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+ La tension électrique est la circulation du champ électrique le long d'un circuit électrique mesurée en volts par un voltmètre. Elle est notée U aux bornes d'un dipôle.
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+ La notion de tension électrique est souvent confondue avec celle de la « différence de potentiel électrique » (DDP) entre deux points d'un circuit électrique. Les deux notions sont équivalentes en régime stationnaire (indépendant du temps). Néanmoins, dans un cas général, en régime variable (par exemple : les courants alternatifs), la circulation du champ électrique n'étant plus conservative en raison du phénomène d'induction électromagnétique, la tension et la différence de potentiel ne sont alors plus synonymes[1],[2]. Dans ce cas général, la différence de potentiel perd sa signification physique et doit être remplacée par la notion de tension[2].
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+
7
+ La notion de tension électrique est aussi désignée par l'anglicisme : « voltage », comme il est possible de trouver l'expression « ampérage » pour désigner l'intensité électrique. Cependant, ces termes sont considérés comme incorrects même si certains les considèrent équivalents[3],[4],[5].
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+
9
+ De manière plus générale, l’existence d'une tension dans un circuit électrique constitué d'éléments de résistance non nulle, est la preuve de l'existence dans ce circuit d'un générateur électrique entretenant une tension à ses bornes.
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+
11
+ Dans le cas général, le symbole normalisé de la tension électrique est U[6] mesuré en volts, unité dont le symbole est V.
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+ Sur un schéma électrique, la tension peut être complétée par des flèches, ou des + et − pour indiquer son sens. Ces différences sont uniquement des différences de convention (cf. image 1).
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+
15
+ Pour distinguer les différentes tensions dans un circuit, le U majuscule peut être accompagné d'une lettre en indice décrivant à quel élément du circuit cette tension est rattachée. Dans un circuit RLC, il a donc 4 tensions : U (tension aux bornes du générateur), UR (tension aux bornes de la résistance), UL (tension aux bornes de l'inductance) et UC (tension aux bornes de la capacitance). (cf. image 2)
16
+
17
+ En triphasé, on note les tensions composées (tensions entre phases) U et les tensions simples (tensions entre phase et neutre) V[7]. Dans le cas du courant triphasé, il y a donc 6 tensions :
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+
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+ UAB (tension entre la phase A et la phase B)
20
+ UAC (tension entre la phase A et la phase C)
21
+ UBC (tension entre la phase B et la phase C)
22
+ VA (tension entre la phase A et le neutre)
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+ VB (tension entre la phase B et le neutre)
24
+ VC(tension entre la phase C et le neutre) - (image 3).
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+
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+ Image 1 - Conventions de représentation du courant et de la tension sur un dipôle récepteur.a : Convention recommandée selon la norme internationale IEC/CEI 60375 ed2.0b : Convention en usage aux États-Unisc : Convention en usage en France.
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+ Image 2 - Tensions dans un circuit RLC : U, UR, UL et UC.
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+ Image 3 : Représentation de Fresnel des tensions simples et composées pour un système équilibré direct.
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32
+ On peut mesurer la tension à l'aide d'un voltmètre branché en parallèle/ dérivation sur le circuit[8]. Cette mesure fut découverte par Alessandro comte de la Volta.
33
+
34
+ La tension électrique aux bornes d'un dipôle est toujours égale à la circulation du champ électrique à l'intérieur de ce dipôle.
35
+
36
+ En d'autres termes, la tension électrique représente le travail de la force électrique (qui règne au sein du dipôle) sur une particule chargée, divisé par la valeur de la charge (dans le cas d'un générateur de tension continue, une pile par exemple, la tension électrique à vide de cette pile, appelée force électromotrice (fem), est le travail de la force électrostatique de propulsion sur les électrons)[9].
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+
38
+ On parlera donc d'énergie échangée par unité de charge, qui peut être comparée, si l'on ne tient pas compte des unités, à l'énergie échangée pour une charge de 1 coulomb.
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+ Son unité est donc celle d'une énergie divisée par une charge électrique, c'est-à-dire le joule par coulomb, lequel équivaut au volt[9].
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+
42
+ Tout dipôle d'un circuit électrique développe une tension à ses bornes, ce qui revient à dire qu'il échangera une certaine énergie avec les charges en mouvement le traversant, qui sont, dans un nombre important de cas, des électrons. Cette tension est égale à l'énergie par unité de charge, échangée entre chaque particule chargée qui traverse le dipôle et le dipôle lui-même[9].
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+
44
+ Dans le cas de la traversée d'un générateur d'énergie, l'énergie reçue par les charges est convertie en un déséquilibre électrostatique (densité volumique de charge différente d'un point à un autre) qui crée la tension aux bornes du générateur. Autrement dit, l'énergie gagnée par une charge dans le générateur est convertie en énergie potentielle qui sera transformée dans le reste du circuit.
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+
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+ W/q reçu dans générateur = tension générateur
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+
48
+ Dans le cas de la traversée d'un récepteur d'énergie, l'énergie prise aux particules chargées par le dipôle a pour effet de « retenir » aux bornes du récepteur une partie (plus ou moins grande suivant le nombre de récepteurs) de la tension du générateur. Cette tension a pour effet de fournir l'énergie nécessaire aux charges pour la traversée du dipôle récepteur.
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+
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+ W/q perdue dans le récepteur = tension récepteur
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+
52
+ Si on note e la charge électrique d'un électron en coulombs et u la tension d'un dipôle en volts, alors chaque électron traversant ce dernier y gagnera ou y perdra (suivant le signe de u) une énergie égale à W = u * e joules.
53
+
54
+ D'après la seconde loi de Kirchhoff, également appelée loi des mailles, et valable dans l'approximation des régimes quasi stationnaires (c'est-à-dire lorsque le temps de propagation de la tension d'un bout à l'autre du circuit est négligeable devant le temps caractéristique de la variation de la tension du générateur), on peut dire que la somme des tensions (avec leur signe suivant la nature du dipôle) dans une maille d'un circuit est nulle. On désigne ici par maille, un chemin permettant aux charges électriques libres de se déplacer, d'effectuer un tour complet (c'est-à-dire de partir d'un point et de pouvoir y revenir). Pour l'application de cette loi, on attribue un signe aux tensions du circuit : positives pour les générateurs et négatives pour les récepteurs.
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56
+ L'important est de bien discerner que le passage par un générateur donne de l'énergie alors que le récepteur en retire. L'énergie reçue par les différents récepteurs du circuit est bien sûr égale à celle fournie par le ou les générateur(s).
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+
58
+ En toute rigueur, la loi des mailles n'est plus applicable en régime rapidement variable, les tensions n'étant plus conservatives et leur somme sur un circuit fermé n'étant plus nulle.
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+
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+ La tension électrique des centrales thermiques ou nucléaires est élevée à l'aide de transformateurs. L'énergie électrique est alors transportée en haute tension, à des tensions supérieures à 100 kV, jusqu'à 1 200 kV. Elle est ensuite abaissée. Les ménages sont alimentés en basse tension (230 V/ 400 V par exemple en France, Belgique et Allemagne ou 120 V/ 240 V au Canada).
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+
62
+ Ci-dessous le tableau des différents domaines de tension suivant le décret français no 88-1056 du 14 novembre 1988 :
63
+ ce décret traite de la protection des travailleurs dans les établissements assujettis au code du travail (livre 2, titre 3) qui mettent en œuvre des courants électriques.
64
+
65
+ Le décret de 1988 a été remplacé par un décret de 1995[10].
66
+ La nouvelle classification des domaines de tension ne fait plus la différence entre le BTA et BTB. Seul le domaine BT existe depuis pour couvrir les domaines de 50 V à 1 000 V en alternatif et de 120 V à 1 500 V en tension continue[11].
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+ La tension électrique est la circulation du champ électrique le long d'un circuit électrique mesurée en volts par un voltmètre. Elle est notée U aux bornes d'un dipôle.
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+ La notion de tension électrique est souvent confondue avec celle de la « différence de potentiel électrique » (DDP) entre deux points d'un circuit électrique. Les deux notions sont équivalentes en régime stationnaire (indépendant du temps). Néanmoins, dans un cas général, en régime variable (par exemple : les courants alternatifs), la circulation du champ électrique n'étant plus conservative en raison du phénomène d'induction électromagnétique, la tension et la différence de potentiel ne sont alors plus synonymes[1],[2]. Dans ce cas général, la différence de potentiel perd sa signification physique et doit être remplacée par la notion de tension[2].
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+ La notion de tension électrique est aussi désignée par l'anglicisme : « voltage », comme il est possible de trouver l'expression « ampérage » pour désigner l'intensité électrique. Cependant, ces termes sont considérés comme incorrects même si certains les considèrent équivalents[3],[4],[5].
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+ De manière plus générale, l’existence d'une tension dans un circuit électrique constitué d'éléments de résistance non nulle, est la preuve de l'existence dans ce circuit d'un générateur électrique entretenant une tension à ses bornes.
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+ Dans le cas général, le symbole normalisé de la tension électrique est U[6] mesuré en volts, unité dont le symbole est V.
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+ Sur un schéma électrique, la tension peut être complétée par des flèches, ou des + et − pour indiquer son sens. Ces différences sont uniquement des différences de convention (cf. image 1).
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+ Pour distinguer les différentes tensions dans un circuit, le U majuscule peut être accompagné d'une lettre en indice décrivant à quel élément du circuit cette tension est rattachée. Dans un circuit RLC, il a donc 4 tensions : U (tension aux bornes du générateur), UR (tension aux bornes de la résistance), UL (tension aux bornes de l'inductance) et UC (tension aux bornes de la capacitance). (cf. image 2)
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+ En triphasé, on note les tensions composées (tensions entre phases) U et les tensions simples (tensions entre phase et neutre) V[7]. Dans le cas du courant triphasé, il y a donc 6 tensions :
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+ UAB (tension entre la phase A et la phase B)
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+ UAC (tension entre la phase A et la phase C)
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+ UBC (tension entre la phase B et la phase C)
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+ VA (tension entre la phase A et le neutre)
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+ VB (tension entre la phase B et le neutre)
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+ VC(tension entre la phase C et le neutre) - (image 3).
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+ Image 1 - Conventions de représentation du courant et de la tension sur un dipôle récepteur.a : Convention recommandée selon la norme internationale IEC/CEI 60375 ed2.0b : Convention en usage aux États-Unisc : Convention en usage en France.
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+ Image 2 - Tensions dans un circuit RLC : U, UR, UL et UC.
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+ Image 3 : Représentation de Fresnel des tensions simples et composées pour un système équilibré direct.
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+ On peut mesurer la tension à l'aide d'un voltmètre branché en parallèle/ dérivation sur le circuit[8]. Cette mesure fut découverte par Alessandro comte de la Volta.
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+ La tension électrique aux bornes d'un dipôle est toujours égale à la circulation du champ électrique à l'intérieur de ce dipôle.
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+ En d'autres termes, la tension électrique représente le travail de la force électrique (qui règne au sein du dipôle) sur une particule chargée, divisé par la valeur de la charge (dans le cas d'un générateur de tension continue, une pile par exemple, la tension électrique à vide de cette pile, appelée force électromotrice (fem), est le travail de la force électrostatique de propulsion sur les électrons)[9].
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+ On parlera donc d'énergie échangée par unité de charge, qui peut être comparée, si l'on ne tient pas compte des unités, à l'énergie échangée pour une charge de 1 coulomb.
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+ Son unité est donc celle d'une énergie divisée par une charge électrique, c'est-à-dire le joule par coulomb, lequel équivaut au volt[9].
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+ Tout dipôle d'un circuit électrique développe une tension à ses bornes, ce qui revient à dire qu'il échangera une certaine énergie avec les charges en mouvement le traversant, qui sont, dans un nombre important de cas, des électrons. Cette tension est égale à l'énergie par unité de charge, échangée entre chaque particule chargée qui traverse le dipôle et le dipôle lui-même[9].
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+ Dans le cas de la traversée d'un générateur d'énergie, l'énergie reçue par les charges est convertie en un déséquilibre électrostatique (densité volumique de charge différente d'un point à un autre) qui crée la tension aux bornes du générateur. Autrement dit, l'énergie gagnée par une charge dans le générateur est convertie en énergie potentielle qui sera transformée dans le reste du circuit.
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+ W/q reçu dans générateur = tension générateur
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+ Dans le cas de la traversée d'un récepteur d'énergie, l'énergie prise aux particules chargées par le dipôle a pour effet de « retenir » aux bornes du récepteur une partie (plus ou moins grande suivant le nombre de récepteurs) de la tension du générateur. Cette tension a pour effet de fournir l'énergie nécessaire aux charges pour la traversée du dipôle récepteur.
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+ W/q perdue dans le récepteur = tension récepteur
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+ Si on note e la charge électrique d'un électron en coulombs et u la tension d'un dipôle en volts, alors chaque électron traversant ce dernier y gagnera ou y perdra (suivant le signe de u) une énergie égale à W = u * e joules.
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+ D'après la seconde loi de Kirchhoff, également appelée loi des mailles, et valable dans l'approximation des régimes quasi stationnaires (c'est-à-dire lorsque le temps de propagation de la tension d'un bout à l'autre du circuit est négligeable devant le temps caractéristique de la variation de la tension du générateur), on peut dire que la somme des tensions (avec leur signe suivant la nature du dipôle) dans une maille d'un circuit est nulle. On désigne ici par maille, un chemin permettant aux charges électriques libres de se déplacer, d'effectuer un tour complet (c'est-à-dire de partir d'un point et de pouvoir y revenir). Pour l'application de cette loi, on attribue un signe aux tensions du circuit : positives pour les générateurs et négatives pour les récepteurs.
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+ L'important est de bien discerner que le passage par un générateur donne de l'énergie alors que le récepteur en retire. L'énergie reçue par les différents récepteurs du circuit est bien sûr égale à celle fournie par le ou les générateur(s).
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+ En toute rigueur, la loi des mailles n'est plus applicable en régime rapidement variable, les tensions n'étant plus conservatives et leur somme sur un circuit fermé n'étant plus nulle.
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+ La tension électrique des centrales thermiques ou nucléaires est élevée à l'aide de transformateurs. L'énergie électrique est alors transportée en haute tension, à des tensions supérieures à 100 kV, jusqu'à 1 200 kV. Elle est ensuite abaissée. Les ménages sont alimentés en basse tension (230 V/ 400 V par exemple en France, Belgique et Allemagne ou 120 V/ 240 V au Canada).
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62
+ Ci-dessous le tableau des différents domaines de tension suivant le décret français no 88-1056 du 14 novembre 1988 :
63
+ ce décret traite de la protection des travailleurs dans les établissements assujettis au code du travail (livre 2, titre 3) qui mettent en œuvre des courants électriques.
64
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65
+ Le décret de 1988 a été remplacé par un décret de 1995[10].
66
+ La nouvelle classification des domaines de tension ne fait plus la différence entre le BTA et BTB. Seul le domaine BT existe depuis pour couvrir les domaines de 50 V à 1 000 V en alternatif et de 120 V à 1 500 V en tension continue[11].
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3
+ Terminus est un mot latin qui désigne une borne de pierre délimitant la fin d'une route, d'une cité, d'un territoire. Par extension :
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+
5
+ Terminus peut aussi faire référence à/au :
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+ Termitoidea
2
+
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+ Épifamille
4
+
5
+ Familles de rang inférieur
6
+
7
+ Les termites, parfois surnommés fourmis blanches, sont des insectes. Plus précisément, ce sont des représentants de l'ordre des blattoptères (Blattodea), bien que l'on ait longtemps considéré qu'ils constituaient les seuls représentants de l'ordre des isoptères (Isoptera) qui compte environ 281 genres et 2 600 espèces[1]. Ils existent au moins depuis le Jurassique[2].
8
+
9
+ Ce sont des insectes sociaux, qui vivent au sein de colonies hiérarchisées et organisées en castes. Ils se rencontrent surtout dans les pays chauds, où certaines espèces construisent de grands nids en terre mâchée, les termitières, caractéristiques des plateaux tropicaux.
10
+
11
+ Les termites appartiennent au règne animal, à l'embranchement des arthropodes, à la classe des insectes et à l'ordre des isoptères.
12
+ Ils sont caractérisés par la présence de :
13
+
14
+ Plusieurs études récentes convergent vers le fait qu'Isoptera ne serait en fait qu'une famille au sein des Blattodea, sœur de Cryptocercidae dans la superfamille Blattoidea[3],[4]. À la suite de sa découverte, l'un des auteurs propose de renommer Isoptera en Termitidae. Cette solution, impliquant de trop nombreux problèmes (Isoptera compte déjà une famille Termitidae), sera rejetée par de nombreux scientifiques (Michael S. Engel, David Grimaldi…) dans un article collaboratif[5]. Prenant en compte les arguments avancés, Inward propose alors la création de l'épifamille (un rang entre la famille et la superfamille) Termitoidea.
15
+
16
+ Il existe environ 2 600 espèces de termites[1], regroupées en familles dont les principales sont :
17
+
18
+ Termitidae
19
+
20
+ Rhinotermitidae
21
+
22
+ Kalotermitidae
23
+
24
+ Termopsidae
25
+
26
+ Hodotermitidae
27
+
28
+ Mastotermitidae
29
+
30
+ Cryptocercidae (cafards à capuchon brun)
31
+
32
+ Blattidae (cafards orientaux, américains et autres)
33
+
34
+ Blaberidae (cafards géants)
35
+
36
+ Ectobiidae (une partie)
37
+
38
+ Ectobiidae (l'autre partie)
39
+
40
+ Corydiidae (cafards de sable, etc.)
41
+
42
+ Nocticolidae (cafards des grottes, etc.)
43
+
44
+ Alienoptera†
45
+
46
+ Mantodea (mantes)
47
+
48
+ Les termites sont surtout nombreux dans les régions tropicales de l'Afrique, de l'Extrême-Orient, des Caraïbes, de l'Amérique centrale et du Sud. On les rencontre également dans des zones plus tempérées comme l’Amérique du Nord, l'Océanie, le Japon, l'Afrique du Sud, l'Europe et l’Afrique du Nord. Leur aire de répartition s'étend du sud du Canada au sud de l'Australie.
49
+
50
+ En Europe, les termites se rencontrent à l'état naturel dans les forêts de la moitié sud du continent (péninsule Ibérique, France, Italie, Balkans). Leur répartition urbaine est bien plus large : des colonies de termites sont aujourd'hui installées dans de nombreuses villes françaises situées au nord de la Loire (Tours, Paris, Rouen, Le Mans…), plusieurs cas étant également connus en Allemagne (Hambourg) et en Angleterre.
51
+
52
+ Les termites se caractérisent par des pièces buccales broyeuses, par un abdomen relié au thorax. Ils sont plutôt biologiquement proches des blattes.
53
+
54
+ Les termites se caractérisent par une métamorphose imparfaite (les larves ressemblent à l'adulte).
55
+ D'un couple de termites naissent des larves qui après plusieurs mues, donnent des ouvriers et des soldats stériles, ou des nymphes qui donneront des adultes sexués (capables de se reproduire).
56
+
57
+ Munis de pièces buccales broyeuses, les termites se nourrissent surtout de bois et de fragments de feuilles, ils sont dits xylophages. On peut distinguer trois grands types de modes nutritifs :
58
+
59
+ D'autres modes de nutrition minoritaires existent comme la consommation de lichen ou d'algues épiphytes.
60
+
61
+ La société des termites est caractérisée par un échange complet de l'aliment entre tous ses membres, appelé trophallaxie, qui signifie que l'aliment passe par l'ensemble des appareils digestifs d'une colonie en l'espace de près de 3 jours. Ces échanges permettent entre autres selon les cas : le transfert des endosymbiotes d’une génération à une autre; de nourrir certaines castes qui ne peuvent pas dégrader la cellulose, et qui ne possèdent aucun symbiote[10].
62
+
63
+ Ils réalisent également des symbioses intestinales destinées à pallier la faible teneur en azote de leur nourriture avec des bactéries fixatrices d'azote, des bactéries qui recyclent l'acide urique et des bactéries qui éliminent le carbone en excès.
64
+
65
+ Les termites ont une grande cohésion sociale, à l'image des fourmis. Ils font preuve d'une grande intelligence collective. L'organisation des termites en castes remonte à au moins 100 millions d'années, comme le montre la découverte de six espèces de termites fossilisées dans l'ambre au Myanmar[12]. L'espèce Krishnatermes yoddha présente des reines, des ouvriers et des soldats. Les soldats de Gigantotermes rex, longs de 2 cm, sont parmi les plus grands jamais observés. On n'a retrouvé que des ouvriers des quatre autres espèces.
66
+
67
+ Les sociétés de termites comportent des individus neutres ou stériles, et des sexués. Les premiers n'ont pas d'ailes, ils sont roussâtres ou blancs, mous, avec la tête rousse, cornée, très développée chez certains d'entre eux qu'on appelle soldats et dont le rôle est de défendre la colonie, tandis que les individus à tête normale sont des ouvriers, chargés des travaux d'aménagement du nid et d'approvisionnement. Les « ouvriers » et les « soldats » sont aptères, les termites sexués sont ailés. Les ailes sont perdues après le vol nuptial (essaimage). Le mâle conserve ses dimensions normales, tandis que chez la femelle fécondée, l'abdomen rempli d’œufs devient énorme, acquérant cinquante ou soixante fois, quelquefois des centaines de fois, le volume du reste du corps.
68
+
69
+ Ils sont lucifuges (fuient la lumière) à l'exception des imagos ailés, et souvent aveugles.
70
+
71
+ La termitière est composée de loges reliées par des galeries. Chez les espèces où cette caste est présente, les ouvriers creusent et nettoient les galeries, recueillent les œufs pondus par les femelles reproductrices (reines ou femelles néoténiques). Certains termites soldats sont pourvus de mandibules hypertrophiées qui leur permettent de mordre leur adversaire (termites d'une autre espèce ou colonie, fourmis, etc.), d'autres sont pourvus d'une trompe avec laquelle ils projettent de l'acide sur l'ennemi.
72
+
73
+ Mis à part les adultes sexués ailés qui seront un jour amenés à sortir de la colonie pour rechercher un partenaire sexuel, toutes les autres castes sont aveugles. Les termites communiquent donc essentiellement par voie chimique et utilisent un grand nombre de signaux (phéromones de contact, de pistes, sexuelles).
74
+
75
+ Les termites sont considérés comme des espèces clef de voûte dans plusieurs écosystèmes (déserts, savanes, forêts tropicales, etc.) en raison du rôle qu'ils jouent dans la minéralisation de la matière organique. Ils sont notamment responsables de l'émission de grandes quantités de méthane et d'azote minéral. Le terme d'« île de fertilité » a été suggéré pour les termitières en raison de l'accumulation de matière organique et de minéraux (notamment nitrate et azote) qui s'y produit.
76
+
77
+ Cette richesse en minéraux fait que certaines plantes poussent préférentiellement près des termitières et sur celles-ci, que les plantes qui y poussent ont une richesse plus grande en nutriments et que certains animaux (éléphants par exemple) viennent préférentiellement s'y nourrir.
78
+
79
+ Les termites souterrains rencontrés en France utilisent principalement deux modes de propagation naturelle :
80
+
81
+ Un troisième mode de propagation s'apparente au bouturage chez les végétaux et correspond à une dissémination par l'homme : transport de terre, de gravats ou de matériaux cellulosiques contaminés (bois de chauffage et de construction, papiers, cartons, etc.).
82
+
83
+ En dehors des endroits habités, les termites installent leurs nids dans les arbres blessés, les souches, entre les racines ou à même le sol, profitant souvent de cavités naturelles qu'ils divisent en loges de terre mâchée. Les termitières épigées constituent quant à elles un fabuleux système de climatisation capable de maintenir longtemps, une température interne constante quelles que soient les conditions climatiques extérieures.
84
+
85
+ Les termites s'installent de préférence à proximité d'une source d'humidité, mais ils peuvent néanmoins proliférer sur des bois très secs.
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+ Les termites abondent dans les pays chauds, où ils deviennent un véritable fléau dans les endroits habités, détruisant les constructions en bois. Quelques mois leur suffisent pour ronger intérieurement les charpentes des maisons, qui s'effondrent tout d'un coup sans qu'un seul signe extérieur ait pu faire prévoir le danger. Ils ont détruit des vaisseaux en bois dans les ports de l'Inde, et à la Rochelle même, miné la préfecture et réduit les archives en débris spongieux.[réf. nécessaire]
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+ En Europe, les termites sont des insectes ravageurs qui peuvent causer de grands dégâts dans les habitations en creusant leurs galeries dans le bois d'œuvre dont ils se nourrissent. Sont en danger tous les bois d'œuvre.
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+ En France, en vertu de la loi no 99-471 du 8 juin 1999 tendant à protéger les acquéreurs et propriétaires d'immeubles contre les termites et autres insectes xylophages, la présence de termites dans un immeuble doit être déclarée auprès des autorités. Les municipalités ont le pouvoir de procéder aux travaux de désinfestation, le cas échéant aux frais des propriétaires.
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+ Par ailleurs, l'article 3 de ladite loi impose à tout vendeur de bien immobilier de fournir à son acquéreur, lorsque le bien immobilier est situé en « secteur contaminé ou susceptible de l'être », un état parasitaire de moins de six mois. À défaut, le vendeur ne peut pas s'exonérer de sa garantie des vices cachés. Les « secteurs contaminés ou susceptibles de l'être » sont nombreux. C'est le cas par exemple de toute la commune-département de Paris.
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+ Termitoidea
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+ Épifamille
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+ Familles de rang inférieur
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+ Les termites, parfois surnommés fourmis blanches, sont des insectes. Plus précisément, ce sont des représentants de l'ordre des blattoptères (Blattodea), bien que l'on ait longtemps considéré qu'ils constituaient les seuls représentants de l'ordre des isoptères (Isoptera) qui compte environ 281 genres et 2 600 espèces[1]. Ils existent au moins depuis le Jurassique[2].
8
+
9
+ Ce sont des insectes sociaux, qui vivent au sein de colonies hiérarchisées et organisées en castes. Ils se rencontrent surtout dans les pays chauds, où certaines espèces construisent de grands nids en terre mâchée, les termitières, caractéristiques des plateaux tropicaux.
10
+
11
+ Les termites appartiennent au règne animal, à l'embranchement des arthropodes, à la classe des insectes et à l'ordre des isoptères.
12
+ Ils sont caractérisés par la présence de :
13
+
14
+ Plusieurs études récentes convergent vers le fait qu'Isoptera ne serait en fait qu'une famille au sein des Blattodea, sœur de Cryptocercidae dans la superfamille Blattoidea[3],[4]. À la suite de sa découverte, l'un des auteurs propose de renommer Isoptera en Termitidae. Cette solution, impliquant de trop nombreux problèmes (Isoptera compte déjà une famille Termitidae), sera rejetée par de nombreux scientifiques (Michael S. Engel, David Grimaldi…) dans un article collaboratif[5]. Prenant en compte les arguments avancés, Inward propose alors la création de l'épifamille (un rang entre la famille et la superfamille) Termitoidea.
15
+
16
+ Il existe environ 2 600 espèces de termites[1], regroupées en familles dont les principales sont :
17
+
18
+ Termitidae
19
+
20
+ Rhinotermitidae
21
+
22
+ Kalotermitidae
23
+
24
+ Termopsidae
25
+
26
+ Hodotermitidae
27
+
28
+ Mastotermitidae
29
+
30
+ Cryptocercidae (cafards à capuchon brun)
31
+
32
+ Blattidae (cafards orientaux, américains et autres)
33
+
34
+ Blaberidae (cafards géants)
35
+
36
+ Ectobiidae (une partie)
37
+
38
+ Ectobiidae (l'autre partie)
39
+
40
+ Corydiidae (cafards de sable, etc.)
41
+
42
+ Nocticolidae (cafards des grottes, etc.)
43
+
44
+ Alienoptera†
45
+
46
+ Mantodea (mantes)
47
+
48
+ Les termites sont surtout nombreux dans les régions tropicales de l'Afrique, de l'Extrême-Orient, des Caraïbes, de l'Amérique centrale et du Sud. On les rencontre également dans des zones plus tempérées comme l’Amérique du Nord, l'Océanie, le Japon, l'Afrique du Sud, l'Europe et l’Afrique du Nord. Leur aire de répartition s'étend du sud du Canada au sud de l'Australie.
49
+
50
+ En Europe, les termites se rencontrent à l'état naturel dans les forêts de la moitié sud du continent (péninsule Ibérique, France, Italie, Balkans). Leur répartition urbaine est bien plus large : des colonies de termites sont aujourd'hui installées dans de nombreuses villes françaises situées au nord de la Loire (Tours, Paris, Rouen, Le Mans…), plusieurs cas étant également connus en Allemagne (Hambourg) et en Angleterre.
51
+
52
+ Les termites se caractérisent par des pièces buccales broyeuses, par un abdomen relié au thorax. Ils sont plutôt biologiquement proches des blattes.
53
+
54
+ Les termites se caractérisent par une métamorphose imparfaite (les larves ressemblent à l'adulte).
55
+ D'un couple de termites naissent des larves qui après plusieurs mues, donnent des ouvriers et des soldats stériles, ou des nymphes qui donneront des adultes sexués (capables de se reproduire).
56
+
57
+ Munis de pièces buccales broyeuses, les termites se nourrissent surtout de bois et de fragments de feuilles, ils sont dits xylophages. On peut distinguer trois grands types de modes nutritifs :
58
+
59
+ D'autres modes de nutrition minoritaires existent comme la consommation de lichen ou d'algues épiphytes.
60
+
61
+ La société des termites est caractérisée par un échange complet de l'aliment entre tous ses membres, appelé trophallaxie, qui signifie que l'aliment passe par l'ensemble des appareils digestifs d'une colonie en l'espace de près de 3 jours. Ces échanges permettent entre autres selon les cas : le transfert des endosymbiotes d’une génération à une autre; de nourrir certaines castes qui ne peuvent pas dégrader la cellulose, et qui ne possèdent aucun symbiote[10].
62
+
63
+ Ils réalisent également des symbioses intestinales destinées à pallier la faible teneur en azote de leur nourriture avec des bactéries fixatrices d'azote, des bactéries qui recyclent l'acide urique et des bactéries qui éliminent le carbone en excès.
64
+
65
+ Les termites ont une grande cohésion sociale, à l'image des fourmis. Ils font preuve d'une grande intelligence collective. L'organisation des termites en castes remonte à au moins 100 millions d'années, comme le montre la découverte de six espèces de termites fossilisées dans l'ambre au Myanmar[12]. L'espèce Krishnatermes yoddha présente des reines, des ouvriers et des soldats. Les soldats de Gigantotermes rex, longs de 2 cm, sont parmi les plus grands jamais observés. On n'a retrouvé que des ouvriers des quatre autres espèces.
66
+
67
+ Les sociétés de termites comportent des individus neutres ou stériles, et des sexués. Les premiers n'ont pas d'ailes, ils sont roussâtres ou blancs, mous, avec la tête rousse, cornée, très développée chez certains d'entre eux qu'on appelle soldats et dont le rôle est de défendre la colonie, tandis que les individus à tête normale sont des ouvriers, chargés des travaux d'aménagement du nid et d'approvisionnement. Les « ouvriers » et les « soldats » sont aptères, les termites sexués sont ailés. Les ailes sont perdues après le vol nuptial (essaimage). Le mâle conserve ses dimensions normales, tandis que chez la femelle fécondée, l'abdomen rempli d’œufs devient énorme, acquérant cinquante ou soixante fois, quelquefois des centaines de fois, le volume du reste du corps.
68
+
69
+ Ils sont lucifuges (fuient la lumière) à l'exception des imagos ailés, et souvent aveugles.
70
+
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+ La termitière est composée de loges reliées par des galeries. Chez les espèces où cette caste est présente, les ouvriers creusent et nettoient les galeries, recueillent les œufs pondus par les femelles reproductrices (reines ou femelles néoténiques). Certains termites soldats sont pourvus de mandibules hypertrophiées qui leur permettent de mordre leur adversaire (termites d'une autre espèce ou colonie, fourmis, etc.), d'autres sont pourvus d'une trompe avec laquelle ils projettent de l'acide sur l'ennemi.
72
+
73
+ Mis à part les adultes sexués ailés qui seront un jour amenés à sortir de la colonie pour rechercher un partenaire sexuel, toutes les autres castes sont aveugles. Les termites communiquent donc essentiellement par voie chimique et utilisent un grand nombre de signaux (phéromones de contact, de pistes, sexuelles).
74
+
75
+ Les termites sont considérés comme des espèces clef de voûte dans plusieurs écosystèmes (déserts, savanes, forêts tropicales, etc.) en raison du rôle qu'ils jouent dans la minéralisation de la matière organique. Ils sont notamment responsables de l'émission de grandes quantités de méthane et d'azote minéral. Le terme d'« île de fertilité » a été suggéré pour les termitières en raison de l'accumulation de matière organique et de minéraux (notamment nitrate et azote) qui s'y produit.
76
+
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+ Cette richesse en minéraux fait que certaines plantes poussent préférentiellement près des termitières et sur celles-ci, que les plantes qui y poussent ont une richesse plus grande en nutriments et que certains animaux (éléphants par exemple) viennent préférentiellement s'y nourrir.
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+
79
+ Les termites souterrains rencontrés en France utilisent principalement deux modes de propagation naturelle :
80
+
81
+ Un troisième mode de propagation s'apparente au bouturage chez les végétaux et correspond à une dissémination par l'homme : transport de terre, de gravats ou de matériaux cellulosiques contaminés (bois de chauffage et de construction, papiers, cartons, etc.).
82
+
83
+ En dehors des endroits habités, les termites installent leurs nids dans les arbres blessés, les souches, entre les racines ou à même le sol, profitant souvent de cavités naturelles qu'ils divisent en loges de terre mâchée. Les termitières épigées constituent quant à elles un fabuleux système de climatisation capable de maintenir longtemps, une température interne constante quelles que soient les conditions climatiques extérieures.
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+ Les termites s'installent de préférence à proximité d'une source d'humidité, mais ils peuvent néanmoins proliférer sur des bois très secs.
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87
+ Les termites abondent dans les pays chauds, où ils deviennent un véritable fléau dans les endroits habités, détruisant les constructions en bois. Quelques mois leur suffisent pour ronger intérieurement les charpentes des maisons, qui s'effondrent tout d'un coup sans qu'un seul signe extérieur ait pu faire prévoir le danger. Ils ont détruit des vaisseaux en bois dans les ports de l'Inde, et à la Rochelle même, miné la préfecture et réduit les archives en débris spongieux.[réf. nécessaire]
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+ En Europe, les termites sont des insectes ravageurs qui peuvent causer de grands dégâts dans les habitations en creusant leurs galeries dans le bois d'œuvre dont ils se nourrissent. Sont en danger tous les bois d'œuvre.
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+ En France, en vertu de la loi no 99-471 du 8 juin 1999 tendant à protéger les acquéreurs et propriétaires d'immeubles contre les termites et autres insectes xylophages, la présence de termites dans un immeuble doit être déclarée auprès des autorités. Les municipalités ont le pouvoir de procéder aux travaux de désinfestation, le cas échéant aux frais des propriétaires.
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+ Par ailleurs, l'article 3 de ladite loi impose à tout vendeur de bien immobilier de fournir à son acquéreur, lorsque le bien immobilier est situé en « secteur contaminé ou susceptible de l'être », un état parasitaire de moins de six mois. À défaut, le vendeur ne peut pas s'exonérer de sa garantie des vices cachés. Les « secteurs contaminés ou susceptibles de l'être » sont nombreux. C'est le cas par exemple de toute la commune-département de Paris.
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+ La Terre est une planète du Système solaire, la troisième plus proche du Soleil et la cinquième plus grande, tant en taille qu'en masse, de ce système planétaire dont elle est également la plus massive des planètes telluriques.
6
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7
+ La Terre s'est formée il y a 4,54 milliards d'années environ et la vie y est apparue moins d'un milliard d'années plus tard[1]. La planète abrite des millions d'espèces vivantes, dont les humains[2]. La biosphère de la Terre a fortement modifié l'atmosphère et les autres caractéristiques abiotiques de la planète, permettant la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation d'une couche d'ozone qui, associée au champ magnétique terrestre, bloque une partie du rayonnement solaire, permettant ainsi la vie sur Terre[3]. Les propriétés physiques de la Terre, de même que son histoire géologique et son orbite, ont permis à la vie de subsister durant cette période. De plus, la Terre devrait pouvoir maintenir la vie (telle que nous la connaissons actuellement) durant encore au moins 500 millions d'années[4],[5].
8
+
9
+ La croûte terrestre est divisée en plusieurs segments rigides appelés plaques tectoniques qui se déplacent sur des millions d'années. Environ 71 % de la surface terrestre est couverte par des océans d'eau salée qui forment l'hydrosphère avec les autres sources d'eau comme les lacs, les fleuves ou les nappes phréatiques. Les pôles géographiques de la Terre sont principalement recouverts de glace (inlandsis et banquise). L'intérieur de la planète reste actif avec un épais manteau composé de roches silicatées (généralement solides, mais localement fondues), un noyau externe de fer liquide qui génère le champ magnétique, et un noyau interne de fer solide.
10
+
11
+ La Terre interagit avec les autres objets spatiaux, principalement le Soleil et la Lune. Actuellement, la Terre orbite autour du Soleil en 365,256 363 jours solaires ou une année sidérale[a]. L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23,437°[6] par rapport à la perpendiculaire du plan de l'écliptique, ce qui produit des variations saisonnières sur la surface de la planète avec une période d'une année tropique (365,24219 jours solaires)[7]. Le seul satellite naturel connu de la Terre est la Lune qui commença à orbiter il y a 4,5 milliards d'années. Celle-ci provoque les marées, stabilise l'inclinaison axiale et ralentit lentement la rotation terrestre. Il y a environ 3,8 milliards d'années, lors du grand bombardement tardif, de nombreux impacts d'astéroïdes causèrent alors d'importantes modifications de sa surface.
12
+
13
+ La Terre a pour particularité, du point de vue de l'être humain, d'être le seul endroit connu de l'univers à abriter la vie telle que nous la connaissons, comme la faune (dont entre autres l'espèce humaine) et la flore. Les cultures humaines ont développé de nombreuses représentations de la planète, dont une personnification en tant que déité, la croyance en une terre plate, la Terre en tant que centre de l'univers et la perspective moderne d'un monde en tant que système global nécessitant une gestion raisonnable.
14
+
15
+ La science qui étudie la Terre est la géologie. Compte tenu de l'influence de la vie sur la composition de l'atmosphère, des océans et des roches sédimentaires, la géologie emprunte à la biologie une partie de sa chronologie et de son vocabulaire.
16
+
17
+ L'âge de la Terre est aujourd'hui estimé à 4,54 milliards d'années[8]. L'histoire de la Terre est divisée en quatre grands intervalles de temps, dits éons :
18
+
19
+ La formation de la Terre par accrétion était presque terminée en moins de 20 millions d'années[11]. Initialement en fusion, la couche externe de la Terre s'est refroidie pour former une croûte solide lorsque l'eau commença à s'accumuler dans l'atmosphère, aboutissant aux premières pluies et aux premiers océans. La Lune s'est formée peu de temps après, il y a 4,53 milliards d'années[12]. Le consensus actuel[13] pour la formation de la Lune est l'hypothèse de l'impact géant, selon laquelle un objet (quelquefois appelé Théia), de la taille de Mars et de masse environ égale au dixième de la masse terrestre[14], est entré en collision avec la Terre[15]. Dans ce modèle, une partie de cet objet se serait agglomérée avec la Terre tandis qu'une autre partie, mêlée avec peut-être 10 % de la masse totale de la Terre, aurait été éjectée dans l'espace, où elle aurait formé la Lune.
20
+
21
+ L'activité volcanique a produit une atmosphère primitive. De la vapeur d'eau condensée ayant plusieurs origines possibles, mêlée à de la glace apportée par des comètes, a produit les océans[16]. Une combinaison de gaz à effet de serre et d'importants niveaux d'activité solaire permirent d'augmenter la température à la surface de la Terre et empêchèrent les océans de geler[17]. Vers −3,5 milliards d'années, le champ magnétique se forma et il permit d'éviter à l'atmosphère d'être balayée par le vent solaire[18].
22
+
23
+ Deux principaux modèles ont été proposés pour expliquer la vitesse de croissance continentale[19] : une croissance constante jusqu'à nos jours[20] et une croissance rapide au début de l'histoire de la Terre[21]. Les recherches actuelles montrent que la deuxième hypothèse est la plus probable avec une formation rapide de la croûte continentale[22] suivie par de faibles variations de la surface globale des continents[23],[24],[25]. Sur une échelle de temps de plusieurs centaines de millions d'années, les continents ou supercontinents se forment puis se divisent. C'est ainsi qu'il y a environ 750 millions d'années, le plus vieux des supercontinents connus, Rodinia, commença à se disloquer. Les continents entre lesquels il s'était divisé se recombinèrent plus tard pour former Pannotia, il y a 650-540 millions d'années, puis finalement Pangée, au Permien, qui se fragmenta il y a 180 millions d'années[26].
24
+
25
+ On suppose qu'une activité chimique intense dans un milieu hautement énergétique a produit une molécule capable de se reproduire, dans un système particulier, il y a environ 4 milliards d'années. On pense que la vie elle-même serait apparue entre 200 et 500 millions d'années plus tard[27].
26
+
27
+ Le développement de la photosynthèse, active depuis bien avant 3 à 3,5 milliards d'années avant le présent, permit à la vie d'exploiter directement l'énergie du Soleil. Celle-ci produisit de l'oxygène qui s'accumula dans l'atmosphère, à partir d'environ 2,5 milliards d'années avant le présent, et forma la couche d'ozone (une forme d'oxygène [O3]) dans la haute atmosphère, lorsque les niveaux d'oxygène dépassèrent quelques pourcents. Le regroupement de petites cellules entraîna le développement de cellules complexes appelées eucaryotes[28]. Les premiers organismes multicellulaires formés de cellules au sein de colonies devinrent de plus en plus spécialisés. Aidées par l'absorption des dangereux rayons ultraviolets par la couche d'ozone, des colonies bactériennes pourraient avoir colonisé la surface de la Terre, dès ces époques lointaines[29]. Les plantes et les animaux pluricellulaires ne colonisèrent la terre ferme qu'à partir de la fin du Cambrien (pour mousses, lichens et champignons) et pendant l'Ordovicien (pour les premiers végétaux vasculaires et les arthropodes), le Silurien (pour les gastéropodes ?) et le Dévonien (pour les vertébrés)[réf. nécessaire].
28
+
29
+ Depuis les années 1960, il a été proposé une hypothèse selon laquelle une ou plusieurs séries de glaciations globales eurent lieu il y a 750 à 580 millions d'années, pendant le Néoprotérozoïque, et qui couvrirent la planète d'une couche de glace. Cette hypothèse a été nommée Snowball Earth (« Terre boule de neige »), et est d'un intérêt particulier parce qu'elle précède l'explosion cambrienne, quand des formes de vies multicellulaires commencèrent à proliférer[30].
30
+
31
+ À la suite de l'explosion cambrienne, il y a environ 535 millions d'années, cinq extinctions massives se produisirent[31]. La dernière extinction majeure date de 66 millions d'années, quand une météorite est entrée en collision avec la Terre, exterminant les dinosaures et d'autres grands reptiles, épargnant de plus petits animaux comme les mammifères, les oiseaux, ou encore les lézards[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les 66 millions d'années qui se sont écoulées depuis, les mammifères se sont diversifiés, le genre humain (Homo) s'étant développé depuis deux millions d'années. Des changements périodiques à long terme de l'orbite de la Terre, causés par l'influence gravitationnelle des autres astres, sont probablement une des causes des glaciations qui ont plus que doublé les zones polaires de la planète, périodiquement dans les derniers millions d'années[réf. nécessaire].
34
+
35
+ À l'issue de la dernière glaciation, le développement de l'agriculture et, ensuite, des civilisations, permit aux humains de modifier la surface de la Terre dans une courte période de temps, comme aucune autre espèce avant eux, affectant la nature tout comme les autres formes de vie[32].
36
+
37
+ Le futur de la Terre est très lié à celui du Soleil. Du fait de l'accumulation d'hélium dans le cœur du Soleil, la luminosité de l'étoile augmente lentement à l'échelle des temps géologiques. La luminosité va croître de 10 % au cours du 1,1 milliard d'années à venir et de 40 % sur les prochains 3,5 milliards d'années[33]. Les modèles climatiques indiquent que l'accroissement des radiations atteignant la Terre aura probablement des conséquences dramatiques sur la pérennité de son climat « terrestre », notamment la disparition des océans[34].
38
+
39
+ La Terre devrait cependant rester habitable durant encore plus de 500 millions d'années[4], cette durée pouvant passer à 2,3 milliards d'années si la pression atmosphérique diminue en retirant une partie de l'azote de l'atmosphère[35]. L'augmentation de la température terrestre va accélérer le cycle du carbone inorganique, réduisant sa concentration à des niveaux qui pourraient devenir trop faibles pour les plantes (10 ppm pour la photosynthèse du C4) dans environ 500[4] ou 900 millions d'années. La réduction de la végétation entraînera la diminution de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, ce qui provoquera la disparition progressive de la plupart des formes de vies animales[36]. Ensuite, la température moyenne (de la Terre) augmentera plus vite en raison de l'emballement de l'effet de serre par la vapeur d'eau, vers 40 à 50 °C[36]. Dans 1 milliard à 1,7 milliard d'années, la température sera si élevée que les océans s'évaporeront, précipitant le climat de la Terre dans celui de type vénusien, et faisant disparaître toute forme simple de vie à la surface de la Terre[5],[37].
40
+
41
+ Même si le Soleil était éternel et stable, le refroidissement interne de la Terre entraînerait la baisse du niveau de CO2 du fait d'une réduction du volcanisme[38], et 35 % de l'eau des océans descendrait dans le manteau du fait de la baisse des échanges au niveau des dorsales océaniques[39].
42
+
43
+ Dans le cadre de son évolution, le Soleil deviendra une géante rouge dans plus de 5 milliards d'années. Les modèles prédisent qu'il gonflera jusqu'à atteindre environ 250 fois son rayon actuel[33],[40].
44
+
45
+ Le destin de la Terre est moins clair. En tant que géante rouge, le Soleil va perdre environ 30 % de sa masse, donc sans prendre en compte les effets de marée, la Terre se déplacerait sur une orbite à 1,7 ua (254 316 600 km) du Soleil lorsque celui-ci atteindra sa taille maximale. La planète ne devrait donc pas être engloutie par les couches externes du Soleil même si l'atmosphère restante finira par être « soufflée » dans l'espace, et la croûte terrestre finira par fondre pour se transformer en un océan de lave, lorsque la luminosité solaire atteindra environ 5 000 fois son niveau actuel[33]. Cependant, une simulation de 2008 indique que l'orbite terrestre va se modifier du fait des effets de marées et poussera la Terre à entrer dans l'atmosphère du Soleil où elle sera absorbée et vaporisée[40].
46
+
47
+ La forme de la Terre est approchée par un ellipsoïde, une sphère aplatie aux pôles[41]. La rotation de la Terre entraîne l'apparition d'un léger bourrelet de sorte que le diamètre à l’équateur est 43 kilomètres plus long que le diamètre polaire (du pôle Nord au pôle Sud)[42]. Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ 12 742 kilomètres, ce qui est approximativement 40 000 kilomètres/π, car le mètre était initialement défini comme 1/10 000 000e (dix-millionième) de la distance de l'équateur au pôle Nord en passant par Paris[43],[44].
48
+
49
+ La topographie locale dévie de ce sphéroïde idéalisé même si à grande échelle, ces variations sont faibles : la Terre a une tolérance d'environ 0,17 % par rapport au sphéroïde parfait. Proportionnellement, c'est un peu moins lisse qu'une boule de billard neuve, alors qu'une boule de billard usée peut présenter des aspérités légèrement plus marquées[45]. Les plus grandes variations dans la surface rocheuse de la Terre sont l'Everest (8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer) et la fosse des Mariannes (10 911 mètres sous le niveau de la mer). Du fait du bourrelet équatorial, les lieux les plus éloignés du centre de la Terre sont les sommets du Chimborazo en Équateur et du Huascarán au Pérou[46],[47],[48]. Pour la même raison, l'embouchure du Mississippi est plus éloignée du centre de la Terre que sa source[49].
50
+
51
+ Le rayon de la Terre est d'environ 6 371 km, selon divers modèles sphériques. La Terre n'étant pas parfaitement sphérique, la distance entre son centre et la surface varie de 6 352,8 km (fond de l'océan Arctique) à 6 384,415 km (sommet du Chimborazo)[50]. Le rayon équatorial est de 6 378,137 0 km, alors que le rayon polaire est de 6 356,752 3 km (modèle ellipsoïde de sphère aplatie aux pôles).
52
+
53
+ La masse de la Terre est estimée à 5,972 2 × 1024 kg. On la détermine en divisant la constante géocentrique GM par la constante de gravitation G. Sa précision est limitée par celle de G, le produit GM pouvant être déduit des mesures de géodésie spatiale avec une précision bien supérieure.
54
+
55
+ La Terre est une planète tellurique, c'est-à-dire une planète essentiellement rocheuse à noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses, telles que Jupiter, essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). Il s'agit de la plus grande des quatre planètes telluriques du Système solaire, que ce soit par la taille ou la masse. De ces quatre planètes, la Terre a aussi la masse volumique globale la plus élevée, la plus forte gravité de surface, le plus puissant champ magnétique global, la vitesse de rotation la plus élevée[51] et est probablement la seule avec une tectonique des plaques active[52].
56
+
57
+ La surface externe de la Terre est divisée en plusieurs segments rigides, ou plaques tectoniques, qui se déplacent lentement sur la surface sur des durées de plusieurs millions d'années. Environ 71 % de la surface est couverte d'océans d'eau salée, les 29 % restants étant des continents et des îles. L'eau liquide, nécessaire à la vie telle que nous la connaissons, est très abondante sur Terre, et aucune autre planète n'a encore été découverte avec des étendues d'eau liquide (lacs, mers, océans) à sa surface.
58
+
59
+ La Terre est principalement composée de fer (32,1 %[54]), d'oxygène (30,1 %), de silicium (15,1 %), de magnésium (13,9 %), de soufre (2,9 %), de nickel (1,8 %), de calcium (1,5 %) et d'aluminium (1,4 %), le reste (1,2 %) consistant en de légères traces d'autres éléments. Les éléments les plus denses ayant tendance à se concentrer au centre de la Terre (phénomène de différenciation planétaire), on pense que le cœur de la Terre est composé majoritairement de fer (88,8 %), avec une plus petite quantité de nickel (5,8 %), de soufre (4,5 %) et moins de 1 % d'autres éléments[55].
60
+
61
+ Le géochimiste F. W. Clarke a calculé que 47 % (en poids, soit 94 % en volume[56]) de la croûte terrestre était faite d'oxygène, présent principalement sous forme d'oxydes, dont les principaux sont les oxydes de silicium (sous forme de silicates), d'aluminium (aluminosilicates), de fer, de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. La silice est le constituant majeur de la croûte, sous forme de pyroxénoïdes, les minéraux les plus communs des roches magmatiques et métamorphiques. Après une synthèse basée sur l'analyse de 1 672 types de roches, Clarke a obtenu les pourcentages présentés dans le tableau ci-contre[57].
62
+
63
+ L'intérieur de la Terre, comme celui des autres planètes telluriques, est stratifié, c'est-à-dire organisé en couches concentriques superposées, ayant des densités croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches se distinguent par leur nature pétrologique (contrastes chimiques et minéralogiques) et leurs propriétés physiques (changements d'état physique, propriétés rhéologiques). La couche extérieure de la Terre solide, fine à très fine relativement au rayon terrestre, s'appelle la croûte ; elle est solide, et chimiquement distincte du manteau, solide, sur lequel elle repose ; sous l'effet combiné de la pression et de la température, avec la profondeur, le manteau passe d'un état solide fragile (cassant, sismogène, « lithosphérique ») à un état solide ductile (plastique, « asthénosphérique », et donc caractérisé par une viscosité plus faible, quoiqu'encore extrêmement élevée). La surface de contact entre la croûte et le manteau est appelée le Moho ; il se visualise très bien par les méthodes sismiques du fait du fort contraste de vitesse des ondes sismiques, entre les deux côtés. L'épaisseur de la croûte varie de 6 kilomètres sous les océans jusqu'à plus de 50 kilomètres en moyenne sous les continents. La croûte et la partie supérieure froide et rigide du manteau supérieur sont appelés lithosphère ; leur comportement horizontalement rigide à l'échelle du million à la dizaine de millions d'années est à l'origine de la tectonique des plaques. L'asthénosphère se trouve sous la lithosphère et est une couche convective, relativement moins visqueuse sur laquelle la lithosphère se déplace en « plaques minces ». Des changements importants dans la structure cristallographique des divers minéraux du manteau, qui sont des changements de phase au sens thermodynamique, vers respectivement les profondeurs de 410 kilomètres et de 670 kilomètres sous la surface, encadrent une zone dite de transition, définie initialement sur la base des premières images sismologiques. Actuellement, on appelle manteau supérieur la couche qui va du Moho à la transition de phase vers 670 kilomètres de profondeur, la transition à 410 kilomètres de profondeur étant reconnue pour ne pas avoir une importance majeure sur le processus de convection mantellique, au contraire de l'autre. Et l'on appelle donc manteau inférieur la zone comprise entre cette transition de phase à 670 kilomètres de profondeur, et la limite noyau-manteau. Sous le manteau inférieur, le noyau terrestre, composé à presque 90 % de fer métal, constitue une entité chimiquement originale de tout ce qui est au-dessus, à savoir la Terre silicatée. Ce noyau est lui-même stratifié en un noyau externe liquide et très peu visqueux (viscosité de l'ordre de celle d'une huile moteur à 20 °C), qui entoure un noyau interne solide[58] encore appelé graine. Cette graine résulte de la cristallisation du noyau du fait du refroidissement séculaire de la Terre. Cette cristallisation, par la chaleur latente qu'elle libère, est source d'une convection du noyau externe, laquelle est la source du champ magnétique terrestre. L'absence d'un tel champ magnétique sur les autres planètes telluriques laisse penser que leurs noyaux métalliques, dont les présences sont nécessaires pour expliquer les données astronomiques de densité et de moment d'inertie, sont totalement cristallisés. Selon une interprétation encore débattue de données sismologiques, le noyau interne terrestre semblerait tourner à une vitesse angulaire légèrement supérieure à celle du reste de la planète, avançant relativement de 0,1 à 0,5° par an[59].
64
+
65
+ La chaleur interne de la Terre est issue d'une combinaison de l'énergie résiduelle issue de l'accrétion planétaire (environ 20 %) et de la chaleur produite par les éléments radioactifs (80 %)[62]. Les principaux isotopes producteurs de chaleur de la Terre sont le potassium 40, l'uranium 238, l'uranium 235 et le thorium 232[63]. Au centre de la planète, la température pourrait atteindre 7 000 K et la pression serait de 360 GPa[64]. Comme la plus grande partie de la chaleur est issue de la désintégration des éléments radioactifs, les scientifiques considèrent qu'au début de l'histoire de la Terre, avant que les isotopes à courte durée de vie ne se soient désintégrés, la production de chaleur de la Terre aurait été bien plus importante. Cette production supplémentaire, deux fois plus importante il y a trois milliards d'années qu'aujourd'hui[62], aurait accru les gradients de températures dans la Terre et donc le rythme de la convection mantellique et de la tectonique des plaques, ce qui aurait permis la formation de roches ignées comme les komatiites, qui ne sont plus formées aujourd'hui[65].
66
+
67
+ La perte moyenne de chaleur par la Terre est de 87 mW/m2 pour une perte globale de 4,42 × 1013 W[67],[68](44,2 TW). Une portion de l'énergie thermique du noyau est transportée vers la croûte par des panaches, une forme de convection où des roches semi-fondues remontent vers la croûte. Ces panaches peuvent produire des points chauds et des trapps[69]. La plus grande partie de la chaleur de la Terre est perdue à travers la tectonique des plaques au niveau des dorsales océaniques. La dernière source importante de perte de chaleur est la conduction à travers la lithosphère, la plus grande partie ayant lieu dans les océans, car la croûte y est plus mince que celle des continents, surtout au niveau des dorsales[70].
68
+
69
+ Les plaques tectoniques sont des segments rigides de lithosphère qui se déplacent les uns par rapport aux autres. Les relations cinématiques qui existent aux frontières des plaques peuvent être regroupées en trois domaines : des domaines de convergence où deux plaques se rencontrent, de divergence où deux plaques se séparent et des domaines de transcurrence où les plaques se déplacent latéralement les unes par rapport aux autres. Les tremblements de terre, l'activité volcanique, la formation des montagnes et des fosses océaniques sont plus fréquents le long de ces frontières[73]. Le mouvement des plaques tectoniques est lié aux mouvements de convection ayant lieu dans le manteau terrestre[74].
70
+
71
+ Du fait du mouvement des plaques tectoniques, le plancher océanique plonge sous les bords des autres plaques. Au même moment, la remontée du magma au niveau des frontières divergentes crée des dorsales. La combinaison de ces processus permet un recyclage continuel de la lithosphère océanique qui retourne dans le manteau. Par conséquent, la plus grande partie du plancher océanique est âgée de moins de 100 millions d'années. La plus ancienne croûte océanique est localisée dans l'ouest du Pacifique et a un âge estimé de 200 millions d'années[75],[76]. Par comparaison, les éléments les plus anciens de la croûte continentale sont âgés de 4 030 millions d'années[77].
72
+
73
+ Il existe sept principales plaques, Pacifique, Nord-Américaine, Eurasienne, Africaine, Antarctique, Australienne et Sud-Américaine. Parmi les plaques importantes, on peut également citer les plaques Arabique, Caraïbe, Nazca à l'ouest de la côte occidentale de l'Amérique du Sud et la plaque Scotia dans le sud de l'océan Atlantique. La plaque australienne fusionna avec la plaque indienne il y a 50 millions d'années. Les plaques océaniques sont les plus rapides : la plaque de Cocos avance à un rythme de 75 mm/an[78] et la plaque pacifique à 52–69 mm/an. À l'autre extrême, la plus lente est la plaque eurasienne progressant à une vitesse de 21 mm/an[79].
74
+
75
+ Le relief de la Terre diffère énormément suivant le lieu. Environ 70,8 %[80] de la surface du globe est recouverte par de l'eau et une grande partie du plateau continental se trouve sous le niveau de la mer. Les zones submergées ont un relief aussi varié que les autres dont une dorsale océanique faisant le tour de la Terre ainsi que des volcans sous-marins[42], des fosses océaniques, des canyons sous-marins, des plateaux et des plaines abyssales. Les 29,2 % non recouvertes d'eau sont composés de montagnes, de déserts, de plaines, de plateaux et d'autres géomorphologies.
76
+
77
+ La surface planétaire subit de nombreuses modifications du fait de la tectonique et de l'érosion. Les éléments de surface construits ou déformés par la tectonique des plaques sont sujets à une météorisation constante du fait des précipitations, des cycles thermiques et des effets chimiques. Les glaciations, l'érosion du littoral, la construction des récifs coralliens et les impacts météoriques[81] contribuent également aux modifications du paysage[réf. nécessaire].
78
+
79
+ La lithosphère continentale est composée de matériaux de faible densité comme les roches ignées : granite et andésite. Le basalte est moins fréquent et cette roche volcanique dense est le principal constituant du plancher océanique[83]. Les roches sédimentaires se forment par l'accumulation de sédiments qui se compactent. Environ 75 % des surfaces continentales sont recouvertes de roches sédimentaires même si elles ne représentent que 5 % de la croûte[84]. Le troisième type de roche rencontré sur Terre est la roche métamorphique, créée par la transformation d'autres types de roche en présence de hautes pressions, de hautes températures ou les deux. Parmi les silicates les plus abondants de la surface terrestre, on peut citer le quartz, le feldspath, l'amphibole, le mica, le pyroxène et l'olivine[85]. Les carbonates courants sont la calcite (composant du calcaire) et la dolomite[86].
80
+
81
+ La pédosphère est la couche la plus externe de la Terre. Elle est composée de sol et est sujette au processus de formation du sol. Elle se trouve à la rencontre de la lithosphère, de l'atmosphère, de l'hydrosphère et de la biosphère. Actuellement, les zones arables représentent 13,31 % de la surface terrestre et seulement 4,71 % supportent des cultures permanentes[87]. Près de 40 % de la surface terrestre est utilisée pour l'agriculture et l'élevage soit environ 1,3 × 107 km2 de cultures et 3,4 × 107 km2 de pâturage[88].
82
+
83
+ L'altitude de la surface terrestre de la Terre varie de −418 mètres au niveau des rives de la mer Morte à 8 848 mètres au sommet de l'Everest. L'altitude moyenne des terres émergées est de 840 mètres au-dessus du niveau de la mer[89].
84
+
85
+ L'abondance de l'eau sur la surface de la Terre est une caractéristique unique qui distingue la « planète bleue » des autres planètes du Système solaire. L'hydrosphère terrestre est principalement composée par les océans, mais techniquement elle inclut également les mers, les lacs, les rivières et les eaux souterraines jusqu'à une profondeur de 2 000 mètres. La Challenger Deep de la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique est le lieu immergé le plus profond avec une profondeur de 10 911 mètres[e],[90].
86
+
87
+ La masse des océans est d'environ 1,35 × 1018 t , soit environ 1/4 400e de la masse totale de la Terre. Les océans couvrent une superficie de 3,618 × 108 km2 avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, soit un volume estimé à 1,332 × 109 km3[91]. Environ 97,5 % de l'eau terrestre est salée. Les 2,5 % restants sont composés d'eau douce, mais environ 68,7 % de celle-ci est immobilisée sous forme de glace[92].
88
+
89
+ La salinité moyenne des océans est d'environ 35 grammes de sel par kilogramme d'eau de mer (35 ‰)[93]. La plupart de ce sel fut libéré par l'activité volcanique ou par l'érosion des roches ignées[94]. Les océans sont également un important réservoir de gaz atmosphériques dissous qui sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie aquatiques[95]. L'eau de mer a une grande influence sur le climat mondial du fait de l'énorme réservoir de chaleur que constituent les océans[96]. Des changements dans les températures océaniques peuvent entraîner des phénomènes météorologiques très importants comme El Niño[97].
90
+
91
+ La Terre est entourée d'une enveloppe gazeuse qu'elle retient par attraction gravitationnelle : l'atmosphère. L'atmosphère de la Terre est intermédiaire entre celle, très épaisse, de Vénus, et celle, très ténue, de Mars. La pression atmosphérique au niveau de la mer est en moyenne de 101 325 Pa, soit 1 atm par définition[98]. L'atmosphère est constituée de 78,09 % d'azote, de 20,95 % d'oxygène, de 0,93 % d'argon et de 0,039 % de dioxyde de carbone, ainsi que de divers autres gaz dont de la vapeur d'eau. La hauteur de la troposphère varie avec la latitude entre 8 kilomètres aux pôles et 17 kilomètres à l'équateur, avec quelques variations résultant de facteurs météorologiques et saisonniers[99].
92
+
93
+ La biosphère de la Terre a fortement altéré son atmosphère. La photosynthèse à base d'oxygène apparut il y a 2,7 milliards d'années et forma l'atmosphère actuelle, principalement composée d'azote et d'oxygène. Ce changement permit la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation de la couche d'ozone bloquant les rayons ultraviolets émis par le Soleil. L'atmosphère favorise également la vie en transportant la vapeur d'eau, en fournissant des gaz utiles, en faisant brûler les petites météorites avant qu'elles ne frappent la surface et en modérant les températures[100]. Ce dernier phénomène est connu sous le nom d'effet de serre : des molécules présentes en faible quantité dans l'atmosphère bloquent la déperdition de chaleur dans l'espace et font ainsi augmenter la température globale. La vapeur d'eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l'ozone sont les principaux gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre. Sans cette conservation de la chaleur, la température moyenne sur Terre serait de −18 °C par rapport aux 15 °C actuels[80].
94
+
95
+ L'atmosphère terrestre n'a pas de limite clairement définie, elle disparaît lentement dans l'espace. Les trois-quarts de la masse de l'air entourant la Terre sont concentrés dans les premiers 11 kilomètres de l'atmosphère. Cette couche la plus inférieure est appelée la troposphère. L'énergie du Soleil chauffe cette couche et la surface en dessous, ce qui entraîne une expansion du volume atmosphérique par dilatation de l'air, ce qui a pour effet de réduire sa densité et ce qui l’amène à s'élever et à être remplacé par de l'air plus dense, car plus froid. La circulation atmosphérique qui en résulte est un acteur déterminant dans le climat et la météorologie du fait de la redistribution de la chaleur, entre les différentes couches d'air qu'elle implique[101].
96
+
97
+ Les principales bandes de circulations sont les alizés dans la région équatoriale à moins de 30° et les vents d'ouest dans les latitudes intermédiaires entre 30° et 60°[102]. Les courants océaniques sont également importants dans la détermination du climat, en particulier la circulation thermohaline qui distribue l'énergie thermique des régions équatoriales vers les régions polaires[103].
98
+
99
+ La vapeur d'eau générée par l'évaporation de surface est transportée par les mouvements atmosphériques. Lorsque les conditions atmosphériques permettent une élévation de l'air chaud et humide, cette eau se condense et retombe sur la surface sous forme de précipitations[101]. La plupart de l'eau est ensuite transportée vers les altitudes inférieures par les réseaux fluviaux et retourne dans les océans ou dans les lacs. Ce cycle de l'eau est un mécanisme vital au soutien de la vie sur Terre et joue un rôle primordial dans l'érosion des reliefs terrestres. La distribution des précipitations est très variée, de plusieurs mètres à moins d'un millimètre par an. La circulation atmosphérique, les caractéristiques topologiques et les gradients de températures déterminent les précipitations moyenne sur une région donnée[104].
100
+
101
+ La quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue avec la hausse de la latitude. Aux latitudes les plus élevées, les rayons solaires atteignent la surface suivant un angle plus faible et doivent traverser une plus grande colonne d'atmosphère. Par conséquent, la température moyenne au niveau de la mer diminue d'environ 0,4 °C à chaque degré de latitude en s'éloignant de l'équateur[105]. La Terre peut être divisée en ceintures latitudinaires de climat similaires. En partant de l'équateur, celles-ci sont les zones tropicales (ou équatoriales), subtropicales, tempérées et polaires[106]. Le climat peut également être basé sur les températures et les précipitations. La classification de Köppen (modifiée par Rudolph Geiger, étudiant de Wladimir Peter Köppen) est la plus utilisée et définit cinq grands groupes (tropical humide, aride, tempéré, continental et polaire) qui peuvent être divisés en sous-groupes plus précis[102].
102
+
103
+ Au-dessus de la troposphère, l'atmosphère est habituellement divisée en trois couches, la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère[100]. Chaque couche possède un gradient thermique adiabatique différent définissant l'évolution de la température avec l'altitude. Au-delà, l'exosphère se transforme en magnétosphère, où le champ magnétique terrestre interagit avec le vent solaire[107]. La couche d'ozone se trouve dans la stratosphère et bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui est important pour la vie sur Terre. La ligne de Kármán, définie comme se trouvant à 100 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, est la limite habituelle entre l'atmosphère et l'espace[108].
104
+
105
+ L'énergie thermique peut accroître la vitesse de certaines particules de la zone supérieure de l'atmosphère qui peuvent ainsi échapper à la gravité terrestre. Cela entraîne une lente, mais constante « fuite » de l'atmosphère dans l'espace. Comme l'hydrogène non lié a une faible masse moléculaire, il peut atteindre la vitesse de libération plus facilement et disparaît dans l'espace à un rythme plus élevé que celui des autres gaz[109]. La fuite de l'hydrogène dans l'espace déplace la Terre d'un état initialement réducteur à un état actuellement oxydant. La photosynthèse fournit une source d'oxygène non lié, mais la perte d'agents réducteurs comme l'hydrogène est considérée comme une condition nécessaire à l'accumulation massive d'oxygène dans l'atmosphère[110]. Ainsi, la capacité de l'hydrogène à quitter l'atmosphère terrestre aurait pu influencer la nature de la vie qui s'est développée sur la planète[111]. Actuellement, la plus grande partie de l'hydrogène est convertie en eau avant qu'il ne s'échappe du fait de l'atmosphère riche en oxygène. La plupart de l'hydrogène s'échappant provient de la destruction des molécules de méthane dans la haute atmosphère[112].
106
+
107
+ Le champ magnétique terrestre a pour l'essentiel la forme d'un dipôle magnétique avec les pôles actuellement situés près des pôles géographiques de la planète. À l'équateur du champ magnétique, son intensité à la surface terrestre est de 3,05 × 10−5 T, avec un moment magnétique global de 7,91 × 1015 T m3[113]. Selon la théorie de la dynamo, le champ est généré par le cœur externe fondu où la chaleur crée des mouvements de convection au sein de matériaux conducteurs, ce qui génère des courants électriques. Ceux-ci produisent le champ magnétique terrestre. Les mouvements de convection dans le noyau externe sont organisés spatialement selon un mode spécifique de cette géométrie (colonnes de Busse), mais présentent néanmoins une composante temporelle relativement chaotique (au sens de la dynamique non-linéaire) ; bien que le plus souvent plus ou moins alignés avec l'axe de rotation de la Terre, les pôles magnétiques se déplacent et changent irrégulièrement d'alignement. Cela entraîne des inversions du champ magnétique terrestre à intervalles irréguliers, approximativement plusieurs fois par million d'années pour la période actuelle, le Cénozoïque. L'inversion la plus récente eut lieu il y a environ 700 000 ans[114],[115].
108
+
109
+ Le champ magnétique forme la magnétosphère qui dévie les particules du vent solaire et s'étend jusqu'à environ treize fois le rayon terrestre en direction du Soleil. La collision entre le champ magnétique et le vent solaire forme les ceintures de Van Allen, une paire de régions toroïdales contenant un grand nombre de particules énergétiques ionisées. Lorsque, à l'occasion d'arrivées de plasma solaire plus intenses que le vent solaire moyen, par exemple lors d'événements d'éjections de masse coronale vers la Terre, la déformation de la géométrie de la magnétosphère sous l'impact de ce flux solaire permet le processus de reconnexion magnétique, et une partie des électrons de ce plasma solaire entre dans l'atmosphère terrestre en une ceinture autour aux pôles magnétiques ; il se forme alors des aurores polaires[116], qui sont l'émission d'une lumière de fluorescence résultant de la désexcitation des atomes et molécules, essentiellement d'oxygène de la haute et moyenne atmosphère, excités par les chocs des électrons solaires[réf. nécessaire].
110
+
111
+ La période de rotation relative de la Terre par rapport au Soleil est d'environ 86 400 s soit un jour solaire[117]. La période de rotation relative de la Terre par rapport aux étoiles fixes, appelé son jour stellaire par l'International Earth Rotation and Reference Systems Service (IERS), est de 86 164,098 903 691 secondes de temps solaire moyen (UT1) ou 23 h 56 min 4,098903691 s[118],[f]. Du fait de la précession des équinoxes, la période de rotation relative de la Terre, son jour sidéral est de 23 h 56 min 4,09053083288 s[118]. Ainsi le jour sidéral est plus court que le jour stellaire d'environ 8,4 ms[119].
112
+
113
+ À part des météorites dans l'atmosphère et les satellites en orbite basse, le principal mouvement apparent des corps célestes dans le ciel terrestre est vers l'ouest à un rythme de 15°/h ou 15'/min. Pour les corps proches de l'équateur céleste, cela est équivalent à un diamètre apparent de la Lune ou du Soleil toutes les deux minutes[120],[121].
114
+
115
+ Avant la création de la Lune, on suppose que l'axe de rotation de la Terre oscillait en permanence, ce qui rendait difficile l'apparition de la vie à sa surface pour causes de dérèglement climatique. Puis, une petite planète de la taille de Mars nommée Théia serait entrée en collision avec la Terre et aurait créé la Lune. L'apparition de cette dernière aurait stabilisé l'axe de rotation de la Terre[réf. nécessaire].
116
+
117
+ La Terre orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 150 millions de kilomètres suivant une période de 365,256 4 jours solaires ou une année sidérale. De la Terre, cela donne un mouvement apparent du Soleil vers l'est par rapport aux étoiles à un rythme d'environ 1°/jour ou un diamètre solaire toutes les 12 heures. Du fait de ce mouvement, il faut en moyenne 24 heures, un jour solaire, à la Terre pour réaliser une rotation complète autour de son axe et que le Soleil revienne au plan méridien. La vitesse orbitale de la Terre est d'environ 29,8 km/s (107 000 km/h)[98].
118
+
119
+ La Lune et la Terre tournent autour de leur barycentre commun en 27,32 jours (par rapport aux étoiles lointaines). En associant ce mouvement à celui du couple Terre-Lune autour du Soleil, on obtient que la période du mois synodique (d'une nouvelle lune à la nouvelle lune suivante) est de 29,53 jours. Vus depuis le pôle céleste nord, les mouvements de la Terre, de la Lune et de leurs rotations axiales sont tous dans le sens direct (le même que celui de la rotation du Soleil). Les plans orbitaux et axiaux ne sont pas précisément alignés, l'axe de la Terre est incliné de 23,4° par rapport à la perpendiculaire au plan orbital Terre-Soleil et le plan orbital Terre-Lune est incliné de 5° par rapport au plan orbital Terre-Soleil. Sans cette inclinaison, il y aurait une éclipse toutes les deux semaines, avec une alternance entre éclipses lunaires et solaires[98],[122].
120
+
121
+ La sphère de Hill ou la sphère d'influence gravitationnelle de la Terre a un rayon d'environ 1 500 000 kilomètres[123],[g]. C'est la distance maximale à laquelle l'influence gravitationnelle de la Terre est supérieure à celle du Soleil et des autres planètes. Pour orbiter autour de la Terre, les objets doivent se trouver dans cette zone où ils peuvent être perturbés par l'attraction gravitationnelle du Soleil[réf. nécessaire].
122
+
123
+ La Terre, au sein du Système solaire, est située dans la Voie lactée et se trouve à 28 000 années-lumière du centre galactique. Elle est actuellement à environ 20 années-lumière du plan équatorial de la galaxie dans le bras d'Orion[124].
124
+
125
+ Du fait de l'inclinaison axiale de la Terre, la quantité de rayonnement solaire atteignant tout point de la surface varie au cours de l'année. Cela a pour conséquence des changements saisonniers dans le climat avec un été dans l'hémisphère nord lorsque le pôle nord pointe vers le Soleil et l'hiver lorsque le pôle pointe dans l'autre direction. Durant l'été, les jours durent plus longtemps et le Soleil monte plus haut dans le ciel. En hiver, le climat devient généralement plus froid et les jours raccourcissent. Au-delà du cercle Arctique, il n'y a aucun jour durant une partie de l'année, ce qui est appelé une nuit polaire. Dans l'hémisphère sud, la situation est exactement l'inverse.
126
+
127
+ Par convention astronomique, les quatre saisons sont déterminées par les solstices, lorsque le point de l'orbite où l'inclinaison vers ou dans la direction opposée du Soleil est maximale et les équinoxes lorsque la direction de l'inclinaison de l'axe et la direction au Soleil sont perpendiculaires. Dans l'hémisphère nord, le solstice d'hiver a lieu le 21 décembre, le solstice d'été est proche du 21 juin, l'équinoxe de printemps a lieu autour du 20 mars et l'équinoxe d'automne vers le 21 septembre. Dans l'hémisphère sud, la situation est inversée et les dates des solstices d'hiver et d'été et celles des équinoxes de printemps et d'automne sont aussi inversées[125].
128
+
129
+ L'angle d'inclinaison de la Terre est relativement stable au cours du temps. L'inclinaison entraîne la nutation, un balancement périodique ayant une période de 18,6 années[126]. L'orientation (et non l'angle) de l'axe de la Terre évolue et réalise un cycle complet en 25 771 années. Cette précession des équinoxes est la cause de la différence de durée entre une année sidérale et une année tropique. Ces deux mouvements sont causés par le couple qu'exercent les forces de marées de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. De plus, les pôles se déplacent périodiquement par rapport à la surface de la Terre selon un mouvement connu sous le nom d'oscillation de Chandler[127].
130
+
131
+ À l'époque moderne, le périhélie de la Terre a lieu vers le 3 janvier et l'aphélie vers le 4 juillet. Ces dates évoluent au cours du temps du fait de la précession et d'autres facteurs orbitaux qui suivent un schéma cyclique connu sous le nom de paramètres de Milanković.
132
+
133
+ La Terre a un seul satellite naturel « permanent » connu, la Lune, située à environ 380 000 kilomètres de la Terre. Relativement grand, son diamètre est environ le quart de celui de la Terre. Au sein du Système solaire, c'est l'un des plus grands satellites naturels (après Ganymède, Titan, Callisto et Io) et le plus grand d'une planète non gazeuse. De plus, c'est la plus grande lune du Système solaire par rapport à la taille de sa planète (même si Charon est relativement plus grand par rapport à la planète naine Pluton). Elle est relativement proche de la taille de la planète Mercure (environ les trois quarts du diamètre de cette dernière). Les satellites naturels orbitant autour des autres planètes sont communément appelés « lunes » en référence à la Lune de la Terre.
134
+
135
+ L'attraction gravitationnelle entre la Terre et la Lune cause les marées sur Terre. Le même effet a eu lieu sur la Lune, de sorte que sa période de rotation est identique au temps qu'il lui faut pour orbiter autour de la Terre, et qu'elle présente ainsi toujours la même face vers la Terre. En orbitant autour de la Terre, différentes parties du côté visible de la Lune sont illuminées par le Soleil, causant les phases lunaires.
136
+
137
+ À cause du couple des marées, la Lune s'éloigne de la Terre à un rythme d'environ 38 millimètres par an, produisant aussi l'allongement du jour terrestre de 23 microsecondes par an[128]. Sur plusieurs millions d'années, l'effet cumulé de ces petites modifications produit d'importants changements. Durant la période du D��vonien, il y a approximativement 410 millions d'années, il y avait ainsi 400 jours dans une année, chaque jour durant 21,8 heures[129].
138
+
139
+ La Lune pourrait avoir eu une influence dans le développement de la vie en régulant le climat de la Terre. Les observations paléontologiques et les simulations informatiques en mécanique planétaire montrent que l'inclinaison de l'axe de la Terre est stabilisée par les effets de marées avec la Lune[130]. Certains scientifiques considèrent que sans cette stabilisation contre les couples appliqués par le Soleil et les planètes sur le renflement équatorial, l'axe de rotation aurait pu être très instable, ce qui aurait provoqué des changements chaotiques de son inclinaison au cours des temps géologiques et pour des échelles de durées supérieures à typiquement quelques dizaines de millions d'années, comme cela semble avoir été le cas pour Mars[131].
140
+
141
+ La Lune est aujourd'hui à une distance de la Terre telle que, vue depuis celle-ci, notre satellite a à peu près la même taille apparente (taille angulaire) que le Soleil. Le diamètre angulaire (ou l'angle solide) des deux corps est quasiment identique, car même si le diamètre du Soleil est 400 fois plus important que celui de la Lune, celle-ci est 400 fois plus rapprochée de la Terre que notre étoile[121]. Ceci permet de voir sur Terre et à notre époque géologique, des éclipses solaires totales ou annulaires (en fonction des petites variations de distance Terre-Lune, liées à la très légère ellipticité de l'orbite sélène).
142
+
143
+ Le consensus actuel sur les origines de la Lune est en faveur de l'hypothèse de l'impact géant entre un planétoïde de la taille de Mars, appelé Théia, et la proto-Terre nouvellement formée. Cette hypothèse explique en partie le fait que, en ce qui concerne la croûte lunaire, la composition chimique, principalement pour de nombreux éléments-trace, ainsi qu'en isotopie, principalement celle de l'oxygène (en gros, la moitié des atomes), ressemble particulièrement à celle de la croûte terrestre[132].
144
+
145
+ Les modèles informatiques des astrophysiciens Mikael Granvik, Jérémie Vaubaillon et Robert Jedicke suggèrent que des « satellites temporaires » devraient être tout à fait communs et que « à tout instant, il devrait y avoir au moins un satellite naturel, possédant un diamètre de 1 mètre, en orbite autour de la Terre »[trad 1],[133]. Ces objets resteraient en orbite durant en moyenne dix mois avant de revenir dans une orbite solaire.
146
+
147
+ L'une des premières mentions dans la littérature scientifique d'un satellite temporaire est celle de Clarence Chant lors de la grande procession météorique de 1913[134] :
148
+
149
+ « Il semblerait que les corps ayant voyagé à travers l'espace, probablement selon une orbite autour du Soleil et passant près de la Terre, auraient pu être capturés par celle-ci et être amenés à se déplacer autour d'elle comme un satellite[trad 2],[135]. »
150
+
151
+ Dans les faits, un tel objet est connu. En effet, entre 2006 et 2007, 2006 RH120 était effectivement temporairement en orbite autour de notre planète plutôt qu'autour du Soleil[136].
152
+
153
+ Le 21 septembre 2012, des chutes de météorites ont lieu sur les îles Britanniques et l'Amérique du Nord. L'origine de ces météorites pourrait être un petit corps en orbite autour de la Terre[137].
154
+
155
+ En janvier 2014, on compte 1 167 satellites artificiels en orbite autour de la Terre (contre 931 en 2011)[138].
156
+
157
+ 2010 TK7 est le premier astéroïde troyen connu de la Terre, autour du point de Lagrange L4 du couple Terre-Soleil, 60° en avance par rapport à la Terre sur son orbite autour du Soleil.
158
+
159
+ Les nuages de Kordylewski graviteraient aux points L4 et L5 du système Terre-Lune, mais leur existence reste incertaine à ce jour.
160
+
161
+ La Terre a au moins sept quasi-satellites :
162
+
163
+ Une planète qui peut abriter la vie est dite habitable même si la vie n'y est pas présente, ou n'en est pas originaire. La Terre fournit de l'eau liquide, des environnements où les molécules organiques complexes peuvent s'assembler et interagir, et suffisamment d'une énergie dite « douce » pour maintenir, pendant une durée suffisamment longue, un système de métabolismes[139]. La distance de la Terre au Soleil, de même que son excentricité orbitale, sa vitesse de rotation, l'inclinaison de son axe, son histoire géologique, une atmosphère restée non-agressive pour les molécules organiques malgré une évolution de composition chimique drastique, et un champ magnétique protecteur contribuent également, depuis l'apparition de la vie terrestre, aux conditions d'habitabilité à sa surface[140].
164
+
165
+ Les formes de vie de la planète sont parfois désignées comme formant une « biosphère ». On considère généralement que cette biosphère a commencé à évoluer il y a environ 3,5 milliards d'années. La biosphère est divisée en plusieurs biomes, habités par des groupes similaires de plantes et d'animaux. Sur terre, les biomes sont principalement séparés par des différences de latitudes, l'altitude et l'humidité. Les biomes terrestres se trouvant au-delà des cercles Arctique et Antarctique, en haute altitude ou dans les zones très arides sont relativement dépourvus de vie animale et végétale alors que la biodiversité est maximale dans les forêts tropicales humides[141].
166
+
167
+ La Terre fournit des ressources qui sont exploitables par les humains pour diverses utilisations. Certaines ne sont pas renouvelables, comme les combustibles fossiles, qui sont difficiles à reconstituer sur une courte échelle de temps. D'importantes quantités de combustibles fossiles peuvent être obtenues de la croûte terrestre, comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou les hydrates de méthane. Ces dépôts sont utilisés pour la production d'énergie, et en tant que matière première pour l'industrie chimique. Les minerais se sont formés dans la croûte terrestre et sont constitués de divers éléments chimiques utiles comme les métaux[142].
168
+
169
+ La biosphère terrestre produit de nombreuses ressources biologiques pour les humains, comme de la nourriture, du bois, des médicaments, de l'oxygène et assure également le recyclage de nombreux déchets organiques. Les écosystèmes terrestres dépendent de la couche arable et de l'eau douce, tandis que les écosystèmes marins sont basés sur les nutriments dissous dans l'eau[143]. Les humains vivent également sur terre en utilisant des matériaux de construction pour fabriquer des abris. En 1993, l'utilisation humaine des terres était approximativement répartie ainsi :
170
+
171
+ La superficie irriguée estimée en 1993 était de 2 481 250 km2[87].
172
+
173
+ D'importantes zones de la surface terrestre sont sujettes à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones, des ouragans ou des typhons qui dominent la vie dans ces régions. De 1980 à 2000, ces événements ont causé environ 11 800 morts par an[144]. De même, de nombreuses régions sont exposées aux séismes, aux glissements de terrain, aux éruptions volcaniques, aux tsunamis, aux tornades, aux dolines, aux blizzards, aux inondations, aux sécheresses, aux incendies de forêt et autres calamités et catastrophes naturelles.
174
+
175
+ De nombreuses régions sont sujettes à la pollution de l'air et de l'eau créée par l'homme, aux pluies acides, aux substances toxiques, à la perte de végétation (surpâturage, déforestation, désertification), à la perte de biodiversité, à la dégradation des sols, à l'érosion et à l'introduction d'espèces invasives.
176
+
177
+ Selon les Nations unies, un consensus scientifique existe qui lie les activités humaines au réchauffement climatique du fait des émissions industrielles de dioxyde de carbone, et plus généralement des gaz à effet de serre. Cette modification du climat risque de provoquer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des amplitudes de température plus extrêmes, d'importants changements de la météorologie et une élévation du niveau de la mer[145],[146].
178
+
179
+ La Terre compte approximativement 7,3 milliards d'habitants en 2015[148]. Les projections indiquent que la population mondiale atteindra 9,7 milliards d'habitants en 2050[148]. La plupart de cette croissance devrait se faire dans les pays en développement. La région de l'Afrique subsaharienne a le taux de natalité le plus élevé au monde. La densité de population humaine varie considérablement autour du monde, mais une majorité vit en Asie. En 2020, 60 % de la population devrait vivre dans des zones urbaines plutôt que rurales[149].
180
+
181
+ On estime que seul un-huitième de la surface de la Terre convient pour les humains ; trois-quarts de la Terre sont recouverts par les océans et la moitié des terres émergées sont des déserts (14 %)[150], des hautes montagnes (27 %)[151] ou d'autres milieux peu accueillants. L'implantation humaine permanente la plus au nord est Alert sur l'île d'Ellesmere au Canada (82°28′N)[152]. La plus au sud est la station d'Amundsen-Scott en Antarctique située près du pôle sud (90°S)[réf. nécessaire].
182
+
183
+ La totalité des terres émergées, à l'exception de certaines zones de l'Antarctique et du Bir Tawil non revendiqué que ce soit par l'Égypte ou le Soudan, sont revendiquées par des nations indépendantes. En 2011, on compte 204 États souverains dont 193 sont membres des Nations unies. De plus, il existe 59 territoires à souveraineté limitée et de nombreuses entités autonomes ou contestées[87]. Historiquement la Terre n'a jamais connu une souveraineté s'étendant sur l'ensemble de la planète même si de nombreuses nations ont tenté d'obtenir une domination mondiale et ont échoué[153].
184
+
185
+ L'Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui fut créée dans le but de régler pacifiquement les conflits entre nations[154]. Les Nations unies servent principalement de lieu d'échange pour la diplomatie et le droit international public. Lorsque le consensus est obtenu entre les différents membres, une opération armée peut être envisagée[155].
186
+
187
+ Le premier astronaute humain à avoir orbité autour de la Terre fut Youri Gagarine le 12 avril 1961[156]. Au total, en 2015, environ 550 personnes se sont rendues dans l'espace et douze d'entre elles ont marché sur la Lune[157],[158],[159]. En temps normal, au début du 21e siècle, les seuls humains dans l'espace sont ceux se trouvant dans la station spatiale internationale qui est habitée en permanence, les stations spatiales chinoises n'ayant eu dans les années 2010 que des séjours de courtes durées. Les astronautes de la mission Apollo 13 sont les humains qui se sont le plus éloignés de la Terre avec 400 171 kilomètres en 1970[160].
188
+
189
+ Dans le passé, la croyance en une terre plate[161] fut contredite par les observations et par les circumnavigations et le modèle d'une Terre sphérique s'imposa[162].
190
+
191
+ À la différence des autres planètes du Système solaire, l'humanité n'a pas considéré la Terre comme un objet mobile en rotation autour du Soleil avant le XVIe siècle[163]. La Terre a souvent été personnifiée en tant que déité, en particulier sous la forme d'une déesse. Les mythes de la création de nombreuses religions relatent la création de la Terre par une ou plusieurs divinités[réf. nécessaire].
192
+
193
+ Quelques groupes religieux souvent affiliés aux branches fondamentalistes du protestantisme[164] et de l'islam[165] avancent que leur interprétation des mythes de la création dans les textes sacrés est la vérité et que celle-ci devrait être considérée comme l'égale des hypothèses scientifiques conventionnelles concernant la formation de la Terre et le développement de la vie voire devrait les remplacer[166]. De telles affirmations sont rejetées par la communauté scientifique[167],[168] et par les autres groupes religieux[169],[170],[171].
194
+
195
+ La vision humaine concernant la Terre a évolué depuis les débuts de l'aérospatiale et la biosphère est maintenant vue selon une perspective globale[172],[173]. Cela est reflété dans le développement de l'écologie qui s'inquiète de l'impact de l'humanité sur la planète[174].
196
+
197
+ Dès 1945, Paul Valéry, dans son ouvrage Regards sur le monde actuel, estimait que « le temps du monde fini commence »[175]. Par « monde », il n'entendait pas le monde-univers des Anciens, mais notre monde actuel, c'est-à-dire, la Terre et l'ensemble de ses habitants.
198
+
199
+ Bertrand de Jouvenel a évoqué la finitude de la Terre dès 1968[176].
200
+
201
+ Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans la nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Estimant que cette finitude est suffisamment connue et prouvée pour qu'il soit inutile de l'illustrer, il souligne qu'elle a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique. La preuve expérimentale du raccordement symbolique de l'écologie à la culture a été fournie par les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune. Ils dirent que la Terre était belle, précieuse, et fragile. C'est-à-dire que l'Homme a le devoir de la protéger[177].
202
+
203
+ La finitude écologique de la Terre est une question devenue tellement prégnante que certains philosophes (Heidegger, Grondin, Schürch) ont pu parler d'une éthique de la finitude[178].
204
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205
+ Les concepts d'empreinte écologique et de biocapacité permettent d'appréhender les problèmes liés à la finitude écologique de la Terre[réf. nécessaire].
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+
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+
3
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+
5
+ La Terre est une planète du Système solaire, la troisième plus proche du Soleil et la cinquième plus grande, tant en taille qu'en masse, de ce système planétaire dont elle est également la plus massive des planètes telluriques.
6
+
7
+ La Terre s'est formée il y a 4,54 milliards d'années environ et la vie y est apparue moins d'un milliard d'années plus tard[1]. La planète abrite des millions d'espèces vivantes, dont les humains[2]. La biosphère de la Terre a fortement modifié l'atmosphère et les autres caractéristiques abiotiques de la planète, permettant la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation d'une couche d'ozone qui, associée au champ magnétique terrestre, bloque une partie du rayonnement solaire, permettant ainsi la vie sur Terre[3]. Les propriétés physiques de la Terre, de même que son histoire géologique et son orbite, ont permis à la vie de subsister durant cette période. De plus, la Terre devrait pouvoir maintenir la vie (telle que nous la connaissons actuellement) durant encore au moins 500 millions d'années[4],[5].
8
+
9
+ La croûte terrestre est divisée en plusieurs segments rigides appelés plaques tectoniques qui se déplacent sur des millions d'années. Environ 71 % de la surface terrestre est couverte par des océans d'eau salée qui forment l'hydrosphère avec les autres sources d'eau comme les lacs, les fleuves ou les nappes phréatiques. Les pôles géographiques de la Terre sont principalement recouverts de glace (inlandsis et banquise). L'intérieur de la planète reste actif avec un épais manteau composé de roches silicatées (généralement solides, mais localement fondues), un noyau externe de fer liquide qui génère le champ magnétique, et un noyau interne de fer solide.
10
+
11
+ La Terre interagit avec les autres objets spatiaux, principalement le Soleil et la Lune. Actuellement, la Terre orbite autour du Soleil en 365,256 363 jours solaires ou une année sidérale[a]. L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23,437°[6] par rapport à la perpendiculaire du plan de l'écliptique, ce qui produit des variations saisonnières sur la surface de la planète avec une période d'une année tropique (365,24219 jours solaires)[7]. Le seul satellite naturel connu de la Terre est la Lune qui commença à orbiter il y a 4,5 milliards d'années. Celle-ci provoque les marées, stabilise l'inclinaison axiale et ralentit lentement la rotation terrestre. Il y a environ 3,8 milliards d'années, lors du grand bombardement tardif, de nombreux impacts d'astéroïdes causèrent alors d'importantes modifications de sa surface.
12
+
13
+ La Terre a pour particularité, du point de vue de l'être humain, d'être le seul endroit connu de l'univers à abriter la vie telle que nous la connaissons, comme la faune (dont entre autres l'espèce humaine) et la flore. Les cultures humaines ont développé de nombreuses représentations de la planète, dont une personnification en tant que déité, la croyance en une terre plate, la Terre en tant que centre de l'univers et la perspective moderne d'un monde en tant que système global nécessitant une gestion raisonnable.
14
+
15
+ La science qui étudie la Terre est la géologie. Compte tenu de l'influence de la vie sur la composition de l'atmosphère, des océans et des roches sédimentaires, la géologie emprunte à la biologie une partie de sa chronologie et de son vocabulaire.
16
+
17
+ L'âge de la Terre est aujourd'hui estimé à 4,54 milliards d'années[8]. L'histoire de la Terre est divisée en quatre grands intervalles de temps, dits éons :
18
+
19
+ La formation de la Terre par accrétion était presque terminée en moins de 20 millions d'années[11]. Initialement en fusion, la couche externe de la Terre s'est refroidie pour former une croûte solide lorsque l'eau commença à s'accumuler dans l'atmosphère, aboutissant aux premières pluies et aux premiers océans. La Lune s'est formée peu de temps après, il y a 4,53 milliards d'années[12]. Le consensus actuel[13] pour la formation de la Lune est l'hypothèse de l'impact géant, selon laquelle un objet (quelquefois appelé Théia), de la taille de Mars et de masse environ égale au dixième de la masse terrestre[14], est entré en collision avec la Terre[15]. Dans ce modèle, une partie de cet objet se serait agglomérée avec la Terre tandis qu'une autre partie, mêlée avec peut-être 10 % de la masse totale de la Terre, aurait été éjectée dans l'espace, où elle aurait formé la Lune.
20
+
21
+ L'activité volcanique a produit une atmosphère primitive. De la vapeur d'eau condensée ayant plusieurs origines possibles, mêlée à de la glace apportée par des comètes, a produit les océans[16]. Une combinaison de gaz à effet de serre et d'importants niveaux d'activité solaire permirent d'augmenter la température à la surface de la Terre et empêchèrent les océans de geler[17]. Vers −3,5 milliards d'années, le champ magnétique se forma et il permit d'éviter à l'atmosphère d'être balayée par le vent solaire[18].
22
+
23
+ Deux principaux modèles ont été proposés pour expliquer la vitesse de croissance continentale[19] : une croissance constante jusqu'à nos jours[20] et une croissance rapide au début de l'histoire de la Terre[21]. Les recherches actuelles montrent que la deuxième hypothèse est la plus probable avec une formation rapide de la croûte continentale[22] suivie par de faibles variations de la surface globale des continents[23],[24],[25]. Sur une échelle de temps de plusieurs centaines de millions d'années, les continents ou supercontinents se forment puis se divisent. C'est ainsi qu'il y a environ 750 millions d'années, le plus vieux des supercontinents connus, Rodinia, commença à se disloquer. Les continents entre lesquels il s'était divisé se recombinèrent plus tard pour former Pannotia, il y a 650-540 millions d'années, puis finalement Pangée, au Permien, qui se fragmenta il y a 180 millions d'années[26].
24
+
25
+ On suppose qu'une activité chimique intense dans un milieu hautement énergétique a produit une molécule capable de se reproduire, dans un système particulier, il y a environ 4 milliards d'années. On pense que la vie elle-même serait apparue entre 200 et 500 millions d'années plus tard[27].
26
+
27
+ Le développement de la photosynthèse, active depuis bien avant 3 à 3,5 milliards d'années avant le présent, permit à la vie d'exploiter directement l'énergie du Soleil. Celle-ci produisit de l'oxygène qui s'accumula dans l'atmosphère, à partir d'environ 2,5 milliards d'années avant le présent, et forma la couche d'ozone (une forme d'oxygène [O3]) dans la haute atmosphère, lorsque les niveaux d'oxygène dépassèrent quelques pourcents. Le regroupement de petites cellules entraîna le développement de cellules complexes appelées eucaryotes[28]. Les premiers organismes multicellulaires formés de cellules au sein de colonies devinrent de plus en plus spécialisés. Aidées par l'absorption des dangereux rayons ultraviolets par la couche d'ozone, des colonies bactériennes pourraient avoir colonisé la surface de la Terre, dès ces époques lointaines[29]. Les plantes et les animaux pluricellulaires ne colonisèrent la terre ferme qu'à partir de la fin du Cambrien (pour mousses, lichens et champignons) et pendant l'Ordovicien (pour les premiers végétaux vasculaires et les arthropodes), le Silurien (pour les gastéropodes ?) et le Dévonien (pour les vertébrés)[réf. nécessaire].
28
+
29
+ Depuis les années 1960, il a été proposé une hypothèse selon laquelle une ou plusieurs séries de glaciations globales eurent lieu il y a 750 à 580 millions d'années, pendant le Néoprotérozoïque, et qui couvrirent la planète d'une couche de glace. Cette hypothèse a été nommée Snowball Earth (« Terre boule de neige »), et est d'un intérêt particulier parce qu'elle précède l'explosion cambrienne, quand des formes de vies multicellulaires commencèrent à proliférer[30].
30
+
31
+ À la suite de l'explosion cambrienne, il y a environ 535 millions d'années, cinq extinctions massives se produisirent[31]. La dernière extinction majeure date de 66 millions d'années, quand une météorite est entrée en collision avec la Terre, exterminant les dinosaures et d'autres grands reptiles, épargnant de plus petits animaux comme les mammifères, les oiseaux, ou encore les lézards[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les 66 millions d'années qui se sont écoulées depuis, les mammifères se sont diversifiés, le genre humain (Homo) s'étant développé depuis deux millions d'années. Des changements périodiques à long terme de l'orbite de la Terre, causés par l'influence gravitationnelle des autres astres, sont probablement une des causes des glaciations qui ont plus que doublé les zones polaires de la planète, périodiquement dans les derniers millions d'années[réf. nécessaire].
34
+
35
+ À l'issue de la dernière glaciation, le développement de l'agriculture et, ensuite, des civilisations, permit aux humains de modifier la surface de la Terre dans une courte période de temps, comme aucune autre espèce avant eux, affectant la nature tout comme les autres formes de vie[32].
36
+
37
+ Le futur de la Terre est très lié à celui du Soleil. Du fait de l'accumulation d'hélium dans le cœur du Soleil, la luminosité de l'étoile augmente lentement à l'échelle des temps géologiques. La luminosité va croître de 10 % au cours du 1,1 milliard d'années à venir et de 40 % sur les prochains 3,5 milliards d'années[33]. Les modèles climatiques indiquent que l'accroissement des radiations atteignant la Terre aura probablement des conséquences dramatiques sur la pérennité de son climat « terrestre », notamment la disparition des océans[34].
38
+
39
+ La Terre devrait cependant rester habitable durant encore plus de 500 millions d'années[4], cette durée pouvant passer à 2,3 milliards d'années si la pression atmosphérique diminue en retirant une partie de l'azote de l'atmosphère[35]. L'augmentation de la température terrestre va accélérer le cycle du carbone inorganique, réduisant sa concentration à des niveaux qui pourraient devenir trop faibles pour les plantes (10 ppm pour la photosynthèse du C4) dans environ 500[4] ou 900 millions d'années. La réduction de la végétation entraînera la diminution de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, ce qui provoquera la disparition progressive de la plupart des formes de vies animales[36]. Ensuite, la température moyenne (de la Terre) augmentera plus vite en raison de l'emballement de l'effet de serre par la vapeur d'eau, vers 40 à 50 °C[36]. Dans 1 milliard à 1,7 milliard d'années, la température sera si élevée que les océans s'évaporeront, précipitant le climat de la Terre dans celui de type vénusien, et faisant disparaître toute forme simple de vie à la surface de la Terre[5],[37].
40
+
41
+ Même si le Soleil était éternel et stable, le refroidissement interne de la Terre entraînerait la baisse du niveau de CO2 du fait d'une réduction du volcanisme[38], et 35 % de l'eau des océans descendrait dans le manteau du fait de la baisse des échanges au niveau des dorsales océaniques[39].
42
+
43
+ Dans le cadre de son évolution, le Soleil deviendra une géante rouge dans plus de 5 milliards d'années. Les modèles prédisent qu'il gonflera jusqu'à atteindre environ 250 fois son rayon actuel[33],[40].
44
+
45
+ Le destin de la Terre est moins clair. En tant que géante rouge, le Soleil va perdre environ 30 % de sa masse, donc sans prendre en compte les effets de marée, la Terre se déplacerait sur une orbite à 1,7 ua (254 316 600 km) du Soleil lorsque celui-ci atteindra sa taille maximale. La planète ne devrait donc pas être engloutie par les couches externes du Soleil même si l'atmosphère restante finira par être « soufflée » dans l'espace, et la croûte terrestre finira par fondre pour se transformer en un océan de lave, lorsque la luminosité solaire atteindra environ 5 000 fois son niveau actuel[33]. Cependant, une simulation de 2008 indique que l'orbite terrestre va se modifier du fait des effets de marées et poussera la Terre à entrer dans l'atmosphère du Soleil où elle sera absorbée et vaporisée[40].
46
+
47
+ La forme de la Terre est approchée par un ellipsoïde, une sphère aplatie aux pôles[41]. La rotation de la Terre entraîne l'apparition d'un léger bourrelet de sorte que le diamètre à l’équateur est 43 kilomètres plus long que le diamètre polaire (du pôle Nord au pôle Sud)[42]. Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ 12 742 kilomètres, ce qui est approximativement 40 000 kilomètres/π, car le mètre était initialement défini comme 1/10 000 000e (dix-millionième) de la distance de l'équateur au pôle Nord en passant par Paris[43],[44].
48
+
49
+ La topographie locale dévie de ce sphéroïde idéalisé même si à grande échelle, ces variations sont faibles : la Terre a une tolérance d'environ 0,17 % par rapport au sphéroïde parfait. Proportionnellement, c'est un peu moins lisse qu'une boule de billard neuve, alors qu'une boule de billard usée peut présenter des aspérités légèrement plus marquées[45]. Les plus grandes variations dans la surface rocheuse de la Terre sont l'Everest (8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer) et la fosse des Mariannes (10 911 mètres sous le niveau de la mer). Du fait du bourrelet équatorial, les lieux les plus éloignés du centre de la Terre sont les sommets du Chimborazo en Équateur et du Huascarán au Pérou[46],[47],[48]. Pour la même raison, l'embouchure du Mississippi est plus éloignée du centre de la Terre que sa source[49].
50
+
51
+ Le rayon de la Terre est d'environ 6 371 km, selon divers modèles sphériques. La Terre n'étant pas parfaitement sphérique, la distance entre son centre et la surface varie de 6 352,8 km (fond de l'océan Arctique) à 6 384,415 km (sommet du Chimborazo)[50]. Le rayon équatorial est de 6 378,137 0 km, alors que le rayon polaire est de 6 356,752 3 km (modèle ellipsoïde de sphère aplatie aux pôles).
52
+
53
+ La masse de la Terre est estimée à 5,972 2 × 1024 kg. On la détermine en divisant la constante géocentrique GM par la constante de gravitation G. Sa précision est limitée par celle de G, le produit GM pouvant être déduit des mesures de géodésie spatiale avec une précision bien supérieure.
54
+
55
+ La Terre est une planète tellurique, c'est-à-dire une planète essentiellement rocheuse à noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses, telles que Jupiter, essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). Il s'agit de la plus grande des quatre planètes telluriques du Système solaire, que ce soit par la taille ou la masse. De ces quatre planètes, la Terre a aussi la masse volumique globale la plus élevée, la plus forte gravité de surface, le plus puissant champ magnétique global, la vitesse de rotation la plus élevée[51] et est probablement la seule avec une tectonique des plaques active[52].
56
+
57
+ La surface externe de la Terre est divisée en plusieurs segments rigides, ou plaques tectoniques, qui se déplacent lentement sur la surface sur des durées de plusieurs millions d'années. Environ 71 % de la surface est couverte d'océans d'eau salée, les 29 % restants étant des continents et des îles. L'eau liquide, nécessaire à la vie telle que nous la connaissons, est très abondante sur Terre, et aucune autre planète n'a encore été découverte avec des étendues d'eau liquide (lacs, mers, océans) à sa surface.
58
+
59
+ La Terre est principalement composée de fer (32,1 %[54]), d'oxygène (30,1 %), de silicium (15,1 %), de magnésium (13,9 %), de soufre (2,9 %), de nickel (1,8 %), de calcium (1,5 %) et d'aluminium (1,4 %), le reste (1,2 %) consistant en de légères traces d'autres éléments. Les éléments les plus denses ayant tendance à se concentrer au centre de la Terre (phénomène de différenciation planétaire), on pense que le cœur de la Terre est composé majoritairement de fer (88,8 %), avec une plus petite quantité de nickel (5,8 %), de soufre (4,5 %) et moins de 1 % d'autres éléments[55].
60
+
61
+ Le géochimiste F. W. Clarke a calculé que 47 % (en poids, soit 94 % en volume[56]) de la croûte terrestre était faite d'oxygène, présent principalement sous forme d'oxydes, dont les principaux sont les oxydes de silicium (sous forme de silicates), d'aluminium (aluminosilicates), de fer, de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. La silice est le constituant majeur de la croûte, sous forme de pyroxénoïdes, les minéraux les plus communs des roches magmatiques et métamorphiques. Après une synthèse basée sur l'analyse de 1 672 types de roches, Clarke a obtenu les pourcentages présentés dans le tableau ci-contre[57].
62
+
63
+ L'intérieur de la Terre, comme celui des autres planètes telluriques, est stratifié, c'est-à-dire organisé en couches concentriques superposées, ayant des densités croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches se distinguent par leur nature pétrologique (contrastes chimiques et minéralogiques) et leurs propriétés physiques (changements d'état physique, propriétés rhéologiques). La couche extérieure de la Terre solide, fine à très fine relativement au rayon terrestre, s'appelle la croûte ; elle est solide, et chimiquement distincte du manteau, solide, sur lequel elle repose ; sous l'effet combiné de la pression et de la température, avec la profondeur, le manteau passe d'un état solide fragile (cassant, sismogène, « lithosphérique ») à un état solide ductile (plastique, « asthénosphérique », et donc caractérisé par une viscosité plus faible, quoiqu'encore extrêmement élevée). La surface de contact entre la croûte et le manteau est appelée le Moho ; il se visualise très bien par les méthodes sismiques du fait du fort contraste de vitesse des ondes sismiques, entre les deux côtés. L'épaisseur de la croûte varie de 6 kilomètres sous les océans jusqu'à plus de 50 kilomètres en moyenne sous les continents. La croûte et la partie supérieure froide et rigide du manteau supérieur sont appelés lithosphère ; leur comportement horizontalement rigide à l'échelle du million à la dizaine de millions d'années est à l'origine de la tectonique des plaques. L'asthénosphère se trouve sous la lithosphère et est une couche convective, relativement moins visqueuse sur laquelle la lithosphère se déplace en « plaques minces ». Des changements importants dans la structure cristallographique des divers minéraux du manteau, qui sont des changements de phase au sens thermodynamique, vers respectivement les profondeurs de 410 kilomètres et de 670 kilomètres sous la surface, encadrent une zone dite de transition, définie initialement sur la base des premières images sismologiques. Actuellement, on appelle manteau supérieur la couche qui va du Moho à la transition de phase vers 670 kilomètres de profondeur, la transition à 410 kilomètres de profondeur étant reconnue pour ne pas avoir une importance majeure sur le processus de convection mantellique, au contraire de l'autre. Et l'on appelle donc manteau inférieur la zone comprise entre cette transition de phase à 670 kilomètres de profondeur, et la limite noyau-manteau. Sous le manteau inférieur, le noyau terrestre, composé à presque 90 % de fer métal, constitue une entité chimiquement originale de tout ce qui est au-dessus, à savoir la Terre silicatée. Ce noyau est lui-même stratifié en un noyau externe liquide et très peu visqueux (viscosité de l'ordre de celle d'une huile moteur à 20 °C), qui entoure un noyau interne solide[58] encore appelé graine. Cette graine résulte de la cristallisation du noyau du fait du refroidissement séculaire de la Terre. Cette cristallisation, par la chaleur latente qu'elle libère, est source d'une convection du noyau externe, laquelle est la source du champ magnétique terrestre. L'absence d'un tel champ magnétique sur les autres planètes telluriques laisse penser que leurs noyaux métalliques, dont les présences sont nécessaires pour expliquer les données astronomiques de densité et de moment d'inertie, sont totalement cristallisés. Selon une interprétation encore débattue de données sismologiques, le noyau interne terrestre semblerait tourner à une vitesse angulaire légèrement supérieure à celle du reste de la planète, avançant relativement de 0,1 à 0,5° par an[59].
64
+
65
+ La chaleur interne de la Terre est issue d'une combinaison de l'énergie résiduelle issue de l'accrétion planétaire (environ 20 %) et de la chaleur produite par les éléments radioactifs (80 %)[62]. Les principaux isotopes producteurs de chaleur de la Terre sont le potassium 40, l'uranium 238, l'uranium 235 et le thorium 232[63]. Au centre de la planète, la température pourrait atteindre 7 000 K et la pression serait de 360 GPa[64]. Comme la plus grande partie de la chaleur est issue de la désintégration des éléments radioactifs, les scientifiques considèrent qu'au début de l'histoire de la Terre, avant que les isotopes à courte durée de vie ne se soient désintégrés, la production de chaleur de la Terre aurait été bien plus importante. Cette production supplémentaire, deux fois plus importante il y a trois milliards d'années qu'aujourd'hui[62], aurait accru les gradients de températures dans la Terre et donc le rythme de la convection mantellique et de la tectonique des plaques, ce qui aurait permis la formation de roches ignées comme les komatiites, qui ne sont plus formées aujourd'hui[65].
66
+
67
+ La perte moyenne de chaleur par la Terre est de 87 mW/m2 pour une perte globale de 4,42 × 1013 W[67],[68](44,2 TW). Une portion de l'énergie thermique du noyau est transportée vers la croûte par des panaches, une forme de convection où des roches semi-fondues remontent vers la croûte. Ces panaches peuvent produire des points chauds et des trapps[69]. La plus grande partie de la chaleur de la Terre est perdue à travers la tectonique des plaques au niveau des dorsales océaniques. La dernière source importante de perte de chaleur est la conduction à travers la lithosphère, la plus grande partie ayant lieu dans les océans, car la croûte y est plus mince que celle des continents, surtout au niveau des dorsales[70].
68
+
69
+ Les plaques tectoniques sont des segments rigides de lithosphère qui se déplacent les uns par rapport aux autres. Les relations cinématiques qui existent aux frontières des plaques peuvent être regroupées en trois domaines : des domaines de convergence où deux plaques se rencontrent, de divergence où deux plaques se séparent et des domaines de transcurrence où les plaques se déplacent latéralement les unes par rapport aux autres. Les tremblements de terre, l'activité volcanique, la formation des montagnes et des fosses océaniques sont plus fréquents le long de ces frontières[73]. Le mouvement des plaques tectoniques est lié aux mouvements de convection ayant lieu dans le manteau terrestre[74].
70
+
71
+ Du fait du mouvement des plaques tectoniques, le plancher océanique plonge sous les bords des autres plaques. Au même moment, la remontée du magma au niveau des frontières divergentes crée des dorsales. La combinaison de ces processus permet un recyclage continuel de la lithosphère océanique qui retourne dans le manteau. Par conséquent, la plus grande partie du plancher océanique est âgée de moins de 100 millions d'années. La plus ancienne croûte océanique est localisée dans l'ouest du Pacifique et a un âge estimé de 200 millions d'années[75],[76]. Par comparaison, les éléments les plus anciens de la croûte continentale sont âgés de 4 030 millions d'années[77].
72
+
73
+ Il existe sept principales plaques, Pacifique, Nord-Américaine, Eurasienne, Africaine, Antarctique, Australienne et Sud-Américaine. Parmi les plaques importantes, on peut également citer les plaques Arabique, Caraïbe, Nazca à l'ouest de la côte occidentale de l'Amérique du Sud et la plaque Scotia dans le sud de l'océan Atlantique. La plaque australienne fusionna avec la plaque indienne il y a 50 millions d'années. Les plaques océaniques sont les plus rapides : la plaque de Cocos avance à un rythme de 75 mm/an[78] et la plaque pacifique à 52–69 mm/an. À l'autre extrême, la plus lente est la plaque eurasienne progressant à une vitesse de 21 mm/an[79].
74
+
75
+ Le relief de la Terre diffère énormément suivant le lieu. Environ 70,8 %[80] de la surface du globe est recouverte par de l'eau et une grande partie du plateau continental se trouve sous le niveau de la mer. Les zones submergées ont un relief aussi varié que les autres dont une dorsale océanique faisant le tour de la Terre ainsi que des volcans sous-marins[42], des fosses océaniques, des canyons sous-marins, des plateaux et des plaines abyssales. Les 29,2 % non recouvertes d'eau sont composés de montagnes, de déserts, de plaines, de plateaux et d'autres géomorphologies.
76
+
77
+ La surface planétaire subit de nombreuses modifications du fait de la tectonique et de l'érosion. Les éléments de surface construits ou déformés par la tectonique des plaques sont sujets à une météorisation constante du fait des précipitations, des cycles thermiques et des effets chimiques. Les glaciations, l'érosion du littoral, la construction des récifs coralliens et les impacts météoriques[81] contribuent également aux modifications du paysage[réf. nécessaire].
78
+
79
+ La lithosphère continentale est composée de matériaux de faible densité comme les roches ignées : granite et andésite. Le basalte est moins fréquent et cette roche volcanique dense est le principal constituant du plancher océanique[83]. Les roches sédimentaires se forment par l'accumulation de sédiments qui se compactent. Environ 75 % des surfaces continentales sont recouvertes de roches sédimentaires même si elles ne représentent que 5 % de la croûte[84]. Le troisième type de roche rencontré sur Terre est la roche métamorphique, créée par la transformation d'autres types de roche en présence de hautes pressions, de hautes températures ou les deux. Parmi les silicates les plus abondants de la surface terrestre, on peut citer le quartz, le feldspath, l'amphibole, le mica, le pyroxène et l'olivine[85]. Les carbonates courants sont la calcite (composant du calcaire) et la dolomite[86].
80
+
81
+ La pédosphère est la couche la plus externe de la Terre. Elle est composée de sol et est sujette au processus de formation du sol. Elle se trouve à la rencontre de la lithosphère, de l'atmosphère, de l'hydrosphère et de la biosphère. Actuellement, les zones arables représentent 13,31 % de la surface terrestre et seulement 4,71 % supportent des cultures permanentes[87]. Près de 40 % de la surface terrestre est utilisée pour l'agriculture et l'élevage soit environ 1,3 × 107 km2 de cultures et 3,4 × 107 km2 de pâturage[88].
82
+
83
+ L'altitude de la surface terrestre de la Terre varie de −418 mètres au niveau des rives de la mer Morte à 8 848 mètres au sommet de l'Everest. L'altitude moyenne des terres émergées est de 840 mètres au-dessus du niveau de la mer[89].
84
+
85
+ L'abondance de l'eau sur la surface de la Terre est une caractéristique unique qui distingue la « planète bleue » des autres planètes du Système solaire. L'hydrosphère terrestre est principalement composée par les océans, mais techniquement elle inclut également les mers, les lacs, les rivières et les eaux souterraines jusqu'à une profondeur de 2 000 mètres. La Challenger Deep de la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique est le lieu immergé le plus profond avec une profondeur de 10 911 mètres[e],[90].
86
+
87
+ La masse des océans est d'environ 1,35 × 1018 t , soit environ 1/4 400e de la masse totale de la Terre. Les océans couvrent une superficie de 3,618 × 108 km2 avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, soit un volume estimé à 1,332 × 109 km3[91]. Environ 97,5 % de l'eau terrestre est salée. Les 2,5 % restants sont composés d'eau douce, mais environ 68,7 % de celle-ci est immobilisée sous forme de glace[92].
88
+
89
+ La salinité moyenne des océans est d'environ 35 grammes de sel par kilogramme d'eau de mer (35 ‰)[93]. La plupart de ce sel fut libéré par l'activité volcanique ou par l'érosion des roches ignées[94]. Les océans sont également un important réservoir de gaz atmosphériques dissous qui sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie aquatiques[95]. L'eau de mer a une grande influence sur le climat mondial du fait de l'énorme réservoir de chaleur que constituent les océans[96]. Des changements dans les températures océaniques peuvent entraîner des phénomènes météorologiques très importants comme El Niño[97].
90
+
91
+ La Terre est entourée d'une enveloppe gazeuse qu'elle retient par attraction gravitationnelle : l'atmosphère. L'atmosphère de la Terre est intermédiaire entre celle, très épaisse, de Vénus, et celle, très ténue, de Mars. La pression atmosphérique au niveau de la mer est en moyenne de 101 325 Pa, soit 1 atm par définition[98]. L'atmosphère est constituée de 78,09 % d'azote, de 20,95 % d'oxygène, de 0,93 % d'argon et de 0,039 % de dioxyde de carbone, ainsi que de divers autres gaz dont de la vapeur d'eau. La hauteur de la troposphère varie avec la latitude entre 8 kilomètres aux pôles et 17 kilomètres à l'équateur, avec quelques variations résultant de facteurs météorologiques et saisonniers[99].
92
+
93
+ La biosphère de la Terre a fortement altéré son atmosphère. La photosynthèse à base d'oxygène apparut il y a 2,7 milliards d'années et forma l'atmosphère actuelle, principalement composée d'azote et d'oxygène. Ce changement permit la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation de la couche d'ozone bloquant les rayons ultraviolets émis par le Soleil. L'atmosphère favorise également la vie en transportant la vapeur d'eau, en fournissant des gaz utiles, en faisant brûler les petites météorites avant qu'elles ne frappent la surface et en modérant les températures[100]. Ce dernier phénomène est connu sous le nom d'effet de serre : des molécules présentes en faible quantité dans l'atmosphère bloquent la déperdition de chaleur dans l'espace et font ainsi augmenter la température globale. La vapeur d'eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l'ozone sont les principaux gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre. Sans cette conservation de la chaleur, la température moyenne sur Terre serait de −18 °C par rapport aux 15 °C actuels[80].
94
+
95
+ L'atmosphère terrestre n'a pas de limite clairement définie, elle disparaît lentement dans l'espace. Les trois-quarts de la masse de l'air entourant la Terre sont concentrés dans les premiers 11 kilomètres de l'atmosphère. Cette couche la plus inférieure est appelée la troposphère. L'énergie du Soleil chauffe cette couche et la surface en dessous, ce qui entraîne une expansion du volume atmosphérique par dilatation de l'air, ce qui a pour effet de réduire sa densité et ce qui l’amène à s'élever et à être remplacé par de l'air plus dense, car plus froid. La circulation atmosphérique qui en résulte est un acteur déterminant dans le climat et la météorologie du fait de la redistribution de la chaleur, entre les différentes couches d'air qu'elle implique[101].
96
+
97
+ Les principales bandes de circulations sont les alizés dans la région équatoriale à moins de 30° et les vents d'ouest dans les latitudes intermédiaires entre 30° et 60°[102]. Les courants océaniques sont également importants dans la détermination du climat, en particulier la circulation thermohaline qui distribue l'énergie thermique des régions équatoriales vers les régions polaires[103].
98
+
99
+ La vapeur d'eau générée par l'évaporation de surface est transportée par les mouvements atmosphériques. Lorsque les conditions atmosphériques permettent une élévation de l'air chaud et humide, cette eau se condense et retombe sur la surface sous forme de précipitations[101]. La plupart de l'eau est ensuite transportée vers les altitudes inférieures par les réseaux fluviaux et retourne dans les océans ou dans les lacs. Ce cycle de l'eau est un mécanisme vital au soutien de la vie sur Terre et joue un rôle primordial dans l'érosion des reliefs terrestres. La distribution des précipitations est très variée, de plusieurs mètres à moins d'un millimètre par an. La circulation atmosphérique, les caractéristiques topologiques et les gradients de températures déterminent les précipitations moyenne sur une région donnée[104].
100
+
101
+ La quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue avec la hausse de la latitude. Aux latitudes les plus élevées, les rayons solaires atteignent la surface suivant un angle plus faible et doivent traverser une plus grande colonne d'atmosphère. Par conséquent, la température moyenne au niveau de la mer diminue d'environ 0,4 °C à chaque degré de latitude en s'éloignant de l'équateur[105]. La Terre peut être divisée en ceintures latitudinaires de climat similaires. En partant de l'équateur, celles-ci sont les zones tropicales (ou équatoriales), subtropicales, tempérées et polaires[106]. Le climat peut également être basé sur les températures et les précipitations. La classification de Köppen (modifiée par Rudolph Geiger, étudiant de Wladimir Peter Köppen) est la plus utilisée et définit cinq grands groupes (tropical humide, aride, tempéré, continental et polaire) qui peuvent être divisés en sous-groupes plus précis[102].
102
+
103
+ Au-dessus de la troposphère, l'atmosphère est habituellement divisée en trois couches, la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère[100]. Chaque couche possède un gradient thermique adiabatique différent définissant l'évolution de la température avec l'altitude. Au-delà, l'exosphère se transforme en magnétosphère, où le champ magnétique terrestre interagit avec le vent solaire[107]. La couche d'ozone se trouve dans la stratosphère et bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui est important pour la vie sur Terre. La ligne de Kármán, définie comme se trouvant à 100 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, est la limite habituelle entre l'atmosphère et l'espace[108].
104
+
105
+ L'énergie thermique peut accroître la vitesse de certaines particules de la zone supérieure de l'atmosphère qui peuvent ainsi échapper à la gravité terrestre. Cela entraîne une lente, mais constante « fuite » de l'atmosphère dans l'espace. Comme l'hydrogène non lié a une faible masse moléculaire, il peut atteindre la vitesse de libération plus facilement et disparaît dans l'espace à un rythme plus élevé que celui des autres gaz[109]. La fuite de l'hydrogène dans l'espace déplace la Terre d'un état initialement réducteur à un état actuellement oxydant. La photosynthèse fournit une source d'oxygène non lié, mais la perte d'agents réducteurs comme l'hydrogène est considérée comme une condition nécessaire à l'accumulation massive d'oxygène dans l'atmosphère[110]. Ainsi, la capacité de l'hydrogène à quitter l'atmosphère terrestre aurait pu influencer la nature de la vie qui s'est développée sur la planète[111]. Actuellement, la plus grande partie de l'hydrogène est convertie en eau avant qu'il ne s'échappe du fait de l'atmosphère riche en oxygène. La plupart de l'hydrogène s'échappant provient de la destruction des molécules de méthane dans la haute atmosphère[112].
106
+
107
+ Le champ magnétique terrestre a pour l'essentiel la forme d'un dipôle magnétique avec les pôles actuellement situés près des pôles géographiques de la planète. À l'équateur du champ magnétique, son intensité à la surface terrestre est de 3,05 × 10−5 T, avec un moment magnétique global de 7,91 × 1015 T m3[113]. Selon la théorie de la dynamo, le champ est généré par le cœur externe fondu où la chaleur crée des mouvements de convection au sein de matériaux conducteurs, ce qui génère des courants électriques. Ceux-ci produisent le champ magnétique terrestre. Les mouvements de convection dans le noyau externe sont organisés spatialement selon un mode spécifique de cette géométrie (colonnes de Busse), mais présentent néanmoins une composante temporelle relativement chaotique (au sens de la dynamique non-linéaire) ; bien que le plus souvent plus ou moins alignés avec l'axe de rotation de la Terre, les pôles magnétiques se déplacent et changent irrégulièrement d'alignement. Cela entraîne des inversions du champ magnétique terrestre à intervalles irréguliers, approximativement plusieurs fois par million d'années pour la période actuelle, le Cénozoïque. L'inversion la plus récente eut lieu il y a environ 700 000 ans[114],[115].
108
+
109
+ Le champ magnétique forme la magnétosphère qui dévie les particules du vent solaire et s'étend jusqu'à environ treize fois le rayon terrestre en direction du Soleil. La collision entre le champ magnétique et le vent solaire forme les ceintures de Van Allen, une paire de régions toroïdales contenant un grand nombre de particules énergétiques ionisées. Lorsque, à l'occasion d'arrivées de plasma solaire plus intenses que le vent solaire moyen, par exemple lors d'événements d'éjections de masse coronale vers la Terre, la déformation de la géométrie de la magnétosphère sous l'impact de ce flux solaire permet le processus de reconnexion magnétique, et une partie des électrons de ce plasma solaire entre dans l'atmosphère terrestre en une ceinture autour aux pôles magnétiques ; il se forme alors des aurores polaires[116], qui sont l'émission d'une lumière de fluorescence résultant de la désexcitation des atomes et molécules, essentiellement d'oxygène de la haute et moyenne atmosphère, excités par les chocs des électrons solaires[réf. nécessaire].
110
+
111
+ La période de rotation relative de la Terre par rapport au Soleil est d'environ 86 400 s soit un jour solaire[117]. La période de rotation relative de la Terre par rapport aux étoiles fixes, appelé son jour stellaire par l'International Earth Rotation and Reference Systems Service (IERS), est de 86 164,098 903 691 secondes de temps solaire moyen (UT1) ou 23 h 56 min 4,098903691 s[118],[f]. Du fait de la précession des équinoxes, la période de rotation relative de la Terre, son jour sidéral est de 23 h 56 min 4,09053083288 s[118]. Ainsi le jour sidéral est plus court que le jour stellaire d'environ 8,4 ms[119].
112
+
113
+ À part des météorites dans l'atmosphère et les satellites en orbite basse, le principal mouvement apparent des corps célestes dans le ciel terrestre est vers l'ouest à un rythme de 15°/h ou 15'/min. Pour les corps proches de l'équateur céleste, cela est équivalent à un diamètre apparent de la Lune ou du Soleil toutes les deux minutes[120],[121].
114
+
115
+ Avant la création de la Lune, on suppose que l'axe de rotation de la Terre oscillait en permanence, ce qui rendait difficile l'apparition de la vie à sa surface pour causes de dérèglement climatique. Puis, une petite planète de la taille de Mars nommée Théia serait entrée en collision avec la Terre et aurait créé la Lune. L'apparition de cette dernière aurait stabilisé l'axe de rotation de la Terre[réf. nécessaire].
116
+
117
+ La Terre orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 150 millions de kilomètres suivant une période de 365,256 4 jours solaires ou une année sidérale. De la Terre, cela donne un mouvement apparent du Soleil vers l'est par rapport aux étoiles à un rythme d'environ 1°/jour ou un diamètre solaire toutes les 12 heures. Du fait de ce mouvement, il faut en moyenne 24 heures, un jour solaire, à la Terre pour réaliser une rotation complète autour de son axe et que le Soleil revienne au plan méridien. La vitesse orbitale de la Terre est d'environ 29,8 km/s (107 000 km/h)[98].
118
+
119
+ La Lune et la Terre tournent autour de leur barycentre commun en 27,32 jours (par rapport aux étoiles lointaines). En associant ce mouvement à celui du couple Terre-Lune autour du Soleil, on obtient que la période du mois synodique (d'une nouvelle lune à la nouvelle lune suivante) est de 29,53 jours. Vus depuis le pôle céleste nord, les mouvements de la Terre, de la Lune et de leurs rotations axiales sont tous dans le sens direct (le même que celui de la rotation du Soleil). Les plans orbitaux et axiaux ne sont pas précisément alignés, l'axe de la Terre est incliné de 23,4° par rapport à la perpendiculaire au plan orbital Terre-Soleil et le plan orbital Terre-Lune est incliné de 5° par rapport au plan orbital Terre-Soleil. Sans cette inclinaison, il y aurait une éclipse toutes les deux semaines, avec une alternance entre éclipses lunaires et solaires[98],[122].
120
+
121
+ La sphère de Hill ou la sphère d'influence gravitationnelle de la Terre a un rayon d'environ 1 500 000 kilomètres[123],[g]. C'est la distance maximale à laquelle l'influence gravitationnelle de la Terre est supérieure à celle du Soleil et des autres planètes. Pour orbiter autour de la Terre, les objets doivent se trouver dans cette zone où ils peuvent être perturbés par l'attraction gravitationnelle du Soleil[réf. nécessaire].
122
+
123
+ La Terre, au sein du Système solaire, est située dans la Voie lactée et se trouve à 28 000 années-lumière du centre galactique. Elle est actuellement à environ 20 années-lumière du plan équatorial de la galaxie dans le bras d'Orion[124].
124
+
125
+ Du fait de l'inclinaison axiale de la Terre, la quantité de rayonnement solaire atteignant tout point de la surface varie au cours de l'année. Cela a pour conséquence des changements saisonniers dans le climat avec un été dans l'hémisphère nord lorsque le pôle nord pointe vers le Soleil et l'hiver lorsque le pôle pointe dans l'autre direction. Durant l'été, les jours durent plus longtemps et le Soleil monte plus haut dans le ciel. En hiver, le climat devient généralement plus froid et les jours raccourcissent. Au-delà du cercle Arctique, il n'y a aucun jour durant une partie de l'année, ce qui est appelé une nuit polaire. Dans l'hémisphère sud, la situation est exactement l'inverse.
126
+
127
+ Par convention astronomique, les quatre saisons sont déterminées par les solstices, lorsque le point de l'orbite où l'inclinaison vers ou dans la direction opposée du Soleil est maximale et les équinoxes lorsque la direction de l'inclinaison de l'axe et la direction au Soleil sont perpendiculaires. Dans l'hémisphère nord, le solstice d'hiver a lieu le 21 décembre, le solstice d'été est proche du 21 juin, l'équinoxe de printemps a lieu autour du 20 mars et l'équinoxe d'automne vers le 21 septembre. Dans l'hémisphère sud, la situation est inversée et les dates des solstices d'hiver et d'été et celles des équinoxes de printemps et d'automne sont aussi inversées[125].
128
+
129
+ L'angle d'inclinaison de la Terre est relativement stable au cours du temps. L'inclinaison entraîne la nutation, un balancement périodique ayant une période de 18,6 années[126]. L'orientation (et non l'angle) de l'axe de la Terre évolue et réalise un cycle complet en 25 771 années. Cette précession des équinoxes est la cause de la différence de durée entre une année sidérale et une année tropique. Ces deux mouvements sont causés par le couple qu'exercent les forces de marées de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. De plus, les pôles se déplacent périodiquement par rapport à la surface de la Terre selon un mouvement connu sous le nom d'oscillation de Chandler[127].
130
+
131
+ À l'époque moderne, le périhélie de la Terre a lieu vers le 3 janvier et l'aphélie vers le 4 juillet. Ces dates évoluent au cours du temps du fait de la précession et d'autres facteurs orbitaux qui suivent un schéma cyclique connu sous le nom de paramètres de Milanković.
132
+
133
+ La Terre a un seul satellite naturel « permanent » connu, la Lune, située à environ 380 000 kilomètres de la Terre. Relativement grand, son diamètre est environ le quart de celui de la Terre. Au sein du Système solaire, c'est l'un des plus grands satellites naturels (après Ganymède, Titan, Callisto et Io) et le plus grand d'une planète non gazeuse. De plus, c'est la plus grande lune du Système solaire par rapport à la taille de sa planète (même si Charon est relativement plus grand par rapport à la planète naine Pluton). Elle est relativement proche de la taille de la planète Mercure (environ les trois quarts du diamètre de cette dernière). Les satellites naturels orbitant autour des autres planètes sont communément appelés « lunes » en référence à la Lune de la Terre.
134
+
135
+ L'attraction gravitationnelle entre la Terre et la Lune cause les marées sur Terre. Le même effet a eu lieu sur la Lune, de sorte que sa période de rotation est identique au temps qu'il lui faut pour orbiter autour de la Terre, et qu'elle présente ainsi toujours la même face vers la Terre. En orbitant autour de la Terre, différentes parties du côté visible de la Lune sont illuminées par le Soleil, causant les phases lunaires.
136
+
137
+ À cause du couple des marées, la Lune s'éloigne de la Terre à un rythme d'environ 38 millimètres par an, produisant aussi l'allongement du jour terrestre de 23 microsecondes par an[128]. Sur plusieurs millions d'années, l'effet cumulé de ces petites modifications produit d'importants changements. Durant la période du D��vonien, il y a approximativement 410 millions d'années, il y avait ainsi 400 jours dans une année, chaque jour durant 21,8 heures[129].
138
+
139
+ La Lune pourrait avoir eu une influence dans le développement de la vie en régulant le climat de la Terre. Les observations paléontologiques et les simulations informatiques en mécanique planétaire montrent que l'inclinaison de l'axe de la Terre est stabilisée par les effets de marées avec la Lune[130]. Certains scientifiques considèrent que sans cette stabilisation contre les couples appliqués par le Soleil et les planètes sur le renflement équatorial, l'axe de rotation aurait pu être très instable, ce qui aurait provoqué des changements chaotiques de son inclinaison au cours des temps géologiques et pour des échelles de durées supérieures à typiquement quelques dizaines de millions d'années, comme cela semble avoir été le cas pour Mars[131].
140
+
141
+ La Lune est aujourd'hui à une distance de la Terre telle que, vue depuis celle-ci, notre satellite a à peu près la même taille apparente (taille angulaire) que le Soleil. Le diamètre angulaire (ou l'angle solide) des deux corps est quasiment identique, car même si le diamètre du Soleil est 400 fois plus important que celui de la Lune, celle-ci est 400 fois plus rapprochée de la Terre que notre étoile[121]. Ceci permet de voir sur Terre et à notre époque géologique, des éclipses solaires totales ou annulaires (en fonction des petites variations de distance Terre-Lune, liées à la très légère ellipticité de l'orbite sélène).
142
+
143
+ Le consensus actuel sur les origines de la Lune est en faveur de l'hypothèse de l'impact géant entre un planétoïde de la taille de Mars, appelé Théia, et la proto-Terre nouvellement formée. Cette hypothèse explique en partie le fait que, en ce qui concerne la croûte lunaire, la composition chimique, principalement pour de nombreux éléments-trace, ainsi qu'en isotopie, principalement celle de l'oxygène (en gros, la moitié des atomes), ressemble particulièrement à celle de la croûte terrestre[132].
144
+
145
+ Les modèles informatiques des astrophysiciens Mikael Granvik, Jérémie Vaubaillon et Robert Jedicke suggèrent que des « satellites temporaires » devraient être tout à fait communs et que « à tout instant, il devrait y avoir au moins un satellite naturel, possédant un diamètre de 1 mètre, en orbite autour de la Terre »[trad 1],[133]. Ces objets resteraient en orbite durant en moyenne dix mois avant de revenir dans une orbite solaire.
146
+
147
+ L'une des premières mentions dans la littérature scientifique d'un satellite temporaire est celle de Clarence Chant lors de la grande procession météorique de 1913[134] :
148
+
149
+ « Il semblerait que les corps ayant voyagé à travers l'espace, probablement selon une orbite autour du Soleil et passant près de la Terre, auraient pu être capturés par celle-ci et être amenés à se déplacer autour d'elle comme un satellite[trad 2],[135]. »
150
+
151
+ Dans les faits, un tel objet est connu. En effet, entre 2006 et 2007, 2006 RH120 était effectivement temporairement en orbite autour de notre planète plutôt qu'autour du Soleil[136].
152
+
153
+ Le 21 septembre 2012, des chutes de météorites ont lieu sur les îles Britanniques et l'Amérique du Nord. L'origine de ces météorites pourrait être un petit corps en orbite autour de la Terre[137].
154
+
155
+ En janvier 2014, on compte 1 167 satellites artificiels en orbite autour de la Terre (contre 931 en 2011)[138].
156
+
157
+ 2010 TK7 est le premier astéroïde troyen connu de la Terre, autour du point de Lagrange L4 du couple Terre-Soleil, 60° en avance par rapport à la Terre sur son orbite autour du Soleil.
158
+
159
+ Les nuages de Kordylewski graviteraient aux points L4 et L5 du système Terre-Lune, mais leur existence reste incertaine à ce jour.
160
+
161
+ La Terre a au moins sept quasi-satellites :
162
+
163
+ Une planète qui peut abriter la vie est dite habitable même si la vie n'y est pas présente, ou n'en est pas originaire. La Terre fournit de l'eau liquide, des environnements où les molécules organiques complexes peuvent s'assembler et interagir, et suffisamment d'une énergie dite « douce » pour maintenir, pendant une durée suffisamment longue, un système de métabolismes[139]. La distance de la Terre au Soleil, de même que son excentricité orbitale, sa vitesse de rotation, l'inclinaison de son axe, son histoire géologique, une atmosphère restée non-agressive pour les molécules organiques malgré une évolution de composition chimique drastique, et un champ magnétique protecteur contribuent également, depuis l'apparition de la vie terrestre, aux conditions d'habitabilité à sa surface[140].
164
+
165
+ Les formes de vie de la planète sont parfois désignées comme formant une « biosphère ». On considère généralement que cette biosphère a commencé à évoluer il y a environ 3,5 milliards d'années. La biosphère est divisée en plusieurs biomes, habités par des groupes similaires de plantes et d'animaux. Sur terre, les biomes sont principalement séparés par des différences de latitudes, l'altitude et l'humidité. Les biomes terrestres se trouvant au-delà des cercles Arctique et Antarctique, en haute altitude ou dans les zones très arides sont relativement dépourvus de vie animale et végétale alors que la biodiversité est maximale dans les forêts tropicales humides[141].
166
+
167
+ La Terre fournit des ressources qui sont exploitables par les humains pour diverses utilisations. Certaines ne sont pas renouvelables, comme les combustibles fossiles, qui sont difficiles à reconstituer sur une courte échelle de temps. D'importantes quantités de combustibles fossiles peuvent être obtenues de la croûte terrestre, comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou les hydrates de méthane. Ces dépôts sont utilisés pour la production d'énergie, et en tant que matière première pour l'industrie chimique. Les minerais se sont formés dans la croûte terrestre et sont constitués de divers éléments chimiques utiles comme les métaux[142].
168
+
169
+ La biosphère terrestre produit de nombreuses ressources biologiques pour les humains, comme de la nourriture, du bois, des médicaments, de l'oxygène et assure également le recyclage de nombreux déchets organiques. Les écosystèmes terrestres dépendent de la couche arable et de l'eau douce, tandis que les écosystèmes marins sont basés sur les nutriments dissous dans l'eau[143]. Les humains vivent également sur terre en utilisant des matériaux de construction pour fabriquer des abris. En 1993, l'utilisation humaine des terres était approximativement répartie ainsi :
170
+
171
+ La superficie irriguée estimée en 1993 était de 2 481 250 km2[87].
172
+
173
+ D'importantes zones de la surface terrestre sont sujettes à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones, des ouragans ou des typhons qui dominent la vie dans ces régions. De 1980 à 2000, ces événements ont causé environ 11 800 morts par an[144]. De même, de nombreuses régions sont exposées aux séismes, aux glissements de terrain, aux éruptions volcaniques, aux tsunamis, aux tornades, aux dolines, aux blizzards, aux inondations, aux sécheresses, aux incendies de forêt et autres calamités et catastrophes naturelles.
174
+
175
+ De nombreuses régions sont sujettes à la pollution de l'air et de l'eau créée par l'homme, aux pluies acides, aux substances toxiques, à la perte de végétation (surpâturage, déforestation, désertification), à la perte de biodiversité, à la dégradation des sols, à l'érosion et à l'introduction d'espèces invasives.
176
+
177
+ Selon les Nations unies, un consensus scientifique existe qui lie les activités humaines au réchauffement climatique du fait des émissions industrielles de dioxyde de carbone, et plus généralement des gaz à effet de serre. Cette modification du climat risque de provoquer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des amplitudes de température plus extrêmes, d'importants changements de la météorologie et une élévation du niveau de la mer[145],[146].
178
+
179
+ La Terre compte approximativement 7,3 milliards d'habitants en 2015[148]. Les projections indiquent que la population mondiale atteindra 9,7 milliards d'habitants en 2050[148]. La plupart de cette croissance devrait se faire dans les pays en développement. La région de l'Afrique subsaharienne a le taux de natalité le plus élevé au monde. La densité de population humaine varie considérablement autour du monde, mais une majorité vit en Asie. En 2020, 60 % de la population devrait vivre dans des zones urbaines plutôt que rurales[149].
180
+
181
+ On estime que seul un-huitième de la surface de la Terre convient pour les humains ; trois-quarts de la Terre sont recouverts par les océans et la moitié des terres émergées sont des déserts (14 %)[150], des hautes montagnes (27 %)[151] ou d'autres milieux peu accueillants. L'implantation humaine permanente la plus au nord est Alert sur l'île d'Ellesmere au Canada (82°28′N)[152]. La plus au sud est la station d'Amundsen-Scott en Antarctique située près du pôle sud (90°S)[réf. nécessaire].
182
+
183
+ La totalité des terres émergées, à l'exception de certaines zones de l'Antarctique et du Bir Tawil non revendiqué que ce soit par l'Égypte ou le Soudan, sont revendiquées par des nations indépendantes. En 2011, on compte 204 États souverains dont 193 sont membres des Nations unies. De plus, il existe 59 territoires à souveraineté limitée et de nombreuses entités autonomes ou contestées[87]. Historiquement la Terre n'a jamais connu une souveraineté s'étendant sur l'ensemble de la planète même si de nombreuses nations ont tenté d'obtenir une domination mondiale et ont échoué[153].
184
+
185
+ L'Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui fut créée dans le but de régler pacifiquement les conflits entre nations[154]. Les Nations unies servent principalement de lieu d'échange pour la diplomatie et le droit international public. Lorsque le consensus est obtenu entre les différents membres, une opération armée peut être envisagée[155].
186
+
187
+ Le premier astronaute humain à avoir orbité autour de la Terre fut Youri Gagarine le 12 avril 1961[156]. Au total, en 2015, environ 550 personnes se sont rendues dans l'espace et douze d'entre elles ont marché sur la Lune[157],[158],[159]. En temps normal, au début du 21e siècle, les seuls humains dans l'espace sont ceux se trouvant dans la station spatiale internationale qui est habitée en permanence, les stations spatiales chinoises n'ayant eu dans les années 2010 que des séjours de courtes durées. Les astronautes de la mission Apollo 13 sont les humains qui se sont le plus éloignés de la Terre avec 400 171 kilomètres en 1970[160].
188
+
189
+ Dans le passé, la croyance en une terre plate[161] fut contredite par les observations et par les circumnavigations et le modèle d'une Terre sphérique s'imposa[162].
190
+
191
+ À la différence des autres planètes du Système solaire, l'humanité n'a pas considéré la Terre comme un objet mobile en rotation autour du Soleil avant le XVIe siècle[163]. La Terre a souvent été personnifiée en tant que déité, en particulier sous la forme d'une déesse. Les mythes de la création de nombreuses religions relatent la création de la Terre par une ou plusieurs divinités[réf. nécessaire].
192
+
193
+ Quelques groupes religieux souvent affiliés aux branches fondamentalistes du protestantisme[164] et de l'islam[165] avancent que leur interprétation des mythes de la création dans les textes sacrés est la vérité et que celle-ci devrait être considérée comme l'égale des hypothèses scientifiques conventionnelles concernant la formation de la Terre et le développement de la vie voire devrait les remplacer[166]. De telles affirmations sont rejetées par la communauté scientifique[167],[168] et par les autres groupes religieux[169],[170],[171].
194
+
195
+ La vision humaine concernant la Terre a évolué depuis les débuts de l'aérospatiale et la biosphère est maintenant vue selon une perspective globale[172],[173]. Cela est reflété dans le développement de l'écologie qui s'inquiète de l'impact de l'humanité sur la planète[174].
196
+
197
+ Dès 1945, Paul Valéry, dans son ouvrage Regards sur le monde actuel, estimait que « le temps du monde fini commence »[175]. Par « monde », il n'entendait pas le monde-univers des Anciens, mais notre monde actuel, c'est-à-dire, la Terre et l'ensemble de ses habitants.
198
+
199
+ Bertrand de Jouvenel a évoqué la finitude de la Terre dès 1968[176].
200
+
201
+ Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans la nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Estimant que cette finitude est suffisamment connue et prouvée pour qu'il soit inutile de l'illustrer, il souligne qu'elle a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique. La preuve expérimentale du raccordement symbolique de l'écologie à la culture a été fournie par les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune. Ils dirent que la Terre était belle, précieuse, et fragile. C'est-à-dire que l'Homme a le devoir de la protéger[177].
202
+
203
+ La finitude écologique de la Terre est une question devenue tellement prégnante que certains philosophes (Heidegger, Grondin, Schürch) ont pu parler d'une éthique de la finitude[178].
204
+
205
+ Les concepts d'empreinte écologique et de biocapacité permettent d'appréhender les problèmes liés à la finitude écologique de la Terre[réf. nécessaire].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
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+
5
+ La Terre est une planète du Système solaire, la troisième plus proche du Soleil et la cinquième plus grande, tant en taille qu'en masse, de ce système planétaire dont elle est également la plus massive des planètes telluriques.
6
+
7
+ La Terre s'est formée il y a 4,54 milliards d'années environ et la vie y est apparue moins d'un milliard d'années plus tard[1]. La planète abrite des millions d'espèces vivantes, dont les humains[2]. La biosphère de la Terre a fortement modifié l'atmosphère et les autres caractéristiques abiotiques de la planète, permettant la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation d'une couche d'ozone qui, associée au champ magnétique terrestre, bloque une partie du rayonnement solaire, permettant ainsi la vie sur Terre[3]. Les propriétés physiques de la Terre, de même que son histoire géologique et son orbite, ont permis à la vie de subsister durant cette période. De plus, la Terre devrait pouvoir maintenir la vie (telle que nous la connaissons actuellement) durant encore au moins 500 millions d'années[4],[5].
8
+
9
+ La croûte terrestre est divisée en plusieurs segments rigides appelés plaques tectoniques qui se déplacent sur des millions d'années. Environ 71 % de la surface terrestre est couverte par des océans d'eau salée qui forment l'hydrosphère avec les autres sources d'eau comme les lacs, les fleuves ou les nappes phréatiques. Les pôles géographiques de la Terre sont principalement recouverts de glace (inlandsis et banquise). L'intérieur de la planète reste actif avec un épais manteau composé de roches silicatées (généralement solides, mais localement fondues), un noyau externe de fer liquide qui génère le champ magnétique, et un noyau interne de fer solide.
10
+
11
+ La Terre interagit avec les autres objets spatiaux, principalement le Soleil et la Lune. Actuellement, la Terre orbite autour du Soleil en 365,256 363 jours solaires ou une année sidérale[a]. L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23,437°[6] par rapport à la perpendiculaire du plan de l'écliptique, ce qui produit des variations saisonnières sur la surface de la planète avec une période d'une année tropique (365,24219 jours solaires)[7]. Le seul satellite naturel connu de la Terre est la Lune qui commença à orbiter il y a 4,5 milliards d'années. Celle-ci provoque les marées, stabilise l'inclinaison axiale et ralentit lentement la rotation terrestre. Il y a environ 3,8 milliards d'années, lors du grand bombardement tardif, de nombreux impacts d'astéroïdes causèrent alors d'importantes modifications de sa surface.
12
+
13
+ La Terre a pour particularité, du point de vue de l'être humain, d'être le seul endroit connu de l'univers à abriter la vie telle que nous la connaissons, comme la faune (dont entre autres l'espèce humaine) et la flore. Les cultures humaines ont développé de nombreuses représentations de la planète, dont une personnification en tant que déité, la croyance en une terre plate, la Terre en tant que centre de l'univers et la perspective moderne d'un monde en tant que système global nécessitant une gestion raisonnable.
14
+
15
+ La science qui étudie la Terre est la géologie. Compte tenu de l'influence de la vie sur la composition de l'atmosphère, des océans et des roches sédimentaires, la géologie emprunte à la biologie une partie de sa chronologie et de son vocabulaire.
16
+
17
+ L'âge de la Terre est aujourd'hui estimé à 4,54 milliards d'années[8]. L'histoire de la Terre est divisée en quatre grands intervalles de temps, dits éons :
18
+
19
+ La formation de la Terre par accrétion était presque terminée en moins de 20 millions d'années[11]. Initialement en fusion, la couche externe de la Terre s'est refroidie pour former une croûte solide lorsque l'eau commença à s'accumuler dans l'atmosphère, aboutissant aux premières pluies et aux premiers océans. La Lune s'est formée peu de temps après, il y a 4,53 milliards d'années[12]. Le consensus actuel[13] pour la formation de la Lune est l'hypothèse de l'impact géant, selon laquelle un objet (quelquefois appelé Théia), de la taille de Mars et de masse environ égale au dixième de la masse terrestre[14], est entré en collision avec la Terre[15]. Dans ce modèle, une partie de cet objet se serait agglomérée avec la Terre tandis qu'une autre partie, mêlée avec peut-être 10 % de la masse totale de la Terre, aurait été éjectée dans l'espace, où elle aurait formé la Lune.
20
+
21
+ L'activité volcanique a produit une atmosphère primitive. De la vapeur d'eau condensée ayant plusieurs origines possibles, mêlée à de la glace apportée par des comètes, a produit les océans[16]. Une combinaison de gaz à effet de serre et d'importants niveaux d'activité solaire permirent d'augmenter la température à la surface de la Terre et empêchèrent les océans de geler[17]. Vers −3,5 milliards d'années, le champ magnétique se forma et il permit d'éviter à l'atmosphère d'être balayée par le vent solaire[18].
22
+
23
+ Deux principaux modèles ont été proposés pour expliquer la vitesse de croissance continentale[19] : une croissance constante jusqu'à nos jours[20] et une croissance rapide au début de l'histoire de la Terre[21]. Les recherches actuelles montrent que la deuxième hypothèse est la plus probable avec une formation rapide de la croûte continentale[22] suivie par de faibles variations de la surface globale des continents[23],[24],[25]. Sur une échelle de temps de plusieurs centaines de millions d'années, les continents ou supercontinents se forment puis se divisent. C'est ainsi qu'il y a environ 750 millions d'années, le plus vieux des supercontinents connus, Rodinia, commença à se disloquer. Les continents entre lesquels il s'était divisé se recombinèrent plus tard pour former Pannotia, il y a 650-540 millions d'années, puis finalement Pangée, au Permien, qui se fragmenta il y a 180 millions d'années[26].
24
+
25
+ On suppose qu'une activité chimique intense dans un milieu hautement énergétique a produit une molécule capable de se reproduire, dans un système particulier, il y a environ 4 milliards d'années. On pense que la vie elle-même serait apparue entre 200 et 500 millions d'années plus tard[27].
26
+
27
+ Le développement de la photosynthèse, active depuis bien avant 3 à 3,5 milliards d'années avant le présent, permit à la vie d'exploiter directement l'énergie du Soleil. Celle-ci produisit de l'oxygène qui s'accumula dans l'atmosphère, à partir d'environ 2,5 milliards d'années avant le présent, et forma la couche d'ozone (une forme d'oxygène [O3]) dans la haute atmosphère, lorsque les niveaux d'oxygène dépassèrent quelques pourcents. Le regroupement de petites cellules entraîna le développement de cellules complexes appelées eucaryotes[28]. Les premiers organismes multicellulaires formés de cellules au sein de colonies devinrent de plus en plus spécialisés. Aidées par l'absorption des dangereux rayons ultraviolets par la couche d'ozone, des colonies bactériennes pourraient avoir colonisé la surface de la Terre, dès ces époques lointaines[29]. Les plantes et les animaux pluricellulaires ne colonisèrent la terre ferme qu'à partir de la fin du Cambrien (pour mousses, lichens et champignons) et pendant l'Ordovicien (pour les premiers végétaux vasculaires et les arthropodes), le Silurien (pour les gastéropodes ?) et le Dévonien (pour les vertébrés)[réf. nécessaire].
28
+
29
+ Depuis les années 1960, il a été proposé une hypothèse selon laquelle une ou plusieurs séries de glaciations globales eurent lieu il y a 750 à 580 millions d'années, pendant le Néoprotérozoïque, et qui couvrirent la planète d'une couche de glace. Cette hypothèse a été nommée Snowball Earth (« Terre boule de neige »), et est d'un intérêt particulier parce qu'elle précède l'explosion cambrienne, quand des formes de vies multicellulaires commencèrent à proliférer[30].
30
+
31
+ À la suite de l'explosion cambrienne, il y a environ 535 millions d'années, cinq extinctions massives se produisirent[31]. La dernière extinction majeure date de 66 millions d'années, quand une météorite est entrée en collision avec la Terre, exterminant les dinosaures et d'autres grands reptiles, épargnant de plus petits animaux comme les mammifères, les oiseaux, ou encore les lézards[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les 66 millions d'années qui se sont écoulées depuis, les mammifères se sont diversifiés, le genre humain (Homo) s'étant développé depuis deux millions d'années. Des changements périodiques à long terme de l'orbite de la Terre, causés par l'influence gravitationnelle des autres astres, sont probablement une des causes des glaciations qui ont plus que doublé les zones polaires de la planète, périodiquement dans les derniers millions d'années[réf. nécessaire].
34
+
35
+ À l'issue de la dernière glaciation, le développement de l'agriculture et, ensuite, des civilisations, permit aux humains de modifier la surface de la Terre dans une courte période de temps, comme aucune autre espèce avant eux, affectant la nature tout comme les autres formes de vie[32].
36
+
37
+ Le futur de la Terre est très lié à celui du Soleil. Du fait de l'accumulation d'hélium dans le cœur du Soleil, la luminosité de l'étoile augmente lentement à l'échelle des temps géologiques. La luminosité va croître de 10 % au cours du 1,1 milliard d'années à venir et de 40 % sur les prochains 3,5 milliards d'années[33]. Les modèles climatiques indiquent que l'accroissement des radiations atteignant la Terre aura probablement des conséquences dramatiques sur la pérennité de son climat « terrestre », notamment la disparition des océans[34].
38
+
39
+ La Terre devrait cependant rester habitable durant encore plus de 500 millions d'années[4], cette durée pouvant passer à 2,3 milliards d'années si la pression atmosphérique diminue en retirant une partie de l'azote de l'atmosphère[35]. L'augmentation de la température terrestre va accélérer le cycle du carbone inorganique, réduisant sa concentration à des niveaux qui pourraient devenir trop faibles pour les plantes (10 ppm pour la photosynthèse du C4) dans environ 500[4] ou 900 millions d'années. La réduction de la végétation entraînera la diminution de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, ce qui provoquera la disparition progressive de la plupart des formes de vies animales[36]. Ensuite, la température moyenne (de la Terre) augmentera plus vite en raison de l'emballement de l'effet de serre par la vapeur d'eau, vers 40 à 50 °C[36]. Dans 1 milliard à 1,7 milliard d'années, la température sera si élevée que les océans s'évaporeront, précipitant le climat de la Terre dans celui de type vénusien, et faisant disparaître toute forme simple de vie à la surface de la Terre[5],[37].
40
+
41
+ Même si le Soleil était éternel et stable, le refroidissement interne de la Terre entraînerait la baisse du niveau de CO2 du fait d'une réduction du volcanisme[38], et 35 % de l'eau des océans descendrait dans le manteau du fait de la baisse des échanges au niveau des dorsales océaniques[39].
42
+
43
+ Dans le cadre de son évolution, le Soleil deviendra une géante rouge dans plus de 5 milliards d'années. Les modèles prédisent qu'il gonflera jusqu'à atteindre environ 250 fois son rayon actuel[33],[40].
44
+
45
+ Le destin de la Terre est moins clair. En tant que géante rouge, le Soleil va perdre environ 30 % de sa masse, donc sans prendre en compte les effets de marée, la Terre se déplacerait sur une orbite à 1,7 ua (254 316 600 km) du Soleil lorsque celui-ci atteindra sa taille maximale. La planète ne devrait donc pas être engloutie par les couches externes du Soleil même si l'atmosphère restante finira par être « soufflée » dans l'espace, et la croûte terrestre finira par fondre pour se transformer en un océan de lave, lorsque la luminosité solaire atteindra environ 5 000 fois son niveau actuel[33]. Cependant, une simulation de 2008 indique que l'orbite terrestre va se modifier du fait des effets de marées et poussera la Terre à entrer dans l'atmosphère du Soleil où elle sera absorbée et vaporisée[40].
46
+
47
+ La forme de la Terre est approchée par un ellipsoïde, une sphère aplatie aux pôles[41]. La rotation de la Terre entraîne l'apparition d'un léger bourrelet de sorte que le diamètre à l’équateur est 43 kilomètres plus long que le diamètre polaire (du pôle Nord au pôle Sud)[42]. Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ 12 742 kilomètres, ce qui est approximativement 40 000 kilomètres/π, car le mètre était initialement défini comme 1/10 000 000e (dix-millionième) de la distance de l'équateur au pôle Nord en passant par Paris[43],[44].
48
+
49
+ La topographie locale dévie de ce sphéroïde idéalisé même si à grande échelle, ces variations sont faibles : la Terre a une tolérance d'environ 0,17 % par rapport au sphéroïde parfait. Proportionnellement, c'est un peu moins lisse qu'une boule de billard neuve, alors qu'une boule de billard usée peut présenter des aspérités légèrement plus marquées[45]. Les plus grandes variations dans la surface rocheuse de la Terre sont l'Everest (8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer) et la fosse des Mariannes (10 911 mètres sous le niveau de la mer). Du fait du bourrelet équatorial, les lieux les plus éloignés du centre de la Terre sont les sommets du Chimborazo en Équateur et du Huascarán au Pérou[46],[47],[48]. Pour la même raison, l'embouchure du Mississippi est plus éloignée du centre de la Terre que sa source[49].
50
+
51
+ Le rayon de la Terre est d'environ 6 371 km, selon divers modèles sphériques. La Terre n'étant pas parfaitement sphérique, la distance entre son centre et la surface varie de 6 352,8 km (fond de l'océan Arctique) à 6 384,415 km (sommet du Chimborazo)[50]. Le rayon équatorial est de 6 378,137 0 km, alors que le rayon polaire est de 6 356,752 3 km (modèle ellipsoïde de sphère aplatie aux pôles).
52
+
53
+ La masse de la Terre est estimée à 5,972 2 × 1024 kg. On la détermine en divisant la constante géocentrique GM par la constante de gravitation G. Sa précision est limitée par celle de G, le produit GM pouvant être déduit des mesures de géodésie spatiale avec une précision bien supérieure.
54
+
55
+ La Terre est une planète tellurique, c'est-à-dire une planète essentiellement rocheuse à noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses, telles que Jupiter, essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). Il s'agit de la plus grande des quatre planètes telluriques du Système solaire, que ce soit par la taille ou la masse. De ces quatre planètes, la Terre a aussi la masse volumique globale la plus élevée, la plus forte gravité de surface, le plus puissant champ magnétique global, la vitesse de rotation la plus élevée[51] et est probablement la seule avec une tectonique des plaques active[52].
56
+
57
+ La surface externe de la Terre est divisée en plusieurs segments rigides, ou plaques tectoniques, qui se déplacent lentement sur la surface sur des durées de plusieurs millions d'années. Environ 71 % de la surface est couverte d'océans d'eau salée, les 29 % restants étant des continents et des îles. L'eau liquide, nécessaire à la vie telle que nous la connaissons, est très abondante sur Terre, et aucune autre planète n'a encore été découverte avec des étendues d'eau liquide (lacs, mers, océans) à sa surface.
58
+
59
+ La Terre est principalement composée de fer (32,1 %[54]), d'oxygène (30,1 %), de silicium (15,1 %), de magnésium (13,9 %), de soufre (2,9 %), de nickel (1,8 %), de calcium (1,5 %) et d'aluminium (1,4 %), le reste (1,2 %) consistant en de légères traces d'autres éléments. Les éléments les plus denses ayant tendance à se concentrer au centre de la Terre (phénomène de différenciation planétaire), on pense que le cœur de la Terre est composé majoritairement de fer (88,8 %), avec une plus petite quantité de nickel (5,8 %), de soufre (4,5 %) et moins de 1 % d'autres éléments[55].
60
+
61
+ Le géochimiste F. W. Clarke a calculé que 47 % (en poids, soit 94 % en volume[56]) de la croûte terrestre était faite d'oxygène, présent principalement sous forme d'oxydes, dont les principaux sont les oxydes de silicium (sous forme de silicates), d'aluminium (aluminosilicates), de fer, de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. La silice est le constituant majeur de la croûte, sous forme de pyroxénoïdes, les minéraux les plus communs des roches magmatiques et métamorphiques. Après une synthèse basée sur l'analyse de 1 672 types de roches, Clarke a obtenu les pourcentages présentés dans le tableau ci-contre[57].
62
+
63
+ L'intérieur de la Terre, comme celui des autres planètes telluriques, est stratifié, c'est-à-dire organisé en couches concentriques superposées, ayant des densités croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches se distinguent par leur nature pétrologique (contrastes chimiques et minéralogiques) et leurs propriétés physiques (changements d'état physique, propriétés rhéologiques). La couche extérieure de la Terre solide, fine à très fine relativement au rayon terrestre, s'appelle la croûte ; elle est solide, et chimiquement distincte du manteau, solide, sur lequel elle repose ; sous l'effet combiné de la pression et de la température, avec la profondeur, le manteau passe d'un état solide fragile (cassant, sismogène, « lithosphérique ») à un état solide ductile (plastique, « asthénosphérique », et donc caractérisé par une viscosité plus faible, quoiqu'encore extrêmement élevée). La surface de contact entre la croûte et le manteau est appelée le Moho ; il se visualise très bien par les méthodes sismiques du fait du fort contraste de vitesse des ondes sismiques, entre les deux côtés. L'épaisseur de la croûte varie de 6 kilomètres sous les océans jusqu'à plus de 50 kilomètres en moyenne sous les continents. La croûte et la partie supérieure froide et rigide du manteau supérieur sont appelés lithosphère ; leur comportement horizontalement rigide à l'échelle du million à la dizaine de millions d'années est à l'origine de la tectonique des plaques. L'asthénosphère se trouve sous la lithosphère et est une couche convective, relativement moins visqueuse sur laquelle la lithosphère se déplace en « plaques minces ». Des changements importants dans la structure cristallographique des divers minéraux du manteau, qui sont des changements de phase au sens thermodynamique, vers respectivement les profondeurs de 410 kilomètres et de 670 kilomètres sous la surface, encadrent une zone dite de transition, définie initialement sur la base des premières images sismologiques. Actuellement, on appelle manteau supérieur la couche qui va du Moho à la transition de phase vers 670 kilomètres de profondeur, la transition à 410 kilomètres de profondeur étant reconnue pour ne pas avoir une importance majeure sur le processus de convection mantellique, au contraire de l'autre. Et l'on appelle donc manteau inférieur la zone comprise entre cette transition de phase à 670 kilomètres de profondeur, et la limite noyau-manteau. Sous le manteau inférieur, le noyau terrestre, composé à presque 90 % de fer métal, constitue une entité chimiquement originale de tout ce qui est au-dessus, à savoir la Terre silicatée. Ce noyau est lui-même stratifié en un noyau externe liquide et très peu visqueux (viscosité de l'ordre de celle d'une huile moteur à 20 °C), qui entoure un noyau interne solide[58] encore appelé graine. Cette graine résulte de la cristallisation du noyau du fait du refroidissement séculaire de la Terre. Cette cristallisation, par la chaleur latente qu'elle libère, est source d'une convection du noyau externe, laquelle est la source du champ magnétique terrestre. L'absence d'un tel champ magnétique sur les autres planètes telluriques laisse penser que leurs noyaux métalliques, dont les présences sont nécessaires pour expliquer les données astronomiques de densité et de moment d'inertie, sont totalement cristallisés. Selon une interprétation encore débattue de données sismologiques, le noyau interne terrestre semblerait tourner à une vitesse angulaire légèrement supérieure à celle du reste de la planète, avançant relativement de 0,1 à 0,5° par an[59].
64
+
65
+ La chaleur interne de la Terre est issue d'une combinaison de l'énergie résiduelle issue de l'accrétion planétaire (environ 20 %) et de la chaleur produite par les éléments radioactifs (80 %)[62]. Les principaux isotopes producteurs de chaleur de la Terre sont le potassium 40, l'uranium 238, l'uranium 235 et le thorium 232[63]. Au centre de la planète, la température pourrait atteindre 7 000 K et la pression serait de 360 GPa[64]. Comme la plus grande partie de la chaleur est issue de la désintégration des éléments radioactifs, les scientifiques considèrent qu'au début de l'histoire de la Terre, avant que les isotopes à courte durée de vie ne se soient désintégrés, la production de chaleur de la Terre aurait été bien plus importante. Cette production supplémentaire, deux fois plus importante il y a trois milliards d'années qu'aujourd'hui[62], aurait accru les gradients de températures dans la Terre et donc le rythme de la convection mantellique et de la tectonique des plaques, ce qui aurait permis la formation de roches ignées comme les komatiites, qui ne sont plus formées aujourd'hui[65].
66
+
67
+ La perte moyenne de chaleur par la Terre est de 87 mW/m2 pour une perte globale de 4,42 × 1013 W[67],[68](44,2 TW). Une portion de l'énergie thermique du noyau est transportée vers la croûte par des panaches, une forme de convection où des roches semi-fondues remontent vers la croûte. Ces panaches peuvent produire des points chauds et des trapps[69]. La plus grande partie de la chaleur de la Terre est perdue à travers la tectonique des plaques au niveau des dorsales océaniques. La dernière source importante de perte de chaleur est la conduction à travers la lithosphère, la plus grande partie ayant lieu dans les océans, car la croûte y est plus mince que celle des continents, surtout au niveau des dorsales[70].
68
+
69
+ Les plaques tectoniques sont des segments rigides de lithosphère qui se déplacent les uns par rapport aux autres. Les relations cinématiques qui existent aux frontières des plaques peuvent être regroupées en trois domaines : des domaines de convergence où deux plaques se rencontrent, de divergence où deux plaques se séparent et des domaines de transcurrence où les plaques se déplacent latéralement les unes par rapport aux autres. Les tremblements de terre, l'activité volcanique, la formation des montagnes et des fosses océaniques sont plus fréquents le long de ces frontières[73]. Le mouvement des plaques tectoniques est lié aux mouvements de convection ayant lieu dans le manteau terrestre[74].
70
+
71
+ Du fait du mouvement des plaques tectoniques, le plancher océanique plonge sous les bords des autres plaques. Au même moment, la remontée du magma au niveau des frontières divergentes crée des dorsales. La combinaison de ces processus permet un recyclage continuel de la lithosphère océanique qui retourne dans le manteau. Par conséquent, la plus grande partie du plancher océanique est âgée de moins de 100 millions d'années. La plus ancienne croûte océanique est localisée dans l'ouest du Pacifique et a un âge estimé de 200 millions d'années[75],[76]. Par comparaison, les éléments les plus anciens de la croûte continentale sont âgés de 4 030 millions d'années[77].
72
+
73
+ Il existe sept principales plaques, Pacifique, Nord-Américaine, Eurasienne, Africaine, Antarctique, Australienne et Sud-Américaine. Parmi les plaques importantes, on peut également citer les plaques Arabique, Caraïbe, Nazca à l'ouest de la côte occidentale de l'Amérique du Sud et la plaque Scotia dans le sud de l'océan Atlantique. La plaque australienne fusionna avec la plaque indienne il y a 50 millions d'années. Les plaques océaniques sont les plus rapides : la plaque de Cocos avance à un rythme de 75 mm/an[78] et la plaque pacifique à 52–69 mm/an. À l'autre extrême, la plus lente est la plaque eurasienne progressant à une vitesse de 21 mm/an[79].
74
+
75
+ Le relief de la Terre diffère énormément suivant le lieu. Environ 70,8 %[80] de la surface du globe est recouverte par de l'eau et une grande partie du plateau continental se trouve sous le niveau de la mer. Les zones submergées ont un relief aussi varié que les autres dont une dorsale océanique faisant le tour de la Terre ainsi que des volcans sous-marins[42], des fosses océaniques, des canyons sous-marins, des plateaux et des plaines abyssales. Les 29,2 % non recouvertes d'eau sont composés de montagnes, de déserts, de plaines, de plateaux et d'autres géomorphologies.
76
+
77
+ La surface planétaire subit de nombreuses modifications du fait de la tectonique et de l'érosion. Les éléments de surface construits ou déformés par la tectonique des plaques sont sujets à une météorisation constante du fait des précipitations, des cycles thermiques et des effets chimiques. Les glaciations, l'érosion du littoral, la construction des récifs coralliens et les impacts météoriques[81] contribuent également aux modifications du paysage[réf. nécessaire].
78
+
79
+ La lithosphère continentale est composée de matériaux de faible densité comme les roches ignées : granite et andésite. Le basalte est moins fréquent et cette roche volcanique dense est le principal constituant du plancher océanique[83]. Les roches sédimentaires se forment par l'accumulation de sédiments qui se compactent. Environ 75 % des surfaces continentales sont recouvertes de roches sédimentaires même si elles ne représentent que 5 % de la croûte[84]. Le troisième type de roche rencontré sur Terre est la roche métamorphique, créée par la transformation d'autres types de roche en présence de hautes pressions, de hautes températures ou les deux. Parmi les silicates les plus abondants de la surface terrestre, on peut citer le quartz, le feldspath, l'amphibole, le mica, le pyroxène et l'olivine[85]. Les carbonates courants sont la calcite (composant du calcaire) et la dolomite[86].
80
+
81
+ La pédosphère est la couche la plus externe de la Terre. Elle est composée de sol et est sujette au processus de formation du sol. Elle se trouve à la rencontre de la lithosphère, de l'atmosphère, de l'hydrosphère et de la biosphère. Actuellement, les zones arables représentent 13,31 % de la surface terrestre et seulement 4,71 % supportent des cultures permanentes[87]. Près de 40 % de la surface terrestre est utilisée pour l'agriculture et l'élevage soit environ 1,3 × 107 km2 de cultures et 3,4 × 107 km2 de pâturage[88].
82
+
83
+ L'altitude de la surface terrestre de la Terre varie de −418 mètres au niveau des rives de la mer Morte à 8 848 mètres au sommet de l'Everest. L'altitude moyenne des terres émergées est de 840 mètres au-dessus du niveau de la mer[89].
84
+
85
+ L'abondance de l'eau sur la surface de la Terre est une caractéristique unique qui distingue la « planète bleue » des autres planètes du Système solaire. L'hydrosphère terrestre est principalement composée par les océans, mais techniquement elle inclut également les mers, les lacs, les rivières et les eaux souterraines jusqu'à une profondeur de 2 000 mètres. La Challenger Deep de la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique est le lieu immergé le plus profond avec une profondeur de 10 911 mètres[e],[90].
86
+
87
+ La masse des océans est d'environ 1,35 × 1018 t , soit environ 1/4 400e de la masse totale de la Terre. Les océans couvrent une superficie de 3,618 × 108 km2 avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, soit un volume estimé à 1,332 × 109 km3[91]. Environ 97,5 % de l'eau terrestre est salée. Les 2,5 % restants sont composés d'eau douce, mais environ 68,7 % de celle-ci est immobilisée sous forme de glace[92].
88
+
89
+ La salinité moyenne des océans est d'environ 35 grammes de sel par kilogramme d'eau de mer (35 ‰)[93]. La plupart de ce sel fut libéré par l'activité volcanique ou par l'érosion des roches ignées[94]. Les océans sont également un important réservoir de gaz atmosphériques dissous qui sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie aquatiques[95]. L'eau de mer a une grande influence sur le climat mondial du fait de l'énorme réservoir de chaleur que constituent les océans[96]. Des changements dans les températures océaniques peuvent entraîner des phénomènes météorologiques très importants comme El Niño[97].
90
+
91
+ La Terre est entourée d'une enveloppe gazeuse qu'elle retient par attraction gravitationnelle : l'atmosphère. L'atmosphère de la Terre est intermédiaire entre celle, très épaisse, de Vénus, et celle, très ténue, de Mars. La pression atmosphérique au niveau de la mer est en moyenne de 101 325 Pa, soit 1 atm par définition[98]. L'atmosphère est constituée de 78,09 % d'azote, de 20,95 % d'oxygène, de 0,93 % d'argon et de 0,039 % de dioxyde de carbone, ainsi que de divers autres gaz dont de la vapeur d'eau. La hauteur de la troposphère varie avec la latitude entre 8 kilomètres aux pôles et 17 kilomètres à l'équateur, avec quelques variations résultant de facteurs météorologiques et saisonniers[99].
92
+
93
+ La biosphère de la Terre a fortement altéré son atmosphère. La photosynthèse à base d'oxygène apparut il y a 2,7 milliards d'années et forma l'atmosphère actuelle, principalement composée d'azote et d'oxygène. Ce changement permit la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation de la couche d'ozone bloquant les rayons ultraviolets émis par le Soleil. L'atmosphère favorise également la vie en transportant la vapeur d'eau, en fournissant des gaz utiles, en faisant brûler les petites météorites avant qu'elles ne frappent la surface et en modérant les températures[100]. Ce dernier phénomène est connu sous le nom d'effet de serre : des molécules présentes en faible quantité dans l'atmosphère bloquent la déperdition de chaleur dans l'espace et font ainsi augmenter la température globale. La vapeur d'eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l'ozone sont les principaux gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre. Sans cette conservation de la chaleur, la température moyenne sur Terre serait de −18 °C par rapport aux 15 °C actuels[80].
94
+
95
+ L'atmosphère terrestre n'a pas de limite clairement définie, elle disparaît lentement dans l'espace. Les trois-quarts de la masse de l'air entourant la Terre sont concentrés dans les premiers 11 kilomètres de l'atmosphère. Cette couche la plus inférieure est appelée la troposphère. L'énergie du Soleil chauffe cette couche et la surface en dessous, ce qui entraîne une expansion du volume atmosphérique par dilatation de l'air, ce qui a pour effet de réduire sa densité et ce qui l’amène à s'élever et à être remplacé par de l'air plus dense, car plus froid. La circulation atmosphérique qui en résulte est un acteur déterminant dans le climat et la météorologie du fait de la redistribution de la chaleur, entre les différentes couches d'air qu'elle implique[101].
96
+
97
+ Les principales bandes de circulations sont les alizés dans la région équatoriale à moins de 30° et les vents d'ouest dans les latitudes intermédiaires entre 30° et 60°[102]. Les courants océaniques sont également importants dans la détermination du climat, en particulier la circulation thermohaline qui distribue l'énergie thermique des régions équatoriales vers les régions polaires[103].
98
+
99
+ La vapeur d'eau générée par l'évaporation de surface est transportée par les mouvements atmosphériques. Lorsque les conditions atmosphériques permettent une élévation de l'air chaud et humide, cette eau se condense et retombe sur la surface sous forme de précipitations[101]. La plupart de l'eau est ensuite transportée vers les altitudes inférieures par les réseaux fluviaux et retourne dans les océans ou dans les lacs. Ce cycle de l'eau est un mécanisme vital au soutien de la vie sur Terre et joue un rôle primordial dans l'érosion des reliefs terrestres. La distribution des précipitations est très variée, de plusieurs mètres à moins d'un millimètre par an. La circulation atmosphérique, les caractéristiques topologiques et les gradients de températures déterminent les précipitations moyenne sur une région donnée[104].
100
+
101
+ La quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue avec la hausse de la latitude. Aux latitudes les plus élevées, les rayons solaires atteignent la surface suivant un angle plus faible et doivent traverser une plus grande colonne d'atmosphère. Par conséquent, la température moyenne au niveau de la mer diminue d'environ 0,4 °C à chaque degré de latitude en s'éloignant de l'équateur[105]. La Terre peut être divisée en ceintures latitudinaires de climat similaires. En partant de l'équateur, celles-ci sont les zones tropicales (ou équatoriales), subtropicales, tempérées et polaires[106]. Le climat peut également être basé sur les températures et les précipitations. La classification de Köppen (modifiée par Rudolph Geiger, étudiant de Wladimir Peter Köppen) est la plus utilisée et définit cinq grands groupes (tropical humide, aride, tempéré, continental et polaire) qui peuvent être divisés en sous-groupes plus précis[102].
102
+
103
+ Au-dessus de la troposphère, l'atmosphère est habituellement divisée en trois couches, la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère[100]. Chaque couche possède un gradient thermique adiabatique différent définissant l'évolution de la température avec l'altitude. Au-delà, l'exosphère se transforme en magnétosphère, où le champ magnétique terrestre interagit avec le vent solaire[107]. La couche d'ozone se trouve dans la stratosphère et bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui est important pour la vie sur Terre. La ligne de Kármán, définie comme se trouvant à 100 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, est la limite habituelle entre l'atmosphère et l'espace[108].
104
+
105
+ L'énergie thermique peut accroître la vitesse de certaines particules de la zone supérieure de l'atmosphère qui peuvent ainsi échapper à la gravité terrestre. Cela entraîne une lente, mais constante « fuite » de l'atmosphère dans l'espace. Comme l'hydrogène non lié a une faible masse moléculaire, il peut atteindre la vitesse de libération plus facilement et disparaît dans l'espace à un rythme plus élevé que celui des autres gaz[109]. La fuite de l'hydrogène dans l'espace déplace la Terre d'un état initialement réducteur à un état actuellement oxydant. La photosynthèse fournit une source d'oxygène non lié, mais la perte d'agents réducteurs comme l'hydrogène est considérée comme une condition nécessaire à l'accumulation massive d'oxygène dans l'atmosphère[110]. Ainsi, la capacité de l'hydrogène à quitter l'atmosphère terrestre aurait pu influencer la nature de la vie qui s'est développée sur la planète[111]. Actuellement, la plus grande partie de l'hydrogène est convertie en eau avant qu'il ne s'échappe du fait de l'atmosphère riche en oxygène. La plupart de l'hydrogène s'échappant provient de la destruction des molécules de méthane dans la haute atmosphère[112].
106
+
107
+ Le champ magnétique terrestre a pour l'essentiel la forme d'un dipôle magnétique avec les pôles actuellement situés près des pôles géographiques de la planète. À l'équateur du champ magnétique, son intensité à la surface terrestre est de 3,05 × 10−5 T, avec un moment magnétique global de 7,91 × 1015 T m3[113]. Selon la théorie de la dynamo, le champ est généré par le cœur externe fondu où la chaleur crée des mouvements de convection au sein de matériaux conducteurs, ce qui génère des courants électriques. Ceux-ci produisent le champ magnétique terrestre. Les mouvements de convection dans le noyau externe sont organisés spatialement selon un mode spécifique de cette géométrie (colonnes de Busse), mais présentent néanmoins une composante temporelle relativement chaotique (au sens de la dynamique non-linéaire) ; bien que le plus souvent plus ou moins alignés avec l'axe de rotation de la Terre, les pôles magnétiques se déplacent et changent irrégulièrement d'alignement. Cela entraîne des inversions du champ magnétique terrestre à intervalles irréguliers, approximativement plusieurs fois par million d'années pour la période actuelle, le Cénozoïque. L'inversion la plus récente eut lieu il y a environ 700 000 ans[114],[115].
108
+
109
+ Le champ magnétique forme la magnétosphère qui dévie les particules du vent solaire et s'étend jusqu'à environ treize fois le rayon terrestre en direction du Soleil. La collision entre le champ magnétique et le vent solaire forme les ceintures de Van Allen, une paire de régions toroïdales contenant un grand nombre de particules énergétiques ionisées. Lorsque, à l'occasion d'arrivées de plasma solaire plus intenses que le vent solaire moyen, par exemple lors d'événements d'éjections de masse coronale vers la Terre, la déformation de la géométrie de la magnétosphère sous l'impact de ce flux solaire permet le processus de reconnexion magnétique, et une partie des électrons de ce plasma solaire entre dans l'atmosphère terrestre en une ceinture autour aux pôles magnétiques ; il se forme alors des aurores polaires[116], qui sont l'émission d'une lumière de fluorescence résultant de la désexcitation des atomes et molécules, essentiellement d'oxygène de la haute et moyenne atmosphère, excités par les chocs des électrons solaires[réf. nécessaire].
110
+
111
+ La période de rotation relative de la Terre par rapport au Soleil est d'environ 86 400 s soit un jour solaire[117]. La période de rotation relative de la Terre par rapport aux étoiles fixes, appelé son jour stellaire par l'International Earth Rotation and Reference Systems Service (IERS), est de 86 164,098 903 691 secondes de temps solaire moyen (UT1) ou 23 h 56 min 4,098903691 s[118],[f]. Du fait de la précession des équinoxes, la période de rotation relative de la Terre, son jour sidéral est de 23 h 56 min 4,09053083288 s[118]. Ainsi le jour sidéral est plus court que le jour stellaire d'environ 8,4 ms[119].
112
+
113
+ À part des météorites dans l'atmosphère et les satellites en orbite basse, le principal mouvement apparent des corps célestes dans le ciel terrestre est vers l'ouest à un rythme de 15°/h ou 15'/min. Pour les corps proches de l'équateur céleste, cela est équivalent à un diamètre apparent de la Lune ou du Soleil toutes les deux minutes[120],[121].
114
+
115
+ Avant la création de la Lune, on suppose que l'axe de rotation de la Terre oscillait en permanence, ce qui rendait difficile l'apparition de la vie à sa surface pour causes de dérèglement climatique. Puis, une petite planète de la taille de Mars nommée Théia serait entrée en collision avec la Terre et aurait créé la Lune. L'apparition de cette dernière aurait stabilisé l'axe de rotation de la Terre[réf. nécessaire].
116
+
117
+ La Terre orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 150 millions de kilomètres suivant une période de 365,256 4 jours solaires ou une année sidérale. De la Terre, cela donne un mouvement apparent du Soleil vers l'est par rapport aux étoiles à un rythme d'environ 1°/jour ou un diamètre solaire toutes les 12 heures. Du fait de ce mouvement, il faut en moyenne 24 heures, un jour solaire, à la Terre pour réaliser une rotation complète autour de son axe et que le Soleil revienne au plan méridien. La vitesse orbitale de la Terre est d'environ 29,8 km/s (107 000 km/h)[98].
118
+
119
+ La Lune et la Terre tournent autour de leur barycentre commun en 27,32 jours (par rapport aux étoiles lointaines). En associant ce mouvement à celui du couple Terre-Lune autour du Soleil, on obtient que la période du mois synodique (d'une nouvelle lune à la nouvelle lune suivante) est de 29,53 jours. Vus depuis le pôle céleste nord, les mouvements de la Terre, de la Lune et de leurs rotations axiales sont tous dans le sens direct (le même que celui de la rotation du Soleil). Les plans orbitaux et axiaux ne sont pas précisément alignés, l'axe de la Terre est incliné de 23,4° par rapport à la perpendiculaire au plan orbital Terre-Soleil et le plan orbital Terre-Lune est incliné de 5° par rapport au plan orbital Terre-Soleil. Sans cette inclinaison, il y aurait une éclipse toutes les deux semaines, avec une alternance entre éclipses lunaires et solaires[98],[122].
120
+
121
+ La sphère de Hill ou la sphère d'influence gravitationnelle de la Terre a un rayon d'environ 1 500 000 kilomètres[123],[g]. C'est la distance maximale à laquelle l'influence gravitationnelle de la Terre est supérieure à celle du Soleil et des autres planètes. Pour orbiter autour de la Terre, les objets doivent se trouver dans cette zone où ils peuvent être perturbés par l'attraction gravitationnelle du Soleil[réf. nécessaire].
122
+
123
+ La Terre, au sein du Système solaire, est située dans la Voie lactée et se trouve à 28 000 années-lumière du centre galactique. Elle est actuellement à environ 20 années-lumière du plan équatorial de la galaxie dans le bras d'Orion[124].
124
+
125
+ Du fait de l'inclinaison axiale de la Terre, la quantité de rayonnement solaire atteignant tout point de la surface varie au cours de l'année. Cela a pour conséquence des changements saisonniers dans le climat avec un été dans l'hémisphère nord lorsque le pôle nord pointe vers le Soleil et l'hiver lorsque le pôle pointe dans l'autre direction. Durant l'été, les jours durent plus longtemps et le Soleil monte plus haut dans le ciel. En hiver, le climat devient généralement plus froid et les jours raccourcissent. Au-delà du cercle Arctique, il n'y a aucun jour durant une partie de l'année, ce qui est appelé une nuit polaire. Dans l'hémisphère sud, la situation est exactement l'inverse.
126
+
127
+ Par convention astronomique, les quatre saisons sont déterminées par les solstices, lorsque le point de l'orbite où l'inclinaison vers ou dans la direction opposée du Soleil est maximale et les équinoxes lorsque la direction de l'inclinaison de l'axe et la direction au Soleil sont perpendiculaires. Dans l'hémisphère nord, le solstice d'hiver a lieu le 21 décembre, le solstice d'été est proche du 21 juin, l'équinoxe de printemps a lieu autour du 20 mars et l'équinoxe d'automne vers le 21 septembre. Dans l'hémisphère sud, la situation est inversée et les dates des solstices d'hiver et d'été et celles des équinoxes de printemps et d'automne sont aussi inversées[125].
128
+
129
+ L'angle d'inclinaison de la Terre est relativement stable au cours du temps. L'inclinaison entraîne la nutation, un balancement périodique ayant une période de 18,6 années[126]. L'orientation (et non l'angle) de l'axe de la Terre évolue et réalise un cycle complet en 25 771 années. Cette précession des équinoxes est la cause de la différence de durée entre une année sidérale et une année tropique. Ces deux mouvements sont causés par le couple qu'exercent les forces de marées de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. De plus, les pôles se déplacent périodiquement par rapport à la surface de la Terre selon un mouvement connu sous le nom d'oscillation de Chandler[127].
130
+
131
+ À l'époque moderne, le périhélie de la Terre a lieu vers le 3 janvier et l'aphélie vers le 4 juillet. Ces dates évoluent au cours du temps du fait de la précession et d'autres facteurs orbitaux qui suivent un schéma cyclique connu sous le nom de paramètres de Milanković.
132
+
133
+ La Terre a un seul satellite naturel « permanent » connu, la Lune, située à environ 380 000 kilomètres de la Terre. Relativement grand, son diamètre est environ le quart de celui de la Terre. Au sein du Système solaire, c'est l'un des plus grands satellites naturels (après Ganymède, Titan, Callisto et Io) et le plus grand d'une planète non gazeuse. De plus, c'est la plus grande lune du Système solaire par rapport à la taille de sa planète (même si Charon est relativement plus grand par rapport à la planète naine Pluton). Elle est relativement proche de la taille de la planète Mercure (environ les trois quarts du diamètre de cette dernière). Les satellites naturels orbitant autour des autres planètes sont communément appelés « lunes » en référence à la Lune de la Terre.
134
+
135
+ L'attraction gravitationnelle entre la Terre et la Lune cause les marées sur Terre. Le même effet a eu lieu sur la Lune, de sorte que sa période de rotation est identique au temps qu'il lui faut pour orbiter autour de la Terre, et qu'elle présente ainsi toujours la même face vers la Terre. En orbitant autour de la Terre, différentes parties du côté visible de la Lune sont illuminées par le Soleil, causant les phases lunaires.
136
+
137
+ À cause du couple des marées, la Lune s'éloigne de la Terre à un rythme d'environ 38 millimètres par an, produisant aussi l'allongement du jour terrestre de 23 microsecondes par an[128]. Sur plusieurs millions d'années, l'effet cumulé de ces petites modifications produit d'importants changements. Durant la période du D��vonien, il y a approximativement 410 millions d'années, il y avait ainsi 400 jours dans une année, chaque jour durant 21,8 heures[129].
138
+
139
+ La Lune pourrait avoir eu une influence dans le développement de la vie en régulant le climat de la Terre. Les observations paléontologiques et les simulations informatiques en mécanique planétaire montrent que l'inclinaison de l'axe de la Terre est stabilisée par les effets de marées avec la Lune[130]. Certains scientifiques considèrent que sans cette stabilisation contre les couples appliqués par le Soleil et les planètes sur le renflement équatorial, l'axe de rotation aurait pu être très instable, ce qui aurait provoqué des changements chaotiques de son inclinaison au cours des temps géologiques et pour des échelles de durées supérieures à typiquement quelques dizaines de millions d'années, comme cela semble avoir été le cas pour Mars[131].
140
+
141
+ La Lune est aujourd'hui à une distance de la Terre telle que, vue depuis celle-ci, notre satellite a à peu près la même taille apparente (taille angulaire) que le Soleil. Le diamètre angulaire (ou l'angle solide) des deux corps est quasiment identique, car même si le diamètre du Soleil est 400 fois plus important que celui de la Lune, celle-ci est 400 fois plus rapprochée de la Terre que notre étoile[121]. Ceci permet de voir sur Terre et à notre époque géologique, des éclipses solaires totales ou annulaires (en fonction des petites variations de distance Terre-Lune, liées à la très légère ellipticité de l'orbite sélène).
142
+
143
+ Le consensus actuel sur les origines de la Lune est en faveur de l'hypothèse de l'impact géant entre un planétoïde de la taille de Mars, appelé Théia, et la proto-Terre nouvellement formée. Cette hypothèse explique en partie le fait que, en ce qui concerne la croûte lunaire, la composition chimique, principalement pour de nombreux éléments-trace, ainsi qu'en isotopie, principalement celle de l'oxygène (en gros, la moitié des atomes), ressemble particulièrement à celle de la croûte terrestre[132].
144
+
145
+ Les modèles informatiques des astrophysiciens Mikael Granvik, Jérémie Vaubaillon et Robert Jedicke suggèrent que des « satellites temporaires » devraient être tout à fait communs et que « à tout instant, il devrait y avoir au moins un satellite naturel, possédant un diamètre de 1 mètre, en orbite autour de la Terre »[trad 1],[133]. Ces objets resteraient en orbite durant en moyenne dix mois avant de revenir dans une orbite solaire.
146
+
147
+ L'une des premières mentions dans la littérature scientifique d'un satellite temporaire est celle de Clarence Chant lors de la grande procession météorique de 1913[134] :
148
+
149
+ « Il semblerait que les corps ayant voyagé à travers l'espace, probablement selon une orbite autour du Soleil et passant près de la Terre, auraient pu être capturés par celle-ci et être amenés à se déplacer autour d'elle comme un satellite[trad 2],[135]. »
150
+
151
+ Dans les faits, un tel objet est connu. En effet, entre 2006 et 2007, 2006 RH120 était effectivement temporairement en orbite autour de notre planète plutôt qu'autour du Soleil[136].
152
+
153
+ Le 21 septembre 2012, des chutes de météorites ont lieu sur les îles Britanniques et l'Amérique du Nord. L'origine de ces météorites pourrait être un petit corps en orbite autour de la Terre[137].
154
+
155
+ En janvier 2014, on compte 1 167 satellites artificiels en orbite autour de la Terre (contre 931 en 2011)[138].
156
+
157
+ 2010 TK7 est le premier astéroïde troyen connu de la Terre, autour du point de Lagrange L4 du couple Terre-Soleil, 60° en avance par rapport à la Terre sur son orbite autour du Soleil.
158
+
159
+ Les nuages de Kordylewski graviteraient aux points L4 et L5 du système Terre-Lune, mais leur existence reste incertaine à ce jour.
160
+
161
+ La Terre a au moins sept quasi-satellites :
162
+
163
+ Une planète qui peut abriter la vie est dite habitable même si la vie n'y est pas présente, ou n'en est pas originaire. La Terre fournit de l'eau liquide, des environnements où les molécules organiques complexes peuvent s'assembler et interagir, et suffisamment d'une énergie dite « douce » pour maintenir, pendant une durée suffisamment longue, un système de métabolismes[139]. La distance de la Terre au Soleil, de même que son excentricité orbitale, sa vitesse de rotation, l'inclinaison de son axe, son histoire géologique, une atmosphère restée non-agressive pour les molécules organiques malgré une évolution de composition chimique drastique, et un champ magnétique protecteur contribuent également, depuis l'apparition de la vie terrestre, aux conditions d'habitabilité à sa surface[140].
164
+
165
+ Les formes de vie de la planète sont parfois désignées comme formant une « biosphère ». On considère généralement que cette biosphère a commencé à évoluer il y a environ 3,5 milliards d'années. La biosphère est divisée en plusieurs biomes, habités par des groupes similaires de plantes et d'animaux. Sur terre, les biomes sont principalement séparés par des différences de latitudes, l'altitude et l'humidité. Les biomes terrestres se trouvant au-delà des cercles Arctique et Antarctique, en haute altitude ou dans les zones très arides sont relativement dépourvus de vie animale et végétale alors que la biodiversité est maximale dans les forêts tropicales humides[141].
166
+
167
+ La Terre fournit des ressources qui sont exploitables par les humains pour diverses utilisations. Certaines ne sont pas renouvelables, comme les combustibles fossiles, qui sont difficiles à reconstituer sur une courte échelle de temps. D'importantes quantités de combustibles fossiles peuvent être obtenues de la croûte terrestre, comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou les hydrates de méthane. Ces dépôts sont utilisés pour la production d'énergie, et en tant que matière première pour l'industrie chimique. Les minerais se sont formés dans la croûte terrestre et sont constitués de divers éléments chimiques utiles comme les métaux[142].
168
+
169
+ La biosphère terrestre produit de nombreuses ressources biologiques pour les humains, comme de la nourriture, du bois, des médicaments, de l'oxygène et assure également le recyclage de nombreux déchets organiques. Les écosystèmes terrestres dépendent de la couche arable et de l'eau douce, tandis que les écosystèmes marins sont basés sur les nutriments dissous dans l'eau[143]. Les humains vivent également sur terre en utilisant des matériaux de construction pour fabriquer des abris. En 1993, l'utilisation humaine des terres était approximativement répartie ainsi :
170
+
171
+ La superficie irriguée estimée en 1993 était de 2 481 250 km2[87].
172
+
173
+ D'importantes zones de la surface terrestre sont sujettes à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones, des ouragans ou des typhons qui dominent la vie dans ces régions. De 1980 à 2000, ces événements ont causé environ 11 800 morts par an[144]. De même, de nombreuses régions sont exposées aux séismes, aux glissements de terrain, aux éruptions volcaniques, aux tsunamis, aux tornades, aux dolines, aux blizzards, aux inondations, aux sécheresses, aux incendies de forêt et autres calamités et catastrophes naturelles.
174
+
175
+ De nombreuses régions sont sujettes à la pollution de l'air et de l'eau créée par l'homme, aux pluies acides, aux substances toxiques, à la perte de végétation (surpâturage, déforestation, désertification), à la perte de biodiversité, à la dégradation des sols, à l'érosion et à l'introduction d'espèces invasives.
176
+
177
+ Selon les Nations unies, un consensus scientifique existe qui lie les activités humaines au réchauffement climatique du fait des émissions industrielles de dioxyde de carbone, et plus généralement des gaz à effet de serre. Cette modification du climat risque de provoquer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des amplitudes de température plus extrêmes, d'importants changements de la météorologie et une élévation du niveau de la mer[145],[146].
178
+
179
+ La Terre compte approximativement 7,3 milliards d'habitants en 2015[148]. Les projections indiquent que la population mondiale atteindra 9,7 milliards d'habitants en 2050[148]. La plupart de cette croissance devrait se faire dans les pays en développement. La région de l'Afrique subsaharienne a le taux de natalité le plus élevé au monde. La densité de population humaine varie considérablement autour du monde, mais une majorité vit en Asie. En 2020, 60 % de la population devrait vivre dans des zones urbaines plutôt que rurales[149].
180
+
181
+ On estime que seul un-huitième de la surface de la Terre convient pour les humains ; trois-quarts de la Terre sont recouverts par les océans et la moitié des terres émergées sont des déserts (14 %)[150], des hautes montagnes (27 %)[151] ou d'autres milieux peu accueillants. L'implantation humaine permanente la plus au nord est Alert sur l'île d'Ellesmere au Canada (82°28′N)[152]. La plus au sud est la station d'Amundsen-Scott en Antarctique située près du pôle sud (90°S)[réf. nécessaire].
182
+
183
+ La totalité des terres émergées, à l'exception de certaines zones de l'Antarctique et du Bir Tawil non revendiqué que ce soit par l'Égypte ou le Soudan, sont revendiquées par des nations indépendantes. En 2011, on compte 204 États souverains dont 193 sont membres des Nations unies. De plus, il existe 59 territoires à souveraineté limitée et de nombreuses entités autonomes ou contestées[87]. Historiquement la Terre n'a jamais connu une souveraineté s'étendant sur l'ensemble de la planète même si de nombreuses nations ont tenté d'obtenir une domination mondiale et ont échoué[153].
184
+
185
+ L'Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui fut créée dans le but de régler pacifiquement les conflits entre nations[154]. Les Nations unies servent principalement de lieu d'échange pour la diplomatie et le droit international public. Lorsque le consensus est obtenu entre les différents membres, une opération armée peut être envisagée[155].
186
+
187
+ Le premier astronaute humain à avoir orbité autour de la Terre fut Youri Gagarine le 12 avril 1961[156]. Au total, en 2015, environ 550 personnes se sont rendues dans l'espace et douze d'entre elles ont marché sur la Lune[157],[158],[159]. En temps normal, au début du 21e siècle, les seuls humains dans l'espace sont ceux se trouvant dans la station spatiale internationale qui est habitée en permanence, les stations spatiales chinoises n'ayant eu dans les années 2010 que des séjours de courtes durées. Les astronautes de la mission Apollo 13 sont les humains qui se sont le plus éloignés de la Terre avec 400 171 kilomètres en 1970[160].
188
+
189
+ Dans le passé, la croyance en une terre plate[161] fut contredite par les observations et par les circumnavigations et le modèle d'une Terre sphérique s'imposa[162].
190
+
191
+ À la différence des autres planètes du Système solaire, l'humanité n'a pas considéré la Terre comme un objet mobile en rotation autour du Soleil avant le XVIe siècle[163]. La Terre a souvent été personnifiée en tant que déité, en particulier sous la forme d'une déesse. Les mythes de la création de nombreuses religions relatent la création de la Terre par une ou plusieurs divinités[réf. nécessaire].
192
+
193
+ Quelques groupes religieux souvent affiliés aux branches fondamentalistes du protestantisme[164] et de l'islam[165] avancent que leur interprétation des mythes de la création dans les textes sacrés est la vérité et que celle-ci devrait être considérée comme l'égale des hypothèses scientifiques conventionnelles concernant la formation de la Terre et le développement de la vie voire devrait les remplacer[166]. De telles affirmations sont rejetées par la communauté scientifique[167],[168] et par les autres groupes religieux[169],[170],[171].
194
+
195
+ La vision humaine concernant la Terre a évolué depuis les débuts de l'aérospatiale et la biosphère est maintenant vue selon une perspective globale[172],[173]. Cela est reflété dans le développement de l'écologie qui s'inquiète de l'impact de l'humanité sur la planète[174].
196
+
197
+ Dès 1945, Paul Valéry, dans son ouvrage Regards sur le monde actuel, estimait que « le temps du monde fini commence »[175]. Par « monde », il n'entendait pas le monde-univers des Anciens, mais notre monde actuel, c'est-à-dire, la Terre et l'ensemble de ses habitants.
198
+
199
+ Bertrand de Jouvenel a évoqué la finitude de la Terre dès 1968[176].
200
+
201
+ Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans la nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Estimant que cette finitude est suffisamment connue et prouvée pour qu'il soit inutile de l'illustrer, il souligne qu'elle a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique. La preuve expérimentale du raccordement symbolique de l'écologie à la culture a été fournie par les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune. Ils dirent que la Terre était belle, précieuse, et fragile. C'est-à-dire que l'Homme a le devoir de la protéger[177].
202
+
203
+ La finitude écologique de la Terre est une question devenue tellement prégnante que certains philosophes (Heidegger, Grondin, Schürch) ont pu parler d'une éthique de la finitude[178].
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+ Les concepts d'empreinte écologique et de biocapacité permettent d'appréhender les problèmes liés à la finitude écologique de la Terre[réf. nécessaire].
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3
+ Le baseball [bɛzbol][1] Écouter (de l'anglais : [ˈbeɪsˌbɔl][2] Écouter) est un sport collectif dérivé des mêmes racines que le cricket, qui se pratique sur un terrain de gazon et de sable. Il se joue avec des battes pour frapper une balle lancée, et des gants pour rattraper la balle. Les origines du baseball prêtent à controverse, mais il est indiscutable que les premières règles modernes (les « Knickerbocker Rules ») ont été codifiées aux États-Unis en 1845. Les racines européennes du jeu, longtemps négligées par les autorités américaines afin de faire du baseball un sport typiquement américain, sont connues de longue date par les historiens américains du sport. La récente mise en lumière d'une description d'un match joué en 1755 dans le Surrey (Angleterre) va dans ce sens[3].
4
+
5
+ C'est bien aux États-Unis, toutefois, que ce sport s'organise et se structure. Les premiers championnats y voient le jour dès 1857-1858, le professionnalisme est autorisé à partir de 1869 et la Ligue nationale est créée en 1876. Trente franchises, l'une d'elles basée au Canada, à Toronto, évoluent au plus haut niveau, dans la Ligue majeure de baseball (ligue également connue sous le sigle de son nom anglais : MLB pour Major League Baseball). Depuis 1903, les séries mondiales opposent en octobre les vainqueurs des deux ligues formant la MLB.
6
+
7
+ Géré au niveau mondial par la World Baseball and Softball Confederation (WBSC), ce sport d'été pratiqué généralement du printemps à l'automne est très populaire en Amérique du Nord, dans certains pays de l'Amérique centrale (Nicaragua et Panama), de l'Amérique du Sud (Colombie et Venezuela), des Antilles (Cuba, République dominicaine, Porto Rico) et de l'Asie (Japon, Corée du Sud, Taïwan).
8
+
9
+ Le jeu anglais du rounders apparaît comme l'un des ancêtres du baseball. La première référence au rounders est faite dans un livre anglais de John Newbery en 1744 : A Little Pretty Pocket-Book[4]. Un autre jeu à l'origine du baseball est « La balle empoisonnée » : constitué de quatre bases dont l'une est nommée « maison », un lanceur, un batteur et des équipes de dix ou douze joueurs[5].
10
+
11
+ Le terme de « baseball » (ou « base ball », comme on l'écrivait jusque dans les années 1920[6]) est déjà utilisé en Angleterre au XVIIIe siècle, puis entre dans le langage, la littérature et la presse aux États-Unis durant les années 1820. La première apparition dans la presse remonte au 25 avril 1823 à New York[7]. Le terme englobe plusieurs jeux comme le rounders, le town ball et le round ball. Ces jeux sont notamment pratiqués au nord-est des États-Unis (New York, Boston et Philadelphie) mais aussi dans le centre du pays (Illinois, Ohio et Indiana principalement). Ce sont toutefois les quartiers de Manhattan et de Brooklyn qui abritent les formations new-yorkaises comme les Knickerbockers de New York, enfantant la première version moderne du jeu de baseball[8].
12
+
13
+ En 1845, les premières règles modernes (les « Knickerbocker Rules ») sont codifiées par Alexander Cartwright en adaptant celles du rounders et du town ball. Elles sont adoptées le 23 septembre 1845. Selon les recherches de l'historien Charles A. Peverelly, les Knickerbockers commencèrent probablement à jouer de façon formelle dès 1842[6]. Ainsi, le New York Baseball Club fête son deuxième anniversaire le 11 novembre 1845 tandis qu'un club de Brooklyn joue à l'Elysean Field en 1845[6].
14
+
15
+ Une légende est construite de toutes pièces au début du XXe siècle faisant d'Abner Doubleday l'inventeur du baseball en 1839 à Cooperstown. Une célébration du centenaire de cet événement se tient même en 1939. Cette légende est réfutée dès sa publication par de nombreux connaisseurs du jeu tel Will Irvin qui publie un article sur ce thème en 1909 dans le magazine Collier's[9]. Joe Williams écrit le 13 juin 1936 dans le New York World-Telegram un article intitulé The Myth of Doubleday (le mythe de Doubleday)[10]. Robert W. Henderson publie dès 1939[11] des travaux sur les liens entre le baseball et le rounders puis en 1947, Ball, Bat and Bishop qui invalide les conclusions de la Commission Mills (1908) à l'origine de cette légende. Le 3 juin 1953, le Congrès des États-Unis crédite officiellement Alexander Cartwright de l'invention du sport[12] en raison de son rôle déterminant dans la codification du jeu moderne.
16
+
17
+ Dans l'état actuel des recherches il est impossible de déterminer avec précision la tenue du premier match. Par convention, la rencontre du 19 juin 1846 jouée à Hoboken (New Jersey)[13] fait office de premier match[14].
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+ La première convention de clubs a lieu à New York en janvier 1857 avec une douzaine de clubs de Brooklyn et de New York[15]. Un championnat non officiel est mis en place. Il est remporté par les Brooklyn Atlantics. En mars 1858, la National Association of Base Ball Players (NABBP) est créée à New York par seize clubs toujours originaires de Brooklyn et New York[16]. Jusqu'à la Guerre de Sécession, plusieurs dizaines de clubs de « New York Game » se montent à travers les États-Unis et adoptent le règlement des Knickerbockers. À la fin de la guerre, le sport touche l'ensemble du pays quand les soldats rentrent dans leurs foyers. Ils ont été initiés au jeu par les New-Yorkais de leurs régiments[17].
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+ La première formation professionnelle voit le jour en 1869 (Cincinnati Red Stockings) à la suite de l'autorisation du statut professionnel par la NABBP le 9 décembre 1868[18]. La première ligue majeure est créée en 1871 par d'anciens clubs de la NABBP ; elle prend le nom de National Association of Professional Base Ball Players (NAPBBP). La Ligue nationale actuelle est fondée en 1876 et la Ligue américaine devient une ligue majeure en 1901. Les Séries mondiales entre les champions de ces deux ligues sont créées en 1903.
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+ Ce sport national américain (« national pastime ») connaît un retentissant scandale en 1919, celui des Black Sox impliquant plusieurs joueurs des White Sox de Chicago pour corruption à l'occasion des Séries mondiales. Le juge Kenesaw Mountain Landis est nommé comme commissaire des ligues majeures ; il reste en poste de 1920 à 1944, impose une discipline de fer au monde du baseball, mais renforce le pouvoir des propriétaires sur les joueurs. Les premiers syndicats de joueurs sont formés dès 1885, mais il faut attendre 1966 et la création de la MLBPA pour voir les joueurs obtenir des avancées significatives. Des conflits avec des grèves en 1971, 1982 et 1994 marquèrent les rapports houleux entre joueurs et propriétaires à propos de leurs possibilités de transfert et de la fixation d'un salaire minimum, notamment. La grève la plus importante fut celle de 1994-1995 qui entraîna l'annulation de 938 matches et l'ensemble des matches de play-offs et même des Séries mondiales 1994.
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+ Parmi les plus fameux joueurs des années 1870-1945, citons Cy Young, Christy Mathewson, Honus Wagner, Walter Johnson, Ty Cobb, Babe Ruth, Lou Gehrig et Joe DiMaggio, notamment. Ces stars des ligues majeures sont tous des joueurs blancs car les joueurs noirs ont à la fin des années 1880 l'interdiction de jouer en ligue majeure. Cet accord entre les propriétaires de franchises est validé en 1896 par la Cour suprême des États-Unis (arrêt Plessy v. Ferguson). Les joueurs noirs comme Satchel Paige évoluent alors dans les « Negro Leagues »[19], symbole fort de la politique ségrégationniste américaine.
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+ Cette situation perdure jusqu'en 1947 avec l'arrivée de Jackie Robinson aux Dodgers de Brooklyn. Robinson est recruté par le manager général des Dodgers, Branch Rickey, et débute en Ligue majeure le 15 avril 1947. Victime de nombreuses attaques racistes, Robinson tient bon et ouvre la voie aux joueurs noirs dans la Major League Baseball (MLB). Depuis l'an 2000, le 15 avril est célébré par la MLB comme le « Jackie Robinson Day », tandis que son numéro 42 est retiré en 1997 dans l'ensemble des franchises de la MLB[20].
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+ Depuis l'entrée en scène de Robinson, les principaux joueurs furent Stan Musial, Mickey Mantle, Sandy Koufax, Yogi Berra, Warren Spahn, Hank Aaron, Pete Rose, Cal Ripken, Jr. et Ted Williams. Aujourd'hui, Roger Clemens, Alex Rodriguez et Barry Bonds comptent parmi les joueurs les plus fameux.Inauguré en 1936, le Temple de la renommée du baseball (« Hall of Fame ») honore la mémoire des principaux joueurs, entraîneurs, arbitres, propriétaires et dirigeants des ligues majeures, Negro Leagues incluses. Après l'élection d'Andre Dawson le 6 janvier 2010[21],[22], 292 personnalités ont été inscrites au palmarès, parmi lesquelles 239 joueurs (dont 35 des Negro Leagues), 18 entraîneurs, 9 arbitres et 26 pionniers et dirigeants[23].
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+ La première référence à l'expression National Pastime (passe-temps national) remonte à 1889[24]. Comme sport populaire, le football américain concurrence le baseball depuis un demi-siècle. La bascule semble s'effectuer au milieu des années 1960. En 1965, un sondage donne encore un net avantage au baseball sur le football américain par 38 % contre 25 % (45 % - 23 % en 1964)[25]. En 1967, le football américain prend pour la première fois l'avantage par 39 % contre 29 %[25]. Le baseball atteint son point bas en 1975. Cette saison-là, la finale serrée entre les Red Sox de Boston et les Reds de Cincinnati passionne les téléspectateurs, relançant du même coup l'intérêt du public pour une discipline qui souffrait depuis dix ans d'une image de sport du passé[25]. Depuis lors, les affluences sont clairement à la hausse pour atteindre des records historiques au début du XXIe siècle. En 2007, 79 502 524 spectateurs ont assisté aux 2 425 matchs de la saison régulière de la MLB, soit une moyenne record par match de 32 785 spectateurs et une hausse de 4,5 % par rapport à la saison record de 2006[26]. De plus, 42 812 812 spectateurs ont rempli les tribunes des stades des ligues mineures en 2007. C'est également un record pour les Minors[26]. Année de crise économique, 2009 est marquée par un léger tassement des affluences. Avec 73 418 479 spectateurs en saison régulière de Ligue majeure, le cru 2009 se place au cinquième rang de l'histoire de la MLB[27]. En 2010, le football américain professionnel reste en tête des sports préférés des Américains (31 %) devant le baseball (17 %), le football américain universitaire (12 %), le sport automobile (7 %), le basket-ball professionnel masculin (6 %), le hockey sur glace (5 %), le basket-ball universitaire (4 %) et le football masculin (4 %)[28].
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+ L'exportation du baseball commence à la fin du XIXe siècle. En 1864, Cuba voit apparaître les premières traces de baseball. Il faut attendre 1868 pour que le premier club soit créé et 1878 pour le premier championnat[29]. Le baseball apparaît ensuite en République dominicaine en 1868[30], au Japon en 1872 (première équipe fondée en 1878 et premier championnat national en 1920)[31], au Mexique en 1877[32], au Panama en 1882[33], au Nicaragua en 1888 (premier championnat professionnel en 1956)[34], au Venezuela et à Taïwan en 1895 (premier championnat professionnel en 1990)[35], en Corée en 1905 (premier championnat professionnel en 1982)[36], aux Pays-Bas dans les années 1900 (fédération fondée en 1912 et premier championnat en 1922)[37]. Le baseball possède le statut de sport national à Cuba, à Taïwan, au Nicaragua, au Panama, à Porto Rico ou en République dominicaine notamment. En Corée du Sud et au Japon, le football devient un solide concurrent[38].
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+ Au Canada, une ligue professionnelle américano-canadienne est en place dès 1886 : la Ligue internationale, qui résulte de la fusion de la Ligue de l'état de New York, fondée en 1885, et de la Ligue de l'Ontario, également créée en 1885[39]. L'International Association avait déjà expérimenté le concept de ligue américano-canadienne en 1877, mais l'expérience stoppa après deux saisons[40]. Il faut attendre 1969 pour assister à la création de la première franchise canadienne de ligue majeure : les Expos de Montréal, transférés en 2005 à Washington. Les Blue Jays de Toronto, créés en 1977, restent la seule formation canadienne de MLB. En ligues mineures, quelques représentants canadiens sont encore présents, mais nombre de ligues jadis américano-canadiennes deviennent exclusivement américaines. Chez les Triple-A, l'élite des ligues mineures, la Ligue de la côte du Pacifique (Pacific Coast League) se sépare de sa dernière franchise canadienne en 2002 ; idem pour la Ligue internationale (International League) à l'automne 2007.
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+ Le premier match de baseball joué sur le sol français a lieu le 8 mars 1889[41] à l'occasion de l'exposition universelle dans le cadre du Spalding World Tour[42]. Il s'agit d'un match entre une sélection des joueurs de la Ligue nationale et le club des White Stockings de Chicago. Clubs et compétitions voient le jour à Paris avant la Première Guerre mondiale[43]. La fédération est fondée en 1924 et le Championnat de France est mis en place en 1926[41].
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+ La Fédération internationale de baseball créée en 1938 reconnaît 112 fédérations nationales. Elle organise notamment la Coupe du monde de baseball. Le baseball est sport olympique de 1992 à 2008 mais perd ce statut après les Jeux de Pékin[44]. En août 2016, le CIO donne son accord pour ajouter le baseball/softball au programme des Jeux de 2020[45].
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+ Depuis un demi-siècle, le baseball cubain vit, à l'image du pays sous embargo américain, en quasi autarcie. Quelques joueurs cubains parviennent à quitter l'ile, parfois de façon rocambolesque. Les meilleurs d'entre eux rejoignent la Ligue majeure. Dernier cas en date, Aroldis Chapman, jeune lanceur cubain qui se fait la belle le 1er juillet 2009 à l'occasion d'un déplacement de l'équipe nationale aux Pays-Bas. Il signe un contrat de six ans pour 30 millions de dollars chez les Reds de Cincinnati six mois plus tard[46]. Ces défections ne facilitent pas les rapports déjà houleux entre Cuba et les États-Unis. La passion commune du baseball reste pourtant une source de diplomatie positive, comme le confirment les archives américaines déclassifiées, avec la mise en place d'une diplomatie du baseball en 1975 afin de réchauffer un peu les relations entre les deux pays[47]. La « Beisbol Diplomacy » est également utilisée au Nicaragua, notamment[48].
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43
+ Un lexique franco-anglais des principaux termes utilisés au baseball.
44
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45
+ Les termes marqués avec un astérisque (*) sont ceux qui sont majoritairement utilisés en France. Quand aucun des mots (français ou anglais) n'est marqué, c'est que les deux termes sont autant utilisés l'un que l'autre.
46
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47
+ Une rencontre de baseball se joue avec deux équipes qui alternent en défense et en attaque. Les neuf joueurs d'une équipe passent successivement à la batte (batteurs) dans un ordre précis (le line-up) et constituent l'attaque, les neuf joueurs de l'autre équipe se trouvent sur le terrain en défense : un lanceur, un receveur et sept autres joueurs (quatre dans le champ intérieur : première base, deuxième base, arrêt-court, troisième base, et trois dans le champ extérieur : champ droit, champ centre et champ gauche) répartis sur le terrain pour attraper la balle, et tenter d'éliminer le batteur et les éventuels coureurs présents sur le parcours qui relie le marbre aux bases.
48
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+ Une partie se joue en neuf manches composées de deux demi-manches. Une demi-manche prend fin quand trois batteurs/coureurs sont éliminés. Une manche prend fin quand les deux équipes sont passées en attaque et en défense. En cas d'égalité après neuf manches, on joue d'autres manches pour départager les deux équipes. Par tradition, l'équipe qui reçoit commence par défendre.
50
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+ Le but du batteur est de devenir coureur, le plus souvent en frappant un coup sûr. Un coureur a pour objectif de toucher toutes les bases dans l'ordre, première base, deuxième base, troisième base et enfin de toucher le marbre ce qui rapporte un point à son équipe. Un coureur qui est contraint de rejoindre une base plus avancée est dit « forcé » : il suffit pour l'éliminer qu'un défenseur contrôlant la balle touche la base sur laquelle il est obligé de se rendre pour l'éliminer : le batteur est ainsi toujours « forcé » en première base. Un batteur dont la balle frappée est attrapée de volée par la défense est éliminé et les éventuels coureurs sont de plus « forcés » de retourner sur la base où ils se trouvaient lors du lancer. Un coureur non forcé peut être éliminé si, alors qu'il n'est pas en contact avec une base, il est touché par un défenseur contrôlant la balle, au moyen de la balle ou de la main du défenseur qui contrôle celle-ci. Un coureur qui touche la première base a le droit de revenir sans risque sur celle-ci tant qu'il ne tente pas d'aller en seconde base, en revanche, le coureur doit impérativement rester en contact avec les deuxième et troisième base s'il ne veut pas risquer l'élimination, d'où la pratique des plongeons, tête ou pieds en avant, afin d'augmenter la surface de contact avec la base. Un coureur, généralement rapide, peut également tenter un vol de base. La présence de coureur sur base permet à la défense d'effectuer un double jeu, voire un triple jeu, c'est-à-dire éliminer sur une même action plusieurs adversaires.
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+ Un batteur qui expédie la balle au-delà des limites du territoire des bonnes balles est autorisé, sans risque, à courir sur toutes les bases dans l'ordre et à rentrer au marbre marquer un point : c'est un coup de circuit (Home Run). Les éventuels coureurs présent sur base sont « forcés » sans risque à toucher dans l'ordre les bases restant à parcourir, marquant également un point que l'on nomme grand chelem quand les bases sont pleines (4 points en tout : 3 pour les coureurs et un pour le batteur qui arrive en dernier).
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+ Le lanceur, qui est le premier défenseur, a pour objectif d'éliminer les batteurs/coureurs généralement en obtenant de l'arbitre trois jugements de prise (en anglais « strike ») en servant des lancers variés au batteur : rapides, glissants, courbes, déviants, etc. Si le lanceur réussit trois bons lancers (prise), le batteur est éliminé sauf règle particulière. Le lanceur vise la zone de prises, volume virtuel allant de sous la rotule du batteur à mi-chemin entre le dessus de ses épaules et de sa ceinture en hauteur. Le marbre définit la base du volume de la zone. Quand le lancer a traversé la zone de batting, il est jugé par l'arbitre. Un lancer qui touche le volume de la zone de prise est jugé « prise » (strike). Un lancer en dehors de la zone de prise est jugée « balle ». Si le lanceur accumule quatre jugement « balles » face à un même batteur, ce dernier est forcé de rejoindre sans risque la première base : c'est un but-sur-balles. Le batteur qui selon l'appréciation de l'arbitre, a tenté de frapper la balle transforme un jugement « balle » en « prise », même si la balle ne touche pas la zone de prise.
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+ L'effort produit par les lanceurs est considérable au niveau de l'épaule et du bras lanceur, nécessitant plusieurs jours de repos entre deux matches. Les calendriers prévoyant des cadences quotidiennes, une équipe possède plusieurs (généralement de quatre à cinq) lanceurs partants, ceux qui commencent les rencontres. Les lanceurs de relève sont ceux qui sont sollicités, parfois quotidiennement, afin de terminer les parties. Dans certaines occasions, un même lanceur peut débuter et terminer le match ; on parle alors de match complet. C'est notamment le cas pour quelques rencontres exceptionnelles, tels les matches parfaits au cours desquels aucun batteur ne parvient à atteindre la première base.
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+ En baseball, l'arbitre (umpire en anglais) est la personne chargée du respect des règles pendant les matches. Lors des matches des années 1850, un seul arbitre positionné à côté de la première base dirige le jeu[49]. Cette méthode est abandonnée en 1858[49]. Deux arbitres, un en première base et l'autre au marbre, sont parfois utilisés de 1887 à 1912, date à laquelle la Ligue nationale adopte définitivement cette disposition[50]. Un troisième arbitre est introduit en 1933[50] puis un quatrième en 1952[50]. En Série mondiale, deux arbitres sont responsables du jeu jusqu'en 1908. Un troisième arbitre fait son apparition en 1909[50] puis un quatrième en 1910[50]. Six arbitres sont sur le terrain lors des Séries mondiales à partir de 1947[50] après une tentative avortée en 1925[50].
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+ Lors des matches où officient plus d'un arbitre, l'arbitre en chef est celui qui officie derrière le marbre. Tous les arbitres ont toutefois les mêmes pouvoirs pour le respect des règles de jeu comme pour la discipline.
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+ L'arbitre officiant derrière le marbre est responsable du suivi des remplacements. Il est chargé des prises et les balles ainsi que des jeux qui se déroulent au marbre. Un geste du bras droit (voir illustration ci-contre) indique une prise (strike). Si l'arbitre reste sans réaction, c'est une balle. L'arbitre au marbre gère également les balles. Il doit s'assurer après chaque contact que la balle est en bon état. Si cette dernière est abîmée, l'arbitre sort de sa besace une balle neuve.
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+ Les autres arbitres se trouvent sur base, en première, deuxième et troisième base. Ceux situés le long des lignes (1re et 3e bases) jugent les balles hors champ et contrôlent également que le batteur n'a pas franchi le marbre. Les signes principaux utilisés par ces arbitres sont l'indication d'un coureur sauf (bras écartés) ou retiré (même geste que l'arbitre placé au marbre pour signifier les balles en zone de prise : un geste du bras droit coude plié).
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+ En séries éliminatoires, la MLB applique un système à six arbitres. Les deux arbitres supplémentaires sont situés sur chacune des lignes délimitant le territoire des bonnes balles et des fausses balles et ont comme responsabilité de juger les attrapés, ainsi que les bonnes balles - fausses balles dans le champ extérieur.
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+ Les arbitres de la MLB sont professionnels. Ils perçoivent 5 dollars par match durant les années 1870. N'hésitant pas à pratiquer la grève (1968, 1970, 1978, 1979, 1984, 1987, 1991, 1994-95, crise de 1999-2002) afin de protéger leurs intérêts, les arbitres de la MLB perçoivent en 1995 un salaire minimum annuel de 100 000 dollars avec un plafond à 282 500 dollars[51].
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+ Comme dans de nombreuses autres disciplines, l'arbitre est la cible de nombreuses critiques. L'arbitrage électronique, notamment pour contrôler la zone de prises, est utilisé pour l'entraînement des arbitres et par certaines chaînes de télévision mais n'a aucune valeur officielle. Le système est utilisé un temps pour évaluer les arbitres, mais le refus des arbitres de valider ce système d'évaluation provoque son rapide abandon[52]. Le 3 septembre 2008 à Tampa Bay à l'occasion d'un match opposant les Rays aux Yankees de New York, les arbitres utilisent pour la première fois le ralenti diffusé sur les écrans du stade pour inverser une décision[53].
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+ Un marqueur officiel s'occupe principalement de juger les erreurs, coups sûrs, optionnels, etc. Le baseball est notoire pour ses nombreuses statistiques.
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+ La balle est d'une circonférence d'environ 23 cm (23,5 cm au maximum) pour un poids d'environ 140 grammes. Elle est constituée d'un noyau de caoutchouc enveloppé de quatre ficelles de différentes sections (la quatrième couche externe est faites d une ficelle très fine) et ces 4 ficelles sont enroulées successivement comme une pelote de laine autour du noyau de caoutchouc et ceci de façon très serrée de façon à rendre la balle compacte, dure et résistante à l'impact lors du contact avec la batte lors d une frappe, impact dont la force se situe autour des 400 à 600 kilogrammes au point de contact, en fonction de la vitesse du lancer et de la puissance du batteur au marbre. Le tout est recouvert de deux lanières de cuir de pleine fleur teintes en blanc qui s'imbriquent l'une contre l'autre et cousues d'un fil rouge (108 coutures). Le mode de confection de la balle de base-ball est également coulé dans le règlement.
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+ La batte (ou bâton) mesure au maximum 1,07 m de longueur pour un diamètre maximum de 7 cm. Elle peut être en bois plein, le plus souvent en érable ou en frêne, ou en alliage métallique creux pour les catégories plus jeunes. Son poids est variable. Pour les joueurs adulte (seniors) le règlement rend obligatoire l'usage d'une batte dont le ratio est de -3, exemple : pour une batte d'une longueur de 33 inchs, le poids doit être de minimum 30 Oz, de manière à alourdir suffisamment la batte en fonction de sa taille qui est liée à la taille du joueur, ce qui empêche les frappeurs puissants de frapper des home-run trop facilement et donc de ramener du jeu en défense. En outre, les seuls battes autorisées en seniors sont toutes en bois (ou éventuellement en composite) les battes métalliques sont interdites (trop puissante).
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+ Les gants de réception de la balle que portent les joueurs de défense varient selon le poste occupé. Les premiers gants sont utilisés en 1875[54]. L'origine exacte du gant de baseball reste toutefois nébuleuse. Albert Spalding rapporte que le premier gant qu'il ait vu utiliser en match était porté en 1875 par un joueur de première base à Boston, Charles C. Waite[55].
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+ Batteurs et receveurs portent des casques visant à les protéger de violents lancers de balle à la tête. Le casque du receveur est le plus complet et comprend une grille faciale. Le premier masque de receveur apparaît en mai 1876[56]. La visibilité étant réduite avec ce casque, un receveur qui doit effectuer un lancer vers un coéquipier pour éliminer un adversaire retire son casque d'un geste très rapide avant de relancer la balle. Les batteurs portent un casque sans grille faciale mais dessiné pour protéger la tempe qui fait face au lanceur. Le port du casque pour les nouveaux batteurs est obligatoire depuis 1971 en MLB. Le dernier batteur sans casque dans la MLB est Bob Montgomery en 1979[57]. Les autres joueurs portent des casquettes : les fameuses Baseball caps (casquettes de baseball). Ces dernières sont dessinées dès 1860[58]. Elles sont d'abord en flanelle, puis prennent la forme de boîte à camembert dans les années 1870. Les premières casquettes modernes apparaissent au tournant du XXe siècle. La visière reste assez courte jusque dans les années 1930, puis s'allonge[59].
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+ Les joueurs de baseball portent des pantalons trois-quarts. Jadis plutôt amples, ils se portent désormais près du corps. Les maillots dits traditionnels sont des chemises avec boutons. Toutefois, nombre de formations, même en MLB, arborent aussi des maillots sans boutons. Les deux couleurs traditionnelles des tenues sont le blanc et le gris mais les couleurs entrent progressivement dans les mœurs. En Ligue majeure, les Athletics d'Oakland sont autorisés en 1963 à arborer des tenues colorées[60].
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+ En plus du casque avec masque, les receveurs portent par-dessus leur maillot un plastron protégeant leur buste. Cet équipement est introduit en 1886. Avant cette date, une légère protection du buste se porte sous le maillot[61].
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+ Gant de baseball.
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+ Les protections du receveur.
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+ Battes de baseball.
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+ Balle de baseball.
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+ Le baseball génère des statistiques sur l'ensemble des évènements de jeu depuis la fin du XIXe siècle. Le journaliste Henry Chadwick est déterminant dans la collecte et la diffusion des premières statistiques[62]. Hy Turkin publie en 1951 The Complete Encyclopedia of Baseball compilant des données jusque-là peu accessibles aux fans. En 1969, MacMillan Publishing édite sa première Baseball Encyclopedia, première compilation de statistiques utilisant l'outil informatique. Les Ligues majeures tiennent des statistiques officielles depuis le début du XXe siècle : 1903 pour la Ligue nationale et 1905 pour la Ligue américaine[63]. Ces données officielles publiées par Elias Sports Bureau contiennent des erreurs que pistent les statisticiens indépendants, comme ceux de la Society for American Baseball Research (SABR) qui a mis en place de puissants outils informatiques et autres bases de données librement consultables par les chercheurs.
96
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+ Il existe deux grandes catégories de statistiques : les moyennes et les données brutes additionnées. Parmi les moyennes les plus importantes, citons pour les batteurs la moyenne au bâton (nombre de coups sûrs par le nombre de présences au bâton) et pour les lanceurs la moyenne de points mérités (points mérités multipliés par neuf et divisé par manches lancées). Un batteur crédité d'une moyenne au bâton (BA ou AVG) de 0,300 (noté .300 aux États-Unis) tape trois coups sûrs pour dix passages à la batte. Un lanceur qui affiche 3,000 (noté 3.000 aux États-Unis) de moyenne de points mérités (ERA), accorde en moyenne trois points par match aux batteurs adverses. Du côté des données brutes, les records les plus fameux sont ceux concernant les coups de circuit (sur une saison ou en carrière).
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+
99
+ Les statistiques au baseball sont comparées, étudiées, mises en relations comme dans aucun autre sport. Plus que les titres acquis ou les exploits réalisés, ce sont elles qui donnent droit à chaque joueur d'entrer ou non dans la postérité du temple de la renommée. Ces statistiques sont notamment exploitées dans les ligues fantasy (ou pool de baseball), qui connaissent un fort développement depuis les années 2000 et l'arrivée d'Internet. Le joueur endosse le rôle d'entraîneur et effectue des choix stratégiques avec un budget fictif, puis gagne des points en fonction des performances réelles des joueurs.
100
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+ Le terrain est divisé en trois parties : le champ intérieur (l'avant-champ), le champ extérieur et le territoire des fausses balles. Les dimensions du terrain varient d'un stade à l'autre ; seul le champ intérieur doit respecter certaines règles. Le premier but se trouve à 90 pieds[64] (27,43 m) du deuxième but et ainsi de suite jusqu'au marbre (quatrième base), formant un carré que l'on nomme « diamant ». Les trois premières bases sont localisées par des coussins fixés au sol tandis que la quatrième est constituée d'une plaque, généralement en caoutchouc de nos jours, en forme de maison vue de profil. Ce pentagone est à la base un carré de 17 pouces[65] (43,18 cm) de côté biseauté vers le receveur. La hauteur des murs de la maison est de 8,5 pouces[65] (21,59 cm), chaque pan du toit mesure 12 pouces[65] (30,48 cm) et la pointe du toit culmine à 17 pouces[65]. Néanmoins la construction de cette figure, telle que spécifiée par les règles officielles à la fois de la Major League et de la Little League, est mathématiquement impossible, car (12, 12, 17) n'est pas un triplet pythagoricien[66],[67],[68],[69],[70], à moins d'approximer les mesures[71], ou encore d'accepter que la pointe forme un angle d'environ 90.2° en considérant que les règles n'imposent pas explicitement un angle droit (il est seulement défini comme étant aligné avec les côtés du diamant, qui est un carré)[72].
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+ Le monticule, où le lanceur effectue ses lancers vers le marbre, se trouve à 60 pieds 6 pouces[73] (18,44 m) du marbre, aligné sur l'axe du marbre et du deuxième but.
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105
+ Le champ extérieur comprend l'espace entre les buts et la clôture. La distance à laquelle se trouve la clôture varie d'un stade à l'autre, mais également à l'intérieur même d'un stade, souvent asymétrique. Par exemple, la clôture sur la ligne du premier but (champ droit) peut se trouver à 100 m du marbre, celle du troisième but (champ gauche) à 105 m et celle du champ centre à 120 m.
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107
+ Dans le territoire des fausses balles, les règles varient en ce qui concerne les coups sûrs et les retraits.
108
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109
+ Les joueurs non présents sur le terrain attendent dans des abris (dugout), sorte de banc des remplaçants couverts[74]. L'échauffement des lanceurs de relève s'effectue dans un espace clos : l'enclos des releveurs (bull-pen).
110
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111
+ Les premiers stades n'étaient pas clôturés et il était difficile de faire payer les spectateurs. Une cinquantaine de terrains de jeux existent à New York et dans ses environs immédiats dès les années 1850, et c'est l'Union Grounds de Brooklyn, utilisé par les New York Mutuals, qui devient le premier stade clôturé en mai 1862[75].
112
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+ Parmi les principaux stades qui ne sont plus en activité, citons le Polo Grounds, le Yankee Stadium et le Shea Stadium à New York, Ebbets Field à Brooklyn, le Tiger Stadium à Détroit et Comiskey Park à Chicago.
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+ Sous la pression des supporters, quelques anciennes enceintes résistent aux tentations de démolition comme Fenway Park à Boston et Wrigley Field à Chicago. Le Dodger Stadium à Los Angeles et l'Astrodome à Houston, premier stade couvert inauguré en 1965, assurent la transition dans les années 1950-60 entre les anciens et les nouveaux stades. L'Astrodome est remplacé en 2000 par le Minute Maid Park ; entre 1994 et 2004, 13 des 30 franchises de la MLB se dotent de nouveaux stades[76].
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+ Suivant l'exemple de l'Astrodome de Houston, quelques équipes succombent à la tentation de construire des stades recouverts d'un dôme, dans les années 1970 et 1980. Ainsi naissent le Kingdome à Seattle, le Metrodome à Minneapolis et le SkyDome à Toronto. Montréal essaie aussi, malgré d'innombrables problèmes techniques, de couvrir son Stade olympique. Mais au début des années 1990, cette tendance se renverse, alors que plusieurs franchises préfèrent construire de nouveaux stades à ciel ouvert, alliant les récentes possibilités modernes à un look d'autrefois. Le Oriole Park at Camden Yards de Baltimore et le Jacobs Field (aujourd'hui appelé Progressive Field) de Cleveland en sont deux exemples probants.
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+ En 2009, les deux franchises new-yorkaises inaugurent leurs nouvelles enceintes : Citi Field et Yankee Stadium. En 2010, les Twins du Minnesota abandonnent leur dôme pour un stade en plein air : Target Field. Même mouvement de mise en chantier de stades modernes dans les villes moyennes hébergeant des clubs de ligues mineures ou indépendantes. Pour l'exemple, on citera Huntington Park à Columbus (Ohio), Gwinnett Stadium à Lawrenceville (Géorgie) et Aces Ballpark à Reno (Nevada), tous inaugurés en 2009 au niveau Triple-A.
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+ Hors du binome États-Unis-Canada, les principaux stades de baseball se trouvent en Asie et en Amérique latine : au Japon (Tokyo Dome notamment) et en Corée du Sud (Jamsil Baseball Stadium par exemple), l'Estadio Latinoamericano de La Havane à Cuba et le Foro Sol de Mexico au Mexique, notamment. Sur le continent européen, l'Italie, les Pays-Bas et l'Allemagne sont les nations les mieux dotées au niveau des installations.
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+ La Ligue majeure de baseball (MLB), qui opère aux États-Unis avec une franchise au Canada, rassemble l’élite professionnelle. La finale annuelle a pour nom Séries mondiales (World Series) et se joue au meilleur des sept matches entre le champion de la Ligue américaine et de la Ligue nationale. Avec 27 titres de Série mondiale, les Yankees de New York dominent le palmarès devant les Cardinals de Saint-Louis (10). Les tenants du titre décerné à l’issue de la Série mondiale 2010 à l'automne sont les Giants de San Francisco.
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+ L’effectif d’une franchise de la MLB compte actuellement 25 joueurs. Or, un nombre beaucoup plus important de joueurs sont sous contrat avec les franchises de baseball de la MLB. Ces jeunes joueurs ou joueurs de réserve évoluent dans les ligues mineures organisées selon des niveaux de jeu : rookie, A, AA et AAA. Le niveau Triple-A est le plus haut niveau sous la Ligue majeure. En dehors du cadre de l'organisation de la MLB, il existe également aux États-Unis des ligues indépendantes, au nombre de huit en 2010, et des compétitions universitaires NCAA dont les College World Series. La MLB a aussi créé, en 2006, la Classique mondiale de baseball, sorte de coupe du monde professionnelle.
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+ En dehors des États-Unis et du Canada, plusieurs pays possèdent également des championnats professionnels : Japon, Corée du Sud, Taïwan et Mexique notamment. Le championnat de Cuba est amateur depuis 1961 à la suite de la révolution cubaine[77]. Les championnats des Pays-Bas et d'Italie sont semi-professionnels. Créé en 1926[78], le championnat de France est amateur.
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+ Les meilleurs clubs européens s'affrontent chaque année dans une Coupe d'Europe depuis 1963 où les Italiens et les Néerlandais dominent logiquement. Lors de la dernière édition, les italiens du Nettuno Baseball s'imposent au terme d'une finale à quatre le 21 juin 2009 impliquant deux clubs italiens et deux clubs néerlandais.
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+ Des passages de cet article sont désuets ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
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+ Au niveau des sélections nationales, il existe une Coupe du monde depuis 1938 et des tournois internationaux telles la Coupe intercontinentale ou la Classique mondiale de baseball. Chaque continent est de plus doté de compétitions comme le Championnat d'Europe ou le Championnat d'Asie, par exemple. Cuba (25 titres mondiaux) et les États-Unis (quatre titres mondiaux, dont celui de 2009) sont les deux meilleures formations lors de ces épreuves essentiellement amateurs.
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+ Le baseball figure également au programme de plusieurs jeux omnisports : Jeux olympiques, Jeux panaméricains ou Jeux asiatiques, notamment. Admis au programme olympique en 1992, le baseball quitte la famille olympique après les Jeux de Pékin en 2008. Cette décision est prise le 11 juillet 2005 à Singapour lors de la 117e session du Comité international olympique[44]. Avec trois titres olympiques en cinq tournois, Cuba domine le palmarès devant les États-Unis (un titre en 1996) et la Corée du Sud (2008).
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+ Chez les jeunes, les compétitions de référence sont les épreuves des Petites ligues (Little League). Né en 1939, ce mouvement indépendant de la Fédération internationale de baseball compte 2,6 millions de joueurs[79] dans plus de 100 pays[80], dont 359 000 filles[81]. Il propose aux jeunes de 5 à 18 ans, par catégories d'âge, des compétitions pyramidales annuelles. Les meilleures formations des différents continents s'affrontent en juin lors de tournois internationaux dont les rencontres sont diffusées sur ABC depuis 1963[82].
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+ Le baseball a connu nombre de déclinaisons de la littérature au cinéma en passant par les jeux vidéo, notamment. Les plus fameux films ayant un scénario construit autour du baseball sont Le Meilleur avec Robert Redford qui obtint quatre nominations aux Oscars, Jusqu'au bout du rêve (3 nominations aux Oscars) avec Kevin Costner, Vainqueur du destin (11 nominations aux Oscars) avec Gary Cooper dans le rôle de Lou Gehrig, Une équipe hors du commun avec Tom Hanks et Geena Davis retraçant les premiers pas de la ligue professionnelle féminine et Le Stratège basé sur l'histoire vraie de Billy Beane, manager général des Oakland Athletics joué par Brad Pitt. Au rayon des comédies, citons Les Indians (1989) et dans la catégorie des documentaires, l’Histoire du baseball de Ken Burns en 1994. Parmi les jeux vidéo de management, on citera Out of the Park Baseball et Baseball Mogul.
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+ Les cartes de baseball (Baseball cards) constituent également un élément important de la culture du baseball et même de la culture américaine. Ces cartes sont apparues dès la fin du XIXe siècle dans les paquets de cigarettes, de chewing-gum ou de bonbons et les plus rares d’entre elles atteignent aujourd'hui des prix importants. À ce niveau, la plus fameuse carte est celle d'Honus Wagner de 1909 (référence T206) dont le prix s'est établi à 2,35 millions de dollars lors d'une vente aux enchères le 26 février 2007[83].
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+ La chanson Take Me Out to the Ball Game (1908) est l'hymne du baseball. Ce titre est traditionnellement joué et repris par les spectateurs lors de la pause de la septième manche. Après les attentats du 11 septembre 2001, nombre de franchises jouent God Bless America à la septième manche. 2008, qui marque le centenaire de la création de Take Me Out to the Ball Game, donne lieu à nombre de célébrations[84]. La collection de Francis Driscoll comprend plus de 50 000 chansons dédiées au baseball[85], mais aucune n'a atteint la notoriété de Take Me Out qui figure sur le podium des chansons les plus jouées aux États-Unis derrière l'hymne américain et Happy Birthday to You[84].
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+ Les humoristes utilisent également le baseball pour donner naissance à des sketches restés fameux. « Who's on First? » reste le plus emblématique. Créé au début du XXe siècle, il est régulièrement repris, notamment par le duo Abbott-Costello (1938), et est désigné par le magazine Time comme le meilleur sketch du XXe siècle[86].
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+ Inclassable, le poème Casey at the Bat (1888) est présenté en public en mai 1889 par DeWolf Hopper au Wallace's Théâtre de New York[87]. Hopper récite plus de dix mille fois ce poème en public au long de sa carrière. Il est diffusé à la radio le 27 décembre 1932. Ce poème a inspiré nombre d'imitations et d'adaptations.
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+ En 2002, Sports Illustrated publie une liste des cent meilleurs livres sportifs. Parmi cette sélection, The Boys of Summer (1972) de Roger Kahn est deuxième, Ball Four (1970) de Jim Bouton est troisième et You Know Me Al (1916) de Ring Lardner cinquième[88].
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+ D'abord nommés cranks (ou kranks) depuis les années 1880[89] ou bugs depuis 1907[90], les supporters de baseball héritent du nom de fans. Le terme est utilisé dès les années 1880 dans le Midwest mais remplace cranks et bugs bien plus tard à New York[91]. Après les rencontres, ces supporters de la première heure portent en triomphe les héros du match. L'ambiance devient nettement plus houleuse tout à la fin du XIXe siècle avec des fans n'hésitant pas à entrer sur le terrain en plein match pour aller s'expliquer avec joueurs et arbitres. La Ligue nationale souffre particulièrement de ces maux et, sous la conduite de Ban Johnson, la Ligue américaine en profite pour émerger en drainant au stade un public plus familial. La violence ne disparaît toutefois pas. Des bagarres et autres agressions diverses contre les joueurs, arbitres et supporters adverses aux réactions racistes contre les premiers joueurs noirs alignés en Ligue majeure en passant par les émeutes urbaines récentes marquant les gains de titres, les fans de baseball restent actifs en matière de violence. Comme toujours chez les supporters sportifs, la violence ne concerne qu'une minorité et parfois même des opportunistes n'ayant qu'un rapport parfois vague avec le baseball comme dans le cas des émeutes urbaines qui marquent souvent les gains de titres depuis 1971 et la saccage de la ville de Pittsburgh à la suite de la victoire des Pirates en Série mondiale. Cette détestable tradition touche ensuite d'autres sports en Amérique du Nord[92].
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+ Les franchises de Ligue majeure disposant du plus grand nombre de fans sont les Cubs de Chicago, les Red Sox de Boston, les Yankees de New York, les Braves d'Atlanta et les Dodgers de Los Angeles[93]. Il est fréquent lors de déplacements de ces équipes, même à l'autre bout du pays, que l'ambiance leur soit favorable en raison de la présence de nombreux fans en tribune. Des groupes de supporters sont créés dès la fin du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, les plus fameux sont les Boston's Royal (ou Loyal) Rooters[94], les White Sox Rooters, les Pittsburgh Stove League et les Cleveland Bards. Un des groupes les plus emblématiques sont les Bleacher Bums soutenant les Cubs de Chicago. Fondé en 1966, ce groupe devient significatif en 1969[94]. En dehors des États-Unis, on citera parmi les clubs les plus populaires, les Leones de Industriales de La Havane à Cuba, les Diablos Rojos del México de Mexico au Mexique, les Tigres del Licey de Saint-Domingue en République dominicaine et les Yomiuri Giants de Tokyo au Japon.
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+ Les supporters de baseball sont généralement festifs lors des parties importantes. Ils participent de bon cœur aux pauses chantées, notamment lors de la pause de la septième manche quand retenti généralement le fameux Take Me Out to the Ball Game. La ola (vague) est pratiquée pour la première fois dans un stade de baseball de la Ligue majeure en 1984 à l'occasion d'un match de séries éliminatoires joué à Détroit[95].
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+ Le baseball est le premier sport à bénéficier aux États-Unis d'un important support médiatique. Dès 1853, le quotidien new-yorkais Mercury propose un compte-rendu de match suivant les règles modernes du journalisme sportif[96]. Depuis 1886, le Sporting News est qualifié de « Bible du baseball ». En 1889, Albert Spalding lance son Baseball Guide, qui est très efficace pour populariser les exploits des champions[97]. Ce type de guides existent depuis 1866[98]. De nos jours, il existe plusieurs dizaines de publications traitant exclusivement de baseball. Citons Baseball Digest, créé en 1942, et Baseball America (1991), les plus fameuses d'entre elles. En parallèle, le baseball dispose d'importants espaces dans la presse généraliste, du New York Times au Washington Post en passant par USA Today aux États-Unis. Idem au Japon, en Corée du Sud ou en Amérique centrale. Parmi les grandes plumes, citons Shirley Povich qui officie au Washington Post de 1923 à 1998.
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+ La radio émerge dans les années 1920. Le premier match est diffusé en 1921[99] et en 1926, pas moins de 26 stations transmettent en direct les Séries mondiales[100]. Graham McNamee est le plus fameux journaliste sportif américain officiant à la radio pendant l'entre-deux-guerres[101]. Red Barber[102], Mel Allen[103] puis Vin Scully[104] prennent ensuite le relais. Devant le conflit généré par la baisse des affluences à la suite de ces premières retransmissions en direct, nombre de franchises américaines de baseball décident d’interdire l'accès du stade aux reporters radio. Après le succès de la retransmission de la Série mondiale 1926 et la mise en place de premiers contrats réguliers en 1929 par les Reds de Cincinnati, les franchises signent des accords leur permettant de conquérir un nouveau public et d’assurer des rentrées financières[105]. C'est le même modèle qui est repris avec la télévision. Le 17 mai 1939, la première retransmission d'un match de baseball (un match universitaire entre Princeton et Columbia) est proposée par la télévision américaine[106]. Depuis 2006, la MLB diffuse en direct via son site internet l'intégralité des plus de 2400 parties que comprend une saison complète : MLB.TV[107]. En Europe, la chaîne de télévision ESPN America (ex-NASN) diffuse en moyenne un match en direct chaque jour tout au long de la saison de la MLB.
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+ Dès la fin du XIXe siècle, l'affaire semble entendue pour de nombreux auteurs : « le baseball n'est plus un sport, c'est un business »[108]. Vente de matériel, construction de stades, médias, billetterie, publicité dans les stades, produits dérivés et professionnalisme sont déjà de mise aux États-Unis depuis plus d'un siècle. L'une des premières sociétés importantes liées au baseball est Spalding, fondée en 1876. Sous la conduite d'Albert Spalding, sa société part même à l'assaut du monde dès les années 1880 afin d'y implanter le baseball et de créer de nouveaux marchés pour les nombreux produits du catalogue Spalding, alors exclusivement dédié au seul baseball. Cette approche est globalement un échec, surtout en Europe[109].
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+ Au niveau des clubs professionnels, les débuts financiers sont également difficiles. En 1877, l'ensemble des clubs de la Ligue nationale affichent des déficits, parfois importants (8 000 dollars pour Saint-Louis, par exemple)[110]. L'instabilité des clubs est alors de mise. Les propriétaires n'hésitent pas à changer de ville pour trouver une meilleure audience. La situation se stabilise au début du XXe siècle.
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+ Les avancées syndicales des trente dernières années avec les quatre grands mouvements de grève des joueurs en 1972, 1981, 1990 et 1994 et la montée en puissance des revenus des franchises de la MLB à la suite de l'explosion des droits liés à la télévision permettent aux joueurs de percevoir des revenus élevés. Le joueur le mieux payé en 2009 est Alex Rodriguez avec 37 millions de dollars de revenus (33 millions de salaires et 4 millions de revenus annexes) devant l'autre Yankee Derek Jeter, 31 millions. Ces deux joueurs pointent au 5e et 8e des sportifs les mieux payés aux États-Unis derrière le golfeur Tiger Woods, premier du classement avec 90,5 millions de dollars de revenus[111]. En 2011, le salaire minimum annuel est de 414 000 dollars pour un joueur de Ligue majeure[112]. La moyenne des salaires est de 2 996 106 dollars par an en 2009[113].
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+ Selon une étude de Forbes et Deloitte, la Ligue majeure de baseball est deuxième au monde en matière de chiffre d'affaires généré en 2009 (3,71 milliards d'euros) derrière la NFL (football américain avec 5,13 milliards d'euros) et devant le championnat du monde de Formule 1 (3,2 milliards d'euros)[114].
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+ Selon Forbes, Les Yankees de New York ont généré un chiffre d'affaires de 441 millions de dollars en 2009[115], tandis que les Pirates de Pittsburgh, trentièmes et derniers du classement des revenus en MLB, émargent à 145 millions de dollars[115]. En 2009, seulement deux franchises sont déficitaires (Tigers de Détroit et Diamondbacks de l'Arizona), tandis que 24 affichent un bénéfice supérieur à 10 millions de dollars[115]. Les Marlins de la Floride s'avèrent la franchise la plus rentable avec un bénéfice de 46,1 millions de dollars en 2009[115]. La masse salariale est limitée à 48 millions de dollars chez les Marlins[116] afin de financer la construction du Marlins Ballpark.
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+ La présence d'un important marché en matière de baseball permet l'installation de ligues professionnelles au Japon (depuis 1937), en Corée du Sud (1982), à Taïwan (1989), au Mexique (1925) ou en Colombie (1948), notamment.
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+ Des équipes de baseball féminin se forment dès les années 1860 dans le milieu scolaire et universitaire[117]. Un club féminin non scolaire opère à New York en 1869 dans le quartier de Perterboro[118]. Harry S. Freeman tente d'organiser un championnat féminin à New York dans les années 1880 ; sans succès. W.S. Franklin parvient à mettre sur pied le premier championnat féminin à New York en 1890[117]. En dehors de ce championnat, l'équipe la plus significative est celle du Young Ladies Baseball Club, créée en 1883[119], qui effectue des tournées à travers les États-Unis. Elles affrontent régulièrement des équipes d'hommes[117]. Ces rencontres attirent public et médias mais sont condamnées par la morale de l’époque[117]. Une jeune fille n'a pas à jouer au baseball[120].
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+ Elizabeth Stroud, plus connue sous le nom de Lizzie Arlington, effectue en 1898 quelques rencontres professionnelles en Atlantic League au poste de lanceur[121]. Une équipe itinérante est ensuite montée autour d'elle. Suivie par des cohortes de fans, cette équipe connaît un succès populaire et médiatique certain.
176
+
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+ Bloomers Girls, du nom du pantalon large (bloomer) que portent les joueuses, est un nom générique donné aux joueuses de baseball durant les années 1890 et les deux premières décennies du XXe siècle[117]. Durant l'entre-deux-guerres, quelques joueuses s'illustrent comme l'omnisports Mildred Didrikson, qui lance pour les Athletics de Philadelphie et les Cardinals de Saint-Louis lors de matches exhibitions en 1934, Lizzie Murphy, qui joue en semi-professionnel avec les hommes, Slapsie Maxie et Jackie Mitchell.
178
+
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+ La première ligue professionnelle est fondée en 1943 : All-American Girls Professional Baseball League. Elle arrête ses activités en 1954[122]. La Ladies Professionnal Baseball prend le relais en 1997 mais les affluences sont très médiocres et l'expérience cesse dès 1998[123]. Depuis lors, les femmes doivent se contenter d'opérer dans des compétitions locales amateurs. En 2000, la principale organisation aux États-Unis est la Women's National Adult Baseball Association, qui regroupe plus de 2 000 équipes[123]. L'American Women's Baseball Association prend le relais au début du XXIe siècle[124] sous l'autorité de l'IBAF qui a lancé un plan de développement du baseball féminin[125].
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+ Le baseball féminin dispose d’un Temple de la renommée à part entière depuis 1998. Il est situé à Chevy Chase dans le Maryland[126].
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+ L'IBAF organise une Coupe du monde de baseball féminin depuis 2004. Les États-Unis ont remporté les deux premières éditions (2004 et 2006[127]) et les quatre suivantes ont sacré le Japon.
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185
+ Le softball ou balle-molle est une déclinaison du baseball inventée vers 1900[85] par des joueurs de baseball désirant poursuivre la pratique en salle durant l'hiver. Le softball trouve ses racines dans le baseball intérieur, inventé en 1887 à Chicago par George Hancock[85]. Le terme de softball est forgé en 1926[128]. Le jeu devient un phénomène national aux États-Unis durant la Grande Dépression des années 1930[129]. Parmi les joueurs ayant marqué l'histoire du jeu, citons Eddie Feigner, surnommé « The King », et chez les femmes, Jennie Finch.
186
+
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+ Les principales différences avec le baseball sont la taille du terrain (plus petit), la taille de la balle (plus grosse), la distance entre les bases (18,3 m en softball contre 27,43 m en baseball) et l’obligation pour les lanceurs d'effectuer des lancers par en dessous, bien moins rapides qu'au baseball.
188
+
189
+ Deux versions de softball existent : le slow-pitch et le fast-pitch. Le slow-pitch se joue à dix joueurs par équipe et le lanceur est obligé de décrire un arc de cercle lors de son lancé, ralentissant ainsi son mouvement. De plus, les vols de base et les amortis sont interdits en slow-pitch. Le fast-pitch se joue à neuf joueurs par équipe et le lanceur peut réaliser des lancers plus rapides qu'en slow-pitch.
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+ Le softball de compétition est essentiellement pratiqué par les femmes et figure jusqu'en 2008 au programme olympique uniquement dans sa version féminine. Les hommes ne sont toutefois pas absents avec le premier championnat national américain organisé en 1933[85].
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5
+ La Terre est une planète du Système solaire, la troisième plus proche du Soleil et la cinquième plus grande, tant en taille qu'en masse, de ce système planétaire dont elle est également la plus massive des planètes telluriques.
6
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+ La Terre s'est formée il y a 4,54 milliards d'années environ et la vie y est apparue moins d'un milliard d'années plus tard[1]. La planète abrite des millions d'espèces vivantes, dont les humains[2]. La biosphère de la Terre a fortement modifié l'atmosphère et les autres caractéristiques abiotiques de la planète, permettant la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation d'une couche d'ozone qui, associée au champ magnétique terrestre, bloque une partie du rayonnement solaire, permettant ainsi la vie sur Terre[3]. Les propriétés physiques de la Terre, de même que son histoire géologique et son orbite, ont permis à la vie de subsister durant cette période. De plus, la Terre devrait pouvoir maintenir la vie (telle que nous la connaissons actuellement) durant encore au moins 500 millions d'années[4],[5].
8
+
9
+ La croûte terrestre est divisée en plusieurs segments rigides appelés plaques tectoniques qui se déplacent sur des millions d'années. Environ 71 % de la surface terrestre est couverte par des océans d'eau salée qui forment l'hydrosphère avec les autres sources d'eau comme les lacs, les fleuves ou les nappes phréatiques. Les pôles géographiques de la Terre sont principalement recouverts de glace (inlandsis et banquise). L'intérieur de la planète reste actif avec un épais manteau composé de roches silicatées (généralement solides, mais localement fondues), un noyau externe de fer liquide qui génère le champ magnétique, et un noyau interne de fer solide.
10
+
11
+ La Terre interagit avec les autres objets spatiaux, principalement le Soleil et la Lune. Actuellement, la Terre orbite autour du Soleil en 365,256 363 jours solaires ou une année sidérale[a]. L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23,437°[6] par rapport à la perpendiculaire du plan de l'écliptique, ce qui produit des variations saisonnières sur la surface de la planète avec une période d'une année tropique (365,24219 jours solaires)[7]. Le seul satellite naturel connu de la Terre est la Lune qui commença à orbiter il y a 4,5 milliards d'années. Celle-ci provoque les marées, stabilise l'inclinaison axiale et ralentit lentement la rotation terrestre. Il y a environ 3,8 milliards d'années, lors du grand bombardement tardif, de nombreux impacts d'astéroïdes causèrent alors d'importantes modifications de sa surface.
12
+
13
+ La Terre a pour particularité, du point de vue de l'être humain, d'être le seul endroit connu de l'univers à abriter la vie telle que nous la connaissons, comme la faune (dont entre autres l'espèce humaine) et la flore. Les cultures humaines ont développé de nombreuses représentations de la planète, dont une personnification en tant que déité, la croyance en une terre plate, la Terre en tant que centre de l'univers et la perspective moderne d'un monde en tant que système global nécessitant une gestion raisonnable.
14
+
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+ La science qui étudie la Terre est la géologie. Compte tenu de l'influence de la vie sur la composition de l'atmosphère, des océans et des roches sédimentaires, la géologie emprunte à la biologie une partie de sa chronologie et de son vocabulaire.
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+ L'âge de la Terre est aujourd'hui estimé à 4,54 milliards d'années[8]. L'histoire de la Terre est divisée en quatre grands intervalles de temps, dits éons :
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+
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+ La formation de la Terre par accrétion était presque terminée en moins de 20 millions d'années[11]. Initialement en fusion, la couche externe de la Terre s'est refroidie pour former une croûte solide lorsque l'eau commença à s'accumuler dans l'atmosphère, aboutissant aux premières pluies et aux premiers océans. La Lune s'est formée peu de temps après, il y a 4,53 milliards d'années[12]. Le consensus actuel[13] pour la formation de la Lune est l'hypothèse de l'impact géant, selon laquelle un objet (quelquefois appelé Théia), de la taille de Mars et de masse environ égale au dixième de la masse terrestre[14], est entré en collision avec la Terre[15]. Dans ce modèle, une partie de cet objet se serait agglomérée avec la Terre tandis qu'une autre partie, mêlée avec peut-être 10 % de la masse totale de la Terre, aurait été éjectée dans l'espace, où elle aurait formé la Lune.
20
+
21
+ L'activité volcanique a produit une atmosphère primitive. De la vapeur d'eau condensée ayant plusieurs origines possibles, mêlée à de la glace apportée par des comètes, a produit les océans[16]. Une combinaison de gaz à effet de serre et d'importants niveaux d'activité solaire permirent d'augmenter la température à la surface de la Terre et empêchèrent les océans de geler[17]. Vers −3,5 milliards d'années, le champ magnétique se forma et il permit d'éviter à l'atmosphère d'être balayée par le vent solaire[18].
22
+
23
+ Deux principaux modèles ont été proposés pour expliquer la vitesse de croissance continentale[19] : une croissance constante jusqu'à nos jours[20] et une croissance rapide au début de l'histoire de la Terre[21]. Les recherches actuelles montrent que la deuxième hypothèse est la plus probable avec une formation rapide de la croûte continentale[22] suivie par de faibles variations de la surface globale des continents[23],[24],[25]. Sur une échelle de temps de plusieurs centaines de millions d'années, les continents ou supercontinents se forment puis se divisent. C'est ainsi qu'il y a environ 750 millions d'années, le plus vieux des supercontinents connus, Rodinia, commença à se disloquer. Les continents entre lesquels il s'était divisé se recombinèrent plus tard pour former Pannotia, il y a 650-540 millions d'années, puis finalement Pangée, au Permien, qui se fragmenta il y a 180 millions d'années[26].
24
+
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+ On suppose qu'une activité chimique intense dans un milieu hautement énergétique a produit une molécule capable de se reproduire, dans un système particulier, il y a environ 4 milliards d'années. On pense que la vie elle-même serait apparue entre 200 et 500 millions d'années plus tard[27].
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+
27
+ Le développement de la photosynthèse, active depuis bien avant 3 à 3,5 milliards d'années avant le présent, permit à la vie d'exploiter directement l'énergie du Soleil. Celle-ci produisit de l'oxygène qui s'accumula dans l'atmosphère, à partir d'environ 2,5 milliards d'années avant le présent, et forma la couche d'ozone (une forme d'oxygène [O3]) dans la haute atmosphère, lorsque les niveaux d'oxygène dépassèrent quelques pourcents. Le regroupement de petites cellules entraîna le développement de cellules complexes appelées eucaryotes[28]. Les premiers organismes multicellulaires formés de cellules au sein de colonies devinrent de plus en plus spécialisés. Aidées par l'absorption des dangereux rayons ultraviolets par la couche d'ozone, des colonies bactériennes pourraient avoir colonisé la surface de la Terre, dès ces époques lointaines[29]. Les plantes et les animaux pluricellulaires ne colonisèrent la terre ferme qu'à partir de la fin du Cambrien (pour mousses, lichens et champignons) et pendant l'Ordovicien (pour les premiers végétaux vasculaires et les arthropodes), le Silurien (pour les gastéropodes ?) et le Dévonien (pour les vertébrés)[réf. nécessaire].
28
+
29
+ Depuis les années 1960, il a été proposé une hypothèse selon laquelle une ou plusieurs séries de glaciations globales eurent lieu il y a 750 à 580 millions d'années, pendant le Néoprotérozoïque, et qui couvrirent la planète d'une couche de glace. Cette hypothèse a été nommée Snowball Earth (« Terre boule de neige »), et est d'un intérêt particulier parce qu'elle précède l'explosion cambrienne, quand des formes de vies multicellulaires commencèrent à proliférer[30].
30
+
31
+ À la suite de l'explosion cambrienne, il y a environ 535 millions d'années, cinq extinctions massives se produisirent[31]. La dernière extinction majeure date de 66 millions d'années, quand une météorite est entrée en collision avec la Terre, exterminant les dinosaures et d'autres grands reptiles, épargnant de plus petits animaux comme les mammifères, les oiseaux, ou encore les lézards[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les 66 millions d'années qui se sont écoulées depuis, les mammifères se sont diversifiés, le genre humain (Homo) s'étant développé depuis deux millions d'années. Des changements périodiques à long terme de l'orbite de la Terre, causés par l'influence gravitationnelle des autres astres, sont probablement une des causes des glaciations qui ont plus que doublé les zones polaires de la planète, périodiquement dans les derniers millions d'années[réf. nécessaire].
34
+
35
+ À l'issue de la dernière glaciation, le développement de l'agriculture et, ensuite, des civilisations, permit aux humains de modifier la surface de la Terre dans une courte période de temps, comme aucune autre espèce avant eux, affectant la nature tout comme les autres formes de vie[32].
36
+
37
+ Le futur de la Terre est très lié à celui du Soleil. Du fait de l'accumulation d'hélium dans le cœur du Soleil, la luminosité de l'étoile augmente lentement à l'échelle des temps géologiques. La luminosité va croître de 10 % au cours du 1,1 milliard d'années à venir et de 40 % sur les prochains 3,5 milliards d'années[33]. Les modèles climatiques indiquent que l'accroissement des radiations atteignant la Terre aura probablement des conséquences dramatiques sur la pérennité de son climat « terrestre », notamment la disparition des océans[34].
38
+
39
+ La Terre devrait cependant rester habitable durant encore plus de 500 millions d'années[4], cette durée pouvant passer à 2,3 milliards d'années si la pression atmosphérique diminue en retirant une partie de l'azote de l'atmosphère[35]. L'augmentation de la température terrestre va accélérer le cycle du carbone inorganique, réduisant sa concentration à des niveaux qui pourraient devenir trop faibles pour les plantes (10 ppm pour la photosynthèse du C4) dans environ 500[4] ou 900 millions d'années. La réduction de la végétation entraînera la diminution de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, ce qui provoquera la disparition progressive de la plupart des formes de vies animales[36]. Ensuite, la température moyenne (de la Terre) augmentera plus vite en raison de l'emballement de l'effet de serre par la vapeur d'eau, vers 40 à 50 °C[36]. Dans 1 milliard à 1,7 milliard d'années, la température sera si élevée que les océans s'évaporeront, précipitant le climat de la Terre dans celui de type vénusien, et faisant disparaître toute forme simple de vie à la surface de la Terre[5],[37].
40
+
41
+ Même si le Soleil était éternel et stable, le refroidissement interne de la Terre entraînerait la baisse du niveau de CO2 du fait d'une réduction du volcanisme[38], et 35 % de l'eau des océans descendrait dans le manteau du fait de la baisse des échanges au niveau des dorsales océaniques[39].
42
+
43
+ Dans le cadre de son évolution, le Soleil deviendra une géante rouge dans plus de 5 milliards d'années. Les modèles prédisent qu'il gonflera jusqu'à atteindre environ 250 fois son rayon actuel[33],[40].
44
+
45
+ Le destin de la Terre est moins clair. En tant que géante rouge, le Soleil va perdre environ 30 % de sa masse, donc sans prendre en compte les effets de marée, la Terre se déplacerait sur une orbite à 1,7 ua (254 316 600 km) du Soleil lorsque celui-ci atteindra sa taille maximale. La planète ne devrait donc pas être engloutie par les couches externes du Soleil même si l'atmosphère restante finira par être « soufflée » dans l'espace, et la croûte terrestre finira par fondre pour se transformer en un océan de lave, lorsque la luminosité solaire atteindra environ 5 000 fois son niveau actuel[33]. Cependant, une simulation de 2008 indique que l'orbite terrestre va se modifier du fait des effets de marées et poussera la Terre à entrer dans l'atmosphère du Soleil où elle sera absorbée et vaporisée[40].
46
+
47
+ La forme de la Terre est approchée par un ellipsoïde, une sphère aplatie aux pôles[41]. La rotation de la Terre entraîne l'apparition d'un léger bourrelet de sorte que le diamètre à l’équateur est 43 kilomètres plus long que le diamètre polaire (du pôle Nord au pôle Sud)[42]. Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ 12 742 kilomètres, ce qui est approximativement 40 000 kilomètres/π, car le mètre était initialement défini comme 1/10 000 000e (dix-millionième) de la distance de l'équateur au pôle Nord en passant par Paris[43],[44].
48
+
49
+ La topographie locale dévie de ce sphéroïde idéalisé même si à grande échelle, ces variations sont faibles : la Terre a une tolérance d'environ 0,17 % par rapport au sphéroïde parfait. Proportionnellement, c'est un peu moins lisse qu'une boule de billard neuve, alors qu'une boule de billard usée peut présenter des aspérités légèrement plus marquées[45]. Les plus grandes variations dans la surface rocheuse de la Terre sont l'Everest (8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer) et la fosse des Mariannes (10 911 mètres sous le niveau de la mer). Du fait du bourrelet équatorial, les lieux les plus éloignés du centre de la Terre sont les sommets du Chimborazo en Équateur et du Huascarán au Pérou[46],[47],[48]. Pour la même raison, l'embouchure du Mississippi est plus éloignée du centre de la Terre que sa source[49].
50
+
51
+ Le rayon de la Terre est d'environ 6 371 km, selon divers modèles sphériques. La Terre n'étant pas parfaitement sphérique, la distance entre son centre et la surface varie de 6 352,8 km (fond de l'océan Arctique) à 6 384,415 km (sommet du Chimborazo)[50]. Le rayon équatorial est de 6 378,137 0 km, alors que le rayon polaire est de 6 356,752 3 km (modèle ellipsoïde de sphère aplatie aux pôles).
52
+
53
+ La masse de la Terre est estimée à 5,972 2 × 1024 kg. On la détermine en divisant la constante géocentrique GM par la constante de gravitation G. Sa précision est limitée par celle de G, le produit GM pouvant être déduit des mesures de géodésie spatiale avec une précision bien supérieure.
54
+
55
+ La Terre est une planète tellurique, c'est-à-dire une planète essentiellement rocheuse à noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses, telles que Jupiter, essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). Il s'agit de la plus grande des quatre planètes telluriques du Système solaire, que ce soit par la taille ou la masse. De ces quatre planètes, la Terre a aussi la masse volumique globale la plus élevée, la plus forte gravité de surface, le plus puissant champ magnétique global, la vitesse de rotation la plus élevée[51] et est probablement la seule avec une tectonique des plaques active[52].
56
+
57
+ La surface externe de la Terre est divisée en plusieurs segments rigides, ou plaques tectoniques, qui se déplacent lentement sur la surface sur des durées de plusieurs millions d'années. Environ 71 % de la surface est couverte d'océans d'eau salée, les 29 % restants étant des continents et des îles. L'eau liquide, nécessaire à la vie telle que nous la connaissons, est très abondante sur Terre, et aucune autre planète n'a encore été découverte avec des étendues d'eau liquide (lacs, mers, océans) à sa surface.
58
+
59
+ La Terre est principalement composée de fer (32,1 %[54]), d'oxygène (30,1 %), de silicium (15,1 %), de magnésium (13,9 %), de soufre (2,9 %), de nickel (1,8 %), de calcium (1,5 %) et d'aluminium (1,4 %), le reste (1,2 %) consistant en de légères traces d'autres éléments. Les éléments les plus denses ayant tendance à se concentrer au centre de la Terre (phénomène de différenciation planétaire), on pense que le cœur de la Terre est composé majoritairement de fer (88,8 %), avec une plus petite quantité de nickel (5,8 %), de soufre (4,5 %) et moins de 1 % d'autres éléments[55].
60
+
61
+ Le géochimiste F. W. Clarke a calculé que 47 % (en poids, soit 94 % en volume[56]) de la croûte terrestre était faite d'oxygène, présent principalement sous forme d'oxydes, dont les principaux sont les oxydes de silicium (sous forme de silicates), d'aluminium (aluminosilicates), de fer, de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. La silice est le constituant majeur de la croûte, sous forme de pyroxénoïdes, les minéraux les plus communs des roches magmatiques et métamorphiques. Après une synthèse basée sur l'analyse de 1 672 types de roches, Clarke a obtenu les pourcentages présentés dans le tableau ci-contre[57].
62
+
63
+ L'intérieur de la Terre, comme celui des autres planètes telluriques, est stratifié, c'est-à-dire organisé en couches concentriques superposées, ayant des densités croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches se distinguent par leur nature pétrologique (contrastes chimiques et minéralogiques) et leurs propriétés physiques (changements d'état physique, propriétés rhéologiques). La couche extérieure de la Terre solide, fine à très fine relativement au rayon terrestre, s'appelle la croûte ; elle est solide, et chimiquement distincte du manteau, solide, sur lequel elle repose ; sous l'effet combiné de la pression et de la température, avec la profondeur, le manteau passe d'un état solide fragile (cassant, sismogène, « lithosphérique ») à un état solide ductile (plastique, « asthénosphérique », et donc caractérisé par une viscosité plus faible, quoiqu'encore extrêmement élevée). La surface de contact entre la croûte et le manteau est appelée le Moho ; il se visualise très bien par les méthodes sismiques du fait du fort contraste de vitesse des ondes sismiques, entre les deux côtés. L'épaisseur de la croûte varie de 6 kilomètres sous les océans jusqu'à plus de 50 kilomètres en moyenne sous les continents. La croûte et la partie supérieure froide et rigide du manteau supérieur sont appelés lithosphère ; leur comportement horizontalement rigide à l'échelle du million à la dizaine de millions d'années est à l'origine de la tectonique des plaques. L'asthénosphère se trouve sous la lithosphère et est une couche convective, relativement moins visqueuse sur laquelle la lithosphère se déplace en « plaques minces ». Des changements importants dans la structure cristallographique des divers minéraux du manteau, qui sont des changements de phase au sens thermodynamique, vers respectivement les profondeurs de 410 kilomètres et de 670 kilomètres sous la surface, encadrent une zone dite de transition, définie initialement sur la base des premières images sismologiques. Actuellement, on appelle manteau supérieur la couche qui va du Moho à la transition de phase vers 670 kilomètres de profondeur, la transition à 410 kilomètres de profondeur étant reconnue pour ne pas avoir une importance majeure sur le processus de convection mantellique, au contraire de l'autre. Et l'on appelle donc manteau inférieur la zone comprise entre cette transition de phase à 670 kilomètres de profondeur, et la limite noyau-manteau. Sous le manteau inférieur, le noyau terrestre, composé à presque 90 % de fer métal, constitue une entité chimiquement originale de tout ce qui est au-dessus, à savoir la Terre silicatée. Ce noyau est lui-même stratifié en un noyau externe liquide et très peu visqueux (viscosité de l'ordre de celle d'une huile moteur à 20 °C), qui entoure un noyau interne solide[58] encore appelé graine. Cette graine résulte de la cristallisation du noyau du fait du refroidissement séculaire de la Terre. Cette cristallisation, par la chaleur latente qu'elle libère, est source d'une convection du noyau externe, laquelle est la source du champ magnétique terrestre. L'absence d'un tel champ magnétique sur les autres planètes telluriques laisse penser que leurs noyaux métalliques, dont les présences sont nécessaires pour expliquer les données astronomiques de densité et de moment d'inertie, sont totalement cristallisés. Selon une interprétation encore débattue de données sismologiques, le noyau interne terrestre semblerait tourner à une vitesse angulaire légèrement supérieure à celle du reste de la planète, avançant relativement de 0,1 à 0,5° par an[59].
64
+
65
+ La chaleur interne de la Terre est issue d'une combinaison de l'énergie résiduelle issue de l'accrétion planétaire (environ 20 %) et de la chaleur produite par les éléments radioactifs (80 %)[62]. Les principaux isotopes producteurs de chaleur de la Terre sont le potassium 40, l'uranium 238, l'uranium 235 et le thorium 232[63]. Au centre de la planète, la température pourrait atteindre 7 000 K et la pression serait de 360 GPa[64]. Comme la plus grande partie de la chaleur est issue de la désintégration des éléments radioactifs, les scientifiques considèrent qu'au début de l'histoire de la Terre, avant que les isotopes à courte durée de vie ne se soient désintégrés, la production de chaleur de la Terre aurait été bien plus importante. Cette production supplémentaire, deux fois plus importante il y a trois milliards d'années qu'aujourd'hui[62], aurait accru les gradients de températures dans la Terre et donc le rythme de la convection mantellique et de la tectonique des plaques, ce qui aurait permis la formation de roches ignées comme les komatiites, qui ne sont plus formées aujourd'hui[65].
66
+
67
+ La perte moyenne de chaleur par la Terre est de 87 mW/m2 pour une perte globale de 4,42 × 1013 W[67],[68](44,2 TW). Une portion de l'énergie thermique du noyau est transportée vers la croûte par des panaches, une forme de convection où des roches semi-fondues remontent vers la croûte. Ces panaches peuvent produire des points chauds et des trapps[69]. La plus grande partie de la chaleur de la Terre est perdue à travers la tectonique des plaques au niveau des dorsales océaniques. La dernière source importante de perte de chaleur est la conduction à travers la lithosphère, la plus grande partie ayant lieu dans les océans, car la croûte y est plus mince que celle des continents, surtout au niveau des dorsales[70].
68
+
69
+ Les plaques tectoniques sont des segments rigides de lithosphère qui se déplacent les uns par rapport aux autres. Les relations cinématiques qui existent aux frontières des plaques peuvent être regroupées en trois domaines : des domaines de convergence où deux plaques se rencontrent, de divergence où deux plaques se séparent et des domaines de transcurrence où les plaques se déplacent latéralement les unes par rapport aux autres. Les tremblements de terre, l'activité volcanique, la formation des montagnes et des fosses océaniques sont plus fréquents le long de ces frontières[73]. Le mouvement des plaques tectoniques est lié aux mouvements de convection ayant lieu dans le manteau terrestre[74].
70
+
71
+ Du fait du mouvement des plaques tectoniques, le plancher océanique plonge sous les bords des autres plaques. Au même moment, la remontée du magma au niveau des frontières divergentes crée des dorsales. La combinaison de ces processus permet un recyclage continuel de la lithosphère océanique qui retourne dans le manteau. Par conséquent, la plus grande partie du plancher océanique est âgée de moins de 100 millions d'années. La plus ancienne croûte océanique est localisée dans l'ouest du Pacifique et a un âge estimé de 200 millions d'années[75],[76]. Par comparaison, les éléments les plus anciens de la croûte continentale sont âgés de 4 030 millions d'années[77].
72
+
73
+ Il existe sept principales plaques, Pacifique, Nord-Américaine, Eurasienne, Africaine, Antarctique, Australienne et Sud-Américaine. Parmi les plaques importantes, on peut également citer les plaques Arabique, Caraïbe, Nazca à l'ouest de la côte occidentale de l'Amérique du Sud et la plaque Scotia dans le sud de l'océan Atlantique. La plaque australienne fusionna avec la plaque indienne il y a 50 millions d'années. Les plaques océaniques sont les plus rapides : la plaque de Cocos avance à un rythme de 75 mm/an[78] et la plaque pacifique à 52–69 mm/an. À l'autre extrême, la plus lente est la plaque eurasienne progressant à une vitesse de 21 mm/an[79].
74
+
75
+ Le relief de la Terre diffère énormément suivant le lieu. Environ 70,8 %[80] de la surface du globe est recouverte par de l'eau et une grande partie du plateau continental se trouve sous le niveau de la mer. Les zones submergées ont un relief aussi varié que les autres dont une dorsale océanique faisant le tour de la Terre ainsi que des volcans sous-marins[42], des fosses océaniques, des canyons sous-marins, des plateaux et des plaines abyssales. Les 29,2 % non recouvertes d'eau sont composés de montagnes, de déserts, de plaines, de plateaux et d'autres géomorphologies.
76
+
77
+ La surface planétaire subit de nombreuses modifications du fait de la tectonique et de l'érosion. Les éléments de surface construits ou déformés par la tectonique des plaques sont sujets à une météorisation constante du fait des précipitations, des cycles thermiques et des effets chimiques. Les glaciations, l'érosion du littoral, la construction des récifs coralliens et les impacts météoriques[81] contribuent également aux modifications du paysage[réf. nécessaire].
78
+
79
+ La lithosphère continentale est composée de matériaux de faible densité comme les roches ignées : granite et andésite. Le basalte est moins fréquent et cette roche volcanique dense est le principal constituant du plancher océanique[83]. Les roches sédimentaires se forment par l'accumulation de sédiments qui se compactent. Environ 75 % des surfaces continentales sont recouvertes de roches sédimentaires même si elles ne représentent que 5 % de la croûte[84]. Le troisième type de roche rencontré sur Terre est la roche métamorphique, créée par la transformation d'autres types de roche en présence de hautes pressions, de hautes températures ou les deux. Parmi les silicates les plus abondants de la surface terrestre, on peut citer le quartz, le feldspath, l'amphibole, le mica, le pyroxène et l'olivine[85]. Les carbonates courants sont la calcite (composant du calcaire) et la dolomite[86].
80
+
81
+ La pédosphère est la couche la plus externe de la Terre. Elle est composée de sol et est sujette au processus de formation du sol. Elle se trouve à la rencontre de la lithosphère, de l'atmosphère, de l'hydrosphère et de la biosphère. Actuellement, les zones arables représentent 13,31 % de la surface terrestre et seulement 4,71 % supportent des cultures permanentes[87]. Près de 40 % de la surface terrestre est utilisée pour l'agriculture et l'élevage soit environ 1,3 × 107 km2 de cultures et 3,4 × 107 km2 de pâturage[88].
82
+
83
+ L'altitude de la surface terrestre de la Terre varie de −418 mètres au niveau des rives de la mer Morte à 8 848 mètres au sommet de l'Everest. L'altitude moyenne des terres émergées est de 840 mètres au-dessus du niveau de la mer[89].
84
+
85
+ L'abondance de l'eau sur la surface de la Terre est une caractéristique unique qui distingue la « planète bleue » des autres planètes du Système solaire. L'hydrosphère terrestre est principalement composée par les océans, mais techniquement elle inclut également les mers, les lacs, les rivières et les eaux souterraines jusqu'à une profondeur de 2 000 mètres. La Challenger Deep de la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique est le lieu immergé le plus profond avec une profondeur de 10 911 mètres[e],[90].
86
+
87
+ La masse des océans est d'environ 1,35 × 1018 t , soit environ 1/4 400e de la masse totale de la Terre. Les océans couvrent une superficie de 3,618 × 108 km2 avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, soit un volume estimé à 1,332 × 109 km3[91]. Environ 97,5 % de l'eau terrestre est salée. Les 2,5 % restants sont composés d'eau douce, mais environ 68,7 % de celle-ci est immobilisée sous forme de glace[92].
88
+
89
+ La salinité moyenne des océans est d'environ 35 grammes de sel par kilogramme d'eau de mer (35 ‰)[93]. La plupart de ce sel fut libéré par l'activité volcanique ou par l'érosion des roches ignées[94]. Les océans sont également un important réservoir de gaz atmosphériques dissous qui sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie aquatiques[95]. L'eau de mer a une grande influence sur le climat mondial du fait de l'énorme réservoir de chaleur que constituent les océans[96]. Des changements dans les températures océaniques peuvent entraîner des phénomènes météorologiques très importants comme El Niño[97].
90
+
91
+ La Terre est entourée d'une enveloppe gazeuse qu'elle retient par attraction gravitationnelle : l'atmosphère. L'atmosphère de la Terre est intermédiaire entre celle, très épaisse, de Vénus, et celle, très ténue, de Mars. La pression atmosphérique au niveau de la mer est en moyenne de 101 325 Pa, soit 1 atm par définition[98]. L'atmosphère est constituée de 78,09 % d'azote, de 20,95 % d'oxygène, de 0,93 % d'argon et de 0,039 % de dioxyde de carbone, ainsi que de divers autres gaz dont de la vapeur d'eau. La hauteur de la troposphère varie avec la latitude entre 8 kilomètres aux pôles et 17 kilomètres à l'équateur, avec quelques variations résultant de facteurs météorologiques et saisonniers[99].
92
+
93
+ La biosphère de la Terre a fortement altéré son atmosphère. La photosynthèse à base d'oxygène apparut il y a 2,7 milliards d'années et forma l'atmosphère actuelle, principalement composée d'azote et d'oxygène. Ce changement permit la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation de la couche d'ozone bloquant les rayons ultraviolets émis par le Soleil. L'atmosphère favorise également la vie en transportant la vapeur d'eau, en fournissant des gaz utiles, en faisant brûler les petites météorites avant qu'elles ne frappent la surface et en modérant les températures[100]. Ce dernier phénomène est connu sous le nom d'effet de serre : des molécules présentes en faible quantité dans l'atmosphère bloquent la déperdition de chaleur dans l'espace et font ainsi augmenter la température globale. La vapeur d'eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l'ozone sont les principaux gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre. Sans cette conservation de la chaleur, la température moyenne sur Terre serait de −18 °C par rapport aux 15 °C actuels[80].
94
+
95
+ L'atmosphère terrestre n'a pas de limite clairement définie, elle disparaît lentement dans l'espace. Les trois-quarts de la masse de l'air entourant la Terre sont concentrés dans les premiers 11 kilomètres de l'atmosphère. Cette couche la plus inférieure est appelée la troposphère. L'énergie du Soleil chauffe cette couche et la surface en dessous, ce qui entraîne une expansion du volume atmosphérique par dilatation de l'air, ce qui a pour effet de réduire sa densité et ce qui l’amène à s'élever et à être remplacé par de l'air plus dense, car plus froid. La circulation atmosphérique qui en résulte est un acteur déterminant dans le climat et la météorologie du fait de la redistribution de la chaleur, entre les différentes couches d'air qu'elle implique[101].
96
+
97
+ Les principales bandes de circulations sont les alizés dans la région équatoriale à moins de 30° et les vents d'ouest dans les latitudes intermédiaires entre 30° et 60°[102]. Les courants océaniques sont également importants dans la détermination du climat, en particulier la circulation thermohaline qui distribue l'énergie thermique des régions équatoriales vers les régions polaires[103].
98
+
99
+ La vapeur d'eau générée par l'évaporation de surface est transportée par les mouvements atmosphériques. Lorsque les conditions atmosphériques permettent une élévation de l'air chaud et humide, cette eau se condense et retombe sur la surface sous forme de précipitations[101]. La plupart de l'eau est ensuite transportée vers les altitudes inférieures par les réseaux fluviaux et retourne dans les océans ou dans les lacs. Ce cycle de l'eau est un mécanisme vital au soutien de la vie sur Terre et joue un rôle primordial dans l'érosion des reliefs terrestres. La distribution des précipitations est très variée, de plusieurs mètres à moins d'un millimètre par an. La circulation atmosphérique, les caractéristiques topologiques et les gradients de températures déterminent les précipitations moyenne sur une région donnée[104].
100
+
101
+ La quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue avec la hausse de la latitude. Aux latitudes les plus élevées, les rayons solaires atteignent la surface suivant un angle plus faible et doivent traverser une plus grande colonne d'atmosphère. Par conséquent, la température moyenne au niveau de la mer diminue d'environ 0,4 °C à chaque degré de latitude en s'éloignant de l'équateur[105]. La Terre peut être divisée en ceintures latitudinaires de climat similaires. En partant de l'équateur, celles-ci sont les zones tropicales (ou équatoriales), subtropicales, tempérées et polaires[106]. Le climat peut également être basé sur les températures et les précipitations. La classification de Köppen (modifiée par Rudolph Geiger, étudiant de Wladimir Peter Köppen) est la plus utilisée et définit cinq grands groupes (tropical humide, aride, tempéré, continental et polaire) qui peuvent être divisés en sous-groupes plus précis[102].
102
+
103
+ Au-dessus de la troposphère, l'atmosphère est habituellement divisée en trois couches, la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère[100]. Chaque couche possède un gradient thermique adiabatique différent définissant l'évolution de la température avec l'altitude. Au-delà, l'exosphère se transforme en magnétosphère, où le champ magnétique terrestre interagit avec le vent solaire[107]. La couche d'ozone se trouve dans la stratosphère et bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui est important pour la vie sur Terre. La ligne de Kármán, définie comme se trouvant à 100 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, est la limite habituelle entre l'atmosphère et l'espace[108].
104
+
105
+ L'énergie thermique peut accroître la vitesse de certaines particules de la zone supérieure de l'atmosphère qui peuvent ainsi échapper à la gravité terrestre. Cela entraîne une lente, mais constante « fuite » de l'atmosphère dans l'espace. Comme l'hydrogène non lié a une faible masse moléculaire, il peut atteindre la vitesse de libération plus facilement et disparaît dans l'espace à un rythme plus élevé que celui des autres gaz[109]. La fuite de l'hydrogène dans l'espace déplace la Terre d'un état initialement réducteur à un état actuellement oxydant. La photosynthèse fournit une source d'oxygène non lié, mais la perte d'agents réducteurs comme l'hydrogène est considérée comme une condition nécessaire à l'accumulation massive d'oxygène dans l'atmosphère[110]. Ainsi, la capacité de l'hydrogène à quitter l'atmosphère terrestre aurait pu influencer la nature de la vie qui s'est développée sur la planète[111]. Actuellement, la plus grande partie de l'hydrogène est convertie en eau avant qu'il ne s'échappe du fait de l'atmosphère riche en oxygène. La plupart de l'hydrogène s'échappant provient de la destruction des molécules de méthane dans la haute atmosphère[112].
106
+
107
+ Le champ magnétique terrestre a pour l'essentiel la forme d'un dipôle magnétique avec les pôles actuellement situés près des pôles géographiques de la planète. À l'équateur du champ magnétique, son intensité à la surface terrestre est de 3,05 × 10−5 T, avec un moment magnétique global de 7,91 × 1015 T m3[113]. Selon la théorie de la dynamo, le champ est généré par le cœur externe fondu où la chaleur crée des mouvements de convection au sein de matériaux conducteurs, ce qui génère des courants électriques. Ceux-ci produisent le champ magnétique terrestre. Les mouvements de convection dans le noyau externe sont organisés spatialement selon un mode spécifique de cette géométrie (colonnes de Busse), mais présentent néanmoins une composante temporelle relativement chaotique (au sens de la dynamique non-linéaire) ; bien que le plus souvent plus ou moins alignés avec l'axe de rotation de la Terre, les pôles magnétiques se déplacent et changent irrégulièrement d'alignement. Cela entraîne des inversions du champ magnétique terrestre à intervalles irréguliers, approximativement plusieurs fois par million d'années pour la période actuelle, le Cénozoïque. L'inversion la plus récente eut lieu il y a environ 700 000 ans[114],[115].
108
+
109
+ Le champ magnétique forme la magnétosphère qui dévie les particules du vent solaire et s'étend jusqu'à environ treize fois le rayon terrestre en direction du Soleil. La collision entre le champ magnétique et le vent solaire forme les ceintures de Van Allen, une paire de régions toroïdales contenant un grand nombre de particules énergétiques ionisées. Lorsque, à l'occasion d'arrivées de plasma solaire plus intenses que le vent solaire moyen, par exemple lors d'événements d'éjections de masse coronale vers la Terre, la déformation de la géométrie de la magnétosphère sous l'impact de ce flux solaire permet le processus de reconnexion magnétique, et une partie des électrons de ce plasma solaire entre dans l'atmosphère terrestre en une ceinture autour aux pôles magnétiques ; il se forme alors des aurores polaires[116], qui sont l'émission d'une lumière de fluorescence résultant de la désexcitation des atomes et molécules, essentiellement d'oxygène de la haute et moyenne atmosphère, excités par les chocs des électrons solaires[réf. nécessaire].
110
+
111
+ La période de rotation relative de la Terre par rapport au Soleil est d'environ 86 400 s soit un jour solaire[117]. La période de rotation relative de la Terre par rapport aux étoiles fixes, appelé son jour stellaire par l'International Earth Rotation and Reference Systems Service (IERS), est de 86 164,098 903 691 secondes de temps solaire moyen (UT1) ou 23 h 56 min 4,098903691 s[118],[f]. Du fait de la précession des équinoxes, la période de rotation relative de la Terre, son jour sidéral est de 23 h 56 min 4,09053083288 s[118]. Ainsi le jour sidéral est plus court que le jour stellaire d'environ 8,4 ms[119].
112
+
113
+ À part des météorites dans l'atmosphère et les satellites en orbite basse, le principal mouvement apparent des corps célestes dans le ciel terrestre est vers l'ouest à un rythme de 15°/h ou 15'/min. Pour les corps proches de l'équateur céleste, cela est équivalent à un diamètre apparent de la Lune ou du Soleil toutes les deux minutes[120],[121].
114
+
115
+ Avant la création de la Lune, on suppose que l'axe de rotation de la Terre oscillait en permanence, ce qui rendait difficile l'apparition de la vie à sa surface pour causes de dérèglement climatique. Puis, une petite planète de la taille de Mars nommée Théia serait entrée en collision avec la Terre et aurait créé la Lune. L'apparition de cette dernière aurait stabilisé l'axe de rotation de la Terre[réf. nécessaire].
116
+
117
+ La Terre orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 150 millions de kilomètres suivant une période de 365,256 4 jours solaires ou une année sidérale. De la Terre, cela donne un mouvement apparent du Soleil vers l'est par rapport aux étoiles à un rythme d'environ 1°/jour ou un diamètre solaire toutes les 12 heures. Du fait de ce mouvement, il faut en moyenne 24 heures, un jour solaire, à la Terre pour réaliser une rotation complète autour de son axe et que le Soleil revienne au plan méridien. La vitesse orbitale de la Terre est d'environ 29,8 km/s (107 000 km/h)[98].
118
+
119
+ La Lune et la Terre tournent autour de leur barycentre commun en 27,32 jours (par rapport aux étoiles lointaines). En associant ce mouvement à celui du couple Terre-Lune autour du Soleil, on obtient que la période du mois synodique (d'une nouvelle lune à la nouvelle lune suivante) est de 29,53 jours. Vus depuis le pôle céleste nord, les mouvements de la Terre, de la Lune et de leurs rotations axiales sont tous dans le sens direct (le même que celui de la rotation du Soleil). Les plans orbitaux et axiaux ne sont pas précisément alignés, l'axe de la Terre est incliné de 23,4° par rapport à la perpendiculaire au plan orbital Terre-Soleil et le plan orbital Terre-Lune est incliné de 5° par rapport au plan orbital Terre-Soleil. Sans cette inclinaison, il y aurait une éclipse toutes les deux semaines, avec une alternance entre éclipses lunaires et solaires[98],[122].
120
+
121
+ La sphère de Hill ou la sphère d'influence gravitationnelle de la Terre a un rayon d'environ 1 500 000 kilomètres[123],[g]. C'est la distance maximale à laquelle l'influence gravitationnelle de la Terre est supérieure à celle du Soleil et des autres planètes. Pour orbiter autour de la Terre, les objets doivent se trouver dans cette zone où ils peuvent être perturbés par l'attraction gravitationnelle du Soleil[réf. nécessaire].
122
+
123
+ La Terre, au sein du Système solaire, est située dans la Voie lactée et se trouve à 28 000 années-lumière du centre galactique. Elle est actuellement à environ 20 années-lumière du plan équatorial de la galaxie dans le bras d'Orion[124].
124
+
125
+ Du fait de l'inclinaison axiale de la Terre, la quantité de rayonnement solaire atteignant tout point de la surface varie au cours de l'année. Cela a pour conséquence des changements saisonniers dans le climat avec un été dans l'hémisphère nord lorsque le pôle nord pointe vers le Soleil et l'hiver lorsque le pôle pointe dans l'autre direction. Durant l'été, les jours durent plus longtemps et le Soleil monte plus haut dans le ciel. En hiver, le climat devient généralement plus froid et les jours raccourcissent. Au-delà du cercle Arctique, il n'y a aucun jour durant une partie de l'année, ce qui est appelé une nuit polaire. Dans l'hémisphère sud, la situation est exactement l'inverse.
126
+
127
+ Par convention astronomique, les quatre saisons sont déterminées par les solstices, lorsque le point de l'orbite où l'inclinaison vers ou dans la direction opposée du Soleil est maximale et les équinoxes lorsque la direction de l'inclinaison de l'axe et la direction au Soleil sont perpendiculaires. Dans l'hémisphère nord, le solstice d'hiver a lieu le 21 décembre, le solstice d'été est proche du 21 juin, l'équinoxe de printemps a lieu autour du 20 mars et l'équinoxe d'automne vers le 21 septembre. Dans l'hémisphère sud, la situation est inversée et les dates des solstices d'hiver et d'été et celles des équinoxes de printemps et d'automne sont aussi inversées[125].
128
+
129
+ L'angle d'inclinaison de la Terre est relativement stable au cours du temps. L'inclinaison entraîne la nutation, un balancement périodique ayant une période de 18,6 années[126]. L'orientation (et non l'angle) de l'axe de la Terre évolue et réalise un cycle complet en 25 771 années. Cette précession des équinoxes est la cause de la différence de durée entre une année sidérale et une année tropique. Ces deux mouvements sont causés par le couple qu'exercent les forces de marées de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. De plus, les pôles se déplacent périodiquement par rapport à la surface de la Terre selon un mouvement connu sous le nom d'oscillation de Chandler[127].
130
+
131
+ À l'époque moderne, le périhélie de la Terre a lieu vers le 3 janvier et l'aphélie vers le 4 juillet. Ces dates évoluent au cours du temps du fait de la précession et d'autres facteurs orbitaux qui suivent un schéma cyclique connu sous le nom de paramètres de Milanković.
132
+
133
+ La Terre a un seul satellite naturel « permanent » connu, la Lune, située à environ 380 000 kilomètres de la Terre. Relativement grand, son diamètre est environ le quart de celui de la Terre. Au sein du Système solaire, c'est l'un des plus grands satellites naturels (après Ganymède, Titan, Callisto et Io) et le plus grand d'une planète non gazeuse. De plus, c'est la plus grande lune du Système solaire par rapport à la taille de sa planète (même si Charon est relativement plus grand par rapport à la planète naine Pluton). Elle est relativement proche de la taille de la planète Mercure (environ les trois quarts du diamètre de cette dernière). Les satellites naturels orbitant autour des autres planètes sont communément appelés « lunes » en référence à la Lune de la Terre.
134
+
135
+ L'attraction gravitationnelle entre la Terre et la Lune cause les marées sur Terre. Le même effet a eu lieu sur la Lune, de sorte que sa période de rotation est identique au temps qu'il lui faut pour orbiter autour de la Terre, et qu'elle présente ainsi toujours la même face vers la Terre. En orbitant autour de la Terre, différentes parties du côté visible de la Lune sont illuminées par le Soleil, causant les phases lunaires.
136
+
137
+ À cause du couple des marées, la Lune s'éloigne de la Terre à un rythme d'environ 38 millimètres par an, produisant aussi l'allongement du jour terrestre de 23 microsecondes par an[128]. Sur plusieurs millions d'années, l'effet cumulé de ces petites modifications produit d'importants changements. Durant la période du D��vonien, il y a approximativement 410 millions d'années, il y avait ainsi 400 jours dans une année, chaque jour durant 21,8 heures[129].
138
+
139
+ La Lune pourrait avoir eu une influence dans le développement de la vie en régulant le climat de la Terre. Les observations paléontologiques et les simulations informatiques en mécanique planétaire montrent que l'inclinaison de l'axe de la Terre est stabilisée par les effets de marées avec la Lune[130]. Certains scientifiques considèrent que sans cette stabilisation contre les couples appliqués par le Soleil et les planètes sur le renflement équatorial, l'axe de rotation aurait pu être très instable, ce qui aurait provoqué des changements chaotiques de son inclinaison au cours des temps géologiques et pour des échelles de durées supérieures à typiquement quelques dizaines de millions d'années, comme cela semble avoir été le cas pour Mars[131].
140
+
141
+ La Lune est aujourd'hui à une distance de la Terre telle que, vue depuis celle-ci, notre satellite a à peu près la même taille apparente (taille angulaire) que le Soleil. Le diamètre angulaire (ou l'angle solide) des deux corps est quasiment identique, car même si le diamètre du Soleil est 400 fois plus important que celui de la Lune, celle-ci est 400 fois plus rapprochée de la Terre que notre étoile[121]. Ceci permet de voir sur Terre et à notre époque géologique, des éclipses solaires totales ou annulaires (en fonction des petites variations de distance Terre-Lune, liées à la très légère ellipticité de l'orbite sélène).
142
+
143
+ Le consensus actuel sur les origines de la Lune est en faveur de l'hypothèse de l'impact géant entre un planétoïde de la taille de Mars, appelé Théia, et la proto-Terre nouvellement formée. Cette hypothèse explique en partie le fait que, en ce qui concerne la croûte lunaire, la composition chimique, principalement pour de nombreux éléments-trace, ainsi qu'en isotopie, principalement celle de l'oxygène (en gros, la moitié des atomes), ressemble particulièrement à celle de la croûte terrestre[132].
144
+
145
+ Les modèles informatiques des astrophysiciens Mikael Granvik, Jérémie Vaubaillon et Robert Jedicke suggèrent que des « satellites temporaires » devraient être tout à fait communs et que « à tout instant, il devrait y avoir au moins un satellite naturel, possédant un diamètre de 1 mètre, en orbite autour de la Terre »[trad 1],[133]. Ces objets resteraient en orbite durant en moyenne dix mois avant de revenir dans une orbite solaire.
146
+
147
+ L'une des premières mentions dans la littérature scientifique d'un satellite temporaire est celle de Clarence Chant lors de la grande procession météorique de 1913[134] :
148
+
149
+ « Il semblerait que les corps ayant voyagé à travers l'espace, probablement selon une orbite autour du Soleil et passant près de la Terre, auraient pu être capturés par celle-ci et être amenés à se déplacer autour d'elle comme un satellite[trad 2],[135]. »
150
+
151
+ Dans les faits, un tel objet est connu. En effet, entre 2006 et 2007, 2006 RH120 était effectivement temporairement en orbite autour de notre planète plutôt qu'autour du Soleil[136].
152
+
153
+ Le 21 septembre 2012, des chutes de météorites ont lieu sur les îles Britanniques et l'Amérique du Nord. L'origine de ces météorites pourrait être un petit corps en orbite autour de la Terre[137].
154
+
155
+ En janvier 2014, on compte 1 167 satellites artificiels en orbite autour de la Terre (contre 931 en 2011)[138].
156
+
157
+ 2010 TK7 est le premier astéroïde troyen connu de la Terre, autour du point de Lagrange L4 du couple Terre-Soleil, 60° en avance par rapport à la Terre sur son orbite autour du Soleil.
158
+
159
+ Les nuages de Kordylewski graviteraient aux points L4 et L5 du système Terre-Lune, mais leur existence reste incertaine à ce jour.
160
+
161
+ La Terre a au moins sept quasi-satellites :
162
+
163
+ Une planète qui peut abriter la vie est dite habitable même si la vie n'y est pas présente, ou n'en est pas originaire. La Terre fournit de l'eau liquide, des environnements où les molécules organiques complexes peuvent s'assembler et interagir, et suffisamment d'une énergie dite « douce » pour maintenir, pendant une durée suffisamment longue, un système de métabolismes[139]. La distance de la Terre au Soleil, de même que son excentricité orbitale, sa vitesse de rotation, l'inclinaison de son axe, son histoire géologique, une atmosphère restée non-agressive pour les molécules organiques malgré une évolution de composition chimique drastique, et un champ magnétique protecteur contribuent également, depuis l'apparition de la vie terrestre, aux conditions d'habitabilité à sa surface[140].
164
+
165
+ Les formes de vie de la planète sont parfois désignées comme formant une « biosphère ». On considère généralement que cette biosphère a commencé à évoluer il y a environ 3,5 milliards d'années. La biosphère est divisée en plusieurs biomes, habités par des groupes similaires de plantes et d'animaux. Sur terre, les biomes sont principalement séparés par des différences de latitudes, l'altitude et l'humidité. Les biomes terrestres se trouvant au-delà des cercles Arctique et Antarctique, en haute altitude ou dans les zones très arides sont relativement dépourvus de vie animale et végétale alors que la biodiversité est maximale dans les forêts tropicales humides[141].
166
+
167
+ La Terre fournit des ressources qui sont exploitables par les humains pour diverses utilisations. Certaines ne sont pas renouvelables, comme les combustibles fossiles, qui sont difficiles à reconstituer sur une courte échelle de temps. D'importantes quantités de combustibles fossiles peuvent être obtenues de la croûte terrestre, comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou les hydrates de méthane. Ces dépôts sont utilisés pour la production d'énergie, et en tant que matière première pour l'industrie chimique. Les minerais se sont formés dans la croûte terrestre et sont constitués de divers éléments chimiques utiles comme les métaux[142].
168
+
169
+ La biosphère terrestre produit de nombreuses ressources biologiques pour les humains, comme de la nourriture, du bois, des médicaments, de l'oxygène et assure également le recyclage de nombreux déchets organiques. Les écosystèmes terrestres dépendent de la couche arable et de l'eau douce, tandis que les écosystèmes marins sont basés sur les nutriments dissous dans l'eau[143]. Les humains vivent également sur terre en utilisant des matériaux de construction pour fabriquer des abris. En 1993, l'utilisation humaine des terres était approximativement répartie ainsi :
170
+
171
+ La superficie irriguée estimée en 1993 était de 2 481 250 km2[87].
172
+
173
+ D'importantes zones de la surface terrestre sont sujettes à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones, des ouragans ou des typhons qui dominent la vie dans ces régions. De 1980 à 2000, ces événements ont causé environ 11 800 morts par an[144]. De même, de nombreuses régions sont exposées aux séismes, aux glissements de terrain, aux éruptions volcaniques, aux tsunamis, aux tornades, aux dolines, aux blizzards, aux inondations, aux sécheresses, aux incendies de forêt et autres calamités et catastrophes naturelles.
174
+
175
+ De nombreuses régions sont sujettes à la pollution de l'air et de l'eau créée par l'homme, aux pluies acides, aux substances toxiques, à la perte de végétation (surpâturage, déforestation, désertification), à la perte de biodiversité, à la dégradation des sols, à l'érosion et à l'introduction d'espèces invasives.
176
+
177
+ Selon les Nations unies, un consensus scientifique existe qui lie les activités humaines au réchauffement climatique du fait des émissions industrielles de dioxyde de carbone, et plus généralement des gaz à effet de serre. Cette modification du climat risque de provoquer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des amplitudes de température plus extrêmes, d'importants changements de la météorologie et une élévation du niveau de la mer[145],[146].
178
+
179
+ La Terre compte approximativement 7,3 milliards d'habitants en 2015[148]. Les projections indiquent que la population mondiale atteindra 9,7 milliards d'habitants en 2050[148]. La plupart de cette croissance devrait se faire dans les pays en développement. La région de l'Afrique subsaharienne a le taux de natalité le plus élevé au monde. La densité de population humaine varie considérablement autour du monde, mais une majorité vit en Asie. En 2020, 60 % de la population devrait vivre dans des zones urbaines plutôt que rurales[149].
180
+
181
+ On estime que seul un-huitième de la surface de la Terre convient pour les humains ; trois-quarts de la Terre sont recouverts par les océans et la moitié des terres émergées sont des déserts (14 %)[150], des hautes montagnes (27 %)[151] ou d'autres milieux peu accueillants. L'implantation humaine permanente la plus au nord est Alert sur l'île d'Ellesmere au Canada (82°28′N)[152]. La plus au sud est la station d'Amundsen-Scott en Antarctique située près du pôle sud (90°S)[réf. nécessaire].
182
+
183
+ La totalité des terres émergées, à l'exception de certaines zones de l'Antarctique et du Bir Tawil non revendiqué que ce soit par l'Égypte ou le Soudan, sont revendiquées par des nations indépendantes. En 2011, on compte 204 États souverains dont 193 sont membres des Nations unies. De plus, il existe 59 territoires à souveraineté limitée et de nombreuses entités autonomes ou contestées[87]. Historiquement la Terre n'a jamais connu une souveraineté s'étendant sur l'ensemble de la planète même si de nombreuses nations ont tenté d'obtenir une domination mondiale et ont échoué[153].
184
+
185
+ L'Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui fut créée dans le but de régler pacifiquement les conflits entre nations[154]. Les Nations unies servent principalement de lieu d'échange pour la diplomatie et le droit international public. Lorsque le consensus est obtenu entre les différents membres, une opération armée peut être envisagée[155].
186
+
187
+ Le premier astronaute humain à avoir orbité autour de la Terre fut Youri Gagarine le 12 avril 1961[156]. Au total, en 2015, environ 550 personnes se sont rendues dans l'espace et douze d'entre elles ont marché sur la Lune[157],[158],[159]. En temps normal, au début du 21e siècle, les seuls humains dans l'espace sont ceux se trouvant dans la station spatiale internationale qui est habitée en permanence, les stations spatiales chinoises n'ayant eu dans les années 2010 que des séjours de courtes durées. Les astronautes de la mission Apollo 13 sont les humains qui se sont le plus éloignés de la Terre avec 400 171 kilomètres en 1970[160].
188
+
189
+ Dans le passé, la croyance en une terre plate[161] fut contredite par les observations et par les circumnavigations et le modèle d'une Terre sphérique s'imposa[162].
190
+
191
+ À la différence des autres planètes du Système solaire, l'humanité n'a pas considéré la Terre comme un objet mobile en rotation autour du Soleil avant le XVIe siècle[163]. La Terre a souvent été personnifiée en tant que déité, en particulier sous la forme d'une déesse. Les mythes de la création de nombreuses religions relatent la création de la Terre par une ou plusieurs divinités[réf. nécessaire].
192
+
193
+ Quelques groupes religieux souvent affiliés aux branches fondamentalistes du protestantisme[164] et de l'islam[165] avancent que leur interprétation des mythes de la création dans les textes sacrés est la vérité et que celle-ci devrait être considérée comme l'égale des hypothèses scientifiques conventionnelles concernant la formation de la Terre et le développement de la vie voire devrait les remplacer[166]. De telles affirmations sont rejetées par la communauté scientifique[167],[168] et par les autres groupes religieux[169],[170],[171].
194
+
195
+ La vision humaine concernant la Terre a évolué depuis les débuts de l'aérospatiale et la biosphère est maintenant vue selon une perspective globale[172],[173]. Cela est reflété dans le développement de l'écologie qui s'inquiète de l'impact de l'humanité sur la planète[174].
196
+
197
+ Dès 1945, Paul Valéry, dans son ouvrage Regards sur le monde actuel, estimait que « le temps du monde fini commence »[175]. Par « monde », il n'entendait pas le monde-univers des Anciens, mais notre monde actuel, c'est-à-dire, la Terre et l'ensemble de ses habitants.
198
+
199
+ Bertrand de Jouvenel a évoqué la finitude de la Terre dès 1968[176].
200
+
201
+ Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans la nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Estimant que cette finitude est suffisamment connue et prouvée pour qu'il soit inutile de l'illustrer, il souligne qu'elle a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique. La preuve expérimentale du raccordement symbolique de l'écologie à la culture a été fournie par les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune. Ils dirent que la Terre était belle, précieuse, et fragile. C'est-à-dire que l'Homme a le devoir de la protéger[177].
202
+
203
+ La finitude écologique de la Terre est une question devenue tellement prégnante que certains philosophes (Heidegger, Grondin, Schürch) ont pu parler d'une éthique de la finitude[178].
204
+
205
+ Les concepts d'empreinte écologique et de biocapacité permettent d'appréhender les problèmes liés à la finitude écologique de la Terre[réf. nécessaire].
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1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ La Terre est une planète du Système solaire, la troisième plus proche du Soleil et la cinquième plus grande, tant en taille qu'en masse, de ce système planétaire dont elle est également la plus massive des planètes telluriques.
6
+
7
+ La Terre s'est formée il y a 4,54 milliards d'années environ et la vie y est apparue moins d'un milliard d'années plus tard[1]. La planète abrite des millions d'espèces vivantes, dont les humains[2]. La biosphère de la Terre a fortement modifié l'atmosphère et les autres caractéristiques abiotiques de la planète, permettant la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation d'une couche d'ozone qui, associée au champ magnétique terrestre, bloque une partie du rayonnement solaire, permettant ainsi la vie sur Terre[3]. Les propriétés physiques de la Terre, de même que son histoire géologique et son orbite, ont permis à la vie de subsister durant cette période. De plus, la Terre devrait pouvoir maintenir la vie (telle que nous la connaissons actuellement) durant encore au moins 500 millions d'années[4],[5].
8
+
9
+ La croûte terrestre est divisée en plusieurs segments rigides appelés plaques tectoniques qui se déplacent sur des millions d'années. Environ 71 % de la surface terrestre est couverte par des océans d'eau salée qui forment l'hydrosphère avec les autres sources d'eau comme les lacs, les fleuves ou les nappes phréatiques. Les pôles géographiques de la Terre sont principalement recouverts de glace (inlandsis et banquise). L'intérieur de la planète reste actif avec un épais manteau composé de roches silicatées (généralement solides, mais localement fondues), un noyau externe de fer liquide qui génère le champ magnétique, et un noyau interne de fer solide.
10
+
11
+ La Terre interagit avec les autres objets spatiaux, principalement le Soleil et la Lune. Actuellement, la Terre orbite autour du Soleil en 365,256 363 jours solaires ou une année sidérale[a]. L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23,437°[6] par rapport à la perpendiculaire du plan de l'écliptique, ce qui produit des variations saisonnières sur la surface de la planète avec une période d'une année tropique (365,24219 jours solaires)[7]. Le seul satellite naturel connu de la Terre est la Lune qui commença à orbiter il y a 4,5 milliards d'années. Celle-ci provoque les marées, stabilise l'inclinaison axiale et ralentit lentement la rotation terrestre. Il y a environ 3,8 milliards d'années, lors du grand bombardement tardif, de nombreux impacts d'astéroïdes causèrent alors d'importantes modifications de sa surface.
12
+
13
+ La Terre a pour particularité, du point de vue de l'être humain, d'être le seul endroit connu de l'univers à abriter la vie telle que nous la connaissons, comme la faune (dont entre autres l'espèce humaine) et la flore. Les cultures humaines ont développé de nombreuses représentations de la planète, dont une personnification en tant que déité, la croyance en une terre plate, la Terre en tant que centre de l'univers et la perspective moderne d'un monde en tant que système global nécessitant une gestion raisonnable.
14
+
15
+ La science qui étudie la Terre est la géologie. Compte tenu de l'influence de la vie sur la composition de l'atmosphère, des océans et des roches sédimentaires, la géologie emprunte à la biologie une partie de sa chronologie et de son vocabulaire.
16
+
17
+ L'âge de la Terre est aujourd'hui estimé à 4,54 milliards d'années[8]. L'histoire de la Terre est divisée en quatre grands intervalles de temps, dits éons :
18
+
19
+ La formation de la Terre par accrétion était presque terminée en moins de 20 millions d'années[11]. Initialement en fusion, la couche externe de la Terre s'est refroidie pour former une croûte solide lorsque l'eau commença à s'accumuler dans l'atmosphère, aboutissant aux premières pluies et aux premiers océans. La Lune s'est formée peu de temps après, il y a 4,53 milliards d'années[12]. Le consensus actuel[13] pour la formation de la Lune est l'hypothèse de l'impact géant, selon laquelle un objet (quelquefois appelé Théia), de la taille de Mars et de masse environ égale au dixième de la masse terrestre[14], est entré en collision avec la Terre[15]. Dans ce modèle, une partie de cet objet se serait agglomérée avec la Terre tandis qu'une autre partie, mêlée avec peut-être 10 % de la masse totale de la Terre, aurait été éjectée dans l'espace, où elle aurait formé la Lune.
20
+
21
+ L'activité volcanique a produit une atmosphère primitive. De la vapeur d'eau condensée ayant plusieurs origines possibles, mêlée à de la glace apportée par des comètes, a produit les océans[16]. Une combinaison de gaz à effet de serre et d'importants niveaux d'activité solaire permirent d'augmenter la température à la surface de la Terre et empêchèrent les océans de geler[17]. Vers −3,5 milliards d'années, le champ magnétique se forma et il permit d'éviter à l'atmosphère d'être balayée par le vent solaire[18].
22
+
23
+ Deux principaux modèles ont été proposés pour expliquer la vitesse de croissance continentale[19] : une croissance constante jusqu'à nos jours[20] et une croissance rapide au début de l'histoire de la Terre[21]. Les recherches actuelles montrent que la deuxième hypothèse est la plus probable avec une formation rapide de la croûte continentale[22] suivie par de faibles variations de la surface globale des continents[23],[24],[25]. Sur une échelle de temps de plusieurs centaines de millions d'années, les continents ou supercontinents se forment puis se divisent. C'est ainsi qu'il y a environ 750 millions d'années, le plus vieux des supercontinents connus, Rodinia, commença à se disloquer. Les continents entre lesquels il s'était divisé se recombinèrent plus tard pour former Pannotia, il y a 650-540 millions d'années, puis finalement Pangée, au Permien, qui se fragmenta il y a 180 millions d'années[26].
24
+
25
+ On suppose qu'une activité chimique intense dans un milieu hautement énergétique a produit une molécule capable de se reproduire, dans un système particulier, il y a environ 4 milliards d'années. On pense que la vie elle-même serait apparue entre 200 et 500 millions d'années plus tard[27].
26
+
27
+ Le développement de la photosynthèse, active depuis bien avant 3 à 3,5 milliards d'années avant le présent, permit à la vie d'exploiter directement l'énergie du Soleil. Celle-ci produisit de l'oxygène qui s'accumula dans l'atmosphère, à partir d'environ 2,5 milliards d'années avant le présent, et forma la couche d'ozone (une forme d'oxygène [O3]) dans la haute atmosphère, lorsque les niveaux d'oxygène dépassèrent quelques pourcents. Le regroupement de petites cellules entraîna le développement de cellules complexes appelées eucaryotes[28]. Les premiers organismes multicellulaires formés de cellules au sein de colonies devinrent de plus en plus spécialisés. Aidées par l'absorption des dangereux rayons ultraviolets par la couche d'ozone, des colonies bactériennes pourraient avoir colonisé la surface de la Terre, dès ces époques lointaines[29]. Les plantes et les animaux pluricellulaires ne colonisèrent la terre ferme qu'à partir de la fin du Cambrien (pour mousses, lichens et champignons) et pendant l'Ordovicien (pour les premiers végétaux vasculaires et les arthropodes), le Silurien (pour les gastéropodes ?) et le Dévonien (pour les vertébrés)[réf. nécessaire].
28
+
29
+ Depuis les années 1960, il a été proposé une hypothèse selon laquelle une ou plusieurs séries de glaciations globales eurent lieu il y a 750 à 580 millions d'années, pendant le Néoprotérozoïque, et qui couvrirent la planète d'une couche de glace. Cette hypothèse a été nommée Snowball Earth (« Terre boule de neige »), et est d'un intérêt particulier parce qu'elle précède l'explosion cambrienne, quand des formes de vies multicellulaires commencèrent à proliférer[30].
30
+
31
+ À la suite de l'explosion cambrienne, il y a environ 535 millions d'années, cinq extinctions massives se produisirent[31]. La dernière extinction majeure date de 66 millions d'années, quand une météorite est entrée en collision avec la Terre, exterminant les dinosaures et d'autres grands reptiles, épargnant de plus petits animaux comme les mammifères, les oiseaux, ou encore les lézards[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les 66 millions d'années qui se sont écoulées depuis, les mammifères se sont diversifiés, le genre humain (Homo) s'étant développé depuis deux millions d'années. Des changements périodiques à long terme de l'orbite de la Terre, causés par l'influence gravitationnelle des autres astres, sont probablement une des causes des glaciations qui ont plus que doublé les zones polaires de la planète, périodiquement dans les derniers millions d'années[réf. nécessaire].
34
+
35
+ À l'issue de la dernière glaciation, le développement de l'agriculture et, ensuite, des civilisations, permit aux humains de modifier la surface de la Terre dans une courte période de temps, comme aucune autre espèce avant eux, affectant la nature tout comme les autres formes de vie[32].
36
+
37
+ Le futur de la Terre est très lié à celui du Soleil. Du fait de l'accumulation d'hélium dans le cœur du Soleil, la luminosité de l'étoile augmente lentement à l'échelle des temps géologiques. La luminosité va croître de 10 % au cours du 1,1 milliard d'années à venir et de 40 % sur les prochains 3,5 milliards d'années[33]. Les modèles climatiques indiquent que l'accroissement des radiations atteignant la Terre aura probablement des conséquences dramatiques sur la pérennité de son climat « terrestre », notamment la disparition des océans[34].
38
+
39
+ La Terre devrait cependant rester habitable durant encore plus de 500 millions d'années[4], cette durée pouvant passer à 2,3 milliards d'années si la pression atmosphérique diminue en retirant une partie de l'azote de l'atmosphère[35]. L'augmentation de la température terrestre va accélérer le cycle du carbone inorganique, réduisant sa concentration à des niveaux qui pourraient devenir trop faibles pour les plantes (10 ppm pour la photosynthèse du C4) dans environ 500[4] ou 900 millions d'années. La réduction de la végétation entraînera la diminution de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, ce qui provoquera la disparition progressive de la plupart des formes de vies animales[36]. Ensuite, la température moyenne (de la Terre) augmentera plus vite en raison de l'emballement de l'effet de serre par la vapeur d'eau, vers 40 à 50 °C[36]. Dans 1 milliard à 1,7 milliard d'années, la température sera si élevée que les océans s'évaporeront, précipitant le climat de la Terre dans celui de type vénusien, et faisant disparaître toute forme simple de vie à la surface de la Terre[5],[37].
40
+
41
+ Même si le Soleil était éternel et stable, le refroidissement interne de la Terre entraînerait la baisse du niveau de CO2 du fait d'une réduction du volcanisme[38], et 35 % de l'eau des océans descendrait dans le manteau du fait de la baisse des échanges au niveau des dorsales océaniques[39].
42
+
43
+ Dans le cadre de son évolution, le Soleil deviendra une géante rouge dans plus de 5 milliards d'années. Les modèles prédisent qu'il gonflera jusqu'à atteindre environ 250 fois son rayon actuel[33],[40].
44
+
45
+ Le destin de la Terre est moins clair. En tant que géante rouge, le Soleil va perdre environ 30 % de sa masse, donc sans prendre en compte les effets de marée, la Terre se déplacerait sur une orbite à 1,7 ua (254 316 600 km) du Soleil lorsque celui-ci atteindra sa taille maximale. La planète ne devrait donc pas être engloutie par les couches externes du Soleil même si l'atmosphère restante finira par être « soufflée » dans l'espace, et la croûte terrestre finira par fondre pour se transformer en un océan de lave, lorsque la luminosité solaire atteindra environ 5 000 fois son niveau actuel[33]. Cependant, une simulation de 2008 indique que l'orbite terrestre va se modifier du fait des effets de marées et poussera la Terre à entrer dans l'atmosphère du Soleil où elle sera absorbée et vaporisée[40].
46
+
47
+ La forme de la Terre est approchée par un ellipsoïde, une sphère aplatie aux pôles[41]. La rotation de la Terre entraîne l'apparition d'un léger bourrelet de sorte que le diamètre à l’équateur est 43 kilomètres plus long que le diamètre polaire (du pôle Nord au pôle Sud)[42]. Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ 12 742 kilomètres, ce qui est approximativement 40 000 kilomètres/π, car le mètre était initialement défini comme 1/10 000 000e (dix-millionième) de la distance de l'équateur au pôle Nord en passant par Paris[43],[44].
48
+
49
+ La topographie locale dévie de ce sphéroïde idéalisé même si à grande échelle, ces variations sont faibles : la Terre a une tolérance d'environ 0,17 % par rapport au sphéroïde parfait. Proportionnellement, c'est un peu moins lisse qu'une boule de billard neuve, alors qu'une boule de billard usée peut présenter des aspérités légèrement plus marquées[45]. Les plus grandes variations dans la surface rocheuse de la Terre sont l'Everest (8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer) et la fosse des Mariannes (10 911 mètres sous le niveau de la mer). Du fait du bourrelet équatorial, les lieux les plus éloignés du centre de la Terre sont les sommets du Chimborazo en Équateur et du Huascarán au Pérou[46],[47],[48]. Pour la même raison, l'embouchure du Mississippi est plus éloignée du centre de la Terre que sa source[49].
50
+
51
+ Le rayon de la Terre est d'environ 6 371 km, selon divers modèles sphériques. La Terre n'étant pas parfaitement sphérique, la distance entre son centre et la surface varie de 6 352,8 km (fond de l'océan Arctique) à 6 384,415 km (sommet du Chimborazo)[50]. Le rayon équatorial est de 6 378,137 0 km, alors que le rayon polaire est de 6 356,752 3 km (modèle ellipsoïde de sphère aplatie aux pôles).
52
+
53
+ La masse de la Terre est estimée à 5,972 2 × 1024 kg. On la détermine en divisant la constante géocentrique GM par la constante de gravitation G. Sa précision est limitée par celle de G, le produit GM pouvant être déduit des mesures de géodésie spatiale avec une précision bien supérieure.
54
+
55
+ La Terre est une planète tellurique, c'est-à-dire une planète essentiellement rocheuse à noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses, telles que Jupiter, essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). Il s'agit de la plus grande des quatre planètes telluriques du Système solaire, que ce soit par la taille ou la masse. De ces quatre planètes, la Terre a aussi la masse volumique globale la plus élevée, la plus forte gravité de surface, le plus puissant champ magnétique global, la vitesse de rotation la plus élevée[51] et est probablement la seule avec une tectonique des plaques active[52].
56
+
57
+ La surface externe de la Terre est divisée en plusieurs segments rigides, ou plaques tectoniques, qui se déplacent lentement sur la surface sur des durées de plusieurs millions d'années. Environ 71 % de la surface est couverte d'océans d'eau salée, les 29 % restants étant des continents et des îles. L'eau liquide, nécessaire à la vie telle que nous la connaissons, est très abondante sur Terre, et aucune autre planète n'a encore été découverte avec des étendues d'eau liquide (lacs, mers, océans) à sa surface.
58
+
59
+ La Terre est principalement composée de fer (32,1 %[54]), d'oxygène (30,1 %), de silicium (15,1 %), de magnésium (13,9 %), de soufre (2,9 %), de nickel (1,8 %), de calcium (1,5 %) et d'aluminium (1,4 %), le reste (1,2 %) consistant en de légères traces d'autres éléments. Les éléments les plus denses ayant tendance à se concentrer au centre de la Terre (phénomène de différenciation planétaire), on pense que le cœur de la Terre est composé majoritairement de fer (88,8 %), avec une plus petite quantité de nickel (5,8 %), de soufre (4,5 %) et moins de 1 % d'autres éléments[55].
60
+
61
+ Le géochimiste F. W. Clarke a calculé que 47 % (en poids, soit 94 % en volume[56]) de la croûte terrestre était faite d'oxygène, présent principalement sous forme d'oxydes, dont les principaux sont les oxydes de silicium (sous forme de silicates), d'aluminium (aluminosilicates), de fer, de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. La silice est le constituant majeur de la croûte, sous forme de pyroxénoïdes, les minéraux les plus communs des roches magmatiques et métamorphiques. Après une synthèse basée sur l'analyse de 1 672 types de roches, Clarke a obtenu les pourcentages présentés dans le tableau ci-contre[57].
62
+
63
+ L'intérieur de la Terre, comme celui des autres planètes telluriques, est stratifié, c'est-à-dire organisé en couches concentriques superposées, ayant des densités croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches se distinguent par leur nature pétrologique (contrastes chimiques et minéralogiques) et leurs propriétés physiques (changements d'état physique, propriétés rhéologiques). La couche extérieure de la Terre solide, fine à très fine relativement au rayon terrestre, s'appelle la croûte ; elle est solide, et chimiquement distincte du manteau, solide, sur lequel elle repose ; sous l'effet combiné de la pression et de la température, avec la profondeur, le manteau passe d'un état solide fragile (cassant, sismogène, « lithosphérique ») à un état solide ductile (plastique, « asthénosphérique », et donc caractérisé par une viscosité plus faible, quoiqu'encore extrêmement élevée). La surface de contact entre la croûte et le manteau est appelée le Moho ; il se visualise très bien par les méthodes sismiques du fait du fort contraste de vitesse des ondes sismiques, entre les deux côtés. L'épaisseur de la croûte varie de 6 kilomètres sous les océans jusqu'à plus de 50 kilomètres en moyenne sous les continents. La croûte et la partie supérieure froide et rigide du manteau supérieur sont appelés lithosphère ; leur comportement horizontalement rigide à l'échelle du million à la dizaine de millions d'années est à l'origine de la tectonique des plaques. L'asthénosphère se trouve sous la lithosphère et est une couche convective, relativement moins visqueuse sur laquelle la lithosphère se déplace en « plaques minces ». Des changements importants dans la structure cristallographique des divers minéraux du manteau, qui sont des changements de phase au sens thermodynamique, vers respectivement les profondeurs de 410 kilomètres et de 670 kilomètres sous la surface, encadrent une zone dite de transition, définie initialement sur la base des premières images sismologiques. Actuellement, on appelle manteau supérieur la couche qui va du Moho à la transition de phase vers 670 kilomètres de profondeur, la transition à 410 kilomètres de profondeur étant reconnue pour ne pas avoir une importance majeure sur le processus de convection mantellique, au contraire de l'autre. Et l'on appelle donc manteau inférieur la zone comprise entre cette transition de phase à 670 kilomètres de profondeur, et la limite noyau-manteau. Sous le manteau inférieur, le noyau terrestre, composé à presque 90 % de fer métal, constitue une entité chimiquement originale de tout ce qui est au-dessus, à savoir la Terre silicatée. Ce noyau est lui-même stratifié en un noyau externe liquide et très peu visqueux (viscosité de l'ordre de celle d'une huile moteur à 20 °C), qui entoure un noyau interne solide[58] encore appelé graine. Cette graine résulte de la cristallisation du noyau du fait du refroidissement séculaire de la Terre. Cette cristallisation, par la chaleur latente qu'elle libère, est source d'une convection du noyau externe, laquelle est la source du champ magnétique terrestre. L'absence d'un tel champ magnétique sur les autres planètes telluriques laisse penser que leurs noyaux métalliques, dont les présences sont nécessaires pour expliquer les données astronomiques de densité et de moment d'inertie, sont totalement cristallisés. Selon une interprétation encore débattue de données sismologiques, le noyau interne terrestre semblerait tourner à une vitesse angulaire légèrement supérieure à celle du reste de la planète, avançant relativement de 0,1 à 0,5° par an[59].
64
+
65
+ La chaleur interne de la Terre est issue d'une combinaison de l'énergie résiduelle issue de l'accrétion planétaire (environ 20 %) et de la chaleur produite par les éléments radioactifs (80 %)[62]. Les principaux isotopes producteurs de chaleur de la Terre sont le potassium 40, l'uranium 238, l'uranium 235 et le thorium 232[63]. Au centre de la planète, la température pourrait atteindre 7 000 K et la pression serait de 360 GPa[64]. Comme la plus grande partie de la chaleur est issue de la désintégration des éléments radioactifs, les scientifiques considèrent qu'au début de l'histoire de la Terre, avant que les isotopes à courte durée de vie ne se soient désintégrés, la production de chaleur de la Terre aurait été bien plus importante. Cette production supplémentaire, deux fois plus importante il y a trois milliards d'années qu'aujourd'hui[62], aurait accru les gradients de températures dans la Terre et donc le rythme de la convection mantellique et de la tectonique des plaques, ce qui aurait permis la formation de roches ignées comme les komatiites, qui ne sont plus formées aujourd'hui[65].
66
+
67
+ La perte moyenne de chaleur par la Terre est de 87 mW/m2 pour une perte globale de 4,42 × 1013 W[67],[68](44,2 TW). Une portion de l'énergie thermique du noyau est transportée vers la croûte par des panaches, une forme de convection où des roches semi-fondues remontent vers la croûte. Ces panaches peuvent produire des points chauds et des trapps[69]. La plus grande partie de la chaleur de la Terre est perdue à travers la tectonique des plaques au niveau des dorsales océaniques. La dernière source importante de perte de chaleur est la conduction à travers la lithosphère, la plus grande partie ayant lieu dans les océans, car la croûte y est plus mince que celle des continents, surtout au niveau des dorsales[70].
68
+
69
+ Les plaques tectoniques sont des segments rigides de lithosphère qui se déplacent les uns par rapport aux autres. Les relations cinématiques qui existent aux frontières des plaques peuvent être regroupées en trois domaines : des domaines de convergence où deux plaques se rencontrent, de divergence où deux plaques se séparent et des domaines de transcurrence où les plaques se déplacent latéralement les unes par rapport aux autres. Les tremblements de terre, l'activité volcanique, la formation des montagnes et des fosses océaniques sont plus fréquents le long de ces frontières[73]. Le mouvement des plaques tectoniques est lié aux mouvements de convection ayant lieu dans le manteau terrestre[74].
70
+
71
+ Du fait du mouvement des plaques tectoniques, le plancher océanique plonge sous les bords des autres plaques. Au même moment, la remontée du magma au niveau des frontières divergentes crée des dorsales. La combinaison de ces processus permet un recyclage continuel de la lithosphère océanique qui retourne dans le manteau. Par conséquent, la plus grande partie du plancher océanique est âgée de moins de 100 millions d'années. La plus ancienne croûte océanique est localisée dans l'ouest du Pacifique et a un âge estimé de 200 millions d'années[75],[76]. Par comparaison, les éléments les plus anciens de la croûte continentale sont âgés de 4 030 millions d'années[77].
72
+
73
+ Il existe sept principales plaques, Pacifique, Nord-Américaine, Eurasienne, Africaine, Antarctique, Australienne et Sud-Américaine. Parmi les plaques importantes, on peut également citer les plaques Arabique, Caraïbe, Nazca à l'ouest de la côte occidentale de l'Amérique du Sud et la plaque Scotia dans le sud de l'océan Atlantique. La plaque australienne fusionna avec la plaque indienne il y a 50 millions d'années. Les plaques océaniques sont les plus rapides : la plaque de Cocos avance à un rythme de 75 mm/an[78] et la plaque pacifique à 52–69 mm/an. À l'autre extrême, la plus lente est la plaque eurasienne progressant à une vitesse de 21 mm/an[79].
74
+
75
+ Le relief de la Terre diffère énormément suivant le lieu. Environ 70,8 %[80] de la surface du globe est recouverte par de l'eau et une grande partie du plateau continental se trouve sous le niveau de la mer. Les zones submergées ont un relief aussi varié que les autres dont une dorsale océanique faisant le tour de la Terre ainsi que des volcans sous-marins[42], des fosses océaniques, des canyons sous-marins, des plateaux et des plaines abyssales. Les 29,2 % non recouvertes d'eau sont composés de montagnes, de déserts, de plaines, de plateaux et d'autres géomorphologies.
76
+
77
+ La surface planétaire subit de nombreuses modifications du fait de la tectonique et de l'érosion. Les éléments de surface construits ou déformés par la tectonique des plaques sont sujets à une météorisation constante du fait des précipitations, des cycles thermiques et des effets chimiques. Les glaciations, l'érosion du littoral, la construction des récifs coralliens et les impacts météoriques[81] contribuent également aux modifications du paysage[réf. nécessaire].
78
+
79
+ La lithosphère continentale est composée de matériaux de faible densité comme les roches ignées : granite et andésite. Le basalte est moins fréquent et cette roche volcanique dense est le principal constituant du plancher océanique[83]. Les roches sédimentaires se forment par l'accumulation de sédiments qui se compactent. Environ 75 % des surfaces continentales sont recouvertes de roches sédimentaires même si elles ne représentent que 5 % de la croûte[84]. Le troisième type de roche rencontré sur Terre est la roche métamorphique, créée par la transformation d'autres types de roche en présence de hautes pressions, de hautes températures ou les deux. Parmi les silicates les plus abondants de la surface terrestre, on peut citer le quartz, le feldspath, l'amphibole, le mica, le pyroxène et l'olivine[85]. Les carbonates courants sont la calcite (composant du calcaire) et la dolomite[86].
80
+
81
+ La pédosphère est la couche la plus externe de la Terre. Elle est composée de sol et est sujette au processus de formation du sol. Elle se trouve à la rencontre de la lithosphère, de l'atmosphère, de l'hydrosphère et de la biosphère. Actuellement, les zones arables représentent 13,31 % de la surface terrestre et seulement 4,71 % supportent des cultures permanentes[87]. Près de 40 % de la surface terrestre est utilisée pour l'agriculture et l'élevage soit environ 1,3 × 107 km2 de cultures et 3,4 × 107 km2 de pâturage[88].
82
+
83
+ L'altitude de la surface terrestre de la Terre varie de −418 mètres au niveau des rives de la mer Morte à 8 848 mètres au sommet de l'Everest. L'altitude moyenne des terres émergées est de 840 mètres au-dessus du niveau de la mer[89].
84
+
85
+ L'abondance de l'eau sur la surface de la Terre est une caractéristique unique qui distingue la « planète bleue » des autres planètes du Système solaire. L'hydrosphère terrestre est principalement composée par les océans, mais techniquement elle inclut également les mers, les lacs, les rivières et les eaux souterraines jusqu'à une profondeur de 2 000 mètres. La Challenger Deep de la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique est le lieu immergé le plus profond avec une profondeur de 10 911 mètres[e],[90].
86
+
87
+ La masse des océans est d'environ 1,35 × 1018 t , soit environ 1/4 400e de la masse totale de la Terre. Les océans couvrent une superficie de 3,618 × 108 km2 avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, soit un volume estimé à 1,332 × 109 km3[91]. Environ 97,5 % de l'eau terrestre est salée. Les 2,5 % restants sont composés d'eau douce, mais environ 68,7 % de celle-ci est immobilisée sous forme de glace[92].
88
+
89
+ La salinité moyenne des océans est d'environ 35 grammes de sel par kilogramme d'eau de mer (35 ‰)[93]. La plupart de ce sel fut libéré par l'activité volcanique ou par l'érosion des roches ignées[94]. Les océans sont également un important réservoir de gaz atmosphériques dissous qui sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie aquatiques[95]. L'eau de mer a une grande influence sur le climat mondial du fait de l'énorme réservoir de chaleur que constituent les océans[96]. Des changements dans les températures océaniques peuvent entraîner des phénomènes météorologiques très importants comme El Niño[97].
90
+
91
+ La Terre est entourée d'une enveloppe gazeuse qu'elle retient par attraction gravitationnelle : l'atmosphère. L'atmosphère de la Terre est intermédiaire entre celle, très épaisse, de Vénus, et celle, très ténue, de Mars. La pression atmosphérique au niveau de la mer est en moyenne de 101 325 Pa, soit 1 atm par définition[98]. L'atmosphère est constituée de 78,09 % d'azote, de 20,95 % d'oxygène, de 0,93 % d'argon et de 0,039 % de dioxyde de carbone, ainsi que de divers autres gaz dont de la vapeur d'eau. La hauteur de la troposphère varie avec la latitude entre 8 kilomètres aux pôles et 17 kilomètres à l'équateur, avec quelques variations résultant de facteurs météorologiques et saisonniers[99].
92
+
93
+ La biosphère de la Terre a fortement altéré son atmosphère. La photosynthèse à base d'oxygène apparut il y a 2,7 milliards d'années et forma l'atmosphère actuelle, principalement composée d'azote et d'oxygène. Ce changement permit la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation de la couche d'ozone bloquant les rayons ultraviolets émis par le Soleil. L'atmosphère favorise également la vie en transportant la vapeur d'eau, en fournissant des gaz utiles, en faisant brûler les petites météorites avant qu'elles ne frappent la surface et en modérant les températures[100]. Ce dernier phénomène est connu sous le nom d'effet de serre : des molécules présentes en faible quantité dans l'atmosphère bloquent la déperdition de chaleur dans l'espace et font ainsi augmenter la température globale. La vapeur d'eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l'ozone sont les principaux gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre. Sans cette conservation de la chaleur, la température moyenne sur Terre serait de −18 °C par rapport aux 15 °C actuels[80].
94
+
95
+ L'atmosphère terrestre n'a pas de limite clairement définie, elle disparaît lentement dans l'espace. Les trois-quarts de la masse de l'air entourant la Terre sont concentrés dans les premiers 11 kilomètres de l'atmosphère. Cette couche la plus inférieure est appelée la troposphère. L'énergie du Soleil chauffe cette couche et la surface en dessous, ce qui entraîne une expansion du volume atmosphérique par dilatation de l'air, ce qui a pour effet de réduire sa densité et ce qui l’amène à s'élever et à être remplacé par de l'air plus dense, car plus froid. La circulation atmosphérique qui en résulte est un acteur déterminant dans le climat et la météorologie du fait de la redistribution de la chaleur, entre les différentes couches d'air qu'elle implique[101].
96
+
97
+ Les principales bandes de circulations sont les alizés dans la région équatoriale à moins de 30° et les vents d'ouest dans les latitudes intermédiaires entre 30° et 60°[102]. Les courants océaniques sont également importants dans la détermination du climat, en particulier la circulation thermohaline qui distribue l'énergie thermique des régions équatoriales vers les régions polaires[103].
98
+
99
+ La vapeur d'eau générée par l'évaporation de surface est transportée par les mouvements atmosphériques. Lorsque les conditions atmosphériques permettent une élévation de l'air chaud et humide, cette eau se condense et retombe sur la surface sous forme de précipitations[101]. La plupart de l'eau est ensuite transportée vers les altitudes inférieures par les réseaux fluviaux et retourne dans les océans ou dans les lacs. Ce cycle de l'eau est un mécanisme vital au soutien de la vie sur Terre et joue un rôle primordial dans l'érosion des reliefs terrestres. La distribution des précipitations est très variée, de plusieurs mètres à moins d'un millimètre par an. La circulation atmosphérique, les caractéristiques topologiques et les gradients de températures déterminent les précipitations moyenne sur une région donnée[104].
100
+
101
+ La quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue avec la hausse de la latitude. Aux latitudes les plus élevées, les rayons solaires atteignent la surface suivant un angle plus faible et doivent traverser une plus grande colonne d'atmosphère. Par conséquent, la température moyenne au niveau de la mer diminue d'environ 0,4 °C à chaque degré de latitude en s'éloignant de l'équateur[105]. La Terre peut être divisée en ceintures latitudinaires de climat similaires. En partant de l'équateur, celles-ci sont les zones tropicales (ou équatoriales), subtropicales, tempérées et polaires[106]. Le climat peut également être basé sur les températures et les précipitations. La classification de Köppen (modifiée par Rudolph Geiger, étudiant de Wladimir Peter Köppen) est la plus utilisée et définit cinq grands groupes (tropical humide, aride, tempéré, continental et polaire) qui peuvent être divisés en sous-groupes plus précis[102].
102
+
103
+ Au-dessus de la troposphère, l'atmosphère est habituellement divisée en trois couches, la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère[100]. Chaque couche possède un gradient thermique adiabatique différent définissant l'évolution de la température avec l'altitude. Au-delà, l'exosphère se transforme en magnétosphère, où le champ magnétique terrestre interagit avec le vent solaire[107]. La couche d'ozone se trouve dans la stratosphère et bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui est important pour la vie sur Terre. La ligne de Kármán, définie comme se trouvant à 100 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, est la limite habituelle entre l'atmosphère et l'espace[108].
104
+
105
+ L'énergie thermique peut accroître la vitesse de certaines particules de la zone supérieure de l'atmosphère qui peuvent ainsi échapper à la gravité terrestre. Cela entraîne une lente, mais constante « fuite » de l'atmosphère dans l'espace. Comme l'hydrogène non lié a une faible masse moléculaire, il peut atteindre la vitesse de libération plus facilement et disparaît dans l'espace à un rythme plus élevé que celui des autres gaz[109]. La fuite de l'hydrogène dans l'espace déplace la Terre d'un état initialement réducteur à un état actuellement oxydant. La photosynthèse fournit une source d'oxygène non lié, mais la perte d'agents réducteurs comme l'hydrogène est considérée comme une condition nécessaire à l'accumulation massive d'oxygène dans l'atmosphère[110]. Ainsi, la capacité de l'hydrogène à quitter l'atmosphère terrestre aurait pu influencer la nature de la vie qui s'est développée sur la planète[111]. Actuellement, la plus grande partie de l'hydrogène est convertie en eau avant qu'il ne s'échappe du fait de l'atmosphère riche en oxygène. La plupart de l'hydrogène s'échappant provient de la destruction des molécules de méthane dans la haute atmosphère[112].
106
+
107
+ Le champ magnétique terrestre a pour l'essentiel la forme d'un dipôle magnétique avec les pôles actuellement situés près des pôles géographiques de la planète. À l'équateur du champ magnétique, son intensité à la surface terrestre est de 3,05 × 10−5 T, avec un moment magnétique global de 7,91 × 1015 T m3[113]. Selon la théorie de la dynamo, le champ est généré par le cœur externe fondu où la chaleur crée des mouvements de convection au sein de matériaux conducteurs, ce qui génère des courants électriques. Ceux-ci produisent le champ magnétique terrestre. Les mouvements de convection dans le noyau externe sont organisés spatialement selon un mode spécifique de cette géométrie (colonnes de Busse), mais présentent néanmoins une composante temporelle relativement chaotique (au sens de la dynamique non-linéaire) ; bien que le plus souvent plus ou moins alignés avec l'axe de rotation de la Terre, les pôles magnétiques se déplacent et changent irrégulièrement d'alignement. Cela entraîne des inversions du champ magnétique terrestre à intervalles irréguliers, approximativement plusieurs fois par million d'années pour la période actuelle, le Cénozoïque. L'inversion la plus récente eut lieu il y a environ 700 000 ans[114],[115].
108
+
109
+ Le champ magnétique forme la magnétosphère qui dévie les particules du vent solaire et s'étend jusqu'à environ treize fois le rayon terrestre en direction du Soleil. La collision entre le champ magnétique et le vent solaire forme les ceintures de Van Allen, une paire de régions toroïdales contenant un grand nombre de particules énergétiques ionisées. Lorsque, à l'occasion d'arrivées de plasma solaire plus intenses que le vent solaire moyen, par exemple lors d'événements d'éjections de masse coronale vers la Terre, la déformation de la géométrie de la magnétosphère sous l'impact de ce flux solaire permet le processus de reconnexion magnétique, et une partie des électrons de ce plasma solaire entre dans l'atmosphère terrestre en une ceinture autour aux pôles magnétiques ; il se forme alors des aurores polaires[116], qui sont l'émission d'une lumière de fluorescence résultant de la désexcitation des atomes et molécules, essentiellement d'oxygène de la haute et moyenne atmosphère, excités par les chocs des électrons solaires[réf. nécessaire].
110
+
111
+ La période de rotation relative de la Terre par rapport au Soleil est d'environ 86 400 s soit un jour solaire[117]. La période de rotation relative de la Terre par rapport aux étoiles fixes, appelé son jour stellaire par l'International Earth Rotation and Reference Systems Service (IERS), est de 86 164,098 903 691 secondes de temps solaire moyen (UT1) ou 23 h 56 min 4,098903691 s[118],[f]. Du fait de la précession des équinoxes, la période de rotation relative de la Terre, son jour sidéral est de 23 h 56 min 4,09053083288 s[118]. Ainsi le jour sidéral est plus court que le jour stellaire d'environ 8,4 ms[119].
112
+
113
+ À part des météorites dans l'atmosphère et les satellites en orbite basse, le principal mouvement apparent des corps célestes dans le ciel terrestre est vers l'ouest à un rythme de 15°/h ou 15'/min. Pour les corps proches de l'équateur céleste, cela est équivalent à un diamètre apparent de la Lune ou du Soleil toutes les deux minutes[120],[121].
114
+
115
+ Avant la création de la Lune, on suppose que l'axe de rotation de la Terre oscillait en permanence, ce qui rendait difficile l'apparition de la vie à sa surface pour causes de dérèglement climatique. Puis, une petite planète de la taille de Mars nommée Théia serait entrée en collision avec la Terre et aurait créé la Lune. L'apparition de cette dernière aurait stabilisé l'axe de rotation de la Terre[réf. nécessaire].
116
+
117
+ La Terre orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 150 millions de kilomètres suivant une période de 365,256 4 jours solaires ou une année sidérale. De la Terre, cela donne un mouvement apparent du Soleil vers l'est par rapport aux étoiles à un rythme d'environ 1°/jour ou un diamètre solaire toutes les 12 heures. Du fait de ce mouvement, il faut en moyenne 24 heures, un jour solaire, à la Terre pour réaliser une rotation complète autour de son axe et que le Soleil revienne au plan méridien. La vitesse orbitale de la Terre est d'environ 29,8 km/s (107 000 km/h)[98].
118
+
119
+ La Lune et la Terre tournent autour de leur barycentre commun en 27,32 jours (par rapport aux étoiles lointaines). En associant ce mouvement à celui du couple Terre-Lune autour du Soleil, on obtient que la période du mois synodique (d'une nouvelle lune à la nouvelle lune suivante) est de 29,53 jours. Vus depuis le pôle céleste nord, les mouvements de la Terre, de la Lune et de leurs rotations axiales sont tous dans le sens direct (le même que celui de la rotation du Soleil). Les plans orbitaux et axiaux ne sont pas précisément alignés, l'axe de la Terre est incliné de 23,4° par rapport à la perpendiculaire au plan orbital Terre-Soleil et le plan orbital Terre-Lune est incliné de 5° par rapport au plan orbital Terre-Soleil. Sans cette inclinaison, il y aurait une éclipse toutes les deux semaines, avec une alternance entre éclipses lunaires et solaires[98],[122].
120
+
121
+ La sphère de Hill ou la sphère d'influence gravitationnelle de la Terre a un rayon d'environ 1 500 000 kilomètres[123],[g]. C'est la distance maximale à laquelle l'influence gravitationnelle de la Terre est supérieure à celle du Soleil et des autres planètes. Pour orbiter autour de la Terre, les objets doivent se trouver dans cette zone où ils peuvent être perturbés par l'attraction gravitationnelle du Soleil[réf. nécessaire].
122
+
123
+ La Terre, au sein du Système solaire, est située dans la Voie lactée et se trouve à 28 000 années-lumière du centre galactique. Elle est actuellement à environ 20 années-lumière du plan équatorial de la galaxie dans le bras d'Orion[124].
124
+
125
+ Du fait de l'inclinaison axiale de la Terre, la quantité de rayonnement solaire atteignant tout point de la surface varie au cours de l'année. Cela a pour conséquence des changements saisonniers dans le climat avec un été dans l'hémisphère nord lorsque le pôle nord pointe vers le Soleil et l'hiver lorsque le pôle pointe dans l'autre direction. Durant l'été, les jours durent plus longtemps et le Soleil monte plus haut dans le ciel. En hiver, le climat devient généralement plus froid et les jours raccourcissent. Au-delà du cercle Arctique, il n'y a aucun jour durant une partie de l'année, ce qui est appelé une nuit polaire. Dans l'hémisphère sud, la situation est exactement l'inverse.
126
+
127
+ Par convention astronomique, les quatre saisons sont déterminées par les solstices, lorsque le point de l'orbite où l'inclinaison vers ou dans la direction opposée du Soleil est maximale et les équinoxes lorsque la direction de l'inclinaison de l'axe et la direction au Soleil sont perpendiculaires. Dans l'hémisphère nord, le solstice d'hiver a lieu le 21 décembre, le solstice d'été est proche du 21 juin, l'équinoxe de printemps a lieu autour du 20 mars et l'équinoxe d'automne vers le 21 septembre. Dans l'hémisphère sud, la situation est inversée et les dates des solstices d'hiver et d'été et celles des équinoxes de printemps et d'automne sont aussi inversées[125].
128
+
129
+ L'angle d'inclinaison de la Terre est relativement stable au cours du temps. L'inclinaison entraîne la nutation, un balancement périodique ayant une période de 18,6 années[126]. L'orientation (et non l'angle) de l'axe de la Terre évolue et réalise un cycle complet en 25 771 années. Cette précession des équinoxes est la cause de la différence de durée entre une année sidérale et une année tropique. Ces deux mouvements sont causés par le couple qu'exercent les forces de marées de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. De plus, les pôles se déplacent périodiquement par rapport à la surface de la Terre selon un mouvement connu sous le nom d'oscillation de Chandler[127].
130
+
131
+ À l'époque moderne, le périhélie de la Terre a lieu vers le 3 janvier et l'aphélie vers le 4 juillet. Ces dates évoluent au cours du temps du fait de la précession et d'autres facteurs orbitaux qui suivent un schéma cyclique connu sous le nom de paramètres de Milanković.
132
+
133
+ La Terre a un seul satellite naturel « permanent » connu, la Lune, située à environ 380 000 kilomètres de la Terre. Relativement grand, son diamètre est environ le quart de celui de la Terre. Au sein du Système solaire, c'est l'un des plus grands satellites naturels (après Ganymède, Titan, Callisto et Io) et le plus grand d'une planète non gazeuse. De plus, c'est la plus grande lune du Système solaire par rapport à la taille de sa planète (même si Charon est relativement plus grand par rapport à la planète naine Pluton). Elle est relativement proche de la taille de la planète Mercure (environ les trois quarts du diamètre de cette dernière). Les satellites naturels orbitant autour des autres planètes sont communément appelés « lunes » en référence à la Lune de la Terre.
134
+
135
+ L'attraction gravitationnelle entre la Terre et la Lune cause les marées sur Terre. Le même effet a eu lieu sur la Lune, de sorte que sa période de rotation est identique au temps qu'il lui faut pour orbiter autour de la Terre, et qu'elle présente ainsi toujours la même face vers la Terre. En orbitant autour de la Terre, différentes parties du côté visible de la Lune sont illuminées par le Soleil, causant les phases lunaires.
136
+
137
+ À cause du couple des marées, la Lune s'éloigne de la Terre à un rythme d'environ 38 millimètres par an, produisant aussi l'allongement du jour terrestre de 23 microsecondes par an[128]. Sur plusieurs millions d'années, l'effet cumulé de ces petites modifications produit d'importants changements. Durant la période du D��vonien, il y a approximativement 410 millions d'années, il y avait ainsi 400 jours dans une année, chaque jour durant 21,8 heures[129].
138
+
139
+ La Lune pourrait avoir eu une influence dans le développement de la vie en régulant le climat de la Terre. Les observations paléontologiques et les simulations informatiques en mécanique planétaire montrent que l'inclinaison de l'axe de la Terre est stabilisée par les effets de marées avec la Lune[130]. Certains scientifiques considèrent que sans cette stabilisation contre les couples appliqués par le Soleil et les planètes sur le renflement équatorial, l'axe de rotation aurait pu être très instable, ce qui aurait provoqué des changements chaotiques de son inclinaison au cours des temps géologiques et pour des échelles de durées supérieures à typiquement quelques dizaines de millions d'années, comme cela semble avoir été le cas pour Mars[131].
140
+
141
+ La Lune est aujourd'hui à une distance de la Terre telle que, vue depuis celle-ci, notre satellite a à peu près la même taille apparente (taille angulaire) que le Soleil. Le diamètre angulaire (ou l'angle solide) des deux corps est quasiment identique, car même si le diamètre du Soleil est 400 fois plus important que celui de la Lune, celle-ci est 400 fois plus rapprochée de la Terre que notre étoile[121]. Ceci permet de voir sur Terre et à notre époque géologique, des éclipses solaires totales ou annulaires (en fonction des petites variations de distance Terre-Lune, liées à la très légère ellipticité de l'orbite sélène).
142
+
143
+ Le consensus actuel sur les origines de la Lune est en faveur de l'hypothèse de l'impact géant entre un planétoïde de la taille de Mars, appelé Théia, et la proto-Terre nouvellement formée. Cette hypothèse explique en partie le fait que, en ce qui concerne la croûte lunaire, la composition chimique, principalement pour de nombreux éléments-trace, ainsi qu'en isotopie, principalement celle de l'oxygène (en gros, la moitié des atomes), ressemble particulièrement à celle de la croûte terrestre[132].
144
+
145
+ Les modèles informatiques des astrophysiciens Mikael Granvik, Jérémie Vaubaillon et Robert Jedicke suggèrent que des « satellites temporaires » devraient être tout à fait communs et que « à tout instant, il devrait y avoir au moins un satellite naturel, possédant un diamètre de 1 mètre, en orbite autour de la Terre »[trad 1],[133]. Ces objets resteraient en orbite durant en moyenne dix mois avant de revenir dans une orbite solaire.
146
+
147
+ L'une des premières mentions dans la littérature scientifique d'un satellite temporaire est celle de Clarence Chant lors de la grande procession météorique de 1913[134] :
148
+
149
+ « Il semblerait que les corps ayant voyagé à travers l'espace, probablement selon une orbite autour du Soleil et passant près de la Terre, auraient pu être capturés par celle-ci et être amenés à se déplacer autour d'elle comme un satellite[trad 2],[135]. »
150
+
151
+ Dans les faits, un tel objet est connu. En effet, entre 2006 et 2007, 2006 RH120 était effectivement temporairement en orbite autour de notre planète plutôt qu'autour du Soleil[136].
152
+
153
+ Le 21 septembre 2012, des chutes de météorites ont lieu sur les îles Britanniques et l'Amérique du Nord. L'origine de ces météorites pourrait être un petit corps en orbite autour de la Terre[137].
154
+
155
+ En janvier 2014, on compte 1 167 satellites artificiels en orbite autour de la Terre (contre 931 en 2011)[138].
156
+
157
+ 2010 TK7 est le premier astéroïde troyen connu de la Terre, autour du point de Lagrange L4 du couple Terre-Soleil, 60° en avance par rapport à la Terre sur son orbite autour du Soleil.
158
+
159
+ Les nuages de Kordylewski graviteraient aux points L4 et L5 du système Terre-Lune, mais leur existence reste incertaine à ce jour.
160
+
161
+ La Terre a au moins sept quasi-satellites :
162
+
163
+ Une planète qui peut abriter la vie est dite habitable même si la vie n'y est pas présente, ou n'en est pas originaire. La Terre fournit de l'eau liquide, des environnements où les molécules organiques complexes peuvent s'assembler et interagir, et suffisamment d'une énergie dite « douce » pour maintenir, pendant une durée suffisamment longue, un système de métabolismes[139]. La distance de la Terre au Soleil, de même que son excentricité orbitale, sa vitesse de rotation, l'inclinaison de son axe, son histoire géologique, une atmosphère restée non-agressive pour les molécules organiques malgré une évolution de composition chimique drastique, et un champ magnétique protecteur contribuent également, depuis l'apparition de la vie terrestre, aux conditions d'habitabilité à sa surface[140].
164
+
165
+ Les formes de vie de la planète sont parfois désignées comme formant une « biosphère ». On considère généralement que cette biosphère a commencé à évoluer il y a environ 3,5 milliards d'années. La biosphère est divisée en plusieurs biomes, habités par des groupes similaires de plantes et d'animaux. Sur terre, les biomes sont principalement séparés par des différences de latitudes, l'altitude et l'humidité. Les biomes terrestres se trouvant au-delà des cercles Arctique et Antarctique, en haute altitude ou dans les zones très arides sont relativement dépourvus de vie animale et végétale alors que la biodiversité est maximale dans les forêts tropicales humides[141].
166
+
167
+ La Terre fournit des ressources qui sont exploitables par les humains pour diverses utilisations. Certaines ne sont pas renouvelables, comme les combustibles fossiles, qui sont difficiles à reconstituer sur une courte échelle de temps. D'importantes quantités de combustibles fossiles peuvent être obtenues de la croûte terrestre, comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou les hydrates de méthane. Ces dépôts sont utilisés pour la production d'énergie, et en tant que matière première pour l'industrie chimique. Les minerais se sont formés dans la croûte terrestre et sont constitués de divers éléments chimiques utiles comme les métaux[142].
168
+
169
+ La biosphère terrestre produit de nombreuses ressources biologiques pour les humains, comme de la nourriture, du bois, des médicaments, de l'oxygène et assure également le recyclage de nombreux déchets organiques. Les écosystèmes terrestres dépendent de la couche arable et de l'eau douce, tandis que les écosystèmes marins sont basés sur les nutriments dissous dans l'eau[143]. Les humains vivent également sur terre en utilisant des matériaux de construction pour fabriquer des abris. En 1993, l'utilisation humaine des terres était approximativement répartie ainsi :
170
+
171
+ La superficie irriguée estimée en 1993 était de 2 481 250 km2[87].
172
+
173
+ D'importantes zones de la surface terrestre sont sujettes à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones, des ouragans ou des typhons qui dominent la vie dans ces régions. De 1980 à 2000, ces événements ont causé environ 11 800 morts par an[144]. De même, de nombreuses régions sont exposées aux séismes, aux glissements de terrain, aux éruptions volcaniques, aux tsunamis, aux tornades, aux dolines, aux blizzards, aux inondations, aux sécheresses, aux incendies de forêt et autres calamités et catastrophes naturelles.
174
+
175
+ De nombreuses régions sont sujettes à la pollution de l'air et de l'eau créée par l'homme, aux pluies acides, aux substances toxiques, à la perte de végétation (surpâturage, déforestation, désertification), à la perte de biodiversité, à la dégradation des sols, à l'érosion et à l'introduction d'espèces invasives.
176
+
177
+ Selon les Nations unies, un consensus scientifique existe qui lie les activités humaines au réchauffement climatique du fait des émissions industrielles de dioxyde de carbone, et plus généralement des gaz à effet de serre. Cette modification du climat risque de provoquer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des amplitudes de température plus extrêmes, d'importants changements de la météorologie et une élévation du niveau de la mer[145],[146].
178
+
179
+ La Terre compte approximativement 7,3 milliards d'habitants en 2015[148]. Les projections indiquent que la population mondiale atteindra 9,7 milliards d'habitants en 2050[148]. La plupart de cette croissance devrait se faire dans les pays en développement. La région de l'Afrique subsaharienne a le taux de natalité le plus élevé au monde. La densité de population humaine varie considérablement autour du monde, mais une majorité vit en Asie. En 2020, 60 % de la population devrait vivre dans des zones urbaines plutôt que rurales[149].
180
+
181
+ On estime que seul un-huitième de la surface de la Terre convient pour les humains ; trois-quarts de la Terre sont recouverts par les océans et la moitié des terres émergées sont des déserts (14 %)[150], des hautes montagnes (27 %)[151] ou d'autres milieux peu accueillants. L'implantation humaine permanente la plus au nord est Alert sur l'île d'Ellesmere au Canada (82°28′N)[152]. La plus au sud est la station d'Amundsen-Scott en Antarctique située près du pôle sud (90°S)[réf. nécessaire].
182
+
183
+ La totalité des terres émergées, à l'exception de certaines zones de l'Antarctique et du Bir Tawil non revendiqué que ce soit par l'Égypte ou le Soudan, sont revendiquées par des nations indépendantes. En 2011, on compte 204 États souverains dont 193 sont membres des Nations unies. De plus, il existe 59 territoires à souveraineté limitée et de nombreuses entités autonomes ou contestées[87]. Historiquement la Terre n'a jamais connu une souveraineté s'étendant sur l'ensemble de la planète même si de nombreuses nations ont tenté d'obtenir une domination mondiale et ont échoué[153].
184
+
185
+ L'Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui fut créée dans le but de régler pacifiquement les conflits entre nations[154]. Les Nations unies servent principalement de lieu d'échange pour la diplomatie et le droit international public. Lorsque le consensus est obtenu entre les différents membres, une opération armée peut être envisagée[155].
186
+
187
+ Le premier astronaute humain à avoir orbité autour de la Terre fut Youri Gagarine le 12 avril 1961[156]. Au total, en 2015, environ 550 personnes se sont rendues dans l'espace et douze d'entre elles ont marché sur la Lune[157],[158],[159]. En temps normal, au début du 21e siècle, les seuls humains dans l'espace sont ceux se trouvant dans la station spatiale internationale qui est habitée en permanence, les stations spatiales chinoises n'ayant eu dans les années 2010 que des séjours de courtes durées. Les astronautes de la mission Apollo 13 sont les humains qui se sont le plus éloignés de la Terre avec 400 171 kilomètres en 1970[160].
188
+
189
+ Dans le passé, la croyance en une terre plate[161] fut contredite par les observations et par les circumnavigations et le modèle d'une Terre sphérique s'imposa[162].
190
+
191
+ À la différence des autres planètes du Système solaire, l'humanité n'a pas considéré la Terre comme un objet mobile en rotation autour du Soleil avant le XVIe siècle[163]. La Terre a souvent été personnifiée en tant que déité, en particulier sous la forme d'une déesse. Les mythes de la création de nombreuses religions relatent la création de la Terre par une ou plusieurs divinités[réf. nécessaire].
192
+
193
+ Quelques groupes religieux souvent affiliés aux branches fondamentalistes du protestantisme[164] et de l'islam[165] avancent que leur interprétation des mythes de la création dans les textes sacrés est la vérité et que celle-ci devrait être considérée comme l'égale des hypothèses scientifiques conventionnelles concernant la formation de la Terre et le développement de la vie voire devrait les remplacer[166]. De telles affirmations sont rejetées par la communauté scientifique[167],[168] et par les autres groupes religieux[169],[170],[171].
194
+
195
+ La vision humaine concernant la Terre a évolué depuis les débuts de l'aérospatiale et la biosphère est maintenant vue selon une perspective globale[172],[173]. Cela est reflété dans le développement de l'écologie qui s'inquiète de l'impact de l'humanité sur la planète[174].
196
+
197
+ Dès 1945, Paul Valéry, dans son ouvrage Regards sur le monde actuel, estimait que « le temps du monde fini commence »[175]. Par « monde », il n'entendait pas le monde-univers des Anciens, mais notre monde actuel, c'est-à-dire, la Terre et l'ensemble de ses habitants.
198
+
199
+ Bertrand de Jouvenel a évoqué la finitude de la Terre dès 1968[176].
200
+
201
+ Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans la nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Estimant que cette finitude est suffisamment connue et prouvée pour qu'il soit inutile de l'illustrer, il souligne qu'elle a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique. La preuve expérimentale du raccordement symbolique de l'écologie à la culture a été fournie par les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune. Ils dirent que la Terre était belle, précieuse, et fragile. C'est-à-dire que l'Homme a le devoir de la protéger[177].
202
+
203
+ La finitude écologique de la Terre est une question devenue tellement prégnante que certains philosophes (Heidegger, Grondin, Schürch) ont pu parler d'une éthique de la finitude[178].
204
+
205
+ Les concepts d'empreinte écologique et de biocapacité permettent d'appréhender les problèmes liés à la finitude écologique de la Terre[réf. nécessaire].
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1
+ Le terrorisme est l'emploi de la terreur[2] à des fins idéologiques, politiques ou religieuses [3].
2
+
3
+ Les multiples définitions (Alex Schmidt et Berto Jongman en 1988 en listent 109 différentes[4]) varient sur : l'usage de la violence (certaines comprennent des groupes n'utilisant pas la violence mais ayant un discours radical[4]), les techniques utilisées, la nature du sujet (mettant à part le terrorisme d'État), l'usage de la peur, le niveau d'organisation, l'idéologie, etc. Dans nombre de définitions intervient aussi le critère de la victime du terrorisme (civile, désarmée, innocente, attaque contre un État démocratique qui aurait permis au terroriste de s'exprimer légalement[5]).
4
+
5
+ Un grand nombre d'organisations politiques ou criminelles ont cependant recouru au terrorisme pour faire avancer leur cause ou en retirer des profits. Des partis de gauche comme de droite, des groupes nationalistes, religieux ou révolutionnaires, voire des États, ont commis des actes de terrorisme. Une constante du terrorisme est l'usage indiscriminé de la violence meurtrière à l'égard de civils dans le but de promouvoir un groupe, une cause ou un individu, ou encore de pratiquer l'extorsion à large échelle (mafias, cartels de la drogue, etc.).
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+ Le mot « terrorisme » est attesté pour la première fois en novembre 1794, il désigne alors la « doctrine des partisans de la Terreur »[6],[7], de ceux qui, quelque temps auparavant, avaient exercé le pouvoir en menant une lutte intense et violente contre les contre-révolutionnaires. Il s'agit alors d'un mode d'exercice du pouvoir, non d'un moyen d'action contre lui. Le mot a évolué au cours du XIXe siècle pour désigner non plus une action de l'État mais une action contre lui. Son emploi est attesté dans un sens antigouvernemental en 1866 pour l'Irlande, en 1883 pour la Russie (mouvement nihiliste), en Inde britannique (Jugantar (en)), dans les Balkans et l'Empire ottoman (l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, ORIM, qui pratique des prises d'otages d'Européens, et les comitadjilik bulgares, qui fournirent la matière d'un livre, Les comitadjis ou, Le terrorisme dans les Balkans à Albert Londres[8]).
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+ Selon François-Bernard Huyghe, l'attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, la machine infernale du boulevard du Temple en 1835, les complots de carbonari « restent encore dans la tradition du tyrannicide » ; « le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes »[9]. Celui-là, sous sa forme moderne, se répand au Moyen-Orient, avec l'assassinat du shah Nasir al-Dîn en 1896, dont la responsabilité morale est souvent attribuée, à tort ou à raison, à Djemâl ad-Dîn al-Afghâni.
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+ Le philosophe Philippe-Joseph Salazar fait remonter le concept de terrorisme au jus terrendi, « notion qu'on trouve chez le juriste romain Pomponius et dans les Digestes de l'empereur romain d'Orient Justinien. Le jus terrendi est le droit d'inspirer au criminel une « terreur salutaire », afin de le maintenir dans le respect de la loi. La menace de l'exécution en relève, par exemple. Mais les Romains en envisagent aussi une autre acception : selon eux, l'usage de la terreur permet de chasser du territoire tous ceux qui voudraient en enfreindre les lois. En somme, le jus terrendi a une dimension éthique — la terreur comme effet dissuasif — mais aussi étatique — quand il s'agit d'imposer sa souveraineté »[10].
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+ L'usage du terme « terrorisme » sert un argument généralement accusateur. À lui seul, il délégitime un acte qui peut être considéré comme le plus grave des crimes contre la personne. Les peines peuvent donc être plus sévères, comme l'emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort. Mais à l'inverse les adeptes du terrorisme peuvent avoir un sentiment différent, par exemple en supposant que leur cause pourrait éventuellement être d'un intérêt supérieur à la violence commise. Ce terme désigne aujourd'hui les actions violentes destinées à répandre la terreur et ainsi faire pression sur un État ou sur une population civile (exemples : Daesh et Boko Haram). Ces actions violentes visent souvent les populations civiles, afin de détruire, tuer et mutiler, ou soumettre. Elles ont pour but de promouvoir des messages à caractère idéologique, politique ou religieux par la peur et la publicité médiatique.
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+ Le terme de terrorisme est aujourd'hui très fréquemment employé en droit international et par les institutions internationales, mais il ne donne pas lieu à une définition unique et universelle[11].
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17
+ Certains éléments semblent faire consensus, le philosophe Jacques Derrida écrit ainsi : « Si on se réfère aux définitions courantes ou explicitement légales du terrorisme, qu’y trouve-t-on ? La référence à un crime contre la vie humaine en violation des lois (nationales ou internationales) y impliquant à la fois la distinction entre civil et militaire (les victimes du terrorisme sont supposées être civiles) et une finalité politique (influencer ou changer la politique d’un pays en terrorisant sa population civile) »[12].
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19
+ Dans le cadre d'une guerre conventionnelle, il existe en effet un cadre juridique précis, le droit de la guerre. Les actes violant le droit de la guerre sont alors qualifiés de crimes de guerre. Les notions de terrorisme et d'acte terroriste servent donc à qualifier des actes en dehors du cadre bien défini de guerre conventionnelle et du droit de la guerre, même si leur définition précise n'est pas bien établie d'un point de vue strictement juridique, ou plus exactement, même si un usage peut en être fait à des fins d'intérêts politiques.
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21
+ Le terrorisme se rapproche du concept de guerre ou de guerre civile. Ces notions partagent le caractère des actes d’extrême violence, et sont motivées par des fins politiques, idéologiques ou stratégiques. Elles opposent un groupe d’individus contre un autre et ont des effets délétères dont la population est victime, délibérément ou accidentellement. Le terrorisme se différencie des guerres par le fait que les guerres produisent généralement des destructions plus importantes de par les moyens que peuvent mettre en place des États dotés d’armées puissantes. Les groupes terroristes sont généralement moins bien organisés et dotés de moyens financiers limités[13].
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23
+ Le droit international considère différemment une guerre et des faits de terrorisme. La classification des faits n'est toutefois pas toujours évidente, certaines campagnes violentes peuvent être vues différemment ; certains experts les considéreront comme du terrorisme, comme une guerre civile, comme une insurrection, comme de l’autodéfense, comme de l’autodétermination légitime ou comme autre chose[13].
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+ Pourtant, même une fois exclus les crimes de guerre, le terrorisme reste difficile à définir avec une précision satisfaisante. Une définition, proposée par le Groupe de personnalités de haut niveau et le Secrétaire général de l'ONU en 2004 est soutenue par la France[14] : « tout acte commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire »[15].
26
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+ L'Assemblée générale des Nations unies considère le terrorisme comme suit : « Les actes criminels qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des particuliers sont injustifiables en toutes circonstances et quels que soient les motifs de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l’on puisse invoquer pour les justifier »[13].
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+
29
+ Les actes de terrorisme sont contraires au droit de la guerre et aux droits de l'homme et de ce fait hors la loi. Tout ceci implique et renvoie à une définition de la guerre, au droit de la guerre qui impose d’épargner les civils (voir les textes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui exposent les principes du droit humanitaire, eux-mêmes dépendant du droit de la guerre[16],[17] qui s’appuient sur ces principes et définitions et de même renvoient aux Droits de l'Homme. Le droit de la guerre se doit d'inclure les principes des Droits de l'Homme. L'article 33 de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 précise que « Les peines collectives, de même que toute mesure d'intimidation ou de terrorisme, sont interdites. [ainsi que] le pillage... et les mesures de représailles ».
30
+
31
+ L'article 51 du Ier protocole additionne et l’article 13 du IIe protocole additionnel aux Conventions de Genève concernant la Protection de la population civile dispose que :
32
+
33
+ Les conventions de l'ONU pour la répression du terrorisme donnent un cadre précis pour réprimer certains actes communément considérés comme des actes de terrorisme, tels que les détournements d'avions, les prises d'otage ou les attentats à l'explosif[18].
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+
35
+ La complexité des causes du terrorisme demande le recours à la pensée complexe pour les comprendre et les clore par dialogue.
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+
37
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ On distingue le terrorisme des actes de résistances sur des critères techniques ou tactiques :
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+
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+ En effet, les résistants s'attaquent à des « cibles » précises, ils détruisent des moyens militaires afin d'enrayer l'effort de guerre ennemi (par exemple : sabotage des voies ferrées ou destruction de convois, qui permettaient l'acheminement de vivres, de munitions et de carburant aux soldats allemands sur le front de l'est) ; les résistants ne tuent pas au hasard, et encore moins des civils (non-combattants). S'ils sont amenés à tuer, ils ciblent des autorités militaires ou administratives ennemies, toujours dans le but de décapiter le potentiel d'effort de guerre d'un ennemi. Les résistants peuvent également organiser l'assassinat de « collaborateurs », et cela dans le but de contrer les actions de l'ennemi.
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+
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+ Les différents courants durant la Seconde Guerre mondiale comme les Francs-tireurs et partisans (FTP) qui se regrouperont pour former les Forces françaises de l'intérieur (FFI) que de Gaulle organise en un front uni de résistance à l'occupant nazi et au gouvernement de Vichy, ou plus récemment en Grande-Bretagne avec la lutte de l'Irlande du Nord.
46
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+ Jacques Derrida rappelle encore de manière précise que la définition du terrorisme dépend de la possibilité de distinguer différents types de guerres, d'actions armées et de combattants, conformément aux analyses de Carl Schmitt qui font référence en la matière. Il précise :
48
+
49
+ « Une lecture critique de Carl Schmitt, par exemple, serait fort utile [...] pour prendre en compte, aussi loin qu’il est possible, la différence entre la guerre classique (confrontation directe et déclarée entre deux États ennemis, dans la grande tradition du droit européen), la « guerre civile » et la « guerre des partisans » (dans ses formes modernes, encore qu’elle apparaisse, Schmitt le reconnaît, dès le début du XIXe siècle). »
50
+
51
+ Il est parfois difficile de distinguer entre des actes de résistance et des actes de terrorisme car les différents termes renvoient à une forme de légitimité supposée des objectifs politiques qui justifierait en partie les actes de violence commis. La perception de cette légitimité varie largement selon les protagonistes et observateurs ce qui complique grandement l'établissement d'une définition objective et acceptée universellement de la notion de terrorisme. Un cas d'autant plus complexe qu'il fait partie de l'actualité est celui de l'Irak, où diverses tendances de l'islam sont en guerre larvée et certains groupuscules armés recourent à des actes violents contre des civils irakiens ou étrangers. Se considérant résistants à l'occupation de leur pays par les États-Unis les auteurs de ces actes prétendent trouver dans ce statut la justification de leurs actions. Si par contre on refuse d'accorder ce statut de résistant, soit par déni de l'objectif politique (ne considérant pas que l'Irak soit occupé) soit parce qu'on considère que la violence extrême utilisée dépasse toute forme de justification, on parlera alors de ces actes de violence comme d'actes de terrorisme. Ainsi, l'appellation de terroriste sous-entend une complète illégitimité de ces actions alors que la définition de résistant sous-entend une légitimité à résister à l'envahisseur[19].
52
+
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+ Pour éviter le « piège » sous-jacent à ne pas faire abstraction de la légitimité ou non de l'acte et qui est rappelé par le cliché qu'« un terroriste pour l’un est un combattant de la liberté pour l’autre »[20], une approche est de se focaliser sur les « objectifs opérationnels » et non pas sur les « objectifs politiques ». Selon M. Stohl, on sort de ce cliché en prenant en compte qu'« un individu est un terroriste quand il emploie des méthodes terroristes [et que] bien que certains puissent vouloir argumenter que des fins particulières justifient des moyens particuliers, cela ne change pas ce que sont ces moyens. » Le terme « terroriste » fait ainsi référence à un moyen tandis que « combattant de la liberté » à une « fin ». Le premier est objectif et le second subjectif[21].
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+ Il existe quatre grands types de terrorisme :
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+ Selon le criminologue Maurice Cusson, ces différents types de terrorisme sont motivés par quatre éléments[22] :
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+ Le terrorisme individuel est une pratique qui s'est développée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ce terrorisme a été pratiqué par quelques anarchistes comme Ravachol vengeant la Répression de Fourmies en 1891 et Sante Geronimo Caserio vengeant la répression exercée sur les anarchistes en assassinant en 1894 le président Sadi Carnot. Les États-Unis ont connu une vague d'attentats anarchistes pendant la Peur rouge de 1919-1920. Des attentats d'inspiration anarchiste ou nihiliste ont été commis dans divers pays (Russie, Espagne, Italie, etc.).
60
+
61
+ Les attentats des nihilistes ou des anarchistes visaient des personnalités de la sphère politique ou proche (le riche, le militaire, le prêtre, le policier, l'homme politique, etc.) ayant participé à réprimer la population ou l'un de leurs camarades. L'idée étant qu'une fois supprimés les acteurs de cette répression, celle-ci s'estomperait dû à la peur des autres acteurs de la sphère politique répressive. Ce terrorisme avait un caractère spontané et une base sociale.
62
+
63
+ Lorsqu'il est pratiqué par un groupe de personnes ne représentant pas un gouvernement, on le nomme simplement terrorisme. Dans les années 1960 et 1970, le terrorisme d'extrême gauche et d'extrême droite[23] était le plus important, ayant des buts politiques différents, menant à une lutte directe ou indirecte avec l'État, dans le but (pour l'extrême gauche) de radicaliser politiquement la société vers des questions sociales, ou (pour l'extrême droite) d'imposer le débat nationaliste et/ou, dans une stratégie de tension, de créer une situation amenant l'État à faire descendre la police ou l'armée dans les rues.
64
+
65
+ Le type de terrorisme d'extrême gauche est souvent appelé lutte armée par ceux qui le pratiquent. Les membres des groupes terroristes s'appellent eux-mêmes généralement des résistants — ou des combattants, des partisans —, car ils considèrent qu'ils résistent à l'oppression du pouvoir politique en place, où qu'ils mènent des actions de libération, qu'ils comparent à celles menées par les Résistants à l'occupation nazie en Europe durant la Seconde Guerre mondiale.
66
+
67
+ Les terroristes se réclamant de l'islamisme se considèrent quant à eux comme des combattants de Dieu, menant une guerre sainte (traduction littérale qui ne fait référence qu'à la lutte physique incluse dans le terme Jihad, terme possédant d'autres significations). Depuis les années 1990, le terrorisme islamiste a pris une place croissante sur la scène internationale. Ses auteurs le justifient notamment comme une réponse apportée à la situation politique en Israël-Palestine et en Irak à la suite de l'intervention américaine[réf. nécessaire]. Cependant, il a touché aussi bien des pays comme l'Algérie, l'Égypte, l'Indonésie, etc., où il n'y a pas de troupes occidentales et où il est difficile de parler de domination impérialiste. Dans ce cas là, son objectif est tout autre : c'est une démonstration de force contre des États où le pouvoir religieux extrémiste tente de renverser les gouvernements.
68
+
69
+ Entre 1954 et 1962, en Algérie, le FLN met en place une stratégie de terreur vis-à-vis de la population civile tant musulmane que non-musulmane[24],[25],[26],[27].
70
+
71
+ L'OAS, créée chez les Français d'Algérie au début des années 1960, mène une stratégie de terreur contre les musulmans supposés favorables au FLN. Elle essaie ensuite d'exporter la violence en métropole, contre les représentations du FLN et du PCF, puis contre le pouvoir gaullien, accusé de trahison. Aux États-Unis d'Amérique, le Ku Klux Klan mène un terrorisme constant contre la population noire jusque dans les années 1960[28], ou bien dans d'autres groupements comme les auteurs des attentats des jeux d'Atlanta.
72
+
73
+ Le Terrorisme d'État est une notion controversée, utilisée pour désigner des « actes terroristes » menés par un État. On parle également de terrorisme d'État dans le cas où des actions terroristes ont été commanditées, manipulées ou complaisamment ignorées par un État (ex. pas de mesure pour l'arrêter)[réf. souhaitée]. Les méthodes employées sont strictement les méthodes du terrorisme (enlèvement, séquestration et assassinat) mais sous couvert de la raison d'État, les agents de l'État impliqués bénéficient de la part de ses autorités de l'assentiment nécessaire à outrepasser le droit et du soutien logistique et/ou financier nécessaire à leurs actions. Cette absence de cadre légal représente donc une entorse aux fondements de l'état de droit, quels que soient les objectifs recherchés.
74
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75
+ Un exemple de terrorisme d'État est la « guerre sale » conduite par des services de l'État Espagnol à l'encontre du groupe armé nationaliste basque ETA. Les Groupes antiterroristes de libération (GAL) furent impliqués dans l'élimination physique de 37 personnes considérées comme appartenant ou soutenant l'ETA. L'affaire impliqua le gouvernement espagnol de Felipe González (PSOE) dont le ministre de l'intérieur José Barrionuevo et d'autres responsables furent finalement jugés et reconnus coupables dans le cadre de l'affaire « Marey » (du nom d'un citoyen franco-espagnol séquestré par erreur par les GAL). En dépit de cette décision initiale, ces commanditaires d'actions terroristes bénéficièrent d'une relative clémence de l'appareil judiciaire, comparativement aux membres de l'ETA qui arrivent en fin de peine initiale et dont la justice espagnole cherche actuellement à prolonger les condamnations.
76
+
77
+ L'expression « terrorisme d'État » est parfois utilisée pour décrire des agressions ouvertement commises par un État contre un groupe particulier. La terreur à la source du « terrorisme d'État » (des faits) peut aussi relever du « crime contre l'humanité » (un jugement).
78
+
79
+ Les démocraties modernes peuvent être accusées de terrorisme pour des actes comme le dynamitage du bateau de l'organisation Greenpeace en Nouvelle-Zélande par les services secrets français en 1984, ou le financement des Contras au Nicaragua par la CIA dès 1981.
80
+
81
+ Le noyautage d'organisations contestataires par des agents aux ordres directs du pouvoir permet d'en manipuler les actes à des fin d'auto-discréditation, tout comme la fausse revendication d'attentats, accréditant ces derniers à des groupes non directement impliqués. Le réseau stay-behind mis en place par les États-Unis en Europe après-guerre est suspecté d'avoir servi à des opérations false flag (voir Gladio en Italie par exemple).
82
+
83
+ Le terrorisme d'État est pratiqué par des services secrets à des fins politiques. Dans les années 1930, les services secrets soviétiques et italiens ont ainsi éliminé plusieurs de leurs opposants réfugiés à l'étranger ; par exemple, Ramón Mercader, un des exécuteurs travaillant pour le NKVD, a assassiné Léon Trotski et aurait tué une vingtaine de ses partisans[29]. Pendant la guerre d'Algérie, les services français en tant que la Main Rouge ont mené plusieurs centaines d'« actions homicides » contre des responsables du FLN et de l'OAS et contre leurs fournisseurs d'armes. Après les indépendances, des dictatures comme celle de Saddam Hussein en Irak, de Mouammar Kadhafi en Libye[30], du régime de la Corée du Nord ont aussi pratiqué la liquidation de leurs opposants à l'étranger.
84
+
85
+ La Turquie est accusée de terrorisme par des militants kurdes, l’Indonésie par des militants tamil, Israël par des militants palestiniens, ainsi que par des pays qui lui sont hostiles et en particulier à la suite des opérations militaires israéliennes de juillet-août 2014 menées dans la bande de Gaza et dont les victimes sont en partie des civils[31]. La Bolivie a classé Israël comme « État terroriste » afin de protester contre cette guerre[32].
86
+
87
+ Phénomène multiséculaire, ce type de terrorisme remonte aux premières formations politiques et fut dénommé, suivant l'époque, tyrannicide ou régicide. Les premières formes de ce terrorisme apparaissent chez Harmodios et Aristogiton à Athènes au Ve siècle av. J.-C., chez Brutus et Cassius à Rome au Ier siècle av. J.-C. ou chez les Sicaires en Judée au Ier siècle[33].
88
+
89
+ Le concept de terrorisme économique est controversé et le plus souvent utilisé de façon polémique ou démagogique pour associer le terme « terrorisme » à un pays, une entreprise ou un groupe accusé de pratiques abusives.
90
+
91
+ Il est néanmoins également utilisé de façon plus strictement définie pour désigner une tentative de déstabilisation économique par un groupe. Plus précisément, le Centre de politique de sécurité de Genève a défini en 2005 le terrorisme économique de la façon suivante :
92
+
93
+ « Contrairement à la "guerre économique", qui est menée par des États contre d'autres États, le "terrorisme économique" serait mené par des entités transnationales ou non-gouvernementales. Elle supposerait des actions variées, coordonnées et sophistiquées, ou des actes massifs de déstabilisation pour désorganiser la stabilité économique et financière d'un État, d'un groupe d'États ou d'une société (telle une société occidentale à l'économie de marché) pour des motifs idéologiques ou religieux. Ces actions, si menées, pourraient être violentes ou non. Elles pourraient avoir des effets immédiats ou infliger des effets psychologiques qui à leur tour peuvent avoir des conséquences économiques. »
94
+
95
+ L'influence de plus en plus grande des réseaux informatiques dans l'activité des populations et des États et leur dégradation par des « cyberattaques » a fait naître l'idée d'un possible « cyberterrorisme ».
96
+
97
+ En avril 2007, le déplacement d'une statue à Tallinn, capitale de l'Estonie, provoque une émeute d'un millier de jeunes issus de la minorité russophone[34]. L'émeute sera suivie au cours du mois de mai par une attaque par déni de service des principaux sites de l'administration estonienne, de banques et de journaux estoniens vraisemblablement par des pirates au service du gouvernement russe[35]. Moscou dément formellement toute implication du gouvernement et du principal service secret, le FSB.
98
+
99
+ Le conflit qui oppose l'Inde et le Pakistan se reporte régulièrement sur Internet depuis 2001, et se manifeste par des défacements de sites Internet[36] et par la diffusion de virus informatiques[37].
100
+
101
+ Le National Center for Digital Intrusion Response (NCDIR) a été fondé en 2007 par le FBI avec un budget de soutien de 3 millions de dollars pour traiter le problème de la cybercriminalité. L'objectif est de protéger la cyberinfrastructure des États-Unis
102
+
103
+ Si le terrorisme se définit par sa finalité, il peut aussi se caractériser par des modes opératoires qui lui sont propres. C'est ainsi que les objectifs d'un attentat sont avant tout de marquer les esprits et non d'offrir un avantage stratégique comme lors d'opérations militaires d'une guerre conventionnelle.
104
+
105
+ Pour le docteur en histoire médiévale Yuval Noah Harari : « la terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels (...) [L]a peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer (...) Ce qu’espèrent pourtant les terroristes, quand bien même ils n’ébranlent qu’à peine la puissance matérielle de l’ennemi, c’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, ce dernier réagira de façon disproportionnée et fera un mauvais usage de sa force préservée » dans un contexte démocratique apaisé où la violence politique est faible qui donne par contraste un écho démesuré aux actes terroristes[41].
106
+
107
+ Certains États et organisations internationales tiennent à jour une liste officielle d'organisations terroristes et de terroristes :
108
+
109
+ Il existe une longue tradition de films documentaires sur le terrorisme depuis 12 décembre (1972) de Pier Paolo Pasolini et Giovanni Bonfanti sur l'attentat de la piazza Fontana du 12 décembre 1969 à Milan jusqu'à des films plus récents comme le film de Pierre Carles et Georges Minangoy sur les anciens d'Action directe (Ni vieux, ni traîtres, 2006) ou le film de Barbet Schroeder sur Jacques Vergès qui s'attarde longuement sur ses relations avec le terrorisme (L'Avocat de la terreur, 2007)[55].
110
+
111
+ Parmi les films de fiction, on peut citer :
112
+
113
+ « Le fait est que le terrorisme fonctionne. C'est une très grave erreur d'analyse que de dire, et c'est souvent le cas, que le terrorisme est l'arme des faibles. »
114
+
115
+ « Tous les discours et les commentaires trahissent une gigantesque abréaction à l'événement même et à la fascination qu'il exerce. La condamnation morale, l'union sacrée contre le terrorisme sont à la mesure de la jubilation prodigieuse de voir détruire cette superpuissance mondiale, mieux, de la voir en quelque sorte se détruire elle-même, se suicider en beauté. (…) Quand les deux tours se sont effondrées, on avait l'impression qu'elles répondaient au suicide des avions-suicides par leur propre suicide. (…) Tout système à zéro mort est un système à somme nulle. (…) Dans ce cycle vertigineux de l'échange impossible de la mort, celle du terroriste est un point infinitésimal, mais qui provoque une aspiration, un vide, une convection gigantesques. Autour de ce point infime, tout le système, celui du réel et de la puissance, se densifie, se tétanise, se ramasse sur lui-même et s'abîme dans sa propre surefficacité[56]. »
116
+
117
+ Le terrorisme apparaît comme une préoccupation européenne, en 2002, il fait l'objet d'une décision-cadre publiée dans le Journal officiel de l'Union européenne[57].
118
+
119
+ Il a donné lieu à une déclaration des membres du Conseil européen lors d'une réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement à Bruxelles, le 12 février 2015.
120
+
121
+ À la suite des attentats terroristes perpétrés à Paris le 13 novembre 2015, la France a demandé une assistance bilatérale des États membres en vertu de l'article 42, paragraphe 7.
122
+
123
+ Le 28 avril 2015, la Commission européenne a adopté le programme européen en matière de sécurité, dans lequel la lutte contre le terrorisme est jugée prioritaire[58].
124
+
125
+ Europol a par ailleurs émis l'idée de créer un centre européen de lutte contre le terrorisme.
126
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+ L'Europe dispose aussi d'une Journée européenne de commémoration des victimes du terrorisme[59].
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1
+ Le terrorisme est l'emploi de la terreur[2] à des fins idéologiques, politiques ou religieuses [3].
2
+
3
+ Les multiples définitions (Alex Schmidt et Berto Jongman en 1988 en listent 109 différentes[4]) varient sur : l'usage de la violence (certaines comprennent des groupes n'utilisant pas la violence mais ayant un discours radical[4]), les techniques utilisées, la nature du sujet (mettant à part le terrorisme d'État), l'usage de la peur, le niveau d'organisation, l'idéologie, etc. Dans nombre de définitions intervient aussi le critère de la victime du terrorisme (civile, désarmée, innocente, attaque contre un État démocratique qui aurait permis au terroriste de s'exprimer légalement[5]).
4
+
5
+ Un grand nombre d'organisations politiques ou criminelles ont cependant recouru au terrorisme pour faire avancer leur cause ou en retirer des profits. Des partis de gauche comme de droite, des groupes nationalistes, religieux ou révolutionnaires, voire des États, ont commis des actes de terrorisme. Une constante du terrorisme est l'usage indiscriminé de la violence meurtrière à l'égard de civils dans le but de promouvoir un groupe, une cause ou un individu, ou encore de pratiquer l'extorsion à large échelle (mafias, cartels de la drogue, etc.).
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7
+ Le mot « terrorisme » est attesté pour la première fois en novembre 1794, il désigne alors la « doctrine des partisans de la Terreur »[6],[7], de ceux qui, quelque temps auparavant, avaient exercé le pouvoir en menant une lutte intense et violente contre les contre-révolutionnaires. Il s'agit alors d'un mode d'exercice du pouvoir, non d'un moyen d'action contre lui. Le mot a évolué au cours du XIXe siècle pour désigner non plus une action de l'État mais une action contre lui. Son emploi est attesté dans un sens antigouvernemental en 1866 pour l'Irlande, en 1883 pour la Russie (mouvement nihiliste), en Inde britannique (Jugantar (en)), dans les Balkans et l'Empire ottoman (l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, ORIM, qui pratique des prises d'otages d'Européens, et les comitadjilik bulgares, qui fournirent la matière d'un livre, Les comitadjis ou, Le terrorisme dans les Balkans à Albert Londres[8]).
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9
+ Selon François-Bernard Huyghe, l'attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, la machine infernale du boulevard du Temple en 1835, les complots de carbonari « restent encore dans la tradition du tyrannicide » ; « le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes »[9]. Celui-là, sous sa forme moderne, se répand au Moyen-Orient, avec l'assassinat du shah Nasir al-Dîn en 1896, dont la responsabilité morale est souvent attribuée, à tort ou à raison, à Djemâl ad-Dîn al-Afghâni.
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+ Le philosophe Philippe-Joseph Salazar fait remonter le concept de terrorisme au jus terrendi, « notion qu'on trouve chez le juriste romain Pomponius et dans les Digestes de l'empereur romain d'Orient Justinien. Le jus terrendi est le droit d'inspirer au criminel une « terreur salutaire », afin de le maintenir dans le respect de la loi. La menace de l'exécution en relève, par exemple. Mais les Romains en envisagent aussi une autre acception : selon eux, l'usage de la terreur permet de chasser du territoire tous ceux qui voudraient en enfreindre les lois. En somme, le jus terrendi a une dimension éthique — la terreur comme effet dissuasif — mais aussi étatique — quand il s'agit d'imposer sa souveraineté »[10].
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+ L'usage du terme « terrorisme » sert un argument généralement accusateur. À lui seul, il délégitime un acte qui peut être considéré comme le plus grave des crimes contre la personne. Les peines peuvent donc être plus sévères, comme l'emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort. Mais à l'inverse les adeptes du terrorisme peuvent avoir un sentiment différent, par exemple en supposant que leur cause pourrait éventuellement être d'un intérêt supérieur à la violence commise. Ce terme désigne aujourd'hui les actions violentes destinées à répandre la terreur et ainsi faire pression sur un État ou sur une population civile (exemples : Daesh et Boko Haram). Ces actions violentes visent souvent les populations civiles, afin de détruire, tuer et mutiler, ou soumettre. Elles ont pour but de promouvoir des messages à caractère idéologique, politique ou religieux par la peur et la publicité médiatique.
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+
15
+ Le terme de terrorisme est aujourd'hui très fréquemment employé en droit international et par les institutions internationales, mais il ne donne pas lieu à une définition unique et universelle[11].
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17
+ Certains éléments semblent faire consensus, le philosophe Jacques Derrida écrit ainsi : « Si on se réfère aux définitions courantes ou explicitement légales du terrorisme, qu’y trouve-t-on ? La référence à un crime contre la vie humaine en violation des lois (nationales ou internationales) y impliquant à la fois la distinction entre civil et militaire (les victimes du terrorisme sont supposées être civiles) et une finalité politique (influencer ou changer la politique d’un pays en terrorisant sa population civile) »[12].
18
+
19
+ Dans le cadre d'une guerre conventionnelle, il existe en effet un cadre juridique précis, le droit de la guerre. Les actes violant le droit de la guerre sont alors qualifiés de crimes de guerre. Les notions de terrorisme et d'acte terroriste servent donc à qualifier des actes en dehors du cadre bien défini de guerre conventionnelle et du droit de la guerre, même si leur définition précise n'est pas bien établie d'un point de vue strictement juridique, ou plus exactement, même si un usage peut en être fait à des fins d'intérêts politiques.
20
+
21
+ Le terrorisme se rapproche du concept de guerre ou de guerre civile. Ces notions partagent le caractère des actes d’extrême violence, et sont motivées par des fins politiques, idéologiques ou stratégiques. Elles opposent un groupe d’individus contre un autre et ont des effets délétères dont la population est victime, délibérément ou accidentellement. Le terrorisme se différencie des guerres par le fait que les guerres produisent généralement des destructions plus importantes de par les moyens que peuvent mettre en place des États dotés d’armées puissantes. Les groupes terroristes sont généralement moins bien organisés et dotés de moyens financiers limités[13].
22
+
23
+ Le droit international considère différemment une guerre et des faits de terrorisme. La classification des faits n'est toutefois pas toujours évidente, certaines campagnes violentes peuvent être vues différemment ; certains experts les considéreront comme du terrorisme, comme une guerre civile, comme une insurrection, comme de l’autodéfense, comme de l’autodétermination légitime ou comme autre chose[13].
24
+
25
+ Pourtant, même une fois exclus les crimes de guerre, le terrorisme reste difficile à définir avec une précision satisfaisante. Une définition, proposée par le Groupe de personnalités de haut niveau et le Secrétaire général de l'ONU en 2004 est soutenue par la France[14] : « tout acte commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire »[15].
26
+
27
+ L'Assemblée générale des Nations unies considère le terrorisme comme suit : « Les actes criminels qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des particuliers sont injustifiables en toutes circonstances et quels que soient les motifs de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l’on puisse invoquer pour les justifier »[13].
28
+
29
+ Les actes de terrorisme sont contraires au droit de la guerre et aux droits de l'homme et de ce fait hors la loi. Tout ceci implique et renvoie à une définition de la guerre, au droit de la guerre qui impose d’épargner les civils (voir les textes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui exposent les principes du droit humanitaire, eux-mêmes dépendant du droit de la guerre[16],[17] qui s’appuient sur ces principes et définitions et de même renvoient aux Droits de l'Homme. Le droit de la guerre se doit d'inclure les principes des Droits de l'Homme. L'article 33 de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 précise que « Les peines collectives, de même que toute mesure d'intimidation ou de terrorisme, sont interdites. [ainsi que] le pillage... et les mesures de représailles ».
30
+
31
+ L'article 51 du Ier protocole additionne et l’article 13 du IIe protocole additionnel aux Conventions de Genève concernant la Protection de la population civile dispose que :
32
+
33
+ Les conventions de l'ONU pour la répression du terrorisme donnent un cadre précis pour réprimer certains actes communément considérés comme des actes de terrorisme, tels que les détournements d'avions, les prises d'otage ou les attentats à l'explosif[18].
34
+
35
+ La complexité des causes du terrorisme demande le recours à la pensée complexe pour les comprendre et les clore par dialogue.
36
+
37
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ On distingue le terrorisme des actes de résistances sur des critères techniques ou tactiques :
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+
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+ En effet, les résistants s'attaquent à des « cibles » précises, ils détruisent des moyens militaires afin d'enrayer l'effort de guerre ennemi (par exemple : sabotage des voies ferrées ou destruction de convois, qui permettaient l'acheminement de vivres, de munitions et de carburant aux soldats allemands sur le front de l'est) ; les résistants ne tuent pas au hasard, et encore moins des civils (non-combattants). S'ils sont amenés à tuer, ils ciblent des autorités militaires ou administratives ennemies, toujours dans le but de décapiter le potentiel d'effort de guerre d'un ennemi. Les résistants peuvent également organiser l'assassinat de « collaborateurs », et cela dans le but de contrer les actions de l'ennemi.
44
+
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+ Les différents courants durant la Seconde Guerre mondiale comme les Francs-tireurs et partisans (FTP) qui se regrouperont pour former les Forces françaises de l'intérieur (FFI) que de Gaulle organise en un front uni de résistance à l'occupant nazi et au gouvernement de Vichy, ou plus récemment en Grande-Bretagne avec la lutte de l'Irlande du Nord.
46
+
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+ Jacques Derrida rappelle encore de manière précise que la définition du terrorisme dépend de la possibilité de distinguer différents types de guerres, d'actions armées et de combattants, conformément aux analyses de Carl Schmitt qui font référence en la matière. Il précise :
48
+
49
+ « Une lecture critique de Carl Schmitt, par exemple, serait fort utile [...] pour prendre en compte, aussi loin qu’il est possible, la différence entre la guerre classique (confrontation directe et déclarée entre deux États ennemis, dans la grande tradition du droit européen), la « guerre civile » et la « guerre des partisans » (dans ses formes modernes, encore qu’elle apparaisse, Schmitt le reconnaît, dès le début du XIXe siècle). »
50
+
51
+ Il est parfois difficile de distinguer entre des actes de résistance et des actes de terrorisme car les différents termes renvoient à une forme de légitimité supposée des objectifs politiques qui justifierait en partie les actes de violence commis. La perception de cette légitimité varie largement selon les protagonistes et observateurs ce qui complique grandement l'établissement d'une définition objective et acceptée universellement de la notion de terrorisme. Un cas d'autant plus complexe qu'il fait partie de l'actualité est celui de l'Irak, où diverses tendances de l'islam sont en guerre larvée et certains groupuscules armés recourent à des actes violents contre des civils irakiens ou étrangers. Se considérant résistants à l'occupation de leur pays par les États-Unis les auteurs de ces actes prétendent trouver dans ce statut la justification de leurs actions. Si par contre on refuse d'accorder ce statut de résistant, soit par déni de l'objectif politique (ne considérant pas que l'Irak soit occupé) soit parce qu'on considère que la violence extrême utilisée dépasse toute forme de justification, on parlera alors de ces actes de violence comme d'actes de terrorisme. Ainsi, l'appellation de terroriste sous-entend une complète illégitimité de ces actions alors que la définition de résistant sous-entend une légitimité à résister à l'envahisseur[19].
52
+
53
+ Pour éviter le « piège » sous-jacent à ne pas faire abstraction de la légitimité ou non de l'acte et qui est rappelé par le cliché qu'« un terroriste pour l’un est un combattant de la liberté pour l’autre »[20], une approche est de se focaliser sur les « objectifs opérationnels » et non pas sur les « objectifs politiques ». Selon M. Stohl, on sort de ce cliché en prenant en compte qu'« un individu est un terroriste quand il emploie des méthodes terroristes [et que] bien que certains puissent vouloir argumenter que des fins particulières justifient des moyens particuliers, cela ne change pas ce que sont ces moyens. » Le terme « terroriste » fait ainsi référence à un moyen tandis que « combattant de la liberté » à une « fin ». Le premier est objectif et le second subjectif[21].
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55
+ Il existe quatre grands types de terrorisme :
56
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57
+ Selon le criminologue Maurice Cusson, ces différents types de terrorisme sont motivés par quatre éléments[22] :
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+ Le terrorisme individuel est une pratique qui s'est développée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ce terrorisme a été pratiqué par quelques anarchistes comme Ravachol vengeant la Répression de Fourmies en 1891 et Sante Geronimo Caserio vengeant la répression exercée sur les anarchistes en assassinant en 1894 le président Sadi Carnot. Les États-Unis ont connu une vague d'attentats anarchistes pendant la Peur rouge de 1919-1920. Des attentats d'inspiration anarchiste ou nihiliste ont été commis dans divers pays (Russie, Espagne, Italie, etc.).
60
+
61
+ Les attentats des nihilistes ou des anarchistes visaient des personnalités de la sphère politique ou proche (le riche, le militaire, le prêtre, le policier, l'homme politique, etc.) ayant participé à réprimer la population ou l'un de leurs camarades. L'idée étant qu'une fois supprimés les acteurs de cette répression, celle-ci s'estomperait dû à la peur des autres acteurs de la sphère politique répressive. Ce terrorisme avait un caractère spontané et une base sociale.
62
+
63
+ Lorsqu'il est pratiqué par un groupe de personnes ne représentant pas un gouvernement, on le nomme simplement terrorisme. Dans les années 1960 et 1970, le terrorisme d'extrême gauche et d'extrême droite[23] était le plus important, ayant des buts politiques différents, menant à une lutte directe ou indirecte avec l'État, dans le but (pour l'extrême gauche) de radicaliser politiquement la société vers des questions sociales, ou (pour l'extrême droite) d'imposer le débat nationaliste et/ou, dans une stratégie de tension, de créer une situation amenant l'État à faire descendre la police ou l'armée dans les rues.
64
+
65
+ Le type de terrorisme d'extrême gauche est souvent appelé lutte armée par ceux qui le pratiquent. Les membres des groupes terroristes s'appellent eux-mêmes généralement des résistants — ou des combattants, des partisans —, car ils considèrent qu'ils résistent à l'oppression du pouvoir politique en place, où qu'ils mènent des actions de libération, qu'ils comparent à celles menées par les Résistants à l'occupation nazie en Europe durant la Seconde Guerre mondiale.
66
+
67
+ Les terroristes se réclamant de l'islamisme se considèrent quant à eux comme des combattants de Dieu, menant une guerre sainte (traduction littérale qui ne fait référence qu'à la lutte physique incluse dans le terme Jihad, terme possédant d'autres significations). Depuis les années 1990, le terrorisme islamiste a pris une place croissante sur la scène internationale. Ses auteurs le justifient notamment comme une réponse apportée à la situation politique en Israël-Palestine et en Irak à la suite de l'intervention américaine[réf. nécessaire]. Cependant, il a touché aussi bien des pays comme l'Algérie, l'Égypte, l'Indonésie, etc., où il n'y a pas de troupes occidentales et où il est difficile de parler de domination impérialiste. Dans ce cas là, son objectif est tout autre : c'est une démonstration de force contre des États où le pouvoir religieux extrémiste tente de renverser les gouvernements.
68
+
69
+ Entre 1954 et 1962, en Algérie, le FLN met en place une stratégie de terreur vis-à-vis de la population civile tant musulmane que non-musulmane[24],[25],[26],[27].
70
+
71
+ L'OAS, créée chez les Français d'Algérie au début des années 1960, mène une stratégie de terreur contre les musulmans supposés favorables au FLN. Elle essaie ensuite d'exporter la violence en métropole, contre les représentations du FLN et du PCF, puis contre le pouvoir gaullien, accusé de trahison. Aux États-Unis d'Amérique, le Ku Klux Klan mène un terrorisme constant contre la population noire jusque dans les années 1960[28], ou bien dans d'autres groupements comme les auteurs des attentats des jeux d'Atlanta.
72
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73
+ Le Terrorisme d'État est une notion controversée, utilisée pour désigner des « actes terroristes » menés par un État. On parle également de terrorisme d'État dans le cas où des actions terroristes ont été commanditées, manipulées ou complaisamment ignorées par un État (ex. pas de mesure pour l'arrêter)[réf. souhaitée]. Les méthodes employées sont strictement les méthodes du terrorisme (enlèvement, séquestration et assassinat) mais sous couvert de la raison d'État, les agents de l'État impliqués bénéficient de la part de ses autorités de l'assentiment nécessaire à outrepasser le droit et du soutien logistique et/ou financier nécessaire à leurs actions. Cette absence de cadre légal représente donc une entorse aux fondements de l'état de droit, quels que soient les objectifs recherchés.
74
+
75
+ Un exemple de terrorisme d'État est la « guerre sale » conduite par des services de l'État Espagnol à l'encontre du groupe armé nationaliste basque ETA. Les Groupes antiterroristes de libération (GAL) furent impliqués dans l'élimination physique de 37 personnes considérées comme appartenant ou soutenant l'ETA. L'affaire impliqua le gouvernement espagnol de Felipe González (PSOE) dont le ministre de l'intérieur José Barrionuevo et d'autres responsables furent finalement jugés et reconnus coupables dans le cadre de l'affaire « Marey » (du nom d'un citoyen franco-espagnol séquestré par erreur par les GAL). En dépit de cette décision initiale, ces commanditaires d'actions terroristes bénéficièrent d'une relative clémence de l'appareil judiciaire, comparativement aux membres de l'ETA qui arrivent en fin de peine initiale et dont la justice espagnole cherche actuellement à prolonger les condamnations.
76
+
77
+ L'expression « terrorisme d'État » est parfois utilisée pour décrire des agressions ouvertement commises par un État contre un groupe particulier. La terreur à la source du « terrorisme d'État » (des faits) peut aussi relever du « crime contre l'humanité » (un jugement).
78
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79
+ Les démocraties modernes peuvent être accusées de terrorisme pour des actes comme le dynamitage du bateau de l'organisation Greenpeace en Nouvelle-Zélande par les services secrets français en 1984, ou le financement des Contras au Nicaragua par la CIA dès 1981.
80
+
81
+ Le noyautage d'organisations contestataires par des agents aux ordres directs du pouvoir permet d'en manipuler les actes à des fin d'auto-discréditation, tout comme la fausse revendication d'attentats, accréditant ces derniers à des groupes non directement impliqués. Le réseau stay-behind mis en place par les États-Unis en Europe après-guerre est suspecté d'avoir servi à des opérations false flag (voir Gladio en Italie par exemple).
82
+
83
+ Le terrorisme d'État est pratiqué par des services secrets à des fins politiques. Dans les années 1930, les services secrets soviétiques et italiens ont ainsi éliminé plusieurs de leurs opposants réfugiés à l'étranger ; par exemple, Ramón Mercader, un des exécuteurs travaillant pour le NKVD, a assassiné Léon Trotski et aurait tué une vingtaine de ses partisans[29]. Pendant la guerre d'Algérie, les services français en tant que la Main Rouge ont mené plusieurs centaines d'« actions homicides » contre des responsables du FLN et de l'OAS et contre leurs fournisseurs d'armes. Après les indépendances, des dictatures comme celle de Saddam Hussein en Irak, de Mouammar Kadhafi en Libye[30], du régime de la Corée du Nord ont aussi pratiqué la liquidation de leurs opposants à l'étranger.
84
+
85
+ La Turquie est accusée de terrorisme par des militants kurdes, l’Indonésie par des militants tamil, Israël par des militants palestiniens, ainsi que par des pays qui lui sont hostiles et en particulier à la suite des opérations militaires israéliennes de juillet-août 2014 menées dans la bande de Gaza et dont les victimes sont en partie des civils[31]. La Bolivie a classé Israël comme « État terroriste » afin de protester contre cette guerre[32].
86
+
87
+ Phénomène multiséculaire, ce type de terrorisme remonte aux premières formations politiques et fut dénommé, suivant l'époque, tyrannicide ou régicide. Les premières formes de ce terrorisme apparaissent chez Harmodios et Aristogiton à Athènes au Ve siècle av. J.-C., chez Brutus et Cassius à Rome au Ier siècle av. J.-C. ou chez les Sicaires en Judée au Ier siècle[33].
88
+
89
+ Le concept de terrorisme économique est controversé et le plus souvent utilisé de façon polémique ou démagogique pour associer le terme « terrorisme » à un pays, une entreprise ou un groupe accusé de pratiques abusives.
90
+
91
+ Il est néanmoins également utilisé de façon plus strictement définie pour désigner une tentative de déstabilisation économique par un groupe. Plus précisément, le Centre de politique de sécurité de Genève a défini en 2005 le terrorisme économique de la façon suivante :
92
+
93
+ « Contrairement à la "guerre économique", qui est menée par des États contre d'autres États, le "terrorisme économique" serait mené par des entités transnationales ou non-gouvernementales. Elle supposerait des actions variées, coordonnées et sophistiquées, ou des actes massifs de déstabilisation pour désorganiser la stabilité économique et financière d'un État, d'un groupe d'États ou d'une société (telle une société occidentale à l'économie de marché) pour des motifs idéologiques ou religieux. Ces actions, si menées, pourraient être violentes ou non. Elles pourraient avoir des effets immédiats ou infliger des effets psychologiques qui à leur tour peuvent avoir des conséquences économiques. »
94
+
95
+ L'influence de plus en plus grande des réseaux informatiques dans l'activité des populations et des États et leur dégradation par des « cyberattaques » a fait naître l'idée d'un possible « cyberterrorisme ».
96
+
97
+ En avril 2007, le déplacement d'une statue à Tallinn, capitale de l'Estonie, provoque une émeute d'un millier de jeunes issus de la minorité russophone[34]. L'émeute sera suivie au cours du mois de mai par une attaque par déni de service des principaux sites de l'administration estonienne, de banques et de journaux estoniens vraisemblablement par des pirates au service du gouvernement russe[35]. Moscou dément formellement toute implication du gouvernement et du principal service secret, le FSB.
98
+
99
+ Le conflit qui oppose l'Inde et le Pakistan se reporte régulièrement sur Internet depuis 2001, et se manifeste par des défacements de sites Internet[36] et par la diffusion de virus informatiques[37].
100
+
101
+ Le National Center for Digital Intrusion Response (NCDIR) a été fondé en 2007 par le FBI avec un budget de soutien de 3 millions de dollars pour traiter le problème de la cybercriminalité. L'objectif est de protéger la cyberinfrastructure des États-Unis
102
+
103
+ Si le terrorisme se définit par sa finalité, il peut aussi se caractériser par des modes opératoires qui lui sont propres. C'est ainsi que les objectifs d'un attentat sont avant tout de marquer les esprits et non d'offrir un avantage stratégique comme lors d'opérations militaires d'une guerre conventionnelle.
104
+
105
+ Pour le docteur en histoire médiévale Yuval Noah Harari : « la terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels (...) [L]a peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer (...) Ce qu’espèrent pourtant les terroristes, quand bien même ils n’ébranlent qu’à peine la puissance matérielle de l’ennemi, c’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, ce dernier réagira de façon disproportionnée et fera un mauvais usage de sa force préservée » dans un contexte démocratique apaisé où la violence politique est faible qui donne par contraste un écho démesuré aux actes terroristes[41].
106
+
107
+ Certains États et organisations internationales tiennent à jour une liste officielle d'organisations terroristes et de terroristes :
108
+
109
+ Il existe une longue tradition de films documentaires sur le terrorisme depuis 12 décembre (1972) de Pier Paolo Pasolini et Giovanni Bonfanti sur l'attentat de la piazza Fontana du 12 décembre 1969 à Milan jusqu'à des films plus récents comme le film de Pierre Carles et Georges Minangoy sur les anciens d'Action directe (Ni vieux, ni traîtres, 2006) ou le film de Barbet Schroeder sur Jacques Vergès qui s'attarde longuement sur ses relations avec le terrorisme (L'Avocat de la terreur, 2007)[55].
110
+
111
+ Parmi les films de fiction, on peut citer :
112
+
113
+ « Le fait est que le terrorisme fonctionne. C'est une très grave erreur d'analyse que de dire, et c'est souvent le cas, que le terrorisme est l'arme des faibles. »
114
+
115
+ « Tous les discours et les commentaires trahissent une gigantesque abréaction à l'événement même et à la fascination qu'il exerce. La condamnation morale, l'union sacrée contre le terrorisme sont à la mesure de la jubilation prodigieuse de voir détruire cette superpuissance mondiale, mieux, de la voir en quelque sorte se détruire elle-même, se suicider en beauté. (…) Quand les deux tours se sont effondrées, on avait l'impression qu'elles répondaient au suicide des avions-suicides par leur propre suicide. (…) Tout système à zéro mort est un système à somme nulle. (…) Dans ce cycle vertigineux de l'échange impossible de la mort, celle du terroriste est un point infinitésimal, mais qui provoque une aspiration, un vide, une convection gigantesques. Autour de ce point infime, tout le système, celui du réel et de la puissance, se densifie, se tétanise, se ramasse sur lui-même et s'abîme dans sa propre surefficacité[56]. »
116
+
117
+ Le terrorisme apparaît comme une préoccupation européenne, en 2002, il fait l'objet d'une décision-cadre publiée dans le Journal officiel de l'Union européenne[57].
118
+
119
+ Il a donné lieu à une déclaration des membres du Conseil européen lors d'une réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement à Bruxelles, le 12 février 2015.
120
+
121
+ À la suite des attentats terroristes perpétrés à Paris le 13 novembre 2015, la France a demandé une assistance bilatérale des États membres en vertu de l'article 42, paragraphe 7.
122
+
123
+ Le 28 avril 2015, la Commission européenne a adopté le programme européen en matière de sécurité, dans lequel la lutte contre le terrorisme est jugée prioritaire[58].
124
+
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+ Europol a par ailleurs émis l'idée de créer un centre européen de lutte contre le terrorisme.
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+ L'Europe dispose aussi d'une Journée européenne de commémoration des victimes du terrorisme[59].
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+ Les testicules (testes) sont les gonades mâles des animaux. Ils appartiennent à l'appareil reproducteur masculin, ce sont les homologues des ovaires. Ils ont une double fonction, plus ou moins exprimée selon les périodes de la vie :
2
+
3
+ La majorité des vertébrés possèdent des testicules jumelés. Chez les oiseaux, les reptiles, les poissons et les amphibies, ils sont internes (cryptorchidie). Chez les premiers mammifères, ils sont également internes (caractère plésiomorphe), en position intra-abdominale (Afrothériens[1], Insectivores, Siréniens). Puis ils migrent lors de l'embryogenèse (descente des testicules, descensus testiculorum) et deviennent externes, dans une poche qui s'appelle le scrotum, phénomène apparu il y a 147,M chez les Marsupiaux[2]. Chez quelques espèces de mammifères (xénarthres, mammifères marins tels que les cétacés[3]), l'ascension secondaire des gonades explique leurs testicules internes en position intra-abdominale[4].
4
+
5
+ Les testicules de l'homme sont des organes pairs et symétriques situés à l'extérieur du pelvis dans le scrotum afin d'être à une température inférieure à celle de l'abdomen (2 °C en moins). Chaque testicule adulte mesure environ 3 cm de haut, 2 cm de large et 5 cm de profondeur pour un poids d'environ 20 grammes[5].
6
+
7
+ Les testicules comportent une coque lisse et blanc nacré appelée albuginée du testicule (tunica albuinea testis), elle est épaisse, solide et inextensible. Sur ses faces latérale et caudale, le testicule est entouré par une « cavité vaginale testiculaire », reliquat de cœlome interne.
8
+ Au sommet du testicule on retrouve l'épididyme séparé du testicule par le « sillon épididymaire ». La disparition de ce dernier est le signe d'une pathologie de l'épididyme tel qu'un cancer. À son pôle caudal, le testicule est fixé au scrotum par le gubernaculum testis.
9
+
10
+ Le gubernaculum testis est constitué de deux faisceaux attachant le pôle distal du testicule, directement à l'albuginée, ainsi que la queue de l'épididyme le plus souvent. Son insertion distale à l'âge adulte est parfois scrotale ou crémastérienne, mais semble involuer. [6]
11
+
12
+ L'albuginée envoie des cloisons ou « septa » (pluriel de septum qui veut dire cloison) découpant le testicule en environ 300 lobules testiculaires contenant les tubes séminifères (tubuli seminiferi recti).
13
+ Les tubes séminifères contenus dans l'albuginée sont le siège de la spermatogenèse. Ces tubes sont tapissés d'une couche de cellules nourricières (cellules de Sertoli). Ces tubes débouchent sur l'épididyme (epididymis), où les spermatozoïdes neufs maturent.
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+
15
+ Entre les tubes séminifères se trouvent les cellules de Leydig, qui produisent différentes hormones stéroïdes.
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+
17
+ Elle est terminale, effectuée par trois artères.
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+
19
+ En cas d'ectopie testiculaire, l’intervention consiste en l’abaissement testiculaire après section des vaisseaux spermatiques (Fowler-Stephens). L’existence d’une circulation collatérale entre les vaisseaux spermatiques, déférentiels et crémastériens autorise, après un clampage préalable, une ligature des vaisseaux spermatiques. Les collatérales doivent être préservées pour assurer la vascularisation du testicule.
20
+
21
+ Les deux organes mâles se forment dans la cavité abdominale, près des reins. Uniquement pour les Monotrèmes, les testicules gardent cette position. Pour l'ensemble des autres Mammifères, ils émigrent durant leur développement et sortent même complètement de l'abdomen. Il existe plusieurs possibilités:
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+
23
+ Différentes hypothèses ont été proposées pour expliquer l'origine évolutive de l'externalisation des testicules chez la majorité des mammifères. L'hypothèse du refroidissement (la température des testicules qui permet une spermatogenèse optimale est de 2 à 4 °C inférieure à la température du corps)[8] a été réfutée par Adolf Portmann[9],[10]. L’hypothèse de l’étalage de Portmann (signal sexuel du mâle indiquant clairement son « pôle reproducteur ») est également réfutée[4] mais elle peut expliquer, comme celle du refroidissement, pourquoi ce trait biologique s'est maintenu au cours de l'évolution dans certaines lignées[11]. L'hypothèse de Portmann a été réinterprétée par Short qui considère que la descente testiculaire est un processus évolutif qui permet de maintenir le taux de mutation dans la lignée germinale mâle à un niveau acceptable[12], et par Bedford qui suppose qu'elle refroidit non pas les testicules mais les épididymes[13]. Scott Freeman émet également une hypothèse fragile, celle de l'entraînement selon laquelle la mauvaise circulation sanguine dans le scrotum maintiendrait les testicules dans un environnement insuffisamment oxygéné, ce qui endurcirait les spermatozoïdes[14]. Cette descente pourrait s'expliquer par la théorie du handicap : les testicules placés dans une position aussi vulnérable à l’extérieur du corps (traumatismes, attaques de prédateurs) attireraient les femelles qui sélectionnent les mâles exprimant une plus grande vigueur et aptitude à survivre malgré ce handicap[15]. L'hypothèse du galop de Frey (1991)[4] et de Chance (1996)[16] est basée sur le fait que des pressions intra-abdominales sont néfastes pour la spermatogenèse chez les mammifères qui ont un mode de locomotion terrestre rapide. Les mammifères aux testicules internes (Afrothériens, mammifères marins) ont une locomotion qui ne génère pas ces pressions. Enfin, la descente testiculaire serait un exemple de compromis évolutifTrade-off entre la vulnérabilité du scrotum et les avantages de leur externalisation. Basée sur l'observation que les testicules internes ont tendance à être plus grande par rapport à la taille du corps, en comparaison avec les testicules internes, l'hypothèse la plus récente relative à la grande diversité des positions testiculaires chez les mammifères postule qu'elle résulterait d'un compromis évolutif entre la production de sperme et le stockage de sperme[17],[18].
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+
25
+ Les testicules se forment de manière précoce :
26
+
27
+ La future qualité et quantité de spermatozoïdes produits de la puberté à la fin de vie dépendra en grande partie de la gamétogenèse fœtale et de la capacité des gonocytes à se transformer en spermatogonies souches ; la suppression expérimentale d'une partie de ces cellules chez l'embryon conduit à une diminution de la production spermatique chez l'adulte [20].
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+
29
+ Les cellules de Sertoli se multiplient activement jusqu’à la puberté. Elles ne seront ensuite jamais renouvelées.
30
+
31
+ Comme les ovaires auxquels ils sont homologues, les testicules font partie de l'appareil reproducteur (en tant que gonades) et du système endocrinien (en tant que glandes endocrines). Leurs fonctions, respectivement, sont :
32
+
33
+ Les spermatozoïdes sont produits entre la puberté et la vieillesse à partir de cellules souches germinales (spermatogonie) qui subissent la méiose. Lors de la stimulation sexuelle, les spermatozoïdes sont expulsés des testicules et prennent part à la constitution du sperme, évacué par le pénis lors de l'éjaculation.
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+
35
+ Les hormones stéroïdes sont la testostérone principalement et les autres androgènes. Il existe des hormones peptidiques comme Insulin-like 3.
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+
37
+ Les deux fonctions du testicule, la spermatogenèse et la production de testostérone, sont régulées par des gonadostimulines : l'hormone lutéinisante (LH) et l'hormone folliculo-stimulante (FSH). Ces hormones sont produites, sur ordre de l'hypothalamus par l'hypophyse située à la base du cerveau.
38
+
39
+ Les bourses se rétractent et s'étendent afin de réguler leur température. Les spermatozoïdes doivent être produits à une température légèrement inférieure à celle du corps, environ 33 °C[21] ; c'est ce qui explique que les testicules sont suspendus en dehors du corps[21].
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+
41
+ Des protéines tensioactives identiques à celles du mucus pulmonaire (protéines A, B, C et D) sont produites et/ou retrouvées dans le testicule humain sain (comme dans quelques autres tissus et fluides tels que tissus de l'appareil nasolacrymal, des voies respiratoires et du tube digestif).
42
+ Ces protéines tensioactives sont observées immunohistochimiquement combinées à la vimentine dans des cellules de Sertoli et les cellules de Leydig. Elles joueraient dans le testicule un processus à la fois immunologique et rhéologique. Une étude a recherché 4 variantes de la protéine D (SP-A, SP-B, SP-C, SP-D) ; la présence de SP-B et SP-C dans les cellules de Sertoli est corrélée à leur fonction de sécrétion liquide ; elle facilite probablement le transport des spermatozoïdes. On les retrouve dans la tumeur des cellules germinales, dite séminome, mais en moindre quantité. Elles sont aussi présentes dans le liquide séminal, mais pas dans les spermatozoïdes eux-mêmes ; notamment dans le séminome, tous les SP sont moins exprimés que dans la cellule germinale normale (ce qui pourrait inhiber les processus immunomodulateurs et de rhéologie dans la tumeur)[22]
43
+
44
+ Les testicules sont extrêmement sensibles au contact ; leur stimulation légère peut produire un plaisir sexuel intense, mais tout choc ou blessure tendent à être extrêmement douloureux (sensibilité nociceptive élevée).
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+
46
+ Il faut absolument éviter de pratiquer tout examen radiologique de cette zone, les rayons X nuisant gravement aux spermatozoïdes.
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48
+ Les maladies les plus fréquentes des testicules sont :
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+
50
+ Des pathologies connexes (du scrotum) sont :
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+
52
+ Des pantalons trop isolants (comme les pantalons de ski produisant une température trop élevée) ou trop serrés (jeans), ainsi que l'exposition prolongée à une source de chaleur (batterie d'ordinateur portable par exemple) sont une cause fréquente de stérilité transitoire.
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+
54
+ Le syndrome de dysgénésie testiculaire (TDS) semble de plus en plus fréquent et pourrait avoir pour origine une contamination du fœtus par des perturbateurs endocriniens[25],[26].
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+ Si un testicule est enlevé chirurgicalement (orchidectomie) ou détruit par maladie ou accident, on peut se servir de prothèses testiculaires pour simuler l'apparence du testicule perdu. Les premières prothèses, après la Première Guerre mondiale étaient faites d'une simple balle de ping-pong. L'ablation des deux testicules s'appelle la castration. La stérilisation masculine par vasectomie n'implique pas l'ablation des testicules ; ils poursuivent leurs fonctions normales. La vasectomie est l'enlèvement d'une partie du canal déférent, de façon à empêcher les spermatozoïdes de sortir lors de l'éjaculation.
57
+
58
+ Les testicules des animaux s'appellent animelles ou rognon blanc. Les animelles font partie des aliments à cuisiner dans certains pays (Italie, Espagne où on les nomme criadillas, Belgique, États-Unis (Rocky Mountain oysters)). On peut les servir avec des frites ou avec une sauce qui convient avec des tripes, chaudes ou froides. De nombreuses personnes pensent erronément que les choesels bruxellois sont préparés avec des animelles ; ce mets est en réalité composé de pancréas de bœuf.
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+
60
+ Certains testicules d'animaux sont aussi consommés pour leurs prétendus effets aphrodisiaques.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Les testicules (testes) sont les gonades mâles des animaux. Ils appartiennent à l'appareil reproducteur masculin, ce sont les homologues des ovaires. Ils ont une double fonction, plus ou moins exprimée selon les périodes de la vie :
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+ La majorité des vertébrés possèdent des testicules jumelés. Chez les oiseaux, les reptiles, les poissons et les amphibies, ils sont internes (cryptorchidie). Chez les premiers mammifères, ils sont également internes (caractère plésiomorphe), en position intra-abdominale (Afrothériens[1], Insectivores, Siréniens). Puis ils migrent lors de l'embryogenèse (descente des testicules, descensus testiculorum) et deviennent externes, dans une poche qui s'appelle le scrotum, phénomène apparu il y a 147,M chez les Marsupiaux[2]. Chez quelques espèces de mammifères (xénarthres, mammifères marins tels que les cétacés[3]), l'ascension secondaire des gonades explique leurs testicules internes en position intra-abdominale[4].
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+ Les testicules de l'homme sont des organes pairs et symétriques situés à l'extérieur du pelvis dans le scrotum afin d'être à une température inférieure à celle de l'abdomen (2 °C en moins). Chaque testicule adulte mesure environ 3 cm de haut, 2 cm de large et 5 cm de profondeur pour un poids d'environ 20 grammes[5].
6
+
7
+ Les testicules comportent une coque lisse et blanc nacré appelée albuginée du testicule (tunica albuinea testis), elle est épaisse, solide et inextensible. Sur ses faces latérale et caudale, le testicule est entouré par une « cavité vaginale testiculaire », reliquat de cœlome interne.
8
+ Au sommet du testicule on retrouve l'épididyme séparé du testicule par le « sillon épididymaire ». La disparition de ce dernier est le signe d'une pathologie de l'épididyme tel qu'un cancer. À son pôle caudal, le testicule est fixé au scrotum par le gubernaculum testis.
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+ Le gubernaculum testis est constitué de deux faisceaux attachant le pôle distal du testicule, directement à l'albuginée, ainsi que la queue de l'épididyme le plus souvent. Son insertion distale à l'âge adulte est parfois scrotale ou crémastérienne, mais semble involuer. [6]
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+ L'albuginée envoie des cloisons ou « septa » (pluriel de septum qui veut dire cloison) découpant le testicule en environ 300 lobules testiculaires contenant les tubes séminifères (tubuli seminiferi recti).
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+ Les tubes séminifères contenus dans l'albuginée sont le siège de la spermatogenèse. Ces tubes sont tapissés d'une couche de cellules nourricières (cellules de Sertoli). Ces tubes débouchent sur l'épididyme (epididymis), où les spermatozoïdes neufs maturent.
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+ Entre les tubes séminifères se trouvent les cellules de Leydig, qui produisent différentes hormones stéroïdes.
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+ Elle est terminale, effectuée par trois artères.
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+ En cas d'ectopie testiculaire, l’intervention consiste en l’abaissement testiculaire après section des vaisseaux spermatiques (Fowler-Stephens). L’existence d’une circulation collatérale entre les vaisseaux spermatiques, déférentiels et crémastériens autorise, après un clampage préalable, une ligature des vaisseaux spermatiques. Les collatérales doivent être préservées pour assurer la vascularisation du testicule.
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+ Les deux organes mâles se forment dans la cavité abdominale, près des reins. Uniquement pour les Monotrèmes, les testicules gardent cette position. Pour l'ensemble des autres Mammifères, ils émigrent durant leur développement et sortent même complètement de l'abdomen. Il existe plusieurs possibilités:
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+ Différentes hypothèses ont été proposées pour expliquer l'origine évolutive de l'externalisation des testicules chez la majorité des mammifères. L'hypothèse du refroidissement (la température des testicules qui permet une spermatogenèse optimale est de 2 à 4 °C inférieure à la température du corps)[8] a été réfutée par Adolf Portmann[9],[10]. L’hypothèse de l’étalage de Portmann (signal sexuel du mâle indiquant clairement son « pôle reproducteur ») est également réfutée[4] mais elle peut expliquer, comme celle du refroidissement, pourquoi ce trait biologique s'est maintenu au cours de l'évolution dans certaines lignées[11]. L'hypothèse de Portmann a été réinterprétée par Short qui considère que la descente testiculaire est un processus évolutif qui permet de maintenir le taux de mutation dans la lignée germinale mâle à un niveau acceptable[12], et par Bedford qui suppose qu'elle refroidit non pas les testicules mais les épididymes[13]. Scott Freeman émet également une hypothèse fragile, celle de l'entraînement selon laquelle la mauvaise circulation sanguine dans le scrotum maintiendrait les testicules dans un environnement insuffisamment oxygéné, ce qui endurcirait les spermatozoïdes[14]. Cette descente pourrait s'expliquer par la théorie du handicap : les testicules placés dans une position aussi vulnérable à l’extérieur du corps (traumatismes, attaques de prédateurs) attireraient les femelles qui sélectionnent les mâles exprimant une plus grande vigueur et aptitude à survivre malgré ce handicap[15]. L'hypothèse du galop de Frey (1991)[4] et de Chance (1996)[16] est basée sur le fait que des pressions intra-abdominales sont néfastes pour la spermatogenèse chez les mammifères qui ont un mode de locomotion terrestre rapide. Les mammifères aux testicules internes (Afrothériens, mammifères marins) ont une locomotion qui ne génère pas ces pressions. Enfin, la descente testiculaire serait un exemple de compromis évolutifTrade-off entre la vulnérabilité du scrotum et les avantages de leur externalisation. Basée sur l'observation que les testicules internes ont tendance à être plus grande par rapport à la taille du corps, en comparaison avec les testicules internes, l'hypothèse la plus récente relative à la grande diversité des positions testiculaires chez les mammifères postule qu'elle résulterait d'un compromis évolutif entre la production de sperme et le stockage de sperme[17],[18].
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+ Les testicules se forment de manière précoce :
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+ La future qualité et quantité de spermatozoïdes produits de la puberté à la fin de vie dépendra en grande partie de la gamétogenèse fœtale et de la capacité des gonocytes à se transformer en spermatogonies souches ; la suppression expérimentale d'une partie de ces cellules chez l'embryon conduit à une diminution de la production spermatique chez l'adulte [20].
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+ Les cellules de Sertoli se multiplient activement jusqu’à la puberté. Elles ne seront ensuite jamais renouvelées.
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+ Comme les ovaires auxquels ils sont homologues, les testicules font partie de l'appareil reproducteur (en tant que gonades) et du système endocrinien (en tant que glandes endocrines). Leurs fonctions, respectivement, sont :
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+ Les spermatozoïdes sont produits entre la puberté et la vieillesse à partir de cellules souches germinales (spermatogonie) qui subissent la méiose. Lors de la stimulation sexuelle, les spermatozoïdes sont expulsés des testicules et prennent part à la constitution du sperme, évacué par le pénis lors de l'éjaculation.
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+ Les hormones stéroïdes sont la testostérone principalement et les autres androgènes. Il existe des hormones peptidiques comme Insulin-like 3.
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+ Les deux fonctions du testicule, la spermatogenèse et la production de testostérone, sont régulées par des gonadostimulines : l'hormone lutéinisante (LH) et l'hormone folliculo-stimulante (FSH). Ces hormones sont produites, sur ordre de l'hypothalamus par l'hypophyse située à la base du cerveau.
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+ Les bourses se rétractent et s'étendent afin de réguler leur température. Les spermatozoïdes doivent être produits à une température légèrement inférieure à celle du corps, environ 33 °C[21] ; c'est ce qui explique que les testicules sont suspendus en dehors du corps[21].
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+ Des protéines tensioactives identiques à celles du mucus pulmonaire (protéines A, B, C et D) sont produites et/ou retrouvées dans le testicule humain sain (comme dans quelques autres tissus et fluides tels que tissus de l'appareil nasolacrymal, des voies respiratoires et du tube digestif).
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+ Ces protéines tensioactives sont observées immunohistochimiquement combinées à la vimentine dans des cellules de Sertoli et les cellules de Leydig. Elles joueraient dans le testicule un processus à la fois immunologique et rhéologique. Une étude a recherché 4 variantes de la protéine D (SP-A, SP-B, SP-C, SP-D) ; la présence de SP-B et SP-C dans les cellules de Sertoli est corrélée à leur fonction de sécrétion liquide ; elle facilite probablement le transport des spermatozoïdes. On les retrouve dans la tumeur des cellules germinales, dite séminome, mais en moindre quantité. Elles sont aussi présentes dans le liquide séminal, mais pas dans les spermatozoïdes eux-mêmes ; notamment dans le séminome, tous les SP sont moins exprimés que dans la cellule germinale normale (ce qui pourrait inhiber les processus immunomodulateurs et de rhéologie dans la tumeur)[22]
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+ Les testicules sont extrêmement sensibles au contact ; leur stimulation légère peut produire un plaisir sexuel intense, mais tout choc ou blessure tendent à être extrêmement douloureux (sensibilité nociceptive élevée).
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+ Il faut absolument éviter de pratiquer tout examen radiologique de cette zone, les rayons X nuisant gravement aux spermatozoïdes.
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+ Les maladies les plus fréquentes des testicules sont :
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+ Des pathologies connexes (du scrotum) sont :
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+ Des pantalons trop isolants (comme les pantalons de ski produisant une température trop élevée) ou trop serrés (jeans), ainsi que l'exposition prolongée à une source de chaleur (batterie d'ordinateur portable par exemple) sont une cause fréquente de stérilité transitoire.
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+ Le syndrome de dysgénésie testiculaire (TDS) semble de plus en plus fréquent et pourrait avoir pour origine une contamination du fœtus par des perturbateurs endocriniens[25],[26].
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+ Si un testicule est enlevé chirurgicalement (orchidectomie) ou détruit par maladie ou accident, on peut se servir de prothèses testiculaires pour simuler l'apparence du testicule perdu. Les premières prothèses, après la Première Guerre mondiale étaient faites d'une simple balle de ping-pong. L'ablation des deux testicules s'appelle la castration. La stérilisation masculine par vasectomie n'implique pas l'ablation des testicules ; ils poursuivent leurs fonctions normales. La vasectomie est l'enlèvement d'une partie du canal déférent, de façon à empêcher les spermatozoïdes de sortir lors de l'éjaculation.
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+ Les testicules des animaux s'appellent animelles ou rognon blanc. Les animelles font partie des aliments à cuisiner dans certains pays (Italie, Espagne où on les nomme criadillas, Belgique, États-Unis (Rocky Mountain oysters)). On peut les servir avec des frites ou avec une sauce qui convient avec des tripes, chaudes ou froides. De nombreuses personnes pensent erronément que les choesels bruxellois sont préparés avec des animelles ; ce mets est en réalité composé de pancréas de bœuf.
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+ Certains testicules d'animaux sont aussi consommés pour leurs prétendus effets aphrodisiaques.
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1
+ Testudines
2
+
3
+ Ordre
4
+
5
+ Sous-ordres de rang inférieur
6
+
7
+ Les Tortues (Testudines), ou Chéloniens, forment un ordre de reptiles dont la caractéristique est d'avoir une carapace. Il existe actuellement (décembre 2019) 343 espèces recensées possédant des caractéristiques diverses, mais toutes se distinguent des autres reptiles par une carapace qui est constituée d'un plastron au niveau du ventre et d'une dossière sur le dessus, reliés par deux ponts sur les côtés du corps. On les sépare traditionnellement en trois groupes : les tortues terrestres (environ 70 espèces), les tortues aquatiques, ou tortues dulçaquicoles (environ 260 espèces), et les tortues marines (7 espèces).
8
+
9
+ Les tortues sont ovipares et les pontes ont lieu entre 10 et 12 mois.Les jeunes grandissent vite, puis leur développement se ralentit. L'alimentation des tortues peut se composer de viande ou de végétaux selon les espèces.
10
+
11
+ Les 86 genres de tortues sont divisées en 14 familles. Elles se répartissent sur une bonne partie du globe et peuvent vivre dans des habitats très divers. Quarante-deux pour cent de ces espèces sont menacées de disparition, que ce soit en raison de la destruction de leurs habitats ou d'une prédation trop importante. Dans les deux cas, l'influence de l'homme est très importante, malgré les actions de protection mises en œuvre.
12
+
13
+ Le squelette des tortues est composé d'os et de cartilages[1]. On le divise généralement en trois parties : le crâne, le squelette axial et le squelette appendiculaire[1].
14
+
15
+ Les tortues possèdent un crâne anapsides , c'est-à-dire qu'il n'y a pas de fosse temporale au niveau du crâne[2]. Pour toutes les tortues, l'os carré est concave. L'os squamosal est limité à la moitié de la joue[3]. L'os quadratojugal et l'os carré sont relativement grands[3]. L'os postpariétal est absent, de sorte que la fosse temporale est encadrée seulement par les os pariétaux et les os supratemporaux pour la plupart des tortues primitives Proganochelys[3]. L'os postfrontal est absent, ce qui a pour conséquence une surface de contact importante entre l'os préfrontal et l'os postorbitaire d'une part, et entre l'os frontal et l'os postorbitaire[3] d'autre part.
16
+
17
+ La mâchoire n'a pas de dents, mais est couverte d'une surface cornée tranchante : les tortues sont donc munies d'un bec. Le cou des tortues est composé de sept vertèbres cervicales mobiles (et d'une huitième fusionnée à la carapace) et de dix vertèbres thoraciques[1].
18
+
19
+ Les tortues possèdent une ceinture scapulaire encerclée par les côtes[4]. Cette importante modification anatomique peut être suivie au cours des premiers stades de l'ontogénèse[5]. Les articulations sont composées de parties cartilagineuses[4]. Chez les tortues marines, les pattes sont remplacées par des nageoires.
20
+
21
+ Les tortues ont une queue généralement de taille réduite[6].
22
+
23
+ La caractéristique principale des tortues est d'être des reptiles munis d'une carapace. Celle-ci est composée d'un fond plat, le plastron, et d'une dossière convexe, la coquille[7]. Ces deux parties sont réunies latéralement par deux ponts osseux et il reste donc une ouverture à l'avant pour laisser passer la tête et les pattes antérieures et une ouverture à l'arrière d'où sortent les pattes postérieures et la queue. La carapace est constituée de plaques osseuses soudées au squelette de l'animal et est recouverte d'écailles en kératine sur sa face externe[8].
24
+
25
+ Chez les tortues terrestres, la carapace est particulièrement massive et peut représenter deux tiers du poids total de l'animal[4]. Elle sert à la fois de bouclier, à maintenir une partie de la chaleur interne de l'animal et à stocker le calcium[9].
26
+
27
+ L'organisation des organes des tortues correspond de manière générale à celle des vertébrés[10]. Quelques différences sont néanmoins à souligner : elles n'ont pas d'oreilles externes (les oreilles internes sont situées derrière les yeux), pas de dents (remplacées par un bec) et ont un cloaque[10]. Le cœur des tortues possède trois cavités (deux oreillettes et un ventricule), il est plutôt plat, large et sa pointe est arrondie[10],[11]. L'appareil respiratoire de la tortue est l'un des plus évolués parmi les reptiles[11] : la tortue possède en effet une glotte, un larynx, un pharynx et une trachée (composée d'anneaux cartilagineux)[11]. Elle possède deux poumons avec de nombreux replis et situés sous la dossière, ce qui explique pourquoi une tortue sur le dos peut mourir d'étouffement[11]. La tortue n'a pas de diaphragme, la respiration est réalisée grâce aux mouvements de l'ensemble des muscles du corps. Le système digestif est assez classique avec un foie volumineux[11]. Comme les autres reptiles, les tortues sont recouvertes d'écailles. Les yeux sont protégés par trois paupières[12].
28
+
29
+ Les différences entre les tortues adultes mâles et femelles ne sont pas toujours bien marquées. Par exemple, pour les tortues marines, le sexage génétique ou la dissection sont nécessaires pour déterminer le sexe.
30
+
31
+ Chez les tortues de petite taille, les femelles sont généralement plus grandes que les mâles[13]. Chez les tortues de grande taille, au contraire, les mâles sont généralement plus grands[13]. Le plastron des mâles est souvent plus concave que celui des femelles, plutôt plat[13]. Le cloaque est plus proche du bout de la queue chez les mâles, queue par ailleurs plus grande et plus forte[13].
32
+
33
+ Certains caractères plus particuliers différencient mâles et femelles chez certaines espèces. Chez la Cistude par exemple, les mâles ont les yeux rouges et les femelles ont les yeux jaunes[14]. Chez l'Émyde peinte de Bornéo, la femelle a une tête brune alors que la tête du mâle est colorée[15]. Chez les tortues aquatiques, les mâles ont des griffes développées qui favorisent l'accrochage de la femelle lors de l'accouplement.
34
+
35
+ L'espérance de vie des tortues varie suivant les espèces. En moyenne, les tortues terrestres vivent une cinquantaine d'années[16]. La majorité des tortues dépassant l'âge de cent ans sont des tortues géantes des Seychelles ou des Galapagos[16]. Différents records de longévité ont été enregistrés, notamment celui de Harriet, une tortue géante des îles Galápagos ayant vécu environ 175 ans[17], ou encore celui d'Adwaita, une tortue géante des Seychelles qui serait morte avec un âge supérieur à 250 ans[18].
36
+
37
+ Ces tortues géantes peuvent mesurer jusqu'à 130 centimètres de long pour un poids de 300 kilogrammes[19]. La plus grande des espèces de tortues vivantes reste cependant la tortue luth, car elle peut mesurer jusqu'à 2 mètres de long pour un poids record observé de 950 kilogrammes[20],[21]. Les plus grandes tortues éteintes retrouvées sont les archelons, des tortues marines de la fin du Crétacé dont on sait qu'elles pouvaient mesurer jusqu'à 460 centimètres de longueur[22].
38
+
39
+ Il existe plusieurs cas de tortues possédant deux têtes visibles. Un exemple notable est « Janus », nommée ainsi d'après le dieu aux deux visages de la mythologie romaine, une tortue mâle née en couveuse le 3 septembre 1997 au Muséum d'histoire naturelle de Genève[23]. Des cas de tortues à deux têtes apparaissent notamment dans les élevages intensifs de tortues[24].
40
+
41
+ Les tortues ayant les sens les plus développés sont les tortues aquatiques, étant donné que la plupart d'entre elles sont des chasseuses[10]. Les tortues n'ont pas une grande acuité visuelle. Elles captent principalement un spectre de couleur allant de l'orange au rouge, ce qui explique leur attirance pour les fruits ayant ces couleurs[10]. Elles détectent plus les mouvements que les formes, à l'instar des autres reptiles[10]. Ainsi, elles peuvent détecter les mouvements à travers les vibrations de l'eau autour d'elles ou du sol par exemple[13]. Elles savent également, dans certains cas, localiser les zones de chaleur avec une certaine acuité[13]. Elles réagissent aussi, en général, au bruit, ce qui laisse penser que leur ouïe est plutôt fine[10]. Néanmoins, leur odorat semble peu développé[10].
42
+
43
+ Certaines tortues, les tortues marines notamment, possèdent un sens de l'orientation poussé, ce qui serait peut-être dû à la présence de magnétite dans leurs cellules qui les rendraient sensible au champ magnétique terrestre[13].
44
+
45
+ Les tortues sont des animaux à sang froid qui s'exposent au soleil pour augmenter leur température interne[11]. Elles passent la moitié de leur temps dans une attitude immobile que l'on qualifie de sommeil[25]. Elles semblent bénéficier, contrairement à la plupart des reptiles, d'un sommeil paradoxal avec des mouvements oculaires rapides et une suppression du tonus musculaire du cou[26].
46
+
47
+ Pendant l'hiver, certaines tortues terrestres hibernent pour survivre au froid. Pour cela, elles s'enterrent et se retirent dans leur carapace. Leur métabolisme est ralenti durant cette phase d'adaptation afin de consommer moins d'énergie. L'entrée en hibernation est progressive, la tortue s'alimentant de moins en moins, jusqu'à arrêter complètement pour vider complètement son tube digestif, puis elle s'enterre et entre réellement en hibernation[27].
48
+
49
+ À l'état sauvage, les tortues terrestres passent une grande partie de leur temps à chercher leur nourriture. Leur alimentation majoritairement herbivore dépend de leur habitat et est très variée : végétaux, insectes, charognes[28], etc. Cette alimentation est pauvre en protéines et en matières grasses, mais riche en minéraux[29]. C'est l'association de ces minéraux et des rayons ultraviolets B du soleil qui permet la formation de leur carapace[29]. Lors de leur période d'activité, elles s'alimentent tous les jours pendant plusieurs repas courts[29]. Leur transit a une durée qui varie selon la température extérieure, la teneur en fibres et en eau de l'alimentation et la fréquence des repas[29]. Cette durée oscille entre 3 et 28 jours[29]. En captivité, les tortues sont nourries avec des aliments se rapprochant au plus près de leur alimentation sauvage[29].
50
+
51
+ Comme les tortues terrestres, les tortues aquatiques occupent une grande partie de leur temps à chercher leur nourriture. Elles peuvent être carnivores, majoritairement herbivores ou omnivores[30]. Les tortues carnivores consomment généralement des charognes, des rongeurs, des poissons, des insectes et des petits reptiles[30]. Celles qui sont majoritairement herbivores consomment surtout des plantes semi-aquatiques, des algues et des fruits[30]. Les tortues omnivores quant à elles consomment aussi bien les éléments faisant partie du régime des tortues carnivores que des éléments faisant partie du régime des tortues dites « herbivores ». Certaines tortues aquatiques sont chasseresses, comme la Tortue alligator ou la Matamata.
52
+
53
+ Les tortues marines utilisent pour leur alimentation les éléments de la mer. Cette alimentation peut donc être composée d'algues, de poissons, de méduses et d'autres aliments marins suivant les espèces et leur régime alimentaire (plutôt carnivore ou plutôt herbivore)[31]. On remarquera que la Tortue imbriquée est le seul reptile spongivore connu[32].
54
+
55
+ Les différentes espèces de tortues ont des modes de reproduction et un cycle de vie assez communs. Elles pondent des œufs et les enfouissent. Ces œufs, contrairement à ceux d'autres reptiles comme les crocodiliens ou les lézards, n'ont pas besoin d'être couvés. À leur éclosion, les jeunes sont seuls et sont autonomes.
56
+
57
+ Les tortues ont un mode de fécondation interne. Le mâle apporte les spermatozoïdes directement dans la zone génitale de la femelle. Toutes les espèces sans exception sont ovipares.
58
+
59
+ La vitesse de prolifération (reproduction importante en un lieu donné) des tortues dépend des espèces. Avant les accouplements, il y a généralement des combats entre mâles. Les tortues pratiquent différentes parades nuptiales qui varient en fonction des espèces. Les tortues mâles utilisent leurs griffes et leur bec pour s'accrocher aux femelles et obtenir un meilleur accès au cloaque. La pression sur la carapace déforme le corps de la femelle, faisant ressortir davantage son cou d'un côté et le cloaque de l'autre[7].
60
+
61
+ Contrairement à d'autres reptiles, les tortues ont généralement un pénis et non un hémipénis. Les tortues marines s'accouplent dans l'eau. Les tortues terrestres mâles s'accouplent avec les femelles en grimpant sur leur dos. Les sons émis par les mâles lors de l'accouplement sont très inhabituels. Les femelles restent stoïques et continuent parfois à marcher ou même à manger.
62
+
63
+ La plupart des tortues femelles creusent un trou pour enterrer leurs œufs. Elles utilisent leurs pattes arrière pour creuser, cependant il existe de rares exceptions (Pseudemydura umbrina par exemple)[5]. Quelques tortues gardent leurs nids comme les Tortues brunes de Birmanie ou les Cinosternes jaunes[5].
64
+
65
+ Les pontes collectives des tortues marines sont appelées arribada. Elles ont lieu sur les plages pendant les premiers et derniers quartiers du cycle lunaire, en période de mortes-eaux et lorsque le ressac est faible. Les œufs sont généralement pondus sur terre. Il y a néanmoins certaines exceptions comme la Chelodina siebenrocki qui dépose ses œufs dans l'eau. Certaines espèces pondent plusieurs fois par saison et les tortues marines, notamment, peuvent pondre jusqu'à dix fois par an.
66
+
67
+ Certaines espèces pondent de nombreux œufs en même temps. D'autres, comme les Homopus ou les Pyxis, ne pondent qu'un œuf à la fois. Dans le cas des tortues pondant peu d'œufs, les embryons sont en général plus développés au moment de la ponte que ceux des tortues qui pondent beaucoup, ce qui maximise les chances d'éclosion des œufs.
68
+
69
+ Les œufs de tortue ont une couleur oscillant entre le blanc et le jaunâtre. Les œufs de tortue pondant beaucoup d'œufs sont en général plus ronds, alors que les œufs de tortue ne pondant que peu d'œufs sont en général plus ovales[33]. Leurs coquilles peuvent être très souples ou très dures suivant les espèces. Elles sont poreuses, ce qui leur permet de capter l'oxygène de l'environnement et d'évacuer de l'eau.
70
+
71
+ La détermination du sexe correspond à l’événement hormonal qui au cours du développement embryonnaire va physiquement faire d'une tortue un individu mâle ou femelle. Le sexe peut être déterminé par la combinaison chromosomique des gamètes. Néanmoins, chez la plupart des espèces de tortues, il existe un mécanisme supplémentaire ou remplaçant celui-ci :
72
+ On sait depuis la fin des années 1960 que, à une période critique de l'incubation, la température influe sur la détermination du sexe des embryons de certaines espèces de reptiles, dont les tortues[34]. Des températures basses favorisent la naissance de mâles, alors que des températures élevées favorisent les femelles. Chez les crocodiles, de nombreux poissons, certains lézards et la plupart des tortues, ces hormones dépendent aussi des températures extérieures[35]. Les températures plus froides entraînent alors plus de mâles et inversement plus de femelles naissent quand l'environnement de la ponte est plus chaud[35]. 2 °C de plus ou de moins suffisent à faire en sorte que tous les individus seront respectivement femelles ou mâle[35].
73
+
74
+ Une étude scientifique récente (publication 2019) laisse penser que l'embryon de la tortue d'eau douce à carapace molle chinoise (Pelodiscus sinensis) a néanmoins, durant un certain temps, un certain pouvoir de "choix" de sa destinée sexuelle, qu'il exerce en se déplaçant vers une zone un peu plus chaude ou fraîche à l'intérieur de son œuf. Chez cette espèce si tous les embryons peuvent se positionner dans un endroit de l'œuf où la température n’est ni trop chaude ni trop froide (29 °C) pour lui, alors le sex-ratio sera à la naissance à peu près parfait[35].
75
+ Si cette hypothèse est confirmée chez d'autres espèces de tortues, ce comportement pourrait contribuer à sauver certaines espèces face au réchauffement climatique, au moins si la température ne monte pas trop, faute de quoi, il finirait par ne rester que des femelles qui ne seraient plus fécondées, ce qui condamnerait l'espèce[35]. Bien que minuscule, l'embryon se montre déjà « capable de détecter de petites différences de température et de s’installer dans la partie de l'œuf lui donnant la meilleure chance de survie »[35].
76
+ Cette hypothèse fait débat, car l'embryon n'a pas encore de muscles semblant assez développés pour un contrôle actif de sa position dans l'œuf, et car la mobilité sporadique des embryons est la plus intense après la période connue pour être sensible à la température chez les espèces dont la détermination du sexe varie selon la température. D'autres auteurs estiment donc que les embryons de reptiles sont « généralement incapables » de tels comportements adaptatifs dans l'œuf[36], certaines espèces pouvant cependant présenter un comportement adaptatif[37].
77
+
78
+ La sensibilité de l'embryon à la température ne s'exprime qu'après la ponte, mais pas tant que l'œuf est dans la femelle[38].
79
+
80
+ Quelques semaines ou quelques mois après l'enfouissement (suivant l'espèce), les jeunes tortues sortent des œufs. Elles se libèrent rapidement en utilisant un diamant[39]. Les espèces marines cherchent ensuite instinctivement à rejoindre la mer.
81
+
82
+ Les jeunes tortues ont une apparence différente de celle de leurs parents. Leur carapace est en général plus plate. Les dessins sur celle-ci et sur leur peau sont très différents. Elles consomment plus de viande que les adultes, ce qui leur permet d'avoir l'apport en protéines supérieur nécessaire à leur croissance. Lors de leurs explorations, elles se retournent parfois sur le dos, mais doivent normalement pouvoir se redresser[40].
83
+
84
+ Une fois que la tortue est devenue adulte, elle continue à se développer tout au long de sa vie. La forme de leur carapace évolue. Pour certaines tortues, celle-ci devient plus bosselée. L'éclat de la couleur des carapaces des tortues les plus vieilles diminue et celles-ci sont généralement abîmées par des marques dues aux attaques des prédateurs.
85
+
86
+ Il existe 342 espèces de tortues que l'on classe habituellement en trois groupes : les tortues terrestres, les tortues aquatiques et les tortues marines. Beaucoup d'espèces sont menacées d'extinction ou ont déjà localement disparu d'une grande partie de leur aire naturelle de répartition.
87
+
88
+ Les tortues sont représentées sur tous les continents (sauf l'Antarctique), mais vivent préférentiellement dans les régions tropicales et subtropicales, peu d'espèces terrestres vivent dans les zones tempérées. Elles sont ainsi bien implantées en Afrique, mais également dans la partie sud de l'Asie. En Europe, elles sont surtout présentes dans le sud, à proximité de la Méditerranée. En Amérique du Nord, on rencontre des tortues dans le sud et le centre. En Amérique du Sud elles sont omniprésentes excepté sur la côte ouest. En Océanie, des tortues vivent dans bon nombre de ses îles, à l'exception notamment de la Nouvelle-Zélande et de la vaste zone désertique du centre de l'Australie. Elles sont également absentes de la péninsule arabique.
89
+
90
+ Les tortues colonisent une grande variété d'habitats différents. On les rencontre dans les océans, les marécages, les savanes, les forêts ou les prairies. Certaines tortues vivent même dans des zones arides, comme la Tortue du désert, ou en montagne, comme la Tortue-boîte du Yunnan qui peut vivre à plus de 1 800 mètres d'altitude[41].
91
+
92
+ Certaines espèces de tortues couvrent de très grandes zones du globe, tandis que d'autres ne sont présentes que sur des espaces très limités, comme la Tortue-boîte de Pan uniquement présente dans la province du Shanxi en Chine[42] ou la Platémyde radiolée, uniquement présente dans les bassins atlantiques du rio São Francisco au Brésil[43]. Par ailleurs, de nombreuses espèces sont de grandes migratrices[44].
93
+
94
+ Les tortues sont apparues il y a plus de 200 Ma, mais leur origine précise est encore incertaine. Parce que le plus récent ancêtre commun des tortues modernes est vieux d'au moins 210 Ma, les tortues sont probablement encore plus anciennes[33].
95
+ Il n'existe aucune certitude quant à la phylogénie des tortues. L'Eunotosaurus a été envisagé comme ancêtre de l'ordre[45], pendant un temps à cause de sa carapace, mais cette thèse est actuellement rejetée. La taxonomie de l'ordre est actuellement débattue et l'approche génétique offre d'autres perspectives que celles morpho-anatomiques. Les développements les plus récents sont de Wilkinson et al., Rieppel & Reisz, Laurin & Gauthier.
96
+
97
+ Le reptile Eunotosaurus du Permien fut envisagé comme ancêtre commun aux tortues, même si aujourd'hui, certains éléments semblent démentir cette parenté (formation de la carapace, os ectoptérygoïde dans le crâne)[33]. Par la suite, les Captorhinidae furent proposés mais l'agencement des os du crâne ne correspondait pas non plus aux tortues[46]. Les Procolophonidae[47] et les Pareiasaurus[48] furent également considérés comme des ancêtres potentiels. Les propositions les plus récentes reprennent une vieille idée étayée par la recherche moléculaire qui propose que les ancêtres des tortues ne serait pas des anapsides mais des diapsides ayant perdu leur cloison temporale[49],[50],[51]. C'est pourquoi l'ordre des tortues est placé dans la sous-classe des chéloniens.
98
+
99
+ Les fossiles de tortues sont nombreux. Le plus vieux fossile de chélonien est celui d'Odontochelys, puis celui de Proganochelys. Cette tortue montre les dispositifs primitifs absents des tortues modernes qui la rendent utile comme repère pour l'étude de l'évolution des tortues (comme une rangée de dents vomériennes et palatines[5]). Le Proterochersis, un animal aussi ancien que le Proganochelys, pliait le cou pour rentrer la tête et son bassin était joint à la carapace. Sa présence vers la fin du Trias indique que la différenciation entre Pleurodires et Cryptodires était déjà faite à cette époque[52]. De plus, il est quasiment certain que le Kayentachelys, qui a vécu au milieu du Jurassique en Amérique du Nord, est un Cryptodire[46]. De nombreux fossiles de Cryptodires marins éteints ont été trouvés en Europe et en Asie. Beaucoup appartiennent à la famille des Plesiochelyidae.
100
+
101
+ Le terme français « tortue » aurait pour origine le Tartare, région des Enfers, dans la mythologie gréco-romaine[53], comme en témoigne l'italien tartarughe (it). Cette racine se retrouve dans toutes les langues latines. Le mot latin pour « tortue » est testudo (au nominatif pluriel, testudines). Le mot francisé « testudinés », issu de la dénomination utilisée par Merrem, Fitzinger et Gray, est également utilisé pour parler des tortues[54].
102
+
103
+ En grec ancien Chelys désigne à la fois les tortues et une sorte de luth, on retrouve ce mot dans le nom scientifique de plusieurs espèces[55].
104
+
105
+ Le terme anglais le plus générique pour désigner ces espèces est turtle, il pourrait dériver du français et aurait été déformé par les marins l'ayant entendu[56], alors que les termes des langues germaniques sont en général formés à partir de deux termes désignant « bouclier » et « anoure » (grenouilles ou crapaud) comme Schildpadden en néerlandais ou Skilpadder en norvégien.
106
+
107
+ Les noms vernaculaires des différentes espèces de tortues sont très variés et peuvent s'inspirer de plusieurs éléments : une particularité physique, une forme qui les fait ressembler à autre chose, et ainsi de suite.
108
+
109
+ Selon l'UICN, en 2004, 42 % des espèces de tortues sur les 305 espèces étudiées étaient menacées d'extinction[57].
110
+
111
+ L'homme est l'un des acteurs majeurs des menaces pesant sur les tortues. La collecte des tortues dans leur milieu naturel est la plus ancienne des menaces qu'il fait peser sur ces animaux. Ces collectes, facilités par la lenteur de l'animal et par son absence d'agressivité, du moins pour la plupart des espèces, ont plusieurs fins. Tout d'abord, les tortues sont une importante source d'alimentation pour diverses populations dans le monde. La tortue est également souvent employée en médecine traditionnelle ou pour le développement de cosmétiques. Le développement de la terrariophilie est aussi une cause de collecte de tortues pour en faire des animaux domestiques[58]. La consommation des œufs par les populations côtières a également un effet dévastateur sur les populations de tortues, surtout si elle se perpétue dans le temps. L'effet se trouve un peu différé, car on n'observe le déclin qu'au moment où la génération suivante doit commencer à se reproduire[59].
112
+
113
+ La pollution générale de l'environnement marin, y compris par les sacs en polyéthylène, les déchets en mer ou encore les filets et restes de filets dérivants, semble être l'une des causes principales de disparition d'espèces de tortues en mer. Sur terre, outre les pesticides (insecticides en particulier) utilisés par l'agriculture intensive et la mécanisation lourde, le « roadkill » (tortues écrasées sur les routes) est également une source croissante de mortalité de tortues[60]. L'homme est également le principal destructeur d'habitats naturels des tortues, ce qui cause la disparition de celles-ci dans les régions concernées.
114
+
115
+ Par ailleurs, les tortues sont les proies d'une prédation naturelle. Les mammifères fouisseurs, d'autres reptiles ou les crabes se nourrissent d'œufs de tortue ou attaquent les jeunes. Ces jeunes tortues peuvent également être menacées par les oiseaux et les poissons. Une fois adultes, les tortues sont protégées par leur carapace et la prédation est beaucoup plus faible. Seuls quelques reptiles parviennent à la briser, comme le Crocodile de Cuba[61].
116
+
117
+ Les tortues sont également menacées par les parasites, comme les vers ou les tiques, ou par des éléments encore plus petits, comme les bactéries ou les champignons. Les évènements naturels tels que les incendies peuvent également contribuer à la destruction des habitats[58].
118
+
119
+ Enfin les tortues marines sont menacées par la fibropapillomatose, une maladie du type herpès. Elle provoque des kystes qui grossissent et finissent par tuer la tortue contaminée. Cette maladie est plus présente sur les jeunes spécimens.
120
+
121
+ De nombreuses espèces de tortues sont protégées, ce qui implique que la possession, l'achat ou la vente des tortues sont souvent réglementés.
122
+
123
+ Les espèces dont le commerce est interdit sont spécifiées dans la convention CITES (ou « convention de Washington »)[62]. Enfreindre cette réglementation ou tuer des tortues appartenant à des espèces protégées expose le responsable à de lourdes sanctions (financières ou sous forme de peines de prison).
124
+
125
+ Divers programmes de protection, de gestion, d'élevage conservatoire, de surveillance et protection de quelques plages et sites de ponte ou de réintroduction sont en cours. Ces programmes s'appuient sur la constitution de réserves naturelles, la restauration et protection de réseaux écologiques (réseau écologique paneuropéen en Europe et trame verte et trame bleue en France) avec des corridors écologiques et écoducs réservés, ainsi parfois que des zones tampon (buffer zones[63]) autour des zones protégées ou de nidification.
126
+
127
+ En outre, en France, trois parcs zoologiques spécifiques à cet animal le protègent, informent le public sur la législation et mènent des actions pour la protection et la conservation de celui-ci : La Vallée des Tortues (Pyrénées-Orientales), le Village des tortues (Var) et A cupulatta (Corse-du-Sud).
128
+
129
+ La chair de tortue est considérée comme un mets délicat dans de nombreuses cultures[64]. La soupe de tortue a longtemps été un plat noble dans la gastronomie anglo-américaine et l'est toujours dans certaines régions d'Extrême-Orient. Les plats à base de gophère étaient également populaires dans certaines populations de Floride[65]. La tortue est également un aliment traditionnel sur l'île de Grand Cayman où des élevages de tortues marines pour la consommation se sont développés[66].
130
+
131
+ La tortue est également utilisée en médecine traditionnelle. C'est notamment le cas de l'Émyde mutique au Cambodge, aujourd'hui quasiment disparue, qui était utilisée pour les soins post-nataux[59]. La carapace de la Tortue d'Hermann est utilisée dans la médecine traditionnelle en Serbie[58]. La médecine chinoise traditionnelle utilise beaucoup les plastrons de tortues dans différentes préparations. L'une des plus connues est la gelée de tortue, la guilinggao. La seule île de Taïwan importe des centaines de tonnes de plastrons tous les ans[67].
132
+
133
+ La graisse des tortues est également utilisée aux Caraïbes et au Mexique comme ingrédient pour la fabrication de cosmétiques[68].
134
+
135
+ La carapace et les écailles de tortue peuvent également servir de matériaux pour l'artisanat ou l'art, notamment pour la fabrication de bijoux.
136
+
137
+ Les tortues peuvent être élevées comme animaux de compagnie. Elles peuvent avoir été capturées dans la nature de manière légale (et parfois illégale) ou être issues d’élevages spécialisés. Elles sont généralement élevées dans des enclos de plein air où elles sont facilement observables, ou, lorsque l'espèce n'est pas adaptée aux conditions climatiques de la région, dans un terrarium. La Tortue de Floride, tortue aquatique devenue invasive, est elle aussi un animal de compagnie populaire. La Tortue d'Hermann, également très populaire, a désormais un statut de conservation UICN « Espèce quasi menacée »[58].
138
+
139
+ La tortue est même parfois un animal d'élevage. C'est notamment le cas en Chine, où quelques grandes fermes font reproduire ces animaux pour approvisionner à la fois le marché de la viande de tortue et celui des tortues de terrariums[59].
140
+
141
+ En France, sa commercialisation est autorisée depuis septembre 2006. Elle coûte entre 100 et 150 euros. Sa longue durée de vie (jusqu'à 80 ans), sa petite taille (30 cm environ), sa meilleure docilité par rapport au serpent et au lézard et le fait qu'elle soit moins contraignante qu'un chien lui permettent de revenir dans les familles françaises où elle est appréciée des enfants[69].
142
+
143
+ À l'instar de nombreux animaux en contact avec l'homme, la tortue est universellement présente dans la culture, bien que son symbolisme varie en fonction des régions du monde.
144
+
145
+ Généralement, la carapace de la tortue, ronde sur le dessus et plate en dessous, en a fait une représentation vivante de l'univers. Il existe aussi de nombreux mythes et des religions (en Chine, en Inde ou chez les Amérindiens par exemple) où une tortue cosmogonique contribue à la formation de la Terre[70]. L'aspect ramassé et les quatre pattes fermement plantées dans le sol font de la tortue un cosmophore chargé de porter le monde. Sa longévité, bien connue depuis très longtemps, l'associe à l'immortalité et à la sagesse[70].
146
+
147
+ En Chine, la tortue possède une symbolique particulièrement forte, se faisant l'allégorie du monde. Le ventre de la tortue forme un carré inscrit dans le cercle formé par la carapace, figurant ainsi la conception schématisée du monde chinois : le carré au centre du monde, représente la Chine, les parties entre la carapace et le ventre représentent le reste du monde, les « barbares », tandis que le monde céleste s'étend au-delà du cercle. La tortue est connue en Chine comme détenant les secrets du ciel et de la terre. Dans le culte des ancêtres, les Chinois croyaient pouvoir établir une communication avec le monde des morts par le biais des tortues (c'est le principe de la scapulomancie). Ainsi, ils inscrivaient sur un morceau de carapace de tortue une question qu'ils désiraient poser aux ancêtres, après quoi ils exposaient ce morceau dans les flammes. Le craquèlement du morceau de carapace sous l'effet de la chaleur devait signifier la réponse des ancêtres. Le morceau était alors confié à un collège divinatoire qui interprétait les craquelures. Un exemple de cette pratique, datant de la période Shang, est notamment visible au musée Guimet à Paris[71].
148
+
149
+ En Inde également, la tortue joue un rôle important dans les mythes ou dans la religion. La tortue Kûrma est le second avatar, la seconde incarnation de Vishnu sur terre (descendu pour montrer la voie aux hommes, pour sauver l'humanité).
150
+
151
+ En Occident, la tortue ne se fait pas actrice de la cosmogonie, mais est surtout associée à la lenteur, comme l'atteste la fable Le Lièvre et la Tortue de Jean de La Fontaine, mais aussi les expressions populaires du type « lent comme une tortue ». Cet aspect est surtout associé aux tortues terrestres[72]. Dans Les Annales du Disque-monde, de Terry Pratchett, la tortue géante A'Tuin voyage sans fin à travers le cosmos.
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1
+ Testudinidae
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+
3
+ Famille
4
+
5
+ Synonymes
6
+
7
+ Les tortues terrestres forment les testudinidés (Testudinidae), une famille de tortues cryptodires. Ce sont des tortues qui passent toute leur vie sur la terre sans avoir besoin d'un cours d'eau pour vivre. Elles possèdent une carapace généralement beaucoup plus bombée que les tortues aquatiques et des pattes massives munies de griffes.
8
+
9
+ La famille des Testudinidae a été décrite par le naturaliste allemand August Johann Georg Karl Batsch en 1788[1].
10
+
11
+ Ces tortues ont des carapaces qui vont de moins de 12 cm (Homopus) à 130 cm (Chelonoidis). La carapace est formée d'une dossière voûtée, et d'un plastron habituellement sans articulation. Seules les Pyxis et Testudo possèdent un plastron articulé, et les Kinixys possèdent une dossière articulée. L'adaptation à la vie terrestre se traduit par des pattes épaisses et solides, des doigts courts dont quatre sur les pattes arrière.
12
+
13
+ L'espèce la plus grande encore vivante est celle des Galapagos, puis celle des Seychelles. Testudo atlas était une tortue terrestre disparue sans que l'on en connaisse la cause. Elle était la plus grande tortue terrestre connue. Elle avait une carapace voûtée, sa tête, ses membres, et sa queue étaient complètement escamotables. Elle vivait dans les zones arides de l'Inde du Nord et de l'Indonésie il y a deux millions d'années.
14
+
15
+ Les tortues sont essentiellement herbivores et consomment de l'herbe, des fleurs, des plantes succulentes, des fruits,… bien que certaines espèces s'alimentent de charogne.
16
+
17
+ Elles sont ovipares et pour certaines espèces, une fraction des femelles peut pondre plusieurs fois dans la même saison.
18
+
19
+ Les tortues terrestres n'ont pas besoin de la permanence d'un cours d'eau pour vivre.
20
+
21
+ On les trouve dans leurs milieux naturels (chaud comme les déserts, les forêts tropicales ou les milieux méditerranéens) aux Amériques, en Europe, en Afrique, en Asie, et sur les îles de Madagascar, des Galapagos, et aux Seychelles. Elles ont disparu aux Mascareignes. Elles sont souvent endémiques.
22
+
23
+ Les Testudinidae sont étroitement liées aux tortues d'étang (Emydidae) qui font partie de la même super-famille des Testudinoidea. Ces tortues fossiles sont nombreuses, et le plus vieux (Geochelone majusculus) date de l'Éocène. Le genre Manouria est considéré comme le plus ancien.
24
+
25
+ La tortue d'Hermann (Testudo hermanni) est la seule tortue terrestre de France : elle est présente dans la plaine et le massif des Maures et en Corse, mais est fortement menacée par les incendies de forêt, le morcellement de son territoire et l'urbanisation.
26
+
27
+ La tortue grecque (Testudo graeca) est une espèce méditerranéenne et du Moyen-Orient. Elle a largement été commercialisée comme animal de compagnie à partir de la fin du XIXe siècle avec un pic dans les années 1970-1980, au point de mettre l'espèce en danger de disparition.
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+ La tortue bordée (Testudo marginata) est une espèce qui se rencontre en Grèce et dans le sud de l'Albanie.
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+ La tortue étoilée d'Inde (Geochelone elegans) est une tortue terrestre que l'on trouve dans tout le sous-continent indien ainsi qu'au Sri Lanka. Elle est utilisée comme animal de compagnie. De nombreux spécimens sont exportés d'Inde illégalement et aucune étude n'a été produite quant à l'impact de ce commerce.
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+ La taille moyenne est de 20 cm de long pour le mâle et 30 cm pour la femelle.
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+ La tortue étoilée de Birmanie (Geochelone platynota ) est une autre tortue originaire de Birmanie et en voie d'extinction. Elle est consommée par les populations locales et est, bien que cela soit interdit, toujours vendue illégalement aux Chinois. Elle mesure 28 cm de long à l'âge adulte. Elle vit dans la forêt sèche et à feuilles caduques. Cette tortue peut facilement être distinguée de la tortue étoilée d'Inde en comparant les plastrons des deux espèces.
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+ La tortue de Horsfield (Testudo horsfieldii) est une tortue terrestre vivant dans le centre de l'Asie.
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+ Manouria est un genre de tortues comptant deux espèces originaires d'Asie. On les trouve au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Malaisie, au Myanmar, en Thaïlande, en Indonésie à Sumatra et à Bornéo.
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+ Indotestudo est un genre de tortues comptant trois espèces originaires d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est.
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+ La tortue géante des Seychelles (Aldabrachelys gigantea) se trouve sur l'ilot très sec et inhabité d'Aldabra aux Seychelles. Ce petit atoll corallien a une énorme concentration en tortues, puisque leur nombre est estimé à 150 000 individus.
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+ C'est la plus grosse tortue terrestre, puisqu'elle peut atteindre 1,2 m pour 300 kg (chez les mâles), soit un peu plus que les 250 kg de la tortue géante des Galapagos. Les femelles sont un peu plus petites : 90 cm. On pense que la longévité peut dépasser 150 ans.
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+ La tortue sillonnée (Centrochelys sulcata) est une tortue que l'on trouve dans une étroite bande en Afrique sahélienne: Mauritanie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Centrafrique, Soudan, Éthiopie et Érythrée. Elle mesure, à l'âge adulte, 80 cm de long pour un poids d'une centaine de kilogrammes. Les femelles sont plus petites et ne dépassent pas les 60 kg.
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+ La tortue étoilée de Madagascar, encore appelée tortue rayonnée (Astrochelys radiata), est une tortue se trouvant dans le sud et le sud-ouest de Madagascar. Le nom de étoilé ou rayonné vient des motifs en rayons ou en étoile sur sa carapace.
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+ La tortue à soc (Astrochelys yniphora) est une espèce de tortue terrestre endémique de Madagascar.
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+ La tortue léopard (Stigmochelys pardalis) est une tortue que l'on trouve dans le centre-est et du sud de l'Afrique. Elle mesure 70 cm de long à l'âge adulte. Sa longévité est d'au moins 50 ans. Cette espèce de tortue est exclusivement herbivore.
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+ La tortue de Kleinmann ou tortue d'Égypte (Testudo kleinmanni) est une tortue d'Afrique.
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+ Malacochersus tornieri est une espèce de tortue. Dans les pays anglo-saxons, on l'appelle pancake tortoise ou tortue crêpe, du fait que sa carapace est très plate. Elle vit en Tanzanie, au Kenya et en Zambie.
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+ La tortue à soc d'Afrique du Sud (Chersina angulata) est une espèce africaine.
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60
+ Kinixys est un genre de six espèces tortues africaines originaires d'Afrique subsaharienne.
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62
+ Homopus est un genre de cinq espèces de tortues originaires du sud de l'Afrique et de Namibie.
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+ Psammobates est un genre de tortues comptant trois espèces qui vivent toutes en Afrique du Sud, seule Psammobates tentorius se trouve aussi en Namibie.
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+ Pyxis est un genre de tortues composé de deux espèces vivant à Madagascar.
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+ La tortue géante des Galapagos (Chelonoidis nigra) est l'un des animaux les plus symboliques de la faune des Îles Galápagos. Cette tortue terrestre peut atteindre, suivant la sous-espèce, jusqu'à un poids record enregistré de 422 kg, mais en moyenne autour de 220 kg et mesure 1,2 m long. Bien que l'espérance de vie maximum d'une tortue sauvage soit inconnue, on estime leur espérance moyenne à 150 à 200 ans. C'est la plus grande tortue vivante, endémique aux neuf îles de l'archipel.
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+ La tortue charbonnière à patte rouge (Chelonoidis carbonaria) est une tortue vivant en Amérique du Sud. Elle a été introduite aux Antilles.
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+ La tortue charbonnière à pattes jaunes (Chelonoidis denticulata) est la troisième plus grande espèce de tortue terrestre du monde (hors espèces fossiles) et la deuxième plus grande d'Amérique du Sud. Sa taille moyenne est de 40 à 50 cm de long mais certains individus mesurant 70 cm ont été observés.
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+ La tortue d'Argentine (Chelonoidis chilensis) est une tortue terrestre vivant en Amérique du Sud.
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+ Gopherus est un genre de tortues terrestres regroupant cinq espèces originaires des régions désertiques d'Amérique du Nord.
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+ C'est l'animal dont on dit qu'il est le plus lent. Dans l'idiotisme animalier, dire de quelqu'un qu'il avance à pas de tortue est peu flatteur. Par contraste, Tazio Nuvolari, coureur automobile, reçut un prix ayant la forme d'une tortue en or pour mettre en valeur ses exploits de vitesse.
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+ La conservation est nécessaire pour beaucoup de tortues et l'impact du ramassage pour le commerce a un impact négatif même s'il est mal connu. Aux États-Unis, la chasse aux serpents à sonnette cause également la disparition de la Gopherus polyphemus.
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+ Les tortues terrestres sont souvent adoptées en tant qu'animal de compagnie. Un commerce souvent illégal de ces espèces peut mettre en péril la survie de ces animaux dans leur habitat naturel.
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+ La tortue terrestre est également concernée par les accidents de la route (encore appelés roadkill). Les espèces impliquées dans les accidents routiers varient évidemment selon les régions. Ce sont en effet des espèces vulnérables du fait de leur faible vitesse de déplacement et sont donc peu capables d’éviter les véhicules, d'autant plus qu'elles se sentent protégées par leur carapace.
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+ Selon TFTSG (20 juin 2014)[2] :
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+ et les genres fossiles :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Testudinidae
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+ Famille
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+ Synonymes
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+
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+ Les tortues terrestres forment les testudinidés (Testudinidae), une famille de tortues cryptodires. Ce sont des tortues qui passent toute leur vie sur la terre sans avoir besoin d'un cours d'eau pour vivre. Elles possèdent une carapace généralement beaucoup plus bombée que les tortues aquatiques et des pattes massives munies de griffes.
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+ La famille des Testudinidae a été décrite par le naturaliste allemand August Johann Georg Karl Batsch en 1788[1].
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+
11
+ Ces tortues ont des carapaces qui vont de moins de 12 cm (Homopus) à 130 cm (Chelonoidis). La carapace est formée d'une dossière voûtée, et d'un plastron habituellement sans articulation. Seules les Pyxis et Testudo possèdent un plastron articulé, et les Kinixys possèdent une dossière articulée. L'adaptation à la vie terrestre se traduit par des pattes épaisses et solides, des doigts courts dont quatre sur les pattes arrière.
12
+
13
+ L'espèce la plus grande encore vivante est celle des Galapagos, puis celle des Seychelles. Testudo atlas était une tortue terrestre disparue sans que l'on en connaisse la cause. Elle était la plus grande tortue terrestre connue. Elle avait une carapace voûtée, sa tête, ses membres, et sa queue étaient complètement escamotables. Elle vivait dans les zones arides de l'Inde du Nord et de l'Indonésie il y a deux millions d'années.
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+
15
+ Les tortues sont essentiellement herbivores et consomment de l'herbe, des fleurs, des plantes succulentes, des fruits,… bien que certaines espèces s'alimentent de charogne.
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+
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+ Elles sont ovipares et pour certaines espèces, une fraction des femelles peut pondre plusieurs fois dans la même saison.
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+ Les tortues terrestres n'ont pas besoin de la permanence d'un cours d'eau pour vivre.
20
+
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+ On les trouve dans leurs milieux naturels (chaud comme les déserts, les forêts tropicales ou les milieux méditerranéens) aux Amériques, en Europe, en Afrique, en Asie, et sur les îles de Madagascar, des Galapagos, et aux Seychelles. Elles ont disparu aux Mascareignes. Elles sont souvent endémiques.
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+
23
+ Les Testudinidae sont étroitement liées aux tortues d'étang (Emydidae) qui font partie de la même super-famille des Testudinoidea. Ces tortues fossiles sont nombreuses, et le plus vieux (Geochelone majusculus) date de l'Éocène. Le genre Manouria est considéré comme le plus ancien.
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+
25
+ La tortue d'Hermann (Testudo hermanni) est la seule tortue terrestre de France : elle est présente dans la plaine et le massif des Maures et en Corse, mais est fortement menacée par les incendies de forêt, le morcellement de son territoire et l'urbanisation.
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+ La tortue grecque (Testudo graeca) est une espèce méditerranéenne et du Moyen-Orient. Elle a largement été commercialisée comme animal de compagnie à partir de la fin du XIXe siècle avec un pic dans les années 1970-1980, au point de mettre l'espèce en danger de disparition.
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+ La tortue bordée (Testudo marginata) est une espèce qui se rencontre en Grèce et dans le sud de l'Albanie.
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+ La tortue étoilée d'Inde (Geochelone elegans) est une tortue terrestre que l'on trouve dans tout le sous-continent indien ainsi qu'au Sri Lanka. Elle est utilisée comme animal de compagnie. De nombreux spécimens sont exportés d'Inde illégalement et aucune étude n'a été produite quant à l'impact de ce commerce.
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+ La taille moyenne est de 20 cm de long pour le mâle et 30 cm pour la femelle.
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+ La tortue étoilée de Birmanie (Geochelone platynota ) est une autre tortue originaire de Birmanie et en voie d'extinction. Elle est consommée par les populations locales et est, bien que cela soit interdit, toujours vendue illégalement aux Chinois. Elle mesure 28 cm de long à l'âge adulte. Elle vit dans la forêt sèche et à feuilles caduques. Cette tortue peut facilement être distinguée de la tortue étoilée d'Inde en comparant les plastrons des deux espèces.
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+ La tortue de Horsfield (Testudo horsfieldii) est une tortue terrestre vivant dans le centre de l'Asie.
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+ Manouria est un genre de tortues comptant deux espèces originaires d'Asie. On les trouve au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Malaisie, au Myanmar, en Thaïlande, en Indonésie à Sumatra et à Bornéo.
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+ Indotestudo est un genre de tortues comptant trois espèces originaires d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est.
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+ La tortue géante des Seychelles (Aldabrachelys gigantea) se trouve sur l'ilot très sec et inhabité d'Aldabra aux Seychelles. Ce petit atoll corallien a une énorme concentration en tortues, puisque leur nombre est estimé à 150 000 individus.
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+ C'est la plus grosse tortue terrestre, puisqu'elle peut atteindre 1,2 m pour 300 kg (chez les mâles), soit un peu plus que les 250 kg de la tortue géante des Galapagos. Les femelles sont un peu plus petites : 90 cm. On pense que la longévité peut dépasser 150 ans.
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+ La tortue sillonnée (Centrochelys sulcata) est une tortue que l'on trouve dans une étroite bande en Afrique sahélienne: Mauritanie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Centrafrique, Soudan, Éthiopie et Érythrée. Elle mesure, à l'âge adulte, 80 cm de long pour un poids d'une centaine de kilogrammes. Les femelles sont plus petites et ne dépassent pas les 60 kg.
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+ La tortue étoilée de Madagascar, encore appelée tortue rayonnée (Astrochelys radiata), est une tortue se trouvant dans le sud et le sud-ouest de Madagascar. Le nom de étoilé ou rayonné vient des motifs en rayons ou en étoile sur sa carapace.
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+ La tortue à soc (Astrochelys yniphora) est une espèce de tortue terrestre endémique de Madagascar.
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+ La tortue léopard (Stigmochelys pardalis) est une tortue que l'on trouve dans le centre-est et du sud de l'Afrique. Elle mesure 70 cm de long à l'âge adulte. Sa longévité est d'au moins 50 ans. Cette espèce de tortue est exclusivement herbivore.
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+ La tortue de Kleinmann ou tortue d'Égypte (Testudo kleinmanni) est une tortue d'Afrique.
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+ Malacochersus tornieri est une espèce de tortue. Dans les pays anglo-saxons, on l'appelle pancake tortoise ou tortue crêpe, du fait que sa carapace est très plate. Elle vit en Tanzanie, au Kenya et en Zambie.
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+ La tortue à soc d'Afrique du Sud (Chersina angulata) est une espèce africaine.
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+ Kinixys est un genre de six espèces tortues africaines originaires d'Afrique subsaharienne.
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+ Homopus est un genre de cinq espèces de tortues originaires du sud de l'Afrique et de Namibie.
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+ Psammobates est un genre de tortues comptant trois espèces qui vivent toutes en Afrique du Sud, seule Psammobates tentorius se trouve aussi en Namibie.
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+ Pyxis est un genre de tortues composé de deux espèces vivant à Madagascar.
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+ La tortue géante des Galapagos (Chelonoidis nigra) est l'un des animaux les plus symboliques de la faune des Îles Galápagos. Cette tortue terrestre peut atteindre, suivant la sous-espèce, jusqu'à un poids record enregistré de 422 kg, mais en moyenne autour de 220 kg et mesure 1,2 m long. Bien que l'espérance de vie maximum d'une tortue sauvage soit inconnue, on estime leur espérance moyenne à 150 à 200 ans. C'est la plus grande tortue vivante, endémique aux neuf îles de l'archipel.
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+ La tortue charbonnière à patte rouge (Chelonoidis carbonaria) est une tortue vivant en Amérique du Sud. Elle a été introduite aux Antilles.
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+ La tortue charbonnière à pattes jaunes (Chelonoidis denticulata) est la troisième plus grande espèce de tortue terrestre du monde (hors espèces fossiles) et la deuxième plus grande d'Amérique du Sud. Sa taille moyenne est de 40 à 50 cm de long mais certains individus mesurant 70 cm ont été observés.
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+ La tortue d'Argentine (Chelonoidis chilensis) est une tortue terrestre vivant en Amérique du Sud.
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+ Gopherus est un genre de tortues terrestres regroupant cinq espèces originaires des régions désertiques d'Amérique du Nord.
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+ C'est l'animal dont on dit qu'il est le plus lent. Dans l'idiotisme animalier, dire de quelqu'un qu'il avance à pas de tortue est peu flatteur. Par contraste, Tazio Nuvolari, coureur automobile, reçut un prix ayant la forme d'une tortue en or pour mettre en valeur ses exploits de vitesse.
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+ La conservation est nécessaire pour beaucoup de tortues et l'impact du ramassage pour le commerce a un impact négatif même s'il est mal connu. Aux États-Unis, la chasse aux serpents à sonnette cause également la disparition de la Gopherus polyphemus.
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+ Les tortues terrestres sont souvent adoptées en tant qu'animal de compagnie. Un commerce souvent illégal de ces espèces peut mettre en péril la survie de ces animaux dans leur habitat naturel.
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+ La tortue terrestre est également concernée par les accidents de la route (encore appelés roadkill). Les espèces impliquées dans les accidents routiers varient évidemment selon les régions. Ce sont en effet des espèces vulnérables du fait de leur faible vitesse de déplacement et sont donc peu capables d’éviter les véhicules, d'autant plus qu'elles se sentent protégées par leur carapace.
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+ Selon TFTSG (20 juin 2014)[2] :
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+ et les genres fossiles :
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+ La tête est une partie de l'anatomie d'un animal, située à l'avant du corps et regroupant en général :
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+ Elle est éventuellement séparée du reste du corps par un étranglement appelé le cou.
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+ Le terme « tête » vient du latin « testa » qui signifie « cruche de terre », à comprendre ici dans le sens de « boîte crânienne ».
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+ La région de la Basilicate [ba.zi.li.kat̪] (en italien : Regione Basilicata [baziliˈkaːta], anciennement Lucanie, nom officiel qu’elle posséda de 1932 à 1947), est une région d'Italie méridionale d'environ 558 000 habitants dont le chef-lieu est Potenza. Elle comprend deux provinces : la province de Potenza et la province de Matera. Son nom provient du grec basilikos, qui signifie « royal ».
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+ La Basilicate est une région enclavée, malgré deux façades maritimes au sud-est sur la mer Ionienne et à l'ouest sur la mer Tyrrhénienne, située entre les régions des Pouilles, de Campanie et de Calabre[1]. Mais à part une plaine maraichère à l'est (Métaponte), la région est avant tout montagneuse (Apennins de Lucanie), et caractérisée par des sols calcaires pauvres (plateau des Murge) ainsi qu'un climat méditerranéen très sec en été. La région présente quelques zones désertiques.
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+ C'est un passage obligé pour rejoindre la région de Calabre par voie terrestre depuis le reste de la péninsule, ce qui isole cette région des autres régions d'Italie.
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+ Faisant partie de la Grande-Grèce et peuplée par des colonies grecques côtières (dont la fameuse Σύβαρις Sybaris), elle fut conquise par Rome, et fit partie, avec la Calabre voisine, de la région du Bruttium. Les Romains finirent par distinguer cette région qu'il baptisèrent la Lucanie (du nom du peuple italique des Lucanii) de la Calabre.
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11
+ Elle tomba ensuite aux mains des Byzantins, puis des Normands vers l'an 1000 avec la famille des Hauteville (Altavilla en italien). Leur présence explique la persistance d'enclaves linguistiques du gallo-italique de Basilicate, des parlers influencés par les parlers gallo-italiques.
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13
+ Après l'épisode normand, se succédèrent les maisons d'Anjou, puis d'Aragon.
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+ La Basilicate fut longtemps une région reculée et miséreuse. Sous le fascisme, les opposants politiques y étaient envoyés en exil, comme Carlo Levi, auteur du Christ s'est arrêté à Eboli, ou encore les mafieux les plus dangereux dans les années 1990. Récemment, la région s'est développée et est d'ailleurs un peu plus prospère que la plupart des autres régions du Mezzogiorno.
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17
+ Une mafia peu connue, nommée les « Basilisques » (Basilischi), fait la loi en Basilicate. Elle y contrôle toute l’économie parallèle avec, comme alliée, la mafia calabraise N’Drangheta avec qui elle s’est professionnalisée. D’après le président de la région, Marcello Pittella, il est très difficile de lutter contre cette criminalité du fait de la pauvreté et des carences des services publics, notamment de services de police qualifiés.
18
+
19
+ Les revenus des mafias proviennent principalement du trafic de drogue et d’armes ainsi que des faux appels d’offres lors des gros chantiers dans la région. Dans une interview donnée après l’insertion de cette cinquième mafia dans la liste le 30 octobre 2012, le maire de Montemurro, ancien magistrat anti-mafia à Crotone et Catanzaro avait conclu : « Quand j’étais en Calabre, je savais que sur une centaine de personnes que j’avais rencontrées, quelqu’un était honnête. Dans la Basilicate, il est impossible de savoir qui est le gardien et qui est le voleur »[2].
20
+
21
+ Avant les Basilisques, la région a connu une longue et turbulente histoire de brigandage, bandes errantes de pillards, de meurtres et d’extorsions. Mais cette grande criminalité s’est adoucie à la fin des années 1860 après l’unification de la péninsule italienne. Le plus connu des brigands lucaniens est Carmine Crocco[3].
22
+
23
+ D’après le procureur de Potenza, la violence est enracinée en Basilicate du fait de son passé (voir ci-dessus)[4].
24
+
25
+ Lors des élections régionales des 17 et 18 avril 2005, c'est la liste D soutenue par L'Union qui a remporté aisément la majorité absolue au Conseil régional, selon le détail suivant (noms des candidats à la présidence de la région) :
26
+
27
+ Les votes obtenus dans les circonscriptions électorales pour compléter le conseil régional de 30 membres sont les suivants:
28
+
29
+ Le conseil, présidé par Vito De Filippo (ancien Parti populaire italien), était donc composé de 30 conseillers au total, où il dispose d'une majorité de 20 conseillers.
30
+
31
+ Vito De Filippo est réélu lors des élections régionales de 2010. La nouvelle composition du conseil est alors la suivante :
32
+
33
+ La coalition de gauche obtient une prime de trois sièges et celle de droite, d'un siège. La majorité de gauche est donc de 19 sièges sur 30.
34
+
35
+ Le 18 novembre 2013, Marcello Pittella du Parti démocrate est élu président contre son adversaire de centre-droit Tito Di Maggio. Il obtient l'élection de deux conseillers sur la liste du président : Achille Spada et Vito Giuzio (listino Pittella).
36
+
37
+ Les autres conseillers régionaux parmi lesquels on ne compte aucune femme sont :
38
+
39
+ La ville de Matera est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, pour ses sassi, ses habitats troglodytiques peuplés depuis le néolithique.
40
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41
+ La Basilicate possède de nombreux plats et produits typiques. Les saucisses, par exemple, y sont préparées depuis l'Antiquité. Dans la région de Matera, on cuisine les gnummareddi ou tripes de moutons. Consommer de la viande de chèvre ou de mouton n'y est pas rare.
42
+
43
+ L'un des seuls gâteaux lucaniens que l'on connaisse est la lagana chiapputa : un plat de lasagnes préparées avec du moût cuit de noix, du raisin sec, de la mie de pain, servies chaudes ou froides.
44
+
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+ Il existe également les pettole, des beignets de pâtes enroulés de miel et de vin cuit.
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+
47
+ Il y a énormément de fromages de chèvre et de brebis fabriqués dans la région. Un des plus connus est le pecorino de Moliterno, fabriqué dans la haute vallée de l'Agri.
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+
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+ Les différents styles de liqueurs Lucano sont aussi très connus et exportés dans le monde entier avec la réputation d'être très bons.
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+ Les vins rouges en Basilicate sont généralement produits à partir du cépage Aglianico, cultivé entre 200 et 700 mètres d'altitude. Il est produit à Rionero in Vulture, Barile, Rapolla, Ripacandida, Ginestra, Maschito, Forenza, Acerenza, Melfi Atella, Venosa, Lavello, Palazzo san gervasio Banzi, Genzano di Lucania…
52
+
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+ Il existe plusieurs sortes d'Aglianico :
54
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+ L'Amaro lucano est fabriqué depuis 1894 à partir d'une recette tenue secrète. Il aurait été créé à Pisticci par Pasquale Vena, qui devint fournisseur de la maison de Savoie. C'est une boisson extrêmement amère, fabriquée à partir de neuf herbes aromatiques et médicinales. Elle se boit seule ou avec du citron. Elle peut aussi accompagner les glaces.
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3
+ La tête est une partie de l'anatomie d'un animal, située à l'avant du corps et regroupant en général :
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+ Elle est éventuellement séparée du reste du corps par un étranglement appelé le cou.
6
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7
+ Le terme « tête » vient du latin « testa » qui signifie « cruche de terre », à comprendre ici dans le sens de « boîte crânienne ».
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+ Royaume de Thaïlande
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+ ประเทศไทย
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+ Prathet Thai
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+
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+ 13° 45′ N, 100° 31′ E
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+
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+ modifier
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+
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+ La Thaïlande, en forme longue le royaume de Thaïlande (en thaï Prathet Thaï[3], ประเทศไทย ou Ratcha Anachak Thai, ราชอาณาจักรไทย), est un pays d’Asie du Sud-Est. Avant 1939, il s’appelait le royaume de Siam. Il est bordé au sud-ouest et au nord-ouest par la Birmanie, au sud par la Malaisie, au sud-est par le Cambodge et au nord-est par le Laos. Sa capitale est Bangkok (en thaï : Krung Thep , กรุงเทพฯ, la Cité des anges). La langue officielle est le thaï et la monnaie le baht. C’est une monarchie constitutionnelle depuis 1932 dans laquelle le roi est officiellement le chef de l'État, chef des Forces armées, partisan de la religion bouddhiste et défenseur de toutes les confessions. Sur un plan politique, la Thaïlande a connu 19 coups d'État tentés ou réussis par l'armée depuis 1932, le dernier en date ayant eu lieu le 22 mai 2014. Depuis 1946, plusieurs générations de Thaïlandais n'ont connu qu'un souverain, Bhumibol Adulyadej (Rama IX), dont le règne a duré soixante-dix ans, jusqu'à sa mort le 13 octobre 2016. Son fils Vajiralongkorn (Rama X) lui a succédé le 1er décembre 2016. Il est le 10e souverain de la dynastie Chakri qui règne depuis 1782.
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+
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+ Le pays est classé 51e pays par ordre de superficie (514 000 km2) et 21e pays le plus peuplé du monde avec 68 299 099 habitants en janvier 2017, une superficie et une population très proches de celles de la France métropolitaine. Il est constitué d'une large partie continentale prolongée au sud sur près de 1 000 kilomètres par la péninsule Malaise qu'il partage côté ouest avec la Birmanie et dans son sud avec la Malaisie. Environ 75 % de la population sont d'ethnie thaïe, 14 % sont des Chinois, et 3 % sont Malais, le reste étant composé de groupes minoritaires : les Môns, les Khmers et les diverses tribus des collines. La religion principale est le bouddhisme, pratiquée par environ 95 % des Thaïlandais.
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+ La Thaïlande a connu une croissance économique rapide entre 1985 et 1995. C'est un des nouveaux pays industrialisés, comptant parmi les Tigres asiatiques. Son économie repose notamment sur le tourisme, avec des destinations touristiques bien connues comme la région de Chiang Mai, le parc d'Ayutthaya, la station balnéaire de Pattaya, la capitale Bangkok, les provinces méridionales de Phuket, de Phang Nga, de Krabi et de nombreuses îles dans le Golfe de Thaïlande et dans la Mer d'Andaman, comme celles de Ko Samui et de Koh Phi Phi. Les exportations contribuent aussi de manière significative à l'économie[4]. Le pays compte environ 2,8 millions d'immigrés légaux et illégaux en Thaïlande, dont un certain nombre d'expatriés des pays occidentaux[5].
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+ La Thaïlande fait partie de la péninsule indochinoise, jusqu’à l’isthme de Kra, qui marque la transition avec la péninsule Malaise. Le pays s’étend sur environ 805 km d’est en ouest et 1 770 km du nord au sud.
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+
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+ Au centre, on trouve une vaste plaine, la plaine alluviale de la Chao Phraya, le plus grand fleuve thaïlandais. C’est la région la plus dense au niveau de la population et la plus riche du point de vue agricole.
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+
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+ Bangkok est située à proximité du fertile delta du Maenam Chao Phraya (Mae Nam - แม่ น้ำ - littéralement mère-eau (l’eau mère de la vie), veut dire rivière ou fleuve en thaï). Tout autour de ce bassin s’élèvent des massifs montagneux. Les massifs qui longent la frontière birmane sont les sommets les plus élevés, culminant à 2 595 mètres au Doi Inthanon. Quant à la région péninsulaire, bordée d’étroites plaines côtières, elle atteint son point culminant au Khao Luang à 1 786 m.
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+
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+ À l’est du bassin du Chao Phraya, on trouve une autre chaîne montagneuse, d’axe nord-sud, qui culmine à 1 270 mètres grâce au Doi Pia Fai.
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+ Un plateau bas et aride s’étend au nord et à l’est de cette chaîne : c’est le plateau de Khorat, qui occupe le tiers oriental du pays (appelé l’Isan) et borde la vallée du Mékong (Mae Nam Khong), à la frontière avec le Laos.
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+ La Thaïlande bénéficie d’un Climat tropical. On distingue globalement deux saisons :
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+ Toutefois, le pays s'étalant sur plus de 2 000 km, il y a une variation de climat notable entre les régions plus au nord, et les zones côtières du sud du pays.
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+
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+ La température varie généralement entre 25 °C et 35 °C en moyenne[7].
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+ Selon le Climate Institute, une association spécialisée dans des solutions pratiques au changement climatique, les changements climatiques menacent en grande partie l’agriculture notamment avec l’augmentation des températures, aux inondations, aux sécheresses, tempêtes et à l'élévation du niveau de la mer. Le pays a subi plus de 1,75 milliard de pertes dues à ces catastrophes entre 1989 et 2002[8]. Ces dernières années, les conditions climatiques ont aggravé la situation, ce qui a abouti à des catastrophes à grandes échelles. Ces cataclysmes ont dévasté l’agriculture et l’économie. L'imprévisibilité des précipitations, des changements de températures et bien d’autres faits néfastes vont s’intensifier dans les années à venir [9]. Ce qui veut dire que la Thaïlande devra faire face à des sécheresses en plein milieu de la saison des pluies[10],[11].
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+
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+ Les principale sources de pollution sont la circulation automobile et les industries utilisant le charbon. Les réglementations existantes ne sont pas respectées et la répression contre les manquements reste faible. La pollution de l'air diminue l’espérance de vie des Thaïlandais de quatre années[12].
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+
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+ La Thaïlande a vu ses importations de déchets décupler en 2018, en conséquence de la décision de la Chine de cesser ses propres importations..Les problèmes écologiques et sanitaires se sont accentués en conséquence[13].
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+
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+ Le premier royaume connu des historiens sur le territoire thaïlandais est le royaume de Funan. En effet, celui-ci remonte à peu près au premier siècle de notre ère. Ce dernier couvrait une grande partie de l’Asie du Sud-Est, il s’étendait ainsi sur le Cambodge, le sud du Vietnam, certaines parties du Laos, La Birmanie, des péninsules malaisienne et enfin la Thaïlande. Il était le plus puissant de la région à cette époque et dura presque cinq siècles[14].
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+
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+ À partir du VIe siècle, les différents peuples qui composaient le royaume du Funan établissent la principauté de Dvâravatî à partir du VIe siècle. On parle même de civilisation du Dvâravatî. Cela s’étendait principalement en Thaïlande et dans le sud de la Birmanie. Cette période s’étend jusqu’au Xe siècle. L’ère du Dvâravatî est un point charnière puisque c’est à cette période que les historiens attribuent l’arrivée du bouddhisme dans la région[14].
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+
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+ Dès le Xe siècle, la principauté de Dvâravatî tombe sous l’allégeance du royaume des Khmers établi au siècle précédent. Techniquement, le Dvâravatî était vassal du royaume khmer pendant un peu plus de deux siècles. Les historiens estiment qu’au début du XIIIe siècle, plusieurs chefs de différents clans et tribus thaï s’affranchissent progressivement de leur statut auprès du royaume khmer.
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+
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+ De nombreux royaumes, principautés ou empires se partagent le pays dans une histoire imbriquée, les invasions et dominations étrangères se perpétuant jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
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+ Résumé chronologique :
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+ Selon les historiens modernes, la sécession de Sukhothaï d'avec l'Empire khmer commença dès 1180, sous le règne de Po Khun Sri Naw Namthom, souverain de Sukhothaï et de la cité voisine de Sri Satchanalai (actuel Amphoe Si Satchanalai, dans la province de Sukhothaï). Sukhothaï bénéficiait à cette époque d'une large autonomie, mais elle fut reprise vers 1180 par les Môns de Lavo sous leur roi Khomsabad Khlonlampong.
50
+
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+ Deux frères, Po Khun Bangklanghao et Po Khun Phameung (Po Khun était un titre de noblesse) arrachèrent Sukhothai aux Môns en 1239. Bangklanghao gouverna Sukhothai sous le nom de Sri Indrathit et fut le premier souverain de la dynastie Phra Ruang. Il agrandit son royaume aux cités voisines. À la fin de son règne en 1257, le royaume de Sukhothaï couvrait toute la haute vallée de la Chao Phraya.
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+
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+ Po Khun Banmeaung et son frère Ramkhamhaeng (r. 1239-1317) agrandirent le royaume aux dépens des civilisations voisines. Pour la première fois, un état Thaï devenait un pouvoir dominant en Asie du Sud-Est. La tradition historique décrit l'expansion de Sukhothaï avec force détails, mais l'exactitude de ceux-ci est discutée. Dans le sud, Ramkamhaeng soumit le royaume de Supannabhum et Sri Thamnakorn (Tambralinga, dans la péninsule Malaise) et, par son intermédiaire, adopta le bouddhisme theravada comme religion d'état. Dans le nord, Ramkamhaeng fit payer tribut à Phrae et Mueng Sua (Luang Prabang).
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+
55
+ Ramkhamhaeng demanda aux moines de Sri Thamnakorn de propager le bouddhisme theravada à Sukhothaï. En 1283, il inventa l'alphabet thaï, figuré sur la fameuse « stèle de Ramkamhaeng » découverte par le roi Mongkut (Rama IV) 600 ans plus tard. Cette stèle représente un témoignage capital sur Sukhothaï à l'époque.
56
+
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+ Le gouvernement de Ramkhamhaeng est caractéristique de celui du royaume de Sukhothaï, un type monarchique patrocratique, où le roi est considéré comme le père et les sujets comme ses enfants. Ramkhamhaeng encouragea le commerce en déclarant : « Qui souhaite vendre des éléphants, qu'il le fasse. Qui souhaite vendre des chevaux, qu'il le fasse. »
58
+
59
+ C'est aussi de cette époque que datent les premières relations avec la nouvelle dynastie Yuan et que Sukhothaï commença à envoyer des missions commerciales en Chine. Sukhothaï exportait des Sangkalok (littéralement, des poteries de la dynastie Song !). Ce fut la seule période où le Siam produisit des céramiques de style chinois.
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+
61
+ La puissance de Sukhothaï fut de courte durée. Après la mort de Ramkhamhaeng, les royaumes vassaux s'émancipèrent sous le règne de son fils Phaya Loethai (1298-1323). Ce furent d'abord la province d'Uttaradit dans le nord, puis les royaumes laotiens de Luang Prabang et Vientiane. En 1319, les Môns rompirent leur allégeance dans l'ouest et en 1321 le Lanna (fondé en 1259) s'empara de Tak, une des plus anciennes villes contrôlées par Sukhothaï. Dans le sud, la puissante cité de Suphanburi prit également son indépendance sous le règne de Loethai. Ainsi le royaume fut-il rapidement réduit à son ancienne puissance locale. Puis à partir de 1350, le nouveau royaume d'Ayutthaya ne cessa de gagner de la puissance. En 1378 ses armées envahirent Sukhothai et le roi Thammaracha II fut obligé de devenir son vassal.
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+ U Thong pour échapper à la menace d'une épidémie, il déplace sa cour au sud dans la riche plaine inondable du fleuve Chao Phraya. Il fonde une nouvelle capitale sur une île du fleuve, Ayutthaya (Phra Nakhon Si Ayutthaya, พระนครศรีอยุธยา), du nom de la ville d’Ayodhya, en Inde du nord, ville de Rāma, héros de l'épopée du Ramayana. U Thong prend le nom royal de Ramathibodi (1350-1369).
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+
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+ Durant son règne, Ramathibodi tente d'unifier le royaume. En 1360, il déclare le Bouddhisme theravāda religion officielle d'Ayutthaya et invite des membres d'un sangha (communauté monastique bouddhiste) de Ceylan à établir un nouvel ordre religieux et à propager la foi parmi ses sujets. Il promulgue également un nouveau un code légal, fondé sur le Dharmaśāstra (un texte légal hindou) et la coutume thaïe, fondement ensuite de la législation royale. Composée en pâli, langue indo-aryenne des textes du Theravada, elle avait force d’injonction divine. Complété par des arrêtés royaux, le code légal de Ramathibodi est demeuré en vigueur jusqu’à la fin du XIXe siècle.
66
+
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+ À la fin du XIVe siècle, Ayutthaya est considérée comme l'entité politique la plus puissante de l'Asie du Sud-Est. Dans les dernières années de son règne, Ramathibodi parvient à s'emparer d'Angkor. Son objectif était de sécuriser la frontière orientale du royaume en devançant les ambitions viêt sur les territoires khmers.
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+ Durant une bonne partie du XVe siècle, Ayutthaya va consacrer son énergie à la péninsule Malaise, où se trouvait Malacca, le port le plus important de l'Asie du Sud-Est. Malacca et les autres États malais au sud de l'ancien royaume de Tambralinga s'étaient progressivement convertis à l'islam au cours du XVe siècle. Les Thaïs échouèrent à soumettre Malacca, qui s'était mise sous la protection de la Chine.
70
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71
+ Ayutthaya réussit néanmoins à contrôler l'isthme de Kra, où venaient les marchands chinois en quête de produits de luxe très prisés en Chine.
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+ À partir du XVIe siècle, le royaume d'Ayutthaya fut presque constamment en guerre contre la Birmanie (dynastie Taungû puis dynastie Konbaung) avec des fortunes diverses. Le roi birman Bayinnaung prit la ville en 1569, mais Ayutthaya reprit son indépendance dès 1584 et Naresuan lui redonna toute sa puissance : sous son règne (1590-1605), le royaume atteignit son expansion maximale. Il ne fut abattu que deux siècles plus tard par le roi birman Hsinbyushin (1767).
74
+
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+ Après plus de 400 ans de puissance, en 1767, le royaume d'Ayutthaya est conquis par les armées birmanes, sa capitale incendiée et son territoire démembré. Le général Taksin parvient à réunifier le Siam à partir de sa nouvelle capitale de Thonburi et se fait proclamer roi en 1769.
76
+
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+ Cependant, le roi Taksin est déclaré fou, dépossédé de son titre, emprisonné et exécuté en 1782. Le général Chakri lui succède en 1782, premier roi de la nouvelle dynastie Chakri. La même année, il fonde une nouvelle capitale, Bangkok, sur la rive de la Chao Phraya, en face de Thonburi.
78
+
79
+ Après la victoire des Anglais sur le royaume birman d'Ava en 1826, les héritiers de Rama I s'inquiètent de la menace du colonialisme européen. La première reconnaissance thaïe d’une puissance coloniale dans la région est formalisée par la signature d'un traité d'amitié et de commerce avec le Royaume-Uni en 1826, le traité Burney.
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+
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+ En 1833, les États-Unis inaugurent des échanges diplomatiques avec le Siam. Cependant, c’est pendant les règnes de Mongkut (Rama IV) et de son fils le roi Chulalongkorn (Rama V) que la Thaïlande se rapproche fermement des puissances occidentales. Les Thaï attribuent aux qualités diplomatiques de ces monarques et aux réformes modernistes de leurs gouvernements le fait que le Siam est le seul pays d'Asie du Sud-Est à avoir échappé à la colonisation.
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+
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+ Progressivement, au XIXe siècle, le Siam recule face à deux puissances européennes : le Royaume-Uni et la France. Ces deux puissances grignotent le pays, à la fois territorialement sur ses marges, et dans sa souveraineté.
84
+
85
+ La France, en 1873 et 1883, intervient deux fois pour mettre fin à la piraterie des Pavillons noirs dans le Tonkin, théoriquement sous protectorat siamois. En réaction, le Siam occupe Luang Prabang en 1883, mais ne peut empêcher l’installation d’un vice-consulat français dans cette ville en 1886 (Auguste Pavie), ni l’annexion en 1888 de 72 cantons par la France.
86
+
87
+ En 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : soit celle-ci les provoque, soit elle en exagère l'importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi illégal de deux canonnières à l’embouchure de la Chao Phraya, que leurs capitaines annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok. Le Siam se met en tort en ouvrant le feu : le casus belli est saisi par Pavie, résident français à Bangkok ce qui déclenche la guerre franco-siamoise de 1893. Il exige l’abandon de la rive orientale du Mékong ; un blocus est mis en place à l’embouchure du Chao Phraya. Le Siam cède et la France ajoute à ses exigences une zone démilitarisée large de 25 km le long de la rive occidentale du Mékong, plus les provinces de Battambang et de Siem Reap. La ville de Chanthaburi est occupée par une garnison française (traité signé le 3 octobre 1893).
88
+
89
+ Le 13 février 1904, la France annexe Luang Prabang et Champassak.
90
+
91
+ Du côté anglais, des provinces sont réunies à la Birmanie. Le chemin de fer vers Singapour est concédé en exclusivité à une société britannique. Le Royaume-Uni obtient de plus l’assurance qu’aucun canal ne sera percé dans l'isthme de Kra.
92
+
93
+ Le traité anglo-siamois de 1909 établit la frontière moderne entre le Siam et la Malaisie britannique. Le Siam doit céder à l’Angleterre les états malais de Kedah, Kelantan, Perlis et Terengganu, jusque-là ses vassaux et qui deviennent protectorats britanniques. La suzeraineté thaïe est maintenue sur le royaume de Patani (divisé depuis pour donner les provinces de Pattani, Yala, Narathiwat) et le district de Setul, détaché du Kedah (et devenu depuis la province de Satun).
94
+
95
+ Une série de traités avec la France a fixé la frontière orientale présente du pays avec le Laos et le Cambodge, le Siam plus tôt avait fait des réclamations et dans une certaine mesure contrôlé ces deux territoires.
96
+
97
+ Au total, le Siam a perdu 456 000 km² durant le règne de Chulalongkorn.
98
+
99
+ Le 24 juin 1932, une révolution de palais, qui dura 3 heures, met fin à la monarchie absolue. La « révolution de 1932 (en) », comme elle est nommée, a été menée par un groupe d’une centaine de personnes, le « Parti du Peuple (en) », composé à parts égales d’officiers commandés par Plaek Phibunsongkhram et de civils dirigés par Pridi[15].
100
+
101
+ Depuis lors, l'équilibre entre le pouvoir royal, l'armée et le camp démocratique reste précaire, et ce sont ainsi pas moins de 20 coups d'État qui ont été tentés ou réussis par les forces armées jusqu'à la première décennie du XXIe siècle[16]. Ces coups d'État ont également permis à la royauté de reprendre une grande part de son pouvoir perdu. La mesure la plus significative a été la restauration du « crime de lèse-majesté », lequel permet au pouvoir de condamner un opposant politique, un journaliste, ou quiconque, sur la simple accusation d'atteinte à l'image du roi ou de son entourage.
102
+
103
+ En 1972, des centaines de paysans, peut-être plus de 3 000, soupçonnés de soutenir la rébellion communistes, sont massacrés par les forces armées dans la province du Phattalung, dans le Sud de la Thaïlande. Jusqu'alors, les suspects communistes arrêtés par l'armée étaient habituellement abattus et leurs corps laissés sur place. Cette fois-ci, la méthode des « barils rouges » a été introduite pour éliminer toute preuve possible. Les suspects ont été frappés jusqu'à être rendu semi-conscients, avant d'être jetés dans des barils contenant de l'essence et brûlés vifs[17].
104
+
105
+ En 1973, des manifestations essentiellement menées par des étudiants et soutenues par des centaines de milliers de citoyens à Bangkok aboutissent au départ du dictateur militaire Thanom Kittikhachon, au prix de quelque 70 manifestants tués[18] (peut-être près de 300 tués[19]), et la Thaïlande s'ouvre à l'une des rares périodes démocratiques de son histoire[20]. Celle-ci prend fin trois ans plus tard : le 6 octobre 1976, à Bangkok, des militants d’extrême droite ultraroyalistes, appuyés par la police et par l’armée, ouvrent le feu sur une manifestation d'étudiants de gauche. Les manifestants qui tentent de s’enfuir à la nage, par le fleuve Chao Phraya, sont abattus. Ceux qui se rendent sont battus, certains à mort, et d’autres brûlés vifs. Plusieurs jeunes filles sont violées puis tuées. Les autorités font état de 46 morts, mais le bilan réel pourrait être d'une centaine de tués. Le même jour, l'armée conduit un putsch, avec l’assentiment du roi[20].
106
+
107
+ En 1997 est adoptée la première constitution thaïlandaise (en).
108
+
109
+ Comme les autres pays asiatiques, la Thaïlande bénéficie au début des années 1990 d'un afflux massif de capitaux étrangers[21] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie de la Thaïlande et de ces pays[22].
110
+
111
+ Les provinces touristiques du sud du pays sont ravagées par le tsunami du 26 décembre 2004.
112
+
113
+ Au cours des années 2000 et 2010, un camp dénommé les « chemises jaunes » (la couleur du jour du roi[23]) s'oppose aux « chemises rouges ». Les premières rassemblent surtout une élite urbaine, conservatrice, hostile à la démocratie dite « à l’occidentale » et fervente partisane de la monarchie. Elles soutiennent le Parti démocrate et l'armée. Les secondes représentent essentiellement les classes les moins aisées, séduites par les mesures de lutte contre la pauvreté. Favorables au maintien de la démocratie et de moins en moins favorables à la monarchie, elles soutiennent le parti Thai rak Thai devenu en 2008 le Pheu Thai dominé par la famille Shinawatra et qui remporte toutes les élections depuis 2001[16].
114
+
115
+ Un coup d'État a eu lieu le 19 septembre 2006, alors que le Premier ministre Thaksin Shinawatra était à New York, à l’occasion de l'Assemblée générale des Nations unies. L'armée a pris le pouvoir. Moins d'une semaine après la prise de pouvoir, l'armée déclare l'« état d’urgence généralisé ». Dès lors, celui-ci se retrouve appliqué à l'ensemble du pays et non plus seulement aux trois provinces musulmanes du sud.
116
+
117
+ Des blindés ont entouré les bureaux du gouvernement à Bangkok et les militaires ont pris le contrôle des chaînes de télévision, avant d'annoncer l'instauration d'une autorité provisoire fidèle au roi de Thaïlande. Le premier ministre Thaksin Shinawatra déchu s'est réfugié à Londres où il possède une résidence secondaire. Surayut Chulanon, ancien commandant en chef de l'armée, a été investi en qualité de premier ministre par le roi de Thaïlande. Si son gouvernement ne comporte que deux anciens militaires, sur vingt-six ministres, il est sous le contrôle absolu des généraux de l'état-major. Le gouvernement provisoire a soumis au référendum un projet de Constitution anti-démocratique visant à limiter le pouvoir des élus au profit de l’armée. Approuvé à hauteur de 56,69 %, il a mené à la tenue d’élections législatives pour le 23 décembre 2007 à la suite desquelles le Parti du pouvoir du peuple (PPP), issu du Thai rak Thai de Thaksin a obtenu 232 sièges sur 480, à la déception des putschistes. Samak Sunthorawet, chef du PPP, a été élu Premier ministre par les députés (contre Aphisit Wetchachiwa, le leader du Parti démocrate soutenu par les généraux), a formé un gouvernement. Le 18 décembre 2008, un gouvernement dominé par le Parti démocrate et soutenu par les généraux a été désigné par le Parlement avec Abhisit Vejjajiva comme Premier ministre.
118
+
119
+ Les luttes entre les « jaunes » et les « rouges » (partis politiques majeurs) bloquent le pays et en particulier la capitale de 15 millions d'habitants, Bangkok pendant des mois en 2010 et entre 2013 et 2015, avec de très fortes manifestations de rue et des violences[24].
120
+
121
+ En juillet 2011, la sœur cadette de Thaksin, Yingluck Shinawatra, a été élue avec une majorité écrasante. Elle est la première femme qui est devenue premier ministre en Thaïlande. Elle a été destituée le 7 mai 2014 par la Cour constitutionnelle de Thaïlande, sous la pression de la junte militaire dirigée par le général Prayut Chan-o-cha.
122
+
123
+ Le 23 janvier 2015, le gouvernement formé par la junte militaire a condamné Yingluck Shinawatra à 5 ans d'inéligibilité prétextant son plan de subvention coûteux aux riziculteurs.
124
+ Le 20 mai 2014, l'armée instaure la loi martiale et la censure sur le territoire thaïlandais. Le coup d'État intervient le 22 mai par la voix du général Prayuth Chan-ocha, lorsqu'il annonce que les forces armées prennent le pouvoir « Pour que le pays revienne à la normale » et afin de « restaurer l'ordre et lancer des réformes »[25]. Plusieurs dizaines d’intellectuels, journalistes et militants sont détenus dans des camps militaires pour avoir enfreint la loi martiale dans les semaines qui suivent son adoption[26]. Toute critique à l'égard du Chef du gouvernement autoproclamé Prayut Chan-o-cha, de sa politique ou de ses proches est considérée, par ricochet, comme une atteinte au roi, et est punissable de 3 à 15 ans de prison comme tout autre crime de lèse-majesté[réf. nécessaire]. Cette mesure avait permis l'emprisonnement de nombreux opposants durant la période trouble des cinq années qui avaient suivi l'éviction du Premier ministre Thaksin Shinawatra par le coup d'État de septembre 2006. La dictature au pouvoir organise aujourd'hui une lutte acharnée et féroce à toute forme d'opposition, et a déjà bloqué des milliers de sites internet sur son territoire.
125
+
126
+ En octobre 2016, Rama X devient le nouveau roi de Thaïlande.
127
+
128
+ Actuellement, la société thaïlandaise est clivée entre les partisans de Yingluck Shinawatra, principalement des riziculteurs et les pauvres, et les élites de Bangkok, dont les généraux au pouvoir, qui les exècrent comme de « dangereux populistes »[27] Héritiers de la mouvance communiste, les membres du mouvement républicain thaïlandais ont pour la plupart rejoint les Chemises rouges dans les années 2000 pour s’opposer au régime militaire. Le républicanisme est considéré comme un crime de lèse-majesté et est passible de quinze ans de prison. Des militants républicains réfugiés au Laos sont assassinés par les autorités thaïlandaises[28].
129
+
130
+ Les provinces du sud, l’ancien royaume de Patani, sont majoritairement musulmanes et secouées par des violences interreligieuses et séparatistes depuis les années 1970. Entre janvier 2004 et juin 2009, ces tensions ont fait 3 700 morts[29]. 87 musulmans sont morts le 25 octobre 2004 après une manifestation dans la province de Narathiwat (« massacre de Tak Bai »). Six mois plus tôt, au cours de la tuerie de la mosquée de Krue Se (en) 32 « rebelles » avaient été tués par les forces de l’ordre.
131
+
132
+ Le 19 juillet 2005, le gouvernement thaïlandais impose l’état d’urgence dans le sud du pays pour rétablir la sécurité : des « rebelles » lancent des cocktails Molotov sur les bâtiments publics et des bonzes sont assassinés. Le 18 février 2007, une série d’attentats et d’incendies fait quatre morts et 49 blessés dans les provinces méridionales[30].
133
+
134
+ Le 25 octobre 2011, une série d’attentats fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés dans la ville de Yala[31].
135
+
136
+ Le conflit a fait plus de 7 000 morts entre 2004 et 2009. Des milliers de personnes suspectées d’être en rapport avec l’insurrection musulmane ont été emprisonnées, souvent en vertu de lois d’exception imposées à la région. Plusieurs ONG ont accusé les forces de sécurité de monter de toutes pièces des accusations contre des musulmans[32].
137
+
138
+ C’est l’année 1932 qui marque le début de la législation moderne thaïlandaise. En effet, avant la révolution de 1932 (en), il n’y avait jamais eu de constitution écrite en Thaïlande. Le roi établissait toutes les lois et il n’y avait pas d’acte constitutif établit par celui-ci. Le roi était considéré comme chef suprême qui dirigeait en accord avec dieu (Dharma).
139
+
140
+ La révolution, guidée par le Parti du Peuple thaïlandais (en), et s’insurgeant contre la monarchie absolue, résulte d’un coup d’État et d’une prise de pouvoir. À la suite de cela, une constitution est rédigée. La toute première constitution thaïlandaise reconnaît le régime politique comme monarchie constitutionnelle - en tout cas en théorie. Plusieurs constitutions ont ainsi alterné jusqu’à la rédaction de la constitution du peuple en 1997 (en). C’est cette constitution qui marque une véritable participation du peuple thaïlandais au sein du régime. En effet, cette constitution prévoyait deux chambres élues. La constitution reconnaissait l’existence de nombreux droits civiques et la mise en place de mécanismes institutionnels pour assurer la stabilité du régime et également des organes de contrôle et de sanction (cour constitutionnelle, tribunaux…)[33],[34].
141
+
142
+ Jusqu'aux années 2000, l’ordre hiérarchique traditionnel réserve l'espace politique à des personnes qualifiées de « supérieures » en termes moraux et de compétences, excluant les travailleurs pauvres et les petits paysans jugés trop incultes pour participer à la vie politique. L’ensemble des Premiers ministres thaïlandais ont mené des politiques non disruptives, avec peu d’impact sur la structure sociale. Thaksin Shinawatra introduit néanmoins certaines réformes sociales et politiques, mais ne peut les mener à bien face à l'opposition de l'armée[35].
143
+
144
+ Le 19 septembre 2006, l’armée effectue un coup d’État contre le Premier ministre Thaksin Shinawatra. La constitution de 1997 est abrogée aussitôt. Le pays est par la suite dirigé par l’entremise des lois martiales. Une constitution provisoire est publiée par l’armée le 1er octobre 2006. Les forces militaires organisent le 19 août 2007 le premier référendum de l’histoire en Thaïlande. 58,34 % de la population approuve le vote de la nouvelle constitution proposée par les militaires.
145
+
146
+ La tenue de ce référendum et son adoption prévoyaient de favoriser un retour à la démocratie et la tenue d’élections pour y parvenir. En décembre 2007, des élections furent organisées. La loi martiale est instaurée après la crise de 2013-2014, interdisant les rassemblements politiques[26].
147
+
148
+ Le gouvernement se divise en trois branches, pouvoir exécutif, pouvoir législatif et judiciaire[34].
149
+
150
+ Depuis 2016, le roi Rama X est à la tête du pays. Chef de l’armée, ses pouvoirs sont soumis et contraints par la constitution. Il est également tenu d’être bouddhiste et de défendre la pratique de la religion à travers son mandat.
151
+
152
+ Il est protégé des critiques notamment par l'article 112 du code pénal thaïlandais, assimilé à un crime de lèse-majesté, relevant de la sécurité nationale et pouvant aboutir à plusieurs dizaines d'années de prison[36]. Cette loi est fortement critiquée, étant applicable à tout individu (y compris hors de Thaïlande), et utilisée pour empêcher le débat démocratique depuis la prise de pouvoir d'une junte militaire au milieu du XXe siècle.
153
+
154
+ La force militaire de la Thaïlande se nomme Forces armées royales de Thaïlande. Elle est composée de trois divisions : la force armée royale maritime, la force armée royale aérienne et la force armée royale de terre. On compte actuellement 30 600 soldats actifs et 245 000 réservistes. Le chef de l’armée thaïlandaise est le roi mais ce titre n’est qu’honorifique. Dans les faits c’est le Premier ministre qui la dirige. C’est la seizième puissance militaire mondiale. Selon le quatrième chapitre de la constitution de 2007, il est du devoir de tous les citoyens de servir dans l’armée. Dans les faits, seulement les hommes de plus de vingt et un an peuvent le faire. Ainsi chaque année, tous les hommes de plus de vingt et un an sont éligibles au service militaire pour une période de six mois à deux ans. Dans les faits, on effectue un tirage au sort et seuls les personnes sélectionnées sont tenues de réaliser leur service militaire[33].
155
+
156
+ La section suivante a pour objectif de dresser un bref état des lieux des principales relations bilatérales entretenues par la Thaïlande : au niveau de l’organisation de l’ANASE, des États voisins et des quelques plus grandes puissances mondiales.
157
+
158
+ Organisation régionale :
159
+
160
+ France :
161
+
162
+ Historiquement, les premiers contacts entre la Thaïlande et la France remontent au milieu du XVIe siècle lorsqu’un prêtre français décida de se rendre sur le territoire afin d’y prêcher le christianisme, sans succès probant. La France avait alors pour ambition de répandre le christianisme et d’établir un protectorat au sein du royaume de Siam. En 1856, les deux pays signent un traité d’amitié et de commerce par Napoléon III et le roi Rama IV. Ce traité doit garantir une paix constante et une amitié continuelle entre les deux pays. La deuxième guerre mondiale verra s’affronter les deux États, notamment lors de la bataille de Koh Chang. En 1960, le roi Bhumibol et son épouse se rendent à Paris et sont reçus par le président Charles de Gaulle[37].Cette visite marque le début de l’établissement des relations modernes entre la France et la Thaïlande. Cependant, à l’inverse, depuis le traité de 1856, ce n’est qu’en 2006 qu’un président français (Jacques Chirac) se rend en visite officielle en Thaïlande. La Thaïlande est le partenaire le plus ancien de la France en Asie du Sud-Est. En 2016, les deux pays ont célébré 160 ans de relations bilatérales[33],[38].
163
+
164
+ Économiquement, la Thaïlande est le deuxième partenaire économique de la France au sein de l’ANASE, avec 2,3 milliards de dollars américains d’exportations. Selon le Ministère des Affaires étrangères français, plus de deux cent quatre-vingts entreprises françaises se sont implantées en Thaïlande. En Europe, la France est le cinquième investisseur de la Thaïlande[38].
165
+
166
+ En matière d’éducation, la France a mis en place, comme dans de nombreux pays, un programme bilatéral de bourses d’excellence. Celui-ci permet à des étudiants méritants de venir effectuer leurs études et inversement[38].
167
+
168
+ Birmanie :
169
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170
+ Les relations entre la Birmanie et la Thaïlande sont marquées par une longue histoire commune de conflits. Entre le XVIe siècle et la Seconde Guerre mondiale, les deux États se sont affrontés dans de nombreuses guerres. Quatre grandes guerres exclusivement entre les deux pays sont à noter : 1547-1549, 1584–1593, 1594–1605, 1765–1767 et 1785–1786.
171
+
172
+ Au XIXe siècle, la Birmanie devint une colonie de l’Empire Britannique. Cela mit fin aux affrontements mais réduit aussi considérablement les interactions entre les deux pays.
173
+
174
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la Thaïlande envoya des troupes armées dans les États birmans de Shan et Kayah dans le but de se procurer de l’opium, mais cela créa un incident diplomatique. Ce n’est qu’une fois la guerre terminée, avec la création de l’ANASE, dont les pays sont membres que leurs relations diplomatiques furent officiellement établies. En 2010, après les élections législatives birmanes, un conflit frontalier a éclaté entre les deux pays. Forces armées nationales birmanes et l’armée de libération de Karen (qui milite pour l’indépendance du peuple Karen en Birmanie) se sont affrontées pendant deux ans, ce qui a forcé plus de 10 000 réfugiés à fuir vers la Thaïlande et a ainsi impliqué le pays dans le conflit.
175
+
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+ En 2019, Les relations entre les deux pays sont très peu développées, mais les deux États maintiennent respectivement des ambassades en Thaïlande et en Birmanie[39].
177
+
178
+ Russie :
179
+
180
+ Le 3 juin 1897, la première réunion officielle du roi Siam Rama V Chulalongkorn et de l'empereur Nicolas II à Saint-Pétersbourg a eu lieu. Le roi Chulalongkorn le Grand a été le premier des rois siamois à visiter la Russie et à jeter les bases des relations diplomatiques entre la Thaïlande et la Russie.
181
+
182
+ À la fin du XIXe siècle, le roi du Siam s'est fixé les tâches suivantes: obtenir le soutien de la Russie pour résoudre les conflits avec la France dangereux pour le Siam et établir des relations diplomatiques avec la Russie. Dans une lettre datée du 3 février 1897 à l'empereur de Russie Nicolas II.
183
+
184
+ La Russie a une ambassade à Bangkok et deux consulats honoraires à Phuket et Pattaya. La Thaïlande a sa propre ambassade à Moscou et deux consulats à Saint-Pétersbourg et à Vladivostok.
185
+
186
+ En 2017, les pays de la Russie et de la Thaïlande célèbrent 120 ans d'établissement de relations diplomatiques entre la Russie et la Thaïlande. La célébration est un programme d'État mené par les gouvernements des deux pays.
187
+
188
+ Chine :
189
+
190
+ La Chine (RPC) et la Thaïlande, au-delà de l’établissement de leurs relations formelles en 1975, disposent d’un passé commun depuis le début de notre ère. Au départ c’est avec Taïwan (République de Chine) que la Thaïlande établit des relations diplomatiques. En 1963, le roi thaïlandais de l’époque Bhumibol se rendit à Taipei. Cependant, en 1975 ce dernier coupe les relations avec Taïwan (République de Chine) au profit de la République Populaire de Chine. En effet, avant cela, le choix d’établir des relations avec Taïwan plutôt que la République populaire de Chine fut principalement la résultante de suspicions communes. La République populaire de Chine supportait activement les mouvements d’extrême gauche thaïlandais et la Thaïlande était méfiante vis-à-vis de l’implication de la République populaire de Chine dans le conflit prenant par alors au Cambodge. Cependant, en 1978 la République populaire de Chine soutient publiquement la Thaïlande dans sa présence au sein du conflit au Cambodge[40].
191
+
192
+ Commercialement, les deux pays sont d’actifs partenaires économiques. En 2003, les deux pays ont signé un accord bilatéral de libre-échange, majoritairement concernant les produits agricoles. La Chine est le second plus gros marché d’exportation de la Thaïlande. La Chine prévoit dans les prochaines années de créer le « China City Complex » en Thaïlande. Il s’agit d’un organisme ayant pour but d’augmenter de façon considérable les échanges entre les deux pays et au niveau de l’ANASE[40].
193
+
194
+ Militairement, l’armée royale thaïlandaise se fournit en grande partie en Chine. Les deux pays ont pour projet d’ouvrir une usine commune d’armes en Thaïlande à Khon Kaen.
195
+
196
+ États-Unis :
197
+
198
+ La Thaïlande est le premier pays asiatique a établir des relations formelles avec les États-Unis. En 1856, un traité d’Amitié, de commerce est de navigation est signé entre un représentant du gouvernement américain et le roi Rama IV, qui accordaient notamment aux Américains des droits extra territoriaux au sein de certaines parties du pays[41].
199
+
200
+ Économiquement, En 1966, les deux pays signent un traité d’amitié et de relations économiques qui facilitent l’accès à leurs marchés respectifs. En juin 2004, les deux pays négocient un accord de libre-échange. Cependant, le coup d’État de 2006 suspend la ratification de cet accord[42].
201
+
202
+ Le coup d’État de 2014 fut publiquement condamné par les États-Unis. Le secrétaire général de l’époque, John Kerry déclare publiquement que cet acte aura des conséquences négatives pour les relations bilatérales avec la Thaïlande, en précisant que cela sera particulièrement le cas concernant les relations de coopération militaire[43].
203
+
204
+ Militairement, les deux pays sont signataire du pacte de Manille de 1954, plus connu sous le nom Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE). Les États-Unis ont aidé la Thaïlande dans la construction et le renforcement de son armée, tant au niveau des infrastructures que de la technique militaire. En effet, des programmes d’entraînement des soldats thaïlandais par l’armée américaine furent mis en place. Les États-Unis ont ainsi dépensé près de vingt-neuf millions de dollars américains dans l’établissement de ces programmes. Cependant, le coup d’État de 2006 a entraîné la suspension de ces programmes et c’est encore le cas actuellement[41].
205
+
206
+ L’engagement des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme sur la scène internationale se concentre, parmi une série d’États, sur la Thaïlande. En effet, aux côtés de la piraterie, le terrorisme est devenu un des deux nouveaux enjeux de sécurité en Thaïlande. Un exemple probant de cela remonte à 2003 lorsque conjointement, la CIA et la police thaïlandaise ont capturé un combattant indonésien prêtant allégeance à Al-Qaïda[40].
207
+
208
+ ANASE :
209
+
210
+ La Thaïlande fait partie des cinq membres fondateurs de l’ANASE en 1967 aux côtés de quatre autres États : la Malaisie, Singapour, les Philippines et l'Indonésie[44].La déclaration de Bangkok signée par les cinq pays est l’acte constitutif de l’association qui a pour buts premiers de promouvoir la stabilité, la paix et d’accélérer le progrès économique, social et le développement de la culture. L’ANASE compte aujourd’hui dix membres. Selon le gouvernement thaïlandais, la participation à l’ANASE est un point central de sa politique régionale. Entre 2008 et 2012 le secrétaire général de l’ANASE était thaïlandais. Sous ce mandat, la Thaïlande met en avant plusieurs avancées significatives au sein de l’ANASE. Par exemple en 2009, c’est sous l’initiative de la Thaïlande que le plan de route pour la communauté de l’ANASE est voté pour une durée de six ans. Ce plan met en place une série de mécanismes pour guider l’association dans le développement de trois piliers : la communauté socio économique, la communauté politique et sécuritaire et la communauté économique. La Thaïlande revendique également son rôle central au sein de l’ANASE dans la promotion et développement des droits humains au sein de la communauté. C’est sous son impulsion et son secrétariat que fut créée La Commission Intergouvernementale de l’ANASE pour les Droits Humain en 2009[40],[45].
211
+
212
+ Indonésie :
213
+
214
+ Avant l’établissement de relations bilatérales moderne, l’Indonésie et la Thaïlande ont des relations depuis le VIIIe siècle environ. Pendant la période coloniale durant laquelle l’Indonésie était sous le joug néerlandais, la Thaïlande effectuait des visites diplomatiques auprès des dirigeants coloniaux. Le roi Rama V, s’est rendu à Java à trois reprises. C’est une fois l’indépendance de l’Indonésie obtenue en 1945 et leur reconnaissance en tant que nation souveraine quatre ans plus tard par les Pays-Bas, que la Thaïlande établit des relations avec la nouvelle nation indonésienne. Les deux pays sont parmi les membres fondateurs de l’ANASE[44].Ils font également communément parti de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique et du Mouvement des Non Alignés.
215
+
216
+ Économiquement, l’Indonésie est le sixième partenaire économique de la Thaïlande. En 2012, leurs échanges économiques s’élevaient à 17 milliards de dollars américains. Au sein de la communauté de l’ANASE elle est le troisième. Cependant, aucun accord bilatéral n’a été signé pour promouvoir les échanges et préserver leurs intérêts économiques[40].
217
+
218
+ Philippines :
219
+
220
+ Les historiens établissent des relations entre les Philippines et la Thaïlande depuis le XIIIe siècle. Durant la période coloniale, lorsque les Espagnols prirent le contrôle du territoire dès le XVIe siècle, les relations entre les deux pays existaient car le Royaume d’Espagne voyait la Thaïlande comme une possible expansion de sa domination coloniale[33].
221
+
222
+ En 1949, trois ans après avoir obtenu leur indépendance des États-Unis, les Philippines et la Thaïlande signent un Traité d’Amitié. Les deux États sont membres fondateurs de l’ANASE[44].Contrairement à ses relations avec d’autres États de la région, la Thaïlande a signé un grand nombre d'accords bilatéraux avec les Philippines. En effet, depuis 1949, vingt-trois ententes bilatérales ont été signées dans le domaine de la défense, du tourisme, de l’économie, l’agriculture, les télécommunications et l’échange de techniques et savoir faire[46].
223
+
224
+ Un volet important de leur relation, qui est d’ailleurs énoncé de manière claire par l’Ambassade des Philippines en Thaïlande, est la coopération mutuelle en cas de catastrophes naturelles. En mai 2010, la Thaïlande a délivré cinq cent vingt tonnes de riz au gouvernement philippin pour venir en aide aux victimes du typhon Ondoy. En 2011, la Thaïlande a ainsi donné cent mille dollars américains aux victimes de la tempête Sendong. De leur côté, les philippines ont envoyé des experts légaux et criminels pour aider la Thaïlande a identifier les victimes du Tsunami ayant eu lieu cette même année[46].
225
+
226
+ Les deux capitales des pays, Manille et Bangkok, sont jumelées depuis 1997[40].
227
+
228
+ Vietnam :
229
+
230
+ La Thaïlande, a l’époque ou elle était le Royaume du Siam, a affronté le Vietnam dans de multiples guerres au cours des 18e et 19e siècles, principalement entre le royaume Ayutthaya (Siam) et Rattanakosin (Vietnam). C’est l’établissement des colons français au Vietnam, à l’époque Indochine Française, qui mit fin à ces affrontements[14].
231
+
232
+ Les relations modernes entre les deux États datent de 1986. Vers la fin de la guerre froide, le Vietnam change de direction concernant sa politique étrangère et accepte également les règles du jeu de la coopération propre à son adhésion à l’ANASE. En effet, face à une crise interne économique et politique le Vietnam décide d’adopter de nouvelles réformes « compréhensives » appelées Doi Moi. Au sein de ces nouvelles réformes, on trouve la création et le développement des relations bilatérales avec la Thaïlande. Cependant, au départ, des suspicions mutuelles politiques, économiques et territoriales perdurent. Ainsi, des mesures de construction de confiance mutuelles sont mises en place concernant les points les plus sensibles. Le premier point de discorde étant les conflits territoriaux. En 1997, un accord est signé pour délimiter de façon claire la zone maritime de chaque partie dans le conflit les opposant au sein du Golf de Thaïlande et créa une patrouille maritime commune pour la zone[47].
233
+
234
+ Aujourd’hui, les deux pays ont signé plus de trente accords bilatéraux dans les domaines de l’économie, de la politique et de la sécurité. En 2004, ils créent même un cabinet de consultation bilatérale pour la coopération stratégique[47].
235
+
236
+ Commercialement, les deux pays échangent énormément, mais le Vietnam souffre depuis 2007 d’un déficit commercial dans ses échanges avec la Thaïlande. De plus les deux pays se concurrencent sur de nombreux marchés d’exportations et de développement, et notamment deux majeurs : celui du riz et du niveau d’attractivité des investissements direct étrangers[48].
237
+
238
+ Cependant, depuis le coup d'État de 2006 en Thaïlande, qui a destitué le Premier ministre Thaksin Shinawatra, tous ces mécanismes tournent au ralenti. Un second cabinet de consultation commune, à la suite de celui de 2004 était prévu pour 2008 et n’a pas eu lieu et les visites de la part des chefs d’États se font très rares[47].
239
+
240
+ Cambodge :
241
+
242
+ Historiquement, le Cambodge et la Thaïlande entretiennent des relations depuis le XIIIe siècle. Les deux nations ont une longue histoire commune, marquée par de nombreux conflits qui perdurent encore aujourd’hui[49].
243
+
244
+ Au XIIe siècle, lors de la mort du dernier roi Khmer Jayavarman VII en 1218, l’Empire Khmer connu un déclin graduel. La Thaïlande, ainsi que la Chine, a tenté de tirer profit de cette situation en cherchant à prendre le contrôle de plusieurs territoires. L’Empire survivra jusqu’en 1431, date à laquelle la Thaïlande réussit à prendre le contrôle d’Angkor Thom et força le roi en place à cette période à l’exil. Un siècle plus tard, la Thaïlande a tenté une nouvelle fois de prendre le contrôle de plusieurs parties du territoire cambodgien. Au fil des siècles, le Cambodge s’est senti de plus en plus menacé par ses voisins, la Thaïlande et le Vietnam. En 1863, le roi du Cambodge Norodom, incite la France à prendre le contrôle du Cambodge sous forme de protectorat, et le resta jusqu’en 1953. Pendant la période du protectorat français, la présence de l’administration française, mit un terme aux rivalités entre les deux pays. Durant cette période les relations bilatérales entre les deux États n’étaient que peu existantes. Ces éléments historiques, sont importants pour comprendre l’origine des relations tumultueuses entre les deux États[40].
245
+
246
+ Pendant la Guerre froide, le Cambodge suivait une politique neutre, mais reconnaissait la République populaire de Chine. La Thaïlande, au contraire, était un allié de États-Unis. De plus, à cette même période, le Cambodge est dirigé par les Khmers Rouges sous le régime du Kompuchea Démocratique. Ce mouvement, responsable du génocide cambodgien, força de nombreux Cambodgiens à s’exiler et demander asile en Thaïlande.
247
+
248
+ En 2003, des émeutes ont éclaté dans la capitale cambodgienne de Phnom Penh. Un journal cambodgien a alors publié les propos d’une actrice thaïlandaise qui affirmait que la ville d’Angkor Watt, devait appartenir à la Thaïlande. Cet évènement qui peut sembler minime, a déclenché des émeutes dans les rues de Phnom Pen. Il a également contribué à refroidir davantage les relations, déjà peu existantes, entre les deux pays. À la suite de cet évènement, le Premier ministre cambodgien a banni les émissions de télévision thaïlandaises[40].
249
+
250
+ En 2008, une dispute frontalière a démarré entre les deux pays. Le conflit a eu lieu au niveau du temple de Preah Vihear, au nord est du Cambodge. Le temple est situé sur une falaise qui appartient au Cambodge, mais l’accès à ce temple ne peut se faire exclusivement que par la Thaïlande. Des soldats thaïlandais ont alors pénétré sur le territoire et des tirs ont été échangés. Depuis ce jour, la dispute sur l’appartenance du territoire est toujours d’actualité et a fait plusieurs morts et blessés. Le conflit est aujourd’hui devant la Cour internationale de justice[50].
251
+
252
+ L’ambassade de Thaïlande au Cambodge, exprime le désir de transformer les huit cents kilomètres de frontière entre les deux pays, en une zone de paix et de stabilité. De plus, elle souhaite renforcer les relations bilatérales avec le Cambodge. L’ambassadeur de Thaïlande au Cambodge actuel, Panyarak Poolthup déclare ainsi sur le site officiel de l’Ambassade de Thaïlande au Cambodge, que la Thaïlande et le Cambodge partagent une culture, une religion et des racines qui doivent servir de socle pour bâtir de fortes et prospères relations bilatérales.
253
+
254
+ Économiquement, peu d’accords bilatéraux existent entre les deux pays. Cependant, les gouvernements thaïlandais et cambodgien ont fait part de leur intention de doubler leurs échanges commerciaux d’ici 2020, avec la signature d’un accord en 2015[48].
255
+
256
+ En 1999, le pays rejoint l’ANASE, dont la Thaïlande est également membre[44].
257
+
258
+ Laos :
259
+
260
+ Historiquement, les deux pays frontaliers, ont des relations depuis l’existence de chacun des deux pays. Cependant, les relations bilatérales entre les deux États ont souvent été conflictuelles[40].
261
+
262
+ En 1980 un conflit entre des patrouilles maritimes laotiennes et thaïlandaises a éclaté, ce qui a conduit la Thaïlande à fermer complètement ses frontières avec le Laos. Ce n’est qu’en 1988 que le Premier ministre thaïlandais Chatchai Chunhawan rétablit le contact économique et frontalier entre les deux pays. Il s’ensuit alors une période d’échanges économiques, d’accord bilatéraux et d’assistance mutuelle dans de nombreux domaines (culture, infrastructures, éducation), très prospère. Par exemple, En 2011, lors des inondations meurtrières en Thaïlande, le gouvernement laotien a fait d’un d’1,5 millions de bahts au gouvernement thaïlandais afin de venir en aide aux victimes. En 2012, le gouvernement thaïlandais a accordé deux prêts de 718 et 84 millions de bahts, au Laos pour la construction d’infrastructures et le développement d’un aéroport. La Thaïlande exprime publiquement son désir de renforcer ses liens avec le Laos, dans tous les domaines. De plus, la Thaïlande souhaite investir davantage dans le développement du secteur privé au Laos[40],[51].
263
+
264
+ Les deux pays sont tous les deux membres de l’ANASE[44].
265
+
266
+ Le pays est divisé administrativement en 77 provinces, en considérant que Bangkok est elle-même une province, (jangwat - จังหวัด, singulier et pluriel), réparties en cinq groupes. Le nom de chaque province est dérivé du nom de sa capitale.
267
+
268
+ Ce n’est que par l’effet du Traité anglo-siamois de 1909 que l’ancien royaume de Patani devint partie intégrante du royaume de Siam, sous la forme de quatre nouvelles provinces : Pattani, Yala, Narathiwat et Satun.
269
+
270
+ En 2015, la Thaïlande est la seconde plus grande économie de l'Asie du Sud-Est, après l'Indonésie mais devant la Malaisie[53].
271
+
272
+ La Thaïlande est membre de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC).
273
+
274
+ Les Japonais investissent en Thaïlande et provoquent une industrialisation rapide dans les années 1980 et 1990, en particulier dans les industries électroniques et la sous-traitance mécanique, créant de nombreuses usines à bas coût pour alimenter leur machine industrielle.
275
+
276
+ Depuis 2001, le Produit intérieur brut (PIB) de la Thaïlande enregistre des taux de croissance particulièrement soutenus : 6,9 % en 2003, 6,1 % en 2004 et 4,5 % en 2005. La croissance prévisionnelle du PIB pour 2014 est d’environ 1,5 % selon la Banque mondiale. Le dynamisme de l’économie thaïlandaise repose sur une demande interne robuste (consommation et investissements privés), qui la rend moins sensible que certains de ses voisins aux à-coups de la demande mondiale. Ces bonnes performances ont permis au royaume de s’affirmer comme puissance économique régionale.
277
+
278
+ L'industrie (39,2 % PIB), fortement exportatrice, demeure le principal poumon économique du pays, loin devant le tourisme (env. 10 % PIB) : la Thaïlande est particulièrement compétitive dans les industries électroniques, chimiques, papetières, de construction (Siam Cement, 2e groupe Thaï, 24 000 salariés, cinq divisions : BTP, ciment, chimie, papier et distribution) et d'assemblage, les industries agroalimentaires et le tourisme. Elle attire également de nombreuses multinationales qui se servent de leur filiale thaïlandaise comme base d’exportation régionale, voire mondiale. Cependant, le montant élevé des importations thaïlandaises de matières premières devrait peser sur la croissance économique de 2005, notamment en raison de la hausse des prix du pétrole.
279
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280
+ Grâce à un pilotage fin de sa politique économique, le gouvernement a largement contribué aux performances actuelles. Selon une stratégie baptisée « dual track » (la voie double), le gouvernement ajuste son soutien en fonction de la conjoncture internationale : en période de ralentissement, les dépenses publiques soutiennent la consommation ; en période plus favorable, le rythme des dépenses diminue et le gouvernement peut s’attaquer aux réformes plus structurelles.
281
+
282
+ Cette politique est rendue possible par la situation remarquable des finances publiques : l'élargissement de la base fiscale conjugué à l'augmentation naturelle des revenus (du fait de la conjoncture) a permis au gouvernement de mettre un terme au déficit budgétaire dès 2003 et d'afficher un excédent de 0,7 % en 2012. Pour atténuer l'impact du ralentissement de 2005, les autorités avaient mis sur pied un vaste programme d'investissements publics destiné à moderniser en profondeur les infrastructures du pays, routes, transports et télécommunications en particulier. Outre un effet positif pour la croissance, ces projets d'investissement de long terme renforcent l'économie du pays et créent de nouvelles opportunités d'échanges et de croissance.
283
+
284
+ De 2006 à 2013, l'économie thaïlandaise a connu une croissance plus faible, avec une moyenne de 4 %, dopée par une industrie forte (39,2 % du PIB en 2012), de fortes exportations agricoles, une forte activité commerciale (13,4 % PIB, 2012) et logistique (9,8 % PIB, 2012) et dans une moindre mesure par la consommation intérieure. Et pourtant, du fait de l'affaiblissement des exportations en 2012 et 2013 à cause de plusieurs chocs économiques et politiques, la consommation intérieure voit sa part dans la croissance grandir au fil des ans. Le PIB était de 366 milliards de dollars en 2012, faisant ressortir un PIB/habitant de 5 390 $ par habitant, soit 449 $ (environ 400 €) par mois et par habitant en moyenne.
285
+
286
+ La fortune cumulée des 50 Thaïlandais les plus riches s'élève à plus de 160 milliards de dollars en 2019[54]. Les bénéfices de la croissance et de l’industrialisation de ces dernières décennies ont été essentiellement captés par l’aristocratie traditionnelle et les nouvelles élites économiques et financières. Selon le rapport du Crédit suisse de 2018 sur la répartition de la richesse mondiale, 1 % de la population détient 66,9 % de la richesse du pays. Les stratégies de bas salaires/hauts profits ainsi que le désinvestissement de l'État envers les campagnes a conduit à une fracture rurale-urbaine et à l’exclusion de pans entiers de la société confrontés à l’exode, à la massification du secteur informel, à l'absence de protection sociale ou aux difficultés d'accès à l’éducation et aux services de base[55].
287
+
288
+ Les familles thaïes d'origine chinoise, qui ne comptent qu'environ 6 % de la population, contrôlent la plupart des secteurs économiques du pays[56].
289
+
290
+ L'agriculture, la transformation et l’exportation de produits agricoles, notamment du riz, ont formé l’ossature de son économie. Bien que parmi les pays les plus prospères d'Asie, le fait qu'elle dépende d'une monoculture l'a rendue extrêmement sensible aux fluctuations des cours mondiaux du riz et aux variations de la production. Le gouvernement thaïlandais s'est efforcé d'atténuer cette fragilité en cherchant à diversifier l'économie et à promouvoir des méthodes de culture scientifiques comme l'irrigation contrôlée des rizières, de façon à stabiliser la production même lorsque les précipitations sont insuffisantes. Les élevages de crevettes sont aussi une source majeure d'exportations. La Thaïlande compte ainsi plus de 30 000 élevages donnant une production de 280 000 tonnes en 2006. Ces exportations génèrent un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars et ont majoritairement lieu vers l'Europe, le Japon et les États-Unis. Mais une partie de la pêche qui sert à alimenter les crevettes est régulièrement accusée au début des années 2010 de détruire les mangroves naturelles et d'être réalisée par des migrants réduits en esclavage[57]. Le PIB du secteur agricole, du fait d'une moindre croissance que l'industrie ou le tourisme, ne représente plus que 8,4 % du PIB en 2012. La Thaïlande est aussi traditionnellement un important exportateur de produits issus de la canne à sucre, grâce à son climat et à des sols propices. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa cinquième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[58].
291
+
292
+ À partir du milieu des années 1980, le tourisme joue un rôle majeur dans le développement économique du pays. La croissance annuelle fut exceptionnelle entre 1985 et 1993 (de l’ordre de 10 %). Elle est encore de 8 % en 1993, année où le PNB s’élevait à 136,9 milliards de dollars. Le Japon, les États-Unis, l’Allemagne, la Malaisie, la Chine et les Pays-Bas sont les principaux partenaires commerciaux de la Thaïlande.
293
+
294
+ Après le tsunami de fin 2004 qui a touché toute l'infrastructure hôtelière et la côte sud-ouest, les touristes désertent les lieux, laissant des commerçants thaïs exsangues. La majorité des centaines de morts de décembre 2004 sur les côtes étaient étrangers, en particulier Allemands, Suédois, Danois, Anglais et Australiens. Les prix de l'immobilier ont baissé à Koh Lanta (par exemple) de presque 50 %. Grâce à ses autres ressources touristiques, la Thaïlande s'est remise de ce cataclysme avec une croissance touristique de plus de 10 % en 2006 par rapport à 2005 après la chute et les annulations dues au tsunami.
295
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296
+ En 2019, la Thaïlande a accueilli 39,7 millions de touristes[59], se classant au 9e rang mondial[60]. En 2019, les dix-sept principaux pays d'origine des touristes étaient :
297
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298
+ L'évolution de l'arrivée des touristes par rapport à 2018 est indiquée entre parenthèses.
299
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300
+ Longtemps restreinte au tourisme balnéaire vers les plages de sa péninsule, la Thaïlande souhaite développer les voyages culturels et attirer les touristes vers les provinces du nord, riches en vestiges archéologiques.
301
+
302
+ Parmi les monuments des provinces, on peut citer :
303
+
304
+ Les visiteurs entrant en Thaïlande doivent être en possession d’un passeport en cours de validité (encore valide au moins 6 mois à compter de la date d’entrée dans le pays). Les visiteurs, membres de la Communauté européenne, entrant en Thaïlande pour des motifs touristiques, sont dispensés de visa d’entrée : c’est le « transit without visa » (ou exemption de visa), une formalité gratuite, mais limitée dans le temps (30 jours)[61] et extensible de 30 jours supplémentaires dans un des bureaux d'immigration du pays[62], délivré dans les aéroports. Aux postes frontières, il n’est délivré qu’au maximum deux fois par année calendaire.
305
+
306
+ Pour la plupart des pays de l'Union Européenne, il est possible de demander un visa touristique valable 60 jours renouvelable 30 jours en payant 1900 baths (environ 50 €) au bureau d'immigration local. Il n'est pas possible de revenir dans le pays après la sortie même si le délai de 3 mois n'est pas dépassé, sauf si ce visa comporte des entrées multiples.
307
+
308
+ Les transports en Thaïlande sont variés, sans qu'un moyen de transport particulier prédomine. Les bus sont fortement utilisés pour les trajets longue distance et à Bangkok, tandis que les motos supplantent les vélos dans les villes. Le transport routier est le principal moyen de transport des marchandises dans le pays. Le réseau ferré existe depuis longtemps mais les lignes sont lentes, bien qu'il soit prévu de déployer des lignes à grande vitesse dans plusieurs régions de Thaïlande. Le transport aérien intérieur a récemment connu un gain de popularité, grâce à l'arrivée de compagnies low-cost. Dans les grandes villes, il existe un service public de moto-taxis. À Bangkok, le nombre de taxis en circulation est impressionnant. Depuis l'ouverture du métro aérien de Bangkok en 1999, le nombre de passagers journaliers a dépassé les 800 000 et plusieurs lignes additionnelles sont en construction. L'automobile, dont la croissance rapide a contribué à l'engorgement du trafic de Bangkok au cours des deux dernières décennies, a gagné en popularité, en particulier auprès des touristes, des expatriés, de la classe aisée et d'une partie grandissante de la classe moyenne. Le réseau autoroutier se construit graduellement. La plupart des cours d'eau navigables accueillent des bateaux ou offrent des services de transport. Enfin, on note plusieurs moyens de transport particuliers, tels que le tuk-tuk ou le voyage à dos d'éléphant en zone rurale.
309
+
310
+ Le réseau ferroviaire thaïlandais est géré par la compagnie nationale State Railway of Thailand (SRT) en thaï การรถไฟแห่งประเทศไทย. Ce réseau comprend plus de 4 000 km de voies ferrées.
311
+
312
+ La gare Hua Lamphong, au centre de Bangkok, est le point de départ des lignes de trains partant vers tout le pays. Les quatre lignes principales sont le réseau nord, qui va jusqu'à Chiang Mai, le réseau nord-est, qui va jusqu'à Ubon Ratchathani et la frontière laotienne, le réseau est, qui va jusqu'à Aranyaprathet à la frontière cambodgienne, et le réseau sud, qui va jusqu'à la frontière malaisienne. La gare de Thonburi est le point de départ des trains pour Kanchanaburi et son célèbre pont.
313
+
314
+ Le train de prestige, le Eastern and Oriental Express (en), circule régulièrement entre Bangkok et Singapour, et entre Bangkok et Chiang-Mai chaque semestre.
315
+
316
+ Bangkok est la seule ville du pays équipée d'un métro (depuis 1999 pour sa partie aérienne et depuis 2004 pour sa partie souterraine) et d'un service de bus touristique.
317
+
318
+ Le principal aéroport de Thaïlande est l'aéroport de Suvarnabhumi à Bangkok, avec plus de 55 millions de passagers en 2017. Viennent ensuite les aéroports internationaux de Don Mueang (Bangkok), Phuket et Chiang Mai.
319
+
320
+ La compagnie nationale est Thai Airways International, fondée en 1988, qui compte 84 destinations dans 37 pays en 2018. Elle fait partie des dix meilleures compagnies du monde selon Skytrax cette année-là[64]. Elle possède une filiale low-cost nommée Thai Smile. La compagnie privée Bangkok Airways assure des vols réguliers depuis 1986 et possède trois aéroports en Thaïlande dont celui de Ko Samui. Elle dessert 12 destinations en Thaïlande et 18 à l'étranger[65]. Le nombre d'avions des compagnies à bas prix basées en Thaïlande est passé de 42 en 2013 à 136 en 2018. Les trois plus grandes compagnies sont AirAsia (filiale de la compagnie malaisienne AirAsia), Thai Lion Air (filiale de la compagnie indonésienne Lion Air) et Nok Air (dont l'actionnaire principal est Thai Airways)[66].
321
+
322
+ De nombreux cours d'eau sont navigables dans le pays, formant un réseau de 3 999 km. À Bangkok, la Chao Phraya est une artère principale de communication sur laquelle naviguent ferries [67], bateaux-taxis ou encore les barques traditionnelles long-tails propulsées à l'aide d'un moteur de camion.
323
+
324
+ Des ferrys relient des centaines d'îles au continent, et circulent aussi sur les rivières navigables. Il existe de nombreux ferrys internationaux.
325
+
326
+ Le réseau routier thaïlandais comporte environ 64 600 km de routes.
327
+
328
+ Les voies rapides relient toute la Thaïlande. Elles sont souvent traversées par des passages piétons, espacés d'environ 250 m en zone urbaine. Elles n'ont pas de voies d'insertion ni de décélération mais ont une séparation centrale, excepté à Bangkok où abondent les voies pour demi-tour. De nombreuses routes à deux voies ont été converties en quatre voies à séparation centrale, augmentant ainsi grandement sécurité et vitesse.
329
+
330
+ Le système autoroutier est restreint (145 km) mais le gouvernement thaïlandais prévoit des investissements massifs pour l'étendre.
331
+
332
+ Le bus est un moyen de transport majeur pour les personnes et les marchandises, et le plus populaire pour les trajets longue-distance. Il existe des bus luxueux pour les circuits touristiques, tandis que les bus de ville ou de seconde classe sont souvent anciens et couverts de peinture et de publicités.
333
+
334
+ Statistiques de The World Factbook : (Estimations juillet 2016).
335
+
336
+ Si la langue officielle parlée par au moins 85 % de la population est le thaï, les linguistes dénombrent plus de 60 langues en Thaïlande.
337
+
338
+ Le thaïlandais ou thaï est proche des deux dialectes lao parlés au Laos (dont le plus important est le Lao Soung avant le Lao Soum), La seconde langue maternelle est le chinois, langue présente en deux dialectes (entre 1 et 2 000 000 de locuteurs), dont le Hakka, avec environ 70 000 locuteurs. L'anglais est la seconde langue administrative et la langue commerciale, et est parlé en seconde langue par 3 500 000 locuteurs réels ou partiels. Mais l'anglais a tendance à faire jeu égal avec le chinois, qui, cependant a toujours été important comme langue commerciale. Le français, qui fut la troisième langue administrative après le thaï et l'anglais, de 1885 à 1945, et la seconde langue diplomatique, après l'anglais, est très peu parlé par les Thaïlandais de nos jours (moins de 2 000 francophones), mais de nombreux ressortissants français, belges, ou canadiens francophones vivent dans le sud de la Thaïlande, dans les zones touristiques. Le roi parle le thaï, l'anglais et le français, ce qui était dans la norme de l'éducation d'un prince avant 1946. Le successeur du roi Rama IX parle le thaï, l'anglais, et le chinois mandarin.
339
+
340
+ 94.6 % des Thaïlandais sont bouddhistes, 4.6 % des musulmans, 0.7 % des chrétiens et le reste de diverses religions[69].
341
+
342
+ La constitution thaïlandaise garantit l’accès aux soins à chaque citoyen dans différents domaines. Elle précise que l’État doit fournir un service de santé publique à la population, c’est pourquoi des indicateurs ont été créés afin de mesurer la couverture moyenne des services.
343
+
344
+ En 2003, avec son neuvième plan national de développement de la santé, l’État s’est engagé à assurer à tous les citoyens de Thaïlande de bonnes conditions de santé. Cette politique s’attache, non seulement à traiter les maladies, mais aussi à toucher les populations marginalisées telles que les pauvres des zones urbaines, les immigrants sans papiers, etc. Une loi, adoptée en 2002, prévoit le développement d’une caisse nationale d’assurance.
345
+
346
+ La culture de la Thaïlande est profondément imprégnée par le bouddhisme theravāda, religion officielle. Une grande part des arts — peinture, sculpture, architecture, danse et musique — subit cette influence et est au service des représentations traditionnelles du bouddhisme et de ses dérivés. Conformément aux enseignements de Bouddha, les moines pratiquent l’ascétisme. Tous les matins, ils vont chercher leur nourriture auprès des habitants et des commerçants vers 6 h du matin (même dans la capitale mégapole, Bangkok - Krung Thep en thaï).
347
+
348
+ On observe aussi une grande pérennité des croyances animistes. Elles se manifestent dans la croyance aux amulettes magiques et dans le culte domestique rendu aux « esprits du lieu » (chao thi), auxquels sont consacrées les maisons des esprits, petits édicules présents devant les habitations ou magasins (quand cela est possible) et que les Thaïs remercient ou prient tous les jours s’ils le peuvent par des offrandes (des colliers de fleurs et de la nourriture).
349
+
350
+ En Thaïlande, on parle « des cultures » plutôt que de « la culture », à savoir : culture bouddhique, culture profane traditionnelle et culture musulmane. Les musulmans vivent dans le sud du pays, sur la péninsule, près de la frontière avec la Malaisie, dans les trois provinces de Pattani, Yala et Narathiwat.
351
+
352
+ À l’origine, les Thaïs seraient venus de Chine du sud (province du Yunnan) à partir du XIe siècle[70]. Toutefois, la langue thaïe n’a pas de parenté avec le chinois. Elle appartient au groupe tai de la branche dite kam-tai de la famille des langues taï-kadaï.
353
+
354
+ La culture bouddhique et traditionnelle englobe la Thaïlande entière, et comprend en gros deux types de cultures : la culture laotienne dans les provinces du Nord-est et du Nord (appelé jadis « Lanna-Lao », puis « Lanna-Thai »), et la culture thaïlandaise proprement dite (dite siamoise). Lorsque le pouvoir s’installe à Bangkok en 1782, après la destruction d’Ayuthaya par les Birmans en 1767, les dirigeants siamois font appel aux artistes et artisans lao pour construire la ville elle-même. La pagode du Bouddha d’Émeraude « Wat Prakao » (à prononcer « ouat prakéo ») à Bangkok fut érigée par eux, emmenés de force par les Siamois, après le sac de Vientiane (capitale du royaume lao) par l’armée siamoise vers 1778.
355
+
356
+ Le Nord-Est, ou Isan, est habité par des populations proches des Lao, que l’on appelle « Thaï Isan ». Ils ont une culture distincte (très fortement influencée maintenant par la télévision thaïlandaise), car ce territoire faisait partie intégrante du royaume lao de Lan Xang, avant l’arrivée des Français en 1893. Annexé définitivement par le Siam dans les années 1900, après le Traité franco-siamois du 3 octobre 1893, ce territoire prit le nom d’Isane (« Nord-est ») vers 1907-1910. Depuis lors, les lao du Nord-Est ou les « lao isane » perdent leur identité ethnique, actuellement sous le nom « thaï isane » (la nourriture isane est très spécifique à la région et désormais recherchée et reconnue dans toute la Thaïlande), parlant toujours lao et ont du mal à sauvegarder leur culture. Dans les années 1930, les lao du nord-est étaient opprimés par le pouvoir en place (sous P. Pribun-Sangkhrama) : ils n’avaient pas le droit de parler lao, de chiquer du bétel, de porter des jupes lao pour les femmes, etc.
357
+
358
+ Il existe peu de bâtiments antérieurs à l'an 1000, généralement ruinés ou trop restaurés, ce sont essentiellement des constructions religieuses : jusqu'au XVIIe siècle les bâtiments civils étaient construits en matériaux périssables.
359
+
360
+ Un wat (du pali : avasa et du sanskrit : avasatha; parfois orthographié vat) signifie « école ». En Thaïlande, dans la langue quotidienne, wat désigne n'importe quel lieu de culte.
361
+
362
+ Un wat-type comprend les bâtiments suivants[71],[72] :
363
+
364
+ Les moines vivaient à l'origine dans le wihan. Leurs habitations (y compris leurs cellules, les kuti) sont aujourd'hui séparées des bâtiments sacrés.
365
+
366
+ Elles sont construites sur pilotis pour les protéger des inondations. Le toit de chaume est souvent remplacé par un toit de tôle.
367
+
368
+ On accède au premier étage par un escalier extérieur, réduit à une simple échelle dans les zones rurales. On se déchausse en général au bas des marches. L'escalier mène à une sorte de véranda couverte dont le sol est en bois. Cette véranda sert de salle à manger. De la véranda, on accède à une grande pièce, parfois la seule de la maison. Derrière, un autre balcon sur pilotis donne sur un petit bâtiment isolé qui sert de cuisine[74],[75].
369
+
370
+ Les artistes thaïs ne possédaient au départ qu'un ensemble de cinq couleurs primaires (le rouge, le bleu, le jaune, le blanc et le noir), dont ils se servaient pour produire d'autres sortes de pigments. Ces pigments permettaient alors aux artistes de créer des peintures murales, aussi utilisées pour les bannières et les illustrations. Les représentations étaient plus ou moins grandes selon le degré d'importance, l'utilisation de l'ombre n'existait pas encore et les techniques picturales étaient très évoluées pour l'époque. Dans une optique religieuse et traditionnelle, la peinture thaï orna les murs des temples et des palais, tout comme les illustrations des livres. La religion, ainsi que la royauté, prit rapidement une place importante au sein même des peintures afin d'y faire ressortir la beauté des objets et des richesses.[76]
371
+
372
+ Au XIXe siècle, les pigments s'enrichirent et de nouvelles techniques, venues d'Occident, déferlèrent pour donner aux peintures un aspect plus moderne. L'utilisation des feuilles d'or apporta plus de lumière aux représentations et les couleurs plus de détails. Malgré la persévérance du style traditionnel, certains artistes réussirent l'exploit de créer leur propre style, né de la fusion entre le style traditionnel et le style occidental, un style unique alliant tradition et modernité.
373
+
374
+ Durant la période de Sukhothaï (XIIIe – XVe siècle), les sculptures représentaient généralement Bouddha assis. Leur taille pouvait aller de onze mètres de large pour de grandes statues, comme on peut le voir aujourd'hui dans le temple Wat Si Chum, à la taille d'un pouce pour de petites amulettes. Ces sculptures étaient faites le plus simple possible afin de garantir la sérénité énigmatique émanant du Bouddha. Les détails, tels que les muscles ou les structures du corps, n'étaient donc pas acceptés.
375
+
376
+ Beaucoup de monde en occident connaît les objets artisanaux thaïlandais, expression fidèle de la vie culturelle d’un peuple. Ils montrent les coutumes et les goûts de la majorité de ce peuple plutôt que ceux d’un petit groupe ou d’une élite cultivée. On trouve nombre d'objets artisanaux très utiles venant de plusieurs provinces, par exemple un panier en bois qui sert à mettre du riz.
377
+
378
+ De plus, il y a les récipients qui reflètent le mode de la vie thaï. Les Thaïs les utilisent pour boire de l’eau. Les céladons se fabriquent au Nord aussi. Ils sont originaires de la région de Chiang Mai. En général, il y a plusieurs objets artisanaux qui reflètent le mode de vie thaï comme les nattes tressées, celles que les thaïs utilisent pour s’asseoir par terre. Ces nattes sont tressées à la main. Le service à bétel (c’est-à-dire “หมาก” en thaï) des personnes âgées. Le mouvement des poissons peut faire que les enfants s’y intéressent.
379
+
380
+ De ce fait, les objets artisanaux offrent une vision du mode de vie d’un peuple. Ils sont souvent attirants et élégants grâce à l’habileté de l’artisan. En Thaïlande, certains objets sont rarement vus hors des villages producteurs. Pourtant, on continue à les fabriquer de façon traditionnelle et à les utiliser dans la vie quotidienne. D’ailleurs, ces objets sont exportés dans le monde entier non seulement cela améliore l’économie thaïlandaise, mais aussi le revenu par tête des habitants.
381
+
382
+ Les traditions étaient différentes selon les régions. Au nord de la Thaïlande, les poteries étaient légèrement vernies avec de la terre cuite et huilées afin de retenir les liquides à l'intérieur des récipients. La coutume voulait que soient placés au-dehors des temples et des maisons des pots pour étancher la soif des étrangers de passage.
383
+
384
+ Dans le Nord-Est, à Nakhon Ratchasima, ou à Ratchaburi, à l'Ouest de Bangkok, des poteries brun foncé sont produites dans des fours sous toutes les formes et sont connues pour leurs belles décorations aux couleurs jaunâtre et verte, ornées de dragons et de motifs floraux.
385
+
386
+ À la fin du xiiie siècle, la technique du bleu-vert céladon fit son apparition lorsque le roi de Sukhothai demanda à 300 potiers chinois de rejoindre son royaume[77]. Cette technique est encore utilisée de nos jours selon les mêmes procédés utilisés dans l'ancien temps.
387
+
388
+ La littérature thaïlandaise est la littérature des Thaïlandais, presque exclusivement écrite en thaï (bien que différents systèmes d'écriture autres que le thaïlandais puissent être utilisés). La plupart des œuvres littéraires imaginatives en thaï, avant le XIXe siècle, ont été composées en poésie. L'écriture en prose était réservée aux documents historiques, aux chroniques et aux documents juridiques. Par conséquent, la forme poétique en langue thaïlandaise est à la fois nombreuse et très développée. Le corpus des œuvres poétiques pré-modernes de la Thaïlande est vaste. Ainsi, bien que de nombreux ouvrages littéraires aient été perdus avec le sac d'Ayutthaya en 1767, la Thaïlande possède encore un grand nombre de poèmes épiques ou de longs récits poétiques- certains avec des histoires originales et d'autres avec des histoires tirées de sources étrangères. C'est un contraste frappant entre la tradition littéraire thaïlandaise et les autres traditions littéraires est-asiatiques, comme le chinois et le japonais, où les longs récits poétiques sont rares et où les poèmes épiques sont presque inexistants. La littérature classique thaïlandaise a exercé une influence sur la littérature des pays voisins de l'Asie du Sud-Est, en particulier le Cambodge, le Laos et la Birmanie.
389
+
390
+ Au sein de la culture dramatique thaïlandaise, se distinguent plusieurs sortes de théâtre. Depuis la période d'Ayutthaya se sont créés quatre styles différents de théâtre, le Khon[78], le Lakhon, le Nang Talung[79] et le Nang yai[80] (et leurs marionnettes Hun).
391
+
392
+ Le Khon était joué uniquement par des hommes, même lorsque les personnages représentaient des femmes. Plus tard, dans le XIXe siècle, la femme reprit son rôle en tant qu'actrice dans les représentations. Ce genre de théâtre classique mélange jeu d'acteur et danse. La musique joue aussi un grand rôle dans les représentations car elle est à l'origine des actions exécutées par les acteurs, comme marcher, courir, rire...
393
+
394
+ Les acteurs ne portant pas de masque ont à certains moments le droit à la parole, au contraire des acteurs masqués. Pour ces derniers, une chorale chante et récite des versets accompagnant leurs actions. Les masques de ces acteurs étaient richement décorés d'or, de laque et de bijoux. Chacun d'entre eux dévoilait une personnalité différente grâce à la signification de sa mimique. Les costumes, tout aussi riches et dignes d'habits royaux, étaient particuliers par leur couleur qui conférait aux acteurs le titre de personnages principaux.
395
+
396
+ Le Lakhon, différent du Khon malgré la ressemblance des costumes, est plus expressif dans ses représentations. Le corps y est en constant mouvement, fluide, gracieux, ce qui donne à la danse un caractère émotionnel sans précédent. Le port du masque est réservé aux créatures fictives. Les représentations étaient fondées principalement sur le Ramakian, mais aussi sur les Jātaka (récits des vies antérieures du Bouddha) et autres contes populaires.
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+ 1990, on peut parler d'une "nouvelle vague" thaïlandaise, avec l'apparition de réalisateurs tels que Prachya Pinkaew, Banjong Pisanthanakun, Nonzee Nimibutr, Pen-ek Ratanaruang ou Apichatpong Weerasethakul, mondialement célébrés dans les festivals, ou de stars du cinéma d'action comme Tony Jaa. Films d'arts martiaux avec Tony Jaa: Ongbak (2003), L'Honneur du dragon (2004), Ongbak2 (2008), Ongbak3 (2009)[81]. Films d'horreur populaires en Asie: Shutter (2004), The Unseeable (2006), Le Pensionnat (2006), Alone (2007). Comédie horrifique: Peemak (2013) avec 33 millions de dollars au box-office surtout en Asie[82]. Films d'animation thaïlandais tels que: Khan Kluay (2006), Yak (2012), The Legend of Muay Thai: 9 Satra (2018).
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+ Le film historique est aussi un incontournable du cinéma thaïlandais : l'une des plus grosses productions est Suriyothai de Chatrichalerm Yukol en 2003. On peut citer également King Naresuan (2006), qui évoque le règne de Naresuan au XVIe siècle. D'autres films , tels Bang Rajan (2000).
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+ Parmi les artistes de danse pop de renommée internationale, citons Tata Young et Lalisa Manoban[83].
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+ La cuisine thaï est très parfumée car elle utilise une variété d'herbes et de racines. Le pays est riche en fruits de mer, en poissons, en produits fermiers, en légumes, en herbes, en épices et en fruits. La présentation ajoute au plaisir de la dégustation. La sculpture des fruits et des légumes est en effet un art dans lequel excellent les Thaïlandais.
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+ La cuisine thaïlandaise, bien que semblable en certains points à celle de ses voisins chinois, indiens et birmans, se démarque par des saveurs et des ingrédients originaux, tels que le curry, la menthe, la citronnelle, la coriandre ou encore le basilic rouge. Pimentée à l'excès pour le palais occidental et presque toujours accompagnée de sauces ou fumets de poisson (nam pla), elle rencontre un succès international croissant.
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+ Phat thai
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+ Phat kaphrao Kai
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+ Khao lam
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+ Tom yum
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+ Tom yum Kway teow
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+ Curry panang
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+ Som tum
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+ Muay-thaï est un art martial, et plus précisément, un sport de combat. La boxe thaï trouve son origine dans des pratiques martiales ancestrales, notamment dans le muay boran (boxe traditionnelle) et le krabi krabong (pratique avec les armes). Elle est la plus popularité au fait qu’elle est une discipline nationale professionnalisée. Sa pratique permet à de nombreux pratiquants, athlètes (même très jeunes), entraîneurs, managers et promoteurs, d'en vivre. Elle représente un marché lucratif en Thaïlande générant autour d’elle une économie non négligeable. Comme les boxes apparentées elle a la réputation d’être une pratique de combat particulièrement violente et on lui reproche surtout de répandre l'idée selon laquelle « tous les coups sont permis ». Le muay-thaï est la forme moderne (codifiée au milieu du XVIe siècle) du muay-boran.
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+ Au XVIe siècle, le muay-thaï faisait partie de l'entraînement militaire. Le roi Naresuan le grand (r. 1590-1605) aurait encouragé sa pratique à ce titre[84]. Il atteignit sa plus grande popularité au début du XVIIIe siècle, sous le règne de Pra Chao Sua, "le Roi Tigre". C'était le passe-temps favori de la population ; chaque village organisait des combats régulièrement. Le roi, qui était un boxeur de première force s'amusait à défier les champions locaux ! À l'époque les combattants protégeaient leurs poings en se bandant les mains avec du crin de cheval.
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+ Selon une légende, Naï Khanom Tom, soldat et boxeur capturé par les birmans en 1767, fut opposé à dix champions birmans qu'il mit K.O.. Il est devenu un héros national, auquel les Thaïlandais rendent hommage chaque année à l'occasion de la « Nuit des boxeurs »[85].
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+ La pratique de la boxe thaïlandaise est considérée comme sport national en Thaïlande. De nombreux petits clubs d'entraînement (appelés « camps ») parsèment le pays et accueillent les jeunes à partir de sept ans. Les combats importants sont régulièrement retransmis tous les samedi et dimanche par les chaînes de télévision régionales et nationales.
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+ Les deux stades de muay-thaï les plus connus se trouvent à Bangkok : ce sont le stade de boxe du Lumpinee et celui du Rajadamnoen. Connus dans le monde entier, ils sont considérés comme la référence absolue en muay-thaï.
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+ Chez les professionnels, le combat se déroule en cinq rounds de trois minutes. Il est précédé par une « danse » rituelle : le Wai Khru Ram Muay durant laquelle le nak-muay (boxeur) porte le mongkon (bande de tissu autour de la tête pour marquer la tradition du peuple thaï et, entre autres, manifester le respect à son entraîneur ainsi que pour optimiser sa perception mentale). Cette danse est composée de gestes codifiés exécutés par les deux adversaires individuellement et qui peuvent être propres à chaque école ou style de muay-thaï.
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+ Les coups autorisés sont les suivants : coups de poing, de coude, de genou et de pied. Les corps à corps peuvent être assez longs, et sont souvent l'occasion de coups de genou et peuvent se terminer par une projection voire être interrompus par l'arbitre. Le coup de pied circulaire à différentes hauteurs (tête, tronc et cuisses) est souvent délivré avec le tibia. Le coup de pied circulaire semble le plus usité et est souvent considéré comme le « coup de base » du combattant de compétition. Il est également possible d'effectuer une balayette dans le but de faire tomber et déstabiliser l'adversaire.
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+ Dans le passé le travail des armes, le krabi krabong (thaï : กระบี่-กระบอง) était un système d'attaque et de défense inventé par des guerriers inoccupés pour pratiquer et évaluer leur habileté au combat, aussi bien que pour se maintenir affuté et compétent pour la guerre. Sur le champ de bataille, ces techniques affinées sont devenues de véritables tourbillons de destruction et de mort.
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+ Loi Krathong
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+ Loi Krathong
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ Royaume de Thaïlande
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+
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+ ประเทศไทย
4
+
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+ Prathet Thai
6
+
7
+ 13° 45′ N, 100° 31′ E
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+
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+ modifier
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+
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+ La Thaïlande, en forme longue le royaume de Thaïlande (en thaï Prathet Thaï[3], ประเทศไทย ou Ratcha Anachak Thai, ราชอาณาจักรไทย), est un pays d’Asie du Sud-Est. Avant 1939, il s’appelait le royaume de Siam. Il est bordé au sud-ouest et au nord-ouest par la Birmanie, au sud par la Malaisie, au sud-est par le Cambodge et au nord-est par le Laos. Sa capitale est Bangkok (en thaï : Krung Thep , กรุงเทพฯ, la Cité des anges). La langue officielle est le thaï et la monnaie le baht. C’est une monarchie constitutionnelle depuis 1932 dans laquelle le roi est officiellement le chef de l'État, chef des Forces armées, partisan de la religion bouddhiste et défenseur de toutes les confessions. Sur un plan politique, la Thaïlande a connu 19 coups d'État tentés ou réussis par l'armée depuis 1932, le dernier en date ayant eu lieu le 22 mai 2014. Depuis 1946, plusieurs générations de Thaïlandais n'ont connu qu'un souverain, Bhumibol Adulyadej (Rama IX), dont le règne a duré soixante-dix ans, jusqu'à sa mort le 13 octobre 2016. Son fils Vajiralongkorn (Rama X) lui a succédé le 1er décembre 2016. Il est le 10e souverain de la dynastie Chakri qui règne depuis 1782.
12
+
13
+ Le pays est classé 51e pays par ordre de superficie (514 000 km2) et 21e pays le plus peuplé du monde avec 68 299 099 habitants en janvier 2017, une superficie et une population très proches de celles de la France métropolitaine. Il est constitué d'une large partie continentale prolongée au sud sur près de 1 000 kilomètres par la péninsule Malaise qu'il partage côté ouest avec la Birmanie et dans son sud avec la Malaisie. Environ 75 % de la population sont d'ethnie thaïe, 14 % sont des Chinois, et 3 % sont Malais, le reste étant composé de groupes minoritaires : les Môns, les Khmers et les diverses tribus des collines. La religion principale est le bouddhisme, pratiquée par environ 95 % des Thaïlandais.
14
+
15
+ La Thaïlande a connu une croissance économique rapide entre 1985 et 1995. C'est un des nouveaux pays industrialisés, comptant parmi les Tigres asiatiques. Son économie repose notamment sur le tourisme, avec des destinations touristiques bien connues comme la région de Chiang Mai, le parc d'Ayutthaya, la station balnéaire de Pattaya, la capitale Bangkok, les provinces méridionales de Phuket, de Phang Nga, de Krabi et de nombreuses îles dans le Golfe de Thaïlande et dans la Mer d'Andaman, comme celles de Ko Samui et de Koh Phi Phi. Les exportations contribuent aussi de manière significative à l'économie[4]. Le pays compte environ 2,8 millions d'immigrés légaux et illégaux en Thaïlande, dont un certain nombre d'expatriés des pays occidentaux[5].
16
+
17
+ La Thaïlande fait partie de la péninsule indochinoise, jusqu’à l’isthme de Kra, qui marque la transition avec la péninsule Malaise. Le pays s’étend sur environ 805 km d’est en ouest et 1 770 km du nord au sud.
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+
19
+ Au centre, on trouve une vaste plaine, la plaine alluviale de la Chao Phraya, le plus grand fleuve thaïlandais. C’est la région la plus dense au niveau de la population et la plus riche du point de vue agricole.
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+
21
+ Bangkok est située à proximité du fertile delta du Maenam Chao Phraya (Mae Nam - แม่ น้ำ - littéralement mère-eau (l’eau mère de la vie), veut dire rivière ou fleuve en thaï). Tout autour de ce bassin s’élèvent des massifs montagneux. Les massifs qui longent la frontière birmane sont les sommets les plus élevés, culminant à 2 595 mètres au Doi Inthanon. Quant à la région péninsulaire, bordée d’étroites plaines côtières, elle atteint son point culminant au Khao Luang à 1 786 m.
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+
23
+ À l’est du bassin du Chao Phraya, on trouve une autre chaîne montagneuse, d’axe nord-sud, qui culmine à 1 270 mètres grâce au Doi Pia Fai.
24
+
25
+ Un plateau bas et aride s’étend au nord et à l’est de cette chaîne : c’est le plateau de Khorat, qui occupe le tiers oriental du pays (appelé l’Isan) et borde la vallée du Mékong (Mae Nam Khong), à la frontière avec le Laos.
26
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27
+ La Thaïlande bénéficie d’un Climat tropical. On distingue globalement deux saisons :
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+
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+ Toutefois, le pays s'étalant sur plus de 2 000 km, il y a une variation de climat notable entre les régions plus au nord, et les zones côtières du sud du pays.
30
+
31
+ La température varie généralement entre 25 °C et 35 °C en moyenne[7].
32
+
33
+ Selon le Climate Institute, une association spécialisée dans des solutions pratiques au changement climatique, les changements climatiques menacent en grande partie l’agriculture notamment avec l’augmentation des températures, aux inondations, aux sécheresses, tempêtes et à l'élévation du niveau de la mer. Le pays a subi plus de 1,75 milliard de pertes dues à ces catastrophes entre 1989 et 2002[8]. Ces dernières années, les conditions climatiques ont aggravé la situation, ce qui a abouti à des catastrophes à grandes échelles. Ces cataclysmes ont dévasté l’agriculture et l’économie. L'imprévisibilité des précipitations, des changements de températures et bien d’autres faits néfastes vont s’intensifier dans les années à venir [9]. Ce qui veut dire que la Thaïlande devra faire face à des sécheresses en plein milieu de la saison des pluies[10],[11].
34
+
35
+ Les principale sources de pollution sont la circulation automobile et les industries utilisant le charbon. Les réglementations existantes ne sont pas respectées et la répression contre les manquements reste faible. La pollution de l'air diminue l’espérance de vie des Thaïlandais de quatre années[12].
36
+
37
+ La Thaïlande a vu ses importations de déchets décupler en 2018, en conséquence de la décision de la Chine de cesser ses propres importations..Les problèmes écologiques et sanitaires se sont accentués en conséquence[13].
38
+
39
+ Le premier royaume connu des historiens sur le territoire thaïlandais est le royaume de Funan. En effet, celui-ci remonte à peu près au premier siècle de notre ère. Ce dernier couvrait une grande partie de l’Asie du Sud-Est, il s’étendait ainsi sur le Cambodge, le sud du Vietnam, certaines parties du Laos, La Birmanie, des péninsules malaisienne et enfin la Thaïlande. Il était le plus puissant de la région à cette époque et dura presque cinq siècles[14].
40
+
41
+ À partir du VIe siècle, les différents peuples qui composaient le royaume du Funan établissent la principauté de Dvâravatî à partir du VIe siècle. On parle même de civilisation du Dvâravatî. Cela s’étendait principalement en Thaïlande et dans le sud de la Birmanie. Cette période s’étend jusqu’au Xe siècle. L’ère du Dvâravatî est un point charnière puisque c’est à cette période que les historiens attribuent l’arrivée du bouddhisme dans la région[14].
42
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43
+ Dès le Xe siècle, la principauté de Dvâravatî tombe sous l’allégeance du royaume des Khmers établi au siècle précédent. Techniquement, le Dvâravatî était vassal du royaume khmer pendant un peu plus de deux siècles. Les historiens estiment qu’au début du XIIIe siècle, plusieurs chefs de différents clans et tribus thaï s’affranchissent progressivement de leur statut auprès du royaume khmer.
44
+
45
+ De nombreux royaumes, principautés ou empires se partagent le pays dans une histoire imbriquée, les invasions et dominations étrangères se perpétuant jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
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+ Résumé chronologique :
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+ Selon les historiens modernes, la sécession de Sukhothaï d'avec l'Empire khmer commença dès 1180, sous le règne de Po Khun Sri Naw Namthom, souverain de Sukhothaï et de la cité voisine de Sri Satchanalai (actuel Amphoe Si Satchanalai, dans la province de Sukhothaï). Sukhothaï bénéficiait à cette époque d'une large autonomie, mais elle fut reprise vers 1180 par les Môns de Lavo sous leur roi Khomsabad Khlonlampong.
50
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+ Deux frères, Po Khun Bangklanghao et Po Khun Phameung (Po Khun était un titre de noblesse) arrachèrent Sukhothai aux Môns en 1239. Bangklanghao gouverna Sukhothai sous le nom de Sri Indrathit et fut le premier souverain de la dynastie Phra Ruang. Il agrandit son royaume aux cités voisines. À la fin de son règne en 1257, le royaume de Sukhothaï couvrait toute la haute vallée de la Chao Phraya.
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+
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+ Po Khun Banmeaung et son frère Ramkhamhaeng (r. 1239-1317) agrandirent le royaume aux dépens des civilisations voisines. Pour la première fois, un état Thaï devenait un pouvoir dominant en Asie du Sud-Est. La tradition historique décrit l'expansion de Sukhothaï avec force détails, mais l'exactitude de ceux-ci est discutée. Dans le sud, Ramkamhaeng soumit le royaume de Supannabhum et Sri Thamnakorn (Tambralinga, dans la péninsule Malaise) et, par son intermédiaire, adopta le bouddhisme theravada comme religion d'état. Dans le nord, Ramkamhaeng fit payer tribut à Phrae et Mueng Sua (Luang Prabang).
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55
+ Ramkhamhaeng demanda aux moines de Sri Thamnakorn de propager le bouddhisme theravada à Sukhothaï. En 1283, il inventa l'alphabet thaï, figuré sur la fameuse « stèle de Ramkamhaeng » découverte par le roi Mongkut (Rama IV) 600 ans plus tard. Cette stèle représente un témoignage capital sur Sukhothaï à l'époque.
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57
+ Le gouvernement de Ramkhamhaeng est caractéristique de celui du royaume de Sukhothaï, un type monarchique patrocratique, où le roi est considéré comme le père et les sujets comme ses enfants. Ramkhamhaeng encouragea le commerce en déclarant : « Qui souhaite vendre des éléphants, qu'il le fasse. Qui souhaite vendre des chevaux, qu'il le fasse. »
58
+
59
+ C'est aussi de cette époque que datent les premières relations avec la nouvelle dynastie Yuan et que Sukhothaï commença à envoyer des missions commerciales en Chine. Sukhothaï exportait des Sangkalok (littéralement, des poteries de la dynastie Song !). Ce fut la seule période où le Siam produisit des céramiques de style chinois.
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61
+ La puissance de Sukhothaï fut de courte durée. Après la mort de Ramkhamhaeng, les royaumes vassaux s'émancipèrent sous le règne de son fils Phaya Loethai (1298-1323). Ce furent d'abord la province d'Uttaradit dans le nord, puis les royaumes laotiens de Luang Prabang et Vientiane. En 1319, les Môns rompirent leur allégeance dans l'ouest et en 1321 le Lanna (fondé en 1259) s'empara de Tak, une des plus anciennes villes contrôlées par Sukhothaï. Dans le sud, la puissante cité de Suphanburi prit également son indépendance sous le règne de Loethai. Ainsi le royaume fut-il rapidement réduit à son ancienne puissance locale. Puis à partir de 1350, le nouveau royaume d'Ayutthaya ne cessa de gagner de la puissance. En 1378 ses armées envahirent Sukhothai et le roi Thammaracha II fut obligé de devenir son vassal.
62
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63
+ U Thong pour échapper à la menace d'une épidémie, il déplace sa cour au sud dans la riche plaine inondable du fleuve Chao Phraya. Il fonde une nouvelle capitale sur une île du fleuve, Ayutthaya (Phra Nakhon Si Ayutthaya, พระนครศรีอยุธยา), du nom de la ville d’Ayodhya, en Inde du nord, ville de Rāma, héros de l'épopée du Ramayana. U Thong prend le nom royal de Ramathibodi (1350-1369).
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+ Durant son règne, Ramathibodi tente d'unifier le royaume. En 1360, il déclare le Bouddhisme theravāda religion officielle d'Ayutthaya et invite des membres d'un sangha (communauté monastique bouddhiste) de Ceylan à établir un nouvel ordre religieux et à propager la foi parmi ses sujets. Il promulgue également un nouveau un code légal, fondé sur le Dharmaśāstra (un texte légal hindou) et la coutume thaïe, fondement ensuite de la législation royale. Composée en pâli, langue indo-aryenne des textes du Theravada, elle avait force d’injonction divine. Complété par des arrêtés royaux, le code légal de Ramathibodi est demeuré en vigueur jusqu’à la fin du XIXe siècle.
66
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67
+ À la fin du XIVe siècle, Ayutthaya est considérée comme l'entité politique la plus puissante de l'Asie du Sud-Est. Dans les dernières années de son règne, Ramathibodi parvient à s'emparer d'Angkor. Son objectif était de sécuriser la frontière orientale du royaume en devançant les ambitions viêt sur les territoires khmers.
68
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69
+ Durant une bonne partie du XVe siècle, Ayutthaya va consacrer son énergie à la péninsule Malaise, où se trouvait Malacca, le port le plus important de l'Asie du Sud-Est. Malacca et les autres États malais au sud de l'ancien royaume de Tambralinga s'étaient progressivement convertis à l'islam au cours du XVe siècle. Les Thaïs échouèrent à soumettre Malacca, qui s'était mise sous la protection de la Chine.
70
+
71
+ Ayutthaya réussit néanmoins à contrôler l'isthme de Kra, où venaient les marchands chinois en quête de produits de luxe très prisés en Chine.
72
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73
+ À partir du XVIe siècle, le royaume d'Ayutthaya fut presque constamment en guerre contre la Birmanie (dynastie Taungû puis dynastie Konbaung) avec des fortunes diverses. Le roi birman Bayinnaung prit la ville en 1569, mais Ayutthaya reprit son indépendance dès 1584 et Naresuan lui redonna toute sa puissance : sous son règne (1590-1605), le royaume atteignit son expansion maximale. Il ne fut abattu que deux siècles plus tard par le roi birman Hsinbyushin (1767).
74
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+ Après plus de 400 ans de puissance, en 1767, le royaume d'Ayutthaya est conquis par les armées birmanes, sa capitale incendiée et son territoire démembré. Le général Taksin parvient à réunifier le Siam à partir de sa nouvelle capitale de Thonburi et se fait proclamer roi en 1769.
76
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77
+ Cependant, le roi Taksin est déclaré fou, dépossédé de son titre, emprisonné et exécuté en 1782. Le général Chakri lui succède en 1782, premier roi de la nouvelle dynastie Chakri. La même année, il fonde une nouvelle capitale, Bangkok, sur la rive de la Chao Phraya, en face de Thonburi.
78
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79
+ Après la victoire des Anglais sur le royaume birman d'Ava en 1826, les héritiers de Rama I s'inquiètent de la menace du colonialisme européen. La première reconnaissance thaïe d’une puissance coloniale dans la région est formalisée par la signature d'un traité d'amitié et de commerce avec le Royaume-Uni en 1826, le traité Burney.
80
+
81
+ En 1833, les États-Unis inaugurent des échanges diplomatiques avec le Siam. Cependant, c’est pendant les règnes de Mongkut (Rama IV) et de son fils le roi Chulalongkorn (Rama V) que la Thaïlande se rapproche fermement des puissances occidentales. Les Thaï attribuent aux qualités diplomatiques de ces monarques et aux réformes modernistes de leurs gouvernements le fait que le Siam est le seul pays d'Asie du Sud-Est à avoir échappé à la colonisation.
82
+
83
+ Progressivement, au XIXe siècle, le Siam recule face à deux puissances européennes : le Royaume-Uni et la France. Ces deux puissances grignotent le pays, à la fois territorialement sur ses marges, et dans sa souveraineté.
84
+
85
+ La France, en 1873 et 1883, intervient deux fois pour mettre fin à la piraterie des Pavillons noirs dans le Tonkin, théoriquement sous protectorat siamois. En réaction, le Siam occupe Luang Prabang en 1883, mais ne peut empêcher l’installation d’un vice-consulat français dans cette ville en 1886 (Auguste Pavie), ni l’annexion en 1888 de 72 cantons par la France.
86
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87
+ En 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : soit celle-ci les provoque, soit elle en exagère l'importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi illégal de deux canonnières à l’embouchure de la Chao Phraya, que leurs capitaines annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok. Le Siam se met en tort en ouvrant le feu : le casus belli est saisi par Pavie, résident français à Bangkok ce qui déclenche la guerre franco-siamoise de 1893. Il exige l’abandon de la rive orientale du Mékong ; un blocus est mis en place à l’embouchure du Chao Phraya. Le Siam cède et la France ajoute à ses exigences une zone démilitarisée large de 25 km le long de la rive occidentale du Mékong, plus les provinces de Battambang et de Siem Reap. La ville de Chanthaburi est occupée par une garnison française (traité signé le 3 octobre 1893).
88
+
89
+ Le 13 février 1904, la France annexe Luang Prabang et Champassak.
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+
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+ Du côté anglais, des provinces sont réunies à la Birmanie. Le chemin de fer vers Singapour est concédé en exclusivité à une société britannique. Le Royaume-Uni obtient de plus l’assurance qu’aucun canal ne sera percé dans l'isthme de Kra.
92
+
93
+ Le traité anglo-siamois de 1909 établit la frontière moderne entre le Siam et la Malaisie britannique. Le Siam doit céder à l’Angleterre les états malais de Kedah, Kelantan, Perlis et Terengganu, jusque-là ses vassaux et qui deviennent protectorats britanniques. La suzeraineté thaïe est maintenue sur le royaume de Patani (divisé depuis pour donner les provinces de Pattani, Yala, Narathiwat) et le district de Setul, détaché du Kedah (et devenu depuis la province de Satun).
94
+
95
+ Une série de traités avec la France a fixé la frontière orientale présente du pays avec le Laos et le Cambodge, le Siam plus tôt avait fait des réclamations et dans une certaine mesure contrôlé ces deux territoires.
96
+
97
+ Au total, le Siam a perdu 456 000 km² durant le règne de Chulalongkorn.
98
+
99
+ Le 24 juin 1932, une révolution de palais, qui dura 3 heures, met fin à la monarchie absolue. La « révolution de 1932 (en) », comme elle est nommée, a été menée par un groupe d’une centaine de personnes, le « Parti du Peuple (en) », composé à parts égales d’officiers commandés par Plaek Phibunsongkhram et de civils dirigés par Pridi[15].
100
+
101
+ Depuis lors, l'équilibre entre le pouvoir royal, l'armée et le camp démocratique reste précaire, et ce sont ainsi pas moins de 20 coups d'État qui ont été tentés ou réussis par les forces armées jusqu'à la première décennie du XXIe siècle[16]. Ces coups d'État ont également permis à la royauté de reprendre une grande part de son pouvoir perdu. La mesure la plus significative a été la restauration du « crime de lèse-majesté », lequel permet au pouvoir de condamner un opposant politique, un journaliste, ou quiconque, sur la simple accusation d'atteinte à l'image du roi ou de son entourage.
102
+
103
+ En 1972, des centaines de paysans, peut-être plus de 3 000, soupçonnés de soutenir la rébellion communistes, sont massacrés par les forces armées dans la province du Phattalung, dans le Sud de la Thaïlande. Jusqu'alors, les suspects communistes arrêtés par l'armée étaient habituellement abattus et leurs corps laissés sur place. Cette fois-ci, la méthode des « barils rouges » a été introduite pour éliminer toute preuve possible. Les suspects ont été frappés jusqu'à être rendu semi-conscients, avant d'être jetés dans des barils contenant de l'essence et brûlés vifs[17].
104
+
105
+ En 1973, des manifestations essentiellement menées par des étudiants et soutenues par des centaines de milliers de citoyens à Bangkok aboutissent au départ du dictateur militaire Thanom Kittikhachon, au prix de quelque 70 manifestants tués[18] (peut-être près de 300 tués[19]), et la Thaïlande s'ouvre à l'une des rares périodes démocratiques de son histoire[20]. Celle-ci prend fin trois ans plus tard : le 6 octobre 1976, à Bangkok, des militants d’extrême droite ultraroyalistes, appuyés par la police et par l’armée, ouvrent le feu sur une manifestation d'étudiants de gauche. Les manifestants qui tentent de s’enfuir à la nage, par le fleuve Chao Phraya, sont abattus. Ceux qui se rendent sont battus, certains à mort, et d’autres brûlés vifs. Plusieurs jeunes filles sont violées puis tuées. Les autorités font état de 46 morts, mais le bilan réel pourrait être d'une centaine de tués. Le même jour, l'armée conduit un putsch, avec l’assentiment du roi[20].
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+
107
+ En 1997 est adoptée la première constitution thaïlandaise (en).
108
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109
+ Comme les autres pays asiatiques, la Thaïlande bénéficie au début des années 1990 d'un afflux massif de capitaux étrangers[21] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie de la Thaïlande et de ces pays[22].
110
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+ Les provinces touristiques du sud du pays sont ravagées par le tsunami du 26 décembre 2004.
112
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113
+ Au cours des années 2000 et 2010, un camp dénommé les « chemises jaunes » (la couleur du jour du roi[23]) s'oppose aux « chemises rouges ». Les premières rassemblent surtout une élite urbaine, conservatrice, hostile à la démocratie dite « à l’occidentale » et fervente partisane de la monarchie. Elles soutiennent le Parti démocrate et l'armée. Les secondes représentent essentiellement les classes les moins aisées, séduites par les mesures de lutte contre la pauvreté. Favorables au maintien de la démocratie et de moins en moins favorables à la monarchie, elles soutiennent le parti Thai rak Thai devenu en 2008 le Pheu Thai dominé par la famille Shinawatra et qui remporte toutes les élections depuis 2001[16].
114
+
115
+ Un coup d'État a eu lieu le 19 septembre 2006, alors que le Premier ministre Thaksin Shinawatra était à New York, à l’occasion de l'Assemblée générale des Nations unies. L'armée a pris le pouvoir. Moins d'une semaine après la prise de pouvoir, l'armée déclare l'« état d’urgence généralisé ». Dès lors, celui-ci se retrouve appliqué à l'ensemble du pays et non plus seulement aux trois provinces musulmanes du sud.
116
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117
+ Des blindés ont entouré les bureaux du gouvernement à Bangkok et les militaires ont pris le contrôle des chaînes de télévision, avant d'annoncer l'instauration d'une autorité provisoire fidèle au roi de Thaïlande. Le premier ministre Thaksin Shinawatra déchu s'est réfugié à Londres où il possède une résidence secondaire. Surayut Chulanon, ancien commandant en chef de l'armée, a été investi en qualité de premier ministre par le roi de Thaïlande. Si son gouvernement ne comporte que deux anciens militaires, sur vingt-six ministres, il est sous le contrôle absolu des généraux de l'état-major. Le gouvernement provisoire a soumis au référendum un projet de Constitution anti-démocratique visant à limiter le pouvoir des élus au profit de l’armée. Approuvé à hauteur de 56,69 %, il a mené à la tenue d’élections législatives pour le 23 décembre 2007 à la suite desquelles le Parti du pouvoir du peuple (PPP), issu du Thai rak Thai de Thaksin a obtenu 232 sièges sur 480, à la déception des putschistes. Samak Sunthorawet, chef du PPP, a été élu Premier ministre par les députés (contre Aphisit Wetchachiwa, le leader du Parti démocrate soutenu par les généraux), a formé un gouvernement. Le 18 décembre 2008, un gouvernement dominé par le Parti démocrate et soutenu par les généraux a été désigné par le Parlement avec Abhisit Vejjajiva comme Premier ministre.
118
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119
+ Les luttes entre les « jaunes » et les « rouges » (partis politiques majeurs) bloquent le pays et en particulier la capitale de 15 millions d'habitants, Bangkok pendant des mois en 2010 et entre 2013 et 2015, avec de très fortes manifestations de rue et des violences[24].
120
+
121
+ En juillet 2011, la sœur cadette de Thaksin, Yingluck Shinawatra, a été élue avec une majorité écrasante. Elle est la première femme qui est devenue premier ministre en Thaïlande. Elle a été destituée le 7 mai 2014 par la Cour constitutionnelle de Thaïlande, sous la pression de la junte militaire dirigée par le général Prayut Chan-o-cha.
122
+
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+ Le 23 janvier 2015, le gouvernement formé par la junte militaire a condamné Yingluck Shinawatra à 5 ans d'inéligibilité prétextant son plan de subvention coûteux aux riziculteurs.
124
+ Le 20 mai 2014, l'armée instaure la loi martiale et la censure sur le territoire thaïlandais. Le coup d'État intervient le 22 mai par la voix du général Prayuth Chan-ocha, lorsqu'il annonce que les forces armées prennent le pouvoir « Pour que le pays revienne à la normale » et afin de « restaurer l'ordre et lancer des réformes »[25]. Plusieurs dizaines d’intellectuels, journalistes et militants sont détenus dans des camps militaires pour avoir enfreint la loi martiale dans les semaines qui suivent son adoption[26]. Toute critique à l'égard du Chef du gouvernement autoproclamé Prayut Chan-o-cha, de sa politique ou de ses proches est considérée, par ricochet, comme une atteinte au roi, et est punissable de 3 à 15 ans de prison comme tout autre crime de lèse-majesté[réf. nécessaire]. Cette mesure avait permis l'emprisonnement de nombreux opposants durant la période trouble des cinq années qui avaient suivi l'éviction du Premier ministre Thaksin Shinawatra par le coup d'État de septembre 2006. La dictature au pouvoir organise aujourd'hui une lutte acharnée et féroce à toute forme d'opposition, et a déjà bloqué des milliers de sites internet sur son territoire.
125
+
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+ En octobre 2016, Rama X devient le nouveau roi de Thaïlande.
127
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128
+ Actuellement, la société thaïlandaise est clivée entre les partisans de Yingluck Shinawatra, principalement des riziculteurs et les pauvres, et les élites de Bangkok, dont les généraux au pouvoir, qui les exècrent comme de « dangereux populistes »[27] Héritiers de la mouvance communiste, les membres du mouvement républicain thaïlandais ont pour la plupart rejoint les Chemises rouges dans les années 2000 pour s’opposer au régime militaire. Le républicanisme est considéré comme un crime de lèse-majesté et est passible de quinze ans de prison. Des militants républicains réfugiés au Laos sont assassinés par les autorités thaïlandaises[28].
129
+
130
+ Les provinces du sud, l’ancien royaume de Patani, sont majoritairement musulmanes et secouées par des violences interreligieuses et séparatistes depuis les années 1970. Entre janvier 2004 et juin 2009, ces tensions ont fait 3 700 morts[29]. 87 musulmans sont morts le 25 octobre 2004 après une manifestation dans la province de Narathiwat (« massacre de Tak Bai »). Six mois plus tôt, au cours de la tuerie de la mosquée de Krue Se (en) 32 « rebelles » avaient été tués par les forces de l’ordre.
131
+
132
+ Le 19 juillet 2005, le gouvernement thaïlandais impose l’état d’urgence dans le sud du pays pour rétablir la sécurité : des « rebelles » lancent des cocktails Molotov sur les bâtiments publics et des bonzes sont assassinés. Le 18 février 2007, une série d’attentats et d’incendies fait quatre morts et 49 blessés dans les provinces méridionales[30].
133
+
134
+ Le 25 octobre 2011, une série d’attentats fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés dans la ville de Yala[31].
135
+
136
+ Le conflit a fait plus de 7 000 morts entre 2004 et 2009. Des milliers de personnes suspectées d’être en rapport avec l’insurrection musulmane ont été emprisonnées, souvent en vertu de lois d’exception imposées à la région. Plusieurs ONG ont accusé les forces de sécurité de monter de toutes pièces des accusations contre des musulmans[32].
137
+
138
+ C’est l’année 1932 qui marque le début de la législation moderne thaïlandaise. En effet, avant la révolution de 1932 (en), il n’y avait jamais eu de constitution écrite en Thaïlande. Le roi établissait toutes les lois et il n’y avait pas d’acte constitutif établit par celui-ci. Le roi était considéré comme chef suprême qui dirigeait en accord avec dieu (Dharma).
139
+
140
+ La révolution, guidée par le Parti du Peuple thaïlandais (en), et s’insurgeant contre la monarchie absolue, résulte d’un coup d’État et d’une prise de pouvoir. À la suite de cela, une constitution est rédigée. La toute première constitution thaïlandaise reconnaît le régime politique comme monarchie constitutionnelle - en tout cas en théorie. Plusieurs constitutions ont ainsi alterné jusqu’à la rédaction de la constitution du peuple en 1997 (en). C’est cette constitution qui marque une véritable participation du peuple thaïlandais au sein du régime. En effet, cette constitution prévoyait deux chambres élues. La constitution reconnaissait l’existence de nombreux droits civiques et la mise en place de mécanismes institutionnels pour assurer la stabilité du régime et également des organes de contrôle et de sanction (cour constitutionnelle, tribunaux…)[33],[34].
141
+
142
+ Jusqu'aux années 2000, l’ordre hiérarchique traditionnel réserve l'espace politique à des personnes qualifiées de « supérieures » en termes moraux et de compétences, excluant les travailleurs pauvres et les petits paysans jugés trop incultes pour participer à la vie politique. L’ensemble des Premiers ministres thaïlandais ont mené des politiques non disruptives, avec peu d’impact sur la structure sociale. Thaksin Shinawatra introduit néanmoins certaines réformes sociales et politiques, mais ne peut les mener à bien face à l'opposition de l'armée[35].
143
+
144
+ Le 19 septembre 2006, l’armée effectue un coup d’État contre le Premier ministre Thaksin Shinawatra. La constitution de 1997 est abrogée aussitôt. Le pays est par la suite dirigé par l’entremise des lois martiales. Une constitution provisoire est publiée par l’armée le 1er octobre 2006. Les forces militaires organisent le 19 août 2007 le premier référendum de l’histoire en Thaïlande. 58,34 % de la population approuve le vote de la nouvelle constitution proposée par les militaires.
145
+
146
+ La tenue de ce référendum et son adoption prévoyaient de favoriser un retour à la démocratie et la tenue d’élections pour y parvenir. En décembre 2007, des élections furent organisées. La loi martiale est instaurée après la crise de 2013-2014, interdisant les rassemblements politiques[26].
147
+
148
+ Le gouvernement se divise en trois branches, pouvoir exécutif, pouvoir législatif et judiciaire[34].
149
+
150
+ Depuis 2016, le roi Rama X est à la tête du pays. Chef de l’armée, ses pouvoirs sont soumis et contraints par la constitution. Il est également tenu d’être bouddhiste et de défendre la pratique de la religion à travers son mandat.
151
+
152
+ Il est protégé des critiques notamment par l'article 112 du code pénal thaïlandais, assimilé à un crime de lèse-majesté, relevant de la sécurité nationale et pouvant aboutir à plusieurs dizaines d'années de prison[36]. Cette loi est fortement critiquée, étant applicable à tout individu (y compris hors de Thaïlande), et utilisée pour empêcher le débat démocratique depuis la prise de pouvoir d'une junte militaire au milieu du XXe siècle.
153
+
154
+ La force militaire de la Thaïlande se nomme Forces armées royales de Thaïlande. Elle est composée de trois divisions : la force armée royale maritime, la force armée royale aérienne et la force armée royale de terre. On compte actuellement 30 600 soldats actifs et 245 000 réservistes. Le chef de l’armée thaïlandaise est le roi mais ce titre n’est qu’honorifique. Dans les faits c’est le Premier ministre qui la dirige. C’est la seizième puissance militaire mondiale. Selon le quatrième chapitre de la constitution de 2007, il est du devoir de tous les citoyens de servir dans l’armée. Dans les faits, seulement les hommes de plus de vingt et un an peuvent le faire. Ainsi chaque année, tous les hommes de plus de vingt et un an sont éligibles au service militaire pour une période de six mois à deux ans. Dans les faits, on effectue un tirage au sort et seuls les personnes sélectionnées sont tenues de réaliser leur service militaire[33].
155
+
156
+ La section suivante a pour objectif de dresser un bref état des lieux des principales relations bilatérales entretenues par la Thaïlande : au niveau de l’organisation de l’ANASE, des États voisins et des quelques plus grandes puissances mondiales.
157
+
158
+ Organisation régionale :
159
+
160
+ France :
161
+
162
+ Historiquement, les premiers contacts entre la Thaïlande et la France remontent au milieu du XVIe siècle lorsqu’un prêtre français décida de se rendre sur le territoire afin d’y prêcher le christianisme, sans succès probant. La France avait alors pour ambition de répandre le christianisme et d’établir un protectorat au sein du royaume de Siam. En 1856, les deux pays signent un traité d’amitié et de commerce par Napoléon III et le roi Rama IV. Ce traité doit garantir une paix constante et une amitié continuelle entre les deux pays. La deuxième guerre mondiale verra s’affronter les deux États, notamment lors de la bataille de Koh Chang. En 1960, le roi Bhumibol et son épouse se rendent à Paris et sont reçus par le président Charles de Gaulle[37].Cette visite marque le début de l’établissement des relations modernes entre la France et la Thaïlande. Cependant, à l’inverse, depuis le traité de 1856, ce n’est qu’en 2006 qu’un président français (Jacques Chirac) se rend en visite officielle en Thaïlande. La Thaïlande est le partenaire le plus ancien de la France en Asie du Sud-Est. En 2016, les deux pays ont célébré 160 ans de relations bilatérales[33],[38].
163
+
164
+ Économiquement, la Thaïlande est le deuxième partenaire économique de la France au sein de l’ANASE, avec 2,3 milliards de dollars américains d’exportations. Selon le Ministère des Affaires étrangères français, plus de deux cent quatre-vingts entreprises françaises se sont implantées en Thaïlande. En Europe, la France est le cinquième investisseur de la Thaïlande[38].
165
+
166
+ En matière d’éducation, la France a mis en place, comme dans de nombreux pays, un programme bilatéral de bourses d’excellence. Celui-ci permet à des étudiants méritants de venir effectuer leurs études et inversement[38].
167
+
168
+ Birmanie :
169
+
170
+ Les relations entre la Birmanie et la Thaïlande sont marquées par une longue histoire commune de conflits. Entre le XVIe siècle et la Seconde Guerre mondiale, les deux États se sont affrontés dans de nombreuses guerres. Quatre grandes guerres exclusivement entre les deux pays sont à noter : 1547-1549, 1584–1593, 1594–1605, 1765–1767 et 1785–1786.
171
+
172
+ Au XIXe siècle, la Birmanie devint une colonie de l’Empire Britannique. Cela mit fin aux affrontements mais réduit aussi considérablement les interactions entre les deux pays.
173
+
174
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la Thaïlande envoya des troupes armées dans les États birmans de Shan et Kayah dans le but de se procurer de l’opium, mais cela créa un incident diplomatique. Ce n’est qu’une fois la guerre terminée, avec la création de l’ANASE, dont les pays sont membres que leurs relations diplomatiques furent officiellement établies. En 2010, après les élections législatives birmanes, un conflit frontalier a éclaté entre les deux pays. Forces armées nationales birmanes et l’armée de libération de Karen (qui milite pour l’indépendance du peuple Karen en Birmanie) se sont affrontées pendant deux ans, ce qui a forcé plus de 10 000 réfugiés à fuir vers la Thaïlande et a ainsi impliqué le pays dans le conflit.
175
+
176
+ En 2019, Les relations entre les deux pays sont très peu développées, mais les deux États maintiennent respectivement des ambassades en Thaïlande et en Birmanie[39].
177
+
178
+ Russie :
179
+
180
+ Le 3 juin 1897, la première réunion officielle du roi Siam Rama V Chulalongkorn et de l'empereur Nicolas II à Saint-Pétersbourg a eu lieu. Le roi Chulalongkorn le Grand a été le premier des rois siamois à visiter la Russie et à jeter les bases des relations diplomatiques entre la Thaïlande et la Russie.
181
+
182
+ À la fin du XIXe siècle, le roi du Siam s'est fixé les tâches suivantes: obtenir le soutien de la Russie pour résoudre les conflits avec la France dangereux pour le Siam et établir des relations diplomatiques avec la Russie. Dans une lettre datée du 3 février 1897 à l'empereur de Russie Nicolas II.
183
+
184
+ La Russie a une ambassade à Bangkok et deux consulats honoraires à Phuket et Pattaya. La Thaïlande a sa propre ambassade à Moscou et deux consulats à Saint-Pétersbourg et à Vladivostok.
185
+
186
+ En 2017, les pays de la Russie et de la Thaïlande célèbrent 120 ans d'établissement de relations diplomatiques entre la Russie et la Thaïlande. La célébration est un programme d'État mené par les gouvernements des deux pays.
187
+
188
+ Chine :
189
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190
+ La Chine (RPC) et la Thaïlande, au-delà de l’établissement de leurs relations formelles en 1975, disposent d’un passé commun depuis le début de notre ère. Au départ c’est avec Taïwan (République de Chine) que la Thaïlande établit des relations diplomatiques. En 1963, le roi thaïlandais de l’époque Bhumibol se rendit à Taipei. Cependant, en 1975 ce dernier coupe les relations avec Taïwan (République de Chine) au profit de la République Populaire de Chine. En effet, avant cela, le choix d’établir des relations avec Taïwan plutôt que la République populaire de Chine fut principalement la résultante de suspicions communes. La République populaire de Chine supportait activement les mouvements d’extrême gauche thaïlandais et la Thaïlande était méfiante vis-à-vis de l’implication de la République populaire de Chine dans le conflit prenant par alors au Cambodge. Cependant, en 1978 la République populaire de Chine soutient publiquement la Thaïlande dans sa présence au sein du conflit au Cambodge[40].
191
+
192
+ Commercialement, les deux pays sont d’actifs partenaires économiques. En 2003, les deux pays ont signé un accord bilatéral de libre-échange, majoritairement concernant les produits agricoles. La Chine est le second plus gros marché d’exportation de la Thaïlande. La Chine prévoit dans les prochaines années de créer le « China City Complex » en Thaïlande. Il s’agit d’un organisme ayant pour but d’augmenter de façon considérable les échanges entre les deux pays et au niveau de l’ANASE[40].
193
+
194
+ Militairement, l’armée royale thaïlandaise se fournit en grande partie en Chine. Les deux pays ont pour projet d’ouvrir une usine commune d’armes en Thaïlande à Khon Kaen.
195
+
196
+ États-Unis :
197
+
198
+ La Thaïlande est le premier pays asiatique a établir des relations formelles avec les États-Unis. En 1856, un traité d’Amitié, de commerce est de navigation est signé entre un représentant du gouvernement américain et le roi Rama IV, qui accordaient notamment aux Américains des droits extra territoriaux au sein de certaines parties du pays[41].
199
+
200
+ Économiquement, En 1966, les deux pays signent un traité d’amitié et de relations économiques qui facilitent l’accès à leurs marchés respectifs. En juin 2004, les deux pays négocient un accord de libre-échange. Cependant, le coup d’État de 2006 suspend la ratification de cet accord[42].
201
+
202
+ Le coup d’État de 2014 fut publiquement condamné par les États-Unis. Le secrétaire général de l’époque, John Kerry déclare publiquement que cet acte aura des conséquences négatives pour les relations bilatérales avec la Thaïlande, en précisant que cela sera particulièrement le cas concernant les relations de coopération militaire[43].
203
+
204
+ Militairement, les deux pays sont signataire du pacte de Manille de 1954, plus connu sous le nom Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE). Les États-Unis ont aidé la Thaïlande dans la construction et le renforcement de son armée, tant au niveau des infrastructures que de la technique militaire. En effet, des programmes d’entraînement des soldats thaïlandais par l’armée américaine furent mis en place. Les États-Unis ont ainsi dépensé près de vingt-neuf millions de dollars américains dans l’établissement de ces programmes. Cependant, le coup d’État de 2006 a entraîné la suspension de ces programmes et c’est encore le cas actuellement[41].
205
+
206
+ L’engagement des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme sur la scène internationale se concentre, parmi une série d’États, sur la Thaïlande. En effet, aux côtés de la piraterie, le terrorisme est devenu un des deux nouveaux enjeux de sécurité en Thaïlande. Un exemple probant de cela remonte à 2003 lorsque conjointement, la CIA et la police thaïlandaise ont capturé un combattant indonésien prêtant allégeance à Al-Qaïda[40].
207
+
208
+ ANASE :
209
+
210
+ La Thaïlande fait partie des cinq membres fondateurs de l’ANASE en 1967 aux côtés de quatre autres États : la Malaisie, Singapour, les Philippines et l'Indonésie[44].La déclaration de Bangkok signée par les cinq pays est l’acte constitutif de l’association qui a pour buts premiers de promouvoir la stabilité, la paix et d’accélérer le progrès économique, social et le développement de la culture. L’ANASE compte aujourd’hui dix membres. Selon le gouvernement thaïlandais, la participation à l’ANASE est un point central de sa politique régionale. Entre 2008 et 2012 le secrétaire général de l’ANASE était thaïlandais. Sous ce mandat, la Thaïlande met en avant plusieurs avancées significatives au sein de l’ANASE. Par exemple en 2009, c’est sous l’initiative de la Thaïlande que le plan de route pour la communauté de l’ANASE est voté pour une durée de six ans. Ce plan met en place une série de mécanismes pour guider l’association dans le développement de trois piliers : la communauté socio économique, la communauté politique et sécuritaire et la communauté économique. La Thaïlande revendique également son rôle central au sein de l’ANASE dans la promotion et développement des droits humains au sein de la communauté. C’est sous son impulsion et son secrétariat que fut créée La Commission Intergouvernementale de l’ANASE pour les Droits Humain en 2009[40],[45].
211
+
212
+ Indonésie :
213
+
214
+ Avant l’établissement de relations bilatérales moderne, l’Indonésie et la Thaïlande ont des relations depuis le VIIIe siècle environ. Pendant la période coloniale durant laquelle l’Indonésie était sous le joug néerlandais, la Thaïlande effectuait des visites diplomatiques auprès des dirigeants coloniaux. Le roi Rama V, s’est rendu à Java à trois reprises. C’est une fois l’indépendance de l’Indonésie obtenue en 1945 et leur reconnaissance en tant que nation souveraine quatre ans plus tard par les Pays-Bas, que la Thaïlande établit des relations avec la nouvelle nation indonésienne. Les deux pays sont parmi les membres fondateurs de l’ANASE[44].Ils font également communément parti de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique et du Mouvement des Non Alignés.
215
+
216
+ Économiquement, l’Indonésie est le sixième partenaire économique de la Thaïlande. En 2012, leurs échanges économiques s’élevaient à 17 milliards de dollars américains. Au sein de la communauté de l’ANASE elle est le troisième. Cependant, aucun accord bilatéral n’a été signé pour promouvoir les échanges et préserver leurs intérêts économiques[40].
217
+
218
+ Philippines :
219
+
220
+ Les historiens établissent des relations entre les Philippines et la Thaïlande depuis le XIIIe siècle. Durant la période coloniale, lorsque les Espagnols prirent le contrôle du territoire dès le XVIe siècle, les relations entre les deux pays existaient car le Royaume d’Espagne voyait la Thaïlande comme une possible expansion de sa domination coloniale[33].
221
+
222
+ En 1949, trois ans après avoir obtenu leur indépendance des États-Unis, les Philippines et la Thaïlande signent un Traité d’Amitié. Les deux États sont membres fondateurs de l’ANASE[44].Contrairement à ses relations avec d’autres États de la région, la Thaïlande a signé un grand nombre d'accords bilatéraux avec les Philippines. En effet, depuis 1949, vingt-trois ententes bilatérales ont été signées dans le domaine de la défense, du tourisme, de l’économie, l’agriculture, les télécommunications et l’échange de techniques et savoir faire[46].
223
+
224
+ Un volet important de leur relation, qui est d’ailleurs énoncé de manière claire par l’Ambassade des Philippines en Thaïlande, est la coopération mutuelle en cas de catastrophes naturelles. En mai 2010, la Thaïlande a délivré cinq cent vingt tonnes de riz au gouvernement philippin pour venir en aide aux victimes du typhon Ondoy. En 2011, la Thaïlande a ainsi donné cent mille dollars américains aux victimes de la tempête Sendong. De leur côté, les philippines ont envoyé des experts légaux et criminels pour aider la Thaïlande a identifier les victimes du Tsunami ayant eu lieu cette même année[46].
225
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226
+ Les deux capitales des pays, Manille et Bangkok, sont jumelées depuis 1997[40].
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+ Vietnam :
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230
+ La Thaïlande, a l’époque ou elle était le Royaume du Siam, a affronté le Vietnam dans de multiples guerres au cours des 18e et 19e siècles, principalement entre le royaume Ayutthaya (Siam) et Rattanakosin (Vietnam). C’est l’établissement des colons français au Vietnam, à l’époque Indochine Française, qui mit fin à ces affrontements[14].
231
+
232
+ Les relations modernes entre les deux États datent de 1986. Vers la fin de la guerre froide, le Vietnam change de direction concernant sa politique étrangère et accepte également les règles du jeu de la coopération propre à son adhésion à l’ANASE. En effet, face à une crise interne économique et politique le Vietnam décide d’adopter de nouvelles réformes « compréhensives » appelées Doi Moi. Au sein de ces nouvelles réformes, on trouve la création et le développement des relations bilatérales avec la Thaïlande. Cependant, au départ, des suspicions mutuelles politiques, économiques et territoriales perdurent. Ainsi, des mesures de construction de confiance mutuelles sont mises en place concernant les points les plus sensibles. Le premier point de discorde étant les conflits territoriaux. En 1997, un accord est signé pour délimiter de façon claire la zone maritime de chaque partie dans le conflit les opposant au sein du Golf de Thaïlande et créa une patrouille maritime commune pour la zone[47].
233
+
234
+ Aujourd’hui, les deux pays ont signé plus de trente accords bilatéraux dans les domaines de l’économie, de la politique et de la sécurité. En 2004, ils créent même un cabinet de consultation bilatérale pour la coopération stratégique[47].
235
+
236
+ Commercialement, les deux pays échangent énormément, mais le Vietnam souffre depuis 2007 d’un déficit commercial dans ses échanges avec la Thaïlande. De plus les deux pays se concurrencent sur de nombreux marchés d’exportations et de développement, et notamment deux majeurs : celui du riz et du niveau d’attractivité des investissements direct étrangers[48].
237
+
238
+ Cependant, depuis le coup d'État de 2006 en Thaïlande, qui a destitué le Premier ministre Thaksin Shinawatra, tous ces mécanismes tournent au ralenti. Un second cabinet de consultation commune, à la suite de celui de 2004 était prévu pour 2008 et n’a pas eu lieu et les visites de la part des chefs d’États se font très rares[47].
239
+
240
+ Cambodge :
241
+
242
+ Historiquement, le Cambodge et la Thaïlande entretiennent des relations depuis le XIIIe siècle. Les deux nations ont une longue histoire commune, marquée par de nombreux conflits qui perdurent encore aujourd’hui[49].
243
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244
+ Au XIIe siècle, lors de la mort du dernier roi Khmer Jayavarman VII en 1218, l’Empire Khmer connu un déclin graduel. La Thaïlande, ainsi que la Chine, a tenté de tirer profit de cette situation en cherchant à prendre le contrôle de plusieurs territoires. L’Empire survivra jusqu’en 1431, date à laquelle la Thaïlande réussit à prendre le contrôle d’Angkor Thom et força le roi en place à cette période à l’exil. Un siècle plus tard, la Thaïlande a tenté une nouvelle fois de prendre le contrôle de plusieurs parties du territoire cambodgien. Au fil des siècles, le Cambodge s’est senti de plus en plus menacé par ses voisins, la Thaïlande et le Vietnam. En 1863, le roi du Cambodge Norodom, incite la France à prendre le contrôle du Cambodge sous forme de protectorat, et le resta jusqu’en 1953. Pendant la période du protectorat français, la présence de l’administration française, mit un terme aux rivalités entre les deux pays. Durant cette période les relations bilatérales entre les deux États n’étaient que peu existantes. Ces éléments historiques, sont importants pour comprendre l’origine des relations tumultueuses entre les deux États[40].
245
+
246
+ Pendant la Guerre froide, le Cambodge suivait une politique neutre, mais reconnaissait la République populaire de Chine. La Thaïlande, au contraire, était un allié de États-Unis. De plus, à cette même période, le Cambodge est dirigé par les Khmers Rouges sous le régime du Kompuchea Démocratique. Ce mouvement, responsable du génocide cambodgien, força de nombreux Cambodgiens à s’exiler et demander asile en Thaïlande.
247
+
248
+ En 2003, des émeutes ont éclaté dans la capitale cambodgienne de Phnom Penh. Un journal cambodgien a alors publié les propos d’une actrice thaïlandaise qui affirmait que la ville d’Angkor Watt, devait appartenir à la Thaïlande. Cet évènement qui peut sembler minime, a déclenché des émeutes dans les rues de Phnom Pen. Il a également contribué à refroidir davantage les relations, déjà peu existantes, entre les deux pays. À la suite de cet évènement, le Premier ministre cambodgien a banni les émissions de télévision thaïlandaises[40].
249
+
250
+ En 2008, une dispute frontalière a démarré entre les deux pays. Le conflit a eu lieu au niveau du temple de Preah Vihear, au nord est du Cambodge. Le temple est situé sur une falaise qui appartient au Cambodge, mais l’accès à ce temple ne peut se faire exclusivement que par la Thaïlande. Des soldats thaïlandais ont alors pénétré sur le territoire et des tirs ont été échangés. Depuis ce jour, la dispute sur l’appartenance du territoire est toujours d’actualité et a fait plusieurs morts et blessés. Le conflit est aujourd’hui devant la Cour internationale de justice[50].
251
+
252
+ L’ambassade de Thaïlande au Cambodge, exprime le désir de transformer les huit cents kilomètres de frontière entre les deux pays, en une zone de paix et de stabilité. De plus, elle souhaite renforcer les relations bilatérales avec le Cambodge. L’ambassadeur de Thaïlande au Cambodge actuel, Panyarak Poolthup déclare ainsi sur le site officiel de l’Ambassade de Thaïlande au Cambodge, que la Thaïlande et le Cambodge partagent une culture, une religion et des racines qui doivent servir de socle pour bâtir de fortes et prospères relations bilatérales.
253
+
254
+ Économiquement, peu d’accords bilatéraux existent entre les deux pays. Cependant, les gouvernements thaïlandais et cambodgien ont fait part de leur intention de doubler leurs échanges commerciaux d’ici 2020, avec la signature d’un accord en 2015[48].
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+
256
+ En 1999, le pays rejoint l’ANASE, dont la Thaïlande est également membre[44].
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258
+ Laos :
259
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+ Historiquement, les deux pays frontaliers, ont des relations depuis l’existence de chacun des deux pays. Cependant, les relations bilatérales entre les deux États ont souvent été conflictuelles[40].
261
+
262
+ En 1980 un conflit entre des patrouilles maritimes laotiennes et thaïlandaises a éclaté, ce qui a conduit la Thaïlande à fermer complètement ses frontières avec le Laos. Ce n’est qu’en 1988 que le Premier ministre thaïlandais Chatchai Chunhawan rétablit le contact économique et frontalier entre les deux pays. Il s’ensuit alors une période d’échanges économiques, d’accord bilatéraux et d’assistance mutuelle dans de nombreux domaines (culture, infrastructures, éducation), très prospère. Par exemple, En 2011, lors des inondations meurtrières en Thaïlande, le gouvernement laotien a fait d’un d’1,5 millions de bahts au gouvernement thaïlandais afin de venir en aide aux victimes. En 2012, le gouvernement thaïlandais a accordé deux prêts de 718 et 84 millions de bahts, au Laos pour la construction d’infrastructures et le développement d’un aéroport. La Thaïlande exprime publiquement son désir de renforcer ses liens avec le Laos, dans tous les domaines. De plus, la Thaïlande souhaite investir davantage dans le développement du secteur privé au Laos[40],[51].
263
+
264
+ Les deux pays sont tous les deux membres de l’ANASE[44].
265
+
266
+ Le pays est divisé administrativement en 77 provinces, en considérant que Bangkok est elle-même une province, (jangwat - จังหวัด, singulier et pluriel), réparties en cinq groupes. Le nom de chaque province est dérivé du nom de sa capitale.
267
+
268
+ Ce n’est que par l’effet du Traité anglo-siamois de 1909 que l’ancien royaume de Patani devint partie intégrante du royaume de Siam, sous la forme de quatre nouvelles provinces : Pattani, Yala, Narathiwat et Satun.
269
+
270
+ En 2015, la Thaïlande est la seconde plus grande économie de l'Asie du Sud-Est, après l'Indonésie mais devant la Malaisie[53].
271
+
272
+ La Thaïlande est membre de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC).
273
+
274
+ Les Japonais investissent en Thaïlande et provoquent une industrialisation rapide dans les années 1980 et 1990, en particulier dans les industries électroniques et la sous-traitance mécanique, créant de nombreuses usines à bas coût pour alimenter leur machine industrielle.
275
+
276
+ Depuis 2001, le Produit intérieur brut (PIB) de la Thaïlande enregistre des taux de croissance particulièrement soutenus : 6,9 % en 2003, 6,1 % en 2004 et 4,5 % en 2005. La croissance prévisionnelle du PIB pour 2014 est d’environ 1,5 % selon la Banque mondiale. Le dynamisme de l’économie thaïlandaise repose sur une demande interne robuste (consommation et investissements privés), qui la rend moins sensible que certains de ses voisins aux à-coups de la demande mondiale. Ces bonnes performances ont permis au royaume de s’affirmer comme puissance économique régionale.
277
+
278
+ L'industrie (39,2 % PIB), fortement exportatrice, demeure le principal poumon économique du pays, loin devant le tourisme (env. 10 % PIB) : la Thaïlande est particulièrement compétitive dans les industries électroniques, chimiques, papetières, de construction (Siam Cement, 2e groupe Thaï, 24 000 salariés, cinq divisions : BTP, ciment, chimie, papier et distribution) et d'assemblage, les industries agroalimentaires et le tourisme. Elle attire également de nombreuses multinationales qui se servent de leur filiale thaïlandaise comme base d’exportation régionale, voire mondiale. Cependant, le montant élevé des importations thaïlandaises de matières premières devrait peser sur la croissance économique de 2005, notamment en raison de la hausse des prix du pétrole.
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+
280
+ Grâce à un pilotage fin de sa politique économique, le gouvernement a largement contribué aux performances actuelles. Selon une stratégie baptisée « dual track » (la voie double), le gouvernement ajuste son soutien en fonction de la conjoncture internationale : en période de ralentissement, les dépenses publiques soutiennent la consommation ; en période plus favorable, le rythme des dépenses diminue et le gouvernement peut s’attaquer aux réformes plus structurelles.
281
+
282
+ Cette politique est rendue possible par la situation remarquable des finances publiques : l'élargissement de la base fiscale conjugué à l'augmentation naturelle des revenus (du fait de la conjoncture) a permis au gouvernement de mettre un terme au déficit budgétaire dès 2003 et d'afficher un excédent de 0,7 % en 2012. Pour atténuer l'impact du ralentissement de 2005, les autorités avaient mis sur pied un vaste programme d'investissements publics destiné à moderniser en profondeur les infrastructures du pays, routes, transports et télécommunications en particulier. Outre un effet positif pour la croissance, ces projets d'investissement de long terme renforcent l'économie du pays et créent de nouvelles opportunités d'échanges et de croissance.
283
+
284
+ De 2006 à 2013, l'économie thaïlandaise a connu une croissance plus faible, avec une moyenne de 4 %, dopée par une industrie forte (39,2 % du PIB en 2012), de fortes exportations agricoles, une forte activité commerciale (13,4 % PIB, 2012) et logistique (9,8 % PIB, 2012) et dans une moindre mesure par la consommation intérieure. Et pourtant, du fait de l'affaiblissement des exportations en 2012 et 2013 à cause de plusieurs chocs économiques et politiques, la consommation intérieure voit sa part dans la croissance grandir au fil des ans. Le PIB était de 366 milliards de dollars en 2012, faisant ressortir un PIB/habitant de 5 390 $ par habitant, soit 449 $ (environ 400 €) par mois et par habitant en moyenne.
285
+
286
+ La fortune cumulée des 50 Thaïlandais les plus riches s'élève à plus de 160 milliards de dollars en 2019[54]. Les bénéfices de la croissance et de l’industrialisation de ces dernières décennies ont été essentiellement captés par l’aristocratie traditionnelle et les nouvelles élites économiques et financières. Selon le rapport du Crédit suisse de 2018 sur la répartition de la richesse mondiale, 1 % de la population détient 66,9 % de la richesse du pays. Les stratégies de bas salaires/hauts profits ainsi que le désinvestissement de l'État envers les campagnes a conduit à une fracture rurale-urbaine et à l’exclusion de pans entiers de la société confrontés à l’exode, à la massification du secteur informel, à l'absence de protection sociale ou aux difficultés d'accès à l’éducation et aux services de base[55].
287
+
288
+ Les familles thaïes d'origine chinoise, qui ne comptent qu'environ 6 % de la population, contrôlent la plupart des secteurs économiques du pays[56].
289
+
290
+ L'agriculture, la transformation et l’exportation de produits agricoles, notamment du riz, ont formé l’ossature de son économie. Bien que parmi les pays les plus prospères d'Asie, le fait qu'elle dépende d'une monoculture l'a rendue extrêmement sensible aux fluctuations des cours mondiaux du riz et aux variations de la production. Le gouvernement thaïlandais s'est efforcé d'atténuer cette fragilité en cherchant à diversifier l'économie et à promouvoir des méthodes de culture scientifiques comme l'irrigation contrôlée des rizières, de façon à stabiliser la production même lorsque les précipitations sont insuffisantes. Les élevages de crevettes sont aussi une source majeure d'exportations. La Thaïlande compte ainsi plus de 30 000 élevages donnant une production de 280 000 tonnes en 2006. Ces exportations génèrent un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars et ont majoritairement lieu vers l'Europe, le Japon et les États-Unis. Mais une partie de la pêche qui sert à alimenter les crevettes est régulièrement accusée au début des années 2010 de détruire les mangroves naturelles et d'être réalisée par des migrants réduits en esclavage[57]. Le PIB du secteur agricole, du fait d'une moindre croissance que l'industrie ou le tourisme, ne représente plus que 8,4 % du PIB en 2012. La Thaïlande est aussi traditionnellement un important exportateur de produits issus de la canne à sucre, grâce à son climat et à des sols propices. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa cinquième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[58].
291
+
292
+ À partir du milieu des années 1980, le tourisme joue un rôle majeur dans le développement économique du pays. La croissance annuelle fut exceptionnelle entre 1985 et 1993 (de l’ordre de 10 %). Elle est encore de 8 % en 1993, année où le PNB s’élevait à 136,9 milliards de dollars. Le Japon, les États-Unis, l’Allemagne, la Malaisie, la Chine et les Pays-Bas sont les principaux partenaires commerciaux de la Thaïlande.
293
+
294
+ Après le tsunami de fin 2004 qui a touché toute l'infrastructure hôtelière et la côte sud-ouest, les touristes désertent les lieux, laissant des commerçants thaïs exsangues. La majorité des centaines de morts de décembre 2004 sur les côtes étaient étrangers, en particulier Allemands, Suédois, Danois, Anglais et Australiens. Les prix de l'immobilier ont baissé à Koh Lanta (par exemple) de presque 50 %. Grâce à ses autres ressources touristiques, la Thaïlande s'est remise de ce cataclysme avec une croissance touristique de plus de 10 % en 2006 par rapport à 2005 après la chute et les annulations dues au tsunami.
295
+
296
+ En 2019, la Thaïlande a accueilli 39,7 millions de touristes[59], se classant au 9e rang mondial[60]. En 2019, les dix-sept principaux pays d'origine des touristes étaient :
297
+
298
+ L'évolution de l'arrivée des touristes par rapport à 2018 est indiquée entre parenthèses.
299
+
300
+ Longtemps restreinte au tourisme balnéaire vers les plages de sa péninsule, la Thaïlande souhaite développer les voyages culturels et attirer les touristes vers les provinces du nord, riches en vestiges archéologiques.
301
+
302
+ Parmi les monuments des provinces, on peut citer :
303
+
304
+ Les visiteurs entrant en Thaïlande doivent être en possession d’un passeport en cours de validité (encore valide au moins 6 mois à compter de la date d’entrée dans le pays). Les visiteurs, membres de la Communauté européenne, entrant en Thaïlande pour des motifs touristiques, sont dispensés de visa d’entrée : c’est le « transit without visa » (ou exemption de visa), une formalité gratuite, mais limitée dans le temps (30 jours)[61] et extensible de 30 jours supplémentaires dans un des bureaux d'immigration du pays[62], délivré dans les aéroports. Aux postes frontières, il n’est délivré qu’au maximum deux fois par année calendaire.
305
+
306
+ Pour la plupart des pays de l'Union Européenne, il est possible de demander un visa touristique valable 60 jours renouvelable 30 jours en payant 1900 baths (environ 50 €) au bureau d'immigration local. Il n'est pas possible de revenir dans le pays après la sortie même si le délai de 3 mois n'est pas dépassé, sauf si ce visa comporte des entrées multiples.
307
+
308
+ Les transports en Thaïlande sont variés, sans qu'un moyen de transport particulier prédomine. Les bus sont fortement utilisés pour les trajets longue distance et à Bangkok, tandis que les motos supplantent les vélos dans les villes. Le transport routier est le principal moyen de transport des marchandises dans le pays. Le réseau ferré existe depuis longtemps mais les lignes sont lentes, bien qu'il soit prévu de déployer des lignes à grande vitesse dans plusieurs régions de Thaïlande. Le transport aérien intérieur a récemment connu un gain de popularité, grâce à l'arrivée de compagnies low-cost. Dans les grandes villes, il existe un service public de moto-taxis. À Bangkok, le nombre de taxis en circulation est impressionnant. Depuis l'ouverture du métro aérien de Bangkok en 1999, le nombre de passagers journaliers a dépassé les 800 000 et plusieurs lignes additionnelles sont en construction. L'automobile, dont la croissance rapide a contribué à l'engorgement du trafic de Bangkok au cours des deux dernières décennies, a gagné en popularité, en particulier auprès des touristes, des expatriés, de la classe aisée et d'une partie grandissante de la classe moyenne. Le réseau autoroutier se construit graduellement. La plupart des cours d'eau navigables accueillent des bateaux ou offrent des services de transport. Enfin, on note plusieurs moyens de transport particuliers, tels que le tuk-tuk ou le voyage à dos d'éléphant en zone rurale.
309
+
310
+ Le réseau ferroviaire thaïlandais est géré par la compagnie nationale State Railway of Thailand (SRT) en thaï การรถไฟแห่งประเทศไทย. Ce réseau comprend plus de 4 000 km de voies ferrées.
311
+
312
+ La gare Hua Lamphong, au centre de Bangkok, est le point de départ des lignes de trains partant vers tout le pays. Les quatre lignes principales sont le réseau nord, qui va jusqu'à Chiang Mai, le réseau nord-est, qui va jusqu'à Ubon Ratchathani et la frontière laotienne, le réseau est, qui va jusqu'à Aranyaprathet à la frontière cambodgienne, et le réseau sud, qui va jusqu'à la frontière malaisienne. La gare de Thonburi est le point de départ des trains pour Kanchanaburi et son célèbre pont.
313
+
314
+ Le train de prestige, le Eastern and Oriental Express (en), circule régulièrement entre Bangkok et Singapour, et entre Bangkok et Chiang-Mai chaque semestre.
315
+
316
+ Bangkok est la seule ville du pays équipée d'un métro (depuis 1999 pour sa partie aérienne et depuis 2004 pour sa partie souterraine) et d'un service de bus touristique.
317
+
318
+ Le principal aéroport de Thaïlande est l'aéroport de Suvarnabhumi à Bangkok, avec plus de 55 millions de passagers en 2017. Viennent ensuite les aéroports internationaux de Don Mueang (Bangkok), Phuket et Chiang Mai.
319
+
320
+ La compagnie nationale est Thai Airways International, fondée en 1988, qui compte 84 destinations dans 37 pays en 2018. Elle fait partie des dix meilleures compagnies du monde selon Skytrax cette année-là[64]. Elle possède une filiale low-cost nommée Thai Smile. La compagnie privée Bangkok Airways assure des vols réguliers depuis 1986 et possède trois aéroports en Thaïlande dont celui de Ko Samui. Elle dessert 12 destinations en Thaïlande et 18 à l'étranger[65]. Le nombre d'avions des compagnies à bas prix basées en Thaïlande est passé de 42 en 2013 à 136 en 2018. Les trois plus grandes compagnies sont AirAsia (filiale de la compagnie malaisienne AirAsia), Thai Lion Air (filiale de la compagnie indonésienne Lion Air) et Nok Air (dont l'actionnaire principal est Thai Airways)[66].
321
+
322
+ De nombreux cours d'eau sont navigables dans le pays, formant un réseau de 3 999 km. À Bangkok, la Chao Phraya est une artère principale de communication sur laquelle naviguent ferries [67], bateaux-taxis ou encore les barques traditionnelles long-tails propulsées à l'aide d'un moteur de camion.
323
+
324
+ Des ferrys relient des centaines d'îles au continent, et circulent aussi sur les rivières navigables. Il existe de nombreux ferrys internationaux.
325
+
326
+ Le réseau routier thaïlandais comporte environ 64 600 km de routes.
327
+
328
+ Les voies rapides relient toute la Thaïlande. Elles sont souvent traversées par des passages piétons, espacés d'environ 250 m en zone urbaine. Elles n'ont pas de voies d'insertion ni de décélération mais ont une séparation centrale, excepté à Bangkok où abondent les voies pour demi-tour. De nombreuses routes à deux voies ont été converties en quatre voies à séparation centrale, augmentant ainsi grandement sécurité et vitesse.
329
+
330
+ Le système autoroutier est restreint (145 km) mais le gouvernement thaïlandais prévoit des investissements massifs pour l'étendre.
331
+
332
+ Le bus est un moyen de transport majeur pour les personnes et les marchandises, et le plus populaire pour les trajets longue-distance. Il existe des bus luxueux pour les circuits touristiques, tandis que les bus de ville ou de seconde classe sont souvent anciens et couverts de peinture et de publicités.
333
+
334
+ Statistiques de The World Factbook : (Estimations juillet 2016).
335
+
336
+ Si la langue officielle parlée par au moins 85 % de la population est le thaï, les linguistes dénombrent plus de 60 langues en Thaïlande.
337
+
338
+ Le thaïlandais ou thaï est proche des deux dialectes lao parlés au Laos (dont le plus important est le Lao Soung avant le Lao Soum), La seconde langue maternelle est le chinois, langue présente en deux dialectes (entre 1 et 2 000 000 de locuteurs), dont le Hakka, avec environ 70 000 locuteurs. L'anglais est la seconde langue administrative et la langue commerciale, et est parlé en seconde langue par 3 500 000 locuteurs réels ou partiels. Mais l'anglais a tendance à faire jeu égal avec le chinois, qui, cependant a toujours été important comme langue commerciale. Le français, qui fut la troisième langue administrative après le thaï et l'anglais, de 1885 à 1945, et la seconde langue diplomatique, après l'anglais, est très peu parlé par les Thaïlandais de nos jours (moins de 2 000 francophones), mais de nombreux ressortissants français, belges, ou canadiens francophones vivent dans le sud de la Thaïlande, dans les zones touristiques. Le roi parle le thaï, l'anglais et le français, ce qui était dans la norme de l'éducation d'un prince avant 1946. Le successeur du roi Rama IX parle le thaï, l'anglais, et le chinois mandarin.
339
+
340
+ 94.6 % des Thaïlandais sont bouddhistes, 4.6 % des musulmans, 0.7 % des chrétiens et le reste de diverses religions[69].
341
+
342
+ La constitution thaïlandaise garantit l’accès aux soins à chaque citoyen dans différents domaines. Elle précise que l’État doit fournir un service de santé publique à la population, c’est pourquoi des indicateurs ont été créés afin de mesurer la couverture moyenne des services.
343
+
344
+ En 2003, avec son neuvième plan national de développement de la santé, l’État s’est engagé à assurer à tous les citoyens de Thaïlande de bonnes conditions de santé. Cette politique s’attache, non seulement à traiter les maladies, mais aussi à toucher les populations marginalisées telles que les pauvres des zones urbaines, les immigrants sans papiers, etc. Une loi, adoptée en 2002, prévoit le développement d’une caisse nationale d’assurance.
345
+
346
+ La culture de la Thaïlande est profondément imprégnée par le bouddhisme theravāda, religion officielle. Une grande part des arts — peinture, sculpture, architecture, danse et musique — subit cette influence et est au service des représentations traditionnelles du bouddhisme et de ses dérivés. Conformément aux enseignements de Bouddha, les moines pratiquent l’ascétisme. Tous les matins, ils vont chercher leur nourriture auprès des habitants et des commerçants vers 6 h du matin (même dans la capitale mégapole, Bangkok - Krung Thep en thaï).
347
+
348
+ On observe aussi une grande pérennité des croyances animistes. Elles se manifestent dans la croyance aux amulettes magiques et dans le culte domestique rendu aux « esprits du lieu » (chao thi), auxquels sont consacrées les maisons des esprits, petits édicules présents devant les habitations ou magasins (quand cela est possible) et que les Thaïs remercient ou prient tous les jours s’ils le peuvent par des offrandes (des colliers de fleurs et de la nourriture).
349
+
350
+ En Thaïlande, on parle « des cultures » plutôt que de « la culture », à savoir : culture bouddhique, culture profane traditionnelle et culture musulmane. Les musulmans vivent dans le sud du pays, sur la péninsule, près de la frontière avec la Malaisie, dans les trois provinces de Pattani, Yala et Narathiwat.
351
+
352
+ À l’origine, les Thaïs seraient venus de Chine du sud (province du Yunnan) à partir du XIe siècle[70]. Toutefois, la langue thaïe n’a pas de parenté avec le chinois. Elle appartient au groupe tai de la branche dite kam-tai de la famille des langues taï-kadaï.
353
+
354
+ La culture bouddhique et traditionnelle englobe la Thaïlande entière, et comprend en gros deux types de cultures : la culture laotienne dans les provinces du Nord-est et du Nord (appelé jadis « Lanna-Lao », puis « Lanna-Thai »), et la culture thaïlandaise proprement dite (dite siamoise). Lorsque le pouvoir s’installe à Bangkok en 1782, après la destruction d’Ayuthaya par les Birmans en 1767, les dirigeants siamois font appel aux artistes et artisans lao pour construire la ville elle-même. La pagode du Bouddha d’Émeraude « Wat Prakao » (à prononcer « ouat prakéo ») à Bangkok fut érigée par eux, emmenés de force par les Siamois, après le sac de Vientiane (capitale du royaume lao) par l’armée siamoise vers 1778.
355
+
356
+ Le Nord-Est, ou Isan, est habité par des populations proches des Lao, que l’on appelle « Thaï Isan ». Ils ont une culture distincte (très fortement influencée maintenant par la télévision thaïlandaise), car ce territoire faisait partie intégrante du royaume lao de Lan Xang, avant l’arrivée des Français en 1893. Annexé définitivement par le Siam dans les années 1900, après le Traité franco-siamois du 3 octobre 1893, ce territoire prit le nom d’Isane (« Nord-est ») vers 1907-1910. Depuis lors, les lao du Nord-Est ou les « lao isane » perdent leur identité ethnique, actuellement sous le nom « thaï isane » (la nourriture isane est très spécifique à la région et désormais recherchée et reconnue dans toute la Thaïlande), parlant toujours lao et ont du mal à sauvegarder leur culture. Dans les années 1930, les lao du nord-est étaient opprimés par le pouvoir en place (sous P. Pribun-Sangkhrama) : ils n’avaient pas le droit de parler lao, de chiquer du bétel, de porter des jupes lao pour les femmes, etc.
357
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358
+ Il existe peu de bâtiments antérieurs à l'an 1000, généralement ruinés ou trop restaurés, ce sont essentiellement des constructions religieuses : jusqu'au XVIIe siècle les bâtiments civils étaient construits en matériaux périssables.
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+ Un wat (du pali : avasa et du sanskrit : avasatha; parfois orthographié vat) signifie « école ». En Thaïlande, dans la langue quotidienne, wat désigne n'importe quel lieu de culte.
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+ Un wat-type comprend les bâtiments suivants[71],[72] :
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+ Les moines vivaient à l'origine dans le wihan. Leurs habitations (y compris leurs cellules, les kuti) sont aujourd'hui séparées des bâtiments sacrés.
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+ Elles sont construites sur pilotis pour les protéger des inondations. Le toit de chaume est souvent remplacé par un toit de tôle.
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+ On accède au premier étage par un escalier extérieur, réduit à une simple échelle dans les zones rurales. On se déchausse en général au bas des marches. L'escalier mène à une sorte de véranda couverte dont le sol est en bois. Cette véranda sert de salle à manger. De la véranda, on accède à une grande pièce, parfois la seule de la maison. Derrière, un autre balcon sur pilotis donne sur un petit bâtiment isolé qui sert de cuisine[74],[75].
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+ Les artistes thaïs ne possédaient au départ qu'un ensemble de cinq couleurs primaires (le rouge, le bleu, le jaune, le blanc et le noir), dont ils se servaient pour produire d'autres sortes de pigments. Ces pigments permettaient alors aux artistes de créer des peintures murales, aussi utilisées pour les bannières et les illustrations. Les représentations étaient plus ou moins grandes selon le degré d'importance, l'utilisation de l'ombre n'existait pas encore et les techniques picturales étaient très évoluées pour l'époque. Dans une optique religieuse et traditionnelle, la peinture thaï orna les murs des temples et des palais, tout comme les illustrations des livres. La religion, ainsi que la royauté, prit rapidement une place importante au sein même des peintures afin d'y faire ressortir la beauté des objets et des richesses.[76]
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+ Au XIXe siècle, les pigments s'enrichirent et de nouvelles techniques, venues d'Occident, déferlèrent pour donner aux peintures un aspect plus moderne. L'utilisation des feuilles d'or apporta plus de lumière aux représentations et les couleurs plus de détails. Malgré la persévérance du style traditionnel, certains artistes réussirent l'exploit de créer leur propre style, né de la fusion entre le style traditionnel et le style occidental, un style unique alliant tradition et modernité.
373
+
374
+ Durant la période de Sukhothaï (XIIIe – XVe siècle), les sculptures représentaient généralement Bouddha assis. Leur taille pouvait aller de onze mètres de large pour de grandes statues, comme on peut le voir aujourd'hui dans le temple Wat Si Chum, à la taille d'un pouce pour de petites amulettes. Ces sculptures étaient faites le plus simple possible afin de garantir la sérénité énigmatique émanant du Bouddha. Les détails, tels que les muscles ou les structures du corps, n'étaient donc pas acceptés.
375
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376
+ Beaucoup de monde en occident connaît les objets artisanaux thaïlandais, expression fidèle de la vie culturelle d’un peuple. Ils montrent les coutumes et les goûts de la majorité de ce peuple plutôt que ceux d’un petit groupe ou d’une élite cultivée. On trouve nombre d'objets artisanaux très utiles venant de plusieurs provinces, par exemple un panier en bois qui sert à mettre du riz.
377
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+ De plus, il y a les récipients qui reflètent le mode de la vie thaï. Les Thaïs les utilisent pour boire de l’eau. Les céladons se fabriquent au Nord aussi. Ils sont originaires de la région de Chiang Mai. En général, il y a plusieurs objets artisanaux qui reflètent le mode de vie thaï comme les nattes tressées, celles que les thaïs utilisent pour s’asseoir par terre. Ces nattes sont tressées à la main. Le service à bétel (c’est-à-dire “หมาก” en thaï) des personnes âgées. Le mouvement des poissons peut faire que les enfants s’y intéressent.
379
+
380
+ De ce fait, les objets artisanaux offrent une vision du mode de vie d’un peuple. Ils sont souvent attirants et élégants grâce à l’habileté de l’artisan. En Thaïlande, certains objets sont rarement vus hors des villages producteurs. Pourtant, on continue à les fabriquer de façon traditionnelle et à les utiliser dans la vie quotidienne. D’ailleurs, ces objets sont exportés dans le monde entier non seulement cela améliore l’économie thaïlandaise, mais aussi le revenu par tête des habitants.
381
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382
+ Les traditions étaient différentes selon les régions. Au nord de la Thaïlande, les poteries étaient légèrement vernies avec de la terre cuite et huilées afin de retenir les liquides à l'intérieur des récipients. La coutume voulait que soient placés au-dehors des temples et des maisons des pots pour étancher la soif des étrangers de passage.
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+ Dans le Nord-Est, à Nakhon Ratchasima, ou à Ratchaburi, à l'Ouest de Bangkok, des poteries brun foncé sont produites dans des fours sous toutes les formes et sont connues pour leurs belles décorations aux couleurs jaunâtre et verte, ornées de dragons et de motifs floraux.
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+ À la fin du xiiie siècle, la technique du bleu-vert céladon fit son apparition lorsque le roi de Sukhothai demanda à 300 potiers chinois de rejoindre son royaume[77]. Cette technique est encore utilisée de nos jours selon les mêmes procédés utilisés dans l'ancien temps.
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388
+ La littérature thaïlandaise est la littérature des Thaïlandais, presque exclusivement écrite en thaï (bien que différents systèmes d'écriture autres que le thaïlandais puissent être utilisés). La plupart des œuvres littéraires imaginatives en thaï, avant le XIXe siècle, ont été composées en poésie. L'écriture en prose était réservée aux documents historiques, aux chroniques et aux documents juridiques. Par conséquent, la forme poétique en langue thaïlandaise est à la fois nombreuse et très développée. Le corpus des œuvres poétiques pré-modernes de la Thaïlande est vaste. Ainsi, bien que de nombreux ouvrages littéraires aient été perdus avec le sac d'Ayutthaya en 1767, la Thaïlande possède encore un grand nombre de poèmes épiques ou de longs récits poétiques- certains avec des histoires originales et d'autres avec des histoires tirées de sources étrangères. C'est un contraste frappant entre la tradition littéraire thaïlandaise et les autres traditions littéraires est-asiatiques, comme le chinois et le japonais, où les longs récits poétiques sont rares et où les poèmes épiques sont presque inexistants. La littérature classique thaïlandaise a exercé une influence sur la littérature des pays voisins de l'Asie du Sud-Est, en particulier le Cambodge, le Laos et la Birmanie.
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390
+ Au sein de la culture dramatique thaïlandaise, se distinguent plusieurs sortes de théâtre. Depuis la période d'Ayutthaya se sont créés quatre styles différents de théâtre, le Khon[78], le Lakhon, le Nang Talung[79] et le Nang yai[80] (et leurs marionnettes Hun).
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+ Le Khon était joué uniquement par des hommes, même lorsque les personnages représentaient des femmes. Plus tard, dans le XIXe siècle, la femme reprit son rôle en tant qu'actrice dans les représentations. Ce genre de théâtre classique mélange jeu d'acteur et danse. La musique joue aussi un grand rôle dans les représentations car elle est à l'origine des actions exécutées par les acteurs, comme marcher, courir, rire...
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+ Les acteurs ne portant pas de masque ont à certains moments le droit à la parole, au contraire des acteurs masqués. Pour ces derniers, une chorale chante et récite des versets accompagnant leurs actions. Les masques de ces acteurs étaient richement décorés d'or, de laque et de bijoux. Chacun d'entre eux dévoilait une personnalité différente grâce à la signification de sa mimique. Les costumes, tout aussi riches et dignes d'habits royaux, étaient particuliers par leur couleur qui conférait aux acteurs le titre de personnages principaux.
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+ Le Lakhon, différent du Khon malgré la ressemblance des costumes, est plus expressif dans ses représentations. Le corps y est en constant mouvement, fluide, gracieux, ce qui donne à la danse un caractère émotionnel sans précédent. Le port du masque est réservé aux créatures fictives. Les représentations étaient fondées principalement sur le Ramakian, mais aussi sur les Jātaka (récits des vies antérieures du Bouddha) et autres contes populaires.
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+ 1990, on peut parler d'une "nouvelle vague" thaïlandaise, avec l'apparition de réalisateurs tels que Prachya Pinkaew, Banjong Pisanthanakun, Nonzee Nimibutr, Pen-ek Ratanaruang ou Apichatpong Weerasethakul, mondialement célébrés dans les festivals, ou de stars du cinéma d'action comme Tony Jaa. Films d'arts martiaux avec Tony Jaa: Ongbak (2003), L'Honneur du dragon (2004), Ongbak2 (2008), Ongbak3 (2009)[81]. Films d'horreur populaires en Asie: Shutter (2004), The Unseeable (2006), Le Pensionnat (2006), Alone (2007). Comédie horrifique: Peemak (2013) avec 33 millions de dollars au box-office surtout en Asie[82]. Films d'animation thaïlandais tels que: Khan Kluay (2006), Yak (2012), The Legend of Muay Thai: 9 Satra (2018).
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+ Le film historique est aussi un incontournable du cinéma thaïlandais : l'une des plus grosses productions est Suriyothai de Chatrichalerm Yukol en 2003. On peut citer également King Naresuan (2006), qui évoque le règne de Naresuan au XVIe siècle. D'autres films , tels Bang Rajan (2000).
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+ Parmi les artistes de danse pop de renommée internationale, citons Tata Young et Lalisa Manoban[83].
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+ La cuisine thaï est très parfumée car elle utilise une variété d'herbes et de racines. Le pays est riche en fruits de mer, en poissons, en produits fermiers, en légumes, en herbes, en épices et en fruits. La présentation ajoute au plaisir de la dégustation. La sculpture des fruits et des légumes est en effet un art dans lequel excellent les Thaïlandais.
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+ La cuisine thaïlandaise, bien que semblable en certains points à celle de ses voisins chinois, indiens et birmans, se démarque par des saveurs et des ingrédients originaux, tels que le curry, la menthe, la citronnelle, la coriandre ou encore le basilic rouge. Pimentée à l'excès pour le palais occidental et presque toujours accompagnée de sauces ou fumets de poisson (nam pla), elle rencontre un succès international croissant.
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+ Phat thai
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+ Phat kaphrao Kai
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+ Khao lam
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+ Tom yum
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+ Tom yum Kway teow
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+ Curry panang
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+ Som tum
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+ Muay-thaï est un art martial, et plus précisément, un sport de combat. La boxe thaï trouve son origine dans des pratiques martiales ancestrales, notamment dans le muay boran (boxe traditionnelle) et le krabi krabong (pratique avec les armes). Elle est la plus popularité au fait qu’elle est une discipline nationale professionnalisée. Sa pratique permet à de nombreux pratiquants, athlètes (même très jeunes), entraîneurs, managers et promoteurs, d'en vivre. Elle représente un marché lucratif en Thaïlande générant autour d’elle une économie non négligeable. Comme les boxes apparentées elle a la réputation d’être une pratique de combat particulièrement violente et on lui reproche surtout de répandre l'idée selon laquelle « tous les coups sont permis ». Le muay-thaï est la forme moderne (codifiée au milieu du XVIe siècle) du muay-boran.
427
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+ Au XVIe siècle, le muay-thaï faisait partie de l'entraînement militaire. Le roi Naresuan le grand (r. 1590-1605) aurait encouragé sa pratique à ce titre[84]. Il atteignit sa plus grande popularité au début du XVIIIe siècle, sous le règne de Pra Chao Sua, "le Roi Tigre". C'était le passe-temps favori de la population ; chaque village organisait des combats régulièrement. Le roi, qui était un boxeur de première force s'amusait à défier les champions locaux ! À l'époque les combattants protégeaient leurs poings en se bandant les mains avec du crin de cheval.
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+
430
+ Selon une légende, Naï Khanom Tom, soldat et boxeur capturé par les birmans en 1767, fut opposé à dix champions birmans qu'il mit K.O.. Il est devenu un héros national, auquel les Thaïlandais rendent hommage chaque année à l'occasion de la « Nuit des boxeurs »[85].
431
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432
+ La pratique de la boxe thaïlandaise est considérée comme sport national en Thaïlande. De nombreux petits clubs d'entraînement (appelés « camps ») parsèment le pays et accueillent les jeunes à partir de sept ans. Les combats importants sont régulièrement retransmis tous les samedi et dimanche par les chaînes de télévision régionales et nationales.
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+ Les deux stades de muay-thaï les plus connus se trouvent à Bangkok : ce sont le stade de boxe du Lumpinee et celui du Rajadamnoen. Connus dans le monde entier, ils sont considérés comme la référence absolue en muay-thaï.
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+ Chez les professionnels, le combat se déroule en cinq rounds de trois minutes. Il est précédé par une « danse » rituelle : le Wai Khru Ram Muay durant laquelle le nak-muay (boxeur) porte le mongkon (bande de tissu autour de la tête pour marquer la tradition du peuple thaï et, entre autres, manifester le respect à son entraîneur ainsi que pour optimiser sa perception mentale). Cette danse est composée de gestes codifiés exécutés par les deux adversaires individuellement et qui peuvent être propres à chaque école ou style de muay-thaï.
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+ Les coups autorisés sont les suivants : coups de poing, de coude, de genou et de pied. Les corps à corps peuvent être assez longs, et sont souvent l'occasion de coups de genou et peuvent se terminer par une projection voire être interrompus par l'arbitre. Le coup de pied circulaire à différentes hauteurs (tête, tronc et cuisses) est souvent délivré avec le tibia. Le coup de pied circulaire semble le plus usité et est souvent considéré comme le « coup de base » du combattant de compétition. Il est également possible d'effectuer une balayette dans le but de faire tomber et déstabiliser l'adversaire.
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+ Dans le passé le travail des armes, le krabi krabong (thaï : กระบี่-กระบอง) était un système d'attaque et de défense inventé par des guerriers inoccupés pour pratiquer et évaluer leur habileté au combat, aussi bien que pour se maintenir affuté et compétent pour la guerre. Sur le champ de bataille, ces techniques affinées sont devenues de véritables tourbillons de destruction et de mort.
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+ Loi Krathong
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+ Loi Krathong
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+ Nouvel an Thaï
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+ Nouvel an Thaï
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+
472
+ Asie du Sud
473
+
474
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+
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+ Asie du Nord
477
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/5675.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,130 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Thalès de Milet, appelé communément Thalès (en grec ancien : Θαλῆς ὁ Μιλήσιος / Thalễs ho Milếsios), est un philosophe et savant grec, né à Milet vers 625-620 av. J.-C. et mort vers 548-545 av. J.-C. dans cette même ville[1],[2],[3].
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5
+ C'est l'un des Sept sages de la Grèce antique et le fondateur présumé de l'école milésienne. Philosophe de la nature, il passe pour avoir effectué un séjour en Égypte, où il aurait été initié aux sciences égyptienne et babylonienne. On lui attribue de nombreux exploits, comme le calcul de la hauteur de la grande pyramide ou la prédiction d'une éclipse, ainsi que le théorème de Thalès. Il fut l'auteur de nombreuses recherches mathématiques, notamment en géométrie.
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7
+ Personnage légendaire, qui semble n'avoir rien écrit, sa méthode d'analyse du réel en fait l'une des figures majeures du raisonnement scientifique. Il sut s'écarter des discours explicatifs délivrés par la mythologie pour privilégier une approche caractérisée par l'observation et la démonstration.
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+ Thalès de Milet est considéré comme le premier philosophe de la nature (φυσικός φιλόσοφος), scientifique et mathématicien grec. Il est d'abord un commerçant et un ingénieur[4] mais aussi un homme politique. Son père est Examyes, sa mère Cléobuline[5].
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+ Il est difficile de situer le personnage dans le temps, même en tenant compte de la date de l'éclipse solaire qu'il est supposé avoir prédite, vraisemblablement vers 585 av. J.-C.[5]. Hérodote explique dans quelles circonstances eut lieu cette éclipse :
12
+
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+ « Pendant cinq années la guerre dura entre les Mèdes et les Lydiens ; ils eurent alternativement de fréquents avantages, et la sixième année, il y eut une espèce de combat nocturne : car, après une fortune égale de part et d'autre, s'étant livré bataille, le jour se changea tout à coup en nuit, pendant que les deux armées en étaient aux mains. Thalès de Milet avait prédit aux Ioniens ce changement, et il en avait fixé le temps en l'année où il s'opéra. Les Lydiens et les Mèdes, voyant que la nuit avait pris la place du jour, cessèrent le combat, et n'en furent que plus empressés à faire la paix[notes 1]. »
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+
15
+ Diogène Laërce, citant Apollodoros, a rapporté quant à lui qu'il serait né pendant la 35e olympiade (vers 640 av. J.-C.) et mort à 78 ans (vers 562 av. J.-C.) ; il cite aussi Sosicrate qui le fait vivre 90 ans, c'est-à-dire jusqu'au début de la 58e olympiade (vers 550)[notes 2]. La vie de Thalès a manifestement été idéalisée, et ce que nous connaissons de ce penseur, comme pour les autres présocratiques, nous renseigne surtout sur le type commun du sage en Grèce. Rapportant les dires d'Hérodote, Diogène raconte que Thalès serait le fils d'Examios, un marchand, et de Cléobuline, tous deux d'origine phénicienne (même s'il est plus que probable qu'il ait bien été un Grec[6]) :
16
+
17
+ « Thalès, aux dires d’Hérodote, de Douris et de Démocrite, était fils d’Examios et de Cléobuline, et membre de la famille des Thélides, Phéniciens descendant en droite ligne d’Agénor et de Cadmos, s’il faut en croire Platon[notes 3]. »
18
+
19
+ Une légende raconte en effet qu'il descend de la famille des Thélides, des rois mythiques de Phénicie de la lignée d'Agénor et de Cadmos. Plusieurs autres sources affirment pourtant qu'il était peut-être d'origine béotienne ou phénicienne et probablement contemporain de Solon et de Crésus et qu'il se serait installé à Milet en compagnie de son ami Neileôs. Il n'est donc pas sûr que Thalès soit Milésien, quoiqu'une tradition courante fasse de lui un descendant d'une famille aisée de Milet. Cependant, il faut insister sur le fait que les sources les plus fiables et complètes proviennent de Diogène Laërce et d'Hérodote. Il semble que Thalès ait commencé sa vie comme simple commerçant puis qu'il se soit orienté vers une carrière politique et économique, après un séjour en Égypte[7]. Selon ce que rapporte Diogène Laërce[8], Platon serait peut-être né à Égine, dans la maison de Phidiadas — ce Phidiadas est fils de Thalès.
20
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+ Aétius et Proclos, ainsi que d'autres auteurs antiques, rapportent que Thalès, alors jeune, a fait un séjour en Égypte, puis qu'il s'est installé par la suite à Milet[9]. Cette ville entretenait d'ailleurs des relations étroites avec la colonie de Naucratis, en Égypte, ce qui corrobore cette thèse. Selon Jean-Paul Dumont, si Thalès n'eut pas de maître, c'est en Égypte qu'il put acquérir ses connaissances, grâce à l'enseignement des prêtres[10]. L'étude des textes évoquant cette période laisse entendre que Thalès s'y rendit alors très jeune, et qu'il y passa par conséquent son enfance[11].
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+
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+ Il y aurait rapporté la science de la géométrie et, en effet, nombre de ses réalisations et exploits (notamment sa théorie sur les crues du Nil) s'insèrent dans le cadre de ce pays.
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+ Il fréquenta, selon Michel Soutif, la bibliothèque et l'observatoire fondés par Teglath-Phalasar III qui régna sur l'Assyrie de 744 à 723[12].
26
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+ Toutefois, il est possible que le séjour égyptien ait été ajouté à sa légende, du fait qu'il était l'un des Sept Sages, comme Solon[13]. Pour D. R. Dicks, le séjour en Égypte serait un mythe, ainsi que les attributions de découvertes en mathématiques à Thalès par des biographes qui vécurent des siècles après sa mort[14].
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+ Doué d'une « faculté d'adaptation intellectuelle » hors du commun, Thalès a aussi été un homme d'État rapporte Hérodote[15]. En ce qui concerne sa carrière politique, Diogène Laërce dit : « Il paraît aussi avoir été un éminent conseiller politique. Ainsi il marqua son opposition, quand Crésus envoya une ambassade proposer aux Milésiens de s'engager à ses côtés ; étant donné ensuite la victoire de Cyrus, ce refus assura la survie de la Cité. » Thalès le scientifique ne doit donc pas occulter un autre Thalès, habile en affaires et prompt à dénigrer ses propres découvertes et sa fortune acquise. Il connut en effet d'abord sa renommée comme conseiller militaire et comme ingénieur. Durant la guerre entre les Perses et les Lydiens, il aurait détourné le cours du fleuve Halys pour faire passer l'armée de Crésus selon Hérodote, légende qui semble très vraisemblable[15] :
30
+
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+ « Cyrus tenait donc prisonnier Astyages, son aïeul maternel, qu'il avait détrôné pour les raisons que j'exposerai dans la suite de cette histoire. Crésus, irrité à ce sujet contre Cyrus, avait envoyé consulter les oracles pour savoir s'il devait faire la guerre aux Perses. Il lui était venu de Delphes une réponse ambiguë, qu'il croyait favorable, et là dessus il s'était déterminé à entrer sur les terres des Perses. Quand il fut arrivé sur les bords de l'Halys, il le fit, à ce que je crois, passer à son armée sur les ponts qu'on y voit à présent ; mais, s'il faut en croire la plupart des Grecs, Thalès de Milet lui en ouvrit le passage. Crésus, disent-ils, étant embarrassé pour faire traverser l'Halys à son armée, parce que les ponts qui sont maintenant sur cette rivière n'existaient point encore en ce temps-là, Thalès, qui était alors au camp, fit passer à la droite de l'armée le fleuve, qui coulait à la gauche. Voici de quelle manière il s'y prit. Il fit creuser, en commençant au-dessus du camp, un canal profond en forme de croissant, afin que l'armée pût l'avoir à dos dans la position où elle était. Le fleuve, ayant été détourné de l'ancien canal dans le nouveau, longea derechef l'armée, et rentra au-dessous de son ancien lit. Il ne fut pas plutôt partagé en deux bras, qu'il devint également guéable dans l'un et dans l'autre. Quelques-uns disent même que l'ancien canal fut mis entièrement à sec ; mais je ne puis approuver ce sentiment. Comment en effet Crésus et les Lydiens auraient-ils pu traverser le fleuve à leur retour[notes 4] ? »
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+
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+ Il apparaît alors comme le conseiller de l'alliance entre Lydiens et Ioniens, contre le royaume mède. Cette réputation, après la chute de Crésus, lui permit de convaincre les cités-États (ou polis) d'Ionie de se regrouper en fédération pan-ionienne, selon Hérodote[7] :
34
+
35
+ « Quoique accablés de maux, les Ioniens ne s'en assemblaient pas moins au Panionion. Bias de Priène leur donna, comme je l'ai appris, un conseil très avantageux, qui les eût rendus les plus heureux de tous les Grecs, s'ils eussent voulu le suivre. Il les exhorta à s'embarquer tous ensemble sur une même flotte, à se rendre en Sardaigne, et à y fonder une seule ville pour tous les Ioniens. Il leur fit voir que, par ce moyen, ils sortiraient d'esclavage, qu'ils s'enrichiraient, et qu'habitant la plus grande de toutes les îles, les autres tomberaient en leur puissance; au lieu que, s'ils restaient en Ionie, il ne voyait pour eux aucune espérance de recouvrer leur liberté. Tel fut le conseil que donna Bias aux Ioniens, après qu'ils eurent été réduits en esclavage ; mais, avant que leur pays eût été subjugué, Thalès de Milet, dont les ancêtres étaient originaires de Phénicie, leur en donna aussi un qui était excellent. Ce fut d'établir à Téos, au centre de l'Ionie, un conseil général pour toute la nation, sans préjudicier au gouvernement des autres villes, qui n'en auraient pas moins suivi leurs usages particuliers que si elles eussent été autant de cantons différents[notes 5]. »
36
+
37
+ Cependant, il semble que Thalès ait décidé de traiter séparément avec Cyrus, peut-être pour des raisons commerciales[7].
38
+
39
+ Grâce à son séjour en Égypte, Thalès put mettre en œuvre ses connaissances en mathématiques, particulièrement en géométrie, domaines dans lesquels il fit quelques découvertes fondamentales[notes 6], comme déterminer qu'un cercle est partagé en deux parties égales par tout diamètre ou que les angles à la base d'un triangle isocèle sont égaux (voir infra). Ses découvertes astronomiques permirent d'aider à la navigation en haute mer en repérant certaines étoiles ou en déterminant les éphémérides (voir infra). Il est probable que Thalès ait consigné ses découvertes par écrit afin d'en diffuser l'utilité, même s'il ne demeure à ce jour aucun texte de sa main[16].
40
+
41
+ Selon Proclos, dans ses Commentaires sur le premier livre des éléments d’Euclide (65, 3), Thalès usait d’approches variées, « tantôt plus universelles, tantôt plus empiriques ». « Les mathématiques, au sens propre du mot, n'ont commencé à exister que quelque temps après Thalès » note John Burnet[17].
42
+
43
+ Jean Voilquin, dans son ouvrage sur les présocratiques, crédite Thalès d'avoir cherché à « remplacer l'explication mythique » des phénomènes « par une explication physique », et il est en cela « un des précurseurs de la science grecque »[18].
44
+
45
+ Passionné de gymnastique, Thalès passe pour avoir été retrouvé dans les gradins, mort par déshydratation lors d'une compétition à laquelle il assistait, selon Diogène Laërce : « Thalès le Sage mourut en assistant à une rencontre sportive, du fait de la faim, de la soif, et de la faiblesse de l'âge ». Ce dernier aurait écrit une épigramme à ce propos, rapportée au premier livre de son ouvrage Épigrammes (Pammétros) :
46
+
47
+ Tandis qu'il contemplait une lutte sportive,
48
+ Zeus Solaire, tu as, hors du stade, ravi
49
+ Thalès dont la sapience avait fait le renom.
50
+ Je te loue de l'avoir rappelé près de toi,
51
+ Car il était très vieux, et depuis cette terre,
52
+ La force lui manquait pour observer les astres.
53
+
54
+ Selon Apollodore, sa mort survint lors de la chute de Sarde[5], lors des 58e Olympiades, à l'âge de 78 ans ou, 90 ans selon Sosicrate, rapporte Diogène Laërce[notes 7]. Selon Diogène Laërce une épitaphe inscrite sur la tombe de Thalès rappelle qu'il fut un grand homme :
55
+
56
+ « Ce tombeau, certes est bien petit – mais la renommée de l’homme est allée au ciel. C’est celui de Thalès le très sage[notes 8]. »
57
+
58
+ Le portrait de Thalès relève d’une catégorie cultuelle, celle du Sage. Il est en effet le premier du genre et apparaît dans toutes les listes de sages connues notamment chez Apulée (Florides, 18) ou chez Platon (Protagoras, 343a)[19]. Sa renommée se fonde essentiellement sur certaines anecdotes comme l’épisode du puits rapporté par Platon (et repris par Jean de La Fontaine dans ses Fables, dans la 13e, intitulée L’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits au Livre II) :
59
+
60
+ « Socrate : L’exemple de Thalès te le fera comprendre, Théodore. Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu’il s’évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, et qu’il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds[notes 9]. »
61
+
62
+ Thalès est devenu pour les Grecs un « symbole d'ingéniosité », à tel point qu'un personnage du théâtre d'Aristophane, dans sa pièce Les Oiseaux, dit, en parlant de l'urbaniste Méton d'Athènes, qu'il pourrait être « un Thalès ». Platon quant à lui le compare à Anacharsis dans sa République[15]. Selon la tradition, c'est Anaximène qui a continué les travaux de Thalès[20].
63
+
64
+ Diogène Laërce raconte que Thalès fut nommé, après sa mort, « Sage » par l'archonte d'Athènes Damasias l'un des « Sept sages »[21]. Selon Karin Mackowiak, « la vie de Thalès peut être issue d’une mise en forme mythique analogue à celle qui concerne la vie de Pythagore »[22]. Par la suite, Aristote (Métaphysique, I, 3, 983b) en fait un connaisseur des lois du monde et « le place au plus haut degré de la sagesse en qualité d’initiateur de la philosophie spéculative et de moraliste »[19].
65
+
66
+ ἐκ τοῦ ὕδατός φησι συνεστάναι πάντα (« L'eau est la cause matérielle de toutes choses »)
67
+
68
+ La philosophie de la nature de Thalès, connue surtout grâce à Aristote[23] — qui la tient lui-même de sources intermédiaires[24] — fait de l'eau le principe matériel (αρχή : arche) explicatif de l'univers, d'où procèdent les autres éléments : air, feu et terre. Accordant une vitalité à cette matière unique et universelle, il estime que l'eau est le principe de toutes choses. Ainsi, l’air, le feu et la terre ne sont que différentes formes prises par l’eau : la terre de l’eau condensée, l’air de l’eau raréfiée et le feu nourri par l’air ; tout se résout en eau. Aristote résume ainsi la pensée de Thalès et la prépondérance donnée à l'eau au sein de celle-ci[25] :
69
+
70
+ « Thalès, le fondateur de cette manière de philosopher, prend l'eau pour principe, et voilà pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur l'eau, amené probablement à cette opinion parce qu'il avait observé que l'humide est l'aliment de tous les êtres, et que la chaleur elle-même vient de l'humide et en vit ; or, ce dont viennent les choses est leur principe. C'est de là qu'il tira sa doctrine, et aussi de ce que les germes de toutes choses sont de leur nature humides, et que l'eau est le principe des choses humides. Plusieurs pensent que dès la plus haute antiquité, bien avant notre époque, les premiers théologiens ont eu la même opinion sur la nature : car ils avaient fait l'Océan et Téthys auteurs de tous les phénomènes de ce monde, et ils montrent les dieux jurant par l'eau que les poètes appellent le Styx. En effet, ce qu'il y a de plus ancien est ce qu'il y a de plus saint ; et ce qu'il y a de plus saint, c'est le serment. Y a-t-il réellement un système physique dans cette vieille et antique opinion ? C'est ce dont on pourrait douter. Mais pour Thalès on dit que telle fut sa doctrine[notes 10]. »
71
+
72
+ La raison de ce choix pour l'eau provient semble-t-il de l'importance de celle-ci dans la croissance et la nutrition des choses vivantes, de son rôle central dans le quotidien des Milésiens et des observations qu'on prétend qu'il a faites en Égypte quant à l'importance du Nil et des autres fleuves qui faisaient l'objet de cultes[26]. Cependant, l'originalité de Thalès est de faire de cette explication mythologique un principe de connaissance physique mais aussi métaphysique ; en effet, l'unité de l'élément eau est aussi l'unité du monde comme le résume le doxographe Aetius : « Thalès et son école : le monde est un ». L'eau comme principe universel d'explication n'est présent que dans la pensée de Thalès ; « on n'en trouve pas d'écho dans le monde grec », si bien qu'il s'agit certainement d'une conception rapportée des pays à l'Est de la Grèce[27].
73
+
74
+ La thèse de Thalès est une innovation d'importance car elle suppose l'affirmation de vérités, non à partir de quelques objets singuliers, comme c'était le cas avant lui pour les Égyptiens ou les Babyloniens, mais pour une infinité d'objets contenus dans le monde et pour le monde lui-même. Il énonce donc des vérités concernant une classe entière d'êtres. Ainsi, selon l'helléniste allemand Eduard Zeller, au XIXe siècle, l'apport majeur de Thalès est d'avoir généralisé et conceptualisé ses observations, d'être parvenu au concept de l'« Un » sans se perdre dans l'accumulation d'observations disparates [réf. nécessaire]. On attribue parfois à Thalès une conception de l'univers assez séduisante : celui-ci serait un genre de bulle d'air hémisphérique formée par la concavité du ciel et la surface plane de la Terre, qui flotte elle-même sur l'eau. Le mouvement de la Terre sur l'eau expliquerait les tremblements de terre rapporte Sénèque[27],[notes 11]. Thalès « place donc l'eau (ὕδωρ) en tant que principe, sans contexte mythique, à l'origine des choses. » Nietzsche, dans La naissance de la philosophie à l'époque de la tragédie grecque, a dit qu'à travers l'eau, Thalès a su discerner l'unité de l'être[28], c'est-à-dire un principe explicatif rationnel.
75
+
76
+ Toutefois, la thèse de Thalès n'étant connue que par l'intermédiaire d'Aristote et des péripatéticiens, le risque d'une déformation est non négligeable. Il est possible que Thalès n'ait pas pensé que tout était explicable par l'eau mais qu'il en fasse seulement l'élément originel[20]. Il a su utiliser une analogie, le concept d'« archè », pour expliquer l'essence de chaque être. Ce discours pré-scientifique a permis une rationalisation du monde. Thalès est, selon Leopoldo Iribarren, « le premier penseur archaïque à vaincre les résistances sémantiques posées par le discours mythique aux tentatives de régularisation du monde sous un principe explicatif unique ». L’affirmation de Thalès « opère la délimitation d’un horizon idéal des affirmations au-delà des situations énonciatives de la poésie inspirée »[29]. Au sein de l'histoire de la philosophie, Thalès reste donc « une figure de transition entre l’interprétation universalisante des grands mythes et l’argumentation d’une compréhension du monde »[30].
77
+
78
+ « Eudème, dans ses livres Sur l’astronomie raconte qu’Œnopide a trouvé le premier l’obliquité du zodiaque et reconnu l’existence de la grande année : d’après lui, Thalès a fait voir que les éclipses de soleil et les retours de cet astre aux solstices n’arrivent pas toujours après le même temps ; Anaximandre prétend que la terre est suspendue dans l’espace et se meut autour du centre du monde ; Anaximène a montré que la lune reçoit la lumière du soleil et de quelle manière elle s’éclipse. D’autres ont ajouté de nouvelles découvertes à celles-là : que les étoiles se meuvent autour de l’axe immobile qui passe par les pôles, que les planètes se meuvent autour de l’axe perpendiculaire au zodiaque ; et que l’axe des étoiles et celui des planètes s’écartent l’un de l’autre, du côté du pentadécagone, et par conséquent d’un angle de 24 degrés[31]. »
79
+
80
+ Theodor Gomperz énumère les influences possibles de la philosophie de Thalès. L'eau comme élément primitif dans sa cosmogonie est d'origine incertaine, peut-être phénicienne et égyptienne. La conception d'une terre flottante, comme un disque de bois reposant sur l'eau évoluant dans un univers rempli de matière primordiale, c'est-à-dire envisagé comme une masse liquide, s'accorde en effet, dans une certaine mesure, avec l'idée égyptienne de l'eau primordiale (« Noun »), surface divisée en deux masses séparées, selon Paul Tannery[32]. Selon Théophile Obenga, la conception de l'eau chez Thalès est en effet très proche de celle du Noun des Égyptiens, « matière-esprit destinée à l'évolution »[28].
81
+
82
+ Les anciens Babyloniens admettaient également l'idée d'un océan supérieur et d'un océan inférieur, montre Fritz Hommel[33]. Il existe aussi selon Gomperz des similitudes avec le livre de la Genèse (I, 7). La concordance entre la doctrine fondamentale de Thalès et celle de la secte judéo-chrétienne des Sampséens reste cependant à préciser selon lui[34]. La tendance actuelle est de considérer Thalès comme un simple intermédiaire entre étrangers et Grecs ; cette tendance a pourtant contre elle la façon dont la meilleure autorité, Eudème, parle des travaux géométriques de Thalès et du rapport dans lequel ils se trouvent avec la mathématique égyptienne conclut Theodor Gomperz[35].
83
+
84
+ Selon Diogène Laërce, Chérilos de Samos a soutenu que Thalès de Milet avait le premier proclamé l’immortalité de l’âme. Diogène rapporte également que Thalès pensait que toute chose avait une âme et que cette âme participait de tout l'univers, en conséquence de quoi il considérait que toutes les choses étaient remplies de dieux (c'est l'hylozoïsme). Cette dernière proposition lui permit de dire que l'âme est immortelle. L'assertion concernant la participation de l'âme au cosmos proviendrait de l'observation des propriétés magnétiques de certaines pierres et de l'ambre. Toutefois, il est possible qu'Hippias, puis Aristote, aient mal compris cette théorie. Aristote aurait notamment généralisé la thèse de Thalès au point de faire de l'âme la seule force motrice. Thalès semble, avec cette théorie, puiser aux sources de la pensée primitive pré-verbale[36]. En cela, il affirme l'unité de la matière[37].
85
+
86
+ Thalès est la première personnalité des mathématiques ayant laissé la trace de son nom dans l'Histoire[38]. Il a formulé plusieurs propriétés géométriques qu'il tenait peut-être des Égyptiens et dont les premières traces de démonstration connues sont bien ultérieures[39] mais, ce faisant, il pose les premiers jalons du raisonnement sur des figures idéales.
87
+
88
+ Deux théorèmes de géométrie très différents ont été appelés « théorème de Thalès » dans l'enseignement, à partir de la toute fin du XIXe siècle[40].
89
+
90
+ « Pamphila raconte, de son côté, qu’il [Thalès] avait appris la géométrie des Égyptiens ; que le premier il inscrivit dans le cercle un triangle rectangle, et qu’il immola un bœuf à cette occasion. Apollodore le calculateur et quelques autres mettent cela sur le compte de Pythagore[43]. »
91
+
92
+ Quoi qu'il en soit, pour une majorité d'historiens, la pratique des mathématiques de l'époque ne permettait pas à Thalès de fournir une démonstration logique comparable à celle que l'on trouve en Grèce deux ou trois siècles plus tard. Ses énoncés mathématiques et ceux de l'école Ionienne devaient plutôt relever de l'intuition empirique[44].
93
+
94
+ Ces deux dénominations apparaissent à une époque, la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, où l'enseignement secondaire se développe. Toutes deux semblent avoir un sens plus didactique qu'historique : il s'agit d'abord de mettre en valeur un théorème considéré comme important à un certain niveau d'enseignement. Des traditions différentes de l'enseignement de la géométrie, en particulier entre la France et l'Allemagne, expliquent ces choix divergeants[40].
95
+
96
+ La seconde dénomination fait référence à une anecdote, rapportée dans Le Banquet des Sept Sages de Plutarque (147a) mais ce dernier a peut-être enjolivé la réalité. Selon Diogène Laërce, le pharaon Amasis aurait dit que personne n'était en mesure de savoir quelle était la hauteur de la Grande Pyramide et Thalès aurait relevé le défi en calculant le rapport entre son ombre et celle d'un corps de référence, au moyen d'un gnomon ou d'un bâton[45] :
97
+
98
+ « Ainsi, vous, Thalès, le roi d'Égypte vous admire beaucoup, et, entre autres choses, il a été, au-delà de ce qu'on peut dire, ravi de la manière dont vous avez mesuré la pyramide sans le moindre embarras et sans avoir eu besoin d'aucun instrument. Après avoir dressé votre bâton à l'extrémité de l'ombre que projetait la pyramide, vous construisîtes deux triangles par la tangence d'un rayon, et vous démontrâtes qu'il y avait la même proportion entre la hauteur du bâton et la hauteur de la pyramide qu'entre la longueur des deux ombres[notes 12]. »
99
+
100
+ Pour Robert Baccou[46], « on peut interpréter l’étonnement du roi comme l’introduction d’une méthode entièrement nouvelle qui surpasse la science somme toute embryonnaire et empirique des Égyptiens »[47]. Cependant Maurice Caveing fait remarquer qu'« il est peu vraisemblable que le souverain d'un pays qui, plus de 1000 ans avant Thalès, connaissait le calcul du seq'd, ait ignoré comment mesurer la hauteur des pyramides »[48].
101
+
102
+ Il est possible que Thalès ait attendu que l'ombre portée par un corps debout soit de même longueur que la hauteur de ce corps, puis ait déduit de manière empirique donc, et non théorique, qu'il devait en être de même pour la pyramide[49]. Si ce moment coïncide avec l'alignement du Soleil avec un côté de la base, ce qui arrive deux fois par an, il suffit alors d'ajouter la longueur de l'ombre au sol avec la moitié de la longueur du côté de la pyramide pour obtenir la hauteur du bâtiment[50].
103
+
104
+ Denis Guedj, dans Le Théorème du Perroquet, résume cet épisode :
105
+
106
+ « Il partit simplement du principe qu'à un certain moment de la journée, l'ombre de tout objet devient égale à sa hauteur. Il ne lui restait qu'à déterminer le moment exact. Il devait également pour cela tenir compte de ce que les rayons du soleil devaient être perpendiculaires avec l'un de ses côtés, ce qui ne se produisait que deux fois par année (21 novembre et le 20 janvier). La raison de cela est que la pyramide de Khéops se trouve à Gizeh (30° de latitude dans l'hémisphère nord) et pour que l'ombre soit égale à l'objet, il faut que les rayons solaires soient inclinés à 45°. De plus, pour que l'ombre soit perpendiculaire à la base, elle doit être orientée nord-sud. Par la suite, Thalès se servit de sa propre taille comme unité de mesure. Il obtint les résultats suivants : 18 thalès pour l'ombre, puis il mesura le côté de la base qu'il divisa par deux et obtint 67 thalès ; la pyramide de Khéops mesure alors 85 Thalès. Or en mesure locale, le Thalès valait 3,25 coudées égyptiennes, ce qui fait 276,25 coudées au total. Nous savons aujourd'hui que la hauteur de la pyramide de Khéops est de 280 coudées soit 147 mètres. Comme quoi, la mesure de Thalès était déjà passablement précise. Impressionnés par ce calcul, les prêtres lui donnèrent accès à la bibliothèque où il put consulter de nombreux ouvrages d'astronomie[51]. »
107
+
108
+ D'autres propriétés géométriques sont attribuées à Thalès par Proclos notamment, commentateur d'Euclide, dans son Commentaire sur le premier livre d'Euclide[42] :
109
+
110
+ Thalès est considéré comme l'un des fondateurs de l’astronomie : il décrivit notamment la Petite Ourse et conseilla aux marins de s’en servir pour se guider, calcula la durée de l’année et des intervalles des solstices aux équinoxes, évalua le diamètre apparent du Soleil et les grandeurs relatives de cet astre et la Lune, sans doute en s'aidant d'un instrument tel qu'un gnomon ou un bâton vertical lui permettant de mesurer la portée de l'ombre du soleil[45]. L'intérêt de Thalès de Milet pour l'astronomie le poussa à faire de nombreuses observations sur les constellations. Il aurait été le premier à noter le voyage du soleil entre les deux tropiques. Il établit aussi que certaines étoiles n'étaient pas toutes fixes par rapport aux autres. On dit même qu'il parvint à en répertorier les éphémérides. Il fut aussi le premier à constater que l'année ne comptait pas 365 jours, mais 365 et un quart. On lui attribue aussi des observations des Hyades et le calcul de la position des Pléiades (calcul d'ailleurs correct depuis le sol égyptien, mais pas depuis la Grèce)[16]. Selon Diogène, Thalès aurait également calculé l'inclinaison du zodiaque, or il est impossible à cette époque de réaliser une telle avancée[45]. Thalès savait aussi tirer profit de ses observations astronomiques. Aristote raconte que Thalès, prévoyant une abondante récolte d'olives, aurait monopolisé les pressoirs pour spéculer sur leurs services ; il voulait ainsi montrer que le sage est capable de faire fortune mais qu'il ne s'en préoccupe pas, préférant la contemplation, la recherche scientifique et la vie honnête[notes 13].
111
+
112
+ On rapporte qu'il prédit l'éclipse solaire du 28 mai 585 av. J.-C. qui survint lors d'un combat entre les Mèdes et les Lydiens, la bataille de l'Éclipse[52]. Mais cette prédiction, rapportée par Hérodote (I, 74), relève très certainement de la légende[53]. Elle a été probablement permise par de nombreuses observations empiriques et non par une théorie réelle des éclipses[54]. En effet, à cette époque, la prédiction des éclipses lunaires était relativement connue puisqu'elles se répètent sur un cycle de dix-huit ans (c'est le saros). Une éclipse lunaire est également visible de toute la partie de la Terre orientée vers la Lune. Il en va cependant autrement pour les prédictions des éclipses solaires qui ne sont visibles que pendant quelques minutes sur une portion réduite du globe terrestre. Il semble que Thalès n'avait pas les connaissances requises pour faire de telles prévisions. Cela demande non seulement des moyens géométriques puissants mais aussi des calculs trigonométriques complexes, ainsi que des tables très élaborées, construites à partir d'éphémérides anciennes. Tous ces moyens ne seront mis à la disposition des astronomes que par Hipparque (190 à 120 av. J.-C.) grâce à sa théorie des épicycles. Les Babyloniens possédaient, certes, des éphémérides remontant au moins au VIIIe siècle, mais les autres éléments leur manquaient[55], même s'il est possible d'envisager le fait que Thalès connaissait les observations babyloniennes[56].
113
+
114
+ Thalès a également réalisé des constatations physiques ; il est même considéré comme le premier « physicien[5] ».
115
+
116
+ On lui doit notamment la première connaissance de l'électricité, grâce à deux expériences. Il remarqua d'abord que l'ambre avait la propriété d'attirer les matériaux légers comme le tissu. Le mot « électricité » (ἤλεκτρον, elektron en grec ancien) est par ailleurs donné en référence à l'ambre jaune. Une autre expérience réalisée en Magnésie, vers -600, lui permet de mettre en évidence les propriétés d'aimantation de l'oxyde de fer[57].
117
+
118
+ Thalès passe pour avoir fondé, de retour à Milet, l'école milésienne, appelée aussi « école ionienne ». Milet était alors la plus puissante cité maritime d'Asie Mineure, dans la région de la Carie, et ce depuis le VIIIe siècle avant notre ère[58]. Selon Jacques Brunschwig (Études sur les philosophies hellénistiques[réf. non conforme], 1995), l'école de Milet a innové en matière de représentation mentale car elle fait primer la perception visuelle à distance dans l'édification de la connaissance. « Savoir c'est d'abord voir » résume Jacques Brunschwig, qui explique que la perception donne ensuite naissance à la pratique (τέχνη : tekhnè) puis au théorique (ἐπιστήμη : épistémè), processus cognitif que les philosophes de l'école de Milet, dont Thalès, appliquent au questionnement portant sur l'univers[59]. Aétius s'arrête sur cette tendance de Thalès à naturaliser les phénomènes naturels : « Thalès disait que les astres sont faits de terre, mais qu'ils sont embrasés » (Opinions, II, XIII, I).
119
+
120
+ Thalès est le promoteur d'une « science fondamentalement ouverte, lui permettant de jongler entre ce que nous considérons aujourd’hui comme des disciplines scientifiques diverses et spécialisées ». Selon Karin Mackowiak, il se distingue fondamentalement par sa méthode fondée sur l’acte de « graphein » (γράφειν). C’est en effet « l’écriture qui constitue le point de base primordial, presque individualisée comme discipline en soi, permettant l’érection d’une série de savoirs tous liés les uns aux autres. » Le Milésien utilisait en effet l'écriture sur deux plans : pour le traçage des figures, principal instrument de démonstration en géométrie comme en astronomie, et dans sa maîtrise d’une certaine forme de calcul. « Ces méthodes variées montrent combien la science thalésienne fut conçue non pas comme une fin en soi, censée viser l’accumulation des savoirs, mais comme une pratique instrumentale de l’écriture orientée vers la démonstration de l’existence d’un ordre cosmique et la volonté d’en comprendre le fonctionnement »[60].
121
+
122
+ « Voici le grand tournant… Voici l’entrée en scène de la science, conçue dans son universalité, sous son aspect logique et rationnel. Ce qu’a laissé l’école en résultats positifs : rien. Ce qu’elle a ébauché et légué comme esprit, méthode, pensée : tout ; l’Ionie a fondé une science qui est devenue notre science occidentale, notre civilisation intellectuelle. Elle est la première réalisation du miracle grec et elle en est la clef. »
123
+
124
+ Thalès est représentatif de la philosophie de l'école de Milet. Sa théorie de la nature (φύσις : physis), comme ne procédant pas d'une cause exogène (divine par exemple) mais interne, inhérente au vivant, est un trait commun à toutes les figures qui composent cette école. Cette conception, la première de la biologie, est proprement physiologiste[62]. Les membres de l'école ionienne sont ainsi nommés les « physiologues ». Anaximandre et Anaximène sont considérés comme ses successeurs (même si le type de lien qui unit Anaximandre à Thalès varie selon le doxographe : il est son « successeur et élève » pour Simplicios de Cilicie, son « auditeur » pour Hippolyte ou encore son « compagnon » pour Plutarque, note Leopoldo Iribarren[30]). Thalès semble cependant n'avoir rien écrit. On sait cependant que, au sein de cette école, il aurait prononcé les célèbres maximes : « Connais-toi toi-même »[63] et « Ne te porte jamais caution »[réf. souhaitée].
125
+
126
+ L'école de Milet réalise par ailleurs deux grandes avancées fondatrices : d'une part, elle inaugure la distinction entre le naturel et le surnaturel. De façon plus exacte, ils ne chassent pas le divin de la connaissance du monde, mais la mythologie, en cherchant des causes naturelles aux phénomènes. Ce changement d'attitude fait succéder l'explication naturaliste à l'explication divine classique. D'autre part, les Milésiens mettent en place la discussion des arguments défendus. Admettre la discussion scientifique est une nécessité de l'avancée scientifique et une qualité de la rationalité. Pour cette école, toutes les choses peuvent s'expliquer par la dilatation ou la condensation d'un germe primordial, que ce germe soit l'eau (pour Thalès), le feu (Héraclite d'Éphèse), l'air (Anaximène, Diogène d'Apollonie) ou un principe indéterminé comme l'apeiron (απειρον (Anaximandre). L'idée de matière a ainsi peu à peu été sondée et, de là, les Milésiens lui ont reconnu un principe d'intelligence. Thalès le premier voit dans les mouvements rapides de l'onde une intelligence de la nature[64].
127
+
128
+ La pensée milésienne, et en particulier celle de Thalès, a influencé la philosophie de Platon et celle d'Aristote. Pour Bernard Vitrac, comme avec Aristophane, les deux hommes vont faire de Thalès la figure emblématique du philosophe, en lui faisant jouer une fonction au sein de leurs systèmes, d'ailleurs opposés. Dans le Théétète, Thalès est montré comme un philosophe astronome étranger aux affaires de sa cité ; il serait mort en observant le ciel, à la suite d'une chute dans un puits. Au contraire, Aristote s'arrête sur son ingéniosité financière qui lui ont procuré « ses connaissances astronomico-météorologiques en prévoyant une abondante récolte d’olives »[65]. Ce dernier, Aristote, dans sa Métaphysique (A, 3) voit en Thalès « le fondateur (archêgos) d’un type nouveau de philosophie, en rupture avec le thème des généalogies divines[29]. » Pour Jaap Mansfeld, Thalès est le point de départ d'une volonté de donner un sens téléologique à la nature, volonté qui constitue les racines fondatrices de la philosophie péripatéticienne[66]. Thalès a également influencé la politique d'Aristote, qui s'est fondé sur l'école milésienne pour dépasser la pensée politique des IVe et Ve siècles[67].
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+ Thalès de Milet, appelé communément Thalès (en grec ancien : Θαλῆς ὁ Μιλήσιος / Thalễs ho Milếsios), est un philosophe et savant grec, né à Milet vers 625-620 av. J.-C. et mort vers 548-545 av. J.-C. dans cette même ville[1],[2],[3].
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+ C'est l'un des Sept sages de la Grèce antique et le fondateur présumé de l'école milésienne. Philosophe de la nature, il passe pour avoir effectué un séjour en Égypte, où il aurait été initié aux sciences égyptienne et babylonienne. On lui attribue de nombreux exploits, comme le calcul de la hauteur de la grande pyramide ou la prédiction d'une éclipse, ainsi que le théorème de Thalès. Il fut l'auteur de nombreuses recherches mathématiques, notamment en géométrie.
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+ Personnage légendaire, qui semble n'avoir rien écrit, sa méthode d'analyse du réel en fait l'une des figures majeures du raisonnement scientifique. Il sut s'écarter des discours explicatifs délivrés par la mythologie pour privilégier une approche caractérisée par l'observation et la démonstration.
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+ Thalès de Milet est considéré comme le premier philosophe de la nature (φυσικός φιλόσοφος), scientifique et mathématicien grec. Il est d'abord un commerçant et un ingénieur[4] mais aussi un homme politique. Son père est Examyes, sa mère Cléobuline[5].
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+ Il est difficile de situer le personnage dans le temps, même en tenant compte de la date de l'éclipse solaire qu'il est supposé avoir prédite, vraisemblablement vers 585 av. J.-C.[5]. Hérodote explique dans quelles circonstances eut lieu cette éclipse :
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+ « Pendant cinq années la guerre dura entre les Mèdes et les Lydiens ; ils eurent alternativement de fréquents avantages, et la sixième année, il y eut une espèce de combat nocturne : car, après une fortune égale de part et d'autre, s'étant livré bataille, le jour se changea tout à coup en nuit, pendant que les deux armées en étaient aux mains. Thalès de Milet avait prédit aux Ioniens ce changement, et il en avait fixé le temps en l'année où il s'opéra. Les Lydiens et les Mèdes, voyant que la nuit avait pris la place du jour, cessèrent le combat, et n'en furent que plus empressés à faire la paix[notes 1]. »
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+ Diogène Laërce, citant Apollodoros, a rapporté quant à lui qu'il serait né pendant la 35e olympiade (vers 640 av. J.-C.) et mort à 78 ans (vers 562 av. J.-C.) ; il cite aussi Sosicrate qui le fait vivre 90 ans, c'est-à-dire jusqu'au début de la 58e olympiade (vers 550)[notes 2]. La vie de Thalès a manifestement été idéalisée, et ce que nous connaissons de ce penseur, comme pour les autres présocratiques, nous renseigne surtout sur le type commun du sage en Grèce. Rapportant les dires d'Hérodote, Diogène raconte que Thalès serait le fils d'Examios, un marchand, et de Cléobuline, tous deux d'origine phénicienne (même s'il est plus que probable qu'il ait bien été un Grec[6]) :
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+ « Thalès, aux dires d’Hérodote, de Douris et de Démocrite, était fils d’Examios et de Cléobuline, et membre de la famille des Thélides, Phéniciens descendant en droite ligne d’Agénor et de Cadmos, s’il faut en croire Platon[notes 3]. »
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+ Une légende raconte en effet qu'il descend de la famille des Thélides, des rois mythiques de Phénicie de la lignée d'Agénor et de Cadmos. Plusieurs autres sources affirment pourtant qu'il était peut-être d'origine béotienne ou phénicienne et probablement contemporain de Solon et de Crésus et qu'il se serait installé à Milet en compagnie de son ami Neileôs. Il n'est donc pas sûr que Thalès soit Milésien, quoiqu'une tradition courante fasse de lui un descendant d'une famille aisée de Milet. Cependant, il faut insister sur le fait que les sources les plus fiables et complètes proviennent de Diogène Laërce et d'Hérodote. Il semble que Thalès ait commencé sa vie comme simple commerçant puis qu'il se soit orienté vers une carrière politique et économique, après un séjour en Égypte[7]. Selon ce que rapporte Diogène Laërce[8], Platon serait peut-être né à Égine, dans la maison de Phidiadas — ce Phidiadas est fils de Thalès.
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+ Aétius et Proclos, ainsi que d'autres auteurs antiques, rapportent que Thalès, alors jeune, a fait un séjour en Égypte, puis qu'il s'est installé par la suite à Milet[9]. Cette ville entretenait d'ailleurs des relations étroites avec la colonie de Naucratis, en Égypte, ce qui corrobore cette thèse. Selon Jean-Paul Dumont, si Thalès n'eut pas de maître, c'est en Égypte qu'il put acquérir ses connaissances, grâce à l'enseignement des prêtres[10]. L'étude des textes évoquant cette période laisse entendre que Thalès s'y rendit alors très jeune, et qu'il y passa par conséquent son enfance[11].
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23
+ Il y aurait rapporté la science de la géométrie et, en effet, nombre de ses réalisations et exploits (notamment sa théorie sur les crues du Nil) s'insèrent dans le cadre de ce pays.
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25
+ Il fréquenta, selon Michel Soutif, la bibliothèque et l'observatoire fondés par Teglath-Phalasar III qui régna sur l'Assyrie de 744 à 723[12].
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+ Toutefois, il est possible que le séjour égyptien ait été ajouté à sa légende, du fait qu'il était l'un des Sept Sages, comme Solon[13]. Pour D. R. Dicks, le séjour en Égypte serait un mythe, ainsi que les attributions de découvertes en mathématiques à Thalès par des biographes qui vécurent des siècles après sa mort[14].
28
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29
+ Doué d'une « faculté d'adaptation intellectuelle » hors du commun, Thalès a aussi été un homme d'État rapporte Hérodote[15]. En ce qui concerne sa carrière politique, Diogène Laërce dit : « Il paraît aussi avoir été un éminent conseiller politique. Ainsi il marqua son opposition, quand Crésus envoya une ambassade proposer aux Milésiens de s'engager à ses côtés ; étant donné ensuite la victoire de Cyrus, ce refus assura la survie de la Cité. » Thalès le scientifique ne doit donc pas occulter un autre Thalès, habile en affaires et prompt à dénigrer ses propres découvertes et sa fortune acquise. Il connut en effet d'abord sa renommée comme conseiller militaire et comme ingénieur. Durant la guerre entre les Perses et les Lydiens, il aurait détourné le cours du fleuve Halys pour faire passer l'armée de Crésus selon Hérodote, légende qui semble très vraisemblable[15] :
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+ « Cyrus tenait donc prisonnier Astyages, son aïeul maternel, qu'il avait détrôné pour les raisons que j'exposerai dans la suite de cette histoire. Crésus, irrité à ce sujet contre Cyrus, avait envoyé consulter les oracles pour savoir s'il devait faire la guerre aux Perses. Il lui était venu de Delphes une réponse ambiguë, qu'il croyait favorable, et là dessus il s'était déterminé à entrer sur les terres des Perses. Quand il fut arrivé sur les bords de l'Halys, il le fit, à ce que je crois, passer à son armée sur les ponts qu'on y voit à présent ; mais, s'il faut en croire la plupart des Grecs, Thalès de Milet lui en ouvrit le passage. Crésus, disent-ils, étant embarrassé pour faire traverser l'Halys à son armée, parce que les ponts qui sont maintenant sur cette rivière n'existaient point encore en ce temps-là, Thalès, qui était alors au camp, fit passer à la droite de l'armée le fleuve, qui coulait à la gauche. Voici de quelle manière il s'y prit. Il fit creuser, en commençant au-dessus du camp, un canal profond en forme de croissant, afin que l'armée pût l'avoir à dos dans la position où elle était. Le fleuve, ayant été détourné de l'ancien canal dans le nouveau, longea derechef l'armée, et rentra au-dessous de son ancien lit. Il ne fut pas plutôt partagé en deux bras, qu'il devint également guéable dans l'un et dans l'autre. Quelques-uns disent même que l'ancien canal fut mis entièrement à sec ; mais je ne puis approuver ce sentiment. Comment en effet Crésus et les Lydiens auraient-ils pu traverser le fleuve à leur retour[notes 4] ? »
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+ Il apparaît alors comme le conseiller de l'alliance entre Lydiens et Ioniens, contre le royaume mède. Cette réputation, après la chute de Crésus, lui permit de convaincre les cités-États (ou polis) d'Ionie de se regrouper en fédération pan-ionienne, selon Hérodote[7] :
34
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+ « Quoique accablés de maux, les Ioniens ne s'en assemblaient pas moins au Panionion. Bias de Priène leur donna, comme je l'ai appris, un conseil très avantageux, qui les eût rendus les plus heureux de tous les Grecs, s'ils eussent voulu le suivre. Il les exhorta à s'embarquer tous ensemble sur une même flotte, à se rendre en Sardaigne, et à y fonder une seule ville pour tous les Ioniens. Il leur fit voir que, par ce moyen, ils sortiraient d'esclavage, qu'ils s'enrichiraient, et qu'habitant la plus grande de toutes les îles, les autres tomberaient en leur puissance; au lieu que, s'ils restaient en Ionie, il ne voyait pour eux aucune espérance de recouvrer leur liberté. Tel fut le conseil que donna Bias aux Ioniens, après qu'ils eurent été réduits en esclavage ; mais, avant que leur pays eût été subjugué, Thalès de Milet, dont les ancêtres étaient originaires de Phénicie, leur en donna aussi un qui était excellent. Ce fut d'établir à Téos, au centre de l'Ionie, un conseil général pour toute la nation, sans préjudicier au gouvernement des autres villes, qui n'en auraient pas moins suivi leurs usages particuliers que si elles eussent été autant de cantons différents[notes 5]. »
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+ Cependant, il semble que Thalès ait décidé de traiter séparément avec Cyrus, peut-être pour des raisons commerciales[7].
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+ Grâce à son séjour en Égypte, Thalès put mettre en œuvre ses connaissances en mathématiques, particulièrement en géométrie, domaines dans lesquels il fit quelques découvertes fondamentales[notes 6], comme déterminer qu'un cercle est partagé en deux parties égales par tout diamètre ou que les angles à la base d'un triangle isocèle sont égaux (voir infra). Ses découvertes astronomiques permirent d'aider à la navigation en haute mer en repérant certaines étoiles ou en déterminant les éphémérides (voir infra). Il est probable que Thalès ait consigné ses découvertes par écrit afin d'en diffuser l'utilité, même s'il ne demeure à ce jour aucun texte de sa main[16].
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+ Selon Proclos, dans ses Commentaires sur le premier livre des éléments d’Euclide (65, 3), Thalès usait d’approches variées, « tantôt plus universelles, tantôt plus empiriques ». « Les mathématiques, au sens propre du mot, n'ont commencé à exister que quelque temps après Thalès » note John Burnet[17].
42
+
43
+ Jean Voilquin, dans son ouvrage sur les présocratiques, crédite Thalès d'avoir cherché à « remplacer l'explication mythique » des phénomènes « par une explication physique », et il est en cela « un des précurseurs de la science grecque »[18].
44
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45
+ Passionné de gymnastique, Thalès passe pour avoir été retrouvé dans les gradins, mort par déshydratation lors d'une compétition à laquelle il assistait, selon Diogène Laërce : « Thalès le Sage mourut en assistant à une rencontre sportive, du fait de la faim, de la soif, et de la faiblesse de l'âge ». Ce dernier aurait écrit une épigramme à ce propos, rapportée au premier livre de son ouvrage Épigrammes (Pammétros) :
46
+
47
+ Tandis qu'il contemplait une lutte sportive,
48
+ Zeus Solaire, tu as, hors du stade, ravi
49
+ Thalès dont la sapience avait fait le renom.
50
+ Je te loue de l'avoir rappelé près de toi,
51
+ Car il était très vieux, et depuis cette terre,
52
+ La force lui manquait pour observer les astres.
53
+
54
+ Selon Apollodore, sa mort survint lors de la chute de Sarde[5], lors des 58e Olympiades, à l'âge de 78 ans ou, 90 ans selon Sosicrate, rapporte Diogène Laërce[notes 7]. Selon Diogène Laërce une épitaphe inscrite sur la tombe de Thalès rappelle qu'il fut un grand homme :
55
+
56
+ « Ce tombeau, certes est bien petit – mais la renommée de l’homme est allée au ciel. C’est celui de Thalès le très sage[notes 8]. »
57
+
58
+ Le portrait de Thalès relève d’une catégorie cultuelle, celle du Sage. Il est en effet le premier du genre et apparaît dans toutes les listes de sages connues notamment chez Apulée (Florides, 18) ou chez Platon (Protagoras, 343a)[19]. Sa renommée se fonde essentiellement sur certaines anecdotes comme l’épisode du puits rapporté par Platon (et repris par Jean de La Fontaine dans ses Fables, dans la 13e, intitulée L’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits au Livre II) :
59
+
60
+ « Socrate : L’exemple de Thalès te le fera comprendre, Théodore. Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu’il s’évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, et qu’il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds[notes 9]. »
61
+
62
+ Thalès est devenu pour les Grecs un « symbole d'ingéniosité », à tel point qu'un personnage du théâtre d'Aristophane, dans sa pièce Les Oiseaux, dit, en parlant de l'urbaniste Méton d'Athènes, qu'il pourrait être « un Thalès ». Platon quant à lui le compare à Anacharsis dans sa République[15]. Selon la tradition, c'est Anaximène qui a continué les travaux de Thalès[20].
63
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+ Diogène Laërce raconte que Thalès fut nommé, après sa mort, « Sage » par l'archonte d'Athènes Damasias l'un des « Sept sages »[21]. Selon Karin Mackowiak, « la vie de Thalès peut être issue d’une mise en forme mythique analogue à celle qui concerne la vie de Pythagore »[22]. Par la suite, Aristote (Métaphysique, I, 3, 983b) en fait un connaisseur des lois du monde et « le place au plus haut degré de la sagesse en qualité d’initiateur de la philosophie spéculative et de moraliste »[19].
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+ ἐκ τοῦ ὕδατός φησι συνεστάναι πάντα (« L'eau est la cause matérielle de toutes choses »)
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+ La philosophie de la nature de Thalès, connue surtout grâce à Aristote[23] — qui la tient lui-même de sources intermédiaires[24] — fait de l'eau le principe matériel (αρχή : arche) explicatif de l'univers, d'où procèdent les autres éléments : air, feu et terre. Accordant une vitalité à cette matière unique et universelle, il estime que l'eau est le principe de toutes choses. Ainsi, l’air, le feu et la terre ne sont que différentes formes prises par l’eau : la terre de l’eau condensée, l’air de l’eau raréfiée et le feu nourri par l’air ; tout se résout en eau. Aristote résume ainsi la pensée de Thalès et la prépondérance donnée à l'eau au sein de celle-ci[25] :
69
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+ « Thalès, le fondateur de cette manière de philosopher, prend l'eau pour principe, et voilà pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur l'eau, amené probablement à cette opinion parce qu'il avait observé que l'humide est l'aliment de tous les êtres, et que la chaleur elle-même vient de l'humide et en vit ; or, ce dont viennent les choses est leur principe. C'est de là qu'il tira sa doctrine, et aussi de ce que les germes de toutes choses sont de leur nature humides, et que l'eau est le principe des choses humides. Plusieurs pensent que dès la plus haute antiquité, bien avant notre époque, les premiers théologiens ont eu la même opinion sur la nature : car ils avaient fait l'Océan et Téthys auteurs de tous les phénomènes de ce monde, et ils montrent les dieux jurant par l'eau que les poètes appellent le Styx. En effet, ce qu'il y a de plus ancien est ce qu'il y a de plus saint ; et ce qu'il y a de plus saint, c'est le serment. Y a-t-il réellement un système physique dans cette vieille et antique opinion ? C'est ce dont on pourrait douter. Mais pour Thalès on dit que telle fut sa doctrine[notes 10]. »
71
+
72
+ La raison de ce choix pour l'eau provient semble-t-il de l'importance de celle-ci dans la croissance et la nutrition des choses vivantes, de son rôle central dans le quotidien des Milésiens et des observations qu'on prétend qu'il a faites en Égypte quant à l'importance du Nil et des autres fleuves qui faisaient l'objet de cultes[26]. Cependant, l'originalité de Thalès est de faire de cette explication mythologique un principe de connaissance physique mais aussi métaphysique ; en effet, l'unité de l'élément eau est aussi l'unité du monde comme le résume le doxographe Aetius : « Thalès et son école : le monde est un ». L'eau comme principe universel d'explication n'est présent que dans la pensée de Thalès ; « on n'en trouve pas d'écho dans le monde grec », si bien qu'il s'agit certainement d'une conception rapportée des pays à l'Est de la Grèce[27].
73
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+ La thèse de Thalès est une innovation d'importance car elle suppose l'affirmation de vérités, non à partir de quelques objets singuliers, comme c'était le cas avant lui pour les Égyptiens ou les Babyloniens, mais pour une infinité d'objets contenus dans le monde et pour le monde lui-même. Il énonce donc des vérités concernant une classe entière d'êtres. Ainsi, selon l'helléniste allemand Eduard Zeller, au XIXe siècle, l'apport majeur de Thalès est d'avoir généralisé et conceptualisé ses observations, d'être parvenu au concept de l'« Un » sans se perdre dans l'accumulation d'observations disparates [réf. nécessaire]. On attribue parfois à Thalès une conception de l'univers assez séduisante : celui-ci serait un genre de bulle d'air hémisphérique formée par la concavité du ciel et la surface plane de la Terre, qui flotte elle-même sur l'eau. Le mouvement de la Terre sur l'eau expliquerait les tremblements de terre rapporte Sénèque[27],[notes 11]. Thalès « place donc l'eau (ὕδωρ) en tant que principe, sans contexte mythique, à l'origine des choses. » Nietzsche, dans La naissance de la philosophie à l'époque de la tragédie grecque, a dit qu'à travers l'eau, Thalès a su discerner l'unité de l'être[28], c'est-à-dire un principe explicatif rationnel.
75
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+ Toutefois, la thèse de Thalès n'étant connue que par l'intermédiaire d'Aristote et des péripatéticiens, le risque d'une déformation est non négligeable. Il est possible que Thalès n'ait pas pensé que tout était explicable par l'eau mais qu'il en fasse seulement l'élément originel[20]. Il a su utiliser une analogie, le concept d'« archè », pour expliquer l'essence de chaque être. Ce discours pré-scientifique a permis une rationalisation du monde. Thalès est, selon Leopoldo Iribarren, « le premier penseur archaïque à vaincre les résistances sémantiques posées par le discours mythique aux tentatives de régularisation du monde sous un principe explicatif unique ». L’affirmation de Thalès « opère la délimitation d’un horizon idéal des affirmations au-delà des situations énonciatives de la poésie inspirée »[29]. Au sein de l'histoire de la philosophie, Thalès reste donc « une figure de transition entre l’interprétation universalisante des grands mythes et l’argumentation d’une compréhension du monde »[30].
77
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78
+ « Eudème, dans ses livres Sur l’astronomie raconte qu’Œnopide a trouvé le premier l’obliquité du zodiaque et reconnu l’existence de la grande année : d’après lui, Thalès a fait voir que les éclipses de soleil et les retours de cet astre aux solstices n’arrivent pas toujours après le même temps ; Anaximandre prétend que la terre est suspendue dans l’espace et se meut autour du centre du monde ; Anaximène a montré que la lune reçoit la lumière du soleil et de quelle manière elle s’éclipse. D’autres ont ajouté de nouvelles découvertes à celles-là : que les étoiles se meuvent autour de l’axe immobile qui passe par les pôles, que les planètes se meuvent autour de l’axe perpendiculaire au zodiaque ; et que l’axe des étoiles et celui des planètes s’écartent l’un de l’autre, du côté du pentadécagone, et par conséquent d’un angle de 24 degrés[31]. »
79
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80
+ Theodor Gomperz énumère les influences possibles de la philosophie de Thalès. L'eau comme élément primitif dans sa cosmogonie est d'origine incertaine, peut-être phénicienne et égyptienne. La conception d'une terre flottante, comme un disque de bois reposant sur l'eau évoluant dans un univers rempli de matière primordiale, c'est-à-dire envisagé comme une masse liquide, s'accorde en effet, dans une certaine mesure, avec l'idée égyptienne de l'eau primordiale (« Noun »), surface divisée en deux masses séparées, selon Paul Tannery[32]. Selon Théophile Obenga, la conception de l'eau chez Thalès est en effet très proche de celle du Noun des Égyptiens, « matière-esprit destinée à l'évolution »[28].
81
+
82
+ Les anciens Babyloniens admettaient également l'idée d'un océan supérieur et d'un océan inférieur, montre Fritz Hommel[33]. Il existe aussi selon Gomperz des similitudes avec le livre de la Genèse (I, 7). La concordance entre la doctrine fondamentale de Thalès et celle de la secte judéo-chrétienne des Sampséens reste cependant à préciser selon lui[34]. La tendance actuelle est de considérer Thalès comme un simple intermédiaire entre étrangers et Grecs ; cette tendance a pourtant contre elle la façon dont la meilleure autorité, Eudème, parle des travaux géométriques de Thalès et du rapport dans lequel ils se trouvent avec la mathématique égyptienne conclut Theodor Gomperz[35].
83
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84
+ Selon Diogène Laërce, Chérilos de Samos a soutenu que Thalès de Milet avait le premier proclamé l’immortalité de l’âme. Diogène rapporte également que Thalès pensait que toute chose avait une âme et que cette âme participait de tout l'univers, en conséquence de quoi il considérait que toutes les choses étaient remplies de dieux (c'est l'hylozoïsme). Cette dernière proposition lui permit de dire que l'âme est immortelle. L'assertion concernant la participation de l'âme au cosmos proviendrait de l'observation des propriétés magnétiques de certaines pierres et de l'ambre. Toutefois, il est possible qu'Hippias, puis Aristote, aient mal compris cette théorie. Aristote aurait notamment généralisé la thèse de Thalès au point de faire de l'âme la seule force motrice. Thalès semble, avec cette théorie, puiser aux sources de la pensée primitive pré-verbale[36]. En cela, il affirme l'unité de la matière[37].
85
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86
+ Thalès est la première personnalité des mathématiques ayant laissé la trace de son nom dans l'Histoire[38]. Il a formulé plusieurs propriétés géométriques qu'il tenait peut-être des Égyptiens et dont les premières traces de démonstration connues sont bien ultérieures[39] mais, ce faisant, il pose les premiers jalons du raisonnement sur des figures idéales.
87
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88
+ Deux théorèmes de géométrie très différents ont été appelés « théorème de Thalès » dans l'enseignement, à partir de la toute fin du XIXe siècle[40].
89
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90
+ « Pamphila raconte, de son côté, qu’il [Thalès] avait appris la géométrie des Égyptiens ; que le premier il inscrivit dans le cercle un triangle rectangle, et qu’il immola un bœuf à cette occasion. Apollodore le calculateur et quelques autres mettent cela sur le compte de Pythagore[43]. »
91
+
92
+ Quoi qu'il en soit, pour une majorité d'historiens, la pratique des mathématiques de l'époque ne permettait pas à Thalès de fournir une démonstration logique comparable à celle que l'on trouve en Grèce deux ou trois siècles plus tard. Ses énoncés mathématiques et ceux de l'école Ionienne devaient plutôt relever de l'intuition empirique[44].
93
+
94
+ Ces deux dénominations apparaissent à une époque, la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, où l'enseignement secondaire se développe. Toutes deux semblent avoir un sens plus didactique qu'historique : il s'agit d'abord de mettre en valeur un théorème considéré comme important à un certain niveau d'enseignement. Des traditions différentes de l'enseignement de la géométrie, en particulier entre la France et l'Allemagne, expliquent ces choix divergeants[40].
95
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96
+ La seconde dénomination fait référence à une anecdote, rapportée dans Le Banquet des Sept Sages de Plutarque (147a) mais ce dernier a peut-être enjolivé la réalité. Selon Diogène Laërce, le pharaon Amasis aurait dit que personne n'était en mesure de savoir quelle était la hauteur de la Grande Pyramide et Thalès aurait relevé le défi en calculant le rapport entre son ombre et celle d'un corps de référence, au moyen d'un gnomon ou d'un bâton[45] :
97
+
98
+ « Ainsi, vous, Thalès, le roi d'Égypte vous admire beaucoup, et, entre autres choses, il a été, au-delà de ce qu'on peut dire, ravi de la manière dont vous avez mesuré la pyramide sans le moindre embarras et sans avoir eu besoin d'aucun instrument. Après avoir dressé votre bâton à l'extrémité de l'ombre que projetait la pyramide, vous construisîtes deux triangles par la tangence d'un rayon, et vous démontrâtes qu'il y avait la même proportion entre la hauteur du bâton et la hauteur de la pyramide qu'entre la longueur des deux ombres[notes 12]. »
99
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100
+ Pour Robert Baccou[46], « on peut interpréter l’étonnement du roi comme l’introduction d’une méthode entièrement nouvelle qui surpasse la science somme toute embryonnaire et empirique des Égyptiens »[47]. Cependant Maurice Caveing fait remarquer qu'« il est peu vraisemblable que le souverain d'un pays qui, plus de 1000 ans avant Thalès, connaissait le calcul du seq'd, ait ignoré comment mesurer la hauteur des pyramides »[48].
101
+
102
+ Il est possible que Thalès ait attendu que l'ombre portée par un corps debout soit de même longueur que la hauteur de ce corps, puis ait déduit de manière empirique donc, et non théorique, qu'il devait en être de même pour la pyramide[49]. Si ce moment coïncide avec l'alignement du Soleil avec un côté de la base, ce qui arrive deux fois par an, il suffit alors d'ajouter la longueur de l'ombre au sol avec la moitié de la longueur du côté de la pyramide pour obtenir la hauteur du bâtiment[50].
103
+
104
+ Denis Guedj, dans Le Théorème du Perroquet, résume cet épisode :
105
+
106
+ « Il partit simplement du principe qu'à un certain moment de la journée, l'ombre de tout objet devient égale à sa hauteur. Il ne lui restait qu'à déterminer le moment exact. Il devait également pour cela tenir compte de ce que les rayons du soleil devaient être perpendiculaires avec l'un de ses côtés, ce qui ne se produisait que deux fois par année (21 novembre et le 20 janvier). La raison de cela est que la pyramide de Khéops se trouve à Gizeh (30° de latitude dans l'hémisphère nord) et pour que l'ombre soit égale à l'objet, il faut que les rayons solaires soient inclinés à 45°. De plus, pour que l'ombre soit perpendiculaire à la base, elle doit être orientée nord-sud. Par la suite, Thalès se servit de sa propre taille comme unité de mesure. Il obtint les résultats suivants : 18 thalès pour l'ombre, puis il mesura le côté de la base qu'il divisa par deux et obtint 67 thalès ; la pyramide de Khéops mesure alors 85 Thalès. Or en mesure locale, le Thalès valait 3,25 coudées égyptiennes, ce qui fait 276,25 coudées au total. Nous savons aujourd'hui que la hauteur de la pyramide de Khéops est de 280 coudées soit 147 mètres. Comme quoi, la mesure de Thalès était déjà passablement précise. Impressionnés par ce calcul, les prêtres lui donnèrent accès à la bibliothèque où il put consulter de nombreux ouvrages d'astronomie[51]. »
107
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+ D'autres propriétés géométriques sont attribuées à Thalès par Proclos notamment, commentateur d'Euclide, dans son Commentaire sur le premier livre d'Euclide[42] :
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+ Thalès est considéré comme l'un des fondateurs de l’astronomie : il décrivit notamment la Petite Ourse et conseilla aux marins de s’en servir pour se guider, calcula la durée de l’année et des intervalles des solstices aux équinoxes, évalua le diamètre apparent du Soleil et les grandeurs relatives de cet astre et la Lune, sans doute en s'aidant d'un instrument tel qu'un gnomon ou un bâton vertical lui permettant de mesurer la portée de l'ombre du soleil[45]. L'intérêt de Thalès de Milet pour l'astronomie le poussa à faire de nombreuses observations sur les constellations. Il aurait été le premier à noter le voyage du soleil entre les deux tropiques. Il établit aussi que certaines étoiles n'étaient pas toutes fixes par rapport aux autres. On dit même qu'il parvint à en répertorier les éphémérides. Il fut aussi le premier à constater que l'année ne comptait pas 365 jours, mais 365 et un quart. On lui attribue aussi des observations des Hyades et le calcul de la position des Pléiades (calcul d'ailleurs correct depuis le sol égyptien, mais pas depuis la Grèce)[16]. Selon Diogène, Thalès aurait également calculé l'inclinaison du zodiaque, or il est impossible à cette époque de réaliser une telle avancée[45]. Thalès savait aussi tirer profit de ses observations astronomiques. Aristote raconte que Thalès, prévoyant une abondante récolte d'olives, aurait monopolisé les pressoirs pour spéculer sur leurs services ; il voulait ainsi montrer que le sage est capable de faire fortune mais qu'il ne s'en préoccupe pas, préférant la contemplation, la recherche scientifique et la vie honnête[notes 13].
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+ On rapporte qu'il prédit l'éclipse solaire du 28 mai 585 av. J.-C. qui survint lors d'un combat entre les Mèdes et les Lydiens, la bataille de l'Éclipse[52]. Mais cette prédiction, rapportée par Hérodote (I, 74), relève très certainement de la légende[53]. Elle a été probablement permise par de nombreuses observations empiriques et non par une théorie réelle des éclipses[54]. En effet, à cette époque, la prédiction des éclipses lunaires était relativement connue puisqu'elles se répètent sur un cycle de dix-huit ans (c'est le saros). Une éclipse lunaire est également visible de toute la partie de la Terre orientée vers la Lune. Il en va cependant autrement pour les prédictions des éclipses solaires qui ne sont visibles que pendant quelques minutes sur une portion réduite du globe terrestre. Il semble que Thalès n'avait pas les connaissances requises pour faire de telles prévisions. Cela demande non seulement des moyens géométriques puissants mais aussi des calculs trigonométriques complexes, ainsi que des tables très élaborées, construites à partir d'éphémérides anciennes. Tous ces moyens ne seront mis à la disposition des astronomes que par Hipparque (190 à 120 av. J.-C.) grâce à sa théorie des épicycles. Les Babyloniens possédaient, certes, des éphémérides remontant au moins au VIIIe siècle, mais les autres éléments leur manquaient[55], même s'il est possible d'envisager le fait que Thalès connaissait les observations babyloniennes[56].
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+ Thalès a également réalisé des constatations physiques ; il est même considéré comme le premier « physicien[5] ».
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+ On lui doit notamment la première connaissance de l'électricité, grâce à deux expériences. Il remarqua d'abord que l'ambre avait la propriété d'attirer les matériaux légers comme le tissu. Le mot « électricité » (ἤλεκτρον, elektron en grec ancien) est par ailleurs donné en référence à l'ambre jaune. Une autre expérience réalisée en Magnésie, vers -600, lui permet de mettre en évidence les propriétés d'aimantation de l'oxyde de fer[57].
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+ Thalès passe pour avoir fondé, de retour à Milet, l'école milésienne, appelée aussi « école ionienne ». Milet était alors la plus puissante cité maritime d'Asie Mineure, dans la région de la Carie, et ce depuis le VIIIe siècle avant notre ère[58]. Selon Jacques Brunschwig (Études sur les philosophies hellénistiques[réf. non conforme], 1995), l'école de Milet a innové en matière de représentation mentale car elle fait primer la perception visuelle à distance dans l'édification de la connaissance. « Savoir c'est d'abord voir » résume Jacques Brunschwig, qui explique que la perception donne ensuite naissance à la pratique (τέχνη : tekhnè) puis au théorique (ἐπιστήμη : épistémè), processus cognitif que les philosophes de l'école de Milet, dont Thalès, appliquent au questionnement portant sur l'univers[59]. Aétius s'arrête sur cette tendance de Thalès à naturaliser les phénomènes naturels : « Thalès disait que les astres sont faits de terre, mais qu'ils sont embrasés » (Opinions, II, XIII, I).
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+ Thalès est le promoteur d'une « science fondamentalement ouverte, lui permettant de jongler entre ce que nous considérons aujourd’hui comme des disciplines scientifiques diverses et spécialisées ». Selon Karin Mackowiak, il se distingue fondamentalement par sa méthode fondée sur l’acte de « graphein » (γράφειν). C’est en effet « l’écriture qui constitue le point de base primordial, presque individualisée comme discipline en soi, permettant l’érection d’une série de savoirs tous liés les uns aux autres. » Le Milésien utilisait en effet l'écriture sur deux plans : pour le traçage des figures, principal instrument de démonstration en géométrie comme en astronomie, et dans sa maîtrise d’une certaine forme de calcul. « Ces méthodes variées montrent combien la science thalésienne fut conçue non pas comme une fin en soi, censée viser l’accumulation des savoirs, mais comme une pratique instrumentale de l’écriture orientée vers la démonstration de l’existence d’un ordre cosmique et la volonté d’en comprendre le fonctionnement »[60].
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+ « Voici le grand tournant… Voici l’entrée en scène de la science, conçue dans son universalité, sous son aspect logique et rationnel. Ce qu’a laissé l’école en résultats positifs : rien. Ce qu’elle a ébauché et légué comme esprit, méthode, pensée : tout ; l’Ionie a fondé une science qui est devenue notre science occidentale, notre civilisation intellectuelle. Elle est la première réalisation du miracle grec et elle en est la clef. »
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+ Thalès est représentatif de la philosophie de l'école de Milet. Sa théorie de la nature (φύσις : physis), comme ne procédant pas d'une cause exogène (divine par exemple) mais interne, inhérente au vivant, est un trait commun à toutes les figures qui composent cette école. Cette conception, la première de la biologie, est proprement physiologiste[62]. Les membres de l'école ionienne sont ainsi nommés les « physiologues ». Anaximandre et Anaximène sont considérés comme ses successeurs (même si le type de lien qui unit Anaximandre à Thalès varie selon le doxographe : il est son « successeur et élève » pour Simplicios de Cilicie, son « auditeur » pour Hippolyte ou encore son « compagnon » pour Plutarque, note Leopoldo Iribarren[30]). Thalès semble cependant n'avoir rien écrit. On sait cependant que, au sein de cette école, il aurait prononcé les célèbres maximes : « Connais-toi toi-même »[63] et « Ne te porte jamais caution »[réf. souhaitée].
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+ L'école de Milet réalise par ailleurs deux grandes avancées fondatrices : d'une part, elle inaugure la distinction entre le naturel et le surnaturel. De façon plus exacte, ils ne chassent pas le divin de la connaissance du monde, mais la mythologie, en cherchant des causes naturelles aux phénomènes. Ce changement d'attitude fait succéder l'explication naturaliste à l'explication divine classique. D'autre part, les Milésiens mettent en place la discussion des arguments défendus. Admettre la discussion scientifique est une nécessité de l'avancée scientifique et une qualité de la rationalité. Pour cette école, toutes les choses peuvent s'expliquer par la dilatation ou la condensation d'un germe primordial, que ce germe soit l'eau (pour Thalès), le feu (Héraclite d'Éphèse), l'air (Anaximène, Diogène d'Apollonie) ou un principe indéterminé comme l'apeiron (απειρον (Anaximandre). L'idée de matière a ainsi peu à peu été sondée et, de là, les Milésiens lui ont reconnu un principe d'intelligence. Thalès le premier voit dans les mouvements rapides de l'onde une intelligence de la nature[64].
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+ La pensée milésienne, et en particulier celle de Thalès, a influencé la philosophie de Platon et celle d'Aristote. Pour Bernard Vitrac, comme avec Aristophane, les deux hommes vont faire de Thalès la figure emblématique du philosophe, en lui faisant jouer une fonction au sein de leurs systèmes, d'ailleurs opposés. Dans le Théétète, Thalès est montré comme un philosophe astronome étranger aux affaires de sa cité ; il serait mort en observant le ciel, à la suite d'une chute dans un puits. Au contraire, Aristote s'arrête sur son ingéniosité financière qui lui ont procuré « ses connaissances astronomico-météorologiques en prévoyant une abondante récolte d’olives »[65]. Ce dernier, Aristote, dans sa Métaphysique (A, 3) voit en Thalès « le fondateur (archêgos) d’un type nouveau de philosophie, en rupture avec le thème des généalogies divines[29]. » Pour Jaap Mansfeld, Thalès est le point de départ d'une volonté de donner un sens téléologique à la nature, volonté qui constitue les racines fondatrices de la philosophie péripatéticienne[66]. Thalès a également influencé la politique d'Aristote, qui s'est fondé sur l'école milésienne pour dépasser la pensée politique des IVe et Ve siècles[67].
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+ Le théâtre (Écouter) est à la fois l'art de la représentation d'un drame ou d'une comédie, un genre littéraire particulier, et l'édifice dans lequel se déroulent les spectacles de théâtre[1]. On parle aussi de genre dramatique.
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+ Jadis, le mot en grec ancien : θέατρον, « theatron », désignait également la scène ou le plateau, c'est-à-dire toute la partie cachée au public par le rideau[2].
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+ Au sens figuré, « théâtre » désigne un lieu où se déroule une action importante (par exemple, un théâtre d'opérations militaires).
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+ Aujourd'hui, à l'heure des arts dits pluridisciplinaires, la définition de l'art du théâtre est de plus en plus large (jusqu'à se confondre avec l'expression spectacle vivant), si bien que certains grands metteurs en scène n'hésitent pas à dire que pour qu'il y ait théâtre, il suffit d'avoir un lieu, un temps, un acte et un public[3].
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+ Il s'agit de spectacles dans lesquels des comédiens, mis dans les circonstances et les situations créées par un texte et la vision d'un metteur en scène/réalisateur, incarnent des personnages pour un regard extérieur (le public), dans un temps et un espace limités. Les dialogues écrits sont appelés pièces de théâtre, mais il peut y avoir également du théâtre sans texte écrit ou même sans aucune parole. Il existe aussi des œuvres de théâtre musical, le genre étant particulièrement représenté dans les célèbres quartiers de Broadway aux États-Unis ou du West End à Londres, mais aussi de plus en plus autour des Grands boulevards à Paris[4].
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+ Dans la création contemporaine, les frontières entre les différents arts de la scène (théâtre, mime, cirque, danse...) sont de plus en plus ténues, si bien que certains professionnels n'hésitent pas à remplacer le mot théâtre par les mots spectacle pluridisciplinaire ou spectacle vivant, mettant ainsi l'accent sur le métissage des disciplines.
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+ Dès les débuts de l'humanité, le « théâtre » désignait l'acteur qui racontait, qui revivait une expérience de chasse, de conflit, pour la partager avec son groupe. Dans la civilisation occidentale on considère les cortèges en l'honneur du dieu grec Dionysos comme les premières représentations théâtrales, bien avant le VIe siècle av. J.-C.[5]. C'est en effet d'abord à l'époque grecque antique qu'apparaît le Theatron (θέατρον, qui vient de θεάομαι : regarder, contempler). Le terme désigne alors l'hémicycle destiné aux spectateurs. Un théâtre est donc à l'origine un lieu d'où le public observe un spectacle. À la Renaissance, la signification s'étend non seulement à l'ensemble de l'édifice de spectacle, scène comprise, mais également à l'art dramatique. Ce n'est qu'après la période du théâtre classique que le terme devient par antonomase le texte qu'il soit lu ou joué.
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+ Le théâtre est né en Grèce, où des concours tragiques existent depuis le VIe siècle av. J.-C.. Il est apparu à Rome à la fin du IIIe siècle av. J.-C. Les représentations font partie des « jeux » (ludi), fêtes officielles de la cité. À Rome, on édifie d'abord des théâtres en bois, où seuls les spectateurs des premiers rangs sont assis, puis des théâtres en pierre : théâtre de Pompée en 55 av. J.-C., de Balbus en 13 av. J.-C., de Marcellus en 12 ou 11 av. J.-C. En Campanie, par exemple à Pompéi, on construit des théâtres en pierre dès le IIIe siècle. À l'époque impériale, chaque ville romaine a son théâtre, comme Ostie en Italie, Orange en Gaule ou Sabratha en Afrique.
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+ Dans le théâtre romain, plus anciennement dans le théâtre grec, les acteurs portaient un masque : cet accessoire leur permettait d'être mieux vus des spectateurs assis sur les gradins parfois éloignés et d'en être mieux entendus, leur voix étant amplifiée comme par des porte-voix. Il y avait des masques tragiques (un visage triste) ou comiques (un visage fendu d'un large rire) ainsi que des masques doubles (un côté tragique, un côté comique) ; les acteurs qui se servaient de ces derniers devaient jouer de profil.
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+ L'acteur, exclusivement masculin, porte aussi des vêtements aux rembourrages voyants et cloturaux ainsi qu'une coiffure très haute, censés évoquer le gigantisme des dieux et des héros qu'il incarne.
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+ Au Moyen Âge, des troupes itinérantes jouent des pièces de genre dites des « Miracles », des "Mystères" et des « drames liturgiques », d'abord dans les églises puis dans leurs porches, sur leurs parvis et sur les places publiques. Elles ont pour vocation de raconter la vie des Saints mais sont très longues, alors pour maintenir le spectateur éveillé on y glissait en intermède quelques petites farces.
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+ Aujourd'hui, le théâtre amateur tend à se développer partout en province.
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+ Un genre théâtral est le résultat d'une création comique correspondant à une forme particulière : le spectateur, connaissant un genre donné, sait à quoi s'attendre, et selon la présentation de l'œuvre (tragédie, comédie…), il a une vision stéréotypique de l'œuvre.
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+ Le genre est donc, avant tout, une convention qui donne un cadre, une forme précise. C'est un premier échange implicite entre l'artiste et le spectateur. Il inclut diverses formes théâtrales dont la farce, la comédie, la pantomime, la tragédie, le drame romantique, le drame bourgeois, la tragédie lyrique, le vaudeville, le mélodrame, les mystères médiévaux, le théâtre de marionnettes, le théâtre forum, le théâtre d'improvisation, le théâtre en plein air, le théâtre de rue, le théâtre expérimental, le théâtre installation performance, la danse-théâtre (ou théâtre-danse), le web-théâtre avec les expérimentations d'e-toile, le café-théâtre d'improvisation, le théâtre de l'absurde, le conte, la revue.
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33
+ Le théâtre de société, théâtre amateur joué dans les demeures privées de riches propriétaires, par, et pour, des proches de ces derniers, est une forme théâtrale qui s'est développée plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle. Notamment en Suisse romande sous l'influence de Voltaire, installé près de Genève, et de Germaine de Staël, au château de Coppet. Des témoignages exceptionnels (costumes et décors) ont été conservés au château d'Hauteville[6].
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35
+ Molière disait, traduisant ainsi une devise de Santeul : le but de la comédie est de corriger les mœurs (castigat ridendo mores), ce qui vaut aussi pour la tragédie. Ces deux formes théâtrales ont en effet une portée édifiante.
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37
+ Depuis quelques années est apparu un genre nouveau : le théâtre témoignage. Les premiers spectacles abordaient la question des drames vécus par les personnes ayant subi des licenciements économiques (Les yeux rouges pour les employés de Lip ; 501 blues pour ceux de Levis). Puis sont apparus des spectacles témoignant des horreurs des génocides de la fin du XXe siècle : Olivier Py et son Requiem pour Srebrenica, ou encore Jacques Delcuvellerie avec Rwanda 94.
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+ Auteurs ayant eu le plus d'influence et d'audience dans le domaine du théâtre de façon permanente depuis leur vie.
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+ Théâtre antique
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+ Théâtre baroque
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+ Théâtre classique
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+ Théâtre du XVIIIe siècle
48
+
49
+ Théâtre romantique
50
+
51
+ Vaudeville
52
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53
+ Il n'y a pas d'autrices ou d'auteurs pour le théâtre contemporain à cause de la proximité temporelle : nous n'avons pas le recul nécessaire, à notre époque, pour déterminer les auteurs qui seront confirmés comme des auteurs célèbres.
54
+
55
+ La scène 1 de l'acte 1 est nommée « l'intersigne » ou scène d’exposition. [réf. souhaitée]
56
+
57
+ Le théâtre prend sa conception actuelle au début du XXe siècle, grâce à des pionniers et des pédagogues comme Constantin Stanislavski et Bertolt Brecht (pour l'enseignement du théâtre et la place du comédien), Vsevolod Meyerhold (entraînement physique), Edward Gordon Craig (laboratoire expérimental et importance de la marionnette), Adolphe Appia (espace théâtral en trois dimensions), Jacques Copeau (honnêteté, sincérité, simplicité avec le Théâtre du Vieux-Colombier), ou Antonin Artaud (la souffrance d'exister avec le Théâtre de la cruauté)[7].
58
+
59
+ Le metteur en scène au théâtre prend une réelle dimension à la fin du XIXe siècle. Il acquiert la place de « maître du plateau ». Ce bouleversement est notamment provoqué par Constantin Stanislavski, auteur et metteur en scène russe né en 1863 à Moscou, qui va, à 35 ans, créer avec Vladimir Nemirovitch-Dantchenko le Théâtre d'art de Moscou. Il y crée[8] des spectacles de Tchekhov notamment (Les Trois Sœurs, 1900) et y enseigne une nouvelle pratique du théâtre basée sur le travail corporel, le travail physique et le refus du jeu conventionnel. Ce « système » (nom donné, par les contemporains, à sa façon de travailler), également intitulé « La Méthode (théâtre) », qu'il décrit dans son livre, La Formation de l'acteur, influence ses successeurs, dont Valère Novarina, Claude Régy ou encore Jean Vilar qui, dans la préface du roman, expose qu'« il n'est pas de comédien authentique qui n'ait, un jour ou l'autre, emprunté, sciemment ou non, quelques-uns des sentiers » du livre de Stanislavski.
60
+
61
+ En constituant leurs écoles, Constantin Stanislavski ou Vsevold Meyerhold, en particulier, veulent mettre fin au mythe du talent et de l'inspiration. Le théâtre se construit, selon eux, sur des bases scientifiques. Si l'on devient acteur, si l'on devient actrice, c'est grâce à une pédagogie et une pratique rigoureuses - ils ne seront pas d'accord sur ce qu'est cette pédagogie et cette pratique, mais c'est un autre question[7].
62
+
63
+ Pour la préparation d’une production et les représentations, le metteur en scène peut faire appel à plusieurs autres personnes, notamment :
64
+
65
+ L'acteur de théâtre ne joue généralement qu'un seul rôle à la fois, clairement défini et cohérent. L'acteur sait qu'il n'est pas réellement le personnage, même s'il doit s'identifier à lui. Les rôles de théâtre ne sont donc pas constituants. Cependant, afin de rendre celui-ci fort et cohérent, un acteur peut s'investir dans son rôle avec sa personnalité et son vécu. Le fait de créer un passé au personnage à l'aide d'événements déjà vécus par l'acteur est théorisé par Constantin Stanislavski comme le « revivre » et l'exploration de la mémoire affective. Il n'empêche que certains sont accusés de jouer tous leurs personnages de la même manière, de cabotiner. Ce problème du paradoxe sur le comédien est exposé par Diderot. Contrairement à Stanislavski, Diderot croit que le meilleur comédien est celui qui garde une distance entre son personnage et lui et qui ne joue pas la pièce en allant puiser dans ses propres émotions. La vision du jeu théâtral de Diderot le rapproche donc de Brecht et de sa théorie de la distanciation.
66
+
67
+ Les humains, vivant en société, deviennent nécessairement des acteurs sociaux, qui changent de rôle constamment (au travail, en famille, entre amis, etc.). Cela renvoie à la notion de Theatrum mundi qui soutient que la vie est un spectacle, que le monde est une scène, que les être humains sont des comédiens et que Dieu est l'auteur et le metteur en scène de cette grande pièce de théâtre[9].
68
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69
+ À rebours de la plupart des autres spectacles, où l'on admet, et quelquefois recherche, une certaine décontraction des individus composant le public, il s'est construit au XXe siècle une discipline de spectacle acceptée de tous. Par exemple, au XIXe siècle, il était très courant que le public siffle un spectacle de théâtre ou se mette à se disputer ; ce n'est plus le cas aujourd'hui. Aujourd'hui prime le respect du travail présenté, et la recherche d'une communion entre les personnes présentes[10].
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+ Cette exigence n'est pas toujours bien vécue lorsque le spectacle n'est pas intéressant : le spectateur se mettant à remuer, à tousser, quitter la salle, etc, toutes attitudes qui ne sont pas considérées comme correctes ; en cas de spectacle ennuyeux, seulement deux attitudes sont admises : dormir sur son siège, ou partir à l'entracte. Ces règles sont si bien acceptées qu'il est exceptionnel, de nos jours, de voir des spectateurs siffler, manifester bruyamment un désaccord, encore moins envahir la scène. Pour préserver le travail des acteurs et actrices, pour ceux qui prennent plaisir au spectacle, il est même exceptionnel de les voir applaudir à contre-temps, c'est-à-dire avant la fin. Le public recherche avant tout un plaisir partagé par toute la salle, des bruits d'émotions, un pari, que les émotions de chacun viendront conforter les émotions de tous et non les contredire[10].
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+ La salle est importante pour déterminer comment faire collectif. Le public français est réflexif, c'est-à-dire qu'un individu donné comprend intuitivement comment fait le public où il est pour faire public. Pour cet individu, cela a des conséquences importantes sur sa sensation d'être à l'aise ou pas, quel que soit le spectacle présenté. Chaque théâtre « suggère » comment se comporter. Par exemple, à la Comédie-Française, « il faut » parler doucement et se tenir à certaines règles vestimentaires ; au Théâtre national de Chaillot, « il faut » être plus libre. Le théâtre n'est pas seulement un rapport à une œuvre, mais il est aussi une façon d'être ensemble, il est aussi la manifestation d'une solidarité sociale[10].
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+ Pourquoi, s'ils jouent déjà naturellement des rôles, les humains se sont-ils mis à jouer du théâtre ? De façon générale, comme le rappelle Aristote dans La Poétique, les gens réagissent différemment dans la vie, et face à une œuvre d'art. Un cadavre en décomposition horrifie, mais une nature morte ravit. Il y a donc un pouvoir propre à la représentation (mimésis), au jeu, qui permet d'appréhender avec plaisir ce qui autrement pose problème.
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+ Le théâtre est donc joué pour faire face aux mystères et conflits qui inquiètent.
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+ Les gens de théâtre cherchent ainsi à créer un miroir social, un reflet plus ou moins caricatural de la société, qui permet de mieux la comprendre, et de mieux dénoncer ses failles : ce rôle politique était particulièrement évident dans la Grèce antique, avec la comédie ancienne. Mais cette citation du Hamlet de Shakespeare peut aussi être mentionnée : « for any thing so overdone is from the purpose of playing, whose end, both at the first and now, was and is, to hold, as 'twere, the mirror up to nature ». Le théâtre est aussi un miroir tendu à la nature : le spectateur, comme l'acteur, vient chercher une réponse, se construire une identité.
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+ Le théâtre peut avoir un effet cathartique, servant d'exutoire aux passions qui ne sont pas autorisées par la société. Le théâtre peut aussi être un divertissement, sans autre objectif que de changer les idées à ses spectateurs, par l'utilisation du comique notamment.
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+ Augusto Boal, qui aborda une manière de faire du théâtre résolument politique, c'est-à-dire qu'il faisait jouer à des gens des situations conflictuelles en changeant la position des personnages : par exemple, le directeur qui avait licencié tel salarié jouait le rôle du salarié. Cela permettait selon lui de régler certains conflits. C'est l'origine de ce qu'on a appelé le théâtre forum, et en Belgique le théâtre-action.
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+ Peter Bu propose une définition générale du théâtre permettant d'inclure toutes ses formes.
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+ Le festival le plus renommé en France est le Festival d'Avignon. Le plus grand festival européen, et peut-être mondial est le festival international d'Édimbourg. Il existe de nombreux festivals, notamment en période estivale. Certains se concentrent sur un genre particulier (Aurillac pour le théâtre de rue, ou celui de Charleville-Mézières pour le théâtre de marionnettes, Mimos de Périgueux pour le théâtre gestuel, par exemple) ou bien restent « généralistes » en tentant la plupart du temps de programmer un spectacle avec une tête d'affiche pour attirer le public.
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89
+ Une majorité des comédiens en activité a suivi une formation, que ce soit par le conservatoire national supérieur d'art dramatique, un Conservatoire de musique, danse et art dramatique ou un cours privé[11].
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+ Internet est considéré par certains comme un concurrent du théâtre voire un adversaire qui encourage le goût de la dématérialisation de relations, contraire à la proximité humaine propre au théâtre. Certains ont considéré les sites de théâtre sur Internet comme « des officines responsables de la régression du théâtre »[12].
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93
+ D'autres personnes estiment qu'Internet apporte beaucoup au théâtre : une popularisation par la diffusion d'opinions sur les pièces, une démocratisation par la pression à la baisse des tarifs initiée par les billetteries en ligne et un accès facilité à l’information (programmation, réservation).
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+ Ainsi, en septembre 2006, la Comédie-Française a ouvert ses portes aux acteurs du web, que ce soit pour publier sur le Web des avis sur les pièces, ou pour proposer des tarifs réduits aux spectateurs.
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+ Le Théâtre des Osses, compagnie suisse fondée en 1978 et devenue Centre dramatique fribourgeois en 2003 ouvre un site d'archives[13].
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5
+ Le théâtre (Écouter) est à la fois l'art de la représentation d'un drame ou d'une comédie, un genre littéraire particulier, et l'édifice dans lequel se déroulent les spectacles de théâtre[1]. On parle aussi de genre dramatique.
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7
+ Jadis, le mot en grec ancien : θέατρον, « theatron », désignait également la scène ou le plateau, c'est-à-dire toute la partie cachée au public par le rideau[2].
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+ Au sens figuré, « théâtre » désigne un lieu où se déroule une action importante (par exemple, un théâtre d'opérations militaires).
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+ Aujourd'hui, à l'heure des arts dits pluridisciplinaires, la définition de l'art du théâtre est de plus en plus large (jusqu'à se confondre avec l'expression spectacle vivant), si bien que certains grands metteurs en scène n'hésitent pas à dire que pour qu'il y ait théâtre, il suffit d'avoir un lieu, un temps, un acte et un public[3].
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+ Il s'agit de spectacles dans lesquels des comédiens, mis dans les circonstances et les situations créées par un texte et la vision d'un metteur en scène/réalisateur, incarnent des personnages pour un regard extérieur (le public), dans un temps et un espace limités. Les dialogues écrits sont appelés pièces de théâtre, mais il peut y avoir également du théâtre sans texte écrit ou même sans aucune parole. Il existe aussi des œuvres de théâtre musical, le genre étant particulièrement représenté dans les célèbres quartiers de Broadway aux États-Unis ou du West End à Londres, mais aussi de plus en plus autour des Grands boulevards à Paris[4].
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+ Dans la création contemporaine, les frontières entre les différents arts de la scène (théâtre, mime, cirque, danse...) sont de plus en plus ténues, si bien que certains professionnels n'hésitent pas à remplacer le mot théâtre par les mots spectacle pluridisciplinaire ou spectacle vivant, mettant ainsi l'accent sur le métissage des disciplines.
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+ Dès les débuts de l'humanité, le « théâtre » désignait l'acteur qui racontait, qui revivait une expérience de chasse, de conflit, pour la partager avec son groupe. Dans la civilisation occidentale on considère les cortèges en l'honneur du dieu grec Dionysos comme les premières représentations théâtrales, bien avant le VIe siècle av. J.-C.[5]. C'est en effet d'abord à l'époque grecque antique qu'apparaît le Theatron (θέατρον, qui vient de θεάομαι : regarder, contempler). Le terme désigne alors l'hémicycle destiné aux spectateurs. Un théâtre est donc à l'origine un lieu d'où le public observe un spectacle. À la Renaissance, la signification s'étend non seulement à l'ensemble de l'édifice de spectacle, scène comprise, mais également à l'art dramatique. Ce n'est qu'après la période du théâtre classique que le terme devient par antonomase le texte qu'il soit lu ou joué.
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+ Le théâtre est né en Grèce, où des concours tragiques existent depuis le VIe siècle av. J.-C.. Il est apparu à Rome à la fin du IIIe siècle av. J.-C. Les représentations font partie des « jeux » (ludi), fêtes officielles de la cité. À Rome, on édifie d'abord des théâtres en bois, où seuls les spectateurs des premiers rangs sont assis, puis des théâtres en pierre : théâtre de Pompée en 55 av. J.-C., de Balbus en 13 av. J.-C., de Marcellus en 12 ou 11 av. J.-C. En Campanie, par exemple à Pompéi, on construit des théâtres en pierre dès le IIIe siècle. À l'époque impériale, chaque ville romaine a son théâtre, comme Ostie en Italie, Orange en Gaule ou Sabratha en Afrique.
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+ Dans le théâtre romain, plus anciennement dans le théâtre grec, les acteurs portaient un masque : cet accessoire leur permettait d'être mieux vus des spectateurs assis sur les gradins parfois éloignés et d'en être mieux entendus, leur voix étant amplifiée comme par des porte-voix. Il y avait des masques tragiques (un visage triste) ou comiques (un visage fendu d'un large rire) ainsi que des masques doubles (un côté tragique, un côté comique) ; les acteurs qui se servaient de ces derniers devaient jouer de profil.
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+ L'acteur, exclusivement masculin, porte aussi des vêtements aux rembourrages voyants et cloturaux ainsi qu'une coiffure très haute, censés évoquer le gigantisme des dieux et des héros qu'il incarne.
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+ Au Moyen Âge, des troupes itinérantes jouent des pièces de genre dites des « Miracles », des "Mystères" et des « drames liturgiques », d'abord dans les églises puis dans leurs porches, sur leurs parvis et sur les places publiques. Elles ont pour vocation de raconter la vie des Saints mais sont très longues, alors pour maintenir le spectateur éveillé on y glissait en intermède quelques petites farces.
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+ Aujourd'hui, le théâtre amateur tend à se développer partout en province.
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+ Un genre théâtral est le résultat d'une création comique correspondant à une forme particulière : le spectateur, connaissant un genre donné, sait à quoi s'attendre, et selon la présentation de l'œuvre (tragédie, comédie…), il a une vision stéréotypique de l'œuvre.
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+ Le genre est donc, avant tout, une convention qui donne un cadre, une forme précise. C'est un premier échange implicite entre l'artiste et le spectateur. Il inclut diverses formes théâtrales dont la farce, la comédie, la pantomime, la tragédie, le drame romantique, le drame bourgeois, la tragédie lyrique, le vaudeville, le mélodrame, les mystères médiévaux, le théâtre de marionnettes, le théâtre forum, le théâtre d'improvisation, le théâtre en plein air, le théâtre de rue, le théâtre expérimental, le théâtre installation performance, la danse-théâtre (ou théâtre-danse), le web-théâtre avec les expérimentations d'e-toile, le café-théâtre d'improvisation, le théâtre de l'absurde, le conte, la revue.
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+
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+ Le théâtre de société, théâtre amateur joué dans les demeures privées de riches propriétaires, par, et pour, des proches de ces derniers, est une forme théâtrale qui s'est développée plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle. Notamment en Suisse romande sous l'influence de Voltaire, installé près de Genève, et de Germaine de Staël, au château de Coppet. Des témoignages exceptionnels (costumes et décors) ont été conservés au château d'Hauteville[6].
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35
+ Molière disait, traduisant ainsi une devise de Santeul : le but de la comédie est de corriger les mœurs (castigat ridendo mores), ce qui vaut aussi pour la tragédie. Ces deux formes théâtrales ont en effet une portée édifiante.
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+
37
+ Depuis quelques années est apparu un genre nouveau : le théâtre témoignage. Les premiers spectacles abordaient la question des drames vécus par les personnes ayant subi des licenciements économiques (Les yeux rouges pour les employés de Lip ; 501 blues pour ceux de Levis). Puis sont apparus des spectacles témoignant des horreurs des génocides de la fin du XXe siècle : Olivier Py et son Requiem pour Srebrenica, ou encore Jacques Delcuvellerie avec Rwanda 94.
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+
39
+ Auteurs ayant eu le plus d'influence et d'audience dans le domaine du théâtre de façon permanente depuis leur vie.
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+ Théâtre antique
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+ Théâtre baroque
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+ Théâtre classique
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+ Théâtre du XVIIIe siècle
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+ Théâtre romantique
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+ Vaudeville
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+ Il n'y a pas d'autrices ou d'auteurs pour le théâtre contemporain à cause de la proximité temporelle : nous n'avons pas le recul nécessaire, à notre époque, pour déterminer les auteurs qui seront confirmés comme des auteurs célèbres.
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+ La scène 1 de l'acte 1 est nommée « l'intersigne » ou scène d’exposition. [réf. souhaitée]
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+ Le théâtre prend sa conception actuelle au début du XXe siècle, grâce à des pionniers et des pédagogues comme Constantin Stanislavski et Bertolt Brecht (pour l'enseignement du théâtre et la place du comédien), Vsevolod Meyerhold (entraînement physique), Edward Gordon Craig (laboratoire expérimental et importance de la marionnette), Adolphe Appia (espace théâtral en trois dimensions), Jacques Copeau (honnêteté, sincérité, simplicité avec le Théâtre du Vieux-Colombier), ou Antonin Artaud (la souffrance d'exister avec le Théâtre de la cruauté)[7].
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+ Le metteur en scène au théâtre prend une réelle dimension à la fin du XIXe siècle. Il acquiert la place de « maître du plateau ». Ce bouleversement est notamment provoqué par Constantin Stanislavski, auteur et metteur en scène russe né en 1863 à Moscou, qui va, à 35 ans, créer avec Vladimir Nemirovitch-Dantchenko le Théâtre d'art de Moscou. Il y crée[8] des spectacles de Tchekhov notamment (Les Trois Sœurs, 1900) et y enseigne une nouvelle pratique du théâtre basée sur le travail corporel, le travail physique et le refus du jeu conventionnel. Ce « système » (nom donné, par les contemporains, à sa façon de travailler), également intitulé « La Méthode (théâtre) », qu'il décrit dans son livre, La Formation de l'acteur, influence ses successeurs, dont Valère Novarina, Claude Régy ou encore Jean Vilar qui, dans la préface du roman, expose qu'« il n'est pas de comédien authentique qui n'ait, un jour ou l'autre, emprunté, sciemment ou non, quelques-uns des sentiers » du livre de Stanislavski.
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+ En constituant leurs écoles, Constantin Stanislavski ou Vsevold Meyerhold, en particulier, veulent mettre fin au mythe du talent et de l'inspiration. Le théâtre se construit, selon eux, sur des bases scientifiques. Si l'on devient acteur, si l'on devient actrice, c'est grâce à une pédagogie et une pratique rigoureuses - ils ne seront pas d'accord sur ce qu'est cette pédagogie et cette pratique, mais c'est un autre question[7].
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+ Pour la préparation d’une production et les représentations, le metteur en scène peut faire appel à plusieurs autres personnes, notamment :
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+ L'acteur de théâtre ne joue généralement qu'un seul rôle à la fois, clairement défini et cohérent. L'acteur sait qu'il n'est pas réellement le personnage, même s'il doit s'identifier à lui. Les rôles de théâtre ne sont donc pas constituants. Cependant, afin de rendre celui-ci fort et cohérent, un acteur peut s'investir dans son rôle avec sa personnalité et son vécu. Le fait de créer un passé au personnage à l'aide d'événements déjà vécus par l'acteur est théorisé par Constantin Stanislavski comme le « revivre » et l'exploration de la mémoire affective. Il n'empêche que certains sont accusés de jouer tous leurs personnages de la même manière, de cabotiner. Ce problème du paradoxe sur le comédien est exposé par Diderot. Contrairement à Stanislavski, Diderot croit que le meilleur comédien est celui qui garde une distance entre son personnage et lui et qui ne joue pas la pièce en allant puiser dans ses propres émotions. La vision du jeu théâtral de Diderot le rapproche donc de Brecht et de sa théorie de la distanciation.
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+ Les humains, vivant en société, deviennent nécessairement des acteurs sociaux, qui changent de rôle constamment (au travail, en famille, entre amis, etc.). Cela renvoie à la notion de Theatrum mundi qui soutient que la vie est un spectacle, que le monde est une scène, que les être humains sont des comédiens et que Dieu est l'auteur et le metteur en scène de cette grande pièce de théâtre[9].
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+ À rebours de la plupart des autres spectacles, où l'on admet, et quelquefois recherche, une certaine décontraction des individus composant le public, il s'est construit au XXe siècle une discipline de spectacle acceptée de tous. Par exemple, au XIXe siècle, il était très courant que le public siffle un spectacle de théâtre ou se mette à se disputer ; ce n'est plus le cas aujourd'hui. Aujourd'hui prime le respect du travail présenté, et la recherche d'une communion entre les personnes présentes[10].
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+ Cette exigence n'est pas toujours bien vécue lorsque le spectacle n'est pas intéressant : le spectateur se mettant à remuer, à tousser, quitter la salle, etc, toutes attitudes qui ne sont pas considérées comme correctes ; en cas de spectacle ennuyeux, seulement deux attitudes sont admises : dormir sur son siège, ou partir à l'entracte. Ces règles sont si bien acceptées qu'il est exceptionnel, de nos jours, de voir des spectateurs siffler, manifester bruyamment un désaccord, encore moins envahir la scène. Pour préserver le travail des acteurs et actrices, pour ceux qui prennent plaisir au spectacle, il est même exceptionnel de les voir applaudir à contre-temps, c'est-à-dire avant la fin. Le public recherche avant tout un plaisir partagé par toute la salle, des bruits d'émotions, un pari, que les émotions de chacun viendront conforter les émotions de tous et non les contredire[10].
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+ La salle est importante pour déterminer comment faire collectif. Le public français est réflexif, c'est-à-dire qu'un individu donné comprend intuitivement comment fait le public où il est pour faire public. Pour cet individu, cela a des conséquences importantes sur sa sensation d'être à l'aise ou pas, quel que soit le spectacle présenté. Chaque théâtre « suggère » comment se comporter. Par exemple, à la Comédie-Française, « il faut » parler doucement et se tenir à certaines règles vestimentaires ; au Théâtre national de Chaillot, « il faut » être plus libre. Le théâtre n'est pas seulement un rapport à une œuvre, mais il est aussi une façon d'être ensemble, il est aussi la manifestation d'une solidarité sociale[10].
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+ Pourquoi, s'ils jouent déjà naturellement des rôles, les humains se sont-ils mis à jouer du théâtre ? De façon générale, comme le rappelle Aristote dans La Poétique, les gens réagissent différemment dans la vie, et face à une œuvre d'art. Un cadavre en décomposition horrifie, mais une nature morte ravit. Il y a donc un pouvoir propre à la représentation (mimésis), au jeu, qui permet d'appréhender avec plaisir ce qui autrement pose problème.
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+ Le théâtre est donc joué pour faire face aux mystères et conflits qui inquiètent.
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+ Les gens de théâtre cherchent ainsi à créer un miroir social, un reflet plus ou moins caricatural de la société, qui permet de mieux la comprendre, et de mieux dénoncer ses failles : ce rôle politique était particulièrement évident dans la Grèce antique, avec la comédie ancienne. Mais cette citation du Hamlet de Shakespeare peut aussi être mentionnée : « for any thing so overdone is from the purpose of playing, whose end, both at the first and now, was and is, to hold, as 'twere, the mirror up to nature ». Le théâtre est aussi un miroir tendu à la nature : le spectateur, comme l'acteur, vient chercher une réponse, se construire une identité.
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+ Le théâtre peut avoir un effet cathartique, servant d'exutoire aux passions qui ne sont pas autorisées par la société. Le théâtre peut aussi être un divertissement, sans autre objectif que de changer les idées à ses spectateurs, par l'utilisation du comique notamment.
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+ Augusto Boal, qui aborda une manière de faire du théâtre résolument politique, c'est-à-dire qu'il faisait jouer à des gens des situations conflictuelles en changeant la position des personnages : par exemple, le directeur qui avait licencié tel salarié jouait le rôle du salarié. Cela permettait selon lui de régler certains conflits. C'est l'origine de ce qu'on a appelé le théâtre forum, et en Belgique le théâtre-action.
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+ Peter Bu propose une définition générale du théâtre permettant d'inclure toutes ses formes.
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+ Le festival le plus renommé en France est le Festival d'Avignon. Le plus grand festival européen, et peut-être mondial est le festival international d'Édimbourg. Il existe de nombreux festivals, notamment en période estivale. Certains se concentrent sur un genre particulier (Aurillac pour le théâtre de rue, ou celui de Charleville-Mézières pour le théâtre de marionnettes, Mimos de Périgueux pour le théâtre gestuel, par exemple) ou bien restent « généralistes » en tentant la plupart du temps de programmer un spectacle avec une tête d'affiche pour attirer le public.
88
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89
+ Une majorité des comédiens en activité a suivi une formation, que ce soit par le conservatoire national supérieur d'art dramatique, un Conservatoire de musique, danse et art dramatique ou un cours privé[11].
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+ Internet est considéré par certains comme un concurrent du théâtre voire un adversaire qui encourage le goût de la dématérialisation de relations, contraire à la proximité humaine propre au théâtre. Certains ont considéré les sites de théâtre sur Internet comme « des officines responsables de la régression du théâtre »[12].
92
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93
+ D'autres personnes estiment qu'Internet apporte beaucoup au théâtre : une popularisation par la diffusion d'opinions sur les pièces, une démocratisation par la pression à la baisse des tarifs initiée par les billetteries en ligne et un accès facilité à l’information (programmation, réservation).
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+ Ainsi, en septembre 2006, la Comédie-Française a ouvert ses portes aux acteurs du web, que ce soit pour publier sur le Web des avis sur les pièces, ou pour proposer des tarifs réduits aux spectateurs.
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+ Le Théâtre des Osses, compagnie suisse fondée en 1978 et devenue Centre dramatique fribourgeois en 2003 ouvre un site d'archives[13].
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+ Sainte-Sophie (du grec Ἁγία Σοφία, Hagía Sophía, qui signifie « sagesse de Dieu », « sagesse divine », nom repris en turc sous la forme Ayasofya) est un grand lieu de culte à Istanbul. À l'origine une basilique chrétienne de Constantinople, elle construite dans un premier temps au IVe siècle, puis reconstruite bien plus grande au VIe siècle, sous l'empereur byzantin Justinien, où elle acquit sa forme actuelle. Ayant remplacé Sainte-Irène comme siège du patriarche de Constantinople, elle devint mosquée au XVe siècle sous Mehmet II. Elle est située sur le côté ouest du Bosphore. De 1934 à 2020, elle n'a plus été un lieu de culte mais un musée. Son esplanade est à la mesure de la gloire de Byzance. Souvent surnommée la Grande Église, la basilique est dédiée au Christ, « sagesse de Dieu », selon la tradition théologique chrétienne. La dédicace du sanctuaire est célébrée le 25 décembre.
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+ En 2018, c'était le deuxième musée le plus visité de Turquie avec 2 890 873 visiteurs[1].
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+ Le 10 juillet 2020, un décret du Conseil d'État turc décide de sa réouverture au culte musulman comme mosquée.
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+ Le 24 juillet 2020, jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne, la première prière musulmane y est célébrée depuis sa reconversion en mosquée en présence du président Recep Tayyip Erdogan.[2]
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+ Sainte-Sophie est consacrée à la « Sagesse Divine » (Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía) identifiée à Jésus-Christ et non à une sainte humaine[3].
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+ Sur le site de Sainte-Sophie se trouvait une église commandée par l'empereur Constantin en 325[4]. Elle fut probablement érigée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon, sur une colline surplombant la mer de Marmara[5]. C'est l'empereur Constance II qui consacra ce premier édifice, le 15 février 360[6]. C'était alors la plus grande église de la ville, elle était communément appelée Μεγάλη Ἐκκλησία (Megálē Ekklēsíā, « la Grande Église »). On suppose qu'il s'agissait d'un bâtiment en pierre au toit de bois. Au début du Ve siècle, l'empereur Flavius Arcadius ratifia la déposition et l'exil de l'archevêque de Constantinople saint Jean Chrysostome, à la suite d'un bras de fer avec le patriarche Théophile d'Alexandrie que Jean avait été chargé de juger. L'édifice fut alors incendié lors d'une émeute en 404[7].
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+ Il fut reconstruit en 415 par l'empereur Théodose II. Le bâtiment retrouva un plan basilical classique sous la direction de l'architecte Roufinos. La basilique fut consacrée le 8 octobre 415. Un siècle plus tard, elle subit une nouvelle fois le même sort funeste, le 13 janvier 532 pendant la sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours. Des vestiges subsistent devant le mur ouest de l'édifice actuel depuis 1935. De ces ruines, on distingue un escalier de cinq marches accédant à un portique, et trois portes vers le narthex. Le bâtiment faisait 60 mètres de large.
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+ Après les émeutes de Nika en 532, l'empereur Justinien entreprend de refonder l'édifice dont il pose lui-même la première pierre.
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+ Le 23 février 532, à peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la sagesse divine.
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+ Justinien choisit comme architectes le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémius de Tralles, qui mourut au bout d'un an. Les architectes dessinèrent un bâtiment inspiré du Panthéon de Rome et de l'art chrétien primitif d'Occident. Ce style qui connaît une certaine diversité de conceptions et de plans, est aujourd'hui qualifié de « byzantin ». Cette architecture byzantine a inspiré, à son tour, des architectes arabes, vénitiens et ottomans. La construction de l'église est décrite par l'historien byzantin Procope de Césarée, dans son ouvrage Sur les monuments (Περὶ κτισμάτων, De Ædificiis).
24
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25
+ L'empereur avait fait venir des matériaux de tout l'Empire : des colonnes hellénistiques du temple d'Artémis à Éphèse, du porphyre d'Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d'autres de couleur jaune en provenance de Syrie. Le roi mérovingien de Paris, Childebert Ier († 558), répondant à une ambassade envoyée par Justinien, fit expédier à Constantinople du marbre noir de Moulis (Couserans) pour la décoration de la Grande Église[8]. Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction.
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27
+ La nouvelle église apparut immédiatement comme une œuvre majeure de l'architecture, le reflet des idées créatives des deux architectes. Il est possible que ceux-ci se soient inspirés des théories de Héron d'Alexandrie, dans la réalisation d'un dôme aussi considérable, couvrant un si large espace entièrement dégagé. Elle n'a plus alors son plan basilical pour un plan byzantin très sophistiqué et particulier[9]. L'empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537, avec le patriarche Mennas, avec faste et solennité. La construction ne prit que 5 années et 10 mois. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l'empereur Justin II (565-578).
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+ Des tremblements de terre, en août 553 et le 14 décembre 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l'abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s'écroula sur l'ambon, l'autel et le ciborium, les détruisant entièrement. L'empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, neveu d'Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l'édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m[10].
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+ Cette reconstruction donna à l'église sa forme définitive, qui remonte donc au milieu du VIe siècle. Pour cette nouvelle consécration, présidée par le patriarche de Constantinople Eutychius, le 23 décembre 562, le poète byzantin Paul le Silentiaire composa un long poème épique connu aujourd'hui sous le nom d'Ecphrasis.
32
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33
+ Sainte-Sophie était le siège du patriarche orthodoxe de Constantinople et le lieu d'accueil principal des cérémonies impériales byzantines, comme le couronnement des empereurs. L'église jouait aussi le rôle de lieu d'asile pour les malfaiteurs.
34
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35
+ En 726, l'empereur Léon l'Isaurien instaura un certain nombre d'édits contre la vénération des images. Il ordonna à l'armée de détruire les icônes, inaugurant ainsi la période iconoclaste, durant laquelle Sainte-Sophie fut vidée de toute représentation peinte ou sculptée. Après un bref répit sous l'impératrice Irène, le mouvement reprit de l'ampleur : l'empereur Théophile (829-842), très influencé par les conceptions de l'art islamique, interdit les images sculptées. Une double porte de bronze portant son monogramme fut installée à l'entrée sud de l'église.
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37
+ En 740, un nouveau séisme fit beaucoup de dégâts au point que l'Église orthodoxe de Constantinople commémore tous les 26 octobre le « jour du grand et effrayant tremblement de terre »[11].
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+ L'église souffrit fortement d'abord d'un incendie en 859, puis d'un nouveau séisme le 8 janvier 869, qui provoqua l'écroulement de la moitié de la coupole. L'empereur Basile Ier fit les réparations nécessaires.
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+ Le 25 octobre 989, une nouvelle secousse, très importante, détruisit encore la coupole. L'empereur Basile II chargea l'architecte arménien Trdat, créateur des grandes églises d'Ani et Agine, de restaurer le dôme[12]. Ces réparations de grande ampleur, qui touchèrent aussi bien l'arche occidentale que la moitié de la coupole, durèrent six ans. L'église rouvrit ses portes le 13 mai 994.
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+ Dans son livre De caerimoniis aulae Byzantinae (Livre des Cérémonies), l'empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-919) donne tous les détails sur les cérémonies célébrées à Sainte-Sophie, tant par l'empereur que par le patriarche.
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+ Au cours du sac de Constantinople, en 1204, durant la quatrième croisade, l'église fut pillée par les croisés. L'historien byzantin Nicétas Choniatès décrit ainsi la destruction de l'autel pour en récupérer les matières précieuses. Durant l'occupation latine de Constantinople (1204–1261), la basilique devint le siège du patriarche latin de Constantinople. Baudouin VI de Hainaut fut couronné empereur le 16 mai 1204 à Sainte-Sophie, observant au plus près les rites byzantins en usage. Le doge de Venise Enrico Dandolo, l'un des chefs de la croisade, fut enterré dans la basilique. La plaque qui marque l'emplacement supposé de sa tombe ne date que du XIXe siècle.
46
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+ L'église subit deux séismes en 1231 et 1237[13]. Selon certains auteurs, les arcs-boutants du côté ouest (et éventuellement d'autres aujourd'hui englobés dans d'autres structures) auraient été ajoutés au cours de la période latine[14]. Le premier patriarche latin, Thomas Morosini (en), orna l'autel de colonnes de marbres prélevées dans une autre église[15].
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+ Les Byzantins reprirent la ville en 1261. En 1317, l'empereur Andronic II Paléologue fit construire quatre nouveaux arcs-boutants à l'est et au nord. Après de nouveaux dégâts causés dans le dôme par un nouveau séisme en octobre 1344, d'autres parties du bâtiment s'écroulèrent le 19 mai 1346. L'église ne put rouvrir ses portes qu'en 1354, une fois les réparations menées à bien par les architectes Astraes et Peralta.
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+ En 1453, immédiatement après la prise de Constantinople par les Ottomans, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya[16], comme symbole de la conquête. Contrairement au sort d'une grande majorité d'édifices chrétiens, soumis aux pillages intensifs des troupes du sultan, Sainte-Sophie fut épargnée sur ordre de Mehmed II, qui lui attachait une grande importance[17]. À cette époque, le bâtiment était très délabré : plusieurs de ses portes ne tenaient plus. Cet état de la basilique a été décrit par plusieurs visiteurs occidentaux, comme le gentilhomme cordouan Pedro Tafur[18] et le Florentin Cristoforo Buondelmonti[19]. Le sultan Mehmed II ordonna le nettoyage immédiat de l'église et sa conversion en une mosquée. Contrairement aux autres mosaïques et peintures murales des églises de la ville, la mosaïque de Marie dans l'abside de Sainte-Sophie ne fut pas, pour des raisons obscures, recouverte de lait de chaux par ordre de Mehmed II[20]. Pendant cent ans, elle fut couverte d'un voile puis eut le même traitement que les autres[20]. Le sultan suivant, Bajazet II, fit ériger un nouveau minaret, en remplacement de celui construit par son père.
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+ Au XVIe siècle, le sultan Soliman le Magnifique (1520-1566) rapporta deux chandeliers colossaux de sa conquête de la Hongrie. Ils furent placés de chaque côté du mihrab. Mais au cours du règne de Sélim II (1566-1577), le bâtiment commença à montrer des signes de fatigue et dut être stabilisé par l'ajout de contreforts externes massifs. Ces travaux d'envergure furent accomplis par le grand architecte ottoman Sinan, qui construisit les deux autres grands minarets de l'extrémité ouest du bâtiment, la loge originale du sultan et le mausolée de Sélim II, au sud-est, en 1577. Les mausolées de Mourad III et Mehmed III furent construits à ses côtés dans les années 1600.
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+ D'autres additions ont été réalisées plus récemment, comme le minbar (estrade pour les sermons) décoré de marbres, et la loggia pour le muezzin. Le sultan Mourad III (1574-1595) plaça des deux côtés de la nef les deux grandes urnes hellénistiques en albâtre, transportées depuis Pergame. Le sultan Mahmoud Ier ordonna la restauration de l'édifice en 1739 et ajouta une médersa (une école coranique, actuellement la bibliothèque du musée), une soupe populaire (pour la distribution aux pauvres), une bibliothèque et, en 1740, une fontaine d'ablutions rituelles (Şadirvan), transformant ainsi le bâtiment en un külliye, c'est-à-dire un vaste complexe social. Dans le même temps furent construits une nouvelle galerie pour le sultan, ainsi qu'un nouveau mihrab.
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+ La mieux connue des restaurations de Sainte-Sophie fut celle menée entre 1847 et 1849 par le sultan Abdülmecid, accomplie par plus de 800 ouvriers dirigés par deux architectes italo-suisses, les frères Gaspare et Giuseppe Fossati. Les travaux portèrent sur la consolidation de la coupole et des voûtes, le redressement des colonnes et la révision de la décoration intérieure et extérieure. Les mosaïques de la galerie furent nettoyées. Les anciens lustres furent remplacés par de nouvelles suspensions plus facilement accessibles. Les Fossati ajoutèrent un minbar (chaire) et les huit panneaux circulaires de 7,5 mètres de diamètre qui furent accrochés aux quatre piliers centraux, inscrits des noms d'Allah, du prophète Mahomet et des quatre premiers califes Abu Bakr, Omar, Uthman et Ali, ainsi que de ceux des deux petits-enfants de Mahomet : Hassan et Hussein, par le calligraphe Kazasker İzzed Effendi (en) (1801-1877)[21]. En 1850, les Fossati construisirent une nouvelle galerie du sultan dans le style néo-byzantin, reliée au pavillon royal situé derrière la mosquée. À l'extérieur du bâtiment furent érigés un nouveau bâtiment pour le gardien du temps et un nouveau medrese. Les minarets furent modifiés de manière à égaliser leurs hauteurs respectives. La restauration achevée, la mosquée fut rouverte dans de fastueuses cérémonies, le 13 juillet 1849.
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+ En 1918, les Ottomans, dont le pays est occupé par les puissances de l'Entente à l'issue de la Première Guerre mondiale, projettent de dynamiter Sainte-Sophie[22]. À son arrivée au pouvoir, Mustafa Kemal Atatürk décide de poursuivre la restauration de Sainte-Sophie. La direction des travaux est attribuée au Byzantine Institute of America en 1931[23]. En 1934, Atatürk désaffecte le lieu du culte pour « l'offrir à l'humanité », il fait décrocher les grands panneaux circulaires portant le nom d'Allah, de Mahomet et des califes : Sainte-Sophie devient un musée. Pour l'historien Edhem Eldem, cette transformation « incarne la laïcisation du pays et la promotion de l'universalisme occidental »[22].
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+ En 1951, le gouvernement Menderes fait remettre en place les grands panneaux aux caractères arabes[24] portant les noms d'Allah et de Mahomet, retirés par Atatürk[22].
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+ En 1993, une mission de l'UNESCO en Turquie constate plusieurs altérations : le plâtre s'effrite, la pollution a sali les parements de marbre, des fenêtres sont cassées, des peintures décoratives sont endommagées par l'humidité, le toit en plomb est vétuste. Les efforts de restauration de l'édifice sont renforcés et continuent à ce jour.
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+ Sainte-Sophie a souffert de séismes en 553, 557, 558, 865, 869, 986, 1344, 1346, 1462, 1500, 1509, 1719, 1754, 1766, 1894 et 1999, aussi est-elle équipée de capteurs sismiques depuis 1991 dont les informations sont transmises en temps réel à des chercheurs de l'université du Bosphore. Elle fait également l'objet d'une simulation par ordinateur pour prédire son comportement en cas de séisme majeur[25].
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+ Le long héritage de Sainte-Sophie, successivement basilique chrétienne, mosquée et musée très fréquenté, pose un défi délicat en matière de restauration. L'héritage iconographique de mosaïques chrétiennes est progressivement dévoilé mais des créations artistiques musulmanes doivent être détruites pour les mettre au jour. Les restaurateurs tentent de conserver les deux expressions artistiques et religieuses.
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+ En 2012, une centaine de militants issus du Parti de la grande unité, un parti islamiste et nationaliste font campagne pour que le musée redevienne une mosquée, notamment en organisant une prière musulmane sous la coupole byzantine. En 2013, Bülent Arınç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan déclare envisager que cette transformation ait lieu. À cet effet, une commission parlementaire a été créée[22].
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+ En 2014, l’USCIRF (United States Commission on International Religious Freedom (en)) condamne les tentatives du Parlement turc de modifier le statut de Sainte-Sophie et de transformer ce musée en mosquée. Dans une déclaration rendue publique à l’époque, l’USCIRF écrit :
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+ « faire d’Hagia Sophia une mosquée serait clairement un geste provocateur et de division. Le message qui serait perçu est que le gouvernement actuel n’a que peu ou aucune considération pour la sensibilité des communautés religieuses minoritaires turques, en particulier son ancienne communauté chrétienne[26]. »
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+ Le ministère grec des Affaires étrangères réagit par une déclaration écrite : « l’obsession proche du sectarisme, de pratiquer des rites musulmans dans un monument du patrimoine culturel mondial est incompréhensible et révèle un manque de respect et de lien avec la réalité. » Le ministère a ajouté que de telles pratiques étaient en contradiction avec les valeurs des sociétés modernes, démocratiques et laïques[27].
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+ Durant la campagne des élections municipales turques de 2019, le 27 mars, le président Recep Tayyip Erdogan déclare que « le temps est venu » de faire de Sainte-Sophie une mosquée à la place du musée actuel. « Une telle décision serait susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d’attiser les tensions avec la Grèce voisine » commente Le Monde. Erdogan affirme que cela serait une demande du peuple turc et annonce attendre la fin des élections avant de prendre sa décision sur le statut de Sainte-Sophie après les élections[28].
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+ Le 2 juillet 2020, la Cour suprême de Turquie donne son feu vert au changement du statut de Sainte-Sophie[29].
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+ Le 10 juillet 2020, le décret de transformation de Sainte-Sophie en mosquée est publié[30], suscitant de nombreuses condamnations au niveau international. Ainsi, de nombreux États et organisations internationales font part de leurs protestations ou inquiétudes concernant le changement de statut, dont la France[31], la Grèce, les États-Unis[32], la Russie[33], l'Union européenne[34] ou encore l'UNESCO[35].
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+ Si les autorités turques transforment l'édifice en mosquée, cela constituera une menace pour toute « civilisation chrétienne », ainsi que pour la « spiritualité » et l'« histoire » de la Russie, s'alarme le patriarche de l'Église orthodoxe russe Cyrille. Il a ajouté que cela « blesserait profondément le peuple russe », qui, « aujourd'hui comme hier, accueille avec amertume et indignation toute tentative d'humilier ou de fouler aux pieds le patrimoine spirituel millénaire de l'Église constantinopolitaine »[36],[37].
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+ Sainte-Sophie est le monument le plus important de l'architecture byzantine. Sa somptueuse décoration intérieure de marbre couvrant tous les sols et les murs, ses mosaïques à fond d'or couvrant autrefois toutes les voûtes et coupoles (aujourd'hui en grande partie couvertes sous les enduits ou disparues), ses colonnes monumentales en diverses roches précieuses, son plan complexe et original mais cohérent, sa couverture en coupole et demi-couples qui semble suspendue dans les airs, ses nombreux étages de fenêtres distribuant abondamment la lumière dans tout l'édifice, et surtout l'immensité du volume intérieur qui a pu être dégagé, sont d'une immense valeur autant technique qu'artistique. Justinien a lui-même supervisé l'achèvement de la basilique, la plus grande jamais construite à ce moment, qui devait rester la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
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+ La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales paléochrétiennes dérivées de l'Antiquité tardive romaine, et le premier chef-d'œuvre de l'architecture byzantine, qui marquera profondément tout le Moyen Âge qu'elle inaugure d'un point de vue architectural. Son influence s'est exercée profondément et de manière durable, sur l'architecture orthodoxe orientale, mais aussi tout autant sur celles de l'Église catholique et du monde musulman, et elle est restée un modèle insurpassé et admiré durant des siècles.
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+ Le bâtiment principal de la basilique (sans les annexes ni la galerie du narthex), forme un espace rectangulaire de 77 mètres de longueur sur 71 mètres de largeur au sol[38].
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+ Le plan et la structure interne sont complexes, mais ils répondent à une logique d'ensemble qui aboutit à une grande unité de l'espace. Il s'agit de la synthèse de deux sortes de plans traditionnels de l'architecture byzantine, très différents et a priori inconciliables: le plan basilical, en longueur avec une nef bordée de colonnades, éclairée latéralement par des fenêtres hautes, et menant à une abside, et le plan centré dominé par une grande coupole au milieu de l'édifice entourée d'absides et d'absidioles.
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+ Ici la « nef » principale, très large, est constituée par le carré central, qui mesure 100 pieds byzantins de côté (un peu plus de 32 mètres), couvert par la coupole sur pendentifs, auquel s'ajoutent deux très larges absides (de la même largeur que le carré central et la coupole) sur deux côtés opposés, couvertes par des demi-coupoles et mesurant 50 pieds byzantins de profondeur. Ces deux absides sont chacune élargies sur leurs côtés par deux grandes absidioles, également couvertes par des demi-coupoles plus petites.
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+ On obtient ainsi au total une nef environ deux fois plus longue que large. Les deux autres côtés du carré central sont bordés par les colonnades (ouvrant sur des bas-côtés très larges), surmontées par un second niveau de colonnades moins hautes (donnant sur les tribunes, qui sont tout aussi vastes), qui supportent elles-mêmes de hauts murs demi-circulaires qui ferment ces deux côtés vis-à-vis de l’extérieur et qui sont percés par deux étages de fenêtres hautes, le tout formant ainsi une très haute nef basilicale éclairée latéralement.
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+ Cela est permis parce que ces murs ne sont pas porteurs, la coupole repose en effet uniquement sur quatre gros piliers grâce à la technique des pendentifs qui permet de libérer entièrement les quatre côtés du carré central. Au-delà des quatre énormes piliers, ces colonnades se poursuivent dans les absidioles latérales des deux grandes absides, puisque ces absidioles sont chacune portées en leur centre par deux colonnes, en porphyre rouge afin qu'elles soient plus visibles. Les quatre gros piliers s’insèrent donc dans les longues colonnades latérales ainsi formées, ils sont décorés de fausses colonnes de porphyre ou de marbre vert selon les côtés, intégrées au décor de placage, pour simuler symboliquement la continuité des colonnades à travers ces piliers, ils se trouvent ainsi comme camouflés dans les lignes générales de la nef, leur aspect est du moins considérablement allégé.
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+ Les colonnes monumentales de la basilique, de diverses tailles et formes selon leur fonction, sont constituées de différents granites, marbres, porphyres, et l'on peut calculer que les plus importantes pèsent au moins 70 tonnes. Huit d'entre elles auraient été transportées depuis les temples de Baalbek. Les chapiteaux en marbre blanc sont très délicatement sculptés de feuilles d'acanthe et donnent l'impression d'être creux, ils sont typiquement byzantins, dérivés des ordres corinthien et ionique.
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+ La coupole semble à première vue ne reposer sur aucun appui solide, et parait flotter en apesanteur au-dessus d'une galerie d'arcades ininterrompues de 40 fenêtres, qui contribuent largement à inonder de lumière l'intérieur polychrome de la basilique. Les réparations successives au cours de l'histoire ont fait perdre au dôme sa base circulaire parfaite : elle apparaît aujourd'hui comme quelque peu elliptique et irrégulière, d'un diamètre variant de 31,24 m à 30,86 m. Son diamètre maximal est un quart plus petit environ que la coupole du Panthéon de Rome. À l'intérieur, elle culmine à 55,60 m au-dessus du sol. Elle reste de loin la plus grande coupole maçonnée d’Istanbul, et ses dimensions ne furent jamais dépassées pendant près d'un millénaire d'architecture byzantine dans le bassin méditerranéen, ni plus tard par l'architecture ottomane.
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+ La coupole est assise sur quatre pendentifs triangulaires concaves, qui permettent de la suspendre sur quatre piliers au-dessus de l'espace central dont le plan au sol est carré, sans nécessiter de mur porteur sur les côtés du carré. Cette solution était déjà appliquée par les architectes romains pour des constructions de moindre ampleur. Elle est connue sous les noms de « rachat du plan carré » ou « rachat de l'octogone », et devient classique dans les constructions byzantines et postérieures.
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+ Dans le cas de Sainte-Sophie, les pendentifs reportent les forces exercées par la coupole sur quatre piliers massifs disposés aux quatre angles. Ils sont contrebutés par deux immenses demi-coupoles, à l'est (abside qui donne sur la bêma) et à l'ouest (celle qui donne sur l'entrée du bâtiment), mais les côtés nord et sud ne sont pas contrebutés. Les grands arcs des pendentifs y sont seulement fermés par de hauts murs légers et ajourés qui reposent sur deux niveaux de colonnes. Il en résulte un déséquilibre des forces de poussée. Cette disposition bilatérale est la cause directe de tous les désordres que la basilique a connu tout au long de son histoire, au point qu'il a fallu, à l'époque ottomane, doter le bâtiment d'énormes contreforts et arches adossés sur les côtés nord et sud, qui ont fortement altéré son aspect extérieur.
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+ Les architectes byzantins puis ottomans ont montré que le contrebutement équilibré, soit par un plan octogonal supportant mieux les forces verticales (basilique Saint-Vital de Ravenne), soit par des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye), soit encore par un plan centré assumé avec des demi-coupoles sur les quatre côtés (mosquée bleue) ou d'autres coupoles sur pendentifs (église des Saints-Apôtres de Constantinople), apporte à ce problème une solution simple et définitive. Mais les architectes de Sainte-Sophie ont fait un choix de hardiesse architecturale, ils tenaient visiblement à conserver un plan basilical en longueur partagé par un seul axe de symétrie, formant un volume principal intérieur plus unitaire et monumental, pour être visible d'un seul coup d’œil depuis l'entrée, avec des tribunes et des fenêtres latérales, chose qu'un plan centré cruciforme ne permet pas.
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+ Mehmet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, fit recouvrir l'image du Christ pantocrator qui ornait la coupole et la remplaça par une calligraphie, et cacha les visages des anges qui la soutiennent. Un seul a été restauré dans son état initial.
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+ Certains éléments d'architecture ou décoratifs comme certains panneaux de marbre et colonnes sont des réemplois provenant de ruines antiques.
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+ Les deux grandes jarres de marbre (ou d'onyx) appartiennent à la période hellénistique. Ces énormes vases monolithes furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Mourad III. La porte de bronze marquant l'entrée latérale dans le narthex au sud-ouest, dite la « belle porte » (Güzel Kapı), provient d'un temple grec, probablement de la ville de Tarsus.
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+ Réservée à l'empereur, la porte impériale était la porte principale d'entrée de la basilique, entre l'exonarthex et l'ésonarthex. Sa partie supérieure est ornée d'une mosaïque byzantine représentant le Christ et l'empereur Léon VI le Sage.
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+ Une longue rampe, à partir de la partie nord du narthex extérieur, mène à la galerie supérieure.
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+ La galerie supérieure, traditionnellement réservée à l'impératrice et à sa cour, présente la forme d'un fer à cheval qui entoure la nef jusqu'à l'abside. Les mosaïques les mieux conservées sont situées dans la partie sud de la galerie.
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+ La loge de l'impératrice est située dans le centre d'une galerie supérieure au-dessus de la galerie de narthex. De là, l'impératrice et les dames de la cour dominaient les cérémonies avec une vue d’ensemble sur l'intérieur de la basilique. Une pierre verte marque l'emplacement du trône de l'impératrice.
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+ La porte de marbre est située au sud de la galerie supérieure : elle était utilisée par les membres du synode.
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+ À l'extérieur, on eut recours au simple stucage des murs, qui révélait le dessin des voûtes et des coupoles, c'est du moins l'état dans lequel le monument nous est parvenu, après de nombreuses réfections. Le revêtement externe actuel jaune et rouge a été ajouté par l'architecte suisse Gaspare Fossati au cours de sa restauration de la basilique au XIXe siècle.
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+ À l'origine, du temps de Justinien, le décor intérieur comportait surtout des placages de marbre sur la plupart des murs, dont il subsiste une bonne partie, et des mosaïques à fond d'or sur toutes les voûtes, beaucoup moins préservées. Beaucoup de ces décorations représentaient des motifs abstraits ou végétaux, peuplés d'oiseaux et autres animaux. Mais on trouvait déjà en ce temps-là de nombreuses mosaïques figuratives, comme en témoigne l'éloge funèbre de Paul le Silentiaire.
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+ Les écoinçons des arcades du premier niveau regardant vers le vaisseau central, sont décorés d'une dentelle de feuilles d'acanthe entrelacées, sculptées en relief dans le marbre blanc. C'est un motif assez similaire à ceux des chapiteaux typiquement byzantins des colonnes qui portent ces arcades. Au-dessus, les écoinçons des arcades de la galerie supérieure sont, quant à eux, revêtus de marqueteries de marbre (opus sectile), représentant des motifs végétaux en plaquettes de marbre blanc découpées avec précision, incluses dans un fond de marbre noir, avec quelques disques de porphyre qui ne manquent pas de rappeler les opus sectile de l'Antiquité romaine. Les intrados de ces arcades supérieures sont d��corés de mosaïques à fond d'or représentant des rinceaux de vigne. Ces décorations sont d'origine, de la période justinienne, et constituent un témoin de la richesse décorative de cette époque.
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+ Décoration des arcades inférieures regardant vers le vaisseau central : entrelacs de feuilles d'acanthe délicatement sculptées dans le marbre blanc, c'est un motif assorti à ceux des chapiteaux byzantins qui portent les arcades.
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+ Les arcades du niveau supérieur, du côté regardant vers le vaisseau central, ont conservé leur riche décor de marqueteries de marbre (opus sectile) et leurs mosaïques à rinceaux de vigne en dessous.
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+ Nombre d'objets précieux ou miraculeux, reliques, icônes vinrent enrichir progressivement le fabuleux trésor de la basilique.
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+ Au cours des siècles, l'église fut décorée de riches mosaïques. La totalité des voûtes et coupoles, et certains murs, étaient couverts de mosaïques à fond d'or. Elles figuraient la Vierge Marie, Jésus, les saints, des anges, ou bien des empereurs et impératrices, ou encore de motifs végétaux et géométriques dans un style purement décoratif.
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+ La crise iconoclaste dans les années 726 à 843, a vu la destruction de la quasi totalité des mosaïques de la période primitive dans les églises de Constantinople, dont Sainte-Sophie, ce sont surtout les mosaïques figuratives qui étaient les plus visées. Il est de nos jours très difficile d'imaginer la richesse décorative et picturale inouïe qu'elles pouvaient représenter. Pour observer des ensembles de mosaïques byzantines de la période primitive, il faut de nos jours se reporter dans les églises de la ville de Ravenne, comme à la basilique Saint-Vital, même si les mosaïques de Sainte-Sophie devaient être un peu différentes. Les mosaïques détruites ont été peu à peu remplacées par d'autres, mais le style évolua fortement au fil des siècles et ne retrouva pas la richesse ornementale des premiers temps.
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+ Après la période iconoclaste, une quantité de mosaïques et autres décors figuratifs furent ajoutés dans la seconde moitié du IXe siècle, notamment une célèbre image du Christ dans la coupole centrale, d'autres de saints orthodoxes, de prophètes, de pères de l'Église et de figures historiques liées à l'Église orthodoxe, comme le patriarche Ignace de Constantinople ou encore des scènes de l'Évangile dans les galeries. Les plus anciennes mosaïques figuratives aujourd'hui visibles dans la basilique sont celles de l'abside (celle qui abritait l'autel), représentant la vierge à l'enfant (la Théotokos) sur la demi-coupole, et les archanges Gabriel et Michel sur l'arche de la bêma[40].
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+ En 1204, lors de la quatrième croisade, les croisés latins pillèrent les grands édifices byzantins de la ville, y compris Sainte-Sophie.
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+ À la suite de la conversion du bâtiment en mosquée, en 1453, bon nombre des mosaïques furent recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans islam de représenter des scènes figuratives. Ce processus ne fut pas accompli d'un seul coup, et des rapports existent depuis le XVIIe siècle dans lesquels des voyageurs déclarent avoir vu des images chrétiennes dans l'ancienne basilique.
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+ En 1847-1849, le bâtiment fut restauré par deux frères suisses, Gaspare et Giuseppe Fossati, qui obtinrent du sultan Abdülmecid la permission de relever toutes les mosaïques qu'ils seraient amenés à découvrir au cours des travaux. Toutefois, il n'était pas prévu de les restaurer, et même, les Fossati durent masquer à la peinture certaines figures qu'ils venaient de relever en détail : c'est le cas des visages de deux mosaïques de séraphins découvertes au cours des travaux sur les pendentifs, au centre de l'édifice. Les deux autres figures de séraphins symétriques des pendentifs n'ont pas été retrouvées par les Fossati, qui les ont entièrement recréées. Dans d'autres cas, les Fossati se sont efforcés de combler à la peinture les parties de mosaïques endommagées, au point de parfois les redessiner complètement.
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+ Les archives des Fossati (conservées aux archives cantonales de Bellinzona en Suisse)[41] sont parfois les uniques sources de mosaïques aujourd'hui disparues, recouvertes de plâtre ou peut-être détruites par le violent tremblement de terre de 1894. Parmi celles-ci figuraient une grande mosaïque du Christ pantocrator sur le dôme, une mosaïque au-dessus d'une « porte des Pauvres » non identifiée, une grande image d'une croix incrustée de pierres précieuses et un grand nombre d'images d'anges, de saints, de patriarches, et de pères de l'Église. La plupart des images manquantes se trouvaient sur les deux tympans.
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+ Les mosaïques de la Porte impériale ornent le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur.
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+ D'après leur style, on peut les dater de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle. L'empereur représenté avec un halo (ou nimbe) pourrait être Léon VI le Sage ou son fils Constantin VII Porphyrogénète : il s'incline devant le Christ pantocrator, assis sur un trône incrusté de pierres précieuses et donnant sa bénédiction, la main gauche sur un livre ouvert[42]. On peut lire sur le livre : « EIPHNH YMIN. EΓΩ EIMI TO ΦΩC TOY KOCMOY ». « La paix soit avec vous. Je suis la Lumière du monde. » (Jean 20:19; 20:26; 8:12). Les deux médaillons, de chaque côté des épaules du Christ, figurent, à sa gauche, l'archange Gabriel, tenant une houlette, et à sa droite, sa mère, Marie. L'ensemble forme ainsi la scène de l'Annonciation. Cette mosaïque exprime le pouvoir temporel conféré par le Christ aux empereurs byzantins.
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+ Les mosaïques du tympan de l'entrée sud-ouest datent de 944. Elles furent redécouvertes lors des restaurations de Fossati, en 1849. La Vierge Marie est assise sur un trône sans dossier décoré de pierres précieuses. L'Enfant Jésus est assis sur ses genoux, donnant sa bénédiction et tenant un rouleau dans sa main gauche. À droite se tient l'empereur Constantin, en costume de cérémonie, présentant à Marie un modèle de la ville. L'inscription à son côté dit : « KΩNCTANTINOC O EN AΓIOIC MEΓAC BACIΛEYC », « Constantin, le grand basileus (roi) parmi les saints ». À gauche se tient l'empereur Justinien, offrant Sainte-Sophie avec, au-dessus de lui, l'inscription : « IOYCTINIANOC O AOIΔIMOC BACIΛEYC », « Justinien, le basileus (roi) digne d'être chanté ». Les médaillons, des deux côtés de la tête de la Vierge, portent les monogrammes « MP » et « ΘY », abréviation de « MHTHP ΘEOY », « Mère de Dieu ».
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+ La mosaïque de la Théotokos (la Vierge à l'Enfant) est la première mosaïque de la période post-iconoclaste. Elle a été inaugurée le 29 mars 867 par le patriarche Photius et les empereurs Michel III et Basile Ier. Cette mosaïque est située très en hauteur, dans la demi-coupole de l'abside. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Ses pieds reposent sur un piédestal. Tant le socle que le trône sont ornés de pierres précieuses. Ces mosaïques sont considérées comme une reconstruction des mosaïques du VIe siècle qui furent détruites au cours de la période iconoclaste. Les figures des mosaïques sont disposées sur le fond d'or original du VIe siècle. Les portraits des archanges Gabriel et Michel (en grande partie détruits), sur le bêma de l'arche, datent également du IXe siècle.
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+ La mosaïque de l'empereur Alexandre est assez difficile à trouver, cachée dans un coin très sombre du plafond du deuxième étage. Elle représente l'empereur Alexandre III (« AΛEΞANΔPOC »), dans son manteau impérial, tenant un rouleau dans sa main droite et un orbe (ou globus cruciger) dans la gauche. Un dessin de Fossati montre que la mosaïque a survécu jusqu'en 1849, et on pensait qu'elle avait été détruite dans le tremblement de terre de 1894. Elle fut redécouverte en 1958, sous une simple couche de peinture[43].
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161
+ Cette mosaïque de la galerie sud date du XIe siècle. Le Christ pantocrator, vêtu d'une robe bleu foncé (comme c'est l'usage dans l'art byzantin), est assis au milieu, sur fond d'or, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. De chaque côté de son visage sont disposés les monogrammes « IC » et « XC », pour « IHCOYC XPICTOC » (Iēsous Khristos). Il est flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l'impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. L'empereur présente une bourse qui rappelle le don qu'il a fait à l'église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation, portant ces mots : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω ΠICTOC BACIΛEYC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu ». L'inscription du côté de l'empereur dit : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω AYTOKPATΩP ΠICTOC BACIΛEYC PΩMAIΩN O MONOMAXOC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu, roi des Romains, Monomaque ». L'inscription de l'impératrice se lit comme suit : « ZΩH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Zoé, la très pieuse Auguste ». Ni le visage, ni le nom de l'empereur ne sont ceux d'origine. Il est possible que la mosaïque ait d'abord représenté le premier mari de Zoé, Romain III Argyre, ou son fils adoptif, Michel IV le Paphlagonien.
162
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163
+ La mosaïque des Comnène est située, elle aussi, sur le mur oriental du côté sud de la galerie. Elle a été exécutée après 1122. La Vierge Marie (« MP ΘY ») est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l'art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l'empereur Jean II Comnène (« IΩ(ANNHC) EN X(PICT)Ω TΩ Θ(E)Ω ΠICTOC BACIΛEYC ΠOPΦYPOΓENHTOC, AYTOKPATΩP PΩMAI(ΩN) O KOMNHNOC » « Jean, pieux empereur dans le Christ Dieu, Porphyrogénète, roi des Romains, Comnène ») est représenté dans un costume brodé de pierreries.
164
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+ Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église. L'impératrice Irène de Hongrie (« EIPHNH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Irène, la très pieuse Auguste ») se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le coempereur Alexis Comnène (« AΛEΞIOC EN X(PICT)Ω ΠI(CTOC) BACIΛEYC PΩMAI(ΩN) » « Alexis, dans le Christ, pieux empereur des Romains ») est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose. On peut comparer ce groupe avec la mosaïque de l'impératrice Zoé, qui lui est antérieure d'un siècle, et voir l'évolution : l'expression des portraits se trouve maintenant plus réaliste, autrement dit, moins idéalisée. L'impératrice a des cheveux blonds tressés, des joues roses et des yeux gris, propres à montrer ses origines hongroises. L'empereur est représenté dans la dignité.
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167
+ La mosaïque de la déisis (grec Δέησις : « supplication ») date probablement de 1261. C'est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure. Cette mosaïque est considérée comme un chef-d'œuvre pour la douceur des traits et de l'expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l'art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens de la fin des XIIIe – XIVe siècles, comme Duccio. La Vierge Marie (« MP ΘΥ ») et saint Jean le Baptiste (« O AΓIOC IΩ. O ΠPOΔPOMOC » : saint Jean Prodromos), tous deux de trois-quarts, implorent l'intercession du Christ pantocrator (« IC XC ») pour les péchés de l'humanité lors du Jour du jugement. La partie inférieure de la mosaïque est très détériorée, probablement à cause de la pluie venant de la fenêtre voisine.
168
+
169
+ Les mosaïques du tympan nord, situées très en hauteur, figurent quelques saints personnages, parmi lesquels on reconnaît saint Jean Chrysostome (« IΩANNHC O XPYCOCTOMOC ») et le patriarche Ignace de Constantinople, dit le Jeune (« IΓNATIOC O NEOC ») debout, vêtus de robes blanches brodées de croix et tenant des bibles richement ornées. Les autres ont disparu, probablement lors du tremblement de terre de 1894.
170
+
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+ Mosaïque du tympan nord : saint Jean Chrysostome.
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+ Mosaïques du tympan nord, selon le relevé de Fossati.
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175
+ Mosaïque du tympan nord : le patriarche Ignace de Constantinople.
176
+
177
+ Datation des mosaïques entre parenthèse.
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+ L'empereur Constantin IX (détail, vers 1020)
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+ La Vierge à l'Enfant, entre l'empereur Jean II Comnène et l'impératrice Irène (vers 1118)
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+
183
+ Mosaïques à motifs géométriques, galerie supérieure.
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185
+ L'impératrice Irène (vers 1118)
186
+
187
+ L'empereur Constantin Ier, fondateur de la ville de Constantinople en 330 (vers 1000, entrée sud-ouest)
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189
+ Portrait du coempereur Alexis Comnène, fils de Jean II Comnène et d'Irène (vers 1122)
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191
+ Christ pantocrator et l'empereur Léon VI (886-912) (fin du IXe siècle)
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+
193
+ Christ pantocrator.
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+
195
+ Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, (IXe siècle)
196
+
197
+ Jean le Baptiste (XIIe siècle)
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+ Petite photo montrant les caractéristiques ottomanes sur la façade qui ont été enlevées plus tard (1880).
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+ Vue depuis le square Sultanahmet.
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+ Vue de l'abside par Sinan.
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+ Vue de nuit.
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+ Allah (الله, à droite)Mahomet (محمّد, à gauche)
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+ Abu Bakr (أبو بكر)
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+ Omar (عمر)
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+ Othman (عثمان)
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+ Ali (علي)
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+ Hussein (حسين, à droite)Hassan (حسن, à gauche)
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+ Louxor ou Louqsor, en arabe : الأقصر / al-uqṣur, est une ville située sur la rive droite du Nil, en Haute-Égypte, située à environ 700 km au sud du Caire et à environ 300 km au nord d'Assouan. Selon le recensement de 2006[1], c'est à présent une ville de 429 000 habitants[2] — qui tous, vivent directement ou indirectement du tourisme —, ce qui la place au neuvième rang des villes égyptiennes.
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+ Il s'agit de la cité antique de Thèbes.
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+ Le site de Louxor, avec plus de quatre millions de visiteurs par an, est l'un des endroits les plus touristiques de l'Égypte et constitue la partie sud de l'ancienne Thèbes. Son temple, relié à celui de Karnak par un dromos, longue allée bordée de sphinx, fut érigé au XIVe siècle av. J.-C. sous le règne d'Amenhotep III. Il fut modifié par la suite par Ramsès II, qui y ajouta notamment six statues monumentales et deux obélisques, dont l'un, offert à la France en 1831, orne depuis la place de la Concorde à Paris.
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+ Louxor fait partie du gouvernorat de Louxor. La ville est située sur la rive droite du Nil à 165 km à l'ouest de la Mer Rouge, 700 km au sud du Caire et à environ 300 km au nord d'Assouan.
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+ Les eaux du Nil forment une zone fertile d'environ dix kilomètres en largeur terminée à l'Est du fleuve par le désert Arabique et à l'Ouest par le désert Libyque. En revanche, au nord de la ville le désert Libyque s'étend presque jusqu'aux rives du Nil.
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+ L'histoire de la ville s'étale sur plus de quatre millénaires. Dans l'Antiquité, Thèbes fut à plusieurs reprises la capitale de l'Égypte, tout d'abord vers 2040 avant notre ère, lorsque le pharaon Montouhotep II réunifie le pays, puis sous le Nouvel Empire, période d'âge d'or de la civilisation égyptienne antique. C'est à cette époque qu'est construite la vallée des Rois.
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+ Aujourd'hui, la ville est l'une des plus importantes d'Égypte.
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+ La ville vit principalement du tourisme grâce à une importante concentration de monuments antiques représentés notamment par les temples d'Amon et de Karnak situés dans la ville mais aussi par la nécropole thébaine située sur la rive occidentale du Nil.
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+ Le temple de Louxor vu du Nil
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+ Temple de Karnak
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+ Temple de Louxor
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Une ligne de chemin de fer relie par le Nord, Louxor à Qena capitale du gouvernorat qui dirigeait Louxor avant 2010. Elle se prolonge au sud jusqu'à Assouan, tout en longeant la rive orientale du Nil.
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+
31
+ À dix kilomètres au sud-ouest un pont routier près de Aḑ Ḑabīyah relie les deux rives du Nil.
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33
+ L'aéroport international de Louxor se situe à sept kilomètres au sud-est du centre-ville.
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+ Des débarcadères pour bateaux de croisière se trouvent au sein de la ville, le long de la rive occidentale.
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+ Aéroport international de Louxor.
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+ Gare de Louxor.
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+ Felouques.
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+ Promenade en calèche.
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+ Montgolfières.
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+ Louxor bénéficie d'un climat désertique chaud (Classification de Köppen BWh) typique du Sahara dans lequel il se trouve, avec des étés très longs et extrêmement chauds et des hivers courts et très doux. La température moyenne de Juin qui est le mois le plus chaud est d'environ 42 °C. La température moyenne dépasse 35 °C dès Avril. Louxor fait partie des endroits les plus secs et avec Assouan une des villes les plus ensoleillées du monde avec une moyenne annuelle dépassant 4 000 heures par an. Selon l'Observatoire de Météo France, les précipitations annuelles ne dépassent pas 99 mm par an en moyenne. Le record de chaleur a été atteint le 15 mai 1990 avec 50 °C.
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5
+ GIMP (GNU Image Manipulation Program), ou The GIMP (/gimp/), est un outil d'édition et de retouche d'image, diffusé sous la licence GPLv3 comme un logiciel gratuit et libre. Il en existe des versions pour la plupart des systèmes d'exploitation dont GNU/Linux, macOS et Microsoft Windows.
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7
+ Le logiciel est intégré à la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (SI).
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+ GIMP a des outils utilisés pour la retouche et l'édition d'image, le dessin à main levée, réajuster, rogner, photomontages, convertir entre différents formats d'image, et plus de tâches spécialisées. Les images animées comme les fichiers GIF et MPEG peuvent être créées en utilisant un plugin d'animation. En utilisant les calques et la transparence, le logiciel peut servir a tracer de la rotoscopie.
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11
+ Les développeurs et mainteneurs de GIMP souhaitent créer un logiciel d'infographie gratuit haut de gamme pour l'édition et la création d'images originales, de photos, d'icônes, d'éléments graphiques de pages web, et d'art pour les éléments de l'interface de l'utilisateur.
12
+
13
+ Le projet a été lancé en 1995 par Spencer Kimball et Peter Mattis[4]. GIMP signifiait initialement General Image Manipulation Program[5]. Il était destiné en premier lieu aux systèmes UNIX et GNU/Linux ainsi que Darwin (la base de Mac OS X), mais fonctionne aussi sous Windows. Le nom de ce programme est un jeu de mots sur le terme « gimp », qui a plusieurs sens en anglais, notamment celui de boiteux. Sa mascotte officielle est Wilber.
14
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15
+ Les outils de manipulation de GIMP sont accessibles grâce à des boîtes à outils, des menus déroulants et des boîtes de dialogue (qui sont aussi connus sous le nom de palettes). Ces outils sont des brosses et des filtres, mais aussi des outils de transformation, de sélection et de calques.
16
+
17
+ Par exemple, GIMP possède par défaut 48 brosses, mais il est possible d'en créer ou d'en télécharger puis installer de nouvelles ; de plus la compatibilité de GIMP avec les brosses Photoshop permet l'installation des brosses dans ce format qui est beaucoup plus répandu sur la toile. Les brosses peuvent être utilisées avec les outils crayon, pinceau, gomme, aérographe, clonage, correcteur et l'outil de clonage en perspective.
18
+
19
+ GIMP possède une palette de sélection des couleurs d'arrière et premier plan avec les formats de codage de couleur RGB, HSV, CMYK. En outre, il possède aussi un outil « pipette à couleur » qui permet de prélever des couleurs sur une image.
20
+
21
+ GIMP traite aussi les dégradés, il les intègre même dans ses outils comme les brosses et l'outil de remplissage. Il possède par défaut une grande variété de dégradés de couleurs, et tout comme les brosses il est possible d'en créer ou d'en télécharger de nouveaux.
22
+
23
+ GIMP possède des outils de sélection rectangulaire, elliptique et à main levée. Il a aussi la fonctionnalité de pouvoir agir sur la taille et la position de la sélection grâce à des poignées sans transformer le contenu. Il est aussi possible de créer des chemins et de les convertir en sélection et vice versa.
24
+
25
+ L'outil « extraction du premier plan » de GIMP permet de sélectionner un objet ou une personne sans utiliser l'outil de sélection à main levée peu précis et sans convertir un chemin prenant trop de temps.
26
+
27
+ GIMP possède une gestion des calques, pouvant ainsi rendre des couches de l'image visibles, invisibles ou transparentes.
28
+
29
+ Les chemins contiennent des segments et des courbes comparables à du dessin vectoriel. Ils peuvent être nommés, sauvegardés, agrandis sans perte de qualité, tracés d'un simple trait ou en utilisant des brosses, ou venir d'une sélection. Les chemins peuvent être aussi utilisés pour créer des sélections complexes. Ils peuvent aussi être courbés au moyen de poignées modulables.
30
+
31
+ GIMP possède par défaut à peu près 150 effets et filtres, nommés script-fu, classés par types (flou, distorsion, artistique…).
32
+
33
+ Il est aussi possible de créer ou télécharger des scripts. GIMP supporte comme langage de script Perl, Tcl ou Python. Le support du langage Ruby n'est pour l'instant qu'au stade expérimental.
34
+
35
+ Il est possible de créer différents effets sur le texte ainsi que sur les images.
36
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37
+ GIMP est disponible pour une grande variété de systèmes d'exploitation et d'architectures de processeur. GIMP est inclus comme éditeur d'image par défaut dans beaucoup de distributions Linux, comme Debian, Ubuntu, Mandriva, Mageia, SUSE, et Fedora.
38
+
39
+ GIMP sous Mac OS X.
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+ GIMP sous Ubuntu.
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43
+ GIMP sous Gentoo en allemand.
44
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45
+ GIMP sous Ubuntu Studio.
46
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47
+ GIMP sous Windows 10.
48
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49
+ GIMP fonctionne sans problème sous KDE, sa bibliothèque étant simplement chargée en doublon avec celle de KDE. Si la RAM est suffisante, les performances n'en souffrent pas de façon notable, hormis un peu de contention sur les caches de données et d'instructions. Il fonctionne également sous Windows, Mac OS X et Solaris.
50
+
51
+ Les greffons (traduction française pour plugin) sont des modules complémentaires qui étendent les possibilités de GIMP. Placés dans le dossier "plug-ins" de Gimp, ce sont des exécutables binaires écrits en C ou C++ puis compilés (Windows PE avec extension .exe ou binaires ELF pour les systèmes à base UNIX), qui sont donc susceptibles de fonctionner plus vite ou d'effectuer des opérations plus complexes que les scripts.
52
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53
+ Citons parmi les plus connus[8] :
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55
+ La feuille de route est consultable sur le site officiel[11].
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+ Le thé est une boisson aromatique préparée en infusant des feuilles séchées de théier, un arbuste à feuilles persistantes originaire des piémonts orientaux de l'Himalaya (Assam, Yunnan, nord du Myanmar et de la Thaïlande).
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3
+ Il y est consommé depuis l'Antiquité, puis s'est étendu au Japon et au monde arabe au IXe siècle et à l'Europe au XVIe siècle.
4
+
5
+ Le thé est au XXe siècle la boisson la plus bue au monde après l'eau. Il peut prendre des formes très diverses, procurant une vaste gamme de boissons aromatiques, gustatives ou désaltérantes, obtenues par infusion ou percolation d'eau sur diverses préparations à partir des petites feuilles et des bourgeons du théier.
6
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+ Ces diverses boissons aqueuses peuvent être obtenues à partir de feuilles simplement séchées ou diversement fermentées. Selon les traditions, les portions liquides sont bues chaudes, tièdes ou froides, en quantités très variables, diluées, faiblement ou fortement concentrées, et parfois additionnées de diverses matières d'origine végétale ou animale. L'importante variété de thés existant au monde s'explique par le grand nombre de terroirs, de cultivars, de modes de culture ainsi que par les traitements subis après la récolte. Ces facteurs déterminent le goût et la qualité du thé produit. Les thés obtenus sont différenciés par leur « couleur » : noirs, verts, Oolong, jaunes, blancs et post-fermentés.
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+ Riche en épigallocatéchine, en gallate d'épigallocatéchine, en théanine et en caféine, le thé est à la fois recherché pour son goût, ses vertus énergisantes et relaxantes ainsi que pour ses effets positifs sur la santé dans le cas du thé vert.
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+ Le sinogramme pour thé est 茶, qui a de nombreuses prononciations suivant les langues et dialectes. La prononciation en mandarin standard moderne est chá, prononciation similaire dans d'autres langues du nord et du sud-ouest de la Chine, comme le cantonais. En revanche, dans les langues du groupe min méridional, ou minnan, parlées dans le Fujian, le mot se prononce te. Dans presque toutes les langues du monde, le mot désignant le thé dérive de l'une ou l'autre de ces prononciations[u 1].
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+ La prononciation chá s’étend entre autres au japonais (茶, ちゃ, cha), au bengali (châ), au thaï (cha), au tibétain (ja), ainsi qu’au portugais (chá). Ces langues sont parlées dans des régions en contact avec le Japon et le Tibet, ou avec les marchands portugais qui accostaient dans les ports de la région de Canton[u 1]. De cette prononciation dérive le terme chai, très courant en Eurasie : persan (چای tchây), russe (чай, tchaï), tchèque et le slovaque (tchaï), arabe (شاي /ʃaj/, chaï), urdu (چای tchaï), hindi (चाय chaï), turc (çay), albanais (/tʃaj/, çaj), etc. Ce terme s'est diffusé à travers l'Asie centrale, en commençant peut-être par le persan qui servait de langue véhiculaire à l'époque médiévale le long de la route de la soie[u 2].
16
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+ Parmi les langues dans lesquelles le mot dérive de te se trouvent celles dont les marchands se fournissaient à compter du début du XVIIe siècle en thé dans les ports du sud du Fujian, autour d'Amoy (Xiamen), en premier les Hollandais, puis ceux qui sont venus après eux et les autres pays qui ont connu cette boisson par eux : néerlandais (thee), français thé, anglais tea, allemand Tee, malais the, etc. Le polonais herbata et le lituanien arbata dérivent du néerlandais herba thee[u 1]. Certaines langues combinent deux termes provenant de ces deux origines : coréen (ta, cha), vietnamien (trà, chà)[u 3].
18
+
19
+ Plusieurs plantes sont utilisées en infusion comme des ersatz de thé, dont le rooibos et le maté[1],[2]. De nombreuses infusions de fleurs et de fruits sont également appelées « thé » improprement. Enfin, la tisane est une infusion à valeur médicinale, sans thé[3].
20
+
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+ Il existe plusieurs légendes sur l'origine du thé. La première raconte que le thé serait apparu en l'an 2737 avant notre ère, quand des feuilles se détachent d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude de l'empereur Shennong[u 4]. Une autre légende originaire d'Inde attribue l'invention du thé à Bodhidharma, fondateur en Chine de l'école Chan : ce moine bouddhiste se serait endormi après avoir médité pendant neuf ans devant un mur. À son réveil, il se sentit si coupable qu'il se serait coupé les paupières pour éviter de se rendormir et les aurait jetées au sol, donnant naissance au théier[4].
22
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+ On retrouve des traces de thé dans la tombe d'un empereur Han à l'ouest du Tibet vers 200 av. J.-C.[1]. Des récipients à thé datant de la fin de l'Antiquité ont été découverts, et un texte de Wang Bao, écrit en 59 av. J.-C., mentionne des serviteurs allant chercher des caisses de thé[5]. À l'origine, on s'en sert pour parfumer l'eau que l'on fait bouillir avant de la boire. Il est d'emblée apprécié pour ses vertus thérapeutiques, comme soulageant les fatigues, fortifiant la volonté et ranimant la vue. Il devient une boisson quotidienne en Chine sous la dynastie des Han de l'Est (25 - 220) et à l'époque des Trois Royaumes (220-280)[5].
24
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25
+ Le thé devient une boisson à la mode sous la dynastie Tang (618-907)[6]. C'est aussi l'époque à laquelle il arrive au Japon, en 729[s 1], et en Corée du Sud dans la période de Silla unifié (668-935)[s 1]. Ses feuilles sont importées par un ambassadeur à la cour Tang. À l'époque de Nara, le Japon entame une politique d'imitation délibérée et systématique de la culture chinoise, incluant le thé. Des prêtres bouddhistes diffusent les textes sacrés au Japon, et des moines japonais ramènent du thé sur l'archipel. Le moine Saicho, compagnon de voyage de Kukai, rapporte des plants de thé et en plante à Sakamoto[s 1]. Le tout premier ouvrage au monde traitant du thé, écrit par Lu Yu entre les années 760 et 780 de notre ère, est Le Classique du Thé. Dans cet ouvrage, l'auteur traite de la plante elle-même, mais aussi des outils à employer pour la récolte, de la qualité des feuilles, des accessoires nécessaires à sa préparation, de l’histoire des plantations et de quelques buveurs de thé célèbres[s 1]. À l’époque de la dynastie Tang, le thé se consomme sous forme de brique. Quand il est amolli par la chaleur, on le fait rôtir[Quoi ?] jusqu’à ce qu’il devienne tendre, puis il est pulvérisé. Lorsque l’eau commence à frémir, on y ajoute du sel : quand elle bout, on y verse le thé[s 1].
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+ Sous la dynastie des Song du Nord (960-1279) on prépare le thé battu. Les feuilles sont broyées sous une meule afin d'obtenir une poudre très fine, que l'on fouette ensuite dans l'eau chaude pour obtenir une mousse substantielle. Ce thé est aussi servi dans un grand bol commun à plusieurs convives. En 1012, Tsai Hsiang compose le Ch’a lu (茶录, chá lù), l’art du thé impérial. Le thé est introduit au Japon au début du XIIe siècle par le prêtre bouddhiste zen (nom japonais du Chan), Eisai, et ce mode de préparation y est encore pratiqué lors de la cérémonie du thé (chanoyu)[s 1].
28
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29
+ Sous les Ming et les Qing (1368 - 1911), les feuilles de thé sont infusées dans l'eau chaude[s 1]. Le thé est introduit au début du XVIIe siècle en Europe par les commerçants portugais et hollandais[7]. La Russie s'adonne au thé dès le XVIIe siècle. On ne peut jusqu'à la fin du siècle suivant s'en procurer qu'à Moscou ou à Nijni-Novgorod. Vers le milieu du XIXe siècle, le thé se répand dans tout l'empire[s 2].
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31
+ À la fin des années 1780, l'Angleterre importe de plus en plus de thé de Canton[s 3]. Elle asseoit sa domination du marché du thé chinois en développant la culture du pavot au Bengale. Le pavot indien est transformé en opium, qui est envoyé en Chine en échange de thé. L'opium devient illégal en Chine à la suite d'un édit impérial en 1779, mais passe par des grands canaux de contrebande ouvertement maintenus et financés par le gouvernement britannique[s 4]. En 1880, la production de thé de l'Inde du Nord s'élève à 21 500 tonnes, dont 17 000 tonnes de l'Assam et 3 200 tonnes du Bengale occidental. Le marché reste presque exclusivement britannique : l'Australie préfère acheter en Chine, comme les Américains. Enfin, le thé de Ceylan, où les premiers plants ont été installés dans les années 1870, commence à très bien se vendre sur plusieurs marchés et est exploité par l'entreprise Lipton[s 5]. Au même siècle, le thé fait son apparition en Afrique, où des colons plantent des théiers d'abord au Malawi puis dans d'autres pays, dont le Kenya[8].
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33
+ En 1914, l'Inde est le premier fournisseur de thé de l'Europe, et de très loin, mais la consommation y est encore faible[s 6]. Avant la seconde guerre mondiale, le thé arrive dans les petites villes par le biais des marchés, des gares et des écoles. Enfin, le thé commence à être consommé en campagne seulement à la fin du vingtième siècle[s 6].
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+ La production africaine de thé augmente de 10 % entre 2014 et 2016, alors que la consommation sur le continent se développe en parallèle de la production[9].
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+ Le thé est aujourd'hui la boisson la plus bue au monde juste après l'eau[u 5].
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+ En 2015, plus de deux milliards de personnes réparties dans 125 pays différents boivent du thé[p 1].
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41
+ La demande a fortement progressé au début du XXIe siècle, avec une augmentation de plus de 4 % par an en moyenne[i 1]. Cette augmentation vient principalement des pays producteurs, tels que la Chine et l'Inde, est aussi portée par des pays où le marché explose, tels que le Rwanda (+26 %), le Malawi (+19,8 %) et l'Ouganda (+16,5 %)[i 1]. L'augmentation de la demande vient de l'urbanisation et de l'élévation du niveau de vie dans les pays émergents d'Asie de l'Est, Afrique, Amérique Latine et Caraïbes, tandis que l'Europe voit sa demande décliner en volume[i 1].
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+
43
+ La nature de la demande change elle aussi : en Allemagne, en France et en Belgique, les thés noirs mélangés à d'autres ingrédients, ou specialty teas, sont en pleine croissance par rapport aux thés noirs et verts simples. Le thé noir nature, en particulier, voit sa part de marché diminuer au profit du thé vert, des infusions et des thés mélangés depuis le début du siècle[10].
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+
45
+ L'essentiel du thé est produit par de grandes exploitations en Inde, en Chine, au Sri Lanka, au Kenya et en Turquie, à destination des grandes entreprises de l'agroalimentaire. À l'opposé de cette production industrielle, de nombreux « jardins », plantations parfois minuscules, cultivent des thés très recherchés des amateurs.
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+
47
+ Le théier, ou Camellia sinensis, est une espèce du genre Camellia et de la famille des Théacées. Il existe sous trois variétés botaniques : Camellia sinensis var. assamica, Camellia sinensis var. sinensis (Yunnan) et Camellia sinensis var. cambodiensis. Suivant les classifications, il existe entre 300 et 600 types d'hybrides entre ces trois variétés utilisés dans l'agriculture[p 2]. Au même âge, la feuille de Camellia assamica est près de dix fois plus grande que celle de Camellia cambodiensis et cinq fois de celle de Camellia sinensis[s 7].
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+
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+ Arbuste tropical originaire d'Extrême-Orient, il alterne des phases de dormance et de croissance végétative. Cultivé, il est maintenu dans ce dernier état afin de stimuler la croissance des bourgeons et des jeunes feuilles, qui sont la partie de la plante consommée[p 2].
50
+
51
+ L'expression « théiers sauvages » désigne des théiers du Yunnan qui auraient été plantés par des minorités ethniques de la région il y a des centaines d'années et laissés depuis à l'abandon[p 3]. Poussant au milieu d'arbres d'autres espèces, leur récolte nécessite une grande dextérité, puisque les nouveaux bourgeons ne sont pas à hauteur d'humain mais nécessitent de grimper dans les arbres[p 3]. Ils sont commercialisés comme produits de luxe sous forme de galettes de thé vert compressé[p 3].
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53
+ Dans les régions où la cueillette du thé est exclusivement féminine, l'entretien des plantations, qui comprend le travail des sols et la taille des théiers, est dévolu aux hommes[p 3].
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+ La première phase d'entretien des plantations de thé consiste à la reproduction des théiers. Celle-ci peut se faire par prélèvement de graines ou par bouture. La bouture a l'avantage de mieux conserver les sols, car la régularité des plantes les expose moins, tandis que les graines permettent une plus grande diversité génétique rendant les plantations globalement plus résistantes aux nuisibles.
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+ Pour les graines, celles-ci sont prélevées sur un théier, puis plongées dans l'eau pour éliminer celles, impropres, qui flottent. Les graines sont ensuites mises à germer dans une pépinière ombragée, puis endurcies, c'est-à-dire régulièrement replantées à mesure de la croissance de la plante dans des espaces de plus en plus lumineux[s 7].
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+
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+ Pour la bouture, une tige contenant un œil et une feuille de quelques centimètres est prélevée sur le théier mère avant d'être repiquée en pépinière ; elles développent progressivement des racines avant de subir une phase d'endurcissement puis d'être repiquées en champ[s 7].
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+
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+ Plusieurs types de taille existent, avec chacun une fonction spécifique. Les tailles de formation servent à donner une forme spécifique au théier : une charpente basse et large composée d'un tronc central et de nombreuses ramifications, permettant de multiplier les bourgeons végétatifs et donc les points de récolte[s 7]. Les tailles de production maintiennent les théiers à une hauteur de 0,8 à 1m afin de maximiser la productivité des cueilleurs et cueilleuses, qui n'ont ainsi pas besoin de se pencher ou de monter sur une échelle pour récolter ; dans le même style, le skiff, rare car éprouvant pour la plante, vise à rétablir la régularité de la table de cueillette endommagée par la grêle, le gel ou une croissance non maîtrisée de la plante[s 7]. Les tailles de régénération, enfin, servent à redonner de la vigueur à la plante : le rim-lung, pratiqué au Kenya, consiste ainsi en la taille des branches du centre de théier en laissant celles du pourtour afin de laisser la plante respirer[s 7].
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+ L'entretien de la plantation comporte l'entretien des sols (drainage, lutte contre l'érosion), l'irrigation, la fertilisation, la lutte contre les nuisibles (maladies, insectes) et la plantation des arbres et plantes auxiliaires[s 7].
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+ Les grands arbres servent à protéger les théiers des pluies, du soleil et du vent, tandis que des herbes servent à préserver le sol : dans les deux cas, on les choisit de la famille des légumineuses afin qu'elles fixent l'azote dans le sol et ne le fatiguent pas[s 7].
66
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+ Comme toute monoculture permanente, les plantations de thé sont très affectées par les parasites : chenilles, larves, vers, insectes volants, pucerons, cochenilles, criquets, moustiques, termites, fourmis et acariens[s 7]. Pour lutter contre eux, des insecticides sont épandus, que ce soit par pulvérisation, soit à l'aide d'un réservoir porté par un travailleur sur le dos, soit par voie aérienne, ou par poudrage[s 7]. En revanche, d'autres insectes, comme les araignées rouges du Sri Lanka et les mouches vertes de Darjeeling, modifient la chimie du chloroplaste, produisant ainsi des arômes recherchés[s 7].
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+ Le théier peut être touché par de nombreuses maladies, aux conséquences variables : si Botrystis ssp. ne touche que les fleurs et a donc peu d'impact, les maladies des feuilles comme la cloque ou les maladies des racines, difficilement détectables, vont avoir des conséquences désastreuses pour les récoltes[s 7]. Pour se prémunir des maladies des racines, il est nécessaire de bien défricher la terre pour en enlever les anciennes racines ; en revanche, une fois celle-ci installée, elle est difficilement détectable et détruit sans préavis les théiers, et il n'est plus possible que de les brûler et de laisser la terre en friche pour contenir la propagation[s 7].
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+ Les théiers ont besoin d'un sol ni calcaire ni argileux, mais alluvionnaire, sédimentaire rocheux ou volcanique[s 7]. Le sol doit être acide, profondément meuble, perméable, riche en azote, en acide phosphorique et en potasse[s 7]. Pour le côté meuble, la terre est labourée deux fois avant de planter des légumineuses qui fixeront l'azote dans le sol avant l'installation de théiers[s 7].
74
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+ Le théier a besoin de vents réguliers et secs, d'une température comprise en 10 et 30 °C (la plante meurt en dessous de -50 °C), de pluies fréquentes de 1500 à 3000 mm/an, d'un taux d'hygrométrie compris entre 70% et 90% et idéalement de 5 heures d'ensoleillement par jour[s 7]. Pour développer l'arôme des feuilles de thé, il est idéal que le théier se déshydrate en journée dans un temps lumineux et sec pour ensuite subir une nuit fraîche[s 7].
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+ Le principal pays producteur est la Chine, suivie par l'Inde, le Kenya, le Sri Lanka, le Viêt-Nam et la Turquie.
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+ La production de thé se fait essentiellement en Asie (83.4%), sinon l'Afrique représente (12.3%) de la production de thé mondiale, l'Amérique (2.2%), tandis que l'Europe (1.9%) et l'Océanie (0.2%) ne produisant que marginalement du thé[i 2].
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+ De 2006 à 2016, la production mondiale de thé augmente de 4,4 % par an en moyenne, arrivant à 5,73 millions de tonnes de thé produit en 2016. Cette augmentation s'explique en partie par le fait que la production chinoise a plus que doublé entre 2007 et 2016, en particulier parce que sa demande domestique explose en parallèle[11].
82
+
83
+ La croissance de la production devrait s'accélérer de 2014 à 2024, davantage pour le thé vert (+7,7 % par an) que pour le thé noir (+2,9 %)[i 3].
84
+
85
+ Le théier est originaire des piémonts orientaux de l'Himalaya (Assam, Yunnan, nord de la Birmanie et de la Thaïlande) et sa date de domestication reste indéterminée : elle se situerait vers la première moitié du IIe millénaire av. J.‑C. dans le sud-ouest de la Chine, mais en l'état actuel des choses les études génétiques ne permettent pas d'être plus précis[u 6].
86
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87
+ Le thé se cultive en Chine au Sichuan, Hunan et Hubei puis s'étend, durant la période de division, à toute la partie Sud de la Chine, le long du Yangzi et en suivant l’expansion du boudhisme, avant de s'étendre à tout le pays sous la dynastie Tang. Les régions de Fuliang dans le Jiangxi, et le Mont Guzhu près du Lac Tai dans le Jiangnan s'enrichissent grâce à la production de thé à destination de l'empereur et sa cour. Le pouvoir impérial s'octroie alors le monopole du commerce du thé. Il était alors fumé, plié et compacté sous forme de briquettes puis destiné à être moulu avant d'être consommé. C'est sous la dynastie Song que se développe la production de thé sous forme de feuilles entières ainsi que les plantations contrôlées par l’État et qu'est inventée la technique du roulage des feuilles. Les thés parfumés sont créés sous la dynastie Yuan (camphre, musc). Sous la dynastie Ming, le tribut du thé que les provinces versent à l'empire n'est plus exigé sous forme de briquette, permettant l'essor de la production de thé sous forme de feuilles. C'est aussi à cette période qu'est inventée la technique de séchage dans des cuves qui sera en usage jusqu'au XXe siècle, ainsi que le thé blanc et le thé jaune. Le oolong, le thé noir, les thés post-fermentés, et de nouveaux parfums de thé (jasmin, orange, lotus, orchidée, mandarine) sont inventés sous la dynastie Qing. La production de thé en Chine connait ensuite une grande phase de déclin, provoquée par la domination occidentale du pays, l'établissement de plantations de thés dans les colonies anglaises à partir de théiers volés en Chine. Malgré la volonté de la République populaire de Chine de rétablir la production du thé dès 1940, ce n'est qu'après le grand Bond en avant et la révolution culturelle que celle-ci redécolle, au point de repasser première, devant l'Inde, en 2006.
88
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89
+ Au Viet Nam, la production de thé est très ancienne, même si elle ne se destine pas à la production de boissons mais plutôt à être consommée comme feuille à mâcher, herbe médicinale ou légume[s 8]. Durant sa colonisation du pays, la France tente d'y développer les plantations de thé en vue d'en exporter la production, mais celle-ci est essentiellement absorbée par la consommation intérieure[s 8]. Si la guerre du Viet Nam détruit 30% des plantations, cela n'empêche pas le Vietnam d'augmenter lentement sa production au cours du XXe siècle et plus rapidement au XXIe siècle[i 2],[s 9]. Le Vietnam produit deux spécialités: les fleurs de thé, et le thé au lotus[s 9].
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+ En Corée, la production du thé remonte au règne de la reine Seondeok, la plante étant rapportée de Chine par des moines bouddhistes[p 4]. D'autres situent l'arrivée de la plante au voyage de ambassadeur du roi Kim Dae Ryeum à la cour des Tang[s 9]. La consommation locale, et donc sa production, baisse continuement du XVe au XIXe siècle, et est pratiquement arrêtée durant la colonisation japonaise[p 4]. La production de thé reprend après 1945, avec deux accélérations au début des années 1990 et en 2007[i 2]. Celle-ci est destinée essentiellement à la consommation locale et produit des thés de haute qualité, principalement verts (Jeoncha, Woojeon, Sejak) à l'exception du Jukro, noir et provient des plantations de la province du Gyeongsang du Sud, des districts du Jirisan et de Boseong et de l'île de Jeju[p 4].
92
+
93
+ Le thé est rapporté au Japon de Chine en 806 par le moine bouddhiste Saichō, mais la culture s'y développe surtout sous la décision de l'empereur Saga, en 815, de construire des plantations de thé. Sous l'influence de Le Classique du thé, le Japon invente le matcha. A la fin du XIIe siècle, le moine Eisai rapporte de nouvelles graines de théier de Chine et développe la culture du thé à Hirado et Kyūshū. Pendant l'époque de Muromachi, la production se développe en raison de l'augmentation de la demande domestique. Lors de l'époque d'Edo est inventé le sencha. Après avoir connu un apogée dans les années 1980, les surfaces cultivées au Japon ne cessent de diminuer depuis[i 2].
94
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95
+ La culture du thé commence à Taïwan en 1810 avec l'arrivée de graines en provenance du Fujian[s 8]. Les premières exportations ont lieu en 1865, mais le succès n'est pas au rendez-vous. Taïwan invente alors le thé Pouchong et réussit finalement à se trouver une place sur le marché mondial, exportant en 1893 plus de 100 fois plus de thé qu'en 1865[s 8]. Sous la colonisation japonaise, se développe sur l'île le thé noir destiné à l'export vers les pays anglo-saxons. Depuis au moins les années 1960, la production et les surfaces cultivées ne cessent de diminuer[i 2].
96
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+ La production du thé en Inde vient de la colonisation britannique. L'Angleterre, voulant drastiquement réduire le déficit de sa balance commerciale envers la Chine, cherche au XIXe siècle à produire du thé dans ses colonies. En 1823, Robert Bruce, un gentleman écossais, apprend de Maniram Dewan que les Jingpo d'Assam produisent du thé. Ceux-ci lui font don de plantes et de graines, qui seront à l'origine des plantations d'Assam. Parallèlement, Robert Fortune récupère en mission d'espionnage des plants de théiers en Chine qui permettent de fonder les Nilgiri en 1840 et le jardin de Darjeeling en 1859[p 5]. C'est en Assam, en 1930, que le procédé CTC est inventé[p 5]. L'Inde est au XXe siècle le premier producteur de thé au monde, avant d'être dépassée par la Chine au XXIe siècle. Plus d'un million de personnes travaillent dans la production de thé[p 5].
98
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99
+ Le district de Sylhet, au Bangladesh, fait partie des Indes britanniques et plus particulièrement de l'Assam jusqu'en 1947 et partage donc son histoire[s 8]. Lors de la séparation, en 1971, entre le Pakistan Occidental (actuel Pakistan) et le Pakistan Oriental (actuel Bangladesh), la production de thé est durement touchée : la guerre de libération se déroule dans les régions théières, les jardins appartenant à des Pakistanais ferment et beaucoup de moyens de transports sont détruits[s 8]. Par la suite, grâce notamment à des investissements venus d'Inde, de Grande-Bretagne et de l'Union Européenne, les plantations bengalis se modernisent, augmentant à la fois la qualité et la quantité du thé produit[s 8].
100
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101
+ Colonie britannique, le Sri Lanka a reçu ses premiers théiers au jardin botanique de Peradeniya en 1841, en provenance du Bengale mais la production ne décolle qu'entre 1869 la fin du XIXe siècle, quand les cultures de café du pays succombent à un parasite[p 6]. Au milieu du XXe siècle, le pays est le second producteur mondial[p 6]. C'est au Sri Lanka que James Taylor invente la première machine à rouler les feuilles[s 8]. Le pays connait au XXe siècle deux bouleversements, qui font suite à son indépendance : la nationalisation des plantations en 1975, et la privatisation à la fin du XXe siècle, qui fragilise le thé srilankais, déjà mis à rude concurrence par la baisse de qualité de sa production[p 6]. Le thé srilankais est exclusivement noir, et produit à 90% en méthode orthodoxe[p 6].
102
+
103
+ Le thé arrive en Malaisie en 1929, aux Cameron Highlands, sous l'impulsion d'un colon britannique et d'un planteur de thé du Sri Lanka[s 8].
104
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+ En Indonésie, sous la domination de la compagnie néerlandaise des Indes orientales a lieu en 1728 une tentative d'acclimatation de théiers venus de Chine et du Japon sur l'île de Java, sans succès[s 8]. 150 ans plus tard, la même expérience est réalisée à partir de graines de théiers d'Assam, qui permet à l'Indonésie de devenir à la fin du XIXe siècle un producteur majeur du thé, avec des plantations à Java, Sumatra (dès 1911) et Sulawesi (fin du XXe siècle)[s 8]. Malgré un fort recul lors de la seconde guerre mondiale où les plantations de subsistance remplacent les théiers, l'Indonésie demeure un acteur de premier plan du thé au XXe et XXIe siècles[s 8].
106
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107
+ Les premières plantations de thé au Népal voient le jour en 1920, dans le district d'Ilam, sous l'initiative du gouvernement népalais[p 7]. Le gouvernement amplifie sa politique de production du thé en 1980, avant de privatiser le secteur à la fin du XXe siècle, ce qui s'accompagne d'une forte augmentation de la production[i 2],[p 7]. Le thé produit en plaine est majoritairement CTC, celui en altitude orthoxe, et destiné à l'exportation[p 7].
108
+
109
+ En Iran, plusieurs tentatives ont lieu à la fin du XIXe siècle d'acclimater du thé afin de satisfaire à la demande locale. En 1882, Haj Mohammad Hossein Esfahani ramène des graines d'Inde, mais la tentative échoue[s 8]. Plus tard, Mohammad Mirza tente la même expérience près de Lahijan et rencontre le succès : les plantations se développent au Guilan et au Mazandran[s 8]. En 1996, la production est majoritairement orthodoxe, manuelle, et issue de petites plantations[s 8]. Si la production explose en 1991, elle suit une lente descente au XXIe siècle[i 2].
110
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111
+ La première plantation de thé en Russie est située au jardin botanique Nikitski en 1814[12]. La première plantation de production est établie en 1885[12].
112
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+ En 1901, un paysan ukrainien, Judas Antonovich Koshman, parvient à créer un hybride de thé résistant au froid. Sotchi devient rapidement une place forte de la culture du thé, la plus septentrionale au monde. Le pays commence à produire du thé en Géorgie, en Abkhazie et en Adjarie. Ces tentatives sont affectées par la première Guerre mondiale mais reprennent dans les années 1920[u 7]. Le thé de Dagomys, aussi connu sous le nom de thé Krasnodar, commence à être produit à grande échelle en 1936 et en 1980, il s'agit d'une des sources de thé les plus importantes de l'Union soviétique. Ces thés produisent deux à trois récoltes par an[u 7].
114
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115
+ La production de thé commence en Turquie en 1924 à partir de graines venues d'URSS, d'abord à Rize, puis à Trabzon, Giresun et Ordu et encore plus tard Artvin et Toplam[s 8]. La production est quasi exclusivement consommée sur place[s 8].
116
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117
+ Le Kenya est le plus important pays africain producteur de thé. Celui-ci y est introduit en 1903, commence à être commercialisé dans les années 1920 et se développe réellement après la Seconde Guerre mondiale[s 10]. Les plantations appartiennent alors exclusivement aux colons britanniques. Après l'indépendance, le gouvernement lance le Kenya Tea Development Authority qui sert à soutenir les petits propriétaires : ceux-ci sont au nombre de 37 205 en 1975 et sont regroupés avec les grands exploitants au sein du Kenya Tea Growers Association. La production du Kenya, qui se concentre des deux côtés de la vallée du Grand Rift entre le Mont Kenya et le Lac Victoria, est essentiellement CTC et destinée à l'export[s 10].
118
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119
+ Le Malawi est le premier pays d'Afrique à exporter le thé. Il y est introduit en 1878 par Jonathan Duncan, jardinier à la mission de l'Église d'Écosse, à partir de graines du jardin botanique d'Édimbourg et des jardins botaniques royaux de Kew[s 10]. Si les essais réalisés près de Blantyre sont des échecs, ceux réalisés plus tard à Mulanje, Thyolo et Nkhotakota prennent. Le pays produit essentiellement du CTC destiné à l'export[s 10].
120
+
121
+ Au début du xxe siècle, des plants sont envoyés de ces mêmes jardins vers l'Ouganda, plus précisément au jardin botanique d'Entebbe ; leur bonne acclimatation fait qu'en 1909, 200 kg de graines de théiers d'Assam sont importées pour les plantations gouvernementales de Kampala, qui aboutissent à une commercialisation en 1931[s 10]. Sa production rivalise avec celle du Kenya jusqu'au début des années 1970, où le coup d'Etat d'Idi Amin Dada ainsi que l'instabilité politique et la guerre civile qui suivent provoquent une chute importante de la production et des exportations. Celles-ci se relèvent progressivement sous l'action de Yoweri Museveni[s 10]. La régularité des pluies fait que les théiers de Mengo, Toro, Mityana, Masaka, Ankolee, Kigezi et Bunyoro ne rentrent pas en phase de dormance, assurant une production toute l'année destinée majoritairement à l'export[s 10].
122
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+ En République Démocratique du Congo, le thé est essentiellement produit dans les montagnes Kivu, dans des conditions similaires à celles de l'Ouganda[s 11].
124
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+ Sous l'influence du Malawi, le Mozambique se met à la culture du thé dans les années 1920, dans le district de Milange, puis à Gurué, Socone et Tacuane, aux climats plus favorables[s 10]. Si la production est encore peu importante jusqu'au début des années 1990 (1 500 t en 1995), elle ne cesse de grandir au cours du xxie siècle pour arriver à 32 000 t en 2017[i 2].
126
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+ Le Zimbabwe suit l'exemple du Mozambique et commence ses cultures commerciales en 1925, à Chipinge et autour du mont Inyangani, avec des théiers de type Assamica[s 10].
128
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129
+ Les premiers théiers du Cameroun datent de 1914 et sont plantés par les colons allemands au pied du mont Cameroun. Ces cultures ne se développent réellement, en paralèlle de celles de Ndu et de Bafou, qu'à partir des années 1950[s 10].
130
+
131
+ Si ces mêmes colons introduisent le thé dès le début du xxe siècle en Tanzanie, c'est en 1930 que des plantations à grande échelle voient le jour, au pied des monts Usambara, à Mufindi, Rungwa et Bukora[s 10]. La production, très majoritairement tournée vers l'export, est dominée par les grands propriétaires ; les autres producteurs, qui représentent un tiers des récoltes, sont aidés par la Tanzania Tea Authority qui leur assure l'achat de leurs recoltes[s 10].
132
+
133
+ Le théier est introduit en Éthiopie en 1928 par un colon Britannique qui fournit des graines à divers fermiers de Gore ; l'un d'entre eux, le Libanais en exil Keynazmch Mejid Abboud, fonde en 1957 la première plantation commerciale du pays, Gumaro ; la seconde plantation du pays, Wush, est fondée quant à elle en 1973[s 10].
134
+
135
+ Le Rwanda commence à exporter du thé dans les années 1950. Celui-ci est essentiellement produit au sud-est du Lac Kivu et destiné à l'export[s 10]. La guerre civile et le génocide des Tutsi provoquent un effondrement de la production sur la période 1993-1996[s 10],[i 2].
136
+
137
+ Au Burundi, les surfaces cultivées augmentent doucement des années 1960 au milieu des années 2010, et progressent fortement depuis ; la productivité quant à elle connait une explosition au tournant du xxie siècle[i 2]. Le pays libéralise son secteur du thé en 2007 sur les conseils du Fonds monétaire international et le secteur privé gère dans la fin des années 2010 la moitié de l'industrie de transformation du thé[g 1]. D'abord entièrement tourné vers l'exportation de thé noir en particulier vers le marché européen, l'office du thé du Burundi inaugure en 2018 une usine de thé vert, plutôt tournée vers le marché asiatique[g 1].
138
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+ Fait rare en Afrique, l'Afrique du Sud consomme la quasi-totalité de sa production de thé CTC[s 10]. Si des théiers vivent dans le pays dès 1850 au jardin botanique de Durban, elle prend un tour commercial en 1877 avec l'arrivée de graines d'Assam. Les conditions climatiques difficiles, en particulier le vent et les sécheresses, pénalisent les rendements des plantations du KwaZulu-Natal et du Transkei[s 10].
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141
+ A l'île Maurice, le thé est introduit dès 1760 par Pierre Poivre. Les colons français, qui occupent alors l'île, ne cherchent pas spécialement à développer la culture du thé et ce théier devient un spécimem de musée[s 10]. C'est sous domination britannique, plus précisément sous la gouvernance de Robert Farquhar au xixe siècle, que les plantations commerciales se développent. Des années 1920 à la crise de 1929, les plantations sucrières remplacent celles de thé. La culture du thé se développe à nouveau, l'exportation reprenant en 1948 et un programme d'aide aux petits producteurs étant créé en 1955 : les récoltes sont alors mécanisées et ont lieu pendant la saison des pluies[s 10]. Mais, au milieu des années 1990, l'industrie du sucre reprend le dessus et la production du thé redevient marginale[s 10],[i 2].
142
+
143
+ L'Argentine commence à se consacrer à la production de thé vers la fin des années 1940, dans la province nord de Misiones. Cette province produit à la fin du xxe siècle 95 % de la production nationale, le reste venant de la province de Corrientes. Des conditions climatiques difficiles font que la récolte est de faible qualité et destinée essentiellement à l'export pour des blends d'entrée de gamme[s 12].
144
+
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+ Au Brésil, le thé arrive en 1818 lorsque Dom Joao VI fonde le jardin botanique de Rio de Janeiro où sont alors plantées des graines de théiers rapportées de Chine[s 12]. Grâce au travail d'experts chinois et d'esclaves, les cultures se développent dans le Minas Gerais et à São Paulo[s 12]. Le secteur ne parvient pas à s'adapter à la fin de l'esclavage en 1888 et ne reprend que dans les années 1920 avec l'arrivée de migrants japonais à Registro[s 12]. Torazo Okamoto, l'un d'entre eux, rapporte en 1935 des équipements d'usine du Japon et des graines de théier assamica volées dans des plantations d'Inde et du Sri Lanka[s 12]. Si la production atteint 10 000 tonnes par an en 1994, elle redescend sous les 500 tonnes en 2016[i 2].
146
+
147
+ L'Équateur produit du thé depuis 1968, à 80 % destiné à l'export, en particulier vers les États-Unis[s 12].
148
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+ Des graines d'Assam sont apportées de Malaisie dans les années 1900 vers les jardins botaniques de Brisbane, en Australie[s 13]. En parallèle, des théiers sont instroduits à Innisfail, mais ceux-ci sont ravagés en 1918 par un cyclone. En 1930, les plants de Brisbane sont aclimatés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la province de Morobe. Le thé produit en Papouasie est CTC et destiné à l'exportation, tandis que la production très marginale de l'Australie est consommée sur le marché intérieur[s 13].
150
+
151
+ Les pays importateurs peuvent parfois avoir un contrôle très fort sur la production du thé. C'est le cas du Japon, qui a investi en Chine, en Indonésie et au Vietnam pour produire des thés sencha à la manière japonaise et vendus sans toujours mentionner clairement leur pays d'origine[p 9].
152
+
153
+ Le théier étant une plante vivace, la cueillette peut s'effectuer en principe toute l'année. Sa croissance varie fortement en fonction de la température et de l'humidité ; en conséquence, les cycles de récolte varient fortement en fonction de la région de culture et de la saison[p 3]. Les récoltes ont ainsi lieu de janvier à décembre en Indonésie, en Inde du Sud et au Sri Lanka, quand elles ne sont pratiquées que d'avril à novembre en Inde du Nord, à Taïwan ou dans certaines provinces de Chine[p 3]. À Darjeeling, les théiers sont récoltés 42 fois par an[p 3].
154
+
155
+ Les cueillettes ont lieu par cycle de quatre à 15 jours, généralement long au printemps où la croissance est lente, et court en période de mousson où celle-ci s'accélère[p 3].
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+
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+ Les feuilles les plus jeunes sont vert clair. Ce sont les plus riches en substance (caféine, tanin, alcaloïdes, etc.) et celles qui donnent la boisson la plus goûteuse et la plus raffinée. À l'extrémité des branches se trouve un bourgeon recouvert d'un duvet blanchâtre, le pekoe, qui signifie en chinois duvet blanc et qui est la jeune pousse enroulée sur elle-même[p 3]. Ce bourgeon est particulièrement recherché. Plus on redescend sur la branche, plus les feuilles sont larges et moins la boisson sera savoureuse[p 3]. On effectue donc plusieurs sortes de cueillette suivant la qualité recherchée de la boisson. C'est ce qui définit le grade du thé noir. Dans la cueillette dite « impériale », on cueille uniquement le pekoe plus une feuille, dans la cueillette « fine », le pekoe plus deux feuilles et dans la cueillette normale, le pekoe et trois feuilles ou plus[p 3].
158
+
159
+ En plus de la position sur la branche, l'époque de récolte influence la qualité du thé : les premiers bourgeons de l'année, les plus riches en huiles essentielles en raison de la période végétative de la plante en hiver, sont les plus recherchés[p 3]. Ainsi, les thés blancs du Fujian ne sont produits qu'à partir de la première récolte du printemps[p 3]. Ces thés sont appelés « thés verts primeurs » en Chine (provinces de Fujian, Anhui, Zhejiang), [Quoi ?]en Inde (Darjeeling et Assam) et « Ichibanda » au Japon[p 3].
160
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161
+ La cueillette s'effectue à la main en Chine, à Taiwan, en Inde et exceptionnellement au Japon pour les Gyokuro, en calant la jeune pousse entre l'index et le majeur, la brisant avec le pouce et la jetant par-dessus l'épaule dans le sac[p 3]. Par cette méthode, il est possible de récolter jusqu'à 60 kg de feuilles en une journée de 8 h de travail[p 3]. L'utilisation d'outils tels que ciseaux, faucilles ou taille-haies se fait au détriment de la qualité gustative et requiert un terrain plat[p 3]. La mécanisation est pratiquée dans les régions où la main d’œuvre est chère ; au mieux, elle peut permettre de maintenir une bonne qualité de récolte, au pire, elle dégrade la qualité du produit et endommage le feuillage de la plante[p 3].
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+ L'activité de cueillette est parfois fortement genrée : elle est ainsi exclusivement féminine au Sri Lanka, dans les régions de Darjeeling, en Assam et dans les Nilgiris en Inde, mixte quand elle est mécanique et féminine quand elle est manuelle au Japon, et mixte dans la région de Kangra, en Chine, à Taiwan ou au Kenya[p 3]. Dans les régions où la cueillette est exclusivement féminine, on invoque comme justification la délicatesse, la dextérité et la patience dont les femmes feraient naturellement plus preuve[p 10].
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+ Les familles de thés sont différenciées par leur couleur : noirs, verts, Oolong, jaunes, blancs et post-fermentés. Ils ne proviennent pas de différentes espèces de théier, comme on l'a longtemps cru en Occident, mais sont obtenus en traitant différemment les feuilles récoltées.
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+ Parmi les principales étapes de la fabrication qui peuvent entrer dans chaque processus figurent :
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+ Les thé les plus simples ne comportent qu'une seule étape, la dessication. Les thés les plus élaborés peuvent compter jusqu'à 14 étapes distinctes incluant un vieillissement sur plusieurs années. [réf. nécessaire]
172
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+ Ces différents processus de fabrication ont été codifiés à partir des années 1880 et leur mécanisation s'est généralisée à la suite de la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. Pour les thés de qualité inférieure, le procédé CTC, mis au point dans les années 1930, permet même un traitement mécanisé des feuilles après leur flétrissage.
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+ En plus des opérations décrites ci-dessous, les feuilles de thé sont parfois façonnées à la main en boules, en fleurs, en dragons, etc.
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+ Un thé noir est un thé qui a subi une oxydation complète. La plupart des thés consommés en Occident sont des thés noirs, en référence à la couleur des feuilles. Les Chinois les nomment thés rouges en référence à la couleur de l'infusion. En Chine, l'appellation thé noir désigne les thés post-fermentés, d'où un risque de confusion pour le consommateur.
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+ Les thés noirs communément commercialisés en Occident sont issus d'un processus de fabrication mis au point par les Britanniques, en Inde, au milieu du XIXe siècle. Les Britanniques se sont inspirés des méthodes chinoises, qu'ils ont largement rationalisées[évasif] et simplifiées, introduisant notamment l'usage de machines (broyeuses, séchoirs, tamis, etc.), là où les Chinois continuent à préparer les thés à la main.
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+
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+ Les thés noirs sont classés en grade qui renseigne sur la finesse de la cueillette et la taille de la feuille de thé (entière, brisée, broyée).
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+ Dans le procédé CTC (Crushing, Tearing, Curling, soit broyage, déchiquetage et enroulement), après avoir été légèrement flétries et coupées, une seule machine écrase les feuilles pour en extraire l'eau, les déchiquette, les roule en balles pour accélérer leur fermentation, avant qu'elles ne soient transportées au séchoir. Elles sont ensuite roulées dans un ghoogi (tonneau tournant sur lui-même). Cette technique traite une grande quantité de thé à la fois, y compris celle qui était autrefois gaspillée. Elle permet un gain de temps et une économie de main-d’œuvre, et donc un profit supplémentaire pour les industriels[u 8].
186
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+ Dans les années 1930, ce procédé, qui a l'avantage de provoquer une liqueur plus intense, ne rencontre pas le succès, les amateurs de thé lui reprochant son goût trop fermenté et sa pauvreté arômatique ; ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale qu'il rencontre son public grâce à l'industrie du sachet de thé[s 14].
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+ Le thé vert est un thé dont les feuilles, après la cueillette, sont le plus souvent flétries et chauffées à haute température, afin de neutraliser les enzymes responsables de l'oxydation. Elles sont ensuite roulées et séchées plusieurs fois afin d'obtenir une forme particulière. On peut distinguer deux méthodes principales pour obtenir du thé vert. La méthode chinoise, d'une part, par laquelle les feuilles sont chauffées dans de grandes bassines de cuivre placées sur le feu ; la méthode japonaise, d'autre part, par laquelle les feuilles sont chauffées à la vapeur, très brièvement, en moins d'une minute, avant d'être roulées et séchées.
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+ Thés d'origine chinoise, aussi appelés Wulong ("dragon noir"), thés semi-oxydés ou incorrectement thés semi-fermentés, les Oolong sont également désignés en Chine par leur couleur : qïng chà « thé bleu-vert ». La famille des Wulong regroupe des thés que l'on peut situer entre les thés verts et les thés noirs, selon leur degré d'oxydation. On distingue ainsi les Wulong verts (qui subissent une oxydation de 10 à 30 %) des Wulong noirs (qui peuvent être oxydés jusqu'à 70 %).
194
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+ Les Wulong sont produits principalement en Chine et à Taïwan, mais quelques-uns sont également produits dans la région de Darjeeling en Inde. Le processus de transformation des Wulong verts Taïwanais fait que ceux-ci sont roulés en petites boules (comme les dongding), alors que ce n'est pas le cas pour les wulongs verts et noir de Chine (exception faite du Wulong de Chine Tie Guan Yin).
196
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+ Thés d'origine chinoise, les plus fins et souvent les plus rares des thés, très délicats, ce sont des thés verts qui subissent une légère fermentation à l'étouffée (traditionnellement dans un panier en osier recouvert de paille) et leurs feuilles ne sont pas travaillées. Seuls les bourgeons duveteux sont utilisés[réf. nécessaire].
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+
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+ Thés d'origine chinoise, à l'instar des thés jaunes, ils sont très délicats et subissent une très légère oxydation, seulement en surface. Les trois premières feuilles, dont le bourgeon, peuvent être présentes, toujours entières. Elles sont simplement flétries, puis séchées.
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+
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+ Au contraire des Occidentaux, les Chinois appellent « thés noirs » les thés post-fermentés, en raison de la couleur très sombre de leur infusion. Peu connus en Occident, ces thés y sont parfois désignés par les termes de thé sombre ou thé noir-noir. Le plus célèbre d'entre eux est le thé Pu-erh, originaire du Yunnan.
202
+
203
+ Les thés post-fermentés ont connu une oxydation non enzymatique différente de celle des thés noirs. Deux procédés coexistent pour les produire. Traditionnellement, les thés post-fermentés sont obtenus à partir de feuilles de thé que l'on torréfie pour stopper toute oxydation enzymatique, puis que l'on compresse et enfin conserve pendant une longue période de plusieurs années durant laquelle a lieu un processus complexe d'oxydation non enzymatique et de fermentation longue. Ce type de thé est désigné en Chine comme « cru » et est millésimé.
204
+
205
+ Au milieu des années 1970 a été inventé un procédé permettant d'obtenir rapidement un thé imitant la longue post-fermentation du thé cru. Après la torréfaction, le thé est maintenu dans une atmosphère très humide, proche du compostage, qui permet une post-fermentation accélérée. Le thé est ensuite souvent compressé. Ce type de thé post-fermenté est désigné en Chine comme « cuit ».
206
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207
+ Les thés post-fermentés ont la particularité de se bonifier avec le temps : leur âge est ainsi un élément essentiel de leur prix. Ils ont un goût très particulier, terreux, évoquant le cuir, les feuilles humides ou les champignons. L'infusion est particulièrement âcre chez les thés jeunes (surtout pour les « cuits ») ; elle s'adoucit et s'enrichit en vieillissant.
208
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209
+ Les mélanges ou blends sont des associations de plusieurs thés nature issues de diverses plantations[p 10]. Ils sont réalisés afin de garantir un produit final aux qualités gustatives et olfactives constantes, préservé des aléas des récoltes et de la pousse des plantes, et les industriels britanniques dominent cette étape de production[p 10]. Ces mélanges peuvent aussi être réalisés pour avoir un produit mélangeant le meilleur des diverses productions : les thés noirs d'Inde et de Chine servant de base et apportant la couleur, auquel on ajoute un peu de Lapsang Souchong pour un goût fumé, du Darjeeling pour du fruité ou du thé vert pour des arômes végétaux[p 10]. Les thés du matin, riches en théine et souvent consommés avec un peu de lait, se basent plus souvent sur des thés d'Assam, du sud de l'Inde, du Sri Lanka et du Bangladesh tandis que ceux de l'après-midi mélangent des thés d'Assam ou du Sri Lanka avec des Darjeeling[p 10].
210
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+ Le thé au jasmin est fabriqué dans les plantations en mélangeant à la tombée de la nuit des fleurs de jasmin aux feuilles de thé, qui en sont retirées à l'aube. L'opération peut être répétée trois, cinq ou neuf fois suivant la qualité recherchée.[réf. nécessaire]
212
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213
+ Les thés aromatisés sont très généralement produits par pulvérisation d'essence ou d'huile essentielle sur les feuilles, puis ajout de fleurs, zestes et pelures de fruits pour raisons esthétiques. Cette opération est réalisée dans les pays importateurs, qui peuvent ensuite réexporter le mélange[p 10].
214
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215
+ Les conditions de travail varient d'un pays à l'autre et au sein d'un même pays, suivant la qualité du thé produit. Un thé de plus haute qualité exige plus de savoir-faire sur toute la chaîne de production, donc des travailleurs qualifiés plus difficiles à recruter sur le marché de l'emploi.
216
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217
+ Au Bangladesh, en 2016, 359 085 personnes vivaient dans les plantations de thés et leurs alentours, ce qui correspond à 89 812 travailleuses et travailleurs enregistrés et 10 592 occasionnels. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles[i 4]. Majoritairement originaires d'autres régions des Indes britanniques, ils et elles vivent avec moins d'un dollar par jour, soit trop peu pour se nourrir suffisamment[i 4]. Les femmes, qui représentent près des deux tiers des travailleurs, souffrent de conditions de travail pires que celles des hommes[i 4]. Les enfants des ouvriers agricoles travaillent généralement aussi dans les plantations, parfois pour y rester toute leur vie[i 4]. Plus de la moitié des travailleurs sont nés sur la plantation dans laquelle ils travaillent, et le reste est très majoritairement né dans une plantation voisine[i 4]. Alors que le pays a considérablement travaillé sur les objectifs du millénaire pour le développement, les conditions de vie dans les plantations de thé évoluent peu, car les autorités considèrent qu'elles relèvent de la responsabilité de celles-ci et non de l’État[i 4]. Malgré le travail de l'organisation internationale du travail, le dialogue social entre le gouvernement bengali, les syndicats de travailleurs et les organisations patronales reste faible voire inexistant[i 4].
218
+
219
+ En Inde, une enquête de 2015 de la BBC dans les plantations d'Assam d'Amalgamated Plantations Private Limited (APPL), fournisseur notamment de PG Tips, Lipton, Tetley et Twinings, révèle des conditions de vie similaires, avec un manque criant de sanitaires, des logements insalubres, 90 % des travailleurs souffrant de malnutrition, un salaire de 115 roupies par jour (inférieur au salaire minimum de la région, 177 roupies), du travail infantile et une exposition aux pesticides sans équipement adapté, provoquant de graves problèmes respiratoires[g 2],[g 3]. La Société financière internationale a investi dans les plantations d'APPL pour en améliorer les conditions de vie, mais les résultats en étaient très insatisfaisants en raison d'un manque d'implication de la société[i 5].
220
+
221
+ En 2019, une ONG britannique attaque le regroupement de plantations de thé du Kenya James Finlays pour non-respect des normes de travail, en particulier concernant le matériel de protection contre le bruit et le transport de charges lourdes[g 4].
222
+
223
+ Dans une étude réalisée au Sri Lanka en 1985, il est souligné que les plantations de thé sont particulièrement éprouvantes pour les sols, en particulier comparé au caoutchou et à la noix de coco, les deux autres cultures dominantes du pays : cela est dû aux pratiques agricoles différentes, et aussi au fait que les plantations de théiers sont généralement en pentes[u 9]. Depuis l'introduction des cultures de thé, les sols ont ainsi perdu près de 30 cm, alors que les sols y sont naturellement peu érodables[u 9]. Parmi les causes d'érosion, sont cités le désherbage au grattoir, qui expose une grande quantité de sol tout en retournant la terre ce qui la rend susceptible d'être emportée par le ruissellement de l'eau de pluie ; le non-remplacement des théiers morts, qui augmentent la surface d'exposition, et, enfin, la multiplication des théiers à partir de graines plutôt que de boutures : ces théiers poussent alors de manière hétérogène, exposant le sol[u 9].
224
+
225
+ Afin de réduire l'érosion, il est possible d'utiliser des cultures de couvertures, sélectionnées pour ne pas entrer en compétition avec le thé, tels que drymaria cordata, oxalis corymbosa, oxalis latifolia et oxalis corniculata ; de bannir le désherbage à la main pour le remplacer par l'usage d'herbicides ; d'utiliser du compost à base d'herbe, telle que tripsacum laxum ; de remplir les espaces laissés vacants entre les théiers par cette herbe, eragrostis curvula ou cymbopogon conferiiflorus et l'utilisation de drainages latéraux[u 9].
226
+
227
+ Les plantations de thé se font sur des espaces préalablement occupés par des forêts ; l'extension des surfaces cultivées se fait ainsi au prix d'une déforestation et menace ainsi la faune et la flore qui y vivaient[u 10]. L'influence sur la biodiversité s'étend au-delà des espaces agricoles : une étude sur l'influence de la culture du thé sur les populations d'invertébrés des cours d'eau dans les montagnes du monts Usambara a révélé que la proximité des plantations est associée avec une baisse des effectifs, sans mettre en évidence une influence quant à la diversité des espèces observées[u 11].
228
+
229
+ L'eau virtuelle consommée pour produire du thé varie de pays à pays : elle est par exemple, sur la période 1995-1999, de 4 978 m3 par tonne en Inde, 12 247 m3 au Sri Lanka et 16 604 m3 en Chine[u 12]. En Inde, cette eau est consommée à 25 % pendant la phase de croissance de la plante (feuille fraiche), à 50 % pendant la phase de roulage des feuilles (feuille roulée), et à 25 % pendant la phase d'oxydation (produit final), mais chaque étape a elle-même une forte variabilité par pays[u 12]. Ainsi, la Turquie ne consomme que 1 828 m3 d'eau par tonne de feuille fraiche contre 4 046 m3 en Ouganda ; le Japon ne consomme en moyenne que 3 202 m3 pour sa phase de roulage contre 6 014 m3 pour le Bangladesh et enfin, l'Inde consomme encore l'équivalent de 1 394 m3 contre 4 649 m3 pour la Chine pour arriver au produit final[u 12].
230
+
231
+ L'empreinte carbone du thé provient à environ 50 % de la consommation d'énergie pour faire bouillir de l'eau, à 35 % du processus agricole et à 15 % de la transformation, le transport et la distribution ayant un impact négligeable[u 13][source insuffisante]. Dans le processus agricole, c'est la fabrication des engrais, en particulier des engrais azotés, qui est la plus gourmande en énergie[u 13]. Pour la transformation du thé, ce sont surtout le roulage mécanique et le séchage à air chaud, consommateurs d'électricité, qui sont émetteurs indirects d'émissions carbones[u 13].
232
+
233
+ Comme plusieurs autres produits agricoles, le thé est très sensible aux changements climatiques. En effet, des phénomènes tels que l'augmentation de l'écart entre les niveaux de précipitations et leur irrégularité causent de nombreux problèmes tels que de l'érosion, des inondations, mais également des périodes de sécheresse[13]. Une trop grande quantité d'eau a aussi des effets négatifs sur la concentration en composés métabolites secondaires du thé, facteur important en ce qui concerne son goût et sa qualité fonctionnelle, pouvant être jusqu'à 50 % plus basse dans ce cas[14]. Parfois, l'installation coûteuse d'infrastructures telles que des systèmes d'irrigation est nécessaire pour compenser la quantité d'eau provenant des précipitations[15]. L'augmentation générale de la température ambiante pose également problème, principalement car cette augmentation permet à certains types d'insectes et de parasites nocifs pour le théier de survivre, causant ainsi des infestations, ce qui n'était normalement pas le cas sous des conditions climatiques habituelles. Cela encourage, entre autres, une utilisation accrue d'engrais et de pesticides chimiques[13]. En réponse à ces problématiques et aux nouvelles tendances du marché, de nombreux producteurs se tournent maintenant vers un mode de production biologique[16].
234
+
235
+ L'industrie du thé est également concernée par le développement durable promouvant des normes écologiques et sociales. En Chine, elle démarre en 2000[17]. En Inde, est lancé en 2012 le programme Trustea, rassemblant producteurs, industriels et ONG[p 11]. Hormis en Inde et en Chine, c'est principalement au Kenya, au Japon et au Vietnam que l'on rencontre de l'agriculture biologique[p 12].
236
+
237
+ La production de thé biologique est toujours en hausse. Elle atteint 3 500 tonnes en 2003. La majorité de la production de ce thé (environ 75 %) est destinée à la France, à l'Allemagne, au Japon, au Royaume-Uni ou aux États-Unis.[Passage à actualiser][réf. souhaitée]
238
+
239
+ Deux motivations principales poussent au passage à l'agriculture biologique : le problème de l'épuisement des sols, qui provoque des pertes de rentabilité, incite les producteurs à adopter des méthodes durables d'agriculture ; et le marché occidental, où le label bio permet de nouveaux débouchés. Cet intérêt occidental pour le bio est alimenté par les rapports d'ONG, telles que Greenpeace, qui a publié en 2012 pour la Chine[o 1] et en 2014 pour l'Inde[o 2] des études listant les pesticides reconnus dangereux pour la santé retrouvés dans les échantillons de thé analysés. En 2017, le magazine 60 Millions de consommateurs révèle la présence de pesticides — jusqu'à 17 par échantillon — retrouvés dans les sachets de thé au cours d'une étude portant sur 26 marques de thés verts et noirs commercialisés en France[18].
240
+
241
+ Toutefois, la démarche de certification est chère et de nombreux producteurs adoptent les recommandations de l'agriculture biologique sans en obtenir le label[p 12].
242
+
243
+ Parmi les démarches concrètes effectuées en agriculture biologique, on peut citer l'utilisation de compost comme fertilisant, comme les scories des graines de ricin en Inde du Sud, l'introduction de vers de terre dans les plantations, qui permettent aussi d'améliorer le drainage et l'aération des sols, et d'oiseaux et d'insectes mangeant les parasites du théier[p 12]. La table de cueillette est aussi abaissée afin de limiter la surface exposée aux nuisibles du théier[p 12]. Enfin, afin de limiter la contamination par les pesticides employés dans les plantations voisines, les parcelles en agriculture biologique sont entourées d'essences d'arbres servant à faire écran[p 12].
244
+
245
+ Le thé n'est pas coté sur le marché à terme des matières premières[p 3]. Cela s'explique par sa diversité, ainsi que par la rapide dégradation (en environ un an) de la qualité du thé, qui fait qu'aucun acteur ne stocke du thé dans une optique de spéculation[p 3].
246
+
247
+ En 2016, sur les 5,73 millions de tonnes de thé produites, 1,84 million ont été échangées sur le marché international, le reste étant consommé directement dans le pays de production[i 1].
248
+
249
+ Le gré à gré entre un producteur et un acheteur est le plus rentable pour le producteur[p 3]. Le producteur envoie un échantillon des lots qu'il souhaite vendre à plusieurs acheteurs, et chacun fait une offre : la plus élevée remporte le lot, qui est ensuite expédiée par bateau (environ un mois de délai) ou avion (deux à trois jours)[p 3].
250
+
251
+ Le gré à gré entre un négociant et un acheteur, lui, repose sur une tierce partie, le négociant ou courtier (broker)[p 3]. Celui-ci se charge d'envoyer des échantillons aux acheteurs, qui proposent un prix maximal d'achat, que le négociant cherche à obtenir[p 3]. Les brokers sont aussi des blenders : ils achètent aux enchères des lots sans acheteur, les mélangent et les proposent à nouveau à des acheteurs ; ce procédé peut aboutir à un thé nature ou un thé aromatisé[p 3]. La plupart des négociants de thé qui revendent en Europe sont implantés à Hambourg[p 3].
252
+
253
+ Les principaux importateurs en 2018 sont l'Union européenne (18 %), suivie par la Russie (9 %), le Pakistan (9 %), les Etats-Unis (7 %), l'Egypte (5 %), les Émirats arabes unis (4 %), le Maroc (4 %) et l'Iran (3 %)[i 1]. Sur ces importations, les pays importateurs imposent des droits de douane très variables ; par exemple, en 2017, l'Inde impose une taxe de 130 % sur l'importation de thés chinois, tandis que la Chine taxe le thé indien à hauteur de 17 %[g 5].
254
+
255
+ La consommation de thé en Inde est en adéquation avec ces droits de douane : le thé chinois y est consommé comme un produit de luxe et est destiné aux touristes[g 5].
256
+
257
+ En Chine communiste, l'exportation du thé est organisée jusqu'en 1995 exclusivement par bureaux régionaux, avec un interlocuteur unique dans chaque région pour chaque type de thé[p 3]. Avec la libéralisation du pays, les anciens fonctionnaires sont devenus des exportateurs à titre privé, qui ont parfois aussi investi dans des plantations de théiers[p 3]. Les thés subissent un contrôle avant exportation, qui en détermine leur grade ; autrefois, des spécialistes dans un type de thé visitaient les fermes pour en goûter les produits ; avec la libéralisation, certains sont devenus consultants au sein des plantations et d'autres continuent leur travail de contrôle, mais ils reçoivent directement les échantillons[p 3].
258
+
259
+ En Inde, les thés qui ne sont pas vendus de gré à gré entre producteur et acheteur passent par la bourse de Kolkata. Chaque lundi, les courtiers peuvent déguster les lots qui seront vendus le lendemain, avec description et évaluation ; la vente se fait parfois aux enchères, parfois en enchère inversée[p 3]. Ce système d'enchères, hérité de la colonisation de l'Inde par la Grande-Bretagne, limite l'accès des petits producteurs au marché international[u 14].
260
+
261
+ Au Kenya, les enchères de Mombasa permettent de vendre non seulement la production du pays, mais aussi d'autres pays d'Afrique comme le Burundi[g 1].
262
+
263
+ D'après François-Xavier Delmas, fondateur du Palais des thés qui ne commercialise que du thé orthodoxe sans label, le label commerce équitable n'a de sens que dans les plantations de thés de qualité inférieure, qui cherchent à obtenir des prix bas ; dans ces plantations, les ouvriers agricoles sont saisonniers et remplacés en cas de conflits sociaux, ce qui nécessite une protection supplémentaire[p 3]. En revanche, pour les thés les plus prestigieux, la compétence des travailleurs est primordiale et suffit aux travailleurs à obtenir juste rémunération, crèches, hôpitaux et minimisation des accidents du travail[p 3]. Il va même plus loin et fait remarquer que le label est une manière pour des thés de faible qualité gustative de s'assurer un marché.
264
+
265
+ D'après une étude de 2008 de l'American Anthropological Association, l'émergence du commerce équitable dans les plantations de Darjeeling, qui s'est faite à l'initiative de labels américains de commerce équitable et non pas des producteurs ou travailleurs locaux, a des effets pervers, en érodant le pouvoir des syndicats et de l'État indien, plus efficaces à améliorer les conditions de travail qu'un organisme bureaucratique de certification[u 14].
266
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267
+ Au Laos, des associations forment les paysans à la culture du thé dans des plantations où cohabitent théiers et caféiers ; la production est revendue avec un label commerce équitable, mais la démarche est plus sociale et solidaire que véritablement commerciale[p 8].
268
+
269
+ Au début du XXIe siècle, 1,5 milliard de tasses de thé sont bues chaque jour dans le monde, ce qui en fait la deuxième boisson consommée après l'eau[u 15]. La Turquie est en tête de la liste des pays par consommation annuelle de thé par habitant (en), avec 7,5 kg/an/hab[i 6]. Depuis 2013, la consommation de thé turc par personne excède les dix tasses par jour et plus de 13,8 kg/an[g 6].
270
+
271
+ La préparation de la boisson elle-même peut prendre des formes très diverses, parfois élevées à un art rituel soucieux de perfection : recherchée pure après un nettoyage préalable à l'eau bouillante pour les goûteurs spécialisés, additionnée de lait et de sucre au Royaume-Uni, longuement bouillie avec des épices en Mongolie, avec de la menthe au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, bouillie avec des épices et du lait en Inde, préparée dans de minuscules théières dans la technique chinoise du gōngfū chá, ou battue avec une grande maîtrise en chanoyu au Japon. Cette appropriation du thé est généralement devenue un élément culturel important des pays qui l'ont adopté.
272
+
273
+ Le thé noir est infusé dans une théière, avec une eau à 95 °C, de trente secondes à cinq minutes, suivant la qualité du thé. Dans la tradition britannique, ces thés sont parfois additionnés de sucre et de lait pour en atténuer l'amertume.
274
+
275
+ Le Oolong est infusé dans une eau à 95 °C, de quatre à sept minutes. Ces thés se préparent également par la méthode du gōngfū chá. Les feuilles doivent généralement être rincées quelques secondes avant l'infusion pour leur permettre une infusion optimale.
276
+
277
+ Le thé vert est infusé dans une eau moins chaude, entre 70 °C et 80 °C, pendant deux à trois minutes. Les thés jaunes ou blancs sont préparés de même, dans une eau de moins en moins chaude au fur et à mesure que la qualité du thé augmente. Ces thés se préparent aussi en zhōng.
278
+
279
+ Moins longtemps le thé infuse, plus il est excitant. En effet, la caféine se diffuse lors de la première minute d'infusion, alors qu'après trois à cinq minutes, ce sont les tanins qui sont libérés et qui neutralisent la caféine dans le tube digestif.
280
+
281
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282
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283
+ En Chine, la consommation de thé est saisonnière : le thé vert est plutôt consommé au printemps et à l'été, tandis que le thé noir et le oolong le sont à l'automne et à l'hiver[g 7].
284
+
285
+ En Occident, le thé est parfois vu comme une manière de lutter contre l'alcoolisme : le tchifir, thé très concentré, est ainsi consommé dans les prisons de Russie à la place de l'alcool. En Angleterre, la reine Victoria organisait des tea moralities où chômeurs, sans-abris et prostituées recevaient du thé chaud et des sermons contre l'alcoolisme[p 10].
286
+
287
+ Le thé est un élément essentiel de la phytothérapie chinoise[réf. nécessaire].
288
+
289
+ Une fois les feuilles de thé préparées, des additifs peuvent être utilisés pour parfumer le thé avant son infusion. Cela peut être des fleurs (jasmin, rose, sakura), des essences (bergamote, citron) ou bien encore des épices (gingembre, cardamome, cannelle, poivre noir, clou de girofle, muscade). Les thés parfumés ou aromatisés peuvent être produits à partir de n'importe quel type de thé : vert, blanc, noir ou même post-fermenté.
290
+
291
+ Les thés peuvent être aromatisés aux arômes naturels (fleurs ou fruits), ou de synthèse, ces derniers étant interdits par la législation européenne[p 10].
292
+
293
+ Quelques thés parfumés célèbres :
294
+
295
+ La consommation de thé aromatisé a explosé dans les années 1970, notamment sous l'impulsion des consommateurs de France et d'Allemagne[p 10].
296
+
297
+ Le thé parfumé ou aromatisé peut être considéré en Occident comme moins respectable que celle du thé nature. Alain Stella, de Mariage Frères, écrit ainsi « Citronner un subtil thé vert serait donc un véritable sacrilège, et un bon thé noir (...) une incongruité. Il n'est pas interdit, en ajoutant une rondelle de citron à un très grossier thé noir, de composer un breuvage qui ne s'appellerait plus "thé" »[p 10]. Pour lui, ce ne sont que de « fantaisistes créations à base de thé », destinées avant tout à attirer les femmes et les adolescents vers la consommation de thé d'origine[p 10].
298
+
299
+ Différentes régions d'Asie entretiennent des traditions de thé au lait : le chai en Inde, le süütei tsai en Mongolie et pays des steppes frontaliers, le thé aux perles de Taïwan, le teh tarik de Malaisie et Singapour ou encore le thé au beurre rance du Tibet.
300
+
301
+ Paradoxalement, alors qu'il sert dans la lutte contre l'alcoolisme en Russie et en Angleterre, le thé entre dans la composition de certains cocktails alcoolisés dès le XIXe siècle. En témoignent différentes recettes de punchs qui figurent, dès sa première édition de 1862, dans The Bartender's Guide de Jerry Thomas[19], considéré comme le fondateur de la mixologie. Ces punchs se boivent soit froids, comme le « United Services Punch »[20], soit brûlants, comme le « Royal Punch »[21]. Ces recettes sont à base de thé noir ou de thé vert, selon les associations d'alcools plus ou moins forts. Le « Tea Punch » qui, selon l'auteur, se doit d'être servi encore bouillonnant, est préparé dans un bol en argent (ou tout au moins en métal) préalablement chauffé dans lequel sont versées une demi-pinte de brandy et une demi-pinte de rhum, mélangées avec une demi-livre de sucre en pain dissous dans de l'eau et le jus d'un gros citron. Le bol est alors porté sur le feu pour qu'y soit versé progressivement un litre de thé vert infusé, le breuvage devant être remué un certain temps à la louche avant d'être servi[22].
302
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303
+ Depuis, l'utilisation du thé s'est élargie à d'autres catégories de cocktails. La base de thé se prépare soit par macération à froid de 10 à 12 heures au réfrigérateur, soit par infusion à chaud puis refroidissement à température ambiante. Le thé peut aussi être directement infusé dans le spiritueux qui servira au cocktail pendant quatre jours maximum, à raison de 8 grammes par litre d'alcool. Pour une note plus subtile, l'alcool peut être passé à travers des feuilles de thé préalablement trempées dans de l'eau. Une autre technique consiste à réaliser un sirop de thé qui servira à aromatiser le cocktail[23].
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305
+ Le thé est aussi un ingrédient de choix dans les mocktails[24], cocktails sans alcool, tendance venant du monde anglo-saxon[25].
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307
+ Yam bai cha, salade thaïlandaise épicée à base de jeunes pousses de thé, préparée ici avec du thon.
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309
+ Lahpet, spécialité birmane de thé fermenté ou lactofermenté.
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311
+ Œufs au thé noir, une spécialité de la cuisine chinoise de rue.
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+ On trouve différentes pâtisseries au thé en Extrême-Orient.
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+ Le matcha japonais accompagne souvent ces pâtisseries. On trouve ainsi des mochi et daifuku au matcha[26], ou encore du tiramisu au matcha.
316
+
317
+ De la même façon, les thés verts chinois sont utilisés dans différentes pâtisseries chinoises, comme les gâteaux de taro au thé et sésame (绿茶香芋饼, lǜchá xiāng yù bǐng, spécialité de la cuisine du Hunan) ou encore de la patate douce au thé.
318
+
319
+ Bien que le thé, et particulièrement le thé chinois avec ses quelque six mille variétés, offre une grande diversité de goûts et de textures, il n'existe pas de références historiques sur l'accord entre les mets et cette boisson, comme il peut s'en trouver en France, dans la gastronomie, avec le vin. Lanshu Chen, nommée meilleure femme chef asiatique en 2014, l'explique en ces termes : « Dans la cuisine chinoise, l'accord avec le thé n'existe pas. C'est une cuisine très ronde, très équilibrée, avec beaucoup de saveurs. Il n'y a pas de place pour une boisson qui viendrait la compléter. Dans la tradition, on ne boit du thé qu'à la fin du repas, pour se rafraîchir ». Il en va de même pour la cuisine traditionnelle japonaise[27].
320
+
321
+ Néanmoins, des tentatives d'associer le thé au repas, notamment gastronomique, sont menées en France depuis les années 1990 par des grands chefs ou pâtissiers, tels Guy Martin, Antoine Westermann, Pierre Gagnaire, Alain Senderens, Guy Savoy, Olivier Roellinger ou Alain Passard. Durant son séjour dans l'Hexagone, la Taïwanaise Lanshu Chen s'est rapprochée de sa compatriote, Yu Hui Tseng, maître du thé chinois installée à Paris, pour travailler à cet accord entre les mets et le thé. Depuis, certains restaurants étoilés parisiens présentent une carte des thés pour accompagner ou clore le repas gastronomique, à côté de la traditionnelle carte des vins française[27].
322
+
323
+ En 1999 est créée à Paris une École du thé par François-Xavier Delmas, fondateur de Palais des thés, et Mathias Minet, expert dans la création de thés parfumés. Cette école dispense auprès du public amateur des cours sur les accords entre thés et mets, thés et fromages, thés et chocolats, de même que des cours de cuisine au thé et des ateliers de mixologie pour la création de cocktails au thé. Depuis, des écoles ont ouvert également à New York et à Moscou[28].
324
+
325
+ À partir de l'effet démontré de tel ou tel de ses composants, on prête au thé les vertus les plus variées. Il entretiendrait le système nerveux, préviendrait le développement du cancer[e 1],[e 2],[u 16] (en raison des catéchines qu'il contient), ralentirait le vieillissement, limiterait l'arthrite, favoriserait le drainage, éviterait les caries, fluidifierait le sang, contrôlerait l'hypertension, etc[29]. Toutefois, l'effet bénéfique d'une consommation régulière de thé n'a jamais pu être mis en évidence de manière probante[30]. L'asepsie que procure l'eau bouillie expliquerait nombre de vertus attribuées au thé[réf. nécessaire].
326
+
327
+ À l'inverse, un excès de thé peut induire des problèmes de fixation du fer[31], et le boire trop chaud augmente le risque de cancer de l'oesophage. Ce dernier n'est pas du à la théine ni aux autres composés du thé, mais uniquement à la température élevée de l'eau, comme dans le cas du café ou d'autres boissons[32],[33],[34],[35].
328
+
329
+ De nombreuses études expérimentales et cliniques antérieures ont révélé que le thé exerce un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires grâce à ses polyphénols. Toutefois, une étude scientifique allemande de Campus Mitte publiée en 2007, venant confirmer une précédente suggestion parue dans la revue Nature en 2003, prouve que, si la consommation de thé noir voire vert permet d'améliorer de manière significative la dilatation des artères (par son effet vasodilatateur) par rapport à la consommation d'eau chaude, l'ajout de lait supprime totalement ces effets en raison de la présence des caséines et de la formation de complexes avec les catéchines du thé[36],[37],[38],[39],[40].
330
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331
+ Selon une étude récente [41][réf. non conforme], le thé qui infuse dans certains sachets « soyeux » en matière synthétique est bu avec des particules de nanoplastique et de microplastique : « le fait de tremper un sachet de thé en plastique unique à la température d'infusion (95 °C) libère environ 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques dans une seule tasse de la boisson [...] (nylon et polytéréphtalate d'éthylène) »[42] ; soit plusieurs ordres de grandeur au-dessus de ce que l'on trouve dans les autres aliments et boissons jusqu'ici étudiés. On ignore le degré de risque induit par ces particules pour la santé des consommateurs, faute d'études sur les effets des microplastiques. Des daphnies exposées à ces microplastiques nageaient « follement »[43]. Des tests de toxicité aiguë effectués sur des invertébrés ont montré que l’exposition aux seules particules libérées par les sachets de thé (pas à la théine) a des effets sur le comportement et le développement, effets de type « dose-dépendant »[pas clair][42].
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+ Le thé est une boisson aromatique préparée en infusant des feuilles séchées de théier, un arbuste à feuilles persistantes originaire des piémonts orientaux de l'Himalaya (Assam, Yunnan, nord du Myanmar et de la Thaïlande).
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+
3
+ Il y est consommé depuis l'Antiquité, puis s'est étendu au Japon et au monde arabe au IXe siècle et à l'Europe au XVIe siècle.
4
+
5
+ Le thé est au XXe siècle la boisson la plus bue au monde après l'eau. Il peut prendre des formes très diverses, procurant une vaste gamme de boissons aromatiques, gustatives ou désaltérantes, obtenues par infusion ou percolation d'eau sur diverses préparations à partir des petites feuilles et des bourgeons du théier.
6
+
7
+ Ces diverses boissons aqueuses peuvent être obtenues à partir de feuilles simplement séchées ou diversement fermentées. Selon les traditions, les portions liquides sont bues chaudes, tièdes ou froides, en quantités très variables, diluées, faiblement ou fortement concentrées, et parfois additionnées de diverses matières d'origine végétale ou animale. L'importante variété de thés existant au monde s'explique par le grand nombre de terroirs, de cultivars, de modes de culture ainsi que par les traitements subis après la récolte. Ces facteurs déterminent le goût et la qualité du thé produit. Les thés obtenus sont différenciés par leur « couleur » : noirs, verts, Oolong, jaunes, blancs et post-fermentés.
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+ Riche en épigallocatéchine, en gallate d'épigallocatéchine, en théanine et en caféine, le thé est à la fois recherché pour son goût, ses vertus énergisantes et relaxantes ainsi que pour ses effets positifs sur la santé dans le cas du thé vert.
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+ Le sinogramme pour thé est 茶, qui a de nombreuses prononciations suivant les langues et dialectes. La prononciation en mandarin standard moderne est chá, prononciation similaire dans d'autres langues du nord et du sud-ouest de la Chine, comme le cantonais. En revanche, dans les langues du groupe min méridional, ou minnan, parlées dans le Fujian, le mot se prononce te. Dans presque toutes les langues du monde, le mot désignant le thé dérive de l'une ou l'autre de ces prononciations[u 1].
14
+
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+ La prononciation chá s’étend entre autres au japonais (茶, ちゃ, cha), au bengali (châ), au thaï (cha), au tibétain (ja), ainsi qu’au portugais (chá). Ces langues sont parlées dans des régions en contact avec le Japon et le Tibet, ou avec les marchands portugais qui accostaient dans les ports de la région de Canton[u 1]. De cette prononciation dérive le terme chai, très courant en Eurasie : persan (چای tchây), russe (чай, tchaï), tchèque et le slovaque (tchaï), arabe (شاي /ʃaj/, chaï), urdu (چای tchaï), hindi (चाय chaï), turc (çay), albanais (/tʃaj/, çaj), etc. Ce terme s'est diffusé à travers l'Asie centrale, en commençant peut-être par le persan qui servait de langue véhiculaire à l'époque médiévale le long de la route de la soie[u 2].
16
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+ Parmi les langues dans lesquelles le mot dérive de te se trouvent celles dont les marchands se fournissaient à compter du début du XVIIe siècle en thé dans les ports du sud du Fujian, autour d'Amoy (Xiamen), en premier les Hollandais, puis ceux qui sont venus après eux et les autres pays qui ont connu cette boisson par eux : néerlandais (thee), français thé, anglais tea, allemand Tee, malais the, etc. Le polonais herbata et le lituanien arbata dérivent du néerlandais herba thee[u 1]. Certaines langues combinent deux termes provenant de ces deux origines : coréen (ta, cha), vietnamien (trà, chà)[u 3].
18
+
19
+ Plusieurs plantes sont utilisées en infusion comme des ersatz de thé, dont le rooibos et le maté[1],[2]. De nombreuses infusions de fleurs et de fruits sont également appelées « thé » improprement. Enfin, la tisane est une infusion à valeur médicinale, sans thé[3].
20
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21
+ Il existe plusieurs légendes sur l'origine du thé. La première raconte que le thé serait apparu en l'an 2737 avant notre ère, quand des feuilles se détachent d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude de l'empereur Shennong[u 4]. Une autre légende originaire d'Inde attribue l'invention du thé à Bodhidharma, fondateur en Chine de l'école Chan : ce moine bouddhiste se serait endormi après avoir médité pendant neuf ans devant un mur. À son réveil, il se sentit si coupable qu'il se serait coupé les paupières pour éviter de se rendormir et les aurait jetées au sol, donnant naissance au théier[4].
22
+
23
+ On retrouve des traces de thé dans la tombe d'un empereur Han à l'ouest du Tibet vers 200 av. J.-C.[1]. Des récipients à thé datant de la fin de l'Antiquité ont été découverts, et un texte de Wang Bao, écrit en 59 av. J.-C., mentionne des serviteurs allant chercher des caisses de thé[5]. À l'origine, on s'en sert pour parfumer l'eau que l'on fait bouillir avant de la boire. Il est d'emblée apprécié pour ses vertus thérapeutiques, comme soulageant les fatigues, fortifiant la volonté et ranimant la vue. Il devient une boisson quotidienne en Chine sous la dynastie des Han de l'Est (25 - 220) et à l'époque des Trois Royaumes (220-280)[5].
24
+
25
+ Le thé devient une boisson à la mode sous la dynastie Tang (618-907)[6]. C'est aussi l'époque à laquelle il arrive au Japon, en 729[s 1], et en Corée du Sud dans la période de Silla unifié (668-935)[s 1]. Ses feuilles sont importées par un ambassadeur à la cour Tang. À l'époque de Nara, le Japon entame une politique d'imitation délibérée et systématique de la culture chinoise, incluant le thé. Des prêtres bouddhistes diffusent les textes sacrés au Japon, et des moines japonais ramènent du thé sur l'archipel. Le moine Saicho, compagnon de voyage de Kukai, rapporte des plants de thé et en plante à Sakamoto[s 1]. Le tout premier ouvrage au monde traitant du thé, écrit par Lu Yu entre les années 760 et 780 de notre ère, est Le Classique du Thé. Dans cet ouvrage, l'auteur traite de la plante elle-même, mais aussi des outils à employer pour la récolte, de la qualité des feuilles, des accessoires nécessaires à sa préparation, de l’histoire des plantations et de quelques buveurs de thé célèbres[s 1]. À l’époque de la dynastie Tang, le thé se consomme sous forme de brique. Quand il est amolli par la chaleur, on le fait rôtir[Quoi ?] jusqu’à ce qu’il devienne tendre, puis il est pulvérisé. Lorsque l’eau commence à frémir, on y ajoute du sel : quand elle bout, on y verse le thé[s 1].
26
+
27
+ Sous la dynastie des Song du Nord (960-1279) on prépare le thé battu. Les feuilles sont broyées sous une meule afin d'obtenir une poudre très fine, que l'on fouette ensuite dans l'eau chaude pour obtenir une mousse substantielle. Ce thé est aussi servi dans un grand bol commun à plusieurs convives. En 1012, Tsai Hsiang compose le Ch’a lu (茶录, chá lù), l’art du thé impérial. Le thé est introduit au Japon au début du XIIe siècle par le prêtre bouddhiste zen (nom japonais du Chan), Eisai, et ce mode de préparation y est encore pratiqué lors de la cérémonie du thé (chanoyu)[s 1].
28
+
29
+ Sous les Ming et les Qing (1368 - 1911), les feuilles de thé sont infusées dans l'eau chaude[s 1]. Le thé est introduit au début du XVIIe siècle en Europe par les commerçants portugais et hollandais[7]. La Russie s'adonne au thé dès le XVIIe siècle. On ne peut jusqu'à la fin du siècle suivant s'en procurer qu'à Moscou ou à Nijni-Novgorod. Vers le milieu du XIXe siècle, le thé se répand dans tout l'empire[s 2].
30
+
31
+ À la fin des années 1780, l'Angleterre importe de plus en plus de thé de Canton[s 3]. Elle asseoit sa domination du marché du thé chinois en développant la culture du pavot au Bengale. Le pavot indien est transformé en opium, qui est envoyé en Chine en échange de thé. L'opium devient illégal en Chine à la suite d'un édit impérial en 1779, mais passe par des grands canaux de contrebande ouvertement maintenus et financés par le gouvernement britannique[s 4]. En 1880, la production de thé de l'Inde du Nord s'élève à 21 500 tonnes, dont 17 000 tonnes de l'Assam et 3 200 tonnes du Bengale occidental. Le marché reste presque exclusivement britannique : l'Australie préfère acheter en Chine, comme les Américains. Enfin, le thé de Ceylan, où les premiers plants ont été installés dans les années 1870, commence à très bien se vendre sur plusieurs marchés et est exploité par l'entreprise Lipton[s 5]. Au même siècle, le thé fait son apparition en Afrique, où des colons plantent des théiers d'abord au Malawi puis dans d'autres pays, dont le Kenya[8].
32
+
33
+ En 1914, l'Inde est le premier fournisseur de thé de l'Europe, et de très loin, mais la consommation y est encore faible[s 6]. Avant la seconde guerre mondiale, le thé arrive dans les petites villes par le biais des marchés, des gares et des écoles. Enfin, le thé commence à être consommé en campagne seulement à la fin du vingtième siècle[s 6].
34
+
35
+ La production africaine de thé augmente de 10 % entre 2014 et 2016, alors que la consommation sur le continent se développe en parallèle de la production[9].
36
+
37
+ Le thé est aujourd'hui la boisson la plus bue au monde juste après l'eau[u 5].
38
+
39
+ En 2015, plus de deux milliards de personnes réparties dans 125 pays différents boivent du thé[p 1].
40
+
41
+ La demande a fortement progressé au début du XXIe siècle, avec une augmentation de plus de 4 % par an en moyenne[i 1]. Cette augmentation vient principalement des pays producteurs, tels que la Chine et l'Inde, est aussi portée par des pays où le marché explose, tels que le Rwanda (+26 %), le Malawi (+19,8 %) et l'Ouganda (+16,5 %)[i 1]. L'augmentation de la demande vient de l'urbanisation et de l'élévation du niveau de vie dans les pays émergents d'Asie de l'Est, Afrique, Amérique Latine et Caraïbes, tandis que l'Europe voit sa demande décliner en volume[i 1].
42
+
43
+ La nature de la demande change elle aussi : en Allemagne, en France et en Belgique, les thés noirs mélangés à d'autres ingrédients, ou specialty teas, sont en pleine croissance par rapport aux thés noirs et verts simples. Le thé noir nature, en particulier, voit sa part de marché diminuer au profit du thé vert, des infusions et des thés mélangés depuis le début du siècle[10].
44
+
45
+ L'essentiel du thé est produit par de grandes exploitations en Inde, en Chine, au Sri Lanka, au Kenya et en Turquie, à destination des grandes entreprises de l'agroalimentaire. À l'opposé de cette production industrielle, de nombreux « jardins », plantations parfois minuscules, cultivent des thés très recherchés des amateurs.
46
+
47
+ Le théier, ou Camellia sinensis, est une espèce du genre Camellia et de la famille des Théacées. Il existe sous trois variétés botaniques : Camellia sinensis var. assamica, Camellia sinensis var. sinensis (Yunnan) et Camellia sinensis var. cambodiensis. Suivant les classifications, il existe entre 300 et 600 types d'hybrides entre ces trois variétés utilisés dans l'agriculture[p 2]. Au même âge, la feuille de Camellia assamica est près de dix fois plus grande que celle de Camellia cambodiensis et cinq fois de celle de Camellia sinensis[s 7].
48
+
49
+ Arbuste tropical originaire d'Extrême-Orient, il alterne des phases de dormance et de croissance végétative. Cultivé, il est maintenu dans ce dernier état afin de stimuler la croissance des bourgeons et des jeunes feuilles, qui sont la partie de la plante consommée[p 2].
50
+
51
+ L'expression « théiers sauvages » désigne des théiers du Yunnan qui auraient été plantés par des minorités ethniques de la région il y a des centaines d'années et laissés depuis à l'abandon[p 3]. Poussant au milieu d'arbres d'autres espèces, leur récolte nécessite une grande dextérité, puisque les nouveaux bourgeons ne sont pas à hauteur d'humain mais nécessitent de grimper dans les arbres[p 3]. Ils sont commercialisés comme produits de luxe sous forme de galettes de thé vert compressé[p 3].
52
+
53
+ Dans les régions où la cueillette du thé est exclusivement féminine, l'entretien des plantations, qui comprend le travail des sols et la taille des théiers, est dévolu aux hommes[p 3].
54
+
55
+ La première phase d'entretien des plantations de thé consiste à la reproduction des théiers. Celle-ci peut se faire par prélèvement de graines ou par bouture. La bouture a l'avantage de mieux conserver les sols, car la régularité des plantes les expose moins, tandis que les graines permettent une plus grande diversité génétique rendant les plantations globalement plus résistantes aux nuisibles.
56
+
57
+ Pour les graines, celles-ci sont prélevées sur un théier, puis plongées dans l'eau pour éliminer celles, impropres, qui flottent. Les graines sont ensuites mises à germer dans une pépinière ombragée, puis endurcies, c'est-à-dire régulièrement replantées à mesure de la croissance de la plante dans des espaces de plus en plus lumineux[s 7].
58
+
59
+ Pour la bouture, une tige contenant un œil et une feuille de quelques centimètres est prélevée sur le théier mère avant d'être repiquée en pépinière ; elles développent progressivement des racines avant de subir une phase d'endurcissement puis d'être repiquées en champ[s 7].
60
+
61
+ Plusieurs types de taille existent, avec chacun une fonction spécifique. Les tailles de formation servent à donner une forme spécifique au théier : une charpente basse et large composée d'un tronc central et de nombreuses ramifications, permettant de multiplier les bourgeons végétatifs et donc les points de récolte[s 7]. Les tailles de production maintiennent les théiers à une hauteur de 0,8 à 1m afin de maximiser la productivité des cueilleurs et cueilleuses, qui n'ont ainsi pas besoin de se pencher ou de monter sur une échelle pour récolter ; dans le même style, le skiff, rare car éprouvant pour la plante, vise à rétablir la régularité de la table de cueillette endommagée par la grêle, le gel ou une croissance non maîtrisée de la plante[s 7]. Les tailles de régénération, enfin, servent à redonner de la vigueur à la plante : le rim-lung, pratiqué au Kenya, consiste ainsi en la taille des branches du centre de théier en laissant celles du pourtour afin de laisser la plante respirer[s 7].
62
+
63
+ L'entretien de la plantation comporte l'entretien des sols (drainage, lutte contre l'érosion), l'irrigation, la fertilisation, la lutte contre les nuisibles (maladies, insectes) et la plantation des arbres et plantes auxiliaires[s 7].
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+
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+ Les grands arbres servent à protéger les théiers des pluies, du soleil et du vent, tandis que des herbes servent à préserver le sol : dans les deux cas, on les choisit de la famille des légumineuses afin qu'elles fixent l'azote dans le sol et ne le fatiguent pas[s 7].
66
+
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+ Comme toute monoculture permanente, les plantations de thé sont très affectées par les parasites : chenilles, larves, vers, insectes volants, pucerons, cochenilles, criquets, moustiques, termites, fourmis et acariens[s 7]. Pour lutter contre eux, des insecticides sont épandus, que ce soit par pulvérisation, soit à l'aide d'un réservoir porté par un travailleur sur le dos, soit par voie aérienne, ou par poudrage[s 7]. En revanche, d'autres insectes, comme les araignées rouges du Sri Lanka et les mouches vertes de Darjeeling, modifient la chimie du chloroplaste, produisant ainsi des arômes recherchés[s 7].
68
+
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+ Le théier peut être touché par de nombreuses maladies, aux conséquences variables : si Botrystis ssp. ne touche que les fleurs et a donc peu d'impact, les maladies des feuilles comme la cloque ou les maladies des racines, difficilement détectables, vont avoir des conséquences désastreuses pour les récoltes[s 7]. Pour se prémunir des maladies des racines, il est nécessaire de bien défricher la terre pour en enlever les anciennes racines ; en revanche, une fois celle-ci installée, elle est difficilement détectable et détruit sans préavis les théiers, et il n'est plus possible que de les brûler et de laisser la terre en friche pour contenir la propagation[s 7].
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+
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+ Les théiers ont besoin d'un sol ni calcaire ni argileux, mais alluvionnaire, sédimentaire rocheux ou volcanique[s 7]. Le sol doit être acide, profondément meuble, perméable, riche en azote, en acide phosphorique et en potasse[s 7]. Pour le côté meuble, la terre est labourée deux fois avant de planter des légumineuses qui fixeront l'azote dans le sol avant l'installation de théiers[s 7].
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+
75
+ Le théier a besoin de vents réguliers et secs, d'une température comprise en 10 et 30 °C (la plante meurt en dessous de -50 °C), de pluies fréquentes de 1500 à 3000 mm/an, d'un taux d'hygrométrie compris entre 70% et 90% et idéalement de 5 heures d'ensoleillement par jour[s 7]. Pour développer l'arôme des feuilles de thé, il est idéal que le théier se déshydrate en journée dans un temps lumineux et sec pour ensuite subir une nuit fraîche[s 7].
76
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+ Le principal pays producteur est la Chine, suivie par l'Inde, le Kenya, le Sri Lanka, le Viêt-Nam et la Turquie.
78
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79
+ La production de thé se fait essentiellement en Asie (83.4%), sinon l'Afrique représente (12.3%) de la production de thé mondiale, l'Amérique (2.2%), tandis que l'Europe (1.9%) et l'Océanie (0.2%) ne produisant que marginalement du thé[i 2].
80
+
81
+ De 2006 à 2016, la production mondiale de thé augmente de 4,4 % par an en moyenne, arrivant à 5,73 millions de tonnes de thé produit en 2016. Cette augmentation s'explique en partie par le fait que la production chinoise a plus que doublé entre 2007 et 2016, en particulier parce que sa demande domestique explose en parallèle[11].
82
+
83
+ La croissance de la production devrait s'accélérer de 2014 à 2024, davantage pour le thé vert (+7,7 % par an) que pour le thé noir (+2,9 %)[i 3].
84
+
85
+ Le théier est originaire des piémonts orientaux de l'Himalaya (Assam, Yunnan, nord de la Birmanie et de la Thaïlande) et sa date de domestication reste indéterminée : elle se situerait vers la première moitié du IIe millénaire av. J.‑C. dans le sud-ouest de la Chine, mais en l'état actuel des choses les études génétiques ne permettent pas d'être plus précis[u 6].
86
+
87
+ Le thé se cultive en Chine au Sichuan, Hunan et Hubei puis s'étend, durant la période de division, à toute la partie Sud de la Chine, le long du Yangzi et en suivant l’expansion du boudhisme, avant de s'étendre à tout le pays sous la dynastie Tang. Les régions de Fuliang dans le Jiangxi, et le Mont Guzhu près du Lac Tai dans le Jiangnan s'enrichissent grâce à la production de thé à destination de l'empereur et sa cour. Le pouvoir impérial s'octroie alors le monopole du commerce du thé. Il était alors fumé, plié et compacté sous forme de briquettes puis destiné à être moulu avant d'être consommé. C'est sous la dynastie Song que se développe la production de thé sous forme de feuilles entières ainsi que les plantations contrôlées par l’État et qu'est inventée la technique du roulage des feuilles. Les thés parfumés sont créés sous la dynastie Yuan (camphre, musc). Sous la dynastie Ming, le tribut du thé que les provinces versent à l'empire n'est plus exigé sous forme de briquette, permettant l'essor de la production de thé sous forme de feuilles. C'est aussi à cette période qu'est inventée la technique de séchage dans des cuves qui sera en usage jusqu'au XXe siècle, ainsi que le thé blanc et le thé jaune. Le oolong, le thé noir, les thés post-fermentés, et de nouveaux parfums de thé (jasmin, orange, lotus, orchidée, mandarine) sont inventés sous la dynastie Qing. La production de thé en Chine connait ensuite une grande phase de déclin, provoquée par la domination occidentale du pays, l'établissement de plantations de thés dans les colonies anglaises à partir de théiers volés en Chine. Malgré la volonté de la République populaire de Chine de rétablir la production du thé dès 1940, ce n'est qu'après le grand Bond en avant et la révolution culturelle que celle-ci redécolle, au point de repasser première, devant l'Inde, en 2006.
88
+
89
+ Au Viet Nam, la production de thé est très ancienne, même si elle ne se destine pas à la production de boissons mais plutôt à être consommée comme feuille à mâcher, herbe médicinale ou légume[s 8]. Durant sa colonisation du pays, la France tente d'y développer les plantations de thé en vue d'en exporter la production, mais celle-ci est essentiellement absorbée par la consommation intérieure[s 8]. Si la guerre du Viet Nam détruit 30% des plantations, cela n'empêche pas le Vietnam d'augmenter lentement sa production au cours du XXe siècle et plus rapidement au XXIe siècle[i 2],[s 9]. Le Vietnam produit deux spécialités: les fleurs de thé, et le thé au lotus[s 9].
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+ En Corée, la production du thé remonte au règne de la reine Seondeok, la plante étant rapportée de Chine par des moines bouddhistes[p 4]. D'autres situent l'arrivée de la plante au voyage de ambassadeur du roi Kim Dae Ryeum à la cour des Tang[s 9]. La consommation locale, et donc sa production, baisse continuement du XVe au XIXe siècle, et est pratiquement arrêtée durant la colonisation japonaise[p 4]. La production de thé reprend après 1945, avec deux accélérations au début des années 1990 et en 2007[i 2]. Celle-ci est destinée essentiellement à la consommation locale et produit des thés de haute qualité, principalement verts (Jeoncha, Woojeon, Sejak) à l'exception du Jukro, noir et provient des plantations de la province du Gyeongsang du Sud, des districts du Jirisan et de Boseong et de l'île de Jeju[p 4].
92
+
93
+ Le thé est rapporté au Japon de Chine en 806 par le moine bouddhiste Saichō, mais la culture s'y développe surtout sous la décision de l'empereur Saga, en 815, de construire des plantations de thé. Sous l'influence de Le Classique du thé, le Japon invente le matcha. A la fin du XIIe siècle, le moine Eisai rapporte de nouvelles graines de théier de Chine et développe la culture du thé à Hirado et Kyūshū. Pendant l'époque de Muromachi, la production se développe en raison de l'augmentation de la demande domestique. Lors de l'époque d'Edo est inventé le sencha. Après avoir connu un apogée dans les années 1980, les surfaces cultivées au Japon ne cessent de diminuer depuis[i 2].
94
+
95
+ La culture du thé commence à Taïwan en 1810 avec l'arrivée de graines en provenance du Fujian[s 8]. Les premières exportations ont lieu en 1865, mais le succès n'est pas au rendez-vous. Taïwan invente alors le thé Pouchong et réussit finalement à se trouver une place sur le marché mondial, exportant en 1893 plus de 100 fois plus de thé qu'en 1865[s 8]. Sous la colonisation japonaise, se développe sur l'île le thé noir destiné à l'export vers les pays anglo-saxons. Depuis au moins les années 1960, la production et les surfaces cultivées ne cessent de diminuer[i 2].
96
+
97
+ La production du thé en Inde vient de la colonisation britannique. L'Angleterre, voulant drastiquement réduire le déficit de sa balance commerciale envers la Chine, cherche au XIXe siècle à produire du thé dans ses colonies. En 1823, Robert Bruce, un gentleman écossais, apprend de Maniram Dewan que les Jingpo d'Assam produisent du thé. Ceux-ci lui font don de plantes et de graines, qui seront à l'origine des plantations d'Assam. Parallèlement, Robert Fortune récupère en mission d'espionnage des plants de théiers en Chine qui permettent de fonder les Nilgiri en 1840 et le jardin de Darjeeling en 1859[p 5]. C'est en Assam, en 1930, que le procédé CTC est inventé[p 5]. L'Inde est au XXe siècle le premier producteur de thé au monde, avant d'être dépassée par la Chine au XXIe siècle. Plus d'un million de personnes travaillent dans la production de thé[p 5].
98
+
99
+ Le district de Sylhet, au Bangladesh, fait partie des Indes britanniques et plus particulièrement de l'Assam jusqu'en 1947 et partage donc son histoire[s 8]. Lors de la séparation, en 1971, entre le Pakistan Occidental (actuel Pakistan) et le Pakistan Oriental (actuel Bangladesh), la production de thé est durement touchée : la guerre de libération se déroule dans les régions théières, les jardins appartenant à des Pakistanais ferment et beaucoup de moyens de transports sont détruits[s 8]. Par la suite, grâce notamment à des investissements venus d'Inde, de Grande-Bretagne et de l'Union Européenne, les plantations bengalis se modernisent, augmentant à la fois la qualité et la quantité du thé produit[s 8].
100
+
101
+ Colonie britannique, le Sri Lanka a reçu ses premiers théiers au jardin botanique de Peradeniya en 1841, en provenance du Bengale mais la production ne décolle qu'entre 1869 la fin du XIXe siècle, quand les cultures de café du pays succombent à un parasite[p 6]. Au milieu du XXe siècle, le pays est le second producteur mondial[p 6]. C'est au Sri Lanka que James Taylor invente la première machine à rouler les feuilles[s 8]. Le pays connait au XXe siècle deux bouleversements, qui font suite à son indépendance : la nationalisation des plantations en 1975, et la privatisation à la fin du XXe siècle, qui fragilise le thé srilankais, déjà mis à rude concurrence par la baisse de qualité de sa production[p 6]. Le thé srilankais est exclusivement noir, et produit à 90% en méthode orthodoxe[p 6].
102
+
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+ Le thé arrive en Malaisie en 1929, aux Cameron Highlands, sous l'impulsion d'un colon britannique et d'un planteur de thé du Sri Lanka[s 8].
104
+
105
+ En Indonésie, sous la domination de la compagnie néerlandaise des Indes orientales a lieu en 1728 une tentative d'acclimatation de théiers venus de Chine et du Japon sur l'île de Java, sans succès[s 8]. 150 ans plus tard, la même expérience est réalisée à partir de graines de théiers d'Assam, qui permet à l'Indonésie de devenir à la fin du XIXe siècle un producteur majeur du thé, avec des plantations à Java, Sumatra (dès 1911) et Sulawesi (fin du XXe siècle)[s 8]. Malgré un fort recul lors de la seconde guerre mondiale où les plantations de subsistance remplacent les théiers, l'Indonésie demeure un acteur de premier plan du thé au XXe et XXIe siècles[s 8].
106
+
107
+ Les premières plantations de thé au Népal voient le jour en 1920, dans le district d'Ilam, sous l'initiative du gouvernement népalais[p 7]. Le gouvernement amplifie sa politique de production du thé en 1980, avant de privatiser le secteur à la fin du XXe siècle, ce qui s'accompagne d'une forte augmentation de la production[i 2],[p 7]. Le thé produit en plaine est majoritairement CTC, celui en altitude orthoxe, et destiné à l'exportation[p 7].
108
+
109
+ En Iran, plusieurs tentatives ont lieu à la fin du XIXe siècle d'acclimater du thé afin de satisfaire à la demande locale. En 1882, Haj Mohammad Hossein Esfahani ramène des graines d'Inde, mais la tentative échoue[s 8]. Plus tard, Mohammad Mirza tente la même expérience près de Lahijan et rencontre le succès : les plantations se développent au Guilan et au Mazandran[s 8]. En 1996, la production est majoritairement orthodoxe, manuelle, et issue de petites plantations[s 8]. Si la production explose en 1991, elle suit une lente descente au XXIe siècle[i 2].
110
+
111
+ La première plantation de thé en Russie est située au jardin botanique Nikitski en 1814[12]. La première plantation de production est établie en 1885[12].
112
+
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+ En 1901, un paysan ukrainien, Judas Antonovich Koshman, parvient à créer un hybride de thé résistant au froid. Sotchi devient rapidement une place forte de la culture du thé, la plus septentrionale au monde. Le pays commence à produire du thé en Géorgie, en Abkhazie et en Adjarie. Ces tentatives sont affectées par la première Guerre mondiale mais reprennent dans les années 1920[u 7]. Le thé de Dagomys, aussi connu sous le nom de thé Krasnodar, commence à être produit à grande échelle en 1936 et en 1980, il s'agit d'une des sources de thé les plus importantes de l'Union soviétique. Ces thés produisent deux à trois récoltes par an[u 7].
114
+
115
+ La production de thé commence en Turquie en 1924 à partir de graines venues d'URSS, d'abord à Rize, puis à Trabzon, Giresun et Ordu et encore plus tard Artvin et Toplam[s 8]. La production est quasi exclusivement consommée sur place[s 8].
116
+
117
+ Le Kenya est le plus important pays africain producteur de thé. Celui-ci y est introduit en 1903, commence à être commercialisé dans les années 1920 et se développe réellement après la Seconde Guerre mondiale[s 10]. Les plantations appartiennent alors exclusivement aux colons britanniques. Après l'indépendance, le gouvernement lance le Kenya Tea Development Authority qui sert à soutenir les petits propriétaires : ceux-ci sont au nombre de 37 205 en 1975 et sont regroupés avec les grands exploitants au sein du Kenya Tea Growers Association. La production du Kenya, qui se concentre des deux côtés de la vallée du Grand Rift entre le Mont Kenya et le Lac Victoria, est essentiellement CTC et destinée à l'export[s 10].
118
+
119
+ Le Malawi est le premier pays d'Afrique à exporter le thé. Il y est introduit en 1878 par Jonathan Duncan, jardinier à la mission de l'Église d'Écosse, à partir de graines du jardin botanique d'Édimbourg et des jardins botaniques royaux de Kew[s 10]. Si les essais réalisés près de Blantyre sont des échecs, ceux réalisés plus tard à Mulanje, Thyolo et Nkhotakota prennent. Le pays produit essentiellement du CTC destiné à l'export[s 10].
120
+
121
+ Au début du xxe siècle, des plants sont envoyés de ces mêmes jardins vers l'Ouganda, plus précisément au jardin botanique d'Entebbe ; leur bonne acclimatation fait qu'en 1909, 200 kg de graines de théiers d'Assam sont importées pour les plantations gouvernementales de Kampala, qui aboutissent à une commercialisation en 1931[s 10]. Sa production rivalise avec celle du Kenya jusqu'au début des années 1970, où le coup d'Etat d'Idi Amin Dada ainsi que l'instabilité politique et la guerre civile qui suivent provoquent une chute importante de la production et des exportations. Celles-ci se relèvent progressivement sous l'action de Yoweri Museveni[s 10]. La régularité des pluies fait que les théiers de Mengo, Toro, Mityana, Masaka, Ankolee, Kigezi et Bunyoro ne rentrent pas en phase de dormance, assurant une production toute l'année destinée majoritairement à l'export[s 10].
122
+
123
+ En République Démocratique du Congo, le thé est essentiellement produit dans les montagnes Kivu, dans des conditions similaires à celles de l'Ouganda[s 11].
124
+
125
+ Sous l'influence du Malawi, le Mozambique se met à la culture du thé dans les années 1920, dans le district de Milange, puis à Gurué, Socone et Tacuane, aux climats plus favorables[s 10]. Si la production est encore peu importante jusqu'au début des années 1990 (1 500 t en 1995), elle ne cesse de grandir au cours du xxie siècle pour arriver à 32 000 t en 2017[i 2].
126
+
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+ Le Zimbabwe suit l'exemple du Mozambique et commence ses cultures commerciales en 1925, à Chipinge et autour du mont Inyangani, avec des théiers de type Assamica[s 10].
128
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129
+ Les premiers théiers du Cameroun datent de 1914 et sont plantés par les colons allemands au pied du mont Cameroun. Ces cultures ne se développent réellement, en paralèlle de celles de Ndu et de Bafou, qu'à partir des années 1950[s 10].
130
+
131
+ Si ces mêmes colons introduisent le thé dès le début du xxe siècle en Tanzanie, c'est en 1930 que des plantations à grande échelle voient le jour, au pied des monts Usambara, à Mufindi, Rungwa et Bukora[s 10]. La production, très majoritairement tournée vers l'export, est dominée par les grands propriétaires ; les autres producteurs, qui représentent un tiers des récoltes, sont aidés par la Tanzania Tea Authority qui leur assure l'achat de leurs recoltes[s 10].
132
+
133
+ Le théier est introduit en Éthiopie en 1928 par un colon Britannique qui fournit des graines à divers fermiers de Gore ; l'un d'entre eux, le Libanais en exil Keynazmch Mejid Abboud, fonde en 1957 la première plantation commerciale du pays, Gumaro ; la seconde plantation du pays, Wush, est fondée quant à elle en 1973[s 10].
134
+
135
+ Le Rwanda commence à exporter du thé dans les années 1950. Celui-ci est essentiellement produit au sud-est du Lac Kivu et destiné à l'export[s 10]. La guerre civile et le génocide des Tutsi provoquent un effondrement de la production sur la période 1993-1996[s 10],[i 2].
136
+
137
+ Au Burundi, les surfaces cultivées augmentent doucement des années 1960 au milieu des années 2010, et progressent fortement depuis ; la productivité quant à elle connait une explosition au tournant du xxie siècle[i 2]. Le pays libéralise son secteur du thé en 2007 sur les conseils du Fonds monétaire international et le secteur privé gère dans la fin des années 2010 la moitié de l'industrie de transformation du thé[g 1]. D'abord entièrement tourné vers l'exportation de thé noir en particulier vers le marché européen, l'office du thé du Burundi inaugure en 2018 une usine de thé vert, plutôt tournée vers le marché asiatique[g 1].
138
+
139
+ Fait rare en Afrique, l'Afrique du Sud consomme la quasi-totalité de sa production de thé CTC[s 10]. Si des théiers vivent dans le pays dès 1850 au jardin botanique de Durban, elle prend un tour commercial en 1877 avec l'arrivée de graines d'Assam. Les conditions climatiques difficiles, en particulier le vent et les sécheresses, pénalisent les rendements des plantations du KwaZulu-Natal et du Transkei[s 10].
140
+
141
+ A l'île Maurice, le thé est introduit dès 1760 par Pierre Poivre. Les colons français, qui occupent alors l'île, ne cherchent pas spécialement à développer la culture du thé et ce théier devient un spécimem de musée[s 10]. C'est sous domination britannique, plus précisément sous la gouvernance de Robert Farquhar au xixe siècle, que les plantations commerciales se développent. Des années 1920 à la crise de 1929, les plantations sucrières remplacent celles de thé. La culture du thé se développe à nouveau, l'exportation reprenant en 1948 et un programme d'aide aux petits producteurs étant créé en 1955 : les récoltes sont alors mécanisées et ont lieu pendant la saison des pluies[s 10]. Mais, au milieu des années 1990, l'industrie du sucre reprend le dessus et la production du thé redevient marginale[s 10],[i 2].
142
+
143
+ L'Argentine commence à se consacrer à la production de thé vers la fin des années 1940, dans la province nord de Misiones. Cette province produit à la fin du xxe siècle 95 % de la production nationale, le reste venant de la province de Corrientes. Des conditions climatiques difficiles font que la récolte est de faible qualité et destinée essentiellement à l'export pour des blends d'entrée de gamme[s 12].
144
+
145
+ Au Brésil, le thé arrive en 1818 lorsque Dom Joao VI fonde le jardin botanique de Rio de Janeiro où sont alors plantées des graines de théiers rapportées de Chine[s 12]. Grâce au travail d'experts chinois et d'esclaves, les cultures se développent dans le Minas Gerais et à São Paulo[s 12]. Le secteur ne parvient pas à s'adapter à la fin de l'esclavage en 1888 et ne reprend que dans les années 1920 avec l'arrivée de migrants japonais à Registro[s 12]. Torazo Okamoto, l'un d'entre eux, rapporte en 1935 des équipements d'usine du Japon et des graines de théier assamica volées dans des plantations d'Inde et du Sri Lanka[s 12]. Si la production atteint 10 000 tonnes par an en 1994, elle redescend sous les 500 tonnes en 2016[i 2].
146
+
147
+ L'Équateur produit du thé depuis 1968, à 80 % destiné à l'export, en particulier vers les États-Unis[s 12].
148
+
149
+ Des graines d'Assam sont apportées de Malaisie dans les années 1900 vers les jardins botaniques de Brisbane, en Australie[s 13]. En parallèle, des théiers sont instroduits à Innisfail, mais ceux-ci sont ravagés en 1918 par un cyclone. En 1930, les plants de Brisbane sont aclimatés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la province de Morobe. Le thé produit en Papouasie est CTC et destiné à l'exportation, tandis que la production très marginale de l'Australie est consommée sur le marché intérieur[s 13].
150
+
151
+ Les pays importateurs peuvent parfois avoir un contrôle très fort sur la production du thé. C'est le cas du Japon, qui a investi en Chine, en Indonésie et au Vietnam pour produire des thés sencha à la manière japonaise et vendus sans toujours mentionner clairement leur pays d'origine[p 9].
152
+
153
+ Le théier étant une plante vivace, la cueillette peut s'effectuer en principe toute l'année. Sa croissance varie fortement en fonction de la température et de l'humidité ; en conséquence, les cycles de récolte varient fortement en fonction de la région de culture et de la saison[p 3]. Les récoltes ont ainsi lieu de janvier à décembre en Indonésie, en Inde du Sud et au Sri Lanka, quand elles ne sont pratiquées que d'avril à novembre en Inde du Nord, à Taïwan ou dans certaines provinces de Chine[p 3]. À Darjeeling, les théiers sont récoltés 42 fois par an[p 3].
154
+
155
+ Les cueillettes ont lieu par cycle de quatre à 15 jours, généralement long au printemps où la croissance est lente, et court en période de mousson où celle-ci s'accélère[p 3].
156
+
157
+ Les feuilles les plus jeunes sont vert clair. Ce sont les plus riches en substance (caféine, tanin, alcaloïdes, etc.) et celles qui donnent la boisson la plus goûteuse et la plus raffinée. À l'extrémité des branches se trouve un bourgeon recouvert d'un duvet blanchâtre, le pekoe, qui signifie en chinois duvet blanc et qui est la jeune pousse enroulée sur elle-même[p 3]. Ce bourgeon est particulièrement recherché. Plus on redescend sur la branche, plus les feuilles sont larges et moins la boisson sera savoureuse[p 3]. On effectue donc plusieurs sortes de cueillette suivant la qualité recherchée de la boisson. C'est ce qui définit le grade du thé noir. Dans la cueillette dite « impériale », on cueille uniquement le pekoe plus une feuille, dans la cueillette « fine », le pekoe plus deux feuilles et dans la cueillette normale, le pekoe et trois feuilles ou plus[p 3].
158
+
159
+ En plus de la position sur la branche, l'époque de récolte influence la qualité du thé : les premiers bourgeons de l'année, les plus riches en huiles essentielles en raison de la période végétative de la plante en hiver, sont les plus recherchés[p 3]. Ainsi, les thés blancs du Fujian ne sont produits qu'à partir de la première récolte du printemps[p 3]. Ces thés sont appelés « thés verts primeurs » en Chine (provinces de Fujian, Anhui, Zhejiang), [Quoi ?]en Inde (Darjeeling et Assam) et « Ichibanda » au Japon[p 3].
160
+
161
+ La cueillette s'effectue à la main en Chine, à Taiwan, en Inde et exceptionnellement au Japon pour les Gyokuro, en calant la jeune pousse entre l'index et le majeur, la brisant avec le pouce et la jetant par-dessus l'épaule dans le sac[p 3]. Par cette méthode, il est possible de récolter jusqu'à 60 kg de feuilles en une journée de 8 h de travail[p 3]. L'utilisation d'outils tels que ciseaux, faucilles ou taille-haies se fait au détriment de la qualité gustative et requiert un terrain plat[p 3]. La mécanisation est pratiquée dans les régions où la main d’œuvre est chère ; au mieux, elle peut permettre de maintenir une bonne qualité de récolte, au pire, elle dégrade la qualité du produit et endommage le feuillage de la plante[p 3].
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+
163
+ L'activité de cueillette est parfois fortement genrée : elle est ainsi exclusivement féminine au Sri Lanka, dans les régions de Darjeeling, en Assam et dans les Nilgiris en Inde, mixte quand elle est mécanique et féminine quand elle est manuelle au Japon, et mixte dans la région de Kangra, en Chine, à Taiwan ou au Kenya[p 3]. Dans les régions où la cueillette est exclusivement féminine, on invoque comme justification la délicatesse, la dextérité et la patience dont les femmes feraient naturellement plus preuve[p 10].
164
+
165
+ Les familles de thés sont différenciées par leur couleur : noirs, verts, Oolong, jaunes, blancs et post-fermentés. Ils ne proviennent pas de différentes espèces de théier, comme on l'a longtemps cru en Occident, mais sont obtenus en traitant différemment les feuilles récoltées.
166
+
167
+
168
+
169
+ Parmi les principales étapes de la fabrication qui peuvent entrer dans chaque processus figurent :
170
+
171
+ Les thé les plus simples ne comportent qu'une seule étape, la dessication. Les thés les plus élaborés peuvent compter jusqu'à 14 étapes distinctes incluant un vieillissement sur plusieurs années. [réf. nécessaire]
172
+
173
+ Ces différents processus de fabrication ont été codifiés à partir des années 1880 et leur mécanisation s'est généralisée à la suite de la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. Pour les thés de qualité inférieure, le procédé CTC, mis au point dans les années 1930, permet même un traitement mécanisé des feuilles après leur flétrissage.
174
+
175
+ En plus des opérations décrites ci-dessous, les feuilles de thé sont parfois façonnées à la main en boules, en fleurs, en dragons, etc.
176
+
177
+ Un thé noir est un thé qui a subi une oxydation complète. La plupart des thés consommés en Occident sont des thés noirs, en référence à la couleur des feuilles. Les Chinois les nomment thés rouges en référence à la couleur de l'infusion. En Chine, l'appellation thé noir désigne les thés post-fermentés, d'où un risque de confusion pour le consommateur.
178
+
179
+ Les thés noirs communément commercialisés en Occident sont issus d'un processus de fabrication mis au point par les Britanniques, en Inde, au milieu du XIXe siècle. Les Britanniques se sont inspirés des méthodes chinoises, qu'ils ont largement rationalisées[évasif] et simplifiées, introduisant notamment l'usage de machines (broyeuses, séchoirs, tamis, etc.), là où les Chinois continuent à préparer les thés à la main.
180
+
181
+ Les thés noirs sont classés en grade qui renseigne sur la finesse de la cueillette et la taille de la feuille de thé (entière, brisée, broyée).
182
+
183
+
184
+
185
+ Dans le procédé CTC (Crushing, Tearing, Curling, soit broyage, déchiquetage et enroulement), après avoir été légèrement flétries et coupées, une seule machine écrase les feuilles pour en extraire l'eau, les déchiquette, les roule en balles pour accélérer leur fermentation, avant qu'elles ne soient transportées au séchoir. Elles sont ensuite roulées dans un ghoogi (tonneau tournant sur lui-même). Cette technique traite une grande quantité de thé à la fois, y compris celle qui était autrefois gaspillée. Elle permet un gain de temps et une économie de main-d’œuvre, et donc un profit supplémentaire pour les industriels[u 8].
186
+
187
+ Dans les années 1930, ce procédé, qui a l'avantage de provoquer une liqueur plus intense, ne rencontre pas le succès, les amateurs de thé lui reprochant son goût trop fermenté et sa pauvreté arômatique ; ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale qu'il rencontre son public grâce à l'industrie du sachet de thé[s 14].
188
+
189
+ Le thé vert est un thé dont les feuilles, après la cueillette, sont le plus souvent flétries et chauffées à haute température, afin de neutraliser les enzymes responsables de l'oxydation. Elles sont ensuite roulées et séchées plusieurs fois afin d'obtenir une forme particulière. On peut distinguer deux méthodes principales pour obtenir du thé vert. La méthode chinoise, d'une part, par laquelle les feuilles sont chauffées dans de grandes bassines de cuivre placées sur le feu ; la méthode japonaise, d'autre part, par laquelle les feuilles sont chauffées à la vapeur, très brièvement, en moins d'une minute, avant d'être roulées et séchées.
190
+
191
+
192
+
193
+ Thés d'origine chinoise, aussi appelés Wulong ("dragon noir"), thés semi-oxydés ou incorrectement thés semi-fermentés, les Oolong sont également désignés en Chine par leur couleur : qïng chà « thé bleu-vert ». La famille des Wulong regroupe des thés que l'on peut situer entre les thés verts et les thés noirs, selon leur degré d'oxydation. On distingue ainsi les Wulong verts (qui subissent une oxydation de 10 à 30 %) des Wulong noirs (qui peuvent être oxydés jusqu'à 70 %).
194
+
195
+ Les Wulong sont produits principalement en Chine et à Taïwan, mais quelques-uns sont également produits dans la région de Darjeeling en Inde. Le processus de transformation des Wulong verts Taïwanais fait que ceux-ci sont roulés en petites boules (comme les dongding), alors que ce n'est pas le cas pour les wulongs verts et noir de Chine (exception faite du Wulong de Chine Tie Guan Yin).
196
+
197
+ Thés d'origine chinoise, les plus fins et souvent les plus rares des thés, très délicats, ce sont des thés verts qui subissent une légère fermentation à l'étouffée (traditionnellement dans un panier en osier recouvert de paille) et leurs feuilles ne sont pas travaillées. Seuls les bourgeons duveteux sont utilisés[réf. nécessaire].
198
+
199
+ Thés d'origine chinoise, à l'instar des thés jaunes, ils sont très délicats et subissent une très légère oxydation, seulement en surface. Les trois premières feuilles, dont le bourgeon, peuvent être présentes, toujours entières. Elles sont simplement flétries, puis séchées.
200
+
201
+ Au contraire des Occidentaux, les Chinois appellent « thés noirs » les thés post-fermentés, en raison de la couleur très sombre de leur infusion. Peu connus en Occident, ces thés y sont parfois désignés par les termes de thé sombre ou thé noir-noir. Le plus célèbre d'entre eux est le thé Pu-erh, originaire du Yunnan.
202
+
203
+ Les thés post-fermentés ont connu une oxydation non enzymatique différente de celle des thés noirs. Deux procédés coexistent pour les produire. Traditionnellement, les thés post-fermentés sont obtenus à partir de feuilles de thé que l'on torréfie pour stopper toute oxydation enzymatique, puis que l'on compresse et enfin conserve pendant une longue période de plusieurs années durant laquelle a lieu un processus complexe d'oxydation non enzymatique et de fermentation longue. Ce type de thé est désigné en Chine comme « cru » et est millésimé.
204
+
205
+ Au milieu des années 1970 a été inventé un procédé permettant d'obtenir rapidement un thé imitant la longue post-fermentation du thé cru. Après la torréfaction, le thé est maintenu dans une atmosphère très humide, proche du compostage, qui permet une post-fermentation accélérée. Le thé est ensuite souvent compressé. Ce type de thé post-fermenté est désigné en Chine comme « cuit ».
206
+
207
+ Les thés post-fermentés ont la particularité de se bonifier avec le temps : leur âge est ainsi un élément essentiel de leur prix. Ils ont un goût très particulier, terreux, évoquant le cuir, les feuilles humides ou les champignons. L'infusion est particulièrement âcre chez les thés jeunes (surtout pour les « cuits ») ; elle s'adoucit et s'enrichit en vieillissant.
208
+
209
+ Les mélanges ou blends sont des associations de plusieurs thés nature issues de diverses plantations[p 10]. Ils sont réalisés afin de garantir un produit final aux qualités gustatives et olfactives constantes, préservé des aléas des récoltes et de la pousse des plantes, et les industriels britanniques dominent cette étape de production[p 10]. Ces mélanges peuvent aussi être réalisés pour avoir un produit mélangeant le meilleur des diverses productions : les thés noirs d'Inde et de Chine servant de base et apportant la couleur, auquel on ajoute un peu de Lapsang Souchong pour un goût fumé, du Darjeeling pour du fruité ou du thé vert pour des arômes végétaux[p 10]. Les thés du matin, riches en théine et souvent consommés avec un peu de lait, se basent plus souvent sur des thés d'Assam, du sud de l'Inde, du Sri Lanka et du Bangladesh tandis que ceux de l'après-midi mélangent des thés d'Assam ou du Sri Lanka avec des Darjeeling[p 10].
210
+
211
+ Le thé au jasmin est fabriqué dans les plantations en mélangeant à la tombée de la nuit des fleurs de jasmin aux feuilles de thé, qui en sont retirées à l'aube. L'opération peut être répétée trois, cinq ou neuf fois suivant la qualité recherchée.[réf. nécessaire]
212
+
213
+ Les thés aromatisés sont très généralement produits par pulvérisation d'essence ou d'huile essentielle sur les feuilles, puis ajout de fleurs, zestes et pelures de fruits pour raisons esthétiques. Cette opération est réalisée dans les pays importateurs, qui peuvent ensuite réexporter le mélange[p 10].
214
+
215
+ Les conditions de travail varient d'un pays à l'autre et au sein d'un même pays, suivant la qualité du thé produit. Un thé de plus haute qualité exige plus de savoir-faire sur toute la chaîne de production, donc des travailleurs qualifiés plus difficiles à recruter sur le marché de l'emploi.
216
+
217
+ Au Bangladesh, en 2016, 359 085 personnes vivaient dans les plantations de thés et leurs alentours, ce qui correspond à 89 812 travailleuses et travailleurs enregistrés et 10 592 occasionnels. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles[i 4]. Majoritairement originaires d'autres régions des Indes britanniques, ils et elles vivent avec moins d'un dollar par jour, soit trop peu pour se nourrir suffisamment[i 4]. Les femmes, qui représentent près des deux tiers des travailleurs, souffrent de conditions de travail pires que celles des hommes[i 4]. Les enfants des ouvriers agricoles travaillent généralement aussi dans les plantations, parfois pour y rester toute leur vie[i 4]. Plus de la moitié des travailleurs sont nés sur la plantation dans laquelle ils travaillent, et le reste est très majoritairement né dans une plantation voisine[i 4]. Alors que le pays a considérablement travaillé sur les objectifs du millénaire pour le développement, les conditions de vie dans les plantations de thé évoluent peu, car les autorités considèrent qu'elles relèvent de la responsabilité de celles-ci et non de l’État[i 4]. Malgré le travail de l'organisation internationale du travail, le dialogue social entre le gouvernement bengali, les syndicats de travailleurs et les organisations patronales reste faible voire inexistant[i 4].
218
+
219
+ En Inde, une enquête de 2015 de la BBC dans les plantations d'Assam d'Amalgamated Plantations Private Limited (APPL), fournisseur notamment de PG Tips, Lipton, Tetley et Twinings, révèle des conditions de vie similaires, avec un manque criant de sanitaires, des logements insalubres, 90 % des travailleurs souffrant de malnutrition, un salaire de 115 roupies par jour (inférieur au salaire minimum de la région, 177 roupies), du travail infantile et une exposition aux pesticides sans équipement adapté, provoquant de graves problèmes respiratoires[g 2],[g 3]. La Société financière internationale a investi dans les plantations d'APPL pour en améliorer les conditions de vie, mais les résultats en étaient très insatisfaisants en raison d'un manque d'implication de la société[i 5].
220
+
221
+ En 2019, une ONG britannique attaque le regroupement de plantations de thé du Kenya James Finlays pour non-respect des normes de travail, en particulier concernant le matériel de protection contre le bruit et le transport de charges lourdes[g 4].
222
+
223
+ Dans une étude réalisée au Sri Lanka en 1985, il est souligné que les plantations de thé sont particulièrement éprouvantes pour les sols, en particulier comparé au caoutchou et à la noix de coco, les deux autres cultures dominantes du pays : cela est dû aux pratiques agricoles différentes, et aussi au fait que les plantations de théiers sont généralement en pentes[u 9]. Depuis l'introduction des cultures de thé, les sols ont ainsi perdu près de 30 cm, alors que les sols y sont naturellement peu érodables[u 9]. Parmi les causes d'érosion, sont cités le désherbage au grattoir, qui expose une grande quantité de sol tout en retournant la terre ce qui la rend susceptible d'être emportée par le ruissellement de l'eau de pluie ; le non-remplacement des théiers morts, qui augmentent la surface d'exposition, et, enfin, la multiplication des théiers à partir de graines plutôt que de boutures : ces théiers poussent alors de manière hétérogène, exposant le sol[u 9].
224
+
225
+ Afin de réduire l'érosion, il est possible d'utiliser des cultures de couvertures, sélectionnées pour ne pas entrer en compétition avec le thé, tels que drymaria cordata, oxalis corymbosa, oxalis latifolia et oxalis corniculata ; de bannir le désherbage à la main pour le remplacer par l'usage d'herbicides ; d'utiliser du compost à base d'herbe, telle que tripsacum laxum ; de remplir les espaces laissés vacants entre les théiers par cette herbe, eragrostis curvula ou cymbopogon conferiiflorus et l'utilisation de drainages latéraux[u 9].
226
+
227
+ Les plantations de thé se font sur des espaces préalablement occupés par des forêts ; l'extension des surfaces cultivées se fait ainsi au prix d'une déforestation et menace ainsi la faune et la flore qui y vivaient[u 10]. L'influence sur la biodiversité s'étend au-delà des espaces agricoles : une étude sur l'influence de la culture du thé sur les populations d'invertébrés des cours d'eau dans les montagnes du monts Usambara a révélé que la proximité des plantations est associée avec une baisse des effectifs, sans mettre en évidence une influence quant à la diversité des espèces observées[u 11].
228
+
229
+ L'eau virtuelle consommée pour produire du thé varie de pays à pays : elle est par exemple, sur la période 1995-1999, de 4 978 m3 par tonne en Inde, 12 247 m3 au Sri Lanka et 16 604 m3 en Chine[u 12]. En Inde, cette eau est consommée à 25 % pendant la phase de croissance de la plante (feuille fraiche), à 50 % pendant la phase de roulage des feuilles (feuille roulée), et à 25 % pendant la phase d'oxydation (produit final), mais chaque étape a elle-même une forte variabilité par pays[u 12]. Ainsi, la Turquie ne consomme que 1 828 m3 d'eau par tonne de feuille fraiche contre 4 046 m3 en Ouganda ; le Japon ne consomme en moyenne que 3 202 m3 pour sa phase de roulage contre 6 014 m3 pour le Bangladesh et enfin, l'Inde consomme encore l'équivalent de 1 394 m3 contre 4 649 m3 pour la Chine pour arriver au produit final[u 12].
230
+
231
+ L'empreinte carbone du thé provient à environ 50 % de la consommation d'énergie pour faire bouillir de l'eau, à 35 % du processus agricole et à 15 % de la transformation, le transport et la distribution ayant un impact négligeable[u 13][source insuffisante]. Dans le processus agricole, c'est la fabrication des engrais, en particulier des engrais azotés, qui est la plus gourmande en énergie[u 13]. Pour la transformation du thé, ce sont surtout le roulage mécanique et le séchage à air chaud, consommateurs d'électricité, qui sont émetteurs indirects d'émissions carbones[u 13].
232
+
233
+ Comme plusieurs autres produits agricoles, le thé est très sensible aux changements climatiques. En effet, des phénomènes tels que l'augmentation de l'écart entre les niveaux de précipitations et leur irrégularité causent de nombreux problèmes tels que de l'érosion, des inondations, mais également des périodes de sécheresse[13]. Une trop grande quantité d'eau a aussi des effets négatifs sur la concentration en composés métabolites secondaires du thé, facteur important en ce qui concerne son goût et sa qualité fonctionnelle, pouvant être jusqu'à 50 % plus basse dans ce cas[14]. Parfois, l'installation coûteuse d'infrastructures telles que des systèmes d'irrigation est nécessaire pour compenser la quantité d'eau provenant des précipitations[15]. L'augmentation générale de la température ambiante pose également problème, principalement car cette augmentation permet à certains types d'insectes et de parasites nocifs pour le théier de survivre, causant ainsi des infestations, ce qui n'était normalement pas le cas sous des conditions climatiques habituelles. Cela encourage, entre autres, une utilisation accrue d'engrais et de pesticides chimiques[13]. En réponse à ces problématiques et aux nouvelles tendances du marché, de nombreux producteurs se tournent maintenant vers un mode de production biologique[16].
234
+
235
+ L'industrie du thé est également concernée par le développement durable promouvant des normes écologiques et sociales. En Chine, elle démarre en 2000[17]. En Inde, est lancé en 2012 le programme Trustea, rassemblant producteurs, industriels et ONG[p 11]. Hormis en Inde et en Chine, c'est principalement au Kenya, au Japon et au Vietnam que l'on rencontre de l'agriculture biologique[p 12].
236
+
237
+ La production de thé biologique est toujours en hausse. Elle atteint 3 500 tonnes en 2003. La majorité de la production de ce thé (environ 75 %) est destinée à la France, à l'Allemagne, au Japon, au Royaume-Uni ou aux États-Unis.[Passage à actualiser][réf. souhaitée]
238
+
239
+ Deux motivations principales poussent au passage à l'agriculture biologique : le problème de l'épuisement des sols, qui provoque des pertes de rentabilité, incite les producteurs à adopter des méthodes durables d'agriculture ; et le marché occidental, où le label bio permet de nouveaux débouchés. Cet intérêt occidental pour le bio est alimenté par les rapports d'ONG, telles que Greenpeace, qui a publié en 2012 pour la Chine[o 1] et en 2014 pour l'Inde[o 2] des études listant les pesticides reconnus dangereux pour la santé retrouvés dans les échantillons de thé analysés. En 2017, le magazine 60 Millions de consommateurs révèle la présence de pesticides — jusqu'à 17 par échantillon — retrouvés dans les sachets de thé au cours d'une étude portant sur 26 marques de thés verts et noirs commercialisés en France[18].
240
+
241
+ Toutefois, la démarche de certification est chère et de nombreux producteurs adoptent les recommandations de l'agriculture biologique sans en obtenir le label[p 12].
242
+
243
+ Parmi les démarches concrètes effectuées en agriculture biologique, on peut citer l'utilisation de compost comme fertilisant, comme les scories des graines de ricin en Inde du Sud, l'introduction de vers de terre dans les plantations, qui permettent aussi d'améliorer le drainage et l'aération des sols, et d'oiseaux et d'insectes mangeant les parasites du théier[p 12]. La table de cueillette est aussi abaissée afin de limiter la surface exposée aux nuisibles du théier[p 12]. Enfin, afin de limiter la contamination par les pesticides employés dans les plantations voisines, les parcelles en agriculture biologique sont entourées d'essences d'arbres servant à faire écran[p 12].
244
+
245
+ Le thé n'est pas coté sur le marché à terme des matières premières[p 3]. Cela s'explique par sa diversité, ainsi que par la rapide dégradation (en environ un an) de la qualité du thé, qui fait qu'aucun acteur ne stocke du thé dans une optique de spéculation[p 3].
246
+
247
+ En 2016, sur les 5,73 millions de tonnes de thé produites, 1,84 million ont été échangées sur le marché international, le reste étant consommé directement dans le pays de production[i 1].
248
+
249
+ Le gré à gré entre un producteur et un acheteur est le plus rentable pour le producteur[p 3]. Le producteur envoie un échantillon des lots qu'il souhaite vendre à plusieurs acheteurs, et chacun fait une offre : la plus élevée remporte le lot, qui est ensuite expédiée par bateau (environ un mois de délai) ou avion (deux à trois jours)[p 3].
250
+
251
+ Le gré à gré entre un négociant et un acheteur, lui, repose sur une tierce partie, le négociant ou courtier (broker)[p 3]. Celui-ci se charge d'envoyer des échantillons aux acheteurs, qui proposent un prix maximal d'achat, que le négociant cherche à obtenir[p 3]. Les brokers sont aussi des blenders : ils achètent aux enchères des lots sans acheteur, les mélangent et les proposent à nouveau à des acheteurs ; ce procédé peut aboutir à un thé nature ou un thé aromatisé[p 3]. La plupart des négociants de thé qui revendent en Europe sont implantés à Hambourg[p 3].
252
+
253
+ Les principaux importateurs en 2018 sont l'Union européenne (18 %), suivie par la Russie (9 %), le Pakistan (9 %), les Etats-Unis (7 %), l'Egypte (5 %), les Émirats arabes unis (4 %), le Maroc (4 %) et l'Iran (3 %)[i 1]. Sur ces importations, les pays importateurs imposent des droits de douane très variables ; par exemple, en 2017, l'Inde impose une taxe de 130 % sur l'importation de thés chinois, tandis que la Chine taxe le thé indien à hauteur de 17 %[g 5].
254
+
255
+ La consommation de thé en Inde est en adéquation avec ces droits de douane : le thé chinois y est consommé comme un produit de luxe et est destiné aux touristes[g 5].
256
+
257
+ En Chine communiste, l'exportation du thé est organisée jusqu'en 1995 exclusivement par bureaux régionaux, avec un interlocuteur unique dans chaque région pour chaque type de thé[p 3]. Avec la libéralisation du pays, les anciens fonctionnaires sont devenus des exportateurs à titre privé, qui ont parfois aussi investi dans des plantations de théiers[p 3]. Les thés subissent un contrôle avant exportation, qui en détermine leur grade ; autrefois, des spécialistes dans un type de thé visitaient les fermes pour en goûter les produits ; avec la libéralisation, certains sont devenus consultants au sein des plantations et d'autres continuent leur travail de contrôle, mais ils reçoivent directement les échantillons[p 3].
258
+
259
+ En Inde, les thés qui ne sont pas vendus de gré à gré entre producteur et acheteur passent par la bourse de Kolkata. Chaque lundi, les courtiers peuvent déguster les lots qui seront vendus le lendemain, avec description et évaluation ; la vente se fait parfois aux enchères, parfois en enchère inversée[p 3]. Ce système d'enchères, hérité de la colonisation de l'Inde par la Grande-Bretagne, limite l'accès des petits producteurs au marché international[u 14].
260
+
261
+ Au Kenya, les enchères de Mombasa permettent de vendre non seulement la production du pays, mais aussi d'autres pays d'Afrique comme le Burundi[g 1].
262
+
263
+ D'après François-Xavier Delmas, fondateur du Palais des thés qui ne commercialise que du thé orthodoxe sans label, le label commerce équitable n'a de sens que dans les plantations de thés de qualité inférieure, qui cherchent à obtenir des prix bas ; dans ces plantations, les ouvriers agricoles sont saisonniers et remplacés en cas de conflits sociaux, ce qui nécessite une protection supplémentaire[p 3]. En revanche, pour les thés les plus prestigieux, la compétence des travailleurs est primordiale et suffit aux travailleurs à obtenir juste rémunération, crèches, hôpitaux et minimisation des accidents du travail[p 3]. Il va même plus loin et fait remarquer que le label est une manière pour des thés de faible qualité gustative de s'assurer un marché.
264
+
265
+ D'après une étude de 2008 de l'American Anthropological Association, l'émergence du commerce équitable dans les plantations de Darjeeling, qui s'est faite à l'initiative de labels américains de commerce équitable et non pas des producteurs ou travailleurs locaux, a des effets pervers, en érodant le pouvoir des syndicats et de l'État indien, plus efficaces à améliorer les conditions de travail qu'un organisme bureaucratique de certification[u 14].
266
+
267
+ Au Laos, des associations forment les paysans à la culture du thé dans des plantations où cohabitent théiers et caféiers ; la production est revendue avec un label commerce équitable, mais la démarche est plus sociale et solidaire que véritablement commerciale[p 8].
268
+
269
+ Au début du XXIe siècle, 1,5 milliard de tasses de thé sont bues chaque jour dans le monde, ce qui en fait la deuxième boisson consommée après l'eau[u 15]. La Turquie est en tête de la liste des pays par consommation annuelle de thé par habitant (en), avec 7,5 kg/an/hab[i 6]. Depuis 2013, la consommation de thé turc par personne excède les dix tasses par jour et plus de 13,8 kg/an[g 6].
270
+
271
+ La préparation de la boisson elle-même peut prendre des formes très diverses, parfois élevées à un art rituel soucieux de perfection : recherchée pure après un nettoyage préalable à l'eau bouillante pour les goûteurs spécialisés, additionnée de lait et de sucre au Royaume-Uni, longuement bouillie avec des épices en Mongolie, avec de la menthe au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, bouillie avec des épices et du lait en Inde, préparée dans de minuscules théières dans la technique chinoise du gōngfū chá, ou battue avec une grande maîtrise en chanoyu au Japon. Cette appropriation du thé est généralement devenue un élément culturel important des pays qui l'ont adopté.
272
+
273
+ Le thé noir est infusé dans une théière, avec une eau à 95 °C, de trente secondes à cinq minutes, suivant la qualité du thé. Dans la tradition britannique, ces thés sont parfois additionnés de sucre et de lait pour en atténuer l'amertume.
274
+
275
+ Le Oolong est infusé dans une eau à 95 °C, de quatre à sept minutes. Ces thés se préparent également par la méthode du gōngfū chá. Les feuilles doivent généralement être rincées quelques secondes avant l'infusion pour leur permettre une infusion optimale.
276
+
277
+ Le thé vert est infusé dans une eau moins chaude, entre 70 °C et 80 °C, pendant deux à trois minutes. Les thés jaunes ou blancs sont préparés de même, dans une eau de moins en moins chaude au fur et à mesure que la qualité du thé augmente. Ces thés se préparent aussi en zhōng.
278
+
279
+ Moins longtemps le thé infuse, plus il est excitant. En effet, la caféine se diffuse lors de la première minute d'infusion, alors qu'après trois à cinq minutes, ce sont les tanins qui sont libérés et qui neutralisent la caféine dans le tube digestif.
280
+
281
+
282
+
283
+ En Chine, la consommation de thé est saisonnière : le thé vert est plutôt consommé au printemps et à l'été, tandis que le thé noir et le oolong le sont à l'automne et à l'hiver[g 7].
284
+
285
+ En Occident, le thé est parfois vu comme une manière de lutter contre l'alcoolisme : le tchifir, thé très concentré, est ainsi consommé dans les prisons de Russie à la place de l'alcool. En Angleterre, la reine Victoria organisait des tea moralities où chômeurs, sans-abris et prostituées recevaient du thé chaud et des sermons contre l'alcoolisme[p 10].
286
+
287
+ Le thé est un élément essentiel de la phytothérapie chinoise[réf. nécessaire].
288
+
289
+ Une fois les feuilles de thé préparées, des additifs peuvent être utilisés pour parfumer le thé avant son infusion. Cela peut être des fleurs (jasmin, rose, sakura), des essences (bergamote, citron) ou bien encore des épices (gingembre, cardamome, cannelle, poivre noir, clou de girofle, muscade). Les thés parfumés ou aromatisés peuvent être produits à partir de n'importe quel type de thé : vert, blanc, noir ou même post-fermenté.
290
+
291
+ Les thés peuvent être aromatisés aux arômes naturels (fleurs ou fruits), ou de synthèse, ces derniers étant interdits par la législation européenne[p 10].
292
+
293
+ Quelques thés parfumés célèbres :
294
+
295
+ La consommation de thé aromatisé a explosé dans les années 1970, notamment sous l'impulsion des consommateurs de France et d'Allemagne[p 10].
296
+
297
+ Le thé parfumé ou aromatisé peut être considéré en Occident comme moins respectable que celle du thé nature. Alain Stella, de Mariage Frères, écrit ainsi « Citronner un subtil thé vert serait donc un véritable sacrilège, et un bon thé noir (...) une incongruité. Il n'est pas interdit, en ajoutant une rondelle de citron à un très grossier thé noir, de composer un breuvage qui ne s'appellerait plus "thé" »[p 10]. Pour lui, ce ne sont que de « fantaisistes créations à base de thé », destinées avant tout à attirer les femmes et les adolescents vers la consommation de thé d'origine[p 10].
298
+
299
+ Différentes régions d'Asie entretiennent des traditions de thé au lait : le chai en Inde, le süütei tsai en Mongolie et pays des steppes frontaliers, le thé aux perles de Taïwan, le teh tarik de Malaisie et Singapour ou encore le thé au beurre rance du Tibet.
300
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301
+ Paradoxalement, alors qu'il sert dans la lutte contre l'alcoolisme en Russie et en Angleterre, le thé entre dans la composition de certains cocktails alcoolisés dès le XIXe siècle. En témoignent différentes recettes de punchs qui figurent, dès sa première édition de 1862, dans The Bartender's Guide de Jerry Thomas[19], considéré comme le fondateur de la mixologie. Ces punchs se boivent soit froids, comme le « United Services Punch »[20], soit brûlants, comme le « Royal Punch »[21]. Ces recettes sont à base de thé noir ou de thé vert, selon les associations d'alcools plus ou moins forts. Le « Tea Punch » qui, selon l'auteur, se doit d'être servi encore bouillonnant, est préparé dans un bol en argent (ou tout au moins en métal) préalablement chauffé dans lequel sont versées une demi-pinte de brandy et une demi-pinte de rhum, mélangées avec une demi-livre de sucre en pain dissous dans de l'eau et le jus d'un gros citron. Le bol est alors porté sur le feu pour qu'y soit versé progressivement un litre de thé vert infusé, le breuvage devant être remué un certain temps à la louche avant d'être servi[22].
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+ Depuis, l'utilisation du thé s'est élargie à d'autres catégories de cocktails. La base de thé se prépare soit par macération à froid de 10 à 12 heures au réfrigérateur, soit par infusion à chaud puis refroidissement à température ambiante. Le thé peut aussi être directement infusé dans le spiritueux qui servira au cocktail pendant quatre jours maximum, à raison de 8 grammes par litre d'alcool. Pour une note plus subtile, l'alcool peut être passé à travers des feuilles de thé préalablement trempées dans de l'eau. Une autre technique consiste à réaliser un sirop de thé qui servira à aromatiser le cocktail[23].
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+ Le thé est aussi un ingrédient de choix dans les mocktails[24], cocktails sans alcool, tendance venant du monde anglo-saxon[25].
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+ Yam bai cha, salade thaïlandaise épicée à base de jeunes pousses de thé, préparée ici avec du thon.
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+ Lahpet, spécialité birmane de thé fermenté ou lactofermenté.
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+ Œufs au thé noir, une spécialité de la cuisine chinoise de rue.
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+ On trouve différentes pâtisseries au thé en Extrême-Orient.
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+ Le matcha japonais accompagne souvent ces pâtisseries. On trouve ainsi des mochi et daifuku au matcha[26], ou encore du tiramisu au matcha.
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+ De la même façon, les thés verts chinois sont utilisés dans différentes pâtisseries chinoises, comme les gâteaux de taro au thé et sésame (绿茶香芋饼, lǜchá xiāng yù bǐng, spécialité de la cuisine du Hunan) ou encore de la patate douce au thé.
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+ Bien que le thé, et particulièrement le thé chinois avec ses quelque six mille variétés, offre une grande diversité de goûts et de textures, il n'existe pas de références historiques sur l'accord entre les mets et cette boisson, comme il peut s'en trouver en France, dans la gastronomie, avec le vin. Lanshu Chen, nommée meilleure femme chef asiatique en 2014, l'explique en ces termes : « Dans la cuisine chinoise, l'accord avec le thé n'existe pas. C'est une cuisine très ronde, très équilibrée, avec beaucoup de saveurs. Il n'y a pas de place pour une boisson qui viendrait la compléter. Dans la tradition, on ne boit du thé qu'à la fin du repas, pour se rafraîchir ». Il en va de même pour la cuisine traditionnelle japonaise[27].
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+ Néanmoins, des tentatives d'associer le thé au repas, notamment gastronomique, sont menées en France depuis les années 1990 par des grands chefs ou pâtissiers, tels Guy Martin, Antoine Westermann, Pierre Gagnaire, Alain Senderens, Guy Savoy, Olivier Roellinger ou Alain Passard. Durant son séjour dans l'Hexagone, la Taïwanaise Lanshu Chen s'est rapprochée de sa compatriote, Yu Hui Tseng, maître du thé chinois installée à Paris, pour travailler à cet accord entre les mets et le thé. Depuis, certains restaurants étoilés parisiens présentent une carte des thés pour accompagner ou clore le repas gastronomique, à côté de la traditionnelle carte des vins française[27].
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+ En 1999 est créée à Paris une École du thé par François-Xavier Delmas, fondateur de Palais des thés, et Mathias Minet, expert dans la création de thés parfumés. Cette école dispense auprès du public amateur des cours sur les accords entre thés et mets, thés et fromages, thés et chocolats, de même que des cours de cuisine au thé et des ateliers de mixologie pour la création de cocktails au thé. Depuis, des écoles ont ouvert également à New York et à Moscou[28].
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325
+ À partir de l'effet démontré de tel ou tel de ses composants, on prête au thé les vertus les plus variées. Il entretiendrait le système nerveux, préviendrait le développement du cancer[e 1],[e 2],[u 16] (en raison des catéchines qu'il contient), ralentirait le vieillissement, limiterait l'arthrite, favoriserait le drainage, éviterait les caries, fluidifierait le sang, contrôlerait l'hypertension, etc[29]. Toutefois, l'effet bénéfique d'une consommation régulière de thé n'a jamais pu être mis en évidence de manière probante[30]. L'asepsie que procure l'eau bouillie expliquerait nombre de vertus attribuées au thé[réf. nécessaire].
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327
+ À l'inverse, un excès de thé peut induire des problèmes de fixation du fer[31], et le boire trop chaud augmente le risque de cancer de l'oesophage. Ce dernier n'est pas du à la théine ni aux autres composés du thé, mais uniquement à la température élevée de l'eau, comme dans le cas du café ou d'autres boissons[32],[33],[34],[35].
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+ De nombreuses études expérimentales et cliniques antérieures ont révélé que le thé exerce un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires grâce à ses polyphénols. Toutefois, une étude scientifique allemande de Campus Mitte publiée en 2007, venant confirmer une précédente suggestion parue dans la revue Nature en 2003, prouve que, si la consommation de thé noir voire vert permet d'améliorer de manière significative la dilatation des artères (par son effet vasodilatateur) par rapport à la consommation d'eau chaude, l'ajout de lait supprime totalement ces effets en raison de la présence des caséines et de la formation de complexes avec les catéchines du thé[36],[37],[38],[39],[40].
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+ Selon une étude récente [41][réf. non conforme], le thé qui infuse dans certains sachets « soyeux » en matière synthétique est bu avec des particules de nanoplastique et de microplastique : « le fait de tremper un sachet de thé en plastique unique à la température d'infusion (95 °C) libère environ 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques dans une seule tasse de la boisson [...] (nylon et polytéréphtalate d'éthylène) »[42] ; soit plusieurs ordres de grandeur au-dessus de ce que l'on trouve dans les autres aliments et boissons jusqu'ici étudiés. On ignore le degré de risque induit par ces particules pour la santé des consommateurs, faute d'études sur les effets des microplastiques. Des daphnies exposées à ces microplastiques nageaient « follement »[43]. Des tests de toxicité aiguë effectués sur des invertébrés ont montré que l’exposition aux seules particules libérées par les sachets de thé (pas à la théine) a des effets sur le comportement et le développement, effets de type « dose-dépendant »[pas clair][42].
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+ Theodore Roosevelt, Jr. dit Teddy Roosevelt /ˈɹoʊ̯.zə.vɛlt/[1], né le 27 octobre 1858 à New York et mort le 6 janvier 1919 à Oyster Bay, est un homme d'État américain, vingt-sixième président des États-Unis en poste de 1901 à 1909. Il est également historien, naturaliste, explorateur, écrivain et soldat.
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+ Membre du Parti républicain, il est successivement chef de la police de New York entre 1895 et 1897, adjoint du secrétaire à la Marine de 1897 à 1898, engagé volontaire dans la guerre hispano-américaine de 1898 où il s'illustre à la tête de son régiment de cavalerie, les Rough Riders, à la bataille de San Juan puis gouverneur de l'État de New York entre 1899 et 1900.
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+ Vice-président des États-Unis sous le mandat de William McKinley, il lui succède après son assassinat par un anarchiste et termine son mandat du 14 septembre 1901 au 3 mars 1905. Roosevelt entame ensuite son propre mandat présidentiel qu'il termine le 3 mars 1909. Conformément à ses engagements, il ne postule pas en 1908 à un nouveau mandat présidentiel.
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+ En prêtant serment le 14 septembre 1901, Theodore Roosevelt entre en fonction à l'âge de 42 ans, 10 mois et 18 jours. Il demeure à ce jour le plus jeune président de l'histoire des États-Unis[2]. Sa présidence est notamment marquée, sur le plan international, par sa médiation dans la guerre russo-japonaise, qui lui vaut le prix Nobel de la paix et son soutien à la première conférence de La Haye en ayant recours à l'arbitrage pour résoudre un contentieux opposant les États-Unis au Mexique. Sa politique dite du Big Stick (« Gros Bâton »), puis l'affirmation du corollaire Roosevelt à la doctrine Monroe, justifie la prise de contrôle par les États-Unis du canal de Panamá. En politique intérieure, son mandat est marqué par une politique volontariste de préservation des ressources naturelles et par l'adoption de deux lois importantes sur la protection des consommateurs, le Hepburn Act (en) de 1906, qui renforce les pouvoirs de la Commission du commerce entre États, et le Pure Food and Drug Act de 1906, qui fonde la Food and Drug Administration.
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+ En 1912, mécontent de la politique de son successeur, le républicain William Howard Taft, il se présente comme candidat du mouvement progressiste. S'il remporte plus de suffrages que le président Taft, il divise le camp républicain et permet l'élection du candidat démocrate Woodrow Wilson à la présidence des États-Unis.
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+ L'effigie de Roosevelt a été reproduite sur le mont Rushmore aux côtés des présidents George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.
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+ Theodore Roosevelt est le fils de Theodore Roosevelt, Sr. et de Martha Bulloch (en). Les Roosevelt sont issus de familles aristocratiques d'origine hollandaise, issu de Nicholas Roosevelt (en), installé à la Nouvelle-Amsterdam au XVIIe dont la descendance donne un autre président américain Franklin Delano Roosevelt qui épouse d'ailleurs la nièce de Theodore, Eleanor. Roosevelt possède également des origines écossaises, irlandaises, anglaises, allemandes, galloises et françaises.[réf. nécessaire]
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+ Les Roosevelt vivent à Manhattan dans un confort provenant des revenus de leur entreprise d'import-export[3]. Dès son plus jeune âge, Theodore Jr. est frêle, asthmatique[4], et souffre régulièrement de nausées et fièvres[5], mais déborde d'énergie[3]. Ses parents, très aisés, l'éduquent dans la tradition calviniste. Cette santé défaillante l'empêche souvent de sortir, et fait de lui un lecteur vorace[6]. Dès sa jeunesse, il s'intéresse à la nature. Il passe ses étés dans les Adirondacks, à Long Island ou sur les rives de l'Hudson River[7]. Il se passionne de zoologie et passe son temps à observer les animaux, notant ses observations dans un livre et collectionnant les spécimens[8].
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+ En 1869, le couple Roosevelt décide d'emmener toute la famille dans un Grand Tour d'Europe. Theodore Sr. espère que cela fera du bien à ses enfants, qui ont tous les quatre des problèmes de santé, ainsi qu'à sa femme, qui se morfond depuis la fin de la Guerre de Sécession. Ils passeront plus d'une année à voyager de pays en pays[9], mais la santé du jeune Theodore ne s'améliore pas et il reste squelettique.
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21
+ Après leur retour, le père pousse son fils à se renforcer physiquement et muscler son corps[10], ce qu'il fait avec assiduité. Theodore Sr. lui fait également prendre des leçons de taxidermie auprès de John G. Bell, déclenchant chez lui une nouvelle passion[11] qui l'amène également à s'intéresser à la chasse. Après une mauvaise rencontre, il se met également à apprendre la boxe[12].
22
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23
+ La famille se lance dans un nouveau grand voyage à l'étranger en 1872, incluant cette fois l'Egypte et la Terre Sainte[13]. Au printemps 1873, le voyage se conclut à Vienne en Autriche, où Theodore Sr. doit participer à l'Exposition Universelle[14]. Theodore Jr., accompagné de son frère Elliott et de sa sœur Corinne, est envoyé dans une famille allemande de Dresde pour l'été afin d'y apprendre l'allemand, le français et l'arithmétique[15].
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+ Il entre à l'université Harvard en 1876 où il rencontre Alice Hathaway, la fille d'un banquier, qu'il épouse[7].
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27
+ Le 27 octobre 1880, Theodore Roosevelt s'était marié avec Alice Hathaway, la fille d'un banquier.
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29
+ Celle-ci meurt des suites de l'accouchement difficile de leur fille, Alice Lee Roosevelt (1884-1980).
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+ En 1886, il épouse Edith Kermit Carow. De leur union naissent cinq enfants :
32
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+ Il débute l'étude du droit, mais abandonne lorsqu'il est élu à l'assemblée de l'État de New York de 1882 à 1884 pour le Parti républicain[7]. Sa mère et sa femme décèdent le 14 février 1884, cette dernière meurt deux jours après la naissance de leur fille, Alice Roosevelt Longworth[16]. Theodore (âgé de 25 ans) se retire alors dans une ferme du Dakota du Nord pour oublier ces tragédies[16].
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+ Il y passe deux ans en adoptant le style de vie du cow-boy américain. « On ne peut pas rêver d'une vie plus attractive pour un jeune homme en bonne santé que celle dans un ranch de cette époque. C'est vraiment une vie agréable et saine ; ça m'a appris l'indépendance, la ténacité et à prendre rapidement des décisions… J'ai réellement et complètement apprécié cette vie. » Cette période est très importante pour sa maturation : « Je n'aurais jamais pu devenir président sans mes expériences dans le Dakota du Nord. » Il s'essaya, dans cette région, à la vie de pionnier et d'éleveur. Il essuya un échec matériel, mais il acquit ainsi les qualités humaines qui firent plus tard de lui le 26e président des États-Unis.
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37
+ En 1886, il revient à New York où il se relance dans la politique, écrit trois livres et se remarie avec Edith Kermit Carow qui lui donne cinq enfants[17]. En 1887, il fonde le Boone and Crockett Club dont le but est de préserver la nature et de garantir la chasse[17]. N'appréciant guère les « diplomates ritals », comme il le dit publiquement, il estime que le lynchage du 14 mars 1891 à la Nouvelle-Orléans de onze Italiens est « plutôt une bonne chose »[18].
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39
+ Le président Benjamin Harrison le nomme membre d'une commission sur les fonctionnaires fédéraux (Civil Service Commission (en)). Il dirige ensuite la préfecture de police de New York en 1895. En 1897, le président William McKinley le nomme secrétaire adjoint à la marine, un poste où il prépare la guerre contre l'Espagne. Il s’y comporte en « faucon » ; il accuse l’Espagne de la destruction de la frégate Maine à Cuba (la preuve n’en a jamais été apportée) et met la marine en état d’alerte sans l’autorisation du président McKinley.
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41
+ Lorsque la guerre contre l'Espagne éclate en 1898, il s'engage à la tête d'un régiment de cavalerie, les Rough Riders (que l'on traduit par « les durs à cuire »), à la tête desquels il s'empare de la colline de San Juan à Santiago, ce qui lui permet d'acquérir une réputation de héros notamment grâce au journaliste Richard Harding Davis qu'il embarque avec lui, Roosevelt devenant par la suite le premier président américain à régulièrement utiliser la presse comme moyen de communication[19]. Il reprend ensuite sa carrière politique dans l'État de New York, dont il est élu gouverneur en 1898. Il se met à dos les dirigeants du Parti républicain en luttant contre la corruption et ces derniers, pour s'en débarrasser, le présentent comme candidat à la vice-présidence, un poste sans envergure. Il devient vice-président en 1900 et président l'année suivante après l'assassinat de McKinley.
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+ Il était franc-maçon[20]. Il pratiquait également le judo, et fut l'un des premiers américains à obtenir la ceinture marron[21].
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+ Le 14 septembre 1901, le président McKinley meurt des suites des blessures qui lui ont été infligées par un anarchiste. Conformément à ce que prévoit la Constitution américaine, le vice-président Theodore Roosevelt est investi et devient le vingt-sixième président des États-Unis. Il n’a que 42 ans et son arrivée au pouvoir désespère son propre parti en raison de ses idées sociales.
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47
+ Le 29 avril 1902 le Congrès vote et T. Roosevelt signe une loi renouvelant la loi d'exclusion des Chinois et interdisant l'immigration chinoise à partir des Philippines (alors sous protectorat américain). Le 12 mai suivant, T. Roosevelt arbitre le conflit entre 100 000 mineurs de Pennsylvanie en grève depuis plus de trois mois et leurs employeurs. La grève continue jusqu’en octobre quand T. Roosevelt leur obtient une augmentation de salaire de 10 %[22] et une limitation de la durée de la semaine de travail. Les mines de charbon étaient alors cruciales pour l’économie américaine.
48
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+ Les troupes américaines se retirent de Cuba le 20 mai de la même année où s’installe le premier gouvernement national. Le 28 juin suivant la loi finançant la construction du canal de Panama est votée.
50
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51
+ Le 2 septembre 1902, Roosevelt prononce un discours sur la politique étrangère, où il emploie une formule restée célèbre : « Il faut parler calmement tout en tenant un gros bâton » (doctrine du « Big Stick »).
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+ Le 14 février 1903, T. Roosevelt crée le ministère du commerce et du travail (qui devinrent plus tard deux ministères séparés). La première réserve naturelle d’oiseaux sur Pelican Island, Floride est créée le 14 mars suivant.
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55
+ Le 3 novembre 1903, le gouvernement de Roosevelt soutient l’insurrection de Panama contre la Colombie. Les États-Unis reconnaissent l’indépendance de Panama le 6 novembre et négocient un traité qui leur donne le contrôle de la zone du canal pendant 100 ans contre 10 millions USD et un loyer annuel de 250 000 USD.
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+ Le 11 février 1904, Theodore Roosevelt déclare la neutralité des États-Unis dans la guerre entre la Russie et le Japon.
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+ Le 26 juin suivant, le Parti républicain désigne Roosevelt comme candidat à l’élection présidentielle et le 8 novembre 1904, T. Roosevelt remporte l’élection présidentielle contre le démocrate Alton Parker. Le vote du Collège électoral montre un net partage entre les États du Sud, favorables au Parti démocrate, et les États du nord et du centre, favorables au Parti républicain.
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+ Le 6 décembre 1904, dans son discours annuel au Congrès américain, T. Roosevelt prononce le Corollaire Roosevelt qui étend la doctrine Monroe (1823), avec un message résumé par la célèbre formule « l'Amérique aux Américains », à l’ensemble du monde occidental, en affirmant que les États-Unis interviendraient en cas de problème majeur allant à l’encontre de leurs intérêts.
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+ En application de la doctrine interventionniste, les États-Unis prennent le contrôle des affaires de la République dominicaine le 21 janvier 1905. Le Service national des forêts est créé le 1er février 1904.
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+ L'investiture de Theodore Roosevelt pour un second mandat présidentiel se tient le 4 mars 1905.
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+ La guerre entre la Russie et le Japon se termine le 6 septembre 1905. T. Roosevelt, qui a servi d’arbitre dans ce conflit, reçoit le prix Nobel de la paix le 10 décembre 1906.
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+ Lors de l'ouverture de la conférence d’Algésiras (avril 1906), en Espagne, T. Roosevelt tente d’arbitrer le conflit entre la France et l’Allemagne concernant le Maroc. Le 8 juin 1906, T. Roosevelt crée les dix-huit premiers « monuments nationaux », zones naturelles protégées. Le 29 juin suivant, il soutient une loi donnant au gouvernement fédéral le pouvoir de contrôler les tarifs du fret ferroviaire. Cette loi limite la concurrence entre les compagnies et empêche d’accorder des tarifs préférentiels aux grands groupes industriels. Le 30 juin 1906, il signe une loi autorisant le gouvernement fédéral à inspecter les usines agro-alimentaires et obligeant les fabricants à lister les ingrédients.
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+ En politique étrangère le président cubain demande l’intervention des troupes américaines à la suite d’émeutes. T. Roosevelt y envoie l’armée en octobre. Le 9 novembre 1906, Roosevelt se rend en visite officielle à Puerto Rico et à Panama pour inspecter les travaux du canal. C’est le premier déplacement officiel d’un président américain à l’étranger.
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+ Le 12 décembre suivant, Roosevelt nomme Oscar Straus en tant que ministre du commerce et du travail. C’est le premier représentant de la minorité juive à obtenir un poste au sein du gouvernement des États-Unis.
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+ T. Roosevelt signe une loi sur l'immigration lui permettant d’interdire la venue des Japonais le 20 février 1907.
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+ Le 22 octobre 1907 débute une panique financière causée par les grandes variations de la bourse. Roosevelt revient précipitamment de voyage pour intervenir, mais la crainte d’une nouvelle dépression est tenace. En novembre l'Oklahoma est admis dans l'Union américaine ; c’est le 46e État. En décembre T. Roosevelt envoie une importante flotte de la marine américaine, la Grande flotte blanche, faire le tour du monde qui dura jusqu’en février 1908. Les navires sont accueillis avec enthousiasme dans de nombreux ports et ceci permet aux États-Unis de faire étalage de leur puissance.
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+ Le 20 juin 1908 T. Roosevelt crée le parc national de Mesa Verde. À la fin de son deuxième mandat, Roosevelt, conformément à ses engagements, ne se représente pas. Il part pour un safari en Afrique où Frederick Selous lui sert de guide. Il en revient avec plus de 3 000 trophées d'animaux abattus.
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+ En politique étrangère, Theodore Roosevelt, partisan de la politique du « gros bâton » (ou big stick ; « parlez doucement et portez un gros bâton »[23]) accroît l'emprise de l'influence américaine en prenant le contrôle des possessions espagnoles aux Caraïbes et dans l'océan Pacifique.
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+ Le 29 juin 1902, le Congrès ratifie la décision du président Roosevelt de reprendre les travaux dans l'isthme de Panama en vue d’y construire un canal sous contrôle américain . Toutefois, la Colombie refuse de concéder aux États-Unis une souveraineté quasi-totale sur le futur canal et la région environnante. L’ambassadeur américain à Bogotá avertit que si le traité n’était pas ratifié, « les relations amicales entre les deux pays s’en verraient si gravement compromises que le Congrès des États-Unis pourrait prendre des mesures que regretterait tout ami de la Colombie ». Le 3 novembre, dans le contexte de la guerre des mille jours en Colombie, les séparatistes panaméens, en partie financés par Washington, se déclarent indépendants de la Colombie, avec le soutien des troupes américaines. Les navires de guerre américains ancrés à l’abord des côtes interdisent toute intervention de l’armée colombienne[24].
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+ Le 18 novembre 1903, à New York, est signé le Traité Hay-Bunau-Varilla, faisant du Panamá un protectorat. Les États-Unis reçoivent une frange de 10 miles de large des deux côtés du canal, pour sa construction et son exploitation à perpétuité. La souveraineté dans la zone du canal leur revient, le Panamá étant « exclu de l’exercice de tels droits souverains, pouvoir ou autorité ». On leur concède aussi un droit d’ingérence permanent dans les affaires intérieures panaméennes, et la possibilité d’intervenir militairement en cas d’atteinte à l’ordre public. Cette clause prend force de loi lorsqu’on l’inclut dans la Constitution, promulguée le 20 février 1904, et rédigée avec la participation du consul américain William I. Buchanan[24].
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+ C'est également lui qui fait construire le port de Pearl Harbor à Hawaï pour conforter la puissance navale des États-Unis. Les effectifs de marins passent de 25 000 à 45 000. Il formule en 1904 le corollaire à la doctrine du président Monroe selon lequel les États-Unis doivent intervenir pour défendre leurs intérêts dans l’ensemble du monde, légitimant un « pouvoir de police internationale » ainsi qu'une « intervention préventive » en cas de « méfait ou défaillance » en Amérique latine. Et ce la même année où il affirme à Bertha von Suttner, vice-présidente du Bureau international de la paix et futur prix Nobel de la paix, que son gouvernement reconnaît son devoir de « faire rapprocher le temps où l'épée ne sera plus l'arbitre entre les nations »[25]. Il intervient personnellement dans l’arbitrage du conflit entre la Russie et le Japon, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1906, et dans celui entre la France et l’Allemagne sur la question marocaine.
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+ En Europe, il fit admettre l'idée que les États-Unis avaient un devoir de veiller comme la Grande-Bretagne à ce qu'aucune puissance ne devienne hégémonique, selon l'historien Yves Mossé[23][source insuffisante].
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+ T. Roosevelt est partisan d’un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il s’attaque aux grandes entreprises qu’il accuse de faire des bénéfices au détriment des consommateurs, et engage des procédures contre les grands capitalistes du chemin de fer, du pétrole et de l’agro-alimentaire. Le lancement de cette croisade contre les trusts industriels a lieu dans un discours long de plus de 30 pages prononcé à la Chambre des représentants. Theodore Roosevelt s’engage à faire respecter la loi Sherman. Proche du courant progressiste, il intervient aussi pour arbitrer la lutte entre les mineurs en grève et le patronat ; il leur permit d’obtenir la journée de 8 heures et des salaires plus élevés, ce qu’il appelle un « accord équitable ». Son Square Deal est également un programme visant à aider les classes moyennes et à s'attaquer à la ploutocratie et aux trusts.
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+ T. Roosevelt est le premier président qui s'est réellement préoccupé de la préservation des espaces naturels et de la faune. Il crée les bases du réseau de parcs nationaux, de monuments nationaux et de forêts nationales ainsi que les réserves naturelles en faisant passer les terrains sous contrôle fédéral. Il s'intéresse à tous les sujets et fonde par exemple la National Gallery[23][source insuffisante]. De même, en 1902, le National Reclamation Act (en) (ou Newlands Act) donne au gouvernement fédéral l'autorité suprême pour la construction de barrages ou pour les projets d’irrigation. En 1906, il fait passer l'Act of the Preservation of American Antiquities[17]. Une nouvelle agence fédérale, le Reclamation Service, est créée et collabore avec les scientifiques. La gestion de l’eau passe sous contrôle fédéral, notamment dans la partie ouest du territoire. Au total ce furent près d’un million de km2 qui furent pris en charge et protégés par le gouvernement fédéral. Sous ses mandats présidentiels sont créés les parcs de Crater Lake, Wind Cave et Mesa Verde. En 1908, il fait du Grand Canyon un National Monument[17].
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+ Sur le plan des discriminations raciales, il est le premier président à nommer un représentant de la minorité juive à un poste ministériel. Concernant les autres minorités, il déclare alors « Je n'irais pas jusqu'à penser que les seuls bons Amérindiens sont les Indiens morts, mais je crois que c'est valable pour les neuf dixièmes et je ne souhaite pas trop me soucier du dixième[26]. »
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+ Concernant les Afro-américains, ses propos sont notamment les suivants : « Je n'ai pas été capable de trouver une solution au terrible problème offert par la présence du Nègre sur ce continent. Il est là et ne peut être ni tué ni chassé, la seule chose sage, honorable et chrétienne à faire est de traiter chaque homme noir et chaque homme blanc strictement selon ses mérites en tant qu'homme, en ne lui donnant ni plus ni moins que ce qu'il se montre lui-même digne d'avoir[27]. » Il décrit dans d'autres occasions les Afro-américains comme étant « totalement inaptes au suffrage »[28]. Après sa présidence, son Parti progressiste (dissidence du parti républicain) refuse lors de sa convention en 1912 d'adopter dans son programme le soutien aux droits civiques des Afro-américains[28].
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+ À partir de 1907, des eugénistes commencèrent à pratiquer dans plusieurs États la stérilisation forcée des malades, chômeurs, pauvres, délinquants, handicapés ou prostituées pour empêcher toute descendance du même type[29]. Theodore Roosevelt déclarait alors :
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+ « Je souhaiterais beaucoup que l’on empêchât entièrement les mauvaises personnes de se reproduire et quand la nature malfaisante de ces gens est suffisamment manifeste, des mesures devraient être prises en ce sens. Les criminels devraient être stérilisés et il devrait être interdit aux personnes faibles d’esprit d'avoir des descendants[30]. »
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+ Un tel programme de stérilisations contraintes a effectivement été mis en œuvre aux États-Unis. Toutefois, les lois en la matière étant fixées par chaque État et non par le gouvernement fédéral, T. Roosevelt ne peut en être tenu responsable. La première tentative pour appliquer une telle loi, dans le Michigan, eut lieu en 1897, avant l'arrivée de T. Roosevelt à la présidence[31].
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+ En novembre 1911, un groupe de républicains de l'Ohio soutient Roosevelt pour la nomination du parti à la présidence ; parmi les partisans figurent James R. Garfield et Dan Hanna. Cet appui a été donné par les dirigeants de l'État d'origine du président William Howard Taft. Roosevelt a manifestement refusé de faire une déclaration - demandée par Garfield - selon laquelle il refuserait catégoriquement une nomination. Peu après, Roosevelt a déclaré : "Je suis vraiment désolé pour Taft... Je suis sûr qu'il veut bien faire, mais il veut mal faire, et il ne sait pas comment ! Il est totalement inapte à diriger et c'est un moment où nous avons besoin de dirigeants". En janvier 1912, Roosevelt déclarait "si le peuple fait un projet sur moi, je ne refuserai pas de servir". Plus tard dans l'année, Roosevelt s'exprimait devant la Convention constitutionnelle de l'Ohio, identifiant ouvertement comme progressiste et approuvant des réformes progressistes - et même approuvant la révision populaire des décisions judiciaires de l'État. En réaction aux propositions de Roosevelt d'annulation populaire des décisions judiciaires, Taft déclarait : "De tels extrémistes ne sont pas des progressistes - ce sont des émotivistes ou des névrosés politiques".
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+ Roosevelt a commencé à se voir comme le sauveur du Parti républicain de la défaite lors de la prochaine élection présidentielle. En février 1912, Roosevelt a annoncé à Boston : « J'accepterai la nomination à la présidence si elle m'est proposée. J'espère que, dans la mesure du possible, le peuple pourra avoir la possibilité, par le biais de primaires directes, d'exprimer qui sera le candidat. » Elihu Root et Henry Cabot Lodge pensaient que la division du parti conduirait à sa défaite lors de la prochaine élection, tandis que Taft pensait qu'il serait battu soit aux primaires républicaines, soit aux élections générales.
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+ Les primaires de 1912 ont représenté la première utilisation à grande échelle des primaires présidentielles, une réalisation de réforme du mouvement progressiste[230]. Les primaires républicaines du Sud, où les habitués du parti dominaient, ont opté pour Taft, tout comme les résultats à New York, dans l'Indiana, au Michigan, au Kentucky et au Massachusetts. Pendant ce temps, Roosevelt gagnait dans l'Illinois, le Minnesota, le Nebraska, le Dakota du Sud, la Californie, le Maryland et la Pennsylvanie ; Roosevelt a également remporté l'Ohio, l'État natal de Taft. Ces élections primaires, tout en démontrant la popularité continue de Roosevelt auprès de l'électorat, n'ont pas été déterminantes. Les pouvoirs définitifs des délégués de l'État à la convention nationale ont été déterminés par le comité national, qui était contrôlé par les chefs de partis, dirigés par le président sortant.
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+ Avant la convention nationale républicaine de 1912 à Chicago, Roosevelt a exprimé des doutes quant à ses chances de victoire, notant que Taft avait plus de délégués et le contrôle de la commission de vérification des pouvoirs. Son seul espoir était de convaincre les chefs de partis que la nomination de Taft permettrait de confier l'élection aux démocrates, mais les chefs de partis étaient déterminés à ne pas céder leur leadership à Roosevelt. La commission des pouvoirs a attribué à Taft presque tous les délégués contestés, et Taft a remporté la nomination au premier tour. Les délégués noirs du Sud jouèrent un rôle clé : ils votèrent massivement en faveur de Taft et le placèrent au sommet. La Follette aida également la candidature de Taft ; il espérait qu'une convention bloquée aboutirait à sa propre nomination, et refusa de libérer ses délégués pour soutenir Roosevelt
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+ Une fois sa défaite à la convention républicaine apparue probable, Roosevelt a annoncé qu'il "accepterait l'investiture progressiste sur une plateforme progressiste et je me battrai jusqu'au bout, que je gagne ou que je perde". Dans le même temps, Roosevelt a déclaré de manière prophétique : "Mon sentiment est que les démocrates gagneront probablement s'ils désignent un progressiste". En s'appuyant sur le parti républicain, Roosevelt et ses principaux alliés tels que Pinchot et Albert Beveridge ont créé le parti progressiste, le structurant comme une organisation permanente qui présenterait des billets complets au niveau présidentiel et au niveau des États. Il fut connu sous le nom de « Bull Moose Party », après que Roosevelt eut déclaré aux journalistes : « Je suis aussi en forme qu'un élan mâle ». Lors de la Convention nationale progressiste de 1912, Roosevelt s'écria : « Nous sommes à Armageddon et nous nous battons pour le Seigneur ». Le gouverneur de Californie, Hiram Johnson, fut nommé colistier de Roosevelt. La plate-forme de Roosevelt fait écho à ses propositions de 1907-1908, appelant à une intervention vigoureuse du gouvernement pour protéger le peuple des intérêts égoïstes :
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+ « Détruire ce gouvernement invisible, dissoudre l'alliance impie entre les affaires et la politique corrompues est la première tâche de l'homme d'État de l'époque. Ce pays appartient au peuple. Ses ressources, ses affaires, ses lois, ses institutions, doivent être utilisées, maintenues ou modifiées de la manière la plus favorable à l'intérêt général. Cette affirmation est explicite... M. Wilson doit savoir que chaque monopole aux États-Unis s'oppose au parti progressiste... Je le mets au défi... de nommer le monopole qui a soutenu le parti progressiste, que ce soit... le Sugar Trust, le US Steel Trust, le Harvester Trust, le Standard Oil Trust, le Tobacco Trust, ou tout autre... Notre programme était le seul auquel ils s'opposaient, et ils soutenaient soit M. Wilson, soit M. Taft. »
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+ Bien que de nombreux partisans du Parti progressiste dans le Nord soient partisans des droits civils des Noirs, Roosevelt ne soutient pas fermement les droits civils et mène une campagne « lily-white » dans le Sud. Des délégations rivales entièrement blanches et entièrement noires de quatre États du Sud arrivèrent à la convention nationale du Parti progressiste, et Roosevelt décida de faire siéger les délégations entièrement blanche. Néanmoins, il obtint peu de soutien en dehors des fiefs républicains des montagnes. Sur près de 1 100 comtés du Sud, Roosevelt remporte deux comtés en Alabama, un en Arkansas, sept en Caroline du Nord, trois en Géorgie, 17 au Tennessee, deux au Texas, un en Virginie et aucun en Floride, en Louisiane, au Mississippi ou en Caroline du Sud.
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+ Le 14 octobre 1912, alors qu'il faisait campagne à Milwaukee, dans le Wisconsin, Roosevelt fut abattu par un gardien de saloon nommé John Flammang Schrank. La balle s'est logée dans sa poitrine après avoir pénétré dans son étui à lunettes en acier et traversé un épais (50 pages) exemplaire à pli unique du discours intitulé "Progressive Cause Greater Than Any Individual", qu'il portait dans sa veste. Schrank a été immédiatement désarmé (par l'immigrant tchèque Frank Bukovsky), capturé, et aurait pu être lynché si Roosevelt n'avait pas crié pour que Schrank reste indemne. Roosevelt assura à la foule qu'il allait bien, puis ordonna à la police de s'occuper de Schrank et de s'assurer qu'aucune violence ne lui était infligée. En tant que chasseur et anatomiste expérimenté, Roosevelt conclut à juste titre que puisqu'il ne toussait pas de sang, la balle n'avait pas atteint son poumon, et il déclina toute suggestion de se rendre immédiatement à l'hôpital. Au lieu de cela, il a prononcé le discours prévu avec du sang s'infiltrant dans sa chemise. Il a parlé pendant 90 minutes avant de terminer son discours et d'accepter de recevoir des soins médicaux. Il a commencé par dire à la foule rassemblée : « Mesdames et Messieurs, je ne sais pas si vous comprenez bien que je viens de me faire tirer dessus, mais il faut plus que cela pour tuer un élan mâle ». Ensuite, des sondes et une radiographie ont montré que la balle s'était logée dans le muscle thoracique de Roosevelt, mais n'avait pas pénétré dans la plèvre. Les médecins ont conclu qu'il serait moins dangereux de la laisser en place que d'essayer de la retirer, et Roosevelt a emporté la balle avec lui pour le reste de sa vie.
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+ Après la nomination par les démocrates du gouverneur du New Jersey, Woodrow Wilson, Roosevelt ne s'attendait pas à remporter les élections générales, car Wilson avait établi un record attrayant pour de nombreux démocrates progressistes qui auraient pu autrement envisager de voter pour Roosevelt. Roosevelt a quand même mené une campagne vigoureuse, et l'élection s'est transformée en une lutte à deux entre Wilson et Roosevelt malgré la présence de William Howard Taft dans la course. Roosevelt respectait Wilson, mais les deux hommes étaient en désaccord sur diverses questions ; Wilson s'opposait à toute intervention fédérale concernant le suffrage des femmes ou le travail des enfants (qu'il considérait comme des questions d'État), et attaquait la tolérance de Roosevelt envers les grandes entreprises.
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+ Roosevelt a remporté 4,1 millions de voix (27 %), contre 3,5 à Taft (23 %). Wilson a obtenu 6,3 millions de voix (42 % du total) et un énorme glissement dans le Collège électoral, avec 435 voix électorales ; Roosevelt a remporté 88 voix électorales, tandis que Taft en a obtenu 8. La Pennsylvanie est le seul État de l'Est remporté par Roosevelt ; dans le Midwest, il remporte le Michigan, le Minnesota et le Dakota du Sud ; dans l'Ouest, la Californie et Washington. La victoire de Wilson représente la première victoire démocrate à l'élection présidentielle depuis la campagne de Cleveland en 1892, et c'est la meilleure performance du parti au Collège électoral depuis 1852. Roosevelt, quant à lui, a recueilli une part du vote populaire plus importante que tout autre candidat tiers à la présidence dans l'histoire.
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+ De décembre 1913 au mois d'avril 1914, Theodore Roosevelt dirige une expédition scientifique dans les États brésiliens du Mato Grosso et d'Amazonie. Le but principal de cette expédition consiste à reconnaître environ 700 km du cours d'un fleuve considéré comme « inconnu », qui reçoit alors le nom de « Roosevelt »[32].
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+ En tant qu’homme politique de l’opposition, il soutient les efforts de Masaryk pour créer une Tchécoslovaquie indépendante. En août 1918, lorsqu’il distribue l’argent du prix Nobel de la paix, il envoie une somme symbolique de 1 000 $ à la Russie et aux légionnaires tchécoslovaques, et, lors d’une cérémonie à New York, il déclare que « les Tchécoslovaques héroïques doivent former une communauté indépendante »[33].
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+ Politiquement, il se réconcilie avec le Parti républicain qui lui propose d'être de nouveau son candidat à l'élection présidentielle de 1920 mais il meurt à Oyster Bay, New York, le 6 janvier 1919 des suites des fièvres tropicales qu'il avait contractées en Amazonie.
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+ T. Roosevelt est considéré par les Américains comme l'un de leurs plus grands présidents ce qui lui a valu d'avoir son effigie sculptée dans le granit du mont Rushmore, au côté de George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.
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+ T. Roosevelt a inauguré le 18 mars 1911 un barrage près de Phoenix, en Arizona, qui porte son nom et reste encore aujourd’hui le plus grand barrage des États-Unis.
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+ Un parc national porte son nom dans le Dakota du Nord, le parc national Theodore Roosevelt.
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+ À Los Angeles, sur Hollywood Boulevard, l'Hotel Roosevelt, a accueilli la première cérémonie des Oscars le 16 mai 1929, et a été baptisé en son honneur.
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+ Le court-métrage Teddy, the Rough Rider qui lui est consacré en 1940 a remporté un Oscar du cinéma lors de la 13e cérémonie des Oscars.
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+ Il est interprété par Brian Keith en 1975, au côté de Sean Connery et Candice Bergen, dans le long métrage relatant une prise d'otages américains au Maroc, Le Lion et le Vent de John Milius.
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+ Dans la série de films La Nuit au musée (2007, 2009 et 2015), réalisés par Shawn Levy, Robin Williams incarne une statue de cire représentant Theodore Roosevelt aux côtés de Ben Stiller, qui joue un gardien de nuit dans un musée dont les êtres inanimés prennent vie la nuit grâce à une tablette égyptienne magique.
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+ Le porte-avions nucléaire USS Theodore Roosevelt lui rend hommage.
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+ Il fait partie des personnalités dont John Dos Passos a écrit une courte biographie, au sein de sa trilogie U.S.A..
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+ Une station du métro léger de Manille aux Philippines porte son nom.
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+ Dans le jeu de stratégie Civilization VI (2016), les États-Unis ont Théodore Roosevelt comme dirigeant.
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+ Un monument commémoratif de Quentin Roosevelt, fils cadet du président Theodore Roosevelt (mort en combat aérien le 14 juillet 1918) est érigé sur le territoire de la commune de Coulonges-Cohan.
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+ L'origine de « Teddy Bear », qui désigne un ours en peluche, fait l'objet de plusieurs anecdotes. La plus courante est la suivante : en 1903, Roosevelt rentra bredouille d'une chasse à l'ours de quatre jours. Croyant lui faire plaisir, les organisateurs enchaîn��rent un ourson noir au pied d'un arbre afin de satisfaire le président : outré par ce simulacre, Theodore Roosevelt fit libérer l'animal[36],[37]. Deux émigrants russes, Rose et Morris Mictchom, immortalisent cette histoire en créant un ours en peluche qu'ils baptisèrent Teddy (diminutif de Théodore en anglais)[36]. Le succès fut immédiat puisque, peu de temps après, ils créent leur propre atelier The Ideal Novelty in Toy Co.
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+ Selon une autre version, Roosevelt aurait été pris en chasse par un ours et obligé de se réfugier dans un arbre. Le lendemain une photographie aurait été publiée, montrant le président assis sur une fourche d'arbre et harcelé par l'ours, avec la mention Teddy's bear (l'ours de Teddy)[réf. nécessaire].
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+ Dans les comics La Jeunesse de Picsou[38] écrits et réalisés par Keno Don Hugo Rosa, aussi connu sous le nom Don Rosa, son personnage principal, Balthazar Picsou, rencontre à trois reprises Theodore Roosevelt pendant sa jeunesse.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Theodore Roosevelt, Jr. dit Teddy Roosevelt /ˈɹoʊ̯.zə.vɛlt/[1], né le 27 octobre 1858 à New York et mort le 6 janvier 1919 à Oyster Bay, est un homme d'État américain, vingt-sixième président des États-Unis en poste de 1901 à 1909. Il est également historien, naturaliste, explorateur, écrivain et soldat.
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+ Membre du Parti républicain, il est successivement chef de la police de New York entre 1895 et 1897, adjoint du secrétaire à la Marine de 1897 à 1898, engagé volontaire dans la guerre hispano-américaine de 1898 où il s'illustre à la tête de son régiment de cavalerie, les Rough Riders, à la bataille de San Juan puis gouverneur de l'État de New York entre 1899 et 1900.
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+ Vice-président des États-Unis sous le mandat de William McKinley, il lui succède après son assassinat par un anarchiste et termine son mandat du 14 septembre 1901 au 3 mars 1905. Roosevelt entame ensuite son propre mandat présidentiel qu'il termine le 3 mars 1909. Conformément à ses engagements, il ne postule pas en 1908 à un nouveau mandat présidentiel.
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+ En prêtant serment le 14 septembre 1901, Theodore Roosevelt entre en fonction à l'âge de 42 ans, 10 mois et 18 jours. Il demeure à ce jour le plus jeune président de l'histoire des États-Unis[2]. Sa présidence est notamment marquée, sur le plan international, par sa médiation dans la guerre russo-japonaise, qui lui vaut le prix Nobel de la paix et son soutien à la première conférence de La Haye en ayant recours à l'arbitrage pour résoudre un contentieux opposant les États-Unis au Mexique. Sa politique dite du Big Stick (« Gros Bâton »), puis l'affirmation du corollaire Roosevelt à la doctrine Monroe, justifie la prise de contrôle par les États-Unis du canal de Panamá. En politique intérieure, son mandat est marqué par une politique volontariste de préservation des ressources naturelles et par l'adoption de deux lois importantes sur la protection des consommateurs, le Hepburn Act (en) de 1906, qui renforce les pouvoirs de la Commission du commerce entre États, et le Pure Food and Drug Act de 1906, qui fonde la Food and Drug Administration.
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+ En 1912, mécontent de la politique de son successeur, le républicain William Howard Taft, il se présente comme candidat du mouvement progressiste. S'il remporte plus de suffrages que le président Taft, il divise le camp républicain et permet l'élection du candidat démocrate Woodrow Wilson à la présidence des États-Unis.
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+ L'effigie de Roosevelt a été reproduite sur le mont Rushmore aux côtés des présidents George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.
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+ Theodore Roosevelt est le fils de Theodore Roosevelt, Sr. et de Martha Bulloch (en). Les Roosevelt sont issus de familles aristocratiques d'origine hollandaise, issu de Nicholas Roosevelt (en), installé à la Nouvelle-Amsterdam au XVIIe dont la descendance donne un autre président américain Franklin Delano Roosevelt qui épouse d'ailleurs la nièce de Theodore, Eleanor. Roosevelt possède également des origines écossaises, irlandaises, anglaises, allemandes, galloises et françaises.[réf. nécessaire]
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+ Les Roosevelt vivent à Manhattan dans un confort provenant des revenus de leur entreprise d'import-export[3]. Dès son plus jeune âge, Theodore Jr. est frêle, asthmatique[4], et souffre régulièrement de nausées et fièvres[5], mais déborde d'énergie[3]. Ses parents, très aisés, l'éduquent dans la tradition calviniste. Cette santé défaillante l'empêche souvent de sortir, et fait de lui un lecteur vorace[6]. Dès sa jeunesse, il s'intéresse à la nature. Il passe ses étés dans les Adirondacks, à Long Island ou sur les rives de l'Hudson River[7]. Il se passionne de zoologie et passe son temps à observer les animaux, notant ses observations dans un livre et collectionnant les spécimens[8].
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+ En 1869, le couple Roosevelt décide d'emmener toute la famille dans un Grand Tour d'Europe. Theodore Sr. espère que cela fera du bien à ses enfants, qui ont tous les quatre des problèmes de santé, ainsi qu'à sa femme, qui se morfond depuis la fin de la Guerre de Sécession. Ils passeront plus d'une année à voyager de pays en pays[9], mais la santé du jeune Theodore ne s'améliore pas et il reste squelettique.
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+ Après leur retour, le père pousse son fils à se renforcer physiquement et muscler son corps[10], ce qu'il fait avec assiduité. Theodore Sr. lui fait également prendre des leçons de taxidermie auprès de John G. Bell, déclenchant chez lui une nouvelle passion[11] qui l'amène également à s'intéresser à la chasse. Après une mauvaise rencontre, il se met également à apprendre la boxe[12].
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+ La famille se lance dans un nouveau grand voyage à l'étranger en 1872, incluant cette fois l'Egypte et la Terre Sainte[13]. Au printemps 1873, le voyage se conclut à Vienne en Autriche, où Theodore Sr. doit participer à l'Exposition Universelle[14]. Theodore Jr., accompagné de son frère Elliott et de sa sœur Corinne, est envoyé dans une famille allemande de Dresde pour l'été afin d'y apprendre l'allemand, le français et l'arithmétique[15].
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+ Il entre à l'université Harvard en 1876 où il rencontre Alice Hathaway, la fille d'un banquier, qu'il épouse[7].
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+ Le 27 octobre 1880, Theodore Roosevelt s'était marié avec Alice Hathaway, la fille d'un banquier.
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+ Celle-ci meurt des suites de l'accouchement difficile de leur fille, Alice Lee Roosevelt (1884-1980).
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31
+ En 1886, il épouse Edith Kermit Carow. De leur union naissent cinq enfants :
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+ Il débute l'étude du droit, mais abandonne lorsqu'il est élu à l'assemblée de l'État de New York de 1882 à 1884 pour le Parti républicain[7]. Sa mère et sa femme décèdent le 14 février 1884, cette dernière meurt deux jours après la naissance de leur fille, Alice Roosevelt Longworth[16]. Theodore (âgé de 25 ans) se retire alors dans une ferme du Dakota du Nord pour oublier ces tragédies[16].
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+ Il y passe deux ans en adoptant le style de vie du cow-boy américain. « On ne peut pas rêver d'une vie plus attractive pour un jeune homme en bonne santé que celle dans un ranch de cette époque. C'est vraiment une vie agréable et saine ; ça m'a appris l'indépendance, la ténacité et à prendre rapidement des décisions… J'ai réellement et complètement apprécié cette vie. » Cette période est très importante pour sa maturation : « Je n'aurais jamais pu devenir président sans mes expériences dans le Dakota du Nord. » Il s'essaya, dans cette région, à la vie de pionnier et d'éleveur. Il essuya un échec matériel, mais il acquit ainsi les qualités humaines qui firent plus tard de lui le 26e président des États-Unis.
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+ En 1886, il revient à New York où il se relance dans la politique, écrit trois livres et se remarie avec Edith Kermit Carow qui lui donne cinq enfants[17]. En 1887, il fonde le Boone and Crockett Club dont le but est de préserver la nature et de garantir la chasse[17]. N'appréciant guère les « diplomates ritals », comme il le dit publiquement, il estime que le lynchage du 14 mars 1891 à la Nouvelle-Orléans de onze Italiens est « plutôt une bonne chose »[18].
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39
+ Le président Benjamin Harrison le nomme membre d'une commission sur les fonctionnaires fédéraux (Civil Service Commission (en)). Il dirige ensuite la préfecture de police de New York en 1895. En 1897, le président William McKinley le nomme secrétaire adjoint à la marine, un poste où il prépare la guerre contre l'Espagne. Il s’y comporte en « faucon » ; il accuse l’Espagne de la destruction de la frégate Maine à Cuba (la preuve n’en a jamais été apportée) et met la marine en état d’alerte sans l’autorisation du président McKinley.
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+ Lorsque la guerre contre l'Espagne éclate en 1898, il s'engage à la tête d'un régiment de cavalerie, les Rough Riders (que l'on traduit par « les durs à cuire »), à la tête desquels il s'empare de la colline de San Juan à Santiago, ce qui lui permet d'acquérir une réputation de héros notamment grâce au journaliste Richard Harding Davis qu'il embarque avec lui, Roosevelt devenant par la suite le premier président américain à régulièrement utiliser la presse comme moyen de communication[19]. Il reprend ensuite sa carrière politique dans l'État de New York, dont il est élu gouverneur en 1898. Il se met à dos les dirigeants du Parti républicain en luttant contre la corruption et ces derniers, pour s'en débarrasser, le présentent comme candidat à la vice-présidence, un poste sans envergure. Il devient vice-président en 1900 et président l'année suivante après l'assassinat de McKinley.
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+ Il était franc-maçon[20]. Il pratiquait également le judo, et fut l'un des premiers américains à obtenir la ceinture marron[21].
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+ Le 14 septembre 1901, le président McKinley meurt des suites des blessures qui lui ont été infligées par un anarchiste. Conformément à ce que prévoit la Constitution américaine, le vice-président Theodore Roosevelt est investi et devient le vingt-sixième président des États-Unis. Il n’a que 42 ans et son arrivée au pouvoir désespère son propre parti en raison de ses idées sociales.
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47
+ Le 29 avril 1902 le Congrès vote et T. Roosevelt signe une loi renouvelant la loi d'exclusion des Chinois et interdisant l'immigration chinoise à partir des Philippines (alors sous protectorat américain). Le 12 mai suivant, T. Roosevelt arbitre le conflit entre 100 000 mineurs de Pennsylvanie en grève depuis plus de trois mois et leurs employeurs. La grève continue jusqu’en octobre quand T. Roosevelt leur obtient une augmentation de salaire de 10 %[22] et une limitation de la durée de la semaine de travail. Les mines de charbon étaient alors cruciales pour l’économie américaine.
48
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+ Les troupes américaines se retirent de Cuba le 20 mai de la même année où s’installe le premier gouvernement national. Le 28 juin suivant la loi finançant la construction du canal de Panama est votée.
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51
+ Le 2 septembre 1902, Roosevelt prononce un discours sur la politique étrangère, où il emploie une formule restée célèbre : « Il faut parler calmement tout en tenant un gros bâton » (doctrine du « Big Stick »).
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+ Le 14 février 1903, T. Roosevelt crée le ministère du commerce et du travail (qui devinrent plus tard deux ministères séparés). La première réserve naturelle d’oiseaux sur Pelican Island, Floride est créée le 14 mars suivant.
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55
+ Le 3 novembre 1903, le gouvernement de Roosevelt soutient l’insurrection de Panama contre la Colombie. Les États-Unis reconnaissent l’indépendance de Panama le 6 novembre et négocient un traité qui leur donne le contrôle de la zone du canal pendant 100 ans contre 10 millions USD et un loyer annuel de 250 000 USD.
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57
+ Le 11 février 1904, Theodore Roosevelt déclare la neutralité des États-Unis dans la guerre entre la Russie et le Japon.
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59
+ Le 26 juin suivant, le Parti républicain désigne Roosevelt comme candidat à l’élection présidentielle et le 8 novembre 1904, T. Roosevelt remporte l’élection présidentielle contre le démocrate Alton Parker. Le vote du Collège électoral montre un net partage entre les États du Sud, favorables au Parti démocrate, et les États du nord et du centre, favorables au Parti républicain.
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61
+ Le 6 décembre 1904, dans son discours annuel au Congrès américain, T. Roosevelt prononce le Corollaire Roosevelt qui étend la doctrine Monroe (1823), avec un message résumé par la célèbre formule « l'Amérique aux Américains », à l’ensemble du monde occidental, en affirmant que les États-Unis interviendraient en cas de problème majeur allant à l’encontre de leurs intérêts.
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63
+ En application de la doctrine interventionniste, les États-Unis prennent le contrôle des affaires de la République dominicaine le 21 janvier 1905. Le Service national des forêts est créé le 1er février 1904.
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65
+ L'investiture de Theodore Roosevelt pour un second mandat présidentiel se tient le 4 mars 1905.
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+ La guerre entre la Russie et le Japon se termine le 6 septembre 1905. T. Roosevelt, qui a servi d’arbitre dans ce conflit, reçoit le prix Nobel de la paix le 10 décembre 1906.
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+ Lors de l'ouverture de la conférence d’Algésiras (avril 1906), en Espagne, T. Roosevelt tente d’arbitrer le conflit entre la France et l’Allemagne concernant le Maroc. Le 8 juin 1906, T. Roosevelt crée les dix-huit premiers « monuments nationaux », zones naturelles protégées. Le 29 juin suivant, il soutient une loi donnant au gouvernement fédéral le pouvoir de contrôler les tarifs du fret ferroviaire. Cette loi limite la concurrence entre les compagnies et empêche d’accorder des tarifs préférentiels aux grands groupes industriels. Le 30 juin 1906, il signe une loi autorisant le gouvernement fédéral à inspecter les usines agro-alimentaires et obligeant les fabricants à lister les ingrédients.
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+ En politique étrangère le président cubain demande l’intervention des troupes américaines à la suite d’émeutes. T. Roosevelt y envoie l’armée en octobre. Le 9 novembre 1906, Roosevelt se rend en visite officielle à Puerto Rico et à Panama pour inspecter les travaux du canal. C’est le premier déplacement officiel d’un président américain à l’étranger.
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+ Le 12 décembre suivant, Roosevelt nomme Oscar Straus en tant que ministre du commerce et du travail. C’est le premier représentant de la minorité juive à obtenir un poste au sein du gouvernement des États-Unis.
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+ T. Roosevelt signe une loi sur l'immigration lui permettant d’interdire la venue des Japonais le 20 février 1907.
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+ Le 22 octobre 1907 débute une panique financière causée par les grandes variations de la bourse. Roosevelt revient précipitamment de voyage pour intervenir, mais la crainte d’une nouvelle dépression est tenace. En novembre l'Oklahoma est admis dans l'Union américaine ; c’est le 46e État. En décembre T. Roosevelt envoie une importante flotte de la marine américaine, la Grande flotte blanche, faire le tour du monde qui dura jusqu’en février 1908. Les navires sont accueillis avec enthousiasme dans de nombreux ports et ceci permet aux États-Unis de faire étalage de leur puissance.
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+ Le 20 juin 1908 T. Roosevelt crée le parc national de Mesa Verde. À la fin de son deuxième mandat, Roosevelt, conformément à ses engagements, ne se représente pas. Il part pour un safari en Afrique où Frederick Selous lui sert de guide. Il en revient avec plus de 3 000 trophées d'animaux abattus.
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+ En politique étrangère, Theodore Roosevelt, partisan de la politique du « gros bâton » (ou big stick ; « parlez doucement et portez un gros bâton »[23]) accroît l'emprise de l'influence américaine en prenant le contrôle des possessions espagnoles aux Caraïbes et dans l'océan Pacifique.
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+ Le 29 juin 1902, le Congrès ratifie la décision du président Roosevelt de reprendre les travaux dans l'isthme de Panama en vue d’y construire un canal sous contrôle américain . Toutefois, la Colombie refuse de concéder aux États-Unis une souveraineté quasi-totale sur le futur canal et la région environnante. L’ambassadeur américain à Bogotá avertit que si le traité n’était pas ratifié, « les relations amicales entre les deux pays s’en verraient si gravement compromises que le Congrès des États-Unis pourrait prendre des mesures que regretterait tout ami de la Colombie ». Le 3 novembre, dans le contexte de la guerre des mille jours en Colombie, les séparatistes panaméens, en partie financés par Washington, se déclarent indépendants de la Colombie, avec le soutien des troupes américaines. Les navires de guerre américains ancrés à l’abord des côtes interdisent toute intervention de l’armée colombienne[24].
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+ Le 18 novembre 1903, à New York, est signé le Traité Hay-Bunau-Varilla, faisant du Panamá un protectorat. Les États-Unis reçoivent une frange de 10 miles de large des deux côtés du canal, pour sa construction et son exploitation à perpétuité. La souveraineté dans la zone du canal leur revient, le Panamá étant « exclu de l’exercice de tels droits souverains, pouvoir ou autorité ». On leur concède aussi un droit d’ingérence permanent dans les affaires intérieures panaméennes, et la possibilité d’intervenir militairement en cas d’atteinte à l’ordre public. Cette clause prend force de loi lorsqu’on l’inclut dans la Constitution, promulguée le 20 février 1904, et rédigée avec la participation du consul américain William I. Buchanan[24].
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+ C'est également lui qui fait construire le port de Pearl Harbor à Hawaï pour conforter la puissance navale des États-Unis. Les effectifs de marins passent de 25 000 à 45 000. Il formule en 1904 le corollaire à la doctrine du président Monroe selon lequel les États-Unis doivent intervenir pour défendre leurs intérêts dans l’ensemble du monde, légitimant un « pouvoir de police internationale » ainsi qu'une « intervention préventive » en cas de « méfait ou défaillance » en Amérique latine. Et ce la même année où il affirme à Bertha von Suttner, vice-présidente du Bureau international de la paix et futur prix Nobel de la paix, que son gouvernement reconnaît son devoir de « faire rapprocher le temps où l'épée ne sera plus l'arbitre entre les nations »[25]. Il intervient personnellement dans l’arbitrage du conflit entre la Russie et le Japon, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1906, et dans celui entre la France et l’Allemagne sur la question marocaine.
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+ En Europe, il fit admettre l'idée que les États-Unis avaient un devoir de veiller comme la Grande-Bretagne à ce qu'aucune puissance ne devienne hégémonique, selon l'historien Yves Mossé[23][source insuffisante].
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+ T. Roosevelt est partisan d’un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il s’attaque aux grandes entreprises qu’il accuse de faire des bénéfices au détriment des consommateurs, et engage des procédures contre les grands capitalistes du chemin de fer, du pétrole et de l’agro-alimentaire. Le lancement de cette croisade contre les trusts industriels a lieu dans un discours long de plus de 30 pages prononcé à la Chambre des représentants. Theodore Roosevelt s’engage à faire respecter la loi Sherman. Proche du courant progressiste, il intervient aussi pour arbitrer la lutte entre les mineurs en grève et le patronat ; il leur permit d’obtenir la journée de 8 heures et des salaires plus élevés, ce qu’il appelle un « accord équitable ». Son Square Deal est également un programme visant à aider les classes moyennes et à s'attaquer à la ploutocratie et aux trusts.
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+ T. Roosevelt est le premier président qui s'est réellement préoccupé de la préservation des espaces naturels et de la faune. Il crée les bases du réseau de parcs nationaux, de monuments nationaux et de forêts nationales ainsi que les réserves naturelles en faisant passer les terrains sous contrôle fédéral. Il s'intéresse à tous les sujets et fonde par exemple la National Gallery[23][source insuffisante]. De même, en 1902, le National Reclamation Act (en) (ou Newlands Act) donne au gouvernement fédéral l'autorité suprême pour la construction de barrages ou pour les projets d’irrigation. En 1906, il fait passer l'Act of the Preservation of American Antiquities[17]. Une nouvelle agence fédérale, le Reclamation Service, est créée et collabore avec les scientifiques. La gestion de l’eau passe sous contrôle fédéral, notamment dans la partie ouest du territoire. Au total ce furent près d’un million de km2 qui furent pris en charge et protégés par le gouvernement fédéral. Sous ses mandats présidentiels sont créés les parcs de Crater Lake, Wind Cave et Mesa Verde. En 1908, il fait du Grand Canyon un National Monument[17].
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+ Sur le plan des discriminations raciales, il est le premier président à nommer un représentant de la minorité juive à un poste ministériel. Concernant les autres minorités, il déclare alors « Je n'irais pas jusqu'à penser que les seuls bons Amérindiens sont les Indiens morts, mais je crois que c'est valable pour les neuf dixièmes et je ne souhaite pas trop me soucier du dixième[26]. »
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+ Concernant les Afro-américains, ses propos sont notamment les suivants : « Je n'ai pas été capable de trouver une solution au terrible problème offert par la présence du Nègre sur ce continent. Il est là et ne peut être ni tué ni chassé, la seule chose sage, honorable et chrétienne à faire est de traiter chaque homme noir et chaque homme blanc strictement selon ses mérites en tant qu'homme, en ne lui donnant ni plus ni moins que ce qu'il se montre lui-même digne d'avoir[27]. » Il décrit dans d'autres occasions les Afro-américains comme étant « totalement inaptes au suffrage »[28]. Après sa présidence, son Parti progressiste (dissidence du parti républicain) refuse lors de sa convention en 1912 d'adopter dans son programme le soutien aux droits civiques des Afro-américains[28].
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+ À partir de 1907, des eugénistes commencèrent à pratiquer dans plusieurs États la stérilisation forcée des malades, chômeurs, pauvres, délinquants, handicapés ou prostituées pour empêcher toute descendance du même type[29]. Theodore Roosevelt déclarait alors :
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+ « Je souhaiterais beaucoup que l’on empêchât entièrement les mauvaises personnes de se reproduire et quand la nature malfaisante de ces gens est suffisamment manifeste, des mesures devraient être prises en ce sens. Les criminels devraient être stérilisés et il devrait être interdit aux personnes faibles d’esprit d'avoir des descendants[30]. »
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+ Un tel programme de stérilisations contraintes a effectivement été mis en œuvre aux États-Unis. Toutefois, les lois en la matière étant fixées par chaque État et non par le gouvernement fédéral, T. Roosevelt ne peut en être tenu responsable. La première tentative pour appliquer une telle loi, dans le Michigan, eut lieu en 1897, avant l'arrivée de T. Roosevelt à la présidence[31].
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+ En novembre 1911, un groupe de républicains de l'Ohio soutient Roosevelt pour la nomination du parti à la présidence ; parmi les partisans figurent James R. Garfield et Dan Hanna. Cet appui a été donné par les dirigeants de l'État d'origine du président William Howard Taft. Roosevelt a manifestement refusé de faire une déclaration - demandée par Garfield - selon laquelle il refuserait catégoriquement une nomination. Peu après, Roosevelt a déclaré : "Je suis vraiment désolé pour Taft... Je suis sûr qu'il veut bien faire, mais il veut mal faire, et il ne sait pas comment ! Il est totalement inapte à diriger et c'est un moment où nous avons besoin de dirigeants". En janvier 1912, Roosevelt déclarait "si le peuple fait un projet sur moi, je ne refuserai pas de servir". Plus tard dans l'année, Roosevelt s'exprimait devant la Convention constitutionnelle de l'Ohio, identifiant ouvertement comme progressiste et approuvant des réformes progressistes - et même approuvant la révision populaire des décisions judiciaires de l'État. En réaction aux propositions de Roosevelt d'annulation populaire des décisions judiciaires, Taft déclarait : "De tels extrémistes ne sont pas des progressistes - ce sont des émotivistes ou des névrosés politiques".
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+ Roosevelt a commencé à se voir comme le sauveur du Parti républicain de la défaite lors de la prochaine élection présidentielle. En février 1912, Roosevelt a annoncé à Boston : « J'accepterai la nomination à la présidence si elle m'est proposée. J'espère que, dans la mesure du possible, le peuple pourra avoir la possibilité, par le biais de primaires directes, d'exprimer qui sera le candidat. » Elihu Root et Henry Cabot Lodge pensaient que la division du parti conduirait à sa défaite lors de la prochaine élection, tandis que Taft pensait qu'il serait battu soit aux primaires républicaines, soit aux élections générales.
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+ Les primaires de 1912 ont représenté la première utilisation à grande échelle des primaires présidentielles, une réalisation de réforme du mouvement progressiste[230]. Les primaires républicaines du Sud, où les habitués du parti dominaient, ont opté pour Taft, tout comme les résultats à New York, dans l'Indiana, au Michigan, au Kentucky et au Massachusetts. Pendant ce temps, Roosevelt gagnait dans l'Illinois, le Minnesota, le Nebraska, le Dakota du Sud, la Californie, le Maryland et la Pennsylvanie ; Roosevelt a également remporté l'Ohio, l'État natal de Taft. Ces élections primaires, tout en démontrant la popularité continue de Roosevelt auprès de l'électorat, n'ont pas été déterminantes. Les pouvoirs définitifs des délégués de l'État à la convention nationale ont été déterminés par le comité national, qui était contrôlé par les chefs de partis, dirigés par le président sortant.
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+ Avant la convention nationale républicaine de 1912 à Chicago, Roosevelt a exprimé des doutes quant à ses chances de victoire, notant que Taft avait plus de délégués et le contrôle de la commission de vérification des pouvoirs. Son seul espoir était de convaincre les chefs de partis que la nomination de Taft permettrait de confier l'élection aux démocrates, mais les chefs de partis étaient déterminés à ne pas céder leur leadership à Roosevelt. La commission des pouvoirs a attribué à Taft presque tous les délégués contestés, et Taft a remporté la nomination au premier tour. Les délégués noirs du Sud jouèrent un rôle clé : ils votèrent massivement en faveur de Taft et le placèrent au sommet. La Follette aida également la candidature de Taft ; il espérait qu'une convention bloquée aboutirait à sa propre nomination, et refusa de libérer ses délégués pour soutenir Roosevelt
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+ Une fois sa défaite à la convention républicaine apparue probable, Roosevelt a annoncé qu'il "accepterait l'investiture progressiste sur une plateforme progressiste et je me battrai jusqu'au bout, que je gagne ou que je perde". Dans le même temps, Roosevelt a déclaré de manière prophétique : "Mon sentiment est que les démocrates gagneront probablement s'ils désignent un progressiste". En s'appuyant sur le parti républicain, Roosevelt et ses principaux alliés tels que Pinchot et Albert Beveridge ont créé le parti progressiste, le structurant comme une organisation permanente qui présenterait des billets complets au niveau présidentiel et au niveau des États. Il fut connu sous le nom de « Bull Moose Party », après que Roosevelt eut déclaré aux journalistes : « Je suis aussi en forme qu'un élan mâle ». Lors de la Convention nationale progressiste de 1912, Roosevelt s'écria : « Nous sommes à Armageddon et nous nous battons pour le Seigneur ». Le gouverneur de Californie, Hiram Johnson, fut nommé colistier de Roosevelt. La plate-forme de Roosevelt fait écho à ses propositions de 1907-1908, appelant à une intervention vigoureuse du gouvernement pour protéger le peuple des intérêts égoïstes :
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+ « Détruire ce gouvernement invisible, dissoudre l'alliance impie entre les affaires et la politique corrompues est la première tâche de l'homme d'État de l'époque. Ce pays appartient au peuple. Ses ressources, ses affaires, ses lois, ses institutions, doivent être utilisées, maintenues ou modifiées de la manière la plus favorable à l'intérêt général. Cette affirmation est explicite... M. Wilson doit savoir que chaque monopole aux États-Unis s'oppose au parti progressiste... Je le mets au défi... de nommer le monopole qui a soutenu le parti progressiste, que ce soit... le Sugar Trust, le US Steel Trust, le Harvester Trust, le Standard Oil Trust, le Tobacco Trust, ou tout autre... Notre programme était le seul auquel ils s'opposaient, et ils soutenaient soit M. Wilson, soit M. Taft. »
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+ Bien que de nombreux partisans du Parti progressiste dans le Nord soient partisans des droits civils des Noirs, Roosevelt ne soutient pas fermement les droits civils et mène une campagne « lily-white » dans le Sud. Des délégations rivales entièrement blanches et entièrement noires de quatre États du Sud arrivèrent à la convention nationale du Parti progressiste, et Roosevelt décida de faire siéger les délégations entièrement blanche. Néanmoins, il obtint peu de soutien en dehors des fiefs républicains des montagnes. Sur près de 1 100 comtés du Sud, Roosevelt remporte deux comtés en Alabama, un en Arkansas, sept en Caroline du Nord, trois en Géorgie, 17 au Tennessee, deux au Texas, un en Virginie et aucun en Floride, en Louisiane, au Mississippi ou en Caroline du Sud.
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+ Le 14 octobre 1912, alors qu'il faisait campagne à Milwaukee, dans le Wisconsin, Roosevelt fut abattu par un gardien de saloon nommé John Flammang Schrank. La balle s'est logée dans sa poitrine après avoir pénétré dans son étui à lunettes en acier et traversé un épais (50 pages) exemplaire à pli unique du discours intitulé "Progressive Cause Greater Than Any Individual", qu'il portait dans sa veste. Schrank a été immédiatement désarmé (par l'immigrant tchèque Frank Bukovsky), capturé, et aurait pu être lynché si Roosevelt n'avait pas crié pour que Schrank reste indemne. Roosevelt assura à la foule qu'il allait bien, puis ordonna à la police de s'occuper de Schrank et de s'assurer qu'aucune violence ne lui était infligée. En tant que chasseur et anatomiste expérimenté, Roosevelt conclut à juste titre que puisqu'il ne toussait pas de sang, la balle n'avait pas atteint son poumon, et il déclina toute suggestion de se rendre immédiatement à l'hôpital. Au lieu de cela, il a prononcé le discours prévu avec du sang s'infiltrant dans sa chemise. Il a parlé pendant 90 minutes avant de terminer son discours et d'accepter de recevoir des soins médicaux. Il a commencé par dire à la foule rassemblée : « Mesdames et Messieurs, je ne sais pas si vous comprenez bien que je viens de me faire tirer dessus, mais il faut plus que cela pour tuer un élan mâle ». Ensuite, des sondes et une radiographie ont montré que la balle s'était logée dans le muscle thoracique de Roosevelt, mais n'avait pas pénétré dans la plèvre. Les médecins ont conclu qu'il serait moins dangereux de la laisser en place que d'essayer de la retirer, et Roosevelt a emporté la balle avec lui pour le reste de sa vie.
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+ Après la nomination par les démocrates du gouverneur du New Jersey, Woodrow Wilson, Roosevelt ne s'attendait pas à remporter les élections générales, car Wilson avait établi un record attrayant pour de nombreux démocrates progressistes qui auraient pu autrement envisager de voter pour Roosevelt. Roosevelt a quand même mené une campagne vigoureuse, et l'élection s'est transformée en une lutte à deux entre Wilson et Roosevelt malgré la présence de William Howard Taft dans la course. Roosevelt respectait Wilson, mais les deux hommes étaient en désaccord sur diverses questions ; Wilson s'opposait à toute intervention fédérale concernant le suffrage des femmes ou le travail des enfants (qu'il considérait comme des questions d'État), et attaquait la tolérance de Roosevelt envers les grandes entreprises.
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+ Roosevelt a remporté 4,1 millions de voix (27 %), contre 3,5 à Taft (23 %). Wilson a obtenu 6,3 millions de voix (42 % du total) et un énorme glissement dans le Collège électoral, avec 435 voix électorales ; Roosevelt a remporté 88 voix électorales, tandis que Taft en a obtenu 8. La Pennsylvanie est le seul État de l'Est remporté par Roosevelt ; dans le Midwest, il remporte le Michigan, le Minnesota et le Dakota du Sud ; dans l'Ouest, la Californie et Washington. La victoire de Wilson représente la première victoire démocrate à l'élection présidentielle depuis la campagne de Cleveland en 1892, et c'est la meilleure performance du parti au Collège électoral depuis 1852. Roosevelt, quant à lui, a recueilli une part du vote populaire plus importante que tout autre candidat tiers à la présidence dans l'histoire.
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+ De décembre 1913 au mois d'avril 1914, Theodore Roosevelt dirige une expédition scientifique dans les États brésiliens du Mato Grosso et d'Amazonie. Le but principal de cette expédition consiste à reconnaître environ 700 km du cours d'un fleuve considéré comme « inconnu », qui reçoit alors le nom de « Roosevelt »[32].
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+ En tant qu’homme politique de l’opposition, il soutient les efforts de Masaryk pour créer une Tchécoslovaquie indépendante. En août 1918, lorsqu’il distribue l’argent du prix Nobel de la paix, il envoie une somme symbolique de 1 000 $ à la Russie et aux légionnaires tchécoslovaques, et, lors d’une cérémonie à New York, il déclare que « les Tchécoslovaques héroïques doivent former une communauté indépendante »[33].
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+ Politiquement, il se réconcilie avec le Parti républicain qui lui propose d'être de nouveau son candidat à l'élection présidentielle de 1920 mais il meurt à Oyster Bay, New York, le 6 janvier 1919 des suites des fièvres tropicales qu'il avait contractées en Amazonie.
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+ T. Roosevelt est considéré par les Américains comme l'un de leurs plus grands présidents ce qui lui a valu d'avoir son effigie sculptée dans le granit du mont Rushmore, au côté de George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.
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+ T. Roosevelt a inauguré le 18 mars 1911 un barrage près de Phoenix, en Arizona, qui porte son nom et reste encore aujourd’hui le plus grand barrage des États-Unis.
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+ Un parc national porte son nom dans le Dakota du Nord, le parc national Theodore Roosevelt.
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+ À Los Angeles, sur Hollywood Boulevard, l'Hotel Roosevelt, a accueilli la première cérémonie des Oscars le 16 mai 1929, et a été baptisé en son honneur.
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+ Le court-métrage Teddy, the Rough Rider qui lui est consacré en 1940 a remporté un Oscar du cinéma lors de la 13e cérémonie des Oscars.
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+ Il est interprété par Brian Keith en 1975, au côté de Sean Connery et Candice Bergen, dans le long métrage relatant une prise d'otages américains au Maroc, Le Lion et le Vent de John Milius.
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+ Dans la série de films La Nuit au musée (2007, 2009 et 2015), réalisés par Shawn Levy, Robin Williams incarne une statue de cire représentant Theodore Roosevelt aux côtés de Ben Stiller, qui joue un gardien de nuit dans un musée dont les êtres inanimés prennent vie la nuit grâce à une tablette égyptienne magique.
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+ Le porte-avions nucléaire USS Theodore Roosevelt lui rend hommage.
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+ Il fait partie des personnalités dont John Dos Passos a écrit une courte biographie, au sein de sa trilogie U.S.A..
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+ Une station du métro léger de Manille aux Philippines porte son nom.
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+ Dans le jeu de stratégie Civilization VI (2016), les États-Unis ont Théodore Roosevelt comme dirigeant.
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155
+ Un monument commémoratif de Quentin Roosevelt, fils cadet du président Theodore Roosevelt (mort en combat aérien le 14 juillet 1918) est érigé sur le territoire de la commune de Coulonges-Cohan.
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157
+ L'origine de « Teddy Bear », qui désigne un ours en peluche, fait l'objet de plusieurs anecdotes. La plus courante est la suivante : en 1903, Roosevelt rentra bredouille d'une chasse à l'ours de quatre jours. Croyant lui faire plaisir, les organisateurs enchaîn��rent un ourson noir au pied d'un arbre afin de satisfaire le président : outré par ce simulacre, Theodore Roosevelt fit libérer l'animal[36],[37]. Deux émigrants russes, Rose et Morris Mictchom, immortalisent cette histoire en créant un ours en peluche qu'ils baptisèrent Teddy (diminutif de Théodore en anglais)[36]. Le succès fut immédiat puisque, peu de temps après, ils créent leur propre atelier The Ideal Novelty in Toy Co.
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+
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+ Selon une autre version, Roosevelt aurait été pris en chasse par un ours et obligé de se réfugier dans un arbre. Le lendemain une photographie aurait été publiée, montrant le président assis sur une fourche d'arbre et harcelé par l'ours, avec la mention Teddy's bear (l'ours de Teddy)[réf. nécessaire].
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+ Dans les comics La Jeunesse de Picsou[38] écrits et réalisés par Keno Don Hugo Rosa, aussi connu sous le nom Don Rosa, son personnage principal, Balthazar Picsou, rencontre à trois reprises Theodore Roosevelt pendant sa jeunesse.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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2
+
3
+ Le théorème de Pythagore est un théorème de géométrie euclidienne qui met en relation les longueurs des côtés dans un triangle rectangle : le carré de la longueur de l’hypoténuse, qui est le côté opposé à l'angle droit, est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.
4
+
5
+ Ce théorème permet notamment de calculer l’une de ces longueurs à partir des deux autres. Il doit son nom à Pythagore de Samos, philosophe de la Grèce antique du VIe siècle av. J.-C.. Cependant le résultat était connu plus de mille ans auparavant en Mésopotamie, et la plus ancienne démonstration qui nous soit parvenue est due à Euclide, vers -300. Même si les mathématiciens grecs en connaissaient sûrement une auparavant, rien ne permet de l'attribuer de façon certaine à Pythagore. Par ailleurs le résultat a vraisemblablement été découvert indépendamment dans plusieurs autres cultures.
6
+
7
+ Les premières démonstrations historiques reposent en général sur des méthodes de calcul d’aire par découpage et déplacement de figures géométriques. Inversement, la conception moderne de la géométrie euclidienne est fondée sur une notion de distance qui est définie pour respecter ce théorème.
8
+
9
+ Divers autres énoncés généralisent le théorème à des triangles quelconques, à des figures de plus grande dimension telles que les tétraèdres, ou en géométrie non euclidienne comme à la surface d’une sphère.
10
+
11
+ Plus généralement, ce théorème a de nombreuses applications dans divers domaines très différents (architecture, ingénierie...), encore aujourd'hui, et a permis nombres d'avancées technologiques à travers l'histoire.
12
+
13
+ Un triangle rectangle est un triangle présentant un angle droit (c’est-à-dire de mesure 90°, ou encore π/2 radian).
14
+
15
+ Les deux côtés adjacents à cet angle sont appelés cathètes et le côté opposé est l’hypoténuse.
16
+
17
+ La forme la plus connue du théorème de Pythagore est la suivante :
18
+
19
+ Théorème de Pythagore — Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.
20
+
21
+ En particulier, la longueur de l’hypoténuse est donc toujours supérieure à celle de chaque autre côté.
22
+
23
+ Le terme « longueur » est parfois omis, chaque côté étant assimilé à sa longueur. Toutefois l’élévation au carré (algébrique), qui n’a de sens que pour une grandeur numérique comme la longueur, correspond à la construction d’un carré (géométrique) sur chaque côté du triangle. Certaines démonstrations du théorème s’appuient d’ailleurs sur une égalité d’aires entre le carré construit sur l’hypoténuse et la réunion des carrés construits sur les deux autres côtés.
24
+
25
+ En nommant les sommets du triangle, le théorème peut se reformuler dans l’implication suivante :
26
+
27
+ Théorème de Pythagore — Si un triangle ABC est rectangle en C, alors AB2 = AC2 + BC2.
28
+
29
+ Avec les notations usuelles AB = c, AC = b et BC = a (cf. figure ci-dessous), la formule s’écrit encore : a2 + b2 = c2.
30
+
31
+ Par contraposée :
32
+
33
+ Théorème — Si AB2 n’est pas égal à AC2 + BC2 alors le triangle n’est pas rectangle en C.
34
+
35
+ L’implication réciproque est également vraie :
36
+
37
+ Réciproque du théorème de Pythagore — Si AB2 = AC2 + BC2 alors le triangle ABC est rectangle en C.
38
+
39
+ Pour une formulation sans notations des sommets, le terme « hypoténuse » n'est utilisable qu'une fois acquis que le triangle est rectangle :
40
+
41
+ Réciproque du théorème de Pythagore — Si dans un triangle, le carré de la longueur d'un côté est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés, alors ce triangle est rectangle et son hypoténuse est le plus grand côté.
42
+
43
+ Par contraposée de la réciproque :
44
+
45
+ Théorème — Si un triangle ABC n’est pas rectangle en C, alors AB2 n’est pas égal à AC2 + BC2.
46
+
47
+ La réciproque se déduit du théorème lui-même et d'un cas d'« égalité » des triangles : si l'on construit un triangle rectangle en C de sommets A, C et B', avec CB' = CB, on a AB = AB' par le théorème de Pythagore, donc un triangle isométrique au triangle initial (les trois côtés sont deux à deux de même longueur). L'angle en C du triangle initial ABC, identique à celui du triangle AB'C, est donc droit.
48
+
49
+ Comme la réciproque est vraie, on dit que l'on a une équivalence : la propriété sur les carrés des longueurs des côtés du triangle est une condition nécessaire et suffisante pour qu'il soit dit rectangle en C :
50
+
51
+ Théorème — ABC est rectangle en C si et seulement si AB2 = AC2 + BC2.
52
+
53
+ Quand trois nombres entiers vérifient la même relation que celle donnée par le théorème de Pythagore pour les côtés d'un triangle
54
+ rectangle, c'est-à-dire que le carré du plus grand est la somme des carrés des deux autres, on les nomme « triplets pythagoriciens ». Le plus simple et le plus connu est le triplet (3,4,5) : 32 + 42 = 52. D'après la réciproque du théorème de Pythagore, un triangle dont les longueurs des côtés sont multiples de (3, 4, 5) est rectangle.
55
+
56
+ D’après la réciproque du théorème de Pythagore, si un triangle a des côtés de longueurs 3, 4 et 5 (par rapport à une unité quelconque) alors il est rectangle.
57
+
58
+ Ce cas particulier de triplet pythagoricien justifie l’usage de la corde à treize nœuds, qui permettait de mesurer des distances mais aussi d’obtenir un angle droit sans équerre rigide en répartissant les douze intervalles qui séparent les nœuds sur les trois côtés d’un triangle de dimensions 3 – 4 – 5.
59
+
60
+ Le théorème (ou plutôt sa contraposée) et sa réciproque montrent que la relation donnée entre les longueurs des côtés est une propriété caractéristique des triangles rectangles, ce qui permet de l’utiliser comme test dans la détermination de la nature d’un triangle :
61
+
62
+ En effectuant le test pour le sommet opposé au plus grand côté du triangle (seul sommet susceptible d'abriter l'angle droit), on peut déterminer si le triangle est rectangle ou non à partir des longueurs de ses côtés.
63
+
64
+ Dans le plan muni d’un repère orthonormé, la distance entre deux points s’exprime en fonction de leurs coordonnées cartésiennes à l’aide du théorème de Pythagore par :
65
+
66
+ A
67
+ B
68
+
69
+ =
70
+
71
+
72
+
73
+ (
74
+
75
+ x
76
+
77
+ B
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+ x
83
+
84
+ A
85
+
86
+
87
+
88
+ )
89
+
90
+ 2
91
+
92
+
93
+ +
94
+ (
95
+
96
+ y
97
+
98
+ B
99
+
100
+
101
+
102
+
103
+ y
104
+
105
+ A
106
+
107
+
108
+
109
+ )
110
+
111
+ 2
112
+
113
+
114
+
115
+
116
+
117
+
118
+ {\displaystyle AB{=}{\sqrt {(x_{B}-x_{A})^{2}+(y_{B}-y_{A})^{2}}}}
119
+
120
+ .
121
+
122
+ Cette formule est analogue à celle qui donne la norme d’un vecteur de coordonnées (x ; y) dans une base orthonormée :
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+ u
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+ =
138
+
139
+
140
+
141
+ x
142
+
143
+ 2
144
+
145
+
146
+ +
147
+
148
+ y
149
+
150
+ 2
151
+
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+
157
+ {\displaystyle \lVert {\vec {u}}\rVert ={\sqrt {x^{2}+y^{2}}}}
158
+
159
+ .
160
+
161
+ Ces formules se généralisent en dimension plus grande.
162
+
163
+ En considérant le cosinus et le sinus d’un angle α comme l'abscisse et l'ordonnée d’un point du cercle trigonométrique repéré par cet angle, et le rayon du cercle trigonométrique de longueur 1 comme l'hypoténuse, le théorème de Pythagore permet d’écrire :
164
+
165
+ Pythagore vivait au VIe siècle av. J.-C., mais l'histoire du théorème de Pythagore commence plus d'un millénaire auparavant, comme en témoignent plusieurs tablettes d'argile de l'époque paléo-babylonienne[2]. Il n'y a aucune preuve archéologique qui permette de remonter plus avant, même si quelques hypothèses existent.
166
+
167
+ Ainsi les travaux d'Alexander Thom, qui imagine une organisation de sites mégalithiques datant du XXVe siècle av. J.-C. en Grande-Bretagne et en France utilisant triangles rectangles et triplets pythagoriciens, sont fortement contestés[3]. L'hypothèse parfois avancée que le théorème aurait été connu de l'Égypte ancienne dès le Moyen Empire paraît elle aussi difficile à établir[4].
168
+
169
+ Les historiens des mathématiques et assyriologues[8] ont découvert à la fin des années 1920 que s'était forgée en Mésopotamie (l'ancien Irak), à l'époque paléo-babylonienne une culture mathématique dont l'objet n'était pas purement utilitariste[9].
170
+
171
+ Plusieurs des tablettes d'argile qui ont été retrouvées et analysées montrent que la relation entre les longueurs des côtés du rectangle et celle de sa diagonale (soit entre les longueurs des côtés d’un triangle rectangle) était connue[10] et utilisée pour résoudre des problèmes calculatoires[11]. La tablette Plimpton 322 datant de vers -1800 donne une liste de nombres associés à des triplets pythagoriciens, soit des entiers (a, b, c) satisfaisant la relation a2 + b2 = c2. La tablette ne donne que deux nombres du triplet, mais les associe explicitement au plus petit côté et à la diagonale d'un rectangle[1].
172
+
173
+ Il n'y a pas trace de l'énoncé d'un théorème, et les historiens préfèrent souvent utiliser un autre mot, certains parlent par exemple de « règle de Pythagore »[12]. Ni celle-ci, ni le principe qui la sous-tend ne sont explicitement énoncés non plus, mais les exemples montrent bien qu'une règle générale est connue[13].
174
+
175
+ La datation et l'origine exacte des tablettes d'argile n'est pas toujours évidente, beaucoup de celles-ci ont été achetées sur le marché des antiquités comme la tablette Plimpton 322, mais les historiens peuvent s'appuyer sur des éléments linguistiques, et les similarités avec celles dont l'origine est connue, ayant été obtenues par des fouilles archéologiques régulières. Les traces que l'on a des cultures antérieures rendent peu vraisemblable la découverte de la « règle de Pythagore », avant -2300, celle-ci pourrait apparaître entre -2025 et -1825[14].
176
+
177
+ En Inde, un énoncé du théorème, sous sa forme la plus générale, apparait dans l'Apastamba (en), l'un des Śulba-Sūtras, ces traités du cordeau qui codifient les règles des constructions destinées aux rituels védiques. Ceux-ci ont été rédigés entre le VIIIe et le IVe siècle avant notre ère (par ailleurs certains triplets pythagoriciens sont mentionnés dans des textes bien antérieurs). Les Sulbasutras parlent du rectangle et de sa diagonale, plutôt que de triangle[15].
178
+
179
+ Le théorème apparaît également en Chine dans le Zhoubi suanjing (« Le Classique mathématique du Gnomon des Zhou »), un des plus anciens ouvrages mathématiques chinois[16]. Ce dernier, écrit probablement durant la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220), regroupe des techniques de calcul datant de la dynastie Zhou (Xe siècle av. J.-C. à -256). Le théorème ou procédure s’énonce de la manière suivante :
180
+
181
+ « En réunissant l’aire (mi) de la base (gou) et l’aire de la hauteur (gu), on engendre l’aire de l’hypoténuse. »
182
+
183
+ Mais la question se pose de savoir si ce théorème — ou cette procédure — était muni ou non d’une démonstration. Sur ce point les avis sont partagés[17]. Le théorème, sous le nom de Gougu (à partir des mots « base » et « altitude »), est repris dans le Jiuzhang suanshu (Les neuf chapitres sur l'art mathématique, 100 av. J.-C. à 50), avec une démonstration, utilisant un découpage et une reconstitution, qui ne ressemble pas à celle d’Euclide et qui illustre l'originalité du système démonstratif chinois[18].
184
+
185
+ Aucun texte connu de l'Égypte antique ne permet d'attribuer aux Égyptiens une connaissance en rapport avec le théorème de Pythagore, avant un document écrit sur papyrus en démotique, généralement daté vers 300 av. J.-C. qui mentionne trois triplets pythagoriciens[19]. Ceci peut tenir à la fragilité du support employé : peu de textes mathématiques de l'Égypte antique nous sont parvenus. Mais le plus notable d'entre eux, le papyrus Rhind, une copie effectuée vers 1650 d'un document datant de 1800 av. J.-C., apparaît comme une somme des connaissances mathématiques de l'époque. Or ni triplets pythagoriciens, ni rien en rapport avec le théorème, n'y apparaît, ce qui laisse penser qu'il est ignoré à ces dates[20].
186
+
187
+ Il n'est cependant pas impossible que le triangle rectangle 3-4-5, celui dont les côtés correspondent au triplet pythagoricien le plus simple, soit connu en Égypte dès une époque assez ancienne. Plutarque décrit (à la fin du Ier siècle de notre ère) une interprétation symbolique religieuse du triangle[21]. Mais à l'époque de Plutarque, le syncrétisme religieux a cours dans l'Égypte sous domination romaine, après avoir été gouvernée par les Ptolémées, et il est délicat de déterminer l'origine de cette interprétation, encore plus de la dater[22].
188
+
189
+ L'hypothèse de l'utilisation en architecture du triangle 3-4-5 obtenu en utilisant des cordes, éventuellement pourvues de nœuds espacés régulièrement, et tendues en particulier pour tracer des angles droits, est pour le moins discutée[23],[24]. Les faces de la pyramide de Khephren ont une pente de 4/3, mais il existe des explications simples pour leur construction, qui ne supposent pas la connaissance du triangle correspondant[25]. Pour les tracés horizontaux, au vu de ce que l'on sait des cordes disponibles à l'époque et de leur élasticité, la précision de la méthode ne paraît pas compatible avec celle des constructions de grande dimension de l'Égypte antique[26], mais pourrait fonctionner pour des salles ou des édifices de plus petite dimension[27]. Ainsi le tracé d'une voûte elliptique datant de la XXe dynastie découvert par Georges Daressy correspond à une ellipse dont le foyer, le centre et une intersection avec le petit axe, forment un triangle 3-4-5. Par ailleurs une ellipse peut, elle-même, se tracer facilement à l'aide d'une corde tendue[28].
190
+
191
+ Il reste que la connaissance de ce que le triangle 3-4-5 est droit, même si elle n'a rien d'invraisemblable, n'attesterait de toute façon nullement que les carrés des côtés aient été comparés, encore moins de la connaissance du théorème de Pythagore[29].
192
+
193
+ Le théorème et sa conclusion, accompagnés de démonstrations, concluent le livre I des Éléments d'Euclide, rédigés probablement au début du IIIe siècle av. J.-C.[30]. Le théorème lui-même est donné à la proposition XLVII sous la forme suivante[31] :
194
+
195
+ « Aux triangles rectangles, le carré du côté qui soutient l’angle droit, est égal aux carrés des deux autres côtés. »
196
+
197
+ Sa réciproque est la proposition XLVIII[31] :
198
+
199
+ « Si le carré de l’un des côtés d’un triangle est égal aux carrés des deux autres côtés, l’angle soutenu par ces côtés est droit. »
200
+
201
+ Proclus dans ses commentaires (autour de l’an 400) relate, avec scepticisme, que certains attribuent à Pythagore la découverte du théorème, et attribue à Euclide la démonstration qu'il donne dans ses Éléments[32]. Les témoignages connus au sujet des contributions mathématiques de Pythagore sont tardifs : au plus tôt du Ier siècle av. J.-C., alors que Pythagore aurait vécu au VIe siècle avant notre ère. Un distique attribué à Apollodore de Cyzique (IVe siècle av. J.-C.) et cité par Plutarque (Ier siècle de notre ère) pourrait faire exception s'il s'agit bien du théorème[33], mais Plutarque lui-même en doute[34]. L'identité exacte de l'auteur du distique, et donc la date de sa composition, n'ont d'ailleurs elles-mêmes rien d'évident[33]. Il n'y a cependant aucun doute que le théorème était connu des grecs bien avant Euclide, par exemple Hippocrate de Chio (Ve siècle av. J.-C.), l'auteur du théorème des deux lunules, ne pouvait l'ignorer. Aussi certains historiens ont tenté de reconstituer leurs démonstrations, celle d'Euclide ayant pu être contrainte par la structure de son traité axiomatique. Ainsi n'a-t-il pas encore abordé les proportions quand il démontre le théorème de l'hypoténuse au livre I, ce qui lui interdit une démonstration analogue à celle par les triangles semblables[35].
202
+
203
+ Le théorème de Pythagore joue un rôle dans la découverte par les mathématiciens grecs, probablement au Ve siècle av. J.-C., de grandeurs incommensurables (qui ne peuvent pas être mesurées avec une même unité), prémisse des nombres irrationnels, en particulier à travers le cas particulier du triangle rectangle isocèle, pour lequel on dispose d'une démonstration particulièrement simple par duplication du carré[36] : un carré dont le côté sert d’unité a une diagonale dont le carré de la longueur vaut 2.
204
+
205
+ L'incommensurabilité a pu être mise en évidence géométriquement, sans qu'il soit question de racine carrée donc sans recourir au théorème de Pythagore[37], mais le théorème de Pythagore autorise une preuve arithmétique, dans le cas de la diagonale du carré en montrant qu'aucune fraction d’entiers n’a de carré égal à 2, soit l'irrationalité de √2[37].
206
+
207
+ Une thèse très répandue chez les historiens jusqu'au milieu du XXe siècle, mais discutée ensuite, est que l'incommensurabilité joue un rôle important dans le développement des mathématiques grecques pré-euclidiennes[38].
208
+
209
+ Plusieurs centaines de démonstrations différentes[39] ont été répertoriées pour le théorème de Pythagore. La plupart sont construites sur des égalités d’aire obtenues par découpage et recollement, voire en utilisant des rapports d’aire de triangles semblables. La définition du produit scalaire en géométrie repérée fournit aussi une démonstration purement algébrique. De nombreuses autres démonstrations ont été recensées[39], utilisant des outils mathématiques variés. Léonard de Vinci[40] et même le président américain James Garfield[41] en ont proposé.
210
+
211
+ La démonstration présentée par Euclide dans les Éléments s’appuie sur les précédentes propositions, en particulier la proposition IV — en termes modernes deux triangles ayant un angle de même mesure entre deux côtés de mêmes longueurs sont isométriques, et la proposition XLI du livre Ier (voir aire d'un triangle) :
212
+
213
+ « Si un parallélogramme et un triangle ont une même base, et sont entre mêmes parallèles ; le parallélogramme sera [d’aire] double du triangle. »
214
+
215
+ Sur les côtés d’un triangle ABC rectangle en A, sont construits extérieurement des carrés BCED, ABFG et ACIH. La hauteur de ABC issue de A coupe le côté opposé [BC] en J et le segment [DE] en K.
216
+
217
+ Il s’agit de démontrer que l’aire du carré BCED est égale à la somme des aires des carrés ABFG et ACIH.
218
+
219
+ Les triangles BCF et ABD ont même angle en B (c’est-à-dire l’angle du triangle ABC augmenté d’un angle droit) et par construction, BF = AB et BC = BD. Donc les triangles BCF et ABD ont même aire. Or d’après la proposition XLI, l’aire du triangle BCF vaut la moitié de celle du carré ABFG et l’aire du triangle ABD vaut la moitié de celle du rectangle BDKJ. Donc le carré ABFG et le rectangle BDKJ ont même aire.
220
+
221
+ De même, les triangles BCI et ACE ont même angle en C avec les égalités AC = CI et BC = CE donc ils ont même aire, donc d’après la proposition XLI, le carré ACIH a même aire que le rectangle CEKJ.
222
+
223
+ Finalement, le carré BCED se décompose en deux rectangles BDKJ et CEKJ, dont les aires sont celles de ABFG et ACIH respectivement, ce qui termine la démonstration.
224
+
225
+ Pappus d'Alexandrie donne une démonstration de son théorème sur les aires, pour un triangle quelconque sur les côtés duquel sont construits des parallélogrammes, qui fournit en la particularisant au triangle rectangle sur les côtés duquel sont construits des carrés, une démonstration du théorème de Pythagore, alternative à celle d'Euclide[42].
226
+
227
+ Les deux sections suivantes présentent des méthodes de découpage et réorganisation des morceaux, qui rentrent souvent dans la catégorie des preuves sans mots.
228
+
229
+ Le théorème de Gougu[43],[44] de gou (base) et gu (hauteur)[45] est reconstitué d’après les commentaires du mathématicien chinois Liu Hui (IIIe siècle apr. J.-C.) sur le Jiuzhang suanzhu 九章算術 « Les Neuf Chapitres sur l'art mathématique » (206 av.–220 apr. J.-C.), et le Zhoubi Suanjing 周髀算經, « Le Classique mathématique du Gnomon des Zhou » (un livre d’astronomie). Le neuvième chapitre du livre Les neuf chapitres, classique mathématique de la Chine ancienne, s’ouvre sur un énoncé du théorème de Pythagore avec le commentaire laconique : « la base multipliée par elle-même fait un carré vermillon, la hauteur multipliée par elle-même un carré bleu-vert et l’on fait en sorte que ce qui entre et ce qui sort se compense l’un l’autre (...) alors (...) on engendre par réunion l’aire du carré de l’hypoténuse ». Cette preuve utilise le principe du puzzle : deux surfaces égales après découpage fini et recomposition ont même aire. Euclide, dans sa propriété de cisaillement, utilise le même principe.
230
+
231
+ L’absence d’illustration associée à ce commentaire réduit les historiens à émettre des conjectures pour sa reconstitution. Le dessin ci-contre est proposé par Jean-Claude Martzloff[46] d’après une édition de 1892 des Neuf chapitres. Le triangle rectangle y est tracé en gras, le carré de la hauteur a été tracé à l’extérieur du triangle, le carré de la base et celui de l’hypoténuse sont tournés vers le triangle. Les parties des carrés des côtés de l’angle droit qui dépassent du carré de l’hypoténuse ont été découpées et replacées à l’intérieur de ce carré. Le triangle rouge est égal au triangle de départ. Le triangle jaune a pour grand côté de l’angle droit le petit côté du triangle de départ et a mêmes angles que le triangle initial. Le triangle bleu a pour grand côté de l’angle droit, la différence des côtés du triangle initial et a mêmes angles que le triangle initial.
232
+
233
+ Karine Chemla[47] appuie plutôt son raisonnement sur une figure fondamentale associée au texte du Zhoubi suanjing et formée d’un triangle 3 - 4 - 5 dans laquelle on peut lire de nombreuses relations liant les trois côtés du triangle rectangle. Elle interprète le commentaire de Liu Hui comme une nouvelle lecture de la figure fondamentale avec déplacement des 3 pièces 1 - 2 - 3 de l’extérieur du carré dans le carré de l’hypoténuse.
234
+
235
+ Quant à Li Jimin[48], il attribue au Zhoubi Suanjian la paternité de la première démonstration, il s’appuie lui aussi sur la figure fondamentale et fait pivoter les triangles (1-2) et 3 sur leur pointe pour les installer dans le carré de l’hypoténuse. Un tel découpage, avec pivotement des deux triangles, apparait également en Europe au XIXe siècle chez George Biddell Airy et Philip Kelland[49].
236
+
237
+ Pour un triangle rectangle donné, il est possible de l’inscrire en quatre exemplaires dans les coins d’un carré dont le côté a pour longueur la somme des longueurs des cathètes. Les quatre hypoténuses forment alors un carré, par égalité de longueur et sachant que chacun de ses angles est supplémentaire des deux angles aigus du triangle.
238
+
239
+ Avec les notations usuelles, l’aire totale du grand carré vaut donc (a + b)2 et l’aire du carré intérieur vaut c2. La différence est constituée par quatre triangles d’aire ab/2 chacun.
240
+
241
+ La relation algébrique entre ces aires s’écrit alors (a + b)2 = 4 (ab/2) + c2, c’est-à-dire a2 + 2ab + b2 = 2ab + c2, ce qui revient à a2 + b2 = c2.
242
+
243
+ Avec une deuxième figure inscrite dans le même grand carré, les deux carrés formés sur les côtés du triangle rectangle s’obtiennent eux aussi par soustraction de quatre copies du triangle initial.
244
+
245
+ Il n’y a pas trace de la démonstration qu’aurait conçue Pythagore et les historiens envisagent deux types de démonstrations : ou bien une démonstration fondée sur un découpage comme celui de Gougu ou une démonstration utilisant les proportionnalités des triangles découpés par la hauteur issue de l’angle droit[7].
246
+
247
+ Soit H le pied de la hauteur issue de C, celle-ci découpe le triangle ACB en deux triangles rectangles HAC et HCB semblables au triangle initial, par égalités des angles, puisqu'ils partagent à chaque fois un des angles non droits. Les aires de ces trois triangles semblables, portées par les trois côtés AC, CB et AB sont proportionnelles aux carrés de ces côtés. L'égalité des aires :
248
+
249
+ donne donc le théorème de Pythagore, en simplifiant par le coefficient de proportionnalité :
250
+
251
+ On peut également proposer une variante un peu plus calculatoire de cette démonstration sans passer par les aires : le rapport de similitude entre les triangles HAC et CAB implique
252
+
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+
258
+
259
+ A
260
+ H
261
+
262
+
263
+ A
264
+ C
265
+
266
+
267
+
268
+
269
+ =
270
+
271
+
272
+
273
+
274
+ A
275
+ C
276
+
277
+
278
+ A
279
+ B
280
+
281
+
282
+
283
+
284
+
285
+
286
+ {\displaystyle {\dfrac {AH}{AC}}={\dfrac {AC}{AB}}}
287
+
288
+ soit
289
+
290
+
291
+
292
+ A
293
+ H
294
+
295
+ A
296
+ B
297
+ =
298
+ A
299
+
300
+ C
301
+
302
+ 2
303
+
304
+
305
+
306
+
307
+ {\displaystyle AH\cdot AB=AC^{2}}
308
+
309
+ . De même, le rapport de similitude entre les triangles HCB et CAB implique
310
+
311
+
312
+
313
+
314
+
315
+
316
+
317
+ H
318
+ B
319
+
320
+
321
+ C
322
+ B
323
+
324
+
325
+
326
+
327
+ =
328
+
329
+
330
+
331
+
332
+ C
333
+ B
334
+
335
+
336
+ A
337
+ B
338
+
339
+
340
+
341
+
342
+
343
+
344
+ {\displaystyle {\dfrac {HB}{CB}}={\dfrac {CB}{AB}}}
345
+
346
+ soit
347
+
348
+
349
+
350
+ H
351
+ B
352
+
353
+ A
354
+ B
355
+ =
356
+ B
357
+
358
+ C
359
+
360
+ 2
361
+
362
+
363
+
364
+
365
+ {\displaystyle HB\cdot AB=BC^{2}}
366
+
367
+ en additionnant, il vient
368
+
369
+
370
+
371
+ (
372
+ A
373
+ H
374
+ +
375
+ H
376
+ B
377
+ )
378
+
379
+ A
380
+ B
381
+ =
382
+ A
383
+
384
+ B
385
+
386
+ 2
387
+
388
+
389
+ =
390
+ A
391
+
392
+ C
393
+
394
+ 2
395
+
396
+
397
+ +
398
+ B
399
+
400
+ C
401
+
402
+ 2
403
+
404
+
405
+
406
+
407
+ {\displaystyle (AH+HB)\cdot AB=AB^{2}=AC^{2}+BC^{2}}
408
+
409
+ . CQFD
410
+
411
+ Cette démonstration est à rapprocher de celle du théorème de Ptolémée en prenant un rectangle comme quadrilatère.
412
+
413
+ Cette preuve s'inscrit dans un contexte tout à fait différent. Dans un espace vectoriel euclidien, les définitions mêmes de la norme, du produit scalaire et de l'orthogonalité sont déjà d'une certaine façon associées à une forme du théorème de Pythagore (voir ci-dessus).
414
+
415
+ Par bilinéarité du produit scalaire, pour deux vecteurs quelconques
416
+
417
+
418
+
419
+
420
+
421
+
422
+ u
423
+
424
+
425
+
426
+
427
+
428
+
429
+ {\displaystyle {\vec {u}}}
430
+
431
+ et
432
+
433
+
434
+
435
+
436
+
437
+
438
+ v
439
+
440
+
441
+
442
+
443
+
444
+
445
+ {\displaystyle {\vec {v}}}
446
+
447
+  :
448
+
449
+ soit :
450
+
451
+ ce qui, en définissant l'orthogonalité de deux vecteurs par la nullité de leur produit scalaire, fournit
452
+ une version vectorielle du théorème de Pythagore (et de sa réciproque).
453
+
454
+ Dans un espace affine euclidien la longueur AB d'un segment [AB] est la norme du vecteur
455
+
456
+
457
+
458
+
459
+
460
+
461
+ A
462
+ B
463
+
464
+
465
+
466
+
467
+
468
+
469
+ {\displaystyle {\overrightarrow {AB}}}
470
+
471
+ . Les vecteurs portés par les côtés d’un triangle ABC vérifient la relation de Chasles :
472
+
473
+ et le résultat précédent donne :
474
+
475
+ autrement dit le théorème de Pythagore et sa réciproque, quand l'orthogonalité est définie par la nullité du produit scalaire.
476
+
477
+ Le théorème de Pythagore étant un théorème portant sur des aires, celles des carrés dont les bases sont les cotés du triangle, on peut le visualiser grâce à des réservoirs de liquide de volume proportionnel aux différentes aires. On peut alors constater que le volume du plus grand réservoir est égal à la somme des volumes des deux autres réservoirs plus petits. Il ne s'agit cependant pas d'une démonstration.
478
+ On peut également citer d'autres méthodes non mathématiques, par exemple il en existe une mécanique utilisant un équilibre de forces[50].
479
+
480
+ La loi des cosinus ou théorème d'Al-Kashi donne une formule faisant intervenir les longueurs des côtés et le cosinus de l'un des angles d'un triangle quelconque. L’angle de mesure γ, le côté opposé de longueur c et les deux autres côtés de longueurs respectives a et b sont reliés par la relation :
481
+
482
+ c
483
+
484
+ 2
485
+
486
+
487
+ =
488
+
489
+ a
490
+
491
+ 2
492
+
493
+
494
+ +
495
+
496
+ b
497
+
498
+ 2
499
+
500
+
501
+
502
+ 2
503
+
504
+ a
505
+
506
+ b
507
+
508
+ cos
509
+
510
+ (
511
+ γ
512
+ )
513
+
514
+
515
+ {\displaystyle c^{2}=a^{2}+b^{2}-2\,a\,b\,\cos(\gamma )}
516
+
517
+ .
518
+
519
+ Si l’angle γ est droit, son cosinus est nul et la formule se réduit à la relation du théorème de Pythagore. S'il n'est pas droit, le cosinus de l'angle γ est non nul, ce qui donne la réciproque. Cette généralisation permet de traiter des problèmes de calcul d’angles et de distances dans un triangle quelconque.
520
+
521
+ Euclide mentionne dans les Éléments[31] (proposition 31 du livre VI) :
522
+
523
+ « Dans les triangles rectangles, la figure construite sur l’hypoténuse est équivalente à la somme des figures semblables et semblablement construites sur les côtés qui comprennent l’angle droit. »
524
+
525
+ En appliquant cette généralisation à des demi-disques formés sur chaque côté d’un triangle rectangle, il en découle le théorème des deux lunules, selon lequel l’aire du triangle rectangle est égale à la somme des aires des lunules dessinées sur chaque côté de l’angle droit.
526
+
527
+ Pappus d'Alexandrie, à la proposition 1 du livre IV de sa Collection Mathématique[51], donne une autre généralisation — nommée souvent en France théorème de Clairaut — valable sur un triangle quelconque, sur les côtés duquel sont construits des parallélogrammes : sur le dessin ci-contre, la somme des aires des deux parallélogrammes en gris foncé égale celle du parallélogramme en gris clair. Pappus prenait le parallélogramme BUVC, plutôt que LBCM dont il est le translaté.
528
+
529
+ L’hypoténuse d’un triangle rectangle pouvant se concevoir comme la diagonale d’un rectangle, une généralisation du théorème en dimension supérieure peut s’énoncer comme suit :
530
+
531
+ Dans un pavé droit, le carré de la grande diagonale est égal à la somme des carrés des dimensions du pavé.
532
+
533
+ Ce résultat est équivalent au calcul de la longueur d’un segment à partir des coordonnées cartésiennes de ses extrémités dans un repère orthonormé :
534
+
535
+ A
536
+ B
537
+
538
+ =
539
+
540
+
541
+
542
+ (
543
+
544
+ x
545
+
546
+ B
547
+
548
+
549
+
550
+
551
+ x
552
+
553
+ A
554
+
555
+
556
+
557
+ )
558
+
559
+ 2
560
+
561
+
562
+ +
563
+ (
564
+
565
+ y
566
+
567
+ B
568
+
569
+
570
+
571
+
572
+ y
573
+
574
+ A
575
+
576
+
577
+
578
+ )
579
+
580
+ 2
581
+
582
+
583
+ +
584
+ (
585
+
586
+ z
587
+
588
+ B
589
+
590
+
591
+
592
+
593
+ z
594
+
595
+ A
596
+
597
+
598
+
599
+ )
600
+
601
+ 2
602
+
603
+
604
+
605
+
606
+
607
+
608
+ {\displaystyle AB{=}{\sqrt {(x_{B}-x_{A})^{2}+(y_{B}-y_{A})^{2}+(z_{B}-z_{A})^{2}}}}
609
+
610
+ ou, en dimension supérieure, si A est de coordonnées (xi) et B de coordonnées (x'i) :
611
+
612
+ A
613
+ B
614
+
615
+ =
616
+
617
+
618
+
619
+
620
+
621
+
622
+ i
623
+
624
+
625
+ (
626
+
627
+ x
628
+
629
+ i
630
+
631
+
632
+
633
+
634
+
635
+ x
636
+
637
+ i
638
+
639
+
640
+
641
+ )
642
+
643
+ 2
644
+
645
+
646
+
647
+
648
+
649
+
650
+ {\displaystyle AB{=}{\sqrt {\sum _{i}(x'_{i}-x_{i})^{2}}}}
651
+
652
+ .
653
+
654
+ Cette dernière formule est encore valable dans un espace de Hilbert de dimension infinie et aboutit notamment à la formule de Parseval.
655
+
656
+ Le théorème de Gua donne une autre généralisation du théorème de Pythagore dans un espace euclidien : si un tétraèdre a toutes ses arêtes orthogonales en un sommet alors le carré de l’aire de la face opposée au coin est la somme des carrés des aires des trois autres faces.
657
+
658
+ La recherche exhaustive des triplets pythagoriciens est un problème arithmétique à part entière. Elle a pu être motivée par la construction de triangles rectangles dont les longueurs des côtés sont commensurables. Elle ouvre la porte à la recherche de triplets satisfaisant une équation plus générale : an + bn = cn, où l’exposant n est un entier supérieur à 2. L’absence de solution lorsque l’exposant est supérieur ou égal à 3 est la conjecture de Fermat, qui n’a été définitivement démontrée que plus de trois siècles plus tard par Andrew Wiles.
659
+
660
+ Le théorème de Pythagore est équivalent (en admettant les autres axiomes de la géométrie) à l'axiome des parallèles[52], qui peut être rédigé ainsi :
661
+
662
+ Axiome des parallèles — Par un point, il passe une et une seule droite parallèle à une droite donnée.
663
+
664
+ Cela signifie que, dans les axiomes de la géométrie euclidienne, on peut remplacer l'« axiome » des parallèles par le « théorème » de Pythagore sans que les autres résultats de la géométrie soient modifiés. Les statuts d'axiome et de théorème de ces deux résultats sont alors inversés : le « théorème » de Pythagore devient un axiome (une vérité de base, indémontrable, sur laquelle s'appuie la théorie) et l'« axiome » des parallèles devient un théorème, qui peut être démontré à l'aide de Pythagore.
665
+
666
+ Dans d'autres géométries, l'axiome des parallèles est remplacé par un autre qui le contredit, et le théorème de Pythagore n'est donc plus vrai.
667
+
668
+ En trigonométrie sphérique, si un triangle est formé par trois arcs de grands cercles à la surface d’une sphère de rayon R et si deux de ces arcs se croisent à angle droit, la relation du théorème de Pythagore n’est plus valable, comme dans le cas du triangle équilatéral trirectangle. Elle doit être remplacée par la formule[53] :
669
+
670
+
671
+
672
+
673
+
674
+ c
675
+
676
+
677
+ {\displaystyle c}
678
+
679
+ est la longueur de l’arc opposé à l’angle droit.
680
+
681
+ Une relation similaire existe en géométrie hyperbolique[54] pour une courbure constante égale à −1 :
682
+
683
+ où cosh désigne la fonction cosinus hyperbolique.
684
+
685
+ Dans les deux cas, un développement limité à l’ordre 2 redonne, pour des triangles de faible dimension, la relation du théorème de Pythagore en géométrie plane.
686
+
687
+ Plus généralement, la propriété résiste mal au transfert dans d’autres géométries à cause de leur courbure :
688
+
689
+ Dans le cadre de la relativité générale, l’espace euclidien est remplacé par un espace courbe où les segments sont remplacés par des géodésiques.
690
+ La théorie de la relativité générale soutient que la matière et l’énergie conduisent l’espace à être non euclidien et le théorème ne s’applique donc pas strictement en présence d’énergie. Cependant, la déviation par rapport à l’espace euclidien est faible sauf auprès d’imposantes sources gravitationnelles comme les trous noirs. Déterminer si le théorème est enfreint sur d’importantes échelles cosmologiques, c’est-à-dire mesurer la courbure de l’Univers, est un problème ouvert pour la cosmologie.
691
+
692
+ En informatique, le calcul direct de la longueur de l'hypoténuse par le théorème de Pythagore, par élévation au carré puis racine carrée de la somme, peut conduire pour des valeurs extrêmes (très grandes ou très faibles en valeur absolue) à des erreurs de dépassement ou de soupassement : l'étape intermédiaire d'élévation au carré peut mener à des résultats non représentables, par exemple pour la norme très utilisée IEEE 754, et donc à un résultat final de 0 ou « infini », alors même que le résultat final est lui-même représentable. L'algorithme de Moler-Morrisson, dérivé de la méthode de Halley, est une méthode itérative efficace qui évite ce problème.[55].
693
+
694
+ Le théorème de Pythagore est mentionné dans La Planète des singes, de Pierre Boulle. Le narrateur, considéré comme un animal dépourvu d’intelligence, détrompe en effet son interlocuteur en traçant une figure géométrique qui illustre le théorème.
695
+
696
+ Le chansonnier Franc-Nohain a composé un quatrain qui cite le théorème[56] :
697
+
698
+ Le carré de l’hypoténuse
699
+ Est égal, si je ne m’abuse
700
+ À la somme des carrés
701
+ Construits sur les autres côtés.
702
+
703
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,105 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La tectonique des plaques (du latin tardif tectonicus, dérivé du grec ancien τεκτονικός / tektonikós « de construction ») est un modèle scientifique expliquant la dynamique globale de la lithosphère terrestre. Ce modèle théorique a été constitué à partir du concept de dérive des continents, qui fut développé par Alfred Wegener au début du XXe siècle. La théorie de la tectonique des plaques fut acceptée par la communauté géologique internationale à la fin des années 1960, à la suite de l'émission des concepts du « double tapis-roulant océanique ».
2
+
3
+ La lithosphère, coque externe rigide de la Terre constituée de la croûte et d'une partie du manteau supérieur, est subdivisée en plaques, dites tectoniques ou lithosphériques. Quinze plaques majeures ont été identifiées, auxquelles se rajoute une cinquantaine de plaques mineures. Ces plaques ont des mouvements relatifs variés, ce qui génère entre elles différents types de frontières : convergentes, divergentes ou transformantes. Au niveau de ces frontières se produisent de nombreux phénomènes géologiques tels que les séismes, l'activité volcanique, la formation de chaînes de montagnes et celle de fosses océaniques. La vitesse du mouvement relatif de deux plaques voisines varie entre 0 et 100 mm/an.
4
+
5
+ Les plaques tectoniques sont constituées d'une lithosphère océanique et/ou continentale, caractérisée par les croûtes des mêmes noms respectifs, sous lesquelles se trouve la zone rigide du manteau supérieur.
6
+
7
+ Le mouvement de ces plaques est possible du fait que la lithosphère, rigide, flotte sur l'asthénosphère sous-jacente, partie ductile du manteau supérieur. Ce mobilisme lithosphérique est l'expression des mouvements de convection qui animent le manteau terrestre, mécanisme permettant à la Terre de dissiper sa chaleur interne vers la surface.
8
+
9
+ Pendant plusieurs siècles, les sciences de la Terre ont été dominées par la théorie fixiste qui repose sur le constat de l'état solide de la quasi-totalité du globe terrestre et de la surface terrestre qui présente une géométrie immuable, stable.
10
+
11
+ Dès 1596, dans son ouvrage Thesaurus geographicus, le cartographe anversois Abraham Ortelius remarque la ressemblance du tracé des côtes américaines et africaines. Il émet l’hypothèse que ces continents ont autrefois été réunis, et qu’ils ont été séparés à la suite de catastrophes : inondations et séismes. Francis Bacon souligne également cette complémentarité en 1620. Dans la Corruption du grand et petit Monde (1668) le père François Placet affirme que la séparation de l'Amérique du reste des continents s'est produite pendant le déluge universel[1]. En 1756, le théologien allemand Theodor Christoph Lilienthal (de) découvre la confirmation biblique de cette séparation en interprétant avec peu de vraisemblance un passage du livre de la Genèse[2].
12
+
13
+ Le pas final vers une vraie théorie de la dérive des continents revient en 1858 au géographe Antonio Snider-Pellegrini dans son mémoire intitulé La Création et ses mystères dévoilés. Il propose une première ébauche d'explication rationnelle de la complémentarité des côtes d'Europe et d'Amérique du Nord par la ressemblance des flores fossiles du Carbonifère dans ces deux continents. Pour Snider, un bloc primitif de roches en fusion aurait occupé une seule face de la Terre puis, refroidi, se serait rompu, créant l'Atlantique qui sépare les deux continents ; ceux-ci se seraient ensuite déplacés à la surface de la Terre. Cependant Snider, tenant de l'orthodoxie chrétienne, invoque encore la théorie du catastrophisme pour attribuer le phénomène du refroidissement au Déluge[3].
14
+
15
+ Les hommes de science, imprégnés de la théorie de l'uniformitarisme qui s'est imposée à la fin du XIXe siècle, continuent à croire ferme à la pérennité des mers et des continents. Pourtant, quelques mobilistes (tenants de la théorie mobiliste qui considère que d'importants mouvements horizontaux animent la Terre) se sont exprimés.
16
+
17
+ Jusqu'au début du XXe siècle, la mobilité verticale de la terre est admise (d'après l'observation des séismes, des volcans en formation) mais pas la mobilité horizontale.
18
+
19
+ La théorie fixiste reste cependant dominante et seuls les déplacements verticaux demeurent expliqués. Le géologue Léonce Élie de Beaumont développe l'hypothèse de « systèmes de soulèvement » pour expliquer l'orogenèse. À la fin du XIXe siècle, Eduard Suess remplace l'hypothèse des « soulèvements » par celle des « affaissements » : adepte de la théorie de la contraction de la Terre[a], il propose que les montagnes résultent de plissements tandis que les océans proviennent de l'effondrement des ponts terrestres. Cependant, plusieurs contraintes (distribution bimodale des altitudes[b], quasi constance de la gravité à la surface du globe) rendent ces modèles fixistes inopérants[4].
20
+
21
+ Le géologue Frank Bursley Taylor formule en 1908, dans une communication à la Société américaine de géologie, l'hypothèse de la dérive continentale, se fondant sur le fait qu'on retrouve des chaînes de montagnes sur les marges continentales opposées des côtes atlantiques, comme les Rocheuses en Amérique du Nord et les Andes en Amérique du Sud. Ces chaînes se seraient formées par un effet de boutoir causé par la dérive des continents.
22
+
23
+ Le 6 janvier 1912, le météorologue allemand Alfred Wegener, sans connaître semble-t-il les travaux de Taylor, présente à la Société géologique de Francfort-sur-le-Main un exposé cohérent et argumenté de la théorie de la dérive des continents, avec plusieurs éléments de démonstration, ce qui explique que la paternité de cette théorie lui est attribuée[5]. Pour lui, un supercontinent, la Pangée (mot formé de deux noms grecs, Pan, et gê, Terre tout entière) s'est disloqué au début de l'ère secondaire, entraînant l'ouverture de l'Atlantique Nord et la séparation de l'Antarctique, puis l'ouverture de l'Atlantique Sud. Depuis cette ère, les masses continentales issues de cette fragmentation dériveraient à la surface de la Terre, telles des radeaux. Wegener publie un ouvrage en 1915, Genèse des océans et des continents : théories des translations continentales, dans lequel il précise les nombreuses preuves sur lesquelles il s'appuie : preuves morphologiques (emboîtement des formes des continents, comme la corne nord-est du Brésil et le fond du golfe de Guinée), stratigraphiques (continuité stratigraphique entre l'Afrique et l'Amérique du Sud qui se traduit par l'existence des cratons faits de tonalites ou boucliers qui datent du Paléozoïque), paléoclimatiques (existence de galets striés datant du primaire en Afrique du Sud et en Amérique du Sud, ce qui témoigne que les deux continents ont subi les mêmes influences glaciaires durant l'ère Paléozoïque) et paléontologiques (même faune et flore du primaire au rang desquelles les mésosaures, les cygnonatus et les glossoptéris, sorte de fougère à graines du Paléozoïque).
24
+
25
+ Cette intuition, pourtant étayée par des arguments interdisciplinaires convaincants, est rejetée par une bonne partie de la communauté scientifique (Du Rietz (de), Ludwig Diels ou Harold Jeffreys) et ne trouve que peu de partisans, tel René Jeannel[6]. Wegener échoue en effet dans sa théorie cinématique (théorie mobiliste plus descriptive que causale) à fournir une cause plausible de cette dérive. Il pense que la croûte continentale seule se déplace, en glissant directement « dans » ou « à la surface de » la croûte océanique. Mais, dans cette vision théorique marquée encore par un certain fixisme (la dérive des continents de Wegener est d'abord une théorie de la permanence des continents), la dérive se caractérise par la formation de trous béants. Wegener propose comme explication le broutage des continents sur le fond des océans pour expliquer la dérive. De plus, l'hypothèse des « radeaux » de sial flottant sur le sima visqueux n'est pas acceptable car les sismogrammes démontrent que le sima est solide. Enfin, les forces imaginées par Wegener (forces centrifuges de la fuite des pôles, force d'Eötvös, effet de marée) pour faire dériver les continents sont trop faibles pour vaincre leur rigidité[7].
26
+
27
+ Les mécanismes et la morphologie interne de la Terre sont à cette époque encore inconnus pour une interprétation plausible de la dérive. De plus, les géologues considèrent implicitement les fonds marins comme ayant une nature identique à celle des continents[8].
28
+
29
+ Jean Goguel publie en 1942 son Introduction à l'étude mécanique des déformations de l'écorce terrestre ; en 1952, il publie son Traité de tectonique. L'hypothèse des mouvements de convection dans le manteau, émise par Arthur Holmes en 1945, propose un moteur plausible à ces déplacements de continents.
30
+
31
+ Le géologue américain Harry Hess s'appuie sur de nouvelles données scientifiques (cartes des fonds océaniques avec mise en évidence des rifts et fosses océaniques, flux de chaleur et cartes de l'âge du plancher océanique) pour élaborer en 1962 un nouveau modèle scientifique, l'expansion des fonds océaniques, appelée aussi hypothèse du double tapis roulant. Hess propose que la croûte océanique, créée au niveau des dorsales par des courants ascendants et enfouie au niveau des fosses océaniques par des courants descendants (phénomène de subsidence), est continuellement recyclée alors que la croûte continentale, à cause de sa légèreté, est condamnée à dériver à la surface de la Terre.
32
+
33
+ L'hypothèse du double tapis roulant marque une véritable révolution des sciences de la Terre[c] et affine le concept primitif de dérive des continents de Wegener. Ce dernier fait des blocs continentaux (formés de croûte continentale) le moteur de la dérive des continent alors qu'ils perdent ce rôle au profit des océans selon Hess. Pour ce dernier, les continents sont incorporés dans la lithosphère comme des morceaux de bois dans la banquise et sont entraînés passivement au gré des ouvertures et fermetures des océans.
34
+
35
+ Différentes observations permettent de vérifier l'hypothèse de l'expansion océanique.
36
+
37
+ En 1958 et 1961, les océanographes Ron G. Mason (en) et Arthur D. Raff mettent en évidence des bandes d'anomalies magnétiques symétriques par rapport à l'axe des dorsales océaniques, corrélables avec les phénomènes d'inversion du champ magnétique terrestre[10],[11]. Le géophysicien Drummond Matthews (en) et son étudiant Frederick Vine (en) interprètent cette disposition surnommée « peau de zèbre » comme la confirmation de l'hypothèse d'Hess : l'accrétion de matériau mantellique au niveau des rifts et la dérive de la croûte océanique portée par le manteau sous-jacent qui agit comme un tapis roulant de part et d'autre du rift, sont à l'origine de cette disposition caractéristique[12].
38
+
39
+ Dès lors se met en place la théorie synthétique de la tectonique des plaques qui donne une explication globale à l'expansion océanique et la sismicité des zones des fosses océaniques en modélisant le mouvement relatif de plaques tectoniques sur la sphère terrestre. En 1965, le géophysicien Tuzo Wilson développe le concept de faille transformante, ce qui lui permet de découper la surface de la Terre en une mosaïque de plaques (qu'il nomme « plaques lithosphériques ») en mouvement les unes par rapport aux autres[13]. En 1967, Dan Peter McKenzie détaille le moteur de cette tectonique, la convection mantellique[14], et avec son collègue Parker contraint le modèle avec des problèmes géométrique relatifs aux mouvements sur sphère[15]. William Jason Morgan suggère en 1968 que la tectonique terrestre peut être modélisée par un nombre réduit de plaques tectoniques (six gros blocs rigides et douze plus petits)[16]. La même année, le géodynamicien français Xavier Le Pichon propose un modèle composé de six plaques et montre leurs mouvements relatifs depuis 120 millions d'années[17]. Enfin, Jack Oliver et son étudiant Bryan Isacks parviennent à expliquer la sismicité sur tout le globe terrestre par le modèle de la tectonique des plaques[18], ce qui finit de convaincre la majorité des scientifiques à rejeter le paradigme fixiste et embrasser la toute nouvelle théorie[19].
40
+
41
+ Lors de l'exposé de sa théorie de la tectonique des plaques en 1968, Le Pichon distingue six plaques lithosphériques principales[20] :
42
+
43
+ Outre ces plaques majeures, des études plus détaillées ont conduit à distinguer un certain nombre de plaques secondaires, de moindre importance. En effet, les limites des plaques ne sont pas toujours bien définies et l'on parle de frontière de plaque « diffuse »[21].
44
+
45
+ La recherche dénombre quinze plaques principales en 2015[22].
46
+
47
+ En 2016, les simulations numériques réalisées par Mallard et al. montrent que les plaques tectoniques sont au nombre de cinquante-trois : sept grandes plaques (l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Eurasie, le Pacifique, l’Australie et l’Antarctique), couvrant 94 % de la surface du globe, entre lesquelles se trouvent quarante-six petites plaques complémentaires[23],[24].
48
+
49
+ On admet à présent que les plaques tectoniques sont portées par les mouvements du manteau asthénosphérique sous-jacent, et subissent des interactions dont les trois types principaux sont la divergence, la convergence, et le coulissage. À ces trois types d'interaction sont associées les trois grandes familles de failles :
50
+
51
+ Une zone de « divergence » apparaissant dans une croûte continentale conduit transitoirement à la formation d'un rift.
52
+
53
+ Un rift actif en zone continentale ne peut pas être une situation prolongée, parce que l'éloignement des deux bords de croûte continentale crée un vide qui sera comblé par de la croûte océanique, créant à terme un nouvel océan.
54
+
55
+ L'exemple le plus célèbre de divergence continentale est la vallée du Grand Rift en Afrique, qui est en train de séparer la plaque africaine de la plaque somalienne, qui se prolonge par le rift de la Mer Rouge, déjà en grande partie submergé, qui sépare la plaque africaine de la plaque arabique.
56
+
57
+ Quand les croûtes continentales se sont suffisamment séparées, la zone de divergence se retrouve en milieu océanique, et sépare deux surfaces constituées de croûte océanique. Une telle zone de divergence océanique éloigne deux plaques l'une de l'autre, couplé à une remontée du manteau entre elles, permettant la formation continue de croûte océanique. Leur frontière divergente correspond à une ride océanique ou dorsale, lieu de création de lithosphère océanique et théâtre de volcanisme intense.
58
+
59
+ En dehors de leurs bordures, les plaques sont rigides, de géométrie fixe : s'il y a des zones de divergence créant de la surface terrestre, il y a nécessairement aussi des zones de convergence où la surface terrestre peut disparaître. Les zones de divergence sont donc nécessairement accompagnées de zones de convergence.
60
+
61
+ Les zones de convergence sont la principale source d'orogenèse. La formation de montagnes continentales à partir de zones de convergence est un mécanisme à quatre temps.
62
+
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+ Une zone de convergence impliquant deux croûtes océaniques conduit l'une à plonger sous l'autre, dans un mouvement de subduction. La plaque inférieure s'enfonce dans une fosse océanique, et sur la bordure de la plaque supérieure se forme un arc volcanique. C'est la situation de la fosse des Mariannes, ou des Îles Kouriles. Dans ce type de convergence, la plaque inférieure se raccourcit, et la plaque supérieure reste stable.
64
+
65
+ Si la croûte océanique de la plaque inférieure se prolonge par une croûte continentale, l'entrée de cette dernière dans la fosse océanique conduira transitoirement à une situation d'obduction : la croûte océanique supérieure passe au-dessus de la croûte continentale inférieure. Cette situation est transitoire, parce que la croûte continentale, moins dense, ne peut pas s'enfoncer et bloque le mouvement de convergence. Si la convergence se poursuit, c'est la croûte continentale (moins dense, d = 2,7), éventuellement chevauchée par des roches d'origine océanique, qui prendra le dessus, et la croûte océanique (la plus dense, d = 3,2) plongera à son tour dans un mouvement de subduction inversé, conduisant à une marge continentale active, ou marge de convergence.
66
+
67
+ Une marge continentale active est une zone de convergence qui met en contact une croûte continentale supérieure et une croûte océanique plongeant sous celle-ci dans une fosse de subduction. La côte ouest de l'Amérique du Sud en est un exemple. La subduction d'une plaque sous une autre entraîne de nombreuses conséquences, comme un volcanisme andésitique (ou explosif ou volcan gris), de nombreux tremblements de terre et surtout la formation des plis et des failles.
68
+
69
+ Enfin, si la convergence le long d'une marge continentale active a consommé toute la croûte océanique, elle conduit à une zone de collision, là où deux croûtes continentales se confrontent. Le moteur du mécanisme de subduction se bloque. Il n'est pas assez puissant pour faire plonger l'une des plaques dans l'asthénosphère à cause de leur faible densité. Les deux plaques se soudent pour n'en former qu'une seule. C'est le cas notamment de la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre la plaque indienne et la plaque eurasiatique ; cette rencontre s'est produite il y a 65 millions d'années à la faveur de la migration du continent indien. Les Alpes et les chaînes de l'Atlas sont des exemples de chaînes de collision. Il faut noter que pendant la collision, le matériel sédimentaire est transporté en hauteur pour former des chaînes de montagnes où les roches sont plissées et faillées.
70
+
71
+ La collision conduit à la formation de masses continentales de plus en plus importantes. John Tuzo Wilson a montré que les continents grandissent par un cycle de Wilson, une série d'étapes quasi périodiques où les plaques tectoniques de la croûte terrestre se dispersent puis s'agrègent.
72
+
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+ Le « coulissage » ou « transcurrence » se dit du glissement horizontal de deux plaques, l'une à côté et le long de l'autre. Il s'agit d'un déplacement latéral d'une plaque contre une autre.
74
+
75
+ Le décrochement est généralement le fait de croûtes continentales. Pendant le déplacement de cette faille se produisent des séismes très violents, dus aux frottements rugueux le long de failles épaisses et peu rectilignes. La faille de San Andreas en Californie et la faille nord-anatolienne en Turquie en sont deux exemples.
76
+
77
+ Comme indiqué ci-dessus, une dorsale océanique est toujours formée de segments de divergence, séparés par des failles transformantes ; cependant ces failles transformantes océaniques associées aux dorsales ne produisent guère de séismes, étant très rectilignes et sur des zones de croûte océanique de faible épaisseur.
78
+
79
+ Des zones de décrochement transformantes peuvent également être associées à la limite entre plaques océaniques et plaques continentales, comme pour la plaque caraïbe et la plaque Scotia.
80
+
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+ La Terre possède une chaleur importante du fait de la radioactivité (désintégration du potassium, de l'uranium et du thorium) et de la chaleur d'accrétion initiale. Elle se refroidit en évacuant la chaleur à sa surface. Pour cela, on connaît trois mécanismes : conduction thermique, convection et transfert radiatif. Au niveau du manteau terrestre, la majeure partie du flux de chaleur est évacuée par la mise en mouvement des roches. C'est cette convection mantellique qui est le moteur de la tectonique des plaques[25]. La convection est induite par la présence de matériel chaud (donc moins dense) sous du matériel moins chaud (donc plus dense). Ces mouvements sont très lents (de l'ordre de 1 à 13 cm/an) et favorisés par la lubrification par l’eau de mer et les sédiments qui réduisent les frottements entre les plaques[26].
82
+
83
+ Jusqu'à peu, les géologues considéraient que le couplage mécanique entre les mouvements de l'asthénosphère et de la lithosphère était le principal moteur de la tectonique des plaques. L'importance de ce couplage entre la lithosphère (rigide et cassante) et l'asthénosphère (manteau sous-jacent ductile et déformable) est remise en cause. L'origine de la force qui rend les plaques mobiles est discutée :
84
+
85
+ Ces possibilités ne sont pas exclusives, mais les contributions relatives dans le mouvement sont très discutées et dépendent des études, en particulier le rôle du couplage entre la lithosphère et l'asthénosphère, considéré comme majeur jusque dans les années 1990 est fortement remis en question.
86
+
87
+ En 2019, une simulation 3D de la tectonique globale sur 1,5 Ma retrouve les principales caractéristiques : reliefs montagneux de 10 km de haut, fosses sous-marines de 15 km de profondeur, zones de subduction et dorsales, apparition et disparition de supercontinents, vitesse de déplacement des plaques de quelques centimètres par an, et flux de chaleur en surface réaliste. Les calculs indiquent que, depuis 500 Ma au moins, les deux-tiers de la surface de la Terre se déplacent plus vite que le manteau sous-jacent (à 150 km de profondeur), et que les rôles sont inversés sur le tiers restant : dans la majorité des cas, le manteau s'oppose au mouvement de la plaque (la cause de ce déplacement se situe donc en surface, dans les zones de subduction qui tirent l'ensemble de la plaque), et dans un tiers des cas c'est au contraire le manteau pousse la surface avec lui (et ce sont donc les courants profonds qui sont responsables du mouvement de la plaque)[27],[28].
88
+
89
+ Alors que les plus anciennes traces de tectonique des plaques dataient de 2,5 Ga (milliards d'années), une équipe internationale de chercheurs en géosciences en 2007 fait remonter cette tectonique à 3,8 Ga au début de l'archéen. L'analyse d'inclusions dans les diamants de la ceinture de roches vertes d'Isua (en) a révélé la présence d'éclogite caractéristique de la subduction d'une plaque océanique[29]. Un modèle numérique de tectonique des plaques en deux dimensions suggère que vers 4 Ga commencent à se former les plaques tectoniques et que la tectonique s’est généralisée un Ga plus tard : les mouvements descendants de l'asthénosphère étirent les roches de la partie mantellique de la lithosphère et déforment la taille des grains de la péridotite composant cette partie, ce qui la fragilise sur une période d'environ 10 Ma (millions d'années). La convection mantellique se déplaçant au cours du temps, les zones fragilisées qui ne sont plus soumises à la déformation voient leurs minéraux grossir, ce qui « cicatrise » la lithosphère sur une période d'un Ga[26]. En 2016, une modélisation thermomécanique suggère que ce sont les panaches qui, en brisant la croûte terrestre ont formé les premières plaques[30].
90
+
91
+ Il est probable que l'activité géologique de la Terre se soit manifestée de façon très différente durant l'Hadéen et l'Archéen, et plausible que le mécanisme actuel de la tectonique des plaques ne se soit mis en place qu'au Paléoprotérozoïque (−2,5 à −1,6 Ga). La découverte d'éclogites vieilles de 2,1 Ga dans le bloc du Kasaï (craton du Congo)[31],[32] indique que la mise en place de la tectonique des plaques est au moins antérieure à cette date.
92
+
93
+ La découverte en 2016 et 2018 d'un excès d'eau dans des inclusions vitreuses de komatiites du Canada[33] et du Zimbabwe[34], d'âge 2,7 Ga, atteste de l'existence de réservoirs mantelliques hydratés au Néoarchéen (−2,8 à −2,5 Ga). L'étude en 2019 du rapport D/H dans ces inclusions confirme que cette eau provient de la surface, probablement entraînée dans la zone de transition du manteau par la déshydratation de la croûte océanique de plaques subductées. La même étude obtient des résultats semblables (avec aussi un excès de chlore et un appauvrissement en plomb) dans des inclusions vitreuses de komatiites de la ceinture de roches vertes de Barberton (en) (Afrique du Sud), vieille de 3,3 Ga. Ces résultats font ainsi remonter les débuts de la tectonique des plaques au Paléoarchéen (−3,6 à −3,2 Ga)[35],[36].
94
+
95
+ L'animation ci-dessus montre la dislocation de la Pangée depuis le Trias. Dans un premier temps, ce supercontinent se sépare en Laurasia et Gondwana. La Laurasia se fragmente en Amérique du Nord et Groenland d'une part et Eurasie d'autre part, tandis que du Gondwana se détache successivement la Nouvelle-Zélande, l'Inde, puis le bloc Australie-Nouvelle-Guinée, avant que ce continent ne se partage entre Amérique du Sud, Afrique et Antarctique. Cette dislocation aboutit à une recomposition des continents puisque, par exemple, l'Inde fusionne avec l'Eurasie, suivie par l'Afrique et la Nouvelle-Guinée.
96
+
97
+ Cette alternance de dislocation et de recomposition est intervenue plusieurs fois au cours des temps géologiques.
98
+
99
+ Cet historique général ne prend pas en compte l'intervention des différents terranes, comme l'Avalonia, issue de la Pannotia, qui a participé à la formation de la Laurussia.
100
+
101
+ La chaleur de la Terre ne s'évacue pas de la même façon selon que les continents sont regroupés en un seul ou qu'ils sont dispersés comme c'est le cas aujourd'hui et selon leur position (qui influe sur leur albédo, plus claires en zone polaire par exemple). Les chaînes de montagnes terrestres ou sous-marines modifient respectivement la circulation des masses d'air humide et des courants marins. Un supercontinent forme un « bouclier thermique » qui modifie la manière dont la chaleur s'évacue. Il se disloquera nécessairement en plusieurs fragments. Cela marquera le début d'un nouveau cycle de Wilson ainsi baptisé en l'honneur de John Tuzo Wilson (1908-1993), géophysicien canadien, qui a, le premier, émis l'hypothèse de ce rassemblement périodique des continents.
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+ La fermeture en cours de l'océan Pacifique devrait conduire à la formation d'un nouveau supercontinent, dénommé Amasia (« Amasie ») par Paul F. Hoffman en 1992[37]. L'Amasie pourrait se former d'ici une centaine de millions d'années, être centrée sur le pôle Nord et rester séparée de l'Antarctique[38],[39].
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+ En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels (mais pouvant être rapides ou lents) peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce (dite « espèce-mère »), à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des « espèces-filles ». Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution[2].
2
+
3
+ Certains philosophes de l’Antiquité (Lucrèce, 98-54 avant notre ère, en particulier) ont approché le phénomène de l’évolution, mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des théories proposent des explications scientifiques, c’est-à-dire réfutables ou démontrables. Jean-Baptiste de Lamarck a le premier formulé une théorie scientifique transformiste fondée sur deux principes complémentaires : complexification de l'organisme et diversification adaptative.
4
+
5
+ Puis, à partir de 1859 avec la publication de L'Origine des espèces par Charles Darwin[3], le modèle darwinien de l’évolution s’est progressivement imposé dans la communauté scientifique comme celui expliquant un maximum de faits observables avec un minimum de postulats (principe de parcimonie). Darwin illustre, avec des observations détaillées, la thèse que les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes, mais se diversifient avec le temps, ou disparaissent[4]. Comme cause des changements qui se produisent peu à peu au sein d’une population, il propose l’idée de la sélection naturelle, équivalent naturel et spontané de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs d’animaux domestiques[5]. Les espèces sont profondément conditionnées par leur milieu naturel, aujourd’hui appelé écosystème.
6
+
7
+ Toutefois, Darwin, contrairement à une croyance répandue, même à l'université, ne rejetait pas les mécanismes lamarckiens d'habituation et de transmission des caractères acquis ; il y a juste ajouté les variations spontanées et la sélection naturelle. Ce n'est qu'un an après la mort de Darwin, en 1883, qu'August Weismann a postulé la séparation des lignées germinale et somatique, ce qui implique l'impossibilité de la transmission des caractères acquis. Il ne restait donc, dans l’œuvre de Darwin plus que le mécanisme variations-sélection comme vraisemblable.
8
+
9
+ Avec la découverte de la génétique par Gregor Mendel, les modèles de l’évolution se sont peu à peu affinés[6]. Ainsi, depuis les années 1930, la théorie synthétique de l'évolution fait l’objet d’un large consensus scientifique[7]. Les recherches actuelles poursuivent l’étude des mécanismes qui permettent d’expliquer les phénomènes évolutifs[8]. Des processus découverts après 1950, comme ceux des gènes architectes, de la coévolution et de l’endosymbiose, permettent de mieux saisir les mécanismes génétiques en action, d’appréhender l’évolution des espèces les unes par rapport aux autres ou de décrire plus précisément les différents rythmes de l’évolution.
10
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11
+ Les logiques évolutives sont utilisées et étudiées dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'anthropologie, la biologie de la conservation, l'écologie, la médecine, la paléontologie, la philosophie, et la psychologie.
12
+
13
+ Les hommes ont cherché l'origine de la diversité du vivant dès la période antique. L'idée d'évolution est déjà présente chez des philosophes grecs[10] et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce). Cependant, Aristote, comme beaucoup d'autres, avait une conception relativement fixiste du vivant (même si cela dépend des textes : la question ne se posant pas chez lui, il n'y apporte pas de réponse claire). Cette vision est restée prédominante dans la pensée occidentale jusqu'au XVIIIe siècle, confortée par la religion chrétienne dans laquelle toutes les espèces sont créées par Dieu au commencement du monde, déjà « parfaites » (début de la Genèse). Les grandes religions monothéistes ont diffusé cette représentation fixiste dans une vaste partie du monde. De plus ces religions confèrent à l'homme une place à part dans le vivant : il serait créé à part, à l'image de Dieu et moralement supérieur à toutes les autres espèces[10].
14
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15
+ Durant le Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien[11]. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
16
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17
+ Dans le monde musulman, l'idée d'évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l'idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution[12]. Au XIIIe siècle, le philosophe Nasir ad-Din at-Tusi soutient la sélection des meilleurs et l'adaptation des espèces à leur environnement[13]. Ces écrits se sont heurtés au dogme de la genèse et ont été oubliés pendant des siècles.
18
+
19
+ À la Renaissance des savants comme Jérôme Cardan[14], Giordano Bruno[15] et Giulio Cesare Vanini[16] remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l'origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l'idée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l'Inquisition, certains le paieront de leur vie[17].
20
+
21
+ Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d'animaux vivants[18] ébranlent les idées fixistes et font naître l'idée d'une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l'idée d'évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, naturaliste passionné qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d'étude (qui deviendra le Muséum National d'Histoire Naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d'extinctions brutales au cours des temps géologiques[19]. Il admet ainsi que les espèces terrestres n'ont pas toujours été celles observées aujourd'hui, sans pour autant accepter l'évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les 6 000 ans estimés jusque-là pour l'âge de la Terre sont trop courts pour y intégrer ces extinctions successives[19].
22
+
23
+ La première théorie véritablement scientifique d'une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d'une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste. Il considère que les espèces peuvent se transformer selon deux principes :
24
+
25
+ La publication, en 1809, dans Philosophie zoologique, de sa théorie transformiste entraîne de virulents débats au sein de l'Académie des sciences car elle entre en contradiction avec les idées en vigueur à l'époque et notamment le fixisme. Contrairement à une idée répandue, Lamarck n'avance aucune théorie de la transmission des caractères acquis (contrairement à ce que fera Darwin en 1868), il se contente de reprendre les idées admises sur ce point depuis Aristote.
26
+ Malgré les critiques de Cuvier, qui devient son principal opposant, les idées transformistes reçoivent une adhésion croissante à partir de 1825 et rendent les naturalistes plus réceptifs aux théories évolutionnistes[20].
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+
28
+ Charles Darwin publie en 1859 son livre De l'origine des espèces[21] où il expose une suite d'observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations. Cette théorie évoque « la descendance avec modification » des différentes espèces. Les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces s'adaptent en permanence à leur milieu. Il baptise sélection naturelle cette sélection des individus les mieux adaptés en opposition à la sélection artificielle que pratiquent les agriculteurs, jardiniers et éleveurs ; cette dernière étant le socle expérimental empirique sur lequel Darwin s'appuie pour développer sa théorie.
29
+
30
+ Darwin propose dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » qui explique la transmission des caractères acquis, mais elle sera par la suite infirmée par diverses études sur l'hérédité. August Weismann, à la fin du XIXe siècle, théorise la séparation stricte entre les cellules germinales (germen) et les cellules corporelles (soma), ce qui interdit la transmission des caractères acquis. La redécouverte des lois de Mendel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'hérédité et donne naissance à la génétique. Elle est à l'origine de nouvelles méthodes dans l'étude de l'évolution, comme la génétique des populations.
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32
+ Dans les années 1940, la Théorie synthétique de l'évolution, fondée entre autres par Theodosius Dobzhansky et Ernst Mayr, naît de l'articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et de la génétique mendelienne. La découverte de l'ADN et la biologie moléculaire viennent parachever cet édifice scientifique. Depuis la biologie de l'évolution est intégrée à toutes les disciplines de la biologie et, en parallèle de son développement, contribue aussi bien à retracer l'histoire évolutive du vivant, qu'à trouver des remèdes aux maladies les plus complexes telles que le SIDA ou le cancer. Plus récemment, l'étude de l'évolution profite du développement de l'informatique et des progrès de la biologie moléculaire, notamment du séquençage du génome qui permet le développement de la phylogénie par un apport très important de données.
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34
+ L'évolution est la théorie scientifique qui s'intéresse aux espèces et explique les mécanismes de leur apparition à partir d'espèces existantes ou passées. L'espèce, concept plus que réalité tangible, est le taxon de base de la systématique, bien qu'on puisse aussi parler de sous-espèces. La réalité biologique est qu'une espèce est constituée de populations dont les individus peuvent se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile.
35
+
36
+ L'évolution du vivant commence avec l'origine de la vie il y a au moins 3,8 milliards d'années. Les premières étapes, qui ne sont pas connues précisément, ont conduit à l'apparition des trois grands groupes d'organismes actuels connus, les bactéries, les archées et les eucaryotes. L' histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d'un arbre phylogénétique.
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+ L'évolution est constatée :
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+ À l'échelle des temps géologiques, et sur le plan du phénotype, l'évolution conduit à des changements morphologiques, anatomiques, physiologiques et comportementaux des espèces. Charles Darwin a imaginé les bases de ce qui est devenu la Théorie de l'Évolution notamment en observant les ressemblances et les différences entre les différentes espèces de pinsons des différentes îles de l'archipel des Galapagos au cours de son voyage à bord du HMS Beagle. L'histoire évolutive des lémuriformes sur l'île de Madagascar est un exemple frappant illustrant la théorie de l'évolution sur un écosystème précis.
41
+
42
+ À une échelle de temps plus proche de celle que peut observer un humain, l'évolution ne se manifeste généralement qu'au sein des espèces : apparition de populations de bactéries résistantes aux antibiotiques, de populations d'insectes résistantes aux insecticides, etc. Dans certains cas toutefois, elle donne lieu à l'apparition rapide de nouvelles espèces, comme cela a par exemple sans doute été le cas pour la Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), apparue en Europe à la suite de l'introduction post-colombienne de cette culture d'origine méso-américaine vraisemblablement par évolution à partir d'une espèce locale, Ostrinia scapularis[22].
43
+
44
+ Avant de considérer ces arguments, il faut rappeler qu'au sein de l'expression « théorie de l'évolution », le terme « théorie » signifie « modèle explicatif », et non pas « idée hypothétique ». Il en est de même, par exemple, avec « théorie de la gravitation » : malgré cette formulation, la réalité de la gravité ne fait pas débat.
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46
+ Si on arrive à établir un lien de parenté entre deux espèces différentes, alors cela veut dire qu'une espèce ancestrale s'est transformée en, au moins, une de ces deux espèces. Il y a donc bien eu évolution.
47
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48
+ Un lien de parenté entre espèces fossiles ou actuelles peut être mis en évidence par le partage d'au moins un caractère homologue, c'est-à-dire provenant d'un ancêtre. Ces indices de parenté sont décelables au niveau de la morphologie, au niveau moléculaire et parfois même, pour des espèces très proches, au niveau du comportement.
49
+
50
+ Il est en général impossible d'affirmer qu'une espèce fossile est l'ancêtre d'une espèce actuelle, car il ne sera jamais garanti que l'espèce actuelle ne s'est pas différenciée à partir d'une autre espèce proche, mais qui n'aurait pas été découverte. En effet, la conservation de restes d'espèces éteintes est un événement relativement improbable surtout pour les périodes les plus anciennes. On peut seulement estimer les liens de parenté, avec les autres espèces déjà connues, actuelles ou fossiles. Par exemple le fossile de fleur le plus ancien a été daté de 140 millions d'années. Cet organe est donc apparu sur Terre, il y a au moins 140 millions d'années. Mais d'autres espèces proches, avec des fleurs, existaient aussi certainement à cette époque. Personne n'est capable d'affirmer laquelle de ces espèces est l'ancêtre des plantes à fleur actuelles. On ne cherchera que les relations de parenté, les relations d'ancêtre à descendant ne pouvant jamais être reconstituées.
51
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52
+ L'âge d'une espèce fossile, en revanche, indique l'âge minimum d'apparition des caractères qu'elle possède. Il est alors possible de reconstruire l'histoire de l'évolution, en plaçant sur une échelle des temps l'apparition des différents caractères. Les fossiles nous indiquent que l'ordre d'apparition des innovations évolutives est tout à fait en accord avec l'idée d'une évolution, qui dans un schéma général, part de structures simples vers des structures plus complexes. C'est aussi en accord avec une origine aquatique des êtres vivants, puisque les espèces fossiles les plus anciennes vivaient dans l'eau.
53
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54
+ Chez certaines espèces de Lacertidés américains du genre Cnemidophorus, ou lézards à queue en fouet, il n'existe plus que des femelles. Ces espèces pratiquent donc une reproduction asexuée. Cependant des simulacres d'accouplements persistent : pour se reproduire une femelle monte sur une autre dans un comportement similaire à celui des espèces sexuées. Ce comportement d'origine hormonale est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques[26].
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56
+ Introduit en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo sur l'île dalmate de Pod Mrcaru en mer Adriatique, le lézard des ruines (Podarcis siculus) y a été abandonné à lui-même durant plus de trois décennies, l'accès à l'île ayant été interdit par les autorités yougoslaves, puis par les conflits liés à l'éclatement de ce pays. En 2004, une équipe scientifique dirigée par Duncan Irschick et Anthony Herrel put revenir sur l'île et découvrit que Podarcis siculus avait évolué en 36 ans, soit environ trente générations, de façon très significative. Le lézard a grandi, sa mâchoire est devenue plus puissante, et surtout il a changé de régime alimentaire : d'insectivore il est devenu herbivore, et des valves cæcales sont apparues au niveau des intestins, ce qui lui permet de digérer les herbes... Cette découverte confirme, s'il en était encore besoin, que l'évolution n'est pas une théorie parmi d'autres, mais un phénomène biologique concrètement observable, et pas seulement chez les virus, les bactéries ou les espèces domestiquées[27]. Il faut cependant noter qu'il n'y a eu aucune modification de l'ADN du lézard pendant son séjour sur l’île, ce qui revient à dire que l'information génétique était suffisante pour s'adapter à ses nouvelles conditions de vie. Il faut aussi noter qu'environ 1 % de la population des lézards des ruines possèdent des valves alors que leur régime alimentaire est resté insectivore[27]. Cet exemple ne signifie pas pour autant une évolution au sens de l'apparition d'une nouvelle espèce. Il y a une adaptation évidente de notre lézard à son nouvel environnement.
57
+
58
+ Si l'on veut retranscrire les concepts en systématique, il faut considérer la théorie cladistique, selon laquelle les grades évolutifs (qui induisent une vision de l'évolution aujourd'hui obsolète[28]) ne sont plus pris en compte, en faveur des clades[29].
59
+
60
+ La paléobiologie, étude de la vie des temps passés, permet de reconstituer l'histoire des êtres vivants. Cette histoire donne aussi des indices sur les mécanismes évolutifs en jeu dans l'évolution des espèces. La paléontologie s'occupe plus particulièrement des restes fossiles des êtres vivants. La paléogénétique, science récente, s'intéresse au matériel génétique ayant survécu jusqu'à aujourd'hui[30]. Ces deux approches sont limitées par la dégradation du matériel biologique au cours du temps. Ainsi, les informations issues des restes sont d'autant plus rares que l'être vivant concerné est ancien. De plus, certaines conditions sont plus propices que d'autres à la conservation du matériel biologique. Ainsi, les environnements anoxiques ou très froids entravent la dégradation des restes. Les restes vivants sont donc lacunaires et sont bien souvent insuffisants pour retracer l'histoire évolutive du vivant.
61
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62
+ Tous les êtres vivants actuels étant issus d'un même ancêtre commun, ils partagent des caractéristiques héritées de cet ancêtre. L'analyse des ressemblances entre êtres vivants donne de nombreuses informations sur leurs relations de parenté, et permet de retracer l'histoire évolutive des espèces. La phylogénie est la discipline scientifique qui cherche à retracer les relations entre êtres vivants actuels et fossiles à partir de l'analyse comparative des caractères morphologiques, physiologiques ou moléculaires. L'analyse comparative permet de retracer l'histoire évolutive des différents caractères dans les lignées du vivant. L'évolution des caractères ne suit pas nécessairement celle des espèces, certains caractères (dits convergents) peuvent être apparus plusieurs fois de manière indépendante dans différentes lignées.
63
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64
+ L'évolution des caractères et des lignées peut être associée à des évènements géologiques ou biologiques marquant l'histoire de la Terre, ce qui permet de proposer des hypothèses sur les mécanismes à l'origine de l'évolution des espèces.
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+ La nature des caractères pouvant être analysés est extrêmement diverse, et il peut s'agir aussi bien de caractères morphologiques (taille, forme ou volume de différentes structures), anatomiques (structure, organisation des organes), tissulaires, cellulaires ou moléculaires (séquences protéiques ou nucléiques). Ces différents caractères apportent des informations diverses et souvent complémentaires. Actuellement, les caractères moléculaires (en particulier les séquences d'ADN) sont privilégiés, du fait de leur universalité, de leur fiabilité et du faible coût des technologies associées. Ils ne peuvent cependant pas être utilisés lors de l'étude de fossiles pour lesquels seuls les caractères morphologiques sont en général informatifs.
67
+
68
+ La modélisation en biologie de l'évolution se base sur les mécanismes de l'évolution mis en évidence pour mettre en place des modèles théoriques. Ces modèles peuvent produire des résultats qui dépendent des hypothèses de départ de ce modèle, ces résultats pouvant être comparés à des données réellement observées. On peut ainsi tester la capacité du modèle à refléter la réalité, et, dans une certaine mesure, la validité de la théorie sous-jacente à ce modèle.
69
+
70
+ Les modèles dépendent souvent de paramètres, lesquels ne peuvent pas toujours être déterminés a priori. La modélisation permet de comparer les résultats du modèle et ceux de la réalité pour de nombreuses valeurs différentes de ces paramètres, et ainsi déterminer quelles sont les combinaisons de paramètres qui permettent au modèle de décrire au mieux la réalité. Ces paramètres correspondent souvent à des paramètres biologiques, et on peut ainsi estimer à partir du modèle certains paramètres biologiques difficiles à mesurer. La justesse de l'estimation de ces paramètres dépend cependant de la validité du modèle, laquelle est parfois difficile à tester.
71
+
72
+ La modélisation permet enfin de prédire certaines évolutions à venir, en utilisant les données actuelles comme données de départ du modèle.
73
+
74
+ Rappelons que le modèle est une simplification de la réalité dans un but opératoire, la prédiction ou l'explication. La théorie synthétique de l'évolution obéit à des lois et serait en partie reproductible mais elle reconnaît le rôle du hasard et de la contingence qui interviennent au niveau du gène (mutations génétiques), du génome (recombinaisons), des populations (flux et dérive génétique). Cette théorie n'est ni prévisible, ni prédictible dans la mesure où elle explique l'évolution de manière probabiliste, c'est-à-dire ni totalement déterministe, ni purement aléatoire, grâce à la sélection naturelle[31].
75
+
76
+ L'évolution expérimentale est la branche de la biologie qui étudie l'évolution par de réelles expériences, à l'inverse de l'étude comparative des caractères, qui ne fait que regarder l'état actuel des êtres vivants. Les expériences consistent généralement en l'isolement d'une ou plusieurs espèces dans un milieu biologique contrôlé. On laisse alors ces espèces évoluer pendant un certain temps, en appliquant éventuellement des changements contrôlés de conditions environnementales. On compare enfin certaines caractéristiques des espèces avant et après la période d'évolution.
77
+
78
+ L'évolution expérimentale permet non seulement d'observer l'évolution en cours, mais aussi de vérifier certaines prédictions énoncées dans le cadre de la théorie de l'évolution, et tester l'importance relative de différents mécanismes évolutifs.
79
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+ L'évolution expérimentale ne peut étudier que des caractères évoluant rapidement, et se limite donc à des organismes se reproduisant rapidement, notamment des virus ou des unicellulaires, mais aussi certains organismes à génération plus longue comme la drosophile ou certains rongeurs.
81
+
82
+ Un exemple : l'expérience de Luria et Delbrück.
83
+
84
+ Les principaux moteurs ou facteurs de l'évolution (appelés aussi forces évolutives ou forces sélectives) sont, au niveau individuel, les mutations ponctuelles et les recombinaisons génétiques soumises au filtre de la sélection naturelle, et au niveau des populations, les flux et la dérive génétique[32].
85
+
86
+ Parce que les individus d'une population possèdent des caractères héritables différents, et que seule une partie de ces individus accède à la reproduction, les caractères les plus adaptés à l'environnement sont préférentiellement conservés par la sélection naturelle. De plus, le hasard de la reproduction sexuée rend partiellement aléatoires les caractères qui seront transmis, par effet de dérive génétique. Ainsi, la proportion des différents caractères d'une population varie d'une génération à l'autre, conduisant à l'évolution des populations.
87
+
88
+ L'apparition de nouveaux caractères se produit dans un individu, pas dans l'espèce entière. Un nouveau caractère se répand ensuite (ou pas) sous l'effet de la sélection naturelle ou de la dérive génétique. Un ou plusieurs nouveaux gènes peuvent être acquis :
89
+
90
+ La plupart des individus d'une espèce sont uniques et différents les uns des autres[35]. Ces différences sont observables à toutes les échelles, du point de vue morphologique jusqu'à l'échelle moléculaire. Cette diversité des populations a deux origines principales : les individus sont dissemblables parce qu'ils ne possèdent pas la même information génétique et parce qu'ils ont subi des influences environnementales différentes.
91
+
92
+ La diversité génétique se manifeste par des variations locales de la séquence d'ADN, formant différents variants de la même séquence appelés allèles. Cette variabilité a plusieurs origines. Des allèles peuvent être formés spontanément par mutation de la séquence d'ADN. Par ailleurs, la reproduction sexuée contribue à la diversité génétique des populations de deux manières : d'une part, la recombinaison génétique permet de diversifier les combinaisons d'allèles réunies sur un même chromosome. D'autre part, une partie du génome de chaque parent est sélectionnée aléatoirement pour former un nouvel individu, dont le génome est par conséquent unique.
93
+
94
+ La diversité issue de l'environnement s'acquiert tout au long de l'histoire de l'individu, depuis la formation des gamètes jusqu'à sa mort. L'environnement étant unique à chaque endroit et à chaque moment, il exerce des effets uniques sur chaque individu, et ce à toutes les échelles, de la morphologie jusqu'à la biologie moléculaire. Ainsi, deux individus possédant la même information génétique (c'est par exemple le cas pour les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux ») sont tout de même différents. Ils peuvent notamment avoir une organisation et une expression différente de l'information génétique.
95
+
96
+ Les êtres vivants sont capables de se reproduire, transmettant ainsi une partie de leurs caractères à leurs descendants. On distingue la reproduction asexuée, ne faisant intervenir qu'un individu, de la reproduction sexuée pendant laquelle deux individus mettent en commun une partie de leur matériel génétique, formant ainsi un individu génétiquement unique.
97
+
98
+ Les caractères génétiques, c'est-à-dire l'ensemble des séquences d'acide nucléique d'un individu, ne sont pas tous transmis de la même manière lors de la reproduction asexuée, qui est une reproduction clonale, l'ensemble des séquences nucléiques est copié et l'information génétique contenue chez les deux descendants est alors identique. En revanche, lors de la reproduction sexuée, il arrive fréquemment qu'une partie seulement du matériel génétique soit transmise. Chez les Métazoaires, les chromosomes sont fréquemment associés par paire, et seul un chromosome de chaque paire et de chaque parent est transmis à l'enfant. De plus, si les parents fournissent tous les deux la moitié du contenu nucléaire, le matériel cytoplasmique est souvent fourni par un seul des deux parents (la mère chez les mammifères). Ainsi, le matériel génétique contenu dans les organites semi-autonomes, tels que les chloroplastes et les mitochondries, n'est transmis que par une partie des individus de l'espèce (les femelles chez les mammifères).
99
+
100
+ La théorie synthétique de l'évolution, paradigme dominant actuel, se fonde sur un déterminisme génétique intégral et écarte donc toute transmission héréditaire de caractères acquis au cours de la vie de l'individu. Néanmoins de plus en plus de travaux scientifiques remettent en cause ce modèle et rétablissent pour partie l'idée d'une transmission héréditaire de caractères acquis que défendait le lamarckisme[36].
101
+
102
+ Tout d'abord, certains caractères dits épigénétiques concernent la structure et l'organisation des génomes sont transmis par les parents en même temps que les molécules d'acide nucléique elles-mêmes. De plus, la mère fournit l'environnement cytoplasmique de la cellule-œuf du descendant, et transmet ainsi un certain nombre de caractéristiques cellulaires à l'enfant. Des modifications épigénétiques conservées dans la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. Chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré[37]. L'étude de l'épigénétique, longtemps délaissée, connaît un grand essor depuis la fin du séquençage de nombreux génomes, dont celui de l'homme.
103
+
104
+ Ainsi, une étude de 2009 du MIT affirme mettre en évidence une hérédité de certains caractères acquis chez des rongeurs[38]. Par ailleurs, l’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subie par des individus pourraient en effet être transmis aux descendants.
105
+
106
+ Lors de la reproduction sexuée, la transmission des caractères (notamment des allèles) comporte une grande part de hasard due à la recombinaison homologue, et au brassage génétique. Ainsi, on observe une variation aléatoire des fréquences alléliques d'une génération à l'autre, appelée dérive génétique. La dérive génétique génère donc une composante aléatoire dans l'évolution des populations. Ainsi, deux populations d'une même espèce n'échangeant pas de matériel génétique vont diverger jusqu'à former, si le temps d'isolement génétique est suffisant, deux espèces différentes. La dérive génétique est donc un des moteurs de la spéciation.
107
+
108
+ L'effet de la dérive génétique est particulièrement visible lorsqu'un faible nombre d'individus est à l'origine d'une population beaucoup plus nombreuse. C'est le cas lorsque se forme un goulot d'étranglement c'est-à-dire qu'une population est décimée et se reconstitue, ou lorsque quelques individus d'une population migrent pour aller coloniser un nouvel espace et former une nouvelle population (effet fondateur). Lorsqu'un tel évènement se produit, un allèle même faiblement représenté dans la population de départ peut se retrouver en forte proportion dans la population nouvellement formée sous le simple effet d'un hasard dans le tirage des individus à l'origine de la nouvelle population. Inversement, un allèle fortement représenté peut ne pas être tiré, et disparaît de la nouvelle population. Par ailleurs, la formation d'une nouvelle population à partir d'un faible nombre d'individus a pour effet d'augmenter la consanguinité dans la population et augmente le pourcentage d'homozygotie, ce qui fragilise la population.
109
+
110
+ Dans la très grande majorité des espèces, le nombre de cellules-œufs produit est bien plus grand que le nombre d'individus arrivant à l'âge de la maturité sexuelle et parmi ceux-ci, une partie seulement accède à la reproduction. Ainsi, seule une partie des individus formés se reproduit à la génération suivante. Il existe donc une sélection des individus perpétuant l'espèce, seuls les individus n'étant pas éliminés par les conditions environnementales pouvant se reproduire. Cette sélection a été baptisée sélection naturelle.
111
+
112
+ Comme il existe une variabilité au sein des espèces, les individus possédant des caractères différents, et qu'une partie de ces caractères sont héréditaires, les caractères permettant à l'individu de survivre et de mieux se reproduire seront préférentiellement transmis à la descendance, par rapport aux autres caractères. Ainsi la proportion des caractères au sein des espèces évolue au cours du temps.
113
+
114
+ La sélection naturelle peut prendre des formes très variées. La sélection utilitaire est une élimination des individus les moins capables de survivre et les moins féconds, alors que la sélection sexuelle conserve préférentiellement les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel. Bien que ces sélections soient complémentaires, on observe souvent des conflits, chaque forme de sélection pouvant favoriser l'évolution d'un caractère dans un sens différent.
115
+
116
+ Il est parfois observé une sélection d'individus qui favorisent la survie ou la reproduction d'individus qui leur sont ou non apparentés, comme c'est le cas chez les insectes eusociaux ou lorsqu'un individu se sacrifie pour permettre la survie de son groupe ou de sa descendance. En sociobiologie, ces comportements altruistes s'expliquent notamment par les théories controversées de la sélection de parentèle, de la sélection de groupe et de l'altruisme réciproque. La sélection de parentèle prédit qu'il peut être plus avantageux pour un individu de favoriser beaucoup la reproduction d'un individu apparenté (donc avec lequel il partage des caractères) que de se reproduire un peu ou pas du tout, la sélection de groupe repose sur le même principe mais du point de vue du groupe et pourrait expliquer certains actes chez l'homme comme les guerres ou la xénophobie, l'altruisme réciproque se penche sur les cas d'altruisme entre individus non-apparentés et induit une contribution réciproque dont l'aide donnée en retour peut être différée dans le temps.
117
+
118
+ Enfin, la sélection artificielle n'est qu'une forme de sélection naturelle exercée par l'humain.
119
+
120
+ En conséquence de la sélection naturelle, les espèces conservent préférentiellement les caractères les plus adaptés à leur environnement, et y sont donc de mieux en mieux adaptées. Les pressions de sélection en jeu dans cette adaptation sont nombreuses et concernent tous les aspects de l'environnement, des contraintes physiques jusqu'aux espèces biologiques interagissantes.
121
+
122
+ L'adaptation de plusieurs espèces différentes sous l'effet des mêmes pressions environnementales peut conduire à l'apparition répétée et indépendante du même caractère adaptatif chez ces espèces, par un phénomène de convergence évolutive. Par exemple, chez les mammifères les cétacés et les siréniens ont tous deux développé des nageoires, de manière indépendante. L'évolution de ces nageoires montre une adaptation convergente à la vie aquatique.
123
+
124
+ Cependant, l'effet de la sélection naturelle est réduit par celui de la dérive génétique. Ainsi, un caractère avantageux pourra ne pas être sélectionné à cause de l'inertie donnée par la dérive. De plus, la loi de Dollo (loi sur l'irréversibilité de l'évolution) stipule qu'un caractère perdu ou abandonné au cours de l'évolution ne saurait réapparaître au sein d'une même lignée d'organismes.
125
+
126
+ L’évolution peut également se faire par mutualisme. Des relations interspécifiques s’établissent à bénéfices réciproques. Les plus abouties sont les symbioses. La théorie endosymbiotique est généralement admise aujourd’hui pour expliquer la genèse de la cellule eucaryote. L’endocytose des bactéries pourpres a rendu possible la respiration et la production d’énergie. Plus tard l’endocytose de cyanobactéries a permis la photosynthèse. Ces acquisitions ont représenté des innovations évolutives déterminantes pour l’émergence de nouvelles espèces[39]. La soudaineté de l'apparition des cellules à noyau dans les traces fossiles laisse penser que les nouvelles cellules ont été générées par un processus radicalement différent de la simple mutation ou du transfert de gènes. C'est par symbiose que des procaryotes en auraient pénétré d'autres donnant naissance aux eucaryotes. La symbiose crée sans transition de nouvelles espèces - comme les amibes bactérisées - qui n'ont pas évolué progressivement par accumulation de mutations sur une très longue durée[40].
127
+
128
+ L'évolution d'une population sous l'effet du hasard et des contraintes environnementales peut aboutir à la disparition de la population et éventuellement de l'espèce à laquelle elle appartient. Inversement, deux populations peuvent s'individualiser au sein d'une même espèce jusqu'à former deux espèces distinctes par un processus nommé spéciation.
129
+
130
+ Le sauvetage évolutif est un processus théorique où une population résiste aux pressions environnementales par des changements génétiques avantageux pour échapper à l'extinction. Ces derniers peuvent avoir deux origines : une mutation qui apparaît, ou bien un allèle rare déjà présent dans la population.
131
+
132
+ On distingue le sauvetage démographique et le sauvetage génétique du sauvetage évolutif[41].
133
+
134
+ Bien que la dispersion soit un aspect clé des trois stratégies de survie de la population[42], le sauvetage évolutif est le seul qui soit guidé mécaniquement par l'évolution adaptative[43].
135
+
136
+ Jusqu’au XXe siècle l’évolution est comprise d’un point de vue Darwinien et Néo-Darwinien. On pense que seuls les processus écologiques expliquent les variations de populations à court terme. L’évolution n’est réservée qu’aux changements à long terme. Cependant, plusieurs observations ont montré des changements rapides dans les populations, tels que la résistance aux pesticides. Anthony David Bradshaw est le premier à soulever ce problème en 1991[44].
137
+
138
+ En 1995, Richard Gomulkiewicz et Robert Holt commencent à formaliser le concept par des modèles simples de dynamique évolutive et populationnelle dans la revue Évolution[45].
139
+
140
+ Ce concept a évolué depuis et est défini en 2012 par Andrew Gonzalez et ses collaborateurs : « le sauvetage évolutif survient lorsque l'adaptation génétique permet à une population de se rétablir des effets démographiques induits par des changements environnementaux qui, autrement, entraîneraient la disparition de l'espèce »[43]. Cette définition renforce l'idée qu’un brutal changement environnemental éloigne une population de sa niche fondamentale vers un ensemble de conditions dans lesquelles peu d'individus, voire aucun, sont capables de survivre et de se reproduire.
141
+
142
+ Le sauvetage évolutif peut être caractérisé graphiquement par une courbe en U représentant la taille de la population au cours du temps.
143
+
144
+ Ici, on considère un changement environnemental brutal qui abaisse la fitness (valeur sélective) de la population en dessous de 1. La population ne peut donc plus se renouveler, et sa taille décroît de façon géométrique. Généralement, ce déclin mène à une extinction. Pour survivre, la population doit donc rapidement s’adapter. Chez une population en danger, l’adaptation prend une nouvelle dimension, celle de la course contre l’extinction.
145
+
146
+ Cette courbe en U est une combinaison de deux autres courbes : le déclin géométrique des individus qui portent l’allèle sauvage et l’augmentation des individus qui portent l’allèle bénéfique[46],[41].
147
+
148
+ L’origine du sauvetage évolutif dépend du taux de mutation et de la fréquence d’allèle rare à la génération 0. Elle ne dépend pas de la fitness du nouvel allèle. En effet, les allèles rares sans avantage sélectif dans l’environnement d’origine sont susceptibles d’être perdus rapidement par stochasticité. Un sauvetage par mutation est donc plus probable. Cependant le temps requis pour l’apparition d’une nouvelle mutation bénéfique rend le sauvetage plus lent que si l’allèle existe déjà, et donc plus tardif. Ce faisant, la phase 1 de diminution de la population dure plus longtemps, et la perte de diversité est encore plus importante[46].
149
+
150
+ En plaçant une population dans un environnement stressant, on peut avoir une réaction immédiate telle que l’acclimatation (réponse physiologique pour atteindre un état d’équilibre). Sur le long terme, on observe plutôt de l’adaptation (réponse évolutive pour atteindre un état d’équilibre). Dans le cas du sauvetage évolutif, l’adaptation peut se faire sur une échelle de temps très court. L’enjeu des études expérimentales ou des observations sont donc de différencier ces deux paramètres et de les détecter[47].
151
+
152
+ Différence entre la fitness moyenne d’une population et la fitness d’une population composée entièrement d’individus avec des génotypes optimaux. Cette différence de fitness s’explique par la présence d’allèles délétères. Elle est influencée par le taux de consanguinité et la dérive génétique.
153
+
154
+ Sous l'effet du changement environnemental, la persistance de la population dépend de la plasticité phénotypique, de la dispersion ou de l'évolution adaptative. Une expérience de Stewart & al. (2017) se concentre sur l’évolution adaptative et sa limitation par la charge génétique. Ils étudient les effets de l’évolution sur l’adaptation des petites populations lors d’un changement d’environnement grâce au modèle du coléoptère rouge de farine (Tribolium castaneum)[48]. Dans leurs expériences, les avantages de l’évolution sont contrebalancés par des processus génétiques non adaptés notamment la consanguinité et la dérive génétique. En effet, la sélection de traits avantageux réduit la diversité génétique et augmente la proportion d’homozygotes dans la population. Ils ont donc une charge génétique importante, diminuant la fitness des populations. Dans le cas d’un changement environnemental, ce phénomène associé à une petite taille de population réduit la probabilité d’un sauvetage évolutif.
155
+
156
+ Un autre exemple possible de sauvetage évolutif dans la nature est la réponse sélective des serpents noirs (Pseudechis porphyriacus) aux crapauds de canne à sucre (Bufos marinus). Ces crapauds mortellement toxiques ont été introduits en Australie en 1935, et ont rapidement provoqué la disparition de plusieurs espèces endémiques de serpents. Une étude de Ben L. Phillips et Richard Shine a révélé que les serpents noirs exposés aux crapauds avaient une préférence réduite pour ces proies, mais aussi une résistance accrue à leur toxine. Des expériences en laboratoire ont montré que ces changements n’étaient pas dû à l'apprentissage ou à l’immunité acquise après ingestion de la toxine. Ces résultats suggèrent fortement que le comportement et la physiologie du serpent noir ont évolué en réponse à la présence de crapauds, et l'ont fait rapidement : en moins de 23 générations de serpents[49].
157
+
158
+ Ces études sur le sauvetage évolutif révèlent de nouvelles perspectives en biologie de la conservation. Cependant, elles permettent aussi d’expliquer certains phénomènes dans d’autre domaines d’étude, comme en médecine. En effet, la résistance aux antibiotiques de plusieurs pathogènes correspond à un sauvetage évolutif. On cherche dans ce cas à l’éviter.
159
+
160
+ Enfin, même si les populations naturelles peuvent supporter des variations environnementales intenses, elles échouent généralement à s’adapter au stress anthropique, tel que la pollution ou l’acidification. On observe alors une extinction de ces populations.
161
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162
+ L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui, et de nombreux points sur les mécanismes de l'évolution ne sont pas éclaircis. Certaines questions déjà soulevées par Charles Darwin n'ont d'ailleurs toujours pas de réponse certaine.
163
+
164
+ Une des grandes questions de la théorie de l'évolution est l'origine des rangs taxinomiques supérieurs à celui de l'espèce. En outre, la manière dont est apparue la majorité des 33 embranchements animaux, issus de l'explosion cambrienne, pose encore problème. Ainsi, la théorie gradualiste estime que les changements interviennent de manière progressive au cours de l'évolution, alors que la théorie des équilibres ponctués, formulée par Stephen Jay Gould et Niles Eldredge défend qu'il existe des sauts évolutifs majeurs. Selon cette théorie, le mécanisme d'évolution est tantôt accéléré tantôt ralenti, voire pratiquement nul durant de longues périodes[50]. Or au Cambrien, les paléontologues s'accordent à reconnaître des changements écologiques majeurs[51] qui pourraient selon cette théorie être à l'origine de l'apparition d'organismes appartenant aux clades actuels. De plus l'absence de fossile durant presque 100 millions d'années avant les faunes de Burgess et la rareté des sites fossilifères précambriens suggèrent l'existence de lignées fantômes précédant l'explosion cambrienne. Les formes de vie auxquelles appartiennent les animaux de Burgess n'auraient tout simplement pas été retrouvées à l'état fossile durant de longues périodes[52].
165
+
166
+ Il a été longtemps admis que l'évolution s'accompagnait d'un accroissement de la complexité des êtres vivants. Cependant, cette idée, largement influencée par l'anthropocentrisme, est fortement débattue aujourd'hui[53]. La complexité n'ayant pas de définition précise à l'heure actuelle, il est difficile de vérifier une éventuelle augmentation de complexité. Par ailleurs, lorsque cette idée est admise, les origines de cette augmentation de complexité sont, elles aussi, source de controverse. En fait, tout cela a déjà été clairement expliqué par Lamarck.
167
+
168
+ Un certain nombre d'auteurs étudient la complexité de façon formelle, tels qu'Edgar Morin et Eugene Koonin (en). Ce dernier, dans son livre The Logic of Chance[54], consacre un chapitre entier à l'origine de la complexité biologique. Il considère que « l'augmentation de la complexité est […] une tendance évolutive majeure » et que « l'émergence et l'évolution de la complexité aux niveaux du génotype et du phénotype […] (représentent) un problème central, si ce n'est le problème central en biologie ». Plus précisément, il se demande pourquoi l'évolution n'en est pas restée au niveau des procaryotes autotrophes les plus simples, et a en fait mené à l'émergence de procaryotes complexes et, surtout, et de façon beaucoup plus frappante, des eucaryotes, avec leur génome gigantesque et régulé de façon très élaborée, de nombreux types cellulaires ; et « même capables de développer des théories mathématiques de l'évolution ».
169
+
170
+ Les critiques de ces auteurs soulignent la supposée proximité de leurs idées avec la notion d’une échelle des êtres, allant du simple au complexe, alors que l’évolution n’a pas de sens et peut aussi aller vers la simplification[55]. Ceux-ci mettent également en avant le fait que le monde vivant est essentiellement microbien, avec des micro-organismes simples ; les poissons, apparus bien avant les mammifères et plus simples qu’eux, constituent plus de la moitié des vertébrés[56].
171
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172
+ Le matérialisme scientifique est une forme historique et radicale de matérialisme de la seconde moitié du XIXe siècle associée au développement des sciences et à la naissance de la biologie moderne. Il défend une vision générale du monde fondée sur l'idée d'évolution et censée reposer sur les connaissances issues des sciences de la nature[57].
173
+
174
+ Aujourd'hui, on doit au physicien et philosophe Mario Bunge la réintroduction en philosophie de l'expression « matérialisme scientifique » pour désigner sa propre conception matérialiste, qu'il définit par sa proximité avec l'ensemble des sciences[58]. Le matérialisme – qui s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés »[59].
175
+
176
+ Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge[60] :
177
+
178
+ Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, de manière co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence[61]
179
+
180
+ L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, à cause de la sélection par les éleveurs et les cultivateurs, se produit depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Ainsi, l'homme peut créer une sélection dite artificielle sur son environnement, volontairement pour des raisons économiques, ou involontairement via la pression de chasse, cueillette ou pêche[62].
181
+
182
+ L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.
183
+
184
+ La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie, marquée par un très fort ethnocentrisme, du pour l'essentiel au caractère colonial et impérialiste des nations occidentales, a été très fortement remise en question par la suite. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des « chemins » divergents, ne poursuivent pas les mêmes « objectifs », et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant la société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionnisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.
185
+
186
+ L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc.) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.
187
+
188
+ Le concept d'évolution a profondément influencé la culture populaire, non seulement à travers la fascination exercée par les « mondes perdus » et les faunes préhistoriques[63] mais aussi par la généralisation de la prise de conscience que tout évolue et que l'espèce humaine n'est ni le « sommet » de l'évolution, ni une espèce « supérieure », en encore moins une espèce « prédestinée » à dominer le monde, mais une espèce-relique d'une lignée autrefois buissonnante, beaucoup plus dépendante des autres espèces qu'elles ne le sont d'elle, bref un épiphénomène de l'évolution[64].
189
+
190
+ Les critiques de la théorie de l'évolution se répartissent en :
191
+
192
+ Du fait, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal comprise et/ou, parfois, mal admise hors de la communauté scientifique. Dans les sociétés occidentales, la théorie de l'évolution se heurte à une vive opposition de la part de certains milieux religieux, notamment pour son incompatibilité avec la Bible et le Coran. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l'idée même d'évolution des espèces ou la théorie de la sélection naturelle.[réf. nécessaire]
193
+
194
+ La théorie évolutionniste est-elle compatible avec la croyance en Dieu ? En fait, Ernst Mayr dit à ce sujet : « Il me semble évident que Darwin a perdu la foi un an sinon deux, avant de formuler sa théorie de la sélection naturelle (sur laquelle il a sans doute travaillé plus de dix ans). Par conséquent, il n'est pas infondé d'avancer que la biologie et l'adhésion à la théorie de la sélection naturelle risquent de vous éloigner de Dieu »[65].
195
+
196
+ Le biologiste Richard Dawkins, dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu (2008), pense que la sélection naturelle est « supérieure » à l'« hypothèse de Dieu » qu'il qualifie d'« improbabilité statistique », et défend l'athéisme.
197
+
198
+ Le biologiste Kenneth R. Miller (en) estime que la pensée évolutionniste n'est pas forcément incompatible avec la foi en un Dieu[66]. Pour lui les écrits de la Bible sont des métaphores.
199
+
200
+ L'évolution est encore aujourd'hui rejetée par certains milieux religieux, tenants du créationnisme, surtout protestants et musulmans.
201
+
202
+ La position de l'Église catholique sur ce sujet est plus nuancée, tout en maintenant l'innerance de la Bible[67]. En 1996 le pape Jean-Paul II déclare devant L'Académie ponticale des sciences : « aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis-1950), de nouvelles connaissances (la) conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse »[68].
203
+
204
+ Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.
205
+
206
+ Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé que soit aussi enseigné le pastafarisme (qui a été inventé à cette occasion).
207
+
208
+ Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle »[69]. Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.
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+ Lorsqu'il y a deux dates, la première est celle de la première parution, dans la langue d'origine.
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+ En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels (mais pouvant être rapides ou lents) peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce (dite « espèce-mère »), à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des « espèces-filles ». Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution[2].
2
+
3
+ Certains philosophes de l’Antiquité (Lucrèce, 98-54 avant notre ère, en particulier) ont approché le phénomène de l’évolution, mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des théories proposent des explications scientifiques, c’est-à-dire réfutables ou démontrables. Jean-Baptiste de Lamarck a le premier formulé une théorie scientifique transformiste fondée sur deux principes complémentaires : complexification de l'organisme et diversification adaptative.
4
+
5
+ Puis, à partir de 1859 avec la publication de L'Origine des espèces par Charles Darwin[3], le modèle darwinien de l’évolution s’est progressivement imposé dans la communauté scientifique comme celui expliquant un maximum de faits observables avec un minimum de postulats (principe de parcimonie). Darwin illustre, avec des observations détaillées, la thèse que les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes, mais se diversifient avec le temps, ou disparaissent[4]. Comme cause des changements qui se produisent peu à peu au sein d’une population, il propose l’idée de la sélection naturelle, équivalent naturel et spontané de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs d’animaux domestiques[5]. Les espèces sont profondément conditionnées par leur milieu naturel, aujourd’hui appelé écosystème.
6
+
7
+ Toutefois, Darwin, contrairement à une croyance répandue, même à l'université, ne rejetait pas les mécanismes lamarckiens d'habituation et de transmission des caractères acquis ; il y a juste ajouté les variations spontanées et la sélection naturelle. Ce n'est qu'un an après la mort de Darwin, en 1883, qu'August Weismann a postulé la séparation des lignées germinale et somatique, ce qui implique l'impossibilité de la transmission des caractères acquis. Il ne restait donc, dans l’œuvre de Darwin plus que le mécanisme variations-sélection comme vraisemblable.
8
+
9
+ Avec la découverte de la génétique par Gregor Mendel, les modèles de l’évolution se sont peu à peu affinés[6]. Ainsi, depuis les années 1930, la théorie synthétique de l'évolution fait l’objet d’un large consensus scientifique[7]. Les recherches actuelles poursuivent l’étude des mécanismes qui permettent d’expliquer les phénomènes évolutifs[8]. Des processus découverts après 1950, comme ceux des gènes architectes, de la coévolution et de l’endosymbiose, permettent de mieux saisir les mécanismes génétiques en action, d’appréhender l’évolution des espèces les unes par rapport aux autres ou de décrire plus précisément les différents rythmes de l’évolution.
10
+
11
+ Les logiques évolutives sont utilisées et étudiées dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'anthropologie, la biologie de la conservation, l'écologie, la médecine, la paléontologie, la philosophie, et la psychologie.
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13
+ Les hommes ont cherché l'origine de la diversité du vivant dès la période antique. L'idée d'évolution est déjà présente chez des philosophes grecs[10] et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce). Cependant, Aristote, comme beaucoup d'autres, avait une conception relativement fixiste du vivant (même si cela dépend des textes : la question ne se posant pas chez lui, il n'y apporte pas de réponse claire). Cette vision est restée prédominante dans la pensée occidentale jusqu'au XVIIIe siècle, confortée par la religion chrétienne dans laquelle toutes les espèces sont créées par Dieu au commencement du monde, déjà « parfaites » (début de la Genèse). Les grandes religions monothéistes ont diffusé cette représentation fixiste dans une vaste partie du monde. De plus ces religions confèrent à l'homme une place à part dans le vivant : il serait créé à part, à l'image de Dieu et moralement supérieur à toutes les autres espèces[10].
14
+
15
+ Durant le Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien[11]. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
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17
+ Dans le monde musulman, l'idée d'évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l'idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution[12]. Au XIIIe siècle, le philosophe Nasir ad-Din at-Tusi soutient la sélection des meilleurs et l'adaptation des espèces à leur environnement[13]. Ces écrits se sont heurtés au dogme de la genèse et ont été oubliés pendant des siècles.
18
+
19
+ À la Renaissance des savants comme Jérôme Cardan[14], Giordano Bruno[15] et Giulio Cesare Vanini[16] remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l'origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l'idée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l'Inquisition, certains le paieront de leur vie[17].
20
+
21
+ Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d'animaux vivants[18] ébranlent les idées fixistes et font naître l'idée d'une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l'idée d'évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, naturaliste passionné qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d'étude (qui deviendra le Muséum National d'Histoire Naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d'extinctions brutales au cours des temps géologiques[19]. Il admet ainsi que les espèces terrestres n'ont pas toujours été celles observées aujourd'hui, sans pour autant accepter l'évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les 6 000 ans estimés jusque-là pour l'âge de la Terre sont trop courts pour y intégrer ces extinctions successives[19].
22
+
23
+ La première théorie véritablement scientifique d'une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d'une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste. Il considère que les espèces peuvent se transformer selon deux principes :
24
+
25
+ La publication, en 1809, dans Philosophie zoologique, de sa théorie transformiste entraîne de virulents débats au sein de l'Académie des sciences car elle entre en contradiction avec les idées en vigueur à l'époque et notamment le fixisme. Contrairement à une idée répandue, Lamarck n'avance aucune théorie de la transmission des caractères acquis (contrairement à ce que fera Darwin en 1868), il se contente de reprendre les idées admises sur ce point depuis Aristote.
26
+ Malgré les critiques de Cuvier, qui devient son principal opposant, les idées transformistes reçoivent une adhésion croissante à partir de 1825 et rendent les naturalistes plus réceptifs aux théories évolutionnistes[20].
27
+
28
+ Charles Darwin publie en 1859 son livre De l'origine des espèces[21] où il expose une suite d'observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations. Cette théorie évoque « la descendance avec modification » des différentes espèces. Les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces s'adaptent en permanence à leur milieu. Il baptise sélection naturelle cette sélection des individus les mieux adaptés en opposition à la sélection artificielle que pratiquent les agriculteurs, jardiniers et éleveurs ; cette dernière étant le socle expérimental empirique sur lequel Darwin s'appuie pour développer sa théorie.
29
+
30
+ Darwin propose dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » qui explique la transmission des caractères acquis, mais elle sera par la suite infirmée par diverses études sur l'hérédité. August Weismann, à la fin du XIXe siècle, théorise la séparation stricte entre les cellules germinales (germen) et les cellules corporelles (soma), ce qui interdit la transmission des caractères acquis. La redécouverte des lois de Mendel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'hérédité et donne naissance à la génétique. Elle est à l'origine de nouvelles méthodes dans l'étude de l'évolution, comme la génétique des populations.
31
+
32
+ Dans les années 1940, la Théorie synthétique de l'évolution, fondée entre autres par Theodosius Dobzhansky et Ernst Mayr, naît de l'articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et de la génétique mendelienne. La découverte de l'ADN et la biologie moléculaire viennent parachever cet édifice scientifique. Depuis la biologie de l'évolution est intégrée à toutes les disciplines de la biologie et, en parallèle de son développement, contribue aussi bien à retracer l'histoire évolutive du vivant, qu'à trouver des remèdes aux maladies les plus complexes telles que le SIDA ou le cancer. Plus récemment, l'étude de l'évolution profite du développement de l'informatique et des progrès de la biologie moléculaire, notamment du séquençage du génome qui permet le développement de la phylogénie par un apport très important de données.
33
+
34
+ L'évolution est la théorie scientifique qui s'intéresse aux espèces et explique les mécanismes de leur apparition à partir d'espèces existantes ou passées. L'espèce, concept plus que réalité tangible, est le taxon de base de la systématique, bien qu'on puisse aussi parler de sous-espèces. La réalité biologique est qu'une espèce est constituée de populations dont les individus peuvent se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile.
35
+
36
+ L'évolution du vivant commence avec l'origine de la vie il y a au moins 3,8 milliards d'années. Les premières étapes, qui ne sont pas connues précisément, ont conduit à l'apparition des trois grands groupes d'organismes actuels connus, les bactéries, les archées et les eucaryotes. L' histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d'un arbre phylogénétique.
37
+
38
+ L'évolution est constatée :
39
+
40
+ À l'échelle des temps géologiques, et sur le plan du phénotype, l'évolution conduit à des changements morphologiques, anatomiques, physiologiques et comportementaux des espèces. Charles Darwin a imaginé les bases de ce qui est devenu la Théorie de l'Évolution notamment en observant les ressemblances et les différences entre les différentes espèces de pinsons des différentes îles de l'archipel des Galapagos au cours de son voyage à bord du HMS Beagle. L'histoire évolutive des lémuriformes sur l'île de Madagascar est un exemple frappant illustrant la théorie de l'évolution sur un écosystème précis.
41
+
42
+ À une échelle de temps plus proche de celle que peut observer un humain, l'évolution ne se manifeste généralement qu'au sein des espèces : apparition de populations de bactéries résistantes aux antibiotiques, de populations d'insectes résistantes aux insecticides, etc. Dans certains cas toutefois, elle donne lieu à l'apparition rapide de nouvelles espèces, comme cela a par exemple sans doute été le cas pour la Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), apparue en Europe à la suite de l'introduction post-colombienne de cette culture d'origine méso-américaine vraisemblablement par évolution à partir d'une espèce locale, Ostrinia scapularis[22].
43
+
44
+ Avant de considérer ces arguments, il faut rappeler qu'au sein de l'expression « théorie de l'évolution », le terme « théorie » signifie « modèle explicatif », et non pas « idée hypothétique ». Il en est de même, par exemple, avec « théorie de la gravitation » : malgré cette formulation, la réalité de la gravité ne fait pas débat.
45
+
46
+ Si on arrive à établir un lien de parenté entre deux espèces différentes, alors cela veut dire qu'une espèce ancestrale s'est transformée en, au moins, une de ces deux espèces. Il y a donc bien eu évolution.
47
+
48
+ Un lien de parenté entre espèces fossiles ou actuelles peut être mis en évidence par le partage d'au moins un caractère homologue, c'est-à-dire provenant d'un ancêtre. Ces indices de parenté sont décelables au niveau de la morphologie, au niveau moléculaire et parfois même, pour des espèces très proches, au niveau du comportement.
49
+
50
+ Il est en général impossible d'affirmer qu'une espèce fossile est l'ancêtre d'une espèce actuelle, car il ne sera jamais garanti que l'espèce actuelle ne s'est pas différenciée à partir d'une autre espèce proche, mais qui n'aurait pas été découverte. En effet, la conservation de restes d'espèces éteintes est un événement relativement improbable surtout pour les périodes les plus anciennes. On peut seulement estimer les liens de parenté, avec les autres espèces déjà connues, actuelles ou fossiles. Par exemple le fossile de fleur le plus ancien a été daté de 140 millions d'années. Cet organe est donc apparu sur Terre, il y a au moins 140 millions d'années. Mais d'autres espèces proches, avec des fleurs, existaient aussi certainement à cette époque. Personne n'est capable d'affirmer laquelle de ces espèces est l'ancêtre des plantes à fleur actuelles. On ne cherchera que les relations de parenté, les relations d'ancêtre à descendant ne pouvant jamais être reconstituées.
51
+
52
+ L'âge d'une espèce fossile, en revanche, indique l'âge minimum d'apparition des caractères qu'elle possède. Il est alors possible de reconstruire l'histoire de l'évolution, en plaçant sur une échelle des temps l'apparition des différents caractères. Les fossiles nous indiquent que l'ordre d'apparition des innovations évolutives est tout à fait en accord avec l'idée d'une évolution, qui dans un schéma général, part de structures simples vers des structures plus complexes. C'est aussi en accord avec une origine aquatique des êtres vivants, puisque les espèces fossiles les plus anciennes vivaient dans l'eau.
53
+
54
+ Chez certaines espèces de Lacertidés américains du genre Cnemidophorus, ou lézards à queue en fouet, il n'existe plus que des femelles. Ces espèces pratiquent donc une reproduction asexuée. Cependant des simulacres d'accouplements persistent : pour se reproduire une femelle monte sur une autre dans un comportement similaire à celui des espèces sexuées. Ce comportement d'origine hormonale est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques[26].
55
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56
+ Introduit en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo sur l'île dalmate de Pod Mrcaru en mer Adriatique, le lézard des ruines (Podarcis siculus) y a été abandonné à lui-même durant plus de trois décennies, l'accès à l'île ayant été interdit par les autorités yougoslaves, puis par les conflits liés à l'éclatement de ce pays. En 2004, une équipe scientifique dirigée par Duncan Irschick et Anthony Herrel put revenir sur l'île et découvrit que Podarcis siculus avait évolué en 36 ans, soit environ trente générations, de façon très significative. Le lézard a grandi, sa mâchoire est devenue plus puissante, et surtout il a changé de régime alimentaire : d'insectivore il est devenu herbivore, et des valves cæcales sont apparues au niveau des intestins, ce qui lui permet de digérer les herbes... Cette découverte confirme, s'il en était encore besoin, que l'évolution n'est pas une théorie parmi d'autres, mais un phénomène biologique concrètement observable, et pas seulement chez les virus, les bactéries ou les espèces domestiquées[27]. Il faut cependant noter qu'il n'y a eu aucune modification de l'ADN du lézard pendant son séjour sur l’île, ce qui revient à dire que l'information génétique était suffisante pour s'adapter à ses nouvelles conditions de vie. Il faut aussi noter qu'environ 1 % de la population des lézards des ruines possèdent des valves alors que leur régime alimentaire est resté insectivore[27]. Cet exemple ne signifie pas pour autant une évolution au sens de l'apparition d'une nouvelle espèce. Il y a une adaptation évidente de notre lézard à son nouvel environnement.
57
+
58
+ Si l'on veut retranscrire les concepts en systématique, il faut considérer la théorie cladistique, selon laquelle les grades évolutifs (qui induisent une vision de l'évolution aujourd'hui obsolète[28]) ne sont plus pris en compte, en faveur des clades[29].
59
+
60
+ La paléobiologie, étude de la vie des temps passés, permet de reconstituer l'histoire des êtres vivants. Cette histoire donne aussi des indices sur les mécanismes évolutifs en jeu dans l'évolution des espèces. La paléontologie s'occupe plus particulièrement des restes fossiles des êtres vivants. La paléogénétique, science récente, s'intéresse au matériel génétique ayant survécu jusqu'à aujourd'hui[30]. Ces deux approches sont limitées par la dégradation du matériel biologique au cours du temps. Ainsi, les informations issues des restes sont d'autant plus rares que l'être vivant concerné est ancien. De plus, certaines conditions sont plus propices que d'autres à la conservation du matériel biologique. Ainsi, les environnements anoxiques ou très froids entravent la dégradation des restes. Les restes vivants sont donc lacunaires et sont bien souvent insuffisants pour retracer l'histoire évolutive du vivant.
61
+
62
+ Tous les êtres vivants actuels étant issus d'un même ancêtre commun, ils partagent des caractéristiques héritées de cet ancêtre. L'analyse des ressemblances entre êtres vivants donne de nombreuses informations sur leurs relations de parenté, et permet de retracer l'histoire évolutive des espèces. La phylogénie est la discipline scientifique qui cherche à retracer les relations entre êtres vivants actuels et fossiles à partir de l'analyse comparative des caractères morphologiques, physiologiques ou moléculaires. L'analyse comparative permet de retracer l'histoire évolutive des différents caractères dans les lignées du vivant. L'évolution des caractères ne suit pas nécessairement celle des espèces, certains caractères (dits convergents) peuvent être apparus plusieurs fois de manière indépendante dans différentes lignées.
63
+
64
+ L'évolution des caractères et des lignées peut être associée à des évènements géologiques ou biologiques marquant l'histoire de la Terre, ce qui permet de proposer des hypothèses sur les mécanismes à l'origine de l'évolution des espèces.
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66
+ La nature des caractères pouvant être analysés est extrêmement diverse, et il peut s'agir aussi bien de caractères morphologiques (taille, forme ou volume de différentes structures), anatomiques (structure, organisation des organes), tissulaires, cellulaires ou moléculaires (séquences protéiques ou nucléiques). Ces différents caractères apportent des informations diverses et souvent complémentaires. Actuellement, les caractères moléculaires (en particulier les séquences d'ADN) sont privilégiés, du fait de leur universalité, de leur fiabilité et du faible coût des technologies associées. Ils ne peuvent cependant pas être utilisés lors de l'étude de fossiles pour lesquels seuls les caractères morphologiques sont en général informatifs.
67
+
68
+ La modélisation en biologie de l'évolution se base sur les mécanismes de l'évolution mis en évidence pour mettre en place des modèles théoriques. Ces modèles peuvent produire des résultats qui dépendent des hypothèses de départ de ce modèle, ces résultats pouvant être comparés à des données réellement observées. On peut ainsi tester la capacité du modèle à refléter la réalité, et, dans une certaine mesure, la validité de la théorie sous-jacente à ce modèle.
69
+
70
+ Les modèles dépendent souvent de paramètres, lesquels ne peuvent pas toujours être déterminés a priori. La modélisation permet de comparer les résultats du modèle et ceux de la réalité pour de nombreuses valeurs différentes de ces paramètres, et ainsi déterminer quelles sont les combinaisons de paramètres qui permettent au modèle de décrire au mieux la réalité. Ces paramètres correspondent souvent à des paramètres biologiques, et on peut ainsi estimer à partir du modèle certains paramètres biologiques difficiles à mesurer. La justesse de l'estimation de ces paramètres dépend cependant de la validité du modèle, laquelle est parfois difficile à tester.
71
+
72
+ La modélisation permet enfin de prédire certaines évolutions à venir, en utilisant les données actuelles comme données de départ du modèle.
73
+
74
+ Rappelons que le modèle est une simplification de la réalité dans un but opératoire, la prédiction ou l'explication. La théorie synthétique de l'évolution obéit à des lois et serait en partie reproductible mais elle reconnaît le rôle du hasard et de la contingence qui interviennent au niveau du gène (mutations génétiques), du génome (recombinaisons), des populations (flux et dérive génétique). Cette théorie n'est ni prévisible, ni prédictible dans la mesure où elle explique l'évolution de manière probabiliste, c'est-à-dire ni totalement déterministe, ni purement aléatoire, grâce à la sélection naturelle[31].
75
+
76
+ L'évolution expérimentale est la branche de la biologie qui étudie l'évolution par de réelles expériences, à l'inverse de l'étude comparative des caractères, qui ne fait que regarder l'état actuel des êtres vivants. Les expériences consistent généralement en l'isolement d'une ou plusieurs espèces dans un milieu biologique contrôlé. On laisse alors ces espèces évoluer pendant un certain temps, en appliquant éventuellement des changements contrôlés de conditions environnementales. On compare enfin certaines caractéristiques des espèces avant et après la période d'évolution.
77
+
78
+ L'évolution expérimentale permet non seulement d'observer l'évolution en cours, mais aussi de vérifier certaines prédictions énoncées dans le cadre de la théorie de l'évolution, et tester l'importance relative de différents mécanismes évolutifs.
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+ L'évolution expérimentale ne peut étudier que des caractères évoluant rapidement, et se limite donc à des organismes se reproduisant rapidement, notamment des virus ou des unicellulaires, mais aussi certains organismes à génération plus longue comme la drosophile ou certains rongeurs.
81
+
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+ Un exemple : l'expérience de Luria et Delbrück.
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+ Les principaux moteurs ou facteurs de l'évolution (appelés aussi forces évolutives ou forces sélectives) sont, au niveau individuel, les mutations ponctuelles et les recombinaisons génétiques soumises au filtre de la sélection naturelle, et au niveau des populations, les flux et la dérive génétique[32].
85
+
86
+ Parce que les individus d'une population possèdent des caractères héritables différents, et que seule une partie de ces individus accède à la reproduction, les caractères les plus adaptés à l'environnement sont préférentiellement conservés par la sélection naturelle. De plus, le hasard de la reproduction sexuée rend partiellement aléatoires les caractères qui seront transmis, par effet de dérive génétique. Ainsi, la proportion des différents caractères d'une population varie d'une génération à l'autre, conduisant à l'évolution des populations.
87
+
88
+ L'apparition de nouveaux caractères se produit dans un individu, pas dans l'espèce entière. Un nouveau caractère se répand ensuite (ou pas) sous l'effet de la sélection naturelle ou de la dérive génétique. Un ou plusieurs nouveaux gènes peuvent être acquis :
89
+
90
+ La plupart des individus d'une espèce sont uniques et différents les uns des autres[35]. Ces différences sont observables à toutes les échelles, du point de vue morphologique jusqu'à l'échelle moléculaire. Cette diversité des populations a deux origines principales : les individus sont dissemblables parce qu'ils ne possèdent pas la même information génétique et parce qu'ils ont subi des influences environnementales différentes.
91
+
92
+ La diversité génétique se manifeste par des variations locales de la séquence d'ADN, formant différents variants de la même séquence appelés allèles. Cette variabilité a plusieurs origines. Des allèles peuvent être formés spontanément par mutation de la séquence d'ADN. Par ailleurs, la reproduction sexuée contribue à la diversité génétique des populations de deux manières : d'une part, la recombinaison génétique permet de diversifier les combinaisons d'allèles réunies sur un même chromosome. D'autre part, une partie du génome de chaque parent est sélectionnée aléatoirement pour former un nouvel individu, dont le génome est par conséquent unique.
93
+
94
+ La diversité issue de l'environnement s'acquiert tout au long de l'histoire de l'individu, depuis la formation des gamètes jusqu'à sa mort. L'environnement étant unique à chaque endroit et à chaque moment, il exerce des effets uniques sur chaque individu, et ce à toutes les échelles, de la morphologie jusqu'à la biologie moléculaire. Ainsi, deux individus possédant la même information génétique (c'est par exemple le cas pour les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux ») sont tout de même différents. Ils peuvent notamment avoir une organisation et une expression différente de l'information génétique.
95
+
96
+ Les êtres vivants sont capables de se reproduire, transmettant ainsi une partie de leurs caractères à leurs descendants. On distingue la reproduction asexuée, ne faisant intervenir qu'un individu, de la reproduction sexuée pendant laquelle deux individus mettent en commun une partie de leur matériel génétique, formant ainsi un individu génétiquement unique.
97
+
98
+ Les caractères génétiques, c'est-à-dire l'ensemble des séquences d'acide nucléique d'un individu, ne sont pas tous transmis de la même manière lors de la reproduction asexuée, qui est une reproduction clonale, l'ensemble des séquences nucléiques est copié et l'information génétique contenue chez les deux descendants est alors identique. En revanche, lors de la reproduction sexuée, il arrive fréquemment qu'une partie seulement du matériel génétique soit transmise. Chez les Métazoaires, les chromosomes sont fréquemment associés par paire, et seul un chromosome de chaque paire et de chaque parent est transmis à l'enfant. De plus, si les parents fournissent tous les deux la moitié du contenu nucléaire, le matériel cytoplasmique est souvent fourni par un seul des deux parents (la mère chez les mammifères). Ainsi, le matériel génétique contenu dans les organites semi-autonomes, tels que les chloroplastes et les mitochondries, n'est transmis que par une partie des individus de l'espèce (les femelles chez les mammifères).
99
+
100
+ La théorie synthétique de l'évolution, paradigme dominant actuel, se fonde sur un déterminisme génétique intégral et écarte donc toute transmission héréditaire de caractères acquis au cours de la vie de l'individu. Néanmoins de plus en plus de travaux scientifiques remettent en cause ce modèle et rétablissent pour partie l'idée d'une transmission héréditaire de caractères acquis que défendait le lamarckisme[36].
101
+
102
+ Tout d'abord, certains caractères dits épigénétiques concernent la structure et l'organisation des génomes sont transmis par les parents en même temps que les molécules d'acide nucléique elles-mêmes. De plus, la mère fournit l'environnement cytoplasmique de la cellule-œuf du descendant, et transmet ainsi un certain nombre de caractéristiques cellulaires à l'enfant. Des modifications épigénétiques conservées dans la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. Chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré[37]. L'étude de l'épigénétique, longtemps délaissée, connaît un grand essor depuis la fin du séquençage de nombreux génomes, dont celui de l'homme.
103
+
104
+ Ainsi, une étude de 2009 du MIT affirme mettre en évidence une hérédité de certains caractères acquis chez des rongeurs[38]. Par ailleurs, l’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subie par des individus pourraient en effet être transmis aux descendants.
105
+
106
+ Lors de la reproduction sexuée, la transmission des caractères (notamment des allèles) comporte une grande part de hasard due à la recombinaison homologue, et au brassage génétique. Ainsi, on observe une variation aléatoire des fréquences alléliques d'une génération à l'autre, appelée dérive génétique. La dérive génétique génère donc une composante aléatoire dans l'évolution des populations. Ainsi, deux populations d'une même espèce n'échangeant pas de matériel génétique vont diverger jusqu'à former, si le temps d'isolement génétique est suffisant, deux espèces différentes. La dérive génétique est donc un des moteurs de la spéciation.
107
+
108
+ L'effet de la dérive génétique est particulièrement visible lorsqu'un faible nombre d'individus est à l'origine d'une population beaucoup plus nombreuse. C'est le cas lorsque se forme un goulot d'étranglement c'est-à-dire qu'une population est décimée et se reconstitue, ou lorsque quelques individus d'une population migrent pour aller coloniser un nouvel espace et former une nouvelle population (effet fondateur). Lorsqu'un tel évènement se produit, un allèle même faiblement représenté dans la population de départ peut se retrouver en forte proportion dans la population nouvellement formée sous le simple effet d'un hasard dans le tirage des individus à l'origine de la nouvelle population. Inversement, un allèle fortement représenté peut ne pas être tiré, et disparaît de la nouvelle population. Par ailleurs, la formation d'une nouvelle population à partir d'un faible nombre d'individus a pour effet d'augmenter la consanguinité dans la population et augmente le pourcentage d'homozygotie, ce qui fragilise la population.
109
+
110
+ Dans la très grande majorité des espèces, le nombre de cellules-œufs produit est bien plus grand que le nombre d'individus arrivant à l'âge de la maturité sexuelle et parmi ceux-ci, une partie seulement accède à la reproduction. Ainsi, seule une partie des individus formés se reproduit à la génération suivante. Il existe donc une sélection des individus perpétuant l'espèce, seuls les individus n'étant pas éliminés par les conditions environnementales pouvant se reproduire. Cette sélection a été baptisée sélection naturelle.
111
+
112
+ Comme il existe une variabilité au sein des espèces, les individus possédant des caractères différents, et qu'une partie de ces caractères sont héréditaires, les caractères permettant à l'individu de survivre et de mieux se reproduire seront préférentiellement transmis à la descendance, par rapport aux autres caractères. Ainsi la proportion des caractères au sein des espèces évolue au cours du temps.
113
+
114
+ La sélection naturelle peut prendre des formes très variées. La sélection utilitaire est une élimination des individus les moins capables de survivre et les moins féconds, alors que la sélection sexuelle conserve préférentiellement les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel. Bien que ces sélections soient complémentaires, on observe souvent des conflits, chaque forme de sélection pouvant favoriser l'évolution d'un caractère dans un sens différent.
115
+
116
+ Il est parfois observé une sélection d'individus qui favorisent la survie ou la reproduction d'individus qui leur sont ou non apparentés, comme c'est le cas chez les insectes eusociaux ou lorsqu'un individu se sacrifie pour permettre la survie de son groupe ou de sa descendance. En sociobiologie, ces comportements altruistes s'expliquent notamment par les théories controversées de la sélection de parentèle, de la sélection de groupe et de l'altruisme réciproque. La sélection de parentèle prédit qu'il peut être plus avantageux pour un individu de favoriser beaucoup la reproduction d'un individu apparenté (donc avec lequel il partage des caractères) que de se reproduire un peu ou pas du tout, la sélection de groupe repose sur le même principe mais du point de vue du groupe et pourrait expliquer certains actes chez l'homme comme les guerres ou la xénophobie, l'altruisme réciproque se penche sur les cas d'altruisme entre individus non-apparentés et induit une contribution réciproque dont l'aide donnée en retour peut être différée dans le temps.
117
+
118
+ Enfin, la sélection artificielle n'est qu'une forme de sélection naturelle exercée par l'humain.
119
+
120
+ En conséquence de la sélection naturelle, les espèces conservent préférentiellement les caractères les plus adaptés à leur environnement, et y sont donc de mieux en mieux adaptées. Les pressions de sélection en jeu dans cette adaptation sont nombreuses et concernent tous les aspects de l'environnement, des contraintes physiques jusqu'aux espèces biologiques interagissantes.
121
+
122
+ L'adaptation de plusieurs espèces différentes sous l'effet des mêmes pressions environnementales peut conduire à l'apparition répétée et indépendante du même caractère adaptatif chez ces espèces, par un phénomène de convergence évolutive. Par exemple, chez les mammifères les cétacés et les siréniens ont tous deux développé des nageoires, de manière indépendante. L'évolution de ces nageoires montre une adaptation convergente à la vie aquatique.
123
+
124
+ Cependant, l'effet de la sélection naturelle est réduit par celui de la dérive génétique. Ainsi, un caractère avantageux pourra ne pas être sélectionné à cause de l'inertie donnée par la dérive. De plus, la loi de Dollo (loi sur l'irréversibilité de l'évolution) stipule qu'un caractère perdu ou abandonné au cours de l'évolution ne saurait réapparaître au sein d'une même lignée d'organismes.
125
+
126
+ L’évolution peut également se faire par mutualisme. Des relations interspécifiques s’établissent à bénéfices réciproques. Les plus abouties sont les symbioses. La théorie endosymbiotique est généralement admise aujourd’hui pour expliquer la genèse de la cellule eucaryote. L’endocytose des bactéries pourpres a rendu possible la respiration et la production d’énergie. Plus tard l’endocytose de cyanobactéries a permis la photosynthèse. Ces acquisitions ont représenté des innovations évolutives déterminantes pour l’émergence de nouvelles espèces[39]. La soudaineté de l'apparition des cellules à noyau dans les traces fossiles laisse penser que les nouvelles cellules ont été générées par un processus radicalement différent de la simple mutation ou du transfert de gènes. C'est par symbiose que des procaryotes en auraient pénétré d'autres donnant naissance aux eucaryotes. La symbiose crée sans transition de nouvelles espèces - comme les amibes bactérisées - qui n'ont pas évolué progressivement par accumulation de mutations sur une très longue durée[40].
127
+
128
+ L'évolution d'une population sous l'effet du hasard et des contraintes environnementales peut aboutir à la disparition de la population et éventuellement de l'espèce à laquelle elle appartient. Inversement, deux populations peuvent s'individualiser au sein d'une même espèce jusqu'à former deux espèces distinctes par un processus nommé spéciation.
129
+
130
+ Le sauvetage évolutif est un processus théorique où une population résiste aux pressions environnementales par des changements génétiques avantageux pour échapper à l'extinction. Ces derniers peuvent avoir deux origines : une mutation qui apparaît, ou bien un allèle rare déjà présent dans la population.
131
+
132
+ On distingue le sauvetage démographique et le sauvetage génétique du sauvetage évolutif[41].
133
+
134
+ Bien que la dispersion soit un aspect clé des trois stratégies de survie de la population[42], le sauvetage évolutif est le seul qui soit guidé mécaniquement par l'évolution adaptative[43].
135
+
136
+ Jusqu’au XXe siècle l’évolution est comprise d’un point de vue Darwinien et Néo-Darwinien. On pense que seuls les processus écologiques expliquent les variations de populations à court terme. L’évolution n’est réservée qu’aux changements à long terme. Cependant, plusieurs observations ont montré des changements rapides dans les populations, tels que la résistance aux pesticides. Anthony David Bradshaw est le premier à soulever ce problème en 1991[44].
137
+
138
+ En 1995, Richard Gomulkiewicz et Robert Holt commencent à formaliser le concept par des modèles simples de dynamique évolutive et populationnelle dans la revue Évolution[45].
139
+
140
+ Ce concept a évolué depuis et est défini en 2012 par Andrew Gonzalez et ses collaborateurs : « le sauvetage évolutif survient lorsque l'adaptation génétique permet à une population de se rétablir des effets démographiques induits par des changements environnementaux qui, autrement, entraîneraient la disparition de l'espèce »[43]. Cette définition renforce l'idée qu’un brutal changement environnemental éloigne une population de sa niche fondamentale vers un ensemble de conditions dans lesquelles peu d'individus, voire aucun, sont capables de survivre et de se reproduire.
141
+
142
+ Le sauvetage évolutif peut être caractérisé graphiquement par une courbe en U représentant la taille de la population au cours du temps.
143
+
144
+ Ici, on considère un changement environnemental brutal qui abaisse la fitness (valeur sélective) de la population en dessous de 1. La population ne peut donc plus se renouveler, et sa taille décroît de façon géométrique. Généralement, ce déclin mène à une extinction. Pour survivre, la population doit donc rapidement s’adapter. Chez une population en danger, l’adaptation prend une nouvelle dimension, celle de la course contre l’extinction.
145
+
146
+ Cette courbe en U est une combinaison de deux autres courbes : le déclin géométrique des individus qui portent l’allèle sauvage et l’augmentation des individus qui portent l’allèle bénéfique[46],[41].
147
+
148
+ L’origine du sauvetage évolutif dépend du taux de mutation et de la fréquence d’allèle rare à la génération 0. Elle ne dépend pas de la fitness du nouvel allèle. En effet, les allèles rares sans avantage sélectif dans l’environnement d’origine sont susceptibles d’être perdus rapidement par stochasticité. Un sauvetage par mutation est donc plus probable. Cependant le temps requis pour l’apparition d’une nouvelle mutation bénéfique rend le sauvetage plus lent que si l’allèle existe déjà, et donc plus tardif. Ce faisant, la phase 1 de diminution de la population dure plus longtemps, et la perte de diversité est encore plus importante[46].
149
+
150
+ En plaçant une population dans un environnement stressant, on peut avoir une réaction immédiate telle que l’acclimatation (réponse physiologique pour atteindre un état d’équilibre). Sur le long terme, on observe plutôt de l’adaptation (réponse évolutive pour atteindre un état d’équilibre). Dans le cas du sauvetage évolutif, l’adaptation peut se faire sur une échelle de temps très court. L’enjeu des études expérimentales ou des observations sont donc de différencier ces deux paramètres et de les détecter[47].
151
+
152
+ Différence entre la fitness moyenne d’une population et la fitness d’une population composée entièrement d’individus avec des génotypes optimaux. Cette différence de fitness s’explique par la présence d’allèles délétères. Elle est influencée par le taux de consanguinité et la dérive génétique.
153
+
154
+ Sous l'effet du changement environnemental, la persistance de la population dépend de la plasticité phénotypique, de la dispersion ou de l'évolution adaptative. Une expérience de Stewart & al. (2017) se concentre sur l’évolution adaptative et sa limitation par la charge génétique. Ils étudient les effets de l’évolution sur l’adaptation des petites populations lors d’un changement d’environnement grâce au modèle du coléoptère rouge de farine (Tribolium castaneum)[48]. Dans leurs expériences, les avantages de l’évolution sont contrebalancés par des processus génétiques non adaptés notamment la consanguinité et la dérive génétique. En effet, la sélection de traits avantageux réduit la diversité génétique et augmente la proportion d’homozygotes dans la population. Ils ont donc une charge génétique importante, diminuant la fitness des populations. Dans le cas d’un changement environnemental, ce phénomène associé à une petite taille de population réduit la probabilité d’un sauvetage évolutif.
155
+
156
+ Un autre exemple possible de sauvetage évolutif dans la nature est la réponse sélective des serpents noirs (Pseudechis porphyriacus) aux crapauds de canne à sucre (Bufos marinus). Ces crapauds mortellement toxiques ont été introduits en Australie en 1935, et ont rapidement provoqué la disparition de plusieurs espèces endémiques de serpents. Une étude de Ben L. Phillips et Richard Shine a révélé que les serpents noirs exposés aux crapauds avaient une préférence réduite pour ces proies, mais aussi une résistance accrue à leur toxine. Des expériences en laboratoire ont montré que ces changements n’étaient pas dû à l'apprentissage ou à l’immunité acquise après ingestion de la toxine. Ces résultats suggèrent fortement que le comportement et la physiologie du serpent noir ont évolué en réponse à la présence de crapauds, et l'ont fait rapidement : en moins de 23 générations de serpents[49].
157
+
158
+ Ces études sur le sauvetage évolutif révèlent de nouvelles perspectives en biologie de la conservation. Cependant, elles permettent aussi d’expliquer certains phénomènes dans d’autre domaines d’étude, comme en médecine. En effet, la résistance aux antibiotiques de plusieurs pathogènes correspond à un sauvetage évolutif. On cherche dans ce cas à l’éviter.
159
+
160
+ Enfin, même si les populations naturelles peuvent supporter des variations environnementales intenses, elles échouent généralement à s’adapter au stress anthropique, tel que la pollution ou l’acidification. On observe alors une extinction de ces populations.
161
+
162
+ L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui, et de nombreux points sur les mécanismes de l'évolution ne sont pas éclaircis. Certaines questions déjà soulevées par Charles Darwin n'ont d'ailleurs toujours pas de réponse certaine.
163
+
164
+ Une des grandes questions de la théorie de l'évolution est l'origine des rangs taxinomiques supérieurs à celui de l'espèce. En outre, la manière dont est apparue la majorité des 33 embranchements animaux, issus de l'explosion cambrienne, pose encore problème. Ainsi, la théorie gradualiste estime que les changements interviennent de manière progressive au cours de l'évolution, alors que la théorie des équilibres ponctués, formulée par Stephen Jay Gould et Niles Eldredge défend qu'il existe des sauts évolutifs majeurs. Selon cette théorie, le mécanisme d'évolution est tantôt accéléré tantôt ralenti, voire pratiquement nul durant de longues périodes[50]. Or au Cambrien, les paléontologues s'accordent à reconnaître des changements écologiques majeurs[51] qui pourraient selon cette théorie être à l'origine de l'apparition d'organismes appartenant aux clades actuels. De plus l'absence de fossile durant presque 100 millions d'années avant les faunes de Burgess et la rareté des sites fossilifères précambriens suggèrent l'existence de lignées fantômes précédant l'explosion cambrienne. Les formes de vie auxquelles appartiennent les animaux de Burgess n'auraient tout simplement pas été retrouvées à l'état fossile durant de longues périodes[52].
165
+
166
+ Il a été longtemps admis que l'évolution s'accompagnait d'un accroissement de la complexité des êtres vivants. Cependant, cette idée, largement influencée par l'anthropocentrisme, est fortement débattue aujourd'hui[53]. La complexité n'ayant pas de définition précise à l'heure actuelle, il est difficile de vérifier une éventuelle augmentation de complexité. Par ailleurs, lorsque cette idée est admise, les origines de cette augmentation de complexité sont, elles aussi, source de controverse. En fait, tout cela a déjà été clairement expliqué par Lamarck.
167
+
168
+ Un certain nombre d'auteurs étudient la complexité de façon formelle, tels qu'Edgar Morin et Eugene Koonin (en). Ce dernier, dans son livre The Logic of Chance[54], consacre un chapitre entier à l'origine de la complexité biologique. Il considère que « l'augmentation de la complexité est […] une tendance évolutive majeure » et que « l'émergence et l'évolution de la complexité aux niveaux du génotype et du phénotype […] (représentent) un problème central, si ce n'est le problème central en biologie ». Plus précisément, il se demande pourquoi l'évolution n'en est pas restée au niveau des procaryotes autotrophes les plus simples, et a en fait mené à l'émergence de procaryotes complexes et, surtout, et de façon beaucoup plus frappante, des eucaryotes, avec leur génome gigantesque et régulé de façon très élaborée, de nombreux types cellulaires ; et « même capables de développer des théories mathématiques de l'évolution ».
169
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170
+ Les critiques de ces auteurs soulignent la supposée proximité de leurs idées avec la notion d’une échelle des êtres, allant du simple au complexe, alors que l’évolution n’a pas de sens et peut aussi aller vers la simplification[55]. Ceux-ci mettent également en avant le fait que le monde vivant est essentiellement microbien, avec des micro-organismes simples ; les poissons, apparus bien avant les mammifères et plus simples qu’eux, constituent plus de la moitié des vertébrés[56].
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+ Le matérialisme scientifique est une forme historique et radicale de matérialisme de la seconde moitié du XIXe siècle associée au développement des sciences et à la naissance de la biologie moderne. Il défend une vision générale du monde fondée sur l'idée d'évolution et censée reposer sur les connaissances issues des sciences de la nature[57].
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+ Aujourd'hui, on doit au physicien et philosophe Mario Bunge la réintroduction en philosophie de l'expression « matérialisme scientifique » pour désigner sa propre conception matérialiste, qu'il définit par sa proximité avec l'ensemble des sciences[58]. Le matérialisme – qui s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés »[59].
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+ Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge[60] :
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+ Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, de manière co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence[61]
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+ L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, à cause de la sélection par les éleveurs et les cultivateurs, se produit depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Ainsi, l'homme peut créer une sélection dite artificielle sur son environnement, volontairement pour des raisons économiques, ou involontairement via la pression de chasse, cueillette ou pêche[62].
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+ L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.
183
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+ La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie, marquée par un très fort ethnocentrisme, du pour l'essentiel au caractère colonial et impérialiste des nations occidentales, a été très fortement remise en question par la suite. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des « chemins » divergents, ne poursuivent pas les mêmes « objectifs », et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant la société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionnisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.
185
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+ L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc.) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.
187
+
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+ Le concept d'évolution a profondément influencé la culture populaire, non seulement à travers la fascination exercée par les « mondes perdus » et les faunes préhistoriques[63] mais aussi par la généralisation de la prise de conscience que tout évolue et que l'espèce humaine n'est ni le « sommet » de l'évolution, ni une espèce « supérieure », en encore moins une espèce « prédestinée » à dominer le monde, mais une espèce-relique d'une lignée autrefois buissonnante, beaucoup plus dépendante des autres espèces qu'elles ne le sont d'elle, bref un épiphénomène de l'évolution[64].
189
+
190
+ Les critiques de la théorie de l'évolution se répartissent en :
191
+
192
+ Du fait, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal comprise et/ou, parfois, mal admise hors de la communauté scientifique. Dans les sociétés occidentales, la théorie de l'évolution se heurte à une vive opposition de la part de certains milieux religieux, notamment pour son incompatibilité avec la Bible et le Coran. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l'idée même d'évolution des espèces ou la théorie de la sélection naturelle.[réf. nécessaire]
193
+
194
+ La théorie évolutionniste est-elle compatible avec la croyance en Dieu ? En fait, Ernst Mayr dit à ce sujet : « Il me semble évident que Darwin a perdu la foi un an sinon deux, avant de formuler sa théorie de la sélection naturelle (sur laquelle il a sans doute travaillé plus de dix ans). Par conséquent, il n'est pas infondé d'avancer que la biologie et l'adhésion à la théorie de la sélection naturelle risquent de vous éloigner de Dieu »[65].
195
+
196
+ Le biologiste Richard Dawkins, dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu (2008), pense que la sélection naturelle est « supérieure » à l'« hypothèse de Dieu » qu'il qualifie d'« improbabilité statistique », et défend l'athéisme.
197
+
198
+ Le biologiste Kenneth R. Miller (en) estime que la pensée évolutionniste n'est pas forcément incompatible avec la foi en un Dieu[66]. Pour lui les écrits de la Bible sont des métaphores.
199
+
200
+ L'évolution est encore aujourd'hui rejetée par certains milieux religieux, tenants du créationnisme, surtout protestants et musulmans.
201
+
202
+ La position de l'Église catholique sur ce sujet est plus nuancée, tout en maintenant l'innerance de la Bible[67]. En 1996 le pape Jean-Paul II déclare devant L'Académie ponticale des sciences : « aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis-1950), de nouvelles connaissances (la) conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse »[68].
203
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204
+ Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.
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206
+ Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé que soit aussi enseigné le pastafarisme (qui a été inventé à cette occasion).
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+ Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle »[69]. Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.
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+ Lorsqu'il y a deux dates, la première est celle de la première parution, dans la langue d'origine.
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+ Sainte-Sophie (du grec Ἁγία Σοφία, Hagía Sophía, qui signifie « sagesse de Dieu », « sagesse divine », nom repris en turc sous la forme Ayasofya) est un grand lieu de culte à Istanbul. À l'origine une basilique chrétienne de Constantinople, elle construite dans un premier temps au IVe siècle, puis reconstruite bien plus grande au VIe siècle, sous l'empereur byzantin Justinien, où elle acquit sa forme actuelle. Ayant remplacé Sainte-Irène comme siège du patriarche de Constantinople, elle devint mosquée au XVe siècle sous Mehmet II. Elle est située sur le côté ouest du Bosphore. De 1934 à 2020, elle n'a plus été un lieu de culte mais un musée. Son esplanade est à la mesure de la gloire de Byzance. Souvent surnommée la Grande Église, la basilique est dédiée au Christ, « sagesse de Dieu », selon la tradition théologique chrétienne. La dédicace du sanctuaire est célébrée le 25 décembre.
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+ En 2018, c'était le deuxième musée le plus visité de Turquie avec 2 890 873 visiteurs[1].
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+ Le 10 juillet 2020, un décret du Conseil d'État turc décide de sa réouverture au culte musulman comme mosquée.
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+ Le 24 juillet 2020, jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne, la première prière musulmane y est célébrée depuis sa reconversion en mosquée en présence du président Recep Tayyip Erdogan.[2]
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+ Sainte-Sophie est consacrée à la « Sagesse Divine » (Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía) identifiée à Jésus-Christ et non à une sainte humaine[3].
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+ Sur le site de Sainte-Sophie se trouvait une église commandée par l'empereur Constantin en 325[4]. Elle fut probablement érigée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon, sur une colline surplombant la mer de Marmara[5]. C'est l'empereur Constance II qui consacra ce premier édifice, le 15 février 360[6]. C'était alors la plus grande église de la ville, elle était communément appelée Μεγάλη Ἐκκλησία (Megálē Ekklēsíā, « la Grande Église »). On suppose qu'il s'agissait d'un bâtiment en pierre au toit de bois. Au début du Ve siècle, l'empereur Flavius Arcadius ratifia la déposition et l'exil de l'archevêque de Constantinople saint Jean Chrysostome, à la suite d'un bras de fer avec le patriarche Théophile d'Alexandrie que Jean avait été chargé de juger. L'édifice fut alors incendié lors d'une émeute en 404[7].
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17
+ Il fut reconstruit en 415 par l'empereur Théodose II. Le bâtiment retrouva un plan basilical classique sous la direction de l'architecte Roufinos. La basilique fut consacrée le 8 octobre 415. Un siècle plus tard, elle subit une nouvelle fois le même sort funeste, le 13 janvier 532 pendant la sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours. Des vestiges subsistent devant le mur ouest de l'édifice actuel depuis 1935. De ces ruines, on distingue un escalier de cinq marches accédant à un portique, et trois portes vers le narthex. Le bâtiment faisait 60 mètres de large.
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+ Après les émeutes de Nika en 532, l'empereur Justinien entreprend de refonder l'édifice dont il pose lui-même la première pierre.
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+ Le 23 février 532, à peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la sagesse divine.
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+ Justinien choisit comme architectes le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémius de Tralles, qui mourut au bout d'un an. Les architectes dessinèrent un bâtiment inspiré du Panthéon de Rome et de l'art chrétien primitif d'Occident. Ce style qui connaît une certaine diversité de conceptions et de plans, est aujourd'hui qualifié de « byzantin ». Cette architecture byzantine a inspiré, à son tour, des architectes arabes, vénitiens et ottomans. La construction de l'église est décrite par l'historien byzantin Procope de Césarée, dans son ouvrage Sur les monuments (Περὶ κτισμάτων, De Ædificiis).
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25
+ L'empereur avait fait venir des matériaux de tout l'Empire : des colonnes hellénistiques du temple d'Artémis à Éphèse, du porphyre d'Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d'autres de couleur jaune en provenance de Syrie. Le roi mérovingien de Paris, Childebert Ier († 558), répondant à une ambassade envoyée par Justinien, fit expédier à Constantinople du marbre noir de Moulis (Couserans) pour la décoration de la Grande Église[8]. Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction.
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27
+ La nouvelle église apparut immédiatement comme une œuvre majeure de l'architecture, le reflet des idées créatives des deux architectes. Il est possible que ceux-ci se soient inspirés des théories de Héron d'Alexandrie, dans la réalisation d'un dôme aussi considérable, couvrant un si large espace entièrement dégagé. Elle n'a plus alors son plan basilical pour un plan byzantin très sophistiqué et particulier[9]. L'empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537, avec le patriarche Mennas, avec faste et solennité. La construction ne prit que 5 années et 10 mois. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l'empereur Justin II (565-578).
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+ Des tremblements de terre, en août 553 et le 14 décembre 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l'abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s'écroula sur l'ambon, l'autel et le ciborium, les détruisant entièrement. L'empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, neveu d'Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l'édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m[10].
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31
+ Cette reconstruction donna à l'église sa forme définitive, qui remonte donc au milieu du VIe siècle. Pour cette nouvelle consécration, présidée par le patriarche de Constantinople Eutychius, le 23 décembre 562, le poète byzantin Paul le Silentiaire composa un long poème épique connu aujourd'hui sous le nom d'Ecphrasis.
32
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33
+ Sainte-Sophie était le siège du patriarche orthodoxe de Constantinople et le lieu d'accueil principal des cérémonies impériales byzantines, comme le couronnement des empereurs. L'église jouait aussi le rôle de lieu d'asile pour les malfaiteurs.
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+
35
+ En 726, l'empereur Léon l'Isaurien instaura un certain nombre d'édits contre la vénération des images. Il ordonna à l'armée de détruire les icônes, inaugurant ainsi la période iconoclaste, durant laquelle Sainte-Sophie fut vidée de toute représentation peinte ou sculptée. Après un bref répit sous l'impératrice Irène, le mouvement reprit de l'ampleur : l'empereur Théophile (829-842), très influencé par les conceptions de l'art islamique, interdit les images sculptées. Une double porte de bronze portant son monogramme fut installée à l'entrée sud de l'église.
36
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37
+ En 740, un nouveau séisme fit beaucoup de dégâts au point que l'Église orthodoxe de Constantinople commémore tous les 26 octobre le « jour du grand et effrayant tremblement de terre »[11].
38
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39
+ L'église souffrit fortement d'abord d'un incendie en 859, puis d'un nouveau séisme le 8 janvier 869, qui provoqua l'écroulement de la moitié de la coupole. L'empereur Basile Ier fit les réparations nécessaires.
40
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41
+ Le 25 octobre 989, une nouvelle secousse, très importante, détruisit encore la coupole. L'empereur Basile II chargea l'architecte arménien Trdat, créateur des grandes églises d'Ani et Agine, de restaurer le dôme[12]. Ces réparations de grande ampleur, qui touchèrent aussi bien l'arche occidentale que la moitié de la coupole, durèrent six ans. L'église rouvrit ses portes le 13 mai 994.
42
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+ Dans son livre De caerimoniis aulae Byzantinae (Livre des Cérémonies), l'empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-919) donne tous les détails sur les cérémonies célébrées à Sainte-Sophie, tant par l'empereur que par le patriarche.
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45
+ Au cours du sac de Constantinople, en 1204, durant la quatrième croisade, l'église fut pillée par les croisés. L'historien byzantin Nicétas Choniatès décrit ainsi la destruction de l'autel pour en récupérer les matières précieuses. Durant l'occupation latine de Constantinople (1204–1261), la basilique devint le siège du patriarche latin de Constantinople. Baudouin VI de Hainaut fut couronné empereur le 16 mai 1204 à Sainte-Sophie, observant au plus près les rites byzantins en usage. Le doge de Venise Enrico Dandolo, l'un des chefs de la croisade, fut enterré dans la basilique. La plaque qui marque l'emplacement supposé de sa tombe ne date que du XIXe siècle.
46
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47
+ L'église subit deux séismes en 1231 et 1237[13]. Selon certains auteurs, les arcs-boutants du côté ouest (et éventuellement d'autres aujourd'hui englobés dans d'autres structures) auraient été ajoutés au cours de la période latine[14]. Le premier patriarche latin, Thomas Morosini (en), orna l'autel de colonnes de marbres prélevées dans une autre église[15].
48
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49
+ Les Byzantins reprirent la ville en 1261. En 1317, l'empereur Andronic II Paléologue fit construire quatre nouveaux arcs-boutants à l'est et au nord. Après de nouveaux dégâts causés dans le dôme par un nouveau séisme en octobre 1344, d'autres parties du bâtiment s'écroulèrent le 19 mai 1346. L'église ne put rouvrir ses portes qu'en 1354, une fois les réparations menées à bien par les architectes Astraes et Peralta.
50
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51
+ En 1453, immédiatement après la prise de Constantinople par les Ottomans, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya[16], comme symbole de la conquête. Contrairement au sort d'une grande majorité d'édifices chrétiens, soumis aux pillages intensifs des troupes du sultan, Sainte-Sophie fut épargnée sur ordre de Mehmed II, qui lui attachait une grande importance[17]. À cette époque, le bâtiment était très délabré : plusieurs de ses portes ne tenaient plus. Cet état de la basilique a été décrit par plusieurs visiteurs occidentaux, comme le gentilhomme cordouan Pedro Tafur[18] et le Florentin Cristoforo Buondelmonti[19]. Le sultan Mehmed II ordonna le nettoyage immédiat de l'église et sa conversion en une mosquée. Contrairement aux autres mosaïques et peintures murales des églises de la ville, la mosaïque de Marie dans l'abside de Sainte-Sophie ne fut pas, pour des raisons obscures, recouverte de lait de chaux par ordre de Mehmed II[20]. Pendant cent ans, elle fut couverte d'un voile puis eut le même traitement que les autres[20]. Le sultan suivant, Bajazet II, fit ériger un nouveau minaret, en remplacement de celui construit par son père.
52
+
53
+ Au XVIe siècle, le sultan Soliman le Magnifique (1520-1566) rapporta deux chandeliers colossaux de sa conquête de la Hongrie. Ils furent placés de chaque côté du mihrab. Mais au cours du règne de Sélim II (1566-1577), le bâtiment commença à montrer des signes de fatigue et dut être stabilisé par l'ajout de contreforts externes massifs. Ces travaux d'envergure furent accomplis par le grand architecte ottoman Sinan, qui construisit les deux autres grands minarets de l'extrémité ouest du bâtiment, la loge originale du sultan et le mausolée de Sélim II, au sud-est, en 1577. Les mausolées de Mourad III et Mehmed III furent construits à ses côtés dans les années 1600.
54
+
55
+ D'autres additions ont été réalisées plus récemment, comme le minbar (estrade pour les sermons) décoré de marbres, et la loggia pour le muezzin. Le sultan Mourad III (1574-1595) plaça des deux côtés de la nef les deux grandes urnes hellénistiques en albâtre, transportées depuis Pergame. Le sultan Mahmoud Ier ordonna la restauration de l'édifice en 1739 et ajouta une médersa (une école coranique, actuellement la bibliothèque du musée), une soupe populaire (pour la distribution aux pauvres), une bibliothèque et, en 1740, une fontaine d'ablutions rituelles (Şadirvan), transformant ainsi le bâtiment en un külliye, c'est-à-dire un vaste complexe social. Dans le même temps furent construits une nouvelle galerie pour le sultan, ainsi qu'un nouveau mihrab.
56
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57
+ La mieux connue des restaurations de Sainte-Sophie fut celle menée entre 1847 et 1849 par le sultan Abdülmecid, accomplie par plus de 800 ouvriers dirigés par deux architectes italo-suisses, les frères Gaspare et Giuseppe Fossati. Les travaux portèrent sur la consolidation de la coupole et des voûtes, le redressement des colonnes et la révision de la décoration intérieure et extérieure. Les mosaïques de la galerie furent nettoyées. Les anciens lustres furent remplacés par de nouvelles suspensions plus facilement accessibles. Les Fossati ajoutèrent un minbar (chaire) et les huit panneaux circulaires de 7,5 mètres de diamètre qui furent accrochés aux quatre piliers centraux, inscrits des noms d'Allah, du prophète Mahomet et des quatre premiers califes Abu Bakr, Omar, Uthman et Ali, ainsi que de ceux des deux petits-enfants de Mahomet : Hassan et Hussein, par le calligraphe Kazasker İzzed Effendi (en) (1801-1877)[21]. En 1850, les Fossati construisirent une nouvelle galerie du sultan dans le style néo-byzantin, reliée au pavillon royal situé derrière la mosquée. À l'extérieur du bâtiment furent érigés un nouveau bâtiment pour le gardien du temps et un nouveau medrese. Les minarets furent modifiés de manière à égaliser leurs hauteurs respectives. La restauration achevée, la mosquée fut rouverte dans de fastueuses cérémonies, le 13 juillet 1849.
58
+
59
+ En 1918, les Ottomans, dont le pays est occupé par les puissances de l'Entente à l'issue de la Première Guerre mondiale, projettent de dynamiter Sainte-Sophie[22]. À son arrivée au pouvoir, Mustafa Kemal Atatürk décide de poursuivre la restauration de Sainte-Sophie. La direction des travaux est attribuée au Byzantine Institute of America en 1931[23]. En 1934, Atatürk désaffecte le lieu du culte pour « l'offrir à l'humanité », il fait décrocher les grands panneaux circulaires portant le nom d'Allah, de Mahomet et des califes : Sainte-Sophie devient un musée. Pour l'historien Edhem Eldem, cette transformation « incarne la laïcisation du pays et la promotion de l'universalisme occidental »[22].
60
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61
+ En 1951, le gouvernement Menderes fait remettre en place les grands panneaux aux caractères arabes[24] portant les noms d'Allah et de Mahomet, retirés par Atatürk[22].
62
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63
+ En 1993, une mission de l'UNESCO en Turquie constate plusieurs altérations : le plâtre s'effrite, la pollution a sali les parements de marbre, des fenêtres sont cassées, des peintures décoratives sont endommagées par l'humidité, le toit en plomb est vétuste. Les efforts de restauration de l'édifice sont renforcés et continuent à ce jour.
64
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65
+ Sainte-Sophie a souffert de séismes en 553, 557, 558, 865, 869, 986, 1344, 1346, 1462, 1500, 1509, 1719, 1754, 1766, 1894 et 1999, aussi est-elle équipée de capteurs sismiques depuis 1991 dont les informations sont transmises en temps réel à des chercheurs de l'université du Bosphore. Elle fait également l'objet d'une simulation par ordinateur pour prédire son comportement en cas de séisme majeur[25].
66
+
67
+ Le long héritage de Sainte-Sophie, successivement basilique chrétienne, mosquée et musée très fréquenté, pose un défi délicat en matière de restauration. L'héritage iconographique de mosaïques chrétiennes est progressivement dévoilé mais des créations artistiques musulmanes doivent être détruites pour les mettre au jour. Les restaurateurs tentent de conserver les deux expressions artistiques et religieuses.
68
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69
+ En 2012, une centaine de militants issus du Parti de la grande unité, un parti islamiste et nationaliste font campagne pour que le musée redevienne une mosquée, notamment en organisant une prière musulmane sous la coupole byzantine. En 2013, Bülent Arınç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan déclare envisager que cette transformation ait lieu. À cet effet, une commission parlementaire a été créée[22].
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71
+ En 2014, l’USCIRF (United States Commission on International Religious Freedom (en)) condamne les tentatives du Parlement turc de modifier le statut de Sainte-Sophie et de transformer ce musée en mosquée. Dans une déclaration rendue publique à l’époque, l’USCIRF écrit :
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+ « faire d’Hagia Sophia une mosquée serait clairement un geste provocateur et de division. Le message qui serait perçu est que le gouvernement actuel n’a que peu ou aucune considération pour la sensibilité des communautés religieuses minoritaires turques, en particulier son ancienne communauté chrétienne[26]. »
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+ Le ministère grec des Affaires étrangères réagit par une déclaration écrite : « l’obsession proche du sectarisme, de pratiquer des rites musulmans dans un monument du patrimoine culturel mondial est incompréhensible et révèle un manque de respect et de lien avec la réalité. » Le ministère a ajouté que de telles pratiques étaient en contradiction avec les valeurs des sociétés modernes, démocratiques et laïques[27].
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+ Durant la campagne des élections municipales turques de 2019, le 27 mars, le président Recep Tayyip Erdogan déclare que « le temps est venu » de faire de Sainte-Sophie une mosquée à la place du musée actuel. « Une telle décision serait susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d’attiser les tensions avec la Grèce voisine » commente Le Monde. Erdogan affirme que cela serait une demande du peuple turc et annonce attendre la fin des élections avant de prendre sa décision sur le statut de Sainte-Sophie après les élections[28].
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+ Le 2 juillet 2020, la Cour suprême de Turquie donne son feu vert au changement du statut de Sainte-Sophie[29].
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+ Le 10 juillet 2020, le décret de transformation de Sainte-Sophie en mosquée est publié[30], suscitant de nombreuses condamnations au niveau international. Ainsi, de nombreux États et organisations internationales font part de leurs protestations ou inquiétudes concernant le changement de statut, dont la France[31], la Grèce, les États-Unis[32], la Russie[33], l'Union européenne[34] ou encore l'UNESCO[35].
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+ Si les autorités turques transforment l'édifice en mosquée, cela constituera une menace pour toute « civilisation chrétienne », ainsi que pour la « spiritualité » et l'« histoire » de la Russie, s'alarme le patriarche de l'Église orthodoxe russe Cyrille. Il a ajouté que cela « blesserait profondément le peuple russe », qui, « aujourd'hui comme hier, accueille avec amertume et indignation toute tentative d'humilier ou de fouler aux pieds le patrimoine spirituel millénaire de l'Église constantinopolitaine »[36],[37].
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+ Sainte-Sophie est le monument le plus important de l'architecture byzantine. Sa somptueuse décoration intérieure de marbre couvrant tous les sols et les murs, ses mosaïques à fond d'or couvrant autrefois toutes les voûtes et coupoles (aujourd'hui en grande partie couvertes sous les enduits ou disparues), ses colonnes monumentales en diverses roches précieuses, son plan complexe et original mais cohérent, sa couverture en coupole et demi-couples qui semble suspendue dans les airs, ses nombreux étages de fenêtres distribuant abondamment la lumière dans tout l'édifice, et surtout l'immensité du volume intérieur qui a pu être dégagé, sont d'une immense valeur autant technique qu'artistique. Justinien a lui-même supervisé l'achèvement de la basilique, la plus grande jamais construite à ce moment, qui devait rester la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
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+ La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales paléochrétiennes dérivées de l'Antiquité tardive romaine, et le premier chef-d'œuvre de l'architecture byzantine, qui marquera profondément tout le Moyen Âge qu'elle inaugure d'un point de vue architectural. Son influence s'est exercée profondément et de manière durable, sur l'architecture orthodoxe orientale, mais aussi tout autant sur celles de l'Église catholique et du monde musulman, et elle est restée un modèle insurpassé et admiré durant des siècles.
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+ Le bâtiment principal de la basilique (sans les annexes ni la galerie du narthex), forme un espace rectangulaire de 77 mètres de longueur sur 71 mètres de largeur au sol[38].
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+ Le plan et la structure interne sont complexes, mais ils répondent à une logique d'ensemble qui aboutit à une grande unité de l'espace. Il s'agit de la synthèse de deux sortes de plans traditionnels de l'architecture byzantine, très différents et a priori inconciliables: le plan basilical, en longueur avec une nef bordée de colonnades, éclairée latéralement par des fenêtres hautes, et menant à une abside, et le plan centré dominé par une grande coupole au milieu de l'édifice entourée d'absides et d'absidioles.
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+ Ici la « nef » principale, très large, est constituée par le carré central, qui mesure 100 pieds byzantins de côté (un peu plus de 32 mètres), couvert par la coupole sur pendentifs, auquel s'ajoutent deux très larges absides (de la même largeur que le carré central et la coupole) sur deux côtés opposés, couvertes par des demi-coupoles et mesurant 50 pieds byzantins de profondeur. Ces deux absides sont chacune élargies sur leurs côtés par deux grandes absidioles, également couvertes par des demi-coupoles plus petites.
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+ On obtient ainsi au total une nef environ deux fois plus longue que large. Les deux autres côtés du carré central sont bordés par les colonnades (ouvrant sur des bas-côtés très larges), surmontées par un second niveau de colonnades moins hautes (donnant sur les tribunes, qui sont tout aussi vastes), qui supportent elles-mêmes de hauts murs demi-circulaires qui ferment ces deux côtés vis-à-vis de l’extérieur et qui sont percés par deux étages de fenêtres hautes, le tout formant ainsi une très haute nef basilicale éclairée latéralement.
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+ Cela est permis parce que ces murs ne sont pas porteurs, la coupole repose en effet uniquement sur quatre gros piliers grâce à la technique des pendentifs qui permet de libérer entièrement les quatre côtés du carré central. Au-delà des quatre énormes piliers, ces colonnades se poursuivent dans les absidioles latérales des deux grandes absides, puisque ces absidioles sont chacune portées en leur centre par deux colonnes, en porphyre rouge afin qu'elles soient plus visibles. Les quatre gros piliers s’insèrent donc dans les longues colonnades latérales ainsi formées, ils sont décorés de fausses colonnes de porphyre ou de marbre vert selon les côtés, intégrées au décor de placage, pour simuler symboliquement la continuité des colonnades à travers ces piliers, ils se trouvent ainsi comme camouflés dans les lignes générales de la nef, leur aspect est du moins considérablement allégé.
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+ Les colonnes monumentales de la basilique, de diverses tailles et formes selon leur fonction, sont constituées de différents granites, marbres, porphyres, et l'on peut calculer que les plus importantes pèsent au moins 70 tonnes. Huit d'entre elles auraient été transportées depuis les temples de Baalbek. Les chapiteaux en marbre blanc sont très délicatement sculptés de feuilles d'acanthe et donnent l'impression d'être creux, ils sont typiquement byzantins, dérivés des ordres corinthien et ionique.
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+ La coupole semble à première vue ne reposer sur aucun appui solide, et parait flotter en apesanteur au-dessus d'une galerie d'arcades ininterrompues de 40 fenêtres, qui contribuent largement à inonder de lumière l'intérieur polychrome de la basilique. Les réparations successives au cours de l'histoire ont fait perdre au dôme sa base circulaire parfaite : elle apparaît aujourd'hui comme quelque peu elliptique et irrégulière, d'un diamètre variant de 31,24 m à 30,86 m. Son diamètre maximal est un quart plus petit environ que la coupole du Panthéon de Rome. À l'intérieur, elle culmine à 55,60 m au-dessus du sol. Elle reste de loin la plus grande coupole maçonnée d’Istanbul, et ses dimensions ne furent jamais dépassées pendant près d'un millénaire d'architecture byzantine dans le bassin méditerranéen, ni plus tard par l'architecture ottomane.
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+ La coupole est assise sur quatre pendentifs triangulaires concaves, qui permettent de la suspendre sur quatre piliers au-dessus de l'espace central dont le plan au sol est carré, sans nécessiter de mur porteur sur les côtés du carré. Cette solution était déjà appliquée par les architectes romains pour des constructions de moindre ampleur. Elle est connue sous les noms de « rachat du plan carré » ou « rachat de l'octogone », et devient classique dans les constructions byzantines et postérieures.
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+ Dans le cas de Sainte-Sophie, les pendentifs reportent les forces exercées par la coupole sur quatre piliers massifs disposés aux quatre angles. Ils sont contrebutés par deux immenses demi-coupoles, à l'est (abside qui donne sur la bêma) et à l'ouest (celle qui donne sur l'entrée du bâtiment), mais les côtés nord et sud ne sont pas contrebutés. Les grands arcs des pendentifs y sont seulement fermés par de hauts murs légers et ajourés qui reposent sur deux niveaux de colonnes. Il en résulte un déséquilibre des forces de poussée. Cette disposition bilatérale est la cause directe de tous les désordres que la basilique a connu tout au long de son histoire, au point qu'il a fallu, à l'époque ottomane, doter le bâtiment d'énormes contreforts et arches adossés sur les côtés nord et sud, qui ont fortement altéré son aspect extérieur.
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+ Les architectes byzantins puis ottomans ont montré que le contrebutement équilibré, soit par un plan octogonal supportant mieux les forces verticales (basilique Saint-Vital de Ravenne), soit par des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye), soit encore par un plan centré assumé avec des demi-coupoles sur les quatre côtés (mosquée bleue) ou d'autres coupoles sur pendentifs (église des Saints-Apôtres de Constantinople), apporte à ce problème une solution simple et définitive. Mais les architectes de Sainte-Sophie ont fait un choix de hardiesse architecturale, ils tenaient visiblement à conserver un plan basilical en longueur partagé par un seul axe de symétrie, formant un volume principal intérieur plus unitaire et monumental, pour être visible d'un seul coup d’œil depuis l'entrée, avec des tribunes et des fenêtres latérales, chose qu'un plan centré cruciforme ne permet pas.
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+ Mehmet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, fit recouvrir l'image du Christ pantocrator qui ornait la coupole et la remplaça par une calligraphie, et cacha les visages des anges qui la soutiennent. Un seul a été restauré dans son état initial.
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+ Certains éléments d'architecture ou décoratifs comme certains panneaux de marbre et colonnes sont des réemplois provenant de ruines antiques.
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+ Les deux grandes jarres de marbre (ou d'onyx) appartiennent à la période hellénistique. Ces énormes vases monolithes furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Mourad III. La porte de bronze marquant l'entrée latérale dans le narthex au sud-ouest, dite la « belle porte » (Güzel Kapı), provient d'un temple grec, probablement de la ville de Tarsus.
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+ Réservée à l'empereur, la porte impériale était la porte principale d'entrée de la basilique, entre l'exonarthex et l'ésonarthex. Sa partie supérieure est ornée d'une mosaïque byzantine représentant le Christ et l'empereur Léon VI le Sage.
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+ Une longue rampe, à partir de la partie nord du narthex extérieur, mène à la galerie supérieure.
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+ La galerie supérieure, traditionnellement réservée à l'impératrice et à sa cour, présente la forme d'un fer à cheval qui entoure la nef jusqu'à l'abside. Les mosaïques les mieux conservées sont situées dans la partie sud de la galerie.
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+ La loge de l'impératrice est située dans le centre d'une galerie supérieure au-dessus de la galerie de narthex. De là, l'impératrice et les dames de la cour dominaient les cérémonies avec une vue d’ensemble sur l'intérieur de la basilique. Une pierre verte marque l'emplacement du trône de l'impératrice.
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+ La porte de marbre est située au sud de la galerie supérieure : elle était utilisée par les membres du synode.
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+ À l'extérieur, on eut recours au simple stucage des murs, qui révélait le dessin des voûtes et des coupoles, c'est du moins l'état dans lequel le monument nous est parvenu, après de nombreuses réfections. Le revêtement externe actuel jaune et rouge a été ajouté par l'architecte suisse Gaspare Fossati au cours de sa restauration de la basilique au XIXe siècle.
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+ À l'origine, du temps de Justinien, le décor intérieur comportait surtout des placages de marbre sur la plupart des murs, dont il subsiste une bonne partie, et des mosaïques à fond d'or sur toutes les voûtes, beaucoup moins préservées. Beaucoup de ces décorations représentaient des motifs abstraits ou végétaux, peuplés d'oiseaux et autres animaux. Mais on trouvait déjà en ce temps-là de nombreuses mosaïques figuratives, comme en témoigne l'éloge funèbre de Paul le Silentiaire.
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+ Les écoinçons des arcades du premier niveau regardant vers le vaisseau central, sont décorés d'une dentelle de feuilles d'acanthe entrelacées, sculptées en relief dans le marbre blanc. C'est un motif assez similaire à ceux des chapiteaux typiquement byzantins des colonnes qui portent ces arcades. Au-dessus, les écoinçons des arcades de la galerie supérieure sont, quant à eux, revêtus de marqueteries de marbre (opus sectile), représentant des motifs végétaux en plaquettes de marbre blanc découpées avec précision, incluses dans un fond de marbre noir, avec quelques disques de porphyre qui ne manquent pas de rappeler les opus sectile de l'Antiquité romaine. Les intrados de ces arcades supérieures sont d��corés de mosaïques à fond d'or représentant des rinceaux de vigne. Ces décorations sont d'origine, de la période justinienne, et constituent un témoin de la richesse décorative de cette époque.
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+ Décoration des arcades inférieures regardant vers le vaisseau central : entrelacs de feuilles d'acanthe délicatement sculptées dans le marbre blanc, c'est un motif assorti à ceux des chapiteaux byzantins qui portent les arcades.
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+ Les arcades du niveau supérieur, du côté regardant vers le vaisseau central, ont conservé leur riche décor de marqueteries de marbre (opus sectile) et leurs mosaïques à rinceaux de vigne en dessous.
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+ Nombre d'objets précieux ou miraculeux, reliques, icônes vinrent enrichir progressivement le fabuleux trésor de la basilique.
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+ Au cours des siècles, l'église fut décorée de riches mosaïques. La totalité des voûtes et coupoles, et certains murs, étaient couverts de mosaïques à fond d'or. Elles figuraient la Vierge Marie, Jésus, les saints, des anges, ou bien des empereurs et impératrices, ou encore de motifs végétaux et géométriques dans un style purement décoratif.
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+ La crise iconoclaste dans les années 726 à 843, a vu la destruction de la quasi totalité des mosaïques de la période primitive dans les églises de Constantinople, dont Sainte-Sophie, ce sont surtout les mosaïques figuratives qui étaient les plus visées. Il est de nos jours très difficile d'imaginer la richesse décorative et picturale inouïe qu'elles pouvaient représenter. Pour observer des ensembles de mosaïques byzantines de la période primitive, il faut de nos jours se reporter dans les églises de la ville de Ravenne, comme à la basilique Saint-Vital, même si les mosaïques de Sainte-Sophie devaient être un peu différentes. Les mosaïques détruites ont été peu à peu remplacées par d'autres, mais le style évolua fortement au fil des siècles et ne retrouva pas la richesse ornementale des premiers temps.
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+ Après la période iconoclaste, une quantité de mosaïques et autres décors figuratifs furent ajoutés dans la seconde moitié du IXe siècle, notamment une célèbre image du Christ dans la coupole centrale, d'autres de saints orthodoxes, de prophètes, de pères de l'Église et de figures historiques liées à l'Église orthodoxe, comme le patriarche Ignace de Constantinople ou encore des scènes de l'Évangile dans les galeries. Les plus anciennes mosaïques figuratives aujourd'hui visibles dans la basilique sont celles de l'abside (celle qui abritait l'autel), représentant la vierge à l'enfant (la Théotokos) sur la demi-coupole, et les archanges Gabriel et Michel sur l'arche de la bêma[40].
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+ En 1204, lors de la quatrième croisade, les croisés latins pillèrent les grands édifices byzantins de la ville, y compris Sainte-Sophie.
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+ À la suite de la conversion du bâtiment en mosquée, en 1453, bon nombre des mosaïques furent recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans islam de représenter des scènes figuratives. Ce processus ne fut pas accompli d'un seul coup, et des rapports existent depuis le XVIIe siècle dans lesquels des voyageurs déclarent avoir vu des images chrétiennes dans l'ancienne basilique.
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+ En 1847-1849, le bâtiment fut restauré par deux frères suisses, Gaspare et Giuseppe Fossati, qui obtinrent du sultan Abdülmecid la permission de relever toutes les mosaïques qu'ils seraient amenés à découvrir au cours des travaux. Toutefois, il n'était pas prévu de les restaurer, et même, les Fossati durent masquer à la peinture certaines figures qu'ils venaient de relever en détail : c'est le cas des visages de deux mosaïques de séraphins découvertes au cours des travaux sur les pendentifs, au centre de l'édifice. Les deux autres figures de séraphins symétriques des pendentifs n'ont pas été retrouvées par les Fossati, qui les ont entièrement recréées. Dans d'autres cas, les Fossati se sont efforcés de combler à la peinture les parties de mosaïques endommagées, au point de parfois les redessiner complètement.
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149
+ Les archives des Fossati (conservées aux archives cantonales de Bellinzona en Suisse)[41] sont parfois les uniques sources de mosaïques aujourd'hui disparues, recouvertes de plâtre ou peut-être détruites par le violent tremblement de terre de 1894. Parmi celles-ci figuraient une grande mosaïque du Christ pantocrator sur le dôme, une mosaïque au-dessus d'une « porte des Pauvres » non identifiée, une grande image d'une croix incrustée de pierres précieuses et un grand nombre d'images d'anges, de saints, de patriarches, et de pères de l'Église. La plupart des images manquantes se trouvaient sur les deux tympans.
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+ Les mosaïques de la Porte impériale ornent le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur.
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+ D'après leur style, on peut les dater de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle. L'empereur représenté avec un halo (ou nimbe) pourrait être Léon VI le Sage ou son fils Constantin VII Porphyrogénète : il s'incline devant le Christ pantocrator, assis sur un trône incrusté de pierres précieuses et donnant sa bénédiction, la main gauche sur un livre ouvert[42]. On peut lire sur le livre : « EIPHNH YMIN. EΓΩ EIMI TO ΦΩC TOY KOCMOY ». « La paix soit avec vous. Je suis la Lumière du monde. » (Jean 20:19; 20:26; 8:12). Les deux médaillons, de chaque côté des épaules du Christ, figurent, à sa gauche, l'archange Gabriel, tenant une houlette, et à sa droite, sa mère, Marie. L'ensemble forme ainsi la scène de l'Annonciation. Cette mosaïque exprime le pouvoir temporel conféré par le Christ aux empereurs byzantins.
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+ Les mosaïques du tympan de l'entrée sud-ouest datent de 944. Elles furent redécouvertes lors des restaurations de Fossati, en 1849. La Vierge Marie est assise sur un trône sans dossier décoré de pierres précieuses. L'Enfant Jésus est assis sur ses genoux, donnant sa bénédiction et tenant un rouleau dans sa main gauche. À droite se tient l'empereur Constantin, en costume de cérémonie, présentant à Marie un modèle de la ville. L'inscription à son côté dit : « KΩNCTANTINOC O EN AΓIOIC MEΓAC BACIΛEYC », « Constantin, le grand basileus (roi) parmi les saints ». À gauche se tient l'empereur Justinien, offrant Sainte-Sophie avec, au-dessus de lui, l'inscription : « IOYCTINIANOC O AOIΔIMOC BACIΛEYC », « Justinien, le basileus (roi) digne d'être chanté ». Les médaillons, des deux côtés de la tête de la Vierge, portent les monogrammes « MP » et « ΘY », abréviation de « MHTHP ΘEOY », « Mère de Dieu ».
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+ La mosaïque de la Théotokos (la Vierge à l'Enfant) est la première mosaïque de la période post-iconoclaste. Elle a été inaugurée le 29 mars 867 par le patriarche Photius et les empereurs Michel III et Basile Ier. Cette mosaïque est située très en hauteur, dans la demi-coupole de l'abside. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Ses pieds reposent sur un piédestal. Tant le socle que le trône sont ornés de pierres précieuses. Ces mosaïques sont considérées comme une reconstruction des mosaïques du VIe siècle qui furent détruites au cours de la période iconoclaste. Les figures des mosaïques sont disposées sur le fond d'or original du VIe siècle. Les portraits des archanges Gabriel et Michel (en grande partie détruits), sur le bêma de l'arche, datent également du IXe siècle.
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+ La mosaïque de l'empereur Alexandre est assez difficile à trouver, cachée dans un coin très sombre du plafond du deuxième étage. Elle représente l'empereur Alexandre III (« AΛEΞANΔPOC »), dans son manteau impérial, tenant un rouleau dans sa main droite et un orbe (ou globus cruciger) dans la gauche. Un dessin de Fossati montre que la mosaïque a survécu jusqu'en 1849, et on pensait qu'elle avait été détruite dans le tremblement de terre de 1894. Elle fut redécouverte en 1958, sous une simple couche de peinture[43].
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161
+ Cette mosaïque de la galerie sud date du XIe siècle. Le Christ pantocrator, vêtu d'une robe bleu foncé (comme c'est l'usage dans l'art byzantin), est assis au milieu, sur fond d'or, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. De chaque côté de son visage sont disposés les monogrammes « IC » et « XC », pour « IHCOYC XPICTOC » (Iēsous Khristos). Il est flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l'impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. L'empereur présente une bourse qui rappelle le don qu'il a fait à l'église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation, portant ces mots : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω ΠICTOC BACIΛEYC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu ». L'inscription du côté de l'empereur dit : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω AYTOKPATΩP ΠICTOC BACIΛEYC PΩMAIΩN O MONOMAXOC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu, roi des Romains, Monomaque ». L'inscription de l'impératrice se lit comme suit : « ZΩH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Zoé, la très pieuse Auguste ». Ni le visage, ni le nom de l'empereur ne sont ceux d'origine. Il est possible que la mosaïque ait d'abord représenté le premier mari de Zoé, Romain III Argyre, ou son fils adoptif, Michel IV le Paphlagonien.
162
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163
+ La mosaïque des Comnène est située, elle aussi, sur le mur oriental du côté sud de la galerie. Elle a été exécutée après 1122. La Vierge Marie (« MP ΘY ») est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l'art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l'empereur Jean II Comnène (« IΩ(ANNHC) EN X(PICT)Ω TΩ Θ(E)Ω ΠICTOC BACIΛEYC ΠOPΦYPOΓENHTOC, AYTOKPATΩP PΩMAI(ΩN) O KOMNHNOC » « Jean, pieux empereur dans le Christ Dieu, Porphyrogénète, roi des Romains, Comnène ») est représenté dans un costume brodé de pierreries.
164
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165
+ Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église. L'impératrice Irène de Hongrie (« EIPHNH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Irène, la très pieuse Auguste ») se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le coempereur Alexis Comnène (« AΛEΞIOC EN X(PICT)Ω ΠI(CTOC) BACIΛEYC PΩMAI(ΩN) » « Alexis, dans le Christ, pieux empereur des Romains ») est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose. On peut comparer ce groupe avec la mosaïque de l'impératrice Zoé, qui lui est antérieure d'un siècle, et voir l'évolution : l'expression des portraits se trouve maintenant plus réaliste, autrement dit, moins idéalisée. L'impératrice a des cheveux blonds tressés, des joues roses et des yeux gris, propres à montrer ses origines hongroises. L'empereur est représenté dans la dignité.
166
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167
+ La mosaïque de la déisis (grec Δέησις : « supplication ») date probablement de 1261. C'est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure. Cette mosaïque est considérée comme un chef-d'œuvre pour la douceur des traits et de l'expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l'art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens de la fin des XIIIe – XIVe siècles, comme Duccio. La Vierge Marie (« MP ΘΥ ») et saint Jean le Baptiste (« O AΓIOC IΩ. O ΠPOΔPOMOC » : saint Jean Prodromos), tous deux de trois-quarts, implorent l'intercession du Christ pantocrator (« IC XC ») pour les péchés de l'humanité lors du Jour du jugement. La partie inférieure de la mosaïque est très détériorée, probablement à cause de la pluie venant de la fenêtre voisine.
168
+
169
+ Les mosaïques du tympan nord, situées très en hauteur, figurent quelques saints personnages, parmi lesquels on reconnaît saint Jean Chrysostome (« IΩANNHC O XPYCOCTOMOC ») et le patriarche Ignace de Constantinople, dit le Jeune (« IΓNATIOC O NEOC ») debout, vêtus de robes blanches brodées de croix et tenant des bibles richement ornées. Les autres ont disparu, probablement lors du tremblement de terre de 1894.
170
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+ Mosaïque du tympan nord : saint Jean Chrysostome.
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+ Mosaïques du tympan nord, selon le relevé de Fossati.
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175
+ Mosaïque du tympan nord : le patriarche Ignace de Constantinople.
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+ Datation des mosaïques entre parenthèse.
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+ L'empereur Constantin IX (détail, vers 1020)
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+
181
+ La Vierge à l'Enfant, entre l'empereur Jean II Comnène et l'impératrice Irène (vers 1118)
182
+
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+ Mosaïques à motifs géométriques, galerie supérieure.
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185
+ L'impératrice Irène (vers 1118)
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+
187
+ L'empereur Constantin Ier, fondateur de la ville de Constantinople en 330 (vers 1000, entrée sud-ouest)
188
+
189
+ Portrait du coempereur Alexis Comnène, fils de Jean II Comnène et d'Irène (vers 1122)
190
+
191
+ Christ pantocrator et l'empereur Léon VI (886-912) (fin du IXe siècle)
192
+
193
+ Christ pantocrator.
194
+
195
+ Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, (IXe siècle)
196
+
197
+ Jean le Baptiste (XIIe siècle)
198
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199
+ Petite photo montrant les caractéristiques ottomanes sur la façade qui ont été enlevées plus tard (1880).
200
+
201
+ Vue depuis le square Sultanahmet.
202
+
203
+ Vue de l'abside par Sinan.
204
+
205
+ Vue de nuit.
206
+
207
+ Allah (الله, à droite)Mahomet (محمّد, à gauche)
208
+
209
+ Abu Bakr (أبو بكر)
210
+
211
+ Omar (عمر)
212
+
213
+ Othman (عثمان)
214
+
215
+ Ali (علي)
216
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217
+ Hussein (حسين, à droite)Hassan (حسن, à gauche)
218
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219
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+ En mathématiques, un ensemble désigne intuitivement une collection d’objets (les éléments de l'ensemble), « une multitude qui peut être comprise comme un tout » (au sens d'omnis).
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+
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+ Dans une approche axiomatique, la théorie des ensembles est une théorie de l'appartenance (un élément d'un ensemble est dit « appartenir » à cet ensemble). Le mot ensemble désigne alors un objet du domaine de cette théorie, dont les axiomes régissent les propriétés. La théorie des ensembles est utilisée pour fonder les mathématiques, et dans cette approche tout objet mathématique est in fine un ensemble.
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+
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+ Mais la notion d'ensemble est aussi une notion de base qui intervient dans à peu près tous les domaines des mathématiques.
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+
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+ La formulation en reviendrait au mathématicien Georg Cantor, qui énonçait : « Par ensemble, nous entendons toute collection M d'objets m de notre intuition ou de notre pensée, définis et distincts, ces objets étant appelés les éléments de M »[trad 1],[1]. Ceci était particulièrement novateur, s'agissant d'ensembles éventuellement infinis (ce sont ces derniers qui intéressaient Cantor).
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+
9
+ Ce qui est en jeu au premier chef dans la notion d'ensemble, c'est la relation d’appartenance : un élément appartient à un ensemble. Ce sont les propriétés de cette relation que Zermelo, puis d'autres, ont axiomatisées en théorie des ensembles. Il est assez remarquable que l'on puisse s'en contenter pour une théorie qui peut potentiellement formaliser les mathématiques. Mais ce n'était pas l'intention de Cantor, et il n'avait pas non plus axiomatisé sa théorie.
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+
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+ L'objet de cet article est de donner une approche intuitive de la notion d'ensemble, telle qu'elle est indiquée dans l'article théorie naïve des ensembles.
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+
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+ Un ensemble peut être vu comme une sorte de sac virtuel entourant ses éléments, ce que modélisent bien les diagrammes de Venn. Souvent (ce n'est pas toujours possible), on essaye de le distinguer typographiquement de ses éléments, par exemple en utilisant une lettre latine majuscule, par exemple « E » ou « A », pour représenter l'ensemble, et des minuscules, telles que « x » ou « n », pour ses éléments.
14
+
15
+ Les éléments peuvent être de n’importe quelle nature : nombres, points géométriques, droites, fonctions, autres ensembles… On donne donc volontiers des exemples d'ensembles en dehors du monde mathématique. Par exemple : lundi est un élément de l’ensemble des jours de la semaine ; une bibliothèque est un ensemble de livres, etc.
16
+
17
+ Un même objet peut être élément de plusieurs ensembles : 4 est un élément de l'ensemble des nombres entiers, ainsi que de l’ensemble des nombres pairs (forcément entiers). Ces deux derniers ensembles sont infinis, ils ont une infinité d’éléments.
18
+
19
+ L'appartenance d'un élément, noté par exemple x, à un ensemble, noté par exemple A, s’écrit : x ∈ A.
20
+
21
+ Cet énoncé peut se lire :
22
+
23
+ Le symbole « ∈ », dérive de la lettre grecque ε (epsilon) introduite par Giuseppe Peano dès 1889[2].
24
+ Pour Peano « x ε A » se lit « x est un A », par exemple « x ε N » se lit « x est un entier positif ou nul». Le ε renvoie à l'initiale du mot « est » (en latin, langue de l'article de Peano de 1889 !), en français, ou en italien (« è »). Bertrand Russell reprend les notations de Peano en 1903 dans les Principles of Mathematics[3], ouvrage qui va participer à leur diffusion, et où est utilisée la forme arrondie vieillie du epsilon : « ϵ », en usage dans l'édition mathématique anglo-saxonne.
25
+
26
+ Comme souvent pour les relations, on barre ce symbole pour indiquer sa négation, la non-appartenance d’un objet à un ensemble :
27
+
28
+ En mathématiques – et pas seulement en mathématiques d'ailleurs –, on considère que deux objets sont égaux quand ils ont les mêmes propriétés, que l'on ne peut donc les distinguer l'un de l'autre – c'est la définition de l'égalité de Leibniz. Dire que deux objets sont égaux, c'est-à-dire que deux expressions désignent en fait le même objet, c'est donc donner une information sur ce que sont ces objets. En théorie des ensembles on décide qu'un ensemble est complètement caractérisé par ses éléments, son extension, alors qu'il peut avoir plusieurs définitions. Par exemple, il n'y a pas lieu de distinguer l'ensemble des entiers différents d'eux-mêmes et l'ensemble des entiers supérieurs à tous les nombres premiers : ces deux ensembles sont tous les deux vides, donc égaux – ils ont bien les mêmes éléments –, même s'ils ont des définitions différentes, et sont vides pour des raisons très différentes.
29
+
30
+ On dira donc que deux ensembles A et B sont égaux (on le notera comme d'habitude A = B) quand ils ont exactement les mêmes éléments. Cette propriété est connue sous le nom d'extensionnalité :
31
+
32
+ (Extensionnalité)     A = B   si et seulement si   ∀x (x ∈ A ⇔ x ∈ B)
33
+
34
+ où « ⇔ » désigne l'équivalence logique. Deux ensembles qui ont les mêmes éléments sont bien identiques : tout ce qui peut être dit de l'un peut être dit de l'autre. Si nous nous représentons les deux ensembles comme des sacs étiquetés chacun par leur nom, s’ils sont égaux, alors il s’agit en fait d’un seul et même sac avec deux étiquettes. Par contre, les propriétés d’un ensemble ne dépendent absolument pas de la nature ou de la forme du sac, seulement de son contenu.
35
+
36
+ Ainsi un ensemble est complètement déterminé par ses éléments. Quand un ensemble est fini, il est donc possible de le définir en donnant la liste de ses éléments, que l'on note traditionnellement entre accolades. Par exemple l'ensemble auxquels appartiennent les éléments 2, 3, et 5, et seulement ces éléments, est noté {2, 3, 5}. L'ensemble est défini en extension.
37
+
38
+ Mais on ne peut procéder ainsi en toute généralité, on ne pourrait définir ainsi un ensemble infini. Même si quelques artifices de notation qui ressemblent à la notation en extension sont possibles (voir ci-après), la façon la plus générale de définir un ensemble est de donner une propriété caractéristique des éléments de cet ensemble. Par exemple, on pourra définir l'ensemble des nombres premiers par une propriété caractéristique de ceux-ci : être différent de 1 et avoir pour seuls diviseurs 1 et lui-même. On parle de définition en compréhension[4]. L’ensemble {2, 3, 5} peut être défini en compréhension comme l’ensemble de tous les nombres premiers inférieurs à 6. La définition en extension des ensembles finis peut être vue comme un cas particulier simple de définition en compréhension : par exemple l'ensemble {2, 3, 5} est caractérisé par la propriété, pour un nombre entier, d'être égal à 2 ou à 3 ou à 5.
39
+
40
+ Quand on parle d'ensembles finis, c'est en un sens intuitif, sans avoir vraiment défini cette notion. Un ensemble est fini quand on peut compter ses éléments à l'aide d'entiers tous plus petits qu'un entier donné.
41
+
42
+ Les ensembles finis peuvent être définis en extension, par la liste de leurs éléments, et décrits comme tels ; on place la liste des éléments d'un ensemble entre accolades, comme on l'a déjà vu pour l'ensemble {2, 3, 5}. Par exemple, l'ensemble des jours de la semaine peut être représenté par { lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche }.
43
+
44
+ La notation d'un ensemble en extension n'est pas unique : un même ensemble peut être noté en extension de façon différentes.
45
+
46
+ À cause de la propriété d'extensionnalité, il n'est pas question de distinguer des ensembles par le nombre de répétitions d'un même élément à ces ensembles : un élément appartient ou n'appartient pas à un ensemble, il ne peut appartenir à un ensemble une, deux, ou trois fois…
47
+
48
+ On pourrait imposer que la notation se fasse sans répétitions, ce serait assez malcommode dès qu'interviennent des variables : on ne pourrait noter un ensemble en extension sans devoir supposer que ses éléments sont distincts.
49
+
50
+ Il peut arriver que l'on ait besoin d'ensemble « avec répétition », dans le cas fini, il s'agit plus justement, de suites finies à l'ordre des éléments près, on définit alors la notion de multiensemble fini (qui peut se définir à partir de la notion de suite finie).
51
+
52
+ Les ensembles réduits à un seul élément sont appelés singletons. Par exemple l'ensemble qui contient pour seul élément 0 est appelé « singleton 0 » et noté {0}.
53
+
54
+ Les ensembles qui ont exactement deux éléments sont appelées paires, la paire des éléments 1 et 2, notée {1,2}, ne doit pas être confondue avec le couple (1,2), qui a un ordre déterminé.
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+
56
+ Quand on axiomatise la théorie des ensembles, les paires (et singletons) jouent un rôle particulier, voir l'article Axiome de la paire.
57
+
58
+ Par extensionnalité, il n'y a qu'un seul ensemble sans éléments, l'ensemble vide, que l'on note ∅ ou { }.
59
+
60
+ Un ensemble peut être défini en compréhension, c’est-à-dire qu'on le définit par une propriété caractéristique parmi les éléments d'un ensemble donné. Ainsi l'ensemble des entiers naturels pairs est clairement défini en compréhension, par la propriété « être pair » parmi les entiers naturels. On peut utiliser la notation d'un ensemble en compréhension[5], par exemple pour l'ensemble des entiers naturels pairs, on écrira (ℕ désignant l'ensemble des entiers naturels) :
61
+
62
+ On définira de la même façon (ℤ désignant l'ensemble des entiers relatifs) :
63
+
64
+ La formulation générale est :
65
+
66
+ Cette construction a besoin d'un ensemble déjà existant E et d'une propriété P définie sur tous les éléments de E. Elle permet donc de construire des sous-ensembles mais pas la réunion d'une famille d'ensembles, ni l'ensemble des parties d'un ensemble, ni même les ensembles finis définis par la liste de leurs éléments comme au paragraphe précédent. On pourrait pourtant écrire, par exemple pour l'ensemble des parties P(E) = { A | A ⊂ E }
67
+
68
+ Il n'est pas pour autant possible de définir un ensemble par n'importe quelle propriété, et lever entièrement la restriction de la compréhension. Si c'était le cas on pourrait définir l'ensemble {x | x ∉ x}, ce qui conduit à une contradiction (c'est le paradoxe de Russell). La restriction de la compréhension à un ensemble connu protège contre ce genre de paradoxes, elle correspond directement au schéma d'axiomes de compréhension de la théorie de Zermelo. Cette restriction ne peut se lever que dans des cas particuliers précis, qui correspondent à d'autres axiomes de la théorie de Zermelo (axiome de la paire, axiome de la réunion, axiome de l'ensemble des parties).
69
+
70
+ On n'a pas dit ce que l'on entendait par « propriété » ou « condition ». Malgré la restriction précédente, on ne peut tout autoriser, sous peine d'autres paradoxes comme le paradoxe de Richard ou le paradoxe de Berry, qui fait intervenir, par exemple, « l'ensemble des entiers naturels définissables en moins de quinze mots français ». Il est nécessaire de préciser le langage dans lequel on peut définir ces conditions. En particulier ce langage doit être défini a priori, et ne peut être étendu qu'à l'aide de définitions qui sont soit de simples abréviations, soit résultent de preuves d'existence et d'unicité.
71
+
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+ Pour noter l'ensemble des carrés parfaits non nuls (voir exemple au paragraphe précédent) on peut utiliser la notation plus concise :
73
+
74
+ dont la forme générale est :
75
+
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+ Elle représente l'ensemble des images d'un ensemble E par une application f. L'ensemble obtenu s'appelle image directe de E par f.
77
+ Il s'agit d'une variante de la notation en compréhension ci-dessus. Elle se déduit de celle-ci, en utilisant la définition d'une fonction, si F est l'ensemble d'arrivée de la fonction f[6] :
78
+
79
+ De cette notation dérivent d'autres notations faciles à comprendre
80
+
81
+ Ces notations ont leur avantage et leur inconvénient. D'un côté, elles facilitent une compréhension immédiate des ensembles considérés et rendent accessibles à l'intuition des objets plus compliqués. D'un autre côté, ces notations masquent un quantificateur existentiel indispensable dès lors que l'on veut utiliser cet ensemble.
82
+
83
+ Il existe d'autres notations commodes, en particulier pour les ensembles de nombres, et plus généralement pour les ensembles totalement ordonnés.
84
+
85
+ On peut utiliser des points de suspension, pour des notations inspirées de la notation en extension pour des ensembles de cardinalité infinie, ou finie mais non déterminée. Par exemple, l’ensemble des entiers naturels peut se noter par : ℕ = { 0, 1, 2, 3, … }. S'il est clair par ailleurs que n désigne un entier naturel, {1, 2, … , n}, voire {1, … , n} désigne en général l'ensemble des entiers supérieurs ou égaux à 1 et inférieurs ou égaux à n. De même on peut écrire ℤ = { … , –3, –2, –1, 0, 1, 2, 3, … }.
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+ Quand il y a un procédé itératif simple pour engendrer les éléments de l'ensemble, on peut se risquer à des notations comme {0, 2, 4, 6, … } pour l'ensemble des entiers naturels pairs, etc.
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+ On peut bien sûr utiliser ces notations pour des ensembles ayant « beaucoup » d'éléments, {1, 2, … , 1000} plutôt que d'écrire les mille premiers nombres entiers non nuls, ou encore { 3, 5, … , 21 } plutôt que { 3, 5, 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21 }.
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+
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+ Toutes ces notations ne sont pas systématiques, ni universelles, et pour les dernières au moins, pas très rigoureuses. On peut encore signaler, la notation, rigoureuse celle-ci, de certains sous-ensembles de la droite réelle, les intervalles.
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+ Par abus de notation, parfois on ne note pas la variable dans la définition en compréhension, mais seulement la propriété. Ainsi on note un ensemble en plaçant entre accolades la nature, ou une propriété caractéristique, des objets qui lui appartiennent. Par exemple la notation {chiens} désigne l’ensemble de tous les chiens ; pour prendre un exemple plus mathématique, on pourrait écrire parfois {pairs} pour l'ensemble des nombres pairs.
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+ Une théorie (du grec theorein, « contempler, observer, examiner ») est un ensemble cohérent d'explications, de notions ou d'idées sur un sujet précis, pouvant inclure des lois et des hypothèses, induites par l'accumulation de faits provenant de l'observation, l'expérimentation ou, dans le cas des mathématiques, déduites d'une base axiomatique donnée : théorie des matrices, des torseurs, des probabilités. Elle ne doit pas être confondue avec un principe philosophique contrairement aux principes observés et provisoirement admis suggérés par l'expérience, ni avec une hypothèse. Le terme de théoricien, qui désigne un scientifique, s'oppose à celui de technicien, qui désigne celui qui met en pratique une science particulière.
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+
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+ En philosophie des sciences, une théorie scientifique doit répondre à plusieurs critères, comme la correspondance entre les principes théoriques et les phénomènes observés. Une théorie doit également permettre de réaliser des prédictions sur ce qui va être observé. Enfin, la théorie doit résister à l'expérience et être compatible avec les nouveaux faits qui peuvent s'ajouter au cours du temps, ou rester valide dans de nouveaux domaines non encore explorés lors de sa première élaboration. Si ce n'est pas le cas, la théorie doit être corrigée, voire invalidée en dehors de son premier domaine.
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+
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+ Ainsi, c'est dans la durée que se juge la force d'une théorie car elle doit pouvoir rester compatible avec les nouveaux faits, résister aux expérimentations qui voudraient en démontrer son invalidité, et assurer la justesse de ses prédictions.
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+ Dans le langage courant, le terme « théorie » est parfois utilisé par anglicisme pour désigner un ensemble de spéculations sans véritable fondement, à l'inverse du sens admis par les scientifiques. Le mot hypothèse est alors plus approprié. Le principe, quant à lui, est une observation qui peut être expliquée ou non selon l'époque considérée (principe de Fermat), mais dans tous les cas dont on ne possède pas — ou, pour ne négliger aucune piste, pas encore — de contre-exemple (deuxième principe de la thermodynamique).
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+
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+ Quand on formalise les mathématiques, en logique mathématique, une théorie est un ensemble d’affirmations dont certaines sont des axiomes et les autres des théorèmes démontrables à partir de ces axiomes et au moyen de règles de la logique. Le premier théorème d'incomplétude de Gödel énoncé par Kurt Gödel déclare que toute théorie cohérente, ayant un nombre fini d'axiomes (ou de schémas d'axiomes) dans un langage qui permet de décrire l'arithmétique, et qui démontre quelques énoncés arithmétiques simples, contiendra toujours des propositions indécidables, c'est-à-dire des propositions que la théorie ne permet ni de démontrer ni de réfuter (en n'utilisant bien sûr que les axiomes de cette théorie). C'est le cas de l'arithmétique de Peano mais aussi de la théorie des ensembles. Il est en ce cas loisible de poser arbitrairement ces propositions comme vraies ou fausses. L'exemple le plus connu est l'axiome du choix (ou son équivalent le théorème de Zorn), indécidable dans la théorie des ensembles de Zermelo: il est donc possible d'ajouter, soit l'axiome du choix, soit sa négation, aux axiomes de Zermelo pour obtenir deux théories mathématiques également cohérentes.
10
+
11
+ « Une théorie sans faits n’est qu’une fantaisie, mais des faits sans théorie ne sont que chaos. »
12
+
13
+ — Charles Otis Whitman, 1894[1].
14
+
15
+ En sciences, une théorie est un modèle ou un cadre de travail pour la compréhension de la nature et de l'humain. En physique, le terme de théorie désigne généralement le support mathématique, dérivé d'un petit ensemble de principes de base et d'équations, permettant de produire des prévisions expérimentales pour une catégorie donnée de systèmes physiques. Un exemple est la « théorie électromagnétique », habituellement confondue avec l'électromagnétisme classique, et dont les résultats spécifiques sont obtenus à partir des équations de Maxwell.
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+
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+ L’adjectif « théorique », adjoint à la description d'un phénomène, indique souvent qu'un résultat particulier a été prédit par une théorie, mais qu'il n'a pas encore été constaté. Par exemple, jusqu'au milieu des années 1960, les trous noirs étaient considérés comme objets théoriques. L'existence d'Uranus, puis de Neptune furent également supposées (ou prédites) par abduction au moyen de la théorie newtonienne, puis plus tard confirmées par l'observation. De même, l'effet laser/maser postulé en 1917 par Albert Einstein et réalisé seulement en 1953.
18
+
19
+ Pour qu’une théorie soit considérée comme faisant partie des connaissances établies, il est habituellement nécessaire que celle-ci produise une expérience critique, c’est-à-dire un résultat expérimental non prédictible par une autre théorie établie. Un exemple fut la déviation apparente des rayons lumineux observée au cours d'une éclipse, déviation prévue en 1915 par la relativité générale, et constatée de façon partielle pour la première fois le 29 mai 1919.
20
+
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+ Dans le droit, le terme de théorie peut avoir deux objets. Soit il désigne une solution à un problème de droit proposée en général par la doctrine qui la dégage de la jurisprudence, voire de l'état du droit positif. Cette théorie propose l'application d'une règle précise lorsqu'une situation vérifie certains critères déterminés. La théorie propose donc un cadre simple et rigoureux qui facilite la prise de décision dans des cas concrets. Une théorie peut être invalidée par un revirement de jurisprudence ou par une loi contraire. En ce sens, les théories sont des énoncés simples et portent sur des champs très limités du droit. Des exemples de théories juridiques sont, en droit administratif, la théorie des mutations domaniales et la théorie des sujétions imprévues.
22
+
23
+ Soit il désigne ce que certains positivistes, depuis la fin du XIXe siècle et le début du XXe, ont tenté de construire, à savoir un discours sur le droit qui tend à l'appréhender de façon globale, et à tenter de comprendre ses mécanismes intrinsèques (si tant est qu'il en existe). Le théoricien, au contraire du docteur (au sens de celui qui participe à la doctrine; comprendre: ceux qui émettent une opinion au sein de la communauté juridique), suivant en cela une tradition qu'ils font remonter notamment à Kant différenciant le jugement de fait et le jugement de valeur, ne doit pas porter de jugement de valeur sur le droit (il ne dit pas si le droit est bien ou mal, s'il doit rester tel qu'il est ou qu'il devrait être changé…), mais uniquement le décrire. Cette analyse en termes de discours ou plutôt de langage et de méta-langage (ce qu'est la théorie du droit, le droit étant le « langage objet », celui dont on parle) est due à Hans Kelsen, auteur notamment de la Théorie pure du Droit (1962, pour la seconde édition, LGDJ-Bruylant, Coll. La Pensée Juridique). Ses travaux sont perpétués en France notamment par Otto Pfersmann (par ex. : Raisonnement juridique et interprétation, sous la dir. Pfersmann et Timsit, Publications de la Sorbonne, Paris 2001), Michel Troper (par ex. : Théorie du droit, le droit, l'État, PUF, 2001) ou Éric Millard (par ex. : Théorie générale du droit, Dalloz, Paris 2006) qui ont chacun élaboré leur propre compréhension de Kelsen, et ont orienté leurs travaux en ce sens.
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+ En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels (mais pouvant être rapides ou lents) peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce (dite « espèce-mère »), à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des « espèces-filles ». Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution[2].
2
+
3
+ Certains philosophes de l’Antiquité (Lucrèce, 98-54 avant notre ère, en particulier) ont approché le phénomène de l’évolution, mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des théories proposent des explications scientifiques, c’est-à-dire réfutables ou démontrables. Jean-Baptiste de Lamarck a le premier formulé une théorie scientifique transformiste fondée sur deux principes complémentaires : complexification de l'organisme et diversification adaptative.
4
+
5
+ Puis, à partir de 1859 avec la publication de L'Origine des espèces par Charles Darwin[3], le modèle darwinien de l’évolution s’est progressivement imposé dans la communauté scientifique comme celui expliquant un maximum de faits observables avec un minimum de postulats (principe de parcimonie). Darwin illustre, avec des observations détaillées, la thèse que les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes, mais se diversifient avec le temps, ou disparaissent[4]. Comme cause des changements qui se produisent peu à peu au sein d’une population, il propose l’idée de la sélection naturelle, équivalent naturel et spontané de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs d’animaux domestiques[5]. Les espèces sont profondément conditionnées par leur milieu naturel, aujourd’hui appelé écosystème.
6
+
7
+ Toutefois, Darwin, contrairement à une croyance répandue, même à l'université, ne rejetait pas les mécanismes lamarckiens d'habituation et de transmission des caractères acquis ; il y a juste ajouté les variations spontanées et la sélection naturelle. Ce n'est qu'un an après la mort de Darwin, en 1883, qu'August Weismann a postulé la séparation des lignées germinale et somatique, ce qui implique l'impossibilité de la transmission des caractères acquis. Il ne restait donc, dans l’œuvre de Darwin plus que le mécanisme variations-sélection comme vraisemblable.
8
+
9
+ Avec la découverte de la génétique par Gregor Mendel, les modèles de l’évolution se sont peu à peu affinés[6]. Ainsi, depuis les années 1930, la théorie synthétique de l'évolution fait l’objet d’un large consensus scientifique[7]. Les recherches actuelles poursuivent l’étude des mécanismes qui permettent d’expliquer les phénomènes évolutifs[8]. Des processus découverts après 1950, comme ceux des gènes architectes, de la coévolution et de l’endosymbiose, permettent de mieux saisir les mécanismes génétiques en action, d’appréhender l’évolution des espèces les unes par rapport aux autres ou de décrire plus précisément les différents rythmes de l’évolution.
10
+
11
+ Les logiques évolutives sont utilisées et étudiées dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'anthropologie, la biologie de la conservation, l'écologie, la médecine, la paléontologie, la philosophie, et la psychologie.
12
+
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+ Les hommes ont cherché l'origine de la diversité du vivant dès la période antique. L'idée d'évolution est déjà présente chez des philosophes grecs[10] et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce). Cependant, Aristote, comme beaucoup d'autres, avait une conception relativement fixiste du vivant (même si cela dépend des textes : la question ne se posant pas chez lui, il n'y apporte pas de réponse claire). Cette vision est restée prédominante dans la pensée occidentale jusqu'au XVIIIe siècle, confortée par la religion chrétienne dans laquelle toutes les espèces sont créées par Dieu au commencement du monde, déjà « parfaites » (début de la Genèse). Les grandes religions monothéistes ont diffusé cette représentation fixiste dans une vaste partie du monde. De plus ces religions confèrent à l'homme une place à part dans le vivant : il serait créé à part, à l'image de Dieu et moralement supérieur à toutes les autres espèces[10].
14
+
15
+ Durant le Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien[11]. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
16
+
17
+ Dans le monde musulman, l'idée d'évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l'idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution[12]. Au XIIIe siècle, le philosophe Nasir ad-Din at-Tusi soutient la sélection des meilleurs et l'adaptation des espèces à leur environnement[13]. Ces écrits se sont heurtés au dogme de la genèse et ont été oubliés pendant des siècles.
18
+
19
+ À la Renaissance des savants comme Jérôme Cardan[14], Giordano Bruno[15] et Giulio Cesare Vanini[16] remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l'origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l'idée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l'Inquisition, certains le paieront de leur vie[17].
20
+
21
+ Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d'animaux vivants[18] ébranlent les idées fixistes et font naître l'idée d'une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l'idée d'évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, naturaliste passionné qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d'étude (qui deviendra le Muséum National d'Histoire Naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d'extinctions brutales au cours des temps géologiques[19]. Il admet ainsi que les espèces terrestres n'ont pas toujours été celles observées aujourd'hui, sans pour autant accepter l'évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les 6 000 ans estimés jusque-là pour l'âge de la Terre sont trop courts pour y intégrer ces extinctions successives[19].
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23
+ La première théorie véritablement scientifique d'une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d'une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste. Il considère que les espèces peuvent se transformer selon deux principes :
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25
+ La publication, en 1809, dans Philosophie zoologique, de sa théorie transformiste entraîne de virulents débats au sein de l'Académie des sciences car elle entre en contradiction avec les idées en vigueur à l'époque et notamment le fixisme. Contrairement à une idée répandue, Lamarck n'avance aucune théorie de la transmission des caractères acquis (contrairement à ce que fera Darwin en 1868), il se contente de reprendre les idées admises sur ce point depuis Aristote.
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+ Malgré les critiques de Cuvier, qui devient son principal opposant, les idées transformistes reçoivent une adhésion croissante à partir de 1825 et rendent les naturalistes plus réceptifs aux théories évolutionnistes[20].
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+ Charles Darwin publie en 1859 son livre De l'origine des espèces[21] où il expose une suite d'observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations. Cette théorie évoque « la descendance avec modification » des différentes espèces. Les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces s'adaptent en permanence à leur milieu. Il baptise sélection naturelle cette sélection des individus les mieux adaptés en opposition à la sélection artificielle que pratiquent les agriculteurs, jardiniers et éleveurs ; cette dernière étant le socle expérimental empirique sur lequel Darwin s'appuie pour développer sa théorie.
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+ Darwin propose dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » qui explique la transmission des caractères acquis, mais elle sera par la suite infirmée par diverses études sur l'hérédité. August Weismann, à la fin du XIXe siècle, théorise la séparation stricte entre les cellules germinales (germen) et les cellules corporelles (soma), ce qui interdit la transmission des caractères acquis. La redécouverte des lois de Mendel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'hérédité et donne naissance à la génétique. Elle est à l'origine de nouvelles méthodes dans l'étude de l'évolution, comme la génétique des populations.
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+ Dans les années 1940, la Théorie synthétique de l'évolution, fondée entre autres par Theodosius Dobzhansky et Ernst Mayr, naît de l'articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et de la génétique mendelienne. La découverte de l'ADN et la biologie moléculaire viennent parachever cet édifice scientifique. Depuis la biologie de l'évolution est intégrée à toutes les disciplines de la biologie et, en parallèle de son développement, contribue aussi bien à retracer l'histoire évolutive du vivant, qu'à trouver des remèdes aux maladies les plus complexes telles que le SIDA ou le cancer. Plus récemment, l'étude de l'évolution profite du développement de l'informatique et des progrès de la biologie moléculaire, notamment du séquençage du génome qui permet le développement de la phylogénie par un apport très important de données.
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34
+ L'évolution est la théorie scientifique qui s'intéresse aux espèces et explique les mécanismes de leur apparition à partir d'espèces existantes ou passées. L'espèce, concept plus que réalité tangible, est le taxon de base de la systématique, bien qu'on puisse aussi parler de sous-espèces. La réalité biologique est qu'une espèce est constituée de populations dont les individus peuvent se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile.
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36
+ L'évolution du vivant commence avec l'origine de la vie il y a au moins 3,8 milliards d'années. Les premières étapes, qui ne sont pas connues précisément, ont conduit à l'apparition des trois grands groupes d'organismes actuels connus, les bactéries, les archées et les eucaryotes. L' histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d'un arbre phylogénétique.
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+ L'évolution est constatée :
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+ À l'échelle des temps géologiques, et sur le plan du phénotype, l'évolution conduit à des changements morphologiques, anatomiques, physiologiques et comportementaux des espèces. Charles Darwin a imaginé les bases de ce qui est devenu la Théorie de l'Évolution notamment en observant les ressemblances et les différences entre les différentes espèces de pinsons des différentes îles de l'archipel des Galapagos au cours de son voyage à bord du HMS Beagle. L'histoire évolutive des lémuriformes sur l'île de Madagascar est un exemple frappant illustrant la théorie de l'évolution sur un écosystème précis.
41
+
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+ À une échelle de temps plus proche de celle que peut observer un humain, l'évolution ne se manifeste généralement qu'au sein des espèces : apparition de populations de bactéries résistantes aux antibiotiques, de populations d'insectes résistantes aux insecticides, etc. Dans certains cas toutefois, elle donne lieu à l'apparition rapide de nouvelles espèces, comme cela a par exemple sans doute été le cas pour la Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), apparue en Europe à la suite de l'introduction post-colombienne de cette culture d'origine méso-américaine vraisemblablement par évolution à partir d'une espèce locale, Ostrinia scapularis[22].
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+
44
+ Avant de considérer ces arguments, il faut rappeler qu'au sein de l'expression « théorie de l'évolution », le terme « théorie » signifie « modèle explicatif », et non pas « idée hypothétique ». Il en est de même, par exemple, avec « théorie de la gravitation » : malgré cette formulation, la réalité de la gravité ne fait pas débat.
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+ Si on arrive à établir un lien de parenté entre deux espèces différentes, alors cela veut dire qu'une espèce ancestrale s'est transformée en, au moins, une de ces deux espèces. Il y a donc bien eu évolution.
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+ Un lien de parenté entre espèces fossiles ou actuelles peut être mis en évidence par le partage d'au moins un caractère homologue, c'est-à-dire provenant d'un ancêtre. Ces indices de parenté sont décelables au niveau de la morphologie, au niveau moléculaire et parfois même, pour des espèces très proches, au niveau du comportement.
49
+
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+ Il est en général impossible d'affirmer qu'une espèce fossile est l'ancêtre d'une espèce actuelle, car il ne sera jamais garanti que l'espèce actuelle ne s'est pas différenciée à partir d'une autre espèce proche, mais qui n'aurait pas été découverte. En effet, la conservation de restes d'espèces éteintes est un événement relativement improbable surtout pour les périodes les plus anciennes. On peut seulement estimer les liens de parenté, avec les autres espèces déjà connues, actuelles ou fossiles. Par exemple le fossile de fleur le plus ancien a été daté de 140 millions d'années. Cet organe est donc apparu sur Terre, il y a au moins 140 millions d'années. Mais d'autres espèces proches, avec des fleurs, existaient aussi certainement à cette époque. Personne n'est capable d'affirmer laquelle de ces espèces est l'ancêtre des plantes à fleur actuelles. On ne cherchera que les relations de parenté, les relations d'ancêtre à descendant ne pouvant jamais être reconstituées.
51
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52
+ L'âge d'une espèce fossile, en revanche, indique l'âge minimum d'apparition des caractères qu'elle possède. Il est alors possible de reconstruire l'histoire de l'évolution, en plaçant sur une échelle des temps l'apparition des différents caractères. Les fossiles nous indiquent que l'ordre d'apparition des innovations évolutives est tout à fait en accord avec l'idée d'une évolution, qui dans un schéma général, part de structures simples vers des structures plus complexes. C'est aussi en accord avec une origine aquatique des êtres vivants, puisque les espèces fossiles les plus anciennes vivaient dans l'eau.
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54
+ Chez certaines espèces de Lacertidés américains du genre Cnemidophorus, ou lézards à queue en fouet, il n'existe plus que des femelles. Ces espèces pratiquent donc une reproduction asexuée. Cependant des simulacres d'accouplements persistent : pour se reproduire une femelle monte sur une autre dans un comportement similaire à celui des espèces sexuées. Ce comportement d'origine hormonale est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques[26].
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+ Introduit en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo sur l'île dalmate de Pod Mrcaru en mer Adriatique, le lézard des ruines (Podarcis siculus) y a été abandonné à lui-même durant plus de trois décennies, l'accès à l'île ayant été interdit par les autorités yougoslaves, puis par les conflits liés à l'éclatement de ce pays. En 2004, une équipe scientifique dirigée par Duncan Irschick et Anthony Herrel put revenir sur l'île et découvrit que Podarcis siculus avait évolué en 36 ans, soit environ trente générations, de façon très significative. Le lézard a grandi, sa mâchoire est devenue plus puissante, et surtout il a changé de régime alimentaire : d'insectivore il est devenu herbivore, et des valves cæcales sont apparues au niveau des intestins, ce qui lui permet de digérer les herbes... Cette découverte confirme, s'il en était encore besoin, que l'évolution n'est pas une théorie parmi d'autres, mais un phénomène biologique concrètement observable, et pas seulement chez les virus, les bactéries ou les espèces domestiquées[27]. Il faut cependant noter qu'il n'y a eu aucune modification de l'ADN du lézard pendant son séjour sur l’île, ce qui revient à dire que l'information génétique était suffisante pour s'adapter à ses nouvelles conditions de vie. Il faut aussi noter qu'environ 1 % de la population des lézards des ruines possèdent des valves alors que leur régime alimentaire est resté insectivore[27]. Cet exemple ne signifie pas pour autant une évolution au sens de l'apparition d'une nouvelle espèce. Il y a une adaptation évidente de notre lézard à son nouvel environnement.
57
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58
+ Si l'on veut retranscrire les concepts en systématique, il faut considérer la théorie cladistique, selon laquelle les grades évolutifs (qui induisent une vision de l'évolution aujourd'hui obsolète[28]) ne sont plus pris en compte, en faveur des clades[29].
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+ La paléobiologie, étude de la vie des temps passés, permet de reconstituer l'histoire des êtres vivants. Cette histoire donne aussi des indices sur les mécanismes évolutifs en jeu dans l'évolution des espèces. La paléontologie s'occupe plus particulièrement des restes fossiles des êtres vivants. La paléogénétique, science récente, s'intéresse au matériel génétique ayant survécu jusqu'à aujourd'hui[30]. Ces deux approches sont limitées par la dégradation du matériel biologique au cours du temps. Ainsi, les informations issues des restes sont d'autant plus rares que l'être vivant concerné est ancien. De plus, certaines conditions sont plus propices que d'autres à la conservation du matériel biologique. Ainsi, les environnements anoxiques ou très froids entravent la dégradation des restes. Les restes vivants sont donc lacunaires et sont bien souvent insuffisants pour retracer l'histoire évolutive du vivant.
61
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+ Tous les êtres vivants actuels étant issus d'un même ancêtre commun, ils partagent des caractéristiques héritées de cet ancêtre. L'analyse des ressemblances entre êtres vivants donne de nombreuses informations sur leurs relations de parenté, et permet de retracer l'histoire évolutive des espèces. La phylogénie est la discipline scientifique qui cherche à retracer les relations entre êtres vivants actuels et fossiles à partir de l'analyse comparative des caractères morphologiques, physiologiques ou moléculaires. L'analyse comparative permet de retracer l'histoire évolutive des différents caractères dans les lignées du vivant. L'évolution des caractères ne suit pas nécessairement celle des espèces, certains caractères (dits convergents) peuvent être apparus plusieurs fois de manière indépendante dans différentes lignées.
63
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+ L'évolution des caractères et des lignées peut être associée à des évènements géologiques ou biologiques marquant l'histoire de la Terre, ce qui permet de proposer des hypothèses sur les mécanismes à l'origine de l'évolution des espèces.
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+ La nature des caractères pouvant être analysés est extrêmement diverse, et il peut s'agir aussi bien de caractères morphologiques (taille, forme ou volume de différentes structures), anatomiques (structure, organisation des organes), tissulaires, cellulaires ou moléculaires (séquences protéiques ou nucléiques). Ces différents caractères apportent des informations diverses et souvent complémentaires. Actuellement, les caractères moléculaires (en particulier les séquences d'ADN) sont privilégiés, du fait de leur universalité, de leur fiabilité et du faible coût des technologies associées. Ils ne peuvent cependant pas être utilisés lors de l'étude de fossiles pour lesquels seuls les caractères morphologiques sont en général informatifs.
67
+
68
+ La modélisation en biologie de l'évolution se base sur les mécanismes de l'évolution mis en évidence pour mettre en place des modèles théoriques. Ces modèles peuvent produire des résultats qui dépendent des hypothèses de départ de ce modèle, ces résultats pouvant être comparés à des données réellement observées. On peut ainsi tester la capacité du modèle à refléter la réalité, et, dans une certaine mesure, la validité de la théorie sous-jacente à ce modèle.
69
+
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+ Les modèles dépendent souvent de paramètres, lesquels ne peuvent pas toujours être déterminés a priori. La modélisation permet de comparer les résultats du modèle et ceux de la réalité pour de nombreuses valeurs différentes de ces paramètres, et ainsi déterminer quelles sont les combinaisons de paramètres qui permettent au modèle de décrire au mieux la réalité. Ces paramètres correspondent souvent à des paramètres biologiques, et on peut ainsi estimer à partir du modèle certains paramètres biologiques difficiles à mesurer. La justesse de l'estimation de ces paramètres dépend cependant de la validité du modèle, laquelle est parfois difficile à tester.
71
+
72
+ La modélisation permet enfin de prédire certaines évolutions à venir, en utilisant les données actuelles comme données de départ du modèle.
73
+
74
+ Rappelons que le modèle est une simplification de la réalité dans un but opératoire, la prédiction ou l'explication. La théorie synthétique de l'évolution obéit à des lois et serait en partie reproductible mais elle reconnaît le rôle du hasard et de la contingence qui interviennent au niveau du gène (mutations génétiques), du génome (recombinaisons), des populations (flux et dérive génétique). Cette théorie n'est ni prévisible, ni prédictible dans la mesure où elle explique l'évolution de manière probabiliste, c'est-à-dire ni totalement déterministe, ni purement aléatoire, grâce à la sélection naturelle[31].
75
+
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+ L'évolution expérimentale est la branche de la biologie qui étudie l'évolution par de réelles expériences, à l'inverse de l'étude comparative des caractères, qui ne fait que regarder l'état actuel des êtres vivants. Les expériences consistent généralement en l'isolement d'une ou plusieurs espèces dans un milieu biologique contrôlé. On laisse alors ces espèces évoluer pendant un certain temps, en appliquant éventuellement des changements contrôlés de conditions environnementales. On compare enfin certaines caractéristiques des espèces avant et après la période d'évolution.
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+
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+ L'évolution expérimentale permet non seulement d'observer l'évolution en cours, mais aussi de vérifier certaines prédictions énoncées dans le cadre de la théorie de l'évolution, et tester l'importance relative de différents mécanismes évolutifs.
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+ L'évolution expérimentale ne peut étudier que des caractères évoluant rapidement, et se limite donc à des organismes se reproduisant rapidement, notamment des virus ou des unicellulaires, mais aussi certains organismes à génération plus longue comme la drosophile ou certains rongeurs.
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+ Un exemple : l'expérience de Luria et Delbrück.
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+ Les principaux moteurs ou facteurs de l'évolution (appelés aussi forces évolutives ou forces sélectives) sont, au niveau individuel, les mutations ponctuelles et les recombinaisons génétiques soumises au filtre de la sélection naturelle, et au niveau des populations, les flux et la dérive génétique[32].
85
+
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+ Parce que les individus d'une population possèdent des caractères héritables différents, et que seule une partie de ces individus accède à la reproduction, les caractères les plus adaptés à l'environnement sont préférentiellement conservés par la sélection naturelle. De plus, le hasard de la reproduction sexuée rend partiellement aléatoires les caractères qui seront transmis, par effet de dérive génétique. Ainsi, la proportion des différents caractères d'une population varie d'une génération à l'autre, conduisant à l'évolution des populations.
87
+
88
+ L'apparition de nouveaux caractères se produit dans un individu, pas dans l'espèce entière. Un nouveau caractère se répand ensuite (ou pas) sous l'effet de la sélection naturelle ou de la dérive génétique. Un ou plusieurs nouveaux gènes peuvent être acquis :
89
+
90
+ La plupart des individus d'une espèce sont uniques et différents les uns des autres[35]. Ces différences sont observables à toutes les échelles, du point de vue morphologique jusqu'à l'échelle moléculaire. Cette diversité des populations a deux origines principales : les individus sont dissemblables parce qu'ils ne possèdent pas la même information génétique et parce qu'ils ont subi des influences environnementales différentes.
91
+
92
+ La diversité génétique se manifeste par des variations locales de la séquence d'ADN, formant différents variants de la même séquence appelés allèles. Cette variabilité a plusieurs origines. Des allèles peuvent être formés spontanément par mutation de la séquence d'ADN. Par ailleurs, la reproduction sexuée contribue à la diversité génétique des populations de deux manières : d'une part, la recombinaison génétique permet de diversifier les combinaisons d'allèles réunies sur un même chromosome. D'autre part, une partie du génome de chaque parent est sélectionnée aléatoirement pour former un nouvel individu, dont le génome est par conséquent unique.
93
+
94
+ La diversité issue de l'environnement s'acquiert tout au long de l'histoire de l'individu, depuis la formation des gamètes jusqu'à sa mort. L'environnement étant unique à chaque endroit et à chaque moment, il exerce des effets uniques sur chaque individu, et ce à toutes les échelles, de la morphologie jusqu'à la biologie moléculaire. Ainsi, deux individus possédant la même information génétique (c'est par exemple le cas pour les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux ») sont tout de même différents. Ils peuvent notamment avoir une organisation et une expression différente de l'information génétique.
95
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+ Les êtres vivants sont capables de se reproduire, transmettant ainsi une partie de leurs caractères à leurs descendants. On distingue la reproduction asexuée, ne faisant intervenir qu'un individu, de la reproduction sexuée pendant laquelle deux individus mettent en commun une partie de leur matériel génétique, formant ainsi un individu génétiquement unique.
97
+
98
+ Les caractères génétiques, c'est-à-dire l'ensemble des séquences d'acide nucléique d'un individu, ne sont pas tous transmis de la même manière lors de la reproduction asexuée, qui est une reproduction clonale, l'ensemble des séquences nucléiques est copié et l'information génétique contenue chez les deux descendants est alors identique. En revanche, lors de la reproduction sexuée, il arrive fréquemment qu'une partie seulement du matériel génétique soit transmise. Chez les Métazoaires, les chromosomes sont fréquemment associés par paire, et seul un chromosome de chaque paire et de chaque parent est transmis à l'enfant. De plus, si les parents fournissent tous les deux la moitié du contenu nucléaire, le matériel cytoplasmique est souvent fourni par un seul des deux parents (la mère chez les mammifères). Ainsi, le matériel génétique contenu dans les organites semi-autonomes, tels que les chloroplastes et les mitochondries, n'est transmis que par une partie des individus de l'espèce (les femelles chez les mammifères).
99
+
100
+ La théorie synthétique de l'évolution, paradigme dominant actuel, se fonde sur un déterminisme génétique intégral et écarte donc toute transmission héréditaire de caractères acquis au cours de la vie de l'individu. Néanmoins de plus en plus de travaux scientifiques remettent en cause ce modèle et rétablissent pour partie l'idée d'une transmission héréditaire de caractères acquis que défendait le lamarckisme[36].
101
+
102
+ Tout d'abord, certains caractères dits épigénétiques concernent la structure et l'organisation des génomes sont transmis par les parents en même temps que les molécules d'acide nucléique elles-mêmes. De plus, la mère fournit l'environnement cytoplasmique de la cellule-œuf du descendant, et transmet ainsi un certain nombre de caractéristiques cellulaires à l'enfant. Des modifications épigénétiques conservées dans la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. Chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré[37]. L'étude de l'épigénétique, longtemps délaissée, connaît un grand essor depuis la fin du séquençage de nombreux génomes, dont celui de l'homme.
103
+
104
+ Ainsi, une étude de 2009 du MIT affirme mettre en évidence une hérédité de certains caractères acquis chez des rongeurs[38]. Par ailleurs, l’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subie par des individus pourraient en effet être transmis aux descendants.
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+ Lors de la reproduction sexuée, la transmission des caractères (notamment des allèles) comporte une grande part de hasard due à la recombinaison homologue, et au brassage génétique. Ainsi, on observe une variation aléatoire des fréquences alléliques d'une génération à l'autre, appelée dérive génétique. La dérive génétique génère donc une composante aléatoire dans l'évolution des populations. Ainsi, deux populations d'une même espèce n'échangeant pas de matériel génétique vont diverger jusqu'à former, si le temps d'isolement génétique est suffisant, deux espèces différentes. La dérive génétique est donc un des moteurs de la spéciation.
107
+
108
+ L'effet de la dérive génétique est particulièrement visible lorsqu'un faible nombre d'individus est à l'origine d'une population beaucoup plus nombreuse. C'est le cas lorsque se forme un goulot d'étranglement c'est-à-dire qu'une population est décimée et se reconstitue, ou lorsque quelques individus d'une population migrent pour aller coloniser un nouvel espace et former une nouvelle population (effet fondateur). Lorsqu'un tel évènement se produit, un allèle même faiblement représenté dans la population de départ peut se retrouver en forte proportion dans la population nouvellement formée sous le simple effet d'un hasard dans le tirage des individus à l'origine de la nouvelle population. Inversement, un allèle fortement représenté peut ne pas être tiré, et disparaît de la nouvelle population. Par ailleurs, la formation d'une nouvelle population à partir d'un faible nombre d'individus a pour effet d'augmenter la consanguinité dans la population et augmente le pourcentage d'homozygotie, ce qui fragilise la population.
109
+
110
+ Dans la très grande majorité des espèces, le nombre de cellules-œufs produit est bien plus grand que le nombre d'individus arrivant à l'âge de la maturité sexuelle et parmi ceux-ci, une partie seulement accède à la reproduction. Ainsi, seule une partie des individus formés se reproduit à la génération suivante. Il existe donc une sélection des individus perpétuant l'espèce, seuls les individus n'étant pas éliminés par les conditions environnementales pouvant se reproduire. Cette sélection a été baptisée sélection naturelle.
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+ Comme il existe une variabilité au sein des espèces, les individus possédant des caractères différents, et qu'une partie de ces caractères sont héréditaires, les caractères permettant à l'individu de survivre et de mieux se reproduire seront préférentiellement transmis à la descendance, par rapport aux autres caractères. Ainsi la proportion des caractères au sein des espèces évolue au cours du temps.
113
+
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+ La sélection naturelle peut prendre des formes très variées. La sélection utilitaire est une élimination des individus les moins capables de survivre et les moins féconds, alors que la sélection sexuelle conserve préférentiellement les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel. Bien que ces sélections soient complémentaires, on observe souvent des conflits, chaque forme de sélection pouvant favoriser l'évolution d'un caractère dans un sens différent.
115
+
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+ Il est parfois observé une sélection d'individus qui favorisent la survie ou la reproduction d'individus qui leur sont ou non apparentés, comme c'est le cas chez les insectes eusociaux ou lorsqu'un individu se sacrifie pour permettre la survie de son groupe ou de sa descendance. En sociobiologie, ces comportements altruistes s'expliquent notamment par les théories controversées de la sélection de parentèle, de la sélection de groupe et de l'altruisme réciproque. La sélection de parentèle prédit qu'il peut être plus avantageux pour un individu de favoriser beaucoup la reproduction d'un individu apparenté (donc avec lequel il partage des caractères) que de se reproduire un peu ou pas du tout, la sélection de groupe repose sur le même principe mais du point de vue du groupe et pourrait expliquer certains actes chez l'homme comme les guerres ou la xénophobie, l'altruisme réciproque se penche sur les cas d'altruisme entre individus non-apparentés et induit une contribution réciproque dont l'aide donnée en retour peut être différée dans le temps.
117
+
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+ Enfin, la sélection artificielle n'est qu'une forme de sélection naturelle exercée par l'humain.
119
+
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+ En conséquence de la sélection naturelle, les espèces conservent préférentiellement les caractères les plus adaptés à leur environnement, et y sont donc de mieux en mieux adaptées. Les pressions de sélection en jeu dans cette adaptation sont nombreuses et concernent tous les aspects de l'environnement, des contraintes physiques jusqu'aux espèces biologiques interagissantes.
121
+
122
+ L'adaptation de plusieurs espèces différentes sous l'effet des mêmes pressions environnementales peut conduire à l'apparition répétée et indépendante du même caractère adaptatif chez ces espèces, par un phénomène de convergence évolutive. Par exemple, chez les mammifères les cétacés et les siréniens ont tous deux développé des nageoires, de manière indépendante. L'évolution de ces nageoires montre une adaptation convergente à la vie aquatique.
123
+
124
+ Cependant, l'effet de la sélection naturelle est réduit par celui de la dérive génétique. Ainsi, un caractère avantageux pourra ne pas être sélectionné à cause de l'inertie donnée par la dérive. De plus, la loi de Dollo (loi sur l'irréversibilité de l'évolution) stipule qu'un caractère perdu ou abandonné au cours de l'évolution ne saurait réapparaître au sein d'une même lignée d'organismes.
125
+
126
+ L’évolution peut également se faire par mutualisme. Des relations interspécifiques s’établissent à bénéfices réciproques. Les plus abouties sont les symbioses. La théorie endosymbiotique est généralement admise aujourd’hui pour expliquer la genèse de la cellule eucaryote. L’endocytose des bactéries pourpres a rendu possible la respiration et la production d’énergie. Plus tard l’endocytose de cyanobactéries a permis la photosynthèse. Ces acquisitions ont représenté des innovations évolutives déterminantes pour l’émergence de nouvelles espèces[39]. La soudaineté de l'apparition des cellules à noyau dans les traces fossiles laisse penser que les nouvelles cellules ont été générées par un processus radicalement différent de la simple mutation ou du transfert de gènes. C'est par symbiose que des procaryotes en auraient pénétré d'autres donnant naissance aux eucaryotes. La symbiose crée sans transition de nouvelles espèces - comme les amibes bactérisées - qui n'ont pas évolué progressivement par accumulation de mutations sur une très longue durée[40].
127
+
128
+ L'évolution d'une population sous l'effet du hasard et des contraintes environnementales peut aboutir à la disparition de la population et éventuellement de l'espèce à laquelle elle appartient. Inversement, deux populations peuvent s'individualiser au sein d'une même espèce jusqu'à former deux espèces distinctes par un processus nommé spéciation.
129
+
130
+ Le sauvetage évolutif est un processus théorique où une population résiste aux pressions environnementales par des changements génétiques avantageux pour échapper à l'extinction. Ces derniers peuvent avoir deux origines : une mutation qui apparaît, ou bien un allèle rare déjà présent dans la population.
131
+
132
+ On distingue le sauvetage démographique et le sauvetage génétique du sauvetage évolutif[41].
133
+
134
+ Bien que la dispersion soit un aspect clé des trois stratégies de survie de la population[42], le sauvetage évolutif est le seul qui soit guidé mécaniquement par l'évolution adaptative[43].
135
+
136
+ Jusqu’au XXe siècle l’évolution est comprise d’un point de vue Darwinien et Néo-Darwinien. On pense que seuls les processus écologiques expliquent les variations de populations à court terme. L’évolution n’est réservée qu’aux changements à long terme. Cependant, plusieurs observations ont montré des changements rapides dans les populations, tels que la résistance aux pesticides. Anthony David Bradshaw est le premier à soulever ce problème en 1991[44].
137
+
138
+ En 1995, Richard Gomulkiewicz et Robert Holt commencent à formaliser le concept par des modèles simples de dynamique évolutive et populationnelle dans la revue Évolution[45].
139
+
140
+ Ce concept a évolué depuis et est défini en 2012 par Andrew Gonzalez et ses collaborateurs : « le sauvetage évolutif survient lorsque l'adaptation génétique permet à une population de se rétablir des effets démographiques induits par des changements environnementaux qui, autrement, entraîneraient la disparition de l'espèce »[43]. Cette définition renforce l'idée qu’un brutal changement environnemental éloigne une population de sa niche fondamentale vers un ensemble de conditions dans lesquelles peu d'individus, voire aucun, sont capables de survivre et de se reproduire.
141
+
142
+ Le sauvetage évolutif peut être caractérisé graphiquement par une courbe en U représentant la taille de la population au cours du temps.
143
+
144
+ Ici, on considère un changement environnemental brutal qui abaisse la fitness (valeur sélective) de la population en dessous de 1. La population ne peut donc plus se renouveler, et sa taille décroît de façon géométrique. Généralement, ce déclin mène à une extinction. Pour survivre, la population doit donc rapidement s’adapter. Chez une population en danger, l’adaptation prend une nouvelle dimension, celle de la course contre l’extinction.
145
+
146
+ Cette courbe en U est une combinaison de deux autres courbes : le déclin géométrique des individus qui portent l’allèle sauvage et l’augmentation des individus qui portent l’allèle bénéfique[46],[41].
147
+
148
+ L’origine du sauvetage évolutif dépend du taux de mutation et de la fréquence d’allèle rare à la génération 0. Elle ne dépend pas de la fitness du nouvel allèle. En effet, les allèles rares sans avantage sélectif dans l’environnement d’origine sont susceptibles d’être perdus rapidement par stochasticité. Un sauvetage par mutation est donc plus probable. Cependant le temps requis pour l’apparition d’une nouvelle mutation bénéfique rend le sauvetage plus lent que si l’allèle existe déjà, et donc plus tardif. Ce faisant, la phase 1 de diminution de la population dure plus longtemps, et la perte de diversité est encore plus importante[46].
149
+
150
+ En plaçant une population dans un environnement stressant, on peut avoir une réaction immédiate telle que l’acclimatation (réponse physiologique pour atteindre un état d’équilibre). Sur le long terme, on observe plutôt de l’adaptation (réponse évolutive pour atteindre un état d’équilibre). Dans le cas du sauvetage évolutif, l’adaptation peut se faire sur une échelle de temps très court. L’enjeu des études expérimentales ou des observations sont donc de différencier ces deux paramètres et de les détecter[47].
151
+
152
+ Différence entre la fitness moyenne d’une population et la fitness d’une population composée entièrement d’individus avec des génotypes optimaux. Cette différence de fitness s’explique par la présence d’allèles délétères. Elle est influencée par le taux de consanguinité et la dérive génétique.
153
+
154
+ Sous l'effet du changement environnemental, la persistance de la population dépend de la plasticité phénotypique, de la dispersion ou de l'évolution adaptative. Une expérience de Stewart & al. (2017) se concentre sur l’évolution adaptative et sa limitation par la charge génétique. Ils étudient les effets de l’évolution sur l’adaptation des petites populations lors d’un changement d’environnement grâce au modèle du coléoptère rouge de farine (Tribolium castaneum)[48]. Dans leurs expériences, les avantages de l’évolution sont contrebalancés par des processus génétiques non adaptés notamment la consanguinité et la dérive génétique. En effet, la sélection de traits avantageux réduit la diversité génétique et augmente la proportion d’homozygotes dans la population. Ils ont donc une charge génétique importante, diminuant la fitness des populations. Dans le cas d’un changement environnemental, ce phénomène associé à une petite taille de population réduit la probabilité d’un sauvetage évolutif.
155
+
156
+ Un autre exemple possible de sauvetage évolutif dans la nature est la réponse sélective des serpents noirs (Pseudechis porphyriacus) aux crapauds de canne à sucre (Bufos marinus). Ces crapauds mortellement toxiques ont été introduits en Australie en 1935, et ont rapidement provoqué la disparition de plusieurs espèces endémiques de serpents. Une étude de Ben L. Phillips et Richard Shine a révélé que les serpents noirs exposés aux crapauds avaient une préférence réduite pour ces proies, mais aussi une résistance accrue à leur toxine. Des expériences en laboratoire ont montré que ces changements n’étaient pas dû à l'apprentissage ou à l’immunité acquise après ingestion de la toxine. Ces résultats suggèrent fortement que le comportement et la physiologie du serpent noir ont évolué en réponse à la présence de crapauds, et l'ont fait rapidement : en moins de 23 générations de serpents[49].
157
+
158
+ Ces études sur le sauvetage évolutif révèlent de nouvelles perspectives en biologie de la conservation. Cependant, elles permettent aussi d’expliquer certains phénomènes dans d’autre domaines d’étude, comme en médecine. En effet, la résistance aux antibiotiques de plusieurs pathogènes correspond à un sauvetage évolutif. On cherche dans ce cas à l’éviter.
159
+
160
+ Enfin, même si les populations naturelles peuvent supporter des variations environnementales intenses, elles échouent généralement à s’adapter au stress anthropique, tel que la pollution ou l’acidification. On observe alors une extinction de ces populations.
161
+
162
+ L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui, et de nombreux points sur les mécanismes de l'évolution ne sont pas éclaircis. Certaines questions déjà soulevées par Charles Darwin n'ont d'ailleurs toujours pas de réponse certaine.
163
+
164
+ Une des grandes questions de la théorie de l'évolution est l'origine des rangs taxinomiques supérieurs à celui de l'espèce. En outre, la manière dont est apparue la majorité des 33 embranchements animaux, issus de l'explosion cambrienne, pose encore problème. Ainsi, la théorie gradualiste estime que les changements interviennent de manière progressive au cours de l'évolution, alors que la théorie des équilibres ponctués, formulée par Stephen Jay Gould et Niles Eldredge défend qu'il existe des sauts évolutifs majeurs. Selon cette théorie, le mécanisme d'évolution est tantôt accéléré tantôt ralenti, voire pratiquement nul durant de longues périodes[50]. Or au Cambrien, les paléontologues s'accordent à reconnaître des changements écologiques majeurs[51] qui pourraient selon cette théorie être à l'origine de l'apparition d'organismes appartenant aux clades actuels. De plus l'absence de fossile durant presque 100 millions d'années avant les faunes de Burgess et la rareté des sites fossilifères précambriens suggèrent l'existence de lignées fantômes précédant l'explosion cambrienne. Les formes de vie auxquelles appartiennent les animaux de Burgess n'auraient tout simplement pas été retrouvées à l'état fossile durant de longues périodes[52].
165
+
166
+ Il a été longtemps admis que l'évolution s'accompagnait d'un accroissement de la complexité des êtres vivants. Cependant, cette idée, largement influencée par l'anthropocentrisme, est fortement débattue aujourd'hui[53]. La complexité n'ayant pas de définition précise à l'heure actuelle, il est difficile de vérifier une éventuelle augmentation de complexité. Par ailleurs, lorsque cette idée est admise, les origines de cette augmentation de complexité sont, elles aussi, source de controverse. En fait, tout cela a déjà été clairement expliqué par Lamarck.
167
+
168
+ Un certain nombre d'auteurs étudient la complexité de façon formelle, tels qu'Edgar Morin et Eugene Koonin (en). Ce dernier, dans son livre The Logic of Chance[54], consacre un chapitre entier à l'origine de la complexité biologique. Il considère que « l'augmentation de la complexité est […] une tendance évolutive majeure » et que « l'émergence et l'évolution de la complexité aux niveaux du génotype et du phénotype […] (représentent) un problème central, si ce n'est le problème central en biologie ». Plus précisément, il se demande pourquoi l'évolution n'en est pas restée au niveau des procaryotes autotrophes les plus simples, et a en fait mené à l'émergence de procaryotes complexes et, surtout, et de façon beaucoup plus frappante, des eucaryotes, avec leur génome gigantesque et régulé de façon très élaborée, de nombreux types cellulaires ; et « même capables de développer des théories mathématiques de l'évolution ».
169
+
170
+ Les critiques de ces auteurs soulignent la supposée proximité de leurs idées avec la notion d’une échelle des êtres, allant du simple au complexe, alors que l’évolution n’a pas de sens et peut aussi aller vers la simplification[55]. Ceux-ci mettent également en avant le fait que le monde vivant est essentiellement microbien, avec des micro-organismes simples ; les poissons, apparus bien avant les mammifères et plus simples qu’eux, constituent plus de la moitié des vertébrés[56].
171
+
172
+ Le matérialisme scientifique est une forme historique et radicale de matérialisme de la seconde moitié du XIXe siècle associée au développement des sciences et à la naissance de la biologie moderne. Il défend une vision générale du monde fondée sur l'idée d'évolution et censée reposer sur les connaissances issues des sciences de la nature[57].
173
+
174
+ Aujourd'hui, on doit au physicien et philosophe Mario Bunge la réintroduction en philosophie de l'expression « matérialisme scientifique » pour désigner sa propre conception matérialiste, qu'il définit par sa proximité avec l'ensemble des sciences[58]. Le matérialisme – qui s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés »[59].
175
+
176
+ Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge[60] :
177
+
178
+ Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, de manière co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence[61]
179
+
180
+ L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, à cause de la sélection par les éleveurs et les cultivateurs, se produit depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Ainsi, l'homme peut créer une sélection dite artificielle sur son environnement, volontairement pour des raisons économiques, ou involontairement via la pression de chasse, cueillette ou pêche[62].
181
+
182
+ L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.
183
+
184
+ La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie, marquée par un très fort ethnocentrisme, du pour l'essentiel au caractère colonial et impérialiste des nations occidentales, a été très fortement remise en question par la suite. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des « chemins » divergents, ne poursuivent pas les mêmes « objectifs », et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant la société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionnisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.
185
+
186
+ L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc.) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.
187
+
188
+ Le concept d'évolution a profondément influencé la culture populaire, non seulement à travers la fascination exercée par les « mondes perdus » et les faunes préhistoriques[63] mais aussi par la généralisation de la prise de conscience que tout évolue et que l'espèce humaine n'est ni le « sommet » de l'évolution, ni une espèce « supérieure », en encore moins une espèce « prédestinée » à dominer le monde, mais une espèce-relique d'une lignée autrefois buissonnante, beaucoup plus dépendante des autres espèces qu'elles ne le sont d'elle, bref un épiphénomène de l'évolution[64].
189
+
190
+ Les critiques de la théorie de l'évolution se répartissent en :
191
+
192
+ Du fait, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal comprise et/ou, parfois, mal admise hors de la communauté scientifique. Dans les sociétés occidentales, la théorie de l'évolution se heurte à une vive opposition de la part de certains milieux religieux, notamment pour son incompatibilité avec la Bible et le Coran. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l'idée même d'évolution des espèces ou la théorie de la sélection naturelle.[réf. nécessaire]
193
+
194
+ La théorie évolutionniste est-elle compatible avec la croyance en Dieu ? En fait, Ernst Mayr dit à ce sujet : « Il me semble évident que Darwin a perdu la foi un an sinon deux, avant de formuler sa théorie de la sélection naturelle (sur laquelle il a sans doute travaillé plus de dix ans). Par conséquent, il n'est pas infondé d'avancer que la biologie et l'adhésion à la théorie de la sélection naturelle risquent de vous éloigner de Dieu »[65].
195
+
196
+ Le biologiste Richard Dawkins, dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu (2008), pense que la sélection naturelle est « supérieure » à l'« hypothèse de Dieu » qu'il qualifie d'« improbabilité statistique », et défend l'athéisme.
197
+
198
+ Le biologiste Kenneth R. Miller (en) estime que la pensée évolutionniste n'est pas forcément incompatible avec la foi en un Dieu[66]. Pour lui les écrits de la Bible sont des métaphores.
199
+
200
+ L'évolution est encore aujourd'hui rejetée par certains milieux religieux, tenants du créationnisme, surtout protestants et musulmans.
201
+
202
+ La position de l'Église catholique sur ce sujet est plus nuancée, tout en maintenant l'innerance de la Bible[67]. En 1996 le pape Jean-Paul II déclare devant L'Académie ponticale des sciences : « aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis-1950), de nouvelles connaissances (la) conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse »[68].
203
+
204
+ Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.
205
+
206
+ Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé que soit aussi enseigné le pastafarisme (qui a été inventé à cette occasion).
207
+
208
+ Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle »[69]. Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.
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+ Lorsqu'il y a deux dates, la première est celle de la première parution, dans la langue d'origine.
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+ Théra
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+ Santorin (en grec moderne : Σαντορίνη / Santoríni), aussi appelée Théra ou Thira (Θήρα / Thíra), est une île grecque située en mer Égée. C'est l'île la plus grande et la plus peuplée d'un petit archipel volcanique comprenant quatre autres îles, auquel on donne parfois son nom (archipel de Santorin).
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+ Cette île et celles de Thirassía et Aspronissi sont les vestiges d'une ancienne île partiellement détruite vers 1600 av. J.-C. au cours de l'éruption minoenne[2].
10
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11
+ Santorin constitue l'un des principaux lieux touristiques de la Grèce, avec ses villages blancs à coupoles bleues perchés au sommet des falaises, ses panoramas sur les autres îles et ses sites archéologiques, notamment ceux de la ville antique de Théra et d'Akrotiri où furent retrouvées des ruines minoennes.
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+
13
+ Le nom antique de l'île est Théra, de même que la ville antique fondée à l'époque archaïque. Selon les auteurs anciens[3],[4],[5], son premier nom aurait été Kallisté, en français « la très belle » ou « la plus belle ». Elle aurait été rebaptisée Théra à l'époque archaïque, en l'honneur du colonisateur dorien Théras, fils d'Autésion, héros thébain mythique et descendant de Cadmos[6].
14
+
15
+ Selon une tradition locale[7] d'ancienneté inconnue, elle aurait aussi été appelée Strongylé (en grec ancien Στρογγύλη / Strongýlê, « la ronde », en raison du grand cercle que forme l'archipel de Santorin).
16
+
17
+ Le nom de Santorin, dérivé de celui de sainte Irène, est attesté dès le milieu du XIIe siècle (la première mention connue du nom est faite par le géographe Al Idrissi vers 1154)[8].
18
+
19
+ Après l'indépendance de la Grèce , l'île reprend officiellement le nom antique de Théra mais le nom de Santorin est toujours largement utilisé. Le nom officiel (depuis 1940[9]) d'une des anciennes capitales de l'île, Pyrgos Kallistis, en français « Tour-de-Kallisté » fait référence à l'ancien nom de Kallistē.
20
+
21
+ Santorin est située dans le sud de la mer Égée, dans l'est de l'archipel de Santorin, à 186 kilomètres au sud-est du cap Sounion (Attique) et à 113 kilomètres au nord-nord-est d'Héraklion, en Crète.
22
+
23
+ L'île de Santorin a la forme d'un croissant ouvert vers l'ouest et un profil dissymétrique : son littoral occidental est constitué de falaises et l'altitude décroit progressivement vers la côte orientale qui est généralement basse.
24
+
25
+ Santorin est incluse dans la périphérie d'Égée-Méridionale. Jusqu'à la réforme Kallikratis de 2010, l'île dépendait de l'ancien nome des Cyclades et était divisée depuis 1997 entre le dème de Théra, sur sa majeure partie, et la dème d'Oia à l'extrême Nord. Depuis, les deux anciennes circonscriptions ont été fusionnées et sont devenues des districts municipaux du dème de Théra, qui comprend donc la totalité de l'île ainsi que celle de Thirassía et des îlots inhabités.
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+
27
+ La municipalité de Santorin est divisée en 14 choriá (χωριά) locales :
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+
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+ L'île actuelle de Santorin est, avec les îles de Thirassía et Aspronissi, un des fragments d'une ancienne île volcanique partiellement détruite vers la fin du XVIIe siècle av. J.-C. par l'effondrement de la caldeira, suite au vide créé dans la chambre magmatique par l'éruption minoenne[10].
30
+
31
+ D'après Hérodote[11], l'île était habitée par les Phéniciens lorsque le héros Théras fonda la colonie dorienne de Théra, à l'époque archaïque. Par la suite, l'île appartint successivement à la ligue de Délos, à l'Égypte ptolémaïque et à l'Empire romain devenu byzantin.
32
+
33
+ Comme le reste des Cyclades, l'île fut conquise par les Latins après la conquête de Constantinople (1204) ; elle dépendait alors vraisemblablement du duché de Naxos dirigé par la famille vénitienne Sanudo (l'assertion de Karl Hopf selon laquelle elle aurait été conquise par Jacopo Barozzi n'étant pas confirmée par les documents contemporains, elle est généralement rejetée par les historiens récents)[12],[13]. Elle fut reconquise vers 1275 pour les Byzantins par Licario. La guerre vénéto-byzantine (1296-1302) offrit aux Vénitiens de prendre leur revanche : en août 1301 le duc de Naxos Guglielmo Sanudo passa ainsi un contrat avec un corsaire anconitain en vue de la reconquête de l'île, mais il fut devancé par un membre de la colonie vénitienne de Crète, Jacopo Barozzi, ce qui déclencha un conflit entre les deux familles se terminant par la victoire des Sanudo vers 1335.
34
+
35
+ En 1318 elle fut attaquée par les Turcs des émirats côtiers (Menteshe ou Aydin), alliés des Catalans du duché d'Athènes avec lesquels Venise était en conflit[14], puis en 1345 par la flotte d'Umur Bey depuis Theologo[15].
36
+
37
+ En 1423, un procès opposa Maria Sanudo et sa fille Fiorenza au beau-frère de cette dernière, le duc Giovanni II Crispo ; Fiorenza, qui revendiquait l'île en vertu du testament de son défunt époux (entre autres litiges), fut déboutée par les tribunaux vénitiens sur ce point[16]. En 1479 le duc Giacomo III Crispo la donna en dot à sa fille, une autre Fiorenza, mariée à Domenico Pisani ; cependant l'ile fut occupée par le frère et successeur de Giacomo, Giovanni III, et un autre procès l'opposa aux époux Pisani jusqu'en 1486[17].
38
+
39
+ L'île passa progressivement sous domination ottomane à partir du milieu du XVIe siècle et rejoignit la Grèce au cours de la guerre d'indépendance en 1821.
40
+
41
+ La dernière éruption de l'archipel eut lieu à Néa Kaméni du 10 janvier au 1er février 1950. Assez faible, elle produisit un petit dôme de lave. Cet événement faisait suite à une série d'explosions phréatiques de type faible à modéré qui ouvrirent deux évents à l'emplacement des fissures développées durant les éruptions précédentes. La surface totale des nouvelles laves atteignit 7 312 m2[18],[19].
42
+
43
+ En 1956, l'île fut touchée par un séisme qui fit une cinquantaine de victimes et détruisit plus de 2 000 habitations.
44
+
45
+ En 1970 furent mises au jour les fresques d'Akrotiri dont les plus connues sont celles dites des "enfants-boxeurs", du "pêcheur aux coryphènes" et des "singes bleus", témoins de la civilisation minoenne remontant au IIe millénaire avant notre ère. D'importantes collections de céramiques ont été aussi dégagées du champ de fouilles. Ces œuvres d'art ont été ensevelies sous les cendres volcaniques et la ponce qui les ont préservées de l'éruption minoenne, des séïsmes ultérieurs et de l'érosion. Une fois dégagées, elles ont été conservées dans des musées et le site est protégé par une toiture.
46
+
47
+ Durant l'année 2011, l'île a subi une activité sismique liée au gonflement de la chambre magmatique située à 4 km de profondeur, détecté par 20 stations GPS installées depuis 2006[20]. Ce gonflement traduit un remplissage qui pourrait provoquer de nouvelles éruptions.
48
+
49
+ L'archéologue grec Spyridon Marinatos et son compatriote le sismologue Angelos Galanopoulos ont proposé dans les années 1960 l'« hypothèse minoenne » selon laquelle la destruction de l'île, passée dans la mémoire collective sous forme de mythe, aurait inspiré à Platon son récit de l'Atlantide[21],[22]. Cette hypothèse est de nos jours discutée car la persistance dans la mémoire collective d'un souvenir, même mythifié, sans qu'aucun texte antique ne nous soit parvenu à ce sujet, et ce durant neuf siècles (durée que Platon multiplie par dix en évoquant une Atlantide ayant existé « neuf mille ans avant le règne de Solon »), semble peu probable[23],[24] ; Platon n'évoque d'ailleurs aucun cataclysme volcanique et sa topographie, l'orographie et la luxuriance qu'il décrit ne correspondent pas à la géographie de l'ancienne île[25]. Même les preuves du méga-tsunami destructeur sont actuellement remises en question[26].
50
+
51
+ L'eau douce est précieuse sur cette île quasi-désertique qui n'a que très peu de réserves et aucune source naturelle. Jusqu'au XIXe siècle, les habitants récupéraient dans des citernes l'eau de pluie tombée sur les toits. Aujourd'hui, une usine de dessalement d'eau de mer produit l'essentiel de l'eau courante, maintenant potable.
52
+
53
+ La sécheresse du sol recouvert d'une épaisse couche de cendres, et son acidité ne permettent que peu de cultures (agrumes, fourrage, vignes).
54
+
55
+ Santorin abrite une variété spécifique et très ancienne de vigne, l'Assyrtiko, au rendement très faible (10 à 20 % du rendement de la vigne française ou californienne) mais naturellement très résistante au phylloxéra. Poussant à même le sol sans aucun tuteur, les pieds sont plus espacés que partout ailleurs à cause de la sécheresse du sol (leur principale source en eau est celle de la rosée et la brume d'origine marine). Les branches sont seulement disposées en anneau spiralé, et les grappes pendent au centre à l'abri du vent. Elle donne un vin recherché très sec, à l'acidité prononcée (liée à la nature du sol), l'Assyrtiko aux arômes citronnés, ainsi qu'un vin doux, le Vinsanto.
56
+
57
+ La tomate cerise de Santorin (appelée Tomataki Santorinis) a obtenu de l'Union européenne en décembre 2013 une appellation d'origine protégée[27].
58
+
59
+ L'exploitation de la mine de pierre ponce qui était auparavant exportée, a été suspendue en 1986 pour préserver les sols et l'environnement naturel fragile de l'île.
60
+
61
+ Haut lieu du tourisme en Grèce, l'archipel de Santorin et son île principale sont accessibles par des navires de tous gabarits qui peuvent mouiller dans la baie, mais seul le port d'Athinios, où accostent la majorité des visiteurs, permet le débarquement de véhicules. En 2007, le navire de croisière Sea Diamond coule à une grande profondeur dans la caldeira et son épave constitue depuis un risque permanent de pollution.
62
+
63
+ Les villages situés sur la falaise (Fira, Oia), disposent chacun d'un petit port dans la caldeira, auxquels ils sont reliés par un chemin escarpé permettant de les rejoindre à pied ou à dos d'âne, ou encore par un petit téléphérique à Fira. Un service d'autocars permet de relier les différents villages. Depuis la construction de l'usine de dessalinisation de l'eau de mer, de nombreuses piscines ont été construites pour le développement touristique.
64
+
65
+ Un aéroport construit dans l'est de l'île, près des plages de Kamari et de Périssa, permet aux petits porteurs de s'y poser et assure l'été une relation quasi permanente avec Athènes et Héraklion.
66
+
67
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+ Un thermomètre (du grec ancien θερμός / thermós (« chaud ») et μέτρον / métron (« mesure »)) est un appareil qui sert à mesurer et à afficher la valeur de la température. C'est le domaine d'étude de la thermométrie. Développé durant les XVIe et XVIIe siècles, le thermomètre est utilisé dans différents domaines[1]. Les applications des thermomètres sont multiples, en météorologie, en médecine, en cuisine, pour la régulation, dans les procédés industriels, etc.
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+ L'ancêtre du thermomètre est le thermoscope, appareil mettant en évidence des différences de température, mais sans les mesurer. Les premiers thermoscopes remontent à l'Antiquité, comme ceux de Philon de Byzance et de Héron d'Alexandrie. Le principe est la variation de volume, selon la température, d'une quantité d'air déplaçant une colonne d'eau[2].
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+ Sous le terme « thermomètre » qu'il a inventé en 1624, le jésuite Jean Leurechon décrivit, dans son ouvrage Récréations mathématiques, le principe du thermomètre à air, déjà utilisé par Galilée dès 1592[3] (un changement de température faisant monter le niveau de l'eau dans un tube de faible section). Ce principe fut repris par Santorio, médecin vénitien ami de Galilée, à qui la paternité de l'invention est souvent attribuée. En fait, Santorio améliora le thermoscope de Héron d'Alexandrie, en fixant des graduations décimales avec un minimum correspondant à la température de la neige, et un maximum correspondant à celle de la flamme d'une bougie. Toutefois son système restait ouvert, soumis à la pression atmosphérique (qu'on ne connaissait pas encore), son thermomètre tenait aussi du baromètre[4]. Ce n'est qu'en 1644 que Torricelli mit en évidence la pression atmosphérique, et inventa le baromètre proprement dit.
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+ En 1654, Ferdinand II de Médicis, grand-duc de Toscane, inventa un instrument radicalement nouveau et créa le premier véritable thermomètre. Il prit en compte la variation de hauteur d'une colonne de liquide représentant la dilatation de ce liquide et non la dilatation de l'air. Le liquide choisi fut de l'esprit de vin (éthanol) teinté soit avec du sang-dragon soit avec du kermès pour rendre la colonne aisément visible. De plus, il scella le tube capillaire, si bien que les variations de hauteur observées ne dépendaient plus de la pression atmosphérique[5].
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+ Ce thermomètre portait 50, 100 ou 200 graduations selon les modèles. Le modèle le plus répandu, celui qui comportait 50 degrés, marquait 10 degrés en hiver et montait, en été, à 40 degrés. Dans la glace fondante, il indiquait 13,5 degrés. Ce modèle, connu sous le nom de thermomètre florentin, fut fabriqué en de multiples endroits et resta en usage jusqu'à la fin du XVIIIe siècle[3].
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+ En 1694, Carlo Renaldini, disciple de Galilée et ancien membre de l'Accademia del Cimento, publia un livre dans lequel il suggèra de prendre le point de fusion de la glace et le point d'ébullition de l'eau comme points fixes de l'échelle thermométrique. Il proposa de diviser l'espace entre ces deux points en 12 parts égales. Sa suggestion ne fut pas reprise par ses contemporains qui ne croyaient pas que l'ébullition de l'eau puisse constituer un point de référence fiable.
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+ Montage de principe du thermoscope de GaliléeMusée des Arts et Métiers, Paris.
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+ Thermomètres florentins avec échelle de 50 degrés. Musée Galilée, Florence.
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+ Thermomètres selon Jean Leurechon.Figure extraite de son livre Récréations mathématiques, publié en 1626.
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+ C'est dans le courant du XVIIIe siècle que l'invention de différents types de thermomètre prit son essor dans plusieurs pays d'Europe.
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+ Vers 1700, Isaac Newton (1642–1727) se consacra au problème de la chaleur. Il élabora une première échelle de température qualitative, consistant en une vingtaine de points de référence allant de « l'air froid en hiver » jusqu'aux « charbons ardents du feu de cuisine ». Cette façon de faire étant grossière et problématique, Newton en devient vite insatisfait. Au bout d'un certain temps, il définit « zéro degré de chaleur » comme correspondant à la neige fondante et « 33 degrés de chaleur » comme correspondant à l'eau bouillante.
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+ En 1702, l'astronome Ole Christensen Rømer fabriqua, au Danemark, un thermomètre à alcool marquant l'eau bouillante à 60 degrés et la glace pilée à 7,5 degrés. En 1717, le savant allemand Gabriel Fahrenheit remplaça l'alcool par du mercure et donna au thermomètre sa forme définitive. Il proposa également la première échelle de températures à être adoptée assez largement, fixant à 32 °F la température de la glace fondante et à 96 °F la température normale du sang : 32 °F est alors le point de fusion de la glace et 212 °F est le point d'ébullition de l'eau sous pression atmosphérique normale.
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+ En 1730, René-Antoine Ferchault de Réaumur, physicien et naturaliste français, construisit un thermomètre à « esprit de vin » (ancienne dénomination de l'éthanol), pour lequel il utilisa l'échelle 0-80, le zéro étant le point de congélation de l'eau, et le 80 est le point d'ébullition de l'alcool (esprit de vin), que Réaumur tendait à confondre avec le point d'ébullition de l'eau[6],[N 1].
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+ L'astronome français Joseph-Nicolas Delisle, invité à travailler en Russie par Pierre le Grand, y fabriqua des thermomètres. Son échelle avait son zéro au point d'ébullition de l'eau et mesurait la contraction du mercure. En 1738, Josias Weitbrecht (1702–1747) recalibra l'échelle Delisle en fixant à 150 degrés le point de congélation de l'eau. Les thermomètres Delisle sont restés en usage en Russie pendant près d'un siècle.
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+ Le physicien suédois Anders Celsius fit construire en 1741 un thermomètre à mercure, gradué de sorte que 100° correspondît au point de congélation de l'eau, et 0° à son point d'ébullition, qui fut utilisé de 1742 à 1750 à l’observatoire d’Uppsala[3]. L'échelle de Celsius était donc graduée en sens inverse de l'échelle centigrade que nous connaissons actuellement. Ce n'est qu'après la mort de Celsius, survenue en 1744, que ses collègues — on pense que l'initiative en revient surtout au célèbre naturaliste suédois Carl von Linné — inversèrent l'échelle de Celsius pour lui donner sa forme actuelle, à savoir 0 pour la température de fusion de la glace, et 100 pour la température d'ébullition de l'eau. De fait, en 1745, Linné présenta à l'académie suédoise un thermomètre à mercure qui marquait 0° pour la glace fondante et 100° pour l'eau bouillante[3].
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+ Cependant, à la même époque, le secrétaire perpétuel de l’académie des Beaux-Arts de Lyon, Jean-Pierre Christin (1683-1755), faisait construire par l’artisan lyonnais Pierre Casati un thermomètre à mercure à échelle centésimale ascendante, qu’il présenta le 19 mars 1743 à l’assemblée publique de cette académie. On attribua donc souvent à tort l'inversion de l'échelle mise au point par Celsius à Christin[7],[8].
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+ Le thermomètre suédois de Celsius et le thermomètre lyonnais de Christin-Casati n’auraient eu qu’une utilisation restreinte si la Révolution française n’avait donné au monde moderne le système métrique, et si la Commission des poids et mesures, créée par la Convention, n’avait décidé en 1794 que « le degré thermométrique sera[it] la centième partie de la distance entre le terme de la glace et celui de l’eau bouillante ».
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+ La mesure de la température peut être fondée sur la dilatation et la pression des corps (solides, liquides ou gazeux), ou toute autre propriété physique (variations électriques dans le cas du thermocouple, couleur d'émission de lumière pour les hautes températures…) qui varie en fonction de la température. Ce principe général est mis en application de façons très diverses selon les besoins (plages de températures à mesurer, nature des matériaux à étudier…). Les thermomètres à liquide usuels sont les thermomètres à mercure et les thermomètres à alcool, mais il est également possible de trouver des thermomètres à l'huile de colza.
36
+
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+ En métrologie, un thermomètre est étalonné soit en le comparant avec un autre, soit en notant son comportement par rapport à un phénomène physique dont la température est connue. Dans le second cas, le plus souvent ce sont la température du point de fusion et celle d'ébullition à une pression connue de l'eau qui servent de repères. La méthode classique se passe en trois étapes[9],[10] :
38
+
39
+ Cette méthode est encore utilisée pour les appareils d'utilisation courante comme les thermomètres médicaux. Pour un thermomètre ou une sonde de précision, l’étalonnage est maintenant réalisé en utilisant plusieurs points de référence de l'échelle internationale de température de 1990 fondés sur les états d’équilibre thermodynamique de treize éléments chimiques purs et d’une substance composée, l’eau. Il peut être réalisé au moyen de certains bains cryothermostatiques équipés d'une cuve à débordement (homogénéité meilleure que 0,01 °C)[11].
40
+
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+ La plupart des thermomètres mesurent leur propre température (celle de sa partie qui sert à faire la mesure). Cette température n'est celle du milieu ambiant que s'il y a équilibre thermique entre le thermomètre et le milieu ambiant. Cela signifie par exemple que si un thermomètre est exposé au soleil, il sera plus chaud que l'air et que cet écart de température dépendra entièrement de sa couleur et de sa ventilation, donc qu'une température mesurée dans ces conditions sera totalement fantaisiste par rapport à la température de l'air. C'est pour cela que les météorologues mesurent la température sous abri ventilé.
42
+
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+ Le thermomètre à gaz est basé sur les variations de pression ou de volume d'un gaz en fonction de la température[12]. Ce type de thermomètre utilise la loi d'Avogadro :
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+
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+ où :
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+
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+ La première variante utilise un réservoir rempli de gaz et un tube ouvert dans lequel se trouve un bouchon mobile séparant le gaz du réservoir de l'air ambiant. Si la pression ambiante reste constante, une variation de température du réservoir va causer une variation du volume du gaz qui va se refléter dans la position du bouchon. La variation de V est proportionnelle à celle de T et on peut donc en obtenir le changement de température.
48
+
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+ La seconde variante de ce thermomètre garde le volume constant. Un réservoir contenant un gaz est connecté par un tube capillaire à un manomètre. Lors d'une variation de température, le volume reste constant mais la pression varie inversement au changement de température. La température peut donc être calculée avec l'équation. Ce type de thermomètre est à l'origine de la découverte du zéro absolu bien avant que la cryogénie ne soit développée. En effet, en étudiant le comportement de la pression de plusieurs gaz avec la température avant leur condensation, les chercheurs ont pu extrapoler vers une température convergente selon le graphique[13].
50
+
51
+ Le thermomètre bilame est constitué de deux lames de métaux ou d'alliages différents, souples, soudées ou collées l'une contre l'autre, dans le sens de la longueur. Ces deux plaques de métal soudées par laminage à froid, sont très souvent de l'invar et du nickel ayant un coefficient de dilatation différent[14]. Leur dilatation étant différente, l'objet se déforme avec les variations de température. Cette déformation est lue sur un cadran via un mécanisme de micromètre.
52
+
53
+ Dans le thermomètre à spirale, la lame est enroulée, une de ses extrémités est fixée au centre d'un cadran et l'autre, en forme de pointe, est libre. Un cadran gradué est placé derrière la lame en spirale. Lorsqu'elle se dilate ou se contracte sous l'effet de la température, la géométrie en spirale convertit cette dilatation en une rotation de l'aiguille sur un cadran gradué.
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+
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+ Les thermomètres à cristaux liquides utilisent des cristaux liquides qui changent de couleur selon la température.
56
+
57
+ Souvent, les cristaux liquides dessinent la valeur de la température. Sur d'autres modèles, ils dessinent simplement une échelle juxtaposée à des valeurs chiffrées.
58
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+ Ces thermomètres sont souvent utilisés pour les aquariums (modèles autocollants) ou dans le secteur médical (thermomètres frontaux), mais la mesure peut être inexacte.
60
+
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+ Le thermomètre à alcool est une alternative à celui au mercure apparu dès le XIXe siècle pour des raisons de prix de revient et de santé publique (lors d'un bris du réservoir, l'alcool s'évapore rapidement avec peu d'effets toxiques). Le liquide organique du réservoir peut être de l'éthanol, du toluène, du kérosène ou de l'acétate de 3-méthylbutyle[15].
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+
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+ Le liquide est coloré en rouge ou en bleu pour une meilleure lecture et peut se déplacer du réservoir vers un tube capillaire fermé hermétiquement et rempli d'azote. Un ménisque se forme à l'interface alcool-azote afin de pouvoir suivre l'expansion/contraction du liquide avec la variation de la température et ainsi pointer sur une échelle graduée la température.
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+
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+ Ce type de thermomètre a une plage d'utilisation différente de celui à mercure car le point de fusion de l'alcool est plus bas. Dans un tel appareil, elle va de −130 °C à 78 °C[16]. Sa précision est cependant moindre que celle du thermomètre à mercure car l'expansion/contraction du liquide est moins linéaire[17]. Il est très bien adapté pour la mesure de la température corporelle et de celle de l'air, surtout pour les températures sous le point de congélation (en particulier dans le thermomètre à minimum).
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+
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+ D'autres substituts au mercure ou à l'alcool sont trouvables commercialement, dont des thermomètres à l'huile de colza ou bien au gallium.
68
+
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+ Pour réparer une colonne d'alcool fractionnée, c'est-à-dire avec un ou plusieurs vides interstitiels, il suffit de mettre le thermomètre dans un verre d'eau chaude, celui-ci étant chauffé petit à petit dans un four à micro-onde. Il faut que le liquide aille jusqu'en haut de la colonne mais faire attention qu'il y ait une réserve en haut de la colonne où l'alcool peut aller en cas de surchauffe, sinon il y aura un risque de faire éclater le tube de verre.
70
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+ Pour les thermomètres dont les graduations vont au-delà de 100 °C : faire chauffer de l'huile (pour friture) dans une petite casserole avec le bulbe du thermomètre plongeant dans l'huile et la colonne du thermomètre tenue verticalement au dessus. Le liquide va monter dans la colonne et petit à petit les bulles vont diminuer de taille. Lorsque le diamètre des bulles devient inférieur au diamètre du tube, sortir immédiatement le bulbe de l'huile afin d'éviter que l'alcool continue à se dilater et fasse éclater le tube. Les bulles, suffisamment petites, vont naturellement « remonter à la surface du liquide », et donc disparaitre, permettant ainsi à la colonne d'alcool de reprendre son unité.
72
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+ Le thermomètre à mercure a été inventé par Daniel Gabriel Fahrenheit en 1724[18]. Son fonctionnement repose sur du mercure contenu dans un tube de verre. Le volume du mercure, donc la longueur de la colonne dans le tube, est fonction de sa température. On peut lire cette dernière grâce à des marques inscrites le long du tube. Pour augmenter la sensibilité du thermomètre, une ampoule plus large que le tube est formée à l'une de ses extrémités et est remplie de mercure ; les petites variations de volume du mercure se traduisent alors par de grands déplacements de l'extrémité de la colonne. L'autre extrémité du tube est remplie d'azote, à une pression plus faible que la pression atmosphérique.
74
+
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+ Pour réparer une colonne de mercure fractionnée, c'est-à-dire avec un ou plusieurs vides interstitiels, il suffit de secouer violemment le thermomètre dans un mouvement du haut vers le bas. L'inertie va ramener tout le mercure vers l'ampoule, et le contact mercure-mercure va le faire fusionner à nouveau.
76
+
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+ Le thermomètre de Galilée est composé de flotteurs d'une densité moyenne proche du liquide dans lequel ils sont immergés. Lorsque le liquide du tube se dilate avec la température, il devient moins porteur, ce qui fait couler certains flotteurs. Plusieurs flotteurs lestés différemment peuvent montrer les températures différentes.
78
+
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+ La température est généralement gravée sur un disque de métal suspendu sous chaque ampoule. En règle générale, un espace tend à séparer un groupe d'ampoules du haut d'un groupe du bas : la température doit être lue sur le disque situé à la base du groupe du haut ; si une ampoule flotte entre les deux groupes, on en déduit une température intermédiaire, un peu inférieure. Pour atteindre cet objectif, la fabrication d'un tel thermomètre doit avoir des tolérances de masse des ampoules de l'ordre du milligramme[19].
80
+
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+ Les thermomètres électroniques sont très précis et performants. Ils permettent les mesures de température de l’air, des liquides, des matériaux, etc. Ils ont également la possibilité de mémoriser des valeurs avec une alarme et la lecture est facilitée grâce à un écran. Les données peuvent également être imprimées pour faire une sauvegarde. On peut leur ajouter différents capteurs en fonction du type de mesure à effectuer, voire des sondes sans fil (radio). La précision des thermomètres électroniques dépend cependant de leur fabrication et de l'usage auquel ils sont destinés. Par exemple, les thermomètres commerciaux à usage médical peuvent être moins précis que les thermomètres à liquide utilisant le galinstan[20].
82
+
83
+ Les types de sondes de température sont :
84
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+ Il existe aussi des thermomètres infrarouges pour des mesures à distance ou sans contact. Ces derniers auraient été inventés par Charles R. Darling qui aurait expliqué leur fonctionnement dans son livre Pyrometry[23].
86
+
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+ Un thermomètre magnétique utilise la loi de Curie qui dit que la susceptibilité magnétique des dipôles paramagnétiques est inversement proportionnelle à la température absolue[24] :
88
+
89
+ Ces appareils sont utilisés pour les températures sous 1 kelvin. Un circuit électrique avec pont à inductance mutuelle est soumis à un courant alternatif de basse fréquence. L'inductance est formée par deux bobines identiques dont les tensions de sortie sont comparées et rendues aussi près de zéro que possible. Ensuite, un matériau paramagnétique est introduit dans le pont ce qui donne une différence de tension qui dépend de la température. La différence de tension est proportionnelle au moment magnétique et avec la loi de Curie, la température peut être extraite[24].
90
+
91
+ À quelques millikelvins, le matériau paramagnétique non conducteur est un sel hydrique de terre rare. À plus hautes températures, un ion cristallin avec un moment magnétique important est choisi[24].
92
+
93
+ Des thermomètres de cuisson permettent de vérifier et surveiller la température des aliments « à cœur », en cours de chauffe ou de cuisson. On les trouve notamment en pâtisserie, particulièrement pour le chocolat (sonde pour chocolat) dont le contrôle de température est particulièrement important et précis, mais aussi par exemple pour la cuisson des viandes.
94
+
95
+ Ce modèle, à mercure, sert à mesurer de manière précise la température des sirops de sucre. Il est protégé par une cage métallique et gradué de 100 à 200 °C. Il convient également pour mesurer la température des huiles de friture.
96
+
97
+ Il existe différents types de thermomètres. Les thermomètres utilisés lors de procès-verbaux en contrôles sanitaires doivent être conformes à l'arrêté de juillet 1997. Ces thermomètres disposent de sondes comportant des capteurs à variation de résistance (CTN = résistance à coefficient de température négative) ou de type Pt100. Ce dernier type garantit, par le biais de normes, des incertitudes plus étroites et donc une meilleure précision de mesure.
98
+
99
+ Les étendues de mesure de ce type de matériel (généralement entre -200 et +600 °C pour le type Pt100 et -50 à +150 °C pour le type CTN) permettent de couvrir l'ensemble des applications traditionnelles en agroalimentaire.
100
+
101
+ Les mesures exactes se font impérativement à cœur, elles sont donc intrusives et destructrices.
102
+
103
+ Il existe également des moyens de contrôle comme des thermomètres fonctionnant par réception de rayonnement infrarouge, permettant de contrôler très rapidement une homogénéité de température. La précision d'un tel thermomètre étant limitée (surtout aux basses températures), son utilisation nécessite dès lors une formation et une prise de conscience de l'interprétation des résultats. L'infrarouge mesure la température du film ou de l'emballage et non du cœur du produit.
104
+
105
+ Les thermomètres médicaux sont utilisés pour la mesure de la température corporelle (dans le rectum — rectale —, sous l'aisselle — axillaire —, dans l'oreille — auriculaire —, ou dans la bouche — buccale —). Pendant longtemps la température corporelle n'a fait l'objet d'aucune mesure : la main du praticien seule donnait une appréciation de l'importance de la fièvre, au demeurant perçue, non comme un symptôme, mais comme une maladie en elle-même. C'est Sanctorius, de Padoue, qui a employé pour la première fois un appareil pour mesurer la fièvre : il utilisa le thermoscope développé par Galilée en plaçant le globe dans la bouche du patient.
106
+
107
+ La compréhension des différents états de la température corporelle, initiée véritablement par les travaux d'Herman Boerhaave et ses élèves, puis par ceux de John Linning et de Benjamin Franklin, aura dû toutefois attendre le XIXe siècle. Du fait de la faible corrélation entre la fièvre et les symptômes, les praticiens ont recouru longtemps à la prise de pouls pour apprécier la fièvre[25]. En 1835 d'abord, Antoine Becquerel et Gilbert Breschet démontrèrent, à l'aide d'un thermocouple de fer et de cuivre[25], que la température d'un corps humain sain est constante à 37 °C. Cette découverte suscita l'intérêt pour l'utilisation médicale du thermomètre[26]. Mais c'est surtout Carl Wunderlich qui, à la suite de ses très nombreuses observations, permit le développement de la thermométrie clinique : d'une part il révolutionna la compréhension de la fièvre en tant que telle, vue désormais comme un symptôme et non plus comme une maladie stricto sensu ; en outre, il démontre l'intérêt des courbes de température.
108
+
109
+ Si l'usage du thermomètre auprès du corps médical, puis de la population en général, se développa rapidement aux États-Unis[N 2],[26] sous l'impulsion notamment d'Édouard Séguin, il ne se répandit en France qu'au cours de la Première Guerre mondiale[27].
110
+
111
+ Les thermomètres à mercure, longtemps en usage, ont été progressivement retirés de la vente à cause de la toxicité de ce métal. Le thermomètre médical numérique a remplacé le thermomètre à mercure. Il contient des oxydes métalliques à résistance variable en fonction de la température (thermistance). Ce principe permet une mesure précise sur une gamme de température étroite, bien adaptée à l'usage médical.
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+
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+ Les thermomètres pour l’usage professionnel sont de très grande précision. Ils ont une très grande étendue de mesure et une grande rapidité d’acquisition. Ils peuvent afficher deux températures avec un calcul de ΔT. En fonction des besoins, différents capteurs sont utilisés. Le choix de la sonde adéquate dépend de différents critères : l'étendue de mesure, sa précision, le temps de réponse, la robustesse du montage et sa forme. Il existe des sondes d’ambiance, des sondes pinces pour une mesure sur un conduit ou une plaque, des sondes pour air/gaz/liquide, des sondes de contact, des sondes d'immersion/pénétration, des sondes de mesure pour température de surface, etc.
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+
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+ Ces thermomètres peuvent être utilisés avec un étui de protection contre les chocs, la poussière et l’humidité. Les thermomètres à usage professionnel existent aussi en infrarouge pour des mesures sans contact ou à distance. Ils sont utiles pour la mesure de la température : de l'air ambiant pour la climatisation, des liquides et solides, des étuves et fours, des pièces ou conduits, etc.
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+ Plusieurs thermomètres sont utilisés en météorologie. Il peut s'agir de thermomètres à liquide ou électroniques qui remplissent les fonctions suivantes :
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+ Les thermomètres magnétiques appliquent la loi de Curie pour mesurer les très basses températures. Ils sont très répandus aujourd'hui même si on ne s'en rend pas compte.
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+ The Rolling Stones [ðə ˈɹəʊlɪŋ stəʊnz][1]( les pierres qui roulent) est un groupe rock britannique originaire de Londres, en Angleterre.
4
+
5
+ Il est formé en 1962 par le guitariste et leader original Brian Jones, le pianiste Ian Stewart, le chanteur Mick Jagger et le guitariste Keith Richards. Le bassiste Bill Wyman et le batteur Charlie Watts les rejoignent ensuite et complètent la formation originale. Ian Stewart est écarté de la formation officielle par le manager du groupe Andrew Loog Oldham dès mai 1963, mais continue à travailler (comme road manager et comme pianiste) avec le groupe jusqu'à sa mort en 1985. Jagger et Richards constituent rapidement un duo d'auteurs-compositeurs et prennent peu à peu la direction du groupe, en lieu et place d'un Brian Jones de plus en plus erratique.
6
+
7
+ Le nom du groupe vient d'une chanson de Muddy Waters, Rollin' Stone, choisie par Brian. Le blues a toujours été la source d'inspiration principale des Stones, qui ont été l'un des principaux acteurs du retour de cette musique sur le devant de la scène, à travers le « British blues boom ». Les premiers enregistrements des Rolling Stones sont des reprises de blues et de rhythm and blues américains. Après avoir rencontré le succès au Royaume-Uni, ils deviennent populaires aux États-Unis, durant la « British Invasion » (initiée par les Beatles) du milieu des années 1960. Leur single de 1965, (I Can't Get No) Satisfaction les fait connaître dans le monde entier.
8
+
9
+ À partir de 1966 et de l'album Aftermath, les chansons de Jagger et Richards, embellies par les expérimentations instrumentales de Brian Jones, développent une diversité stylistique qui restera présente jusqu'à nos jours.
10
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11
+ Brian Jones meurt noyé dans sa piscine en juillet 1969, peu de temps après sa mise à pied du groupe. Il est remplacé par Mick Taylor qui participe aux tournées et à l'enregistrement de cinq albums studio avant de quitter les Stones en 1974. L'ancien guitariste des Faces, Ronnie Wood, prend alors sa place et la conserve depuis lors. Bill Wyman quitte à son tour le groupe en 1993. Le bassiste Darryl Jones rejoint alors les Stones sans en devenir un membre officiel.
12
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+ Les Rolling Stones ont publié 23 albums studio au Royaume-Uni (25 aux États-Unis), tous classés dans le top 10 britannique, 32 compilations et 8 albums en concert (9 aux États-Unis). En 1971, Sticky Fingers inaugure une série de huit albums studio qui atteignent la première place des hit-parades, des deux côtés de l'Atlantique. Leur dernier disque original, A Bigger Bang, est sorti en 2005. En 2016 est sorti le 23e album studio du groupe, Blue and Lonesome, qui reprend des standards du blues. En 2019, le groupe a vendu plus de 400 millions d'albums dans le monde (dont près de 100 millions de ventes certifiés). Le groupe est le deuxième à avoir eu le plus de succès dans le Billboard Hot 100, la référence des ventes de singles aux États-Unis. Les Stones ont été classés no 4 dans la liste des 100 plus grands artistes de tous les temps du magazine Rolling Stone.
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+ Les Rolling Stones sont entrés au Rock and Roll Hall of Fame en 1989, et Mick Jagger a été anobli par la reine du Royaume-Uni en 2002. Leur image de mauvais garçons rebelles, véhiculée dans les années 1960, est une référence majeure pour les générations de musiciens rock qui les ont suivis. Après près de soixante années de carrière, les Stones, tous septuagénaires, continuent à se produire sur scène et avec succès dans le monde entier, et ne manifestent aucune intention de mettre un terme à l'existence du groupe.
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+ En octobre 1960, Mick Jagger et Keith Richards, deux amis d'enfance — ayant fréquenté la même école depuis la maternelle puis s'étant perdus de vue — se retrouvent par hasard sur le quai de la gare de Dartford[2]. Mick a avec lui des disques de blues de Chuck Berry et le Best of Muddy Waters[3]. Mick et Keith ont aussi un ami en commun, Dick Taylor, un guitariste qui joue avec Mick dans son groupe Little Boy Blue & The Blue Boys et qui étudie dans l'école de Keith, la Sidcup Art[2]. Mick invite Keith à le rejoindre dans son groupe tout juste naissant, Little Boy Blue & The Blues Boys. Le groupe n'a cependant que le nom, puisque le seul public de leur courte carrière consistera en la mère de Dick Taylor, qui autorise le groupe à répéter chez elle[4].
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+ Brian Jones, après avoir rencontré Alexis Korner, l'un des pionniers du blues britannique, lors d'un concert à Cheltenham, décide de déménager à Londres avec Pat Andrews, la mère de son enfant. Désireux de monter son propre groupe, il passe une petite annonce dans Jazz News fin 1961. Il pense appeler son groupe les Rollin' Stone, d'après un titre de Muddy Waters[5]. Brian Jones donne rendez-vous aux postulants au pub Bricklayers'arms sur la Berwick Street[6]. Le pianiste Ian Stewart répond à l'annonce et lui présente d'autres musiciens dont le chanteur Andy Wren et le guitariste Geoff Bradford. Peu à peu, la première mouture des Rolling Stones se forme avec Brian Jones et Geoff Bradford aux guitares, Ian Stewart au piano, Paul Pond (qui office sous le nom de P.P. Jones) au chant[7]. Le poste de batteur est fluctuant : plusieurs batteurs payés au concert se succèdent dont Charlie Watts et Mick Avory (futur Kinks).
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+ En avril 1962, le Blues Incorporated, groupe monté par Alexis Korner et ouvert à de nombreux musiciens, joue ses premiers concerts[8]. Parmi les musiciens qui montent sur scène, Jack Bruce, Ginger Baker, Charlie Watts et aussi le groupe formé par Brian Jones. Ce dernier qui se produit sous le nom d'Elmo Lewis, impressionne le public en jouant de la guitare slide (à l'époque inconnue en Angleterre)[8]. Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor rejoignent le Blues Incorporated mais tendent à s'éloigner du rhythm and blues pur et dur pour jouer du rock'n'roll (notamment du Chuck Berry et Jimmy Reed)[9]. Brian Jones rencontre pour la première fois Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor le 2 avril 1962 au Ealing Jazz Club[10].
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+ Paul Pond ne souhaite cependant pas vraiment être le chanteur de ce qui sera les Rolling Stones et il quitte le groupe. Alexis Korner suggère à Brian Jones le chanteur Mick Jagger qui a fait sa place dans le Blues Incorporated[7]. Ce dernier impose alors son ami Keith Richards ainsi que Dick Taylor. Geoff Bradford quitte le groupe et Ian Stewart, Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor forment l'ossature du groupe qui prendra en juin le nom de « Rollin' Stones » avant de s'appeler « Rolling Stones ». Selon Keith Richards, c'est Brian Jones qui trouve le nom du groupe, alors qu'il est au téléphone en train de prospecter pour trouver des engagements pour des concerts. Alors qu'on lui demande le nom de son groupe, il cite le premier nom qu'il a sous les yeux : le titre d'un morceau de Muddy Waters, Rollin' Stone[11]. Néanmoins, il semblerait que cette anecdote ne soit qu'une légende, puisque d'après Ian Stewart, dès sa première rencontre avec Brian Jones à la suite de l'annonce dans Jazz News, Brian Jones avait déjà décidé de nommer son futur groupe « Rollin' Stones »[12], avec une apostrophe[13],[14].
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+ Mick, Keith et Brian emménagent au 102 Edith Grove dans le quartier de Chelsea. C'est une période de vaches maigres, avec des difficultés pour se nourrir et se chauffer. Ils vivent de chapardages et des maigres cachets obtenus pour quelques petits concerts[15]. C'est à cette période que Philip Townsend prend les photos qui circuleront à travers les plus grandes galeries du monde, comme les toutes premières des Stones. Ils habitent six mois en colocation avec James Phelge (nom qui servira de base au pseudonyme « Nanker Phelge » utilisé par les Stones à leurs débuts pour certains de leurs titres). Néanmoins, cette période est musicalement faste pour Brian et Keith, qui passent de longues journées à travailler leur jeu de guitare.
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+ Le premier concert des Stones se passe au Marquee à Londres, le 12 juillet 1962. Le groupe est alors composé de Brian Jone, Mick Jagger, Keith Richards, Ian Stewart au piano, Dick Taylor à la basse et Mick Avory à la batterie. Les Rolling Stones jouent comme interval band, juste une demi-heure, le temps que le groupe principal se repose. Ils interprètent Dust My Broom, Bright Lights, Big City, Ride them Down, Bad Boy, Back in the USA, et Down the Road Apiece. Ce soir-là, Keith lance à Brian cette phrase tristement célèbre : « Tu n'arriveras pas à trente ans, pas vrai[16] ? »
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+ Taylor partira ensuite former les Pretty Things. Le poste de batteur est toujours aléatoire, oscillant entre Tony Chapman et Mick Avory. Les Stones cherchent un bassiste. En décembre 1962, Tony Chapman leur présente Bill Wyman, au Red Lion Club[17] qui leur plaît immédiatement, peut-être grâce à ses amplis, denrée rare à l'époque, mais aussi grâce à ses capacités : il est plus âgé de sept ans que Mick et Keith, et joue déjà depuis de nombreuses années dans son groupe les Cliftons, avec Tony Chapman, tout en étant amateur. Les batteurs des Stones étant trop instables, Charlie Watts, qui connaissait bien Mick et Brian pour avoir joué avec eux, se joindra à eux définitivement en janvier 1963, laissant sa place au sein des Blues Incorporated à Ginger Baker. Le 14 janvier 1963, les Rolling Stones jouent leur premier concert avec la formation qui persistera jusqu'à l'exclusion de Brian Jones : Mick Jagger au chant, Keith Richards et Brian Jones aux guitares, Bill Wyman à la basse, Charlie Watts à la batterie et Ian Stewart au piano, qui quittera le groupe quelques mois plus tard, sous l'impulsion d'Andrew Loog Oldham.
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+ Le 11 mars 1963, le groupe enregistre une démo à l'IBC Studio de Portland Place, à Londres - avec comme ingénieur du son le futur mythique Glyn Johns - composée de reprises de Rythm & Blues[18]. Le 21 avril 1963, les Beatles rencontrent pour la première fois les Rolling Stones au club Station Hotel Richmond, club où les Stones jouaient le soir-même[19]. La première photo officielle du groupe en concert, prise par Dezo Hoffmann, date du 4 mai 1963 : Mick, Charlie, Brian, Bill et Keith (seuls visibles) participent à un gala de bienfaisance organisé par le journal News of the World à Battersea[20]. Les Stones joueront régulièrement au Ealing Club, puis au Crawdaddy, club que vient d'ouvrir Giorgio Gomelsky. De quelques dizaines de spectateurs, l'audience passe rapidement à plusieurs centaines, dépassant les capacités de la salle.
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+ Les Beatles viennent de sortir leur premier single Love Me Do. Andrew Loog Oldham, jeune publicitaire de 19 ans, qui a déjà travaillé avec Brian Epstein, Bob Dylan et Little Richard, associé au manager Eric Easton, ne rêve que de rencontrer et manager « ses » Beatles. Dans son parcours des clubs de Londres, il entre un jour au Crawdaddy (sur les conseils de Peter PD Jones, journaliste qui avait chroniqué les Stones après les avoir vus au Crawdaddy Club), et voit les Stones. C'est la révélation, il sera leur manager : il signe avec eux un contrat de management dès le lendemain, le 29 avril 1963[21].
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+ Avec leur nouveau manager, leur carrière décolle. En 1963, la maison de disques Decca et son directeur artistique (A&R) Dick Row, célèbre pour avoir refusé les Beatles[22], leur fait enregistrer leur premier single le 10 mai 1963[23],[24], avec, en face A, une reprise de Chuck Berry, Come On[25] et, en face B, I Want to Be Loved de Willie Dixon. Ce premier disque leur permet d'entrer discrètement dans les charts britanniques, et de se faire remarquer par la presse. Pour des raisons de « look », Ian Stewart est soustrait de la formation officielle par Andrew Loog Oldham en mai 1963, mais, indispensable (« Stu » est souvent appelé « le sixième Stone »[26]), il continue de travailler avec le groupe dont il est l'un des fondateurs[26], comme claviériste, et comme road manager (après en avoir été le chauffeur attitré), très apprécié jusqu'à son décès en 1985. Keith affirme qu'il fut toujours véritablement le liant du groupe[27] ; et Mick résume ainsi cette collaboration en déclarant « Stu fut le gars que nous nous efforcions de satisfaire[26] ». Un deuxième single sort en novembre avec, en face A, un titre composé par John Lennon et Paul McCartney, I Wanna Be Your Man et, en face B, un instrumental, Stoned[28].
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+ Ils font leur première apparition télévisée dans l'émission Thank Your Lucky Stars de Pete Murray. Leur look, pourtant si conventionnel de nos jours, paraît outrancier. Leurs cheveux longs, qui recouvraient juste les oreilles, font scandale ; ce look original et leur attitude parfois méprisante donnent des idées à Andrew Loog Oldham. Afin de se démarquer des Beatles, apparus un peu plus tôt et dont la popularité est exceptionnelle, le jeune manager des Stones leur crée une image de « mauvais garçons ». En opposition aux allures de « gentils gendres » des Fab Four, Jagger et sa bande cultivent leur différence, refusant très rapidement le costume-cravate[29], insistant sur leur chevelure, et défraient la chronique par leurs frasques[30]. Néanmoins, celui qui est surtout visé pour son côté « mauvais garçon », n'est ni Mick Jagger, ni Brian Jones, mais Bill Wyman qui, du groupe, est celui qui possède les cheveux les plus longs et qui a toujours une mine renfrognée[31]. C'est aussi lui qui est à l'origine de la première des nombreuses frasques du groupe : il est condamné pour avoir uriné sur le mur d'une station-service[32].
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+ C'est à cette époque que Brian Jones commence à manquer quelques concerts pour des raisons de santé, et à se perdre dans ses conquêtes féminines et leur conséquences[33]. Il a déjà deux enfants[34]. Sa position de leader du groupe est de plus en plus contestée depuis l'arrivée d'Oldham. Lors d'un concert à Liverpool, les Stones découvrent que Brian Jones reçoit un salaire supplémentaire en qualité de leader du groupe[35]. Cette révélation est le début d'une fissure qui se crée entre Jones et le reste du groupe[35] et qui aboutira à terme (conjointement avec son harassement physique et mental), à son exclusion en juin 1969.
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+ Leur carrière prend un tournant définitif : les concerts deviennent quotidiens, Bill Wyman et Charlie Watts quittent leur emploi[36] pour intégrer les Stones à plein temps, Mick Jagger laisse tomber ses études. L'appartement à Edith Grove abandonné, Keith, Mick et Andrew habitent ensemble dans un nouveau logement, où va débuter une nouvelle collaboration : Andrew oblige Mick et Keith à travailler ensemble, à l'image de McCartney et Lennon, sur l'écriture des chansons. En novembre 1963, à Mapesbury Road, Oldham oblige Keith et Mick à composer une chanson, au matin, ils interprètent It Should Be You, leur première composition en commun[37]. Cette volonté est dictée par le fait qu'il était difficile pour les Rolling Stones de trouver quelque chose de neuf à jouer et parce que beaucoup de chansons de leur répertoire étaient jouées par d'autres groupes anglais (dont les Beatles), ce qui ne les aidait pas à se démarquer des autres[38]. Par conséquent, le second single du groupe devant contenir les reprises Fortune Teller et Poison Ivy est refusé durant l'été.
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+ La légende veut qu'Andew ait enfermé Mick et Keith dans une cuisine, en leur interdisant d'en sortir tant qu'ils n'auraient pas écrit une chanson[39]. D'après la légende, ils lui auraient soumis As Time Goes By, que le manager renomme immédiatement As Tears Go By et fera enregistrer par la jeune chanteuse britannique Marianne Faithfull. Il semblerait cependant que la première chanson à être sortie de cette cuisine soit It Should Be You, qui sera enregistré une première fois par George Bean, un chanteur de la maison de production d'Oldham[40].
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+ Oldham a même sollicité les Beatles pour leur écrire I Wanna Be Your Man, que le groupe enregistre et publie en single en novembre avec en face B une improvisation du groupe créditée Nanker Phelge intitulée Stoned. Il se classera à la douzième place au Royaume-Uni.
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+ En janvier 1964, le groupe publie son premier EP intitulé simplement The Rolling Stones, comportant quatre reprises enregistrées en août et en novembre dernier. Ce sera leur premier n°1 de leur carrière et peuvent donc se concentrer sur leur premier album.
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+ En janvier et février 1964, le groupe enregistre en cinq jours au Regent Sound Studios leur premier album, qui sort le 17 avril 1964, et qui connait le succès à sa sortie, avant de se lancer dans une tournée américaine où ils vont percer deux mois plus tard.
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+ Début juin, au début de la tournée, le groupe se rend dans les fameux studios Chess à Chicago (là où sont enregistrés de nombreux standards de blues de Muddy Waters ou Chuck Berry qui les inspirent) pour une session le 10 et 11 juin 1964, où est enregistrée une série de chansons. De cette session est tiré un nouvel EP intitulé Five by Five, qui sort au Royaume-Uni en août, puis en octobre le second album américain 12 X 5, contenant les pièces de l'EP anglais, en plus de nouvelles chansons, incluant des singles. Ce sera le début de la grande disparité entre la discographie anglaise et américaine du groupe jusqu'en 1967 avec Their Satanic Majesties Request.
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+ Alors qu'il est en tournée, le groupe organise de nouvelles sessions d'enregistrements, dont celle du 8 novembre chez Chess, pour réaliser leur second album.
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+ À partir de novembre 1964, le groupe enregistre ses chansons aux États-Unis, principalement à Los Angeles dans les studios du label RCA, où une dizaine de sessions se déroulent jusqu'à mi-1966, calées entre les dates de concerts. Entre-temps, le groupe retourne deux fois chez Chess à Chicago pour deux nouvelles sessions en novembre 1964 et en mai 1965.
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+ En 1965, après la sortie de leur second album britannique intitulé The Rolling Stones No. 2 (suivi de la version américaine un mois plus tard renommée The Rolling Stones, Now! reprenant une partie de l'album précédent), Mick Jagger et Keith Richards décollent enfin comme compositeurs, tout d'abord avec As Tears Go By (qu'ils n'enregistrent pas dans un premier temps et qu'Oldham offre à Marianne Faithfull), avant que The Last Time, puis (I Can't Get No) Satisfaction atteignent toutes deux la première place des charts, suivis par Get Off of My Cloud et 19th Nervous Breakdown. Ces textes assoient la position des Stones qui arrivent désormais à évoluer au sommet comme les Beatles. Néanmoins, les textes des Stones se différencient beaucoup de ceux des Beatles par leur contenu. Si les Fab Four signent des bluettes bien sentimentales et innocentes (du moins à leurs débuts), les Stones se distinguent par leur ton ironique et sarcastique sur la société et leurs rapports aux femmes, parfois qualifiés de sexistes.
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+ La version américaine de l'album Out of Our Heads (publiée en juillet 1965) est en tête des ventes. Il comprend sept chansons originales (quatre créditées de Nankin Phelge et trois de Jagger/Richards). À la fin du même mois, au moment de la sortie du tube (I Can't Get No) Satisfaction, un autre évènement va changer l’histoire du groupe : le contrat entre Decca et Impact Sound - la société des producteurs Andrew Loog Oldham et son associé Eric Easton chargée de gérer l'image et les enregistrements du groupe depuis 1963 - ayant expiré en mai n'est pas renouvelée car les deux gestionnaires se sont fâchés et séparés après qu'Oldham ait découvert que son associé utilise son édition pour verser au groupe les droits d'auteurs des chansons créditées Nanker Phelge. Andrew décide de contacter l'homme d'affaire américain Allen Klein, afin de remplacer son associé et de signer un nouveau contrat avec Decca avec un plus gros cachet pour le groupe (600 000 $ d'avance et 700 000 $ par an jusqu'en 1974, fin de durée du contrat). Si les membres sont généralement enthousiastes pour ce contrat, le bassiste Bill Wyman est inquiet et regrette de ne pas avoir fait relire le contrat par un avocat avant de le signer. Cela leur portera préjudice en 1971 quand le groupe se séparera de Klein et de Decca, où ils perdent leurs droits d'auteur de leur discographie jusqu'en 1970[41].
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+ En septembre, le groupe retourne au studio RCA pour enregistrer une nouvelle série de chansons qui serviront de base pour le nouvel album américain December's Children (And Everybody's) prévu pour décembre suivant. Plus tard dans le même mois, la version britannique de Out of Our Heads est publiée où elle atteint la seconde place des ventes juste après l'album Help! des Beatles et ne contient que six chansons sur douze en communs, et trois proviennent de la session de septembre. Leur nouveau tube, Get Off of My Cloud (n°1 des deux côtés de l'Atlantique) parait à l'automne 1965, suivi d'un autre album américain December's Children (And Everybody's)[42]. Entretemps, le groupe, fatigué, se lance dans une nouvelle tournée américaine durant presque cinquante jours à la fin de l'automne, qui se termine à Los Angeles le 5 décembre. Après cela, le groupe reste en ville pour travailler de nouvelles chansons une nouvelle fois au RCA, dont le temps alloué au studio s'est prolongé à trois jours d'affilée. On retrouve parmi elles principalement le nouveau single 19th Nervous Breakdown qui sort deux mois plus tard en février 1966 à la seconde place des deux côtés de l'Atlantique, et principalement des chansons pour le prochain album du groupe, Aftermath.
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+ Les Rolling Stones introduisent à partir de leur 1er chef-d'œuvre Aftermath (en particulier sous l'impulsion de Brian Jones) des influences psychédéliques et la musique indienne : on peut notamment rappeler le sitar de Paint It, Black (dans la foulée de celui entendu joué par George Harrison sur Norwegian Wood des Beatles), la dulcimer sur Lady Jane ou les marimbas de Under My Thumb. L'album Between the Buttons continue sur la même lancée avec la flûte mélodieuse de Brian sur Ruby Tuesday mais contient aussi des morceaux de rock comme Let's Spend the Night Together et Connection et des influences « music-hall ».
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+ 1966 sera l'année des dernières tournées avant un grand break : ils avaient tourné de façon ininterrompue depuis leurs débuts, donnant entre 250 et 300 concerts par an. Comme les Beatles, les Rolling Stones avaient subi depuis leurs débuts l'hystérie des foules dans les salles et en dehors, phénomène que l'on appelait la beatlemania. Particulièrement éprouvants, les concerts des Stones tournaient souvent à l'émeute à cause des fans qui tentaient de monter sur scène ou des bagarres dans le public. De nombreuses fois, les Rolling Stones furent contraints de s'enfuir de scène au bout de quelques minutes poursuivis par des fans. Les coûts des dégâts et le nombre de blessés sont parfois importants comme à Blackpool, à La Haye ou Paris[43].
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+ L'opposition de style entre les Beatles et les Rolling Stones est le résultat d'un marketing de différenciation savamment orchestré par Andrew Loog Oldham. Le parcours musical des deux groupes est assez parallèle : influences communes du rock 'n' roll et du rhythm and blues (même si ce dernier est plus marqué chez les Stones). Bien que dans les médias, les Rolling Stones incarnent les « mauvais garçons » (Oldham n'avait pas hésité à interroger : « Laisseriez-vous votre fille sortir avec un Rolling Stone ? »[44]) et les Beatles, les « gentils garçons », les membres des deux groupes s'apprécient et se côtoient dans le privé[45],[46]. Les Beatles, John Lennon et Paul McCartney offriront même la chanson I Wanna Be Your Man aux Rolling Stones pour lancer leur carrière en 1964 et feront les chœurs sur la chanson We Love You en 1967. Brian Jones jouera plus tard sur certains titres des Beatles comme Baby, You're a Rich Man ou You Know My Name.
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+ Mick Jagger et Keith Richards appréciaient particulièrement la musique des Beatles. Les deux seront d'ailleurs présents dans le studio de la BBC, accompagnés de Marianne Faithfull (petite amie de Mick à l'époque) lors de la diffusion live et en mondovision, le 25 juin 1967 du fameux All You Need Is Love. Sur la vidéo, on reconnaît Mick et sa veste bleu ciel avec des motifs marrons psychédéliques. Comme tous les heureux participants, il tape dans ses mains en chantant le refrain[47].
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+ Toujours en 1967, le même trio participe au tournage du clip A Day in the Life et on peut les voir dans ce clip discuter avec John Lennon[48].
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+ Les deux groupes évitaient aussi de sortir leur singles et leurs albums en même temps pour ne pas se concurrencer. La frontière entre Beatles et Stones était ténue. Alors que les médias accusaient les Stones de prendre des drogues[49], les Beatles en prenaient aussi. Paul McCartney fut d'ailleurs la première rock star à dire à la presse qu'il avait pris du LSD en 1967. Lors de la descente de police à Redlands où de la drogue fut trouvée dans le domicile de Keith Richards en 1967, parmi les convives se trouvaient un Beatle, George Harrison, qui ne fut pas inquiété, étant parti avant l'arrivée de la police[49].
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+ Après leur cinquième tournée américaine et la huitième britannique, toutes deux en 1966, les Stones s'accordent du repos. L'année 1967 est surtout consacrée aux activités parallèles et les Stones s'investissent dans différents projets personnels. Keith Richards s'achète la maison de Redlands, qui sera l'une des bases du groupe, Bill Wyman fait de la production, Brian Jones compose une bande originale de film et forme avec Anita Pallenberg un couple médiatisé, icône du Swinging London. C'est aussi l'époque des vacances : Brian, Keith, Anita Pallenberg, Mick et sa nouvelle petite amie Marianne Faithfull partent en vacances au Maroc. 1967 est aussi l'année des premiers problèmes qui vont ébranler le groupe et particulièrement Brian Jones.
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+ Le 12 février 1967, Mick Jagger et Keith Richards sont arrêtés au domicile de Keith à Redlands pour possession de drogues. Vite relaxés, ils ne feront pas de prison, sinon les quelques jours d'attente de leur comparution. Le quotidien The Times viendra à leur secours avec un superbe éditorial en leur faveur[50], prémices du changement de société en cours. Parmi les nombreux soutiens de tous bords les Who sortiront immédiatement un 45 tours en solidarité, avec 2 compositions des Stones[51]. Si Mick et Keith arrivent à se sortir de leurs ennuis judiciaires, Brian Jones, lui, connaît plus de difficultés. Arrêté une première fois en mai 1967, puis une deuxième fois en mai 1968, il vit très mal cette situation et souffre de dépression nerveuse. En raison de tous ces soucis, le groupe doit arrêter de faire des concerts pendant deux ans.
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+ Entre-temps, le groupe effectue sa dernière tournée en Europe avant deux ans en mars et avril. Il est le premier groupe du bloc de l'ouest à jouer un concert de rock en Pologne le 13 avril. Mais la venue dans ce pays, ainsi que les deux concerts joués ce soir-là ne plait pas forcément aux autorités. Le groupe ne retournera pas jouer avant de nombreuses années dans les pays du bloc soviétiques. Le groupe joue son dernier concert le 17 avril 1967 à Athènes en Grèce avec Brian Jones.
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+ Sur le plan sentimental, Brian Jones connaît aussi de nombreux déboires. Alors qu'il est hospitalisé pour une crise d'asthme en France sur le trajet d'un voyage au Maroc, Keith Richards entame une liaison avec sa petite amie Anita Pallenberg[52]. Lorsqu'il reviendra de convalescence, Keith, Anita (mais aussi Mick Jagger et Marianne Faithfull) abandonneront Brian au Maroc, sans lui laisser un mot. Cette rupture sera le début de tensions entre les deux guitaristes du groupe et le début de la fin pour Brian Jones.
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+ Sur le plan musical, l'album Their Satanic Majesties Request qui sort en décembre 1967 et qui porte largement la patte expérimentale de Brian Jones, bien qu'opposé initialement au projet ne voulant pas sortir de la droite ligne du blues, n'aura sur le moment qu'un succès mitigé, déconcertant par son côté planant quelques fans du blues pur et dur. Deux titres toutefois émergent : She's a Rainbow et 2000 Light Years from Home. La couverture de l'album innove en présentant une photo du groupe en relief (3D) sur film gaufré. La photographie fait un peu ciller, et pour cause : l'œil gauche du spectateur y voit Brian Jones de face tandis que le droit le voit de profil. Cette expérience ne sera pas reprise sur les rééditions vinyle, ni CD, de l'album. Interrogé sur celui-ci, John Lennon commente ironiquement : « Les Stones font tout six mois après nous » (Sgt. Pepper était sorti en juin). C'est une pique amicale et non une déclaration de guerre ; John Lennon, Brian Jones et Mick Jagger conserveront les meilleures relations qui soient dans le civil.
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+ 1968 est une année décisive pour les Stones. Musicalement, avec l'échec de Their Satanic Majesties, le groupe a perdu du terrain face à ses concurrents. Cela est d'autant plus vrai que la musique du moment subit une véritable mutation apportée par des groupes comme le Jimi Hendrix Experience, les Doors ou le Grateful Dead, et que l'épicentre du rock s'est déplacé d'Angleterre vers la Californie. Alors que les Beatles concoctent leur Album Blanc, que les Who enregistrent leur opéra-rock Tommy, les Stones marquent leur grand retour en revenant aux racines du blues et du rock, d'abord avec le single Jumpin' Jack Flash, puis avec l'album Beggars Banquet. L'album est très influencé par son époque et l'esprit de contestation qui flotte dans l'air. Des titres comme Street Fighting Man, Jigsaw Puzzle ou Sympathy for the Devil font référence aux émeutes qui éclatent un peu partout dans le monde occidental. Depuis la descente de Redlands, Mick Jagger s'est positionné dans une attitude de défiance et de rébellion vis-à-vis de l'ordre établi[53]. Des titres comme Sympathy for the Devil témoignent aussi de l'influence de Marianne Faithfull sur Mick Jagger. Cette dernière l'a initié à une certaine culture littéraire puisque la chanson est inspirée du roman Le Maître et Marguerite.
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+ L'album, dont toute la prise de son possède une qualité technique (Parachute Woman, No Expectations, Salt of the Earth…) supérieure encore à celle du Going Home d'Aftermath, remet les Rolling Stones en selle avec des morceaux comme Sympathy for the Devil et Street Fighting Man qui vont asseoir leur réputation du groupe le plus violent de l'histoire du rock et de « greatest rock & roll band in the world ».
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+ En 1968, Keith Richards découvre une façon de s'accorder (l'open tuning, en sol, et en retirant la 6e corde -la plus grave- de sa guitare) qui marque le nouveau son des Rolling Stones, pour les albums qui suivront. En effet, cet accordage qui est utilisé par les bluesmen permet aux Stones de changer leur façon de composer. Certains pourront regretter que celui-ci appauvrisse l'aspect mélodique de leurs chansons, d'autres salueront les innombrables chansons qui seront le fruit de l'open tuning (Jumpin' Jack Flash, Street Fighting Man, You Can't Always Get What You Want, Honky Tonk Woman, Gimme Shelter, Happy, Start Me Up pour n'en citer que quelques-unes).
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+ Brian Jones, bien que leader dès l'origine, est exclu du groupe en juin 1969. Cela faisait quelques années que le guitariste des Stones était à l'écart dans le groupe. Depuis que le duo Mick Jagger/Keith Richards s'était imposé dans la création musicale du groupe, Brian Jones avait perdu de son influence et vivait mal cette situation. L'abus de drogues et d'alcool, les diverses arrestations ainsi que le fait qu'Anita Pallenberg, son ancienne petite amie soit désormais dans les bras de Keith Richards n'avaient pas arrangé les choses et ses relations avec le reste du groupe. Les participations de Brian aux albums sont de plus en plus erratiques comme le montre une des séquences du film de Jean-Luc Godard réalisé en 1968, Sympathy for the Devil. Il a du mal à se concentrer et à jouer en studio, les techniciens du son allant jusqu'à le laisser interpréter un morceau tout en lui coupant son micro de manière à ne pas enregistrer de fausses notes sur la piste. Plus grave pour le groupe, ses problèmes judiciaires ne lui permettent plus de suivre le groupe en tournée, puisque les États-Unis ne lui délivreront pas de visa. Incapable d'assurer les enregistrements studio et les concerts, il est remplacé par Mick Taylor et se retire du groupe le 9 juin 1969[54]. Quelques semaines plus tard, Brian Jones meurt le 3 juillet 1969, noyé dans sa piscine.
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+ Le grand retour à la scène date du 5 juillet 1969, lors du concert gratuit à Hyde Park, devant près de 500 000 personnes, le premier depuis deux ans et demi, pour l'intronisation du nouveau guitariste Mick Taylor, qui vient de chez John Mayall (qui a fait découvrir Eric Clapton et Peter Green) et, fait non prévu, pour rendre un hommage à Brian Jones, décédé 2 jours plus tôt. Mick Jagger lira à cette occasion un poème de Percy Bysshe Shelley, Adonaïs. Mick Taylor contribuera à renforcer les racines blues des Rolling Stones et sa participation aux albums Exile on Main Street et Sticky Fingers marqueront le retour à des compositions et des productions plus épurées. Le concert d'Hyde Park est le prélude à une grande tournée américaine où ils n'ont plus joué depuis trois ans. La grande tournée qui contient vingt-trois dates et dix-sept villes, démarre le 1er novembre 1969. Le spectacle est très bien rodé et le groupe apparaît plus professionnel qu'il ne l'a jamais été[55]. La tournée américaine de 1969 sera immortalisée par l'album en public Get Yer Ya-Ya's Out!, où les riffs de Keith Richards et les solos de Mick Taylor sont d'une efficacité redoutable.
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+ L'album Let It Bleed qui paraît en décembre 1969, est le dernier album auquel Brian avait participé même s'il ne s'agit que de deux morceaux. L'album se situe dans la lignée de Beggars Banquet. Il est aussi « violent » que l'album précédent avec des titres tels que Gimme Shelter, You Can't Always Get What You Want et surtout Midnight Rambler (qui évoque Albert DeSalvo, l'étrangleur de Boston), qui deviendra un classique sur scène. Le titre Let It Bleed (Que ça saigne !) est assez représentatif de ce qui s'est passé autour des Rolling Stones lors de l'année 1969, avec notamment la mort de Brian Jones et le concert meurtrier d'Altamont (voir plus bas).
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+ À la fin de l'année 1969 et durant l'année 1970, les Rolling Stones sont confrontés à deux évènements majeurs et tragiques qui vont changer leur histoire : le fiasco d'Altamont en décembre 1969 marquant la fin des années 1960 et la perte du catalogue de la décennie au moment où le groupe quitte le label Decca en 1970.
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+ À l'issue de leur tournée américaine de 1969 qui marque leur grand retour aux États-Unis, et regrettant de n'avoir pu jouer au festival de Woodstock, les Stones décident de donner un concert-événement gratuit, le 6 décembre 1969. La préparation est catastrophique en raison de la difficulté de trouver un lieu pour le concert. D'abord envisagé à San José puis à San Francisco, c'est finalement le circuit d'Altamont qui est choisi. Le concert rassemble plus de 300 000 personnes. Au fil des prestations des groupes en première partie, de violentes bagarres éclatent, notamment entre les Hells Angels payés en bières par les Stones pour assurer la sécurité, et le public. La prestation des Stones est émaillée de nombreux incidents. Alors que le groupe joue Under My Thumb, un adolescent noir de 18 ans, Meredith Hunter, est poignardé à multiples reprises par un Hells Angels, alors qu'il n'est qu'à quelques mètres de la scène et qu'il brandit une arme, qui ne sera jamais retrouvée. La scène est filmée et est présente dans le documentaire Gimme Shelter. Ce mini-festival, qui fera quatre morts, marquera la fin de l'utopie hippie et amènera les Stones à être plus rigoureux dans l'organisation de leurs concerts.
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+ Cet évènement, avec la séparation des Beatles l'année suivante, l'affaire Charles Manson, les morts en série d'artistes morts à 27 ans (« le club des 27 ») comme Brian Jones, met fin aux années 1960.
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+ Mick Taylor apporte une certaine virtuosité à la musique du groupe. Avec la séparation des Beatles, les Rolling Stones se retrouvent au premier plan et peuvent prétendre au titre de « plus grand groupe de rock'n'roll » (titre officieux qu'ils s'étaient arrogés[55] dès la tournée 1969).
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+ En 1970, parait le second album live du groupe, Get Yer Ya-Ya's Out, considéré comme un des meilleurs albums live de l'histoire du rock. Ce sera le dernier disque du groupe avec Decca, le contrat arrivant à son terme. Cependant, il n'est pas renouvelé et le groupe quitte officiellement Decca (à la limite de la banqueroute malgré ses très fortes ventes et ses tournées à guichets fermés) en février 1971 après la fin des sessions d'enregistrements de leur prochain disque et doivent se rendre « en exil fiscal » en France (car il s'avère que leur maison de disque n'a pas payé leurs impôts sur leurs droits d'auteurs). Mais trois semaines plus tard, les Stones se séparent de l'homme d'affaire Allen Klein après avoir découvert avec stupeur qu'ils ont perdu leurs masters et droits d'édition de leur discographie jusqu'en 1970. Désormais, celle-ci est gérée par ABKCO, la société de Klein[41].
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+ En 1971, les Rolling Stones sortent l'album Sticky Fingers avec la célèbre pochette fermeture-éclair, dessinée par Andy Warhol. C'est le premier disque à sortir sous leur label The Rolling Stones Record fondé à peine deux mois plus tôt. Les références au sexe et à la drogue sont explicites, les compositions sont excellentes (Brown Sugar, Wild Horses, Bitch, Sister Morphine, Dead Flowers). Mick Taylor apporte un nouveau souffle au groupe qui entame la même année une tournée d'adieu au Royaume-Uni. C'est en effet en France, sur la Côte d'Azur que le groupe pose ses valises pour échapper au fisc anglais. En 1972, le groupe sort son premier double album Exile on Main St. dont la plupart des titres sont enregistrés dans la villa Nellcôte, à Villefranche-sur-mer où réside Keith Richards, ainsi que dans la Bastide du Roy à [(Antibes]) où réside [(Mick Jagger]) et [(Bianca]) enceinte. De nombreux invités (Bobby Keys, Gram Parsons…) participent à l'album et aux interminables sessions d'enregistrement ponctuées par les injections d'héroïne, drogue à laquelle Keith s'adonne[56]. L'album ne contient pas vraiment de hit majeur, sauf Tumbling Dice et Happy chanté par Keith Richards. La chanson Sweet Black Angel, est un hommage à Angela Davis, et le blues y est omniprésent. L'album n'est pas très bien accueilli par la critique, mais cette même critique le classera vingt ans plus tard parmi les dix meilleurs albums de tous les temps (Rolling Stone Magazine).
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+ À la suite de l'album, les Stones se lancent dans une gigantesque tournée aux États-Unis où ils ne sont plus retournés depuis Altamont. La tournée (intitulé STP : Stone Touring Party, jeu de mots sur le STP qui est une amphétamine — le 2,5-diméthoxy-4-méthylamphétamine) a son cortège de sexe, drogues, rock'n'roll et télévisions défenestrées par Richards et Bobby Keys dans un hôtel. Le film-documentaire Cocksucker Blues tourné par Robert Frank pendant la tournée nord américaine en témoigne mais ne sortira pas, car présentant une vision trop crue du groupe (drogues, groupies, destruction de chambres d'hôtel, scènes d'orgies dans un avion). Une polémique porte sur ce film, car différentes scènes auraient été mises en scène.
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+ En 1973, l'inspiration du groupe s'appauvrit, Keith Richards commence à connaître des problèmes du fait de l'héroïne. La villa Nellcôte devint un repaire d'héroïnomanes (dont Anita Pallenberg), et fut surveillée par la police. En décembre 1972, la police trouva motif à inculper Keith Richards pour usage et trafic de drogue[57]. Si le guitariste eut le temps de quitter les lieux, il fut déclaré persona non grata dans l'Hexagone, y privant le groupe de tout concert pour plusieurs années. L'album qui sort en 1973, Goat's Head Soup, enregistré en Jamaïque, comporte un succès commercial avec Angie. Pour la tournée européenne qui promeut l'album, du fait de leurs démêlés judiciaires en France, les Rolling Stones et la radio RTL affrètent un train spécial pour un concert exceptionnel donné à Bruxelles. Le bootleg Brussels Affairs en reflète le son, notamment les prestations de Mick Taylor, et sera officiellement publié en 2011 dans la série From the Vault dans son intégralité.
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+ En 1974 sort l'album It's Only Rock 'N Roll, premier album produit sous le vocable Glimmer Twins, surnom du duo Jagger - Richards. L'album ouvre sur le titre If You Can't Rock Me avec Keith Richards à la basse, suivi de Ain't Too Proud To Beg, reprise des Temptations. Dans Time Waits For No One, Mick Taylor opère un solo inspiré. Fingerprint File, d'obédience soul, fait référence aux exactions du FBI et des dictatures sud-américaines.
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+ À la grande surprise de tous, Mick Taylor quitte les Stones après l'album It's Only Rock 'N Roll[58] en décembre 1974. Il sera remplacé par Ron Wood, issu des Faces et ayant travaillé avec Rod Stewart et Jeff Beck (en tant que bassiste). De nombreuses rumeurs ont circulé à propos du départ de Taylor (qui ne s'est jamais expliqué clairement sur ses raisons). La raison la plus répandue est qu'il en avait marre de ne pas être crédité pour son apport sur certains morceaux[59]. Mais, il semblerait aussi qu'il avait du mal à se sentir réellement intégré au groupe et que sa dépendance à l'héroïne a joué aussi dans sa décision de s'éloigner des Stones[59].
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+ Avec le départ de Mick Taylor et l'arrivée de Ron Wood, le groupe perd un virtuose mais gagne un guitariste qui correspond plus à leur image (très sex, drugs and rock'n'roll). De plus, l'arrivée de Ron Wood permet un retour au guitar weaving, cette technique particulière qui entremêle les deux guitares (sans distinction entre le guitariste soliste et le guitariste rythmique : chacun alternant ce rôle) qui était la marque de fabrique des Stones du temps où Brian Jones et Keith Richards jouaient ensemble. La technique de Mick Taylor l'avait imposé comme soliste et contraint Richards à ne se contenter que de la rythmique. Dans le monumental livre Rolling Stones, Ron Wood explique s'être longtemps senti le « petit nouveau », et pas Stone à part entière (à juste titre puisque jusqu'en 1993, il ne sera qu'un salarié du groupe avant d'être intégré comme membre à part entière des Stones). Les choses changeront pendant la durable brouille de 1988 entre Mick Jagger et Keith Richards, qui enregistreront alors en solo ; se disant qu'après tout il a alors davantage d'ancienneté que n'importe quel membre ayant quitté les Stones, il prend sur lui d'amener Jagger et Richards à la réconciliation. Celle-ci se concrétisera par l'album Steel Wheels en 1989.
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+ L'arrivée de Ron Wood est salutaire pour le groupe par sa capacité à soutenir en studio et sur scène les errances de Keith Richards, qui a du mal à assurer sa place en raison de sa dépendance grandissante à l'héroïne, sa contribution aux albums du groupe est de plus en plus erratique[60] et même sur scène, il a du mal à tenir son rôle. Lors d'une tournée européenne, en Allemagne, en 1976, Keith Richards, abruti par les drogues, s'évanouit sur scène à Francfort puis quelques jours plus tard, s'endort littéralement pendant un morceau à Münster. Si Mick Jagger réussit à maintenir le groupe à flots, Keith Richards est aux abonnés absents.
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+ Les années 1970 seront une période trouble pour Keith Richards à qui les médias attribuent le titre peu envié de « l'être humain le plus élégamment dévasté[61] ». Outre ses addictions, il est aussi affecté par la mort de ses proches : son fils Tara meurt âgé de dix semaines en 1976, son grand ami Gram Parsons en 1973… Ses diverses arrestations comme en Arkansas en 1975 ou à Toronto en 1977 et les interdictions de séjour qui en découlent mettent en péril l'avenir du groupe et l'obligent à constamment déménager (France, Suisse, Jamaïque). Il y a aussi les doutes musicaux. La fin des années 1970 voit apparaître des musiques nouvelles comme le punk ou la disco, qui donnent un coup de vieux à des groupes comme les Rolling Stones. Joe Strummer, guitariste du Clash déclare : « En 1977, plus d'Elvis, plus de Beatles, plus de Rolling Stones[62] ! » pour signifier sa défiance à l'égard de musiques qui selon lui, appartiennent au passé.
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+ L'arrestation de Keith Richards à Toronto en 1977, qui risque sept ans de prison, met le groupe en péril et jette le doute sur la pérennité de sa présence au sein des Stones. Il est sauvé in extremis de la prison par une fan aveugle — (en)Blind angel comme l'a surnommée Keith — qui convainc le juge d'infliger au groupe la peine de donner un concert pour lever des fonds pour la cause des aveugles. Keith Richards reconnaîtra plus tard qu'elle lui a probablement sauvé la vie. Cet événement incite le guitariste à se débarrasser de sa dépendance à l'héroïne qui génère de nombreux problèmes pour le groupe. Peu à peu, Keith Richards se défait de ses addictions, en même temps qu'il se défait de la présence de sa compagne, Anita Pallenberg, héroïnomane comme lui.
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+ Paradoxalement, malgré la défiance du punk, les albums des Stones entre 1974 et 1981 atteignent à chaque fois la première place au hit-parade des ventes. It's Only Rock 'N Roll (1974), Black and Blue (1976), Some Girls (1978), Emotional Rescue (1979) et Tattoo You (1981) sont tous numéro un des ventes. Le groupe s'essaie à des musiques nouvelles qui collent à leur époque comme le funk (Hot Stuff sur l'album Black and Blue), le reggae (Cherry O Baby) ou le jazz (Melody).
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+ De même, les concerts sont de plus en plus gigantesques et importants par les foules qu'ils attirent, les lieux où ils se déroulent et les moyens qu'ils nécessitent. L'attraction de la tournée 1975 est un pénis gonflable de six mètres[63]. C'est surtout grâce à Mick Jagger que le groupe arrive à se maintenir dans la décennie malgré la concurrence du punk ou de la disco. De l'aveu de Keith Richards, c'est Mick qui s'est occupé des affaires du groupe aussi bien sur le plan artistique que sur le plan économique[64]. L'album Love You Live sorti en 1977 est un bon témoin de ces tournées de plus en plus grandes.
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+ En 1978, le groupe retrouve le succès avec Some Girls, qui proposera des chansons répondant à la vague punk (When The Whip Comes Down, Lies) et disco avec le tube Miss You. S'il est aujourd'hui son album le plus vendu, le groupe réussit encore à s'attirer les foudres des bien-pensants notamment à cause des paroles et de la pochette du disque jugées sexistes[65]. Par la suite, Les Rolling Stones jouent dans des stades pouvant contenir plus de 80 000 personnes et ils sont les premiers à le faire[66].
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+ Après la tournée, le groupe enregistre l'album suivant, Emotional Rescue (en référence à Keith Richards qui a réussi à s'en sortir avec ses problèmes de drogues) qui sort en 1980. Durant les sessions fin 1978 à Pathé Marconi à Paris, les Rolling Stones côtoient le groupe de rock français Téléphone qui répète les chansons de l'album Crache ton venin dans la pièce d'à côté. Pour l'occasion, Mick Jagger dira aux membres qu'un groupe avec une fille (en l'occurrence la bassiste du groupe) ne marchera pas longtemps[67]. Un peu plus de sept ans plus tard, Téléphone se sépare.
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+ Puis, avec l'aide de leur ingénieur du son de leurs derniers albums (depuis 1978) Chris Kimsey, le groupe ressort des tiroirs les chansons non gardées des derniers disques depuis 1973, sur lesquels des overdubs sont effectués; résultant l'album Tattoo You, qui sort l'année suivante, avec les tubes Start Me Up et Waiting On A Friend. De ces deux disques en résulte une nouvelle tournée mondiale géante, en témoigne l'album live Still Life sortie l'année suivante.
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+ Le retour aux affaires de Keith est pourtant le début de nouveaux problèmes pour le groupe. Selon Keith Richards, Mick Jagger avait pris la tête du groupe dans les années 1970, lorsque lui-même était dépendant de l'héroïne, et maintenant que le guitariste allait mieux, il n'était plus disposé à partager ce pouvoir[64]. Les premiers problèmes apparaissent lors de l'enregistrement d'Emotional Rescue[68], en 1979 et culmineront avec la sortie de Dirty Work en 1986. Si le groupe continue d'enregistrer des albums et à jouer des concerts, Keith Richards et Mick Jagger ne se côtoient pratiquement plus et ne s'adressent plus la parole.
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+ Mick Jagger semble de plus en plus tenté par une carrière solo. Après deux collaborations avec Michael Jackson pour State of Shock en 1984 et David Bowie pour Dancing in the Street en 1985, il sort son premier album solo, She's the Boss, en 1985, suivi de Primitive Cool en 1987. Les velléités de carrière solo de Mick provoquent l'ire de Keith Richards qui déclare même en 1986 : « Si Mick fait une tournée sans nous, je lui coupe la gorge[69] ». Les autres Stones eux-mêmes se tiennent désormais à l'écart d'un groupe qui n'a plus de groupe que le nom. Keith Richards a formé son propre groupe les X-Pensive Winos, Charlie Watts joue du jazz avec le groupe qu'il a formé, le Charlie Watts Orchestra, et Bill Wyman s'investit dans la production via le projet AIMS (Ambition, Idées, Motivation, Succès). Selon Wyman, Mick est le responsable des problèmes des Stones parce qu'il a décidé de « faire son propre truc tout seul sans le groupe[37] ».
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+ En 1983, après la sortie de l'album Undercover, le contrat de distribution avec Atlantic touchant à sa fin, le groupe signe un nouveau contrat avec CBS. Cet évènement va provoquer la discorde car aucun des membres n'a été averti qu'il concerne non seulement les prochains albums, mais aussi trois albums solos de Mick Jagger, dont le premier doit sortir en premier avant celui du groupe[70]. Après la promotion de l'album précédent Undercover, Mick Jagger informe se camarades qu'il va enregistrer son premier album solo (She's the Boss) de mai à novembre 1984 pour une parution l'année suivante[70]. À ce moment-là, le sommet des troubles est atteint en 1985 et 1986 avec l'album Dirty Work, sur lequel Bill Wyman et Charlie Watts jouent volontiers les absents : Bill commence à fréquenter Mandy Smith, 14 ans, et Charlie doit soigner son alcoolisme, tandis que Mick Jagger est plus concentré sur sa carrière solo que celle au sein du groupe. Le 13 juillet 1985, alors que le groupe est sollicité pour participer au Live Aid, seuls trois membres y participent séparément en raison des tensions, et Mick Jagger y interprète Dancing in the Streets avec David Bowie. Plusieurs invités contribueront à Dirty Work, dont Tom Waits, Jimmy Cliff, Steve Naive, le guitariste Jimmy Page et Bobby Womack, ainsi que Steve Lillywhite (connu pour avoir travaillé avec U2 et les Simple Minds) à la production pour être en phase avec le son du moment. C'est pendant l'enregistrement de l'album que décède Ian Stewart, l'ami fidèle et un des membres fondateurs du groupe, qui vivait dans leur ombre. Le titre de l'album est un clin d'œil aux fans, qui connaissent les difficultés du groupe.
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+ À la sortie de l'album, bien qu'il rencontre le succès (ce qui est habituel), le groupe ne fera pas de tournée en raison de nombreuses tensions, et Mick Jagger annonce qu'il ne jouera plus jamais avec eux et se lance intégralement dans sa carrière solo avec son second album Primitive Cool. Keith Richards décide donc lui aussi de se lancer en solo avec l'album Talk Is Cheap qui sort en 1988.
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+ En janvier 1989, lors de l'intronisation du groupe au Rock and Roll Hall of Fame à Cleveland, aux États-Unis, les deux Glimmer Twins s'évitent mais finiront quand même par se parler (probablement aux réjouissances de fin de soirée) et décideront de se revoir au cas où l'« alchimie » fonctionnerait de nouveau.
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+ Ils synchronisent finalement leurs agendas et se retrouvent en mars 1989 à la Barbade. C'est là qu'ils signent un lucratif contrat avec CPI (Concert Production International) pour une tournée de cinquante concerts en Amérique du Nord, contre un cachet de 65 à 70 millions de dollars[71]. Il s'agit à l'époque, du plus lucratif contrat de l'histoire du rock[71]. À l'été 1989, les Rolling Stones se rendent à Tanger, au Maroc pour enregistrer Continental Drift avec les Master Musicians of Jajouka dirigé par Bachir Attar, pour l'album Steel Wheels. Le groupe se rend ensuite à Montserrat au studio Air pour enregistrer Steel Wheels qui sortira en août 1989. Une forme de renaissance viendra avec cet album, qui verra les Stones, à nouveau soudés, retrouver l'inspiration et l'envie de jouer ensemble. La tournée nommée elle aussi Steel Wheels, la première du groupe depuis sept ans, débute le 31 août 1989 et finit le 19 décembre. Mais elle se poursuit l'année suivante au Japon puis en Europe, sous le nom d'Urban Jungle Tour. Au total la tournée rapportera 270 millions de dollars, un record pour l'époque[72].
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+ Entretemps, le groupe publie un nouvel album live, Flashpoint, en avril 1991, sur lequel on retrouve deux chansons inédites, les dernières enregistrées avec Bill Wyman en janvier 1991 : Sex Drive et Highwire. Cette dernière sortie en single arrive en tête de classement aux Etats-Unis en pleine Guerre du Golfe qui y est évoquée. À la fin de la tournée, le groupe se met au repos le temps que les membres se consacrent à leurs carrières solo.
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+ Le 19 novembre 1991, le groupe signe chez Virgin Records un contrat de 44 millions de dollars pour trois albums. Cependant, le bassiste refuse de le signer car il a décidé d'arrêter la musique pour passer à autre chose, se consacrer à d'autres passions. Les autres membres acceptant la décision avec tristesse décident de ne pas dévoiler pour l'instant cette information au public[73]. Visiblement lassé de ne pas être crédité pour ses contributions, et peut-être aussi des tournées incessantes dans les stades ou bien aussi par son avance en âge sur les autres[74], son départ est officialisé le 6 janvier 1993 pour prendre sa retraite[75]. Il forme les Rhythm Kings, groupe comprenant des « requins de studios », tous de ses amis, comme Peter Frampton, Albert Lee ou Gary Brooker, et enregistre plusieurs albums aux consonances blues et jazz. Il est remplacé par Darryl Jones, choisi par Charlie Watts, qui amène une basse encore plus pesante que Bill Wyman et qui sied très bien au son des Stones ; Darryl Jones ne sera jamais considéré comme un « vrai Stone » et ne sera pas présent sur les photos publicitaires des Stones, bien qu'il soit très apprécié des membres du groupe.
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+ En 1993, après le départ officiel du bassiste et la publication de la publication de la compilation Jump Back par Virgin (regroupant les meilleures chansons de 1971 à 1989), le groupe se remet au travail pour réaliser l'album Voodoo Lounge. L'enregistrement se déroule principalement en Irlande avec Don Was comme producteur qui est très apprécié par les membres pour son travail et sa diplomatie (surtout entre les idées de Mick Jagger et celles de Keith Richards). À sa sortie en 1994, l'album encore plus roots que Steel Wheels, rencontre le succès commerciale et critique et donne l'impression une fois de plus que les Stones sont de retour. Le groupe remporte donc le Grammy Award du meilleur album rock.
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+ Si les tournées se font dans des grands stades et deviennent un vrai business industriel[76], Keith insistera pour pouvoir toujours jouer dans des petites salles, plus ou moins officiellement, usant parfois de pseudonymes pour le groupe, afin de rester près de ses fans. En 1995 pendant la tournée Voodoo Lounge (qui sera retracée près de 25 ans plus tard dans l'album live Voodoo Lounge Uncut), alors que l'émission MTV Unplugged est un succès grâce aux récentes performances d'Eric Clapton (album Unplugged en 1992) et de Nirvana (MTV Unplugged in New York en 1994), le groupe veut tenter l’expérience du live acoustique et sort Stripped. Elle comprend une série d'enregistrements live joués en partie à l'Olympia de Paris et en partie au Paradiso Club d'Amsterdam ainsi que quelques titres en studio au Japon dans le cadre de répétitions. Toutes ces chansons sont jouées en acoustique comme dans l'émission MTV Unplugged. L'album reçoit un accueil critique mitigé. Une nouvelle version de l'album ne comportant que les chansons live paraîtra en 2016 sous le nom de Totally Stripped.
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+ Les Stones sortent un nouvel album en 1997 (Bridges to Babylon), marqué par la volonté de s'inscrire dans l'air du temps (production des The Dust Brothers, basse de Meshell Ndegeocello, cosignature à l'amiable du premier single avec k.d. lang) tout en gardant le son traditionnel. Cet album donne l'occasion d'une nouvelle tournée mondiale, qui durera de septembre 1997 à septembre 1998, pour reprendre de janvier à juin 1999. Durant la tournée, le groupe sera le premier artiste à se produire au Stade de France le 25 juillet 1998 où il est accompagné de l'ancien Téléphone Jean-Louis Aubert en première partie. Entre-temps, le groupe réalise le clip du titre vedette Anybody Seen My Baby? en mettant en scène Angelina Jolie.
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+ En 2002, le groupe publie pour les 40 ans la double compilation Forty Licks comportant sur le premier disque leurs chansons appartenant à ABKCO (années 1960) et le second ceux de 1971 à 2002 avec quatre inédits, dont le tube Don't Stop. Cette sortie sera suivie d'une nouvelle tournée mondiale.
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+ Pour fêter leurs quarante années de carrière, les Rolling Stones repartent en tournée mondiale en 2002-2003. Le groupe n'a pas d'album à promouvoir cette fois, sinon une compilation qui comporte quatre titres inédits, Forty Licks. Elle contient sur le premier disque leurs chansons appartenant à ABKCO (années 1960) et le second ceux de 1971 à 2002 avec quatre inédits, dont le tube Don't Stop et Losing My Touch chanté par Keith. Pour cette tournée ils répètent plus de quatre-vingts chansons tirées de l'ensemble de leur répertoire (notamment des chansons jamais jouées sur scène comme Can't You Hear Me Knockin'). Ils en profiteront aussi pour écumer un grand nombre de petites salles, dont de nouveau l'Olympia de Paris. La tournée est remarquée pour sa vigueur, le plaisir qu'ils ont à jouer ensemble, le son et l'énergie. Elle sera l'occasion du premier DVD des Rolling Stones, Four Flicks, qui donne trois concerts (à New York au Madison Square Garden, à Paris à l'Olympia et au Stade de Twickenham) et plus de quarante chansons.
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+ En 2004, après la fin de la tournée Forty Licks pour fêter les 40 ans des Rolling Stones, le batteur Charlie Watts annule sa tournée avec son groupe de jazz en juin, car il est atteint d'un cancer de la gorge et commence déjà les soins, bien avant l'annonce officielle deux mois plus tard le 14 août. La presse s’interroge si le groupe doit continuer sans lui[77]. En attendant, Keith Richards et Sir Mick Jagger (anobli en 2003) se retrouvent au domaine de celui-ci, le château de Fourchette[78] pour écrire de nouvelles chansons[79]. De plus, le groupe doit également se passer du guitariste Ronnie Wood parti en cure de désintoxication pendant un an.
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+ En attendant l'issue de la maladie du batteur, Mick Jagger et Keith Richards participent à la cérémonie du Rock and Roll Hall of Fame le 15 mars 2005 pour y faire entrer Jann S. Wenner (le directeur du magazine Rolling Stone) et le groupe ZZ Top.
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+ De novembre à décembre 2004, puis en mars et avril 2005, le groupe sans Ronnie Wood enregistre un nouvel album toujours produit par Don Was dans une petite pièce du château en prise live, se voulant un retour aux sources avec un son brut et direct dans l'esprit des albums Exile on Main Street, Elephant des White Stripes ou encore Thickfreakness des Black Keys. Puis le groupe se rend à Los Angeles avec Ronnie pour finaliser et mixer l'album dans différents studios[77].
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+ Le nouvel album intitulé A Bigger Bang parait le 5 septembre 2005. Il est leur dernier album à ce jour enregistré en studio avec des compositions originales. Quelques jours plus tard, la femme du batteur annonce que son mari est guéri de son cancer[77].
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+ L'album A Bigger Bang apparaît à certains, à nouveau, comme une résurrection. Mais peinant quelque peu à se renouveler avec cet album de plus, ils ne font pas illusion auprès d'une partie de la critique et des fans. Leur dernière tournée mondiale, nommée elle aussi A Bigger Bang, commence le 21 août 2005 à Boston (États-Unis). Après les étapes américaines (Nord et Sud), asiatiques et en Océanie, un accident très médiatisé de Keith Richards (tombé d'un cocotier, indemne, il a eu un accident de jet-ski le jour même[80]) a contraint le groupe à différer l'ouverture de la tournée européenne, bouleversant nombre de dates et en en annulant quelques-unes. En France, deux concerts initialement prévus au Stade de France, furent fondus en une seule soirée le 28 juillet 2006, l'une de leurs meilleures prestations dans l'Hexagone selon de nombreux avis. Les Rolling Stones sont également à Nice le 8 août 2006, renouant pour un soir au Palais Nikaïa (stade Charles-Ehrmann) avec leurs années « Riviera ». Se confirme aussi un retour de la tournée aux États-Unis, prévue dès septembre pour plusieurs mois.
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+ A Bigger Bang devient tournée la plus lucrative de l'histoire de la musique, avec 558 millions de dollars de recette[81] et une audience de 4,6 millions de personnes pour 144 représentations[82]. Le groupe a également attiré deux millions de personnes lors du concert gratuit de Rio de Janeiro, sur la plage de Copacabana, en février 2006. Ainsi depuis la sortie de Voodoo Lounge en 1994, les Rolling Stones ont passé plus de sept ans sur scène, avec un évident plaisir qui, même s'il n'est pas dénué de manœuvres commerciales et de gains colossaux, démontre, s'il le fallait encore, que le groupe représente alors, avec les Who (reformés en 1989), Paul McCartney et Ringo Starr, le seul témoignage de l'âge d'or du rock'n'roll[83], et la preuve que leur musique est intemporelle.
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+ Les Stones sont considérés, avec Bob Dylan, les Beach Boys, les Beatles, les Who, Led Zeppelin et quelques autres, comme des inventeurs de la musique populaire moderne. Dès leurs débuts, ils ont tenu à catégoriser leur musique comme du rhythm and blues (d'après Ray Charles, c'était le nom donné autrefois au rock and roll avant qu'il ne devienne à la mode), et se réclamèrent à plusieurs reprises de la filiation des grands bluesmen. Légendaires, ils continuent à attirer les foules, et apparaissent lors de grands événements, comme lors du Super Bowl[84], ou lors des célébrations de la fin de l'embargo américain à l'encontre de Cuba.
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+ En février et en mars 2010, après de multiples rumeurs sur une éventuelle tournée, les Rolling Stones annoncent dans la presse qu'à l'occasion de la sortie de l'album de 1972 Exile on Main St. remastérisé, ils publieront une dizaine de chansons enregistrées à cette époque. D'après une interview publiée dans le magazine Rolling Stone, ils auraient même placé de nouvelles pistes de guitares et de chant sur certains titres. Dans la même interview, Keith Richards ne dément pas une rumeur selon laquelle Mick Taylor serait venu enregistrer avec eux[85]. En 2011, l'album Some Girls est ressorti avec douze nouvelles chansons.
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+ L'année 2012 est marquée par la célébration des cinquante ans de carrière des Rolling Stones. En août, le site officiel annonce la sortie pour le 13 novembre 2012 d'un coffret best of de 3 CD intitulé GRRR! avec en bonus deux nouvelles compositions enregistrées en août 2012 à Paris : One more shot et Doom and Gloom[86] (le clip vidéo de Doom and Gloom a été tourné dans les studios de la Cité du cinéma de Luc Besson à Saint-Denis). Cinq concerts exceptionnels ont lieu en fin d'année 2012 : deux à l'O2 Arena de Londres, deux autres au Prudential Center de Newark, près de New York, et un cinquième, intercalé, au Barclays Center de Brooklyn à New York. Afin d'être prêts pour les concerts londoniens et new-yorkais, les Rolling Stones ont répété dans un studio à quelques kilomètres de Paris et ont offert un concert-surprise au Trabendo de Paris devant 700 fans le 25 octobre 2012.
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+ Pour 2013, une tournée est confirmée par le groupe, avec neuf dates, de mai à juin, en Amérique du Nord, dans des salles de type « arena », un concert au festival de Glastonbury le 29 juin, ainsi qu'à Hyde Park à Londres le 6 juillet et le 13 juillet[87]. L'événement marquant de cette tournée anniversaire est la participation de Mick Taylor à quelques morceaux[88],[89]. Durant cette tournée nord-américaine, sa participation est systématique lorsque le groupe joue Midnight Rambler, participation qui s'étendra à d'autres morceaux comme Sway, Can't You Hear Me Knocking, et (I Can't Get No) Satisfaction, jouée en dernier rappel lors de cette tournée[90].
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+ De nombreux autres artistes rejoignent le groupe sur scène durant cette tournée : Lady Gaga, Sheryl Crow, Katy Perry, Aaron Neville, Tom Waits, Florence Welch (du groupe Florence and the Machine), Eric Clapton. Des chorales locales accompagnent le groupe sur You Can't Always Get What You Want, comme The Crossing (Philadelphie) ou la Cawthra Park Chamber Choir (Toronto). En février 2014, le groupe entame sa nouvelle tournée, 14 on fire qui débute par Abu Dhabi. Le Japon et la Chine suivent, puis le continent européen en mai et juin 2014, avec 14 dates qui rassembleront un total de 782 000 spectateurs[91]. La tournée se poursuivra en octobre-novembre 2014 par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, tournée prévue initialement en mars, mais reportée à la suite du décès de la compagne de Mick Jagger.
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+ À partir du 20 mai 2015, les Rolling Stones entament une tournée américaine de 16 dates, intitulée Zip Code, en référence à la réédition remasterisée de leur album Sticky Fingers. Cette tournée s'est clôturée le 15 juillet à Québec, ceci alors que les rumeurs concernant un nouvel album se font insistantes[92]. Ces rumeurs se voient finalement confirmées par Keith Richards lui-même qui, à l'occasion de la sortie de son album solo le 18/09/2015, annonce que le groupe enregistrera bien un nouvel album début 2016[93]. Du 3 février au 17 mars 2016, les Rolling Stones se produisent dans les stades d'Amérique Latine qui affichent tous complet, pour une tournée baptisée « America Latina Olé », qui démarre à Santiago du Chili et s'achève à Mexico, en passant par Buenos Aires, Montevideo, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Porto Alegre, Lima et Bogota[94]. Le 1er mars 2016, Les Rolling Stones annoncent qu'ils vont donner un concert gratuit le 25 mars à Cuba, à La Havane. C'est le premier grand groupe de rock à se produire dans l'île. Cela s'explique par le fait que le rock a été interdit durant de nombreuses années à Cuba[95]. Les Stones se produisent à la « Ciudad Deportiva » de La Havane devant plus de 500000 spectateurs (la maison de disque avait annoncé 1,2 million)[96]. Un film documentant cet événement exceptionnel sort en septembre 2016 sous le titre Havana Moon[97].
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+ À l'orée des cinquante-cinq ans de carrière du groupe le 6 octobre 2016, le groupe annonce sur les réseaux sociaux qu'un nouvel album enregistré en studio (le premier depuis 11 ans) sortira le 2 décembre 2016 constitué uniquement de reprises de leurs maîtres en Blues[98]. Il s'agit de l'album Blue and Lonesome tout en humilité donc, qui connaîtra un succès commercial et sera considéré par les lecteurs du magazine Rolling Stone dès la première semaine de sa parution comme l'un des 10 meilleurs albums de l'année[99].
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+ En 2017, les Rolling Stones lancent une nouvelle tournée, européenne cette fois-ci, intitulée No Filter Tour, avec un visuel rappelant légèrement le No Security Tour. Cette tournée de 14 concerts débute le 9 septembre à Hambourg pour se clôturer le 25 octobre à Paris, où le groupe se produit trois fois en inaugurant la toute nouvelle U Arena de Nanterre.
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+ Le 7 juillet 2017 le quotidien britannique NME annonce un album retraçant les premiers passages du groupe à la BBC pour une parution le 1er décembre 2017[100],[101].
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+ Le 24 juillet 2017, d'après le magazine Rolling Stone, Keith Richards annonce que le groupe retourne en studio prochainement pour l'enregistrement d'un nouvel album[102], alors que la maison de disque ABKCO annonce huit jours plus tard la ressortie de l'album Their Satanic Majesties Request le 22 septembre 2017 remastérisé pour les cinquante ans de l'album[103].
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+ En décembre 2017, ABKCO publie l'album On Air, constitué d'enregistrements de concerts des années 1963 à 1965 captés par la BBC, avec un son remasterisé.
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+ En 2018, le groupe continue sa tournée européenne No Filter Tour entamée le 9 septembre 2017, avec 14 dates prévues entre le 17 mai (Dublin) et le 8 juillet (Varsovie). Les Rolling Stones se produisent entre autres à Londres, Manchester, Marseille et Berlin[104]. À la fin de l'année, ABKCO publie la version remastérisée de l'album Beggars Banquet pour ses cinquante ans[105].
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+ Fin janvier 2019, Keith Richards annonce que le groupe retourne en studio pour enregistrer en une semaine un nouvel album de chansons originales toujours produits par Don Was pour une sortie vers la fin de l'année avant de retourner en tournée en Amérique à partir du 20 avril suivant. Quelques mois plus tôt, Mick Jagger et Keith Richards s'étaient retrouvés en studio avec leur producteur pour répéter les nouvelles chansons, mais préféraient prendre du recul pour voir si elles étaient bonnes[106]. En attendant l'album, c'est une nouvelle compilation intitulée Honk reprenant les 36 meilleures chansons de Sticky FIngers (1971) à Blue and Lonesome (2016) qui sort le 19 avril 2019[107].
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+ En mars 2019, le groupe doit annuler sa tournée au Canada et aux Etats-Unis, car Mick Jagger subit avec succès une intervention chirurgicale au niveau du cœur[108]. Cette tournée, intitulée No Filter US Tour 2019 est reportée et reprend le 21 juin 2019 à Chicago pour se terminer le 31 août 2019 à Miami[109]. La même année, le groupe publie les concerts à Bremens (en Allemagne) et à Buenos Aires (Argentine) durant la tournée No Security sur deux albums distincts qui sortent en juin (Bridges to Bremens), puis en septembre (Bridges to Buenos Aires), pendant que le label ABKCO ressort l'album Let It Bleed en version remastérisée début novembre.
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+ Le 5 février 2020, le groupe annonce une nouvelle tournée[110] de 15 dates intitulée Stones 2020 No Filter Tour USA/CA qui devait débuter le 8 mai 2020 à San Diego et se terminer le 9 juillet 2020 à Atlanta, avec une seule date canadienne le 12 mai à Vancouver. Toutefois, la tournée est reportée en raison de la pandémie de covid-19. Bien qu'ils soient confinés séparément, ils participent à l'événement Global Citizen par écran interposés et interprètent leur titre You Can't Always Get What You Want.
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+ En attendant, le groupe publie une nouvelle chanson, Living In A Ghost Town enregistré l'année précédente à Los Angeles[111]. Pour la première fois dans l'histoire du groupe, la chanson est n°1 des classements dans une vingtaine de pays, ce que le groupe n'avait jamais connu jusque là (leur dernier single n°1 était Miss You en 1978)[112].
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+ En juillet 2020, en attendant le concert de septembre, le groupe dévoile un titre inédit de 1974 fait avec Jimmy Page, intitulé Scarlet.
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+ Depuis le début en 1962, les Rolling Stones ont survécu aux nombreuses querelles[114],[115]. Ils ont sorti près de 30 albums studios, autant d'albums live et près d'une centaine de singles[116]. Selon OfficialCharts.com, les Stones sont classés au quatrième rang des groupes les plus vendus de tous les temps. Leur plus grand succès en single est (I Can't Get No) Satisfaction[117], considéré par beaucoup à l'époque comme "l'exemple classique du rock and roll". Les Stones ont contribué au lexique du blues, créant leurs propres « mots de code » et argot qu'ils ont utilisé tout au long de leur catalogue de chansons. Le groupe a été considéré comme l'avant-garde musicale d'une transfusion majeure de diverses attitudes culturelles, les rendant accessibles aux jeunes en Amérique et en Europe. Muddy Waters déclara que les Rolling Stones et la British Invasion suscitèrent l'intérêt du public envers les artistes de blues. Après leur arrivée aux États-Unis, les ventes d'albums de Waters, ainsi que ceux d'autres musiciens de blues, ont accru l'intérêt du public[118], contribuant ainsi à reconnecter le pays avec sa propre musique[119].
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+ Les Rolling Stones ont vendu plus de 240 millions d'albums dans le monde[116] et ont organisé plus de 48 tournées de durée variable, dont trois des tournées les plus lucratives de tous les temps : Bridges to Babylon Tour[113], Voodoo Lounge Tour et A Bigger Bang Tour[120]. En mai 2013, le magazine Rolling Stone les a déclarés « le groupe de référence que le rock & roll ait produit »[114]. Le Telegraph a appelé Mick Jagger "le Rolling Stone qui a changé la musique"[121]. Le groupe a fait l'objet de nombreux documentaires et a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame par Pete Townshend en 1989[122],[123]. Les Rolling Stones ont inspiré et encadré de nouvelles générations d'artistes musicaux que ce soit des groupes[124] comme Téléphone en France dont les membres ont pu côtoyer leurs idoles en studio 1979[67] et en première partie de concert en 1982[125], et des artistes en solo[126],[127] Ils sont également crédités d'avoir changé « entièrement la gestion de l’industrie du disque »[121].
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+ Le groupe a reçu, et a été nominé à de nombreux prix au cours de leurs 55 ans d’existence, y compris trois Grammy Awards (et 12 nominations)[128], le prix Juno de l'artiste international de l'année en 1991[129], et le prix décerné par le magazine New Musical Express pour le meilleur album live et du meilleur film musical, pour leur documentaire Crossfire Hurricane[130].
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+ À l'âge de 75 ans, Mick Jagger a nommé sept perles fossilisées d'après les membres actuels et anciens du groupe. Deux espèces, Petroperla mickjaggeri et Lapisperla keithrichardsi, ont été placées au sein d'une nouvelle famille Petroperlidae. La nouvelle famille a été nommée en l'honneur des Rolling Stones, dérivés de la "petra" grecque qui signifie "pierre". Les scientifiques ont appelé les fossiles des « Rolling Stoneflies»[131].
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+ The Tongue (« La langue »), inspirée de la bouche de la déesse indienne Kali fut créée en 1970 par John Pasche, alors étudiant en art au Royal College of Art de Londres sur une suggestion de Mick Jagger - qui avait repéré la fameuse déesse tirant la langue sur une affiche exposée au mur d'une échoppe du quartier indien de Londres -. Avant de devenir le logo emblématique du groupe, l'illustration a été utilisée sur l'album Sticky Fingers, en 1971. Le design original a été acheté le 2 septembre 2008 par le Victoria and Albert Museum, pour plus de 63 000 euros, lors d'enchères aux États-Unis[132].
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+ Devenu l'un des groupes de rock les plus célèbres de tous les temps, les Rolling Stones ont créé autour de leur groupe un marché particulièrement prolifique. Celui-ci s'articule autour de quatre sources de revenus : les concerts, les albums, les produits dérivés et les droits d'auteur[133].
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+ S'il est impossible de donner un chiffre d'affaires global, les ventes de la billetterie sont rendues publiques. Pour les 117 concerts du 'Licks Tour' (2002-2003), 301 millions de dollars ont été dégagés. 560 millions de dollars pour les 147 concerts du "Bigger Bang" (2005 - 2007) et 120 millions de dollars pour les 14 concerts de "50 & Counting" (2012 - 2013). Portées par la popularité du logo du groupe, les ventes de produits dérivés n'ont jamais cessé de croître. Que ce soit auprès de fans[134], ou auprès du grand public par l'intermédiaire de la grande distribution (Zara ou H&M proposant régulièrement des vêtements à l'effigie du groupe). Les albums et droits d'auteur ne sont pas en reste : la longévité sur scène des Rolling Stones leur permettant de dégager des recettes substantielles et stables dans le temps.
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+ Selon le Sunday Times, Mick Jagger et Keith Richards seraient ainsi chacun à la tête d'une fortune de plus de 200 millions d'euros[135].
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+ Lors de la première formation du groupe, celui-ci comportait six membres avec le pianiste Ian Stewart. Mais ce dernier est évincé par le label Decca le jour de la signature du contrat les liant. Désormais, les Rolling Stones fonctionnent à cinq dans une formation qui n'évolue pas jusqu'en 1969 avec le remplacement du second guitariste Brian Jones (de plus en plus absent dans le groupe) par le guitariste soliste Mick Taylor. Mais en 1974, ce dernier démissionne de son poste et le groupe doit lui trouver un remplaçant durant les sessions de l'album Black And Blue en la personne de Ron Wood, le guitariste de Rod Stewart et des Faces. Enfin, le groupe passe à quatre membres en 1993 avec le départ du bassiste Bill Wyman au moment où le groupe signe un nouveau contrat de distribution. Il est remplacé de façon non officielle par Darryl Jones qui, bien qu'il suive le groupe, n'a qu'un statut d'accompagnateur.
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+ The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée) est l’hymne national des États-Unis. Le poème qui constitue le texte de l'hymne fut écrit par Francis Scott Key, paru en 1814. Avocat de 35 ans et poète amateur, Key l'a écrit après avoir assisté, pendant la guerre anglo-américaine de 1812, au bombardement du fort McHenry à Baltimore, dans le Maryland, par des navires britanniques de la Royal Navy entrés dans la baie de Chesapeake. Le texte rend hommage à la résistance héroïque de ceux qui défendirent le fort et qui furent en mesure de faire flotter le drapeau américain au sommet en dépit de l'acharnement de l'ennemi à y planter le leur.
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+ La musique utilisée pour cet hymne était à l'origine créée pour The Anacreontic Song, également connue sous le nom To Anacreon in Heaven, une chanson à boire d'un club de musiciens britanniques en hommage au poète grec, Anacréon. La musique a été reprise par des Américains, et les paroles remplacées par celles de l'hymne actuel des États-Unis. Il a été reconnu pour un usage officiel par la marine américaine en 1889 et par la Maison-Blanche en 1916. Il a été finalement adopté comme hymne national par une résolution du Congrès en date du 3 mars 1931. La chanson se compose de quatre strophes, mais généralement seuls la première strophe et le premier refrain sont chantés aujourd’hui.
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+ Cet hymne est reconnu comme étant particulièrement difficile à chanter, même pour des professionnels[1],[2]. En effet, cela nécessite un registre vocal étendu, un bon contrôle de sa respiration ainsi qu'un bon phrasé [3],[4].
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+ Dès 1904, alors que ce n'est que l'hymne de la Navy, Giacomo Puccini l'emploie dans Madame Butterfly pour caractériser le lieutenant Pinkerton de l'USS Abraham Lincoln.
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+ En 1969, au Festival de Woodstock, Jimi Hendrix joua une version historique de The Star-Spangled Banner en solo, à la guitare électrique tout en distorsion, évoquant des lâchers de bombes, durant la guerre du Viêt Nam.
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