il possède des actions, ce qui indique qu'il épargne[66]. En 1890, il achète la maison de Giverny et, l'année suivante, il prête de l'argent à Pisarro, les dures années sont derrière lui[76].
322
+
323
+ Par la suite, il connaît un certain embourgeoisement avec notamment l'achat d'une voiture[99]. Durand-Ruel résume en déclarant que « Monet fut toujours un jouisseur[114] ».
324
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325
+ Monet n'est pas toujours très généreux. Ainsi, à Bordighera, alors que son hôte M. Moreno l'invite dans les jardins de sa villa, les jardins Moreno, assume les frais de chemin de fer et paie le restaurant, Monet lui offre en échange… une pomme[64]. Il ne se montre pas plus généreux envers Rollinat ou E. Mauquit qui l'accueillent respectivement dans la Creuse et à Rouen[155]. Ses amis Boudin ou Pissaro ne sont pas mieux lotis[156].
326
+
327
+ Ce n'est qu'à partir de 1910 qu'il semble détendre les cordons de sa bourse. Cette année-là, non seulement il offre une Tamise à Charing Cross pour les sinistrés de l'inondation, mais, en plus, il vend à la ville du Havre trois tableaux pour 3 000 francs[109]. La donation de grandes décorations à l'État confirme ce changement de mentalité chez le peintre[114].
328
+
329
+ Le caractère de Monet n'est pas toujours facile. Il a ainsi une certaine réputation de sauvagerie[127], Clemenceau le nomme son « vieux hérisson sinistre[164] ». Claude Monet est certes capable d'élans généreux comme de colères brutales, mais il préfère aux positions extrêmes la solution de compromis et d'équilibre. C'est, en somme, un conciliateur, un modéré qui laisse de propos délibéré les attitudes héroïques à d'autres[165].
330
+
331
+ Il est un peu ingrat. Ainsi, lors de ses premières participations au salon en 1865 et 1866, Monet ne déclare pas Gleyre comme étant son maître, alors que cela est recommandé. Pourtant le vieil homme, membre du jury en 1866, n'a pas la dent dure et défend le premier[23]. La principale victime de ce trait de caractère est, sans conteste, Durand-Ruel qui, alors qu'il l'a fait vivre pendant de nombreuses années, se voit souvent concurrencer par d'autres marchands d'art, comme Georges Petit, fin 1885 ou en 1888. Durand-Ruel a beau n'être nullement rancunier et faire mille preuves de dévouement[66],[146], cela ne l'empêche pas de recevoir un mandat de 75 francs en 1897[166].
332
+
333
+ Claude Monet est exposé dans les plus grands musées du monde : au MoMA[169], à la National Gallery of Art[170], à la National Gallery[171], au musée Thyssen-Bornemisza[172], au Rijksmuseum[173] et à la Neue Pinakothek[174]. Quelques œuvres sont également exposées au musée national des beaux-arts d'Alger.
334
+
335
+ En France, le musée Marmottan-Monet possède la plus importante collection publique d'œuvres de Claude Monet. Le musée de l'Orangerie expose les grandes décorations conformément à la volonté de l'artiste. Le musée d'Orsay possède également une importante collection de ses tableaux.
336
+
337
+ En région, le musée d’art moderne André-Malraux au Havre expose notamment les œuvres Soleil d'hiver à Lavacourt, Le Parlement de Londres ou encore une œuvre de la série des Nymphéas[175].
338
+
339
+ Par ailleurs, la maison du peintre à Giverny et son jardin sont préservés et ouverts au public par la Fondation Claude Monet[176].
340
+
341
+ Les tableaux de Claude Monet sont très disputés aux enchères. Relativement peu sont en vente : en 2004 il y a eu 26 ventes, 22 en 2005 et 28 en 2006. Parmi les ventes connues, on dénombre :
342
+
343
+ En 2008, ses peintures ont établi deux records :
344
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+ En 2018, un nouveau record est établi :
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+ Claude semble avoir partiellement inspiré le roman de Zola L'Œuvre de 1886[66]. Marcel Proust est également inspiré par le travail de Monet et admire fortement les impressionnistes. Dans le roman Jean Santeuil, Claude Monet est plusieurs fois évoqué, un collectionneur de Rouen achetant ses toiles, tout comme dans Sodome et Gomorrhe[185].
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+ Il est également cité à plusieurs reprises dans le roman intitulé Aurélien de Louis Aragon (1944 pour la seconde édition), notamment lorsque les personnages font une sortie à Giverny pour le rencontrer car Rose Melrose souhaite qu'il fasse son portrait.
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+ L'écrivain belge Stéphane Lambert a consacré deux livres à Claude Monet : L'Adieu au paysage : les Nymphéas de Claude Monet (éditions de la Différence, 2008) et Monet, impressions de l'étang (éditions Arléa, 2016).
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+ Autres romans faisant référence au peintre :
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+ Adrien Goetz, Intrigue à Giverny : roman, Paris, Grasset, 2 avril 2014, 304 p., 21 cm (ISBN 978-2-246-80435-2).
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+ Claude Monet est représenté par plusieurs de ses amis du groupe impressionniste. Ainsi Auguste Renoir, le peint trois fois, Édouard Manet deux fois au travail sur son bateau-atelier, John Singer Sargent deux fois un portrait de profil et à l'orée d'un bois au travail. Frédéric Bazille, le représente alité et blessé ou dans l'atelier des Batignolles.
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+ Bazille, L'Ambulance improvisée, 1865.
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+ Monet lisant, par Renoir, 1872.
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+ Monet peignant dans son jardin en 1873 par Renoir
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+ Pierre-Auguste Renoir, Portrait de Monet, 1875.
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+ Claude Monet peignant dans son atelier de Manet en 1874.
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+ John Singer Sargent, Monet peignant à l’orée d'un bois, 1885.
370
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+ En 1915, Sacha Guitry le présente parmi d'autres dans le film Ceux de chez nous[114].
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+ Le Monet de la peinture La Seine à Argenteuil de 1873 inspire le titre du film Vanilla Sky de 2001.
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+ Claude Monet à Giverny, la maison d'Alice, film de Philippe Piguet (52 minutes) produit par Bix Films pour France 5 et la Réunion des Musées nationaux[186].
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+ Une rose panachée de rose et de jaune a été baptisée de son nom par la maison Delbard en 1992, la rose Claude Monet.
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+ Sont nommés en son honneur l'astéroïde (6676) Monet[187] et le cratère mercurien Monet[187].
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+ Claude Monet, né (sous le nom d'Oscar-Claude Monet) le 14 novembre 1840 à Paris et mort le 5 décembre 1926 à Giverny, est un peintre français et l’un des fondateurs de l'impressionnisme.
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+ Il commence sa carrière d'artiste en réalisant des portraits à charge des notables de la ville du Havre. En 1859, il part pour Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. En 1866, il connaît le succès au Salon de peinture et de sculpture grâce à La Femme en robe verte représentant Camille Doncieux qu'il épouse en 1870. Il fuit la guerre de 1870 à Londres, puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera sa principale source de revenus, pendant le reste de sa carrière. Revenu en France en 1871, il participe à la première exposition des futurs impressionnistes, en 1874.
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+ En 1876, il rencontre Ernest Hoschedé, un mécène qui va rapidement faire faillite. La mort de Camille en 1879 et les nombreuses absences d'Ernest, conduisent au rapprochement de Monet et d'Alice Hoschedé. En plus de peindre intensivement la Seine, Claude se rend régulièrement sur la côte normande pour peindre. En 1883, lui, ses deux enfants et la famille Hoschedé emménagent définitivement à Giverny. C'est à partir de cette période que prennent fin ses ennuis financiers
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+ À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. Il commence par Les Meules, puis enchaîne successivement Les Peupliers, la série des Cathédrales de Rouen, celle des Parlements de Londres et Les Nymphéas de son jardin, qu'il décline en grand format pour peindre de grandes décorations. La fin de sa vie est marquée par la mort d'Alice et par une maladie, la cataracte, qui affecte son travail. Il s'éteint à 86 ans d'un cancer pulmonaire.
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+ Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres.
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+ D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet est un grand travailleur qui n'hésite pas à défier les éléments pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ? »
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+ Claude Monet est né le 14 novembre 1840 au 45, rue Laffitte dans le IXe arrondissement de Paris. Il est le second fils d’Adolphe et Louise-Justine Monet, née Aubrée, après Léon Pascal, dit Léon (1836-1917)[1]. Baptisé sous le nom d'Oscar-Claude à l'église Notre-Dame-de-Lorette de Paris, au début de l'année 1841, il est appelé « Oscar » par ses parents[2]. Il aime à dire plus tard qu’il est un vrai Parisien. Ses parents sont tous deux nés à Paris, tandis que ses grands-parents y étaient déjà installés aux environs de 1800. La famille, grands-parents paternels compris, s’installe au Havre en Normandie vers 1845, l'année de ses cinq ans. Ce déménagement est certainement provoqué par la situation financière précaire dans laquelle se trouve alors Claude Adolphe[3]. L'influence de la demi-sœur de ce dernier, Marie-Jeanne Lecadre, née Gaillard, épouse et fille de commerçants havrais, y est aussi certainement pour quelque chose[4]. C'est elle qui, à la suite de la mort de Louise-Justine Monet survenue en 1857, élève Léon et Oscar[1].
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+ Le jeune Oscar n’est pas un élève très appliqué selon ses propres dires, mais il apparaît dans les annales du collège havrais situé rue de la Mailleraye, qu’il fréquente à partir du 1er avril 1851 comme « une excellente nature très sympathique à ses condisciples ». De manière précoce, il développe un goût pour le dessin et il suit avec intérêt le cours d’Ochard, un ancien élève de David. Ses premiers dessins sont des « portraits-charges » de personnages (professeurs, hommes politiques) dont Monet « enguirlande la marge de ses livres... en déformant le plus possible la face ou le profil de ses maîtres » selon ses propres termes[5]. Il fait déjà des croquis de bateau et des paysages en « plein air » sur le motif[5].
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+ Le 28 janvier 1857, sa mère meurt et il abandonne ses études. Sa tante Jeanne Lecadre (1790-1870), qui peint elle-même à ses heures perdues, l’accueille et l’encourage à continuer le dessin. Face au succès rencontré par ses caricatures, il décide d'y apposer la signature « O. Monet » et de les vendre chez un papetier-encadreur, du nom de Gravier, ancien associé d'Eugène Boudin qui lui confie le négoce de certaines de ses toiles[6]. C’est là que Claude Monet va faire sa connaissance, vraisemblablement début 1858, rencontre déterminante pour sa carrière artistique : « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois »[7].
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+ Monet commence à peindre ses premières toiles de paysage à l'été 1858. Il en présente deux à l'exposition municipale des Beaux-Arts de la ville du Havre qui se déroule durant les mois d'août et de septembre de la même année. Ces deux toiles, fortement influencées par la technique de Boudin, sont acceptées et présentées sous le titre unique : Paysage. Vallée de Rouelles[8]. Devant ce succès, Boudin conseille à son jeune comparse de quitter Le Havre pour Paris dans le but d'y prendre des cours et d'y rencontrer d'autres artistes[7].
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+ Claude Monet arrive à Paris en avril 1859 et s'installe à l'hôtel du Nouveau Monde, place du Havre[8]. Il visite immédiatement le salon qui vient d'ouvrir. Ensuite il est accueilli par Amand Gautier, un ami de sa tante Lecadre. Celle-ci lui verse une pension régulière et gère ses économies d'environ 2 000 francs accumulées grâce à la vente de dessin à charge. Son père a demandé une bourse à la ville du Havre, le 6 août 1858, mais il a essuyé un refus. Il rend également visite à Charles Lhuillier, Constant Troyon et Charles Monginot. Ces deux derniers lui conseillent d'entrer dans l'atelier de Thomas Couture, qui prépare à l'École des beaux-arts. Toutefois celui-ci refuse le jeune Monet[9]. Début 1860, probablement en février, il entre à l'Académie Suisse, située dans l'île de la Cité, que dirige Charles Suisse[10]. Il y rencontre notamment Camille Pissarro. Lors du salon de cette année, il admire tout particulièrement les œuvres d'Eugène Delacroix, l'année précédente c'était Daubigny qui attirait son attention. Ce premier séjour n'est cependant pas consacré qu'au travail. En effet, Claude passe une part non négligeable de son temps dans les cafés parisiens et plus particulièrement à la brasserie des Martyrs, alors haut lieu des rencontres entre auteurs et artistes[11],[12].
26
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+ Le 2 mars 1861, Monet est tiré au sort au Havre pour être conscrit. Certes, sa famille aurait pu payer l'exonération de 2 500 francs, mais celle-ci est liée à son renoncement à la carrière d'artiste pour reprendre les affaires familiales. Monet s'y refuse et intègre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique le 29 avril 1861 et va stationner à Mustapha en Algérie[12]. Début 1862, il contracte la fièvre typhoïde à Alger et est autorisé à rentrer au Havre durant l'été. Sa tante, Jeanne Lecadre, accepte de le faire sortir de l'armée et de payer les quelque 3 000 francs que coûtent l'exonération, à condition qu'il prenne des cours d’art à l’académie. Il quitte donc l’armée, mais n’aime pas les styles traditionnels de peinture enseignés à l’académie. En revanche, malgré les expériences pouvant paraître déplaisantes qu'a vécues Monet en Algérie, il en retient un bon souvenir en général. Il dit en effet à Gustave Geffroy : « Cela m'a fait le plus grand bien sous tous les rapports et m'a mis du plomb dans la tête. Je ne pensais plus qu'à peindre, grisé que j'étais par cet admirable pays, et j'eus désormais tout l'assentiment de ma famille qui me voyait si plein d'ardeur[13]. » En 1862, il se lie d’amitié avec Johan Barthold Jongkind et retrouve Eugène Boudin, lors de son séjour à Sainte-Adresse[14].
28
+
29
+ La même année en 1862, il commence à étudier l’art dans l’atelier de l’École impériale des beaux-arts de Paris dirigé par Charles Gleyre à Paris, grâce aux recommandations de son cousin par alliance Auguste Toulmouche[15]. Mais il finit par quitter rapidement l'atelier de son maître, étant en désaccord avec celui-ci sur la manière de présenter la nature. En effet, Gleyre, dont l’art prône le retour à l'antique, privilégie une idéalisation des formes tandis que Monet la reproduit telle qu'elle est[16]. Après qu’il a déclaré à Monet : « Rappelez-vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours penser à l'antique[17],[18]. », le soir même, il réunit Frédéric Bazille, Auguste Renoir et Alfred Sisley et leur suggère, selon sa déclaration, de quitter l'atelier de Gleyre[19], ce qu'ils feront 15 jours plus tard, au printemps 1863[notes 1].
30
+
31
+ Ce passage rapide à l'École impériale des beaux-arts lui aura toutefois permis de rencontrer Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille[20] avec qui il entretient, par la suite, une importante correspondance. Au printemps 1863, devenu copiste au Louvre, Monet va, avec Bazille, peindre devant nature à Chailly-en-Bière près de Barbizon[16].
32
+
33
+ Mi-mai 1864, Monet retourne sur la côte normande et en particulier à Honfleur en compagnie de Bazille. Il réside un temps à la ferme Saint-Siméon. Frédéric retourne à Paris, tandis que Claude continue à peindre en Normandie. Fin août, il retrouve Jongkind et Boudin. De sa période honfleuraise en compagnie de ces deux peintres, Monet conservera un attachement et ils auront une influence essentielle dans la genèse de son art. C'est aussi à cette période qu'éclate une brouille avec sa famille qui le menace de lui couper les vivres. Il appelle alors pour la première fois à l'aide Bazille[21].
34
+
35
+ Fin 1864, Claude s'installe avec Frédéric dans un atelier à Paris. Il présente deux vues de l'estuaire de la Seine prises à Honfleur et à Sainte-Adresse au jury du salon de 1865 : La pointe de la Hève et Embouchure de la Seine. Acceptées par le jury, ces deux œuvres sont exposées et rencontrent un accueil positif, notamment de la part des critiques[22]. Par la suite, il peint au pavé de Chailly son Déjeuner sur l'herbe (de), une toile de grande taille (4,65 × 6 m) qui, donnée par l'artiste en désespoir de cause en 1865 et rachetée par celui-ci en 1920, restera inachevée[23].
36
+
37
+ En 1866, il rencontre Camille Doncieux, qui devient un de ses modèles. N'ayant pas pu achever le Déjeuner pour le Salon de 1866, Monet y expose La Femme en robe verte, un portrait de sa fiancée Camille, exécuté à la hâte et avec fureur en seulement quatre jours. Cette toile obtient un grand succès au salon de la même année[24] et est très acclamé, notamment par Emile Zola. Il est exposé avec une toile représentant la forêt de Fontainebleau réalisée deux ans auparavant. Monet établit ici une association entre deux œuvres radicalement opposées appartenant à deux genres distincts, qu'il cherchait à réunir dans son Déjeuner[25]. Il a également envoyé au salon un pavé de Chailly. Il peint ensuite Femmes au jardin, d'abord à Sèvres, puis à Honfleur. Cette œuvre, qui montre pour la première fois la lumière naturelle et changeante, est refusée par le jury du salon, en 1867[26] (il en est de même pour Le Port de Honfleur, autre toile présentée par Monet cette année-là). De plus, la pétition lancée par de nombreux artistes pour qu'une exposition des œuvres rejetées ait lieu est rejetée[27].
38
+
39
+ Ces refus successifs plongent Claude Monet dans une situation financière très délicate. Malgré l'achat de la toile Femmes au jardin pour 2 500 francs par Frédéric Bazille[26], Claude est plus que jamais dans la misère d'autant plus que Camille est enceinte. Il se voit donc dans l'obligation de rentrer en Normandie auprès de sa famille. Il passe l'été à peindre : La plage de Sainte-Adresse, Jetée du Havre, Terrasse à Sainte-Adresse, etc. Camille donne naissance à Jean Monet le 8 août 1867[28]. C'est l'année où il la représenta assise auprès du berceau de l'enfant dans un tableau qui était conservé en 1966 dans une collection Mellon, ainsi qu'un portrait d'eux de 1874 assis sous un arbuste de leur jardin d'Argenteuil, par Renoir[notes 2].
40
+
41
+ En 1868, une de ses deux toiles présentées, Navires sortant des jetées du Havre, est acceptée au salon. Cependant, l'accueil de cette œuvre n'est guère enthousiaste et déçoit critiques et artistes[29].
42
+
43
+ À cette époque, il se fait souvent prêter de l’argent par ses amis, au premier rang desquels Bazille. Ses tableaux sont souvent saisis au point qu’il fait une tentative de suicide au printemps 1868[30]. L'été de cette même année semble toutefois s'annoncer sous de meilleurs auspices, puisque M. Gaudibert, un riche armateur havrais, lui commande plusieurs tableaux dont le portrait de sa femme. De plus, cinq de ses toiles sont acceptées à l'exposition internationale maritime qui se tient au Havre[29]. À la fin de l'année, Claude Monet habite avec sa femme et son fils à Fécamp, sa famille refusant d'héberger la jeune femme.
44
+
45
+ En 1869, il s'installe à Bougival. Sur l'île de Croissy, en compagnie de Renoir, il peint l'établissement des bains de la Grenouillère (Bain à la Grenouillère), inventant alors la technique de peinture impressionniste[31]. Cette année-là et la suivante, toutes ses toiles sont refusées par le salon sous l'impulsion de Gérôme[27]. En dépit de sa pauvreté persistante, il épouse Camille, le 28 juin 1870, à la mairie du huitième arrondissement de Paris[32],[33],[34].
46
+
47
+ La Femme en robe verte, 1866.
48
+
49
+ Femmes au jardin, 1866.
50
+
51
+ Bain à la Grenouillère, 1869.
52
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+ Portrait de son fils Jean en bonnet à pompon , 1869
54
+
55
+ La route de Versailles à Louveciennes, effet de neige, 1870.
56
+
57
+ Le Port de Trouville, 1870.
58
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59
+ L'entrée en guerre de la France en juillet 1870 ne soulève aucun sentiment nationaliste chez Monet, pas plus que l'établissement du Gouvernement de Défense nationale. Dans ce contexte tendu, il souhaite s'éloigner de Paris qui devient de plus en plus agité. Il s'installe alors à Trouville, où il peint de nombreuses toiles en plein air comme La plage de Trouville ou Hôtel des Roches noires[35].
60
+
61
+ Frédéric Bazille qui a souvent aidé Monet, trouve la mort sur le champ de bataille, à Beaune-la-Rolande, le 28 novembre 1870. À la fin de l'année, Claude ne voulant pas servir militairement, décide de partir à Londres. Il y retrouve certaines de ses connaissances telles que Pissarro[36]. Il y admire les œuvres des peintres britanniques Turner et John Constable et est impressionné par la manière du premier de traiter la lumière, notamment dans les œuvres représentant le brouillard sur la Tamise. Ce séjour est également l'occasion de faire des rencontres : celle du peintre américain James Abbott McNeill Whistler, également influencé par Turner, avec lequel il se lie d’amitié ; et surtout celle du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera déterminante pour sa carrière. Enfin, ce séjour est également l'occasion pour Monet de peindre, les jardins londoniens et la Tamise notamment, et de faire encore évoluer sa technique, allant toujours plus loin dans le bouleversement de la tradition[37]. Désargenté, il ne peint que six tableaux en l'espace de sept ou huit mois, ce qui est très peu pour lui. Parmi ceux-ci figure le portrait de sa femme Camille, intitulé Méditation. Madame Monet au canapé, dans lequel on peut percevoir cette sorte de déprime qui animait[38]. Cependant, Monet est intéressé par la lumière et souhaite pouvoir revenir à Londres y peindre la Tamise, ce qu'il fera dans une centaine de tableaux entre 1899 et 1901[36].
62
+
63
+ Son père meurt le 17 janvier 1871. Mais Monet ne rentre pas en France et n'assiste pas aux obsèques, craignant l'accueil qui sera fait à ceux qui, comme lui, se sont soustraits à leurs obligations patriotiques[39].
64
+
65
+ Fin mai 1871, il se rend aux Pays-Bas et s'installe à Zaandam, en compagnie de Camille et Jean. Il y peint 25 toiles pendant son séjour de quatre mois[40].
66
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67
+ C'est lors d'une visite d'Amsterdam toute proche qu'il découvre des estampes japonaises dans une boutique et en commence la collection[41]. Il rentre à Paris le 8 octobre[42].
68
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69
+ En décembre 1871, Monet et sa famille emménagent dans une maison avec jardin à Argenteuil, près de la Seine[43]. L'héritage de son père et la dot de sa femme permettent d'améliorer les conditions matérielles. En outre, au cours de l'année 1872, il enregistre des achats importants de Durand-Ruel : 29 toiles au total, dont certaines sont exposées à Londres[44]; c'est également à cette époque-là qu'il fait l'acquisition de son bateau-atelier qui lui permet d'accéder à de nouveaux points de vue. C'est l'année où Renoir le représenta assis à une table lisant un livre en fumant une longue pipe[notes 3].
70
+
71
+ En décembre 1873, Durand-Ruel, victime d'ennuis financiers, doit réduire puis suspendre ses achats[45].
72
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73
+ Le 15 avril 1874, l'exposition de la Première exposition des peintres impressionnistes organisée par la Société anonyme coopératives d'artiste ouvre ses portes dans les ateliers de Nadar, au 35, boulevard des Capucines. Elle présente les œuvres des différents artistes qui se qualifieront plus tard d'impressionnistes. Y est notamment présenté un paysage du port du Havre : Impression, soleil levant. N’attirant que 3 500 visiteurs durant son mois d'ouverture, la manifestation n'a pas le succès attendu et un grand nombre de critiques et de journalistes sont hostiles[46]. Pour ajouter à cette déroute, la société se retrouve, à l'issue de la manifestation, au bord de la faillite, l'obligeant à procéder à sa dissolution[47]. Enfin, c'est à l'occasion de cette exposition que le terme impressionniste est utilisé pour la première fois de manière ironique dans une critique de Louis Leroy, du Charivari du 25 avril sur l'exposition[48].
74
+
75
+ En avril 1876, contre toute attente, a lieu la deuxième exposition dans les locaux de Durand-Ruel. Monet y expose 18 tableaux. Les critiques sont, cette fois, moins virulents ; des éloges sont même adressées à Claude Monet. À la fin de l'été de la même année, il s'installe au château de Rottembourg de Montgeron afin de travailler à la décoration de certaines de ses pièces[notes 4]. La demeure appartient à Ernest Hoschedé et à sa femme Alice, née Raingo, issue d'une riche famille d'origine belge par le père. Ils y vivent avec leurs cinq enfants[49].
76
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77
+ En 1877, il peint une série de peintures à la gare Saint-Lazare. Monet envoie 8 tableaux issus de cette série[notes 5] à la troisième exposition impressionniste. Pour la première fois, une revue, L'impressionniste, est publiée pour accompagner l'exposition et commenter les différentes œuvres présentées[50]. C'est donc également la première fois que les peintres impressionnistes reprennent à leur compte le terme impressionnisme qu'ils jugent approprié pour désigner et identifier leur style[49]. L'exposition est un succès et fait l'objet d'une approbation critique[51].
78
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79
+ Jean Monet sur son cheval à bascule, 1872.
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+ Le Pont d'Argenteuil, 1874.
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+ La Promenade, 1875.
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+ Camille sur son lit de mort, 1879.
86
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87
+ Michel Monet au pompon, 1880.
88
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89
+ Début 1878, obligé de réduire son train de vie, Monet quitte Argenteuil et s'installe provisoirement à Paris, rue d’Édimbourg. Il réussit à payer in-extremis ses créanciers afin de ne pas se faire saisir ses toiles. Le 17 mars 1878, Camille met au monde un second fils : Michel. Elle ne se remettra jamais totalement de cet accouchement, demeurant dans un état de fatigue et de faiblesse continuel. Monet, inquiet pour elle, fera souvent part de ses craintes la concernant dans ses différentes correspondances[51]. Durant cette période, Monet peint l'île de la Grande-Jatte ainsi que La Rue Montorgueil[52].
90
+
91
+ En août 1878, les Monet et les Hoschedé emménagent dans une petite maison à Vétheuil, près de Pontoise. L'ancien mécène, Ernest Hoschedé, a alors fait faillite du fait de ses spéculations sur les œuvres d'art [53]; l'ensemble de sa collection, dans laquelle figurent 16 toiles de Monet, fait l'objet d'une vente publique.
92
+
93
+ Dans le courant de l'année 1879, les soucis liés à l'argent et à la santé de Camille ont éloigné Monet des autres peintres impressionnistes ainsi que de Paris où il se rend uniquement pour écouler ses œuvres. Toutefois, il participe à la quatrième exposition du groupe des impressionnistes qui se tient, cette année-là, avenue de l'Opéra. Monet y expose 29 tableaux. Réalisés entre 1867 et 1878, ils offrent un résumé de la carrière du peintre et de son évolution artistique[54].
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95
+ Camille, encore malade, ne parvient pas à se rétablir. Pour tenter de la sauver et financer les soins dont elle a besoin, Monet brade les dernières toiles qu'il a peintes. En vain. Elle meurt le 5 septembre 1879 après de longues souffrances. Monet témoigne des derniers instants de sa femme en réalisant un portrait d'elle sur son lit de mort[53].
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97
+ La mort de Camille va se traduire chez le peintre par deux ruptures. La première est d'ordre esthétique. Elle est nettement visible dans les peintures, Débâcles et Glaçons, qu'il fait de la Seine prise dans les glaces, lors de l'hiver rigoureux de 1880 : couleurs irréelles, absence d'êtres humains, etc.[55] La deuxième rupture se fait avec les autres peintres impressionnistes. Ces derniers n'acceptent pas vraiment ce choix et publient, le 24 janvier 1880 dans les pages du Gaulois, un avis de décès de Monet : « Les obsèques de M. Claude Monet seront célébrées le premier mai prochain à dix heures du matin en l'église du Palais de l'Industrie - salon de M. Cabanel. Prière de ne pas y assister »[55]. Autre manifestation de cette seconde rupture : Monet présente deux nouvelles toiles au jury du salon, chose qu'il n'avait pas faite depuis des années. L'une des deux œuvres, une peinture du village de Lavacourt, est admise. Cependant, exposée à 6 m du sol, juste sous le plafond, elle passe plutôt inaperçue[56].
98
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99
+ Cet échec est vite oublié : le journal La Vie moderne, dirigé par Georges Charpentier, propose d'organiser une exposition qui lui est uniquement consacrée. Celle-ci ouvre le 7 juin 1880 et présente 18 tableaux. Elle est accompagnée d'un catalogue qui, outre la préface de Théodore Duret et la description des œuvres, contient un entretien de Monet avec le journaliste Émile Taboureux. Cette exposition obtient un réel succès puisque le peintre réalise suffisamment de transactions pour solder ses dettes[57],[58].
100
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101
+ À cette époque, Ernest Hoschedé étant souvent absent, Claude, à présent veuf, vit avec Alice et ses enfants. Ce mode de vie est montré du doigt par la société de l'époque[57].
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+ Toutefois, durant l'été et l'automne 1880, Monet se rend régulièrement sur la côte normande afin de travailler[59].
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+ En 1881, la situation financière s'améliore peu à peu d'autant plus que Durand-Ruel se porte régulièrement acquéreur de ses œuvres. Toutefois, en décembre de la même année, n'ayant pu s'acquitter de son loyer, il déménage avec ses deux fils, Alice et les six enfants de celle-ci pour s'installer à Poissy[60]. En vivant sous le même toit, leur concubinage devient connu de tous ; c'est une situation scandaleuse à l'époque.
106
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107
+ Le 1er mars 1882, la 7e exposition des artistes indépendants ouvre ses portes dans les salons du Reichshoffen au 251, rue Saint-Honoré. C'est la dernière exposition des impressionnistes à laquelle participe Monet[59]. Il y expose 35 tableaux parmi lesquels Fleurs de Topinambours, deux versions des débâcles sur la Seine et des vues de Vétheuil et de Poissy[61].
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109
+ Par la suite, durant l'été, puis durant l'hiver, Monet retourne sur la côte normande : d'abord à Dieppe, puis à Pourville.
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+ Le 28 février 1883, une nouvelle exposition consacrée à Monet ouvre ses portes au 9, boulevard de la Madeleine, dans les nouveaux locaux de Durand-Ruel. Les 56 tableaux exposés offrent une rétrospective complète de la carrière du peintre, des premières toiles de 1864 jusqu'aux dernières réalisées en 1882 sur la côte normande. Malgré cela, l'exposition est peu fréquentée et les ventes sont décevantes, mais les critiques dans la presse sont majoritairement positives[62].
112
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+ Désireux de quitter Poissy où il ne s'est jamais vraiment plu, Claude Monet cherche un lieu où lui et toute sa famille[notes 6] pourraient s'installer définitivement. Ses recherches le mènent à Giverny, près de Vernon en Normandie. Dans ce petit village, il trouve une « maison de paysan » au lieu-dit le Pressoir, bordée par un jardin potager et un verger, le Clos normand. L'ensemble clos de murs s'étend sur près d'un hectare. Son propriétaire, Louis-Joseph Singeot, consent à la louer et Monet et sa famille s'y installent le 29 avril 1883[63]. Locataire durant plusieurs années, Monet finira par acheter la maison et le jardin attenant en 1890 quand sa situation financière se sera améliorée.
114
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+ Fin 1883, il se rend avec Renoir sur le littoral méditerranéen. Tous les deux, ils relient Marseille à Gênes, puis rendent visite à Cézanne à L'Estaque. Après un court retour à Giverny, Monet reprend seul, dès janvier 1884, la route du Sud. Il se rend cette fois à Bordighera et à Menton[64],[65]. Émerveillé par la nature et les paysages sauvages, Monet peint une quarantaine de toiles représentant les sites les plus pittoresques tels que les vallées de Sasso ou de la Nervia.
116
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+ En novembre 1884, commence une longue amitié avec l’écrivain Octave Mirbeau, qui est désormais son chantre attitré et contribue à sa reconnaissance[66].
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+ En 1885, à l'occasion d'un déplacement sur la côte normande, à Étretat, Monet conclut un accord avec le galeriste Georges Petit : désormais, celui-ci assure l'achat et la commercialisation d'une partie des œuvres du peintre. De ce fait, l'exclusivité dont bénéficiait Durand-Ruel jusqu'alors est rompue[67]. À la fin de l'année, Monet lui annonce son souhait de ne traiter qu'avec Petit. Par ailleurs, Monet, ne souhaitant pas dépendre totalement des galeristes, entretient et développe son réseau de collectionneurs[68].
120
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+ En 1886, malgré la rupture entre les deux hommes, Paul Durand-Ruel ouvre les portes du marché américain à Monet en nouant des liens avec l'American Art Association (en): la reconnaissance officielle qu’il obtient outre-Atlantique a pour contrecoup de développer le marché de l’art impressionniste en France dans les années 1890.
122
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123
+ Toujours la même année, Monet retourne aux Pays-Bas, sur invitation du baron d'Estournelles de Constans, secrétaire d'ambassade auprès de la Légation française à la Haye. Durant ce séjour, il découvre les champs de tulipes qu'il peint à plusieurs reprises (À Sassenheim, près de Haarlem, champ de tulipes ou Champ de tulipes en Hollande)[69]. En fin d'année, à la recherche de motifs originaux, il décide d'aller peindre à Belle-Île-en-Mer. Il y réalise une quarantaine de toiles dont les sujets majeurs sont les Aiguilles de Port-Coton (Les Pyramides de Port-Coton, mer sauvage), et la baie de Port Dormois, en particulier la Roche Guibel[70]. Il y est interrogé par Gustave Geffroy, critique au journal la Justice, dirigé par Clemenceau. Il devient un des plus fervents admirateurs du peintre.
124
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+ Début 1888, il retourne sur la Côte d'Azur, au château de La Pinède, à Antibes. Il y réalise une trentaine de toiles fortement inspirées par l'estampe japonaise. Dix d'entre elles sont vendues à Théo van Gogh et présentées, l'année suivante, à la galerie Boussod, Valadon et Cie où elles rencontrent un fort succès[71].
126
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127
+ En février 1889, il se rend dans la Creuse chez Maurice Rollinat en compagnie de Geffroy et de quelques amis. Il rentre pour assister à l'inauguration de la quatrième exposition universelle parisienne où il expose trois toiles, puis retourne dans la Creuse, dès le mois de mars, seul cette fois. Durant ce séjour, il peint environ une vingtaine de toiles dont neuf ont pour motif le ravin de la Creuse[72].
128
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+ En juin 1889, Auguste Rodin et Claude Monet exposent conjointement « Rien que vous et moi » dans la galerie parisienne de Georges Petit. Cette exposition réunit 145 peintures et 36 sculptures et bénéficie d'un catalogue où apparaissent une notice consacrée à Rodin par Geffroy et une consacrée à Monet par Mirbeau. Le peintre offre une véritable rétrospective de sa carrière allant de La Pointe de la Hève en 1864 jusqu'aux dernières toiles de 1889. Si les commentaires élogieux concernent davantage Rodin que Monet, et si ce dernier reste parfois contesté, l'exposition préfigure ses futurs succès[66],[73].
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+ En 1889, Monet s'implique totalement dans l'obtention des souscriptions nécessaires à l'achat de l'Olympia de Manet et en fait don au Louvre. Les difficultés et les oppositions auxquelles il a dû faire face pour mener à bien cette transaction l'ont tenu éloigné longtemps de ses pinceaux : le retour à la peinture est donc des plus difficiles. C'est à cette occasion qu'il opère un tournant dans sa carrière en s'attelant aux séries[74],[75].
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+ Mer agitée à Étretat, 1883.
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+ Le Manneporte à Étretat, 1886.
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+ Étretat sous la pluie, 1886.
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+ Creuse, soleil couchant, 1889.
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+ L'année 1890 est une année charnière dans la vie de Monet. Les voyages de travail deviennent alors beaucoup plus rares. Il vient le temps des séries, genre pictural connu de son ami Boudin, et dont l’idée s'était imposée peu à peu avec les gares Saint-Lazare, puis par exemple en 1886 avec les deux Essais de figure en plein-air (la Femme à l’ombrelle tournée vers la droite et la Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche), les Rochers de Belle-Île la même année et surtout La Petite Creuse en 1889, lors de son séjour à Fresselines. Cette période commence à proprement parler fin 1890 avec Les Meules, série composé de plus d'une vingtaine de versions. Ces imposants gerbiers de blé se trouvent proche de son domicile. Il a commencé à en peindre en 1888, mais l'année 1890 marque véritablement le début de la répétition inlassable du même motif à la recherche d'effets différents. Cet enracinement est confirmé par l'achat du clos de Giverny en automne 1890 pour 22 000 francs[76].
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+ Meules, milieu du jour.
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+ Meules, soleil couchant.
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+ Meules, effet de neige, temps couvert.
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+ Fin 1890, Ernest Hoschedé, malade, est alité. Alice, sûrement prise de remords, vient à son chevet. Il meurt le 19 mars 1891[77]. Monet achète, à la demande de ses beaux-enfants, une concession dans le cimetière de Giverny afin d'y inhumer Ernest Hoschedé[78].
150
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151
+ À peine deux mois plus tard, le 4 mai 1891, une exposition consacrée à Monet ouvre ses portes dans la galerie parisienne de Durand-Ruel. Intitulée Œuvres récentes de Claude Monet, elle propose, entre autres, quinze toiles des Meules. Dans le catalogue, chacune de ces toiles porte le titre Meules, mais avec, à chaque fois, une précision temporelle. Les peintures ainsi que ce détail de présentation remportent un vif succès critique, notamment auprès des journalistes[79].
152
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153
+ En 1891, Monet suit le cours de l'Epte à la recherche d'un nouveau motif pouvant faire le sujet d'une série : Les Peupliers. Il y travaille de la fin du printemps à la fin de l'automne. Le 8 octobre 1891, il paie le marchand de bois afin de retarder l'abattage de ces arbres qui se trouvaient à Limetz[80],[81].
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155
+ Immédiatement terminée, cette série suscite l'intérêt des marchands et des galeristes : Maurice Jouant, achète, pour la galerie Boussod et Valadon plusieurs toiles ; Durand-Ruel fait l'acquisition de sept d'entre elles pour 28 000 francs et crée une exposition uniquement consacrée à cette série[82].
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+
157
+ Les peupliers, sous le soleil
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+ Les peupliers, dans le vent.
160
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161
+ Les Peupliers, trois arbres roses, automne.
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+ En 1892, Monet cherche un nouveau sujet qui puisse faire l'objet d'une série et qui ne soit pas un élément naturel. Son choix se porte sur la cathédrale de Rouen. Ses premiers travaux, qu'il réalise depuis la maison de Fernand Lévy, située en face de la cathédrale, ne se déroulent pas comme il le souhaite. Lorsqu'il revient à Giverny en avril, mécontent, il refuse d'en montrer les résultats à quiconque, à l'exception de ses plus fidèles amis. Il passe le reste de l'année à reprendre l'ensemble de ses toiles dans son atelier. Il retourne à Rouen, le 16 février 1893, et se positionne à deux endroits différents, mais toujours face à l’édifice et à différentes heures du jour[83].
164
+
165
+ La même année, Suzanne Hoschedé rencontre Theodore Butler, un peintre américain. Après un temps d'hésitation, les noces sont décidées. Monet profite de l'occasion pour épouser Alice le 16 juillet, Suzanne et Théodore se mariant le 20[84].
166
+
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+ Le 5 février 1893, à Giverny, il achète un terrain partiellement marécageux et traversé par un bras de rivière. Il est situé idéalement en face de la maison en contrebas du Chemin du Roy où passe une voie de chemin de fer, ce qui fera dire à Georges Clemenceau « et en plus, il a le train chez lui ! » Dans cette maison de Giverny, il procède à de nombreux aménagements et crée le jardin d’eau et fait creuser l'étang aux nymphéas. Il s'intéresse aussi de plus en plus au jardinage comme en témoigne sa visite au directeur du jardin des plantes de Rouen[85].
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+ Il achève les vingt-huit toiles qui composent la série des cathédrales en atelier en 1894. Comme les précédentes séries, les cathédrales sont vouées au succès et Monet le sait. C'est pour cela qu'il va faire jouer la concurrence entre les galeristes, en particulier entre Paul Durand-Ruel et Georges Petit. Ce stratagème lui permet ainsi d'obtenir les meilleures conditions d'exposition et une plus grosse somme d'argent pour la vente de ces toiles.
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+ Pour la série des cathédrales, c'est Durand-Ruel qui obtient l'exclusivité de l'exposer, au prix non négligeable de 12 000 francs pour chacune des toiles. Cette exposition a lieu du 10 au 31 mai 1895 et s'intitule Œuvres récentes[86],[notes 7]. Le succès est de nouveau au rendez-vous. Parmi les nombreuses critiques des journalistes, celle de Georges Clemenceau, titrée Révolution des Cathédrales, se distingue particulièrement par la pertinence et la justesse de son analyse[87],[88].
172
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173
+ Enfin, il est à noter qu'au début de l'année 1895, c'est-à-dire avant l'exposition consacrée en partie aux cathédrales, Monet s'est rendu en Norvège, à Christiana. Il pose son chevalet notamment au lac Daeli, au mont Kolsaas, à Kirkerud ou encore à Sandviken. Il rapporte au total vingt-huit toiles qu'il ne retravaille quasiment pas, une fois revenu en France[89].
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+ Les années 1896 et 1897 vont être beaucoup plus calmes pour Monet. En effet, il se consacre davantage à ses jardins de Giverny : d'une part en poursuivant leur aménagement et d'autre part, en commençant à les utiliser comme motif de ses toiles, ce qui dura jusqu'à la fin de sa vie. Par ailleurs, il ne voyage guère, excepté pour se rendre sur la côte normande, notamment à Pourville et Varengeville où il peint La Maison du pêcheur ou La Falaise à Varengeville[90].
176
+
177
+ En 1897, Monet et sa femme voient Jean, le fils du premier, épouser Blanche, la fille de la seconde.
178
+
179
+ Dans l'affaire Dreyfus, Monet se range résolument du côté de Zola dès 1897 et lui exprime toute son admiration pour le J'accuse. Il signe notamment la pétition dite « manifeste des intellectuels » qui paraît dans le journal l’Aurore, mais refuse de s'engager dans un groupe de soutien[91].
180
+
181
+ En 1898, il apprend la mort de son ami d'adolescence, Eugène Boudin.
182
+
183
+ Le début de l'année 1899 est marqué par la mort de Suzanne à trente et un ans. Très affectée par cette disparition, Alice éprouve un chagrin dont elle ne se remettra jamais complètement[92]. D'ailleurs, à partir de ce moment, Monet, dans ses correspondances, apparaît plus soucieux de sa femme et de l'état de santé de celle-ci. Cette inquiétude le conduit à associer davantage Alice à ses voyages et à ses activités[93].
184
+
185
+ À la même période, il commence à peindre le pont japonais du bassin, prélude aux nymphéas. Il érige également un second atelier à côté de sa demeure[94].
186
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187
+ À l'automne de 1899, il effectue, en compagnie de sa femme, le premier d'une série de trois voyages à Londres afin de rendre visite à son fils Michel qui y vit depuis le printemps. Lors de ces trois séjours qui s'étalent de 1899 à 1901, il peint une série consacrée au Parlement de Londres et dont le thème récurrent est le brouillard sur la Tamise. La réalisation de cette série se poursuit par un travail de retouches en atelier jusqu'en 1904. La série Vues de la Tamise à Londres- 1900 à 1904 est exposée en mai et juin 1904 et constitue le plus grand triomphe de la carrière du peintre jusqu'alors[95].
188
+
189
+ Le parlement, coucher de soleil.
190
+
191
+ Le parlement, reflets sur la Tamise.
192
+
193
+ Le Parlement, soleil couchant.
194
+
195
+ Charing Cross Bridge.
196
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197
+ Waterloo Bridge.
198
+
199
+ En 1900, les impressionnistes sont exposés à l'exposition universelle de Paris, signe de reconnaissance officielle. Leurs toiles, dont deux de Monet, sont placées dans le Grand Palais dans le cadre de l'exposition Centennale[96].
200
+
201
+ Il peint en 1901 Leicester Square, la nuit.
202
+
203
+ En 1902, Germaine Hoschedé, puis, en 1903, Jean-Pierre Hoschedé, se marient, quittant le foyer familial et plongeant Alice dans une profonde mélancolie[97]. Grâce à l'acquisition, quelques années plus tôt, d'une Panhard-Levassor[98], Monet emmène sa femme, en 1904, à Madrid, puis à Tolède, dans le but de lui redonner la joie de vivre. Durant ce séjour de trois semaines, le peintre admire les œuvres de Velasquez et du Greco[99].
204
+
205
+ En 1904, du 9 mai au 4 juin, Monet expose chez Durand-Ruel. Il présente trente sept Vues de la Tamise à Londres[100]. Malgré un succès indéniable, des voix critiques, plus réceptives aux formes géométriques imposées par Cézanne, se manifestent, rejetant la dissolution des formes dont fait preuve Monet dans ses toiles[101].
206
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207
+ Après Londres, Monet peint surtout la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas, son étang et son pont. Du 22 novembre au 15 décembre 1900, une nouvelle exposition qui lui est consacrée se tient à la galerie Durand-Ruel. Une dizaine de versions du Bassin aux nymphéas y est présentée. Cette même exposition est organisée, en février 1901, à New York, où elle remporte un vif succès[102].
208
+
209
+ En 1901, Monet fait agrandir l'étang de sa demeure en rachetant une prairie située de l'autre côté de la Ru, le cours d'eau local. Il partage alors son temps entre travail sur nature et travail dans son atelier[103],[104].
210
+
211
+ Les toiles consacrées aux nymphéas évoluent au gré des transformations du jardin. De plus, Monet en modifie peu à peu l'esthétisme en abandonnant, vers 1905, tout repère de limite au plan d'eau et donc de perspective. Il fait également évoluer la forme et la taille de ses toiles en passant de supports rectangulaires à des supports carrés puis circulaires[105].
212
+
213
+ Toutefois, il est important de remarquer que ces toiles sont créées avec beaucoup de difficultés : Monet, en effet, passe du temps à les reprendre afin de trouver l'effet et l'impression parfaits et, quand il n'y parvient pas, n'hésite pas à les détruire. Il repousse sans cesse l'exposition de Durand-Ruel qui doit les présenter au public[106]. Après plusieurs reports depuis 1906, l'exposition, nommée Les Nymphéas, séries de paysages d'eau, finit par ouvrir le 6 mai 1909. Comprenant quarante-huit toiles datées de 1903 à 1908, cette exposition est de nouveau un succès[107].
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+ Nymphéas, 1904.
216
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+ Nymphéas, 1904
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+ Nymphéas, 1906.
220
+
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+ Nymphéas, 1907.
222
+
223
+ À l'automne 1908, Monet et sa femme séjournent à Venise, au Palazzo Barbaro, au sein d'une élite passionnée d'art. En cette si bonne compagnie, le peintre se trouve souvent distrait et éprouve les plus grandes difficultés à travailler. Durant le mois que dure ce séjour, il ne réalise que quelques ébauches. Par conséquent, il y effectue, un an plus tard, un second séjour et réalise, cette fois, de nombreux tableaux qu'il reprendra dans son atelier[108]. Ils ne seront finalement livrés qu'en 1912 et exposés chez les frères Bernheim-Jeune[99].
224
+
225
+ Palazzo da Mula.
226
+
227
+ Le Palais ducal.
228
+
229
+ Le Grand Canal.
230
+
231
+ Saint-Georges Majeur au crépuscule.
232
+
233
+ Malgré le succès, le début de l'année 1909 est difficile. En effet, Alice est tombée malade en rentrant de Venise et passe tout le mois de janvier alitée. Les mois passent sans que son état s'améliore significativement. Elle finit par s'éteindre le 19 mai 1911[109].
234
+
235
+ Monet traverse alors une période difficile durant laquelle sa santé devient plus fébrile et au cours de laquelle il alterne les moments euphoriques et de découragement complet. Il consacre son temps aux toiles de Venise et, malgré les réticences liées à la qualité de son travail, en expose vingt-neuf à la galerie Bernheim, du 28 mai au 8 juin 1912. Devant le succès rencontré, l'exposition est prolongée[110].
236
+
237
+ En 1912, une double cataracte est diagnostiquée chez le peintre. En 1914, il a la douleur de perdre son fils Jean des suites d'une longue maladie[Laquelle ?][111].
238
+
239
+ C'est à cette période que germe l'idée de réaliser un ensemble de panneaux décoratifs sur le thème des Nymphéas. Monet, encouragé par Clemenceau, retrouve l'envie de travailler en pleine Guerre mondiale. Afin de parvenir à ses fins, il fait construire pendant l'été 1915 un vaste atelier conçu spécialement pour accueillir ces grandes toiles. Il imagine d'abord les présenter dans une salle circulaire (forme de présentation envisagée depuis au moins mai 1909[112]), puis abandonne l'idée au profit d'une salle elliptique. Ce projet l'occupe jusqu'à la fin de sa vie.
240
+
241
+ Grande décoration, entre 1914 et 1926.
242
+
243
+ En novembre 1918, il offre à Clemenceau deux panneaux décoratifs qu'il a signés le 11, jour de l'armistice et de la fin de la Première Guerre mondiale. C'est, selon le peintre, la seule manière qu'il ait de prendre part à la victoire[113].
244
+
245
+ En novembre 1919, Clemenceau lui conseille de se faire opérer des yeux[114].
246
+
247
+ Claude Monet dans son jardin vers 1917, autochrome de Clémentel
248
+
249
+ En décembre de cette même année, il perd son ami Pierre Auguste Renoir.
250
+
251
+ Monet est devenu entre-temps une personnalité respectée de tous. Son 80e anniversaire en 1920, prend ainsi une allure d'événement national que le Président du Conseil des ministres Georges Leygues se propose d'honorer de sa présence, en vain[114].
252
+
253
+ En avril 1922, un acte notarié est signé pour le don de dix-neuf panneaux qui devront être livrés dans les deux ans qui suivent. Un décret paraît également au Journal officiel du 23 juin de la même année pour signaler le don[115].
254
+
255
+ Peu de temps après, la vue du peintre se dégrade de nouveau. Bien que ses proches et Clemenceau l'exhortent à se faire opérer, Monet refuse. En mai, il ne peut presque plus travailler. Tous ses essais pour commencer une nouvelle toile se soldent par un échec[115].
256
+
257
+ Après de longues tergiversations, Monet finit par accepter avec réticence l'opération de l'œil droit réalisée par le docteur Charles Coutela le 10 janvier 1923. Après deux autres opérations réussies, Monet voit certes mieux mais sa perception des couleurs est altérée. En plus du port de lunettes, l'opération de l'œil gauche est préconisée, mais Monet la refuse catégoriquement.
258
+
259
+ À cette période, il retouche sans aucun répit les grandes décorations. L'échéance approchant, il pense, à plusieurs reprises, ne pas pouvoir la respecter et revient sur sa parole de donation. Mais Clemenceau veille et n'hésite pas à se quereller avec son ami[116],[117].
260
+
261
+ Pour l'installation des grandes décorations, plusieurs possibilités sont étudiées. On pense d'abord les exposer à l'hôtel Biron, où l'architecte Paul Léon doit réaliser une nouvelle construction spéciale dans les jardins, mais finalement la décision est prise en mars 1921 de les exposer à l'Orangerie. L'architecture revient alors à Camille Lefèvre[118].
262
+
263
+ Monet obtient, malgré les réticences de Clemenceau, un délai supplémentaire d'un an pour la livraison des panneaux. Par ailleurs, le peintre fait régulièrement évoluer son œuvre, obligeant l'architecte à revoir sans cesse l'installation prévue pour l'exposition[117].
264
+
265
+ C'est à cette période qu'il peint certains des tableaux de la série du Pont japonais, qui choque le goût de l'époque.
266
+
267
+ Affaibli par un travail incessant, Monet contracte une infection pulmonaire qui le cloue au lit en 1926. Atteint d'un cancer du poumon[119], il meurt le 5 décembre vers une heure de l'après-midi[120].
268
+
269
+ Les dix-neuf panneaux sont remis par son fils, Michel, à la direction des Beaux-Arts. Camille Lefèvre termine l'installation des deux salles elliptiques sous la supervision de Clemenceau. L'exposition ouvre ses portes le 17 mai 1927 sous le nom de musée Claude Monet[121].
270
+
271
+ Lors de l'enterrement, Clemenceau dans un geste élégant enleva le drap funéraire recouvrant le cercueil de son ami, s'écriant : « Non ! Pas de noir pour Monet ! Le noir n’est pas une couleur ! »[122], lui substituant une « cretonne ancienne aux couleurs des pervenches, des myosotis et des hortensias »[123],[notes 8]. Puis Clemenceau suivit le convoi vers le cimetière de l’église Sainte-Radegonde de Giverny où Monet fut enterré, et s'écroula en pleurs[124].
272
+
273
+ Les grandes décorations sont installées à l'Orangerie au cours des premiers mois de 1927. Son fils Michel hérite de l'intégralité des propriétés de Claude. En 1966, quand il se tue dans un accident de voiture, ses toiles reviennent à son légataire universel : le musée Marmottan[125].
274
+
275
+ Claude Monet épouse en premières noces le 28 juin 1870, à Paris, Camille Doncieux (1847-1879), avec laquelle il a deux enfants :
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277
+ Claude Monet n’a donc aucune postérité.
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279
+ Il épouse en secondes noces le 16 juillet 1892 Alice Hoschedé (1844-1911), qui a six enfants de son premier mariage avec Ernest Hoschedé ; ces six enfants ne sont pas de Claude Monet (sauf peut-être le dernier, Jean-Pierre), mais il les élève :
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+ Claude Monet a déménagé à de nombreuses reprises avant de s'installer définitivement à Giverny. La carte ci-contre présente les principaux lieux :
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+ Par ailleurs, Monet a beaucoup voyagé pour peindre. Outre les séjours dans sa famille au Havre et dans ses environs, il a peint à :
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+ Monet se rend également à Madrid, en 1904, mais n'y peint pas[127].
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+ Monet laisse se répandre l'idée qu'il ne peint que sur nature. Ainsi en avril 1880 devant un journaliste lui demande à voir son atelier il s'exclame : « Mon atelier ! Mais je n'ai jamais eu d'atelier, moi, je ne comprends pas qu'on s'enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui : pour peindre, non ». Il désigne ensuite la Seine, les collines et Vétheuil et dit : « Voilà mon atelier à moi[57] ! »
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+ Daniel Wildenstein tient à rétablir la vérité : Monet a bel et bien terminé de nombreuses de ses toiles en atelier, du Déjeuner sur l'herbeLe Déjeuner sur l'herbe (Monet)[23] en passant par Les Glaçons[57], puis toutes les Cathédrales[87], les vues de Londres, de Venise et les Nymphéas. La construction d'ateliers en 1899[94] et 1915, attestée par des photographies et les permis de construire, ne viennent que confirmer l'évidence[114].
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+ Certes Monet ne travaille pas de mémoire, il utilise en fait les autres toiles d'une série pour se remémorer le motif en atelier. Il semble qu'il utilise aussi parfois des photographies, comme pour finir les toiles de Londres[99].
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+ Monet est très travailleur, il travaille souvent « comme un forcené », ou avec une « ardeur décuplée[62] » et en plein air par tous les temps, étonnant par son endurance[145]. À Étretat, il n'hésite pas à s'aventurer avec tout son matériel dans le sentier de la valleuse de Jambourg qui descend du sommet des falaises à leurs pieds pour peindre sous un meilleur angle et, à Belle-Île, il fait fi de la tempête pour aller travailler[66].
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+ Souvent ce mode de travail l'exténue, et Monet connaît des alternances de périodes très assidues avec des périodes de démoralisation, où il pense « tout planter là[59],[66],[62] ». Il profite en général de la période hivernale pour se reposer[114].
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+ Monet est en outre un éternel insatisfait. À propos des Meules, il déclare : « Plus je vais, plus je vois qu'il faut beaucoup travailler pour rendre ce que je cherche[76] ». Monet gratte ou détruit parfois ses toiles. Ainsi en revenant dans le pays de Caux après un séjour à Paris début 1882, il gratte deux toiles[62]. Particulièrement à la fin de sa carrière, il détruit de nombreuses toiles : trente en 1907. Il explique : « Je dois veiller à ma réputation d'artiste pendant que je le puis. Lorsque je serai mort, personne ne détruira un seul de mes tableaux, quelque mauvais soit-il[99] ». Dans cette logique, peu avant sa mort, il fait détruire par sa belle-fille Blanche de nombreux tableaux[120].
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+ Vers la fin de sa vie son emploi du temps devient très réglé, comme à Londres[146]. En 1908, la journée estivale est divisée comme suit : la matinée et début de l'après-midi séparés par le déjeuner sont occupés par le travail, ainsi que la fin de journée. De trois à cinq voire six heures, Monet effectue une pause où il reçoit ses invités. La fermeture des nénuphars est la cause de cette interruption. Le travail au soir permet de capter des effets de fin de jour[99].
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+ Début 1893, la construction du bassin aux nymphéas correspond à un accroissement de l'intérêt de Monet pour le jardinage. Ainsi, il rend visite à M. Varenne, directeur du jardin des plantes de Rouen. Il achète également de nombreuses plantes aux jardiniers de Rouen[87]. Monet est assurément plus homme des champs qu'intellectuel[147]. À propos du jardinage, Monet déclare : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture — et aussi son jardin et ses fleurs[148] ».
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+ Monet n'aurait, d'après ses admirateurs, pas eu recours aux croquis ni aux aquarelles, ce qui semble bien erroné puisque de nombreux carnets de croquis et de dessins préparatoires sont présentés sur le site du musée Marmottan pour la série de la « Gare St Lazare », sur la Base-Joconde des musées de France pour la série « Étretat » ou des barques et bateaux, ou encore le Sterling and Francine Clark Art Institute de Williamstown qui ont présenté dessins et pastels préparatoires[notes 9]. Monet utilise également la photographie qu'il pratique, pour les séries sur Londres et Venise. Pour le peintre, le premier contact avec le motif revêt une importance primordiale. Il prend le pinceau en main. « Il commence brusquement à couvrir [une toile blanche] de plaques de couleurs qui correspondent aux taches colorés que lui donne la scène naturelle entrevue ». Dès la première séance, la toile doit être couverte autant que possible sur son étendue. Sur une toile ébauchée, Monet peint à « pleine pâte, sans mélange, avec quatre ou cinq couleurs franches, en juxtaposant ou superposant les tons crus[66] ». Monet renonce d'ailleurs aux bases sombres dès 1865[130]. Ainsi, une étude à laquelle Monet a travaillé une fois est revêtue de traits épais d'environ un demi centimètre et distants l'un de l'autre de deux centimètres, lesquels sont destinés à fixer l'aspect de l'ensemble. Le lendemain, revenu sur les lieux, il ajoute à la première esquisse et les détails s'accentuent, les contours se précisent. Ainsi, sur une toile qui a bénéficié de deux séances, les traits sont nettement plus rapprochés et le sujet commence à prendre forme. Un tableau doit être poussé aussi loin que l'artiste le juge nécessaire, lui seul pouvant déterminer le moment à partir duquel il est impossible d'aller plus loin. Il accorde aussi beaucoup d'importance aux détails[74],[57].
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+ Ses tableaux comme Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, ou harmonie rose révèlent plus de 70 000 touches par mètre carré[149].
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+ À partir du temps de séries, Monet recherche les effets dans ses toiles. Il travaille sur plusieurs toiles en parallèle. Déjà en 1885, Maupassant note que « il allait, suivi d'enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six toiles représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. Il les prenait et les quittait tour à tour, suivant les changements du ciel[66]. » Il ne travaille que quand il a son effet[76]. Cette méthode se développe avec le temps, pour les vues de Londres il peint sur plus de quinze toiles en parallèle, les vingt-deux toiles des Grandes décorations sont peintes aussi en même temps[150].
308
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309
+ Boudin est la première influence de Monet en l'initiant aux paysages[7]. Son ami Johan Barthold Jongkind a certainement également influencé ses premières années[14]. Charles Gleyre lui enseigne par la suite la peinture de manière structurée[16]. Les membres du groupe des impressionnistes constitué de Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Camille Pissarro s'influencent sans aucun doute mutuellement, comme c'était le cas avec son camarade Frédéric Bazille auparavant[151]. On sait également, que Claude Monet appréciait le travail d'Eugène Delacroix[21]. Lors de son voyage à Londres, il va voir les œuvres de Turner et John Constable qui l'ont certainement marqué[132]. Édouard Manet échange aussi avec Monet lors de son séjour à Argenteuil[74].
310
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311
+ La peinture de Monet est influencée par l'art japonais. Il porte ainsi un intérêt particulier aux estampes peintes par Hiroshige et Hokusai[45]. Il réalise d'ailleurs la Japonaise en 1875, un tableau dont la facture tranche diamétralement avec ses autres œuvres[49]. Le 1er février 1893, Monet se rend à une exposition organisée par Durand-Ruel : elle est consacrée aux estampes d'Outamaro et de Hiroshige. Ce rendez-vous revêt pour lui une grande importance car il s'accorde parfaitement avec son cheminement artistique à la même époque[85]. Sa salle à manger de Giverny est par ailleurs décorée avec des estampes japonaises[87]. Enfin, une autre série de peintures qui dénote l'influence du Japon sur son art est paradoxalement celle ayant pour sujet des paysages norvégiens, notamment avec des vues du pont de Løkke, puisque ce coin de Sandviken lui faisait penser à « un village japonais ». Le mont Kolsås lui faisait en fait « songer au Fujiyama[87] ».
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+ Monet désirait saisir le réel dans « la mobilité de ses lumières changeantes ». Son intérêt se porte sur les effets de lumière qui changent suivant les heures et les saisons. L’évolution de l’industrie donnera à Monet un nouvel essor pour ses paysages, c’est à travers l’urbanisation que le genre se renouvellera. Par exemple, il peint en 1877 La Gare Saint-Lazare. À cette époque, ces lieux étaient considérés comme utile et sans valeur esthétique. Monet s’exerce à représenter aussi bien des paysages que des portraits. Toutefois il reste dans l’optique de montrer la lumière et de restituer les sensations premières. Pour ce faire, il réfléchit à la mise en scène qui pourrait représenter au mieux la mouvance de la lumière. La répétition du motif n’est qu’un prétexte pour le peintre, l’objet représenté importe bien moins que l’évolution du sujet au cours des heures.
314
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+ Claude Monet a eu un début de carrière difficile sur le plan financier. Si les premières années sa tante Lecadre lui vient en aide, dès 1864, il doit demander de l'aide à Bazille. Monet commence alors à accumuler les dettes, ne serait-ce que pour acheter son matériel de peinture[21]. Monsieur Gaudibert par ses commandes lui vient en aide notamment en 1868[27]. L'arrivée à Argenteuil fin 1871, marque le début d'une situation financière meilleure, causée par l'héritage de son père et la dot de sa femme[45]. Toutefois l'arrêt des achats de Durand-Ruel en 1874 correspond à un retour des soucis d'ordre pécuniaire. Rapidement le loyer devient un problème, les dettes s'accumulent[136]. Il doit sa survie à l'aide de Manet[136], du docteur Bellio, de Gustave Caillebotte et d'Ernest Hoschedé[152].
316
+
317
+ Malgré ses difficultés financières, Monet est assez dispendieux. À Argenteuil, il dispose ainsi de deux domestiques auxquels s'ajoute un jardinier. Il consomme également abondamment du vin. Enfin, une somme de 240 francs à Pleyel et Wolff pourrait représenter l'acquisition d'un instrument de musique ou la location d'un piano[153]. En arrivant à Vétheuil, les Hoschédés gardent leurs domestiques malgré leur faillite[53].
318
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+ Monet a l'habitude de faire patienter ses créanciers. Par conséquent, des huissiers viennent souvent lui rendre visite, parfois pour des dettes contractées plusieurs années avant[154]. Ainsi en 1885, il est menacé de saisie pour une affaire jugée en 1875[66].
320
+
321
+ En 1879, il dépend quasiment intégralement des aides Caillebotte pour sa survie. Pourtant, les Hoschedé continuent à avoir des domestiques[53]. À Vétheuil également les créanciers défilent[57]. En 1881, malgré la progression des revenus, Monet ne peut s'acquitter de son loyer et cumule en décembre 2 962 francs[59]. En 1887, il possède des actions, ce qui indique qu'il épargne[66]. En 1890, il achète la maison de Giverny et, l'année suivante, il prête de l'argent à Pisarro, les dures années sont derrière lui[76].
322
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323
+ Par la suite, il connaît un certain embourgeoisement avec notamment l'achat d'une voiture[99]. Durand-Ruel résume en déclarant que « Monet fut toujours un jouisseur[114] ».
324
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325
+ Monet n'est pas toujours très généreux. Ainsi, à Bordighera, alors que son hôte M. Moreno l'invite dans les jardins de sa villa, les jardins Moreno, assume les frais de chemin de fer et paie le restaurant, Monet lui offre en échange… une pomme[64]. Il ne se montre pas plus généreux envers Rollinat ou E. Mauquit qui l'accueillent respectivement dans la Creuse et à Rouen[155]. Ses amis Boudin ou Pissaro ne sont pas mieux lotis[156].
326
+
327
+ Ce n'est qu'à partir de 1910 qu'il semble détendre les cordons de sa bourse. Cette année-là, non seulement il offre une Tamise à Charing Cross pour les sinistrés de l'inondation, mais, en plus, il vend à la ville du Havre trois tableaux pour 3 000 francs[109]. La donation de grandes décorations à l'État confirme ce changement de mentalité chez le peintre[114].
328
+
329
+ Le caractère de Monet n'est pas toujours facile. Il a ainsi une certaine réputation de sauvagerie[127], Clemenceau le nomme son « vieux hérisson sinistre[164] ». Claude Monet est certes capable d'élans généreux comme de colères brutales, mais il préfère aux positions extrêmes la solution de compromis et d'équilibre. C'est, en somme, un conciliateur, un modéré qui laisse de propos délibéré les attitudes héroïques à d'autres[165].
330
+
331
+ Il est un peu ingrat. Ainsi, lors de ses premières participations au salon en 1865 et 1866, Monet ne déclare pas Gleyre comme étant son maître, alors que cela est recommandé. Pourtant le vieil homme, membre du jury en 1866, n'a pas la dent dure et défend le premier[23]. La principale victime de ce trait de caractère est, sans conteste, Durand-Ruel qui, alors qu'il l'a fait vivre pendant de nombreuses années, se voit souvent concurrencer par d'autres marchands d'art, comme Georges Petit, fin 1885 ou en 1888. Durand-Ruel a beau n'être nullement rancunier et faire mille preuves de dévouement[66],[146], cela ne l'empêche pas de recevoir un mandat de 75 francs en 1897[166].
332
+
333
+ Claude Monet est exposé dans les plus grands musées du monde : au MoMA[169], à la National Gallery of Art[170], à la National Gallery[171], au musée Thyssen-Bornemisza[172], au Rijksmuseum[173] et à la Neue Pinakothek[174]. Quelques œuvres sont également exposées au musée national des beaux-arts d'Alger.
334
+
335
+ En France, le musée Marmottan-Monet possède la plus importante collection publique d'œuvres de Claude Monet. Le musée de l'Orangerie expose les grandes décorations conformément à la volonté de l'artiste. Le musée d'Orsay possède également une importante collection de ses tableaux.
336
+
337
+ En région, le musée d’art moderne André-Malraux au Havre expose notamment les œuvres Soleil d'hiver à Lavacourt, Le Parlement de Londres ou encore une œuvre de la série des Nymphéas[175].
338
+
339
+ Par ailleurs, la maison du peintre à Giverny et son jardin sont préservés et ouverts au public par la Fondation Claude Monet[176].
340
+
341
+ Les tableaux de Claude Monet sont très disputés aux enchères. Relativement peu sont en vente : en 2004 il y a eu 26 ventes, 22 en 2005 et 28 en 2006. Parmi les ventes connues, on dénombre :
342
+
343
+ En 2008, ses peintures ont établi deux records :
344
+
345
+ En 2018, un nouveau record est établi :
346
+
347
+ Claude semble avoir partiellement inspiré le roman de Zola L'Œuvre de 1886[66]. Marcel Proust est également inspiré par le travail de Monet et admire fortement les impressionnistes. Dans le roman Jean Santeuil, Claude Monet est plusieurs fois évoqué, un collectionneur de Rouen achetant ses toiles, tout comme dans Sodome et Gomorrhe[185].
348
+
349
+ Il est également cité à plusieurs reprises dans le roman intitulé Aurélien de Louis Aragon (1944 pour la seconde édition), notamment lorsque les personnages font une sortie à Giverny pour le rencontrer car Rose Melrose souhaite qu'il fasse son portrait.
350
+
351
+ L'écrivain belge Stéphane Lambert a consacré deux livres à Claude Monet : L'Adieu au paysage : les Nymphéas de Claude Monet (éditions de la Différence, 2008) et Monet, impressions de l'étang (éditions Arléa, 2016).
352
+
353
+ Autres romans faisant référence au peintre :
354
+
355
+ Adrien Goetz, Intrigue à Giverny : roman, Paris, Grasset, 2 avril 2014, 304 p., 21 cm (ISBN 978-2-246-80435-2).
356
+
357
+ Claude Monet est représenté par plusieurs de ses amis du groupe impressionniste. Ainsi Auguste Renoir, le peint trois fois, Édouard Manet deux fois au travail sur son bateau-atelier, John Singer Sargent deux fois un portrait de profil et à l'orée d'un bois au travail. Frédéric Bazille, le représente alité et blessé ou dans l'atelier des Batignolles.
358
+
359
+ Bazille, L'Ambulance improvisée, 1865.
360
+
361
+ Monet lisant, par Renoir, 1872.
362
+
363
+ Monet peignant dans son jardin en 1873 par Renoir
364
+
365
+ Pierre-Auguste Renoir, Portrait de Monet, 1875.
366
+
367
+ Claude Monet peignant dans son atelier de Manet en 1874.
368
+
369
+ John Singer Sargent, Monet peignant à l’orée d'un bois, 1885.
370
+
371
+ En 1915, Sacha Guitry le présente parmi d'autres dans le film Ceux de chez nous[114].
372
+
373
+ Le Monet de la peinture La Seine à Argenteuil de 1873 inspire le titre du film Vanilla Sky de 2001.
374
+
375
+ Claude Monet à Giverny, la maison d'Alice, film de Philippe Piguet (52 minutes) produit par Bix Films pour France 5 et la Réunion des Musées nationaux[186].
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377
+ Une rose panachée de rose et de jaune a été baptisée de son nom par la maison Delbard en 1992, la rose Claude Monet.
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+ Sont nommés en son honneur l'astéroïde (6676) Monet[187] et le cratère mercurien Monet[187].
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+ Claude Ptolémée (en grec ancien Κλαύδιος Πτολεμαῖος Claúdios Ptolemaîos, en latin Claudius Ptolemaeus), communément appelé Ptolémée (Ptolémaïs de Thébaïde (Haute-Égypte), né vers 100 - mort vers 168 à Canope[1], est un astronome et astrologue grec qui vécut à Alexandrie (Égypte). Il est également l’un des précurseurs de la géographie. Sa vie est mal connue. Son cognomen Ptolemæus semble indiquer des origines gréco-égyptiennes, et son nomen Claudius une citoyenneté romaine. Son prænomen est inconnu.
4
+
5
+ Ptolémée est l’auteur de plusieurs traités scientifiques, dont deux ont exercé une grande influence sur les sciences occidentales et orientales. L’un est le traité d’astronomie, aujourd’hui connu sous le nom d’Almageste (arabisation de Ἡ Μεγάλη Σύνταξις,ʿē Megálē Súntaxis, La Grande Composition, puis Ὴ μεγίστη,ʿē megístē, La Très Grande, al-Mijisti, mais dont le titre original en grec était Μαθηματική σύνταξις, Mathēmatikḗ súntaxis, Composition mathématique). L’autre est la Géographie, qui est une synthèse des connaissances géographiques du monde gréco-romain.
6
+
7
+ L’œuvre de Ptolémée est la continuation d’une longue évolution de la science antique fondée sur l'observation des astres, les nombres, le calcul et la mesure. Avec l’œuvre d’Aristote, c’est essentiellement à travers elle, transmise à la fois par les Arabes et les Byzantins, que l’Occident redécouvrira la science grecque au Moyen Âge[N 1] et à la Renaissance[2], laissant leurs prédécesseurs dans l’obscurité[3]. Pourtant Ptolémée ne manque pas de faire abondamment référence à ceux-ci[N 2] dans ses écrits.
8
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9
+ L’Almageste est le seul ouvrage antique complet sur l’astronomie qui nous soit parvenu. Les astronomes babyloniens, qui avaient consigné soigneusement, pendant des siècles, de précieuses observations (positions des astres, datations des éclipses…)[N 3], avaient élaboré des techniques de calcul pour la prévision de phénomènes astronomiques. Les astronomes grecs, tels qu’Eudoxe de Cnide et surtout Hipparque, avaient intégré ces observations et les leurs dans des modèles géométriques (théorie des épicycles) pour calculer les mouvements de certains corps célestes. Dans son traité, Ptolémée reprend ces différents modèles astronomiques et les perfectionne[4], notamment en ajoutant la notion d’équant[5].
10
+ Ses observations, jointes aux données antérieures dont il disposait, offrent un recul permettant une mesure fort précise des mouvements astronomiques, puisque l'ensemble couvre une période de près de neuf siècles. Ses « tables » de données, indispensables pour déterminer la position des astres, ont en effet comme point de départ le premier jour du calendrier égyptien de la première année du règne de Nabonassar, c’est-à-dire le 26 février 747 avant notre ère[6]. Ptolémée consacre donc le modèle géocentrique d’Hipparque, qui lui fut souvent attribué[N 4] et qui fut accepté pendant plus de mille trois cents ans, quoique de manière discontinue. En Europe occidentale, en effet, il sombra dans l’oubli au début du Moyen Âge, avant d’être redécouvert à la fin de cette période. Cet héritage fut cependant préservé dans le monde arabe et, avec des hauts et des bas, dans l’Empire romain d’Orient et plus spécifiquement à Byzance[7].
11
+ Sa méthode et son modèle de calcul ont d’ailleurs été adoptés avec quelques modifications dans le monde arabophone et en Inde, car ils étaient d’une précision suffisante pour satisfaire les besoins des astronomes, des astrologues, des détenteurs de calendriers et des navigateurs.
12
+
13
+ Ptolémée réalisa aussi une sorte de manuel essentiellement pratique, appelé « Les tables faciles » ou parfois « Les tables manuelles » (Πρόχειροι κανόνες, Prócheiroi kanónes), dérivé de l’Almageste[N 5] et destinées à réaliser des calculs de position des astres et d’éclipses.
14
+
15
+ Contrairement à une idée reçue, Ptolémée ne reprit pas à son compte l’idée d’Aristote selon laquelle les astres étaient placés sur des sphères de cristal[8]. Il dit même expressément que « les astres nagent dans un fluide parfait qui n’oppose aucune résistance à leurs mouvements[9] ». On ignore si cette vision, proche de la notion de vide, était déjà présente chez Hipparque ou si elle doit être mise au crédit de Ptolémée. Pour celui-ci, déférents et épicycles sont donc immatériels. Nicolas Halma considère en outre que son choix du système des épicycles plutôt que de celui des excentriques résulte davantage d’une volonté de rendre les calculs plus commodes, que d’une foi dans la réalité matérielle du système[N 6].
16
+
17
+ Durant les treize siècles qui suivirent, l’astronomie ne progressa plus guère. L’Almageste et les tables faciles ne reçurent que des corrections mineures, bien qu’elles aient fait l’objet, à la fin de l’Antiquité, de nombreuses publications de la part des « commentateurs »[10], dont le plus connu est Théon d'Alexandrie. Ce furent donc les tables et les textes de Ptolémée qui furent utilisés directement ou indirectement comme références[11] jusqu’à ce que les progrès des instruments d’observation et la théorie élaborée par Nicolas Copernic et perfectionnée par Johannes Kepler n’entraînent son abandon. Mais ce fut à grand peine : le système héliocentrique de Copernic (1543), appuyé par Galilée (1630) fut rejeté par l’Église catholique et Galilée se vit contraint de renier officiellement ses théories en 1633. Le modèle de Ptolémée ne fut définitivement abandonné par l'Église que sous le pape Benoît XIV vers 1750[N 7].
18
+
19
+ L’Almageste contient également un catalogue de 1 022 étoiles regroupées en quarante-huit constellations. Bien que ne couvrant pas toute la sphère céleste, ce système fut la référence pendant de nombreux siècles. Ptolémée a aussi décrit l’astrolabe, inventé probablement par Hipparque.
20
+
21
+ Sa Géographie est une autre œuvre majeure. Il s’agit d’une compilation des connaissances géographiques à l’époque de l’empire romain sous le règne d’Hadrien (125), couvrant la totalité du monde connu ou écoumène[12]. Comme pour le modèle du système solaire dans l’Almageste, Ptolémée unifie dans un grand ensemble toutes les informations dont il dispose.
22
+
23
+ Le premier livre définit le sujet de la Géographie et présente les données et la méthode utilisée pour dessiner une carte du monde habité[13]. Dans les livres deux à sept, il fournit des listes topographiques et attribue des coordonnées à tous les lieux et particularités géographiques, répertoriant 8 000 endroits d'Europe, d'Asie et d'Afrique disposés dans une grille. Il commence à l'ouest avec l'Irlande et la Grande-Bretagne puis se déplace vers l'est en passant par l'Allemagne, l'Italie, la Grèce, l'Afrique du nord, l'Asie mineure et la Perse, pour terminer en Inde. Le livre huit présente une division de l'écoumène en vingt-six cartes régionales : dix pour l'Europe, quatre pour l'Afrique (appelée Libye) et douze pour l'Asie[13]. Outre les données géographiques, Ptolémée intègre des données astronomiques et des témoignages de voyageurs.
24
+
25
+ Ptolémée donne à la terre une forme sphérique et estime sa circonférence à 180 000 stades (environ 33 345 km). Il suit en cela le calcul de Posidonios plutôt que celui d'Ératosthène révisé par Hipparque, qui l'avait évaluée à 250 000 stades (environ 39 375 km), beaucoup plus près des 40 075 km réellement mesurés à l'équateur[14]. Reprenant le système sexagésimal des Babyloniens, il divise cette sphère en 360° de longitude de 500 stades chacun. Il fixe le méridien de longitude zéro au point le plus à l’ouest connu à son époque, soit les îles « Fortunata » (îles des Bienheureux), identifiées aux îles Canaries[14]. Il pose des intervalles de cinq degrés correspondant au tiers d'une heure d'équinoxe et couvrant au total douze heures, soit 180° jusqu'à Cattigara, qui correspondrait à Hanoï[15].
26
+
27
+ La latitude était mesurée à partir de Thulé, situé à 63° N, jusqu'à Agisymba dans l'Afrique sub-saharienne, que Ptolémée situe à 16° S, la distance totale couvrant ainsi 79°. Posant le degré zéro à l’équateur, comme aujourd’hui, Ptolémée calcule la distance selon la durée du jour le plus long plutôt qu’en degrés, car la durée du solstice d’été passe de douze à vingt-quatre heures au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur vers le cercle polaire. Il utilise des incréments de quinze minutes par degré, jusqu'au parallèle où le jour le plus long dure quinze heures et demie pour alors passer à des incréments de trente minutes, jusqu'à Thulé, où le jour le plus long dure vingt heures[14].
28
+
29
+ Dans la zone ainsi délimitée, il distingue une partie habitable, étendue en longitude sur 72 000 stades et en latitude sur 40 000 stades[16].
30
+
31
+ Ptolémée s’est essentiellement appuyé sur les travaux d’un autre géographe, Marinos de Tyr, dont les ouvrages ne nous sont pas parvenus. Il s'est aussi basé sur les index géographiques des empires romain et perse, mais la plupart de ses sources au-delà du périmètre de l’empire étaient d’origines douteuses.
32
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33
+ Des cartes fondées sur des critères scientifiques avaient été réalisées depuis Ératosthène, mais Ptolémée améliora les techniques de projection cartographique, en s'appuyant sur la géométrie d'Euclide, produisant une méthode qui exerça une influence durable sur la façon de projeter une sphère sur une surface plane[17]. Ses cartes sont orientées vers le nord[N 8]. Une carte du monde développée sur la base de sa Géographie était exposée à Autun en France à la fin de l’époque romaine.
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+ Cet ouvrage a été perdu dans le monde occidental jusqu'à sa redécouverte par le Byzantin Maximus Planudes, vers 1300. Il se peut que les cartes des manuscrits de la Géographie ne datent que de cette époque[18]. En revanche, dès le début du IXe siècle, il faisait l'objet d'une traduction en arabe pour le calife abbasside al-Mamun, et il servira de base aux travaux d'Ibn Khurradadhbih, Ibn Khordadbeh, Suhrab, Al Kwarizmi, Ibn Hawqal et Al Idrissi[19]. Il sera l'une des sources de l'Imago mundi de Pierre d'Ailly, qui inspirera Christophe Colomb : en particulier, son chapitre 8 reprend l'estimation de Ptolémée pour la circonférence terrestre, inférieure de 14 % à la réalité.
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+ À partir du XVe siècle, les premières reproductions imprimées sur papier firent leur apparition. Le premier exemplaire imprimé de la Géographie fut édité avec les cartes à Bologne en 1477, rapidement suivi par une édition romaine de 1478. Jusqu’au XVIe siècle, cet ouvrage a servi de guide à tous les voyageurs qui, à chaque découverte, croyaient reconnaître quelque contrée déjà indiquée par celui-ci.
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+ Le traité de Ptolémée sur l’astrologie, le Tetrabiblos (tetra signifie en grec « quatre » et biblos « livre »), était l’ouvrage astrologique le plus célèbre de l’Antiquité. Il exerça une grande influence dans l’étude des corps célestes dans la sphère sublunaire. Ainsi, il fournissait des explications des effets astrologiques des planètes, en fonction de leurs aspects[20] : effet chauffant, rafraîchissant, mouillant, et séchant. Celui-ci traite en particulier de l’astrologie individuelle en quatre livres qui consiste en une interprétation thématique à l’aide de l’érection d’une carte basée sur un tableau déterminant l’emplacement des sept planètes (Soleil compris) connues à l’époque à un moment donné.
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+ Ptolémée estimait que l’astrologie est comme la médecine qui est hypothétique en raison de nombreux facteurs variables à prendre en compte[21]. Ces facteurs étaient pour lui principalement, la race, le pays et l’éducation qui devaient affecter une personne au même titre que la position des planètes dans le ciel au moment de la naissance.
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+ À la différence de Vettius Valens, il semble aujourd’hui que Ptolémée, surtout connu pour son traité sur l’astronomie, était un compilateur (un théoricien) en astrologie[22]. L'innovation majeure de Ptolémée est théorique: le choix du zodiaque tropical en lieu et place du zodiaque sidéral[23]. Ainsi, on lit dans le Tetrabiblos : « Il existe deux signes tropiques, d'une part le premier intervalle de 30° depuis le solstice d'été, soit le signe du Cancer, de l'autre, le premier depuis le solstice d'hiver, soit le Capricorne. Il y a encore deux signes équinoxiaux, le Bélier printanier et l'automnale Balance[24]. » En effet, Ptolémée pensait que la Terre était immobile au centre du monde. Il en conclut que les points équinoxiaux et solsticiaux étaient fixes dans le ciel. Or Hipparque, prédécesseur de Ptolémée, avait observé qu'il existait un décalage entre les étoiles fixes[25] et les points marquant le début des saisons. Ces points étant supposés immobiles, le mouvement ne pouvait qu'être dû aux étoiles[26].
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45
+ Il convient de remarquer qu'il n'y a, chez Ptolémée, aucune confusion entre astronomie et astrologie : tout ce qui concerne cette dernière discipline est contenu dans le Tetrabiblos, pas une ligne à ce sujet dans l'Almageste.
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+ Ptolémée a également écrit les Harmoniques, un traité de musicologie de référence sur la théorie et les principes mathématiques de la musique[27]. Après une critique des approches de ses prédécesseurs, Ptolémée y plaide pour baser des intervalles musicaux sur des proportions mathématiques (contrairement aux partisans d’Aristoxène) soutenus par observation empirique (contrairement à l’approche purement théorique de l’École pythagoricienne). Il a présenté ses propres divisions du tétracorde et de l’octave, qu’il a dérivés avec l’aide d’un monocorde. L’intérêt de Ptolémée pour la théorie et les principes de l'harmonie en musique apparaît également dans une discussion sur la musique des sphères.
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+ Les Harmoniques contribuera au développement de la théorie musicale de Boèce De Institutione Musica au VIe siècle.
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+ Ptolémée a découvert un théorème qui porte son nom : dans un quadrilatère convexe inscrit dans un cercle, le produit des diagonales est égal à la somme des produits des côtés opposés[28],[29].
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53
+ Dans sa Composition mathématique (Almageste), Ptolémée veut suivre la méthode rigoureuse de la géométrie et procéder par la démonstration introduite par les mathématiciens de la Grèce antique, dont le représentant essentiel est Euclide. Sa trigonométrie se fonde sur celle d'Hipparque, mais il a également connaissance de l'œuvre de Ménélaos, qui a développé la trigonométrie sphérique et qu'il cite dans l'Almageste[30].
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+ Dans l’Optique, Ptolémée traite des propriétés de la lumière, notamment de la réflexion, de la réfraction et de la couleur, ainsi que d'une théorie de la vision, fondée sur une combinaison des propriétés des objets observés, de la lumière et d'un "flux visuel" (visus dans le texte latin) issu des yeux. Ce travail est une partie importante de l’histoire de l’optique, mais il nous est parvenu par l'intermédiaire d'une traduction latine réalisée par l'émir Eugène de Sicile vers 1150, elle-même issue d'une traduction arabe assez imparfaite et incomplète[31].
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+ En cette matière comme dans les autres, Ptolémée dispose d'apports antérieurs. Certains éléments d'optique sont présents chez Euclide[N 9], Archimède et Héron d'Alexandrie, mais les sources précises de Ptolémée sont discutées[32]. La rédaction de l’Optique est postérieure à l'Almageste, comme l'attestent en particulier certains progrès réalisés par Ptolémée dans l'intervalle. Ainsi, l’Optique expose le phénomène de réfraction atmosphérique qui se produit lors de l'observation du soleil ou de la lune, phénomène totalement ignoré dans l'Almageste[33].
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+ Le comte (Graf) Claus Philipp Maria Schenk von Stauffenberg est un officier de la Wehrmacht, né le 15 novembre 1907 à Jettingen-Scheppach et mort le 21 juillet 1944 à Berlin. Il est l’une des figures centrales de la résistance militaire contre le nazisme.
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+ Alors qu’il est chef d’état-major auprès du commandant de l’Armée de réserve et de l’intérieur (Ersatzheer), Stauffenberg participe à un complot contre Adolf Hitler, organisant personnellement l’attentat du 20 juillet 1944, dans le cadre du coup d'État militaire avorté, connu aussi sous le nom d’opération Walkyrie.
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+ Stauffenberg a tout d’abord montré sa sympathie pour différents aspects du national-socialisme, comme le nationalisme ou le révisionnisme concernant le traité de Versailles, jusqu’à ce que le caractère criminel du régime le pousse à la résistance à dater de 1941.
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+ Claus von Stauffenberg est né au château de Jettingen à Jettingen-Scheppach en Souabe, entre Augsbourg et Ulm. Il vient au monde dans l’une des familles aristocratiques catholiques parmi les plus anciennes et les plus distinguées du Sud de l’Allemagne, à savoir la famille Stauffenberg. Il est le troisième fils et le benjamin. Ses parents sont Alfred Schenk, comte von Stauffenberg (1860-1936) et Caroline née von Üxküll-Gyllenband (1875–1957). Son père était le dernier « maréchal de la cour » (Oberhofmarschall) du royaume de Wurtemberg. Du côté de sa mère, Claus von Stauffenberg compte parmi ses ancêtres plusieurs Prussiens célèbres, dont le réformateur de l’armée prussienne August Neidhardt von Gneisenau. Son oncle Nikolaus von Üxküll-Gyllenband a influencé sa future participation à la résistance. Sa tante Alexandrine von Üxküll-Gyllenband, qui était infirmière en chef à la Croix-Rouge allemande, était également une personnalité reconnue.
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+ Claus von Stauffenberg passe son enfance essentiellement à Stuttgart et au château Lautlingen, la résidence d’été de la famille à Albstadt-Lautlingen (aujourd’hui musée) avec ses deux frères jumeaux aînés Berthold et Alexander. Claus von Stauffenberg a eu lui aussi un jumeau, Konrad Maria, mort à la naissance.
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+ Après des études au Eberhard-Ludwigs-Gymnasium de Stuttgart, il devient membre de la ligue de jeunesse Bund Deutscher Neupfadfinder où il est influencé par le mysticisme du Reich (Reichsmystizismus). Par la suite, il fait partie avec ses frères du cercle d’amis de Stefan George et de son Opposition conservatrice. Ayant reçu une éducation choisie, il s’intéresse à la littérature, mais opte pour la carrière militaire, malgré une santé fragile : en 1926, il s’enrôle dans le régiment familial à Bamberg en Bavière, le Reiter und Kavallerieregiment 17 (17e régiment de cavalerie et de reîtres).
14
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15
+ Après le baccalauréat (Abitur), Stauffenberg s’engage dans la Reichswehr le 5 mars 1926. Il commence son service au 17e régiment de cavalerie de Bamberg où il est incorporé comme Fahnenjunker[a]. Après un an de service, il est envoyé à l’école d’infanterie de Dresde où tous les aspirants officiers doivent suivre une formation d’un an. En 1928, il est muté à l’école de cavalerie de Hanovre puis retourne à son régiment de Bamberg où il devient lieutenant le 1er janvier 1930 après être reçu à l’examen en sortant major de promotion.
16
+
17
+ Vers la fin de la république de Weimar, Stauffenberg, tout comme son frère Berthold, est proche des cercles de la révolution conservatrice. Même s’il montre du mépris pour le parti nazi qui monte, de nombreux points de cette pensée politique l’intéressent :
18
+ « L’idée d’un Führer… associée à celle d’une communauté nationale, le principe selon lequel le bien commun passe avant le bien privé et le combat contre la corruption, le combat contre l’esprit des grandes villes, l’idée de races et la volonté d’un nouvel ordre juridique allemand nous apparaît comme sain et porteur d’avenir »[1].
19
+
20
+ Lors de l’élection présidentielle de 1932, Stauffenberg se prononce alors contre le président en exercice, le conservateur et monarchiste Paul von Hindenburg et pour Adolf Hitler dont il salue clairement la nomination au poste de chancelier du Reich le 30 janvier 1933. Stauffenberg participe à la formation militaire des membres des SA et organise la remise de dépôts d’armes à la Reichswehr.
21
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22
+ Le 26 septembre 1933, il épouse à Bamberg Nina von Lerchenfeld avec qui il a cinq enfants : Berthold, Heimeran, Franz-Ludwig, Valerie et Konstanze (en). Sa femme Nina meurt le 2 avril 2006 à l’âge de quatre-vingt-douze ans, à Kirchlauter, près de Bamberg.
23
+
24
+ En 1934, Stauffenberg est muté à l’école de cavalerie de Hanovre en tant que Bereiter-Offizier (officier qui s’occupe des chevaux). À Hanovre, il se qualifie grâce à ses études sur les armes modernes (chars blindés et troupes aéroportées). Par la suite, il s’intéresse toutefois à l’utilisation militaire du cheval. Le 1er octobre 1936, il est envoyé à l’académie militaire de Berlin-Moabit pour y suivre une formation au sein de l’état-major général. Le 1er janvier 1937, il est promu Rittmeister. En juin de l’année suivante, il sert comme deuxième officier d’état-major général à l’état-major de la Ier division légère à Wuppertal sous les ordres du lieutenant-général Erich Hoepner avec lequel il prend part à l’occupation des Sudètes la même année.
25
+
26
+ Avec le début de la Seconde Guerre mondiale que Stauffenberg accueille comme une « rédemption », il est incorporé à la Ire division légère (plus tard VIe division de blindés de la Wehrmacht) dans la campagne de Pologne en 1939. De là-bas, il écrit à sa femme : « La population est une incroyable populace, très nombreux Juifs et très nombreuses personnes qui ne sont pas de race pure. Un peuple qui ne se sent bien que sous le knout. Les milliers de prisonniers vont faire vraiment du bien à notre économie agricole. En Allemagne, ils pourront sûrement être bien utilisés, vaillants, obéissants et se contentant de peu »[2].
27
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28
+ L’historien Heinrich August Winkler cite cette lettre afin de prouver qu’à cette époque, Stauffenberg souscrit à la politique raciale des nazis, pour ne pas dire qu’il la souhaite. Même l’historien israélien Saul Friedländer suppose que l’attitude de Stauffenberg envers les Juifs ne se distingue de l’antisémitisme nazi que graduellement, et non sur le principe[3]. Le biographe de Stauffenberg, Peter Hoffmann, réfute en revanche le terme d’antisémite pour Stauffenberg. Pour lui, la méthode d’interprétation de la lettre comme antisémite est insuffisante : « On doit analyser les propos et voir le contexte. En tant qu’historien, j’ai le devoir d’analyser le contexte et de rechercher, et non de donner des morceaux d’information »[4].
29
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30
+ Peter Yorck von Wartenburg, un parent éloigné, et Ulrich Wilhelm Schwerin von Schwanenfeld demandent à Stauffenberg de se faire nommer adjoint du commandant en chef de l’armée de terre Walther von Brauchitsch, pour pouvoir prendre part à une tentative de renversement. Stauffenberg refuse. En 1940, il participe, en tant qu’officier d’état-major général, à la bataille de France. Le 31 mai 1940, il reçoit la croix de fer de première classe. Il est ensuite muté à la section d’organisation du commandement suprême de l’Armée de terre. En décembre 1941, Stauffenberg approuve le fait que Hitler réunisse dans ses mains le commandement suprême de l’armée de terre (après le limogeage de Brauchitsch, à la suite de l’échec de la bataille de Moscou) et celui de l'ensemble des forces armées[b].
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+
32
+ En tant que chef du groupe II de la division d’organisation au sein du commandement suprême de l’Armée de terre, Stauffenberg fait partie des officiers importants qui ont consciemment travaillé à un changement de politique dans les territoires occupés. Il s’occupe de la question des volontaires dans la Légion de l'Est, en particulier lors des opérations militaires du Groupe A dans le Caucase. Il s’agit alors de rallier des prisonniers libérés et des déserteurs à la cause allemande. Sa division donne des directives, le 2 juin 1942, concernant le traitement des soldats du Turkestan et du Caucase, et commande, en août 1942, l’organisation et le déploiement des légions de l’Est.
33
+
34
+ À la mi-novembre 1942, la Xe division de blindés prend encore part à l’occupation de la zone française jusque-là restée libre. Immédiatement après, la division est envoyée à Tunis. Entre-temps, Stauffenberg est incorporé à l’état-major de l’armée et est promu Oberstleutnant à l’état-major général le 1er janvier 1943. En mars 1943, il est muté en tant que premier officier d’état-major général à la Xe division de blindés, qui doit alors couvrir la retraite de l’armée du maréchal Rommel contre les Alliés qui viennent de débarquer en Afrique du Nord. Pendant une mission de reconnaissance, son véhicule est mitraillé par un chasseur-bombardier allié. Il est grièvement blessé. Il passe trois mois à l’hôpital, où il est opéré par le célèbre chirurgien Ferdinand Sauerbruch et perd son œil gauche, sa main droite, ainsi que l'annulaire et l'auriculaire de sa main gauche — il en plaisantera ultérieurement, prétendant qu’il ne se souvenait pas de ce qu’il faisait de ses dix doigts quand il les avait encore. Sa convalescence se déroule à Albstadt-Lautlingen.
35
+
36
+ Ses mutilations et ses blessures ne l’empêchent pas de se battre pour être de nouveau apte au service armé.
37
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+ Son dernier grade dans l’armée est Oberst dans l’état-major général.
39
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+ Il commence à prendre ses distances par rapport aux nazis et à leur chef.
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42
+ « Il est temps que maintenant quelque chose soit fait. Toutefois, celui qui ose faire quelque chose doit être conscient que c’est bien en tant que traître qu’il entrera dans l’Histoire allemande. Cependant, s’il s’abstient d’agir, il serait alors un traître face à sa propre conscience[5]. »
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+ — Claus Schenk Graf von Stauffenberg
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+ Stauffenberg est conscient que seule la Wehrmacht possède les moyens nécessaires au renversement, puisqu’elle est peu infiltrée par la Gestapo et par le Sicherheitsdienst. Comme beaucoup d’autres militaires, il se sent lié à Hitler par son serment de fidélité. Avec son frère Berthold et les membres du Cercle de Kreisau, il prend part à la rédaction des déclarations gouvernementales censées être prononcées après le renversement. Les conjurés visent la fin de la guerre et de la persécution des Juifs et le rétablissement d’un État de droit comme avant 1933. Ils ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la forme que prendra le nouveau régime. Une grande partie des conjurés venant des cercles conservateurs de la bourgeoisie, de la noblesse et de l’armée, dont Stauffenberg, refusent la démocratie parlementaire. D’un autre côté, Stauffenberg exige la présence de sociaux-démocrates comme Julius Leber dans le futur gouvernement. Par l’intermédiaire de son cousin Peter Yorck von Wartenburg, Stauffenberg avait fait la connaissance de Leber et il s’était alors établi entre eux un rapport de confiance mutuelle[6]. Après l’arrestation de Leber au début de juillet 1944, Stauffenberg ne cesse de répéter à Adam von Trott zu Solz : « Je vais le sortir de là ». Aucun prix ne semblait trop élevé pour sauver Leber[7]. Il finit par penser que le plus important était la disparition du régime nazi.
47
+
48
+ D’après le conjuré Hans Bernd Gisevius, le cercle étroit formé autour de Stauffenberg visait à partir de 1944 une alliance avec les communistes[8]. Julius Leber, le confident de Stauffenberg, avait été arrêté par la Gestapo en raison d’une rencontre avec les dirigeants du parti communiste allemand. Il était alors très proche de Fritz-Dietlof von der Schulenburg. En juillet 1944, Stauffenberg formule avec son frère Berthold un serment qui essaie de traduire le consensus entre tous les participants au coup d’État. On peut y lire entre autres :
49
+ « Nous nous réclamons, intellectuellement et pratiquement, des grandes traditions de notre peuple qui, par la fusion dans l’être allemand des racines hellénique et chrétienne, ont donné naissance à la civilisation occidentale. Nous voulons un ordre nouveau, qui fasse de tous les Allemands des détenteurs de l’État, et leur garantisse droit et justice, mais nous méprisons les mensonges égalitaristes et revendiquons la reconnaissance des rangs accordés par la nature. Nous voulons un peuple qui enracine les pouvoirs naturels dans la terre de la patrie, qui trouve son bonheur et sa satisfaction dans l’action des cycles de vie donnés, et surmonte d’une fierté libre les bas instincts d’envie et de jalousie. »[9].
50
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51
+ À cause de cette attitude élitaire et nationaliste qui trouve son origine dans la pensée réactionnaire du George-Kreis[10], l’historien britannique Richard J. Evans croit que Stauffenberg n’avait « rien à offrir » pour le futur en matière d’idées politiques. Il était « mal approprié en tant que modèle pour des générations futures »[11].[pas clair]
52
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+ Le fait de survivre à ses graves blessures renforce en Stauffenberg la conviction qu'il doit faire quelque chose pour préserver l'Allemagne de la catastrophe définitive. Bien qu'il ne puisse plus servir dans l'armée, il cherche à jouer encore un rôle. À l'automne 1943, il se manifeste une nouvelle fois à Berlin et y cherche des contacts parmi les adversaires d'Hitler réunis autour du général Friedrich Olbricht et du général de brigade Henning von Tresckow.
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+ Avec Olbricht, Tresckow et le colonel Albrecht Mertz von Quirnheim, Stauffenberg travaille aux plans de l'opération Walkyrie. Officiellement, le plan doit servir à réprimer de possibles révoltes intérieures comme celle des nombreux travailleurs étrangers. Stauffenberg et Tresckow ajoutent des ordres supplémentaires au projet et font de l’opération Walkyrie un plan d’opération pour le coup d'État. Celui-ci prévoit d’accuser un groupe de fonctionnaires du parti de l’assassinat d’Hitler, afin de pouvoir par la suite procéder à l’arrestation des membres du Parti national-socialiste des travailleurs allemands, de la SS, du Sicherheitsdienst et de la Gestapo. Les commandants des différentes divisions militaires allemandes doivent recevoir les ordres correspondants après le déclenchement de l’opération et l’armée doit prendre en main les rênes du pouvoir. Stauffenberg devait recevoir le poste de secrétaire d’État au sein du ministère de la Défense du Reich.
56
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57
+ Stauffenberg est nommé chef d’état-major au Bendlerblock à Berlin où il a alors accès à ce qui se dit au quartier général du Führer sur la situation. Il est sous les ordres d’Olbricht qui l’encourage à construire un réseau militaire d’opposition. Stauffenberg coordonne les plans d’attentat avec Carl Friedrich Goerdeler et le général de corps d’armée Ludwig Beck et reste en contact avec la résistance civile comme Julius Leber, Wilhelm Leuschner ou les membres du Cercle de Kreisau auquel appartient son cousin Peter Yorck von Wartenburg. Après l’arrestation de Helmuth James von Moltke en janvier 1944, le Cercle de Kreisau ne se réunit plus. La majorité des membres se met à la disposition de Stauffenberg, malgré les réticences de Moltke sur le fait de tuer Hitler.
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+ Le 1er juillet 1944, Stauffenberg devient chef de l’état-major (Chef des Stabes) auprès du commandant de l’Ersatzheer (l’armée de réserve), le général Friedrich Fromm et est promu au grade de colonel. Avec Olbricht et Mertz von Quirnheim, il est dans le centre de commandement de l’opération Walkyrie. Un des points délicats du plan est le fait qu’il doit exécuter l’attentat et mener le coup d’État de Berlin. Le 11 juillet à Obersalzberg et le 15 juillet au quartier général de la Wolfsschanze déjà, Stauffenberg essaie de tuer Adolf Hitler. Il stoppe les deux tentatives à cause de l’absence soit d’Heinrich Himmler et/ou d’Hermann Göring. L’attentat ne pouvait pas être repoussé une troisième fois.
60
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+ L’ultime tentative débute par hasard le 18 juillet lorsque Stauffenberg est appelé à venir au quartier général du Führer pour parler de nouveaux déploiements de troupes. Le groupe de résistance a alors déjà détaillé les membres du nouveau gouvernement et il ne reste plus qu’à exécuter Hitler. Stauffenberg prend un avion à l'aérodrome de Rangsdorf (de) près de Berlin le 20 juillet à 7 heures avec Werner von Haeften pour se rendre à la Wolfsschanze (la « tanière du Loup ») près de Rastenburg en Prusse-Orientale.
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+ L’entretien étant inopinément avancé d’une demi-heure en raison d’une visite prévue de Benito Mussolini, Stauffenberg n’arrive à amorcer qu’une seule des deux charges explosives, avec deux détonateurs chimiques-mécaniques britanniques, à l’aide d’une pince spécialement conçue pour lui (il ne lui reste que trois doigts à la main gauche). Il emporte donc la seconde charge, pour s’en débarrasser discrètement ensuite.
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+ Ironiquement, des expériences ultérieures ont démontré que si Stauffenberg avait simplement mis aussi la seconde charge dans la sacoche jaune où a été placée la première, la première explosion aurait joué le rôle de détonateur de manière suffisamment efficace pour provoquer une explosion bien plus puissante qui, à en juger par les dégâts occasionnés sur des mannequins utilisés pour ces tests, aurait tué Hitler[12]. De plus, à cause de travaux dans le Führerbunker habituel, l’entretien a lieu dans un cabanon en bois[13]. Stauffenberg pose la sacoche à portée létale d’Hitler, mais elle est déplacée par un officier, qui ignore ce qu’elle contient, derrière un des pieds (en bois massif) de la table, ce qui allait protéger Hitler de l’essentiel des effets de l’explosion. Stauffenberg quitte la pièce sous le prétexte de devoir téléphoner. Si Rudolf-Christoph von Gersdorff avait tenté de faire exploser une bombe qu’il portait sur lui en se tenant le plus près possible d’Adolf Hitler, il aurait pu réussir. Stauffenberg ne pouvait se sacrifier, puisqu’il joue un rôle crucial dans le coup d’État qui doit suivre l’assassinat.
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+ La charge explosive détone à 12 h 42 dans la baraque où sont réunies vingt-quatre personnes. Mais Hitler et dix-neuf autres personnes présentes survivent à la détonation. D’un abri proche, Stauffenberg attend que l’explosion ravage l’intérieur du cabanon. Puis, convaincu que personne ne peut avoir survécu à une telle déflagration, Stauffenberg et son aide de camp, le lieutenant Werner von Haeften, quittent rapidement les lieux pour rejoindre Berlin à bord d’un Heinkel He 111. À Berlin, les conjurés hésitent à mettre en place le plan du putsch car ils ne reçoivent aucune nouvelle claire de la mort d’Hitler. À 15 h, Stauffenberg informe Olbricht, depuis Rangsdorf, qu’Hitler est mort et part le voir au Bendlerblock. Ce n’est qu’à ce moment, plus de deux heures après l’attentat, que l’opération Walkyrie est déclenchée. Georg et Philipp von Boeselager se tiennent prêts à marcher sur Berlin avec leurs régiments. Stauffenberg, Olbricht, Mertz von Quirnheim et Haeften sont arrêtés par Fromm qui les avait couverts jusqu’alors mais qui ne veut plus rien entendre d’une tentative de putsch, les informations restant floues.
68
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+ Vers 18 h, le coup d’État semble avoir réussi. Dans certaines divisions militaires, les opérations se mettent en place. Tard dans la soirée, Hitler prend la parole à la radio. Les téléscripts contenant les indications des conjurés et arrivant dans les centres de commandement ne sont plus suivis. La plupart des officiers temporisent alors face aux informations contradictoires qui leur sont communiquées. Le coup d’État échoue. Stauffenberg et son aide de camp étant en fuite, l’ordre de les abattre est lancé par le quartier général du Führer, mais il arrive chez un membre de la conspiration, Friedrich Georgi, officier de l’état-major de l’Air, et n’est pas transmis.
70
+
71
+ Vers 22 h 30, un groupe d’officiers restés fidèles au régime auquel appartient Otto-Ernst Remer arrête Stauffenberg et les conjurés. Appliquant les décisions d’une prétendue cour martiale[14], le général Fromm donne le soir même du 20 juillet l’ordre de fusiller Claus von Stauffenberg, Werner von Haeften, Albrecht Ritter Mertz von Quirnheim et Friedrich Olbricht[15]. L’exécution a lieu un peu avant 1 h du matin le 21 juillet dans la cour du Bendlerblock[16],[17]. Les derniers mots de Stauffenberg auraient été « Vive l’Allemagne sacrée ! »[18]. Le lendemain, les corps des fusillés sont enterrés avec leurs uniformes et médailles à l'ancien cimetière Saint-Matthieu. Hitler les fait exhumer et donne l’ordre de les brûler. Leurs cendres sont dispersées au-dessus d’un champ d’épandage de Berlin.
72
+
73
+ Hitler a envisagé de faire assassiner les familles des conjurés et d’effacer leur nom de famille : « La famille Stauffenberg sera détruite jusqu’au dernier membre »[19]. La vengeance envisagée dans les premiers temps est rejetée au profit d’une Sippenhaft. L’épouse de Stauffenberg, Nina von Stauffenberg alors enceinte, est déportée au camp de Ravensbrück, puis peu avant son accouchement dans un centre de maternité nazi à Francfort-sur-l'Oder où elle accouche du cinquième enfant de la famille, Konstanze, en 1945[20]. Les enfants sont envoyés dans un orphelinat, une « institution spéciale », à Bad Sachsa. Là, ils côtoient ceux de Caesar von Hofacker, de Wessel Freytag von Loringhoven, de Henning von Tresckow, etc.
74
+
75
+ « On les envoyait en promenade sur les routes au cours des bombardements. Ils ne savaient rien du sort de leurs parents »
76
+
77
+ — op. cit. Paul Berben (1964) p. 307)
78
+
79
+ On projette de les faire adopter par des familles nazies. Ils perdent le nom de Stauffenberg et obtiennent le nouveau nom de Meister. Ils y restent jusqu’à la fin de la guerre et seront libérés par les troupes américaines le 12 avril 1945.
80
+
81
+ À la suite de l’attentat, le NSDAP se déchaîne contre la famille de Stauffenberg ; par exemple, après l’attentat, une militante du NSDAP de la région d’origine de la famille von Stauffenberg se lance dans des recherches généalogiques visant à démontrer la participation des ancêtres de Claus von Stauffenberg à la répression des mouvements de révolte du XVIe siècle, la guerre des Paysans allemands et les révoltes nobiliaires qui agitèrent le Saint-Empire romain germanique à cette même période[21].
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+ L’épouse de Claus von Stauffenberg meurt en 2006, à l’âge de 92 ans.
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+ De nos jours, Claus von Stauffenberg est célébré comme un héros et un symbole de la résistance allemande au régime nazi mais son personnage reste mal connu du grand public en général. Comme le ministère de la Guerre (Bendlerblock) est devenu un mémorial de cette résistance, le nom de la rue fut officiellement changé en Stauffenbergstraße et expose 5 000 photographies et documents présentant les diverses organisations. Dans la cour, une plaque commémorative représente, symboliquement, un jeune homme ayant les mains attachées.
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+ Un clavecin est un instrument de musique à cordes muni d'un ou plusieurs[note 1] claviers dont chacune des cordes est « pincée » par un dispositif nommé sautereau.
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+ Terme générique, il désigne différents instruments d'une même famille, distincts par leurs structures, leurs formes, leurs dimensions ou leurs timbres, chacun d'entre eux ayant souvent un nom spécifique. Le mot « clavecin », au sens restrictif, désigne alors le plus grand, le plus complet et le plus techniquement développé d'entre eux, généralement appelé « grand clavecin ».
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+ Instruments spécifiques de la musique européenne, les clavecins ont connu leur apogée et suscité un très large répertoire au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, avant de connaître une longue éclipse pendant tout le XIXe siècle. Ils ont retrouvé la faveur des musiciens et du public de façon progressive depuis le début du XXe siècle.
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+ Comme pour l'orgue, la puissance des sons émis ne dépend pas de la force avec laquelle le claveciniste frappe les touches ; c'est la présence de registres affectés à chacun des claviers qui permet de varier les timbres. Pendant toute la période « baroque », le clavecin a été l'un des instruments privilégiés de l'écriture en contrepoint, et de la réalisation de la basse continue. Mais ses possibilités expressives se sont révélées moins appropriées au style du classicisme naissant, et surtout, par la suite, à la sensibilité du romantisme : les compositeurs lui ont préféré le piano-forte, puis le piano, nouvellement inventés. C'est à l'occasion de la redécouverte de la musique ancienne que le clavecin a connu son actuel renouveau.
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+
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+ Contrairement à une idée souvent répandue, le clavecin n'est pas tout à fait l'ancêtre du piano, car le mécanisme de ce dernier (avec cordes frappées) n'est pas une évolution de celui du clavecin (avec cordes pincées). Cependant, on ne peut passer sous silence le fait que l'inventeur du piano-forte et ceux qui le perfectionnèrent étaient à l'origine facteurs de clavecins et ont adapté leur mécanisme dans la même caisse dont ils maîtrisaient la construction ; leur objectif n'était pas d'inventer un nouvel instrument, mais de doter le clavecin de possibilités expressives nouvelles, en lui permettant des nuances de forte et piano ; en outre, le répertoire des deux types d'instruments a été le même jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les clavecinistes étant eux-mêmes progressivement devenus pianistes.
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+
13
+ Cet article traite par priorité le grand clavecin. Tous les instruments de la famille partagent une histoire et des techniques de facture communes, ainsi qu'un répertoire en grande partie commun ; les points qui leur sont propres sont traités dans des articles séparés.
14
+
15
+ Les descriptions ci-dessous s'appliquent généralement avec de nombreuses variantes, aux clavecins historiques fabriqués au cours des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi qu'aux instruments contemporains dont la facture s'inspire aujourd'hui, le plus souvent, de leur modèle. Les clavecins « modernes » fabriqués au début et pendant la première partie du XXe siècle pouvaient avoir des caractéristiques assez différentes, au point que certains vont jusqu'à leur contester le nom de clavecin[2] : un paragraphe spécial leur est consacré.
16
+
17
+ Le grand clavecin a la forme d’une harpe disposée horizontalement[3]. Cette forme est proche de celle d'un triangle rectangle dont l'hypoténuse serait concave. Le ou les claviers sont placés sur le petit côté de l'angle droit. Les cordes sont disposées horizontalement, dans une direction perpendiculaire au(x) clavier(s)[note 2].
18
+
19
+ L'instrument mesure environ de 2 à 2,5 mètres de long sur un mètre de large. Son étendue couvre ordinairement de 4 octaves et demie à cinq octaves et n'a jamais été normalisée[note 3]. La structure est en bois : contrairement au piano, le clavecin à l'ancienne[note 4] ne comporte pas de cadre métallique ; léger, il peut aisément être déplacé par deux personnes.
20
+
21
+ La caisse (ou coffre) constitue la structure principale du clavecin et définit sa forme extérieure et son volume. Elle est indépendante du piètement sur lequel elle repose[note 5].
22
+
23
+ C'est un volume presque entièrement clos, en bois[note 6], qui joue le rôle de caisse de résonance. Elle est construite autour d'une pièce de bois massive (généralement en chêne), disposée parallèlement au(x) clavier(s) : le sommier. À gauche (notes graves), la paroi (l’échine) est rectiligne. À droite (notes aiguës) elle est concave, c'est l'éclisse courbe qui rejoint l’échine par une queue (ou pointe) rectiligne ou convexe. Une paroi rectangulaire (la joue) la prolonge à droite des claviers. Des éléments internes en bois (barres de fond, arcs-boutants, équerres, renforts divers) rigidifient la caisse pour contrer la tension importante exercée par les cordes et éviter toute déformation ; leur agencement varie selon les différentes traditions de facture. La caisse est fermée vers le bas par le « fond ».
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+
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+ À la partie supérieure, sous les cordes, se trouve la table d'harmonie, qui couvre presque en totalité la surface de l'instrument.
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+ Un couvercle rabattable, articulé à l'échine, permet de refermer celui-ci quand il est inutilisé afin de protéger de la poussière et des chocs : les cordes et la table d'harmonie. Le couvercle joue aussi un rôle important quand il est ouvert, par la réflexion du son vers l'horizontale. Il peut être d'une seule pièce, ou, beaucoup plus fréquemment, en deux parties articulées. Il est maintenu en position ouverte par une béquille, simple baguette de bois non fixée à l’instrument. Par ailleurs, un panneau amovible (le portillon), peut venir enfermer par l'avant l'espace des claviers.
28
+
29
+ A : Sommier
30
+ B : Barre de nom
31
+ C : Echine
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+ D : Pointe
33
+ E : Eclisse courbe
34
+ F : Joue
35
+ L : Table d'harmonie
36
+ P : Rosace
37
+ Q : Chevalet du 8 pieds
38
+ R : Chevalet du 4 pieds
39
+ S : Fosse
40
+
41
+ Remarquez les chevilles
42
+ fixant la joue au sommier
43
+ et au contre-sommier
44
+
45
+ Les cordes consistent en un simple fil métallique de faible diamètre et, contrairement à celles du piano, elles ne sont pas « filées ». Elles peuvent être en fer, en laiton, en cuivre ou en bronze, et sont disposées dans le sens de la plus grande longueur, du clavier vers la pointe.
46
+
47
+ Vers la pointe, chacune d'elles est fixée à une pointe d'accroche située près de l'éclisse courbe. Près du clavier, chacune s'enroule sur une cheville d'accord qui permet de régler finement la tension, donc la hauteur du son émis. Entre ces deux points fixes, chaque corde enjambe deux pièces de bois dur : sillet (fixé sur le sommier), et chevalet, (collé sur la table d'harmonie). Sur le sillet comme sur le chevalet, la corde est guidée par des pointes métalliques qui permettent de fixer précisément sa position. La longueur utile ainsi établie entre pointe de sillet et pointe de chevalet détermine la hauteur du son émis.
48
+
49
+ À chaque note, correspondent une ou plusieurs cordes, groupées en nappes imbriquées ou superposées au-dessus de la table d'harmonie : l'ensemble des cordes d'une même nappe constitue un « rang » ou « jeu » et peut posséder un sillet et/ou un chevalet particulier. Selon la disposition de l'instrument, les sillets et chevalets peuvent donc être uniques ou multiples.
50
+
51
+ Chaque sillet est rectiligne ou presque ; la longueur des cordes croît de la droite vers la gauche - c'est-à-dire de l'aigu vers le grave - déterminant la forme du chevalet et, grossièrement, celle de l'instrument. Si elles étaient toutes de même diamètre et de même matière, une étendue (usuelle) de 5 octaves impliquerait une longueur excessive de la corde la plus grave[note 7]. Pour l'éviter, on fait varier leur diamètre (de 0,18 mm pour les plus aiguës, à 0,65 mm pour les plus graves, chiffres indicatifs), ainsi, éventuellement, que leur matière (fer pour l'aigu, bronze pour l'intermédiaire, cuivre pour le grave).
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+
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+ Du fait de ces corrections, plus importantes vers les graves, le chevalet à une forme en S ou en équerre, voire en plusieurs sections. et non celle d'une courbe exponentielle.
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+
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+ On appelle « module » (anglais : scale, allemand : Mensur) la longueur utile (entre sillet et chevalet) de la corde correspondant au Do au-dessus du milieu du clavier. Le module est considéré comme court autour de 25–28 cm et comme long autour de 32–36 cm[5] ; le module détermine généralement la matière des cordes : cuivre ou bronze pour un module court, fer pour un module long[note 8].
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+ Les vibrations des cordes sont transmises à la table d'harmonie, laquelle joue un rôle d'amplificateur, et qui consiste en une lame de bois très fibreux[note 9], très mince (entre 2,2 mm et 4,2 mm, chiffres indicatifs), occupant presque toute la surface de l’instrument[note 10]. Cette transmission se fait par l’intermédiaire du chevalet, pièce de bois dur[note 11] qui est collée sur la table d'harmonie et sur laquelle sont tendues les cordes. La cavité de la caisse sert de résonateur.
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+
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+ La table d'harmonie est renforcée (par en dessous, donc de façon invisible) par des barres de bois qui la raidissent partiellement. Le barrage joue de façon déterminante sur la qualité du son, et sa disposition exacte était un secret de fabrication jalousement gardé par les facteurs. Il diffère selon les écoles de facture et la disposition de l'instrument[7].
60
+
61
+ La table d’harmonie est ordinairement percée d'une ouïe dans son angle droit ; l’orifice généralement circulaire est alors muni d’une rosace ouvragée en parchemin, ou dégagée dans le bois, à motif géométrique (clavecins italiens), ou en étain doré, souvent ornée d'un ange musicien (clavecins flamands et français) : dans ce dernier cas, elle porte la marque du facteur[8]. Cette ouïe n'est pas indispensable mais joue aussi sur le son, permet d'équilibrer l'hygrométrie et d'éviter un couplage avec le fond.
62
+
63
+ Dans les clavecins de tradition flamande ou française, la table d’harmonie - de même que le plaquage de sommier qui semble la prolonger vers le clavier -, est très généralement décorée de motifs floraux, d’insectes, d’oiseaux, etc., ce alors que les Italiens et les Anglais préfèrent le bois brut. La table n'est pas vernie.
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+
65
+ Le clavecin possède un ou deux claviers, voire trois, de manière très exceptionnelle[9]. Leur étendue n'est pas normalisée, elle est inférieure à celle du piano et varie généralement entre 4,5 et 5 octaves, soit de 56[note 12] à 61 notes[note 13] : souvent de Fa0 à Fa5 (anglais/allemand : FF à f''', américain : F1 à F6). N.B. le la3 correspond au diapason, 440 Hz (classique) ou 415 Hz voire 392 Hz (baroque) ; le do4 définit le module des cordes.
66
+
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+ Le clavier supérieur, s'il existe, est en retrait par rapport au clavier principal et peut, selon la disposition, s'accoupler comme dans l'orgue, au clavier inférieur (ou clavier principal).
68
+
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+ L'image classique du clavier de clavecin est celle de couleurs inversées par rapport à celui du piano. Ceci est surtout vrai pour les clavecins de tradition française, et l'est beaucoup moins pour les autres traditions de facture. En revanche, les touches sont moins longues que celles d'un piano et leur partie frontale est généralement ornée d'arcades plus ou moins travaillées (voir photo).
70
+
71
+ La présence de plusieurs claviers rend le clavecin particulièrement adapté à la musique ancienne où le contrepoint est important : chaque main peut jouer sur un clavier différent sa propre ligne mélodique indépendante. Elle permet aussi de jouer sur les oppositions de timbre entre les différentes sections d'une même pièce.
72
+
73
+ L'élément principal du mécanisme du clavecin est une lamelle de bois dur[note 14] appelée sautereau qui se présente verticalement au-dessus de la partie arrière (cachée) de la touche.
74
+
75
+ Il est maintenu dans cette position par les registres disposés horizontalement et parallèlement au(x) clavier(s). Les registres sont généralement au nombre de deux par rang de sautereaux : celui du bas est fixe ; celui du haut est mobile et peut se déplacer latéralement de quelques millimètres, permettant de mettre en action ou non le rang de sautereaux correspondant. Dans les instruments les plus simples, ne possédant qu'un rang de sautereaux, il n'y a pas de registre mobile (l'unique jeu de sautereaux étant toujours actif). Les registres sont percés d'orifices rectangulaires, éventuellement garnis d'une basane, au travers desquels le sautereau peut coulisser librement, mais avec un jeu très ajusté, de bas en haut.
76
+
77
+ La touche constitue un levier : lorsque le claveciniste appuie sur l'extrémité qui lui fait face, l'autre extrémité se soulève et fait monter le sautereau muni d'un bec qui va pincer la corde correspondante.
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+
79
+ À l’extrémité supérieure du sautereau se trouve une petite languette de bois dur[note 15] articulée de façon élastique (ressort en soie de sanglier) sur le sautereau et munie du bec ou plectre (en plume de corbeau, en cuir ou en plastique) qui soulève la corde. Lorsque le sautereau continue à s’élever, le bec ploie progressivement puis finit par lâcher la corde ainsi mise en vibration. Le chapiteau, barre de bois placée horizontalement au-dessus des rangées de sautereaux, limite leur déplacement vertical.
80
+
81
+ Lorsqu'on cesse d'appuyer sur la touche, la queue de la touche revient sur le châssis du clavier ; le sautereau retombe et le bec repasse sous la corde, mais sans bruit (ou presque) grâce à la conception de l'articulation de la languette et du sautereau : la languette s’escamote vers l’arrière, et revient ensuite à sa place grâce au ressort. Le sautereau redescend en position basse, l'étouffoir en drap de laine vient reposer sur la corde pour faire cesser le son.
82
+
83
+ Le son émis par une corde du clavecin ne dépend pratiquement pas de la force appliquée par le claveciniste sur la touche[note 16]. Néanmoins, l'instrument possède une variété de sonorités obtenue grâce à ses différents jeux (ou rangs de cordes) sélectionnés à l'aide des registres, et par la possibilité de les combiner. La sonorité du clavecin est marquée par une grande richesse en harmoniques[note 17].
84
+
85
+ Aujourd'hui on désigne le plus souvent les jeux de cordes par un nombre de pieds, par analogie avec les registres d'orgue émettant des sons de même hauteur, soit 16 pieds (très rare), 8 pieds (le plus usuel), 4 pieds voire 2 pieds (très rare), en abrégé 16', 8', 4' et 2'. Ce nombre n'indique pas la longueur effective des cordes. Cependant, dans le principe, la partie active d'une corde d'un jeu de 8' est à peu près deux fois plus longue que la corde du jeu de 4' actionnée par la même touche.
86
+
87
+ En France, les jeux peuvent prendre les noms de jeu principal (premier 8'), unisson (second 8'), octave (4').
88
+
89
+ On appelle « disposition » l'affectation des différents registres et jeux de cordes au(x) clavier(s).
90
+
91
+ La disposition d'un clavecin à clavier unique peut être à un seul jeu, à deux jeux (principal et unisson : 2 × 8' ou principal et octave : 1 × 8', 1 × 4').
92
+
93
+ La disposition la plus ordinaire d'un clavecin à deux claviers comporte trois rangs de cordes : 8' et 4' actionnés par le clavier inférieur (« grand clavier »), unisson (second 8') actionné par le clavier supérieur (« petit clavier »), soit 2 × 8', 1 × 4'.
94
+
95
+ En combinant le son du principal et de l'unisson, non seulement on augmente la puissance sonore, mais aussi on joue sur le timbre. On peut aussi combiner les trois jeux, c'est le « plein-jeu ».
96
+
97
+ Les deux jeux de 8' sont accordés à la hauteur normale et le jeu de 4' (cordes de demi-longueur) à l'octave supérieure. En principe, le jeu de 4' n'est pas utilisé seul, mais combiné à l'un des jeux de 8' pour donner un timbre différent en ajoutant des harmoniques, ainsi qu'une puissance supérieure.
98
+
99
+ Les deux jeux de 8' eux-mêmes ne rendent pas exactement le même son, le spectre harmonique dépend en effet de la position du « point de pincement » ou distance séparant le bec du sautereau et le sillet[10]. Le schéma ci-dessus montre que si deux registres se partagent le même sillet, les points de pincements sont séparés de quelques dizaines de mm.
100
+
101
+ Dans certains instruments (spécialement flamands et anglais), un rang de sautereaux traverse le sommier, évidé à cet effet, pour rapprocher au maximum le point de pincement du sillet : ce jeu s'appelle « nasal » (en anglais : lute stop). Il peut partager le même rang de cordes qu'un unisson « normal ».
102
+
103
+ La sonorité peut être affectée par la matière du plectre, et notamment par l'emploi de la « peau de buffle » qui fut introduit par les facteurs parisiens du XVIIIe siècle en jeu complémentaire au principal, sans parler des becs en cuir durci des clavecins du début du XXe siècle.
104
+
105
+ Certains dispositifs peuvent altérer le son en venant appliquer un dispositif supplémentaire sur la corde, tout près du sillet : feutre ou cuir pour le « jeu de luth » (en anglais : buff stop, à ne pas confondre avec lute stop, cf. supra), métal pour l'arpichordum.
106
+
107
+ Enfin, un dispositif de couvercle à persiennes orientables commandé par des pédales fut employé en Angleterre vers la fin du XVIIIe siècle, permettant des effets de crescendo/decrescendo d'ailleurs accompagnés d'effets d'ouverture/étouffement du son.
108
+
109
+ Les registres permettent de mettre en action (ou hors action) les différents jeux disponibles.
110
+
111
+ À chaque registre correspond un jeu de sautereaux. Chaque registre peut être poussé ou tiré, afin de mettre en service ou hors service le jeu de sautereaux correspondants. Les registres se commandent par des manettes ou leviers situés à portée de main au-dessus du clavier. Chez les Flamands, l'extrémité des registres peut traverser la joue.
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+
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+ Le schéma ci-contre montre le fonctionnement d'une paire de registres : le registre inférieur est fixe ; le registre supérieur est mobile ; en se déplaçant longitudinalement (moins de 2 mm) il permet aux plectres de la rangée de sautereaux d'être dégagés des cordes ou de se placer au-dessous, afin de les pincer lorsque les touches correspondantes sont enfoncées.
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+
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+ Lorsqu'il n'y a qu'une paire de registres, les deux sont fixes. Les clavecins de facture italienne ont des registres épais (qui ne vont pas par paires) suffisants pour guider et maintenir les sautereaux dans leurs mortaises.
116
+
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+ Il n'y a pas autant de jeux que de rangs de cordes :
118
+
119
+ Toutes ces combinaisons donnent aux instruments les plus complexes une grande variété de timbres. C'est pour les modifier rapidement que furent mis au point, au XVIIIe siècle, des dispositifs particuliers, genouillères par les facteurs français et pédales par les Anglais.
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+
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+ Lorsque l'instrument possède deux claviers, deux dispositifs différents permettent d’actionner le même sautereau à partir des deux claviers :
122
+
123
+ Ces deux dispositifs, dont l’utilité musicale est différente, n’apparaissent en principe jamais simultanément sur le même instrument. L'une des différences réside dans le poids du jeu : dans le système français, lorsque les claviers sont accouplés, les touches du clavier supérieur sont déplacées pour actionner les sautereaux correspondants quand le principal joue, alors que dans le système anglais, elles restent immobiles. Jouer les claviers accouplés avec un système français demande donc un peu plus de force dans le jeu puisqu'il faut déplacer la masse de deux touches au lieu d'une seule dans le système anglais.
124
+
125
+ Très généralement aujourd'hui, le clavecin est accordé au diapason dit baroque avec un « la » à 415 Hz[note 18]. Le diapason moderne à 440 Hz n'est adopté que lorsque l'instrument doit s'intégrer à un ensemble moderne, notamment pour l'exécution des œuvres composées au XXe siècle.
126
+
127
+ L'écart entre ces deux diapasons correspond approximativement à un demi-ton : c'est pourquoi beaucoup d'instruments disposent d'un dispositif transpositeur rudimentaire qui consiste simplement à pouvoir décaler les claviers de la largeur d'une touche : décalée vers la droite, la touche donnant « la » vient se placer sous les sautereaux produisant auparavant « si bémol » ce qui demande d'effectuer un nouvel accord.
128
+
129
+ De façon générale, de nos jours, le clavecin n'est pas accordé au tempérament égal, sauf lorsqu'il doit s'insérer dans un ensemble moderne. Ce sont donc principalement les tempéraments en usage pendant les XVIIe et XVIIIe siècles qui sont utilisés : tempéraments mésotoniques et tempéraments inégaux ; en effet l'accord est beaucoup plus harmonique pour le clavecin. Ce respect de l'instrument et des styles musicaux est devenu la règle dans l'interprétation authentique du répertoire baroque.
130
+
131
+ La stabilité de l'accord du clavecin est particulièrement sensible aux variations des conditions atmosphériques auxquelles réagissent sa structure en bois (variations d'hygrométrie principalement) et ses cordes métalliques (variations de température exclusivement[note 19]). Il doit donc être réaccordé assez fréquemment ; le claveciniste procède lui-même à cette opération, à l'oreille (écoute et interprétation des battements) ou en s'aidant d'un accordeur électronique chromatique. Le réglage de l'accordage est en fait celui de la tension des cordes, obtenu en tournant les chevilles d'accord dans un sens ou dans l'autre à l'aide d'un té ou d'une clef adaptés d'accordeur, jusqu'à obtenir la hauteur désirée.
132
+
133
+ La table d'harmonie n'est pratiquement pas vernie et offre une surface d'un mètre carré extrêmement poreuse à l'atmosphère ambiante : la fermeture du couvercle, hors utilisation, est indispensable.
134
+
135
+ Le clavecin craint les climats sujets à de très fortes variations de température et d'hygrométrie. Relativement peu affecté par les climats d'Europe de l'Ouest, il l'est de façon beaucoup plus marquée par ceux que l'on trouve en Amérique du Nord : dans ces régions, les grandes variations d'hygrométrie peuvent provoquer des dommages irrémédiables aux instruments, quels qu'ils soient. Lorsqu'un instrument doit être installé pour un concert dans un lieu étranger (par exemple une église, souvent froide et humide), il est donc nécessaire de l'y placer plusieurs heures à l'avance et de rectifier l'accord, en plusieurs phases et notamment à l'approche du concert. Une légère adaptation peut même intervenir au cours de celui-ci, pendant entractes et pauses.
136
+
137
+ Avant le retour à la facture traditionnelle opéré à partir des années 1950, les facteurs ont produit des instruments différant sensiblement des clavecins historiques et reprenant de nombreuses caractéristiques des pianos[12] :
138
+
139
+ Ces instruments étaient beaucoup plus lourds[note 20] et produisaient un son plus métallique et plus grêle, qu'on leur reproche actuellement. Ils se prêtaient mieux à une production industrielle et furent d'ailleurs construits en grand nombre, notamment par quelques firmes allemandes telles que Neupert, Wittmayer, Sperrhake, Ammer, Sassmann.
140
+
141
+ La seule innovation du XXe siècle qui ait été communément conservée aujourd'hui sont les plectres en Delrin.
142
+
143
+ Outre le grand clavecin, plusieurs instruments sont basés sur le mécanisme du sautereau. Ils se distinguent par leur structure, leur forme, leur taille, leur timbre et peuvent continuer de nos jours à être fabriqués par les facteurs.
144
+
145
+ Ces instruments sont, pour la plupart, plus archaïques, munis d'un seul clavier et d'un seul rang de cordes, avec une étendue moindre (quatre octaves ou un peu plus suffisent pour la musique de la Renaissance et des dispositifs anciens tels que octaves « courtes » ou touches dédoublées (dites feintes brisées).
146
+
147
+ Leur nom dépend plus ou moins de la direction des cordes relativement au clavier. Néanmoins, la terminologie est souvent imprécise et variable géographiquement, notamment pour la distinction entre épinette, virginal et clavecin :
148
+
149
+ Le clavicythérium ou clavecin vertical a ses cordes disposées verticalement. Les sautereaux y sont donc placés à l'horizontale et un système de renvoi est nécessaire pour les relier au clavier. Cet instrument assez rare a pour avantages une place au sol réduite (contrepartie d'une hauteur importante) et un son très proche de l'interprète.
150
+
151
+ L'épinette peut être de formes variées : rectangulaire, polygonale, en forme d'aile d'oiseau (épinette courbe) ; les cordes sont plus ou moins inclinées par rapport au clavier – les plus graves étant les plus éloignées. Le nom était interchangeable avec celui de clavecin en France au XVIIe siècle.
152
+
153
+ Le virginal a une forme rectangulaire ou polygonale, les cordes y sont parallèles au clavier – les plus graves étant les plus proches. Le clavier est situé à gauche du coffre.
154
+
155
+ Le muselaar est un virginal dont le clavier est situé au centre de la caisse. Les sautereaux y pincent les cordes en leur milieu, d'où une sonorité particulière.
156
+
157
+ L'ottavino est une épinette rectangulaire, voire triangulaire, de taille réduite sonnant « à l'octave » grâce à ses cordes à moitié plus courtes.
158
+
159
+ Le clavecin à pédale est un grand clavecin auquel était adjoint un pédalier à touches. L'instrument permettait aux organistes de s'entraîner à moindres frais.
160
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161
+ Le claviorganum était un instrument hybride intégrant un double mécanisme, les cordes d'un clavecin et les tuyaux d'un orgue.
162
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163
+ Le luth-clavecin était équipé de cordes en boyau.
164
+
165
+ L'origine du clavecin remonte au Moyen Âge : il est une évolution du psaltérion, auquel a été adapté un clavier. C'est au XIVe siècle que l'on en trouve les plus anciens documents. Un manuscrit en latin d'Arnaut de Zwolle, datant d'environ 1440, inclut des schémas détaillés du clavicymbalum (ancien nom du clavecin) ainsi que de quatre dispositifs d'excitation des cordes, soit pincées, soit frappées. Arnault précise que la première mécanique est la meilleure : les premiers sautereaux[13].
166
+
167
+ L'instrument est peut-être originaire d'Italie ou de Bourgogne, que ces deux centres de facture aient été en communication ou se soient développés de façon indépendante. L’Italie sera toujours, et de loin, le siège de la plus importante production, avec une facture très typée qui demeure la même pendant trois siècles.
168
+
169
+ En 2009, le plus ancien clavecin conservé est de facture italienne ; il est daté de 1521, a été construit par le facteur Jérôme de Bologne (Hieronymus Bononiensis) et est conservé à Londres au Victoria and Albert Museum[14]. La Royal Academy of Music possède un clavicythérium, qui doit être antérieur, mais le mécanisme est manquant. Notons qu'ils sont précédés par une épinette datant de 1493, exposée au musée de Pérouse[15]. Les autres instruments remontant à cette haute époque, la première moitié du XVIe siècle, sont également de facture italienne. Cependant, ils ne nous fournissent aucun renseignement sur la genèse de l'instrument : de manière surprenante, la facture en est quasi accomplie, et l'on ne peut donc qu'émettre des hypothèses quant à son évolution antérieure, d’autant que les documents écrits manquent presque complètement jusqu'à l'Encyclopédie de Diderot[16].
170
+
171
+ Les facteurs italiens construisaient des instruments très légers, dont la structure évoque la lutherie, munis d'un seul clavier et des cordes de tension modérée. Cette structure perdura pendant plusieurs siècles sans modification notoire. Les instruments italiens ont un son plaisant, mais qui manque de puissance : ils devinrent l'instrument d'accompagnement par excellence.
172
+
173
+ Un changement décisif dans la facture eut lieu à Anvers vers les années 1580, surtout sur l'impulsion du facteur Hans Ruckers et de ses héritiers, parmi lesquels Ioannes Couchet. Les facteurs flamands construisaient des instruments beaucoup plus solides que les Italiens. Leurs instruments avaient des cordes plus longues, sous plus forte tension, de diamètre progressivement augmenté vers les basses – d'où une forme plus trapue, avec deux jeux de 8 et 4 pieds (ou de deux fois 8 pieds) –, une caisse plus épaisse et une table d'harmonie très mince qui rendait un son puissant et noble. Il y avait parfois deux claviers, généralement transpositeurs (à intervalle de quarte) et qui ne pouvaient être accouplés. Plus tard, le second clavier fut aussi utilisé pour produire des modifications de sonorité. Le modèle flamand servit de base au développement de la facture dans les autres pays d'Europe occidentale (essentiellement la France, l'Angleterre, l'Allemagne), même si une tradition antérieure a pu y exister[17].
174
+
175
+ C'est la grande époque du clavecin : facteurs et musiciens portent l'instrument et son répertoire à leur apogée. Le clavecin devient un instrument de prestige et un meuble d'apparat qui orne hôtels particuliers, châteaux et palais, chez les bourgeois aisés, les membres de la noblesse et des familles royales. Il participe à la riche vie musicale qui les anime, et les enfants des classes privilégiées apprennent à en jouer auprès des meilleurs professeurs. [réf. nécessaire]
176
+
177
+ En France, la Révolution de 1789 porte un coup fatal à l'un des instruments les plus prestigieux de l'époque baroque : il est considéré comme un symbole de l'Ancien Régime et son sort se lie à celui de la monarchie. Les biens des condamnés et des immigrés sont confisqués, autant les clavecins que les piano-fortes (il est attesté qu'une douzaine de clavecins furent brûlés dans la cour du Conservatoire de Paris). Une anecdote précise qu'à la mort de Louis XVI les instruments furent peints en noir en signe de deuil. Le clavecin est considéré comme un instrument démodé, souvent relégué comme objet décoratif.
178
+
179
+ Le clavecin pour autant ne disparaît pas totalement et il reste en usage jusqu'au début du XIXe siècle en Italie, en Angleterre, en même temps que se développe le piano-forte. Son effacement rapide coïncide avec les changements esthétiques, politiques et philosophiques de la fin du XVIIIe siècle, le passage à la période dite « classique » (celle de Haydn, de Mozart, de Beethoven) et surtout avec la naissance du romantisme. Pendant l'époque romantique, correspondant au développement de l'ère industrielle, les compositeurs n'écrivent plus pour lui. Les derniers clavecins « à l'antique » sont construits par Kirkman à Londres au tout début du XIXe siècle.
180
+
181
+ À la fin du XIXe siècle, les facteurs sont tentés de lui appliquer les techniques des manufactures de piano, mais sans réel succès. L'instrument historique retrouve progressivement son usage grâce aux facteurs et aux musicologues dans le courant du XXe siècle.
182
+
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+ Il faut attendre 1889 (Exposition universelle de Paris) pour voir réapparaître en public le clavecin, via des instruments fabriqués par Pleyel et Érard et présentant des caractéristiques très différentes du clavecin ancien.
184
+
185
+ Au début du XXe siècle, la pianiste virtuose Wanda Landowska découvre le clavecin et va œuvrer pour le renouveau de l’instrument en s’y consacrant de façon exclusive : elle interprète sur un instrument spécialement conçu et construit pour elle par Pleyel les œuvres de Bach, Couperin, Rameau, Scarlatti… et forme de nombreux disciples. Parmi ceux-ci, Ralph Kirkpatrick, Rafael Puyana, Ruggero Gerlin entre autres, deviendront à leur tour des professeurs renommés.
186
+
187
+ La tradition de la facture classique s'est perdue depuis le XVIIIe siècle : les facteurs de pianos sollicités par les artistes désireux de ressusciter l’instrument croient bon de faire « bénéficier » celui-ci des améliorations qui avaient transformé le piano-forte en piano moderne. Ils le munissent donc d’une caisse massive en contreplaqué, d’un cadre métallique avec des cordes sous forte tension, de becs en cuir durci, de dispositifs de réglage fin sous la forme de multiples vis d’ajustement, de clefs d'accord doublées, de pédales permettant les changements rapides de registre, sans soupçonner que ces nouveautés en font un instrument différent et moins convaincant sur le plan musical : le son en est différent, beaucoup plus métallique, et, chose plus inattendue, d’une faiblesse qui surprend et qui pouvait justifier a posteriori l’abandon de l’instrument à la fin de l’époque baroque. Le clavecin ainsi « falsifié » ne supporte guère la comparaison avec le piano ni la confrontation avec l'orchestre.
188
+
189
+ La puissance sonore du clavecin, en effet, comme celle de la guitare ou de la harpe, le rend incapable de lutter à égalité avec un orchestre moderne, où pour chaque pupitre on multiplie le nombre d'instruments. Sa sonorité délicate le marie admirablement aux formations instrumentales beaucoup plus réduites de l’époque baroque, au cours de laquelle a été constitué l’essentiel de son répertoire.
190
+
191
+ Les compositeurs redécouvrent pourtant l’instrument et composent pour lui : de Falla (le Concerto pour clavecin) ou Poulenc (Concert champêtre pour clavecin et orchestre).
192
+
193
+ Dès les années 1950, le clavecin suscite à nouveau la curiosité et l'intérêt du monde musical.
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+ En France, la firme Erato sous l'impulsion de son directeur artistique Michel Garcin va lancer dès 1958 une encyclopédie du clavecin. Il engage de jeunes virtuoses tels Robert Veyron-Lacroix, auteur de l'enregistrement de quantités de pages de musique de chambre et de concertos avec orchestre, Zuzana Růžičková, qui va au cours de la décennie 1960 enregistrer la première intégrale des œuvres pour clavecin de J.S. Bach en 21 disques, et Laurence Boulay, à qui l'on doit de nombreuses recherches sur l'instrument en relation avec la maison Mercier-Ythier.
196
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+ Aux Pays-Bas, Gustav Leonhardt, organiste, claveciniste et pédagogue, va susciter une nouvelle vague dans l’approche, la lecture et l’interprétation de la musique ancienne. Il va, avec ses nombreux élèves, ses disciples, et bien au-delà du seul clavecin, susciter un engouement pour les techniques anciennes d’interprétations et de facture.
198
+
199
+ Un retour progressif à la facture authentique s’opère en effet après la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion de quelques facteurs enthousiastes, en particulier Hugh Gough en Angleterre, Frank Hubbard, William Dowd ainsi que Bruce Kennedy aux États-Unis, Martin Skowroneck en Allemagne, et en France, dans les années 1960, David Boinnard (es), Claude Mercier-Ythier, Jean-Paul Rouaud, Reinhard von Nagel, Marc Ducornet, Émile Jobin, Philippe Humeau, Patrick Chevalier ou encore Laurent Soumagnac. Ils admirent les facteurs de la grande époque qui avaient mis au point un instrument presque parfait, qu’il suffit de reproduire pour retrouver les qualités sonores historiques. Ce retour à une facture qui ne trahit pas l'instrument est parallèle à la redécouverte des techniques de jeu de l'époque baroque, par l’étude des traités des XVIIe et XVIIIe siècles, et manifeste une recherche d’authenticité qui n’est d’ailleurs pas spécifique au clavecin.
200
+
201
+ Aujourd’hui, de nombreux facteurs produisent des clavecins « à l’ancienne » de grande qualité, tandis que d'autres fabricants proposent des instruments à monter soi-même permettant à l’amateur passionné de le construire à partir d'un kit.
202
+
203
+ Le clavecin a retrouvé depuis le dernier quart du XXe siècle sa place privilégiée dans l’interprétation de la musique baroque, comme instrument soliste, concertant ou assurant le continuo. Il a pratiquement repris sa place jusqu'alors usurpée par le piano dans ce domaine, car ses caractéristiques sont beaucoup plus appropriées à l’interprétation d’une musique qui a été conçue pour lui. Ainsi, seul le double clavier permet d’exécuter exactement certaines œuvres contrapuntiques, mais surtout, les ornements ne peuvent être exécutés correctement que grâce au mécanisme du clavecin. D'une manière générale, la couleur, le jeu spatial et la répartition des voix sont uniques au clavecin.
204
+
205
+ Des compositeurs contemporains tels que Francis Poulenc, Bohuslav Martinů, Manuel de Falla, Frank Martin, Peter Mieg, Maurice Ohana, Jean Françaix, György Ligeti, Iannis Xenakis ou Henryk Górecki vont composer pour l'instrument. Il sera également employé dans le domaine de la chanson française (Léo Ferré, Jacques Brel, Jean Ferrat...) et dans le jazz (Erroll Garner), mais aussi par des compositeurs de musiques de film (Vangelis dans 1492 : Christophe Colomb (Ridley Scott, 1992).
206
+
207
+ L'histoire de la musique composée pour le clavecin s'écrit en deux pages bien distinctes, la pratique de cet instrument ayant cessé pendant tout le XIXe siècle : la musique composée pour le piano pendant cette période ne peut pas être interprétée convenablement sur le clavecin car elle mise sur des caractéristiques musicales propres au piano, notamment les possibilités expressives et la puissance sonore. Il y a donc une discontinuité entre la première période (Renaissance et baroque, soit près de trois siècles) et la seconde (période contemporaine), au cours de laquelle le clavecin a retrouvé la faveur de certains compositeurs.
208
+
209
+ Pendant la Renaissance, les tablatures concernent indifféremment l'orgue et le clavecin, et ce dans toute l'Europe occidentale, malgré les caractères opposés des deux instruments. Ce n'est que progressivement que se développe un répertoire propre à chacun d'eux, à des périodes qui diffèrent selon les pays : le clavecin tend alors à se spécialiser dans la musique profane, et l'orgue dans la musique sacrée.
210
+
211
+ Pendant la période baroque, le clavecin trouve son utilisation dans trois domaines :
212
+
213
+ Chacune des nations qui participent à l'essor du répertoire apporte une composante à une synthèse européenne qui aboutira, au XVIIIe siècle, à un apogée précédant de peu la disparition rapide de l'instrument, supplanté par le piano.
214
+
215
+ À la suite de Frank Hubbard et Raymond Russell on distingue habituellement cinq « écoles » nationales pour la facture ancienne :
216
+
217
+ Il s’est produit peu de clavecins en dehors de ces régions. Quelques instruments ibériques (portugais, espagnols) subsistent, qui dénotent une forte influence italienne, mais la production a toujours été très réduite. En Scandinavie, c'est la tradition hambourgeoise qui prévaut, et en Europe orientale, Suisse, Autriche celle de l'Allemagne méridionale. L'influence anglaise se ressent quant à elle en Irlande ainsi qu'en Amérique du Nord (où sont construits quelques instruments vers la fin du XVIIIe siècle).
218
+
219
+ Les cinq principales écoles nationales sont bien caractérisées, même si de nombreuses variantes existent et que les facteurs les plus talentueux ont toujours fait preuve d’imagination et d’ingéniosité. Les caractères indiqués ci-après ne décrivent que des tendances générales, qui sont sujettes à de nombreuses exceptions.
220
+
221
+ Du XVIe au XVIIIe siècle, l'Italie a été le plus important centre de fabrication de clavecins de toute l'Europe. Les instruments en sont très caractérisés ; leur son typé et leur attaque précise les destinent tout particulièrement à la réalisation de la basse continue. D'ailleurs, relativement peu d'artistes italiens se sont consacrés exclusivement à cet instrument, en proportion du nombre de musiciens italiens pendant toute la période baroque[18].
222
+
223
+ Le clavecin italien le plus typique a une caisse extrêmement légère formée de parois minces en cyprès, dont la construction évoque la lutherie. Cet instrument fragile n’est pas décoré ; il est contenu dans une caisse extérieure solide, de caractère utilitaire à l’origine, et qui prendra au cours des temps une fonction décorative de plus en plus importante. Les instruments plus tardifs ont souvent des parois plus épaisses, mais ils s’efforcent de conserver la même apparence de structure, simulant un coffre extérieur et un instrument séparé qui en fait ne font qu'un. La table d'harmonie est découpée à la forme du fond, que les éclisses entourent, et à partir duquel on construit l’instrument.
224
+
225
+ Très généralement, il n’y a qu’un seul clavier, actionnant deux jeux à l'unisson, les registres n’étant pas mobiles ; ils sont parfois disposés obliquement (non parallèles au clavier) ce qui nécessite un processus de fabrication très sophistiqué. Ce clavier est proéminent (en console) par rapport à la caisse. La mesure des cordes (en laiton) est courte, et la progression de leurs longueurs vers le grave sans variation de diamètre donne à l’instrument une forme très allongée, avec une éclisse courbe très incurvée. C’est dans la partie la plus grave que les diamètres de cordes sont augmentés, ce qui s’accompagne d’une pointe presque perpendiculaire à l’échine. Dans cette partie, le ou les chevalets ne sont pas courbes, mais anguleux.
226
+
227
+ En ce qui concerne la décoration :
228
+
229
+ La facture flamande représente le pôle opposé à la facture italienne. Les autres écoles nationales (France, Allemagne et Angleterre) se rattachent à sa tradition avec des variations locales. Le plus grand nombre d’instruments conservés vient de la famille Ruckers, dont la production représente l’archétype de cette école.
230
+
231
+ Contrairement au clavecin italien, le clavecin flamand est un instrument solide, aux parois relativement épaisses ; la rigidité de la caisse est assurée, en outre, par des renforts internes disposés en éventail, plus ou moins perpendiculairement à l’éclisse courbe. Les Flamands emploient des bois tels que le tilleul ou le peuplier. Les éclisses sont posées sur le fond (donc la table d’harmonie n’a pas la même surface que ce dernier), mais il est probable qu’en fait, on fixait le fond (par collage et cloutage), une fois l’instrument terminé, sur la tranche inférieure des éclisses.
232
+
233
+ Le plus souvent, il n’y a qu’un seul clavier, actionnant deux jeux à l'unisson ou un jeu principal et un d'octave, avec registres mobiles disposés parallèlement au clavier. Ce clavier est rentrant dans la caisse. La mesure des cordes (en acier ou laiton) est assez longue, et la progression de leurs longueurs vers le grave est accompagnée d’une variation de diamètre qui permet d’avoir un instrument assez compact, avec une éclisse courbe peu incurvée. Les chevalets sont incurvés en forme de « S ». Les instruments à deux claviers en état d’origine sont transpositeurs (claviers décalés, un en Ut, l'autre en Fa, et surtout sans accouplement).
234
+
235
+ La table d’harmonie a une épaisseur variable sur les bords, et un barrage assez rigide.
236
+
237
+ Le piétement est l’extrapolation de simples tréteaux : quatre pieds en chêne tourné et ciré, reliés par des traverses horizontales ou une balustrade. Il était parfois étonnamment haut, car l’on pouvait jouer debout.
238
+
239
+ En ce qui concerne la décoration :
240
+
241
+ Il existe une tradition française de la facture antérieure à la période d’extraordinaire engouement pour les clavecins flamands qui la fit évoluer de façon décisive. Cette manière ancienne est d’ailleurs beaucoup plus proche des Flamands que des Italiens. La production française est presque entièrement concentrée à Paris, qui comptait plus de cent facteurs au XVIIIe siècle [19] - on peut citer les familles Denis, Bellot, Jean-Antoine Vaudry. Quelques autres travaillent à Lyon (Gilbert Desruisseaux, plus tard Pierre Donzelague), Toulouse (Vincent Tibaut) — Les instruments datant de cette période sont excessivement rares et aucun ne remonte avant 1648[20].
242
+
243
+ Le clavecin français typique du XVIIIe siècle est un grand instrument à deux claviers dont la structure rappelle beaucoup celle des Flamands. Bien souvent, ces instruments sont issus de l’opération de ravalement[21] qui consiste à transformer un ancien instrument pour le mettre au goût du jour. Il s’agit soit d’adjoindre un second clavier ou d’ajouter un accouplement, soit d’augmenter l’étendue du clavier, soit d’augmenter le nombre des registres, et éventuellement d’ajouter des dispositifs de changement rapide.
244
+
245
+ Les grands facteurs parisiens du XVIIIe siècle se sont fait une spécialité du ravalement de clavecins flamands, particulièrement des Rückers. En effet cette signature était synonyme de qualité sonore exceptionnelle et de prix exorbitant : elle donna lieu aussi à des contrefaçons.
246
+
247
+ La décoration, qui s'harmonise au reste du mobilier, est somptueuse, avec dorures, sculptures, peintures ; la table d’harmonie possède une décoration florale raffinée. L’intérieur du couvercle est souvent un tableau pour lequel on fait appel aux meilleurs peintres.
248
+
249
+ La recherche d’expressivité a donné lieu, au XVIIIe siècle, à des innovations telles que les genouillères pour changement rapide des registres, le plectre en peau de buffle… .
250
+
251
+ Malgré la production importante, il subsiste relativement peu d’instruments français de la grande époque, à cause des destructions consécutives à la Révolution. Il n'existe plus, pour certains facteurs, qu'un seul instrument, et nombreux sont ceux dont toute la production a disparu[23].
252
+
253
+ Les grands noms de la facture française :
254
+
255
+ Clavecin Dumont/Taskin
256
+
257
+ Clavecin Ruckers/Blanchet/Taskin
258
+
259
+ Clavecin Goujon/Swanen
260
+
261
+ Clavecin Hemsch
262
+
263
+ Clavecin Taskin
264
+
265
+ Les pays allemands n’ont pas été des centres de production importants. Il subsiste peu d’instruments anciens, et ceux-ci présentent une grande diversité. Les influences flamande et française sont très fortes.
266
+
267
+ Les instruments fabriqués en Allemagne méridionale sont d’aspect moins élaboré que ceux d’Allemagne du nord, parmi lesquels se distinguent particulièrement ceux du facteur hambourgeois Hieronymus Hass. Celui-ci a réalisé des instruments avec les jeux, rares, de deux pieds et de seize pieds. Son œuvre la plus exceptionnelle de complexité (cf. clavecin Hass de 1740) est un clavecin vraiment unique à trois claviers, cinq jeux de cordes et deux tables d’harmonie. Autres facteurs hambourgeois de renom : les Fleischer, Christian Zell. La Saxe possède aussi des facteurs célèbres : les Gräbner, Michael Mietke[note 21], Gottfried Silbermann (également fameux facteur d'orgues)... .
268
+
269
+ Les clavecins hambourgeois présentent souvent une éclisse doublement courbée dont la queue fait partie intégrante : cette forme est celle des instruments du début du XXe siècle ; elle ne se retrouve pas en Saxe ou en Allemagne méridionale, dont les instruments apparaissent moins massifs.
270
+
271
+ Clavecin/H.A. Hass/Hamburg
272
+
273
+ Clavecin/Carl Conrad Fleischer/Hamburg
274
+
275
+ Clavecin/Christian Zell/Hamburg
276
+
277
+ Clavecin/Gottfried Silbermann/Freiberg
278
+
279
+ Clavecin/Michael Mietke/Berlin
280
+
281
+ La facture anglaise est influencée par celle de Flandre. Il y a une production importante de virginals au XVIIe siècle, et d’épinettes courbes « bentside spinet » dont la taille inférieure à celle du grand clavecin a favorisé la diffusion et dont certaines familles de facteurs se sont fait une spécialité.
282
+
283
+ Un des traits distinctifs de cette école est l’utilisation, pour la caisse du chêne, plaqué de noyer puis d’acajou. Pour la décoration, les facteurs misent, non sur la peinture, mais sur la marquetterie, parfois extrêmement raffinée. Les facteurs les plus significatifs sont d’ailleurs des menuisiers et ébénistes d’origine continentale, Kirkman (alsace) et Shudi - Tschudi - (Suisse alémanique). Le jeu de nasal était préféré au jeu d'octave. Dans les deux claviers, c'est le supérieur qui se déplace pour l'accouplement, il vient s'engager dans un cran réalisé dans le sautereau dit en pied-de-biche en anglais : « dogleg ». La table d’harmonie, dont l’épaisseur croît légèrement de l’aigu vers le grave, comporte une rosace, mais n’est presque jamais décorée. Le piètement est des plus simples, souvent des pieds de section carrée.
284
+
285
+ Les facteurs anglais autour de la fin du XVIIIe siècle ont multiplié les dispositifs permettant d’agir sur l’expressivité : pédales pour le changement de registres, « machine-stop » permettant de préparer un changement complet et rapide du registre, volets vénitiens (1769) placés au-dessus de la table d’harmonie pour modifier le volume sonore. De 1790 à 1825, la maison Broadwood, successeur de Shudi, passa insensiblement de la production de clavecins à celle de piano-forte.
286
+
287
+ Virginal de G. Townsend
288
+
289
+ Épinette de Thomas Hitchcock
290
+
291
+ Clavecin de Burkat Shudi
292
+
293
+ Clavecin de Jacob Kirkman
294
+
295
+ Le clavecin est un instrument aussi coûteux qu’un piano, une harpe, une contrebasse ou un orgue-coffre. Cependant il offre une large gamme d'instruments de tailles et de prix variés[note 22]. Étant donné leur poids (30 à 90 kg), le clavecin et l'épinette font partie des instruments que le joueur de musique baroque peut éventuellement emporter avec lui lorsqu'il participe à un concert, au contraire des pianos, des orgues, des timbales. Bien qu’il se déplace facilement à deux personnes, le clavecin est souvent loué, ou bien l'institution qui reçoit en possède déjà plusieurs.
296
+
297
+ À l'heure actuelle, malgré une forte demande, la fabrication de clavecins demeure une activité largement artisanale (à l'instar de la lutherie en violon), qui n'est pas organisée en un véritable secteur économique. Ainsi, il n'existe aucune production industrielle en France depuis le XVIIIe siècle[24],[25],[26]. Cependant des avatars du piano furent manufacturés en Allemagne (1920-1960). On estime toutefois que la facture de l'instrument peut offrir des opportunités de niche prestigieuses et porteuses d'images pour le savoir-faire du pays[27].
298
+
299
+ « Le clavecin a dans son espèce un brillant et une netteté qu'on ne trouve guère dans les autres instruments. Il est parfait quant à son étendue par lui-même… . Cet instrument a ses propriétés comme le violon a les siennes. Si le clavecin n'enfle point les sons, si les battements redoublés sur une même note ne lui conviennent pas extrêmement, il a d'autres avantages qui sont : la "précision", la "netteté", le "brillant" et l'"étendue" » (Art de toucher le clavecin, François Couperin, 1717).
300
+
301
+ « Ces couplets sont assez bons… pour un piano-forte qui n'est qu'un instrument de chaudronnier en comparaison du clavecin. �� (Correspondance avec la marquise Mme du Deffand, Voltaire, 8 décembre 1774).
302
+
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+ Le grand chef d'orchestre britannique Sir Thomas Beecham n'aimait pas le clavecin. Il en comparait le son à celui de « squelettes copulant sur un toit en tôle ondulée » (« skeletons copulating on a corrugated iron roof ») ou à celui d'une « cage à oiseaux jouée à l'aide de fourchettes à rôtir » (« a birdcage played with toasting forks ») !
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+
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+ « Schwermütig denkt die Gambe ihren Traum,Die Flöte singt das Sehnen und das Irren,aber das Cembalo mit zartem Klirrenstreut Sterne in den leeren Raum. »(Manfred Hausmann (de), extrait du poème Alte Musik).
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1
+ Une clé USB est un support de stockage amovible, inventé dans les années 2000 et prévue pour se brancher sur un port USB d'un ordinateur mais qui est, depuis plusieurs années, largement utilisé sur d'autres appareils (chaînes Hi-Fi, lecteurs de DVD de salon, autoradios, radiocassettes, téléviseurs, etc.). Une clé USB contient une mémoire flash et ne possède pas ou très peu d'éléments mécaniques, ce qui la rend très résistante aux chocs.
2
+
3
+ Elle permet de copier facilement des fichiers d'un appareil, ayant des capacités d'écriture, à un autre[a].
4
+
5
+ Un brevet américain pour une clé USB fut demandé en avril 1999 et attribué le 14 novembre 2000 à l'entreprise israelienne M-Systems. Plus tard en 1999, IBM déposa une invention disclosure par un de ses salariés[1].
6
+
7
+ Pour les produits similaires mais contenant un minuscule disque dur à la place de la mémoire flash, on n'utilise pas le terme clé USB mais plutôt celui de flash disk, microdrive ou disque dur externe.
8
+
9
+ La clé USB permet de stocker facilement des fichiers à partir de tout système disposant de prises USB (ordinateur de bureau, ordinateur de poche, etc.). Elle permet donc de transférer des données entre ordinateurs et donne la possibilité d'effectuer une copie de tout document, à condition de disposer du matériel (scanner équipé d'une prise USB et d'un ordinateur disponible et opérationnel) et de tous les documents que l'on veut emporter, pendant tout le temps nécessaire pour effectuer l’opération.
10
+
11
+ Elles sont aussi parfois utilisées à des fin d'espionnage et peuvent par exemple contenir un cheval de Troie[2].
12
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13
+ Les clés USB sont alimentées par le port USB sur lequel elles sont branchées. Elles sont insensibles à la poussière et aux rayures, contrairement aux disquettes, aux CD ou aux DVD, ce qui est un avantage au niveau de la fiabilité. En 2008, les clés commercialisées étaient au format « USB 2.0 » ; en 2010, beaucoup de produits commercialisés utilisaient la nouvelle spécification « USB 3.0 ». Les clés USB sont désormais reconnues nativement par la plupart des systèmes d'exploitation utilisés à ce jour (Windows XP, Vista, Windows 7, Windows 8 et Windows 10, Mac OS X, toutes les distributions Linux, et Chrome OS). Seuls certains OS plus anciens (Windows 95, 98 et NT) nécessitent l'installation de pilotes afin de pouvoir utiliser des clés USB. En 2013, les clés USB affichaient des capacités allant de quelques Mo à 1 To[3].
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+ Les clés USB basées sur des mini disques durs[4] ont un débit généralement meilleur que les clés USB à mémoire flash[réf. nécessaire], mais les temps d’accès sont plus longs, elles sont plus fragiles, elles peuvent chauffer en cas d’utilisation intensive et leur taille est légèrement plus grande que les clés USB, mais elles tiennent facilement dans la poche.
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+ Ces nouvelles générations de clés USB 3.0 peuvent être de très faibles dimensions et certaines sont plus petites qu'une pièce de 1 euro[5].
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+ Avec la généralisation de l'usage des tablettes, notamment Android, on voit apparaître de nouvelles clés USB permettant un échange facile entre le PC et la tablette. Ces clés disposent d'un double connecteur USB et micro USB[6].
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21
+ La durée de vie (ou MTTFF) de la clé elle-même n'est pas spécifiée. Cependant, quelle que soit l'annonce des fabricants, cette donnée demeure fondée sur une statistique. Toute clé est donc susceptible de tomber en panne au bout de quelques jours aussi bien que de quelques années. Ce phénomène peut engendrer une perte partielle ou totale des données.
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23
+ Les constructeurs annoncent une conservation des données pendant au moins dix ans, voire beaucoup plus[7]. Dans son article Not all USB drives are created equal, le magazine Computerworld se montre plus réservé en attirant l'attention sur les écarts importants existant entre les différents modèles[8]. Cela vient du fait que la charge électrique stockée, qui représente l'information, n'est pas parfaitement isolée et peut donc disparaître au bout d'un certain temps, avant lequel il faut effectuer une réécriture pour s'assurer de la conservation des données[9] ; la qualité de l'isolation définirait donc la durée de conservation des informations.
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25
+ Il ne faut pas confondre cette durée de conservation des informations avec la durée de vie de la clé qui peut tomber en panne ou perdre des données bien avant la fin de celle-ci.
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+ Les causes de panne et de perte de données peuvent être entre autres :
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29
+ Les performances dépendent de la conception du modèle qui inclut le choix de composants, de l'architecture et du contrôleur mémoire. Des techniques comme l'amplification d'écriture influent sur les performances[10]. Elles peuvent varier en fonction du système d'exploitation ou du matériel sur lequel elle est utilisée.
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31
+ Le débit de données varie donc en lecture, en écriture et dépend du nombre de fichiers copiés et de l'organisation du contenu de la clé. On peut avoir des débits de quelques Mo/s à plusieurs dizaines de Mo/s, qui peuvent chuter dans le cas de transfert d'un grand nombre de petits fichiers.
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+
33
+ Différents critères améliorent l'ergonomie de la clé : présence et positionnement du témoin lumineux d'activité, système de protection du connecteur (capuchon rotatif ou rétractable, connecteur rétractable), accessoires fournis (dragonne, cordon-collier ou chaînette porte-clé, rallonge USB), logiciels portables (fonction de chiffrement, synchronisation de données, importation de mails voire suite logicielle), design de la coque, etc.[11].
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35
+ Avec Windows Vista est apparue la certification ReadyBoost qualifiant une clé USB qui permet d'alléger la charge du disque dur au moment du lancement d'un PC[12]. La clé USB 2.0 a un débit plus lent qu'un disque dur 2009, mais son temps de latence d'accès à chaque fichier de quelques millisecondes est meilleur que les quelques dizaines de millisecondes du disque dur. Le bilan de la clé peut donc être positif.
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37
+ Certaines clés ont une fonction différente, ou une fonction supplémentaire de la fonction de mémoire de masse :
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39
+ On trouve aussi des clés USB dans certains couteaux suisses.
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+ Une clé peut avoir une partition publique et une dont l’accès est soumis à un mot de passe. Les données confidentielles sont sécurisées (paramètres de connexion, portefeuille de mots de passe, courrier électronique, etc.).
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43
+ Si le firmware le permet, certains ordinateurs ont la possibilité de démarrer une distribution live, c’est-à-dire un système d'exploitation exécutable depuis un support amovible, à partir d’une clé USB. Microsoft le propose sur Windows 8 Entreprise avec Windows To Go[15].
44
+
45
+ Lorsque le firmware ne le permet pas, on contourne le problème en démarrant depuis un CD-ROM contenant des pilotes USB permettant à leur tour une émulation du démarrage sur la clé (voir par exemple Flonix). Cette manipulation n’est possible qu’avec un BIOS ou un EFI, et non avec un Open Firmware.
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47
+ Originellement, les systèmes d'exploitation ne pouvaient créer qu'une seule partition sur les clés USB, qui ne pouvaient être formatées que dans les diverses variantes de FAT, excepté le format exFAT qui, malgré son nom, n'est pas une variante du système FAT. Cependant, la progressive augmentation de taille des supports de stockage enfichables (clés USB, mémoires flash, cartes SIM...) comme l'augmentation de taille des fichiers, spécialement des vidéos, obligea à permettre l'usage d'autres systèmes de fichiers qui passent (sous Windows) la limite de 32 Go de taille de partition, et, sur FAT32, la limite de 4 Go de taille de fichier.
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+
49
+ Le système exFAT, sorti en 2006 et implémenté dans le système embarqué Windows CE, fut la première proposition de Microsoft pour dépasser ces deux limites. Pour la FAT32, la limitation à 32 Go de taille de partition n'est pas native, ce système de fichiers pouvant nominalement gérer des partitions de 16 To et factuellement, selon les systèmes d'exploitation, y compris Windows, de 2 à 4 To. De fait, les versions 32 bits de Windows 95/98 sont capables de créer et formater de grandes partitions, tandis que ceux de la famille NT, s'ils peuvent les créer, ne peuvent formater de partitions de plus de 32 Go. Cette limitation est probablement liée à la volonté de répandre l'usage du système NTFS, apparu avec Windows NT 4. Les autres systèmes d'exploitation et certains utilitaires fonctionnant sous Windows n'ont pas cette limitation.
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+
51
+ Jusqu'à la sortie de Windows Vista en 2007 puis de la mise à jour de Windows XP dite SP3 (« Service Pack 3 ») en avril 2008, les systèmes Windows ne pouvaient formater une clé USB qu'en FAT ou en exFAT ; à partir de ces sorties, il est devenu possible de les formater en NTFS, après modification de la stratégie de gestion du périphérique à formater. Pour les autres systèmes, en premier, pour ceux grand public, les Mac OS et les divers Linux, il y a, de plus longue date, possibilité de créer des partitions d'autre type bien qu'on recommande, pour des questions de compatibilité, de les formater en FAT32 si l'on compte les utiliser comme périphériques de stockage pour fichier de moins de 4 Go.
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53
+ Contrairement aux systèmes Windows, et aux Mac OS sauf les plus récents, la majorité des distributions Linux ont la possibilité de créer plusieurs partitions sur une clé USB, possibilité qui est d'ailleurs une nécessité quand on veut utiliser une clé USB comme périphérique d'amorçage, les divers Linux nécessitant au moins deux et souvent trois partitions pour fonctionner.
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55
+ À noter que certaines clés auront besoin d'être reformatées afin d'être utilisées sur certains supports (comme les téléviseurs par exemple). N'étant pas capable de lire toutes les normes de partitionnement, il faudra rendre la clé USB compatible en la reformatant.
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+ Les composants d'une clé USB sont généralement[16] :
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59
+ Les disquettes ne sont plus guère utilisées depuis 2006, à cause de leur faible contenance (1,44 Mo), de leur lenteur et surtout de leur inconstance. Les disquettes furent longtemps le moyen le plus populaire de stockage externe des fichiers, mais leurs lecteurs n'équipent plus en standard les ordinateurs depuis 2005. Les PC possèdent en revanche une interface USB, car ils sont définis comme tels par les spécifications annuelles élaborées en commun par Microsoft et Intel. Les clés USB sont plus rapides que les disquettes, contiennent plus de données et ne nécessitent pas de lecteur spécifique. Les disquettes subsistent de façon optionnelle pour leur facilité d’utilisation avec d’anciens systèmes d’exploitation (comme Windows 98 SE, qui nécessite l’installation d'un pilote pour l’utilisation d’une clé USB) et leur facilité de démarrage.
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61
+ Certaines clés USB sont équipées du format logiciel U3 créé à l'initiative d'un groupement de fabricants de clés dont les sociétés SanDisk et M-Systems : le branchement de la clé fait apparaître, sous Windows, un périphérique de stockage en lecture-écriture, qui apparaît comme un disque dur, et un périphérique en lecture seule, qui apparaît comme un périphérique optique. Les clés U3 contiennent un processeur cryptographique intégré. Cette solution implique en contrepartie l'acceptation d'un risque de sécurité, en fonction du degré de confiance qu'on accorde au constructeur.
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+ L’augmentation de capacité de stockage des clés USB permet d’y installer des logiciels et de se déplacer partout avec ses données et ses logiciels préférés. On peut même amorcer un système complet depuis une clé.
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65
+ Des sites web commencent à proposer des « packs pré-construits » de logiciels payants ou en licence libre en version installables sur une clé USB.
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67
+ Il est courant d'installer une distribution Linux sur clé USB. Il suffit d’extraire l’ISO d’un Live CD sur cette clé et de la rendre amorçable (voir Live USB). En revanche, le nombre d'écritures sur une clé USB étant techniquement limité (10 000 à 100 000 selon la technologie de réalisation des cellules), il faut prendre plusieurs précautions si on veut l'utiliser en lecture-écriture[17] (ne pas y placer de fichier d'échange «swap »).
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69
+ Contrairement à la clé USB traditionnelle, où l'usage consiste à stocker des fichiers sur un support amovible, la clé de sécurité ou dite « biométrique » réside dans le stockage d'information confidentielle par le biais de chiffrement de la clé et qui ne peut appartenir qu'à une seule personne.
70
+ Sur le marché, il existe plusieurs variantes de clé avec leurs propres niveaux de sécurité ainsi que l'existence de plusieurs formes et formats.
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72
+ Concernant les navigateurs, peu d'entre eux ne sont pas adaptables aux clés de sécurité. Pour l'instant[Quand ?], les navigateurs Opéra et Google Chrome peuvent accueillir ce type de clé.
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74
+ De par leur usage massivement répandu, les clés USB sont un moyen privilégié pour propager les virus, hors internet. Cette transmission est généralement invisible de l'utilisateur, même si des cas se sont avérés où l'objectif était l'infection volontaire. Ainsi, en 2007 à Londres, des personnes malintentionnées ont délibérément laissé traîner des clés USB contenant des chevaux de Troie, dans le but d'infecter les ordinateurs de ceux qui les ramassaient[18].
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76
+ Certains virus s'installent dans la clé de façon difficilement détectable (à la suite de l'ouverture d'une pièce jointe contenue dans un mail par exemple) et s'exécutent automatiquement lorsque la clé USB est branchée sur un ordinateur grâce à un « Autorun » (ouverture automatique).
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78
+ Il existe des clés USB qui « mentent » : elles ont un espace de stockage réel moindre que la valeur affichée par le système d'exploitation[19]. Ces clés ont été fabriquées pour simuler une capacité beaucoup plus grande que leur capacité réelle (exemple : une clé de 16 Mo qui affiche une capacité de 16 Go, une clé de 4 Go qui affiche 32 Go).
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80
+ L'intérêt pour le fabricant et/ou le vendeur est de gagner davantage d'argent en escroquant son client.
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+ Lorsque des fichiers sont écrits, la clé peut avoir différents comportements :
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84
+ Ces différents comportements rendent difficile pour l'utilisateur la compréhension du dysfonctionnement. Un test consiste à copier des fichiers compressés (ex : ZIP) de grand taille, puis vérifier leur intégrité avec le logiciel de compression approprié. Une signature de gros fichier peut aussi être demandée.
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86
+ Pour l'anecdote, en 2011 sur le même principe une contrefaçon de disque dur externe (utilisant une clé USB) était découverte[20].
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88
+ Il existe des logiciels qui permettent de vérifier si une clé USB est contrefaite ou non (ex : H2testw[21], USB Flash Tools[22]) et de corriger (en l'abaissant) sa capacité de stockage (Chip Genius[23],[24]).
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+
90
+ En apparence comparable à une clé USB, un USB killer (destructeur USB) est un dispositif électrique qui charge ses condensateurs à partir des broches d'alimentation du connecteur USB et les décharge rapidement sur celles de données. Ce dispositif totalement autonome permet donc la destruction instantanée et permanente de tous les appareils sur lesquels il est branché[25].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1177.html.txt ADDED
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1
+ Une clé USB est un support de stockage amovible, inventé dans les années 2000 et prévue pour se brancher sur un port USB d'un ordinateur mais qui est, depuis plusieurs années, largement utilisé sur d'autres appareils (chaînes Hi-Fi, lecteurs de DVD de salon, autoradios, radiocassettes, téléviseurs, etc.). Une clé USB contient une mémoire flash et ne possède pas ou très peu d'éléments mécaniques, ce qui la rend très résistante aux chocs.
2
+
3
+ Elle permet de copier facilement des fichiers d'un appareil, ayant des capacités d'écriture, à un autre[a].
4
+
5
+ Un brevet américain pour une clé USB fut demandé en avril 1999 et attribué le 14 novembre 2000 à l'entreprise israelienne M-Systems. Plus tard en 1999, IBM déposa une invention disclosure par un de ses salariés[1].
6
+
7
+ Pour les produits similaires mais contenant un minuscule disque dur à la place de la mémoire flash, on n'utilise pas le terme clé USB mais plutôt celui de flash disk, microdrive ou disque dur externe.
8
+
9
+ La clé USB permet de stocker facilement des fichiers à partir de tout système disposant de prises USB (ordinateur de bureau, ordinateur de poche, etc.). Elle permet donc de transférer des données entre ordinateurs et donne la possibilité d'effectuer une copie de tout document, à condition de disposer du matériel (scanner équipé d'une prise USB et d'un ordinateur disponible et opérationnel) et de tous les documents que l'on veut emporter, pendant tout le temps nécessaire pour effectuer l’opération.
10
+
11
+ Elles sont aussi parfois utilisées à des fin d'espionnage et peuvent par exemple contenir un cheval de Troie[2].
12
+
13
+ Les clés USB sont alimentées par le port USB sur lequel elles sont branchées. Elles sont insensibles à la poussière et aux rayures, contrairement aux disquettes, aux CD ou aux DVD, ce qui est un avantage au niveau de la fiabilité. En 2008, les clés commercialisées étaient au format « USB 2.0 » ; en 2010, beaucoup de produits commercialisés utilisaient la nouvelle spécification « USB 3.0 ». Les clés USB sont désormais reconnues nativement par la plupart des systèmes d'exploitation utilisés à ce jour (Windows XP, Vista, Windows 7, Windows 8 et Windows 10, Mac OS X, toutes les distributions Linux, et Chrome OS). Seuls certains OS plus anciens (Windows 95, 98 et NT) nécessitent l'installation de pilotes afin de pouvoir utiliser des clés USB. En 2013, les clés USB affichaient des capacités allant de quelques Mo à 1 To[3].
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+ Les clés USB basées sur des mini disques durs[4] ont un débit généralement meilleur que les clés USB à mémoire flash[réf. nécessaire], mais les temps d’accès sont plus longs, elles sont plus fragiles, elles peuvent chauffer en cas d’utilisation intensive et leur taille est légèrement plus grande que les clés USB, mais elles tiennent facilement dans la poche.
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+ Ces nouvelles générations de clés USB 3.0 peuvent être de très faibles dimensions et certaines sont plus petites qu'une pièce de 1 euro[5].
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+ Avec la généralisation de l'usage des tablettes, notamment Android, on voit apparaître de nouvelles clés USB permettant un échange facile entre le PC et la tablette. Ces clés disposent d'un double connecteur USB et micro USB[6].
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21
+ La durée de vie (ou MTTFF) de la clé elle-même n'est pas spécifiée. Cependant, quelle que soit l'annonce des fabricants, cette donnée demeure fondée sur une statistique. Toute clé est donc susceptible de tomber en panne au bout de quelques jours aussi bien que de quelques années. Ce phénomène peut engendrer une perte partielle ou totale des données.
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23
+ Les constructeurs annoncent une conservation des données pendant au moins dix ans, voire beaucoup plus[7]. Dans son article Not all USB drives are created equal, le magazine Computerworld se montre plus réservé en attirant l'attention sur les écarts importants existant entre les différents modèles[8]. Cela vient du fait que la charge électrique stockée, qui représente l'information, n'est pas parfaitement isolée et peut donc disparaître au bout d'un certain temps, avant lequel il faut effectuer une réécriture pour s'assurer de la conservation des données[9] ; la qualité de l'isolation définirait donc la durée de conservation des informations.
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+ Il ne faut pas confondre cette durée de conservation des informations avec la durée de vie de la clé qui peut tomber en panne ou perdre des données bien avant la fin de celle-ci.
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+ Les causes de panne et de perte de données peuvent être entre autres :
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+ Les performances dépendent de la conception du modèle qui inclut le choix de composants, de l'architecture et du contrôleur mémoire. Des techniques comme l'amplification d'écriture influent sur les performances[10]. Elles peuvent varier en fonction du système d'exploitation ou du matériel sur lequel elle est utilisée.
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+ Le débit de données varie donc en lecture, en écriture et dépend du nombre de fichiers copiés et de l'organisation du contenu de la clé. On peut avoir des débits de quelques Mo/s à plusieurs dizaines de Mo/s, qui peuvent chuter dans le cas de transfert d'un grand nombre de petits fichiers.
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+ Différents critères améliorent l'ergonomie de la clé : présence et positionnement du témoin lumineux d'activité, système de protection du connecteur (capuchon rotatif ou rétractable, connecteur rétractable), accessoires fournis (dragonne, cordon-collier ou chaînette porte-clé, rallonge USB), logiciels portables (fonction de chiffrement, synchronisation de données, importation de mails voire suite logicielle), design de la coque, etc.[11].
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+ Avec Windows Vista est apparue la certification ReadyBoost qualifiant une clé USB qui permet d'alléger la charge du disque dur au moment du lancement d'un PC[12]. La clé USB 2.0 a un débit plus lent qu'un disque dur 2009, mais son temps de latence d'accès à chaque fichier de quelques millisecondes est meilleur que les quelques dizaines de millisecondes du disque dur. Le bilan de la clé peut donc être positif.
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+ Certaines clés ont une fonction différente, ou une fonction supplémentaire de la fonction de mémoire de masse :
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+ On trouve aussi des clés USB dans certains couteaux suisses.
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+ Une clé peut avoir une partition publique et une dont l’accès est soumis à un mot de passe. Les données confidentielles sont sécurisées (paramètres de connexion, portefeuille de mots de passe, courrier électronique, etc.).
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+ Si le firmware le permet, certains ordinateurs ont la possibilité de démarrer une distribution live, c’est-à-dire un système d'exploitation exécutable depuis un support amovible, à partir d’une clé USB. Microsoft le propose sur Windows 8 Entreprise avec Windows To Go[15].
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+ Lorsque le firmware ne le permet pas, on contourne le problème en démarrant depuis un CD-ROM contenant des pilotes USB permettant à leur tour une émulation du démarrage sur la clé (voir par exemple Flonix). Cette manipulation n’est possible qu’avec un BIOS ou un EFI, et non avec un Open Firmware.
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+ Originellement, les systèmes d'exploitation ne pouvaient créer qu'une seule partition sur les clés USB, qui ne pouvaient être formatées que dans les diverses variantes de FAT, excepté le format exFAT qui, malgré son nom, n'est pas une variante du système FAT. Cependant, la progressive augmentation de taille des supports de stockage enfichables (clés USB, mémoires flash, cartes SIM...) comme l'augmentation de taille des fichiers, spécialement des vidéos, obligea à permettre l'usage d'autres systèmes de fichiers qui passent (sous Windows) la limite de 32 Go de taille de partition, et, sur FAT32, la limite de 4 Go de taille de fichier.
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+ Le système exFAT, sorti en 2006 et implémenté dans le système embarqué Windows CE, fut la première proposition de Microsoft pour dépasser ces deux limites. Pour la FAT32, la limitation à 32 Go de taille de partition n'est pas native, ce système de fichiers pouvant nominalement gérer des partitions de 16 To et factuellement, selon les systèmes d'exploitation, y compris Windows, de 2 à 4 To. De fait, les versions 32 bits de Windows 95/98 sont capables de créer et formater de grandes partitions, tandis que ceux de la famille NT, s'ils peuvent les créer, ne peuvent formater de partitions de plus de 32 Go. Cette limitation est probablement liée à la volonté de répandre l'usage du système NTFS, apparu avec Windows NT 4. Les autres systèmes d'exploitation et certains utilitaires fonctionnant sous Windows n'ont pas cette limitation.
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+ Jusqu'à la sortie de Windows Vista en 2007 puis de la mise à jour de Windows XP dite SP3 (« Service Pack 3 ») en avril 2008, les systèmes Windows ne pouvaient formater une clé USB qu'en FAT ou en exFAT ; à partir de ces sorties, il est devenu possible de les formater en NTFS, après modification de la stratégie de gestion du périphérique à formater. Pour les autres systèmes, en premier, pour ceux grand public, les Mac OS et les divers Linux, il y a, de plus longue date, possibilité de créer des partitions d'autre type bien qu'on recommande, pour des questions de compatibilité, de les formater en FAT32 si l'on compte les utiliser comme périphériques de stockage pour fichier de moins de 4 Go.
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+ Contrairement aux systèmes Windows, et aux Mac OS sauf les plus récents, la majorité des distributions Linux ont la possibilité de créer plusieurs partitions sur une clé USB, possibilité qui est d'ailleurs une nécessité quand on veut utiliser une clé USB comme périphérique d'amorçage, les divers Linux nécessitant au moins deux et souvent trois partitions pour fonctionner.
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+ À noter que certaines clés auront besoin d'être reformatées afin d'être utilisées sur certains supports (comme les téléviseurs par exemple). N'étant pas capable de lire toutes les normes de partitionnement, il faudra rendre la clé USB compatible en la reformatant.
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+ Les composants d'une clé USB sont généralement[16] :
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+ Les disquettes ne sont plus guère utilisées depuis 2006, à cause de leur faible contenance (1,44 Mo), de leur lenteur et surtout de leur inconstance. Les disquettes furent longtemps le moyen le plus populaire de stockage externe des fichiers, mais leurs lecteurs n'équipent plus en standard les ordinateurs depuis 2005. Les PC possèdent en revanche une interface USB, car ils sont définis comme tels par les spécifications annuelles élaborées en commun par Microsoft et Intel. Les clés USB sont plus rapides que les disquettes, contiennent plus de données et ne nécessitent pas de lecteur spécifique. Les disquettes subsistent de façon optionnelle pour leur facilité d’utilisation avec d’anciens systèmes d’exploitation (comme Windows 98 SE, qui nécessite l’installation d'un pilote pour l’utilisation d’une clé USB) et leur facilité de démarrage.
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+ Certaines clés USB sont équipées du format logiciel U3 créé à l'initiative d'un groupement de fabricants de clés dont les sociétés SanDisk et M-Systems : le branchement de la clé fait apparaître, sous Windows, un périphérique de stockage en lecture-écriture, qui apparaît comme un disque dur, et un périphérique en lecture seule, qui apparaît comme un périphérique optique. Les clés U3 contiennent un processeur cryptographique intégré. Cette solution implique en contrepartie l'acceptation d'un risque de sécurité, en fonction du degré de confiance qu'on accorde au constructeur.
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+ L’augmentation de capacité de stockage des clés USB permet d’y installer des logiciels et de se déplacer partout avec ses données et ses logiciels préférés. On peut même amorcer un système complet depuis une clé.
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+ Il est courant d'installer une distribution Linux sur clé USB. Il suffit d’extraire l’ISO d’un Live CD sur cette clé et de la rendre amorçable (voir Live USB). En revanche, le nombre d'écritures sur une clé USB étant techniquement limité (10 000 à 100 000 selon la technologie de réalisation des cellules), il faut prendre plusieurs précautions si on veut l'utiliser en lecture-écriture[17] (ne pas y placer de fichier d'échange «swap »).
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+ Contrairement à la clé USB traditionnelle, où l'usage consiste à stocker des fichiers sur un support amovible, la clé de sécurité ou dite « biométrique » réside dans le stockage d'information confidentielle par le biais de chiffrement de la clé et qui ne peut appartenir qu'à une seule personne.
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+ Sur le marché, il existe plusieurs variantes de clé avec leurs propres niveaux de sécurité ainsi que l'existence de plusieurs formes et formats.
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+ Concernant les navigateurs, peu d'entre eux ne sont pas adaptables aux clés de sécurité. Pour l'instant[Quand ?], les navigateurs Opéra et Google Chrome peuvent accueillir ce type de clé.
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+ De par leur usage massivement répandu, les clés USB sont un moyen privilégié pour propager les virus, hors internet. Cette transmission est généralement invisible de l'utilisateur, même si des cas se sont avérés où l'objectif était l'infection volontaire. Ainsi, en 2007 à Londres, des personnes malintentionnées ont délibérément laissé traîner des clés USB contenant des chevaux de Troie, dans le but d'infecter les ordinateurs de ceux qui les ramassaient[18].
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+ Certains virus s'installent dans la clé de façon difficilement détectable (à la suite de l'ouverture d'une pièce jointe contenue dans un mail par exemple) et s'exécutent automatiquement lorsque la clé USB est branchée sur un ordinateur grâce à un « Autorun » (ouverture automatique).
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+ Il existe des clés USB qui « mentent » : elles ont un espace de stockage réel moindre que la valeur affichée par le système d'exploitation[19]. Ces clés ont été fabriquées pour simuler une capacité beaucoup plus grande que leur capacité réelle (exemple : une clé de 16 Mo qui affiche une capacité de 16 Go, une clé de 4 Go qui affiche 32 Go).
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+ L'intérêt pour le fabricant et/ou le vendeur est de gagner davantage d'argent en escroquant son client.
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+ Lorsque des fichiers sont écrits, la clé peut avoir différents comportements :
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+ Ces différents comportements rendent difficile pour l'utilisateur la compréhension du dysfonctionnement. Un test consiste à copier des fichiers compressés (ex : ZIP) de grand taille, puis vérifier leur intégrité avec le logiciel de compression approprié. Une signature de gros fichier peut aussi être demandée.
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+ Pour l'anecdote, en 2011 sur le même principe une contrefaçon de disque dur externe (utilisant une clé USB) était découverte[20].
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+ Il existe des logiciels qui permettent de vérifier si une clé USB est contrefaite ou non (ex : H2testw[21], USB Flash Tools[22]) et de corriger (en l'abaissant) sa capacité de stockage (Chip Genius[23],[24]).
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+ En apparence comparable à une clé USB, un USB killer (destructeur USB) est un dispositif électrique qui charge ses condensateurs à partir des broches d'alimentation du connecteur USB et les décharge rapidement sur celles de données. Ce dispositif totalement autonome permet donc la destruction instantanée et permanente de tous les appareils sur lesquels il est branché[25].
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+ Le climat désertique (dans la classification des climats de Köppen BWh et BWk ou encore BWn) parfois appelé climat aride est un climat caractérisé par une sécheresse et une aridité permanente qui dure toute l'année, un manque important d'eau liquide au sol et dans l'air ambiante (on parle plus précisément d'aridité) ce qui restreint fortement le développement de la vie animale et végétale. Ainsi, sauf exception, la présence humaine y est peu importante. L'autre analogie que l'on peut attribuer à l'ensemble des régions arides du globe est que les étés sont partout chauds ou très chauds, mis à part quelques rares exceptions, notamment en haute montagne. Ainsi, ce sont les températures moyennes hivernales des déserts qui jouent un rôle déterminant dans la classification des régions arides, chaudes ou froides. Les précipitations y sont très peu abondantes ou tombent uniquement sous forme de neige dans certaines régions désertiques froides.
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+ Il y a généralement deux variantes du climat désertique : un climat désertique chaud (BWh) et un climat désertique froid (BWk) et parfois un climat désertique doux (BWh ou BWn). Par ailleurs, pour différencier les climats désertiques chauds et les climats désertiques froids, il y a trois isothermes utilisés : soit une température moyenne annuelle de 18 °C, ou une température moyenne de 0 °C ou de −3 °C durant le mois le plus froid, pour qu'un endroit possédant un climat désertique type (BW) avec une température appropriée supérieure à l'isotherme qui est utilisé pour être qualifié de « désertique chaud » (BWh) et un endroit ayant une température inférieure à l'isotherme donné est classé en tant que « désertique froid » (BWk).
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+ On peut aussi distinguer de manière plus précise encore les déserts à hivers chauds dont la température moyenne journalière du mois le plus froid se situe entre 20 °C et 30 °C, les déserts à hivers « tempérés » où le mois le plus froid est compris entre 10 °C et 20 °C, les déserts où l'hiver est frais où la moyenne du mois le plus froid s'établit entre 0 °C et 10 °C et les déserts où l'hiver est froid avec une moyenne journalière minimale en dessous de 0 °C. La moyenne journalière correspond à la demi-somme de la moyenne des maxima et de la moyenne des minima. Il faut bien voir que les climats des déserts chauds appartiennent aux deux premières classes, et non uniquement à la première.
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+ De façon globale, les climats désertiques qu'ils soient chauds ou froids sont associés à des précipitations très faibles, à une amplitude thermique journalière et annuelle potentiellement forte, à des températures extrêmes (à l'exception des climats désertiques doux où les températures sont beaucoup plus modérées) et à des étés chauds ou très chauds.
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+ Les régions soumises à un climat désertique chaud se trouvent principalement dans la zone subtropicale de part et d'autre des tropiques, où l'on trouve la crête subtropicale, ceinture discontinue caractérisée par la formation et la maintien de cellules anticycloniques semi-permanentes ou permanentes d'origine dynamique, où l'irradiation solaire est quasiment ininterrompue et très élevée grâce à l'air stable descendant et à la haute pression correspondante qui s'y trouvent. L'absence ou la forte atténuation des perturbations atmosphériques à long terme est responsable d'un climat désertique, où les nuages et les précipitations ont du mal à parvenir sur ces régions. En effet, dans les déserts chauds, la durée moyenne de l'insolation est facilement supérieure à 3 600-4 000 h/an (entre 80 % et 90 % de la période diurne), et atteint près de 4 300 h/an au Sahara oriental, la région la plus ensoleillée du globe, ce qui représente 97 % à 98 % de la période diurne. Les déserts chauds incluent les déserts d'Afrique du Nord tels que le Sahara (le plus grand désert chaud du monde), le désert de Libye ou le désert de Nubie; les déserts de la Corne de l'Afrique tels que le désert de l'Afar (le désert ayant la température moyenne annuelle la plus élevée sur Terre); les déserts du Moyen-Orient tels que le désert d'Arabie ou le désert de Syrie; les déserts des États-Unis tels que les désert des Mojaves ou le désert de Sonora; les déserts d'Australie tels que le désert de Simpson ou le désert de Gibson; les déserts d'Inde et du Pakistan tels que le désert du Thar et d'autres encore. Ces zones sont situées dans les latitudes des chevaux (autour de 30° de latitude nord et 30° de latitude sud).
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+ Bien que les déserts chauds se situent sous la crête subtropicale, leur climat désertique peut être accentué par l'effet d'abri appelé ombre pluviométrique engendré par une importante chaîne de montagnes, qui réchauffe et assèche (effet de foehn) la masse d'air lorsque celle-ci redescend en aval, ce qui restreint très fortement l'humidité apportée par les vents d'ouest dominants car celle-ci se déverse en amont sous forme de précipitations abondantes. L'inhibition pluviométrique occasionnée par les différents mécanismes géographiques et atmosphériques y est remarquable au-dessus des déserts chauds. Ainsi les déserts nord-américains et australiens reçoivent en majorité moins de 200 mm/an, le désert de Gobi en Chine et en Mongolie reçoit environ 100 mm/an, le désert d'Arabie reçoit généralement moins de 100 mm/an et le Sahara, dont plus de la moitié de la superficie appartient largement au domaine hyper-aride, reçoit moins de 50 mm/an de façon globale. Dans la plupart des régions sahariennes, les précipitations annuelles moyennes sont de quelques millimètres mais deviennent quasiment nulles dans les régions les plus centrales[1] (exemple : 16,4 mm/an à Adrar en Algérie[2] ; 6,6 mm/an à Mourzouk en Libye[3] ; 0,5 mm/an à Assouan en Égypte et à Wadi Halfa au Soudan[4]).
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+ Une des conséquences immédiates de la présence presque permanente des hautes pressions subtropicales, particulièrement accentuées dans certains déserts, est la très haute fréquence annuelle moyenne des ciels clairs (un ciel est considéré comme clair lorsque le couvert nuageux représente moins de 20 % de l'aire totale de la voûte céleste), et a fortiori le nombre très élevé de jours de ciel clair par an dans ces régions. Ce dernier est en effet supérieur à 250 dans la quasi-totalité de tous les déserts chauds : 252,5 à Uyuni en Bolivie ; 266,6 à Bokspits au Botswana ; 272,6 à Yuma en Arizona ; 276,4 à Riyad en Arabie saoudite, 282,0 à Pella en Afrique du Sud ; 292,5 à Adrar en Algérie et – dans les régions les plus ensoleillées du globe – on compte plus de 300 jours de ciel clair par an : 309,4 à Fachi au Niger ; 311,7 à Sossusvlei en Namibie ; 314,9 à Calama au Chili ; 318,6 à Koufra en Libye ; 328,4 à Faya-Largeau au Tchad ; 329,9 à Assouan en Égypte (avec une fréquence moyenne annuelle des ciels clairs supérieure à 92 %) ; 333,6 à Wadi Halfa au Soudan (soit plus de 91 % du nombre total de jours dans une année moyenne, c'est-à-dire près de onze jours sur douze). Pour comparer, ce même nombre est de 193,2 à Séville en Espagne, une des villes les plus radieuses d'Europe, soit un peu plus d'un jour sur deux.
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+ Les déserts chauds sont théoriquement tous caractérisés par un été torride, plus ou moins allongé dans la durée, c'est-à-dire par des chaleurs excessives, les plus fortes au monde. Durant les mois les plus chauds de l'année, les températures moyennes maximales dépassent le plus souvent 40 °C, du moins aux altitudes moyennes et basses. Pendant ces mois-ci, les déserts les plus échauffés connaissent des maximales moyennes supérieures à 45 °C, à l'instar de certaines régions de l'Afrique et du Moyen-Orient, et dans une moindre mesure dans la célèbre Vallée de la Mort en Californie, située au-dessous du niveau de la mer. Les déserts chauds sont les pôles de chaleur et connaissent, du moins en été, les températures les plus élevées du monde. C'est la raison pour laquelle on remarque facilement la présence d'air tropical continental (cT), très chaud et très sec, sur des cartes synoptiques d'altitude représentant les masses d'air et les températures. Dans ces régions, les records absolus de chaleur sont souvent supérieurs à 50 °C. Dans de vastes étendues du Sahara et de l'Arabie, ainsi que dans une petite partie du Sindh au Pakistan, on compte en moyenne plus de 100 jours par an où le mercure dépasse 40 °C[5] (exemple : plus de 130 jours à In Salah dans le Sahara algérien par 27° de latitude et 293 m d'altitude). Dans le même temps, l'humidité relative moyenne est très basse, souvent en dessous de 10 %, surtout aux heures les plus chaudes et dans les parties les plus continentales. Couplée aux températures élevées, cette très faible humidité relative est source d'une intense évaporation.
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+ Les déserts chauds, contrairement aux déserts froids, sont également caractérisés par l'absence de période hivernale marquée ou par une très faible importance de celle-ci. En effet, la température moyenne journalière (maximale et minimale) du mois le plus froid n'est jamais inférieure à 10 °C, ce qui veut dire que dans les déserts chauds, l'hiver est tempéré, tempéré chaud, ou chaud dans les régions les plus proches de l'équateur (Corne de l'Afrique, Sahara méridional, sud de la péninsule Arabique). Bien que les journées d'hiver soient très douces à très chaudes, les températures minimales nocturnes peuvent avoisiner 0 °C voire moins, du faiut du fort rayonnement infrarouge nocturne émis par la Terre dans un air très sec et sous un ciel dégagé. Cette chute nocturne des températures est exceptionnelle dans certains déserts mais courante dans d'autres. Le seul désert que l'on pourrait vraiment qualifier d'éternellement brûlant, avec une température moyenne très élevée en hiver comme en été, est le désert de l'Afar, situé au-dessous du niveau de la mer au niveau de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée, et où les moyennes annuelles de températures sont les plus hautes du monde entier : entre 1960 et 1966, on a enregistré annuellement 34,6 °C de moyenne journalière pour 41,2 °C de maximale moyenne et 28,2 °C de moyenne minimale à Dallol dans le nord-est de l'Éthiopie, ce qui place cette région aride dans une situation exceptionnelle car ce n'est atteint nulle part ailleurs sur le globe.
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+ Néanmoins, le climat des déserts chauds ne se résume pas au stéréotype abusivement utilisé : « Dans le désert, il fait très chaud le jour et très froid la nuit ». En réalité, il ne gèle la nuit dans les déserts chauds qu'en hiver, et de préférence sous des latitudes relativement septentrionales, en haute altitude et dans des étendues sablonneuses. Mais en été, les nuits sont chaudes voire étouffantes, surtout dans les étendues rocailleuses où la chaleur accumulée durant les longs jours estivaux ne se dissipe que très peu la nuit. En effet, le Sahara, lui qui est si réputé pour ses nuits glaciales, connaît pourtant des nuits très chaudes et sans rosée qui sont à peine réparatrices : par exemple, la station météorologique d'Arak par 25,5° de latitude et 590 m d'altitude[6] dans le sud de l'Algérie semble endurer les températures minimales mensuelles moyennes les plus élevées du globe avec des valeurs moyennes supérieures à 30 °C entre juin et septembre inclus[7], et en juillet (mois le plus chaud), la température ne descend, toujours en moyenne, jamais au-dessous de 34 °C[7], ce qui est assurément extraordinaire, en particulier pour un lieu à une telle altitude. Pour donner une idée du degré de chaleur nocturne exprimé, on peut dire que la température est, à peu de chose près, aussi élevée la nuit à Arak dans le Sahara algérien que le jour à Séville en Andalousie pendant les quatre mois étudiés (période juin - septembre)[8], qui constitue pourtant une des villes les plus chaudes en été de toute l'Europe.
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+ À cause des températures extrêmement élevées durant de longues périodes, de l'atmosphère très sèche, des vents fréquents et réguliers ainsi que de l'exposition continue au soleil dont l'intensité des rayons y est très forte, l'évaporation potentielle y est très élevée, la plus élevée sur Terre dans les déserts chauds. On mesure une évaporation potentielle supérieure à 2 000 mm/an dans l'ensemble de ces régions chaudes et sèches, mais elle peut être encore bien supérieure : par exemple, celle-ci atteint 5 000 mm/an à Tamanrasset, Algérie dont l'altitude est de 1 400 m alors que la ville saharienne reçoit seulement 43 mm/an, soit une évaporation potentielle plus de cent fois supérieure aux précipitations[1]. La pouvoir évaporant de l'air y est le plus grand dans les déserts chauds.
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+ Cette variante du climat désertique est rare en dehors de l'Asie. Un climat désertique froid est classiquement trouvé en zone tempérée, presque toujours dans l'ombre pluviométrique créé par les montagnes, ce qui limite les nuages et les précipitations apportés par les vents d'ouest dominants. Le désert de Gobi en Mongolie est un exemple typique de désert froid. Bien que les étés soient chauds, il possède des hivers très froids et rigoureux. Les déserts du Kyzylkoum et du Taklamakan situés en Asie centrale sont d'autres exemples de climats désertiques froids. Le désert du Grand Bassin situé dans l'ouest des États-Unis est un autre exemple de région soumise à un climat désertique froid.
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+ Les climats désertiques froids peuvent avoir des étés chauds (exceptionnellement chauds) et secs, bien que les étés ne soient bien sûr pas aussi chauds que les étés que subissent les régions ayant un climat désertique chaud. Contrairement aux climats désertiques chauds, les climats désertiques froids ont des hivers froids et secs avec des températures nettement inférieures à 0 °C. Les déserts froids se trouvent la plupart du temps à des altitudes plus élevées que les déserts chauds et sont souvent plus secs que ces derniers.
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+ Les régions arctiques et antarctique reçoivent également très peu de précipitations pendant l'année, à cause de l'air exceptionnellement froid et sec, mais elles sont classifiées comme étant des zones à climat polaire.
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+ Les climats désertiques doux (BWh ou BWn) sont généralement présents aux alentours des côtes ouest des continents dans les zones tropicales voire subtropicales ou à des altitudes élevées qui devraient posséder un climat désertique chaud si l'élévation y était plus basse. En Amérique du Sud, ce climat se trouve à proximité de l'océan Pacifique dans certaines parties du désert d'Atacama et le long de la côte centrale et sud du Pérou ; sa capitale Lima possède un climat désertique doux et est une des capitales les plus sèches au monde. En Amérique du Nord, on peut retrouver ce type de climat sur la côte pacifique de la péninsule de Basse-Californie, en Afrique dans certaines zones de la Namibie ou dans la péninsule Arabique dans certaines parties du Yémen.
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+ Les climats désertiques doux sont caractérisés par des températures beaucoup plus modérées que pour les climats désertiques chauds ou froids (usuellement à cause de la proximité entre les continents et les courants océaniques frais) et dans le cas des déserts côtiers doux, les brouillards et les nuages bas sont fréquents, bien qu'il s'agisse de zones extrêmement peu arrosées. Les températures y sont relativement douces toute l'année, sans être soumises à des extrêmes de températures que l'on retrouve souvent dans les climats désertiques. Les climats désertiques doux ne sont pas vraiment une sous-catégorie de climats désertiques et les régions qui le possèdent sont classées soit dans les climats désertiques chauds soit dans les climats désertiques froids.
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+ Le climat désertique (dans la classification des climats de Köppen BWh et BWk ou encore BWn) parfois appelé climat aride est un climat caractérisé par une sécheresse et une aridité permanente qui dure toute l'année, un manque important d'eau liquide au sol et dans l'air ambiante (on parle plus précisément d'aridité) ce qui restreint fortement le développement de la vie animale et végétale. Ainsi, sauf exception, la présence humaine y est peu importante. L'autre analogie que l'on peut attribuer à l'ensemble des régions arides du globe est que les étés sont partout chauds ou très chauds, mis à part quelques rares exceptions, notamment en haute montagne. Ainsi, ce sont les températures moyennes hivernales des déserts qui jouent un rôle déterminant dans la classification des régions arides, chaudes ou froides. Les précipitations y sont très peu abondantes ou tombent uniquement sous forme de neige dans certaines régions désertiques froides.
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+ Il y a généralement deux variantes du climat désertique : un climat désertique chaud (BWh) et un climat désertique froid (BWk) et parfois un climat désertique doux (BWh ou BWn). Par ailleurs, pour différencier les climats désertiques chauds et les climats désertiques froids, il y a trois isothermes utilisés : soit une température moyenne annuelle de 18 °C, ou une température moyenne de 0 °C ou de −3 °C durant le mois le plus froid, pour qu'un endroit possédant un climat désertique type (BW) avec une température appropriée supérieure à l'isotherme qui est utilisé pour être qualifié de « désertique chaud » (BWh) et un endroit ayant une température inférieure à l'isotherme donné est classé en tant que « désertique froid » (BWk).
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+ On peut aussi distinguer de manière plus précise encore les déserts à hivers chauds dont la température moyenne journalière du mois le plus froid se situe entre 20 °C et 30 °C, les déserts à hivers « tempérés » où le mois le plus froid est compris entre 10 °C et 20 °C, les déserts où l'hiver est frais où la moyenne du mois le plus froid s'établit entre 0 °C et 10 °C et les déserts où l'hiver est froid avec une moyenne journalière minimale en dessous de 0 °C. La moyenne journalière correspond à la demi-somme de la moyenne des maxima et de la moyenne des minima. Il faut bien voir que les climats des déserts chauds appartiennent aux deux premières classes, et non uniquement à la première.
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+ De façon globale, les climats désertiques qu'ils soient chauds ou froids sont associés à des précipitations très faibles, à une amplitude thermique journalière et annuelle potentiellement forte, à des températures extrêmes (à l'exception des climats désertiques doux où les températures sont beaucoup plus modérées) et à des étés chauds ou très chauds.
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+ Les régions soumises à un climat désertique chaud se trouvent principalement dans la zone subtropicale de part et d'autre des tropiques, où l'on trouve la crête subtropicale, ceinture discontinue caractérisée par la formation et la maintien de cellules anticycloniques semi-permanentes ou permanentes d'origine dynamique, où l'irradiation solaire est quasiment ininterrompue et très élevée grâce à l'air stable descendant et à la haute pression correspondante qui s'y trouvent. L'absence ou la forte atténuation des perturbations atmosphériques à long terme est responsable d'un climat désertique, où les nuages et les précipitations ont du mal à parvenir sur ces régions. En effet, dans les déserts chauds, la durée moyenne de l'insolation est facilement supérieure à 3 600-4 000 h/an (entre 80 % et 90 % de la période diurne), et atteint près de 4 300 h/an au Sahara oriental, la région la plus ensoleillée du globe, ce qui représente 97 % à 98 % de la période diurne. Les déserts chauds incluent les déserts d'Afrique du Nord tels que le Sahara (le plus grand désert chaud du monde), le désert de Libye ou le désert de Nubie; les déserts de la Corne de l'Afrique tels que le désert de l'Afar (le désert ayant la température moyenne annuelle la plus élevée sur Terre); les déserts du Moyen-Orient tels que le désert d'Arabie ou le désert de Syrie; les déserts des États-Unis tels que les désert des Mojaves ou le désert de Sonora; les déserts d'Australie tels que le désert de Simpson ou le désert de Gibson; les déserts d'Inde et du Pakistan tels que le désert du Thar et d'autres encore. Ces zones sont situées dans les latitudes des chevaux (autour de 30° de latitude nord et 30° de latitude sud).
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+ Bien que les déserts chauds se situent sous la crête subtropicale, leur climat désertique peut être accentué par l'effet d'abri appelé ombre pluviométrique engendré par une importante chaîne de montagnes, qui réchauffe et assèche (effet de foehn) la masse d'air lorsque celle-ci redescend en aval, ce qui restreint très fortement l'humidité apportée par les vents d'ouest dominants car celle-ci se déverse en amont sous forme de précipitations abondantes. L'inhibition pluviométrique occasionnée par les différents mécanismes géographiques et atmosphériques y est remarquable au-dessus des déserts chauds. Ainsi les déserts nord-américains et australiens reçoivent en majorité moins de 200 mm/an, le désert de Gobi en Chine et en Mongolie reçoit environ 100 mm/an, le désert d'Arabie reçoit généralement moins de 100 mm/an et le Sahara, dont plus de la moitié de la superficie appartient largement au domaine hyper-aride, reçoit moins de 50 mm/an de façon globale. Dans la plupart des régions sahariennes, les précipitations annuelles moyennes sont de quelques millimètres mais deviennent quasiment nulles dans les régions les plus centrales[1] (exemple : 16,4 mm/an à Adrar en Algérie[2] ; 6,6 mm/an à Mourzouk en Libye[3] ; 0,5 mm/an à Assouan en Égypte et à Wadi Halfa au Soudan[4]).
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+ Une des conséquences immédiates de la présence presque permanente des hautes pressions subtropicales, particulièrement accentuées dans certains déserts, est la très haute fréquence annuelle moyenne des ciels clairs (un ciel est considéré comme clair lorsque le couvert nuageux représente moins de 20 % de l'aire totale de la voûte céleste), et a fortiori le nombre très élevé de jours de ciel clair par an dans ces régions. Ce dernier est en effet supérieur à 250 dans la quasi-totalité de tous les déserts chauds : 252,5 à Uyuni en Bolivie ; 266,6 à Bokspits au Botswana ; 272,6 à Yuma en Arizona ; 276,4 à Riyad en Arabie saoudite, 282,0 à Pella en Afrique du Sud ; 292,5 à Adrar en Algérie et – dans les régions les plus ensoleillées du globe – on compte plus de 300 jours de ciel clair par an : 309,4 à Fachi au Niger ; 311,7 à Sossusvlei en Namibie ; 314,9 à Calama au Chili ; 318,6 à Koufra en Libye ; 328,4 à Faya-Largeau au Tchad ; 329,9 à Assouan en Égypte (avec une fréquence moyenne annuelle des ciels clairs supérieure à 92 %) ; 333,6 à Wadi Halfa au Soudan (soit plus de 91 % du nombre total de jours dans une année moyenne, c'est-à-dire près de onze jours sur douze). Pour comparer, ce même nombre est de 193,2 à Séville en Espagne, une des villes les plus radieuses d'Europe, soit un peu plus d'un jour sur deux.
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+ Les déserts chauds sont théoriquement tous caractérisés par un été torride, plus ou moins allongé dans la durée, c'est-à-dire par des chaleurs excessives, les plus fortes au monde. Durant les mois les plus chauds de l'année, les températures moyennes maximales dépassent le plus souvent 40 °C, du moins aux altitudes moyennes et basses. Pendant ces mois-ci, les déserts les plus échauffés connaissent des maximales moyennes supérieures à 45 °C, à l'instar de certaines régions de l'Afrique et du Moyen-Orient, et dans une moindre mesure dans la célèbre Vallée de la Mort en Californie, située au-dessous du niveau de la mer. Les déserts chauds sont les pôles de chaleur et connaissent, du moins en été, les températures les plus élevées du monde. C'est la raison pour laquelle on remarque facilement la présence d'air tropical continental (cT), très chaud et très sec, sur des cartes synoptiques d'altitude représentant les masses d'air et les températures. Dans ces régions, les records absolus de chaleur sont souvent supérieurs à 50 °C. Dans de vastes étendues du Sahara et de l'Arabie, ainsi que dans une petite partie du Sindh au Pakistan, on compte en moyenne plus de 100 jours par an où le mercure dépasse 40 °C[5] (exemple : plus de 130 jours à In Salah dans le Sahara algérien par 27° de latitude et 293 m d'altitude). Dans le même temps, l'humidité relative moyenne est très basse, souvent en dessous de 10 %, surtout aux heures les plus chaudes et dans les parties les plus continentales. Couplée aux températures élevées, cette très faible humidité relative est source d'une intense évaporation.
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+ Les déserts chauds, contrairement aux déserts froids, sont également caractérisés par l'absence de période hivernale marquée ou par une très faible importance de celle-ci. En effet, la température moyenne journalière (maximale et minimale) du mois le plus froid n'est jamais inférieure à 10 °C, ce qui veut dire que dans les déserts chauds, l'hiver est tempéré, tempéré chaud, ou chaud dans les régions les plus proches de l'équateur (Corne de l'Afrique, Sahara méridional, sud de la péninsule Arabique). Bien que les journées d'hiver soient très douces à très chaudes, les températures minimales nocturnes peuvent avoisiner 0 °C voire moins, du faiut du fort rayonnement infrarouge nocturne émis par la Terre dans un air très sec et sous un ciel dégagé. Cette chute nocturne des températures est exceptionnelle dans certains déserts mais courante dans d'autres. Le seul désert que l'on pourrait vraiment qualifier d'éternellement brûlant, avec une température moyenne très élevée en hiver comme en été, est le désert de l'Afar, situé au-dessous du niveau de la mer au niveau de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée, et où les moyennes annuelles de températures sont les plus hautes du monde entier : entre 1960 et 1966, on a enregistré annuellement 34,6 °C de moyenne journalière pour 41,2 °C de maximale moyenne et 28,2 °C de moyenne minimale à Dallol dans le nord-est de l'Éthiopie, ce qui place cette région aride dans une situation exceptionnelle car ce n'est atteint nulle part ailleurs sur le globe.
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+ Néanmoins, le climat des déserts chauds ne se résume pas au stéréotype abusivement utilisé : « Dans le désert, il fait très chaud le jour et très froid la nuit ». En réalité, il ne gèle la nuit dans les déserts chauds qu'en hiver, et de préférence sous des latitudes relativement septentrionales, en haute altitude et dans des étendues sablonneuses. Mais en été, les nuits sont chaudes voire étouffantes, surtout dans les étendues rocailleuses où la chaleur accumulée durant les longs jours estivaux ne se dissipe que très peu la nuit. En effet, le Sahara, lui qui est si réputé pour ses nuits glaciales, connaît pourtant des nuits très chaudes et sans rosée qui sont à peine réparatrices : par exemple, la station météorologique d'Arak par 25,5° de latitude et 590 m d'altitude[6] dans le sud de l'Algérie semble endurer les températures minimales mensuelles moyennes les plus élevées du globe avec des valeurs moyennes supérieures à 30 °C entre juin et septembre inclus[7], et en juillet (mois le plus chaud), la température ne descend, toujours en moyenne, jamais au-dessous de 34 °C[7], ce qui est assurément extraordinaire, en particulier pour un lieu à une telle altitude. Pour donner une idée du degré de chaleur nocturne exprimé, on peut dire que la température est, à peu de chose près, aussi élevée la nuit à Arak dans le Sahara algérien que le jour à Séville en Andalousie pendant les quatre mois étudiés (période juin - septembre)[8], qui constitue pourtant une des villes les plus chaudes en été de toute l'Europe.
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+ À cause des températures extrêmement élevées durant de longues périodes, de l'atmosphère très sèche, des vents fréquents et réguliers ainsi que de l'exposition continue au soleil dont l'intensité des rayons y est très forte, l'évaporation potentielle y est très élevée, la plus élevée sur Terre dans les déserts chauds. On mesure une évaporation potentielle supérieure à 2 000 mm/an dans l'ensemble de ces régions chaudes et sèches, mais elle peut être encore bien supérieure : par exemple, celle-ci atteint 5 000 mm/an à Tamanrasset, Algérie dont l'altitude est de 1 400 m alors que la ville saharienne reçoit seulement 43 mm/an, soit une évaporation potentielle plus de cent fois supérieure aux précipitations[1]. La pouvoir évaporant de l'air y est le plus grand dans les déserts chauds.
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+ Cette variante du climat désertique est rare en dehors de l'Asie. Un climat désertique froid est classiquement trouvé en zone tempérée, presque toujours dans l'ombre pluviométrique créé par les montagnes, ce qui limite les nuages et les précipitations apportés par les vents d'ouest dominants. Le désert de Gobi en Mongolie est un exemple typique de désert froid. Bien que les étés soient chauds, il possède des hivers très froids et rigoureux. Les déserts du Kyzylkoum et du Taklamakan situés en Asie centrale sont d'autres exemples de climats désertiques froids. Le désert du Grand Bassin situé dans l'ouest des États-Unis est un autre exemple de région soumise à un climat désertique froid.
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+ Les climats désertiques froids peuvent avoir des étés chauds (exceptionnellement chauds) et secs, bien que les étés ne soient bien sûr pas aussi chauds que les étés que subissent les régions ayant un climat désertique chaud. Contrairement aux climats désertiques chauds, les climats désertiques froids ont des hivers froids et secs avec des températures nettement inférieures à 0 °C. Les déserts froids se trouvent la plupart du temps à des altitudes plus élevées que les déserts chauds et sont souvent plus secs que ces derniers.
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+ Les régions arctiques et antarctique reçoivent également très peu de précipitations pendant l'année, à cause de l'air exceptionnellement froid et sec, mais elles sont classifiées comme étant des zones à climat polaire.
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+ Les climats désertiques doux (BWh ou BWn) sont généralement présents aux alentours des côtes ouest des continents dans les zones tropicales voire subtropicales ou à des altitudes élevées qui devraient posséder un climat désertique chaud si l'élévation y était plus basse. En Amérique du Sud, ce climat se trouve à proximité de l'océan Pacifique dans certaines parties du désert d'Atacama et le long de la côte centrale et sud du Pérou ; sa capitale Lima possède un climat désertique doux et est une des capitales les plus sèches au monde. En Amérique du Nord, on peut retrouver ce type de climat sur la côte pacifique de la péninsule de Basse-Californie, en Afrique dans certaines zones de la Namibie ou dans la péninsule Arabique dans certaines parties du Yémen.
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+ Les climats désertiques doux sont caractérisés par des températures beaucoup plus modérées que pour les climats désertiques chauds ou froids (usuellement à cause de la proximité entre les continents et les courants océaniques frais) et dans le cas des déserts côtiers doux, les brouillards et les nuages bas sont fréquents, bien qu'il s'agisse de zones extrêmement peu arrosées. Les températures y sont relativement douces toute l'année, sans être soumises à des extrêmes de températures que l'on retrouve souvent dans les climats désertiques. Les climats désertiques doux ne sont pas vraiment une sous-catégorie de climats désertiques et les régions qui le possèdent sont classées soit dans les climats désertiques chauds soit dans les climats désertiques froids.
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+ Le comte Alessandro Giuseppe Antonio Anastasio Volta, né à Côme le 18 février 1745 et mort dans cette même ville le 5 mars 1827, est un physicien et chimiste lombard.
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+ Il est connu pour ses travaux sur l'électricité et pour l'invention de la première pile électrique, appelée pile voltaïque[1]. Son nom est à l'origine de l'unité de tension électrique.
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+ Issu d'une famille aristocratique de Côme (par sa mère, Donna Maddalena, il était lié à la famille des Inzaghis[2]), Volta épousa en 1794 une femme de sa condition, Teresa Peregrini. Ils auront trois fils : Zanino, Flaminio et Luigi.[1]
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+ En 1774, il fut nommé professeur de physique de l’École royale de Côme. L'année suivante, il simplifiait la fabrication de l’électrophore, machine électrostatique décrite en 1762 par le physicien suédois Johan Wilcke[3],[4]. Volta fit une telle publicité à cet appareil qu'il en passe pour l'inventeur. En 1777, il voyagea en Suisse et s'y lia d'amitié avec H.-B. de Saussure.
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+ Intrigué par des gaz inflammables qui s'échappent dans les marais proches de sa maison (l’« air inflammable » de Benjamin Franklin), Volta s’intéresse en 1776 à la chimie des gaz : c'est ainsi qu’en novembre 1776, il préleva des capsules de miasmes des zones marécageuses de l'îlet Partegora du lac Majeur[5] et en isola la fraction inflammable, le méthane[6] dont il comprend qu'il est issu de la putréfaction des plantes[7]. Il conçut ses propres expériences, notamment le protocole d’ignition du méthane par une étincelle électrique dans un tube obturé. Volta étudia l’électrisation des solides, en s'efforçant de mesurer séparément la tension électrique (V) et la charge électrique (Q) : c’est ainsi qu’il découvrit que pour un corps donné, ils sont proportionnels (« loi de capacitance[8] »), et c’est en hommage à ce chercheur que l’unité de tension électrique s’appelle le volt.
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+ En 1779, il fut appelé à la chaire de physique expérimentale à l’université de Pavie, qu’il conserva pendant près de 40 ans[9].
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+ Luigi Galvani avait découvert un phénomène qu’il qualifiait d’« électricité animale » : lorsque l'on connecte deux disques métalliques de métaux différents par une patte de grenouille, celle-ci se contracte, indiquant le passage d'un courant électrique. Volta eut l'idée de substituer à la patte de l’animal un buvard imbibé de saumure, et ses méthodes d’étude de la charge électrique lui permirent de montrer que, dans les deux cas, il y avait échange de charge électrique et apparition d’une tension entre les deux métaux.
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+ Il introduit ainsi la notion de « couple électrochimique », et formule la loi selon laquelle la force électromotrice (fem) d'une pile galvanique, réalisée par mise en contact de deux électrodes métalliques via un électrolyte, est la différence entre deux « potentiels d’électrode », qui ne dépendent que de la nature du métal constitutif : il s'ensuit que deux électrodes d’un même métal ne peuvent développer de tension.
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+ En 1800, un différend professionnel à propos de l’interprétation biologique de Galvani poussa Volta à inventer la pile voltaïque, une pile électrique primitive débitant un courant électrique à peu près stable[10]. Volta savait que l'accouplement de métaux le plus efficace pour produire de l'électricité est le couple zinc-argent. Il fit d'abord l'essai de deux piles branchées en série ; chacune de ces piles était un gobelet de vin rempli de saumure, dans laquelle trempaient les électrodes ; puis il remplaça les gobelets par des lamelles de carton imbibées de saumure, interposées entre les rondelles de zinc et d'argent empilées alternativement.
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+ Plusieurs chercheurs ont étudié le phénomène de la pile de Volta et ont essayé de l'améliorer. Certains ont découvert l'illumination à arc qui démontre que l'électricité provoque une sorte d'éclair. Ils ont démontré le phénomène en reliant les deux bornes de la pile à un morceau de charbon.
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+ Le 2 mai 1800, deux chimistes britanniques, William Nicholson (1753-1815) et Sir Anthony Carlisle (1768-1840) réalisent la première électrolyse (celle de l'eau) en utilisant la pile de Volta comme générateur, permettant ainsi d'identifier les deux constituants de l'eau, oxygène et hydrogène. Cette découverte ouvre la porte à toutes sortes d'électrolyses dont celle de l'aluminium et du cuivre.
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+ Les premières batteries étaient composées de plusieurs piles voltaïques réunies.
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+ Un des principaux défauts de la pile de Volta était son manque d'étanchéité ; la saumure dans laquelle étaient plongés les morceaux de carton coulait de la pile. Ce problème est maintenant résolu car on remplace la saumure par un gel plus consistant.
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+ En 1820, Hans Christian Ørsted découvrit que les phénomènes électriques étaient de près reliés aux phénomènes magnétiques. Il remarqua que l'aiguille de sa boussole changeait de direction lorsqu'il la déplaçait autour d'un fil relié à la pile de Volta ; tout dépendant de sa position, la boussole n'indiquait pas la même direction.
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+ En 1836, John Daniell mit au point la première pile impolarisable.
32
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+ Alessandro Volta est devenu membre de la Royal Society le 5 mai 1791. Celle-ci lui décerna la médaille Copley en 1794.
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+ Napoléon Bonaparte lui décerna le titre de comte du Royaume en 1810 ; en 1815, l'empereur d'Autriche le nomma professeur de philosophie à Padoue.
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+ Alessandro Volta est enterré dans la ville de Côme, en Italie ; le temple Volta, près du lac de Côme est consacré à son travail ; ses instruments et papiers originaux y sont présentés. Le bâtiment est apparu, ainsi que son portrait, sur la devise italienne de 10 000 lires.
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+ En 1881, l'unité de tension électrique, le Volt, est nommée en son honneur.
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+ Le constructeur automobile Toyota a donné le nom d'Alessandro Volta à un concept-car présenté en 2004 au Salon de l'automobile de Genève.
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+ Écartelé : au I, du quartier des comtes sénateurs du royaume d'Italie ; au II d'azur, au cygne d'argent, surmonté d'un arc de voute du même ; au III de gueules, à une pile voltaïque et au condensateur d'argent ; au IV, de sinople à deux barres d'argent.[11],[12],[13]
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+ État du Japon
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+
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+ (ja) 日本国 / Nihon-koku ou Nippon-koku
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+ 35° 41′ N, 139° 46′ E
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+ Le Japon, en forme longue l'État du Japon, en japonais Nihon ou Nippon (日本?) et Nihon-koku ou Nippon-koku (日本国?) respectivement, est un pays insulaire de l'Asie de l'Est, situé entre l'océan Pacifique et la mer du Japon, à l'est de la Chine, de la Corée du Sud et de la Russie, et au nord de Taïwan. Étymologiquement, les kanjis (caractères chinois) qui composent le nom du Japon signifient « pays (国, kuni) d'origine (本, hon) du Soleil (日, ni) » ; c'est ainsi que le Japon est désigné comme le « pays du soleil levant ».
10
+
11
+ Le Japon forme, depuis 1945, un archipel de 6 852 îles de plus de 100 m2, dont les quatre plus grandes sont Hokkaidō, Honshū, Shikoku et Kyūshū, représentant à elles seules 95 % de la superficie terrestre du pays. L'archipel s'étend sur plus de trois mille kilomètres. La plupart des îles sont montagneuses, parfois volcaniques. Ainsi, le plus haut sommet du Japon, le mont Fuji (3 776 m), est un volcan inactif depuis 1707. Le Japon est le onzième pays le plus peuplé du monde, avec environ 127 millions d'habitants pour 377 975 km2[5] (337 hab./km2), dont l'essentiel est concentré sur les étroites plaines littorales du sud d'Honshū et du nord de Shikoku et Kyūshū, formant un ensemble pratiquement urbanisé en continu appelé « Mégalopole japonaise » ou « Taiheiyō Belt » (太平洋ベルト, Taiheiyō beruto?, littéralement « ceinture Pacifique »). Le Grand Tokyo, qui comprend la capitale Tokyo et plusieurs préfectures environnantes, est la plus grande région métropolitaine du monde, avec plus de 35 millions d'habitants. La ville a été première place financière mondiale en 1990.
12
+
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+ Les recherches archéologiques démontrent que le Japon était peuplé dès la période du Paléolithique supérieur. Les premières mentions écrites du Japon sont de brèves apparitions dans des textes de l'histoire chinoise du Ier siècle. L'histoire du Japon est caractérisée par des périodes de grande influence dans le monde extérieur suivies par de longues périodes d'isolement. Depuis l'adoption de sa constitution en 1947, le Japon a maintenu une monarchie constitutionnelle avec un empereur et un parlement élu, la Diète.
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+ Le Japon est la troisième puissance économique du monde pour le PIB nominal et la quatrième pour le PIB à parité de pouvoir d'achat. Ce dynamisme économique s'appuie surtout sur une industrie performante et innovante, portée par de grands groupes d'importance mondiale appelés Keiretsu (系列?), tout particulièrement dans les secteurs de la construction automobile (troisième producteur mondial en 2017)[6] ou de l'électronique de pointe. Il est aussi le quatrième pays exportateur et le sixième pays importateur au monde. Acteur majeur du commerce international et puissance épargnante, il a ainsi accumulé une position créancière nette vis-a-vis du reste du monde (en) de plus de 325 000 milliards de yens[7], le plaçant en première position devant la Chine[8]. C'est un pays développé, avec un niveau de vie très élevé (dix-neuvième IDH le plus élevé en 2018), de faibles inégalités (le troisième IDH ajusté aux inégalités le plus élevé, toujours en 2018) et la plus longue espérance de vie au monde selon les estimations de l'ONU[9]. Mais ce tableau idyllique ne doit pas masquer d'importants problèmes qui pèsent sur l'avenir du pays : le Japon souffre d'un des taux de natalité les plus bas du monde, très en-dessous du seuil de renouvellement des générations[10]. Le pays est actuellement en déclin démographique[11]. C'est également le pays pour lequel le poids de la dette publique brute est le plus important au monde[12], cette dernière s'élève en 2017 à 240 % du PIB[13].
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+ En japonais, « Japon » (日本) se dit Nihon ou Nippon, et éventuellement dans les documents administratifs Nipponkoku (日本国?) prononcé plus rarement Nihonkoku, soit « Nation japonaise ». La forme abrégée Ni- (日?), toujours en préfixe, sert parfois dans un but qualificatif : ainsi trouve-t-on Nicchū (日中?)[14] pour l'adjectif « nippo-chinois » ou « sino-japonais »[15]. Le nom Japon est un exonyme, en effet c'est une prononciation chinoise transmise ensuite aux Occidentaux.
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+ Le nom 日本 veut dire « origine du soleil » ou « là où naît le soleil », ce que l'on traduit souvent par « Empire du soleil levant ». En effet, 日 signifie « soleil » (ou jour) et 本 signifie « origine » (ou racine). Le drapeau japonais (un disque rouge) évoque d'ailleurs le soleil. C'est lors des premiers échanges commerciaux avec la Chine (traditionnellement par le biais d'une lettre du prince régent Shōtoku) que cette appellation, logique du point de vue du voisin occidental chinois, fut introduite, alors que les Japonais de l'époque désignaient leur pays sous le nom de Yamato (大和?, un ateji désignant à l’origine une région géographique de Nara). D'abord prononcé Hi-no-moto, il lui fut préféré, à partir de l'époque de Nara (VIIIe siècle) les prononciations Nihon ou Nippon, appellations encore en usage de nos jours[16].
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+ Le nom japonais Nippon est utilisé sur les timbres, les billets de banque, et pour les événements sportifs internationaux, alors que Nihon est utilisé plus fréquemment dans la vie quotidienne. Nippon peut faire aussi référence à l'empire du Japon et donc à l'idéologie nationaliste de l'ère Shōwa[16]. Il se retrouve dans le gentilé, Nihon-jin (日本人?, littéralement « personne du Japon »), et le nom de la langue, Nihon-go (日本語?)[16]. Outre Nihon-jin, employé tout particulièrement pour désigner des citoyens japonais situés au Japon, sont également utilisés les termes de Hōjin (邦人?, littéralement « personne du pays ») pour les citoyens japonais présents à l'étranger (désigne tant les touristes, les personnes d'affaires ou étudiants ayant quitté l'archipel pour des durées plus ou moins longues, expression notamment fréquente dans les médias lorsqu'elles parlent d'une catastrophe ayant fait des victimes japonaises). Nikkeijin (日系人?, littéralement « personne de lignée japonaise »), ou Nikkei (日系?, littéralement « de lignée japonaise »), est le mot générique pour les immigrants japonais et leurs descendants dans le monde (dont la principale communauté reste les Nippo-Américains), de toute génération, y compris ceux venus ou revenus vivre ou travailler au Japon mais n'en ayant pas la citoyenneté[17].
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+ Yamato (大和?) est désormais le nom que l'on donne à la période historique allant de 250 à 710. C'est en fait le nom de la première structure impériale connue qui exerçait son pouvoir autour de Nara (奈良?) aux environs du Ve siècle. Aujourd'hui, on trouve toujours le mot Yamato dans des expressions telles que Yamato-damashii (大和魂?, « l’esprit japonais »).
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+ Le terme Japon viendrait très certainement de la prononciation chinoise de 日本 (rìbĕn, prononcé [ʐ̩˥˩.pən˨˩˦] (à peu près « Jipeune ») en mandarin d'aujourd'hui)[18]. Marco Polo utilisait le terme de Cipangu, dérivé du chinois Zipang utilisé par les Chinois pour désigner le Japon à cette époque[19].
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+ Le Japon est peuplé depuis le paléolithique. Une présence humaine y est indiquée par l'archéologie sur plusieurs niveaux de fouille depuis plus de 12 000 ans ; celle-ci débute par l'arrivée des Aïnous, peuple indigène paléo-sibérien, les premiers habitants de l'archipel japonais. À la faveur du réchauffement climatique suivant la glaciation de Würm, les Aïnous sont restés isolés de l'Eurasie et ont développé une forme de culture fondée sur la chasse, la cueillette et la pêche qui a perduré jusqu'au début du XXe siècle.
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+ Les premières vagues migratoires de l'ère moderne auraient débuté à partir du VIIe siècle av. J.-C. La légende rapporte que le Japon fut fondé au VIIe siècle av. J.-C. par l'empereur Jinmu. Le système d'écriture chinois, ainsi que le bouddhisme furent introduits durant les Ve et VIe siècles par les moines bouddhistes chinois et coréens, amorçant une longue période d'influence culturelle chinoise.
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+ Les empereurs étaient les dirigeants symboliques, alors que le véritable pouvoir était le plus souvent tenu par les puissants nobles de la Cour, des régents du clan Fujiwara (du VIIIe siècle au milieu du XIe siècle) aux shoguns (général en chef des armées, à partir de 1192). L'apogée de l'autorité impériale se situe au début de l'époque de Nara (première partie du VIIIe siècle) et à la fin de celle de Heian par le biais du système des empereurs retirés (d'environ 1053 jusqu'à 1085-1092).
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+ Par la suite, à partir de la fin du XIIe siècle, la réalité du pouvoir est prise en main par une classe guerrière étrangère à la cour impériale, celle des samouraïs. Ce gouvernement militaire s'accompagne d'importants mouvements de population, source de brassage sociétal et d'essor économique. Les shoguns s'appuient sur des réseaux efficaces d'hommes-liges, les Gokenin, qui, en échange de leur soutien et de leur fidélité, obtiennent des terres et le gouvernement de provinces ou de châteaux. Se met en place alors un système féodal qui va perdurer jusqu'au XIXe siècle. Au cours de la deuxième moitié du XVe siècle et au XVIe siècle, durant l'époque Sengoku, le délitement du pouvoir central aboutit à une privatisation des charges publiques et des provinces par leurs gouverneurs, ainsi qu'à une instabilité politique et militaire constante. Le pays se retrouve ainsi divisé entre des domaines de taille variable dirigés par des clans guerriers rivaux, entretenant les uns contre les autres intrigues ou conflits ouverts. Une expression résume cette instabilité : Gekokujō, soit littéralement « Les plus faibles gouvernent les plus forts », chaque seigneur (ou daimyo) peut être renversé par des rivaux comme par ses propres vassaux, qui eux-mêmes sont menacés par des forces encore plus inférieures qu'eux, tandis que des bandes rebelles (ikkō-ikki) constituées de paysans, religieux ou petits nobles locaux se créent de véritables petits royaumes indépendants. Une succession de trois daimyo conquérants entre 1573 et 1603 (époque Azuchi Momoyama) va permettre au Japon de retrouver définitivement une unité politique et d'encadrer l'organisation féodale par le système des han. Ces trois « unificateurs du Japon » sont successivement : Oda Nobunaga (1573-1582), Toyotomi Hideyoshi (1583-1598) et finalement Tokugawa Ieyasu qui s'impose à la bataille de Sekigahara en 1600 pour fonder en 1603 un gouvernement shogunal qui, depuis sa capitale d'Edo, va diriger l'archipel pendant deux siècles et demi (époque d'Edo).
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34
+ À partir du XVIe siècle, des commerçants venus tout d'abord du Portugal (1543), puis des Pays-Bas et d'Angleterre débarquèrent au Japon avec des missionnaires chrétiens. Pendant la première partie du XVIIe siècle, le bakufu (shogunat) Tokugawa craignit que ces missionnaires portugais ne fussent la source de périls analogues à ceux que subirent ses voisins (telles les prémices d'une conquête militaire par les puissances européennes ou un anéantissement[note 2]) et la religion chrétienne fut formellement interdite en 1635 sous peine de mort accompagnée de torture. Puis, en 1639, le Japon cessa toute relation avec l'étranger, à l'exception de certains contacts restreints avec des marchands chinois et néerlandais à Nagasaki, précisément sur l'île de Dejima.
35
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36
+ Cet isolement volontaire de deux siècles dura jusqu'à ce que les États-Unis, avec le commodore Matthew Perry, forcent le Japon à s'ouvrir à l'Occident par la politique de la canonnière en signant la convention de Kanagawa en 1854 après le pilonnage des ports japonais. Jusque-là, la plupart des Japonais ne connaissaient comme langue occidentale que le néerlandais, et découvrirent avec surprise l'existence d'autres langues, dont l'anglais des Américains[20].
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+ En seulement quelques années, les contacts intensifs avec l'Occident transformèrent profondément la société japonaise. Le shogun fut forcé de démissionner et l'empereur fut réinvesti du pouvoir.
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+ La restauration Meiji de 1868 mit en œuvre de nombreuses réformes. Le système de type féodal et l'ordre des samouraïs furent officiellement abolis, de nombreuses institutions occidentales furent adoptées (les préfectures furent mises en place) et le pays s'industrialise rapidement. De nouveaux systèmes juridiques et de gouvernement ainsi que d'importantes réformes économiques, sociales et militaires transformèrent l'Empire du Japon en une puissance régionale. Ces mutations donnèrent naissance à une forte ambition qui se transforma en guerre contre la Chine (1895) et contre la Russie (1905), dans laquelle le Japon gagna la Corée, Taïwan et d'autres territoires.
41
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42
+ L'expansionnisme militaire du Japon avait débuté dès le début du XXe siècle avec l'annexion de la Corée en 1910. Il prit de l'ampleur au cours de l'ère Shōwa avec l'invasion de la Mandchourie en 1931 puis des provinces du nord de la Chine. Dans les premières années 1930 le Japon, ainsi que l'Allemagne et l'Italie, parviennent à se réapprovisionner en armement, voyant se développer un important complexe militaro-industriel s'appuyant sur de puissants conglomérats, les zaibatsu (Mitsubishi, Mitsui, Sumitomo et Yasuda, notamment). En 1933 le Japon, désormais prêt à réinstaurer un système militaire plus stable, quitte la Société des Nations et se libère de ce fait des contraintes du traité. En 1937, l'empire se lança dans une invasion de la Chine qui débuta avec le bombardement stratégique de Shanghai et de Canton, ce qui entraîna une résolution de blâme de la Société des Nations à l'encontre du Japon mais surtout un écrasement des forces du Kuomintang. Selon les estimations, entre cent cinquante mille et trois cent mille Chinois furent exterminés lors du massacre de Nankin (Nanjing) par l'armée impériale japonaise[21].
43
+
44
+ L'attaque de Pearl Harbor dans l'archipel d'Hawaï en 1941, visant à détruire une partie de la flotte de guerre américaine, déclencha la guerre du Pacifique et engagea l'Empire du Japon dans la Seconde Guerre mondiale au côté de l'Axe. Le Japon agrandit dès lors encore son emprise jusqu'à occuper la Birmanie, la Thaïlande, Hong Kong, Singapour, l'Indonésie, la Nouvelle-Guinée, l'Indochine française et l'essentiel des îles du Pacifique (de 1937 à 1942). Ce gigantesque empire militaire, appelé officiellement Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale, était destiné à servir de réservoir de matières premières. L'occupation de ces territoires fut marquée par d'innombrables exactions à l'encontre des populations d'Extrême-Orient, crimes pour lesquels les pays voisins du Japon demandent toujours des excuses ou des réparations aujourd'hui.
45
+
46
+ L'empereur Shōwa procéda finalement à la reddition de l'empire du Japon le 15 août 1945 après les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki par l'aviation américaine et l'invasion soviétique du Mandchoukouo. Le traité de paix avec la Russie est toujours en négociation, en règlement du problème des îles Kouriles du Sud, occupées par cette dernière depuis la fin du conflit.
47
+
48
+ Le Japon, dont plusieurs des villes majeures ont été dévastées par les bombardements, est occupé par les troupes du Commandement suprême des forces alliées, MacArthur. Celui-ci met en place le tribunal de Tokyo pour juger quelques-uns des dirigeants politiques et militaires de l'empire mais exonère tous les membres de la famille impériale ainsi que les membres des unités de recherche bactériologiques.
49
+
50
+ Confiné à l'archipel, le pays demeura sous la tutelle des États-Unis jusqu'en 1951 (traité de San Francisco). Ceux-ci imposèrent une nouvelle constitution, plus démocratique, et fournirent une aide financière qui encouragea le renouveau du Japon. L'économie se rétablit ainsi rapidement et permit le retour de la prospérité dans l'archipel dont les Jeux olympiques de Tokyo et le lancement du Shinkansen en 1964 furent les symboles.
51
+
52
+ Des années 1950 jusqu'aux années 1980, le Japon connaît un apogée culturel et économique et une formidable croissance. Toutefois, ce « miracle économique » prend fin au début des années 1990, date à laquelle la « bulle spéculative immobilière japonaise » éclate, marquant le début de la « décennie perdue ». Ces années sont aussi marquées par une certaine instabilité politique (avec la première chute d'un gouvernement par une motion de censure en 1993) et plusieurs catastrophes d'origines humaine (attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995) ou naturelle (tremblement de terre de Kōbe, également en 1995).
53
+
54
+ Au début du XXIe siècle, bien que sa part soit relativement faible dans les finances de l'État, le Japon occupe, en matière de budget militaire, la cinquième place dans le monde en chiffres absolus, mais l'importance de ce budget ne fait pas pour autant du Japon une grande puissance militaire. La constitution japonaise interdit en effet le maintien d'une armée, le droit de belligérance et le lancement de toute opération militaire en dehors de ses frontières autre que dans le cadre de l'autodéfense. La « force d'autodéfense » japonaise est un corps militaire professionnel disposant de moyens techniques avancés.
55
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56
+ Avec la guerre d'Irak en 2003, l'interprétation de cette clause pacifiste de la Constitution a été revue pour pouvoir déployer des troupes hors de son territoire dans le cadre d'opérations à caractère strictement non militaire (reconstruction, aide humanitaire…). De la sorte, le Japon espère acquérir un rôle diplomatique plus en rapport avec sa puissance économique.
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+ Le 11 mars 2011, un grave séisme de magnitude 9,0, suivi d'un tsunami, frappe l'est du Tōhoku autour de Sendai, provoquant la mort de plusieurs milliers de personnes, de très graves dégâts dans toute la partie nord-est de Honshū et l'accident nucléaire de Fukushima[22].
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+ Le Japon est une monarchie constitutionnelle à régime parlementaire, régie par la Constitution de 1947. L'empereur (天皇, Tennō?) n'y occupe plus qu'une place honorifique, étant défini comme le symbole de l'État et de l'unité du peuple japonais dans l'article premier de la loi fondamentale. La constitution attribue la souveraineté, qui revenait auparavant à l'empereur, au peuple japonais, dans le cadre d'une démocratie représentative où l'essentiel du pouvoir politique est détenu par un parlement bicaméral, la Diète (国会, Kokkai?). Bien qu'il ne soit pas officiellement établi comme le chef de l'État et qu'il ne dispose d'aucun domaine réservé, l'empereur remplit l'ensemble des fonctions protocolaires d'un chef d'État (accréditation des ambassadeurs étrangers, investiture du Premier ministre et du juge en chef de la Cour suprême, dissolution de la Chambre des représentants sur proposition de ce dernier, ouverture des sessions parlementaires). La population japonaise conserve généralement un fort attachement et une grande déférence à l'égard de l'empereur, dont l'anniversaire (天皇誕生日, Tennō Tanjōbi?) est la fête nationale du Japon. De même, chaque règne correspond à une ère servant à dater les actes officiels et dont le nom devient l'appellation officielle de l'empereur après sa mort. L'empereur actuel (天皇陛下, Tennō Heika?) depuis le 1er mai 2019, plus connu internationalement sous son nom de naissance Naruhito, est, selon la tradition, le 126e monarque japonais, régnant durant l'ère Reiwa (令和時代, Reiwa-jidai?, Reiwa signifiant « belle harmonie »). La succession au trône se fait selon la loi de la maison impériale de 1947, par primogéniture masculine au sein des descendants, en ligne masculine exclusivement, de l'empereur Taishō. Les filles nées au sein de la famille impériale la quittent une fois mariées, et ne transmettent donc aucun droit à la succession. Le reste de l'ancienne noblesse japonaise (華族, kazoku?, littéralement « ascendance fleurie ») a été aboli en 1947.
61
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+ Le pouvoir exécutif appartient au cabinet (内閣, Naikaku?), responsable devant la Diète, dirigé par le Premier ministre (総理大臣, Sōri daijin?) et composé de ministres d’État (国務大臣, Kokumu daijin?) devant tous être des civils. Le Premier ministre est choisi au sein de la Diète par ses pairs avant d'être nommé par l'empereur. Il a le pouvoir de nommer et de démettre les autres ministres, dont une majorité doit être membre du Parlement, ainsi que celui de dissolution de la Chambre des représentants (formellement prononcée par l'empereur). Tous les membres du cabinet sont responsables devant la Diète.
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+ La branche législative, et donc la Diète, se compose tout d'abord d'une chambre basse, la Chambre des représentants (衆議院, Shūgi-in?) de 465 sièges, dont 289 membres sont élus par le mode uninominal à un tour et 176 par la proportionnelle régionale. Les représentants sont élus pour quatre ans au suffrage universel (il faut avoir 18 ans pour voter[23]). La chambre haute, appelée Chambre des conseillers (参議院, Sangi-in?), de 242 membres, est composée de personnes élues pour une durée de six ans, renouvelée par moitié tous les trois ans. Le suffrage est universel et secret. Le mode de scrutin est également mixte : 146 conseillers sont élus par un scrutin majoritaire plurinominal dans le cadre des préfectures, et 96 conseillers à la proportionnelle nationale. Les choix exprimés par la majorité absolue de la Chambre des représentants s'imposent à ceux de la Chambre des conseillers pour l'élection du Premier ministre, des votes de confiance ou de censure au gouvernement, ou encore de l'adoption du budget. En revanche, tout autre texte non constitutionnel nécessite, en cas de désaccord entre les deux chambres, une majorité des deux tiers des représentants pour le faire adopter malgré tout. Pour les amendements à la Constitution, une majorité des deux tiers dans les deux chambres est nécessaire, ce qui, à la date du 11 mai 2018, n'est encore jamais arrivé depuis 1947.
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+ Le pouvoir judiciaire repose sur une organisation juridictionnelle composée de quatre niveaux de base (483 cours de première instance, un tribunal de district comportant une chambre familiale dans chaque préfecture, huit Hautes Cours et une Cour suprême[24],[25],[26],[27],[28]). L'autorité judiciaire supérieure est la Cour suprême (最高裁判所, Saikō-Saibansho?), à la fois juridiction de dernier ressort et cour constitutionnelle chargée du contrôle de constitutionnalité sur les décisions et actions des deux autres pouvoirs mais aussi des collectivités locales et des administrations publiques, composée de quinze juges nommés par le Cabinet et soumis à un vote de rétention (aucun de ces juges n'ayant jamais perdu un vote) et dirigée par un juge en chef (長官, Chōkan?) nommé par l'empereur sur proposition du Premier ministre. Le Japon pratique la peine de mort. C'est un usage qui a tendance à croître entre 2006 et 2009 (les exécutions ont doublé en un an et les condamnations ont été multipliées par six en quatre ans). Toutefois, la première ministre de la Justice de l'administration démocrate au pouvoir de 2009 à 2010, Keiko Chiba, de même que ses successeurs Satsuki Eda et Hideo Hiraoka, sont tous trois des opposants historiques à la peine capitale. Tous ont malgré tout signé des ordres d'exécution.
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+ La vie politique a longtemps été dominée après la fin de l'occupation américaine par le Parti libéral-démocrate (PLD), qui a fourni l'ensemble des Premiers ministres au pays de 1955 à 1993, de 1996 à 2009 et depuis 2012. Celui-ci, de tendance conservatrice libérale, gouverne seul ou en coalition, notamment avec le Kōmeitō, parti sous influence de la Sōka Gakkai, dont les députés sont majoritairement issus, entre 1999 et 2009 et depuis 2012. Le principal parti d'opposition a longtemps été le Parti socialiste japonais (PSJ) jusqu'à ce que celui-ci souffre de la perte de son électorat traditionnel à la suite de son alliance de 1994 à 1998 avec le PLD dans une grande coalition gouvernementale et sa transformation en 1996 en Parti social-démocrate (PSD). Depuis les années 1990, l'opposition non communiste a été animée par le Parti démocrate du Japon (PDJ), fondé en 1996 et réformé en 1998, composé d'anciens dissidents tant de l'ancien PSJ que du PLD et se positionnant au centre voire au centre gauche de l'échiquier politique japonais avec une idéologie proche de la Troisième voie sociale-libérale. Il est finalement arrivé au pouvoir à l'issue des élections législatives du 30 août 2009 et son président, Yukio Hatoyama, est devenu le 60e Premier ministre du Japon le 16 septembre 2009. Naoto Kan lui succède le 4 juin 2010, avant de laisser sa place à son tour à Yoshihiko Noda le 2 septembre 2011. Il dirige un gouvernement de coalition bipartite avec le Nouveau Parti du peuple (NPP, centre droit). Toutefois, il perd la majorité dès les élections législatives suivantes du 16 décembre 2012, au profit du retour de la coalition PLD-Kōmeitō. Shinzō Abe, déjà Premier ministre de 2006 à 2007, est ainsi revenu à la tête du gouvernement le 26 décembre 2012. Par la suite, affaiblie, l'opposition au PLD a subi de multiples fusions, scissions et recompositions : le PDJ s'est uni au Parti de la restauration en 2016 pour former le Parti démocrate progressiste (PDP) ; l'aile droite de ce dernier rejoint en 2017 le Parti de l'espoir nouvellement créé par la populaire gouverneur de Tōkyō Yuriko Koike, mouvement qui, après une contre-performance aux élections législatives de 2017, finit par fusionner avec ce qui reste du PDP pour former le Parti démocrate du peuple (PDP toujours) en 2018, parti qui se définit comme centriste réformiste ; l'aile gauche du Parti démocrate progressiste a pour sa part fondé le Parti démocrate constitutionnel (PDC), situé au centre gauche social-libéral et pacifiste, devenu le premier parti de l'opposition parlementaire après les élections législatives de 2017.
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+ Plusieurs centaines de milliers de Coréens ont le statut de résidents permanents au Japon depuis plusieurs générations et parmi eux, un grand nombre refuse de prendre la nationalité japonaise pour ne pas devoir renoncer à leur nationalité coréenne ; ils sont donc toujours considérés comme des étrangers sur le plan légal, même si beaucoup d'entre eux utilisent couramment un nom japonais ou ne savent pas parler coréen. Ils bénéficient cependant du statut de « résidents permanents spéciaux » qui leur donne certains avantages par rapport aux autres résidents permanents.
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+ Ils ne peuvent malgré tout pas voter aux élections japonaises et accéder à certains postes élevés de la fonction publique sans se faire naturaliser. Il y a cependant un débat sur la possibilité de donner le droit de vote aux élections locales aux résidents permanents, comme c'est le cas depuis 2005 dans certaines régions de Corée du Sud. Il s'agissait de l'une des principales promesses de campagne du PDJ, au pouvoir de septembre 2009 à décembre 2012.
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+ Le Japon entretient d'étroites relations économiques et militaires avec son principal allié, les États-Unis[29], officialisées par le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon de 1960. État membre de l'Organisation des Nations unies depuis 1956, le Japon a été un membre non-permanent du Conseil de sécurité pour un total de 18 ans et l'a été pour la période 2009-2010. Il est également l'une des nations du G4 qui cherchent à devenir des membres permanents au Conseil de sécurité[30]. En tant que membre du G8, de l'APEC, de l'ASEAN plus trois et participant au sommet de l'Asie orientale, le Japon participe activement aux affaires internationales et renforce ses liens diplomatiques avec des partenaires importants dans le monde entier. Le Japon a signé un pacte de sécurité avec l'Australie en mars 2007[31] et avec l'Inde en octobre 2008[32]. Il est également le troisième plus grand donateur d'aide publique au développement, après les États-Unis et le Royaume-Uni, avec un don de 8,86 milliards de dollars US en 2004[33]. Le Japon a contribué avec des troupes non-combattantes à la coalition militaire en Irak de 2004 à 2008[34].
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+ Le Japon est engagé dans plusieurs conflits territoriaux avec ses voisins : avec la Russie sur les îles Kouriles, avec la Corée du Sud sur les rochers Liancourt, avec la République populaire de Chine et Taïwan sur les îles Senkaku (conflit territorial des îles Senkaku) et avec la République populaire de Chine sur la ZEE autour d'Okinotori-shima, rendant complexes les relations entre la Chine et le Japon.
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+ Le Japon est aussi confronté à un différend avec la Corée du Nord sur son enlèvement de citoyens japonais et sur ses armes nucléaires. À la suite de la contestation des îles Kouriles, le Japon est techniquement toujours en guerre avec la Russie, car aucune solution à la question n'a jamais été signée[35].
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+ L'armée du Japon est restreinte par l'article 9 de la Constitution japonaise, qui fait renoncer le Japon à son droit de déclarer la guerre ou à utiliser sa force militaire comme moyen de règlement des différends internationaux. Les forces du Japon sont régies par le ministère de la Défense, et sont composées d'une force terrestre, maritime et aérienne. Les forces qui ont été récemment utilisées dans des opérations de maintien de la paix et pour le déploiement de troupes japonaises en Irak a marqué la première intervention militaire du Japon à l'étranger depuis la Seconde Guerre mondiale[34].
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+ Le pays dispose par ailleurs d'un Conseil de sécurité nationale (国家安全保障会議?), qui s'est réuni pour la première fois le 4 décembre 2013 pour discuter de la stratégie de sécurité nationale en réponse à l'instauration par la Chine d'une zone d'identification aérienne en mer de Chine orientale[36].
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+ Le Japon est devenu en 2014 observateur associé à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) lors du sommet de Dili[37].
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+ Depuis septembre 2015, les forces japonaises d'autodéfense peuvent être utilisées en dehors du pays, pour soutenir un allié[38],[39].
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+ Compte tenu de ses liens historiques avec Washington, et de son rapprochement plus récent avec Pékin, le Japon pourrait, en confirmant sa légitimité internationale, constituer un pôle de stabilité dans une Asie indo-pacifique sous haute tension. C'est en tout cas l'un de ses objectifs stratégiques majeurs[40]. Étant donné l'importance de l'alliance pour la sécurité du Japon, Tokyo continue de multiplier les signes de bonne volonté pour s'assurer du soutien pérenne de son partenaire.
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+ En 2019, l'agenda politique et diplomatique du Japon sera chargé en termes de calendrier et de symboles : l'abdication de l'Empereur fin avril précédera le sommet du G20, organisé à Osaka fin juin. À cette occasion, des rencontres importantes sont programmées avec Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui devrait être le premier chef d'État chinois à se rendre au Japon depuis dix ans[41].
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+ La stratégie de l'Indo-Pacifique libre et ouvert doit offrir un choix alternatif aux pays de la région pour leur permettre d'élargir leurs options et d'éviter un face-à-face avec la Chine. À rebours des tensions russo-occidentales depuis la crise ukrainienne en 2014, le Japon s'est engagé dans une politique de rapprochement et de coopération avec Moscou[42].
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+ L'engagement personnel du Premier ministre interroge en creux le devenir de cette diplomatie proactive après son départ, fin 2021. Le Japon bénéficie, certes, d'un certain nombre d'atouts pour se positionner comme force de proposition sur ces sujets, et, plus largement, jouer un rôle international significatif. Il est aujourd'hui au cœur d'un réseau de partenaires qui le reconnaissent comme une démocratie libérale et un acteur international légitime et bienveillant. La normalisation militaire du Japon[43], accélérée sous Shinzō Abe, lui donne aujourd'hui des outils pour contribuer davantage à la sécurité et la paix internationale[44].
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+ L'État du Japon forme, dans l'Est de l'Asie, un archipel de 6 852 îles de plus de 100 m2 sur plus de trois mille kilomètres de long, face à la Russie (îles Kouriles), Taïwan, la Corée et la Chine[45]. Quatre de ces îles — du nord au sud, Hokkaidō (79 000 km2), historiquement peuplée par les Aïnous, Honshū (227 000 km2) la plus grande et la plus peuplée avec 105 millions d'habitants, Shikoku (18 000 km2) qui est l'île de la mer intérieure et Kyūshū (36 000 km2) — représentent l'essentiel d'un territoire de 377 975 km2[5] (95 % du territoire des 4 000 îles de l'arc insulaire)[46].
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+ Les autres îles de l'archipel sont plus petites, notamment dans la préfecture d'Okinawa. Naha, sur l'île Okinawa Hontō dans les Ryūkyū (archipel Nansei), est située à plus de six cents kilomètres au sud-ouest de Kyūshū. Au sud de Tokyo, l'archipel des Nanpō s'étire sur plus de mille kilomètres jusqu'à Iwo Jima. Au nord, Sakhaline (Karafuto en japonais) et les îles Kouriles (Chishima rettō, qui s'étendent à plus de mille deux cents kilomètres au nord-est de Hokkaidō), annexées par la Russie quelques jours après la défaite du Japon face aux États-Unis en août 1945, sont parfois considérées comme les points extrêmes de l'archipel. Du fait des zones économiques exclusives, le pays revendique[note 3] un territoire maritime de 4,5 millions de km2, multipliant sa superficie par douze[47].
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+ Le Japon est scindé, d'un point de vue géographique et non pas politique, en huit régions (voire neuf, si la préfecture d'Okinawa n'est pas incluse dans celle de Kyūshū) qui sont du nord au sud : Hokkaidō, Tōhoku, Kantō, Chūbu, Kansai (couramment appelé Kinki), Chūgoku, Shikoku et Kyūshū. La région du Chūbu est parfois décomposée en trois régions : la région du Hokuriku sur la côte nord-ouest, la région du Kōshinetsu à l'est et la région du Tōkai au sud. Les limites de ces dernières ne sont cependant pas fixées avec précision.
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+ Le Japon est subdivisé en quarante-sept préfectures (ou départements), dont une préfecture métropolitaine ou métropole (Tokyo), une préfecture insulaire ou territoire (Hokkaidō), deux préfectures gouvernementales ou gouvernements urbains (Préfecture d'Osaka et Préfecture de Kyoto) et 43 préfectures rurales.
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+ Deux préfectures ont des subdivisions particulières qui leur sont propres : Hokkaidō qui a tout son territoire divisé en sous-préfectures et Tokyo qui présente elle aussi des circonscriptions administratives particulières à travers les vingt-trois arrondissements spéciaux (qui ont statut de municipalités urbaines sans en avoir toutes les compétences, certaines étant exercées directement par le Gouvernement métropolitain) et les quatre sous-préfectures insulaires du Pacifique. Sinon, toutes les préfectures (ou sous-préfectures) sont organisées en municipalités urbaines (les villes) ou rurales (les bourgs et villages, eux-mêmes regroupés en districts ruraux).
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+ Les principales villes du Japon classées par ordre décroissant d'habitants sont (chiffres de 2005)[48] :
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+ L'agglomération de Tokyo, englobant entre autres Yokohama, Kawasaki, Chiba et Saitama est, avec plus de 33 millions d'habitants[50].
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+ Les montagnes occupent 71 % du territoire, les piémonts 4 %, les plaines hautes 12 % et les plaines basses 13 %. Seulement un peu plus du cinquième du territoire est habitable (80 500 km2) et la plus grande plaine de l'archipel, celle du Kantō, n'atteint pas 15 000 km2[46]. Le massif montagneux des Alpes japonaises s'étire du nord au sud sur plus de 1 800 km, le long des 4 îles principales. Le point culminant du Japon est le célèbre mont Fuji[note 4] atteignant 3 776 m d'altitude. Il s'agit d'un relief volcanique, toujours actif mais peu menaçant.
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+ La rareté des plaines (excepté près des littoraux), très peuplées (plus de 800 habitants par km2 sur la côte est de Honshū), oblige l'exploitation des collines et des montagnes avec le système des cultures en plateaux (les versants sont recouverts de bassins successifs de taille décroissante avec la hauteur, permettant la culture du riz, du soja, etc.). Si les côtes du Japon sont longues (33 000 km) et d'une grande variété, les fleuves sont courts, pentus et violents et se prêtent peu à la navigation[46].
113
+
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+ Le Japon exprime avant tout par sa géographie le contraste le plus remarquable qui soit au monde entre un milieu éminemment ingrat qui n'offre à ses habitants qu'une superficie cultivable inférieure à 78 000 km2 (moins de 24 % de la superficie totale) et la présence de 127 millions d'habitants (chiffre de 2007).
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+ Comme le Japon est situé dans une zone de subduction de quatre plaques tectoniques (Pacifique, Nord-américaine, des Philippines et Eurasiatique), de nombreux volcans, comme le mont Unzen, sur l'île de Kyūshū, sont actifs. En 2018, le Japon en compte 111[51].
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+ Des milliers de secousses telluriques d'intensité variable (de 4 à 9 sur l'échelle de Richter) sont ressenties dans le Japon tout entier chaque année. Par ailleurs, les puissants et ravageurs tremblements du plancher sous-marin génèrent des raz-de-marée appelés tsunamis. 1⁄5 des séismes d'une magnitude égale ou supérieure à 6 recensés dans le monde surviennent au Japon[52]. Le Japon est le pays du monde le mieux préparé aux séismes et aux tsunamis. Il a consacré des milliards d'euros à la rénovation de bâtiments anciens et à l'équipement des nouveaux en amortisseurs de chocs. De hautes digues protègent nombre de villes côtières, et les routes d'évacuation en cas de tsunami sont bien signalées. Habitués à ce genre de catastrophes, les habitants ont pris des précautions systématiques. Ils ont mis en place un système doté d'ordinateurs très performants, système qui peut détecter la formation d'un tsunami, en déduire la hauteur des vagues ainsi que la vitesse de leur propagation et le moment où les vagues atteindront les côtes grâce à l'épicentre et à la magnitude du séisme. Ils transmettent aussi ces données aux pays du Pacifique, même à leurs concurrents, contrairement à la surveillance de l'océan Indien.
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+ Les sources naturelles d'eau chaude (appelées onsen) sont nombreuses et très populaires. Elles ont souvent été aménagées en bains publics, hôtels ou stations thermales pour les séjours de villégiature et retraites de santé.
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+ On peut par exemple s'y baigner dans des « baignoires » naturelles de 40 à 65 °C.
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+ L'archipel est très étiré sur l'axe Nord-Sud de la latitude de Québec à celle de Cuba[46], le Japon possède une gamme climatique étendue[53]. L'île de Hokkaidō et le nord de Honshū connaissent un climat tempéré de type continental (acadien), avec des étés doux et des hivers froids avec de fortes chutes de neige qui tiennent au sol durant plusieurs mois. Tokyo, Nagoya, Kyoto, Osaka et Kobe, à l'est et au centre-ouest de la plus grande île (Honshū), ont un climat de type subtropical humide caractérisé par des hivers relativement doux, avec peu ou pas de neige, et des étés chauds et humides, avec une saison des pluies (tsuyu) de début juin à mi-juillet. Le climat de Fukuoka (Hakata), sur l'île de Kyūshū, est relativement tempéré avec des automnes et hivers doux. Cependant l'été est tropical, long, étouffant et ultra-pluvieux (de fin mai à fin septembre) combinant températures élevées — voire torrides — et forte humidité[54]. Enfin, le climat des îles Ryūkyū, dont Okinawa Hontō, à l'extrême-sud de l'archipel nippon (latitude de Taïwan), est de type quasi-tropical, sans gel ni neige, avec des températures minimales hivernales supérieures à 16 °C[46].
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+ L'archipel japonais connaît une alternance des vents et des courants marins qui influent sur son climat. En hiver, les vents sibériens déferlent sur la mer du Japon et provoquent d'énormes chutes de neige sur la côte occidentale de l'archipel. À l'inverse, la côte orientale est protégée par la chaîne des Alpes japonaises et connaît des hivers secs et ensoleillés, avec des températures tiédies par l'effet du courant chaud Kuroshio au sud-est. En été, le courant froid Oya-shio abaisse les températures sur les côtes du nord-ouest[46].
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+ L'archipel japonais est touché par les tempêtes tropicales et les cyclones (appelés typhons), surtout entre juin et octobre. En 2004, dix cyclones se sont abattus sur le Japon, parmi lesquels Meari qui a fait vingt-deux morts et six disparus. Le bilan matériel de la saison 2004 est catastrophique : au moins 155 milliards de yens (1,4 milliard de dollars américains ou 1 milliard d'euros) de dégâts. Les typhons les plus violents du XXe siècle au Japon ont dévasté Muroto (typhon Muroto de 1934) (trois mille morts) et la baie d'Ise en 1959 (cinq mille morts).
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+ L'histoire environnementale du Japon et les politiques actuelles reflètent un équilibre fragile entre le développement économique et la protection de l'environnement. Dans la rapidité de la croissance économique après la Seconde Guerre mondiale, les politiques d'environnement ont été délaissées par le gouvernement et les entreprises industrielles. Conséquence inévitable, la pollution a fortement sévi au Japon dans les années 1950 et 1960 et a entraîné certains fléaux comme la maladie de Minamata. Avec la montée des préoccupations sur le problème, le gouvernement a introduit de nombreuses lois sur la protection de l'environnement[55] en 1970 et a créé le Ministère de l'Environnement en 1971. Le premier choc pétrolier a également encouragé une utilisation plus efficiente de l'énergie au Japon en raison du manque de ressources naturelles[56]. Les questions environnementales actuellement prioritaires comprennent la pollution de l'air en zones urbaines (les NOx, ou oxydes d'azote, sont des substances toxiques irritantes pour les voies respiratoires), la gestion des déchets, l'eutrophisation de l'eau, la conservation de la nature, la gestion des produits chimiques et la coopération internationale pour la conservation de l'environnement[57].
130
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131
+ Dans la première décennie du XXIe siècle, le Japon est devenu l'un des leaders mondiaux dans le développement de nouvelles techniques respectueuses de l'environnement. Les véhicules hybrides de Toyota et Honda ont été désignés comme ayant la plus haute économie de carburant et les plus basses émissions de gaz à effet de serre[58]. Ceci est dû à la technique de pointe des systèmes hybrides, aux biocarburants, à l'utilisation de matériel léger et à une meilleure ingénierie.
132
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133
+ Le Japon prend également en considération les problèmes entourant le changement climatique. En tant que signataire du Protocole de Kyoto, et hôte de la conférence de 1997 qui l'a établi, le Japon est dans l'obligation de réduire ses émissions de dioxyde de carbone et de prendre d'autres mesures liées à la lutte contre le changement climatique. La Cool Biz, présentée par l'ancien Premier ministre Jun'ichirō Koizumi, avait pour cible la réduction de l'utilisation de l'énergie grâce à la réduction de l'utilisation de la climatisation dans les bureaux du gouvernement. Le Japon va forcer l'industrie à faire des réductions d'émissions de gaz à effet de serre, en vertu de ses obligations liées au Protocole de Kyoto[59].
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+ Le Japon est classé parmi les plus mauvais élèves mondiaux en matière de pêche et de consommation de thon rouge et de chasse à la baleine[60]. Il est 4e pêcheur mondial de thon rouge de l'Atlantique avec 9 % des captures, ainsi qu'un fort importateur, aboutissant à une consommation locale estimée de 80 % des thons péchés en Méditerranée[61],[62]. Le thon rouge, en particulier le thon gras, est consommé sous forme de sushis, très recherché au Japon malgré la raréfaction de ce poisson. La baleine est chassée dans le cadre d'un programme de recherche scientifique, cependant la viande des baleines ainsi pêchée est ensuite vendue dans les restaurants japonais. Le Japon est à ce sujet soupçonné d'acheter les voix de petits pays (Tanzanie, Kiribati, îles Marshall) à la Commission baleinière internationale, monnayant leur vote contre des aides au développement[63]. Avec la Chine, le Japon bloque également la lutte contre la pêche des requins, responsable de la mort de plus de 100 millions de squales chaque année[64].
136
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+ Les autorités japonaises sont critiquées par les associations écologistes, notamment en marge de la conférence de 2019 sur les changements climatiques (COP 25), pour leurs très faibles ambitions en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre au sein même de l'archipel. En outre, le Japon est devenu le plus grand financier des projets de centrales au charbon dans la planète. Les banques japonaises ont représenté, entre 2017 et 2019, 32 % de la totalité des prêts directs accordés dans le monde aux développeurs de centrales au charbon. Les trois mégabanques du pays - Mizuho, Mitsubishi UFJ Financial Group et Sumitomo Mitsui Financial Group - prennent les trois premières places du palmarès de ces financements, devant l'américaine Citigroup (4e) et la française BNP Paribas (5e). L'opinion publique reste très peu sensibilisée aux enjeux environnementaux. Les autorités politiques et les élites économiques du pays se refusent à renoncer aux financements de nouvelles centrales au charbon, mettant en avant des arguments géopolitiques ou financiers[65].
138
+
139
+ Le Japon est classé 30e dans le classement des pays en fonction de leur indice de durabilité environnementale[66]. En 2018, le jour du dépassement (date de l'année à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) du Japon[note 5] est le 9 mai[67]
140
+
141
+ Le Japon est un des pays au monde, avec la Colombie, le Costa Rica et le Mexique, à utiliser les plus fortes concentrations de pesticides[68]. Un tiers des espèces d'insectes recensées au Japon est en risque d'extinction[69].
142
+
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+ Le Japon est après les États-Unis le deuxième pays le plus gros consommateur de plastique au monde. Depuis 2019, le pays ne peut plus exporter vers la Chine ses déchets plastiques, celle-ci ayant annoncé ne plus accepter d'être la « poubelle du monde ». 60 % des déchets plastiques sont donc désormais brûlés[70].
144
+
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+ Le 3 juillet 2020, le gouvernement japonais propose de fermer les centrales au charbon inefficaces, avec pour but de réduire sa dépendance énergétique au charbon d'ici 2030 et faire des énergies renouvelables une source d’électricité majeure[71].
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+ Le Japon comptait 126 millions d'habitants en 2018[72].
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+
149
+ Le faible taux d'immigrants combiné à un taux de natalité bas fait que le Japon est actuellement en « hiver démographique » : le recul de l'âge de la retraite est à l'ordre du jour et des personnes âgées commencent même à être réembauchées pour combler le manque de main-d'œuvre jeune de plus en plus patent. Entre 1980 et 2005, la part des plus de soixante-cinq ans dans la population japonaise a doublé pour dépasser les 20 % en 2006, chiffre qui serait porté à 40 % en 2050.
150
+
151
+ Pour la première fois en 2005 la population a reculé, le pays perdant environ trente mille habitants, avec un taux de fécondité de 1,25 enfant par femme. Tokyo est passé sous la barre d'1 enfant par femme avec un taux de 0,98 dans un pays où les structures destinées à accueillir les enfants en bas âge sont rares. Par ailleurs, la mortalité a atteint son second record en 2008 avec environ 1,14 million de décès dans l'année, ce qui s'est traduit par 51 000 japonais de moins qu'en 2007[73].
152
+
153
+ En 2012, l'indicateur conjoncturel de fécondité du pays a remonté pour la 3e année consécutive après sa valeur la plus basse pour atteindre 1,39 enfant par femme (1,26 en 2005 ; 1,32 en 2006 ; 1,34 en 2007) : il y a eu 2 000 naissances de plus qu'en 2007, ce qui s'explique en partie par la bissextilité de l'année 2012.
154
+
155
+ À l'issue de l'année 2013, la population a continué à diminuer avec une baisse de plus de 244 000 habitants.
156
+
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+ Sans modification démographique à court terme — et les prospectives n'en attendent pas —, le Japon comptera environ 90 millions d'habitants en 2050. À ce rythme, ils seront moins de soixante millions en 2100. 80 % des Japonais se disent très préoccupés par les conséquences du vieillissement de la population pour leurs retraites, les dépenses de santé et la fiscalité.
158
+
159
+ De plus, la répartition de la population est hétérogène, essentiellement concentrée sur la bande littorale sud du pays alors que l'intérieur du pays et l'île de Hokkaidō sont très peu peuplés. Aujourd'hui, les zones urbaines représentent 80 % de la population. La mégalopole japonaise, qu'on désigne généralement sous le nom de Taiheiyō Belt (« ceinture Pacifique ») et qui s'étire sur mille deux cents kilomètres depuis Tokyo jusqu'au nord de Fukuoka, concentre plus de cent millions d'habitants.
160
+
161
+ Le Japon comptait 2 217 000 étrangers à la fin 2008, soit 1,74 % de la population totale, avec une augmentation de 50 % sur dix ans. Les Chinois représentent le groupe le plus important (30 %), avec 655 000 personnes, suivis des Coréens (589 000), Brésiliens (313 000), Philippins (211 000) et Péruviens (60 000)[74].
162
+
163
+ Les Japonais sont vraisemblablement issus de vagues d'immigration successives venues de Chine, de Corée et des îles du Pacifique[75].
164
+
165
+ Pyramide des âges du Japon en 2005 (en bleu les hommes et en rose les femmes).
166
+
167
+ Évolution démographique.
168
+
169
+ Le Japon, qui constitue la plus ancienne composante du pôle est asiatique de la Triade, est qualifié de troisième puissance économique mondiale avec 5,867 milliards de dollars (US courant) de PIB, selon les chiffres de la Banque mondiale de l'année 2011[76]. Il se situe derrière les États-Unis et la Chine mais devant l'Inde et l'Allemagne[76]. Membre depuis 1964 de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et membre fondateur du Groupe des cinq (G5 informel, devenu G6 de manière officielle en 1975, G7 dès 1976 et finalement G8 en 1997) depuis 1974 et de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) depuis 1989, l'économie japonaise est l'une des plus fortement intégrées à la mondialisation. Avec un indice de développement humain (IDH) de 0,903 en 2015 (le 17e rang cette année là parmi l'ensemble des pays de la planète), le Japon est un pays développé à économie de marché (PDEM).
170
+
171
+ Les immenses groupes (Toyota, Fujitsu, Nissan, Honda, Mitsubishi, Canon, Panasonic, Sony, Akai, Sharp, Nintendo, Seiko, Bridgestone, etc.) édifiés sur cette modeste surface placent le Japon parmi les grandes nations industrielles : première place mondiale pour l'automobile, longtemps leader en électronique, deuxième place pour la construction navale (cargos, porte-conteneurs, pétroliers…). C'est aussi une économie de services très diversifiée et compétitive, particulièrement performante dans les secteurs de pointe. La plupart des conseils en stratégie, géographes, économistes ou sociologues classent Tokyo parmi les cinq principales villes mondiales, aux côtés de New York, Londres, Paris et Hong Kong, en raison de : son poids démographique (aire métropolitaine la plus peuplée au monde), sa bourse (surnommée Kabutochō 兜町, la deuxième plus importante de la planète en termes de capitalisation boursière), ses nombreux quartiers d'affaires et commerciaux internationaux (Shinjuku, Shibuya) et son port (31e port à conteneurs au monde en 2016 pour son trafic annuel en millions d'équivalent vingt pieds, principale plateforme multimodale de la façade japonaise du Pacifique, elle-même septième façade maritime mondiale).
172
+
173
+ Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le pays a subi de lourdes pertes humaines et matérielles, le Japon a progressé à un rythme extraordinaire jusqu'à conquérir le rang de deuxième économie mondiale. C'est ce qu'on a appelé le miracle économique japonais (années 1950-1960). Les Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo ont joué un rôle d'accélérateur à cette forte croissance. Ces progrès sont principalement attribués à la présence initiale d'un capital humain important, à la coopération entre l'État (MITI puis METI) et les entreprises, à une production tournée vers les marchés extérieurs (importantes exportations vers l'Asie et l'Amérique), à une forte éthique du travail, à la maîtrise des techniques de pointe grâce à la recherche, ainsi qu'à la faiblesse relative des dépenses militaires (1 % du produit intérieur brut)[77].
174
+
175
+ L'organisation économique du Japon présente quelques traits propres :
176
+
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+ Jusqu'à récemment, une part importante des employés de l'industrie disposait d'une garantie d'emploi à vie, mais depuis l'éclatement de la bulle spéculative japonaise, les licenciements et surtout la fermeture de très nombreux sous-traitants ont écorché ce mythe. La crise a provoqué une croissance du chômage (plus de 5 % au début des années 2000, mais redescendu sous les 4 % en 2008) et de la pauvreté, avec la multiplication des sans domicile fixe et des travailleurs précaires (Freeter, フリーター).
178
+
179
+ L'industrie, secteur prépondérant de l'économie (avec 39 % du produit intérieur brut, contre 25 % aux États-Unis, et 33 % de la population active, contre 25 % en France), est très dépendante des importations de matières premières et d'énergie. En effet, le territoire japonais ne pourvoit qu'à 3 ou 4 % des ressources naturelles dont a besoin le pays. Le secteur agricole, bien moindre, est fortement subventionné, pour des raisons politiques et sociales. Les rendements sont parmi les plus hauts du monde. Toutefois l'autosuffisance alimentaire plafonne à 40 %. Le plus souvent autosuffisant en riz, le Japon importe la moitié de sa consommation des autres céréales: le pays était ainsi premier au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010. Le Japon est le deuxième exportateur mondial de cuivre au milieu des années 2010, derrière le Chili, leader mondial.
180
+
181
+ La flotte de pêche japonaise est une des plus importantes au monde et réalise presque 15 % des prises totales. Quant à la marine marchande, celle-ci dispose de 3 991 navires pour 223,815 millions de tonnes de port en lourd — dont 206,598 millions sous pavillon étranger — (au 1er janvier 2013), se plaçant ainsi au deuxième rang des nations maritimes (derrière la Grèce) et représentant une part importante (13,87 %) du tonnage total mondial[78]. Il est à noter que 71,00 % du tonnage total japonais est immatriculé au Panama (pavillon de complaisance)[78].
182
+
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+ Pendant trois décennies, la croissance a été spectaculaire : en moyenne et hors inflation 10 % par an dans les années 1960, 5 % dans les années 1970 et 4 % dans les années 1980. Au cours des années 1970-1980, le capitalisme japonais a délocalisé sa production de type fordiste dans le reste de l'Asie orientale, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Nord. Le but est triple : contourner les quotas de plus en plus nombreux imposés par les différentes barrières protectionnistes américaines ou européennes ; diminuer les coûts de production grâce à une main-d'œuvre meilleur marché et faiblement qualifiée ; conquérir, aussi, les marchés locaux et nationaux grâce à une installation sur place. C'est ainsi que le Japon s'est petit à petit ouvert vers le sud-ouest et l'ouest[79].
184
+
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+ Dans les années 1990, la croissance a été nettement plus faible, essentiellement à cause de surinvestissements à la fin des années 1980, des accords du Plaza de 1985, et d'une politique économique d'austérité destinée à purger les excès antérieurs des marchés boursiers et immobiliers. Les efforts du gouvernement pour relancer la croissance auront peu de succès, le pays s'enfonçant dans un long cycle de déflation aux conséquences dévastatrices pour les entreprises les moins compétitives et pour les ménages les plus fragiles.
186
+
187
+ La signature d'accords avec l'Organisation mondiale du commerce a forcé le Japon à réduire ses subventions aux agriculteurs, ouvrant la voie aux riz américain ou vietnamien, sujet sensible dans un pays où cette céréale constitue la base alimentaire quotidienne. La crise économique asiatique de 1997 a eu pour effet d'accentuer cette situation économique tendue.
188
+
189
+ Depuis fin 2002, un mouvement de reprise s'est amorcé, tiré par le rapide développement du voisin chinois, qui est devenu le premier importateur de produits japonais[80], et, plus récemment, par la demande intérieure (consommation des ménages, chômage en baisse…) et l'assainissement du secteur bancaire. Ceci s'est confirmé début 2006, quand le Japon a pu officiellement annoncer avoir vaincu la déflation persistante depuis le début des années 2000. Au cours de cette même décennie, malgré un endettement public record (environ 160 % à 170 % du produit intérieur brut[81]), le Japon a réussi à sortir de la crise immobilière. Le ralentissement économique mondial en 2008 apporte cependant à cette économie fortement exportatrice un défi difficile à relever, d'autant plus que sa monnaie forte renchérit le coût des exportations. Mais depuis plusieurs années, la place du pays sur le marché mondial de l'électronique a chuté : leader dans la période de 1970 à 1990, le pays voit ses entreprises en berne depuis le début du millénaire. En une décennie, les dix plus importants groupes perdent un tiers de leur chiffre d'affaires, concurrencés par les Chinois et les Coréens[82]. Le manque de réactivité face aux décisions stratégiques à prendre et le coût de la production industrielle sont mis en avant comme défauts majeurs de ce domaine[82].
190
+
191
+ À long terme, la surpopulation des zones habitables et le vieillissement de la population sont deux problèmes majeurs. La robotique est une des grandes forces de l'économie japonaise à long terme, à tel point qu'elle est considérée comme le laboratoire de la société post-industrielle. 410 000 des 720 000 robots industriels du monde se trouvent au Japon, soit 57 %. L'emploi au Japon reste un sujet de préoccupation de premier plan. En 2018, 19 % des personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui constitue un record pour un pays industrialisé et oblige certaines à reprendre un emploi[83]. Le gouvernement de Shinzō Abe prévoit de repousser l'âge de la retraite à 70 ans et entend promouvoir les exosquelettes, sorte de robot accroché au corps qui accompagne et supplée les mouvements d'un individu, pour faire travailler plus longtemps les personnes âgées. En 2017, le taux d'emploi des 65−69 ans atteignait au Japon 54,8 % chez les hommes et 35 % chez les femmes[84].
192
+
193
+ Depuis le 1er septembre 2009, un accord de libre-échange et de partenariat économique (ALEPE) entre la Suisse et le Japon est en vigueur[85].
194
+
195
+ Depuis 2013, le gouvernement japonais investit dans l'économie africaine, notamment dans les infrastructures. En 2016, lors du Sommet Japon-Afrique de Nairobi, le premier ministre japonais Shinzo Abe poursuit dans cette voie et s'engage à investir 30 milliards de dollars supplémentaires sur le continent africain, dont 10 milliards seront affectés au développement des infrastructures[86].
196
+
197
+ Le Japon a de nouveau enregistré en 2019 la plus forte croissance des dividendes versés aux actionnaires à l'échelle mondiale (+6,3 % à 85,7 milliards de dollars). Les dividendes ont augmenté de 173 % au Japon entre 2009 et 2019[87].
198
+
199
+ Selon l'OCDE, 22 % des salariés japonais travaillent plus de 50 heures par semaine. Les salariés japonais prennent habituellement peu de vacances (18 jours de congés annuels)[88].
200
+
201
+ Au cours de l'ère Heisei (1989-2019) les conditions de travail des salariés se sont dégradées. L'éclatement de la bulle spéculative du début des années 1990 a eu pour effet d'accentuer la précarité des emplois. Les travailleurs ont connu une réduction de leur rémunération et des primes pour les heures supplémentaires. La proportion des emplois irréguliers (à durée déterminée et peu rémunérés) est passé de 20 % à 40 % en une trentaine d'années. Cette tendance contribue à expliquer la montée des inégalités de revenus au Japon. Le salaire horaire d'un travailleur irrégulier ne représente en effet qu'environ 60 % de celui d'un travailleur régulier[89].
202
+
203
+ Le pays possède l'un des réseaux de transport les plus performants au monde, la quasi-totalité de son territoire étant accessible en transports en commun. Cette facilité à se déplacer a contribué au développement économique et démographique du pays.
204
+
205
+ Au Japon, la voie ferrée est le principal moyen de transport des passagers : le réseau de trains, métros et lignes à grande vitesse (Shinkansen) est dense et très efficace. Il est complété par des réseaux de bus locaux, en zone urbaine comme en zone rurale.
206
+
207
+ L'infrastructure routière japonaise est bien entretenue et couvre efficacement tout le territoire, jusqu'aux zones montagneuses les plus reculées. Les autoroutes sont nombreuses, bien entretenues, et ponctuées de gigantesques aires de repos appelées Service Areas. Ces aires comportent des restaurants, et parfois un accès à Internet gratuit ou des douches. Il y a de plus des projets de dédoublement des grands axes routiers à travers les montagnes (projet nommé Japan corridor).
208
+
209
+ Le Japon possède par ailleurs la deuxième flotte commerciale maritime du monde (voir le chapitre précédent).
210
+
211
+ Le réseau de transports aériens est très moderne, avec deux compagnies aériennes : Japan Airlines et All Nippon Airways.
212
+
213
+ Le débit moyen en téléchargement est de 14,54 Mb/s en novembre 2011, le neuvième plus élevé du monde[90][source insuffisante].
214
+
215
+ En 2015, le Japon a accueilli 19,7 millions de touristes[91][source insuffisante], se classant au 16e rang mondial[92]. En 2015, les dix principaux pays d'origine des touristes étaient[93] :
216
+
217
+ L'évolution de l'arrivée des touristes par rapport à 2014 est indiquée entre parenthèses.
218
+
219
+ Considéré comme étant l'un des pays les plus avancés au monde, le Japon fait figure de locomotive dans la recherche scientifique, en particulier l'électronique, les machines-outils et la recherche médicale. Près de 700 000 chercheurs se partagent un budget de 130 milliards de dollars US alloué à la recherche et au développement, le troisième plus grand au monde[94]. Par exemple, certaines des plus importantes contributions du Japon à la technologie se trouvent dans les domaines de l'électronique (Sony,Panasonic), l'automobile (Toyota,Honda), les machines (Brother (entreprise)), la construction parasismique, la robotique industrielle (SoftBank Robotics), l'optique, la chimie (DIC Corporation), les semi-conducteurs (Tokyo Electron), les algocarburants (Euglena (entreprise)) et les métaux (Nippon Steel & Sumitomo Metal). Le Japon est le leader incontesté en termes de production et d'utilisation de la robotique, et possède plus de la moitié (402 200 sur 742 500) des robots industriels utilisés pour la construction dans le monde[95]. Les sociétés japonaises sont par exemple à l'origine des robots Qrio, ASIMO et Aibo. Le Japon est le plus grand producteur mondial d'automobiles[96] et regroupe six des quinze plus grandes entreprises de construction automobile au monde, et sept des vingt plus importants fabricants de semi-conducteurs en 2007.
220
+
221
+ L'agence d'exploration aérospatiale japonaise (JAXA) est l'agence spatiale du Japon qui fait de la recherche spatiale, de la recherche en aviation et qui développe des fusées et des satellites. C'est une participante à la Station spatiale internationale et le Japanese Experiment Module (Kibō) a été ajouté à la Station spatiale internationale au cours de vols d'assemblage de la navette spatiale américaine en 2008[97]. L'agence a des plans d'exploration de l'espace, tels que le lancement de Venus Climate Orbiter en 2010[98],[99], le lancement de la Mercury Magnetospheric Orbiter en 2018[100],[101],[102] et la construction d'une base lunaire en 2030[103]. Le 14 septembre 2007, le Japon a lancé SELENE, une mission lunaire japonaise avec une fusée H-IIA (type H2A2022) de la base de lancement de Tanegashima. SELENE est également connu sous le nom de Kaguya, la princesse lunaire du conte folklorique Kaguya-hime[104]. Kaguya est la plus grande mission de sonde lunaire depuis le programme Apollo. Sa mission est de recueillir des données sur la Lune, son origine et son évolution. Elle est entrée en orbite lunaire en octobre 2007[105],[106], volant à une altitude d'environ 100 kilomètres[107].
222
+
223
+ Selon le classement datant de 2011 en ce qui a trait aux pays les plus compétitifs au monde en matière de technologies réalisé par le Business Software Alliance, le Japon se classe au 16e rang. Selon eux, l'environnement d'affaires, les infrastructures ainsi que l'environnement juridique sont des indicateurs très propices au développement de cette industrie. Cependant, ce sont le soutien public au développement de l'industrie des TIC, la recherche et le développement ainsi que le capital humain, trois indicateurs en baisse, qui font perdre quatre places au pays par rapport au classement de 2009[108]. Cependant, le Japon contribue à environ un cinquième du budget mondial dans le domaine de la recherche et du développement.
224
+
225
+ Tout d'abord, les lycées et les universités ont été introduits au Japon en 1872 à la suite de la restauration de Meiji[109]. Depuis 1947, l'enseignement obligatoire au Japon se compose de l'école primaire et secondaire, qui dure neuf ans (à partir de 6 ans jusqu'à l'âge de 15 ans).
226
+
227
+ Au Japon, les services de soins médicaux sont fournis par les gouvernements nationaux et locaux. Le paiement pour les services médicaux est offert par le biais d'une assurance de soins de santé qui assure une relative égalité d'accès, avec des frais fixés par un comité gouvernemental. Les personnes sans assurance peuvent participer à un programme national d'assurance maladie géré par les gouvernements locaux. Depuis 1973, toutes les personnes âgées ont été couvertes par l'assurance parrainée par le gouvernement[110]. Les patients sont libres de choisir les médecins et les établissements de leur choix[111].
228
+
229
+ Le Japon se situe en 2019 à la 110e place sur 149 pays dans le rapport du Forum économique mondial sur les inégalités entre les sexes[112].
230
+
231
+ Selon l'avocate Yukiko Tsunoda, cette situation s'expliquerait en partie par le fait que les principes sexistes sont profondément ancrés dans le système judiciaire et remettent systématiquement en cause les droits des femmes : « lorsque le code pénal a été créé en 1907, le Japon était une société extrêmement patriarcale […] Le viol avait alors été criminalisé dans le but de s'assurer qu'une femme mariée ne porterait d'enfant que de son seul époux et qu'aucun autre homme ne pourrait avoir de rapport avec elle […] C'était une loi de chasteté au seul service d'un mari ou d'un père de famille »[112].
232
+
233
+ En 2017, le Japon a revu pour la première fois en 110 ans les lois concernant les agressions sexuelles, pour reconnaître les victimes masculines et rehausser la peine minimale de prison pour viol. Cependant, le fait qu'une victime soit obligée de prouver qu'elle ne pouvait pas résister a été maintenu dans la loi, malgré les protestations des experts[112].
234
+
235
+ L'université de médecine de Tokyo a reconnu, en 2018, avoir manipulé les résultats de son examen d'entrée afin que les filles soient désavantagées. Dans les semaines qui ont suivi, neuf des 81 écoles de médecine du pays ont à leur tour reconnu avoir pratiqué la même politique discriminatoire[113].
236
+
237
+ Au sujet de la garde des enfants de parents séparés, le pays ne reconnaît ni le droit de visite ni le partage de l'autorité parentale. Le système japonais fonctionne sur des principes hérités de l'ère Meiji (1868-1912). Une nouvelle forme légale de la famille devait alors renforcer son aspect patriarcal. Fondée sur la « continuité et le maintien de la famille », elle prévoit qu'en cas de séparation l'un des parents sorte de la famille. Le droit de garde des enfants est attribué à l'un des parents, généralement à celui qui les emmène le premier, sans garantir à l'autre la possibilité de les voir[114].
238
+
239
+ La culture japonaise est influencée par celle de la Chine et celle de la Corée. Mais elle en est aussi distincte.
240
+ Les influences culturelles étrangères se sont historiquement effectuées via la Corée du fait de leur proximité géographique. L'arrivée des Portugais et plus tard des Américains a quelque peu modifié ce système.
241
+
242
+ La société japonaise est linguistiquement très uniforme avec 98,2 % de la population ayant le japonais pour langue maternelle. Les 1,8 % restant étant constitués principalement de populations d'immigrants venus de Corée (sept cent mille personnes) et de Chine (trois cent cinquante mille personnes), ainsi que de Vietnamiens, de Brésiliens, d'Américains (quatre-vingt mille personnes), d'Européens (quarante-cinq mille personnes). Il existe quelques variations dialectales sur l'île d'Okinawa. L'aïnou d'Hokkaidō est toujours parlé à l'intérieur de la communauté du peuple autochtone mais reste néanmoins en voie de disparition.
243
+
244
+ L'anglais est la première langue étrangère apprise dès l'école primaire (et souvent, dès la maternelle), et est une langue très répandue comme langue étrangère, surtout chez les plus jeunes. Le chinois mandarin arrive en seconde position, puis le coréen[115].
245
+
246
+ La plupart des Japonais ne croient pas en une religion particulière et unique bien qu'un certain nombre d'entre eux se soient convertis au christianisme à la suite de l'arrivée du jésuite espagnol saint François Xavier en 1549. Les Japonais sont profondément animistes, de nombreuses amulettes, utilisées tant à la maison qu'en voyage, en attestent. Leur pratique est chamanique au travers du shintoïsme, les autres religions n'étant qu'une appropriation animiste des dieux d'autres lieux dans leur panthéon personnel ou collectif. Cependant, nombreux sont les Japonais, particulièrement au sein de la jeune génération, qui sont opposés aux religions pour des raisons historiques et en raison du développement de la science. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut exigé du peuple japonais de participer aux cérémonies shintoïstes et les activités des autres religions furent limitées. Ce shintoïsme d'État fut indissociable du nationalisme nippon qui prônait une élimination pure et simple des apports, pourtant anciens, du bouddhisme et enfin du christianisme apporté par les missionnaires portugais. Beaucoup d'autres ont su garder une vision plus apaisée de la religion et en « utilisent » plusieurs dans leur vie. Ainsi, une même personne peut aller invoquer les dieux au sanctuaire shintoïste à l'occasion du Nouvel An et tenter d'attirer leur attention avant les examens d'entrée à l'école ou à l'université. Raisonnant de manière confucianiste, elle souhaitera parfois un mariage à l'occidentale dans une église chrétienne après une cérémonie plus traditionnelle et aura des funérailles dans un temple bouddhiste.
247
+ Au début du XVIIe siècle et après une période de relative tolérance, le christianisme fut interdit puis pourchassé jusqu'à une quasi-clandestinité des chrétiens du pays, mis à part sur l'île de Kyūshū, notamment à Nagasaki, ainsi que dans la moitié sud du Japon, où les chrétiens sont plus nombreux.
248
+
249
+ La plupart des Japonais ont une vision neutre de la religion et en pratiquent plusieurs dans leur vie, généralement le shintoïsme et le bouddhisme. Ainsi, en 2014, selon le bureau des statistiques du ministère des Affaires intérieures et des Communications japonais, on comptabilisait[116] :
250
+
251
+ En 2010, le centre islamique du Japon estimait à 100 000 le nombre de musulmans dans le pays[117]. Seuls 10 % d'entre eux seraient Japonais[118]. Un certain nombre de nouvelles religions ou sectes, dont la Sōka Gakkai et ses six millions de membres, qui se sont établies juste avant ou à la suite de la Seconde Guerre mondiale occupent une place importante au Japon.
252
+
253
+ Le Japon a une longue tradition culturelle et artistique forgée par son histoire, sa géographie et sa conception particulière de l'esthétique.
254
+
255
+ Bien qu'il existe diverses formes d'arts primitifs sur l'Archipel, comme la poterie de la période Jōmon ou les haniwa, l'art japonais subit très vite l'influence du bouddhisme et de la Chine impériale, dès le VIe siècle[119]. À l'époque de Nara, les temples, dont le Tōdai-ji et le Hōryū-ji comptent parmi les plus connus, fleurissent et la religion imprègne fortement la sculpture et la peinture[120]. Ces influences restent vives jusque vers le XVIe siècle, que ce soit à travers la sculpture réaliste de Kamakura ou la peinture monochromatique de Muromachi, marquée de la pensée zen[121]. Pour autant, l'originalité de l'art japonais se ressent plus pleinement dans des mouvements plus profanes, comme les rouleaux narratifs (emaki) ou l'ukiyo-e, souvent attachés à la vie quotidienne et citadine, ainsi qu'aux divertissements[122]. Les Japonais se sont finalement intéressés à des arts très variés, s'appropriant calligraphie, étoffes (dont le kimono), céramique, laque et le forgeage de sabres.
256
+ Au XXe siècle, le cinéma et les mangas (bandes dessinées japonaises) se répandent et deviennent un fort vecteur d'exportation de la culture japonaise[123],[124].
257
+
258
+ L'architecture classique est elle aussi tournée vers le bouddhisme, mais aussi le shinto, et s'exprime pleinement à travers temples et sanctuaires[125]. Plusieurs sites sont ainsi inscrits au patrimoine mondial de l'humanité à Nara, Kyoto ou Nikkō. Plus tard[Quand ?], les maisons de thé adoptent les principes du bouddhisme zen[126]. À partir de l'époque Azuchi Momoyama fleurissent les châteaux japonais, construits en général sur d'imposantes fondations en pierre[127] ; le château de Himeji demeure une structure emblématique de l'époque. L'habitat traditionnel (minka et machiya) est lui aussi en bois.
259
+
260
+ La calligraphie et la littérature se développent également avec l'arrivée de l'écriture chinoise (kanji), au IVe siècle environ[128]. Les thèmes se diversifient alors rapidement, allant des récits mythologiques et historiques (comme le Nihon shoki) à la poésie waka. Le Dit du Genji (Genji monogatari, XIe), qui raconte de façon intimiste la vie à la cour de Heian, est souvent perçu comme l'un des premiers romans psychologiques[129]. Le bouddhisme zen et les guerres civiles marquent tout comme l'art la littérature médiévale. À l'époque d'Edo apparaissent de nouveaux mouvements littéraires majeurs, notamment les haïkus (poèmes brefs et symboliques) et la littérature des chōnin (des bourgeois), romanesque et parfois même frivole[130]. La même transformation peut être observée dans le théâtre, alors que le nô, religieux et élitiste, cède quelque peu la place au kabuki, qui prend naissance dans les quartiers de plaisirs d'Edo[131]. En marge du théâtre apparaissent d'autres formes originales et souvent humoristiques de l'art japonais, comme les masques, les spectacles de marionnettes (bunraku), les danses folkloriques (notamment l'odori) ou les conteurs (rakugo).
261
+
262
+ Puis, l'industrialisation rapide et l'ouverture au monde occidental à partir de l'ère Meiji, ainsi que les effets sur la société japonaise des bombardements atomiques et de la capitulation à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont largement contribué à forger la littérature moderne japonaise à partir de la fin du XIXe siècle. Ces évolutions voient tout particulièrement la naissance et le développement d'un nouveau genre, celui du shishōsetsu (« roman personnel ») ou watakushi shōsetsu (« roman à la première personne »). Se combinent alors les influences existentialistes des anciens écrits zen et les réalités du monde contemporain en les plaçant dans un contexte où le progrès rapide ne sert qu'à exacerber le sentiment d'aliénation ressenti par l'auteur, pour donner une grande importance aux thèmes du beau, du mythe, de la fantaisie, de la solitude et de la mort. Parmi les auteurs les plus représentatifs de cette littérature moderne, ayant obtenu souvent une reconnaissance internationale, figurent Jun'ichirō Tanizaki, Osamu Dazai, Yasunari Kawabata (prix Nobel de littérature en 1968), Yukio Mishima, Kenzaburō Ōe (prix Nobel de littérature en 1994) ou Haruki Murakami[132].
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+ De nos jours, les propriétés les plus précieuses du patrimoine japonais sont classées comme trésors nationaux et protégées par une loi de 1950.
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+ La cuisine japonaise est principalement connue dans le monde entier aux travers des sushis et sashimis. Cette omniprésence mondiale (30 000 restaurants dits japonais dans le monde : 14 000 en Amérique du Nord, 10 000 en Asie et 2 500 à travers l'Europe[133]) masque une cuisine complexe qui comprend de nombreuses déclinaisons et spécialités locales. La haute cuisine actuelle japonaise est une cuisine raffinée et codifiée dont les deux incarnations les plus connues sont le repas kaiseki et la collation offerte lors de la cérémonie du thé japonaise (chanoyu) appelée cha-kaiseki. Au quotidien, les Japonais sont ouverts à la diversité de la cuisine mondiale. On peut trouver facilement des restaurants chinois ou coréens, mais aussi italiens, français, ou encore les grandes chaînes de restauration rapide mondiale.
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268
+ Note : lorsque la date d'un jour férié tombe un dimanche, c'est le lendemain qui est férié. Exemple : le 11 février 2007 était un dimanche, le 12 février 2007 a donc été férié.
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270
+ Drapeau du Japon appelé Hinomaru (« disque solaire »). Le disque rouge central symbolise le soleil.
271
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272
+ Drapeau de la marine militaire (puis de la force maritime d'autodéfense) (旭日旗, Kyokujitsuki?).
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274
+ La cocarde japonaise[135] reprend le disque rouge du drapeau national. La bordure blanche améliore la visibilité.
275
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276
+ Le sceau impérial du Japon, appelé au Japon « noble insigne du chrysanthème » (菊の御紋, Kiku No Gomon?).
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+ Fleur de Prunus serrulata ou cerisier du Japon.
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280
+ Libellule.
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282
+ Le baseball est le sport national du Japon. Le championnat du Japon de baseball a été créé en 1937[136]. Depuis les années 1920, c'est le sport le plus populaire dans le pays[137]. L'un des plus célèbres joueurs de baseball japonais est Ichirō Suzuki, qui après avoir gagné la récompense du meilleur joueur japonais en 1994, 1995 et 1996, joue maintenant pour les Yankees de New York dans la Ligue majeure de baseball. Avant cela, Sadaharu Oh était le plus connu en dehors du Japon, après avoir frappé plus de coups de circuit au cours de sa carrière au Japon que son contemporain Hank Aaron n'en avait frappés en Amérique.
283
+
284
+ Le football est devenu le deuxième sport le plus populaire du pays. Le Japon a été le lieu de la Coupe intercontinentale de 1981 à 2004 et le co-hôte de la Coupe du monde de football de 2002 avec la Corée du Sud. Son équipe nationale est l'une des plus grandes équipes de football en Asie, ayant remporté la Coupe d'Asie à quatre reprises, un record. La sélection féminine a gagné la Coupe du monde de football féminin 2011 en battant en finale les États-Unis sur le score de 2-2 et 3-1 aux tirs au but.
285
+
286
+ Le golf est aussi populaire au Japon[138], de même que les formes de course automobile, comme le Super GT et la Formula Nippon[139]. Le Twin Ring Motegi a été achevé en 1997 par Honda, qui produit les moteurs de la série, afin d'ajouter une épreuve japonaise au championnat américain de l'IndyCar Series.
287
+
288
+ Honda a toujours eu une présence active en Formule 1 et a même remporté plusieurs titres en tant que motoriste avec l'écurie McLaren qui avait pour pilotes entre-autres Alain Prost et Ayrton Senna dans les années 1980 et 1990. Le Grand Prix du Japon se déroule sur le circuit de Suzuka depuis 1987 (sauf en 2007 et en 2008). Ce dernier est l'un des seuls circuits au monde à avoir la particularité d'être en huit et non en boucle, un pont enjambant une autre partie de la piste. Auparavant, le Grand Prix s'était déroulé sur le circuit de Fuji en 1976, 1977, 2007 et 2008.
289
+
290
+ Les sports occidentaux ont été introduits au Japon après la restauration de Meiji, et ont commencé à se répandre à travers le système éducatif[140]. Parmi les sports traditionnels, le sumo est probablement le plus populaire. Les arts martiaux tels que le judo, le karaté, l'aïkido et le kendo moderne sont également largement pratiqués et appréciés dans le pays.
291
+
292
+ Le catch est aussi très populaire dans le pays avec plusieurs fédérations comme la All Japan Pro Wrestling, la Dragon Gate, la Hustle (catch), la Inoki Genome Federation, la New Japan Pro Wrestling, la Pro Wrestling NOAH et la Pro Wrestling Zero1, plusieurs superstars connues dans le monde sont passées par ces fédérations[réf. souhaitée].
293
+
294
+ La neuvième édition de la Coupe du Monde de Rugby du 20 septembre au 2 novembre 2019, sera la première organisée dans un pays d'Asie, depuis sa création en 1987. 17 ans après le Mondial de football en 2002, le Japon sera de nouveau au centre du monde sportif, en accueillant une grande compétition internationale. De quoi préparer les instances sportives du pays avant l'organisation des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020[141].
295
+
296
+ Le Japon accueillera les Jeux olympiques de 2020 à Tokyo.
297
+
298
+ Depuis l'an 760, une tradition de pêche en apnée est pratiquée autour de l'archipel par de vieilles villageoises nommées ama. C'est ainsi que jusqu'au milieu du XXe siècle, ces remarquables plongeuses étaient encore plus de 10 000 à se jouer des profondeurs de l'océan pour y récolter perles, coquillages et crustacés. Aujourd'hui[Quand ?], les ama ne sont plus au Japon que 2 000, dont la moitié se concentre dans la préfecture de Mie, une région peu peuplée, à plus de 300 km au sud-ouest de Tokyo. L'une des raisons du déclin de leur pêche est la régression du tapis d'algues marines et de son biotope. Les nouvelles recrues se faisant rares, la moyenne d'âge est en 2011 de 67 ans. Aussi, la décennie prochaine pourrait-elle voir disparaître la pêche en apnée[réf. souhaitée]. La station balnéaire de Toba abrite de jeunes pêcheuses qui tiennent lieu d'attraction touristique.
299
+
300
+ Entre 2010 et 2016, le Japon chute de la 11e à la 72e place dans les classements annuels établis par Reporters sans frontières en matière de libertés accordées à la presse. Cette situation s'expliquerait notamment par un autoritarisme accru des autorités depuis le retour au pouvoir de Shinzō Abe : selon The Guardian, plusieurs journalistes auraient perdu leur emploi pour avoir critiqué la politique du gouvernement ; de nombreux manuels scolaires auraient également été censurés s'ils ne correspondaient pas à la vision de l'histoire promue par les autorités. Le vice-Premier ministre japonais, Tarō Asō, avait par ailleurs estimé nécessaire modifier la constitution jusqu'à la rendre fidèle aux valeurs soutenues par le gouvernement [142].
301
+
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+ Le Japon a pour codes :
303
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+ Asie centrale
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+
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+
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+ Asie du Sud-Est
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+
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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320
+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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@@ -0,0 +1,89 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le climat est la distribution statistique des conditions de l'atmosphère terrestre dans une région donnée pendant une période donnée. L'étude du climat est la climatologie. Elle se distingue de la météorologie qui désigne l'étude du temps à court terme et dans des zones ponctuelles.
2
+
3
+ La caractérisation du climat est effectuée à partir de mesures statistiques annuelles et mensuelles sur des données atmosphériques locales : température, pression atmosphérique, précipitations, ensoleillement, humidité, vitesse du vent. Sont également pris en compte leur récurrence ainsi que les phénomènes exceptionnels.
4
+
5
+ Ces analyses permettent de classer les climats des différentes régions du monde selon leurs caractéristiques principales.
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+
7
+ Le climat a varié fortement au cours de l'histoire de la Terre sous l'influence de nombreux phénomènes astronomiques, géologiques, etc., et plus récemment sous l'effet des activités humaines (réchauffement climatique).
8
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9
+ Le terme « climat » apparaît dans la langue française au XIIe siècle comme dérivé du latin climatis qui provient du grec κλίμα qui désigne l'inclinaison de la Terre par rapport au Soleil[1]. Les premiers découpages climatiques ont en effet été établis selon l'inclinaison des rayons du Soleil par rapport à l'horizon.
10
+
11
+ Aristote (dans Météorologiques) est le premier à diviser le globe terrestre en cinq zones climatiques : deux zones froides, près des pôles (l’arctique et l’antarctique) ; une zone torride, près de l'équateur, qu'il considère comme inhabitable ; et deux zones tempérées comprises entre la zone torride et une des zones froides (la zone septentrionale, correspondant à l'Écoumène, et la zone méridionale, qu'il appelle les antipodes).
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+
13
+ La notion de changement climatique et celle de réchauffement climatique se réfèrent au climat planétaire et à ses variations globales et locales.
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+ Selon Antoine César Becquerel qui en 1865 cite Alexander von Humboldt, le climat d'un pays est :
16
+
17
+ « la réunion des phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens, électriques, etc. qui impriment à ce pays un caractère météorologique défini, différent de celui d'un autre pays, placé sous la même latitude et dans les mêmes conditions géologiques. Selon que l'un de ces phénomènes domine, on dit que le climat est chaud, froid ou tempéré, sec ou humide, calme ou venteux. On considère toutefois la chaleur comme exerçant la plus grande influence : viennent ensuite les quantités d'eau tombée dans les diverses saisons de l'année, l'humidité ou la sécheresse de l'air, les vents dominants, le nombre et la répartition des orages dans le cours de l'année; la sérénité ou la nébulosité de l'air; la nature du sol et celle de la végétation qui le recouvre, selon qu'elle est spontanée ou le résultat de la culture[2]. »
18
+
19
+ Le climat désigne les caractéristiques statistiques (moyenne, maxima et minima, dispersion), calculées sur une longue période de temps (30 ans, par convention, pour les météorologistes), des observations de paramètres tels que la température, la pression, la pluviométrie ou la vitesse du vent, en un lieu géographique et à une date donnés[1].
20
+
21
+ Le système climatique est composé de plusieurs sous-ensembles : l'atmosphère, l'océan et la cryosphère, la lithosphère continentale et la biosphère de la Terre. L'apport d'énergie du rayonnement solaire et les échanges d'énergies entre les sous-ensembles du système climatique déterminent le climat de la planète[1].
22
+
23
+ Les océans représentent le principal réservoir de la chaleur capturée et de l'humidité. La circulation océanique, que l'on appelle aussi circulation thermohaline parce qu'elle est causée à la fois par des différences de températures et par différences de salinité, redistribue la chaleur des régions chaudes vers les régions froides[3].
24
+
25
+ Le rayonnement solaire se distribue inégalement à la surface de la Terre. Les basses latitudes, autour de l’équateur, reçoivent davantage de rayonnement que les hautes latitudes, proches des pôles Nord et Sud. L’océan n’absorbe (ou ne réfléchit) pas le rayonnement solaire incident de la même manière que les surfaces continentales. Les écarts de température importants entre régions polaires et zone intertropicale induisent à leur tour des mouvements de l’air (vents) et de l’océan (courants marins). Les surfaces océaniques et continentales sont soumises à une forte évaporation qui alimente un cycle hydrologique. La vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère, se condense en altitude, est transportée par les vents, et précipite sous forme de pluie ou de neige. La rotation de la Terre induit une accélération des vents (force de Coriolis) qui sont déviés vers la droite, dans l’hémisphère nord, et vers la gauche, dans l’hémisphère sud. Ce phénomène donne naissance aux vents alizés, dans la zone intertropicale, et à d’immenses tourbillons (les anticyclones de l’hémisphère nord). De vastes cellules de circulation générale ceinturent la Terre : elles contribuent à redistribuer la vapeur d’eau excédentaire des régions de basses latitudes vers les zones extratropicales, et elles assèchent les régions désertiques aux latitudes subtropicales (cellules de Hadley)[4].
26
+
27
+ Une partie du rayonnement solaire qui arrive au sol est immédiatement réfléchie. Le rapport entre l'énergie réfléchie et l'énergie solaire incidente est l’albédo, qui est compris entre 0 pour un corps qui absorberait la totalité des ondes électromagnétiques et 1 pour une surface qui les réfléchirait toutes. L’albédo planétaire, mesuré au sommet de l’atmosphère, qui est de 0,3, connaît de grandes variations en fonction des surfaces, depuis 0,05 à 0,15 pour la surface de la mer, une forêt de conifères ou un sol sombre jusqu'à 0,75 à 0,90 pour la neige fraiche[5]. Toute variation de l'albédo modifie la température :ainsi, la fonte de la banquise arctique diminue l'albédo, donc augmente les températures dans la région arctique.
28
+
29
+ Les continents et surtout le relief introduisent des barrières physiques à ces échanges qui modifie grandement la distribution des précipitations, de la chaleur et de la végétation.
30
+
31
+ Il existe de nombreuses méthodes de classification des climats, elles dépendent des données observées et leur choix est fonction des buts recherchés par les observateurs. Une des plus connues est la classification de Köppen.
32
+
33
+ Une représentation très simple permet d'identifier un climat d'un seul coup d’œil : le diagramme ombrothermique, qui représente les variations mensuelles sur une année des températures et des précipitations selon des gradations standardisées. Chaque climat, exception faite du climat équatorial, a deux diagrammes types, l'un pour les régions de l'hémisphère nord, l'autre pour l'hémisphère Sud. Le climat équatorial n'a pas cette caractéristique, car il ne connaît pas de saisons et se trouve près de l'équateur.
34
+
35
+ Le climat équatorial concerne les régions voisines de l'équateur. Il se caractérise par une seule saison, de fortes précipitations, ainsi qu'une température élevée quasiment constante toute l'année, dont la moyenne est de 28 °C. Les pluies sont presque quotidiennes, beaucoup plus abondantes aux équinoxes et tombant plutôt en soirée ; l'air chaud se charge en humidité et connaît un mouvement ascendant. Avec l'altitude, il se produit un refroidissement, avec formation de nuages de type cumulo-nimbus qui provoque des pluies souvent violentes. Ce mélange de chaleur et d'humidité permet l'épanouissement de la forêt équatoriale qui est le biome le plus riche en biodiversité.
36
+
37
+ Ce climat est présent de part et d’autre de l’équateur, parfois jusqu’à 15 à 25 degrés de latitude nord et sud. La température mensuelle moyenne est toute l’année au-dessus de 18 °C. On distingue une saison sèche et une saison humide. Plus l’on s’approche de l’équateur et plus la saison humide s’allonge. Les littoraux tropicaux à l’ouest peuvent subir une variation très importante de température.
38
+
39
+ Le climat désertique est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations et une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C. On distingue quelques mois où les précipitations peuvent se produire. La végétation est parfois absente. Il s'étend entre 10 et 35 degrés de latitude nord et sud. Ce climat est caractéristique des régions désertiques ou semi-désertiques des grandes régions continentales souvent entourées de montagnes, à l'ouest et au centre des continents.
40
+
41
+ Ce type de climat se rencontre à des latitudes comprises entre 25 et 45°. Ces climats subissent l'influence de masses d'air tropicales pendant les mois d'été, leur apportant de fortes chaleurs. En revanche, ils connaissent une vraie saison froide, même si celle-ci est modérée, sous l'influence de masses d'air polaire. En outre, si le ressenti est agréable (douceur, ensoleillement), ces climats sont aussi sujet à des phénomènes brutaux (orages, inondations, tempêtes tropicales, cyclones).
42
+
43
+ Généralement deux types de climats peuvent être qualifiés de subtropicaux : le climat méditerranéen sur les façades occidentales et le climat subtropical humide sur les façades orientales (on emploie souvent le terme « climat chinois »). Si ces deux climats ont en commun un hiver relativement doux et humide (même si un coup de froid n'est jamais exclu), les masses d'air tropical en été apportent des situations bien différentes. Le climat méditerranéen connait l'aridité estivale, alors que le climat subtropical humide subit une chaleur très moite.
44
+
45
+ Les climats subtropicaux, par leur saison froide en hiver, peuvent aussi être qualifiés de "climats tempérés chauds".
46
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47
+ Ce climat est en général caractérisé par des températures tempérées, ainsi que deux saisons : une saison froide (hiver) et une saison chaude (été). On le divise en trois grands sous-groupes :
48
+
49
+ Le climat océanique est un climat avec des étés généralement doux et des hivers généralement frais, humide en toutes saisons et influencé par la proximité des océans où l'on retrouve des courants chauds (en façade ouest des continents) et qui se dégrade peu à peu en un climat continental en se dirigeant vers l'Est, avec des étés chauds et orageux et des hivers très froids et plutôt secs. Le climat océanique est marqué par une amplitude thermique faible (moins de 18 °C), qui s'accentue au fur et à mesure que l'on pénètre dans l'intérieur des continents. Les précipitations sont en général de l'ordre du mètre et surtout bien réparties. On le retrouve entre 35 et 65 degrés de latitude dans l'hémisphère nord et sud[N 1] Berlin en serait la limite orientale en Europe.
50
+
51
+ Certains auteurs parlent de climat hyper-océanique pour la bande de terre proche de l'océan [N 2] et où l'amplitude thermique annuelle moyenne est très faible (moins de 10 °C).
52
+
53
+ Le climat continental se distingue par une amplitude thermique plus forte (dépassant les 23 °C) et des précipitations de l'ordre du mètre mais réparties surtout pendant la période estivale. L'influence de l'océan ne pouvant se faire sentir vu la direction générale des vents, c'est l'humidité due à l'évapotranspiration des terres (forêts et marécages) et des lacs qui fournit les précipitations[N 3]. Les villes côtières des façades orientales subissent également ce climat malgré leur proximité des océans, et ce, jusqu'à des latitudes très basses (New York, Boston, Washington, Shanghai, Séoul) à cause de l'absence de courant océanique chaud. Certains auteurs parlent de climat hypercontinental (amplitude supérieure à 40 °C) pour les régions intérieures des grands continents où seule la terre influence le climat[N 4]. Les températures extrêmes sont souvent étonnantes (+36 °C et −64 °C pour Snag au Yukon).
54
+
55
+ Les régions présentant une amplitude thermique intermédiaire entre climat océanique et climat continental (autour des 20 °C) sont appelés climat océanique dégradé ou climat semi-continental.
56
+
57
+ Le climat méditerranéen est caractérisé par des étés chauds et très secs, d'où de nombreux incendies de forêts, et des hivers doux et humides avec des précipitations violentes susceptibles d'entraîner des inondations. Ce climat doit son nom à la proximité de la Méditerranée mais peut se rencontrer dans d'autres parties du monde (Afrique du Sud, Chili, etc.), et peut présenter d'assez fortes influences continentales (Madrid, Ankara, Tachkent, etc.).
58
+
59
+ Ce climat est un intermédiaire entre le climat tempéré et le climat polaire. Les étés sont moins chauds et les hivers plus rigoureux que dans le climat tempéré. La végétation correspond à la forêt boréale ou Taïga. On ne retrouve ce type de climat que dans l'hémisphère nord : partie centrale de tout le Canada, majeure partie de la Russie et nord-est de la Chine. C'est une région peu habitée aux étés courts et frais. En Eurasie, la Sibérie occidentale correspond à ce climat.
60
+
61
+ Le climat subarctique correspond à l'appellation « climat tempéré froid sans saison sèche avec aucun mois chaud (+22 °C) » (Dfc) de Köppen.
62
+
63
+ Le climat polaire est caractérisé par des températures froides toute l'année, le mois le plus chaud étant toujours en dessous de +10 °C. La température moyenne mensuelle dépasse −50 °C sur les inlandsis. Vent fort et persistant, le blizzard. Il est caractéristique des côtes nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, ainsi que du Groenland et de l'Antarctique.
64
+
65
+ L'échelle des climats régionaux ou mésoclimats, qui s'applique à des régions de plusieurs milliers de kilomètres carrés, soumises à certains phénomènes météorologiques bien particuliers (Sirocco, vent venu du désert) du fait de l'interaction entre la circulation générale et le relief. Le climat de l'Alsace, asséché par l'effet de foehn, fournit un exemple typique de climat régional[6].
66
+
67
+ L'échelle des climats locaux s'applique à des sites qui s'étendent sur quelques dizaines de kilomètres carrés tout au plus en moyenne. Cette échelle du climat reste en rapport étroit avec les particularités environnementales d'un espace peu étendu[6].
68
+
69
+ La présence de reliefs (climat montagnard...) et d'étendues aquatiques induisent des climats spécifiques. En fond de vallée par exemple, au lever du jour, la température sera beaucoup moins élevée qu'au sommet des versants en adret, pourtant situé à quelques kilomètres de là. La circulation, les échanges entre masses d'air locales ne seront ainsi pas les mêmes que dans la vallée voisine, peut être orientée différemment par rapport au soleil.
70
+
71
+ Ces particularités peuvent avoir une origine humaine — il s'agit essentiellement de micro-climat urbain — ou être entretenues par un milieu naturel tel qu'un rivage marin ou lacustre, ou encore une forêt[6].
72
+
73
+ L'échelle micro-climatique concerne des sites peu étendus grands d'une centaine de mètres carrés, parfois beaucoup moins. Les traits spécifiques de la topographie et de l'environnement à petite échelle — bâtiments et obstacles divers, couvert végétal, niches rocheuses... — modifient dans ce cas sur des aires réduites, mais de façon parfois très notable, les caractéristiques générales du courant aérien, de l'ensoleillement, de la température et de l'humidité[6].
74
+
75
+ Le climat global varie incessamment à toutes les échelles de temps - temps profond géologique (centaine à dizaine de millions d'années), temps du Quaternaire (million d'années), temps de la préhistoire et de l'histoire humaines (dizaine de milliers à millier d'années), temps de l'époque actuelle (centaine à dizaine d'années), selon des oscillations irrégulières continues enchaînant des périodes, des stades et des phases plus ou moins longs de chauds et de froids relatifs plus ou moins intenses.
76
+
77
+ Les causes de ces variations sont essentiellement naturelles jusqu'au XIXe siècle, et majoritairement humaines depuis la deuxième moitié du XXe siècle ; le 5e rapport du GIEC, publié en 2014, estime avec une "haute confiance" qu'en l'absence de mesures additionnelles prises, « les scénarios de base conduisent à une augmentation de la température moyenne globale en 2100 située entre 3,7 °C et 4,8 °C comparée aux valeurs pré-industrielles »[7]. Leurs effets principaux sont d’une part géomorphologiques, variations de l’épaisseur et de l’étendue des surfaces marines et terrestres englacées, du niveau et de l’étendue de l’océan mondial, de l’étendue et du modelé des terres émergées... et d’autre part environnementaux, changement et/ou évolution des écosystèmes – migrations, disparitions, installations... de flores et de faunes selon les déplacements des zones climatiques.
78
+
79
+ La période interglaciaire actuelle de l'Holocène a débuté il y a une douzaine de milliers d’années, à la fin de la dernière période glaciaire (appelée Würm pour sa composante alpine)[8]. La déglaciation qui l'a précédée a duré environ 10 000 ans ; elle s'est soldée par une hausse des températures d'environ 4 °C et une élévation du niveau marin d'environ 130 mètres[9]. L'optimum climatique de l'Holocène a duré d'environ 9000 à 5000 ans BP.
80
+
81
+ L'évolution de la température durant l'Holocène n’est pas monotone : durant le dernier millénaire, le climat européen a été successivement doux et sec (~ 1000/1250), très variable (~ 1250/1400) – Optimum climatique médiéval -, de plus en plus froid (~ 1400/1600), très froid (~ 1600/1850) - Petit âge glaciaire -, peu à peu réchauffé (~ 1850/1940), froid (~ 1940/1950). Depuis, il se réchauffe de nouveau, mais dans des proportions et à une vitesse sans commune mesure avec les évolutions antérieures : l'augmentation de température atteint 0,9 °C en 2017 par rapport par rapport à la moyenne 1951–1980[10] ; le GIEC attribue ce réchauffement accéléré aux activités anthropiques.
82
+
83
+ Parmi les facteurs majeurs de variations climatiques de long terme, on peut citer :
84
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+ Le système climatique est très complexe : les interactions affectent simultanément l'atmosphère, les océans, les calottes glacaires, les systèmes hydrologiques continentaux, la biosphère marine ou terrestre. Simuler ces interactions nécessite la collecte et le traitement de masses considérables d'informations. L’apparition des images satellitaires a permis de visualiser de manière directe l’organisation à grande échelle de la circulation atmosphérique et, de manière plus indirecte, celle de la circulation océanique. Les premières tentatives de modélisation datent du XIXe siècle, avec la formulation des équations qui déterminent le mouvement de l’atmosphère, les équations de Navier-Stokes. Une des premières tentatives de modéliser le système climatique est celle de l’anglais Lewis Fry Richardson, publiée en 1922. Mais c'est seulement avec l'arrivée des ordinateurs que la modélisation a pu trouver les capacités de calcul énormes qu'elle nécessite. La première étape du travail de modélisation consiste à couvrir la Terre d’un maillage tri-dimensionnel. On écrit alors, aux nœuds de ce maillage, des équations d’évolution qui permettent, d’un pas de temps à l’autre, de faire varier des paramètres tels que la pression, la température, les vents ou les courants ; un modèle atmosphérique incorpore des équations supplémentaires pour représenter l’effet collectif des nuages près du sol (les stratus), comme des grands nuages convectifs (les cumulonimbus), la présence de végétation, le débit des rivières, etc. L’allongement de la durée des simulations a permis d’explorer le comportement des modèles numériques sur des périodes de plus en plus longues, et de tester leur capacité à reproduire des climats passés: par exemple, le dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, ou encore le climat chaud de l’Holocène entre 10 000 et 5 000 ans avant l’époque actuelle, quand le Sahara était humide. Le progrès le plus important a été le passage d’une modélisation de la circulation atmosphérique à une représentation du système climatique complet : atmosphère, océans et continents, en prenant en compte leurs interactions physiques, chimiques et biologiques[13].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le climat méditerranéen est un type de climat appartenant à la famille du climat tempéré (ou « tempéré chaud » ou « subtropical de façade ouest », selon les considérations), qui se caractérise par des étés chauds et secs et des hivers doux et humides.
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+ Le terme de « méditerranéen » s'explique par sa présence caractéristique autour de la mer Méditerranée, mais d'autres régions du monde possèdent les mêmes conditions climatiques. Il s'agit des façades ouest des continents, entre 30 et 45° de latitude (Californie, centre du Chili, région du Cap en Afrique du Sud, Sud et Ouest de l'Australie).
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+ Dans la classification de Köppen, le climat méditerranéen proprement dit est le climat Csa et le climat supra-méditerranéen est le climat Csb.
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+ La position intermédiaire des régions à climat méditerranéen entre les dépressions tempérées et les anticyclones subtropicaux fait que la saison froide est humide et soumise à un temps variable et que la saison chaude est sèche et soumise à un temps peu variable. Plus on va vers les pôles, plus la sécheresse estivale est courte et moins marquée ; plus on s'approche de l'équateur, plus la sécheresse estivale dure. En effet, en hiver, les zones de climat méditerranéen sont balayées par les dépressions de moyenne latitude correspondant à la cellule de Ferrel, tandis qu'en été, ces mêmes régions se trouvent sous l'influence des hautes pressions subtropicales où l'air est subsident (zone nord de la cellule de Hadley dans l'hémisphère nord)[1]. La subsidence élimine en pratique les précipitations et c'est la raison pour laquelle, le centre du Sahara ne connaît pratiquement aucune précipitations car les dépressions extra-tropicales n'atteignent jamais ces régions. Il y a donc une transition continue entre le climat océanique, le climat supra méditerranéen, le climat méso méditerranéen, le climat xéro méditerranéen, puis le climat désertique.
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+ Bien souvent, la limite de la culture de l'olivier correspond à la zone d'extension de ce climat. Cet arbre est endommagé par le gel si la température descend au-dessous de −10 °C en période de repos végétatif hivernal et supporte plusieurs mois de sécheresse. On notera que l'olivier peut être cultivé dans des régions n'ayant pas un climat méditerranéen comme autour du lac de Garde ou au nord-ouest de l'Argentine car le maximum de précipitations se situe en été.
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+ Au sens de Köppen, le climat est dit méditerranéen si la sécheresse est estivale, les précipitations sont inférieures à 40 mm durant le mois le plus sec et si les précipitations durant le mois le plus sec en été sont inférieures au tiers du mois hivernal le plus arrosé. La température du mois le plus froid doit être comprise entre −3 °C et 18 °C. Le climat est dit « à été chaud » (Csa) si le mois le plus chaud a une moyenne supérieure à 22 ⁰C. Il est dit « à été tempéré » (Csb) si la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 22 ⁰C et possède 4 mois consécutifs où la moyenne est supérieure à 10 ⁰C.
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+ Louis Emberger considère qu'il y a de nombreuses sous-variétés du climat méditerranéen basée sur le quotient pluviométrique. Cependant, l'auteur est très vague concernant qu'est-ce qu'un climat méditerranéen. Il se contente de dire que c'est un climat à étés secs (un peu comme Köppen) sans donner de définition précise. La classification d'Emberger est très utile en Afrique du nord où le climat méditerranéen est admis mais où la quantité de précipitations varie grandement d'une région à l'autre[3].
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+ Henri Gaussen définit un mois sec comme un mois où P < 2 × T où P est la quantité de précipitations en millimètres et T est la température est en degrés Celsius[4]. Ce critère est appelé indice d'aridité de Gaussen et permet de localiser les lieux où une végétations méditerranéenne va se développer[5]. Gaussen appelle climat xérothérique (ou méditerranéen) tout climat où tous les mois doivent avoir une moyenne positive et avec 1 à 8 mois estivaux secs[6]. Au sens de Gaussen, le climat est dit xérothermoméditerranéen en présence de 7 à 8 mois secs. Le climat est dit thermoméditerranéen en présence de 5 à 6 mois secs. Le climat est dit mésoméditerranéen en présence de 3 à 4 mois secs. Finalement, le climat est dit subméditerranéen si le lieu possède 1 ou 2 mois secs[7]. Ainsi, Toulouse a un climat sub-méditerranéen[7].
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+ On notera que la définition de Gaussen est la préférable car elle est quantitative, elle utilise la notion d'aridité et borne clairement chacune des sous-régions[8].
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23
+ La sécheresse estivale est une caractéristique du climat méditerranéen : pendant les mois d'été, les précipitations deviennent rares voire inexistantes, hormis le possible développement d'orage, et le ciel est lumineux et dégagé. L'anticyclone subtropical remonte en latitude et recouvre les régions méditerranéennes. Elle augmente quand on va vers le sud : trois mois dans le Nord du bassin méditerranéen, six mois au sud du bassin, et jusqu'à dix mois au Levant ou en Égypte.
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25
+ En revanche, les hivers sont bien arrosés dans les régions pas trop abritées des influences maritimes, notamment par le développement régulier d'orages. Les zones les plus proches de l'équateur et celles situées sur les façades ouest des continents connaissent leur maximum de précipitations en hiver, tandis que les régions au nord du bassin méditerranéen connaissent des maxima de précipitations en automne (nord-ouest) ou au printemps (nord-est), avec quelquefois un minimum hivernal dans les régions un peu abritées des influences maritimes (Espagne, Provence intérieure, Sicile intérieure).
26
+
27
+ L'autre caractéristique des précipitations en milieu méditerranéen est leur faible fréquence et leur intensité. Si les cumuls annuels moyens sont compris entre 300 et 1 000 mm (un peu plus dans certaines montagnes), la fréquence est faible : moins de 100 jours par an principalement durant l'hiver. Les températures élevées favorisent le développement d'orages violents quand la masse d'air devient instable. L'équivalent de la moitié de la lame d'eau annuelle moyenne peut s'abattre en une journée lors d'épisodes pluvieux intenses comme les épisodes cévenols orageux, notamment dans le sud de la France. Ils peuvent aussi être associées aux cyclones subtropicaux méditerranéens (en anglais medicanes), ou "épisodes méditerranéens" en France, (mot formé sur le modèle de l'épisode cévenol), concernent principalement le bassin occidental de la Méditerranée (côtes espagnoles, arc méditerranéen français, Corse, Italie), bien que le littoral de chaque pays autour du bassin soit concernés surtout l'automne et l'hiver et en moindre série au printemps.
28
+
29
+ La douceur des hivers rend la neige rare mais possible sur le littoral notamment au nord du bassin (côtes espagnoles, françaises, italiennes) où la neige peut blanchir temporairement le sol 1 à 2 fois par an en moyenne. L'arrière-pays montagneux, soumis au climat méditerranéen mais refroidi par l'altitude, peut connaître des chutes de neige abondantes en hiver comme au Maroc (Rif, Haut Atlas et Moyen Atlas) et en Algérie (Kabylie).
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+
31
+ En hiver, les températures moyennes connaissent une douceur remarquable autour du bassin méditerranéen due à la température de la mer Méditerranée.
32
+
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+ La température en été est très variable. Sur les façades océaniques, notamment au Portugal, les étés sont tempérés par la fraîcheur de l'océan près des côtes. Autour de la Méditerranée et à l'intérieur des terres, les étés sont très chauds (température moyenne supérieure à 22 °C tout autour du bassin) ; dans l'intérieur des terres, les températures maximales dépassent très souvent les 30 °C en été, et approchent facilement les 40 °C, en particulier vers l'est ou le sud du bassin, y compris dans les régions montagneuses.
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+
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+ L'hiver est doux et les températures moyennes maximales du mois le plus froid sont généralement supérieures à 9 °C (9,5 °C en janvier à Rabat), sauf dans le nord du bassin où les influences océaniques et continentales se font sentir (7 °C en Catalogne, 6 °C en Provence, 5 °C au nord de la Grèce et en Dalmatie). La variabilité thermique est importante en hiver et aux intersaisons, quand les dépressions des latitudes moyennes avancent vers l'équateur, et faible en été, car un anticyclone stationne et garantit un temps sec et stable. Dans les zones les plus exposées aux influences maritimes, le réchauffement est lent au printemps et l'automne est très doux.
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+
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+ Selon la classification des zones de vie Holdridge (en), les climats méditerranéens sont soit tempérés soit subtropicaux. Ils se trouvent fréquemment dans la région « tempérée chaude » définie par Leslie Holdridge, avec une biotempérature moyenne annuelle comprise entre 12 °C et la ligne de gel ou ligne de température critique, de 16 à 18 °C (selon les régions du monde[9] mais souvent « simplifiée » à 17 °C (= 2(log212+0;5) ≈ 16,97 °C)[10]). La biotempérature est basée sur les températures favorables à la croissance des plantes, c'est-à-dire les températures comprises entre 0 °C et 30 °C. La biotempérature est donc égale à la moyenne de toutes les températures, avec cependant toutes les températures en-dessous de 0 °C ou au-dessus de 30 °C, corrigées à 0 °C. Le segment 16–18 °C sépare deux groupes physiologiques majeurs de plantes évoluées et les climats subtropicaux des climats tempérés. Au-dessus du segment 16–18 °C, la majorité des plantes sont sensibles aux basses températures. Elles peuvent mourir à cause du gel car elles ne sont pas adaptées aux épisodes de froid. En-deçà de ce segment 16–18 °C, l'ensemble de la flore est adaptée pour survivre à des périodes de basses températures de durée variable soit sous forme de graines dans le cas des plantes annuelles soit sous forme de plantes pérennes qui supportent le froid. Les climats méditerranéens les plus chauds, avec une biotempérature moyenne annuelle entre 16–18 °C et 24 °C sont considérés comme subtropicaux dans la classification d'Holdridge[9].
38
+
39
+ Le régime des vents est variable d'une région à l'autre. Les régions de climat méditerranéen sont réputées pour leurs vents locaux souvent violents. La tramontane en Languedoc-Roussillon et les Baléares, le mistral en Provence, Sardaigne et Catalogne et la bora en Adriatique, froids et asséchants, soufflent du continent européen vers la mer. En général, ces vents locaux dégagent le ciel et y apportent un temps sec et ensoleillé qui fait la réputation des régions soumises au climat méditerranéen. Le sirocco et le khamsin, chauds et secs, soufflent du désert saharien vers la mer.
40
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+ En saison froide, des perturbations pluvieuses circulent principalement d'ouest en est sur la Méditerranée. Les deux tiers de celles-ci se forment sur la mer, comme la dépression dynamique du golfe de Gênes par exemple, les autres, originaires de l'océan Atlantique, sont réactivées au contact des eaux chaudes. Le gradient thermique vertical est souvent important, ce qui active la cyclogénèse, conséquence du théorème de conservation du tourbillon potentiel[11].
42
+ Sur les façades océaniques, les côtes sont touchées par les perturbations provenant de l'océan, qui atteignent leur maximum d'activité en hiver.
43
+
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+ Les invasions froides sont plus marquées sur le nord que sur le sud du bassin. Dans le nord-ouest, de l'Espagne à l'Italie, elles peuvent être plus fréquentes aux intersaisons (surtout en automne) qu'au cœur de l'hiver. Elles peuvent aussi, mais plus rarement, se produire en été. Dans le nord-est, de la Grèce au Proche-Orient, les invasions ont surtout lieu en plein hiver, apportant froid et neige quelquefois jusque dans les régions côtières. L'air froid atteint plus rarement le littoral nord de l'Afrique, ce qui explique la diminution progressive des pluies et l'augmentation de la saison sèche du nord vers le sud.
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+ L'été, le mécanisme est plus simple. Les hautes pressions subtropicales associées à des masses d'air chaud et sec typiques des latitudes des chevaux, où se trouvent les grands déserts chauds de la planète, remontent au nord pendant les mois les plus chauds à cause de la remontée de l'équateur météorologique qui correspond à la zone de convergence intertropicale. Ces anticyclones dynamiques règnent sur le bassin méditerranéen alors qu'en même temps, les perturbations d'ouest des moyennes latitudes du front polaire circulent beaucoup plus au nord. La subsidence qu'entraînent ces immenses zones de haute pression réchauffe et assèche la masse d'air en altitude par compression, ce qui occasionne un temps clair et une sécheresse sévère. De plus, les températures y sont en général élevées, souvent autour de 30 °C. Seul le nord de la zone peut subir quelques advections froides d'altitude qui occasionnent des orages, ou recevoir des queues de dépressions océaniques.
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+ Le climat de la façade atlantique du Maroc est influencé par les courants marins froids (courant des Canaries)[18] et pourrait être rapproché du climat du littoral Californie du Sud et centrale. Les hivers sont doux, les étés frais, la basse température de la mer opposée à la chaleur des terres donne lieu à des phénomènes de brouillards.
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+ En Amérique du Nord, le climat Csa à été chaud n'est présent qu'en Californie intérieure (qui n'est pas sous l'influence du courant froid de Californie) dont la vallée de Sacramento[19] et que sur la façade Pacifique qui va du nord de Los Angeles jusqu'au sud de Tijuana, à l'extrême Nord de la Basse-Californie. Le climat à été frais Csb, se retrouve sur toute la façade Pacifique du nord de Los Angeles jusqu'à Vancouver, situé à l'extrême sud de la Colombie-Britannique au Canada, exception faite d'une petite bande côtière de plus de 100 kilomètres de long dans le nord de l'État de Washington qui jouit d'un climat océanique traditionnel[20]. Cette longue bande est directement sous l'influence du courant froid de Californie qui modère directement les températures estivales notamment en étant responsable des brouillards et des nuages bas souvent présents. Les mois les plus chauds dans l'hémisphère nord, vont de août à octobre (cf. San Francisco)[21].
65
+
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+ En Amérique du Sud on retrouve le même type de climat à été frais Csb toujours à cause d'un courant froid, à savoir le courant de Humboldt[22], sur une partie du littoral chilien (région de Santiago et de Valparaíso). Il faut s'éloigner des côtes pour ne plus subir l'influence du courant froid par exemple dans la vallée centrale du Chili pour avoir la version Csa à été chaud. Les précipitations, apportées par les flux perturbés de l'océan Pacifique venant de l'ouest, y sont médiocres (400 mm de moyenne annuelle à Santiago du Chili). La sécheresse estivale de ces régions, liée aux hautes pressions subtropicales, est quasi absolue. L'hiver est doux, les moyennes oscillent entre 7 °C et 13 °C en plaine, mais les coups de froids sont possibles.
67
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68
+ La région du Cap, en Afrique du Sud est aussi influencée par un courant océanique froid, le courant de Benguela[23] et là aussi le climat méditerranéen à été frais Csb prédomine (au Cap, les températures moyennes mensuelles ne dépassent pas 20,4 °C et l'hiver est clément, 11,9 °C en juillet[24] et le gel y est rare, minimum absolu de −4,3 °C). Ici aussi brumes et brouillards ne sont pas rares et en été de forts vents du Sud-Est, très réguliers, donnent souvent un ciel couvert, notamment sur les reliefs, mais sans pluie, abaissant ainsi les températures estivales[25]. Il faut s'éloigner un peu du Cap pour trouver du climat méditerranéen à été chaud.
69
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+ Le Sud et le Sud-Ouest de l'Australie (notamment Perth et Adélaïde) diffèrent un peu des autres façades océaniques du fait que l'été est plus chaud que dans les autres régions littorales océaniques évoquées précédemment (pas de canalisation forte des flux aérologiques, pas d'eaux marines refroidissantes)[23]. Ainsi en Australie-Occidentale, le climat à été chaud Csa prédomine sur la côte de l'Océan Indien (Perth avec 24,9 °C en février[26]) alors que le climat Csb été frais se retrouve sur les côtes de la Grande Baie australienne (Albany avec 18,2 °C en février[27]). Les climats méditerranéens sont aussi présents dans le sud et l'extrême sud-est de l'Australie-Méridionale et oscillent entre la version Csa (Adelaide avec 23,5 °C en janvier[28]) et la version Csb (Kingscote sur l'Île Kangourou avec 19,9 °C en janvier[29]). Tous les climats méditerranéens en Australie jouissent de températures clémentes en hiver et s'apparentent aux climats du Maroc occidental.
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+ Il existe plusieurs zones à tendance méditerranéenne éloignées des zones de climat méditerranéen proprement dites. Les critères favorables à l'existence de telles zones sont l'exposition (orientation au sud dans l'hémisphère nord), la protection au vent, la proximité de la mer, etc. On trouve par conséquent dans ces îlots climatiques quelques espèces de plantes ou d'animaux que l'on trouve habituellement en climat méditerranéen.
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+ Mais le mot « méditerranéen » doit être ici pris avec précaution, puisque ce type de climat correspond à des critères très précis.
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+ On trouve cette influence méditerranéenne sur la côte atlantique française, des Landes jusqu’au Finistère ou à l'ouest de la Manche. Le climat, de type océanique, tend vers le climat supra-méditerranéen, avec des étés tempérés (assez frais, doux ou assez chauds), une saison sèche assez marquée en été et une saison douce et humide en hiver. Les précipitations sont toutefois bien moins concentrées que sur la zone méditerranéenne française. Par exemple, les îles de Ré et d'Oléron, Belle-Île, l'île de Batz ou l'île de Bréhat. La flore qui s'y développe, ou qui y est introduite, est alors en partie méditerranéenne.
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+ En Amérique du Nord, il s'agit de quelques zones méridionales du Nord-Ouest Pacifique qui incluent des villes comme Victoria (Colombie-Britannique), Seattle ou Portland.
81
+
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+ Le relief montagneux peut aussi créer des conditions similaires. On peut citer :
83
+
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+ Toutefois, même si ces régions ont une végétation supra-méditerranéenne voire méditerranéenne, le climat n'est pas toujours véritablement méditerranéen. Ainsi, les rivages du lac de Garde, du lac de Côme, du lac Majeur ou du lac de Lugano ont leur maximum de précipitations en été, ce qui contredit la définition même du climat méditerranéen. Un phénomène semblable existe en Amérique du Nord où la plaine de Phoenix présente une végétation xéro-méditerranéenne avec des oliviers, des orangers, des cactus. Toutefois, un maximum secondaire de précipitations est présent en été lié à un phénomène de mousson accompagné de violents orages diurnes.
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+
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+ Le climat méditerranéen se dégrade selon la latitude, la continentalité et l'altitude.
87
+
88
+ Le relief, souvent accidenté dans les pays méditerranéens, introduit des nuances supplémentaires. Les types climatiques y sont les mêmes qu'à basse altitude, mais les températures sont modifiées par l'altitude et la pluviométrie varie en fonction de l'exposition (voir climat montagnard). Ainsi au Maroc, dans la vallée de la Moulouya, les hauteurs d'eau ne dépassent pas 400 mm/an alors que le Rif occidental peut recevoir localement plus de 2 000 mm. La montagne méditerranéenne subit de violents orages dont les effets dévastateurs sont accentués par les pentes et par la faible couverture forestière (sols sensibles). En hiver, la neige est habituelle et le manteau neigeux peut durer plusieurs mois. En été, sur les adrets, il arrive que les journées soient aussi chaudes qu'en plaine, avec des nuits plus froides cependant. Les amplitudes thermiques quotidiennes sont donc très importantes et peuvent dépasser 20 °C.
89
+
90
+ Les formations végétales naturelles sont très variées en zone méditerranéenne, car la disponibilité des ressources en eau est très variable d'un endroit à l'autre. En dehors des vallées, on trouve principalement trois types de végétation :
91
+
92
+ On trouve aussi des forêts de feuillus dans les régions les plus humides (exemples Ligurie, Toscane, Rif).
93
+
94
+ Les sols des régions soumises au climat méditerranéen sont souvent très sensibles. La brutalité des précipitations et le relief favorisent l'érosion des terrains où les arbres ont disparu.
95
+
96
+ Pour les hommes, le climat méditerranéen présente un ressenti agréable, avec ses longues périodes ensoleillées et sa douceur hivernale. Cela favorise le tourisme, d'autant plus qu'en été les épisodes de pluie sont presque inexistants. Il n'est pas surprenant que le bassin méditerranéen ait été un des grands foyers de civilisation antique, car les hommes pouvaient y pratiquer une agriculture variée assurant leurs besoins alimentaires, et très peu soumise au gel. Cependant l'irrigation est souvent nécessaire, particulièrement en été.
97
+
98
+ Mais le climat méditerranéen est aussi sujet à des phénomènes météorologiques brutaux, en particulier les pluies orageuses des intersaisons, courtes dans le temps mais pouvant être très violentes et dévastatrices (en matériel et en vies humaines). L'aridité estivale peut aussi être source de pénuries d'eau et d'incendies de maquis et de forêts, même si ces derniers sont souvent d'origine humaine.
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+ Le climat est la distribution statistique des conditions de l'atmosphère terrestre dans une région donnée pendant une période donnée. L'étude du climat est la climatologie. Elle se distingue de la météorologie qui désigne l'étude du temps à court terme et dans des zones ponctuelles.
2
+
3
+ La caractérisation du climat est effectuée à partir de mesures statistiques annuelles et mensuelles sur des données atmosphériques locales : température, pression atmosphérique, précipitations, ensoleillement, humidité, vitesse du vent. Sont également pris en compte leur récurrence ainsi que les phénomènes exceptionnels.
4
+
5
+ Ces analyses permettent de classer les climats des différentes régions du monde selon leurs caractéristiques principales.
6
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7
+ Le climat a varié fortement au cours de l'histoire de la Terre sous l'influence de nombreux phénomènes astronomiques, géologiques, etc., et plus récemment sous l'effet des activités humaines (réchauffement climatique).
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+
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+ Le terme « climat » apparaît dans la langue française au XIIe siècle comme dérivé du latin climatis qui provient du grec κλίμα qui désigne l'inclinaison de la Terre par rapport au Soleil[1]. Les premiers découpages climatiques ont en effet été établis selon l'inclinaison des rayons du Soleil par rapport à l'horizon.
10
+
11
+ Aristote (dans Météorologiques) est le premier à diviser le globe terrestre en cinq zones climatiques : deux zones froides, près des pôles (l’arctique et l’antarctique) ; une zone torride, près de l'équateur, qu'il considère comme inhabitable ; et deux zones tempérées comprises entre la zone torride et une des zones froides (la zone septentrionale, correspondant à l'Écoumène, et la zone méridionale, qu'il appelle les antipodes).
12
+
13
+ La notion de changement climatique et celle de réchauffement climatique se réfèrent au climat planétaire et à ses variations globales et locales.
14
+
15
+ Selon Antoine César Becquerel qui en 1865 cite Alexander von Humboldt, le climat d'un pays est :
16
+
17
+ « la réunion des phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens, électriques, etc. qui impriment à ce pays un caractère météorologique défini, différent de celui d'un autre pays, placé sous la même latitude et dans les mêmes conditions géologiques. Selon que l'un de ces phénomènes domine, on dit que le climat est chaud, froid ou tempéré, sec ou humide, calme ou venteux. On considère toutefois la chaleur comme exerçant la plus grande influence : viennent ensuite les quantités d'eau tombée dans les diverses saisons de l'année, l'humidité ou la sécheresse de l'air, les vents dominants, le nombre et la répartition des orages dans le cours de l'année; la sérénité ou la nébulosité de l'air; la nature du sol et celle de la végétation qui le recouvre, selon qu'elle est spontanée ou le résultat de la culture[2]. »
18
+
19
+ Le climat désigne les caractéristiques statistiques (moyenne, maxima et minima, dispersion), calculées sur une longue période de temps (30 ans, par convention, pour les météorologistes), des observations de paramètres tels que la température, la pression, la pluviométrie ou la vitesse du vent, en un lieu géographique et à une date donnés[1].
20
+
21
+ Le système climatique est composé de plusieurs sous-ensembles : l'atmosphère, l'océan et la cryosphère, la lithosphère continentale et la biosphère de la Terre. L'apport d'énergie du rayonnement solaire et les échanges d'énergies entre les sous-ensembles du système climatique déterminent le climat de la planète[1].
22
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23
+ Les océans représentent le principal réservoir de la chaleur capturée et de l'humidité. La circulation océanique, que l'on appelle aussi circulation thermohaline parce qu'elle est causée à la fois par des différences de températures et par différences de salinité, redistribue la chaleur des régions chaudes vers les régions froides[3].
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+
25
+ Le rayonnement solaire se distribue inégalement à la surface de la Terre. Les basses latitudes, autour de l’équateur, reçoivent davantage de rayonnement que les hautes latitudes, proches des pôles Nord et Sud. L’océan n’absorbe (ou ne réfléchit) pas le rayonnement solaire incident de la même manière que les surfaces continentales. Les écarts de température importants entre régions polaires et zone intertropicale induisent à leur tour des mouvements de l’air (vents) et de l’océan (courants marins). Les surfaces océaniques et continentales sont soumises à une forte évaporation qui alimente un cycle hydrologique. La vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère, se condense en altitude, est transportée par les vents, et précipite sous forme de pluie ou de neige. La rotation de la Terre induit une accélération des vents (force de Coriolis) qui sont déviés vers la droite, dans l’hémisphère nord, et vers la gauche, dans l’hémisphère sud. Ce phénomène donne naissance aux vents alizés, dans la zone intertropicale, et à d’immenses tourbillons (les anticyclones de l’hémisphère nord). De vastes cellules de circulation générale ceinturent la Terre : elles contribuent à redistribuer la vapeur d’eau excédentaire des régions de basses latitudes vers les zones extratropicales, et elles assèchent les régions désertiques aux latitudes subtropicales (cellules de Hadley)[4].
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27
+ Une partie du rayonnement solaire qui arrive au sol est immédiatement réfléchie. Le rapport entre l'énergie réfléchie et l'énergie solaire incidente est l’albédo, qui est compris entre 0 pour un corps qui absorberait la totalité des ondes électromagnétiques et 1 pour une surface qui les réfléchirait toutes. L’albédo planétaire, mesuré au sommet de l’atmosphère, qui est de 0,3, connaît de grandes variations en fonction des surfaces, depuis 0,05 à 0,15 pour la surface de la mer, une forêt de conifères ou un sol sombre jusqu'à 0,75 à 0,90 pour la neige fraiche[5]. Toute variation de l'albédo modifie la température :ainsi, la fonte de la banquise arctique diminue l'albédo, donc augmente les températures dans la région arctique.
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+ Les continents et surtout le relief introduisent des barrières physiques à ces échanges qui modifie grandement la distribution des précipitations, de la chaleur et de la végétation.
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+ Il existe de nombreuses méthodes de classification des climats, elles dépendent des données observées et leur choix est fonction des buts recherchés par les observateurs. Une des plus connues est la classification de Köppen.
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33
+ Une représentation très simple permet d'identifier un climat d'un seul coup d’œil : le diagramme ombrothermique, qui représente les variations mensuelles sur une année des températures et des précipitations selon des gradations standardisées. Chaque climat, exception faite du climat équatorial, a deux diagrammes types, l'un pour les régions de l'hémisphère nord, l'autre pour l'hémisphère Sud. Le climat équatorial n'a pas cette caractéristique, car il ne connaît pas de saisons et se trouve près de l'équateur.
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35
+ Le climat équatorial concerne les régions voisines de l'équateur. Il se caractérise par une seule saison, de fortes précipitations, ainsi qu'une température élevée quasiment constante toute l'année, dont la moyenne est de 28 °C. Les pluies sont presque quotidiennes, beaucoup plus abondantes aux équinoxes et tombant plutôt en soirée ; l'air chaud se charge en humidité et connaît un mouvement ascendant. Avec l'altitude, il se produit un refroidissement, avec formation de nuages de type cumulo-nimbus qui provoque des pluies souvent violentes. Ce mélange de chaleur et d'humidité permet l'épanouissement de la forêt équatoriale qui est le biome le plus riche en biodiversité.
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+
37
+ Ce climat est présent de part et d’autre de l’équateur, parfois jusqu’à 15 à 25 degrés de latitude nord et sud. La température mensuelle moyenne est toute l’année au-dessus de 18 °C. On distingue une saison sèche et une saison humide. Plus l’on s’approche de l’équateur et plus la saison humide s’allonge. Les littoraux tropicaux à l’ouest peuvent subir une variation très importante de température.
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39
+ Le climat désertique est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations et une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C. On distingue quelques mois où les précipitations peuvent se produire. La végétation est parfois absente. Il s'étend entre 10 et 35 degrés de latitude nord et sud. Ce climat est caractéristique des régions désertiques ou semi-désertiques des grandes régions continentales souvent entourées de montagnes, à l'ouest et au centre des continents.
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41
+ Ce type de climat se rencontre à des latitudes comprises entre 25 et 45°. Ces climats subissent l'influence de masses d'air tropicales pendant les mois d'été, leur apportant de fortes chaleurs. En revanche, ils connaissent une vraie saison froide, même si celle-ci est modérée, sous l'influence de masses d'air polaire. En outre, si le ressenti est agréable (douceur, ensoleillement), ces climats sont aussi sujet à des phénomènes brutaux (orages, inondations, tempêtes tropicales, cyclones).
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+ Généralement deux types de climats peuvent être qualifiés de subtropicaux : le climat méditerranéen sur les façades occidentales et le climat subtropical humide sur les façades orientales (on emploie souvent le terme « climat chinois »). Si ces deux climats ont en commun un hiver relativement doux et humide (même si un coup de froid n'est jamais exclu), les masses d'air tropical en été apportent des situations bien différentes. Le climat méditerranéen connait l'aridité estivale, alors que le climat subtropical humide subit une chaleur très moite.
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+ Les climats subtropicaux, par leur saison froide en hiver, peuvent aussi être qualifiés de "climats tempérés chauds".
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+ Ce climat est en général caractérisé par des températures tempérées, ainsi que deux saisons : une saison froide (hiver) et une saison chaude (été). On le divise en trois grands sous-groupes :
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+ Le climat océanique est un climat avec des étés généralement doux et des hivers généralement frais, humide en toutes saisons et influencé par la proximité des océans où l'on retrouve des courants chauds (en façade ouest des continents) et qui se dégrade peu à peu en un climat continental en se dirigeant vers l'Est, avec des étés chauds et orageux et des hivers très froids et plutôt secs. Le climat océanique est marqué par une amplitude thermique faible (moins de 18 °C), qui s'accentue au fur et à mesure que l'on pénètre dans l'intérieur des continents. Les précipitations sont en général de l'ordre du mètre et surtout bien réparties. On le retrouve entre 35 et 65 degrés de latitude dans l'hémisphère nord et sud[N 1] Berlin en serait la limite orientale en Europe.
50
+
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+ Certains auteurs parlent de climat hyper-océanique pour la bande de terre proche de l'océan [N 2] et où l'amplitude thermique annuelle moyenne est très faible (moins de 10 °C).
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53
+ Le climat continental se distingue par une amplitude thermique plus forte (dépassant les 23 °C) et des précipitations de l'ordre du mètre mais réparties surtout pendant la période estivale. L'influence de l'océan ne pouvant se faire sentir vu la direction générale des vents, c'est l'humidité due à l'évapotranspiration des terres (forêts et marécages) et des lacs qui fournit les précipitations[N 3]. Les villes côtières des façades orientales subissent également ce climat malgré leur proximité des océans, et ce, jusqu'à des latitudes très basses (New York, Boston, Washington, Shanghai, Séoul) à cause de l'absence de courant océanique chaud. Certains auteurs parlent de climat hypercontinental (amplitude supérieure à 40 °C) pour les régions intérieures des grands continents où seule la terre influence le climat[N 4]. Les températures extrêmes sont souvent étonnantes (+36 °C et −64 °C pour Snag au Yukon).
54
+
55
+ Les régions présentant une amplitude thermique intermédiaire entre climat océanique et climat continental (autour des 20 °C) sont appelés climat océanique dégradé ou climat semi-continental.
56
+
57
+ Le climat méditerranéen est caractérisé par des étés chauds et très secs, d'où de nombreux incendies de forêts, et des hivers doux et humides avec des précipitations violentes susceptibles d'entraîner des inondations. Ce climat doit son nom à la proximité de la Méditerranée mais peut se rencontrer dans d'autres parties du monde (Afrique du Sud, Chili, etc.), et peut présenter d'assez fortes influences continentales (Madrid, Ankara, Tachkent, etc.).
58
+
59
+ Ce climat est un intermédiaire entre le climat tempéré et le climat polaire. Les étés sont moins chauds et les hivers plus rigoureux que dans le climat tempéré. La végétation correspond à la forêt boréale ou Taïga. On ne retrouve ce type de climat que dans l'hémisphère nord : partie centrale de tout le Canada, majeure partie de la Russie et nord-est de la Chine. C'est une région peu habitée aux étés courts et frais. En Eurasie, la Sibérie occidentale correspond à ce climat.
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+
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+ Le climat subarctique correspond à l'appellation « climat tempéré froid sans saison sèche avec aucun mois chaud (+22 °C) » (Dfc) de Köppen.
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+
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+ Le climat polaire est caractérisé par des températures froides toute l'année, le mois le plus chaud étant toujours en dessous de +10 °C. La température moyenne mensuelle dépasse −50 °C sur les inlandsis. Vent fort et persistant, le blizzard. Il est caractéristique des côtes nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, ainsi que du Groenland et de l'Antarctique.
64
+
65
+ L'échelle des climats régionaux ou mésoclimats, qui s'applique à des régions de plusieurs milliers de kilomètres carrés, soumises à certains phénomènes météorologiques bien particuliers (Sirocco, vent venu du désert) du fait de l'interaction entre la circulation générale et le relief. Le climat de l'Alsace, asséché par l'effet de foehn, fournit un exemple typique de climat régional[6].
66
+
67
+ L'échelle des climats locaux s'applique à des sites qui s'étendent sur quelques dizaines de kilomètres carrés tout au plus en moyenne. Cette échelle du climat reste en rapport étroit avec les particularités environnementales d'un espace peu étendu[6].
68
+
69
+ La présence de reliefs (climat montagnard...) et d'étendues aquatiques induisent des climats spécifiques. En fond de vallée par exemple, au lever du jour, la température sera beaucoup moins élevée qu'au sommet des versants en adret, pourtant situé à quelques kilomètres de là. La circulation, les échanges entre masses d'air locales ne seront ainsi pas les mêmes que dans la vallée voisine, peut être orientée différemment par rapport au soleil.
70
+
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+ Ces particularités peuvent avoir une origine humaine — il s'agit essentiellement de micro-climat urbain — ou être entretenues par un milieu naturel tel qu'un rivage marin ou lacustre, ou encore une forêt[6].
72
+
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+ L'échelle micro-climatique concerne des sites peu étendus grands d'une centaine de mètres carrés, parfois beaucoup moins. Les traits spécifiques de la topographie et de l'environnement à petite échelle — bâtiments et obstacles divers, couvert végétal, niches rocheuses... — modifient dans ce cas sur des aires réduites, mais de façon parfois très notable, les caractéristiques générales du courant aérien, de l'ensoleillement, de la température et de l'humidité[6].
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+ Le climat global varie incessamment à toutes les échelles de temps - temps profond géologique (centaine à dizaine de millions d'années), temps du Quaternaire (million d'années), temps de la préhistoire et de l'histoire humaines (dizaine de milliers à millier d'années), temps de l'époque actuelle (centaine à dizaine d'années), selon des oscillations irrégulières continues enchaînant des périodes, des stades et des phases plus ou moins longs de chauds et de froids relatifs plus ou moins intenses.
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+ Les causes de ces variations sont essentiellement naturelles jusqu'au XIXe siècle, et majoritairement humaines depuis la deuxième moitié du XXe siècle ; le 5e rapport du GIEC, publié en 2014, estime avec une "haute confiance" qu'en l'absence de mesures additionnelles prises, « les scénarios de base conduisent à une augmentation de la température moyenne globale en 2100 située entre 3,7 °C et 4,8 °C comparée aux valeurs pré-industrielles »[7]. Leurs effets principaux sont d’une part géomorphologiques, variations de l’épaisseur et de l’étendue des surfaces marines et terrestres englacées, du niveau et de l’étendue de l’océan mondial, de l’étendue et du modelé des terres émergées... et d’autre part environnementaux, changement et/ou évolution des écosystèmes – migrations, disparitions, installations... de flores et de faunes selon les déplacements des zones climatiques.
78
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+ La période interglaciaire actuelle de l'Holocène a débuté il y a une douzaine de milliers d’années, à la fin de la dernière période glaciaire (appelée Würm pour sa composante alpine)[8]. La déglaciation qui l'a précédée a duré environ 10 000 ans ; elle s'est soldée par une hausse des températures d'environ 4 °C et une élévation du niveau marin d'environ 130 mètres[9]. L'optimum climatique de l'Holocène a duré d'environ 9000 à 5000 ans BP.
80
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+ L'évolution de la température durant l'Holocène n’est pas monotone : durant le dernier millénaire, le climat européen a été successivement doux et sec (~ 1000/1250), très variable (~ 1250/1400) – Optimum climatique médiéval -, de plus en plus froid (~ 1400/1600), très froid (~ 1600/1850) - Petit âge glaciaire -, peu à peu réchauffé (~ 1850/1940), froid (~ 1940/1950). Depuis, il se réchauffe de nouveau, mais dans des proportions et à une vitesse sans commune mesure avec les évolutions antérieures : l'augmentation de température atteint 0,9 °C en 2017 par rapport par rapport à la moyenne 1951–1980[10] ; le GIEC attribue ce réchauffement accéléré aux activités anthropiques.
82
+
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+ Parmi les facteurs majeurs de variations climatiques de long terme, on peut citer :
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85
+ Le système climatique est très complexe : les interactions affectent simultanément l'atmosphère, les océans, les calottes glacaires, les systèmes hydrologiques continentaux, la biosphère marine ou terrestre. Simuler ces interactions nécessite la collecte et le traitement de masses considérables d'informations. L’apparition des images satellitaires a permis de visualiser de manière directe l’organisation à grande échelle de la circulation atmosphérique et, de manière plus indirecte, celle de la circulation océanique. Les premières tentatives de modélisation datent du XIXe siècle, avec la formulation des équations qui déterminent le mouvement de l’atmosphère, les équations de Navier-Stokes. Une des premières tentatives de modéliser le système climatique est celle de l’anglais Lewis Fry Richardson, publiée en 1922. Mais c'est seulement avec l'arrivée des ordinateurs que la modélisation a pu trouver les capacités de calcul énormes qu'elle nécessite. La première étape du travail de modélisation consiste à couvrir la Terre d’un maillage tri-dimensionnel. On écrit alors, aux nœuds de ce maillage, des équations d’évolution qui permettent, d’un pas de temps à l’autre, de faire varier des paramètres tels que la pression, la température, les vents ou les courants ; un modèle atmosphérique incorpore des équations supplémentaires pour représenter l’effet collectif des nuages près du sol (les stratus), comme des grands nuages convectifs (les cumulonimbus), la présence de végétation, le débit des rivières, etc. L’allongement de la durée des simulations a permis d’explorer le comportement des modèles numériques sur des périodes de plus en plus longues, et de tester leur capacité à reproduire des climats passés: par exemple, le dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, ou encore le climat chaud de l’Holocène entre 10 000 et 5 000 ans avant l’époque actuelle, quand le Sahara était humide. Le progrès le plus important a été le passage d’une modélisation de la circulation atmosphérique à une représentation du système climatique complet : atmosphère, océans et continents, en prenant en compte leurs interactions physiques, chimiques et biologiques[13].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Le climat est la distribution statistique des conditions de l'atmosphère terrestre dans une région donnée pendant une période donnée. L'étude du climat est la climatologie. Elle se distingue de la météorologie qui désigne l'étude du temps à court terme et dans des zones ponctuelles.
2
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3
+ La caractérisation du climat est effectuée à partir de mesures statistiques annuelles et mensuelles sur des données atmosphériques locales : température, pression atmosphérique, précipitations, ensoleillement, humidité, vitesse du vent. Sont également pris en compte leur récurrence ainsi que les phénomènes exceptionnels.
4
+
5
+ Ces analyses permettent de classer les climats des différentes régions du monde selon leurs caractéristiques principales.
6
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7
+ Le climat a varié fortement au cours de l'histoire de la Terre sous l'influence de nombreux phénomènes astronomiques, géologiques, etc., et plus récemment sous l'effet des activités humaines (réchauffement climatique).
8
+
9
+ Le terme « climat » apparaît dans la langue française au XIIe siècle comme dérivé du latin climatis qui provient du grec κλίμα qui désigne l'inclinaison de la Terre par rapport au Soleil[1]. Les premiers découpages climatiques ont en effet été établis selon l'inclinaison des rayons du Soleil par rapport à l'horizon.
10
+
11
+ Aristote (dans Météorologiques) est le premier à diviser le globe terrestre en cinq zones climatiques : deux zones froides, près des pôles (l’arctique et l’antarctique) ; une zone torride, près de l'équateur, qu'il considère comme inhabitable ; et deux zones tempérées comprises entre la zone torride et une des zones froides (la zone septentrionale, correspondant à l'Écoumène, et la zone méridionale, qu'il appelle les antipodes).
12
+
13
+ La notion de changement climatique et celle de réchauffement climatique se réfèrent au climat planétaire et à ses variations globales et locales.
14
+
15
+ Selon Antoine César Becquerel qui en 1865 cite Alexander von Humboldt, le climat d'un pays est :
16
+
17
+ « la réunion des phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens, électriques, etc. qui impriment à ce pays un caractère météorologique défini, différent de celui d'un autre pays, placé sous la même latitude et dans les mêmes conditions géologiques. Selon que l'un de ces phénomènes domine, on dit que le climat est chaud, froid ou tempéré, sec ou humide, calme ou venteux. On considère toutefois la chaleur comme exerçant la plus grande influence : viennent ensuite les quantités d'eau tombée dans les diverses saisons de l'année, l'humidité ou la sécheresse de l'air, les vents dominants, le nombre et la répartition des orages dans le cours de l'année; la sérénité ou la nébulosité de l'air; la nature du sol et celle de la végétation qui le recouvre, selon qu'elle est spontanée ou le résultat de la culture[2]. »
18
+
19
+ Le climat désigne les caractéristiques statistiques (moyenne, maxima et minima, dispersion), calculées sur une longue période de temps (30 ans, par convention, pour les météorologistes), des observations de paramètres tels que la température, la pression, la pluviométrie ou la vitesse du vent, en un lieu géographique et à une date donnés[1].
20
+
21
+ Le système climatique est composé de plusieurs sous-ensembles : l'atmosphère, l'océan et la cryosphère, la lithosphère continentale et la biosphère de la Terre. L'apport d'énergie du rayonnement solaire et les échanges d'énergies entre les sous-ensembles du système climatique déterminent le climat de la planète[1].
22
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23
+ Les océans représentent le principal réservoir de la chaleur capturée et de l'humidité. La circulation océanique, que l'on appelle aussi circulation thermohaline parce qu'elle est causée à la fois par des différences de températures et par différences de salinité, redistribue la chaleur des régions chaudes vers les régions froides[3].
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25
+ Le rayonnement solaire se distribue inégalement à la surface de la Terre. Les basses latitudes, autour de l’équateur, reçoivent davantage de rayonnement que les hautes latitudes, proches des pôles Nord et Sud. L’océan n’absorbe (ou ne réfléchit) pas le rayonnement solaire incident de la même manière que les surfaces continentales. Les écarts de température importants entre régions polaires et zone intertropicale induisent à leur tour des mouvements de l’air (vents) et de l’océan (courants marins). Les surfaces océaniques et continentales sont soumises à une forte évaporation qui alimente un cycle hydrologique. La vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère, se condense en altitude, est transportée par les vents, et précipite sous forme de pluie ou de neige. La rotation de la Terre induit une accélération des vents (force de Coriolis) qui sont déviés vers la droite, dans l’hémisphère nord, et vers la gauche, dans l’hémisphère sud. Ce phénomène donne naissance aux vents alizés, dans la zone intertropicale, et à d’immenses tourbillons (les anticyclones de l’hémisphère nord). De vastes cellules de circulation générale ceinturent la Terre : elles contribuent à redistribuer la vapeur d’eau excédentaire des régions de basses latitudes vers les zones extratropicales, et elles assèchent les régions désertiques aux latitudes subtropicales (cellules de Hadley)[4].
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27
+ Une partie du rayonnement solaire qui arrive au sol est immédiatement réfléchie. Le rapport entre l'énergie réfléchie et l'énergie solaire incidente est l’albédo, qui est compris entre 0 pour un corps qui absorberait la totalité des ondes électromagnétiques et 1 pour une surface qui les réfléchirait toutes. L’albédo planétaire, mesuré au sommet de l’atmosphère, qui est de 0,3, connaît de grandes variations en fonction des surfaces, depuis 0,05 à 0,15 pour la surface de la mer, une forêt de conifères ou un sol sombre jusqu'à 0,75 à 0,90 pour la neige fraiche[5]. Toute variation de l'albédo modifie la température :ainsi, la fonte de la banquise arctique diminue l'albédo, donc augmente les températures dans la région arctique.
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+ Les continents et surtout le relief introduisent des barrières physiques à ces échanges qui modifie grandement la distribution des précipitations, de la chaleur et de la végétation.
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+ Il existe de nombreuses méthodes de classification des climats, elles dépendent des données observées et leur choix est fonction des buts recherchés par les observateurs. Une des plus connues est la classification de Köppen.
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33
+ Une représentation très simple permet d'identifier un climat d'un seul coup d’œil : le diagramme ombrothermique, qui représente les variations mensuelles sur une année des températures et des précipitations selon des gradations standardisées. Chaque climat, exception faite du climat équatorial, a deux diagrammes types, l'un pour les régions de l'hémisphère nord, l'autre pour l'hémisphère Sud. Le climat équatorial n'a pas cette caractéristique, car il ne connaît pas de saisons et se trouve près de l'équateur.
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+ Le climat équatorial concerne les régions voisines de l'équateur. Il se caractérise par une seule saison, de fortes précipitations, ainsi qu'une température élevée quasiment constante toute l'année, dont la moyenne est de 28 °C. Les pluies sont presque quotidiennes, beaucoup plus abondantes aux équinoxes et tombant plutôt en soirée ; l'air chaud se charge en humidité et connaît un mouvement ascendant. Avec l'altitude, il se produit un refroidissement, avec formation de nuages de type cumulo-nimbus qui provoque des pluies souvent violentes. Ce mélange de chaleur et d'humidité permet l'épanouissement de la forêt équatoriale qui est le biome le plus riche en biodiversité.
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+ Ce climat est présent de part et d’autre de l’équateur, parfois jusqu’à 15 à 25 degrés de latitude nord et sud. La température mensuelle moyenne est toute l’année au-dessus de 18 °C. On distingue une saison sèche et une saison humide. Plus l’on s’approche de l’équateur et plus la saison humide s’allonge. Les littoraux tropicaux à l’ouest peuvent subir une variation très importante de température.
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+ Le climat désertique est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations et une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C. On distingue quelques mois où les précipitations peuvent se produire. La végétation est parfois absente. Il s'étend entre 10 et 35 degrés de latitude nord et sud. Ce climat est caractéristique des régions désertiques ou semi-désertiques des grandes régions continentales souvent entourées de montagnes, à l'ouest et au centre des continents.
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+ Ce type de climat se rencontre à des latitudes comprises entre 25 et 45°. Ces climats subissent l'influence de masses d'air tropicales pendant les mois d'été, leur apportant de fortes chaleurs. En revanche, ils connaissent une vraie saison froide, même si celle-ci est modérée, sous l'influence de masses d'air polaire. En outre, si le ressenti est agréable (douceur, ensoleillement), ces climats sont aussi sujet à des phénomènes brutaux (orages, inondations, tempêtes tropicales, cyclones).
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+ Généralement deux types de climats peuvent être qualifiés de subtropicaux : le climat méditerranéen sur les façades occidentales et le climat subtropical humide sur les façades orientales (on emploie souvent le terme « climat chinois »). Si ces deux climats ont en commun un hiver relativement doux et humide (même si un coup de froid n'est jamais exclu), les masses d'air tropical en été apportent des situations bien différentes. Le climat méditerranéen connait l'aridité estivale, alors que le climat subtropical humide subit une chaleur très moite.
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+ Les climats subtropicaux, par leur saison froide en hiver, peuvent aussi être qualifiés de "climats tempérés chauds".
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+ Ce climat est en général caractérisé par des températures tempérées, ainsi que deux saisons : une saison froide (hiver) et une saison chaude (été). On le divise en trois grands sous-groupes :
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+ Le climat océanique est un climat avec des étés généralement doux et des hivers généralement frais, humide en toutes saisons et influencé par la proximité des océans où l'on retrouve des courants chauds (en façade ouest des continents) et qui se dégrade peu à peu en un climat continental en se dirigeant vers l'Est, avec des étés chauds et orageux et des hivers très froids et plutôt secs. Le climat océanique est marqué par une amplitude thermique faible (moins de 18 °C), qui s'accentue au fur et à mesure que l'on pénètre dans l'intérieur des continents. Les précipitations sont en général de l'ordre du mètre et surtout bien réparties. On le retrouve entre 35 et 65 degrés de latitude dans l'hémisphère nord et sud[N 1] Berlin en serait la limite orientale en Europe.
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+ Certains auteurs parlent de climat hyper-océanique pour la bande de terre proche de l'océan [N 2] et où l'amplitude thermique annuelle moyenne est très faible (moins de 10 °C).
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+ Le climat continental se distingue par une amplitude thermique plus forte (dépassant les 23 °C) et des précipitations de l'ordre du mètre mais réparties surtout pendant la période estivale. L'influence de l'océan ne pouvant se faire sentir vu la direction générale des vents, c'est l'humidité due à l'évapotranspiration des terres (forêts et marécages) et des lacs qui fournit les précipitations[N 3]. Les villes côtières des façades orientales subissent également ce climat malgré leur proximité des océans, et ce, jusqu'à des latitudes très basses (New York, Boston, Washington, Shanghai, Séoul) à cause de l'absence de courant océanique chaud. Certains auteurs parlent de climat hypercontinental (amplitude supérieure à 40 °C) pour les régions intérieures des grands continents où seule la terre influence le climat[N 4]. Les températures extrêmes sont souvent étonnantes (+36 °C et −64 °C pour Snag au Yukon).
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+ Les régions présentant une amplitude thermique intermédiaire entre climat océanique et climat continental (autour des 20 °C) sont appelés climat océanique dégradé ou climat semi-continental.
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+ Le climat méditerranéen est caractérisé par des étés chauds et très secs, d'où de nombreux incendies de forêts, et des hivers doux et humides avec des précipitations violentes susceptibles d'entraîner des inondations. Ce climat doit son nom à la proximité de la Méditerranée mais peut se rencontrer dans d'autres parties du monde (Afrique du Sud, Chili, etc.), et peut présenter d'assez fortes influences continentales (Madrid, Ankara, Tachkent, etc.).
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+ Ce climat est un intermédiaire entre le climat tempéré et le climat polaire. Les étés sont moins chauds et les hivers plus rigoureux que dans le climat tempéré. La végétation correspond à la forêt boréale ou Taïga. On ne retrouve ce type de climat que dans l'hémisphère nord : partie centrale de tout le Canada, majeure partie de la Russie et nord-est de la Chine. C'est une région peu habitée aux étés courts et frais. En Eurasie, la Sibérie occidentale correspond à ce climat.
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+ Le climat polaire est caractérisé par des températures froides toute l'année, le mois le plus chaud étant toujours en dessous de +10 °C. La température moyenne mensuelle dépasse −50 °C sur les inlandsis. Vent fort et persistant, le blizzard. Il est caractéristique des côtes nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, ainsi que du Groenland et de l'Antarctique.
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+
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+ L'échelle des climats régionaux ou mésoclimats, qui s'applique à des régions de plusieurs milliers de kilomètres carrés, soumises à certains phénomènes météorologiques bien particuliers (Sirocco, vent venu du désert) du fait de l'interaction entre la circulation générale et le relief. Le climat de l'Alsace, asséché par l'effet de foehn, fournit un exemple typique de climat régional[6].
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67
+ L'échelle des climats locaux s'applique à des sites qui s'étendent sur quelques dizaines de kilomètres carrés tout au plus en moyenne. Cette échelle du climat reste en rapport étroit avec les particularités environnementales d'un espace peu étendu[6].
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+ La présence de reliefs (climat montagnard...) et d'étendues aquatiques induisent des climats spécifiques. En fond de vallée par exemple, au lever du jour, la température sera beaucoup moins élevée qu'au sommet des versants en adret, pourtant situé à quelques kilomètres de là. La circulation, les échanges entre masses d'air locales ne seront ainsi pas les mêmes que dans la vallée voisine, peut être orientée différemment par rapport au soleil.
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+ Ces particularités peuvent avoir une origine humaine — il s'agit essentiellement de micro-climat urbain — ou être entretenues par un milieu naturel tel qu'un rivage marin ou lacustre, ou encore une forêt[6].
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+ L'échelle micro-climatique concerne des sites peu étendus grands d'une centaine de mètres carrés, parfois beaucoup moins. Les traits spécifiques de la topographie et de l'environnement à petite échelle — bâtiments et obstacles divers, couvert végétal, niches rocheuses... — modifient dans ce cas sur des aires réduites, mais de façon parfois très notable, les caractéristiques générales du courant aérien, de l'ensoleillement, de la température et de l'humidité[6].
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+
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+ Le climat global varie incessamment à toutes les échelles de temps - temps profond géologique (centaine à dizaine de millions d'années), temps du Quaternaire (million d'années), temps de la préhistoire et de l'histoire humaines (dizaine de milliers à millier d'années), temps de l'époque actuelle (centaine à dizaine d'années), selon des oscillations irrégulières continues enchaînant des périodes, des stades et des phases plus ou moins longs de chauds et de froids relatifs plus ou moins intenses.
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+ Les causes de ces variations sont essentiellement naturelles jusqu'au XIXe siècle, et majoritairement humaines depuis la deuxième moitié du XXe siècle ; le 5e rapport du GIEC, publié en 2014, estime avec une "haute confiance" qu'en l'absence de mesures additionnelles prises, « les scénarios de base conduisent à une augmentation de la température moyenne globale en 2100 située entre 3,7 °C et 4,8 °C comparée aux valeurs pré-industrielles »[7]. Leurs effets principaux sont d’une part géomorphologiques, variations de l’épaisseur et de l’étendue des surfaces marines et terrestres englacées, du niveau et de l’étendue de l’océan mondial, de l’étendue et du modelé des terres émergées... et d’autre part environnementaux, changement et/ou évolution des écosystèmes – migrations, disparitions, installations... de flores et de faunes selon les déplacements des zones climatiques.
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+ La période interglaciaire actuelle de l'Holocène a débuté il y a une douzaine de milliers d’années, à la fin de la dernière période glaciaire (appelée Würm pour sa composante alpine)[8]. La déglaciation qui l'a précédée a duré environ 10 000 ans ; elle s'est soldée par une hausse des températures d'environ 4 °C et une élévation du niveau marin d'environ 130 mètres[9]. L'optimum climatique de l'Holocène a duré d'environ 9000 à 5000 ans BP.
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+
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+ L'évolution de la température durant l'Holocène n’est pas monotone : durant le dernier millénaire, le climat européen a été successivement doux et sec (~ 1000/1250), très variable (~ 1250/1400) – Optimum climatique médiéval -, de plus en plus froid (~ 1400/1600), très froid (~ 1600/1850) - Petit âge glaciaire -, peu à peu réchauffé (~ 1850/1940), froid (~ 1940/1950). Depuis, il se réchauffe de nouveau, mais dans des proportions et à une vitesse sans commune mesure avec les évolutions antérieures : l'augmentation de température atteint 0,9 °C en 2017 par rapport par rapport à la moyenne 1951–1980[10] ; le GIEC attribue ce réchauffement accéléré aux activités anthropiques.
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+ Parmi les facteurs majeurs de variations climatiques de long terme, on peut citer :
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+ Le système climatique est très complexe : les interactions affectent simultanément l'atmosphère, les océans, les calottes glacaires, les systèmes hydrologiques continentaux, la biosphère marine ou terrestre. Simuler ces interactions nécessite la collecte et le traitement de masses considérables d'informations. L’apparition des images satellitaires a permis de visualiser de manière directe l’organisation à grande échelle de la circulation atmosphérique et, de manière plus indirecte, celle de la circulation océanique. Les premières tentatives de modélisation datent du XIXe siècle, avec la formulation des équations qui déterminent le mouvement de l’atmosphère, les équations de Navier-Stokes. Une des premières tentatives de modéliser le système climatique est celle de l’anglais Lewis Fry Richardson, publiée en 1922. Mais c'est seulement avec l'arrivée des ordinateurs que la modélisation a pu trouver les capacités de calcul énormes qu'elle nécessite. La première étape du travail de modélisation consiste à couvrir la Terre d’un maillage tri-dimensionnel. On écrit alors, aux nœuds de ce maillage, des équations d’évolution qui permettent, d’un pas de temps à l’autre, de faire varier des paramètres tels que la pression, la température, les vents ou les courants ; un modèle atmosphérique incorpore des équations supplémentaires pour représenter l’effet collectif des nuages près du sol (les stratus), comme des grands nuages convectifs (les cumulonimbus), la présence de végétation, le débit des rivières, etc. L’allongement de la durée des simulations a permis d’explorer le comportement des modèles numériques sur des périodes de plus en plus longues, et de tester leur capacité à reproduire des climats passés: par exemple, le dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, ou encore le climat chaud de l’Holocène entre 10 000 et 5 000 ans avant l’époque actuelle, quand le Sahara était humide. Le progrès le plus important a été le passage d’une modélisation de la circulation atmosphérique à une représentation du système climatique complet : atmosphère, océans et continents, en prenant en compte leurs interactions physiques, chimiques et biologiques[13].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Une région soumise à un climat tempéré, encore appelée région tempérée ou zone tempérée, est dans le sens commun une partie de la surface terrestre où les températures ne sont pas extrêmes, c'est-à-dire ni torrides, ni glaciales[1], correspondant aux climats océanique, méditerranéen et subtropical humide selon la classification de Köppen. Ce terme est également employé pour désigner certaines zones dans d'autres classifications climatiques.
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+ Une zone tempérée, définie d'un point de vue strictement géographique, regroupe les régions situées entre les tropiques (23°) et les cercles polaires (66°) par opposition aux zones polaires (glaciales) et tropicales (torrides)[2]. Par convention, dans une acception plus étroite, les régions tempérées peuvent être cantonnées entre le 40e et le 60e parallèle, en faisant ainsi abstraction des zones subtropicales et subpolaires[3].
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+ Ces vastes territoires ont quelques particularités communes : le soleil se couche tous les jours, il ne passe jamais au zénith et la durée de la nuit varie fortement au cours de l'année.
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+ Bien qu'elles soient qualifiées de « tempérée », de nombreuses régions de cette zone sont soumises à un climat rude du fait de l'altitude ou de leur situation par rapport aux océans notamment. C'est le cas par exemple de l'Himalaya, du Sahara ou de la Yakoutie.
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+ Dans la classification de Köppen, le climat est dit tempéré chaud pour une vaste zone caractérisée par la lettre C et dont la température moyenne du mois le plus froid est comprise entre 18 et -3 °C (0 °C dans des variantes plus récentes). En plus du climat océanique, il inclut donc également les climats méditerranéen et subtropical humide mais exclut les régions arides ainsi que les régions ayant un climat continental ou boréal à cause de leurs hivers plus rigoureux.
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+
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+ Pour l'Encyclopédie du climat et météo (en : Encyclopedia of Climate and Weather) de Stephen Henry Schneider, ce climat est caractérisé par une période de 4 à 7 mois où les températures moyennes dépassent les 10 °C et où il y a donc une alternance entre une saison froide et une saison chaude.
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13
+ Dans ce cadre, deux sous-types sont ensuite définis : le climat tempéré océanique dont la température moyenne du mois le plus froid reste supérieure à 0 °C (F > 0 °C) et le climat tempéré continental (F < 0 °C)[4].
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+ Cette définition reprend la classification proposée par Trewartha (en) en 1966-1980, groupes DO et DC.
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+ Pour Troll et Paffen, la zone tempérée est beaucoup plus étendue et n'exclut que les régions possédant un climat polaire ou tropical.
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+ Elle inclut la zone tempérée fraîche (zone III) proprement dite ; elle regroupe aussi les climats boréaux dans une zone tempérée froide (II) ainsi que les climats subtropicaux dans une zone tempérée chaude (IV), définie ici comme des régions où les hivers sont doux avec une température comprise entre + 2 et +13 °C.
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+ Le climat tropical est un type de climat présent entre les tropiques, généralement jusqu'à 14 degrés de latitude nord et sud.
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+ Dans le système de classification des climats défini par Köppen, un climat tropical est un climat non aride où la température moyenne mensuelle ne descend pas en dessous de 18 °C (64,4 °F) tout au long de l'année. Toutefois, la notion de transversalité des climats arides, unis en un groupe commun, est discutable, et il est tout à fait envisageable de considérer comme valide la notion de climats arides tropicaux (tels que ceux qui concernent le sud du Sahara et de la péninsule Arabique, par exemple, ou encore une bonne partie du nord de l'Australie, ou la côte pacifique aride du Pérou), lesquels se distinguent clairement des climats arides tempérés ou froids (désert de Gobi, etc.).
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+ Selon Köppen, c'est donc la pluviosité qui définit avant tout les saisons. Il existe une saison sèche (faibles températures, précipitations quasiment nulles) et une saison humide (hautes températures, très fortes précipitations), la saison sèche ayant lieu autour du solstice d'hiver (décembre dans l'hémisphère nord, juin dans l'hémisphère sud), lorsque les températures sont généralement plus fraîches, et la saison humide autour du solstice d'été (juin dans l'hémisphère nord, décembre dans l'hémisphère sud), lors des mois les plus chauds. Mais là encore, cela reste très approximatif : bien qu'assez rares, des climats tropicaux avec sécheresse estivale et pluies hivernales existent bel et bien : face est de l'île d'Hawaï, îles Canaries (San Andrés y Sauces, avec 600 mm annuels centrés sur l'hiver et une température moyenne du mois le plus froid de 18,6 °C), centre-nord du Viêt Nam, certaines régions du Brésil, etc. D'autres régions ont un régime des pluies intermédiaire, avec sécheresse de février à juillet (dans l'hémisphère nord, d'août à janvier dans l'hémisphère sud), les pluies démarrant donc assez tard (comparé au climat tropical typique de mousson) et se prolongeant tout l'automne, jusqu'au début de l'hiver (Nouméa, Lagunillas et plusieurs autres points du sud de la Basse-Californie, Trinquemalay, etc.). Enfin, il existe sous les tropiques, mais à plus de 10-15° de latitude, des territoires clairement tropicaux (car l'amplitude thermique et la latitude sont trop élevés pour qu'on les considère comme équatoriaux) mais qui ont des précipitations (abondantes, modérées, ou faibles, sans être trop limitées pour rentrer dans le cadre de l'aridité) réparties de manière plus ou moins homogène.
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+ En dehors de ces cas particuliers, pour ce qui est du cadre général, le maximum pluviométrique est lié à la présence de la zone de convergence intertropicale. Le régime tropical classique ne comporte alors qu'un maximum, qui se place au solstice d'été, ainsi les pluies d'été ou d'automne rafraichissent l'atmosphère et abaissent les moyennes thermiques (c'est l'hivernage). La saison humide est plus ou moins longue, selon la distance par rapport à l'équateur. On peut alors distinguer :
8
+
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+ On associe souvent de manière abusive les climats tropicaux et « sub » tropicaux. Le terme « sub » tropical renvoi aux latitudes plus élevées, avec des climats chauds en été mais connaissant une vraie saison froide en hiver, même si les températures restent relativement douces. C'est le cas du climat méditerranéen ou plus typiquement du climat subtropical humide (Sud-Est des États-Unis, Brisbane en Australie, Durban en Afrique du Sud, etc.).
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+ Pour bien distinguer les climats tropicaux des climats équatoriaux, il faut se rappeler que ces derniers n'ont pas de saison sèche digne de ce nom, mais des conditions presque constamment humides. En outre, il n'y a pratiquement aucune amplitude thermique affectant leurs températures moyennes annuelles, ni d'écarts dans la durée du jour, etc. Comme indiqué ci-dessus, les régions les plus proches de l'équateur relèvent du climat équatorial.
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+
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+ Le terme tropical désigne souvent des zones chaudes et humides toute l'année et où la végétation est luxuriante, ce qui en fait inclut une grande partie des zones équatoriales.
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+ Certaines forêts tropicales, en particulier sur les reliefs où se forment des nuages persistants en toute saison, correspondent aussi à cette description, mais la majorité des couverts tropicaux varient avec une saison sèche, durant laquelle la plupart des arbres perdent leurs feuilles et les plantes basses se dessèchent, suivie d'une saison humide, où tout reverdit. Inversement en altitude existent des flores apparemment moins typiquement tropicales qui (comme la flore de montagne du Kilimandjaro ou du Mauna Kea).
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+ Pour une même unité de surface ou de volume, les animaux, champignons et végétaux de la zone tropicale et équatoriale sont proportionnellement plus nombreux et variés que dans les zones plus proches des pôles. De nombreuses études ont conclu que les écosystèmes sont non seulement plus riches en espèce s'ils sont proches de l'équateur, mais que les interactions biotiques (notamment la concurrence interspécifique et la prédation) y sont également plus intenses qu'aux latitudes supérieures, surtout dans la forêt tropicales humides[1], au point que certains considèrent que ce principe est l'une des lois fondamentales de l'écologie[2]. Par exemple Roslin et al. (2017) ont disposé de fausses chenilles (plasticine verte) sur des sites situés sur six continents et sur un gradient latitudinal de plus de 11 600 km. En observant les traces de morsures ou de bec laissés par les prédateurs Ils ont constaté que le taux de prédation sur ces pseudo-chenilles augmentait en s'approchant de l'équateur. De plus les prédateurs y sont plus souvent des prédateurs d'arthropodes (comme les fourmis) que des oiseaux et mammifères[3]. Un modèle semblable existe pour l'altitude. Ce gradient est retrouvé aux échelles mondiales et régionales. Dans les zones plus chaude le développement est plus rapide, mais la pression de prédation est également plus intense[3].
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+ Une cloche est un objet simple destiné à l'émission d'un son. C'est un instrument de percussion et un idiophone. Sa forme est habituellement un tambour ouvert et évidé d'une seule pièce qui résonne après avoir été frappé. Un objet de cette forme est dit campaniforme.
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+
3
+ La partie qui frappe le corps de la cloche est soit un battant, sorte de langue suspendue dans la cloche, soit une petite sphère libre comprise dans le corps de la cloche, soit un maillet ou un battant (souvent un tronc de bois suspendu par des cordes) séparé qui frappe la cloche depuis l'extérieur
4
+
5
+ La cloche est généralement surmontée dans sa partie supérieure, au-dessus de l'axe support, d'une masse métallique ou de bois jouant le rôle de contrepoids : le mouton. L'ensemble des cloches est supporté par un ensemble complexe de poutres en bois, le beffroi : le bois absorbe les vibrations importantes, ce que ne pourrait faire directement une maçonnerie.
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+
7
+ Les cloches sont généralement faites en airain, mais certaines cloches ou clochettes peuvent être en fer, en fonte ou en acier (fondeur Jacob Holtzer d'Unieux). Les cloches sont fondues (fabriquées) et coulées par le fondeur de cloches (ou encore « saintier »). Le métal traditionnel pour ces cloches est un alliage : l'airain (un alliage de bronze), comprenant généralement en France 22 % d'étain et 78 % de cuivre. Connu comme du métal à cloche, cet alliage est aussi le même que pour les cymbales. Certaines petites cloches ou clochettes ont été faites en argent, en laiton ou encore en tombac (des alliages de cuivre et de zinc). On a même utilisé de la terre cuite, de la porcelaine, du verre ou du cristal.
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+ L'étude des cloches s'appelle campanologie, et les collectionneurs de cloches sont appelés campanophiles.
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+ La cloche est l'un des plus vieux instruments sonores que nous connaissions : elle est née probablement, quant à son principe, à l'époque où l'homme sut, par le feu, durcir l'argile et constituer ainsi un vase qui se révélera « sonore » en le percutant. Les premières cloches métalliques remontent à l'âge du bronze. On trouve des traces d'utilisation des cloches en Asie, il y a 4 000 ans. Les Annales de la Chine rapportent que l'Empereur Jaune Huángdì fit fondre, vers l'an 2260 av. J.-C., douze cloches. Plusieurs clochettes de l'époque de la dynastie Shang (XVIIIe siècle av. J.-C. au XIe siècle av. J.-C.) sont exposées au musée de l'histoire chinoise à Pékin (définition extraites du Vocabulaire campanaire édité par la Société française de campanologie – SFC).
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+
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+ En juillet 2011, des archéologues conduits par l'équipe d'Eli Choukron et le professeur Ronny Reich de l’université de Haïfa ont déterré à Jérusalem dans la Cité de David, une clochette d’or appartenant à un grand prêtre de l’époque du Second Temple (Ier siècle av. J.-C.). Cette clochette en or porte la calligraphie d’une petite bouche à son extrémité. Les sources religieuses juives rapportent que les grands prêtres servant dans le Temple de Jérusalem, portaient effectivement des cloches d’or sur les bords de leurs manteaux. Le livre de l’Exode, par exemple, décrit la cape du prêtre Aaron, comme contenant « des clochettes d’or ». Dans les textes sacrés, celui de L’Exode, chapitre 28, versets 31-34, explique la manière dont un prêtre du Temple doit s’habiller : sur la lisière de cette robe semblable à une cotte de maille, le bas comportait tout autour ces clochettes d’or en alternance avec des grenades de pourpre, d’azur et d'écarlate.
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+ La cloche est un instrument universel dont la longue portée acoustique est utilisée pour communiquer au loin, soit vis-à-vis des hommes, soit vis-à-vis des dieux. On trouve des cloches dans toutes les civilisations et toutes les religions. Des cloches rituelles ont été en usage en Amérique précolombienne. Dans la religion musulmane, on note par exemple la présence d'une grosse cloche ancienne à la mosquée de Xi'an en Chine ou encore sur le minaret de la mosquée de Saint-Louis au Sénégal. La cloche est un symbole rarement utilisé dans l'art islamique bien qu'un hadith relatif à un échange de Mahomet et de El-Hareth ibn Hicham nous décrive la vision de Mahomet comme accompagnée d'un tintement de cloches : « …la Révélation me vient tantôt comme le bourdonnement d'une cloche… »[1]. En Asie, il en existe aussi des modèles très anciens et imposants liés aux usages de la religion hindouiste ou bouddhiste : en Corée, au Japon ou en Birmanie notamment où se trouve la célèbre cloche du roi Bodawpaya destinée au stūpa d'une pagode de Mingun. Elle porte l'inscription 55555 : il s'agit du poids en peik-thar, unité traditionnelle équivalente à 1,63 kg. Avec ses 8 mètres de haut et ses 90 tonnes, la cloche de Mingun est l'une des plus grosses cloches sonnantes du monde. En Corée, la cloche divine du roi Seongseok coulée en 771 est la plus grande cloche coréenne bouddhiste conservée à ce jour. Elle mesure 3,75 m de haut, 2,27 m de diamètre. Son poids (pesée de 1997) est de 18,9 tonnes.
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+ En Europe, des fouilles archéologiques ont permis de trouver de nombreuses cloches ou clochettes en fer battu ou en bronze d'origine grecque et romaine. Pline l'Ancien rapporte[2] que l'on déposa des clochettes dans le tombeau de Porsenna, un dirigeant étrusque qui prit momentanément le contrôle de Rome à la fin du VIe siècle av. J.-C.. À Rome, l'érudit Suétone rapporte dans son ouvrage Divus Augustus (91.2) l'usage de cloches pour le temple de Jupiter capitolin. En Gaule, la cloche remplace peu à peu l'usage de la simandre (une planche de bois ou des cerceaux battus à coups de maillets). Les premiers chrétiens firent de la cloche un symbole d'appel et de ralliement. La tradition veut que ce soit l'évêque saint Paulin de Nole (353-431) qui installa les premières cloches dans les églises. Nole est une ville de Campanie qui donna son nom aux cloches (campana). Le mot cloche, par contre, vient du mot issu de l'irlandais ancien cloc. Divers documents attestent qu'à partir du Ve siècle, les moines chrétiens fondaient des cloches. L'Écossais saint Patrick (385-461) se rend en Irlande au Ve siècle accompagné de fondeurs de cloches. Saint Colomban de Luxeuil (540-615) atteste de l'existence d'une cloche dans le monastère de l'île d'Iona située dans les Hébrides intérieures en Écosse au Ve siècle. Les cloches ont été utilisées plus largement dans les églises chrétiennes dès le VIIe siècle et étaient le plus souvent fondues dans les monastères. Mais dès le VIIIe siècle il existe des fondeurs itinérants laïcs capables de fondre des cloches d'une centaine de kg ou plus. Charlemagne ordonne en 801 des sonneries de cloches à certaines heures et en 817 au concile d'Aix-la-Chapelle il fut décidé que les églises paroissiales devaient être équipées d'au moins deux cloches. Ce ne fut qu’à partir du XIIe siècle que les progrès en matière de conception et de technologie de la fonderie permirent la création de spécimens de grande taille, associés généralement aux cathédrales. Ces cloches furent créées en faisant couler de l'airain, le seul alliage produisant des tonalités harmonieuses, dans un moule en briques couvert de cire.
20
+
21
+ Dans l'église grecque, l'usage de la cloche apparaît dans la seconde moitié du IXe siècle quand en 865, le doge de Venise Ursus fait un don à l'empereur Michel de douze grosses cloches. Ces cloches furent accrochées dans une tour près de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople (actuellement Istanbul). En Russie, l'usage des cloches apparut presque simultanément avec la diffusion du christianisme par saint Vladimir Ier vers l'an 988. L'usage ancien de la simandre est toujours en cours dans certains monastères orthodoxes.
22
+
23
+ Sa forme la plus classique est la cloche d'église, en forme de coupe renversée, qui est suspendue dans une tour (le clocher) généralement via un portique en bois ou métallique, le beffroi (nom étendu par la suite à la tour maçonnée qui supporte l'ensemble), qui absorbe les vibrations de la mise en mouvement des cloches sans les retransmettre au clocher, qui risquerait la destruction, et sonnée en la faisant osciller manuellement ou mécaniquement, le battant accroché à l'intérieur frappant le corps de la cloche. La cloche est sonnée « à la volée » lorsqu'elle oscille sur son axe, le battant libre frappant l'intérieur.
24
+ Il existe plusieurs types de volées[3].
25
+
26
+ Le Rétro mitigé utilise la même disposition mécanique que le rétro-lancé, mais sans contrepoids au-dessus de l'axe du battant, il en résulte une sonnerie rétrograde où la cloche doit pratiquement se trouver à l'horizontale pour que la masse du battant entre en contact avec la cloche[4].
27
+
28
+ Il s'agit également du type de sonnerie le plus spectaculaire[8].
29
+
30
+ Un autre mode de sonnerie très largement utilisé est le tintement. Cette méthode est employée pour faire retentir la cloche en utilisant un tinteur, extérieur ou intérieur à la cloche, dont la masse vient percuter la partie la plus épaisse de la panse de la cloche. Dans certains cas, si la cloche est fixe, le battant peut être utilisé à cet effet (c'est le cas notamment dans les églises orthodoxes, ainsi que dans certaines régions de France ou de Suisse où le sonneur se tient au côté des cloches, actionnant ainsi les battants à l'aide de ses mains et de ses pieds par l'intermédiaire de câbles[9].
31
+
32
+ Il existe aussi des cloches tubulaires. En Extrême-Orient, une cloche peut aussi reposer sur un coussin, en position renversée ; elle est alors frappée de l'extérieur, par le côté pour celles en métal, ou par-dessus pour celles en bois.
33
+
34
+ Les cloches rythment la vie quotidienne tant profane (indication des heures et des moments de l'emploi du temps) que sacrée : matines, angélus, messe, vêpres, mariage, baptême, enterrement, glas[10]… Les cloches ou clochettes accompagnent et ponctuent les cérémonies et les processions à l'intérieur et à l'ext��rieur des édifices. On peut parler de langage des cloches, riche et bien varié.
35
+
36
+ Les cloches des églises pouvaient autrefois être utilisées comme système d'alerte d'un danger avec le tocsin, d'une mort avec le glas, ou d'un événement majeur. L'usage religieux pouvait être distinct de l'usage civil selon le type de cloche utilisé ou selon sa localisation (cloches civiles, beffroi…).
37
+
38
+ Cependant, les cloches ont pour fonction normale de signaler les temps réguliers. Dans ce cas, une séquence particulière de sons peut être produite par un groupe de cloches pour indiquer l'heure et ses subdivisions. L'une des plus connues et celle dite des « quarts de Westminster », une série de seize notes qui est émise par le carillon de l'horloge du palais de Westminster dont la grande cloche qui sonne l'heure même jouit du nom de Big Ben. La plupart du temps, seules les heures pleines sont sonnées (en général à raison d'un coup par heure, en allant de 1 à 12), parfois en deux séries de coups : le pic et le repic (ou rappel).
39
+
40
+ Des grelots ou des clochettes ont parfois servi de jouets pour les enfants ou encore pour des adultes à l'occasion de certaines fêtes (carnaval) ou lors de déguisements.
41
+
42
+ On trouve des cloches pour appeler à l'entrée des maisons, dans les maisons pour appeler aux repas, à table pour appeler le service, etc.
43
+
44
+ Des cloches ou clochettes étaient ou sont toujours placées dans les conciergeries, réceptions d'hôtels et restaurants.
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+ Actuellement, des systèmes de production de son sont fondés sur des cloches miniatures dans des alarmes, des sonneries de téléphone, de carillon de portes d'entrée ou de réveille-matin par exemple. Pour les sons se répétant rapidement produits par de tels systèmes, le terme employé est sonnette.
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+ Au Moyen Âge, on appelait campanier la personne qui annonçait les baptêmes sur la place principale du hameau ou précédait les convois funèbres en agitant une petite cloche ou clochette. La coutume de signaler le passage d'un cortège funèbre par ce campanier vêtu de noir, appelé familièrement le « clocheteur des trépassés » s'est conservée jusqu'au début du XXe siècle dans les campagnes, alors que dans les villes officiait plutôt le crieur des morts[11].
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+ Parallèlement, les lépreux devaient signaler leur passage au moyen d'une cloche à main afin de signaler le danger d'épidémie. Dans une marge du Liber pontificalis of Edmund Lacy, Bishop of Exeter, un manuscrit du XIVe siècle, est représentée la figure d'un lépreux assis agitant une cloche tandis qu'un phylactère reproduit ses paroles (The Medieval Leper and his Northern Heirs de Peter Richards, 2000). Le docteur Jean-Joseph Tricot-Royer (1875 - 1951) rapporte le port d'une cloche par les lépreux en Belgique dans un article de la revue Aesculape - Revue mensuelle illustrée des Lettres et des Arts dans leurs Rapports avec les Sciences et la Médecine (1929).
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+ Albert Jacquot (1853-1915) rapporte dans son Dictionnaire pratique et raisonné des instruments de musique anciens et modernes (1886) que : « …les criminels des Turcs portaient au cou (XVIIe siècle), une petite clochette qui avertissait le peuple de s’éloigner d’eux ».
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+ En Angleterre à l'église anglicane St Sepulchre-without-Newgate, on sonnait traditionnellement la grande cloche lors de l'exécution d'un prisonnier à la prison de Newgate, dans le quartier. Le greffier de St Sepulchre était également chargé de faire sonner une clochette hors de la cellule du condamné à mort à Newgate pour l'informer de l'imminence de son exécution. Cette clochette connue sous le nom d'« Execution Bell », se trouve désormais exposée dans une vitrine au sud de la nef.
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+ Dans la Marine on utilise aussi pour les bateaux des cloches appelées cloches de bord ou de Marine. (Voir l'article cloche de navire). Avant la mise en place de lentille de Fresnel, la navigation nocturne côtière et fluviale était guidée par des cloches. Au Musée maritime fluvial et portuaire de Rouen est conservée une cloche qui guidait la navigation et qui était autrefois placée sur le bord de Seine : l'insolite cloche de la Risle.
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+ Les premières automobiles avaient comme avertisseurs des cloches ou des clochettes. Certains marchands ambulants, ferrailleurs ou commerçants divers utilisent des cloches pour avertir les clients de leur passage. Autrefois, certaines locomotives à vapeur étaient également équipées de cloches pour servir de signal ou écarter les personnes ou le bétail des voies, de même que certains véhicules d'incendie ou encore les tramways.
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+ Les cloches portées par les animaux d'élevage conduits dans un pâturage ont également une fonction d'avertissement, permettant au berger de repérer ses bêtes dans la brume (lire le paragraphe sonnaille et clarine). On note également l'utilisation de clochettes ou de grelots pour les animaux domestiques.
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+ Les cloches sont souvent installées dans le haut d'une tour élevée permettant une diffusion plus lointaine du son. La tour isolée ronde ou carrée située à côté d'une église se nomme campanile ou beffroi s'il s'agit de cloches à usage public. Lorsque la tour est placée sur une église ou un bâtiment public, on l'appelle clocher s'il est à usage religieux et également beffroi ou tout simplement « tour de l'horloge » lorsque c'est pour loger des cloches municipales. Dans nombre de régions méridionales, on trouve les cloches enfermées mais exposées aux intempéries dans des cages en fer forgé parfois très travaillées au sommet de ces tours, on les appelle également campaniles. Ailleurs, comme en Lozère (France), certains clochers qui servaient à guider les voyageurs ou les habitants par temps de neige, sont nommés les « clochers de tourmente ».
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+ Lors de l'inauguration d'une cloche d'église, l'usage veut qu'une cérémonie religieuse lui soit consacrée, appelée « baptême », « bénédiction » ou « consécration » (si le rite des diverses onctions aux huiles saintes est accompli), durant laquelle un nom est attribué à la cloche. La tradition considère en effet la cloche comme une personne, et lui affecte un parrain et/ou une marraine. Les cloches publiques portent parfois des noms d'usage (la cloche de la Mutte de Metz par exemple, située dans la tour homonyme qui sert de beffroi communal servant à alerter la population et qui tire son nom du verbe « ameuter ») ou encore ceux des personnalités ayant présidé leur installation. Sur la grosse cloche du carillon de Chambéry sont gravés par exemple les noms de trois ministres : Jack Lang, Louis Besson, Michel Barnier.
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+ Les cloches peuvent être de toutes les dimensions : depuis des accessoires de robe minuscules (clochettes ou grelots) jusqu'à celles destinées aux églises, pesant plusieurs tonnes.
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+ En Inde, aujourd'hui encore, des hommes et des femmes portent des chevillières équipées de clochettes appelées shinjini usées particulièrement dans la danse appelée kathak. On utilise aussi des ghungharus (appelés en tamil salangai) fabriqués avec 40, 80 voire 200 clochettes lors de danses traditionnelles indiennes. Ils servent à accentuer l'aspect rythmique de la danse en permettant des pas complexes et de souligner l'habileté des danseurs.
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+ Les cloches sont utilisées comme des instruments de musique, organisées en carillon : un ensemble d'au moins quatre cloches (quadrillon) couvrant tout ou partie de la gamme. Cependant l'ensemble campanaire n'est souvent reconnu en tant qu'instrument de musique que si le nombre de cloches est supérieur ou égal à 23. Un tel ensemble peut être commandé, soit par un seul musicien par l'intermédiaire d'un clavier "coup de poing" ou artisanal et d'un système de transmission, soit par un ensemble de joueurs de cloches, commandant chacun à la main une ou plusieurs cloches aux tons différents. Certains carillons sont composés de cloches dont le corps est constitué d'un simple tube métallique : ce sont des cloches tubulaires.
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+ Dans la région du Valais en Suisse, il existe aussi un genre particulier de carillon. Celui-ci, dit carillon valaisan, est constitué d’un nombre de cloches variant entre trois et environ une dizaine. Il n’y a pas de clavier, le carillonneur, assis sur un banc parfois au milieu du beffroi, parfois à l’étage en dessous, actionne directement une mécanique très simple constituée de cordes et de chaînes reliées aux battants des cloches.
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+ Des cloches sans battant en métal nommées Agogô sont un composant important de la musique latino-américaine. Elles reprennent la forme des cloches de campagne utilisées pour les animaux, appelées aussi « cloches à vaches » ou sonnailles. Elles sont frappées avec un bâton ou une baguette ; le son est modulé en touchant différentes parties et en l'assourdissant avec la main.
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+ Dans divers endroits du monde (notamment en Afrique de l'ouest), des paires ou des trios de cloches sans battant sont jointes de manière qu'elles puissent être frappées séparément ou ensemble. La plus fréquente est l'agogô, aussi utilisé au Brésil. Dans la musique cubaine, une cloche appelée cencerro est utilisée comme instrument de percussion. Le même musicien jouant aussi les bongos, il est appelé bongocerro.
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+ Alpenglocken :
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+ Il s'agit d'un instrument formé d'un ensemble de petites cloches alpines (clarines) accordées et secouées soit par une même personne tour à tour, soit par un ensemble musical. On parle aussi d'austrian bells dans les pays anglo-saxons où elles sont très en vogue.
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+ Cloche anglaise :
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+ Les clochettes à main (en), appelées cloches anglaises, sont des clochettes en bronze, pourvues de poignées individuelles (traditionnellement en cuir mais aujourd'hui le plus souvent en plastique), accordées chromatiquement pour être utilisées dans des chœurs de clochettes joués dans les églises, écoles, groupes communautaires[12].
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+ Sur les territoires où les troupeaux d'élevage bovin, ovin ou caprin sont conduits dans des pâturages collectifs, les paysans attachent des clochettes au cou des bêtes. Ces cloches possèdent plusieurs utilités : identification des animaux appartenant à un troupeau particulier, localisation des bêtes, notamment en cas de brume, et cohésion du troupeau.
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+ Il existe des concours de « musique pastorale » utilisant ce type de cloches.
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+ Le terme sonnaille (Kuhglocken en allemand) s'applique aux cloches qui sont forgées ou formées à l'aide de plaques soudées. Ces cloches légères sont généralement fabriquées en tôle de fer rivetée, de forme trapézoïdale, cylindrique ou en forme de coupe.
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+ Le terme clarine s'applique aux cloches de bovin en bronze ou laiton de fonderie qui sont plus lourdes.
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+ Il est lié à la perception du son. En Inde elle symbolise l'ouïe et ce qu'elle perçoit, le son, reflet de la vibration primordiale. Les rituels du bouddhisme tibétain utilisent la cloche en même temps que le dordjé, le dordjé représentant le masculin, le chemin vers la connaissance, l'efficacité pour surmonter les obstacles et la cloche représentant le féminin, la connaissance et la vacuité. La réunion des deux symbolisant la complémentarité, l'interdépendance du masculin et du féminin et la réunion du temporel et du spirituel.
95
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96
+ En Chine on associe le bruit de la cloche à celui du tonnerre et du tambour. La musique des cloches y est musique princière et symbole de l'harmonie universelle. Les clochettes suspendues au toit des pagodes sont chargées de répandre le son de la loi bouddhique. Le bruit des cloches a un pouvoir d'exorcisme et de purification : il éloigne les influences mauvaises ou avertit de leur approche. Un texte chinois[14] rapporte que l'empereur Huangdi fit fondre douze cloches destinées à ces usages.
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+ La plus grande cloche du monde était bouddhique et birmane : la cloche du roi Dhammazedi, seizième souverain du royaume d'Hanthawaddy, fondue le 5 février 1484[15], pesait vraisemblablement 300 tonnes selon les descriptions de l'époque. Elle fut volée en 1608 dans la pagode Shwedagon par l'aventurier Philippe de Brito, qui souhaitait la fondre pour en faire des canons. Elle coula en même temps que le bateau chargé de la transporter à la confluence des rivières Bago et Yangon[16]. Un projet américain appuyé par le gouvernement birman est à l'étude pour la renflouer.
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+ La plus grande cloche bouddhique actuelle est celle du temple de Hanshan à Suzhou, en Chine. La cloche, sur laquelle sont inscrits les noms de 10 000 bouddhas, pèse 109 tonnes et mesure 9 mètres de hauteur pour 6,06 mètres de largeur maximale. Elle a été fondue par Wuhan Heavy Industry casting & Forging, filiale des chantiers navals CSIC, en 2009-2010. Traditionnellement pour la fin de l'année lunaire on la sonne de 108 coups, ainsi qu'à minuit pour chaque nouvelle année civile, en signe de paix, de prospérité et de bonheur. Le chiffre 108 représentant les 108 épreuves qu’a subi le Bouddha pour atteindre l’illumination, les 108 noms du Bouddha, les 108 passions que doit surmonter le fidèle, les 108 écrits sacrés de Padmasambhava, les 108 mudras du Tantra, les 108 positions du Yoga, les 108 feux allumés pour le culte des morts au Japon, les 108 tombeaux extérieurs du mont Hiei près de Kyoto et les 108 grains du chapelet bouddhique. Dans l'hindouisme, il y a également 108 représentations de poses ou danses sacrées du Nastya Shastra, 108 Upanishads, 108 noms donnés à Vishnou dans le Mahabharata et 108 noms pour Shiva.
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+ La fonte d'une cloche[17] se fait à partir d'un moule dans lequel on versera un alliage appelé « airain ». La composition du métal a peu varié depuis la création des premières cloches par les Chinois il y a près de 4 000 ans. En effet, il convient de trouver un alliage de différents métaux qui offre à la fois une résistance mécanique suffisante pour supporter la frappe répétitive du battant ou d’un marteau et une qualité musicale satisfaisante tant en matière de portée sonore qu’en matière de durée des vibrations. L'alliage traditionnellement utilisé en France pour la fonte de cloches et qui est appelé familièrement « potin » par les fondeurs, est une combinaison de cuivre et d’étain, deux matériaux qui sont plutôt mous pris séparément. La bonne proportion utilisée pour la fabrication de l’airain est de 78 % de cuivre et de 22 % d’étain. Sa température de coulée est de 1 180 °C. Le temps de solidification dans le moule est de l’ordre de cinq heures, afin d’obtenir une structure métallique particulière qui va donner à l’alliage sa rigidité, sa résistance mécanique, mais surtout ses propriétés acoustiques si remarquables. Cet alliage est de couleur jaune très pâle. Exposé à l’air extérieur et aux intempéries, il se recouvre progressivement d’une couche de patine dans les nuances « vert bronze ».
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+ La composition peut varier notablement. Certaines cloches actuelles comportent également des traces d'antimoine (exemple des cloches de Friedrich Schilling de l'ancienne fonderie de Heidelberg en Allemagne). Pour les cloches anciennes, les analyses de métal montrent qu’il peut y avoir des écarts et aussi des traces d’autres métaux. Il n’était pas toujours facile d’obtenir des matières premières pures (présence de plomb ou de zinc notamment, mais aussi fer, arsenic, soufre…) surtout quand il y avait eu récupération de pièces métalliques diverses ou refonte de canons ; il y avait quelquefois des tentations pour introduire des matières moins onéreuses que le cuivre ou l’étain.
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+ Il y eut aussi des tentatives pour réaliser des cloches avec d’autres types d’alliages ou d’autres matériaux. Vers 1919 un fondeur de cloches lorrain de Robécourt, Georges Farnier, tenta de modifier la composition initiale du bronze de coulée en y joignant une faible quantité d'aluminium. Malgré le résultat positif de l'expérience, il y renonça, tant il parut outrancier de dépasser la tradition.
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+ On trouve encore en Allemagne et en France quelques cloches coulées en acier dont les premiers exemplaires ont été réalisés au milieu du XIXe siècle[note 1](cloches moulées de Jacob Mayer présentées à l'exposition universelle de Paris en 1855[18], Société Jacob Holtzer et compagnie des Aciéries d'Unieux entre 1857 et 1872). Exemple de la cloche en acier de l'église Sainte-Madeleine à Tournus, fondue par Jacob Holtzer en 1862. Elle a un diamètre de 108 cm (note La3). Ces cloches ont l’avantage d’être moins lourdes et moins coûteuses, mais leur qualité sonore est moindre et leur durée de vie est sans doute plus courte du fait du risque d’altération par la rouille. Elles doivent souvent être peintes du fait de la corrosion.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, notamment en Allemagne, certaines matières premières comme l’étain ont manqué et des essais ont été faits avec d’autres métaux comme l’aluminium ou le manganèse mais la qualité s’en est ressentie. La présence d’argent pour rendre la cloche plus cristalline est toutefois une légende ; c’était une façon pour le fondeur de récupérer quelques objets de valeur pour sa rémunération personnelle. Néanmoins certaines cloches russes coulées par les fondeurs contiennent effectivement des traces d'argent.
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+ En Allemagne, il existe aussi des petits carillons de cloches faites de porcelaine (région de Meissen, en particulier) ; la portée peut atteindre quelques centaines de mètres autour du clocher.
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+ Pour les petites cloches, comme les clarines d’animaux, on peut trouver des alliages proches du laiton. En Inde, il a été fait parfois usage pour la fonte de clochettes rituelles d'un alliage composé de 8 métaux appelé "ashtadhatu" : or, argent, cuivre, zinc, plomb, étain, fer et mercure.
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+ Quelques analyses de composition du métal de certaines cloches :
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+ Le moule lui-même comprend deux parties qui correspondent à la forme intérieure et extérieure de la future pièce.
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+ La fabrication d'un noyau en briques réfractaires, sorte de cheminée à l'intérieur de laquelle on entretient un feu de charbon de bois (no 1), constitue la première étape. Ce noyau est recouvert de plusieurs couches de « terre » – en réalité un mélange d'argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre (no 2)[19] – lissées à l'aide d'un gabarit en laiton. Il existe deux formats de gabarits (no 2), l'un définissant la forme intérieure de la cloche, l'autre la forme extérieure (no 3). Malgré leur ressemblance, ils sont bien différents, ce que la coupe d'une cloche permet de visualiser ci-contre.
121
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+ Une « fausse cloche », composée d'argile et de poils de chèvre, est construite à l'aide du gabarit extérieur. Une fois lissée avec du gras de bœuf, elle reçoit décors et inscriptions en cire, notamment son nom, la date et le nom du donateur. Ce travail très minutieux s'effectue élément par élément. Pour l'estampage des ornements, on utilisait autrefois des matrices en bois gravé (no 4), une technique qui imposait un dessin préalable au miroir. Désormais de nouveaux matériaux permettent de concevoir le décor à l'endroit et sont également plus souples.
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+ La « fausse cloche » – préfiguration de la pièce finale – est à son tour recouverte de terre. En séchant, cet enduit constitue une sorte de carapace, que l'on appelle la chape. Au bout de quelques jours, lorsque les moules sont bien secs, on les ouvre pour libérer la « fausse cloche ».
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+
126
+ On enterre alors le noyau, la chape et le moule de la couronne dans une fosse remplie d'une terre soigneusement damée. Le métal porté à une température de 1 180 °C dans un four y est déversé au moyen d'un canal en briques traversant la fosse. Les très grosses pièces, d'un poids supérieur à 500 kg, sont placées dans une fosse spéciale (no 6). Le lendemain on dégage la terre et quelques jours plus tard on casse le moule, manuellement, avec des sortes de marteaux, pour retirer la cloche définitive (no 8). Il reste à la nettoyer et à vérifier sa sonorité, que l'on rectifie au besoin en la polissant. On ajoute alors les accessoires de suspension et le battant.
127
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+ 1) Noyau en briques réfractaires
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+
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+ 2) Enduit du noyau
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+
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+ 3) Gabarits intérieurs et extérieurs
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+
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+ 4) Matrices pour l'estampage des décors
135
+
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+ 5) Décor en creux
137
+
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+ 6) Fosse Diderot pour les grosses pièces
139
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+ 7) Chape externe
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+
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+ 8) Démoulage manuel
143
+
144
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
145
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146
+ La cloche dite « de Saint-Ronan », conservée dans le trésor de l'église de Locronan, datée du VIe au VIIIe siècle, et la cloche « de Saint-Pol » de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon datée du VIe siècle, sont parmi les plus anciennes de France. La légende rapporte que la cloche « de Saint Pol » (Saint Paul Aurélien (492-572), l'un des sept évêques fondateurs de Bretagne), serait le fruit d'une trouvaille miraculeuse. Avant de quitter le Pays de Galles pour l'Armorique, saint Pol demanda au roi Marc'h de Cornouailles de lui donner l'une de ses sept clochettes qu'il utilisait pour se protéger des esprits malfaisants. Le roi refusa. C'est alors qu'au cours d'un repas pris à Île de Batz, à la table de son cousin Wirthur, chef de la légendaire ville d'Occimor, l'on retrouva miraculeusement la cloche dans le produit d'une pêche. Saint Pol la reconnaissant, rapporta l'histoire. C'est cette cloche qui est depuis conservée dans une niche de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon.
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+ La cloche du Puy est l'une des plus anciennes cloches répertoriées en France (fin du XIIe siècle). Elle porte un décor composé d'une frise de rinceaux fins et de palmettes peu développées ainsi qu'une succession de filets parcourant le corps de la cloche jusqu'à la pince.
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+ L'une des plus vieilles cloches de France est celle de Fontenailles, un hameau appartenant à la commune de Longues-sur-Mer (Calvados), datant de 1202. Elle est conservée au Musée Baron Gérard à Bayeux. Une autre cloche faisant partie des plus vieilles cloches de France, classée monument historique, est celle de Sidiailles (Centre), datant de 1239.
151
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+ Il existe encore plusieurs cloches d'églises antérieures à l'an 1300 : Arlanc (Puy-de-Dôme), Le Moutier-d'Ahun (Creuse), Marines (Val d'Oise), Gros-Horloge de Rouen (Seine-Maritime), Saccourvielle (Haute-Garonne), Le Tech (Pyrénées-Orientales), La Villedieu (Dordogne) et surtout les deux cloches de l'église Saint-Georges de Haguenau (Bas-Rhin), l'un des plus anciens duos conservés en Europe.
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154
+ Dans le campanile de l'église de Fouqueure (Charente), se trouvent deux cloches de la fin du XIIe siècle, achetées en novembre 1957 par l'abbé Tesseron à l'abbé Clairefeuille, curé d'Ébréon. Elles ont été installées à Fouqueure le 29 mars 1958. Elles se nomment Appolonia (41 kg) et Marie-Bernard (56 kg). Elles avaient été découvertes dans un champ d'Ébréon (Charente) appartenant à la famille Verron. Elles sont depuis 1957 propriété de la commune de Fouqueure[21].
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+ La cathédrale Saint-Étienne de Metz comporte une cloche datée de 1398 qui sonne en La dièse. Une autre cloche ancienne de cette cathédrale a été fondue en 1413, elle pèse environ 2 tonnes, mesure 1,20 m de hauteur et 1,56 m de diamètre inférieur. Elle sonne les heures en Ré dièse. La cathédrale abrite également l'une des plus grosses cloches françaises : la Mutte qui pèse près de 8 tonnes et mesure 2,32 m de diamètre. Elle sonne en Fa dièse 2. Elle a été fondue en 1412. La tradition rapporte qu’il y ait eu sept refontes, en raison de fêlures successives. Sa dernière refonte date de 1605. La Mutte était une cloche civile et ne sonnait qu’en cas d’attaques ennemies, d’incendies et de très grandes fêtes. Elle a sonné à la volée pour la dernière fois en 1919 et fait actuellement l'objet d'une restauration ainsi que la tour servant de beffroi qui l'abrite.
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+ Le beffroi d'Obernai (Bas-Rhin) abrite un bourdon de 1429 du fondeur Hans Gremp (le fondeur du bourdon de la cathédrale de Strasbourg qui date de 1427) et une autre cloche de 1474 du fondeur Lamprecht Johannes. L'église Saint-Thibaud de Brageac (Cantal) abrite une cloche de 1466 la plus vieille du département.
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+ La cloche de Schleithal (Bas-Rhin) de l'église paroissiale Saint-Barthélemy date de 1594 et a été coulée à Spire par le fondeur Paul Kessel. Elle pèse près de 1 400 kg et mesure 1,26 m de hauteur pour un diamètre qui est de 1,31 m. Sur la faussure, elle porte les figures de la Vierge, de Saint-Pierre et de Saint-Paul.
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+ La cloche la plus grosse de France mesure 3,06 mètres de hauteur, 9,60 mètres de circonférence et pèse plus de 18 tonnes (Do#2). Surnommée "la Savoyarde" et de son vrai nom "Françoise-Marie du Sacré-Cœur", elle se trouve au Sacré-Cœur à Paris. La souscription des Savoyards avait été commencée le 29 janvier 1889 sur une initiative de Monseigneur Leuillieux archevêque de Chambéry pour contribuer à la construction de la Basilique. La cloche fut coulée le 13 mai 1891 par Georges et Francisque Paccard d'Annecy-le-Vieux et baptisée le 20 novembre 1895. Elle fut mise en place en 1898.
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+ Une cloche de 15 tonnes et de 3,13 m de diamètre sonnant le Ré fut fondue à Bochum par la fonderie Jacob Mayer (bochumer Verein) en 1867 pour devenir, en compagnie de trois autres cloches plus petites, une attraction de l'exposition universelle de Paris. Elle est en acier au creuset[note 1], ne sonne plus, elle est en mauvais état et n'a plus de battant. Elle est aujourd'hui exposée en face de l'hôtel de ville de Bochum en Allemagne.
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+ La plus grosse cloche coulée en France, qui est actuellement la 2e plus grosse cloche en volée du monde (après celle de Gotemba au Japon (36 250 kg) qui a été coulée par la fonderie Eijsbouts d'Asten aux Pays-Bas en 2006), est d'un poids de 33 385 kg (note LA1) d'un diamètre de 3,65 m et d'une hauteur de 3,65 m. Elle a été réalisée par les fonderies Paccard de Sevrier et la société Verdin de Cincinnati pour le compte de la Millenium Monument Company à Newport, Kentucky (États-Unis). 4 000 briques, 150 tonnes de sable et argile et 350 kg de cire d'abeille non raffinée ont servi à la préparation des moules. Plus de 30 tonnes d'airain fondu porté à 1 023 °C ont été nécessaires pour remplir le gigantesque moule en 5 minutes et 57 secondes. Le 20 mars 1999 la cloche a été dévoilée aux Nantais avant son embarquement. Le 4 juillet de la même année s'est déroulée la présentation officielle à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) de la "World Peace Bell" pour la fête nationale américaine. En août-septembre 1999, elle a été installée dans une tour spéciale du Millenium Monument Company à Newport aux États-Unis pour y sonner solennellement le passage des 12 coups de minuit au 1er janvier 2000.
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+ Les plus grosses cloches de France : (à compléter)
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+ Nota : à titre de comparaison, la plus grosse cloche du monde se trouve en Russie. Il s'agit de la Tsar Kolokol d'un diamètre phénoménal de 6,6 m pour 6,24 m de hauteur et 200 tonnes. La cloche est actuellement la plus grande cloche au monde et a été fondue par les maîtres Ivan Motorin et son fils Mikhail (1733–1735)… Elle n'a cependant jamais fonctionné.
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+ Les cloches disparues célèbres de France :
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+ Les guerres sont les pires ennemies des cloches. Déjà au cours de la guerre de Cent Ans de 1337 à 1453 on note des pillages et des pertes campanaires importantes. Françoise Michaud-Fréjaville, dans son étude Naudin Bouchard, une carrière de fondeur orléanais pendant la guerre de Cent Ans, publiée au Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, n.s., 11/92 (1991), p. 23-32, montre le lien entre le développement de l’artillerie au cours de cette guerre et certains fondeurs de cloches se reconvertissant en fondeurs de canons. Les guerres de religion vont continuer de ravager le patrimoine campanaire. Une série de huit grands conflits où se sont opposés catholiques et protestants, appelés aussi huguenots, va toucher le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle. C'est ainsi que disparaîtra en 1580 la Non Pareille une cloche de 1516 de la cathédrale de Mende, la plus grosse de France à ce jour avec 25 tonnes. Elle est détruite par le capitaine huguenot Mathieu Merle. Le notaire Destrictis de Mende rapporte : « …Comme on ne pouvait parvenir à rompre la Non Pareille, on fit faire un grand feu, au-dessous et aux environs, et on la fit échauffer de telle sorte qu'après on la rompit aisément ». Le métal fut récupéré pour faire des couleuvrines et deux gros canons. Seul resta le battant en fer de 470 kg ce qui parait peu compte tenu du poids couramment estimé de la cloche, il ne faut pas perdre de vue toutefois que le quintal du Midi et du Gévaudan d'ancien régime pesait cinquante kilos environ (48,5) au lieu des 100 du quintal métrique actuel (il manqua de disparaître plus tard en 1793, les membres du comité révolutionnaire voulant le vendre mais personne ne s'en porta acquéreur). La guerre de Trente Ans (1618-1648) s'accompagna des mêmes destructions.
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+ Le patrimoine campanaire tant français que belge, a été ensuite menacé à plusieurs reprises par la Révolution française et toutes les guerres qui s'ensuivirent. Pour convertir le bronze en monnaie (premiers décrets en 1791) ou en canons (décret du 23 juillet 1793), plusieurs lois furent votées par les assemblées révolutionnaires entre 1791 et 1795. Le décret du 23 juillet 1793 ordonnait que « chaque commune a la faculté de conserver une cloche qui serve de timbre à son horloge » (cloche civique)[24]. Ce décret proclame la Patrie en danger et va justifier la récupération par les révolutionnaires des cloches afin d'en fondre le bronze pour le convertir en canons. Au total, cent mille cloches disparurent dans la tourmente. Napoléon, pour les besoins de son immense armée, en fit aussi grande consommation. La cloche de Lignières (Cher) a heureusement échappé à ces mesures : fondue à Orléans pendant la révolution en 1790, elle porte la mention « Vive la nation, vive le Roi » et des fleurs de lys. Celle de Quintal (Haute-Savoie) porte la mention « Si je survis à la Terreur c’est pour annoncer le bonheur ». Dès la date de la signature du Concordat le 8 avril 1802, la reconstitution du patrimoine campanaire dans les édifices ouverts au culte se fit lentement. Le véritable repeuplement des clochers ne se fit cependant que sous le Second Empire et la IIIe République[25].
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+ La Première et la Seconde Guerre mondiale furent désastreuses pour le patrimoine campanaire européen et notamment français et belge.
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+ La Basilique de Saint-Nicolas-de-Port conserve par exemple dans une chapelle une cloche de 1832, percée lors du bombardement du 19 juin 1940.
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+ En France selon les recherches et les chiffres de Percival Price, sur environ 75 000 cloches recensées en 1939, près de 1 160 auraient été confisquées et détruites par l'occupant, essentiellement dans les trois départements d’Alsace-Lorraine (plus précisément l’Alsace-Moselle), annexés et traités comme le reste de l’Allemagne, ainsi que dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais dont l’administration militaire allemande relève alors non pas de Paris mais de Bruxelles. Cependant il faut ajouter à ce chiffre, les cloches non dénombrées détruites par les bombardements.
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+ En Belgique ce fut le fondeur George II Slegers (1907-1910) qui œuvra activement pour le remplacement des centaines de cloches disparues au cours de la Seconde Guerre mondiale. Avant la Seconde Guerre mondiale, la Belgique possédait près de 12 000 cloches dont le poids total était évalué à six mille tonnes. Après les réquisitions de juin et de juillet 1944, les 4 566 cloches enlevées par l'occupant représentent un poids de 3 794 825 kg, soit une perte de près de 60 % du patrimoine campanaire belge. Rien que dans le diocèse de Liège, 840 cloches sont portées manquantes pour un poids total de 1 205 599 kg.
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+ La cloche est non seulement un instrument soumis aux aléas de l'histoire, mais elle est également soumise aux caprices des éléments : vieillissement du métal, intempéries, oxydation, ce qui demande un entretien régulier par des artisans campanaires. Par grand froid (moins de −10 °C) on s'abstient de sonner les cloches en volée car elles sont alors fragilisées. On pense que c'était par exemple à cause du froid que l'une des cloches des plus importantes de France, la Maria Regina de Strasbourg (environ 21 tonnes) et qui datait de 1521, s'était irrémédiablement fêlée.
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+ L’art campanaire regroupe plusieurs corps de métier : la fonderie, la musique, la charpente, la serrurerie, la mécanique, la mécanique horlogère, l’électricité, l’électronique. Aujourd’hui, aucune norme ni règle officielle ne régit la profession. Devant ce fait, des artisans campanaires réunis en coopérative d’entreprises ont décidé : d’établir un programme de formation reconnu du personnel (première en France et en Europe) ; d’établir des cahiers des charges précis pour les prestations d’électrification, de restauration et d’installation en matière de cloche et d’horlogerie.
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+ L'École nationale du patrimoine a organisé en juin 1997 un séminaire sur « la connaissance et la gestion du patrimoine campanaire », qui portait en particulier sur :
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+ Inventaire et vérification systématique des cloches lors des tournées de visites des églises rurales ; Récolement des cloches classées au titre des monuments historiques (154 cloches recensées) ; Inventaire général du patrimoine départemental (époques, sonneries, coutumes) ; Demandes de protection des cloches anciennes nouvellement repérées ; Publications.
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+ Contact avec les entreprises spécialisées et visites sur place des installations sous contrat d’entretien.
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+ Vérification du lien « joug cloche » ainsi que de la fixation du battant ; Analyse des éléments extérieurs liés à l’entretien et au bon fonctionnement ; échelles d’accès, abat- son, lumière, présence de pigeons (conservation préventive).
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+ Sensibilisation des propriétaires et affectataires.
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+ Avis sur devis d’entreprises.
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+ Restauration des « ensembles » cloche-beffroi, cloche-clocher, beffroi-clocher, cloche-beffroi-clocher ; Propositions d’interventions particulières à chaque cas en milieu rural ; Soudures (apport scientifique, précautions, intérêt et difficultés de création de cloches neuves) ; Programmations à long terme.
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+ Lorsque plusieurs cloches de volée sont accordées entre elles, on parle de « sonnerie ». La France est, en la matière, un peu moins dotée que les pays voisins, mais possède néanmoins quelques ensembles d'exception :
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+ La cloche bouddhique en airain fondue en 2007 à Huê, au Viêt Nam, par Nguyên Van Sinh, élu « artisan des métiers traditionnels de Huê », pèse 31 tonnes et mesure 5,40 m de hauteur et 3,42 m de diamètre. Elle est considérée comme la plus grande cloche du pays.
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+ .clcloes sonnailles , carillons en pays landais. Jean-Bernard Faivre /Vincent Matéos. édition le Festin 2011.
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+ Presse spécialisée :
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+ Le clonage désigne principalement deux processus. C'est d'une part la multiplication naturelle ou artificielle à l'identique d'un être vivant, c'est-à-dire avec conservation exacte du même génome pour tous les descendants (les clones). C'est donc un synonyme de certaines formes de multiplication asexuée telles que le bouturage. C'est d'autre part la multiplication provoquée d'un fragment d'ADN par l'intermédiaire d'un micro-organisme. Ainsi, en biologie, le mot clonage désigne plusieurs choses :
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+ Au sens scientifique, le clonage est l'obtention d'un être vivant génétiquement identique à l'original qui a fourni son génome.
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+ Des vrais jumeaux, monozygotes, chez les animaux et chez l'Homme sont des clones naturels. Ils démontrent à la fois les ressemblances et les différences que l'on peut attendre chez des clones artificiels, en raison du contexte différent où ils peuvent être placés (alimentation, traitement différents par l'éleveur ou les parents, etc.).
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+ Le terme clone est utilisé pour la première fois en 1903 par le botaniste H. J. Webber en désignant des plantes reproduites par multiplication asexuée. Ce mot sera ensuite réutilisé par J. B. S. Haldane.
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+ Dans la nature, le clonage n'est rien de plus qu'un mode de reproduction parmi tous ceux à la disposition des êtres vivants. C'est même le plus répandu puisqu'il concerne toutes les cellules procaryotes (division), presque tous les eucaryotes unicellulaires (mitose) à l'exception de ceux qui pratiquent la reproduction sexuée (faisant intervenir la méiose), mais également de nombreux végétaux et animaux multicellulaires.
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+ Le clonage peut être naturel chez les plantes (fraisier, ail, etc.); il est dans ce cas le plus souvent appelé multiplication végétative. Il a lieu par émission de rejets, par marcottage naturel, par division naturelle de rhizomes ou de stolons, par création d'organes spécialisés bulbilles, etc.
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+ Certaines espèces végétales émettent des rejets, comme l'olivier. Lorsque l'ortet initial vieillit, il émet des rejets sur le pourtour de sa souche. Ces ramets deviennent ensuite autonomes et se séparent entre eux lors de la disparition de la souche initiale avec le temps. D'autres, comme les fraisiers, produisent des stolons, rameaux dont le bourgeon terminal s'enracine au contact d'un substrat favorable et reproduit ainsi, par marcottage naturel, une plante identique à la plante mère. Par bouturage naturel des morceaux de plante peuvent repousser s'ils se retrouvent placés dans de bonnes conditions, et redonner une plante adulte complète.
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+ En horticulture et en culture, les techniques de reproduction des plantes par clonage peuvent être pratiquées en laboratoire, sous serres ou sur le terrain. Elles sont applicables chez beaucoup de dicotylédones produisant des méristèmes en abondance et sur quelques monocotylédones également (le bananier peut se multiplier par rejets, la canne à sucre par bouturage). On peut citer le greffage, le bouturage et d'autres techniques cette fois inspirées de la multiplication végétative naturelle : (le marcottage, le démariage de rejets ou la division de rhizomes et de stolons, etc.).
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+ En laboratoire, on pratique la culture in vitro de méristèmes (ou d'autres parties de la plante) produisant des embryons puis des plantules complètes (voir embryogenèse somatique et embryogenèse zygotique). Les techniques in vitro sont les seules qui peuvent être employées pour des monocotylédones comme le palmier dattier, le palmier à huile. Les producteurs parlent de « vitroplants »[1].
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+ Le comportement et la forme des clones peuvent différer selon la partie de la plante d'où sont extraites les cellules destinées à les produire. Par exemple, chez les fraisiers des bourgeons adventifs stipulaires ou donnent des fraisiers à feuilles plus claires et plus rondes. Ils présentent un métabolisme différent, un nombre plus élevé de stolons, un réceptacle floral plus court, des étamines aux anthères plus grosses, alors que le clone axillaire est, lui, moins bien pollinisé et produit pour cette raison des fruits plus souvent difformes, notamment en l'absence d'agents pollinisateurs[2].
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+ Le clonage végétal a déjà permit de réinsérer des espèces disparues. Comme la Cylindrocline lorencei qui a pu être réimplantée par le conservatoire botanique national de Brest en 2007, à partir de vielles semences[3].
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+ Dans le domaine animal, un pas est franchi au XXe siècle grâce au clonage à partir de noyaux de cellules différenciées, réimplantés dans des ovocytes préalablement énucléés. Cette technique au taux de réussite encore faible et qui n'a abouti que chez quelques espèces en est à ses balbutiements. Des problèmes de vieillissement accéléré semblent pouvoir être reliés à l'état des télomères.
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25
+ La technique du clonage par implantation d'un noyau dans un ovocyte énucléé est mise au point en 1952 par Briggs & King[4]. Ils introduisent un noyau provenant de la blastula d'une grenouille dans un ovocyte dont le noyau a été éliminé. Le stade blastula étant issu du développement embryonnaire précoce des vertébrés, il a fallu attendre 10 ans de plus pour voir l'avènement du premier organisme cloné à partir d'un noyau de cellule différenciée. En effet, en 1962, Gurdon introduit le noyau d'une cellule intestinale de têtard dans un ovocyte énucléé de Xénope et obtient des amphibiens viables et fertiles[5].
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+ Au début des années 60, l'embryologiste chinois Tong Dizhou, fut le premier à cloner un poisson à partir du noyau d'une cellule d'embryon. Il publia ses recherches dans un magazine scientifique chinois qui ne semble pas avoir été traduit à l'époque[6]. C'était 33 ans avant la brebis Dolly, mais Dolly, elle, fut clonée à partir d'une cellule provenant d'un individu adulte.
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+ Cette technique a permis de cloner les animaux suivants :
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+ Toutes ces expériences ont montré que le clonage des mâles est en général plus délicat que celui des femelles. De plus, pour des raisons encore inconnues, seuls 5 à 10 % des œufs fabriqués et réimplantés produisent des clones viables ou en bonne santé apparente. On ne comprend pas non plus pourquoi certaines cellules d'un organisme se clonent mieux que d'autres.
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+ Un second pas est franchi avant le nouveau millénaire par le clonage de seconde génération (obtention d'organismes clonés à partir d'autres organismes clonés) sur des souris, puis un taureau.
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+ En 2007, il existe près d'un millier de cochons clonés et près de 3 000 bovins[14].
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+ Seul le matériel génétique du noyau est transféré lors d'un clonage. L'ADN mitochondrial reste celui de la cellule réceptrice tout comme la machinerie nécessaire à la transcription de l'ADN pendant les premières phases du développement embryonnaire. Une autre source de variation est la régulation épigénétique. L'épigénétique conserve une même séquence ADN mais en modifiant l'expression de certains gènes en régulant la condensation de l'ADN (modifiant la production de protéines entre autres effets), ceci permet par exemple aux différentes cellules humaines de devenir des cellules différenciées sans modifications de leur séquence ADN. De même, des facteurs environnementaux peuvent modifier le devenir des embryons. En pratique les animaux clonés diffèrent sur plusieurs paramètres et sont moins ressemblants que de vrais jumeaux monozygotes (ayant le même patrimoine génétique)[14]. Cela est particulièrement visible en cas d'animaux tachetés, les taches du clone n'ayant pas de raison particulière de se trouver à la même place[15], marquant de façon visible que les deux animaux sont différents.
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+ Le clonage, in vitro notamment permet – à faibles coûts – la création délocalisée de grands nombres d'individus. Il permet de recréer des plantes en voie de disparition, mais recherchées par les collectionneurs ou amateurs (ex : orchidées qu'il n'est alors plus nécessaire de prélever dans la nature pour les vendre par exemple). Plus important : il assure à la recherche que l'on va travailler sur des spécimens identiques, éliminant un facteur de bruit dans les mesures.
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+ Par contre, l'utilisation croissante de clones dans l'agriculture et la sylviculture est source d'une importante perte de biodiversité, et par là de fragilisation d'espèces qui sont des ressources agricoles et pour l'élevage. Les plans issus de clones ou de greffes sont souvent à terme plus fragiles et sensibles aux épidémies de pathogènes, c'est un fait déjà noté, il y a presque 200 ans, par un fonctionnaire français François-Joseph Grille, qui, sans employer le vocabulaire des écologues modernes, protestait déjà contre l'appauvrissement génétique des populations d'ormes trop volontiers clonés et/ou greffés au détriment de la richesse adaptative que permet le semis :
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+ « Les planteurs d'ormes se bornent trop souvent au moyen le plus facile, qui est de planter par rejeton et par éclats de racines ; mais ils en sont les dupes et ils n'obtiennent que des sujets rabougris qui ne rapportent presque rien. On distingue au premier coup-d'œil, à la beauté de leur port et à la vigueur de leur végétation, les ormes de semis, et ceux à feuilles étroites greffés sur sujets écossais, dans les plantations d'agrément, dans les parcs, et sur les pelouses qui environnent les maisons de campagne[16]. »
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+ — François-Joseph Grille, Description du département du Nord
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+ Cette homogénéisation génétique a effectivement peut-être contribué à la rapide explosion de la graphiose de l'Orme.
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+ Des sylviculteurs tels que Akira Miyawaki ou l'école de sylviculture Prosilva ont développé des techniques visant au contraire à utiliser la biodiversité pour augmenter la résilience forestière, ce qu'encourage aussi l'écolabel forestier FSC.
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+ Plusieurs rapports provenant d’agences de sécurité et en particulier de l’AFSSA, de l’AESA (Agence Européenne de Sécurité Alimentaire) et la FDA tentent d’établir des règles permettant de déterminer si les produits issus des clones sont sains ou non pour les consommateurs. Selon ces rapports, après six mois, un clone ne se distingue presque en rien qui soit mesurable des animaux contrôlés. Un vétérinaire appliquant les règles classiques permettant de déterminer si la carcasse d’un animal peut être introduite dans les circuits de consommation, donnerait apparemment sans hésiter son autorisation pour la consommation des carcasses des clones de plus de six mois. Cependant certains vétérinaires et scientifiques suggèrent que les clones ont une sensibilité un peu augmentée vis-à-vis de certaines maladies infectieuses, mais surtout qu’ils ne doivent pas être totalement sains étant donné leurs débuts souvent difficiles dans la vie[17]. Jean-Louis Peyraud, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique a déclaré : «Des cas de veaux à trois pattes ou d'animaux à deux têtes ont été rapportés»[18]. Toutes ces observations ont conduit la FDA et l’AESA à publier, en 2008, chacune un rapport sur les risques alimentaires de la consommation des produits issus des clones, après avoir pris en compte les avis des représentants de la société civile. Les deux organisations ont alors conclu que rien ne pouvait faire supposer que la consommation de produits issus du clonage comporte un risque alimentaire, mais que cependant cette observation ne reposait pas sur assez de données et qu'il serait souhaitable d'augmenter les études sur le clonage[17].
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+ En 2020, la viande issue d'animaux ayant été clonés est de plus en plus fréquente, elle est légale dans certains pays comme les États-Unis, où la Food and Drug Administration (l'Agence américaine du médicament et de l'alimentation) a déclaré que la consommation de lait et viande produites par des animaux clonés était sans risque. Le Brésil et le Canada autorisent également la consommation de ce genre de produits. En Europe, certes aucune demande d'autorisation de vente de viande ou lait de clones n'a été faite, mais il n'est pas impossible que quelques-uns de leur descendants y aient été mangés car jusqu'en 2015 les clones ne faisaient pas l'objet d'une législation, et la viande a pu aussi être importée d'Amérique[19]. L'Agence européenne de sécurité des aliments n'a cependant pas d'inquiétudes, en 2017, pour la santé humaine[20]. Rien n’interdit non plus l’importation directe de viande ou de lait issus des enfants de ces clones, nés à l’étranger[21].
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+ Le Groupe européen d'éthique[22] a conclu dans son avis : « Étant donné le niveau actuel de maladies et de problèmes de santé des mères porteuses et des animaux clonés, le groupe doute que le clonage d'animaux à des fins alimentaires soit justifié d'un point de vue éthique. La question de savoir si cela s'applique également à la progéniture demande une recherche scientifique plus poussée. À l'heure actuelle, le GEE ne voit pas d'arguments convaincants pouvant justifier la production d'aliments à partir d'animaux clonés et de leur progéniture »[23]. Ce groupe a aussi listé des mesures à prendre en cas d'introduction d'aliments issus d'animaux clonés dans l'UE. Les eurodéputés ont donc adopté une législation le mardi 8 septembre 2015, interdisant le clonage d'animaux à des fins d'élevage et d'alimentation dans l'Union européenne, mais aussi l'importation de descendants et de produits issus d'animaux clonés (viande, lait, matériel reproducteur, etc.). Les autres pays devront quant à eux, garantir que les produits qu'ils exportent en Europe ne sont pas issus de clones; par un système de certificats[24].
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+ Les promoteurs du clonage d'animaux d'élevage estiment qu'il répond à des enjeux de recherche agronomique (accélérer la sélection animale, sauver des races en voie de disparition) et scientifique (mieux comprendre les mécanismes de la régulation épigénétique des premières phases du développement embryonnaire). La sécurité des aliments issus d'animaux clonés reste discutée, malgré la publication d'un avis favorable de la Food and Drug Administration (organisme fédéral américain chargé de contrôler la qualité des produits alimentaires mis en vente sur le marché américain) estimant que « la viande et le lait issus de bovins, de porcs et de chèvres clonés, ainsi que de la progéniture de clones d'espèces traditionnellement consommées sous forme d'aliments, ne présentent pas plus de dangers que ceux issus d'animaux élevés selon les méthodes classiques […] L'agence n'exige pas l'étiquetage, ni aucune autre mesure supplémentaire, pour les aliments issus de clones de bovins, porcs ou chèvres clonés, ou de leur progéniture, car les aliments issus de ces sources ne diffèrent aucunement de ceux issus de bêtes élevées selon des méthodes classiques […] Étant donné que les clones seraient utilisés pour l'élevage, leur introduction dans la chaîne alimentaire ne se ferait pas en nombres importants. Au contraire, leur progéniture issue de la reproduction sexuelle serait utilisée pour la production de viande et de lait destinés à la commercialisation. À l'heure actuelle, l'agence continue de recommander que les aliments issus d'espèces clonées autres que les bovins, porcs et chèvres (ex. les ovins) ne soient pas introduits dans la chaîne alimentaire ».
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+ Début 2008, l'EFSA (Agence européenne de la sécurité alimentaire) prépare un nouvel avis sur ces questions[25]. D'après un rapport de la FDA publié en 2006, et d'un rapport de l'EFSA publié en 2008, il n'existe pas de différence ni de danger en matière de sécurité sanitaire entre les produits alimentaires dérivés d'animaux clonés et ceux traditionnels. Selon ce rapport, compte tenu du manque d'études à l'époque il y avait des incertitudes dans l'évaluation des risques[26],[27].
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+ En 2008, 58 % des sondés par la Commission européenne se prononcent en défaveur du clonage animal, en raison de la considération du bien-être animal[28].
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+ Le clonage, par copie d'un génome, ne permet pas la diversification et recombinaison du gène caractéristique de la reproduction sexuée. Or cette dernière est selon la théorie de l'évolution le moyen de l'adaptation du Vivant et de la biosphère aux changements environnementaux, et le gage de coévolution des organismes à reproduction sexuée avec celle de leurs prédateurs, pathogènes et parasites.
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+ Au-delà des questions techniques relevant du clonage animal en général, le clonage de l'humain pose des problèmes philosophiques nouveaux, débouchant sur la question d'une législation spécifique. Quelques chercheurs travaillent actuellement sur le clonage humain reproductif. Sans nier l'exploit technologique que constituerait une telle réalisation, la tendance internationale semble pencher vers l'interdiction, pour l'instant, des recherches sur le domaine. Ceci étant, un sondage CNN[29] montre un intérêt toujours grandissant du public pour la technique. Arnold Schwarzenegger, ex-gouverneur de la Californie a milité en faveur du clonage humain[30]. Les opposants au clonage semblent d'autant plus pressés d'arriver à un consensus international. Les États-Unis, avec plus de cinquante autres pays, ont signé un appel à une interdiction totale du clonage humain. Un autre texte interdisant seulement le clonage reproductif a été rédigé par la Belgique et soutenu par plus de vingt pays, dont la Russie, le Japon, le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Danemark. La recherche en faveur du clonage humain reproductif exprime une quête encore fantasmatique, de l'homme, pour son immortalité.
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+ Fin 2002, la firme Clonaid, associée au mouvement raélien, a affirmé par voie médiatique avoir réalisé le clonage d'êtres humains mais aucune preuve scientifique de leur existence ne fut apportée. Le tout est tombé dans l'oubli depuis.
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+ Il est admis scientifiquement que l'identité de l'être ne se résume pas à son génotype, ce qui signifie qu'il est impossible de produire deux êtres identiques simplement en dupliquant un génome. Le cas de vrais jumeaux (dits monozygotes), qui peut être techniquement apparenté au clone, ne peut être considéré comme un exemple de clonage humain, au sens où le principe de reproduction sexué entre deux parents est assuré naturellement, sans intervention technologique, et après brassage génétique.
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+ Mais tout ceci pose des questions éthiques, philosophiques, et religieuses importantes en ce début de XXIe siècle conduisant à de nombreux débats. Devons nous considérer le clone, comme un Homme à part entière ou comme une pâle reproduction, une sorte de sous-homme ? Devons nous les considérer comme notre égal ? Faut-il créer une législation nouvelle pour les clones ? Tant de questions qui sont à débattre.
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+ Cette nouvelle forme de génération présente par exemple des difficultés juridiques concernant le statut légal du clone. Notamment lorsque l'on parle de clonage « thérapeutique », qui implique que le clone soit mis au service d'autrui par sa destruction partielle, voire totale.
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+ En mai 2005, des chercheurs de Corée du Sud et du Royaume-Uni ont annoncé les premiers clonages d’embryons humains à des fins de recherches thérapeutiques.
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+ En 2008, des chercheurs américains, des entreprises Stemagen et Reproductive Science Center, ont annoncé avoir obtenu trois embryons clonés à partir de cellules adultes (cellules de peau) et d'ovocytes énucléés. C'est la première fois que des embryons sont obtenus à partir de cellules qui ne sont pas des cellules souches[31].
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+ Après l'intervention des scientifiques Ian Wilmut et Keith Campbell en relation avec le mouton Dolly, l'Académie pontificale pour la vie a publié un document intitulé ' «Réflexions sur le clonage». Ce document condamne fermement toute expérimentation avec des humains ou leurs cellules à des fins de clonage humain[32].
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+ Le clonage désigne principalement deux processus. C'est d'une part la multiplication naturelle ou artificielle à l'identique d'un être vivant, c'est-à-dire avec conservation exacte du même génome pour tous les descendants (les clones). C'est donc un synonyme de certaines formes de multiplication asexuée telles que le bouturage. C'est d'autre part la multiplication provoquée d'un fragment d'ADN par l'intermédiaire d'un micro-organisme. Ainsi, en biologie, le mot clonage désigne plusieurs choses :
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+ Au sens scientifique, le clonage est l'obtention d'un être vivant génétiquement identique à l'original qui a fourni son génome.
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+ Des vrais jumeaux, monozygotes, chez les animaux et chez l'Homme sont des clones naturels. Ils démontrent à la fois les ressemblances et les différences que l'on peut attendre chez des clones artificiels, en raison du contexte différent où ils peuvent être placés (alimentation, traitement différents par l'éleveur ou les parents, etc.).
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+ Le terme clone est utilisé pour la première fois en 1903 par le botaniste H. J. Webber en désignant des plantes reproduites par multiplication asexuée. Ce mot sera ensuite réutilisé par J. B. S. Haldane.
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+ Dans la nature, le clonage n'est rien de plus qu'un mode de reproduction parmi tous ceux à la disposition des êtres vivants. C'est même le plus répandu puisqu'il concerne toutes les cellules procaryotes (division), presque tous les eucaryotes unicellulaires (mitose) à l'exception de ceux qui pratiquent la reproduction sexuée (faisant intervenir la méiose), mais également de nombreux végétaux et animaux multicellulaires.
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+ Le clonage peut être naturel chez les plantes (fraisier, ail, etc.); il est dans ce cas le plus souvent appelé multiplication végétative. Il a lieu par émission de rejets, par marcottage naturel, par division naturelle de rhizomes ou de stolons, par création d'organes spécialisés bulbilles, etc.
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+ Certaines espèces végétales émettent des rejets, comme l'olivier. Lorsque l'ortet initial vieillit, il émet des rejets sur le pourtour de sa souche. Ces ramets deviennent ensuite autonomes et se séparent entre eux lors de la disparition de la souche initiale avec le temps. D'autres, comme les fraisiers, produisent des stolons, rameaux dont le bourgeon terminal s'enracine au contact d'un substrat favorable et reproduit ainsi, par marcottage naturel, une plante identique à la plante mère. Par bouturage naturel des morceaux de plante peuvent repousser s'ils se retrouvent placés dans de bonnes conditions, et redonner une plante adulte complète.
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+ En horticulture et en culture, les techniques de reproduction des plantes par clonage peuvent être pratiquées en laboratoire, sous serres ou sur le terrain. Elles sont applicables chez beaucoup de dicotylédones produisant des méristèmes en abondance et sur quelques monocotylédones également (le bananier peut se multiplier par rejets, la canne à sucre par bouturage). On peut citer le greffage, le bouturage et d'autres techniques cette fois inspirées de la multiplication végétative naturelle : (le marcottage, le démariage de rejets ou la division de rhizomes et de stolons, etc.).
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+ En laboratoire, on pratique la culture in vitro de méristèmes (ou d'autres parties de la plante) produisant des embryons puis des plantules complètes (voir embryogenèse somatique et embryogenèse zygotique). Les techniques in vitro sont les seules qui peuvent être employées pour des monocotylédones comme le palmier dattier, le palmier à huile. Les producteurs parlent de « vitroplants »[1].
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19
+ Le comportement et la forme des clones peuvent différer selon la partie de la plante d'où sont extraites les cellules destinées à les produire. Par exemple, chez les fraisiers des bourgeons adventifs stipulaires ou donnent des fraisiers à feuilles plus claires et plus rondes. Ils présentent un métabolisme différent, un nombre plus élevé de stolons, un réceptacle floral plus court, des étamines aux anthères plus grosses, alors que le clone axillaire est, lui, moins bien pollinisé et produit pour cette raison des fruits plus souvent difformes, notamment en l'absence d'agents pollinisateurs[2].
20
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21
+ Le clonage végétal a déjà permit de réinsérer des espèces disparues. Comme la Cylindrocline lorencei qui a pu être réimplantée par le conservatoire botanique national de Brest en 2007, à partir de vielles semences[3].
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+
23
+ Dans le domaine animal, un pas est franchi au XXe siècle grâce au clonage à partir de noyaux de cellules différenciées, réimplantés dans des ovocytes préalablement énucléés. Cette technique au taux de réussite encore faible et qui n'a abouti que chez quelques espèces en est à ses balbutiements. Des problèmes de vieillissement accéléré semblent pouvoir être reliés à l'état des télomères.
24
+
25
+ La technique du clonage par implantation d'un noyau dans un ovocyte énucléé est mise au point en 1952 par Briggs & King[4]. Ils introduisent un noyau provenant de la blastula d'une grenouille dans un ovocyte dont le noyau a été éliminé. Le stade blastula étant issu du développement embryonnaire précoce des vertébrés, il a fallu attendre 10 ans de plus pour voir l'avènement du premier organisme cloné à partir d'un noyau de cellule différenciée. En effet, en 1962, Gurdon introduit le noyau d'une cellule intestinale de têtard dans un ovocyte énucléé de Xénope et obtient des amphibiens viables et fertiles[5].
26
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27
+ Au début des années 60, l'embryologiste chinois Tong Dizhou, fut le premier à cloner un poisson à partir du noyau d'une cellule d'embryon. Il publia ses recherches dans un magazine scientifique chinois qui ne semble pas avoir été traduit à l'époque[6]. C'était 33 ans avant la brebis Dolly, mais Dolly, elle, fut clonée à partir d'une cellule provenant d'un individu adulte.
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+
29
+ Cette technique a permis de cloner les animaux suivants :
30
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+ Toutes ces expériences ont montré que le clonage des mâles est en général plus délicat que celui des femelles. De plus, pour des raisons encore inconnues, seuls 5 à 10 % des œufs fabriqués et réimplantés produisent des clones viables ou en bonne santé apparente. On ne comprend pas non plus pourquoi certaines cellules d'un organisme se clonent mieux que d'autres.
32
+
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+ Un second pas est franchi avant le nouveau millénaire par le clonage de seconde génération (obtention d'organismes clonés à partir d'autres organismes clonés) sur des souris, puis un taureau.
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+ En 2007, il existe près d'un millier de cochons clonés et près de 3 000 bovins[14].
36
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+ Seul le matériel génétique du noyau est transféré lors d'un clonage. L'ADN mitochondrial reste celui de la cellule réceptrice tout comme la machinerie nécessaire à la transcription de l'ADN pendant les premières phases du développement embryonnaire. Une autre source de variation est la régulation épigénétique. L'épigénétique conserve une même séquence ADN mais en modifiant l'expression de certains gènes en régulant la condensation de l'ADN (modifiant la production de protéines entre autres effets), ceci permet par exemple aux différentes cellules humaines de devenir des cellules différenciées sans modifications de leur séquence ADN. De même, des facteurs environnementaux peuvent modifier le devenir des embryons. En pratique les animaux clonés diffèrent sur plusieurs paramètres et sont moins ressemblants que de vrais jumeaux monozygotes (ayant le même patrimoine génétique)[14]. Cela est particulièrement visible en cas d'animaux tachetés, les taches du clone n'ayant pas de raison particulière de se trouver à la même place[15], marquant de façon visible que les deux animaux sont différents.
38
+
39
+ Le clonage, in vitro notamment permet – à faibles coûts – la création délocalisée de grands nombres d'individus. Il permet de recréer des plantes en voie de disparition, mais recherchées par les collectionneurs ou amateurs (ex : orchidées qu'il n'est alors plus nécessaire de prélever dans la nature pour les vendre par exemple). Plus important : il assure à la recherche que l'on va travailler sur des spécimens identiques, éliminant un facteur de bruit dans les mesures.
40
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+ Par contre, l'utilisation croissante de clones dans l'agriculture et la sylviculture est source d'une importante perte de biodiversité, et par là de fragilisation d'espèces qui sont des ressources agricoles et pour l'élevage. Les plans issus de clones ou de greffes sont souvent à terme plus fragiles et sensibles aux épidémies de pathogènes, c'est un fait déjà noté, il y a presque 200 ans, par un fonctionnaire français François-Joseph Grille, qui, sans employer le vocabulaire des écologues modernes, protestait déjà contre l'appauvrissement génétique des populations d'ormes trop volontiers clonés et/ou greffés au détriment de la richesse adaptative que permet le semis :
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+ « Les planteurs d'ormes se bornent trop souvent au moyen le plus facile, qui est de planter par rejeton et par éclats de racines ; mais ils en sont les dupes et ils n'obtiennent que des sujets rabougris qui ne rapportent presque rien. On distingue au premier coup-d'œil, à la beauté de leur port et à la vigueur de leur végétation, les ormes de semis, et ceux à feuilles étroites greffés sur sujets écossais, dans les plantations d'agrément, dans les parcs, et sur les pelouses qui environnent les maisons de campagne[16]. »
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+ — François-Joseph Grille, Description du département du Nord
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+ Cette homogénéisation génétique a effectivement peut-être contribué à la rapide explosion de la graphiose de l'Orme.
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+ Des sylviculteurs tels que Akira Miyawaki ou l'école de sylviculture Prosilva ont développé des techniques visant au contraire à utiliser la biodiversité pour augmenter la résilience forestière, ce qu'encourage aussi l'écolabel forestier FSC.
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+ Plusieurs rapports provenant d’agences de sécurité et en particulier de l’AFSSA, de l’AESA (Agence Européenne de Sécurité Alimentaire) et la FDA tentent d’établir des règles permettant de déterminer si les produits issus des clones sont sains ou non pour les consommateurs. Selon ces rapports, après six mois, un clone ne se distingue presque en rien qui soit mesurable des animaux contrôlés. Un vétérinaire appliquant les règles classiques permettant de déterminer si la carcasse d’un animal peut être introduite dans les circuits de consommation, donnerait apparemment sans hésiter son autorisation pour la consommation des carcasses des clones de plus de six mois. Cependant certains vétérinaires et scientifiques suggèrent que les clones ont une sensibilité un peu augmentée vis-à-vis de certaines maladies infectieuses, mais surtout qu’ils ne doivent pas être totalement sains étant donné leurs débuts souvent difficiles dans la vie[17]. Jean-Louis Peyraud, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique a déclaré : «Des cas de veaux à trois pattes ou d'animaux à deux têtes ont été rapportés»[18]. Toutes ces observations ont conduit la FDA et l’AESA à publier, en 2008, chacune un rapport sur les risques alimentaires de la consommation des produits issus des clones, après avoir pris en compte les avis des représentants de la société civile. Les deux organisations ont alors conclu que rien ne pouvait faire supposer que la consommation de produits issus du clonage comporte un risque alimentaire, mais que cependant cette observation ne reposait pas sur assez de données et qu'il serait souhaitable d'augmenter les études sur le clonage[17].
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+ En 2020, la viande issue d'animaux ayant été clonés est de plus en plus fréquente, elle est légale dans certains pays comme les États-Unis, où la Food and Drug Administration (l'Agence américaine du médicament et de l'alimentation) a déclaré que la consommation de lait et viande produites par des animaux clonés était sans risque. Le Brésil et le Canada autorisent également la consommation de ce genre de produits. En Europe, certes aucune demande d'autorisation de vente de viande ou lait de clones n'a été faite, mais il n'est pas impossible que quelques-uns de leur descendants y aient été mangés car jusqu'en 2015 les clones ne faisaient pas l'objet d'une législation, et la viande a pu aussi être importée d'Amérique[19]. L'Agence européenne de sécurité des aliments n'a cependant pas d'inquiétudes, en 2017, pour la santé humaine[20]. Rien n’interdit non plus l’importation directe de viande ou de lait issus des enfants de ces clones, nés à l’étranger[21].
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+ Le Groupe européen d'éthique[22] a conclu dans son avis : « Étant donné le niveau actuel de maladies et de problèmes de santé des mères porteuses et des animaux clonés, le groupe doute que le clonage d'animaux à des fins alimentaires soit justifié d'un point de vue éthique. La question de savoir si cela s'applique également à la progéniture demande une recherche scientifique plus poussée. À l'heure actuelle, le GEE ne voit pas d'arguments convaincants pouvant justifier la production d'aliments à partir d'animaux clonés et de leur progéniture »[23]. Ce groupe a aussi listé des mesures à prendre en cas d'introduction d'aliments issus d'animaux clonés dans l'UE. Les eurodéputés ont donc adopté une législation le mardi 8 septembre 2015, interdisant le clonage d'animaux à des fins d'élevage et d'alimentation dans l'Union européenne, mais aussi l'importation de descendants et de produits issus d'animaux clonés (viande, lait, matériel reproducteur, etc.). Les autres pays devront quant à eux, garantir que les produits qu'ils exportent en Europe ne sont pas issus de clones; par un système de certificats[24].
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+ Les promoteurs du clonage d'animaux d'élevage estiment qu'il répond à des enjeux de recherche agronomique (accélérer la sélection animale, sauver des races en voie de disparition) et scientifique (mieux comprendre les mécanismes de la régulation épigénétique des premières phases du développement embryonnaire). La sécurité des aliments issus d'animaux clonés reste discutée, malgré la publication d'un avis favorable de la Food and Drug Administration (organisme fédéral américain chargé de contrôler la qualité des produits alimentaires mis en vente sur le marché américain) estimant que « la viande et le lait issus de bovins, de porcs et de chèvres clonés, ainsi que de la progéniture de clones d'espèces traditionnellement consommées sous forme d'aliments, ne présentent pas plus de dangers que ceux issus d'animaux élevés selon les méthodes classiques […] L'agence n'exige pas l'étiquetage, ni aucune autre mesure supplémentaire, pour les aliments issus de clones de bovins, porcs ou chèvres clonés, ou de leur progéniture, car les aliments issus de ces sources ne diffèrent aucunement de ceux issus de bêtes élevées selon des méthodes classiques […] Étant donné que les clones seraient utilisés pour l'élevage, leur introduction dans la chaîne alimentaire ne se ferait pas en nombres importants. Au contraire, leur progéniture issue de la reproduction sexuelle serait utilisée pour la production de viande et de lait destinés à la commercialisation. À l'heure actuelle, l'agence continue de recommander que les aliments issus d'espèces clonées autres que les bovins, porcs et chèvres (ex. les ovins) ne soient pas introduits dans la chaîne alimentaire ».
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+ Début 2008, l'EFSA (Agence européenne de la sécurité alimentaire) prépare un nouvel avis sur ces questions[25]. D'après un rapport de la FDA publié en 2006, et d'un rapport de l'EFSA publié en 2008, il n'existe pas de différence ni de danger en matière de sécurité sanitaire entre les produits alimentaires dérivés d'animaux clonés et ceux traditionnels. Selon ce rapport, compte tenu du manque d'études à l'époque il y avait des incertitudes dans l'évaluation des risques[26],[27].
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+ En 2008, 58 % des sondés par la Commission européenne se prononcent en défaveur du clonage animal, en raison de la considération du bien-être animal[28].
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+ Le clonage, par copie d'un génome, ne permet pas la diversification et recombinaison du gène caractéristique de la reproduction sexuée. Or cette dernière est selon la théorie de l'évolution le moyen de l'adaptation du Vivant et de la biosphère aux changements environnementaux, et le gage de coévolution des organismes à reproduction sexuée avec celle de leurs prédateurs, pathogènes et parasites.
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+ Au-delà des questions techniques relevant du clonage animal en général, le clonage de l'humain pose des problèmes philosophiques nouveaux, débouchant sur la question d'une législation spécifique. Quelques chercheurs travaillent actuellement sur le clonage humain reproductif. Sans nier l'exploit technologique que constituerait une telle réalisation, la tendance internationale semble pencher vers l'interdiction, pour l'instant, des recherches sur le domaine. Ceci étant, un sondage CNN[29] montre un intérêt toujours grandissant du public pour la technique. Arnold Schwarzenegger, ex-gouverneur de la Californie a milité en faveur du clonage humain[30]. Les opposants au clonage semblent d'autant plus pressés d'arriver à un consensus international. Les États-Unis, avec plus de cinquante autres pays, ont signé un appel à une interdiction totale du clonage humain. Un autre texte interdisant seulement le clonage reproductif a été rédigé par la Belgique et soutenu par plus de vingt pays, dont la Russie, le Japon, le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Danemark. La recherche en faveur du clonage humain reproductif exprime une quête encore fantasmatique, de l'homme, pour son immortalité.
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+ Fin 2002, la firme Clonaid, associée au mouvement raélien, a affirmé par voie médiatique avoir réalisé le clonage d'êtres humains mais aucune preuve scientifique de leur existence ne fut apportée. Le tout est tombé dans l'oubli depuis.
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+ Il est admis scientifiquement que l'identité de l'être ne se résume pas à son génotype, ce qui signifie qu'il est impossible de produire deux êtres identiques simplement en dupliquant un génome. Le cas de vrais jumeaux (dits monozygotes), qui peut être techniquement apparenté au clone, ne peut être considéré comme un exemple de clonage humain, au sens où le principe de reproduction sexué entre deux parents est assuré naturellement, sans intervention technologique, et après brassage génétique.
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+ Mais tout ceci pose des questions éthiques, philosophiques, et religieuses importantes en ce début de XXIe siècle conduisant à de nombreux débats. Devons nous considérer le clone, comme un Homme à part entière ou comme une pâle reproduction, une sorte de sous-homme ? Devons nous les considérer comme notre égal ? Faut-il créer une législation nouvelle pour les clones ? Tant de questions qui sont à débattre.
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+ Cette nouvelle forme de génération présente par exemple des difficultés juridiques concernant le statut légal du clone. Notamment lorsque l'on parle de clonage « thérapeutique », qui implique que le clone soit mis au service d'autrui par sa destruction partielle, voire totale.
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+ En mai 2005, des chercheurs de Corée du Sud et du Royaume-Uni ont annoncé les premiers clonages d’embryons humains à des fins de recherches thérapeutiques.
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+ En 2008, des chercheurs américains, des entreprises Stemagen et Reproductive Science Center, ont annoncé avoir obtenu trois embryons clonés à partir de cellules adultes (cellules de peau) et d'ovocytes énucléés. C'est la première fois que des embryons sont obtenus à partir de cellules qui ne sont pas des cellules souches[31].
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+ Après l'intervention des scientifiques Ian Wilmut et Keith Campbell en relation avec le mouton Dolly, l'Académie pontificale pour la vie a publié un document intitulé ' «Réflexions sur le clonage». Ce document condamne fermement toute expérimentation avec des humains ou leurs cellules à des fins de clonage humain[32].
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+ Le comte Alessandro Giuseppe Antonio Anastasio Volta, né à Côme le 18 février 1745 et mort dans cette même ville le 5 mars 1827, est un physicien et chimiste lombard.
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+ Il est connu pour ses travaux sur l'électricité et pour l'invention de la première pile électrique, appelée pile voltaïque[1]. Son nom est à l'origine de l'unité de tension électrique.
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+ Issu d'une famille aristocratique de Côme (par sa mère, Donna Maddalena, il était lié à la famille des Inzaghis[2]), Volta épousa en 1794 une femme de sa condition, Teresa Peregrini. Ils auront trois fils : Zanino, Flaminio et Luigi.[1]
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+ En 1774, il fut nommé professeur de physique de l’École royale de Côme. L'année suivante, il simplifiait la fabrication de l’électrophore, machine électrostatique décrite en 1762 par le physicien suédois Johan Wilcke[3],[4]. Volta fit une telle publicité à cet appareil qu'il en passe pour l'inventeur. En 1777, il voyagea en Suisse et s'y lia d'amitié avec H.-B. de Saussure.
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+ Intrigué par des gaz inflammables qui s'échappent dans les marais proches de sa maison (l’« air inflammable » de Benjamin Franklin), Volta s’intéresse en 1776 à la chimie des gaz : c'est ainsi qu’en novembre 1776, il préleva des capsules de miasmes des zones marécageuses de l'îlet Partegora du lac Majeur[5] et en isola la fraction inflammable, le méthane[6] dont il comprend qu'il est issu de la putréfaction des plantes[7]. Il conçut ses propres expériences, notamment le protocole d’ignition du méthane par une étincelle électrique dans un tube obturé. Volta étudia l’électrisation des solides, en s'efforçant de mesurer séparément la tension électrique (V) et la charge électrique (Q) : c’est ainsi qu’il découvrit que pour un corps donné, ils sont proportionnels (« loi de capacitance[8] »), et c’est en hommage à ce chercheur que l’unité de tension électrique s’appelle le volt.
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+ En 1779, il fut appelé à la chaire de physique expérimentale à l’université de Pavie, qu’il conserva pendant près de 40 ans[9].
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+ Luigi Galvani avait découvert un phénomène qu’il qualifiait d’« électricité animale » : lorsque l'on connecte deux disques métalliques de métaux différents par une patte de grenouille, celle-ci se contracte, indiquant le passage d'un courant électrique. Volta eut l'idée de substituer à la patte de l’animal un buvard imbibé de saumure, et ses méthodes d’étude de la charge électrique lui permirent de montrer que, dans les deux cas, il y avait échange de charge électrique et apparition d’une tension entre les deux métaux.
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+ Il introduit ainsi la notion de « couple électrochimique », et formule la loi selon laquelle la force électromotrice (fem) d'une pile galvanique, réalisée par mise en contact de deux électrodes métalliques via un électrolyte, est la différence entre deux « potentiels d’électrode », qui ne dépendent que de la nature du métal constitutif : il s'ensuit que deux électrodes d’un même métal ne peuvent développer de tension.
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+ En 1800, un différend professionnel à propos de l’interprétation biologique de Galvani poussa Volta à inventer la pile voltaïque, une pile électrique primitive débitant un courant électrique à peu près stable[10]. Volta savait que l'accouplement de métaux le plus efficace pour produire de l'électricité est le couple zinc-argent. Il fit d'abord l'essai de deux piles branchées en série ; chacune de ces piles était un gobelet de vin rempli de saumure, dans laquelle trempaient les électrodes ; puis il remplaça les gobelets par des lamelles de carton imbibées de saumure, interposées entre les rondelles de zinc et d'argent empilées alternativement.
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+ Plusieurs chercheurs ont étudié le phénomène de la pile de Volta et ont essayé de l'améliorer. Certains ont découvert l'illumination à arc qui démontre que l'électricité provoque une sorte d'éclair. Ils ont démontré le phénomène en reliant les deux bornes de la pile à un morceau de charbon.
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+ Le 2 mai 1800, deux chimistes britanniques, William Nicholson (1753-1815) et Sir Anthony Carlisle (1768-1840) réalisent la première électrolyse (celle de l'eau) en utilisant la pile de Volta comme générateur, permettant ainsi d'identifier les deux constituants de l'eau, oxygène et hydrogène. Cette découverte ouvre la porte à toutes sortes d'électrolyses dont celle de l'aluminium et du cuivre.
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+ Les premières batteries étaient composées de plusieurs piles voltaïques réunies.
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+ Un des principaux défauts de la pile de Volta était son manque d'étanchéité ; la saumure dans laquelle étaient plongés les morceaux de carton coulait de la pile. Ce problème est maintenant résolu car on remplace la saumure par un gel plus consistant.
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+ En 1820, Hans Christian Ørsted découvrit que les phénomènes électriques étaient de près reliés aux phénomènes magnétiques. Il remarqua que l'aiguille de sa boussole changeait de direction lorsqu'il la déplaçait autour d'un fil relié à la pile de Volta ; tout dépendant de sa position, la boussole n'indiquait pas la même direction.
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+ En 1836, John Daniell mit au point la première pile impolarisable.
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+ Alessandro Volta est devenu membre de la Royal Society le 5 mai 1791. Celle-ci lui décerna la médaille Copley en 1794.
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+ Napoléon Bonaparte lui décerna le titre de comte du Royaume en 1810 ; en 1815, l'empereur d'Autriche le nomma professeur de philosophie à Padoue.
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+ Alessandro Volta est enterré dans la ville de Côme, en Italie ; le temple Volta, près du lac de Côme est consacré à son travail ; ses instruments et papiers originaux y sont présentés. Le bâtiment est apparu, ainsi que son portrait, sur la devise italienne de 10 000 lires.
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+ En 1881, l'unité de tension électrique, le Volt, est nommée en son honneur.
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+ Le constructeur automobile Toyota a donné le nom d'Alessandro Volta à un concept-car présenté en 2004 au Salon de l'automobile de Genève.
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+ Écartelé : au I, du quartier des comtes sénateurs du royaume d'Italie ; au II d'azur, au cygne d'argent, surmonté d'un arc de voute du même ; au III de gueules, à une pile voltaïque et au condensateur d'argent ; au IV, de sinople à deux barres d'argent.[11],[12],[13]
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+ Clovis Ier, en latin Chlodovechus, né à Tournai vers 466 et mort à Paris le 27 novembre 511, est roi des Francs saliens, puis roi de tous les Francs de 481 à 511.
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+ Issu de la dynastie des Mérovingiens, il est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai (en actuelle Belgique), et de la reine Basine de Thuringe. Chef militaire, il accroît considérablement le territoire du petit royaume des Francs saliens, dont il hérite à la mort de son père, pour finir par unifier une grande partie des royaumes francs, repousser Alamans et Burgondes et annexer les territoires des Wisigoths dans le sud de la Gaule.
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+ Le règne de Clovis est surtout connu par la description qu'en fit Grégoire de Tours, évêque gallo-romain dont l'Histoire des Francs est riche d'enseignements, mais dont la visée, essentiellement édifiante, s'accompagne d'un manque de précision et de cohérence historique. Les éléments de la vie de Clovis ne sont pas connus de manière certaine et leur « habillage » est le plus souvent suspect. Néanmoins, Clovis est considéré dans l'historiographie comme un des personnages les plus importants de l'histoire de France.
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+ Le règne de Clovis est l'un des moins bien documentés de la dynastie mérovingienne ; les sources le concernant reposent sur de rares documents qui lui sont contemporains — une dizaine de lettres allusives dont une lui est attribuée qui fait moins de quinze lignes — connues par des copies tardives, pas toujours très fiables[5], et sur des auteurs qui écrivent près de trois générations après sa mort[6]. Cette documentation lacunaire a permis « de largement spéculer sur la figure du fondateur de la dynastie mérovingienne »[5] qui « réduit à sa seule consistance historique vérifiable […] serait demeuré dans la discrétion de l'histoire savante »[7].
10
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+ L'essentiel de ce que l'on sait de Clovis provient du récit rédigé à la fin du VIe siècle par l'évêque Grégoire de Tours, né près de trente ans après la mort du roi franc. Ce récit occupe une courte partie — quinze courts chapitres[Note 1] — du livre II de la chronique universelle connue sous le titre d'Histoire des Francs. Grégoire entend faire de Clovis, premier roi franc baptisé, une figure fondatrice qu'il dépeint à l'image d'un souverain de l'Ancien Testament dans un récit qui est à ce titre sujet à caution[6]. Sa narration des événements suit un découpage par tranches de cinq années, peut-être une réminiscence des quinquennalia ou des lustra romaines : accession au trône à 15 ans, guerre contre Syagrius à 20, baptême à 30, consulat à 40 et décès à 45[8]. À partir du VIIIe siècle, les copistes tendent à escamoter le premier volume des Histoires, contribuant à faire de Clovis le roi des origines[9].
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+ Trois sources antérieures à celle de Grégoire de Tours décrivent la situation politique du nord de la Gaule[10] à cette époque. Il s'agit de la Chronique d'Hydace, évêque de Chaves en Gallæcia[11], d'une chronique gallo-romaine du Ve siècle, la Chronica Gallica de 452 (continuée par la Chronica Gallica de 511) et de la Chronique de Marius, évêque d'Avenches[12]. Un siècle après Grégoire, le chroniqueur Frédégaire propose un portrait « beaucoup plus baroque » du souverain franc, oscillant entre traditions germaniques et romaines[6].
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+ La seule forme contemporaine écrite attestée de son nom est le latin Chlodovechus, rendant probablement son nom francique reconstitué en runes ᚺᛚᛟᛞᛟᚹᛁᚷ[réf. nécessaire] : *Hlodowig[14],[Note 2], que l'on suppose prononcé [xlod(o)wɪk] ou [xlod(o)wɪç], signifiant « glorieux au combat », Chlodowig, étant composé des racines hlod (« renommée », « illustre », « gloire ») et wig (« bataille », « combat »), c'est-à-dire « illustre dans la bataille » ou « combat de gloire »[15].
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+ Fréquemment utilisée par les Mérovingiens, la racine hlod est aussi à l'origine de noms tels que Clotaire (Lothaire) et Clodomir, Clodoald ou encore Clotilde. L'appellation du roi franc dérive ensuite de « Hlodovic » puis « Clodovic » qui, latinisé en Chlodovechus, donne Chlodweg, Hlodovicus, Lodoys, Ludovic, « Clovis »[16] et « Clouis », dont est né en français moderne le prénom Louis, porté par dix-sept rois de France. Il donne aussi en allemand Ludwig.
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+ Comme tous les Francs du début de l'ère chrétienne, Clovis parlait une ou des langue(s) germanique(s) du sous-groupe linguistique dit bas francique.
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+ Du déclin de l'Empire romain d'Occident et des « invasions barbares » résulte l'établissement durable de royaumes barbares dans l'Empire et notamment en Gaule[17]. Les peuples fraîchement installés occupent des parties de territoire avec le statut de fédérés (fœdus) puis, avec la déliquescence du pouvoir romain en Occident se constituent bientôt en royaumes indépendants cherchant à s'étendre au détriment des territoires voisins. Quand Clovis apparaît dans l'histoire, les Francs occupent le nord de la Gaule à la suite d'une série d'incursions souvent brutales[17]. Les Wisigoths — ennemis des Francs[18] — dominent un vaste territoire au sud-ouest de la Gaule dont la frontière est marquée par la Loire, le Rhône et la Durance, les Burgondes sont établis dans la Sapaudia à l'est de Lyon sur un espace qui s'étend de Langres à la Durance. Enfin, les Bretons, fuyant leur île, s'installent en Armorique vers le milieu du Ve siècle[17].
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+ Les Francs constituent une ligue de peuples germaniques qui, bien qu'ayant établi un fœdus avec l'Empire[19], sont restés païens à la différence de peuples plus romanisés tel les Burgondes, Ostrogoths, Vandales ou les Wisigoths[20] qui adoptent largement le christianisme arien de tendance homéenne de Wulfila[21]. Malgré les tentatives d'harmonisation théologique et dogmatique afin de définir une orthodoxie[22], l'Empire est à cette époque traversé de débats christologiques qui opposent le christianisme nicéen au christianisme arien et perdurent tout au long du Ve siècle[23], et les dirigeants adhèrent tantôt à l'une ou à l'autre des professions de foi concurrentes[24] même s'il faut noter qu'en Gaule, les rapports entre les différentes confessions chrétiennes sont souvent dépourvus d'hostilité[25].
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+ Clovis est le fils du mérovingien Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai, et de la reine Basine de Thuringe[26], peut-être originaire de la Thuringe rhénane[26] ou de la Bretagne insulaire[27]. Il est né à une date inconnue de la moitié du Ve siècle, certains auteurs avançant les alentours de l'année 466[28].
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+ Grégoire de Tours fait apparaître Childéric Ier dans son récit en 457[29], lorsque celui-ci déshonore les femmes de ses sujets, provoque la colère de son peuple et le chasse. Il se réfugie alors en Thuringe pendant huit ans, probablement à partir de 451[30]. Vivant auprès du roi Basin, il séduit la femme de son hôte, Basine. Puis il retourne dans sa province, les Francs saliens le réclament à nouveau sur le trône. Le roi épouse Basine qui, entre-temps, avait quitté son époux pour rejoindre le roi franc. De ce mariage naît Clovis.
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+ Trois autres enfants naissent de cette union :
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+ Childéric, exerçant des fonctions administratives, doit résider dans une ou plusieurs cités de Belgique seconde et occuper le palais attribué à l’attention des gouverneurs romains. Son fils a dû naître à Tournai et recevoir, selon les coutumes germaniques, un baptême païen. Son parrain le nomme Chlodweg et le plonge dans l’eau huit jours après sa naissance. Son éducation a dû se faire dans la partie de la résidence réservée aux femmes, le gynécée. Vers six ou sept ans, son père dut prendre en charge son éducation[32] en lui offrant un casque de fer, un bouclier et un scramasaxe utilisé pour la parade. Même si sa majorité est fixée à douze ans[33], il ne lui est cependant pas possible de combattre avant l'âge de quinze ans[34]. Il reçoit une instruction basée sur la guerre : des activités sportives, l’équitation et la chasse. Il parle le francique, et devant succéder à son père à la tête d’une province romaine, il apprend le latin. Néanmoins, il n’est pas possible de prouver qu’il ait su lire et écrire. Il dut aussi se voir enseigner l’histoire de son peuple[35].
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+ À la mort de son père, en 481 ou 482, Clovis hérite d'un royaume qui correspond à la Belgique seconde (à peu près la région de Tournai en actuelle Belgique), petite province située entre la mer du Nord, l'Escaut et le Cambrésis, soit un territoire allant de Reims jusqu'à Amiens et Boulogne, à l'exception de la région de Soissons, qui est contrôlée par Syagrius.
34
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+ Clovis prend la tête du royaume franc salien. Le titre de « roi » (en latin rex) n'est pas nouveau : il est notamment dévolu aux chefs de guerre des nations barbares au service de Rome. Ainsi, les Francs, anciens fidèles serviteurs de Rome, n'en demeurent pas moins des Germains, des barbares païens, bien éloignés par leur mode de vie des Gaulois romanisés par près de cinq siècles de domination et d'influence romaine.
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+ Clovis n'est alors âgé que de quinze ans[Note 5] et rien ne prédispose ce petit chef barbare parmi tant d'autres à supplanter ses rivaux. Les historiens ont longtemps débattu sur la nature de la prise du pouvoir par Clovis. Au XVIIIe siècle, ils s'affrontent sur l'interprétation d'une lettre de l'évêque Remi de Reims. Montesquieu, dans l'Esprit des lois, penche pour une conquête du royaume par les armes, alors que l'abbé Dubos[Note 6] prône la dévolution, par l'Empire romain finissant, de la Belgique seconde à la famille mérovingienne[36]. Aujourd'hui, cette dernière thèse l'emporte.
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+ À la lumière des événements postérieurs, sa réussite militaire doit évidemment à ses qualités personnelles de chef (« astutissimus »[37]), mais au moins autant à l'acquisition depuis longtemps par les siens de l'expérience romaine de la guerre — la discipline exigée de ses soldats lors de l'épisode de Soissons en témoigne, tout comme la tombe de son père Childéric — et à sa conversion au christianisme et, à travers celle-ci, son alliance avec les élites gallo-romaines.
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+ Ainsi, le règne de Clovis s'inscrit-il plutôt dans la continuité de l'Antiquité tardive que dans le Haut Moyen Âge pour de nombreux historiens. Il contribue cependant à forger le caractère original de cette dernière période en donnant naissance à une première dynastie de rois chrétiens et, en raison de son acceptation par les élites gallo-romaines, en créant un pouvoir original en Gaule.
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+ Toute sa vie, Clovis s'efforce d'agrandir le territoire de son royaume, avant que ses enfants ne le partagent entre eux. Peu à peu, Clovis conquiert ainsi toute la moitié septentrionale de la France actuelle : il s'allie d'abord aux Francs rhénans, puis aux Francs de Cambrai dont le roi Ragnacaire est probablement un de ses parents[38].
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+ Pour assurer l'expansion de son domaine, Clovis n'hésite pas à éliminer tous les obstacles : il fait ainsi assassiner tous les chefs saliens et rhénans voisins et, afin de s'assurer également que seuls ses fils hériteront de son royaume, certains de ses anciens compagnons et même certains membres de sa famille, y compris éloignés. En 490, quelques années après une alliance avec les Francs rhénans, il entame une série d'offensives contre la Germanie rhénane et transrhénane.
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+ Il se lance ainsi dans une grande série d'alliances et de conquêtes militaires, à la tête de quelques milliers d'hommes au départ. Mais plus que les armes, certes efficaces, des Francs, c'est semble-t-il le savoir-faire acquis au service de l'Empire romain et contre les autres barbares qui rend possibles les succès militaires des guerriers de Clovis.
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+ À travers lui, ce n'est pourtant pas un peuple germanique qui s'impose aux Gallo-romains : c'est la fusion d'éléments germains et latins qui se poursuit. Ainsi, alors que Chlodowig (Clovis) porte un nom barbare et que Syagrius est pourtant qualifié de « Romain » par les sources, ce dernier ne bénéficie visiblement pas de l'appui de son peuple. Le roi « barbare » ostrogoth Théodoric le Grand, dans sa prestigieuse cour de Ravenne, perpétue par ailleurs tous les caractères de la civilisation romaine tardive, tout en restant un Ostrogoth arien, un barbare hérétique aux yeux de l'Église.
50
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+ Malgré de durs combats, Clovis sait néanmoins s'imposer assez rapidement parce qu'il paraît déjà passablement romanisé et, en définitive, un moins mauvais maître que la plupart des prétendants : « au moins est-il chrétien », auraient dit les Gallo-romains. Il aurait d'ailleurs eu un conseiller gallo-romain, Aurelianus[39]. À l'inverse, les Wisigoths, chrétiens mais ariens, tiennent l'Aquitaine d'une main de fer et ne font aucun effort pour tenter un rapprochement avec les Gallo-romains chrétiens nicéens, qu'ils dominent.
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+ Avant 486, Clovis choisit de renforcer ses positions en contractant un mariage[40] avec une princesse de la monarchie franque rhénane[41], dont naît un fils, Thierry[40].
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+ Cette union a souvent été interprétée comme l'épisode d'une alliance tactique avec ses voisins orientaux, lui permettant de tourner ses ambitions vers le sud. Cette union avec une épouse dite de « second rang », vue comme étant « gage de paix » (Friedelehe), assure la paix entre Francs rhénans et saliens. Elle a souvent été interprétée à tort comme un concubinage par les historiens romains chrétiens qui ne connaissaient pas les mœurs des structures familiales polygames germaniques, sans mariage public. Les mariages officiels (de premier rang) permettaient à l'épouse de jouir du « don du matin » (la Morgengabe[Note 7]), qui était constitué de biens mobiliers donnés par le mari, ainsi que de commander à ses descendants légitimes.
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+ Le royaume des Francs rhénans s'étend dangereusement sur la Belgique seconde mais l'alliance avec Clovis leur assure la possession des cités de Metz, Toul, Trèves et Verdun que les Alamans menacent[42]. Refusant de se laisser attaquer sur deux fronts, la stratégie impose à Clovis d'attaquer les Thuringiens rhénans, que l'expansion de leur royaume basé sur l'Elbe et la Saale fait déborder sur la rive droite du Rhin inférieur, absorbant Ratisbonne par la même occasion et faisant avancer les Alamans en direction des Francs[43].
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+ À partir de 486, Clovis mène l'offensive vers le sud. Il emporte les villes de Senlis, Beauvais, Soissons et Paris dont il pille les alentours. Il livre la bataille de Soissons contre Syagrius, longtemps considéré comme l'ultime représentant d'une légitimité romaine déliquescente depuis 476[44]. Celui-ci, fils du magister militum per Galliam Ægidius, gouverne en tant que dux, mais les rois des Francs, des Burgondes et des Wisigoths font référence à lui comme "roi des Romains". En 471, il est probable que l'empereur Anthémius (467-472) lui confère le titre de patrice. Puis, il contrôle de façon indépendante à partir de 476 une enclave gallo-romaine située entre Meuse et Loire, dernier représentant du pouvoir gallo-romain en Gaule du Nord. La victoire de Soissons permet à Clovis de contrôler tout le nord de la Gaule. Syagrius se réfugie chez les Wisigoths, qui le livrent à Clovis l'année suivante. Le chef gallo-romain aurait été égorgé en secret.
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+ C'est après cette bataille qu'a lieu — selon Grégoire de Tours — l'épisode du vase de Soissons, où, contre la loi militaire du partage, le roi demande à soustraire du butin un vase liturgique précieux pour le rendre, à la demande de Remi, évêque de Reims, à l'église de sa ville. Après avoir réuni le butin, Clovis demande à ses guerriers de pouvoir ajouter le vase à sa part du butin. Mais un guerrier s'y oppose en frappant le vase de sa hache. Clovis ne laisse transparaître aucune émotion et réussit malgré tout à rendre l'urne à l'envoyé de Remi, mais en garde ressentiment.
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+ L'épilogue se produit le 1er mars 487. Clovis ordonne à son armée de se réunir au Champ-de-Mars pour, selon une pratique romaine, une inspection des troupes et examiner si les armes sont propres et en bon état. Inspectant ses soldats, il s'approche du guerrier qui, l'année précédente, avait frappé le vase destiné à Remi et, sous prétexte que ses armes sont mal entretenues, jette alors la hache du soldat à terre. Au moment où celui-ci se baisse pour la ramasser, Clovis abat sa propre hache sur la tête du malheureux, le tuant net. Sur ordre de Clovis, l'armée doit se retirer en silence, laissant le corps exposé au public[38].
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+ Le testament de Remi fait mention d'un vase d'argent que lui aurait donné Clovis, mais qu'il aurait fondu pour fabriquer un encensoir et un calice[45].
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+ Pour Patrick Périn, « le vase de Soissons ne fut pas cassé car, comme le précise Grégoire de Tours, il fut rendu à celui qui le réclamait en l’occurrence l'envoyé d'un l'évêque. Sûrement en métal précieux comme tout vase liturgique, il fut tout au plus légèrement endommagé »[46].
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+ Au début des années 490, Clovis s’allie avec le puissant Théodoric, roi des Ostogoths, qui non seulement est en train de devenir maître de l'Italie mais soigne son image de représentant légitime des empereurs installés à Constantinople, Zénon puis Anastase Ier. Théodoric épouse en 492 la sœur de Clovis, Audoflède ; vers 493, il abandonne sa première épouse rhénane pour Clotilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Fort de ces alliances au Sud, Clovis a les mains plus libres[44].
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+ En 491, Clovis déclare la guerre aux Thuringiens, dont une hypothèse veut que le royaume s'apparente en fait à celui du roi des Francs saliens Cararic, qui aurait eu pour capitale la cité de Tongres[47] et dont le contour est mal défini mais s'étend probablement dans la région de Trèves ou sur les bouches du Rhin[48]. Cararic s'étant joint à Clovis dans la guerre contre Syagrius, celui-ci est donc son allié. Mais il aurait attendu le déroulement de la bataille pour intervenir auprès du vainqueur, chose que n'apprécie pas Clovis qui finit par le soumettre[38] et le fait tondre avec son fils pour les faire entrer dans les ordres, respectivement en tant que prêtre et diacre. Après avoir eu connaissance de menaces de mort le concernant, Clovis les fait finalement assassiner et s'empare du royaume[49].
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+ Une seconde hypothèse veut que cette guerre soit simplement la réponse à la menace qu'exercent les Thuringiens sur les royaumes francs. Avant 475, le roi des Wisigoths Euric s'est allié à ce peuple, juste après avoir défait les Francs saliens, dont les pirates attaquent la côte occidentale de la Gaule[50].
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+ Basine, la mère de Clovis, étant thuringienne, une explication à cette expédition guerrière accrédite l'idée que Clovis tente de récupérer le territoire dont sa mère était originaire[29]. Cette expédition n'entame pas pour autant la souveraineté de la Thuringe vu qu'il faut attendre le règne de ses fils, Thierry Ier et Clotaire Ier, pour qu'elle soit intégralement soumise, rattachée en partie au royaume des Francs[51] et en partie aux territoires saxons[52].
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+ Les Alamans, fixés de part et d'autre du cours supérieur du Rhin, se montrent menaçants notamment envers les villes de Trêves et de Cologne. Clovis se porte donc au secours du roi franc Sigebert le Boiteux et fait d’une pierre deux coups. En 496, à l'issue de la grande bataille de Tolbiac, il met un terme pour plusieurs années à la menace alamane (définitivement écartée vers 505) ; d'autre part, il gagne la fidélité de ces Francs longtemps appelés rhénans.
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+ Trois puissances exercent leur domination au sud du royaume de Clovis, les Wisigoths au sud-ouest, les Burgondes au sud-est et plus loin, en Italie, les Ostrogoths. Clovis noue des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume sans avoir à affronter une coalition hostile face à lui.
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+ Pendant les années 490, les Francs de Clovis mènent au moins deux expéditions militaires vers le royaume wisigoth de Toulouse (en 496 et 498). Le général wisigoth Suatrius ne peut empêcher les Francs de s'emparer de la cité de Burdigala dont il est peut-être le gouverneur. Il est capturé par les Francs et sort de l'histoire à ce moment[53].
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+ En 492, Théodoric, roi d'Italie, épouse Audofleda, sœur de Clovis Ier, dont il essaie de contenir l'ambition croissante. L'année suivante, il s'accorde avec Clovis pour que celui-ci ne poursuive pas les Alamans au-delà du Danube. Théodoric protège d'ailleurs les rescapés en les installant dans la première Rhétie. Il a ainsi l'avantage de repeupler une contrée et d'acquérir des vassaux.
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+ En 499, Clovis s'allie au roi burgonde de Genève, Godégisile, qui veut s'emparer des territoires de son frère Gondebaud[54]. Afin de sécuriser ses territoires à l'ouest, en 500, Clovis signe un pacte d'alliance avec les Armoricains (peuplades gauloises de la péninsule bretonne et du rivage de la Manche)[55] et les Bretons[56].
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+ Après la bataille de Dijon et sa victoire sur les Burgondes de Gondebaud, Clovis contraint ce dernier à abandonner son royaume et à se réfugier à Avignon[54]. Cependant, le roi wisigoth Alaric II se porte au secours de Gondebaud et persuade ainsi Clovis d'abandonner Godégisèle. Clovis et Gondebaud se réconcilient et signent un pacte d'alliance pour lutter contre les Wisigoths.
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+ Pour manifester l'équilibre de ses alliances, en 502, son fils Thierry épouse en secondes noces [57] Suavegothe, fille de Sigismond, roi des Burgondes (dont il a une fille, Theodechilde) et petite-fille de Gondebaud.
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+ Avec l'appui de l'empereur romain d'Orient Anastase, très inquiet des visées expansionnistes des Goths chrétiens ariens, Clovis s'attaque alors aux Wisigoths qui dominent la majeure partie de la péninsule Ibérique et le sud-ouest de la Gaule (la Septimanie ou « marquisat de Gothie »), jusqu'à la Loire au nord et jusqu'aux Cévennes à l'est.
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+ Au printemps 507, les Francs lancent leur offensive vers le sud, franchissant la Loire vers Tours, pendant que les alliés burgondes attaquent à l'est. Les Francs affrontent l'armée du roi Alaric II dans une plaine proche de Poitiers. La bataille dite de « Vouillé » (près de Poitiers), est terrible selon l'historiographie, et les Wisigoths se replient après la mort de leur roi, Alaric II, tué par Clovis lui-même en combat singulier[58].
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+ Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre en Aquitaine et d'annexer tous les territoires auparavant wisigoths entre Loire, océan et Pyrénées à l'exception des confins pyrénéens tenus par les Basques et les Gascons farouchement attachés à leur indépendance. Les Wisigoths n'ont d'autre solution que de se replier en Hispanie, au-delà des Pyrénées tout en gardant le contrôle de la Narbonnaise première, l'actuel Languedoc. Les Burgondes, quant à eux, font main basse sur la Provence (l'ancienne province romaine de Narbonnaise seconde) et de la partie méridionale de la Provence. Toutefois, les Ostrogoths de Théodoric tentent d'intervenir en faveur des Wisigoths. Ils reprennent bien la Provence et quelques petits territoires après la levée à l'automne 508 du siège d'Arles, mais l'empire d'Orient menace leurs côtes, et Clovis garde l'essentiel des anciens territoires wisigoths.
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+ En 508, après sa victoire sur les Wisigoths, Clovis reçoit de l'empereur d'Orient Anastase Ier le consulat honoraire[59] avec les ornements consulaires[60], ce qui lui permet de célébrer à Tours un triomphe à la mode antique[6]. Cela marque la continuation des bonnes relations avec l'Empire romain dont Constantinople est la seule capitale, Odoacre ayant renvoyé les insignes impériaux d'Occident après la déposition de Romulus Augustule en 476[61].
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+ Cet événement majeur de la période est néanmoins mal connu. La date de la cérémonie est elle-même discutée[44]. Trois documents contemporains l'évoquent. Il s'agit du récit de Grégoire de Tours, écrit trois quart de siècle plus tard; d'une lettre de l'évêque Avit de Vienne, contemporaine de la cérémonie, adressée à Clovis; et une lettre envoyée en 565 par l'évêque Nicet de Trèves à la petite-fille de Clovis, Chlodoswinde.
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+ L'évêque de Reims, le futur saint Remi, cherche alors probablement la protection d'une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement en 482. Les contacts sont nombreux entre le roi et l'évêque, ce dernier incitant d'abord Clovis à protéger les chrétiens présents sur son territoire. Grâce à son charisme et peut-être en raison de l'autorité dont lui-même jouit, Remi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de conseiller.
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+ À la suite d'ambassades répétées auprès du roi Gondebaud, Clovis choisit de prendre pour épouse Clotilde, une princesse chrétienne de haut lignage, fille du roi des Burgondes Chilpéric II[40] et de la reine Carétène[62] (ce peuple voisin des Francs était établi dans les actuels Dauphiné et Savoie).
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+ Le mariage qui a lieu à Soissons[Note 8] en 492[63] ou en 493[64] concrétise le pacte de non-agression avec les rois burgondes. En choisissant une descendante du roi Athanaric de la dynastie des Balthes, Clovis se marie avec une épouse de premier rang qui lui assure un mariage hypergamique, lui permettant de hisser les Francs au rang de grande puissance[65].
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+ Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme. Mais Clovis est réticent : il doute de l'existence d'un dieu unique ; la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d'ailleurs qu'accentuer cette méfiance[66]. D'autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore païen : comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat. S'ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l'Église.
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+ Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé gallo-romain, car ce dernier représente la population, notamment en Aquitaine wisigothique. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule, c'est-à-dire également des zones où se concentrait encore la richesse. Cependant, même l'Église a du mal à maintenir sa cohérence : évêques exilés ou non remplacés en territoires wisigoths, successions pontificales difficiles à Rome, mésentente entre pro-wisigoths ariens et pro-francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris…), etc.
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+ C'est en « la quinzième année de son règne », c'est-à-dire en 496, qu'a lieu la bataille de Tolbiac (Zülpich près de Cologne) contre les Alamans, Clovis portant secours aux Francs rhénans[Note 9],[58]. D'après Grégoire de Tours, ne sachant plus à quel dieu païen se vouer et son armée étant sur le point d'être vaincue, Clovis prie alors le Christ et lui promet de se convertir si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils de Dieu vivant » lui accordait la victoire[Note 10]. Il s'agit de la même promesse que fit l'empereur romain Constantin en 312 lors de la bataille du pont Milvius. Grégoire de Tours reprend le modèle constantinien (conversion après une bataille, rôle important d'une femme, Hélène et Clotilde) pour répéter ce qu'il y a eu de plus glorieux et légitimer la royauté franque[67].
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113
+ Au cœur de la bataille, alors que Clovis est encerclé et va être pris, le chef alaman est tué d'une flèche ou d'un coup de hache, ce qui met son armée en déroute. La victoire est à Clovis et au dieu des chrétiens[68]. Une hypothèse veut que la bataille ait eu lieu en 506 à cause d'une lettre de Théodoric envoyée à Clovis fin 506 ou début 507 où il est mentionné la victoire de Clovis sur les Alamans (alors sous la protection de Théodoric), la mort de leur roi, et leur fuite en Rhétie. Il est aussi possible qu'il y ait eu deux batailles contre les Alamans, l'une en 496 et l'autre en 506, où, à chaque fois, leur roi périt au combat[69]. Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre jusqu'à la Haute-Rhénanie.
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+ Selon d'autres sources[70], Tolbiac n'aurait été qu'une étape et l'illumination finale de Clovis aurait en fait eu lieu lors de la visite au tombeau de Martin de Tours.
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+ Selon Patrick Périn, médiéviste, spécialiste du Premier Moyen Âge et directeur du Musée d'archéologie national, Clovis n’aurait pas fait le vœu de se convertir au christianisme lors de la fameuse bataille de Tolbiac mais lors d'une bataille inconnue. En effet, la bataille de Tolbiac serait mentionnée par erreur dans les écrits de Grégoire de Tours. Si ce dernier évoque bien Tolbiac, ce serait à propos de la bataille de Vouillé où était présent Clodoric, fils de Sigebert le Boiteux de Cologne, ainsi nommé car il avait été blessé lors d'une bataille contre les Alamans, à Tolbiac. Ce seraient des historiens du XIXe siècle qui auraient associé Tolbiac à la conversion du roi des Francs[71],[72].
118
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119
+ L'évêque Remi enseigne à Clovis la catéchèse durant la phase des auditeurs (audientes) suivant les préceptes des conciles de Nicée (325), de Constantinople (381) et de Chalcédoine (25 octobre 451). Il se voit longuement enseigner la moralité et le rituel ainsi que l'histoire du Salut[73], puis le dogme trinitaire ainsi que les Credos tels que « Je crois en Dieu Père tout puissant et à Jésus-Christ son fils unique, engendré et non créé » que le concile de Nicée a promulgué[74]. Cependant, le doute plane concernant la Passion : Clovis ne croit pas qu'un vrai dieu puisse se laisser crucifier[Note 11] et le pense impuissant[75]. En outre, sa sœur Lantechilde le pousse à embrasser l'arianisme plutôt que l'orthodoxie conciliaire[76].
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+ Toujours est-il que lors de Noël d'une année[Note 12] comprise entre 496 et 511, peut-être en 499[77] ou en 508[78] selon les auteurs, Clovis passe �� la phase des demandeurs (competentes)[73] et reçoit alors le baptême avec 3 000 guerriers (les antrustions)[79],[Note 13] — les baptêmes collectifs étant alors une pratique courante — des mains de Remi, l'évêque de Reims, le 25 décembre. Ce chiffre est cependant sujet à caution et l'onction post-baptismale est certainement exclue : il aurait été difficile pour l'évêque de répandre du chrême, un mélange d'huile d'olive et de résine aromatique, sur le front de 3 000 personnes[80]. Grégoire de Tours indique aussi que les deux sœurs de Clovis, Alboflède et Lanthechilde, sont également baptisées[81]. Ce baptême est demeuré un évènement significatif dans l'histoire de France : à partir d'Henri Ier tous les rois de France, sauf Louis VI, Henri IV et Louis XVIII, sont par la suite sacrés dans la cathédrale de Reims jusqu'au roi Charles X, en 1825.
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+ Le baptême de Clovis accroît sans doute sa légitimité au sein de la population gallo-romaine, mais représente un pari dangereux : les Francs, comme les Germains, considèrent qu'un chef vaut par la protection que lui inspirent les dieux ; la conversion va à l'encontre de cela ; les Germains christianisés (comme les Goths) sont souvent ariens, car le roi y reste chef de l'Église. Selon l'historien Léon Fleuriot[82], Clovis fit un pacte avec les Bretons et Armoricains de l'ouest qu'il ne pouvait battre, tandis que menaçaient les Wisigoths. Le baptême était une condition de ce traité car les Bretons étaient déjà christianisés. Ce traité fut conclu par l'entremise de Melaine de Rennes et Paterne de Vannes. Les Bretons reconnurent l'autorité de Clovis mais ne payaient pas de tribut.
124
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125
+ Ainsi, le baptême de Clovis marque le début du lien entre le clergé et la monarchie franque. Pour les monarchistes français, cette continuité se fait française et dure jusqu'au début du XIXe siècle. Dorénavant, le souverain doit régner au nom de Dieu. Ce baptême permet également à Clovis d'asseoir durablement son autorité sur les populations, essentiellement gallo-romaines et chrétiennes, qu'il domine : avec ce baptême, il peut compter sur l'appui du clergé, et vice-versa. Enfin depuis ce baptême, l'historiographie nationaliste française du XIXe siècle attribue aux rois de France le titre de « fils aîné de l'Église » catholique[83].
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+ Grégoire de Tours indique :
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129
+ « La reine fait alors venir en secret Remi, évêque de la ville de Reims, en le priant d’insinuer chez le roi la parole du salut. L’évêque l’ayant fait venir en secret commença à lui insinuer qu’il devait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui être utiles, ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui répliquait : « Je t’ai écouté très volontiers, très saint Père, toutefois il reste une chose ; c’est que le peuple qui est sous mes ordres, ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je vais l’entretenir conformément à ta parole. »
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+ Il se rendit donc au milieu des siens et avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c’est le Dieu immortel que prêche Remi que nous sommes prêts à suivre ». Cette nouvelle est portée au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine. […] Ce fut le roi qui le premier demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine pour se guérir de la maladie d’une vieille lèpre et pour effacer avec une eau fraîche de sales taches faites anciennement.
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133
+ Lorsqu’il fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Courbe doucement la tête, ô Sicambre[Note 14] ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ». Remi était un évêque d’une science remarquable et qui s’était tout d’abord imprégné de l’étude de la rhétorique. Il existe de nos jours un livre de sa vie qui raconte qu'il était tellement distingué par sa sainteté qu’il égalait Silvestre par ses miracles, et qu’il a ressuscité un mort. Ainsi donc le roi, ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés. […] »
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+ — Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, chapitre XXXI.
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+ Pendant les deux années qui précèdent sa mort[84], Clovis s'empare du royaume franc de Sigebert le Boiteux après l'avoir fait assassiner par l'intermédiaire de son propre fils Clodéric, lequel périt à son tour après une manœuvre de Clovis, qui étend ainsi son autorité au-delà du Rhin[85]. Clovis exécute ses cousins les rois Cararic et Ragnacaire, avec son frère Riquier, ainsi que Rignomer, dans la cité du Mans, un autre de ses frères, pour s'emparer de leurs royaumes et éviter que son royaume unifié ne soit partagé entre eux selon la coutume de la tanistrie[86].
138
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139
+ Clovis est désormais le maître d'un unique royaume, correspondant à une portion occidentale de l'ancien Empire romain, allant de la moyenne vallée du Rhin (l'embouchure du Rhin est toujours aux mains des tribus frisonnes) jusqu'aux Pyrénées, tenues par les Basques. Le royaume de Clovis ne comprend toutefois pas l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), ni les régions méditerranéennes, ni les vallées du Rhône et de la Saône.
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+ Il décide en 508 de faire de Paris, la ville de sainte Geneviève dont le couple royal fait remplacer l'édifice en bois qui lui est dédié par une église[87], sa résidence principale[88], après Tournai et Soissons[89]. C'est la première accession au statut de capitale de l'ancienne Lutèce, qui porte désormais le nom de l'ancien peuple gaulois des Parisii.
142
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143
+ Ses raisons sont sans doute principalement stratégiques, la cité ayant été une ville de garnison et une résidence impériale vers la fin de l'Empire, notamment pour les empereurs Julien et Valentinien Ier. Elle bénéficie en outre de défenses naturelles et d'une bonne situation géographique[90], Childéric Ier avait tenté de s'en emparer en l'assiégeant à deux reprises, sans succès[87]. Sa localisation correspond à l'actuelle île de la Cité reliée aux rives de la Seine par un pont au nord et un deuxième pont au sud, et protégée par un rempart[91]. En outre, un vaste et riche fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne[92]) l'entoure. Elle n'a qu'une importance relative : le royaume franc n'a pas d'administration, ni d'ailleurs aucun des caractères qui fondent un État moderne. Cependant, la ville de Lyon, ancienne « capitale des Gaules », perd définitivement sa suprématie politique dans l’isthme ouest-européen.
144
+
145
+ Sous le règne de Clovis en tout cas, la ville ne connaît pas de changements majeurs : le patrimoine immobilier antique est conservé, parfois réaffecté. Seuls de nouveaux édifices religieux donnés par la famille royale et par l'aristocratie transforment quelque peu le paysage urbain, tel la basilique des Saints-Apôtres. Mais c'est surtout après la mort de Clovis que les premiers de ces édifices voient le jour.
146
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147
+ Aux sujets gallo-romains, Clovis fait appliquer le Bréviaire d'Alaric, appelée Loi romaine des Wisigoths, adaptation wisigothique du Code théodosien[93]. Les populations germaniques restent soumises aux codes spécifiques qui avaient été imposés par l'administration romaine aux contingents militaires et à leur famille dans l'Empire au Ve siècle. Ils restent en vigueur après 507. Après la conquête du royaume burgonde en 534, la référence, pour sa population, resta la Loi romaine des Burgonde (lex Burgundionum) ou Loi Gombette.
148
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149
+ Il n'en va pas de même pour les Francs peu perméable aux influences juridiques romaines. Selon certains historiens, la première loi salique était un code pénal et civil, propre aux Francs dits « saliens », adopté, pour la première fois, vers 420. D'abord mémorisée et transmise oralement, elle fut mise par écrit dans les premières années du VIe siècle[94] à la demande de Clovis[95], puis remaniée plusieurs fois par la suite, jusqu'à Charlemagne. Le pacte de la loi salique est daté d'après 507 mais ne s'applique qu'aux Francs installés entre Escaut et Loire. Peut-être sa promulgation coïncide-t-elle avec l'installation du roi à Paris ? Les Francs rhénans conservent leurs propres traditions, mises par écrit sous le règne de Dagobert dans les années 620[44]. À ce propos, on peut noter que Périn écrivait le contraire, la loi salique s'appliquant à tous les Francs, même aux Francs rhénans dont la loi ripuaire ne sera rédigée que bien plus tard, faisant valoir ainsi leurs particularismes[93].
150
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151
+ La première version de la loi (il y en eut au moins huit) portait le nom de pactus legis salicæ (pacte de la loi salique), et est composé de soixante-cinq articles. L'ancienneté supposée de cette version rédigée sous Clovis est cependant contestée car, si son origine remonte bien au milieu du VIe siècle, elle n'est due qu'à un « premier roi franc » dont le nom n'est pas précisé[96]. Le prologue parle de quatre recteurs ayant pour mission de rendre équité et justice. Un prologue plus tardif précise qu'elle a été mise en forme sur ordre de Clovis et de ses fils. Les termes utilisés dans la version écrite et les principes appliqués relèvent autant de larges emprunts au droit romain que de la tradition germanique. Il s'agit cependant de substituer le droit romain aux coutumes barbares afin d'éviter les guerres privées (faides) comme moyen de règlement des conflits[97]. À la différence du droit romain, la loi salique se montre beaucoup plus clémente quant au traitement infligé aux criminels : diverses amendes régissent les crimes et délits, permettant ainsi d'éviter la peine de mort[98].
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+ En juillet 511, Clovis réunit un concile des Gaules à Orléans, qui prend fin le dimanche 10 juillet[99]. Le concile rassemble trente-deux évêques, et est présidé par l'évêque métropolitain Cyprien de Bordeaux ; la moitié viennent du « royaume des Francs ». Les évêques métropolitains de Rouen et Tours sont présents mais pas celui de Reims. Les évêques de Vasconie sont absents à cause de troubles dans leur région mais également ceux de Belgique et de Germanie[100] du fait du manque de pénétration de l'Église catholique dans ces régions. Clovis est désigné « Rex Gloriosissimus fils de la Sainte Église catholique », par tous les évêques présents[101].
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+ Ce concile fut capital dans l'établissement des relations entre le roi et l'Église catholique. Clovis ne se pose pas comme chef de l’Église comme le ferait un roi arien, il coopère avec celle-ci et n’intervient pas dans les décisions des évêques (même s'il les a convoqués, leur pose des questions, et promulgue les canons du concile).
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+ Ce concile vise à remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume des Francs, à faciliter la conversion et l’assimilation des Francs convertis et des ariens, à limiter les incestes (brisant ainsi la tradition germanique matriarcale des clans familiaux endogames), à partager les tâches entre administration et Église, à restaurer les liens avec la papauté.
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+ Des trente-et-un canons produits par le concile, il ressort que le roi ou son représentant, c'est-à-dire le comte, se voient réserver le droit d'autoriser ou non l'accès d'un laïc à la cléricature, les esclaves devant d'abord s'en référer au maître. Il s'agit là d'endiguer les fuites fiscales que les vocations, motivées par l'immunité, provoquent chez les plus riches[102].
162
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163
+ Le roi se voit attribuer le droit de désigner les évêques, contrairement au canon qui veut qu'ils soient élus par une assemblée de fidèles[103], confirmant ainsi les droits de magister militum que l'empereur accordait à ses ancêtres en tant que gouverneurs de la province de Belgique seconde[104]. Les rois mérovingiens bénéficient de ce droit jusqu'à la promulgation de l'édit de Paris par Clotaire II, le 18 octobre 614[105] où les élections épiscopales redeviennent la règle[106]. La chasteté des clercs et la subordination des abbés aux évêques sont rappelées. Les clercs hérétiques ayant reconnu la foi catholique peuvent retrouver une fonction et les établissements religieux repris aux ariens sont à nouveau consacrés dans la foi catholique[96].
164
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165
+ Le droit d'asile est élargi à l'ensemble des bâtiments entourant les églises, s'alignant ainsi sur le Code théodosien, la loi gombette et le bréviaire d'Alaric. L'objectif était de permettre à un fugitif de trouver refuge dans les édifices sacrés, avec l'assurance de pouvoir y être logé convenablement, sans avoir à profaner les édifices. Le canon interdit au poursuivant de pénétrer dans l'enceinte du bâtiment, sans avoir préalablement prêté serment sur l'Évangile, et d'infliger de châtiment corporel au fugitif. Une indemnisation était prévue pour compenser le préjudice subi, s'il s'agissait d'un esclave en fuite, ou la possibilité pour le maître de le récupérer.
166
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167
+ En cas de parjure, il y a excommunication[Note 15]. Les terres royales accordées à l'Église se voient exemptées d'impôt afin d'y entretenir les clercs, les pauvres et les prisonniers. Plusieurs superstitions, tel que les « sorts des saints », coutume consistant à ouvrir au hasard les livres sacrés tel que la Bible et interpréter comme un oracle le texte apparaissant sous les yeux du lecteur[Note 16], se voient condamnées[107] une seconde fois, après le concile de Vannes de 465[108].
168
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169
+ L’alliance de l’Église chrétienne et du pouvoir, qui a débuté avec le baptême du roi et qui perdure près de quatorze siècles, est un acte politique majeur qui se poursuit car les populations rurales, jusque-là païennes, de plus en plus christianisées, lui font davantage confiance.
170
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+ Clovis meurt à Paris le 27 novembre 511[2], âgé de 45 ans[110]. On présume qu'il est décédé d'une affection aiguë au bout de 3 semaines[111]. Selon la tradition, il aurait été inhumé dans la basilique des Saints-Apôtres (saint Pierre et saint Paul)[110], future église Sainte-Geneviève, qu'il avait fait construire sur le tombeau même de la sainte tutélaire de la cité, à l'emplacement de l'actuelle rue Clovis (rue qui sépare l'église Saint-Étienne-du-Mont du lycée Henri-IV).
172
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173
+ Clovis fut inhumé, comme l'écrit Grégoire de Tours, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres situé sous l'actuelle rue Clovis[112], c'est-à-dire dans un mausolée construit exprès à la manière de la sépulture qui avait accueilli l'empereur romain chrétien Constantin le Grand aux Saints-Apôtres à Constantinople[113], en annexe, sans doute greffé sur le chevet du monument[114]. Les sarcophages royaux furent probablement posés sur le sol et non enfouis, selon l'usage qui s'imposa dès la génération des fils de Clovis[114]. Malgré le souhait de Clovis, la basilique ne servit pas de mausolée à la dynastie mérovingienne. On ignore ce qu'il advint des tombes du couple royal ainsi que celles de leur fille Clotilde, et leurs petits fils Thibaud et Gonthier, assassinés à la mort de Clodomir. Comme l'illustre l'exemple des tombes princières de la cathédrale de Cologne, il est possible que les sarcophages aient été enfouis dans le sous-sol au moment où un agrandissement nécessitait son arasement[114] ; si ces travaux n'eurent pas lieu avant la seconde moitié du IXe siècle, il est possible que les tombeaux aient été pillés ou détruits à l'occasion des invasions normandes (845, 850 et 885).
174
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175
+ L'église ne fut pas détruite ; on se contenta à chaque fois de quelques réparations. Les châsses des saints furent évacuées en lieu sûr, puis replacées après les attaques. Si l’on est informé du sort des reliques, on ignore en revanche ce qu’est devenu le tombeau de Clovis durant ces attaques normandes.
176
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+ En 1177, se trouvait un tombeau au milieu du chœur sur lequel on lisait cette inscription : « chlodoveo magno, hujus ecclesiæ fundatori sepulcrum vulgari olim lapide structum et longo ævo deformatum, abbas et convent. meliori opere et form renovaverunt ». Un gisant du XIIIe siècle fut installé à l'emplacement du tombeau.
178
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179
+ Ce tombeau, composé d’un socle et d’un gisant, fut restauré en 1628 par les soins du cardinal-abbé de La Rochefoucauld qui le fit placer dans la chapelle axiale rectangulaire, au fond de l’église, dans un monumental ensemble baroque en marbre. C’est ce gisant qui fut transféré en 1816 à l'église abbatiale de Saint-Denis.
180
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+ En 1807, au moment de la démolition de l'église Sainte-Geneviève, des fouilles furent entreprises par le préfet Frochot et menées par l’administration des Domaines sous la direction des architectes Rondelet et Bourla, assistés par Alexandre Lenoir. Malgré des identifications hâtives et arbitraires, la fouille de la crypte du XIe siècle n’aboutit à aucune découverte significative. Aucun vestige ne remontait à l’époque mérovingienne. En revanche, la fouille de la nef permit la découverte de 32 sarcophages trapézoïdaux tous orientés. C’est en raison de la qualité de l’ornementation, et parce que c’était le but des fouilles et que l’emplacement correspondait au gisant du XIIIe siècle avant le transfert de 1628, que le rapport remis à l’empereur Napoléon Ier conclut à la découverte probable des sarcophages de Clovis et de sa famille[115].
182
+
183
+ Mais Alexandre Lenoir reconnut qu’aucune inscription ne l’attestait. L'archéologue Michel Fleury notait que la facture de ces tombeaux est plutôt à placer dans le dernier quart du VIe siècle. Ce ne devait donc pas être la sépulture de Clovis et des siens. Il devait plutôt s’agir de sépultures mérovingiennes aristocratiques placées ad sanctos, non loin de l’emplacement le plus probable du tombeau de sainte Geneviève entre les VIe et XIIe siècles. Ces sarcophages ne semblaient pas, toujours selon Michel Fleury, avoir été déplacés lors de la reconstruction du XIe siècle mais devaient plutôt être à leur emplacement d’origine.
184
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185
+ Seize des trente-deux sarcophages furent envoyés au musée des monuments français en 1808. Ils furent perdus en 1817 lors de la dissolution du musée. De ces fouilles ne nous sont donc parvenus que quelques rares éléments et rien ne permet d'affirmer avec certitude que les tombes découvertes étaient celles de Clovis et des siens.
186
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187
+ L'idée de relancer les fouilles avec des moyens modernes est défendue par exemple par l'historien Patrick Perrin. Il n'est pas exclu que de nouvelles fouilles à l'emplacement de la basilique disparue, le long de l'actuelle rue Clovis, entre l'église Saint-Étienne-du-Mont et le lycée Henri IV puissent apporter des informations plus précises sur le sacrarium aménagé en 511[116].
188
+
189
+ De sa première épouse, une princesse franque rhénane, Clovis eut Thierry Ier (v. 485-534), roi de Reims de 511 à 534 et co-roi d'Orléans.
190
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191
+ Avec Clotilde, il eut :
192
+
193
+ Selon Grégoire de Tours, le partage a lieu en présence des grands du Royaume, de Thierry, qui est déjà majeur, et de la reine Clotilde. Il est établi selon le droit privé que Clovis avait fait inscrire dans la loi salique en 511. On observe donc avant tout le partage du patrimoine d'un roi, propriétaire de son royaume, entre ses héritiers. On peut, à la lumière de cette remarque, comprendre que la royauté des Francs ignore la notion de « biens publics » (la res publica des Romains) et donc d'État. La disparition de l'État, en effet, semble consommée à travers le partage du royaume de Clovis.
194
+
195
+ Cette pratique est très différente des partages également pratiqués par les derniers empereurs romains : légalement, l'Empire restait un, le partage avait lieu pour des raisons pratiques, les successeurs étaient choisis parfois en fonction de leurs mérites. Même quand il s'agissait des fils de l'empereur, l'Empire n'était pas découpé en autant de parts qu'il y avait de fils, et jamais l'empire n'a été séparé de la notion d'État par les Romains.
196
+
197
+ Le caractère patrimonial du partage est particulièrement marquant par le morcellement des conquêtes situées au sud de la Loire. Chacun, pour visiter ses domaines du midi, est contraint de traverser les terres d'un ou de plusieurs de ses frères.
198
+
199
+ Mais au-delà de la tradition franque, les choses sont un peu plus complexes, comme l’indique Ian Wood[117] : Clotilde ne souhaite sans doute pas laisser Thierry exercer seul le pouvoir au détriment de ses fils, Clodomir, Childeber et Clothaire, mais, surtout, l'association des fils au pouvoir de leur père est déjà une pratique répandue dans l'Empire au IVe siècle ; ce partage, comme les suivants, n'a jamais mis fin à l'unité du regnum. En somme, les éléments de continuité avec l'Empire romain apparaissent bien présents.
200
+
201
+ À la mort de Clovis, ses fils Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire se partagent, conformément à la tradition franque, le royaume[118] qu'il avait mis une vie à réunir.
202
+
203
+ L'essentiel de la Gaule (sauf la Provence, la Septimanie et le royaume des Burgondes) ayant été soumis, le royaume est partagé en quatre parts à peu près équivalente et est fondé sur les ressorts administratifs romains, les anciennes civitates, devenues pour la plupart des évêchés. L'Aquitaine est partagée entre les quatre regna en raison des troubles et des révoltes. La région rhénane (anciennement tenue par Sigebert le boiteux) va à Thierry, l'aîné des fils de Clovis, qui a été compagnon des combats de son père et est né d'une première union avant 493, ainsi que la Champagne. C’est la plus grande part, puisqu'elle couvre environ un tiers de la Gaule franque. Clodomir reçoit la vallée de la Loire, Childebert la future Normandie et Clotaire le nord de la Gaule. Tous les quatre installent leurs capitales respectives à peu de distance les unes des autres, ce qui contribue à maintenir l'unité du royaume : Thierry à Reims, Clodomir à Orléans, Childebert à Paris et Clotaire à Soissons.
204
+
205
+ À partir de ce moment, « on voit apparaître un contraste frappant entre de fortes tendances à la dispersion et la force immanente d'une unité d'ordre supérieur : l'idée d'un royaume des Francs unifié restait ancrée dans les esprits »[réf. nécessaire]. La nation franque ne retourne plus à l'état de tribus, et, du moins, n'est plus fractionnée entre Saliens et Ripuaires.
206
+
207
+ La générosité étant la première vertu du roi germanique, elle se traduit par le don aux églises de ressources royales. Terres et trésors sont systématiquement dilapidés pour montrer sa générosité à ses fidèles. L'expansion territoriale permet de perpétuer les donations[119]. Le concile d'Orléans est l'occasion d'en assurer les diocèses[120].
208
+
209
+ Plusieurs vies de saint attribuent au roi l'édification de divers lieux de culte. Ainsi, dans la vie de saint Germier, évêque de Toulouse, ce dernier est invité à la table du roi ; Germier réputé pour ses vertus, attire la curiosité. Il fait l'objet d'admiration et se voit accorder des terres à Ox ainsi que des trésors en or et en argent[121].
210
+
211
+ De même à Auch, l'évêque métropolitain Perpet va à la rencontre de Clovis lorsque celui-ci est en approche de la ville pour lui donner le pain et le vin. En récompense, le roi lui offre la cité, avec ses faubourgs et églises, ainsi que sa tunique et son manteau de guerre à l'église Sainte-Marie. Il se voit en outre offrir un trésor en or et l'église royale de Saint-Pierre-de-Vic[122].
212
+
213
+ Clovis se rend à Tournai pour rencontrer Éleuthère, qui devine un pêché du roi survenu après son baptême. Clovis nie les faits et demande que l'évêque prie pour lui. Le lendemain, l'évêque reçoit une illumination lui communiquant la faute de Clovis, qui est alors pardonné. Éleuthère se voit alors remettre un don pour son église[123].
214
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215
+ Clovis est guéri miraculeusement d'une maladie par Séverin, abbé de Saint-Maurice en Valais. En remerciement, le roi lui offre de l'argent à distribuer aux pauvres et la libération des détenus[124]. De là viendrait l'édification de l'église Saint-Séverin de Paris[125].
216
+
217
+ Hincmar de Reims écrit, vers 880 dans sa vita Remigii, que Clovis a accordé à l'évêque Remi plusieurs dons de domaines territoriaux répartis dans plusieurs provinces[126] dont un terrain incluant Leuilly et Coucy, par l'intermédiaire d'une charte. Leuilly a été attribué à Ricuin en 843, partisan du roi Charles le Chauve. En 845, pour forcer Ricuin à restituer Leuilly au patrimoine de Reims, un faux testament de l'évêque Remi est présenté au roi Charles le Chauve[127].
218
+
219
+ Au XIe siècle, l'hagiographie de Léonard de Noblac prétend que Clovis parraine ce dernier lors de son baptême et qu'il se voit accorder la libération de prisonnier qu'il visite ainsi que le don d'un évêché. Léonard quitte le roi pour se rendre dans la forêt de Pauvain en Limousin. Clovis lui accorde alors, par un acte officiel, un domaine dans la forêt où fut fondée l'église de Saint-Léonard-de-Noblat[128].
220
+
221
+ Tous ses dons légués aux saints sont tout aussi hypothétiques qu'invérifiables dans la mesure où, à l'époque où la vie est rédigée, plus aucun témoin ne peut contredire les écrits du clergé qui a peut-être inventé des preuves en créant et en attribuant au roi Clovis de faux diplômes ou de fausses chartes à l'attention de communautés religieuses[129].
222
+
223
+ Si Clovis meurt dans son lit à Paris le 27 novembre 511, il a, avant puis pendant son règne, tué de sa main, soit dans des combats, soit hors des combats ou par des intrigues, plusieurs rois ou fils de rois, parmi ceux-ci citons[111][source insuffisante] :
224
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225
+ La légende de l'origine troyenne des Francs fait descendre Clovis du roi troyen Priam par l’intermédiaire de Pharamond († 428), chef plus ou moins mythique.
226
+
227
+ Une autre légende, colportée par l'archevêque Hincmar de Reims (845-882) dans sa Vita Remigii, qui mélange le récit de Grégoire de Tours et une ancienne hagiographie de Remi, aujourd'hui disparue, assure que lors de son baptême, c'est le Saint-Esprit qui, ayant pris la forme d'une colombe, apporte le saint chrême, une huile miraculeuse contenue dans une ampoule[Note 17].
228
+
229
+ Alors qu'il préside la cérémonie du couronnement et du sacre de Charles II le Chauve en tant que roi de Lotharingie, le 9 septembre 869, Hincmar invente le sacre de Clovis en déclarant que Charles descend du « glorieux roi des Francs Clovis, baptisé la veille de la sainte Pâques[Note 18] dans la cathédrale de Reims, et oint et consacré comme roi à l'aide d'un chrême venu du ciel, que nous possédons encore »[131]. Le premier roi franc sacré est Pépin le Bref au VIIIe siècle mais cette assimilation d'un sacre au baptême laisse accroire que Clovis aurait créé une alliance entre la monarchie et Église représentant métaphoriquement la « naissance de la France »[132].
230
+
231
+ Le pouvoir thaumaturgique attribué aux rois de France de guérir les malades, en particulier ceux souffrant d'écrouelles, à partir de Robert le Pieux, voit son origine remonter à Clovis, premier roi chrétien[133]. En 1579, une publication d'Étienne Forcadel affirme qu'un écuyer de Clovis nommé Lanicet a fui la cour du roi pour cacher sa maladie. Clovis rêve alors qu'il touche son écuyer, provoquant ainsi sa guérison. Le lendemain, Clovis retrouve son écuyer et s'exécute : la guérison a lieu[134].
232
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233
+ L'armorial français montre Clovis arborant des fleurs de lys, symbole de pureté virginale représenté par la Vierge Marie, au XIVe siècle, mais dont l'origine pourrait remonter au XIIe siècle[135]. Un ange aurait remis à un ermite de la forêt de Marly vivant aux environs d'une tour nommé Montjoie, un bouclier où figurent trois fleurs de lys, en référence à la sainte Trinité. L'ermite l'aurait remis à Clotilde pour que celle-ci le donne au roi pour qu'il s'en serve durant la bataille à la place de ses armes ornées de trois croissants ou de trois crapauds, l'ange ayant assuré à l'ermite que le bouclier assure la victoire. Lorsque Clovis se bat contre son ennemi et le tue près de la tour Montjoie, celui-ci confesse la Trinité et fonde l'abbaye de Joyenval qui accueille alors le bouclier comme relique[136].
234
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235
+ Une légende raconte que Clovis et ses descendants auraient eu les dents qui cassaient en prenant une forme étoilée.
236
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237
+ Le tableau La légende de Saint Rieul, peint en 1645 par Fredeau, exposé à la cathédrale Notre-Dame de Paris, laisse apercevoir une autre légende. Après que Clovis a fait construire une église consacrée à saint Rieul, l’évêque Levangius lui aurait remis une dent prise dans la bouche de ce dernier. Le roi franc n’aurait pas pu la conserver et aurait été contraint de la remettre dans la sépulture du saint homme.
238
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+ En 1715, Antonio Caldara compose un Oratorio La Conversion de Clovis, roi de France.
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+ 1896, Charles Gounod, Messe de Clovis pour basse solo, chœur mixte à quatre voix, deux orgues, trompettes et trombones. Œuvre composée pour le XIV centenaire du baptème de Clovis à Reims.
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+ En 1896, des célébrations ont été organisées par le cardinal et archevêque de Reims Benoît Langénieux pour le 14e centenaire du baptême de Clovis. En 1996-1997, le 15e centenaire du baptême de Clovis (avec le 16e centenaire de la mort de Martin de Tours) a été commémoré sous l'égide d'un Comité pour la commémoration des origines.
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+ Clovis Ier, en latin Chlodovechus, né à Tournai vers 466 et mort à Paris le 27 novembre 511, est roi des Francs saliens, puis roi de tous les Francs de 481 à 511.
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+ Issu de la dynastie des Mérovingiens, il est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai (en actuelle Belgique), et de la reine Basine de Thuringe. Chef militaire, il accroît considérablement le territoire du petit royaume des Francs saliens, dont il hérite à la mort de son père, pour finir par unifier une grande partie des royaumes francs, repousser Alamans et Burgondes et annexer les territoires des Wisigoths dans le sud de la Gaule.
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+ Le règne de Clovis est surtout connu par la description qu'en fit Grégoire de Tours, évêque gallo-romain dont l'Histoire des Francs est riche d'enseignements, mais dont la visée, essentiellement édifiante, s'accompagne d'un manque de précision et de cohérence historique. Les éléments de la vie de Clovis ne sont pas connus de manière certaine et leur « habillage » est le plus souvent suspect. Néanmoins, Clovis est considéré dans l'historiographie comme un des personnages les plus importants de l'histoire de France.
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+ Le règne de Clovis est l'un des moins bien documentés de la dynastie mérovingienne ; les sources le concernant reposent sur de rares documents qui lui sont contemporains — une dizaine de lettres allusives dont une lui est attribuée qui fait moins de quinze lignes — connues par des copies tardives, pas toujours très fiables[5], et sur des auteurs qui écrivent près de trois générations après sa mort[6]. Cette documentation lacunaire a permis « de largement spéculer sur la figure du fondateur de la dynastie mérovingienne »[5] qui « réduit à sa seule consistance historique vérifiable […] serait demeuré dans la discrétion de l'histoire savante »[7].
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+ L'essentiel de ce que l'on sait de Clovis provient du récit rédigé à la fin du VIe siècle par l'évêque Grégoire de Tours, né près de trente ans après la mort du roi franc. Ce récit occupe une courte partie — quinze courts chapitres[Note 1] — du livre II de la chronique universelle connue sous le titre d'Histoire des Francs. Grégoire entend faire de Clovis, premier roi franc baptisé, une figure fondatrice qu'il dépeint à l'image d'un souverain de l'Ancien Testament dans un récit qui est à ce titre sujet à caution[6]. Sa narration des événements suit un découpage par tranches de cinq années, peut-être une réminiscence des quinquennalia ou des lustra romaines : accession au trône à 15 ans, guerre contre Syagrius à 20, baptême à 30, consulat à 40 et décès à 45[8]. À partir du VIIIe siècle, les copistes tendent à escamoter le premier volume des Histoires, contribuant à faire de Clovis le roi des origines[9].
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+
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+ Trois sources antérieures à celle de Grégoire de Tours décrivent la situation politique du nord de la Gaule[10] à cette époque. Il s'agit de la Chronique d'Hydace, évêque de Chaves en Gallæcia[11], d'une chronique gallo-romaine du Ve siècle, la Chronica Gallica de 452 (continuée par la Chronica Gallica de 511) et de la Chronique de Marius, évêque d'Avenches[12]. Un siècle après Grégoire, le chroniqueur Frédégaire propose un portrait « beaucoup plus baroque » du souverain franc, oscillant entre traditions germaniques et romaines[6].
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+
15
+ La seule forme contemporaine écrite attestée de son nom est le latin Chlodovechus, rendant probablement son nom francique reconstitué en runes ᚺᛚᛟᛞᛟᚹᛁᚷ[réf. nécessaire] : *Hlodowig[14],[Note 2], que l'on suppose prononcé [xlod(o)wɪk] ou [xlod(o)wɪç], signifiant « glorieux au combat », Chlodowig, étant composé des racines hlod (« renommée », « illustre », « gloire ») et wig (« bataille », « combat »), c'est-à-dire « illustre dans la bataille » ou « combat de gloire »[15].
16
+
17
+ Fréquemment utilisée par les Mérovingiens, la racine hlod est aussi à l'origine de noms tels que Clotaire (Lothaire) et Clodomir, Clodoald ou encore Clotilde. L'appellation du roi franc dérive ensuite de « Hlodovic » puis « Clodovic » qui, latinisé en Chlodovechus, donne Chlodweg, Hlodovicus, Lodoys, Ludovic, « Clovis »[16] et « Clouis », dont est né en français moderne le prénom Louis, porté par dix-sept rois de France. Il donne aussi en allemand Ludwig.
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+ Comme tous les Francs du début de l'ère chrétienne, Clovis parlait une ou des langue(s) germanique(s) du sous-groupe linguistique dit bas francique.
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+ Du déclin de l'Empire romain d'Occident et des « invasions barbares » résulte l'établissement durable de royaumes barbares dans l'Empire et notamment en Gaule[17]. Les peuples fraîchement installés occupent des parties de territoire avec le statut de fédérés (fœdus) puis, avec la déliquescence du pouvoir romain en Occident se constituent bientôt en royaumes indépendants cherchant à s'étendre au détriment des territoires voisins. Quand Clovis apparaît dans l'histoire, les Francs occupent le nord de la Gaule à la suite d'une série d'incursions souvent brutales[17]. Les Wisigoths — ennemis des Francs[18] — dominent un vaste territoire au sud-ouest de la Gaule dont la frontière est marquée par la Loire, le Rhône et la Durance, les Burgondes sont établis dans la Sapaudia à l'est de Lyon sur un espace qui s'étend de Langres à la Durance. Enfin, les Bretons, fuyant leur île, s'installent en Armorique vers le milieu du Ve siècle[17].
22
+
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+ Les Francs constituent une ligue de peuples germaniques qui, bien qu'ayant établi un fœdus avec l'Empire[19], sont restés païens à la différence de peuples plus romanisés tel les Burgondes, Ostrogoths, Vandales ou les Wisigoths[20] qui adoptent largement le christianisme arien de tendance homéenne de Wulfila[21]. Malgré les tentatives d'harmonisation théologique et dogmatique afin de définir une orthodoxie[22], l'Empire est à cette époque traversé de débats christologiques qui opposent le christianisme nicéen au christianisme arien et perdurent tout au long du Ve siècle[23], et les dirigeants adhèrent tantôt à l'une ou à l'autre des professions de foi concurrentes[24] même s'il faut noter qu'en Gaule, les rapports entre les différentes confessions chrétiennes sont souvent dépourvus d'hostilité[25].
24
+
25
+ Clovis est le fils du mérovingien Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai, et de la reine Basine de Thuringe[26], peut-être originaire de la Thuringe rhénane[26] ou de la Bretagne insulaire[27]. Il est né à une date inconnue de la moitié du Ve siècle, certains auteurs avançant les alentours de l'année 466[28].
26
+
27
+ Grégoire de Tours fait apparaître Childéric Ier dans son récit en 457[29], lorsque celui-ci déshonore les femmes de ses sujets, provoque la colère de son peuple et le chasse. Il se réfugie alors en Thuringe pendant huit ans, probablement à partir de 451[30]. Vivant auprès du roi Basin, il séduit la femme de son hôte, Basine. Puis il retourne dans sa province, les Francs saliens le réclament à nouveau sur le trône. Le roi épouse Basine qui, entre-temps, avait quitté son époux pour rejoindre le roi franc. De ce mariage naît Clovis.
28
+
29
+ Trois autres enfants naissent de cette union :
30
+
31
+ Childéric, exerçant des fonctions administratives, doit résider dans une ou plusieurs cités de Belgique seconde et occuper le palais attribué à l’attention des gouverneurs romains. Son fils a dû naître à Tournai et recevoir, selon les coutumes germaniques, un baptême païen. Son parrain le nomme Chlodweg et le plonge dans l’eau huit jours après sa naissance. Son éducation a dû se faire dans la partie de la résidence réservée aux femmes, le gynécée. Vers six ou sept ans, son père dut prendre en charge son éducation[32] en lui offrant un casque de fer, un bouclier et un scramasaxe utilisé pour la parade. Même si sa majorité est fixée à douze ans[33], il ne lui est cependant pas possible de combattre avant l'âge de quinze ans[34]. Il reçoit une instruction basée sur la guerre : des activités sportives, l’équitation et la chasse. Il parle le francique, et devant succéder à son père à la tête d’une province romaine, il apprend le latin. Néanmoins, il n’est pas possible de prouver qu’il ait su lire et écrire. Il dut aussi se voir enseigner l’histoire de son peuple[35].
32
+
33
+ À la mort de son père, en 481 ou 482, Clovis hérite d'un royaume qui correspond à la Belgique seconde (à peu près la région de Tournai en actuelle Belgique), petite province située entre la mer du Nord, l'Escaut et le Cambrésis, soit un territoire allant de Reims jusqu'à Amiens et Boulogne, à l'exception de la région de Soissons, qui est contrôlée par Syagrius.
34
+
35
+ Clovis prend la tête du royaume franc salien. Le titre de « roi » (en latin rex) n'est pas nouveau : il est notamment dévolu aux chefs de guerre des nations barbares au service de Rome. Ainsi, les Francs, anciens fidèles serviteurs de Rome, n'en demeurent pas moins des Germains, des barbares païens, bien éloignés par leur mode de vie des Gaulois romanisés par près de cinq siècles de domination et d'influence romaine.
36
+
37
+ Clovis n'est alors âgé que de quinze ans[Note 5] et rien ne prédispose ce petit chef barbare parmi tant d'autres à supplanter ses rivaux. Les historiens ont longtemps débattu sur la nature de la prise du pouvoir par Clovis. Au XVIIIe siècle, ils s'affrontent sur l'interprétation d'une lettre de l'évêque Remi de Reims. Montesquieu, dans l'Esprit des lois, penche pour une conquête du royaume par les armes, alors que l'abbé Dubos[Note 6] prône la dévolution, par l'Empire romain finissant, de la Belgique seconde à la famille mérovingienne[36]. Aujourd'hui, cette dernière thèse l'emporte.
38
+
39
+ À la lumière des événements postérieurs, sa réussite militaire doit évidemment à ses qualités personnelles de chef (« astutissimus »[37]), mais au moins autant à l'acquisition depuis longtemps par les siens de l'expérience romaine de la guerre — la discipline exigée de ses soldats lors de l'épisode de Soissons en témoigne, tout comme la tombe de son père Childéric — et à sa conversion au christianisme et, à travers celle-ci, son alliance avec les élites gallo-romaines.
40
+
41
+ Ainsi, le règne de Clovis s'inscrit-il plutôt dans la continuité de l'Antiquité tardive que dans le Haut Moyen Âge pour de nombreux historiens. Il contribue cependant à forger le caractère original de cette dernière période en donnant naissance à une première dynastie de rois chrétiens et, en raison de son acceptation par les élites gallo-romaines, en créant un pouvoir original en Gaule.
42
+
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+ Toute sa vie, Clovis s'efforce d'agrandir le territoire de son royaume, avant que ses enfants ne le partagent entre eux. Peu à peu, Clovis conquiert ainsi toute la moitié septentrionale de la France actuelle : il s'allie d'abord aux Francs rhénans, puis aux Francs de Cambrai dont le roi Ragnacaire est probablement un de ses parents[38].
44
+
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+ Pour assurer l'expansion de son domaine, Clovis n'hésite pas à éliminer tous les obstacles : il fait ainsi assassiner tous les chefs saliens et rhénans voisins et, afin de s'assurer également que seuls ses fils hériteront de son royaume, certains de ses anciens compagnons et même certains membres de sa famille, y compris éloignés. En 490, quelques années après une alliance avec les Francs rhénans, il entame une série d'offensives contre la Germanie rhénane et transrhénane.
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+ Il se lance ainsi dans une grande série d'alliances et de conquêtes militaires, à la tête de quelques milliers d'hommes au départ. Mais plus que les armes, certes efficaces, des Francs, c'est semble-t-il le savoir-faire acquis au service de l'Empire romain et contre les autres barbares qui rend possibles les succès militaires des guerriers de Clovis.
48
+
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+ À travers lui, ce n'est pourtant pas un peuple germanique qui s'impose aux Gallo-romains : c'est la fusion d'éléments germains et latins qui se poursuit. Ainsi, alors que Chlodowig (Clovis) porte un nom barbare et que Syagrius est pourtant qualifié de « Romain » par les sources, ce dernier ne bénéficie visiblement pas de l'appui de son peuple. Le roi « barbare » ostrogoth Théodoric le Grand, dans sa prestigieuse cour de Ravenne, perpétue par ailleurs tous les caractères de la civilisation romaine tardive, tout en restant un Ostrogoth arien, un barbare hérétique aux yeux de l'Église.
50
+
51
+ Malgré de durs combats, Clovis sait néanmoins s'imposer assez rapidement parce qu'il paraît déjà passablement romanisé et, en définitive, un moins mauvais maître que la plupart des prétendants : « au moins est-il chrétien », auraient dit les Gallo-romains. Il aurait d'ailleurs eu un conseiller gallo-romain, Aurelianus[39]. À l'inverse, les Wisigoths, chrétiens mais ariens, tiennent l'Aquitaine d'une main de fer et ne font aucun effort pour tenter un rapprochement avec les Gallo-romains chrétiens nicéens, qu'ils dominent.
52
+
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+ Avant 486, Clovis choisit de renforcer ses positions en contractant un mariage[40] avec une princesse de la monarchie franque rhénane[41], dont naît un fils, Thierry[40].
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+
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+ Cette union a souvent été interprétée comme l'épisode d'une alliance tactique avec ses voisins orientaux, lui permettant de tourner ses ambitions vers le sud. Cette union avec une épouse dite de « second rang », vue comme étant « gage de paix » (Friedelehe), assure la paix entre Francs rhénans et saliens. Elle a souvent été interprétée à tort comme un concubinage par les historiens romains chrétiens qui ne connaissaient pas les mœurs des structures familiales polygames germaniques, sans mariage public. Les mariages officiels (de premier rang) permettaient à l'épouse de jouir du « don du matin » (la Morgengabe[Note 7]), qui était constitué de biens mobiliers donnés par le mari, ainsi que de commander à ses descendants légitimes.
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+
57
+ Le royaume des Francs rhénans s'étend dangereusement sur la Belgique seconde mais l'alliance avec Clovis leur assure la possession des cités de Metz, Toul, Trèves et Verdun que les Alamans menacent[42]. Refusant de se laisser attaquer sur deux fronts, la stratégie impose à Clovis d'attaquer les Thuringiens rhénans, que l'expansion de leur royaume basé sur l'Elbe et la Saale fait déborder sur la rive droite du Rhin inférieur, absorbant Ratisbonne par la même occasion et faisant avancer les Alamans en direction des Francs[43].
58
+
59
+ À partir de 486, Clovis mène l'offensive vers le sud. Il emporte les villes de Senlis, Beauvais, Soissons et Paris dont il pille les alentours. Il livre la bataille de Soissons contre Syagrius, longtemps considéré comme l'ultime représentant d'une légitimité romaine déliquescente depuis 476[44]. Celui-ci, fils du magister militum per Galliam Ægidius, gouverne en tant que dux, mais les rois des Francs, des Burgondes et des Wisigoths font référence à lui comme "roi des Romains". En 471, il est probable que l'empereur Anthémius (467-472) lui confère le titre de patrice. Puis, il contrôle de façon indépendante à partir de 476 une enclave gallo-romaine située entre Meuse et Loire, dernier représentant du pouvoir gallo-romain en Gaule du Nord. La victoire de Soissons permet à Clovis de contrôler tout le nord de la Gaule. Syagrius se réfugie chez les Wisigoths, qui le livrent à Clovis l'année suivante. Le chef gallo-romain aurait été égorgé en secret.
60
+
61
+ C'est après cette bataille qu'a lieu — selon Grégoire de Tours — l'épisode du vase de Soissons, où, contre la loi militaire du partage, le roi demande à soustraire du butin un vase liturgique précieux pour le rendre, à la demande de Remi, évêque de Reims, à l'église de sa ville. Après avoir réuni le butin, Clovis demande à ses guerriers de pouvoir ajouter le vase à sa part du butin. Mais un guerrier s'y oppose en frappant le vase de sa hache. Clovis ne laisse transparaître aucune émotion et réussit malgré tout à rendre l'urne à l'envoyé de Remi, mais en garde ressentiment.
62
+
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+ L'épilogue se produit le 1er mars 487. Clovis ordonne à son armée de se réunir au Champ-de-Mars pour, selon une pratique romaine, une inspection des troupes et examiner si les armes sont propres et en bon état. Inspectant ses soldats, il s'approche du guerrier qui, l'année précédente, avait frappé le vase destiné à Remi et, sous prétexte que ses armes sont mal entretenues, jette alors la hache du soldat à terre. Au moment où celui-ci se baisse pour la ramasser, Clovis abat sa propre hache sur la tête du malheureux, le tuant net. Sur ordre de Clovis, l'armée doit se retirer en silence, laissant le corps exposé au public[38].
64
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+ Le testament de Remi fait mention d'un vase d'argent que lui aurait donné Clovis, mais qu'il aurait fondu pour fabriquer un encensoir et un calice[45].
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+ Pour Patrick Périn, « le vase de Soissons ne fut pas cassé car, comme le précise Grégoire de Tours, il fut rendu à celui qui le réclamait en l’occurrence l'envoyé d'un l'évêque. Sûrement en métal précieux comme tout vase liturgique, il fut tout au plus légèrement endommagé »[46].
68
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69
+ Au début des années 490, Clovis s’allie avec le puissant Théodoric, roi des Ostogoths, qui non seulement est en train de devenir maître de l'Italie mais soigne son image de représentant légitime des empereurs installés à Constantinople, Zénon puis Anastase Ier. Théodoric épouse en 492 la sœur de Clovis, Audoflède ; vers 493, il abandonne sa première épouse rhénane pour Clotilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Fort de ces alliances au Sud, Clovis a les mains plus libres[44].
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+ En 491, Clovis déclare la guerre aux Thuringiens, dont une hypothèse veut que le royaume s'apparente en fait à celui du roi des Francs saliens Cararic, qui aurait eu pour capitale la cité de Tongres[47] et dont le contour est mal défini mais s'étend probablement dans la région de Trèves ou sur les bouches du Rhin[48]. Cararic s'étant joint à Clovis dans la guerre contre Syagrius, celui-ci est donc son allié. Mais il aurait attendu le déroulement de la bataille pour intervenir auprès du vainqueur, chose que n'apprécie pas Clovis qui finit par le soumettre[38] et le fait tondre avec son fils pour les faire entrer dans les ordres, respectivement en tant que prêtre et diacre. Après avoir eu connaissance de menaces de mort le concernant, Clovis les fait finalement assassiner et s'empare du royaume[49].
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+ Une seconde hypothèse veut que cette guerre soit simplement la réponse à la menace qu'exercent les Thuringiens sur les royaumes francs. Avant 475, le roi des Wisigoths Euric s'est allié à ce peuple, juste après avoir défait les Francs saliens, dont les pirates attaquent la côte occidentale de la Gaule[50].
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+ Basine, la mère de Clovis, étant thuringienne, une explication à cette expédition guerrière accrédite l'idée que Clovis tente de récupérer le territoire dont sa mère était originaire[29]. Cette expédition n'entame pas pour autant la souveraineté de la Thuringe vu qu'il faut attendre le règne de ses fils, Thierry Ier et Clotaire Ier, pour qu'elle soit intégralement soumise, rattachée en partie au royaume des Francs[51] et en partie aux territoires saxons[52].
76
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77
+ Les Alamans, fixés de part et d'autre du cours supérieur du Rhin, se montrent menaçants notamment envers les villes de Trêves et de Cologne. Clovis se porte donc au secours du roi franc Sigebert le Boiteux et fait d’une pierre deux coups. En 496, à l'issue de la grande bataille de Tolbiac, il met un terme pour plusieurs années à la menace alamane (définitivement écartée vers 505) ; d'autre part, il gagne la fidélité de ces Francs longtemps appelés rhénans.
78
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79
+ Trois puissances exercent leur domination au sud du royaume de Clovis, les Wisigoths au sud-ouest, les Burgondes au sud-est et plus loin, en Italie, les Ostrogoths. Clovis noue des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume sans avoir à affronter une coalition hostile face à lui.
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+ Pendant les années 490, les Francs de Clovis mènent au moins deux expéditions militaires vers le royaume wisigoth de Toulouse (en 496 et 498). Le général wisigoth Suatrius ne peut empêcher les Francs de s'emparer de la cité de Burdigala dont il est peut-être le gouverneur. Il est capturé par les Francs et sort de l'histoire à ce moment[53].
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+ En 492, Théodoric, roi d'Italie, épouse Audofleda, sœur de Clovis Ier, dont il essaie de contenir l'ambition croissante. L'année suivante, il s'accorde avec Clovis pour que celui-ci ne poursuive pas les Alamans au-delà du Danube. Théodoric protège d'ailleurs les rescapés en les installant dans la première Rhétie. Il a ainsi l'avantage de repeupler une contrée et d'acquérir des vassaux.
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+ En 499, Clovis s'allie au roi burgonde de Genève, Godégisile, qui veut s'emparer des territoires de son frère Gondebaud[54]. Afin de sécuriser ses territoires à l'ouest, en 500, Clovis signe un pacte d'alliance avec les Armoricains (peuplades gauloises de la péninsule bretonne et du rivage de la Manche)[55] et les Bretons[56].
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+ Après la bataille de Dijon et sa victoire sur les Burgondes de Gondebaud, Clovis contraint ce dernier à abandonner son royaume et à se réfugier à Avignon[54]. Cependant, le roi wisigoth Alaric II se porte au secours de Gondebaud et persuade ainsi Clovis d'abandonner Godégisèle. Clovis et Gondebaud se réconcilient et signent un pacte d'alliance pour lutter contre les Wisigoths.
88
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+ Pour manifester l'équilibre de ses alliances, en 502, son fils Thierry épouse en secondes noces [57] Suavegothe, fille de Sigismond, roi des Burgondes (dont il a une fille, Theodechilde) et petite-fille de Gondebaud.
90
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91
+ Avec l'appui de l'empereur romain d'Orient Anastase, très inquiet des visées expansionnistes des Goths chrétiens ariens, Clovis s'attaque alors aux Wisigoths qui dominent la majeure partie de la péninsule Ibérique et le sud-ouest de la Gaule (la Septimanie ou « marquisat de Gothie »), jusqu'à la Loire au nord et jusqu'aux Cévennes à l'est.
92
+
93
+ Au printemps 507, les Francs lancent leur offensive vers le sud, franchissant la Loire vers Tours, pendant que les alliés burgondes attaquent à l'est. Les Francs affrontent l'armée du roi Alaric II dans une plaine proche de Poitiers. La bataille dite de « Vouillé » (près de Poitiers), est terrible selon l'historiographie, et les Wisigoths se replient après la mort de leur roi, Alaric II, tué par Clovis lui-même en combat singulier[58].
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+ Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre en Aquitaine et d'annexer tous les territoires auparavant wisigoths entre Loire, océan et Pyrénées à l'exception des confins pyrénéens tenus par les Basques et les Gascons farouchement attachés à leur indépendance. Les Wisigoths n'ont d'autre solution que de se replier en Hispanie, au-delà des Pyrénées tout en gardant le contrôle de la Narbonnaise première, l'actuel Languedoc. Les Burgondes, quant à eux, font main basse sur la Provence (l'ancienne province romaine de Narbonnaise seconde) et de la partie méridionale de la Provence. Toutefois, les Ostrogoths de Théodoric tentent d'intervenir en faveur des Wisigoths. Ils reprennent bien la Provence et quelques petits territoires après la levée à l'automne 508 du siège d'Arles, mais l'empire d'Orient menace leurs côtes, et Clovis garde l'essentiel des anciens territoires wisigoths.
96
+
97
+ En 508, après sa victoire sur les Wisigoths, Clovis reçoit de l'empereur d'Orient Anastase Ier le consulat honoraire[59] avec les ornements consulaires[60], ce qui lui permet de célébrer à Tours un triomphe à la mode antique[6]. Cela marque la continuation des bonnes relations avec l'Empire romain dont Constantinople est la seule capitale, Odoacre ayant renvoyé les insignes impériaux d'Occident après la déposition de Romulus Augustule en 476[61].
98
+
99
+ Cet événement majeur de la période est néanmoins mal connu. La date de la cérémonie est elle-même discutée[44]. Trois documents contemporains l'évoquent. Il s'agit du récit de Grégoire de Tours, écrit trois quart de siècle plus tard; d'une lettre de l'évêque Avit de Vienne, contemporaine de la cérémonie, adressée à Clovis; et une lettre envoyée en 565 par l'évêque Nicet de Trèves à la petite-fille de Clovis, Chlodoswinde.
100
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101
+ L'évêque de Reims, le futur saint Remi, cherche alors probablement la protection d'une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement en 482. Les contacts sont nombreux entre le roi et l'évêque, ce dernier incitant d'abord Clovis à protéger les chrétiens présents sur son territoire. Grâce à son charisme et peut-être en raison de l'autorité dont lui-même jouit, Remi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de conseiller.
102
+
103
+ À la suite d'ambassades répétées auprès du roi Gondebaud, Clovis choisit de prendre pour épouse Clotilde, une princesse chrétienne de haut lignage, fille du roi des Burgondes Chilpéric II[40] et de la reine Carétène[62] (ce peuple voisin des Francs était établi dans les actuels Dauphiné et Savoie).
104
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105
+ Le mariage qui a lieu à Soissons[Note 8] en 492[63] ou en 493[64] concrétise le pacte de non-agression avec les rois burgondes. En choisissant une descendante du roi Athanaric de la dynastie des Balthes, Clovis se marie avec une épouse de premier rang qui lui assure un mariage hypergamique, lui permettant de hisser les Francs au rang de grande puissance[65].
106
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+ Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme. Mais Clovis est réticent : il doute de l'existence d'un dieu unique ; la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d'ailleurs qu'accentuer cette méfiance[66]. D'autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore païen : comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat. S'ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l'Église.
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+ Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé gallo-romain, car ce dernier représente la population, notamment en Aquitaine wisigothique. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule, c'est-à-dire également des zones où se concentrait encore la richesse. Cependant, même l'Église a du mal à maintenir sa cohérence : évêques exilés ou non remplacés en territoires wisigoths, successions pontificales difficiles à Rome, mésentente entre pro-wisigoths ariens et pro-francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris…), etc.
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+ C'est en « la quinzième année de son règne », c'est-à-dire en 496, qu'a lieu la bataille de Tolbiac (Zülpich près de Cologne) contre les Alamans, Clovis portant secours aux Francs rhénans[Note 9],[58]. D'après Grégoire de Tours, ne sachant plus à quel dieu païen se vouer et son armée étant sur le point d'être vaincue, Clovis prie alors le Christ et lui promet de se convertir si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils de Dieu vivant » lui accordait la victoire[Note 10]. Il s'agit de la même promesse que fit l'empereur romain Constantin en 312 lors de la bataille du pont Milvius. Grégoire de Tours reprend le modèle constantinien (conversion après une bataille, rôle important d'une femme, Hélène et Clotilde) pour répéter ce qu'il y a eu de plus glorieux et légitimer la royauté franque[67].
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+ Au cœur de la bataille, alors que Clovis est encerclé et va être pris, le chef alaman est tué d'une flèche ou d'un coup de hache, ce qui met son armée en déroute. La victoire est à Clovis et au dieu des chrétiens[68]. Une hypothèse veut que la bataille ait eu lieu en 506 à cause d'une lettre de Théodoric envoyée à Clovis fin 506 ou début 507 où il est mentionné la victoire de Clovis sur les Alamans (alors sous la protection de Théodoric), la mort de leur roi, et leur fuite en Rhétie. Il est aussi possible qu'il y ait eu deux batailles contre les Alamans, l'une en 496 et l'autre en 506, où, à chaque fois, leur roi périt au combat[69]. Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre jusqu'à la Haute-Rhénanie.
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+ Selon d'autres sources[70], Tolbiac n'aurait été qu'une étape et l'illumination finale de Clovis aurait en fait eu lieu lors de la visite au tombeau de Martin de Tours.
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+ Selon Patrick Périn, médiéviste, spécialiste du Premier Moyen Âge et directeur du Musée d'archéologie national, Clovis n’aurait pas fait le vœu de se convertir au christianisme lors de la fameuse bataille de Tolbiac mais lors d'une bataille inconnue. En effet, la bataille de Tolbiac serait mentionnée par erreur dans les écrits de Grégoire de Tours. Si ce dernier évoque bien Tolbiac, ce serait à propos de la bataille de Vouillé où était présent Clodoric, fils de Sigebert le Boiteux de Cologne, ainsi nommé car il avait été blessé lors d'une bataille contre les Alamans, à Tolbiac. Ce seraient des historiens du XIXe siècle qui auraient associé Tolbiac à la conversion du roi des Francs[71],[72].
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+ L'évêque Remi enseigne à Clovis la catéchèse durant la phase des auditeurs (audientes) suivant les préceptes des conciles de Nicée (325), de Constantinople (381) et de Chalcédoine (25 octobre 451). Il se voit longuement enseigner la moralité et le rituel ainsi que l'histoire du Salut[73], puis le dogme trinitaire ainsi que les Credos tels que « Je crois en Dieu Père tout puissant et à Jésus-Christ son fils unique, engendré et non créé » que le concile de Nicée a promulgué[74]. Cependant, le doute plane concernant la Passion : Clovis ne croit pas qu'un vrai dieu puisse se laisser crucifier[Note 11] et le pense impuissant[75]. En outre, sa sœur Lantechilde le pousse à embrasser l'arianisme plutôt que l'orthodoxie conciliaire[76].
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+ Toujours est-il que lors de Noël d'une année[Note 12] comprise entre 496 et 511, peut-être en 499[77] ou en 508[78] selon les auteurs, Clovis passe �� la phase des demandeurs (competentes)[73] et reçoit alors le baptême avec 3 000 guerriers (les antrustions)[79],[Note 13] — les baptêmes collectifs étant alors une pratique courante — des mains de Remi, l'évêque de Reims, le 25 décembre. Ce chiffre est cependant sujet à caution et l'onction post-baptismale est certainement exclue : il aurait été difficile pour l'évêque de répandre du chrême, un mélange d'huile d'olive et de résine aromatique, sur le front de 3 000 personnes[80]. Grégoire de Tours indique aussi que les deux sœurs de Clovis, Alboflède et Lanthechilde, sont également baptisées[81]. Ce baptême est demeuré un évènement significatif dans l'histoire de France : à partir d'Henri Ier tous les rois de France, sauf Louis VI, Henri IV et Louis XVIII, sont par la suite sacrés dans la cathédrale de Reims jusqu'au roi Charles X, en 1825.
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+ Le baptême de Clovis accroît sans doute sa légitimité au sein de la population gallo-romaine, mais représente un pari dangereux : les Francs, comme les Germains, considèrent qu'un chef vaut par la protection que lui inspirent les dieux ; la conversion va à l'encontre de cela ; les Germains christianisés (comme les Goths) sont souvent ariens, car le roi y reste chef de l'Église. Selon l'historien Léon Fleuriot[82], Clovis fit un pacte avec les Bretons et Armoricains de l'ouest qu'il ne pouvait battre, tandis que menaçaient les Wisigoths. Le baptême était une condition de ce traité car les Bretons étaient déjà christianisés. Ce traité fut conclu par l'entremise de Melaine de Rennes et Paterne de Vannes. Les Bretons reconnurent l'autorité de Clovis mais ne payaient pas de tribut.
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+ Ainsi, le baptême de Clovis marque le début du lien entre le clergé et la monarchie franque. Pour les monarchistes français, cette continuité se fait française et dure jusqu'au début du XIXe siècle. Dorénavant, le souverain doit régner au nom de Dieu. Ce baptême permet également à Clovis d'asseoir durablement son autorité sur les populations, essentiellement gallo-romaines et chrétiennes, qu'il domine : avec ce baptême, il peut compter sur l'appui du clergé, et vice-versa. Enfin depuis ce baptême, l'historiographie nationaliste française du XIXe siècle attribue aux rois de France le titre de « fils aîné de l'Église » catholique[83].
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+ Grégoire de Tours indique :
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+ « La reine fait alors venir en secret Remi, évêque de la ville de Reims, en le priant d’insinuer chez le roi la parole du salut. L’évêque l’ayant fait venir en secret commença à lui insinuer qu’il devait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui être utiles, ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui répliquait : « Je t’ai écouté très volontiers, très saint Père, toutefois il reste une chose ; c’est que le peuple qui est sous mes ordres, ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je vais l’entretenir conformément à ta parole. »
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131
+ Il se rendit donc au milieu des siens et avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c’est le Dieu immortel que prêche Remi que nous sommes prêts à suivre ». Cette nouvelle est portée au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine. […] Ce fut le roi qui le premier demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine pour se guérir de la maladie d’une vieille lèpre et pour effacer avec une eau fraîche de sales taches faites anciennement.
132
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+ Lorsqu’il fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Courbe doucement la tête, ô Sicambre[Note 14] ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ». Remi était un évêque d’une science remarquable et qui s’était tout d’abord imprégné de l’étude de la rhétorique. Il existe de nos jours un livre de sa vie qui raconte qu'il était tellement distingué par sa sainteté qu’il égalait Silvestre par ses miracles, et qu’il a ressuscité un mort. Ainsi donc le roi, ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés. […] »
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+ — Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, chapitre XXXI.
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+ Pendant les deux années qui précèdent sa mort[84], Clovis s'empare du royaume franc de Sigebert le Boiteux après l'avoir fait assassiner par l'intermédiaire de son propre fils Clodéric, lequel périt à son tour après une manœuvre de Clovis, qui étend ainsi son autorité au-delà du Rhin[85]. Clovis exécute ses cousins les rois Cararic et Ragnacaire, avec son frère Riquier, ainsi que Rignomer, dans la cité du Mans, un autre de ses frères, pour s'emparer de leurs royaumes et éviter que son royaume unifié ne soit partagé entre eux selon la coutume de la tanistrie[86].
138
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139
+ Clovis est désormais le maître d'un unique royaume, correspondant à une portion occidentale de l'ancien Empire romain, allant de la moyenne vallée du Rhin (l'embouchure du Rhin est toujours aux mains des tribus frisonnes) jusqu'aux Pyrénées, tenues par les Basques. Le royaume de Clovis ne comprend toutefois pas l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), ni les régions méditerranéennes, ni les vallées du Rhône et de la Saône.
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+ Il décide en 508 de faire de Paris, la ville de sainte Geneviève dont le couple royal fait remplacer l'édifice en bois qui lui est dédié par une église[87], sa résidence principale[88], après Tournai et Soissons[89]. C'est la première accession au statut de capitale de l'ancienne Lutèce, qui porte désormais le nom de l'ancien peuple gaulois des Parisii.
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143
+ Ses raisons sont sans doute principalement stratégiques, la cité ayant été une ville de garnison et une résidence impériale vers la fin de l'Empire, notamment pour les empereurs Julien et Valentinien Ier. Elle bénéficie en outre de défenses naturelles et d'une bonne situation géographique[90], Childéric Ier avait tenté de s'en emparer en l'assiégeant à deux reprises, sans succès[87]. Sa localisation correspond à l'actuelle île de la Cité reliée aux rives de la Seine par un pont au nord et un deuxième pont au sud, et protégée par un rempart[91]. En outre, un vaste et riche fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne[92]) l'entoure. Elle n'a qu'une importance relative : le royaume franc n'a pas d'administration, ni d'ailleurs aucun des caractères qui fondent un État moderne. Cependant, la ville de Lyon, ancienne « capitale des Gaules », perd définitivement sa suprématie politique dans l’isthme ouest-européen.
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145
+ Sous le règne de Clovis en tout cas, la ville ne connaît pas de changements majeurs : le patrimoine immobilier antique est conservé, parfois réaffecté. Seuls de nouveaux édifices religieux donnés par la famille royale et par l'aristocratie transforment quelque peu le paysage urbain, tel la basilique des Saints-Apôtres. Mais c'est surtout après la mort de Clovis que les premiers de ces édifices voient le jour.
146
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147
+ Aux sujets gallo-romains, Clovis fait appliquer le Bréviaire d'Alaric, appelée Loi romaine des Wisigoths, adaptation wisigothique du Code théodosien[93]. Les populations germaniques restent soumises aux codes spécifiques qui avaient été imposés par l'administration romaine aux contingents militaires et à leur famille dans l'Empire au Ve siècle. Ils restent en vigueur après 507. Après la conquête du royaume burgonde en 534, la référence, pour sa population, resta la Loi romaine des Burgonde (lex Burgundionum) ou Loi Gombette.
148
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149
+ Il n'en va pas de même pour les Francs peu perméable aux influences juridiques romaines. Selon certains historiens, la première loi salique était un code pénal et civil, propre aux Francs dits « saliens », adopté, pour la première fois, vers 420. D'abord mémorisée et transmise oralement, elle fut mise par écrit dans les premières années du VIe siècle[94] à la demande de Clovis[95], puis remaniée plusieurs fois par la suite, jusqu'à Charlemagne. Le pacte de la loi salique est daté d'après 507 mais ne s'applique qu'aux Francs installés entre Escaut et Loire. Peut-être sa promulgation coïncide-t-elle avec l'installation du roi à Paris ? Les Francs rhénans conservent leurs propres traditions, mises par écrit sous le règne de Dagobert dans les années 620[44]. À ce propos, on peut noter que Périn écrivait le contraire, la loi salique s'appliquant à tous les Francs, même aux Francs rhénans dont la loi ripuaire ne sera rédigée que bien plus tard, faisant valoir ainsi leurs particularismes[93].
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151
+ La première version de la loi (il y en eut au moins huit) portait le nom de pactus legis salicæ (pacte de la loi salique), et est composé de soixante-cinq articles. L'ancienneté supposée de cette version rédigée sous Clovis est cependant contestée car, si son origine remonte bien au milieu du VIe siècle, elle n'est due qu'à un « premier roi franc » dont le nom n'est pas précisé[96]. Le prologue parle de quatre recteurs ayant pour mission de rendre équité et justice. Un prologue plus tardif précise qu'elle a été mise en forme sur ordre de Clovis et de ses fils. Les termes utilisés dans la version écrite et les principes appliqués relèvent autant de larges emprunts au droit romain que de la tradition germanique. Il s'agit cependant de substituer le droit romain aux coutumes barbares afin d'éviter les guerres privées (faides) comme moyen de règlement des conflits[97]. À la différence du droit romain, la loi salique se montre beaucoup plus clémente quant au traitement infligé aux criminels : diverses amendes régissent les crimes et délits, permettant ainsi d'éviter la peine de mort[98].
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+ En juillet 511, Clovis réunit un concile des Gaules à Orléans, qui prend fin le dimanche 10 juillet[99]. Le concile rassemble trente-deux évêques, et est présidé par l'évêque métropolitain Cyprien de Bordeaux ; la moitié viennent du « royaume des Francs ». Les évêques métropolitains de Rouen et Tours sont présents mais pas celui de Reims. Les évêques de Vasconie sont absents à cause de troubles dans leur région mais également ceux de Belgique et de Germanie[100] du fait du manque de pénétration de l'Église catholique dans ces régions. Clovis est désigné « Rex Gloriosissimus fils de la Sainte Église catholique », par tous les évêques présents[101].
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+ Ce concile fut capital dans l'établissement des relations entre le roi et l'Église catholique. Clovis ne se pose pas comme chef de l’Église comme le ferait un roi arien, il coopère avec celle-ci et n’intervient pas dans les décisions des évêques (même s'il les a convoqués, leur pose des questions, et promulgue les canons du concile).
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+ Ce concile vise à remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume des Francs, à faciliter la conversion et l’assimilation des Francs convertis et des ariens, à limiter les incestes (brisant ainsi la tradition germanique matriarcale des clans familiaux endogames), à partager les tâches entre administration et Église, à restaurer les liens avec la papauté.
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+ Des trente-et-un canons produits par le concile, il ressort que le roi ou son représentant, c'est-à-dire le comte, se voient réserver le droit d'autoriser ou non l'accès d'un laïc à la cléricature, les esclaves devant d'abord s'en référer au maître. Il s'agit là d'endiguer les fuites fiscales que les vocations, motivées par l'immunité, provoquent chez les plus riches[102].
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+ Le roi se voit attribuer le droit de désigner les évêques, contrairement au canon qui veut qu'ils soient élus par une assemblée de fidèles[103], confirmant ainsi les droits de magister militum que l'empereur accordait à ses ancêtres en tant que gouverneurs de la province de Belgique seconde[104]. Les rois mérovingiens bénéficient de ce droit jusqu'à la promulgation de l'édit de Paris par Clotaire II, le 18 octobre 614[105] où les élections épiscopales redeviennent la règle[106]. La chasteté des clercs et la subordination des abbés aux évêques sont rappelées. Les clercs hérétiques ayant reconnu la foi catholique peuvent retrouver une fonction et les établissements religieux repris aux ariens sont à nouveau consacrés dans la foi catholique[96].
164
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165
+ Le droit d'asile est élargi à l'ensemble des bâtiments entourant les églises, s'alignant ainsi sur le Code théodosien, la loi gombette et le bréviaire d'Alaric. L'objectif était de permettre à un fugitif de trouver refuge dans les édifices sacrés, avec l'assurance de pouvoir y être logé convenablement, sans avoir à profaner les édifices. Le canon interdit au poursuivant de pénétrer dans l'enceinte du bâtiment, sans avoir préalablement prêté serment sur l'Évangile, et d'infliger de châtiment corporel au fugitif. Une indemnisation était prévue pour compenser le préjudice subi, s'il s'agissait d'un esclave en fuite, ou la possibilité pour le maître de le récupérer.
166
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167
+ En cas de parjure, il y a excommunication[Note 15]. Les terres royales accordées à l'Église se voient exemptées d'impôt afin d'y entretenir les clercs, les pauvres et les prisonniers. Plusieurs superstitions, tel que les « sorts des saints », coutume consistant à ouvrir au hasard les livres sacrés tel que la Bible et interpréter comme un oracle le texte apparaissant sous les yeux du lecteur[Note 16], se voient condamnées[107] une seconde fois, après le concile de Vannes de 465[108].
168
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169
+ L’alliance de l’Église chrétienne et du pouvoir, qui a débuté avec le baptême du roi et qui perdure près de quatorze siècles, est un acte politique majeur qui se poursuit car les populations rurales, jusque-là païennes, de plus en plus christianisées, lui font davantage confiance.
170
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+ Clovis meurt à Paris le 27 novembre 511[2], âgé de 45 ans[110]. On présume qu'il est décédé d'une affection aiguë au bout de 3 semaines[111]. Selon la tradition, il aurait été inhumé dans la basilique des Saints-Apôtres (saint Pierre et saint Paul)[110], future église Sainte-Geneviève, qu'il avait fait construire sur le tombeau même de la sainte tutélaire de la cité, à l'emplacement de l'actuelle rue Clovis (rue qui sépare l'église Saint-Étienne-du-Mont du lycée Henri-IV).
172
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+ Clovis fut inhumé, comme l'écrit Grégoire de Tours, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres situé sous l'actuelle rue Clovis[112], c'est-à-dire dans un mausolée construit exprès à la manière de la sépulture qui avait accueilli l'empereur romain chrétien Constantin le Grand aux Saints-Apôtres à Constantinople[113], en annexe, sans doute greffé sur le chevet du monument[114]. Les sarcophages royaux furent probablement posés sur le sol et non enfouis, selon l'usage qui s'imposa dès la génération des fils de Clovis[114]. Malgré le souhait de Clovis, la basilique ne servit pas de mausolée à la dynastie mérovingienne. On ignore ce qu'il advint des tombes du couple royal ainsi que celles de leur fille Clotilde, et leurs petits fils Thibaud et Gonthier, assassinés à la mort de Clodomir. Comme l'illustre l'exemple des tombes princières de la cathédrale de Cologne, il est possible que les sarcophages aient été enfouis dans le sous-sol au moment où un agrandissement nécessitait son arasement[114] ; si ces travaux n'eurent pas lieu avant la seconde moitié du IXe siècle, il est possible que les tombeaux aient été pillés ou détruits à l'occasion des invasions normandes (845, 850 et 885).
174
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+ L'église ne fut pas détruite ; on se contenta à chaque fois de quelques réparations. Les châsses des saints furent évacuées en lieu sûr, puis replacées après les attaques. Si l’on est informé du sort des reliques, on ignore en revanche ce qu’est devenu le tombeau de Clovis durant ces attaques normandes.
176
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+ En 1177, se trouvait un tombeau au milieu du chœur sur lequel on lisait cette inscription : « chlodoveo magno, hujus ecclesiæ fundatori sepulcrum vulgari olim lapide structum et longo ævo deformatum, abbas et convent. meliori opere et form renovaverunt ». Un gisant du XIIIe siècle fut installé à l'emplacement du tombeau.
178
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179
+ Ce tombeau, composé d’un socle et d’un gisant, fut restauré en 1628 par les soins du cardinal-abbé de La Rochefoucauld qui le fit placer dans la chapelle axiale rectangulaire, au fond de l’église, dans un monumental ensemble baroque en marbre. C’est ce gisant qui fut transféré en 1816 à l'église abbatiale de Saint-Denis.
180
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+ En 1807, au moment de la démolition de l'église Sainte-Geneviève, des fouilles furent entreprises par le préfet Frochot et menées par l’administration des Domaines sous la direction des architectes Rondelet et Bourla, assistés par Alexandre Lenoir. Malgré des identifications hâtives et arbitraires, la fouille de la crypte du XIe siècle n’aboutit à aucune découverte significative. Aucun vestige ne remontait à l’époque mérovingienne. En revanche, la fouille de la nef permit la découverte de 32 sarcophages trapézoïdaux tous orientés. C’est en raison de la qualité de l’ornementation, et parce que c’était le but des fouilles et que l’emplacement correspondait au gisant du XIIIe siècle avant le transfert de 1628, que le rapport remis à l’empereur Napoléon Ier conclut à la découverte probable des sarcophages de Clovis et de sa famille[115].
182
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183
+ Mais Alexandre Lenoir reconnut qu’aucune inscription ne l’attestait. L'archéologue Michel Fleury notait que la facture de ces tombeaux est plutôt à placer dans le dernier quart du VIe siècle. Ce ne devait donc pas être la sépulture de Clovis et des siens. Il devait plutôt s’agir de sépultures mérovingiennes aristocratiques placées ad sanctos, non loin de l’emplacement le plus probable du tombeau de sainte Geneviève entre les VIe et XIIe siècles. Ces sarcophages ne semblaient pas, toujours selon Michel Fleury, avoir été déplacés lors de la reconstruction du XIe siècle mais devaient plutôt être à leur emplacement d’origine.
184
+
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+ Seize des trente-deux sarcophages furent envoyés au musée des monuments français en 1808. Ils furent perdus en 1817 lors de la dissolution du musée. De ces fouilles ne nous sont donc parvenus que quelques rares éléments et rien ne permet d'affirmer avec certitude que les tombes découvertes étaient celles de Clovis et des siens.
186
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+ L'idée de relancer les fouilles avec des moyens modernes est défendue par exemple par l'historien Patrick Perrin. Il n'est pas exclu que de nouvelles fouilles à l'emplacement de la basilique disparue, le long de l'actuelle rue Clovis, entre l'église Saint-Étienne-du-Mont et le lycée Henri IV puissent apporter des informations plus précises sur le sacrarium aménagé en 511[116].
188
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+ De sa première épouse, une princesse franque rhénane, Clovis eut Thierry Ier (v. 485-534), roi de Reims de 511 à 534 et co-roi d'Orléans.
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+ Avec Clotilde, il eut :
192
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+ Selon Grégoire de Tours, le partage a lieu en présence des grands du Royaume, de Thierry, qui est déjà majeur, et de la reine Clotilde. Il est établi selon le droit privé que Clovis avait fait inscrire dans la loi salique en 511. On observe donc avant tout le partage du patrimoine d'un roi, propriétaire de son royaume, entre ses héritiers. On peut, à la lumière de cette remarque, comprendre que la royauté des Francs ignore la notion de « biens publics » (la res publica des Romains) et donc d'État. La disparition de l'État, en effet, semble consommée à travers le partage du royaume de Clovis.
194
+
195
+ Cette pratique est très différente des partages également pratiqués par les derniers empereurs romains : légalement, l'Empire restait un, le partage avait lieu pour des raisons pratiques, les successeurs étaient choisis parfois en fonction de leurs mérites. Même quand il s'agissait des fils de l'empereur, l'Empire n'était pas découpé en autant de parts qu'il y avait de fils, et jamais l'empire n'a été séparé de la notion d'État par les Romains.
196
+
197
+ Le caractère patrimonial du partage est particulièrement marquant par le morcellement des conquêtes situées au sud de la Loire. Chacun, pour visiter ses domaines du midi, est contraint de traverser les terres d'un ou de plusieurs de ses frères.
198
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199
+ Mais au-delà de la tradition franque, les choses sont un peu plus complexes, comme l’indique Ian Wood[117] : Clotilde ne souhaite sans doute pas laisser Thierry exercer seul le pouvoir au détriment de ses fils, Clodomir, Childeber et Clothaire, mais, surtout, l'association des fils au pouvoir de leur père est déjà une pratique répandue dans l'Empire au IVe siècle ; ce partage, comme les suivants, n'a jamais mis fin à l'unité du regnum. En somme, les éléments de continuité avec l'Empire romain apparaissent bien présents.
200
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201
+ À la mort de Clovis, ses fils Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire se partagent, conformément à la tradition franque, le royaume[118] qu'il avait mis une vie à réunir.
202
+
203
+ L'essentiel de la Gaule (sauf la Provence, la Septimanie et le royaume des Burgondes) ayant été soumis, le royaume est partagé en quatre parts à peu près équivalente et est fondé sur les ressorts administratifs romains, les anciennes civitates, devenues pour la plupart des évêchés. L'Aquitaine est partagée entre les quatre regna en raison des troubles et des révoltes. La région rhénane (anciennement tenue par Sigebert le boiteux) va à Thierry, l'aîné des fils de Clovis, qui a été compagnon des combats de son père et est né d'une première union avant 493, ainsi que la Champagne. C’est la plus grande part, puisqu'elle couvre environ un tiers de la Gaule franque. Clodomir reçoit la vallée de la Loire, Childebert la future Normandie et Clotaire le nord de la Gaule. Tous les quatre installent leurs capitales respectives à peu de distance les unes des autres, ce qui contribue à maintenir l'unité du royaume : Thierry à Reims, Clodomir à Orléans, Childebert à Paris et Clotaire à Soissons.
204
+
205
+ À partir de ce moment, « on voit apparaître un contraste frappant entre de fortes tendances à la dispersion et la force immanente d'une unité d'ordre supérieur : l'idée d'un royaume des Francs unifié restait ancrée dans les esprits »[réf. nécessaire]. La nation franque ne retourne plus à l'état de tribus, et, du moins, n'est plus fractionnée entre Saliens et Ripuaires.
206
+
207
+ La générosité étant la première vertu du roi germanique, elle se traduit par le don aux églises de ressources royales. Terres et trésors sont systématiquement dilapidés pour montrer sa générosité à ses fidèles. L'expansion territoriale permet de perpétuer les donations[119]. Le concile d'Orléans est l'occasion d'en assurer les diocèses[120].
208
+
209
+ Plusieurs vies de saint attribuent au roi l'édification de divers lieux de culte. Ainsi, dans la vie de saint Germier, évêque de Toulouse, ce dernier est invité à la table du roi ; Germier réputé pour ses vertus, attire la curiosité. Il fait l'objet d'admiration et se voit accorder des terres à Ox ainsi que des trésors en or et en argent[121].
210
+
211
+ De même à Auch, l'évêque métropolitain Perpet va à la rencontre de Clovis lorsque celui-ci est en approche de la ville pour lui donner le pain et le vin. En récompense, le roi lui offre la cité, avec ses faubourgs et églises, ainsi que sa tunique et son manteau de guerre à l'église Sainte-Marie. Il se voit en outre offrir un trésor en or et l'église royale de Saint-Pierre-de-Vic[122].
212
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213
+ Clovis se rend à Tournai pour rencontrer Éleuthère, qui devine un pêché du roi survenu après son baptême. Clovis nie les faits et demande que l'évêque prie pour lui. Le lendemain, l'évêque reçoit une illumination lui communiquant la faute de Clovis, qui est alors pardonné. Éleuthère se voit alors remettre un don pour son église[123].
214
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215
+ Clovis est guéri miraculeusement d'une maladie par Séverin, abbé de Saint-Maurice en Valais. En remerciement, le roi lui offre de l'argent à distribuer aux pauvres et la libération des détenus[124]. De là viendrait l'édification de l'église Saint-Séverin de Paris[125].
216
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+ Hincmar de Reims écrit, vers 880 dans sa vita Remigii, que Clovis a accordé à l'évêque Remi plusieurs dons de domaines territoriaux répartis dans plusieurs provinces[126] dont un terrain incluant Leuilly et Coucy, par l'intermédiaire d'une charte. Leuilly a été attribué à Ricuin en 843, partisan du roi Charles le Chauve. En 845, pour forcer Ricuin à restituer Leuilly au patrimoine de Reims, un faux testament de l'évêque Remi est présenté au roi Charles le Chauve[127].
218
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+ Au XIe siècle, l'hagiographie de Léonard de Noblac prétend que Clovis parraine ce dernier lors de son baptême et qu'il se voit accorder la libération de prisonnier qu'il visite ainsi que le don d'un évêché. Léonard quitte le roi pour se rendre dans la forêt de Pauvain en Limousin. Clovis lui accorde alors, par un acte officiel, un domaine dans la forêt où fut fondée l'église de Saint-Léonard-de-Noblat[128].
220
+
221
+ Tous ses dons légués aux saints sont tout aussi hypothétiques qu'invérifiables dans la mesure où, à l'époque où la vie est rédigée, plus aucun témoin ne peut contredire les écrits du clergé qui a peut-être inventé des preuves en créant et en attribuant au roi Clovis de faux diplômes ou de fausses chartes à l'attention de communautés religieuses[129].
222
+
223
+ Si Clovis meurt dans son lit à Paris le 27 novembre 511, il a, avant puis pendant son règne, tué de sa main, soit dans des combats, soit hors des combats ou par des intrigues, plusieurs rois ou fils de rois, parmi ceux-ci citons[111][source insuffisante] :
224
+
225
+ La légende de l'origine troyenne des Francs fait descendre Clovis du roi troyen Priam par l’intermédiaire de Pharamond († 428), chef plus ou moins mythique.
226
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227
+ Une autre légende, colportée par l'archevêque Hincmar de Reims (845-882) dans sa Vita Remigii, qui mélange le récit de Grégoire de Tours et une ancienne hagiographie de Remi, aujourd'hui disparue, assure que lors de son baptême, c'est le Saint-Esprit qui, ayant pris la forme d'une colombe, apporte le saint chrême, une huile miraculeuse contenue dans une ampoule[Note 17].
228
+
229
+ Alors qu'il préside la cérémonie du couronnement et du sacre de Charles II le Chauve en tant que roi de Lotharingie, le 9 septembre 869, Hincmar invente le sacre de Clovis en déclarant que Charles descend du « glorieux roi des Francs Clovis, baptisé la veille de la sainte Pâques[Note 18] dans la cathédrale de Reims, et oint et consacré comme roi à l'aide d'un chrême venu du ciel, que nous possédons encore »[131]. Le premier roi franc sacré est Pépin le Bref au VIIIe siècle mais cette assimilation d'un sacre au baptême laisse accroire que Clovis aurait créé une alliance entre la monarchie et Église représentant métaphoriquement la « naissance de la France »[132].
230
+
231
+ Le pouvoir thaumaturgique attribué aux rois de France de guérir les malades, en particulier ceux souffrant d'écrouelles, à partir de Robert le Pieux, voit son origine remonter à Clovis, premier roi chrétien[133]. En 1579, une publication d'Étienne Forcadel affirme qu'un écuyer de Clovis nommé Lanicet a fui la cour du roi pour cacher sa maladie. Clovis rêve alors qu'il touche son écuyer, provoquant ainsi sa guérison. Le lendemain, Clovis retrouve son écuyer et s'exécute : la guérison a lieu[134].
232
+
233
+ L'armorial français montre Clovis arborant des fleurs de lys, symbole de pureté virginale représenté par la Vierge Marie, au XIVe siècle, mais dont l'origine pourrait remonter au XIIe siècle[135]. Un ange aurait remis à un ermite de la forêt de Marly vivant aux environs d'une tour nommé Montjoie, un bouclier où figurent trois fleurs de lys, en référence à la sainte Trinité. L'ermite l'aurait remis à Clotilde pour que celle-ci le donne au roi pour qu'il s'en serve durant la bataille à la place de ses armes ornées de trois croissants ou de trois crapauds, l'ange ayant assuré à l'ermite que le bouclier assure la victoire. Lorsque Clovis se bat contre son ennemi et le tue près de la tour Montjoie, celui-ci confesse la Trinité et fonde l'abbaye de Joyenval qui accueille alors le bouclier comme relique[136].
234
+
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+ Une légende raconte que Clovis et ses descendants auraient eu les dents qui cassaient en prenant une forme étoilée.
236
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+ Le tableau La légende de Saint Rieul, peint en 1645 par Fredeau, exposé à la cathédrale Notre-Dame de Paris, laisse apercevoir une autre légende. Après que Clovis a fait construire une église consacrée à saint Rieul, l’évêque Levangius lui aurait remis une dent prise dans la bouche de ce dernier. Le roi franc n’aurait pas pu la conserver et aurait été contraint de la remettre dans la sépulture du saint homme.
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+
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+ En 1715, Antonio Caldara compose un Oratorio La Conversion de Clovis, roi de France.
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+ 1896, Charles Gounod, Messe de Clovis pour basse solo, chœur mixte à quatre voix, deux orgues, trompettes et trombones. Œuvre composée pour le XIV centenaire du baptème de Clovis à Reims.
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+ En 1896, des célébrations ont été organisées par le cardinal et archevêque de Reims Benoît Langénieux pour le 14e centenaire du baptême de Clovis. En 1996-1997, le 15e centenaire du baptême de Clovis (avec le 16e centenaire de la mort de Martin de Tours) a été commémoré sous l'égide d'un Comité pour la commémoration des origines.
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+ Clovis Ier, en latin Chlodovechus, né à Tournai vers 466 et mort à Paris le 27 novembre 511, est roi des Francs saliens, puis roi de tous les Francs de 481 à 511.
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+ Issu de la dynastie des Mérovingiens, il est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai (en actuelle Belgique), et de la reine Basine de Thuringe. Chef militaire, il accroît considérablement le territoire du petit royaume des Francs saliens, dont il hérite à la mort de son père, pour finir par unifier une grande partie des royaumes francs, repousser Alamans et Burgondes et annexer les territoires des Wisigoths dans le sud de la Gaule.
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+ Le règne de Clovis est surtout connu par la description qu'en fit Grégoire de Tours, évêque gallo-romain dont l'Histoire des Francs est riche d'enseignements, mais dont la visée, essentiellement édifiante, s'accompagne d'un manque de précision et de cohérence historique. Les éléments de la vie de Clovis ne sont pas connus de manière certaine et leur « habillage » est le plus souvent suspect. Néanmoins, Clovis est considéré dans l'historiographie comme un des personnages les plus importants de l'histoire de France.
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+ Le règne de Clovis est l'un des moins bien documentés de la dynastie mérovingienne ; les sources le concernant reposent sur de rares documents qui lui sont contemporains — une dizaine de lettres allusives dont une lui est attribuée qui fait moins de quinze lignes — connues par des copies tardives, pas toujours très fiables[5], et sur des auteurs qui écrivent près de trois générations après sa mort[6]. Cette documentation lacunaire a permis « de largement spéculer sur la figure du fondateur de la dynastie mérovingienne »[5] qui « réduit à sa seule consistance historique vérifiable […] serait demeuré dans la discrétion de l'histoire savante »[7].
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+ L'essentiel de ce que l'on sait de Clovis provient du récit rédigé à la fin du VIe siècle par l'évêque Grégoire de Tours, né près de trente ans après la mort du roi franc. Ce récit occupe une courte partie — quinze courts chapitres[Note 1] — du livre II de la chronique universelle connue sous le titre d'Histoire des Francs. Grégoire entend faire de Clovis, premier roi franc baptisé, une figure fondatrice qu'il dépeint à l'image d'un souverain de l'Ancien Testament dans un récit qui est à ce titre sujet à caution[6]. Sa narration des événements suit un découpage par tranches de cinq années, peut-être une réminiscence des quinquennalia ou des lustra romaines : accession au trône à 15 ans, guerre contre Syagrius à 20, baptême à 30, consulat à 40 et décès à 45[8]. À partir du VIIIe siècle, les copistes tendent à escamoter le premier volume des Histoires, contribuant à faire de Clovis le roi des origines[9].
12
+
13
+ Trois sources antérieures à celle de Grégoire de Tours décrivent la situation politique du nord de la Gaule[10] à cette époque. Il s'agit de la Chronique d'Hydace, évêque de Chaves en Gallæcia[11], d'une chronique gallo-romaine du Ve siècle, la Chronica Gallica de 452 (continuée par la Chronica Gallica de 511) et de la Chronique de Marius, évêque d'Avenches[12]. Un siècle après Grégoire, le chroniqueur Frédégaire propose un portrait « beaucoup plus baroque » du souverain franc, oscillant entre traditions germaniques et romaines[6].
14
+
15
+ La seule forme contemporaine écrite attestée de son nom est le latin Chlodovechus, rendant probablement son nom francique reconstitué en runes ᚺᛚᛟᛞᛟᚹᛁᚷ[réf. nécessaire] : *Hlodowig[14],[Note 2], que l'on suppose prononcé [xlod(o)wɪk] ou [xlod(o)wɪç], signifiant « glorieux au combat », Chlodowig, étant composé des racines hlod (« renommée », « illustre », « gloire ») et wig (« bataille », « combat »), c'est-à-dire « illustre dans la bataille » ou « combat de gloire »[15].
16
+
17
+ Fréquemment utilisée par les Mérovingiens, la racine hlod est aussi à l'origine de noms tels que Clotaire (Lothaire) et Clodomir, Clodoald ou encore Clotilde. L'appellation du roi franc dérive ensuite de « Hlodovic » puis « Clodovic » qui, latinisé en Chlodovechus, donne Chlodweg, Hlodovicus, Lodoys, Ludovic, « Clovis »[16] et « Clouis », dont est né en français moderne le prénom Louis, porté par dix-sept rois de France. Il donne aussi en allemand Ludwig.
18
+
19
+ Comme tous les Francs du début de l'ère chrétienne, Clovis parlait une ou des langue(s) germanique(s) du sous-groupe linguistique dit bas francique.
20
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21
+ Du déclin de l'Empire romain d'Occident et des « invasions barbares » résulte l'établissement durable de royaumes barbares dans l'Empire et notamment en Gaule[17]. Les peuples fraîchement installés occupent des parties de territoire avec le statut de fédérés (fœdus) puis, avec la déliquescence du pouvoir romain en Occident se constituent bientôt en royaumes indépendants cherchant à s'étendre au détriment des territoires voisins. Quand Clovis apparaît dans l'histoire, les Francs occupent le nord de la Gaule à la suite d'une série d'incursions souvent brutales[17]. Les Wisigoths — ennemis des Francs[18] — dominent un vaste territoire au sud-ouest de la Gaule dont la frontière est marquée par la Loire, le Rhône et la Durance, les Burgondes sont établis dans la Sapaudia à l'est de Lyon sur un espace qui s'étend de Langres à la Durance. Enfin, les Bretons, fuyant leur île, s'installent en Armorique vers le milieu du Ve siècle[17].
22
+
23
+ Les Francs constituent une ligue de peuples germaniques qui, bien qu'ayant établi un fœdus avec l'Empire[19], sont restés païens à la différence de peuples plus romanisés tel les Burgondes, Ostrogoths, Vandales ou les Wisigoths[20] qui adoptent largement le christianisme arien de tendance homéenne de Wulfila[21]. Malgré les tentatives d'harmonisation théologique et dogmatique afin de définir une orthodoxie[22], l'Empire est à cette époque traversé de débats christologiques qui opposent le christianisme nicéen au christianisme arien et perdurent tout au long du Ve siècle[23], et les dirigeants adhèrent tantôt à l'une ou à l'autre des professions de foi concurrentes[24] même s'il faut noter qu'en Gaule, les rapports entre les différentes confessions chrétiennes sont souvent dépourvus d'hostilité[25].
24
+
25
+ Clovis est le fils du mérovingien Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai, et de la reine Basine de Thuringe[26], peut-être originaire de la Thuringe rhénane[26] ou de la Bretagne insulaire[27]. Il est né à une date inconnue de la moitié du Ve siècle, certains auteurs avançant les alentours de l'année 466[28].
26
+
27
+ Grégoire de Tours fait apparaître Childéric Ier dans son récit en 457[29], lorsque celui-ci déshonore les femmes de ses sujets, provoque la colère de son peuple et le chasse. Il se réfugie alors en Thuringe pendant huit ans, probablement à partir de 451[30]. Vivant auprès du roi Basin, il séduit la femme de son hôte, Basine. Puis il retourne dans sa province, les Francs saliens le réclament à nouveau sur le trône. Le roi épouse Basine qui, entre-temps, avait quitté son époux pour rejoindre le roi franc. De ce mariage naît Clovis.
28
+
29
+ Trois autres enfants naissent de cette union :
30
+
31
+ Childéric, exerçant des fonctions administratives, doit résider dans une ou plusieurs cités de Belgique seconde et occuper le palais attribué à l’attention des gouverneurs romains. Son fils a dû naître à Tournai et recevoir, selon les coutumes germaniques, un baptême païen. Son parrain le nomme Chlodweg et le plonge dans l’eau huit jours après sa naissance. Son éducation a dû se faire dans la partie de la résidence réservée aux femmes, le gynécée. Vers six ou sept ans, son père dut prendre en charge son éducation[32] en lui offrant un casque de fer, un bouclier et un scramasaxe utilisé pour la parade. Même si sa majorité est fixée à douze ans[33], il ne lui est cependant pas possible de combattre avant l'âge de quinze ans[34]. Il reçoit une instruction basée sur la guerre : des activités sportives, l’équitation et la chasse. Il parle le francique, et devant succéder à son père à la tête d’une province romaine, il apprend le latin. Néanmoins, il n’est pas possible de prouver qu’il ait su lire et écrire. Il dut aussi se voir enseigner l’histoire de son peuple[35].
32
+
33
+ À la mort de son père, en 481 ou 482, Clovis hérite d'un royaume qui correspond à la Belgique seconde (à peu près la région de Tournai en actuelle Belgique), petite province située entre la mer du Nord, l'Escaut et le Cambrésis, soit un territoire allant de Reims jusqu'à Amiens et Boulogne, à l'exception de la région de Soissons, qui est contrôlée par Syagrius.
34
+
35
+ Clovis prend la tête du royaume franc salien. Le titre de « roi » (en latin rex) n'est pas nouveau : il est notamment dévolu aux chefs de guerre des nations barbares au service de Rome. Ainsi, les Francs, anciens fidèles serviteurs de Rome, n'en demeurent pas moins des Germains, des barbares païens, bien éloignés par leur mode de vie des Gaulois romanisés par près de cinq siècles de domination et d'influence romaine.
36
+
37
+ Clovis n'est alors âgé que de quinze ans[Note 5] et rien ne prédispose ce petit chef barbare parmi tant d'autres à supplanter ses rivaux. Les historiens ont longtemps débattu sur la nature de la prise du pouvoir par Clovis. Au XVIIIe siècle, ils s'affrontent sur l'interprétation d'une lettre de l'évêque Remi de Reims. Montesquieu, dans l'Esprit des lois, penche pour une conquête du royaume par les armes, alors que l'abbé Dubos[Note 6] prône la dévolution, par l'Empire romain finissant, de la Belgique seconde à la famille mérovingienne[36]. Aujourd'hui, cette dernière thèse l'emporte.
38
+
39
+ À la lumière des événements postérieurs, sa réussite militaire doit évidemment à ses qualités personnelles de chef (« astutissimus »[37]), mais au moins autant à l'acquisition depuis longtemps par les siens de l'expérience romaine de la guerre — la discipline exigée de ses soldats lors de l'épisode de Soissons en témoigne, tout comme la tombe de son père Childéric — et à sa conversion au christianisme et, à travers celle-ci, son alliance avec les élites gallo-romaines.
40
+
41
+ Ainsi, le règne de Clovis s'inscrit-il plutôt dans la continuité de l'Antiquité tardive que dans le Haut Moyen Âge pour de nombreux historiens. Il contribue cependant à forger le caractère original de cette dernière période en donnant naissance à une première dynastie de rois chrétiens et, en raison de son acceptation par les élites gallo-romaines, en créant un pouvoir original en Gaule.
42
+
43
+ Toute sa vie, Clovis s'efforce d'agrandir le territoire de son royaume, avant que ses enfants ne le partagent entre eux. Peu à peu, Clovis conquiert ainsi toute la moitié septentrionale de la France actuelle : il s'allie d'abord aux Francs rhénans, puis aux Francs de Cambrai dont le roi Ragnacaire est probablement un de ses parents[38].
44
+
45
+ Pour assurer l'expansion de son domaine, Clovis n'hésite pas à éliminer tous les obstacles : il fait ainsi assassiner tous les chefs saliens et rhénans voisins et, afin de s'assurer également que seuls ses fils hériteront de son royaume, certains de ses anciens compagnons et même certains membres de sa famille, y compris éloignés. En 490, quelques années après une alliance avec les Francs rhénans, il entame une série d'offensives contre la Germanie rhénane et transrhénane.
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47
+ Il se lance ainsi dans une grande série d'alliances et de conquêtes militaires, à la tête de quelques milliers d'hommes au départ. Mais plus que les armes, certes efficaces, des Francs, c'est semble-t-il le savoir-faire acquis au service de l'Empire romain et contre les autres barbares qui rend possibles les succès militaires des guerriers de Clovis.
48
+
49
+ À travers lui, ce n'est pourtant pas un peuple germanique qui s'impose aux Gallo-romains : c'est la fusion d'éléments germains et latins qui se poursuit. Ainsi, alors que Chlodowig (Clovis) porte un nom barbare et que Syagrius est pourtant qualifié de « Romain » par les sources, ce dernier ne bénéficie visiblement pas de l'appui de son peuple. Le roi « barbare » ostrogoth Théodoric le Grand, dans sa prestigieuse cour de Ravenne, perpétue par ailleurs tous les caractères de la civilisation romaine tardive, tout en restant un Ostrogoth arien, un barbare hérétique aux yeux de l'Église.
50
+
51
+ Malgré de durs combats, Clovis sait néanmoins s'imposer assez rapidement parce qu'il paraît déjà passablement romanisé et, en définitive, un moins mauvais maître que la plupart des prétendants : « au moins est-il chrétien », auraient dit les Gallo-romains. Il aurait d'ailleurs eu un conseiller gallo-romain, Aurelianus[39]. À l'inverse, les Wisigoths, chrétiens mais ariens, tiennent l'Aquitaine d'une main de fer et ne font aucun effort pour tenter un rapprochement avec les Gallo-romains chrétiens nicéens, qu'ils dominent.
52
+
53
+ Avant 486, Clovis choisit de renforcer ses positions en contractant un mariage[40] avec une princesse de la monarchie franque rhénane[41], dont naît un fils, Thierry[40].
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55
+ Cette union a souvent été interprétée comme l'épisode d'une alliance tactique avec ses voisins orientaux, lui permettant de tourner ses ambitions vers le sud. Cette union avec une épouse dite de « second rang », vue comme étant « gage de paix » (Friedelehe), assure la paix entre Francs rhénans et saliens. Elle a souvent été interprétée à tort comme un concubinage par les historiens romains chrétiens qui ne connaissaient pas les mœurs des structures familiales polygames germaniques, sans mariage public. Les mariages officiels (de premier rang) permettaient à l'épouse de jouir du « don du matin » (la Morgengabe[Note 7]), qui était constitué de biens mobiliers donnés par le mari, ainsi que de commander à ses descendants légitimes.
56
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57
+ Le royaume des Francs rhénans s'étend dangereusement sur la Belgique seconde mais l'alliance avec Clovis leur assure la possession des cités de Metz, Toul, Trèves et Verdun que les Alamans menacent[42]. Refusant de se laisser attaquer sur deux fronts, la stratégie impose à Clovis d'attaquer les Thuringiens rhénans, que l'expansion de leur royaume basé sur l'Elbe et la Saale fait déborder sur la rive droite du Rhin inférieur, absorbant Ratisbonne par la même occasion et faisant avancer les Alamans en direction des Francs[43].
58
+
59
+ À partir de 486, Clovis mène l'offensive vers le sud. Il emporte les villes de Senlis, Beauvais, Soissons et Paris dont il pille les alentours. Il livre la bataille de Soissons contre Syagrius, longtemps considéré comme l'ultime représentant d'une légitimité romaine déliquescente depuis 476[44]. Celui-ci, fils du magister militum per Galliam Ægidius, gouverne en tant que dux, mais les rois des Francs, des Burgondes et des Wisigoths font référence à lui comme "roi des Romains". En 471, il est probable que l'empereur Anthémius (467-472) lui confère le titre de patrice. Puis, il contrôle de façon indépendante à partir de 476 une enclave gallo-romaine située entre Meuse et Loire, dernier représentant du pouvoir gallo-romain en Gaule du Nord. La victoire de Soissons permet à Clovis de contrôler tout le nord de la Gaule. Syagrius se réfugie chez les Wisigoths, qui le livrent à Clovis l'année suivante. Le chef gallo-romain aurait été égorgé en secret.
60
+
61
+ C'est après cette bataille qu'a lieu — selon Grégoire de Tours — l'épisode du vase de Soissons, où, contre la loi militaire du partage, le roi demande à soustraire du butin un vase liturgique précieux pour le rendre, à la demande de Remi, évêque de Reims, à l'église de sa ville. Après avoir réuni le butin, Clovis demande à ses guerriers de pouvoir ajouter le vase à sa part du butin. Mais un guerrier s'y oppose en frappant le vase de sa hache. Clovis ne laisse transparaître aucune émotion et réussit malgré tout à rendre l'urne à l'envoyé de Remi, mais en garde ressentiment.
62
+
63
+ L'épilogue se produit le 1er mars 487. Clovis ordonne à son armée de se réunir au Champ-de-Mars pour, selon une pratique romaine, une inspection des troupes et examiner si les armes sont propres et en bon état. Inspectant ses soldats, il s'approche du guerrier qui, l'année précédente, avait frappé le vase destiné à Remi et, sous prétexte que ses armes sont mal entretenues, jette alors la hache du soldat à terre. Au moment où celui-ci se baisse pour la ramasser, Clovis abat sa propre hache sur la tête du malheureux, le tuant net. Sur ordre de Clovis, l'armée doit se retirer en silence, laissant le corps exposé au public[38].
64
+
65
+ Le testament de Remi fait mention d'un vase d'argent que lui aurait donné Clovis, mais qu'il aurait fondu pour fabriquer un encensoir et un calice[45].
66
+
67
+ Pour Patrick Périn, « le vase de Soissons ne fut pas cassé car, comme le précise Grégoire de Tours, il fut rendu à celui qui le réclamait en l’occurrence l'envoyé d'un l'évêque. Sûrement en métal précieux comme tout vase liturgique, il fut tout au plus légèrement endommagé »[46].
68
+
69
+ Au début des années 490, Clovis s’allie avec le puissant Théodoric, roi des Ostogoths, qui non seulement est en train de devenir maître de l'Italie mais soigne son image de représentant légitime des empereurs installés à Constantinople, Zénon puis Anastase Ier. Théodoric épouse en 492 la sœur de Clovis, Audoflède ; vers 493, il abandonne sa première épouse rhénane pour Clotilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Fort de ces alliances au Sud, Clovis a les mains plus libres[44].
70
+
71
+ En 491, Clovis déclare la guerre aux Thuringiens, dont une hypothèse veut que le royaume s'apparente en fait à celui du roi des Francs saliens Cararic, qui aurait eu pour capitale la cité de Tongres[47] et dont le contour est mal défini mais s'étend probablement dans la région de Trèves ou sur les bouches du Rhin[48]. Cararic s'étant joint à Clovis dans la guerre contre Syagrius, celui-ci est donc son allié. Mais il aurait attendu le déroulement de la bataille pour intervenir auprès du vainqueur, chose que n'apprécie pas Clovis qui finit par le soumettre[38] et le fait tondre avec son fils pour les faire entrer dans les ordres, respectivement en tant que prêtre et diacre. Après avoir eu connaissance de menaces de mort le concernant, Clovis les fait finalement assassiner et s'empare du royaume[49].
72
+
73
+ Une seconde hypothèse veut que cette guerre soit simplement la réponse à la menace qu'exercent les Thuringiens sur les royaumes francs. Avant 475, le roi des Wisigoths Euric s'est allié à ce peuple, juste après avoir défait les Francs saliens, dont les pirates attaquent la côte occidentale de la Gaule[50].
74
+
75
+ Basine, la mère de Clovis, étant thuringienne, une explication à cette expédition guerrière accrédite l'idée que Clovis tente de récupérer le territoire dont sa mère était originaire[29]. Cette expédition n'entame pas pour autant la souveraineté de la Thuringe vu qu'il faut attendre le règne de ses fils, Thierry Ier et Clotaire Ier, pour qu'elle soit intégralement soumise, rattachée en partie au royaume des Francs[51] et en partie aux territoires saxons[52].
76
+
77
+ Les Alamans, fixés de part et d'autre du cours supérieur du Rhin, se montrent menaçants notamment envers les villes de Trêves et de Cologne. Clovis se porte donc au secours du roi franc Sigebert le Boiteux et fait d’une pierre deux coups. En 496, à l'issue de la grande bataille de Tolbiac, il met un terme pour plusieurs années à la menace alamane (définitivement écartée vers 505) ; d'autre part, il gagne la fidélité de ces Francs longtemps appelés rhénans.
78
+
79
+ Trois puissances exercent leur domination au sud du royaume de Clovis, les Wisigoths au sud-ouest, les Burgondes au sud-est et plus loin, en Italie, les Ostrogoths. Clovis noue des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume sans avoir à affronter une coalition hostile face à lui.
80
+
81
+ Pendant les années 490, les Francs de Clovis mènent au moins deux expéditions militaires vers le royaume wisigoth de Toulouse (en 496 et 498). Le général wisigoth Suatrius ne peut empêcher les Francs de s'emparer de la cité de Burdigala dont il est peut-être le gouverneur. Il est capturé par les Francs et sort de l'histoire à ce moment[53].
82
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83
+ En 492, Théodoric, roi d'Italie, épouse Audofleda, sœur de Clovis Ier, dont il essaie de contenir l'ambition croissante. L'année suivante, il s'accorde avec Clovis pour que celui-ci ne poursuive pas les Alamans au-delà du Danube. Théodoric protège d'ailleurs les rescapés en les installant dans la première Rhétie. Il a ainsi l'avantage de repeupler une contrée et d'acquérir des vassaux.
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+ En 499, Clovis s'allie au roi burgonde de Genève, Godégisile, qui veut s'emparer des territoires de son frère Gondebaud[54]. Afin de sécuriser ses territoires à l'ouest, en 500, Clovis signe un pacte d'alliance avec les Armoricains (peuplades gauloises de la péninsule bretonne et du rivage de la Manche)[55] et les Bretons[56].
86
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+ Après la bataille de Dijon et sa victoire sur les Burgondes de Gondebaud, Clovis contraint ce dernier à abandonner son royaume et à se réfugier à Avignon[54]. Cependant, le roi wisigoth Alaric II se porte au secours de Gondebaud et persuade ainsi Clovis d'abandonner Godégisèle. Clovis et Gondebaud se réconcilient et signent un pacte d'alliance pour lutter contre les Wisigoths.
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+ Pour manifester l'équilibre de ses alliances, en 502, son fils Thierry épouse en secondes noces [57] Suavegothe, fille de Sigismond, roi des Burgondes (dont il a une fille, Theodechilde) et petite-fille de Gondebaud.
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91
+ Avec l'appui de l'empereur romain d'Orient Anastase, très inquiet des visées expansionnistes des Goths chrétiens ariens, Clovis s'attaque alors aux Wisigoths qui dominent la majeure partie de la péninsule Ibérique et le sud-ouest de la Gaule (la Septimanie ou « marquisat de Gothie »), jusqu'à la Loire au nord et jusqu'aux Cévennes à l'est.
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+ Au printemps 507, les Francs lancent leur offensive vers le sud, franchissant la Loire vers Tours, pendant que les alliés burgondes attaquent à l'est. Les Francs affrontent l'armée du roi Alaric II dans une plaine proche de Poitiers. La bataille dite de « Vouillé » (près de Poitiers), est terrible selon l'historiographie, et les Wisigoths se replient après la mort de leur roi, Alaric II, tué par Clovis lui-même en combat singulier[58].
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95
+ Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre en Aquitaine et d'annexer tous les territoires auparavant wisigoths entre Loire, océan et Pyrénées à l'exception des confins pyrénéens tenus par les Basques et les Gascons farouchement attachés à leur indépendance. Les Wisigoths n'ont d'autre solution que de se replier en Hispanie, au-delà des Pyrénées tout en gardant le contrôle de la Narbonnaise première, l'actuel Languedoc. Les Burgondes, quant à eux, font main basse sur la Provence (l'ancienne province romaine de Narbonnaise seconde) et de la partie méridionale de la Provence. Toutefois, les Ostrogoths de Théodoric tentent d'intervenir en faveur des Wisigoths. Ils reprennent bien la Provence et quelques petits territoires après la levée à l'automne 508 du siège d'Arles, mais l'empire d'Orient menace leurs côtes, et Clovis garde l'essentiel des anciens territoires wisigoths.
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+ En 508, après sa victoire sur les Wisigoths, Clovis reçoit de l'empereur d'Orient Anastase Ier le consulat honoraire[59] avec les ornements consulaires[60], ce qui lui permet de célébrer à Tours un triomphe à la mode antique[6]. Cela marque la continuation des bonnes relations avec l'Empire romain dont Constantinople est la seule capitale, Odoacre ayant renvoyé les insignes impériaux d'Occident après la déposition de Romulus Augustule en 476[61].
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+ Cet événement majeur de la période est néanmoins mal connu. La date de la cérémonie est elle-même discutée[44]. Trois documents contemporains l'évoquent. Il s'agit du récit de Grégoire de Tours, écrit trois quart de siècle plus tard; d'une lettre de l'évêque Avit de Vienne, contemporaine de la cérémonie, adressée à Clovis; et une lettre envoyée en 565 par l'évêque Nicet de Trèves à la petite-fille de Clovis, Chlodoswinde.
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101
+ L'évêque de Reims, le futur saint Remi, cherche alors probablement la protection d'une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement en 482. Les contacts sont nombreux entre le roi et l'évêque, ce dernier incitant d'abord Clovis à protéger les chrétiens présents sur son territoire. Grâce à son charisme et peut-être en raison de l'autorité dont lui-même jouit, Remi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de conseiller.
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103
+ À la suite d'ambassades répétées auprès du roi Gondebaud, Clovis choisit de prendre pour épouse Clotilde, une princesse chrétienne de haut lignage, fille du roi des Burgondes Chilpéric II[40] et de la reine Carétène[62] (ce peuple voisin des Francs était établi dans les actuels Dauphiné et Savoie).
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+ Le mariage qui a lieu à Soissons[Note 8] en 492[63] ou en 493[64] concrétise le pacte de non-agression avec les rois burgondes. En choisissant une descendante du roi Athanaric de la dynastie des Balthes, Clovis se marie avec une épouse de premier rang qui lui assure un mariage hypergamique, lui permettant de hisser les Francs au rang de grande puissance[65].
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+ Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme. Mais Clovis est réticent : il doute de l'existence d'un dieu unique ; la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d'ailleurs qu'accentuer cette méfiance[66]. D'autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore païen : comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat. S'ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l'Église.
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+ Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé gallo-romain, car ce dernier représente la population, notamment en Aquitaine wisigothique. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule, c'est-à-dire également des zones où se concentrait encore la richesse. Cependant, même l'Église a du mal à maintenir sa cohérence : évêques exilés ou non remplacés en territoires wisigoths, successions pontificales difficiles à Rome, mésentente entre pro-wisigoths ariens et pro-francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris…), etc.
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111
+ C'est en « la quinzième année de son règne », c'est-à-dire en 496, qu'a lieu la bataille de Tolbiac (Zülpich près de Cologne) contre les Alamans, Clovis portant secours aux Francs rhénans[Note 9],[58]. D'après Grégoire de Tours, ne sachant plus à quel dieu païen se vouer et son armée étant sur le point d'être vaincue, Clovis prie alors le Christ et lui promet de se convertir si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils de Dieu vivant » lui accordait la victoire[Note 10]. Il s'agit de la même promesse que fit l'empereur romain Constantin en 312 lors de la bataille du pont Milvius. Grégoire de Tours reprend le modèle constantinien (conversion après une bataille, rôle important d'une femme, Hélène et Clotilde) pour répéter ce qu'il y a eu de plus glorieux et légitimer la royauté franque[67].
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113
+ Au cœur de la bataille, alors que Clovis est encerclé et va être pris, le chef alaman est tué d'une flèche ou d'un coup de hache, ce qui met son armée en déroute. La victoire est à Clovis et au dieu des chrétiens[68]. Une hypothèse veut que la bataille ait eu lieu en 506 à cause d'une lettre de Théodoric envoyée à Clovis fin 506 ou début 507 où il est mentionné la victoire de Clovis sur les Alamans (alors sous la protection de Théodoric), la mort de leur roi, et leur fuite en Rhétie. Il est aussi possible qu'il y ait eu deux batailles contre les Alamans, l'une en 496 et l'autre en 506, où, à chaque fois, leur roi périt au combat[69]. Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre jusqu'à la Haute-Rhénanie.
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+ Selon d'autres sources[70], Tolbiac n'aurait été qu'une étape et l'illumination finale de Clovis aurait en fait eu lieu lors de la visite au tombeau de Martin de Tours.
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+ Selon Patrick Périn, médiéviste, spécialiste du Premier Moyen Âge et directeur du Musée d'archéologie national, Clovis n’aurait pas fait le vœu de se convertir au christianisme lors de la fameuse bataille de Tolbiac mais lors d'une bataille inconnue. En effet, la bataille de Tolbiac serait mentionnée par erreur dans les écrits de Grégoire de Tours. Si ce dernier évoque bien Tolbiac, ce serait à propos de la bataille de Vouillé où était présent Clodoric, fils de Sigebert le Boiteux de Cologne, ainsi nommé car il avait été blessé lors d'une bataille contre les Alamans, à Tolbiac. Ce seraient des historiens du XIXe siècle qui auraient associé Tolbiac à la conversion du roi des Francs[71],[72].
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+ L'évêque Remi enseigne à Clovis la catéchèse durant la phase des auditeurs (audientes) suivant les préceptes des conciles de Nicée (325), de Constantinople (381) et de Chalcédoine (25 octobre 451). Il se voit longuement enseigner la moralité et le rituel ainsi que l'histoire du Salut[73], puis le dogme trinitaire ainsi que les Credos tels que « Je crois en Dieu Père tout puissant et à Jésus-Christ son fils unique, engendré et non créé » que le concile de Nicée a promulgué[74]. Cependant, le doute plane concernant la Passion : Clovis ne croit pas qu'un vrai dieu puisse se laisser crucifier[Note 11] et le pense impuissant[75]. En outre, sa sœur Lantechilde le pousse à embrasser l'arianisme plutôt que l'orthodoxie conciliaire[76].
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+ Toujours est-il que lors de Noël d'une année[Note 12] comprise entre 496 et 511, peut-être en 499[77] ou en 508[78] selon les auteurs, Clovis passe �� la phase des demandeurs (competentes)[73] et reçoit alors le baptême avec 3 000 guerriers (les antrustions)[79],[Note 13] — les baptêmes collectifs étant alors une pratique courante — des mains de Remi, l'évêque de Reims, le 25 décembre. Ce chiffre est cependant sujet à caution et l'onction post-baptismale est certainement exclue : il aurait été difficile pour l'évêque de répandre du chrême, un mélange d'huile d'olive et de résine aromatique, sur le front de 3 000 personnes[80]. Grégoire de Tours indique aussi que les deux sœurs de Clovis, Alboflède et Lanthechilde, sont également baptisées[81]. Ce baptême est demeuré un évènement significatif dans l'histoire de France : à partir d'Henri Ier tous les rois de France, sauf Louis VI, Henri IV et Louis XVIII, sont par la suite sacrés dans la cathédrale de Reims jusqu'au roi Charles X, en 1825.
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+ Le baptême de Clovis accroît sans doute sa légitimité au sein de la population gallo-romaine, mais représente un pari dangereux : les Francs, comme les Germains, considèrent qu'un chef vaut par la protection que lui inspirent les dieux ; la conversion va à l'encontre de cela ; les Germains christianisés (comme les Goths) sont souvent ariens, car le roi y reste chef de l'Église. Selon l'historien Léon Fleuriot[82], Clovis fit un pacte avec les Bretons et Armoricains de l'ouest qu'il ne pouvait battre, tandis que menaçaient les Wisigoths. Le baptême était une condition de ce traité car les Bretons étaient déjà christianisés. Ce traité fut conclu par l'entremise de Melaine de Rennes et Paterne de Vannes. Les Bretons reconnurent l'autorité de Clovis mais ne payaient pas de tribut.
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+ Ainsi, le baptême de Clovis marque le début du lien entre le clergé et la monarchie franque. Pour les monarchistes français, cette continuité se fait française et dure jusqu'au début du XIXe siècle. Dorénavant, le souverain doit régner au nom de Dieu. Ce baptême permet également à Clovis d'asseoir durablement son autorité sur les populations, essentiellement gallo-romaines et chrétiennes, qu'il domine : avec ce baptême, il peut compter sur l'appui du clergé, et vice-versa. Enfin depuis ce baptême, l'historiographie nationaliste française du XIXe siècle attribue aux rois de France le titre de « fils aîné de l'Église » catholique[83].
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+ Grégoire de Tours indique :
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+ « La reine fait alors venir en secret Remi, évêque de la ville de Reims, en le priant d’insinuer chez le roi la parole du salut. L’évêque l’ayant fait venir en secret commença à lui insinuer qu’il devait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui être utiles, ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui répliquait : « Je t’ai écouté très volontiers, très saint Père, toutefois il reste une chose ; c’est que le peuple qui est sous mes ordres, ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je vais l’entretenir conformément à ta parole. »
130
+
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+ Il se rendit donc au milieu des siens et avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c’est le Dieu immortel que prêche Remi que nous sommes prêts à suivre ». Cette nouvelle est portée au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine. […] Ce fut le roi qui le premier demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine pour se guérir de la maladie d’une vieille lèpre et pour effacer avec une eau fraîche de sales taches faites anciennement.
132
+
133
+ Lorsqu’il fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Courbe doucement la tête, ô Sicambre[Note 14] ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ». Remi était un évêque d’une science remarquable et qui s’était tout d’abord imprégné de l’étude de la rhétorique. Il existe de nos jours un livre de sa vie qui raconte qu'il était tellement distingué par sa sainteté qu’il égalait Silvestre par ses miracles, et qu’il a ressuscité un mort. Ainsi donc le roi, ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés. […] »
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+ — Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, chapitre XXXI.
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+ Pendant les deux années qui précèdent sa mort[84], Clovis s'empare du royaume franc de Sigebert le Boiteux après l'avoir fait assassiner par l'intermédiaire de son propre fils Clodéric, lequel périt à son tour après une manœuvre de Clovis, qui étend ainsi son autorité au-delà du Rhin[85]. Clovis exécute ses cousins les rois Cararic et Ragnacaire, avec son frère Riquier, ainsi que Rignomer, dans la cité du Mans, un autre de ses frères, pour s'emparer de leurs royaumes et éviter que son royaume unifié ne soit partagé entre eux selon la coutume de la tanistrie[86].
138
+
139
+ Clovis est désormais le maître d'un unique royaume, correspondant à une portion occidentale de l'ancien Empire romain, allant de la moyenne vallée du Rhin (l'embouchure du Rhin est toujours aux mains des tribus frisonnes) jusqu'aux Pyrénées, tenues par les Basques. Le royaume de Clovis ne comprend toutefois pas l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), ni les régions méditerranéennes, ni les vallées du Rhône et de la Saône.
140
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+ Il décide en 508 de faire de Paris, la ville de sainte Geneviève dont le couple royal fait remplacer l'édifice en bois qui lui est dédié par une église[87], sa résidence principale[88], après Tournai et Soissons[89]. C'est la première accession au statut de capitale de l'ancienne Lutèce, qui porte désormais le nom de l'ancien peuple gaulois des Parisii.
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143
+ Ses raisons sont sans doute principalement stratégiques, la cité ayant été une ville de garnison et une résidence impériale vers la fin de l'Empire, notamment pour les empereurs Julien et Valentinien Ier. Elle bénéficie en outre de défenses naturelles et d'une bonne situation géographique[90], Childéric Ier avait tenté de s'en emparer en l'assiégeant à deux reprises, sans succès[87]. Sa localisation correspond à l'actuelle île de la Cité reliée aux rives de la Seine par un pont au nord et un deuxième pont au sud, et protégée par un rempart[91]. En outre, un vaste et riche fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne[92]) l'entoure. Elle n'a qu'une importance relative : le royaume franc n'a pas d'administration, ni d'ailleurs aucun des caractères qui fondent un État moderne. Cependant, la ville de Lyon, ancienne « capitale des Gaules », perd définitivement sa suprématie politique dans l’isthme ouest-européen.
144
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145
+ Sous le règne de Clovis en tout cas, la ville ne connaît pas de changements majeurs : le patrimoine immobilier antique est conservé, parfois réaffecté. Seuls de nouveaux édifices religieux donnés par la famille royale et par l'aristocratie transforment quelque peu le paysage urbain, tel la basilique des Saints-Apôtres. Mais c'est surtout après la mort de Clovis que les premiers de ces édifices voient le jour.
146
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147
+ Aux sujets gallo-romains, Clovis fait appliquer le Bréviaire d'Alaric, appelée Loi romaine des Wisigoths, adaptation wisigothique du Code théodosien[93]. Les populations germaniques restent soumises aux codes spécifiques qui avaient été imposés par l'administration romaine aux contingents militaires et à leur famille dans l'Empire au Ve siècle. Ils restent en vigueur après 507. Après la conquête du royaume burgonde en 534, la référence, pour sa population, resta la Loi romaine des Burgonde (lex Burgundionum) ou Loi Gombette.
148
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149
+ Il n'en va pas de même pour les Francs peu perméable aux influences juridiques romaines. Selon certains historiens, la première loi salique était un code pénal et civil, propre aux Francs dits « saliens », adopté, pour la première fois, vers 420. D'abord mémorisée et transmise oralement, elle fut mise par écrit dans les premières années du VIe siècle[94] à la demande de Clovis[95], puis remaniée plusieurs fois par la suite, jusqu'à Charlemagne. Le pacte de la loi salique est daté d'après 507 mais ne s'applique qu'aux Francs installés entre Escaut et Loire. Peut-être sa promulgation coïncide-t-elle avec l'installation du roi à Paris ? Les Francs rhénans conservent leurs propres traditions, mises par écrit sous le règne de Dagobert dans les années 620[44]. À ce propos, on peut noter que Périn écrivait le contraire, la loi salique s'appliquant à tous les Francs, même aux Francs rhénans dont la loi ripuaire ne sera rédigée que bien plus tard, faisant valoir ainsi leurs particularismes[93].
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151
+ La première version de la loi (il y en eut au moins huit) portait le nom de pactus legis salicæ (pacte de la loi salique), et est composé de soixante-cinq articles. L'ancienneté supposée de cette version rédigée sous Clovis est cependant contestée car, si son origine remonte bien au milieu du VIe siècle, elle n'est due qu'à un « premier roi franc » dont le nom n'est pas précisé[96]. Le prologue parle de quatre recteurs ayant pour mission de rendre équité et justice. Un prologue plus tardif précise qu'elle a été mise en forme sur ordre de Clovis et de ses fils. Les termes utilisés dans la version écrite et les principes appliqués relèvent autant de larges emprunts au droit romain que de la tradition germanique. Il s'agit cependant de substituer le droit romain aux coutumes barbares afin d'éviter les guerres privées (faides) comme moyen de règlement des conflits[97]. À la différence du droit romain, la loi salique se montre beaucoup plus clémente quant au traitement infligé aux criminels : diverses amendes régissent les crimes et délits, permettant ainsi d'éviter la peine de mort[98].
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+ En juillet 511, Clovis réunit un concile des Gaules à Orléans, qui prend fin le dimanche 10 juillet[99]. Le concile rassemble trente-deux évêques, et est présidé par l'évêque métropolitain Cyprien de Bordeaux ; la moitié viennent du « royaume des Francs ». Les évêques métropolitains de Rouen et Tours sont présents mais pas celui de Reims. Les évêques de Vasconie sont absents à cause de troubles dans leur région mais également ceux de Belgique et de Germanie[100] du fait du manque de pénétration de l'Église catholique dans ces régions. Clovis est désigné « Rex Gloriosissimus fils de la Sainte Église catholique », par tous les évêques présents[101].
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+ Ce concile fut capital dans l'établissement des relations entre le roi et l'Église catholique. Clovis ne se pose pas comme chef de l’Église comme le ferait un roi arien, il coopère avec celle-ci et n’intervient pas dans les décisions des évêques (même s'il les a convoqués, leur pose des questions, et promulgue les canons du concile).
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+ Ce concile vise à remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume des Francs, à faciliter la conversion et l’assimilation des Francs convertis et des ariens, à limiter les incestes (brisant ainsi la tradition germanique matriarcale des clans familiaux endogames), à partager les tâches entre administration et Église, à restaurer les liens avec la papauté.
160
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161
+ Des trente-et-un canons produits par le concile, il ressort que le roi ou son représentant, c'est-à-dire le comte, se voient réserver le droit d'autoriser ou non l'accès d'un laïc à la cléricature, les esclaves devant d'abord s'en référer au maître. Il s'agit là d'endiguer les fuites fiscales que les vocations, motivées par l'immunité, provoquent chez les plus riches[102].
162
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+ Le roi se voit attribuer le droit de désigner les évêques, contrairement au canon qui veut qu'ils soient élus par une assemblée de fidèles[103], confirmant ainsi les droits de magister militum que l'empereur accordait à ses ancêtres en tant que gouverneurs de la province de Belgique seconde[104]. Les rois mérovingiens bénéficient de ce droit jusqu'à la promulgation de l'édit de Paris par Clotaire II, le 18 octobre 614[105] où les élections épiscopales redeviennent la règle[106]. La chasteté des clercs et la subordination des abbés aux évêques sont rappelées. Les clercs hérétiques ayant reconnu la foi catholique peuvent retrouver une fonction et les établissements religieux repris aux ariens sont à nouveau consacrés dans la foi catholique[96].
164
+
165
+ Le droit d'asile est élargi à l'ensemble des bâtiments entourant les églises, s'alignant ainsi sur le Code théodosien, la loi gombette et le bréviaire d'Alaric. L'objectif était de permettre à un fugitif de trouver refuge dans les édifices sacrés, avec l'assurance de pouvoir y être logé convenablement, sans avoir à profaner les édifices. Le canon interdit au poursuivant de pénétrer dans l'enceinte du bâtiment, sans avoir préalablement prêté serment sur l'Évangile, et d'infliger de châtiment corporel au fugitif. Une indemnisation était prévue pour compenser le préjudice subi, s'il s'agissait d'un esclave en fuite, ou la possibilité pour le maître de le récupérer.
166
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167
+ En cas de parjure, il y a excommunication[Note 15]. Les terres royales accordées à l'Église se voient exemptées d'impôt afin d'y entretenir les clercs, les pauvres et les prisonniers. Plusieurs superstitions, tel que les « sorts des saints », coutume consistant à ouvrir au hasard les livres sacrés tel que la Bible et interpréter comme un oracle le texte apparaissant sous les yeux du lecteur[Note 16], se voient condamnées[107] une seconde fois, après le concile de Vannes de 465[108].
168
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169
+ L’alliance de l’Église chrétienne et du pouvoir, qui a débuté avec le baptême du roi et qui perdure près de quatorze siècles, est un acte politique majeur qui se poursuit car les populations rurales, jusque-là païennes, de plus en plus christianisées, lui font davantage confiance.
170
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+ Clovis meurt à Paris le 27 novembre 511[2], âgé de 45 ans[110]. On présume qu'il est décédé d'une affection aiguë au bout de 3 semaines[111]. Selon la tradition, il aurait été inhumé dans la basilique des Saints-Apôtres (saint Pierre et saint Paul)[110], future église Sainte-Geneviève, qu'il avait fait construire sur le tombeau même de la sainte tutélaire de la cité, à l'emplacement de l'actuelle rue Clovis (rue qui sépare l'église Saint-Étienne-du-Mont du lycée Henri-IV).
172
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+ Clovis fut inhumé, comme l'écrit Grégoire de Tours, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres situé sous l'actuelle rue Clovis[112], c'est-à-dire dans un mausolée construit exprès à la manière de la sépulture qui avait accueilli l'empereur romain chrétien Constantin le Grand aux Saints-Apôtres à Constantinople[113], en annexe, sans doute greffé sur le chevet du monument[114]. Les sarcophages royaux furent probablement posés sur le sol et non enfouis, selon l'usage qui s'imposa dès la génération des fils de Clovis[114]. Malgré le souhait de Clovis, la basilique ne servit pas de mausolée à la dynastie mérovingienne. On ignore ce qu'il advint des tombes du couple royal ainsi que celles de leur fille Clotilde, et leurs petits fils Thibaud et Gonthier, assassinés à la mort de Clodomir. Comme l'illustre l'exemple des tombes princières de la cathédrale de Cologne, il est possible que les sarcophages aient été enfouis dans le sous-sol au moment où un agrandissement nécessitait son arasement[114] ; si ces travaux n'eurent pas lieu avant la seconde moitié du IXe siècle, il est possible que les tombeaux aient été pillés ou détruits à l'occasion des invasions normandes (845, 850 et 885).
174
+
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+ L'église ne fut pas détruite ; on se contenta à chaque fois de quelques réparations. Les châsses des saints furent évacuées en lieu sûr, puis replacées après les attaques. Si l’on est informé du sort des reliques, on ignore en revanche ce qu’est devenu le tombeau de Clovis durant ces attaques normandes.
176
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+ En 1177, se trouvait un tombeau au milieu du chœur sur lequel on lisait cette inscription : « chlodoveo magno, hujus ecclesiæ fundatori sepulcrum vulgari olim lapide structum et longo ævo deformatum, abbas et convent. meliori opere et form renovaverunt ». Un gisant du XIIIe siècle fut installé à l'emplacement du tombeau.
178
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+ Ce tombeau, composé d’un socle et d’un gisant, fut restauré en 1628 par les soins du cardinal-abbé de La Rochefoucauld qui le fit placer dans la chapelle axiale rectangulaire, au fond de l’église, dans un monumental ensemble baroque en marbre. C’est ce gisant qui fut transféré en 1816 à l'église abbatiale de Saint-Denis.
180
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+ En 1807, au moment de la démolition de l'église Sainte-Geneviève, des fouilles furent entreprises par le préfet Frochot et menées par l’administration des Domaines sous la direction des architectes Rondelet et Bourla, assistés par Alexandre Lenoir. Malgré des identifications hâtives et arbitraires, la fouille de la crypte du XIe siècle n’aboutit à aucune découverte significative. Aucun vestige ne remontait à l’époque mérovingienne. En revanche, la fouille de la nef permit la découverte de 32 sarcophages trapézoïdaux tous orientés. C’est en raison de la qualité de l’ornementation, et parce que c’était le but des fouilles et que l’emplacement correspondait au gisant du XIIIe siècle avant le transfert de 1628, que le rapport remis à l’empereur Napoléon Ier conclut à la découverte probable des sarcophages de Clovis et de sa famille[115].
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+ Mais Alexandre Lenoir reconnut qu’aucune inscription ne l’attestait. L'archéologue Michel Fleury notait que la facture de ces tombeaux est plutôt à placer dans le dernier quart du VIe siècle. Ce ne devait donc pas être la sépulture de Clovis et des siens. Il devait plutôt s’agir de sépultures mérovingiennes aristocratiques placées ad sanctos, non loin de l’emplacement le plus probable du tombeau de sainte Geneviève entre les VIe et XIIe siècles. Ces sarcophages ne semblaient pas, toujours selon Michel Fleury, avoir été déplacés lors de la reconstruction du XIe siècle mais devaient plutôt être à leur emplacement d’origine.
184
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185
+ Seize des trente-deux sarcophages furent envoyés au musée des monuments français en 1808. Ils furent perdus en 1817 lors de la dissolution du musée. De ces fouilles ne nous sont donc parvenus que quelques rares éléments et rien ne permet d'affirmer avec certitude que les tombes découvertes étaient celles de Clovis et des siens.
186
+
187
+ L'idée de relancer les fouilles avec des moyens modernes est défendue par exemple par l'historien Patrick Perrin. Il n'est pas exclu que de nouvelles fouilles à l'emplacement de la basilique disparue, le long de l'actuelle rue Clovis, entre l'église Saint-Étienne-du-Mont et le lycée Henri IV puissent apporter des informations plus précises sur le sacrarium aménagé en 511[116].
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+ De sa première épouse, une princesse franque rhénane, Clovis eut Thierry Ier (v. 485-534), roi de Reims de 511 à 534 et co-roi d'Orléans.
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+ Avec Clotilde, il eut :
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+ Selon Grégoire de Tours, le partage a lieu en présence des grands du Royaume, de Thierry, qui est déjà majeur, et de la reine Clotilde. Il est établi selon le droit privé que Clovis avait fait inscrire dans la loi salique en 511. On observe donc avant tout le partage du patrimoine d'un roi, propriétaire de son royaume, entre ses héritiers. On peut, à la lumière de cette remarque, comprendre que la royauté des Francs ignore la notion de « biens publics » (la res publica des Romains) et donc d'État. La disparition de l'État, en effet, semble consommée à travers le partage du royaume de Clovis.
194
+
195
+ Cette pratique est très différente des partages également pratiqués par les derniers empereurs romains : légalement, l'Empire restait un, le partage avait lieu pour des raisons pratiques, les successeurs étaient choisis parfois en fonction de leurs mérites. Même quand il s'agissait des fils de l'empereur, l'Empire n'était pas découpé en autant de parts qu'il y avait de fils, et jamais l'empire n'a été séparé de la notion d'État par les Romains.
196
+
197
+ Le caractère patrimonial du partage est particulièrement marquant par le morcellement des conquêtes situées au sud de la Loire. Chacun, pour visiter ses domaines du midi, est contraint de traverser les terres d'un ou de plusieurs de ses frères.
198
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+ Mais au-delà de la tradition franque, les choses sont un peu plus complexes, comme l’indique Ian Wood[117] : Clotilde ne souhaite sans doute pas laisser Thierry exercer seul le pouvoir au détriment de ses fils, Clodomir, Childeber et Clothaire, mais, surtout, l'association des fils au pouvoir de leur père est déjà une pratique répandue dans l'Empire au IVe siècle ; ce partage, comme les suivants, n'a jamais mis fin à l'unité du regnum. En somme, les éléments de continuité avec l'Empire romain apparaissent bien présents.
200
+
201
+ À la mort de Clovis, ses fils Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire se partagent, conformément à la tradition franque, le royaume[118] qu'il avait mis une vie à réunir.
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+ L'essentiel de la Gaule (sauf la Provence, la Septimanie et le royaume des Burgondes) ayant été soumis, le royaume est partagé en quatre parts à peu près équivalente et est fondé sur les ressorts administratifs romains, les anciennes civitates, devenues pour la plupart des évêchés. L'Aquitaine est partagée entre les quatre regna en raison des troubles et des révoltes. La région rhénane (anciennement tenue par Sigebert le boiteux) va à Thierry, l'aîné des fils de Clovis, qui a été compagnon des combats de son père et est né d'une première union avant 493, ainsi que la Champagne. C’est la plus grande part, puisqu'elle couvre environ un tiers de la Gaule franque. Clodomir reçoit la vallée de la Loire, Childebert la future Normandie et Clotaire le nord de la Gaule. Tous les quatre installent leurs capitales respectives à peu de distance les unes des autres, ce qui contribue à maintenir l'unité du royaume : Thierry à Reims, Clodomir à Orléans, Childebert à Paris et Clotaire à Soissons.
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+
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+ À partir de ce moment, « on voit apparaître un contraste frappant entre de fortes tendances à la dispersion et la force immanente d'une unité d'ordre supérieur : l'idée d'un royaume des Francs unifié restait ancrée dans les esprits »[réf. nécessaire]. La nation franque ne retourne plus à l'état de tribus, et, du moins, n'est plus fractionnée entre Saliens et Ripuaires.
206
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207
+ La générosité étant la première vertu du roi germanique, elle se traduit par le don aux églises de ressources royales. Terres et trésors sont systématiquement dilapidés pour montrer sa générosité à ses fidèles. L'expansion territoriale permet de perpétuer les donations[119]. Le concile d'Orléans est l'occasion d'en assurer les diocèses[120].
208
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209
+ Plusieurs vies de saint attribuent au roi l'édification de divers lieux de culte. Ainsi, dans la vie de saint Germier, évêque de Toulouse, ce dernier est invité à la table du roi ; Germier réputé pour ses vertus, attire la curiosité. Il fait l'objet d'admiration et se voit accorder des terres à Ox ainsi que des trésors en or et en argent[121].
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211
+ De même à Auch, l'évêque métropolitain Perpet va à la rencontre de Clovis lorsque celui-ci est en approche de la ville pour lui donner le pain et le vin. En récompense, le roi lui offre la cité, avec ses faubourgs et églises, ainsi que sa tunique et son manteau de guerre à l'église Sainte-Marie. Il se voit en outre offrir un trésor en or et l'église royale de Saint-Pierre-de-Vic[122].
212
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+ Clovis se rend à Tournai pour rencontrer Éleuthère, qui devine un pêché du roi survenu après son baptême. Clovis nie les faits et demande que l'évêque prie pour lui. Le lendemain, l'évêque reçoit une illumination lui communiquant la faute de Clovis, qui est alors pardonné. Éleuthère se voit alors remettre un don pour son église[123].
214
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215
+ Clovis est guéri miraculeusement d'une maladie par Séverin, abbé de Saint-Maurice en Valais. En remerciement, le roi lui offre de l'argent à distribuer aux pauvres et la libération des détenus[124]. De là viendrait l'édification de l'église Saint-Séverin de Paris[125].
216
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217
+ Hincmar de Reims écrit, vers 880 dans sa vita Remigii, que Clovis a accordé à l'évêque Remi plusieurs dons de domaines territoriaux répartis dans plusieurs provinces[126] dont un terrain incluant Leuilly et Coucy, par l'intermédiaire d'une charte. Leuilly a été attribué à Ricuin en 843, partisan du roi Charles le Chauve. En 845, pour forcer Ricuin à restituer Leuilly au patrimoine de Reims, un faux testament de l'évêque Remi est présenté au roi Charles le Chauve[127].
218
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219
+ Au XIe siècle, l'hagiographie de Léonard de Noblac prétend que Clovis parraine ce dernier lors de son baptême et qu'il se voit accorder la libération de prisonnier qu'il visite ainsi que le don d'un évêché. Léonard quitte le roi pour se rendre dans la forêt de Pauvain en Limousin. Clovis lui accorde alors, par un acte officiel, un domaine dans la forêt où fut fondée l'église de Saint-Léonard-de-Noblat[128].
220
+
221
+ Tous ses dons légués aux saints sont tout aussi hypothétiques qu'invérifiables dans la mesure où, à l'époque où la vie est rédigée, plus aucun témoin ne peut contredire les écrits du clergé qui a peut-être inventé des preuves en créant et en attribuant au roi Clovis de faux diplômes ou de fausses chartes à l'attention de communautés religieuses[129].
222
+
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+ Si Clovis meurt dans son lit à Paris le 27 novembre 511, il a, avant puis pendant son règne, tué de sa main, soit dans des combats, soit hors des combats ou par des intrigues, plusieurs rois ou fils de rois, parmi ceux-ci citons[111][source insuffisante] :
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+ La légende de l'origine troyenne des Francs fait descendre Clovis du roi troyen Priam par l’intermédiaire de Pharamond († 428), chef plus ou moins mythique.
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+ Une autre légende, colportée par l'archevêque Hincmar de Reims (845-882) dans sa Vita Remigii, qui mélange le récit de Grégoire de Tours et une ancienne hagiographie de Remi, aujourd'hui disparue, assure que lors de son baptême, c'est le Saint-Esprit qui, ayant pris la forme d'une colombe, apporte le saint chrême, une huile miraculeuse contenue dans une ampoule[Note 17].
228
+
229
+ Alors qu'il préside la cérémonie du couronnement et du sacre de Charles II le Chauve en tant que roi de Lotharingie, le 9 septembre 869, Hincmar invente le sacre de Clovis en déclarant que Charles descend du « glorieux roi des Francs Clovis, baptisé la veille de la sainte Pâques[Note 18] dans la cathédrale de Reims, et oint et consacré comme roi à l'aide d'un chrême venu du ciel, que nous possédons encore »[131]. Le premier roi franc sacré est Pépin le Bref au VIIIe siècle mais cette assimilation d'un sacre au baptême laisse accroire que Clovis aurait créé une alliance entre la monarchie et Église représentant métaphoriquement la « naissance de la France »[132].
230
+
231
+ Le pouvoir thaumaturgique attribué aux rois de France de guérir les malades, en particulier ceux souffrant d'écrouelles, à partir de Robert le Pieux, voit son origine remonter à Clovis, premier roi chrétien[133]. En 1579, une publication d'Étienne Forcadel affirme qu'un écuyer de Clovis nommé Lanicet a fui la cour du roi pour cacher sa maladie. Clovis rêve alors qu'il touche son écuyer, provoquant ainsi sa guérison. Le lendemain, Clovis retrouve son écuyer et s'exécute : la guérison a lieu[134].
232
+
233
+ L'armorial français montre Clovis arborant des fleurs de lys, symbole de pureté virginale représenté par la Vierge Marie, au XIVe siècle, mais dont l'origine pourrait remonter au XIIe siècle[135]. Un ange aurait remis à un ermite de la forêt de Marly vivant aux environs d'une tour nommé Montjoie, un bouclier où figurent trois fleurs de lys, en référence à la sainte Trinité. L'ermite l'aurait remis à Clotilde pour que celle-ci le donne au roi pour qu'il s'en serve durant la bataille à la place de ses armes ornées de trois croissants ou de trois crapauds, l'ange ayant assuré à l'ermite que le bouclier assure la victoire. Lorsque Clovis se bat contre son ennemi et le tue près de la tour Montjoie, celui-ci confesse la Trinité et fonde l'abbaye de Joyenval qui accueille alors le bouclier comme relique[136].
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+ Une légende raconte que Clovis et ses descendants auraient eu les dents qui cassaient en prenant une forme étoilée.
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+ Le tableau La légende de Saint Rieul, peint en 1645 par Fredeau, exposé à la cathédrale Notre-Dame de Paris, laisse apercevoir une autre légende. Après que Clovis a fait construire une église consacrée à saint Rieul, l’évêque Levangius lui aurait remis une dent prise dans la bouche de ce dernier. Le roi franc n’aurait pas pu la conserver et aurait été contraint de la remettre dans la sépulture du saint homme.
238
+
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+ En 1715, Antonio Caldara compose un Oratorio La Conversion de Clovis, roi de France.
240
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241
+ 1896, Charles Gounod, Messe de Clovis pour basse solo, chœur mixte à quatre voix, deux orgues, trompettes et trombones. Œuvre composée pour le XIV centenaire du baptème de Clovis à Reims.
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+ En 1896, des célébrations ont été organisées par le cardinal et archevêque de Reims Benoît Langénieux pour le 14e centenaire du baptême de Clovis. En 1996-1997, le 15e centenaire du baptême de Clovis (avec le 16e centenaire de la mort de Martin de Tours) a été commémoré sous l'égide d'un Comité pour la commémoration des origines.
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+ Un clown, pitre ou paillasse est un personnage comique de l'univers du cirque. Visages disparaissant sous le maquillage, vêtus de façon spectaculaire, les clowns se partagent traditionnellement en « augustes » et en « clowns blancs ».
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5
+ Le substantif masculin[1],[2],[3],[4],[5] clown (API /klun/) est un emprunt[1],[2],[5] à l'anglais clown[3],[4], un substantif[6] attesté depuis la seconde moitié du XVIe siècle[2],[5], d'abord sous les graphies cloyne et cloine[2] (en 1563)[5], puis sous les graphies clowne (en 1567) et cloune (en 1570)[5], d'où clown, au sens de « homme rustre, paysan »[1],[2], d'où « bouffon, fou »[1],[2] et plus spécifiquement, à partir du XVIIIe siècle[2], « pantomime, personnage des arlequinades et du cirque »[2]. Le mot qui vient du germanique klönne signifiant « homme rustique, balourd », depuis un mot désignant, à l'origine, une « motte de terre »[7]. En anglais, on trouve aussi clod et clot, signifiant aussi bien « motte » que « balourd, plouc ». Le mot anglais clown a d'abord désigné un paysan puis un rustre. Au XVIe siècle il est passé dans le vocabulaire du théâtre pour désigner un « bouffon campagnard ».
6
+
7
+ L'étymologie de l'anglais clown reste discutée[8]. À la suite de Ben Jonson[9], certains auteurs ont considéré l'anglais clown comme dérivé du latin colonus[5]. Le mot clown a donc une origine latine « colonus », le colon qui se prononce « couloun » en occitan. Il s'agissait des colons romains, légionnaires « retraités » à qui l'on attribuait des terres dans les provinces dont la Narbonnaise qui correspondait géographiquement en grande partie à la Provence et au Languedoc.
8
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9
+ Ces « coulouns » dépenaillés, un peu étranges aux yeux des indigènes du cru étaient volontiers raillés par la population locale. Par extension le mot a désigné des paysans un peu attardés, rustres et est passé à la langue anglaise après la longue période de présence anglaise dans le sud-ouest occitan.
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+
11
+ En français, clown est attesté dès le début du XIXe siècle. Il apparaît pour la première fois en 1816[10], sous la graphie claune, citée comme « prononciation exacte du mot anglais »[5], dans la première édition des Animaux savants[11]. La graphie clown est attestée dès 1823[5],[12] dans le Diorama de Londres d'Eusèbe de Salle[13].
12
+
13
+ En italien, clown se dit pagliaccio, substantif masculin[14] dérivé[15], avec le suffixe -accio (« -asse »)[16], de paglia (« paille »)[15],[16]. Attesté au XVIIIe siècle[16], pagliaccio a d'abord désigné un bateleur de foire qui était chargé d'attirer le public en contrefaisant les tours de force ou d'adresse de ses camarades[15],[16].
14
+
15
+ Même s'il tire sa filiation de personnages grotesques anciens, notamment ceux de la Commedia dell'arte, le clown proprement dit est une création relativement récente. Il apparaît pour la première fois en Angleterre au XVIIIe siècle, dans les cirques équestres. Les directeurs de ces établissements, afin d'étoffer leurs programmes, engagèrent des garçons de ferme qui ne savaient pas monter à cheval pour entrecouper les performances des véritables cavaliers. Installés dans un rôle de serviteur benêt, ils faisaient rire autant par leurs costumes de paysans, aux côtés des habits de lumière des autres artistes, que par les postures comiques qu'ils adoptaient, parfois à leurs dépens.
16
+
17
+ Les clowns suivaient le mouvement des numéros présentés, en les caricaturant pour faire rire (le clown sauteur, le clown acrobate…). Ce personnage évolua pour devenir de moins en moins comique : distingué, adoptant des vêtements aux tissus nobles et de plus en plus lourds avec l'emploi des paillettes, il fit équipe avec l'auguste. Ce dernier devint le personnage comique par excellence, le clown servant de faire-valoir. C'est la configuration que l'on connaît aujourd'hui. L'auguste prit peu à peu son autonomie, quand certains trouvèrent le moyen de faire rire la salle sans avoir besoin du clown pailleté. L'auguste s'imposa alors en tant qu'artiste solitaire, proposant parfois à un spectateur de lui servir de partenaire.
18
+
19
+ Le clown peut porter un pseudonyme inspiré du langage enfantin (en langue française, l'utilisation du redoublement de syllabe ou de sons est ainsi courant), comme Jojo, Kiki, etc.
20
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21
+ Le clown blanc, maître de la piste, apparemment digne et sérieux, est le plus ancien type de clown. L'auguste au nez rouge, personnage loufoque et grotesque, a fait son entrée vers 1870. Avec les trios de clowns, créés au début du XXe siècle, est apparu le contre-pitre, le clown qui ne comprend jamais rien.
22
+
23
+ Le clown blanc, vêtu d'un costume blanc, est, en apparence, digne et autoritaire. Il porte le masque lunaire du Pierrot : un maquillage blanc, et un sourcil (plus rarement deux) tracé sur son front, appelé signature, qui révèle le caractère du clown. Le rouge est utilisé pour les lèvres, les narines et les oreilles. Une mouche, référence certaine aux marquises, est posée sur le menton ou la joue. Le clown blanc est beau, élégant. Aérien, pétillant, malicieux, parfois autoritaire, il fait valoir l'auguste, le met en valeur.
24
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25
+ L'auguste porte un nez rouge, un maquillage utilisant le noir, le rouge et le blanc, une perruque, des vêtements burlesques de couleur éclatante, des chaussures immenses ; il est totalement impertinent, se lance dans toutes les bouffonneries. Il déstabilise le clown blanc dont il fait sans cesse échouer les entreprises, même s'il est plein de bonne volonté. L'auguste doit réaliser une performance dans un numéro au cours duquel les accidents s'enchaînent. Son univers se heurte souvent à celui du clown blanc qui le domine.
26
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+ Le contre-pitre est le second de l'auguste et son contre-pied. « Auguste de l'auguste », c'est un clown gaffeur qui ne comprend rien, oublie tout, et dont les initiatives se terminent en catastrophes, relançant les rires[17].
28
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29
+ Après les années 1890, les clowns acrobates deviennent aussi des clowns parleurs. Foottit et Chocolat, «le plus célèbre duo de clowns de la belle époque», inventent la comédie clownesque[18]. Sans négliger le répertoire de leur prédécesseurs, ils ne se contentent plus de parodier les numéros de cirque qui les ont précédés, ils cherchent aussi leurs personnages dans la vie sociale. Maitre blanc et valet noir, ils reproduisent la violence des rapports sociaux et raciaux. Ils s'inspirent aussi du mimodrame et du transformisme, comme dans la parodie de Cléopâtre jouée par Foottit en 1890 en imitant Sarah Bernhardt[19]. Avec eux le jeu du clown se rapproche du jeu de l'acteur, mais un acteur sans psychologie qui, comme le dit Pierre Etaix, «n'existe que dans le temps où il agit» et dont Henri Miller dit qu'il est un «poète en action» [20].
30
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31
+ À partir des années 1920 les Fratellini réinventent ce genre clownesque. À trois, ils forment une véritable petite troupe et leurs entrées, prenant de plus en plus de place dans le spectacle tant ils deviennent célèbres, sont presque des comédies en raccourci. Tristan Rémy dans son ouvrage Les clowns qui fait autorité en la matière, écrit qu'ils concentrent en eux les trois aspects essentiels de la comédie clownesque : « François, le clown, dernière incarnation de la fantaisie d'esprit latin; Paul, l'auguste, type d'origine germanique, qui, francisé, a remonté la pente depuis son ancêtre le palefrenier maladroit et à qui la dignité restitue l'emphase et la responsabilité; et enfin, Albert, le pitre, refuge des suprêmes exagérations de la pantomime anglaise.»[21].
32
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33
+ Tous les clowns qui travailleront en compagnies après eux, comme le Théâtre Licedei en Russie, les Macloma et les Nouveaux Nez en France, les Colombaioni en Italien, Bolek Polivka en République Tchèque leur seront redevables d'avoir fait évoluer ce genre.
34
+
35
+ Le clown était un personnage traditionnel du théâtre élisabéthain. S'il était gaffeur, lourdaud et ridicule, il faisait également preuve d'un grand bon sens, et, parfois même, d'un cynisme proche de celui du bouffon. Il apparut dans le théâtre populaire en Angleterre au XVe siècle et remplaça le personnage d'old vice (trop vieux et pas assez commode pour faire rire) qui n'était autre que le serviteur et homme de main du diable. Évidemment, le clown étant un personnage de comédie, il n'était jamais à la hauteur des tâches sournoises que son maître lui confiait, ce qui servait évidemment la dramaturgie. Le nom de ce personnage était Clod, ce nom évolua on ne sait comment en clown.
36
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37
+ Au XIXe siècle, au théâtre, certains artistes voulurent mélanger Shakespeare et le cirque. Ce fut un échec total, le public voulant des acrobaties, pas du texte. Même si certains clowns sont célèbres grâce aux quelques phrases qu'ils lançaient comme « 1, 2, 3… » ou « Musique ! », cela n'en fait pas forcément des clowns-acteurs.
38
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39
+ Au XXe siècle, les comédiens burlesques firent leur apparition comme Raymond Devos et Coluche, qui, dans tous leurs spectacles, ont gardé dans leurs gestes et état d'esprit une attitude typique du clown.
40
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+ Dans la seconde moitié du XXe siècle ont eu lieu des expériences de rencontre et de fusion entre les différents genres clownesques et le théâtre. Un certain nombre de « types » ont émergé partout dans le monde. Sol, Buffo, Dimitri, Franz-Josef Bogner, Slava Polunin, Jango Edwards, Bolek Polívka, en sont des exemples.Accessoires
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+ Parmi les accessoires, on trouve les vêtements, souvent colorés, ridicules et trop grands, les farces et attrapes en général (boutonnière arroseuse…), et les tartes à la crème.
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+ Le personnage du clown a puissamment évolué. Son territoire n'est plus uniquement le cirque. La définition ci-dessous, au chapitre Théorie, illustre le foisonnement créatif de ce personnage.
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+ Le clown du théâtre peut relever du théâtre d'improvisation, axé sur les sentiments, sur ce qu'il ressent. Pour l'expliquer clairement, il doit passer par la présentation des trois strates de « comportement de l'individu » (faute de meilleure appellation).
48
+
49
+ Il y a le « je », celui de tous les jours, celui que nous sommes naturellement, avec la famille ou les amis. Celui qui vit les choses avec sa personnalité, son métier, son âge, son ressenti juste. Il y a l'acteur, vous ; qui jouez un autre. Puis il y a le clown. Le clown est la partie de vous qui n'est pas visible socialement. Il est là, il ressent les choses que vous vivez mais ne le dit pas, parce que vous ne le laissez pas s'exprimer. Il serait peut être trop excentrique, excessif, colérique, etc. C'est un diamant brut qui n'a pas été façonné par la société, qui réagit à sa manière ; singulièrement. Contrairement à vous qui avez des tabous, une idéologie, une éthique, une morale, la politesse, et les interdits à respecter. Lui il peut tuer, il peut cracher, il peut roter, il peut aimer comme jamais vous n'avez aimé.
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+ Avec des mots cela peut sembler schizophrénique, mais une fois qu'on chausse le nez et qu'on vient sur scène on comprend ce que cela signifie : « être clown ». Peut-être le mot clown n'est pas le mieux adapté à la situation, à cause de toutes ses connotations plus ou moins péjoratives dans l'oreille d'autrui.
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53
+ Le clown porte un nez rouge, certes, mais n'est pas là pour faire le « guignol ». Il peut être dépressif, colérique, dégoûté, heureux, amoureux… Ou tout en même temps. Il s'appuie sur le public en lui donnant à voir ce qu'il ressent, il a besoin de ce public pour exister, sinon il n'est rien. Le clown ressent, contrairement à l'acteur qui peut seulement faire semblant de ressentir. S'il est avec un autre clown, il montre ce que ça lui fait d'être avec lui, comment il le vit. Et le renvoie au public. D'ailleurs, en tant que public, rien n'est plus jouissif qu'un clown sur scène qui nous montre ce qu'il a en lui par un simple regard. Pour qu'on sache où il en est, en lui. Lorsqu'il ne nous regarde pas, il ne nous emmène pas dans son univers. Mais ces regards publics sont des automatismes, au fur et à mesure le clown se rend compte qu'il a besoin de regarder son public pour continuer d'exister à travers l'autre.
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+ Quelle serait la définition du clown qui engloberait toute la diversité de personnages, de thèmes et de styles relevant de ce domaine artistique ?
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+ Voici une proposition de Peter Bu :
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+ « Le clown est un acteur qui possède parfaitement ses moyens tout en faisant semblant de ne rien maîtriser ». Il parait idiot, laid ou même mal formé, il bouge mal, il laisse tout tomber... (à la place de l’« acteur », on peut aussi écrire l’« artiste », en élargissant ce terme à d’autres genres que le théâtre).
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+ Évidemment, s’il le fait juste pour humilier l’être humain qu’il est pour donner à ses spectateurs complexés l’impression de ne pas être les plus bêtes et les plus miséreux (piètre consolation, mais si appréciée des plus démunis !), cela relève plus de la prophylaxie médicale que de l’art (la majorité des hommes ont des bonnes raisons de se mésestimer - ou bien la société se charge de les en persuader...). Cela peut aussi être de l’auto-thérapie, ce qui d’ailleurs paraît souvent être la principale motivation du « faire le clown »...
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+ Les meilleurs clowns semblent avoir assimilé l’aphorisme taoïste : « La mer est plus bas que les rivières et pourtant, elle les domine... ». Encore que pour les clowns, il ne s’agit pas de dominer les spectateurs, mais de casser les barrages des préjugés et des clichés qui les empêchent de voir par leurs propres yeux.
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+ Par l’esprit ludique enfantin qu’il a su garder, le clown nous redonne la fraîcheur du regard de notre propre enfance[22].
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+ Personnage fortement typé, le clown, à l'origine personnage burlesque, a vu son image détournée : tout d'abord est apparu l'archétype du clown triste, « obligé de faire rire même quand son cœur est gros » (le clown blanc est par ailleurs proche, à quelques paillettes près, du nostalgique Pierrot lunaire) ; puis des personnages de clowns maléfiques, qui utilisent l'attrait qu'ils exercent auprès des enfants pour les tuer (tel que le monstre protéiforme de Ça, roman de Stephen King), les torturer ou les violer (tel que Tweedles, du groupe d'avant-garde The Residents).
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+ Depuis quelques années, le personnage du clown a été intégré dans une forme de punk rock, en particulier par les groupes français Bérurier Noir, Les Wriggles ainsi que par les Insane Clown Posse ou Les Vilains Clowns. On peut également noter l'émergence du krump (danse actuelle issu de Los Angeles), à l'instigation de Tommy le clown issu du hip-hop clowning.
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+
71
+ On parle même de Clown Core, mélange de métal et de rap, dans une ambiance sombre dirigé par des clowns maléfiques ; on peut citer à titre d'exemple Bawdy Festival.
72
+
73
+ La Clandestine Insurgent Rebel Clown Army (CIRCA) est une armée parodique de clowns rebelles née au Royaume-Uni en 2003, au moment de l'entrée en guerre contre l’Irak.
74
+ L’idée était de prolonger une dimension festive et subversive issue des vieilles cultures populaires de transgression (carnaval, fête des fous…), de sortir des manifestations plan-plan traditionnelles, de permettre à chacun d’apporter ses propres idées et sa motivation grâce à une organisation complètement horizontale.
75
+
76
+ Parmi les clowns ayant eu une renommée internationale, on peut citer :
77
+
78
+ «Le clown mourra jamais»
79
+
80
+ Charlie Rivel, Il faut appeler un clown un clown, Pierre Etaix, Séguier Archimbaud, 2002
81
+
82
+ « Le sixième jour, Dieu créa le Clown,
83
+ Antonet,
84
+ Pipo,
85
+ Bario,
86
+ Paul, Albert et François Fratellini,
87
+ Little Walter,
88
+ Footit et Chocolat,
89
+ Grock...
90
+ Le septième jour, il dut se reposer tellement il riait encore ! »
91
+
92
+ — Jean-Paul Farré, Le Clown, Cinquante-cinq dialogues au carré, L'Avant-scène théâtre, 2002
93
+
94
+
95
+
96
+ Antoine Watteau, Le Gilles (1717-1719)
97
+
98
+ Pierre-Auguste Renoir, Le clown (1868)
99
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100
+ Henri de Toulouse-Lautrec, La Clownesse Cha-u-kao au Moulin rouge (1895)
101
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+ Pierre-Auguste Renoir, Claude Renoir en clown (1909)
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+ La peur des clowns s'appelle la coulrophobie et peut provoquer chez la personne des spasmes, du stress ou des difficultés respiratoires.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le mètre, de symbole m, est l'unité de longueur du Système international (SI). C'est l'une de ses sept unités de base, à partir desquelles sont construites les unités dérivées (les unités SI de toutes les autres grandeurs physiques).
4
+
5
+ Première unité de mesure du système métrique initial, le mètre (du grec μέτρον / métron, « mesure »[1]) a d'abord été défini comme la 10 000 000e partie d'une moitié de méridien terrestre[a], puis comme la longueur d'un mètre étalon international, puis comme un multiple d'une certaine longueur d'onde et enfin, depuis 1983, comme « la longueur du trajet parcouru par la lumière dans le vide pendant une durée d'un 299 792 458e de seconde »[2].
6
+
7
+ « Nous fixons l'unité de mesure à la dix-millionième partie du quart du méridien et nous la nommons mètre ».
8
+ Le 11 juillet 1792, dans leur rapport à l'Académie des Sciences sur la nomenclature des mesures linéaires et superficielles[3], Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace, définissent pour la première fois ce qui deviendra près d'un siècle plus tard l'unité de mesure internationale de référence des longueurs.
9
+
10
+ Le mot « mètre » était déjà utilisé dans la langue française depuis plus d'un siècle dans des mots composés comme thermomètre (1624, Leurechon[4]) ou baromètre (1666)[5].
11
+
12
+ Le 26 mars 1791, l'Assemblée Nationale, sur la demande de Talleyrand et au vu du rapport de l'Académie des sciences[6], avait voté l'exécution de la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone pour donner une base objective à la nouvelle unité de mesure.
13
+
14
+ Les opérations de mesure du méridien entamées en 1792 par Delambre et Méchain n'étant pas encore achevées, en 1793, un premier mètre provisoire doit être adopté. Fondé sur les calculs du méridien par Nicolas-Louis de Lacaille en 1758 et d'une longueur de 3 pieds 11 lignes 44 centièmes, soit 443,44 lignes de la Toise de Paris[7], ce mètre provisoire est proposé en janvier 1793 par Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace[8] et adopté par décret le 1er août 1793 par la Convention[9].
15
+
16
+ Avec le décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795)[10], la Convention institue le système métrique décimal et poursuit les mesures du méridien terrestre qui avaient été interrompues fin 1793 par le Comité de Salut public.
17
+
18
+ Le 4 messidor an 7 (22 juin 1799), un mètre-étalon en platine[11] conforme aux nouveaux calculs du méridien est déposé aux Archives de l'Empire et un autre à l'Observatoire Impérial.
19
+
20
+ La loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799)[12] édictée au début du Consulat, institue le mètre définitif.
21
+ Le mètre provisoire fixé dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III est révoqué. Il est remplacé par le mètre définitif, dont la longueur fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain est de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes[13].
22
+
23
+ La République helvétique adopte le système métrique en 1803, peu avant son effondrement. Le 2 avril 1807, Ferdinand Rudolph Hassler soumet sa candidature à la réalisation du relevé côtier des États-Unis, où il avait amené une copie du mètre des Archives en 1805[14],[15],[16],[17].
24
+
25
+ Les Pays-Bas adoptent le mètre à partir de 1816, premier pays à établir durablement le système métrique, suivi par la Grèce en 1836[14].
26
+
27
+ En 1832, Carl Friedrich Gauss qui effectue des travaux sur le champ magnétique terrestre propose d'ajouter la seconde aux unités fondamentales que sont le mètre et le kilogramme sous la forme du système CGS (centimètre, gramme, seconde)[18],[19].
28
+
29
+ La loi du 4 juillet 1837[20] interdit en France à partir de 1840 tous poids et mesures autres que ceux établis par les lois du 18 germinal an III (7 avril 1795) et du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) constitutives du système métrique décimal.
30
+
31
+ Le 28 juillet 1866, le Congrès des États-Unis autorise l'utilisation du système métrique sur tout le territoire des États-Unis[21],[22].
32
+
33
+ En 1889, la première Conférence générale des poids et mesures (CGPM) redéfinit le mètre comme étant la distance entre deux points sur une barre d'un alliage de 90% de platine et 10% d'iridium. Le mètre étalon est une barre en "X" de 20 x 20 mm de côté et 102 cm de long. Les graduations donnent la longueur du mètre avec une précision de 10 puissance -7, soit un degré de précision trois fois plus grand que celui du mètre des archives de 1799[23].
34
+ Cette barre étalon est conservée au BIPM à Saint-Cloud en France. Trente copies numérotées sont fabriquées et envoyées aux différents pays membres. Cela implique la mise au point d'un appareillage spécial permettant la comparaison des nouveaux étalons entre eux et avec le Mètre des Archives et la définition d'une échelle de température reproductible. Ces travaux donneront lieu à l'invention de l'invar qui vaudra à Charles-Édouard Guillaume, directeur du Bureau international des poids et mesures le prix Nobel de physique en 1920[24].
35
+
36
+ En 1960, la 11e Conférence générale des poids et mesures (CGPM)[25] abroge la définition du mètre en vigueur depuis 1889, fondée sur le prototype international en platine iridié. Elle définit le mètre, unité de longueur du Système international (SI), comme égal à 1 650 763,73 longueurs d'onde dans le vide de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2p10 et 5d5 de l'atome de krypton 86.
37
+
38
+ En 1983, la définition du mètre fondée sur l'atome de krypton 86 en vigueur depuis 1960 est abrogée. Le mètre, unité de longueur du SI, est défini par la 17e CGPM[26] comme étant la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 de seconde.
39
+
40
+ A compter du 20 mai 2019, la définition du mètre adoptée à la 26e réunion de la CGPM[27] de novembre 2018 est :
41
+ « Le mètre, symbole m, est l'unité de longueur du SI. Il est défini en prenant la valeur numérique fixée de la vitesse de la lumière dans le vide, c, égale à 299 792 458 lorsqu'elle est exprimée en m s–1, la seconde étant définie en fonction de ΔνCs ».
42
+ Dans cette définition, ΔνCs est la fréquence de la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de césium 133 non perturbé égale à 9 192 631 770 Hz .
43
+
44
+ Le 8 mai 1790, l'Assemblée nationale constituante se prononce pour la création d'un système de mesure stable, uniforme et simple. Le 19 mai 1790, Condorcet met sur pied une commission, comprenant, outre lui-même, Jean-Charles de Borda, Coulomb, Joseph Louis de Lagrange, Laplace, Lavoisier et Tillet. La commission étudie trois possibilités de mesure :
45
+
46
+ Elle rend son rapport en octobre 1790. La mesure au pendule est abandonnée d'une part à cause des variations de la gravitation terrestre, d'autre part à cause de l'interférence du facteur temps dans la détermination de l’unité de longueur avec le pendule.
47
+
48
+ Le 16 février 1791, sur la proposition de Borda - l'inventeur du pendule et du « cercle répétiteur » qui portent son nom - une commission chargée de fixer la base de l'unité des mesures est constituée. La commission est composée de Borda, Condorcet, Laplace, Lagrange et Monge. Des appareils de mesure géodésique précis et fiables sont nécessaires comme la règle pour les longueurs et le cercle répétiteur pour les angles, avec une précision d'une seconde d'arc, dont Borda est l'inventeur avec Etienne Lenoir.
49
+
50
+ La mesure du cercle équatorial n'est pas retenue. C'est la grandeur du quart du méridien terrestre qui servira de base au nouveau système de mesure. Le rapport final sur le choix d’une unité de mesure présenté le 19 mars 1791 par Condorcet à l’Académie propose que l’unité de longueur, baptisée « mètre », soit égale à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Il propose que l’on ne mesure pas le quart de méridien tout entier, mais seulement, sur le 45° parallèle et au niveau de la mer, l'arc de neuf degrés et demi qui sépare Dunkerque de Barcelone.
51
+
52
+ Alors que Galilée affirmait l'isochronisme des pendules, Huygens[28] trouve que la période du pendule dépend de l’amplitude de son mouvement pour les grandes oscillations. S'inspirant des recherches de Christopher Wren sur le cycloïde, il munit ses pendules d'arc cycloïdaux qui garantissent l'isochronisme des vibrations en rendant la période indépendante de l’amplitude[29]. Huygens détermine la longueur du pendule qui bat la seconde à 3 pieds, 3 pouces et 3/10 d’un pouce d’Angleterre.
53
+ En 1659, Huygens introduit un paramètre supplémentaire dans le calcul de la période d'un pendule, la pesanteur, dont le pendule devient aussi un instrument de mesure[30].
54
+
55
+ En 1668, le philosophe anglais John Wilkins propose une mesure universelle à unités décimales fondée sur une corrélation entre la longitude et une mesure du temps d'une seconde au pendule. Sa longueur fondamentale était de 38 pouces de Prusse soit de 993,7 mm (1 pouce de Prusse étant égal à 26,15 mm)[31].
56
+
57
+ En 1670 Gabriel Mouton propose un système de mesure décimal utilisant comme unité de mesure une fraction de la circonférence terrestre plutôt que la longueur d'un pendule ou les mesures du corps humain. Sa « virgula geometrica » avait comme longueur la six-cent-millième partie d'un degré d'un arc de méridien (environ 0,18m). Son multiple, la « virga » avait environ la taille de la toise (1,80m)[32].
58
+
59
+ En 1670, Jean Picard fait des mesures identiques de 440 lignes 1/2 d'un pendule battant la seconde à l’île de Heune, Lyon, Bayonne et Sète. En 1671, dans son livre Mesure de la terre, il propose d'abandonner les étalons de mesure matériels comme la toise pour se référer à un original invariable et universel issu de la nature et prouvé par calcul. Il préconise une unité de longueur universelle, le « Rayon astronomique », à savoir la longueur d'un pendule à secondes[33].
60
+
61
+ Mais en 1672, Jean Richer observe à Cayenne, soit à 4 à 5 degrés de l'équateur, qu'un pendule qui bat les secondes y est plus court qu'à Paris d'une ligne et un quart. L'observation est reprise pas Huygens pour qui, si la pesanteur varie en fonction de la latitude, l'étalon de longueur défini par Picard ne peut pas être universel.
62
+
63
+ En 1675, le savant italien Tito Livio Burattini publie Misura Universale, ouvrage dans lequel il renomme la mesure universelle de Wilkins en mètre universel « metro cattolico » et la redéfinit comme étant la longueur d'un pendule qui oscille avec une demi-période d'une seconde, soit environ 993,9 mm actuels.
64
+
65
+ En 1735 M. de Mairan trouve à 1/90 près, la même mesure que Picard, soit 440 lignes 17/30[34].
66
+ En 1747, La Condamine présente à l'Académie des Sciences un Nouveau projet d'une mesure invariable propre à servir de mesure commune à toutes les nations. Constatant que la longueur de la demi-toise est presque la même, à sept lignes près, que celle du pendule qui bat la seconde à l'équateur, il propose d'adopter la longueur du pendule comme demi-toise, le changement étant à peine sensible dans l'usage ordinaire selon lui [35].
67
+
68
+ En 1780, le mathématicien Alexis-Jean-Pierre Paucton publie une Métrologie ou Traité des mesures, poids et monnaies. Au sein d'un système décimal, il détermine une unité de mesure comme 400 000 ème partie d'un degré de méridien et la baptise « métrétes linéaire » en adaptant à la mesure des longueurs le nom d'une unité de mesure grecque et romaine des volumes de liquides[36].
69
+
70
+ L'étude de la Terre précède la physique et contribuera à l'élaboration de ses méthodes. Celle-ci n'est alors qu'une philosophie naturelle dont l'objet est l'observation de phénomènes comme le champ magnétique terrestre, la foudre et la pesanteur[37]. De plus, la détermination de la figure de la Terre constitue à son origine un problème de la plus haute importance en astronomie, dans la mesure où le diamètre de la Terre est l'unité à laquelle toutes les distances célestes doivent être référées[38].
71
+
72
+ En 1667 sous Louis XIV, l’Académie des Sciences conçoit l’idée d’un méridien de départ des longitudes qui passerait au centre des bâtiments du futur observatoire. L'Observatoire royal est situé en dehors de Paris pour faciliter les observations astronomiques. Les académiciens fixent son orientation nord–sud et établissent son axe de symétrie par observation du passage du Soleil pour devenir le méridien de référence pour la France.
73
+ Pour mesurer une partie du méridien, la méthode utilisée depuis la Renaissance, est celle de la triangulation. Au lieu de mesurer des milliers de kilomètres, on mesure les angles d’une suite de triangles adjacents. La longueur d’un seul côté d’un seul triangle, que les arpenteurs appellent "base", permet de connaître toutes les longueurs de tous les triangles. Des opérations géométriques permettent ensuite de déterminer la longueur du méridien[39].
74
+
75
+ En 1669, Jean Picard mesure le premier le rayon terrestre par triangulation. L’arc de méridien de 1°, 11’ et 57”, choisi entre Sourdon et Malvoisine, mesure 68,430 toises de Paris soit 135Km. Rapportée à un degré, cette mesure permet d’établir la longueur d’un méridien par l’abbé Picard pour qui «cette mesure, prise 360 fois donnerait la circonférence entière d’un méridien terrestre».
76
+ Dans son mémoire du 8 février 1681 à Colbert sur la cartographie de la France, Picard propose une mesure sur toute la France de la méridienne de l'Observatoire. Cette mesure devait servir à la fois à mesurer plus exactement la circonférence de la terre qu'à établir une plus juste de la France[40]. Au lieu de cartographier les provinces et assembler ensuite les différentes cartes, Picard propose un châssis général de triangulation de la France qu'on remplirait ensuite avec des cartes plus détaillées. Pour construire ce châssis, Picard propose de reprendre la voie du méridien qu'il avait commencé à mesurer et de mesurer l'axe Dunkerque-Perpignan passant par Paris.
77
+ Picard meurt l'année suivante, fin 1682.
78
+
79
+ Jean-Dominique Cassini reprend le projet en 1683 et se lance dans les mesures de la méridienne entre Dunkerque et Collioure. Mais Colbert meurt en septembre 1683 et Louvois, qui lui succède, arrête les travaux de mesure de Cassini. Il meurt à son tour en 1691. Cassini reprend ses travaux en 1700-1701 sans pouvoir les achever.
80
+ Son fils Jacques Cassini (Cassini II), effectuera cette mesure entre 1713 et 1718. La mesure de l'arc porte sur une distance cinq fois plus longue que celle effectuée par l’abbé Picard, elle est plus précise et sera provisoirement retenue en 1795 par la Convention pour la définition du mètre, la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.
81
+
82
+ Dans ses Principia de 1687, Newton affirme que la Terre est aplatie aux pôles de 1/230. En 1690, à cause de sa conception différente de la gravité, Huygens trouve un aplatissement de 1/578 seulement, plus faible que celui de Newton[41].
83
+ Pour vérifier ces théories, l'Académie des Sciences de Paris envoie, sur ordre du roi, deux expéditions géodésiques, l'une au Pérou en 1735-1744 avec La Condamine, Bouguer, Godin et Jussieu[42], et l'autre en Laponie en 1736-1737 avec Maupertuis, Celsius, et Clairaut. La mesure de longueurs d'arcs de méridien à des latitudes différentes doit permettre de déterminer la forme de la Terre. Les mesures de Maupertuis donnent un aplatissement de 1/178, proche de la valeur donnée par Newton et validant, un demi-siècle après la loi de la gravitation, le système newtonien de l'attraction universelle[43].
84
+
85
+ En 1739, César-François Cassini de Thury (Cassini III) effectue une nouvelle mesure du méridien de Paris[44] permettant la mise à jour des cartes de France et d'Europe. En 1784, il établit par triangulation, une carte précise de la France[45].
86
+
87
+ Dans son célèbre ouvrage Théorie de la Figure de la Terre, Tirée des Principes de l'Hydrostatique publié en 1743, Alexis Claude Clairaut (1713–1765) fait une synthèse des rapports existant entre la pesanteur et la forme de la Terre. Clairaut y expose son théorème qui établit une relation entre la pesanteur mesurée à différentes latitudes et l'aplatissement de la Terre considérée comme un sphéroïde composé de couches concentriques de densités variables[46],[47]. Vers la fin du XVIIIe siècle, les géodésiens cherchent à concilier les valeurs de l'aplatissement tirées des mesures d'arcs méridiens avec celui que donne le sphéroïde de Clairaut tiré de la mesure de la pesanteur[48]. En 1789, Pierre-Simon de Laplace obtient par un calcul prenant en compte les mesures d'arcs méridiens connues à l'époque un aplatissement de 1/279. La gravimétrie lui donne un aplatissement de 1/359. Adrien-Marie Legendre quant à lui trouve à la même époque un aplatissement de 1/305. La Commission des Poids et Mesures adoptera en 1799 un aplatissement de 1/334 en combinant l'arc du Pérou et les données de la méridienne de Delambre et Méchain[48].
88
+
89
+ Le 26 mars 1791, un projet de décret inspiré par Lagrange, Borda, Laplace, Monge et Gondorcet est proposé par Talleyrand. Celui-ci prévoit la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone. Six commissaires doivent être nommés à l'Académie des Science pour mener à bien le projet. L'Assemblée adopte ce principe de la grandeur du quart du méridien terrestre comme base du nouveau système de mesures qui sera décimal. Elle mandate la mesure d'un arc de méridien depuis Dunkerque jusqu'à Barcelone.
90
+
91
+ En mai 1792 commence la fabrication des cercles répétiteurs de Borda et Lenoir. À la fin du mois de juin 1792, les deux commissaires Jean-Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain et leurs opérateurs commencent la mesure du méridien. Elle est divisée en deux zones avec une jonction à Rodez : la partie Nord, de Dunkerque à Rodez était mesurée par Delambre et la partie sud, en remontant de Barcelone à Rodez, par Méchain. Pour les mesures de longueurs des bases des triangles, Delambre et Méchain utilisent les règles de Borda mises au point par Etienne Lenoir. En laiton et en platine, elles sont ajustées sur une toise et mesurent 12 pieds (environ 4m). Pour mesurer les angles, c'est le cercle répétiteur mis au point par Borda et Étienne Lenoir en 1784 qui est utilisé. On mesure la longueur d’un côté du triangle reposant sur un terrain plat, puis on établit par visées les mesures des angles du triangle pour obtenir par des calculs trigonométriques la longueur de tous les côtés du triangle et par projection la distance réelle. La détermination des positions (longitude et latitude) des extrémités du segment de méridien est faite par une mesure astronomique[49].
92
+ Le 25 novembre 1792, un rapport de l'Académie des sciences à la Convention Nationale donne l'état des travaux en cours[50].
93
+
94
+ À cause des conditions politiques, le travail de mesure du méridien sera retardé et exécuté en deux temps de 1792 à 1793 et de 1795 à 1798. En août 1793, le Comité de Salut Public souhaitant en effet « donner le plus tôt possible l'usage des nouvelles mesures à tous les citoyens en profitant de l'impulsion révolutionnaire », la Convention nationale avait émis un décret instaurant un mètre fondé sur les anciens résultats des mesures de La Condamine en 1735 au Pérou, Maupertuis en 1736 en Laponie et Cassini en 1740 de Dunkerque à Perpignan.
95
+
96
+ Les opérations de mesure du méridien de Delambre et Méchain sont suspendues fin 1793 par le Comité de Salut public. Celui-ci ne voulant donner de fonctions qu'à des hommes « dignes de confiance par leurs vertus républicaines et leur haine du roi », le 23 décembre 1793 (3 nivose an 2), Borda, Lavoisier, Laplace et Delambre sont exclus de la Commission des poids et mesures[51].
97
+ Condorcet, secrétaire de l'Académie Royale des sciences et instigateur du nouveau système de mesure, est arrêté et meurt en prison le 29 mars 1794. Lavoisier est guillotiné le 8 mai 1794.
98
+ Mais, à la faveur de la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) portée par Prieur de la Côte d'Or, Delambre et Méchain seront à nouveau nommés commissaires chargés des mesures de la méridienne et les travaux pourront reprendre et s'achèveront en 1798[52].
99
+
100
+ Le résultat des mesures de Delambre et Méchain est précis : 551 584,7 toises, avec une erreur remarquable de seulement 8 millionièmes. La longueur du quart de méridien calculée est alors égal à 5 130 740 toises et le mètre égal à 443,295936 lignes.
101
+ La commission spéciale pour le quart du méridien et la longueur du mètre rédige son rapport le 6 floréal an 7 (25 avril 1799)[53].
102
+ Le 4 messidor, l'Institut présente au corps législatif les étalons du mètre et du kilogramme en platine qui sont déposés aux Archives en exécution de l'article II de la loi du 18 germinal an 3 (7 avril 1795).
103
+
104
+ Avec la loi du 19 frimaire an 8 (10 décembre 1799) édictée sous le Consulat, la longueur du mètre provisoire ordonnée dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III (3 pieds 11 lignes 44 centièmes) est remplacée par la longueur définitive fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain. Elle est désormais de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes.
105
+ Le mètre en platine déposé le 4 Messidor précédent au Corps législatif par l’Institut national des Sciences et des Arts est confirmé et devient l'étalon de mesure définitif des mesures de longueur dans toute la République.
106
+
107
+ Le début du XIXe siècle est marqué par l'internationalisation de la géodésie[48]. L'unité de longueur dans laquelle sont mesurées toutes les distances du relevé côtier des États-Unis est le mètre français, dont une copie authentique est conservée dans les archives du Coast Survey Office. Il est la propriété de la Société philosophique américaine, à qui il a été offert par Ferdinand Rudolph Hassler, qui l'avait reçu de Johann Georg Tralles, délégué de la République helvétique au comité international chargé d'établir l'étalon du mètre par comparaison avec la toise, l'unité de longueur utilisée pour la mesure des arcs méridiens en France et au Pérou. Il possède toute l'authenticité de tout mètre d'origine existant, portant non seulement le cachet du Comité mais aussi la marque originale par laquelle il se démarquait des autres étalons lors de l'opération de normalisation. Il est désigné comme le Mètre des Archives[54],[55],[15].
108
+
109
+ Entre 1853 et 1855, le Gouvernement espagnol fait réaliser à Paris par Jean Brunner, un fabricant d'instruments de précision d'origine suisse, une règle géodésique calibrée sur le mètre pour la carte d'Espagne. La traçabilité métrologique entre la toise et le mètre est assurée par la comparaison de la règle géodésique espagnole avec la règle numéro 1 de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques (voir plus haut la section : les mesures de Delambre et Méchain)[56],[57],[58],[18]. Des copies de la règle espagnole sont effectuées pour la France et l'Allemagne. Ces étalons géodésiques seront employés pour les opérations les plus importantes de la géodésie européenne[59]. En effet, Louis Puissant avait déclaré le 2 mai 1836 devant l'Académie des sciences que Delambre et Méchain avaient commis une erreur dans la mesure de la méridienne de France[60]. C'est pourquoi de 1861 à 1866, Antoine Yvon Villarceau vérifie les opérations géodésiques en huit points de la méridienne. Quelques-unes des erreurs dont étaient entachées les opérations de Delambre et Méchain sont alors corrigées. Entre 1870 et 1894, François Perrier, puis Jean-Antonin-Léon Bassot procèdent à la mesure de la nouvelle méridienne de France[61].
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+
111
+ Friedrich Wilhelm Bessel est à l'origine des investigations effectuées au XIXe siècle sur la figure de la Terre au moyen de la détermination de l'intensité de la pesanteur par le pendule et de l'utilisation du théorème de Clairaut. Les études qu'il conduit de 1825 à 1828 et sa détermination de la longueur du pendule simple battant la seconde à Berlin sept ans plus tard marquent le début d'une nouvelle ère de la géodésie[62]. En effet, le pendule réversible tel qu'il est utilisé par les géodésiens à la fin du XIXe siècle est en grande partie dû aux travaux de Bessel, car ni Johann Gottlieb Friedrich von Bohnenberger, son inventeur, ni Kater qui l'utilise dès 1818 ne lui apportent les perfectionnements qui résulteront des précieuses indications de Bessel, et qui le convertiront en l'un des plus admirables instruments qu'il sera donné aux scientifiques du XIXe siècle d'employer[62]. De plus, la coordination de l'observation des phénomènes géophysiques dans différents points du globe revêt une importance primordiale et est à l'origine de la création des premières associations scientifiques internationales. Carl Friedrich Gauss, Alexander von Humbolt et Wilhelm Eduard Weber créent le Magnetischer Verein en 1836. La création de cette association est suivie par la fondation de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe centrale en 1863 à l'initiative du général Johann Jacob Baeyer[37]. Le pendule réversible construit par les frères Repsold est utilisé en Suisse dès 1865 par Émile Plantamour pour la mesure de la pesanteur dans six stations du réseau géodésique helvétique. Suivant l'exemple donné par ce pays et sous le patronage de l'Association géodésique internationale, l'Autriche, la Bavière, la Prusse, la Russie et la Saxe entreprennent des déterminations de la pesanteur sur leurs territoires respectifs[62].
112
+
113
+ Le Prototype international du mètre constituera la base du nouveau système international d'unités, mais il n'aura plus aucune relation avec les dimensions de la Terre que les géodésiens s'efforcent de déterminer au XIXe siècle. Il ne sera plus que la représentation matérielle de l'unité du système. Si la métrologie de précision a profité des progrès de la géodésie, celle-ci ne peut continuer à prospérer sans le concours de la métrologie. En effet, toutes les mesures d'arcs terrestres et toutes les déterminations de la pesanteur par le pendule doivent impérativement être exprimées dans une unité commune. La métrologie se doit donc de créer une unité adoptée et respectée par toutes les nations de façon à pouvoir comparer avec la plus grande précision toutes les règles ainsi que tous les battants des pendules employés par les géodésiens. Ceci de manière à pouvoir combiner les travaux effectués dans les différentes nations afin de mesurer la Terre[62].
114
+
115
+ Au XIXe siècle, les unités de longueurs sont définies par des étalons métalliques. En conséquence la question de l'expansion du volume d'un corps sous l'effet de son réchauffement est fondamentale. En effet, les erreurs de température sont proportionnelles à la dilatation thermique de l'étalon. Ainsi, les efforts constamment renouvelés des métrologues pour protéger leurs instruments de mesure contre l'influence perturbatrice de la température révèlent clairement l'importance qu'ils attachent aux erreurs induites par les changements de température. Ce problème a constamment dominé toutes les idées concernant la mesure des bases géodésiques. Les géodésiens sont occupés par la préoccupation constante de déterminer avec précision la température des étalons de longueur utilisés sur le terrain. La détermination de cette variable, dont dépend la longueur des instruments de mesure, a de tout temps été considérée comme si complexe et si importante qu'on pourrait presque dire que l'histoire des étalons géodésiques correspond à celle des précautions prises pour éviter les erreurs de température[63],[59].
116
+
117
+ En 1866, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero offre à la Commission permanente de l'Association géodésique réunie à Neuchâtel deux de ses ouvrages traduits en français par Aimé Laussedat. Il s'agit des rapports des comparaisons de deux règles géodésiques construites pour l'Espagne et l'Egypte, calibrées sur le mètre, entre elles et avec la règle N° 1 de la double-toise de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques et est alors la référence pour la mesure de toutes les bases géodésiques en France. À la suite de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal, l'Association géodésique deviendra l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe. Le général Johann Jacob Baeyer, Adolphe Hirsch et Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero étant tombés d'accord, ils décident, pour rendre comparables toutes les unités, de proposer à l'Association de choisir le mètre pour unité géodésique, de créer un Mètre prototype international différant aussi peu que possible du Mètre des Archives, de doter tous les pays d'étalons identiques et de déterminer de la manière la plus exacte les équations de tous les étalons employés en géodésie, par rapport à ce prototype ; enfin, pour réaliser ces résolutions de principe, de prier les gouvernements de réunir à Paris une Commission internationale du Mètre[64],[58],[65],[18],[66],[67],[68],[69].
118
+
119
+ L'année suivante la seconde Conférence générale de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe réunie à Berlin recommande de construire un nouveau mètre prototype européen et de créer une commission internationale. Napoléon III crée par décret en 1869 une Commission internationale du mètre qui deviendra la Conférence générale des poids et mesure (CGPM) et lance des invitations aux pays étrangers. Vingt-six pays répondent favorablement. Cette Commission sera en effet convoquée en 1870 ; mais, forcée par la guerre franco-allemande de suspendre ses séances, elle ne pourra les reprendre utilement qu'en 1872[70],[71],[18],[69].
120
+
121
+ Lors de la séance du 12 octobre 1872, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero est élu président du Comité permanent de la Commission internationale du mètre qui deviendra le Comité international des poids et mesures (CIPM)[72],[18]. La présidence du géodésien espagnol sera confirmée lors de la première séance du Comité international des poids et mesures, le 19 avril 1875[73]. Trois autres membres du Comité, Wilhelm Foerster, Heinrich von Wild et Adolphe Hirsch comptent également au nombre des principaux architectes de la Convention du Mètre[18],[69],[74],[75],[76],[77].
122
+
123
+ Le 20 mai 1875, dix-sept états signent à Paris la Convention du Mètre[78] dans le but d'établir une autorité mondiale dans le domaine de la métrologie.
124
+
125
+ Dans ce but, trois structures sont créées. La Convention délègue ainsi à la Conférence générale des poids et mesures (CGPM), au Comité international des poids et mesures (CIPM) et au Bureau international des poids et mesures (BIPM) l'autorité pour agir dans le domaine de la métrologie, en assurant une harmonisation des définitions des différentes unités des grandeurs physiques. Ces travaux mènent à la création en 1960 du Système international d’unités (SI)[19].
126
+
127
+ La Convention est modifiée en 1921. En 2016, elle regroupait 58 États membres et 41 États associés à la conférence générale, comprenant la majorité des pays industrialisés.
128
+
129
+ Le Comité international des poids et mesures (CIPM) est composé de dix-huit personnes, chacune issue d'un État membre différent de la Convention. Sa fonction est de promouvoir l'usage d'unités de mesures uniformes et de soumettre des projets de résolution allant en ce sens à la CGPM. Pour ce faire, elle s'appuie sur les travaux de comités consultatifs.
130
+
131
+ La Conférence générale des poids et mesures (CGPM) est formée de délégués des États membres de la convention et se réunit tous les quatre ans en moyenne pour réviser les définitions des unités de base du Système international d’unités (SI) dont le mètre[79].
132
+
133
+ Le Bureau international des poids et mesures (BIPM), basé à Sèvres non loin de Paris, a pour charge, sous la surveillance du CIPM, la conservation des prototypes internationaux des étalons de mesure, ainsi que la comparaison et l'étalonnage de ceux-ci avec les prototypes nationaux. En effet, lors de la création du BIPM, la comparaison des étalons de platine iridié entre eux et avec le Mètre des Archives implique le développement d'instruments de mesure spéciaux et la définition d'une échelle de température reproductible. Confronté aux conflits provoqués par les difficultés liées à la fabrication des étalons, le président du CIPM, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero intervient auprès de l'Académie des sciences pour éviter qu'elles n'empêchent la création en France d'un organisme international doté des moyens scientifiques nécessaires pour redéfinir les unités du système métrique en fonction du progrès des sciences[80],[81].
134
+
135
+ Il existe une relation entre l'unité de mesure (mètre), l'unité de masse (kilogramme), les unités de surface (mètre carré) et les unités de volume (mètre cube et litre, souvent utilisés pour désigner des volumes ou des quantités de liquides) :
136
+
137
+ Dans certains métiers (archives, terrassement, de construction, etc.), on parle de « mètre linéaire (noté : « ml »). Il s'agit d'un pléonasme, puisque le mètre désigne précisément une longueur de ligne et que la norme NF X 02-003[82] précise qu'on ne doit pas affecter les noms d'unités de qualificatifs qui devraient se rapporter à la grandeur correspondante. Par ailleurs, le symbole mℓ ou mL correspond dans le SI à millilitre, ce qui n'a rien à voir avec une longueur et est une source de confusion. Toutefois, dans ces métiers, l'adjectif « linéaire » est ajouté pour signifier « en ligne droite » ou « horizontalement ».
138
+
139
+ On emploie usuellement pour les gaz le normo mètre cube, anciennement noté « mètre cube normal », qui correspond au volume mesuré en mètres cubes dans des conditions normales de température et de pression. Cette unité n'est pas reconnue par le BIPM. Sa définition varie selon les pays et selon les professions qui l'utilisent.
140
+
141
+ En fait, et de façon générale, « le symbole de l’unité ne doit pas être utilisé pour fournir des informations spécifiques sur la grandeur en question et il ne doit jamais être la seule source d’information sur la grandeur. Les unités ne doivent jamais servir à fournir des informations complémentaires sur la nature de la grandeur ; ce type d’information doit être attaché au symbole de la grandeur et non à celui de l’unité[83]. » (ici le volume). On doit donc dire « volume mesuré en mètres cubes dans les conditions normales de température et de pression », abrégé en « volume normal en mètres cubes ». Tout comme : Ueff = 500 V et non U = 500 Veff (« tension efficace exprimée en volts » et non « volts efficaces »).
142
+
143
+ Le mètre correspond à :
144
+
145
+ De fait, au-delà du milliard de kilomètres on utilise rarement l'unité standard : on lui préfère l'unité astronomique (ua), d'où est déduite l'unité dérivée, le parsec : ceci était nécessaire pour ne pas dénaturer les mesures précises de distance de parallaxe par une réévaluation de l'ua, liée à la valeur de la constante gravitationnelle (G). Cette situation peu œcuménique a été levée par les mesures directes par écho radar sur les planètes.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
+ Gaz carbonique, anhydride carbonique
4
+
5
+ équation[5] :
6
+
7
+
8
+
9
+ ρ
10
+ =
11
+ 2.768
12
+
13
+ /
14
+
15
+
16
+ 0.26212
17
+
18
+ (
19
+ 1
20
+ +
21
+ (
22
+ 1
23
+
24
+ T
25
+
26
+ /
27
+
28
+ 304.21
29
+
30
+ )
31
+
32
+ 0.2908
33
+
34
+
35
+ )
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle \rho =2.768/0.26212^{(1+(1-T/304.21)^{0.2908})}}
41
+
42
+
43
+ Masse volumique du liquide en kmol·m-3 et température en kelvins, de 216,58 à 304,21 K.
44
+ Valeurs calculées :
45
+ 0,71354 g·cm-3 à 25 °C.
46
+
47
+
48
+
49
+ 569,1 mmHg (−82 °C) ;
50
+ 104,2 mmHg (−100 °C) et
51
+ 10,5 mmHg (−120 °C)[3]
52
+
53
+ équation[5] :
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+ P
59
+
60
+ v
61
+ s
62
+
63
+
64
+ =
65
+ e
66
+ x
67
+ p
68
+ (
69
+ 140.54
70
+ +
71
+
72
+
73
+
74
+
75
+ 4735
76
+
77
+ T
78
+
79
+
80
+ +
81
+ (
82
+
83
+ 21.268
84
+ )
85
+ ×
86
+ l
87
+ n
88
+ (
89
+ T
90
+ )
91
+ +
92
+ (
93
+ 4.0909
94
+ E
95
+
96
+ 2
97
+ )
98
+ ×
99
+
100
+ T
101
+
102
+ 1
103
+
104
+
105
+ )
106
+
107
+
108
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(140.54+{\frac {-4735}{T}}+(-21.268)\times ln(T)+(4.0909E-2)\times T^{1})}
109
+
110
+
111
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 216,58 à 304,21 K.
112
+ Valeurs calculées :
113
+ 6 447 890,53 Pa à 25 °C.
114
+
115
+ équation[5] :
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ C
121
+
122
+ P
123
+
124
+
125
+ =
126
+ (
127
+
128
+ 8.3043
129
+ E
130
+ 6
131
+ )
132
+ +
133
+ (
134
+ 104370
135
+ )
136
+ ×
137
+ T
138
+ +
139
+ (
140
+
141
+ 433.33
142
+ )
143
+ ×
144
+
145
+ T
146
+
147
+ 2
148
+
149
+
150
+ +
151
+ (
152
+ 0.60052
153
+ )
154
+ ×
155
+
156
+ T
157
+
158
+ 3
159
+
160
+
161
+
162
+
163
+ {\displaystyle C_{P}=(-8.3043E6)+(104370)\times T+(-433.33)\times T^{2}+(0.60052)\times T^{3}}
164
+
165
+
166
+ Capacité thermique du liquide en J·kmol-1·K-1 et température en kelvins, de 220 à 290 K.
167
+ Valeurs calculées :
168
+
169
+
170
+
171
+ équation[8] :
172
+
173
+
174
+
175
+
176
+ C
177
+
178
+ P
179
+
180
+
181
+ =
182
+ (
183
+ 27.437
184
+ )
185
+ +
186
+ (
187
+ 4.2315
188
+ E
189
+
190
+ 2
191
+ )
192
+ ×
193
+ T
194
+ +
195
+ (
196
+
197
+ 1.9555
198
+ E
199
+
200
+ 5
201
+ )
202
+ ×
203
+
204
+ T
205
+
206
+ 2
207
+
208
+
209
+ +
210
+ (
211
+ 3.9968
212
+ E
213
+
214
+ 9
215
+ )
216
+ ×
217
+
218
+ T
219
+
220
+ 3
221
+
222
+
223
+ +
224
+ (
225
+
226
+ 2.9872
227
+ E
228
+
229
+ 13
230
+ )
231
+ ×
232
+
233
+ T
234
+
235
+ 4
236
+
237
+
238
+
239
+
240
+ {\displaystyle C_{P}=(27.437)+(4.2315E-2)\times T+(-1.9555E-5)\times T^{2}+(3.9968E-9)\times T^{3}+(-2.9872E-13)\times T^{4}}
241
+
242
+
243
+ Capacité thermique du gaz en J mol−1 K−1 et température en kelvins, de 50 à 5 000 K.
244
+ Valeurs calculées :
245
+ 38,418 J·mol-1·K-1 à 25 °C.
246
+
247
+ b = 3,535 Å
248
+ c = 4,140 Å
249
+ α = 90,00°
250
+ β = 90,00°
251
+ γ = 90,00°[10]
252
+
253
+ Le dioxyde de carbone, aussi appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, est un composé inorganique dont la formule chimique est CO2, la molécule ayant une structure linéaire de la forme O=C=O. Il se présente, sous les conditions normales de température et de pression, comme un gaz incolore, inodore, à la saveur piquante.
254
+
255
+ Le CO2 est utilisé par l'anabolisme des végétaux pour produire de la biomasse à travers la photosynthèse, processus qui consiste à réduire le dioxyde de carbone par l'eau, grâce à l'énergie lumineuse reçue du soleil et captée par la chlorophylle, en libérant de l'oxygène pour produire des oses, et en premier lieu du glucose par le cycle de Calvin. Le CO2 est libéré, à travers le cycle de Krebs, par le catabolisme des plantes, des animaux, des fungi (mycètes, ou champignons) et des micro-organismes. Ce catabolisme consiste notamment à oxyder les lipides et les glucides en eau et en dioxyde de carbone grâce à l'oxygène de l'air pour produire de l'énergie et du pouvoir réducteur, sous forme respectivement d'ATP et de NADH + H+. Le CO2 est par conséquent un élément fondamental du cycle du carbone sur notre planète. Il est également produit par la combustion des énergies fossiles telles que le charbon, le gaz naturel et le pétrole, ainsi que par celle de toutes les matières organiques en général. C'est un sous-produit indésirable dans les processus industriels à grande échelle.
256
+
257
+ Des quantités significatives de CO2 sont par ailleurs rejetées par les volcans et autres phénomènes géothermiques tels que les geysers.
258
+
259
+ En juin 2019, l'atmosphère terrestre comportait 413 ppmv (parties par million en volume) de CO2, soit 0,0413 %[14]. En 2009, cette concentration atteignait précisément 386 ppmv[15], contre seulement 283,4 ppmv en 1839 d'après les carottes de glace prélevées dans la région du cap Poinsett dans l'Antarctique[16], soit une augmentation globale d'environ 42 % en 177 ans[17]. En 2017, avec 405 ppm, il a dépassé un taux jamais atteint depuis 800 000 ans[18].
260
+
261
+ Le CO2 est un gaz à effet de serre important, transparent en lumière visible mais absorbant dans le domaine infrarouge, de sorte qu'il tend à bloquer la réémission vers l'espace de l'énergie thermique reçue au sol sous l'effet du rayonnement solaire ; il serait responsable de 26 % de l'effet de serre à l'œuvre dans notre atmosphère (la vapeur d'eau en assurant 60 %)[19], où l'augmentation de sa concentration serait en partie responsable du réchauffement climatique constaté à l'échelle de notre planète depuis les dernières décennies du XXe siècle. Par ailleurs, l'acidification des océans résultant de la dissolution du dioxyde de carbone atmosphérique pourrait compromettre la survie de nombreux organismes marins[20] avant la fin du XXIe siècle[21], notamment tous ceux à exosquelette calcifié tels que les coraux[22],[23] et les coquillages[24], mais aussi de certains poissons[25].
262
+
263
+ À pression atmosphérique, il se sublime à −78,5 °C[11] (passage de l'état solide à l'état gazeux), mais ne fond pas (passage de l'état solide à l'état liquide).
264
+
265
+ La phase liquide ne peut exister qu'à une pression minimale de 519 kPa (soit 5,12 atm), et dans un intervalle de température allant de −56,6 °C (point triple) à 31,1 °C au maximum à 7,38 MPa (soit 72,8 atm) (point critique).
266
+
267
+ Il existerait au moins cinq phases solides moléculaires (existant à « basse » pression, moins de 30 à 60 GPa) et trois phases solides polymériques (aux pressions plus élevées) du CO2[27] :
268
+
269
+ Le CO2 se dissout dans l’eau et y forme de l’acide carbonique H2CO3 :
270
+ CO2 (aq) + H2O(l)  
271
+
272
+
273
+
274
+
275
+
276
+
277
+ {\displaystyle \rightleftharpoons }
278
+
279
+   H2CO3 (aq), avec Kh = [H2CO3] / [CO2] ≈ 1,70 × 10−3 à 25 °C.
280
+
281
+ Il est également liposoluble (soluble dans les corps gras).
282
+
283
+ L’acide carbonique n’est que modérément stable et il se décompose facilement en H2O et CO2. En revanche, lorsque le dioxyde de carbone se dissout dans une solution aqueuse basique (soude, potasse…), la base déprotone l’acide carbonique pour former un ion hydrogénocarbonate HCO–3, aussi appelé ion bicarbonate, puis un ion carbonate CO2–3. De cette façon, la solubilité du CO2 est considérablement augmentée. Le carbonate de potassium K2CO3 a par exemple une solubilité de 1,12 kg/l d'eau à 20 °C.
284
+
285
+ C'est ainsi que le calcaire se dissout dans l'eau, dans la plage de pH dans laquelle l'hydrogénocarbonate acide est stable, en produisant une solution d'hydrogénocarbonate(s) (de calcium et de magnésium…). Il est donc susceptible de précipiter lorsque le CO2 dissous est dégazé, comme dans la formation des stalagmites et des stalactites. Le calcaire a ainsi, en présence de CO2, une solubilité qui diminue quand la température augmente, à l'instar des gaz et au contraire de la plupart des solides (dont la solubilité augmente généralement avec la température).
286
+
287
+ Dans certaines conditions (haute pression + basse température) le CO2 peut être piégé dans des cages d'eau dites clathrates[28],[29],[30]. C'est un des moyens possibles de séparation industrielle du CO2 contenu dans un gaz[31] en pré- ou post-combustion[32]. C'est aussi un des moyens envisagés de séquestration de CO2 industrielle[33],[34] ou de stockage géologique étudié, éventuellement corrélativement à la dessalinisation d'eau de mer[35],[36] (il peut théoriquement même être substitué au méthane d'hydrate de méthane[Quoi ?])[37].
288
+
289
+ Le dioxyde de carbone est l'un des premiers gaz (avec la vapeur d'eau) à avoir été décrit comme étant une substance distincte de l'air. Au XVIIe siècle, le chimiste et médecin flamand Jean-Baptiste Van Helmont observa qu'en brûlant du charbon de bois en vase clos, la masse des cendres résultantes est inférieure à celle du charbon. Son interprétation était que la masse manquante s'était transmutée en une substance invisible qu'il nomme « gas » ou spiritus sylvestre (« esprit sauvage »)[38].
290
+
291
+ Les propriétés du dioxyde de carbone furent étudiées plus en détail dans les années 1750 par le chimiste et physicien écossais Joseph Black. Il découvrit qu'en chauffant ou en versant un acide sur du calcaire (roche composée de carbonate de calcium), il en résultait l'émission d'un gaz, qu'il nomma « air fixe », mettant à mal la théorie du phlogiston encore enseignée à cette époque. Il observa que celui-ci est plus dense que l'air et qu'il ne peut ni entretenir une flamme, ni la vie d'un animal. Black découvrit également que lorsque le dioxyde de carbone est introduit dans une solution calcaire (hydroxyde de calcium), il en résulte un précipité de carbonate de calcium. Il utilisa ce phénomène pour illustrer le fait que le dioxyde de carbone est produit par la respiration animale et la fermentation microbienne[39].
292
+
293
+ En 1772, le chimiste anglais Joseph Priestley publia un ouvrage intitulé Impregnating Water with Fixed Air dans lequel il décrivit un processus consistant à verser de l'acide sulfurique (ou « huile de vitriol » comme on la nommait à cette époque) sur de la craie afin de produire du dioxyde de carbone, puis forçant le gaz à se dissoudre dans un bol d'eau. Il venait d'« inventer » l'eau gazeuse[40]. Le procédé est ensuite repris par Johann Jacob Schweppe qui fonda, en 1790, à Londres une usine de production de soda connue sous le nom de Schweppes.
294
+
295
+ En 1781, le chimiste français Antoine Lavoisier mit en évidence le fait que ce gaz est le produit de la combustion du carbone avec le dioxygène.
296
+
297
+ Le dioxyde de carbone fut liquéfié pour la première fois en 1823 par Humphry Davy et Michael Faraday[41]. La première description du dioxyde de carbone en phase solide fut écrite par Charles Thilorier (en), qui en 1834 ouvrit un container pressurisé de gaz carbonique liquéfié et découvrit que le refroidissement produit par la rapide évaporation du liquide générait de la « neige » de CO2[42],[43].
298
+
299
+ Le dioxyde de carbone est commercialisé sous différentes formes pour des usages variés, dans un marché dominé par des grandes entreprises comme Messer, Air liquide et Air Products[44]. Pour l'industrie agro-alimentaire, la norme de référence en Europe est éditée par l'European Industrial Gases Association (de) (association européenne des gaz industriels)[45]. En France, elle représente 70 % de la consommation[44].
300
+
301
+ L'Agence internationale de l'énergie a publié en septembre 2019 un rapport sur les utilisations du CO2, qu'il évalue à 230 Mt/an, dont 130 Mt/an pour la fabrication d'engrais et 80 Mt/an pour la récupération assistée de pétrole et de gaz naturel. L'objectif de ce rapport est d'évaluer leur potentiel de contribution à la compensation des émissions de CO2. Il conclut que ce potentiel est faible à court terme, et restera à long terme très inférieur à celui de la capture et séquestration du dioxyde de carbone ; les pistes les plus prometteuses sont les utilisations dans les matériaux de construction, dans la fabrication de polymères et dans les serres[46].
302
+
303
+ Le CO2 a de nombreuses utilisations, dont :
304
+
305
+ Sous forme liquide, il est utilisé comme :
306
+
307
+ Quand il est utilisé comme fluide frigorigène, le CO2 porte la dénomination de nomenclature industrielle « R744 ». Son utilisation comme fluide frigorigène tend à se démocratiser ces dernières années : il est considéré comme « frigorigène naturel », et son potentiel de réchauffement global est très faible comparé aux fluides frigorigènes « traditionnels ».
308
+
309
+ À pression atmosphérique, le dioxyde de carbone n’est jamais sous forme liquide. Il passe directement de la forme solide à la forme gazeuse (sublimation).
310
+
311
+ Le dioxyde de carbone sous forme solide a de nombreuses appellations : « glace carbonique », « neige carbonique », « Carboglace »[48], « glace sèche ». Il est issu de la solidification du CO2 liquide. On obtient de la neige carbonique qui est ensuite comprimée pour obtenir de la glace carbonique.
312
+
313
+ Dans sa phase solide, cette glace carbonique se sublime en ne laissant aucun résidu, avec une enthalpie de sublimation de 573 kJ kg−1[49] (soit 25,2 kJ mol−1), à −78,5 °C et à 1 atm. On lui a donc rapidement trouvé de multiples utilisations en tant que réfrigérant.
314
+
315
+ Il est commercialisé sous différentes présentations selon son usage :
316
+
317
+ Le dioxyde de carbone solide est également présent sous forme de neige carbonique aux pôles de la planète Mars, où il couvre pendant l'hiver local les calottes glaciaires (composées d'eau très majoritairement) et leurs périphéries, ainsi que sous forme de givre carbonique à plus basse latitude, en fin de nuit au début des printemps locaux (photographies prises par les atterrisseurs Viking, le rover Sojourner, l’atterrisseur Phoenix, et de nombreuses images HRSC). Des dépôts importants en sont géologiquement séquestrés au pôle sud[50].
318
+
319
+ Au-delà de son point critique, le dioxyde de carbone entre dans une phase appelée supercritique. La courbe d'équilibre liquide-gaz est interrompue au niveau du point critique, assurant à la phase supercritique un continuum des propriétés physico-chimiques sans changement de phase. C'est une phase aussi dense qu'un liquide mais assurant des propriétés de transport (viscosité, diffusion) proches de celles d'un gaz. Le dioxyde de carbone supercritique est utilisé comme solvant vert, les extraits étant exempts de trace de solvant.
320
+
321
+ Sous cette forme, il sert comme :
322
+
323
+ C'est un sous-produit de processus industriels à grande échelle. Un exemple est la production d'acide acrylique qui est produit dans une quantité de plus de cinq millions de tonnes par an. Le défi dans le développement de ces procédés est de trouver un catalyseur et des conditions de procédé appropriés qui maximisent la formation du produit et minimisent la production de CO2[51],[52],[53],[54].
324
+
325
+ Le dioxyde de carbone est une molécule très stable, avec une enthalpie standard de formation de −393,52 kJ mol−1. Le carbone présente une charge partielle positive, ce qui rend la molécule faiblement électrophile. Par exemple, un carbanion va pouvoir réaliser une addition nucléophile sur le CO2 et former un acide carboxylique après hydrolyse. Par ailleurs, le CO2 peut être utilisé pour former des carbonates organiques, par addition sur des époxydes.
326
+
327
+ Enfin, le CO2 peut être réduit, par exemple en monoxyde de carbone par électrochimie avec un potentiel redox de −0,53 V par rapport à l'électrode standard à hydrogène[55] ou par hydrogénation.
328
+
329
+ L'air extérieur contient, en 2019, environ 0,04 % de CO2 (412 ppm en janvier 2019)[56].
330
+
331
+ À partir d'une certaine concentration dans l'air, ce gaz s'avère dangereux voire mortel à cause du risque d'asphyxie ou d'acidose, bien que le CO2 ne soit pas chimiquement toxique. La valeur limite d'exposition est de 3 % sur une durée de quinze minutes[57]. Cette valeur ne doit jamais être dépassée. Au-delà, les effets sur la santé sont d'autant plus graves que la teneur en CO2 augmente. Ainsi, à 2 % de CO2 dans l'air, l'amplitude respiratoire augmente. À 4 %, la fréquence respiratoire s'accélère. À 10 %, peuvent apparaître des troubles visuels, des tremblements et des sueurs. À 15 %, c'est la perte de connaissance brutale. À 25 %, un arrêt respiratoire entraîne le décès.
332
+
333
+ L'inhalation de dioxyde de carbone concentré entraîne un blocage de la ventilation, parfois décrit comme une violente sensation d'étranglement, un souffle coupé, une détresse respiratoire ou encore une oppression thoracique, pouvant rapidement mener au décès si l'exposition est prolongée.
334
+
335
+ Des études signalent selon l'ANSES « des concentrations associées à des effets sanitaires intrinsèques du CO2 (seuil à environ 10 000 ppm correspondant à l'apparition d'une acidose respiratoire (baisse du pH sanguin), premier effet critique du CO2) ». Une acidose respiratoire peut survenir dès 1 % (10 000 ppm) de CO2 dans l'air, s'il est respiré durant trente minutes ou plus par un adulte en bonne santé avec une charge physique modérée, et probablement plus tôt chez des individus vulnérables ou sensibles. Ces taux « sont supérieurs aux valeurs limites réglementaire et/ou normative de qualité du renouvellement d'air en France et au niveau international, qui varient usuellement entre 1 000 et 1 500 ppm de CO2 ». Une petite étude expérimentale (ayant concerné 22 adultes) a conclu à un effet du CO2 sur la psychomotricité et la fonction intellectuelle (prise de décision, résolution de problèmes) dès de 1 000 ppm (étude de Satish et al., 2012), mais cette étude doit être confirmée par des travaux ayant une puissance statistique plus élevée[58]. L'ANSES note qu'il y a finalement peu d'études épidémiologiques sur ce gaz commun, dont sur d'éventuels effets CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques)[58].
336
+
337
+ Le dioxyde de carbone étant un gaz incolore et lourd s'accumulant en nappes, il est difficilement détectable par une personne non expérimentée.
338
+
339
+ Les humains passent de plus en plus de temps en atmosphère confinée (environ 80-90 % du temps dans un bâtiment ou un véhicule). Selon l'ANSES et divers acteurs[59] en France, le taux de CO2 dans l'air intérieur des bâtiments (lié à l'occupation humaine ou animale et à la présence d'installations de combustion), pondéré par le renouvellement de l'air, est « habituellement compris entre 350 et 2 500 ppm environ »[58].
340
+
341
+ Dans les logements, les écoles, les crèches et les bureaux, il n'y a pas de relations systématiques entre les taux de CO2 et d'autres polluants, et le CO2 intérieur n'est statistiquement pas un bon prédicteur de polluants liés au trafic routier (ou aérien...) extérieur[60]. Le CO2 est le paramètre qui change le plus vite (avec l'hygrométrie et le taux d'oxygène quand des humains ou des animaux sont rassemblés dans une pièce fermée ou mal aérée[61]. Dans les pays pauvres de nombreux foyers ouverts sont sources de CO2 et de CO émis directement dans le lieu de vie. Or séjourner toute la journée dans un air dont le taux de CO2 atteint ou dépasse 600 ppm dégrade nos capacités cognitives (penser, raisonner, se souvenir, décider)[62]. Selon une étude publiée dans Environmental Health Perspectives, de faibles variations du taux de CO2 dans l'air affectent fortement nos capacités de pensée complexe et de prise de décision. Ce taux de 600 ppm est souvent atteint dans l'air intérieur où il dépasse souvent 1 000 ppm, plusieurs fois par jour avec par exemple une teneur moyenne de 3 110 mg/m3 de CO2 dans les salles de classes étudiées ; au détriment des capacités d'apprentissage des enfants[63]) .
342
+
343
+ Un cas particulier est celui des salles de sport où l'effort physique implique un besoin supplémentaire en oxygène et une augmentation du CO2 expiré par les joueurs (et les spectateurs). Par exemple, lors des matchs de hockey sur glace, le CO2 augmente de 92 à 262 ppm lors d'un match (surtout joué par des hommes adultes). Au centre de la patinoire, le taux de CO2 dépasse les 1000 ppm à chaque match (seuil max. recommandé par l'Institut norvégien de la santé publique)[64]. Les mesures in situ montrent qu'un joueur respire un air plus enrichi en CO2 que les spectateurs, et que le taux de CO2 descend durant les temps de repos et remonte durant le temps joué. La nuit après un match, dans une salle de hockey fermée, il faut près d'une dizaines d'heures pour retrouver un taux de CO2 bas (600 à 700 ppm), qui est encore au-dessus de la normale[64]. En outre dans les pays froids, tempérés ou chauds, de nombreuses salles de sport sont climatisées ; pour des raisons d'économies d'énergie elles n'ont pas un renouvellement d'air extérieur constant ou suffisant. Durant un match de hockey sur glace, les femmes et les enfants émettent moins de CO2 que les hommes, mais dans une même salle, le degré d'augmentation du taux de CO2 dans l'air de la salle de sport est comparable, et dans tous les cas étudiés la pause entre deux matchs ne réduit pas la concentration en CO2 assez pour que le début de la deuxième période soit aussi faible que le début de la première[65]. Quand le nombre de spectateurs augmente, le taux de CO2 dans la salle augmente plus encore[64]. Le nombre d'ouvertures/fermetures de portes donnant sur l'extérieur influe aussi sur le renouvellement d'air et donc le taux de CO2 dans la salle de sport. Des études ont montré une diminution des performances cognitives et de décision ou d'apprentissage quand le CO2 augmente. Peu d'études ont porté sur l'effet de ce même CO2 sur les performances sportives d'un individu ou de son équipe[66].
344
+
345
+ Il n'est pas réglementé dans l'air du domicile ; mais il doit être mesuré en tant qu'« indicateur de confinement et de la qualité du renouvellement de l'air » dans certains lieux confinés, sur la base de normes dont l'ANSES estime qu'elles n'ont pas de bases sanitaires[58].
346
+
347
+ En France, le règlement sanitaire départemental (RSD) recommande de ne pas passer le seuil de 1 000 ppm (partie par million) « dans des conditions normales d'occupation », avec une tolérance à 1 300 ppm dans les lieux où il est interdit de fumer (« sans fondement sanitaire explicite de ces deux valeurs » selon l'Anses[58].
348
+
349
+ Un décret du 5 janvier 2012 impose une surveillance de la qualité de l'air intérieur à certains établissements recevant du public sensible tel que les enfants ; il propose le calcul d'un « indice de confinement » dit « indice Icone » (proposé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) sur la base de la fréquence de dépassement des niveaux de CO2 par rapport à deux seuils de 1 000 et 1 700 ppm dans les salles de classe[58].
350
+
351
+ En milieu professionnel, la question de la sécurité et de la prévention liée aux risques d'intoxication au dioxyde de carbone est une préoccupation majeure pour limiter les risques d'accident du travail[67]. Faute de données épidémiologiques, il n'a cependant pas été considéré comme pertinent en France comme indicateur de la qualité sanitaire de l'air intérieur par l'Anses qui ne prévoit pas de valeur guide de qualité d'air intérieur (VGAI) pour ce polluant[58].
352
+
353
+ Dans de fortes concentrations approchant les 50 à 100 %, telles que celles retrouvées dans les nappes de dioxyde de carbone d'origine artificielle en milieu professionnel, il peut se produire un effet de sidération nerveuse et une perte de conscience immédiate, suivie d'une mort rapide en l'absence d'aide extérieure. Ces accidents présentent un risque élevé de suraccident, des témoins pouvant se précipiter au secours de la victime sans penser à leur propre sécurité et devenir eux aussi victimes de l'intoxication.
354
+
355
+ Le dioxyde de carbone n'est normalement présent dans l'atmosphère terrestre qu'à l'état de traces. Il est mesuré via un indice, nommé « Annual Greenhouse Gas Index » (AGGI) depuis 1979 par un réseau d'une centaine de stations sur terre et en mer, disposées de l'Arctique au pôle Sud.
356
+
357
+ Depuis la révolution industrielle, en raison de la combustion constante de très grandes quantités de carbone fossile, alors que la régression des incendies, des forêts et des superficies végétalisées se poursuit, le taux de CO2 dans l'air augmente régulièrement (actuellement : 405 ppm en volume[74]. Ceci correspond à une masse totale de CO2 atmosphérique d'environ 3,16 × 1015 kg (environ trois mille gigatonnes). L'année 1990 (qui correspond à un surplus d'environ 2,1 W/m2 par rapport à 1980) est l'année de référence retenue pour le protocole de Kyoto (elle a donc un « indice AGGI » de 1)[75],[76]. Un groupe de recherche spécifique sur le cycle du carbone et les gaz à effet de serre a été mis en place[77].
358
+
359
+ À un instant t, la teneur en CO2 diffère dans chaque hémisphère, avec dans chaque hémisphère des variations saisonnière régulières (cf. motif « en dents de scie » sur le graphique de droite, montrant une baisse de CO2 en saison de végétation et une augmentation en hiver). Il existe aussi des variations régionales en particulier au niveau de la couche limite atmosphérique, c'est-à-dire dans les couches proches du sol.
360
+
361
+ Les taux de CO2 sont généralement plus élevés dans les zones urbaines et dans les habitations (jusqu'à dix fois le niveau de fond).
362
+
363
+ Peu après la formation de la terre (bien avant l'apparition de la vie), alors que le soleil était presque deux fois moins « chaud », la pression initiale de CO2 était environ 100 000 fois plus élevée qu'aujourd’hui (30 à 60 atmosphères de CO2 (soit 3 000 000 à 6 000 000 pascals), soit 100 000 fois la quantité actuelle de CO2 il y a environ 4,5 milliards d'années)[78].
364
+
365
+ Puis la vie et la photosynthèse sont apparues, prélevant le CO2 de l'atmosphère et de l'eau pour le transformer en roches carbonatées et en charbon, pétrole et gaz naturel, en grande partie enfouis dans les profondeurs de la terre[78]. Le taux de CO2 a néanmoins encore connu quelques pics de bien moindre importance (vingt fois plus élevée qu'aujourd'hui il y a environ un demi milliard d'années, mais le soleil était alors moins chaud qu'aujourd'hui (le rayonnement solaire croît avec le temps ; il a augmenté d'environ 40 % dans les quatre derniers milliards d'années)[78]. Le taux de CO2 a encore chuté de quatre-cinq fois durant le Jurassique, puis a diminué lentement, sauf, de manière accélérée durant un épisode géologiquement bref, dit « évènement Azolla » (il y a environ 49 millions d'années)[79],[80].
366
+
367
+ Le volcanisme émet aussi du CO2 (jusqu'à 40 % des gaz émis par certains volcans lors des éruptions subaériennes sont du dioxyde de carbone[81]) et certaines sources chaudes en émettent aussi (par exemple sur le site italien de Bossoleto près de Rapolano Terme où dans une dépression en forme de cuvette d'environ 100 m de diamètre, par nuit calme, le taux de CO2 peut grimper de 75 % en quelques heures, assez pour tuer les insectes et petits animaux. Mais la masse de gaz se réchauffe rapidement quand le site est ensoleillé et est alors dispersée par les courants de convection de l'air durant la journée[82]. Localement des concentrations élevées de CO2, produites par la perturbation de l'eau d'un lac profond saturé en CO2 peuvent aussi tuer (exemple : 37 morts lors d'une éruption de CO2 à partir du lac Monoun au Cameroun en 1984 et 1 700 victimes autour du lac Nyos (Cameroun également) en 1986[83].
368
+
369
+ Les émissions de CO2 par les activités humaines sont actuellement plus de 130 fois supérieures à la quantité émise par les volcans, d'un montant de près de 27 milliards de tonnes par an en 2007[84]. En 2012, la Chine est le premier émetteur mondial de dioxyde de carbone avec 27 % du total, et les États-Unis, en deuxième position, produit 14 % du total mondial[85]. En 2016, l’agence météorologique de l’ONU indique que la concentration de dioxyde de carbone a atteint un nouveau record historique, soit 403,3 ppm[86], et un record de température a été battu pour l'El Niño de 2017 selon l'OMM[18] alors qu'avec 405 ppm, le taux de CO2 de l'air n'avait jamais été aussi élevé depuis environ 800 000 ans[18].
370
+
371
+ Les émissions mondiales de CO2 augmentent de 2,7 % en 2018, ce qui constitue la plus forte hausse en sept ans[87]. Dans un rapport de 2019, les concentrations en CO2 ont atteint 407,8 ppm en 2018, un constat corrélé également à l'augmentation des concentrations de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O)[88].
372
+
373
+ Un taux plus élevé de CO2 stimule la photosynthèse et la croissance des plantes, avec des avantages potentiels pour la productivité des cultures céréalières, première source alimentaire dans le monde[89] pour les humains et les animaux d'élevage. Le carbone, tiré du dioxyde de carbone de l'air par les plantes autotrophes grâce au processus de la photosynthèse, ou tiré du carbone du sol, est effectivement l'un des principaux nutriments du réseau trophique. L'augmentation de la biomasse est l'un des effets des simulations d'expériences prédisant une augmentation de 5 à 20 % du rendement des cultures à 550 ppm de CO2. Il a été démontré que les taux de photosynthèse foliaire augmentent de 30 à 50 % dans les plantes C3 et de 10 à 25 % dans le C4 sous des niveaux de CO2 doublés[90].
374
+
375
+ À partir de 2010, un tableau plus complet se dessine, avec une différence significative des réponses observées pour différentes espèces végétales, les disponibilités en eau et la concentration d'ozone. Par exemple, le projet Horsham Free-air concentration enrichment (en) (FACE) 2007-2010 (utilisant des cultures de blé) à Victoria, en Australie, a constaté que « l'effet de l'eCO2 était d'augmenter la biomasse des cultures à maturité de 20 % et la biomasse des racines de l'anthèse de 49 % »[91]. Il a été constaté qu'une augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique réduisait la consommation d'eau des plantes et, par conséquent, l'absorption d'azote, ce qui bénéficiait particulièrement aux rendements des cultures dans les régions arides[92].
376
+
377
+ Cependant, si l'élévation du taux de CO2 atmosphérique dope effectivement la croissance (des céréales par exemple), pour des raisons encore mal comprises, elle diminue alors la valeur nutritionnelle des principales cultures de base (riz, blé et pomme-de-terre notamment), en diminuant leur taux de protéines[93], d'oligo-éléments et de vitamines du groupe B[94],[95]. En conditions expérimentales, le taux de CO2 augmenté (même non-combiné à une température augmentée) se traduit par un taux de sucres plus élevé dans les végétaux cultivés (source d'alcools de plus en plus forts pour le raisin), mais aussi par des carences en protéines et en minéraux[96]. Le riz présente en outre souvent des concentrations élevées d'arsenic[97], que l'acidification des milieux peut aggraver. Enfin, des concentrations plus élevées de CO2 exacerbent l'acidification des eaux douces et l'acidification des océans, ce qui pourrait affecter la productivité des algues (et donc l'algoculture).
378
+
379
+ Pour cette raison, selon une étude récente (2018), dès 2015-2050, le taux anormalement élevé de CO2 de notre atmosphère pourrait dans le monde entraîner avant 2050 des maladies induites chez l'homme et certains animaux d'élevage (porcs, vaches, volailles) par des carences alimentaires[98]. Dans une étude publiée dans un numéro spécial de PLOS Medicine sur le changement climatique et la santé, Christopher Weyant et ses collègues de l'université Stanford se sont concentrés sur deux micronutriments essentiels, le zinc et le fer[98],[99]. En tenant compte du dérèglement climatique et des habitudes alimentaires, ils montrent que le risque de maladie évoluera dans les 137 pays[100]. Si rien n'est fait, l'augmentation du taux de CO2 diminuera le taux de zinc et de fer des aliments, coûtant environ 125,8 millions d'années de vie corrigées de l'incapacité (intervalle de confiance de 95 % [CrI] 113,6–138,9) dans le monde pour la période 2015–2050, en raison d'une augmentation des maladies infectieuses, des diarrhées et des cas d'anémie, tout particulièrement en Asie du Sud-Est et Afrique où la population est déjà très affectée par des carences en zinc et fer[98]. Les enfants seraient particulièrement affectés, avec des risques de troubles irréversibles du développement liés à ces carences, transmissible sur plusieurs générations au moins pour des raisons épigénétiques[101].
380
+
381
+ L'étude de Weyant indiquerait aussi que l'inégalité nutritionnelle pourrait augmenter, et montrerait que les réponses traditionnelles de santé publique (dont la supplémentation en minéraux et vitamines, et le contrôle renforcé des maladies humaines et animales) pourraient ne pas suffire à endiguer le phénomène. En effet, de telles réponses ne permettraient de réduire que 26,6 % (95 % des IC 23,8–29,6) de ce fardeau sanitaire, humain et économique, tandis qu'une stratégie efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre, telle que proposée par l'Accord de Paris sur le climat, permettrait d'éviter jusqu'à 48,2 % (95% de l'indice CIF 47,8–48,5) de cette charge[98].
382
+
383
+ Bien que le CO2 nourrisse la croissance des plantes, son excès induit une dégradation de leur valeur alimentaire qui aura des conséquences globales pour toutes les créatures vivantes qui consomment des plantes, y compris l'homme[98]. Les auteurs incitent à mieux étudier les effets de l'augmentation du CO2 atmosphérique sur d'autres composés d'origine végétale ayant des implications pour la santé humaine (ex : acides gras, vitamines, composés pharmacologiques[102],[95], d'autant que cette étude n'a pas tenu compte d'autres conséquences de l'augmentation du CO2, sur les aléas météorologique et biologiques (déprédation accrue...) sur la sécurité alimentaire, l'accès aux aliments, leur usage et la stabilité des prix, ni les chaines de conséquences différées dans l'espace et le temps (effets à long terme de la dénutrition notamment)[103].
384
+
385
+ Les rendements agricoles stagnent ou se dégradent dans une partie du monde, en raison notamment du réchauffement (vagues de chaleur...) et de régimes de précipitations modifiés. Les cultures vitales (blé et riz notamment) sont déjà affectées en zone tropicale et tempérée et des études prospectives laissent penser que les cultures de riz et de maïs pourrait décliner de 20 à 40 % rien qu'à cause des hausses de température prévues en zone tropicale et subtropicale d'ici à 2100, dans même prendre en compte les effets des évènements climatiques extrêmes[104]. Ce contexte pourrait causer des hausses des prix des aliments, les rendant inabordable pour les plus pauvres, alors que la hausse des teneurs de l'air en CO2 pourrait aussi réduire la qualité nutritionnelle, des céréales notamment, importantes pour la santé humaine et, potentiellement, pour celle des animaux (également sources de lait et de viande (et donc de protéines)[98], pendant qu'en mer la biomasse en poisson diminue aussi.
386
+
387
+ « On ignore encore si le déclin de la valeur nutritive des cultures vivrières induit par le CO2 est linéaire et si la qualité nutritionnelle a déjà baissé en raison de l'augmentation du CO2 depuis le début de la révolution industrielle. »
388
+
389
+ En complément des mesures d'adaptation au Changement climatique, les mesures de réduction des émissions de CO2 et piégeage biologique du CO2 restent urgemment nécessaires. Des cultivars moins sensibles aux déficits nutritionnels dans un climat qui se réchauffe sont à rechercher concluent les travaux de Weyant et ses collègues[98].
390
+
391
+ Les effets de l'augmentation du CO2 sur les plantes se montrent plus préoccupants que ce qui était prédit par les premiers modèles des années 1990 et du début des années 2000[105]. Morgan et al., sur la base d'expériences de laboratoire et in situ, ont confirmé dès 2004 que dans les écosystèmes émergés, le CO2, même quand il améliore la productivité en termes de biomasse, peut néanmoins avoir des effets négatifs en modifiant la composition des espèces et en réduisant la digestibilité des graminées courtes par exemple dans la végétation steppique)[106].
392
+
393
+ Le CO2 est le deuxième gaz à effet de serre le plus important dans l'atmosphère après la vapeur d'eau, contribuant respectivement à hauteur de 26 % et 60 % à ce phénomène[19]. La réalité du réchauffement climatique observé à l'échelle planétaire depuis le siècle dernier n'est aujourd'hui plus guère contestée d'un point de vue scientifique[107], mais la part exacte de responsabilité du dioxyde de carbone dans ce processus (par rapport au méthane notamment) doit encore être précisée, grâce aux enregistrements fossiles des paléoclimats notamment[108].
394
+
395
+ Une réduction des émissions anthropiques est visée par le protocole de Kyōto ainsi que par la directive 2003/87/CE ; sa séquestration géologique à long terme fait l'objet de recherches mais est une solution controversée quand il s'agit simplement d'injecter du CO2 dans les couches géologiques.
396
+
397
+ Le CO2 a un certain effet eutrophisant (c'est un nutriment de base, essentiel pour les plantes), mais il est aussi un facteur d'acidification des océans et de certaines masses d'eau douce, qui peut négativement interférer avec de nombreuses espèces (dont certaines microalgues et autres microorganismes aquatiques protégées par des structures calcaires que l'acide carbonique peut dissoudre). L'acidification favorise aussi la libération et la circulation et donc la biodisponibiltié de la plupart des métaux lourds, métalloïdes ou radionucléides (naturellement présent dans les sédiments ou d'origine anthropique depuis la révolution industrielle surtout).
398
+
399
+ L'augmentation de la teneur de l'atmosphère en CO2 peut aussi avoir des effets différentiés voire antagonistes selon son taux, le contexte environnemental et biogéographique et selon des données plus récentes selon la saison et les variations saisonnières de la pluviométrie (au-dessus des forêts notamment[109]) ;
400
+
401
+ Il existe chez les écologues associés à l'étude des effets du changement climatique un consensus sur le fait qu'au-delà d'une augmentation de 2 °C en un siècle, les écosystèmes terrestres et marins seront sérieusement négativement affectés[110].
402
+
403
+ En 2013, la réponse réelle des écosystèmes au CO2 et ses modulations biogéographiques sont encore considérées comme complexes et à mieux comprendre, en raison de nombreux « feedbacks biogéochimiques »[111],[112]. Elle doit être néanmoins élucidée si l'on veut correctement évaluer voire prédire les capacités planétaires ou locales des écosystèmes en termes de stockage naturel du carbone et d'amortissement des effets du dérèglement climatique induit par l'Homme[113].
404
+
405
+ Les rétroactions médiés par le cycle hydrologique sont particulièrement importantes[114] et la pluviométrie y joue un rôle majeur. La physiologie des plantes a au moins un rôle bien connu ; jusqu'à un certain stade (au-delà duquel la plante dépérit), l'augmentation du taux de CO2 de l'air réduit la conductance stomatique et augmente l'efficacité d'utilisation de l'eau par les plantes[112] (la quantité d'eau nécessaire pour produire une unité de matière sèche), la diminution de l'utilisation de l'eau se traduisant par une plus grande disponibilité de l'humidité du sol[115]. Il a été estimé, en 2008, que les effets de l'augmentation du CO2 dans l'air sur l'écosystème devraient être exacerbés quand l'eau est un facteur limitant[116] (mais les apports d'azote sont aussi à prendre en compte[116],[117],[118]) ; ceci a été démontré par quelques expériences[119], mais est un facteur qui a été « oublié » par de nombreuses études[120],[121],[122],[123].
406
+
407
+ Cette relation semble si forte qu'elle permet — en zone tempérée — de prédire avec précision les variations annuelles de la stimulation de la biomasse aérienne à la suite de l'élévation du taux de CO2 dans une prairie mixte contenant des végétaux de type C3 et C4, sur la base du total des précipitations saisonnières ; les pluies d'été ayant un effet positif, alors que celles d'automne et du printemps ont des effets négatifs sur la réponse au CO2[112]. L'effet du taux croissant de CO2 dépendra donc principalement des nouveaux équilibres ou déséquilibres qui s'établiront entre les précipitations estivales et d'automne / printemps[112].
408
+
409
+ Le lien à l'azote (autre élément perturbé par les activités humaines dont l'agriculture industrielle, l'industrie et les émissions de la circulation automobile) est ici retrouvé : de fortes précipitations en saisons froides et humides conduisent à limiter l'accès des plantes terrestres à l'azote et, de ce fait, réduisent ou interdisent la stimulation de la biomasse par un taux de CO2 élevé[112]. Il a aussi été noté que cette prédiction valait aussi pour des parcelles « réchauffées » de 2 °C ou non-réchauffées, et était similaire pour les plantes en C3 et de la biomasse totale, ce qui semble permettre aux prospectivistes de faire des prévisions robustes sur les réponses aux concentrations élevées de CO2 de l'écosystème[112]. Ceci est un atout précieux car les projections climatiques des modèles à haute résolution confirment la très forte probabilité de changements importants dans la répartition annuelle des pluies, même là où la quantité annuelle totale de pluie tombée au sol ne changera pas[124]. Ces données scientifiquement confirmées (en 2013) devraient aider à expliquer certaines différences apparues dans les résultats des expériences basées sur l'exposition de plantes à un taux accru de CO2, et améliorer l'efficacité prospective des modèles qui ne tenaient pas assez compte des effets saisonniers des précipitations sur les réponses de la biodiversité au CO2[119],[125] 14, notamment en milieux forestiers[126].
410
+
411
+ Plusieurs voies sont explorées ou mises en œuvre pour limiter l'accumulation du CO2 dans l'atmosphère. Elles peuvent faire appel à des processus naturels comme la photosynthèse ou à des procédés industriels. Il faut également distinguer la capture à la source de la capture dans l'atmosphère.
412
+
413
+ La startup indienne Carbon Clean Solutions (CCSL) a lancé sa première installation, qui capte et réutilise à 100 % les émissions de CO2 (60 000 tonnes par an) d'une petite centrale au charbon en Inde, à Chennai (Madras) ; ce CO2 est purifié, puis revendu à un industriel local, qui l'utilise pour fabriquer de la soude. La technologie de CCSL ramène le coût de revient du CO2 vendu à 30 dollars la tonne en Inde et à 40 dollars en Europe ou aux États-Unis, très en dessous du prix du marché : 70 à 150 dollars la tonne. Veolia a signé avec CCSL un contrat pour commercialiser ce procédé à l'international[127]. En parallèle, l'entreprise Climeworks cherche à capturer le CO2 en filtrant l’air ambiant.
414
+
415
+ La société canadienne Carbon Engineering, fondée par l'ingénieur David Keith et financée par Bill Gates et plusieurs entreprises pétrolières et minières, a développé un réacteur qui extrait le CO2 de l'atmosphère à un coût inférieur à celui des technologies de capture existantes. Les fonds apportés par les investisseurs seront employés à combiner ce procédé de capture directe avec un procédé « Air to fuels » permettant de transformer le carbone récupéré dans l’atmosphère en un carburant similaire à l'essence. Elle envisage la construction d'une importante usine à Houston en partenariat avec Occidental Petroleum. Cependant, les réacteurs capteurs de CO2 sont très énergivores et doivent donc être alimentés par des sources d’énergie renouvelable ; le Conseil scientifique des Académies des sciences européennes (EASAC) émet des réserves : selon lui, l’élimination du CO2 dans l’air n’empêchera pas le changement climatique et n’est, à ce jour, pas à la hauteur des recommandations du GIEC[128],[129].
416
+
417
+ Vers une production de "méthane solaire" à partir de CO2 ?[130].
418
+
419
+ En théorie, transformer du CO2 en carburant ou en matières premières chimiques permettrait de diminuer l'utilisation de combustibles fossiles et de réduire les émissions de CO2[131],[132].
420
+
421
+ La conversion électrochimique à partir de sources d'électricité renouvelable est une piste qui fait l'objet de nombreux travaux de recherche depuis les années 2010[133],[134],[135].
422
+
423
+ Un espoir, basé sur la photochimie, est de pouvoir n'utiliser que la lumière du soleil[136] et des catalyseurs non polluants, peu coûteux et abondants sur Terre[137]. Parmi les photocatalyseurs et les électrocatalyseurs moléculaires évoqués par la littérature scientifique des années 2010, seuls quelques uns sont stables et sélectifs pour la réduction du CO2 ; de plus ils produisent principalement du CO ou du HCOO, et les catalyseurs capables de générer des rendements même faibles à modérés en hydrocarbures fortement réduits restent rares[138],[139],[140],[141],[142],[143],[144],[145],[146],[147].
424
+
425
+ Quatre chercheurs, dont deux français (Julien Bonin & Marc Robert) ont produit un catalyseur qui est un complexe de tétraphénylporphyrine de fer fonctionnalisée avec des groupes triméthylammonium, qu'ils présentent comme étant (au moment de la publication) l'électrocatalyseur moléculaire le plus efficace et le plus sélectif pour convertir le CO2 en CO[148],[130],[149] car pouvant catalyser la réduction de huit électrons du CO2 en méthane sous simple lumière, à température et pression ambiantes. Le catalyseur doit cependant être utilisé dans une solution d’acétonitrile contenant un photosensibilisateur et un donneur d’électrons sacrificiel, il fonctionne alors de manière stable durant quelques jours. Le CO2 est d’abord principalement transformé en CO par photoréduction et s’il y a deux réacteurs CO génère ensuite du méthane avec une sélectivité atteignant 82 % et avec un rendement quantique, c'est-à-dire une efficacité de la lumière, de 0,18 %). Les auteurs estiment que d'autres catalyseurs moléculaires pourraient s’en inspirer[150].
426
+
427
+ Des systèmes de « co-catalyse » sont aussi envisagés[151], de catalyseurs moléculaires[152], ainsi que des systèmes à base de pérovskite[153], ou basés sur des complexes de métaux de transition[154].
fr/1196.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,427 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Gaz carbonique, anhydride carbonique
4
+
5
+ équation[5] :
6
+
7
+
8
+
9
+ ρ
10
+ =
11
+ 2.768
12
+
13
+ /
14
+
15
+
16
+ 0.26212
17
+
18
+ (
19
+ 1
20
+ +
21
+ (
22
+ 1
23
+
24
+ T
25
+
26
+ /
27
+
28
+ 304.21
29
+
30
+ )
31
+
32
+ 0.2908
33
+
34
+
35
+ )
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle \rho =2.768/0.26212^{(1+(1-T/304.21)^{0.2908})}}
41
+
42
+
43
+ Masse volumique du liquide en kmol·m-3 et température en kelvins, de 216,58 à 304,21 K.
44
+ Valeurs calculées :
45
+ 0,71354 g·cm-3 à 25 °C.
46
+
47
+
48
+
49
+ 569,1 mmHg (−82 °C) ;
50
+ 104,2 mmHg (−100 °C) et
51
+ 10,5 mmHg (−120 °C)[3]
52
+
53
+ équation[5] :
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+ P
59
+
60
+ v
61
+ s
62
+
63
+
64
+ =
65
+ e
66
+ x
67
+ p
68
+ (
69
+ 140.54
70
+ +
71
+
72
+
73
+
74
+
75
+ 4735
76
+
77
+ T
78
+
79
+
80
+ +
81
+ (
82
+
83
+ 21.268
84
+ )
85
+ ×
86
+ l
87
+ n
88
+ (
89
+ T
90
+ )
91
+ +
92
+ (
93
+ 4.0909
94
+ E
95
+
96
+ 2
97
+ )
98
+ ×
99
+
100
+ T
101
+
102
+ 1
103
+
104
+
105
+ )
106
+
107
+
108
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(140.54+{\frac {-4735}{T}}+(-21.268)\times ln(T)+(4.0909E-2)\times T^{1})}
109
+
110
+
111
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 216,58 à 304,21 K.
112
+ Valeurs calculées :
113
+ 6 447 890,53 Pa à 25 °C.
114
+
115
+ équation[5] :
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ C
121
+
122
+ P
123
+
124
+
125
+ =
126
+ (
127
+
128
+ 8.3043
129
+ E
130
+ 6
131
+ )
132
+ +
133
+ (
134
+ 104370
135
+ )
136
+ ×
137
+ T
138
+ +
139
+ (
140
+
141
+ 433.33
142
+ )
143
+ ×
144
+
145
+ T
146
+
147
+ 2
148
+
149
+
150
+ +
151
+ (
152
+ 0.60052
153
+ )
154
+ ×
155
+
156
+ T
157
+
158
+ 3
159
+
160
+
161
+
162
+
163
+ {\displaystyle C_{P}=(-8.3043E6)+(104370)\times T+(-433.33)\times T^{2}+(0.60052)\times T^{3}}
164
+
165
+
166
+ Capacité thermique du liquide en J·kmol-1·K-1 et température en kelvins, de 220 à 290 K.
167
+ Valeurs calculées :
168
+
169
+
170
+
171
+ équation[8] :
172
+
173
+
174
+
175
+
176
+ C
177
+
178
+ P
179
+
180
+
181
+ =
182
+ (
183
+ 27.437
184
+ )
185
+ +
186
+ (
187
+ 4.2315
188
+ E
189
+
190
+ 2
191
+ )
192
+ ×
193
+ T
194
+ +
195
+ (
196
+
197
+ 1.9555
198
+ E
199
+
200
+ 5
201
+ )
202
+ ×
203
+
204
+ T
205
+
206
+ 2
207
+
208
+
209
+ +
210
+ (
211
+ 3.9968
212
+ E
213
+
214
+ 9
215
+ )
216
+ ×
217
+
218
+ T
219
+
220
+ 3
221
+
222
+
223
+ +
224
+ (
225
+
226
+ 2.9872
227
+ E
228
+
229
+ 13
230
+ )
231
+ ×
232
+
233
+ T
234
+
235
+ 4
236
+
237
+
238
+
239
+
240
+ {\displaystyle C_{P}=(27.437)+(4.2315E-2)\times T+(-1.9555E-5)\times T^{2}+(3.9968E-9)\times T^{3}+(-2.9872E-13)\times T^{4}}
241
+
242
+
243
+ Capacité thermique du gaz en J mol−1 K−1 et température en kelvins, de 50 à 5 000 K.
244
+ Valeurs calculées :
245
+ 38,418 J·mol-1·K-1 à 25 °C.
246
+
247
+ b = 3,535 Å
248
+ c = 4,140 Å
249
+ α = 90,00°
250
+ β = 90,00°
251
+ γ = 90,00°[10]
252
+
253
+ Le dioxyde de carbone, aussi appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, est un composé inorganique dont la formule chimique est CO2, la molécule ayant une structure linéaire de la forme O=C=O. Il se présente, sous les conditions normales de température et de pression, comme un gaz incolore, inodore, à la saveur piquante.
254
+
255
+ Le CO2 est utilisé par l'anabolisme des végétaux pour produire de la biomasse à travers la photosynthèse, processus qui consiste à réduire le dioxyde de carbone par l'eau, grâce à l'énergie lumineuse reçue du soleil et captée par la chlorophylle, en libérant de l'oxygène pour produire des oses, et en premier lieu du glucose par le cycle de Calvin. Le CO2 est libéré, à travers le cycle de Krebs, par le catabolisme des plantes, des animaux, des fungi (mycètes, ou champignons) et des micro-organismes. Ce catabolisme consiste notamment à oxyder les lipides et les glucides en eau et en dioxyde de carbone grâce à l'oxygène de l'air pour produire de l'énergie et du pouvoir réducteur, sous forme respectivement d'ATP et de NADH + H+. Le CO2 est par conséquent un élément fondamental du cycle du carbone sur notre planète. Il est également produit par la combustion des énergies fossiles telles que le charbon, le gaz naturel et le pétrole, ainsi que par celle de toutes les matières organiques en général. C'est un sous-produit indésirable dans les processus industriels à grande échelle.
256
+
257
+ Des quantités significatives de CO2 sont par ailleurs rejetées par les volcans et autres phénomènes géothermiques tels que les geysers.
258
+
259
+ En juin 2019, l'atmosphère terrestre comportait 413 ppmv (parties par million en volume) de CO2, soit 0,0413 %[14]. En 2009, cette concentration atteignait précisément 386 ppmv[15], contre seulement 283,4 ppmv en 1839 d'après les carottes de glace prélevées dans la région du cap Poinsett dans l'Antarctique[16], soit une augmentation globale d'environ 42 % en 177 ans[17]. En 2017, avec 405 ppm, il a dépassé un taux jamais atteint depuis 800 000 ans[18].
260
+
261
+ Le CO2 est un gaz à effet de serre important, transparent en lumière visible mais absorbant dans le domaine infrarouge, de sorte qu'il tend à bloquer la réémission vers l'espace de l'énergie thermique reçue au sol sous l'effet du rayonnement solaire ; il serait responsable de 26 % de l'effet de serre à l'œuvre dans notre atmosphère (la vapeur d'eau en assurant 60 %)[19], où l'augmentation de sa concentration serait en partie responsable du réchauffement climatique constaté à l'échelle de notre planète depuis les dernières décennies du XXe siècle. Par ailleurs, l'acidification des océans résultant de la dissolution du dioxyde de carbone atmosphérique pourrait compromettre la survie de nombreux organismes marins[20] avant la fin du XXIe siècle[21], notamment tous ceux à exosquelette calcifié tels que les coraux[22],[23] et les coquillages[24], mais aussi de certains poissons[25].
262
+
263
+ À pression atmosphérique, il se sublime à −78,5 °C[11] (passage de l'état solide à l'état gazeux), mais ne fond pas (passage de l'état solide à l'état liquide).
264
+
265
+ La phase liquide ne peut exister qu'à une pression minimale de 519 kPa (soit 5,12 atm), et dans un intervalle de température allant de −56,6 °C (point triple) à 31,1 °C au maximum à 7,38 MPa (soit 72,8 atm) (point critique).
266
+
267
+ Il existerait au moins cinq phases solides moléculaires (existant à « basse » pression, moins de 30 à 60 GPa) et trois phases solides polymériques (aux pressions plus élevées) du CO2[27] :
268
+
269
+ Le CO2 se dissout dans l’eau et y forme de l’acide carbonique H2CO3 :
270
+ CO2 (aq) + H2O(l)  
271
+
272
+
273
+
274
+
275
+
276
+
277
+ {\displaystyle \rightleftharpoons }
278
+
279
+   H2CO3 (aq), avec Kh = [H2CO3] / [CO2] ≈ 1,70 × 10−3 à 25 °C.
280
+
281
+ Il est également liposoluble (soluble dans les corps gras).
282
+
283
+ L’acide carbonique n’est que modérément stable et il se décompose facilement en H2O et CO2. En revanche, lorsque le dioxyde de carbone se dissout dans une solution aqueuse basique (soude, potasse…), la base déprotone l’acide carbonique pour former un ion hydrogénocarbonate HCO–3, aussi appelé ion bicarbonate, puis un ion carbonate CO2–3. De cette façon, la solubilité du CO2 est considérablement augmentée. Le carbonate de potassium K2CO3 a par exemple une solubilité de 1,12 kg/l d'eau à 20 °C.
284
+
285
+ C'est ainsi que le calcaire se dissout dans l'eau, dans la plage de pH dans laquelle l'hydrogénocarbonate acide est stable, en produisant une solution d'hydrogénocarbonate(s) (de calcium et de magnésium…). Il est donc susceptible de précipiter lorsque le CO2 dissous est dégazé, comme dans la formation des stalagmites et des stalactites. Le calcaire a ainsi, en présence de CO2, une solubilité qui diminue quand la température augmente, à l'instar des gaz et au contraire de la plupart des solides (dont la solubilité augmente généralement avec la température).
286
+
287
+ Dans certaines conditions (haute pression + basse température) le CO2 peut être piégé dans des cages d'eau dites clathrates[28],[29],[30]. C'est un des moyens possibles de séparation industrielle du CO2 contenu dans un gaz[31] en pré- ou post-combustion[32]. C'est aussi un des moyens envisagés de séquestration de CO2 industrielle[33],[34] ou de stockage géologique étudié, éventuellement corrélativement à la dessalinisation d'eau de mer[35],[36] (il peut théoriquement même être substitué au méthane d'hydrate de méthane[Quoi ?])[37].
288
+
289
+ Le dioxyde de carbone est l'un des premiers gaz (avec la vapeur d'eau) à avoir été décrit comme étant une substance distincte de l'air. Au XVIIe siècle, le chimiste et médecin flamand Jean-Baptiste Van Helmont observa qu'en brûlant du charbon de bois en vase clos, la masse des cendres résultantes est inférieure à celle du charbon. Son interprétation était que la masse manquante s'était transmutée en une substance invisible qu'il nomme « gas » ou spiritus sylvestre (« esprit sauvage »)[38].
290
+
291
+ Les propriétés du dioxyde de carbone furent étudiées plus en détail dans les années 1750 par le chimiste et physicien écossais Joseph Black. Il découvrit qu'en chauffant ou en versant un acide sur du calcaire (roche composée de carbonate de calcium), il en résultait l'émission d'un gaz, qu'il nomma « air fixe », mettant à mal la théorie du phlogiston encore enseignée à cette époque. Il observa que celui-ci est plus dense que l'air et qu'il ne peut ni entretenir une flamme, ni la vie d'un animal. Black découvrit également que lorsque le dioxyde de carbone est introduit dans une solution calcaire (hydroxyde de calcium), il en résulte un précipité de carbonate de calcium. Il utilisa ce phénomène pour illustrer le fait que le dioxyde de carbone est produit par la respiration animale et la fermentation microbienne[39].
292
+
293
+ En 1772, le chimiste anglais Joseph Priestley publia un ouvrage intitulé Impregnating Water with Fixed Air dans lequel il décrivit un processus consistant à verser de l'acide sulfurique (ou « huile de vitriol » comme on la nommait à cette époque) sur de la craie afin de produire du dioxyde de carbone, puis forçant le gaz à se dissoudre dans un bol d'eau. Il venait d'« inventer » l'eau gazeuse[40]. Le procédé est ensuite repris par Johann Jacob Schweppe qui fonda, en 1790, à Londres une usine de production de soda connue sous le nom de Schweppes.
294
+
295
+ En 1781, le chimiste français Antoine Lavoisier mit en évidence le fait que ce gaz est le produit de la combustion du carbone avec le dioxygène.
296
+
297
+ Le dioxyde de carbone fut liquéfié pour la première fois en 1823 par Humphry Davy et Michael Faraday[41]. La première description du dioxyde de carbone en phase solide fut écrite par Charles Thilorier (en), qui en 1834 ouvrit un container pressurisé de gaz carbonique liquéfié et découvrit que le refroidissement produit par la rapide évaporation du liquide générait de la « neige » de CO2[42],[43].
298
+
299
+ Le dioxyde de carbone est commercialisé sous différentes formes pour des usages variés, dans un marché dominé par des grandes entreprises comme Messer, Air liquide et Air Products[44]. Pour l'industrie agro-alimentaire, la norme de référence en Europe est éditée par l'European Industrial Gases Association (de) (association européenne des gaz industriels)[45]. En France, elle représente 70 % de la consommation[44].
300
+
301
+ L'Agence internationale de l'énergie a publié en septembre 2019 un rapport sur les utilisations du CO2, qu'il évalue à 230 Mt/an, dont 130 Mt/an pour la fabrication d'engrais et 80 Mt/an pour la récupération assistée de pétrole et de gaz naturel. L'objectif de ce rapport est d'évaluer leur potentiel de contribution à la compensation des émissions de CO2. Il conclut que ce potentiel est faible à court terme, et restera à long terme très inférieur à celui de la capture et séquestration du dioxyde de carbone ; les pistes les plus prometteuses sont les utilisations dans les matériaux de construction, dans la fabrication de polymères et dans les serres[46].
302
+
303
+ Le CO2 a de nombreuses utilisations, dont :
304
+
305
+ Sous forme liquide, il est utilisé comme :
306
+
307
+ Quand il est utilisé comme fluide frigorigène, le CO2 porte la dénomination de nomenclature industrielle « R744 ». Son utilisation comme fluide frigorigène tend à se démocratiser ces dernières années : il est considéré comme « frigorigène naturel », et son potentiel de réchauffement global est très faible comparé aux fluides frigorigènes « traditionnels ».
308
+
309
+ À pression atmosphérique, le dioxyde de carbone n’est jamais sous forme liquide. Il passe directement de la forme solide à la forme gazeuse (sublimation).
310
+
311
+ Le dioxyde de carbone sous forme solide a de nombreuses appellations : « glace carbonique », « neige carbonique », « Carboglace »[48], « glace sèche ». Il est issu de la solidification du CO2 liquide. On obtient de la neige carbonique qui est ensuite comprimée pour obtenir de la glace carbonique.
312
+
313
+ Dans sa phase solide, cette glace carbonique se sublime en ne laissant aucun résidu, avec une enthalpie de sublimation de 573 kJ kg−1[49] (soit 25,2 kJ mol−1), à −78,5 °C et à 1 atm. On lui a donc rapidement trouvé de multiples utilisations en tant que réfrigérant.
314
+
315
+ Il est commercialisé sous différentes présentations selon son usage :
316
+
317
+ Le dioxyde de carbone solide est également présent sous forme de neige carbonique aux pôles de la planète Mars, où il couvre pendant l'hiver local les calottes glaciaires (composées d'eau très majoritairement) et leurs périphéries, ainsi que sous forme de givre carbonique à plus basse latitude, en fin de nuit au début des printemps locaux (photographies prises par les atterrisseurs Viking, le rover Sojourner, l’atterrisseur Phoenix, et de nombreuses images HRSC). Des dépôts importants en sont géologiquement séquestrés au pôle sud[50].
318
+
319
+ Au-delà de son point critique, le dioxyde de carbone entre dans une phase appelée supercritique. La courbe d'équilibre liquide-gaz est interrompue au niveau du point critique, assurant à la phase supercritique un continuum des propriétés physico-chimiques sans changement de phase. C'est une phase aussi dense qu'un liquide mais assurant des propriétés de transport (viscosité, diffusion) proches de celles d'un gaz. Le dioxyde de carbone supercritique est utilisé comme solvant vert, les extraits étant exempts de trace de solvant.
320
+
321
+ Sous cette forme, il sert comme :
322
+
323
+ C'est un sous-produit de processus industriels à grande échelle. Un exemple est la production d'acide acrylique qui est produit dans une quantité de plus de cinq millions de tonnes par an. Le défi dans le développement de ces procédés est de trouver un catalyseur et des conditions de procédé appropriés qui maximisent la formation du produit et minimisent la production de CO2[51],[52],[53],[54].
324
+
325
+ Le dioxyde de carbone est une molécule très stable, avec une enthalpie standard de formation de −393,52 kJ mol−1. Le carbone présente une charge partielle positive, ce qui rend la molécule faiblement électrophile. Par exemple, un carbanion va pouvoir réaliser une addition nucléophile sur le CO2 et former un acide carboxylique après hydrolyse. Par ailleurs, le CO2 peut être utilisé pour former des carbonates organiques, par addition sur des époxydes.
326
+
327
+ Enfin, le CO2 peut être réduit, par exemple en monoxyde de carbone par électrochimie avec un potentiel redox de −0,53 V par rapport à l'électrode standard à hydrogène[55] ou par hydrogénation.
328
+
329
+ L'air extérieur contient, en 2019, environ 0,04 % de CO2 (412 ppm en janvier 2019)[56].
330
+
331
+ À partir d'une certaine concentration dans l'air, ce gaz s'avère dangereux voire mortel à cause du risque d'asphyxie ou d'acidose, bien que le CO2 ne soit pas chimiquement toxique. La valeur limite d'exposition est de 3 % sur une durée de quinze minutes[57]. Cette valeur ne doit jamais être dépassée. Au-delà, les effets sur la santé sont d'autant plus graves que la teneur en CO2 augmente. Ainsi, à 2 % de CO2 dans l'air, l'amplitude respiratoire augmente. À 4 %, la fréquence respiratoire s'accélère. À 10 %, peuvent apparaître des troubles visuels, des tremblements et des sueurs. À 15 %, c'est la perte de connaissance brutale. À 25 %, un arrêt respiratoire entraîne le décès.
332
+
333
+ L'inhalation de dioxyde de carbone concentré entraîne un blocage de la ventilation, parfois décrit comme une violente sensation d'étranglement, un souffle coupé, une détresse respiratoire ou encore une oppression thoracique, pouvant rapidement mener au décès si l'exposition est prolongée.
334
+
335
+ Des études signalent selon l'ANSES « des concentrations associées à des effets sanitaires intrinsèques du CO2 (seuil à environ 10 000 ppm correspondant à l'apparition d'une acidose respiratoire (baisse du pH sanguin), premier effet critique du CO2) ». Une acidose respiratoire peut survenir dès 1 % (10 000 ppm) de CO2 dans l'air, s'il est respiré durant trente minutes ou plus par un adulte en bonne santé avec une charge physique modérée, et probablement plus tôt chez des individus vulnérables ou sensibles. Ces taux « sont supérieurs aux valeurs limites réglementaire et/ou normative de qualité du renouvellement d'air en France et au niveau international, qui varient usuellement entre 1 000 et 1 500 ppm de CO2 ». Une petite étude expérimentale (ayant concerné 22 adultes) a conclu à un effet du CO2 sur la psychomotricité et la fonction intellectuelle (prise de décision, résolution de problèmes) dès de 1 000 ppm (étude de Satish et al., 2012), mais cette étude doit être confirmée par des travaux ayant une puissance statistique plus élevée[58]. L'ANSES note qu'il y a finalement peu d'études épidémiologiques sur ce gaz commun, dont sur d'éventuels effets CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques)[58].
336
+
337
+ Le dioxyde de carbone étant un gaz incolore et lourd s'accumulant en nappes, il est difficilement détectable par une personne non expérimentée.
338
+
339
+ Les humains passent de plus en plus de temps en atmosphère confinée (environ 80-90 % du temps dans un bâtiment ou un véhicule). Selon l'ANSES et divers acteurs[59] en France, le taux de CO2 dans l'air intérieur des bâtiments (lié à l'occupation humaine ou animale et à la présence d'installations de combustion), pondéré par le renouvellement de l'air, est « habituellement compris entre 350 et 2 500 ppm environ »[58].
340
+
341
+ Dans les logements, les écoles, les crèches et les bureaux, il n'y a pas de relations systématiques entre les taux de CO2 et d'autres polluants, et le CO2 intérieur n'est statistiquement pas un bon prédicteur de polluants liés au trafic routier (ou aérien...) extérieur[60]. Le CO2 est le paramètre qui change le plus vite (avec l'hygrométrie et le taux d'oxygène quand des humains ou des animaux sont rassemblés dans une pièce fermée ou mal aérée[61]. Dans les pays pauvres de nombreux foyers ouverts sont sources de CO2 et de CO émis directement dans le lieu de vie. Or séjourner toute la journée dans un air dont le taux de CO2 atteint ou dépasse 600 ppm dégrade nos capacités cognitives (penser, raisonner, se souvenir, décider)[62]. Selon une étude publiée dans Environmental Health Perspectives, de faibles variations du taux de CO2 dans l'air affectent fortement nos capacités de pensée complexe et de prise de décision. Ce taux de 600 ppm est souvent atteint dans l'air intérieur où il dépasse souvent 1 000 ppm, plusieurs fois par jour avec par exemple une teneur moyenne de 3 110 mg/m3 de CO2 dans les salles de classes étudiées ; au détriment des capacités d'apprentissage des enfants[63]) .
342
+
343
+ Un cas particulier est celui des salles de sport où l'effort physique implique un besoin supplémentaire en oxygène et une augmentation du CO2 expiré par les joueurs (et les spectateurs). Par exemple, lors des matchs de hockey sur glace, le CO2 augmente de 92 à 262 ppm lors d'un match (surtout joué par des hommes adultes). Au centre de la patinoire, le taux de CO2 dépasse les 1000 ppm à chaque match (seuil max. recommandé par l'Institut norvégien de la santé publique)[64]. Les mesures in situ montrent qu'un joueur respire un air plus enrichi en CO2 que les spectateurs, et que le taux de CO2 descend durant les temps de repos et remonte durant le temps joué. La nuit après un match, dans une salle de hockey fermée, il faut près d'une dizaines d'heures pour retrouver un taux de CO2 bas (600 à 700 ppm), qui est encore au-dessus de la normale[64]. En outre dans les pays froids, tempérés ou chauds, de nombreuses salles de sport sont climatisées ; pour des raisons d'économies d'énergie elles n'ont pas un renouvellement d'air extérieur constant ou suffisant. Durant un match de hockey sur glace, les femmes et les enfants émettent moins de CO2 que les hommes, mais dans une même salle, le degré d'augmentation du taux de CO2 dans l'air de la salle de sport est comparable, et dans tous les cas étudiés la pause entre deux matchs ne réduit pas la concentration en CO2 assez pour que le début de la deuxième période soit aussi faible que le début de la première[65]. Quand le nombre de spectateurs augmente, le taux de CO2 dans la salle augmente plus encore[64]. Le nombre d'ouvertures/fermetures de portes donnant sur l'extérieur influe aussi sur le renouvellement d'air et donc le taux de CO2 dans la salle de sport. Des études ont montré une diminution des performances cognitives et de décision ou d'apprentissage quand le CO2 augmente. Peu d'études ont porté sur l'effet de ce même CO2 sur les performances sportives d'un individu ou de son équipe[66].
344
+
345
+ Il n'est pas réglementé dans l'air du domicile ; mais il doit être mesuré en tant qu'« indicateur de confinement et de la qualité du renouvellement de l'air » dans certains lieux confinés, sur la base de normes dont l'ANSES estime qu'elles n'ont pas de bases sanitaires[58].
346
+
347
+ En France, le règlement sanitaire départemental (RSD) recommande de ne pas passer le seuil de 1 000 ppm (partie par million) « dans des conditions normales d'occupation », avec une tolérance à 1 300 ppm dans les lieux où il est interdit de fumer (« sans fondement sanitaire explicite de ces deux valeurs » selon l'Anses[58].
348
+
349
+ Un décret du 5 janvier 2012 impose une surveillance de la qualité de l'air intérieur à certains établissements recevant du public sensible tel que les enfants ; il propose le calcul d'un « indice de confinement » dit « indice Icone » (proposé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) sur la base de la fréquence de dépassement des niveaux de CO2 par rapport à deux seuils de 1 000 et 1 700 ppm dans les salles de classe[58].
350
+
351
+ En milieu professionnel, la question de la sécurité et de la prévention liée aux risques d'intoxication au dioxyde de carbone est une préoccupation majeure pour limiter les risques d'accident du travail[67]. Faute de données épidémiologiques, il n'a cependant pas été considéré comme pertinent en France comme indicateur de la qualité sanitaire de l'air intérieur par l'Anses qui ne prévoit pas de valeur guide de qualité d'air intérieur (VGAI) pour ce polluant[58].
352
+
353
+ Dans de fortes concentrations approchant les 50 à 100 %, telles que celles retrouvées dans les nappes de dioxyde de carbone d'origine artificielle en milieu professionnel, il peut se produire un effet de sidération nerveuse et une perte de conscience immédiate, suivie d'une mort rapide en l'absence d'aide extérieure. Ces accidents présentent un risque élevé de suraccident, des témoins pouvant se précipiter au secours de la victime sans penser à leur propre sécurité et devenir eux aussi victimes de l'intoxication.
354
+
355
+ Le dioxyde de carbone n'est normalement présent dans l'atmosphère terrestre qu'à l'état de traces. Il est mesuré via un indice, nommé « Annual Greenhouse Gas Index » (AGGI) depuis 1979 par un réseau d'une centaine de stations sur terre et en mer, disposées de l'Arctique au pôle Sud.
356
+
357
+ Depuis la révolution industrielle, en raison de la combustion constante de très grandes quantités de carbone fossile, alors que la régression des incendies, des forêts et des superficies végétalisées se poursuit, le taux de CO2 dans l'air augmente régulièrement (actuellement : 405 ppm en volume[74]. Ceci correspond à une masse totale de CO2 atmosphérique d'environ 3,16 × 1015 kg (environ trois mille gigatonnes). L'année 1990 (qui correspond à un surplus d'environ 2,1 W/m2 par rapport à 1980) est l'année de référence retenue pour le protocole de Kyoto (elle a donc un « indice AGGI » de 1)[75],[76]. Un groupe de recherche spécifique sur le cycle du carbone et les gaz à effet de serre a été mis en place[77].
358
+
359
+ À un instant t, la teneur en CO2 diffère dans chaque hémisphère, avec dans chaque hémisphère des variations saisonnière régulières (cf. motif « en dents de scie » sur le graphique de droite, montrant une baisse de CO2 en saison de végétation et une augmentation en hiver). Il existe aussi des variations régionales en particulier au niveau de la couche limite atmosphérique, c'est-à-dire dans les couches proches du sol.
360
+
361
+ Les taux de CO2 sont généralement plus élevés dans les zones urbaines et dans les habitations (jusqu'à dix fois le niveau de fond).
362
+
363
+ Peu après la formation de la terre (bien avant l'apparition de la vie), alors que le soleil était presque deux fois moins « chaud », la pression initiale de CO2 était environ 100 000 fois plus élevée qu'aujourd’hui (30 à 60 atmosphères de CO2 (soit 3 000 000 à 6 000 000 pascals), soit 100 000 fois la quantité actuelle de CO2 il y a environ 4,5 milliards d'années)[78].
364
+
365
+ Puis la vie et la photosynthèse sont apparues, prélevant le CO2 de l'atmosphère et de l'eau pour le transformer en roches carbonatées et en charbon, pétrole et gaz naturel, en grande partie enfouis dans les profondeurs de la terre[78]. Le taux de CO2 a néanmoins encore connu quelques pics de bien moindre importance (vingt fois plus élevée qu'aujourd'hui il y a environ un demi milliard d'années, mais le soleil était alors moins chaud qu'aujourd'hui (le rayonnement solaire croît avec le temps ; il a augmenté d'environ 40 % dans les quatre derniers milliards d'années)[78]. Le taux de CO2 a encore chuté de quatre-cinq fois durant le Jurassique, puis a diminué lentement, sauf, de manière accélérée durant un épisode géologiquement bref, dit « évènement Azolla » (il y a environ 49 millions d'années)[79],[80].
366
+
367
+ Le volcanisme émet aussi du CO2 (jusqu'à 40 % des gaz émis par certains volcans lors des éruptions subaériennes sont du dioxyde de carbone[81]) et certaines sources chaudes en émettent aussi (par exemple sur le site italien de Bossoleto près de Rapolano Terme où dans une dépression en forme de cuvette d'environ 100 m de diamètre, par nuit calme, le taux de CO2 peut grimper de 75 % en quelques heures, assez pour tuer les insectes et petits animaux. Mais la masse de gaz se réchauffe rapidement quand le site est ensoleillé et est alors dispersée par les courants de convection de l'air durant la journée[82]. Localement des concentrations élevées de CO2, produites par la perturbation de l'eau d'un lac profond saturé en CO2 peuvent aussi tuer (exemple : 37 morts lors d'une éruption de CO2 à partir du lac Monoun au Cameroun en 1984 et 1 700 victimes autour du lac Nyos (Cameroun également) en 1986[83].
368
+
369
+ Les émissions de CO2 par les activités humaines sont actuellement plus de 130 fois supérieures à la quantité émise par les volcans, d'un montant de près de 27 milliards de tonnes par an en 2007[84]. En 2012, la Chine est le premier émetteur mondial de dioxyde de carbone avec 27 % du total, et les États-Unis, en deuxième position, produit 14 % du total mondial[85]. En 2016, l’agence météorologique de l’ONU indique que la concentration de dioxyde de carbone a atteint un nouveau record historique, soit 403,3 ppm[86], et un record de température a été battu pour l'El Niño de 2017 selon l'OMM[18] alors qu'avec 405 ppm, le taux de CO2 de l'air n'avait jamais été aussi élevé depuis environ 800 000 ans[18].
370
+
371
+ Les émissions mondiales de CO2 augmentent de 2,7 % en 2018, ce qui constitue la plus forte hausse en sept ans[87]. Dans un rapport de 2019, les concentrations en CO2 ont atteint 407,8 ppm en 2018, un constat corrélé également à l'augmentation des concentrations de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O)[88].
372
+
373
+ Un taux plus élevé de CO2 stimule la photosynthèse et la croissance des plantes, avec des avantages potentiels pour la productivité des cultures céréalières, première source alimentaire dans le monde[89] pour les humains et les animaux d'élevage. Le carbone, tiré du dioxyde de carbone de l'air par les plantes autotrophes grâce au processus de la photosynthèse, ou tiré du carbone du sol, est effectivement l'un des principaux nutriments du réseau trophique. L'augmentation de la biomasse est l'un des effets des simulations d'expériences prédisant une augmentation de 5 à 20 % du rendement des cultures à 550 ppm de CO2. Il a été démontré que les taux de photosynthèse foliaire augmentent de 30 à 50 % dans les plantes C3 et de 10 à 25 % dans le C4 sous des niveaux de CO2 doublés[90].
374
+
375
+ À partir de 2010, un tableau plus complet se dessine, avec une différence significative des réponses observées pour différentes espèces végétales, les disponibilités en eau et la concentration d'ozone. Par exemple, le projet Horsham Free-air concentration enrichment (en) (FACE) 2007-2010 (utilisant des cultures de blé) à Victoria, en Australie, a constaté que « l'effet de l'eCO2 était d'augmenter la biomasse des cultures à maturité de 20 % et la biomasse des racines de l'anthèse de 49 % »[91]. Il a été constaté qu'une augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique réduisait la consommation d'eau des plantes et, par conséquent, l'absorption d'azote, ce qui bénéficiait particulièrement aux rendements des cultures dans les régions arides[92].
376
+
377
+ Cependant, si l'élévation du taux de CO2 atmosphérique dope effectivement la croissance (des céréales par exemple), pour des raisons encore mal comprises, elle diminue alors la valeur nutritionnelle des principales cultures de base (riz, blé et pomme-de-terre notamment), en diminuant leur taux de protéines[93], d'oligo-éléments et de vitamines du groupe B[94],[95]. En conditions expérimentales, le taux de CO2 augmenté (même non-combiné à une température augmentée) se traduit par un taux de sucres plus élevé dans les végétaux cultivés (source d'alcools de plus en plus forts pour le raisin), mais aussi par des carences en protéines et en minéraux[96]. Le riz présente en outre souvent des concentrations élevées d'arsenic[97], que l'acidification des milieux peut aggraver. Enfin, des concentrations plus élevées de CO2 exacerbent l'acidification des eaux douces et l'acidification des océans, ce qui pourrait affecter la productivité des algues (et donc l'algoculture).
378
+
379
+ Pour cette raison, selon une étude récente (2018), dès 2015-2050, le taux anormalement élevé de CO2 de notre atmosphère pourrait dans le monde entraîner avant 2050 des maladies induites chez l'homme et certains animaux d'élevage (porcs, vaches, volailles) par des carences alimentaires[98]. Dans une étude publiée dans un numéro spécial de PLOS Medicine sur le changement climatique et la santé, Christopher Weyant et ses collègues de l'université Stanford se sont concentrés sur deux micronutriments essentiels, le zinc et le fer[98],[99]. En tenant compte du dérèglement climatique et des habitudes alimentaires, ils montrent que le risque de maladie évoluera dans les 137 pays[100]. Si rien n'est fait, l'augmentation du taux de CO2 diminuera le taux de zinc et de fer des aliments, coûtant environ 125,8 millions d'années de vie corrigées de l'incapacité (intervalle de confiance de 95 % [CrI] 113,6–138,9) dans le monde pour la période 2015–2050, en raison d'une augmentation des maladies infectieuses, des diarrhées et des cas d'anémie, tout particulièrement en Asie du Sud-Est et Afrique où la population est déjà très affectée par des carences en zinc et fer[98]. Les enfants seraient particulièrement affectés, avec des risques de troubles irréversibles du développement liés à ces carences, transmissible sur plusieurs générations au moins pour des raisons épigénétiques[101].
380
+
381
+ L'étude de Weyant indiquerait aussi que l'inégalité nutritionnelle pourrait augmenter, et montrerait que les réponses traditionnelles de santé publique (dont la supplémentation en minéraux et vitamines, et le contrôle renforcé des maladies humaines et animales) pourraient ne pas suffire à endiguer le phénomène. En effet, de telles réponses ne permettraient de réduire que 26,6 % (95 % des IC 23,8–29,6) de ce fardeau sanitaire, humain et économique, tandis qu'une stratégie efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre, telle que proposée par l'Accord de Paris sur le climat, permettrait d'éviter jusqu'à 48,2 % (95% de l'indice CIF 47,8–48,5) de cette charge[98].
382
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383
+ Bien que le CO2 nourrisse la croissance des plantes, son excès induit une dégradation de leur valeur alimentaire qui aura des conséquences globales pour toutes les créatures vivantes qui consomment des plantes, y compris l'homme[98]. Les auteurs incitent à mieux étudier les effets de l'augmentation du CO2 atmosphérique sur d'autres composés d'origine végétale ayant des implications pour la santé humaine (ex : acides gras, vitamines, composés pharmacologiques[102],[95], d'autant que cette étude n'a pas tenu compte d'autres conséquences de l'augmentation du CO2, sur les aléas météorologique et biologiques (déprédation accrue...) sur la sécurité alimentaire, l'accès aux aliments, leur usage et la stabilité des prix, ni les chaines de conséquences différées dans l'espace et le temps (effets à long terme de la dénutrition notamment)[103].
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+ Les rendements agricoles stagnent ou se dégradent dans une partie du monde, en raison notamment du réchauffement (vagues de chaleur...) et de régimes de précipitations modifiés. Les cultures vitales (blé et riz notamment) sont déjà affectées en zone tropicale et tempérée et des études prospectives laissent penser que les cultures de riz et de maïs pourrait décliner de 20 à 40 % rien qu'à cause des hausses de température prévues en zone tropicale et subtropicale d'ici à 2100, dans même prendre en compte les effets des évènements climatiques extrêmes[104]. Ce contexte pourrait causer des hausses des prix des aliments, les rendant inabordable pour les plus pauvres, alors que la hausse des teneurs de l'air en CO2 pourrait aussi réduire la qualité nutritionnelle, des céréales notamment, importantes pour la santé humaine et, potentiellement, pour celle des animaux (également sources de lait et de viande (et donc de protéines)[98], pendant qu'en mer la biomasse en poisson diminue aussi.
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+ « On ignore encore si le déclin de la valeur nutritive des cultures vivrières induit par le CO2 est linéaire et si la qualité nutritionnelle a déjà baissé en raison de l'augmentation du CO2 depuis le début de la révolution industrielle. »
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+ En complément des mesures d'adaptation au Changement climatique, les mesures de réduction des émissions de CO2 et piégeage biologique du CO2 restent urgemment nécessaires. Des cultivars moins sensibles aux déficits nutritionnels dans un climat qui se réchauffe sont à rechercher concluent les travaux de Weyant et ses collègues[98].
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391
+ Les effets de l'augmentation du CO2 sur les plantes se montrent plus préoccupants que ce qui était prédit par les premiers modèles des années 1990 et du début des années 2000[105]. Morgan et al., sur la base d'expériences de laboratoire et in situ, ont confirmé dès 2004 que dans les écosystèmes émergés, le CO2, même quand il améliore la productivité en termes de biomasse, peut néanmoins avoir des effets négatifs en modifiant la composition des espèces et en réduisant la digestibilité des graminées courtes par exemple dans la végétation steppique)[106].
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+ Le CO2 est le deuxième gaz à effet de serre le plus important dans l'atmosphère après la vapeur d'eau, contribuant respectivement à hauteur de 26 % et 60 % à ce phénomène[19]. La réalité du réchauffement climatique observé à l'échelle planétaire depuis le siècle dernier n'est aujourd'hui plus guère contestée d'un point de vue scientifique[107], mais la part exacte de responsabilité du dioxyde de carbone dans ce processus (par rapport au méthane notamment) doit encore être précisée, grâce aux enregistrements fossiles des paléoclimats notamment[108].
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+ Une réduction des émissions anthropiques est visée par le protocole de Kyōto ainsi que par la directive 2003/87/CE ; sa séquestration géologique à long terme fait l'objet de recherches mais est une solution controversée quand il s'agit simplement d'injecter du CO2 dans les couches géologiques.
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+ Le CO2 a un certain effet eutrophisant (c'est un nutriment de base, essentiel pour les plantes), mais il est aussi un facteur d'acidification des océans et de certaines masses d'eau douce, qui peut négativement interférer avec de nombreuses espèces (dont certaines microalgues et autres microorganismes aquatiques protégées par des structures calcaires que l'acide carbonique peut dissoudre). L'acidification favorise aussi la libération et la circulation et donc la biodisponibiltié de la plupart des métaux lourds, métalloïdes ou radionucléides (naturellement présent dans les sédiments ou d'origine anthropique depuis la révolution industrielle surtout).
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+ L'augmentation de la teneur de l'atmosphère en CO2 peut aussi avoir des effets différentiés voire antagonistes selon son taux, le contexte environnemental et biogéographique et selon des données plus récentes selon la saison et les variations saisonnières de la pluviométrie (au-dessus des forêts notamment[109]) ;
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+ Il existe chez les écologues associés à l'étude des effets du changement climatique un consensus sur le fait qu'au-delà d'une augmentation de 2 °C en un siècle, les écosystèmes terrestres et marins seront sérieusement négativement affectés[110].
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+ En 2013, la réponse réelle des écosystèmes au CO2 et ses modulations biogéographiques sont encore considérées comme complexes et à mieux comprendre, en raison de nombreux « feedbacks biogéochimiques »[111],[112]. Elle doit être néanmoins élucidée si l'on veut correctement évaluer voire prédire les capacités planétaires ou locales des écosystèmes en termes de stockage naturel du carbone et d'amortissement des effets du dérèglement climatique induit par l'Homme[113].
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+ Les rétroactions médiés par le cycle hydrologique sont particulièrement importantes[114] et la pluviométrie y joue un rôle majeur. La physiologie des plantes a au moins un rôle bien connu ; jusqu'à un certain stade (au-delà duquel la plante dépérit), l'augmentation du taux de CO2 de l'air réduit la conductance stomatique et augmente l'efficacité d'utilisation de l'eau par les plantes[112] (la quantité d'eau nécessaire pour produire une unité de matière sèche), la diminution de l'utilisation de l'eau se traduisant par une plus grande disponibilité de l'humidité du sol[115]. Il a été estimé, en 2008, que les effets de l'augmentation du CO2 dans l'air sur l'écosystème devraient être exacerbés quand l'eau est un facteur limitant[116] (mais les apports d'azote sont aussi à prendre en compte[116],[117],[118]) ; ceci a été démontré par quelques expériences[119], mais est un facteur qui a été « oublié » par de nombreuses études[120],[121],[122],[123].
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+ Cette relation semble si forte qu'elle permet — en zone tempérée — de prédire avec précision les variations annuelles de la stimulation de la biomasse aérienne à la suite de l'élévation du taux de CO2 dans une prairie mixte contenant des végétaux de type C3 et C4, sur la base du total des précipitations saisonnières ; les pluies d'été ayant un effet positif, alors que celles d'automne et du printemps ont des effets négatifs sur la réponse au CO2[112]. L'effet du taux croissant de CO2 dépendra donc principalement des nouveaux équilibres ou déséquilibres qui s'établiront entre les précipitations estivales et d'automne / printemps[112].
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+ Le lien à l'azote (autre élément perturbé par les activités humaines dont l'agriculture industrielle, l'industrie et les émissions de la circulation automobile) est ici retrouvé : de fortes précipitations en saisons froides et humides conduisent à limiter l'accès des plantes terrestres à l'azote et, de ce fait, réduisent ou interdisent la stimulation de la biomasse par un taux de CO2 élevé[112]. Il a aussi été noté que cette prédiction valait aussi pour des parcelles « réchauffées » de 2 °C ou non-réchauffées, et était similaire pour les plantes en C3 et de la biomasse totale, ce qui semble permettre aux prospectivistes de faire des prévisions robustes sur les réponses aux concentrations élevées de CO2 de l'écosystème[112]. Ceci est un atout précieux car les projections climatiques des modèles à haute résolution confirment la très forte probabilité de changements importants dans la répartition annuelle des pluies, même là où la quantité annuelle totale de pluie tombée au sol ne changera pas[124]. Ces données scientifiquement confirmées (en 2013) devraient aider à expliquer certaines différences apparues dans les résultats des expériences basées sur l'exposition de plantes à un taux accru de CO2, et améliorer l'efficacité prospective des modèles qui ne tenaient pas assez compte des effets saisonniers des précipitations sur les réponses de la biodiversité au CO2[119],[125] 14, notamment en milieux forestiers[126].
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+ Plusieurs voies sont explorées ou mises en œuvre pour limiter l'accumulation du CO2 dans l'atmosphère. Elles peuvent faire appel à des processus naturels comme la photosynthèse ou à des procédés industriels. Il faut également distinguer la capture à la source de la capture dans l'atmosphère.
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+ La startup indienne Carbon Clean Solutions (CCSL) a lancé sa première installation, qui capte et réutilise à 100 % les émissions de CO2 (60 000 tonnes par an) d'une petite centrale au charbon en Inde, à Chennai (Madras) ; ce CO2 est purifié, puis revendu à un industriel local, qui l'utilise pour fabriquer de la soude. La technologie de CCSL ramène le coût de revient du CO2 vendu à 30 dollars la tonne en Inde et à 40 dollars en Europe ou aux États-Unis, très en dessous du prix du marché : 70 à 150 dollars la tonne. Veolia a signé avec CCSL un contrat pour commercialiser ce procédé à l'international[127]. En parallèle, l'entreprise Climeworks cherche à capturer le CO2 en filtrant l’air ambiant.
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+ La société canadienne Carbon Engineering, fondée par l'ingénieur David Keith et financée par Bill Gates et plusieurs entreprises pétrolières et minières, a développé un réacteur qui extrait le CO2 de l'atmosphère à un coût inférieur à celui des technologies de capture existantes. Les fonds apportés par les investisseurs seront employés à combiner ce procédé de capture directe avec un procédé « Air to fuels » permettant de transformer le carbone récupéré dans l’atmosphère en un carburant similaire à l'essence. Elle envisage la construction d'une importante usine à Houston en partenariat avec Occidental Petroleum. Cependant, les réacteurs capteurs de CO2 sont très énergivores et doivent donc être alimentés par des sources d’énergie renouvelable ; le Conseil scientifique des Académies des sciences européennes (EASAC) émet des réserves : selon lui, l’élimination du CO2 dans l’air n’empêchera pas le changement climatique et n’est, à ce jour, pas à la hauteur des recommandations du GIEC[128],[129].
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+ Vers une production de "méthane solaire" à partir de CO2 ?[130].
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+ En théorie, transformer du CO2 en carburant ou en matières premières chimiques permettrait de diminuer l'utilisation de combustibles fossiles et de réduire les émissions de CO2[131],[132].
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+ La conversion électrochimique à partir de sources d'électricité renouvelable est une piste qui fait l'objet de nombreux travaux de recherche depuis les années 2010[133],[134],[135].
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+ Un espoir, basé sur la photochimie, est de pouvoir n'utiliser que la lumière du soleil[136] et des catalyseurs non polluants, peu coûteux et abondants sur Terre[137]. Parmi les photocatalyseurs et les électrocatalyseurs moléculaires évoqués par la littérature scientifique des années 2010, seuls quelques uns sont stables et sélectifs pour la réduction du CO2 ; de plus ils produisent principalement du CO ou du HCOO, et les catalyseurs capables de générer des rendements même faibles à modérés en hydrocarbures fortement réduits restent rares[138],[139],[140],[141],[142],[143],[144],[145],[146],[147].
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+ Quatre chercheurs, dont deux français (Julien Bonin & Marc Robert) ont produit un catalyseur qui est un complexe de tétraphénylporphyrine de fer fonctionnalisée avec des groupes triméthylammonium, qu'ils présentent comme étant (au moment de la publication) l'électrocatalyseur moléculaire le plus efficace et le plus sélectif pour convertir le CO2 en CO[148],[130],[149] car pouvant catalyser la réduction de huit électrons du CO2 en méthane sous simple lumière, à température et pression ambiantes. Le catalyseur doit cependant être utilisé dans une solution d’acétonitrile contenant un photosensibilisateur et un donneur d’électrons sacrificiel, il fonctionne alors de manière stable durant quelques jours. Le CO2 est d’abord principalement transformé en CO par photoréduction et s’il y a deux réacteurs CO génère ensuite du méthane avec une sélectivité atteignant 82 % et avec un rendement quantique, c'est-à-dire une efficacité de la lumière, de 0,18 %). Les auteurs estiment que d'autres catalyseurs moléculaires pourraient s’en inspirer[150].
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+ Des systèmes de « co-catalyse » sont aussi envisagés[151], de catalyseurs moléculaires[152], ainsi que des systèmes à base de pérovskite[153], ou basés sur des complexes de métaux de transition[154].