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Ursidés, Ours
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Sous-familles de rang inférieur
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Les ours forment la famille de mammifères des ursidés (Ursidae), de l'ordre des carnivores (Carnivora). Le Grand panda, dont la classification a longtemps prêté à débat, est aujourd'hui considéré comme un ours herbivore au sein de cette famille[1],[2]. Il n'existe que huit espèces d'ours vivantes réparties dans une grande variété d'habitats, à la fois dans l'hémisphère Nord et dans une partie de l'hémisphère Sud. Les ours vivent sur les continents d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud, et en Asie.
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Les ours modernes ont comme caractéristiques un corps grand, trapu et massif, un long museau, un pelage dense, des pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles et une queue courte. L'ours blanc est principalement carnassier. Le panda géant se nourrit presque exclusivement de bambou. Les six autres espèces sont omnivores, leur alimentation variée comprend essentiellement des plantes et des animaux.
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Sauf en période de reproduction et d'éducation des jeunes, les ours sont solitaires. Généralement diurnes, ils sont aussi éventuellement actifs la nuit ou au crépuscule, en particulier autour des zones d'habitation humaine. On les dit parfois « nocto-diurnes ».
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Aidé par un odorat développé, l'ours peut, malgré sa corpulence, courir rapidement, nager et escalader certaines parois ou des arbres. Cavernicole, il se réfugie volontiers dans des grottes, cavernes et tanières. La plupart des espèces y passent la saison froide à dormir (hivernation[3]).
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Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Ils ont joué un rôle de premier plan dans la culture (mythologie, légendes, etc.) et les arts. À l'époque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des éleveurs dans les Pyrénées), de l’empiétement de l'humain sur son habitat naturel, de l'artificialisation et de la fragmentation des forêts, ainsi que du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours. L'UICN a classé six espèces d'ours comme vulnérables ou menacées d'extinction. L'ours brun pourrait disparaître dans certains pays européens. Le braconnage et le commerce international des populations les plus en danger sont interdits, mais se pratiquent toujours.
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L'ours a largement marqué la culture humaine à travers des rites et des traditions attestés de l'Europe aux Amériques et en Asie, et a donné lieu à une abondante culture populaire. Théophraste, dans son traité Des odeurs, dit que la chair de l'animal croît si on la conserve, même cuite, pendant le temps de leur retraite. Il dit encore que, lors de l'hivernation, on ne trouve en lui aucune trace d'aliments et que son ventre ne contient qu'une très petite quantité de liquide ; de même dans leur cœur pour le sang[4], et que le reste du corps n'en contient pas du tout. À leur sortie, au printemps, ils consomment une certaine herbe nommée aron (en grec ancien ἄρον[5]).
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Tous les ours ont un grand corps trapu et massif, des membres puissants, un pelage dense et hirsute, une queue courte, des oreilles rondes, un long museau, de grandes capacités olfactives (lui permettant de détecter une présence à 50 mètres) et d'audition, de larges pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles. Un ours vit de 25 à 40 ans.
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Il a été constaté, notamment grâce aux techniques de pêche, que les ours se servent plutôt de la patte gauche, laissant supposer une latéralité du comportement de l'animal. Michel Pastoureau remarque : « Deux auteurs, l'un médiéval, l'autre moderne[6] ont en effet remarqué que l'ours se servait plus fréquemment de sa patte gauche que de sa droite et en ont conclu — un peu rapidement — qu'il était gaucher »[7].
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Cette famille a été décrite pour la première fois en 1817 par le naturaliste saxon Gotthelf Fischer von Waldheim (1771-1853)[9].
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Genres et espèces actuelles selon ITIS (4 juillet 2015)[10] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (4 juillet 2015)[11]:
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Diverses études classent les genres actuels en trois sous-familles distinctes[12],[13]:
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Sous-familles et genres fossiles d'après Paleobiology Database (novembre 2015)[14]:
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A transférer dans la future page du genre Ailuropoda
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En 2011, des chercheurs espagnols annoncent la découverte d'une nouvelle espèce d'ailuropodinés anciens baptisée Agriarctos beatrix[15] rebaptisé Kretzoiarctos beatrix dans un nouveau genre[16] qui aurait vécu en Espagne au Miocène.
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Les ursidés sont une famille d'évolution tardive, ils partagent un ancêtre commun avec les canidés, et un plus récent avec les mustélidés et les pinnipèdes.
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L'ancêtre des mustélidés et des pinnipèdes a divergé de celui des ours il y a environ 30 Ma. L'ours à lunettes s'est séparé des autres ours il y a environ 13 millions d'années. Les six espèces distinctes d'ursinés sont apparues il y a environ 6 millions d'années. Les témoignages fossiles et l'analyse de leurs ADN ont montré que l'ours blanc a divergé de l'ours brun il y a environ 200 000 ans.
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L'ours est généralement diurne, mais peut être actif la nuit ou au crépuscule, notamment près des habitations.
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Les ours sont aidés par leur excellent sens de l'odorat, et malgré leur forte corpulence et une démarche maladroite, ils peuvent courir rapidement (jusqu'à 50 km/h) et sont des grimpeurs habiles comme d'excellents nageurs. Leurs dents sont utilisées pour la défense et comme outils et dépendent du régime de l'ours. Leurs griffes sont employées pour déchirer, creuser et attraper. Sur leurs pattes arrière, ils peuvent avoir une démarche bipède.
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Les ours sont des semi-hibernants. L'hivernation, contrairement à l'hibernation, n’entraîne pas une interruption de toutes les activités physiologiques. La température de leur corps descend relativement bas, mais ils peuvent se réveiller facilement. Les organes vitaux restent à une température normale pour réagir en cas de danger et l’ourse donne naissance aux petits pendant l’hiver. Beaucoup d'ours des régions nordiques hivernent ; ils se réfugient dans des grottes, cavernes et tanières, qui sont occupées par la plupart des espèces au cours de l'hiver pour cette longue période de sommeil.
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Les ours sont principalement omnivores[17], bien que certains aient un régime plus spécialisé, comme les ours blancs, essentiellement carnivores. Ils mangent des lichens, des racines, des noix et des baies. Ils peuvent également aller à un fleuve ou à toute autre eau de surface pour capturer des poissons. Des animaux comme les brebis constituent également une source de nourriture. L'ours est une espèce méliphage (il aime le miel et les larves d'abeille quand il en trouve). Les ours voyageront généralement loin des sources de nourriture. Ils pratiquent habituellement la chasse au crépuscule, sauf quand des humains se trouvent dans le voisinage.
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À l'exception des périodes de reproduction et de l'éducation des jeunes animaux, les ours sont solitaires. La période de reproduction de l'ours est brève. Il se reproduit saisonnièrement, habituellement après l'hivernation. Les oursons viennent au monde édentés, aveugles et chauves. Habituellement en portées de 1 à 3, ils resteront avec la mère pendant six mois. D'abord nourris du lait maternel, ils commenceront à chasser avec la mère après trois mois. Puis, ils sont sevrés. Cependant, ils resteront dans les parages pendant trois ans. Les jeunes animaux atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de sept ans.
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L'ours a besoin d'un vaste territoire à haut degré de naturalité. Ce type de milieu devient de plus en plus rare en Europe et régresse en Sibérie et en Amérique du Nord. Dans les forêts secondaires proches de zones urbaines ou de zones d'agriculture, même extensive, l'ours est sans cesse effrayé ou chassé. Les parcs nationaux lui convenant en Europe sont rares.
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Les ours vivent dans les continents d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et en Asie.
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L'occupation par les ours bruns du continent américain et leur différenciation en Kodiak et Grizzli est très récente. La séparation d'avec les ours des régions tropicales est plus ancienne, l'ours à lunette d'Amérique du Sud étant le plus éloigné génétiquement. L'ours brun reste encore assez abondant en Sibérie (120 000 animaux dans les années 2000) et en Amérique du Nord (environ 50 000), surtout en Alaska et au Canada, sous la forme dite de l'ours grizzly, qui n'est qu'une forme géante de l'ours brun). Plus au sud, des populations se rencontrent au Proche-Orient, dans l'Himalaya, au Japon (environ 3 000 animaux sur l'île d'Hokkaido) et dans l'Ouest des États-Unis. Les Indiens d'Amérique du Nord qui portaient des crêtes iroquoises se raidissaient les cheveux avec de la graisse d'ours ou de l'huile de noix pour les rassembler en une sorte de corne.
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On peut signaler la présence au cours du Mésolithique d'un ours « domestique » — dont les dents présentent des indices de liens — en grotte à Sassenage (Isère)[18].
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Une cause du déclin de l'ours en Europe a été celui de son habitat, qui s'est accéléré au XVIIe siècle puis XIXe siècle ; dans son encyclopédie, Les Merveilles de la nature, parue en 1868, Alfred Brehm a écrit : « Les beaux temps de l'ours sont passés. L'espèce ne peut plus demeurer que dans les lieux que l'homme n'a pas encore envahis. (...) L'extension toujours croissante de l'homme sur la terre chasse l'ours et finira par le détruire complètement dans l'Europe centrale et méridionale ». Aujourd'hui leur territoire s'est considérablement réduit, du moins en Europe de l'Ouest avec quelques-uns dans les Pyrénées, une centaine en Espagne, en Italie dans les Abruzzes et une trentaine en Autriche. Il est encore relativement nombreux dans les forêts de Scandinavie, les Carpates, les Balkans et la Russie d'Europe (la population de ces quatre régions regroupe environ 12 000 animaux, soit l'essentiel de la population européenne).
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En France, le Parc national des Pyrénées n'a pas été créé sur un territoire vraiment idéal pour les ours, mais là où les promoteurs, bergers et forestiers ont jugé qu'il serait le moins gênant pour eux. Aucune population viable d'ours ne s'y est donc jamais spontanément et durablement installée.
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Dans les Pyrénées françaises la dernière ourse de souche, Cannelle a été abattue par un chasseur en 2004, ce qui a provoqué une vague de protestations et d'indignation de la part d'associations de protection de la nature et de défense des animaux (SEPANSO-Béarn, FIEP Groupe Ours Pyrénées, Nature Midi-Pyrénées, SNPN, ASPAS, One Voice, FNE, 30 Millions d'Amis, Fondation assistance aux animaux, Fondation Brigitte Bardot, SPA, WWF, Pays de l'Ours - Adet, Ferus). Alors que la lignée pyrénéenne était condamnée, cinq ours en provenance de Slovénie ont été relâchés en 2006, soulevant une controverse notamment chez les bergers et les éleveurs. La première ourse introduite, Palouma, a été retrouvée morte en août 2006 au bas d'une barre rocheuse à 2 100 m d'altitude. La deuxième ourse introduite, Franska, a été percutée mortellement par une voiture le 9 août 2007. Bien que les sondages montrent qu'une large majorité de la population est favorable au maintien d'une population ursine en France, l'espèce est toujours au bord de l'extinction dans ce pays qui abritait encore une centaine d'ours au début du XXe siècle [réf. nécessaire] ; dans les Alpes françaises, le dernier ours abattu avait toutefois été tué, selon les sources, à la veille de 1914-18[19] ou en 1921, le dernier ours vu ayant quant à lui fait l'objet d'un témoignage en 1937[20].
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En Roumanie, des sociétés de chasse offrent la possibilité d'abattre un ours pour un peu plus d'un millier d'euros au cours de « safaris » controversés par les militants de la cause animale qui arguent que même quand un ours a un comportement familier (parce qu'il s'est habitué à l'homme par exemple), on peut l'effaroucher ou le capturer sans le stress occasionné par les battues ou les chasses traditionnelles. Un nouveau tourisme naturaliste d'observation du loup, de l'ours, du lynx ou du castor se développe, mais qui n'a pas assez de reconnaissance pour induire une véritable protection des habitats de ces espèces.
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Quelques grandes espèces, telles l'ours des cavernes (éteint depuis 10 000 ans environ), l'ours blanc et le grizzly étaient ou sont dangereuses pour les humains particulièrement dans les secteurs où elles se sont habituées à la présence humaine, mais la plupart du temps, les ours sont timides et sont facilement effrayés par les humains. Cependant, comme de nombreuses autres espèces, ils défendront vigoureusement leur progéniture s'ils la sentent menacée.
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L'ours de l'Atlas a récemment disparu (début XIXe siècle). Et en 2007, six des huit espèces reconnues par l'UICN sont menacées[21].
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Souvent dérangé et effrayé par l'humain et obligé de se cacher le jour, il doit se nourrir, plus difficilement, la nuit ou par mauvais temps. Mal nourri à l'automne, il se réveille plus tôt et peut être plus encore tenté par les moutons ou ruches non surveillés ou mal protégés.
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Dans les pays d'Amérique du Nord, en particulier au Canada, il est arrive parfois de voir des ours dans les plus petites villes ou à proximité. Ils sont attirés par la nourriture et attaquent parfois les humains. Les Rangers tentent de les repousser chaque jour.
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La place de l'ours est de tout temps particulière, cet animal fut peut-être divinisé dès l'époque préhistorique où il partageait son biotope avec les humains. L'ours occupe une place importante (mythologie, blason, folklore, onomastique), partout où il était présent. On le retrouve dans l'ours en peluche. Le culte de l'ours symbolise : puissance, renouveau, royauté.
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Le nom indo-européen de l'ours (correspondant à grec ancien ἄρκτος (árktos) et latin ursus) semble avoir fait l'objet d'un tabou chez les peuples slaves, baltiques et germaniques, qui étaient de ceux qui avaient le plus de contacts avec l'ours ; ils usaient pour le désigner de périphrases ou de qualificatifs, du type « le mangeur de miel », « le lécheur », « le grogneur ». Antoine Meillet[22] remarque que des peuples non indo-européens voisins (Estoniens, Finlandais, Lapons) évitent aussi d'appeler l'ours par son nom et rappelle que « l'un des tabous de vocabulaire les plus fréquents porte, durant la saison de chasse, sur le nom de la bête qu'on chasse ». En Europe, le tabou portant sur le nom de l'ours pourrait remonter au Paléolithique[23].
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Ainsi, tandis que le nom de l'ours (karhu) en finnois devient kontio ou mesikämmen (mains de miel) dès qu'on rentre dans la forêt, le verbe tuer (tappaa) ou chasser (metsästää) n'est pas utilisé en association avec le nom de l'ours mais l'expression périphrasique kaataa (renverser)
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Des poèmes de chasse existent également en finnois dans le Kalevala pour expliquer à l'âme de l'ours que son décès relève en fait d'un accident et non d'un acte de chasse délibéré:
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«En minä sinua kaannut:
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itse vierit vempeleltä»
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(«Je ne t'ai pas abattu: c'est toi-même qui est tombé d'un arbre courbé»)
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L'ours a donné naissance à une grande variété d'expressions.
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De nombreuses œuvres font mention d'ours, mis en scène plus ou moins à leur avantage ou désavantage dans la littérature classique. Un exemple remarquable nous est donné par le Guerre et Paix de Léon Tolstoï, qui donne à voir au lecteur l'ours Michka, mascotte d'une coterie de jeunes nobles militaires. D'abord, Tolstoï outre son lecteur en nous montrant l'ourson Michka enchaîné et apparemment maltraité par les jeunes officiers, qui, ayant trop bu, badinent avec l'ours.
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Plus loin, dans le troisième salon, au milieu du tohu-bohu général des rires et des cris, le grognement d’un ours se faisait entendre. Huit jeunes gens se pressaient anxieusement autour d’une fenêtre ouverte ; trois d’entre eux jouaient avec un ourson, que l’un d’eux traînait à la chaîne en l’excitant contre son camarade pour lui faire peur[25].
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Un peu plus tard, l'ours apparaît comme un compagnon régulier du badinage des jeunes gens :
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– Allons ! s’écria Pierre, allons, et en avant Michka ! » Il saisit l’ourson, l’entoura de ses bras, le souleva de terre et se mit à valser avec lui tout autour de la chambre[25].
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Non loin dans le même chapitre apparaît la conclusion des avanies oursines :
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– Mais qu’ont-ils donc fait ? demanda la comtesse.
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– Ce sont de véritables brigands, Dologhow surtout, reprit Mme Karaguine : il est le fils de Marie Ivanovna Dologhow, une dame si respectable… Croiriez-vous qu’à eux trois ils se sont emparés, je ne sais où, d’un ourson, qu’ils l’ont fourré avec eux en voiture et mené chez des actrices. La police a voulu les arrêter. Alors… qu’ont-ils imaginé ?… Ils ont saisi l’officier de police ; et, après l’avoir attaché sur le dos de l’ourson, ils l’ont lâché dans la Moïka, l’ourson nageant avec l’homme de police sur son dos.
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- Ce Dologhow est une bien vile truffe, rétorqua la comtesse, et coupable de bien noires ourseries !
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Mme Karaguine secoua son éventail, murmurant :
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- Oui, c'est assez outrant. Que devenir si tant d'hommes se comportent dans le monde comme ce Pierre et ce Dologhow ?
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L'ours souffre de la chasse et du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours, mais aussi de la fragmentation écologique de son habitat, du roadkill et du dérangement.
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À l'époque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des éleveurs dans les Pyrénées), de l'empiètement de l'homme sur son habitat naturel. L'ours polaire est lui menacé par le recul rapide des glaces qui constituent son habitat naturel.
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Les ours étant omnivores, mais volontiers consommateurs de cadavres et vivant longtemps, sans être au sommet de la pyramide alimentaire, ils accumulent de nombreux polluants (radioactivité dans les zones de retombées du nuage de Tchernobyl, métaux lourds, organochlorés, pesticides, etc. particulièrement l'ours blanc).
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Animal volontiers cavernicole, il entre aussi facilement dans les tunnels ferroviaires où il peut être blessé ou tué par les trains.
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Les humains sont entrés en conflit avec l'ours, prédateur et rival direct, dès la Préhistoire. L'élimination de l'ours des cavernes par l'homme à la fin de la dernière glaciation est discutée (Des facteurs climatiques et/ou génétiques pourraient être en cause, mais cette espèce avait supporté deux glaciations précédentes). L'ours a été intensivement chassé, pour défendre le bétail, de manière rituelle (par les inuits) pour sa chair ou plus récemment pour le « sport ». Le moine Abélard a signé un document interdisant à ses moines de chasser l'ours plus de deux jours par semaine, et un menu précise que 300 oursons farcis ont été servis à un seul banquet donné par le roi Louis XIV.
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Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Les produits tirés de l'ours ont longtemps été réputés dans diverses pharmacopées, sa bile, sa peau, son cuir, sa graisse, ses dents et ses griffes se virent attribuer de nombreuses vertus, et ce, dans toutes les cultures. Sa viande semble avoir été au contraire peu appréciée, et considérée taboue en Europe orientale[P 1]. La chasse est principalement liée au commerce international illicite de leur fourrure, griffes mais aussi leur vésicule biliaire[26]. Le braconnage et le commerce international d'ours appartenant aux populations les plus menacées est interdit, mais se pratique toujours. En Asie, dans certains élevages d'ours pour la pharmacopée traditionnelle chinoise, les cruelles conditions d'extraction (de bile notamment) sont sujettes à controverse[27].
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Des ours ont été gardés dans des ménageries de princes ou de saltimbanques en Europe et Asie. Le dressage d'ours était très populaire, et continue à se perpétuer jusqu'à nos jours ; ces spectacles sont de plus en plus controversés eu égard à la souffrance des animaux, dressés dans des conditions violentes (à l'aide de fouets, tisons enflammés, etc.), et certains pays (comme la Turquie, la Grèce ou la Bulgarie[28], mais pas la France à ce jour) ont interdit l'exhibition d'ours « savants ».
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Les ours sont aussi des hôtes fréquents des zoos ; toutefois, il est devenu très rare que des animaux soient prélevés dans la nature pour peupler de tels établissements (la reproduction des ours en captivité est très aisée, du moins chez l'ours brun), et leurs conditions de vie se sont souvent améliorées depuis une vingtaine d'années. Les ours sont progressivement retirés des fosses archaïques comme celles du Jardin des Plantes à Paris, et ils sont de plus en plus souvent présentés dans de grands parcs boisés qui leur offrent des conditions de vie un peu plus proches de la nature (par exemple Thoiry, le CERZA, le parc animalier de Sainte-Croix, etc.) ; il est significatif de noter que les ours recouvrent alors fréquemment des comportements « naturels » comme la léthargie hivernale.
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Les ours forment la famille de mammifères des ursidés (Ursidae), de l'ordre des carnivores (Carnivora). Le Grand panda, dont la classification a longtemps prêté à débat, est aujourd'hui considéré comme un ours herbivore au sein de cette famille[1],[2]. Il n'existe que huit espèces d'ours vivantes réparties dans une grande variété d'habitats, à la fois dans l'hémisphère Nord et dans une partie de l'hémisphère Sud. Les ours vivent sur les continents d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud, et en Asie.
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Les ours modernes ont comme caractéristiques un corps grand, trapu et massif, un long museau, un pelage dense, des pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles et une queue courte. L'ours blanc est principalement carnassier. Le panda géant se nourrit presque exclusivement de bambou. Les six autres espèces sont omnivores, leur alimentation variée comprend essentiellement des plantes et des animaux.
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Sauf en période de reproduction et d'éducation des jeunes, les ours sont solitaires. Généralement diurnes, ils sont aussi éventuellement actifs la nuit ou au crépuscule, en particulier autour des zones d'habitation humaine. On les dit parfois « nocto-diurnes ».
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Aidé par un odorat développé, l'ours peut, malgré sa corpulence, courir rapidement, nager et escalader certaines parois ou des arbres. Cavernicole, il se réfugie volontiers dans des grottes, cavernes et tanières. La plupart des espèces y passent la saison froide à dormir (hivernation[3]).
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Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Ils ont joué un rôle de premier plan dans la culture (mythologie, légendes, etc.) et les arts. À l'époque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des éleveurs dans les Pyrénées), de l’empiétement de l'humain sur son habitat naturel, de l'artificialisation et de la fragmentation des forêts, ainsi que du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours. L'UICN a classé six espèces d'ours comme vulnérables ou menacées d'extinction. L'ours brun pourrait disparaître dans certains pays européens. Le braconnage et le commerce international des populations les plus en danger sont interdits, mais se pratiquent toujours.
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L'ours a largement marqué la culture humaine à travers des rites et des traditions attestés de l'Europe aux Amériques et en Asie, et a donné lieu à une abondante culture populaire. Théophraste, dans son traité Des odeurs, dit que la chair de l'animal croît si on la conserve, même cuite, pendant le temps de leur retraite. Il dit encore que, lors de l'hivernation, on ne trouve en lui aucune trace d'aliments et que son ventre ne contient qu'une très petite quantité de liquide ; de même dans leur cœur pour le sang[4], et que le reste du corps n'en contient pas du tout. À leur sortie, au printemps, ils consomment une certaine herbe nommée aron (en grec ancien ἄρον[5]).
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Tous les ours ont un grand corps trapu et massif, des membres puissants, un pelage dense et hirsute, une queue courte, des oreilles rondes, un long museau, de grandes capacités olfactives (lui permettant de détecter une présence à 50 mètres) et d'audition, de larges pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles. Un ours vit de 25 à 40 ans.
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Il a été constaté, notamment grâce aux techniques de pêche, que les ours se servent plutôt de la patte gauche, laissant supposer une latéralité du comportement de l'animal. Michel Pastoureau remarque : « Deux auteurs, l'un médiéval, l'autre moderne[6] ont en effet remarqué que l'ours se servait plus fréquemment de sa patte gauche que de sa droite et en ont conclu — un peu rapidement — qu'il était gaucher »[7].
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Cette famille a été décrite pour la première fois en 1817 par le naturaliste saxon Gotthelf Fischer von Waldheim (1771-1853)[9].
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Genres et espèces actuelles selon ITIS (4 juillet 2015)[10] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (4 juillet 2015)[11]:
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Diverses études classent les genres actuels en trois sous-familles distinctes[12],[13]:
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Sous-familles et genres fossiles d'après Paleobiology Database (novembre 2015)[14]:
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A transférer dans la future page du genre Ailuropoda
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En 2011, des chercheurs espagnols annoncent la découverte d'une nouvelle espèce d'ailuropodinés anciens baptisée Agriarctos beatrix[15] rebaptisé Kretzoiarctos beatrix dans un nouveau genre[16] qui aurait vécu en Espagne au Miocène.
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Les ursidés sont une famille d'évolution tardive, ils partagent un ancêtre commun avec les canidés, et un plus récent avec les mustélidés et les pinnipèdes.
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L'ancêtre des mustélidés et des pinnipèdes a divergé de celui des ours il y a environ 30 Ma. L'ours à lunettes s'est séparé des autres ours il y a environ 13 millions d'années. Les six espèces distinctes d'ursinés sont apparues il y a environ 6 millions d'années. Les témoignages fossiles et l'analyse de leurs ADN ont montré que l'ours blanc a divergé de l'ours brun il y a environ 200 000 ans.
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L'ours est généralement diurne, mais peut être actif la nuit ou au crépuscule, notamment près des habitations.
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Les ours sont aidés par leur excellent sens de l'odorat, et malgré leur forte corpulence et une démarche maladroite, ils peuvent courir rapidement (jusqu'à 50 km/h) et sont des grimpeurs habiles comme d'excellents nageurs. Leurs dents sont utilisées pour la défense et comme outils et dépendent du régime de l'ours. Leurs griffes sont employées pour déchirer, creuser et attraper. Sur leurs pattes arrière, ils peuvent avoir une démarche bipède.
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Les ours sont des semi-hibernants. L'hivernation, contrairement à l'hibernation, n’entraîne pas une interruption de toutes les activités physiologiques. La température de leur corps descend relativement bas, mais ils peuvent se réveiller facilement. Les organes vitaux restent à une température normale pour réagir en cas de danger et l’ourse donne naissance aux petits pendant l’hiver. Beaucoup d'ours des régions nordiques hivernent ; ils se réfugient dans des grottes, cavernes et tanières, qui sont occupées par la plupart des espèces au cours de l'hiver pour cette longue période de sommeil.
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Les ours sont principalement omnivores[17], bien que certains aient un régime plus spécialisé, comme les ours blancs, essentiellement carnivores. Ils mangent des lichens, des racines, des noix et des baies. Ils peuvent également aller à un fleuve ou à toute autre eau de surface pour capturer des poissons. Des animaux comme les brebis constituent également une source de nourriture. L'ours est une espèce méliphage (il aime le miel et les larves d'abeille quand il en trouve). Les ours voyageront généralement loin des sources de nourriture. Ils pratiquent habituellement la chasse au crépuscule, sauf quand des humains se trouvent dans le voisinage.
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À l'exception des périodes de reproduction et de l'éducation des jeunes animaux, les ours sont solitaires. La période de reproduction de l'ours est brève. Il se reproduit saisonnièrement, habituellement après l'hivernation. Les oursons viennent au monde édentés, aveugles et chauves. Habituellement en portées de 1 à 3, ils resteront avec la mère pendant six mois. D'abord nourris du lait maternel, ils commenceront à chasser avec la mère après trois mois. Puis, ils sont sevrés. Cependant, ils resteront dans les parages pendant trois ans. Les jeunes animaux atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de sept ans.
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L'ours a besoin d'un vaste territoire à haut degré de naturalité. Ce type de milieu devient de plus en plus rare en Europe et régresse en Sibérie et en Amérique du Nord. Dans les forêts secondaires proches de zones urbaines ou de zones d'agriculture, même extensive, l'ours est sans cesse effrayé ou chassé. Les parcs nationaux lui convenant en Europe sont rares.
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Les ours vivent dans les continents d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et en Asie.
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L'occupation par les ours bruns du continent américain et leur différenciation en Kodiak et Grizzli est très récente. La séparation d'avec les ours des régions tropicales est plus ancienne, l'ours à lunette d'Amérique du Sud étant le plus éloigné génétiquement. L'ours brun reste encore assez abondant en Sibérie (120 000 animaux dans les années 2000) et en Amérique du Nord (environ 50 000), surtout en Alaska et au Canada, sous la forme dite de l'ours grizzly, qui n'est qu'une forme géante de l'ours brun). Plus au sud, des populations se rencontrent au Proche-Orient, dans l'Himalaya, au Japon (environ 3 000 animaux sur l'île d'Hokkaido) et dans l'Ouest des États-Unis. Les Indiens d'Amérique du Nord qui portaient des crêtes iroquoises se raidissaient les cheveux avec de la graisse d'ours ou de l'huile de noix pour les rassembler en une sorte de corne.
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On peut signaler la présence au cours du Mésolithique d'un ours « domestique » — dont les dents présentent des indices de liens — en grotte à Sassenage (Isère)[18].
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Une cause du déclin de l'ours en Europe a été celui de son habitat, qui s'est accéléré au XVIIe siècle puis XIXe siècle ; dans son encyclopédie, Les Merveilles de la nature, parue en 1868, Alfred Brehm a écrit : « Les beaux temps de l'ours sont passés. L'espèce ne peut plus demeurer que dans les lieux que l'homme n'a pas encore envahis. (...) L'extension toujours croissante de l'homme sur la terre chasse l'ours et finira par le détruire complètement dans l'Europe centrale et méridionale ». Aujourd'hui leur territoire s'est considérablement réduit, du moins en Europe de l'Ouest avec quelques-uns dans les Pyrénées, une centaine en Espagne, en Italie dans les Abruzzes et une trentaine en Autriche. Il est encore relativement nombreux dans les forêts de Scandinavie, les Carpates, les Balkans et la Russie d'Europe (la population de ces quatre régions regroupe environ 12 000 animaux, soit l'essentiel de la population européenne).
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En France, le Parc national des Pyrénées n'a pas été créé sur un territoire vraiment idéal pour les ours, mais là où les promoteurs, bergers et forestiers ont jugé qu'il serait le moins gênant pour eux. Aucune population viable d'ours ne s'y est donc jamais spontanément et durablement installée.
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Dans les Pyrénées françaises la dernière ourse de souche, Cannelle a été abattue par un chasseur en 2004, ce qui a provoqué une vague de protestations et d'indignation de la part d'associations de protection de la nature et de défense des animaux (SEPANSO-Béarn, FIEP Groupe Ours Pyrénées, Nature Midi-Pyrénées, SNPN, ASPAS, One Voice, FNE, 30 Millions d'Amis, Fondation assistance aux animaux, Fondation Brigitte Bardot, SPA, WWF, Pays de l'Ours - Adet, Ferus). Alors que la lignée pyrénéenne était condamnée, cinq ours en provenance de Slovénie ont été relâchés en 2006, soulevant une controverse notamment chez les bergers et les éleveurs. La première ourse introduite, Palouma, a été retrouvée morte en août 2006 au bas d'une barre rocheuse à 2 100 m d'altitude. La deuxième ourse introduite, Franska, a été percutée mortellement par une voiture le 9 août 2007. Bien que les sondages montrent qu'une large majorité de la population est favorable au maintien d'une population ursine en France, l'espèce est toujours au bord de l'extinction dans ce pays qui abritait encore une centaine d'ours au début du XXe siècle [réf. nécessaire] ; dans les Alpes françaises, le dernier ours abattu avait toutefois été tué, selon les sources, à la veille de 1914-18[19] ou en 1921, le dernier ours vu ayant quant à lui fait l'objet d'un témoignage en 1937[20].
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En Roumanie, des sociétés de chasse offrent la possibilité d'abattre un ours pour un peu plus d'un millier d'euros au cours de « safaris » controversés par les militants de la cause animale qui arguent que même quand un ours a un comportement familier (parce qu'il s'est habitué à l'homme par exemple), on peut l'effaroucher ou le capturer sans le stress occasionné par les battues ou les chasses traditionnelles. Un nouveau tourisme naturaliste d'observation du loup, de l'ours, du lynx ou du castor se développe, mais qui n'a pas assez de reconnaissance pour induire une véritable protection des habitats de ces espèces.
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Quelques grandes espèces, telles l'ours des cavernes (éteint depuis 10 000 ans environ), l'ours blanc et le grizzly étaient ou sont dangereuses pour les humains particulièrement dans les secteurs où elles se sont habituées à la présence humaine, mais la plupart du temps, les ours sont timides et sont facilement effrayés par les humains. Cependant, comme de nombreuses autres espèces, ils défendront vigoureusement leur progéniture s'ils la sentent menacée.
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L'ours de l'Atlas a récemment disparu (début XIXe siècle). Et en 2007, six des huit espèces reconnues par l'UICN sont menacées[21].
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Souvent dérangé et effrayé par l'humain et obligé de se cacher le jour, il doit se nourrir, plus difficilement, la nuit ou par mauvais temps. Mal nourri à l'automne, il se réveille plus tôt et peut être plus encore tenté par les moutons ou ruches non surveillés ou mal protégés.
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Dans les pays d'Amérique du Nord, en particulier au Canada, il est arrive parfois de voir des ours dans les plus petites villes ou à proximité. Ils sont attirés par la nourriture et attaquent parfois les humains. Les Rangers tentent de les repousser chaque jour.
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La place de l'ours est de tout temps particulière, cet animal fut peut-être divinisé dès l'époque préhistorique où il partageait son biotope avec les humains. L'ours occupe une place importante (mythologie, blason, folklore, onomastique), partout où il était présent. On le retrouve dans l'ours en peluche. Le culte de l'ours symbolise : puissance, renouveau, royauté.
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Le nom indo-européen de l'ours (correspondant à grec ancien ἄρκτος (árktos) et latin ursus) semble avoir fait l'objet d'un tabou chez les peuples slaves, baltiques et germaniques, qui étaient de ceux qui avaient le plus de contacts avec l'ours ; ils usaient pour le désigner de périphrases ou de qualificatifs, du type « le mangeur de miel », « le lécheur », « le grogneur ». Antoine Meillet[22] remarque que des peuples non indo-européens voisins (Estoniens, Finlandais, Lapons) évitent aussi d'appeler l'ours par son nom et rappelle que « l'un des tabous de vocabulaire les plus fréquents porte, durant la saison de chasse, sur le nom de la bête qu'on chasse ». En Europe, le tabou portant sur le nom de l'ours pourrait remonter au Paléolithique[23].
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Ainsi, tandis que le nom de l'ours (karhu) en finnois devient kontio ou mesikämmen (mains de miel) dès qu'on rentre dans la forêt, le verbe tuer (tappaa) ou chasser (metsästää) n'est pas utilisé en association avec le nom de l'ours mais l'expression périphrasique kaataa (renverser)
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Des poèmes de chasse existent également en finnois dans le Kalevala pour expliquer à l'âme de l'ours que son décès relève en fait d'un accident et non d'un acte de chasse délibéré:
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«En minä sinua kaannut:
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itse vierit vempeleltä»
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(«Je ne t'ai pas abattu: c'est toi-même qui est tombé d'un arbre courbé»)
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L'ours a donné naissance à une grande variété d'expressions.
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De nombreuses œuvres font mention d'ours, mis en scène plus ou moins à leur avantage ou désavantage dans la littérature classique. Un exemple remarquable nous est donné par le Guerre et Paix de Léon Tolstoï, qui donne à voir au lecteur l'ours Michka, mascotte d'une coterie de jeunes nobles militaires. D'abord, Tolstoï outre son lecteur en nous montrant l'ourson Michka enchaîné et apparemment maltraité par les jeunes officiers, qui, ayant trop bu, badinent avec l'ours.
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Plus loin, dans le troisième salon, au milieu du tohu-bohu général des rires et des cris, le grognement d’un ours se faisait entendre. Huit jeunes gens se pressaient anxieusement autour d’une fenêtre ouverte ; trois d’entre eux jouaient avec un ourson, que l’un d’eux traînait à la chaîne en l’excitant contre son camarade pour lui faire peur[25].
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Un peu plus tard, l'ours apparaît comme un compagnon régulier du badinage des jeunes gens :
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– Allons ! s’écria Pierre, allons, et en avant Michka ! » Il saisit l’ourson, l’entoura de ses bras, le souleva de terre et se mit à valser avec lui tout autour de la chambre[25].
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Non loin dans le même chapitre apparaît la conclusion des avanies oursines :
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– Mais qu’ont-ils donc fait ? demanda la comtesse.
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– Ce sont de véritables brigands, Dologhow surtout, reprit Mme Karaguine : il est le fils de Marie Ivanovna Dologhow, une dame si respectable… Croiriez-vous qu’à eux trois ils se sont emparés, je ne sais où, d’un ourson, qu’ils l’ont fourré avec eux en voiture et mené chez des actrices. La police a voulu les arrêter. Alors… qu’ont-ils imaginé ?… Ils ont saisi l’officier de police ; et, après l’avoir attaché sur le dos de l’ourson, ils l’ont lâché dans la Moïka, l’ourson nageant avec l’homme de police sur son dos.
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- Ce Dologhow est une bien vile truffe, rétorqua la comtesse, et coupable de bien noires ourseries !
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Mme Karaguine secoua son éventail, murmurant :
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- Oui, c'est assez outrant. Que devenir si tant d'hommes se comportent dans le monde comme ce Pierre et ce Dologhow ?
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L'ours souffre de la chasse et du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours, mais aussi de la fragmentation écologique de son habitat, du roadkill et du dérangement.
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À l'époque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des éleveurs dans les Pyrénées), de l'empiètement de l'homme sur son habitat naturel. L'ours polaire est lui menacé par le recul rapide des glaces qui constituent son habitat naturel.
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Les ours étant omnivores, mais volontiers consommateurs de cadavres et vivant longtemps, sans être au sommet de la pyramide alimentaire, ils accumulent de nombreux polluants (radioactivité dans les zones de retombées du nuage de Tchernobyl, métaux lourds, organochlorés, pesticides, etc. particulièrement l'ours blanc).
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Animal volontiers cavernicole, il entre aussi facilement dans les tunnels ferroviaires où il peut être blessé ou tué par les trains.
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Les humains sont entrés en conflit avec l'ours, prédateur et rival direct, dès la Préhistoire. L'élimination de l'ours des cavernes par l'homme à la fin de la dernière glaciation est discutée (Des facteurs climatiques et/ou génétiques pourraient être en cause, mais cette espèce avait supporté deux glaciations précédentes). L'ours a été intensivement chassé, pour défendre le bétail, de manière rituelle (par les inuits) pour sa chair ou plus récemment pour le « sport ». Le moine Abélard a signé un document interdisant à ses moines de chasser l'ours plus de deux jours par semaine, et un menu précise que 300 oursons farcis ont été servis à un seul banquet donné par le roi Louis XIV.
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Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Les produits tirés de l'ours ont longtemps été réputés dans diverses pharmacopées, sa bile, sa peau, son cuir, sa graisse, ses dents et ses griffes se virent attribuer de nombreuses vertus, et ce, dans toutes les cultures. Sa viande semble avoir été au contraire peu appréciée, et considérée taboue en Europe orientale[P 1]. La chasse est principalement liée au commerce international illicite de leur fourrure, griffes mais aussi leur vésicule biliaire[26]. Le braconnage et le commerce international d'ours appartenant aux populations les plus menacées est interdit, mais se pratique toujours. En Asie, dans certains élevages d'ours pour la pharmacopée traditionnelle chinoise, les cruelles conditions d'extraction (de bile notamment) sont sujettes à controverse[27].
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Des ours ont été gardés dans des ménageries de princes ou de saltimbanques en Europe et Asie. Le dressage d'ours était très populaire, et continue à se perpétuer jusqu'à nos jours ; ces spectacles sont de plus en plus controversés eu égard à la souffrance des animaux, dressés dans des conditions violentes (à l'aide de fouets, tisons enflammés, etc.), et certains pays (comme la Turquie, la Grèce ou la Bulgarie[28], mais pas la France à ce jour) ont interdit l'exhibition d'ours « savants ».
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Les ours sont aussi des hôtes fréquents des zoos ; toutefois, il est devenu très rare que des animaux soient prélevés dans la nature pour peupler de tels établissements (la reproduction des ours en captivité est très aisée, du moins chez l'ours brun), et leurs conditions de vie se sont souvent améliorées depuis une vingtaine d'années. Les ours sont progressivement retirés des fosses archaïques comme celles du Jardin des Plantes à Paris, et ils sont de plus en plus souvent présentés dans de grands parcs boisés qui leur offrent des conditions de vie un peu plus proches de la nature (par exemple Thoiry, le CERZA, le parc animalier de Sainte-Croix, etc.) ; il est significatif de noter que les ours recouvrent alors fréquemment des comportements « naturels » comme la léthargie hivernale.
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Un voilier est un bateau à voiles (pièces de tissu), propulsé par la force du vent. Historiquement, le voilier a été le premier moyen de transport à moyenne et longue distance. Les voiliers transportaient les marchandises, les passagers, le courrier. Ils étaient utilisés pour la pêche en mer, les activités militaires et les batailles navales.
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À partir de la Révolution industrielle du XIXe siècle, la propulsion à voile disparaît progressivement pour le transport utilitaire, remplacée par les bateaux à vapeur .
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Les voiliers restent utilisés à des fins récréatives : la voile sportive et la navigation de plaisance.
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Les voiliers possèdent tous certaines caractéristiques communes : une ou plusieurs coques, un gréement constitué d'au moins un mât qui porte la ou les voiles servant à la propulsion.
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À travers l'histoire, la navigation à voile a été l'instrument du développement des civilisations, apportant à l'humanité une meilleure mobilité que le déplacement terrestre, pour le commerce, le transport, la guerre et pour les possibilités de pêche.
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Le peuplement de l'Océanie, particulièrement de l'Océanie éloignée (Micronésie, Mélanésie, Polynésie) qui débute entre 6000 et 3500 avant notre ère, s'est vraisemblablement fait par des déplacements à la voile, pour les longues traversées de centaines ou milliers de kilomètres en pleine mer. Aucune trace ou récit ne permet de connaitre ces voiliers antiques. Il demeure la connaissance des embarcations du XVIIIe siècle découvertes à l'arrivée des premiers voyageurs occidentaux[1] :
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La plus ancienne représentation d'un bateau à voile est une peinture sur disque trouvé dans la région de l'actuel Koweït, datée de la fin du Ve millénaire avant notre ère[2]. Dès cette époque en Mésopotamie, des bateaux à voile et rames auraient navigué sur les grands fleuves (Tigre, Euphrate), créant des routes commerciales entre les cités. Des bateaux auraient transporté des marchandises jusqu'à Oman et peut-être jusqu'à la vallée de l'Indus (actuelle Inde). Les textes et l'iconographie ne permettent pas de détailler ces bateaux avec précision. Il apparait qu'en plus de techniques primitives (roseaux, monoxyles) des techniques de constructions avancées existaient à cette époque.
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L'iconographie d'un navire montre un assemblage de planches sur toute la longueur de coque, avec un pont carré et des formes très incurvées aux extrémités (à l'identique des barques égyptiennes plus tardives). Un autre navire transporte du bétail, dispose d'une cabine, d'un chef et de deux appendices (rames) à la poupe du navire[3].
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Peut-être dès le IIIe millénaire av. J.-C. avant notre ère, plus certainement à la fin du IIe millénaire av. J.-C., la Mer Arabique devient une importante route de commerce pour des voiliers naviguant le long des côtes, et jusqu'à l'époque plus récente dite de l’Âge de la voile (en Orient).
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Dès le troisième millénaire avant notre ère, les Égyptiens utilisaient des voiliers, comme l'attestent les gravures sur un brûleur à encens trouvé dans les tombes pharaoniques de Qustul (Nubie, vers -3100 : y sont représentés, trois bateaux navigant à la voile[4]. Ces bateaux à voile (et à rames) étaient utilisés notamment pour se déplacer le long du fleuve Nil, sur la mer Méditerranée et la mer Rouge.
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Au-delà des embarcations primitives (roseaux liés), les techniques de charpenterie nécessaires à la construction de coques en planches assemblées (à l'exemple de la barque solaire) seraient postérieures à l'an -3000 (Nagada). L'influence mésopotamienne sur la construction navale est sujet à débats. Les bateaux à voile avaient généralement un seul mât et une grande voile carrée en lin.
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Une représentation de l'époque d'Akhenaton (vers -1350) atteste d'un nouveau type de gréement : les voiles carguées[5]. Apparaissent aussi des deux-mâts et des voiles triangulaires, ensuite abandonnées. D'autres formes de coques apparaissent, vraisemblablement inspirées de la civilisation égéenne[6].
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Dès le VIIe siècle av. J.-C., des vaisseaux de combat à voile et à rame sont utilisés par les Assyriens, les Perses et les Grecs. La trière (trois rangs de rameurs) développée à partir du pentécontère, devient dès le Ve siècle av. J.-C. le vaisseau de combat le plus efficace. Durant l'époque hellénistique a lieu une course au gigantisme avec les quadrirèmes puis les quinquérèmes, se faisant, Alexandre le Grand les équipera de catapultes.
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La jonque désigne tous les types de bateaux à voile traditionnels d'Asie. Les jonques furent utilisées pour le transport maritime au long cours au moins dès le IIe siècle de notre ère.
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Le gréement de jonque est composé d'une ou plusieurs voiles entièrement lattées et « compensées » ; la voile est à côté du mât et dépasse légèrement en avant de celui-ci. Ce qui distingue le gréement de jonque des gréements occidentaux est l'utilisation de lattes relativement lourdes sur toute la longueur de la toile, la divisant ainsi en panneaux. Ces lattes (généralement en bambous), qui sont tenues au mât, raidissent la voile, tiennent sa forme et encaissent les efforts sur la voile. Chaque latte a sa propre écoute. De nombreuses innovations techniques des jonques furent incorporées ultérieurement aux bateaux occidentaux.
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On désigne par cogue (en vieil allemand der Koggen) un type de bateau utilisé en mer du Nord au cours du Moyen Âge.
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Il s'agit d'un voilier de commerce qui fut utilisé puis armé contre la piraterie pour les échanges entre les ports de la Hanse. Il pouvait être armé de canons. Il possédait un mât et une voile carrée. Il y avait une nacelle de vigie juste sous la pointe du mât. Les cogues présentaient dès l'origine un château à l'étambot ; au cours du XIVe siècle, on leur adjoignit un château à l'avant du pont, ou gaillard d'avant[7].
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Une des premières caractéristiques du bateau viking est d'être quasiment symétrique entre l'avant et l'arrière qui se répondent de part et d'autre du mât, ce qui lui permet de pouvoir se déplacer indifféremment en avant et en arrière de la même manière (amphidrome)[8].
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Sa quille tient en un seul tenant, ce qui requiert de très grands arbres. Il dispose également d'un gouvernail constitué par une sorte d'aviron court à très large pelle, fixé par des attaches de cuir à tribord arrière. Son fond plat et son faible tirant d'eau lui permettaient également de naviguer par petits fonds et de s'échouer directement sur une plage lors d'un raid. La coque était constituée de planches superposées (construction à clins) qui diminuaient son enfoncement quand il était à pleine charge. Il possède un grand mât facile à dresser et à abattre qui supporte une voile rectangulaire qui lui permet de remonter au vent[9].
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La caraque ou nef est un grand navire, de la fin du Moyen Âge, caractérisé par sa coque arrondie et ses deux hauts châteaux avant et arrière. Elle fut l'un des premiers types de navires européens à pouvoir s'aventurer en haute mer. Les Espagnols l'appelaient nao (navire) et les Portugais nau, elle fut avec la caravelle, le navire des grands explorateurs de ces pays. La caraque dérive des cogues qui servaient au commerce et la guerre, en Mer du Nord et dans la mer Baltique, en particulier dans les flottes de la Hanse, depuis le XIe siècle environ. Lors des croisades (XIe et XIIe siècles), certains cogues durent traverser la Méditerranée, et durent s'adapter par l'apport d'éléments traditionnels. Ils mesuraient alors trente mètres de longueur, huit mètres de largeur, portaient deux mâts et un total de six voiles.
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Une flûte (fluit en néerlandais) est un navire de charge néerlandais équipé de trois mâts aux voiles carrées apparu à la fin du XVIe siècle[10]. Optimisé pour le transport, peu coûteux à produire, la flûte fut un facteur important dans l'essor du commerce maritime des Pays-Bas aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le navire, très solide, navigue sur toutes les mers du monde et connait aussi des utilisations militaires dans la marine néerlandaise ou pour la Compagnie des Indes. Au XVIIIe siècle, la flûte conserve son rôle commercial mais son utilité militaire s'efface au profit des vaisseaux de ligne « armés en flûte » pour le transport de troupes. Au XIXe siècle, on désigne ce navire sous le nom de corvette de charge dans la marine française.
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La Caravelle (du portugais caravela) est un navire à voiles à hauts bords inventé par les Portugais au début du XVe siècle pour les voyages d'exploration au long cours. Évolution marine de la caraque du Moyen Âge, la caravelle s'en distingue par une taille plus élevée, entre 20 et 30 mètres, un tonnage moindre d'environ 200 tonnes et un tirant d'eau allongé. La caravelle dispose de plusieurs mâts sur lesquels sont fixées des voiles triangulaires aptes à capter la direction du vent et des voiles carrées favorables à la propulsion avec vent arrière. Les voiles latines tournant autour des mâts, grâces à de longues vergues désolidarisées du mât permettent de naviguer contre le vent. La crainte d'un retour difficile par des vents et des courants qui avaient été favorables à l'aller disparait et les explorateurs portugais se permettent alors toutes les audaces.
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Un galion, à l'origine galeon, présent en 1600 de la mer Noire à la Méditerranée, désigne un navire à plusieurs ponts, mu à la fois à la voile et aux rames comme les autres galères, qui évolua en pur voilier, utilisé en Europe et particulièrement en Espagne du XVIe siècle au XVIIIe siècle.
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Possédant de 3 à 5 mâts, il constitue une évolution mêlant les techniques de la caraque nordique aux galeons méditerranéens, dans laquelle sont introduites des caractéristiques de la caravelle lusitanienne, comme la poupe carrée qui supplante celle ronde des caraques. La coque est allongée et plus fine, ce qui le rend plus rapide et l'abaissement du château le rend plus stable en diminuant le poids dans les hauts.
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Il est, par contre, généralement plus petit que la caraque, dont certaines dépassaient 1000 tonnes ; les galions étaient généralement en dessous des 500 tonnes, quoique de plus gros aient existé, comme celui de 1200 tonneaux commandé par l'amiral ottoman Zemis Aga, dont la capture par les galères de l'Ordre de Malte devant Rhodes le 28 septembre 1644, à bord duquel se trouvait la sultane et l'héritier, fut le déclencheur la Guerre de Candie.
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Le chebec ou chebek est un petit bateau méditerranéen armé de canons, très fin, naviguant à la voile et à l'aviron. Il est gréé en trois-mâts avec des voiles latines. D’après ce qu'on constate de l'évolution de la navigation en Méditerranée, le chébec est une embarcation maure, pêchant au filet et allant à la rame : le jebega tel qu’on le voit jusqu’au milieu du XXe siècle en Espagne, sur les plages de Malaga[11]. Son type, assez archaïque, comporte aviron de gouverne et forts capions de proue et de poupe. Après le départ des Arabes de la péninsule (1492), l’embarcation et son nom survivent, mais le chébec, sous sa forme définitive, n’apparait qu’au XVIIe siècle chez les raïs barbaresques. Il y remplace la galère et le brigantin pour la course mais, n’ayant pas d’installations permanentes de vogue (rames), il peut porter des canons en batterie. Il devint ainsi beaucoup plus puissant que ces deux navires[11]. Un chébec d’une quarantaine de mètres peut porter une vingtaine de canons servis par 280 hommes d’équipages, ce qui fait du navire une solide unité de guerre et lui permet d’attaquer à l’abordage[12], action encore possible en Méditerranée au XVIIIe siècle.
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L'histoire des voiliers est marquée par la Révolution industrielle du XIXe, apportant les machines à vapeur et la construction métallique (fer, acier), qui fit progressivement disparaitre la voile pour le transport utilitaire, au profit des bateaux à vapeur puis à moteurs diesels. À la même époque se développe une pratique récréative de la voile, à l'origine des voiliers modernes de sport et de plaisance.
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Les premiers voiliers baptisés ainsi furent les clippers de Virginie (appelés ensuite clippers de Baltimore) vers 1815, et étaient issus des plans de voiliers négriers, avec un gréement de brick-goélette ou brigantin. Ils mesuraient environ 30 mètres de long, avec des beauprés extrêmement longs. L'allongement de leurs coques les a poussés à devenir majoritairement des trois-mâts carrés.
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Les clippers étaient des voiliers de taille modeste (environ 60 à 70 mètres de long) mais très rapides (vitesse de plus de 9 nœuds) et manœuvrables, construits généralement en bois au milieu du XIXe siècle et équipés progressivement de structures métalliques résistantes et bénéficiant de toutes les évolutions techniques de l’époque.
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De formes très marines, menés par des équipages pléthoriques (parfois plus de 80 hommes[13]) qui autorisaient à attendre le dernier moment pour réduire la toile, ils étaient performants et ont fait l’objet de défis homériques entre capitaines essentiellement sur la route du thé, de la Chine à l'Angleterre, du coton d’Australie ou sur la route du cap Horn de la côte est à la côte ouest des États-Unis.
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Les clippers disparurent à partir des années 1870, remplacés par les grands voiliers en fer (transport lourd) et les navires à vapeur.
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Dans la seconde moitié du XIXe siècle la construction navale, profitant des avancées technologiques, a vu le développement de la construction en fer pour les plus grandes unités. Cette construction, basée sur le rivetage de plaques sur des membrures en fer ployé, a permis d'augmenter considérablement la longueur des navires tout en maîtrisant les délais de construction et leur volume utile. Les mâtures, très divisées, étaient simplifiées autant que faire se pouvait, en ayant plusieurs mâts identiques afin de limiter le nombre de marins nécessaires à la manœuvre. Bien que leur port en lourd ait été deux fois, cinq fois, voire dix fois plus élevé que celui des clippers, leur équipage, officiers compris, était parfois inférieur à 20 hommes.
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Rapidement concurrencés par les navires à vapeur pour le transport de passagers, les grands voiliers en fer subsistèrent jusqu'à la première moitié du XXe siècle pour le transport au long cours de marchandises lourdes et peu coûteuses (charbon, nickel). Les deux guerres mondiales, les lois sociales, la fiabilisation des bateaux à moteur (vapeur puis Diesel) et leur facilité d'approvisionnement dans les ports ont sonné le glas de ces beaux voiliers.
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Les premières expérimentations de bateau à vapeur datent des années 1780 (Pyroscaphe), mais les faibles performances des premières machines à vapeur et de la roue à aube restreignent ce type de propulsion aux seuls bateaux fluviaux[14].
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Puis apparaissent des navires destinés au transport côtier et au cabotage, équipés de voiles et de chaudières à vapeur, à roues à aube (puis à hélices). La coque et les formes de ces bateaux reprenaient généralement les formes traditionnelles des voiliers. Les voiles étaient utilisées comme propulsion principale[14]. À partir des années 1850, les navires militaires à voile sont équipés progressivement de machines à vapeur, comme propulsion auxiliaire. À l'exemple des premiers navires mixtes de la Royal Navy Ajax, Horatio et Nelson (en) — ou pour la Marine française du Sphinx (1829) et du premier cuirassé océanique Gloire (1859). De même les bateaux mixtes se généralisent pour le transport transatlantique de passagers, concurrencés par les rapides Clippers américains[14].
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Puis la vapeur devient le moyen de propulsion principal des nouveaux bateaux ; la voile devenant une propulsion auxiliaire ou de secours (en cas de panne des machines), avant d'être définitivement abandonnée. En 1845 est construit le Great Britain, qui inaugure l'époque des navires à coque en fer, sans voile, propulsés par hélices[14].
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En Europe, les premiers yachts, petits voiliers construits pour la navigation récréative (de la noblesse et la bourgeoisie maritime) remontent au moins au XVIIe et XVIIIe siècles en Angleterre, aux Pays-Bas et en Russie[15] et la première régate à voile serait celle organisée en Angleterre en 1662, remportée par le sloop Jamaïe du roi Charles II[16].
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Mais l'engouement véritable pour le yachting naît au Royaume-Uni et aux États-Unis, au milieu du XIXe siècle, au sein des yacht clubs de la bourgeoisie. La construction de ces yachts s'inspire des voiliers utilitaires les plus rapides de l'époque et aux bonnes qualités nautiques : les cotres pilotes européens, et les petites goélettes américaines de pêche ou de courrier. On retrouve ainsi sur ces yachts les mêmes plans de voilure, et les coques (en bois) des bateaux de cette époque : un avant très large (maitre-bau avancé), un arrière effilé (poupe) et une quille longue et peu profonde.
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La propulsion à voile étant abandonnée progressivement pour le transport utilitaire, le yachting devient une source importante d'évolutions techniques des voiliers. À partir des années 1850, à l'initiative de l'ingénieur naval John Scott Russell, les formes de coques sont inversées : l'avant devient effilé et allégé, alors que l'arrière est élargi[17]. Le yacht America construit en 1851 démontra en course les meilleures performances de ce type de carène, adoptée ensuite par tous les voiliers.
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Jusqu'aux années 1900, la surface mouillée des yachts est progressivement réduite, afin de réduire les frottements de l'eau et augmenter ainsi la vitesse. De 1900 à 1970, la quille devient progressivement plus courte (distance horizontale) et plus profonde (vers le fond de l'eau), jusqu'à aboutir à sa version moderne : un aileron vertical au bout duquel est fixé un lest. Le safran est progressivement séparé de la quille, afin d'améliorer la manœuvrabilité du bateau (au détriment de sa stabilité) : sur les petits bateaux à partir de 1900, puis sur les grands voiliers vers 1960[17].
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Le gréement évolue peu, sinon par la démesure (parfois dangereuse) des voiles pour les bateaux de courses. Vers 1880 est inventé le spinnaker (symétrique), voile légère et très creuse (en forme de ballon) améliorant fortement les performances des voiliers dans les allures portantes. Le yacht américain Reliance, vainqueur de la Coupe de l'America de 1903, fut le premier voilier de course équipé de winchs (double vitesse, fixés sur le pont).
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À la fin du XXe siècle, le gréement sloop (une grand voile et une seule voile d'avant) devient le standard pour tous les voiliers modernes, en raison de son meilleur rendement aérodynamique (allures de près). Les avantages de la division de voilure (maniabilité, flexibilité) des anciens gréements (cotre, ketch, goélette) sont compensés par les innovations d'accastillage (winchs, enrouleurs de voile, tissus synthétiques) et le haubanage moderne (Marconi) permettant un unique mât de grande hauteur.
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Le bois est totalement abandonné pour la construction des coques modernes, remplacé principalement par des plastiques et sandwich de fibres synthétiques. Les formes de coque sont héritées de l'évolution des yachts traditionnels, avec un avant affiné, une quille profonde (à bulbe) et un safran (à aileron) séparé.
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À partir des années 1960-1970, l'architecture et les techniques de construction divergent entre les voiliers de plaisance et les voiliers de course. Les voiliers de plaisance s'orientent vers des techniques de construction industrialisées et à coûts raisonnables (monotypie, coque en plastique), avec un souci du confort (programme de croisière, facilité à manœuvrer). À l'inverse, la construction de voiliers de course utilise des technologies innovantes et coûteuses (prototypes, nouvelles matières) pour répondre au souci de performance et à la professionnalisation de la course.
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Les nouvelles techniques de construction popularisent à partir des années 1980 les multicoques modernes, appréciés pour leur vitesse en course et leur confort en plaisance.
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La forme de la coque (carène) est optimisée, avec notamment une surface mouillée minimum et une étrave droite : en course, pour profiter au mieux des limites de jauges (maximiser longueur de flottaison), et en plaisance pour augmenter le volume habitable pour une longueur donnée (marketing, prix des places de port).
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La course est aussi vecteur d'innovations techniques intégrées progressivement à la construction de plaisance : le catamaran (Amaryllis, 1876), les carènes larges facilitant le déjaugeage (navigation au planing), le mât tournant profilé (Lady Helmsman, 1966), les voiles lattées (Hellcat, 1961), le spinnaker asymétrique, la quille pendulaire, les voiles en matières composites, les foils, les doubles safrans, le mât sur vérin hydraulique, le pilote automatique, le routage informatisé, la crash box d'étrave...
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Les expérimentations les plus notoires de propulsion éolienne sans voile sont : la turbovoile (1920), les ailes volantes (kitesurf, kiteboat, etc), le ballon dirigeable et les voiles (ou ailes) rigides utilisées en compétition depuis la Coupe de l'America 2013.
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Le XXIe siècle montre l'aboutissement des hommes à faire voler les bateaux, suite des travaux entrepris depuis plus d'un siècle par leur prédécesseurs. Le XXe siècle a démontré les principes de vol des navires au travers de nombreux projets prototypes et d'hommes comme Éric Tabarly qui lancera le concept d'hydroptère à voile avec son trimaran Paul Ricard, le navire a battu le record de vitesse de l'atlantique, sans avoir pu décoller du fait de sa masse trop importante[18]. Le projet sera repris et abouti par Alain Thébault avec son hydroptère.
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Il existe de nombreux voiliers utilisant des hydrofoils pour sustenter la coque hors de l'eau. en France les travaux sur l'hydroptère ont démontré ce principe de navigation qui prend un essor économique au travers de navire de course, comme les moth à foils ou les foilers de class AC72, Imoca et ceux de la Coupe de l'America.
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La classe AC75 ouvre les portes d' une technologie aboutie qui permet aux navires de course de voler sur l'eau grâce à leur hydrofoil [19],[20],[21].
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L'objectif d'équiper un navire de foil est de pouvoir lui offrir plus de puissance et moins de trainée. Le foil va porter la coque en la faisant sortir hors d'eau pour supprimer les frottements de l'eau sur la coque[22].
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À partir des années 2000 ou 2010, le développement et la miniaturisation de l'informatique embarquée et l'amélioration des capacités de géolocalisation ont motivé des projets de « drones-voiliers » ou « voiliers sans humain » ou « voilier robot ». Ces engins propulsés à la voile sont capables de se déplacer sur l'océan de manière autonome ou semi-dirigée et de collecter des informations d'intérêt océanographique, environnemental ou pédagogique[23], ou de contribuer à nettoyer la mer de certains déchets ou polluants (microplastiques[24], marée noire par exemple[25]).
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Barque catalane, Pointu, Rafiot, Corallière (Italie), Dromon (Grèce), Djeme d'Alexandrie, Felouque, Boutre ou Dhow
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les voiliers ont évolué au fil du temps par le nombre de coques, la naissance des multicoques apparait dans les années soixante sous la forme catamaran. Le XXIe siècle donnera naissance aux voiliers sans coque[26].
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Les voiliers sans coque apparaissent avec la naissance des hydrofoils afin de faire sustenter le navire. C 'est la naissance du zérocoque[26].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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30 décembre 1922 – 25 décembre 1991(68 ans, 11 mois et 26 jours)
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L’Union des républiques socialistes soviétiques[1], par abréviation URSS[N 3] ou en abrégé Union soviétique (en russe : Союз Советских Социалистических Республик, СССР écouter ; transcription : Soïouz Sovietskikh Sotsialistitcheskikh Riespoublik, SSSR ; litt. « Union des républiques socialistes des conseils »), était un État fédéral transcontinental à régime communiste. Cette fédération a existé du 30 décembre 1922 jusqu'à sa dissolution le 26 décembre 1991. La fédération de Russie est l'état continuateur de l'Union soviétique.
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Plus vaste État du monde, l'URSS occupait un sixième des terres émergées et s'étendait sur onze fuseaux horaires, de la mer Baltique et de la mer Noire à l'océan Pacifique, c'est-à-dire toute la partie nord-est de l'Eurasie. Elle reprenait à peu près le territoire de l'ancien Empire russe (à l'exception notable de la majeure partie de la Pologne et de la Finlande, indépendantes depuis la guerre civile russe de 1918 à 1921) et s'était augmentée des gains territoriaux de la période stalinienne en Europe orientale et en Asie de l'Est entre 1939 et 1945.
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Le territoire de l'URSS varia donc dans le temps, surtout avant et à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Le pays était composé, avant sa dissolution, de quinze républiques fédérées, ainsi que d'un certain nombre de républiques et régions autonomes.
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La formation de l'URSS fut l'une des conséquences de la révolution russe de 1917. Après la révolution de Février (1917), qui avait mis fin au règne de l'empereur Nicolas II, la révolution d'Octobre qui renversa la République russe le 7 novembre 1917 permit la prise du pouvoir par les bolcheviks[N 4], qui étaient fédéralistes. L'un des moteurs de la création de l'URSS fut la volonté de Lénine d'appliquer sa doctrine fédéraliste en transformant la Russie unitaire en une union de républiques formées selon le principe de la répartition ethnique et jouissant d'un certain degré d'autonomie culturelle locale. Sa conception s'opposait initialement à celle du nationalisme soviétique de Joseph Staline, qui voulait créer une seule République socialiste fédérative soviétique de Russie. Toutefois, Staline revint ultérieurement sur ses positions et, dans les années 1925 – 1939, procéda lui-même à la création de plusieurs républiques fédérées (dans le Caucase, en Carélie et en Asie centrale)[2].
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L'organisation politique de l'URSS était définie par un parti unique, le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) et tout particulièrement, par son bureau exécutif, le Politburo. Tout autre pouvoir (législatif, exécutif ou judiciaire), ainsi que la presse et la société civile dans son ensemble, étaient directement soumis aux oukases de l'appareil du PCUS.
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L'Union soviétique se fragmenta dans le courant de l'année 1991 sous l'effet conjugué de plusieurs facteurs, qui avaient été analysés dès 1970 par Andreï Amalrik[3] :
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Pour enrayer ce processus, un programme de réformes fut engagé en mars 1985 par le secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique puis premier (et dernier) président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, sur le double thème de la perestroïka (« restructuration ») et de la glasnost (« transparence »), mais en fait, au lieu d'enrayer le délitement, ce programme eut l'effet d'un catalyseur pour toutes les forces centrifuges, car la majorité des citoyens, et même des dirigeants, ne croyait déjà plus en la capacité de régénération du régime[5].
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L'URSS était parfois, dans le langage courant, désignée sous le nom de Russie ou de Russie soviétique. Cette appellation, impropre mais fréquente, l'assimilait à la République socialiste fédérative soviétique de Russie, qui était, de loin, la plus importante des républiques soviétiques, tant du point de vue de sa surface, de sa population, que de sa puissance politique et culturelle (le russe étant la langue de communication de toute l'Union), ainsi que la composante d'origine de la fédération sur le plan chronologique et de la diffusion de la population russe dans toute l'Union. L'ex-RSFS de Russie, devenue fédération de Russie le 26 décembre 1991, est l'état continuateur de l'URSS et a, à ce titre, notamment hérité de son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et de ses dettes (qu'elle a fini de payer en 2017)[6].
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Le mot « soviet » est la transcription du mot russe совет, qui signifie « conseil », aussi bien au sens de l'avis donné à quelqu'un que d'une assemblée de personnes.
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Un certain nombre d'organisations dans l'histoire russe ont été dénommées « Conseil » (Совет), comme par exemple dans l'Empire russe le Conseil d'État, qui fonctionna de 1810 à 1917 et qui devint le Conseil des ministres après la révolte de 1905.
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Pendant l'Affaire géorgienne, Lénine a envisagé une expression du chauvinisme ethnique russe par Joseph Staline et ses partisans[pas clair], appelant ces États-nations à rejoindre la Russie en tant que parties semi-indépendantes d'une union plus grande, qu'il a d'abord nommée l’Union des Républiques soviétiques d'Europe et d'Asie (en russe : Союз Советских Республик Европы и Азии, Soïouz Sovietskikh Riespoublik Evropy i Azii). Staline a initialement résisté à la proposition, mais finalement l'a acceptée, bien que — avec l'accord de Lénine — il ait changé le nom de l'État nouvellement proposé en l’Union des républiques socialistes soviétiques, bien que toutes les républiques aient commencé comme « soviétique socialiste », avec l'ordre inversé, jusqu'en 1936. En outre, dans les langues nationales de plusieurs républiques, le mot signifiant « des conseils » (au sens « *de les conseils ») ne fut modifié que tardivement en une adaptation du « Soviet » russe - et jamais dans d'autres, par exemple l’Ukraine.[réf. nécessaire]
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Les noms de l'Union soviétique sont les suivants dans plusieurs langues de ses quinze républiques constitutives :
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Dans certains cas, en raison de la longueur de son nom, l'État est appelé « Union soviétique » ou « URSS », surtout lorsqu'il est utilisé dans les médias occidentaux. Il est également appelé de manière informelle « Russie » (et ses citoyens « Russes »), bien que ce soit techniquement incorrect puisque la Russie n'en était qu'une des républiques constitutives.
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Durant son existence, l'URSS était le pays le plus étendu du monde (22 402 200 km2). C'était également l'un des pays les plus variés, avec plus de cent « nationalités » (ethnies) recensées sur son territoire, une soixantaine de langues et cinq religions. La population totale était estimée à 288 millions en 1990 (dite peuple soviétique). Aujourd'hui la Russie — ayant succédé à l'URSS — demeure toujours le pays le plus étendu du monde et reste un pays très divers, administrant des centaines de minorités, y compris musulmanes telles que les Tatars, et bien d'autres ethnies non russes. Elle a conservé, à une seule exception près[N 5], les frontières de jure de la République socialiste fédérative soviétique de Russie telles qu'elles étaient en 1945. Toutefois, des territoires contrôlés de facto s'y sont ajoutés depuis 1991[N 6].
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Entre 1917 et 1940, plusieurs républiques soviétiques se sont constituées, certaines avant la fondation de jure de l'URSS, d'autre après sa fondation.
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Entre 1941 et 1954, le territoire de l'Union soviétique varie entre pertes, dues aux conquêtes allemandes, et gains.
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Entre 1954 et 1991, l'Union soviétique était composée de quinze républiques socialistes soviétiques (RSS) :
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Chaque république fédérée était, à son tour, divisée en régions (oblast), à l'exception des RSS de Lettonie, de Lituanie, d'Estonie, de Moldavie et d'Arménie qui avaient une structure unitaire. La RSFS de Russie disposait, en plus, de « pays » (kraï) qui étaient divisés en régions autonomes, ainsi que d'arrondissements autonomes faisant partie des oblasts et de kraïs. Certaines républiques fédérées (Russie, Géorgie, Azerbaïdjan, Ouzbékistan et Tadjikistan) avaient aussi dans leur structure des républiques autonomes, à certains degrés d'auto-gouvernance.
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(Selon les chiffres officiels)[réf. souhaitée].
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Dès le XIXe siècle, la Russie tsariste connaît une agitation révolutionnaire qui s'aggrave après une révolution réprimée en 1905 et la défaite russe lors de la guerre russo-japonaise. Le mécontentement populaire culmine début 1917 à la suite des pénuries causées par la Première Guerre mondiale et aboutit à la chute du gouvernement impérial et à l'abdication de Nicolas II en mars 1917 lors de la révolution de Février.
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Le nouveau gouvernement de coalition démocrate prolonge l'engagement russe dans la guerre et peine à engager des réformes, entravé par des différends internes. Aussi à l'été 1917, un vaste soulèvement paysan spontané procède de lui-même au partage des terres, tandis que le gouvernement Kerenski perd ses appuis dans la population et la classe ouvrière, et que les forces de réaction, autour du général Kornilov, tentent vainement un coup d'État (« affaire Kornilov »). L'État perd progressivement son autorité sur le pays et l'armée se décompose.
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Le Parti bolchevique, parti révolutionnaire marxiste mené par Lénine, devient progressivement majoritaire dans les conseils politiques ouvriers et paysans dits « Soviets ». Le 25 octobre (selon l'ancien calendrier julien) ou le 7 novembre 1917, il renverse le gouvernement provisoire lors d'une révolution dite « révolution d'Octobre ». Le slogan de la révolution qui emporte l'adhésion des masses populaires est simple et percutant : « Usines aux ouvriers, terres aux paysans, paix aux peuples ! », ce qui signifie nationalisations et armistice.
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Ainsi, la jeune république bolchevique décide de se sortir de la Première Guerre mondiale en concluant une paix séparée avec l'Empire allemand. Un armistice signé en décembre 1917 aboutit au traité de Brest-Litovsk en mars 1918 qui consacre, en pratique, la défaite de la Russie qui cède au vainqueur la majeure partie de l'Ukraine, la Biélorussie, les pays baltes et la Pologne — la majorité des territoires cédés est en fait récupérée plus tard, après la défaite allemande de novembre 1918, sauf les pays baltes et la Pologne. La Russie y perd 3,6 % de son territoire et 26 % de sa population. Elle perd aussi 32 % de sa production agricole, 23 % de sa production industrielle et 75 % de ses réserves de charbon.
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Par ailleurs, la propriété privée industrielle est supprimée, les usines et les banques nationalisées. À la place, une propriété d'État est instaurée sur la quasi-totalité des moyens de production, sauf agricoles. Le marché libre disparaît et l'État acquiert le monopole du commerce intérieur et extérieur. Cette tendance au capitalisme d'État est néanmoins critiquée par des communistes comme Nikolaï Ossinski.
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Lénine annule également les engagements russes sur les emprunts obligataires qui — dans le but d’industrialiser le pays, développer les voies ferrées et financer la guerre — avaient été contractés par le gouvernement tsariste.
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La jeune RSFS de Russie créée par la Constitution de 1918 fonctionne selon un principe fédéral, dont le principe de gouvernance est le centralisme démocratique. Le pouvoir législatif est théoriquement exercé par le « congrès panrusse des Soviets », lequel mandate le « Comité exécutif central panrusse », tant en matière législative qu'exécutive. Il appartient ainsi au Comité exécutif de contrôler le « Conseil des commissaires du peuple », lequel, avec Lénine à sa tête, a la charge de gouverner la RSFS de Russie. Cette apparence de démocratie ne survit pas à une analyse plus poussée : noyauté et contrôlé totalement par les bolcheviks, le congrès des Soviets, son Comité exécutif et donc le Conseil des commissaires du peuple, sont aux mains de Lénine et de ses camarades, et en particulier du Politburo du PCUS.
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Ensuite, le pouvoir d'État devient bien plus strict en raison de la guerre civile, combinée à l'intervention ouverte des États occidentaux, qui fait rage jusqu'en 1921.
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Pour faire face aux problèmes posés par la guerre civile russe et l'offensive militaire de pays étrangers (Allemagne, Angleterre, France, Japon, États-Unis), et afin d'assurer l'approvisionnement des villes et de l'armée, Lénine décrète le « communisme de guerre », dont les mesures essentielles sont :
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Les éléments fondateurs du régime, sous l'appellation de « dictature du prolétariat »[N 7], se mettent aussi en place à cette époque :
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Grâce au « communisme de guerre », Lénine et le Parti bolchevik parviennent à se maintenir au pouvoir. Ils sortent vainqueurs de la guerre civile, et le danger d'une restauration monarchique est écarté dès 1919-1920 à la suite de la défaite des « armées blanches ». Mais ils doivent ensuite faire face à l'armée anarchiste de Makhno (Makhnovchtchina) qui tient le Sud de l'Ukraine, et se confronter en 1921-1922 aux « armées vertes » créées par les paysans en révolte à la fois contre les Blancs et les bolcheviks.
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Le 18 mars 1921, l'Armée rouge réprime dans le sang la révolte de Kronstadt, dont les marins avaient exigé le retour au « pouvoir des soviets » et la fin du monopole bolchevique.
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Sur le plan territorial, la Russie bolchevique perd les pays baltes, la Finlande et la Pologne, devenus indépendants, et doit concéder un important recul de ses frontières après sa défaite dans la guerre russo-polonaise. Mais elle conserve l'Ukraine après des luttes confuses, et entre 1920 et 1922, elle envahit la Géorgie, l'Arménie et l'Asie centrale, réintégrées de force dans l'ancien Empire russe.
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La guerre civile, l'embargo total décrété par les puissances occidentales sur la Russie soviétique et la politique d’expropriation de biens des paysans afin de nourrir les soldats de l'Armée rouge conduisent à une grande famine provoquant la mort de millions de Russes, surtout le long de la Volga en 1922.
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L'Union des républiques socialistes soviétiques naquit le 30 décembre 1922, date de la signature du traité d'union (en) (à la suite d'une déclaration préalable) entre la RSFS de Russie, la RSFS de Transcaucasie, la RSS d'Ukraine et la RSS de Biélorussie. Ce traité est ratifié le 30 décembre 1922 par le premier congrès des Soviets d'URSS.
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Cette nouvelle entité n'est pas aussi grande que celle de la guerre froide, elle a ainsi perdu de nombreux territoires, tels que l'Ouest de l'Ukraine actuelle, les pays baltes ou bien la Carélie à la suite des guerres qui l'ont secouée. C'est néanmoins le plus grand état du monde et il devra attendre avant d'être reconnu internationalement.
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Une constitution fut rédigée en 1923 ; l'union regroupa plusieurs républiques fédérés dont les frontières furent constituées selon une répartition démographique correspondant à un peuple dans sa définition soviétique. L'URSS fut donc un État fédéral dans lequel chaque république fut égale en droits. Dans les faits, le PCUS (et au début le RSDRP) et la Tchéka surveillent étroitement ces républiques dont les premiers secrétaires du Parti furent désignés par Moscou.
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Le PCUS devint rapidement le seul parti du pays. Le pays fut théoriquement gouverné par des « Soviets » élus démocratiquement au niveau régional et local. Néanmoins, en pratique, chaque niveau de gouvernement était dirigé par la branche correspondante du Parti.
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Après la guerre civile (1921), le pays se trouve dans une situation humanitaire et économique désastreuse. La famine sévit (cinq millions de morts), notamment sur la Volga, et les paysans se soulèvent sporadiquement contre les réquisitions. Ce mécontentement prend une ampleur inquiétante en mars 1921 avec la révolte de Kronstadt, ville pionnière de la révolution, abritant l'amirauté et les forces navales de la mer Baltique défendant Saint-Pétersbourg. Conscient que la répression, aussi dure soit-elle, ne suffit pas à enrayer le mouvement, Lénine décida alors d'assouplir la politique du régime, et met en œuvre la « Nouvelle politique économique » (NEP), libéralisation économique donnant droit à une propriété privée limitée, notamment aux agriculteurs. Les réquisitions sont ainsi remplacées par un impôt en nature peu élevé.
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Pour expliquer le passage à la NEP, Lénine déclare que « nous ne sommes pas assez civilisés pour pouvoir passer directement au socialisme, encore que nous en ayons les prémices politiques »[8], se référant au fait que la Russie était encore une société essentiellement agraire avec une base industrielle encore faible et ne correspondait donc pas aux critères permettant le socialisme tel que défini par Karl Marx. La NEP devait également rassurer les pays occidentaux capitalistes.
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La NEP atteint les résultats escomptés en permettant à l'économie de se relever des conséquences désastreuses de la guerre. La famine rampante disparaît virtuellement et la classe paysanne s'enrichit. Les paysans aisés sont appelés koulaks ; dans les agglomérations, les nepmen constituent une bourgeoisie riche.
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Bien que présentée comme une mesure provisoire, la NEP fut extrêmement critiquée par une frange importante du Parti bolchevique. De nombreux membres voyaient la NEP comme une trahison aux principes socialistes et voulaient un retour au plus vite à une économie intégralement planifiée. Il semble qu'à sa mort Lénine considérait que la NEP devrait être maintenue, tout du moins n'a-t-il jamais fixé, ni même évoqué, la date de son arrêt. Ainsi, à l'approche de sa succession, les oppositions au sein du Politburo se cristallisèrent autour de la NEP.
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Dès 1922, la santé de Lénine décline à la suite d'attaques cérébrales, conséquences d'un attentat dont il fut victime en 1918. La lutte pour sa succession aboutira à l'accession au pouvoir suprême de Joseph Staline, ayant appartenu au premier cercle d'adhérents au Parti (entrée en 1904), bien que Lénine ne l'appréciait plus beaucoup, déclarant même dans son testament (janvier 1923) qu'il fallait démettre de ses fonctions cet homme « trop brutal, et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général ».
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L'ascension de Staline débute avec sa nomination au poste-tremplin de secrétaire général du Parti le 3 avril 1922, fonction conciliatrice obtenue grâce à son effacement (peu de prises de position), ses relations de longue date, son dévouement, et sa loyauté à l'appareil du Parti. Face à lui, il rencontre rapidement l'opposition de Léon Trotski, fondateur de l'Armée rouge, ayant acquis dès 1902 l'estime de Lénine mais aussi adhérent tardif au Parti bolchevique (1917) ayant été proche des mencheviks. Alors que Trotski n'avait parfois pas hésité à s'opposer à Lénine sur certains points dans le cadre des congrès du parti, Staline se présente comme un loyal serviteur du grand révolutionnaire ne l'ayant jamais contredit.
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Pour évincer Trotski du gouvernement, Staline s'associe dès 1923, du vivant de Lénine, à Lev Kamenev, ayant lui aussi adhéré en 1905, et à Grigori Zinoviev, haut dirigeant du Komintern, ami intime de Lénine depuis 1905 convaincu d'être son légitime successeur et ayant lui aussi proposé un temps l'alliance avec les mencheviks.
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En 1926, deux ans après la mort de Lénine, Zinoviev et Kamenev décident de rompre avec Staline pour se rapprocher de Trotski avec lequel ils partagent une doctrine commune : exportation de la révolution d'essence mondiale et abandon de la NEP. Cette troïka des purs forme l'Opposition de gauche à Staline, qui réagit tactiquement en se rapprochant — sans conviction profonde — de l'opposition de droite favorable à la NEP et à une réalisation du socialisme d'abord sur le sol russe puis à l'extérieur (Nikolaï Boukharine, Alexeï Rykov et Mikhaïl Tomski).
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Il s'appuie sur cette aile droite pour exclure du Parti en 1927 ses trois grands opposants de l'aile gauche. Le 17 novembre 1928, une fois assuré que les partisans de l'Opposition de gauche ont été réduits au silence (par l'exclusion, la force, l'emprisonnement, l'exil), il se retourne contre Boukharine, Rykov, et Tomski qu'il exclut du Politburo et démet de leurs fonctions respectives de président du Komintern, chef du gouvernement, et dirigeant du Profintern.
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Staline, seul maître à bord, n'hésite pas dès lors à adopter la mesure-phare prônée par l'ancienne opposition de gauche devenue impuissante : l'abandon de la NEP. Cette réorientation s'accompagne d'une relégitimation de façade. Ainsi, en 1928, Kamenev est rétabli, il en va de même pour Zinoviev en 1929, mais Trotski, toujours populaire, est expulsé la même année. Kamenev et Zinoviev furent finalement jugés et exécutés le 5 août 1936, Boukharine et Rykov en mars 1938, et Trotski assassiné le 21 août 1940 dans son exil au Mexique.
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Après avoir réussi à éliminer politiquement, puis physiquement, toute opposition au sein du parti, Staline devint le dirigeant suprême de l'Union soviétique de 1927 à sa mort, en mars 1953. Du point de vue politique, ce fut une période de dictature totalitaire, bien que ce qualificatif de « totalitaire » eût pu être contesté, par exemple par l'historien Eric Hobsbawm dans son étude du « court vingtième siècle »[9].
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Il s'agissait de prévoir les activités économiques selon des plans quinquennaux et qui fixaient les objectifs obligatoires de production. Ces plans quinquennaux donnaient la priorité aux industries lourdes en laissant de côté les industries de consommation. En URSS, il y eut au total dix plans quinquennaux allant du Ier Plan (1928-1932) jusqu'au Xe Plan (1976-1980).
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Il s'agit d'un plan typique de l'Union soviétique mais certains plans ressemblent à celui-ci comme le Commissariat général du Plan (en France) ou même le « Grand Bond en avant » (mis en place par la République populaire de Chine).
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Staline ne forgea pas immédiatement sa doctrine au sujet de la NEP. Sans doute est-il exact de dire que ses changements d'opinion tenaient plus de la tactique politique que de la doctrine, ce qui lui permit de se débarrasser des uns et des autres. La « richesse » des nepmen et des koulaks l'amena à les considérer comme une nouvelle classe capitaliste rendue responsable de l'augmentation du chômage et de l'inflation.
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Staline finit par se forger une doctrine qui excluait l'économie de marché tout en se concentrant sur le développement économique et industriel du pays. Ce qui conduit à l'autarcie par rapport à l'économie capitaliste externe et au recours massif au travail extensif (stakhanovisme) et même gratuit (des prisonniers dans les camps correctionnels de travail) pour réaliser les investissements colossaux qui sont nécessaires (plans quinquennaux).
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En 1929, Staline décide de supprimer la propriété privée dans les campagnes : le bétail, les outils, les terres doivent être mis en commun. Les moyens de production agricoles sont regroupés dans les kolkhozes ou dans des sovkhozes.
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Cette collectivisation forcée provoque des résistances : plutôt que donner leurs troupeaux, les paysans les abattent pour les consommer immédiatement. Face à ces émeutes, Staline accorde à chaque kolkhozien un lopin de terre.
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Les koulaks doivent être éliminés en tant que classe. Entre 1929 et 1935, plus de deux millions de paysans sont déportés et plusieurs millions meurent de faim, surtout en Ukraine et dans le Sud de la Russie (voir : Holodomor). Leurs biens sont confisqués. Cette famine organisée, lors de laquelle non seulement les récoltes, mais tout produit alimentaire étaient volés aux paysans, est considéré par de nombreux pays dans le monde, dont le Canada, comme un génocide ou comme un ethnocide. Le système du passeport intérieur, destiné à contrôler les déplacements et qui n'était pas accordé aux paysans, a été mis en place en Ukraine avant 1929. Après 1935, le premier recensement en Ukraine a montré une baisse démographique si importante qu'aucun recensement n'a plus été mené pendant 30 ans.
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La Russie du début du XXe siècle était une puissance économique nouvelle et en essor, mais encore très rurale et agricole. Staline voulait développer l'industrie lourde et faire de l'URSS une puissance économique majeure : lire Histoire de l'URSS sous Staline#Planification et industrialisation.
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Les moyens utilisés sont ceux d'une économie planifiée et centralisée et d'une organisation politique totalitaire :
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Selon certaines estimations, 127 000 travailleurs payèrent de leur vie la mise en place du premier plan quinquennal (de 1928 à 1932). Par ailleurs, l'allocation prioritaire des ressources à l'industrie, les exportations forcées de céréales pour financer des importations de biens d'équipement, combinées à la diminution de la productivité agricole provoquèrent de nouvelles famines : la famine de 1931-1933 cause près de six millions de morts. Le plan quinquennal fut cependant bouclé officiellement en quatre ans. De 1928 à 1932, la production de charbon avait doublé, celle de l'acier avait triplé.
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En dix ans, l'URSS a accompli un bond remarquable du point de vue industrialisation au détriment de la production de biens de consommation et au prix d'une forte baisse du niveau de vie de la population. À la suite du second plan quinquennal, la production d'acier a grimpé à 18 millions de tonnes, celle de charbon à 128 millions de tonnes. Avant son interruption par la guerre, le troisième plan avait permis d'atteindre 18 millions de tonnes d'acier et 150 millions de tonnes de charbon. Les structures de production de masse étaient ainsi bel et bien établies, le complexe militaro-industriel allait être durement mis à l'épreuve par l'invasion allemande.
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La pire répression jamais connue par un pays en temps de paix, les « Grandes Purges » (appelées aussi la « Grande Terreur ») aboutissent entre 1936 et 1939 à l’exécution de 680 000 personnes et à la déportation de centaines de milliers d’autres. En août 1937, Staline autorise personnellement le recours à la torture dans les prisons, et ne l’interdit à nouveau que fin 1938.
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Le pays traverse donc une intense période de terreur, de délation et de suspicion généralisée, qui met bien des nerfs à rude épreuve (la pression subie en conduit plus d’un au suicide), et qui brise les solidarités amicales, familiales et professionnelles. Après le premier procès de Moscou en août 1936, c’est l’année 1937 qui marque le vrai lancement de la « Grande Terreur », dont elle deviendra synonyme.
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À court terme, Staline veut fournir à la population des boucs émissaires (souvent des communistes mêmes) aux difficultés du quotidien, en rejetant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Au-delà, il renforce son pouvoir absolu en liquidant la vieille garde bolchevique, qui sait son faible rôle dans la révolution, et en brisant les réseaux clientélistes et les fiefs personnels que se sont taillés les ministres, les membres du Politburo, ou bien, à tous les échelons, les responsables locaux du Parti et les directeurs du Goulag qui, de ce fait, se trouvent abondamment pourvus de main d'œuvre à bas coût. Quand le « clan des voleurs de poules » est épuisé on fixe des quotas que les autorités locales sont chargées de fournir aux camps de travail. Les cadres compétents et les techniciens, qui osent souvent contredire ses objectifs politiques irréalistes, sont aussi particulièrement visés[10]. Enfin, Staline entend éliminer radicalement tous les éléments socialement suspects, et tous les mécontents suscités par sa politique. Alors que les tensions diplomatiques s’accumulent en Europe depuis l’avènement d'Adolf Hitler, et que le déclenchement de la guerre d'Espagne en juillet 1936 fait craindre un conflit général, il s’agit d’éliminer tout ce qui pourrait constituer une « cinquième colonne de l’ennemi » en cas d'invasion[réf. nécessaire].
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Pour lancer et développer cette terreur de masse, Staline bénéficie du soutien indispensable de ses fidèles, mais aussi du zèle indéniable de nombreux responsables locaux, de bien des policiers et bureaucrates enthousiastes, ou de bien des simples citoyens délateurs.
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En 1939, à l’arrêt des « Grandes Purges », Staline a éliminé les dernières sphères d’autonomie dans le Parti et la société, conforté par les élections du 12 décembre 1937[11] et imposé définitivement son « culte » et son pouvoir absolu. Il a, ce faisant, désorganisé gravement le pays et décimé les cadres supérieurs de l'armée, alors même que la guerre approche.
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Staline mit en place un système totalitaire sur lequel il régnait en despote absolu et reposant sur deux piliers : la propagande, mettant en œuvre un véritable culte de la personnalité et la répression, s'appuyant notamment sur le NKVD, police politique toute puissante.
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Si les estimations des victimes entre 1921 et 1954 varient beaucoup, celui de 20 millions de morts a été avancé[12]. Parmi les personnes condamnées pour des crimes contre-révolutionnaires, 600 000 furent condamnés à mort, 2,4 millions emprisonnés ou envoyés dans des camps de travail du Goulag, et 800 000 condamnés à l'expatriation. Le haut encadrement de l'Armée rouge ne fut pas plus épargné (« affaire Toukhatchevsky ») et subit une épuration qui devait affaiblir l'URSS au début de la Seconde Guerre mondiale.
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Tirant des accords de Munich la conclusion que les puissances de l’Ouest, France et Grande-Bretagne, veulent laisser à Hitler les mains libres à l’est, Staline conclut, le 23 août 1939, le Pacte germano-soviétique avec l’Allemagne nazie. Il s’agissait d’un « pacte de non-agression » qui contenait une annexe secrète attribuant l’Est de la Pologne, la Lettonie, l’Estonie, l'Est de la Roumanie et la Finlande à l’Union soviétique, tandis que l’Ouest de la Pologne et de la Roumanie ainsi que la Lituanie étaient attribués au Troisième Reich.
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La Wehrmacht envahit la Pologne le 1er septembre 1939 « évènement déclencheur de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique le 17 ».
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L’Allemagne ayant rejeté les prétentions territoriales de l’URSS, celle-ci tente d’envahir la Finlande le 30 novembre : c’est le début de la guerre d’Hiver. La campagne fut difficile, mais par une paix signée à Moscou le 12 mars 1940, l’URSS obtenait l'annexion de la Carélie, lui permettant d’éloigner la frontière de Léningrad.
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À la suite du déclenchement de la guerre, l’URSS avait été expulsée de la SDN le 14 décembre 1939. Un avenant au pacte cède alors également la Lituanie à l'URSS. Au printemps 1940, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et l’Est de la Roumanie, qui n’ont pas de forces militaires ni d’unité civile pour résister à la pression de Staline, sont annexés par un jeu de manipulations politiques, et quatre nouvelles républiques soviétiques sont créées (celles d'Estonie, Lettonie, Lituanie et Moldavie) tandis que la Biélorussie et l’Ukraine sont agrandies vers l’Ouest des territoires pris à la Pologne.
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L'expression de « Grande Guerre patriotique » désigne la seconde partie de la Seconde Guerre mondiale en Europe, où l'URSS répond à l'attaque allemande du 22 juin 1941 (« opération Barbarossa »), tandis que les pays que l'URSS avait agressés (Finlande et Roumanie, jusque-là aidés par les Alliés) se retrouvent du côté de l'Axe. Par contre, elle ne désigne pas la guerre soviéto-japonaise déclarée le 8 août 1945 pour laquelle le traité de paix n'est toujours pas signé entre la Russie et le Japon, puisque le contentieux relatif aux îles Kouriles bloque la signature d'un tel accord.
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Le 22 juin 1941, l'Allemagne rompit le « pacte de non-agression » et attaqua l'Union soviétique, Staline ayant refusé de réagir aux mises en garde de ses agents et de Churchill qui était renseigné grâce au décryptage du code de la machine Enigma qui chiffrait les communications militaires allemandes[13].
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L'invasion nazie prit l'URSS dans un état de totale impréparation. D'abord débordée et surprise par le choc de l'attaque allemande du 22 juin 1941, l'Armée rouge perd hommes, matériels et laisse la Wehrmacht occuper d'immenses territoires en quelques mois (Pays baltes, Biélorussie, Ukraine). Pour beaucoup la guerre semble gagnée par l'Allemagne au début de l'automne 1941. Certains historiens estiment que les Grandes Purges des années 1936-1938, au cours desquelles 40 000 officiers auraient été emprisonnés ou liquidés, ne sont pas étrangères aux premières difficultés de l'Armée rouge. Les troupes du Reich atteignirent les environs de Moscou en décembre 1941, mais avaient atteint leur extension maximale, des troupes devant aller consolider le flanc sud de l'attaque.
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Pourtant plusieurs facteurs vont stopper net l'offensive allemande et permettre la première contre-offensive soviétique :
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En décembre 1941, les Allemands sont incapables de prendre Moscou et subissent une contre-offensive, Moscou est alors sauvée.
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Certains historiens estiment même que le vrai tournant de la guerre à l'est date de décembre 1941. Cependant, l'armée allemande reste relativement forte, l'Armée rouge n'a pas encore déployé toute sa puissance industrielle. L'enjeu pour Hitler va être alors de terminer au plus vite la guerre à l'est, avant que l'Armée rouge ne puisse définitivement inverser le rapport de force (et que la puissante Amérique, en guerre depuis le 7 décembre 1941, ne vienne en aide matériellement à l'URSS). C'est l'enjeu de la campagne de 1942 avec deux objectifs : conquérir le Caucase et rejoindre Rommel, à la tête de l'Afrika Korps, au Moyen-Orient ; repousser les Soviétiques au-delà de la Volga et prendre Moscou à revers. Les premiers mois de l'offensive semblent favorables au Führer. Pourtant, le plan aboutit à une situation stratégiquement mauvaise pour les Allemands : ils divisent leurs forces en deux groupes (un groupe pour le Caucase et un pour Stalingrad sur la Volga) et, de fait, créent deux groupes militaires incapables, à terme, de remporter leurs objectifs.
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Pendant que le groupe d'armées A s'enlise dans le Caucase, la VIe armée allemande est stoppée à Stalingrad où s'engage une terrible bataille de rues dans une ville en ruine. Les Allemands sont alors encerclés dans la ville par une contre-attaque soviétique fin 1942 qui balaie les troupes alpines italiennes, la quasi-totalité des troupes roumaines engagées et la moitié des troupes hongroises. Un long siège commence pour cette armée qui, coupée du reste de la Wehrmacht, s'effondre peu à peu affamée, frigorifiée, soumise à une pression de plus en plus forte des Soviétiques. Le 30 janvier 1943, le maréchal Paulus se rend, marquant le début d'une contre-offensive soviétique : l'Armée rouge remportait la victoire après avoir perdu un million d'hommes. L'URSS reprit ensuite progressivement l'initiative (à l'exception de la bataille de Koursk en juillet 1943), et commença à regagner du terrain.
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L'URSS supporta l'essentiel de l'effort de guerre sur le théâtre d'opérations européen contre les Allemands et leurs alliés roumains, italiens, finlandais, hongrois, croates, slovaques, français vichystes (LVF, division Charlemagne), espagnols (division Bleue), russes antistaliniens (division Vlassov, 1ère armée russe)... et ce, jusqu'à ce que les Alliés ouvrissent un second front en Europe (deux ans après la demande de Staline) avec le débarquement en Sicile en 1943.
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À la fin de la guerre, on estime qu'environ 20 millions et demi de Soviétiques y avaient perdu la vie, parmi lesquels 12 millions de civils, mais pas nécessairement au front : ce chiffre comprend les nombreux prisonniers de l'opération Barbarossa qui périrent soit dans les camps allemands de malnutrition et maladie, soit au camp du Goulag après leur délivrance (car la reddition étant interdite au soldat soviétique, ils étaient considérés comme coupables de haute trahison)[14]. S'ajoutent à cela des destructions matérielles importantes, ayant provoqué une diminution de 25 % du PIB.
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L'aide des Alliés par Mourmansk dans le cadre du prêt-bail et l'industrialisation à marche forcée contribua à la victoire finale de l'URSS sur le IIIe Reich. Quoique l'Union soviétique eût reçu des fournitures en armes et matériel des États-Unis[15] et de l'Empire britannique, sa production de matériel de guerre était plus importante que celle de l'Allemagne du fait de l'importante augmentation de la production industrielle entre les deux guerres. Durant l'invasion allemande, de nombreuses industries ont été transférées à l'est de l'Oural, ainsi que 10 millions de travailleurs civils. En plus de l'aide matérielle anglo-américaine, notons que des Français (escadrille Normandie-Niémen), Roumains (division Vladimlirescu ou « Horia-Cloșca-Crișan ») ainsi que des Polonais (armée LWP ou Ludowe Wojsko), entre autres, combattaient du côté soviétique.
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En avril 1945, l'Armée rouge pénètre dans Berlin ; le 30 avril, Hitler se suicide ; le 2 mai, le drapeau rouge flotte sur le Reichstag et la capitulation sans condition est signée le 8 mai 1945 (avec le décalage horaire, le jour de la victoire est célébré le 9 mai en URSS). Le 8 août 1945, conformément aux accords de Yalta, l'URSS déclare la guerre à l'empire du Japon et réalise l'invasion de la Mandchourie.
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Plusieurs millions d'Estoniens, Lettons, Lituaniens, Polonais, Roumains, Ukrainiens occidentaux, Géorgiens, Tchétchènes et autres minorités ethniques furent déportés dans les camps de Sibérie, ou dans des zones reculées pour limiter leurs contacts avec l'Ouest.
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Pendant et après la guerre, les négociations entre les Alliés aboutirent à la mise en place de deux zones d'influence, suivant les accords de Yalta et de Potsdam.
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L'Union soviétique mit en place des régimes dits de « démocraties populaires » dans les pays d'Europe centrale et orientale (y compris dans la partie de l'Allemagne sous son contrôle), dans lesquels elle implanta des gouvernements qui lui étaient dévoués. La ligne frontière séparant cet ensemble de pays de l'Europe occidentale alliés aux États-Unis, fut nommée « rideau de fer », qui constitue un des éléments à l'origine de la guerre froide.
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Depuis 1945 et quasiment jusqu'à sa dislocation, l'Union soviétique est opposée aux États-Unis dans la « guerre froide », chacun des protagonistes essayant d'augmenter sa sphère d'influence au détriment de l'autre, et souvent des pays concernés.
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L'URSS avait réuni, dans tout l'Est de l'Europe, un ensemble de pays satellites (République socialiste tchécoslovaque, République démocratique allemande, République populaire de Hongrie, République populaire de Pologne, République populaire de Roumanie, République populaire de Bulgarie, République populaire d'Albanie). Ces pays étaient regroupés au sein du pacte de Varsovie à partir de 1955. Les États-Unis avaient formé, avec l'Europe de l’Ouest et le Canada, l'OTAN en 1949.
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Dès 1943, Staline fonde l'Institut Kourtchatov de recherches nucléaires, suivi de la création entre 1945 et 1948 du complexe nucléaire Maïak, puis de la création en 1946 de l'Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale. L'essor de l'industrie nucléaire soviétique permet ainsi à l'URSS de faire son premier essai nucléaire en 1949.
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Hors d'Europe, l'Union soviétique et les États-Unis s'opposaient, souvent par « mouvements de libération » interposés, dans diverses parties du monde, notamment en Amérique du Sud et en Afrique.
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Après la mort de Staline en mars 1953, Nikita Khrouchtchev devint premier secrétaire du Comité central du Parti tandis que Gueorgui Malenkov devient Premier ministre. Lavrenti Beria, le chef du NKVD, qui pouvait prétendre à la succession est arrêté en juin 1953 et exécuté peu de temps après, en décembre 1953. La nouvelle direction du pays déclara une amnistie pour certaines catégories de prisonniers et relâcha quelque peu le carcan qui enserrait les libertés publiques. Khrouchtchev consolida peu à peu son pouvoir personnel et pendant le 20e congrès du Parti communiste, il prononça, le 25 février 1956, un discours sur « le culte de la personnalité et ses conséquences » au cours duquel il dénonça le culte de la personnalité entretenu par Staline ainsi que la dictature qu'il avait fait subir à l'URSS et les crimes de cette période. L'impact de ce discours fut immense et détruisit la légitimité des staliniens qui lui étaient encore opposés. S'ensuivirent de nouvelles mesures de démocratisation de la vie publique, la libération de dissidents, et la mise en place d'une économie plus favorable aux biens de consommation par rapport aux plans quinquennaux précédents.
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La même année, les troupes soviétiques réprimèrent dans le sang la révolution hongroise : de 25 000 à 50 000 Hongrois et 7 000 soldats de l'Armée soviétique perdirent la vie, tandis que près de 250 000 Hongrois quittaient le pays. Cet événement fut, pour la part de l'opinion occidentale favorable à l'Union soviétique, un premier choc sérieux.
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Khrouchtchev dut encore se défendre en mai 1957 contre les menées de staliniens. Ainsi, la vieille garde stalinienne, constituée de Lazare Kaganovitch, Viatcheslav Molotov, Gueorgui Malenkov et Dmitri Chepilov, tente de démettre de ses fonctions Nikita Khrouchtchev. Avec l'aide du « héros de la Grande Guerre patriotique » et ministre de la défense Gueorgui Joukov, Khrouchtchev parvient à déjouer leur plan en les présentant comme un « groupe anti-parti ». Ils seront tous trois mis au ban de l'URSS, mais, signe des temps, ils ne seront pas éliminés à la suite de procès aux preuves fabriquées, comme il était de mise du temps de Staline. Khrouchtchev devint enfin Premier ministre le 27 mars 1958. Il s'agit là d'un grand tournant dans l'histoire de l'Union soviétique.
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La période de dix ans qui suivit confirma cette nouvelle tendance : le pouvoir politique avait pris le pas sur la coercition pure et simple, le parti reprenant le rôle premier par rapport à la police secrète et à l'armée. Au cours de cette période, également, l'URSS confirma sa place de super-puissance et défiait les États-Unis, souvent sur leur propre terrain. Cuba, pays soutenu par l'URSS, devint le centre de cette opposition lors de la « crise des missiles de Cuba » en octobre 1962.
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En 1957, les Soviétiques envoyèrent dans l'espace le premier satellite artificiel, Spoutnik et le premier être vivant en orbite terrestre , Laïka. En 1961, Youri Gagarine fut le premier homme dans l'espace, et en 1963, Valentina Terechkova la première femme. C'est également durant son mandat que, le 30 octobre 1961, explosa la plus puissante arme jamais développée par l'Homme, la tsar bomba. Sans doute partiellement à cause de l'affaire des missiles et d'une politique trop défavorable à la nomenklatura, Khrouchtchev fut déposé lors d'une réunion du Comité central du Parti le 13 octobre 1964.
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À la suite de la chute de Khrouchtchev en 1964, Léonid Brejnev devient premier secrétaire du Parti, Alexis Kossyguine Premier ministre et Anastase Mikoyan chef de l’État, rapidement remplacé par Nikolaï Podgorny (on parle alors de troïka pour désigner ces trois personnages détenteurs du pouvoir d'État ; mais Brejnev ne tardera pas à concentrer l'essentiel de la réalité du pouvoir pour lui-même).
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Sous Brejnev, le régime soviétique se durcit à nouveau. Le KGB (la police politique), dirigée par Iouri Andropov, retrouve une grande partie du pouvoir dont elle avait joui sous Staline. Cependant, Andropov n'imitera pas les excès répressifs de cette époque.
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Une des crises les plus graves de l'époque de Brejnev fut celle du Printemps de Prague en 1968, lorsque les tentatives de la Tchécoslovaquie de construire un « socialisme à visage humain » sont finalement réprimées par les forces du pacte de Varsovie, sans toutefois tomber dans les excès de la répression de la révolution hongroise. Au niveau économique, le niveau de vie de la population commença à descendre et le manque de productivité dans de nombreux secteurs dont l'agriculture se fit sentir. L'URSS dut entre autres, pour faire face à la faiblesse de la production d'aliments, acheter des millions de tonnes de céréales en Occident en général et aux États-Unis en particulier[16]. Sur le plan international, l'ère Brejnev fut marquée par un certain relâchement de la tension avec les États-Unis, avec notamment la signature de traités de limitation des armes nucléaires (accords sur la démilitarisation de l'espace en 1967, traités SALT I en 1972, SALT II en 1979) et la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe.
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En décembre 1979, Brejnev intervint en Afghanistan pour soutenir le régime communiste en place. Cet événement mit un coup de frein à la détente, provoquant un embargo par les États-Unis, la fourniture d’armements aux moudjahidines et le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou. En mars 1982, Brejnev fit une crise cardiaque qui le diminua considérablement. À partir de ce moment, il ne remplit que partiellement ses fonctions jusqu'à sa mort en novembre de la même année. Deux chefs d'État en mauvaise santé se succédèrent entre novembre 1982 et mars 1985 : Iouri Andropov et Konstantin Tchernenko. Chacun continua d'appliquer la ligne politique de Brejnev, malgré de réels efforts d'Andropov pour combattre le népotisme que son prédécesseur avait organisé ou laissé s'organiser. Toutefois en politique extérieure, les deux successeurs de Brejnev marquèrent quelques points. Andropov mit en échec les États-Unis au Liban qui occupaient le pays du cèdre depuis septembre 1982. De ce fait une aide massive de l'URSS à la Syrie à partir de novembre 1982, entraîna la multiplication des attentats, contre les marines américains et obligea le président Reagan à faire retirer ses marines du Liban en février 1984. Puis sous Tchernenko, l'URSS rendit aux États-Unis la monnaie de leur pièce à leur offense sportive. Ce fut l'annonce en mai 1984 d'une non-participation soviétique aux Jeux olympiques de Los Angeles, faisant ainsi pendant au boycott des JO de Moscou par les États-Unis. À cette initiative soviétique s'ajoutèrent des « contre-jeux » à l'été 1984 dans une dizaine de capitales de pays socialistes qui s'associaient au boycott. Cependant ils subirent un échec retentissant avec l'installation des Pershing en Europe occidentale en novembre 1983 et durent faire face devant la communauté internationale deux mois plus tôt à l'annonce de la destruction par l'un de leurs chasseurs, d'un Boeing sud-coréen — comprenant 269 passagers et membres d'équipage — qui avait fait mystérieusement intrusion pendant plusieurs heures au-dessus de l'espace aérien de l'URSS. Après Iouri Andropov (novembre 1982-février 1984) et Konstantin Tchernenko (février 1984-mars 1985), Mikhaïl Gorbatchev, un jeune et énergique dirigeant de 54 ans, devint premier secrétaire du Parti.
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Constatant la déliquescence du pays et de son économie, Gorbatchev tenta tout d'abord de sortir son pays de l'impasse que devenait la guerre froide. En effet, Ronald Reagan avait lancé un réarmement massif des États-Unis en orientant sa recherche et ses investissements vers des types d'armement à très haute valeur technologique, entraînant ainsi l'URSS, sous peine d'obsolescence, dans une course rapide qu'elle ne pouvait que perdre vu son retard technologique et son économie en grave crise.
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Gorbatchev entama donc une série d'initiatives qui aboutirent à une détente certaine et à la signature d'accords de désarmement. Gorbatchev obtint le prix Nobel de la paix pour ces efforts en 1990. Cette politique aboutit à la chute du mur de Berlin en 1989.
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Se débarrasser de cette contrainte externe n'était cependant pas suffisant, et sans abandonner le dogme central du « socialisme », Gorbatchev lança la glasnost (« publicité des débats », politique d'informations libres) et la perestroïka (« restructuration », nouvelle politique économique et sociale), avec trois principaux objectifs :
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Alors que tous les prisonniers politiques détenus par le gouvernement sont libérés, la glasnost est également marquée par le retour de la liberté d’expression : on voit des humoristes caricaturer Gorbatchev. Il cherche par là une voie intermédiaire entre les « traditionalistes » attachés au régime (la nomenklatura) et les « réformistes », tels Boris Eltsine qui lui reprochent la lenteur des réformes. Pourtant il était trop tard, et Gorbatchev ne réussit pas à corriger les failles qui minaient l’État depuis des décennies. Les problèmes économiques furent mal résolus. La privatisation des grandes entreprises se fit au bénéfice des privilégiés de la nomenklatura et l’inflation se développa : la perestroïka fut un échec.
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Le 26 mars 1989, Gorbatchev créa une nouvelle assemblée législative : le congrès des députés du peuple dont les deux tiers étaient des membres élus au suffrage universel, à bulletin secret, sur candidatures multiples. Les premières élections législatives révélèrent l’échec des candidats de Gorbatchev et l’émergence des réformateurs et des nationalistes. Son gouvernement apparut trop modéré pour des réformateurs, partisans d’une économie libérale, et trop réformateur pour ceux qui souhaitaient un retour au communisme.
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En juin 1990, Boris Eltsine, président du Soviet suprême de la RSFS de Russie, déclara la souveraineté de la Russie et démissionna du Parti. En août 1991, un putsch mené par des membres du gouvernement opposés aux réformes montra à quel point la position de Gorbatchev s'était fragilisée. Le complot échoua en partie grâce à l'intervention de Eltsine, qui confirma de ce fait sa position de chef de file des réformistes. La date du putsch ne fut pas choisie au hasard, car c'est le 20 août que Gorbatchev devait signer un traité instaurant une nouvelle Union, appelée Union des républiques souveraines soviétiques (puis Union des républiques souveraines), réduisant notamment le rôle du KGB et de l’État centralisé, qui avaient tout à y perdre, au profit des républiques[17].
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Au cours de l'automne 1991, tandis que les républiques constituantes de l'URSS proclamaient, l'une après l'autre, leur indépendance sans que Gorbatchev n'eût la possibilité de s'y opposer par la force, le gouvernement russe prit peu à peu l'ascendant, reprenant les fonctions auparavant assurées par l'Union. Ainsi, Gorbatchev tout en étant président de l'Union soviétique perdait rapidement prise. On disait à l'époque que l'Union soviétique se limitait aux murs du Kremlin.
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En novembre 1991, le président russe Eltsine publia un décret qui interdisait les activités du Parti communiste de l'Union soviétique sur le territoire de la fédération de Russie. Le 8 décembre 1991, lors des accords de Minsk, les chefs de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie publièrent une déclaration selon laquelle l'Union soviétique était dissoute et remplacée par la Communauté des États indépendants (CEI), une organisation sans entité juridique forte, qui ne fonctionna pas réellement, malgré un renouveau récent avec de nouvelles organisations partenaires telles que l'OTSC ou la Communauté économique eurasiatique (Eurasec).
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Gorbatchev était encore président, mais sans pays, son pouvoir ne signifiait plus rien. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev remit sa démission en tant que président de l'Union soviétique. Le jour suivant, l'Union soviétique était officiellement dissoute. La fédération de Russie, elle-même constituée de républiques, allait désormais la remplacer, avec quatorze autres républiques indépendantes, mais d'une importance moindre. La Russie hérita du siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies dont jouissait l'URSS.
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Certaines anciennes républiques soviétiques, très affaiblis, avaient prévu de reformer une union. Sur l'initiative de l'Ukraine ou du Kazakhstan, des projets sont nés entre 1994 et 1995 pour recréer l'union[18]. En 1994, le président kazakh Nazarbayev propose la création d'une Union eurasiatique mais le projet reste au point mort[19] jusqu'au milieu des années 2010. L'Union économique eurasiatique voit finalement le jour le 1er janvier 2015[20].
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En 2018, 66 % des Russes se déclarent nostalgiques de l'Union soviétique[21].
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La Communauté des États indépendants (CEI), créée en décembre 1991, est une entité intergouvernementale composée de dix anciennes républiques soviétiques. Conformément à ses instruments constitutifs, les accords de Minsk et d'Alma-Ata, la CEI est dépourvue de personnalité juridique internationale. Pour cette raison, la communauté des anciennes républiques soviétiques n'est pas une organisation internationale. Ses membres sont les suivants : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l'Ouzbékistan, la Russie, le Tadjikistan et le Turkménistan qui dispose du statut d'état associé. La Géorgie quitta la communauté à la suite des événements en Ossétie du Sud de 2008. L'Ukraine met fin à sa participation à la CEI en 2018.
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Au début des années 2000, les réformes de la CEI contribuent à créer l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et la Communauté économique eurasiatique (Eurasec).
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L'Union eurasiatique (ou Union eurasienne) est une organisation supranationale fondée sur le modèle de l'Union européenne et du traité de Maastricht de 1992. Elle est effective depuis le 1er janvier 2015. Englobant une union douanière et économique, elle intègre (en 2020) la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l'Arménie, le Kirghizistan et pourrait s'étendre au Tadjikistan. Proche du projet de l'Union des républiques souveraines imaginé par Gorbatchev en 1991, bon nombre d'observateurs, en particulier les États-Unis, mettent en garde la Russie face à une refondation de l'Union soviétique, sous une nouvelle forme[23].
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L'Union de la Russie et de la Biélorussie est une union politico-économique de type confédéral entre les deux pays slaves (Russie et Biélorussie). La Serbie, l'Abkhazie, et l'Ossétie du Sud y ont un rôle d'observateur. C'est une des unions post-soviétiques les plus avancées.
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Si la Fédération de Russie est le continuateur de l'Union soviétique et que l'indépendance des 14 autres anciennes républiques socialistes soviétiques a été reconnue internationalement, certains États issus de l'ancienne Union soviétique n'ont pas été reconnus par la communauté internationale (ou seulement partiellement). Il s'agit de : l'Abkhazie, la République populaire de Donetsk, le Haut-Karabagh, la République populaire de Lougansk, l'Ossétie du Sud-Alanie et la Transnistrie.
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L'URSS fut officiellement un État fédéral, basé sur le « centralisme démocratique » regroupant quinze républiques soviétiques. Le système politique, très hiérarchisé, reposait en droit sur le « Conseil des ministres » (Sovet ministrov), censé détenir le pouvoir exécutif, et le Parlement (« Soviet suprême », Verkhovny Sovet) censé détenir le pouvoir législatif.
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En pratique, la séparation des pouvoirs n'était pas respectée, car un seul parti politique fut autorisé, le Parti communiste de l'URSS (PCUS), dont le Politburo concentrait tous les pouvoirs et contrôlait l'État, tous les hauts fonctionnaires étant choisis parmi les « activistes » (« permanents ») supérieurs du Parti. L'organisation qui maintenait la cohésion du Parti et son pouvoir absolu sur la société soviétique était la police politique, successivement nommée Tchéka, Guépéou, NKVD et KGB : cette organisation fit la singularité du modèle soviétique, imité dans l'ensemble du pacte de Varsovie, en République populaire de Chine, au Viêt Nam et à Cuba. Le Parti était censé exercer la « dictature du prolétariat » telle que le « marxisme-léninisme » l'avait conçue. En principe, le Parti était ouvert à tout citoyen « qui n'exploite pas le travail des autres, accepte le programme et les règles du Parti, milite dans une organisation du Parti et soutient toutes ses décisions », cependant le processus d'adhésion au parti était long, accompagné de multiples enquêtes, et finalement élitiste, mais exclusivement sur des critères de soumission à la hiérarchie.
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Ainsi, dans les années 1980, 6 % des 265 millions d'habitants étaient membres du PCUS, ce qui était loin de conférer la représentativité du peuple tant affichée. Par contre, celui-ci compta quelque 200 000 fonctionnaires à plein temps, les apparatchiki, les « hommes de l'appareil ». Ce que Voslenski a désigné par le terme populaire soviétique de nomenklatura était composée de ces apparatchiki, des membres de la police politique, des hauts gradés de l'armée, des chefs du Parti et de leur parentèle, l'ensemble formant une nouvelle classe sociale que Jean-François Revel a qualifiée de « bourgeoisie rouge », mais que les trotskistes préfèrent appeler bureaucratie.
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La structure du Parti doublait la structure de l'État : si à chaque niveau il y avait des organes étatiques qui semblaient exercer le pouvoir, ces organes étaient contrôlés par le Parti, et donc par son responsable à chaque niveau, lequel prenait ses ordres de l'échelon supérieur, jusqu'à arriver au secrétaire général du Parti, poste rendu par Staline le plus important de toute l'Union soviétique.
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Au sommet de l'État se situaient donc le « Soviet suprême », avec son organe exécutif, le Præsidium, ainsi que la Cour suprême et le Procureur de l'Union soviétique. Ces trois magistratures étant en principe sous le contrôle des deux chambres législatives. Le Conseil des ministres supervise une quantité de commissions et de services, dont le nombre et les attributions changent à intervalles, mais qui sont des organes plus importants que les ministères des Républiques.
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Au sommet du Parti, le Secrétaire général, dont le titre est modeste mais le pouvoir beaucoup plus grand que celui du Président du Præsidium du Soviet suprême de l'Union soviétique dont le titre est purement honorifique, et plus grand que celui du Président du Conseil des ministres (Premier ministre) de l'URSS. Au-dessous de lui, par ordre d'autorité décroissante viennent le Politburo, le Secrétariat et le Comité central. Au-dessous encore le congrès du PCUS, puis les Comités centraux, les Secrétariats et les Conférences provinciales représentent l'échelon suivant. Un degré plus bas viennent les Comités, Secrétariats et Conférences de district. Enfin, constituant la base de la pyramide, les secrétariats, bureaux et cellules locales.
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Le Parti déterminait la politique à suivre que l'État devait exécuter. La tâche des fonctionnaires du gouvernement consistait à mettre en application les décisions du Parti, c'est-à-dire du Politburo et du Comité central. Cette méthode avait un avantage : contrairement à ce qui se passa en Occident, ceux qui font la politique sont ainsi déchargés des besognes de routine. Staline a été le premier chef soviétique à cumuler les titres du Premier secrétaire du Parti et celui du président du Conseil des ministres de l'URSS. Khrouchtchev, qui lui a succédé a lui aussi cumulé les deux fonctions pendant une partie de son mandat de Secrétaire général. Quant à Brejnev, il fut en même temps Premier secrétaire (depuis 1966, secrétaire général) du Parti et président du « Soviet suprême » de l'URSS (de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982). En 1990, Gorbatchev sera le premier et dernier dirigeant soviétique à prendre le poste de président de l'Union soviétique.
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À la veille de la révolution russe, l'économie de l'Empire russe était « archaïque »[24]. La valeur de la production industrielle en 1913 représentait moins de la moitié de celle de la France, un sixième de celle de l'Allemagne, ou un quatorzième de celle des États-Unis[25]. Le rendement agricole était médiocre, la pénurie de transport paralysait toute tentative de modernisation économique[26]. Le PIB par habitant était inférieur à celui de la Hongrie ou de l'Espagne de l'époque, et environ un quart de celui des États-Unis[N 9]. Surtout, le pays était dominé par les capitaux étrangers qui possédaient un tiers des actions en Russie.
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Au XXe siècle, l'URSS devient une puissance économique majeure. De 1928 à 1991, le développement économique est guidé par une série de plans quinquennaux. L’URSS devient une des trois premières productrices d'un grand nombre de produits industriels, mais reste en retard dans l'industrie légère, les biens de consommation et l'agriculture.
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Le transport en URSS, confronté au double défi de la distance et du climat extrême, est marqué par le choix de privilégier le transport collectif (chemin de fer (en), métro de Moscou, etc.) plutôt que la voiture particulière. Il comporte quelques points forts comme les avions-cargos Antonov.
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L'économie soviétique est gérée par le Gosplan (« Commission de Planification d'État »), la Gosbank (« Banque d'État ») et le Gossnab (« Commission d'État pour la fourniture en matériaux et équipements »), au moyen d'indicateurs comme le produit matériel net.
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L'économie soviétique est basée sur la propriété d’État, mais il existe quelques autres formes juridiques de propriété dites « collectives » telles que le kolkhoze (« ferme collective ») et la coopérative.
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L'entre-deux-guerres et l'après guerre sont des périodes de croissance économique importante que certains attribuent, pour une bonne part, au mariage de la planification et du travail forcé.
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Entre 1913 et 1989, le revenu par habitant est multiplié en Russie par 4,6, contre 3,3 en Grande-Bretagne, 3,8 aux États-Unis, 5,1 en France ou 5,4 en Allemagne[27].
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Lorsque la croissance économique se ralentit vers les années 1960, cela est considéré comme un phénomène provisoire. Les responsables de la planification sont incapables de prévoir certains problèmes économiques, et le concept même d'économie planifiée semble difficile à mettre en œuvre dans le cadre d'une économie mondiale capitaliste et changeante, surtout que sur le plan interne, l'administration de la planification étant paralysée par la bureaucratie, et que la nomenklatura semble parfois être plus attachée à ses privilèges qu'au service de l’État[Selon qui ?].
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De plus, la production militaire d'armement représente une part très importante de l'industrie, freinant la production de biens de consommation. Le maréchal Nikolaï Ogarkov publie, à partir de 1979, une série d'articles, dans la presse officielle, expliquant de façon alarmiste que les Américains avaient une et même deux générations d'avance en électronique et en informatique, et sans possibilité de les rattraper. Dans les années 1980, l'URSS commence pourtant à développer le secteur de la micro-informatique et des technologies (ordinateurs de la série DVK (ru) et Elektronika 60).
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Le taux d’activité des femmes s’élève à 84 % en 1989, soit l’un des plus élevés au monde[28].
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Le bilan économique en 1992 (un an après l'éclatement de l'URSS) fait état d'une inflation de 2520 % à la suite de la déréglementation de la plupart des prix alors fixés par l'administration[29]. D'après la Banque mondiale, les inégalités telles que mesurées par le coefficient de Gini double après l’éclatement de l'URSS : situé à 0,24 en 1988, il monte à 0,48 en 1993[28].
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Il est capital de garder à l'esprit, toutefois, que les statistiques de l'époque soviétiques sont très peu fiables[30],[31].
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Le gouvernement de l'URSS a entravé la formation d'une conscience écologique en interdisant les partis et les associations jusque dans les années 1980[32]. Dans les dernières années du régime stalinien, le nombre de réserves naturelles et parcs nationaux fut fortement réduit[33]. Le productivisme entraîna l'érosion et l'épuisement de nombreuses terres arables[33]. Le développement d'une industrie lourde et l'exploitation intensive et extensive des ressources naturelles ont laissé derrière eux une situation préoccupante, dont souffre encore l'actuelle Russie et les anciennes Républiques soviétiques : déforestation, régions affectées par des pluies acides, dégradation des sols, accumulation de déchets industriels, désertification, contamination radioactive (à la suite des essais nucléaires et de la catastrophe de Tchernobyl[34] survenue en 1986), pollution des lacs (le lac Baïkal a été notamment fragilisé par la construction des chemins de fer Magistrale Baïkal-Amour dans les années 1970-1980).
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L'irrigation intensive (pour supporter l'agriculture intensive, notamment du coton) et la construction de barrages hydro-électriques est notamment responsable de l'assèchement de la mer d'Aral en Asie centrale soviétique.
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La culture de l'Union soviétique, est passée, au cours des 69 années d'existence de l'Union soviétique, par plusieurs étapes. Des personnes de diverses nationalités en provenance des quinze républiques y ont contribué, bien que la majorité d'entre eux fussent des Russes. L'État soviétique a aidé les institutions culturelles, mais a effectué également une censure stricte.
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Le bilan militaire était florissant :
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Le complexe militaro-industriel soviétique représentait entre 1985 et 1990 :
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L'industrie de défense proprement dite absorbait durant les années 1970/1980 20 % du revenu national, 8 % du PIB et 47 % des dépenses publiques pour les besoins de l'Armée soviétique.
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La production d’armes soviétiques était la plus importante du monde. En 1981 : 2 500 chars, 3 500 canons, 1 700 avions de combat, 750 hélicoptères, 9 sous-marins, 475 missiles balistiques (IRBM, ICBM).
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Après la chute de l'URSS en 1991, ce sont les Forces armées de la fédération de Russie qui héritèrent de la quasi-totalité de l'équipement militaire soviétique en particulier l'arsenal nucléaire et les différentes flottes.
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La révolution de Février avait permis l'obtention de nouveaux droits par les femmes. Le 20 juillet 1917, le droit de vote des femmes était officiellement garanti[35].
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Les bolcheviks maintiennent ensuite cette volonté d'égalité entre femmes et hommes, que l'on peut retrouver dans la Constitution de 1918 (puis, en théorie, celle de 1936 et celle de 1977 : « La femme et l'homme jouissent en U.R.S.S. de droits égaux. L'exercice de ces droits est garanti par l'octroi aux femmes de possibilités égales à celles des hommes d'accéder à l'instruction et à la formation professionnelle, de travailler, d'être rémunérées en conséquence… Il est garanti également par la création de conditions permettant aux femmes d'associer travail et maternité… » (art. 35 de la Constitution de 1977)[36]).
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L'URSS se présentait donc initialement comme un État particulièrement en avance en matière d'égalité homme-femme, notamment grâce aux actions de la Commissaire du peuple Alexandra Kollontaï ou aux initiatives d'Inès Armand. Les femmes obtiennent en 1917 droit de vote et d'être élues, le droit au divorce par consentement mutuel, l'accès à l'éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920 – il est limité en 1936 par Staline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Par ailleurs dans la vie professionnelle, très majoritairement actives les femmes bénéficiaient avec les hommes du principe à travail égal-salaire égal.
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L'URSS, par sa grandeur et donc par la variété ses régions, était un État largement multi-ethnique. Le groupe ethnique (en russe : национальность, souvent traduit par nationalité) était indiqué sur certains documents, à certaines époques. Quinze grands groupes ethniques (dont le Russe) étaient représentés chacun par une république. Quatorze disposaient du droit à l'apprentissage d'une première langue locale mais devaient, comme seconde langue, apprendre le russe.
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Groupes ethniques d'Union soviétique en 1941.
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Nombre et pourcentage des Ukrainiens dans la population des régions de la RSFSR (recensement de 1926).
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Nombre et pourcentage des Ukrainiens dans la population des régions de la RSFSR (recensement de 1979).
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La population soviétique a d'abord baissé aux débuts de son existence à la suite de la Première Guerre mondiale (front de l'Est), à la révolution russe et à la guerre civile russe qui a suivi, stagnant autour de 150 millions d'habitants.
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Les années 1930 furent également difficiles. Malgré les famines soviétiques de 1931-1933 ayant causé la mort de six millions de personnes, les Grandes Purges dirigées par Staline, ainsi que les victimes des goulags (chiffrées à 963 866 selon les archives soviétiques), la population était de plus de 194 millions à la veille de la Seconde Guerre mondiale (front de l'Est).
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Lors de l'après-guerre, la population a connu une diminution importante de la mortalité, qui s'est toutefois interrompue dès les années 1970. Cette diminution a permis de rattraper rapidement les déficits de naissances à la suite de la guerre, faisant passer la population de 180 millions en 1950 à 215 millions en 1960 et à plus de 240 millions en 1970.
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Son augmentation continua, surtout dans les républiques musulmanes d'Asie centrale où le taux de natalité était plus élevé que dans la vieille Europe, pour atteindre, en 1989, 286 millions d'habitants. Vers la fin de la période, il existe en outre une différence notable entre une population russe et ukrainienne à croissance faible, et des peuples « allogènes » (principalement turcophones) à forte natalité.
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L’Union soviétique a pour codes :
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30 décembre 1922 – 25 décembre 1991(68 ans, 11 mois et 26 jours)
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L’Union des républiques socialistes soviétiques[1], par abréviation URSS[N 3] ou en abrégé Union soviétique (en russe : Союз Советских Социалистических Республик, СССР écouter ; transcription : Soïouz Sovietskikh Sotsialistitcheskikh Riespoublik, SSSR ; litt. « Union des républiques socialistes des conseils »), était un État fédéral transcontinental à régime communiste. Cette fédération a existé du 30 décembre 1922 jusqu'à sa dissolution le 26 décembre 1991. La fédération de Russie est l'état continuateur de l'Union soviétique.
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Plus vaste État du monde, l'URSS occupait un sixième des terres émergées et s'étendait sur onze fuseaux horaires, de la mer Baltique et de la mer Noire à l'océan Pacifique, c'est-à-dire toute la partie nord-est de l'Eurasie. Elle reprenait à peu près le territoire de l'ancien Empire russe (à l'exception notable de la majeure partie de la Pologne et de la Finlande, indépendantes depuis la guerre civile russe de 1918 à 1921) et s'était augmentée des gains territoriaux de la période stalinienne en Europe orientale et en Asie de l'Est entre 1939 et 1945.
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Le territoire de l'URSS varia donc dans le temps, surtout avant et à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Le pays était composé, avant sa dissolution, de quinze républiques fédérées, ainsi que d'un certain nombre de républiques et régions autonomes.
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La formation de l'URSS fut l'une des conséquences de la révolution russe de 1917. Après la révolution de Février (1917), qui avait mis fin au règne de l'empereur Nicolas II, la révolution d'Octobre qui renversa la République russe le 7 novembre 1917 permit la prise du pouvoir par les bolcheviks[N 4], qui étaient fédéralistes. L'un des moteurs de la création de l'URSS fut la volonté de Lénine d'appliquer sa doctrine fédéraliste en transformant la Russie unitaire en une union de républiques formées selon le principe de la répartition ethnique et jouissant d'un certain degré d'autonomie culturelle locale. Sa conception s'opposait initialement à celle du nationalisme soviétique de Joseph Staline, qui voulait créer une seule République socialiste fédérative soviétique de Russie. Toutefois, Staline revint ultérieurement sur ses positions et, dans les années 1925 – 1939, procéda lui-même à la création de plusieurs républiques fédérées (dans le Caucase, en Carélie et en Asie centrale)[2].
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L'organisation politique de l'URSS était définie par un parti unique, le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) et tout particulièrement, par son bureau exécutif, le Politburo. Tout autre pouvoir (législatif, exécutif ou judiciaire), ainsi que la presse et la société civile dans son ensemble, étaient directement soumis aux oukases de l'appareil du PCUS.
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L'Union soviétique se fragmenta dans le courant de l'année 1991 sous l'effet conjugué de plusieurs facteurs, qui avaient été analysés dès 1970 par Andreï Amalrik[3] :
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Pour enrayer ce processus, un programme de réformes fut engagé en mars 1985 par le secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique puis premier (et dernier) président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, sur le double thème de la perestroïka (« restructuration ») et de la glasnost (« transparence »), mais en fait, au lieu d'enrayer le délitement, ce programme eut l'effet d'un catalyseur pour toutes les forces centrifuges, car la majorité des citoyens, et même des dirigeants, ne croyait déjà plus en la capacité de régénération du régime[5].
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L'URSS était parfois, dans le langage courant, désignée sous le nom de Russie ou de Russie soviétique. Cette appellation, impropre mais fréquente, l'assimilait à la République socialiste fédérative soviétique de Russie, qui était, de loin, la plus importante des républiques soviétiques, tant du point de vue de sa surface, de sa population, que de sa puissance politique et culturelle (le russe étant la langue de communication de toute l'Union), ainsi que la composante d'origine de la fédération sur le plan chronologique et de la diffusion de la population russe dans toute l'Union. L'ex-RSFS de Russie, devenue fédération de Russie le 26 décembre 1991, est l'état continuateur de l'URSS et a, à ce titre, notamment hérité de son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et de ses dettes (qu'elle a fini de payer en 2017)[6].
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Le mot « soviet » est la transcription du mot russe совет, qui signifie « conseil », aussi bien au sens de l'avis donné à quelqu'un que d'une assemblée de personnes.
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Un certain nombre d'organisations dans l'histoire russe ont été dénommées « Conseil » (Совет), comme par exemple dans l'Empire russe le Conseil d'État, qui fonctionna de 1810 à 1917 et qui devint le Conseil des ministres après la révolte de 1905.
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Pendant l'Affaire géorgienne, Lénine a envisagé une expression du chauvinisme ethnique russe par Joseph Staline et ses partisans[pas clair], appelant ces États-nations à rejoindre la Russie en tant que parties semi-indépendantes d'une union plus grande, qu'il a d'abord nommée l’Union des Républiques soviétiques d'Europe et d'Asie (en russe : Союз Советских Республик Европы и Азии, Soïouz Sovietskikh Riespoublik Evropy i Azii). Staline a initialement résisté à la proposition, mais finalement l'a acceptée, bien que — avec l'accord de Lénine — il ait changé le nom de l'État nouvellement proposé en l’Union des républiques socialistes soviétiques, bien que toutes les républiques aient commencé comme « soviétique socialiste », avec l'ordre inversé, jusqu'en 1936. En outre, dans les langues nationales de plusieurs républiques, le mot signifiant « des conseils » (au sens « *de les conseils ») ne fut modifié que tardivement en une adaptation du « Soviet » russe - et jamais dans d'autres, par exemple l’Ukraine.[réf. nécessaire]
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Les noms de l'Union soviétique sont les suivants dans plusieurs langues de ses quinze républiques constitutives :
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Dans certains cas, en raison de la longueur de son nom, l'État est appelé « Union soviétique » ou « URSS », surtout lorsqu'il est utilisé dans les médias occidentaux. Il est également appelé de manière informelle « Russie » (et ses citoyens « Russes »), bien que ce soit techniquement incorrect puisque la Russie n'en était qu'une des républiques constitutives.
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Durant son existence, l'URSS était le pays le plus étendu du monde (22 402 200 km2). C'était également l'un des pays les plus variés, avec plus de cent « nationalités » (ethnies) recensées sur son territoire, une soixantaine de langues et cinq religions. La population totale était estimée à 288 millions en 1990 (dite peuple soviétique). Aujourd'hui la Russie — ayant succédé à l'URSS — demeure toujours le pays le plus étendu du monde et reste un pays très divers, administrant des centaines de minorités, y compris musulmanes telles que les Tatars, et bien d'autres ethnies non russes. Elle a conservé, à une seule exception près[N 5], les frontières de jure de la République socialiste fédérative soviétique de Russie telles qu'elles étaient en 1945. Toutefois, des territoires contrôlés de facto s'y sont ajoutés depuis 1991[N 6].
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Entre 1917 et 1940, plusieurs républiques soviétiques se sont constituées, certaines avant la fondation de jure de l'URSS, d'autre après sa fondation.
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Entre 1941 et 1954, le territoire de l'Union soviétique varie entre pertes, dues aux conquêtes allemandes, et gains.
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Entre 1954 et 1991, l'Union soviétique était composée de quinze républiques socialistes soviétiques (RSS) :
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Chaque république fédérée était, à son tour, divisée en régions (oblast), à l'exception des RSS de Lettonie, de Lituanie, d'Estonie, de Moldavie et d'Arménie qui avaient une structure unitaire. La RSFS de Russie disposait, en plus, de « pays » (kraï) qui étaient divisés en régions autonomes, ainsi que d'arrondissements autonomes faisant partie des oblasts et de kraïs. Certaines républiques fédérées (Russie, Géorgie, Azerbaïdjan, Ouzbékistan et Tadjikistan) avaient aussi dans leur structure des républiques autonomes, à certains degrés d'auto-gouvernance.
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(Selon les chiffres officiels)[réf. souhaitée].
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Dès le XIXe siècle, la Russie tsariste connaît une agitation révolutionnaire qui s'aggrave après une révolution réprimée en 1905 et la défaite russe lors de la guerre russo-japonaise. Le mécontentement populaire culmine début 1917 à la suite des pénuries causées par la Première Guerre mondiale et aboutit à la chute du gouvernement impérial et à l'abdication de Nicolas II en mars 1917 lors de la révolution de Février.
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Le nouveau gouvernement de coalition démocrate prolonge l'engagement russe dans la guerre et peine à engager des réformes, entravé par des différends internes. Aussi à l'été 1917, un vaste soulèvement paysan spontané procède de lui-même au partage des terres, tandis que le gouvernement Kerenski perd ses appuis dans la population et la classe ouvrière, et que les forces de réaction, autour du général Kornilov, tentent vainement un coup d'État (« affaire Kornilov »). L'État perd progressivement son autorité sur le pays et l'armée se décompose.
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Le Parti bolchevique, parti révolutionnaire marxiste mené par Lénine, devient progressivement majoritaire dans les conseils politiques ouvriers et paysans dits « Soviets ». Le 25 octobre (selon l'ancien calendrier julien) ou le 7 novembre 1917, il renverse le gouvernement provisoire lors d'une révolution dite « révolution d'Octobre ». Le slogan de la révolution qui emporte l'adhésion des masses populaires est simple et percutant : « Usines aux ouvriers, terres aux paysans, paix aux peuples ! », ce qui signifie nationalisations et armistice.
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Ainsi, la jeune république bolchevique décide de se sortir de la Première Guerre mondiale en concluant une paix séparée avec l'Empire allemand. Un armistice signé en décembre 1917 aboutit au traité de Brest-Litovsk en mars 1918 qui consacre, en pratique, la défaite de la Russie qui cède au vainqueur la majeure partie de l'Ukraine, la Biélorussie, les pays baltes et la Pologne — la majorité des territoires cédés est en fait récupérée plus tard, après la défaite allemande de novembre 1918, sauf les pays baltes et la Pologne. La Russie y perd 3,6 % de son territoire et 26 % de sa population. Elle perd aussi 32 % de sa production agricole, 23 % de sa production industrielle et 75 % de ses réserves de charbon.
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Par ailleurs, la propriété privée industrielle est supprimée, les usines et les banques nationalisées. À la place, une propriété d'État est instaurée sur la quasi-totalité des moyens de production, sauf agricoles. Le marché libre disparaît et l'État acquiert le monopole du commerce intérieur et extérieur. Cette tendance au capitalisme d'État est néanmoins critiquée par des communistes comme Nikolaï Ossinski.
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Lénine annule également les engagements russes sur les emprunts obligataires qui — dans le but d’industrialiser le pays, développer les voies ferrées et financer la guerre — avaient été contractés par le gouvernement tsariste.
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La jeune RSFS de Russie créée par la Constitution de 1918 fonctionne selon un principe fédéral, dont le principe de gouvernance est le centralisme démocratique. Le pouvoir législatif est théoriquement exercé par le « congrès panrusse des Soviets », lequel mandate le « Comité exécutif central panrusse », tant en matière législative qu'exécutive. Il appartient ainsi au Comité exécutif de contrôler le « Conseil des commissaires du peuple », lequel, avec Lénine à sa tête, a la charge de gouverner la RSFS de Russie. Cette apparence de démocratie ne survit pas à une analyse plus poussée : noyauté et contrôlé totalement par les bolcheviks, le congrès des Soviets, son Comité exécutif et donc le Conseil des commissaires du peuple, sont aux mains de Lénine et de ses camarades, et en particulier du Politburo du PCUS.
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Ensuite, le pouvoir d'État devient bien plus strict en raison de la guerre civile, combinée à l'intervention ouverte des États occidentaux, qui fait rage jusqu'en 1921.
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Pour faire face aux problèmes posés par la guerre civile russe et l'offensive militaire de pays étrangers (Allemagne, Angleterre, France, Japon, États-Unis), et afin d'assurer l'approvisionnement des villes et de l'armée, Lénine décrète le « communisme de guerre », dont les mesures essentielles sont :
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Les éléments fondateurs du régime, sous l'appellation de « dictature du prolétariat »[N 7], se mettent aussi en place à cette époque :
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Grâce au « communisme de guerre », Lénine et le Parti bolchevik parviennent à se maintenir au pouvoir. Ils sortent vainqueurs de la guerre civile, et le danger d'une restauration monarchique est écarté dès 1919-1920 à la suite de la défaite des « armées blanches ». Mais ils doivent ensuite faire face à l'armée anarchiste de Makhno (Makhnovchtchina) qui tient le Sud de l'Ukraine, et se confronter en 1921-1922 aux « armées vertes » créées par les paysans en révolte à la fois contre les Blancs et les bolcheviks.
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Le 18 mars 1921, l'Armée rouge réprime dans le sang la révolte de Kronstadt, dont les marins avaient exigé le retour au « pouvoir des soviets » et la fin du monopole bolchevique.
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Sur le plan territorial, la Russie bolchevique perd les pays baltes, la Finlande et la Pologne, devenus indépendants, et doit concéder un important recul de ses frontières après sa défaite dans la guerre russo-polonaise. Mais elle conserve l'Ukraine après des luttes confuses, et entre 1920 et 1922, elle envahit la Géorgie, l'Arménie et l'Asie centrale, réintégrées de force dans l'ancien Empire russe.
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La guerre civile, l'embargo total décrété par les puissances occidentales sur la Russie soviétique et la politique d’expropriation de biens des paysans afin de nourrir les soldats de l'Armée rouge conduisent à une grande famine provoquant la mort de millions de Russes, surtout le long de la Volga en 1922.
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L'Union des républiques socialistes soviétiques naquit le 30 décembre 1922, date de la signature du traité d'union (en) (à la suite d'une déclaration préalable) entre la RSFS de Russie, la RSFS de Transcaucasie, la RSS d'Ukraine et la RSS de Biélorussie. Ce traité est ratifié le 30 décembre 1922 par le premier congrès des Soviets d'URSS.
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Cette nouvelle entité n'est pas aussi grande que celle de la guerre froide, elle a ainsi perdu de nombreux territoires, tels que l'Ouest de l'Ukraine actuelle, les pays baltes ou bien la Carélie à la suite des guerres qui l'ont secouée. C'est néanmoins le plus grand état du monde et il devra attendre avant d'être reconnu internationalement.
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Une constitution fut rédigée en 1923 ; l'union regroupa plusieurs républiques fédérés dont les frontières furent constituées selon une répartition démographique correspondant à un peuple dans sa définition soviétique. L'URSS fut donc un État fédéral dans lequel chaque république fut égale en droits. Dans les faits, le PCUS (et au début le RSDRP) et la Tchéka surveillent étroitement ces républiques dont les premiers secrétaires du Parti furent désignés par Moscou.
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Le PCUS devint rapidement le seul parti du pays. Le pays fut théoriquement gouverné par des « Soviets » élus démocratiquement au niveau régional et local. Néanmoins, en pratique, chaque niveau de gouvernement était dirigé par la branche correspondante du Parti.
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Après la guerre civile (1921), le pays se trouve dans une situation humanitaire et économique désastreuse. La famine sévit (cinq millions de morts), notamment sur la Volga, et les paysans se soulèvent sporadiquement contre les réquisitions. Ce mécontentement prend une ampleur inquiétante en mars 1921 avec la révolte de Kronstadt, ville pionnière de la révolution, abritant l'amirauté et les forces navales de la mer Baltique défendant Saint-Pétersbourg. Conscient que la répression, aussi dure soit-elle, ne suffit pas à enrayer le mouvement, Lénine décida alors d'assouplir la politique du régime, et met en œuvre la « Nouvelle politique économique » (NEP), libéralisation économique donnant droit à une propriété privée limitée, notamment aux agriculteurs. Les réquisitions sont ainsi remplacées par un impôt en nature peu élevé.
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Pour expliquer le passage à la NEP, Lénine déclare que « nous ne sommes pas assez civilisés pour pouvoir passer directement au socialisme, encore que nous en ayons les prémices politiques »[8], se référant au fait que la Russie était encore une société essentiellement agraire avec une base industrielle encore faible et ne correspondait donc pas aux critères permettant le socialisme tel que défini par Karl Marx. La NEP devait également rassurer les pays occidentaux capitalistes.
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La NEP atteint les résultats escomptés en permettant à l'économie de se relever des conséquences désastreuses de la guerre. La famine rampante disparaît virtuellement et la classe paysanne s'enrichit. Les paysans aisés sont appelés koulaks ; dans les agglomérations, les nepmen constituent une bourgeoisie riche.
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Bien que présentée comme une mesure provisoire, la NEP fut extrêmement critiquée par une frange importante du Parti bolchevique. De nombreux membres voyaient la NEP comme une trahison aux principes socialistes et voulaient un retour au plus vite à une économie intégralement planifiée. Il semble qu'à sa mort Lénine considérait que la NEP devrait être maintenue, tout du moins n'a-t-il jamais fixé, ni même évoqué, la date de son arrêt. Ainsi, à l'approche de sa succession, les oppositions au sein du Politburo se cristallisèrent autour de la NEP.
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Dès 1922, la santé de Lénine décline à la suite d'attaques cérébrales, conséquences d'un attentat dont il fut victime en 1918. La lutte pour sa succession aboutira à l'accession au pouvoir suprême de Joseph Staline, ayant appartenu au premier cercle d'adhérents au Parti (entrée en 1904), bien que Lénine ne l'appréciait plus beaucoup, déclarant même dans son testament (janvier 1923) qu'il fallait démettre de ses fonctions cet homme « trop brutal, et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général ».
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L'ascension de Staline débute avec sa nomination au poste-tremplin de secrétaire général du Parti le 3 avril 1922, fonction conciliatrice obtenue grâce à son effacement (peu de prises de position), ses relations de longue date, son dévouement, et sa loyauté à l'appareil du Parti. Face à lui, il rencontre rapidement l'opposition de Léon Trotski, fondateur de l'Armée rouge, ayant acquis dès 1902 l'estime de Lénine mais aussi adhérent tardif au Parti bolchevique (1917) ayant été proche des mencheviks. Alors que Trotski n'avait parfois pas hésité à s'opposer à Lénine sur certains points dans le cadre des congrès du parti, Staline se présente comme un loyal serviteur du grand révolutionnaire ne l'ayant jamais contredit.
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Pour évincer Trotski du gouvernement, Staline s'associe dès 1923, du vivant de Lénine, à Lev Kamenev, ayant lui aussi adhéré en 1905, et à Grigori Zinoviev, haut dirigeant du Komintern, ami intime de Lénine depuis 1905 convaincu d'être son légitime successeur et ayant lui aussi proposé un temps l'alliance avec les mencheviks.
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En 1926, deux ans après la mort de Lénine, Zinoviev et Kamenev décident de rompre avec Staline pour se rapprocher de Trotski avec lequel ils partagent une doctrine commune : exportation de la révolution d'essence mondiale et abandon de la NEP. Cette troïka des purs forme l'Opposition de gauche à Staline, qui réagit tactiquement en se rapprochant — sans conviction profonde — de l'opposition de droite favorable à la NEP et à une réalisation du socialisme d'abord sur le sol russe puis à l'extérieur (Nikolaï Boukharine, Alexeï Rykov et Mikhaïl Tomski).
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Il s'appuie sur cette aile droite pour exclure du Parti en 1927 ses trois grands opposants de l'aile gauche. Le 17 novembre 1928, une fois assuré que les partisans de l'Opposition de gauche ont été réduits au silence (par l'exclusion, la force, l'emprisonnement, l'exil), il se retourne contre Boukharine, Rykov, et Tomski qu'il exclut du Politburo et démet de leurs fonctions respectives de président du Komintern, chef du gouvernement, et dirigeant du Profintern.
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Staline, seul maître à bord, n'hésite pas dès lors à adopter la mesure-phare prônée par l'ancienne opposition de gauche devenue impuissante : l'abandon de la NEP. Cette réorientation s'accompagne d'une relégitimation de façade. Ainsi, en 1928, Kamenev est rétabli, il en va de même pour Zinoviev en 1929, mais Trotski, toujours populaire, est expulsé la même année. Kamenev et Zinoviev furent finalement jugés et exécutés le 5 août 1936, Boukharine et Rykov en mars 1938, et Trotski assassiné le 21 août 1940 dans son exil au Mexique.
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Après avoir réussi à éliminer politiquement, puis physiquement, toute opposition au sein du parti, Staline devint le dirigeant suprême de l'Union soviétique de 1927 à sa mort, en mars 1953. Du point de vue politique, ce fut une période de dictature totalitaire, bien que ce qualificatif de « totalitaire » eût pu être contesté, par exemple par l'historien Eric Hobsbawm dans son étude du « court vingtième siècle »[9].
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Il s'agissait de prévoir les activités économiques selon des plans quinquennaux et qui fixaient les objectifs obligatoires de production. Ces plans quinquennaux donnaient la priorité aux industries lourdes en laissant de côté les industries de consommation. En URSS, il y eut au total dix plans quinquennaux allant du Ier Plan (1928-1932) jusqu'au Xe Plan (1976-1980).
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Il s'agit d'un plan typique de l'Union soviétique mais certains plans ressemblent à celui-ci comme le Commissariat général du Plan (en France) ou même le « Grand Bond en avant » (mis en place par la République populaire de Chine).
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Staline ne forgea pas immédiatement sa doctrine au sujet de la NEP. Sans doute est-il exact de dire que ses changements d'opinion tenaient plus de la tactique politique que de la doctrine, ce qui lui permit de se débarrasser des uns et des autres. La « richesse » des nepmen et des koulaks l'amena à les considérer comme une nouvelle classe capitaliste rendue responsable de l'augmentation du chômage et de l'inflation.
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Staline finit par se forger une doctrine qui excluait l'économie de marché tout en se concentrant sur le développement économique et industriel du pays. Ce qui conduit à l'autarcie par rapport à l'économie capitaliste externe et au recours massif au travail extensif (stakhanovisme) et même gratuit (des prisonniers dans les camps correctionnels de travail) pour réaliser les investissements colossaux qui sont nécessaires (plans quinquennaux).
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En 1929, Staline décide de supprimer la propriété privée dans les campagnes : le bétail, les outils, les terres doivent être mis en commun. Les moyens de production agricoles sont regroupés dans les kolkhozes ou dans des sovkhozes.
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Cette collectivisation forcée provoque des résistances : plutôt que donner leurs troupeaux, les paysans les abattent pour les consommer immédiatement. Face à ces émeutes, Staline accorde à chaque kolkhozien un lopin de terre.
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Les koulaks doivent être éliminés en tant que classe. Entre 1929 et 1935, plus de deux millions de paysans sont déportés et plusieurs millions meurent de faim, surtout en Ukraine et dans le Sud de la Russie (voir : Holodomor). Leurs biens sont confisqués. Cette famine organisée, lors de laquelle non seulement les récoltes, mais tout produit alimentaire étaient volés aux paysans, est considéré par de nombreux pays dans le monde, dont le Canada, comme un génocide ou comme un ethnocide. Le système du passeport intérieur, destiné à contrôler les déplacements et qui n'était pas accordé aux paysans, a été mis en place en Ukraine avant 1929. Après 1935, le premier recensement en Ukraine a montré une baisse démographique si importante qu'aucun recensement n'a plus été mené pendant 30 ans.
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La Russie du début du XXe siècle était une puissance économique nouvelle et en essor, mais encore très rurale et agricole. Staline voulait développer l'industrie lourde et faire de l'URSS une puissance économique majeure : lire Histoire de l'URSS sous Staline#Planification et industrialisation.
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Les moyens utilisés sont ceux d'une économie planifiée et centralisée et d'une organisation politique totalitaire :
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Selon certaines estimations, 127 000 travailleurs payèrent de leur vie la mise en place du premier plan quinquennal (de 1928 à 1932). Par ailleurs, l'allocation prioritaire des ressources à l'industrie, les exportations forcées de céréales pour financer des importations de biens d'équipement, combinées à la diminution de la productivité agricole provoquèrent de nouvelles famines : la famine de 1931-1933 cause près de six millions de morts. Le plan quinquennal fut cependant bouclé officiellement en quatre ans. De 1928 à 1932, la production de charbon avait doublé, celle de l'acier avait triplé.
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En dix ans, l'URSS a accompli un bond remarquable du point de vue industrialisation au détriment de la production de biens de consommation et au prix d'une forte baisse du niveau de vie de la population. À la suite du second plan quinquennal, la production d'acier a grimpé à 18 millions de tonnes, celle de charbon à 128 millions de tonnes. Avant son interruption par la guerre, le troisième plan avait permis d'atteindre 18 millions de tonnes d'acier et 150 millions de tonnes de charbon. Les structures de production de masse étaient ainsi bel et bien établies, le complexe militaro-industriel allait être durement mis à l'épreuve par l'invasion allemande.
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La pire répression jamais connue par un pays en temps de paix, les « Grandes Purges » (appelées aussi la « Grande Terreur ») aboutissent entre 1936 et 1939 à l’exécution de 680 000 personnes et à la déportation de centaines de milliers d’autres. En août 1937, Staline autorise personnellement le recours à la torture dans les prisons, et ne l’interdit à nouveau que fin 1938.
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Le pays traverse donc une intense période de terreur, de délation et de suspicion généralisée, qui met bien des nerfs à rude épreuve (la pression subie en conduit plus d’un au suicide), et qui brise les solidarités amicales, familiales et professionnelles. Après le premier procès de Moscou en août 1936, c’est l’année 1937 qui marque le vrai lancement de la « Grande Terreur », dont elle deviendra synonyme.
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À court terme, Staline veut fournir à la population des boucs émissaires (souvent des communistes mêmes) aux difficultés du quotidien, en rejetant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Au-delà, il renforce son pouvoir absolu en liquidant la vieille garde bolchevique, qui sait son faible rôle dans la révolution, et en brisant les réseaux clientélistes et les fiefs personnels que se sont taillés les ministres, les membres du Politburo, ou bien, à tous les échelons, les responsables locaux du Parti et les directeurs du Goulag qui, de ce fait, se trouvent abondamment pourvus de main d'œuvre à bas coût. Quand le « clan des voleurs de poules » est épuisé on fixe des quotas que les autorités locales sont chargées de fournir aux camps de travail. Les cadres compétents et les techniciens, qui osent souvent contredire ses objectifs politiques irréalistes, sont aussi particulièrement visés[10]. Enfin, Staline entend éliminer radicalement tous les éléments socialement suspects, et tous les mécontents suscités par sa politique. Alors que les tensions diplomatiques s’accumulent en Europe depuis l’avènement d'Adolf Hitler, et que le déclenchement de la guerre d'Espagne en juillet 1936 fait craindre un conflit général, il s’agit d’éliminer tout ce qui pourrait constituer une « cinquième colonne de l’ennemi » en cas d'invasion[réf. nécessaire].
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Pour lancer et développer cette terreur de masse, Staline bénéficie du soutien indispensable de ses fidèles, mais aussi du zèle indéniable de nombreux responsables locaux, de bien des policiers et bureaucrates enthousiastes, ou de bien des simples citoyens délateurs.
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En 1939, à l’arrêt des « Grandes Purges », Staline a éliminé les dernières sphères d’autonomie dans le Parti et la société, conforté par les élections du 12 décembre 1937[11] et imposé définitivement son « culte » et son pouvoir absolu. Il a, ce faisant, désorganisé gravement le pays et décimé les cadres supérieurs de l'armée, alors même que la guerre approche.
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Staline mit en place un système totalitaire sur lequel il régnait en despote absolu et reposant sur deux piliers : la propagande, mettant en œuvre un véritable culte de la personnalité et la répression, s'appuyant notamment sur le NKVD, police politique toute puissante.
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Si les estimations des victimes entre 1921 et 1954 varient beaucoup, celui de 20 millions de morts a été avancé[12]. Parmi les personnes condamnées pour des crimes contre-révolutionnaires, 600 000 furent condamnés à mort, 2,4 millions emprisonnés ou envoyés dans des camps de travail du Goulag, et 800 000 condamnés à l'expatriation. Le haut encadrement de l'Armée rouge ne fut pas plus épargné (« affaire Toukhatchevsky ») et subit une épuration qui devait affaiblir l'URSS au début de la Seconde Guerre mondiale.
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Tirant des accords de Munich la conclusion que les puissances de l’Ouest, France et Grande-Bretagne, veulent laisser à Hitler les mains libres à l’est, Staline conclut, le 23 août 1939, le Pacte germano-soviétique avec l’Allemagne nazie. Il s’agissait d’un « pacte de non-agression » qui contenait une annexe secrète attribuant l’Est de la Pologne, la Lettonie, l’Estonie, l'Est de la Roumanie et la Finlande à l’Union soviétique, tandis que l’Ouest de la Pologne et de la Roumanie ainsi que la Lituanie étaient attribués au Troisième Reich.
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La Wehrmacht envahit la Pologne le 1er septembre 1939 « évènement déclencheur de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique le 17 ».
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L’Allemagne ayant rejeté les prétentions territoriales de l’URSS, celle-ci tente d’envahir la Finlande le 30 novembre : c’est le début de la guerre d’Hiver. La campagne fut difficile, mais par une paix signée à Moscou le 12 mars 1940, l’URSS obtenait l'annexion de la Carélie, lui permettant d’éloigner la frontière de Léningrad.
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À la suite du déclenchement de la guerre, l’URSS avait été expulsée de la SDN le 14 décembre 1939. Un avenant au pacte cède alors également la Lituanie à l'URSS. Au printemps 1940, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et l’Est de la Roumanie, qui n’ont pas de forces militaires ni d’unité civile pour résister à la pression de Staline, sont annexés par un jeu de manipulations politiques, et quatre nouvelles républiques soviétiques sont créées (celles d'Estonie, Lettonie, Lituanie et Moldavie) tandis que la Biélorussie et l’Ukraine sont agrandies vers l’Ouest des territoires pris à la Pologne.
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L'expression de « Grande Guerre patriotique » désigne la seconde partie de la Seconde Guerre mondiale en Europe, où l'URSS répond à l'attaque allemande du 22 juin 1941 (« opération Barbarossa »), tandis que les pays que l'URSS avait agressés (Finlande et Roumanie, jusque-là aidés par les Alliés) se retrouvent du côté de l'Axe. Par contre, elle ne désigne pas la guerre soviéto-japonaise déclarée le 8 août 1945 pour laquelle le traité de paix n'est toujours pas signé entre la Russie et le Japon, puisque le contentieux relatif aux îles Kouriles bloque la signature d'un tel accord.
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Le 22 juin 1941, l'Allemagne rompit le « pacte de non-agression » et attaqua l'Union soviétique, Staline ayant refusé de réagir aux mises en garde de ses agents et de Churchill qui était renseigné grâce au décryptage du code de la machine Enigma qui chiffrait les communications militaires allemandes[13].
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L'invasion nazie prit l'URSS dans un état de totale impréparation. D'abord débordée et surprise par le choc de l'attaque allemande du 22 juin 1941, l'Armée rouge perd hommes, matériels et laisse la Wehrmacht occuper d'immenses territoires en quelques mois (Pays baltes, Biélorussie, Ukraine). Pour beaucoup la guerre semble gagnée par l'Allemagne au début de l'automne 1941. Certains historiens estiment que les Grandes Purges des années 1936-1938, au cours desquelles 40 000 officiers auraient été emprisonnés ou liquidés, ne sont pas étrangères aux premières difficultés de l'Armée rouge. Les troupes du Reich atteignirent les environs de Moscou en décembre 1941, mais avaient atteint leur extension maximale, des troupes devant aller consolider le flanc sud de l'attaque.
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Pourtant plusieurs facteurs vont stopper net l'offensive allemande et permettre la première contre-offensive soviétique :
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En décembre 1941, les Allemands sont incapables de prendre Moscou et subissent une contre-offensive, Moscou est alors sauvée.
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Certains historiens estiment même que le vrai tournant de la guerre à l'est date de décembre 1941. Cependant, l'armée allemande reste relativement forte, l'Armée rouge n'a pas encore déployé toute sa puissance industrielle. L'enjeu pour Hitler va être alors de terminer au plus vite la guerre à l'est, avant que l'Armée rouge ne puisse définitivement inverser le rapport de force (et que la puissante Amérique, en guerre depuis le 7 décembre 1941, ne vienne en aide matériellement à l'URSS). C'est l'enjeu de la campagne de 1942 avec deux objectifs : conquérir le Caucase et rejoindre Rommel, à la tête de l'Afrika Korps, au Moyen-Orient ; repousser les Soviétiques au-delà de la Volga et prendre Moscou à revers. Les premiers mois de l'offensive semblent favorables au Führer. Pourtant, le plan aboutit à une situation stratégiquement mauvaise pour les Allemands : ils divisent leurs forces en deux groupes (un groupe pour le Caucase et un pour Stalingrad sur la Volga) et, de fait, créent deux groupes militaires incapables, à terme, de remporter leurs objectifs.
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Pendant que le groupe d'armées A s'enlise dans le Caucase, la VIe armée allemande est stoppée à Stalingrad où s'engage une terrible bataille de rues dans une ville en ruine. Les Allemands sont alors encerclés dans la ville par une contre-attaque soviétique fin 1942 qui balaie les troupes alpines italiennes, la quasi-totalité des troupes roumaines engagées et la moitié des troupes hongroises. Un long siège commence pour cette armée qui, coupée du reste de la Wehrmacht, s'effondre peu à peu affamée, frigorifiée, soumise à une pression de plus en plus forte des Soviétiques. Le 30 janvier 1943, le maréchal Paulus se rend, marquant le début d'une contre-offensive soviétique : l'Armée rouge remportait la victoire après avoir perdu un million d'hommes. L'URSS reprit ensuite progressivement l'initiative (à l'exception de la bataille de Koursk en juillet 1943), et commença à regagner du terrain.
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L'URSS supporta l'essentiel de l'effort de guerre sur le théâtre d'opérations européen contre les Allemands et leurs alliés roumains, italiens, finlandais, hongrois, croates, slovaques, français vichystes (LVF, division Charlemagne), espagnols (division Bleue), russes antistaliniens (division Vlassov, 1ère armée russe)... et ce, jusqu'à ce que les Alliés ouvrissent un second front en Europe (deux ans après la demande de Staline) avec le débarquement en Sicile en 1943.
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À la fin de la guerre, on estime qu'environ 20 millions et demi de Soviétiques y avaient perdu la vie, parmi lesquels 12 millions de civils, mais pas nécessairement au front : ce chiffre comprend les nombreux prisonniers de l'opération Barbarossa qui périrent soit dans les camps allemands de malnutrition et maladie, soit au camp du Goulag après leur délivrance (car la reddition étant interdite au soldat soviétique, ils étaient considérés comme coupables de haute trahison)[14]. S'ajoutent à cela des destructions matérielles importantes, ayant provoqué une diminution de 25 % du PIB.
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L'aide des Alliés par Mourmansk dans le cadre du prêt-bail et l'industrialisation à marche forcée contribua à la victoire finale de l'URSS sur le IIIe Reich. Quoique l'Union soviétique eût reçu des fournitures en armes et matériel des États-Unis[15] et de l'Empire britannique, sa production de matériel de guerre était plus importante que celle de l'Allemagne du fait de l'importante augmentation de la production industrielle entre les deux guerres. Durant l'invasion allemande, de nombreuses industries ont été transférées à l'est de l'Oural, ainsi que 10 millions de travailleurs civils. En plus de l'aide matérielle anglo-américaine, notons que des Français (escadrille Normandie-Niémen), Roumains (division Vladimlirescu ou « Horia-Cloșca-Crișan ») ainsi que des Polonais (armée LWP ou Ludowe Wojsko), entre autres, combattaient du côté soviétique.
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En avril 1945, l'Armée rouge pénètre dans Berlin ; le 30 avril, Hitler se suicide ; le 2 mai, le drapeau rouge flotte sur le Reichstag et la capitulation sans condition est signée le 8 mai 1945 (avec le décalage horaire, le jour de la victoire est célébré le 9 mai en URSS). Le 8 août 1945, conformément aux accords de Yalta, l'URSS déclare la guerre à l'empire du Japon et réalise l'invasion de la Mandchourie.
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Plusieurs millions d'Estoniens, Lettons, Lituaniens, Polonais, Roumains, Ukrainiens occidentaux, Géorgiens, Tchétchènes et autres minorités ethniques furent déportés dans les camps de Sibérie, ou dans des zones reculées pour limiter leurs contacts avec l'Ouest.
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Pendant et après la guerre, les négociations entre les Alliés aboutirent à la mise en place de deux zones d'influence, suivant les accords de Yalta et de Potsdam.
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L'Union soviétique mit en place des régimes dits de « démocraties populaires » dans les pays d'Europe centrale et orientale (y compris dans la partie de l'Allemagne sous son contrôle), dans lesquels elle implanta des gouvernements qui lui étaient dévoués. La ligne frontière séparant cet ensemble de pays de l'Europe occidentale alliés aux États-Unis, fut nommée « rideau de fer », qui constitue un des éléments à l'origine de la guerre froide.
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Depuis 1945 et quasiment jusqu'à sa dislocation, l'Union soviétique est opposée aux États-Unis dans la « guerre froide », chacun des protagonistes essayant d'augmenter sa sphère d'influence au détriment de l'autre, et souvent des pays concernés.
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L'URSS avait réuni, dans tout l'Est de l'Europe, un ensemble de pays satellites (République socialiste tchécoslovaque, République démocratique allemande, République populaire de Hongrie, République populaire de Pologne, République populaire de Roumanie, République populaire de Bulgarie, République populaire d'Albanie). Ces pays étaient regroupés au sein du pacte de Varsovie à partir de 1955. Les États-Unis avaient formé, avec l'Europe de l’Ouest et le Canada, l'OTAN en 1949.
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Dès 1943, Staline fonde l'Institut Kourtchatov de recherches nucléaires, suivi de la création entre 1945 et 1948 du complexe nucléaire Maïak, puis de la création en 1946 de l'Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale. L'essor de l'industrie nucléaire soviétique permet ainsi à l'URSS de faire son premier essai nucléaire en 1949.
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Hors d'Europe, l'Union soviétique et les États-Unis s'opposaient, souvent par « mouvements de libération » interposés, dans diverses parties du monde, notamment en Amérique du Sud et en Afrique.
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Après la mort de Staline en mars 1953, Nikita Khrouchtchev devint premier secrétaire du Comité central du Parti tandis que Gueorgui Malenkov devient Premier ministre. Lavrenti Beria, le chef du NKVD, qui pouvait prétendre à la succession est arrêté en juin 1953 et exécuté peu de temps après, en décembre 1953. La nouvelle direction du pays déclara une amnistie pour certaines catégories de prisonniers et relâcha quelque peu le carcan qui enserrait les libertés publiques. Khrouchtchev consolida peu à peu son pouvoir personnel et pendant le 20e congrès du Parti communiste, il prononça, le 25 février 1956, un discours sur « le culte de la personnalité et ses conséquences » au cours duquel il dénonça le culte de la personnalité entretenu par Staline ainsi que la dictature qu'il avait fait subir à l'URSS et les crimes de cette période. L'impact de ce discours fut immense et détruisit la légitimité des staliniens qui lui étaient encore opposés. S'ensuivirent de nouvelles mesures de démocratisation de la vie publique, la libération de dissidents, et la mise en place d'une économie plus favorable aux biens de consommation par rapport aux plans quinquennaux précédents.
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La même année, les troupes soviétiques réprimèrent dans le sang la révolution hongroise : de 25 000 à 50 000 Hongrois et 7 000 soldats de l'Armée soviétique perdirent la vie, tandis que près de 250 000 Hongrois quittaient le pays. Cet événement fut, pour la part de l'opinion occidentale favorable à l'Union soviétique, un premier choc sérieux.
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Khrouchtchev dut encore se défendre en mai 1957 contre les menées de staliniens. Ainsi, la vieille garde stalinienne, constituée de Lazare Kaganovitch, Viatcheslav Molotov, Gueorgui Malenkov et Dmitri Chepilov, tente de démettre de ses fonctions Nikita Khrouchtchev. Avec l'aide du « héros de la Grande Guerre patriotique » et ministre de la défense Gueorgui Joukov, Khrouchtchev parvient à déjouer leur plan en les présentant comme un « groupe anti-parti ». Ils seront tous trois mis au ban de l'URSS, mais, signe des temps, ils ne seront pas éliminés à la suite de procès aux preuves fabriquées, comme il était de mise du temps de Staline. Khrouchtchev devint enfin Premier ministre le 27 mars 1958. Il s'agit là d'un grand tournant dans l'histoire de l'Union soviétique.
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La période de dix ans qui suivit confirma cette nouvelle tendance : le pouvoir politique avait pris le pas sur la coercition pure et simple, le parti reprenant le rôle premier par rapport à la police secrète et à l'armée. Au cours de cette période, également, l'URSS confirma sa place de super-puissance et défiait les États-Unis, souvent sur leur propre terrain. Cuba, pays soutenu par l'URSS, devint le centre de cette opposition lors de la « crise des missiles de Cuba » en octobre 1962.
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En 1957, les Soviétiques envoyèrent dans l'espace le premier satellite artificiel, Spoutnik et le premier être vivant en orbite terrestre , Laïka. En 1961, Youri Gagarine fut le premier homme dans l'espace, et en 1963, Valentina Terechkova la première femme. C'est également durant son mandat que, le 30 octobre 1961, explosa la plus puissante arme jamais développée par l'Homme, la tsar bomba. Sans doute partiellement à cause de l'affaire des missiles et d'une politique trop défavorable à la nomenklatura, Khrouchtchev fut déposé lors d'une réunion du Comité central du Parti le 13 octobre 1964.
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À la suite de la chute de Khrouchtchev en 1964, Léonid Brejnev devient premier secrétaire du Parti, Alexis Kossyguine Premier ministre et Anastase Mikoyan chef de l’État, rapidement remplacé par Nikolaï Podgorny (on parle alors de troïka pour désigner ces trois personnages détenteurs du pouvoir d'État ; mais Brejnev ne tardera pas à concentrer l'essentiel de la réalité du pouvoir pour lui-même).
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Sous Brejnev, le régime soviétique se durcit à nouveau. Le KGB (la police politique), dirigée par Iouri Andropov, retrouve une grande partie du pouvoir dont elle avait joui sous Staline. Cependant, Andropov n'imitera pas les excès répressifs de cette époque.
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Une des crises les plus graves de l'époque de Brejnev fut celle du Printemps de Prague en 1968, lorsque les tentatives de la Tchécoslovaquie de construire un « socialisme à visage humain » sont finalement réprimées par les forces du pacte de Varsovie, sans toutefois tomber dans les excès de la répression de la révolution hongroise. Au niveau économique, le niveau de vie de la population commença à descendre et le manque de productivité dans de nombreux secteurs dont l'agriculture se fit sentir. L'URSS dut entre autres, pour faire face à la faiblesse de la production d'aliments, acheter des millions de tonnes de céréales en Occident en général et aux États-Unis en particulier[16]. Sur le plan international, l'ère Brejnev fut marquée par un certain relâchement de la tension avec les États-Unis, avec notamment la signature de traités de limitation des armes nucléaires (accords sur la démilitarisation de l'espace en 1967, traités SALT I en 1972, SALT II en 1979) et la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe.
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En décembre 1979, Brejnev intervint en Afghanistan pour soutenir le régime communiste en place. Cet événement mit un coup de frein à la détente, provoquant un embargo par les États-Unis, la fourniture d’armements aux moudjahidines et le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou. En mars 1982, Brejnev fit une crise cardiaque qui le diminua considérablement. À partir de ce moment, il ne remplit que partiellement ses fonctions jusqu'à sa mort en novembre de la même année. Deux chefs d'État en mauvaise santé se succédèrent entre novembre 1982 et mars 1985 : Iouri Andropov et Konstantin Tchernenko. Chacun continua d'appliquer la ligne politique de Brejnev, malgré de réels efforts d'Andropov pour combattre le népotisme que son prédécesseur avait organisé ou laissé s'organiser. Toutefois en politique extérieure, les deux successeurs de Brejnev marquèrent quelques points. Andropov mit en échec les États-Unis au Liban qui occupaient le pays du cèdre depuis septembre 1982. De ce fait une aide massive de l'URSS à la Syrie à partir de novembre 1982, entraîna la multiplication des attentats, contre les marines américains et obligea le président Reagan à faire retirer ses marines du Liban en février 1984. Puis sous Tchernenko, l'URSS rendit aux États-Unis la monnaie de leur pièce à leur offense sportive. Ce fut l'annonce en mai 1984 d'une non-participation soviétique aux Jeux olympiques de Los Angeles, faisant ainsi pendant au boycott des JO de Moscou par les États-Unis. À cette initiative soviétique s'ajoutèrent des « contre-jeux » à l'été 1984 dans une dizaine de capitales de pays socialistes qui s'associaient au boycott. Cependant ils subirent un échec retentissant avec l'installation des Pershing en Europe occidentale en novembre 1983 et durent faire face devant la communauté internationale deux mois plus tôt à l'annonce de la destruction par l'un de leurs chasseurs, d'un Boeing sud-coréen — comprenant 269 passagers et membres d'équipage — qui avait fait mystérieusement intrusion pendant plusieurs heures au-dessus de l'espace aérien de l'URSS. Après Iouri Andropov (novembre 1982-février 1984) et Konstantin Tchernenko (février 1984-mars 1985), Mikhaïl Gorbatchev, un jeune et énergique dirigeant de 54 ans, devint premier secrétaire du Parti.
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Constatant la déliquescence du pays et de son économie, Gorbatchev tenta tout d'abord de sortir son pays de l'impasse que devenait la guerre froide. En effet, Ronald Reagan avait lancé un réarmement massif des États-Unis en orientant sa recherche et ses investissements vers des types d'armement à très haute valeur technologique, entraînant ainsi l'URSS, sous peine d'obsolescence, dans une course rapide qu'elle ne pouvait que perdre vu son retard technologique et son économie en grave crise.
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Gorbatchev entama donc une série d'initiatives qui aboutirent à une détente certaine et à la signature d'accords de désarmement. Gorbatchev obtint le prix Nobel de la paix pour ces efforts en 1990. Cette politique aboutit à la chute du mur de Berlin en 1989.
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Se débarrasser de cette contrainte externe n'était cependant pas suffisant, et sans abandonner le dogme central du « socialisme », Gorbatchev lança la glasnost (« publicité des débats », politique d'informations libres) et la perestroïka (« restructuration », nouvelle politique économique et sociale), avec trois principaux objectifs :
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Alors que tous les prisonniers politiques détenus par le gouvernement sont libérés, la glasnost est également marquée par le retour de la liberté d’expression : on voit des humoristes caricaturer Gorbatchev. Il cherche par là une voie intermédiaire entre les « traditionalistes » attachés au régime (la nomenklatura) et les « réformistes », tels Boris Eltsine qui lui reprochent la lenteur des réformes. Pourtant il était trop tard, et Gorbatchev ne réussit pas à corriger les failles qui minaient l’État depuis des décennies. Les problèmes économiques furent mal résolus. La privatisation des grandes entreprises se fit au bénéfice des privilégiés de la nomenklatura et l’inflation se développa : la perestroïka fut un échec.
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Le 26 mars 1989, Gorbatchev créa une nouvelle assemblée législative : le congrès des députés du peuple dont les deux tiers étaient des membres élus au suffrage universel, à bulletin secret, sur candidatures multiples. Les premières élections législatives révélèrent l’échec des candidats de Gorbatchev et l’émergence des réformateurs et des nationalistes. Son gouvernement apparut trop modéré pour des réformateurs, partisans d’une économie libérale, et trop réformateur pour ceux qui souhaitaient un retour au communisme.
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En juin 1990, Boris Eltsine, président du Soviet suprême de la RSFS de Russie, déclara la souveraineté de la Russie et démissionna du Parti. En août 1991, un putsch mené par des membres du gouvernement opposés aux réformes montra à quel point la position de Gorbatchev s'était fragilisée. Le complot échoua en partie grâce à l'intervention de Eltsine, qui confirma de ce fait sa position de chef de file des réformistes. La date du putsch ne fut pas choisie au hasard, car c'est le 20 août que Gorbatchev devait signer un traité instaurant une nouvelle Union, appelée Union des républiques souveraines soviétiques (puis Union des républiques souveraines), réduisant notamment le rôle du KGB et de l’État centralisé, qui avaient tout à y perdre, au profit des républiques[17].
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Au cours de l'automne 1991, tandis que les républiques constituantes de l'URSS proclamaient, l'une après l'autre, leur indépendance sans que Gorbatchev n'eût la possibilité de s'y opposer par la force, le gouvernement russe prit peu à peu l'ascendant, reprenant les fonctions auparavant assurées par l'Union. Ainsi, Gorbatchev tout en étant président de l'Union soviétique perdait rapidement prise. On disait à l'époque que l'Union soviétique se limitait aux murs du Kremlin.
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En novembre 1991, le président russe Eltsine publia un décret qui interdisait les activités du Parti communiste de l'Union soviétique sur le territoire de la fédération de Russie. Le 8 décembre 1991, lors des accords de Minsk, les chefs de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie publièrent une déclaration selon laquelle l'Union soviétique était dissoute et remplacée par la Communauté des États indépendants (CEI), une organisation sans entité juridique forte, qui ne fonctionna pas réellement, malgré un renouveau récent avec de nouvelles organisations partenaires telles que l'OTSC ou la Communauté économique eurasiatique (Eurasec).
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Gorbatchev était encore président, mais sans pays, son pouvoir ne signifiait plus rien. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev remit sa démission en tant que président de l'Union soviétique. Le jour suivant, l'Union soviétique était officiellement dissoute. La fédération de Russie, elle-même constituée de républiques, allait désormais la remplacer, avec quatorze autres républiques indépendantes, mais d'une importance moindre. La Russie hérita du siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies dont jouissait l'URSS.
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Certaines anciennes républiques soviétiques, très affaiblis, avaient prévu de reformer une union. Sur l'initiative de l'Ukraine ou du Kazakhstan, des projets sont nés entre 1994 et 1995 pour recréer l'union[18]. En 1994, le président kazakh Nazarbayev propose la création d'une Union eurasiatique mais le projet reste au point mort[19] jusqu'au milieu des années 2010. L'Union économique eurasiatique voit finalement le jour le 1er janvier 2015[20].
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En 2018, 66 % des Russes se déclarent nostalgiques de l'Union soviétique[21].
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La Communauté des États indépendants (CEI), créée en décembre 1991, est une entité intergouvernementale composée de dix anciennes républiques soviétiques. Conformément à ses instruments constitutifs, les accords de Minsk et d'Alma-Ata, la CEI est dépourvue de personnalité juridique internationale. Pour cette raison, la communauté des anciennes républiques soviétiques n'est pas une organisation internationale. Ses membres sont les suivants : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l'Ouzbékistan, la Russie, le Tadjikistan et le Turkménistan qui dispose du statut d'état associé. La Géorgie quitta la communauté à la suite des événements en Ossétie du Sud de 2008. L'Ukraine met fin à sa participation à la CEI en 2018.
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Au début des années 2000, les réformes de la CEI contribuent à créer l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et la Communauté économique eurasiatique (Eurasec).
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L'Union eurasiatique (ou Union eurasienne) est une organisation supranationale fondée sur le modèle de l'Union européenne et du traité de Maastricht de 1992. Elle est effective depuis le 1er janvier 2015. Englobant une union douanière et économique, elle intègre (en 2020) la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l'Arménie, le Kirghizistan et pourrait s'étendre au Tadjikistan. Proche du projet de l'Union des républiques souveraines imaginé par Gorbatchev en 1991, bon nombre d'observateurs, en particulier les États-Unis, mettent en garde la Russie face à une refondation de l'Union soviétique, sous une nouvelle forme[23].
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L'Union de la Russie et de la Biélorussie est une union politico-économique de type confédéral entre les deux pays slaves (Russie et Biélorussie). La Serbie, l'Abkhazie, et l'Ossétie du Sud y ont un rôle d'observateur. C'est une des unions post-soviétiques les plus avancées.
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Si la Fédération de Russie est le continuateur de l'Union soviétique et que l'indépendance des 14 autres anciennes républiques socialistes soviétiques a été reconnue internationalement, certains États issus de l'ancienne Union soviétique n'ont pas été reconnus par la communauté internationale (ou seulement partiellement). Il s'agit de : l'Abkhazie, la République populaire de Donetsk, le Haut-Karabagh, la République populaire de Lougansk, l'Ossétie du Sud-Alanie et la Transnistrie.
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L'URSS fut officiellement un État fédéral, basé sur le « centralisme démocratique » regroupant quinze républiques soviétiques. Le système politique, très hiérarchisé, reposait en droit sur le « Conseil des ministres » (Sovet ministrov), censé détenir le pouvoir exécutif, et le Parlement (« Soviet suprême », Verkhovny Sovet) censé détenir le pouvoir législatif.
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En pratique, la séparation des pouvoirs n'était pas respectée, car un seul parti politique fut autorisé, le Parti communiste de l'URSS (PCUS), dont le Politburo concentrait tous les pouvoirs et contrôlait l'État, tous les hauts fonctionnaires étant choisis parmi les « activistes » (« permanents ») supérieurs du Parti. L'organisation qui maintenait la cohésion du Parti et son pouvoir absolu sur la société soviétique était la police politique, successivement nommée Tchéka, Guépéou, NKVD et KGB : cette organisation fit la singularité du modèle soviétique, imité dans l'ensemble du pacte de Varsovie, en République populaire de Chine, au Viêt Nam et à Cuba. Le Parti était censé exercer la « dictature du prolétariat » telle que le « marxisme-léninisme » l'avait conçue. En principe, le Parti était ouvert à tout citoyen « qui n'exploite pas le travail des autres, accepte le programme et les règles du Parti, milite dans une organisation du Parti et soutient toutes ses décisions », cependant le processus d'adhésion au parti était long, accompagné de multiples enquêtes, et finalement élitiste, mais exclusivement sur des critères de soumission à la hiérarchie.
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Ainsi, dans les années 1980, 6 % des 265 millions d'habitants étaient membres du PCUS, ce qui était loin de conférer la représentativité du peuple tant affichée. Par contre, celui-ci compta quelque 200 000 fonctionnaires à plein temps, les apparatchiki, les « hommes de l'appareil ». Ce que Voslenski a désigné par le terme populaire soviétique de nomenklatura était composée de ces apparatchiki, des membres de la police politique, des hauts gradés de l'armée, des chefs du Parti et de leur parentèle, l'ensemble formant une nouvelle classe sociale que Jean-François Revel a qualifiée de « bourgeoisie rouge », mais que les trotskistes préfèrent appeler bureaucratie.
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La structure du Parti doublait la structure de l'État : si à chaque niveau il y avait des organes étatiques qui semblaient exercer le pouvoir, ces organes étaient contrôlés par le Parti, et donc par son responsable à chaque niveau, lequel prenait ses ordres de l'échelon supérieur, jusqu'à arriver au secrétaire général du Parti, poste rendu par Staline le plus important de toute l'Union soviétique.
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Au sommet de l'État se situaient donc le « Soviet suprême », avec son organe exécutif, le Præsidium, ainsi que la Cour suprême et le Procureur de l'Union soviétique. Ces trois magistratures étant en principe sous le contrôle des deux chambres législatives. Le Conseil des ministres supervise une quantité de commissions et de services, dont le nombre et les attributions changent à intervalles, mais qui sont des organes plus importants que les ministères des Républiques.
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Au sommet du Parti, le Secrétaire général, dont le titre est modeste mais le pouvoir beaucoup plus grand que celui du Président du Præsidium du Soviet suprême de l'Union soviétique dont le titre est purement honorifique, et plus grand que celui du Président du Conseil des ministres (Premier ministre) de l'URSS. Au-dessous de lui, par ordre d'autorité décroissante viennent le Politburo, le Secrétariat et le Comité central. Au-dessous encore le congrès du PCUS, puis les Comités centraux, les Secrétariats et les Conférences provinciales représentent l'échelon suivant. Un degré plus bas viennent les Comités, Secrétariats et Conférences de district. Enfin, constituant la base de la pyramide, les secrétariats, bureaux et cellules locales.
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Le Parti déterminait la politique à suivre que l'État devait exécuter. La tâche des fonctionnaires du gouvernement consistait à mettre en application les décisions du Parti, c'est-à-dire du Politburo et du Comité central. Cette méthode avait un avantage : contrairement à ce qui se passa en Occident, ceux qui font la politique sont ainsi déchargés des besognes de routine. Staline a été le premier chef soviétique à cumuler les titres du Premier secrétaire du Parti et celui du président du Conseil des ministres de l'URSS. Khrouchtchev, qui lui a succédé a lui aussi cumulé les deux fonctions pendant une partie de son mandat de Secrétaire général. Quant à Brejnev, il fut en même temps Premier secrétaire (depuis 1966, secrétaire général) du Parti et président du « Soviet suprême » de l'URSS (de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982). En 1990, Gorbatchev sera le premier et dernier dirigeant soviétique à prendre le poste de président de l'Union soviétique.
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À la veille de la révolution russe, l'économie de l'Empire russe était « archaïque »[24]. La valeur de la production industrielle en 1913 représentait moins de la moitié de celle de la France, un sixième de celle de l'Allemagne, ou un quatorzième de celle des États-Unis[25]. Le rendement agricole était médiocre, la pénurie de transport paralysait toute tentative de modernisation économique[26]. Le PIB par habitant était inférieur à celui de la Hongrie ou de l'Espagne de l'époque, et environ un quart de celui des États-Unis[N 9]. Surtout, le pays était dominé par les capitaux étrangers qui possédaient un tiers des actions en Russie.
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Au XXe siècle, l'URSS devient une puissance économique majeure. De 1928 à 1991, le développement économique est guidé par une série de plans quinquennaux. L’URSS devient une des trois premières productrices d'un grand nombre de produits industriels, mais reste en retard dans l'industrie légère, les biens de consommation et l'agriculture.
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Le transport en URSS, confronté au double défi de la distance et du climat extrême, est marqué par le choix de privilégier le transport collectif (chemin de fer (en), métro de Moscou, etc.) plutôt que la voiture particulière. Il comporte quelques points forts comme les avions-cargos Antonov.
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L'économie soviétique est gérée par le Gosplan (« Commission de Planification d'État »), la Gosbank (« Banque d'État ») et le Gossnab (« Commission d'État pour la fourniture en matériaux et équipements »), au moyen d'indicateurs comme le produit matériel net.
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L'économie soviétique est basée sur la propriété d’État, mais il existe quelques autres formes juridiques de propriété dites « collectives » telles que le kolkhoze (« ferme collective ») et la coopérative.
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L'entre-deux-guerres et l'après guerre sont des périodes de croissance économique importante que certains attribuent, pour une bonne part, au mariage de la planification et du travail forcé.
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Entre 1913 et 1989, le revenu par habitant est multiplié en Russie par 4,6, contre 3,3 en Grande-Bretagne, 3,8 aux États-Unis, 5,1 en France ou 5,4 en Allemagne[27].
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Lorsque la croissance économique se ralentit vers les années 1960, cela est considéré comme un phénomène provisoire. Les responsables de la planification sont incapables de prévoir certains problèmes économiques, et le concept même d'économie planifiée semble difficile à mettre en œuvre dans le cadre d'une économie mondiale capitaliste et changeante, surtout que sur le plan interne, l'administration de la planification étant paralysée par la bureaucratie, et que la nomenklatura semble parfois être plus attachée à ses privilèges qu'au service de l’État[Selon qui ?].
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De plus, la production militaire d'armement représente une part très importante de l'industrie, freinant la production de biens de consommation. Le maréchal Nikolaï Ogarkov publie, à partir de 1979, une série d'articles, dans la presse officielle, expliquant de façon alarmiste que les Américains avaient une et même deux générations d'avance en électronique et en informatique, et sans possibilité de les rattraper. Dans les années 1980, l'URSS commence pourtant à développer le secteur de la micro-informatique et des technologies (ordinateurs de la série DVK (ru) et Elektronika 60).
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Le taux d’activité des femmes s’élève à 84 % en 1989, soit l’un des plus élevés au monde[28].
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Le bilan économique en 1992 (un an après l'éclatement de l'URSS) fait état d'une inflation de 2520 % à la suite de la déréglementation de la plupart des prix alors fixés par l'administration[29]. D'après la Banque mondiale, les inégalités telles que mesurées par le coefficient de Gini double après l’éclatement de l'URSS : situé à 0,24 en 1988, il monte à 0,48 en 1993[28].
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Il est capital de garder à l'esprit, toutefois, que les statistiques de l'époque soviétiques sont très peu fiables[30],[31].
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Le gouvernement de l'URSS a entravé la formation d'une conscience écologique en interdisant les partis et les associations jusque dans les années 1980[32]. Dans les dernières années du régime stalinien, le nombre de réserves naturelles et parcs nationaux fut fortement réduit[33]. Le productivisme entraîna l'érosion et l'épuisement de nombreuses terres arables[33]. Le développement d'une industrie lourde et l'exploitation intensive et extensive des ressources naturelles ont laissé derrière eux une situation préoccupante, dont souffre encore l'actuelle Russie et les anciennes Républiques soviétiques : déforestation, régions affectées par des pluies acides, dégradation des sols, accumulation de déchets industriels, désertification, contamination radioactive (à la suite des essais nucléaires et de la catastrophe de Tchernobyl[34] survenue en 1986), pollution des lacs (le lac Baïkal a été notamment fragilisé par la construction des chemins de fer Magistrale Baïkal-Amour dans les années 1970-1980).
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L'irrigation intensive (pour supporter l'agriculture intensive, notamment du coton) et la construction de barrages hydro-électriques est notamment responsable de l'assèchement de la mer d'Aral en Asie centrale soviétique.
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La culture de l'Union soviétique, est passée, au cours des 69 années d'existence de l'Union soviétique, par plusieurs étapes. Des personnes de diverses nationalités en provenance des quinze républiques y ont contribué, bien que la majorité d'entre eux fussent des Russes. L'État soviétique a aidé les institutions culturelles, mais a effectué également une censure stricte.
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Le bilan militaire était florissant :
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Le complexe militaro-industriel soviétique représentait entre 1985 et 1990 :
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L'industrie de défense proprement dite absorbait durant les années 1970/1980 20 % du revenu national, 8 % du PIB et 47 % des dépenses publiques pour les besoins de l'Armée soviétique.
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La production d’armes soviétiques était la plus importante du monde. En 1981 : 2 500 chars, 3 500 canons, 1 700 avions de combat, 750 hélicoptères, 9 sous-marins, 475 missiles balistiques (IRBM, ICBM).
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Après la chute de l'URSS en 1991, ce sont les Forces armées de la fédération de Russie qui héritèrent de la quasi-totalité de l'équipement militaire soviétique en particulier l'arsenal nucléaire et les différentes flottes.
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La révolution de Février avait permis l'obtention de nouveaux droits par les femmes. Le 20 juillet 1917, le droit de vote des femmes était officiellement garanti[35].
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Les bolcheviks maintiennent ensuite cette volonté d'égalité entre femmes et hommes, que l'on peut retrouver dans la Constitution de 1918 (puis, en théorie, celle de 1936 et celle de 1977 : « La femme et l'homme jouissent en U.R.S.S. de droits égaux. L'exercice de ces droits est garanti par l'octroi aux femmes de possibilités égales à celles des hommes d'accéder à l'instruction et à la formation professionnelle, de travailler, d'être rémunérées en conséquence… Il est garanti également par la création de conditions permettant aux femmes d'associer travail et maternité… » (art. 35 de la Constitution de 1977)[36]).
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L'URSS se présentait donc initialement comme un État particulièrement en avance en matière d'égalité homme-femme, notamment grâce aux actions de la Commissaire du peuple Alexandra Kollontaï ou aux initiatives d'Inès Armand. Les femmes obtiennent en 1917 droit de vote et d'être élues, le droit au divorce par consentement mutuel, l'accès à l'éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920 – il est limité en 1936 par Staline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Par ailleurs dans la vie professionnelle, très majoritairement actives les femmes bénéficiaient avec les hommes du principe à travail égal-salaire égal.
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L'URSS, par sa grandeur et donc par la variété ses régions, était un État largement multi-ethnique. Le groupe ethnique (en russe : национальность, souvent traduit par nationalité) était indiqué sur certains documents, à certaines époques. Quinze grands groupes ethniques (dont le Russe) étaient représentés chacun par une république. Quatorze disposaient du droit à l'apprentissage d'une première langue locale mais devaient, comme seconde langue, apprendre le russe.
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Groupes ethniques d'Union soviétique en 1941.
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Nombre et pourcentage des Ukrainiens dans la population des régions de la RSFSR (recensement de 1926).
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Nombre et pourcentage des Ukrainiens dans la population des régions de la RSFSR (recensement de 1979).
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La population soviétique a d'abord baissé aux débuts de son existence à la suite de la Première Guerre mondiale (front de l'Est), à la révolution russe et à la guerre civile russe qui a suivi, stagnant autour de 150 millions d'habitants.
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Les années 1930 furent également difficiles. Malgré les famines soviétiques de 1931-1933 ayant causé la mort de six millions de personnes, les Grandes Purges dirigées par Staline, ainsi que les victimes des goulags (chiffrées à 963 866 selon les archives soviétiques), la population était de plus de 194 millions à la veille de la Seconde Guerre mondiale (front de l'Est).
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Lors de l'après-guerre, la population a connu une diminution importante de la mortalité, qui s'est toutefois interrompue dès les années 1970. Cette diminution a permis de rattraper rapidement les déficits de naissances à la suite de la guerre, faisant passer la population de 180 millions en 1950 à 215 millions en 1960 et à plus de 240 millions en 1970.
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Son augmentation continua, surtout dans les républiques musulmanes d'Asie centrale où le taux de natalité était plus élevé que dans la vieille Europe, pour atteindre, en 1989, 286 millions d'habitants. Vers la fin de la période, il existe en outre une différence notable entre une population russe et ukrainienne à croissance faible, et des peuples « allogènes » (principalement turcophones) à forte natalité.
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L’Union soviétique a pour codes :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/5882.html.txt
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@@ -0,0 +1,124 @@
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République orientale de l'Uruguay
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República Oriental del Uruguay Écouter
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34° 53′ S, 56° 10′ O
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modifier
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L’Uruguay (/y.ʁy.ɡwɛ/[3]), en forme longue la république orientale de l'Uruguay, en espagnol : Uruguay /u.ɾu.ˈɣwai/ Écouter et República Oriental del Uruguay, est un pays du Cône Sud[4] de l’Amérique du Sud, situé au sud du Brésil et à l’est-nord-est de l’Argentine, dont il est séparé par le fleuve Uruguay qui lui a donné son nom.
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La superficie terrestre de l’Uruguay est de 176 215 ± 64 km2[Quoi ?] — dont 1 199 km2 de lacs artificiels sur le Río Negro[5] — auxquels s’ajoutent, d’une part, les 105 ± 4 km2 d’îles dans le fleuve Uruguay et, d’autre part, les 237 ± 6 km2 du Rincón de Maneco, un territoire contesté[5],[6]. Les eaux intérieures uruguayennes s’étendent sur 528 ± 40 km2 dans le Rio Uruguay, 1 031 ± 20 km2 dans la Laguna Merín et 15 240 ± 20 km2 dans le Río de la Plata[5]. La mer territoriale uruguayenne s’étend sur 125 057 ± 9 km2[6]. Sa population est de 3 477 770 habitants.
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L’Uruguay est né de la sécession de la Cisplatine, province la plus méridionale de l’Empire du Brésil, et de l’échec de sa réincorporation aux Provinces-Unies du Río de la Plata[7].
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L’espagnol est de facto l’unique langue officielle de l'Uruguay[8]. La langue nationale est l’espagnol latino-américain. Le nord du pays est fortement influencé par le portugais. D'ailleurs à la frontière avec le Brésil, les locaux parlent le portuñol (ou portunhol) frontalier, mélange de portugais et de castillan. L'Uruguay a donné au portugais un statut égal à l'espagnol/castillan dans son système éducatif le long de la frontière nord avec le Brésil. Dans le reste du pays, il est enseigné comme une matière obligatoire à compter de la 6e collège/6e année primaire.
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Sa capitale est Montevideo, qui est également la plus grande ville du pays avec près de 1 500 000 habitants.
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Le mode de vie y est européen, teinté de cultures guarani et africaine, et le niveau de vie est comparable à celui du Chili, si l'on prend en compte l'IDH.
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L'Uruguay était considéré dans les années 1950 comme la « Suisse de l'Amérique » par les Européens. La monnaie nationale est le peso uruguayen.
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Avec l'Argentine, le Brésil et le Paraguay, l’Uruguay est un des quatre membres fondateurs du Marché commun du Sud dont le siège permanent du Secrétariat administratif (SAM) est à Montevideo.
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L’Uruguay est un État unitaire[9] dont l’administration territoriale est décentralisée[10].
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L’Uruguay est un État laïque[11] dont le régime de séparation des Églises et de l'État est inspiré du cas français[12]. Fin décembre 2013, The Economist attire l’attention sur l’Uruguay en le désignant « pays de l’année »[13] pour l’adoption de deux lois[14], celle du 3 mai sur le mariage égalitaire[15] et celle du 20 décembre sur le cannabis et ses dérivés[16].
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Le nom Uruguay vient du guarani. Bien que sa signification ne soit pas très claire, Félix de Azara affirma que ce nom désigne un petit oiseau nommé el urú qui vit sur les rives du fleuve Uruguay (qui signifie lui-même-alors « rivière du pays de l'urú » (río del país del urú). Néanmoins, l'un des accompagnateurs d'Azara donna une autre version en disant que le mot Uruguay se divise en deux parties : uruguá signifiant « escargot », et le ï signifiant rivière, la traduction serait donc « rivière des escargots » (río de los caracoles). Enfin, le poète Juan Zorrilla de San Martín a interprété le mot d'une troisième façon, comme le « fleuve des oiseaux peints » (río de los pájaros pintados).
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L'étymologie est discutée. Uruguay serait composé de uruguá (« escargot »), et i (« eau ») et signifierait « fleuve des escargots »[17] ; ou composé de urú (« oiseau »), gua (« lieu, pays »), et î (« eau ») et signifierait « fleuve du pays des oiseaux »[17] ; ou composé de uruá, uruguá (« escargot »), et î (« eau ») et signifierait « fleuve en forme d'escargot »[17] ; ou composé de îrú (« accompagnant »), î (« eau »), et gua-á (« perroquet ») et signifierait « compagnon du fleuve des perroquets »[17] ; ou composé de yurú (« bouche »), et îguaá (« fleuve ») et signifierait « embouchure »[17] ; ou composé de î (« eau ») ; rirú (« lit, débit »), et aí (« laid ») et signifierait « débit faible ou misérable du fleuve »[17].
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En 1516, les Espagnols découvrent le territoire mais le délaissent au départ du fait de la faiblesse de ses ressources naturelles.
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La menace causée par l'expansion des Portugais conduit les Conquistadores à édifier la ville fortifiée de Montevideo en 1726 et à coloniser le pays.
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Le début du XIXe siècle vit l'émergence de mouvements indépendantistes un peu partout en Amérique du Sud, y compris en Uruguay (désigné alors sous le nom de Banda Oriental, c'est-à-dire « Région orientale »). Entre 1811 et 1817, le héros national de l'indépendance, José Gervasio Artigas, organisa les Orientaux dans le but d'obtenir l'indépendance des Provincias Unidas del Rio de la Plata (actuellement, une bonne partie de l'Argentine et l'Uruguay).
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À la suite de trahisons et de multiples disputes entre les dirigeants locaux, les victoires initiales se transformèrent en défaites, et Artigas — suivi de dizaines de milliers de personnes — dut se réfugier en dehors de la Banda Oriental, puis s'exiler au Paraguay, d'où il ne revint jamais.
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Le contrôle du territoire uruguayen fit l'objet d'un conflit entre les deux États naissants de l'Argentine et du Brésil : ce dernier finit par annexer la région en 1821 et la baptisa « Provincia Cisplatina ». Mais le 19 avril 1825, le groupe nationaliste Trente-trois Orientaux (les Treinta y Tres Orientales en espagnol) conduit par Juan Antonio Lavalleja débarqua sur la plage de La Agraciada et commença la guerre d'indépendance contre le Brésil. Cette guerre se termina le 28 août 1828 par le Traité de Montevideo. La première constitution de l'Uruguay fut signée le 18 juillet 1830.
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Le pays était, avant les européens peuplé par des Guaranis et des Charrúas; ces derniers étaient le groupement le plus nombreux et le plus organisé. Jugés inassimilables, leur annihilation fut décidée peu après la déclaration d'indépendance du pays de 1830.
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Entre 1839 et 1851, l'Uruguay connut une guerre civile nommée « Grande Guerre » durant laquelle les Colorados, partisans de Fructuoso Rivera, et les Blancos, partisans de Manuel Oribe, appuyé par l'Argentine s'affrontèrent, avec l'appui de volontaires étrangers dont la Ligue italienne commandée par Garibaldi. Les Colorados finirent par l'emporter. À la fin du siècle, le pays participa à la guerre de la Triple-Alliance contre le Paraguay.
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De 1903 à 1920, l'Uruguay connut une période de prospérité sous la présidence de José Batlle y Ordóñez. Celui-ci nationalise les raffineries, les grandes industries et les banques, favorise le développement industriel, et proclame la séparation de l’Église et de l’État[18]. L'ère Batlle donna son nom au « battlisme (es) ». L'Uruguay fut ensuite touché par la crise de 1929, ce qui provoqua le coup d'État, en 1933, de Gabriel Terra, et ne sortit vraiment de cette crise qu'à partir de 1950. Le pays renoua alors partiellement avec une prospérité qui rappela l'ère Batlle, tandis qu'en 1952, un Conseil national du gouvernement (direction collégiale de l'exécutif) fut mis en place.
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En 1958, le Parti national remporte les élections et applique à l’économie du pays les requêtes des États-Unis et du Fonds monétaire international. La fin de la politique protectionniste est suivie d'une sévère crise économique qui ruine une grande partie des classes moyennes et réduit drastiquement le salaire réel des travailleurs[18]. Le Conseil national du gouvernement fut renversé, et en décembre 1967, le vice-président Jorge Pacheco Areco accéda à la présidence, son prédécesseur étant mort quelques mois après avoir pris ses fonctions. L'inflation, qui dépasse les 100 % annuels, est ramenée par Pacheco à 20 %, qui établit un contrôle strict et pointilleux des salaires et des prix. Par ailleurs, pour faire face aux mouvements social et syndical, Pacheco interdit plusieurs partis de gauche et promulgue des mesures de sécurité, les medidas prontas de seguridad (es) à partir de juin 1968, l'Uruguay étant alors influencé par le mai 68 parisien. Sans cesse renouvelées avec l'accord du Parlement, ces mesures se transforment en état d'exception durable, avec l'application de la censure et des détentions sans inculpation, tandis qu'une guérilla urbaine, les Tupamaros, commence à apparaître avec la prise de Pando d'octobre 1969.
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La gauche met en place un Front large en vue des élections générales de 1971, afin de défier les deux partis traditionnels, blancos et colorados. Présidé par le général Líber Seregni, démissionnaire du gouvernement Pacheco, celui-ci rassemble du Parti démocrate chrétien au Parti communiste, en passant par des dissidents blancos et colorados, dont Zelmar Michelini. Pour réprimer la gauche, des communistes aux socialistes, le gouvernement Pacheco sponsorise des escadrons de la mort, lesquels tentent d'assassiner le général Seregni, tandis que la police commence à faire un large usage de la torture.
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En novembre 1971, les élections sont remportées de justesse, dans un contexte de fraudes importantes, par le dauphin de Pacheco, Juan María Bordaberry. Celui-ci démantèle l'appareil de contrôle de l'économie mis en place par Pacheco, au risque de faire remonter l'inflation à un taux annuel de 100 %. La montée en puissance de l'armée se poursuit, tandis que l'« état de guerre interne » est voté après l'assassinat, par les Tupamaros, du sous-secrétaire d'État à l'Intérieur, Armando Costa y Lara, qui dirigeait les escadrons de la mort. En février 1973, après l'échec d'une tentative de reprise en main de l'armée par Bordaberry, celle-ci lui impose le pacte de Boiso Lanza (es), qui établit un Conseil de sécurité nationale, l'armée partageant, de fait, le pouvoir avec lui. Le processus débouche finalement sur le coup d'État du 27 juin 1973, Bordaberry restant en place mais sous étroite surveillance de l'armée.
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La dictature militaire dissout les partis politiques et suspend la Constitution, et emprisonne environ un habitant sur 450. Participant à l'opération Condor dès avant sa création officielle en 1975, les escadrons de la mort pourchassent les opposants, y compris hors des frontières (notamment en Argentine, où sont assassinés, en mai 1976, les parlementaires Michelini et Héctor Gutiérrez Ruiz, ainsi qu'un couple d'ex-Tupamaros et un communiste). L’économie est fortement libéralisée par le régime militaire. Les promesses d'améliorations économiques ne sont pas tenues en raison de la crise mondiale provoquée par le premier choc pétrolier en 1973[19]. Le ministre de l'économie et des finances Alejandro Végh Villegas essaye d'améliorer l'économie en promouvant le secteur financier et les investissements étrangers. La dépense sociale est réduite et de nombreuses entreprises d'État sont privatisées. Cependant, l'économie ne s'améliore pas et se détériore après 1980, le PIB chute de 20% et le chômage monte à 17%. L'État intervient en essayant de renflouer les entreprises et les banques défaillantes. L'échec d'amélioration économique par le régime a fragilisé sa position[20]. Les médias sont censurés ou interdits, le mouvement syndical est détruit et des tonnes de livres brulées après l'interdiction d'ouvrages de certains écrivains. Les personnes fichées comme opposées au régime sont exclues de la fonction publique et de l'enseignement[18].
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L'échec de la dictature, consacré par le refus massif de la population lors du plébiscite de 1980 sur la réforme constitutionnelle visant à entériner la dictature, conduit à une transition démocratique qui n'aboutit qu'avec les élections générales de 1984 (en) et la libération des prisonniers politiques en 1985. L'armée continua toutefois à surveiller étroitement la scène politique jusqu'aux années 2000, tandis que les gouvernements civils élus, blanco (Luis Alberto Lacalle, 1990-1995) et colorado (Julio María Sanguinetti, 1985-1990 et 1995-2000), mettaient en place une politique libérale, bientôt inspirée du « consensus de Washington ». L'une des principales réalisations de la période qui suivit fut le rapprochement de l'Uruguay avec ses voisins pour former le Mercosur. Ces échanges ont amené l'espoir pour le pays d'un retour à la prospérité dans un futur proche, déçus par la crise bancaire de 2002 provoquée par la crise argentine.
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Sur le plan économique, le gouvernement libéral de Batlle (2000-2005) engage des négociations avec les États-Unis concernant la création de la « Zone de libre-échange des Amériques » (ZLEA). La période a marqué le point culminant d'un processus qui visait à une réorientation néolibérale de l’économie du pays : désindustrialisation, pression sur les salaires, essor du travail informel, etc. La situation sociale se détériore considérablement sous sa présidence et près du tiers de la population plonge dans la pauvreté entre 1999 et 2005[21].
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Les élections générales de 2004 marquèrent, pour la première fois, la victoire de la gauche, le Front large remportant massivement celles-ci, conduisant son candidat présidentiel, le socialiste Tabaré Vázquez, à assumer la présidence (2005-2010). Formant un gouvernement avec une majorité de socialistes, mais incluant d'ex-Tupamaros, réunis au sein du Mouvement de participation populaire (MPP), dont José Mujica et Eduardo Bonomi, Vázquez parvient à faire baisser de façon importante la dette, tout en augmentant les salaires minimums et en faisant baisser le chômage et la pauvreté. L'Uruguay connaît alors des taux de croissance à 10 %, qui baissent subitement en 2009, sous l'influence de la crise mondiale. Les élections générales de 2009 sont à nouveau gagnées par le Front large, qui remporte une majorité absolue dans les deux chambres. Le MPP se confirme comme la force politique la plus importante, L'ex-Tupamara Lucía Topolansky étant la sénatrice élue avec le plus de voix. Son mari, José Mujica, est élu président.
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La Constitution, qui s'inspire de celle des États-Unis, a été adoptée le 27 novembre 1966. La ley de lemas, modifiée par la réforme constitutionnelle de 1997, régit le système électoral, en mélangeant vote majoritaire pour la présidentielle, représentation proportionnelle pour l'élection des parlementaires, et « double vote simultané », ces différentes élections ayant lieu le même jour. Toutefois, depuis 1997, des élections primaires sont obligatoires au sein des partis, qui ne peuvent plus présenter plusieurs candidats à la pr��sidence.
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Le 31 octobre 2004, Tabaré Vázquez, candidat de la coalition de gauche est élu président, le premier à n'être ni un Blanco, ni un Colorado depuis plus de 150 ans. En novembre 2009, José Mujica, lui aussi du Front large, est élu président de l'Uruguay.
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L'Uruguay est l'un des pays constituant le Mercosur, avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et le Venezuela. Sur le plan intérieur, le gouvernement tente d'enrayer la montée du taux d'inflation, de réduire le chômage et le taux de pauvreté, de stabiliser la dette extérieure et de combattre la délinquance croissante liée au trafic de drogue.
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L'Uruguay est un des trois pays sud-américains à avoir disposé d'un parti politique pour la population afrodescendiente (d'ascendance africaine).
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Le 30 novembre 2014, Tabaré Vázquez remporte l'élection présidentielle avec 56,6 % des suffrages exprimés face à Luis Alberto Lacalle Pou et revient ainsi au pouvoir le 1er mars 2015.
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L'Uruguay est le premier pays à reconnaître officiellement le génocide arménien, le 20 avril 1965.
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En décembre 2013, l'Uruguay devient le premier pays au monde à légaliser la production et la vente de cannabis[22],[23]. La même année, le mariage et l'adoption sont ouverts aux couples de même sexe. Il s'agit également du seul pays d'Amérique du Sud permettant l'avortement sur demande.
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L'Uruguay est divisé en 19 départements (Espagnol : departamentos, singulier - departamento) dirigés par un intendant (intendente municipal) qui est élu pour 5 ans au suffrage universel direct. Les édiles de l'Assemblée départementale (Junta Departamental) ont un pouvoir législatif au niveau du département.
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Les premiers départements sont formés dès 1816 et le plus jeune date de 1885, c'est celui de Flores.
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L'Uruguay se situe dans la continuité géographique de la Pampa argentine, c’est-à-dire que le pays est principalement constitué de grandes plaines. On trouve aussi des montagnes de faible altitude mais très escarpées, comme la Cuchilla de Haedo (en) et la Cuchilla Grande (en).
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Les précipitations sont en général constantes au cours de l'année, ce qui n'empêche pas des périodes de sécheresse ou, au contraire, des pluies très abondantes (selon les années).
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L’altitude moyenne de l’Uruguay est de 116,70 mètres[5]. Son altitude maximale est le point culminant du Cerro Catedral, dans la Sierra Carapé, avec ses 513,66 mètres[5].
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Le relief, souvent considéré comme un prolongement de la Pampa, s'apparente plutôt à un vaste écotone, oscillant entre prairies tempérées et forêts subtropicales[24]. Il est constitué par de vastes plaines ondulées et sillonnées par des collines de faible élévation appelées cuchillas. Les plus importantes sont la Cuchilla Grande et la Cuchilla de Haedo.
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Avec ses étés chauds et ses hivers doux, le climat en Uruguay est subtropical (moyenne 17 °C) et les précipitations sont assez copieuses et plus ou moins homogènes pendant toute l'année. Le littoral connaît un climat maritime, avec une certaine amplitude, du fait du courant chaud du Brésil, qui augmente la température des côtes de l'Atlantique à partir de janvier jusqu'au début mai ; et du courant froid des îles Malouines refroidissant leurs eaux de juin à septembre. L'effet des deux courants détermine une température moyenne de la mer au niveau superficiel (Punta del Este) entre 8 °C et 23 °C selon l'époque de l'année. La neige est rare, et les hivers sont rarement rigoureux. En été, le thermomètre dépasse rarement les 30 °C, mais monte plutôt autour des 25 °C.
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L'Uruguay est le seul pays sud-américain qui se trouve complètement dans la zone tempérée. L'absence d'importants systèmes orographiques contribue à ce que les variations de températures, de précipitations et d'autres paramètres soient faibles.
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L'économie de l'Uruguay est très marquée par l'agriculture et notamment par l'élevage, puisque le pays se trouve dans le prolongement des prairies de la pampa argentine. Suivent l'industrie, principalement agroalimentaire, et le tourisme, qui se développe de plus en plus. Les groupes de papier Stora Enso et Arauco ont annoncé, en mai 2009, qu'ils achèteraient la firme espagnole Ensō[25], ce qui ferait de cette coentreprise[26] la plus grande propriétaire terrienne d'Uruguay[27], avec 130 000 hectares de terres, soit près de la moitié du total des propriétés terriennes de Stora Enso[28].
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Le pays est plongé dans une crise économique depuis les années 1960, et a beaucoup de difficulté à s'en relever. La principale tâche du nouveau gouvernement est donc logiquement d'effacer peu à peu la dette extérieure de 12,75 milliards de dollars et de rétablir l'équilibre de certains indicateurs économiques tels que la balance commerciale.
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La crise a été accentuée par l'effondrement de l'économie argentine dès 1999, l'Argentine étant son principal partenaire économique.
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L'Uruguay accueille chaque année de nombreux touristes argentins, américains, et brésiliens.
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En 1991, le pays connait une multiplication des grèves pour obtenir des compensations de salaires destinées à compenser l'inflation et pour s'opposer aux privatisations souhaitées par le gouvernement de Luis Alberto Lacalle. Une grève générale est déclenchée en 1992, et la politique de privatisation est très largement désavouée par referendum (71,6 % contre la privatisation des télécommunications). En 1994 et 1995, l'Uruguay fait face à des difficultés économiques causées par la libéralisation du commerce extérieur, qui a accentuée le déficit commercial. La Compagnie du gaz de Montevideo et la compagnie aérienne Pluma sont confiées au secteur privé, mais le rythme des privatisations ralentit à partir de 1996. En 2002, après quatre années consécutives de récession, la baisse sensible du niveau de vie des classes populaires provoque des émeutes. En 2004, le programme de réajustement libéral défendu par le FMI et le gouvernement est contesté par plus de 64 % des votants lors d'un référendum[29].
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Entre 1999 et 2002, la crise économique menace de provoquer l’effondrement du système financier et oblige l’État à intervenir pour sauver les banques. Plus de 40 % de la population vit dans la pauvreté[30].
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Depuis l'arrivée au pouvoir du Front large en 2005, l'Uruguay connait une croissance économique ininterrompue depuis près de 15 ans, ce qui constitue un record pour ce pays. Ce développement économique serait notamment dû à la stabilité politique de l'Uruguay, au faible niveau de la corruption, au développement des relations commerciales avec la Chine[30]. L'Uruguay revoit son système fiscal, diminuant les taxes sur la consommation et augmentant l’impôt sur le revenu, désormais parmi les plus élevés d'Amérique latine (mais restant modeste en comparaison des pays de l’OCDE)[31]. Un système d’État-providence se construit et la part des dépenses sociales dans le total des dépenses publiques passe de 60,9 % à 75,5 % entre 2005 et 2015[21]. Le nombre de personnes bénéficiant d'une couverture maladie passe de 700 000 à 2,5 millions entre 2004 et 2019 et le taux de pauvreté tombe de 40 % à 8 %[32]. Le taux de chômage passe de 17 % en 2002 à 8 % en 2016 et les inégalités tendent à décroitre[33]. Cependant, le déficit et la dette publique sont élevés[34].
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Le nombre de syndiqués a quadruplé depuis 2003, passant de 110 000 à plus de 400 000 en 2015 pour une population active de 1,5 million de personnes. D'après la Confédération syndicale internationale, l'Uruguay est devenu le pays le plus avancé d’Amérique en matière de respect « des droits fondamentaux du travail, en particulier la liberté syndicale, le droit à la négociation collective et le droit de grève »[21]. Cette forte syndicalisation eut notamment pour effet de réduire les inégalités socio-économiques[33].
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La population de l'Uruguay est essentiellement concentrée sur le littoral. Elle était estimée en 2004 à 3 240 887 habitants, dont 1 565 473 hommes et 1 675 414 femmes. La population est essentiellement urbaine (90,7 %) et vit dans les 20 plus grandes villes du pays, principalement à Montevideo (1,4 million d'habitants). À cause d'un faible taux de natalité n'atteignant que 14,44 ‰, de l'espérance de vie élevée (75,92 ans) et de l'émigration (0,32 émigrant pour 1 000 habitants), la population du pays vieillit assez vite. Par ailleurs, la croissance de la population n'est que de 0,51 %.
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L'Uruguay est un pays d'immigration et d'émigration. 550 000 Uruguayens vivent à l'étranger[35].
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En ce qui concerne les langues, l'espagnol est quasiment l'unique langue parlée. Le portugais est beaucoup parlé en seconde langue, surtout le long de la frontière avec le Brésil. L'anglais est enseigné à l'université, et est la langue utilisée pour le tourisme. L'italien est parlé par de nombreuses personnes, en majorité des descendants d'Italiens.
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La vie culturelle de l'Uruguay s'est épanouie dans plusieurs grands domaines, dont la peinture (avec Juan Manuel Blanes et Pedro Figari), la sculpture (avec José Belloni) et la musique avec le candombé et le tango (avec Jaime Roos (es) et Jorge Drexler). Les écrivains sont José Enrique Rodó, Horacio Quiroga, Juan Carlos Onetti, Mario Benedetti, Eduardo Galeano, Jorge Majfud et Ricardo Paseyro.
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Le football occupe une place très importante dans la vie sportive, surtout depuis la coupe du monde de football 1930 (première coupe du monde, elle a eu lieu en Uruguay) et 1950, toutes deux remportées par l'équipe nationale des « Célestes ». Les sports équestres hérités des gauchos (« bouviers ») jouent aussi un rôle essentiel. Dans une moindre mesure, le rugby est également pratiqué, l'équipe nationale a déjà participé à 3 phases finales de coupe du monde.
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La loi no 6997 du 23 octobre 1919 dite de sécularisation des jours fériés a changé la dénomination de jours fériés : depuis, l'Épiphanie est célébrée comme le « Jour des enfants » (Día de los niños) ; la Semaine sainte, comme la « Semaine du tourisme » (Semana de turismo) ; la Nativité, comme le « Jour de la famille » (Día de la familia).
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L'Uruguay a pour codes :
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États-Unis d'Amérique
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(en) United States of America
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en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
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(38° 53′ N, 77° 02′ O)
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Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
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La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
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Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
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En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
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En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
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Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
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La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
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En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
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Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
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Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
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Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
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Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
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Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
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Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
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Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
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Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
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Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
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Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
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La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
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L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
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Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
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Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
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Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
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L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
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Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
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C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
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La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
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Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
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L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
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Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
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George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
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En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
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Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
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Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
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La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
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Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
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La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
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Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
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La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
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La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
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La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
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Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
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En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
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Cartographie.
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Précipitations moyennes annuelles.
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Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
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L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
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Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
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L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
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Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
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L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
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Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
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La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
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Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
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Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
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Les autres lacs importants sont :
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Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
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Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
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Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
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La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
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Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
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Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
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Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
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Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
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De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
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Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
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En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
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Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
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Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
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Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
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Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
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Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
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Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
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Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
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Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
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Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
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Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
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Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
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En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
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Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
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En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
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Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
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Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
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Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
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Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
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Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
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Quelques chiffres récents :
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Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
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46 326[92]
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2005
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IDH
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Coefficient de Gini
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0,469
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2005
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Pauvreté
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12,6 % à 3,3 %[92]
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2005
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Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
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En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
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L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
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La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
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En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
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En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
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Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
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Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
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La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
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En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
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Structure par âge (estimation 2011[40]) :
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La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
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La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
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Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
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Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
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Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
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En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
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Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
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La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
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Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
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Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
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Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
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Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
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Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
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Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
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L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
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L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
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L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
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Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
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En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
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En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
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Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
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La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
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Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
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Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
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La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
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D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
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Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
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Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
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Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
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Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
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Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
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Les États-Unis ont pour codes :
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États-Unis d'Amérique
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en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
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(38° 53′ N, 77° 02′ O)
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Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
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La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
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Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
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En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
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En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
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Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
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La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
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En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
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Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
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Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
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Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
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Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
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Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
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Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
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Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
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Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
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Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
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Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
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La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
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L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
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Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
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Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
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Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
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L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
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Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
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C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
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La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
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Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
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L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
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Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
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George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
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En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
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Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
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Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
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La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
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Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
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La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
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Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
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La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
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La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
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La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
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Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
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En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
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Reliefs.
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Cartographie.
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Précipitations moyennes annuelles.
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Vents.
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Principales agglomérations.
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Densités.
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Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
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L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
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Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
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L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
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Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
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L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
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Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
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La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
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Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
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Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
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Les autres lacs importants sont :
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Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
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Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
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Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
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La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
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Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
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Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
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Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
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Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
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De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
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Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
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En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
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Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
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Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
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Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
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Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
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Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
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Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
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Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
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Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
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Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
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Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
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Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
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En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
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Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
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En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
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Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
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Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
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Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
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Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
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Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
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Quelques chiffres récents :
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Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
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46 326[92]
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2005
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IDH
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Coefficient de Gini
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0,469
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2005
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Pauvreté
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12,6 % à 3,3 %[92]
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2005
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Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
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En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
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L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
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La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
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En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
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En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
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Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
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Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
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La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
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En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
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Structure par âge (estimation 2011[40]) :
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La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
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La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
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Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
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Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
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Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
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En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
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Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
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La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
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Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
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Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
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Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
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Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
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Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
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Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
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L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
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L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
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L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
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Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
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En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
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En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
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Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
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La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
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Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
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Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
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La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
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D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
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Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
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Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
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Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
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Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
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Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
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Les États-Unis ont pour codes :
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fr/5885.html.txt
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Une clé USB est un support de stockage amovible, inventé dans les années 2000 et prévue pour se brancher sur un port USB d'un ordinateur mais qui est, depuis plusieurs années, largement utilisé sur d'autres appareils (chaînes Hi-Fi, lecteurs de DVD de salon, autoradios, radiocassettes, téléviseurs, etc.). Une clé USB contient une mémoire flash et ne possède pas ou très peu d'éléments mécaniques, ce qui la rend très résistante aux chocs.
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Elle permet de copier facilement des fichiers d'un appareil, ayant des capacités d'écriture, à un autre[a].
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Un brevet américain pour une clé USB fut demandé en avril 1999 et attribué le 14 novembre 2000 à l'entreprise israelienne M-Systems. Plus tard en 1999, IBM déposa une invention disclosure par un de ses salariés[1].
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Pour les produits similaires mais contenant un minuscule disque dur à la place de la mémoire flash, on n'utilise pas le terme clé USB mais plutôt celui de flash disk, microdrive ou disque dur externe.
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La clé USB permet de stocker facilement des fichiers à partir de tout système disposant de prises USB (ordinateur de bureau, ordinateur de poche, etc.). Elle permet donc de transférer des données entre ordinateurs et donne la possibilité d'effectuer une copie de tout document, à condition de disposer du matériel (scanner équipé d'une prise USB et d'un ordinateur disponible et opérationnel) et de tous les documents que l'on veut emporter, pendant tout le temps nécessaire pour effectuer l’opération.
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Elles sont aussi parfois utilisées à des fin d'espionnage et peuvent par exemple contenir un cheval de Troie[2].
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Les clés USB sont alimentées par le port USB sur lequel elles sont branchées. Elles sont insensibles à la poussière et aux rayures, contrairement aux disquettes, aux CD ou aux DVD, ce qui est un avantage au niveau de la fiabilité. En 2008, les clés commercialisées étaient au format « USB 2.0 » ; en 2010, beaucoup de produits commercialisés utilisaient la nouvelle spécification « USB 3.0 ». Les clés USB sont désormais reconnues nativement par la plupart des systèmes d'exploitation utilisés à ce jour (Windows XP, Vista, Windows 7, Windows 8 et Windows 10, Mac OS X, toutes les distributions Linux, et Chrome OS). Seuls certains OS plus anciens (Windows 95, 98 et NT) nécessitent l'installation de pilotes afin de pouvoir utiliser des clés USB. En 2013, les clés USB affichaient des capacités allant de quelques Mo à 1 To[3].
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Les clés USB basées sur des mini disques durs[4] ont un débit généralement meilleur que les clés USB à mémoire flash[réf. nécessaire], mais les temps d’accès sont plus longs, elles sont plus fragiles, elles peuvent chauffer en cas d’utilisation intensive et leur taille est légèrement plus grande que les clés USB, mais elles tiennent facilement dans la poche.
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Ces nouvelles générations de clés USB 3.0 peuvent être de très faibles dimensions et certaines sont plus petites qu'une pièce de 1 euro[5].
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Avec la généralisation de l'usage des tablettes, notamment Android, on voit apparaître de nouvelles clés USB permettant un échange facile entre le PC et la tablette. Ces clés disposent d'un double connecteur USB et micro USB[6].
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La durée de vie (ou MTTFF) de la clé elle-même n'est pas spécifiée. Cependant, quelle que soit l'annonce des fabricants, cette donnée demeure fondée sur une statistique. Toute clé est donc susceptible de tomber en panne au bout de quelques jours aussi bien que de quelques années. Ce phénomène peut engendrer une perte partielle ou totale des données.
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Les constructeurs annoncent une conservation des données pendant au moins dix ans, voire beaucoup plus[7]. Dans son article Not all USB drives are created equal, le magazine Computerworld se montre plus réservé en attirant l'attention sur les écarts importants existant entre les différents modèles[8]. Cela vient du fait que la charge électrique stockée, qui représente l'information, n'est pas parfaitement isolée et peut donc disparaître au bout d'un certain temps, avant lequel il faut effectuer une réécriture pour s'assurer de la conservation des données[9] ; la qualité de l'isolation définirait donc la durée de conservation des informations.
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Il ne faut pas confondre cette durée de conservation des informations avec la durée de vie de la clé qui peut tomber en panne ou perdre des données bien avant la fin de celle-ci.
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Les causes de panne et de perte de données peuvent être entre autres :
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Les performances dépendent de la conception du modèle qui inclut le choix de composants, de l'architecture et du contrôleur mémoire. Des techniques comme l'amplification d'écriture influent sur les performances[10]. Elles peuvent varier en fonction du système d'exploitation ou du matériel sur lequel elle est utilisée.
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Le débit de données varie donc en lecture, en écriture et dépend du nombre de fichiers copiés et de l'organisation du contenu de la clé. On peut avoir des débits de quelques Mo/s à plusieurs dizaines de Mo/s, qui peuvent chuter dans le cas de transfert d'un grand nombre de petits fichiers.
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Différents critères améliorent l'ergonomie de la clé : présence et positionnement du témoin lumineux d'activité, système de protection du connecteur (capuchon rotatif ou rétractable, connecteur rétractable), accessoires fournis (dragonne, cordon-collier ou chaînette porte-clé, rallonge USB), logiciels portables (fonction de chiffrement, synchronisation de données, importation de mails voire suite logicielle), design de la coque, etc.[11].
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Avec Windows Vista est apparue la certification ReadyBoost qualifiant une clé USB qui permet d'alléger la charge du disque dur au moment du lancement d'un PC[12]. La clé USB 2.0 a un débit plus lent qu'un disque dur 2009, mais son temps de latence d'accès à chaque fichier de quelques millisecondes est meilleur que les quelques dizaines de millisecondes du disque dur. Le bilan de la clé peut donc être positif.
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Certaines clés ont une fonction différente, ou une fonction supplémentaire de la fonction de mémoire de masse :
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On trouve aussi des clés USB dans certains couteaux suisses.
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Une clé peut avoir une partition publique et une dont l’accès est soumis à un mot de passe. Les données confidentielles sont sécurisées (paramètres de connexion, portefeuille de mots de passe, courrier électronique, etc.).
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Si le firmware le permet, certains ordinateurs ont la possibilité de démarrer une distribution live, c’est-à-dire un système d'exploitation exécutable depuis un support amovible, à partir d’une clé USB. Microsoft le propose sur Windows 8 Entreprise avec Windows To Go[15].
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Lorsque le firmware ne le permet pas, on contourne le problème en démarrant depuis un CD-ROM contenant des pilotes USB permettant à leur tour une émulation du démarrage sur la clé (voir par exemple Flonix). Cette manipulation n’est possible qu’avec un BIOS ou un EFI, et non avec un Open Firmware.
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Originellement, les systèmes d'exploitation ne pouvaient créer qu'une seule partition sur les clés USB, qui ne pouvaient être formatées que dans les diverses variantes de FAT, excepté le format exFAT qui, malgré son nom, n'est pas une variante du système FAT. Cependant, la progressive augmentation de taille des supports de stockage enfichables (clés USB, mémoires flash, cartes SIM...) comme l'augmentation de taille des fichiers, spécialement des vidéos, obligea à permettre l'usage d'autres systèmes de fichiers qui passent (sous Windows) la limite de 32 Go de taille de partition, et, sur FAT32, la limite de 4 Go de taille de fichier.
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Le système exFAT, sorti en 2006 et implémenté dans le système embarqué Windows CE, fut la première proposition de Microsoft pour dépasser ces deux limites. Pour la FAT32, la limitation à 32 Go de taille de partition n'est pas native, ce système de fichiers pouvant nominalement gérer des partitions de 16 To et factuellement, selon les systèmes d'exploitation, y compris Windows, de 2 à 4 To. De fait, les versions 32 bits de Windows 95/98 sont capables de créer et formater de grandes partitions, tandis que ceux de la famille NT, s'ils peuvent les créer, ne peuvent formater de partitions de plus de 32 Go. Cette limitation est probablement liée à la volonté de répandre l'usage du système NTFS, apparu avec Windows NT 4. Les autres systèmes d'exploitation et certains utilitaires fonctionnant sous Windows n'ont pas cette limitation.
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Jusqu'à la sortie de Windows Vista en 2007 puis de la mise à jour de Windows XP dite SP3 (« Service Pack 3 ») en avril 2008, les systèmes Windows ne pouvaient formater une clé USB qu'en FAT ou en exFAT ; à partir de ces sorties, il est devenu possible de les formater en NTFS, après modification de la stratégie de gestion du périphérique à formater. Pour les autres systèmes, en premier, pour ceux grand public, les Mac OS et les divers Linux, il y a, de plus longue date, possibilité de créer des partitions d'autre type bien qu'on recommande, pour des questions de compatibilité, de les formater en FAT32 si l'on compte les utiliser comme périphériques de stockage pour fichier de moins de 4 Go.
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Contrairement aux systèmes Windows, et aux Mac OS sauf les plus récents, la majorité des distributions Linux ont la possibilité de créer plusieurs partitions sur une clé USB, possibilité qui est d'ailleurs une nécessité quand on veut utiliser une clé USB comme périphérique d'amorçage, les divers Linux nécessitant au moins deux et souvent trois partitions pour fonctionner.
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À noter que certaines clés auront besoin d'être reformatées afin d'être utilisées sur certains supports (comme les téléviseurs par exemple). N'étant pas capable de lire toutes les normes de partitionnement, il faudra rendre la clé USB compatible en la reformatant.
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Les composants d'une clé USB sont généralement[16] :
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Les disquettes ne sont plus guère utilisées depuis 2006, à cause de leur faible contenance (1,44 Mo), de leur lenteur et surtout de leur inconstance. Les disquettes furent longtemps le moyen le plus populaire de stockage externe des fichiers, mais leurs lecteurs n'équipent plus en standard les ordinateurs depuis 2005. Les PC possèdent en revanche une interface USB, car ils sont définis comme tels par les spécifications annuelles élaborées en commun par Microsoft et Intel. Les clés USB sont plus rapides que les disquettes, contiennent plus de données et ne nécessitent pas de lecteur spécifique. Les disquettes subsistent de façon optionnelle pour leur facilité d’utilisation avec d’anciens systèmes d’exploitation (comme Windows 98 SE, qui nécessite l’installation d'un pilote pour l’utilisation d’une clé USB) et leur facilité de démarrage.
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Certaines clés USB sont équipées du format logiciel U3 créé à l'initiative d'un groupement de fabricants de clés dont les sociétés SanDisk et M-Systems : le branchement de la clé fait apparaître, sous Windows, un périphérique de stockage en lecture-écriture, qui apparaît comme un disque dur, et un périphérique en lecture seule, qui apparaît comme un périphérique optique. Les clés U3 contiennent un processeur cryptographique intégré. Cette solution implique en contrepartie l'acceptation d'un risque de sécurité, en fonction du degré de confiance qu'on accorde au constructeur.
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L’augmentation de capacité de stockage des clés USB permet d’y installer des logiciels et de se déplacer partout avec ses données et ses logiciels préférés. On peut même amorcer un système complet depuis une clé.
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Des sites web commencent à proposer des « packs pré-construits » de logiciels payants ou en licence libre en version installables sur une clé USB.
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Il est courant d'installer une distribution Linux sur clé USB. Il suffit d’extraire l’ISO d’un Live CD sur cette clé et de la rendre amorçable (voir Live USB). En revanche, le nombre d'écritures sur une clé USB étant techniquement limité (10 000 à 100 000 selon la technologie de réalisation des cellules), il faut prendre plusieurs précautions si on veut l'utiliser en lecture-écriture[17] (ne pas y placer de fichier d'échange «swap »).
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Contrairement à la clé USB traditionnelle, où l'usage consiste à stocker des fichiers sur un support amovible, la clé de sécurité ou dite « biométrique » réside dans le stockage d'information confidentielle par le biais de chiffrement de la clé et qui ne peut appartenir qu'à une seule personne.
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Sur le marché, il existe plusieurs variantes de clé avec leurs propres niveaux de sécurité ainsi que l'existence de plusieurs formes et formats.
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Concernant les navigateurs, peu d'entre eux ne sont pas adaptables aux clés de sécurité. Pour l'instant[Quand ?], les navigateurs Opéra et Google Chrome peuvent accueillir ce type de clé.
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De par leur usage massivement répandu, les clés USB sont un moyen privilégié pour propager les virus, hors internet. Cette transmission est généralement invisible de l'utilisateur, même si des cas se sont avérés où l'objectif était l'infection volontaire. Ainsi, en 2007 à Londres, des personnes malintentionnées ont délibérément laissé traîner des clés USB contenant des chevaux de Troie, dans le but d'infecter les ordinateurs de ceux qui les ramassaient[18].
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Certains virus s'installent dans la clé de façon difficilement détectable (à la suite de l'ouverture d'une pièce jointe contenue dans un mail par exemple) et s'exécutent automatiquement lorsque la clé USB est branchée sur un ordinateur grâce à un « Autorun » (ouverture automatique).
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Il existe des clés USB qui « mentent » : elles ont un espace de stockage réel moindre que la valeur affichée par le système d'exploitation[19]. Ces clés ont été fabriquées pour simuler une capacité beaucoup plus grande que leur capacité réelle (exemple : une clé de 16 Mo qui affiche une capacité de 16 Go, une clé de 4 Go qui affiche 32 Go).
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L'intérêt pour le fabricant et/ou le vendeur est de gagner davantage d'argent en escroquant son client.
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Lorsque des fichiers sont écrits, la clé peut avoir différents comportements :
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Ces différents comportements rendent difficile pour l'utilisateur la compréhension du dysfonctionnement. Un test consiste à copier des fichiers compressés (ex : ZIP) de grand taille, puis vérifier leur intégrité avec le logiciel de compression approprié. Une signature de gros fichier peut aussi être demandée.
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Pour l'anecdote, en 2011 sur le même principe une contrefaçon de disque dur externe (utilisant une clé USB) était découverte[20].
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Il existe des logiciels qui permettent de vérifier si une clé USB est contrefaite ou non (ex : H2testw[21], USB Flash Tools[22]) et de corriger (en l'abaissant) sa capacité de stockage (Chip Genius[23],[24]).
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En apparence comparable à une clé USB, un USB killer (destructeur USB) est un dispositif électrique qui charge ses condensateurs à partir des broches d'alimentation du connecteur USB et les décharge rapidement sur celles de données. Ce dispositif totalement autonome permet donc la destruction instantanée et permanente de tous les appareils sur lesquels il est branché[25].
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Star Trek[n 1] (à l'origine nommée sous son titre français, Patrouille du cosmos[1]), est un univers de science-fiction, créé par Gene Roddenberry en 1966, qui regroupe sept séries télévisées qui comptabilisent 759 épisodes[n 2] (soit plus de cinq cent quarante heures de programme), treize longs métrages[n 3], des centaines de romans, de bandes dessinées et des dizaines de jeux vidéo, ainsi qu'une fanfiction importante. Entre 2006 et 2019, la franchise de télévision était la propriété exclusive de la compagnie CBS, tandis que la franchise cinématographique était la propriété de la Viacom, maison-mère de Paramount Pictures. Depuis la fusion de ViacomCBS en 2019, la franchise Star Trek est de nouveau réunie au sein d'une même entité[2].
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Dans l'univers Star Trek, l'humanité développe le voyage spatial à vitesse supraluminique, grâce à un moteur à distorsion, à la suite d'une période post-apocalyptique du milieu du XXIe siècle (voir le Jour du Premier Contact). Plus tard, l'homme s'unit à d'autres espèces intelligentes de la galaxie pour former la Fédération des planètes unies. À la suite d'une intervention extraterrestre, et grâce à la science, l'humanité surmonte largement ses nombreux vices et faiblesses terrestres, au XXIIIe siècle. Les histoires de Star Trek dépeignent souvent les aventures d'êtres humains et d'espèces extra-terrestres qui servent dans Starfleet, ainsi que les nombreux contacts de ceux-ci avec d'autres civilisations.
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Les protagonistes, dont les idéaux sont parfois imparfaitement appliqués aux dilemmes présentés dans la série, sont essentiellement altruistes. Les conflits et les dimensions politiques de Star Trek forment des allégories pour des réalités culturelles contemporaines ; la série télévisée originale de Star Trek aborde les questions des années 1960, tout comme, plus tard, des séries dérivées ont reflété des questions de leurs époques respectives. Les problèmes soulevés dans les différentes séries sont : la guerre et la paix, l'autoritarisme, l'impérialisme classique, la lutte des classes, l'eugénisme, la géopolitique, le racisme, les droits de l'homme, le sexisme, le féminisme et le rôle de la technologie[3].
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L'univers Star Trek dépeint un futur optimiste, utopique, dans lequel l'humanité a éradiqué la maladie, l'injustice, le racisme, la pauvreté, l'intolérance et la guerre sur Terre, où la paix règne. Elle s'est également unie à d'autres espèces intelligentes de la galaxie. Les personnages explorent l'espace, à la recherche de nouveaux mondes et de nouvelles civilisations et s'aventurent « là où aucun homme, là où personne, n'est jamais allé ».
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Bien que la première série n'ait pas rencontré un grand succès lors de sa diffusion, il est apparu que cet univers suscitait beaucoup d'enthousiasme chez un public particulier de fans, les Trekkies ou Trekkers scolarisés. Ces amateurs inconditionnels ont fait le succès des rediffusions et créé un marché pour les séries suivantes et autres films fondés sur le travail de Gene Roddenberry. Star Trek reste, au XXIe siècle, un des divertissements de science-fiction les plus populaires de la télévision.
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Les histoires de Star Trek font partie intégrante de la culture américaine. À la suite d'une opération de lobbying des fans de la série, la NASA a accepté de nommer Enterprise le prototype de la navette spatiale.
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Plusieurs épisodes de la première série se fondent sur une confrontation entre une puissance supérieure, généralement une race extraterrestre avancée (possédant souvent de formidables pouvoirs mentaux), avec une technologie de pointe, et un être humain ayant acquis, dans des circonstances particulières, des pouvoirs inhabituels, parfois avec un dieu. Souvent, le but de la puissance en question est d'asservir (ou de détruire) le vaisseau et son équipage, mais tous deux sont sauvés par le capitaine James T. Kirk (James R. Kirk dans le premier épisode de la série, Où l'homme dépasse l'homme), qui est interprété par l'acteur William Shatner. Un cas exceptionnel est l'épisode fameux des Tribbles qui, avec humour, fait entrevoir une autre série de thèmes possibles sur les divers points de vue des espèces ou sur l'environnement. Parfois le scénario est inversé, et les entités « supérieures » « moralisent » les humains (Arena, Les Arbitres du cosmos, L'Impasse). Certains épisodes font appel à des scénaristes réputés (par exemple Robert Bloch sur trois épisodes, dont celui concernant Jack l'Éventreur).
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Il n'y a pas d'histoire se prolongeant tout le long de la série originale (contrairement à la série dérivée Deep Space Nine, ou, dans une moindre mesure, Voyager), chaque épisode formant une structure close, séparée des autres, le seul élément de continuité étant la distribution et certains ennemis récurrents comme les Klingons. Tous les épisodes sont au format 52 minutes, sauf l'épisode La Ménagerie, en 2 x 52 minutes, en raison de la réutilisation du premier pilote The Cage, qui fait référence à un couple (équipage, vaisseau) plus ancien.
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La société utopique, la Fédération des planètes unies (FPU), dépeinte dans Star Trek, se fonde sur une « économie de l'abondance », autorisant un progrès des sciences et des technologies. Cette abondance permet, aussi, à chacun, de satisfaire presque tous ses besoins et désirs. Le travail et le commerce ne sont pas nécessaires, l'argent n'existe plus. Les émotions négatives, comme l'avarice ou la jalousie, y sont quasiment inexistantes.
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Roddenberry était partisan d'une politique égalitaire et a fréquemment utilisé les épisodes pour présenter sa vision d'une société utopique, basée sur ces principes. La série originale, par exemple, possède un membre d'équipage féminin afro-américain : Nyota Uhura, rôle interprété par l'actrice Nichelle Nichols, une des premières femmes afro-américaines à tenir un rôle principal à la télévision américaine. Il fait également intervenir un personnage originaire de Russie — Pavel Chekov, interprété par Walter Koenig — et ce en pleine guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique. Le premier officier vulcain M. Spock, joué par Leonard Nimoy, n'a pas eu, tout d'abord, les faveurs des cadres de la chaîne sous le prétexte que son aspect vaguement satanique pouvait s'avérer trop inquiétant pour le public, mais M. Spock est devenu l'un des personnages les plus populaires de la série originale.
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Pour illustrer cette vision idéaliste, le premier pilote de la série, The Cage, a été refusé parce que le commandant en second de l'Enterprise était joué par une femme (Majel Barrett, alias l'infirmière Christine Chapel dans Star Trek puis Lwaxana Troi dans Star Trek : La Nouvelle Génération), ce que la Paramount a jugé « irréaliste ».
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De même, pour faire accepter à la Paramount l'actrice noire Nichelle Nichols, qui était pourtant une artiste reconnue en Angleterre, Roddenberry a dû recourir à un chantage devenu classique : « She stays or I leave! » (« Elle reste ou je pars ! »). En outre, le baiser échangé entre celle-ci et le capitaine Kirk, dans l'épisode 3-10 (La Descendance), met alors en œuvre un contrôle mental comme prétexte pour briser ce tabou du premier baiser interracial de la télévision américaine[4],[5],[6]. L'épisode fut diffusé le 22 novembre 1968, alors que la sortie nationale du film Devine qui vient dîner ? datait déjà cependant du 12 décembre 1967. Un courrier impressionnant fut à l'époque adressé à la Paramount qui craint même, un moment, une fin de diffusion dans les États du Sud. Lors d'une rencontre particulière entre Nichelle Nichols et Martin Luther King, ce dernier dissuada l'actrice de quitter la série, arguant qu'elle représentait une icône importante pour les mouvements noir et féminin. Son personnage a été recruté uniquement pour ses capacités, et sur aucun autre critère à bord de l'Enterprise[7]. En pleine guerre froide, la série présente également le Russe Chekov et l'Américain Kirk travaillant sereinement avec le Japonais Sulu[8].
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Presque dix années se sont écoulées entre la fin de la première série et le premier film de cinéma. Dans l'intervalle, de nombreux romans ont été publiés par des auteurs multiples. L'univers de Star Trek a survécu à une longue traversée audiovisuelle du désert, grâce à l'écriture. Il s'est également enrichi par le partage et le travail collectif. Sauvée une première fois par ses fans, maintenue et développée par une collectivité informelle d'auteurs, l'utopie de Star Trek se trouve autant dans sa naissance que dans son contenu.
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En 1987, une nouvelle série est lancée, Star Trek : La Nouvelle Génération (Star Trek: The Next Generation ou ST : TNG), comportant un nouvel équipage. Contrairement à la série originelle, ST : TNG décrit un univers dans lequel la plupart des races rencontrées sont équivalentes, d'un point de vue technologique, et un nombre important d'épisodes n'est plus basé sur le concept de « premier contact », mais sur de nouveaux arguments, tels que les paradoxes du voyage temporel, ainsi que les univers parallèles.
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La Directive Première (Prime Directive), qui contraint la Fédération à ne pas interférer dans l'évolution des espèces moins évoluées, prend plus d'importance dans cette série. Elle est l'occasion de cas de conscience, lorsque des espèces menacées de destruction ne devraient pas être assistées par respect de cette directive. Mais, souvent, l'existence de cette directive devient un prétexte pour la contourner... Avec le décès de Roddenberry, en 1991, la technologie perd son cachet optimiste et prend un visage oppressif.
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Enfin, cette série connaît des liens historiques forts entre les épisodes, avec des objets ou des personnages qui apparaissent au cours de plusieurs épisodes (et même provenant de saisons précédentes), donnant à la série une cohérence plus forte. Des personnages de la série originelle font aussi leur apparition.
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Roddenberry continua à être crédité en tant que producteur exécutif de ST : TNG, même lorsque son influence diminua, alors que la série progressait. Avec l'arrivée du producteur Rick Berman, elle a lentement pris une nature plus basée sur les masques, en intégrant de plus en plus des scènes d'animation et des discours cryptés pour certaines audiences. Ceci est devenu plus apparent dans la majeure partie de la série suivante.
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En juin 2018, Alex Kurtzman responsable de la franchise a signé avec CBS Television Studios un contrat de cinq ans pour développer plusieurs séries de l'univers Star Trek[9],[10] :
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En février 2020, le CEO de ViacomCBS annonce deux nouvelle série Star Trek en plus de Discovery, Picard, Section 31, Prodigy & Lower Decks[11].
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En mai 2020, CBS ALL ACCESS commande officiellement une nouvelle série Star Trek nommée Strange New World pour 2022[12].
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Voici la chronologie « en-univers Star Trek » des séries télévisées et des films. Elle permet de situer, dans le temps, les événements s'y déroulant. On peut voir que les événements de la série Enterprise se déroulent un siècle avant la série Star Trek et que les autres séries (TNG, DS9, VOY) se déroulent environ un siècle après.
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La plus récente série télévisée Star Trek : Discovery se déroule une dizaine d'années avant la série originale et introduit de nouveaux personnages qui ne sont pas liés au film de 2016, Star Trek : Sans limites. La série est diffusée depuis le 24 septembre sur le service vidéo à la demande CBS All Access. Elle est également diffusée sur Netflix dans 188 pays (dont la France), les droits de télédiffusion ont été attribués à Bell Media au Canada. Plusieurs séries amateurs ont également été produites depuis, comme Star Trek : New Voyages (en) (anciennement Star Trek Phase II), dans laquelle des artisans de la franchise font des apparitions[36] ou Star Trek Continues (en).
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Un onzième long-métrage, reboot et relancement de la franchise, intitulé simplement Star Trek, est sorti le 6 mai 2009, et met en vedette Chris Pine, dans le rôle du jeune James T. Kirk, et Zachary Quinto, dans le rôle d'un jeune Spock. Leonard Nimoy accepta de participer au film et de reprendre son rôle de Spock. Grâce à son scénario utilisant le voyage temporel, le film est à la fois un nouveau départ et une suite de la franchise. Le retour dans le passé du Spock incarné par Leonard Nimoy permet en effet de créer une nouvelle temporalité, une sorte de monde parallèle, sans remettre en cause les évènements racontés dans les précédents films et séries.
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Un MMORPG, intitulé sobrement Star Trek Online, est également sorti le 5 février 2010, en France, et le 2 aux États-Unis. L'histoire se déroule en 2409, et poursuit donc l'exploitation de l'univers Star Trek. De nombreux clins d'œil, envers les différentes séries Star Trek, y attendent les joueurs connaisseurs de cet univers.
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L'univers Star Trek est aussi une série de romans, s'inscrivant dans tous les univers des différentes séries. À la suite du succès éditorial de la série Star Trek : New Frontier par l'écrivain Peter David (qui présente les aventures de l'USS Excalibur, un équipage original jamais apparu dans une série ou un film Star Trek), d'autres romans se basant sur l'univers Trek en général, sans s'appuyer sur une série en particulier, ont été publiés. William Shatner, le fameux capitaine Kirk de la première série, a lui-même écrit plusieurs romans Star Trek, dont une série qui se poursuit d'un roman à l'autre. Faisant suite au film Generation, le dernier film à mettre en scène le capitaine Kirk et le premier avec le nouveau capitaine Jean-Luc Picard, cette série de romans s'amorce avec le titre Les Cendres d'Eden et se termine avec Les Préservateurs.
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L'Utah (/y.ta/[2] ; en anglais : /ˈju.tɑ/[3] ou /ˈju.tɔ/ ; en navajo : Áshįįh Biiʼtó Hahoodzo, /ɑ́ʃĩːh piːʔtxó hɑ̀hòːtsò/) est un État de l'Ouest des États-Unis. La capitale est Salt Lake City, centre d'une zone urbaine où vivent 88 % des 2 763 885 habitants de l'État. L'Utah est connu pour sa grande diversité géologique, avec des montagnes enneigées, des vallées aux fortes rivières et des déserts arides aux formes géologiques spectaculaires. Un des emblèmes de cet État est ainsi une arche naturelle (Delicate Arch, située dans le parc national des Arches).
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L'État est aussi connu pour sa forte communauté mormone, qui en fait un des États américains les plus homogènes religieusement, avec environ 62 % des habitants se déclarant mormons[4]. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours influence grandement la culture de l'État et la vie quotidienne. Les pionniers mormons furent parmi les premiers colons à s'installer dans la région en 1847.
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L'économie de l'Utah repose sur les technologies de l'information, le transport et les mines. C'est également une destination touristique de premier ordre.
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Plusieurs interprétations existent quant au nom de cet État. Il serait dérivé de la langue amérindienne ute et signifie « peuple des montagnes », ou proviendrait du mot apache yuttahih, qui signifie « celui qui est plus haut ».
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Les Amérindiens sont présents dans la région depuis la préhistoire. Ils ont laissé des pétroglyphes et des pictogrammes, témoins de leur culture passée. Francisco Vásquez de Coronado a sans doute traversé le Sud de l’Utah actuel en 1540, alors qu’il cherchait les légendaires Cités d'or. Un groupe d’Espagnols, conduit par deux prêtres, quitte Santa Fe en 1776 à la recherche d'une route menant à la côte californienne. L’expédition parvient au nord du lac Utah et rencontre les Amérindiens. Puis des trappeurs explorent la région au début du XIXe siècle. La ville de Provo est nommée ainsi en l’honneur d’Étienne Provost qui voyagea dans la région en 1825.
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Les premiers colons mormons arrivèrent à Salt Lake City le 24 juillet 1847, alors que l’Utah était encore un territoire mexicain. Après le Traité de Guadeloupe Hidalgo, l’Utah est cédé aux États-Unis en 1848 (voir : Cession mexicaine). Mais il est l'un des derniers États continentaux à entrer dans l’Union en tant qu’État fédéré (1896). Un des obstacles principaux à cette accession a été l’attachement des mormons du XIXe siècle à la polygamie.
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L'Utah est l'un des Four Corners states. Il est bordé par l'Idaho au Nord, le Wyoming au nord et à l'est, le Colorado à l'est, le Nouveau-Mexique en un seul point au sud-est (au Four Corners Monument), par l'Arizona au sud et le Nevada à l'ouest[5]. Il couvre une superficie de 219 887 km2. L'Utah est l'un des trois seuls États américains (avec le Colorado et le Wyoming) à n'avoir que des lignes de latitude et de longitudes comme frontières.
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L'Utah est globalement rocheux avec trois régions géologiques distinctes : les montagnes Rocheuses, le Grand Bassin et le plateau du Colorado. L'Utah est connu pour sa diversité naturelle et abrite des formations géologiques très diverses, des déserts arides avec des dunes de sables aux prospères forêts de pin dans des vallées de montagne.
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L’Utah est caractérisé par une grande diversité géologique : au centre se trouve la chaîne Wasatch, qui s'élève à environ 3 650 m au-dessus du niveau de la mer. Certaines parties de ces montagnes reçoivent plus de 12 m de neige par an en faisant un lieu renommé pour la pratique du ski avec sa poudreuse et sa lumière. Au nord-est les monts Uinta (d’orientation est-ouest) comprennent le plus haut sommet de l’État (Pic Kings, 4 123 m). À l’ouest des montagnes Wasatch, se trouve le Grand Lac Salé qui appartient au Grand Bassin (Great Basin). Les paysages du sud de l’Utah se caractérisent par des formes érodées par le Colorado et ses affluents. L’ouest est principalement aride ; le nord-est est plutôt montagneux avec de grandes forêts.
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Les principales curiosités naturelles sont des lacs :
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À plus de 2 000 m d'altitude, des milliers d'aiguilles et de flèches de calcaire orange, roses, blanches se dressent vers le ciel au Parc national de Bryce Canyon, l'un des plus célèbres sites de l'Utah. La nature a mis soixante millions d'années à les façonner. Et son œuvre continue encore aujourd'hui.
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Près de Kanab, des siècles d'érosion ont modelé ces blocs de grès mettant à nu le cœur et les veines de la roche. Dans ces paysages qui ont maintes fois servi de cadre à des westerns, on prélève certaines de ces pierres polies pour les transformer en objets d'art.
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Le président Donald Trump ouvre à partir de février 2020 le Grand Staircase-Escalante et Bears Ears à l'exploitation minière et au forage. Le premier voit la taille de sa zone protégée être réduite de près de la moitié, quand le second en perd 85 %[7].
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L'Utah est subdivisé en 29 comtés.
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L'Utah a pour codes :
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L'État de l'Utah est divisé en 29 comtés[8].
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Le Bureau de la gestion et du budget a défini cinq aires métropolitaines et cinq aires micropolitaines dans l'État de l'Utah[9].
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(125 442)
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(129 763)
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(3,4 %)
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En 2010, 94,9 % des Utahains résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 89,1 % dans une aire métropolitaine et 5,8 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine de Salt Lake City regroupait à elle seule 39,4 % de la population de l'État.
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Le Bureau de la gestion et du budget a également défini une aire métropolitaine combinée dans l'État de l'Utah.
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En 2010, l'aire métropolitaine combinée de Salt Lake City-Provo-Orem regroupait 82,2 % de la population de l'État.
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L'État de l'Utah compte 245 municipalités[10], dont 25 de plus de 30 000 habitants.
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Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'Utah à 3 205 958 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 15,99 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 2 763 885 habitants[11]. Depuis 2010, l'État connaît la 3e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis après le Dakota du Nord (7,6 %) et le Texas (5,2 %).
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Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, l'Utah devrait atteindre une population de 3 921 077 habitants en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, soit une hausse de 41,3 % par rapport à 2010[12].
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Avec 2 763 885 habitants en 2010, l'Utah était le 34e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,90 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord du comté d'Utah dans la ville de Saratoga Springs[13].
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Avec 12,98 hab./km2 en 2010, l'Utah était le 10e État le moins dense des États-Unis.
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Le taux d'urbains était de 90,6 % et celui de ruraux de 9,4 %[14]. L'État comptait le 8e plus fort taux d'urbains du pays.
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En 2010, le taux de natalité s'élevait à 18,9 ‰[15] (18,0 ‰ en 2012[16]) et le taux de mortalité à 5,3 ‰[17] (5,5 ‰ en 2012[18]). L'indice de fécondité était de 2,45 enfants par femme[15] (2,37 en 2012[16]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 4,9 ‰[17] (4,9 ‰ en 2012[18]). La population était composée de 31,51 % de personnes de moins de 18 ans, 11,51 % de personnes entre 18 et 24 ans, 28,15 % de personnes entre 25 et 44 ans, 19,80 % de personnes entre 45 et 64 ans et 9,03 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 29,2 ans[19].
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64 |
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Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 136 987) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 117 951) avec un excédent des naissances (166 447) sur les décès (48 496), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 18 957) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 13 966) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 4 991)[20].
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66 |
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67 |
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Selon des estimations de 2013, 90,8 % des Utahains étaient nés dans un État fédéré, dont 62,7 % dans l'État de l'Utah et 28,1 % dans un autre État (17,1 % dans l'Ouest, 4,3 % dans le Sud, 4,2 % dans le Midwest, 2,4 % dans le Nord-Est), 1,0 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 8,2 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (57,9 % en Amérique latine, 19,5 % en Asie, 12,1 % en Europe, 4,1 % en Amérique du Nord, 3,3 % en Océanie, 3,0 % en Afrique). Parmi ces derniers, 37,2 % étaient naturalisés américain et 62,8 % étaient étrangers[21],[22].
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68 |
+
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Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 100 000 immigrés illégaux, soit 3,6 % de la population[23].
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70 |
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Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 86,09 % — 2 379 560 personnes — de Blancs, 2,73 % — 75 518 personnes — de Métis, 2,00 % — 55 285 personnes — d'Asiatiques, 1,19 % — 32 927 personnes — d'Amérindiens, 1,06 % — 29 287 personnes — de Noirs, 0,89 % — 24 554 personnes — d'Océaniens et 6,03 % — 166 754 personnes — de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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72 |
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Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (2,54 %), principalement blanche et autre (0,65 %), blanche et asiatique (0,58 %) et blanche et amérindienne (0,46 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,20 %).
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74 |
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Les non-hispaniques représentaient 87,03 % — 2 405 545 personnes — de la population avec 80,38 % — 2 221 719 personnes — de Blancs, 1,96 % — 54 176 personnes — d'Asiatiques, 1,77 % — 48 985 personnes — de Métis, 0,98 % — 27 081 personnes — d'Amérindiens, 0,94 % — 25 951 personnes — de Noirs, 0,87 % — 23 909 personnes — d'Océaniens et 0,13 % — 3 724 personnes — de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 12,97 % — 358 340 personnes — de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (9,37 %)[19].
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76 |
+
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En 2010, l'État de l'Utah avait la 3e plus forte proportion d'Océaniens après Hawaï (9,96 %) et l'Alaska (1,04 %). A contrario, l'État avait la 5e plus faible proportion de Noirs après le Montana (0,41 %), l'Idaho (0,63 %), le Wyoming (0,84 %) et le Vermont (1,00 %).
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78 |
+
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79 |
+
L'État comptait également le 4e plus grand nombre d'Océaniens après la Californie (144 386), Hawaï (135 422) et l'État de Washington (40 475).
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80 |
+
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81 |
+
En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 86,6 %, dont 79,5 % de Blancs, 2,1 % d'Asiatiques, 1,7 % de Métis, 1,1 % d'Amérindiens et 1,0 % de Noirs, et celle des Hispaniques à 13,4 %[26].
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82 |
+
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83 |
+
L'Utah connaît depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale une baisse continue de la part de la population blanche non hispanique au sein de la population totale, marquée fortement depuis le début des années 1990 en raison notamment d'une immigration importante en provenance du Mexique, d’un âge médian plus élevé (30,6 ans[27]) que les Hispaniques (23,5 ans[28]), d'une natalité plus faible (17,7 ‰ en 2010) que les Hispaniques (25,8 ‰) et d'une augmentation substantielle des unions mixtes.
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84 |
+
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85 |
+
En 2010, les Blancs non hispaniques ne représentaient plus que 74,9 % des enfants de moins de 5 ans (17,2 % pour les Hispaniques, 3,5 % pour les Métis, 1,2 % pour les Asiatiques, 1,1 % pour les Noirs et 1,0 % pour les Océaniens) et 74,6 % des enfants de moins de 1 an (17,6 % pour les Hispaniques, 3,7 % pour les Métis, 1,2 % pour les Asiatiques, 1,0 % pour les Océaniens et 1,0 % pour les Noirs)[29].
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86 |
+
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87 |
+
Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, les Blancs non hispaniques constitueront 66,2 % de la population de l’État en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent[12].
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88 |
+
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89 |
+
En 2000, les Utahains s'identifiaient principalement comme étant d'origine anglaise (29,0 %), allemande (11,6 %), américaine (6,8 %), danoise (6,5 %), mexicaine (6,1 %), irlandaise (5,9 %), écossaise (4,4 %) et suédoise (4,3 %)[30].
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90 |
+
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91 |
+
L'État avait les plus fortes proportions de personnes d'origine anglaise et danoise, la 3e plus forte proportion de personnes d'origine écossaise, la 4e plus forte proportion de personnes d'origine suédoise, la 7e plus forte proportion de personnes d'origine basque ainsi que la 10e plus forte proportion de personnes d'origine néerlandaise.
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92 |
+
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93 |
+
L'État abrite la 40e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 5 650 Juifs en 2013 (1 900 en 1971), soit 0,2 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Salt Lake City (4 800) et Summit Park (600)[31].
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94 |
+
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95 |
+
L'État abrite également la 38e communauté arabe des États-Unis. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 5 607 Arabes en 2013, soit 0,2 % de la population, principalement des Libanais (1 625).
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96 |
+
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97 |
+
L’État abritait en 2013 une population noire assez bigarrée, composée principalement de descendants d’esclaves déportés sur le sol américain entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle (49,5 %) mais aussi d’Africains subsahariens (37,5 %), d’Hispaniques (7,3 %) et de Caribéens non hispaniques (5,7 %).
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98 |
+
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99 |
+
Le Bureau du recensement des États-Unis estimait le nombre d’Africains subsahariens à 12 298, soit 0,4 % de la population, principalement des Sud-Africains (1 740) et des Somaliens (1 611).
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100 |
+
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101 |
+
Le nombre de Caribéens non hispaniques était quant à lui estimé à 1 856, soit 0,1 % de la population.
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102 |
+
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103 |
+
Les Hispaniques étaient essentiellement originaires du Mexique (72,3 %)[32]. Composée à 44,0 % de Blancs, 7,4 % de Métis, 1,6 % d'Amérindiens, 0,9 % de Noirs, 0,3 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 45,5 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 35,1 % des Métis, 17,8 % des Amérindiens, 11,4 % des Noirs, 6,6 % des Blancs, 2,6 % des Océaniens, 2,0 % des Asiatiques et 97,8 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories[33].
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104 |
+
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105 |
+
L'État avait les 2e plus fortes proportions de personnes originaires d'Argentine (0,17 %), du Chili (0,12 %) et du Venezuela (0,10 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires du Pérou (0,27 %), la 8e plus forte proportion de personnes originaires d'Espagne (0,30 %) ainsi que la 10e plus forte proportion de personnes originaires du Mexique (9,37 %).
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106 |
+
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107 |
+
L'État comptait également le 9e plus grand nombre de personnes originaires d'Argentine (4 639).
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108 |
+
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+
Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Chinois (20,2 %), Viêts (14,5 %), Indiens (11,2 %), Japonais (11,0 %), Philippins (10,1 %), Coréens (9,7 %), Laotiens (4,5 %) et Cambodgiens (3,4 %)[34].
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110 |
+
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111 |
+
L'État avait la 7e plus forte proportion de Japonais (0,22 %).
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112 |
+
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113 |
+
Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Navajos (44,2 %), Utes (9,1 %) et Amérindiens du Mexique (3,2 %)[35].
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114 |
+
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115 |
+
Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Tongiens (38,3 %), Samoans (33,6 %), Hawaïens (7,8 %) et Marshallais (3,0 %).
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116 |
+
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117 |
+
Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,9 %), principalement blanche et autre (23,6 %), blanche et asiatique (21,1 %), blanche et amérindienne (16,7 %), blanche et noire (12,7 %) et blanche et océanienne (9,1 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,1 %)[36].
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118 |
+
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119 |
+
Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 55 % des habitants de l'Utah se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 15 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 31 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[38].
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120 |
+
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121 |
+
L'anglais est la langue officielle de l'État depuis 2000[39],[40].
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122 |
+
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123 |
+
Les mormons, pour vivre en accord avec leur foi, décidèrent de s'exiler dans le désert de l'Utah, faute de pouvoir s'installer plus à l'est. Les pionniers mormons s'installèrent en masse à partir de 1847, menés par Brigham Young, dirigeant mormon et futur premier gouverneur du territoire de l'Utah. Les mormons, habiles hommes d'affaires, épousèrent l'ère industrielle. Ils vont largement contribuer au développement économique de l'État.
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124 |
+
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125 |
+
Seule une petite partie des 15 millions de mormons vivent en Utah. Salt Lake City, capitale de l'État, est aussi le siège mondial du mormonisme, mais dans la ville même, les mormons sont légèrement minoritaires. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, dont les mormons sont membres, a été organisée aux États-Unis en 1830 par Joseph Smith. Ayant été créé par les pionniers mormons au XIXe siècle, l'État d'Utah a une vie politique, sociale et culturelle encore largement dominée par cette Église, qui impose une morale stricte à ses membres.
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126 |
+
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127 |
+
En 2013, les mormons représentent environ 62 % de la population de l'Utah[4]. Dans certains comtés, comme le comté d'Utah, la part des mormons dépasse 80 %[4].
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128 |
+
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129 |
+
Le Gouvernement fédéral a défini sept réserves indiennes dans ou en partie dans l'État de l'Utah.
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130 |
+
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(143)
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132 |
+
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133 |
+
(118)
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134 |
+
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135 |
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(173 667)
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136 |
+
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137 |
+
(166 824)
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138 |
+
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139 |
+
(1 742)
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140 |
+
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141 |
+
(1 652)
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En 2010, 31 103 Utahains résidaient dans une réserve indienne, soit 1,1 % de la population de l'État.
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La réserve indienne de Uintah and Ouray est la deuxième réserve la plus vaste (17 676,86 km2) des États-Unis après celle de la Nation navajo (62 564,24 km2). Elle était également la neuvième réserve la plus peuplée (24 369 habitants) des États-Unis en 2010.
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L'Utah est un État plutôt riche. Dans les zones irriguées, les récoltes sont abondantes. Il dispose en outre d'une industrie relativement importante et de ressources minières de valeur : or, cuivre, plomb et aussi dans la région de Moab, de l'uranium.
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L'Utah est l'un des États les plus conservateurs des États-Unis et un bastion du Parti républicain depuis les années 1950[45]. Cela s'explique principalement par l'importance de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, à laquelle appartiennent environ 75 % des électeurs (en 2008)[46]. Bien qu'ultraconservateurs sur les questions de société (avortement et mariage homosexuel), les électeurs de l'État sont plus modérés sur les questions d'immigration[46]. En 2004, par référendum, les électeurs de l'Utah ont approuvé par 66 % des voix (82 % hors Salt Lake City[réf. nécessaire]) un amendement constitutionnel définissant le mariage comme une union civile entre un homme et une femme, bannissant ainsi toute forme d'union homosexuelle[47]. Les rares bastions démocrates sont la capitale Salt Lake City et la station de sports d'hiver de Park City[46].
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La constitution de l'Utah date de 1895. Malgré la présence d'une communauté polygame importante, la constitution de l'Utah n'a jamais légalisé la polygamie, interdite par le Congrès fédéral. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours adopte officiellement une position neutre vis-à-vis des partis politiques et des candidats mais ses dirigeants ne cachent pas leur hostilités aux candidats dits libéraux ou progressistes, notamment sur les questions sociales. Les dirigeants et les militants du Parti républicain local sont néanmoins tous très proches de l'église de Jésus-Christ des saints des derniers jours au point d'être parfois perçu comme une de ses émanations.
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Jusqu'à l'élection présidentielle de 1952, l'Utah était un état qui penchait alternativement vers les Républicains ou les Démocrates. Ainsi, lors des premières élections organisées en 1896, les électeurs votèrent pour le démocrate William Jennings Bryan (82 % des suffrages) contre le républicain William McKinley, élu au niveau national. Quatre ans plus tard, ils votaient McKinley (50,58 %) contre le même Bryan (45 %). Après avoir été l'un des rares états à voter pour le républicain William Howard Taft en 1912, ils votèrent quatre ans plus tard pour son adversaire démocrate, le président Woodrow Wilson. L'Utah vota encore à quatre reprises pour le démocrate Franklin Delano Roosevelt puis pour Harry S. Truman.
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Depuis l'élection présidentielle américaine de 1952, l'Utah est incontestablement devenu l'un des bastions républicains les plus marqués du pays. Depuis cette date, un seul candidat démocrate, Lyndon B. Johnson en 1964, a remporté l'Utah (s'imposant alors face à Barry Goldwater).
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Les candidats républicains y ont également réalisés leurs meilleurs scores nationaux en 1976[49], 1980[50], 1984[51], 1988[52], 1996[53], 2000[54], 2004[55] et 2012. En 1992, l'Utah fut le seul état où le démocrate Bill Clinton, pourtant élu au niveau national, était arrivé en troisième position avec 24,65 % des voix derrière le républicain George Bush (43,36 %) et l'indépendant Ross Perot (27,34 %)[56].
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À l'élection présidentielle de 2004, le président républicain George W. Bush y a remporté la totalité des comtés, avec 71,54 % des voix contre 26 % au candidat démocrate John Kerry, parvenant à un pic record de 88,91 % des suffrages dans le comté de Rich.
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Lors de l'élection présidentielle de 2008, le candidat républicain John McCain y a obtenu 62,25 % des voix contre 34,22 % des voix au candidat démocrate Barack Obama.
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En 2016, le républicain Donald Trump obtient en Utah 45,1 % des voix face à 27,2 % pour son adversaire démocrate Hillary Clinton[57].
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Lors de la 115e législature du Congrès (2017-2019), l'Utah est représenté à la Chambre des représentants par quatre républicains, ainsi que par Mike Lee et Orrin Hatch, tous les deux républicains, au Sénat.
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Mike Lee, sénateur depuis 2011.
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Orrin Hatch, sénateur depuis 1977.
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La politique locale de l'Utah est largement dominée par les républicains. Près de 80 % des parlementaires sont membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Depuis 1896, l'Utah n'a ainsi eu que deux gouverneurs qui ne soient pas membres de cette Église[Lesquels ?].
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Depuis le 11 août 2009, le gouverneur de l'Utah est le républicain Gary Herbert qui avait repris en cours de mandat le poste du républicain Jon Huntsman, Jr. nommé ambassadeur des États-Unis en Chine. Le lieutenant-gouverneur de l'Utah est le républicain Spencer Cox. Les autres principaux postes élus de l'exécutif sont également détenus par des républicains.
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La Législature de l'Utah est largement dominée par les républicains. Lors de la législature 2017-2019, les républicains détiennent ainsi 62 sièges de la Chambre des représentants de l'État contre 13 aux démocrates tandis qu'au Sénat, 24 républicains font face à cinq démocrates.
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Le pouvoir judiciaire de l'Utah est composé des tribunaux suivants[58] :
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La SkyWest Airlines et Delta Air Lines relient les grands aéroports des États-Unis à ceux de Salt Lake City (aéroport international) et Cedar City. La voiture de location constitue ensuite le moyen idéal pour découvrir les parcs nationaux. Un circuit automobile est balisé dans chacun d'eux. La visite se poursuit à pied dans les Jardins du diable (en) à Arches et le long de l'East Rim Trail dans Zion, en jeep sur la piste d'Elephant Hill dans le Parc national des Canyonlands, à cheval dans Bryce, en avion au-dessus de Glen Canyon ou en bateau sur le lac Powell. Le soir, on s'arrête dans un « lodge », un motel ou un hôtel ou encore dans un terrain de camping.
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Les déserts du sud de l’Utah occupent cinq parcs nationaux :
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De nombreux autres parcs existent au niveau de l'État.
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Les monuments nationaux de l’Utah sont :
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Les Bears Ears sont également proposées au classement de monuments nationaux.
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Enfin, l’Utah dispose de plusieurs parcs fédéraux et monuments :
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Les universités en Utah sont[59] :
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L'Utah a accueilli les Jeux olympiques d'hiver de 2002.
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J'aime bien ce proverbe qui symbolise bien le fait qu'ici, dans Wikipédia, notre moindre écrit est conservé pour toujours.
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Je contribue surtout à Vikidia, une encyclopédie dont j'ai l'espoir qu'elle deviendra un jour aussi complète que wikipédia tout en employant un language destiné et approprié aux 8-13 ans. Je lui voue donc la plupart de mon temps sur les wikis.
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Vous me trouverez administrateur sur la version française et anglaise.
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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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Un bateau est une construction humaine capable de flotter sur l'eau et de s'y déplacer, dirigé par ses occupants. Il répond aux besoins du transport maritime ou fluvial, et permet diverses activités telles que le transport de personnes ou de marchandises, la guerre sur mer, la pêche, la plaisance, ou d'autres services tels que la sécurité des autres bateaux.
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Les bateaux ont accompagné l'Homme dans son évolution. Indispensables lors des grandes guerres et des conquêtes, et aussi pour la subsistance par la pêche, ils ont été transformés et font maintenant partie intégrante des systèmes commerciaux et militaires modernes : plusieurs millions de bateaux de pêche sont utilisés par quelques dizaines de millions de pêcheurs de par le monde et les guerres modernes font appel à des navires hautement sophistiqués pour transporter et soutenir les forces à terre ; près de 35 000 navires de commerce ont transporté 7,4 milliards de tonnes de marchandises en 2007[1] (voir détail de ces chiffres plus bas).
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Les bateaux ont également pris part aux grandes explorations, aux découvertes scientifiques et à la propagation des grandes cultures : les navigateurs chinois comme Zheng He ont permis de partager des inventions comme la boussole ou la poudre à canon, tandis que les expéditions en Amérique ont diffusé la culture européenne sur ce continent. Si les bateaux ont été utilisés pour les colonisations et le commerce triangulaire, ils ont aussi servi et servent toujours à la recherche scientifique et au rayonnement culturel des pays.
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Comme l’a démontré Thor Heyerdahl avec le Kon-Tiki, il est possible de faire de longues traversées avec un simple radeau de rondins.
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Le mot bateau est attesté pour la première fois en 1138 sous la forme batel « embarcation dont on se sert principalement sur les rivières » (Gaimar, L'Estorie des Engles [histoire des Anglais]). Il est issu de l'anglo-normand bat, lui-même emprunt au vieil anglais bāt (nominatif pluriel bātas) « embarcation, bateau de taille modeste » (> anglais boat, apparenté à l'allemand Boot et au néerlandais boot), procédant tous d'un germanique occidental *baitaz, lui-même d'un proto-germanique *baito- (« briser », « fendre »), dérivé avec le suffixe -ĕllus en latin médiéval (latinisme pour -el en ancien français, devenu -eau(x), normalement diminutif mais étant ici de nature expressive pour donner du corps au monosyllabe)[2],[3], la forme primitive bat est restée dialectale (normand, gallo), tandis que batel a encore été utilisée jusqu'au XVe siècle[4] et a persisté comme radical de mots tels que batellerie.
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Le terme peut concerner n'importe quelle structure flottante pouvant avancer efficacement et être dirigée (contrairement au radeau), mais d'autres appellations sont préférées dans certains cas : on parle d'embarcation pour un bateau de petite taille (de l'ordre de quelques mètres de longueur), de navire pour un bateau maritime ponté de fort tonnage, de vaisseau pour les mêmes navires anciens à voile et de bâtiment pour un navire de guerre ou de commerce.
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La distinction entre « bateau » et « navire » notamment, et même d'autres termes, reste cependant variable selon les usages, le contexte, etc. Juridiquement, « bateau » désigne un bâtiment destiné à la navigation sur les fleuves et canaux, tandis qu'un « navire » est destiné à la navigation maritime[5].
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L'emploi est quasiment sans ambiguïté dans certaines expressions consacrées ; on parle par exemple d'un « navire de charge » et d'un « bateau-feu », non de l'inverse ; mais d'autres expressions admettent les deux termes (« navire de pêche » ou « bateau de pêche »).
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La Royal Institution of Naval Architects (en) (RINA) britannique propose[6] de fixer une limite à 100 mètres de longueur hors-tout entre « navires » (« ships ») et « bateaux » (« boats »), limite vite démentie par l'utilisation du terme « small ships » (« petits navires ») pour combler les manques de cette définition[7].
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En pratique, l'équipage d'un pétrolier pourra appeler (son) « bateau » ce qui serait assez gros pour être appelé navire[réf. nécessaire].
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L'usage du terme « bateau » ou « navire » peut être contesté pour les sous-marins, qui peuvent flotter, mais aussi se déplacer dans les trois dimensions. Les équipages des sous-marins parlent toutefois fréquemment de leur bâtiment comme de leur « bateau »[8].
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Note : l'histoire des bateaux se confond avec celle de la navigation maritime ; on peut également consulter l'article Histoire de la navigation astronomique à ce sujet.
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L'invention du bateau est attestée au Néolithique, comme le montre l'épave d'Uluburun, même si des preuves montrent que l'homme a pris la mer il y a quelque 130 000 ans[9] et que le peuplement de la Nouvelle-Guinée par Homo sapiens il y a 40 000��ans pourrait selon Jared Diamond s'être fait par voie maritime. Ces premiers bateaux ont une fonction simple, qui est de pouvoir se déplacer sur l'eau, essentiellement pour la chasse et la pêche. Les plus anciennes pirogues monoxyles découvertes lors de recherches archéologiques sont la plupart du temps taillées dans des arbres résineux, à l'aide de simples outils en pierre. La pirogue de Pesse trouvé aux Pays-Bas est considérée comme étant le plus ancien bateau connu au monde.
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Il y a environ sept mille ans, des bateaux constitués de plaques de fibres végétales et des éléments de calfatage ainsi que de lest en bitume naviguent dans le Golfe persique, témoins des relations qu'entretiennent les populations de la péninsule arabique et de la Mésopotamie. Le plus vieux vestige de bateau de ce type en roseau est retrouvé à As-Sabiya, dans le désert du Koweït[10]. Il y a environ cinq mille ans, des constructeurs vivant au bord de la rivière Åmose au Danemark inventent le bordage cousu, qui permet progressivement d'augmenter la taille des embarcations. De la pirogue monoxyle, il ne reste bientôt que la quille des bateaux, qui perdure encore aujourd'hui dans les constructions en bois.
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Parallèlement, les premiers navigateurs constatent qu'en déployant une peau de bête ou une toile végétale tressée, tendue au bout d'une perche plus ou moins verticale fixée au fond de l'embarcation, ils peuvent utiliser la force éolienne : la voile est née. C'est ainsi que débute le peuplement de l'Océanie il y a trois mille ans[11] sur des pirogues pouvant embarquer jusqu’à une cinquantaine de passagers.
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Les Égyptiens ont une parfaite maîtrise de la construction des voiliers, dont on a retrouvé un exemplaire remarquable, la célèbre barque solaire, devant la pyramide de Gizeh. D'après Hérodote[12], les Égyptiens réalisent vers 600 avant notre ère une première circumnavigation autour de l'Afrique. Les Phéniciens et les Grecs achèvent progressivement de maîtriser la navigation en mer à bord des trières, explorent puis colonisent toute la Méditerranée à bord de leurs navires. Vers 340 av. J.-C., Pythéas atteignit Thulé qu'il ne put dépasser, bloqué par la banquise. Les Romains ont peu innové dans la construction navale, à l'exception du système d'abordage du corbeau. Leurs bateaux sont principalement en bordages à clin et à voile carrée[13].
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Avant l'introduction de la boussole, la navigation en mer se fait principalement par la navigation astronomique. L'usage de l'aiguille aimantée est mentionné en Chine dès le IIe siècle av. J.-C. et elle y est d'usage pour la navigation entre les IVe et VIe siècles. Cette utilisation est transmise aux Arabes qui, quelques siècles plus tard, la révèlent aux Européens du Moyen Âge.
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Jusqu'à la Renaissance, la technologie de la navigation reste primitive, basée sur les acquis techniques des civilisations méditerranéennes de l'Antiquité. L'absence d'avancée technologique importante n'empêche pas certaines civilisations de prospérer grâce à leur maîtrise de la navigation, comme les républiques maritimes de Gênes et de Venise, ou encore la marine byzantine. Les Vikings utilisent leurs knörrs pour explorer l'Amérique du Nord, commercer dans la mer Baltique et envahir ou piller de nombreuses régions côtières d'Europe occidentale.
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Vers la fin du XIVe siècle, des navires comme les cogues commencent à être systématiquement équipés de tours installées sur le pont, à la proue et à la poupe. Ces tours rendent le navire instable, et au XVe siècle, les caraques et les caravelles, les supplantent. Les tours sont progressivement remplacées par des châteaux installés à la proue et à la poupe, comme sur la Santa Maria de Christophe Colomb. L'invention du bordage à franc-bord permet une autre innovation beaucoup plus décisive, celle du sabord, et de l'artillerie qui y est associée.
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Au XVIe siècle, l'usage du franc-bord et des sabords se généralise sur les galions, ainsi que les ponts multiples, qui permettent d'augmenter le nombre de sabords et donc la puissance de feu. Les Anglais modifient leurs navires en conséquence, et font la preuve de l'efficacité de leur doctrine, en vainquant en 1588 l'Invincible Armada.
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La technique maritime dans la partie asiatique du globe se développe d'une façon assez similaire à celle de l'Europe, en termes d'efficacité et de complexité des bateaux. On peut noter des références d'actions navales japonaises dans les rapports de l'invasion mongole du Japon par la marine de Kubilai Khan en 1281. Il est probable que les Mongols permettent à cette époque le lien entre connaissances technologiques européennes et asiatiques.
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En Chine, 50 ans avant Christophe Colomb, Zheng He parcourt le monde à la tête d'une armada gigantesque pour l'époque, dont les plus grandes jonques comptent 9 mâts, mesurent 130 mètres de long et 55 mètres de large. L'armada de Zheng He emporte 30 000 hommes à bord de 70 vaisseaux, l'objectif des expéditions se limitant à vanter la gloire de l'empereur chinois.
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Au Japon, au cours de l'époque Sengoku (XVe au XVIIe siècle), les grands féodaux qui luttent pour la suprématie font construire de grandes flottes côtières de plusieurs centaines de bateaux, comme les Atakebune.
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Parallèlement à la spécialisation militaire, on constate entre l'Antiquité et la Renaissance une différenciation de plus en plus nette entre marine de pêche et marine commerciale. La pêche reste, et restera jusqu'à la fin du XIXe siècle, une activité essentiellement côtière, de cabotage, pratiquée par des individus ayant par ailleurs peu de moyens financiers, donc utilisant des bateaux de petite taille. Le commerce maritime, lui, connaît un essor progressif qui pousse à l'emploi de grands navires, tels que les gabares, affrétés par des compagnies maritimes aux moyens financiers importants. Cette activité de commerce reste également associée, en Europe du moins, à l'activité exploratoire, qui s'autofinance par les retombées commerciales de l'exploration.
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Lors de la première moitié du XVIIIe siècle, la marine française met au point un nouveau type de navire, portant soixante-quatorze canons. Ce type de navire devient l'ossature de toutes les flottes de combat européennes. Ces vaisseaux de 56 mètres de long nécessitent chacun plus de 3500 chênes centenaires pour leur construction, ainsi que 40 km de cordage. Ils emportent un équipage de près de 800 marins et soldats.
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La différenciation des fonctions des navires évolue peu jusqu'à la fin du XIXe siècle. La révolution industrielle et l'arrivée de nouvelles méthodes de propulsion (mécanique) et de construction (métallique) déclenchent par contre une explosion des différenciations. Le besoin d'avoir des bateaux de plus en plus efficaces pour les missions qui leur sont confiées, la fin des conflits systématiques pour la suprématie maritime, l'augmentation des capacités financières des puissances industrielles, engendrent une prolifération de bateaux à usage de plus en plus spécialisé, autant dans les domaines de la pêche et du commerce que dans le domaine militaire. On voit également apparaître des navires très spécialisés dans des fonctions nouvelles, comme les bateaux de sauvetage, les navires scientifiques, les bateaux pompiers.
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On comprend dès lors qu'une classification des bateaux par type ou par fonction est difficile. Soit on se limite aux quatre fonctions historiques : pêche, commerce, militaire, exploration, la classification est très généraliste, et déjà à ce niveau on a des difficultés à classifier la plupart des navires anciens; soit on classifie selon les types de navires spécialisés contemporains, et on ne sait alors vraiment plus comment classer les navires anciens. La difficulté est augmentée par le fait que la désignation de nombre de types de bateaux, comme sloop, frégate… est autant utilisée pour désigner des navires anciens que des bateaux modernes n'ayant parfois pas grand-chose à voir avec leurs prédécesseurs.
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Distinguer les bateaux anciens des bateaux modernes est également difficile, nombreux étant ceux pouvant relever des deux périodes.
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Actuellement, les bateaux et navires restent des outils essentiels pour le commerce international et local, la sécurité des États ou le rayonnement culturel.
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La flotte de commerce comprenait 34 882 navires de plus de mille tonneaux de jauge brute en 2007[1], totalisant 1,04 milliard de tonnes de port en lourd ; ils ont transporté 7,4 milliards de tonnes de marchandises en 2006, une somme qui a augmenté de 8 % par rapport à l'année précédente; la flotte de commerce croît au même rythme. En termes de tonnage, 37,5 % de ces navires sont des pétroliers, 35,8 % des vraquiers, 10,9 % des porte-conteneurs et 10,3 % des cargos polyvalents.
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En 2002, on comptait 1 240 navires de guerre en activité dans le monde, sans les petits navires comme les corvettes et patrouilleurs. Les États-Unis possédaient 3 millions de tonnes de matériel, la Russie 1,35 million, le Royaume-Uni 504 660 tonnes et la Chine 402 830 tonnes. Si le XXe siècle a vu se passer de nombreux engagements navals lors des deux guerres mondiales, il a aussi été marqué par la guerre froide et la montée en puissance des forces navales des deux blocs. Actuellement, les grandes puissances se servent de leur marine pour la projection de puissance (mener une guerre loin de son territoire, comme le Royaume-Uni aux Malouines ou les États-Unis en Irak) ou pour la défense de leur territoire.
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Il est plus difficile d'estimer le nombre de bateaux de pêche: les plus grands sont comptés comme navires de commerce, les plus petits sont innombrables: on peut en trouver dans la plupart des villages de bord de mer dans le monde, assurant la subsistance de leurs habitants. En 1995, la FAO estimait la flotte de pêche mondiale à quelque 3,8 millions de navires, dont un tiers de navires pontés et deux tiers d'embarcations non pontées d'une longueur généralement inférieure �� 10 mètres[14]. On estime que 132,2 millions de tonnes de poissons et de coquillages ont été produites en 2003[15]. En 1990, 28,6 millions de pêcheurs étaient en activité dans le monde[14].
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La flotte de plaisance est encore plus difficile à estimer, puisqu'elle rassemble un grand nombre d'embarcations, de bateaux annexes, etc. Rien qu'en France, 837 182 bateaux de plaisance étaient immatriculés en 2003, dont 75 % de bateaux à moteur.
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Quelle que soit sa taille, un bateau comprend toujours divers éléments constitutifs. On trouve un flotteur, solide fermé assurant l'étanchéité, constitué principalement de la coque et éventuellement d'un pont la recouvrant. Il dispose d'un système propulsif, souvent d'un système directionnel. Suivant l'utilisation du bateau, on trouve ensuite divers locaux, espaces, machines et équipements lui permettant d'assurer sa fonction.
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Le flotteur (la coque) doit avoir pour première caractéristique d'être plus léger que le poids d'eau correspondant à son volume, afin que la poussée d'Archimède lui permette de flotter. La coque peut prendre plusieurs formes, de simples rondins de bois assemblés pour constituer un radeau, aux coques composites des voiliers de compétition. Il peut y avoir une seule coque (monocoque), deux (catamaran), trois (trimaran) mais rarement plus, bien que certaines expériences soient tentées avec des pentamarans comme futurs navires de commerce. Les coques sont en général parallèles les unes aux autres, et reliées par des bras.
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La coque est divisée en plusieurs éléments : l'étrave est la partie la plus à l'avant, le brion est la partie avant sous la flottaison ; la quille ou la ligne de quille le prolonge sur sa longueur ; l'arrière est formé d'un étambot et d'un tableau arrière. La coque comporte souvent des appendices servant à la propulsion (hélice), à la giration (gouvernail), à limiter certains mouvements (quilles de roulis), à l'hydrodynamisme (bulbe d'étrave) ou aux fonctions du navire (apparaux de pêche, dôme sonar). La flottaison sépare les œuvres vives en dessous et les œuvres mortes au-dessus.
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La coque supporte enfin les différentes contraintes : contraintes hydrostatiques puisqu'elle doit supporter le poids du bateau, souvent inégalement réparti ; contraintes hydrodynamiques provenant du choc des vagues ; elle doit aussi prévenir le naufrage en cas de collision ou d'échouement. Elle est ainsi souvent doublée sur les plus gros navires, notamment les pétroliers. La coque est construite en bois pour les navires anciens et certains bateaux de plaisance, en acier pour la majorité des navires de commerce, en aluminium pour les navires rapides, en plastique pour de nombreux bateaux de plaisance et en composite pour les voiliers rapides.
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Si le système propulseur peut être constitué d'une simple pagaie, on trouve aussi sur les grands cargos, les plus gros moteurs Diesel au monde. La propulsion relève de trois catégories: propulsion humaine, propulsion vélique et propulsion mécanique. La propulsion humaine comprend la perche, encore utilisée en zone marécageuse, l'aviron (sport) utilisé en compétition et historiquement sur les galères, la pagaie, la godille et le pédalo. Actuellement ces systèmes sont réservés aux petites embarcations ou comme propulsion d'appoint sur les petits voiliers.
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La propulsion vélique s'effectue au moyen de voiles dressées sur un ou des mât(s), supportées par des espars et contrôlées par des cordages. Historiquement le système le plus employé jusqu'au XIXe siècle, il est maintenant réservé à la plaisance, aux régates et aux grands voiliers d'apparat. Cependant, des systèmes expérimentaux sont testés afin de réaliser des économies de carburant sur les grands navires, tels que la turbovoile ou le cerf-volant de traction.
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La propulsion mécanique comprend un moteur et un propulseur. Le moteur s'est d'abord développé avec la machine à vapeur, maintenant remplacée dans la plupart des utilisations par des moteurs Diesel deux-temps ou quatre-temps, par un moteur hors-bord à essence sur les petites unités, par une turbine à gaz sur les navires rapides (NGV, frégates…), ou par un groupe diésel-électrique pour des applications avancées. Certaines machines avancées combinent deux systèmes, comme le CODAG pour Combined Diesel and Gas (moteur Diesel et turbine à gaz combinés, sur les navires de guerre). Des moteurs électriques ont parfois été utilisés, par exemple sur des paquebots. Enfin, l'énergie nucléaire est employée sur des navires de guerre et les brise-glaces.
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Le propulseur le plus courant est l'hélice et ses diverses variantes: hélices jumelles, contra-rotatives, à pas variable, en tuyère… un petit bateau possède souvent une seule hélice et un porte-avions jusqu'à quatre, complétées par des propulseurs transversaux, d'étrave ou d'arrière.. La puissance est transmise aux hélices par un arbre d'hélice relié éventuellement à un réducteur. Les hélices peuvent être montées sur des supports externes (Z-drive, pods) ou remplacées par un système similaire (propulseur Voith-Schneider, hydrojets). Il existe enfin des systèmes expérimentaux (propulsion magnétohydrodynamique, à réaction) dont l'utilisation est réservée aux applications militaires ou aux records de vitesse.
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Sur un bateau à propulsion humaine, un système pour contrôler la direction peut ne pas être nécessaire. Il le devient en cas de propulsion mécanique ou vélique. Le dispositif le plus courant est un gouvernail constitué d'un safran, plan immergé à l'arrière de la coque, pouvant être braqué pour générer une force latérale servant à faire tourner le bateau. Le safran est braqué par la barre, actionnée manuellement ou par un pilote automatique. Le gouvernail peut être supprimé quand le propulseur est orientable : moteur hors-bord, pods ou Z-drive.
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En appoint, les propulseurs d'étrave permettent de faire éviter (tourner) le bateau à faible vitesse, par exemple dans les ports ou pour les navires à positionnement dynamique. Les voiles situées aux extrémités d'un voilier ont également un rôle plus directionnel que propulsif.
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Dès qu'il atteint une certaine taille, de l'ordre de huit mètres de longueur, un bateau possède souvent un ou plusieurs pont(s) fermant la coque et divisant l'espace horizontalement. Le pont principal constitue un élément essentiel de la rigidité de la poutre-navire. Sur un voilier de plaisance, ils serviront à délimiter une cabine pour l'habitation ; sur un bateau plus grand (bateau de pêche ou de commerce), on trouvera une ou plusieurs cales abritant les marchandises, une salle des machines pour l'appareil propulsif, divers locaux permettant le travail, et des cabines pour l'équipage. Des réservoirs permettent de stocker le carburant, l'huile de moteur et l'eau douce. Enfin, des ballasts sont aménagés afin d'équilibrer le navire.
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Au-dessus du pont principal, on trouve diverses superstructures dont la fonction est parfois esthétique. Elles sont en général très basses sur un voilier, entièrement à l'arrière sur un navire de charge, s'étendant sur toute la longueur pour un navire des passagers, ou divisées en plusieurs éléments sur les grands voiliers.
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Si chaque type de bateau a ses équipements propres (se reporter à chaque article pour les détails), certains équipements sont communs à de nombreux types:
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Finalement, à partir d'une certaine taille, tout bateau emporte une embarcation de sauvetage ou un radeau de sauvetage assurant la sécurité des personnes en cas de naufrage.
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La sustentation d'un bateau peut être assurée de différentes façons :
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Le bateau est en équilibre d'une part lorsque les forces sont d'égale grandeur, donc quand l'immersion est suffisante pour que la poussée d'Archimède compense le poids ; d'autre part lorsque les moments sont équilibrés. Le bateau prend ainsi une position d'équilibre. Si les poids sont également répartis, le bateau flotte avec une inclinaison nulle, mais l'action des vagues, du vent et le déplacement des poids (déplacement de l'équipage, du lest, de la cargaison) entraîne une inclinaison par rapport à l'axe longitudinal (gîte) ou transversal (assiette). Si la gîte est prévue sur les voiliers en raison de l'action du vent, elle est évitée autant que possible sur les bateaux à moteur : elle est source d'inconfort et de risques puisqu'une gîte excessive peut mener au chavirage.
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L'équilibre et la stabilité d'un bateau sont donc étudiés d'une part de façon statique (répartition des poids) et dynamique (action des vagues et du vent). Les moyens pour compenser une gîte excessive sont le déplacement de l'équipage sur les petits voiliers, le réglage des voiles selon l'allure, un lest fixe (placé en bas de la quille) ou orientable, ou des ballasts pouvant être remplis d'eau. L'assiette est compensée de la même façon.
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L'avancée d'un bateau est contrariée par la résistance de l'eau. Cette résistance peut être décomposée en plusieurs composants[16] dont les principaux sont la friction de l'eau sur la coque et la création de vagues. Pour réduire la résistance et donc accroître la vitesse pour une puissance donnée, il faut réduire la surface immergée et utiliser des formes de coque produisant des vagues d'amplitude moindre. Pour cela, les bateaux rapides sont souvent plus fins, avec des appendices de taille plus réduite ; la friction de l'eau est aussi réduite par un entretien régulier de la coque sur laquelle se déposent des animaux et des algues, en l'enduisant d'un antifouling. La résistance de vague peut être réduite par l'ajout d'un bulbe d'étrave et par des formes régulières et fines.
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Cependant, la résistance à l'avancement grandit très vite pour un navire à déplacement lorsque le nombre de Froude atteint 0,4 ; pour dépasser cette vitesse, il faut soit alléger et affiner la coque soit utiliser une portance dynamique additionnelle permettant à la coque de « déjauger » et de réduire la résistance :
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Pour les grands projets, disposant d'un financement adéquat, la résistance hydrodynamique peut être testée dans un bassin d'essais des carènes ou en utilisant la simulation numérique.
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Le bateau subit également des mouvements dus à son déplacement dans l'eau : ces mouvements peuvent être éprouvants pour les passagers et pour le matériel et doivent être maîtrisés si possible. Le roulis peut être limité par une quille de roulis, par des ailerons stabilisateurs ou par un système de poids ; le tangage est plus difficile à limiter et peut devenir dangereux si l'avant du bateau tape dans les vagues, phénomène appelé tossage. C'est en général au stade de la conception que la forme de coque est optimisée pour cela ; lors de la navigation, c'est le centrage des poids, le matossage, et le changement de route (ou d'allure) qui permet de limiter les mouvements.
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La structure absorbe la répartition des masses, le choc des vagues, les efforts dus à l'avancée dans l'eau et à la pression du vent, et les diverses contraintes de la navigation ou du port. La structure est constituée de deux parties : la charpente primaire ou principale qui soutient la structure, et la charpente secondaire plus dense qui est associée au bordé pour le raidir. Cette distinction est claire pour la construction en bois massif ou en métal, mais disparaît sur les constructions à clin ou en sandwich, où la structure est intégrée au bordé. La charpente est complétée par un système de raidisseurs transversaux (des raidisseurs sont ajoutés transversalement, comme les membrures et les barrots) ou longitudinaux (raidisseurs longitudinaux comme les lisses). Des renforts sont ajoutés aux endroits subissant de fortes contraintes : carlingue, base du moteur, support de l'arbre d'hélice, épontilles, pied de mât et cadènes, etc.
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La structure a aussi le rôle d'absorber le bruit et les vibrations qui sont une source d'inconfort et de risque pour la structure elle-même. La structure intègre également des cloisons étanches afin de subdiviser le bateau en zones étanches permettant de garder une stabilité suffisante après avarie (par exemple, le bateau doit pouvoir rester à flot si un compartiment ou deux sont envahis), ainsi que des cloisons anti-feu pour retarder la progression d'un incendie.
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La vie d'un bateau passe par plusieurs étapes : tout d'abord, son acquisition qui revêt diverses formes selon l'utilité finale (de la commande à un chantier de production en série, au contrat entre armateur, affréteur et chantier) ; puis la phase de conception réalisée par un architecte naval. La construction est ensuite réalisée dans un chantier naval, après quoi le bateau est lancé et peut être utilisé. La fin de vie revêt également différentes formes.
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La conception d'un bateau passe par différentes phases[17] : à partir d'un programme ou d'un cahier des charges, l'architecte naval suit une spirale de projet consistant à créer un premier schéma, évaluer les dimensions, les espaces et le déplacement. À partir de là, un avant-projet peut être réalisé incluant la forme de la carène, le profil général et une première estimation de la puissance propulsive. Une fois ces données fixées, le projet en tant que tel peut être défini.
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Un dossier de projet comprend typiquement un plan d'ensemble, une spécification générale décrivant les particularités du bateau et incluant un devis de masses, le plan de formes, divers plans de structure et de construction que le chantier utilisera, dont une coupe au maître présentant les échantillonnages. Selon la taille du bateau et les besoins, on peut encore trouver un plan de voilure, des capacités, électrique, des systèmes de ventilation…
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L'architecte est également soumis aux diverses réglementations ; un rapport de franc-bord et une épure de jauge montre le respect de ces règlements, de même que des schémas d'évacuation en cas de naufrage pour un bateau à passagers ou un schéma de cloisonnement anti-feu.
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La construction a lieu dans un chantier naval ; elle peut durer de quelques mois pour une unité produite en série, à plusieurs années pour la reconstruction d'un bateau en bois comme la frégate Hermione, voire plus de dix ans pour un porte-avions. Le mode de construction est dicté principalement par le matériau de la coque et par la taille du bateau. La coque d'un voilier de série en plastique est construite à partir d'un moule ; la coque d'un cargo en acier est réalisée en plusieurs blocs soudés les uns aux autres au fur et à mesure qu'ils sont construits.
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De manière générale, la construction commence par la coque (et par la pose de la quille dès que le bateau dépasse une trentaine de mètres), dans une cale sèche ou à terre. Une fois celle-ci assemblée et éventuellement peinte, elle est lancée par le côté ou par l'arrière, ou par submersion si elle se trouve dans une cale inondable ; un petit bateau sera simplement mis à l'eau par une remorque ou une grue. La superstructure est posée et les travaux de finition permettent d'installer les emménagements et équipements.
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Une fois terminé, le bateau est livré au client. Le lancement et la livraison donnent souvent lieu à une cérémonie pour un bateau d'une certaine importance : la cérémonie de baptême est l'occasion de donner un nom au bateau. Le prix typique d'un bateau est de quelques dizaines d'euros pour une petite barque, 1 000 euros pour un hors-bord de petite taille, plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un petit voilier de compétition et plus de 2 millions d'euros pour un voilier du Vendée Globe. Un chalutier de 25 mètres peut coûter 2,5 millions d'euros, et un ferry rapide pour 1 000 passagers plus de 50 millions d'euros. Le prix d'un cargo dépend de sa complexité : un petit cargo polyvalent coûte 20 millions de dollars, un vraquier Panamax 35 millions de dollars, un superpétrolier 105 millions de dollars et un grand méthanier près de 200 millions de dollars[18]. C'est toutefois parmi les navires militaires que l'on trouve les plus coûteux, notamment à cause de l'électronique embarquée : 2 milliards de dollars pour un sous-marin de classe Seawolf, et 3,5 milliards de dollars pour un porte-avions géant.
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Lors de son service actif, le bateau connaît des périodes de navigation, des temps d'attente / chargement / déchargement aux ports, et des périodes d'hivernage entre les saisons de navigation. Cependant, le bateau fatigue : une visite en cale sèche est nécessaire à intervalles réguliers (tous les ans pour un paquebot, tous les deux ans et demi pour un navire de charge) afin de débarrasser la coque des animaux incrustés comme les pouces-pieds, de refaire la peinture et de renouveler les zincs, anodes solubles servant à éviter la corrosion de l'hélice, de la coque et du tuyautage eau de mer. À d'autres intervalles, une plus longue visite dans un chantier peut être nécessaire pour changer certaines pièces, notamment de l'appareil propulsif et directionnel qui fatiguent vite. C'est l'occasion de tester la résistance de la structure, le câblage électrique, de mettre à niveau les installations selon les réglementations, etc.
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Si le bateau a subi une avarie et qu'il n'est pas déclaré « perte totale » (auquel cas il est le plus souvent mis à la casse), il entre en chantier pour réparations, ce qui peut parfois se faire à flot. Enfin, les reconversions ont plusieurs buts, comme adapter un navire non rentable à un autre but (un pétrolier en FPSO par exemple) ou sauver ce qui peut l'être après une grosse avarie (conversion en barge d'un navire de charge).
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Un navire de charge a une durée de vie comprise entre vingt et trente ans[19] ; un voilier en contreplaqué peut durer entre trente et quarante ans, à peu près comme un bateau en plastique. Les navires en bois bordé sur membrure ont une durée de vie virtuellement infinie, n'importe quelle pièce de leur structure pouvant être remplacée : le plus ancien grand voilier en état est le HMS Victory (lancé en 1765, et mis en cale sèche en 1920), le plus ancien grand voilier encore à flot et navigable est le USS Constitution (lancé en 1797). Les navires en fer peuvent souvent dépasser la centaine d'années (les navires en acier, plus résistants mécaniquement le sont beaucoup moins face à la corrosion) : le plus vieux grand voilier en fer est l'Elissa (lancé en 1877 et navigant toujours). Avec le vieillissement, la solidité de la coque est compromise par la corrosion (rouille, électrolyse), l'osmose, différentes réactions chimiques dans les résines et colles, la pourriture, ou les xylophages, et il devient trop dangereux de faire naviguer le bateau. Celui-ci peut être sabordé en mer, abandonné comme épave ou mis à la casse pour démolition. Il peut aussi être réutilisé pour former une digue près d'un port ou comme navire musée.
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Un destin prématuré peut l'attendre sous la forme d'une fortune de mer : incendie, collision, échouement ou chavirage peuvent entraîner une perte totale du bateau ou nécessiter d'importantes réparations en cale sèche. D'un autre côté, il peut être préservé notamment s'il a une forte valeur : c'est parfois le cas des grands voiliers ; ces navires représentent leur pays ou région d'origine lors de manifestations nautiques en servant « d'ambassadeurs ».
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Enfin, de nombreux bateaux détruits ou perdus « survivent » tout de même pour les personnes qui y étaient attachés grâce à des maquettes ou des reliques : certains objets symboliques sont conservés, comme une ancre, une plaque d'identification, une pièce d'accastillage ou la cloche du bord.
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La classification des bateaux est un exercice ardu et on trouve quasiment autant de classifications que d'auteurs ; la raison principale est la quantité de paramètres pouvant être utilisés, qui incluent :
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Ces critères sont décrits dans les articles correspondants, notamment gréement. Une autre façon de catégoriser les bateaux est selon leur utilisation, telle que décrite par Dominique Paulet et Dominique Presles[17] : bâtiments militaires, navires de commerce et de services, bateaux de pêche, bateaux de plaisance et de compétition. C'est cette classification qui est présentée ci-dessous, en y ajoutant les bateaux fluviaux et les « inclassables ».
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Les navires de commerce comprennent trois grandes catégories : les cargos, les navires à passagers, et les navires de service et spécialisés. Les navires de charge servent au transport de marchandises sèches ou liquides. Les marchandises sèches peuvent être transportées en vrac (vraquiers), emballées (cargos polyvalents), en conteneurs (porte-conteneurs), sur camions (rouliers)… Les marchandises liquides utilisent des navires-citernes tels que les pétroliers ou méthaniers. Certains pétroliers sont aussi les plus grands navires et les plus grandes structures flottantes au monde.
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Les navires à passagers transportent des personnes ; leur taille va du transbordeur fluvial aux grands paquebots et liners. Les navires de servitude servent à apporter leur concours à d'autres bateaux : remorqueurs, bateaux pilote, de sauvetage, etc.
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Enfin, les navires spécialisés ne servent pas au transport mais accomplissent d'autres tâches : pose de câbles sous-marins (câbliers), recherche scientifique (navires océanographiques), dégagement de passages (brise-glaces)…
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La plupart des navires de commerce ont des formes ventrues afin de contenir une cargaison maximale. Leur coque est en acier, voire en aluminium pour les plus rapides ; seuls les petits bateaux de servitude sont en plastique. Ils comprennent un équipage dirigé par un commandant et des officiers spécialisés, ainsi qu'un équipage spécialisé si besoin (par exemple sur un navire scientifique). Ils sont généralement propulsés par une hélice mais parfois deux pour plus de sécurité et être plus manœuvrant entraînées par un moteur Diesel ; les bateaux à grande vitesse emploient des hydrojets et parfois une turbine à gaz.Certains sont propulsés par des pods électriques.
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Deux porte-conteneurs modernes à San Francisco.
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Ferry à Hong Kong.
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Bateau pilote dans le port de Rotterdam.
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Le Pourquoi pas ?, navire océanographique à Brest.
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Les navires de guerre modernes sont divisés en différents types de bâtiments qui correspondent à leurs capacités militaires, leurs déplacements et leurs missions. Les plus courants sont les patrouilleurs, les corvettes, les frégates, les destroyers et les croiseurs. Ils constituent l'« épine dorsale » des flottes modernes. Les porte-aéronefs et les porte-hélicoptères mais surtout les porte-avions ont des dimensions impressionnantes. Les porte-avions peuvent mesurer jusqu'à 330 mètres, déplacer 100 000 tonnes et embarquer plus d'une soixantaine d'appareils. Sous la mer les sous-marins nucléaires d'attaque, les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins possèdent une autonomie quasi illimitée, et celle des sous-marins à propulsion conventionnelle Diesel/électrique n'a plus rien à voir avec la faible autonomie des submersibles. Les bâtiments de débarquement peuvent embarquer un état-major, transporter des aéronefs, des troupes, des blindés et des véhicules ainsi que des engins de débarquement, en particulier aéroglisseurs. Ils peuvent avoir une capacité de bateau hôpital.
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D'autres bateaux ne sont pas forcément destinés au combat mais sont utilisés par les forces navales : chasseurs de mines, collecteurs de renseignements, pétroliers-ravitailleurs d'escadres et bâtiments de soutien logistique, bateaux et voiliers d'entraînement dans les écoles navales. Dans certains pays, l'État assure aussi des missions scientifiques (hydrographie, océanographie) grâce à des bâtiments armés par sa marine militaire. Enfin, la marine a aussi souvent une mission de surveillance et de protection des frontières maritimes assurée par des bateaux patrouilleurs, dits bâtiments de souveraineté.
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Les bâtiments de combat ont généralement des formes de carènes élancées et des machines alliant une bonne vitesse, une grande souplesse de variations d'allures et un grand rayon d'action. Ils doivent être très manœuvrants. Ils utilisent des systèmes de communication souvent satellitaires, ainsi des systèmes électroniques destinés à la navigation et à la conduite de l'artillerie, des missiles et des torpilles, tout cela embarqué dans un espace restreint avec des équipages de moins en moins nombreux et dont la tendance est à la réduction à bord des futurs bâtiments pour en diminuer le coût de possession.
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Le porte-avions américain Harry S. Truman et un ravitailleur.
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Le cuirassé américain USS Iowa tirant une bordée de ses 3 pièces triples de 406 mm.
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Chasseurs de mines téléguidés allemands Seehunde.
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Le chaland de débarquement d'infanterie et de chars français Rapière.
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Les bateaux de pêche peuvent être assimilés à des navires de commerce, mais leurs dimensions réduites et leur utilisation souvent « artisanale » les font souvent classer à part. Ils sont classés selon plusieurs critères : selon le type de poisson qu'ils pêchent (ainsi les thoniers, sardiniers, crevettiers…) ; selon la méthode de pêche utilisée (d'où les chalutiers, les fileyeurs, les bolincheurs…) ; ou selon leur origine géographique ou caractéristiques techniques tels que le gréement : sinagos, lanches, bisquines…
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Les grands thoniers ou baleiniers peuvent atteindre une longueur d'une centaine de mètres, mais les bateaux de pêche ne dépassent souvent guère plus de 20 à 30 mètres, ventrus pour disposer de cales suffisamment grandes pour une bonne autonomie. Le poisson pêché peut être simplement stocké dans de la glace, ou traité directement à bord pour pouvoir être vendu plus rapidement une fois au port ; on parle alors de navire-usine. Dans leur forme la plus simple pour un canot de pêche, on peut trouver un petit rouf abritant la barre, un pont destiné à accueillir la pêche et divers outils pour mettre à l'eau les filets ou les lignes. Sur un chalutier, on trouvera d'autres apparaux de pêche comme des treuils et des portiques. D'autres dispositifs sont utilisés : rampe inclinée sur un chalutier, skiff sur un thonier senneur, « scoubidou » sur un bateau goémonier…
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Voilier de pêche à Cap-Haïtien en Haïti.
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Chalutier de Saint-Nazaire.
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Bateau ostréicole à La Trinité-sur-Mer.
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L’Albatun Dos, thonier senneur congélateur à Victoria (Seychelles).
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Les bateaux de plaisance regroupent notamment les voiliers et les yachts qui servent aux loisirs ; ceux-ci incluent le nautisme à voile ou motorisé, la croisière côtière et hauturière, la promenade, voire le simple fait de rester à bord au port. Les voiliers vont de l'Optimist, petit bateau d’initiation de 2,30 m, aux grands yachts de haute mer ; on y trouve des gréements simples (sloops, cotres) ou plus extravagants, des emménagements suffisamment confortables pour accomplir le programme désiré.
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Les bateaux à moteur de plaisance incluent les embarcations pneumatiques dotées de moteurs hors-bord et les runabouts (comme les Rivas), et pour les plus grands les vedettes et cabin cruisers. Les plus grands sont souvent très luxueux, disposant de nombreuses cabines et d'emménagements (salons, piscine, etc.), et sont sources de prestige pour leurs riches propriétaires.
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Aquarius, ketch de croisière français des années 1950.
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Petit pneumatique hors-bord en Norvège.
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Day-cruiser hollandais.
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Yacht de luxe à Newport Beach.
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Les bateaux de compétition sont ceux destinés aux régates et autres compétitions sportives telles que les records de vitesse ou de distance. Parmi les voiliers, les dériveurs et catamarans de sport sont utilisés pour la navigation sportive ou l'initiation à la voile ; on trouve également les planches à voile et les sports similaires tels le kitesurf mais il devient alors difficile de parler de « bateau » en raison de la taille. Les plus grands voiliers participent à des régates côtières ou océaniques, les plus connues étant souvent les plus extrêmes comme le Vendée Globe en solitaire. Certaines courses n'acceptent que les bateaux d'une certaine classe, donnée par une jauge de course, comme la Coupe de l'America. Avec la propulsion humaine, l'aviron (sport) est connu pour ses bateaux extrêmement fins, offrant peu de résistance à l'avancement. Il existe également de nombreuses catégories de vitesse et même d'endurance pour les compétitions de bateaux propulsés par des moteurs, on trouve en motonautisme des catégories « inshore » et « offshore » avec des épreuves nationales et des championnats du monde.
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Cette catégorie peut inclure les bateaux expérimentaux, souvent destinés à améliorer la vitesse pour battre un record ou tester une particularité technique. Il peut arriver qu'un type de bateau expérimental devienne un modèle courant, comme pour les hydroptères.
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Régate de dériveurs de type 420.
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GBR52, Class America : les voiliers les plus avancés.
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Bateau à moteur expérimental aux courses de Mission Bay.
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L'hydroptère, bateau expérimental.
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La navigation fluviale a de tous temps représenté un moyen privilégié pour le déplacement des hommes et des marchandises, avant même le développement de la navigation maritime. Le symbole de la Louisiane est souvent lié à ces célèbres bateaux à fond plat mus par des roues à aube.
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Ce mode de déplacement, notamment à l'aide de péniches, longtemps considéré comme la voie principale de transport terrestre, a connu un déclin récent, datant du début des années 1970, qui s'explique par les évolutions structurelles de l'économie : déclin des industries lourdes traditionnelles et des transports de pondéreux, importance croissante de la rapidité des acheminements, vétusté du réseau et manque d'entretien entraînant des difficultés d'exploitation, rigidité des pratiques professionnelles, obsolescence du cadre législatif et réglementaire, et d'une manière générale, mauvaise insertion technique et commerciale dans les « chaînes logistiques » de l'économie post-industrielle.
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Une autre contrainte intervient dans le fonctionnement de ce mode de transport, qui est l’irrigation des régions en voies navigables. Ce mode de transport représente aux Pays-Bas 42 % du trafic total de marchandises, environ 13 % en Allemagne, et seulement 3 % en France, pays dont les deux tiers des régions ne sont pas irrigués par des voies navigables à grand gabarit[20].
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La principale utilisation moderne de la navigation fluviale reste le transport des marchandises et le tourisme fluvial, qui recouvre essentiellement les activités de promenade et de croisière (« transport de passagers ») et les activités de plaisance[21].
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Péniche Temptation sur le Rhin.
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Bateau fluvial Natchez sur le Mississippi.
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Bateau-omnibus sur la Seine.
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Comme toute classification, celle-ci est incomplète même si elle reflète l'essentiel de la production de nouveaux bateaux actuellement. Il faut aussi noter que la différenciation entre les différentes utilisations des navires ne s'est faite que vers le XIXe siècle. Parmi les autres types de bateaux, on peut citer :
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Le Dar Pomorza, trois-mâts carré.
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La bisquine La Cancalaise et la chaloupe Eulalie.
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Bateau-maison au Kerala.
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Plate-forme pétrolière en Norvège.
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Bathyscaphe au musée océanographique de Monaco.
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Certains bateaux sont devenus célèbres à la suite d'un évènement spécial ou à cause de leurs caractéristiques. On peut ainsi trouver certains domaines où des bateaux sont devenus célèbres : les naufrages et le monde du sauvetage associé ; les navires ayant des dimensions ou caractéristiques techniques exceptionnelles ; les bateaux associés à un exploit humain ou à un record ; les bateaux associés à une légende ou à une anecdote.
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S'il se produit chaque année plusieurs dizaines de naufrages[22], les plus notables sont ceux entraînant une catastrophe humaine ou écologique. La plus grande catastrophe maritime est le naufrage du Wilhelm Gustloff (paquebot) entraînant la mort de plus de 9 000 personnes en 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale, suivie par le naufrage du Cap Arcona avec environ 8 000 morts. En temps de paix, la plus grande catastrophe serait celle du Titanic en 1912 (plus de 1 500 morts), largement médiatisée en raison du caractère supposé « insubmersible » du navire. L'Empress of Ireland qui coula en mai 1914 dans le fleuve Saint-Laurent entraina quant à lui, la mort de 1 012 personnes qui en fit la seconde plus grande catastrophe maritime hors guerre. Cependant, les tragédies du Joola en 2002 (près de 2 000 victimes) et du Doña Paz en 1987 (1 565 victimes officiellement, 4 000 officieusement) seraient pires.
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Parmi les naufrages notables, on peut encore citer le Lancastria en 1940 avec 5200 morts au moins, la Blanche-Nef en 1120 qui transportait l'héritier du trône d'Angleterre, la Méduse dont le radeau inspira un tableau célèbre, le Vasa qui coula à son lancement en 1628 car il était surchargé dans sa partie hors d'eau. D'autres naufrages n'ont pas nécessairement causé une catastrophe humaine de grande ampleur mais ont entraîné de profonds changements dans les réglementations maritimes : outre le Titanic qui a entraîné le code Solas, on trouve le Herald of Free Enterprise (portes étanches sur les rouliers), l’Amoco Cadiz (contrat de sauvetage), le MV Derbyshire (structure des vraquiers) ou l’Exxon Valdez (double coque sur les pétroliers).
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Les marées noires causées par le naufrage d'un pétrolier peuvent entraîner de graves dommages écologiques. La plus grande marée noire provenant d'un navire est celle de l’Atlantic Empress en 1979 avec 287 000 tonnes de pétrole. Cependant, les pires catastrophes sont celles qui ont lieu près des côtes, comme pour l’Amoco Cadiz ou l’Erika en France, l’Exxon Valdez aux États-Unis, le Prestige en Espagne ou le Torrey Canyon en Angleterre. Les chimiquiers représentent aussi un grand risque pour l'environnement comme avec le Ievoli Sun en 2004. Enfin, les sous-marins à propulsion nucléaire posent des risques de contamination, comme le Koursk K-141 ou le Komsomolets.
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Les moyens de sauvetage employés peuvent aussi être impressionnants et employer des moyens spécialisés : les bateaux de sauvetage s'attirent souvent l'admiration du public, ainsi que les remorqueurs de haute mer ou de sauvetage, tels l’Abeille Bourbon ou l’Abeille Flandre en France ou le navire semi-submersible Blue Marlin.
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Le navire à la fois le plus long et le plus lourd est le superpétrolier Knock Nevis de 458 m de longueur hors-tout et d'un déplacement de 647 955 tonnes ; puisqu'il ne navigue plus, le plus long navire en activité est le porte-conteneurs Emma Mærsk. Le plus grand pétrolier à double coque est le Hellespont Fairfax de 380 m de long et de 441 585 tpl. Le plus grand vraquier est le Berge Stahl de 343 m de long et de 364 768 tpl. Le plus long paquebot est le Oasis of the Seas de 360 m et de 220 000 tonnes pour environ 6 300 passagers. Le plus long navire de guerre est le porte-avions américain USS Enterprise (342 m) tandis que les plus lourds sont ceux de la classe Nimitz comme l’USS Carl Vinson (104 000 tonnes). Le plus grand yacht motorisé est celui du cheik de Dubaï, le Golden Sun de 160 m. Le plus long voilier jamais construit est le France II, tandis que Royal Clipper est le plus grand naviguant encore. Le Statsraad Lehmkuhl est le plus ancien et le plus grand trois-mâts barque.
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D'autres bateaux sont notables pour leurs avancées techniques : ainsi, le Pyroscaphe est le premier bateau à vapeur en 1783 ; le Nautilus de Robert Fulton est le premier sous-marin en 1800 ; le Great Eastern de 1858 est le premier paquebot géant ; le Dreadnought de 1908 est le premier cuirassé moderne à utiliser des turbines à vapeur et une artillerie mono-calibre ; le contre-torpilleur français Le Terrible a été de longues années bâtiment le plus rapide du monde, filant lors de ses essais en 1935, la vitesse de 45,03 nœuds ; l'USS Nautilus est le premier navire à propulsion nucléaire en 1951. La sustentation dynamique par hydrofoils est utilisée par les hydroptères ; la propulsion assistée par turbo-voiles par certains navires expérimentaux comme l’Alcyone.
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Les bateaux d'exploration se distinguent car leur équipage parvient à son but parfois dans des conditions dantesques avec des moyens qui semblent maintenant dérisoires. Christophe Colomb atteint l'Amérique en 1492 à bord de la caraque Santa Maria, aidée par les caravelles La Niña et La Pinta. Le Victoria est le premier navire à accomplir un tour du monde lors de l'expédition de Magellan. Roald Amundsen se rendit en Antarctique avec le Belgica puis le Fram ; Bougainville utilisa La Boudeuse, Dumont d'Urville navigua sur L'Astrolabe, Baudin partit en expédition sur le Géographe, Darwin voyagea sur le HMS Beagle et Charcot utilisa la série des Pourquoi-Pas ?.
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Dans l'histoire américaine, le Mayflower apporta les premiers colons de l'Angleterre en Amérique du Nord, tandis que l’Hermione amena le Marquis de La Fayette aux Amériques lors de la guerre d'indépendance. On peut également noter les exploits de certains navigateurs solitaires, notamment Joshua Slocum qui accomplit le premier tour du monde en solitaire à bord du yacht Spray, Marcel Bardiaux, ou encore le voilier Joshua de Bernard Moitessier qui reste une référence en matière de voilier hauturier.
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Quelques bateaux imaginaires ont marqué la littérature : ils se trouvaient déjà dans les récits religieux et mythologiques comme l'Arche de Noé dans la Bible ou Argo dans la mythologie grecque, ils ont continué à travailler notre imaginaire avec le Hollandais volant dans les récits de pirates, le Péquod dans le roman Moby Dick, Vingilótë dans l'œuvre de Tolkien, ou le Nautilus dans Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.
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D'autres bateaux ont pris une importance historique : le Bounty est connu pour sa mutinerie, le Grand Saint Antoine pour avoir apporté la peste à Marseille, le Rainbow Warrior de Greenpeace pour son sabotage, Le Renard pour les exploits de son capitaine, Robert Surcouf. De nombreux paquebots ont marqué l'histoire maritime en raison de leur taille ou de leur élégance, tels le Normandie, le Norway (ex-France), le Queen Mary ou le Queen Elizabeth 2. Enfin, certains voiliers ont marqué l'histoire de la course par leurs performances (tels Dorade ou Poulain) ou par leur esthétique (tel Endeavour, un des Classe J), voire les deux (comme la série des Pen Duick d'Éric Tabarly).
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Si la navigation est l'activité la plus évidente, les bateaux sont présents d'autres façons dans les activités humaines :
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La navigation s'est développée avec les avancées technologies mais aussi avec les capacités de manœuvre des bateaux. Si les navires modernes ont ajouté un certain confort et si les instruments de navigation ont rendu les routes maritimes plus sûres, la vie en mer a longtemps été associée à des conditions spartiates et des dangers omniprésents, la mer rappelant aux Hommes la supériorité de la nature. Tant qu'il n'atteint pas une taille suffisante, un bateau reste un objet soumis aux caprices du vent et des vagues : la vie à bord est alors une lutte constante contre l'humidité, les mouvements brusques ou le mal de mer. Aux débuts de la plaisance, les pêcheurs bretons disaient d'ailleurs :
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Un bateau peut ainsi être qualifié selon ses aptitudes nautiques : sa façon de « tenir la route », de remonter au vent, « d'étaler » un coup de vent, ou de répondre aux sollicitations de son barreur. De nombreux dictons sont associés au comportement des bateaux, tels que « grand rouleur, grand marcheur ». On finit même par prêter des caractères aux bateaux : l'un sera réputé capricieux, l'autre docile à la barre ; les expressions associées au comportement humain ou animal sont aussi employés : tel bateau « se vautre » dans les vagues, tel autre « file doux » à la cape. Jeremy Guiton[24] explique le fait que les bateaux soient féminins en anglais par la ressemblance avec le caractère supposé imprévisible des femmes… La vie à bord d'un bateau a enfin légué dans de nombreuses langues des expressions courantes, dont on oublie souvent l'origine en les employant: on se souhaite « bon vent… », untel « a mis les voiles », tel autre « largue les amarres »…
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L'équipage d'un « bon » navire pourra légitimement en être fier et l'on trouve fréquemment des marins attachés sentimentalement à leur bateau, finissant par lui donner un surnom ou refusant sa démolition. À l'inverse, une série d'évènements ou certaines superstitions peuvent donner une mauvaise réputation à un bateau, qui sera supposé « maudit ». L'attachement aux bateaux se retrouve aussi dans le modélisme nautique visant à construire des modèles réduits, mobiles ou non, de navires existants. Les bateaux en bouteille étaient traditionnellement réalisés par les gardiens de phares.
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L'homme a longtemps considéré l'eau comme la frontière vers le royaume de ses dieux, et le bateau est naturellement l'outil qui permet d'aller vers l'au-delà. Les Égyptiens, civilisation résolument fluviale où le Nil occupe la place prépondérante, rejoignent le royaume des morts à bord d'une barque fluviale. La barque solaire en est l'exemple le plus connu. On parle ainsi de bateau tombe lorsqu'il sert à enterrer une personne : les Vikings honorent leurs morts en les enterrant avec leur bateau dans un tumulus. Le bateau de Gokstad en est l'un des exemples les plus célèbres, mais aussi ceux des tombes royales du Vestfold, au bord du golfe d'Oslo, à Tune ou à Oseberg.
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Les noms de bateaux sont aussi chargés de sens : résultant généralement d'une décision du propriétaire, le changer n'est pas forcément bon signe. On trouve ainsi des noms glorieux pour des bateaux de guerre (le Téméraire), des noms de femmes en leur honneur, des références à des personnes illustres, et bien souvent des noms de poissons ou d'oiseaux marins. Plus récemment, le monde de la compétition a vu les noms des bateaux refléter ceux de leurs sponsors. Les navires commerciaux construits en série ont parfois également des noms en série (comme la CMA-CGM qui utilise des noms d'opéras pour ses porte-conteneurs). Le baptême d'un bateau se fait souvent juste avant son lancement, en la présence d'un parrain ou d'une marraine.
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La superstition enfin n'est pas absente de l'univers des bateaux. L'animal à longues oreilles, cousin du lièvre, dont le nom ne doit jamais être prononcé à bord d'un navire en est l'exemple le plus connu.
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L'archéologie marine consiste à retrouver et restaurer les restes de bateaux que l'on peut retrouver enfouis sur les plages ou à l'état d'épaves au fond de l'eau (on parle alors d'archéologie sous-marine, la branche principale) ; la campagne de 2003 menée sur le site des épaves de La Pérouse[25] sur l’île de Vanikoro a fait connaître au grand public cette discipline scientifique. Un navire qui a sombré, sauf s'il a été pillé par des plongeurs clandestins et des chercheurs de trésors, livre une partie de sa structure et, souvent, sa cargaison intacte. Chaque épave est un moment d'histoire échoué au fond des mers. Cette activité archéologique, relativement récente, permet de beaucoup mieux comprendre le riche passé de l’histoire des bateaux, qu’il s’agisse de pirogues préhistoriques ou des grands vaisseaux du XVIIe siècle. L'épave d'un bateau ancien est un microcosme de la technologie et de la culture de son temps.
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C’est en partie grâce à cette activité par exemple que l’association Hermione-La Fayette[26] s'est lancée dans la reconstruction de la frégate Hermione, navire qui, en 1780, permit à La Fayette de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance. D'autre part, les épaves servent aussi de sites privilégiés pour la plongée sous-marine et peuvent aussi servir d'abri à la flore et la faune.
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Le monde de la navigation a inspiré certains genres artistiques propres comme les chants de marins ou les marines ; mais les bateaux ont également été une source d'inspiration dans d'autres genres. On les retrouve dans de nombreuses disciplines : dans les arts picturaux, le romantisme a fait la part belle aux bateaux et notamment aux naufrages avec Turner, puis l'impressionnisme quand Monet parle de « sa chose » faite au Havre : « Du soleil dans la buée et, au premier plan, quelques mâts de navire pointant. » Plus récemment, la photographie de mer et de bateaux a acquis ses lettres de noblesse lorsque des photographes comme Philip Plisson ont été nommés peintres de la Marine en France.
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Les récits d'exploration, de batailles navales ou de piraterie sont aussi à l'origine d'une riche littérature, remontant à Homère et son Odyssée. Les genres sont nombreux :
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Plus récemment, en France, les bandes dessinées telles que H.M.S. (Casterman)[27] ou Tramp (Dargaud) reprennent aussi ces thèmes, déjà abordés dans Les Passagers du vent de François Bourgeon, sans oublier Tintin et Le Secret de La Licorne d'Hergé.
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Certains chants de marins ont fini par être connus du grand public francophone, comme Santiano de Hugues Aufray qui chante son « fameux trois-mâts, fin comme un oiseau » ou le nostalgique Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau de notre enfance ; d'autres navires d'actualité ont inspiré des chanteurs comme le France pendant son désarmement qui inspirera Michel Sardou.
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L'opéra s'inspire d'histoires plus mythiques, comme Le Vaisseau fantôme de Wagner.
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Enfin, le cinéma a abondamment utilisé les histoires de grands navires comme Les Révoltés du Bounty ou Titanic, ou des bateaux imaginaires tel le Black Pearl inspiré de la Marie-Céleste dans le film Pirates des Caraïbes.
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« Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté[28]. »
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À l’image de Baudelaire, les hommes sont de tout temps fascinés par l’eau. Existe-t-il un poète qui n’ait à un moment évoqué la source de la vie terrestre, admirant et craignant tout à la fois cet élément magique qui lui refuse sa présence ? Sans bateau, point d'évasion sur l'eau !
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Paul Verlaine rêve cette évasion en bateau :
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« Cependant la lune se lève
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Et l'esquif en sa course brève
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File gaîment sur l'eau qui rêve. »
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Vaincre héroïquement la violence de la mer, comme le décrit Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer, reste le désir souvent inassouvi de l’Homme. Platon, bien avant lui, déjà s’émerveille : Il y a les vivants, il y a les morts, et il y a ceux qui vont sur la mer[réf. souhaitée].
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Enfin, Arthur Rimbaud fait s'exprimer son bateau ivre[29] en le faisant chanter entre ciel et terre, entre paradis et enfer :
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« La tempête a béni mes éveils maritimes.
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Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
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Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
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Dix nuits, sans regretter l'œil niais des falots !
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Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
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L'eau verte pénétra ma coque de sapin
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Et des taches de vins bleus et des vomissures
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Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
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…
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Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
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De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
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Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
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Et ravie, un noyé pensif parfois descend
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J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
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Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur:
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- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
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Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
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Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
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Toute lune est atroce et tout soleil amer:
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L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
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Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer ! »
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De toutes les constructions humaines capables de flotter et de se déplacer sur l'eau, c'est le terme bateau qui est l'appellation la plus familière. Mais il a de nombreux synonymes[30].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Ouvrages historiques :
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Ouvrages modernes en français :
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fr/5890.html.txt
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Bonjour, je m'appelle JS et je suis de Lyon (CQFD).
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Ma mission, si je l'accepte : contribuer davantage. Et entre deux contributions, ranger toutes ces boîtes qui prennent toute la place...
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Si vous avez accédé à cette page depuis un autre site que celui de Wikipédia en français, c’est que vous êtes sur un site miroir ou un site qui fait de la réutilisation de contenu. Cette page n’est peut-être pas à jour et l’utilisateur identifié n’a probablement aucune affiliation avec le site sur lequel vous vous trouvez. L’original de cette page se trouve à https://fr.wikipedia.org/wiki/Utilisateur:Js2lyon.
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Utrecht est une commune et ville néerlandaise, chef-lieu de la province d’Utrecht. Avec 352 795 habitants au 1er janvier 2019, elle est la quatrième ville des Pays-Bas. Son agglomération fait partie de la conurbation de la Randstad (7 100 000 habitants entre Amsterdam, La Haye et Rotterdam). Située au centre du pays, la ville est jeune et dynamique — elle connaît un fort étalement urbain à l'ouest — et aujourd’hui connue pour sa cathédrale et son université.
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L'origine d'une partie de la contrée remonte vraisemblablement à une fortification ou installation romaine commencée en 47 apr. J.-C. À l'époque, le nom ancien Rheno Traiectum aurait indiqué un poste frontière typique du limes rhénan, proche d'un éventuel gué en basses eaux ou, plus trivialement, un petit port-relais militaire, lieu d'embarquement pour la traversée sur le Rhin ou sur un de ses principaux bras existants à l'époque.
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Il est alors logique que l'autre rive et la contrée non marécageuse au nord de ce poste d'embarquement puissent être désignées génériquement plus tard en latin médiéval par « Ultraiectum », soit littéralement, ce qui est « au loin » ou « au-delà », de la petite entité « (Tra)jectum » ou encore en ancien français olte, « ou(l)t » ou « oultre », c'est-à-dire une fois passé le fleuve et payé le droit de pontenage[2]. La dernière précision sur ce droit d'octroi, nommé en ancien français otroi de genre masculin ou otrise de genre féminin, n'est pas anecdotique, car elle a influencé, si ce n'est complètement parasité, l'évolution du toponyme lors de sa germanisation tardive et quasi-globale après le XIe siècle en (ut)recht.
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Pour un habitant familier de la frontière linguistique, cette dénomination banale suggérant un droit pour l'au-delà pouvait prendre une connotation mystique ou religieuse[3].
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Au VIe siècle, la contrée rhénane d'Utrecht passe sous l'influence franque, en particulier celle du grand royaume mérovingien dont les jalons sont posés par Clovis. Utrecht aurait été, selon la légende de la Magna Frisia, la capitale du royaume de Frise pendant le règne d'Aldgisl Ier et éventuellement pendant celui de son fils.
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Avant 690, le chef missionnaire anglo-saxon, de tradition irlandaise, Willibrord s'installe à Utrecht, et en 690 selon son hagiographie, avec ses frères-compagnons, il y rénove et déploie les institutions chrétiennes avec le titre de père (papa selon la tradition) : la vaste contrée évangélisée est ensuite promue terre épiscopale lors de son retour dans le royaume mérovingien. L'évêché d'Utrecht sera pour les Pays-Bas le centre de la foi chrétienne pendant tout le Moyen Âge. Parmi l'héritage de cette vaste période, l'historien cite la cathédrale, la salle capitulaire, sans oublier l'école cathédrale et ses écolâtres, dont les avatars sont à l'origine de la fondation de l'université.
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En 838, l'évêque Frédéric, adepte du franc-parler colombanien, critique ouvertement les mœurs dissolues de la reine Judith de Bavière, il est assassiné dans la cité de son diocèse probablement par des sbires à la solde des partisans de la reine. Canonisé ultérieurement par son Église, il est devenu le saint protecteur des Pays-Bas. En 1122, les bourgeois et corporations d'Utrecht obtiennent de l'évêque et seigneur du lieu une charte d'affranchissement. Les évêques d'Utrecht exercent aussi un pouvoir séculier et princier sur toute la province d'Utrecht et une grande partie de la partie orientale des Pays-Bas.
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En 1253, un incendie qui dura neuf jours ravage la ville. Cette catastrophe détruit l'église qui sera remplacée par la cathédrale Saint-Martin.
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Au début du XVe siècle, la ville bourgeoise et épiscopale connaît une forte croissance. Malgré les aléas des conflits et rivalités de la période - elle sera assiégée en 1483 - sa prospérité se développe. Mais, vers la fin de la période médiévale, de nouvelles villes comme Amsterdam, Leyde et Rotterdam commencent lentement à s'enrichir grâce au commerce, puis s'imposent à l'époque moderne dans la course urbaine, devenant plus importantes qu'Utrecht. En 1528, face la montée de la Réforme dans une ville à l'économie stagnante, l'évêque contesté remet son pouvoir temporel, c'est-à-dire sa principauté, à l'empereur d'Allemagne Charles Quint qui règne également sur le Brabant, la Hollande et les autres principautés voisines d'Utrecht.
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Après la signature de l'Union d'Utrecht en janvier 1579, le siège de l'évêché est abandonné. La religion réformée s'impose définitivement. Lors de la guerre de Hollande, la ville est prise en 1672 par les troupes royales françaises. Après une négociation pour éviter les destructions inhérentes à un siège, Louis XIV fait une entrée triomphale dans la ville le 30 juin[4]. Le 11 avril 1713, le traité d'Utrecht y est signé ; il met fin à la guerre de Succession d'Espagne.
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La minorité catholique peut exercer son culte sous certaines conditions en 1723. Cependant, une partie de l'institution reconnue se détache de Rome et prend le nom d'Église vieille-catholique depuis qu'elle a refusé de reconnaître la validité du dogme proclamant l'Infaillibilité pontificale en 1870. Le rétablissement de la hiérarchie catholique aux Pays-Bas n'intervient qu'en 1853.
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Depuis l'ouverture de la ligne de chemin de fer reliant Amsterdam à Arnhem en 1843, Utrecht s'impose petit à petit comme le nœud principal du réseau de chemin de fer néerlandais. Les boucheries et surtout le marché aux fleurs, organisé au crépuscule, d'Utrecht, acquièrent une grande renommée. Les étudiants qui parlent selon la tradition trois langues véhiculaires font connaître les mérites des facultés de sciences et de philosophie. Ils marquent l'animation de la ville universitaire, lors de leurs bruyants charivaris menés avec fanfare, en particulier pendant la pittoresque « marche funèbre de la mort », un groupe élu portant une bière sous les cris de « birr, birr » des autres participants.
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Le 18 mars 2019, Utrecht est le théâtre d'une fusillade dont les autorités soupçonnent l'origine terroriste ; trois personnes décèdent.
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Canal dans le centre d'Utrecht.
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Le Winkel van Sinkel d'Utrecht est ouvert en 1839.
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Bâtiments du XVIe siècle.
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Stadskasteel Oudaen.
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En 1300, Utrecht compte entre 5 500 et 7 000 habitants. Le nombre double à 13 000 cent ans plus tard, avant d'atteindre 30 000 en 1525. En 1600 et 1700, la ville compte toujours 30 000, avant une diminution à 25 000 en 1750. En 1800, le nombre remonte à 33 000. En 1850, la ville compte 47 000 habitants, puis 102 000 en 1900, 138 000 en 1920 et 165 000 en 1940.
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La vieille ville d'Utrecht compte de nombreuses curiosités touristiques. Des églises médiévales, la plus grande était la cathédrale Saint-Martin. Aujourd’hui, il n’en reste que la moitié, depuis le terrible ouragan de 1674. La tour de la cathédrale, avec sa hauteur de 112 m est devenue le symbole de la ville.
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Les canaux, bordés de terrasses et de verdure, donnent à la cité son charme réputé. La maison Schröder de l’architecte Gerrit Rietveld (1924) est reconnue comme un des premiers symboles du mouvement moderne en architecture. Elle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000. À cela s'ajoute la présence du Jaarbeurs, le salon le plus important des Pays-Bas, ainsi que le siège social de la Rabobank.
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Chaque année, Utrecht accueille la Trance Energy puis Energy jusqu'en 2012 et depuis 2014 le festival A State Of Trance au sein du Jaarbeurs Utrecht. Thunderdome y élit également fréquemment domicile. Le Festival Oude Muziek Utrecht[7] qui a lieu tous les ans est l'un des plus réputés festivals de musique ancienne d'Europe[8]. Du 17 juillet au 26 juillet 2009, la ville d’Utrecht a accueilli la dix-septième édition du festival international de chant choral Europa Cantat.
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Utrecht est notamment connue pour :
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Utrecht accueille plusieurs institutions d'enseignement supérieur et universitaire. Avec 20 % de la population étudiante, Utrecht est une ville estudiantine. L'université d'Utrecht est l'une des universités les plus importantes des Pays-Bas et l'une des plus prestigieuses d'Europe. Fondée en 1636, elle accueille à la rentrée académique de 2008 plus de 29 000 étudiants.
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La Haute École d'Utrecht (Hogeschool Utrecht) est une école supérieure à Utrecht, axée principalement sur les sciences appliquées. En 2007, la Hogeschool accueille près de 34 000 étudiants. La Utrecht School of the Arts est une autre école supérieure des beaux-arts qui propose des programmes relatifs aux beaux-arts, au design, à la musique, au théâtre, aux médias et la gestion des métiers de l’art.
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Utrecht compte plusieurs musées :
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Utrecht est une des premières grandes villes d'Europe à expérimenter le revenu de base sur une partie de sa population dans le courant de l'année 2016.
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Utrecht est souvent considérée comme étant le centre des Pays-Bas. Cela est en grande partie lié à sa position géographique et aux infrastructures routières et ferroviaires qui en ont fait un pôle incontournable dans les déplacements aux Pays-Bas.
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La gare centrale d’Utrecht est le centre névralgique du réseau de la Nederlandse Spoorwegen (NS), la compagnie nationale des transports ferroviaires, la plus grande gare de correspondance du pays et en nombre de passagers, juste devant Amsterdam-Central et Rotterdam-Central. Des trains partent dans toutes les directions du pays : vers le sud (Bois-le-Duc, Eindhoven, Maastricht), l’ouest (Rotterdam, La Haye), le nord (Amsterdam et au-delà Alkmaar et Den Helder, l’aéroport de Schiphol, Almere, Zwolle, Groningue, Amersfoort, Leeuwarden) et l’est (Arnhem, Nimègue, Enschede). La gare est aussi desservie par des trains ICE en direction de l’Allemagne (Cologne, Francfort et au-delà Munich, Bâle), ainsi que des trains de nuit à destination de Prague, Copenhague, Moscou et Zurich. À cela s'ajoutent les nombreux trains omnibus en provenant des villes alentour. D’autres gares secondaires sont situées sur la commune et d’autres sont en projet afin de créer à terme un véritable RER pour Utrecht et les villes aux alentours.
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Utrecht abrite d’autre part le siège de la NS, ainsi que de ProRail, gestionnaire des infrastructures ferroviaires du pays.
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Utrecht est située à l'intersection de plusieurs autoroutes de très grande importance, provoquant de nombreux embouteillages dans la région. Ces autoroutes sont :
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De nombreux travaux sont entrepris afin d'augmenter les capacités, car les bouchons d'Utrecht ont des répercussions dans l'ensemble du pays, en rendant difficile la circulation entre villes.
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Qbuzz exploite les lignes de bus municipal et régional sous le nom de U-OV[9]. Une ligne de tramway reliant Utrecht et les villes de Nieuwegein et IJsselstein est également exploitée par Qbuzz sous le nom de U-OV. Actuellement, une autre ligne de tramway au départ de la gare centrale est en construction vers le campus de l'université dit De Uithof, à l’est du centre-ville[10].
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Utrecht est la 3e ville la plus cyclable du monde[11], avec notamment le plus grand parking à vélo du monde[12] et la piste cyclable la plus fréquentée du monde[13].
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Parc urbain.
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Chevet de la cathédrale.
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Bâtiment commercial : Het Rabobank gebouw.
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De Demkabrug'.
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Le château d'eau.
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Statue de Willibrord.
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Passage à niveau.
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Le canal d'Utrecht de nuit avec les décorations de Nouvel an.
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Façades illuminées.
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La vaccination est l'administration d'un agent antigénique, le vaccin, dans le but de stimuler le système immunitaire d'un organisme vivant afin d'y développer une immunité adaptative contre un agent infectieux. La substance active d’un vaccin est un antigène dont la pathogénicité du porteur est atténuée afin de stimuler les défenses naturelles de l'organisme (son système immunitaire). La réaction immunitaire primaire permet en parallèle une mise en mémoire de l'antigène présenté pour qu'à l'avenir, lors d'une vraie contamination, l'immunité acquise puisse s'activer de façon plus rapide et plus forte.
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La vaccination s'effectue sur un individu sain soit par injection sous-cutanée ou intramusculaire soit par voie orale, selon des pratiques le plus souvent réglementées. En général chaque acte de vaccination est documenté (exemple : dans un carnet de vaccination).
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L'Organisation mondiale de la santé estime que la vaccination est l’une des interventions sanitaires les plus efficaces et les plus économiques. Elle a permis d’éradiquer la variole, de réduire de 99 % à ce jour l’incidence mondiale de la poliomyélite, et de faire baisser de façon spectaculaire la morbidité, les incapacités et la mortalité dues à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche, à la tuberculose, et à la rougeole. Pour la seule année 2003, les autorités sanitaires estiment que la vaccination a évité plus de deux millions de décès.
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Des méthodes empiriques de variolisation sont apparues très tôt dans l'histoire de l'humanité, grâce à l'observation du fait qu'une personne qui survit à la maladie est épargnée lors des épidémies suivantes. L'idée de prévenir le mal par le mal se concrétise dans des pratiques populaires sur les continents asiatique et africain[2],[3],[4]. La pratique de l'inoculation était en tout cas connue en Afrique depuis plusieurs siècles et c'est de son esclave Onésime que l'apprit le pasteur américain Cotton Mather[5]. La première mention indiscutable de la variolisation apparaît en Chine au XVIe siècle[2]. Il s'agissait d’inoculer une forme qu’on espérait peu virulente de la variole en mettant en contact la personne à immuniser avec le contenu de la substance qui suppure des vésicules d'un malade (le pus). Le risque n'était cependant pas négligeable : le taux de mortalité pouvait atteindre 1 ou 2 %. La pratique s’est progressivement diffusée le long de la route de la soie. Elle a été importée depuis Constantinople en Occident au début du XVIIIe siècle grâce à Lady Mary Wortley Montagu. Voltaire lui consacre en 1734 sa XIe lettre philosophique[6], « Sur la petite vérole », où il la nomme inoculation, lui attribuant une origine circassienne et précisant qu'elle se pratique aussi en Angleterre :
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« Un évêque de Worcester a depuis peu prêché à Londres l'inoculation ; il a démontré en citoyen combien cette pratique avait conservé de sujets à l'État ; il l'a recommandée en pasteur charitable. On prêcherait à Paris contre cette invention salutaire comme on a écrit vingt ans contre les expériences de Newton ; tout prouve que les Anglais sont plus philosophes et plus hardis que nous. Il faut bien du temps pour qu'une certaine raison et un certain courage d'esprit franchissent le pas de Calais[7]. »
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En 1760, Daniel Bernoulli démontra que, malgré les risques, la généralisation de cette pratique permettrait de gagner un peu plus de trois ans d’espérance de vie à la naissance. La pratique de l'inoculation de la variole a suscité de nombreux débats en France et ailleurs[8].
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Pour la première fois, des années 1770 jusqu'en 1791, au moins six personnes ont testé, chacune de façon indépendante, la possibilité d'immuniser les humains de la variole en leur inoculant la variole des vaches, qui était présente sur les pis de la vache. Parmi les personnes qui ont fait les premiers essais, figurent en 1774, un fermier anglais au nom de Benjamin Jesty, et en 1791, un maître d'école allemand au nom de Peter Plett[9]. En 1796, le médecin anglais Edward Jenner fera la même découverte et se battra afin que l'on reconnaisse officiellement le bon résultat de l'immunisation. Le 14 mai 1796, il inocula au jeune James Phipps, âgé de 8 ans, du pus prélevé sur la main de Sarah Nelmes, une fermière infectée par la vaccine, ou variole des vaches. Trois mois plus tard, il inocula la variole à l'enfant qui s'est révélé immunisé. Cette pratique s'est répandue progressivement dans toute l'Europe. Le mot vaccination vient du nom de la « variole des vaches », la vaccine, elle-même dérivée du latin : vacca qui signifie « vache »[10]. Un auteur récent – reprenant en cela un débat ancien qui avait commencé dès Jenner – fait remarquer que la pratique aurait pu s'appeler « équination »[11] vu l'origine équine de la vaccine[12]. Il est par ailleurs attesté qu'en de multiples occasions des lymphes vaccinales ont été produites à partir de chevaux (l'un de ses premiers biographes rapporte même que Jenner a inoculé son fils aîné, en 1789, avec des matières extraites d'un porc malade du swinepox[13],[14]).
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Le principe de la vaccination a été expliqué par Louis Pasteur et ses collaborateurs Roux et Duclaux, à la suite des travaux de Robert Koch mettant en relation les microbes et les maladies[15]. Cette découverte lui permit de développer des techniques d'atténuation des germes. Sa première vaccination fut la vaccination d'un troupeau de moutons contre le charbon le 5 mai 1881. La première vaccination humaine (hormis la vaccination au sens originel de Jenner) fut celle d'un enfant contre la rage le 6 juillet 1885[16]. Contrairement à la plupart des vaccinations, cette dernière fut effectuée après l'exposition au risque — ici, la morsure du jeune Joseph Meister par un chien enragé et non avant (le virus de la rage ne progressant que lentement dans le système nerveux).
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Le terme vaccinologie a été créé en 1976 par Jonas Salk (1914-1995)[17], pour désigner une branche de médecine de santé publique consacrée aux vaccins (statut de médicament) et à la vaccination (action d'immunisation préventive). La vaccinologie est pluri-disciplinaire avec un double aspect biomédical et politique (de santé publique)[18].
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La vaccinologie fait appel aux disciplines suivantes[18] :
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La dimension économique de la vaccinologie est celle de l'activité industrielle liée aux vaccins : le coût recherche-développement d'un vaccin est comparé au coût de la maladie infectieuse évitable[18], certes dans le cadre général d'une économie libérale (recherche de profits) mais aussi de gestion budgétaire (limitation ou contrôle des dépenses d'un système de santé).
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Les dimensions sociologiques et éthiques sont représentées par les problèmes posés par l'obligation vaccinale et les droits individuels (information, liberté de choix...)[18], les résistances et les oppositions aux vaccinations, les problèmes de communication et de gestion de crise face à des rumeurs ou des évènements médiatisés[19].
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Un vaccin est une préparation d'un ou plusieurs antigènes microbiens utilisés pour induire une immunité protectrice et durable de l'organisme, en faisant appel à l'immunité adaptative, par opposition à l'immunité innée. Le but principal des vaccins est d'obtenir, par l'organisme lui-même, la production d'anticorps et l'activation de cellules T (lymphocyte B ou lymphocyte T à mémoire) spécifiques à l'antigène. Une immunisation réussie doit donc procurer une protection contre une future infection d'éléments pathogènes identifiés. Un vaccin est donc spécifique à une maladie mais pas à une autre[n 1].
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La vaccination est une technique d'immunisation active, par opposition à l'immunisation passive par transfert d'anticorps (par exemple, la sérothérapie).
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Le schéma vaccinal définit le nombre et l'intervalle des injections nécessaires à l'obtention d'une immunité protectrice suffisante. La primo-vaccination est celle qui induit cette protection, et les rappels de vaccination sont celles qui l'entretiennent.
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À l'échelle nationale, le calendrier vaccinal est l'ensemble des schémas vaccinaux, réactualisés chaque année, par et pour un pays donné. Ces schémas peuvent être recommandés ou obligatoires, selon l'âge ou la profession, en population générale ou particulière.
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La couverture vaccinale correspond au taux de personnes ayant reçu un nombre donné d'injections vaccinales à une date donnée[20].
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Les vaccins sont classés en deux grandes catégories les vaccins vivants atténués et les vaccins inactivés.
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Avec les vaccins vivants atténués, on injecte au patient une version modifiée du pathogène contre lequel on veut qu’il soit protégé. Cette modification de l’agent infectieux sert à réduire son efficacité sans le tuer. Notre corps va se défendre comme s’il combattait le virus ou la bactérie non-modifiée et produire des cellules mémoires pour le combattre plus efficacement la prochaine fois qu’il sera en contact avec ce même pathogène. Ce type de vaccination est efficace sur le long terme. Cependant, comme il s’agit d’inoculer la forme vivante du pathogène, même atténuée, il existe un faible risque infectieux qui constitue une contre-indication pour les personnes immunodéprimées[21].
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Les vaccins inactivés contiennent l’agent infectieux mort, ou alors fragmenté. Cette méthode de vaccination est moins efficace sur le long terme et nécessitera des rappels.[22]
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Les vaccins multivalents ou combinés, associent des combinaisons d'antigènes, permettant de cibler plusieurs maladies différentes en un seul vaccin (par exemple Rougeole-Oreillons-Rubéole ou Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite-Coqueluche-Hib-Hépatite B). Ces vaccins permettent de diminuer le nombre d'injections et d'augmenter la couverture vaccinale[23].
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La vaccination est un acte médical qui engage la responsabilité du vaccinateur, elle doit être expliquée et consentie. Le sujet à vacciner a le droit de recevoir une information personnalisée, adaptée à son niveau de compréhension[24].
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En principe, l'acte vaccinal comporte des règles à respecter. Il est effectué par un médecin ou un(e) infirmièr(e), ou selon des cas règlementés par une sage-femme ou un pharmacien. En France, 90 % des vaccinations sont effectuées en médecine libérale[25], dans d'autres pays (comme les pays scandinaves) les vaccinations sont faites dans un cadre collectif (médecine scolaire, ou d'autres services publics).
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Elle doit être précédée d'un interrogatoire à la recherche d'éventuelles contre-indications (antécédents d'allergie, déficience immunitaire, grossesse ou projet en cours de grossesse...) ; de la vérification du vaccin (conditions de conservation du vaccin, date de péremption) et de ses conditions d'utilisation (selon la présentation du vaccin, le calendrier vaccinal, l'âge du sujet...)[26].
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Chez le nourrisson et le petit enfant, l'utilisation de patch anesthésique ou d'une solution sucrée avec tétine est possible pour diminuer la douleur ou la peur[25].
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Le vaccinateur doit être en mesure de prendre en charge un malaise vagal ou une réaction allergique dans les minutes qui suivent une injection.
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La plupart des vaccins sont injectés par voie sous-cutanée ou intramusculaire, dans les conditions habituelles d'hygiène et d'asepsie. Les principaux sites d'injection se font dans la région du deltoïde, du sus-épineux chez l'enfant et l'adulte, et la face antéro-latérale de la cuisse chez le nourrisson. L'injection dans la fesse n'est pas recommandée, outre la proximité du nerf sciatique, l'épaisseur du tissu graisseux peut réduire l'efficacité vaccinale[27].
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La voie intradermique (injection superficielle et tangentielle à la peau) est pratiquement réservée au BCG, au niveau de la face externe du bras. Elle est de réalisation plus délicate[27].
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Quelques vaccins sont administrés par voie orale, comme le vaccin oral contre la poliomyélite, ou les vaccins contre le rotavirus. Des vaccins par spray nasal sont en cours d'essai (ex. : vaccin antigrippal NasVax en Israël), voire déjà utilisés (vaccins contre la grippe saisonnière ou contre la grippe pandémique aux États-Unis).
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Les vaccinations sont notées et documentées (date, lot, fabricant, vaccinateur...) dans un carnet de vaccination et dans le dossier médical du patient[26].
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L'administration de paracétamol pour limiter des symptômes généraux (fièvre, douleur...) est à l'appréciation du prescripteur[26].
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Par abus de langage, le terme de vaccination s'applique parfois à diverses inoculations et injections sans vaccin. Ainsi l'immunocastration des porcs est souvent présentée comme un vaccin (contre l'odeur de verrat). En 1837, Gabriel Victor Lafargue parla de « vaccination morphinique » pour ce qui n'était qu'une injection sous-épidermique[28]. Dans cette catégorie se place également le vaccin de Coley (qui génère une hyperthermie destinée à détruire des tumeurs).
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La vaccination préventive est une forme de vaccination visant à stimuler les défenses naturelles de façon à prévenir l'apparition d'une maladie. Elle ne cesse de voir son domaine s'élargir et peut prévenir les maladies suivantes :
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Au Québec, depuis le 1er janvier 2006, un vaccin contre la varicelle est offert à tous les enfants à partir de l'âge de un an. De plus, il est maintenant combiné avec le vaccin contre la rubéole-rougeole-oreillons.
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La vaccination à large échelle permet de réduire de façon importante l'incidence de la maladie chez la population vaccinée[30], mais aussi (si la transmission de celle-ci est uniquement inter-humaine) chez celle qui ne l'est pas, le réservoir humain du germe devenant très réduit. L'éradication de la poliomyélite de type 2 en 1999 est la conséquence des campagnes de vaccinations[31]. De même, pour l'éradication de la variole qui est effective depuis 1980, l'OMS avait mis en place une stratégie de vaccination de masse, alliée à une approche reposant sur la surveillance et l’endiguement (dépistage des cas, isolement des malades et vaccination des sujets contact)[32].
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Aussi appelée « immunothérapie active » (ou, plus anciennement (?), « thérapie vaccinale », « vaccinothérapie »), cette technique consiste à stimuler le système immunitaire de l'organisme pour favoriser la production d'anticorps. Il ne s'agit donc plus de prévenir l'apparition d'une maladie mais d'aider l'organisme des personnes déjà infectées à lutter contre la maladie en restaurant ses défenses immunitaires.
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On a pu créditer Auzias-Turenne d'être à l'origine de la vaccination thérapeutique avec sa méthode de syphilisation, Pasteur prenant le relais avec son vaccin contre la rage[33]. Contrairement à une idée reçue cependant, la vaccination contre la rage n'est pas thérapeutique. En fait, en pré-exposition (chez les personnes susceptibles d'être atteintes du fait de leur activité professionnelle par exemple) il s'agit d'une vaccination habituelle (injection de l'antigène qui va stimuler la fabrication de défenses spécifiques). En post-exposition, c'est-à-dire après une morsure par un animal susceptible d'être enragé, il s'agit d'une immunisation passive et active. Passive parce qu'il y a injection d'immunoglobulines (anticorps) spécifiques contre la rage et, au même moment, injection du vaccin antirabique. Contrairement au SIDA ou au cancer, la vaccination antirabique n'est largement plus au stade expérimental.
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En août 1890 Robert Koch annonça avoir découvert une substance capable de guérir la tuberculose : ce traitement à la tuberculine ne devait pas tenir ses promesses. Un article d'Almroth Wright, publié en 1902 et intitulé Généralités sur le traitement des infections bactériennes localisées par inoculation de vaccins à base de bactéries, expliqua pour la première fois sans ambiguïté la théorie de la thérapie vaccinale[33].
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L'OMS estime que la vaccination est l’une des interventions sanitaires les plus efficaces et les plus économiques. Elle a permis d’éradiquer la variole, de réduire de 99 % à ce jour l’incidence mondiale de la poliomyélite, et de faire baisser de façon spectaculaire la morbidité, les incapacités et la mortalité dues à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la rougeole. Pour la seule année 2003, on estime que la vaccination a évité plus de deux millions de décès[34].
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Le tableau suivant montre la diminution de la mortalité en France entre avant 1950 et après 1990. Il s'agit d'un taux de mortalité, c'est-à-dire du nombre de morts pour un million de personnes.
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Un plan reconstruction au Japon ainsi qu'un plan de vaccination sont mis en place après la Seconde Guerre mondiale. La coqueluche ravage un pays qui sort d'une guerre dévastatrice, on compte à la même année 152 072 personnes infectées par cette maladie et 17 001 morts. À partir de 1951, le nombre de cas par an baisse tout comme le nombre de morts à la suite de la loi de vaccination préventive promulguée en 1948 et les exigences relatives au vaccin contre la coqueluche mises en place en 1949. En 25 ans, le nombre de personnes infectées passe à moins de 400 cas par an et le nombre de morts à moins de 5 grâce à cette politique de santé[36].
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Pourtant, en décembre 1974 et janvier 1975, le gouvernement est notifié que deux enfants sont victimes d'accidents de vaccination. Le rapport signale que l'un a contracté une encéphalopathie et que l'autre a fait un choc allergique qui lui est fatal. À la suite de la pression de l'opinion publique, le gouvernement gèle temporairement l'obligation de vaccination pour la population japonaise. Les effets de l'arrêt de la vaccination ne sont pas directement visibles à court terme[37].
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Néanmoins, dès 1979, le gouvernement japonais était mis au courant de 13 092 nouveaux cas. Il s'agit ainsi d'une augmentation constante du nombre de personnes infectées par la coqueluche qui ne s'était jamais produite avant le gel du plan de vaccination, prouvant son efficacité. Peu de temps après cet épisode épidémique, le taux de vaccination dans le pays retourne progressivement à 80 % et le nombre de nouveaux cas et le nombre de morts par an baisse à nouveau[36].
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Les effets indésirables de la vaccination dépendent d'abord de l'agent infectieux combattu, du type de vaccin (agent atténué, inactivé, sous-unités d'agent, etc), du mode d'administration (injection intramusculaire, injection intradermique, prise orale, vaporisateur intranasal, etc.) ainsi que de la nature du solvant, de la présence éventuelle d'adjuvants destinés à renforcer l'efficacité thérapeutique du vaccin et de conservateurs chimiques antibactériens.
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Il n'existe donc pas d'effet secondaire commun à tous les modes de vaccination. Néanmoins, suivant les vaccins, certains effets indésirables, en général bénins, se retrouvent de manière plus ou moins fréquente. L'une des manifestations les plus courantes est la fièvre et une inflammation locale qui traduisent le déclenchement de la réponse immunitaire recherchée par la vaccination. Dans de très rares cas, la vaccination peut entraîner des effets indésirables sérieux et, exceptionnellement, fatals. Un choc anaphylactique, extrêmement rare, peut par exemple s'observer chez des personnes susceptibles avec certains vaccins (incidence de 0,65 par million, voire 10 par million, pour le vaccin rougeole-rubéole-oreillons (RRO))[38].
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En France, la loi prévoit le remboursement des dommages et intérêts par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux lorsqu'il s'agit de vaccins obligatoires[39].
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La variole est considérée comme éradiquée depuis 1977. La vaccination n'est donc plus du tout pratiquée même si des stocks de vaccins sont conservés en cas de résurgence. Les complications suivantes ressortissent donc plutôt à l'histoire de la médecine :
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Les effets indésirables pouvant avoir lieu dans de rares cas sont surtout dus au vaccin anti-coqueluche (Per)[50],[51] :
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La première campagne de vaccination de masse anti-poliomyélite, dans les années 1950, a été marquée par la fourniture par les Laboratoires Cutter d'un important lot défectueux (virus vivant non atténué) aboutissant à près de 220 000 contaminations dont 70 000 malades, 164 paralysies sévères et 10 décès[52].
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Avant que la cause génétique de l'autisme ne soit établie, une publication a affirmé un lien entre ce vaccin et l'autisme. Quelques années plus tard, cette étude a été récusée, son auteur Andrew Wakefield ayant reconnu la fraude sur fond de conflits d'intérêts[53]. Une étude de 2015 confirme qu'il n'y a aucun lien de cause à effet entre ce vaccin et l'autisme[54].
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Les effets indésirables de la vaccination contre l'hépatite B peuvent être[57],[58] :
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Les réactions suivantes ont été observées[59] :
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Cette vaccination est recommandée aussi bien chez les jeunes filles que chez les garçons[61].
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Au niveau international, l'OMS élabore des recommandations de vaccination. Ces recommandations, non contraignantes, sont des indications de base en vue d'aider les pays membres à dresser leur propre calendrier national de vaccination, en fonction de leur situation, besoins et priorités[62].
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Ces recommandations sont explicitées par des notes de synthèse sur chaque vaccination, régulièrement actualisées[63].
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Le Plan d’action mondial pour les vaccins de 2011 à 2020 par l'Organisation Mondiale de la Santé fixe comme recommandation un taux national de 90 % de vaccination DTCoq chez les enfants. L'Organisation des Nations Unies indique que 139 des 194 États membres de l’OMS ont atteint, voire dépassé ce taux. Malgré un progrès notable de la vaccination dans le monde, avec généralement moins d’inégalités au sein même d'un pays qu’il y a dix ans, en 2016, 10 millions d’enfants répartis dans 64 pays auraient besoin d’être vaccinés pour atteindre une couverture de 90 %. L'ONU estime que 7,3 millions de ces enfants vivent dans un environnement précaire, de crise humanitaire ou dans un pays touché par des conflits. C'est le cas de 4 millions d'enfants vivent en Afghanistan, au Nigeria et au Pakistan[64].
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Parmi les États membres de l’OMS, huit pays n'atteignent pas une couverture vaccinale DTCoq de 50 % : la Guinée équatoriale, le Nigeria, la République centrafricaine, le Somalie, le Soudan du sud, la Syrie, le Tchad et l'Ukraine. Selon l'OMS et l'UNICEF, depuis 2010, le nombre d’enfants ayant une vaccination complète stagne[65].
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Au début du XXIe siècle, le plan de vaccination du pays comprend la coqueluche, la rougeole, la diphtérie, la tuberculose, le tétanos, l'hépatite B et la poliomyélite[66].
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En France, la vaccination est encadrée par différentes autorités qui ont chacune un rôle précis. Ainsi, le ministère de la Santé élabore la politique vaccinale. Ensuite, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), avec le comité technique des vaccinations, donnent des avis et des recommandations sur les vaccinations en se basant sur les connaissances scientifiques les plus récentes. L'institut de Veille sanitaire assure la surveillance des maladies pour lesquelles il existe des vaccins. L’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) contrôle la qualité des vaccins et surveille le rapport bénéfice/risque des vaccins en collectant tous les effets indésirables déclarés. Elle travaille en collaboration avec l’Agence européenne des médicaments (AEM). La HAS, haute Autorité de santé évalue le service rendu des vaccins autorisés si le laboratoire qui les produit souhaite qu’ils soient remboursés par l’Assurance maladie. Santé publique France (SPF), ex INPES, placée sous la tutelle du ministère de la Santé, informe le public et les professionnels de santé sur les vaccinations nouvelles, existantes et obligatoires[67].
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En France, c'est le comité technique des vaccinations, une composante du Haut Conseil de la santé publique, qui est chargé de donner un avis sur le « calendrier vaccinal » mis à jour chaque année. Ce dernier est établi par le ministère de la Santé et publié dans un des bulletins épidémiologiques hebdomadaires (BEH)de l'Institut de veille sanitaire (InVS) accessibles en intégralité[68]
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Plusieurs vaccins sont ainsi recommandés ou obligatoires, pour la population en fonction du lieu d'habitation, du sexe, de l'âge, des pathologies et d'autres facteurs de risque tels que la profession. Ainsi pour la population française, saine et non exposée à des facteurs de risque particuliers, le tableau suivant mentionne la situation en 2018, hors situation de rattrapage[68].
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Certains vaccins sont recommandés en fonction de la situation géographique, c'est le cas du BCG et du vaccin contre la fièvre jaune. Concernant le BCG, le vaccin contre la tuberculose, une dose est conseillée pour les enfants résidant, en Guyane ou à Mayotte, entre la naissance et 14 ans. Concernant le vaccin contre la fièvre jaune, une dose est recommandée pour les enfants résidant en Guyane, à l'âge de 12 mois en lieu et place de la vaccination contre l'infection à méningocoque qui est déplacée à 16-18 mois ; par la suite, une dose de vaccin contre la fièvre jaune doit être administrée tous les 10 ans[68].
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Le calendrier vaccinal ayant fait l'objet de remaniements en 2013 et 2018, les situations de transition ou rattrapages sont prises en compte dans le document. C'est en particulier le cas pour les vaccins les plus récemment introduits. Ainsi, celui contre le papillomavirus humain (3 doses) peut être administré chez la fille jusqu'à 19 ans, et celui contre les infections à méningocoque (1 dose) peut être administré jusqu'à 24 ans[68].
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Pour rétablir la confiance des français envers les vaccins, Marisol Touraine, alors ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, a mis en place un plan d'action[69] en septembre 2016. Les objectifs principaux de son action sont d'informer la population des objectifs de la vaccination, de coordonner les actions pour améliorer la couverture vaccinale et d'éviter les conflits concernant l'approvisionnement des vaccins ainsi que les pénuries de ces derniers. Le but ultime est de rendre le sujet de la vaccination important au sein des discussions citoyennes.
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Le calendrier est adapté à la situation chronique de pénurie de vaccins en France, toujours en 2019.
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Des tableaux synoptiques reprennent ce cadre[70] et des résumés[71],[72]
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La Semaine européenne de la vaccination est mise en place sous l'initiative de l’Organisation mondiale de la santé en Europe depuis 2005[73]. Elle est un temps fort de mobilisation et d'actions pour promouvoir la vaccination et augmenter la couverture vaccinale.
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En France, la Semaine de la vaccination est coordonnée par le ministère chargé de la Santé publique France, et pilotée en région par les agences régionales de santé (ARS). À cette occasion, des actions très diverses sont organisées à des endroits clés tels que les établissements scolaire et les Halles : expositions, séances d’information du public, conférences, jeux, animations, séances de vaccination gratuites, portes ouvertes, formations de professionnels… La Semaine de la vaccination est l'occasion de faire connaître le calendrier des vaccinations et pour chacun de s’informer sur ses vaccinations qui auront des bénéfices personnels et collectifs pour se protéger contre certaines maladies infectieuses[74].
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Après la crise sanitaire de Covid-19 en 2020, la Haute Autorité de santé lance un appel à la vaccination afin de pallier les vaccinations non réalisées pendant la période de confinement. Selon L'autorité, plus de 45 000 bébés de trois à dix-huit mois n’ont pas été vaccinés contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et les méningites[75].
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Au cours du XXIe siècle, des dizaines d'agent de santé ont été tués par des militants anti-vaccination ; les visites à domicile en vue d'une vaccination se font depuis sous escorte policière[66].
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À la fin des années 1980, les autorités sanitaires du Bangladesh ont décidé d'un plan de communication en faveur de la vaccination contre la polio porté par les chefs religieux du pays, appelé « mosquées porte-voix »[66]. Des publicités télévisées mettant en scène des célébrités bangladaises incitent la population à se vacciner[66].
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Le réseau électrique du pays n'est pas fiable et le climat est chaud, provoquant un risque de rupture de la chaîne du froid : pour pallier cela, tous les centres de santé sont équipés de panneaux solaires[66]. Le relais dans les espaces reculés se fait par cyclistes ou mariniers lorsque les rivières sont en crues[66].
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À noter que certaines professions (égoutiers, professions médicales, etc.) doivent avoir des vaccins supplémentaires par rapport au reste de la population.
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En 2010, sur 30 pays incluant les 27 pays de l'Union Européenne plus l'Islande, la Norvège et la Suisse, pour les enfants de moins de 13 ans, 16 pays n'ont aucune vaccination obligatoire : ce sont l'Allemagne, l'Autriche, Chypre, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, l'Irlande, l'Islande, la Lituanie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Les 14 autres ont au moins une vaccination obligatoire. Ce sont la Belgique (1 vaccin obligatoire), Bulgarie (9), France (11), Grèce (4), Hongrie (8), Italie (4)[76], Lettonie (12), Malte (3), Pologne (8), Portugal (2), Roumanie (8), Slovaquie (9), Slovénie (7), République Tchèque (7)[77].
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La vaccination contre la polio est obligatoire pour les enfants et les adultes dans 12 pays, contre la diphtérie et le tétanos (11 pays), contre l'hépatite B (10), l'hépatite A (2), HPV (1), pneumocoque (4), ROR (8), coqueluche (8), rotavirus (1), BCG (7), varicelle (1). L'obligation vaccinale est considérée comme un moyen d'améliorer les programmes de vaccinations. Toutefois de nombreux pays atteignent les objectifs requis uniquement par recommandations. Ainsi, il n’y a pas de différence significative de couverture vaccinale (taux de vaccinés) entre les pays qui recommandent et ceux qui obligent[77].
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Dès lors, le label « obligatoire » n'est pas le seul facteur permettant d'atteindre une forte couverture vaccinale en Europe. D'autres facteurs peuvent entrer en jeu, comme l'utilisation de vaccins multivalents, le coût financier pour le pays destinataire, le type d'offre (gratuité ou remboursement, par médecin personnel ou de collectivité), les campagnes d'information et de promotion. La diversité des politiques vaccinales en Europe tient plus à des facteurs historiques et culturels, qu'à des raisons scientifiques de santé publique[77].
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De meilleures informations sur la diversité de l'offre vaccinale au niveau européen pourraient aider les pays à adapter leurs stratégies vaccinales, en se basant sur l'expérience des autres pays. Toutefois, cette adaptation devrait se faire aussi en tenant compte du contexte national local[77].
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En 2017, la France envisage de porter à 11 le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants[78], tandis que l'Italie les porte à 12[76].
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L'arrêté du 28 février 1952[79] « fixant les obligations des médecins chargés des vaccinations antidiphtérique, antitétanique et antityphoparathyphoïdique et des examens médicaux préalables » — qui prolongeait l'arrêté ministériel du 20 août 1941 (JO du 10 septembre 1941) — avait instauré en France l'examen systématique des urines avant toute vaccination. Ces dispositions, après avoir été étendues à la vaccination antipoliomyélitique par l'arrêté du 19 mars 1965 tel que paru au JO du 23 mars[80], ont été abrogées par la circulaire no 503 du ministère des Affaires Sociales et de la Solidarité du 3 octobre 1984[81].
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La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, qui a créé le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), précise que « la politique de vaccination est élaborée par le ministre chargé de la santé qui fixe les conditions d’immunisation, énonce les recommandations nécessaires et rend public le calendrier des vaccinations après avis du HCSP. »[82]
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Les vaccins obligatoires sont remboursés par la sécurité sociale. Les autorités sanitaires assurent que le rapport bénéfice/risque est suffisamment significatif. L'inobservation des prescriptions vaccinales expose à des sanctions pénales ou administratives, notamment au retrait de l'autorité parentale, à la déscolarisation, au renvoi d'une administration, à une amende ou à une peine privative de liberté. L'obligation de vaccination a entraîné la création de groupements de personnes opposées à son aspect systématique, par exemple la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations qui invoque la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne qui instaure une clause de conscience.
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Depuis janvier 2018 huit vaccinations, auparavant recommandées, sont devenues obligatoires : les vaccinations contre coqueluche, Haemophilus influenzae de type b, hépatite B, pneumocoque, méningocoque de sérogroupe C, rougeole, oreillons et rubéole, (les vaccinations contre diphtérie, tétanos et polio étant antérieurement seules obligatoires). Ces 11 injections sont pratiquées, sauf contre-indication médicale reconnue, dans les 18 premiers mois, selon le calendrier vaccinal et sont exigibles pour l’entrée ou le maintien en collectivité à partir du 1er juin 2018 pour tout enfant né à partir du 1er janvier 2018[83].
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Le seul vaccin « DTP » n'était plus commercialisé par son fabricant depuis 2008, à la suite d'une recrudescence d'allergies dont il serait responsable[84].
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Les vaccins à 2, 4 et 11 mois sont en général inoculés en même temps au sein d'un vaccin dit « hexavalent ».
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Le plan de vaccination suisse est élaboré par des experts indépendants (Commission fédérale pour les vaccinations, CFV), en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), il s'agit de recommandations[85] qui ne sont pas obligatoires.
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En Suisse la vaccination est libre, si un vaccin est obligatoire dans un canton, pour un enfant seulement, les parents doivent justifier par écrit un refus.
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Depuis 2016, l'Australie prive d'une partie des allocations familiales les parents qui refusent de faire vacciner leur enfant[86].
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À la suite de l'éradication totale de la variole dans le cadre d'un programme mondial de l'OMS, le vaccin contre cette maladie n'est plus requis. Deux souches sont cependant conservées dans des laboratoires américains et russes dans un but de recherche.
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La vaccination par le BCG (Vaccin bilié de Calmette et Guérin : tuberculose) n'est plus obligatoire depuis 2007.
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La prévalence de la tuberculose a fortement diminué en Europe entre le XIXe et le XXe siècle[87],[88]. Ce recul de la maladie serait largement dû à des facteurs autres (éloignement des malades en sanatorium, sélection naturelle des souches, amélioration des conditions de vie et d'alimentation, etc.)[89],[90],[91]. Des études épidémiologiques d'efficacité vaccinale n'ont pas montré de recul de la maladie après des campagnes de vaccinations en Inde du sud[92],[93]. De même, on observe que la régression de la tuberculose est antérieure à la mise en place des campagnes de vaccination[94].
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Les études rétrospectives montrèrent que ces campagnes de vaccinations ne furent pas aussi systématiques que programmées. Il est aujourd'hui admis que le vaccin BCG offre une immunisation variable, en particulier chez les jeunes adultes dans les régions tropicales[95]. Selon l'OMS, les études disponibles montrent que la vaccination par le BCG donne un degré élevé de protection contre les formes graves de la maladie (tuberculose méningée et miliaire)[96].
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Selon les recommandations 2018 de l'OMS, dans les pays d'incidence élevée de tuberculose ou de lèpre, une dose unique de vaccin BCG doit être administrée à tous les nouveau-nés en bonne santé à la naissance. Les pays à faible incidence de tuberculose ou de lèpre peuvent choisir de vacciner sélectivement les nouveau-nés au sein de groupes à risque. Les pays dans lesquels les taux de tuberculose diminuent sont encouragés à passer d’une vaccination universelle à une vaccination sélective des groupes à risques. Lors de ce passage, il est recommandé de mettre en place un système efficace de surveillance[97].
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En ce qui concerne d'autres pathologies infectieuses (comme la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, les oreillons, la rubéole ou la rougeole) le bénéfice de la vaccination ne fait aucun doute[98] et les recommandations internationales maintiennent la vaccination systématique.
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Chercheurs à l'INED, Jacques Vallin et France Meslé précisent le bénéfice de la vaccination sur ces maladies[99] :
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« Les succès les plus spectaculaires de la vaccination n'ont pas toujours porté sur des maladies jouant un rôle majeur dans la mortalité totale. Ainsi, la diphtérie, la poliomyélite, le tétanos, vaincus pour l'essentiel grâce à la vaccination, n'ont jamais causé une part importante de la mortalité totale. Finalement, seuls le recul de la variole, il y a bien longtemps, puis, beaucoup plus récemment, celui de la grippe ont été en Europe à l'origine de progrès importants de l'espérance de vie presque entièrement attribuables à la diffusion des vaccins. »
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En 2005, les décès par pneumonie sont estimés à 2 millions d'enfants selon l'OMS[100]. Cela représente 18 % de la mortalité infantile totale annuelle. L'OMS accueille favorablement le développement de vaccins efficaces pour prévenir les pneumococcies dont l'un des principaux agents sont les bactéries pneumocoques. Selon une étude, un vaccin antipneumococcique conjugué peut réduire la mortalité et les hospitalisations pour pneumonie[101].
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Les deux principales maladies qui pourraient bénéficier d'une vaste campagne de vaccination sont la rougeole et l'hépatite virale B (chaque année, 112 000 décès pour la rougeole[102], 600 000 décès pour l'hépatite B[103]).
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La mortalité liée à la grippe a fortement chuté depuis l'arrivée d'un vaccin plus efficace mélangeant diverse souches virales au début des années 1970 : en France, on comptait environ 1 000 morts en 2005, contre 10 000 à 20 000 (voir le double avec les complications) dans les années 1970[104]. En France, l'Assurance maladie prend en charge à 100 % le vaccin contre la grippe chez les personnes de plus de 65 ans (90 % des cas mortels) depuis 2003 (75 ans en 1985, date du début de la gratuité du vaccin pour cette partie de la population)[104].
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Les résistances et l'opposition à la vaccination débutent dès le tournant des XVIIIe et XIXe siècles contre le vaccin d'Edward Jenner (1749-1823). D'abord d'ordre religieux, l'opposition devient politique (défense de la liberté individuelle) lors de l'extension de l'obligation du vaccin anti-variolique au cours du XIXe siècle. À partir de la fin du XIXe siècle, des raisons « naturelles » (de médecines alternatives) s'opposent au « pasteurisme » et à la multiplication de nouveaux vaccins (le vaccin comme inutile ou anti-naturel).
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Avec le consumérisme et la mondialisation des réseaux d'information, l'opposition vaccinale se manifeste entre autres, par la dénonciation de l'industrie pharmaceutique, la crainte et la polémique des effets indésirables[105], ainsi que par une tendance au complotisme (associant la vaccination à des volontés de profits ou de malfaisance)[106]. Cependant, les grands arguments de fond de l'opposition ou de la résistance aux vaccins n'ont guère changé depuis le XIXe siècle ; ces arguments se perpétuent sous une forme plus moderne selon les progrès technologiques[107].
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En France, la défiance vaccinale est devenue la première au monde (45 % des Français interrogés estiment que les vaccins ne sont pas sûrs), elle est suivie par la Bosnie-Herzégovine, le Japon et la Russie « pays dont on ne voit pas immédiatement les points communs », alors que les Anglais et les Allemands ne sont que 10 %. Cette proportion est de 13% pour 65 000 citoyens interrogés de 67 pays[108].
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De même 20 % des Français interrogés estiment que les vaccins ne sont pas efficaces, ce qui les classent parmi les plus sceptiques avec les Italiens, les Grecs et les Russes, alors que les Anglais, les Allemands et les Américains du nord représentent 8 à 10 %, selon une vaste étude anglaise parue en 2016[109].
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La proportion de personnes opposée aux vaccinations tend à croître aux États-Unis[110] mais reste marginale (moins de 3 % des parents aux États-Unis en 2004[111], avec une grande disparité régionale, cette proportion pouvant atteindre près de 20 % dans certains endroits[112]). Les croyances et les représentations individuelles jouent un rôle important dans la décision de se faire vacciner. Il semble que la conviction des professionnels de santé sur l'importance de la vaccination joue un rôle important sur la perception du public à ce sujet[113].
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Les sites de vulgarisation médicale sont souvent visés via leurs forums (doctissimo, etc.). Les activistes anti-vaccinalistes profitent de discussions pour aiguiller certaines personnes vers leurs sites web (nombreux liens hypertextes utilisés dans les signatures et se répétant sur tous leurs messages). Un petit nombre d'activistes auto proclamés experts inondent alors les sections vaccinations de différents site web d'informations anti-vaccinalistes, faisant alors penser aux utilisateurs que leurs références sont nombreuses et légitimes[114].
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Les réseaux sociaux sont aussi largement utilisés, ils permettent un accès large et un recrutement facile de profils[114].
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Les sites de partage en ligne sont également largement inondés de vidéo anti-vaccinalistes. Cette technique permet de submerger les décideurs (les parents) d'informations négatives sur la vaccination, faisant passer les informations médicales validées au second rang. Ainsi, la mise en avant des effets secondaires négatifs par les médias n'incitent pas les consommateurs à se faire vacciner.
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Ces discours anti-vaccinalistes sont de plusieurs types, correspondant à des niveaux différents de débats[114]. Le discours politique met en avant la liberté vaccinale (refus des obligations vaccinales), la corruption financière, et l'inutilité des vaccins mis en opposition avec les autres moyens de santé publique. Ce discours rejoint des thèmes naturalistes de dénigrement de la science et de la médecine, de négation des progrès de santé attribuables à la vaccination, en matière de santé des dernières décennies, ou sur le caractère bénin des maladies infantiles d'où il découle qu'il est plus sûr, ou plus naturel, de les contracter que de faire vacciner.
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Un discours pseudo-scientifique liste des ingrédients potentiellement toxiques (en dénigrant/niant les études de sécurité réalisées) ; ou détourne les résultats des études scientifiques par un biais de confirmation (cherry picking ou cueillette de cerises) par exemple en mettant en exergue un article qui alerte sur un risque potentiel en niant les dizaines d'autres qui le démentent par la suite[115].
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Depuis la fin du XIXe siècle, les méthodes utilisées par l'antivaccinalisme sont le témoignage, les arguments basés sur photographies ou vidéo, sur l'émotion, le simplisme et le « bon sens » (coïncidence confondue avec la causalité). Sur le net, une nouvelle forme de discours tactique est apparue qui consiste à se soustraire de l'étiquette « antivaccin » en se présentant comme un partisan de vaccins plus sûrs, seulement soucieux de questions légitimes, comme le fait que les vaccinations ne seraient pas suffisamment étudiées[114].
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Il y aurait ainsi des « antivax » radicaux (qui condamnent la vaccination) et des antivax « opportunistes » ou de circonstance qui refusent les recommandations vaccinales, à propos de tel ou tel vaccin, ou telle modalité, en arguant de leur liberté personnelle de choisir leurs risques. Cette attitude individualiste s'oppose au principe de responsabilité collective[116].
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L'antivaccinisme se présente alors comme un discours irréfutable, inexpugnable dans sa logique interne. Il révèle toutefois d'importantes problématiques sociales contemporaines comme les rapports individu/société, nature/culture, résistance/soumission au biopouvoir, les places respectives public/privé, les rapports à l'information...« Reste à savoir où et comment se règleront les questions d'autorité et de légitimité [...] Reste à trouver une gouvernance acceptable et efficace pour la vaccination du XXIe siècle »[117].
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Vache est le nom vernaculaire donné à la femelle du mammifère domestique de l'espèce Bos taurus, un ruminant appartenant à la famille des bovidés, généralement porteur de deux cornes sur le front. Les individus mâles sont appelés taureaux et les jeunes, veaux[1]. Une génisse ou vachette, appelée aussi taure au Québec ou dans le Poitou, est une vache qui n'a pas vêlé. Descendant de plusieurs sous-espèces d'aurochs, les bovins actuels (zébus compris) sont élevés pour produire du lait et de la viande, ou comme animaux de trait. En Inde, la vache est un animal sacré. Le mot vache vient du latin vacca, de même sens[2],[3].
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Le poids moyen d'une vache adulte varie en fonction de la race de 500 à 900 kg. Elle est plus petite que le taureau.
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Les bovins n'ont pas d'incisives supérieures[4], ils ne peuvent pas très bien mordre l'herbe et leurs dents servent principalement à broyer la nourriture. Pour se nourrir, les bovins utilisent leur langue pour ramasser l'herbe[5], puis la pincer entre leurs incisives inférieures et leur bourrelet gingival[4].
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Vache de race tarentaise.
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Taureau de race tarentaise.
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Alors que les taureaux sont destinés principalement à la boucherie et rarement à la reproduction, les vaches sont le plus souvent destinées à assurer le renouvellement du troupeau ou la production de lait. La vache est élevée soit pour son lait (races de vaches laitières), soit pour la production de viande (races à viande ou « allaitantes »), soit pour les deux (races mixtes).
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Comme tous les mammifères, une vache ne peut donner du lait qu'à partir du moment où elle a mis bas[6]. Avant d'avoir eu son premier veau, la jeune femelle est appelée génisse.
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Les vaches laitières en fin de vie sont normalement mises à l'engraissement et envoyées à l'abattoir (vaches de réforme). Elles fournissent en France l'essentiel de ce qui est commercialisé sous la dénomination « viande de bœuf » (80 % en 2013)[7].
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La France comptait 18,9 millions de vaches en 2006[8] et 18,7 millions de têtes de vaches en France en 2011.
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35 % du cheptel (toutes vaches confondues) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie.
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La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.
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De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 têtes à 4 108 000 têtes (soit +23 % en 26 ans).
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Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 têtes à 3 678 000 (soit -44 %).
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C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.
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Répartition des laitières et allaitantes par région : fort nombre de têtes de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Massif-Central, Midi-Pyrénées. Et fort nombre de têtes de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie).
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Près de deux millions de veaux sont abattus chaque année en France, dont la plus grande partie provient du cheptel de vaches laitières[9].
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En Inde, une grande partie de la population considère traditionnellement les vaches comme des animaux sacrés. Elles sont libres de se promener dans les rues et jusque sur les autoroutes. Elles ne sont pas destinées à être mangées mais fournissent le lait nécessaire aux rituels religieux. Le barattage de la mer de lait est un des mythes de la cosmogonie indienne.
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La vache Audhumla est un mythe cosmogonique de la mythologie scandinave.
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La sourate Al-Baqara (en arabe: سورة البقرة, Sūratu al-Baqarah, « La vache ») est la deuxième et la plus longue sourate du Coran. Le nom de « sourate de la vache » fait référence à un différend entre Moïse et les Israélites à propos d'une vache qu'ils doivent sacrifier afin de connaître le meurtrier d'un homme tué. Ne pas confondre avec l'incident biblique où Moïse interdit d'adorer le veau d'or.
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La Torah fait référence au rite de la Vache rousse[10].
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Voir aussi : Idiotisme animalier.
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Peinture à l'huile par Carl Rudolf Huber, 1873.
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Vache qui se gratte, huile sur toile de Constant Troyon (1859)
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Sculpture de vache en courges.
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Scène de traite sur une porte de la cathédrale de Guildford.
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Dessin de bande-dessinée par Benjamin Rabier.
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Vache est le nom vernaculaire donné à la femelle du mammifère domestique de l'espèce Bos taurus, un ruminant appartenant à la famille des bovidés, généralement porteur de deux cornes sur le front. Les individus mâles sont appelés taureaux et les jeunes, veaux[1]. Une génisse ou vachette, appelée aussi taure au Québec ou dans le Poitou, est une vache qui n'a pas vêlé. Descendant de plusieurs sous-espèces d'aurochs, les bovins actuels (zébus compris) sont élevés pour produire du lait et de la viande, ou comme animaux de trait. En Inde, la vache est un animal sacré. Le mot vache vient du latin vacca, de même sens[2],[3].
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Les bovins n'ont pas d'incisives supérieures[4], ils ne peuvent pas très bien mordre l'herbe et leurs dents servent principalement à broyer la nourriture. Pour se nourrir, les bovins utilisent leur langue pour ramasser l'herbe[5], puis la pincer entre leurs incisives inférieures et leur bourrelet gingival[4].
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Alors que les taureaux sont destinés principalement à la boucherie et rarement à la reproduction, les vaches sont le plus souvent destinées à assurer le renouvellement du troupeau ou la production de lait. La vache est élevée soit pour son lait (races de vaches laitières), soit pour la production de viande (races à viande ou « allaitantes »), soit pour les deux (races mixtes).
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Comme tous les mammifères, une vache ne peut donner du lait qu'à partir du moment où elle a mis bas[6]. Avant d'avoir eu son premier veau, la jeune femelle est appelée génisse.
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La sourate Al-Baqara (en arabe: سورة البقرة, Sūratu al-Baqarah, « La vache ») est la deuxième et la plus longue sourate du Coran. Le nom de « sourate de la vache » fait référence à un différend entre Moïse et les Israélites à propos d'une vache qu'ils doivent sacrifier afin de connaître le meurtrier d'un homme tué. Ne pas confondre avec l'incident biblique où Moïse interdit d'adorer le veau d'or.
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La Torah fait référence au rite de la Vache rousse[10].
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Proverbe : « À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées[11] ».
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Voir aussi : Idiotisme animalier.
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Peinture à l'huile par Carl Rudolf Huber, 1873.
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Vache qui se gratte, huile sur toile de Constant Troyon (1859)
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Sculpture de vache en courges.
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Scène de traite sur une porte de la cathédrale de Guildford.
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Dessin de bande-dessinée par Benjamin Rabier.
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Le vagin (du latin : vagina, « fourreau ») est un organe tubulaire musculo-muqueux faisant partie du système reproducteur femelle de certains animaux tel que l'appareil reproducteur féminin. Chez les mammifères, il relie l'utérus à la vulve. Chez les oiseaux et reptiles, il relie l'utérus au cloaque. Chez les insectes et d'autres invertébrés, le vagin est la partie terminale de l'oviducte. Il est impliqué lors de l'accouplement et, chez les mammifères, lors de la parturition (mise au monde).
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Le vagin est une des parties internes de l'appareil reproducteur féminin.
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Le vagin peut développer de nombreuses maladies et infections, d'infections bénignes au cancer en passant par la fréquente Vulvo-vaginite atrophique ;
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En anatomie, les vaisseaux sanguins sont des conduits qui transportent le sang dans l'organisme. Les cinq grands types de vaisseaux sanguins sont les artères (qui transportent le sang du cœur vers les organes), les artérioles, les capillaires (qui permettent la diffusion des gaz et des nutriments entre le sang et les tissus), les veinules et les veines (qui transportent le sang des organes vers le cœur). L'ensemble de ces vaisseaux sanguins forme le système ou réseau vasculaire sanguin. Les vaisseaux lymphatiques composant le système lymphatique et les vaisseaux sanguins forment le système vasculaire qui, avec le cœur, constituent l'appareil cardiovasculaire.
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La science des vaisseaux sanguins s'appelle l'angiologie, pratiquée par des angiologues. Pour tester la résistance ou la fragilité d'un vaisseau sanguin, on a recours au test du tourniquet.
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Les vaisseaux sanguins existent en divers calibres ; leur diamètre peut changer selon le milieu intérieur, une propriété nommée vasomotricité.
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Les artères sont les vaisseaux sanguins transportant le sang du cœur aux poumons et aux autres organes. Leur paroi élastique amortit les élévations de la pression.
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En coupe transversale, les trois couches présentes des parois des artères sont, de l'extérieur vers l'intérieur :
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Il existe trois types d'artères :
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Les artères élastiques possèdent beaucoup de fibres d'élastine et de collagène dans la média. Il y a aussi une couche de tissu conjonctif entre la média et l'intima (limitante élastique interne mais très peu visible du fait que l'environnement soit très élastique). Elle ne possède pas de limitante élastique externe.
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+
Le but de l'élastine est d'avoir beaucoup d'élasticité pour que la paroi varie selon la pression (hausse de pression ⇒ étirement passif de la paroi), le collagène a pour rôle de s'opposer à une trop forte variation du rayon, il va permettre de réduire l'extensibilité de la paroi.
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+
Les artères musculaires contiennent en majorité des fibres musculaires lisses dans leur média et possède une limitante élastique interne et externe très visible.
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La tension superficielle exercée sur la membrane musculaire est constante et indépendante du rayon.
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Donc pour un rayon supérieur au rayon d'équilibre seule la dilatation du vaisseau permettra de compenser la pression.
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Pour un rayon inférieur au rayon d'équilibre il se passe le phénomène inverse, le vaisseau tend vers sa fermeture.
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Les artères musculo-élastiques contiennent à la fois des fibres musculaires capables de se contracter, et de l'élastine.
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La tension exercés sur les parois vasculaires est la somme d'une composante musculaire (dépend de la vasomotricité) , et d'une composante élastique (dépend du rayon de la paroi).
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L'aorte est la plus large des artères systémiques. Elle quitte le cœur au niveau de l'orifice de sortie du ventricule gauche (orifice aortique). Son élasticité naturelle lui permet d'amortir les importantes élévations de pression lors de la période de contraction cardiaque (systole ventriculaire) puis le retour élastique de cette même paroi pendant la période de repos cardiaque (diastole ventriculaire) permet de conserver dans le réseau artériel une pression minimale (ou pression diastolique).
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L'aorte se « ramifie » en : l'artère brachio-céphalique (tronc brachio-céphalique : artère carotide commune droite et artère subclavière droite), l'artère carotide commune gauche, l'artère subclavière gauche, les artères intercostales, l'artère cœliaque (tronc cœliaque : artère gastrique gauche, artère hépatique commune et artère splénique), l'artère mésentérique supérieure, les artères rénales droite et gauche, l'artère mésentérique inférieure et les artères iliaques communes.
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L'artère pulmonaire est issue du ventricule droit et, par ses branches, délivre un sang pauvre en oxygène aux deux poumons. Sa paroi est considérablement plus fine et fragile que celle de l'aorte.
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Les artérioles sont les artères de petit calibre (diamètre inférieur à 0.5 mm) amenant le sang dans les capillaires.
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Leur paroi est innervée par le système nerveux sympathique et peut ainsi se contracter, entraînant à la fois une réduction du flux sanguin tissulaire et une augmentation de la résistance à l'écoulement sanguin. Cette augmentation des résistances dites périphériques induit directement une élévation de la pression artérielle.
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Les capillaires sont les plus petits vaisseaux sanguins et le siège des échanges entre le milieu vasculaire et les organes qu'ils traversent. Les capillaires communiquent entre eux et forment un réseau anastomotique.
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La vitesse très faible d'écoulement du sang dans les capillaires assure un temps suffisant à la réalisation des échanges.
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Bordés par une simple rangée de cellules endothéliales et une lame basale, ils assurent les échanges entre tissu sanguin et tissus périphériques. En effet, leur paroi est perméable à l'eau, aux électrolytes, aux gaz et aux nutriments (acides aminés, glucose, lipides, vitamines ...), ce qui permet la nutrition des cellules et d'autre part l'évacuation des déchets du métabolisme cellulaire.
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Leur caractère contractile participe à la vasomotricité périphérique.
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Les veines sont les vaisseaux drainant le sang depuis les organes jusqu'au cœur. Chez l'humain, les veines des membres inférieurs présentent des valvules anti-reflux facilitant la progression à sens unique du sang.
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Histologiquement, les veines ont une structure proche de celle des artères.
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En coupe transversale, les veines présentent de l'extérieur vers l'intérieur :
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Les veinules sont les veines de petit calibre collectant le sang à l'issue du système capillaire.
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L'appareil cardiovasculaire assure la circulation du sang entre tous les organes. Il est composé du cœur, pompe qui fait circuler le sang à l'intérieur du réseau vasculaire sanguin qui comporte les artères, les artérioles, les capillaires, les veinules et les veines. La longueur cumulée des vaisseaux sanguins est de 100 000 kilomètres environ[1].
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Des sphincters (muscles lisses permettent de réguler le calibre d'un vaisseau) permettent de réguler l'apport sanguin d'un organe donné selon son activité (effort, digestion, sommeil...), la position du corps (assis, couché, debout)... Lorsque les muscles sont relâchés, on parle de vasodilatation ; la vasodilatation facilite l'irrigation de l'organe, mais diminue la pression du sang. Lorsque les muscles sont contractés, on parle de vasoconstriction.
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Ces variations de calibre artériel sont régulées par le système nerveux autonome, une stimulation sympathique entraîne une constriction alors que le relâchement de ce tonus entraîne une dilatation.
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En anatomie, les vaisseaux sanguins sont des conduits qui transportent le sang dans l'organisme. Les cinq grands types de vaisseaux sanguins sont les artères (qui transportent le sang du cœur vers les organes), les artérioles, les capillaires (qui permettent la diffusion des gaz et des nutriments entre le sang et les tissus), les veinules et les veines (qui transportent le sang des organes vers le cœur). L'ensemble de ces vaisseaux sanguins forme le système ou réseau vasculaire sanguin. Les vaisseaux lymphatiques composant le système lymphatique et les vaisseaux sanguins forment le système vasculaire qui, avec le cœur, constituent l'appareil cardiovasculaire.
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La science des vaisseaux sanguins s'appelle l'angiologie, pratiquée par des angiologues. Pour tester la résistance ou la fragilité d'un vaisseau sanguin, on a recours au test du tourniquet.
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Les vaisseaux sanguins existent en divers calibres ; leur diamètre peut changer selon le milieu intérieur, une propriété nommée vasomotricité.
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Les artères sont les vaisseaux sanguins transportant le sang du cœur aux poumons et aux autres organes. Leur paroi élastique amortit les élévations de la pression.
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Les artères élastiques possèdent beaucoup de fibres d'élastine et de collagène dans la média. Il y a aussi une couche de tissu conjonctif entre la média et l'intima (limitante élastique interne mais très peu visible du fait que l'environnement soit très élastique). Elle ne possède pas de limitante élastique externe.
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Le but de l'élastine est d'avoir beaucoup d'élasticité pour que la paroi varie selon la pression (hausse de pression ⇒ étirement passif de la paroi), le collagène a pour rôle de s'opposer à une trop forte variation du rayon, il va permettre de réduire l'extensibilité de la paroi.
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Les artères musculaires contiennent en majorité des fibres musculaires lisses dans leur média et possède une limitante élastique interne et externe très visible.
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La tension superficielle exercée sur la membrane musculaire est constante et indépendante du rayon.
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Donc pour un rayon supérieur au rayon d'équilibre seule la dilatation du vaisseau permettra de compenser la pression.
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Pour un rayon inférieur au rayon d'équilibre il se passe le phénomène inverse, le vaisseau tend vers sa fermeture.
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Les artères musculo-élastiques contiennent à la fois des fibres musculaires capables de se contracter, et de l'élastine.
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La tension exercés sur les parois vasculaires est la somme d'une composante musculaire (dépend de la vasomotricité) , et d'une composante élastique (dépend du rayon de la paroi).
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L'aorte est la plus large des artères systémiques. Elle quitte le cœur au niveau de l'orifice de sortie du ventricule gauche (orifice aortique). Son élasticité naturelle lui permet d'amortir les importantes élévations de pression lors de la période de contraction cardiaque (systole ventriculaire) puis le retour élastique de cette même paroi pendant la période de repos cardiaque (diastole ventriculaire) permet de conserver dans le réseau artériel une pression minimale (ou pression diastolique).
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L'aorte se « ramifie » en : l'artère brachio-céphalique (tronc brachio-céphalique : artère carotide commune droite et artère subclavière droite), l'artère carotide commune gauche, l'artère subclavière gauche, les artères intercostales, l'artère cœliaque (tronc cœliaque : artère gastrique gauche, artère hépatique commune et artère splénique), l'artère mésentérique supérieure, les artères rénales droite et gauche, l'artère mésentérique inférieure et les artères iliaques communes.
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L'artère pulmonaire est issue du ventricule droit et, par ses branches, délivre un sang pauvre en oxygène aux deux poumons. Sa paroi est considérablement plus fine et fragile que celle de l'aorte.
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Leur paroi est innervée par le système nerveux sympathique et peut ainsi se contracter, entraînant à la fois une réduction du flux sanguin tissulaire et une augmentation de la résistance à l'écoulement sanguin. Cette augmentation des résistances dites périphériques induit directement une élévation de la pression artérielle.
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Les capillaires sont les plus petits vaisseaux sanguins et le siège des échanges entre le milieu vasculaire et les organes qu'ils traversent. Les capillaires communiquent entre eux et forment un réseau anastomotique.
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La vitesse très faible d'écoulement du sang dans les capillaires assure un temps suffisant à la réalisation des échanges.
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Bordés par une simple rangée de cellules endothéliales et une lame basale, ils assurent les échanges entre tissu sanguin et tissus périphériques. En effet, leur paroi est perméable à l'eau, aux électrolytes, aux gaz et aux nutriments (acides aminés, glucose, lipides, vitamines ...), ce qui permet la nutrition des cellules et d'autre part l'évacuation des déchets du métabolisme cellulaire.
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Leur caractère contractile participe à la vasomotricité périphérique.
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Les veines sont les vaisseaux drainant le sang depuis les organes jusqu'au cœur. Chez l'humain, les veines des membres inférieurs présentent des valvules anti-reflux facilitant la progression à sens unique du sang.
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Histologiquement, les veines ont une structure proche de celle des artères.
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Des sphincters (muscles lisses permettent de réguler le calibre d'un vaisseau) permettent de réguler l'apport sanguin d'un organe donné selon son activité (effort, digestion, sommeil...), la position du corps (assis, couché, debout)... Lorsque les muscles sont relâchés, on parle de vasodilatation ; la vasodilatation facilite l'irrigation de l'organe, mais diminue la pression du sang. Lorsque les muscles sont contractés, on parle de vasoconstriction.
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Ces variations de calibre artériel sont régulées par le système nerveux autonome, une stimulation sympathique entraîne une constriction alors que le relâchement de ce tonus entraîne une dilatation.
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Valence (en valencien : València, nom officiel[1] ; en espagnol : Valencia) est une ville d'Espagne, située dans l'est du pays sur la côte méditerranéenne. Fondée en 138 av. J.-C. par le consul romain Decimus Junius Brutus Callaicus sous le nom de Valentia Edetanorum, Valence devient, au Moyen Âge, la capitale du royaume de Valence.
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Troisième ville d'Espagne par la population qui est passée à 794 288 habitants en 2019[2], Valence est aujourd'hui la capitale de la Communauté valencienne et d'une de ses trois provinces, la province de Valence. Sa métropole compte 1 875 691 habitants. Dotée d'un patrimoine architectural remarquable, la ville est notamment connue pour sa Cité des arts et des sciences, à l'architecture futuriste. Le port de Valencia est le premier port de marchandises en Espagne et le premier port à conteneurs de la Méditerranée (4,3 millions équivalents vingt pieds échangés en 2011).
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La ville était traversée par le fleuve Túria, qui a été détourné dans les années 1960 à la suite de la Grande inondation de Valence de 1957. Son ancien lit est aujourd'hui reconverti en espaces verts, les jardins du Turia.
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Valencia est également renommée pour ses fallas (falles en valencien), qui ont lieu du 12 au 19 mars. Elle est à l'origine de diverses spécialités gastronomiques, dont la plus connue est la paella.
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En 2009, le Tribunal des Eaux de Valence a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
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Le blason de la ville remonte au XIVe siècle et se base sur les armes du roi Jacques Ier d'Aragon auquel on a incorporé au XVIIe siècle la chauve-souris (rat penat en valencien), en hommage à la légende selon laquelle des chauves-souris auraient réveillé le roi Jacques Ier d'Aragon alors que les musulmans s'approchaient de la ville. À la fin de la Guerre d'indépendance espagnole (1808), il s'y est ajouté deux branches de laurier octroyées par le roi Ferdinand VII d'Espagne, qui symbolisent la défense de la ville contre le Maréchal Moncey, durant la Guerre d'indépendance espagnole (1808-1814).
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Le drapeau de la ville est également celui que la communauté valencienne a adopté en 1982. Il reprend les couleurs traditionnelles de la Couronne d'Aragon présentes dans le blason, lequel a été transformé en drapeau. Ce drapeau est communément appelé Senyera Coronada (Senyera signifiant drapeau en valencien; en castillan, il est nommé généralement señera, plutôt que bandera).
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La ville de Valence est située sur la côte méditerranéenne de la péninsule Ibérique, dans la grande plaine alluviale des fleuves Júcar et Turia, dans le centre du golfe de Valence. La ville d'origine était située à environ quatre kilomètres de la mer, sur une île du fleuve Turia.
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Les montagnes les plus proches de la ville sont le Cabeçol de El Puig et la sierra Calderona, situés respectivement à 12 km et à 25 km au nord de Valencia.
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Valence a toujours été la capitale de la région historique et naturelle de la Horta de Valence. Cependant, après la division régionale de 1987, la commune de Valence est devenue une nouvelle région, appelée la « ville de Valence ». Ainsi, la région de Valence ne porte que sur la ville, ses quartiers et le lac Albufera. La « ville de Valence » est bordée au nord par les régions de la Horta au nord et du Campo de Turia, à l'est par la mer Méditerranée, au sud par les régions de Horta du Sud et Ribera Baja, et à l'ouest par la région de la Horta de l'ouest.
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Quant à la municipalité, la ville et ses quartiers — y compris les trois les plus éloignés du noyau urbain, qui sont : Maisons de Bárcena, Mahuella-Tauladella et Rafalell et Vistabella — sont délimités au nord par les villes de Bétera, Rocafort, Godella, Burjassot, Moncada, Alfara Patriarca, Vinalesa Bonrepos i Mirambell, Tavernes Blanques, Alboraia, Massamagrell, Massalfassar, Museros, Albuixech, Albalat dels Sorells, Foios, Meliana et Almàssera. À l'est par la mer Méditerranée. Au sud par les villes de Picanya, Paiporta, Sedaví, Alfafar, Massanassa, Catarroja, Albal, Silla, Sollana et Sueca. À l'ouest avec les municipalités de Paterna, Quart de Poblet, Mislata et Xirivella.
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La ville de Valence est située dans le centre de la dépression de Valence au sud du secteur ibérique. Cette plaine est la plus grande plaine du bassin méditerranéen espagnol et est située dans le centre de la région valencienne. La dépression borde la Sierra Calderona au nord, les montagnes de la Serrania del Turia au nord-est, la Sierra de las Cabrillas à l'ouest, le massif du Caroig au sud-ouest et le Mondúver au sud.
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Son origine est due, dans un premier temps à un processus d'effondrement dans le golfe de Valence qui a commencé il y a environ 6 millions d'années, et, dans un second temps, au processus d'ensablement de la zone par l'apport de sédiments des rivières Palancia, Turia et Júcar ainsi que les torrents du Carraixet et du Poyo. Ce processus a été accéléré par la faible action érosive de la mer, et au cours des dernières années par l'action humaine, depuis que l'homme a accéléré l'ensablement des zones humides par envasement sélectif.
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La dépression n'est pas d'une planéité parfaite partout, contrairement aux zones les plus proches de la côte qui sont des zones extrêmement plates, par exemple, le Cuart ou la plaine de Liria. Il faut aussi souligner que la plaine est parsemée de petites collines qui rompent l'unité comme El Cabeçol d'El Puig, la montagne des Saints de Sueca, la sierra Perenchisa de Torrente ou la montagne des Renards de Cullera. La plus haute altitude de la ville est de 104 mètres et se situe à Horteta. Donc, les points culminants des paysages traditionnels de Valence sont les champs de la Horta, et les zones humides comme l'Albufera de Valence et les marécages de Rafalell Vistabella et de Moro.
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Le fleuve qui traverse la ville est le Turia. Situé sur le versant méditerranéen de la péninsule ibérique, il prend sa source dans la Muela de San Juan des Montes Universales, dans la municipalité de Guadalaviar (Teruel), et après 280 km débouche au nord de la plage de Pinedo. Ses inondations sont fameuses, en particulier celle du 14 octobre 1957, connue comme la grande inondation de Valence, qui atteignit un débit de 3 700 m3/s. Une grande partie de la ville de Valence avait alors été inondée, produisant d'énormes dégâts matériels et des pertes de vies.
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Cela a conduit à un projet pour détourner le fleuve et éviter des inondations au moyen de nouvelles infrastructures assurant la croissance de la ville. Ce projet, connu sous le nom du Plan Sur, a débouché sur la construction d'un nouveau canal détournant le cours du Turia au sud de la ville. Ce canal est apparemment à sec, car il ne fonctionne qu'en cas d'inondations, parce que la totalité du débit ordinaire est utilisée pour l'irrigation de la Horta de Valence. L'ancien lit du fleuve, qui traverse le centre-ville de la ville, est devenu un espace culturel et de loisirs, les jardins du Túria.
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Au cours des siècles, l'eau du Turia a été utilisée pour l'irrigation des champs, grâce à un réseau complexe d'irrigation, dont l'axe principal constitue la vega de Valencia. Ces fossés prennent leurs eaux dans la rivière en aval du barrage de Moncada. Enfin, les eaux de ruissellements et les surplus d'eau du Turia sont utilisés par la Acequia del Oro et les fossés de Francos y Marjales de Valence.
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Les huit fossés d'irrigation sont :
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La ville se caractérise par un climat méditerranéen semi-aride. Les étés sont chauds et les hivers très doux. Pendant les mois d'hiver, la température ne descend habituellement pas au-dessous de 10 °C (il n’est pas rare que la température atteigne 20 °C pendant le jour). Les précipitations sont rares en été, comme dans toute la Méditerranée, et un peu plus abondantes en automne ainsi qu’à la fin de l'hiver et au début du printemps. La moyenne annuelle de précipitations se situe entre 450 et 500 mm et celles-ci sont surtout abondantes en septembre et octobre, avec des épisodes de goutte froide qui peuvent déverser jusqu'à 150 mm en une seule journée et provoquer des inondations.
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Les épisodes neigeux sont rares, tout comme le gel. La moyenne de température annuelle est de 17,8 °C, comme on peut le voir sur le graphique. Le minimum étant une moyenne de 11,5 °C en janvier, et le maximum 25,7 °C en août. Le 27 août 2010, on a relevé une température record de 43 °C[3].
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Le taux d'humidité moyen est de 85 % le matin et de 55 % le soir. L'ensoleillement atteint 2 660 heures par an[4].
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Les principaux risques naturels dont a souffert la ville de Valence ont été les inondations, parce que tout au long de l'histoire, des crues du fleuve Turia ont provoqué plusieurs graves inondations dans la ville. Parmi tous ces débordements du Turia, le plus grave est celui qui a eu lieu le 14 octobre 1957 avec la grande inondation de Valence, quand il y avait plus de 300 mm de précipitations dans une grande partie du bassin du fleuve (361 mm à Bejís, bien que cette population se trouve dans le bassin de la rivière Palancia). Cela a provoqué deux vagues d'inondation, la première de 2 700 m3/s et une vitesse moyenne de 3,25 m/s; et la seconde, plus violente, de 3 700 m3/s et 4,16 m/s. Ces inondation ont touché la majeure partie de la ville de Valence, faisant plus de 80 victimes, en plus des dégâts matériels considérables. Cette inondation a entrainé le Plan Sud visant à détourner le Turia au sud de Valence, en en portant le débit à 5 000 m3/s. L'attitude énergique du maire de la ville, Tomás Trénor Azcárraga, a permis le déblocage des fonds nécessaires par le gouvernement de Francisco Franco.
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Les vagues de chaleur et de froid sont un autre risque affectant généralement la région méditerranéenne de la péninsule ibérique. Valencia souffre chaque année durant les mois d'été de plusieurs vagues de chaleur, qui sont, selon l'Agence météorologique d'État (AEMET), une période d'au moins 3 jours de températures anormalement élevées, qui peuvent entraîner des morts par coup de chaleur. À l'inverse, dans les mois d'hiver, le danger vient des vagues de froid, car les températures peuvent parfois tomber en dessous de 0 °C. Cela est dû à l'arrivée de masses d'air froid de l'Arctique ou de la Sibérie.
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Il existe aussi un risque sismique, car la ville est située dans une zone de risque sismique modéré. Valence a subi plusieurs tremblements de terre au cours de son histoire. L'un des plus forts enregistrés a eu lieu le 16 septembre 2003, avec une magnitude de 4,2 sur l'échelle de Richter. Dans les années 1823 et 1904, la ville a également subi deux tremblements de terre d'une intensité de 5,57.
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Valence se situe dans la zone climatique de l'étage thermo-méditerranéen, qui se caractérise par le boisé méditerranéen, tandis que le maquis apparait dans les zones où la végétation arboricole a disparu. En raison de l'anthropisation du milieu, la plupart des espèces de plantes communes de nitrophile prédominent, à l'exception de celles qui sont propres aux zones humides (marais côtiers et Albufera).
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Les principales espèces d'arbres dans la forêt méditerranéenne de la région (principalement dans la Devesa del Saler) sont le chêne vert et le pin d'Alep, tandis que les espèces d'arbustes en sous-bois ou dans les maquis sont le pistachier lentisque, et le tamarix, le genévrier, le myrte commun, le thym, les genêts, le romarin, la sarriette et le palmier nain.
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En outre, les espèces d'arbres associés à la rive du Turia sont le saule, l'aulne, le peuplier, le frêne et l'orme tandis que les espèces d'arbustes sont le roseau, la quenouille, le laurier-rose et les ronces. Dans les terres humides et les fossés on trouve plusieurs espèces de végétation marécageuse, qui ont leurs racines dans l'eau douce ou les boues humides, comme les roseaux, quenouilles, roseaux et les laîches glauques.
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Dans les dunes les plus proches de la mer se trouvent des « espèces pionnières », dont certaines sont uniques aux dunes mobiles, comme les roseaux ou le liseron des dunes, tandis que d'autres sont propres aux dunes fixes typiques, tels que le nerprun alaterne ou le pistachier lentisque. Enfin, les creux entre les dunes abritent certaines espèces telles la spartine maritime et la salicorne.
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La région de Valence offre une grande biodiversité, particulièrement dans l'Albufera, où se trouve un Centre de récupération de la faune.
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On trouve diverses espèces d'anatidae, jusqu'à 10 000 exemplaires de nette rousse, 20 000 exemplaires de canard souchet ou de canard colvert. Il faut aussi mentionner les colonies d'ardeidae, en particulier des aigrettes, des crabiers chevelus et des hérons cendrés. Enfin, on note la présence d'espèces telles que la sterne pierregarin, la sterne caugek, l'échasse, le canard marbré ou la mouette.
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En ce qui concerne les mammifères, il y a des espèces de rongeurs comme le rat brun, le rat d'eau, la souris ou le mulot. On trouve aussi des musaraignes, des renards et diverses espèces de chauves-souris (miniopterus schreibersii et molosse de Cestoni).
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Au nombre des amphibiens, on note le crapaud commun, le crapaud calamite, le discoglossus pictus, le pélobate cultripède et la grenouille verte commune. Il y a aussi divers types de lézards: le podarcis hispanicus, le lézard ocellé, le chalcides bedriagai, l'Acanthodactylus erythrurus et le psammodromus algirus; ainsi que diverses espèces de couleuvres: blanus cinereus, coronella girondica, couleuvre fer-à-cheval, couleuvre de Montpellier, vipère de Lataste; des geckos, et des tortues (cistude et mauremys leprosa).
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La région de Valence compte plusieurs sites et espaces naturels d'importance écologique ou culturelle particulière qui doivent en grande partie leur état actuel à l'action humaine.
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La lagune d'eau douce de l'Albufera a été intégrée à un parc naturel par la Generalitat Valenciana le 23 juillet 1986. Depuis 1990, ce parc qui s'étend sur 21 120 ha est inclus dans la liste des zones humides d'importance internationale pour les oiseaux en vertu de la Convention de Ramsar du 2 février 1971. Depuis 1992, il est classé comme site d'importance communautaire et, depuis 1994, il fait partie des zones de protection spéciale.
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Cette zone humide est située à environ 10 km au sud de la ville de Valence, et comprend un système formé à la fois par le lac Albufera (2 100 ha), les rizières qu'il alimente d'une superficie de 14 100 ha, et la bande côtière adjacente à la Méditerranée[5],[6].
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Le marais de Rafalell et Vistabella, avec une superficie de 102,92 hectares, est l'un des derniers marais qui s'étend au nord du fleuve Turia, entre Alboraia et Sagonte. Il est approvisionné par des eaux souterraines et des restes d'irrigation. La végétation de cette zone humide est dominée par des roselières et des juncales, qui servent de refuge à plusieurs espèces d'oiseaux échassiers. Les fossés abritent diverses espèces de poissons, tels l'anguille, le bar commun, le mulet cabot et l'atherina boyeri, mais il offre aussi des habitats appropriés pour la réintroduction d'espèces endémiques valenciennes comme le valencia hispanica, l'Aphanius d'Espagne, la loche de rivière ou l'écrevisse.
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La horta de Valence est née sous l'Empire romain, quand Valence servait de centre logistique et d'hibernation pour les campagnes de conquête en Hispanie. Les Romains y ont introduit de nouvelles cultures comme les céréales, l'olivier et la vigne.
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On a longtemps cru que la huerta de Valence ne s'était vraiment développée qu'au Moyen Âge, au cours de la période islamique avec la construction d'un vaste réseau d'infrastructures d'irrigation consistant en canaux, bassins et petits barrages. Or, comme le signale l'archéologue Miquel R. Martí Maties, dès le Ier siècle, les Romains avaient construit un aqueduc allant d'une source située à Tuéjar, à 585 m d'altitude, jusqu'à la Plaza del Tossal, au centre de la ville de Valence, en passant par Domeño El Viejo, Gestalgar, Pedralba et Manises. Avec une longueur totale de 98,6 km, cet aqueduc était le plus long d'Espagne et le sixième du monde romain. Cette infrastructure hydraulique a permis le développement de cultures céréalières qui alimentèrent Constantinople au cours du VIe siècle[7].
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Ce réseau est alimenté par les eaux du Turia. Au long de ces infrastructures se sont établis des moulins à eau, des blanchisseries, des maisons et des fermes.
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Valence possède deux plages urbaines de sable doré, la plage d'El Cabañal et celle de la Malva-Rosa, qui sont délimitées au sud par le port de Valence et au nord par la plage de la Patacona à Alboraia. Ce sont des plages de caractère urbain, qui ont une grande promenade bordée de nombreux établissements occupant d'anciens bains publics et offrant un choix d'hébergements et de cuisine locale.
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Les plages de la capitale au sud du Turia sont plus sauvages. À Pinedo, le secteur de la Maison Noire est réservé aux amateurs de nudisme. Plus loin, sont les plages du Perellonet et de El Perello, soit plus de 15 kilomètres de sable protégés par des dunes, au cœur du parc naturel de l'Albufera.
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Les archéologues ont trouvé des restes d'occupation humaine remontant aux IVe et IIIe siècle av. J.-C.[8]. Dès cette époque, la région était un site de production de céramique de luxe[9].
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Une des plus anciennes villes d'Espagne, Valence est fondée en 138 av. J.-C. sous le nom de Valentia Edetanorum par la république romaine, dont le consul à l'époque est Decimus Junius Brutus Callaicus. Le plan est typiquement romain. Le forum se situait aux alentours de l'actuelle Plaza de la Virgen, où se croisent les deux axes de la ville, le cardo et le Decumanus, qui correspondent respectivement aux actuelles rues Salvador-Almoina et Caballeros.
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En 75 av. J.-C., la ville est détruite pendant la guerre qui oppose Pompée à Sertorius. Elle ne sera pas reconstruite avant 50 ans. Au milieu du Ier siècle , Valence connaît une croissance urbaine importante grâce à l'arrivée de nouveaux citoyens, vétérans de l'armée. Cette expansion se traduit par la construction de grands bâtiments publics notamment le forum, les arènes et, plus tard, le port fluvial situé près des actuelles Torres Serranos.
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Entre 260-270, la ville est détruite puis reconstruite sur une plus petite surface. Avienus la mentionne dans ses Ora maritima sous le nom de Tyris.
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Au IVe siècle, la première communauté chrétienne apparaît dans la ville, à laquelle appartenait saint Vincent martyrisé en 304.
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Au cours du Ve siècle, la décadence de l'Empire romain favorise l'arrivée de vagues de peuplement germaniques, notamment des Suèves, des Vandales et des Alains. L'Église participe à la transformation de la ville après la chute de l'empire romain, en convertissant les temples romains en lieux de culte catholique. Valence devient un évêché sous la dépendance de Tolède.
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À la suite de l'invasion byzantine dans le sud-ouest de la péninsule, la ville acquiert une importance stratégique, avec l'installation de contingents militaires wisigoths en 554. Après l'expulsion des byzantins en 625, la ville est pratiquement abandonnée et les documents sur cette période de l'histoire de la ville sont très rares. La population totale de la péninsule est alors estimée à environ cinq millions de personnes, principalement des serfs et des esclaves. Les 200 000 Wisigoths et 100 000 Suèves formaient la classe dirigeante. La population hispano-romaine n'avait pas accès aux charges publiques. Il y avait aussi une population juive[10].
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Organisation urbaine, politique et sociale de la ville
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En 711, la ville est prise par le chef berbère Tariq ibn Ziyad à la tête d'une armée de 12 000 hommes. Alors qu'Abd al-Rahman Ier, premier émir de Cordoue, avait ordonné la destruction de la ville, son fils Abd Allah al-Balansi s'y installe quelques années plus tard. Depuis Balansiya — graphie de la ville en arabe —, il exerce son autorité sur toute la région. Il fait notamment construire aux abords de la ville un luxueux palais, dont on n'a trouvé aucun vestige, le Russafa, qui a donné son nom au quartier actuel. Durant plusieurs siècles, la ville portera le nom de Medina al-Turab ou ville de la poussière, en raison de l'état d'abandon dans lequel elle se trouvait[11].
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Les musulmans importent leur langue, leur religion et leurs coutumes mais la coexistence avec les habitants d'origine hispanique se fait de manière pacifique. L'assimilation de la population indigène à la religion musulmane et à la culture arabe a été très rapide puisqu'on estime que dès la fin du Xe siècle, les chrétiens et juifs ne représentaient plus que de 10 % de la population. Pendant la période musulmane, les villes ont été des foyers actifs d’une arabisation linguistique qui s’est imposée aussi dans les campagnes.
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Au sein de la taïfa des Amirides (descendants de Almanzor), Valencia est une ville au rayonnement important. L'agriculture se développe grâce au creusement de nouveaux canaux d'irrigation.
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Entre 1087 et 1089, Valencia est gouvernée par le roi al-Qadir. Elle doit subir les attaques de Al-Mundir et du comte de Barcelone Raimond-Bérenger II.
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En octobre 1092, une poignée d'éclaireurs almoravides arrive à Valencia. Ibn Djehaf, membre de haute lignée yéménite, porté par la foule partisane, prend le pouvoir après avoir fait assassiner al-Qadir. Rodrigue (le Cid), qui séjournait alors à Saragosse, reprend la ville en juillet 1093. Homme politique habile ou guerrier invétéré, Rodrigue ne semble pas avoir aspiré à y exercer directement le pouvoir. Il laisse ainsi à Ibn Djehaf le soin de gouverner la ville encore insoumise la veille, et s'installe au château de Cebolla (Puig). Cependant, l'arrivée d'une armée almoravide envoyée par l'émir Youssef Ibn-Tashfin amène les Valenciens à secouer à nouveau le joug. Les Almoravides à court de vivres s'étant retirés sans coup férir, Rodrigue assiège à nouveau la ville. Après avoir vainement attendu l'arrivée de renforts, Valencia, décimée par la faim, capitule le 15 juin 1094.
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Les conditions de l’occupation sont d'abord clémentes. La propriété des biens et la liberté du culte sont respectées et les armées chrétiennes restent en dehors de l'enceinte fortifiée. L'impôt est habilement limité comme le faisaient, au fur et à mesure de leur progrès, les Almoravides à la dîme coranique. Rodrigue s'installe dans le faubourg de l'Alcudia. Le castillan renforce néanmoins considérablement sa présence et se proclame en outre juge suprême des Valenciens. Les choses s'aggravent à la suite d'une nouvelle offensive almoravide en octobre 1094. L'ennemi vaincu, les chrétiens durcissent le régime d'occupation à proportion du péril. Ibn Djehaf, traduit en justice pour l'assassinat d'al-Qadir, est brûlé vif en 1094. Les musulmans, à l'exception de quelques notables, sont contraints de s'installer dans les faubourgs, tandis que les chrétiens s'abritent derrière les murs. Rodrigue prend cette fois en main le gouvernement de la ville.
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Rodrigue s'allie avec Pierre Ier d'Aragon et Raimond-Bérenger III de Barcelone avec pour objectif de freiner la constante progression almoravide. En 1096, la grande mosquée est transformée en église. Puis, en 1097, Jérôme de Périgord, « acclamé et élu par le chapitre, consacré par la main du romain pontife », est nommé évêque de la ville. Rodrigue continue de consolider son pouvoir sur le Levant, notamment avec la prise de Murviedro (Sagonte), en 1098.
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Le Cid meurt à Valencia le 10 juillet 1099. Chimène réussit à défendre la ville avec l'aide de son gendre Raimond-Bérenger III comte de Barcelone, jusqu'en 1101, jusqu'à ce que le roi Alphonse VI de Castille ordonne l'évacuation de la ville. Dès 1102, la famille du Cid et ses compagnons abandonnent la ville aux Almoravides. Valencia ne sera reprise définitivement aux musulmans qu'en 1238, par Jacques Ier d'Aragon (Jacme en occitan, Jaume en valencien-catalan, Jaime en castillan).
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Dans la première moitié du XIIIe siècle, le royaume de Valencia est confronté à une crise sans précédent qui se transforme en révolte contre le souverain almohade local — du nom de la dynastie qui régnait alors en Andalousie —, Abû Zayd Ibn Abî `Abd Allâh Muhammad. Cette révolte ne se calme que lorsque Abû Jamîl Zayyân Ibn Mudâfi` prend les rênes du pouvoir et que le souverain déchu quitte Valencia, mettant ainsi un terme à la présence almohade en Andalousie orientale.
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Mais en quittant Valencia en 1230, Abû Zayd se rend auprès du roi Jacques Ier d'Aragon et lui prête serment d’allégeance, signant avec lui un traité aux termes duquel il lui abandonnerait une partie des terres et des châteaux qu’il récupérerait si celui-ci le soutenait. Puis Abû Zayd apostasie l’islam et se convertit au christianisme. Il s’assimila à ses nouveaux protecteurs et les aida activement dans leurs guerres contre les musulmans.
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Le 9 octobre 1238, Jacques Ier d'Aragon reprend la ville aux musulmans. Il instaure un nouveau code juridique pour le royaume nouvellement créé, les Fors qui, quelques années plus tard, allait s'étendre à tout le Royaume de Valencia. On répartit les terres, comme en témoigne le Llibre del Repartiment, manuscrit rédigé en catalan. La ville est rattachée à l'Aragon par le traité de Cazola en 1179.
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En 1348 la peste noire atteint Valencia et décime la population. Une révolte des habitants éclate contre les excès du roi et la guerre de l'Union. Peu après, lors de la Guerre des Deux Pierre, en 1363 et 1364, la ville est attaquée par les troupes castillanes qui sont repoussées. En remerciement, le roi Pierre IV d'Aragon concède à la ville le titre de "dos veces leal" (« deux fois loyale »). Le blason de la ville en témoigne encore aujourd'hui sous la forme de deux "L" entrelacés.
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Des conflits éclatent entre les trois communautés qui peuplent la ville : chrétiens, juifs et musulmans. L'importance croissante du quartier juif dans l'économie de la ville et l'expansion de leur quartier aux dépens des paroisses voisines entraine une émeute populaire en 1391, qui aboutit à l'obligation pour les juifs de se convertir au christianisme sous peine de mort. Les musulmans, qui occupaient le quartier actuel du marché de Mosen Sorell, près del Carmen, sont également victimes d'une émeute en 1456[13] et seront finalement victimes d'un décret d'expulsion en 1609.
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À la suite de la mort de Martin Ier d'Aragon en 1510, le compromís de Caspe instaure une nouvelle famille sur le trône de la Couronne d'Aragon, la Maison de Trastamare.
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Le XVe siècle est celui de l'expansion et de la croissance de la culture valencienne, il est connu comme le siècle d'or valencien. Depuis le 18 mars 1437, le Saint Calice est conservé dans la cathédrale de Valence. La ville devient la plus peuplée de la couronne d'Aragon, passant de 40 000 habitants en 1418 à 75 000 en 1483.
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Cette prospérité entraîne la construction de grands palais et d'églises, ainsi que le Micalet ou clocher de la cathédrale de Valence, de même que les Tours de Serranos. La Loge de la Soie ou Llotja de la Seda i dels Mercaders (1482), chef-d'œuvre du gothique valencien, est alors un des marchés les plus importants de la Méditerranée, où se retrouvent des marchands de toute l'Europe spécialisés dans le commerce de la soie.
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Le premier livre imprimé en Espagne est publié à Valence en 1479 : Obres o trobes en lahors de la Verge Maria, 45 poèmes dont 40 en valencien, 4 en castillan et 1 en italien. L'introduction de l'imprimerie engendre une multiplication des œuvres écrites. Des auteurs tels que Joanot Martorell, Ausiàs March, Joan Roís de Corella ou Isabel de Villena deviennent célèbres.
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Valence devient également un centre artistique renommé où se croisent les courants venus de France, de Flandre et d'Italie, produisant en peinture le style gothique international, avec des artistes tels que Joan Reixach, Jaume Baçó Escrivà, Lluís Dalmau, Gonçal Peris, Martin Torner et les anonymes maestro de Perea, maestro de Segorbe, maestro de Altura et maestro de Xàtiva.
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Entre 1499 et 1502, l'Université de Valence est créée sous le nom de Estudi General.
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Pendant la Guerre de Succession d'Espagne (XVIIIe siècle), la ville rejoint le camp de l'archiduc Charles d'Autriche, résistant jusqu'à la déroute de la bataille d'Almansa, le 25 avril 1707, abandonnant à son sort l'armée anglaise réfugiée dans Valencia. En représailles, les Bourbons mettent le royaume à sac et lui retirent ses privilèges, essentiellement son autonomie politique, juridique et linguistique.
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En 1850, l'installation du réseau d'eau potable est achevée, et en 1858 les architectes Sebastián Monleón, Antonio Sancho et Timoteo Calvo donnent naissance au Projet général d'agrandissement de la ville de Valencia, qui prévoyait la destruction des murailles pour permettre l'expansion de la ville. Une seconde version est proposée en 1868. Aucun de ces projets ne sera retenu mais ils serviront de base pour les travaux réalisés par la suite.
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À la suite de la Révolution cantonale de 1873, est créé le Cantón Federal de Valencia proclamé le 19 juillet et dissous le 7 août.
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Puis, en 1882, un nouveau projet d'agrandissement est proposé par les architectes José Calvo Tomás, Luis Ferreres Soler et Joaquín María Arnau Miramón. Approuvé en 1887, il prévoyait notamment de tracer les deux grandes artères qui entourent la ville encore aujourd'hui. Au XIXe siècle, la population de la ville double.
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La population triple, passant de 213 550 en 1900 à 739 014 en 2000. La ville devient une cité cosmopolite et le centre d'une aire métropolitaine de plus 1,5 million de personnes, troisième aire démographique, industrielle et économique d'Espagne.
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En 1900, est créée la Banque de Valence (Banco de Valencia) et, en 1907, Francisco Mora Berenguer dessine le projet d'agrandissement de Valencia jusqu'au périmètre des Caminos de Tránsitos (chemins de transit). On trace l'axe qui sera celui du Paseo de Valencia (promenade maritime) jusqu'à la mer. Ce plan sera approuvé en 1912.
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La construction du marché central entreprise en 1914 et celle de l'actuelle gare de chemin de fer València-Nord s'achèvent en 1921. Ces deux bâtiments sont caractéristiques de l'art nouveau en pays valencien.
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En 1936, pendant la guerre civile, Valencia devient la capitale de l'Espagne républicaine, jusqu'en 1939.
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En 1957, le fleuve Túria traversant le pays valencien sort de son lit : c'est la Gran riada de Valencia, qui motive des travaux d'aménagement majeurs dans les années ultérieures ; l'espace résultant redevient disponible pour l'urbanisation.
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Dans les années 1980 la construction du métro de Valence est achevée. Le réseau compte aujourd'hui quatre lignes et continue à s'étendre.
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En mai 2004, le Valence CF remporte la coupe de l'UEFA aux dépens de l'Olympique de Marseille. En juin 2007, Valencia accueille la 32e Coupe de l'America puis la 33e Coupe de l'America en février 2010.
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En août 2008, le circuit urbain de Valence figure pour la première fois au calendrier du Championnat du monde de Formule 1 en accueillant le Grand Prix d'Europe. De même, en 2009 et 2010 et jusqu'en 2014, Valencia est le théâtre du Grand Prix d'Europe de Formule 1.
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Palais des Arts Reina Sofía.
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Vue aérienne de la Cité des arts et des sciences.
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Flèche du marché central (1914).
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Plaza de la Virgen lors de l'offrande de fleurs (Fallas).
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Plafond de l'église Saint-Nicolas (1690).
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La ville actuelle, dont la population est de 798 033 habitants (2011), est le centre de l'Horta de Valence (Huerta en castillan), agglomération qui regroupe 1 774 201 habitants (2011). Elle est la troisième ville d'Espagne après Madrid et Barcelone.
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Selon Eurostat, la zone urbaine élargie de Valencia compte 1 564 145 habitants (2004).
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Noms indiqués en valencien :
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Valence est la capitale de la Communauté valencienne et de la province du même nom. Elle appartient à la comarque de Valence, dont elle est le chef-lieu.
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La ville de Valencia comptait 786 424 habitants aux élections municipales du 24 mai 2015. Son conseil municipal (en valencien-catalan : Plé del ajuntament, en castillan Pleno del ayutiamento ) se compose donc de 33 élus.
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À ses débuts, la ville de Valencia sert de centre de ravitaillement et de commerce au sein de l'empire romain. Puis, avec l'arrivée de la culture islamique, de nombreuses infrastructures sont construites pour lutter contre l'aridité et permettre l'irrigation des champs entourant la ville. La région de Valencia se transforme alors en un centre agricole de premier plan. Tout comme Tolède, Valence devient une des villes frontalières les plus importantes, avec l'augmentation du commerce entre les deux cultures régnant sur la péninsule ibérique. Des institutions commerciales sont spécialement créées, et la ville bat sa propre monnaie.
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L'activité économique de Valencia est aujourd'hui encore très empreinte du passé de la ville. Elle s'articule ainsi autour de deux axes principaux, à savoir le commerce et l'agriculture. Mais Valence est également devenue une ville touristique. Comme toutes les grandes villes, Valence se distingue également dans des domaines tels que l'artisanat, l'industrie et le textile.
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Actuellement, Valencia est le troisième centre économique du pays, grâce à son industrie (automobile, chimie, métallurgie, meuble, agriculture, tourisme) et à ses infrastructures. Depuis la modernisation de son port de mer dans les années 1980, l'activité portuaire est devenue très importante et, en 2015, ce port occupait la première place en Espagne en trafic de conteneurs, avec 4,6 millions de conteneurs, devançant Algesiras (4,5 millions) et Barcelone[14].
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Valencia est connue également pour ses importantes foires internationales, comme la Foire du Meuble ou celle de l'Automobile, situées dans le plus grand hall d'exposition d'Espagne, la Feria Valencia.
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L'agriculture constitue une part importante de la richesse de la communauté valencienne. Au sud de la ville s'étendent des rizières en bordure de l'Albufera, mais ce sont surtout les orangers et les cultures maraichères qui dominent, grâce à un fort ensoleillement, un climat doux et un système d’irrigation sophistiqué capable de récupérer les eaux de ruissellement ainsi que celles des nappes phréatiques pour alimenter les cultures. On trouve aussi, vers l'intérieur des amandiers, des caroubiers, des oliviers ainsi que des vignobles.
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Valencia comporte des espaces naturels comme le parc naturel de l'Albufera et la Devesa del Saler (pâturage des salines), ainsi que de nombreux parcs, parmi lesquels le Jardin botanique (qui a plus de 200 ans d'ancienneté), les Jardins de Viveros (qui incluent les Jardins de Montroy), les Jardíns de Monforte (es) ou les Jardins du Túria, ancien lit du fleuve Turia, qui fut dévié du centre-ville dans les années 1960 après la dernière crue de 1957, et dans lequel on trouve aujourd'hui de nombreuses infrastructures, comme la Cité des arts et des sciences réalisée par Santiago Calatrava (Ciutat de les Arts i les Ciències en valencien), des installations sportives ou zones de jeux comme le parc Gulliver. La ville comporte également plusieurs musées, dont l'Institut valencien d'art moderne (IVAM).
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La Cité des arts et des sciences s'articule autour de six constructions, dont un jardin ombragé, l'Umbracle, et l'L'Oceanogràfic, un océanarium. Un parc zoologique de 8 hectares, le Bioparc Valencia, prend place dans l'ouest de la ville.
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En outre, la ville de Valencia offre de nombreuses plages agréables, dont celle de la Malva-Rosa.
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Jardins du Túria.
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Vieux pont dans le lit du Túria.
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Un gorille au Bioparc Valencia.
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Le delphinarium de l'Oceanogràfic.
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Lloma Llarga-Terramelar - Empalme
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La ville de Valencia a de nombreuses sections de pistes cyclables (environ 108 km).
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Depuis le 21 juin 2010, la ville est doté d'un système de vélos en libre-service. Mise en place par la municipalité, le service Valenbisi propose environ 2 750 vélos répartis sur 275 stations. Valenbisi est une déclinaison du système Cyclocity du groupe JCDecaux, qui en assure la gestion. Ce service de location de vélos est disponible 24 heures par jour, 365 jours de l'année, tant qu'il n'y a pas d'action qui entrave le bon fonctionnement du service.
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Un aéroport international est situé à environ 8 km à l'ouest de Valencia, sur les territoires des municipalités de Manises et Quart de Poblet. En 2013, il a enregistré le passage de 4 599 990 passagers, ce qui en fait le 10e aéroport espagnol. Il est connecté par métro au centre ville.
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Avec la loi des aéroports en 1927, la création d'un aéroport pour la ville de Valencia est considérée comme urgente et une zone pour hydravions a été installé dans le port de Valence. Cependant, cette alternative a été écartée et il a été décidé de construire l'aéroport à son emplacement actuel, à Manises.
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L'ouverture de l'aéroport s'est produit en mars 1933 et la douane a été déclarée en 1934. Le 1er septembre de la même année, le premier vol régulier entre les villes de Madrid et Valencia est effectué.
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Depuis 2001, une forte augmentation du nombre de visiteurs a été enregistrée, grâce au tourisme qui attirent autour de Valencia et Castellon de la Plana, ainsi que grâce aux compagnies aériennes low cost, qui relient Valencia à beaucoup de destinations. Tout cela signifie que, en 2010, l'aéroport a enregistré un trafic de passagers 4 934 268, soit plus du double du nombre de passagers en 2001, lorsque le volume total des passagers était de 2 301 191.
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En septembre 2008, la deuxième extension de l'aéroport de Manises, qui se trouve à 8 km de la ville de Valencia et est desservi par les bus, le taxi et le métro a été présenté. Cet aéroport peut atteindre la plupart du territoire espagnol, les villes européennes et d'Afrique du Nord. De plus, le 6 juin 2009 a été instauré un vol régulier au John F. Kennedy International Airport à New York, avec 4 vols par semaine. À l'heure actuelle, ils ont entrepris plusieurs travaux tels que les extensions du terminal, l'aviation commerciale de la plate-forme, aire de trafic de l'aviation générale et d'un parking, ainsi qu'une assistance technique pour le contrôle et la surveillance de celui-ci, ainsi que Terminal 2 (T2).
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Dans la ville de Valencia plusieurs fêtes variées existent, certaines connues dans tout le monde et d'autres en revanche ignorées même par quelques habitants de la ville, mais pas pour cela moins importantes ou significatives. Parmi toutes ces fêtes, certaines peuvent se détacher, tant par leur intérêt touristique comme par leur importance pour l'ensemble de la ville.
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Valence connait de nombreuses fêtes. Les voici dans l'ordre chronologique de leur célébration.
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Falla d'une valencienne.
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la cremà (du verbe cremar, brûler).
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Du 15 au 19 mars, les jours et les nuits à Valence deviennent une fête continue. Les fallas sont une fête traditionnelle de la ville et de différents villages de la Communauté valencienne. Elles sont devenues un attrait touristique très important pour toute la ville. Ses origines sont très humbles car elles proviennent de la nuit de San José (Saint Joseph) quand on brûlait les déchets des ateliers de charpenterie. Cependant l'inventivité du peuple valencien a rajouté tous les traits propres à sa culture et son histoire. On remarquera le caractère satirique et polémique que les monuments acquièrent aujourd'hui. À la fin de cette semaine extrêmement festive pendant laquelle d'innombrables pétards et feux d'artifices sont lancés et où la musique et les gens envahissent les rues jour et nuit, tous les monuments sont brûlés pour dire au revoir à la semaine de fête et commencer à préparer celle de l'an prochain. Les Fallas sont devenues la principale fête de la ville de Valence.
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La Cour des Eaux de Valence, également connue sous le nom de Cour de la Véga de Valence, est un tribunal d'irrigation coutumier qui est chargé de régler les différends concernant l'eau d'irrigation entre les agriculteurs des communautés d'irrigation des fossés d'irrigation. Ils font partie de la Vega de Valencia, à l'exception de l'Acequia Real de Moncada. Son origine est totalement inconnue, bien qu'il s'agisse probablement d'une évolution, basée sur les traditions andalouses antérieures, bien que certains historiens tels que José Vicente Gómez Bayarri situent ses origines à l'époque romaine. En septembre 2009, il a été déclaré Patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO.
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Cette cour est formée par un représentant de chacune des Communautés d'Irrigateurs qui font partie de la Vega de Valencia, les soi-disant administrateurs. L'un des administrateurs est le président, qui est élu pour une durée indéterminée. Traditionnellement, les présidents du Tribunal sont alternativement les récepteurs de Favara et de Tormos.
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Tous les jeudis de l'année, le Tribunal se réunit avec ses conseillers dans la loge de la place de la Vierge, mais à 12 heures, le Tribunal est formellement constitué à la Puerta de los Apóstoles de la cathédrale de Valence. C'est alors que le shérif, avec la permission du président, appelle les accusés de chacun des fossés, avec la phrase traditionnelle: "denunciats de la sèquia de...!". Le procès se déroule rapidement, oralement et entièrement en valencien.
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L'histoire de la corrida a commencé à se développer au XVIIe siècle, lorsque la tauromachie a commencé à former la base de ce qui serait plus tard la corrida, considérée comme art et liturgie.
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Au XIXe siècle, la tauromachie a été consolidée comme un art soumis à une série de règles et de règlements. Les toreros deviennent professionnels et commencent à rivaliser avec les picadors, qui jouissent jusqu'à présent d'une plus grande pertinence dans les affiches. Les élevages bovins commencent à prendre de l'importance et les villes offrent de nouveaux espaces stables, comme les arènes de Valence construites entre 1850 et 1860 sur le site d'une ancienne place qui, en raison de problèmes budgétaires, n'a jamais pris fin.
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À Valence, il y a aussi un musée de la tauromachie, fondé en 1929 avec des fonds provenant du don de Luis Moróder Peiró et du torero José Bayard Badila, qui pendant des années a rassemblé un nombre important de matériaux et d'objets de la corrida valencienne du XIXe siècle et début du XXe siècle.
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Il convient de noter que Valence accueille l'un des premiers festivals de tauromachie de l'année, la Foire de San José, 291 dans laquelle se déroule des corridas et rejoneos avec les meilleures affiches de toreros, et la Feria de San Jaime ou Feria de Julio, qui a été créée le 21 juillet 1871 comme une alternative proposée par le Conseil municipal pour attirer les touristes et empêcher les voisins de quitter la ville à cause de la chaleur de l'été valencien.
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Dans la gastronomie traditionnelle de la ville, le fameux régime méditerranéen, l'utilisation du riz, l'huile d'olive, les légumes du jardin et les poissons et crustacés de la côte méditerranéenne sont très présents.
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Le plat le plus international de Valence est la paella (nom du récipient où il est cuit), qui était à l'origine un humble plat cuisiné par les habitants du marais d'Albufera. Ce plan est basé sur le riz, bien qu'il soit complété par des produits de la région, principalement du poulet, du lapin, du canard, des escargots, des légumineuses et des légumes frais. Au fil du temps, plusieurs variantes de la paella sont apparues, comme celle faite avec des fruits de mer, qui ne portent que des légumes, ou celle qui remplace le riz avec des nouilles, les soi-disant fideuá. Tous les types de paellas et de fideuás sont généralement assaisonnés avec du citron et non avec de l'aïoli, comme on le fait habituellement dans les autres plats de riz typiques (arroz a banda ou arroz negro).
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Un autre plat dont la base est le riz est le riz cuit au four, fait dans une casserole d'argile et dans le four, et dont les principaux ingrédients sont les tomates, pois chiches, paprika, différents types de saucisses, pommes de terre, bacon et côtes de porc. Ce plat, bien que n'étant pas bien connu en dehors de la Communauté Valencienne, est l'un des plus traditionnels et populaires de la région.
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Enfin, le reste des plats à base de riz sont l'arroz a banda à base de poisson ; ou le riz noir, une variante du précédent, auquel on ajoute de l'encre de calmar pour obtenir sa couleur noire typique ; le riz à la bette, qui en plus du riz et de la bette, comporte des haricots blancs, des pommes de terre, de la morue séchée et des escargots ; ou riz avec des haricots et des navets, un riz saumâtre plus propice à la saison d'hiver.
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Le all i pebre est une sauce typiquement valencienne utilisée pour cuisiner du poisson. La variante la plus célèbre de ce plat est celle qui utilise les anguilles dans sa préparation, qui a atteint une suprématie totale sur le reste, c'est pourquoi l'habitude est d'appeler le all i pebre, le all i pebre d'anguilles.
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À Valence, il existe aussi une grande tradition de gâteaux et de friandises, qui se distinguent par la variété de biscuits et de gâteaux, comme la coca de llanda (gâteau au pain), la coca de sachi, la coca cristina, la coca de raisins secs et de noix, la mona de Pascua ou le panquemado, bien que la variété de bonbons comprend également les fartones, les beignets, le massepain, les dragées ou les rosquilletas, parmi beaucoup d'autres. Les ingrédients principaux sont presque toujours des amandes, du sucre et du miel, car beaucoup des bonbons qui font partie de la culture gastronomique valencienne sont d'origine andalouse.
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En ce qui concerne les boissons, il est à noter que la chufa orxata (préparée avec de l'eau, du sucre et du chufas) est la boisson traditionnelle de Valence. Une autre boisson typique est la mistela de muscat, un vin de liqueur doux mais de haute qualité (15 % vol.), qui est fabriqué en ajoutant du vinaigre ou du jus de brandy pour interrompre la fermentation. Il faut aussi parler du cocktail qui provient de la ville connue comme l'eau de Valence, dont les ingrédients fondamentaux sont le cava, la liqueur triple sec et le jus d'orange.
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Paella valencienne.
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Orxata de xufa (horchata de chufa en castillan).
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Le 10 avril 1981, le Conseil municipal de Valencia a créé l'organisation autonome Municipal Sports Foundation de Valencia, qui est une entité de droit public de nature institutionnelle. Ce corps est responsable de la gestion de tous les équipements sportifs municipaux, parmi lesquels se distinguent le Palau Velódrom Lluís Puig, le stade d'athlétisme Turia, le Centre municipal de Pelota Valenciana de Masarrochos, le Pavillon Fuente de San Luis, les centres sportifs d'Orriols, Torrefiel, Abastos et Petxina, et les différentes piscines, terrains de football et centres sportifs de chaque quartier.
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Le conseil municipal de Valeniae est le propriétaire d'une autre arène sportive de haut niveau, le Pelayo Trinquete, connu comme la cathédrale Escala i Corda pour être le trinquet le plus renommé de la Communauté, car c'est dans cette mèche que rivalisent habituellement les finales des principales compétitions, comme le Circuit Bancaixa.
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En plus des équipements municipaux publics, Valencia a deux stades de football, le stade Mestalla et le stade de la ville de Valencia, un terrain de golf, ainsi que quelques marinas: d'un côté, le port du yacht club, situé au sud du port de commerce; et d'autre part il y a la Royal Navy Juan Carlos I (connue pendant les America Sailing Cups comme Port America's Cup), située dans le dock intérieur du port de Valence.
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Le Valence Club de Fútbol a été fondé le 18 mars 1919 et joue actuellement dans la première division d'Espagne, disputant des matchs au stade local de Mestalla, qui a une capacité de 55 000 spectateurs. Dans le classement historique de la LFP, le Valence CF occupe la troisième place, derrière le Real Madrid et le FC Barcelone. C'est le cinquième club espagnol au nombre de titres nationaux (14 championnats nationaux), et le troisième au nombre de titres internationaux derrière le Real Madrid et le FC Barcelone (5 titres en compétitions de l'UEFA au niveau des clubs). Le Valence CF est également le troisième club espagnol avec le budget le plus élevé, après le Real Madrid CF et le FC Barcelone, avec plus de 100 millions d'euros. Selon un sondage réalisé par la CEI en mai 2007, le Valence CF est le troisième club de football en Espagne (5,3 %), derrière le Real Madrid CF (32,8 %) et le FC Barcelone (25,7 %), devant l'Athletic Bilbao (5,1 %), l'Atlético de Madrid (4,3 %) et le Betis (3,3 %), sur plus de 800 clubs.
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La ville a également une autre équipe dans la première division de l'Espagne, le Levante Unión Deportiva. En 1909, le Gimnástico et le Levante ont été fondés, coïncidant avec la fondation de la Fédération de football valencienne. Les deux ont été fusionnés en 1939 sous le nom de Unión Deportiva Levante-Gimnástico, rebaptisé enfin Levante UD en 1941. Dans les années 1960, le stade Ciudad de Valencia a été construit, un nouveau stade de 40 000 mètres carrés dans le quartier d'Orriols, derrière l'arrière de San Miguel de los Reyes. Le stade a été inauguré, sous la présidence d'Antonio Román, le 9 septembre 1969, avec un match amical contre Valence CF
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Le Valencia Basket Club joue dans la Ligue ACB, la plus haute compétition du basket espagnol. Fondé en 1986, le club est l'héritier de la section basket du Valencia Club de Fútbol, jusqu'à la chute de l'équipe de football en deuxième division en 1986, moment où le club de basket-ball prend sa propre identité. Il est parrainé par la société Pamesa, donc il était communément connu jusqu'en 2009 sous le nom de Pamesa Valencia. De 2009 à 2011, la société valencienne Power Electronics a sponsorisé l'équipe, recevant ce nom de Power Electronics Valencia Basket Club. L'équipe dispute ses rencontres au pavillon municipal de Fuente de San Luis à Valence, avec une capacité de 9 000 spectateurs, et porte un maillot et un short orange. Sa tenue est un maillot et un short gris à l'extérieur.
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L'autre équipe de basket-ball de la ville est Ros Casares Valencia, l'une des participantes de la ligue féminine de basketball. Cette équipe a été fondée en 1996, en héritant des droits sportifs de Popular Bàsquet Godella, bien que ce ne fut que la saison 1998/1999, lorsque la société Ros Casares a repris l'équipe, et a disparu en 2012. La première fois qu'il a gagné une ligue avec le nom actuel était en 2001, bien que ses meilleurs résultats aient été donnés plusieurs années plus tard, en réalisant un triplet pendant les saisons 2003/04, 2006/07, 2007/08, 2008/09 et 2009/10. C'est un club avec un public nombreux et dévoué, donc en 2009 il a reçu le prix Nostresport pour les meilleurs fans. Il joue également ses matchs dans le pavillon municipal Fuente de San Luis de Valencia.
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Le Real Club Náutico de Valencia a été fondé en 1903, il a donc l'honneur d'être l'un des plus anciens d'Espagne. Actuellement, le club possède l'une des installations nautiques les plus modernes et complètes, avec plus de 400 000 m2 de surface et 1 252 places, qui abritent l'une des meilleures flottes de croisière de la Communauté valencienne. La marina du Club Náutico accueille également d'importantes compétitions au sein du calendrier national, auxquelles assistent les meilleurs navigateurs, tant en croisière qu'en navigation (470, optimist, snipe, etc.). En plus de tous les services du port, le club nautique de Valence dispose d'un siège social très large, d'une piscine olympique, d'une aire de jeux, d'un centre sportif, d'un terrain de pelote et de courts de tennis et de squash.
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À Valence, il y a aussi une équipe d'athlétisme, le Valencia Athletics Club. Cette équipe est née en mai 1924 au sein du Valencia C.F. Au cours de ses plus de 80 ans d'existence, sa projection ainsi que ses succès sportifs ont marqué une étape importante dans l'histoire du sport valencien, national et européen.
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Le club de tennis de Valence a été fondé en 1905 sous le nom de Sporting Club. Ses installations étaient initialement situées dans l'Alameda et disposaient de deux courts de tennis. Ce Sporting était l'un des clubs qui ont formé l'Association Lawn-Tennis de Barcelone, un regroupement de Clubs qui a donné naissance à l'actuelle Fédération Royale de Tennis Espagnole.
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Le Real Aeroclub Valencia est né en juillet 1931, bien qu'il ait ses origines dans l'Exposition Régionale de Valence en 1909, et dans les festivals aériens successifs qui ont eu lieu à Valence tout au long de ces années. Il a actuellement son siège social dans une parcelle située dans la zone industrielle de la tête de la piste 22 de l'aéroport de Manises, qui se compose d'un hangar de 1 500 m2 au rez-de-chaussée et de bureaux, salles de classe, de même surface.
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En 2019, une équipe de rugby à XIII est créée dans la Province : celle des Valencia Huracanes. Elle dispute le championnat espagnol en 2020, et ambitionne, en 2021, de disputer le championnat britannique de troisième division[15],[16],[17].
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Jusqu'à quatre équipes de la ville ont concouru dans la Division d'Honneur de la Ligue Espagnole de Rugby: le Tatami Rugby Club, le CAU Valencia, le Rugby Club Les Abelles et le Rugby Club Valencia, ce dernier ayant remporté le championnat ligue nationale en 1983.
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En 2011, Valence a été la capitale européenne du sport, un prix décerné par l'Association des capitales européennes du sport. En outre, dans la ville de Valence, plusieurs championnats sportifs et des tournois de premier ordre mondial ont lieu, ou ont eu lieu. L'un des plus importants est le Grand Prix Européen de Formule 1, qui a eu lieu au circuit urbain de Valence de 2008 à 2011. Le circuit urbain de Valence traverse le quai intérieur du port, puis se dirige vers le Grao et le quartier de Nazareth. Au cours des années 2008 et 2009, le Grand Prix a été célébré au mois d'août, mais en raison des températures élevées qui ont été atteintes, il a été décidé qu'à partir de 2010, il était célébré au mois de juin.
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Un autre évènement sportif de premier ordre est le Grand Prix d'Espagne du Global Champions Tour d'équitation, qui s'est déroulé de 2009 à 2011. Ce GP est un test du circuit équestre international le plus prestigieux au monde, qui est composé de plusieurs compétitions internationales de sauts de catégorie supérieure. Ce tournoi est composé de dix grands prix, qui se déroulent dans dix villes différentes, telles que Hambourg, Monte-Carlo, Rio de Janeiro, etc. Le concours a eu lieu à la Cité des Arts et des Sciences, dans la zone du Musée des Sciences Principe Felipe.
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Le Valencia Open 500, qui a succédé à l'Open de tennis valencien, mérite d'être souligné. Il est l'un des 3 tournois ATP organisés en Espagne avec le Madrid Masters et le Conde de Godó de Barcelona. Ce tournoi a été joué sur terre battue dans les locaux du Tennis Club de Valence de 2002 à 2008, lorsque le tournoi a été amélioré avec la restructuration du calendrier ATP, devenant l'un des ATP Open 500. Lors du changement de catégorie, le tournoi s'est déplacé à l'Agora de la Cité des Arts et des Sciences, où le tournoi commencé à se jouer sur un terrain dur.
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Par le passé, la ville a également accueilli d'autres événements sportifs majeurs, tels que les XIIèmes Championnats du Monde de cyclisme sur piste, qui se sont déroulés du 7 au 9 mars 2008 au Palais du Vélodrome Luis Puig. Cette nomination a été couronnée de succès puisque le record de pays et d'athlètes participant à un championnat du monde sur piste intérieure a été pulvérisé.
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De la même manière, Valence a également accueilli les IIIes Jeux européens de policiers et de pompiers, qui ont duré du 7 au 13 juin 2010.
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En raison de l'importance du stade Mestalla, la ville a également accueilli plusieurs matches des principaux tournois de football, puisque le stade Mestalla a été choisi comme siège de l'équipe nationale espagnole pour les matches de la première phase de La Coupe du Monde de Football de 1982 et les Jeux Olympiques de Barcelone de 1992. De même, Mestalla a également accueilli plusieurs finales de Copa del Rey, notamment dans les éditions 1928-1929, 1935-1936, 1989-1990, 1992-1993, 1997-1998, 1999-2000, 2008-2009, 2010-11321 et 2013-2014.
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À Valence, deux éditions de la Coupe de l'América ont été organisées, mieux connues sous le nom de America's Cup, le plus ancien trophée sportif du monde, avec 152 ans d'histoire et qui réunit l'excellence du monde de la voile. La première édition de l'America's Cup qui s'est déroulée dans les eaux valenciennes a été l'édition numéro 32 et a eu lieu en 2007, tandis que la deuxième édition a été tenue en 2010.
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Avec Valence, Gênes et Marseille étaient les autres candidats à accueillir l'événement, mais finalement le jury a choisi Valence, en raison de ses conditions climatiques et géographiques. L'élection de la ville était due au fait que le vainqueur de la 31e édition de cette compétition était la Société nautique de Genève, c'est-à-dire le représentant d'un pays sans mer, donc il devait trouver le siège dans un pays tiers.
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Entre les années 2004 et 2007 et grâce aux régates de la Coupe Louis Vuitton, dans les eaux du port de Valence se sont affrontées les meilleures équipes du monde de la voile, parmi lesquelles Emirates Team New Zealand, le vainqueur qui a affronté en finale Alinghi. Finalement Alinghi a remporté pour la deuxième fois consécutive la Copa America dans la septième course, tenue le 3 juillet, imposant pour une seconde le difficile Néo-Zélandais dans ce qui était sa cinquième et dernière victoire de la série, au bout de neuf courses.
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Puisque le vainqueur était une fois de plus la Société Nautique de Genève, les vainqueurs de la 32e America's Cup ont annoncé le 25 juillet 2007 que Valence accueillera de nouveau la prochaine édition en 2009. Cependant, en raison du processus de 2008, le contrat signé par le responsable de l'entité publique avec l'équipe Alinghi a été annulé bilatéralement. Finalement, après la décision du tribunal, Valence est revenue pour accueillir cette compétition, qui était prévue pour le meilleur des trois tests.
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Les essais devaient débuter le 8 février 2010, mais les 8 février et le 10 février, le départ n'a pas pu être donnée car le vent était lâche et variable le 8, et le 10 les vagues ont dépassé 2 mètres de hauteur. Le 12, la première régate qui a remporté les "USA 17" de l'équipe BMW Oracle Racing a été jouée. Ce n'était pas une course trop disputée parce que les Américains ont gagné plus de quinze minutes d'avantage. Le même jour, le même scénario a été répété. Bien que le "Alinghi 5" soit resté en tête pendant une grande partie du premier tour, le "USA 17", utilisant sa vitesse plus élevée et une meilleure stratégie, s'est mis en avant et a dépassé en plus de cinq minutes l'union suisse dans la ligne de arrivée. La Coupe de l'America est revenue aux États-Unis 15 ans plus tard.
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En plus de tous les évènements professionnels, la ville de Valence célèbre plusieurs évènements sportifs de caractère «populaire» tout au long de l'année, comme la Journée de la Pelote de Valence, qui a lieu place de la mairie, en septembre depuis 1992. Cet évènement se compose de différents actes tout au long de la matinée, le point culminant étant le duel entre l'équipe valencienne avec une autre sélection internationale.
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Le Triathlon de Valence est également une vieille tradition dans la ville, puisque la Communauté de Valence est un pionnier dans ce sport et est 2e en nombre de licences au niveau national (l'Espagne compte 20 000 fédérés, bien qu'on estime que le nombre de fans est beaucoup plus grand). Le Triathlon de Valence est un festival sportif, un évènement de haute qualité pour tous ses participants, qui consiste en trois épreuves : courir à travers la Cité des Arts et des Sciences ; nager dans le bassin de la Royal Navy Juan Carlos I ; et enfin, faire du vélo à travers le circuit de Formule 1. À Valence, comme dans d'autres villes, un San Silvestre Popular est célébré chaque 30 décembre, auquel participent des centaines d'athlètes déguisés.
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Le populaire marathon de Valence, organisé depuis 1981 par la Correcaminos Sports Society, est également important, avec la collaboration de la Municipal Sports Foundation et de nombreuses autres entités organisatrices. Ce qui a commencé avec la première édition au début des années 1980, avec quelques athlètes évitant la circulation, est devenu un évènement sportif de haut niveau, dont l'organisation implique plus de 1 600 personnes, pour servir près de 4 000 participants. Alors que le semi-marathon de Valence, de 21 097,50 mètres de long, est également une vieille tradition. Cette course est également organisée par la Correcaminos Sports Society, depuis 1990, et son circuit, qui circule sur l'asphalte de la ville, a été approuvée par la Fédération Royale Espagnole d'Athlétisme.
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Enfin, nous devons souligner le Festival de l'air de la ville de Valencia, qui a eu lieu de 2003 à 2009 à la plage de Malvarrosa. Dans ce festival, des avions de toute l'Espagne, des internationaux et de l'Air Force ont participé, rassemblant une foule de fans et de spectateurs pour voir les acrobaties des champions acrobatiques d'Espagne, l'Eagle Patrol et les combattants de l'armée de l'air espagnole, qui ont été rejoints par des parachutistes, des avions de l'aéroclub de Valence, et le CRJ- 200 d'Air Nostrum, ainsi que des avions classiques et historiques appartenant à la Fondation Air de la Communauté Valencienne.
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La ville de Valence a plusieurs interconnexions de qualité avec certaines villes du monde entier, grâce à ces collaborations officielles de différents secteurs, notamment de l'automobile qui est une longue tradition dans la ville, puisque la Communauté de Valence est un pionnier dans ce sport et 2e en nombre de licences au niveau national (l'Espagne a des projets spécifiques pour augmenter et profiter de la présence de Valence à l'étranger, et améliorer l'image de la ville et son développement). Presque tous les jumelages que la ville de Valence a réalisés se situent essentiellement entre les années 1977 et 1984. Durant ces années, les actions nécessaires ont été prises pour atteindre le jumelage avec les villes suivantes :
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Ces dernières années, plusieurs collaborations et contacts ont été développés à Valence avec des villes comme Santa Catarina do Fogo (Cap-Vert), Valparaiso et Santiago (Chili), District d'Indépendance (Pérou), Albuquerque, Miami et Chicago (États-Unis), Rome, Parme, Palerme et Rapallo (Italie), Ivano-Frankivsk (Ukraine), Mexico (Mexique), Paris (France), Bonn et Berlin (Allemagne) et Popayán (Colombie), entre autres, ainsi que Hangzhou (Chine). En mai 2017, un accord de jumelage a été signé avec la ville chinoise de Chengdu dans la province du Sichuan, le premier depuis 1990.
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Valence accueille un grand nombre de consulats, des pays avec lesquels il y a beaucoup de relations commerciales, où dont sont originaires beaucoup d'immigrants dans la région :
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Valence (en valencien : València, nom officiel[1] ; en espagnol : Valencia) est une ville d'Espagne, située dans l'est du pays sur la côte méditerranéenne. Fondée en 138 av. J.-C. par le consul romain Decimus Junius Brutus Callaicus sous le nom de Valentia Edetanorum, Valence devient, au Moyen Âge, la capitale du royaume de Valence.
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Troisième ville d'Espagne par la population qui est passée à 794 288 habitants en 2019[2], Valence est aujourd'hui la capitale de la Communauté valencienne et d'une de ses trois provinces, la province de Valence. Sa métropole compte 1 875 691 habitants. Dotée d'un patrimoine architectural remarquable, la ville est notamment connue pour sa Cité des arts et des sciences, à l'architecture futuriste. Le port de Valencia est le premier port de marchandises en Espagne et le premier port à conteneurs de la Méditerranée (4,3 millions équivalents vingt pieds échangés en 2011).
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La ville était traversée par le fleuve Túria, qui a été détourné dans les années 1960 à la suite de la Grande inondation de Valence de 1957. Son ancien lit est aujourd'hui reconverti en espaces verts, les jardins du Turia.
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Valencia est également renommée pour ses fallas (falles en valencien), qui ont lieu du 12 au 19 mars. Elle est à l'origine de diverses spécialités gastronomiques, dont la plus connue est la paella.
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En 2009, le Tribunal des Eaux de Valence a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
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Le blason de la ville remonte au XIVe siècle et se base sur les armes du roi Jacques Ier d'Aragon auquel on a incorporé au XVIIe siècle la chauve-souris (rat penat en valencien), en hommage à la légende selon laquelle des chauves-souris auraient réveillé le roi Jacques Ier d'Aragon alors que les musulmans s'approchaient de la ville. À la fin de la Guerre d'indépendance espagnole (1808), il s'y est ajouté deux branches de laurier octroyées par le roi Ferdinand VII d'Espagne, qui symbolisent la défense de la ville contre le Maréchal Moncey, durant la Guerre d'indépendance espagnole (1808-1814).
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Le drapeau de la ville est également celui que la communauté valencienne a adopté en 1982. Il reprend les couleurs traditionnelles de la Couronne d'Aragon présentes dans le blason, lequel a été transformé en drapeau. Ce drapeau est communément appelé Senyera Coronada (Senyera signifiant drapeau en valencien; en castillan, il est nommé généralement señera, plutôt que bandera).
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La ville de Valence est située sur la côte méditerranéenne de la péninsule Ibérique, dans la grande plaine alluviale des fleuves Júcar et Turia, dans le centre du golfe de Valence. La ville d'origine était située à environ quatre kilomètres de la mer, sur une île du fleuve Turia.
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Les montagnes les plus proches de la ville sont le Cabeçol de El Puig et la sierra Calderona, situés respectivement à 12 km et à 25 km au nord de Valencia.
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Valence a toujours été la capitale de la région historique et naturelle de la Horta de Valence. Cependant, après la division régionale de 1987, la commune de Valence est devenue une nouvelle région, appelée la « ville de Valence ». Ainsi, la région de Valence ne porte que sur la ville, ses quartiers et le lac Albufera. La « ville de Valence » est bordée au nord par les régions de la Horta au nord et du Campo de Turia, à l'est par la mer Méditerranée, au sud par les régions de Horta du Sud et Ribera Baja, et à l'ouest par la région de la Horta de l'ouest.
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Quant à la municipalité, la ville et ses quartiers — y compris les trois les plus éloignés du noyau urbain, qui sont : Maisons de Bárcena, Mahuella-Tauladella et Rafalell et Vistabella — sont délimités au nord par les villes de Bétera, Rocafort, Godella, Burjassot, Moncada, Alfara Patriarca, Vinalesa Bonrepos i Mirambell, Tavernes Blanques, Alboraia, Massamagrell, Massalfassar, Museros, Albuixech, Albalat dels Sorells, Foios, Meliana et Almàssera. À l'est par la mer Méditerranée. Au sud par les villes de Picanya, Paiporta, Sedaví, Alfafar, Massanassa, Catarroja, Albal, Silla, Sollana et Sueca. À l'ouest avec les municipalités de Paterna, Quart de Poblet, Mislata et Xirivella.
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La ville de Valence est située dans le centre de la dépression de Valence au sud du secteur ibérique. Cette plaine est la plus grande plaine du bassin méditerranéen espagnol et est située dans le centre de la région valencienne. La dépression borde la Sierra Calderona au nord, les montagnes de la Serrania del Turia au nord-est, la Sierra de las Cabrillas à l'ouest, le massif du Caroig au sud-ouest et le Mondúver au sud.
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Son origine est due, dans un premier temps à un processus d'effondrement dans le golfe de Valence qui a commencé il y a environ 6 millions d'années, et, dans un second temps, au processus d'ensablement de la zone par l'apport de sédiments des rivières Palancia, Turia et Júcar ainsi que les torrents du Carraixet et du Poyo. Ce processus a été accéléré par la faible action érosive de la mer, et au cours des dernières années par l'action humaine, depuis que l'homme a accéléré l'ensablement des zones humides par envasement sélectif.
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La dépression n'est pas d'une planéité parfaite partout, contrairement aux zones les plus proches de la côte qui sont des zones extrêmement plates, par exemple, le Cuart ou la plaine de Liria. Il faut aussi souligner que la plaine est parsemée de petites collines qui rompent l'unité comme El Cabeçol d'El Puig, la montagne des Saints de Sueca, la sierra Perenchisa de Torrente ou la montagne des Renards de Cullera. La plus haute altitude de la ville est de 104 mètres et se situe à Horteta. Donc, les points culminants des paysages traditionnels de Valence sont les champs de la Horta, et les zones humides comme l'Albufera de Valence et les marécages de Rafalell Vistabella et de Moro.
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Le fleuve qui traverse la ville est le Turia. Situé sur le versant méditerranéen de la péninsule ibérique, il prend sa source dans la Muela de San Juan des Montes Universales, dans la municipalité de Guadalaviar (Teruel), et après 280 km débouche au nord de la plage de Pinedo. Ses inondations sont fameuses, en particulier celle du 14 octobre 1957, connue comme la grande inondation de Valence, qui atteignit un débit de 3 700 m3/s. Une grande partie de la ville de Valence avait alors été inondée, produisant d'énormes dégâts matériels et des pertes de vies.
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Cela a conduit à un projet pour détourner le fleuve et éviter des inondations au moyen de nouvelles infrastructures assurant la croissance de la ville. Ce projet, connu sous le nom du Plan Sur, a débouché sur la construction d'un nouveau canal détournant le cours du Turia au sud de la ville. Ce canal est apparemment à sec, car il ne fonctionne qu'en cas d'inondations, parce que la totalité du débit ordinaire est utilisée pour l'irrigation de la Horta de Valence. L'ancien lit du fleuve, qui traverse le centre-ville de la ville, est devenu un espace culturel et de loisirs, les jardins du Túria.
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Au cours des siècles, l'eau du Turia a été utilisée pour l'irrigation des champs, grâce à un réseau complexe d'irrigation, dont l'axe principal constitue la vega de Valencia. Ces fossés prennent leurs eaux dans la rivière en aval du barrage de Moncada. Enfin, les eaux de ruissellements et les surplus d'eau du Turia sont utilisés par la Acequia del Oro et les fossés de Francos y Marjales de Valence.
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Les huit fossés d'irrigation sont :
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La ville se caractérise par un climat méditerranéen semi-aride. Les étés sont chauds et les hivers très doux. Pendant les mois d'hiver, la température ne descend habituellement pas au-dessous de 10 °C (il n’est pas rare que la température atteigne 20 °C pendant le jour). Les précipitations sont rares en été, comme dans toute la Méditerranée, et un peu plus abondantes en automne ainsi qu’à la fin de l'hiver et au début du printemps. La moyenne annuelle de précipitations se situe entre 450 et 500 mm et celles-ci sont surtout abondantes en septembre et octobre, avec des épisodes de goutte froide qui peuvent déverser jusqu'à 150 mm en une seule journée et provoquer des inondations.
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Les épisodes neigeux sont rares, tout comme le gel. La moyenne de température annuelle est de 17,8 °C, comme on peut le voir sur le graphique. Le minimum étant une moyenne de 11,5 °C en janvier, et le maximum 25,7 °C en août. Le 27 août 2010, on a relevé une température record de 43 °C[3].
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Le taux d'humidité moyen est de 85 % le matin et de 55 % le soir. L'ensoleillement atteint 2 660 heures par an[4].
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Les principaux risques naturels dont a souffert la ville de Valence ont été les inondations, parce que tout au long de l'histoire, des crues du fleuve Turia ont provoqué plusieurs graves inondations dans la ville. Parmi tous ces débordements du Turia, le plus grave est celui qui a eu lieu le 14 octobre 1957 avec la grande inondation de Valence, quand il y avait plus de 300 mm de précipitations dans une grande partie du bassin du fleuve (361 mm à Bejís, bien que cette population se trouve dans le bassin de la rivière Palancia). Cela a provoqué deux vagues d'inondation, la première de 2 700 m3/s et une vitesse moyenne de 3,25 m/s; et la seconde, plus violente, de 3 700 m3/s et 4,16 m/s. Ces inondation ont touché la majeure partie de la ville de Valence, faisant plus de 80 victimes, en plus des dégâts matériels considérables. Cette inondation a entrainé le Plan Sud visant à détourner le Turia au sud de Valence, en en portant le débit à 5 000 m3/s. L'attitude énergique du maire de la ville, Tomás Trénor Azcárraga, a permis le déblocage des fonds nécessaires par le gouvernement de Francisco Franco.
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Les vagues de chaleur et de froid sont un autre risque affectant généralement la région méditerranéenne de la péninsule ibérique. Valencia souffre chaque année durant les mois d'été de plusieurs vagues de chaleur, qui sont, selon l'Agence météorologique d'État (AEMET), une période d'au moins 3 jours de températures anormalement élevées, qui peuvent entraîner des morts par coup de chaleur. À l'inverse, dans les mois d'hiver, le danger vient des vagues de froid, car les températures peuvent parfois tomber en dessous de 0 °C. Cela est dû à l'arrivée de masses d'air froid de l'Arctique ou de la Sibérie.
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Il existe aussi un risque sismique, car la ville est située dans une zone de risque sismique modéré. Valence a subi plusieurs tremblements de terre au cours de son histoire. L'un des plus forts enregistrés a eu lieu le 16 septembre 2003, avec une magnitude de 4,2 sur l'échelle de Richter. Dans les années 1823 et 1904, la ville a également subi deux tremblements de terre d'une intensité de 5,57.
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Valence se situe dans la zone climatique de l'étage thermo-méditerranéen, qui se caractérise par le boisé méditerranéen, tandis que le maquis apparait dans les zones où la végétation arboricole a disparu. En raison de l'anthropisation du milieu, la plupart des espèces de plantes communes de nitrophile prédominent, à l'exception de celles qui sont propres aux zones humides (marais côtiers et Albufera).
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Les principales espèces d'arbres dans la forêt méditerranéenne de la région (principalement dans la Devesa del Saler) sont le chêne vert et le pin d'Alep, tandis que les espèces d'arbustes en sous-bois ou dans les maquis sont le pistachier lentisque, et le tamarix, le genévrier, le myrte commun, le thym, les genêts, le romarin, la sarriette et le palmier nain.
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En outre, les espèces d'arbres associés à la rive du Turia sont le saule, l'aulne, le peuplier, le frêne et l'orme tandis que les espèces d'arbustes sont le roseau, la quenouille, le laurier-rose et les ronces. Dans les terres humides et les fossés on trouve plusieurs espèces de végétation marécageuse, qui ont leurs racines dans l'eau douce ou les boues humides, comme les roseaux, quenouilles, roseaux et les laîches glauques.
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Dans les dunes les plus proches de la mer se trouvent des « espèces pionnières », dont certaines sont uniques aux dunes mobiles, comme les roseaux ou le liseron des dunes, tandis que d'autres sont propres aux dunes fixes typiques, tels que le nerprun alaterne ou le pistachier lentisque. Enfin, les creux entre les dunes abritent certaines espèces telles la spartine maritime et la salicorne.
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La région de Valence offre une grande biodiversité, particulièrement dans l'Albufera, où se trouve un Centre de récupération de la faune.
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On trouve diverses espèces d'anatidae, jusqu'à 10 000 exemplaires de nette rousse, 20 000 exemplaires de canard souchet ou de canard colvert. Il faut aussi mentionner les colonies d'ardeidae, en particulier des aigrettes, des crabiers chevelus et des hérons cendrés. Enfin, on note la présence d'espèces telles que la sterne pierregarin, la sterne caugek, l'échasse, le canard marbré ou la mouette.
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En ce qui concerne les mammifères, il y a des espèces de rongeurs comme le rat brun, le rat d'eau, la souris ou le mulot. On trouve aussi des musaraignes, des renards et diverses espèces de chauves-souris (miniopterus schreibersii et molosse de Cestoni).
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Au nombre des amphibiens, on note le crapaud commun, le crapaud calamite, le discoglossus pictus, le pélobate cultripède et la grenouille verte commune. Il y a aussi divers types de lézards: le podarcis hispanicus, le lézard ocellé, le chalcides bedriagai, l'Acanthodactylus erythrurus et le psammodromus algirus; ainsi que diverses espèces de couleuvres: blanus cinereus, coronella girondica, couleuvre fer-à-cheval, couleuvre de Montpellier, vipère de Lataste; des geckos, et des tortues (cistude et mauremys leprosa).
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La région de Valence compte plusieurs sites et espaces naturels d'importance écologique ou culturelle particulière qui doivent en grande partie leur état actuel à l'action humaine.
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La lagune d'eau douce de l'Albufera a été intégrée à un parc naturel par la Generalitat Valenciana le 23 juillet 1986. Depuis 1990, ce parc qui s'étend sur 21 120 ha est inclus dans la liste des zones humides d'importance internationale pour les oiseaux en vertu de la Convention de Ramsar du 2 février 1971. Depuis 1992, il est classé comme site d'importance communautaire et, depuis 1994, il fait partie des zones de protection spéciale.
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Cette zone humide est située à environ 10 km au sud de la ville de Valence, et comprend un système formé à la fois par le lac Albufera (2 100 ha), les rizières qu'il alimente d'une superficie de 14 100 ha, et la bande côtière adjacente à la Méditerranée[5],[6].
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Le marais de Rafalell et Vistabella, avec une superficie de 102,92 hectares, est l'un des derniers marais qui s'étend au nord du fleuve Turia, entre Alboraia et Sagonte. Il est approvisionné par des eaux souterraines et des restes d'irrigation. La végétation de cette zone humide est dominée par des roselières et des juncales, qui servent de refuge à plusieurs espèces d'oiseaux échassiers. Les fossés abritent diverses espèces de poissons, tels l'anguille, le bar commun, le mulet cabot et l'atherina boyeri, mais il offre aussi des habitats appropriés pour la réintroduction d'espèces endémiques valenciennes comme le valencia hispanica, l'Aphanius d'Espagne, la loche de rivière ou l'écrevisse.
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La horta de Valence est née sous l'Empire romain, quand Valence servait de centre logistique et d'hibernation pour les campagnes de conquête en Hispanie. Les Romains y ont introduit de nouvelles cultures comme les céréales, l'olivier et la vigne.
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On a longtemps cru que la huerta de Valence ne s'était vraiment développée qu'au Moyen Âge, au cours de la période islamique avec la construction d'un vaste réseau d'infrastructures d'irrigation consistant en canaux, bassins et petits barrages. Or, comme le signale l'archéologue Miquel R. Martí Maties, dès le Ier siècle, les Romains avaient construit un aqueduc allant d'une source située à Tuéjar, à 585 m d'altitude, jusqu'à la Plaza del Tossal, au centre de la ville de Valence, en passant par Domeño El Viejo, Gestalgar, Pedralba et Manises. Avec une longueur totale de 98,6 km, cet aqueduc était le plus long d'Espagne et le sixième du monde romain. Cette infrastructure hydraulique a permis le développement de cultures céréalières qui alimentèrent Constantinople au cours du VIe siècle[7].
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Ce réseau est alimenté par les eaux du Turia. Au long de ces infrastructures se sont établis des moulins à eau, des blanchisseries, des maisons et des fermes.
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Valence possède deux plages urbaines de sable doré, la plage d'El Cabañal et celle de la Malva-Rosa, qui sont délimitées au sud par le port de Valence et au nord par la plage de la Patacona à Alboraia. Ce sont des plages de caractère urbain, qui ont une grande promenade bordée de nombreux établissements occupant d'anciens bains publics et offrant un choix d'hébergements et de cuisine locale.
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Les plages de la capitale au sud du Turia sont plus sauvages. À Pinedo, le secteur de la Maison Noire est réservé aux amateurs de nudisme. Plus loin, sont les plages du Perellonet et de El Perello, soit plus de 15 kilomètres de sable protégés par des dunes, au cœur du parc naturel de l'Albufera.
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Les archéologues ont trouvé des restes d'occupation humaine remontant aux IVe et IIIe siècle av. J.-C.[8]. Dès cette époque, la région était un site de production de céramique de luxe[9].
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Une des plus anciennes villes d'Espagne, Valence est fondée en 138 av. J.-C. sous le nom de Valentia Edetanorum par la république romaine, dont le consul à l'époque est Decimus Junius Brutus Callaicus. Le plan est typiquement romain. Le forum se situait aux alentours de l'actuelle Plaza de la Virgen, où se croisent les deux axes de la ville, le cardo et le Decumanus, qui correspondent respectivement aux actuelles rues Salvador-Almoina et Caballeros.
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En 75 av. J.-C., la ville est détruite pendant la guerre qui oppose Pompée à Sertorius. Elle ne sera pas reconstruite avant 50 ans. Au milieu du Ier siècle , Valence connaît une croissance urbaine importante grâce à l'arrivée de nouveaux citoyens, vétérans de l'armée. Cette expansion se traduit par la construction de grands bâtiments publics notamment le forum, les arènes et, plus tard, le port fluvial situé près des actuelles Torres Serranos.
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Entre 260-270, la ville est détruite puis reconstruite sur une plus petite surface. Avienus la mentionne dans ses Ora maritima sous le nom de Tyris.
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Au IVe siècle, la première communauté chrétienne apparaît dans la ville, à laquelle appartenait saint Vincent martyrisé en 304.
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Au cours du Ve siècle, la décadence de l'Empire romain favorise l'arrivée de vagues de peuplement germaniques, notamment des Suèves, des Vandales et des Alains. L'Église participe à la transformation de la ville après la chute de l'empire romain, en convertissant les temples romains en lieux de culte catholique. Valence devient un évêché sous la dépendance de Tolède.
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À la suite de l'invasion byzantine dans le sud-ouest de la péninsule, la ville acquiert une importance stratégique, avec l'installation de contingents militaires wisigoths en 554. Après l'expulsion des byzantins en 625, la ville est pratiquement abandonnée et les documents sur cette période de l'histoire de la ville sont très rares. La population totale de la péninsule est alors estimée à environ cinq millions de personnes, principalement des serfs et des esclaves. Les 200 000 Wisigoths et 100 000 Suèves formaient la classe dirigeante. La population hispano-romaine n'avait pas accès aux charges publiques. Il y avait aussi une population juive[10].
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Organisation urbaine, politique et sociale de la ville
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En 711, la ville est prise par le chef berbère Tariq ibn Ziyad à la tête d'une armée de 12 000 hommes. Alors qu'Abd al-Rahman Ier, premier émir de Cordoue, avait ordonné la destruction de la ville, son fils Abd Allah al-Balansi s'y installe quelques années plus tard. Depuis Balansiya — graphie de la ville en arabe —, il exerce son autorité sur toute la région. Il fait notamment construire aux abords de la ville un luxueux palais, dont on n'a trouvé aucun vestige, le Russafa, qui a donné son nom au quartier actuel. Durant plusieurs siècles, la ville portera le nom de Medina al-Turab ou ville de la poussière, en raison de l'état d'abandon dans lequel elle se trouvait[11].
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Les musulmans importent leur langue, leur religion et leurs coutumes mais la coexistence avec les habitants d'origine hispanique se fait de manière pacifique. L'assimilation de la population indigène à la religion musulmane et à la culture arabe a été très rapide puisqu'on estime que dès la fin du Xe siècle, les chrétiens et juifs ne représentaient plus que de 10 % de la population. Pendant la période musulmane, les villes ont été des foyers actifs d’une arabisation linguistique qui s’est imposée aussi dans les campagnes.
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Au sein de la taïfa des Amirides (descendants de Almanzor), Valencia est une ville au rayonnement important. L'agriculture se développe grâce au creusement de nouveaux canaux d'irrigation.
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Entre 1087 et 1089, Valencia est gouvernée par le roi al-Qadir. Elle doit subir les attaques de Al-Mundir et du comte de Barcelone Raimond-Bérenger II.
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En octobre 1092, une poignée d'éclaireurs almoravides arrive à Valencia. Ibn Djehaf, membre de haute lignée yéménite, porté par la foule partisane, prend le pouvoir après avoir fait assassiner al-Qadir. Rodrigue (le Cid), qui séjournait alors à Saragosse, reprend la ville en juillet 1093. Homme politique habile ou guerrier invétéré, Rodrigue ne semble pas avoir aspiré à y exercer directement le pouvoir. Il laisse ainsi à Ibn Djehaf le soin de gouverner la ville encore insoumise la veille, et s'installe au château de Cebolla (Puig). Cependant, l'arrivée d'une armée almoravide envoyée par l'émir Youssef Ibn-Tashfin amène les Valenciens à secouer à nouveau le joug. Les Almoravides à court de vivres s'étant retirés sans coup férir, Rodrigue assiège à nouveau la ville. Après avoir vainement attendu l'arrivée de renforts, Valencia, décimée par la faim, capitule le 15 juin 1094.
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Les conditions de l’occupation sont d'abord clémentes. La propriété des biens et la liberté du culte sont respectées et les armées chrétiennes restent en dehors de l'enceinte fortifiée. L'impôt est habilement limité comme le faisaient, au fur et à mesure de leur progrès, les Almoravides à la dîme coranique. Rodrigue s'installe dans le faubourg de l'Alcudia. Le castillan renforce néanmoins considérablement sa présence et se proclame en outre juge suprême des Valenciens. Les choses s'aggravent à la suite d'une nouvelle offensive almoravide en octobre 1094. L'ennemi vaincu, les chrétiens durcissent le régime d'occupation à proportion du péril. Ibn Djehaf, traduit en justice pour l'assassinat d'al-Qadir, est brûlé vif en 1094. Les musulmans, à l'exception de quelques notables, sont contraints de s'installer dans les faubourgs, tandis que les chrétiens s'abritent derrière les murs. Rodrigue prend cette fois en main le gouvernement de la ville.
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Rodrigue s'allie avec Pierre Ier d'Aragon et Raimond-Bérenger III de Barcelone avec pour objectif de freiner la constante progression almoravide. En 1096, la grande mosquée est transformée en église. Puis, en 1097, Jérôme de Périgord, « acclamé et élu par le chapitre, consacré par la main du romain pontife », est nommé évêque de la ville. Rodrigue continue de consolider son pouvoir sur le Levant, notamment avec la prise de Murviedro (Sagonte), en 1098.
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Le Cid meurt à Valencia le 10 juillet 1099. Chimène réussit à défendre la ville avec l'aide de son gendre Raimond-Bérenger III comte de Barcelone, jusqu'en 1101, jusqu'à ce que le roi Alphonse VI de Castille ordonne l'évacuation de la ville. Dès 1102, la famille du Cid et ses compagnons abandonnent la ville aux Almoravides. Valencia ne sera reprise définitivement aux musulmans qu'en 1238, par Jacques Ier d'Aragon (Jacme en occitan, Jaume en valencien-catalan, Jaime en castillan).
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Dans la première moitié du XIIIe siècle, le royaume de Valencia est confronté à une crise sans précédent qui se transforme en révolte contre le souverain almohade local — du nom de la dynastie qui régnait alors en Andalousie —, Abû Zayd Ibn Abî `Abd Allâh Muhammad. Cette révolte ne se calme que lorsque Abû Jamîl Zayyân Ibn Mudâfi` prend les rênes du pouvoir et que le souverain déchu quitte Valencia, mettant ainsi un terme à la présence almohade en Andalousie orientale.
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Mais en quittant Valencia en 1230, Abû Zayd se rend auprès du roi Jacques Ier d'Aragon et lui prête serment d’allégeance, signant avec lui un traité aux termes duquel il lui abandonnerait une partie des terres et des châteaux qu’il récupérerait si celui-ci le soutenait. Puis Abû Zayd apostasie l’islam et se convertit au christianisme. Il s’assimila à ses nouveaux protecteurs et les aida activement dans leurs guerres contre les musulmans.
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Le 9 octobre 1238, Jacques Ier d'Aragon reprend la ville aux musulmans. Il instaure un nouveau code juridique pour le royaume nouvellement créé, les Fors qui, quelques années plus tard, allait s'étendre à tout le Royaume de Valencia. On répartit les terres, comme en témoigne le Llibre del Repartiment, manuscrit rédigé en catalan. La ville est rattachée à l'Aragon par le traité de Cazola en 1179.
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En 1348 la peste noire atteint Valencia et décime la population. Une révolte des habitants éclate contre les excès du roi et la guerre de l'Union. Peu après, lors de la Guerre des Deux Pierre, en 1363 et 1364, la ville est attaquée par les troupes castillanes qui sont repoussées. En remerciement, le roi Pierre IV d'Aragon concède à la ville le titre de "dos veces leal" (« deux fois loyale »). Le blason de la ville en témoigne encore aujourd'hui sous la forme de deux "L" entrelacés.
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Des conflits éclatent entre les trois communautés qui peuplent la ville : chrétiens, juifs et musulmans. L'importance croissante du quartier juif dans l'économie de la ville et l'expansion de leur quartier aux dépens des paroisses voisines entraine une émeute populaire en 1391, qui aboutit à l'obligation pour les juifs de se convertir au christianisme sous peine de mort. Les musulmans, qui occupaient le quartier actuel du marché de Mosen Sorell, près del Carmen, sont également victimes d'une émeute en 1456[13] et seront finalement victimes d'un décret d'expulsion en 1609.
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À la suite de la mort de Martin Ier d'Aragon en 1510, le compromís de Caspe instaure une nouvelle famille sur le trône de la Couronne d'Aragon, la Maison de Trastamare.
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Le XVe siècle est celui de l'expansion et de la croissance de la culture valencienne, il est connu comme le siècle d'or valencien. Depuis le 18 mars 1437, le Saint Calice est conservé dans la cathédrale de Valence. La ville devient la plus peuplée de la couronne d'Aragon, passant de 40 000 habitants en 1418 à 75 000 en 1483.
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Cette prospérité entraîne la construction de grands palais et d'églises, ainsi que le Micalet ou clocher de la cathédrale de Valence, de même que les Tours de Serranos. La Loge de la Soie ou Llotja de la Seda i dels Mercaders (1482), chef-d'œuvre du gothique valencien, est alors un des marchés les plus importants de la Méditerranée, où se retrouvent des marchands de toute l'Europe spécialisés dans le commerce de la soie.
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Le premier livre imprimé en Espagne est publié à Valence en 1479 : Obres o trobes en lahors de la Verge Maria, 45 poèmes dont 40 en valencien, 4 en castillan et 1 en italien. L'introduction de l'imprimerie engendre une multiplication des œuvres écrites. Des auteurs tels que Joanot Martorell, Ausiàs March, Joan Roís de Corella ou Isabel de Villena deviennent célèbres.
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Valence devient également un centre artistique renommé où se croisent les courants venus de France, de Flandre et d'Italie, produisant en peinture le style gothique international, avec des artistes tels que Joan Reixach, Jaume Baçó Escrivà, Lluís Dalmau, Gonçal Peris, Martin Torner et les anonymes maestro de Perea, maestro de Segorbe, maestro de Altura et maestro de Xàtiva.
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Entre 1499 et 1502, l'Université de Valence est créée sous le nom de Estudi General.
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Pendant la Guerre de Succession d'Espagne (XVIIIe siècle), la ville rejoint le camp de l'archiduc Charles d'Autriche, résistant jusqu'à la déroute de la bataille d'Almansa, le 25 avril 1707, abandonnant à son sort l'armée anglaise réfugiée dans Valencia. En représailles, les Bourbons mettent le royaume à sac et lui retirent ses privilèges, essentiellement son autonomie politique, juridique et linguistique.
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En 1850, l'installation du réseau d'eau potable est achevée, et en 1858 les architectes Sebastián Monleón, Antonio Sancho et Timoteo Calvo donnent naissance au Projet général d'agrandissement de la ville de Valencia, qui prévoyait la destruction des murailles pour permettre l'expansion de la ville. Une seconde version est proposée en 1868. Aucun de ces projets ne sera retenu mais ils serviront de base pour les travaux réalisés par la suite.
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À la suite de la Révolution cantonale de 1873, est créé le Cantón Federal de Valencia proclamé le 19 juillet et dissous le 7 août.
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Puis, en 1882, un nouveau projet d'agrandissement est proposé par les architectes José Calvo Tomás, Luis Ferreres Soler et Joaquín María Arnau Miramón. Approuvé en 1887, il prévoyait notamment de tracer les deux grandes artères qui entourent la ville encore aujourd'hui. Au XIXe siècle, la population de la ville double.
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La population triple, passant de 213 550 en 1900 à 739 014 en 2000. La ville devient une cité cosmopolite et le centre d'une aire métropolitaine de plus 1,5 million de personnes, troisième aire démographique, industrielle et économique d'Espagne.
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En 1900, est créée la Banque de Valence (Banco de Valencia) et, en 1907, Francisco Mora Berenguer dessine le projet d'agrandissement de Valencia jusqu'au périmètre des Caminos de Tránsitos (chemins de transit). On trace l'axe qui sera celui du Paseo de Valencia (promenade maritime) jusqu'à la mer. Ce plan sera approuvé en 1912.
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La construction du marché central entreprise en 1914 et celle de l'actuelle gare de chemin de fer València-Nord s'achèvent en 1921. Ces deux bâtiments sont caractéristiques de l'art nouveau en pays valencien.
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En 1936, pendant la guerre civile, Valencia devient la capitale de l'Espagne républicaine, jusqu'en 1939.
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En 1957, le fleuve Túria traversant le pays valencien sort de son lit : c'est la Gran riada de Valencia, qui motive des travaux d'aménagement majeurs dans les années ultérieures ; l'espace résultant redevient disponible pour l'urbanisation.
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Dans les années 1980 la construction du métro de Valence est achevée. Le réseau compte aujourd'hui quatre lignes et continue à s'étendre.
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En mai 2004, le Valence CF remporte la coupe de l'UEFA aux dépens de l'Olympique de Marseille. En juin 2007, Valencia accueille la 32e Coupe de l'America puis la 33e Coupe de l'America en février 2010.
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En août 2008, le circuit urbain de Valence figure pour la première fois au calendrier du Championnat du monde de Formule 1 en accueillant le Grand Prix d'Europe. De même, en 2009 et 2010 et jusqu'en 2014, Valencia est le théâtre du Grand Prix d'Europe de Formule 1.
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Palais des Arts Reina Sofía.
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Vue aérienne de la Cité des arts et des sciences.
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Flèche du marché central (1914).
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Plaza de la Virgen lors de l'offrande de fleurs (Fallas).
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Plafond de l'église Saint-Nicolas (1690).
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La ville actuelle, dont la population est de 798 033 habitants (2011), est le centre de l'Horta de Valence (Huerta en castillan), agglomération qui regroupe 1 774 201 habitants (2011). Elle est la troisième ville d'Espagne après Madrid et Barcelone.
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Selon Eurostat, la zone urbaine élargie de Valencia compte 1 564 145 habitants (2004).
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Noms indiqués en valencien :
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Valence est la capitale de la Communauté valencienne et de la province du même nom. Elle appartient à la comarque de Valence, dont elle est le chef-lieu.
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La ville de Valencia comptait 786 424 habitants aux élections municipales du 24 mai 2015. Son conseil municipal (en valencien-catalan : Plé del ajuntament, en castillan Pleno del ayutiamento ) se compose donc de 33 élus.
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À ses débuts, la ville de Valencia sert de centre de ravitaillement et de commerce au sein de l'empire romain. Puis, avec l'arrivée de la culture islamique, de nombreuses infrastructures sont construites pour lutter contre l'aridité et permettre l'irrigation des champs entourant la ville. La région de Valencia se transforme alors en un centre agricole de premier plan. Tout comme Tolède, Valence devient une des villes frontalières les plus importantes, avec l'augmentation du commerce entre les deux cultures régnant sur la péninsule ibérique. Des institutions commerciales sont spécialement créées, et la ville bat sa propre monnaie.
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L'activité économique de Valencia est aujourd'hui encore très empreinte du passé de la ville. Elle s'articule ainsi autour de deux axes principaux, à savoir le commerce et l'agriculture. Mais Valence est également devenue une ville touristique. Comme toutes les grandes villes, Valence se distingue également dans des domaines tels que l'artisanat, l'industrie et le textile.
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Actuellement, Valencia est le troisième centre économique du pays, grâce à son industrie (automobile, chimie, métallurgie, meuble, agriculture, tourisme) et à ses infrastructures. Depuis la modernisation de son port de mer dans les années 1980, l'activité portuaire est devenue très importante et, en 2015, ce port occupait la première place en Espagne en trafic de conteneurs, avec 4,6 millions de conteneurs, devançant Algesiras (4,5 millions) et Barcelone[14].
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Valencia est connue également pour ses importantes foires internationales, comme la Foire du Meuble ou celle de l'Automobile, situées dans le plus grand hall d'exposition d'Espagne, la Feria Valencia.
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L'agriculture constitue une part importante de la richesse de la communauté valencienne. Au sud de la ville s'étendent des rizières en bordure de l'Albufera, mais ce sont surtout les orangers et les cultures maraichères qui dominent, grâce à un fort ensoleillement, un climat doux et un système d’irrigation sophistiqué capable de récupérer les eaux de ruissellement ainsi que celles des nappes phréatiques pour alimenter les cultures. On trouve aussi, vers l'intérieur des amandiers, des caroubiers, des oliviers ainsi que des vignobles.
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Valencia comporte des espaces naturels comme le parc naturel de l'Albufera et la Devesa del Saler (pâturage des salines), ainsi que de nombreux parcs, parmi lesquels le Jardin botanique (qui a plus de 200 ans d'ancienneté), les Jardins de Viveros (qui incluent les Jardins de Montroy), les Jardíns de Monforte (es) ou les Jardins du Túria, ancien lit du fleuve Turia, qui fut dévié du centre-ville dans les années 1960 après la dernière crue de 1957, et dans lequel on trouve aujourd'hui de nombreuses infrastructures, comme la Cité des arts et des sciences réalisée par Santiago Calatrava (Ciutat de les Arts i les Ciències en valencien), des installations sportives ou zones de jeux comme le parc Gulliver. La ville comporte également plusieurs musées, dont l'Institut valencien d'art moderne (IVAM).
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La Cité des arts et des sciences s'articule autour de six constructions, dont un jardin ombragé, l'Umbracle, et l'L'Oceanogràfic, un océanarium. Un parc zoologique de 8 hectares, le Bioparc Valencia, prend place dans l'ouest de la ville.
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En outre, la ville de Valencia offre de nombreuses plages agréables, dont celle de la Malva-Rosa.
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Jardins du Túria.
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Vieux pont dans le lit du Túria.
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Un gorille au Bioparc Valencia.
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Le delphinarium de l'Oceanogràfic.
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Lloma Llarga-Terramelar - Empalme
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La ville de Valencia a de nombreuses sections de pistes cyclables (environ 108 km).
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Depuis le 21 juin 2010, la ville est doté d'un système de vélos en libre-service. Mise en place par la municipalité, le service Valenbisi propose environ 2 750 vélos répartis sur 275 stations. Valenbisi est une déclinaison du système Cyclocity du groupe JCDecaux, qui en assure la gestion. Ce service de location de vélos est disponible 24 heures par jour, 365 jours de l'année, tant qu'il n'y a pas d'action qui entrave le bon fonctionnement du service.
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Un aéroport international est situé à environ 8 km à l'ouest de Valencia, sur les territoires des municipalités de Manises et Quart de Poblet. En 2013, il a enregistré le passage de 4 599 990 passagers, ce qui en fait le 10e aéroport espagnol. Il est connecté par métro au centre ville.
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Avec la loi des aéroports en 1927, la création d'un aéroport pour la ville de Valencia est considérée comme urgente et une zone pour hydravions a été installé dans le port de Valence. Cependant, cette alternative a été écartée et il a été décidé de construire l'aéroport à son emplacement actuel, à Manises.
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L'ouverture de l'aéroport s'est produit en mars 1933 et la douane a été déclarée en 1934. Le 1er septembre de la même année, le premier vol régulier entre les villes de Madrid et Valencia est effectué.
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Depuis 2001, une forte augmentation du nombre de visiteurs a été enregistrée, grâce au tourisme qui attirent autour de Valencia et Castellon de la Plana, ainsi que grâce aux compagnies aériennes low cost, qui relient Valencia à beaucoup de destinations. Tout cela signifie que, en 2010, l'aéroport a enregistré un trafic de passagers 4 934 268, soit plus du double du nombre de passagers en 2001, lorsque le volume total des passagers était de 2 301 191.
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En septembre 2008, la deuxième extension de l'aéroport de Manises, qui se trouve à 8 km de la ville de Valencia et est desservi par les bus, le taxi et le métro a été présenté. Cet aéroport peut atteindre la plupart du territoire espagnol, les villes européennes et d'Afrique du Nord. De plus, le 6 juin 2009 a été instauré un vol régulier au John F. Kennedy International Airport à New York, avec 4 vols par semaine. À l'heure actuelle, ils ont entrepris plusieurs travaux tels que les extensions du terminal, l'aviation commerciale de la plate-forme, aire de trafic de l'aviation générale et d'un parking, ainsi qu'une assistance technique pour le contrôle et la surveillance de celui-ci, ainsi que Terminal 2 (T2).
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Dans la ville de Valencia plusieurs fêtes variées existent, certaines connues dans tout le monde et d'autres en revanche ignorées même par quelques habitants de la ville, mais pas pour cela moins importantes ou significatives. Parmi toutes ces fêtes, certaines peuvent se détacher, tant par leur intérêt touristique comme par leur importance pour l'ensemble de la ville.
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Valence connait de nombreuses fêtes. Les voici dans l'ordre chronologique de leur célébration.
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Falla d'une valencienne.
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la cremà (du verbe cremar, brûler).
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Du 15 au 19 mars, les jours et les nuits à Valence deviennent une fête continue. Les fallas sont une fête traditionnelle de la ville et de différents villages de la Communauté valencienne. Elles sont devenues un attrait touristique très important pour toute la ville. Ses origines sont très humbles car elles proviennent de la nuit de San José (Saint Joseph) quand on brûlait les déchets des ateliers de charpenterie. Cependant l'inventivité du peuple valencien a rajouté tous les traits propres à sa culture et son histoire. On remarquera le caractère satirique et polémique que les monuments acquièrent aujourd'hui. À la fin de cette semaine extrêmement festive pendant laquelle d'innombrables pétards et feux d'artifices sont lancés et où la musique et les gens envahissent les rues jour et nuit, tous les monuments sont brûlés pour dire au revoir à la semaine de fête et commencer à préparer celle de l'an prochain. Les Fallas sont devenues la principale fête de la ville de Valence.
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La Cour des Eaux de Valence, également connue sous le nom de Cour de la Véga de Valence, est un tribunal d'irrigation coutumier qui est chargé de régler les différends concernant l'eau d'irrigation entre les agriculteurs des communautés d'irrigation des fossés d'irrigation. Ils font partie de la Vega de Valencia, à l'exception de l'Acequia Real de Moncada. Son origine est totalement inconnue, bien qu'il s'agisse probablement d'une évolution, basée sur les traditions andalouses antérieures, bien que certains historiens tels que José Vicente Gómez Bayarri situent ses origines à l'époque romaine. En septembre 2009, il a été déclaré Patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO.
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Cette cour est formée par un représentant de chacune des Communautés d'Irrigateurs qui font partie de la Vega de Valencia, les soi-disant administrateurs. L'un des administrateurs est le président, qui est élu pour une durée indéterminée. Traditionnellement, les présidents du Tribunal sont alternativement les récepteurs de Favara et de Tormos.
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Tous les jeudis de l'année, le Tribunal se réunit avec ses conseillers dans la loge de la place de la Vierge, mais à 12 heures, le Tribunal est formellement constitué à la Puerta de los Apóstoles de la cathédrale de Valence. C'est alors que le shérif, avec la permission du président, appelle les accusés de chacun des fossés, avec la phrase traditionnelle: "denunciats de la sèquia de...!". Le procès se déroule rapidement, oralement et entièrement en valencien.
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L'histoire de la corrida a commencé à se développer au XVIIe siècle, lorsque la tauromachie a commencé à former la base de ce qui serait plus tard la corrida, considérée comme art et liturgie.
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Au XIXe siècle, la tauromachie a été consolidée comme un art soumis à une série de règles et de règlements. Les toreros deviennent professionnels et commencent à rivaliser avec les picadors, qui jouissent jusqu'à présent d'une plus grande pertinence dans les affiches. Les élevages bovins commencent à prendre de l'importance et les villes offrent de nouveaux espaces stables, comme les arènes de Valence construites entre 1850 et 1860 sur le site d'une ancienne place qui, en raison de problèmes budgétaires, n'a jamais pris fin.
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À Valence, il y a aussi un musée de la tauromachie, fondé en 1929 avec des fonds provenant du don de Luis Moróder Peiró et du torero José Bayard Badila, qui pendant des années a rassemblé un nombre important de matériaux et d'objets de la corrida valencienne du XIXe siècle et début du XXe siècle.
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Il convient de noter que Valence accueille l'un des premiers festivals de tauromachie de l'année, la Foire de San José, 291 dans laquelle se déroule des corridas et rejoneos avec les meilleures affiches de toreros, et la Feria de San Jaime ou Feria de Julio, qui a été créée le 21 juillet 1871 comme une alternative proposée par le Conseil municipal pour attirer les touristes et empêcher les voisins de quitter la ville à cause de la chaleur de l'été valencien.
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Dans la gastronomie traditionnelle de la ville, le fameux régime méditerranéen, l'utilisation du riz, l'huile d'olive, les légumes du jardin et les poissons et crustacés de la côte méditerranéenne sont très présents.
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Le plat le plus international de Valence est la paella (nom du récipient où il est cuit), qui était à l'origine un humble plat cuisiné par les habitants du marais d'Albufera. Ce plan est basé sur le riz, bien qu'il soit complété par des produits de la région, principalement du poulet, du lapin, du canard, des escargots, des légumineuses et des légumes frais. Au fil du temps, plusieurs variantes de la paella sont apparues, comme celle faite avec des fruits de mer, qui ne portent que des légumes, ou celle qui remplace le riz avec des nouilles, les soi-disant fideuá. Tous les types de paellas et de fideuás sont généralement assaisonnés avec du citron et non avec de l'aïoli, comme on le fait habituellement dans les autres plats de riz typiques (arroz a banda ou arroz negro).
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Un autre plat dont la base est le riz est le riz cuit au four, fait dans une casserole d'argile et dans le four, et dont les principaux ingrédients sont les tomates, pois chiches, paprika, différents types de saucisses, pommes de terre, bacon et côtes de porc. Ce plat, bien que n'étant pas bien connu en dehors de la Communauté Valencienne, est l'un des plus traditionnels et populaires de la région.
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Enfin, le reste des plats à base de riz sont l'arroz a banda à base de poisson ; ou le riz noir, une variante du précédent, auquel on ajoute de l'encre de calmar pour obtenir sa couleur noire typique ; le riz à la bette, qui en plus du riz et de la bette, comporte des haricots blancs, des pommes de terre, de la morue séchée et des escargots ; ou riz avec des haricots et des navets, un riz saumâtre plus propice à la saison d'hiver.
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Le all i pebre est une sauce typiquement valencienne utilisée pour cuisiner du poisson. La variante la plus célèbre de ce plat est celle qui utilise les anguilles dans sa préparation, qui a atteint une suprématie totale sur le reste, c'est pourquoi l'habitude est d'appeler le all i pebre, le all i pebre d'anguilles.
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À Valence, il existe aussi une grande tradition de gâteaux et de friandises, qui se distinguent par la variété de biscuits et de gâteaux, comme la coca de llanda (gâteau au pain), la coca de sachi, la coca cristina, la coca de raisins secs et de noix, la mona de Pascua ou le panquemado, bien que la variété de bonbons comprend également les fartones, les beignets, le massepain, les dragées ou les rosquilletas, parmi beaucoup d'autres. Les ingrédients principaux sont presque toujours des amandes, du sucre et du miel, car beaucoup des bonbons qui font partie de la culture gastronomique valencienne sont d'origine andalouse.
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En ce qui concerne les boissons, il est à noter que la chufa orxata (préparée avec de l'eau, du sucre et du chufas) est la boisson traditionnelle de Valence. Une autre boisson typique est la mistela de muscat, un vin de liqueur doux mais de haute qualité (15 % vol.), qui est fabriqué en ajoutant du vinaigre ou du jus de brandy pour interrompre la fermentation. Il faut aussi parler du cocktail qui provient de la ville connue comme l'eau de Valence, dont les ingrédients fondamentaux sont le cava, la liqueur triple sec et le jus d'orange.
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Paella valencienne.
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Orxata de xufa (horchata de chufa en castillan).
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Le 10 avril 1981, le Conseil municipal de Valencia a créé l'organisation autonome Municipal Sports Foundation de Valencia, qui est une entité de droit public de nature institutionnelle. Ce corps est responsable de la gestion de tous les équipements sportifs municipaux, parmi lesquels se distinguent le Palau Velódrom Lluís Puig, le stade d'athlétisme Turia, le Centre municipal de Pelota Valenciana de Masarrochos, le Pavillon Fuente de San Luis, les centres sportifs d'Orriols, Torrefiel, Abastos et Petxina, et les différentes piscines, terrains de football et centres sportifs de chaque quartier.
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Le conseil municipal de Valeniae est le propriétaire d'une autre arène sportive de haut niveau, le Pelayo Trinquete, connu comme la cathédrale Escala i Corda pour être le trinquet le plus renommé de la Communauté, car c'est dans cette mèche que rivalisent habituellement les finales des principales compétitions, comme le Circuit Bancaixa.
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En plus des équipements municipaux publics, Valencia a deux stades de football, le stade Mestalla et le stade de la ville de Valencia, un terrain de golf, ainsi que quelques marinas: d'un côté, le port du yacht club, situé au sud du port de commerce; et d'autre part il y a la Royal Navy Juan Carlos I (connue pendant les America Sailing Cups comme Port America's Cup), située dans le dock intérieur du port de Valence.
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Le Valence Club de Fútbol a été fondé le 18 mars 1919 et joue actuellement dans la première division d'Espagne, disputant des matchs au stade local de Mestalla, qui a une capacité de 55 000 spectateurs. Dans le classement historique de la LFP, le Valence CF occupe la troisième place, derrière le Real Madrid et le FC Barcelone. C'est le cinquième club espagnol au nombre de titres nationaux (14 championnats nationaux), et le troisième au nombre de titres internationaux derrière le Real Madrid et le FC Barcelone (5 titres en compétitions de l'UEFA au niveau des clubs). Le Valence CF est également le troisième club espagnol avec le budget le plus élevé, après le Real Madrid CF et le FC Barcelone, avec plus de 100 millions d'euros. Selon un sondage réalisé par la CEI en mai 2007, le Valence CF est le troisième club de football en Espagne (5,3 %), derrière le Real Madrid CF (32,8 %) et le FC Barcelone (25,7 %), devant l'Athletic Bilbao (5,1 %), l'Atlético de Madrid (4,3 %) et le Betis (3,3 %), sur plus de 800 clubs.
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La ville a également une autre équipe dans la première division de l'Espagne, le Levante Unión Deportiva. En 1909, le Gimnástico et le Levante ont été fondés, coïncidant avec la fondation de la Fédération de football valencienne. Les deux ont été fusionnés en 1939 sous le nom de Unión Deportiva Levante-Gimnástico, rebaptisé enfin Levante UD en 1941. Dans les années 1960, le stade Ciudad de Valencia a été construit, un nouveau stade de 40 000 mètres carrés dans le quartier d'Orriols, derrière l'arrière de San Miguel de los Reyes. Le stade a été inauguré, sous la présidence d'Antonio Román, le 9 septembre 1969, avec un match amical contre Valence CF
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Le Valencia Basket Club joue dans la Ligue ACB, la plus haute compétition du basket espagnol. Fondé en 1986, le club est l'héritier de la section basket du Valencia Club de Fútbol, jusqu'à la chute de l'équipe de football en deuxième division en 1986, moment où le club de basket-ball prend sa propre identité. Il est parrainé par la société Pamesa, donc il était communément connu jusqu'en 2009 sous le nom de Pamesa Valencia. De 2009 à 2011, la société valencienne Power Electronics a sponsorisé l'équipe, recevant ce nom de Power Electronics Valencia Basket Club. L'équipe dispute ses rencontres au pavillon municipal de Fuente de San Luis à Valence, avec une capacité de 9 000 spectateurs, et porte un maillot et un short orange. Sa tenue est un maillot et un short gris à l'extérieur.
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L'autre équipe de basket-ball de la ville est Ros Casares Valencia, l'une des participantes de la ligue féminine de basketball. Cette équipe a été fondée en 1996, en héritant des droits sportifs de Popular Bàsquet Godella, bien que ce ne fut que la saison 1998/1999, lorsque la société Ros Casares a repris l'équipe, et a disparu en 2012. La première fois qu'il a gagné une ligue avec le nom actuel était en 2001, bien que ses meilleurs résultats aient été donnés plusieurs années plus tard, en réalisant un triplet pendant les saisons 2003/04, 2006/07, 2007/08, 2008/09 et 2009/10. C'est un club avec un public nombreux et dévoué, donc en 2009 il a reçu le prix Nostresport pour les meilleurs fans. Il joue également ses matchs dans le pavillon municipal Fuente de San Luis de Valencia.
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Le Real Club Náutico de Valencia a été fondé en 1903, il a donc l'honneur d'être l'un des plus anciens d'Espagne. Actuellement, le club possède l'une des installations nautiques les plus modernes et complètes, avec plus de 400 000 m2 de surface et 1 252 places, qui abritent l'une des meilleures flottes de croisière de la Communauté valencienne. La marina du Club Náutico accueille également d'importantes compétitions au sein du calendrier national, auxquelles assistent les meilleurs navigateurs, tant en croisière qu'en navigation (470, optimist, snipe, etc.). En plus de tous les services du port, le club nautique de Valence dispose d'un siège social très large, d'une piscine olympique, d'une aire de jeux, d'un centre sportif, d'un terrain de pelote et de courts de tennis et de squash.
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À Valence, il y a aussi une équipe d'athlétisme, le Valencia Athletics Club. Cette équipe est née en mai 1924 au sein du Valencia C.F. Au cours de ses plus de 80 ans d'existence, sa projection ainsi que ses succès sportifs ont marqué une étape importante dans l'histoire du sport valencien, national et européen.
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Le club de tennis de Valence a été fondé en 1905 sous le nom de Sporting Club. Ses installations étaient initialement situées dans l'Alameda et disposaient de deux courts de tennis. Ce Sporting était l'un des clubs qui ont formé l'Association Lawn-Tennis de Barcelone, un regroupement de Clubs qui a donné naissance à l'actuelle Fédération Royale de Tennis Espagnole.
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Le Real Aeroclub Valencia est né en juillet 1931, bien qu'il ait ses origines dans l'Exposition Régionale de Valence en 1909, et dans les festivals aériens successifs qui ont eu lieu à Valence tout au long de ces années. Il a actuellement son siège social dans une parcelle située dans la zone industrielle de la tête de la piste 22 de l'aéroport de Manises, qui se compose d'un hangar de 1 500 m2 au rez-de-chaussée et de bureaux, salles de classe, de même surface.
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En 2019, une équipe de rugby à XIII est créée dans la Province : celle des Valencia Huracanes. Elle dispute le championnat espagnol en 2020, et ambitionne, en 2021, de disputer le championnat britannique de troisième division[15],[16],[17].
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Jusqu'à quatre équipes de la ville ont concouru dans la Division d'Honneur de la Ligue Espagnole de Rugby: le Tatami Rugby Club, le CAU Valencia, le Rugby Club Les Abelles et le Rugby Club Valencia, ce dernier ayant remporté le championnat ligue nationale en 1983.
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En 2011, Valence a été la capitale européenne du sport, un prix décerné par l'Association des capitales européennes du sport. En outre, dans la ville de Valence, plusieurs championnats sportifs et des tournois de premier ordre mondial ont lieu, ou ont eu lieu. L'un des plus importants est le Grand Prix Européen de Formule 1, qui a eu lieu au circuit urbain de Valence de 2008 à 2011. Le circuit urbain de Valence traverse le quai intérieur du port, puis se dirige vers le Grao et le quartier de Nazareth. Au cours des années 2008 et 2009, le Grand Prix a été célébré au mois d'août, mais en raison des températures élevées qui ont été atteintes, il a été décidé qu'à partir de 2010, il était célébré au mois de juin.
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Un autre évènement sportif de premier ordre est le Grand Prix d'Espagne du Global Champions Tour d'équitation, qui s'est déroulé de 2009 à 2011. Ce GP est un test du circuit équestre international le plus prestigieux au monde, qui est composé de plusieurs compétitions internationales de sauts de catégorie supérieure. Ce tournoi est composé de dix grands prix, qui se déroulent dans dix villes différentes, telles que Hambourg, Monte-Carlo, Rio de Janeiro, etc. Le concours a eu lieu à la Cité des Arts et des Sciences, dans la zone du Musée des Sciences Principe Felipe.
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Le Valencia Open 500, qui a succédé à l'Open de tennis valencien, mérite d'être souligné. Il est l'un des 3 tournois ATP organisés en Espagne avec le Madrid Masters et le Conde de Godó de Barcelona. Ce tournoi a été joué sur terre battue dans les locaux du Tennis Club de Valence de 2002 à 2008, lorsque le tournoi a été amélioré avec la restructuration du calendrier ATP, devenant l'un des ATP Open 500. Lors du changement de catégorie, le tournoi s'est déplacé à l'Agora de la Cité des Arts et des Sciences, où le tournoi commencé à se jouer sur un terrain dur.
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Par le passé, la ville a également accueilli d'autres événements sportifs majeurs, tels que les XIIèmes Championnats du Monde de cyclisme sur piste, qui se sont déroulés du 7 au 9 mars 2008 au Palais du Vélodrome Luis Puig. Cette nomination a été couronnée de succès puisque le record de pays et d'athlètes participant à un championnat du monde sur piste intérieure a été pulvérisé.
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De la même manière, Valence a également accueilli les IIIes Jeux européens de policiers et de pompiers, qui ont duré du 7 au 13 juin 2010.
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En raison de l'importance du stade Mestalla, la ville a également accueilli plusieurs matches des principaux tournois de football, puisque le stade Mestalla a été choisi comme siège de l'équipe nationale espagnole pour les matches de la première phase de La Coupe du Monde de Football de 1982 et les Jeux Olympiques de Barcelone de 1992. De même, Mestalla a également accueilli plusieurs finales de Copa del Rey, notamment dans les éditions 1928-1929, 1935-1936, 1989-1990, 1992-1993, 1997-1998, 1999-2000, 2008-2009, 2010-11321 et 2013-2014.
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À Valence, deux éditions de la Coupe de l'América ont été organisées, mieux connues sous le nom de America's Cup, le plus ancien trophée sportif du monde, avec 152 ans d'histoire et qui réunit l'excellence du monde de la voile. La première édition de l'America's Cup qui s'est déroulée dans les eaux valenciennes a été l'édition numéro 32 et a eu lieu en 2007, tandis que la deuxième édition a été tenue en 2010.
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Avec Valence, Gênes et Marseille étaient les autres candidats à accueillir l'événement, mais finalement le jury a choisi Valence, en raison de ses conditions climatiques et géographiques. L'élection de la ville était due au fait que le vainqueur de la 31e édition de cette compétition était la Société nautique de Genève, c'est-à-dire le représentant d'un pays sans mer, donc il devait trouver le siège dans un pays tiers.
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Entre les années 2004 et 2007 et grâce aux régates de la Coupe Louis Vuitton, dans les eaux du port de Valence se sont affrontées les meilleures équipes du monde de la voile, parmi lesquelles Emirates Team New Zealand, le vainqueur qui a affronté en finale Alinghi. Finalement Alinghi a remporté pour la deuxième fois consécutive la Copa America dans la septième course, tenue le 3 juillet, imposant pour une seconde le difficile Néo-Zélandais dans ce qui était sa cinquième et dernière victoire de la série, au bout de neuf courses.
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Puisque le vainqueur était une fois de plus la Société Nautique de Genève, les vainqueurs de la 32e America's Cup ont annoncé le 25 juillet 2007 que Valence accueillera de nouveau la prochaine édition en 2009. Cependant, en raison du processus de 2008, le contrat signé par le responsable de l'entité publique avec l'équipe Alinghi a été annulé bilatéralement. Finalement, après la décision du tribunal, Valence est revenue pour accueillir cette compétition, qui était prévue pour le meilleur des trois tests.
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Les essais devaient débuter le 8 février 2010, mais les 8 février et le 10 février, le départ n'a pas pu être donnée car le vent était lâche et variable le 8, et le 10 les vagues ont dépassé 2 mètres de hauteur. Le 12, la première régate qui a remporté les "USA 17" de l'équipe BMW Oracle Racing a été jouée. Ce n'était pas une course trop disputée parce que les Américains ont gagné plus de quinze minutes d'avantage. Le même jour, le même scénario a été répété. Bien que le "Alinghi 5" soit resté en tête pendant une grande partie du premier tour, le "USA 17", utilisant sa vitesse plus élevée et une meilleure stratégie, s'est mis en avant et a dépassé en plus de cinq minutes l'union suisse dans la ligne de arrivée. La Coupe de l'America est revenue aux États-Unis 15 ans plus tard.
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En plus de tous les évènements professionnels, la ville de Valence célèbre plusieurs évènements sportifs de caractère «populaire» tout au long de l'année, comme la Journée de la Pelote de Valence, qui a lieu place de la mairie, en septembre depuis 1992. Cet évènement se compose de différents actes tout au long de la matinée, le point culminant étant le duel entre l'équipe valencienne avec une autre sélection internationale.
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Le Triathlon de Valence est également une vieille tradition dans la ville, puisque la Communauté de Valence est un pionnier dans ce sport et est 2e en nombre de licences au niveau national (l'Espagne compte 20 000 fédérés, bien qu'on estime que le nombre de fans est beaucoup plus grand). Le Triathlon de Valence est un festival sportif, un évènement de haute qualité pour tous ses participants, qui consiste en trois épreuves : courir à travers la Cité des Arts et des Sciences ; nager dans le bassin de la Royal Navy Juan Carlos I ; et enfin, faire du vélo à travers le circuit de Formule 1. À Valence, comme dans d'autres villes, un San Silvestre Popular est célébré chaque 30 décembre, auquel participent des centaines d'athlètes déguisés.
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Le populaire marathon de Valence, organisé depuis 1981 par la Correcaminos Sports Society, est également important, avec la collaboration de la Municipal Sports Foundation et de nombreuses autres entités organisatrices. Ce qui a commencé avec la première édition au début des années 1980, avec quelques athlètes évitant la circulation, est devenu un évènement sportif de haut niveau, dont l'organisation implique plus de 1 600 personnes, pour servir près de 4 000 participants. Alors que le semi-marathon de Valence, de 21 097,50 mètres de long, est également une vieille tradition. Cette course est également organisée par la Correcaminos Sports Society, depuis 1990, et son circuit, qui circule sur l'asphalte de la ville, a été approuvée par la Fédération Royale Espagnole d'Athlétisme.
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Enfin, nous devons souligner le Festival de l'air de la ville de Valencia, qui a eu lieu de 2003 à 2009 à la plage de Malvarrosa. Dans ce festival, des avions de toute l'Espagne, des internationaux et de l'Air Force ont participé, rassemblant une foule de fans et de spectateurs pour voir les acrobaties des champions acrobatiques d'Espagne, l'Eagle Patrol et les combattants de l'armée de l'air espagnole, qui ont été rejoints par des parachutistes, des avions de l'aéroclub de Valence, et le CRJ- 200 d'Air Nostrum, ainsi que des avions classiques et historiques appartenant à la Fondation Air de la Communauté Valencienne.
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La ville de Valence a plusieurs interconnexions de qualité avec certaines villes du monde entier, grâce à ces collaborations officielles de différents secteurs, notamment de l'automobile qui est une longue tradition dans la ville, puisque la Communauté de Valence est un pionnier dans ce sport et 2e en nombre de licences au niveau national (l'Espagne a des projets spécifiques pour augmenter et profiter de la présence de Valence à l'étranger, et améliorer l'image de la ville et son développement). Presque tous les jumelages que la ville de Valence a réalisés se situent essentiellement entre les années 1977 et 1984. Durant ces années, les actions nécessaires ont été prises pour atteindre le jumelage avec les villes suivantes :
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Ces dernières années, plusieurs collaborations et contacts ont été développés à Valence avec des villes comme Santa Catarina do Fogo (Cap-Vert), Valparaiso et Santiago (Chili), District d'Indépendance (Pérou), Albuquerque, Miami et Chicago (États-Unis), Rome, Parme, Palerme et Rapallo (Italie), Ivano-Frankivsk (Ukraine), Mexico (Mexique), Paris (France), Bonn et Berlin (Allemagne) et Popayán (Colombie), entre autres, ainsi que Hangzhou (Chine). En mai 2017, un accord de jumelage a été signé avec la ville chinoise de Chengdu dans la province du Sichuan, le premier depuis 1990.
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Valence accueille un grand nombre de consulats, des pays avec lesquels il y a beaucoup de relations commerciales, où dont sont originaires beaucoup d'immigrants dans la région :
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Un aéroport est l'ensemble des bâtiments et des installations qui servent au traitement des passagers ou du fret aérien situés sur un aérodrome. Le bâtiment principal est, généralement, l'aérogare par où transitent les passagers (ou le fret) entre les moyens de transport au sol et les avions.
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Un aéroport est un ensemble d'infrastructures destinées au trafic aérien commercial de passagers ou de fret ainsi qu'à toutes les activités commerciales et administratives (vente de billets, douane, etc.) qui s'y rattachent.
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L'aéroport est implanté sur un aérodrome dont il partage parfois les infrastructures avec d'autres utilisateurs militaires (base aérienne) ou civils (aviation générale). Toutefois les plus grands aéroports sont souvent à l'usage exclusif ou quasi-exclusif du transport aérien commercial et le terme « aéroport » désigne alors l'ensemble des installations.
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Le bâtiment principal de l'aéroport est l'aérogare. Pour le passager aérien, l'aérogare est l'interface entre les transports terrestres individuels ou collectifs et les avions ; c'est le lieu où il accomplit les formalités d'enregistrement auprès de la compagnie aérienne ainsi que les éventuelles formalités de police ou de douane. Les plus grands aéroports utilisent plusieurs aérogares qui donnent, elles-mêmes, accès à plusieurs jetées voire à des bâtiments totalement séparés où sont stationnés les avions. Les appellations en français de ces bâtiments ne sont pas standardisées : le terme aérogare est plutôt attaché au bâtiment desservi par les transports terrestres, le terme terminal aux bâtiments donnant accès aux avions. La terminologie anglaise est présente dans la plupart des aéroports en plus de la langue locale : l'équivalent de l'aérogare est le terminal, celui du terminal est concourse.
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Certains aéroports sont utilisés par une compagnie aérienne comme plateforme de correspondance. Une partie notable des passagers utilise alors l'aéroport pour changer d'avion. La configuration des terminaux et des installations destinées au traitement des bagages doit prendre en compte ce cas particulier.
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Un héliport est un aéroport ou une partie de l'aéroport destiné exclusivement au trafic des hélicoptères.
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Un hydroaéroport est bâti près d'un plan d'eau et destiné aux hydravions.
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Un adaport (terme québécois) est un aéroport généralement situé au cœur d'une zone urbanisée et destiné aux avions à décollage court.
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Les aéroports internationaux admettent les vols en provenance et à destination d'autres pays. Une partie de l'aérogare ou une aérogare séparée est alors dévolue aux formalités d'entrée ou sortie du territoire et aux opérations de douane.
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Les aéroports nationaux accueillent les vols intérieurs à un pays ou à une union douanière.
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Un aéroport peut héberger une compagnie aérienne qui s'en sert comme plateforme de correspondance. Les terminaux doivent alors être aménagés pour faciliter le transit entre les portes d'embarquement ainsi que le déchargement des bagages et leur réorientation dans un délai de l'ordre de l'heure.
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Les aéroports régionaux sont généralement plus petits et servent d'aéroport d'appoint aux aéroports nationaux et internationaux.
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Certains aéroports se spécialisent dans l'accueil du trafic des compagnies à bas coût ou disposent d'une aérogare spécifique à ce trafic.
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Quelques aéroports sont exclusivement dédiés au trafic du fret mais une partie importante de ce trafic provient du transport de fret en soute des avions de transport de passagers.
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Toutefois la majorité des aéroports accueille généralement tous les types de trafic commerciaux et on ne les distingue que par la primauté de l'une des activités.
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Singapour est une cité-état et toutes les destinations desservies à partir de son aéroport (à gauche sur la photo) sont internationales
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Le trafic national de certains des grands aéroports aux États-Unis est largement prépondérant : 98 % des 60 millions de passagers à Denver.
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L'aérogare dédiée aux passagers des compagnies à bas coûts est clairement identifiée à l'aéroport de Singapour.
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L'aérogare de l'aéroport de Paris-Beauvais est entièrement dédiée aux passagers des compagnies à bas coûts
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Les statistiques de trafic permettent de classer les aéroports en fonction de leur trafic passagers, trafic fret ou du nombre de mouvements.
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On peut noter qu'en France[1], et probablement dans de nombreux pays voire à l'échelle mondiale, la loi de Pareto est vérifiée. Ainsi les deux grands aéroports parisiens représentent à eux seuls plus de 50 % du trafic, quel que soit le critère retenu, et les 9 premiers aéroports (sur 42) représentent plus de 80 % du trafic. Il en résulte que 80 % des aéroports français sont des petits aéroports, voire très petits qui se partagent les 20 % restants du trafic.
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Il existe une corrélation entre le trafic d'un aéroport et le nombre de mouvements. En France, toutefois, on note sur les 15 dernières années (2000-2015) une augmentation du trafic et une baisse des mouvements. Cette tendance est due à l'augmentation de la taille des avions et à un meilleur taux de remplissage.
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Les avions utilisant un aéroport n'ont pas tous les mêmes performances de maniabilité à basse vitesse. Le classement en trois catégories selon ce critère dépend à la fois du type d'avion et des caractéristiques de la piste et de son circuit d'approche.
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Les infrastructures nécessaires au transport aérien de passagers ou de fret sont celles que l'on trouve sur un aérodrome auxquelles s'ajoutent le terminal aéroportuaire permettant au passager aérien ou au fret de transiter entre les transports au sol et les avions.
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La grande majorité des aérodromes sont conçus pour l'aviation de loisirs, sportive ou d'affaires. Le transport aérien de passagers ou de fret utilise des avions de ligne généralement plus lourds et plus rapides et la fréquence des mouvements (atterrissage ou décollage) dépasse la centaine par heure dans les créneaux les plus chargés. Il en résulte que les infrastructures doivent être adaptées en taille, nombre et efficacité pour répondre à la demande.
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Les aéroports doivent pouvoir être accessibles de nuit ou lorsque les conditions météorologiques sont défavorables. Le balisage de l'approche finale et celui de la piste sont alors primordiaux. Certaines compagnies aériennes imposent l'utilisation de l'ILS même en conditions de vol à vue et la piste doit être équipée en conséquence.
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Les avions de lignes sont moins sensibles aux vents de travers : la vitesse d'atterrissage étant trois à quatre fois plus élevée que celle d'un avion léger, l'angle formé entre l'axe de l'avion et la trajectoire au sol, pour un vent de travers donné, est plus faible. Il en résulte que beaucoup de nouveaux aéroports n'ont qu'une seule orientation de piste. Les aéroports construits avant l'ère des avions de ligne à réaction conservent toutefois des orientations multiples.
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En 1955, l'aéroport comporte des pistes avec 3 × 2 orientations différentes permettant l'atterrissage des multimoteurs à hélices
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En 2017 l'aéroport ne comporte plus que deux pistes rallongées pour accueillir les avions de ligne à réaction.
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Lorsque le trafic est important l'utilisation d'une seule piste peut être insuffisante. Les plus grands aéroports disposent alors de deux, voire trois ou quatre, pistes parallèles. L'utilisation simultanée de pistes qui se croisent est possible mais doit faire l'objet de procédures précises. Dans le cas où plusieurs pistes sont utilisables il est courant d'en affecter une à l'atterrissage et l'autre au décollage. Toutefois un avion à l'atterrissage peut être amené à effectuer une remise de gaz ce qui impose de maintenir une séparation dans le temps.
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La capacité d'une piste d'aéroport dépend du temps passé par chaque avion sur la piste mais aussi de la distance à respecter entre deux avions pour éviter les courants tourbillonnaires, la turbulence de sillage, générés par l'avion de tête.
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L'identification des pistes est identique à celle des aérodromes : le chiffre représente l'orientation magnétique de la piste. Dans le cas de pistes parallèles on ajoute la lettre L pour la piste gauche (left) et R pour la piste de droite (right). La piste centrale est notée C (center). Pour deux paires de pistes parallèles on ajoute ou on retranche 1 au chiffre normal bien que les pistes aient toutes la même orientation.
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La largeur, les rayons de virage et les matériaux de couverture doivent être adaptés aux dimensions et au poids des avions de ligne utilisant la plateforme.
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Lorsque le trafic est important et le nombre de pistes élevé, il devient nécessaire de créer un véritable réseau de voies de circulation et des sens uniques afin d'éviter au maximum le croisement des avions et a fortiori les croisements entre voies de circulation et pistes.
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Afin d'augmenter la capacité des pistes, les aéroports à fort trafic créent des voies de sortie rapides permettant aux avions à l'atterrissage de quitter la piste dès que leur vitesse est réduite et contrôlée sans attendre l'arrêt complet.
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Les aires de stationnement, ou parkings (parfois encore appelés tarmacs) sont les parties de l'aéroport où s'effectuent les opérations d'embarquement et de débarquement des passagers, chargement et déchargement des soutes à bagages et à fret ainsi que l'avitaillement des avions (remplissage des réservoirs de carburant, évacuation des déchets et approvisionnement des consommables de bord).
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Sur les petits aéroports les aires de stationnement sont situées au plus près de l'aérogare et les passagers marchent jusqu'à l'avion. Les surfaces nécessaires au garage d'un avion sont de l'ordre de 1 000 m2 pour un avion de ligne biréacteur et atteignent 6 000 m2 pour les plus gros quadriréacteurs, auxquelles s'ajoutent les espaces nécessaires aux manœuvres et au roulage. Pour des raisons de sécurité et de confort, les passagers sont alors acheminés par autobus jusqu'à un escalier permettant l'accès à la cabine. À fortiori, cette méthode est utilisée lorsque les contraintes d'espace obligent à déporter les aires de stationnement à distance de l'aérogare. Pour encore plus de confort les plus grands aéroports ont construit des jetées à partir de l'aérogare, voire des terminaux détachés, permettant le stationnement des avions près de la porte et l'accès par une passerelle télescopique et orientable.
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Le contrôle d'aérodrome est le service qui, sur certains aérodromes, gère la circulation des avions dans l'espace proche des pistes d'atterrissage, essentiellement les trajectoires d'approche et de départ, et au sol. La précision de l'identification, de la localisation et de la mesure des vitesses au sol est encore (2017) insuffisante pour permettre de s'affranchir totalement d'une surveillance visuelle de la plateforme. La tour de contrôle est un bâtiment qui abrite les contrôleurs aériens et les écrans liés au radar de contrôle, une salle vitrée située en hauteur plutôt dédiée à la surveillance du trafic au sol et l'antenne radar située sur le toit.
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Le contrôle d'aérodrome définit la piste en service et gère le balisage lumineux en fonction des conditions météorologiques et de visibilité.
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Sur d'autres aérodromes, c'est un service d'information de vol d'aérodrome (AFIS) qui est rendu. Les agents AFIS ne sont pas habilités à donner des instructions aux pilotes, mais seulement à leur transmettre des informations pour faciliter leurs manœuvres, qui sont effectuées sous leur entière responsabilité.
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L'aérogare est un bâtiment d'interface entre les transports terrestres privés ou publics utilisés par le passager aérien et l'avion. Côté externe on trouvera des voies routières d'accès permettant l'arrêt et la dépose de passagers arrivant en voiture ou en bus et éventuellement une gare, une station de métro ou de tramway, Côté interne on trouvera des portes d'embarquement donnant accès aux avions soit directement par passerelle soit par l’intermédiaire de bus ou à pied. Dans les plus grands aéroports certaines portes d'embarquement peuvent être situées dans un bâtiment séparé, le terminal. La liaison entre l'aéroport et les terminaux est généralement effectuée en souterrain par un tapis roulant ou un métro léger.
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En raison des menaces pour la sécurité des transports aériens la grande majorité des aérogares sont séparées en deux zones distinctes. Les installations des compagnies aériennes permettant la vente des billets et l'enregistrement des passagers et de leurs bagages sont situées dans la zone externe accessible au public ; les portes d'embarquement sont situées dans la zone interne et ne sont accessibles qu'aux passagers enregistrés. Dans le cas d'un aéroport international une partie de la deuxième zone pourra être sous douane et accessible uniquement aux passagers des vols internationaux. L'accès aux zones internes nécessite le passage par les contrôles de police et de sûreté au départ et le contrôle éventuel de la douane à l'arrivée.
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L'aérogare et les terminaux mettent à disposition des passagers des salles et salons d'attente et souvent des boutiques et services de restauration. Dans la zone sous douane on pourra souvent trouver des boutiques assurant la vente hors-taxe.
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À l'arrivée le passager international récupère ses bagages de soute en zone sous douane et passe par un contrôle de police et de douane avant l'accès à la zone externe. Pour les vols nationaux la récupération des bagages est généralement assurée dans la zone externe à laquelle le passager accède par passage direct à sa sortie de l'avion.
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L'histoire du transport aérien de passagers et de fret inclut celle des compagnies aériennes, des avions de ligne et des aéroports. La transformation des infrastructures aéroportuaires est la conséquence des évolutions du transport aérien et en particulier :
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Les premiers aéroports, au sens strict du terme, ont été mis en service dans plusieurs villes d'Allemagne dès 1910 par la compagnie Delag, opératrice des dirigeables Zeppelin. En quatre années, jusqu'à la Première guerre mondiale, elle a effectué 1 600 vols et transporté 34 000 passagers.
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À la suite de la Première Guerre mondiale, l'Europe, celle de l'Ouest en particulier, s'est trouvée pourvue d'un grand nombre d'aérodromes qui avaient servi de base aux milliers d'avions utilisés pendant le conflit. Leur utilisation ou leur transformation en aéroport était relativement aisée puisqu'il suffisait de construire quelques locaux sur une prairie d'une vingtaine d'hectares afin d'accueillir les premiers services commerciaux réguliers et, en premier lieu, le courrier aérien. Certains de ces aéroports étaient aussi indispensables en tant qu'escales techniques car la distance franchissable de la plupart des avions était inférieure à 250 - 300 km.
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En même temps les grandes capitales europ��ennes se dotent d'installations plus importantes. Dès 1919 le premier service aérien entre Paris et Londres est créé à partir des aéroports du Bourget et de Hounslow, deux bases aériennes rapidement adaptées pour des vols commerciaux. D'autres aéroports sont construits en Europe tel que Croydon (1920) près de Londres au Royaume-Uni, probablement le premier doté d'un service de contrôle aérien par radio ; Bromma (1936) près de Stockholm en Suède, le premier d'Europe à être équipé d'une piste en dur ; Tempelhof (1938) près de Berlin en Allemagne accueille une aérogare monumentale dont la canopée peut abriter les avions et leurs passagers pendant l'embarquement.
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+
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Au cours des années 1930 plusieurs villes d'Europe situées à proximité d'étendues d'eau comme Copenhague au Danemark, Rome, Venise et Gênes en Italie, Barcelone en Espagne ou Lisbonne au Portugal ont pu s'équiper d'hydroaéroports et développer des services utilisant des hydravions. Cette solution ne nécessite pas de pistes et les aérogares sont construites dans les ports.
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98 |
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Aux États-Unis l'aéroport de Newark, près de New-York, est inauguré en 1928 et se vante d'une piste de 488 m de long, la première au monde à être construite en dur. Au cours de l'année 1930, il traite 20 000 passagers, un nombre considérable pour l'époque. L'expansion de la ville et du trafic entraîne la création de l'aéroport de La Guardia en 1939 puis celui d'Idlewild (qui deviendra JFK) en 1948.
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Les premiers aéroports ont été établis à proximité des villes desservies et parfois attenant à une étendue d'eau afin de permettre l'accès aux hydravions utilisés dans les années 1930-40. Les planificateurs ont rarement prévu l'expansion du trafic et surtout l'apparition de l'avion à réaction. La croissance de la ville a souvent cerné l'aéroport gênant ou empêchant l’allongement des pistes ce qui a entraîné sa reconversion en aéroport régional, en aérodrome réservé à l'aviation d'affaire ou à l'utilisation du site pour d'autres activités. Les aéroports situés près de plans d'eau ont pu allonger certaines pistes sur remblai.
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Les aéroports les plus récents sont souvent implantés plus loin des villes et prévoient l'espace nécessaire à la construction de terminaux ou de pistes supplémentaires. Dans quelques cas l'aéroport a pu être installé sur une île artificielle.
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L'aéroport de Midway à Chicago est particulièrement remarquable : construit, comme une partie des banlieues, dans un lotissement de 1 × 1 mile (2,6 km2) les deux plus grandes pistes situées sur les diagonales font moins de 2000 m (photo ci-dessous) et son extension s'est révélée impossible.
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Le nouvel aéroport de Denver couvre une surface de 136 km2, soit 50 fois plus, et prévoit l'espace nécessaire pour des pistes et terminaux supplémentaires.
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L'aéroport de Nice a pu être agrandi et une nouvelle piste construite sur un remblai. Les pistes de l'aéroport de Sydney ont été prolongées sur la baie.
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L'aéroport de Kansai est entièrement construit sur une île artificielle.
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Aéroport de Chicago-Midway. Cerné par la ville, il reste en opération pour les compagnies à bas coût.
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Aéroport de Denver. (En 2017) la plus grande emprise des États-Unis.
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Aéroport de Nice-Côte d'Azur. Deuxième piste construite sur remblai.
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Aéroport de Sydney. Pistes prolongées sur remblai
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L'aéroport de Kansai est construit sur une île artificielle
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Les aéroports les plus importants au milieu du XXe siècle ont un réseau de pistes en triangle et une aérogare située au centre. Ce plan initial reste visible sur la photo de l'aéroport d'Heathrow de 1955 (cf. ci-dessus) ou sur les aéroports de Chicago ou New-York. Cette disposition a l'inconvénient de limiter l'extension de l'aérogare et des terminaux associés.
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Les aéroports construits vers la fin du XXe siècle ont un réseau de pistes en parallèles. Deux solutions principales sont utilisées : plusieurs aérogares parallèles aux pistes ou une seule aérogare et des terminaux perpendiculaires.
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Atlanta : Aérogare et terminaux en échelon
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Dallas : Aérogares multiples
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Au cours du temps, les aéroports ont connu différentes fonctions et différentes formes. De nos jours, les aéroports sont composés de plusieurs bâtiments et installations nécessaires à son bon fonctionnement. Cela n’a pas toujours été le cas. L’évolution des aéroports a été dictée par certains besoins et par certaines technologies. Les changements les plus notables concernent les aspects suivants: le design, le terminal et la sécurité[2].
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Les premiers aéroports n’étaient que de simples structures temporaires composées de tentes et de marquages au sol. En effet, un terrain plat dénué d’obstacles suffisait comme piste d’atterrissage. Ces aéroports pionniers étaient implantés dans de larges champs[3].
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Ce n’est que peu avant la Seconde Guerre mondiale que les aéroports se sont démarqués de cette image. Dans les années 1920, aux États-Unis, l’armée américaine ainsi que l’Office de Poste national souhaitaient faire de l’aviation quelque chose d’utile[4]. Le projet de concevoir un réseau national est rapidement né. L’idée était de pouvoir transporter des cargaisons et/ou des passagers par avion. Le développement de l’aviation commerciale a engendré des besoins techniques tels que des bâtiments spécialisés (hangar, terminal, tour de contrôle, etc.) et technologiques tels que des systèmes pour améliorer la sûreté des vols (lumières, radar, etc.). C’est ainsi qu’une surface dure et plate pour les pistes d’atterrissage est devenue nécessaire au bon fonctionnement de l’aéroport. Les pistes en bitume ont effectivement été conçues pour faciliter et rendre plus sûrs le décollage et l’atterrissage[5]. Les premiers hangars ont également été construits afin de faciliter le service technique des avions au sol[6]. La création du terminal s’est avérée essentielle pour créer une interface entre les passagers et l’avion. Les différents accès aux pistes ont été développés, notamment les voies de circulation au sol pour permettre des interventions rapides du service du feu spécialisé. C’est dans les années 1960 que les aéroports ont pris cette forme. Par la suite, l’entourage des aéroports a également été aménagé avec des hôtels, des espaces de parkings pour les voitures ou encore des bureaux pour les autorités de l’aéroport par exemple.
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Vers la fin du siècle, les aéroports sont devenus des systèmes très spécifiques et plus uniquement de simples « gares ». En effet, face à la demande, les aéroports ont évolué pour devenir des entités remplissant plusieurs fonctions: commerciale, sociale, sécurité, etc.[7].
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Les enjeux pour l’architecture des aéroports de nos jours sont provoqués par la demande en constante augmentation. Effectivement, de plus en plus de gens voyagent par avion. Pour répondre à cette demande, des avions avec une capacité de personnes plus élevée ont été conçus et pourraient être conçus dans le futur[8]. Ceci peut engendrer des adaptations importantes dans les aéroports. En effet, il est nécessaire de réviser la longueur et la largeur des pistes, des accotements de pistes et des voies de circulation au sol[9]. Il faut également améliorer la résistance du bitume puisque ces avions sont plus lourds. Enfin, il faut équiper les terminaux de portes et de pont d’accès spécialisés[10].
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À son apparition, le terminal avait pour but de simplement offrir un couvert aux passagers. Il était composé d’un petit bureau et d’une salle d’attente[6]. La demande augmentant, le terminal a grandi petit à petit. Les architectures sont devenues de plus en plus complexes. Différents services ont été ajoutés au terminal. Effectivement, les infrastructures nécessaires aux contrôles de sécurité ont été ajoutées au bâtiment. Le service de gestion des bagages a également vu le jour. Puis, sont arrivés les différents commerces.
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Avant d’être rattachée au terminal, la tour de contrôle était un bâtiment isolé. Au début, sa fonction était de transmettre des informations sur le vent et sur les conditions météorologiques aux avions. Elle faisait également office de balise lumineuse[6].
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Par la suite, grâce aux avancées technologiques sur les radars, la tour de contrôle permis de guider les pilotes et de sécuriser la synchronisation des décollages et atterrissages. Ces avancées ont également rendu possibles les atterrissages dans de mauvaises conditions météorologiques[11].
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Pendant les années 1974 un système, qui s’appelle indicateur de pente d'approche (PAPI), a été inventé pour faciliter l’atterrissage des avions. Ce système aide à bien poser l’avion respectivement sur un axe vertical pendant l’atterrissage et ceci, en utilisant des lampes à côté des pistes des aéroports avec des couleurs différentes. Chaque combinaison de couleurs donne des instructions différentes aux pilotes en ce qui concerne l’altitude de l’avion[12].
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Plus précisément, cela consiste en quatre lampes sur les deux côtés de la piste qui émettent une lumière blanche ou rouge. C’est seulement quand les pilotes aperçoivent deux lumières rouges et blanches qu’ils savent qu’ils ont la bonne inclinaison et hauteur. Les quatre autres combinaisons indiquent que l’avion est soit trop haut soit trop bas[13].
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Selon un rapport de l’Association internationale des gestionnaires d’aéroports (ACI) de 2017, 41 % des passagers aériens dans le monde passent par des aéroports totalement ou partiellement privatisés, tandis que 86 % des aéroports mondiaux sont encore publics[14]. Selon le même rapport, 46 des 100 plus gros aéroports mondiaux sont aux mains de sociétés privées ou de partenariats public-privés[14]. C’est en Amérique du Nord que la part du trafic passager transitant par des aéroports privés est alors la plus faible (1 %), et c’est en Europe qu’elle est la plus élevée (75 %)[14]. Selon l'ACI, le nombre d'aéroports privatisés devrait continuer à augmenter, les États et les collectivités locales étant de moins en moins enclins à financer seuls les investissements nécessaires au développement prévu du trafic aérien[14].
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En France, la loi Aéroports du 20 avril 2005 a organisé les aérodromes français en trois catégories[15] :
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La sécurité vise à éviter les accidents susceptibles de causer des préjudices aux biens et aux personnes. C'est une préoccupation primordiale en ce qui concerne les aéroports. C'est pourquoi plusieurs systèmes et méthodes ont été conçus.
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La sécurité est ainsi prise en compte dès la conception d'un aéroport, lors de l'aménagement des infrastructures aéroportuaires (pistes, voies de circulation, aires de stationnement), en s'appuyant sur les normes internationales et les recommandations de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
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Par ailleurs, afin de répondre aux normes de l'OACI, chaque aéroport possède un service de sauvetage et de lutte contre l'incendie des aéronefs (SSLIA), qui dispose de véhicules de lutte contre l'incendie spécifiques aux aéroports mis en œuvre par des pompiers d'aérodrome. En particulier, l'objectif opérationnel de ce service est d'obtenir un délai maximum de trois minutes entre une alerte et l'arrivée des premiers engins pour une intervention en tout point d'une piste.
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Enfin, outre les mesures mises en place pour limiter le risque de collision avec un autre véhicule roulant ou une personne, des mesures particulières peuvent être mises en œuvre sur les aéroports et à leur voisinage afin de limiter les risques de collision avec un obstacle (interdiction ou balisage d'obstacle) ou avec un animal — oiseau ou mammifère — par la mise en place d'un service chargé d'assurer la prévention du péril animalier. Des dispositifs d'effarouchement antiaviaire (notamment des enregistrements de cris de détresse à fréquence variable aléatoire afin que les oiseaux ne s'y accoutument pas) ont permis, selon la DGAC, de diminuer de 80 % le nombre de collisions en France[17].
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Dans plusieurs aéroports du Canada, de Scandinavie ou de Russie notamment, sont utilisés en hiver des appareils de dégivrage des avions. Dans les pays au climat plus tempéré, seuls des engins permettant de déblayer et saler les pistes enneigées l'hiver sont présents. Cela permet de maintenir à son rythme habituel le trafic aérien en respectant les normes sécuritaires.
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La sûreté vise à éviter les actions volontaires susceptibles de causer des préjudices aux biens et aux personnes. Les mesures de sûreté sont particulièrement importantes dans les aéroports. Elles incluent le contrôle des passagers et de leurs bagages au moment de l'enregistrement et de l'embarquement mais aussi la surveillance des mouvements dans les terminaux et sur les pistes, aux abords des avions, etc.
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Pour assurer la sûreté, on peut trouver :
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Elle concerne aussi la bonne gestion des déchets[18] et frets dangereux...
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Les aéroports sont souvent une composante majeure de l'activité économique et touristique d'une agglomération. Ils sont alors desservis par des liaisons routières rapides (voie express, autoroute) et des transports en commun. Leur implantation au plus près de la zone d'achalandise est l'objet de conflits liés aux nuisances générées par les avions.
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Les aéroports sont le lieu de convergence et de décollage d'un grand nombre d'avions, mais ils sont aussi desservis par des voies ferrées et des réseaux routiers et autoroutiers générant des pollutions et contribuant à la fragmentation écologique des paysages.
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Ils génèrent des polluants parfois fortement concentrés (gaz des tuyères au décollage, carburants évaporés, produits anti-gel, etc.) et certaines nuisances (notamment en termes de bruit, tout particulièrement lorsque les vols de nuit sont nombreux). Les avions sont aussi d'importants émetteurs de gaz à effet de serre et contribuent à modifier l'albédo par leurs trainées de condensation. L'importance et l'étendue des impacts de ces phénomènes sont discutés, riverains et autorités aéroportuaires n'étant pas toujours d'accord.
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En France, une surveillance de l’impact du trafic aérien des trois grands aéroports Charles de Gaulle, Orly et Le Bourget sur la santé des riverains doit être mise en place en 2008 dans les objectifs du plan régional santé environnement (PRSE), sous la responsabilité du Préfet et de la cellule interrégionale d'épidémiologie d'Île-de-France (Cire), avec un comité de pilotage composé de l'État, d'élus, d'associations, de professionnels et de scientifiques. Les observatoires du bruit et de l’air Bruitparif et Airparif évalueront l'exposition des riverains au bruit et à la pollution de l'air. Crises d’asthme et troubles du sommeil seront les indicateurs retenus pour l'étude.
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Airparis devait mesurer à la fin de l’été 2008 le dioxyde d'azote (NO2) autour de Roissy-en-France pour mettre à jour les données de 2002 (sur 120 sites intéressant 23 communes).
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Les émissions de NOx de l'ensemble des activités des plates-formes aéroportuaires de Roissy et d'Orly sont « plus de trois fois supérieures à celles du boulevard périphérique », selon Airparif[19].
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Outre les impacts de la pollution de l'air et du bruit (Pollution sonore ou des nuisances lumineuses induites par certains aéroports), les grands aéroports en tant que lieux où se croisent un grand nombre de personnes venues de toutes les régions du monde sont une source de risque épidémiologique et écoépidémiologique. Ils sont un lieu privilégié de contagion et de diffusion rapide possibles pour certaines maladies infectieuses, comme on l'a vu avec le SRAS.
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Pour cette raison, ils sont associés aux dispositifs de veille sanitaire et de réaction visant à limiter le risque épidémiologique, notamment en cas de pandémie grippale (grippe aviaire à virus H5N1, A H1N1 ou autre).
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Selon le Conseil international des aéroports, les onze aéroports les plus fréquentés en 2018 sont les suivants[20] :
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D'après l'organisme Eurocontrol[21], 45 % des retards enregistrés dans les aéroports européens au cours de l'été 2011 étaient dus à six d'entre eux : Frankfurt-Main, Madrid-Bajaras, London-Heathrow, Istanbul-Ataturk, Zurich et Athinai-Eleftherios. Toutefois, ramenés au nombre de vols, le classement s'améliore nettement pour les grands aéroports. Les retards les plus importants par vol étant enregistrés dans les petits aéroports des îles grecques.
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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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Un bateau est une construction humaine capable de flotter sur l'eau et de s'y déplacer, dirigé par ses occupants. Il répond aux besoins du transport maritime ou fluvial, et permet diverses activités telles que le transport de personnes ou de marchandises, la guerre sur mer, la pêche, la plaisance, ou d'autres services tels que la sécurité des autres bateaux.
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Les bateaux ont accompagné l'Homme dans son évolution. Indispensables lors des grandes guerres et des conquêtes, et aussi pour la subsistance par la pêche, ils ont été transformés et font maintenant partie intégrante des systèmes commerciaux et militaires modernes : plusieurs millions de bateaux de pêche sont utilisés par quelques dizaines de millions de pêcheurs de par le monde et les guerres modernes font appel à des navires hautement sophistiqués pour transporter et soutenir les forces à terre ; près de 35 000 navires de commerce ont transporté 7,4 milliards de tonnes de marchandises en 2007[1] (voir détail de ces chiffres plus bas).
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Les bateaux ont également pris part aux grandes explorations, aux découvertes scientifiques et à la propagation des grandes cultures : les navigateurs chinois comme Zheng He ont permis de partager des inventions comme la boussole ou la poudre à canon, tandis que les expéditions en Amérique ont diffusé la culture européenne sur ce continent. Si les bateaux ont été utilisés pour les colonisations et le commerce triangulaire, ils ont aussi servi et servent toujours à la recherche scientifique et au rayonnement culturel des pays.
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Comme l’a démontré Thor Heyerdahl avec le Kon-Tiki, il est possible de faire de longues traversées avec un simple radeau de rondins.
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Le mot bateau est attesté pour la première fois en 1138 sous la forme batel « embarcation dont on se sert principalement sur les rivières » (Gaimar, L'Estorie des Engles [histoire des Anglais]). Il est issu de l'anglo-normand bat, lui-même emprunt au vieil anglais bāt (nominatif pluriel bātas) « embarcation, bateau de taille modeste » (> anglais boat, apparenté à l'allemand Boot et au néerlandais boot), procédant tous d'un germanique occidental *baitaz, lui-même d'un proto-germanique *baito- (« briser », « fendre »), dérivé avec le suffixe -ĕllus en latin médiéval (latinisme pour -el en ancien français, devenu -eau(x), normalement diminutif mais étant ici de nature expressive pour donner du corps au monosyllabe)[2],[3], la forme primitive bat est restée dialectale (normand, gallo), tandis que batel a encore été utilisée jusqu'au XVe siècle[4] et a persisté comme radical de mots tels que batellerie.
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Le terme peut concerner n'importe quelle structure flottante pouvant avancer efficacement et être dirigée (contrairement au radeau), mais d'autres appellations sont préférées dans certains cas : on parle d'embarcation pour un bateau de petite taille (de l'ordre de quelques mètres de longueur), de navire pour un bateau maritime ponté de fort tonnage, de vaisseau pour les mêmes navires anciens à voile et de bâtiment pour un navire de guerre ou de commerce.
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La distinction entre « bateau » et « navire » notamment, et même d'autres termes, reste cependant variable selon les usages, le contexte, etc. Juridiquement, « bateau » désigne un bâtiment destiné à la navigation sur les fleuves et canaux, tandis qu'un « navire » est destiné à la navigation maritime[5].
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L'emploi est quasiment sans ambiguïté dans certaines expressions consacrées ; on parle par exemple d'un « navire de charge » et d'un « bateau-feu », non de l'inverse ; mais d'autres expressions admettent les deux termes (« navire de pêche » ou « bateau de pêche »).
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La Royal Institution of Naval Architects (en) (RINA) britannique propose[6] de fixer une limite à 100 mètres de longueur hors-tout entre « navires » (« ships ») et « bateaux » (« boats »), limite vite démentie par l'utilisation du terme « small ships » (« petits navires ») pour combler les manques de cette définition[7].
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En pratique, l'équipage d'un pétrolier pourra appeler (son) « bateau » ce qui serait assez gros pour être appelé navire[réf. nécessaire].
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L'usage du terme « bateau » ou « navire » peut être contesté pour les sous-marins, qui peuvent flotter, mais aussi se déplacer dans les trois dimensions. Les équipages des sous-marins parlent toutefois fréquemment de leur bâtiment comme de leur « bateau »[8].
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Note : l'histoire des bateaux se confond avec celle de la navigation maritime ; on peut également consulter l'article Histoire de la navigation astronomique à ce sujet.
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L'invention du bateau est attestée au Néolithique, comme le montre l'épave d'Uluburun, même si des preuves montrent que l'homme a pris la mer il y a quelque 130 000 ans[9] et que le peuplement de la Nouvelle-Guinée par Homo sapiens il y a 40 000��ans pourrait selon Jared Diamond s'être fait par voie maritime. Ces premiers bateaux ont une fonction simple, qui est de pouvoir se déplacer sur l'eau, essentiellement pour la chasse et la pêche. Les plus anciennes pirogues monoxyles découvertes lors de recherches archéologiques sont la plupart du temps taillées dans des arbres résineux, à l'aide de simples outils en pierre. La pirogue de Pesse trouvé aux Pays-Bas est considérée comme étant le plus ancien bateau connu au monde.
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Il y a environ sept mille ans, des bateaux constitués de plaques de fibres végétales et des éléments de calfatage ainsi que de lest en bitume naviguent dans le Golfe persique, témoins des relations qu'entretiennent les populations de la péninsule arabique et de la Mésopotamie. Le plus vieux vestige de bateau de ce type en roseau est retrouvé à As-Sabiya, dans le désert du Koweït[10]. Il y a environ cinq mille ans, des constructeurs vivant au bord de la rivière Åmose au Danemark inventent le bordage cousu, qui permet progressivement d'augmenter la taille des embarcations. De la pirogue monoxyle, il ne reste bientôt que la quille des bateaux, qui perdure encore aujourd'hui dans les constructions en bois.
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Parallèlement, les premiers navigateurs constatent qu'en déployant une peau de bête ou une toile végétale tressée, tendue au bout d'une perche plus ou moins verticale fixée au fond de l'embarcation, ils peuvent utiliser la force éolienne : la voile est née. C'est ainsi que débute le peuplement de l'Océanie il y a trois mille ans[11] sur des pirogues pouvant embarquer jusqu’à une cinquantaine de passagers.
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Les Égyptiens ont une parfaite maîtrise de la construction des voiliers, dont on a retrouvé un exemplaire remarquable, la célèbre barque solaire, devant la pyramide de Gizeh. D'après Hérodote[12], les Égyptiens réalisent vers 600 avant notre ère une première circumnavigation autour de l'Afrique. Les Phéniciens et les Grecs achèvent progressivement de maîtriser la navigation en mer à bord des trières, explorent puis colonisent toute la Méditerranée à bord de leurs navires. Vers 340 av. J.-C., Pythéas atteignit Thulé qu'il ne put dépasser, bloqué par la banquise. Les Romains ont peu innové dans la construction navale, à l'exception du système d'abordage du corbeau. Leurs bateaux sont principalement en bordages à clin et à voile carrée[13].
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Avant l'introduction de la boussole, la navigation en mer se fait principalement par la navigation astronomique. L'usage de l'aiguille aimantée est mentionné en Chine dès le IIe siècle av. J.-C. et elle y est d'usage pour la navigation entre les IVe et VIe siècles. Cette utilisation est transmise aux Arabes qui, quelques siècles plus tard, la révèlent aux Européens du Moyen Âge.
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Jusqu'à la Renaissance, la technologie de la navigation reste primitive, basée sur les acquis techniques des civilisations méditerranéennes de l'Antiquité. L'absence d'avancée technologique importante n'empêche pas certaines civilisations de prospérer grâce à leur maîtrise de la navigation, comme les républiques maritimes de Gênes et de Venise, ou encore la marine byzantine. Les Vikings utilisent leurs knörrs pour explorer l'Amérique du Nord, commercer dans la mer Baltique et envahir ou piller de nombreuses régions côtières d'Europe occidentale.
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Vers la fin du XIVe siècle, des navires comme les cogues commencent à être systématiquement équipés de tours installées sur le pont, à la proue et à la poupe. Ces tours rendent le navire instable, et au XVe siècle, les caraques et les caravelles, les supplantent. Les tours sont progressivement remplacées par des châteaux installés à la proue et à la poupe, comme sur la Santa Maria de Christophe Colomb. L'invention du bordage à franc-bord permet une autre innovation beaucoup plus décisive, celle du sabord, et de l'artillerie qui y est associée.
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Au XVIe siècle, l'usage du franc-bord et des sabords se généralise sur les galions, ainsi que les ponts multiples, qui permettent d'augmenter le nombre de sabords et donc la puissance de feu. Les Anglais modifient leurs navires en conséquence, et font la preuve de l'efficacité de leur doctrine, en vainquant en 1588 l'Invincible Armada.
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La technique maritime dans la partie asiatique du globe se développe d'une façon assez similaire à celle de l'Europe, en termes d'efficacité et de complexité des bateaux. On peut noter des références d'actions navales japonaises dans les rapports de l'invasion mongole du Japon par la marine de Kubilai Khan en 1281. Il est probable que les Mongols permettent à cette époque le lien entre connaissances technologiques européennes et asiatiques.
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En Chine, 50 ans avant Christophe Colomb, Zheng He parcourt le monde à la tête d'une armada gigantesque pour l'époque, dont les plus grandes jonques comptent 9 mâts, mesurent 130 mètres de long et 55 mètres de large. L'armada de Zheng He emporte 30 000 hommes à bord de 70 vaisseaux, l'objectif des expéditions se limitant à vanter la gloire de l'empereur chinois.
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Au Japon, au cours de l'époque Sengoku (XVe au XVIIe siècle), les grands féodaux qui luttent pour la suprématie font construire de grandes flottes côtières de plusieurs centaines de bateaux, comme les Atakebune.
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Parallèlement à la spécialisation militaire, on constate entre l'Antiquité et la Renaissance une différenciation de plus en plus nette entre marine de pêche et marine commerciale. La pêche reste, et restera jusqu'à la fin du XIXe siècle, une activité essentiellement côtière, de cabotage, pratiquée par des individus ayant par ailleurs peu de moyens financiers, donc utilisant des bateaux de petite taille. Le commerce maritime, lui, connaît un essor progressif qui pousse à l'emploi de grands navires, tels que les gabares, affrétés par des compagnies maritimes aux moyens financiers importants. Cette activité de commerce reste également associée, en Europe du moins, à l'activité exploratoire, qui s'autofinance par les retombées commerciales de l'exploration.
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Lors de la première moitié du XVIIIe siècle, la marine française met au point un nouveau type de navire, portant soixante-quatorze canons. Ce type de navire devient l'ossature de toutes les flottes de combat européennes. Ces vaisseaux de 56 mètres de long nécessitent chacun plus de 3500 chênes centenaires pour leur construction, ainsi que 40 km de cordage. Ils emportent un équipage de près de 800 marins et soldats.
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La différenciation des fonctions des navires évolue peu jusqu'à la fin du XIXe siècle. La révolution industrielle et l'arrivée de nouvelles méthodes de propulsion (mécanique) et de construction (métallique) déclenchent par contre une explosion des différenciations. Le besoin d'avoir des bateaux de plus en plus efficaces pour les missions qui leur sont confiées, la fin des conflits systématiques pour la suprématie maritime, l'augmentation des capacités financières des puissances industrielles, engendrent une prolifération de bateaux à usage de plus en plus spécialisé, autant dans les domaines de la pêche et du commerce que dans le domaine militaire. On voit également apparaître des navires très spécialisés dans des fonctions nouvelles, comme les bateaux de sauvetage, les navires scientifiques, les bateaux pompiers.
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On comprend dès lors qu'une classification des bateaux par type ou par fonction est difficile. Soit on se limite aux quatre fonctions historiques : pêche, commerce, militaire, exploration, la classification est très généraliste, et déjà à ce niveau on a des difficultés à classifier la plupart des navires anciens; soit on classifie selon les types de navires spécialisés contemporains, et on ne sait alors vraiment plus comment classer les navires anciens. La difficulté est augmentée par le fait que la désignation de nombre de types de bateaux, comme sloop, frégate… est autant utilisée pour désigner des navires anciens que des bateaux modernes n'ayant parfois pas grand-chose à voir avec leurs prédécesseurs.
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Distinguer les bateaux anciens des bateaux modernes est également difficile, nombreux étant ceux pouvant relever des deux périodes.
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Actuellement, les bateaux et navires restent des outils essentiels pour le commerce international et local, la sécurité des États ou le rayonnement culturel.
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La flotte de commerce comprenait 34 882 navires de plus de mille tonneaux de jauge brute en 2007[1], totalisant 1,04 milliard de tonnes de port en lourd ; ils ont transporté 7,4 milliards de tonnes de marchandises en 2006, une somme qui a augmenté de 8 % par rapport à l'année précédente; la flotte de commerce croît au même rythme. En termes de tonnage, 37,5 % de ces navires sont des pétroliers, 35,8 % des vraquiers, 10,9 % des porte-conteneurs et 10,3 % des cargos polyvalents.
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En 2002, on comptait 1 240 navires de guerre en activité dans le monde, sans les petits navires comme les corvettes et patrouilleurs. Les États-Unis possédaient 3 millions de tonnes de matériel, la Russie 1,35 million, le Royaume-Uni 504 660 tonnes et la Chine 402 830 tonnes. Si le XXe siècle a vu se passer de nombreux engagements navals lors des deux guerres mondiales, il a aussi été marqué par la guerre froide et la montée en puissance des forces navales des deux blocs. Actuellement, les grandes puissances se servent de leur marine pour la projection de puissance (mener une guerre loin de son territoire, comme le Royaume-Uni aux Malouines ou les États-Unis en Irak) ou pour la défense de leur territoire.
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Il est plus difficile d'estimer le nombre de bateaux de pêche: les plus grands sont comptés comme navires de commerce, les plus petits sont innombrables: on peut en trouver dans la plupart des villages de bord de mer dans le monde, assurant la subsistance de leurs habitants. En 1995, la FAO estimait la flotte de pêche mondiale à quelque 3,8 millions de navires, dont un tiers de navires pontés et deux tiers d'embarcations non pontées d'une longueur généralement inférieure �� 10 mètres[14]. On estime que 132,2 millions de tonnes de poissons et de coquillages ont été produites en 2003[15]. En 1990, 28,6 millions de pêcheurs étaient en activité dans le monde[14].
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La flotte de plaisance est encore plus difficile à estimer, puisqu'elle rassemble un grand nombre d'embarcations, de bateaux annexes, etc. Rien qu'en France, 837 182 bateaux de plaisance étaient immatriculés en 2003, dont 75 % de bateaux à moteur.
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Quelle que soit sa taille, un bateau comprend toujours divers éléments constitutifs. On trouve un flotteur, solide fermé assurant l'étanchéité, constitué principalement de la coque et éventuellement d'un pont la recouvrant. Il dispose d'un système propulsif, souvent d'un système directionnel. Suivant l'utilisation du bateau, on trouve ensuite divers locaux, espaces, machines et équipements lui permettant d'assurer sa fonction.
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Le flotteur (la coque) doit avoir pour première caractéristique d'être plus léger que le poids d'eau correspondant à son volume, afin que la poussée d'Archimède lui permette de flotter. La coque peut prendre plusieurs formes, de simples rondins de bois assemblés pour constituer un radeau, aux coques composites des voiliers de compétition. Il peut y avoir une seule coque (monocoque), deux (catamaran), trois (trimaran) mais rarement plus, bien que certaines expériences soient tentées avec des pentamarans comme futurs navires de commerce. Les coques sont en général parallèles les unes aux autres, et reliées par des bras.
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La coque est divisée en plusieurs éléments : l'étrave est la partie la plus à l'avant, le brion est la partie avant sous la flottaison ; la quille ou la ligne de quille le prolonge sur sa longueur ; l'arrière est formé d'un étambot et d'un tableau arrière. La coque comporte souvent des appendices servant à la propulsion (hélice), à la giration (gouvernail), à limiter certains mouvements (quilles de roulis), à l'hydrodynamisme (bulbe d'étrave) ou aux fonctions du navire (apparaux de pêche, dôme sonar). La flottaison sépare les œuvres vives en dessous et les œuvres mortes au-dessus.
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La coque supporte enfin les différentes contraintes : contraintes hydrostatiques puisqu'elle doit supporter le poids du bateau, souvent inégalement réparti ; contraintes hydrodynamiques provenant du choc des vagues ; elle doit aussi prévenir le naufrage en cas de collision ou d'échouement. Elle est ainsi souvent doublée sur les plus gros navires, notamment les pétroliers. La coque est construite en bois pour les navires anciens et certains bateaux de plaisance, en acier pour la majorité des navires de commerce, en aluminium pour les navires rapides, en plastique pour de nombreux bateaux de plaisance et en composite pour les voiliers rapides.
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Si le système propulseur peut être constitué d'une simple pagaie, on trouve aussi sur les grands cargos, les plus gros moteurs Diesel au monde. La propulsion relève de trois catégories: propulsion humaine, propulsion vélique et propulsion mécanique. La propulsion humaine comprend la perche, encore utilisée en zone marécageuse, l'aviron (sport) utilisé en compétition et historiquement sur les galères, la pagaie, la godille et le pédalo. Actuellement ces systèmes sont réservés aux petites embarcations ou comme propulsion d'appoint sur les petits voiliers.
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La propulsion vélique s'effectue au moyen de voiles dressées sur un ou des mât(s), supportées par des espars et contrôlées par des cordages. Historiquement le système le plus employé jusqu'au XIXe siècle, il est maintenant réservé à la plaisance, aux régates et aux grands voiliers d'apparat. Cependant, des systèmes expérimentaux sont testés afin de réaliser des économies de carburant sur les grands navires, tels que la turbovoile ou le cerf-volant de traction.
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La propulsion mécanique comprend un moteur et un propulseur. Le moteur s'est d'abord développé avec la machine à vapeur, maintenant remplacée dans la plupart des utilisations par des moteurs Diesel deux-temps ou quatre-temps, par un moteur hors-bord à essence sur les petites unités, par une turbine à gaz sur les navires rapides (NGV, frégates…), ou par un groupe diésel-électrique pour des applications avancées. Certaines machines avancées combinent deux systèmes, comme le CODAG pour Combined Diesel and Gas (moteur Diesel et turbine à gaz combinés, sur les navires de guerre). Des moteurs électriques ont parfois été utilisés, par exemple sur des paquebots. Enfin, l'énergie nucléaire est employée sur des navires de guerre et les brise-glaces.
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Le propulseur le plus courant est l'hélice et ses diverses variantes: hélices jumelles, contra-rotatives, à pas variable, en tuyère… un petit bateau possède souvent une seule hélice et un porte-avions jusqu'à quatre, complétées par des propulseurs transversaux, d'étrave ou d'arrière.. La puissance est transmise aux hélices par un arbre d'hélice relié éventuellement à un réducteur. Les hélices peuvent être montées sur des supports externes (Z-drive, pods) ou remplacées par un système similaire (propulseur Voith-Schneider, hydrojets). Il existe enfin des systèmes expérimentaux (propulsion magnétohydrodynamique, à réaction) dont l'utilisation est réservée aux applications militaires ou aux records de vitesse.
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Sur un bateau à propulsion humaine, un système pour contrôler la direction peut ne pas être nécessaire. Il le devient en cas de propulsion mécanique ou vélique. Le dispositif le plus courant est un gouvernail constitué d'un safran, plan immergé à l'arrière de la coque, pouvant être braqué pour générer une force latérale servant à faire tourner le bateau. Le safran est braqué par la barre, actionnée manuellement ou par un pilote automatique. Le gouvernail peut être supprimé quand le propulseur est orientable : moteur hors-bord, pods ou Z-drive.
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En appoint, les propulseurs d'étrave permettent de faire éviter (tourner) le bateau à faible vitesse, par exemple dans les ports ou pour les navires à positionnement dynamique. Les voiles situées aux extrémités d'un voilier ont également un rôle plus directionnel que propulsif.
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Dès qu'il atteint une certaine taille, de l'ordre de huit mètres de longueur, un bateau possède souvent un ou plusieurs pont(s) fermant la coque et divisant l'espace horizontalement. Le pont principal constitue un élément essentiel de la rigidité de la poutre-navire. Sur un voilier de plaisance, ils serviront à délimiter une cabine pour l'habitation ; sur un bateau plus grand (bateau de pêche ou de commerce), on trouvera une ou plusieurs cales abritant les marchandises, une salle des machines pour l'appareil propulsif, divers locaux permettant le travail, et des cabines pour l'équipage. Des réservoirs permettent de stocker le carburant, l'huile de moteur et l'eau douce. Enfin, des ballasts sont aménagés afin d'équilibrer le navire.
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Au-dessus du pont principal, on trouve diverses superstructures dont la fonction est parfois esthétique. Elles sont en général très basses sur un voilier, entièrement à l'arrière sur un navire de charge, s'étendant sur toute la longueur pour un navire des passagers, ou divisées en plusieurs éléments sur les grands voiliers.
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Si chaque type de bateau a ses équipements propres (se reporter à chaque article pour les détails), certains équipements sont communs à de nombreux types:
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Finalement, à partir d'une certaine taille, tout bateau emporte une embarcation de sauvetage ou un radeau de sauvetage assurant la sécurité des personnes en cas de naufrage.
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La sustentation d'un bateau peut être assurée de différentes façons :
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Le bateau est en équilibre d'une part lorsque les forces sont d'égale grandeur, donc quand l'immersion est suffisante pour que la poussée d'Archimède compense le poids ; d'autre part lorsque les moments sont équilibrés. Le bateau prend ainsi une position d'équilibre. Si les poids sont également répartis, le bateau flotte avec une inclinaison nulle, mais l'action des vagues, du vent et le déplacement des poids (déplacement de l'équipage, du lest, de la cargaison) entraîne une inclinaison par rapport à l'axe longitudinal (gîte) ou transversal (assiette). Si la gîte est prévue sur les voiliers en raison de l'action du vent, elle est évitée autant que possible sur les bateaux à moteur : elle est source d'inconfort et de risques puisqu'une gîte excessive peut mener au chavirage.
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L'équilibre et la stabilité d'un bateau sont donc étudiés d'une part de façon statique (répartition des poids) et dynamique (action des vagues et du vent). Les moyens pour compenser une gîte excessive sont le déplacement de l'équipage sur les petits voiliers, le réglage des voiles selon l'allure, un lest fixe (placé en bas de la quille) ou orientable, ou des ballasts pouvant être remplis d'eau. L'assiette est compensée de la même façon.
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L'avancée d'un bateau est contrariée par la résistance de l'eau. Cette résistance peut être décomposée en plusieurs composants[16] dont les principaux sont la friction de l'eau sur la coque et la création de vagues. Pour réduire la résistance et donc accroître la vitesse pour une puissance donnée, il faut réduire la surface immergée et utiliser des formes de coque produisant des vagues d'amplitude moindre. Pour cela, les bateaux rapides sont souvent plus fins, avec des appendices de taille plus réduite ; la friction de l'eau est aussi réduite par un entretien régulier de la coque sur laquelle se déposent des animaux et des algues, en l'enduisant d'un antifouling. La résistance de vague peut être réduite par l'ajout d'un bulbe d'étrave et par des formes régulières et fines.
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Cependant, la résistance à l'avancement grandit très vite pour un navire à déplacement lorsque le nombre de Froude atteint 0,4 ; pour dépasser cette vitesse, il faut soit alléger et affiner la coque soit utiliser une portance dynamique additionnelle permettant à la coque de « déjauger » et de réduire la résistance :
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Pour les grands projets, disposant d'un financement adéquat, la résistance hydrodynamique peut être testée dans un bassin d'essais des carènes ou en utilisant la simulation numérique.
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Le bateau subit également des mouvements dus à son déplacement dans l'eau : ces mouvements peuvent être éprouvants pour les passagers et pour le matériel et doivent être maîtrisés si possible. Le roulis peut être limité par une quille de roulis, par des ailerons stabilisateurs ou par un système de poids ; le tangage est plus difficile à limiter et peut devenir dangereux si l'avant du bateau tape dans les vagues, phénomène appelé tossage. C'est en général au stade de la conception que la forme de coque est optimisée pour cela ; lors de la navigation, c'est le centrage des poids, le matossage, et le changement de route (ou d'allure) qui permet de limiter les mouvements.
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La structure absorbe la répartition des masses, le choc des vagues, les efforts dus à l'avancée dans l'eau et à la pression du vent, et les diverses contraintes de la navigation ou du port. La structure est constituée de deux parties : la charpente primaire ou principale qui soutient la structure, et la charpente secondaire plus dense qui est associée au bordé pour le raidir. Cette distinction est claire pour la construction en bois massif ou en métal, mais disparaît sur les constructions à clin ou en sandwich, où la structure est intégrée au bordé. La charpente est complétée par un système de raidisseurs transversaux (des raidisseurs sont ajoutés transversalement, comme les membrures et les barrots) ou longitudinaux (raidisseurs longitudinaux comme les lisses). Des renforts sont ajoutés aux endroits subissant de fortes contraintes : carlingue, base du moteur, support de l'arbre d'hélice, épontilles, pied de mât et cadènes, etc.
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La structure a aussi le rôle d'absorber le bruit et les vibrations qui sont une source d'inconfort et de risque pour la structure elle-même. La structure intègre également des cloisons étanches afin de subdiviser le bateau en zones étanches permettant de garder une stabilité suffisante après avarie (par exemple, le bateau doit pouvoir rester à flot si un compartiment ou deux sont envahis), ainsi que des cloisons anti-feu pour retarder la progression d'un incendie.
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La vie d'un bateau passe par plusieurs étapes : tout d'abord, son acquisition qui revêt diverses formes selon l'utilité finale (de la commande à un chantier de production en série, au contrat entre armateur, affréteur et chantier) ; puis la phase de conception réalisée par un architecte naval. La construction est ensuite réalisée dans un chantier naval, après quoi le bateau est lancé et peut être utilisé. La fin de vie revêt également différentes formes.
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La conception d'un bateau passe par différentes phases[17] : à partir d'un programme ou d'un cahier des charges, l'architecte naval suit une spirale de projet consistant à créer un premier schéma, évaluer les dimensions, les espaces et le déplacement. À partir de là, un avant-projet peut être réalisé incluant la forme de la carène, le profil général et une première estimation de la puissance propulsive. Une fois ces données fixées, le projet en tant que tel peut être défini.
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Un dossier de projet comprend typiquement un plan d'ensemble, une spécification générale décrivant les particularités du bateau et incluant un devis de masses, le plan de formes, divers plans de structure et de construction que le chantier utilisera, dont une coupe au maître présentant les échantillonnages. Selon la taille du bateau et les besoins, on peut encore trouver un plan de voilure, des capacités, électrique, des systèmes de ventilation…
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L'architecte est également soumis aux diverses réglementations ; un rapport de franc-bord et une épure de jauge montre le respect de ces règlements, de même que des schémas d'évacuation en cas de naufrage pour un bateau à passagers ou un schéma de cloisonnement anti-feu.
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La construction a lieu dans un chantier naval ; elle peut durer de quelques mois pour une unité produite en série, à plusieurs années pour la reconstruction d'un bateau en bois comme la frégate Hermione, voire plus de dix ans pour un porte-avions. Le mode de construction est dicté principalement par le matériau de la coque et par la taille du bateau. La coque d'un voilier de série en plastique est construite à partir d'un moule ; la coque d'un cargo en acier est réalisée en plusieurs blocs soudés les uns aux autres au fur et à mesure qu'ils sont construits.
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De manière générale, la construction commence par la coque (et par la pose de la quille dès que le bateau dépasse une trentaine de mètres), dans une cale sèche ou à terre. Une fois celle-ci assemblée et éventuellement peinte, elle est lancée par le côté ou par l'arrière, ou par submersion si elle se trouve dans une cale inondable ; un petit bateau sera simplement mis à l'eau par une remorque ou une grue. La superstructure est posée et les travaux de finition permettent d'installer les emménagements et équipements.
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Une fois terminé, le bateau est livré au client. Le lancement et la livraison donnent souvent lieu à une cérémonie pour un bateau d'une certaine importance : la cérémonie de baptême est l'occasion de donner un nom au bateau. Le prix typique d'un bateau est de quelques dizaines d'euros pour une petite barque, 1 000 euros pour un hors-bord de petite taille, plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un petit voilier de compétition et plus de 2 millions d'euros pour un voilier du Vendée Globe. Un chalutier de 25 mètres peut coûter 2,5 millions d'euros, et un ferry rapide pour 1 000 passagers plus de 50 millions d'euros. Le prix d'un cargo dépend de sa complexité : un petit cargo polyvalent coûte 20 millions de dollars, un vraquier Panamax 35 millions de dollars, un superpétrolier 105 millions de dollars et un grand méthanier près de 200 millions de dollars[18]. C'est toutefois parmi les navires militaires que l'on trouve les plus coûteux, notamment à cause de l'électronique embarquée : 2 milliards de dollars pour un sous-marin de classe Seawolf, et 3,5 milliards de dollars pour un porte-avions géant.
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Lors de son service actif, le bateau connaît des périodes de navigation, des temps d'attente / chargement / déchargement aux ports, et des périodes d'hivernage entre les saisons de navigation. Cependant, le bateau fatigue : une visite en cale sèche est nécessaire à intervalles réguliers (tous les ans pour un paquebot, tous les deux ans et demi pour un navire de charge) afin de débarrasser la coque des animaux incrustés comme les pouces-pieds, de refaire la peinture et de renouveler les zincs, anodes solubles servant à éviter la corrosion de l'hélice, de la coque et du tuyautage eau de mer. À d'autres intervalles, une plus longue visite dans un chantier peut être nécessaire pour changer certaines pièces, notamment de l'appareil propulsif et directionnel qui fatiguent vite. C'est l'occasion de tester la résistance de la structure, le câblage électrique, de mettre à niveau les installations selon les réglementations, etc.
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Si le bateau a subi une avarie et qu'il n'est pas déclaré « perte totale » (auquel cas il est le plus souvent mis à la casse), il entre en chantier pour réparations, ce qui peut parfois se faire à flot. Enfin, les reconversions ont plusieurs buts, comme adapter un navire non rentable à un autre but (un pétrolier en FPSO par exemple) ou sauver ce qui peut l'être après une grosse avarie (conversion en barge d'un navire de charge).
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Un navire de charge a une durée de vie comprise entre vingt et trente ans[19] ; un voilier en contreplaqué peut durer entre trente et quarante ans, à peu près comme un bateau en plastique. Les navires en bois bordé sur membrure ont une durée de vie virtuellement infinie, n'importe quelle pièce de leur structure pouvant être remplacée : le plus ancien grand voilier en état est le HMS Victory (lancé en 1765, et mis en cale sèche en 1920), le plus ancien grand voilier encore à flot et navigable est le USS Constitution (lancé en 1797). Les navires en fer peuvent souvent dépasser la centaine d'années (les navires en acier, plus résistants mécaniquement le sont beaucoup moins face à la corrosion) : le plus vieux grand voilier en fer est l'Elissa (lancé en 1877 et navigant toujours). Avec le vieillissement, la solidité de la coque est compromise par la corrosion (rouille, électrolyse), l'osmose, différentes réactions chimiques dans les résines et colles, la pourriture, ou les xylophages, et il devient trop dangereux de faire naviguer le bateau. Celui-ci peut être sabordé en mer, abandonné comme épave ou mis à la casse pour démolition. Il peut aussi être réutilisé pour former une digue près d'un port ou comme navire musée.
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Un destin prématuré peut l'attendre sous la forme d'une fortune de mer : incendie, collision, échouement ou chavirage peuvent entraîner une perte totale du bateau ou nécessiter d'importantes réparations en cale sèche. D'un autre côté, il peut être préservé notamment s'il a une forte valeur : c'est parfois le cas des grands voiliers ; ces navires représentent leur pays ou région d'origine lors de manifestations nautiques en servant « d'ambassadeurs ».
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Enfin, de nombreux bateaux détruits ou perdus « survivent » tout de même pour les personnes qui y étaient attachés grâce à des maquettes ou des reliques : certains objets symboliques sont conservés, comme une ancre, une plaque d'identification, une pièce d'accastillage ou la cloche du bord.
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La classification des bateaux est un exercice ardu et on trouve quasiment autant de classifications que d'auteurs ; la raison principale est la quantité de paramètres pouvant être utilisés, qui incluent :
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Ces critères sont décrits dans les articles correspondants, notamment gréement. Une autre façon de catégoriser les bateaux est selon leur utilisation, telle que décrite par Dominique Paulet et Dominique Presles[17] : bâtiments militaires, navires de commerce et de services, bateaux de pêche, bateaux de plaisance et de compétition. C'est cette classification qui est présentée ci-dessous, en y ajoutant les bateaux fluviaux et les « inclassables ».
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Les navires de commerce comprennent trois grandes catégories : les cargos, les navires à passagers, et les navires de service et spécialisés. Les navires de charge servent au transport de marchandises sèches ou liquides. Les marchandises sèches peuvent être transportées en vrac (vraquiers), emballées (cargos polyvalents), en conteneurs (porte-conteneurs), sur camions (rouliers)… Les marchandises liquides utilisent des navires-citernes tels que les pétroliers ou méthaniers. Certains pétroliers sont aussi les plus grands navires et les plus grandes structures flottantes au monde.
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Les navires à passagers transportent des personnes ; leur taille va du transbordeur fluvial aux grands paquebots et liners. Les navires de servitude servent à apporter leur concours à d'autres bateaux : remorqueurs, bateaux pilote, de sauvetage, etc.
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Enfin, les navires spécialisés ne servent pas au transport mais accomplissent d'autres tâches : pose de câbles sous-marins (câbliers), recherche scientifique (navires océanographiques), dégagement de passages (brise-glaces)…
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La plupart des navires de commerce ont des formes ventrues afin de contenir une cargaison maximale. Leur coque est en acier, voire en aluminium pour les plus rapides ; seuls les petits bateaux de servitude sont en plastique. Ils comprennent un équipage dirigé par un commandant et des officiers spécialisés, ainsi qu'un équipage spécialisé si besoin (par exemple sur un navire scientifique). Ils sont généralement propulsés par une hélice mais parfois deux pour plus de sécurité et être plus manœuvrant entraînées par un moteur Diesel ; les bateaux à grande vitesse emploient des hydrojets et parfois une turbine à gaz.Certains sont propulsés par des pods électriques.
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Deux porte-conteneurs modernes à San Francisco.
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Ferry à Hong Kong.
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Bateau pilote dans le port de Rotterdam.
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Le Pourquoi pas ?, navire océanographique à Brest.
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Les navires de guerre modernes sont divisés en différents types de bâtiments qui correspondent à leurs capacités militaires, leurs déplacements et leurs missions. Les plus courants sont les patrouilleurs, les corvettes, les frégates, les destroyers et les croiseurs. Ils constituent l'« épine dorsale » des flottes modernes. Les porte-aéronefs et les porte-hélicoptères mais surtout les porte-avions ont des dimensions impressionnantes. Les porte-avions peuvent mesurer jusqu'à 330 mètres, déplacer 100 000 tonnes et embarquer plus d'une soixantaine d'appareils. Sous la mer les sous-marins nucléaires d'attaque, les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins possèdent une autonomie quasi illimitée, et celle des sous-marins à propulsion conventionnelle Diesel/électrique n'a plus rien à voir avec la faible autonomie des submersibles. Les bâtiments de débarquement peuvent embarquer un état-major, transporter des aéronefs, des troupes, des blindés et des véhicules ainsi que des engins de débarquement, en particulier aéroglisseurs. Ils peuvent avoir une capacité de bateau hôpital.
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D'autres bateaux ne sont pas forcément destinés au combat mais sont utilisés par les forces navales : chasseurs de mines, collecteurs de renseignements, pétroliers-ravitailleurs d'escadres et bâtiments de soutien logistique, bateaux et voiliers d'entraînement dans les écoles navales. Dans certains pays, l'État assure aussi des missions scientifiques (hydrographie, océanographie) grâce à des bâtiments armés par sa marine militaire. Enfin, la marine a aussi souvent une mission de surveillance et de protection des frontières maritimes assurée par des bateaux patrouilleurs, dits bâtiments de souveraineté.
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Les bâtiments de combat ont généralement des formes de carènes élancées et des machines alliant une bonne vitesse, une grande souplesse de variations d'allures et un grand rayon d'action. Ils doivent être très manœuvrants. Ils utilisent des systèmes de communication souvent satellitaires, ainsi des systèmes électroniques destinés à la navigation et à la conduite de l'artillerie, des missiles et des torpilles, tout cela embarqué dans un espace restreint avec des équipages de moins en moins nombreux et dont la tendance est à la réduction à bord des futurs bâtiments pour en diminuer le coût de possession.
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Le porte-avions américain Harry S. Truman et un ravitailleur.
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Le cuirassé américain USS Iowa tirant une bordée de ses 3 pièces triples de 406 mm.
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Chasseurs de mines téléguidés allemands Seehunde.
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Le chaland de débarquement d'infanterie et de chars français Rapière.
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Les bateaux de pêche peuvent être assimilés à des navires de commerce, mais leurs dimensions réduites et leur utilisation souvent « artisanale » les font souvent classer à part. Ils sont classés selon plusieurs critères : selon le type de poisson qu'ils pêchent (ainsi les thoniers, sardiniers, crevettiers…) ; selon la méthode de pêche utilisée (d'où les chalutiers, les fileyeurs, les bolincheurs…) ; ou selon leur origine géographique ou caractéristiques techniques tels que le gréement : sinagos, lanches, bisquines…
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Les grands thoniers ou baleiniers peuvent atteindre une longueur d'une centaine de mètres, mais les bateaux de pêche ne dépassent souvent guère plus de 20 à 30 mètres, ventrus pour disposer de cales suffisamment grandes pour une bonne autonomie. Le poisson pêché peut être simplement stocké dans de la glace, ou traité directement à bord pour pouvoir être vendu plus rapidement une fois au port ; on parle alors de navire-usine. Dans leur forme la plus simple pour un canot de pêche, on peut trouver un petit rouf abritant la barre, un pont destiné à accueillir la pêche et divers outils pour mettre à l'eau les filets ou les lignes. Sur un chalutier, on trouvera d'autres apparaux de pêche comme des treuils et des portiques. D'autres dispositifs sont utilisés : rampe inclinée sur un chalutier, skiff sur un thonier senneur, « scoubidou » sur un bateau goémonier…
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Voilier de pêche à Cap-Haïtien en Haïti.
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Chalutier de Saint-Nazaire.
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Bateau ostréicole à La Trinité-sur-Mer.
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L’Albatun Dos, thonier senneur congélateur à Victoria (Seychelles).
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Les bateaux de plaisance regroupent notamment les voiliers et les yachts qui servent aux loisirs ; ceux-ci incluent le nautisme à voile ou motorisé, la croisière côtière et hauturière, la promenade, voire le simple fait de rester à bord au port. Les voiliers vont de l'Optimist, petit bateau d’initiation de 2,30 m, aux grands yachts de haute mer ; on y trouve des gréements simples (sloops, cotres) ou plus extravagants, des emménagements suffisamment confortables pour accomplir le programme désiré.
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Les bateaux à moteur de plaisance incluent les embarcations pneumatiques dotées de moteurs hors-bord et les runabouts (comme les Rivas), et pour les plus grands les vedettes et cabin cruisers. Les plus grands sont souvent très luxueux, disposant de nombreuses cabines et d'emménagements (salons, piscine, etc.), et sont sources de prestige pour leurs riches propriétaires.
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Aquarius, ketch de croisière français des années 1950.
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Petit pneumatique hors-bord en Norvège.
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Day-cruiser hollandais.
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Yacht de luxe à Newport Beach.
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Les bateaux de compétition sont ceux destinés aux régates et autres compétitions sportives telles que les records de vitesse ou de distance. Parmi les voiliers, les dériveurs et catamarans de sport sont utilisés pour la navigation sportive ou l'initiation à la voile ; on trouve également les planches à voile et les sports similaires tels le kitesurf mais il devient alors difficile de parler de « bateau » en raison de la taille. Les plus grands voiliers participent à des régates côtières ou océaniques, les plus connues étant souvent les plus extrêmes comme le Vendée Globe en solitaire. Certaines courses n'acceptent que les bateaux d'une certaine classe, donnée par une jauge de course, comme la Coupe de l'America. Avec la propulsion humaine, l'aviron (sport) est connu pour ses bateaux extrêmement fins, offrant peu de résistance à l'avancement. Il existe également de nombreuses catégories de vitesse et même d'endurance pour les compétitions de bateaux propulsés par des moteurs, on trouve en motonautisme des catégories « inshore » et « offshore » avec des épreuves nationales et des championnats du monde.
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Cette catégorie peut inclure les bateaux expérimentaux, souvent destinés à améliorer la vitesse pour battre un record ou tester une particularité technique. Il peut arriver qu'un type de bateau expérimental devienne un modèle courant, comme pour les hydroptères.
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Régate de dériveurs de type 420.
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GBR52, Class America : les voiliers les plus avancés.
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Bateau à moteur expérimental aux courses de Mission Bay.
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L'hydroptère, bateau expérimental.
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La navigation fluviale a de tous temps représenté un moyen privilégié pour le déplacement des hommes et des marchandises, avant même le développement de la navigation maritime. Le symbole de la Louisiane est souvent lié à ces célèbres bateaux à fond plat mus par des roues à aube.
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Ce mode de déplacement, notamment à l'aide de péniches, longtemps considéré comme la voie principale de transport terrestre, a connu un déclin récent, datant du début des années 1970, qui s'explique par les évolutions structurelles de l'économie : déclin des industries lourdes traditionnelles et des transports de pondéreux, importance croissante de la rapidité des acheminements, vétusté du réseau et manque d'entretien entraînant des difficultés d'exploitation, rigidité des pratiques professionnelles, obsolescence du cadre législatif et réglementaire, et d'une manière générale, mauvaise insertion technique et commerciale dans les « chaînes logistiques » de l'économie post-industrielle.
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Une autre contrainte intervient dans le fonctionnement de ce mode de transport, qui est l’irrigation des régions en voies navigables. Ce mode de transport représente aux Pays-Bas 42 % du trafic total de marchandises, environ 13 % en Allemagne, et seulement 3 % en France, pays dont les deux tiers des régions ne sont pas irrigués par des voies navigables à grand gabarit[20].
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La principale utilisation moderne de la navigation fluviale reste le transport des marchandises et le tourisme fluvial, qui recouvre essentiellement les activités de promenade et de croisière (« transport de passagers ») et les activités de plaisance[21].
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Péniche Temptation sur le Rhin.
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Bateau fluvial Natchez sur le Mississippi.
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Bateau-omnibus sur la Seine.
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Comme toute classification, celle-ci est incomplète même si elle reflète l'essentiel de la production de nouveaux bateaux actuellement. Il faut aussi noter que la différenciation entre les différentes utilisations des navires ne s'est faite que vers le XIXe siècle. Parmi les autres types de bateaux, on peut citer :
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Le Dar Pomorza, trois-mâts carré.
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La bisquine La Cancalaise et la chaloupe Eulalie.
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Bateau-maison au Kerala.
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Plate-forme pétrolière en Norvège.
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Bathyscaphe au musée océanographique de Monaco.
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Certains bateaux sont devenus célèbres à la suite d'un évènement spécial ou à cause de leurs caractéristiques. On peut ainsi trouver certains domaines où des bateaux sont devenus célèbres : les naufrages et le monde du sauvetage associé ; les navires ayant des dimensions ou caractéristiques techniques exceptionnelles ; les bateaux associés à un exploit humain ou à un record ; les bateaux associés à une légende ou à une anecdote.
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S'il se produit chaque année plusieurs dizaines de naufrages[22], les plus notables sont ceux entraînant une catastrophe humaine ou écologique. La plus grande catastrophe maritime est le naufrage du Wilhelm Gustloff (paquebot) entraînant la mort de plus de 9 000 personnes en 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale, suivie par le naufrage du Cap Arcona avec environ 8 000 morts. En temps de paix, la plus grande catastrophe serait celle du Titanic en 1912 (plus de 1 500 morts), largement médiatisée en raison du caractère supposé « insubmersible » du navire. L'Empress of Ireland qui coula en mai 1914 dans le fleuve Saint-Laurent entraina quant à lui, la mort de 1 012 personnes qui en fit la seconde plus grande catastrophe maritime hors guerre. Cependant, les tragédies du Joola en 2002 (près de 2 000 victimes) et du Doña Paz en 1987 (1 565 victimes officiellement, 4 000 officieusement) seraient pires.
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Parmi les naufrages notables, on peut encore citer le Lancastria en 1940 avec 5200 morts au moins, la Blanche-Nef en 1120 qui transportait l'héritier du trône d'Angleterre, la Méduse dont le radeau inspira un tableau célèbre, le Vasa qui coula à son lancement en 1628 car il était surchargé dans sa partie hors d'eau. D'autres naufrages n'ont pas nécessairement causé une catastrophe humaine de grande ampleur mais ont entraîné de profonds changements dans les réglementations maritimes : outre le Titanic qui a entraîné le code Solas, on trouve le Herald of Free Enterprise (portes étanches sur les rouliers), l’Amoco Cadiz (contrat de sauvetage), le MV Derbyshire (structure des vraquiers) ou l’Exxon Valdez (double coque sur les pétroliers).
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Les marées noires causées par le naufrage d'un pétrolier peuvent entraîner de graves dommages écologiques. La plus grande marée noire provenant d'un navire est celle de l’Atlantic Empress en 1979 avec 287 000 tonnes de pétrole. Cependant, les pires catastrophes sont celles qui ont lieu près des côtes, comme pour l’Amoco Cadiz ou l’Erika en France, l’Exxon Valdez aux États-Unis, le Prestige en Espagne ou le Torrey Canyon en Angleterre. Les chimiquiers représentent aussi un grand risque pour l'environnement comme avec le Ievoli Sun en 2004. Enfin, les sous-marins à propulsion nucléaire posent des risques de contamination, comme le Koursk K-141 ou le Komsomolets.
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Les moyens de sauvetage employés peuvent aussi être impressionnants et employer des moyens spécialisés : les bateaux de sauvetage s'attirent souvent l'admiration du public, ainsi que les remorqueurs de haute mer ou de sauvetage, tels l’Abeille Bourbon ou l’Abeille Flandre en France ou le navire semi-submersible Blue Marlin.
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Le navire à la fois le plus long et le plus lourd est le superpétrolier Knock Nevis de 458 m de longueur hors-tout et d'un déplacement de 647 955 tonnes ; puisqu'il ne navigue plus, le plus long navire en activité est le porte-conteneurs Emma Mærsk. Le plus grand pétrolier à double coque est le Hellespont Fairfax de 380 m de long et de 441 585 tpl. Le plus grand vraquier est le Berge Stahl de 343 m de long et de 364 768 tpl. Le plus long paquebot est le Oasis of the Seas de 360 m et de 220 000 tonnes pour environ 6 300 passagers. Le plus long navire de guerre est le porte-avions américain USS Enterprise (342 m) tandis que les plus lourds sont ceux de la classe Nimitz comme l’USS Carl Vinson (104 000 tonnes). Le plus grand yacht motorisé est celui du cheik de Dubaï, le Golden Sun de 160 m. Le plus long voilier jamais construit est le France II, tandis que Royal Clipper est le plus grand naviguant encore. Le Statsraad Lehmkuhl est le plus ancien et le plus grand trois-mâts barque.
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D'autres bateaux sont notables pour leurs avancées techniques : ainsi, le Pyroscaphe est le premier bateau à vapeur en 1783 ; le Nautilus de Robert Fulton est le premier sous-marin en 1800 ; le Great Eastern de 1858 est le premier paquebot géant ; le Dreadnought de 1908 est le premier cuirassé moderne à utiliser des turbines à vapeur et une artillerie mono-calibre ; le contre-torpilleur français Le Terrible a été de longues années bâtiment le plus rapide du monde, filant lors de ses essais en 1935, la vitesse de 45,03 nœuds ; l'USS Nautilus est le premier navire à propulsion nucléaire en 1951. La sustentation dynamique par hydrofoils est utilisée par les hydroptères ; la propulsion assistée par turbo-voiles par certains navires expérimentaux comme l’Alcyone.
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Les bateaux d'exploration se distinguent car leur équipage parvient à son but parfois dans des conditions dantesques avec des moyens qui semblent maintenant dérisoires. Christophe Colomb atteint l'Amérique en 1492 à bord de la caraque Santa Maria, aidée par les caravelles La Niña et La Pinta. Le Victoria est le premier navire à accomplir un tour du monde lors de l'expédition de Magellan. Roald Amundsen se rendit en Antarctique avec le Belgica puis le Fram ; Bougainville utilisa La Boudeuse, Dumont d'Urville navigua sur L'Astrolabe, Baudin partit en expédition sur le Géographe, Darwin voyagea sur le HMS Beagle et Charcot utilisa la série des Pourquoi-Pas ?.
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Dans l'histoire américaine, le Mayflower apporta les premiers colons de l'Angleterre en Amérique du Nord, tandis que l’Hermione amena le Marquis de La Fayette aux Amériques lors de la guerre d'indépendance. On peut également noter les exploits de certains navigateurs solitaires, notamment Joshua Slocum qui accomplit le premier tour du monde en solitaire à bord du yacht Spray, Marcel Bardiaux, ou encore le voilier Joshua de Bernard Moitessier qui reste une référence en matière de voilier hauturier.
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Quelques bateaux imaginaires ont marqué la littérature : ils se trouvaient déjà dans les récits religieux et mythologiques comme l'Arche de Noé dans la Bible ou Argo dans la mythologie grecque, ils ont continué à travailler notre imaginaire avec le Hollandais volant dans les récits de pirates, le Péquod dans le roman Moby Dick, Vingilótë dans l'œuvre de Tolkien, ou le Nautilus dans Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.
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D'autres bateaux ont pris une importance historique : le Bounty est connu pour sa mutinerie, le Grand Saint Antoine pour avoir apporté la peste à Marseille, le Rainbow Warrior de Greenpeace pour son sabotage, Le Renard pour les exploits de son capitaine, Robert Surcouf. De nombreux paquebots ont marqué l'histoire maritime en raison de leur taille ou de leur élégance, tels le Normandie, le Norway (ex-France), le Queen Mary ou le Queen Elizabeth 2. Enfin, certains voiliers ont marqué l'histoire de la course par leurs performances (tels Dorade ou Poulain) ou par leur esthétique (tel Endeavour, un des Classe J), voire les deux (comme la série des Pen Duick d'Éric Tabarly).
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Si la navigation est l'activité la plus évidente, les bateaux sont présents d'autres façons dans les activités humaines :
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La navigation s'est développée avec les avancées technologies mais aussi avec les capacités de manœuvre des bateaux. Si les navires modernes ont ajouté un certain confort et si les instruments de navigation ont rendu les routes maritimes plus sûres, la vie en mer a longtemps été associée à des conditions spartiates et des dangers omniprésents, la mer rappelant aux Hommes la supériorité de la nature. Tant qu'il n'atteint pas une taille suffisante, un bateau reste un objet soumis aux caprices du vent et des vagues : la vie à bord est alors une lutte constante contre l'humidité, les mouvements brusques ou le mal de mer. Aux débuts de la plaisance, les pêcheurs bretons disaient d'ailleurs :
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Un bateau peut ainsi être qualifié selon ses aptitudes nautiques : sa façon de « tenir la route », de remonter au vent, « d'étaler » un coup de vent, ou de répondre aux sollicitations de son barreur. De nombreux dictons sont associés au comportement des bateaux, tels que « grand rouleur, grand marcheur ». On finit même par prêter des caractères aux bateaux : l'un sera réputé capricieux, l'autre docile à la barre ; les expressions associées au comportement humain ou animal sont aussi employés : tel bateau « se vautre » dans les vagues, tel autre « file doux » à la cape. Jeremy Guiton[24] explique le fait que les bateaux soient féminins en anglais par la ressemblance avec le caractère supposé imprévisible des femmes… La vie à bord d'un bateau a enfin légué dans de nombreuses langues des expressions courantes, dont on oublie souvent l'origine en les employant: on se souhaite « bon vent… », untel « a mis les voiles », tel autre « largue les amarres »…
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L'équipage d'un « bon » navire pourra légitimement en être fier et l'on trouve fréquemment des marins attachés sentimentalement à leur bateau, finissant par lui donner un surnom ou refusant sa démolition. À l'inverse, une série d'évènements ou certaines superstitions peuvent donner une mauvaise réputation à un bateau, qui sera supposé « maudit ». L'attachement aux bateaux se retrouve aussi dans le modélisme nautique visant à construire des modèles réduits, mobiles ou non, de navires existants. Les bateaux en bouteille étaient traditionnellement réalisés par les gardiens de phares.
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L'homme a longtemps considéré l'eau comme la frontière vers le royaume de ses dieux, et le bateau est naturellement l'outil qui permet d'aller vers l'au-delà. Les Égyptiens, civilisation résolument fluviale où le Nil occupe la place prépondérante, rejoignent le royaume des morts à bord d'une barque fluviale. La barque solaire en est l'exemple le plus connu. On parle ainsi de bateau tombe lorsqu'il sert à enterrer une personne : les Vikings honorent leurs morts en les enterrant avec leur bateau dans un tumulus. Le bateau de Gokstad en est l'un des exemples les plus célèbres, mais aussi ceux des tombes royales du Vestfold, au bord du golfe d'Oslo, à Tune ou à Oseberg.
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Les noms de bateaux sont aussi chargés de sens : résultant généralement d'une décision du propriétaire, le changer n'est pas forcément bon signe. On trouve ainsi des noms glorieux pour des bateaux de guerre (le Téméraire), des noms de femmes en leur honneur, des références à des personnes illustres, et bien souvent des noms de poissons ou d'oiseaux marins. Plus récemment, le monde de la compétition a vu les noms des bateaux refléter ceux de leurs sponsors. Les navires commerciaux construits en série ont parfois également des noms en série (comme la CMA-CGM qui utilise des noms d'opéras pour ses porte-conteneurs). Le baptême d'un bateau se fait souvent juste avant son lancement, en la présence d'un parrain ou d'une marraine.
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La superstition enfin n'est pas absente de l'univers des bateaux. L'animal à longues oreilles, cousin du lièvre, dont le nom ne doit jamais être prononcé à bord d'un navire en est l'exemple le plus connu.
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L'archéologie marine consiste à retrouver et restaurer les restes de bateaux que l'on peut retrouver enfouis sur les plages ou à l'état d'épaves au fond de l'eau (on parle alors d'archéologie sous-marine, la branche principale) ; la campagne de 2003 menée sur le site des épaves de La Pérouse[25] sur l’île de Vanikoro a fait connaître au grand public cette discipline scientifique. Un navire qui a sombré, sauf s'il a été pillé par des plongeurs clandestins et des chercheurs de trésors, livre une partie de sa structure et, souvent, sa cargaison intacte. Chaque épave est un moment d'histoire échoué au fond des mers. Cette activité archéologique, relativement récente, permet de beaucoup mieux comprendre le riche passé de l’histoire des bateaux, qu’il s’agisse de pirogues préhistoriques ou des grands vaisseaux du XVIIe siècle. L'épave d'un bateau ancien est un microcosme de la technologie et de la culture de son temps.
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C’est en partie grâce à cette activité par exemple que l’association Hermione-La Fayette[26] s'est lancée dans la reconstruction de la frégate Hermione, navire qui, en 1780, permit à La Fayette de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance. D'autre part, les épaves servent aussi de sites privilégiés pour la plongée sous-marine et peuvent aussi servir d'abri à la flore et la faune.
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Le monde de la navigation a inspiré certains genres artistiques propres comme les chants de marins ou les marines ; mais les bateaux ont également été une source d'inspiration dans d'autres genres. On les retrouve dans de nombreuses disciplines : dans les arts picturaux, le romantisme a fait la part belle aux bateaux et notamment aux naufrages avec Turner, puis l'impressionnisme quand Monet parle de « sa chose » faite au Havre : « Du soleil dans la buée et, au premier plan, quelques mâts de navire pointant. » Plus récemment, la photographie de mer et de bateaux a acquis ses lettres de noblesse lorsque des photographes comme Philip Plisson ont été nommés peintres de la Marine en France.
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Les récits d'exploration, de batailles navales ou de piraterie sont aussi à l'origine d'une riche littérature, remontant à Homère et son Odyssée. Les genres sont nombreux :
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Plus récemment, en France, les bandes dessinées telles que H.M.S. (Casterman)[27] ou Tramp (Dargaud) reprennent aussi ces thèmes, déjà abordés dans Les Passagers du vent de François Bourgeon, sans oublier Tintin et Le Secret de La Licorne d'Hergé.
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Certains chants de marins ont fini par être connus du grand public francophone, comme Santiano de Hugues Aufray qui chante son « fameux trois-mâts, fin comme un oiseau » ou le nostalgique Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau de notre enfance ; d'autres navires d'actualité ont inspiré des chanteurs comme le France pendant son désarmement qui inspirera Michel Sardou.
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L'opéra s'inspire d'histoires plus mythiques, comme Le Vaisseau fantôme de Wagner.
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Enfin, le cinéma a abondamment utilisé les histoires de grands navires comme Les Révoltés du Bounty ou Titanic, ou des bateaux imaginaires tel le Black Pearl inspiré de la Marie-Céleste dans le film Pirates des Caraïbes.
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« Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté[28]. »
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À l’image de Baudelaire, les hommes sont de tout temps fascinés par l’eau. Existe-t-il un poète qui n’ait à un moment évoqué la source de la vie terrestre, admirant et craignant tout à la fois cet élément magique qui lui refuse sa présence ? Sans bateau, point d'évasion sur l'eau !
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Paul Verlaine rêve cette évasion en bateau :
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« Cependant la lune se lève
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Et l'esquif en sa course brève
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File gaîment sur l'eau qui rêve. »
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Vaincre héroïquement la violence de la mer, comme le décrit Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer, reste le désir souvent inassouvi de l’Homme. Platon, bien avant lui, déjà s’émerveille : Il y a les vivants, il y a les morts, et il y a ceux qui vont sur la mer[réf. souhaitée].
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Enfin, Arthur Rimbaud fait s'exprimer son bateau ivre[29] en le faisant chanter entre ciel et terre, entre paradis et enfer :
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« La tempête a béni mes éveils maritimes.
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Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
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Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
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Dix nuits, sans regretter l'œil niais des falots !
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Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
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L'eau verte pénétra ma coque de sapin
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Et des taches de vins bleus et des vomissures
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Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
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…
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Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
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De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
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Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
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Et ravie, un noyé pensif parfois descend
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J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
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Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur:
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- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
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Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
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Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
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Toute lune est atroce et tout soleil amer:
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L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
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Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer ! »
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De toutes les constructions humaines capables de flotter et de se déplacer sur l'eau, c'est le terme bateau qui est l'appellation la plus familière. Mais il a de nombreux synonymes[30].
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La vallée de la Mort (en anglais : Death Valley) est une vallée du désert des Mojaves (États-Unis) située en Californie et incluse dans le parc national de la vallée de la Mort. Il s'agit d'un rift endoréique de forme allongée et orienté nord-sud. Son point le plus bas, Badwater, est, avec 85,5 mètres sous le niveau de la mer, le point le plus bas des États-Unis. La température la plus élevée enregistrée sur Terre l'a été le 10 juillet 1913 à Furnace Creek avec 56,7 °C[1].
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La vallée de la Mort est située dans le Sud-Ouest des États-Unis, dans le Sud-Est de la Californie, en bordure méridionale du Grand Bassin des États-Unis et à l'est de la Sierra Nevada. Elle s'étend sur les comtés d'Inyo et de San Bernardino, le long de la frontière avec le Nevada.
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Elle constitue une grande partie du parc national de la vallée de la Mort et est la principale caractéristique de la réserve de biosphère des déserts des Mojaves et du Colorado.
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Cette vallée est entièrement située dans la province géologique de Basin and Range, vaste région caractérisée par une extension continentale à l'origine de blocs basculés définissant des horsts séparés par des grabens[2].
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La vallée correspond à un rift qui s'étend du nord au sud entre le chaînon Amargosa à l'est et le chaînon Panamint à l'ouest, les chaînes montagneuses Sylvania et Owlshead (en) forment respectivement ses frontières nord et sud. Elle a une superficie d'environ 7 800 km2.
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Badwater, un bassin situé dans la vallée de la Mort, est l'endroit le plus bas des États-Unis avec 85,5 mètres en dessous du niveau de la mer[3]. Ce point est seulement à 123 kilomètres à l'est du mont Whitney, le point le plus élevé des États-Unis contigus avec une altitude de 4 421 mètres.
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La vallée de la Mort constitue un désert d'abri faisant partie du désert des Mojaves qui est comme caché par trois chaînes montagneuses (Sierra Nevada, montagnes Inyo (en) & chaînon Argus, et chaînon Panamint) qui le privent de l'arrivée éventuelle de vents porteurs de nuages chargés de pluie qui soufflent de l'ouest au-dessus des eaux chaudes du Pacifique, ce qui crée un phénomène d'ombre pluviométrique[4]. Il possède ainsi un climat subtropical, désertique chaud typique. L'été est long, torride et très sec alors que l'hiver est court, tempéré avec des journées douces et des nuits froides. La pluie tombe en hiver, bien que rare même en cette saison. Le cumul annuel est inférieur à 300 mm, le désert des Mojaves est l'un des déserts les plus secs au monde. Entre juin et août inclus, la température dépasse presque tous les jours 45 °C[5] et parfois atteint ou excède 50 °C ; les températures moyennes hivernales se situent aux alentours des 20 °C. Les nuits estivales sont chaudes (la température ne descend pas en dessous de 27 °C).
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La température la plus haute jamais relevée dans la vallée de la Mort, qui est également la température la plus haute jamais enregistrée sur Terre, est de 56,7 °C le 10 juillet 1913 à Furnace Creek[6] (des doutes subsistent toutefois quant à la validité de ce record)[1]. Durant la canicule extrême qui s'est produite pendant cette période, la température est montée jusqu'à 54 °C ou plus pendant cinq jours consécutifs (le record de chaleur absolu mondial mesuré le 13 septembre 1922 à El Azizia en Libye avec 57,7 °C a été invalidé le 13 septembre 2012[7]). Le 30 juin 2013, durant une autre canicule, la température a atteint 54 °C à Furnace Creek, ce qui constitue le nouveau record pour le mois de juin à cet endroit[8].
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En 2001, la température atteint 38 °C ou plus pendant 154 jours consécutifs en été. L'été 1996 eut 40 jours au-dessus de 49 °C et 105 jours au-dessus de 43 °C. La période se trouvant entre 1931 et 1934 fut la plus sèche avec seulement 16 mm de précipitations sur une durée de plus de 40 mois.
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La température moyenne annuelle de la vallée de la Mort relevée à Furnace Creek est de 25 °C avec une moyenne de 19 °C en janvier et une moyenne de 47 °C en juillet[réf. nécessaire]. Entre avril et octobre 1992, la température atteint 32 °C ou plus pendant 205 jours consécutifs.
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Le 12 juillet 2012, la température la plus basse de la journée fut de 42 °C, ce qui est le record mondial de la température basse la plus chaude. Dans le même jour, la température moyenne journalière fut de 47 °C, ce qui est la température moyenne journalière la plus haute au monde.
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Le 22 avril 1922, la vallée de la Mort a enregistré la plus haute température d'avril en Amérique du Nord, celle-ci ayant été de 45 °C. Le 15 juillet 1972, Furnace Creek a connu la plus haute température du sol jamais enregistrée qui a été de 93,9 °C, ce qui revient à dire que le sol était presque bouillant[9]. Le 30 juin 2013, la vallée de la Mort voit la température monter jusqu'à 54 °C, ce qui est la température la plus élevée au monde pour un mois de juin[10].
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La température la plus basse jamais enregistrée dans la vallée de la Mort fut de −9 °C à Greenland Ranch. La vallée de la Mort comptabilise une durée d'ensoleillement annuel de près de 3 625 heures soit 80 % du temps.
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Les étés les plus chauds du monde se rencontrent dans les déserts d'Afrique, du Moyen-Orient, et dans la vallée de la Mort.
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Le socle précambrien est formé d'un dépôt sédimentaire composé essentiellement de roches carbonées (principalement de calcaire) et couronné de stromatolithes. Les phases sédimentaires sont entrecoupées par des séquences volcaniques et de métamorphisme régional[11].
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Le paysage de la vallée de la Mort au Précambrien correspond à une mer peu profonde. À partir du milieu du Mésozoïque vers 200 Ma, la subduction de la plaque Farallon sous la plaque nord-américaine transforme la marge passive en marge active, formant la province géologique de Basin and Range et une chaîne de volcans principalement à l'ouest de la vallée, dont la Sierra Nevada. Le magmatisme de subduction est également à l'origine d'un pluton granitique, mis en place vers la fin du Mésozoïque : la circulations de fluides hydrothermaux provenant du magma est un mécanisme de concentration d'eaux chargées de minéraux métalliques (cuivre, argent, or, plomb) qui cristallisent dans le réseau de fractures développé au contact du pluton, d'où la présence de minerais[12]
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L'histoire géologique de cette plateforme carbonatée est marquée par une tectonique extensive qui débute à l'Éocène, délimitant un profond fossé d'effondrement dès l'Oligocène, tectonique qui reste active aujourd'hui. Au Pléistocène, la vallée est régulièrement inondée par des eaux de ruissellement et d'infiltration qui dissolvent divers sels sur leur trajet, principalement sur les reliefs avoisinants : les lacs transitoires, en raison de l'évaporation intense, favorisent les dépôts d’évaporites (borax issu probablement du lessivage des cendres abondantes des volcans, sel gemme…)[2].
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Les séismes de petite magnitude sont fréquents.
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Si l'érosion a aplani les crêtes des montagnes avoisinantes, leur relief reste marqué par les canyons. Le ravinement, causé principalement par des torrents aujourd'hui asséchés, est important présente sous forme de canyons. Le sol et les flancs de ces gorges portent les traces des flash floods, crues soudaines qui surviennent brutalement lors d'orages torrentiels (présence de gros rochers rejetés en haut des parois, marbre de Mosaic Canyon résultant du métamorphisme de la dolomite et formant une crevasse de 800 m de long de roches polies par ces crues éclair)[13].
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Depuis la fin du XXe siècle, un curieux phénomène géologique se produit dans l'ancien lit du lac asséché de Racetrack Playa. Des pierres mouvantes (certaines faisant plus de 300 kg) se déplacent en laissant derrière elles une trace dans le sable[14].
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La vallée de la Mort regroupe plus de 400 espèces végétales et animales.
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Des poissons appelés localement pupfish (en) vivent dans les quelques sources restantes.
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Des fourmis argentées se refroidissent de deux manières, soit en se soulevant un maximum du sol chaud sur quatre millimètres de hauteur ce qui leur permet de faire baisser la température de 7 °C, soit en se déplaçant jusqu'à un mètre par seconde ce qui lui permet de profiter du refroidissement éolien. Ces fourmis se nourrissent des insectes tués par la chaleur.
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Plusieurs espèces de reptiles vivent dans la vallée de la Mort. Par exemple, le fameux Serpent à sonnette ou les Crotale cornu.
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On y retrouve aussi des canidés, comme le Coyote.
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Les pluies torrentielles en fin d'été peuvent transformer cette vallée en un désert fleuri[15].
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La vallée de la mort est le foyer de la tribu Timbisha des Amérindiens, anciennement connu sous le nom de Panamint Shoshone, qui ont habité la vallée pendant au moins un millénaire. Timbisha, qui était le nom de la vallée tümpisa, signifie «la peinture de roche» et se réfère à la peinture à l'ocre rouge qui peut être faite à partir d'un type d'argile trouvés dans la vallée.
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Certaines familles vivent encore dans la vallée à Furnace Creek. Un autre village était à Grapevine Canyon près du site actuel du Scotty's Castle. Il a été appelé dans le maahunu de langue Timbisha, dont la signification est incertaine, même si on sait que hunu signifie "canyon". La vallée a reçu son nom anglais en 1849 pendant la ruée vers l'or en Californie. Elle a été appelée Death Valley par des prospecteurs et d'autres qui cherchaient à traverser la vallée, sur leur chemin vers les champs aurifères. Pendant les années 1850, l'or et l'argent ont été extraits dans la vallée. Dans les années 1880, le borax a été découvert et extrait par wagons tirés par des mules.
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Elle a été nommée Death Valley le 11 février 1933, par le président Herbert Hoover, et placée sous la protection fédérale. En 1994, le site a été renommé Death Valley National Park pour inclure la vallée de Saline (en) et la vallée d'Eureka (en).
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La vallée de la Mort (en anglais : Death Valley) est une vallée du désert des Mojaves (États-Unis) située en Californie et incluse dans le parc national de la vallée de la Mort. Il s'agit d'un rift endoréique de forme allongée et orienté nord-sud. Son point le plus bas, Badwater, est, avec 85,5 mètres sous le niveau de la mer, le point le plus bas des États-Unis. La température la plus élevée enregistrée sur Terre l'a été le 10 juillet 1913 à Furnace Creek avec 56,7 °C[1].
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La vallée de la Mort est située dans le Sud-Ouest des États-Unis, dans le Sud-Est de la Californie, en bordure méridionale du Grand Bassin des États-Unis et à l'est de la Sierra Nevada. Elle s'étend sur les comtés d'Inyo et de San Bernardino, le long de la frontière avec le Nevada.
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Elle constitue une grande partie du parc national de la vallée de la Mort et est la principale caractéristique de la réserve de biosphère des déserts des Mojaves et du Colorado.
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Cette vallée est entièrement située dans la province géologique de Basin and Range, vaste région caractérisée par une extension continentale à l'origine de blocs basculés définissant des horsts séparés par des grabens[2].
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La vallée correspond à un rift qui s'étend du nord au sud entre le chaînon Amargosa à l'est et le chaînon Panamint à l'ouest, les chaînes montagneuses Sylvania et Owlshead (en) forment respectivement ses frontières nord et sud. Elle a une superficie d'environ 7 800 km2.
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Badwater, un bassin situé dans la vallée de la Mort, est l'endroit le plus bas des États-Unis avec 85,5 mètres en dessous du niveau de la mer[3]. Ce point est seulement à 123 kilomètres à l'est du mont Whitney, le point le plus élevé des États-Unis contigus avec une altitude de 4 421 mètres.
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La vallée de la Mort constitue un désert d'abri faisant partie du désert des Mojaves qui est comme caché par trois chaînes montagneuses (Sierra Nevada, montagnes Inyo (en) & chaînon Argus, et chaînon Panamint) qui le privent de l'arrivée éventuelle de vents porteurs de nuages chargés de pluie qui soufflent de l'ouest au-dessus des eaux chaudes du Pacifique, ce qui crée un phénomène d'ombre pluviométrique[4]. Il possède ainsi un climat subtropical, désertique chaud typique. L'été est long, torride et très sec alors que l'hiver est court, tempéré avec des journées douces et des nuits froides. La pluie tombe en hiver, bien que rare même en cette saison. Le cumul annuel est inférieur à 300 mm, le désert des Mojaves est l'un des déserts les plus secs au monde. Entre juin et août inclus, la température dépasse presque tous les jours 45 °C[5] et parfois atteint ou excède 50 °C ; les températures moyennes hivernales se situent aux alentours des 20 °C. Les nuits estivales sont chaudes (la température ne descend pas en dessous de 27 °C).
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La température la plus haute jamais relevée dans la vallée de la Mort, qui est également la température la plus haute jamais enregistrée sur Terre, est de 56,7 °C le 10 juillet 1913 à Furnace Creek[6] (des doutes subsistent toutefois quant à la validité de ce record)[1]. Durant la canicule extrême qui s'est produite pendant cette période, la température est montée jusqu'à 54 °C ou plus pendant cinq jours consécutifs (le record de chaleur absolu mondial mesuré le 13 septembre 1922 à El Azizia en Libye avec 57,7 °C a été invalidé le 13 septembre 2012[7]). Le 30 juin 2013, durant une autre canicule, la température a atteint 54 °C à Furnace Creek, ce qui constitue le nouveau record pour le mois de juin à cet endroit[8].
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En 2001, la température atteint 38 °C ou plus pendant 154 jours consécutifs en été. L'été 1996 eut 40 jours au-dessus de 49 °C et 105 jours au-dessus de 43 °C. La période se trouvant entre 1931 et 1934 fut la plus sèche avec seulement 16 mm de précipitations sur une durée de plus de 40 mois.
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La température moyenne annuelle de la vallée de la Mort relevée à Furnace Creek est de 25 °C avec une moyenne de 19 °C en janvier et une moyenne de 47 °C en juillet[réf. nécessaire]. Entre avril et octobre 1992, la température atteint 32 °C ou plus pendant 205 jours consécutifs.
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Le 12 juillet 2012, la température la plus basse de la journée fut de 42 °C, ce qui est le record mondial de la température basse la plus chaude. Dans le même jour, la température moyenne journalière fut de 47 °C, ce qui est la température moyenne journalière la plus haute au monde.
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Le 22 avril 1922, la vallée de la Mort a enregistré la plus haute température d'avril en Amérique du Nord, celle-ci ayant été de 45 °C. Le 15 juillet 1972, Furnace Creek a connu la plus haute température du sol jamais enregistrée qui a été de 93,9 °C, ce qui revient à dire que le sol était presque bouillant[9]. Le 30 juin 2013, la vallée de la Mort voit la température monter jusqu'à 54 °C, ce qui est la température la plus élevée au monde pour un mois de juin[10].
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La température la plus basse jamais enregistrée dans la vallée de la Mort fut de −9 °C à Greenland Ranch. La vallée de la Mort comptabilise une durée d'ensoleillement annuel de près de 3 625 heures soit 80 % du temps.
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Le socle précambrien est formé d'un dépôt sédimentaire composé essentiellement de roches carbonées (principalement de calcaire) et couronné de stromatolithes. Les phases sédimentaires sont entrecoupées par des séquences volcaniques et de métamorphisme régional[11].
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Le paysage de la vallée de la Mort au Précambrien correspond à une mer peu profonde. À partir du milieu du Mésozoïque vers 200 Ma, la subduction de la plaque Farallon sous la plaque nord-américaine transforme la marge passive en marge active, formant la province géologique de Basin and Range et une chaîne de volcans principalement à l'ouest de la vallée, dont la Sierra Nevada. Le magmatisme de subduction est également à l'origine d'un pluton granitique, mis en place vers la fin du Mésozoïque : la circulations de fluides hydrothermaux provenant du magma est un mécanisme de concentration d'eaux chargées de minéraux métalliques (cuivre, argent, or, plomb) qui cristallisent dans le réseau de fractures développé au contact du pluton, d'où la présence de minerais[12]
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L'histoire géologique de cette plateforme carbonatée est marquée par une tectonique extensive qui débute à l'Éocène, délimitant un profond fossé d'effondrement dès l'Oligocène, tectonique qui reste active aujourd'hui. Au Pléistocène, la vallée est régulièrement inondée par des eaux de ruissellement et d'infiltration qui dissolvent divers sels sur leur trajet, principalement sur les reliefs avoisinants : les lacs transitoires, en raison de l'évaporation intense, favorisent les dépôts d’évaporites (borax issu probablement du lessivage des cendres abondantes des volcans, sel gemme…)[2].
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Les séismes de petite magnitude sont fréquents.
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Si l'érosion a aplani les crêtes des montagnes avoisinantes, leur relief reste marqué par les canyons. Le ravinement, causé principalement par des torrents aujourd'hui asséchés, est important présente sous forme de canyons. Le sol et les flancs de ces gorges portent les traces des flash floods, crues soudaines qui surviennent brutalement lors d'orages torrentiels (présence de gros rochers rejetés en haut des parois, marbre de Mosaic Canyon résultant du métamorphisme de la dolomite et formant une crevasse de 800 m de long de roches polies par ces crues éclair)[13].
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Depuis la fin du XXe siècle, un curieux phénomène géologique se produit dans l'ancien lit du lac asséché de Racetrack Playa. Des pierres mouvantes (certaines faisant plus de 300 kg) se déplacent en laissant derrière elles une trace dans le sable[14].
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La vallée de la Mort regroupe plus de 400 espèces végétales et animales.
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Des poissons appelés localement pupfish (en) vivent dans les quelques sources restantes.
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Des fourmis argentées se refroidissent de deux manières, soit en se soulevant un maximum du sol chaud sur quatre millimètres de hauteur ce qui leur permet de faire baisser la température de 7 °C, soit en se déplaçant jusqu'à un mètre par seconde ce qui lui permet de profiter du refroidissement éolien. Ces fourmis se nourrissent des insectes tués par la chaleur.
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Plusieurs espèces de reptiles vivent dans la vallée de la Mort. Par exemple, le fameux Serpent à sonnette ou les Crotale cornu.
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On y retrouve aussi des canidés, comme le Coyote.
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Les pluies torrentielles en fin d'été peuvent transformer cette vallée en un désert fleuri[15].
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La vallée de la mort est le foyer de la tribu Timbisha des Amérindiens, anciennement connu sous le nom de Panamint Shoshone, qui ont habité la vallée pendant au moins un millénaire. Timbisha, qui était le nom de la vallée tümpisa, signifie «la peinture de roche» et se réfère à la peinture à l'ocre rouge qui peut être faite à partir d'un type d'argile trouvés dans la vallée.
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Certaines familles vivent encore dans la vallée à Furnace Creek. Un autre village était à Grapevine Canyon près du site actuel du Scotty's Castle. Il a été appelé dans le maahunu de langue Timbisha, dont la signification est incertaine, même si on sait que hunu signifie "canyon". La vallée a reçu son nom anglais en 1849 pendant la ruée vers l'or en Californie. Elle a été appelée Death Valley par des prospecteurs et d'autres qui cherchaient à traverser la vallée, sur leur chemin vers les champs aurifères. Pendant les années 1850, l'or et l'argent ont été extraits dans la vallée. Dans les années 1880, le borax a été découvert et extrait par wagons tirés par des mules.
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Elle a été nommée Death Valley le 11 février 1933, par le président Herbert Hoover, et placée sous la protection fédérale. En 1994, le site a été renommé Death Valley National Park pour inclure la vallée de Saline (en) et la vallée d'Eureka (en).
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Le Nil (prononcé [nil]) est un fleuve d'Afrique. Avec une longueur d'environ 6 700 km, c'est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde[notes 1]. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc (Nahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil bleu (Nahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie). Ses deux branches s'unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte. En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Égypte. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé.
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Le Nil est la voie qu'empruntaient les Égyptiens pour se déplacer. Il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l'abondance. Il joua un rôle très important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social (c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux. Fleuve nourricier de cette civilisation, il fut divinisé sous le nom d'Hâpy[notes 2], personnifiant la crue du Nil dans la mythologie égyptienne.
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La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives, est restée longtemps un phénomène inexpliqué. C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, Kemet, qui veut dire « la terre noire ».
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De nos jours, les eaux limoneuses du Nil sont captées et redistribuées sur les terres agricoles grâce aux barrages de Ziftah, d'Assiout, d'Hammadi, d'Esna et surtout aux deux barrages géants d'Assouan, l'ancien et le grand barrage, dont la construction dans les années 1970 a nécessité le déplacement de plusieurs temples dont ceux d'Abou Simbel, qui auraient été noyés dans la retenue du lac Nasser.
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Les anciens Égyptiens l'appelaient Atour ou itéru (trans. = jtrw)[3] signifiant « la grande rivière », représentée par les hiéroglyphes :
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qui se déformera plus tard en eior[4].
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Le mot « Nil » ((ar) nīl), vient du latin Nilus, i, lui-même issu du grec Νεῖλος (Neilos), qui serait lui-même une transcription déformée du terme égyptien Na-eiore, pluriel de eior désignant le delta[4].
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En arabe on écrit النيل (An-Nil).
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Le bassin hydrographique du Nil couvre 3 254 555 km2, à peu près 10 % de la superficie de l'Afrique[5].
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Les deux grands affluents du Nil sont le Nil Blanc dont la source se trouve à l'équateur, et le Nil Bleu dont la source se trouve en Éthiopie. Chacune de ces branches se trouve sur le flanc ouest du Rift Est-Africain. L'Atbara est aussi un autre affluent moins important du Nil, qui coule seulement quand il pleut en Éthiopie et qui s'assèche vite.
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La source du Nil est parfois considérée comme étant le lac Victoria, mais le lac est alimenté par des cours d'eau de taille considérable. Le cours d'eau le plus long qui se jette au lac Victoria, et qui en est donc la source la plus éloignée, émerge de la forêt de Nyungwe au Rwanda, par l'intermédiaire du Rukarara, qui se jette dans le Mwogo, puis le Nyabarongo et enfin le Kagera, avant de rejoindre le lac Victoria en Tanzanie près de la ville de Bukoba.
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Le Nil quitte le lac Victoria aux chutes de Ripon, près de Jinja, Ouganda ; il porte le nom de « Nil Victoria ». Il s'écoule pendant approximativement 500 km, par le lac Kyoga, jusqu'à atteindre le lac Albert. Après avoir quitté ce lac, le fleuve est connu sous le nom de « Nil Albert ». Il coule alors au Soudan, où il est connu comme le Nahr el Jabal (rivière de la montagne). Au confluent du Nahr el-Jabal et du Bahr el-Ghazal (720 km de long), le fleuve est connu sous le nom de Nahr al Abyad, ou Nil Blanc, ce nom lui venant de l'argile blanchâtre en suspension dans ses eaux. De là, le fleuve coule vers Khartoum.
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Le Nil Bleu (Ge'ez ጥቁር ዓባይ Ṭiqūr ʿĀbbāy, rivière noire Abay pour les Éthiopiens ; Nahr al Azraq pour les Soudanais) jaillit du lac Tana dans les montagnes éthiopiennes. Le Nil bleu mesure environ 1 400 km jusqu'à Khartoum, où il rejoint le Nil blanc pour former le Nil proprement dit. 90 % de l'eau et 96 % des sédiments transportés par le Nil[6] proviennent de l'Éthiopie, mais cet écoulement se produit seulement en été, quand les grandes pluies tombent sur le plateau éthiopien ; le reste de l'année, les grands fleuves drainant l'Éthiopie vers le Nil coulent faiblement.
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Le débit du Nil Albert à Mongalla (au nord-est de Djouba) est presque constant pendant toute l'année, d'une moyenne de 1 048 m3/s. Après Mongalla le Nil (Nahr Al Jebel) entre dans d'immenses marais au Sud du Soudan (marais du Sudd). Plus de la moitié des eaux du Nil sont perdues dans ce marais par évaporation. Le débit moyen du Nahr Al Jebel, de Nahr à la fin des marais, est d'environ 510 m3/s. À la sortie des marais, cette rivière rejoint rapidement le Sobat et forme le Nil Blanc.
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L'écoulement moyen du Nil Blanc à Malakal est de 924 m3/s, le débit maximum est approximativement de 1 218 m3/s début mars et le minimum est d'environ 609 m3/s en août. La fluctuation ici est due à la variation substantielle du débit du Sobat qui a un écoulement minimum d'environ 99 m3/s en août et un débit maximum de plus de 680 m3/s début mars.
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Le Nil blanc coule ensuite vers Khartoum où il rejoint le Nil Bleu pour former le Nil.
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Le Nil Blanc contribue approximativement à 30 % du débit annuel du Nil. Cependant, pendant la saison sèche (de janvier à juin), le Nil Blanc contribue à hauteur de 70 % voire 90 % de tout le débit du Nil. Pendant cette période, le débit du Nil Bleu peut descendre jusqu'à 113 m3/s, bien que les barrages en amont règlent l'écoulement du fleuve. Pendant la période sèche l'écoulement de la rivière Atbara est pratiquement nul.
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Le Nil Bleu contribue approximativement à 70 % du débit du Nil. Le débit du Nil Bleu change considérablement au cours de l'année. C'est ce qui provoque principalement les grandes variations du débit du Nil. Pendant la saison des pluies, le débit maximum du Nil Bleu excède souvent 5 663 m3/s fin août (multiplication par 50 du débit normal).
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Avant la construction de barrages sur le fleuve, le débit annuel pouvait passer de un à quinze à Assouan. Les débits maxima de plus de 8 212 m3/s se produisent fin août-début septembre et les débits minima d'environ 552 m3/s ont lieu vers la fin avril-début mai.
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Le bassin du Nil est complexe, et pour cette raison le débit en n'importe quel point le long du fleuve dépend de beaucoup de facteurs comprenant la météorologie, les déviations, l'évaporation ou l'évapotranspiration, et l'écoulement d'eaux souterraines.
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Le transport annuel de sédiments dans le Nil en aval du barrage d’Assouan est de l’ordre de [7]
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Après la confluence du Nil Bleu et du Nil Blanc, le seul affluent principal restant est la rivière Atbara, qui prend sa source en Éthiopie, à environ 50 km au nord du lac Tana, et coule sur approximativement 800 km. Elle rejoint le Nil environ 300 km après Khartoum. Le Nil a ainsi comme particularité que son dernier affluent le rejoint à mi-chemin de la mer. Après cette dernière confluence, le débit du Nil diminue en raison de l'évaporation très importante lors de la traversée du Sahara.
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Le Nil au Soudan présente deux particularités :
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Au nord du Caire, le Nil rejoint la Méditerranée par un delta à l'entrée duquel il se divise en deux bras principaux, le bras de Rosette à l'ouest et celui de Damiette à l'est.
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Le Nil (iteru en égyptien ancien) était au cœur de la civilisation de l'Égypte antique. La majorité de la population et toutes les villes de l'Égypte occupaient les rives du Nil au nord d'Assouan. Le Nil a été la colonne vertébrale de la culture égyptienne depuis l'âge de pierre. Le changement de climat, et peut-être la surexploitation des pâturages, a desséché les terres pastorales de l'Égypte pour former le désert du Sahara, probablement vers -8000, et les habitants ont alors vraisemblablement émigré vers le fleuve, où ils ont établi une économie agricole sédentaire et une société plus centralisée.
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Pendant trente siècles, seules des felouques et des canges à rames ont navigué sur le Nil de Haute-Égypte. Il n'a fallu que cinquante ans pour qu'une armada de palaces flottants bouleverse le trafic fluvial millénaire.
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La nourriture a joué un rôle crucial dans la fondation de la civilisation égyptienne. Le Nil a été une source intarissable de nourriture. Le Nil rend les terres environnantes très fertiles grâce à ses crues annuelles. Les Égyptiens pouvaient entre autres cultiver le blé et l'orge, fournissant de la nourriture pour toute la population. En outre, l'eau du Nil attire la faune telle que le buffle d'Afrique, et après leur introduction par les Perses au VIIe siècle avant notre ère, des dromadaires[notes 3]. Ces animaux ont pu être tués pour la viande, ou capturés, apprivoisés et employés pour labourer — ou dans le cas des dromadaires pour voyager. L'eau était vitale pour les humains comme pour le bétail. Le Nil était également un moyen commode et efficace de transport pour les personnes et les marchandises.
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Le Nil a aussi fourni le lin pour le commerce. Le blé était également échangé, une récolte cruciale dans le Moyen-Orient où la famine sévissait souvent. Ce système marchand a fixé les rapports diplomatiques de l'Égypte avec d'autres pays, et a souvent contribué à la stabilité économique de l'Égypte. En outre, le Nil a fourni des ressources telles que la nourriture (poissons, gibier d'eau, irrigation des champs) ou de l'or alluvionnaire, pour lever rapidement et efficacement des armées.
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Le Nil a joué un rôle important dans la politique et dans la vie sociale. Le pharaon faisait déborder le Nil, et en échange de l'eau fertile et des récoltes, les paysans cultivaient le sol et envoyaient au pharaon une partie des ressources qu'ils avaient récoltées. En contrepartie, ce dernier utilisait ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne.
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Le Nil avait une dimension spirituelle. Le Nil signifiait tant dans la vie des Égyptiens, qu'ils ont créé un dieu consacré au bien-être apporté par l'inondation annuelle du Nil. Le nom de ce dieu était Hâpy et autant lui que Pharaon étaient censés contrôler la crue du Nil. Le Nil a été aussi considéré comme un seuil entre la vie et la mort, l'au-delà. L'est était considéré comme le lieu de la naissance et de la croissance et l'ouest celui de la mort, comme le dieu Rê, le soleil, qui subit ces trois états : naissance, mort et résurrection à chaque fois qu'il traverse le ciel. Ainsi, tous les tombeaux ont été placés à l'ouest du Nil, parce que les Égyptiens croyaient que pour entrer dans l'au-delà, il fallait être enterré du côté symbolisant la mort.
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L'historien grec Hérodote a écrit que « l'Égypte était un don du Nil ». Cette formulation, bien que naïve, illustre bien l'importance du Nil dans la société égyptienne. Cependant elle passe sous silence la grande quantité de travail fournie par les Égyptiens pour mettre en valeur le fleuve (construction de canaux d'irrigation puis utilisation de chadoufs et de norias) ; en effet ses crues dévastatrices et son cours variable (la ville de Pi-Ramsès a par exemple dû être abandonnée à la suite de l'ensablement du bras du Nil qui l'alimentait) ont rendu son exploitation laborieuse[8]. Cette phrase passe également sous silence la mise en valeur plus anecdotique des oasis du désert Libyque, pour lesquelles il a également fallu avoir recours à d'importants travaux d'irrigation (chadoufs, norias, qanats, etc.).
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Le commerce de grande envergure le long du Nil depuis des temps antiques peut être prouvé à partir de l'os d'Ishango, probablement la première indication connue de la multiplication, qui a été découverte près de la source du Nil (près du lac Édouard, au nord-est du Congo), os qui a été daté au carbone 14 à près de 23 000 années avant notre ère.
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En dépit des tentatives des Grecs et des Romains (qui n'ont pu traverser les marais du Sudd), l'amont du Nil est demeuré en grande partie inconnu des sociétés méditerranéennes. Les diverses expéditions n'avaient pas réussi à déterminer la source du fleuve. Les représentations hellénistiques et romaines classiques du fleuve représentaient ainsi un dieu masculin avec son visage et sa tête se cachant dans des draperies, en témoignent les vers célèbres de Lucain :
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« Arcanum natura caput non prodidit ulli
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Nec licuit populis parvum te, Nile, videre[9] »
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Agatharchide relate que sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, une expédition militaire avait pénétré assez loin le long du cours du Nil Bleu pour déterminer que les crues de l'été étaient provoquées par les orages de pluies saisonnières dans les montagnes éthiopiennes. Mais aucun voyageur n'est connu dans l'Antiquité pour avoir atteint le lac Tana, encore moins pour avoir retracé les étapes de cette expédition après Méroé.
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Les Européens ne connaissaient que peu de choses sur les origines du Nil jusqu'aux XVe et XVIe siècles, quand des voyageurs allant en Éthiopie ont visité non seulement le lac Tana, mais sont allés jusqu'à la source du Nil Bleu dans les montagnes au sud du lac. Bien que James Bruce ait prétendu avoir été le premier Européen à avoir vu la source, les auteurs modernes considèrent (avec plus de sources)[Lesquelles ?] que le premier est plutôt le père jésuite Pedro Páez. Des Européens s'étaient installés en Éthiopie depuis la fin du XVe siècle, et il est possible qu'ils aient exploré le fleuve au plus près de sa source, mais ils ne pouvaient pas envisager son cours au-delà de l'Éthiopie.
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Le Nil Blanc était encore plus inconnu. Les anciens ont pensé que le fleuve Niger était une des extensions supérieures du Nil Blanc. Par exemple, Pline l'Ancien a écrit que le Nil aurait sa source dans une montagne de la Mauritanie du Sud, qu'il coule sur une distance de plusieurs jours, puis se prolonge sous terre, et qu'il réapparaît sur le territoire des Massæsyles, puis retourne sous le désert pour couler pendant vingt jours jusqu'à ce qu'il atteigne les Éthiopiens les plus proches[10].
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Le lac Victoria a été aperçu pour la première fois par un Européen en 1858 quand l'explorateur britannique John Hanning Speke atteignit son rivage méridional pendant son voyage avec Richard Francis Burton pour explorer l'Afrique centrale et pour localiser les Grands Lacs. Croyant avoir trouvé la source du Nil en voyant cette « vaste étendue d'eau » pour la première fois, Speke a appelé le lac du nom de la reine du Royaume-Uni. Burton, qui récupérait d'une maladie et se reposait au sud dans la ville de Kazeh après avoir exploré les rivages du lac Tanganyika, s'est indigné du fait que Speke ait prétendu avoir découvert la vraie source du Nil sans en apporter les preuves scientifiques nécessaires. Burton considérait donc la question des sources du Nil non encore réglée[11]. Une querelle publique suivit, qui a non seulement provoqué des discussions intenses au sein de la communauté scientifique, mais aussi beaucoup d'intérêt chez les autres explorateurs souhaitant confirmer ou réfuter la découverte de Speke. L'explorateur et missionnaire britannique David Livingstone échoua dans sa tentative de vérifier la découverte de Speke, en allant trop vers l'ouest et entrant dans le système du fleuve Congo. C'est finalement l'explorateur britannique Henry Morton Stanley qui confirma la véracité de la découverte de Speke, en naviguant autour du lac Victoria et en se rendant compte de l'existence des chutes de Ripon sur la rive nord du lac. C'est au cours de ce voyage qu'il est dit que Stanley aurait salué l'explorateur britannique avec les mots célèbres « Dr Livingstone, je présume ? » en découvrant l'Écossais malade et découragé dans son camp à Ujiji sur les rives du lac Tanganyika.
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L'expédition du Nil Blanc, menée par le Sud-Africain Hendri Coetzee, a été la première à naviguer sur toute la longueur du Nil. Elle est partie de la source du Nil en Ouganda le 17 janvier 2004 et est arrivée à la Mer Méditerranée à Rosette, quatre mois et deux semaines plus tard. National Geographic a présenté un film sur l'expédition à la fin de l'année 2005 : The Longest River.
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Le 28 avril 2004, le géologue Pasquale Scaturro et son associé, le kayakiste et réalisateur de documentaires Gordon Brown, sont devenus les premières personnes à naviguer sur le Nil Bleu, du lac Tana en Éthiopie aux plages d'Alexandrie sur la Méditerranée. Cependant, leur expédition comprenait beaucoup d'autres personnes, mais Brown et Scaturro ont été les seuls à rester pendant tout le voyage. Ils ont enregistré la chronique de leur aventure avec une caméra IMAX et deux caméras à main dans le film IMAX intitulé Le Mystère du Nil et dans un livre éponyme. Malgré tout, l'équipe a été forcée d'utiliser des bateaux à moteur pour la majeure partie de leur voyage, et ce n'est que le 29 janvier 2005 que le Canadien Les Jickling et le Néo-Zélandais Mark Tanner atteignirent la mer Méditerranée.
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Le 30 avril 2005, une équipe menée par les Sud-Africains Peter Meredith et Hendri Coetzee fut la première expédition à naviguer jusqu'à la source la plus lointaine du Nil : la rivière Kagera connue comme la rivière Rukarara dans la forêt de Nyungwe au Rwanda.
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Le 31 mars 2006, trois explorateurs de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Zélande ont prétendu avoir été les premiers à remonter le fleuve de son delta à la vraie source qui se trouve dans la forêt tropicale de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Au terme d'une progression dans la forêt de Nyungwe, ils se sont arrêtés autour d'un trou rempli de vase, situé à 2 428 mètres d'altitude, d'où jaillissait un filet d'eau, une source du Nil ; la source la plus lointaine du Nil, portant la longueur du fleuve à 6 718 kilomètres au lieu des 6 611 précédemment établis[12].
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La source la plus haute du Nil naît dans les montagnes du Rwenzori. Ce nom veut dire faiseur de pluie dans la langue des tribus d'altitude ougandaises. Dans ce massif, la pluie tombe plus de 300 jours par an. Ses forêts sont une éponge gonflée d'humidité. Les torrents qui se déversent en cataracte sur les fortes pentes de ce cimetière végétal[Quoi ?] grossissent la rivière Semliki qui alimente le lac Albert, grand déversoir du Nil[13].
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La source la plus méridionale demeure celle du Burundi : « C'est un filet d'eau qui sort du flanc nord du mont Gikizi à 3° 54' 47'' de latitude sud, dans la commune de Rutovu au Burundi. Il poursuit son parcours par les rivières Gasenyi, Kigira, affluents de la Ruvyironza. Cette dernière se jette à son tour dans la Ruvubu dont les eaux rejoignent la Nyabarongo pour former la Kagera, principale tributaire du lac Victoria »[14].
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Deux épisodes de gel du Nil sont connus. La première fois en 829 et la seconde fois en 1010 ou 1011[15] après Jésus Christ. Le climatologue anglais HH Lamb écrivait en 1966 dans The Changing Climate que l'étrangeté du gel du Nil était probablement attribuable à « un déplacement vers le nord de la ceinture anticyclonique, caractéristique de l'époque, et à l'air froid sibérien qui atteignait parfois la Méditerranée »[16],[17].
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Autrefois, le fleuve débordait chaque été, déposant du limon fertile sur les champs et irriguant les terres agricoles grâce à un système de canaux que les anciens Égyptiens avaient creusé. Tandis que la plupart des Égyptiens vivent toujours dans la vallée du Nil, la construction du haut barrage d'Assouan (fini en 1970) pour fournir de l'hydroélectricité a mis fin en aval au renouvellement du limon fertile des crues de l'été en stabilisant son d��bit. La construction de deux grands barrages au sud d'Assouan, en inondant l'île de Philae et toute la région d'Abou Simbel, a mis ainsi un terme à ces crues qui firent la prospérité de générations d'Égyptiens, produisant par ailleurs un certain nombre d'effets pervers : l'agriculture a recours aux produits chimiques et la production ne suffit plus à nourrir ses habitants. Le Nil permet toujours à une grande partie de la population de subsister le long de ses rives, mais l'économie égyptienne dépend surtout du tourisme et des croisières sur le Nil. On estime que près de 90 % de la population égyptienne vit ainsi dans la vallée et le delta du Nil[18]. L'écoulement du fleuve est contrarié en plusieurs points par des cataractes, qui sont des endroits où la vitesse de l'eau s'intensifie, avec beaucoup de petites îles, de l'eau peu profonde, et des rochers, formant un obstacle à la navigation par bateaux. Les marais du Sudd au Soudan forment également un obstacle pour la navigation et l'écoulement de l'eau. L'Égypte avait par le passé essayé de creuser un canal (le canal de Jongeli) pour améliorer l'écoulement de cette masse stagnante d'eau (également connue sous le nom de lac No).
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Le Nil est toujours utilisé pour transporter des marchandises à différents endroits de son long cours ; les vents d'hiver favorisent cette navigation : les bateaux peuvent ainsi voyager vers l'amont en utilisant seulement la voile, et en employant vers l'aval l'écoulement du fleuve.
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Les villes sur le Nil incluent Khartoum, Assouan, Louxor (Thèbes), et l'agglomération du Caire. La première cataracte, la plus proche de l'embouchure du fleuve, est près d'Assouan, au nord des barrages d'Assouan. À partir d'Assouan, vers le nord, le Nil est un itinéraire touristique important où naviguent des bateaux de croisière comme des bateaux traditionnels en bois, felouques et dahabiehs. En outre, beaucoup de « bateaux-hôtels » font le chemin entre Louxor et Assouan, s'arrêtant entre-temps à Edfou et à Kôm Ombo. Il était encore possible récemment de naviguer sur ces bateaux du Caire jusqu'à Assouan, mais les autorités ont interdit la plus grande partie de cet itinéraire pour des raisons de sécurité. Entre Assouan et Louxor, le Nil parcourt 200 km à travers des paysages où s'alignent des témoignages architecturaux d'un passé glorieux. Une croisière à bord d'une felouque, gracieux voilier local, est la meilleure façon de les découvrir.
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Les rives du fleuve moyen firent à la fin du XIXe siècle l'objet de convoitises diverses, d'abord dans le cadre de la révolte mahdiste, puis entre les Britanniques et les Français (Crise de Fachoda) et les Belges (Enclave de Lado) dans le cadre du «Partage de l'Afrique» par les puissances européennes, initié par la Conférence de Berlin (1884-1885). Le haut-fleuve sera partagé entre l'État indépendant du Congo de Léopold II de Belgique (actuelle République démocratique du Congo), l'Empire britannique (actuels Ouganda et dans une moindre mesure Kenya) et l'Afrique orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi).
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Lors de la crise du canal de Suez, parmi les plans élaborés par les Britanniques lors des tensions avec l'Égypte désormais pleinement indépendante, figurait l'assèchement des eaux du Nil vers l'Égypte, depuis le barrage des chutes Owen en Ouganda, de manière à endommager le secteur agricole et couper les communications[19]. Les militaires exposèrent ce plan au Premier ministre Anthony Eden six semaines avant l'invasion. Il fut abandonné par crainte qu'il ne provoque de violentes émeutes au sein de la population égyptienne, parce qu'il aurait pris des mois à mettre en place et qu'il aurait aussi mis à mal d'autres pays comme le Kenya et l'Ouganda.
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De nos jours, la répartition des eaux du Nil pour l'exploitation est régulée par un accord liant neuf des dix pays riverains du bassin (Burundi, République démocratique du Congo, Égypte, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Tanzanie - mais pas l’Érythrée, seulement observateur, et ne voisinant pas directement le Nil), sous la bannière de l'Initiative du bassin du Nil (IBN, Nile Basin Initiative (en))[20]. Il tire son origine d'un premier accord datant de 1929, définissant la répartition entre l'Égypte, formellement indépendante à cette époque, et le reste du territoire de l'Empire britannique riverain du Nil, donnant notamment un droit de véto à l'Égypte sur tout projet en amont.
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Un second accord fut signé en 1959 entre l'Égypte et le Soudan, sans tenir compte des huit autres États concernés. L'Égypte accédait ainsi à 55,5 milliards de m3 par an, et le Soudan à 18,5 milliards de m3, accaparant à eux deux plus des trois quarts de l’eau disponible.
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Cette répartition est remise en cause par les autres pays riverains du fleuve, souhaitant pouvoir mener leurs propres projets de développement. L'Égypte et le Soudan revendiquent eux des droits historiques, en en faisant même une question de sécurité nationale[21].
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Lassé[Qui ?] de l'immobilisme, un texte[Quoi ?] a été proposé à la signature par quatre pays de l'IBN en amont du fleuve, l'Éthiopie, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda (rejoints plus tard par le Kenya)[22]. Pour entrer en vigueur au sein de l'IBN, le texte doit être approuvé par six des neuf pays. Le Burundi et la République démocratique du Congo sont donc désormais les deux seuls pays n'ayant pas pris position.
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En mai 2013, le gouvernement éthiopien a entamé des opérations de détournement du Nil bleu afin de permettre la construction d'un barrage hydroélectrique appelé barrage de la Renaissance[23]. Le gouvernement égyptien a vivement réagi, évoquant en dernier recours une intervention « pour détruire le barrage »[24],[25].
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Le bassin hydrographique du Nil existe depuis au moins 30 millions d'années, âge des plus anciens sédiments transportés jusqu'au delta, et date probable du soulèvement éthiopien[26],[27].
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Le Nil actuel est au moins le cinquième fleuve qui ait coulé au nord des montagnes éthiopiennes. Grâce à des images satellites, on a pu repérer des cours d'eau asséchés dans le désert à l'ouest du Nil. Un canyon, maintenant rempli par la dérive extérieure[Quoi ?], était emprunté par un Nil antique appelé l'Éonil qui a coulé vers la fin du Miocène (23-5,3 millions d'années). L'Éonil a transporté les sédiments clastiques[Quoi ?] dans la Méditerranée ; plusieurs gisements de gaz ont été découverts dans ces sédiments. Au sud du Caire, une gorge remplie de sable atteint une profondeur de 1 400 mètres.
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Pendant la crise du Messinien à la fin du Miocène, lorsque la mer Méditerranée était un bassin fermé et que le niveau de la mer avait baissé d'approximativement 1 500 m, le Nil était alors au niveau de cette mer, au point d'être à Assouan quelques centaines de mètres plus bas que le niveau des océans. Cet immense canyon est maintenant rempli de sédiments.[réf. nécessaire]
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Autrefois, le lac Tanganyika se déversait au nord dans le Nil, jusqu'à ce que les volcans de Virunga aient bloqué son cours au Rwanda. Cela aurait rendu le Nil beaucoup plus long, avec sa source au Nord de la Zambie.[réf. nécessaire]
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« Freezing of the Bosphorus and the Black Sea was reported by several authors in 1011 during period of Basileus II. [...] Ice was floating on the Nile River. »
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Vancouver (/vãkuvaɛ̯ʁ/[a] Écouter ou /vɑ̃kuvɛʁ/[b] ; en anglais : /væŋˈkuvɚ/[c] Écouter) est une cité canadienne[1] du pourtour du Pacifique située dans les basses-terres continentales de la province de Colombie-Britannique. Avec 631 486 habitants selon le recensement du Canada de 2016, elle est la huitième plus grande municipalité canadienne[3]. Son agglomération de 2 463 431 est la troisième aire urbaine du pays, et la plus peuplée de l'Ouest canadien. Vancouver est une des villes les plus cosmopolites du Canada, 52 % des résidents ont une autre langue maternelle que l'anglais[4]. Vancouver est considérée comme une ville mondiale de classe beta. La superficie de Vancouver est de 114,97 km2, donnant une densité de population de 5 493 au kilomètre carré, faisant d'elle la municipalité canadienne la plus densément peuplée et la quatrième en Amérique du Nord, après New York, San Francisco et Mexico[5]. Elle est la vingt-troisième ville la plus peuplée d'Amérique du Nord[6].
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Le premier établissement, nommé Gastown, s'est développé autour d'une scierie appelé Hastings Mills, en 1867. Le site fut renommé Vancouver et incorporé comme cité en 1886. En 1887, le chemin de fer transcontinental a été étendu jusqu'à elle pour profiter de son grand port naturel, qui est rapidement devenu un maillon essentiel d'une route commerciale entre la côte est du Canada, l'Orient et l'Europe[7],[8]. En 2009, Port Metro Vancouver est le port le plus grand et le plus achalandé du Canada, et le plus diversifié d'Amérique du Nord[9]. Même si l'exploitation forestière demeure sa plus grande industrie, Vancouver est réputée pour être un centre urbain entouré par la nature, faisant du tourisme sa deuxième industrie[10]. Les studios de production cinématographique de Vancouver et de Burnaby ont fait de la métropole l'un des plus grands centres cinématographiques en Amérique du Nord[11],[12], ce qui lui a valu le surnom de Hollywood North[13],[14],[15].
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Vancouver est régulièrement citée comme l'une des cinq meilleures villes au monde pour sa qualité de vie[16],[17], et l'Economist Intelligence Unit l'a classée parmi les dix villes les plus agréables durant cinq années consécutives[18],[19]. Vancouver fut l'hôte de nombreux évènements internationaux, comme les Jeux de l'Empire britannique et du Commonwealth de 1954, la conférence Habitat I par l'Organisation des Nations unies en 1976, l'Exposition internationale de 1986 et les Jeux olympiques d'hiver de 2010[20]. En 2015, elle a accueilli la finale de la Coupe du monde féminine de football[21]. La ville a accueilli en 2018 le Congrès ornithologique international.
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Elle a été nommée ainsi en hommage au capitaine de marine britannique George Vancouver qui a exploré la région vers la fin du XVIIIe siècle. Le nom de famille Vancouver provient du néerlandais Van Coevorden, c'est-à-dire « de Coevorden », une ville des Pays-Bas, également connue comme Koevern en bas-saxon[22].
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Son nom officiel actuel en anglais est City of Vancouver, à ne pas confondre avec l'ancienne circonscription de Vancouver City ( « Cité de Vancouver »).
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Dans la langue squamish, la ville s'appelle K'emk'emelay[23].
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Des traces archéologiques indiquent la présence de peuples indigènes dans l'aire de Vancouver depuis 8 000 à 10 000 ans[24],[25].
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La cité se situe dans les territoires traditionnels des peuples Squamish, Musqueam, et Tseil-Waututh (Burrard) du groupe des Salish de la côte[26].
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Ils possédaient des villages dans plusieurs parties de l'actuelle Vancouver, comme le parc Stanley, False Creek, Kitsilano, Point Grey (West Point Grey) et près de l’embouchure du fleuve Fraser[25].
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Le premier Européen à explorer la côte de l'actuel Point Grey et une partie de la Baie Burrard fut José María Narváez d'Espagne en 1791, bien qu'un auteur affirme que Francis Drake pourrait avoir visité la région en 1579[27].
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La cité est nommée d'après George Vancouver, lequel explora l'actuel port intérieur de Burrard Inlet en 1792 et donna des noms britanniques à de nombreux lieux[28],[29],[30].
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L'explorateur et marchand de la Compagnie du Nord-Ouest Simon Fraser ainsi que son équipage furent les premiers Européens à poser le pied sur le site de la cité actuelle. En 1808, ils descendirent depuis l'est le fleuve Fraser, peut-être jusqu'à Point Grey[31].
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La ruée vers l'or du canyon du Fraser de 1858 amena plus de 25 000 personnes (bûcherons, prospecteurs, mineurs, trappeurs ou encore pêcheurs[32]), surtout de Californie, vers la proche New Westminster (fondée le 14 février 1859) le long du Fraser. En chemin vers le canyon du Fraser, ils contournaient ce qui deviendra Vancouver[33],[34],[35].
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Vancouver est une des cités les plus jeunes de Colombie-Britannique[36] ; la première installation européenne dans le territoire de la cité actuelle remonte à la Ferme McLeery en 1862. Une scierie établie à Moodyville (maintenant la cité de Vancouver Nord) en 1863 démarra la longue relation de la ville avec l'exploitation forestière. Elle fut rapidement suivie par des moulins appartenant au Capitaine Edward Stamp sur la rive Sud de la baie Burrard. Stamp, qui commença l'exploitation du bois dans l’aire de Port Alberni, essaya d'abord d'en exploiter un à Brockton Point (en), mais les courants difficiles et les récifs le forcèrent à relocaliser l'opération en 1867 à un endroit proche du pied de Gore Street. Ce moulin, connu sous le nom de Moulin Hastings (en), est devenu le noyau autour duquel s'est formé le reste de Vancouver. Le rôle central du moulin dans la cité déclina après l'arrivée du Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP) dans les années 1880. Il garda toutefois un rôle important dans l'économie locale jusqu’à sa fermeture dans les années 1920[37].
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L'établissement humain qui vint à porter le nom de Gastown grandit rapidement autour de la taverne de fortune établie par « Gassy » Jack Deighton en 1867 au bord de la propriété du moulin Hastings[36],[38].
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En 1870, le gouvernement colonial étudia l'établissement et arpenta un lotissement urbain (townsite) qui fut renommé « Granville » en l'honneur d’alors le secrétaire d'État aux colonies britanniques, Lord Granville. Ce site, avec son port naturel, fut sélectionné en 1884[39] pour devenir le terminus du Chemin de fer Canadien Pacifique, à la grande déception de Port Moody, New Westminster et Victoria, qui ont tous lutté pour devenir la tête de rail. Posséder une voie ferrée fut une des incitations pour la Colombie-Britannique pour rejoindre la Confédération en 1871, mais le scandale du Pacifique et des controverses au sujet de l’utilisation de la main d’œuvre chinoise retardèrent sa construction jusqu'aux années 1880[40].
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La Cité de Vancouver fut incorporée le 6 avril 1886, l'année même de l’arrivée du premier train transcontinental (où travaillèrent des immigrants asiatiques – dont 15 000 Chinois, main d'œuvre sous-payée qui reste après le chantier à Vancouver, créant le Chinatown –, Scandinaves, Polonais ou encore Ukrainiens[32]). Le président du CFCP, William Van Horne, arriva à Port Moody pour y établir le terminus recommandé par Henry John Cambie (en) et donna le nom actuel de la cité en l'honneur de George Vancouver[36]. Le Grand incendie de Vancouver du 13 juin 1886 rasa toute la cité, la même année où furent créés les Pompiers de Vancouver (en)[37]. La cité fut rapidement reconstruite[37] et sa population crût d'un établissement de 1 000 habitants en 1881 à plus de 20 000 au changement de siècle et à 100 000 en 1911[42].
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Les marchands de Vancouver équipaient les prospecteurs en partance pour la ruée vers l'or du Klondike en 1898[33]. Un de ces marchands, Charles Woodward, ouvrit la première boutique Woodward's (en) sur les rues Abbott et Cordova en 1892, aux côtés de Spencer's (en) et des grands magasins de la Baie d'Hudson. Ils formèrent le cœur du secteur de la vente au détail durant des décennies[43].
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L'économie de la jeune Vancouver est dominée par de grandes compagnies comme le CFCP, qui alimentèrent l'activité économique et conduisirent au développement rapide de la nouvelle cité[44] ; en fait, le CFCP était le principal propriétaire immobilier et promoteur de logements de la cité. Alors que de la manufacture se développa, notamment avec l'établissement de la British Columbia Sugar Refinery (Raffinerie de sucre de Colombie-Britannique) par Benjamin Tingley Rogers (en) en 1890[45], les ressources naturelles devinrent la base de l'économie vancouveroise. Le secteur des ressources était au départ basé sur l'exploitation forestière puis sur les exportations passant par le port maritime, dont le trafic commercial constituait le secteur économique le plus important de Vancouver[46].
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La domination de l'économie locale par de grandes affaires est accompagnée par un mouvement souvent militant des travailleurs. La première grève de solidarité d'importance apparut en 1903 lorsque des employés des chemins de fer se mirent en grève contre le CFCP pour que leur syndicat soit reconnu. Le chef syndical Frank Rogers fut tué par la police du CFCP pendant un piquet de grève sur les docks, devenant ainsi le premier martyr du mouvement en Colombie-Britannique[47]. L'émergence de tensions industrielles à travers la province conduisit à la première grève générale du Canada en 1918 aux mines de charbon de Cumberland sur l'Île de Vancouver[48]. Après une accalmie dans les années 1920, la vague de grève connut son apogée en 1935 quand des hommes sans emploi submergèrent la cité pour protester contre les conditions de vie dans les camps de secours opérés par l'armée dans les régions reculées de la province[49],[50]. Après deux mois tendus de manifestations perturbatrices quotidiennes, les grévistes des camps de secours décidèrent de porter leurs doléances auprès du gouvernement fédéral et embarquèrent pour la Marche sur Ottawa[50], mais leur manifestation fut réprimée par la force. Les travailleurs furent arrêtés près de Mission et internés dans des camps de travail pendant le reste de la Dépression[51][réf. à confirmer].
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D'autres mouvements sociaux comme la première vague du féminisme, la réforme des mœurs et le mouvement de tempérance ont joué un rôle dans le développement de Vancouver. Mary Ellen Smith (en), suffragette et prohibitionniste (en) vancouveroise devint en 1918 la première femme élue dans une législature provinciale au Canada[52]. La prohibition de l'alcool débuta pendant la Première Guerre mondiale et dura jusqu'en 1921, année où le gouvernement provincial établit un contrôle sur la vente d'alcool, une pratique toujours en place aujourd'hui[53]. La première loi prohibant des drogues est venue à la suite d'une enquête conduite par le Ministre du Travail et futur Premier Ministre William Lyon Mackenzie King. King fut envoyé pour investiguer les demandes d'indemnisation résultant d'une émeute lorsque l'Asiatic Exclusion League conduisit aux saccages de Chinatown et Japantown (en). Deux des plaignants étaient des fabricants d'opium et, après des investigations plus poussées, King découvrit que des femmes blanches auraient fréquenté des fumeries d'opium ainsi que des hommes d'origine chinoise. Ces affirmations conduisirent rapidement au vote d'une loi bannissant la fabrication, la vente et l'importation d'opium pour des applications non médicales[54]. Les émeutes et la formation de l'Asiatic Exclusion League sont également les signes d'une peur et d'une méfiance croissantes envers les Japonais vivant à Vancouver et dans le reste de la Colombie-Britannique. Ces peurs furent exacerbées par l'attaque de Pearl Harbor et conduisirent à l'internement ou la déportation de tous les Japano-Canadiens vivant dans la cité comme dans tout le reste de la province[55]. Après la guerre, ces hommes et femmes japano-canadiens ne furent pas autorisés à retourner dans les cités, dont Vancouver, ce qui conduisit des zones comme la Japantown (en) susnommée à cesser d'être des zones ethniquement japonaises puisque ces communautés ne furent jamais ranimées[56].
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La fusion avec Point Grey et South Vancouver (Vancouver Sud) donna à la cité ses limites finales peu avant qu'elle ne devienne la troisième métropole la plus importante du pays. Le 1er janvier 1929, la ville de Vancouver élargie comptait 228 193 habitants[57].
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Comportant de nombreux styles architecturaux du XXe siècle (l'hôtel Europe (en) de style Art nouveau, le Marine Building Art déco ou encore le futurisme du Canada Place), la ville évolue au XXIe siècle au rythme de la protection de l'environnement : 250 km de pistes cyclables, plantation de 40 000 arbres ou encore objectif de réduction de 7 % de gaz à effet de serre. L'ancien quartier industriel de Granville, donnant sur la marina, a été réhabilité en zone de loisir[32].
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L'écu se blasonne ainsi :
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Burelé-ondé d'azur et d'argent de huit pièces au chef d'or chargé de deux fleurs de cornouiller au naturel, à une pile de sinople brochante et chargée d'un totem d'or dans le style des Kwakiutl composé d'un aigle, d'un grizzly et d'un flétan.
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Traduction de la devise : « Par la mer, la terre et l'air nous prospérons »
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Située dans la péninsule Burrard, la ville de Vancouver est comprise dans l'écozone maritime du Pacifique (espace notamment renommé pour les parcs nationaux des Îles-Gulf, du patrimoine haïda Gwaii Haanas, de Kluane et de Pacific Rim)[58], entre la baie Burrard au nord et le fleuve Fraser au sud. À l'ouest, elle est bordée par le détroit de Géorgie, et abrité de l'océan Pacifique par l'île de Vancouver. Vancouver est située à 518 km au sud de Prince George, à 673 km à l'ouest-sud-ouest de Calgary et à 3 355 km à l'ouest-nord-ouest de Toronto. La cité a une superficie de 114 km2, comprenant à la fois des terrains plats et vallonnés. Son fuseau horaire est celui de l'heure du Pacifique (UTC−8).
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Jusqu'à son appellation en 1885, « Vancouver » fait référence à l'île de Vancouver, et l'idée fausse que la cité se trouve sur l'île est très répandue[59],[60].
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L'île et la cité sont toutes deux nommées d'après George Vancouver, capitaine de la Royal Navy, à l'instar de la cité de Vancouver dans l'État de Washington aux États-Unis.
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Vancouver a un des plus grands parcs urbains d'Amérique du Nord, le Parc Stanley, qui couvre 4,049 km2[61]. Les montagnes North Shore dominent le paysage de la cité. Les jours dégagés, il est possible d'observer le volcan enneigé mont Baker situé au sud-est dans l’État de Washington, l'île de Vancouver de l’autre côté du détroit de Géorgie de l'ouest au sud-ouest, ainsi que l'île Bowen au nord-ouest[62].
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L'aire de Vancouver était à l'origine couverte par une forêt tempérée humide composée de conifères avec des poches dispersées d'érables et d'aulnes, ainsi que de larges zones de marécages (y compris dans les hauteurs du fait d'un faible drainage)[63].
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Les conifères étaient un mélange typique pour la côte de la Colombie-Britannique, à savoir du sapin de Douglas, du cèdre de l'ouest, et de la pruche de l'Ouest[64].
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La zone est supposée être celle qui avait les plus grands arbres de ces espèces de la côte de la province. En termes de taille, seuls ceux de la baie Elliott à Seattle rivalisent avec ceux de la péninsule de Burrard et de la Baie des Anglais. Les plus grands arbres de l'ancienne forêt primaire de Vancouver se trouvaient dans la zone de Gastown, où eurent lieu les premières découpes de bois, et sur les pentes sud de False Creek et de la Baie des Anglais, en particulier autour de Jericho Beach. La forêt du parc Stanley fut coupée entre les années 1860 et 1880, et on peut encore y observer aujourd'hui des preuves d'anciennes techniques d'exploitation forestière telles que des
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encoches de tremplin[65].
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Beaucoup de plantes d'arbres grandissant dans Vancouver et les Basses-terres furent importés d'autres parties du continent et de lieux à travers le Pacifique. On y compte par exemple l'araucaria du Chili, l'érable japonais lisse et plusieurs fleurs exotiques comme le magnolia, l'azalée et le rhododendron. Certaines variétés importées de climat plus difficiles de l'Est Canadien ou d'Europe ont grandi au point d'atteindre des tailles très importantes. L'érable nain natif peut aussi atteindre de très grandes tailles. Beaucoup de rues de la cité sont bordées de variétés florales de cerisiers japonais offerts dans les années 1930 par le gouvernement du Japon. Ils fleurissent pendant plusieurs semaines chaque année au début du printemps ; une occasion célébrée par le Festival du cerisier en fleurs (en). D'autres rues sont bordées de châtaigniers, de marronniers et d'autres arbres d'ombrage décoratifs à fleurs[66].
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La cité de Vancouver a entamé un certain nombre de démarches afin de devenir une ville durable. 93 % de l'électricité utilisée à Vancouver est générée grâce à des ressources renouvelables telles que l'énergie hydroélectrique[réf. nécessaire]. La cité travaille aussi activement pour devenir une ville plus « verte ». La municipalité a rédigé un plan d'action contenant des objectifs à atteindre pour 2020, comme réduire les émissions de gaz à effet de serre, encourager la croissance d'emplois et d'entreprises « verts », exiger des méthodes de construction « vertes », et réduire la production de déchets[67]. Avec l'objectif de devenir la ville la plus « verte » au monde d'ici 2020, le plan d'action de la cité comporte dix objectifs classés en trois catégories clés : les émissions de carbone, les déchets et l'écosystème[68].
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La cité annonça en décembre 2013 la proposition de construire un Zero Waste Innovation Center (« Centre d'innovation zéro déchets ») qui se concentrerait sur la gestion durable des déchets et la récupération d'énergie, potentiellement via l'utilisation d'une technologie de gazéification des déchets[69]. Vancouver a été classée en 2014 comme quatrième ville la plus verte au monde selon le 2014 Global Green Economy Index[70].
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Vancouver est une des cités les plus douces du Canada en hiver. Son climat est tempéré et est habituellement considéré comme océanique (code Cfb dans la classification de Köppen), même s'il est possible d'attribuer le code Csb[72],[73] (climat supra-méditerranéen) aux quartiers du sud, moins irrigués en été[74]. Cependant, les températures de l'intérieur des terres sont habituellement beaucoup plus élevées durant l'été, ce qui fait de Vancouver l'aire métropolitaine majeure du Canada présentant la moyenne de températures la plus froide en été. Les mois d'été sont habituellement secs avec un seul jour de précipitations sur cinq pendant les mois de juillet et août. Par contraste, des précipitations tombent durant la moitié des jours de novembre à mars[75].
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Vancouver est également une des grandes villes canadiennes les plus humides, même si les précipitations varient selon la localisation dans l'aire métropolitaine. Ainsi, la moyenne des précipitations annuelles sur l'aéroport international de Vancouver à Richmond est de 1 189 mm, à comparer avec les 1 588 mm de la zone du centre-ville (downtown) et les 2 044 mm de Vancouver Nord[76],[77]. Les températures diurnes maximales avoisinent les 22 °C en juillet et en août, et les pics atteignent rarement 30 °C[78].
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La plus haute température enregistrée à l'aéroport fut de 34,4 °C le 30 juillet 2009[79], tandis que la plus élevée à l'intérieur de la cité fut de 35,0 °C d'abord le 31 juillet 1965[80], de nouveau le 8 août 1981[81], et enfin le 29 mai 1983[82].
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Il neige en moyenne onze jours par an, trois d'entre eux recevant 6 cm ou plus. Il tombe en moyenne 38,1 cm de neige par an, mais celle-ci ne reste en général pas longtemps au sol[78].
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Les hivers dans le Grand Vancouver sont les quatrièmes les plus doux des villes canadiennes après Victoria, Nanaimo et Duncan, toutes situées sur l'île de Vancouver[83]. La saison estivale dure en moyenne 237 jours à Vancouver, du 18 mars au 10 novembre[84]. La USDA Plant Hardiness Zone 1981-2010 de Vancouver varie de 8A à 9A selon l'altitude et la proximité avec l’eau[85].
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Selon le recensement de 2011, Vancouver est la cité la plus densément peuplée du Canada[5]. La planification urbaine à Vancouver est caractérisée par un développement de gratte-ciels résidentiels ou à usage mixte dans les centres urbains, méthode alternative à l'étalement urbain[86]. Cette approche est apparue à la fin des années 1950, lorsque les urbanistes commencèrent à encourager la construction de hautes tours résidentielles dans le quartier West End[87], sujet aux strictes exigences de reculs et d'espaces ouverts pour protéger les lignes de visibilité et préserver les espaces verts. Le succès de ces quartiers denses mais vivables conduisit au redéveloppement de sites industriels comme ceux de North False Creek and Coal Harbour à partir du milieu des années 1980. Le résultat donne un cœur urbain dense qui a acquis une réputation internationale pour « son haut taux d'équipement et son développement « vivable »[88]. Plus récemment, la cité débattit autour de l'« écodensité » où la densité, la conception et l'utilisation du sol peuvent contribuer à la soutenabilité environnementale, à l'abordabilité et à l'habitabilité[89]. En tant que partie de la région plus vaste du district régional du Grand Vancouver, son urbanisme est influencé dans le sens de la politique d'habitabilité illustrée par le Livable Region Strategic Plan.
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Vancouver a été classée comme l'une des villes les plus agréables à vivre au monde pendant plus d'une décennie[17]. En 2010, la cité avait la 4e meilleure qualité de vie de toutes les grandes villes de la première[Mal dit][90]. Selon le magazine Forbes, en revanche, Vancouver possède en 2007 le 6e marché immobilier le plus cher au monde et le second en Amérique du Nord après Los Angeles[91]. Vancouver est aussi classée comme une des grandes villes du Canada où le coût de la vie est le plus élevé[92],[93]. Toujours selon Forbes, la cité est la dixième la plus propre au monde[94].
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La Galerie d'art de Vancouver est hébergée en centre ville dans l’ancien palais de justice de style néo-classique construit en 1906. Les plans du bâtiment furent dessinés par Francis Rattenbury (en), qui a aussi conçu les Bâtiments du Parlement de Colombie-Britannique, l'Empress Hotel à Victoria, ainsi que le second et richement décoré Hôtel Vancouver[95].
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The Fairmont Hotel Vancouver est le troisième du nom. Il ouvrit ses portes en 1939, et est doté de 556 chambres ainsi que d'un toit de cuivre oxydé. La Cathédrale de l'Église du Christ ouvrit en face de l'hôtel en 1894 et fut classée monument historique en 1976. La cathédrale catholique, quant à elle, se trouve quelques rues plus à l'est. La First Baptist Church of Vancouver est située dans le West End.
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On trouve de nombreux bâtiments modernes dans le centre ville dont le Harbour Centre, les actuels tribunaux de Vancouver (en) ainsi qu'une place périphérique connue sous le nom de Robson Square (en) (dessinée par Arthur Erickson), la Bibliothèque municipale de Vancouver (dessinée par Moshe Safdie et DA Architects (en)), évoquant le Colisée de Rome, et le redéveloppement du Woodward's Building (en) récemment terminé (dessiné par Gregory Henriquez (en)).
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Le bâtiment de l'ancien quartier général de BC Hydro (dessiné par Ron Thom (en) et Ned Pratt), au niveau des rues Nelson et Burrard, est une tour moderniste aujourd'hui reconvertie en la copropriété Electra[96]. Un autre bâtiment notoire est celui en « gaufres de béton » du MacMillan Bloedel (en) au coin est de l'intersection des rues Georgia et Thurlow.
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Le bâtiment Canada Place (dessiné par Zeidler Roberts (en), MCMP et DA Architects (en)), en forme de tente, est une addition remarquable au paysage de Vancouver et correspond au Pavillon du Canada de l'Exposition spécialisée de 1986, ce qui inclut une partie du Centre de conférence, l'hôtel Pan Pacific Vancouver (en) et un terminal pour navires de croisière. Deux bâtiments modernes qui définissent la limite sud de la ligne d'horizon (skyline) hors de la zone du centre ville sont l'Hôtel de ville de Vancouver (en) et le Pavillon du Centenaire (Centennial Pavilion) de l'Hôpital général de Vancouver (en), dessinés respectivement par Townley (en) et Matheson en 1936 et 1958[97],[98].
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Un ensemble de bâtiments édouardiens dans le centre ancien de la cité comprenait en son temps les plus hauts bâtiments commerciaux de l'Empire britannique. Parmi eux se trouvaient, dans l'ordre, le Carter-Cotton Building (ancien siège du journal The Vancouver Province), le Dominion Building (en) (1907) et la Sun Tower (en) (1911), les deux premiers se trouvant sur Cambie et Hastings Streets (en) et le dernier sur Beatty et Pender Streets.
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Le Marine Building, de style Art déco, détrôna finalement la coupole de la Sun Tower dans les années 1920 en tant que plus haut bâtiment commercial de l’Empire britannique[99]. Le Marine Building est connu pour ses revêtements de carreaux de céramique élaborés ainsi que ses portes et ascenseurs en laiton plaqué or, en faisant un endroit privilégié pour les prises de vues des films[100]. Les plus hauts gratte-ciel de Vancouver sont actuellement le Living Shangri-La avec ses 201 m de haut[101] et ses 62 étages. Le deuxième plus grand bâtiment de Vancouver est le Private Residences de l'Hôtel Georgia (en) à 156 m. Le troisième est le One Wall Centre avec ses 150 m de haut[102] et 48 étages, suivi de près par la Shaw Tower à 149 m[102].
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Selon le recensement de Statistique Canada de 2001, la proportion de Vancouverois nés à l’étranger monte à 37,5 %, conférant à Vancouver le troisième rang en Amérique du Nord, derrière Toronto (43,7 %) et Miami (40,2 %). En comparaison, la proportion d'immigrants à New York est de 36 %[103] et celle de Montréal est de 18,4 %. Vancouver se place également au sommet des régions canadiennes pour la proportion des minorités visibles en 2001, avec un pourcentage de 40 %. Entre 1981 et 1996, selon les statistiques de la Colombie-Britannique, 86,4 % des immigrants de Vancouver en provenance de l’étranger venaient du continent asiatique et seulement 3,5 % du continent européen. Selon le recensement du Canada en 2001, 34 % de la région métropolitaine de Vancouver est asiatique. Dans ce nombre, 17,9 % viennent de Chine, 7,22 % de l’est de l'Inde et 3,13 % des Philippines. En comparaison, la proportion de la population asiatique à Montréal se chiffre à 6,89 %. En 2010, l'agglomération de Vancouver compte la moitié de sa population d'origine asiatique[104]. L’influence asiatique est omniprésente à Vancouver dans tous les secteurs économiques. Selon un article paru sur le site de RCI dans le cadre du mois du patrimoine asiatique, les liens que la cité possède avec les autres pays du Pacifique permettent à Vancouver d’être la cité canadienne pour qui la dépendance économique envers les États-Unis est la plus faible. Le quartier chinois a pratiquement l'âge de la ville et figure parmi les trois premiers en termes d'importance[105].
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Vancouver est un mélange d'ethnies et de religions. Elle possède le troisième quartier chinois en importance en Amérique du Nord (après ceux de New York et de San Francisco). Cependant, la plupart de cette vaste population chinoise se trouve hors de ce quartier. Richmond est un secteur de l'agglomération prisé par les Chinois. Le quartier Pendjabi est celui des vendeurs de tissus au centre de la rue Main. Cependant c'est dans la cité de Surrey – dans la banlieue de Vancouver – que la plupart résident. Avant la restitution de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni, beaucoup de ses habitants ont élu domicile à Vancouver. La ville a d'ailleurs un surnom basé sur un jeu de mots que même Radio-Canada a repris dans un de ses articles[105] .
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Localisée sur le pourtour du Pacifique et au terminus ouest de la route transcanadienne et des routes ferroviaires, Vancouver est un des plus grands centres industriels du Canada[62]. Le port Metro Vancouver, le plus grand et le plus diversifié du pays, génère en 2013 plus de 172 milliards de dollars canadiens par an grâce à ses échanges avec plus de 160 pays. Les activités portuaires génèrent 9,7 milliards de dollars de PIB et 20,3 milliards de dollars de production économique[107]. La cité est également le siège de compagnies de la foresterie et minières. Ces dernières années, Vancouver est de plus en plus devenue un centre important du développement de logiciel, de la biotechnologie, de l'aérospatiale, du développement de jeux vidéo, des studios d'animation, ainsi que d'une vibrante production télévisée et une industrie du film[108].
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La situation paysagère de Vancouver en fait une destination touristique majeure. On compte parmi les endroits très touristiques le parc Stanley, Queen Elizabeth Park, le jardin botanique VanDusen (en), ainsi que les montagnes, l'océan, la forêt et les parcs naturels qui entourent la cité. Chaque année, des millions de personnes passent à Vancouver sur des bateaux de croisière, souvent sur la route de l'Alaska[108].
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Vancouver est la grande ville la plus chère sur l'échelle d'abordabilité de l’habitat au Canada (en)[109]. En 2012, Vancouver a été désignée par Demographia comme la deuxième cité la plus inabordable au monde et même encore plus inabordable en 2012 qu'en 2011[110],[111],[112],[113]. La cité a adopté différentes stratégies pour réduire les coûts d'hébergement, notamment avec l'habitat coopératif, la légalisation des suites secondaires (en), une densité accrue et le concept de croissante intelligente (en). En avril 2010, la maison classique à deux niveaux se vendait à Vancouver pour un record de 987 500 $CA, à comparer avec la moyenne canadienne de 365 141 $CA[114].
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Depuis le développement des copropriétés de grande hauteur dans les années 1990, la péninsule du centre ville a été partiellement financée par un afflux de capitaux provenant des immigrants de Hong Kong à la suite de la rétrocession de l'ancienne colonie à la Chine en 1997[115]. Ce développement s'est concentré au niveau des districts de Yaletown (en) et Coal Harbour (en) et autour des nombreuses stations de SkyTrain à l'est du centre ville[108]. La sélection de la cité pour co-accueillir les jeux olympiques d'hiver de 2010 a eu une influence majeure sur son développement économique. Le fait que le problème croissant des sans-abris de la cité pourrait être exacerbé par les jeux fut à l'époque un sujet de préoccupation car de nombreux hôtels à chambres d'une personne hébergeant des résidents à faibles revenus de la cité ont converti leurs propriétés pour attirer des clients et des touristes avec plus de revenus[116]. L'exposition internationale de 1986, un autre grand événement international qui s'est tenu tenu à Vancouver, reçut plus de 20 millions de visiteurs et apporta 3,7 millions de $CA à l'économie canadienne[117]. Certaines infrastructures construites pour l’exposition sont devenues des points de repère de la cité, comme le système de transports en commun SkyTrain et Canada Place[117].
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Depuis 2018, Kennedy Stewart est le maire de la ville. Avant lui, Gregor Robertson était le maire, ayant été élu en 2008, 2011 et 2014. Avant de devenir maire, Robertson était membre de la législature provinciale pour le Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique.
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Vancouver, contrairement aux autres municipalités de Colombie-Britannique, est incorporée sous la Charte de Vancouver[118]. Cette législation, votée en 1953, supplante le Vancouver Incorporation Act, 1921 et accorde à la cité des pouvoirs différents et plus nombreux que ce que les autres communautés possèdent grâce au Municipalities Act de Colombie-Britannique.
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Le gouvernement citadin était dominé par l'Association non-partisane (en) (NPA) de centre-droit depuis la Seconde Guerre mondiale, avec cependant quelques interludes significatifs du centre-gauche jusqu'en 2008[37]. Le NPA a éclaté en 2002 à la suite de la question sur la politique concernant la drogue, facilitant une victoire écrasante de la Coalition des Électeurs Progressifs (en) (COPE) pour une plate-forme de réduction des risques sanitaires. Par la suite, le seul site légal d'injection de drogues d'Amérique du Nord ouvrit afin de prendre en charge la proportion significative d'utilisateurs d’héroïne par intraveineuse au sein de la cité[119].
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Vancouver est gouvernée par un conseil citadin (en) de onze membres, une commission scolaire de neuf membres, et une commission des parcs (en) de sept membres, tous disposant d'un mandat de trois ans. Fait inhabituel pour une cité de sa taille, toutes les élections municipales ont lieu de façon at-large. Historiquement, dans tous les niveaux de gouvernement, l'ouest de Vancouver, plus aisé, a voté pour des lignes plus conservatrices ou libérales que l'est, qui a voté pour des tendances de gauche[120]. Cela se revérifia au moment des résultats de l'élection provinciale de 2005 et de l'élection fédérale de 2006 (en).
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Malgré cette polarisation, un consensus politique a émergé à Vancouver autour d'un certain nombre de questions. La protection des parcs urbains, une attention accordée au développement du métro au lieu d'un système de voies rapides, une approche de l'usage de drogues illégales basée sur la réduction de ses risques et une préoccupation générale sur le développement communautaire sont des exemples de politiques qui ont obtenu un soutien large de l'échiquier politique à Vancouver[réf. nécessaire].
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Pendant la campagne pour l'élection municipale de 2008, le maire sortant du NPA Sam Sullivan fut évincé par la formation lors d'un vote au profit de Peter Ladner. Gregor Robertson, un ancien parlementaire de Vancouver-Fairview et tête du Happy Planet, concourut alors comme candidat au poste de maire pour le parti Vision Vancouver. Robertson battit Ladner avec une marge considérable de presque 20 000 voix. L'équilibre du pouvoir pencha significativement vers Vision Vancouver, qui obtint sept des 10 places de conseiller. Parmi les trois places restantes, la COPE en reçut deux et le NPA une. Pour la commission des parcs, quatre places allèrent à Vision Vancouver, une au Green Party, une au COPE et une autre au NPA. Pour la commission scolaire, trois sièges allèrent à Vision Vancouver, trois à la COPE et deux au NPA[121].
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Vancouver est une municipalité du district régional du Grand Vancouver, une administration régionale siégeant à Burnaby. Il comprend en tout 22 municipalités, une aire électorale et une Première Nation de traité comprenant Metro Vancouver[122]. Tandis que chaque membre de la Metro Vancouver possède séparément son propre gouvernement local, Metro Vancouver supervise les services communs et les fonctions de planification au sein de la zone comme l’acheminement de l'eau potable, l'exploitation des égouts et de la gestion des déchets solides, la maintenance des parcs régionaux, la surveillance de la qualité de l’air, des gaz à effet de serre, de la santé écologique, et enfin la fourniture d'une stratégie pour la croissance régionale et l'utilisation des terres.
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À l'assemblée législative de la Colombie-Britannique, Vancouver est représentée par 11 membres de l'assemblée législative (en) (MLAs). En janvier, 2012 six sièges sont tenus par le Parti libéral de la Colombie-Britannique et cinq par le Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique[123].
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À la Chambre des communes du Canada, Vancouver est représentée par cinq députés. Aux Élections fédérales canadiennes de 2011, le NDP remporta deux sièges (Vancouver-Est et Vancouver Kingsway) tandis que les libéraux en retinrent deux (Vancouver Quadra et Vancouver-Centre), leurs seuls sièges de Colombie-Britannique. Les conservateurs remportèrent Vancouver-Sud, leur première victoire dans la cité depuis 1988[réf. nécessaire].
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Lors des élections fédérales canadiennes de 2004, le Parti libéral du Canada avait remporté quatre sièges tandis que le Nouveau Parti démocratique (NPD) en avait remporté un. Aux Élections fédérales canadiennes de 2006, tous ces députés furent réélus à l'identique. Mais le 6 février 2006, David Emerson, de Vancouver Kingsway fit défection pour rejoindre le Parti conservateur, donnant ainsi un siège aux conservateurs à Vancouver. À l'élection fédérale de 2008, le NDP prit le siège de Vancouver Kingsway laissé par Emerson, ce qui donna deux sièges au NPD et deux aux libéraux[124],[125].
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Vancouver possède une police municipale disposant d'une force de 1 174 agents assermentés et de 149 millions de $CA en 2005[126],[127]. Plus de 16 % du budget de la cité a été consacré à la protection policière en 2005[128].
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Le quartier général du 39e Groupe-brigade du Canada de l'armée canadienne à Vancouver se situe dans la zone de Jericho Beach[129]. Les unités de réserve principales comprennent les The Seaforth Highlanders of Canada et les The British Columbia Regiment (Duke of Connaught's Own), basés respectivement à la Seaforth Armoury (en) et au Beatty Street Drill Hall (en), et le 15th Field Regiment de l'Artillerie Royale Canadienne (en)[130].
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Texte anglais à traduire :
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The Naval Reserve Unit HMCS Discovery is based on Deadman's Island in Stanley Park[131]. RCAF Station Jericho Beach, the first air base in Western Canada, was taken over by the Canadian Army in 1947 when sea planes were replaced by long-range aircraft.
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La plupart des installations de la base sont transférées à la cité de Vancouver en 1969 et la zone est renommée « Jericho Park »[132].
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Le Conseil scolaire de Vancouver a 74 écoles élémentaires, 17 annexes des écoles élémentaires, 18 écoles secondaires, et 7 écoles pour adultes[133].
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Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique a des écoles francophones à Vancouver.
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L'université de la Colombie-Britannique (UBC) est à l'ouest et l'Université Simon Fraser (d'Arthur Erickson) à l'est dans Burnaby. L'Institut de Technologie de Colombie-Britannique (BCIT) et des autres collèges plus petits, comme ceux de Capillano et Langara sont aussi dans la région de Vancouver.
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Vancouver étant connue pour être une plat-forme pour l'immigration vers le Canada (notamment depuis l'Asie), de nombreuses "summer schools » y ont vu le jour et accueillent les étudiants désirant améliorer leur anglais.
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Le Conseil scolaire de Vancouver compte plus de 110 000 étudiants inscrits dans des institutions élémentaires, secondaires, et post-secondaires, ce qui en fait le plus important conseil scolaire de la province[134],[135].
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Texte anglais à traduire :
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The district administers about 74 elementary schools, 17 elementary annexes, 18 secondary schools, 7 adult education centres, 2 Vancouver Learn Network schools, all which include 18 French immersion, a Mandarin bilingual, a fine arts, gifted, and Montessori schools[134]. More than 46 independent schools of a wide variety are also eligible for partial provincial funding and educate approximately 10 % of pupils in the city[136].
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There are five public universities in the Greater Vancouver area, the largest being the Université de la Colombie-Britannique (UBC) and Université Simon Fraser (SFU), with a combined enrolment of more than 90,000 cycle prégradué dans les systèmes universitaires anglo-saxons, graduates, and professional students in 2008[137],[138].
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UBC consistently ranks among the 40 best universities in the world, and is among the 20 best public universities[139].
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SFU consistently ranks as the top comprehensive university in Canada and is among the 200 best universities in the world[140].
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UBC's main campus is located on the University Endowment Lands on Point Grey, the tip of Burrard Peninsula, with the city-proper adjacent to the east. SFU's main campus is in Burnaby. Both also maintain campuses in Downtown Vancouver.
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The other public universities in the metropolitan area around Vancouver are Capilano University in North Vancouver, the Emily Carr University of Art and Design on Granville Island in Vancouver, and Kwantlen Polytechnic University with four campuses all outside the city proper. Six private institutions also operate in the region: Trinity Western University in Langley, and University Canada West, NYIT Canada, Université Fairleigh-Dickinson, Columbia College, and Sprott Shaw College, all in Vancouver.
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Vancouver Community College and Langara College are publicly funded college-level institutions in Vancouver, as is Douglas College with three campuses outside the city. The Institut de technologie de la Colombie-Britannique in Burnaby provides polytechnic education. These are augmented by private institutions and other colleges in the surrounding areas of Metro Vancouver that provide career, trade, and university-transfer programs, while the Vancouver Film School provides one-year programs in film production and video game design[141],[142].
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International students and English as a Second Language (ESL) students have been significant in the enrolment of these public and private institutions. For the 2008–2009 school year, 53 % of Vancouver School Board's students spoke a language other than English at home[135].
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L'incendie de Vancouver fut un incendie qui détruisit la ville.
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On compte parmi les compagnies de théâtre importantes de Vancouver la Arts Club Theatre Company (en) sur Granville Island, ainsi que le Bard on the Beach (en). Il existe de plus petites compagnies comme le Touchstone Theatre (en) et le Studio 58 (en). Le The Cultch (en), le Firehall Arts Centre, United Players, ainsi que le Pacific (en) et les Metro Theatres donnent des représentations tout au long de l’année. Le théâtre Under the Stars (en) produit des spectacles l'été au Malkin Bowl (en) dans le parc Stanley. Des festivals annuels se déroulent à Vancouver, notamment le Festival international des arts de la scène PuSh (en) en janvier et le Festival Vancouver Fringe (en) en septembre. Quant à la Vancouver Playhouse Theatre Company, elle ferma en mars 2012 après 50 ans d'existence[143].
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Le centre de danse Scotiabank (Scotiabank Dance Centre), une ancienne banque reconvertie au coin de Davie et Granville, est un lieu de rendez-vous pour les danseurs et chorégraphes de Vancouver. Dances for a Small Stage est un festival semi-annuel de danse.
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Le Festival international du film de Vancouver, qui se déroule pendant deux semaines chaque année en septembre, diffuse plus de 350 films et est le plus grand festival de films d'Amérique du Nord. Le Vancity Theatre du Centre international du film de Vancouver (en) diffuse des films non commerciaux toute l'année, tout comme la Cinémathèque Pacific (en) et les Rio theatres.
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La cité accueille environ 10 % des tournages de films de Hollywood, d'où deux de ses surnoms : « Brollywood » et « Hollywood North ». Beaucoup de séries américaines de télévision sont filmées exclusivement à Vancouver, comme le furent les premières saisons de X-Files, Stargate SG-1 ainsi que les deux spin-off de Stargate : Stargate Atlantis et Stargate Universe. Smallville a été tournée dans ses banlieues de Surrey, Cloverdale et Langley. C'est pour cette raison qu'il y a de nombreux acteurs canadiens dans la série, notamment Kristin Kreuk et Erica Durance. Plus récemment, les séries Once Upon a Time , Riverdale'', Supergirl, Sanctuary, Kyle XY, Supernatural et Battlestar Galactica et Flash aussi depuis 2014 furent tournées à Vancouver avec également de nombreux comédiens canadiens. Dernièrement, Twilight, chapitre II : Tentation, second volet de la série Twilight, y a été tourné en partie.
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Vancouver has become a major film location, known as Hollywood North, as it has stood in for several US cities. However, it has started to appear as itself in several major films and TV series. Among major feature films set in the city and its surroundings are the 1989 US romantic comedy-drama Cousins, starring Ted Danson and Isabella Rossellini, the 1994 US thriller Intersection, starring Richard Gere and Sharon Stone, the 2007 Canadian ghost thriller Evil Game (They Wait), starring Terry Chen and Jaime King and the acclaimed Canadian 'mockumentary' Hard Core Logo, and was named the second best Canadian film of the last 15 years, in a 2001 poll of 200 industry voters, performed by Playback.
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La romancière française Élise Fontenaille a vécu deux ans à Vancouver avant de publier son premier roman en 1997. Cette ville l'inspirera des années plus tard pour plusieurs de ses romans[144]. La ville est l'un des lieux de Demain les filles on va tuer papa en 2001, L'Enfant rouge l'année suivante, Chasseur d'orages en 2009. Son polar d'anticipation Unica en 2006 se déroule à Vancouver, et est couronné du Prix du Lundi ou Grand Prix de la Science-Fiction Française (SF) 2007, et du Prix Rosny aîné 2008. En 2010, Les disparues de Vancouver s'intéresse à l'affaire des femmes disparues du quartier de Downtown Eastside et du tueur en série Robert Pickton. L'ouvrage obtient le Prix Erckmann-Chatrian 2010. La même année, son roman de jeunesse La Cérémonie d'hiver se déroule également à Vancouver, autour de l'histoire des indiens Haïdas[145].
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Les épisodes de la série de romans C.S.U., de Caroline Terrée, se déroulent à Vancouver ou aux alentours.
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Le roman de Laurent Sagalovitsch, Loin de quoi ?, se déroule à Vancouver et la ville est évoquée dans La métaphysique du hors-jeu et Un juif en cavale.
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Parmi les bibliothèques de Vancouver se trouve la Bibliothèque municipale de Vancouver, dont la principale branche se trouve à Library Square et a été conçue par Moshe Safdie. La branche centrale contient 1,5 million de volumes. Il existe en tout vingt-deux branches contenant 2,25 millions de volumes[146].
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La Galerie d'art de Vancouver a une collection permanente de presque , dont un nombre important d'Emily Carr[147]. Le centre ville abrite aussi la Galerie d'art contemporain (en), qui présente des expositions provisoires d'artistes de la cité.
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Dans le quartier Kitsilano se trouve le Musée maritime de Vancouver, le Centre spatial H. R. MacMillan (en) et le muséum de Vancouver (en), le plus grand musée civique du Canada. Le Musée d'anthropologie de Vancouver est le principal musée de la culture des Premières Nations du Nord-Ouest Pacifique. Le Science World est un musée interactif qui se situe à la pointe de False Creek. La cité possède aussi une collection d'Art Public variée.
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La Vancouver School d'Art conceptuel[148] (souvent mentionné comme le photoconceptualisme)[149] est un terme appliqué à un groupement d'artistes de Vancouver qui connut une reconnaissance internationale au début des années 1980[148]. Aucune école formelle n'existe et les restes se groupant tous les deux informels et souvent controversé[150], même parmi les artistes eux-mêmes, qui résistent souvent au terme[150]. Les artistes qui se sont associés au terme incluent Jeff Wall, Ian Wallace, Ken Lum, Roy Arden[149], Stan Douglas et Rodney Graham[151].
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Les contributions musicales de Vancouver à la scène mondiale incluent des interprètes de musique classique, folklorique et populaire. L'Orchestre symphonique de Vancouver est l'orchestre professionnel basé dans la ville. L'Opéra de Vancouver est une troupe d'opéra majeure dans la ville.
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La ville abrite un certain nombre de compositeurs canadiens incluant Rodney Sharman, Jeffrey Ryan et Jocelyn Morlock.
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La ville a produit un certain nombre de groupes punk rock notables, dont D.O.A. Il y a d'autres groupes de punk à Vancouver comme les Subhumans, The Young Canadians, les Pointed Sticks, et UJ3RK5[152]. Quand le rock alternatif et devenu populaire dans les années 1990, plusieurs groupes de Vancouver ont pris de l'importance, dont 54-40, Odds, Moist, les Matthew Good Band, Sons of Freedom et Econoline Crush. De récents groupes montants à Vancouver incluent Gob, Marianas Trench, Theory of a Deadman et Stabilo. Aujourd'hui, Vancouver abrite un certain nombre de groupes indépendants populaires comme The New Pornographers, Japandroids, Destroyer, In Medias Res, Tegan and Sara et des labels indépendants dont Nettwerk et Mint. Vancouver a aussi produit le groupe métal influent Strapping Young Lad et le groupe de pionniers électro-industriel Skinny Puppy, Numb et Front Line Assembly ; l'ancien Bill Leeb est mieux connu pour avoir fondé le super groupe pop ambiant Delerium. D'autres artistes musicaux populaires qui ont fait carrière à Vancouver incluent Bryan Adams, Sarah McLachlan, Heart, Prism, Trooper, Chilliwack, Payolas, Moev, Images in Vogue, Michael Bublé, Stef Lang et Spirit of the West[153].
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De grands concerts se tiennent habituellement dans des lieux tels que la Rogers Arena, le Queen Elizabeth Theatre, le BC Place Stadium ou encore le Pacific Coliseum, tandis que d'autres plus petits se tiennent à la Commodore Ballroom, au Orpheum Theatre et au Vogue Theatre, au Vancouver Folk Music Festival et au Vancouver International Jazz Festival.
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Texte anglais à traduire :
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showcase music in their respective genres from around the world.
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Vancouver's Chinese population has produced several Cantopop stars. Similarly, various Indo-Canadian artists and actors have a profile in Bollywood or other aspects of Inde's entertainment industry.
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Vancouver has a vibrant nightlife scene, whether it be food and dining, or bars and nightclubs. The Granville Entertainment District has the city's highest concentration of bars and nightclubs with closing times of 3am, in addition to various after-hours clubs open until late morning on weekends. The street can attract large crowds on weekends and is closed to traffic on such nights. Gastown is also a popular area for nightlife with many upscale restaurants and nightclubs, as well as the Davie Village which is centre to the city's Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres community.
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Vancouver est un centre de production de cinéma et de télévision. Surnommée la Hollywood du Nord, une distinction partagée avec Toronto[154],[155],[156], la cité sert de lieu de tournage depuis presque un siècle, avec l’Edison Manufacturing Company[157].
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En 2008, plus de 260 productions furent tournées à Vancouver[réf. nécessaire]. En 2011, Vancouver se situait à la quatrième place nationale avec 1,19 milliards[Quoi ?], même si la région est toujours à la tête de la production étrangère au Canada[158],[159].
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Le SkyTrain de Vancouver est un métro automatique aérien desservant la ville et son agglomération avec trois lignes : l'Expo Line (construite pour l'Expo 86), la Millennium Line et la Canada Line (reliant le centre ville à l'aéroport).
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L'usage du vélo est facilité par une circulation automobile assez fluide, peu de deux-roues à moteur et des avenues spécialement aménagées[160]. Un système de vélos en libre-service[161] propose 1 500 vélos. Cependant, la législation sur le port du casque freine l'expansion du vélo en ville[réf. souhaitée].
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La réglementation municipale et la géographie ont protégé Vancouver de la multiplication des voies rapides ; une seule portion d'autoroute, de moins d'un kilomètre, traverse la ville. La route transcanadienne passe par ailleurs à la limite orientale de la municipalité.
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Le tramway de Vancouver est mis en service le 18 juin 1890, entre le premier pont de Granville Street et Westminster Avenue (devenue Main Street et Kingsway). Moins d'un an après, la Westminster and Vancouver Tramway Company inaugure la première ligne interurbaine au Canada entre les deux villes, poussant jusqu'à Chilliwack, ainsi qu'une autre ligne : la Lulu Island Railroad, entre le pont de Granville Street et Steveston en passant par Kerrisdale, participant au développement de l'habitat hors du cœur de l'agglomération[162]. La British Columbia Electric Railway (BCER) est ensuite créée pour exploiter l'ensemble du réseau, jusqu'en 1958, lorsque les derniers rails sont retirés au profit des trolleybus et bus au diesel[163]. La même année, la BCER devient le noyau du nouveau groupe public BC Hydro. Vancouver possède actuellement la deuxième plus grosse flotte de trolleybus en Amérique du Nord, après San Francisco[164].
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Les conseils citadins des années 1970 et 1980 s'opposent à la construction d'autoroutes urbaines, dans le cadre d'un plan d'urbanisme à long terme[165]. Alors que la croissance du nombre de voitures a été proportionnelle à l'augmentation de la population, le taux de propriété de véhicules et la distance quotidienne moyenne parcourue sont en diminution depuis le début des années 1990[166],[167], cas unique au Canada. Bien que le temps de transport en voiture ait augmenté d'un tiers, le nombre de trajets vers le centre ville a diminué de 7 %[166]. En 2012, Vancouver connaît les pires embouteillages du Canada et arrive deuxième derrière Los Angeles sur le continent nord-américain[168], mais passe à la première place en 2013[169]. Les habitants ont tendance à résider plus près de leurs centres d'intérêt ou utilisent des moyens de transports moins énergivores, tels les transports en commun ou le vélo. C'est, en partie, le fruit d'une politique cherchant à résoudre les problèmes de transport et des campagnes de sensibilisation environnementale. Les politiques de gestion de la demande de transport (Transportation Demand Management) ont imposé des restrictions à l'utilisation de la voiture, rendant les déplacements plus chers et difficiles et donnant plus d'avantages aux non-conducteurs[166].
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L’aéroport international de Vancouver (YVR), situé sur l’île de la mer dans la municipalité de Richmond, est le deuxième aéroport le plus important du pays après celui de Pearson de Toronto. L’Association internationale du transport aérien le classe comme étant le meilleur aéroport d’Amérique, desservant 15 à 25 millions de passagers annuellement, et le deuxième toutes catégories confondues. Le YVR figure sur la liste des dix meilleurs aéroports au monde et est le seul du Canada à y figurer.
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Le port de Vancouver est vital pour l’économie de la province : Vancouver est la porte d’entrée nord-américaine pour le commerce avec les pays d’Asie et du Pacifique. Pour ce qui est du volume de ses exportations internationales, la cité se classe au deuxième rang du continent. Selon la municipalité de Vancouver, son port international domine également le monde pour ce qui est du commerce du grain. Il se classe cependant en second dans la partie septentrionale du continent selon certaines autres sources, pour les exportations étrangères totales et pour le volume total de cargaison.
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Il y a aussi le curling qui se joue à Vancouver.
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Vancouver est une cité avec un accès libre aux activités extérieures comme des randonnées à pied, le cyclisme, le canotage et à proximité des stations de ski.
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Vancouver fut une des premières cités du Canada à établir un jumelage international[170]. En vue de bénéfices culturels, sociaux et économiques, des arrangements spéciaux ont été signés entre ces villes jumelles[62],[171],[172].
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Vincent Willem van Gogh (prononcé en néerlandais : /ˈvɪnsɛnt ˈʋɪləm vɑŋ ˈɣɔx/)[Note 2], né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, aux Pays-Bas, et mort le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise, en France, est un peintre et dessinateur néerlandais. Son œuvre pleine de naturalisme, inspirée par l'impressionnisme et le pointillisme, annonce le fauvisme et l'expressionnisme.
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Van Gogh grandit au sein d'une famille de l'ancienne bourgeoisie. Il tente d'abord de faire carrière comme marchand d'art chez Goupil & Cie. Cependant, refusant de voir l'art comme une marchandise, il est licencié. Il aspire alors à devenir pasteur, mais il échoue aux examens de théologie. À l'approche de 1880, il se tourne vers la peinture. Pendant ces années, il quitte les Pays-Bas pour la Belgique, puis s'établit en France. Vincent explore la peinture et le dessin à la fois en autodidacte et en suivant des cours. Passionné, il ne cesse d'enrichir sa culture picturale : il analyse le travail des peintres de l'époque, il visite les musées et les galeries d'art, il échange des idées avec ses amis peintres, il étudie les estampes japonaises, les gravures anglaises, etc. Sa peinture reflète ses recherches et l'étendue de ses connaissances artistiques. Toutefois, sa vie est parsemée de crises qui révèlent son instabilité mentale. L'une d'elles provoque son suicide, à l'âge de 37 ans.
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L'abondante correspondance de Van Gogh permet de mieux le comprendre. Elle est constituée de plus de 800 lettres écrites à sa famille et à ses amis, dont 652 envoyées à son frère « Theo »[Note 3], avec qui il entretient une relation soutenue aussi bien sur le plan personnel que professionnel.
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L'œuvre de Van Gogh est composée de plus de 2 000 toiles et dessins datant principalement des années 1880. Elle fait écho au milieu artistique européen de la fin du XIXe siècle. Il est influencé par ses amis peintres, notamment Anthon van Rappard, Émile Bernard et Paul Gauguin. Il échange aussi des points de vue avec son frère Theo, un marchand d'art connu. Il admire Jean-François Millet, Rembrandt, Frans Hals, Anton Mauve et Eugène Delacroix, tout en s'inspirant d'Hiroshige, Claude Monet, Adolphe Monticelli, Paul Cézanne, Edgar Degas et Paul Signac.
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Peu connu dans les années 1890, Van Gogh n'a été remarqué que par un petit nombre d'auteurs et de peintres en France, aux Pays-Bas, en Belgique et au Danemark. Cependant, dans les années 1930, ses œuvres attirent 120 000 personnes à une exposition du Museum of Modern Art, à New York. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands artistes de tous les temps.
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La famille Van Gogh, d'ancienne bourgeoisie, est déjà notable aux XVIe et XVIIe siècles. L'état de pasteur est une tradition familiale[WM 1], de même que le commerce de l'art. Le grand-père de Vincent (1789-1874) a, par exemple, suivi des cours à la faculté de théologie à l'université de Leyde jusqu'en 1811. Trois de ses fils sont devenus marchands d'art.
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Vincent Willem Van Gogh naît le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, un village près de Bréda dans l'ouest du Brabant-Septentrional, dans le sud des Pays-Bas. Sa mère avait mis au monde un enfant mort-né, le 30 mars 1852 : Vincent Willem I, dont il portera le prénom. Il est le fils aîné de Theodorus van Gogh, pasteur de l'Église réformée à Groot-Zundert depuis 1849, et d'Anna Cornelia, née Carbentus, fille d'un relieur de la cour du Duché de Brabant. Ses parents élèveront six enfants : Vincent, Anna Cornelia (1855-1930), Théodore (« Théo »), Elisabetha Huberta (« Liss », 1859-1936), Willemina Jacoba (« Wil » ou « Wilkie », 1862-1941) et Cornelis Vincent (« Cor », 1867-1900)[WM 2].
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Son père Theodorus compte dix frères et sœurs. Plusieurs oncles paternels joueront un rôle déterminant dans la vie de Vincent. Hendrik Vincent van Gogh, « Hein », est marchand d'art à Bruxelles. Johannes van Gogh (de), « Jan », est amiral et reçoit Vincent chez lui à Amsterdam pendant plus d'un an. Cornelis Marinus van Gogh, « Cor », est également marchand d'art. Son parrain Vincent van Gogh, « Cent », s'est associé à la chaîne de galeries de l'éditeur d'art parisien Goupil & Cie.
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La famille de Van Gogh mène une vie simple. L'ambiance laborieuse du foyer parental marque profondément le jeune Vincent, qui est un enfant sérieux, silencieux et pensif[M 1].
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En janvier 1861, Vincent Van Gogh entre à l'école de Zundert, dont l'effectif est de deux cents élèves[2]. Il est retiré de l'école et, à la fin d'année 1861, Anna Birnie (1844-1917)[3] est embauchée comme gouvernante pour donner des cours à Vincent et à sa sœur, Anna. Elle leur enseigne, entre autres, le dessin. Le 1er octobre 1864, il part pour l'internat de Jan Provily à Zevenbergen, une ville rattachée à la commune de Moerdijk à trente kilomètres de chez lui. Il y apprend le français, l'anglais et l'allemand. Il y réalise aussi ses premiers essais de dessin[WM 3]. Le 15 septembre 1866, il entre au collège Guillaume II, à Tilbourg.
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Son professeur de dessin était le peintre Constant Cornelis Huijsmans au collège Willem II (en)[4]. Vincent vit difficilement cet éloignement. En mars 1868, il quitte précipitamment l'établissement et retourne chez ses parents à Zundert.
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Le 30 juillet 1869, à l'âge de 16 ans, Vincent quitte la maison familiale pour devenir apprenti chez Goupil & Cie à La Haye, filiale fondée par son oncle Hein[7]. Cette firme internationale qui vend des tableaux, des dessins et des reproductions, est alors dirigée par Hermanus Tersteeg[JLB 1], pour qui l'artiste avait un grand respect. En 1871, son père est muté à Helvoirt. Vincent y passe ses vacances en 1872, avant de rendre visite à Theo, à Bruxelles.
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Après sa formation en apprentissage, il est engagé chez Goupil & Cie. En juin 1873, Adolphe Goupil l'envoie dans la succursale de Londres avec l'accord de son oncle Cent. Selon la future femme de Theo, Johanna Bonger dite « Jo », c'est la période la plus heureuse de sa vie[8]. Il réussit et, à 20 ans, il gagne plus que son père. Il tombe amoureux d'Eugénie Loyer[Diff 1], la fille de sa logeuse à Brixton, mais lorsqu'il lui révèle ses sentiments, elle lui avoue qu'elle s'est déjà secrètement fiancée avec le locataire précédent[Z 1]. Van Gogh s'isole de plus en plus. À la même époque, il développe un fervent intérêt pour la religion. Son zèle religieux prend des proportions qui inquiètent sa famille. Le 12 novembre 1873, Theo est muté à la succursale de La Haye par son oncle Cent.
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Son père et son oncle envoient Vincent à Paris à la mi-mai 1875, au siège principal de Goupil & Cie au 9 rue Chaptal. Choqué de voir l'art traité comme un produit et une marchandise, il en parle à certains clients, ce qui provoque son licenciement le 1er avril 1876[9],[Z 2]. Entre-temps, la famille Van Gogh a déménagé à Etten, village du Brabant-Septentrional.
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Van Gogh se sent alors une vocation spirituelle et religieuse. Il retourne en Angleterre où, pendant quelque temps, il travaille bénévolement, d'abord comme professeur suppléant dans un petit internat donnant sur le port de Ramsgate, où il est engagé. Il dessine quelques croquis de la ville. À son frère Theo, il écrit[Note 4],[M 2] : « À Londres, je me suis souvent arrêté pour dessiner sur les rives de la Tamise en revenant de Southampton Street le soir, et cela n'aboutissait à rien ; il aurait fallu que quelqu'un m'explique la perspective. » Comme l'école doit par la suite déménager à Isleworth dans le Middlesex[Note 5], Van Gogh décide de s'y rendre. Mais le déménagement n'a finalement pas lieu. Il reste sur place, devient un fervent animateur méthodiste et veut « prêcher l'Évangile partout ». À la fin d'octobre 1876, il prononce son premier sermon à la Wesleyan Methodist Church à Richmond. En novembre, il est engagé comme assistant à la Congregational Church de Turnham Green[JLB 2].
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À Noël 1876, il retourne chez ses parents. Sa famille l'incite alors à travailler dans une librairie de Dordrecht aux Pays-Bas pendant quelques mois. Toutefois, il n'y est pas heureux. Il passe la majeure partie de son temps dans l'arrière-boutique du magasin à dessiner ou à traduire des passages de la Bible en anglais, en français et en allemand. Ses lettres comportent de plus en plus de textes religieux. Son compagnon de chambre de l'époque, un jeune professeur appelé Görlitz, expliquera plus tard que Van Gogh se nourrit avec parcimonie[10] : « Il ne mangeait pas de viande, juste un petit morceau le dimanche, et seulement après que notre propriétaire eut longuement insisté. Quatre pommes de terre avec un soupçon de sauce et une bouchée de légumes constituaient son dîner. »
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Le soutenant dans son désir de devenir pasteur, sa famille l'envoie en mai 1877 à Amsterdam, où il séjourne chez son oncle Jan, qui est amiral. Vincent se prépare pour l'université et étudie la théologie avec son oncle Johannes Stricker, théologien respecté[Note 6]. Il échoue à ses examens. Il quitte alors le domicile de son oncle Jan, en juillet 1878, pour retourner à la maison familiale à Etten. Il suit des cours pendant trois mois à l'école protestante de Laeken, près de Bruxelles, mais il échoue à nouveau et abandonne ses études pour devenir prédicateur laïc. Au début de décembre 1878, il obtient une mission d'évangéliste en Belgique, auprès des mineurs de charbon du Borinage, dans la région de Mons. Il y devient un prédicateur solidaire des luttes contre le patronat mais il a déjà fait son apprentissage pictural en ayant visité tous les grands musées des villes importantes qu'il a traversées quand il travaillait chez Goupil & Cie[11].
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Sa traversée du Borinage en Belgique commence à Pâturages (aujourd'hui dans la commune de Colfontaine) en 1878. Il y est accueilli par un évangéliste qui l'installe chez un cultivateur à Wasmes. Très vite, il juge cette maison trop luxueuse et, en août, il part pour Cuesmes pour loger chez un autre évangéliste. Allant au bout de ses convictions, Van Gogh décide de vivre comme ceux auprès desquels il prêche, partageant leurs difficultés, jusqu'à dormir sur la paille dans une petite hutte.
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Il consacre tout aux mineurs et à leur famille. Il va même jusqu'à descendre dans un puits de mine du Charbonnage de Marcasse, à 700 mètres de profondeur. Lors d'un coup de grisou, il sauve un mineur. Mais ses activités de pasteur ouvrier ne tardent pas à être désapprouvées[Z 3], ce qui le choque. Accusé d'être un meneur, il est contraint d'abandonner la mission — suspendue par le comité d'évangélisation — qu'il s'était donnée[M 3]. Il en garde l'image de la misère humaine qui apparaîtra dans une partie de son œuvre. Après ces évènements, il se rend à Bruxelles puis revient brièvement à Cuesmes, où il s'installe dans une maison. Mais, sous la pression de ses parents, il retourne à Etten. Il y reste désœuvré, jusqu'en mars 1880, ce qui préoccupe de plus en plus sa famille. Vincent et Theo se disputent au sujet de son avenir : ces tensions les privent de communication pendant près d'un an[11].
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De plus, un grave conflit éclate entre Vincent et son père, ce dernier allant jusqu'à se renseigner pour faire admettre son fils à l'asile de Geel. Il s'enfuit de nouveau et se réfugie à Cuesmes, où il loge jusqu'en octobre 1880 chez un mineur. Entre-temps, Theo obtient un emploi stable chez Goupil & Cie à Paris.
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1. Groot-Zundert (Pays-Bas), le 30 mars 1853 (naissance)
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2. Bruxelles (Belgique), d'octobre 1880 à avril 1881
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3. Etten (Pays-Bas), d'avril 1881 à décembre 1881
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4. La Haye (Pays-Bas), de décembre 1881 à septembre 1883
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5. Drenthe (Pays-Bas), de septembre 1883 à décembre 1883
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6. Nuenen (Pays-Bas), de décembre 1883 à novembre 1885
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7. Anvers (Belgique), de novembre 1885 à février 1886
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8. Paris, de février 1886 à février 1888
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9. Arles (France), de février 1888 à mai 1889
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10. Saint-Rémy-de-Provence (France), de mai 1889 à mai 1890
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11. Auvers-sur-Oise (France), de mai 1890 au 29 juillet 1890 (décès)
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Van Gogh atteint sa maturité au moment où il commence sa carrière d'artiste. Il s'intéresse de plus en plus à ses proches et aux scènes quotidiennes qu'il commence à représenter dans des croquis à la mine de plomb, au fusain ou au crayon[Z 4]. En octobre 1880, il part à Bruxelles et, le 15 novembre 1880, il s'inscrit à l'Académie royale des beaux-arts sur les conseils du peintre Willem Roelofs. Il a l'occasion de travailler à l'atelier du peintre Anthon van Rappard, rue Traversière. Le 1er février 1881, Theo est nommé gérant de la succursale de Goupil & Cie sur le boulevard Montmartre ; il décide alors de subvenir aux besoins de son frère[JLB 3]. Vincent est presque âgé de 28 ans.
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Fin avril 1881, Van Gogh revient à la maison familiale et y reste jusqu'à Noël. Il consacre principalement son temps à la lecture et aux études des figures. L'été, il tombe amoureux de Kee Vos, la fille de son oncle Stricker. Malgré le refus clair de Kee, veuve toute récente, Vincent insiste, créant une atmosphère de plus en plus tendue dans sa famille.
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À la suite d'une violente dispute avec son père, il part pour La Haye, où il s'installe dans un modeste atelier. Il y reçoit des leçons de peinture de son cousin par alliance, Anton Mauve (époux de sa cousine germaine Ariëtte Carbentus), pratique alors essentiellement l’aquarelle et étudie la perspective.
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En janvier 1881, Van Gogh rencontre une ancienne prostituée, Sien Hoornik, qui commence à poser pour lui. Au printemps 1882, son oncle Cornelis Marinus, propriétaire d'une galerie d'art renommée à Amsterdam, lui commande des dessins de La Haye. Le travail ne s'avère pas à la hauteur des espérances de son oncle, qui lui passe néanmoins une deuxième commande. Bien qu'il lui ait décrit en détail ce qu'il attendait de lui, il est de nouveau déçu. En juin 1882, une hospitalisation liée à une maladie vénérienne lui permet de se réconcilier avec ses parents[JLB 4].
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À sa sortie, il s'installe dans un plus grand atelier avec Sien Hoornik et ses deux enfants. C'est au cours de l'été 1882 qu'il commence la peinture à l'huile. Cette période de sa vie lui permet de se consacrer à son art. Il partage ses réflexions sur des peintres qu'il admire comme Daumier ou Jean-François Millet dont il connaît bien les œuvres[Lettre 1],[Lettre 2]. Il exécute de nombreux tableaux et dessins selon différentes techniques. Il envoie ses œuvres à Theo et écrit à Anthon van Rappard. À partir du printemps 1883, il s'intéresse à des compositions plus élaborées, basées sur le dessin. Très peu de ces dessins ont survécu car, manquant de nervosité et de fraîcheur selon Theo, ils seront détruits par Vincent.
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Les vingt mois qu'il passe à La Haye (entre 1882 et 1883) semblent décisifs pour l’artiste, qui réalise sa volonté de rompre avec les conventions morales de son milieu social, et son impossibilité à mener une existence normale. De nombreuses lectures, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Émile Zola ou encore Charles Dickens, viennent enrichir sa vision du monde, et renforcent ses convictions sociales. En août 1883, il envisage de partir dans la province campagnarde de la Drenthe pour profiter de ses paysages. Sa relation avec Sien Hoornik se termine alors.
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De septembre à décembre 1883, Vincent séjourne en solitaire dans la province de Drenthe, dans le nord des Pays-Bas, où il s'acharne à sa peinture. C'est l'unique remède qu'il trouve face à un profond sentiment de détresse. Il change assez souvent de logement et la solitude lui pèse. Le temps pluvieux et les difficultés financières de son frère Theo le décident à rejoindre sa famille installée depuis juin 1882 à Nuenen, en Brabant-Septentrional, dans le presbytère paternel[JLB 5].
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Van Gogh profite d'un petit atelier aménagé à son intention dans la maison familiale. Il y réalise des séries de tableaux sur différents thèmes, notamment les tisserands. C'est à Nuenen que son talent se révèle définitivement : de cette époque datent de puissantes études à la pierre noire de paysans au travail, mais aussi quelque deux cents tableaux à la palette sombre et aux coups de brosse expressifs, qui confirment alors son talent de dessinateur et de peintre[12].
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Vincent propose à Theo de ne plus lui verser de pension mais plutôt d'échanger ses versements contre ses tableaux. Theo acquiert ainsi des tableaux qu'il espère vendre[JLB 6]. Vincent continue à voir Van Rappard avec qui il peint. À cette période, il donne aussi des cours de peinture à des amateurs. Puis, en mai 1884, il loue un atelier plus vaste que celui qu'il avait jusqu'alors.
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Pour la troisième fois, Van Gogh tombe amoureux. Il entame une relation avec sa voisine, Margot Begemann, ce que leurs familles respectives n'apprécient pas. À la mi-septembre, Margot tente de se suicider. Elle passe sa période de convalescence à Utrecht. Le 26 mars 1885, le père Van Gogh meurt d'une crise cardiaque. À cause des relations difficiles qu'il entretient avec son entourage, la sœur de Vincent lui demande de quitter le presbytère. Il habite alors dans son atelier entre avril et mai 1885.
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Alors qu'il est encore à Nuenen, il travaille sur une série de peintures qui doivent décorer la salle à manger d'un de ses amis vivant à Eindhoven. Van Gogh s'intéresse alors aux artistes renommés de l'école de La Haye, comme Théophile de Bock et Herman Johannes van der Weele. Il s'agit d'un groupe d'artistes qui, entre 1860 et 1890, sont fortement influencés par la peinture réaliste de l'école de Barbizon. Parmi ces artistes, Johan Hendrik Weissenbruch ou Bernard Blommers par exemple, sont cités dans les lettres de Van Gogh lors de ses discussions sur l'art[Lettre 3],[Lettre 4]. Il n'hésite pas non plus à faire des remarques sur Rembrandt et Frans Hals en discutant de leurs œuvres[Lettre 5].
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À la même époque, Émile Zola est critique d'art. En 1885, au moment où paraît son roman Germinal, Van Gogh peint Les Mangeurs de pommes de terre. Ils exposent tous les deux la vie de la classe populaire. Après son séjour à Nuenen, passant de ce réalisme sombre au colorisme, Van Gogh prend un nouvel élan dans sa peinture. Sa palette devient plus claire et plus colorée, alors que ses coups de pinceaux deviennent plus nets[13].
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À Anvers de nouveau, en novembre 1885, il est impressionné par les peintures de Rubens et découvre les estampes japonaises, qu'il commence à collectionner dans cette ville. C'est aussi dans la capitale flamande que l'artiste inaugure sa fameuse série d'autoportraits. Il prend divers cours de dessin et réalise des études de nus. L'idée de repartir à Paris lui est agréable. Il compte déjà étudier dans l'atelier de Fernand Cormon et se loger chez Theo pour des questions d'économie[JLB 7]. En février 1886, il débarque donc à Paris.
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Au début du mois de mars 1886, Vincent rejoint son frère Theo à Montmartre, avec l'envie de s'informer sur les nouveautés de la peinture impressionniste. À l'époque, Theo est gérant de la galerie montmartroise Boussod, Valadon & Cie (les successeurs de Goupil & Cie)[JLB 8],[Z 5]. Vincent y devient également l'amant d'Agostina Segatori, tenancière italienne du cabaret Au Tambourin, boulevard de Clichy. Seule la connaissance du milieu artistique parisien peut véritablement permettre à Van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision. Cette année-là est celle de la dernière exposition impressionniste que Vincent découvre, et en 1887 doit avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet[11].
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Paris se prépare alors à accueillir plusieurs expositions : en plus du Salon, où sont exposées les œuvres de Puvis de Chavannes, Van Gogh visite les salles de la cinquième exposition internationale à la galerie Georges Petit, qui présente des toiles d'Auguste Renoir et de Claude Monet. Ces derniers n'avaient pas souhaité participer à la huitième et dernière exposition des impressionnistes, qui offrait le spectacle d'un groupe déchiré, entre les défections et les nouvelles arrivées, et ouvrait ses portes à la nouveauté du moment, le néo-impressionnisme, avec la toile de Georges Pierre Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte.
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À Paris dans les années 1886-1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’Émile Bernard ainsi que de John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887[M 4].
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Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment : il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du cloisonnisme par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles exotiques réalisées par Gauguin en Martinique. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme, mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental. Le 19 février 1888, il quitte Paris.
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Le 20 février 1888, il s'installe à Arles, dans la vieille ville à l'intérieur des remparts à l'hôtel-restaurant Carrel, au 30, rue de la Cavalerie, à l'époque quartier des maisons closes, avec comme compagnon le peintre danois Christian Mourier-Petersen. Il loue également une partie de la « maison jaune » pour en faire son atelier. Quelques jours après, il loge au Café de la Gare, 30, place Lamartine[Lettre 6],[JLB 9] et s'installe ensuite, à partir du 17 septembre, dans la Maison Jaune, juste à côté, détruite lors du bombardement allié d'Arles du 25 juin 1944.
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Paysage enneigé, 1888, huile sur toile, 50 × 60 cm, Londres, collection privée (F391/JH1358).
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Moissons en Provence, juin 1888, environs d'Arles, huile sur toile, 50 × 60 cm, Jérusalem, Musée d'Israël (F558/JH1481).
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L'hôpital (appelé alors « Hôtel-Dieu » et aujourd'hui « Espace van Gogh ») où fut admis Vincent van Gogh à la fin de 1888.
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Iris, 1889, huile sur toile, 71 × 93 cm, Los Angeles, J. Paul Getty Museum (F608/JH1691).
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Lilas du jardin de l'hôpital, mai 1889, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
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Tournesols dans un vase, 1888, huile sur toile (93 × 73 cm), Londres, National Gallery (F454/JH1562).
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Bien qu'il arrive dans la cité avec un temps de neige, une nouvelle page de son œuvre s'ouvre avec la découverte de la lumière provençale. Dès le 22 février 1888, il débute sa production arlésienne : il parcourt à pied la région et peint des paysages, des scènes de moissons et des portraits. Il envoie toujours ses tableaux à Theo. Trois de ses premiers tableaux sont présentés à la 4e exposition annuelle de la Société des artistes indépendants. En avril, Vincent rencontre le peintre américain Dodge MacKnight, qui habite Fontvieille, un petit village au nord-est d'Arles. Par MacKnight, il fait la connaissance du peintre Eugène Boch, avec lequel une relation plus profonde se développe et dont il fait le portrait[15].
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Au début du mois de juin 1888, ayant reçu un billet de 100 francs de son frère Theo, il se rend en diligence aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour un séjour de cinq jours. Il y peint la barque Amitié et le village regroupé autour de l'église fortifiée.
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À Arles, des idées plus anciennes sur l'art et la peinture réapparaissent, comme faire des séries de tableaux[Note 7]. Au printemps 1888, il réalise ainsi une série sur les vergers fleurissants dans des triptyques, ainsi qu'une série de portraits comme ceux de la famille Roulin. La première série des tournesols date aussi de cette époque. Entre-temps, il continue à échanger des lettres et des tableaux avec Émile Bernard et Paul Gauguin. Vincent qui habite la maison jaune, rêve en effet d'une communauté d'artistes unissant fraternellement leurs expériences et leurs recherches : Paul Gauguin vient le rejoindre dans ce but le 23 octobre 1888 et ils commencent à travailler ensemble, par exemple sur la série de tableaux consacrés aux Alyscamps. Mais les deux hommes s'entendent mal : la tension et l’exaltation permanentes qu’implique leur démarche créatrice débouchent sur une crise.
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Le 23 décembre 1888, à la suite d'une dispute plus violente que les autres avec Gauguin, Van Gogh est retrouvé dans son lit avec l'oreille gauche tranchée[16],[17],[18]. Plusieurs théories tentent d'expliquer l'incident[19]. La thèse classique, soutenue par le musée Van Gogh d'Amsterdam d'après le témoignage de Gauguin[20],[21], explique que Van Gogh menace d'un rasoir Gauguin qui s'enfuit, laissant Van Gogh seul. Dans un accès de délire, celui-ci retourne le rasoir contre lui-même et se coupe l'oreille avant d'aller l'offrir à une employée du bordel voisin (âgée de 16 ans, elle ne pouvait pas être prostituée)[JLB 10]. Différents diagnostics possibles expliquent cet accès de folie (voir ci-dessous).
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Le lendemain de sa crise, Van Gogh est admis à l'hôpital et soigné par le docteur Rey dont il peint le portrait. Theo, inquiet de la santé de son frère, vient le voir et retourne à Paris le jour de Noël[JLB 10] accompagné de Gauguin. Cependant, une pétition signée par trente personnes demande l'internement ou l'expulsion de Vincent van Gogh d'Arles : il lui est reproché des troubles à l'ordre public. Le 7 février, le docteur Delon demande son internement pour « hallucinations auditives et visuelles ». Le 27 février, le commissaire de police d'Ornano conclut dans son rapport que Van Gogh pourrait devenir dangereux pour la sécurité publique[22]. En mars 1889, après une période de répit, il peint entre autres Autoportrait à l'oreille bandée. Cependant, à la suite de nouvelles crises, il est interné d'office sur ordre du maire à l'hôpital d'Arles[Lettre 7]. À la mi-avril, il loue un appartement au docteur Rey dans un autre quartier d'Arles[Lettre 8]. Le 18 avril 1889, Theo et Johanna Bonger se marient à Amsterdam[JLB 11].
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Pendant son séjour à Arles, Vincent maintient le lien avec l'univers artistique parisien grâce à l'abondante correspondance qu'il échange avec son frère Theo. Malgré l'échec de son projet d'établir un atelier à Arles, il ne renonce pas au dialogue avec ses amis Émile Bernard et Gauguin. Ce dernier, après son séjour mouvementé à Arles, accompagne à travers ses lettres la vie de Van Gogh jusqu'à la fin[23].
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Le 8 mai 1889, il quitte Arles, ayant décidé d'entrer dans l'asile d'aliénés Saint-Paul-de-Mausole que dirige le médecin Théophile Peyron, à Saint-Rémy-de-Provence. Il y reste un an, au cours duquel il a trois crises importantes : à la mi-juillet, en décembre et la dernière entre février et mars 1890.
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Malgré son mauvais état de santé, Van Gogh est très productif. Ce n'est que pendant ses crises de démence qu'il ne peint pas. Dans l'asile, une pièce au rez-de-chaussée lui est laissée en guise d'atelier[24]. Il continue à envoyer ses tableaux à Theo. Deux de ses œuvres font partie de la 5e exposition annuelle de la Société des artistes indépendants de Paris. Un des premiers tableaux de cette époque est l’Iris. Les peintures de cette période sont souvent caractérisées par des remous et des spirales. À diverses périodes de sa vie, Van Gogh a également peint ce qu'il voyait de sa fenêtre, notamment à la fin de sa vie avec une grande série de peintures de champs de blé qu'il pouvait admirer de la chambre qu'il occupait à l'asile de Saint-Rémy-de-Provence. Il quitte l'asile le 19 mai 1890[Note 8].
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Theo rencontre le docteur Paul Gachet sur les recommandations de Pissarro. Theo encourage Vincent à sortir de l'asile et à se rendre à Auvers-sur-Oise, où il pourra consulter le médecin et être près de son frère[JLB 12].
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Van Gogh commence également à être connu. En janvier 1890, un article d’Albert Aurier dans le Mercure de France[25] souligne pour la première fois l’importance de ses recherches. Un mois plus tard, le peintre Anna Boch acquiert l’un de ses tableaux, La Vigne rouge pour la somme de 400 francs[26].
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Le 31 janvier 1890 naît le petit Vincent, fils de son frère Theo[27]. Dans les mois précédents la venue au monde de ce neveu et dont Vincent est le parrain, il écrit à Theo sans jamais mentionner le nom de l'enfant, en le nommant « le petit ». Lorsque le nouveau-né tombe malade sans gravité, Vincent éprouve de la tristesse et du découragement.
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Après avoir rendu visite à Theo à Paris, Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise, situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris[28]. Cette commune rurale du Vexin français était déjà connue dans le milieu des peintres, initialement par les paysagistes de l'école de Barbizon, puis par les impressionnistes[Note 10]. Il y passe les 70 derniers jours de sa vie, du 20 mai au 29 juillet 1890. Le docteur Paul Gachet a promis de prendre soin de lui à la demande de Theo[Lettre 9]. Gachet, ami de Paul Cézanne et des peintres impressionnistes et lui-même peintre amateur, veille sur Van Gogh, qui loue une petite chambre no 5 dans l’auberge Ravoux, pour 3,50 francs par jour[Note 11].
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Van Gogh, au sommet de sa maîtrise artistique, va alors décrire dans ses œuvres la vie paysanne et l'architecture de cette commune. Des articles paraissent dans la presse parisienne, bruxelloise et néerlandaise. C'est un signe important de sa reconnaissance dans ce milieu artistique. Grâce aux soins du docteur Gachet, son activité est intense : il peint plus de 70 tableaux[VK 1]. D'autre part, Theo, dont la maladie perdure, lui confie son inquiétude pour son travail et pour le petit Vincent Willem, malade. Theo désire retourner aux Pays-Bas.
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L'instabilité mentale de Vincent van Gogh reprend vers la fin juillet 1890. Le dimanche 27 juillet 1890, dans un champ derrière le château où il peint peut-être une ultime toile, car il a emmené son matériel de peinture avec lui, il se tire un coup de revolver dans la poitrine (pour viser le cœur) ou dans l'abdomen. Revenu boitillant à l'auberge Ravoux, il monte directement dans sa chambre. Ses gémissements attirent l'attention de l'aubergiste Arthur Ravoux qui le découvre blessé : il fait venir le docteur Gachet qui lui fait un bandage sommaire (une opération chirurgicale est impossible vu l'état de la médecine à cette époque) et dépêche à Paris Anton Hirschig (en), artiste néerlandais pensionnaire de son auberge, pour prévenir Théo van Gogh. Vincent van Gogh y meurt deux jours plus tard, à l'âge de 37 ans, son frère Théo étant à son chevet[30].
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Théo, atteint de syphilis et de ses complications neurologiques, est hospitalisé en octobre 1890 dans une clinique psychiatrique d'Utrecht, où il meurt le 25 janvier 1891[31] à l'âge de 34 ans. Les deux frères reposent tous deux au cimetière d'Auvers-sur-Oise, depuis que Johanna van Gogh-Bonger a fait transférer le corps de son premier mari auprès de son frère en 1914.
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En 2011, une nouvelle hypothèse sur la mort de Vincent van Gogh a été avancée par deux auteurs, Steven Naifeh et Gregory White Smith, qui reprennent une anecdote de Victor Doiteau[32] : Vincent van Gogh aurait été victime par accident d'une balle tirée par les frères Gaston et René Secrétan, deux adolescents qu'il connaissait. Ces derniers jouaient « aux cowboys » avec une arme de mauvaise facture à proximité du champ où Van Gogh se promenait. Avant de succomber deux jours plus tard, le peintre aurait alors décidé d'endosser toute la responsabilité de l'acte en déclarant s'être visé lui-même, dans le but de protéger les garçons[33] et par amour pour son frère Théo, pour lequel il pensait être devenu un fardeau trop pesant.
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Cette thèse repose sur trois arguments[34] : Vincent van Gogh aurait été le souffre-douleur des frères Secrétan (interview de René Secrétan, devenu banquier, donnée en 1956), l'historien d'art John Rewald a recueilli dans les années 1930 des rumeurs auversoises dans ce sens, mais ces témoignages sont tardifs et de seconde main ; enfin René Secrétan, dont les auteurs américains prétendent que le peintre a réalisé un dessin déguisé en cowboy et qui a assisté au Buffalo Bill Wild West Show à Paris au début de l'année 1890, aurait volé le revolver de l'aubergiste Arthur Ravoux pour tirer sur des oiseaux et petits animaux, revolver[35] à l'origine de l'homicide involontaire ou du tir accidentel sur Vincent van Gogh[36],[37],[38],[39].
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Un chercheur, Wouter van der Veen, travaillant sur la vie et l’œuvre de Vincent van Gogh, a publié en 2020 une analyse de la dernière journée de Vincent van Gogh, du lieu où il a passé cette journée, du dernier tableau qu'il a peint (Racines d’arbres, conservé au musée Van Gogh d’Amsterdam), et de ses derniers écrits, qui corrobore l'hypothèse du suicide[40].
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À plusieurs reprises, Van Gogh souffre d'accès psychotiques et d'instabilité mentale, en particulier dans les dernières années de sa vie. Au fil des ans, il a beaucoup été question de l'origine de sa maladie mentale et de ses répercussions sur son travail. Plus de cent cinquante psychiatres ont tenté d'identifier sa maladie et quelque trente diagnostics différents ont été proposés[41].
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Parmi les diagnostics avancés se trouvent la schizophrénie[42], le trouble bipolaire, la syphilis, le saturnisme, l'épilepsie du lobe temporal[42], la maladie de Menière[43]. Chacune de ces maladies pourrait être responsable de ses troubles et aurait été aggravée par la malnutrition, le surmenage, l'insomnie et un penchant pour l'alcool, en particulier pour l'absinthe.
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Une théorie suggère que le docteur Gachet aurait prescrit de la digitaline à Van Gogh pour traiter l'épilepsie, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements dans la perception de la couleur d'ensemble. Cependant, il n'existe aucune preuve directe que Van Gogh ait pris de la digitaline, même si Van Gogh a peint Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale, plante à partir de laquelle est produite la digitaline[44].
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Rédigées entre 1872 et 1890, les lettres de Vincent van Gogh témoignent de sa vie ainsi que de l'enchaînement de ses idées lorsqu'il produisait une œuvre. Ces textes n'ont pas été écrits en vue d'être publiés : ils représentent les pensées les plus profondes et les sentiments de leur auteur. La vision intime de sa propre vie, sa démarche artistique et l'origine de ses tableaux y sont expliqués dans un style direct et transparent. Ces lettres constituent une référence très riche concernant le contexte artistique et intellectuel dans lequel il se trouvait et les efforts qu'il fournissait pour s'y attacher, les méthodes et les matériaux utilisés à l'époque, les relations intimes qu'il nouait avec ses proches, sa façon de voir les autres artistes, etc.[JLB 13].
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En général, les lettres de Van Gogh sont adressées à son frère Théo, qui est aussi son plus grand soutien[45]. Au début de cette correspondance, il écrit[Note 4],[Lettre 11] : « […] nous n'aurons qu'à nous écrire très souvent. » Il a aussi écrit aux autres membres de sa famille et à ses amis, tels que Paul Gauguin et Émile Bernard[46]. La lettre la plus ancienne est adressée à Théo et datée du 29 septembre 1872. La dernière, rédigée quelques jours avant sa mort, était également destinée à Théo et il la portait sur lui le jour de son suicide. Environ les deux tiers de ses lettres, jusqu'en 1886, sont rédigées en néerlandais. Après cette date, il écrit en français, langue qu'il maîtrise depuis son apprentissage de la langue dans son enfance et qu'il perfectionne en France. Il a aussi écrit quelques lettres en anglais[47]. En 2011, il existe 902 lettres répertoriées, dont 819 écrites par lui et 83 à son intention. Ces lettres ainsi que des photographies et d'autres documents le concernant sont conservés en 2011 au musée Van Gogh à Amsterdam.
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À la mort de Vincent, son frère devient propriétaire de toutes les peintures, sauf une qui a été vendue du vivant de Vincent, ainsi que des lettres. Theo, atteint de la syphilis, perd la raison trois mois après le décès de son frère. D'abord interné à Paris, il est rapidement transféré à Utrecht aux Pays-Bas où il finira ses jours[VK 2]. À la suite de cet évènement, Johanna Bonger-Van Gogh, la femme de Theo, devient l'héritière de cette collection d'art, qui n'a pas à l'époque une grande valeur marchande.
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Grâce à Johanna, Émile Bernard et d'autres amis, ses lettres apparaissent dans les revues de l'époque (Van Nu en Straks et Mercure de France, par exemple). La première publication des lettres sous forme d'ouvrage date de 1914[48]. Cette édition comporte les lettres de Vincent à Theo et à Johanna. Durant les années 1920, d'autres correspondances de Vincent apparaissent : Émile Bernard, Paul Gauguin, Gabriel-Albert Aurier, Paul Signac, John Peter Russell, etc. Après la mort de Johanna en 1925, son fils Vincent Willem van Gogh prend le relais. Après la Seconde Guerre mondiale, il publie une édition en 4 volumes de nature documentaire[49]. Vingt ans plus tard, il publie une autre édition en 2 volumes, cette fois-ci en tâchant de rassembler les dernières lettres de Van Gogh en français[50].
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Petit à petit, le nombre d'ouvrages concernant les lettres se multiplie. Sa célébrité ne cessant de croître, la publication de ses lettres et leur analyse deviennent de plus en plus fréquentes, comme les travaux de Jan Hulsker[51],[52]. L'originalité du travail de Hulsker réside dans sa recherche de compréhension et d'explication des œuvres. Il a identifié les œuvres mentionnées dans les lettres, reproduit les croquis et revu les datations des courriers[JLB 14]. Pour le centenaire de Van Gogh, le musée Van Gogh publie sa correspondance au complet en néerlandais[53] dans l'ordre chronologique. De nombreux livres reprennent une partie des lettres et les analysent à leur façon. Le dernier grand ouvrage est le fruit du projet Lettres de Van Gogh, lancé par le musée Van Gogh, en partenariat avec le Huygens Institute en 1994[47]. Publiés en trois langues (néerlandais, français et anglais), ces 6 volumes offrent une analyse approfondie, de nouvelles lettres non publiées et, surtout, des bases solides pour effectuer de nouvelles recherches sur ce peintre[54],[55].
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Van Gogh a beaucoup travaillé pour perfectionner son dessin et sa peinture, notamment en utilisant des livres ou des manuels. Il a, par exemple, copié toutes les pages du Cours de dessin de Charles Bargue[H 1],[WM 4]. Sa peinture est le fruit d'un travail long, méticuleux et acharné. Il s'est essayé à plusieurs sortes de matériaux comme la pierre noire, la craie lithographique et la plume de roseau. Il était sensible et attentif à l’environnement artistique de la fin du XIXe siècle. Son style, qui se caractérise surtout par l'utilisation des couleurs et les touches de ses pinceaux, a une influence importante sur l'art du XXe siècle[H 2]. Les lettres de Van Gogh nous apprennent l'admiration de ce dernier pour Rembrandt, Frans Hals, Eugène Delacroix, Jean-François Millet[56], mais aussi pour Anton Mauve, Émile Bernard et Paul Gauguin. Il s'est inspiré des maîtres hollandais du XVIIe siècle[JLB 15]. Ses peintures témoignent de son expérience de la vie quotidienne[57] et ses tableaux portent la marque de sa personnalité tourmentée et instable[58]. Il a notamment réalisé Les Mangeurs de pommes de terre (1885), La Chambre de Van Gogh à Arles (1888), Les Tournesols (1888-1889), Autoportrait à l'oreille bandée (1889), La Nuit étoilée (1889), Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale (1890) et L'Église d'Auvers-sur-Oise (1890).
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Au XXIe siècle, il reste de lui des peintures, des œuvres sur papier, des croquis et des lettres. Van Gogh a produit plus de 2 000 œuvres d'art : à peu près 900 peintures et 1 100 dessins et croquis[JLB 16] qui s'étendent sur 10 ans de travail. Il avait l'habitude d'échanger ses peintures avec d'autres peintres, comme cela se faisait fréquemment alors, notamment Émile Bernard et Paul Gauguin.
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L'art de Van Gogh a évolué constamment au cours de sa carrière artistique. Par exemple, il s'intéresse aux estampes japonaises et aux gravures anglaises. Il prend plaisir à exécuter des reproductions auxquelles il souhaite apporter une contribution artistique originale. Il réalise plusieurs séries de tableaux, notamment des autoportraits et Les Tournesols. Par ailleurs, il accorde aussi une place importante aux tableaux nocturnes[59]. Il applique les couleurs par touches de pinceaux, sans mélanger sur la palette. Les couleurs se fondent à distance dans l'œil du spectateur.
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À l'automne 1882, Theo commence à financer Vincent afin que ce dernier puisse développer son art sereinement. Au début de l'année 1883, il commence à travailler sur des compositions multi-figures, surtout des dessins. D'après Theo, ces travaux manquent de vivacité et de fraîcheur. À cause de ces commentaires, Vincent les détruit et se tourne vers la peinture à l'huile. À Nuenen, il réalise de nombreuses peintures de grande taille mais il en détruit également. Parmi les toiles de l'époque, on peut citer Les Mangeurs de pommes de terre, les différentes têtes de paysans et les diverses interprétations de la chaumière.
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Pensant qu'il manque de connaissance sur les techniques de la peinture, il se rend à Paris pour continuer à apprendre et développer son style. Sa tendance à développer les techniques et les théories des impressionnistes et les néo-impressionnistes dure peu. À Arles, Van Gogh reprend d'anciennes idées. Il recommence par exemple à peindre une série de tableaux sur des sujets similaires. La progression de son style se voit dans ses autoportraits. En 1884, à Nuenen, il avait déjà travaillé sur une série pour décorer la salle à manger d'un de ses amis à Eindhoven. Toujours à Arles, il transforme ses Vergers fleurissants en triptyques. Il réalise une autre série sur la famille Roulin et il travaille avec Gauguin sur la décoration de la maison jaune. Les peintures faites pendant la période de Saint-Rémy sont souvent caractérisées par des tourbillons et des spirales. Les motifs de luminosité de ces dernières images ont été montrés conforme au modèle statistique de turbulence de Kolmogorov[60].
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L'historien d'art Albert Boime est l'un des premiers à montrer que Van Gogh basait ses travaux sur la réalité[61]. Par exemple, le tableau Maison sous un ciel nocturne montre une maison blanche au crépuscule avec une étoile bien visible, entourée d'une auréole jaune. Les astronomes du Southwest Texas State University à San Marcos ont établi que cette étoile est Vénus, très brillante le soir du 16 juin 1890, date de la création de ce tableau[62].
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Van Gogh a peint des autoportraits à plusieurs reprises. Beaucoup de ces toiles sont de petites dimensions : ces essais lui permettent d'expérimenter les techniques artistiques qu'il découvre[H 3]. Ses autoportraits reflètent ses choix et ses ambitions artistiques qui évoluent en permanence[H 3]. Les peintures varient en intensité et en couleur et l'artiste se représente avec barbe, sans barbe, avec différents chapeaux, avec son bandage qui représente la période où il s'est coupé l'oreille, etc. La plupart de ses autoportraits sont faits à Paris. Tous ceux réalisés à Saint-Rémy-de-Provence montrent la tête de l'artiste de gauche, c'est-à-dire du côté opposé de l'oreille mutilée. Plusieurs des autoportraits de Van Gogh représentent son visage comme se reflétant dans un miroir, c'est-à-dire son côté gauche à droite et son côté droit à gauche. Il s'est peint 37 fois en tout[63]. Cependant, durant les deux derniers mois de sa vie, à Auvers-sur-Oise, et malgré sa productivité, il ne peint aucun autoportrait. Son Autoportrait au visage glabre, qui date de fin septembre 1889, est une des toiles les plus chères au monde, vendue à 71,5 millions de dollars en 1998 à New York[64].
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Le japonisme, style qui se développe en France surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle avec l’ouverture du Japon à l'Occident de l’ère Meiji, attire Van Gogh depuis qu'il est à Nuenen. Les maîtres japonais comme Hokusai et Hiroshige l'inspirent. Il achète ses premières reproductions à Anvers et transmet son goût pour cet art asiatique à son frère Théo. Les deux réunissent plus de 400 œuvres qui sont aujourd'hui au musée Van Gogh d'Amsterdam[H 4].
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À Paris, Van Gogh s'interroge sur l'apport de cet art d'une grande qualité esthétique par rapport à ses propres travaux[H 5]. Il exécute alors plusieurs copies des crépons japonais. Le Courtisan est la reproduction d'un dessin qu'il a vu sur la couverture de Paris illustré spécial Japon. Il lui ajoute un arrière-plan inspiré des estampes japonaises en employant des couleurs intenses. Le Prunier en fleur est un autre tableau de ce genre : il interprète cette fois-ci une œuvre de Hiroshige. Le fond du portrait du père Tanguy est aussi décoré d'estampes japonaises. Van Gogh a l'habitude de délimiter des plans ou des objets par du noir, une couleur qualifiée de « non-couleur » par les impressionnistes, qui la bannissent quasiment systématiquement de leurs palettes. Il trouve ainsi une justification à cette pratique dans les estampes japonaises. Par la suite, il s'approprie l'art japonais, et confesse à son frère[Note 4],[Lettre 13] : « Tout mon travail est un peu basé sur la japonaiserie… »
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Cette fascination pour le Japon ne le quittera jamais et durant la dernière année de sa vie, Van Gogh cherchera par exemple à rencontrer un peintre français nommé Louis Dumoulin[65] après avoir vu plusieurs de ses tableaux inspirés d'un voyage au Japon notamment lors de la grande exposition organisée au Champ-de-Mars en mai 1890 par la Société nationale des Beaux-Arts. Deux lettres à l'attention de son frère Théo écrites alors qu’il séjourne à Auvers-sur-Oise exposent en effet son désir de rencontrer Dumoulin (qu’il écrit « Desmoulins ») comme « celui qui fait le Japon »[66],[67].
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Non seulement Vincent van Gogh aime contempler les reproductions des œuvres d'art mais il en réalise lui-même. Sa première reproduction date de l'époque Saint-Rémy-de-Provence : il copie une lithographie de la Pietà d'Eugène Delacroix, cette dernière ayant été abîmée. Il interprète aussi plusieurs tableaux à l'huile dans son propre style. Entre septembre 1889 et mai 1890, il produit de nombreuses œuvres d'après Delacroix, Rembrandt et Jean-François Millet, dont, de ce dernier, Hiver, la plaine de Chailly[70]. Ce sont des scènes religieuses et des travailleurs des champs. Durant la période où il est confiné dans un asile psychiatrique à Saint-Rémy-de-Provence, il trouve dans la reproduction d'œuvres un moyen de poursuivre son travail sans modèle ; il n'avait les moyens de n'employer que lui-même comme modèle. Il considère que le sujet d'un tableau n'est qu'un seul point de départ et que l'interprétation de l'artiste est la contribution principale. Il exprime cette idée à son frère par les mots suivants[Note 4],[Lettre 14] : « Je pose le blanc et noir de Delacroix ou de Millet ou d'après eux devant moi comme motif. — Et puis j'improvise de la couleur là-dessus mais bien entendu pas tout à fait étant moi mais cherchant des souvenirs de leurs tableaux — mais le souvenir, la vague consonance de couleurs qui sont dans le sentiment, sinon justes — ça c'est une interprétation à moi. »
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Le tableau Le Semeur, de Millet, est l'un des exemples caractéristiques éclairant les intentions de Van Gogh pour la reproduction. On voit l'apport de l'utilisation de la couleur et les coups de pinceaux très personnels de Van Gogh. Le résultat est plus vif, la personnalité de l'artiste s'affirme par l'intensité des couleurs appliquées.
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Van Gogh a réalisé plusieurs séries de tableaux. Pour affiner son art, il aime peindre plusieurs tableaux sur des sujets similaires concernant la nature : les fleurs, les champs de blé, les vergers fleurissant, etc. Il fait également des séries de portraits, surtout en peignant chaque membre de la famille Roulin ou des séries de semeurs. Van Gogh s'intéresse particulièrement à la peinture des fleurs. Il réalise plusieurs paysages avec différentes fleurs : des lilas, des roses, des lauriers, etc. Sur certains de ses tableaux, comme Iris, on les voit au premier plan. Il a fait deux séries de tournesols : la première alors qu'il est à Paris en 1887, la seconde lorsqu'il habite Arles l'année suivante. La première montre des tournesols fraîchement cueillis posés par terre. Dans la seconde, les tournesols sont dans des vases, parfois en train de faner. Les fleurs sont peintes par d'épais coups de brosse avec des surplus de peinture.
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L'idée de Van Gogh est de remplir les murs de l'atelier qu'il veut partager avec Paul Gauguin dans le but de créer une communauté d'artistes[Note 4],[Lettre 15] : « Dans l'espoir de vivre dans un atelier à nous avec Gauguin, je voudrais faire une decoration pour l'atelier. Rien que des grands Tournesols. » Gauguin représente dans un de ses tableaux van Gogh en train de peindre des tournesols. Van Gogh est assez content du résultat le montrant « fatigué et chargé d'électricité[Lettre 16] ».
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La série des vergers en fleur de Van Gogh fait partie de ses premiers travaux à Arles. Les peintures de cette série sont joyeuses. Il passe beaucoup de temps à exprimer la gaieté du printemps. Vincent dit à son frère[Note 4],[Lettre 17] : « J'ai maintenant 10 vergers sans compter trois petites etudes et une grande d'un cérisier que j'ai ereintée[Note 12]. » Dans la plupart de ces peintures, un arbre fleuri est mis en valeur. Il varie ses coups de pinceau : des touches de pointillisme, des élans impressionnistes plus veloutés, aplatissement des traits à la manière des estampes japonaises. Les tonalités intenses remplissent ses toiles, la couleur plus délicate des fleurs occupe le visuel[H 6].
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Une des séries de tableaux les plus connues que Van Gogh a réalisées est celle des cyprès. Ces arbres, caractéristiques des paysages du Midi de la France, inspirent Van Gogh. Il écrit à son frère[Note 4],[Lettre 18] : « Les cyprès me preoccupent toujours, je voudrais en faire une chose comme les toiles des tournesols parce que cela m'étonne qu'on ne les ait pas encore fait comme je les vois ». Pendant l'été 1889, sur la demande de sa sœur Wil, il peint aussi plusieurs petites versions de Champ de blé avec cyprès[6]. Ces travaux sont caractérisés par des tourbillons et par une technique qui lui permet de garder visibles les différentes couches de peinture qu'il superpose. Les autres tableaux de la série partagent les mêmes éléments stylistiques. Son tableau, La Nuit étoilée — qu'il peint lorsqu'il est à Saint-Rémy-de-Provence — fait partie de cette série.
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La peinture des scènes vespérales et nocturnes est très fréquente chez Van Gogh qui écrit[Note 4],[Lettre 19] : « Souvent, il me semble que la nuit est bien plus vivante et richement colorée que le jour. » L'importance qu'il accorde à cette période de la journée peut être constatée lorsqu'on considère le nombre d'œuvres qu'il a peintes pour la représenter. Il évoque le plus souvent la dure vie rurale, les paysans dans leur intimité familiale ou en plein travail, aux champs. Par ailleurs, une de ses peintures les plus connues, Terrasse du café le soir, décrit une ambiance citadine.
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Pour Van Gogh, les peintres de son siècle ont réussi à représenter l'obscurité par de la couleur[Lettre 3]. Il réinterprète ce sujet dans ses tableaux en s'inspirant de plusieurs grands peintres. Si en Jules Breton et Jean-François Millet il voit l'essentiel de la représentation du travail de la terre, il est impressionné par la réussite de Rembrandt à utiliser de la couleur pour peindre la nuit. À travers ses œuvres, Delacroix lui apprend comment les couleurs vives et les contrastes de couleurs peuvent décrire les couchers de soleil, les tombées de nuit, voire les nuits avec leurs étoiles. Comme pour Adolphe Monticelli, la couleur devient pour Van Gogh un moyen de juger la modernité d'un tableau. Il apprécie l'art de l'impressionniste Monet, capable de donner l'impression d'une ambiance vespérale par un coucher de soleil en rouge. Il admire aussi la technique pointilliste de Seurat parvenant à évoquer une atmosphère nocturne, avec des taches et aplats de couleurs[59].
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Van Gogh est donc fasciné par la réalité vespérale et nocturne. La disparition progressive de la lumière, un coucher de soleil intense, le crépuscule avec l'apparition des lumières artificielles des maisons et le scintillement des étoiles et de la lune dans un ciel sombre, nourrissent son imagination et sa créativité.
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Van Gogh peignait sur des toiles souvent déjà apprêtées, qu'il pouvait réutiliser, soit en grattant l'œuvre précédente, soit en la recouvrant d'une nouvelle couche[71]. Il employait cependant certains pigments instables, entraînant une modification des couleurs sous l'effet de la lumière, dont la laque géranium qui perd sa teinte rouge avec le temps[71]. Les couleurs originelles sont donc perdues, entraînant des difficultés de restauration : ainsi, les restaurateurs ont décidé, pour La Chambre datant de 1888, de ne pas « recoloriser » le tableau, se contentant de tenter de stopper les dégradations et de proposer un éclairage avec des filtres colorés pour restituer les teintes d'origine[72]. En 2011, des études menées à l'European Synchrotron Radiation Facility de Grenoble ont permis d'identifier une réaction chimique complexe sur le jaune de cadmium faisant perdre l'éclat de cette couleur dans certains tableaux de Van Gogh[73],[74].
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Van Gogh a expérimenté plusieurs styles dans sa carrière artistique. Il a fini par créer un style qui lui est propre. Il croit que les peintures peuvent exprimer l'émotion et qu'elles ne sont pas qu'une imitation de la réalité[13].
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Van Gogh découvre l'impressionnisme à Paris. Il adopte avec exaltation la peinture claire sans renoncer aux cernes de ses figures[75]. Les trois artistes isolés, Van Gogh[76], Gauguin et Cézanne, tous influencés un moment par l'impressionnisme, constituent les figures majeures du postimpressionnisme. Van Gogh a également influencé la peinture postérieure et plus moderne, en particulier les mouvements tels que l'expressionnisme et le fauvisme[77]. D'ailleurs, en Provence, il travaille dans un esprit qui annonce l'expressionnisme. Il contribue aussi à l'élaboration du symbolisme à travers sa volonté d'exprimer une émotion grâce à son art.
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L'impressionnisme est un mouvement pictural français né pendant la deuxième moitié du XIXe siècle. Les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible, qui étaient jusque-là les sujets de prédilection des peintres, laissent leur place à des sujets de la vie quotidienne librement interprétés selon une vision personnelle. Les couleurs vives et les jeux de lumière gagnent de l'importance aux yeux des peintres de ce mouvement qui se veulent aussi réalistes. Ils s'intéressent à l'étude du plein air et font de la lumière l'élément essentiel de leurs peintures.
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L'impressionnisme incarné par Monet, Manet, Renoir, Degas (plutôt connu pour ses cadrages et perspectives) est un point de départ pour le néo-impressionnisme de Seurat et Signac, maîtres du pointillisme, pour Gauguin et son école de Pont-Aven, pour Bernard et son cloisonnisme, pour Toulouse-Lautrec, Van Gogh ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France et à l'étranger. La série des vergers de Van Gogh, par exemple, montre une version variée d'impressionnisme avec toutes ses caractéristiques[WM 5], c'est-à-dire la recherche de la lumière et de la couleur à travers les motifs de la nature. Ces peintres favorisent le travail à l'extérieur. Ils excluent le plus possible les gris et les noirs. Ils abandonnent le point de vue frontal et l'illusion de la profondeur. L'« impressionnisme » de Van Gogh se traduit par l'utilisation des effets de la lumière, les reflets qui expriment l'intensité lumineuse du moment[WM 6]. Chez lui, les couleurs sont perçues dans leurs contrastes de complémentaires, par exemple, le vert et le rouge créent une image « complète ». Quelques peintures de Van Gogh sont placées à l'exposition des indépendants avec celles des autres impressionnistes[Lettre 20]. L'artiste tient à ce que les tableaux de ces derniers soient connus aussi en Hollande[Lettre 21] et il est persuadé que leur valeur finira par être reconnue[Lettre 22].
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Les jeunes peintres des années 1880 se trouvent face à l'impressionnisme qui marque leur époque. Ils réagissent de différentes façons. Jusqu'à la fin du siècle, différentes tendances novatrices coexistent. Le postimpressionnisme est l'ensemble de ces courants artistiques comme le néo-impressionnisme, le symbolisme, le mouvement nabi, etc. Dans l'histoire de l'art, le postimpressionnisme désigne donc une brève époque. Il regroupe entre autres Paul Cézanne, Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec ou Georges Seurat, qui avaient pour ambition de révolutionner la peinture. Le principal point commun de ces peintres est qu'ils refusaient le naturalisme. Van Gogh admire la volonté de dépasser la représentation de la réalité, comme il écrit à son frère à propos de Cézanne[Note 4],[Lettre 23] : « … il faut sentir l'ensemble d'une contrée… » Ils cherchaient à transmettre davantage à leur peinture.
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À travers ses tableaux, Van Gogh rêve d'exprimer plus qu'une image : ses sentiments. À Auvers-sur-Oise, il écrit à son frère Theo et à sa belle-sœur[Note 4],[Lettre 24] : « … et je ne me suis pas gêné pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême. […] Je croirais presque que ces toiles vous diront ce que je ne sais dire en paroles, ce que je vois de sain et de fortifiant dans la campagne. »
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Les prémices de l'expressionnisme apparaissent dans les deux dernières décennies du XIXe siècle, avec pour précurseurs Van Gogh[78] à partir de la fin 1887, ainsi que Edvard Munch (notamment Le Cri), et James Ensor[79]. Cependant, la dénomination « expressionnisme » a été utilisée pour la première fois par le critique d'art Wilhelm Worringer en août 1911[M 5]. Van Gogh accentue ce mouvement après son arrivée à Arles en 1888, où le choc de la lumière méridionale le pousse à la conquête de la couleur : La Nuit étoilée ou les Oliviers. Par la dramatisation des scènes, la simplification, voire la caricature, qui caractérisent son œuvre des débuts à la fin, il annonce l'expressionnisme, où les peintres exposent sans pudeur la misère physique et morale[80].
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Les expressionnistes comme Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel et Oskar Kokoschka s'inspirent de la technique de Van Gogh, le coup de pinceau brutal laisse des traces empâtées et granuleuses[77]. Selon Octave Mirbeau, un des tout premiers admirateurs de van Gogh, « ces formes se multiplient, s'échevèlent, se tordent, et jusque dans la folie admirable de ces ciels […], jusque dans les surgissements de ces fantastiques fleurs […] semblables à des oiseaux déments, Van Gogh garde toujours ses admirables qualités de peintre[81] ».
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De même, Van Gogh s'autorise toute liberté de modifier les couleurs naturelles pour favoriser l'expression de ces sujets. « Je voudrais faire le portrait d'un ami artiste qui rêve de grands rêves. […] Pour le finir, je vais maintenant être coloriste arbitraire. J'exagère le blond de la chevelure, J'arrive aux tons orange, aux chromes, au citron pâle. Derrière la tête, au lieu de peindre le mur banal du mesquin appartement, je fais un fond simple, du bleu le plus riche, […] la tête blonde éclairée sur ce fond bleu riche obtient un effet mystérieux, comme l'étoile dans l'azur profond[82]. »
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Le fauvisme est un mouvement pictural français qui s'affirme notamment entre 1905 et 1907[77]. Les peintres désirent séparer la couleur et l'objet, donnant la priorité à l'expression des couleurs. Van Gogh en est un des précurseurs[Z 6]. Il a une influence sur les peintres fauves, en montrant une palette de couleurs remarquable, notamment dans sa période arlésienne[Z 7]. Durant cette période, Van Gogh n'hésite plus à employer des couleurs vives et des juxtapositions de tons non conventionnelles avec, en particulier, l'usage des teintes complémentaires. Par cette utilisation de couleurs flamboyantes, Van Gogh est l'une des sources d'inspiration de plusieurs peintres fauves, tels que Vlaminck ou Derain. Ainsi, dans les œuvres fauves, on retrouve les mêmes dispositions de couleurs que chez Van Gogh. Par exemple, dans la Partie de campagne ou La Seine à Chatou de Vlaminck, la proximité du rouge et du vert s'accentue comme dans le tableau Le Café de nuit de Van Gogh[83].
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Le symbolisme est un mouvement artistique qui s'exprime entre 1886 et 1900 dans plusieurs domaines. Gustave Moreau, Eugène Carrière, Edward Burne-Jones et Martiros Sergueïevitch Sarian sont parmi les peintres influençant ce mouvement. Le symbolisme est une réaction au naturalisme. Il s'agit de « vêtir l'idée d'une forme sensible ». Les symbolistes ne peignent pas fidèlement l'objet, contrairement aux naturalistes, mais recherchent une impression, une sensation, qui évoque un monde idéal ; ils privilégient l'expression des états d'âme. Les symboles permettent d'atteindre la « réalité supérieure » de la sensibilité.
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Dans une de ses lettres, Van Gogh exprime ce qu'il pense du symbolisme[Note 4],[Lettre 26] : « … toute réalité est en même temps symbole. » Il mentionne également les artistes Millet et Lhermitte en relation avec le symbolisme. Ceci indique son approche positive pour le symbolisme et éclaircit ses propres intentions et inspirations. Il est dévoué à la réalité, pas à une réalité comme dans les photographes, mais à une réalité symbolique[84].
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Le symbolisme recherchait dans le pouvoir du verbe[85] « l'essence de la poésie c'est-à-dire la poésie pure, celle qui dira comment sont faits l'esprit et le monde en lui révélant la structure idéale de l'univers. […] le Symbolisme invite la poésie à rejoindre la mystique ». La quête de Van Gogh est identique, comme il l'écrit à son frère Theo[Note 4],[Lettre 27] : « Et dans un tableau je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je ne sais quoi d'éternel dont autrefois le nimbe était le symbole et que nous cherchons par le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. » Van Gogh emprunte et prépare ainsi les sentiers de la peinture moderne, de l'impressionnisme à l'expressionnisme.
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En 1986, l'exposition Il y a cent ans Van Gogh arrivait à Paris, au Trianon du parc de Bagatelle, réunissait des artistes de la Nouvelle figuration et de la Figuration narrative (Frédéric Brandon, Gérard Le Cloarec, Michel Four, Gérard Guyomard, Christian Renonciat, Jack Vanarsky…), l'intention énoncée par Jean-Luc Chalumeau étant d'éclairer l'influence de Vincent Van Gogh sur la figuration contemporaine[86].
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On connaît environ un millier de feuilles de l'artiste[87]. Les techniques utilisées sont le crayon, la plume, l'encre, la craie, parfois colorisés à l'aquarelle. À partir de 1888, il emploie préférentiellement la plume de roseau (calame)[87]. Plusieurs de ses lettres comportent des croquis, reprenant certains tableaux[88].
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Bateaux aux Saintes-Maries-de-la-Mer, 1888, crayon rouge et encre au graphite sur papier tissé, 24,3 × 31,9 cm, New York, musée Solomon R. Guggenheim.
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Head of a Girl, 1888, crayon rouge et encre sur papier tissé, 18 × 19,5 cm, New York, musée Solomon R. Guggenheim.
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Lettre à John Peter Russell, 1888, crayon rouge et encre sur papier tissé, 20,3 × 26,3 cm, New York, musée Solomon R. Guggenheim.
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Le 17 novembre 2016, le fac-similé d'un carnet contenant 65 dessins qui auraient été réalisés entre février 1888 et mai 1890 est publié par Bogomila Welsh-Ovcharov, commissaire de deux expositions du peintre[89]. Un autre spécialiste de l'artiste, Ronald Pickvance, appuie la thèse de l’authenticité de la découverte[90].
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Le musée Van Gogh d'Amsterdam, par la voix de son conservateur en chef Louis Van Tilborgh, considère ce corpus comme une imitation postérieure aux années 1970[91]. Les experts ont conclu après examen des dessins et comparaison avec la collection que le musée possède, que ceux-ci contiennent des erreurs topographiques, et que l'encre utilisée, de couleur brunâtre, n'a jamais été utilisée par Van Gogh dans ses dessins[92].
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La veuve de Théo, Johanna Bonger, détient le rôle principal dans le processus de la valorisation de l'œuvre de Van Gogh. L'héritage de ce dernier lui est confié en 1891, après le décès de son époux[VK 1]. Cependant, il ne faut pas oublier que Van Gogh était connu et apprécié de son vivant[25]. Il est connu que Van Gogh a vendu une toile, mais rien ne prouve qu'il n'en ait pas vendu d'autres. D'ailleurs, il confie cette charge à son frère, marchand d'art reconnu de l'époque et il échange plusieurs tableaux avec ses amis[VK 3]. Théo, qui n'a survécu que peu de temps à Vincent, organise une exposition de ses toiles dans son appartement, annoncée dans le Mercure de France en septembre 1890[VK 4]. Par la suite, Johanna réussit à transformer cette collection d'art méconnue en une collection de grande valeur.
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Pour surmonter ces moments difficiles, Johanna déménage en Hollande où elle retrouve le soutien de sa famille. Dès février 1891, elle fait venir chez elle une grande partie des tableaux restants de Van Gogh depuis Paris. Elle fait assurer les 200 tableaux et les dessins pour une valeur de 2 600 florins. Elle commence ainsi à montrer et à placer des tableaux aux Pays-Bas, puis à lire et à classer les lettres de Vincent. Elle récupère aussi les lettres qu'Albert Aurier possédait. En effet, Theo lui avait envoyé quelques lettres afin d'en faire publier des extraits. Cette même année, Émile Bernard publie dans le Mercure de France les lettres que Vincent lui a envoyées. En 1914, Johanna parvient à publier les lettres de Van Gogh après avoir rédigé une introduction[VK 5].
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D'un autre côté, à Paris, le père Tanguy vend 13 peintures et un dessin. C'est le début d'un succès commercial qui se prolongera jusqu'à nos jours[VK 6]. À la fin du XIXe siècle, afin de faire connaître Van Gogh, Johanna organise des expositions : une à La Haye, une à Rotterdam, trois à Amsterdam et une nouvelle à La Haye. Au début du XXe siècle, une vingtaine d'expositions honorent déjà l'œuvre de Van Gogh aux Pays-Bas. À Paris, le Salon des indépendants de 1901 a également un impact important sur la reconnaissance de Van Gogh grâce aux demandes provenant de nouveaux collectionneurs, comme Ivan Morozov et Sergueï Chtchoukine, et les travaux entrepris par la critique Jacob Baart de la Faille, tel son catalogue raisonné publié en 1928[93]. L'un des premiers acheteurs de toiles de van Gogh est Edgar Degas[94].
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Les contacts que Johanna tisse avec des personnes influentes de son époque l'aident à s'imposer et à mieux faire connaître son beau-frère. Paul Cassirer est le premier à exposer et à vendre les œuvres de Van Gogh. Il en vend au moins 55, entre 1902 et 1911, d'une valeur totale de 50 000 florins. Ambroise Vollard organise aussi deux expositions dans sa galerie en 1895 et en 1896. Julien Leclercq rassemble 65 tableaux et 6 dessins pour une exposition en 1901 à la galerie Bernheim-Jeune[VK 7]. La valeur des œuvres de Van Gogh commence à augmenter considérablement. Johanna Bonger arrive à placer plus de 70 tableaux et une trentaine de dessins au Stedelijk Museum Amsterdam. En même temps, elle reçoit les amateurs chez elle pour leur montrer les tableaux qu'elle possède. L'énergie mise pour la reconnaissance de ces œuvres est finalement récompensée par une grande valeur marchande. La reconnaissance du travail effectué par Van Gogh se concrétise par l'acquisition d'une nature morte de tournesols, en 1924, par la National Gallery de Londres, au prix de 15 000 florins[VK 8]. La femme de Theo est la principale ambassadrice de ce phénomène jusqu'à sa mort en 1925. À partir de cette date, la valeur de ses œuvres ne cesse d'augmenter. Par exemple en 1930, l'exposition du Museum of Modern Art de New York reçoit 120 000 personnes[45].
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Les réflexions sur Van Gogh divergent selon le point de vue choisi. Par exemple, Salvador Dalí s'exprime ainsi en 1972 sur ce peintre qu'il n'aime pas[95] : « Van Gogh est la honte de la peinture française et de la peinture universelle… » Pour certains, sa vie, digne d’un héros romantique, en fait un mythe, celui du peintre incompris ou de l'artiste maudit[58]. Il est pauvre, dépressif, asocial, au tempérament de feu, etc. Pour d'autres, Van Gogh est un artiste complexe, intelligent et cultivé. Sa peinture est le « fruit d'un travail long, méticuleux, acharné et référencé[VK 9] ». Quel que soit le point de vue choisi, Van Gogh est un peintre reconnu et admiré. Dans sa dernière lettre, trouvée dans sa poche le jour de son suicide, il écrit[Note 4],[Lettre 28] : « Eh bien vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux. »
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Pour les historiens de l’art, Van Gogh est un précurseur qui a ouvert à la peinture de nouvelles voies. Par exemple, Derain et Vlaminck sont directement rattachés à l'art de Van Gogh, « par l'emploi de couleurs pures en larges touches[96] ». Pour les amateurs d'art, il reste un maître à l’égal de Léonard de Vinci ou de Rembrandt avec une production très importante et une trajectoire artistique fulgurante en durée et par ses styles. Pour le grand public, son œuvre est aujourd'hui accessible dans les plus grands musées[Note 13].
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La vie, l'œuvre et la personnalité de Vincent van Gogh ont inspiré de nombreux films :
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La numérotation utilisée est celle de 2009.
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Vincent Willem van Gogh (prononcé en néerlandais : /ˈvɪnsɛnt ˈʋɪləm vɑŋ ˈɣɔx/)[Note 2], né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, aux Pays-Bas, et mort le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise, en France, est un peintre et dessinateur néerlandais. Son œuvre pleine de naturalisme, inspirée par l'impressionnisme et le pointillisme, annonce le fauvisme et l'expressionnisme.
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Van Gogh grandit au sein d'une famille de l'ancienne bourgeoisie. Il tente d'abord de faire carrière comme marchand d'art chez Goupil & Cie. Cependant, refusant de voir l'art comme une marchandise, il est licencié. Il aspire alors à devenir pasteur, mais il échoue aux examens de théologie. À l'approche de 1880, il se tourne vers la peinture. Pendant ces années, il quitte les Pays-Bas pour la Belgique, puis s'établit en France. Vincent explore la peinture et le dessin à la fois en autodidacte et en suivant des cours. Passionné, il ne cesse d'enrichir sa culture picturale : il analyse le travail des peintres de l'époque, il visite les musées et les galeries d'art, il échange des idées avec ses amis peintres, il étudie les estampes japonaises, les gravures anglaises, etc. Sa peinture reflète ses recherches et l'étendue de ses connaissances artistiques. Toutefois, sa vie est parsemée de crises qui révèlent son instabilité mentale. L'une d'elles provoque son suicide, à l'âge de 37 ans.
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L'abondante correspondance de Van Gogh permet de mieux le comprendre. Elle est constituée de plus de 800 lettres écrites à sa famille et à ses amis, dont 652 envoyées à son frère « Theo »[Note 3], avec qui il entretient une relation soutenue aussi bien sur le plan personnel que professionnel.
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L'œuvre de Van Gogh est composée de plus de 2 000 toiles et dessins datant principalement des années 1880. Elle fait écho au milieu artistique européen de la fin du XIXe siècle. Il est influencé par ses amis peintres, notamment Anthon van Rappard, Émile Bernard et Paul Gauguin. Il échange aussi des points de vue avec son frère Theo, un marchand d'art connu. Il admire Jean-François Millet, Rembrandt, Frans Hals, Anton Mauve et Eugène Delacroix, tout en s'inspirant d'Hiroshige, Claude Monet, Adolphe Monticelli, Paul Cézanne, Edgar Degas et Paul Signac.
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Peu connu dans les années 1890, Van Gogh n'a été remarqué que par un petit nombre d'auteurs et de peintres en France, aux Pays-Bas, en Belgique et au Danemark. Cependant, dans les années 1930, ses œuvres attirent 120 000 personnes à une exposition du Museum of Modern Art, à New York. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands artistes de tous les temps.
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La famille Van Gogh, d'ancienne bourgeoisie, est déjà notable aux XVIe et XVIIe siècles. L'état de pasteur est une tradition familiale[WM 1], de même que le commerce de l'art. Le grand-père de Vincent (1789-1874) a, par exemple, suivi des cours à la faculté de théologie à l'université de Leyde jusqu'en 1811. Trois de ses fils sont devenus marchands d'art.
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Vincent Willem Van Gogh naît le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, un village près de Bréda dans l'ouest du Brabant-Septentrional, dans le sud des Pays-Bas. Sa mère avait mis au monde un enfant mort-né, le 30 mars 1852 : Vincent Willem I, dont il portera le prénom. Il est le fils aîné de Theodorus van Gogh, pasteur de l'Église réformée à Groot-Zundert depuis 1849, et d'Anna Cornelia, née Carbentus, fille d'un relieur de la cour du Duché de Brabant. Ses parents élèveront six enfants : Vincent, Anna Cornelia (1855-1930), Théodore (« Théo »), Elisabetha Huberta (« Liss », 1859-1936), Willemina Jacoba (« Wil » ou « Wilkie », 1862-1941) et Cornelis Vincent (« Cor », 1867-1900)[WM 2].
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Son père Theodorus compte dix frères et sœurs. Plusieurs oncles paternels joueront un rôle déterminant dans la vie de Vincent. Hendrik Vincent van Gogh, « Hein », est marchand d'art à Bruxelles. Johannes van Gogh (de), « Jan », est amiral et reçoit Vincent chez lui à Amsterdam pendant plus d'un an. Cornelis Marinus van Gogh, « Cor », est également marchand d'art. Son parrain Vincent van Gogh, « Cent », s'est associé à la chaîne de galeries de l'éditeur d'art parisien Goupil & Cie.
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La famille de Van Gogh mène une vie simple. L'ambiance laborieuse du foyer parental marque profondément le jeune Vincent, qui est un enfant sérieux, silencieux et pensif[M 1].
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En janvier 1861, Vincent Van Gogh entre à l'école de Zundert, dont l'effectif est de deux cents élèves[2]. Il est retiré de l'école et, à la fin d'année 1861, Anna Birnie (1844-1917)[3] est embauchée comme gouvernante pour donner des cours à Vincent et à sa sœur, Anna. Elle leur enseigne, entre autres, le dessin. Le 1er octobre 1864, il part pour l'internat de Jan Provily à Zevenbergen, une ville rattachée à la commune de Moerdijk à trente kilomètres de chez lui. Il y apprend le français, l'anglais et l'allemand. Il y réalise aussi ses premiers essais de dessin[WM 3]. Le 15 septembre 1866, il entre au collège Guillaume II, à Tilbourg.
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Son professeur de dessin était le peintre Constant Cornelis Huijsmans au collège Willem II (en)[4]. Vincent vit difficilement cet éloignement. En mars 1868, il quitte précipitamment l'établissement et retourne chez ses parents à Zundert.
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Le 30 juillet 1869, à l'âge de 16 ans, Vincent quitte la maison familiale pour devenir apprenti chez Goupil & Cie à La Haye, filiale fondée par son oncle Hein[7]. Cette firme internationale qui vend des tableaux, des dessins et des reproductions, est alors dirigée par Hermanus Tersteeg[JLB 1], pour qui l'artiste avait un grand respect. En 1871, son père est muté à Helvoirt. Vincent y passe ses vacances en 1872, avant de rendre visite à Theo, à Bruxelles.
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Après sa formation en apprentissage, il est engagé chez Goupil & Cie. En juin 1873, Adolphe Goupil l'envoie dans la succursale de Londres avec l'accord de son oncle Cent. Selon la future femme de Theo, Johanna Bonger dite « Jo », c'est la période la plus heureuse de sa vie[8]. Il réussit et, à 20 ans, il gagne plus que son père. Il tombe amoureux d'Eugénie Loyer[Diff 1], la fille de sa logeuse à Brixton, mais lorsqu'il lui révèle ses sentiments, elle lui avoue qu'elle s'est déjà secrètement fiancée avec le locataire précédent[Z 1]. Van Gogh s'isole de plus en plus. À la même époque, il développe un fervent intérêt pour la religion. Son zèle religieux prend des proportions qui inquiètent sa famille. Le 12 novembre 1873, Theo est muté à la succursale de La Haye par son oncle Cent.
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Son père et son oncle envoient Vincent à Paris à la mi-mai 1875, au siège principal de Goupil & Cie au 9 rue Chaptal. Choqué de voir l'art traité comme un produit et une marchandise, il en parle à certains clients, ce qui provoque son licenciement le 1er avril 1876[9],[Z 2]. Entre-temps, la famille Van Gogh a déménagé à Etten, village du Brabant-Septentrional.
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Van Gogh se sent alors une vocation spirituelle et religieuse. Il retourne en Angleterre où, pendant quelque temps, il travaille bénévolement, d'abord comme professeur suppléant dans un petit internat donnant sur le port de Ramsgate, où il est engagé. Il dessine quelques croquis de la ville. À son frère Theo, il écrit[Note 4],[M 2] : « À Londres, je me suis souvent arrêté pour dessiner sur les rives de la Tamise en revenant de Southampton Street le soir, et cela n'aboutissait à rien ; il aurait fallu que quelqu'un m'explique la perspective. » Comme l'école doit par la suite déménager à Isleworth dans le Middlesex[Note 5], Van Gogh décide de s'y rendre. Mais le déménagement n'a finalement pas lieu. Il reste sur place, devient un fervent animateur méthodiste et veut « prêcher l'Évangile partout ». À la fin d'octobre 1876, il prononce son premier sermon à la Wesleyan Methodist Church à Richmond. En novembre, il est engagé comme assistant à la Congregational Church de Turnham Green[JLB 2].
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À Noël 1876, il retourne chez ses parents. Sa famille l'incite alors à travailler dans une librairie de Dordrecht aux Pays-Bas pendant quelques mois. Toutefois, il n'y est pas heureux. Il passe la majeure partie de son temps dans l'arrière-boutique du magasin à dessiner ou à traduire des passages de la Bible en anglais, en français et en allemand. Ses lettres comportent de plus en plus de textes religieux. Son compagnon de chambre de l'époque, un jeune professeur appelé Görlitz, expliquera plus tard que Van Gogh se nourrit avec parcimonie[10] : « Il ne mangeait pas de viande, juste un petit morceau le dimanche, et seulement après que notre propriétaire eut longuement insisté. Quatre pommes de terre avec un soupçon de sauce et une bouchée de légumes constituaient son dîner. »
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Le soutenant dans son désir de devenir pasteur, sa famille l'envoie en mai 1877 à Amsterdam, où il séjourne chez son oncle Jan, qui est amiral. Vincent se prépare pour l'université et étudie la théologie avec son oncle Johannes Stricker, théologien respecté[Note 6]. Il échoue à ses examens. Il quitte alors le domicile de son oncle Jan, en juillet 1878, pour retourner à la maison familiale à Etten. Il suit des cours pendant trois mois à l'école protestante de Laeken, près de Bruxelles, mais il échoue à nouveau et abandonne ses études pour devenir prédicateur laïc. Au début de décembre 1878, il obtient une mission d'évangéliste en Belgique, auprès des mineurs de charbon du Borinage, dans la région de Mons. Il y devient un prédicateur solidaire des luttes contre le patronat mais il a déjà fait son apprentissage pictural en ayant visité tous les grands musées des villes importantes qu'il a traversées quand il travaillait chez Goupil & Cie[11].
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Sa traversée du Borinage en Belgique commence à Pâturages (aujourd'hui dans la commune de Colfontaine) en 1878. Il y est accueilli par un évangéliste qui l'installe chez un cultivateur à Wasmes. Très vite, il juge cette maison trop luxueuse et, en août, il part pour Cuesmes pour loger chez un autre évangéliste. Allant au bout de ses convictions, Van Gogh décide de vivre comme ceux auprès desquels il prêche, partageant leurs difficultés, jusqu'à dormir sur la paille dans une petite hutte.
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Il consacre tout aux mineurs et à leur famille. Il va même jusqu'à descendre dans un puits de mine du Charbonnage de Marcasse, à 700 mètres de profondeur. Lors d'un coup de grisou, il sauve un mineur. Mais ses activités de pasteur ouvrier ne tardent pas à être désapprouvées[Z 3], ce qui le choque. Accusé d'être un meneur, il est contraint d'abandonner la mission — suspendue par le comité d'évangélisation — qu'il s'était donnée[M 3]. Il en garde l'image de la misère humaine qui apparaîtra dans une partie de son œuvre. Après ces évènements, il se rend à Bruxelles puis revient brièvement à Cuesmes, où il s'installe dans une maison. Mais, sous la pression de ses parents, il retourne à Etten. Il y reste désœuvré, jusqu'en mars 1880, ce qui préoccupe de plus en plus sa famille. Vincent et Theo se disputent au sujet de son avenir : ces tensions les privent de communication pendant près d'un an[11].
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De plus, un grave conflit éclate entre Vincent et son père, ce dernier allant jusqu'à se renseigner pour faire admettre son fils à l'asile de Geel. Il s'enfuit de nouveau et se réfugie à Cuesmes, où il loge jusqu'en octobre 1880 chez un mineur. Entre-temps, Theo obtient un emploi stable chez Goupil & Cie à Paris.
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1. Groot-Zundert (Pays-Bas), le 30 mars 1853 (naissance)
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2. Bruxelles (Belgique), d'octobre 1880 à avril 1881
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3. Etten (Pays-Bas), d'avril 1881 à décembre 1881
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4. La Haye (Pays-Bas), de décembre 1881 à septembre 1883
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5. Drenthe (Pays-Bas), de septembre 1883 à décembre 1883
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6. Nuenen (Pays-Bas), de décembre 1883 à novembre 1885
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7. Anvers (Belgique), de novembre 1885 à février 1886
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8. Paris, de février 1886 à février 1888
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9. Arles (France), de février 1888 à mai 1889
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10. Saint-Rémy-de-Provence (France), de mai 1889 à mai 1890
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11. Auvers-sur-Oise (France), de mai 1890 au 29 juillet 1890 (décès)
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Van Gogh atteint sa maturité au moment où il commence sa carrière d'artiste. Il s'intéresse de plus en plus à ses proches et aux scènes quotidiennes qu'il commence à représenter dans des croquis à la mine de plomb, au fusain ou au crayon[Z 4]. En octobre 1880, il part à Bruxelles et, le 15 novembre 1880, il s'inscrit à l'Académie royale des beaux-arts sur les conseils du peintre Willem Roelofs. Il a l'occasion de travailler à l'atelier du peintre Anthon van Rappard, rue Traversière. Le 1er février 1881, Theo est nommé gérant de la succursale de Goupil & Cie sur le boulevard Montmartre ; il décide alors de subvenir aux besoins de son frère[JLB 3]. Vincent est presque âgé de 28 ans.
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Fin avril 1881, Van Gogh revient à la maison familiale et y reste jusqu'à Noël. Il consacre principalement son temps à la lecture et aux études des figures. L'été, il tombe amoureux de Kee Vos, la fille de son oncle Stricker. Malgré le refus clair de Kee, veuve toute récente, Vincent insiste, créant une atmosphère de plus en plus tendue dans sa famille.
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À la suite d'une violente dispute avec son père, il part pour La Haye, où il s'installe dans un modeste atelier. Il y reçoit des leçons de peinture de son cousin par alliance, Anton Mauve (époux de sa cousine germaine Ariëtte Carbentus), pratique alors essentiellement l’aquarelle et étudie la perspective.
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En janvier 1881, Van Gogh rencontre une ancienne prostituée, Sien Hoornik, qui commence à poser pour lui. Au printemps 1882, son oncle Cornelis Marinus, propriétaire d'une galerie d'art renommée à Amsterdam, lui commande des dessins de La Haye. Le travail ne s'avère pas à la hauteur des espérances de son oncle, qui lui passe néanmoins une deuxième commande. Bien qu'il lui ait décrit en détail ce qu'il attendait de lui, il est de nouveau déçu. En juin 1882, une hospitalisation liée à une maladie vénérienne lui permet de se réconcilier avec ses parents[JLB 4].
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À sa sortie, il s'installe dans un plus grand atelier avec Sien Hoornik et ses deux enfants. C'est au cours de l'été 1882 qu'il commence la peinture à l'huile. Cette période de sa vie lui permet de se consacrer à son art. Il partage ses réflexions sur des peintres qu'il admire comme Daumier ou Jean-François Millet dont il connaît bien les œuvres[Lettre 1],[Lettre 2]. Il exécute de nombreux tableaux et dessins selon différentes techniques. Il envoie ses œuvres à Theo et écrit à Anthon van Rappard. À partir du printemps 1883, il s'intéresse à des compositions plus élaborées, basées sur le dessin. Très peu de ces dessins ont survécu car, manquant de nervosité et de fraîcheur selon Theo, ils seront détruits par Vincent.
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Les vingt mois qu'il passe à La Haye (entre 1882 et 1883) semblent décisifs pour l’artiste, qui réalise sa volonté de rompre avec les conventions morales de son milieu social, et son impossibilité à mener une existence normale. De nombreuses lectures, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Émile Zola ou encore Charles Dickens, viennent enrichir sa vision du monde, et renforcent ses convictions sociales. En août 1883, il envisage de partir dans la province campagnarde de la Drenthe pour profiter de ses paysages. Sa relation avec Sien Hoornik se termine alors.
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De septembre à décembre 1883, Vincent séjourne en solitaire dans la province de Drenthe, dans le nord des Pays-Bas, où il s'acharne à sa peinture. C'est l'unique remède qu'il trouve face à un profond sentiment de détresse. Il change assez souvent de logement et la solitude lui pèse. Le temps pluvieux et les difficultés financières de son frère Theo le décident à rejoindre sa famille installée depuis juin 1882 à Nuenen, en Brabant-Septentrional, dans le presbytère paternel[JLB 5].
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Van Gogh profite d'un petit atelier aménagé à son intention dans la maison familiale. Il y réalise des séries de tableaux sur différents thèmes, notamment les tisserands. C'est à Nuenen que son talent se révèle définitivement : de cette époque datent de puissantes études à la pierre noire de paysans au travail, mais aussi quelque deux cents tableaux à la palette sombre et aux coups de brosse expressifs, qui confirment alors son talent de dessinateur et de peintre[12].
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Vincent propose à Theo de ne plus lui verser de pension mais plutôt d'échanger ses versements contre ses tableaux. Theo acquiert ainsi des tableaux qu'il espère vendre[JLB 6]. Vincent continue à voir Van Rappard avec qui il peint. À cette période, il donne aussi des cours de peinture à des amateurs. Puis, en mai 1884, il loue un atelier plus vaste que celui qu'il avait jusqu'alors.
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Pour la troisième fois, Van Gogh tombe amoureux. Il entame une relation avec sa voisine, Margot Begemann, ce que leurs familles respectives n'apprécient pas. À la mi-septembre, Margot tente de se suicider. Elle passe sa période de convalescence à Utrecht. Le 26 mars 1885, le père Van Gogh meurt d'une crise cardiaque. À cause des relations difficiles qu'il entretient avec son entourage, la sœur de Vincent lui demande de quitter le presbytère. Il habite alors dans son atelier entre avril et mai 1885.
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Alors qu'il est encore à Nuenen, il travaille sur une série de peintures qui doivent décorer la salle à manger d'un de ses amis vivant à Eindhoven. Van Gogh s'intéresse alors aux artistes renommés de l'école de La Haye, comme Théophile de Bock et Herman Johannes van der Weele. Il s'agit d'un groupe d'artistes qui, entre 1860 et 1890, sont fortement influencés par la peinture réaliste de l'école de Barbizon. Parmi ces artistes, Johan Hendrik Weissenbruch ou Bernard Blommers par exemple, sont cités dans les lettres de Van Gogh lors de ses discussions sur l'art[Lettre 3],[Lettre 4]. Il n'hésite pas non plus à faire des remarques sur Rembrandt et Frans Hals en discutant de leurs œuvres[Lettre 5].
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À la même époque, Émile Zola est critique d'art. En 1885, au moment où paraît son roman Germinal, Van Gogh peint Les Mangeurs de pommes de terre. Ils exposent tous les deux la vie de la classe populaire. Après son séjour à Nuenen, passant de ce réalisme sombre au colorisme, Van Gogh prend un nouvel élan dans sa peinture. Sa palette devient plus claire et plus colorée, alors que ses coups de pinceaux deviennent plus nets[13].
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À Anvers de nouveau, en novembre 1885, il est impressionné par les peintures de Rubens et découvre les estampes japonaises, qu'il commence à collectionner dans cette ville. C'est aussi dans la capitale flamande que l'artiste inaugure sa fameuse série d'autoportraits. Il prend divers cours de dessin et réalise des études de nus. L'idée de repartir à Paris lui est agréable. Il compte déjà étudier dans l'atelier de Fernand Cormon et se loger chez Theo pour des questions d'économie[JLB 7]. En février 1886, il débarque donc à Paris.
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Au début du mois de mars 1886, Vincent rejoint son frère Theo à Montmartre, avec l'envie de s'informer sur les nouveautés de la peinture impressionniste. À l'époque, Theo est gérant de la galerie montmartroise Boussod, Valadon & Cie (les successeurs de Goupil & Cie)[JLB 8],[Z 5]. Vincent y devient également l'amant d'Agostina Segatori, tenancière italienne du cabaret Au Tambourin, boulevard de Clichy. Seule la connaissance du milieu artistique parisien peut véritablement permettre à Van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision. Cette année-là est celle de la dernière exposition impressionniste que Vincent découvre, et en 1887 doit avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet[11].
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Paris se prépare alors à accueillir plusieurs expositions : en plus du Salon, où sont exposées les œuvres de Puvis de Chavannes, Van Gogh visite les salles de la cinquième exposition internationale à la galerie Georges Petit, qui présente des toiles d'Auguste Renoir et de Claude Monet. Ces derniers n'avaient pas souhaité participer à la huitième et dernière exposition des impressionnistes, qui offrait le spectacle d'un groupe déchiré, entre les défections et les nouvelles arrivées, et ouvrait ses portes à la nouveauté du moment, le néo-impressionnisme, avec la toile de Georges Pierre Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte.
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À Paris dans les années 1886-1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’Émile Bernard ainsi que de John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887[M 4].
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Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment : il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du cloisonnisme par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles exotiques réalisées par Gauguin en Martinique. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme, mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental. Le 19 février 1888, il quitte Paris.
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Le 20 février 1888, il s'installe à Arles, dans la vieille ville à l'intérieur des remparts à l'hôtel-restaurant Carrel, au 30, rue de la Cavalerie, à l'époque quartier des maisons closes, avec comme compagnon le peintre danois Christian Mourier-Petersen. Il loue également une partie de la « maison jaune » pour en faire son atelier. Quelques jours après, il loge au Café de la Gare, 30, place Lamartine[Lettre 6],[JLB 9] et s'installe ensuite, à partir du 17 septembre, dans la Maison Jaune, juste à côté, détruite lors du bombardement allié d'Arles du 25 juin 1944.
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Paysage enneigé, 1888, huile sur toile, 50 × 60 cm, Londres, collection privée (F391/JH1358).
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Moissons en Provence, juin 1888, environs d'Arles, huile sur toile, 50 × 60 cm, Jérusalem, Musée d'Israël (F558/JH1481).
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L'hôpital (appelé alors « Hôtel-Dieu » et aujourd'hui « Espace van Gogh ») où fut admis Vincent van Gogh à la fin de 1888.
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Iris, 1889, huile sur toile, 71 × 93 cm, Los Angeles, J. Paul Getty Museum (F608/JH1691).
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Lilas du jardin de l'hôpital, mai 1889, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
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Tournesols dans un vase, 1888, huile sur toile (93 × 73 cm), Londres, National Gallery (F454/JH1562).
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Bien qu'il arrive dans la cité avec un temps de neige, une nouvelle page de son œuvre s'ouvre avec la découverte de la lumière provençale. Dès le 22 février 1888, il débute sa production arlésienne : il parcourt à pied la région et peint des paysages, des scènes de moissons et des portraits. Il envoie toujours ses tableaux à Theo. Trois de ses premiers tableaux sont présentés à la 4e exposition annuelle de la Société des artistes indépendants. En avril, Vincent rencontre le peintre américain Dodge MacKnight, qui habite Fontvieille, un petit village au nord-est d'Arles. Par MacKnight, il fait la connaissance du peintre Eugène Boch, avec lequel une relation plus profonde se développe et dont il fait le portrait[15].
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Au début du mois de juin 1888, ayant reçu un billet de 100 francs de son frère Theo, il se rend en diligence aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour un séjour de cinq jours. Il y peint la barque Amitié et le village regroupé autour de l'église fortifiée.
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À Arles, des idées plus anciennes sur l'art et la peinture réapparaissent, comme faire des séries de tableaux[Note 7]. Au printemps 1888, il réalise ainsi une série sur les vergers fleurissants dans des triptyques, ainsi qu'une série de portraits comme ceux de la famille Roulin. La première série des tournesols date aussi de cette époque. Entre-temps, il continue à échanger des lettres et des tableaux avec Émile Bernard et Paul Gauguin. Vincent qui habite la maison jaune, rêve en effet d'une communauté d'artistes unissant fraternellement leurs expériences et leurs recherches : Paul Gauguin vient le rejoindre dans ce but le 23 octobre 1888 et ils commencent à travailler ensemble, par exemple sur la série de tableaux consacrés aux Alyscamps. Mais les deux hommes s'entendent mal : la tension et l’exaltation permanentes qu’implique leur démarche créatrice débouchent sur une crise.
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Le 23 décembre 1888, à la suite d'une dispute plus violente que les autres avec Gauguin, Van Gogh est retrouvé dans son lit avec l'oreille gauche tranchée[16],[17],[18]. Plusieurs théories tentent d'expliquer l'incident[19]. La thèse classique, soutenue par le musée Van Gogh d'Amsterdam d'après le témoignage de Gauguin[20],[21], explique que Van Gogh menace d'un rasoir Gauguin qui s'enfuit, laissant Van Gogh seul. Dans un accès de délire, celui-ci retourne le rasoir contre lui-même et se coupe l'oreille avant d'aller l'offrir à une employée du bordel voisin (âgée de 16 ans, elle ne pouvait pas être prostituée)[JLB 10]. Différents diagnostics possibles expliquent cet accès de folie (voir ci-dessous).
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Le lendemain de sa crise, Van Gogh est admis à l'hôpital et soigné par le docteur Rey dont il peint le portrait. Theo, inquiet de la santé de son frère, vient le voir et retourne à Paris le jour de Noël[JLB 10] accompagné de Gauguin. Cependant, une pétition signée par trente personnes demande l'internement ou l'expulsion de Vincent van Gogh d'Arles : il lui est reproché des troubles à l'ordre public. Le 7 février, le docteur Delon demande son internement pour « hallucinations auditives et visuelles ». Le 27 février, le commissaire de police d'Ornano conclut dans son rapport que Van Gogh pourrait devenir dangereux pour la sécurité publique[22]. En mars 1889, après une période de répit, il peint entre autres Autoportrait à l'oreille bandée. Cependant, à la suite de nouvelles crises, il est interné d'office sur ordre du maire à l'hôpital d'Arles[Lettre 7]. À la mi-avril, il loue un appartement au docteur Rey dans un autre quartier d'Arles[Lettre 8]. Le 18 avril 1889, Theo et Johanna Bonger se marient à Amsterdam[JLB 11].
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Pendant son séjour à Arles, Vincent maintient le lien avec l'univers artistique parisien grâce à l'abondante correspondance qu'il échange avec son frère Theo. Malgré l'échec de son projet d'établir un atelier à Arles, il ne renonce pas au dialogue avec ses amis Émile Bernard et Gauguin. Ce dernier, après son séjour mouvementé à Arles, accompagne à travers ses lettres la vie de Van Gogh jusqu'à la fin[23].
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Le 8 mai 1889, il quitte Arles, ayant décidé d'entrer dans l'asile d'aliénés Saint-Paul-de-Mausole que dirige le médecin Théophile Peyron, à Saint-Rémy-de-Provence. Il y reste un an, au cours duquel il a trois crises importantes : à la mi-juillet, en décembre et la dernière entre février et mars 1890.
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Malgré son mauvais état de santé, Van Gogh est très productif. Ce n'est que pendant ses crises de démence qu'il ne peint pas. Dans l'asile, une pièce au rez-de-chaussée lui est laissée en guise d'atelier[24]. Il continue à envoyer ses tableaux à Theo. Deux de ses œuvres font partie de la 5e exposition annuelle de la Société des artistes indépendants de Paris. Un des premiers tableaux de cette époque est l’Iris. Les peintures de cette période sont souvent caractérisées par des remous et des spirales. À diverses périodes de sa vie, Van Gogh a également peint ce qu'il voyait de sa fenêtre, notamment à la fin de sa vie avec une grande série de peintures de champs de blé qu'il pouvait admirer de la chambre qu'il occupait à l'asile de Saint-Rémy-de-Provence. Il quitte l'asile le 19 mai 1890[Note 8].
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Theo rencontre le docteur Paul Gachet sur les recommandations de Pissarro. Theo encourage Vincent à sortir de l'asile et à se rendre à Auvers-sur-Oise, où il pourra consulter le médecin et être près de son frère[JLB 12].
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Van Gogh commence également à être connu. En janvier 1890, un article d’Albert Aurier dans le Mercure de France[25] souligne pour la première fois l’importance de ses recherches. Un mois plus tard, le peintre Anna Boch acquiert l’un de ses tableaux, La Vigne rouge pour la somme de 400 francs[26].
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Le 31 janvier 1890 naît le petit Vincent, fils de son frère Theo[27]. Dans les mois précédents la venue au monde de ce neveu et dont Vincent est le parrain, il écrit à Theo sans jamais mentionner le nom de l'enfant, en le nommant « le petit ». Lorsque le nouveau-né tombe malade sans gravité, Vincent éprouve de la tristesse et du découragement.
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Après avoir rendu visite à Theo à Paris, Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise, situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris[28]. Cette commune rurale du Vexin français était déjà connue dans le milieu des peintres, initialement par les paysagistes de l'école de Barbizon, puis par les impressionnistes[Note 10]. Il y passe les 70 derniers jours de sa vie, du 20 mai au 29 juillet 1890. Le docteur Paul Gachet a promis de prendre soin de lui à la demande de Theo[Lettre 9]. Gachet, ami de Paul Cézanne et des peintres impressionnistes et lui-même peintre amateur, veille sur Van Gogh, qui loue une petite chambre no 5 dans l’auberge Ravoux, pour 3,50 francs par jour[Note 11].
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Van Gogh, au sommet de sa maîtrise artistique, va alors décrire dans ses œuvres la vie paysanne et l'architecture de cette commune. Des articles paraissent dans la presse parisienne, bruxelloise et néerlandaise. C'est un signe important de sa reconnaissance dans ce milieu artistique. Grâce aux soins du docteur Gachet, son activité est intense : il peint plus de 70 tableaux[VK 1]. D'autre part, Theo, dont la maladie perdure, lui confie son inquiétude pour son travail et pour le petit Vincent Willem, malade. Theo désire retourner aux Pays-Bas.
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L'instabilité mentale de Vincent van Gogh reprend vers la fin juillet 1890. Le dimanche 27 juillet 1890, dans un champ derrière le château où il peint peut-être une ultime toile, car il a emmené son matériel de peinture avec lui, il se tire un coup de revolver dans la poitrine (pour viser le cœur) ou dans l'abdomen. Revenu boitillant à l'auberge Ravoux, il monte directement dans sa chambre. Ses gémissements attirent l'attention de l'aubergiste Arthur Ravoux qui le découvre blessé : il fait venir le docteur Gachet qui lui fait un bandage sommaire (une opération chirurgicale est impossible vu l'état de la médecine à cette époque) et dépêche à Paris Anton Hirschig (en), artiste néerlandais pensionnaire de son auberge, pour prévenir Théo van Gogh. Vincent van Gogh y meurt deux jours plus tard, à l'âge de 37 ans, son frère Théo étant à son chevet[30].
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Théo, atteint de syphilis et de ses complications neurologiques, est hospitalisé en octobre 1890 dans une clinique psychiatrique d'Utrecht, où il meurt le 25 janvier 1891[31] à l'âge de 34 ans. Les deux frères reposent tous deux au cimetière d'Auvers-sur-Oise, depuis que Johanna van Gogh-Bonger a fait transférer le corps de son premier mari auprès de son frère en 1914.
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En 2011, une nouvelle hypothèse sur la mort de Vincent van Gogh a été avancée par deux auteurs, Steven Naifeh et Gregory White Smith, qui reprennent une anecdote de Victor Doiteau[32] : Vincent van Gogh aurait été victime par accident d'une balle tirée par les frères Gaston et René Secrétan, deux adolescents qu'il connaissait. Ces derniers jouaient « aux cowboys » avec une arme de mauvaise facture à proximité du champ où Van Gogh se promenait. Avant de succomber deux jours plus tard, le peintre aurait alors décidé d'endosser toute la responsabilité de l'acte en déclarant s'être visé lui-même, dans le but de protéger les garçons[33] et par amour pour son frère Théo, pour lequel il pensait être devenu un fardeau trop pesant.
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Cette thèse repose sur trois arguments[34] : Vincent van Gogh aurait été le souffre-douleur des frères Secrétan (interview de René Secrétan, devenu banquier, donnée en 1956), l'historien d'art John Rewald a recueilli dans les années 1930 des rumeurs auversoises dans ce sens, mais ces témoignages sont tardifs et de seconde main ; enfin René Secrétan, dont les auteurs américains prétendent que le peintre a réalisé un dessin déguisé en cowboy et qui a assisté au Buffalo Bill Wild West Show à Paris au début de l'année 1890, aurait volé le revolver de l'aubergiste Arthur Ravoux pour tirer sur des oiseaux et petits animaux, revolver[35] à l'origine de l'homicide involontaire ou du tir accidentel sur Vincent van Gogh[36],[37],[38],[39].
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Un chercheur, Wouter van der Veen, travaillant sur la vie et l’œuvre de Vincent van Gogh, a publié en 2020 une analyse de la dernière journée de Vincent van Gogh, du lieu où il a passé cette journée, du dernier tableau qu'il a peint (Racines d’arbres, conservé au musée Van Gogh d’Amsterdam), et de ses derniers écrits, qui corrobore l'hypothèse du suicide[40].
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À plusieurs reprises, Van Gogh souffre d'accès psychotiques et d'instabilité mentale, en particulier dans les dernières années de sa vie. Au fil des ans, il a beaucoup été question de l'origine de sa maladie mentale et de ses répercussions sur son travail. Plus de cent cinquante psychiatres ont tenté d'identifier sa maladie et quelque trente diagnostics différents ont été proposés[41].
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Parmi les diagnostics avancés se trouvent la schizophrénie[42], le trouble bipolaire, la syphilis, le saturnisme, l'épilepsie du lobe temporal[42], la maladie de Menière[43]. Chacune de ces maladies pourrait être responsable de ses troubles et aurait été aggravée par la malnutrition, le surmenage, l'insomnie et un penchant pour l'alcool, en particulier pour l'absinthe.
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Une théorie suggère que le docteur Gachet aurait prescrit de la digitaline à Van Gogh pour traiter l'épilepsie, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements dans la perception de la couleur d'ensemble. Cependant, il n'existe aucune preuve directe que Van Gogh ait pris de la digitaline, même si Van Gogh a peint Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale, plante à partir de laquelle est produite la digitaline[44].
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Rédigées entre 1872 et 1890, les lettres de Vincent van Gogh témoignent de sa vie ainsi que de l'enchaînement de ses idées lorsqu'il produisait une œuvre. Ces textes n'ont pas été écrits en vue d'être publiés : ils représentent les pensées les plus profondes et les sentiments de leur auteur. La vision intime de sa propre vie, sa démarche artistique et l'origine de ses tableaux y sont expliqués dans un style direct et transparent. Ces lettres constituent une référence très riche concernant le contexte artistique et intellectuel dans lequel il se trouvait et les efforts qu'il fournissait pour s'y attacher, les méthodes et les matériaux utilisés à l'époque, les relations intimes qu'il nouait avec ses proches, sa façon de voir les autres artistes, etc.[JLB 13].
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En général, les lettres de Van Gogh sont adressées à son frère Théo, qui est aussi son plus grand soutien[45]. Au début de cette correspondance, il écrit[Note 4],[Lettre 11] : « […] nous n'aurons qu'à nous écrire très souvent. » Il a aussi écrit aux autres membres de sa famille et à ses amis, tels que Paul Gauguin et Émile Bernard[46]. La lettre la plus ancienne est adressée à Théo et datée du 29 septembre 1872. La dernière, rédigée quelques jours avant sa mort, était également destinée à Théo et il la portait sur lui le jour de son suicide. Environ les deux tiers de ses lettres, jusqu'en 1886, sont rédigées en néerlandais. Après cette date, il écrit en français, langue qu'il maîtrise depuis son apprentissage de la langue dans son enfance et qu'il perfectionne en France. Il a aussi écrit quelques lettres en anglais[47]. En 2011, il existe 902 lettres répertoriées, dont 819 écrites par lui et 83 à son intention. Ces lettres ainsi que des photographies et d'autres documents le concernant sont conservés en 2011 au musée Van Gogh à Amsterdam.
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À la mort de Vincent, son frère devient propriétaire de toutes les peintures, sauf une qui a été vendue du vivant de Vincent, ainsi que des lettres. Theo, atteint de la syphilis, perd la raison trois mois après le décès de son frère. D'abord interné à Paris, il est rapidement transféré à Utrecht aux Pays-Bas où il finira ses jours[VK 2]. À la suite de cet évènement, Johanna Bonger-Van Gogh, la femme de Theo, devient l'héritière de cette collection d'art, qui n'a pas à l'époque une grande valeur marchande.
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Grâce à Johanna, Émile Bernard et d'autres amis, ses lettres apparaissent dans les revues de l'époque (Van Nu en Straks et Mercure de France, par exemple). La première publication des lettres sous forme d'ouvrage date de 1914[48]. Cette édition comporte les lettres de Vincent à Theo et à Johanna. Durant les années 1920, d'autres correspondances de Vincent apparaissent : Émile Bernard, Paul Gauguin, Gabriel-Albert Aurier, Paul Signac, John Peter Russell, etc. Après la mort de Johanna en 1925, son fils Vincent Willem van Gogh prend le relais. Après la Seconde Guerre mondiale, il publie une édition en 4 volumes de nature documentaire[49]. Vingt ans plus tard, il publie une autre édition en 2 volumes, cette fois-ci en tâchant de rassembler les dernières lettres de Van Gogh en français[50].
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Petit à petit, le nombre d'ouvrages concernant les lettres se multiplie. Sa célébrité ne cessant de croître, la publication de ses lettres et leur analyse deviennent de plus en plus fréquentes, comme les travaux de Jan Hulsker[51],[52]. L'originalité du travail de Hulsker réside dans sa recherche de compréhension et d'explication des œuvres. Il a identifié les œuvres mentionnées dans les lettres, reproduit les croquis et revu les datations des courriers[JLB 14]. Pour le centenaire de Van Gogh, le musée Van Gogh publie sa correspondance au complet en néerlandais[53] dans l'ordre chronologique. De nombreux livres reprennent une partie des lettres et les analysent à leur façon. Le dernier grand ouvrage est le fruit du projet Lettres de Van Gogh, lancé par le musée Van Gogh, en partenariat avec le Huygens Institute en 1994[47]. Publiés en trois langues (néerlandais, français et anglais), ces 6 volumes offrent une analyse approfondie, de nouvelles lettres non publiées et, surtout, des bases solides pour effectuer de nouvelles recherches sur ce peintre[54],[55].
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Van Gogh a beaucoup travaillé pour perfectionner son dessin et sa peinture, notamment en utilisant des livres ou des manuels. Il a, par exemple, copié toutes les pages du Cours de dessin de Charles Bargue[H 1],[WM 4]. Sa peinture est le fruit d'un travail long, méticuleux et acharné. Il s'est essayé à plusieurs sortes de matériaux comme la pierre noire, la craie lithographique et la plume de roseau. Il était sensible et attentif à l’environnement artistique de la fin du XIXe siècle. Son style, qui se caractérise surtout par l'utilisation des couleurs et les touches de ses pinceaux, a une influence importante sur l'art du XXe siècle[H 2]. Les lettres de Van Gogh nous apprennent l'admiration de ce dernier pour Rembrandt, Frans Hals, Eugène Delacroix, Jean-François Millet[56], mais aussi pour Anton Mauve, Émile Bernard et Paul Gauguin. Il s'est inspiré des maîtres hollandais du XVIIe siècle[JLB 15]. Ses peintures témoignent de son expérience de la vie quotidienne[57] et ses tableaux portent la marque de sa personnalité tourmentée et instable[58]. Il a notamment réalisé Les Mangeurs de pommes de terre (1885), La Chambre de Van Gogh à Arles (1888), Les Tournesols (1888-1889), Autoportrait à l'oreille bandée (1889), La Nuit étoilée (1889), Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale (1890) et L'Église d'Auvers-sur-Oise (1890).
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Au XXIe siècle, il reste de lui des peintures, des œuvres sur papier, des croquis et des lettres. Van Gogh a produit plus de 2 000 œuvres d'art : à peu près 900 peintures et 1 100 dessins et croquis[JLB 16] qui s'étendent sur 10 ans de travail. Il avait l'habitude d'échanger ses peintures avec d'autres peintres, comme cela se faisait fréquemment alors, notamment Émile Bernard et Paul Gauguin.
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L'art de Van Gogh a évolué constamment au cours de sa carrière artistique. Par exemple, il s'intéresse aux estampes japonaises et aux gravures anglaises. Il prend plaisir à exécuter des reproductions auxquelles il souhaite apporter une contribution artistique originale. Il réalise plusieurs séries de tableaux, notamment des autoportraits et Les Tournesols. Par ailleurs, il accorde aussi une place importante aux tableaux nocturnes[59]. Il applique les couleurs par touches de pinceaux, sans mélanger sur la palette. Les couleurs se fondent à distance dans l'œil du spectateur.
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À l'automne 1882, Theo commence à financer Vincent afin que ce dernier puisse développer son art sereinement. Au début de l'année 1883, il commence à travailler sur des compositions multi-figures, surtout des dessins. D'après Theo, ces travaux manquent de vivacité et de fraîcheur. À cause de ces commentaires, Vincent les détruit et se tourne vers la peinture à l'huile. À Nuenen, il réalise de nombreuses peintures de grande taille mais il en détruit également. Parmi les toiles de l'époque, on peut citer Les Mangeurs de pommes de terre, les différentes têtes de paysans et les diverses interprétations de la chaumière.
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Pensant qu'il manque de connaissance sur les techniques de la peinture, il se rend à Paris pour continuer à apprendre et développer son style. Sa tendance à développer les techniques et les théories des impressionnistes et les néo-impressionnistes dure peu. À Arles, Van Gogh reprend d'anciennes idées. Il recommence par exemple à peindre une série de tableaux sur des sujets similaires. La progression de son style se voit dans ses autoportraits. En 1884, à Nuenen, il avait déjà travaillé sur une série pour décorer la salle à manger d'un de ses amis à Eindhoven. Toujours à Arles, il transforme ses Vergers fleurissants en triptyques. Il réalise une autre série sur la famille Roulin et il travaille avec Gauguin sur la décoration de la maison jaune. Les peintures faites pendant la période de Saint-Rémy sont souvent caractérisées par des tourbillons et des spirales. Les motifs de luminosité de ces dernières images ont été montrés conforme au modèle statistique de turbulence de Kolmogorov[60].
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L'historien d'art Albert Boime est l'un des premiers à montrer que Van Gogh basait ses travaux sur la réalité[61]. Par exemple, le tableau Maison sous un ciel nocturne montre une maison blanche au crépuscule avec une étoile bien visible, entourée d'une auréole jaune. Les astronomes du Southwest Texas State University à San Marcos ont établi que cette étoile est Vénus, très brillante le soir du 16 juin 1890, date de la création de ce tableau[62].
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Van Gogh a peint des autoportraits à plusieurs reprises. Beaucoup de ces toiles sont de petites dimensions : ces essais lui permettent d'expérimenter les techniques artistiques qu'il découvre[H 3]. Ses autoportraits reflètent ses choix et ses ambitions artistiques qui évoluent en permanence[H 3]. Les peintures varient en intensité et en couleur et l'artiste se représente avec barbe, sans barbe, avec différents chapeaux, avec son bandage qui représente la période où il s'est coupé l'oreille, etc. La plupart de ses autoportraits sont faits à Paris. Tous ceux réalisés à Saint-Rémy-de-Provence montrent la tête de l'artiste de gauche, c'est-à-dire du côté opposé de l'oreille mutilée. Plusieurs des autoportraits de Van Gogh représentent son visage comme se reflétant dans un miroir, c'est-à-dire son côté gauche à droite et son côté droit à gauche. Il s'est peint 37 fois en tout[63]. Cependant, durant les deux derniers mois de sa vie, à Auvers-sur-Oise, et malgré sa productivité, il ne peint aucun autoportrait. Son Autoportrait au visage glabre, qui date de fin septembre 1889, est une des toiles les plus chères au monde, vendue à 71,5 millions de dollars en 1998 à New York[64].
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Le japonisme, style qui se développe en France surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle avec l’ouverture du Japon à l'Occident de l’ère Meiji, attire Van Gogh depuis qu'il est à Nuenen. Les maîtres japonais comme Hokusai et Hiroshige l'inspirent. Il achète ses premières reproductions à Anvers et transmet son goût pour cet art asiatique à son frère Théo. Les deux réunissent plus de 400 œuvres qui sont aujourd'hui au musée Van Gogh d'Amsterdam[H 4].
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À Paris, Van Gogh s'interroge sur l'apport de cet art d'une grande qualité esthétique par rapport à ses propres travaux[H 5]. Il exécute alors plusieurs copies des crépons japonais. Le Courtisan est la reproduction d'un dessin qu'il a vu sur la couverture de Paris illustré spécial Japon. Il lui ajoute un arrière-plan inspiré des estampes japonaises en employant des couleurs intenses. Le Prunier en fleur est un autre tableau de ce genre : il interprète cette fois-ci une œuvre de Hiroshige. Le fond du portrait du père Tanguy est aussi décoré d'estampes japonaises. Van Gogh a l'habitude de délimiter des plans ou des objets par du noir, une couleur qualifiée de « non-couleur » par les impressionnistes, qui la bannissent quasiment systématiquement de leurs palettes. Il trouve ainsi une justification à cette pratique dans les estampes japonaises. Par la suite, il s'approprie l'art japonais, et confesse à son frère[Note 4],[Lettre 13] : « Tout mon travail est un peu basé sur la japonaiserie… »
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Cette fascination pour le Japon ne le quittera jamais et durant la dernière année de sa vie, Van Gogh cherchera par exemple à rencontrer un peintre français nommé Louis Dumoulin[65] après avoir vu plusieurs de ses tableaux inspirés d'un voyage au Japon notamment lors de la grande exposition organisée au Champ-de-Mars en mai 1890 par la Société nationale des Beaux-Arts. Deux lettres à l'attention de son frère Théo écrites alors qu’il séjourne à Auvers-sur-Oise exposent en effet son désir de rencontrer Dumoulin (qu’il écrit « Desmoulins ») comme « celui qui fait le Japon »[66],[67].
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Non seulement Vincent van Gogh aime contempler les reproductions des œuvres d'art mais il en réalise lui-même. Sa première reproduction date de l'époque Saint-Rémy-de-Provence : il copie une lithographie de la Pietà d'Eugène Delacroix, cette dernière ayant été abîmée. Il interprète aussi plusieurs tableaux à l'huile dans son propre style. Entre septembre 1889 et mai 1890, il produit de nombreuses œuvres d'après Delacroix, Rembrandt et Jean-François Millet, dont, de ce dernier, Hiver, la plaine de Chailly[70]. Ce sont des scènes religieuses et des travailleurs des champs. Durant la période où il est confiné dans un asile psychiatrique à Saint-Rémy-de-Provence, il trouve dans la reproduction d'œuvres un moyen de poursuivre son travail sans modèle ; il n'avait les moyens de n'employer que lui-même comme modèle. Il considère que le sujet d'un tableau n'est qu'un seul point de départ et que l'interprétation de l'artiste est la contribution principale. Il exprime cette idée à son frère par les mots suivants[Note 4],[Lettre 14] : « Je pose le blanc et noir de Delacroix ou de Millet ou d'après eux devant moi comme motif. — Et puis j'improvise de la couleur là-dessus mais bien entendu pas tout à fait étant moi mais cherchant des souvenirs de leurs tableaux — mais le souvenir, la vague consonance de couleurs qui sont dans le sentiment, sinon justes — ça c'est une interprétation à moi. »
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Le tableau Le Semeur, de Millet, est l'un des exemples caractéristiques éclairant les intentions de Van Gogh pour la reproduction. On voit l'apport de l'utilisation de la couleur et les coups de pinceaux très personnels de Van Gogh. Le résultat est plus vif, la personnalité de l'artiste s'affirme par l'intensité des couleurs appliquées.
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Van Gogh a réalisé plusieurs séries de tableaux. Pour affiner son art, il aime peindre plusieurs tableaux sur des sujets similaires concernant la nature : les fleurs, les champs de blé, les vergers fleurissant, etc. Il fait également des séries de portraits, surtout en peignant chaque membre de la famille Roulin ou des séries de semeurs. Van Gogh s'intéresse particulièrement à la peinture des fleurs. Il réalise plusieurs paysages avec différentes fleurs : des lilas, des roses, des lauriers, etc. Sur certains de ses tableaux, comme Iris, on les voit au premier plan. Il a fait deux séries de tournesols : la première alors qu'il est à Paris en 1887, la seconde lorsqu'il habite Arles l'année suivante. La première montre des tournesols fraîchement cueillis posés par terre. Dans la seconde, les tournesols sont dans des vases, parfois en train de faner. Les fleurs sont peintes par d'épais coups de brosse avec des surplus de peinture.
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L'idée de Van Gogh est de remplir les murs de l'atelier qu'il veut partager avec Paul Gauguin dans le but de créer une communauté d'artistes[Note 4],[Lettre 15] : « Dans l'espoir de vivre dans un atelier à nous avec Gauguin, je voudrais faire une decoration pour l'atelier. Rien que des grands Tournesols. » Gauguin représente dans un de ses tableaux van Gogh en train de peindre des tournesols. Van Gogh est assez content du résultat le montrant « fatigué et chargé d'électricité[Lettre 16] ».
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La série des vergers en fleur de Van Gogh fait partie de ses premiers travaux à Arles. Les peintures de cette série sont joyeuses. Il passe beaucoup de temps à exprimer la gaieté du printemps. Vincent dit à son frère[Note 4],[Lettre 17] : « J'ai maintenant 10 vergers sans compter trois petites etudes et une grande d'un cérisier que j'ai ereintée[Note 12]. » Dans la plupart de ces peintures, un arbre fleuri est mis en valeur. Il varie ses coups de pinceau : des touches de pointillisme, des élans impressionnistes plus veloutés, aplatissement des traits à la manière des estampes japonaises. Les tonalités intenses remplissent ses toiles, la couleur plus délicate des fleurs occupe le visuel[H 6].
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Une des séries de tableaux les plus connues que Van Gogh a réalisées est celle des cyprès. Ces arbres, caractéristiques des paysages du Midi de la France, inspirent Van Gogh. Il écrit à son frère[Note 4],[Lettre 18] : « Les cyprès me preoccupent toujours, je voudrais en faire une chose comme les toiles des tournesols parce que cela m'étonne qu'on ne les ait pas encore fait comme je les vois ». Pendant l'été 1889, sur la demande de sa sœur Wil, il peint aussi plusieurs petites versions de Champ de blé avec cyprès[6]. Ces travaux sont caractérisés par des tourbillons et par une technique qui lui permet de garder visibles les différentes couches de peinture qu'il superpose. Les autres tableaux de la série partagent les mêmes éléments stylistiques. Son tableau, La Nuit étoilée — qu'il peint lorsqu'il est à Saint-Rémy-de-Provence — fait partie de cette série.
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La peinture des scènes vespérales et nocturnes est très fréquente chez Van Gogh qui écrit[Note 4],[Lettre 19] : « Souvent, il me semble que la nuit est bien plus vivante et richement colorée que le jour. » L'importance qu'il accorde à cette période de la journée peut être constatée lorsqu'on considère le nombre d'œuvres qu'il a peintes pour la représenter. Il évoque le plus souvent la dure vie rurale, les paysans dans leur intimité familiale ou en plein travail, aux champs. Par ailleurs, une de ses peintures les plus connues, Terrasse du café le soir, décrit une ambiance citadine.
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Pour Van Gogh, les peintres de son siècle ont réussi à représenter l'obscurité par de la couleur[Lettre 3]. Il réinterprète ce sujet dans ses tableaux en s'inspirant de plusieurs grands peintres. Si en Jules Breton et Jean-François Millet il voit l'essentiel de la représentation du travail de la terre, il est impressionné par la réussite de Rembrandt à utiliser de la couleur pour peindre la nuit. À travers ses œuvres, Delacroix lui apprend comment les couleurs vives et les contrastes de couleurs peuvent décrire les couchers de soleil, les tombées de nuit, voire les nuits avec leurs étoiles. Comme pour Adolphe Monticelli, la couleur devient pour Van Gogh un moyen de juger la modernité d'un tableau. Il apprécie l'art de l'impressionniste Monet, capable de donner l'impression d'une ambiance vespérale par un coucher de soleil en rouge. Il admire aussi la technique pointilliste de Seurat parvenant à évoquer une atmosphère nocturne, avec des taches et aplats de couleurs[59].
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Van Gogh est donc fasciné par la réalité vespérale et nocturne. La disparition progressive de la lumière, un coucher de soleil intense, le crépuscule avec l'apparition des lumières artificielles des maisons et le scintillement des étoiles et de la lune dans un ciel sombre, nourrissent son imagination et sa créativité.
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Van Gogh peignait sur des toiles souvent déjà apprêtées, qu'il pouvait réutiliser, soit en grattant l'œuvre précédente, soit en la recouvrant d'une nouvelle couche[71]. Il employait cependant certains pigments instables, entraînant une modification des couleurs sous l'effet de la lumière, dont la laque géranium qui perd sa teinte rouge avec le temps[71]. Les couleurs originelles sont donc perdues, entraînant des difficultés de restauration : ainsi, les restaurateurs ont décidé, pour La Chambre datant de 1888, de ne pas « recoloriser » le tableau, se contentant de tenter de stopper les dégradations et de proposer un éclairage avec des filtres colorés pour restituer les teintes d'origine[72]. En 2011, des études menées à l'European Synchrotron Radiation Facility de Grenoble ont permis d'identifier une réaction chimique complexe sur le jaune de cadmium faisant perdre l'éclat de cette couleur dans certains tableaux de Van Gogh[73],[74].
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Van Gogh a expérimenté plusieurs styles dans sa carrière artistique. Il a fini par créer un style qui lui est propre. Il croit que les peintures peuvent exprimer l'émotion et qu'elles ne sont pas qu'une imitation de la réalité[13].
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Van Gogh découvre l'impressionnisme à Paris. Il adopte avec exaltation la peinture claire sans renoncer aux cernes de ses figures[75]. Les trois artistes isolés, Van Gogh[76], Gauguin et Cézanne, tous influencés un moment par l'impressionnisme, constituent les figures majeures du postimpressionnisme. Van Gogh a également influencé la peinture postérieure et plus moderne, en particulier les mouvements tels que l'expressionnisme et le fauvisme[77]. D'ailleurs, en Provence, il travaille dans un esprit qui annonce l'expressionnisme. Il contribue aussi à l'élaboration du symbolisme à travers sa volonté d'exprimer une émotion grâce à son art.
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L'impressionnisme est un mouvement pictural français né pendant la deuxième moitié du XIXe siècle. Les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible, qui étaient jusque-là les sujets de prédilection des peintres, laissent leur place à des sujets de la vie quotidienne librement interprétés selon une vision personnelle. Les couleurs vives et les jeux de lumière gagnent de l'importance aux yeux des peintres de ce mouvement qui se veulent aussi réalistes. Ils s'intéressent à l'étude du plein air et font de la lumière l'élément essentiel de leurs peintures.
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L'impressionnisme incarné par Monet, Manet, Renoir, Degas (plutôt connu pour ses cadrages et perspectives) est un point de départ pour le néo-impressionnisme de Seurat et Signac, maîtres du pointillisme, pour Gauguin et son école de Pont-Aven, pour Bernard et son cloisonnisme, pour Toulouse-Lautrec, Van Gogh ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France et à l'étranger. La série des vergers de Van Gogh, par exemple, montre une version variée d'impressionnisme avec toutes ses caractéristiques[WM 5], c'est-à-dire la recherche de la lumière et de la couleur à travers les motifs de la nature. Ces peintres favorisent le travail à l'extérieur. Ils excluent le plus possible les gris et les noirs. Ils abandonnent le point de vue frontal et l'illusion de la profondeur. L'« impressionnisme » de Van Gogh se traduit par l'utilisation des effets de la lumière, les reflets qui expriment l'intensité lumineuse du moment[WM 6]. Chez lui, les couleurs sont perçues dans leurs contrastes de complémentaires, par exemple, le vert et le rouge créent une image « complète ». Quelques peintures de Van Gogh sont placées à l'exposition des indépendants avec celles des autres impressionnistes[Lettre 20]. L'artiste tient à ce que les tableaux de ces derniers soient connus aussi en Hollande[Lettre 21] et il est persuadé que leur valeur finira par être reconnue[Lettre 22].
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Les jeunes peintres des années 1880 se trouvent face à l'impressionnisme qui marque leur époque. Ils réagissent de différentes façons. Jusqu'à la fin du siècle, différentes tendances novatrices coexistent. Le postimpressionnisme est l'ensemble de ces courants artistiques comme le néo-impressionnisme, le symbolisme, le mouvement nabi, etc. Dans l'histoire de l'art, le postimpressionnisme désigne donc une brève époque. Il regroupe entre autres Paul Cézanne, Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec ou Georges Seurat, qui avaient pour ambition de révolutionner la peinture. Le principal point commun de ces peintres est qu'ils refusaient le naturalisme. Van Gogh admire la volonté de dépasser la représentation de la réalité, comme il écrit à son frère à propos de Cézanne[Note 4],[Lettre 23] : « … il faut sentir l'ensemble d'une contrée… » Ils cherchaient à transmettre davantage à leur peinture.
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À travers ses tableaux, Van Gogh rêve d'exprimer plus qu'une image : ses sentiments. À Auvers-sur-Oise, il écrit à son frère Theo et à sa belle-sœur[Note 4],[Lettre 24] : « … et je ne me suis pas gêné pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême. […] Je croirais presque que ces toiles vous diront ce que je ne sais dire en paroles, ce que je vois de sain et de fortifiant dans la campagne. »
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Les prémices de l'expressionnisme apparaissent dans les deux dernières décennies du XIXe siècle, avec pour précurseurs Van Gogh[78] à partir de la fin 1887, ainsi que Edvard Munch (notamment Le Cri), et James Ensor[79]. Cependant, la dénomination « expressionnisme » a été utilisée pour la première fois par le critique d'art Wilhelm Worringer en août 1911[M 5]. Van Gogh accentue ce mouvement après son arrivée à Arles en 1888, où le choc de la lumière méridionale le pousse à la conquête de la couleur : La Nuit étoilée ou les Oliviers. Par la dramatisation des scènes, la simplification, voire la caricature, qui caractérisent son œuvre des débuts à la fin, il annonce l'expressionnisme, où les peintres exposent sans pudeur la misère physique et morale[80].
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Les expressionnistes comme Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel et Oskar Kokoschka s'inspirent de la technique de Van Gogh, le coup de pinceau brutal laisse des traces empâtées et granuleuses[77]. Selon Octave Mirbeau, un des tout premiers admirateurs de van Gogh, « ces formes se multiplient, s'échevèlent, se tordent, et jusque dans la folie admirable de ces ciels […], jusque dans les surgissements de ces fantastiques fleurs […] semblables à des oiseaux déments, Van Gogh garde toujours ses admirables qualités de peintre[81] ».
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De même, Van Gogh s'autorise toute liberté de modifier les couleurs naturelles pour favoriser l'expression de ces sujets. « Je voudrais faire le portrait d'un ami artiste qui rêve de grands rêves. […] Pour le finir, je vais maintenant être coloriste arbitraire. J'exagère le blond de la chevelure, J'arrive aux tons orange, aux chromes, au citron pâle. Derrière la tête, au lieu de peindre le mur banal du mesquin appartement, je fais un fond simple, du bleu le plus riche, […] la tête blonde éclairée sur ce fond bleu riche obtient un effet mystérieux, comme l'étoile dans l'azur profond[82]. »
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Le fauvisme est un mouvement pictural français qui s'affirme notamment entre 1905 et 1907[77]. Les peintres désirent séparer la couleur et l'objet, donnant la priorité à l'expression des couleurs. Van Gogh en est un des précurseurs[Z 6]. Il a une influence sur les peintres fauves, en montrant une palette de couleurs remarquable, notamment dans sa période arlésienne[Z 7]. Durant cette période, Van Gogh n'hésite plus à employer des couleurs vives et des juxtapositions de tons non conventionnelles avec, en particulier, l'usage des teintes complémentaires. Par cette utilisation de couleurs flamboyantes, Van Gogh est l'une des sources d'inspiration de plusieurs peintres fauves, tels que Vlaminck ou Derain. Ainsi, dans les œuvres fauves, on retrouve les mêmes dispositions de couleurs que chez Van Gogh. Par exemple, dans la Partie de campagne ou La Seine à Chatou de Vlaminck, la proximité du rouge et du vert s'accentue comme dans le tableau Le Café de nuit de Van Gogh[83].
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Le symbolisme est un mouvement artistique qui s'exprime entre 1886 et 1900 dans plusieurs domaines. Gustave Moreau, Eugène Carrière, Edward Burne-Jones et Martiros Sergueïevitch Sarian sont parmi les peintres influençant ce mouvement. Le symbolisme est une réaction au naturalisme. Il s'agit de « vêtir l'idée d'une forme sensible ». Les symbolistes ne peignent pas fidèlement l'objet, contrairement aux naturalistes, mais recherchent une impression, une sensation, qui évoque un monde idéal ; ils privilégient l'expression des états d'âme. Les symboles permettent d'atteindre la « réalité supérieure » de la sensibilité.
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Dans une de ses lettres, Van Gogh exprime ce qu'il pense du symbolisme[Note 4],[Lettre 26] : « … toute réalité est en même temps symbole. » Il mentionne également les artistes Millet et Lhermitte en relation avec le symbolisme. Ceci indique son approche positive pour le symbolisme et éclaircit ses propres intentions et inspirations. Il est dévoué à la réalité, pas à une réalité comme dans les photographes, mais à une réalité symbolique[84].
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Le symbolisme recherchait dans le pouvoir du verbe[85] « l'essence de la poésie c'est-à-dire la poésie pure, celle qui dira comment sont faits l'esprit et le monde en lui révélant la structure idéale de l'univers. […] le Symbolisme invite la poésie à rejoindre la mystique ». La quête de Van Gogh est identique, comme il l'écrit à son frère Theo[Note 4],[Lettre 27] : « Et dans un tableau je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je ne sais quoi d'éternel dont autrefois le nimbe était le symbole et que nous cherchons par le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. » Van Gogh emprunte et prépare ainsi les sentiers de la peinture moderne, de l'impressionnisme à l'expressionnisme.
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En 1986, l'exposition Il y a cent ans Van Gogh arrivait à Paris, au Trianon du parc de Bagatelle, réunissait des artistes de la Nouvelle figuration et de la Figuration narrative (Frédéric Brandon, Gérard Le Cloarec, Michel Four, Gérard Guyomard, Christian Renonciat, Jack Vanarsky…), l'intention énoncée par Jean-Luc Chalumeau étant d'éclairer l'influence de Vincent Van Gogh sur la figuration contemporaine[86].
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On connaît environ un millier de feuilles de l'artiste[87]. Les techniques utilisées sont le crayon, la plume, l'encre, la craie, parfois colorisés à l'aquarelle. À partir de 1888, il emploie préférentiellement la plume de roseau (calame)[87]. Plusieurs de ses lettres comportent des croquis, reprenant certains tableaux[88].
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Bateaux aux Saintes-Maries-de-la-Mer, 1888, crayon rouge et encre au graphite sur papier tissé, 24,3 × 31,9 cm, New York, musée Solomon R. Guggenheim.
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Head of a Girl, 1888, crayon rouge et encre sur papier tissé, 18 × 19,5 cm, New York, musée Solomon R. Guggenheim.
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Lettre à John Peter Russell, 1888, crayon rouge et encre sur papier tissé, 20,3 × 26,3 cm, New York, musée Solomon R. Guggenheim.
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Le 17 novembre 2016, le fac-similé d'un carnet contenant 65 dessins qui auraient été réalisés entre février 1888 et mai 1890 est publié par Bogomila Welsh-Ovcharov, commissaire de deux expositions du peintre[89]. Un autre spécialiste de l'artiste, Ronald Pickvance, appuie la thèse de l’authenticité de la découverte[90].
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Le musée Van Gogh d'Amsterdam, par la voix de son conservateur en chef Louis Van Tilborgh, considère ce corpus comme une imitation postérieure aux années 1970[91]. Les experts ont conclu après examen des dessins et comparaison avec la collection que le musée possède, que ceux-ci contiennent des erreurs topographiques, et que l'encre utilisée, de couleur brunâtre, n'a jamais été utilisée par Van Gogh dans ses dessins[92].
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La veuve de Théo, Johanna Bonger, détient le rôle principal dans le processus de la valorisation de l'œuvre de Van Gogh. L'héritage de ce dernier lui est confié en 1891, après le décès de son époux[VK 1]. Cependant, il ne faut pas oublier que Van Gogh était connu et apprécié de son vivant[25]. Il est connu que Van Gogh a vendu une toile, mais rien ne prouve qu'il n'en ait pas vendu d'autres. D'ailleurs, il confie cette charge à son frère, marchand d'art reconnu de l'époque et il échange plusieurs tableaux avec ses amis[VK 3]. Théo, qui n'a survécu que peu de temps à Vincent, organise une exposition de ses toiles dans son appartement, annoncée dans le Mercure de France en septembre 1890[VK 4]. Par la suite, Johanna réussit à transformer cette collection d'art méconnue en une collection de grande valeur.
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Pour surmonter ces moments difficiles, Johanna déménage en Hollande où elle retrouve le soutien de sa famille. Dès février 1891, elle fait venir chez elle une grande partie des tableaux restants de Van Gogh depuis Paris. Elle fait assurer les 200 tableaux et les dessins pour une valeur de 2 600 florins. Elle commence ainsi à montrer et à placer des tableaux aux Pays-Bas, puis à lire et à classer les lettres de Vincent. Elle récupère aussi les lettres qu'Albert Aurier possédait. En effet, Theo lui avait envoyé quelques lettres afin d'en faire publier des extraits. Cette même année, Émile Bernard publie dans le Mercure de France les lettres que Vincent lui a envoyées. En 1914, Johanna parvient à publier les lettres de Van Gogh après avoir rédigé une introduction[VK 5].
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D'un autre côté, à Paris, le père Tanguy vend 13 peintures et un dessin. C'est le début d'un succès commercial qui se prolongera jusqu'à nos jours[VK 6]. À la fin du XIXe siècle, afin de faire connaître Van Gogh, Johanna organise des expositions : une à La Haye, une à Rotterdam, trois à Amsterdam et une nouvelle à La Haye. Au début du XXe siècle, une vingtaine d'expositions honorent déjà l'œuvre de Van Gogh aux Pays-Bas. À Paris, le Salon des indépendants de 1901 a également un impact important sur la reconnaissance de Van Gogh grâce aux demandes provenant de nouveaux collectionneurs, comme Ivan Morozov et Sergueï Chtchoukine, et les travaux entrepris par la critique Jacob Baart de la Faille, tel son catalogue raisonné publié en 1928[93]. L'un des premiers acheteurs de toiles de van Gogh est Edgar Degas[94].
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Les contacts que Johanna tisse avec des personnes influentes de son époque l'aident à s'imposer et à mieux faire connaître son beau-frère. Paul Cassirer est le premier à exposer et à vendre les œuvres de Van Gogh. Il en vend au moins 55, entre 1902 et 1911, d'une valeur totale de 50 000 florins. Ambroise Vollard organise aussi deux expositions dans sa galerie en 1895 et en 1896. Julien Leclercq rassemble 65 tableaux et 6 dessins pour une exposition en 1901 à la galerie Bernheim-Jeune[VK 7]. La valeur des œuvres de Van Gogh commence à augmenter considérablement. Johanna Bonger arrive à placer plus de 70 tableaux et une trentaine de dessins au Stedelijk Museum Amsterdam. En même temps, elle reçoit les amateurs chez elle pour leur montrer les tableaux qu'elle possède. L'énergie mise pour la reconnaissance de ces œuvres est finalement récompensée par une grande valeur marchande. La reconnaissance du travail effectué par Van Gogh se concrétise par l'acquisition d'une nature morte de tournesols, en 1924, par la National Gallery de Londres, au prix de 15 000 florins[VK 8]. La femme de Theo est la principale ambassadrice de ce phénomène jusqu'à sa mort en 1925. À partir de cette date, la valeur de ses œuvres ne cesse d'augmenter. Par exemple en 1930, l'exposition du Museum of Modern Art de New York reçoit 120 000 personnes[45].
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Les réflexions sur Van Gogh divergent selon le point de vue choisi. Par exemple, Salvador Dalí s'exprime ainsi en 1972 sur ce peintre qu'il n'aime pas[95] : « Van Gogh est la honte de la peinture française et de la peinture universelle… » Pour certains, sa vie, digne d’un héros romantique, en fait un mythe, celui du peintre incompris ou de l'artiste maudit[58]. Il est pauvre, dépressif, asocial, au tempérament de feu, etc. Pour d'autres, Van Gogh est un artiste complexe, intelligent et cultivé. Sa peinture est le « fruit d'un travail long, méticuleux, acharné et référencé[VK 9] ». Quel que soit le point de vue choisi, Van Gogh est un peintre reconnu et admiré. Dans sa dernière lettre, trouvée dans sa poche le jour de son suicide, il écrit[Note 4],[Lettre 28] : « Eh bien vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux. »
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Pour les historiens de l’art, Van Gogh est un précurseur qui a ouvert à la peinture de nouvelles voies. Par exemple, Derain et Vlaminck sont directement rattachés à l'art de Van Gogh, « par l'emploi de couleurs pures en larges touches[96] ». Pour les amateurs d'art, il reste un maître à l’égal de Léonard de Vinci ou de Rembrandt avec une production très importante et une trajectoire artistique fulgurante en durée et par ses styles. Pour le grand public, son œuvre est aujourd'hui accessible dans les plus grands musées[Note 13].
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La vie, l'œuvre et la personnalité de Vincent van Gogh ont inspiré de nombreux films :
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La numérotation utilisée est celle de 2009.
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Le Dragon de Komodo ou Varan de Komodo (Varanus komodoensis[1]) est une espèce de varan qui se rencontre dans les îles de Komodo, Rinca, Florès, Gili Motang et Gili Dasami en Indonésie centrale[2]. Membre de la famille des varanidés, c'est la plus grande espèce vivante de lézard, avec une longueur moyenne de 2 à 3 mètres et une masse d'environ 70 kg. Sa taille inhabituelle est parfois attribuée au gigantisme insulaire car il n'existe pas, dans son habitat naturel, d'autres animaux carnivores pouvant occuper ou partager sa niche écologique, ainsi qu'à ses faibles besoins en énergie[3],[4]. Il est possible que cet animal soit au contraire une forme naine du Mégalania, un varan géant de 8 mètres de long ayant vécu en Australie au moins jusqu'à l'arrivée des premiers aborigènes. En raison de leur taille, ces varans, avec l'aide de bactéries symbiotiques, dominent les écosystèmes dans lesquels ils vivent[5]. Bien que les dragons de Komodo mangent surtout des charognes, ils se nourrissent également d'animaux qu'ils chassent (invertébrés, oiseaux ou mammifères).
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L'accouplement des dragons a lieu entre mai et juin et les œufs sont pondus en septembre. La femelle pond une vingtaine d'œufs dans des nids abandonnés de mégapodes où ils incubent pendant sept à huit mois. L'éclosion a lieu en avril, quand les insectes sont les plus abondants. Les jeunes sont vulnérables et doivent se réfugier dans les arbres, à l'abri des adultes cannibales. Ils mettent environ trois à cinq ans pour atteindre l'âge adulte et peuvent vivre jusqu'à cinquante ans. Ils sont parmi les rares vertébrés capables de parthénogenèse, mode de reproduction dans lequel les femelles peuvent pondre des œufs viables en l'absence de mâles[6]. Toutefois, la parthénogenèse existe également chez d'autres lézards.
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Les dragons de Komodo ont été découverts par les scientifiques occidentaux en 1910. Leur grande taille et leur réputation d'animaux redoutables les ont rendus populaires dans les zoos. Dans la nature, leur aire de distribution s'est vue réduite en raison des activités humaines et ils sont considérés par l'UICN comme menacés. Ils sont protégés par la loi indonésienne et un parc national, le parc national de Komodo, a été fondé pour favoriser leur protection.
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Dans la nature, un dragon de Komodo adulte mesure entre 2 et 3 mètres et pèse environ 70 kg[7] mais les spécimens vivant en captivité atteignent souvent une masse plus élevée. Le plus grand spécimen sauvage contrôlé faisait 3,13 mètres de long et pesait 166 kg, y compris les aliments non digérés encore présents dans son estomac[2]. Il est de couleur vert foncé, gris ou noir, ce qui lui permet de se fondre dans son environnement et de s'approcher discrètement de ses proies pour les surprendre. La peau du Dragon de Komodo est renforcée par des plaques munies de petits os appelés ostéodermes, qui forment une sorte de cotte de maille[8]. Cette particularité rend la peau de l'animal peu appropriée pour la confection de cuir. Le Dragon de Komodo possède une queue aussi longue que son corps. Sa mâchoire présente près de 60 dents cannelées. Celles-ci tombent pour être régulièrement remplacées et peuvent mesurer jusqu'à 2,5 centimètres de long. Les deux mâchoires sont reliées par un ligament très élastique qui lui permet d'ouvrir la gueule de manière très importante[9]. Sa salive est souvent teintée de son propre sang car les dents sont presque entièrement recouvertes de tissu gingival qui se déchire naturellement lorsque l'animal s'alimente[10]. Cela crée un milieu idéal pour la croissance des souches de bactéries qui colonisent sa bouche[11]. Il possède une longue langue jaune profondément fourchue[2]. Ses pattes se terminent par de longues griffes courbes.
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Le Dragon de Komodo ne dispose pas d'une ouïe particulièrement développée, en dépit de ses conduits auditifs bien visibles, et n'est capable de percevoir que les sons dont la fréquence est située entre 400 et 2 000 Hz [12],[2] (à titre de comparaison, l'oreille humaine perçoit les sons d'une fréquence entre 20 et 20 000 Hz). On pensait même qu'il était sourd après qu'une étude avait montré son absence de réaction à la voix murmurée, à la voix posée ou à la voix criée. Cette théorie fut mise à mal lorsqu'un employé du jardin zoologique de Londres, Joan Proctor, dressa un spécimen du parc à sortir pour se nourrir au son de sa voix, alors que lui-même restait caché[13].
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Le varan de Komodo est capable de voir jusqu'à 300 mètres. Cependant, ses rétines ne contenant que des cônes, on pense que sa vision de nuit est faible. Il est en mesure de distinguer les couleurs mais il souffre d'une faible discrimination visuelle des objets immobiles[14].
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Comme beaucoup d'autres reptiles, le Dragon de Komodo utilise sa langue pour reconnaître les stimuli gustatifs et olfactifs, (organe voméro-nasal ou organe de Jacobson) ; c'est sa langue qui l'aiderait à se déplacer dans l'obscurité[11]jusqu'à 4, voire 9,5 kilomètres de distance[10],[14].
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Ses narines ne lui sont pas d'une grande utilité pour analyser les odeurs car l'animal ne possède pas de diaphragme permettant de contrôler sa respiration et ainsi de pouvoir renifler avec précision les odeurs[10],[11]. De plus sans diaphragme, il ne peut pas aspirer l'eau pour la boire ni la laper avec sa langue, donc il recueille l'eau dans sa gueule puis relève la tête pour la faire couler dans sa gorge[10].
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Il ne dispose que de peu de papilles gustatives au fond de sa gorge[11].
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Ses écailles, qui sont ossifiées, possèdent pour certaines des plaques sensorielles innervées qui accentuent son sens du toucher. Les écailles autour des oreilles, des lèvres, du menton, et de la plante des pattes peuvent présenter trois fois plus de plaques sensorielles que les autres[10].
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Le Dragon de Komodo apprécie les lieux chauds et secs et vit en général dans des zones de prairies, de savanes ou de forêts tropicales à basse altitude. En tant qu'animal poïkilotherme, il est plus actif dans la journée, même s'il présente une certaine activité nocturne. Il est très souvent solitaire, se rapprochant des autres seulement pour s'accoupler et manger. Il peut courir jusqu'à 20 km/h sur de courtes distances, plonger jusqu'à 4,5 m de profondeur, grimper dans les arbres lorsqu'il est jeune en utilisant ses griffes puissantes[7]. Pour attraper des proies hors de portée, il peut se dresser sur ses pattes postérieures en utilisant sa queue comme point d'appui[13]. Lorsque le Dragon de Komodo arrive à l'âge adulte, il utilise les griffes de ses pattes antérieures pour creuser des galeries qui peuvent atteindre 1,3 m de large[15]. En raison de sa grande taille et de son habitude de dormir sous terre, il est capable de conserver la chaleur de son corps tout au long de la nuit et de minimiser sa période de réchauffement matinale[16]. Le Dragon de Komodo chasse généralement l'après-midi, mais reste à l'ombre dans les racines traçantes d'un arbre pendant les heures les plus chaudes de la journée. Ses lieux de repos sont généralement situés sur des corniches balayées par une brise de mer fraîche, marquées par ses déjections et débarrassées de toute végétation. Elles servent également d'emplacements stratégiques à partir desquels ils peuvent tendre une embuscade à un cerf[14].
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Les dragons de Komodo sont carnivores. Les adultes, bien qu'ils se nourrissent essentiellement de charognes[3], peuvent également tuer des animaux dont ils s'approchent furtivement. Arrivés à proximité d'elles, ils les attaquent soudainement et les mordent au ventre ou à la gorge[10] ou, si elles ne sont pas de trop grande taille, leur brisent la colonne vertébrale d'un coup de gueule. On a vu des varans de Komodo assommer des cerfs ou des porcs d'un coup de queue[17]. On a toujours cru que ces lézards possédaient une puissante morsure, mais les calculs informatiques de la force de la mâchoire, à partir de la forme des os et de la taille des muscles, montrent dans le cas de Varanus komodoensis des résultats qui sont en dessous des espérances, avec une mâchoire 6,5 fois moins puissante que celle du crocodile marin[18]. La mâchoire serait en revanche plus adaptée au déchiquetage des proies pour effectuer des tractions arrière violentes.
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Les dragons de Komodo mangent de grands morceaux de chair qu'ils avalent tout rond en maintenant la carcasse avec leurs pattes avant. Pour des proies plus petites (jusqu'à la taille d'une chèvre), leurs mâchoires élastiques, leur crâne souple et leur estomac extensible leur permettent d'avaler l'animal entier. Ils évitent de consommer les végétaux contenus dans l'estomac et les intestins de leurs proies[11]. Ils produisent une grande quantité de salive qui leur permet de lubrifier leur nourriture, mais la déglutition est toujours un processus long (il leur faut quinze à vingt minutes pour avaler une chèvre entière). Ils peuvent accélérer le processus en appuyant la carcasse contre un arbre pour la forcer à s'enfoncer dans leur gorge, poussant parfois avec une telle force que l'arbre tombe[19]. Pour ne pas s'étouffer en avalant leur proie, ils respirent à l'aide d'un conduit placé sous la langue et relié aux poumons[10]. Après avoir mangé jusqu'à 80 % de leur propre poids en un repas[5], ils s'installent dans un endroit ensoleillé pour accélérer la digestion, afin d'éviter que la nourriture ne pourrisse et les empoisonne. En raison de leur métabolisme lent, les grands dragons peuvent survivre avec un repas par mois[10]. À la fin de la digestion, les dragons de Komodo régurgitent les cornes, poils et dents de leurs proies (bézoard) entourés d'un mucus malodorant. Après s'être débarrassés de ces phanères indigestes, ils se frottent la gueule dans la terre ou sur les buissons environnants pour enlever le mucus restant, ce qui donne à penser qu'ils n'apprécient guère l'odeur de leurs propres déjections[10].
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Lorsqu'ils mangent en groupe, les plus gros dragons mangent généralement en premier tandis que les plus petits suivent dans un ordre hiérarchique. Le plus grand des mâles affirme sa position dominante et les subalternes affichent leur soumission par des attitudes corporelles, des sifflements et des grondements. Les dragons de même taille peuvent avoir recours à la « lutte ». Généralement, les perdants battent en retraite mais ils peuvent aussi être tués et mangés par les vainqueurs[10].
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Le Dragon de Komodo a un régime alimentaire très varié, qui comprend des invertébrés, d'autres reptiles (y compris de petits dragons de Komodo), des oiseaux, des œufs d'oiseaux, de petits mammifères, des singes, des sangliers, des chèvres, des cerfs, des chevaux et des buffles[20]. Les jeunes dragons mangent des insectes, des œufs, des geckos et de petits mammifères[3]. Parfois, ils s'attaquent aux êtres humains (surtout aux enfants qui vivent à proximité et oublient le danger) et aux cadavres humains en creusant les tombes pour les déterrer[13]. Cette habitude de s'attaquer aux morts a obligé les villageois de Komodo à déplacer leurs tombes des sols sablonneux vers des sols argileux et à les recouvrir de tas de pierres pour dissuader les dragons de creuser[11]. Le Dragon de Komodo pourrait avoir évolué vers le gigantisme pour se nourrir de l'éléphant nain local, le Stégodon aujourd'hui disparu qui vivait sur l'île de Flores il y a encore 12 000 ans, selon le biologiste évolutionniste Jared Diamond[21].
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Les biologistes, comme Walter Auffenberg, qui ont étudié les dragons de Komodo dans les années 1970 et 1980, ont remarqué que les buffles d'eau qui s'échappaient après une première morsure de dragon, mouraient ensuite par septicémie à la suite de l'infection de leur plaie. Ils en avaient conclu que la salive des dragons de Komodo contenait des bactéries mortelles qui tuaient leurs proies. Cette hypothèse semblait confirmée par l'identification dans la salive de dragon de plus de 28 souches gram-négatif et 29 souches gram-positif[22]. Des études plus récentes ont démontré que ces bactéries sont communes à la plupart des prédateurs, et en trop faible quantité pour jouer un rôle significatif dans l'infection des plaies dues aux morsures. Les buffles d'eau sont des occupants récents des îles de Komodo, et leur taille est inhabituelle par rapport aux proies présentes dans l'environnement dans lequel les dragons ont évolué. Ceci explique leur survie à l'attaque des dragons, contrairement aux porcs et cerfs, autres habitants récents des îles, mais de tailles proches des proies habituelles des dragons. Mais le buffle d'eau se réfugie d'instinct dans les cours d'eau et étangs, or ces eaux sur les îles de Komodo sont stagnantes et servent d'habitats à de nombreuses bactéries qui infectent les blessures subies par les buffles. Les dragons se nourrissent ensuite simplement des bêtes qui ont succombé à une septicémie[23],[24],[25].
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Fin 2005, des chercheurs de l'université de Melbourne sont arrivés à la conclusion que le varan Perenti (Varanus giganteus), d'autres espèces de varans et certains Agamidae pouvaient être légèrement venimeux. L'équipe de chercheurs a démontré que les effets immédiats des morsures de ces reptiles étaient causés par une envenimation locale. En observant les effets des morsures de doigts chez l'être humain par un varan bigarré (V. varius), un dragon de Komodo et un Varanus scalariset, on a constaté pour les trois types de morsure la survenue de symptômes similaires : apparition rapide d'un œdème du bras, perturbation de la coagulation sanguine locale, douleurs s'étendant au coude, certains des symptômes persistant plusieurs heures[26]. On suppose que tous les squamates, venimeux ou non, y compris les serpents, ont en commun un ancêtre venimeux[26].
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En 2009, le scientifique Brian Grieg Fry et son équipe de spécialistes du Venomics Research Laboratory de l'université de Melbourne[18] ont découvert des glandes à venin, grâce à une imagerie médicale (spectroscopie RMN) faite sur un spécimen vivant en captivité, malade et en fin de vie. Cet animal a été sacrifié pour pouvoir analyser ses glandes au spectromètre de masse, ce qui a permis de se rendre compte que ce venin ressemble beaucoup à celui des serpents et à celui du monstre de Gila. Les glandes à venin comptent six compartiments, et sont capables de produire plusieurs protéines. Elles ne sont pas placées au-dessus de la mâchoire comme chez les serpents mais en dessous[27]. La sécrétion du venin se fait dès la première morsure : lorsque l'animal ferme sa gueule, des muscles pressent sur les glandes, faisant sortir le venin. Chez l'animal mordu, le venin provoque une forte chute de pression artérielle.
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Il n'existe pas d'antivenin spécifique à la morsure d'un dragon de Komodo, mais on peut généralement traiter la plaie par nettoyage de la zone blessée et par administration de fortes doses d'antibiotiques. Si la plaie n'est pas traitée au plus tôt, une nécrose locale peut rapidement se développer, pouvant nécessiter l'exérèse de la zone nécrosée, voire l'amputation du membre touché.
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Les varans de Komodo s'accouplent entre mai et août et la ponte des œufs a lieu en septembre[2]. Durant la saison des amours, les mâles s'affrontent pour la conquête des femelles et d'un territoire en se dressant sur leurs pattes postérieures, puis en maintenant le plus faible au sol. Les mâles peuvent vomir ou déféquer lors de leur préparation au combat[13]. Le vainqueur de la lutte ira alors lécher la femelle de sa langue pour obtenir des informations sur sa réceptivité sexuelle[5]. Les femelles sont opposantes et résistent avec leurs griffes et leurs dents au cours des préliminaires sexuels. Par conséquent, le mâle enserre la femelle pendant le coït pour éviter d'être blessé. Une autre méthode de cour consiste pour le mâle à frotter son menton sur la femelle, à lui gratter fort le dos et à la lécher[11]. La copulation se produit lorsque le mâle insère l'un de ses hémipénis dans le cloaque de la femelle[14]. Les dragons de Komodo sont monogames et forment des couples, un comportement rare chez les reptiles[13].
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La femelle pond ses œufs dans des terriers à flanc de colline ou dans les nids abandonnés de mégapodes de Reinwardt avec une préférence pour la seconde méthode[28]. Les portées contiennent une moyenne de 20 œufs qui ont une période d'incubation de 7 à 8 mois[13]. La femelle se place sur les œufs pour les couver et les protéger jusqu'à ce qu'ils éclosent vers le mois d'avril, à la fin de la saison des pluies, lorsque les insectes sont nombreux. L'éclosion est un effort épuisant pour les jeunes varans, qui sortent de leur coquille en la perçant avec leur diamant (une petite excroissance pointue sur le museau qui disparaît peu après). Après avoir cassé leur coquille, les nouveau-nés doivent se reposer pendant des heures avant de sortir du nid. Ces petits sont sans défense, et nombreux sont ceux qui sont mangés par des prédateurs[10].
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Les jeunes dragons de Komodo passent une grande partie de leurs premières années dans les arbres, où ils sont relativement à l'abri des prédateurs, y compris des adultes cannibales, pour qui les jeunes dragons représentent 10 % de l'alimentation[13]. Selon David Attenborough, l'habitude de cannibalisme peut être avantageuse dans le maintien de la grande taille des adultes[17]. Quand les jeunes sont menacés par un adulte, ils s'enduisent de matières fécales ou se cachent dans des intestins d'animaux éviscérés afin de se protéger[13]. Il faut environ trois à cinq ans aux dragons de Komodo pour arriver à maturité, et ils peuvent vivre jusqu'à 50 ans[15].
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Un dragon de Komodo femelle du zoo de Londres, nommé Sungai, a pondu à la fin de 2005 après avoir été prêté par le zoo de Thoiry et séparé de la compagnie de tout mâle depuis plus de deux ans. Les scientifiques ont d'abord cru qu'elle avait été en mesure de stocker le sperme de sa première rencontre avec un mâle, un type particulier de superfécondation[29]. Le 20 décembre 2006, Flore, un autre dragon de Komodo vivant en captivité au zoo de Chester en Angleterre, a également pondu des œufs non fécondés, onze œufs au total, dont sept ont éclos pour donner naissance à des mâles. Les scientifiques de l'université de Liverpool en Angleterre ont effectué des tests génétiques sur trois œufs avortés après les avoir placés dans un incubateur et vérifié que Flore n'avait eu aucun rapport sexuel avec un dragon mâle. Après cette découverte sur les œufs de Flore, les tests sur ceux de Sungai confirmèrent qu'ils n'avaient pas non plus été fécondés[29].
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Les dragons de Komodo sont porteurs de chromosomes sexuels WZ contrairement aux mammifères porteurs du système XY. Dans ce système, les mâles possèdent deux chromosomes sexuels ou gonosomes ZZ identiques, alors que la femelle a deux gonosomes différents WZ. On suppose à l'heure actuelle qu'au moment de la deuxième division de la méiose, lors de l'anaphase, les chromosomes simples brins restent dans un des deux ovocytes, le second dégénérant de sorte que les individus seront porteurs des mêmes gonosomes WW ou ZZ. Or les individus WW ne sont pas viables, le chromosome W étant déficient en un certain nombre de gènes indispensables à la vie (un peu comme le YY) et donc seuls les individus ZZ (des mâles) seront viables[30],[31].
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On suppose que ce mode de reproduction permet à une femelle vivant seule dans une niche écologique isolée d'assurer sa descendance dans un premier temps par parthénogénèse en lui permettant de donner la vie à de futurs mâles reproducteurs, dans un deuxième temps en s'accouplant avec les mâles procréés afin d'obtenir une nouvelle génération possédant mâles et femelles[30]. Malgré les avantages d'une telle adaptation, les zoos ont été avertis que la parthénogenèse pouvait être préjudiciable à la diversité génétique de l'espèce[6].
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Le 31 janvier 2008, le zoo du comté de Sedgwick à Wichita, au Kansas, est devenu le premier zoo américain à observer une reproduction par parthénogenèse de dragons de Komodo. Le zoo a deux femelles adultes de dragons de Komodo, l'une d'elles a pondu 17 œufs les 19 et 20 mai 2007. Seuls deux œufs ont été incubés et ont éclos pour des questions de place, le premier est né le 31 janvier 2008, tandis que le second est né le 1er février. Les deux nouveau-nés étaient des mâles[32].
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Cette espèce est endémique d'Indonésie. Elle n'est présente que dans les îles de Gili Motang (environ 100 individus), Gili Dasami (environ 100), Rinca (environ 1 300), Komodo (environ 1 700)[2] et Florès (peut-être 2 000)[33].
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L'évolution du Dragon de Komodo remonte à l'apparition des premiers varans en Asie, il y a environ 40 millions d'années, varans qui ont émigré vers l'Australie. Il y a environ 15 millions d'années, une collision entre l'Australie et l'Asie du Sud-est a permis aux varans de passer vers ce qui est aujourd'hui l'archipel indonésien. On pense que le Dragon de Komodo est apparu il y a 4 millions d'années, se différenciant de ses ancêtres australiens et élargissant son territoire jusqu'à l'île de Timor, à l'est. Une baisse importante du niveau de la mer au cours de la dernière période glaciaire a découvert de vastes étendues du plateau continental que le Dragon de Komodo a colonisées, puis il s'est retrouvé isolé sur ces îles lorsque le niveau de la mer est lentement remonté[2].
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Le nom du genre, Varanus, est une latinisation du mot waran qui signifie « avertisseur » en arabe égyptien[34].
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Le nom d'espèce, issu de Komodo avec le suffixe du génitif latin -ensis (« de, qui vit dans, qui habite »), a été donné à Varanus komodoensis en référence au lieu de sa découverte.
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Dans les îles de Flores et de Rinca les natifs l'appellent Buaja darat (« Crocodile terrestre »), un nom erroné car il ne s'agit pas d'un crocodile mais bien d'un varan. Sur l'île de Komodo les habitants le nomment Ora. En Indonésie on l'appelle Biawak raksasa[35] (« Varan géant »). La communauté scientifique le nomme « Varan de Komodo » ou simplement « Komodo ».
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Selon Reptarium Reptile database il existe plusieurs taxons, mais aucune sous-espèce :
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Les dragons de Komodo sont connus depuis toujours par les habitants des îles. L’existence du Dragon de Komodo est rapportée pour la première fois au début du XXe siècle par deux pêcheurs de perles néerlandais, messieurs Kock et Aldégon qui, lors d’un voyage en Indonésie, seraient tombés nez à nez avec ce « monstre ». Pour des Européens, la surprise était totale mais les indigènes apprirent aux pêcheurs que l'animal qu’ils avaient rencontré s’appelait « ora » dans la langue locale et qu’il était si féroce qu’il pouvait terrasser un bœuf et même s’attaquer à un humain.
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En 1910, d'autres pêcheurs transmirent des propos inquiétants au gouverneur de la région, le lieutenant Van Steyn Hensbroek de l'administration coloniale néerlandaise, qui rapporta des rumeurs de l'existence d'un crocodile terrestre dans la région[36]. La connaissance s'est généralisée après 1912, lorsque Peter Ouwens, le directeur du musée zoologique à Bogor sur l’île de Java, publia un article sur le sujet après avoir reçu du lieutenant une photo et une peau, ainsi que deux autres spécimens provenant d'un collectionneur[37]. Par la suite, la découverte du Dragon de Komodo fut le facteur déterminant pour l'organisation d'une expédition sur l'île de Komodo par W. Douglas Burden en 1926. Il revint avec douze spécimens préservés et deux animaux vivants. Cette expédition fut à l'origine de l'inspiration du film King Kong en 1933[37]. Burden fut également à l'origine du nom commun « Dragon de Komodo ». Trois de ces spécimens furent empaillés et sont encore visibles au Musée américain d'histoire naturelle[38].
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Les Néerlandais, réalisant le nombre limité d'individus disponibles dans la nature, en ont interdit la chasse et ont fortement limité le nombre de prélèvements autorisé pour l'étude scientifique. Les expéditions de collecte ont été arrêtées au début de la Seconde Guerre mondiale, pour ne reprendre que dans les années 1950 et 1960, lorsqu'on a lancé des études sur le Dragon de Komodo pour connaître son comportement alimentaire, son mode de reproduction et la régulation de sa température corporelle. À cette époque, une expédition a été planifiée pour organiser une étude à long terme du Dragon de Komodo. Cette tâche a été confiée à la famille Auffenberg, qui est restée sur l'île de Komodo pendant onze mois en 1969. Au cours de leur séjour, Walter Auffenberg et son assistant Putra Sastrawan ont capturé et marqué plus de cinquante dragons de Komodo[39]. Les recherches de l'expédition se révéleront extrêmement importantes pour l'élevage de dragons de Komodo en captivité[2]. Les recherches qui ont suivi celles d'Auffenberg avec des biologistes, tels que Claudio Ciofi et qui continuent à étudier les dragons ont apporté plus de lumière sur la connaissance de l'animal[40]. Le premier homme à avoir élevé un dragon de Komodo en France est Jackie Verrier.
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Le Dragon de Komodo est une espèce vulnérable et figure sur la liste rouge de l'UICN[41]. En 2002, Il y avait entre 4 000 et 5 000 dragons de Komodo vivant à l'état sauvage. Toutefois, il ne semblait plus exister que 350 femelles reproductrices[42]. Pour répondre à une telle préoccupation, le Parc national de Komodo a été créé en 1980 pour protéger les populations de dragons de Komodo, y compris sur les îles de Komodo, Rinca et Padar[43]. Plus tard, les réserves de Wae Wuul et Wolo Tado ont été ouvertes sur l'île de Flores pour aider à la conservation du Dragon de Komodo[40]. On a prouvé que les dragons de Komodo sont de plus en plus habitués à la présence humaine, car ils sont souvent nourris des carcasses d'animaux sur plusieurs stations d'alimentation implantées pour les touristes[3].
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L'activité volcanique, les tremblements de terre, la perte d'habitat, le feu (la population à Padar a été presque détruite par un feu de forêt et a mystérieusement disparu depuis[40],[10]), la diminution du nombre de proies, le tourisme et le braconnage ont tous contribué à la vulnérabilité du Dragon de Komodo. En vertu de l'Annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction), le commerce de peaux ou de spécimens est illégal[11],[44].
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Le biologiste australien Tim Flannery a suggéré que l'écosystème australien pourrait bénéficier de l'introduction de dragons de Komodo, qui pourrait occuper en partie le grand créneau carnivore laissé vacant par l'extinction du varanidé géant Megalania. Toutefois, Flannery plaide pour la plus grande prudence et une extension progressive de ces expériences, en particulier car « le problème de la prédation des grands varanidés sur l'homme ne doit pas être sous-estimé ». Il se sert de l'exemple de la réussite de la coexistence des humains avec les crocodiles d'eau salée au nord de l'Australie comme preuve que les Australiens peuvent s'adapter avec succès à une telle expérience[45].
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Bien que les attaques contre les humains soient très rares, les dragons de Komodo peuvent tuer. Le 4 juin 2007, un dragon de Komodo a attaqué, sur l'île de Komodo, un garçon de huit ans qui est mort des suites d'une hémorragie massive. C'était la première attaque meurtrière en 33 ans[46]. Les autochtones ont reproché l'attaque aux écologistes, qui ne vivent pas sur l'île, car ils interdisent les sacrifices de chèvres, ce qui provoque un manque de sources de nourriture pour les dragons et les oblige à errer dans les territoires habités à la recherche de nourriture. Pour les indigènes de l'île de Komodo, les dragons de Komodo sont en fait la réincarnation de concitoyens décédés et sont donc traités avec respect[47].
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Les dragons de Komodo ont longtemps constitué des attractions importantes pour les zoos, où leur taille et leur réputation les rendaient populaires. Rares dans ces espaces, ils ne se reproduisent pas facilement en captivité[42].
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Le premier dragon de Komodo a été exposé en 1934 au parc zoologique national de Washington, aux États-Unis, mais il a vécu pendant deux ans seulement. Plusieurs autres tentatives d'exposition de dragons de Komodo ont été faites par la suite, mais la durée de vie de ces créatures a été très courte, avec une moyenne de cinq ans pour le zoo de Washington. Les études réalisées par Walter Auffenberg, qui ont été rapportées dans son livre The Behavioral Ecology of the Komodo Monitor, ont ensuite permis d'élever avec plus de succès et de faire se reproduire des dragons en captivité[2].
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On a observé que de nombreux dragons s'apprivoisent rapidement en captivité. On a signalé de nombreuses fois que des gardiens avaient fait sortir des animaux captifs de leur enclos pour venir parmi les visiteurs, y compris de jeunes enfants, sans aucun incident[48],[49]. Les dragons sont également capables de reconnaître les individus. Ruston Hartdegen du zoo de Dallas (en) rapporte que leurs dragons de Komodo réagissaient différemment en présence de leur gardien habituel, d'un gardien moins familier ou d'un gardien totalement inconnu[50].
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Les recherches sur les dragons de Komodo en captivité ont également fourni la preuve qu'ils se livrent au jeu. Une étude a porté sur un dragon qui poussait une pelle abandonnée par son propriétaire, apparemment pour écouter le bruit de la pelle sur les cailloux. Une jeune femelle dragon du zoo de Washington récupérait différents objets comme des statues, des canettes, des anneaux en plastique et des couvertures pour les secouer. Elle insérait également sa tête dans des boîtes, des chaussures et d'autres objets. Elle ne confondait pas ces objets avec de la nourriture, comme elle se contentait de les avaler s'ils étaient couverts de sang de rat. Ce jeu social est comparable au jeu chez les mammifères[5].
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Une autre façon de jouer a été étudiée par l'université du Tennessee, où un jeune dragon de Komodo nommé Kraken s'amusait avec différents objets qu'il poussait, attrapait puis prenait dans sa gueule. Elle les traitait différemment de son alimentation. Le chercheur Gordon Burghardt a donc réfuté le point de vue décrivant ce mode de jeu comme étant « motivé par le comportement prédateur du dragon ». Kraken a été le premier dragon de Komodo né en captivité en dehors de l'Indonésie. Il est né au zoo de Washington le 13 septembre 1992[51],[2].
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Même dociles en apparence, les dragons sont imprévisibles et peuvent devenir agressifs, surtout lorsque l'animal voit son territoire envahi par un inconnu. En juin 2001, un dragon de Komodo a gravement blessé Phil Bronstein, rédacteur en chef du San Francisco Chronicle, quand il est entré dans le parc de l'animal au zoo de Los Angeles après y avoir été invité par son gardien. Bronstein a été mordu au pied, car le gardien lui avait demandé de retirer ses chaussures blanches, ce qui aurait pu exciter le dragon de Komodo[52],[53]. Bien qu'il s'en soit sorti, il a subi une intervention chirurgicale pour réparer ses tendons endommagés[54].
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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Varsovie (prononciation : /vaʁ.sɔ.vi/ ; en polonais : Warszawa /varˈʂava/ Écouter) est depuis 1596 la capitale de la Pologne et depuis 1999 le chef-lieu de la voïvodie de Mazovie. Elle est située sur la Vistule, à environ 320 km de la mer Baltique et des Carpates. Peuplée par plus d'1,8 million d'habitants (3 millions pour l'agglomération), la capitale polonaise est aussi la plus grande ville du pays et la 8e plus grande de l'Union européenne. Varsovie se divise en dix-huit arrondissements (dzielnice).
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Connue comme la Ville-phénix pour avoir réussi à renaître de ses cendres (84 % de ses bâtiments ont été détruits durant la Seconde Guerre mondiale[2],[3]), Varsovie a connu une croissance spectaculaire au cours de la seconde moitié du XXe siècle et cette croissance a encore été ravivée après le passage de la Pologne à l’économie de marché dans les années 1990. L’agglomération continue à se transformer et à se développer à un rythme soutenu : elle regroupe toute une gamme d'industries et soixante-six établissements d'enseignement supérieur. C’est aussi un centre artistique et culturel important, une place financière et un pôle économique majeur en Europe centrale.
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Varsovie a donné son nom à la Confédération de Varsovie, au Pacte de Varsovie, au Duché de Varsovie, à la Convention de Varsovie, aux différents Traités de Varsovie et à l'Insurrection de Varsovie. La Varsovienne de 1831 est largement considérée comme l'hymne officieux de Varsovie[4].
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Varsovie dispute à Budapest le rang de 9e plus grande ville de l'Union européenne.
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Le nom officiel complet de la ville est Ville capitale de Varsovie (en polonais : Stołeczne miasto Warszawa)[5]. Les habitants de Varsovie sont appelés Varsoviens et Varsoviennes.
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La ville est citée à partir du XIVe siècle sous les noms de Warseuiensis (1321) et Varschewia (1342), puis Warschouia (1482), pour devenir plus tard Warszowa et enfin Warszawa, le nom polonais actuel de Varsovie. Ce nom signifie « appartenant à Warsz », une forme abrégée du prénom masculin Warcisław[6]. Il s’agit vraisemblablement d’un aristocrate des XIIe et XIIIe siècles qui possédait un village situé sur l'actuel site du quartier de Mariensztat.
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L'étymologie populaire attribue le nom de la ville à deux personnages légendaires nommés Wars et Sawa : Wars est un pêcheur vivant au bord de la Vistule et Sawa une sirène dont il est tombé amoureux ; c’est cette sirène (en polonais : syrenka) qui est représentée sur les armes de la ville[7].
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Le 9 novembre 1940, le général Władysław Sikorski ajouta par décret à ces armes la devise « Semper invicta » (« toujours invincible ») et décerna à la ville la décoration militaire suprême, l'Ordre militaire de Virtuti Militari, en reconnaissance de la bravoure démontrée par ses habitants lors du siège opéré par les forces hitlériennes[8].
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Le drapeau de la ville est constitué par deux bandes horizontales jaune et rouge. On retrouve ces couleurs sur les bus et les tramways de l’agglomération.
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Varsovie bénéficie d'un climat continental humide de type (Dfb) selon la classification de Köppen.
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L'Aéroport Varsovie-Chopin, le plus grand de Pologne, est situé au sud-ouest de la ville, dans le quartier d’Okęcie. Il assure des vols directs vers plus de 50 pays sur 4 continents et une dizaine de vols intérieurs. Le second aéroport international de la capitale est l'aéroport Varsovie-Modlin, situé à 35 kilomètres au nord de la ville il a été inauguré en juillet 2012 et est centré sur les vols à bas prix.
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Le transport en commun est de très bonne qualité. La société de transport de Varsovie (Zarząd Transportu Miejskiego) se divise en quatre branches : autobus, tramways, métro et train de banlieue. D'autres liaisons sont assurées par des transporteurs privés et la société nationale de chemins de fer (PKP). Les autobus desservent quotidiennement 176 lignes en journée. Entre minuit et 5 heures du matin, 14 lignes nocturnes d'autobus prennent le relais. La première ligne de tramway a été ouverte en 1866 ; Varsovie est actuellement desservie par 29 lignes tous les jours sur 470 kilomètres de trajet. Il existe aussi trois lignes de tramway spécifiquement conçues pour les touristes. Les trolleybus ont desservi Varsovie jusqu'en 1995, quand les deux dernières lignes ont été fermées. La première ligne de métro a été mise en service le 7 avril 1995. Depuis, la Ligne 1 du métro de Varsovie (nord-sud) est composée de 21 stations ne comprenant pas les deux nouvelles en cours de construction. De même, la Ligne 2 du métro de Varsovie (est-ouest), inaugurée le 8 mars 2015, comprend 7 stations, le projet final en prévoyant 27. La Ligne 3 du métro de Varsovie, déjà planifiée, en comptera pour sa part 8.
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Varsovie ne possède pas encore d'autoroute circulaire (seuls certains tronçons sont mis en service) et la majeure partie de la circulation s'effectue par le centre-ville. Actuellement, deux routes circulaires sont en construction. La première, Obwodnica Etapowa Warszawy, éloignée d'approximativement 10 km du centre-ville, permettra d'alléger le trafic, surtout avec la construction de deux nouveaux ponts au nord de la ville. La deuxième passera par l'arrondissement Ursynów au sud de la ville ; elle fera partie de la route européenne 30, laquelle emprunte l’autoroute A2 sur toute la traversée longitudinale du pays, et de la S7Voie rapide S7 (Pologne) (qui traverse verticalement le pays en reliant Gdańsk à Cracovie).
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Les liaisons ferroviaires nationales et internationales sont assurées par la société nationale de chemins de fer (PKP). Le premier chemin de fer a été ouvert en 1845. Actuellement, on peut se rendre directement de Varsovie vers toutes les régions de Pologne mais également vers de nombreuses capitales européennes : Berlin, Cologne, Francfort-sur-le-Main, Prague, Bratislava, Budapest, Kiev, Minsk, Moscou et Vienne. Il y a au total 44 gares de voyageurs et haltes sur le territoire de la ville de Varsovie, cependant, seulement 6 jouent un rôle important, dont 4 sont situées sur la Ligne diamétrale (Linia średnicowa), similaire à la jonction Nord-Midi de Bruxelles. Cette ligne est en fait composée de deux lignes parallèles à double voie, reliant Warszawa Zachodnia (Gare de l'Ouest) à Warszawa Wschodnia (Varsovie Est). La première passe par Warszawa Centralna (Gare centrale) et porte la totalité du trafic grandes lignes. La deuxième ligne passe par Warszawa Śródmieście (Gare de Centre-ville) et dessert la plupart des gares de banlieue.
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Les premiers édifices fortifiés construits sur le site où se trouve aujourd'hui Varsovie furent ceux de Bródno (IXe et Xe siècles) et de Jazdów (XIIe et XIIIe siècles)[9]. Après l'attaque et la destruction de Jazdów, une nouvelle colonie semblable fut créée sur le site d'un petit village de pêcheurs appelé Warszowa. Vers 1300, Boleslas II de Mazovie, prince de Płock, établit la ville actuelle de Varsovie. Au début du XIVe siècle, elle devint l'un des sièges des ducs de Mazovie, puis la capitale de la Mazovie en 1413[9]. À cette époque, l'économie de la ville reposait sur l'artisanat et le commerce.
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À la suite de l'extinction de la ligne ducale, le duché de Mazovie fut intégré à la couronne polonaise en 1526[9]. Trois ans plus tard, la Diète générale fut réunie pour la première fois à Varsovie, qui devint son siège permanent à partir de 1569[9], après avoir été brièvement occupée par les troupes alliées de la Suède et du Brandebourg durant la Première guerre du Nord.
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En 1573, la ville donna son nom à la Confédération de Varsovie, établissant officiellement la liberté de religion dans la République des Deux Nations. Grâce à sa situation médiane entre les capitales de ces deux nations (Cracovie pour la Pologne et Vilnius pour la Lituanie), Varsovie devint la capitale de la République unifiée. La couronne polonaise y fut transférée en 1596, quand le roi Sigismond Vasa déplaça la cour de Cracovie à Varsovie[9].
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Dans les années qui suivirent, la ville s'étendit sur les terres de l'actuelle banlieue, sous forme de vastes domaines privés indépendants, possédés par la haute noblesse et administrés selon leurs propres lois. Entre 1655 et 1658, la ville fut assiégée trois fois et trois fois elle fut prise et pillée par les troupes suédoises, brandebourgeoises et transylvaniennes[9],[10].
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En 1700, la Grande guerre du Nord éclata. La ville fut assiégée à plusieurs reprises et dut payer de fortes contributions[11].
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Stanislas II, le dernier roi indépendant de la République des Deux nations, remodela l'intérieur du palais royal, et il fit de la ville un centre important dans le domaine artistique et culturel[12],[13], ce qui valut à Varsovie le surnom de « Paris oriental »[14].
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Varsovie est restée la capitale de la République des Deux Nations jusqu'en 1795, lorsqu'elle fut incorporée au Royaume de Prusse pour devenir le chef-lieu de la province de Prusse-Méridionale (en allemand : Südpreußen). Libérée par l'armée de Napoléon en 1806, Varsovie devint la capitale du nouveau Duché de Varsovie l'année suivante.
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Après le Congrès de Vienne de 1815, Varsovie devint le centre du Royaume du Congrès, une monarchie constitutionnelle liée par une « union personnelle » à l'Empereur de Russie, qui prit également de titre de « Roi de Pologne ». Durant une dizaine d'années, Varsovie connut un essor important (création de l'Université Royale et de nombreux instituts supérieurs, des bourses des marchandises et de la monnaie, de la Banque de Pologne, développement du commerce, de l'industrie et des transports…) mais l'arrivée au pouvoir de Nicolas Ier, monarque absolu ne tolérant aucune limitation à son pouvoir, marqua la fin de cette période libérale : le tsar envoya à Varsovie son frère cadet Constantin en qualité de vice-roi de Pologne et le mécontentement des élites polonaises grandit rapidement, jusqu'à aboutir à l'Insurrection de Novembre. En janvier 1831, le tsar, qui venait d'être déposé par la Diète pour avoir transgressé à de nombreuses reprises la Constitution, envoya des troupes pour mater la rébellion. Les Russes entrèrent dans Varsovie le 8 septembre 1831. La Pologne fut alors soumise à une intense russification qui aboutit à la disparition officielle du Royaume de Pologne en 1867 sous le règne de l'Empereur Alexandre II, malgré l'instauration d'un gouvernement national clandestin à Varsovie et plusieurs tentatives de soulèvement.
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Varsovie a toutefois prospéré à la fin du XIXe siècle, avec le maire Sokrat Starynkiewicz (pl), un général d'origine russe nommé par le tsar Alexandre III. Avec lui, Varsovie fut doté d'un réseau de distribution d'eau et d'égouts conçus et construits par l'ingénieur anglais William Lindley et son fils William Heerlein Lindley. La ville bénéficia aussi de la modernisation et de l'expansion des tramways, de l'éclairage public et des usines à gaz.
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Le recensement de l'Empire russe de 1897 dénombrait 626 000 personnes vivant à Varsovie, ce qui en faisait alors la troisième plus grande ville de l'Empire, après Saint-Pétersbourg et Moscou.
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Durant la Première Guerre mondiale, les troupes de l'Empire allemand échouèrent à prendre Varsovie lors de la bataille de la Vistule de septembre-octobre 1914, mais ils y parvinrent un an plus tard à la suite de la défaite de l'armée russe à la bataille de Varsovie d'août-septembre 1915.
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Le 3 mars 1918, la toute nouvelle République socialiste fédérative soviétique de Russie abandonna la Pologne à l'Allemagne par la signature du Traité de Brest-Litovsk qui mettait fin aux hostilités germano-russes. Six mois plus tard, à la faveur de la Révolution allemande de 1918-1919 qui précipita la fin de la guerre, le maréchal Józef Piłsudski et le général Kazimierz Sosnkowski furent libérés de la forteresse de Magdebourg où ils étaient emprisonnés ; ils arrivèrent à Varsovie le 10 novembre 1918. Le lendemain 11 novembre 1918, alors que le nouveau pouvoir allemand signait l'Armistice avec la France et l'Angleterre dans la clairière de l'Armistice, le Conseil de Régence polonais transmit les pleins pouvoirs à Piłsudski, personnage hautement charismatique qui apparaissait comme l'homme providentiel de la Pologne ressuscitée. Varsovie redevint capitale le jour même avec l'instauration de la deuxième république de Pologne immédiatement proclamée par Piłsudski.
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L'histoire contemporaine de la civilisation connaît peu d'événements d'une importance plus grande que celle de la bataille de Varsovie de 1920 et aucune dont l'importance est moins appréciée.
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Au cours de la Guerre soviéto-polonaise de 1920 qui suivit, l'immense bataille de Varsovie fut menée dans la banlieue est de la ville et la capitale fut défendue avec succès contre l'Armée rouge[17]. En remportant cette victoire, la Pologne porta un coup sérieux à l'idéologie d'« exportation de la Révolution » qui prévalait alors en Russie soviétique.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Pologne centrale, qui comprenait Varsovie, passa sous le contrôle du « Gouvernement général de Pologne » établi à Cracovie et administré par le Reichsleiter Hans Frank. Tous les établissements d'enseignement supérieur furent fermés et la population juive de Varsovie – plusieurs centaines de milliers, environ 30 % de la population de la ville – parqués dans le ghetto de Varsovie[19]. Le 22 juillet 1942 les nazis lancèrent la Grande Action. Les juifs du ghetto sont rassemblés sur l'Umschlagplatz, rue Stawki, puis déportés vers le camp d'extermination de Treblinka. Quand l'ordre vint d'anéantir définitivement le ghetto dans le cadre de la « Solution finale », le 19 avril 1943, les combattants juifs lancèrent l'insurrection du ghetto de Varsovie[20]. Malgré la faible puissance de feu et l'infériorité numérique, le ghetto tint pendant près d'un mois[20]. À la fin des combats, presque tous les survivants furent massacrés, seuls quelques-uns réussirent à s'échapper ou à se cacher[20],[21]. La population juive, qui était la plus nombreuse de toute l'Europe avant 1939, fut exterminée par les nazis. Aujourd'hui, de nombreux touristes, surtout ceux de la diaspora, visitent le cimetière de Powązki, le monument de l'Umschlagplatz et le cimetière juif de Varsovie.
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La résistance polonaise déclencha l'Insurrection de Varsovie le 1er août 1944. Sachant que Staline était hostile à l'idée d'une Pologne indépendante, le gouvernement polonais en exil à Londres ordonna à l'Armée de l'intérieur (AK) de prendre le contrôle de Varsovie avant l'arrivée de l'Armée rouge[23]. La résistance parvint à prendre le contrôle de quelques quartiers situés à l'ouest de la Vistule au cours des quatre premiers jours, puis dut rapidement se replier pour tenter de tenir ses positions face à la riposte allemande, qui fut d'une sauvagerie effroyable jusqu'à la fin septembre, fusillant sur place les combattants, tuant les blessés et les soignants. L'insurrection dura au total 63 jours. Les troupes soviétiques qui se trouvaient aux portes de la ville dès le 10 septembre ne tentèrent rien pour soutenir le mouvement des insurgés. Après la capitulation des dernières poches de résistance, Adolf Hitler ordonna de raser entièrement la ville et de transporter les collections des bibliothèques et des musées en Allemagne, ou plus simplement de les brûler. Les monuments et les édifices publics furent dynamités par les troupes allemandes spéciales connues sous le nom Verbrennungs- und Vernichtungskommando (détachement d'incendie et de destruction), tandis que toute la population civile était expulsée[23].
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Staline laissa ses troupes attendre plusieurs mois l'écrasement complet du soulèvement et la destruction de la ville avant d'y pénétrer, laissant près de 200 000 Polonais se faire massacrer, civils pour la plupart[24]. Les troupes de l'Armée rouge finirent par « libérer » Varsovie le 17 janvier 1945 : le premier front biélorusse et une unité de combat polonaise pro-soviétique prirent possession d'une ville détruite à 85 pour cent et totalement désertée — les 350 000 survivants avaient fui ou avaient été déportés en Allemagne —, tandis qu'au nord de la ville, les troupes du deuxième front biélorusse entrèrent à Modlin[22].
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Dès le 5 novembre 1944, la Société des architectes de la République de Pologne s'était réunie à Lublin pour envisager la reconstruction de la capitale. Le nouveau régime communiste mis en place par les Soviétiques décida de lancer de grands projets de construction de logements préfabriqués pour remédier à la pénurie de logements, ainsi que d'autres bâtiments typiques d'une ville du Bloc de l'Est, tels que le Palais de la culture et de la science. La ville reprit peu à peu son rôle de capitale politique et économique.
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Les travaux de reconstruction de la Vieille ville débutèrent immédiatement, et la première phase des travaux fut achevée dès 1953. Deux ans plus tard, la cathédrale et plusieurs églises furent à leur tour achevées. La décision de reconstruire le palais royal ne fut prise qu'en 1971 et les derniers travaux durèrent jusqu'en 1988. Si la Vieille ville fut entièrement reconstruite à l'identique, tout comme de nombreux édifices publics, palais, hôtels particuliers et églises, également restaurés ou reconstruits sous leur forme originelle, certains des bâtiments du XIXe siècle conservés au lendemain de la guerre dans un état qui aurait pu laisser envisager une reconstruction ont néanmoins été détruits dans les années 1950 et 1960 (c'est le cas du Palais de Léopold Kronenberg, par exemple)[25].
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En 1979, moins d'un an après être devenu pape, Jean-Paul II se rendit à Varsovie et y célébra une messe sur la Place de la Victoire. Il termina son sermon par ces mots : « Et je crie, moi, fils de la terre polonaise, et en même temps moi, le pape Jean-Paul II, je crie du plus profond de ce millénaire, je crie la veille de la Pentecôte : Que descende ton Esprit ! Que descende ton Esprit ! Et qu’il renouvelle la face de la terre de cette terre[26] ! » Les Polonais interprétèrent cette parole comme un encouragement à amorcer les changements démocratiques auxquels aspiraient la société polonaise et comme un soutien au syndicat clandestin Solidarność[26].
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L'immense travail de restauration de la Vieille ville de Varsovie lui valut d'être inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1980[27].
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Le mélange de styles architecturaux qui font la spécificité de la ville reflète son histoire mouvementée ; la reconstruction qui s'est faite à la Libération allie deux ambitions : reconstituer le patrimoine historique et bâtir une ville nouvelle, typique de l'architecture stalinienne qui prévalait alors dans tout le bloc de l'Est. Non loin de la vieille ville, le quartier d'affaires, qui a commencé à se développer dans les années 1990 (après la chute du communisme) est parmi les plus modernes d'Europe et tout le centre-ville est en train d'être complètement remodelé : 16 des 20 plus hauts édifices de Pologne se situent à Varsovie, façonnant l'un des plus remarquables paysages urbains de l'architecture moderne et contemporaine.
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Les palais, les hôtels particuliers et les églises situés pour la plupart au centre de la ville offrent une richesse de couleurs et de détails issue de presque toutes les périodes et tous les styles architecturaux présents ailleurs en Europe ; on peut y trouver notamment de remarquables exemples des styles gothique, renaissance, baroque, néo-classique et réaliste socialiste.
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La hauteur indiquée est mesurée à partir du niveau de la plus basse entrée piétonne jusqu'au sommet architectural du bâtiment ; elle inclut les flèches, mais elle ne comprend pas les antennes, la signalisation, les mâts de drapeau ou autres équipements fonctionnels et techniques. Cette mesure est utilisée par le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH) pour établir le classement des bâtiments les plus élevés du monde.
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PAST, La plus vieille tour de Varsovie.
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Palais de la Culture et de la Science
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Rondo 1
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Złota 44
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InterContinental Varsovie
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Cosmopolitan Twarda 2/4
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Intraco I
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Spektrum Tower
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Hotel Marriott et Oxford Tower
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Warsaw Trade Tower
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Orco Tower
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Warsaw Spire
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Trakt Królewski (en français : Voie royale) est la promenade la plus célèbre et plus prestigieuse de la capitale. Depuis le XVIe siècle elle a été utilisée par les rois de Pologne pour se déplacer de leur résidence officielle du palais royal, située à l’entrée de la Vieille ville, jusqu’à leur résidence d’été du Palais de Wilanów, à l'époque située à l’extérieur de la ville. Désormais toute la Voie est incluse dans le périmètre de la ville ; elle sert principalement d’axe touristique et commercial et passe par différentes rues et avenues qui se succèdent. Sur son parcours on trouve de nombreux édifices représentatifs des différentes périodes de l’histoire de la ville.
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La Voie royale s’étend sur environ 10 km. Les rues et les places qu’elle traverse sont (du nord au sud) la Plac Zamkowy (Place du Château), qui fait face au palais royal, résidence officielle des rois de Pologne à Varsovie ; la Krakowskie Przedmieście (Faubourg de Cracovie), rue le long de laquelle furent construits la plupart des hôtels particuliers de la noblesse ; la Ulica Nowy Świat (Rue Nouveau Monde) principale artère commerciale et touristique (boutiques de luxe, restaurants…) ; la Plac Trzech Krzyży (Place des Trois Croix) ; la Aleje Ujazdowskie (Avenue Ujazdów) où l'on peut voir le château d'Ujazdów et le parc Łazienki, le plus grand (76 ha) et le plus célèbre de la ville ; la Ulica Belwederska (Rue du Belvédère) où se trouve le Palais du Belvédère, actuelle résidence du Président de la République ; la Ulica Jana III Sobieskiego (Rue Jean III Sobieski) et enfin la Aleje Wilanowska (Avenue de Wilanów) où se situe le Palais de Wilanów, résidence royale d’été de Jean III Sobieski et d'Auguste II, avec ses jardins à la française.
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La banlieue de Varsovie joue un rôle presque exclusivement résidentiel et continue à se développer, accroissant les besoins de transport. La majorité des banlieusards travaillent à Varsovie et l'activité économique y a généralement un caractère local. Après la chute du bloc de l'Est, les réseaux mafieux de Pruszków et de Wołomin rivalisaient entre eux pour le contrôle du marché de la prostitution illégale et du trafic de stupéfiants, autant en banlieue qu'à Varsovie. Ces réseaux furent démantelés par la police vers 1998 et n'ont pas resurgi depuis.
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En raison de l'augmentation brutale des prix du foncier et de l'immobilier depuis quelques années, beaucoup de salariés varsoviens déménagent en banlieue pour y construire des maisons individuelles, augmentant la population des villes périphériques. Les villes situées en proche banlieue vivent un véritable boom de la construction (en particulier dans le powiat de Wołomin, situé au nord-est de la capitale, où les villes de Zielonka, Ząbki, Marki et Kobyłka se transforment très rapidement et gagnent de nombreux habitants).
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La ville de Varsovie a le statut de powiat et est divisée en 18 arrondissements (polonais : dzielnice) chacun ayant leur propre maire d'arrondissement et un conseil de quartier (élu). Chacun de ces arrondissements se divise d'une façon officielle ou non officielle (selon l'arrondissement) en quartiers dont les plus connus sont Stare Miasto (« Vieille Ville ») et Nowe Miasto (« Nouvelle Ville »), qui font tous les deux partie de l'arrondissement Śródmieście (« Centre-ville »).
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La ville de Varsovie est jumelée avec[34] :
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Des accords de partenariat ont également été conclus avec Paris et Londres[réf. nécessaire].
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Depuis 1989, Varsovie vit un boom économique, accéléré avec l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne en 2004. Les industries traditionnelles et celles des nouvelles technologies y sont fortement implantées. Le produit intérieur brut par habitant est de loin le plus haut de Pologne, et le taux de chômage y est bien moindre, ce qui provoque une profonde fracture économique entre la capitale et le reste du pays. De nouveaux immeubles de grande hauteur continuent d'être bâtis pour répondre aux besoins des sociétés cherchant des espaces de bureaux : la capitale attire des investissements importants (le foncier y est beaucoup plus cher que dans le reste du pays), de sorte que la ville a acquis une toute nouvelle place en Europe. Plusieurs entreprises et agences de dimension internationale ont choisi Varsovie comme lieu d'implantation pour leurs investissements en Europe centrale : la ville est désormais la huitième plus grande métropole de l'Union européenne et produit plus de 15 % du PIB de la Pologne.
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La ville accueille plus de 500 000 étudiants dans ses quatre grandes universités et dans une soixantaine d’établissements d’enseignement supérieur[35]. La plupart des universités renommées sont publiques, mais ces dernières années plusieurs universités privées ont également vu le jour.
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La ville possède de nombreuses bibliothèques, dont beaucoup contiennent de vastes collections de documents historiques. La bibliothèque la plus importante quant aux collections de documents historiques est la Bibliothèque nationale de Pologne, qui détient 8,2 millions de volumes[41]. Créée en 1928[42], elle est considérée comme le successeur de la Bibliothèque Załuski, une des premières grandes bibliothèques du monde[42],[43].
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La bibliothèque de l'université de Varsovie, fondée en 1816[44], renferme plus de deux millions d'articles[45]. Le bâtiment a été conçu par les architectes Marek Budzyński et Zbigniew Badowski et ouvert le 15 décembre 1999[46]. Le jardin de la bibliothèque, conçu par Irena Bajerska, a été ouvert le 12 juin 2002 : installé sur le toit de la bibliothèque, c’est l'un des plus grands et des plus beaux d'Europe, avec une superficie de plus de 10 000 m2, les plantes couvrant 5 111 m2[47].
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Varsovie a été désignée « Capitale Européenne du Sport » pour l'année 2008[48].
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Le Stade national (58 145 places), construit pour accueillir certains matchs du Championnat d'Europe de football 2012 organisé conjointement par la Pologne et l'Ukraine[49], a ouvert le 29 janvier 2012 .
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Beaucoup d'installations sportives (piscines, salles de sport…) ont été construites dans les dernières années. L'enceinte sportive principale est la halle Torwar, utilisée pour toutes sortes de sports d'intérieur. Le meilleur des centres de natation de la ville est à Wodny Park Warszawianka, où l'on trouve une piscine de taille olympique, ainsi que des glissades d'eau et des espaces réservés aux enfants[50].
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Le Legia Varsovie et le Polonia Varsovie sont les principaux clubs de football de la ville : le Legia Varsovie est le club de l'Armée polonaise, il réside au stade du maréchal Józef Piłsudski. Fondé en 1916, il a remporté huit fois le championnat national et treize fois la Coupe de Pologne ; son principal rival, le Polonia Varsovie, a gagné le Championnat d'Ekstraklasa en 2000.
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Le Marathon de Varsovie a lieu chaque année en septembre.
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Le congrès mondial d'espéranto s’est tenu trois fois à Varsovie, en 1937, 1959 et 1987, rassemblant successivement 1 120 (29e congrès), 3 256 (44e congrès) et 5 946 congressistes lors du 72e congrès, dont le thème était « L’espéranto, 100 ans de culture internationale ».
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Chaque année, depuis 2012, se tient à Varsovie le Festival de la Francophonie[51].
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Monument Frédéric Chopin
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Monument Marie Curie
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Rue Miodowa, Bernardo Bellotto,1777.
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Faubourg de Cracovie , Bernardo Bellotto,1778.
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Rue Długa, Bernardo Bellotto,1777.
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Faubourg de Cracovie[52], Marcin Zaleski,1831.
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Église réformée, Marcin Zaleski,1850.
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Parc Łazienki, Marcin Zaleski,1850.
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Les ouvriers de sable[53], Aleksander Gierymski,1887.
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Rue du Nouveau Monde[54], Władysław Podkowiński,1900.
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« La ville de menace, comme un couvercle de cercueil jeté dans l'abîme, comme si par coup de tempête – et fier comme un lion noir qui met longtemps à mourir »
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— Varsovie, Krzysztof Kamil Baczyński[55]
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« Que fais-tu ici, poète, sur les ruines De la Cathédrale de Saint Jean cette ensoleillée Journée au printemps? Que pensez-vous ici, où le vent Poudrerie de la disperse de Vistule La poussière rouge des décombres? »
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— A Varsovie, Czesław Miłosz[56]
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Rue du Maréchal 2005.
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Grande synagogue 1910.
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Gratte-ciel Bleu 2007.
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Statue d'Adam Mickiewicz.
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Hôtel de Ville.
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Église Saint-Alexandre.
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Palais de Staszic.
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Jardin de la Bibliothèque.
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Parc des Bains Royaux.
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Jardin botanique.
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Parc du Palais de Wilanów.
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Matthieu Gillabert et Fanny Vaucher, Varsovie métropole: histoire d'une capitale (1862 à nos jours), Lausanne, Noir sur Blanc, 2016.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Bruce Wayne, alias Batman, est un super-héros de fiction appartenant à l'univers de DC Comics. Créé par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger, il apparaît pour la première fois dans le comic book Detective Comics no 27 en 1939 - mai 1939 comme date sur la couverture mais la date réelle de parution est le 30 mars 1939 - sous le nom de The Bat-Man. Bien que ce soit le succès de Superman qui ait amené sa création, il se détache de ce modèle puisqu'il n'a aucun pouvoir surhumain. Batman n'est en effet qu'un simple humain qui a décidé de lutter contre le crime après avoir vu ses parents se faire abattre par un voleur dans une ruelle de Gotham City, la ville où se déroulent la plupart de ses aventures. Malgré sa réputation de héros solitaire, il sait s'entourer d'alliés, comme Robin, son majordome Alfred Pennyworth ou encore le commissaire de police James Gordon.
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Batman travaille également régulièrement avec Superman (du même univers de Comics) malgré plusieurs divergences d'opinions entre eux sur des techniques de lutte contre le crime. Batman a fait partie de plusieurs équipes : la Société de justice d'Amérique, la Ligue de justice d'Amérique et les Outsiders. Des surnoms lui sont parfois accolés : The Caped Crusader, The Dark Knight, The World's Greatest Detective[n 1], ou encore en français, le Justicier masqué , l'Homme chauve-souris ou le Chevalier Noir. Toute une série de super-vilains s'opposent régulièrement à lui. Selon les occasions, ces derniers s'attaquent mutuellement ou s'entraident quelquefois pour lui nuire. Parmi les ennemis récurrents de Batman se trouvent le Joker, Double-Face, l'Épouvantail, Bane, Ra's al Ghul ou le Pingouin, la liste n'étant pas exhaustive.
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Batman est devenu un personnage très populaire rapidement après sa première apparition, ce qui s'est traduit par la création de son propre titre Batman, en 1940. Au cours des années, différentes interprétations du personnage ont été proposées. Par ailleurs, Batman a été adapté dans une grande variété de médias. À la télévision, il est dès les années 1940 le héros de deux serials, Batman et Batman et Robin, puis de la série Batman de 1966 à 1968, ainsi que d'un film réalisé par Leslie H. Martinson en 1966 et tiré de la même série télévisée. De multiples séries télévisées d'animation verront également le jour au fil du temps, dont Batman en 1992. Au cinéma deux séries de films lui ont été consacrées, la première dans les années 1990 a été réalisée par Tim Burton et Joel Schumacher, la seconde dans les années 2000 a été réalisée par Christopher Nolan, avant que Batman n'apparaisse dans les films de l'univers cinématographique DC à partir de 2016. Plusieurs jeux vidéo ont utilisé le personnage avec un succès relatif jusqu'à la dernière série de jeux inaugurée en 2009 par Arkham Asylum qui a été saluée par la critique et le public.
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En avril 1938, dans le premier numéro d'Action Comics, publié par DC Comics, apparaît Superman[2], le premier super-héros. L'immense succès du personnage pousse Harry Donenfeld et Jack Liebowitz, les propriétaires de DC, à répéter la formule et demandent à Bob Kane de créer un nouveau super-héros[3],[4].
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Âgé de 22 ans, Kane est déjà un auteur connu pour ses séries d'humour, comme Peter Pupp, ou d'aventures comme Rusty and his pals[n 2],[5]. Il s'attelle à la tâche qui doit lui apporter de substantiels revenus. En effet, le rédacteur en chef Vince Sullivan lui a affirmé que Siegel et Shuster, les créateurs de Superman, gagnent chacun 800 $ par semaine ; or Kane touche habituellement entre 35 et 50 $[6].
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Bob Kane s'inspire de l'hélicoptère et des études sur la chauve-souris de Léonard de Vinci, des films Le Signe de Zorro, Dracula et The Bat Whispers[3] mais aussi de la pièce de théâtre de Mary Roberts Rinehart qui a inspiré le film, intitulée The Bat, dont le personnage éponyme est un criminel masqué. Il esquisse ensuite le personnage qui doit marier les qualités de détective de Sherlock Holmes[7] et les prouesses physiques des films de Douglas Fairbanks[8]. L'influence de Zorro est particulièrement perceptible dans les caractéristiques du personnage de justicier nocturne masqué : comportement diurne de riche dandy oisif pour détourner les soupçons sur son identité secrète, cape et costume noirs, majordome fidèle, véloce véhicule noir, repère secret sous une luxueuse villa, amitié avec un représentant de la loi, etc.[9]. En guise de clin d'œil, plusieurs comics figurent ultérieurement le jeune Bruce Wayne et ses parents à la sortie d'un cinéma diffusant Le Signe de Zorro, juste avant le braquage virant au drame[10].
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Le scénariste Bill Finger suggère de nombreuses modifications à Kane : la couleur du costume qui passe du rouge au gris[3], l'apparence du héros en l'équipant d'une cagoule au lieu d'un simple masque, une cape au lieu des ailes, des gants ainsi que plusieurs autres détails[11]. À propos des sources d'inspiration du nom « Bruce Wayne », Finger précise que « le prénom de Bruce vient de Robert Ier d'Écosse. (…) j'ai cherché un nom de famille suggérant le colonialisme. J'ai essayé Adams, Hancock… puis j'ai pensé à Anthony Wayne »[12],[13].
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Kane avait une idée pour un personnage nommé Batman, et il souhaitait me montrer les dessins. Il dessina un personnage qui ressemblait très fort à Superman avec des espèces de... collants rouges, je crois, avec des bottes... sans gants, sans gantelets... avec un petit masque loup. Il avait deux ailes rigides qui dépassaient, ressemblant à des ailes de chauve-souris. Et en dessous, il y avait un signe... BATMAN[n 3],[13].
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Après acceptation par DC de son projet scénarisé par Bill Finger, Bob Kane négocie un contrat avec DC qui oblige l'éditeur à signer les histoires de Batman du nom de Kane, même s'il n'a rien écrit ou dessiné[14] et qui indique que Kane doit livrer un certain nombre d'histoires du héros. La signature est parfois développée en Created by Bob Kane[n 4],[5].
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Bien qu'il ait travaillé sur d'autres séries publiées par DC depuis les années 1940, Bill Finger n'est pas reconnu à sa juste valeur et sa participation à la création de Batman reste longtemps sous-estimée. Par exemple, dans le courrier des lecteurs de Batman no 169 (février 1965), l'éditeur Julius Schwartz indique que Finger a créé le Sphinx mais son contrat ne mentionne pas une obligation de le créditer. À la mort de Finger en 1974, DC n'a toujours pas rétabli l'importance du rôle de ce dernier. Quelques années plus tard, Kane confirme les contributions de Finger (« Batman était au début un super-héros, un justicier ; Bill en a fait un détective scientifique »), tout en insistant sur son propre rôle dans la création du personnage[15]. C'est seulement en 2014 que le nom de Finger est inscrit comme scénariste de la première histoire de Batman dans la réédition gratuite du numéro 27 de Detective Comics prévue pour le mois de juillet 2014[16].
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Au milieu des années 1960, le nom de Kane est retiré au profit des noms des scénaristes et dessinateurs. Ce ne sera qu'à la fin des années 1970 que la mention « créé par Bob Kane » sera rajoutée définitivement aux crédits, suivant l'exemple des histoires de Superman, où apparaît « créé par Jerry Siegel et Joe Shuster ».
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Présenté comme the Bat-Man, le super-héros masqué apparaît dans le numéro 27 du comic book Detective Comics publié le 30 mars 1939. La couverture est postdatée au mois de mai 1939[17], selon la méthode éditoriale consistant à indiquer une date ultérieure à celle de la mise en vente pour que le titre reste plus longtemps sur les présentoirs des marchands de journaux avant d'en être retiré avec les autres invendus[18].
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Bill Finger témoigne que le personnage « a été écrit dans le style des pulps, des magazines bon marché dans lesquels se trouvaient des récits de science-fiction, de fantasy, etc.[19] » L'intrigue de la première histoire de Batman, The Case of the Chemical Syndicate[n 5], est ainsi directement calquée sur celle de Partners of Peril (1936), un pulp où Theodore Tinsley (en) met en scène le ténébreux The Shadow[20]. Drapé dans une cape noire, les traits masqués par un large chapeau et une écharpe rouge sang, ce justicier impitoyable n'hésite pas à utiliser ses deux pistolets emblématiques[21]. Conformément à ce modèle[8], Batman, à ses débuts, en vient à tuer délibérément des criminels[22]. Par ailleurs, Bill Finger s'inspire de l'extravagante galerie de malfaiteurs du comics Dick Tracy pour concevoir les ennemis du super-héros[23]. Graphiquement, la série s'inspire des films dans lesquels la mise en scène est recherchée et originale comme ceux d'Orson Welles[8].
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Le personnage remporte un succès immédiat et dès 1940 il a droit à son propre comic-book trimestriel intitulé sobrement Batman. Dans le premier numéro apparaissent des personnages qui vont faire partie intégrante de l'univers du héros, à savoir le Joker et Catwoman[3]. Ce premier numéro est aussi remarquable par le fait que Batman tue un personnage en lui tirant dessus. L'éditeur de l'époque décide alors que Batman n'aura plus le droit de tuer ou d'utiliser un fusil[24]. La même année Batman rencontre Superman dans le comic-book World's Finest Comics[3].
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Dès les premiers comics, on perçoit l'évolution physique du personnage. « En un an, il était complet, mon Batman définitif » déclara Kane[25]. La ceinture remplie de gadgets fut introduite dans Detective Comics no 29, suivie par le batarang, un boomerang ayant la forme d'une chauve-souris stylisée, et le premier « bat-véhicule » dans le no 31. C'est deux épisodes plus tard, avec une brève histoire condensée sur deux pages, que l'on connaîtra les origines du personnage. Bruce Wayne est le fils d'un riche industriel assassiné avec son épouse par un criminel dans une allée de la ville fictive de Gotham (il faut attendre Batman no 47 pour en savoir plus et apprendre le nom de l'assassin de ses parents : Joe Chill). Bruce est témoin du meurtre et, traumatisé par cette catastrophe, s'entraîne pour lutter contre le crime une fois adulte. Lorsqu'une chauve-souris brise une fenêtre du manoir dans lequel il vit, Bruce considère cela comme un présage et décide de devenir the Bat-Man[26].
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Batman est à l'origine un héros sombre. Les auteurs, dont Jerry Robinson qui assiste Bob Kane, s'inspirent du cinéma expressionniste allemand pour décrire un monde où le crime et la corruption règnent. Batman est le dernier recours face à des criminels insolites[26]. Toutefois, ce côté « pulp » commence à s'estomper dès 1940 dans Detective Comics no 38 avec l'introduction de Robin, le partenaire de Batman[27]. Robin (dont le nom a été inspiré par Robin des Bois et par le nom anglais du rouge-gorge) a été créé selon l'idée de Finger que Batman avait besoin d'un docteur Watson qui lui donnerait la réplique[28]. Batman devient aussi un des membres de la Société de justice d'Amérique. Il apparaît brièvement pour la première fois dans le septième numéro du magazine All Star Comics dans lequel sont racontées les aventures du groupe. Il participe toutefois assez peu aux missions de la Société de justice, restant membre honoraire[29]. Les relations de Batman avec la police ne sont alors pas conflictuelles. Il collabore avec la police de Gotham et devient même un membre d'honneur de celle-ci dans le septième numéro de Batman[22]. En 1943, Batman gagne son comic strip[30] auquel se consacre Bob Kane qui abandonne les comic books aux artistes de son studio. Kane est censé revenir au comic book en 1946, puisque selon l'accord signé avec DC Comics il doit dessiner et écrire un certain nombre de pages de Batman[14]. En réalité il ne dessine plus rien et laisse le travail à Lew Schwartz de 1946 à 1953 et Sheldon Moldoff de 1953 à 1967[5].
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Après la seconde guerre mondiale les lecteurs se désintéressent des comics de super-héros et se tournent vers d'autres genres comme les récits criminels ou les histoires d'horreur[31]. Batman reste une des rares séries de super-héros publiées dans les années 1950[32]. Au milieu des années 1950, les histoires de Batman peuvent être rattachées au genre de la science-fiction, à l'instar de Superman. Les histoires créées par Dick Sprang sont caractéristiques de cette vision du héros confronté à des ennemis anecdotiques et dépouillé de l'aspect noir des origines[33]. Cependant, après la mise en place du Comics Code en 1954, cela n'apparaît pas suffisant. Les auteurs sont amenés à développer un aspect enfantin et le ton général de la série reste assez léger[26] jusqu'au milieu des années 1960, sous la plume de Bob Kane mais aussi de ses nègres littéraires Jerry Robinson, Dick Sprang, Jim Mooney, Lew S. Schwartz, Sheldon Moldoff et Joe Giella au dessin[34] et Gardner Fox au scénario[35]. Cela conduit à des épisodes semblables à celui où Batman devient un géant ou pousse à créer des personnages qui vont l'entourer et former une « famille » comme celle de Captain Marvel ou celle de Superman. Après Robin, sont créés Batgirl, Batwoman[36], le bat-hound (un chien portant un masque comme Batman et l'aidant à chasser les criminels)[37] et même Bongo the Bat-Ape[n 6],[36].
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Il est communément admis que l’âge d'argent des comics commence en 1956, quand Barry Allen devient le nouveau Flash dans les pages du quatrième numéro du comic book Showcase[38]. Les super-héros de l'âge d'or dont les comics ont cessé de paraître sont recréés comme Green Lantern ou Atom. Cela n'affecte pas Batman dont les comic books n'ont jamais connu d'interruption. Cependant, lorsque Barry Allen découvre une autre Terre où vit le Flash de l'âge d'or, les responsables éditoriaux de DC Comics établissent que les super-héros de l'âge d'or vivent tous sur cette Terre, nommée Terre II, alors que ceux de cette nouvelle période nommée âge d'argent vivent sur Terre I[L 1].
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Durant l’âge d'argent, Batman collabore régulièrement avec d’autres héros, principalement Superman. Leur première rencontre dans cette période date de 1954 et a lieu dans le numéro 76 du comic book Superman[39]. Ils se retrouveront fréquemment par la suite et feront équipe dans la série World's Finest Comics à partir du numéro 71 de juillet-août 1954 jusqu'au numéro 323 de janvier 1986. Les histoires sont basées sur leur proche amitié, et sur des affaires nécessitant leurs talents combinés[40]. Batman est membre fondateur de la JLA dont la première histoire est publiée dans The Brave and the Bold[n 7] no 28 (1960)[41].
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En 1964, les ventes des comics dans lesquels Batman est le héros chutent de façon spectaculaire ; Bob Kane pense même que « [DC] était en train de planifier la mort de Batman[42] ». Aussi quand Julius Schwartz est chargé de prendre en main les séries consacrées au héros, il adopte des mesures draconiennes. Tout d'abord, dans Detective Comics no 327 (1964) le costume de Batman est redessiné afin de lui donner un aspect plus contemporain. C'est Carmine Infantino qui apporte alors son aide dans cette tâche. De plus, les personnages apparus dans les années 1950 ainsi que les extra-terrestres sont abandonnés.
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Cependant, l'amélioration des ventes des comics liés à Batman est surtout due au début de la série télévisée dont le premier épisode date du 12 janvier 1966. La série a une profonde influence sur le personnage car en plus du retour d'Alfred et de l'introduction de Batgirl, le côté kitsch de la série se ressent dans le comics. Grâce à la série, les ventes s'envolent pour atteindre une moyenne de 900 000 exemplaires, chiffre le plus important pour un comics de super-héros depuis les années 1950[43].
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Bien que la série télévisée et le comics rencontrent un certain succès, l'aspect kitsch commence à lasser le public. La série télévisée est arrêtée en 1968[33]. Les ventes des comics baissent à nouveau. Comme Julius Schwartz l'a indiqué plus tard : « Quand la série TV était un succès, on m'a demandé de faire du kitsch, et bien sûr quand la série a périclité, les comics ont suivi[44] ».
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Carmine Infantino, devenu responsable éditorial, décide alors de confier le personnage à de jeunes auteurs, le scénariste Dennis O'Neil et le dessinateur Neal Adams. Ils tentent de libérer Batman de la légèreté qu'il avait prise à la suite de la série télévisée pour retrouver le véritable « vengeur nocturne » des origines[45]. L'ère O'Neil/Adams débute dans Detective Comics no 395 (1970) avec une intrigue à l'atmosphère plus gothique. Dans une histoire écrite par Frank Robbins, Dick Grayson (Robin) retourne à l'université, faisant, à nouveau, de Batman un héros solitaire[46]. Les histoires de Batman deviennent plus sombres, plus violentes, avec le retour d’un Joker meurtrier et l’arrivée de Ra's al Ghul[33]. Elles sont à mettre en résonance avec le contexte politique de l'époque : hausse de la criminalité dans les grandes villes et « guerre contre la drogue » initiée par le président Richard Nixon[47]. Le ton général donné par O'Neil influence les histoires de Batman des années 1970 et 1980 ; les histoires de Detective Comics de Steve Englehart et Marshall Rogers sont considérées par de nombreuses personnes comme étant le point culminant de cette période[48].
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Batman recommence aussi à travailler en solo dans les années 1970 et 1980 et fait occasionnellement équipe avec Robin ou Batgirl. Alors que la relation entre Batman et Robin s'affaiblit, ce dernier quitte définitivement Batman et devient Nightwing[46],[49].
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Dans les années 1970 et 1980, le comic book the Brave and the Bold est relié aux titres Batman, puisque dans chaque numéro ce dernier est associé à un héros DC différent. Batman fait aussi partie de la Ligue de justice mais en 1983, il quitte ce groupe pour former une nouvelle équipe, les Outsiders dont les aventures sont publiées dans le comic book Batman and the Oustsiders scénarisé par Mike W. Barr et dessiné par Jim Aparo. Batman quitte le groupe en 1985 au numéro 32[50].
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En 1986 est publiée la maxi-série Crisis on Infinite Earths[n 8] dans laquelle l'univers DC avec ses différentes dimensions, ses Terres 1, 2, X, S, etc. est entièrement recréé. Tous les évènements racontés dans les comics précédant ce cataclysme sont censés ne pas s'être produits et chaque héros commence, au sens propre, une nouvelle vie. Ainsi DC réécrit l'histoire de son univers et adapte les origines de ses personnages. Dennis O'Neil, devenu rédacteur en chef de tous les titres Batman, s'occupe alors de l'image du héros après ces évènements. O'Neil a affirmé qu'on lui a donné la charge de relooker le personnage, mais il a plutôt essayé de donner un autre ton à la série, différent de tout ce qui avait été fait avant[51].
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Frank Miller, avec David Mazzucchelli au dessin, redéfinit en 1987 les origines de Batman dans Batman : Année Un publié dans Batman du numéro 404 au 407 et donne au héros une personnalité plus sombre[52]. Auparavant, la série limitée de Frank Miller Batman: Dark Knight[n 9] (1986) racontant l'histoire d'un Batman à la retraite reprenant du service, fait retrouver au personnage ses racines. Cette mini-série est un succès commercial et depuis lors est devenu une pierre angulaire de l'histoire des comics[53]. La série relance aussi la popularité de Batman[54] Alan Moore et Brian Bolland continuent dans cette direction avec Batman: The Killing Joke de 1988, dans lequel le Joker essaie de pousser à bout le Commissaire Gordon, l'enlève, le torture et rend infirme sa fille Barbara Gordon. Cette histoire et d'autres du même acabit changent l'image des comics en visant un public plus adulte[55].
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Après le départ de Dick Grayson le premier Robin, Batman ne reste pas seul longtemps car un nouveau Robin fait son apparition en la personne de Jason Todd. Cependant le duo est de courte durée car ce deuxième Robin est assassiné par le Joker en 1988, dans Un deuil dans la famille[56]. À la suite de cette perte, Batman s'endurcit et devient plus radical dans sa lutte contre le crime. Il travaille de nouveau en solitaire jusqu'à l'arrivée de Tim Drake qui devient le troisième Robin dans le récit A Lonely Place of Dying[n 10],[57]. D'autres héros se joignent à Batman au cours des ans comme Huntress[58] ou Azrael[59].
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Ce dernier personnage joue un rôle essentiel dans le crossover Knightfall[n 11] publié en 1993. Batman doit rattraper tous les prisonniers enfermés dans l'asile d'Arkham et libérés par Bane. Lorsque Batman, épuisé, affronte enfin Bane, celui-ci parvient à lui briser la colonne vertébrale et le laisse paralysé. Pour que Batman continue à arpenter les rues de Gotham, Bruce Wayne fait de Azrael son successeur. Toutefois celui-ci ne respecte pas les règles édictées par Bruce Wayne et lorsque ce dernier trouve le moyen de guérir et de revenir, il reprend son identité de Batman[60]. Doug Moench, Chuck Dixon, et Alan Grant sont les scénaristes qui travaillent sur les titres Batman pendant toute la durée de Knightfall, et s'occupent ensuite de tous les crossover du héros pendant les années 1990. En 1994, le crossover Zero Hour[n 12] provoque encore des changements dans la continuité de l'Univers DC. Entre autres, Joe Chill n'est pas identifié et le meurtrier des parents de Wayne devient un anonyme. Cependant, cette rupture de continuité est annulée en 2006 lors des évènements racontés dans Infinite Crisis[61].
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Entre-temps, Batman a réintégré la Ligue de justice d'Amérique dans le comic book JLA scénarisé par Grant Morrison. Dans cette version de l'équipe, jugée par beaucoup comme l'une des meilleures, Batman, bien qu'il soit encadré de personnages ayant des super-pouvoirs, est montré comme un élément qui ne dépare pas dans le groupe et qui individuellement parvient à vaincre des ennemis apparemment plus forts que lui[62]. Dans les comics de Batman est éditée l'histoire Cataclysm qui sert d'introduction à No Man's Land publié en 1999. Cette aventure sur un an a un impact sur tous les titres Batman en dépeignant un Gotham ravagé par un séisme[60]. Une fois cette histoire finie, Dennis O'Neil cède sa place à Bob Schreck[63].
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En 2003, Jeph Loeb, déjà scénariste d'aventures de Batman avec les maxi-séries Batman : Un long Halloween et Amère Victoire, et le dessinateur Jim Lee entament une histoire sur 12 numéros intitulée Silence. Batman, toujours tourmenté par la perte de Jason Todd, est confronté à un nouvel ennemi qui va remuer le couteau dans la plaie : Silence. Ce dernier essaie de tromper Batman en lui faisant croire que Jason Todd est revenu à la vie. La fin de l'histoire après avoir révélé l'identité de Silence et laissé celui-ci pour mort, s'achève sans que le mystère de la réapparition de Jason Todd soit résolu[64].
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Alors que Crisis on Infinite Earths devait créer un univers cohérent, le résultat vingt ans plus tard est un monde sombre dans lequel des problèmes de continuité apparaissent. Pour résoudre ceux-ci et remettre au goût du jour un monde héroïque, DC Comics dans les années 2000 propose trois arcs narratifs. Batman joue un rôle important dans ceux-ci et principalement dans Identity Crisis[n 13], Infinite Crisis[n 14] et Final Crisis[n 15]. À la fin de ce dernier, Batman semble être tué par Darkseid. Dick Grayson prend l'identité du héros mort et Damian, le fils de Bruce Wayne et Talia Al'Ghul, est le nouveau Robin[65]. Néanmoins cette mort ne dure pas et en 2010, on assiste au retour de Bruce Wayne dans la mini série en 6 volumes The Return of Bruce Wayne[n 16] signée Grant Morrison[66].
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À la suite de cette histoire Batman est de retour dans le présent et arbore un nouveau costume. Il laisse Dick Grayson continuer son activité de justicier sous le nom de Batman avec son fils Damian Wayne comme nouveau Robin, trouvant qu'ils font de l'excellent travail à Gotham City. Il décide de parcourir le globe pour former un groupe (une « corporation ») de héros ayant une similarité avec lui, s'étant résolu à une vérité : le monde entier a besoin d'un Batman[67]. En France, il recrute Bilal Asselah, alias Nightrunner[68].
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En septembre 2011, DC Comics relance toutes ses séries avec un nouveau numéro 1. Cette recréation, semblable à celle de Crisis on Infinite Earths est nommée New 52[n 17] traduit en français par la renaissance DC. Cela fait suite aux évènements racontés dans la mini-série Flashpoint dans laquelle le héros Flash est précipité dans un univers alternatif créé par son ennemi Eobard Thawne alias Professeur Zoom. À la fin de la mini-série, Flash parvient à retourner dans le passé et modifie de ce fait la réalité DC. Le monde de Batman comme celui de tous les autres héros est transformé et certains épisodes sont annulés. Ainsi Bruce Wayne est l'unique Batman, Dick Grayson est Nightwing et n'a jamais porté le costume du chevalier noir, Damian Wayne reste le nouveau Robin jusqu'à sa mort dans le huitième épisode du second volume de Batman Incorporated en 2013[69] et Tim Drake est toujours Red Robin. Barbara Gordon est remise de sa paralysie et retrouve son identité de Batgirl ce qui signifie que les autres jeunes femmes présentées comme ayant porté le costume disparaissent de la continuité. Jason Todd a ressuscité et pris l'identité de Red Hood mais son passé est réécrit. Enfin Kate Kane reste Batwoman[70].
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Outre la mort de Damian Wayne, un nombre considérable d'événements majeurs survient à cette période. D'abord, dans l'arc La Cour des hiboux, Batman affronte une organisation secrète de gens riches et puissants qui prétend contrôler Gotham dans l'ombre depuis sa création[71]. S'ensuit Le deuil de la famille qui présente le retour du Joker disparu au tout début du New 52[72]. L'aventure suivante, intitulée Zero Year[n 18], se déroule six ans dans le passé, au moment où Bruce commence sa carrière de justicier. Il y affronte le Sphinx dans un Gotham post-apocalyptique[73].
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En avril 2014, une nouvelle série hebdomadaire du nom de Batman Eternal[n 19] est lancée. L'élément déclencheur est l'arrestation de Jim Gordon après un accident de train dont il serait coupable mais la série est présentée comme devant être riche en rebondissements[74].
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Habituellement, la relation entre le personnage principal et son identité de héros costumé est sans ambigüité. Le héros porte un masque qui sert seulement à cacher à ses ennemis et à la foule sa véritable personnalité afin de protéger sa vie privée et celle de ses proches. Toutefois, le cas de Batman est plus complexe. Les auteurs ont tendance à voir en Batman la réelle identité ; Bruce Wayne dans ses apparitions publiques ne serait qu'un masque, une façade. L'identité Bruce Wayne serait morte lors de l'assassinat de Martha et Thomas Wayne devant les yeux de leur fils et, à la place, l'enfant se serait forgé un autre moi incarné, l'âge adulte, en Batman. Toutefois, depuis Infinite Crisis et le film Batman Begins, les auteurs décrivent un Bruce Wayne dont la personnalité se situe entre l'image du play-boy et l'identité de Batman[75].
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Bruce Wayne est le plus souvent dépeint comme un homme sain d'esprit, intelligent et d'une moralité sans faille[76]. Il est milliardaire et possède des entreprises rassemblées sous le nom générique de Wayne Enterprises. Après la mort de ses parents, il cherche à développer ses facultés afin de combattre le crime. Lorsqu'il revient à Gotham et devient Batman, il trouve là sa véritable identité et Bruce Wayne devient alors une image, celle d'un play-boy milliardaire dirigeant son entreprise et ayant une vie sociale semblable à celle des membres de sa classe sociale, bien qu'elle soit plus limitée à cause de ses nuits passées sous le masque de Batman[O 1].
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Wayne est aussi réputé pour sa participation à des œuvres de charité et une attitude favorable au développement d'une économie écologique[77]. Il a d'ailleurs créé la Fondation Wayne qui est une association d'aide aux victimes. Son souci d'améliorer la vie de ses concitoyens l'a même amené à être maire de Gotham et plus tard sénateur[O 2].
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Pour combattre les criminels, Bruce Wayne crée une nouvelle identité. Ainsi naît le Bat-Man qui, la nuit, chasse les malfaiteurs et les saisit d'effroi. Constamment sur le qui-vive, il exerce un contrôle total sur ses sentiments et est prêt à tout pour atteindre son but[L 2]. Batman mesure environ 1,90 mètres et pèse 95 kilos[78].
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Certains des ennemis de Batman ont réussi à découvrir sa véritable identité, comme le docteur Hugo Strange[79], Bane[80], etc. Le Joker semble également la connaître mais ne paraît pas s'en soucier, considérant que Batman est sa véritable identité[81].
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Batman possède un costume qui doit inspirer la peur dans les bas-fonds de Gotham[82]. Les détails de ce costume changent avec le temps, mais certains éléments sont restés invariables : la cape aux extrémités pointues, le masque aux oreilles pointues qui couvre la majorité du visage, la ceinture multifonctions et le symbole de la chauve-souris sur la poitrine. C'est ce dernier qui a subi le plus de changements. En 1964 une ellipse jaune fut brièvement ajoutée. Les couleurs sont passées du bleu nuit à gris clair, puis noir et enfin gris foncé. La longueur de la cape ou des oreilles dépend beaucoup des dessinateurs. Les yeux, parfois visibles, sont, le plus souvent, masqués derrière des fentes blanches[83].
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Sa force réside dans ses capacités de détective, son intelligence, ses capacités physiques et l'accès à une technologie de pointe[84]. Son entraînement, ses ressources, sa rigueur compensent ainsi largement l'absence d'un pouvoir spécifique. C'est un maître dans de nombreuses disciplines martiales (tout spécialement à mains nues) qui selon les époques ont varié. Dans les premiers temps, Batman pratique le judo et le jiujitsu puis le karaté et le kung-fu qu'il utilise des années 1950 aux années 1970. Depuis les années 1980, sa technique de combat est un mélange de différents arts martiaux[85] et ses capacités physiques sont dignes d'un niveau olympique[86].
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Matches Malone était un gangster et un pyromane du New Jersey. Après sa mort, Batman adopta son identité afin d'infiltrer les organisations criminelles pour y glaner de précieux renseignements, impossibles à récolter autrement. Ce déguisement ne ressemble en rien à Bruce Wayne puisqu'il transforme sa voix, a une moustache, porte des lunettes, se vêt d'un imperméable rouge et affiche constamment une allumette aux lèvres (d'où le surnom Matches) pour ressembler à ce qu'était le vrai bandit[87].
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Dépourvu de super-pouvoir pour combattre le crime, Batman compte uniquement sur sa condition physique et sur ses gadgets. Son costume, conçu pour terrifier les criminels, est en kevlar ce qui le protège des balles, des armes blanches[88] alors que sa cape en nomex le protège du feu[89]. Sa ceinture, montrée pour la première fois en 1939[88], comprend plusieurs poches dans lesquelles il range des armes offensives et défensives[90] : les batarangs qui sont des boomerangs ayant la forme stylisée d'une chauve-souris, des capsules de gaz neutralisant et un taser[90]. Les batarangs peuvent être lancés à la main ou avec un pistolet spécial. Certains batarangs ont une fonction particulière (batarangs magnétiques, munis d'une caméra, lumineux, explosifs, etc[88]). Une trousse à pharmacie est aussi glissée dans sa ceinture[91]. Batman utilise des costumes différents adaptés aux particularités des missions : plongée en haute mer, déplacement dans l'espace[92], etc.
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Après avoir utilisé des véhicules banalisés, Batman construit la Batmobile à partir de 1941. Le véhicule est blindé et l'avant conçu sous la forme stylisée d'une tête de chauve-souris, peut servir de bélier. Le modèle varie selon les décennies. Dans les années 1950, c'est un roadster puis une berline, une voiture de sport dans les années 1960, un coupé sport pour la décennie 1970, un dragster dans les années 1980 suivi d'un véhicule futuriste. Ce véhicule, hors-norme, est équipé de nombreux gadgets et comprend un mini laboratoire de criminologie. La batmobile est le plus connu des engins de Batman mais ce n'est pas le seul. Selon ses besoins, Batman utilise un batcycle[n 20], un batplane, un batcopter, un batboat[n 21], un batsub[n 22] et bien d'autres encore[93].
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Le Bat-Signal est utilisé par la police de Gotham pour requérir l'aide de Batman. C'est un puissant projecteur qui dessine l'insigne de Batman dans le ciel nocturne. Bob Kane a reconnu que son inspiration pour le Bat-Signal provient du film The Bat Whispers (1930) qui nous dépeignait un bandit dont le masque en forme de tête de chauve-souris produisait d'imposantes ombres de chauve-souris et qui signalait ses présumées prochaines victimes avec un signal de chauve-souris projeté sur les murs. Ce signal visible de tous les endroits de la ville est utilisé pour la première fois dans l'histoire Case of the Costume-Clad Killers[n 23] publiée dans le numéro 60 de Detective Comics en février 1942[94], et on le vit figurer pour la première fois sur la couverture d'un comics au numéro 108 en février 1946 exactement quatre ans (et 48 numéros) plus tard.
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Les premières aventures de Batman sont situées à New York[95]. Toutefois, Bill Finger veut éviter toute confusion, dans l'esprit des lecteurs, entre cette ville de fiction et la réalité. En janvier 1941, dans Batman no 4, New York est donc remplacée par une ville fictive appelée Gotham[96]. Cependant, le lien originel persiste. En effet Gotham est un surnom donné à la ville de New York par l'auteur Washington Irving. Celui-ci se moquait de la ville américaine en la reliant à la ville anglaise de Gotham qui, depuis des siècles, est renommée pour être habitée par des fous[97].
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Inspirée par des villes comme Chicago ou New York, Gotham City est située sur la côte nord-est des États-Unis dans le New Jersey[97]. Selon certains auteurs, elle représente le New York des années 1970 gangrenée par la corruption. D'autres, l'imaginent comme le New York des années 2000 : propre et accueillante mais avec une part sombre dissimulée[76]. Elle concentre les aspects les plus noirs des villes américaines dangereuses et corrompues[98]. Le bien et le mal ne se reconnaissent pas immédiatement : ceux qui devraient défendre les citoyens, des policiers au maire sont susceptibles d'être des agents du mal. Contrairement à Metropolis où les malfaiteurs viennent le plus souvent de l'extérieur, Gotham produit les criminels qui tentent de la rançonner[99]. Gotham est par excellence une ville moderne, rationnelle et de ce fait ne peut produire que des êtres en souffrance[100]. Il a parfois été écrit que Gotham City était « New York at night »[n 24], en référence au fort taux de criminalité de la ville américaine[97]. Crime Alley est un secteur de Gotham qui est particulièrement important pour Batman car ses parents y sont morts. Il y revient chaque année en pèlerinage pour déposer des fleurs sur le lieu exact où ils sont décédés[101].
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La batcave est montrée, pour la première fois, dans le serial Batman sorti en 1943[30]. C'est une base secrète aménagée dans un entrelacs de souterrains situés sous le manoir Wayne. Dans le passé elle avait servi de refuge aux esclaves en fuite vers les états du Nord. Alors qu'il est encore enfant, Bruce Wayne tombe dans cette grotte avant d'être sauvé par son père. Lorsqu'il décide de devenir Batman, il agrandit considérablement ce souterrain pour y conserver ses outils et ses véhicules qu'il utilise dans sa lutte contre le crime[102],[103], mais la salle contient aussi :
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Un passage secret permet d'y accéder à partir du manoir[37]. Il existe des issues extérieures destinées au passage des véhicules de Batman (batmobile, batplane, batboat)[104]. La batcave ne résiste pas au tremblement de terre qui ravage Gotham dans l'arc narratif Cataclysm et Batman est obligé d'aménager plus tard une seconde grotte.
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L'asile d'Arkham est un institut particulier où des malades mentaux et certains des ennemis de Batman reconnus comme aliénés sont soignés. Le nom des lieux est directement inspiré de celui de la ville fictive d'Arkham imaginée par H. P. Lovecraft[105]. Il est mentionné pour la première fois en 1974 dans Batman no 258 scénarisé par Denny O'Neil. Ce bâtiment est très ancien, tout en pierre et il est la propriété de la famille Arkham depuis le début du XXe siècle.
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Après le suicide de sa mère, devenue folle, Amadeus Arkham transforma la maison familiale en hôpital psychiatrique nommé Elizabeth Arkham Asylum for the Criminally Insane[n 25],[106]. Devenu fou lui-même le propriétaire y finit ses jours, mais l'hôpital fut conservé par la suite. Le Joker, Double-Face ou encore L'Empoisonneuse se retrouvent régulièrement entre les murs du bâtiment car déclarés aliénés. Les criminels reconnus responsables de leurs actes comme le Pingouin sont envoyés à la prison de Blackgate[107]. Cependant certains malfaiteurs qui ne peuvent être détenus dans une prison classique, comme M. Freeze, sont aussi enfermés à Arkham car des équipements spéciaux de détention y sont présents. Tous ces détenus s'échappent assez régulièrement ou bien parviennent à se rendre maîtres de l'hôpital par une mutinerie ou des prises d'otages[108].
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Les malades d'Arkham sont soignés par des psychiatres avec des méthodes vraiment violentes proches de la torture par électricité[109]. Le taux de guérison semble cependant très faible. En dehors des malades, l'asile est aussi occupé par les équipes soignantes dont beaucoup souffrent de troubles psychiques. C'est le cas d'Amadeus Arkham, de son neveu Jeremiah, devenu le second Black Mask, ou d'Harleen Quinzel, psychanalyste et psychothérapeute, qui va tomber dans l'emprise du Joker et va devenir la criminelle Harley Quinn[110].
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Malgré sa réputation de héros solitaire, Batman collabore avec de nombreux personnages, et en particulier Robin.
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Le personnage de Robin apparaît dans le numéro 38 de Detective Comics (date de couverture : avril 1940). Il devient si populaire que les ventes du comic book doublent presque[111]. Bruce Wayne recueille le jeune Dick Grayson, devenu orphelin après l'assassinat de ses parents, et, sous l'identité de Batman, décide de l'entraîner pour en faire son assistant[26]. À partir de 1947, Robin est aussi le héros d'histoires sans Batman dans le comic book Star Spangled[112]. En 1964, dans le cinquante-quatrième numéro du comics The Brave and the Bold, Robin s'allie avec Kid Flash et Aqualad contre le super-vilain M. Twister. Ainsi se crée l'équipe des Teen Titans qui en 1966 bénéficie de son propre comics[113]. En décembre 1969, dans Batman 217, Dick Grayson part pour l'université de l'Hudson et apparaît dès lors beaucoup moins dans les comics de Batman. En 1980, Marv Wolfman et George Perez recréent les Teens Titans sous le titre The New Teen Titans et Dick Grayson devient le chef du groupe. Plus tard, Batman ayant choisi un nouveau Robin, Dick Grayson abandonne son costume et prend une nouvelle identité, Nightwing[114].
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Jason Todd est le deuxième adolescent à revêtir l'identité de Robin. Après la mort de ses parents, deux artistes de cirque, il est recueilli par Bruce Wayne et, dans le numéro 526 de Detective Comics (date de couverture : mai 1983), il reçoit le costume de Robin. Dick Grayson est encore formellement le titulaire du nom et durant quelques mois deux Robin coexistent. Le passage de relais a lieu dans Batman 368 (février 1984). Cette nouvelle incarnation ne rencontre pas l'adhésion des lecteurs et en 1988 Denny O'Neil, alors responsable éditorial des comic books de Batman, propose de faire voter les lecteurs pour qu'ils décident de la survie ou de la mort de Jason. Le vote a lieu par téléphone au mois de septembre. La mort est choisie avec une faible majorité de 28 voix[115]. Celle-ci est racontée dans l'histoire A Death in the Family[n 26] (Batman 426 à 429). Robin est capturé, torturé par le Joker et meurt dans l'explosion du repaire de l'assassin[116]. En 2005-2006, Jason Todd est ressuscité mais il porte désormais le masque de Red Hood, un justicier qui, contrairement à Batman, n'hésite pas à tuer ses adversaires[117].
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Tim Drake, le troisième Robin, fait sa première apparition en 1989 dans l'histoire en cinq épisodes, A Lonely Place of Dying, parue dans Batman 440 à 442 et The New Teen Titans 60-61. Tim a déduit que Bruce Wayne et Dick Grayson étaient Batman et Robin et que Jason Todd avait ensuite remplacé Dick. Lorsqu'il rencontre les deux héros et qu'il leur annonce qu'il connaît leur double identité, Batman décide de recueillir Tim et en décembre 1990, dans Batman 457, Tim Drake devient le troisième Robin[57].
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En 1987 Mike W. Barr écrit le scénario d'un roman graphique intitulé Batman : Le Fils du démon dessiné par Jerry Bingham. Dans cette histoire, Batman et la fille de Ra's Al Ghul, Talia, ont une relation amoureuse et Talia tombe enceinte. Elle fait croire à Bruce Wayne que l'enfant est mort-né alors qu'elle le fait adopter. L'idée que Batman puisse être père est jugée inacceptable par Denny O'Neil, le responsable éditorial des titres liés à Batman, aussi décide-t-il que cette histoire est en dehors de la continuité[118]. Cependant en 2006 Grant Morrison introduit dans le monde de Batman son fils Damian qu'il a eu avec Talia. La fin du roman graphique est oubliée et dans ce nouvel ordre du récit, Talia a gardé son fils, a modifié son corps dans un laboratoire et chargé la Ligue des Assassins de l'éduquer. Quand Damian est âgé d'une dizaine d'années, Talia le confie à Batman pour qu'il veille sur lui et s'occupe de son éducation. Elle espère ainsi que Batman sera suffisamment occupé pour ne pas contrarier ses plans. Lorsque Batman semble être mort, Damian prend l'identité de Robin et Dick Grayson, celle de Batman. Le retour de Bruce Wayne ne change pas la situation, puisque celui-ci part pour créer l'équivalent d'un nouveau Batman dans de nombreux pays et lorsque Dick Grayson reprend le costume de Nightwing, Damian reste Robin. Le numéro 8 du second volume de Batman Incorporated marque la fin de cette équipe puisque Damian y trouve la mort[69]. Il sera cependant ressuscité par Batman lors d'un conflit contre Darkseid, lui rendant alors sa place auprès de son père.
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Alfred Pennyworth est le fidèle serviteur de Bruce Wayne, un confident et une figure paternelle. Il apparaît pour la première fois dans Batman no 16 d'avril/mai 1943 dans une histoire intitulée Here comes Alfred[n 27]. Alfred Pennyworth est un majordome qui a été encouragé par son père - qui avait la même fonction pour le père de Bruce Wayne - à tenir ce rôle pour Bruce. Dès la première nuit, Alfred découvre la double identité de Bruce Wayne et de Dick Grayson. Il est donc engagé définitivement[119]. D'abord corpulent et sans moustache son apparence est rapidement modifiée. Pour qu'il devienne fin et moustachu comme l'acteur William Austin qui joue son rôle dans le serial Batman, le scénariste du comic book Detective Comics no 83 publié en janvier 1944, le montre suivant un régime et se laissant pousser la moustache[120].
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En 1957, son histoire est réécrite et il n'est plus question de l'arrivée impromptue, de la découverte accidentelle ou d'une apparence différente. Alfred est le majordome de Bruce Wayne depuis plusieurs mois lorsque Robin l'appelle pour soigner Batman. La révélation des identités secrètes arrive dès lors naturellement[119]. En juin 1964 dans Detective Comics no 328, Alfred meurt en essayant de sauver Batman et Robin. Il est remplacé par Tante Harriet, la tante de Dick Grayson. Cette disparition tendait à limiter la perception d'une homosexualité de Batman. Cependant Alfred revient en octobre 1966 dans Detective Comics no 356 et le personnage de tante Harriet est abandonné définitivement en 1968 dès que la série télévisée, dans laquelle elle jouait un rôle, cesse d'être diffusée[121].
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Appelé initialement Alfred Beagle, il est rapidement renommé Alfred Pennyworth. C'est un excellent majordome responsable de tout le manoir Wayne et de la Batcave, doté de connaissances poussées en médecine qui lui ont permis souvent de soigner Batman[122].
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Ses relations avec Batman furent cependant changées avec le temps, Alfred étant maintenant le majordome des Wayne depuis la naissance de Bruce, devenant alors son tuteur après la mort de ses parents et l'aidant à devenir Batman[123].
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Lucius Fox apparaît pour la première fois dans Batman 307 en janvier 1979 dans une histoire écrite par Len Wein et dessinée par John Calnan. Il est alors responsable de la fondation Wayne mais par la suite il devient le directeur général de la société Wayne Enterprises. Il est parfois sous-entendu qu'il connaît la double identité de Bruce Wayne mais ce dernier ne lui a jamais confié ce secret. Lucius Fox est aussi présent dans des dessins animés mettant en scène Batman ainsi que dans la trilogie Batman de Christopher Nolan, interprété par l'acteur Morgan Freeman. Dans ce dernier, il reste un ami de Bruce Wayne mais son histoire diffère de celle qui se trouve dans les comics[124] et il n'est pas seulement un génie de la finance capable de diriger les sociétés de Wayne, il est aussi un scientifique capable d'inventer des objets innovants[L 3].
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Le commissaire James Gordon, créé par Bill Finger[5] apparaît dès la première aventure de Batman[26]. Dans les premières histoires, il considère Batman comme un criminel ou du moins un hors-la-loi. Il change d'avis dans le septième numéro de Batman dans l'histoire intitulée The People versus the Batman[n 28] où il reconnaît l'aide du héros dans le triomphe de la justice et le nomme membre honoraire de la police[96].
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Les deux hommes, malgré tous les changements opérés dans le monde de Batman, restent amis et éprouvent un respect mutuel même si leur vision de la justice est différente[125]. Tout comme Batman, Gordon est incorruptible et sa force morale est inébranlable. Bien que le Joker ait rendu sa fille Barbara paraplégique et qu'il l'ait torturé (dans le roman graphique Batman: The Killing Joke), James Gordon demande à Batman de ne pas tuer le criminel. Plus tard, le joker assassine sa seconde femme, le lieutenant de police Sarah Essen[126].
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Plusieurs jeunes femmes ont porté le costume de Batgirl et ont lutté avec Batman. La première, Betty Kane est la nièce de Kathy Kane alias Batwoman. Elle est créée en 1961 et apparaît dans quelques comics en 1961 et 1964[127].
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La fille adoptive du commissaire Gordon, Barbara, a été la seconde Batgirl et reste la plus connue[127]. Après les événements racontés dans Batman: The Killing Joke, elle est obligée d'abandonner cette identité. Barbara Gordon décide d'aider toute la communauté des super-héros grâce à ses talents de pirate informatique, en prenant le pseudonyme d'Oracle. De même qu'elle ne révélait pas le secret de son identité de Batgirl à son père (bien qu'il l'ait deviné), Barbara Gordon lui cache qu'elle est Oracle[125]. Le personnage évolue grâce à une décision de John Ostrander qui, fâché après avoir lu The Killing Joke, décide de l'utiliser dans le comics Suicide Squad qu'il scénarise pour DC Comics. Ceci se révèle une bonne idée car le personnage gagne en sympathie chez les lecteurs. Cela amène la création du comics Birds of Prey dans lequel Oracle dirige une équipe de super-héroïnes[5].
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Le costume est ensuite repris par Helena Bertinelli qui avait pris l'identité de Huntress avant de reprendre celle de Batgirl. Désavouée par Batman, elle reprend son ancienne identité. La dernière titulaire, Cassandra Cain, est une jeune fille élevée par son père, de la ligue des Assassins, pour être la tueuse parfaite. Elle abandonne son père, se réfugie auprès de Batman et devient Batgirl[127].
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Depuis la recréation de l'univers DC lors des événements racontés dans la renaissance DC, Barbara Gordon a repris le costume de Batgirl. En effet, elle a pu être remise sur pied grâce à une opération et une longue convalescence après laquelle Barbara a de nouveau retrouvé l'usage de ses jambes[128].
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Ace le Bat-hound est un chien sauvé de la noyade par Bruce Wayne et Dick Grayson dans le numéro 92 de Batman publié en juin 1955. Emmené dans le manoir Wayne, le chien suit les deux héros jusque dans la batmobile. Ace a sur le front une marque facilement reconnaissable et pour éviter que des personnes l'identifient, Robin confectionne un masque. Ace permet à Batman et Robin d'arrêter les criminels mais Bruce, à la fin de l'épisode, rend Ace à son légitime propriétaire qui a été retrouvé. Toutefois, Ace revient dans Batman 97 en février 1956, puis dans plusieurs autres épisodes, avant de disparaître définitivement en 1963[37].
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En plus de collaborer avec Robin ou d'autres héros, Batman a fait partie de trois équipes : la Société de justice d'Amérique (souvent abrégée en JSA), la Ligue de justice d'Amérique et les Outsiders.
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En 1940, plusieurs super-héros décident de fonder la Société de justice d'Amérique, pour lutter plus efficacement contre les malfrats. Batman en est membre honoraire mais n'apparaît pas dans un premier temps dans leurs aventures. En août 1977, dans le numéro 29 du comic book DC Special, les origines de la Société de justice d'Amérique sont racontées pour la première fois. Batman et Superman apparaissent comme membres fondateurs, sur une idée de Franklin Delano Roosevelt, mais décident ensuite de ne pas être membres actifs du groupe[129].
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En février 1960 dans le comic-book la Ligue de justice d'Amérique plusieurs héros se rassemblent après leur combat contre une entité extra-terrestre et Batman est l'un des membres fondateurs. Après les évènements racontés dans la maxi-série Crisis on Infinite Earths, ce passé est transformé et Batman reste un membre actif sans être un des créateurs du groupe[41]. Les relations avec les autres membres de la ligue ont évolué selon les périodes jusqu'au départ de Batman de l'équipe en 1983. Batman quitte la ligue car il critique l'inaction de ses camarades dans certaines situations (l'élément déclencheur étant le refus de la ligue de justice de libérer un employé de Wayne enterprise retenu en otage par l'état de Markovia). Pour le seconder, Batman recrute Metamorpho, Éclair noir, Halo, Katana et Géo-force qui forment dès lors les Outsiders. Batman quitte cependant le groupe au numéro 32 en 1985. Les Outsiders ont par la suite une vie éditoriale hachée avec des arrêts et des relances du titre jusqu'en novembre 2007[130]. Batman reprend alors son rôle de chef de l'équipe mais son apparente mort laisse de nouveau les Outsiders seuls[131].
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Des années 1950 à 1986, les deux hommes s'entendent très bien et sont très bons amis. Ils sont membres de la Société de justice d'Amérique puis de la Ligue de justice d'Amérique et luttent souvent côte à côte. Ils partagent un comics intitulé World's Finest Comics et leur amitié est basée sur un respect mutuel. Bien que l'un soit doté de pouvoirs extraordinaires, ils s'estiment égaux. Au combat, leurs valeurs sont identiques et tous deux sont d'une moralité irréprochable. À partir de 1986, sous l'influence de la mini-série Batman: Dark Knight de Frank Miller dans laquelle les deux personnages deviennent ennemis, les relations se distendent et sont plus conflictuelles. Ils sont alliés mais ont des visions différentes de la vie qui les amènent parfois à se combattre[118]. Bien que Superman semble devoir le vaincre, à chaque fois, Batman remporte la victoire[126]. L'arrêt en 1986 de World's Finest Comics est l'indice de cette transformation des rapports entre les deux héros. Un autre indice de cette évolution dans les comics montre que Batman garde un anneau de kryptonite confié par Superman, au cas où ce dernier, manipulé, se retournerait contre ses proches. Il se méfie de Superman, car il craint que sa puissance perturbe son esprit. Par exemple, dans l'avant-dernier épisode de Batman Beyond, Bruce Wayne remet un morceau de kryptonite verte à Terry, lorsque celui-ci lui apprend que le traître est Superman. Bruce n'est pas surpris : il fait comprendre à Terry que cela devait arriver un jour ou l'autre, même s'il s’avère que Superman était manipulé[132].
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Depuis sa création, Batman entretien régulièrement des relations amoureuses. Les fiancées succèdent aux brèves amours car Batman, comme Bruce Wayne, n'est pas présenté comme un personnage capable de s'engager sérieusement[133]. De fait les femmes apparaissent plutôt comme une possible distraction empêchant le justicier d'accomplir sa tâche. Batman, digne successeur de Sherlock Holmes, se soucie uniquement de ce qui pourra l'aider dans sa mission et cela ne peut inclure une présence féminine[134]. Dans les premières histoires de Batman, la fiancée de Bruce Wayne s'appelle Julie Madison. Mais elle disparaît assez rapidement de la série[135]. La première femme que Bruce Wayne fréquente assidument est Vicki Vale, journaliste apparue dans Batman no 49. La relation est épisodique et Vicki Vale, malgré ses tentatives, ne parvient jamais à prouver que Batman est l'alter ego de Bruce Wayne[L 4]. D'autres femmes tournent ensuite autour de Bruce Wayne ou de Batman comme Julie Madison, l'infirmière Linda Page, Catwoman ou Batwoman[135].
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Dans le numéro 233 du comic book Detective Comics apparaît pour la première fois Batwoman, alias Kathy Kane, avec laquelle une relation sentimentale compliquée va s'établir, Batman préférant le célibat alors que Batwoman tente de le convaincre de l'épouser[126].
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Dans les années 1970, Steve Englehart crée le personnage de Silver St. Cloud, éprise de Bruce Wayne et dont ce dernier est amoureux. Silver découvre la double identité de Wayne mais le quitte car elle ne peut supporter l'idée de le voir partir chaque soir en craignant pour sa vie[136]. Après elle, Vicky Vale revient quelque temps avant d'être remplacée par la fille d'Alfred, Julia Pennyworth. Dans les années 1990 ce sont Shondra Kinsolving puis Vesper Fairchild qui servent de fiancées (Vicky Vale est aussi de retour lors de la sortie du film Batman de Tim Burton). Vesper paie cette relation de sa vie quand elle est assassinée dans l'histoire Bruce Wayne : Murderer ?[n 29],[136]. Enfin il entretient une relation amoureuse avec sa garde du corps Sasha Bordeaux dans les années 2000 avant que celle-ci ne joue un rôle important durant Infinite Crisis[137].
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De toutes les femmes pour lesquelles Bruce Wayne a éprouvé une attirance, deux sortent du lot. Catwoman et Talia al Ghul attirent le héros mais les chemins qu'elles suivent et qui les mettent hors la loi empêchent la concrétisation des sentiments. Catwoman pourrait être la femme idéale pour Batman mais cela supposerait qu'elle abandonne totalement sa carrière criminelle ou qu'il accepte qu'elle ne suive pas les mêmes règles éthiques que lui. Comme les deux options ne semblent jamais pouvoir se réaliser, les relations entre les deux sont vouées à l'échec[138]. Toutefois, dans l'univers parallèle de Terre-2 Batman et Catwoman, qui a abandonné le crime, se marient et ont une fille, Helena, qui devient The Huntress[58].
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Talia al Ghul est, elle, amoureuse de Batman et grâce aux manœuvres de son père Ra's al Ghul se retrouve l'épouse de Bruce Wayne et la mère de son fils. Même si le mariage se révèle finalement sans valeur, la grossesse de Talia va jusqu'à son terme sans que Batman soit au courant. Des années plus tard, le fils de Bruce Wayne, Damian est présenté à ce dernier[L 5].
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Depuis les années 2000 l'impossibilité pour Bruce Wayne d'avoir une vie amoureuse normale s'explique par la place prépondérante de sa personnalité Batman. Obsédé par sa mission, Wayne ne peut se permettre de sacrifier celle-ci pour passer du temps avec une femme. Cela a été exprimé très clairement dans l'histoire Bruce Wayne : Murderer ? et celle qui la suit immédiatement, Bruce Wayne : Fugitive dans lesquelles Batman explique qu'il est enfin libéré de Bruce Wayne et que rien ne peut entraver son combat. Déjà en 1986, Denny O'Neil, alors directeur de la publication des titres de Batman, avait prescrit aux auteurs de présenter Bruce Wayne comme éternel célibataire appréciant les femmes[n 30],[139].
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Dans le film d'animation Batman contre le fantôme masqué, un personnage féminin nommé Andrea Baumont est créé pour l'occasion et est présenté comme ancienne fiancée de Bruce Wayne[140].
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Dans le film Batman Begins, la seule femme qu'il aime est son amour de jeunesse, Rachel Dawes, assistante du procureur. Quand elle découvre que Bruce Wayne est Batman, elle préfère s'éloigner de lui tant qu'il reste résolu à endosser le costume du Chevalier noir, et se fiance plus tard avec Harvey Dent (dans The Dark Knight : Le Chevalier noir). Elle meurt dans l'explosion d'un hangar, orchestrée par le Joker, alors que Batman sauve Harvey Dent[141].
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Dans The Dark Knight Rises, Bruce Wayne entretient une relation avec Miranda Tate, qui se révèle plus tard être en réalité Talia al'Ghul, qui le trahit[142]. Il entame alors une relation avec Selina Kyle/Catwoman[143].
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Dans La Grande Aventure Lego, Batman sort alors avec Cool-Tag, une jeune rebelle faisant partie des maître constructeurs, à la fin du film, Batman perd Cool-Tag au profit d'Emmet.
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Dans Lego Batman, le film Batman tombe amoureux de Barbara Gordon, fille de James Gordon et qui deviendra plus tard dans le film Batgirl. Leur relation ne se concrétisera jamais ici.
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Enfin dans La Grande Aventure Lego 2 Batman se marie avec la Reine Whatevra Wanabi, une reine extra-terrestre.
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À ses débuts, Batman combat essentiellement des criminels ou des gangsters mais les super-vilains costumés font rapidement leur apparition, composant l'une des plus mémorables galeries d'ennemis récurrents dans l'histoire des comics de super-héros[144],[145]. Conformément à la tonalité de la série, les adversaires marquants de Batman sont généralement démunis de super-pouvoirs à l'instar du justicier masqué. Ils ne s'en montrent pas moins dangereux par la violence[146] et la psychopathie qui les caractérisent[147].
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La plupart des Némésis de Batman ont été créées en 1939 et durant la décennie 1940 : le Joker (clown cruel et sadique, son ennemi juré) et Catwoman (alors appelée simplement « The Cat ») apparaissent tous deux dans le premier numéro du comic book Batman au printemps 1940[148]. Le Pingouin naît en 1941 dans les pages du numéro 58 de Detective Comics et Double-Face en 1942 dans le numéro 66. Le Sphinx, en 1948, doit attendre le 140e opus[36]. À côté de ces personnages hauts en couleur, Batman doit aussi faire face à des politiciens corrompus[99]
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Sont créés aussi durant cette période le Chapelier fou[L 6], l'Épouvantail[L 7], Hugo Strange[149] et Gueule d'argile[150]. D'autres émergent dans les années 1950, 1960 et 1970, avec Deadshot[151], Killer Moth[152], Firefly[153], M. Freeze[L 8], Poison Ivy[154], Man-Bat[155], Ra's al Ghul[156] et Lady Shiva[157]. Killer Croc[158] ou le Ventriloque[158] sont imaginés dans les années 1980. M. Zsasz[158], Bane[L 9] et Harley Quinn[L 10] dans les années 1990 et depuis l'an 2000 sont apparus Silence[159] et David Cain[160].
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Les ennemis de Batman sont souvent le reflet de celui-ci. Ils représentent ce que Bruce Wayne aurait pu devenir. Double-face montre physiquement ses deux personnalités comme les deux faces d'une même pièce que sont aussi Batman et Bruce Wayne. Ra's al Ghul, dans le film Batman Begins tend tellement vers le bien qu'il est prêt à éliminer tous les criminels alors Batman ne songe qu'à les arrêter. Le Joker est l'inverse de Batman : le chaos contre l'ordre, la folie contre la raison[161].
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Superman et Batman sont les deux premiers super-héros de l'histoire et représentent chacun un type de super-héros. Selon Rick Marschall, tous les super-héros qui ont suivi se sont inspirés de l'un ou de l'autre et parfois des deux[35]. Ils partagent des traits de caractères communs comme le refus de tuer. Pourtant, Batman, dans ses premières aventures, n'hésite pas à menacer de mort les criminels, voire à utiliser une arme comme dans le premier numéro de Batman. Mais à la fin de 1941, le directeur de la publication décide que Batman ne doit jamais utiliser une arme. Ceci est annoncé clairement dans le quatrième numéro de Batman : « The Batman never carries or kills with a gun »[n 31]. Les causes de ce changement sont multiples et liées. Comme les parents s'inquiètent de l'influence néfaste des comics, les ventes risquent de baisser. De plus le responsable éditorial préfère voir le personnage comme cela. Kane et Finger se soumettent facilement et Kane décide de transformer l'apparence de Batman pour qu'elle soit moins effrayante[22]. Dans cette même voie, il fait de Batman un membre honoraire de la police[22]. Cependant, cela n'implique pas un profond changement du personnage qui reste un adepte de l'auto-justice et élimine les criminels sans se soucier des lois[162].
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Le personnage de Batman se plie facilement aux choix des auteurs. Il est, tout au long de sa carrière, constamment réinterprété pour s'adapter aux mœurs de l'époque, aussi bien dans les comics que dans les adaptations. Dans les années 1940, c'est une créature de la nuit combattant des nazis ou des vampires. Après-guerre, le ton devient plus léger et ses adversaires ne sont pas de telles incarnations du mal mais des êtres inconsistants comme des extra-terrestres. L'influence du feuilleton télévisé, qui ne prend pas au sérieux les affrontements entre Batman et ses ennemis, est importante et empêche Batman de retrouver ses origines inquiétantes. En revanche, les années 1970 montrent un héros beaucoup plus sombre qui répond à une époque de doute et de désillusion. Dans les années 1980, de nombreuses histoires mettent Batman en présence des maux réels, comme le terrorisme islamiste, qui touchent alors l'Amérique[76]. Dans les films, Batman est aussi une image de la société réelle. Ainsi, dans Batman Begins, il est, d'après l'aveu du coscénariste, un reflet d'une époque troublée[76] et son ennemi, Ra's Al Ghul, semble inspiré par Oussama ben Laden[163].
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Si la création de Batman par Bruce Wayne s'explique par le désir de venger la mort de ses parents, la justification, plus discutable, de ses actes est possible uniquement parce qu'il s'agit d'une fiction. Batman, et Bruce Wayne, sont bons et les criminels sont sans aucun doute mauvais. La moralité irréprochable de Batman interdit de remettre en question son combat, même hors-la-loi, contre les criminels. Bruce Wayne, issu d'une lignée de riches et vertueux ancêtres, continue, comme un noble protecteur de son peuple, à s'occuper des habitants de Gotham. Sa richesse lui permet d'aider ceux qui en ont besoin et de subventionner les traitements nécessaires aux soins des malades mentaux[77]. Il est surnommé le prince de Gotham et ses actions l'identifient à un noble féodal[161]. Cela explique aussi pourquoi Batman ne peut utiliser d'armes contre les criminels de Gotham. Il doit, comme un noble ou preux chevalier, les arrêter sans les tuer car ce sont aussi des sujets de Bruce Wayne.
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Quoique certains puissent voir en Batman un fasciste, le critique Aeon J. Skoble note que le héros n'abuse pas de sa force. Il cherche à appréhender les criminels plutôt que de les tuer et use d'une violence proportionnée à celle de son adversaire[164]. Il incarne une règle de la société « ne violez pas la loi et craignez la ». Le système, « démocratie et American Way », tel qu'il est doit perdurer et Batman, comme Superman, est là pour mettre hors d'état de nuire ceux qui pourraient le miner[165].
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Selon Michael L. Fleisher, la place ambigüe des femmes dans les aventures de Batman peut s'expliquer en se référant à la psychanalyse. Lorsque Bruce Wayne, enfant, voit sa mère mourir, il ressent cela comme un abandon. Toutes les femmes pouvant lui ressembler, il ne peut leur faire confiance[135]. Ce trouble psychique explique ainsi la complexité de ses rapports avec les femmes. De plus, Batman peut chercher des relations compliquées pour assouvir un désir inconscient d'« émasculation » se traduisant par la découverte de sa double identité. Si Vicky Vale découvre son identité secrète, c'en est fait de Batman mais ce dernier apprécie de jouer avec le feu[166].
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Dans les années d'après-guerre les comics sont fortement critiqués par une partie de la population qui leur reproche leur violence, leur irréalisme et les sous-entendus sexuels. Ces critiques, qui peuvent s'exprimer parfois de façon violente avec des autodafés ont un impact grandissant après la parution du livre du psychologue Fredric Wertham Seduction of the Innocent. Dans cet ouvrage, Wertham critique les rapports qu'entretiennent Bruce Wayne et Dick Grayson. Il ne suggère pas une relation homosexuelle mais rapporte que de nombreuses personnes considèrent que cette relation est réelle et, dès lors, Wertham exprime sa crainte que des adultes pourraient abuser sexuellement des enfants en expliquant qu'ils imitent Batman et Robin[36], et ce, dans le contexte maccarthyste où le communisme est associé à l'homosexualité par des conservateurs[47]. Toutefois, la possible homosexualité de Batman a souvent été suggérée comme dans le film Batman et Robin de Joel Schumacher et les relations que peuvent entretenir Batman et son protégé peuvent même être vues comme étant de nature pédophile. DC Comics est intervenu plusieurs fois, en tant que société ou par l'intermédiaire de directeurs de la publication comme Denny O'Neil, pour rejeter toutes ces lectures[167].
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L'idéologie que promeut Batman par ses actes est aussi critiquée. Ainsi dans le comics Batman: Dark Knight (The Dark Knight Returns) de Frank Miller Batman apparaît pour certains (Geoff Klock dans How to Read Super Hero Comics and Why) comme « la pire espèce de fasciste réactionnaire »[n 32]. Il est semblable à Ronald Reagan ou George H. W. Bush dans la justification de la violence pour combattre les ennemis[163].
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Batman, depuis sa création, apparaît dans de très nombreux comics et plusieurs lui sont entièrement dédiés. Parfois, il partage la vedette avec Superman ou avec des groupes de super-héros. Il est souvent invité dans des séries d'autres héros et est la vedette de plusieurs romans graphiques. Par ailleurs, Il rencontre parfois des personnages d'autres maisons d'édition dans des crossover.
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Batman naît dans les pages du comic book Detective Comics no 27. Rapidement il devient la vedette de cette anthologie et à partir du numéro 35, il est toujours présent sur la couverture[168].
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Cependant les aventures d'autres personnages continuent à être racontées dans Detective comics jusqu'au numéro 568 qui est le premier dans lequel on ne trouve que Batman[169].
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À l'été 1940, paraît Batman no 1 qui est le premier comics à ne présenter que Batman. Il suit en cela Superman, premier comics consacré à un seul personnage[170]. Ces deux comic books consacrés à Batman paraissent depuis sans interruption avec, toutefois, une numérotation reprise au numéro 1 en septembre 2011 suite aux évènements racontés dans Flashpoint[171].
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D'autres comics ont été consacrés à Batman : Legends of the Dark Knight de 1989 à 2007, Shadow of the Bat de 1992 à 2000, Batman Chronicles de 1995 à 2001, Batman : Gotham Knight de 2000 à 2006, Batman Confidential de 2007 à 2011, Batman : Streets of Gotham de 2009 à 2011, Batman and Robin depuis 2009 et Batman, Inc. de 2010 à 2013[172].
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Batman en dehors de ses comics attitrés est aussi un personnage récurrent dans des séries qu'il partage avec d'autres héros. À partir de l'été 1941, il apparaît dans l'anthologie trimestrielle World's Finest Comics où se retrouve aussi Superman[173]. Chacun est le héros de sa propre histoire mais, en juillet 1954 dans le numéro 71, ils participent à une aventure commune. Le duo est alors reformé quasiment à chaque numéro jusqu'en 1986[40]. De même le comics The Brave and the Bold[n 33], à l'origine anthologie où aucun héros récurrent n'était présent, devient en 1966 une série dans laquelle Batman trouve à chaque fois un allié pour combattre la menace du moment[174]. Enfin, d'octobre 2003 à octobre 2011 Batman et Superman se partagent la vedette dans le comic book Superman/Batman[175].
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Comme Batman est un personnage avec plusieurs significations possibles, ses incarnations audiovisuelles ont pu développer un aspect particulier. Ainsi le Batman incarné par Adam West a pu être jugé « innocent et sérieux » alors que le Bruce Wayne joué par Michael Keaton apparaîtrait comme excentrique mais en réalité semblable à un « personnage de films d'Orson Welles »[176].
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En 1940, est diffusé pour la première fois un feuilleton radiophonique qui a Superman pour héros principal. En mars 1945, Batman et Robin interviennent dans une histoire intitulée The Mistery of the Waxmen[n 34]. Ils y reviendront à plusieurs reprises. C'est dans cette série radiophonique que Batman et Superman luttent ensemble pour la première fois. Les histoires, dans lesquelles ils luttent en commun, n'apparaissent dans les comics qu'en 1954 dans World's Finest où, jusqu'à cette date, leurs aventures se suivaient seulement. Batman est interprété par Stacy Harris puis par Matt Crowley ou Gary Merrill alors que Robin est toujours joué par Ronald Liss[177].
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En 1943 sort le serial Batman qui est programmé en 15 épisodes. Ce film à petit budget est réalisé par Lambert Hillyer et Lewis Wilson y joue Batman luttant contre des Japonais qui menacent Gotham. Ce serial connaît un très grand succès et influence le comics puisqu'il montre pour la première fois la Batcave et que le personnage d'Alfred va, dans le comics, changer d'apparence pour ressembler à celle de l'acteur William Austin qui l'interprète dans le film. Le succès de ce serial amène les producteurs à proposer en 1949, Batman et Robin, réalisé par Spencer Gordon Bennet et qui dure 15 épisodes. La distribution est entièrement renouvelée et Batman est joué par Robert Lowery[30],[120].
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Le 12 janvier 1966[178], ABC diffuse Hi Diddle Riddle, premier épisode de la série Batman, produite par William Dozier (qui joue aussi le narrateur[179]), qui est maintenue durant trois saisons de 1966 à 1968 avec un total de 120 épisodes. Le personnage de Batman est interprété par Adam West[n 35], celui de Robin par Burt Ward et Alan Napier dans le rôle d'Alfred Pennyworth. Les épisodes durent une demi-heure et forment des paires. La première partie, diffusée le mercredi, s'arrête sur un moment dramatique ; la seconde montre sa résolution et la victoire des héros[180]. Alors que le comics retrouvait un aspect sombre, proche de celui des origines, la série est produite avec un ton humoristique[181]. Pour parfaire ce second degré il est demandé aux acteurs de jouer sérieusement leur rôle, le comique devant provenir de l'incongruité des situations. Cela est visible clairement lorsque Batman et Robin escaladent des murs. Le trucage, qui consiste à mettre un faux mur au sol sur lequel les héros tiennent une corde et à filmer après avoir tourné la caméra, n'est et ne se veut pas crédible. De même, lors des combats, des onomatopées semblables à celles des comics apparaissent sur l'écran de télévision pour marquer l'échange de coups[182]. La série est un succès immédiat alors que les tests de visionnage faisaient craindre un cuisant échec[178]. Ce succès se maintient également lorsqu'un film tiré de cette série est distribuée à l'été 1966. En revanche à partir de la deuxième saison, l'intérêt des spectateurs faiblit. Pour compenser les pertes, ABC demande que les épisodes ne fonctionnent plus en couple mais qu'ils soient indépendants. Des économies, faites sur les décors et les accessoires, affaiblissent la qualité de la série. Pour relancer l'intérêt, William Dozier a l'idée de créer une Batgirl. Après consultation des éditeurs de DC Comics elle apparaît dans la série mais elle ne suffit pas à relancer l'intérêt des téléspectateurs et après cette troisième saison Batman quitte les écrans en mars 1968[183].
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Le 22 septembre 2014 sur le réseau Fox est lancée la série Gotham créée par Bruno Heller. L'histoire est centrée sur James Gordon avant qu'il devienne le commissaire de Gotham[184].
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Batman apparaît finalement dans l'ultime épisode de la série (épisode 12 de la saison 5)
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Titans (2018-)
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Il est confirmé le 11 avril 2019 que Iain Glen jouera Bruce Wayne dans la saison 2[185].
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Arrowverse (2019)
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Il est annoncé que Kevin Conroy, la voix originale de Batman dans la série d'animation éponyme, reprendra le rôle du justicier masqué en live-action dans le crossover Crisis on Infinite Earths de l'univers des séries Arrow, Flash, Supergirl de la chaîne The CW[186].
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Après le feuilleton télévisé diffusé de 1966 à 1968, Batman revient sur les écrans en 1968-1969 mais cette fois-ci comme personnage de série d'animation. Il partage la vedette avec Superman dans la série intitulée The Batman / Superman hour. Les épisodes de cette série, d'une très faible qualité, sont ensuite réutilisés pour une série intitulée Batman with Robin the Boy Wonder. De 1973 à 1979, Batman est de nouveau utilisé comme personnage de dessin animé dans la série Super Friends où il partage la vedette avec d'autres personnages issus des comics de DC comme Superman ou Wonder Woman[187]. Cette série est aussi très faible[187] et les deux contrastent avec celle créée en 1992, intitulée Batman de Paul Dini et Bruce Timm. Diffusé par la Fox ce dessin animé est reconnu comme une œuvre importante dans l'univers de Batman. Les mêmes auteurs réalisent en 1999 la série Batman, la relève dans laquelle Bruce Wayne, très âgé, a rangé son costume définitivement et sert de mentor à un jeune homme, Terry McGinnis, qui devient le nouveau Batman[188].
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Le succès de la série animée amène la production de films d'animation qui sortent directement en vidéo comme Batman et Mr Freeze : Subzero en 1998[189], Batman, la relève : Le Retour du Joker en 2000[190], etc. Cependant avant cela un autre film, Batman contre le fantôme masqué était sorti en salles en 1993. Prévu à l'origine pour une sortie directe en vidéo, il est finalement diffusé dans les cinémas à partir du jour de Noël 1993[191]. Malgré ses qualités, le film ne reste pas longtemps sur les écrans et disparaît au bout de quelques semaines[192].
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En 2004, sur Kids' WB et Cartoon Network, commence une nouvelle série, The Batman, destinée à un public plus jeune que la précédente. Elle dure jusqu'en 2008 et engendre une adaptation en comics intitulée The Batman Strikes[193]. Cette série est centrée sur les débuts de Batman et ses premières rencontres avec ses ennemis habituels[194]. En 2013, une série intitulée Prenez garde à Batman ![n 36] est lancée avec l'apparition de nouveaux personnages mais elle s'arrête en 2014[195].
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En 2019, le personnage fait son retour à la télévision dans la série Harley Quinn dans laquelle il est doublé par Diedrich Bader qui lui prêtait déjà sa voix dans Batman : L'Alliance des héros[196].
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En 1966 sort le film Batman inspiré de la série télévisée diffusée à ce moment sur les écrans américains. Comme dans la série, Batman est joué par Adam West et Robin par Burt Ward. Les antagonistes principaux des héros sont le Joker (joué par Cesar Romero), le Pingouin (Burgess Meredith) et le Sphinx (Frank Gorshin). Catwoman apparaît, jouée par Lee Meriwether et non par Julie Newmar détentrice du rôle dans la série télévisée. En effet, celle-ci est indisponible pour le tournage du film dirigé par Leslie H. Martinson réalisateur de deux épisodes de la série[197]. Le tournage, très rapide, commence dès l'achèvement de la première saison télévisée à la fin avril 1966 et se termine fin mai[174]. Le film est prêt à être distribué fin juillet et la première mondiale se tient à Austin le 30 juillet[198]. Bien que les critiques soient plutôt négatives et que les Américains commencent à se lasser de la « Batmania », le film est un succès[199].
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En 1986, portée par le succès de Batman: The Dark Knight Returns de Frank Miller et The Killing Joke d'Alan Moore, la société Warner Bros. décide de produire un film dont Batman est le héros. L'écriture du script et la nécessité d'attendre la fin du tournage de Beetlejuice réalisé par Tim Burton qui doit diriger le film reportent le tournage[200]. Lors de la pré-production les fans du comics se manifestent pour signifier leurs inquiétudes : Burton ne serait pas assez expérimenté, Michael Keaton dans le rôle de Batman et Jack Nicholson dans celui du Joker risqueraient de ne pas être crédibles, le film serait trop kitsch, etc[201]. Malgré ces attaques, le film, intitulé sobrement Batman, qui sort en 1989, est un succès. Burton s'empare du personnage pour en donner sa version dans son style personnel apprécié des critiques et du grand public[O 3]. Batman rapporte 251 millions de dollars sur le marché nord-américain et 160 millions de dollars à l'international, soit un total d'environ 411 millions de dollars[202].
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En 1992 sort une suite intitulée Batman : Le Défi avec encore Tim Burton à la réalisation et Michael Keaton dans le rôle-titre. Cette fois Batman doit combattre le Pingouin, joué par Danny DeVito, Catwoman, interprétée par Michelle Pfeiffer et Max Shreck interprété par Christopher Walken[203]. Tim Burton participe à la production du film et obtient d'être le seul responsable. Il crée alors une œuvre sombre qui n'a pas l'agrément de la Warner Bros. La Warner voulait un film tout public pour que les ventes de produits dérivés soient importantes alors que Tim Burton réalise un film pour un public adulte et ne se soucie pas du merchandising[204]. Malgré cela le film rapporte 160 millions de dollars seulement aux États-Unis, et 270 millions au total[205].
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Après Batman : Le Défi, Warner ne souhaite plus que Tim Burton réalise une nouvelle aventure de Batman et préfère confier le troisième film intitulé Batman Forever à Joel Schumacher. Ce dernier accepte les demandes de l'entreprise et réalise un film qui peut être vu par les plus jeunes. Michael Keaton refuse de porter une troisième fois le costume du chevalier noir et il est remplacé par Val Kilmer. Les ennemis sont cette fois Double-Face, joué par Tommy Lee Jones, et l'Homme-mystère, joué par Jim Carrey. Robin, joué par Chris O'Donnell, apparaît pour la première fois et Nicole Kidman interprète le rôle de Chase Meridian. Bien que différente de la version de Tim Burton, celle de Schumacher est aussi inventive avec un travail sur la couleur, la photographie et le décor[O 4]. Les résultats d'exploitation, bien qu'inférieurs à ceux du premier Batman, sont cependant supérieurs à ceux du deuxième film de Tim Burton. Aux États-Unis le film rapporte 184 millions de dollars et avec des recettes de plus de 152 millions dans le reste du monde, le total s'élève à plus de 336 millions de dollars[206].
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Le dernier film de la série, intitulé Batman et Robin, est aussi réalisé par Joel Schumacher et sort en 1997. Val Kilmer laisse la place à George Clooney dans le rôle de Batman qui doit cette fois combattre Mr Freeze joué par Arnold Schwarzenegger et Poison Ivy jouée par Uma Thurman. Il est aidé par Robin toujours interprété par Chris O'Donnell et Batgirl interprétée par Alicia Silverstone. Bien que le film rapporte 237 millions de dollars, il est très mal reçu par les critiques et cet échec amène Warner Bros à ne pas produire un cinquième film comme prévu initialement[207].
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Après l'abandon de ce projet d'un cinquième film réalisé par Joel Schumacher et qui se serait appelé Batman Triumphant, d'autres scénarios sont proposés (Batman: Darknight, Batman de Darren Aronofsky, Year One de Frank Miller repris ensuite par Lana et Andy Wachowski, etc.)[208]. Aucun de ces projets n'est retenu par Warner Bros et c'est seulement en 2005 que sort la première partie d'une trilogie réalisée par Christopher Nolan avec Christian Bale dans le rôle de Batman. Les titres de ces trois films sont Batman Begins (2005), The Dark Knight : Le Chevalier noir en 2008 et The Dark Knight Rises en 2012. Dès le début du projet, une trilogie est prévue dans laquelle les trois œuvres se répondent[209]. Aussi, plusieurs acteurs, en plus de Christian Bale, sont engagés pour le même rôle dans les trois films : Michael Caine joue Alfred Pennyworth, Morgan Freeman Lucius Fox, Gary Oldman Jim Gordon[210].
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Christopher Nolan réussit à reprendre le personnage et créer une série qui ne doit plus rien aux films des années 1990. Avec Batman Begins il présente les débuts de l'homme chauve-souris qui, revenu à Gotham après une absence de 8 ans, doit combattre l'épouvantail joué par Cillian Murphy et Ra's Al Ghul interprété par Liam Neeson. Les choix esthétiques et le scénario de David S. Goyer contribuent au succès du film[211] qui rapporte plus de 374 millions de dollars dans le monde[212].
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Le deuxième film intitulé The Dark Knight : Le Chevalier noir est aussi un succès critique et commercial. Cette fois Batman doit lutter contre le Joker, interprété par Heath Ledger qui assure une prestation qualifiée d'inoubliable[213], et Double-Face, joué par Aaron Eckhart. Les recettes s'élèvent à plus d'un milliard de dollars[214]. ce qui le classe au 18e rang du box-office mondial[215]. Il est suivi en 2012 par The Dark Knight Rises dans lequel Batman affronte Bane, joué par Tom Hardy, et Talia al Ghul, la fille de Ra's Al Ghul, le vilain du premier film, jouée par Marion Cotillard. L'accueil public et critique est excellent ; le site Rotten Tomatoes évalue la note moyenne des critiques à 8 sur 10[216]. Les recettes du film dépassent celles du précédent opus pour s'établir à plus d'un milliard et 84 millions de dollars[217].
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L'idée de produire une suite à The Dark Knight Rises est rapidement abandonnée car Christopher Nolan et Christian Bale ont clairement fait savoir qu'ils ne comptaient pas rajouter un quatrième volet à leur trilogie[218]. Toutefois, à la suite du succès de Man of Steel, Warner Bros. décide de créer un univers cohérent comme le concurrent Marvel Studios, et de lancer une franchise inspirée de DC Comics[219].
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Zack Snyder prend les rênes de la réalisation du projet pour le retour de Batman au cinéma dans une aventure avec Superman, Batman v Superman : L'Aube de la Justice, sorti en 2016, à la fois suite de Man of Steel et une relance de Batman qui est interprété par Ben Affleck[220]. Par la suite, on retrouve Batman dans le film de David Ayer, Suicide Squad, en 2016, quoiqu'il n'y apparaisse que très peu. Il est de retour toutefois dans la suite de Batman V Superman, Justice League de Zack Snyder en 2017 toujours avec Ben Affleck dans le rôle de Bruce Wayne / Batman[221].
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Un nouveau film, réalisé cette fois par Matt Reeves, devrait prendre l'affiche en juin 2021. Ben Affleck ne reprendra pas le rôle[222]. En mai 2019, il est annoncé que le nouvel interprète de Batman sera Robert Pattinson[223].
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Batman apparait dans de nombreux films d'animations. Certains sont sortis en salles, la plupart sont publiés directement en vidéo. Le premier film d'animation, Batman contre le fantôme masqué sort en 1993, fait suite à la série animée des années 1990, tout comme Batman et Mr. Freeze : Subzero (1998), Batman : La Mystérieuse Batwoman (2003).
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Deux longs métrages basés sur la série Batman, la relève sont édités en direct-to-video par Warner : en 1999, Batman, la relève : Le Film qui consiste en fait en une compilation de plusieurs épisodes de Batman, la relève, puis en 2000 un long métrage entièrement original : Batman, la relève : Le Retour du Joker.
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Warner Bros. produit de nombreux autres films d'animations dans lesquels Batman croise d'autres héros (Batman/Superman Movie: World's Finest, Superman/Batman : Ennemis publics, Superman/Batman : Apocalypse...) et affronte le vilain mythique (Batman contre Dracula). Il apparaît dans plusieurs films centrés sur la Ligue de justice d'Amérique, soit (La Ligue des justiciers : Nouvelle frontière , La Ligue des justiciers : Conflit sur les deux Terres, La Ligue des justiciers : Nouvelle Génération, La Ligue des Justiciers : Échec, La Ligue des justiciers : Le Paradoxe Flashpoint, Les Aventures de la Ligue des justiciers : Piège temporel, La Ligue des justiciers : Guerre, La Ligue des justiciers : Le Trône de l'Atlantide, La Ligue des justiciers : Dieux et monstres, La Ligue des justiciers vs Teen Titans et finalement Justice League Dark...).
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Si les films n'ont pas de liens entre eux, certains films d'animation de Batman se suivent. Ainsi, Le Fils de Batman (2014) est suivi de Batman vs. Robin (2015) et Batman : Mauvais Sang (2016). Alors que Batman Unlimited : L'Instinct animal (2015) est suivi de Batman Unlimited : Monstrueuse pagaille, sorti la même année. Puis en septembre 2016 est sorti le film Batman Unlimited : Machines contre Mutants.
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Par ailleurs, plusieurs films d'animations sont nés du partenariat entre Warner/DC avec la firme de jouets Lego et s'adressent plus aux enfants. Lego DC Comics: Batman Be-Leaguered (2014), Lego DC Comics Super Heroes : La Ligue des Justiciers contre la Ligue des Bizarro (2015) et Lego DC Comics Super Heroes : La Ligue des justiciers - L'Attaque de la Légion maudite (2015) sortent uniquement en vidéo. Lego Batman, le film est sorti cependant en salles en 2017. Il fait suite à La Grande Aventure Lego (2014), dans lequel Batman faisait une apparition. Batman revient ensuite dans La Grande Aventure Lego 2 (2019). En 2019, il rencontre les Tortues Ninja dans Batman vs. Teenage Mutant Ninja Turtles de Jake Castorena.
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Depuis 1986 et le jeu Batman, sorti sur Amstrad CPC, MSX et ZX Spectrum, Batman est le héros de nombreux jeux vidéo à son effigie. Toutefois, même si le personnage dirigé par le joueur et les ennemis qu'il combat ont les costumes des séries de DC Comics, rien de ce qui constitue l'univers de Batman n'est conservé dans les jeux jusqu'en 1989, année de sortie du premier film de Tim Burton. La plupart de ces jeux seront alors des adaptations des diverses incarnations cinématographiques ou animées du personnage et dans tous les cas, le joueur est face à un jeu vidéo à défilement horizontal.
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En 1989, la société japonaise Sunsoft se penche sur le film et achète les droits, et sort une première version de type action-plates-formes simplement nommée Batman: The Video Game sur Nintendo Entertainment System. Cette adaptation NES du film est considérée comme l'un des meilleurs titres de cette console[224],[225]. Puis, une seconde version, cette fois-ci de type beat them all, voit le jour sur une console naissante et plus puissante, la Mega Drive. Cette coïncidence de sortie ne signifie pas que le film serve nécessairement d'inspiration au jeu. Le Batman de 1989 ne garde que le costume et quelques accessoires du personnage alors que le second retient en plus quelques idées du film.
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À la sortie du deuxième film de Tim Burton, plusieurs éditeurs, Sega, GameTek UK et Konami, vont acquérir les droits afin de sortir chacun leur adaptation vidéoludique du film. En 1993, sort sur Game Boy Batman: The Animated Series inspiré par le dessin animé du même nom[226],[227]. Sega et Konami vont sortir chacun leur version beat them all de The Adventures of Batman and Robin, une sur Mega Drive et une sur Super Nintendo et seront reçues positivement par la critique.
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En 2001, la même série animée est à l'origine du jeu Batman : Vengeance pour Xbox et PlayStation 2. Le jeu, qui n'est plus à défilement horizontal, permet au joueur de retrouver le monde de l'animé et de combattre les personnages qui l'habitent ; la plupart des voix des personnages sont les mêmes dans la série et dans le jeu (Mark Hamill en Joker, Arleen Sorkin en Harley Quinn, etc.)[228].
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Parmi les jeux les plus réussis figure Batman: Arkham Asylum, un titre sorti en 2009 édité par Eidos Interactive qui reçoit d'excellentes critiques : les agrégateurs de notes lui octroient 91 sur 100 pour Metacritic et 91,89 % pour GameRankings[229],[230]. Le jeu est alors à l'origine de la franchise Batman: Arkham, et connaît trois suites : Arkham City, Arkham Origins et Arkham Knight[231]. Arkham Asylum et ses suites sont conçues comme des œuvres dans lesquelles aucun des éléments constitutifs d'un jeu (scénario, jouabilité, graphisme, etc.) n'est délaissé. Le scénario est écrit par Paul Dini, auteur reconnu des dessins animés mettant en scène Batman, la jouabilité est excellente et le graphisme très riche[232]. Par ailleurs, cette série de jeux constitue, à partir des éléments classiques de l'univers Batman, un monde unique comme pouvaient l'être les séries de films. L'asile d'Arkham est le lieu où se déroule le premier jeu mais les jeux suivants quittent cette prison pour fous dangereux et emmènent Batman dans des endroits originaux. Arkham city, un regroupement de plusieurs quartiers de Gotham city transformé en quartier de haute sécurité, est une création pour le deuxième jeu où tous les fous d'Arkham mais aussi les criminels condamnés de la prison de Blackgate sont enfermés. À cette série de jeux s'ajoutent des parties développées dans des comic books (Arkham City écrits par Paul Dini) et des bandes dessinées accessibles sur Internet (Arkham Unhinged)[233]. En attendant la sortie de Batman: Arkham Knight une préquelle, Arkham Origins, créée par Warner Bros. Games Montréal, a permis de patienter[234]. Le dernier opus de la série Arkham Knight sort enfin en juin 2015 et reçoit encore de très bonnes critiques comme celle de Gamekult[235] ou celle de IGN[236].
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Le personnage de Batman est suffisamment connu pour que son image soit utilisée sur des produits dérivés. Ce sont surtout les incarnations télévisées ou cinématographiques qui ont entretenu ce phénomène. Ainsi, la série télévisée diffusée de 1966 à 1968 provoque une mode Batman et pour profiter de cette aubaine, DC Comics accorde des licences d'exploitation à de nombreuses entreprises. Dès lors, des costumes, des jouets, des livres, des cartes, etc. sont vendus alors que jusqu'à cette année Batman avait été très peu utilisé pour vendre des produits dérivés[178]. Le total des ventes portant l'image de Batman est alors estimé à 75 millions de dollars[237].
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La carrière à l'écran de Batman dans les décennies suivantes permet de toucher un important public d'enfants et des produits dérivés sont fabriqués pour profiter du phénomène. Ainsi, une série de figurines en plastique créées par la société Mego propose de nombreux personnages et des accessoires (batmobile, batcave, etc.)[149]. Lors de la sortie du film de Tim Burton en 1989, la vente de produits dérivés est aussi importante puisque plus de trois cents licences sont accordées à des entreprises. L'une d'elles est particulière puisqu'il s'agit de la création par Prince d'un album inspiré par le film[238]. De même, la diffusion de dessins animés à partir de 1992 a entraîné la création de produits destinés aux enfants comme la série de jouets distribuée par Kenner[239].
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Vasco da Gama, supposé né en 1469 à Sines au Portugal et mort le 24 décembre 1524 à Cochin aux Indes, est un grand navigateur portugais, traditionnellement considéré comme le premier Européen à arriver aux Indes par voie maritime en contournant le cap de Bonne-Espérance, en 1498.
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Vasco de Gama est né vers 1469 à Sines, sur la côte sud-ouest du Portugal, probablement dans une maison près de l'église de Nossa Senhora das Salas. Sines, l'un des ports de la côte d'Alentejo, est alors constitué principalement de maisons en chaux avec des toitures en tuiles rouges, habitées principalement par des pêcheurs. Son enfance est bercée par les légendes des croisades et de la Reconquista : « Aller aux Maures ! » est le jeu préféré de l'enfant[1].
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Il est le fils d'Estêvão de Gama, portugais issu de la petite noblesse[2], alcaide-mór (gouverneur) de Sines et Silves, et maître de l'ordre de Santiago, et d'Isabel Sodré, fille de João Sodré[3], qui est d'origine anglaise[4]. Le couple Estêvão de Gama et Isabel Sodré a eu cinq fils (par ordre d'âge : Paulo da Gama, João Sodré, Vasco de Gama, Pedro da Gama et Buenos da Gama) et une fille, Teresa da Gama (qui a épousé Lopo Mendes de Vasconcelos).
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On connaît peu de choses sur la jeunesse de Vasco de Gama. L'historien portugais Teixeira de Aragão suggère qu'il a étudié les mathématiques et la navigation dans la ville d'Évora, ayant possiblement reçu des leçons de l'astronome Abraham Zacuto[5].
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Vers 1480, Vasco de Gama suit son père qui rejoint l'ordre de Sant'Iago de l'Épée. Le maître de Santiago est alors le prince Jean qui va monter sur le trône en 1481 sous le nom de Jean II de Portugal. Jean II adore cet ordre, favorisant les perspectives des Gama. En 1492, Jean II envoie Vasco de Gama en mission dans le port de Setúbal et la région de l'Algarve pour saisir les navires français en représailles des dommages commis par les Français en temps de paix contre les navires portugais — une mission que Vasco de Gama effectue rapidement et efficacement[6].
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Lorsque Vasco de Gama embarque en 1497 à la tête de quatre navires[7], cela fait environ un siècle que les Portugais, à la suite des expéditions lancées par le prince Henri le Navigateur, explorent méthodiquement les côtes africaines et leurs richesses (or, esclaves, ivoire, gomme, maniguette). Après la mort d'Henri le Navigateur en 1460, la couronne portugaise montre peu d'intérêt pour la poursuite coûteuse de ces expéditions et en 1469 afferme le trafic à un groupe de commerçants mené par Fernão Gomes. Lorsque la charte pour le renouvellement de cette concession avec Gomes prend fin en 1474, le prince Jean demande à son père le roi Alphonse V de Portugal de récupérer cette concession.
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Bartolomeu Dias est chargé par le roi Jean II de Portugal de poursuivre les explorations de Diogo Cão le long des côtes africaines et double fin 1487 le cap de Bonne-Espérance. L'étape suivante consiste à rallier l'Inde puis les Indes orientales, alors centre économique et commercial de la planète avec ses épices, pierres précieuses, textile et riz, par la voie maritime pour briser le monopole de la république de Venise. Jean II envoie également en mission Pêro da Covilhã dans le but d'atteindre les Indes. De plus, avec l'accession au trône de Manuel Ier de Portugal, les milieux joachimites millénaristes favorisés par leur diplomate Duarte Galvão et leur navigateur Afonso de Albuquerque, espèrent trouver le mythique royaume du prêtre Jean et conclure avec lui une alliance de revers contre les Ottomans[8].
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Manuel Ier le Grand fait appel à Vasco de Gama pour cette mission « charismatique » et finance sa première expédition en 1497[2]. Vasco de Gama quitte le Tage le 8 juillet 1497 avec 200 hommes d'équipage à bord de quatre navires (São Gabriel (en), son vaisseau amiral, le São Rafael commandé par son frère Paulo da Gama, la caravelle Berrio commandée par Nicolau Coelho, et un autre navire de stockage au nom inconnu commandé par Gonzalo Nunez, ce dernier fut démantelé près de la baie de São Bràs sur la côte est de l'Afrique). Il progresse malgré les ravages de la dysenterie et du scorbut[9], fait cette grande « volte » au large du Brésil pour rejoindre les côtes africaines, faisant étape dans les différents comptoirs jalonnant la route maritime de Bartolomeu Dias. Il double le cap des tempêtes le 22 novembre 1497, emmène avec lui des guides indiens ou musulmans, prêtés ou arrachés de force aux petits souverains des côtes d'Afrique de l'Est car ils connaissent bien les courants de l'océan Indien. Il s'ancre au port de Pantalayini à une vingtaine de kilomètres de la cité-État de Calicut aux Indes le 21 mai 1498 puis débarque sur la plage de Kappad (en) le 28 mai, son équipage en guenilles étant exténué[10].
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Le voyage est un échec : le Zamorin de Calicut, déçu par les marchandises qu'il lui propose — miel, chapeaux, pots de chambre — lui refuse les avantages commerciaux qu'il demande et l'Inde compte moins de chrétiens qu'il n'escomptait, au point qu'il doit repartir trois mois plus tard, prenant en otage des notables pour assurer ses arrières[11]. Néanmoins, il est couvert d'honneurs à son retour, est nommé « amiral des Indes » et à ce titre contrôle une partie du commerce avec l'Inde. Désormais, Vasco de Gama va utiliser sa légende (comme celle d'être le premier voyageur à atteindre l'Inde, terre nouvelle, alors que le pays est depuis longtemps traversé par des pilotes arabes, marchands vénitiens, génois, juifs, malais ou musulmans, chrétiens syriaques s'y approvisionnant en poivre) pour construire sa carrière[12]. La cour de Manuel Ier, autoproclamé « seigneur de la conquête, de la navigation et du commerce d'Éthiopie, d'Arabie, de la Perse et de l'Inde »[13], s'entiche de Gaspar, un juif converti par Vasco de Gama sur le chemin de retour, qui raconte aux courtisans ce qu'ils ont envie d'entendre, à savoir qu'il y a en Inde de nombreux chrétiens (ils pensent encore que le royaume du prêtre Jean se situe en Inde et que les hindous sont des chrétiens)[14].
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Vasco de Gama arrive auprès du Zamorin de Calicut, v. 1672
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Rencontre de Vasco de Gama et du Samorain, gravure, 1850
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Vasco da Gama devant le Zamorin, Veloso Salgado, 1898
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L'arrivée de Vasco de Gama à Calicut en 1498, (en) Alfredo Roque Almeiro, v. 1900
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À la suite de son deuxième voyage (1502-1503) avec une flotte de 20 navires et des marchandises intéressant enfin les Indiens (de l'or et de l'argent rapportés des grandes découvertes des Amériques), Vasco de Gama tombe en disgrâce[12]. Bien que cette deuxième expédition, parfois violente (bombardement du port de Calicut en représailles aux massacres contre l'équipage de Pedro Álvares Cabral ; l'assaut le 29 septembre 1502 contre le navire marchand Miri qui ramène des pèlerins de La Mecque, révèle la cruauté de Vasco de Gama : il préfère brûler le navire et faire couler hommes, femmes et enfants plutôt que d'accepter la rançon que les riches marchands musulmans lui proposent[13]), marque les débuts de l'empire colonial portugais et rapporte à la couronne un butin substantiel ainsi que des privilèges commerciaux importants grâce aux comptoirs qu'il a fondés sur les côtes africaines, il n'a en effet pas réussi à soumettre le Zamorin de Calicut et l'espoir de trouver le royaume du prêtre Jean est déçu : le roi Manuel sanctionne ainsi le clan des nobles qui privilégie le mercantilisme à la mission chrétienne.
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S'installant à Évora avec sa famille, il est laissé dans une semi-retraite pendant vingt ans tandis que Francisco de Almeida est nommé vice-roi des Indes en 1505.
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Finalement le roi Manuel Ier lui donne le titre de comte de Vidigueira en 1519 et son successeur Jean III le nomme vice-roi des Indes en 1524, souhaitant lutter contre la corruption qui se développe dans les comptoirs. Vasco de Gama entreprend un troisième voyage mais meurt peu de temps après son arrivée. Enterrés dans l'église de Saint-François de Cochin, ses restes sont ramenés au Portugal par un de ses fils en 1539 et transférés dans un couvent de Carmélites, aujourd'hui propriété privée connue sous le nom de Quinta do Carmo, près du village de Vidigueira[15].
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À la différence de Christophe Colomb, Vasco de Gama n'a pas laissé de récit de voyage. Cependant, l'un de ses hommes, resté anonyme, a tenu un journal, lequel donne un bon aperçu des divers problèmes qu'il leur fallut surmonter.
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Ayant ouvert une nouvelle voie maritime pour le commerce des épices et établi des liens commerciaux, le royaume de Portugal ne profitera pas de l'entreprise de Vasco de Gama par manque d'armateurs, à cause de la concurrence des Pays-Bas puis de son annexion à l'Union ibérique[12].
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Statue au palais Antoniadis à Alexandrie.
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Cénotaphe au monastère des Hiéronymites.
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Première tombe de Vasco de Gama à Cochin.
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Vasco de Gama est né vers 1469 à Sines, sur la côte sud-ouest du Portugal, probablement dans une maison près de l'église de Nossa Senhora das Salas. Sines, l'un des ports de la côte d'Alentejo, est alors constitué principalement de maisons en chaux avec des toitures en tuiles rouges, habitées principalement par des pêcheurs. Son enfance est bercée par les légendes des croisades et de la Reconquista : « Aller aux Maures ! » est le jeu préféré de l'enfant[1].
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Il est le fils d'Estêvão de Gama, portugais issu de la petite noblesse[2], alcaide-mór (gouverneur) de Sines et Silves, et maître de l'ordre de Santiago, et d'Isabel Sodré, fille de João Sodré[3], qui est d'origine anglaise[4]. Le couple Estêvão de Gama et Isabel Sodré a eu cinq fils (par ordre d'âge : Paulo da Gama, João Sodré, Vasco de Gama, Pedro da Gama et Buenos da Gama) et une fille, Teresa da Gama (qui a épousé Lopo Mendes de Vasconcelos).
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Vers 1480, Vasco de Gama suit son père qui rejoint l'ordre de Sant'Iago de l'Épée. Le maître de Santiago est alors le prince Jean qui va monter sur le trône en 1481 sous le nom de Jean II de Portugal. Jean II adore cet ordre, favorisant les perspectives des Gama. En 1492, Jean II envoie Vasco de Gama en mission dans le port de Setúbal et la région de l'Algarve pour saisir les navires français en représailles des dommages commis par les Français en temps de paix contre les navires portugais — une mission que Vasco de Gama effectue rapidement et efficacement[6].
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Lorsque Vasco de Gama embarque en 1497 à la tête de quatre navires[7], cela fait environ un siècle que les Portugais, à la suite des expéditions lancées par le prince Henri le Navigateur, explorent méthodiquement les côtes africaines et leurs richesses (or, esclaves, ivoire, gomme, maniguette). Après la mort d'Henri le Navigateur en 1460, la couronne portugaise montre peu d'intérêt pour la poursuite coûteuse de ces expéditions et en 1469 afferme le trafic à un groupe de commerçants mené par Fernão Gomes. Lorsque la charte pour le renouvellement de cette concession avec Gomes prend fin en 1474, le prince Jean demande à son père le roi Alphonse V de Portugal de récupérer cette concession.
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Manuel Ier le Grand fait appel à Vasco de Gama pour cette mission « charismatique » et finance sa première expédition en 1497[2]. Vasco de Gama quitte le Tage le 8 juillet 1497 avec 200 hommes d'équipage à bord de quatre navires (São Gabriel (en), son vaisseau amiral, le São Rafael commandé par son frère Paulo da Gama, la caravelle Berrio commandée par Nicolau Coelho, et un autre navire de stockage au nom inconnu commandé par Gonzalo Nunez, ce dernier fut démantelé près de la baie de São Bràs sur la côte est de l'Afrique). Il progresse malgré les ravages de la dysenterie et du scorbut[9], fait cette grande « volte » au large du Brésil pour rejoindre les côtes africaines, faisant étape dans les différents comptoirs jalonnant la route maritime de Bartolomeu Dias. Il double le cap des tempêtes le 22 novembre 1497, emmène avec lui des guides indiens ou musulmans, prêtés ou arrachés de force aux petits souverains des côtes d'Afrique de l'Est car ils connaissent bien les courants de l'océan Indien. Il s'ancre au port de Pantalayini à une vingtaine de kilomètres de la cité-État de Calicut aux Indes le 21 mai 1498 puis débarque sur la plage de Kappad (en) le 28 mai, son équipage en guenilles étant exténué[10].
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Le voyage est un échec : le Zamorin de Calicut, déçu par les marchandises qu'il lui propose — miel, chapeaux, pots de chambre — lui refuse les avantages commerciaux qu'il demande et l'Inde compte moins de chrétiens qu'il n'escomptait, au point qu'il doit repartir trois mois plus tard, prenant en otage des notables pour assurer ses arrières[11]. Néanmoins, il est couvert d'honneurs à son retour, est nommé « amiral des Indes » et à ce titre contrôle une partie du commerce avec l'Inde. Désormais, Vasco de Gama va utiliser sa légende (comme celle d'être le premier voyageur à atteindre l'Inde, terre nouvelle, alors que le pays est depuis longtemps traversé par des pilotes arabes, marchands vénitiens, génois, juifs, malais ou musulmans, chrétiens syriaques s'y approvisionnant en poivre) pour construire sa carrière[12]. La cour de Manuel Ier, autoproclamé « seigneur de la conquête, de la navigation et du commerce d'Éthiopie, d'Arabie, de la Perse et de l'Inde »[13], s'entiche de Gaspar, un juif converti par Vasco de Gama sur le chemin de retour, qui raconte aux courtisans ce qu'ils ont envie d'entendre, à savoir qu'il y a en Inde de nombreux chrétiens (ils pensent encore que le royaume du prêtre Jean se situe en Inde et que les hindous sont des chrétiens)[14].
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Vasco de Gama arrive auprès du Zamorin de Calicut, v. 1672
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Rencontre de Vasco de Gama et du Samorain, gravure, 1850
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Vasco da Gama devant le Zamorin, Veloso Salgado, 1898
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L'arrivée de Vasco de Gama à Calicut en 1498, (en) Alfredo Roque Almeiro, v. 1900
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À la suite de son deuxième voyage (1502-1503) avec une flotte de 20 navires et des marchandises intéressant enfin les Indiens (de l'or et de l'argent rapportés des grandes découvertes des Amériques), Vasco de Gama tombe en disgrâce[12]. Bien que cette deuxième expédition, parfois violente (bombardement du port de Calicut en représailles aux massacres contre l'équipage de Pedro Álvares Cabral ; l'assaut le 29 septembre 1502 contre le navire marchand Miri qui ramène des pèlerins de La Mecque, révèle la cruauté de Vasco de Gama : il préfère brûler le navire et faire couler hommes, femmes et enfants plutôt que d'accepter la rançon que les riches marchands musulmans lui proposent[13]), marque les débuts de l'empire colonial portugais et rapporte à la couronne un butin substantiel ainsi que des privilèges commerciaux importants grâce aux comptoirs qu'il a fondés sur les côtes africaines, il n'a en effet pas réussi à soumettre le Zamorin de Calicut et l'espoir de trouver le royaume du prêtre Jean est déçu : le roi Manuel sanctionne ainsi le clan des nobles qui privilégie le mercantilisme à la mission chrétienne.
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S'installant à Évora avec sa famille, il est laissé dans une semi-retraite pendant vingt ans tandis que Francisco de Almeida est nommé vice-roi des Indes en 1505.
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Finalement le roi Manuel Ier lui donne le titre de comte de Vidigueira en 1519 et son successeur Jean III le nomme vice-roi des Indes en 1524, souhaitant lutter contre la corruption qui se développe dans les comptoirs. Vasco de Gama entreprend un troisième voyage mais meurt peu de temps après son arrivée. Enterrés dans l'église de Saint-François de Cochin, ses restes sont ramenés au Portugal par un de ses fils en 1539 et transférés dans un couvent de Carmélites, aujourd'hui propriété privée connue sous le nom de Quinta do Carmo, près du village de Vidigueira[15].
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À la différence de Christophe Colomb, Vasco de Gama n'a pas laissé de récit de voyage. Cependant, l'un de ses hommes, resté anonyme, a tenu un journal, lequel donne un bon aperçu des divers problèmes qu'il leur fallut surmonter.
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Ayant ouvert une nouvelle voie maritime pour le commerce des épices et établi des liens commerciaux, le royaume de Portugal ne profitera pas de l'entreprise de Vasco de Gama par manque d'armateurs, à cause de la concurrence des Pays-Bas puis de son annexion à l'Union ibérique[12].
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Statue au palais Antoniadis à Alexandrie.
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Cénotaphe au monastère des Hiéronymites.
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Première tombe de Vasco de Gama à Cochin.
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Vaslav Nijinski (en russe : Вацлав Фомич Нижинский, Vatslav Fomitch Nijinski ; en polonais : Wacław Niżyński), aussi retranscrit Vaclav Nijinsky ou Vatslav Nizhinski, né à Kiev le 12 mars 1889[2] et décédé le 8 avril 1950 à Londres, est un danseur et chorégraphe russe d'origine polonaise.
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Nijinski est aussi l'auteur d'un système de notation de la danse qu'il inventa pour son usage personnel. Grâce aux recherches de spécialistes, on a pu reconstituer fidèlement certaines de ses chorégraphies, dont L'Après-midi d'un faune et une partie du Sacre du printemps.
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Vaslav Nijinski est le fils des danseurs polonais Tomasz Niżyński (son père) et Eleonora Bereda (sa mère), et le frère de la danseuse Bronislava Nijinska. À partir de 1900, Nijinski fréquente l'académie de danse impériale de Saint-Pétersbourg et devient connu pour son exceptionnelle virtuosité et pour ses sauts. Révélé par l'impresario Serge de Diaghilev, issu de la haute bourgeoisie de Saint-Pétersbourg qu'il rencontre en 1908, et dont il sera l'amant jusqu'en 1913, il est considéré comme le plus grand danseur de son époque. Il fut l'étoile des Ballets russes et marqua de son interprétation les créations de Schéhérazade, du Spectre de la rose, de Petrouchka et de L'Après-midi d'un faune.
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Serge de Diaghilev fut responsable du choix de la troupe de danseurs du théâtre Mariinsky pour les représentations des Ballets russes à Paris et à Londres. Il entra en conflit avec la direction du Mariinsky lorsqu’il voulut engager Nijinski pour la tournée. En effet, après le scandale provoqué par la mise en scène de Diaghilev pour le ballet Giselle, où Nijinski dansa devant les membres de la Maison impériale Romanov sans porter les hauts-de-chausses obligatoires à l’époque, dans son interprétation du personnage d'Albrecht (avec Tamara Karsavina dans celui de Giselle), Nijinski avait été immédiatement licencié, son justaucorps court et son maillot moulant étant considérés comme indécents.
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Les Ballets russes connurent un immense succès à l’époque, notamment parce que l’orientalisme était très en vogue dans la société parisienne et londonienne. Le talent de Diaghilev, les musiques et chorégraphies modernes, avec des costumes très travaillés, et des décors de grande qualité (Cocteau, Bakst, Benois et Picasso), donnèrent à la compagnie une dimension avant-gardiste et firent des Ballets russes une des compagnies les plus influentes du XXe siècle. Diaghilev abandonna rapidement le répertoire classique pour commander de nouveaux ballets, créés autour des musiques de Debussy, Ravel, Strauss, ou encore de Falla.
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Nijinski dansa pour les premières des Ballets russes suivants :
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La première saison des Ballets russes fut consacrée aux pièces orientales, particulièrement appréciées par le public parisien d'alors. Les ballets lyriques orientaux Shéhérazade, Daphnis et Chloé et Le Dieu bleu étaient des pièces divertissantes et oniriques, qui correspondaient au profil androgyne et félin de Nijinski (particulièrement dans son rôle d'esclave dans Shéhérazade).
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Les pièces orientales atteignirent le sommet de leur gloire avec le ballet Shéhérazade. Ida Rubinstein dans le rôle de Zobéide, et Nijinski dans le rôle de l’esclave, dansaient sur scène avec un art relevant presque de la pantomime. Mais plus que les idées chorégraphiques, c’est la mise en scène et les costumes de Léon Bakst qui marquèrent profondément les esprits. Après que Le Dieu bleu eut échoué face au public, Diaghilev se sépara peu à peu de son chorégraphe Fokine.
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À travers le répertoire de ballet de Fokine, c’est également la première fois qu’un danseur est au centre de l’attention et de la renommée d’un ballet. Le public attendait tout particulièrement les sauts athlétiques de Nijinski, ainsi que la qualité de son interprétation lyrique d’acteur. La scénographie et les costumes étaient également très appréciés.
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Avec L'Oiseau de feu, Igor Stravinsky, qui devait bientôt devenir un contributeur très important pour les partitions de ballet de la compagnie, propose pour la première fois une de ses œuvres. Au départ, c'était Tamara Karsavina, la partenaire principale de Nijinski, qui interprétait le rôle de l’oiseau de feu. Après le départ de Fokine des Ballets russes en 1912, le poste de chorégraphe fut repris par Nijinski, qui avait d'ores et déjà contribué aux idées chorégraphiques dans les ballets Shéhérazade, L'Oiseau de feu et Petrouchka.
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Avec Le Spectre de la rose (inspiré du poème éponyme de Théophile Gautier) apparaît de façon claire le virage chorégraphique du travail de Fokine. La nouvelle chorégraphie de Fokine, pour le couple Karsavina-Nijinski, introduit une véritable révolution dans la danse en couple puisqu'elle libère le danseur masculin de son rôle classique, en lui donnant un rôle androgyne ; cette chorégraphie permet au danseur masculin d’avoir autant d'importance que la ballerine, ce qui n'est pas le cas dans les ballets classiques[3].
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Le ballet, qui se déroule dans les songes d'une femme, dans lesquels il n'y a pas de hiérarchisation des sexes, font du Spectre de la rose un nouveau concept en soi, qui dépasse la tradition classique du ballet, en répondant pourtant toujours aux canons du ballet romantique, à travers les mouvements et l’utilisation de l’espace.
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Avec Stravinsky, c’est la première fois que l’on redécouvre un compositeur exceptionnel pour les pièces de ballet depuis longtemps. Le travail réalisé autour de la pièce Petrouchka laisse déjà apparaître une rupture de style importante, à travers l’écriture caractéristique de Stravinsky et les innovations chorégraphiques de Nijinski.
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La relation entre les trois personnages de Petrouchka, de la ballerine et du magicien appartient au mouvement moderne. Lors de la première de Petrouchka en 1911, l’interprétation dramaturgique de Nijinski fut acclamée. Sarah Bernhardt dit à propos de Nijinski : « J'ai peur, j'ai peur, car je vois l'acteur le plus grand du monde »[réf. nécessaire]. Tamara Karsavina était la partenaire de Nijinski dans Petrouchka, le magicien était interprété par le professeur de ballet de Nijinski, Enrico Cecchetti.
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Nijinski opère une rupture avec le passé en 1912, avec L'Après-midi d'un faune, d'après le Prélude à l'Après-midi d'un faune de Claude Debussy. Très bon danseur classique, réputé entre autres pour ses bonds magnifiques, il crée cette pièce avec un seul petit bond, des déplacements latéraux, corps cassé, sans repères, dans un mouvement unique, sans thèmes ni accents marquant le tempo. Pour la première fois, Diaghilev confia le travail chorégraphique entièrement à Nijinski, en l'assurant de son soutien total. L’absence d’expérience de Nijinski en tant que chorégraphe se fit particulièrement ressentir lorsqu’il fallut transmettre de nouvelles idées à l’ensemble du ballet, tout particulièrement pour les mouvements tout à fait novateurs de L'Après-midi d'un faune, qui étaient saccadés et très différents des mouvements de ballets classiques.
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Lors de la première de L'Après-midi d'un faune, il y eut de fortes polémiques, du fait de la chorégraphie révolutionnaire de Nijinski (un orgasme est évoqué à la fin de la pièce), mais également des réactions calculées de Diaghilev concernant les sous-entendus sexuels[réf. nécessaire]. Le critique Gaston Calmette écrivit dans Le Figaro du 30 mai 1912 : « Je suis persuadé que tous les lecteurs du Figaro qui étaient hier au Châtelet m’approuvent si je proteste contre l’exhibition trop spéciale qu’on prétendait nous servir comme une production profonde, parfumée d’art précieux et d’harmonieuse poésie. Ceux qui nous parlent d’art et de poésie à propos de ce spectacle se moquent de nous. Ce n’est ni une églogue gracieuse ni une production profonde. Nous avons eu un Faune inconvenant avec de vils mouvements de bestialité érotique et des gestes de lourde impudeur. »[réf. nécessaire]
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Auguste Rodin contredit cette position dans un article ouvert dans Le Matin : « Aucun rôle n’a montré Nijinski aussi extraordinaire que sa dernière création de l'Après-midi d’un faune. Plus de saltations, plus de bons, rien que les attitudes et les gestes d’une animalité à demi-consciente… Il a la beauté de la fresque et de la statuaire antiques… Rien n’est plus saisissant que son élan, lorsqu’au dénouement, il s’étend la face contre terre, sur le voile dérobé qu’il baise et qu’il étreint avec la ferveur d’une volupté passionnée[réf. nécessaire]. »
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Après que Diaghilev eut fêté son succès inattendu avec le Faune, il demanda à Stravinsky, qui avait déjà écrit la musique de Petrouchka et de L'Oiseau de feu, de composer une pièce moderne sur le thème de la Russie préhistorique. Il composa alors Le Sacre du printemps, dont le ballet fut une œuvre tout à fait remarquable. Avec Le Sacre du printemps, Nijinski décortique les positions classiques : les danseurs ont les pieds rentrés et les genoux pliés. Le moderne s'impose en pleine tradition du ballet russe.
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La chorégraphie de Nijinski pour Le Sacre du printemps surprit le public parisien au Théâtre des Champs-Élysées à tel point que, durant la première représentation, un fort tumulte régna, accompagné de cris et d'altercations[4]. La pièce ne put être poursuivie qu’après l’intervention de la police.
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Les réactions du public créèrent un tel scandale que les danseurs ne pouvaient plus suivre la musique de Stravinsky et devaient se fier aux instructions que Nijinski leur donnait depuis les coulisses.
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Stravinsky décrit la représentation dans sa biographie : « [J'ai] quitté la salle dès les premières mesures du prélude, qui tout de suite soulevèrent des rires et des moqueries. J'en fus révolté. Ces manifestations, d'abord isolées, devinrent bientôt générales et, provoquant d'autre part des contre-manifestations, se transformèrent très vite en un vacarme épouvantable. » [réf. nécessaire]
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Le compositeur restera très critique vis-à-vis du travail chorégraphique de Nijinski et écrit dans ses chroniques : « L'impression générale que j'ai eue alors, et que je garde jusqu'à présent de cette chorégraphie, c'est l'inconscience avec laquelle elle a été faite par Nijinski. On y voyait tellement son incapacité à assimiler et à s'approprier les idées révolutionnaires qui constituaient le credo de Diaghilev et qui lui étaient obstinément et laborieusement inculquées par celui-ci. On discernait dans cette chorégraphie un très pénible effort sans aboutissement plutôt qu'une réalisation plastique simple et naturelle découlant des commandements de la musique »[réf. nécessaire].
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Seul Diaghilev mesura le triomphe qu’il avait alors remporté, bien conscient qu’une telle réaction du public attirerait sur la troupe toute l’attention de la société parisienne. Stravinsky ne se réconcilia que des années plus tard avec sa pièce et le public.
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Lors d’une tournée en Amérique du Sud en 1913, à laquelle Diaghilev, souffrant d’un fort mal de mer, ne put prendre part, Nijinski tomba amoureux de la danseuse hongroise Romola de Pulszky et l’épousa la même année à Buenos Aires. Dans un élan de jalousie, Diaghilev, qui reçut un choc en lisant le télégramme annonçant le mariage, congédia Nijinski sans préavis[5].
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Durant la Première Guerre mondiale, Nijinski, en tant que citoyen russe, fut fait prisonnier en Hongrie. C’est seulement en 1916 que Diaghilev se donna la peine de proposer à nouveau un rôle à Nijinski. Lors de la tournée des Ballets russes en Amérique du Nord durant l’année 1916, Nijinski eut l’opportunité de créer une chorégraphie pour la partition de Richard Strauss Till l'Espiègle. Durant la tournée, à partir de 1917, les signes d’une maladie mentale ou trouble neurologique se firent de plus en plus évidents chez Nijinski. Il considérait Diaghilev, qu’il ne devait plus jamais revoir en bonne santé, comme son pire ennemi. Malgré tout, le Till l'Espiègle de Nijinski put être terminé et fut représenté pour la première fois à New York. Durant la tournée, la compagnie se rendit également à Los Angeles, où Nijinski rencontra Charlie Chaplin. Cette rencontre inspira l’acteur, notamment dans son film Une idylle aux champs[réf. nécessaire].
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Il souffrait entre autres d'hallucinations, et, en mars 1919, le psychiatre de Zurich Eugen Bleuler lui diagnostique une schizophrénie[6]. Sa femme le fait soigner en Suisse, sans succès. Le reste de sa vie sera constitué de séjours d'hôpitaux en cliniques. Il décède à Londres le 8 avril 1950 et est enterré au cimetière de Montmartre (division 22).
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Vaslav Nijinski (en russe : Вацлав Фомич Нижинский, Vatslav Fomitch Nijinski ; en polonais : Wacław Niżyński), aussi retranscrit Vaclav Nijinsky ou Vatslav Nizhinski, né à Kiev le 12 mars 1889[2] et décédé le 8 avril 1950 à Londres, est un danseur et chorégraphe russe d'origine polonaise.
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Nijinski est aussi l'auteur d'un système de notation de la danse qu'il inventa pour son usage personnel. Grâce aux recherches de spécialistes, on a pu reconstituer fidèlement certaines de ses chorégraphies, dont L'Après-midi d'un faune et une partie du Sacre du printemps.
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Vaslav Nijinski est le fils des danseurs polonais Tomasz Niżyński (son père) et Eleonora Bereda (sa mère), et le frère de la danseuse Bronislava Nijinska. À partir de 1900, Nijinski fréquente l'académie de danse impériale de Saint-Pétersbourg et devient connu pour son exceptionnelle virtuosité et pour ses sauts. Révélé par l'impresario Serge de Diaghilev, issu de la haute bourgeoisie de Saint-Pétersbourg qu'il rencontre en 1908, et dont il sera l'amant jusqu'en 1913, il est considéré comme le plus grand danseur de son époque. Il fut l'étoile des Ballets russes et marqua de son interprétation les créations de Schéhérazade, du Spectre de la rose, de Petrouchka et de L'Après-midi d'un faune.
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Serge de Diaghilev fut responsable du choix de la troupe de danseurs du théâtre Mariinsky pour les représentations des Ballets russes à Paris et à Londres. Il entra en conflit avec la direction du Mariinsky lorsqu’il voulut engager Nijinski pour la tournée. En effet, après le scandale provoqué par la mise en scène de Diaghilev pour le ballet Giselle, où Nijinski dansa devant les membres de la Maison impériale Romanov sans porter les hauts-de-chausses obligatoires à l’époque, dans son interprétation du personnage d'Albrecht (avec Tamara Karsavina dans celui de Giselle), Nijinski avait été immédiatement licencié, son justaucorps court et son maillot moulant étant considérés comme indécents.
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Les Ballets russes connurent un immense succès à l’époque, notamment parce que l’orientalisme était très en vogue dans la société parisienne et londonienne. Le talent de Diaghilev, les musiques et chorégraphies modernes, avec des costumes très travaillés, et des décors de grande qualité (Cocteau, Bakst, Benois et Picasso), donnèrent à la compagnie une dimension avant-gardiste et firent des Ballets russes une des compagnies les plus influentes du XXe siècle. Diaghilev abandonna rapidement le répertoire classique pour commander de nouveaux ballets, créés autour des musiques de Debussy, Ravel, Strauss, ou encore de Falla.
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Nijinski dansa pour les premières des Ballets russes suivants :
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La première saison des Ballets russes fut consacrée aux pièces orientales, particulièrement appréciées par le public parisien d'alors. Les ballets lyriques orientaux Shéhérazade, Daphnis et Chloé et Le Dieu bleu étaient des pièces divertissantes et oniriques, qui correspondaient au profil androgyne et félin de Nijinski (particulièrement dans son rôle d'esclave dans Shéhérazade).
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Les pièces orientales atteignirent le sommet de leur gloire avec le ballet Shéhérazade. Ida Rubinstein dans le rôle de Zobéide, et Nijinski dans le rôle de l’esclave, dansaient sur scène avec un art relevant presque de la pantomime. Mais plus que les idées chorégraphiques, c’est la mise en scène et les costumes de Léon Bakst qui marquèrent profondément les esprits. Après que Le Dieu bleu eut échoué face au public, Diaghilev se sépara peu à peu de son chorégraphe Fokine.
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À travers le répertoire de ballet de Fokine, c’est également la première fois qu’un danseur est au centre de l’attention et de la renommée d’un ballet. Le public attendait tout particulièrement les sauts athlétiques de Nijinski, ainsi que la qualité de son interprétation lyrique d’acteur. La scénographie et les costumes étaient également très appréciés.
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Avec L'Oiseau de feu, Igor Stravinsky, qui devait bientôt devenir un contributeur très important pour les partitions de ballet de la compagnie, propose pour la première fois une de ses œuvres. Au départ, c'était Tamara Karsavina, la partenaire principale de Nijinski, qui interprétait le rôle de l’oiseau de feu. Après le départ de Fokine des Ballets russes en 1912, le poste de chorégraphe fut repris par Nijinski, qui avait d'ores et déjà contribué aux idées chorégraphiques dans les ballets Shéhérazade, L'Oiseau de feu et Petrouchka.
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Avec Le Spectre de la rose (inspiré du poème éponyme de Théophile Gautier) apparaît de façon claire le virage chorégraphique du travail de Fokine. La nouvelle chorégraphie de Fokine, pour le couple Karsavina-Nijinski, introduit une véritable révolution dans la danse en couple puisqu'elle libère le danseur masculin de son rôle classique, en lui donnant un rôle androgyne ; cette chorégraphie permet au danseur masculin d’avoir autant d'importance que la ballerine, ce qui n'est pas le cas dans les ballets classiques[3].
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Le ballet, qui se déroule dans les songes d'une femme, dans lesquels il n'y a pas de hiérarchisation des sexes, font du Spectre de la rose un nouveau concept en soi, qui dépasse la tradition classique du ballet, en répondant pourtant toujours aux canons du ballet romantique, à travers les mouvements et l’utilisation de l’espace.
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Avec Stravinsky, c’est la première fois que l’on redécouvre un compositeur exceptionnel pour les pièces de ballet depuis longtemps. Le travail réalisé autour de la pièce Petrouchka laisse déjà apparaître une rupture de style importante, à travers l’écriture caractéristique de Stravinsky et les innovations chorégraphiques de Nijinski.
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La relation entre les trois personnages de Petrouchka, de la ballerine et du magicien appartient au mouvement moderne. Lors de la première de Petrouchka en 1911, l’interprétation dramaturgique de Nijinski fut acclamée. Sarah Bernhardt dit à propos de Nijinski : « J'ai peur, j'ai peur, car je vois l'acteur le plus grand du monde »[réf. nécessaire]. Tamara Karsavina était la partenaire de Nijinski dans Petrouchka, le magicien était interprété par le professeur de ballet de Nijinski, Enrico Cecchetti.
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Nijinski opère une rupture avec le passé en 1912, avec L'Après-midi d'un faune, d'après le Prélude à l'Après-midi d'un faune de Claude Debussy. Très bon danseur classique, réputé entre autres pour ses bonds magnifiques, il crée cette pièce avec un seul petit bond, des déplacements latéraux, corps cassé, sans repères, dans un mouvement unique, sans thèmes ni accents marquant le tempo. Pour la première fois, Diaghilev confia le travail chorégraphique entièrement à Nijinski, en l'assurant de son soutien total. L’absence d’expérience de Nijinski en tant que chorégraphe se fit particulièrement ressentir lorsqu’il fallut transmettre de nouvelles idées à l’ensemble du ballet, tout particulièrement pour les mouvements tout à fait novateurs de L'Après-midi d'un faune, qui étaient saccadés et très différents des mouvements de ballets classiques.
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Lors de la première de L'Après-midi d'un faune, il y eut de fortes polémiques, du fait de la chorégraphie révolutionnaire de Nijinski (un orgasme est évoqué à la fin de la pièce), mais également des réactions calculées de Diaghilev concernant les sous-entendus sexuels[réf. nécessaire]. Le critique Gaston Calmette écrivit dans Le Figaro du 30 mai 1912 : « Je suis persuadé que tous les lecteurs du Figaro qui étaient hier au Châtelet m’approuvent si je proteste contre l’exhibition trop spéciale qu’on prétendait nous servir comme une production profonde, parfumée d’art précieux et d’harmonieuse poésie. Ceux qui nous parlent d’art et de poésie à propos de ce spectacle se moquent de nous. Ce n’est ni une églogue gracieuse ni une production profonde. Nous avons eu un Faune inconvenant avec de vils mouvements de bestialité érotique et des gestes de lourde impudeur. »[réf. nécessaire]
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Auguste Rodin contredit cette position dans un article ouvert dans Le Matin : « Aucun rôle n’a montré Nijinski aussi extraordinaire que sa dernière création de l'Après-midi d’un faune. Plus de saltations, plus de bons, rien que les attitudes et les gestes d’une animalité à demi-consciente… Il a la beauté de la fresque et de la statuaire antiques… Rien n’est plus saisissant que son élan, lorsqu’au dénouement, il s’étend la face contre terre, sur le voile dérobé qu’il baise et qu’il étreint avec la ferveur d’une volupté passionnée[réf. nécessaire]. »
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Après que Diaghilev eut fêté son succès inattendu avec le Faune, il demanda à Stravinsky, qui avait déjà écrit la musique de Petrouchka et de L'Oiseau de feu, de composer une pièce moderne sur le thème de la Russie préhistorique. Il composa alors Le Sacre du printemps, dont le ballet fut une œuvre tout à fait remarquable. Avec Le Sacre du printemps, Nijinski décortique les positions classiques : les danseurs ont les pieds rentrés et les genoux pliés. Le moderne s'impose en pleine tradition du ballet russe.
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La chorégraphie de Nijinski pour Le Sacre du printemps surprit le public parisien au Théâtre des Champs-Élysées à tel point que, durant la première représentation, un fort tumulte régna, accompagné de cris et d'altercations[4]. La pièce ne put être poursuivie qu’après l’intervention de la police.
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Les réactions du public créèrent un tel scandale que les danseurs ne pouvaient plus suivre la musique de Stravinsky et devaient se fier aux instructions que Nijinski leur donnait depuis les coulisses.
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Stravinsky décrit la représentation dans sa biographie : « [J'ai] quitté la salle dès les premières mesures du prélude, qui tout de suite soulevèrent des rires et des moqueries. J'en fus révolté. Ces manifestations, d'abord isolées, devinrent bientôt générales et, provoquant d'autre part des contre-manifestations, se transformèrent très vite en un vacarme épouvantable. » [réf. nécessaire]
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Le compositeur restera très critique vis-à-vis du travail chorégraphique de Nijinski et écrit dans ses chroniques : « L'impression générale que j'ai eue alors, et que je garde jusqu'à présent de cette chorégraphie, c'est l'inconscience avec laquelle elle a été faite par Nijinski. On y voyait tellement son incapacité à assimiler et à s'approprier les idées révolutionnaires qui constituaient le credo de Diaghilev et qui lui étaient obstinément et laborieusement inculquées par celui-ci. On discernait dans cette chorégraphie un très pénible effort sans aboutissement plutôt qu'une réalisation plastique simple et naturelle découlant des commandements de la musique »[réf. nécessaire].
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Seul Diaghilev mesura le triomphe qu’il avait alors remporté, bien conscient qu’une telle réaction du public attirerait sur la troupe toute l’attention de la société parisienne. Stravinsky ne se réconcilia que des années plus tard avec sa pièce et le public.
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Lors d’une tournée en Amérique du Sud en 1913, à laquelle Diaghilev, souffrant d’un fort mal de mer, ne put prendre part, Nijinski tomba amoureux de la danseuse hongroise Romola de Pulszky et l’épousa la même année à Buenos Aires. Dans un élan de jalousie, Diaghilev, qui reçut un choc en lisant le télégramme annonçant le mariage, congédia Nijinski sans préavis[5].
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Durant la Première Guerre mondiale, Nijinski, en tant que citoyen russe, fut fait prisonnier en Hongrie. C’est seulement en 1916 que Diaghilev se donna la peine de proposer à nouveau un rôle à Nijinski. Lors de la tournée des Ballets russes en Amérique du Nord durant l’année 1916, Nijinski eut l’opportunité de créer une chorégraphie pour la partition de Richard Strauss Till l'Espiègle. Durant la tournée, à partir de 1917, les signes d’une maladie mentale ou trouble neurologique se firent de plus en plus évidents chez Nijinski. Il considérait Diaghilev, qu’il ne devait plus jamais revoir en bonne santé, comme son pire ennemi. Malgré tout, le Till l'Espiègle de Nijinski put être terminé et fut représenté pour la première fois à New York. Durant la tournée, la compagnie se rendit également à Los Angeles, où Nijinski rencontra Charlie Chaplin. Cette rencontre inspira l’acteur, notamment dans son film Une idylle aux champs[réf. nécessaire].
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Il souffrait entre autres d'hallucinations, et, en mars 1919, le psychiatre de Zurich Eugen Bleuler lui diagnostique une schizophrénie[6]. Sa femme le fait soigner en Suisse, sans succès. Le reste de sa vie sera constitué de séjours d'hôpitaux en cliniques. Il décède à Londres le 8 avril 1950 et est enterré au cimetière de Montmartre (division 22).
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(it) Stato della Città del Vaticano
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Le Vatican, en forme longue l'État de la Cité du Vatican (en italien Stato della Città del Vaticano, [ˈstaːto della tʃitˈta del vatiˈkaːno] ; en latin Status Civitatis Vaticanæ), est un pays d'Europe. Il s'agit du support territorial du Saint-Siège enclavé dans la ville et capitale italienne de Rome. En 2019, il compte 799 habitants[5] sur une superficie totale de 0,439 km2, ce qui en fait le plus petit État au monde ainsi que le moins peuplé.
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Le Vatican se compose de deux entités juridiques distinctes : le Saint-Siège, entité spirituelle, et l'État de la Cité du Vatican, entité temporelle. Le lien entre ces deux entités est le pape, chef du spirituel et du temporel, disposant du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire)[6].
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La colline du Vatican est déjà mentionnée sous la République romaine. De nos jours, le Vatican est la représentation temporelle du Saint-Siège et de l'ensemble des institutions de l'Église catholique romaine : l'État de la Cité du Vatican est, lui, créé le 11 février 1929 aux termes des accords du Latran, signés par l'Italie représentée par Mussolini et par le Saint-Siège représenté par le cardinal Gasparri.
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Le Vatican, important site archéologique du monde romain, situé sur la colline du même nom, est le siège de la papauté et du monde catholique. Selon l'historiographie catholique, il remonte à saint Pierre lui-même, comme premier évêque de Rome et est le centre officiel de tout le christianisme depuis l'empereur Constantin (IVe siècle), mais ce point de vue n'est pas forcément partagé par tous les historiens ni par toutes les confessions chrétiennes[7].
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L'État du Vatican est une monarchie absolue, de droit divin et élective[8] dirigée par le Pontife romain et évêque de Rome, c'est-à-dire actuellement le pape François, élu le 13 mars 2013, à la suite de la renonciation de Benoît XVI, le 28 février de la même année. Le pape y exerce souverainement le triple pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.
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Selon les étymologistes anciens comme Festus Grammaticus (cité par Paul Diacre), ce nom de Vaticanus tirerait son origine du mot Vaticinium, ou plus exactement Vātēs ou Vātis signifiant « devin » ou « voyant », parce que beaucoup de devins auraient résidé de ce côté du Tibre, car on sait notamment que sous Tibère, l’art de la divination était interdit à Rome même (c’était un délit passible de la confiscation des biens et de la relégation)[9].
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Cette étymologie étant incertaine, d'autres parlent d'une ville étrusque nommée Vaticum, qui aurait jadis existé à cet endroit ou du dieu Vaticanus qui présidait aux premières paroles des enfants[10] et dont le temple était construit sur l'ancien site de Vaticanum, la colline du Vatican[11]. En effet, cette colline était la maison des Vates longtemps avant l'époque préchrétienne de Rome[12].
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La Cité du Vatican actuelle est généralement considérée comme le reliquat des anciens États pontificaux, bien que l'existence de fait de ceux-ci s'arrête en 1870 tandis que celle de droit du Vatican commence en 1929. L'origine ancienne de ce territoire des États pontificaux est une accumulation de donations foncières reçues par les papes successifs, depuis l'époque constantinienne jusqu'à celle du Royaume lombard (avec par exemple la donation de Sutri). Le pape s'est ainsi trouvé placé à la tête d'un important domaine foncier connu sous le nom de patrimoine de Saint-Pierre, initialement sous suzeraineté romaine d'Orient, mais que l'historiographie catholique a longtemps appelé « donation de Constantin », en même temps qu'elle justifiait ainsi le pouvoir temporel du pape.
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En fait, la « donation de Constantin » est un mythe selon lequel l'empereur Constantin Ier aurait donné au pape Sylvestre la primauté sur les Églises d'Orient et l'imperium (pouvoir impérial) sur l'Occident : le caractère apocryphe de ce document a été établi en 1442 par l'humaniste Lorenzo Valla. La justification historique de ce pouvoir temporel réside en fait dans la donation de Pépin de 754 confirmée par Charlemagne en 774, donation cette fois bien réelle.
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La cité se situe sur ce que l'on appelait dans l'Antiquité l'ager Vaticanus qui se compose d'une petite plaine (la plaine vaticane) aux bords du Tibre, se relevant à quelque distance en une colline d'une faible élévation, les Montes Vaticani (colline Vaticane).
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Quelques villas, bâties autour de « jardins impériaux » y furent propriété d'Agrippine. Le fils de cette dernière, l’empereur Caligula (37-41 ap. J.-C.), y fit réaliser un cirque privé, le Circus Vaticanus, dont l'actuel obélisque du Vatican constitue un des seuls vestiges. C’est là, ainsi que dans les jardins adjacents, qu’eut lieu le martyre de nombreux chrétiens de Rome à l’époque de Néron (54-68). On dit que saint Pierre fut enterré au nord de ce cirque, dans une nécropole qui longeait une route secondaire, la via Cornelia. Sur le lieu de sa sépulture, l’empereur Constantin fit édifier entre 326 et 333 une basilique grandiose à l'emplacement du site de l'ancien cirque romain qui fut alors démoli. L'édifice a été remplacé par la basilique actuelle au cours des XVIe et XVIIe siècles.
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Au Ve siècle, le pape Symmaque y fit construire une résidence dans laquelle certains personnages illustres vinrent séjourner, tel Charlemagne lors de son couronnement (800). Au XIIe siècle, Célestin II, puis Innocent III la firent rénover. La construction du palais du Vatican débuta sous le pontificat de Nicolas V durant la première moitié du XVe siècle.
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Le 20 septembre 1870, après l'évacuation des troupes françaises, Rome est conquise par les troupes piémontaises et rattachée au royaume d'Italie. Le pape Pie IX qui résidait au palais du Quirinal (devenu depuis, la résidence officielle des rois d'Italie, puis du président de la République italienne), se réfugie alors au palais du Vatican. Son refus de reconnaître l'annexion donne une dimension politique et diplomatique au conflit causé par l'Unité italienne : c'est le début de la « question romaine ». Cette controverse dure jusqu'aux accords du Latran en 1929, par lesquels l'État italien s'engage à respecter les frontières de l'État du Vatican qu'il reconnaît alors de fait, la reconnaissance de droit allant au Saint-Siège ; en échange, le Pape reconnaît le rattachement à l'Italie des États pontificaux, ville de Rome comprise[13].
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Le pape dispose du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire). Le pouvoir exécutif est délégué à un gouverneur nommé qui est également chargé de la représentation diplomatique[14]. Une commission composée de cinq à sept cardinaux exerce par délégation le pouvoir législatif. Les institutions du Vatican sont réglées par une constitution, dont la première mouture a été rédigée par Pie XI au moment des accords du Latran. Actuellement, le Vatican est régi par la loi fondamentale du 26 novembre 2000 (entrée en vigueur le 22 février 2001)[15]. Ses lois sont consignées dans les Acta Apostolicæ Sedis.
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Le Vatican est une monarchie absolue et élective : le pape est élu à la majorité qualifiée (2/3 des voix) lors du conclave, et règne à vie en principe, mais il peut aussi renoncer, cette possibilité a été exploitée par Benoît XVI en 2013. Il peut également se définir comme une théocratie dans la mesure où son existence, son fonctionnement et son action sont dominés par un impératif religieux.
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La citoyenneté vaticane n'est pas l'expression d'une appartenance nationale. Elle est liée à l'exercice de fonctions au sein du Vatican ou du Saint-Siège. Par conséquent, cette citoyenneté vient toujours s'ajouter à une nationalité d'origine. Dès que ces fonctions cessent, la citoyenneté cesse. Ainsi, un prélat de la Curie prenant des fonctions pastorales perd sa citoyenneté vaticane. Celle-ci est attribuée également au conjoint et à la famille (ascendants, descendants et collatéraux directs) des fonctionnaires du Vatican, à l'âge de 25 ans pour les garçons et au moment de leur mariage pour les filles[réf. nécessaire].
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C'est le Saint-Siège, organe de gouvernement de l'Église catholique romaine, et non l'État de la Cité du Vatican, qui fait l'objet d'une représentation internationale. Il dispose d'un siège d'État non membre observateur à l'ONU[16].
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Le Vatican a exprimé le désir de rejoindre l'espace Schengen[17].
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La plus vieille armée encore en exercice est celle du Vatican[18]. Elle comptait encore en 1977, 89 officiers et hommes de troupes, recrutés depuis 1506, exclusivement dans les cantons suisses. Les troupes pontificales ne sont plus montées au feu des combats depuis leur défaite par les troupes italiennes, survenue en 1870[19].
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La diplomatie du Saint-Siège est l'activité de négociation internationale de l'Église catholique. Avant la Réforme et le siècle des Lumières, la papauté a exercé à plusieurs reprises des fonctions d’arbitre entre les souverains chrétiens européens. La diplomatie du Saint-Siège trouva sa première expression formelle véritable vers la fin du XIe siècle quand le pape commença à envoyer des légats vers les différents royaumes de la chrétienté. Il s’agissait de permettre au clergé résident d’avoir une plus grande marge de manœuvre à l’égard des autorités civiles locales.
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À partir du XVIe siècle, les premières nonciatures apparaissent, avec à leur tête un archevêque venant de Rome. Fragilisée par la Réforme et le développement de la philosophie des Lumières, l’autorité du Saint-Siège est contestée, mais celui-ci reste toujours présent sur la scène internationale. La légitimité de la diplomatie pontificale dans la sphère internationale est ensuite entérinée à plusieurs reprises par des traités de référence (le congrès de Vienne en 1815 et la conférence de Vienne de 1961 codifiant le droit diplomatique)[16].
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Du fait de sa très faible superficie, le Vatican est le plus petit pays du monde. Toutefois, l’« État du Vatican » n’est pas un État souverain au sens strict, puisqu’il n’est pas lui-même sujet de droit international[16] et se fait représenter par le Saint-Siège, dont les compétences s’étendent au-delà du seul État du Vatican aux ambassades, sous l’autorité du pape qui est à la fois le souverain du Saint-Siège et le dirigeant du Vatican. De plus, il n'a pas de nationaux en propre et sa puissance souveraine sur son territoire est, dans certaines circonstances et sur certaines parcelles définies par l'accord du Latran, partagée avec l’État italien (notamment la place Saint-Pierre). De ce fait, selon la convention de Montevideo, le statut juridique international du Vatican n'est, d'après certains juristes, pas celui d'un État[20],[21], mais plutôt celui d'un sujet international analogue à une organisation internationale telle que l'ONU[22].
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À ce titre, les ambassades (nonciatures) et propriétés du Saint-Siège hors-les-murs ne relèvent pas de l’État du Vatican, mais de la seule autorité du Saint-Siège, manifestée à travers ses institutions (regroupées dans la Curie romaine siégeant au Vatican) et son souverain.
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La superficie du Vatican représente un cinquième de celle de la principauté de Monaco : le Vatican peut être qualifié de micro-État. Il est enserré dans des murailles imposées par l'article 5 des accords du Latran, entièrement enclavé dans la ville de Rome, dans le territoire italien. Cette enclave comprend notamment la place Saint-Pierre, la basilique Saint-Pierre, le Palais apostolique, les musées du Vatican et des jardins.
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Le Saint-Siège a également la pleine propriété sur plusieurs bâtiments situés hors de la Cité vaticane, qui bénéficient d'un statut d'immunité diplomatique[23], à l'instar d'une ambassade. Il s'agit notamment de :
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En outre, l'Université grégorienne, la station d'émission de Radio Vatican située dans la banlieue de Rome et divers autres bâtiments sont exempts d'impôts et préservés de toute expropriation. Ces bâtiments et propriétés ne font pas partie stricto sensu de l'État de la Cité du Vatican mais leur superficie cumulée représente environ le double de celle du Vatican (voir Propriétés du Saint-Siège en Italie).
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En 2002, le déficit consolidé du Vatican s'élevait à 13,5 millions d'euros pour 216 millions d'euros de recettes. Les dépenses sont principalement les salaires des 2 600 employés (dont environ 750 ecclésiastiques). En 2010, l'économie vaticane a réalisé un excédent budgétaire de 10 millions d'euros, malgré la baisse des dons des fidèles[24].
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Outre les revenus touristiques tels les revenus des musées du Vatican (91,3 millions d'euros de recettes en 2011[25]), l'organisation de voyages et pèlerinages, l'émission de timbres postaux et de monnaies recherchés par les collectionneurs et la vente de publications, les revenus viennent de placements mobiliers (32 millions d'euros de plus-value en 2002) et immobiliers (12,9 millions d'euros).
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Un autre poste financier non négligeable est le denier de Saint-Pierre qui a avoisiné les 50 millions d'euros en 2002, même si une partie de cette somme seulement est affectée au budget du Vatican[réf. nécessaire]. Son origine remonte au VIIIe siècle, quand les Anglo-Saxons commencèrent à envoyer une contribution annuelle au pape[réf. nécessaire]. Cet usage s'étendit ensuite aux autres pays d'Europe et a été reconnu officiellement par le pape Pie IX le 5 août 1871 dans l'encyclique Sæpe venerabilis.
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Depuis le 1er janvier 2013, la Deutsche Bank, qui gère les paiements monétiques au sein de la Cité vaticane, s'est vue dans l'obligation de désactiver l'utilisation de tous ses terminaux électroniques sur ordre de la Banque d'Italie, car le Saint-Siège n'a pas encore atteint les standards requis au niveau international contre le blanchiment d'argent[26]. Les membres du comité Moneyval (un comité d'experts dépendant du Conseil de l'Europe qui repère notamment les blanchiments des capitaux et les sources occultes de financement du terrorisme) estiment en effet que le Vatican remplit à peine 9 des 16 recommandations clés et lui attribuent 7 mentions négatives[27]. Le Vatican a lancé depuis 2010 une série de réformes à la suite d'importants scandales financiers ayant impliqué sa banque, l'Institut pour les œuvres de religion (IOR) et qui gère en 2011 plus de 6,3 milliards d'euros répartis en 20 772 comptes, dont 37 des membres de la famille du pape, 236 de cardinaux, 1 604 d'évêques et 128 de monastères, couvents ou abbayes[28]. L’IOR s’est trouvé au cours des années au cœur de nombreux scandales notamment sous le mandat de Mgr Paul Casimir Marcinkus, ex-directeur de la banque du Vatican. L’établissement était le principal actionnaire du Banco Ambrosiano, banque accusée dans les années 1980 de blanchiment d’argent de la drogue pour la mafia. En mai 2012, l’IOR refait parler d’elle avec le limogeage de son président Ettore Gotti Tedeschi[29]. Les États-Unis ont ajouté en 2012 le Vatican à une liste de 68 États dont la situation est jugée préoccupante, selon le rapport annuel du Département d'État américain sur la lutte contre le trafic de drogue dans le monde[30].
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Le pape François tend à sortir l'économie du Vatican des réseaux mafieux, et a d’ailleurs fait plusieurs déclarations à ce sujet[réf. nécessaire].
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La quasi-totalité des habitants vivent à l'intérieur des murs de la cité. Ce sont principalement des membres du clergé, incluant les hauts dignitaires, les prêtres, les religieuses. La fameuse garde suisse pontificale, chargée de la protection du pape, réside également au Vatican. Près de 3 000 travailleurs étrangers composent la majorité de la main-d'œuvre du pays, tout en résidant en dehors du Vatican. Sauf exception, les personnes possédant un passeport de la cité du Vatican conservent leur nationalité d'origine. Faute de maternité, il n'y a aucune naissance au Vatican.
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Le Vatican comptait 921 habitants en 2014, ce qui en fait le pays le moins peuplé du monde. En revanche, il en est l'un des plus densément peuplés avec plus de 2 000 habitants par kilomètre carré (le troisième derrière Monaco et Singapour). En effet, cette population est concentrée sur une superficie de 0,44 km2 seulement.
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Les langues officielles de la Cité du Vatican sont[1] :
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Sont également utilisés :
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En tant que siège du catholicisme, le Vatican a une influence culturelle très importante. Il a aussi une activité culturelle propre, comme sa radio, Radio Vatican, qui émet en plusieurs langues.
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Les onze musées du Vatican possèdent de riches collections d'art sacré et profane ainsi que des antiquités étrusques et égyptiennes et des œuvres de peintres, dont Michel-Ange. Ils ont été fondés par Clément XIV au XVIIIe siècle.
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Garde suisse.
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La Pietà de Michel-Ange.
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Basilique Saint-Pierre.
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Fresque du plafond de la chapelle Sixtine.
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La salle Sixtine de la Bibliothèque du Vatican.
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Vache est le nom vernaculaire donné à la femelle du mammifère domestique de l'espèce Bos taurus, un ruminant appartenant à la famille des bovidés, généralement porteur de deux cornes sur le front. Les individus mâles sont appelés taureaux et les jeunes, veaux[1]. Une génisse ou vachette, appelée aussi taure au Québec ou dans le Poitou, est une vache qui n'a pas vêlé. Descendant de plusieurs sous-espèces d'aurochs, les bovins actuels (zébus compris) sont élevés pour produire du lait et de la viande, ou comme animaux de trait. En Inde, la vache est un animal sacré. Le mot vache vient du latin vacca, de même sens[2],[3].
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Le poids moyen d'une vache adulte varie en fonction de la race de 500 à 900 kg. Elle est plus petite que le taureau.
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Les bovins n'ont pas d'incisives supérieures[4], ils ne peuvent pas très bien mordre l'herbe et leurs dents servent principalement à broyer la nourriture. Pour se nourrir, les bovins utilisent leur langue pour ramasser l'herbe[5], puis la pincer entre leurs incisives inférieures et leur bourrelet gingival[4].
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Vache de race tarentaise.
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Taureau de race tarentaise.
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Alors que les taureaux sont destinés principalement à la boucherie et rarement à la reproduction, les vaches sont le plus souvent destinées à assurer le renouvellement du troupeau ou la production de lait. La vache est élevée soit pour son lait (races de vaches laitières), soit pour la production de viande (races à viande ou « allaitantes »), soit pour les deux (races mixtes).
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Comme tous les mammifères, une vache ne peut donner du lait qu'à partir du moment où elle a mis bas[6]. Avant d'avoir eu son premier veau, la jeune femelle est appelée génisse.
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Les vaches laitières en fin de vie sont normalement mises à l'engraissement et envoyées à l'abattoir (vaches de réforme). Elles fournissent en France l'essentiel de ce qui est commercialisé sous la dénomination « viande de bœuf » (80 % en 2013)[7].
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La France comptait 18,9 millions de vaches en 2006[8] et 18,7 millions de têtes de vaches en France en 2011.
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35 % du cheptel (toutes vaches confondues) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie.
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La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.
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De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 têtes à 4 108 000 têtes (soit +23 % en 26 ans).
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Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 têtes à 3 678 000 (soit -44 %).
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C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.
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Répartition des laitières et allaitantes par région : fort nombre de têtes de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Massif-Central, Midi-Pyrénées. Et fort nombre de têtes de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie).
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Près de deux millions de veaux sont abattus chaque année en France, dont la plus grande partie provient du cheptel de vaches laitières[9].
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En Inde, une grande partie de la population considère traditionnellement les vaches comme des animaux sacrés. Elles sont libres de se promener dans les rues et jusque sur les autoroutes. Elles ne sont pas destinées à être mangées mais fournissent le lait nécessaire aux rituels religieux. Le barattage de la mer de lait est un des mythes de la cosmogonie indienne.
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La vache Audhumla est un mythe cosmogonique de la mythologie scandinave.
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La sourate Al-Baqara (en arabe: سورة البقرة, Sūratu al-Baqarah, « La vache ») est la deuxième et la plus longue sourate du Coran. Le nom de « sourate de la vache » fait référence à un différend entre Moïse et les Israélites à propos d'une vache qu'ils doivent sacrifier afin de connaître le meurtrier d'un homme tué. Ne pas confondre avec l'incident biblique où Moïse interdit d'adorer le veau d'or.
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La Torah fait référence au rite de la Vache rousse[10].
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Proverbe : « À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées[11] ».
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Expressions :
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Voir aussi : Idiotisme animalier.
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Peinture à l'huile par Carl Rudolf Huber, 1873.
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Vache qui se gratte, huile sur toile de Constant Troyon (1859)
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Sculpture de vache en courges.
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Scène de traite sur une porte de la cathédrale de Guildford.
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Mosaïque romaine.
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Dessin de bande-dessinée par Benjamin Rabier.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Phocidés
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Les Phocidés (Phocidae) sont une famille de la classe des mammifères de l'ordre des Carnivores. Les dix-huit espèces actuelles incluent notamment les vrais phoques et les éléphants de mer. Parmi ces mammifères marins, l'espèce la plus connue est celle du phoque commun, qui a donné son nom à la famille (« phoque » vient du latin phoca et du grec phôkê (φώκη), qui signifient « veau marin[1] »).
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Les Phocidae sont marqués par une diversité de morphologie : le phoque adulte le plus petit (phoque annelé) a une taille de 1,17 m et une masse de 45 kg, le plus imposant (éléphant de mer du sud) a une taille de 4,9 m et une masse de 2 400 kg[2].
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Visuellement, le phoque se différencie aisément de sa cousine l'otarie :
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Les phoques sont des chasseurs opportunistes, qui adaptent leur régime alimentaire carnivore aux conditions locales. En effet, si les poissons côtiers sont leur principale ressource, une grande variété de mollusques, crustacés, céphalopodes, voire des restes de manchots et d'autres pinnipèdes ont été retrouvés dans leur estomac[5].
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Ils ont moins de dents que les carnivores terrestres mais leurs canines sont particulièrement puissantes. Les post-canines (molaires et prémolaires ne se distinguent pas chez les adultes) ne comportent en règle générale qu'une seule cuspide qui peut être flanquée d'une ou deux minuscules cuspides accessoires[6]. Les incisives ont pour fonction le cisaillement des aliments, les canines le déchirement des aliments, les préparant ainsi à être écrasés par les post-canines (dents cuspidées)[6].
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Les contraintes du milieu aquatique (notamment la viscosité de l'eau) ont sélectionné les individus dotés d'une morphologie hydrodynamique qui minimise au mieux les frottements : corps fusiforme ; disparition des pavillons auditifs et absence de toute protubérance des organes génitaux externes (mamelles, tétins, pénis, testicules) ; membres antérieurs, très courts, transformés en palettes natatoires, appelées improprement nageoires ; pattes postérieures courtes[7] et serrées contre la queue qui joue le rôle de gouvernail[8]. En mer, nageurs plus rapides que les otaries, ils se déplacent en godillant et vont plus au large que leurs congénères.
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À terre ou sur la glace, les phoques entrent en contact par toute leur face ventrale avec le substrat. Ils progressent par reptation par bonds, en s'aidant de leurs deux membres antérieurs (alors que les autres pinnipèdes, otaries et morses, se servent de leurs quatre membres). Ils font des pauses dans leur déplacement terrestre entre chaque phase de mouvement[9].
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Comme chez tous les pinnipèdes, le tégument se compose d'un épiderme et d'un derme, qui forment la peau, et d'un hypoderme, constitué par une épaisse couche de lard dont l'épaisseur varie (selon la taille, l'âge et l'état général de l'animal) de quelques millimètres à quelques centimètres. Ce lard de mammifère marin sert à ces animaux d'isolant et de réserve d'énergie mais joue également un rôle hydrodynamique et de flottaison[10]. La couche cornée est constituée de cornéocytes qui, lubrifiées par les lipides du sébum, constituent une couche imperméable souple ne se renouvelant que lors de la mue annuelle[11]. Les petits naissent avec une fourrure laineuse, le lanugo[12], inadaptée à l'eau mais qui par sa densité protège les nourrissons de la fraîcheur de l'air ambiant. La première mue accompagne le sevrage et voit la mise en place du pelage de poils de jarre et de bourre. La couleur des pelages qui se suivent ensuite au cours de la vie, varie selon l'épaisseur et l'humidité des poils[11].
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Comparaison du squelette des phoques et des otaries
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La tête de Halichoerus grypus, dont le museau est muni de longues vibrisses, est portée par un cou réduit
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Les doigts, pourvus à leur extrémité de bonnes griffes, sont reliés par une fine membrane qui forme, lorsqu'ils s'écartent, une palmure
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Le dimorphisme sexuel est généralement peu marqué, sauf chez l'éléphant de mer du nord
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La mise-bas est un événement assez rapide notamment grâce à la forme cylindrique du corps de l'animal
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Les Pinnipèdes représentent 28 % de l'effectif total des mammifères marins avec 18 espèces de phoques, 14 espèces d'otaries et seulement une espèce de morse[13].
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Le premier nom du taxon fut phocacés, il incluait les Otariinae et certains Proboscidea aquatiques.
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Les 18 espèces sont réparties en plusieurs genres (dont le nombre diffère selon les auteurs), le plus souvent composés d'une seule espèce :
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(*) : ces trois genres sont intégrés au genre Phoca dans certaines classifications (selon les auteurs)
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Cystophora cristata
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Erignathus barbatus
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Histriophoca fasciata
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Hydrurga leptonyx
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Leptonychotes weddellii
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Lobodon carcinophagus
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Mirounga angustirostris
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Monachus schauinslandi
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Ommatophoca rossii
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Pagophilus groenlandicus
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Phoca vitulina
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Pusa hispida
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Un Acrophoca, espèce fossile
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Les monachinés, c'est-à-dire les phoques moines, sont inféodés aux mers tropicales et subtropicales. Monachus monachus est la seule espèce de phoque présente en Méditerranée, où elle est devenue très rare. Le phoque moine d'Hawaï est une espèce menacée (1 400 individus estimés dans la zone maritime protégée d'Hawaï).
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Les lobodontinés, encore appelés du fait de leur répartition géographique, phoques antarctiques, sont représentés par le phoque de Weddell (Leptonychotes weddelli), qui vit en général en solitaire, mais se rassemble en masse sur les côtes rocheuses au moment de la reproduction ; le phoque crabier (Lobodon carcinophaga), dont les canines longues et minces servent moins à broyer les carapaces dures des petits crustacés dont il se nourrit qu'à filtrer l'eau pour retenir ces organismes flottants ; le léopard de mer (Hydrurga leptonyx), dont le poids peut atteindre 400 kg et qui doit son nom tant aux taches de sa fourrure qu'à sa férocité envers les manchots et les phoques d'autres espèces ; enfin, le phoque de Ross (Ommatophoca rossii), verdâtre sur le dos, rayé de jaune sur les flancs, qui broute les algues et ingère les invertébrés des fonds océaniques.
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Les eystophorinés, ou phoques à crête, se caractérisent par un organe érectile, formant une sorte de trompe ou de crête, sur la tête des mâles. Les éléphants de mer du sud (Mirounga leonina), les plus grands et les plus puissants, en sont les spécimens les plus typiques. Alors qu'on les trouvait jadis sur toutes les côtes et les îles subantarctiques, ils ne subsistent plus, aujourd'hui, que sur les rivages de quelques îles (Saint-Paul, Kerguelen...), où ils forment, au moment de la reproduction, des harems populeux. Quant à leurs proches parents, les éléphants de mer du nord (Mirounga angustirostris), ils sont encore moins nombreux. Les mesures de protection qui ont été prises ont permis toutefois de faire remonter les effectifs de ces deux espèces. Les jeunes phoques à capuchon (Cystophora cristata), des régions circumpolaires, sont ainsi nommés en raison de la présence sur la tête d'une « casquette » qui peut se gonfler quand l'animal est excité.
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Les phocinés, enfin, sont des phoques arctiques. Le phoque marbré (Phoca hispida), ou phoque annelé, habitant des côtes situées à la périphérie de la calotte glaciaire arctique, vit en hiver sous la glace, dans laquelle il maintient une ouverture pour respirer. Il représentait autrefois la nourriture essentielle des peuplades côtières de l'Arctique. Le phoque barbu (Erignathus barbatus) est, après l'éléphant de mer, le plus grand des phoques (il peut dépasser 3,50 m de long). Cet animal a des mœurs semblables à celles de l'espèce précédente. Le phoque du Groenland, ou phoque à selle (Pagophilus groenlandicus), se distingue par les deux larges taches noires latérales qui convergent dorsalement au niveau de ses épaules. Récemment l'opinion internationale exprima son indignation à propos du massacre des nouveau-nés de cette espèce. Le phoque gris (Halichoerus grypus) vit sur les côtes de l'Atlantique Nord. Enfin, le phoque-veau marin, ou veau marin (Phoca vitulina), dont la couleur varie du grisâtre au gris-brun foncé, séjourne sur les plages de sable bordant les eaux peu profondes. Il vit dans le nord de l'Europe, au Canada et sur les côtes du Pacifique Nord.
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L'extinction Crétacé-Tertiaire il y a 66 millions d'années provoque un remaniement complet des faunes mondiales, caractérisé notamment par la disparition des dinosaures non-aviens et l'explosion radiative des mammifères placentaires. Quatre lignées de ces mammifères (Cétacés, Siréniens, Pinnipèdes et Lutrinae) qui étaient sorties des eaux retournent alors dans le milieu marin il y a environ 50 millions d'années[15], les premiers fossiles de Pinnipèdes remontant à moins de 30 millions d'années[13]. Un des ancêtres des Pinnipèdes, Enaliarctos qui vivait il y a 24 à 22 millions d'années à la fin de Oligocène, possède déjà des mœurs amphibies. Les données paléontologiques suggèrent que ce carnivore a une apparenté avec les ours[16].
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La chasse aux phoques est ancienne. Elle était notamment pratiquée par les Inuits dans la région arctique qui s'en sont servis pour maints usages en récupérant la viande, la fourrure, graisse (ou l'huile) et les os.
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La vocation de la chasse est toute autre aujourd'hui, les mœurs Inuits ayant d'ailleurs changé et la chasse commerciale et l'intérêt pour les peaux de phoques, qui sont d'une qualité unique, s'étant bien développés depuis leur avènement au XVIIIe siècle. La chasse de subsistance inuit semble bien tolérée, mais la chasse pour la fourrure ou la graisse est source de débats parfois vifs entre chasseurs et opposants à la chasse (parfois dits animalistes).
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Largement répandue autrefois, en particulier pour la fourrure, la chasse aux phoques a été sujette à embargo jusqu'en 1995. À la suite de l'augmentation de leur population, les phoques font à nouveau l'objet d'un commerce international avec quota annuel.
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Ils sont surtout exposés aux épidémies, aggravées par la pollution des mers (la graisse des phoques accumule de nombreux polluants, dont pesticides, PCB, dioxines, furanes et probablement d'autres toxiques et perturbateurs endocriniens).
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Comme l'ours blanc, ils souffrent de la fonte de la banquise due au réchauffement climatique et de certaines activités humaines (dont la chasse au phoque ou les tirs de régulation demandés par certains pêcheurs, ou illégalement pratiqués), qui perturbent en particulier la reproduction.
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Enfin, un certain nombre de phoques meurent asphyxiés, après avoir été piégés dans des filets de pêche (dérivants ou non).
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Les phoques sont aussi mis en danger par les fermes à saumons[17]. Ces élevages constituent des ressources de nourriture qui attirent les phoques mais les animaux sont ensuite massacrés par les producteurs qui n'hésitent pas à faire appel à des chasseurs professionnels et à s'en prendre à des espèces menacées pour défendre leur production. Rien qu'en Écosse, entre 2011 et 2015, ce seraient près de 1500 phoques qui auraient été abattus par l'industrie du saumon d'élevage[18].
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Les pêcheurs accusent localement les phoques de contribuer à diminuer la ressource halieutique, ce qui n'est pas scientifiquement fondé[19],[20], au contraire puisque les phoques jouent un rôle sanitaire et mangent aussi des poissons prédateurs qui sans eux seront plus nombreux et mangeront les proies recherchées par les pêcheurs[21].
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Les plantes (Plantae) sont des organismes photosynthétiques et autotrophes, caractérisés par des cellules végétales. Elles forment l'un des règnes des eucaryotes[1]. Ce règne est un groupe monophylétique comprenant les plantes terrestres, les algues vertes, les algues rouges et les glaucophytes.
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Le nombre d'espèces de plantes est difficile à déterminer, mais il existerait (en 2015) plus de 400 000 espèces décrites, dont la grande majorité sont des plantes à fleurs (369 000 espèces répertoriées), sachant que près de 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année[4]. Depuis le début du XXe siècle, trois espèces de plantes disparaissent chaque année, principalement victimes de la déforestation. Une plante sur cinq serait menacée d'extinction[5].
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Les plantes ont été jusqu'au milieu du XXe siècle l'un des trois grands groupes dans lesquels les êtres vivants étaient traditionnellement répartis, les deux autres groupes étant celui des animaux et celui des fungi plus connus sous le nom de champignons. La division remonte aux environs du temps d'Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) qui différenciait les plantes, celles-ci ne se déplaçant pas, et les animaux souvent en mouvement pour attraper leurs proies. Dans son Historia Plantarum, Théophraste (371-288 av. J.-C.) décrit près de 480 plantes et est le premier à proposer une classification basée sur des caractères propres aux végétaux et non sur des caractères anthropocentriques. Il en envisage d'ailleurs plusieurs : selon lui, les végétaux peuvent être répartis en quatre groupes selon leur hauteur : les arbres (dendron, d'où la dendrologie), arbrisseaux (thamnos), sous-arbrisseaux (phruganon) et plantes herbacées (poa) parmi lesquelles il classe les plantes potagères et les céréales. Le savant grec considère également possible de distinguer à l'intérieur de ces grandes catégories les espèces domestiques et les espèces sauvages ou encore les espèces terrestres et les espèces aquatiques[6]. Il désigne le végétal et la plante de la même manière, avec le terme grec phytos (d'où la phytologie) alors que les Romains emploient les termes latins d'arbores et herbae[7].
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Au cours du Moyen Âge apparaissent des usages botaniques pour les termes planta et vegetabilis : le premier désigne les végétaux selon leur usage, c'est-à-dire à des fragments que l’on « plante », le second faisant référence au verbe vegetare utilisé dans le vocabulaire religieux au sens de fortifier, vivifier, faire croître (d’un point de vue spirituel). À partir du XVIe siècle, les deux termes sont utilisés indistinctement ou alternativement pour désigner ce qui est vivant et immobile, par opposition à animalia (vivant et mobile) et à mineralia (non vivant et immobile)[7]. À cette époque, des botanistes, notamment les frères Jean et Gaspard Bauhin, entament une réflexion sur le classement des plantes[8]. Ils cherchent à établir des groupes naturels de plantes à partir de leur ressemblance mais c’est le botaniste Andrea Cesalpino qui fait progresser la classification des plantes. Dans son livre intitulé De plantis libri, paru en 1583, il propose quinze classes qui se basent sur des critères stables, tels que le caractère ligneux ou herbacé de la tige (« Arbores, Fructices, Suffructices et Herbae », les arbres, arbustes, arbrisseaux et herbes), la présence ou l'absence de graines, la forme du fruit, la présence ou l'absence d'une enveloppe autour d'elle, la forme de la racine. Cette classification commode est employée durant deux siècles[9].
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John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, propose d'établir un nouveau système de classification ayant pour fondement le plus grand nombre possible de caractères de la fleur, du fruit ou de la feuille[10]. Puis, Pierre Magnol (1638-1715), inventeur du terme famille, répertorie 76 familles de plantes. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et introduit les notions d'espèce et de genre. Enfin, Carl von Linné (1707-1778), botaniste du roi de Suède, crée la base du système moderne de classification scientifique et codifie la nomenclature binominale des végétaux et des animaux. Ces deux groupes deviennent des règnes, végétal et animal. Sa classification des plantes basée sur le « système sexuel » (nombre d'étamines) divise les groupes naturels, et est encore un obstacle au progrès en systématique[9]. En 1763, Michel Adanson publie Familles des Plantes, dans laquelle il présente une classification naturelle basée sur « l'ensemble de toutes les parties de la plante » (65 caractères végétaux). Cette classification naturelle est poursuivie par les de Jussieu et par la classification de Candolle qui améliore le système de Jussieu, en introduisant notamment les caractères anatomiques, qui permettent de distinguer les végétaux vasculaires qui présentent un système de circulation de la sève, des végétaux cellulaires[9].
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Un certain nombre d'espèces anciennement considérées comme des plantes, tels les champignons, les algues unicellulaires voire les algues pluricellulaires, commencent à être exclus de ce groupe pour former des catégories propres dès la fin du XIXe siècle[7].
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Les premières classifications semi-phylogénétiques (basées sur une appréciation subjective d'ancienneté des caractères selon un postulat aujourd'hui abandonné[11]) sont l'œuvre de l'école allemande (classification d'Eichler (en) en 1883, classification d'Engler en 1924) et de l'école anglo-saxonne (classification de Bessey (en) en 1915, classification d'Hutchinson (en) en 1926)[12].
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Les classifications modernes prémoléculaires des Angiospermes (classification de Takhtajan en 1943, classification de Cronquist en 1957, classification de Thorne en 1968, classification de Dahlgren en 1975) sont régulièrement révisées en fonction de progrès de la connaissance permettant de proposer de nouvelles hypothèses évolutives. Ces classifications complètent les classifications phylogénétiques moléculaires actuelles, notamment les classifications phylogéniques moléculaires en clades de l'Angiosperm Phylogeny Group. Au début du XXIe siècle, la systématique est ainsi basée sur une organisation phylogénétique rendue plus concrète par la mise en évidence de synapomorphies morphologiques ou biochimiques[13].
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Aujourd'hui la communauté scientifique francophone privilégie le terme végétaux plutôt que celui de plante, mais dans le même temps ces deux termes ne désignent plus vraiment un groupe homogène dans les classifications phylogénétiques[7].
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Le biologiste Marc-André Selosse estime la définition du terme végétal discutable et arbitraire. Si on réunit tous les eucaryotes capables de photosynthèse, alors ce terme « flou » correspond à un groupe polyphylétique dans lequel sont rassemblées des espèces de nombreuses lignées évolutives diverses qui ont acquis (parfois par convergence) un plaste photosynthétique[15]. Chez plusieurs de ces lignées, la distinction animal/végétal est d'ailleurs ténue. Le système des cinq règnes de Whittaker[16] comprend les « Plantae » comme des eucaryotes photosynthétiques pluricellulaires (notion de métaphytes, conception non valide mais présente encore dans les manuels scolaires)[17]. Selon une autre conception fonctionnelle macrocentrée, on peut resteindre cette définition à la lignée verte, tels les végétaux terrestres, les algues vertes et les algues rouges, ou plus restrictivement encore n'y inclure que les plantes vertes, la limiter aux plantes terrestres voire aux plantes à fleurs[18].
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En classification classique, traditionnellement, seules les algues vertes ou Chlorophytes étaient considérées comme plantes, et ne formaient donc pas un sous-règne. La classification des autres algues dans le règne des plantes est une introduction de la classification scientifique amorcée depuis le XIXe siècle. Auparavant, elles ont été classées de façon variable avec les protistes. Les progrès de la phylogénie ont fait récemment disparaître certaines classes et des rapprochements morphologiquement étonnants s'opèrent dans la classification.
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En classification classique ou traditionnelle, le sous-règne des Bryophytes (Bryophyta lato sensu) comprend trois divisions (ou embranchements) ou de végétaux terrestres non vasculaires : la division des Hépaticophytes (Hepaticophyta) : 6 000 espèces de plantes hépatiques ; la division des Anthocérotophytes (Anthocerotophyta) : 100 espèces d’anthocérotes ; et la division des Bryophytes (Bryophyta stricto sensu) : 9 500 espèces de mousses.
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Le sous-règne des Trachéobiontes (Tracheobionta ou Tracheophyta) est composé, selon une classification traditionnelle :
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Les chiffres montrent la domination qu’exercent aujourd’hui les Angiospermes (Magnoliophyta) parmi les plantes.
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L'image ci-contre représente un arbre phylogénétique des plantes vivantes, montrant les éléments suivants :
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Voir aussi les articles Archaeplastida (classification phylogénétique) et Chlorophyta (classification phylogénétique).
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En agriculture, une grande division est souvent faite entre les plantes herbacées et les plantes ligneuses (celles qui forment du bois).
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Dans le cadre des théories sur l’optimisation de l’exploitation de ressources minérales disponibles ponctuellement dans le temps et l’espace, la compétition qu'on observe entre les modules[22] d'une même plante à la recherche de nourriture, présente des similitudes avec les comportements de fourrageage chez les animaux[23]. Mais au niveau général, elle présente de fortes divergences. L'autotrophie de la plante la rend immobile (ce qui lui permet de souder les cellules végétales entre elles par leur paroi pectocellulosique qui confère rigidité mécanique[24] et résistance à l'ensemble)[25], ce qui l'oppose à l'animal, hétérotrophe, au corps plus mou et mobile. À nutrition égale, l'investissement énergétique alloué à la mobilité (au coût énergétique élevé) est important chez les animaux, alors que les plantes investissent surtout dans leur croissance, leur repousse (modules) et dans leurs défenses chimiques contre les herbivores et contre les pathogènes[26].
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Les associations symbiotiques avec des mycorhizes concernent environ 90 % des plantes vasculaires. Ces champignons mycorhiziens assurent l'essentiel de la nutrition hydrominérale des plantes. Par provocation, il est tentant de dire que « les plantes, dans leur état naturel, ont des mycorhizes plutôt que des racines »[27].
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Une hypothèse est que les plantes ont évolué morphologiquement et physiologiquement pour purger l'excès de carbone atmosphérique par le processus de photosynthèse[28].
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Il existe des plantes presque partout sur la Terre - dans le désert, sous l'eau, dans les forêts tropicales et même en Arctique. Toutefois, leur répartition à la surface de la Terre est fonction des conditions climatiques. Ainsi, pour rendre compte des principaux groupes de végétaux, le climatologue et botaniste allemand Wladimir Köppen a établi une classification des climats. Cette classification, publiée pour la première fois en 1901 et remaniée à plusieurs reprises depuis, est la plus ancienne et la plus connue.
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La classification de Köppen comprend cinq groupes de climats eux-mêmes divisés en cinq types climatiques. Le contour de chaque groupe correspond à la satisfaction d'un critère lié à la température de l'air ou combinant à la fois la température de l'air et le niveau des précipitations.
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La zone tropicale s'étend de part et d'autre de l'équateur entre le tropique du Cancer (23° 27' de latitude nord) et le tropique du Capricorne (23° 27' de latitude sud). Elle représente l'une des grandes zones climatiques nées de la circulation générale de l'atmosphère et de son déplacement saisonnier. Cette zone couvre environ 45 % de la surface globale des forêts. La température moyenne du mois le plus froid est supérieure à + 18 degrés Celsius. La végétation correspondante est la forêt tropicale ou la savane.
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Ces régions sont essentiellement caractérisées par la présence d'arbustes et d'herbes qui se sont adaptés à l'environnement désertique et qui, par un système de racines souterraines peu profond mais étendu à proximité de la surface (fasciculé), arrivent à récolter une quantité d'eau suffisante à leur croissance. La végétation est très peu développée et recouvre peu d'espace. Les espèces sont appelées xérophytes (du grec xero = sec, et phytos = plante), il existe des cactus, des plantes à cuticule épaisse pour limiter l'évapotranspiration, des plantes en coussinets, des succulentes (exemple famille des Crassulassées, dont le Sedum ou la joubarbe). La plupart des plantes chlorophylliennes de ces régions fonctionnent grâce à la photosynthèse en C4.
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En Europe, cette forêt s'étend de la forêt boréale à la forêt méditerranéenne (entre 40° et 55° nord). Le régime thermique est modéré avec en hiver un peu de gel sur la partie supérieure des sols, et un été modérément chaud. Il existe trois espèces dominantes.
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Il existe deux grands types de végétation en milieu polaire et subpolaire incluant la toundra, située entre 55° et 70° nord, une végétation dominée par les herbes et les mousses, souvent associées à divers arbustes. C'est une formation végétale continue et basse avec l'absence d'arbres à cause d'un sol gelé en profondeur en permanence, le pergélisol (température inférieure à 0 °C). L'absence d'arbres est aussi due à un raccourcissement de la période de végétation (l'été ne dure parfois qu'un à deux mois) ; et la taïga, une forêt boréale de grands conifères, typique de la Sibérie et du Canada. Les hivers sont plus longs et plus rigoureux et les mois d'été sont plus chauds (température supérieure à 10 °C). Cela devrait représenter la limite entre la taïga et la toundra. Le sous-bois est constitué de plusieurs conifères à aiguilles et de fougères. Dans l'hémisphère sud, cette formation végétale est plus réduite (dans les îles de l'Antarctique, la toundra en touffes domine la région).
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La classification des types biologique, selon Christen Christiansen Raunkiær, est une classification écologique, qui classe les plantes selon la manière dont elles protègent leurs bourgeons à la mauvaise saison (froide ou sèche) ; elle distingue cinq groupes ou types biologiques de végétaux :
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Yinon et ses collègues ont en 2018 publié[29] une évaluation quantitative du carbone stocké dans le vivant, montrant que si les plantes comptent bien moins d'espèce que le règne animal (moins que le seul groupe des arthropodes par exemple), en revanche elles constituent au sein du Vivant le « règne » qui domine largement en termes de poids de carbone, puisqu'elles sont constituées de 80 % de tout le carbone stocké par des organismes. Le carbone de tout le Vivant terrestre et marin pèserait aujourd'hui environ 550 gigatonnes (Gt) dont 450 Gt sont des plantes, loin devant les bactéries (70 Gt) et les champignons (12 Gt), et très loin devant la faune. En effet, la faune dont l'Homme fait partie ne compte que pour 2 Gt de Carbone (dont 50 % sont sous forme d'arthropodes), loin devant les humains qui avec 0,06 gigatonnes sont comparables aux termites ou au krill et des termites ; cependant ajoutent les auteurs, la pression de l'Homme sur le reste de la biomasse terrestre et marine est depuis 10 000 ans énorme : L'humanité a beaucoup déforesté et elle utilise une grande quantité de végétaux pour nourrir ses troupeaux de bovins, porcs et autres animaux domestiques ou de compagnie dont le poids en carbone est aujourd'hui environ 20 fois plus élevé que celui que tous les mammifères sauvages (tout comme nos volailles domestiquées dépassent en poids l'ensemble des autres oiseaux). L'humanité aurait déjà divisé par deux la biomasse végétale[30],[29] (qui joue aussi un rôle majeur pour le climat local et global, comme puits de carbone et source d'évapotranspiration).
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Les plantes vivant dans les milieux où l’eau est une source limitante ont dû développer plusieurs mécanismes afin de limiter leur perte d’eau. Certaines sont en dormance lors de la saison sèche et en germination lors de la saison de pluie, tandis que d’autres perdent une partie de leurs feuilles pendant la saison sèche, conservant ainsi quelques feuilles pour la photosynthèse. Les racines des plantes utilisant des stratégies d’évitement de la sécheresse sont plus profondes et plus épaisses et certaines possèdent des tiges souterraines leur permettant de stocker de la nourriture (principalement les hydrates de carbone) et de l’eau pendant de longues périodes. Leurs feuilles sont souvent épaisses et coriaces et possèdent peu de stomates. Ceux-ci sont habituellement situés sur la face abaxiale (dorsale) de la feuille, ce qui ralentit la vitesse de transpiration. Certaines feuilles possèdent des trichomes laineux réfléchissant ainsi la lumière et empêchant les feuilles de s’échauffer et de perdre leur eau trop vite. Les stomates des plantes adaptées dans les milieux arides ou semi-arides sont souvent dans des cryptes de la surface foliaire, ce qui réduit la vitesse de transpiration[31].
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On appelle xérophytes les plantes capables de vivre et grandir dans des conditions de sécheresse marquée.
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plantes de montagne ont développé plusieurs stratégies face à un milieu où
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la neige persiste longtemps au sol, où il y a une courte saison végétative, une extrême sécheresse, du vent, de fortes amplitudes thermiques, etc. Le refroidissement ralentit notamment la photosynthèse et la croissance[32]. Ces plantes, ainsi que ceux vivant dans la toundra, ont alors développé des adaptations afin d’éviter le froid et d’en limiter ses effets. Tout d’abord, certaines sont de petites tailles, leur permettent de profiter de la chaleur à la surface du sol et d’une protection contre le vent par le recouvrement de la neige. D’autres végétaux, dans la toundra notamment, comme le bouleau et le saule, forment une couverture au sol, c’est-à-dire qu’ils poussent à l’horizontale et non à la verticale[33]. La forme des plantes peut aussi être différente. Un motif en coussinet réduit l’évaporation et emprisonne la chaleur des rayons du soleil. Les feuilles de certaines plantes peuvent être réduites et épaisses et leur surface épaisse et cireuse empêchant la perte d’eau par des vents desséchants. D’autres plantes poussent comme une rosette, un tapis épais ou tout simplement blotties ensemble pour conserver leur chaleur et les aider à croître. Un duvet peut aussi les protéger du froid. Cette pilosité forme un écran qui limite la déshydratation provoquée par les vents et réfléchit une partie des rayonnements solaires en excès. Les plantes adaptées au froid ont habituellement un cycle de
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reproduction rapide pour contrer le fait que l’été soit court et que l’hiver soit long et un système racinaire peu profond.
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Toute plante qui est en contact avec des concentrations anormalement fortes en sel se nomme halophyte[34]. Afin de pouvoir survivre dans ces conditions, les racines de ces plantes ont un potentiel osmotique très faible pour pouvoir maintenir un gradient entre la plante et les racines. De plus, le sel peut se concentrer dans les feuilles les plus basses, celles qui tombent avant les autres, ce qui permet d’éviter les effets toxiques du sel. Il peut aussi s’accumuler dans des organes, tels que des glandes à sels ou des vésicules, qui s’occupent de l’excréter.
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Un autre type de plante peut se développer dans les milieux salés, il s’agit des glycophytes. Ceux-ci excluent les ions de leurs feuilles et les accumulent dans les racines et les tiges[35].
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Les hydrophytes représentent le groupe de végétaux vivant entièrement ou partiellement dans l’eau[35]. L’ensemble de leur appareil végétatif est donc en contact avec l’eau. Comme la concentration du dioxygène dans ce milieu ne se retrouve pas à la même concentration que dans l’air, ces plantes ont développé des stratégies d’acquisitions. Entre autres, elles possèdent des aérenchymes, un tissu parenchymateux (constitué de cellules vivantes) comportant de larges espaces intercellulaires remplis d’air, servant à transporter le dioxygène des parties hors de l’eau vers celles sous l’eau[36]. De plus, ces plantes absorbent l’eau directement du milieu extérieur grâce à la surface de leur feuille qui n’est pas ou peu cutinisée (substance prévenant les pertes d’eau). Il n’y a alors aucune transpiration effectuée[35].
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La plupart des végétaux possèdent des adaptations qui leur permettent de survivre ou de se défendre contre les agressions. Une étude de 2018 a conclu que leur système de signalisation était très proche[évasif] du système nerveux des animaux[37]. Ces dernières sont adoptées en réponse à une agression ou à un agresseur afin d’en minimiser les dégâts, voire de les éliminer. Toutefois, il faut savoir qu’ériger des structures de défense a un coût. En effet, par exemple, à la suite de l’apparition d’un polluant atmosphérique, une plante présentera des signes de faiblesse allant d’une baisse de rendement aux nécroses, puisqu’elle a dû consacrer beaucoup d’énergie à la construction de structures de défense[38].
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Les plantes présentent diverses défenses contre les herbivores. Ces dernières peuvent être physiques, chimiques, mais également symbiotiques. Elles peuvent ériger des structures qui préviendront l’herbivorie telles que des épines, des trichomes, ou posséder des parois cellulaires composées de lignine, une substance n’étant pas digestible par les mammifères[39]. Elles peuvent aussi produire des composés qui auront mauvais goût, qui seront toxiques ou qui attireront les prédateurs des herbivores (surtout pour les insectes). La production de canavanine par les plantes, par exemple, peut être toxique pour les insectes qui l’ingèrent car cet acide aminé prend la place de l’arginine dans les protéines de la victime, altérant ainsi leurs fonctions. Avec le temps, cette stratégie limite l’herbivorie de ces insectes qui trouvent de nouvelles sources de nourriture, ce qui protège les plantes[40].
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Certaines plantes sont aussi capables de s’adapter à l’apparition d’un polluant dans leur environnement. Parmi ces polluants, on retrouve entre autres l’acide fluorhydrique, qui perturbe le métabolisme du calcium des végétaux, ainsi que l’ozone, qui oxyde les composés des plantes et donc, qui leur est très néfaste. En réponse à cette dernière substance, une plante peut produire des composés phénoliques ou augmenter la production de cire cuticulaires pour se défendre[38].
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Les plantes se protègent de la sécheresse en limitant leur perte d’eau par transpiration en fermant leurs stomates. Par contre, lorsque la plante requiert un apport de CO2, elle se doit d’ouvrir ses stomates. Elle peut alors avoir des défenses physiques limitant les pertes d’eau par les stomates comme des cryptes contenant des trichomes. Ces petits poils se joignent aux cryptes pour limiter l’accès aux courants d’air qui assèchent la plante en diminuant sa couche limite. Ils peuvent aussi se retrouver en surface des feuilles où ils auront la même utilité. Aussi, dans certains cas, lorsqu’on retrouve des conditions asséchantes, les feuilles des végétaux peuvent se replier de façon à ne pas exposer leurs stomates. Ces plantes, en conditions humides, se déplieront pour ainsi exposer leurs stomates à l’air ambiant. Une plante vivant dans des conditions très asséchante pourra aussi survivre en constituant des réserves d’eau lors de pluies et en les utilisant lors de périodes de sécheresse. C’est le cas, entre autres, chez les plantes grasses ou plantes succulentes[41].
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Les plantes ne sont pas toutes exposées aux mêmes conditions. Certaines ont développé des adaptations leur permettant de résister au froid. L’une d’entre elles consiste à avoir une très petite taille et donc à se situer le plus près du sol possible où la température est habituellement de quelques degrés plus élevée. De plus, lorsqu’il y a de la neige, ces plantes se retrouvent protégées du froid et du vent par cette dernière. Une autre façon de réduire les dommages causés par le froid est d’adapter une forme circulaire. Non seulement cette forme procure une meilleure protection contre le froid, elle permet aussi de limiter les pertes d’eau puisque c’est celle qui a le plus petit rapport surface/volume[42].
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Il existe, selon leur degré de différenciation, quatre grands types d'organisation incluant les thallophytes, plantes vivant en milieux humides, caractérisées par un thalle, appareil végétatif peu différencié en forme de lame - algues ; les bryophytes : ce sont les mousses et les hépatiques, dont l’appareil végétatif commence à se différencier en tige et feuille. Ils constituent une nouvelle étape vers le passage de la vie aquatique à la vie terrestre ; les tracheophyta (anciennement appelées cormophytes ou « végétaux supérieurs ») : ce sont les plantes vasculaires ou plantes à racines (rhizophytes), qui comprennent les ptéridophytes (fougères) et les spermaphytes (plantes à graines). L’appareil végétatif est maintenant bien différencié en racine, tige, feuille et surtout vaisseaux conducteurs de sève (phloème et xylème). C’est grâce à ces vaisseaux conducteurs et à leur port dressé et rigide (par synthèse de la cellulose dans l’espace intercellulaire de ces vaisseaux, pour la construction d’un squelette de bois) que ces plantes sont adaptées au milieu terrestre.
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La pathologie végétale étudie les maladies dont souffrent les végétaux. Le terme phytopathologie sous-entend des maladies causées par des agents infectieux externes à la plante. Il peut s’agir de micro organismes (bactéries et champignons), de virus, ou encore d’insectes. Ainsi, il existe différents types de maladies (bactériennes, virales, cryptogamiques, à phytoplasmes, à nématodes…) qui dépendent de l’agent infectieux de départ. Les maladies parasitaires des végétaux sont aussi générées par des problèmes environnementaux, la pollution ou encore par la destruction de certaines biodiversités qui génèrent des modifications de notre écosystème.
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Toutes les espèces végétales peuvent être sujet à des phytopathologies. Par conséquent, les cultures exposées peuvent développer des symptômes très différents tels que :
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Les phytovirus ont la particularité de pénétrer la cellule végétale de leur hôte afin de tirer profit des mécanismes de la cellule et donc pouvoir, par la suite, se reproduire.
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C’est notamment le cas du virus de la mosaïque du tabac qui s’attaque aux plants de tabac. Constitué d’un brin d’ARN spiralé autour duquel se développe des sous-unités protéiques, il a été le premier virus identifié. Cet ensemble de protéines constitue la capside du virus. Une fois la plante infectée, les feuilles de cette-dernière vont prendre l’apparence d’une mosaïque, d'où le nom du virus. Il est généralement transmis par voie mécanique notamment grâce aux vêtements ou aux structures de serres, voie qui s'avère être très efficace. Pour limiter la propagation de ce virus, il est recommandé de pratiquer la prophylaxie poussée.
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Les bactéries peuvent être à l’origine de nombreuses phytopathologies et engendrer différents symptômes tels que des pourritures, des chancres, des nécroses, des jaunissements… Pour s’introduire dans la plante, les bactéries se faufilent par des ouvertures naturelles (stomates) ou bien par des blessures.
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Il résulte de la colonisation de la plante par différentes bactéries telles que Clavibacter michiganensis sepedonicus ou Ralstonia solanacearum. Ce type d’infection fait des ravages sur les cultures de pommes de terre, de tomates ou encore de riz.
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Par exemple, chez la tomate, l’agent pathogène est Ralstonia solanacearum. Cette bactérie vit enfouie dans le sol à une profondeur d’environ 30 cm. Elle peut donc être disséminée par les pratiques d’irrigation ou encore par les pratiques culturales pouvant blesser la plante et faciliter son infiltration. Son mode d’action est d’empêcher la circulation de la sève brute, constituée d’eau et de sels minéraux. Les feuilles de la plante sont alors privées de nutriments et se flétrissent. Lorsque la charge bactérienne est élevée, le flétrissement affecte toute la plante qui se rabougrit et meurt[44].
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Il résulte de la colonisation des arbres fruitiers par des bactéries du genre Pseudomonas. Notamment Pseudomonas syringae, une bactérie Gram négative, qui produit une protéine permettant à l’eau de geler malgré des températures supérieures à 0 °C. Les plantes infectées sont alors plus sensibles au gel et reconnaissable par l’apparition d'une tâche brune de forme concave qui se répand sur les branches et le tronc de l’arbre. Puis survient une déformation de l’écorce, due au développement de boursouflures et de crevasses. Enfin, l’altération de l’écorce provoque un écoulement de gomme. Durant l’été, la bactériose végétale peut toucher les organes verts et les feuilles âgées de la plante[45].
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C'est une maladie qui est générée par un manque de fer ou de magnésium et qui se manifeste par un manque de coloration sur les feuilles dû à un déficit en chlorophylle, mais une coloration très prononcée sur les nervures.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Un phytophage, également désigné comme herbivore (le terme d'herbivore est plus souvent utilisé pour les vertébrés, celui de phytophage pour les invertébrés)[1], est, dans le domaine de la zoologie, un animal (mammifère, insecte, poisson, etc. ) qui se nourrit exclusivement ou presque de plantes vivantes (ou séchées : le foin, par exemple) et non de chair, d'excréments, de champignons ou nécromasse. On peut donc dire que ces animaux sont des hétérotrophes ayant pour source principale de leur alimentation des organismes autotrophes[2].Le plus grand herbivore terrestre est la girafe, le plus lourd est l'éléphant.
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L'écologie distingue les herbivores stricts des herbivores occasionnels.
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Le rendement énergétique lié à l'absorption de nourriture est environ deux fois plus élevé chez les espèces carnivores, si bien que certains herbivores améliorent ce rendement par rumination ou cæcotrophie[3].
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Dans le passé, et notamment au Jurassique, de très grands dinosaures herbivores ont existé.
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L’herbivorie est la condition d’un animal se nourrissant de plantes ; elle correspond aussi à l'ensemble des herbivores d'un lieu, leur action sur le milieu et à la consommation plus ou moins saisonnière d'une certaines biomasse végétale[4].
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Des interactions durables et complexes sont entretenues par les herbivores d'une part avec les végétaux dont ils dépendent pour s'alimenter et d'autre part, avec les carnivores qui les consomment. L'herbivorie peut aussi être influencée par des facteurs climatiques et abiotiques (disponibilité en oligoéléments pour les plantes, ou présence naturelle ou anthropique de toxiques inhibant la croissance des plantes). Des variations de température et d’humidité défavorables peuvent fixer une capacité limite de sorte que les herbivores n’atteindront pas le nombre d’individus pouvant épuiser la végétation. La compétition (intraspécifique, c.à.d. entre les herbivores d'une même espèce, et interspécifique, c.à.d. entre les espèces) et la prédation peuvent limiter la densité d’herbivores[2].
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Plusieurs biomes sont sujet à une forte abondance en herbivores et conséquemment à un impact de l'herbivorie, p.ex. les savanes et les prairies qui sont des écosystèmes dominés par des herbacées, des plantes accessibles de par leur faible hauteur.
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Dans la toundra, l'abondance en herbivores est fortement déterminée par le climat. En condition favorable, les densités notamment en caribou migrateur peuvent excéder localement la capacité de support du milieu et dilapider le couvert de lichen au sol. En forêt boréale, l'abondance en herbivores est fortement déterminée par le cycle des perturbations. En hétérogénéisant le paysage forestier, les perturbations naturelles comme les feux de forêt et les épidémies d'insectes connectent en une mosaïque des jeunes peuplements à des plus vieux. Durant l'hiver, les herbivores peuvent ainsi bénéficier d'un couvert forestier dense qui limite l'accumulation de neige au sol et leurs déplacements (habitat d'abris) adjoint à un peuplement en début de succession constitué de jeunes tissus nutritifs et accessibles (habitat d'alimentation). De plus, les habitats d'abris diminuent la visibilité des herbivores et ainsi la pression venant des prédateurs. Ainsi divisé, l'écosystème forestier subi une pression variable de l'herbivorie.
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La plaine du Serengeti d’Afrique contient la plus grande diversité et biomasse de grands herbivores. Cet endroit est régi par le cycle des saisons (succession de saisons sèches et humides) qui modulent la croissance des plantes. Les herbivores étant dépendants des végétaux pour se nourrir, ils migrent cycliquement en lien avec ces fluctuations[5].
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Les plantes résistent à l'herbivorie selon divers mécanismes allant de l'échappement à la tolérance[6]. L'échappement survient d'une part lorsqu'une portion du feuillage de la plante est hors de portée de l'herbivore. Lorsque la plante est établie dans un endroit escarpé et inaccessible pour l'herbivore, elle échappe indirectement à l'herbivorie. Par sa croissance en hauteur, la plante peut également devenir inaccessible, puisqu'une part de sa biomasse excède la taille de l'herbivore. D'autre part, l'échappement peut également être constitutif lorsque la morphologie de la plante (p.ex. les épines) diminue son attractivité pour l'herbivore ou la physiologie (p.ex. les composés secondaires comme les tanins) diminuent la digestibilité et la valeur nutritive des tissus. On parle alors de défenses physique ou chimique. Étonnamment peut-être, les plantes peuvent ajuster leur défense durant leur développement selon l'herbivorie ; ces défenses sont alors qualifiées d'inductives. Le contrôle des populations d'herbivores par les prédateurs feraient même varier l'abondance des épines sur les plantes selon une récente étude vulgarisant ainsi que les grands carnivores « rendent les communautés d'arbres de la savane moins épineuses »[7].
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Dans le milieu naturel, presque tous les herbivores mangent en fait aussi - volontairement ou non - de la matière animale, sous forme d'œufs et de petits animaux (limaces, escargots et, entre autres insectes, pucerons), ainsi que des champignons, voire des quantités significatives de terre.
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De plus, de nombreux animaux ne sont herbivores qu'à certaines saisons (la mésange) ou à un seul stade de leur vie, généralement celui de larve ; Par exemple, les chenilles défoliatrices donnent naissance à des papillons pollinisateurs se nourrissant de pollen et de nectar ; chez les amphibiens, la larve est souvent herbivore (bien que susceptible de manger des bactéries et des cadavres animaux quand le végétal manque)
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Remarque : certaines fourmis sont "défoliatrices", mais ne consomment que les champignons qu'elles cultivent sur les feuilles coupées ramenées dans la fourmilière. Elles ne sont pas herbivores.
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La relation herbivore-plante résulte bien souvent en une série d’adaptations que l’on peut décrire comme une coévolution. Les herbivores exerçant une forte pression sélective sur les plantes, celles-ci se sont adaptées de façon à pouvoir lutter et survivre. Les herbivores ont donc aussi acquis des adaptations afin d’être en mesure de se nourrir plus efficacement. Une nouvelle adaptation venant d’un des deux parties devient donc une nouvelle force sélective qui mène à une contre adaptation de l’autre partie[8].
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Les herbivores ont adapté leurs comportements afin de s'adapter aux différentes contraintes imposées par l'alimentation de végétaux. Selon la théorie de stratégie optimale de recherche de la nourriture (optimal foraging theory), ils sont capables d'ajuster leur quête de nourriture afin d'en maximiser les bénéfices et l'apport nutritif.[9] Par exemple, si l'on offre à des insectes phytophages leurs différents nutriments essentiels, mais purifiés et séparés, ceux-ci s'en alimenteront avec des ratios qui mimiquent ceux de leur diète habituelle, et même améliorée[10]. Ils doivent également s'ajuster à la forte variabilité temporelle et spatiale en termes d'apports nutritifs des végétaux. Ainsi, lorsqu'ils font face à une diète diluée, ils pourront soit manger plus, augmenter la grosseur de l'apport, manger plus régulièrement ou altérer la diète[11]. En cas de forte lacune dans la nourriture disponible, il n'est pas rare de voir les herbivores se tourner vers le cannibalisme, en réalité plus fréquent chez les herbivores que les carnivores, puisque cela rapporte de grands apports nutritifs[12],[13]. D'autres comportements plus agressifs sont toutefois adaptés pour contrecarrer les défenses des plantes. Un exemple est celui où des insectes folivores se découpent des tranchées jusqu'au fluide végétal (latex, résine, phloème) afin de limiter son exposition aux exsudats toxiques de la plante[14]. Certains vont couper les trichomes avant de s'alimenter afin de réduire leurs effets néfastes[15].
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Plusieurs adaptations physiques ont vu le jour chez les herbivores à la suite de pressions sélectives et de la sélection naturelle[8] pour leur permettre d'exploiter les végétaux efficacement.
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Pour ce qui est des insectes, la plupart se nourrissent du nectar, des fruits des plantes ou encore des différents tissus végétaux. Les insectes phytophages sont très diversifiés et constituent plus du quart des espèces terrestres décrites[16].
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Ils ont donc développé des adaptations physiques telles que différentes pièces buccales.
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Ces pièces sont soit :
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1. Suceuse : possédant un tube capable de percer facilement les tissus des végétaux
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2. Spongieuse : utiles pour la nourriture liquide
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3. De mastication : adaptées pour saisir et écraser les plantes
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Certains insectes dits cécidogènes ont opté pour une alimentation depuis l'intérieur même de la plante par la formation de galles dont la structure est faite du tissu végétal, mais contrôlée par l'insecte phytophage[17]. Des observations utilisant du marquage au carbone 14 ont démontré que des galles d'insectes rapatrient les nutriments des tissus végétaux à proximité[18]. Cette technique d'approvisionnement semble efficace considérant que les pucerons se nourrissant sous forme de galles sont plus efficients que les pucerons libres[19].
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Plus agressive comme méthode encore, certains insectes sont vecteurs de pathogènes pour la plante. Ainsi ils peuvent lui inoculer des microbes l'affaiblissant et mobilisant les nutriments. Chez les pucerons, on remarque que ceux qui sont vecteurs de phytovirus ont un temps de développement plus court, une meilleure fécondité et un taux de croissance intrinsèque supérieur chez les hôtes infectés du virus comparés aux hôtes sains[20].
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Au même titre que les mammifères, il est impossible aux insectes herbivores de digérer eux-mêmes la cellulose des végétaux et requiert donc une symbiose avec des bactéries, champignons ou protozoaires capables de faire cette digestion[21].
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Les poissons mangeant des macrophytes, bien que moins communs, ont pour leur part un intestin plus long leur permettant de bien digérer les glucides des végétaux. Ce genre de poissons se retrouve majoritairement dans les récifs coralliens et dans les eaux des tropiques.
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Chez les mammifères, plusieurs groupes peuvent être identifiés : les ruminants et les non-ruminants, ou encore les brouteurs et les rongeurs (plutôt de petite taille, aux canines absentes alors que leurs molaires sont très développées).
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Pour métaboliser la cellulose les herbivores ont une microflore bactérienne, fongique et de protozoaires spécifique, dans le rumen ou des chambres situées dans leur intestin[4] ; leur digestion diffère fortement de celle des carnivores.
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Par exemple, on distingue chez les mammifères, deux grands groupes d'herbivores :
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C'est le cas notamment des bovidés, des cervidés, des antilocapridés et des camélidés (ces derniers ont un estomac à trois poches).
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Dans chacun des deux groupes on trouve des ruminants ; ceux-ci valorisent mieux les aliments végétaux grâce à la rumination et à une digestion microbienne qui a lieu dans la panse. Comme tous les mammifères, ils n'ont pas de cellulases et lignases qui permettent de digérer la cellulose et la lignine. Ces deux macromolécules composant 90 % de la matière sèche de l'herbe se retrouvent ainsi en grande partie sous forme de paillettes d'herbes pâles dans les bouses. Diverses régions spécialisées de leur système digestif hébergent une population importante de bactéries, de champignons et de protozoaires, micro-organismes anaérobies symbiotiques. Bactéries et champignons digèrent les débris végétaux en dégradant en partie la cellulose (micro-organismes cellulolytiques) qu'ils convertissent en cellobiose et glucose. Les protozoaires (Ciliés chez les ruminants où le poids du contenu stomacal est en général considérable, variant le plus souvent entre 10 et 25 % du poids de l'animal[22]) se nourrissent de bactéries et de spores de champignons. La digestion symbiotique comprend aussi des processus de fermentation anaérobie qui convertissent le glucose en acides gras volatils (acides acétique, propionique et butyrique à l'origine de l'odeur caractéristique des ruminants mais aussi des risques de météorisation), en méthane et en hydrogène[23]. Une grande partie de ces acides gras sont absorbés et passent dans le sang de l’animal, couvrant 40 à 80 % de ses besoins énergétiques[24]. L'estomac contient des lysozymes, enzymes antibactériennes qui facilitent la digestion de nombreuses bactéries lorsque celles-ci ont fini leur travail. De ce fait, les mammifères herbivores sont avant tout des microphages, nourris des micro-organismes qu'ils élèvent eux-mêmes à l'herbe puis qu'ils digèrent, d'où l'adage « alimenter un ruminant c'est d'abord nourrir une microflore[25]. »
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Le castor est une espèce ingénieur bien connue pour les modifications considérables qu'il a apporté dans le paysage de l'hémisphère nord en y créant ou restaurant des chaines de zones humides maintenues par ses barrages, propices au développement de très nombreuses autres espèces et à une forte réduction du risque d'incendie de tourbières et forêts.
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Mais au delà de cette espèce la pression d'herbivorie façonne les écosystèmes et les paysages depuis des millions d'années. Elle n'est pas directement liée à taille des herbivores (beaucoup de petits herbivore peuvent modifier le paysage d'une manière aussi intense, bien que différente que quelques mégaherbivores). Les paléontologues estiment (ex : 7 octobre 2019 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences) que les communautés préhistoriques de mégaherbivores (adultes de plus de 900 kilos) étaient très différentes, y compris pour leurs effets écopaysagers, de ce qu'elles sont aujourd'hui dans les rares endroits où elles ont survécu comme dans le Sérengeti ; Leur régime alimentaire (qui peut inclure des racines, et des écorces), leur taille, mais aussi leur "stratégie digestive", de migration et de reproduction sont autant de facteurs à prendre en compte, et ils ont varié depuis sept millions d'années de l'histoire de l'Afrique de l'Est, là où l'Homme est apparu[26].
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Les herbivores (méga-herbivores notamment) consomment une grande quantité de végétaux, pouvant en zone de savane ou sèche diminuer la quantité de matière combustible disponible en saison sèche. Depuis quatre millions d'années, en Afrique de l'Est, la forêt a reculé au profit des savanes avec le déclin des méga-herbivores, et la communautés d'herbivores a parallèlement beaucoup changé en Afrique : si les ruminants dominent aujourd'hui les paysages, les non-ruminants y étaient autrefois bien plus communs et dominaient même la faune mamalienne d'Afrique de l'Est, ce qui a indirectement modifié le reste de la faune et les paysages les méga-herbivores peuvent abattre des arbres, broutent plus haut dans la strate herbacée et piétinent les sols de manière très différente, modifiant le type et la structure de la végétation, influençant le risque de feux de forêt, le cycle des éléments nutritifs. Selon les données disponibles,il semble que le recul des zones boisées et des périodes de sécheresse auraient en Afrique de l'Est causé un fort recul du nombre et de l'influence des non-ruminants[26].
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Par ailleurs, étant à la base de la chaine alimentaire, les plantes aussi se sont adaptées afin d’être en mesure de lutter contre l’herbivorie. On distingue leurs mécanismes de défense en quatre catégories: la résistance à l'herbivorie, la tolérance à l'herbivorie, l'ajustement de sa phénologie et la sur-compensation[27].
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La tolérance réduit l'impact négatif de l'herbivorie sur son aptitude phénotypique, mais la génétique à la base de ces adaptations est plus floue que celle des traits de résistance, bien qu'ils soient tous deux sujets à la sélection naturelle. De plus, le génotype de la plante et les conditions environnementales influencent la capacité de tolérance d'une plante agressée. La tolérance est généralement associée à une vitesse de croissance rapide et de fortes capacités photosynthétiques chez une plante en santé[27],[28]. Ces deux mécanismes ont un effet d'opposition, d'une part un organisme avec des traits de résistances efficaces ne nécessitera pas de mécanismes de tolérance et inversement, une plante très tolérante n'évolue pas avec des traits de résistance[28],[29].
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N’étant pas en mesure de bouger, les végétaux ont donc développé des moyens de défense physiques et chimiques, soit de résistance, pour réduire les dommages. Parmi les moyens physiques, notons la présence d’épines [2], poils ou d’un feuillage épais et rugueux. Ces adaptations morphologiques ont pour but de diminuer l’herbivorie en rendant les plantes moins attrayantes et moins faciles d’accès vis-à-vis des herbivores. Pour ce qui est des moyens chimiques, les plantes peuvent produire un grand nombre de composés toxiques, nocifs[8] ou tout simplement désagréables au goût afin de réduire l’herbivorie. Par exemple, certaines plantes produisent un acide aminé rare, la canavanine. Étant donné qu’il ressemble à l’arginine, les plantes l’incorporent dans leurs protéines et cela a pour effet de changer la conformation des protéines et leurs fonctions, menant donc l’insecte à la mort. D’autres composés tels que la strychnine, morphine, nicotine, mescaline, et les tanins[2] ont un effet toxique pour les herbivores. Ces défenses sont en fait divisées en inhibiteurs quantitatifs et en inhibiteurs qualitatifs. Les inhibiteurs quantitatifs sont efficaces à grandes doses et se retrouvent surtout dans les vieilles feuilles et les tiges ligneuses. Notons parmi ceux-ci la lignine, la cellulose et les phénols. Pour leur part, les inhibiteurs qualitatifs sont efficaces à petites doses et sont retrouvés principalement dans les tissus vulnérables tels que les nouvelles feuilles et les bourgeons[5].
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Par ajustement de la phénologie, on entend par exemple une plante qui aura une période de croissance tôt en saison afin d'éviter de faire ce travail pendant la période où les herbivores sont les plus actifs[30].
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La sur-compensation quant à elle décrit le fait que certaines plantes endommagées par l'herbivorie ont une aptitude phénotypique supérieure aux plantes intactes[27].
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Certains herbivores lato sensu ou phytophages peuvent être sous-classés en
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Le régime des herbivores peut fortement varier d'une saison à l'autre, particulièrement dans les zones tempérées, en fonction de la végétation disponible selon les périodes de l'année.
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Les herbivores doivent passer une grande partie de leur temps à brouter (et à digérer) car le rapport C:N des plantes est de 40:1 et celui des animaux de 9:1, les animaux sont composés d'environ quatre fois plus d'azote que les plantes. C'est pourquoi les herbivores doivent se nourrir abondamment afin de répondre à leurs besoins nutritionnels. Le carbone excédentaire est rejeté dans les excréments ou recyclé à la mort de l'animal via sa nécromasse exploitée par les nécrophages (des insectes nécrophages aux vautours et condors en passant par de nombreuses autres espèces).
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Les prédateurs (consommateurs secondaires) ; ceux qui se nourrissent d'autres animaux par exemple, n'ont pas besoin de manger autant car leur nourriture se compose du même rapport qu'eux.
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Au sein de leur territoire et de leur aire vitale, les herbivores doivent se déplacer pour manger tout en échappant à leurs prédateurs[32]. avec d'autant plus de difficultés que les patchs riches en aliments sont rares et/ou que les prédateurs sont nombreux et actifs.
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Pour s'adapter aux variations annuelles de ressources alimentaires, certains herbivores ont besoin de saisonnièrement migrer, sur de grandes distances parfois. Ces déplacements sont rendus difficiles ou impossibles dans les régions industrialisées en raison d'une fragmentation croissante des paysages (par les canaux, autoroute et autres voies clôturées notamment), mais sont encore observées à grande échelle dans certaines régions du monde (ex : migration des gnous ou des éléphants en Afrique, ou encore des caribous en Amérique du Nord). Ces déplacements ont probablement aussi une importance sanitaire en diminuant le risque de parasitoses et de certaines zoonoses (plus important pour un animal sédentarisé qui reste en contact avec ses microbes et les œufs ou larves de ses propres parasites).
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Les patterns de déplacements très locaux (à petite échelle) ou de grande migration sont mieux compris que les déplacements échelle spatiotemporelle intermédiaires [32],[33].
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Un phytophage, également désigné comme herbivore (le terme d'herbivore est plus souvent utilisé pour les vertébrés, celui de phytophage pour les invertébrés)[1], est, dans le domaine de la zoologie, un animal (mammifère, insecte, poisson, etc. ) qui se nourrit exclusivement ou presque de plantes vivantes (ou séchées : le foin, par exemple) et non de chair, d'excréments, de champignons ou nécromasse. On peut donc dire que ces animaux sont des hétérotrophes ayant pour source principale de leur alimentation des organismes autotrophes[2].Le plus grand herbivore terrestre est la girafe, le plus lourd est l'éléphant.
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L'écologie distingue les herbivores stricts des herbivores occasionnels.
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Le rendement énergétique lié à l'absorption de nourriture est environ deux fois plus élevé chez les espèces carnivores, si bien que certains herbivores améliorent ce rendement par rumination ou cæcotrophie[3].
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Dans le passé, et notamment au Jurassique, de très grands dinosaures herbivores ont existé.
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L’herbivorie est la condition d’un animal se nourrissant de plantes ; elle correspond aussi à l'ensemble des herbivores d'un lieu, leur action sur le milieu et à la consommation plus ou moins saisonnière d'une certaines biomasse végétale[4].
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Des interactions durables et complexes sont entretenues par les herbivores d'une part avec les végétaux dont ils dépendent pour s'alimenter et d'autre part, avec les carnivores qui les consomment. L'herbivorie peut aussi être influencée par des facteurs climatiques et abiotiques (disponibilité en oligoéléments pour les plantes, ou présence naturelle ou anthropique de toxiques inhibant la croissance des plantes). Des variations de température et d’humidité défavorables peuvent fixer une capacité limite de sorte que les herbivores n’atteindront pas le nombre d’individus pouvant épuiser la végétation. La compétition (intraspécifique, c.à.d. entre les herbivores d'une même espèce, et interspécifique, c.à.d. entre les espèces) et la prédation peuvent limiter la densité d’herbivores[2].
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Plusieurs biomes sont sujet à une forte abondance en herbivores et conséquemment à un impact de l'herbivorie, p.ex. les savanes et les prairies qui sont des écosystèmes dominés par des herbacées, des plantes accessibles de par leur faible hauteur.
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Dans la toundra, l'abondance en herbivores est fortement déterminée par le climat. En condition favorable, les densités notamment en caribou migrateur peuvent excéder localement la capacité de support du milieu et dilapider le couvert de lichen au sol. En forêt boréale, l'abondance en herbivores est fortement déterminée par le cycle des perturbations. En hétérogénéisant le paysage forestier, les perturbations naturelles comme les feux de forêt et les épidémies d'insectes connectent en une mosaïque des jeunes peuplements à des plus vieux. Durant l'hiver, les herbivores peuvent ainsi bénéficier d'un couvert forestier dense qui limite l'accumulation de neige au sol et leurs déplacements (habitat d'abris) adjoint à un peuplement en début de succession constitué de jeunes tissus nutritifs et accessibles (habitat d'alimentation). De plus, les habitats d'abris diminuent la visibilité des herbivores et ainsi la pression venant des prédateurs. Ainsi divisé, l'écosystème forestier subi une pression variable de l'herbivorie.
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La plaine du Serengeti d’Afrique contient la plus grande diversité et biomasse de grands herbivores. Cet endroit est régi par le cycle des saisons (succession de saisons sèches et humides) qui modulent la croissance des plantes. Les herbivores étant dépendants des végétaux pour se nourrir, ils migrent cycliquement en lien avec ces fluctuations[5].
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Les plantes résistent à l'herbivorie selon divers mécanismes allant de l'échappement à la tolérance[6]. L'échappement survient d'une part lorsqu'une portion du feuillage de la plante est hors de portée de l'herbivore. Lorsque la plante est établie dans un endroit escarpé et inaccessible pour l'herbivore, elle échappe indirectement à l'herbivorie. Par sa croissance en hauteur, la plante peut également devenir inaccessible, puisqu'une part de sa biomasse excède la taille de l'herbivore. D'autre part, l'échappement peut également être constitutif lorsque la morphologie de la plante (p.ex. les épines) diminue son attractivité pour l'herbivore ou la physiologie (p.ex. les composés secondaires comme les tanins) diminuent la digestibilité et la valeur nutritive des tissus. On parle alors de défenses physique ou chimique. Étonnamment peut-être, les plantes peuvent ajuster leur défense durant leur développement selon l'herbivorie ; ces défenses sont alors qualifiées d'inductives. Le contrôle des populations d'herbivores par les prédateurs feraient même varier l'abondance des épines sur les plantes selon une récente étude vulgarisant ainsi que les grands carnivores « rendent les communautés d'arbres de la savane moins épineuses »[7].
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Dans le milieu naturel, presque tous les herbivores mangent en fait aussi - volontairement ou non - de la matière animale, sous forme d'œufs et de petits animaux (limaces, escargots et, entre autres insectes, pucerons), ainsi que des champignons, voire des quantités significatives de terre.
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De plus, de nombreux animaux ne sont herbivores qu'à certaines saisons (la mésange) ou à un seul stade de leur vie, généralement celui de larve ; Par exemple, les chenilles défoliatrices donnent naissance à des papillons pollinisateurs se nourrissant de pollen et de nectar ; chez les amphibiens, la larve est souvent herbivore (bien que susceptible de manger des bactéries et des cadavres animaux quand le végétal manque)
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Remarque : certaines fourmis sont "défoliatrices", mais ne consomment que les champignons qu'elles cultivent sur les feuilles coupées ramenées dans la fourmilière. Elles ne sont pas herbivores.
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La relation herbivore-plante résulte bien souvent en une série d’adaptations que l’on peut décrire comme une coévolution. Les herbivores exerçant une forte pression sélective sur les plantes, celles-ci se sont adaptées de façon à pouvoir lutter et survivre. Les herbivores ont donc aussi acquis des adaptations afin d’être en mesure de se nourrir plus efficacement. Une nouvelle adaptation venant d’un des deux parties devient donc une nouvelle force sélective qui mène à une contre adaptation de l’autre partie[8].
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Les herbivores ont adapté leurs comportements afin de s'adapter aux différentes contraintes imposées par l'alimentation de végétaux. Selon la théorie de stratégie optimale de recherche de la nourriture (optimal foraging theory), ils sont capables d'ajuster leur quête de nourriture afin d'en maximiser les bénéfices et l'apport nutritif.[9] Par exemple, si l'on offre à des insectes phytophages leurs différents nutriments essentiels, mais purifiés et séparés, ceux-ci s'en alimenteront avec des ratios qui mimiquent ceux de leur diète habituelle, et même améliorée[10]. Ils doivent également s'ajuster à la forte variabilité temporelle et spatiale en termes d'apports nutritifs des végétaux. Ainsi, lorsqu'ils font face à une diète diluée, ils pourront soit manger plus, augmenter la grosseur de l'apport, manger plus régulièrement ou altérer la diète[11]. En cas de forte lacune dans la nourriture disponible, il n'est pas rare de voir les herbivores se tourner vers le cannibalisme, en réalité plus fréquent chez les herbivores que les carnivores, puisque cela rapporte de grands apports nutritifs[12],[13]. D'autres comportements plus agressifs sont toutefois adaptés pour contrecarrer les défenses des plantes. Un exemple est celui où des insectes folivores se découpent des tranchées jusqu'au fluide végétal (latex, résine, phloème) afin de limiter son exposition aux exsudats toxiques de la plante[14]. Certains vont couper les trichomes avant de s'alimenter afin de réduire leurs effets néfastes[15].
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Plusieurs adaptations physiques ont vu le jour chez les herbivores à la suite de pressions sélectives et de la sélection naturelle[8] pour leur permettre d'exploiter les végétaux efficacement.
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Pour ce qui est des insectes, la plupart se nourrissent du nectar, des fruits des plantes ou encore des différents tissus végétaux. Les insectes phytophages sont très diversifiés et constituent plus du quart des espèces terrestres décrites[16].
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Ils ont donc développé des adaptations physiques telles que différentes pièces buccales.
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Certains insectes dits cécidogènes ont opté pour une alimentation depuis l'intérieur même de la plante par la formation de galles dont la structure est faite du tissu végétal, mais contrôlée par l'insecte phytophage[17]. Des observations utilisant du marquage au carbone 14 ont démontré que des galles d'insectes rapatrient les nutriments des tissus végétaux à proximité[18]. Cette technique d'approvisionnement semble efficace considérant que les pucerons se nourrissant sous forme de galles sont plus efficients que les pucerons libres[19].
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Plus agressive comme méthode encore, certains insectes sont vecteurs de pathogènes pour la plante. Ainsi ils peuvent lui inoculer des microbes l'affaiblissant et mobilisant les nutriments. Chez les pucerons, on remarque que ceux qui sont vecteurs de phytovirus ont un temps de développement plus court, une meilleure fécondité et un taux de croissance intrinsèque supérieur chez les hôtes infectés du virus comparés aux hôtes sains[20].
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Au même titre que les mammifères, il est impossible aux insectes herbivores de digérer eux-mêmes la cellulose des végétaux et requiert donc une symbiose avec des bactéries, champignons ou protozoaires capables de faire cette digestion[21].
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Les poissons mangeant des macrophytes, bien que moins communs, ont pour leur part un intestin plus long leur permettant de bien digérer les glucides des végétaux. Ce genre de poissons se retrouve majoritairement dans les récifs coralliens et dans les eaux des tropiques.
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Chez les mammifères, plusieurs groupes peuvent être identifiés : les ruminants et les non-ruminants, ou encore les brouteurs et les rongeurs (plutôt de petite taille, aux canines absentes alors que leurs molaires sont très développées).
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Pour métaboliser la cellulose les herbivores ont une microflore bactérienne, fongique et de protozoaires spécifique, dans le rumen ou des chambres situées dans leur intestin[4] ; leur digestion diffère fortement de celle des carnivores.
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Par exemple, on distingue chez les mammifères, deux grands groupes d'herbivores :
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C'est le cas notamment des bovidés, des cervidés, des antilocapridés et des camélidés (ces derniers ont un estomac à trois poches).
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Dans chacun des deux groupes on trouve des ruminants ; ceux-ci valorisent mieux les aliments végétaux grâce à la rumination et à une digestion microbienne qui a lieu dans la panse. Comme tous les mammifères, ils n'ont pas de cellulases et lignases qui permettent de digérer la cellulose et la lignine. Ces deux macromolécules composant 90 % de la matière sèche de l'herbe se retrouvent ainsi en grande partie sous forme de paillettes d'herbes pâles dans les bouses. Diverses régions spécialisées de leur système digestif hébergent une population importante de bactéries, de champignons et de protozoaires, micro-organismes anaérobies symbiotiques. Bactéries et champignons digèrent les débris végétaux en dégradant en partie la cellulose (micro-organismes cellulolytiques) qu'ils convertissent en cellobiose et glucose. Les protozoaires (Ciliés chez les ruminants où le poids du contenu stomacal est en général considérable, variant le plus souvent entre 10 et 25 % du poids de l'animal[22]) se nourrissent de bactéries et de spores de champignons. La digestion symbiotique comprend aussi des processus de fermentation anaérobie qui convertissent le glucose en acides gras volatils (acides acétique, propionique et butyrique à l'origine de l'odeur caractéristique des ruminants mais aussi des risques de météorisation), en méthane et en hydrogène[23]. Une grande partie de ces acides gras sont absorbés et passent dans le sang de l’animal, couvrant 40 à 80 % de ses besoins énergétiques[24]. L'estomac contient des lysozymes, enzymes antibactériennes qui facilitent la digestion de nombreuses bactéries lorsque celles-ci ont fini leur travail. De ce fait, les mammifères herbivores sont avant tout des microphages, nourris des micro-organismes qu'ils élèvent eux-mêmes à l'herbe puis qu'ils digèrent, d'où l'adage « alimenter un ruminant c'est d'abord nourrir une microflore[25]. »
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Le castor est une espèce ingénieur bien connue pour les modifications considérables qu'il a apporté dans le paysage de l'hémisphère nord en y créant ou restaurant des chaines de zones humides maintenues par ses barrages, propices au développement de très nombreuses autres espèces et à une forte réduction du risque d'incendie de tourbières et forêts.
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Mais au delà de cette espèce la pression d'herbivorie façonne les écosystèmes et les paysages depuis des millions d'années. Elle n'est pas directement liée à taille des herbivores (beaucoup de petits herbivore peuvent modifier le paysage d'une manière aussi intense, bien que différente que quelques mégaherbivores). Les paléontologues estiment (ex : 7 octobre 2019 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences) que les communautés préhistoriques de mégaherbivores (adultes de plus de 900 kilos) étaient très différentes, y compris pour leurs effets écopaysagers, de ce qu'elles sont aujourd'hui dans les rares endroits où elles ont survécu comme dans le Sérengeti ; Leur régime alimentaire (qui peut inclure des racines, et des écorces), leur taille, mais aussi leur "stratégie digestive", de migration et de reproduction sont autant de facteurs à prendre en compte, et ils ont varié depuis sept millions d'années de l'histoire de l'Afrique de l'Est, là où l'Homme est apparu[26].
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Les herbivores (méga-herbivores notamment) consomment une grande quantité de végétaux, pouvant en zone de savane ou sèche diminuer la quantité de matière combustible disponible en saison sèche. Depuis quatre millions d'années, en Afrique de l'Est, la forêt a reculé au profit des savanes avec le déclin des méga-herbivores, et la communautés d'herbivores a parallèlement beaucoup changé en Afrique : si les ruminants dominent aujourd'hui les paysages, les non-ruminants y étaient autrefois bien plus communs et dominaient même la faune mamalienne d'Afrique de l'Est, ce qui a indirectement modifié le reste de la faune et les paysages les méga-herbivores peuvent abattre des arbres, broutent plus haut dans la strate herbacée et piétinent les sols de manière très différente, modifiant le type et la structure de la végétation, influençant le risque de feux de forêt, le cycle des éléments nutritifs. Selon les données disponibles,il semble que le recul des zones boisées et des périodes de sécheresse auraient en Afrique de l'Est causé un fort recul du nombre et de l'influence des non-ruminants[26].
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Par ailleurs, étant à la base de la chaine alimentaire, les plantes aussi se sont adaptées afin d’être en mesure de lutter contre l’herbivorie. On distingue leurs mécanismes de défense en quatre catégories: la résistance à l'herbivorie, la tolérance à l'herbivorie, l'ajustement de sa phénologie et la sur-compensation[27].
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La tolérance réduit l'impact négatif de l'herbivorie sur son aptitude phénotypique, mais la génétique à la base de ces adaptations est plus floue que celle des traits de résistance, bien qu'ils soient tous deux sujets à la sélection naturelle. De plus, le génotype de la plante et les conditions environnementales influencent la capacité de tolérance d'une plante agressée. La tolérance est généralement associée à une vitesse de croissance rapide et de fortes capacités photosynthétiques chez une plante en santé[27],[28]. Ces deux mécanismes ont un effet d'opposition, d'une part un organisme avec des traits de résistances efficaces ne nécessitera pas de mécanismes de tolérance et inversement, une plante très tolérante n'évolue pas avec des traits de résistance[28],[29].
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N’étant pas en mesure de bouger, les végétaux ont donc développé des moyens de défense physiques et chimiques, soit de résistance, pour réduire les dommages. Parmi les moyens physiques, notons la présence d’épines [2], poils ou d’un feuillage épais et rugueux. Ces adaptations morphologiques ont pour but de diminuer l’herbivorie en rendant les plantes moins attrayantes et moins faciles d’accès vis-à-vis des herbivores. Pour ce qui est des moyens chimiques, les plantes peuvent produire un grand nombre de composés toxiques, nocifs[8] ou tout simplement désagréables au goût afin de réduire l’herbivorie. Par exemple, certaines plantes produisent un acide aminé rare, la canavanine. Étant donné qu’il ressemble à l’arginine, les plantes l’incorporent dans leurs protéines et cela a pour effet de changer la conformation des protéines et leurs fonctions, menant donc l’insecte à la mort. D’autres composés tels que la strychnine, morphine, nicotine, mescaline, et les tanins[2] ont un effet toxique pour les herbivores. Ces défenses sont en fait divisées en inhibiteurs quantitatifs et en inhibiteurs qualitatifs. Les inhibiteurs quantitatifs sont efficaces à grandes doses et se retrouvent surtout dans les vieilles feuilles et les tiges ligneuses. Notons parmi ceux-ci la lignine, la cellulose et les phénols. Pour leur part, les inhibiteurs qualitatifs sont efficaces à petites doses et sont retrouvés principalement dans les tissus vulnérables tels que les nouvelles feuilles et les bourgeons[5].
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Par ajustement de la phénologie, on entend par exemple une plante qui aura une période de croissance tôt en saison afin d'éviter de faire ce travail pendant la période où les herbivores sont les plus actifs[30].
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La sur-compensation quant à elle décrit le fait que certaines plantes endommagées par l'herbivorie ont une aptitude phénotypique supérieure aux plantes intactes[27].
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Certains herbivores lato sensu ou phytophages peuvent être sous-classés en
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Le régime des herbivores peut fortement varier d'une saison à l'autre, particulièrement dans les zones tempérées, en fonction de la végétation disponible selon les périodes de l'année.
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Les herbivores doivent passer une grande partie de leur temps à brouter (et à digérer) car le rapport C:N des plantes est de 40:1 et celui des animaux de 9:1, les animaux sont composés d'environ quatre fois plus d'azote que les plantes. C'est pourquoi les herbivores doivent se nourrir abondamment afin de répondre à leurs besoins nutritionnels. Le carbone excédentaire est rejeté dans les excréments ou recyclé à la mort de l'animal via sa nécromasse exploitée par les nécrophages (des insectes nécrophages aux vautours et condors en passant par de nombreuses autres espèces).
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Les prédateurs (consommateurs secondaires) ; ceux qui se nourrissent d'autres animaux par exemple, n'ont pas besoin de manger autant car leur nourriture se compose du même rapport qu'eux.
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Au sein de leur territoire et de leur aire vitale, les herbivores doivent se déplacer pour manger tout en échappant à leurs prédateurs[32]. avec d'autant plus de difficultés que les patchs riches en aliments sont rares et/ou que les prédateurs sont nombreux et actifs.
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Pour s'adapter aux variations annuelles de ressources alimentaires, certains herbivores ont besoin de saisonnièrement migrer, sur de grandes distances parfois. Ces déplacements sont rendus difficiles ou impossibles dans les régions industrialisées en raison d'une fragmentation croissante des paysages (par les canaux, autoroute et autres voies clôturées notamment), mais sont encore observées à grande échelle dans certaines régions du monde (ex : migration des gnous ou des éléphants en Afrique, ou encore des caribous en Amérique du Nord). Ces déplacements ont probablement aussi une importance sanitaire en diminuant le risque de parasitoses et de certaines zoonoses (plus important pour un animal sédentarisé qui reste en contact avec ses microbes et les œufs ou larves de ses propres parasites).
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Les patterns de déplacements très locaux (à petite échelle) ou de grande migration sont mieux compris que les déplacements échelle spatiotemporelle intermédiaires [32],[33].
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Les amphibiens (Amphibia), anciennement « batraciens », forment une classe de vertébrés tétrapodes. Ils sont généralement définis comme un groupe incluant l'« ensemble des tétrapodes non-amniotes ». La branche de la zoologie qui les étudie (ainsi que les « reptiles ») est l'herpétologie, plus précisément la batrachologie, du grec batrachos, grenouille, qui leur est spécialement consacrée.
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Les amphibiens vivent dans une grande variété d’habitats mais la majorité des espèces affectionnent les écosystèmes terrestres, d’eau douce ou arboricoles. Les amphibiens débutent généralement leur vie sous la forme d’une larve aquatique, qui se métamorphose plus tard en forme adulte définitive, mais certaines espèces n’effectuent pas cette métamorphose, soit en restant larvaires toute leur vie et se reproduisant ainsi (néoténie), soit en prenant la forme adulte miniature avant éclosion. La larve a un mode de vie totalement aquatique et respire par le biais de branchies tandis que l’adulte est doté de poumons et respire à l’air libre. Les amphibiens utilisent leur peau comme surface respiratoire secondaire, et certaines espèces de petites salamandres et de grenouilles terrestres respirent même exclusivement par la peau, et sont dépourvues de poumons. Ils ont un certain nombre de ressemblances avec les reptiles, mais ces derniers sont des amniotes qui, comme les oiseaux et les mammifères, n’ont pas besoin d’eau pour se reproduire. Les amphibiens ont, pour leur reproduction et la santé de leur peau perméable, besoin d’eaux chimiquement non-polluées, ce qui en fait de bons indicateurs écologiques. Dans les dernières décennies, il y a eu un déclin spectaculaire de leurs populations à travers le monde, dû à la pollution et à la diffusion des mycoses.
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Les premiers amphibiens sont apparus au début du Dévonien parmi des « poissons » sarcoptérygiens, munis de poumons et de nageoires osseuses, organes adaptés à l’exondation régulière et prolongée sur les estrans des estuaires, deltas et autres milieux paraliques. Ils se sont diversifiés et sont devenus le groupe prédominant parmi les vertébrés terrestres au cours du Carbonifère et du début du Permien, avant d’être supplantés par les amniotes dont l’essor a profité de la disparition, au fil des extinctions de masse, de nombreuses lignées d’amphibiens. Seuls les ancêtres de la sous-classe des Lissamphibiens, plus petits et moins diversifiés, ont survécu jusqu’à nos jours.
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Les trois ordres modernes d'amphibiens sont les anoures (grenouilles et crapauds), les urodèles (tritons et salamandres), et les gymnophiones (les cécilies). Le nombre total d'espèces connues d'amphibiens est d'environ 7 000, dont près de 90 % sont des grenouilles (à comparer avec les mammifères : environ 5000 espèces). Le plus petit amphibien (et plus petit vertébré terrestre) au monde est une grenouille de Nouvelle-Guinée, Paedophryne amauensis qui mesure seulement 7,7 mm. Le plus grand amphibien vivant est la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus) avec 1,8 m de long, toutefois bien en deçà des 9 m de Prionosuchus, espèce éteinte qui vivait durant le Permien au Brésil, ou des 7 m du Brachyopoïde d'Alweynskop au Lesotho, qui vivait à la fin du Trias et au début du Jurassique[2].
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Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée en 2019, 40 % des 8 100 espèces amphibiennes répertoriées sont en voie d’extinction[3].
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Parmi les vertébrés, la superclasse des tétrapodes est divisée en quatre classes[4] comptant notamment les reptiles, les oiseaux et les mammifères, qui sont des amniotes, dont les œufs sont portés ou pondus par la femelle et sont protégés par plusieurs membranes, certaines imperméables[5]. Comme leurs œufs ne possèdent pas ces membranes, les amphibiens ont besoin du milieu aquatique pour pondre et mener à bien leur reproduction, même si certaines espèces ont développé diverses stratégies pour protéger leurs larves, voire se passer du stade larvaire aquatique durant lequel elles sont vulnérables[6]. Il y a accouplement en général, mais sans fécondation interne, le mâle déversant son sperme sur les œufs au moment où la femelle pond. Il existe cependant des exceptions comme la plupart des salamandres, des amphibiens de l'ordre des urodèles chez qui la femelle, après une fécondation interne, conserve les embryons et les larves dans ses voies génitales (cas de viviparité). On ne rencontre actuellement pas d'amphibiens dans les milieux marins, à l'exception de rares grenouilles vivant dans les eaux saumâtres des mangroves[7]. Sur terre, les amphibiens préfèrent les habitats humides, car ils doivent éviter que leur peau ne se dessèche[6].
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Le plus petit amphibien et vertébré dans le monde est une grenouille Microhylidae de Nouvelle-Guinée, Paedophryne amauensis, découverte en 2012[8]. Elle mesure en moyenne 7,7 mm et fait partie d'un genre qui contient quatre des dix plus petites espèces de grenouilles au monde[9]. Le plus grand amphibien vivant mesure lui jusqu'à 1,8 m de long. Il s'agit de la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus)[10],[11], qui demeure bien plus petite que ses ancêtres, dont le plus grand, Prionosuchus, un temnospondyle ressemblant à un crocodile et vivant au Brésil, mesurait 9 m de long et a disparu il y a 270 millions d'années, au milieu du Permien[12].
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Les amphibiens sont qualifiés d'animaux « à sang froid » car ils sont poïkilothermes, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas réguler la température de leur corps, et sont donc dépendants des conditions thermiques extérieures. Comme les reptiles, leur thermorégulation est assurée par héliothermie ou thigmothermie[13]. Leur métabolisme de base est faible et, par conséquent, leurs besoins alimentaires et énergétiques sont peu importants. Au stade adulte, ils ont des conduits lacrymaux et les paupières mobiles, et la plupart des espèces ont des oreilles qui peuvent détecter des vibrations dans l'air ou du sol. Ils ont une langue musculaire, qui est protruse dans de nombreuses espèces. Les amphibiens modernes ont des vertèbres complètement ossifiées et de véritables articulations. Leurs côtes sont généralement très courtes, voire fusionnées avec les vertèbres. Leur crâne est large et court, et souvent incomplètement ossifié. Leur peau contient peu de kératine et est dépourvue d'écailles, mis à part chez certaines cécilies. La peau contient de nombreuses glandes à mucus et chez certaines espèces des glandes produisant du poison. Le cœur des amphibiens a trois chambres, deux oreillettes et un ventricule. Ils ont une vessie et les déchets azotés sont excrétés principalement sous forme d'urée. La plupart des amphibiens pondent leurs œufs dans l'eau et ont des larves aquatiques qui se métamorphosent pour devenir des adultes terrestres. Les amphibiens respirent en aspirant l'air par leurs narines dans la région bucco-pharyngée, puis leurs narines sont obturées et l'air est envoyé dans les poumons à la suite de la contraction de la gorge[14]. Ils complètent leur respiration par des échanges gazeux à travers leur peau fine, richement vascularisée et souvent couverte de mucus, qui permet la dissolution des gaz[6].
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Les trois grands groupes d'amphibiens vivant actuellement sont assez différents, tant par leur mode de vie que par leur apparence.
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L'ordre des Anoura (du latin an signifiant « sans » et du grec ancien oura qui signifie « queue ») comprend les grenouilles et les crapauds. Ils ont généralement de longs membres postérieurs repliés sous leur corps, des pattes antérieures plus courtes, des orteils palmés sans griffes, pas de queue, de grands yeux et une peau glandulaire humide[15]. On appelle communément grenouilles les membres de cet ordre qui ont la peau lisse, tandis que ceux avec une peau verruqueuse sont connus comme des crapauds. La différence entre grenouilles et crapauds n'est pas basée sur un caractère officiel taxonomique et il y a de nombreuses exceptions à cette règle. Les membres de la famille des Bufonidae sont connus comme les « vrais crapauds »[16]. Les grenouilles peuvent mesurer plus de 30 centimètres comme la Grenouille de Goliath (Conraua goliath) en Afrique de l'Ouest[17], mais aussi être très petites comme Paedophryne amauensis et ses 7,7 millimètres, qui a été décrite pour la première en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2012, et qui est aussi le plus petit vertébré connu au monde[18]. Bien que la plupart des espèces soient associées à des habitats humides, certaines se sont spécialisées pour vivre dans les arbres ou dans les déserts. Ainsi on trouve des anoures dans le monde entier à l'exception des régions polaires[19].
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L'ordre des anoures est divisé en trois sous-ordres qui sont largement reconnus par la communauté scientifique, mais les relations entre certaines familles restent floues. Les futures études moléculaires devraient fournir de nouvelles informations sur leurs relations évolutives[20]. Le sous-ordre des Archaeobatrachia comprend quatre familles de grenouilles primitives : les Ascaphidae, les Bombinatoridae, les Discoglossidae et les Leiopelmatidae, qui ont quelques caractères divergents et sont probablement paraphylétique par rapport aux autres lignées de grenouilles[21]. Les six familles du sous-ordre des Mesobatrachia, plus avancé en matière d'évolution, sont les Megophryidae, les Pelobatidae, les Pelodytidae, les Scaphiopodidae, les Rhinophrynidae et les Pipidae exclusivement aquatiques. Ces familles ont des caractéristiques intermédiaires entre les deux autres sous-ordres[21]. Le sous-ordre des Neobatrachia est de loin le plus vaste et comprend les autres familles de grenouilles modernes, comprenant notamment les espèces les plus communes. 96 % des plus de 5 000 espèces actuelles de grenouilles sont des Neobatrachia[22].
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L'ordre des Caudata (du latin cauda signifiant « queue »), également appelés Urodela[23], est composé des salamandres et des tritons, sont très dépendants du milieu aquatique, elles ont un corps allongé, une longue queue et quatre petites pattes[24]. Ces animaux ressemblent à des lézards, mais ils ne sont toutefois pas plus apparentés aux lézards qu'ils ne le sont aux mammifères[25]. Les salamandres n'ont pas de griffes, ont une peau dépourvue d'écailles, lisse ou recouverte de tubercules, et une queue aplatie verticalement. Leur taille varie entre 20 mm pour Thorius pennatulus, espèce qui vit au Mexique[26] et 1,8 m, taille de la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus)[27]. Les salamandres sont présentes dans tout la région Holarctique de l'hémisphère Nord. La famille des Plethodontidae peut aussi se rencontrer en Amérique centrale et en Amérique du Sud au nord du bassin de l'Amazone[19]. Les membres de plusieurs familles de salamandres sont devenus néoténique, et ne terminent jamais leur métamorphose, ou conservent des caractéristiques larvaires une fois adultes[28],[29]. La plupart des salamandres mesurent moins de 15 cm de long. Elles peuvent être terrestres et aquatiques, et de nombreuses espèces alternent entre ces deux habitats au cours de l'année. Sur terre, elles passent la majeure partie de la journée cachées sous une pierre, une branche tombée au sol ou dans la végétation dense, et sortent la nuit pour se nourrir de vers, d'insectes et d'autres invertébrés[19].
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Le sous-ordre des Cryptobranchoidea comprend les salamandres primitives. Un certain nombre de fossiles de cryptobranchides ont été trouvés, mais on ne connait que trois espèces existantes de nos jours, la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus), la Salamandre géante du Japon (Andrias japonicus) et le Ménopome (Cryptobranchus alleganiensis) en Amérique du Nord. Ces amphibiens de grande taille conservent plusieurs caractéristiques larvaires à leur stade adulte : les fentes des branchies sont présentes et les yeux n'ont pas de paupières. Ils se caractérisent par leur capacité à se nourrir par aspiration, en créant une dépression d'un côté ou l'autre de la mâchoire inférieure[30]. Le mâle creuse le nid, incite la femelle à pondre ses œufs à l'intérieur, et les garde. En plus de respirer par leurs poumons, ils respirent par les nombreux plis de leur peau fine, qui disposent de vaisseaux capillaires proches de la surface[31].
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Le sous-ordre des Salamandroidea est composé de salamandres plus évoluées. Elles diffèrent des cryptobranchides par leur os préarticulaire fusionné à la mâchoire inférieure, et par leur pratique de la fécondation interne. Chez les Salamandroidea, le mâle dépose un paquet de sperme, le spermatophore, et la femelle le ramasse et l'insère dans son cloaque où le sperme est stocké jusqu'à ce que les œufs soient pondus[32]. La plus grande famille de ce groupe est celle des Plethodontidae, les salamandres sans poumons, qui comprend 60 % de toutes les espèces de salamandres. Le Salamandridae famille comprend les vrais salamandres et on nomme « tritons » les membres de la sous-famille Pleurodelinae[15].
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Le troisième sous-ordre, celui des Sirenoidea, compte quatre espèces dans son unique famille des Sirenidae. Les membres de cet ordre sont des salamandres aquatiques ressemblant à des anguilles, dépourvues de membres postérieurs et aux membres antérieurs réduits. Certaines de leurs caractéristiques sont primitives tandis que d'autres sont plus évoluées[33]. La fertilisation semble être externe car les mâles n'ont pas les glandes cloacales utilisées par les salamandrides pour produire les spermatophores et les femelles n'ont pas de spermathèques pour le stockage du sperme. Malgré cela, les œufs sont pondus un à un, un comportement peu propice à la fécondation externe[32].
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L'ordre des Gymnophiona (du grec gymnos signifiant « nu » et ophis signifiant « serpent »), également appelés Apoda (du latin an- signifiant « sans » et du grec poda signifiant « pattes »), comprend les cécilies. Ce sont de longs animaux cylindriques dépourvus de pattes, ressemblant superficiellement aux serpents et aux vers. Les adultes mesurent entre 8 et 75 cm de long, à l'exception notable de Caecilia thompsoni qui peut atteindre une longueur de 150 centimètres. La peau des cécilies présente un grand nombre de plis transversaux, et chez certaines espèces elle est recouverte de minuscules écailles dermiques. Elles ont des yeux rudimentaires recouverts d'une peau, et dont la fonction se limite probablement à discerner les différences d'intensité lumineuse. Elles ont également une paire de petits tentacules près de l’œil, qui peuvent s'étendre et possèdent des fonctions tactiles et olfactives. La plupart des cécilies vivent sous la terre dans des galeries creusées dans le sol humide, dans du bois en décomposition ou sous des débris végétaux, mais certains sont aquatiques[34]. La plupart des espèces pondent leurs œufs sous la terre, et dès que les larves éclosent elles se dirigent vers le point d'eau le plus proche. D'autres espèces portent les œufs, et la métamorphose a lieu avant qu'ils n'éclosent. Enfin, de plus rares espèces donnent naissance à des jeunes qu'elles nourrissent avec des sécrétions glandulaires tandis qu'ils sont dans l'oviducte[35]. On rencontre les cécilies dans les régions tropicales d'Afrique, d'Asie, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud[36].
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La structure tégumentaire de la peau des amphibiens comporte certaines caractéristiques communes avec celle des autres vertébrés terrestres. Ainsi, leur peau présente des couches externes fortement kératinisées, et renouvelées périodiquement à travers un processus de mue contrôlé par l'hypophyse et la thyroïde. Les verrues sont communes, notamment chez les crapauds. Contrairement aux mammifères et aux oiseaux dont la peau est renouvelée par petites plaques, les amphibiens muent en perdant l'intégralité de la couche externe de la peau en une seule fois, à intervalles réguliers. L'intervalle entre deux mues varie suivant l'espèce. Il leur arrive fréquemment de manger ensuite cette mue[19]. Les cécilies diffèrent des autres amphibiens par leurs écailles dermiques intégrées dans le derme, entre les sillons de la peau. Ces écailles ont une vague ressemblance avec celles des poissons osseux. Les lézards et certaines grenouilles ont des plaques osseuses semblables au niveau du derme, mais il s'agit là d'un exemple de convergence évolutive, des structures similaires s'étant développées indépendamment dans diverses lignées de vertébrés[37].
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La peau des amphibiens est perméable à l'eau[38]. Des échanges gazeux peuvent avoir lieu à travers la peau, ce qui permet aux adultes de respirer sans remonter à la surface de l'eau et d'hiberner au fond des étangs ou des mares[19]. Pour éviter que leur peau fine et fragile ne se dessèche, les amphibiens ont développé des glandes à mucus, principalement localisées sur la tête, le dos et la queue. Les sécrétions produites par celles-ci les aident à garder la peau humide. En outre, la plupart des espèces d'amphibiens ont des glandes qui sécrètent des substances désagréables ou toxiques. Certaines toxines produites par des amphibiens peuvent être mortelles pour les humains tandis que d'autres ont peu d'effet[39]. Les principales glandes productrices de poison, les parotides, produisent une neurotoxine, la bufotoxine. Elles sont situées derrière les oreilles des crapauds, le long du dos des grenouilles, derrière les yeux des salamandres et sur la surface supérieure des cécilies[40].
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La couleur de la peau des amphibiens dépend de trois couches de cellules pigmentaires appelées chromatophores. Ces trois couches de cellules comprennent les mélanophores (occupant la couche la plus profonde), les guanophores (formant une couche intermédiaire et contenant de nombreux granules, produisant une couleur bleu-vert) et les lipophores (jaunes, la couche la plus superficielle). La plupart des espèces adoptent des couleurs leur permettant de se fondre dans leur environnement. Certaines d'entre elles sont même capables de modifier leur coloration selon le milieu dans lequel elles évoluent, à la manière des caméléons mais de façon moins marquée. Ce changement de couleur est initié par des hormones sécrétées par l'hypophyse, à partir des informations fournies par les yeux[41]. Contrairement aux poissons osseux, il n'y a pas de contrôle direct du système nerveux sur les cellules pigmentaires, et cela se traduit par un changement de couleur plus lent que chez les poissons. Une peau de couleur vive indique généralement que l'espèce est toxique et constitue un avertissement pour les prédateurs[42].
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En 2017, des chercheurs de l'université de Buenos Aires ont découvert la première grenouille fluorescente (Hypsiboas punctatus), chose unique chez les amphibiens, alors qu'ils étaient en train d'étudier sa pigmentation. À la lumière du jour, cette grenouille arbore des couleurs vertes, jaunes ou rouges, mais éclairée par un faisceau ultraviolet, elle se met à briller intensément, d'une couleur bleu-vert. D'autre part, elle possède des molécules fluorescentes jamais encore observées chez des animaux. Celles-ci sont concentrées dans son tissu lymphatique, dans sa peau et dans ses sécrétions glandulaires[43].
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Le squelette des amphibiens ressemble fortement à celui des autres tétrapodes. En effet ils ont tous quatre membres, sauf pour les cécilies et quelques espèces de salamandres aux membres réduits ou absents. Les os sont creux et légers. Le système musculo-squelettique est robuste pour lui permettre de soutenir la tête et le corps. La ceinture scapulaire est soutenue par des muscles, et la ceinture pelvienne, bien développée, est rattachée au squelette par une paire de côtes reliées au sacrum. L'ilion penche vers l'avant et le corps est maintenu près du sol, ce qui n'est pas le cas chez les mammifères[44].
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Chez la plupart des amphibiens, la patte avant comporte quatre doigts, et la patte arrière cinq, mais aucun ne présente de griffes. Certaines espèces de salamandres ont moins de doigts et les Amphiuma, ressemblant à des anguilles, ont des pattes minuscules. Les Sirenoidea, des salamandres aquatiques, ont quant à elles des membres antérieurs trapus mais pas de membres postérieurs. Les cécilies n'ont pas de pattes. Elles progressent dans leurs galeries à la manière des vers de terre, par des contractions musculaires le long de leur corps. Sur la surface du sol ou dans l'eau, elles se déplacent en ondulant[45].
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Chez les grenouilles, les pattes postérieures sont plus grandes que les pattes antérieures, trait particulièrement marqué chez les espèces qui se déplacent principalement en sautant ou en nageant. Les espèces qui se déplacent en marchant ont des membres postérieurs développés, et les fouisseurs ont pour la plupart des membres courts et un corps large. Les pieds peuvent présenter diverses adaptations suivant le mode de vie, comme des orteils palmés adaptés à la natation, de larges ventouses adhésives pour l'escalade et des tubercules kératinisés sur les pattes de derrière pour creuser (les grenouilles creusent généralement dans le sol en reculant). Chez la plupart des salamandres, les membres sont courts, ont plus ou moins la même longueur et sont perpendiculaires au corps. Lorsqu'elles marchent sur terre, la queue passe d'un côté à l'autre, et peut être utilisée comme balancier, notamment pour grimper. Dans leur démarche normale, elles avancent une patte après l'autre, de la même manière que leurs ancêtres les ostéichthyens[44]. Certaines salamandres appartenant au genre Aneides et certains Plethodontidae grimpent aux arbres et ont de longs membres, de larges ventouses et une queue préhensile[32]. Chez les salamandres aquatiques et les têtards de grenouilles, la queue a les nageoires dorsales et ventrales et se déplacent de droite à gauche, permettant à l'animal de se propulser. Les grenouilles adultes n'ont pas de queue et celle des cécilies est très courte[46].
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Les salamandres peuvent utiliser leur queue pour se défendre et certaines espèces l'abandonnent derrière elles pour faire diversion, la queue continuant à se contracter, et s'échapper. On appelle ce comportement autotomie. C'est le cas de certaines espèces de Plethodontidae chez lesquelles la queue se détache facilement. La queue et les membres peuvent être régénérés[47]. Par contre, les membres des grenouilles adultes ne se régénèrent pas, contrairement à ceux de leurs têtards[45].
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Les amphibiens ont un stade larvaire et un stade adulte, avec des systèmes circulatoires bien distincts. Chez la larve, la circulation est similaire à celle d'un poisson, et le cœur composé de deux compartiments envoie le sang vers les branchies où il est oxygéné, avant qu'il ne traverse le reste du corps et revienne au cœur en ne formant qu'une seule boucle. Chez l'adulte, les amphibiens, et notamment les grenouilles, perdent leurs branchies et développent des poumons. Leur cœur se compose d'un ventricule unique et de deux oreillettes. Lorsque le ventricule se contracte, le sang désoxygéné est pompé à travers l'artère pulmonaire vers les poumons, puis les contractions continuent et envoie le sang oxygéné dans le reste du corps. Le mélange du sang oxygéné et du sang non oxygéné est minimisé par l'anatomie des chambres[48].
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Le système nerveux est semblable à celui des autres vertébrés, avec un cerveau central, une moelle épinière, et des nerfs dans tout le corps. Le cerveau des amphibiens est moins bien développé que celui des reptiles, des oiseaux et des mammifères, mais sa morphologie et son fonctionnement sont similaires à celui d'un poisson. Il se compose d'un télencéphale, d'un mésencéphale et d'un cervelet de tailles équivalentes. Le télencéphale reçoit les signaux sensoriels de l'odorat dans le lobe olfactif et de la vue dans le lobe optique, et il est en outre le centre de comportement et d'apprentissage. Le cervelet contrôle la coordination musculaire et le bulbe rachidien régule certaines fonctions des organes, y compris le rythme cardiaque et la respiration. Le cerveau envoie des signaux à travers la moelle épinière et les nerfs afin de réguler l'activité du reste du corps. La glande pinéale, connue chez l'Homme pour réguler le sommeil, produit les hormones impliquées dans l'hibernation et l'estivation des amphibiens[49].
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Les têtards possèdent une ligne latérale, comme leurs ancêtres les poissons, mais elle a disparu chez les amphibiens terrestres adultes. Certaines cécilies possèdent des électrorécepteurs qui leur permettent de localiser les objets autour d'elles lorsqu'elles sont immergées dans l'eau. Les oreilles sont bien développées chez les grenouilles. Il n'y a pas d'oreille externe, mais un large tympan est situé juste derrière l’œil. Il vibre et le son est transmis par un seul os, l'étrier, à l'oreille interne. Seuls les sons à haute fréquence tels que les appels d'accouplement se font entendre de cette manière[44]. Les bruits de plus basse fréquence peuvent être détectés par un autre mécanisme : des cellules ciliées spécialisées, appelées papilla amphibiorum situées dans l'oreille interne sont capables de déceler ces sons. Une autre caractéristique, propre aux grenouilles et aux salamandres, est le complexe attenant columelle-opercule de la capsule auditive qui permet aux animaux de ressentir les vibrations de l'air ou du sol[50]. Les oreilles des salamandres et des cécilies sont moins développées que celles des grenouilles et ces espèces ne peuvent généralement pas communiquer par des sons[51].
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Les yeux des têtards n'ont pas de paupières, mais ils subissent diverses évolutions au moment de la métamorphose : la cornée prend une forme de dôme, le cristallin s'aplatit et les paupières et les glandes et conduits associés apparaissent[44]. Les yeux des adultes sont intermédiaires entre ceux des invertébrés et ceux des autres vertébrés plus évolués. Ils permettent la vision des couleurs et de la profondeur de champ. La rétine est composée de cellules en bâtonnet, sensibles à une large gamme de longueurs d'onde[51].
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De nombreux amphibiens attrapent leurs proies en lançant sur elles leur longue langue collante, avant de les saisir avec leurs mâchoires. Certains avalent leur proie en avançant rapidement et à plusieurs reprises la tête vers l'avant, afin de faire progresser les aliments vers le fond de la bouche en se servant de leur inertie. La plupart des amphibiens avalent leur proie tout entière, sans mâcher, et ils possèdent donc un ventre volumineux pour pouvoir recevoir ces proies. L'œsophage est court, bordé de cils et couvert de mucus produit par les glandes de la bouche et du pharynx, ce qui facilite le transit de la nourriture vers l'estomac. Leur estomac produit de la chitinase, une enzyme qui permet de digérer la cuticule chitineuse des arthropodes[52].
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Les amphibiens possèdent une vessie, un pancréas, un foie et une vésicule biliaire. Le foie est généralement de grande taille avec deux lobes. Comme il a pour fonction de stocker le glycogène et les graisses, sa taille varie d'une saison à l'autre selon que ces réserves sont en constitution ou utilisées. Le tissu adipeux est une autre réserve d'énergie pour les amphibiens, et on le trouve dans l'abdomen, sous la peau et, chez certaines salamandres, dans la queue[53].
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Les amphibiens ont deux reins situés au niveau du dos, dans la partie supérieure de la cavité abdominale. Leur fonction est de filtrer le sang pour en extraire les déchets métaboliques et transporter l'urine par les uretères vers la vessie où elle est stockée avant d'être évacuée périodiquement par l'intermédiaire du cloaque. Les larves, tout comme les adultes des espèces les plus aquatiques excrètent l'azote sous forme d'ammoniac dans de grandes quantités d'urine diluée, tandis que les espèces terrestres, qui doivent économiser l'eau, excrètent l'azote sous forme d'urée, un produit moins toxique qui peut être concentré et stocké. Certaines grenouilles arboricoles ayant un accès limité à l'eau excrètent leurs déchets métaboliques sous forme d'acide urique[54].
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Les larves se distinguent surtout par leur respiration branchiale alors que les adultes ont une respiration pulmonaire[55].
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Comparés à ceux des amniotes, les poumons des amphibiens sont primitifs, avec peu de cloisons internes et de grandes alvéoles, et par conséquent le taux de diffusion de l'oxygène dans le sang est relativement lent. L'approvisionnement des poumons en air est réalisé par aspiration par voie buccale. La plupart des amphibiens, cependant, sont en mesure de réaliser des échanges gazeux dans l'eau ou dans l'air par l'intermédiaire de leur peau. Pour que cette respiration cutanée fonctionne, la surface de la peau est très vascularisée et doit rester humide pour permettre à l'oxygène de se diffuser à un taux suffisamment élevé[52]. Comme la concentration d'oxygène dans l'eau augmente à la fois lorsque la température est basse et que le débit est élevé, les amphibiens aquatiques peuvent, lorsque ces conditions sont réunies, s'appuyer principalement sur la respiration cutanée, comme le font la grenouille du lac Titicaca (Telmatobius culeus) et la salamandre Ménopome. À l'air libre, où l'oxygène est plus concentré, certaines petites espèces peuvent compter uniquement sur les échanges gazeux cutanés pour respirer, le cas le plus célèbre étant celui des salamandres de la famille des Plethodontidae, qui n'ont ni poumons, ni branchies. Les amphibiens présentent tous des branchies lors de leur stade larvaire, et certaines salamandres aquatiques les conservent sous leur forme adulte[52].
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Pour se reproduire, les amphibiens ont besoin d'eau douce, même si certains pondent leurs œufs sur la terre, ayant développé différents moyens pour les conserver à un niveau d'humidité suffisant. Quelques-uns (par exemple Fejervarya raja) peuvent vivre en eau saumâtre, mais aucun amphibien n'est réellement marin. On a cependant observé quelques cas particuliers de populations d'amphibiens colonisant des eaux salées. Ce fut le cas en mer Noire avec l'hybride naturel Pelophylax esculentus en 2010[56].
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Plusieurs centaines d'espèces de grenouille issues d'une même radiation évolutive (dont notamment les Eleutherodactylus, les Platymantines du Pacifique, les Microhylidae d'Océanie et diverses espèces de grenouilles tropicales) n'ont pas besoin d'eau pour se reproduire. La quasi-totalité de ces grenouilles vivent dans les forêts tropicales humides et elles ne possèdent pas de stade larvaire : de leurs œufs éclosent directement des versions miniatures de l'adulte, qui passent par le stade de têtard alors qu'elles sont encore dans l'œuf. La réussite de leur reproduction dépend alors de la quantité de précipitations et du fait que celles-ci coïncident avec le moment de la reproduction[57].
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Dans les tropiques, de nombreux amphibiens se reproduisent tout au long de l'année. Dans les régions tempérées, la reproduction est saisonnière, et a généralement lieu au printemps, car elle est déclenchée par l'augmentation de la longueur du jour, la hausse des températures ou d'importantes précipitations. Des expériences ont montré l'importance de la température pour déclencher la reproduction, mais dans les régions arides, c'est souvent une tempête qui la provoque. Chez les anoures, les mâles arrivent généralement avant les femelles sur les sites de reproduction, et leurs chants stimulent alors l'ovulation des femelles et la production d'hormones sexuelles chez les mâles immatures[58].
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Chez les cécilies, la fécondation est interne, le mâle introduisant son phallodeum, dans le cloaque de la femelle. Les glandes de Müller situées à l'intérieur du cloaque des mâles sécrètent un fluide qui ressemble à celui produit par les glandes de la prostate des mammifères et qui permet de transporter et nourrir le sperme. La fertilisation a probablement lieu dans l'oviducte[59].
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La majorité des salamandres pratiquent également la fécondation interne. Pour la plupart d'entre elles, le mâle dépose un spermatophore (petit paquet de sperme) sur le dessus d'un cône gélatineux, sur le sol ou dans l'eau. La femelle saisit le paquet de sperme avec les lèvres de son cloaque et le pousse dans l'orifice. Les spermatozoïdes atteignent alors la spermathèque située au sommet du cloaque et ils y restent jusqu'à l'ovulation qui peut avoir lieu plusieurs mois plus tard. Les parades nuptiales et les méthodes de transfert du spermatophore varient selon les espèces. Dans certains cas, le spermatophore peut être placé directement dans le cloaque de la femelle alors que chez d'autres la femelle peut être guidée vers le spermatophore ou retenue par une étreinte appelée amplexus. Certaines salamandres primitives appartenant aux familles des Sirenidae, des Hynobiidae et des Cryptobranchidae pratiquent la fertilisation externe de la même manière que les grenouilles, la femelle pondant ses œufs dans l'eau et le mâle libérant son sperme sur la masse d'œufs[59].
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À quelques exceptions près, les grenouilles utilisent la fécondation externe. Le mâle saisit la femelle avec ses pattes avant soit au niveau des pattes avant soit au niveau des pattes arrière, voire dans le cas de Epipedobates tricolor autour du cou. Ils restent dans cette position, leurs cloaques placés non loin l'un de l'autre, et tandis que la femelle pond les œufs, le mâle les recouvre de sa semence. Des callosités rugueuses sur les pattes du mâle permettent d'avoir plus d'adhérence pour conserver cette position suffisamment longtemps. Souvent, le mâle recueille et conserve la masse d'œufs, formant une sorte de panier avec ses pattes de derrière. Oophaga granulifera constitue une exception, puisque le mâle et la femelle placent bien leurs cloaques à proximité, mais sont orientés vers des directions opposées, et relâchent les œufs et le sperme en même temps. Ascaphus truei utilise la fécondation interne. Seuls les mâles disposent d'une « queue » qui constitue un prolongement du cloaque et est utilisée pour fertiliser la femelle. Cette grenouille vit dans les rivières à courant rapide et la fécondation interne évite que les spermatozoïdes soient emportés par le courant avant que la fécondation n'ait lieu[60]. Le sperme peut être conservé dans des tubes de stockage connectés à l'oviducte jusqu'au printemps suivant[61].
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La durée de la période de reproduction est variable suivant les espèces. En règle générale, elle est assez longue, les mâles arrivant progressivement sur les sites de reproduction, où les premiers s'installent sur un territoire et chantent, tandis que d'autres attendent qu'un territoire soit libéré. Petit à petit, les femelles arrivent, choisissent un partenaire et pondent leurs œufs. À leur départ le territoire change de mains, et ainsi de suite jusqu'à ce que plus aucune femelle ne vienne sur les sites de reproduction, marquant la fin de celle-ci. D'autres espèces ont une période de reproduction beaucoup plus courte, avec une activité plus marquée. Il s'agit notamment des espèces fouisseuses vivant dans des régions arides, qui émergent après de fortes pluies et se rassemblent sur un site de reproduction. Les animaux sont attirés par le chant du premier mâle à trouver un endroit approprié, comme une flaque qui se forme au même endroit à chaque saison des pluies. Les grenouilles assemblées peuvent appeler à l'unisson et une activité frénétique s'ensuit, les mâles se bousculant pour s'accoupler avec les femelles, généralement moins nombreuses[60].
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La plupart des amphibiens se métamorphosent, un processus de changement morphologique significatif après la naissance. Au cours du développement classique des amphibiens, les œufs sont pondus dans l'eau et les larves sont adaptées à un mode de vie aquatique. Les grenouilles, les crapauds et les salamandres sortent de l'œuf sous forme de larves munies de branchies externes. La métamorphose des amphibiens est régulée par la concentration dans le sang de deux hormones antagonistes, la thyroxine, qui stimule la métamorphose, et la prolactine, qui contrecarre l'effet de la thyroxine. Les événements de la métamorphose sont induits par le passage de la concentration de ses hormones au-delà de valeurs seuils dans les différents tissus[62]. Comme le développement embryonnaire se fait surtout en dehors du corps des parents, il est soumis à de nombreuses adaptations découlant des conditions environnementales. Ainsi, les têtards ont des crêtes cornées au lieu de dents et des extensions de la peau plutôt que des nageoires. Ils disposent aussi d'un organe sensoriel, la ligne latérale, similaire à celui des poissons. Après la métamorphose, ces organes deviennent inutiles et vont disparaître petit à petit à la suite de la dégénérescence des cellules, appelée apoptose. La variété des adaptations liées aux spécificités de l'environnement chez les amphibiens est très importantes, et de nombreuses découvertes sont encore à faire[63].
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L’œuf des amphibiens se caractérise par la présence d'une couverture gélatineuse transparente sécrétée par les oviductes et composée de mucoprotéines et des glycosaminoglycanes. Cette capsule est perméable à l'eau et aux gaz, et sa taille augmente considérablement à mesure qu'elle absorbe de l'eau. L'ovule est d'abord maintenu solidement à l'intérieur, mais dans les œufs fécondés, la couche la plus interne se liquéfie et permet à l'embryon de se déplacer librement. C'est également le cas pour les œufs de salamandre, même quand ils ne sont pas encore fécondés. Les œufs de certaines salamandres et ceux des grenouilles contiennent une algue verte unicellulaire. Celle-ci pénètre dans l'enveloppe gelée après que les œufs sont pondus et peut améliorer l'apport d'oxygène à l'embryon grâce à sa photosynthèse. Elle semble à la fois accélérer le développement des larves et réduire leur mortalité[64]. La plupart des œufs contiennent de la mélanine, un pigment qui augmente leur température grâce à l'absorption de la lumière et les protège contre le rayonnement ultraviolet. Les cécilies, certaines salamandres et les grenouilles de la famille des Plethodontidae qui pondent leurs œufs sous terre ont des œufs non pigmentés. Chez la Grenouille des bois (Rana sylvatica), l'intérieur de l'amas globulaire de l’œuf a une température supérieure de jusqu'à 6 °C à celle de son environnement, dans la partie la plus septentrionale de son aire de répartition[65].
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Les œufs peuvent être déposés individuellement ou par plusieurs, voire en importants amas d'œufs sphériques, pouvant former des radeaux ou de longues chaînes. Chez les cécilies terrestres, les œufs sont pondus en grappes, dans des terriers près des ruisseaux. La salamandre amphibie Ensatina attache des grappes similaires à tiges ou des racines sous l'eau. Eleutherodactylus planirostris pond ses œufs en petits amas dans le sol où ils se développent en environ deux semaines pour donner directement des grenouilles juvéniles, qui ne passent pas par le stade de larves[66]. Physalaemus pustulosus construit un nid flottant en mousse pour protéger ses œufs. Elle commence par bâtir le radeau, puis pond ses œufs au centre et les recouvre d'un bouchon en mousse. La mousse a des propriétés anti-microbiennes. Elle est créée par émulsion de protéines et de lectines sécrétées par la femelle[67],[68].
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Les œufs des amphibiens sont généralement pondus dans l'eau et les larves qui en éclosent complètent leur développement dans l'eau et se transforment plus tard en adultes, aquatiques ou terrestres. Chez certaines espèces de grenouilles et la plupart des salamandres sans poumons (Pléthodontidés), il n'y a pas de stade larvaire apparent. Les larves se développent dans les œufs et émergent sous la forme d'adultes miniatures. De nombreuses cécilies et certains autres amphibiens pondent leurs œufs sur terre, et la larve nouvellement éclose se tortille jusqu'à un point d'eau ou y est transportée. Certaines cécilies, la Salamandre noire (Salamandra atra) et certaines espèces de Nectophrynoides sont vivipares. Leurs larves se nourrissent de sécrétions glandulaires et se développent dans l'oviducte de la femelle, souvent pendant de longues périodes. D'autres amphibiens, en dehors des cécilies, sont ovovivipares. Les œufs sont conservés à l'intérieur ou sur le corps de la mère, mais les larves se nourrissent du vitellus de l’œuf, sans recevoir aucune nourriture de l'adulte. Les larves émergent à différents stades de leur croissance, que ce soit avant ou après la métamorphose, selon l'espèce[69]. Les crapauds du genre Nectophrynoides présentent l'ensemble de ces modèles de développement parmi sa douzaine de représentants[70].
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Les larves des anoures sont connues sous le nom de têtards. Ceux-ci ont une forme généralement ovale et longue, une queue aplatie à la verticale et munie de nageoires. Les larves sont normalement entièrement aquatiques, mais les têtards de certaines espèces telles que Nannophrys ceylonensis sont semi-terrestres et vivent parmi les rochers humides[71]. Les têtards ont un squelette cartilagineux, des branchies pour la respiration (branchies externes, puis branchies internes au fur et à mesure de leur développement), une ligne latérale et une grande queue qu'ils utilisent pour nager[72]. À l'éclosion, les têtards développent rapidement des poches branchiales qui couvrent les branchies. Les poumons se développent tôt et sont utilisés comme organes respiratoires accessoires, les têtards remontant à la surface de l'eau pour respirer à l'air libre. Certaines espèces achèvent leur développement à l'intérieur de l'œuf et éclosent sous la forme de petites grenouilles. Dans ce cas, les animaux juste éclos ne disposent pas de branchies mais de régions de la peau très spécialisées par lesquelles la respiration a lieu. Alors que les têtards n'ont pas de véritables dents, chez la plupart des espèces les mâchoires présentent de longues rangées parallèles de petites structures kératinisées appelées keradonts, entourés d'un bec corné[73]. Les pattes avant se forment sous les sacs branchiaux et les pattes arrière deviennent visibles quelques jours plus tard. Les têtards sont généralement herbivores, se nourrissant principalement d'algues, y compris de diatomées filtrées dans l'eau par les branchies. Ils sont aussi détritivores, et ils remuent les sédiments au fond de l'eau pour en dégager de petits fragments de matières comestibles. Ils ont un intestin suffisamment long, en forme de spirale, pour digérer ces aliments[74]. Certaines espèces sont carnivores dès le stade larvaire, et le têtard mange des insectes, d'autres têtards plus petits et des poissons. Les têtards de la Rainette de Cuba (Osteopilus septentrionalis) peuvent pratiquer le cannibalisme, les jeunes têtards attaquant un têtard plus grand alors qu'il est en pleine métamorphose[75].
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Lors de la métamorphose, on observe des changements rapides et radicaux dans la morphologie et le mode de vie des grenouilles. La bouche en forme de spirale avec ses dents cornées se résorbe avec l'intestin en spirale. L'animal développe une grande mâchoire, et ses branchies et leurs sacs branchiaux disparaissent. Les yeux et les pattes se développent rapidement, et une langue apparait. Le système nerveux évolue en conséquence, et on observe le développement de la vision stéréoscopique et la perte de la ligne latérale. Tout cela peut se produire en l'intervalle d'une journée environ. Quelques jours plus tard, la queue se résorbe[74].
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À l'éclosion, la larve de salamandre présente généralement des yeux dépourvus de paupières, des dents aux mâchoires inférieure et supérieure, trois paires de branchies externes plumeuses, un corps un peu aplati latéralement et une longue queue avec des nageoires dorsales et ventrales. Les membres antérieurs peuvent être partiellement développés et les membres postérieurs sont rudimentaires chez les espèces vivant en eau stagnante, mais peuvent-être un peu plus développés chez les espèces qui se reproduisent dans de l'eau en mouvement. Les larves des espèces se reproduisant en étang ont souvent une paire d'équilibreurs, des éléments en forme de tiges placés de chaque côté de la tête qui évitent aux branchies d'être obstruées par des sédiments. Les larves de certains membres des genres des Ambystoma et des Dicamptodon ne se métamorphoses jamais complètement, et conservent des caractéristiques larvaires. La Salamandre foncée (Ambystoma gracile) est dans ce cas, et en fonction de facteurs environnementaux, elle peut rester en permanence à l'état larvaire, phénomène appelé néoténie, ou se transformer en adulte[76]. Dans les deux cas, l'espèce est en mesure de se reproduire[77]. La néoténie se produit lorsque la croissance de l'animal est très faible et est généralement liée à des conditions défavorables telles qu'une température basse de l'eau, qui peuvent altérer la réponse des tissus à la thyroxine[78]. Le manque de nourriture, le manque d'oligo-éléments et la concurrence importante des congénères peuvent également inhiber la métamorphose. La Salamandre tigrée (Ambystoma tigrinum) se comporte parfois aussi de cette façon. La Salamandre tigrée adulte est terrestre, mais la larve est aquatique et est capable de se reproduire tout en restant dans son état larvaire. Lorsque les conditions sont particulièrement inhospitalière sur terre, cette reproduction des larves peut permettre la survie d'une population qui, autrement, se serait éteinte. Il y a une quinzaine d'espèces de salamandres complètement néoténiques, dont les espèces des genres Necturus, Proteus et Amphiuma, et on compte de nombreux exemples d'espèces néoténiques facultatives qui adoptent cette stratégie dans des conditions environnementales particulières[79].
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Les salamandres sans poumons de la famille des Plethodontidae sont terrestres et pondent un petit nombre d’œufs non pigmentés parmi les feuilles mortes humides. Chaque œuf possède un important vitellus et la larve s'en nourrit et se développe à l'intérieur de l'œuf, émergeant après sa métamorphose sous la forme d'une salamandre juvénile. La salamandre femelle couve souvent les œufs. Dans le genre Ensatina, la femelle a été observée appuyant sa gorge contre eux, les massant avec une sécrétion de mucus[80].
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Chez les tritons et les salamandres, la métamorphose est moins spectaculaire que chez les grenouilles. En effet, les larves sont carnivores, comme les adultes, et peu de changements sont donc nécessaires pour leur système digestif. Leurs poumons sont fonctionnels dès l'éclosion, mais les larves ne les utilisent pas autant que le font les têtards. Leurs branchies ne sont jamais couvertes par de sacs branchiaux et se résorbent juste avant que les animaux ne sortent de l'eau. Lors de la métamorphose, les nageoires de leur queue se réduisent, voire disparaissent, leurs fentes branchiales se ferment, leur peau s'épaissit, des paupières apparaissent et on observe également des changements au niveau de la dentition et de la structure de la langue. Les salamandres sont très vulnérables au moment de la métamorphose car leur vitesse de nage est réduite et leur grande queue est encombrante sur terre[81]. Les salamandres adultes ont souvent une phase aquatique au printemps et en été, et une phase terrestre en hiver. Pour s'adapter successivement à ces deux modes de vie, elles subissent quelques modifications hormonales : la prolactine est produite pour se préparer à la vie aquatique quand la thyroxine est associée à la vie sur terre. Les branchies externes ne sont pas utilisées lors des phases aquatiques, car celles-ci sont complètement résorbées lorsque les animaux sortent de l'eau pour la première fois[82].
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La plupart des cécilies terrestres qui pondent des œufs le font dans des terriers ou des endroits humides près de plans d'eau. Le développement du jeune Ichthyophis glutinosus, une espèce originaire du Sri Lanka, a été étudié en détail. Les larves ressemblent à des anguilles à leur éclosion et se trainent jusqu'à un point d'eau. Elles ont trois paires de branchies plumeuses rouges, une tête émoussée avec deux yeux rudimentaires, une ligne latérale et une queue courte avec des nageoires. Elles nagent en faisant onduler leur corps. Ces larves, surtout actives la nuit, perdent leurs branchies et commencent alors à sortir sur la terre ferme. La métamorphose est progressive. À l'âge d'environ dix mois, cette cécilie a une tête pointue avec des tentacules sensorielles près de la bouche et a perdu ses yeux, sa ligne latérale et sa queue. La peau s'épaissit, les écailles qui lui sont intégrées se développent et le corps se divise en segments. L'animal se construit alors un terrier et vit exclusivement sur terre[83].
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La majorité des espèces de cécilies sont vivipares. Typhlonectes compressicauda, une espèce d'Amérique du Sud, en est un exemple typique. Jusqu'à neuf larves peuvent se développer dans l'oviducte simultanément. Elles sont allongées et ont des branchies en forme de sac, de petits yeux et des dents spécialisées pour racler. Dans un premier temps, ils se nourrissent à partir de leur vitellus, mais au fur et à mesure que cette source de nourriture diminue, ils commencent à râper les cellules épithéliales ciliées qui tapissent l'oviducte. Cela stimule la sécrétion de substances riches en lipides et mucoprotéines dont ils se nourrissent par la paroi de l'oviducte. Les larves peuvent voir leur longueur multipliée par six, et mesurent alors les deux cinquièmes de la longueur de leur mère. Lorsqu'elles sortent de l'oviducte, elles ont subi leur métamorphose, ont perdu leurs yeux et leurs branchies, ont développé une peau plus épaisse et des tentacules sur la bouche, et leurs dents ont disparu. Des dents permanentes vont croître peu après la naissance[84],[85].
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Siphonops annulatus a développé une adaptation unique pour se reproduire. La progéniture se nourrit d'une couche de peau spécialement développée à cette fin par l'adulte, dans un phénomène connu sous le nom de dermatophagie maternelle. Les larves se nourrissent ensemble et dévorent la couche cellulaire en approximativement sept minutes, et attendent ensuite trois jours qu'elle se régénère. Pendant ce temps ils se nourrissent de fluides produits par le cloaque maternel[86].
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Les soins parentaux chez les amphibiens sont mal connus, mais, en général, plus le nombre d'œufs pondus est important, moins il est probable que les parents se préoccupent de leur progéniture. Néanmoins, on estime que pour environ 20 % des espèces d'amphibiens, un ou les deux parents jouent un rôle dans l'élevage des jeunes[87]. Les espèces qui se reproduisent dans les petits plans d'eau ou dans des habitats spécialisés ont tendance à développer des comportements plus évolués dans les soins donnés aux jeunes[88].
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La plupart des salamandres vivant dans les bois pondent leurs œufs à terre sous du bois mort ou une pierre. C'est le cas de Desmognathus welteri, une salamandre qui couve ses œufs et les protège contre les prédateurs tandis que les jeunes se nourrissent du vitellus. Lorsqu'ils sont pleinement opérationnels, les jeunes se frayent un chemin hors du nid et se dispersent[89]. Chez le Ménopome, une salamandre primitive, le mâle creuse un nid sous l'eau et encourage les femelles à y pondre. Le mâle protège ensuite le site pendant les deux ou trois mois qui précèdent l'éclosion des œufs, et assure leur approvisionnement en oxygène en agitant l'eau autour du nid[31].
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Le mâle Colostethus subpunctatus, une petite grenouille, protège ses œufs qui sont cachés sous une pierre ou des feuilles mortes. Quand les œufs éclosent, le mâle transporte les têtards sur son dos, sur lequel ils tiennent grâce à une sécrétion de mucus, vers une mare où il se plonge et laisse les têtards tomber[90]. Le mâle Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) attache des grappes d'œufs autour de ses cuisses et les porte ainsi pendant environ huit semaines. Il les garde humides, et quand ils sont prêts à éclore il se rend dans un étang ou un fossé et libère les têtards[91]. Chez les grenouilles du genre Rheobatrachus, la femelle élevait les larves dans son estomac après avoir ingurgité les œufs ou les petits juste éclos. Toutefois, on n'a jamais pu observer ce phénomène avant que ces espèces ne soient éteintes. Les têtards sécrétait une hormone qui inhibait la digestion chez la mère pendant qu'ils se développaient en consommant leur large vitellus[92]. Assa darlingtoni pond ses œufs sur le sol. Quand ils éclosent, le mâle porte les têtards dans des sortes de poches situées au niveau de ses pattes de derrière[93]. Le Crapaud du Surinam (Pipa pipa) est une espèce aquatique qui élève ses petits dans les pores sur son dos où ils demeurent jusqu'à la métamorphose[94]. Oophaga granulifera est une espèce caractéristique des grenouilles arboricoles venimeuses de la famille des Dendrobatidae. Ses œufs sont pondus sur le sol de la forêt et quand ils éclosent, les têtards sont emportés un à un sur le dos d'un adulte vers une crevasse remplie d'eau, à la base d'une feuille ou au cœur de la rosette de broméliacées. La femelle se rend dans les sites où se développent les jeunes et y déposent régulièrement des œufs non fécondés qui sont consommés par les têtards[95].
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À quelques exceptions près, les amphibiens adultes sont carnivores, se nourrissant de presque tout ce qui bouge qu'ils sont en mesure d'avaler. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de petites proies peu rapides, comme les coléoptères, les chenilles, les vers de terre et les araignées. Les espèces du genre Siren ingèrent souvent des plantes aquatiques en même temps que les invertébrés dont ils se nourrissent[96] et la grenouille arboricole brésilienne Xenohyla truncata inclut une grande quantité de fruits dans son régime alimentaire[97]. Le crapaud mexicain Rhinophrynus dorsalis possède une langue spécialement adaptée pour attraper les fourmis et les termites[98].
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Les amphibiens repèrent leurs proies la plupart du temps par la vue, même par faible luminosité. Ce sont notamment les mouvements de la proie qui déclenchent l'attaque de la grenouille. Ainsi, on peut capturer des grenouilles avec un morceau de tissu rouge accroché à un hameçon et on a retrouvé dans l'estomac de grenouilles vertes (Lithobates clamitans) des graines d'orme qu'elles avaient vu flotter[99]. Les crapauds, les salamandres et les cécilies peuvent également utiliser leur odorat pour détecter leurs proies. L'odorat demeure toutefois secondaire, des salamandres ont été observées immobiles près d'une proie sans la sentir, ne la repérant que lorsqu'elle bouge. Les amphibiens troglodytes chassent principalement grâce à leur odorat[100].
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Les amphibiens avalent leur nourriture entière, la mâchant parfois légèrement pour l'engloutir[19]. Ils ont de petites dents articulées sur des pédicelles, une caractéristique propre aux amphibiens. La base et le sommet de ces dents sont composés de dentine, et sont séparés par une couche non calcifié. Par ailleurs ces dents sont remplacées régulièrement. Les salamandres, les grenouilles et quelques cécilies ont une ou deux rangées de dents dans les deux mâchoires, mais certaines grenouilles (les espèces du genre Rana) n'ont pas de dents à la mâchoire inférieure, et les crapauds géants (genre Bufo) sont eux dépourvus de dentition. Chez de nombreux amphibiens, on trouve aussi des dents vomériennes, attachées à un os au niveau de la voûte du palais[101].
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La Salamandre tigrée (Ambystoma tigrinum) adopte un comportement typique des grenouilles et des salamandres, se cachant sous le couvert en attendant le passage d'un invertébré imprudent. D'autres amphibiens, tels que les crapauds du genre Bufo, recherchent activement leurs proies, tandis que la Grenouille cornue d'Argentine (Ceratophrys ornata) attire ses proies en levant ses pattes de derrière au-dessus de son dos et faisant vibrer ses orteils jaunes[102]. Parmi les grenouilles vivant dans les litières de feuilles au Panama, les grenouilles qui chassent activement ont une bouche étroite et sont minces, arborent souvent de couleurs vives et sont toxiques, tandis que celle qui attendent en embuscade ont une large bouche et sont plus grosses et bien camouflées[103]. Les cécilies ne peuvent pas lancer leur langue, mais attrapent leurs proies grâce à leurs dents pointues et orientées vers l'arrière. Les mouvements de la mâchoire et ceux de la proie qui se débat contribuent à diriger celle-ci petit à petit vers l'estomac de l'animal, qui se retire dans son terrier pour finir de l'avaler entière[104].
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Les larves de grenouilles juste écloses se nourrissent du vitellus. Lorsque celui-ci est épuisé, elles se nourrissent de bactéries, d'algues, de détritus et de fragments de plantes submergées. L'eau est aspirée par la bouche et filtrée au niveau des branchies où les particules fines sont piégées dans le mucus. Certains ont des pièces buccales spécialisées composées d'un bec corné bordé par plusieurs rangées de dents labiales. Ils grattent et mordent la nourriture de toutes sortes et remuent les sédiments au fond de l'eau, filtrant les grosses particules avec leurs papilles situées autour de la bouche. Certains, comme ceux des crapauds de la famille des Scaphiopodidae, ont de puissantes mâchoires et sont carnivores, voire cannibales[105].
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Les cris des cécilies et des salamandres sont limités à des grincements, des grognements doux ou des sifflements et n'ont pas été beaucoup étudiés. Les cécilies émettent un cliquetis qui est peut-être utilisé pour s'orienter, à la façon des chauves-souris, ou constitue une forme de communication. La plupart des salamandres sont considérées comme n'émettant aucun bruit, mais la salamandre Dicamptodon ensatus a des cordes vocales et peut produire un cliquetis ou aboyer. Certaines espèces de salamandre poussent un petit cri aigu ou glapissent lorsqu'elles sont attaquées[106].
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Les grenouilles sont beaucoup plus bruyantes, surtout pendant la saison de reproduction lorsque les mâles utilisent leur voix pour attirer les femelles. La présence d'une espèce particulière dans une région est parfois plus facilement identifiée par son cri caractéristique que par la vue de l'animal lui-même. Chez la plupart des espèces, le son est produit par expulsion de l'air des poumons à travers les cordes vocales vers un ou plusieurs sacs gulaires situés au niveau de la gorge ou dans le coin de la bouche. Ce sac peut se distendre comme un ballon et agit comme un résonateur, en aidant à transmettre le son vers l'atmosphère ou l'eau lorsque l'animal est immergé[106]. Le cri le mieux connu est le bruyant chant du mâle, qui vise à attirer les femelles mais également décourager les autres mâles de pénétrer sur son territoire. Ce chant devient plus discret lors de la séduction d'une femelle s'approchant, et plus agressif si un intrus mâle approche. Ce chant risque d'attirer les prédateurs et implique une forte dépense d'énergie[107]. La femelle chante en réponse à l'appel du mâle. Quand une grenouille est attaquée, elle émet un cri de détresse ou de peur[108]. Osteopilus septentrionalis, une rainette généralement nocturne, chante lorsqu'il pleut pendant la journée[109].
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On connait mal le comportement territorial des cécilies, mais certaines grenouilles et les salamandres défendent leurs domaines vitaux, où elles s'alimentent et se reproduisent. Ce sont principalement les mâles qui présentent un tel comportement, mais chez certaines espèces les femelles et les jeunes sont impliqués. Chez de nombreuses espèces de grenouilles, les femelles sont plus grandes que les mâles, mais ce n'est pour les espèces où les mâles défendent activement leur territoire. Certains d'entre eux possèdent des adaptations spécifiques telles que des dents plus grandes ou des épines sur la poitrine, les bras ou les doigts[110].
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Les salamandres défendent leur territoire en adoptant une posture agressive et en attaquant l'intrus si nécessaire, en le poursuivant, le chassant et parfois le mordant, ce qui peut parfois engendrer la perte de sa queue. Le comportement de la Salamandre cendrée (Plethodon cinereus) a été étudié tout particulièrement. Ainsi, suivant l'étude, 91 % des individus de cette espèce marqués et repris par la suite étaient situés à moins d'un mètre de leur lieu de capture initiale[111]. Une proportion semblable d'animaux, qui ont été déplacés à une distance de 30 mètres de leur lieu de capture, ont retrouvé leur chemin pour retourner à leur base[111]. Les salamandres laissent des marques odorantes autour de leurs territoires qui mesurent en moyenne de 0,16 à 0,33 mètres carrés et sont habités par un couple[112]. Il s'agit de dissuader l'intrusion d'intrus et de délimiter les frontières entre territoires. Une grande partie du comportement de ces salamandres est stéréotypé et semble ne faire appel à aucun contact réel entre individus. Il lui arrive de prendre une posture agressive en soulevant son corps au-dessus du sol et regardant fixement son adversaire qui, souvent, se détourne docilement. Si l'intrus persiste, la salamandre mord l'intrus, au niveau de la queue ou à la région naso-labiale[111].
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Chez les grenouilles, le mâle a un comportement territorial souvent observé dans des lieux de reproduction. Son chant est à la fois l'annonce de sa présence sur le territoire pour d'éventuels concurrents, mais aussi un appel aux femelles. En général, un chant plus grave correspond à une grenouille plus grosse, ce qui peut être suffisant pour empêcher l'intrusion de petits mâles. Ce chant demande beaucoup d'énergie, et le détenteur d'un territoire s'épuise donc, ce qui peut le handicaper en cas de lutte face à un concurrent. Généralement les mâles ont tendance à tolérer les détenteurs de territoires voisins, mais s'attaquent vigoureusement aux intrus inconnus. Les détenteurs de territoires ont l’« avantage du terrain » en cas de lutte, et remportent généralement les luttes entre des grenouilles de tailles similaires. Si les menaces sont insuffisantes, les grenouilles s'empoignent poitrine contre poitrine. Les grenouilles se battent en se bousculant, dégonflant le sac gulaire de leur adversaire, le saisissant par la tête, lui sautant sur le dos, le mordant ou l'éclaboussant[113].
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Les amphibiens ont un corps mou et la peau fine, et comme ils sont démunis de griffes, de carapace ou d'épines, ils semblent relativement impuissants. Néanmoins, ils ont développé divers mécanismes de défense pour se protéger. La première défense des salamandres et des grenouilles est le mucus qu'elles produisent. Il maintient leur peau humide et les rend glissantes et difficiles à saisir. La sécrétion est souvent collante et peut avoir une odeur désagréable ou être toxique[114]. Des serpents ont été observés en bâillant et ouvrant la gueule en tentant d'avaler des Xenopus laevis, offrant aux grenouilles une occasion de s'échapper[114],[115]. Les cécilies ont été peu étudiées à ce sujet, mais Typhlonectes compressicauda produit un mucus toxique mortel pour les poissons prédateurs comme l'a montré une expérimentation au Brésil[116]. Chez certaines salamandres, la peau est toxique. Le Triton rugueux (Taricha granulosa) d'Amérique du Nord et d'autres membres du même genre produisent la neurotoxine tétrodotoxine (TTX), la substance non protéique la plus toxique connue, presque identique à celle produite par le poisson-globe. La manipulation de ces tritons n'est pas dangereuse, mais l'ingestion d'une portion même infime de la peau est mortelle. Les poissons, les grenouilles, les reptiles, les oiseaux et les mammifères ont tous été révélés sensibles à ce poison[117],[118]. Les seuls prédateurs qui tolèrent le poison sont certaines populations de Couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis). Dans les lieux où ce serpent et le triton coexistent, les serpents ont développé une immunité génétique et ils se nourrissent des amphibiens sans risque[119]. Certaines grenouilles et les crapauds sont toxiques, les principales glandes à venin étant situées sur le côté du cou et sous les verrues du dos. Ces régions sont celles susceptibles d'être attaquées par un prédateur en priorité, et leurs sécrétions peut donner un goût désagréable ou provoquer divers symptômes physiques ou neurologiques. Au total, plus de 200 toxines ont été isolées parmi les espèces d'amphibiens qui ont été étudiées[120].
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Les espèces vénéneuses revêtent souvent des couleurs vives pour avertir les prédateurs potentiels de leur toxicité. Ces couleurs sont généralement le rouge ou le jaune combiné avec le noir, la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) en est un exemple. Une fois qu'un prédateur a eu affaire à l'un d'eux, il lui est facile de se rappeler sa coloration et se ravisera la prochaine fois qu'il rencontrera un animal semblable. Chez certaines espèces comme les Crapauds sonneurs (genre Bombina), la coloration d'avertissement est placée sur le ventre et ces animaux adoptent une pose défensive en cas d'attaque, présentant leurs couleurs vives au prédateur. La grenouille Allobates zaparo n'est pas toxique, mais imite l'apparence d'autres espèces toxiques partageant son aire de répartition, une stratégie qui peut tromper les prédateurs[122].
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De nombreux amphibiens sont nocturnes et se cachent pendant la journée, évitant ainsi des prédateurs diurnes qui chassent à vue. D'autres amphibiens utilisent le camouflage pour éviter d'être détectés. Ils adoptent des colorations diverses comme le brun tacheté, le gris et l'olive et se fondent dans le paysage environnant. Certaines salamandres adoptent une posture défensive face à un prédateur potentiel comme la Grande musaraigne (Blarina brevicauda). Elles tordent leur corps et font fouetter leur queue, ce qui rend difficile pour le prédateur d'éviter le contact avec leurs glandes productrices de poison[123]. Quelques salamandres pratiquent l'autotomie, perdant leur queue lorsqu'elles sont attaquées, sacrifiant cette partie du corps pour leur permettre de s'échapper. La queue peut alors présenter un rétrécissement à sa base pour lui permettre d'être facilement détachée. Elle se régénère par la suite, mais au prix d'une importante dépense en énergie pour l'animal[124].
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Certaines grenouilles et les crapauds se gonflent pour paraître plus imposants, et certains crapauds du genre Pelobates crient et sautent vers le prédateur pour l'impressionner et le repousser[19]. Les salamandres géantes du genre Andrias, ainsi que certaines grenouilles de la sous-famille des Ceratophryinae et du genre des Pyxicephalus possèdent des dents pointues et sont capables de mordre leur adversaire jusqu'au sang. La salamandre Desmognathus quadramaculatus peut mordre un serpent Thamnophis sirtalis deux ou trois fois plus grand qu'elle au niveau de la tête et réussit souvent à s'échapper[125].
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Les premiers animaux « amphibiens » apparaissent au cours du Dévonien, il y a environ 370 millions d'années, à partir de poissons sarcoptérygiens semblables au cœlacanthe et aux dipneustes modernes[126], dont les nageoires évoluent pour devenir semblables à des pattes, munies de doigts, leur permettant de ramper sur les fonds marins. Certains de ces poissons développent des poumons primitifs pour les aider à respirer à l'air libre dans les eaux stagnantes des marais du Dévonien, très peu pourvues en oxygène. Ils peuvent également utiliser leurs nageoires puissantes pour se hisser hors de l'eau si les circonstances l'exigeaient. Finalement, leurs nageoires osseuses finissent d'évoluer pour former de véritables pattes, que l'on retrouve par la suite chez l'ensemble des tétrapodes, dont les amphibiens modernes, les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Même s'ils sont capables de ramper sur la terre, beaucoup de ces « poissons » préhistoriques passent le plus clair de leur temps dans l'eau ; s'ils ont commencé à développer des poumons, il respirent encore principalement par les branchies[127]. Les premiers amphibiens, au sens non-cladistique du terme, connus sont les ichthyostégidés. Leurs traces ont été découvertes sur la côte est du Groenland dans les couches fossilifères datées du Dévonien supérieur, de 367 Ma à 362 Ma[128]). Ils constituent un des plus remarquables échelons intermédiaires de l'évolution jamais découverts, car ils réunissent à la fois des caractéristiques des poissons ostéichthyens et des amphibiens. Comme les amphibiens actuels, ils possèdent quatre membres puissants et un cou, mais une queue à nageoires et un crâne très similaire à celui des poissons sarcoptérygiens comme Eusthenopteron[126]. Les ichthyostégidés ne sont probablement pas les ancêtres directs de tous les amphibiens apparus plus tard. En effet, par certains détails de leur squelette, ils étaient déjà plus spécialisés que d'autres amphibiens plus tardifs. Mais ils étaient presque certainement semblables aux animaux à partir desquels évoluèrent tous les vertébrés terrestres.
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Les amphibiens ont développé peu à peu un certain nombre d'adaptations leur permettant de rester hors de l'eau pendant de longues périodes. Leurs poumons se sont améliorés et leur squelette est devenu de plus en plus robuste, pour mieux supporter la gravité lorsqu'ils étaient sur terre. Ils se sont dotés de « mains » et de « pieds » avec cinq doigts ou plus[129] ; leur peau est devenue capable de retenir les fluides corporels et de résister au dessèchement[127]. L'os hyomandibulaire des poissons, situé dans la région de l'os hyoïde, derrière les branchies, a vu sa taille se réduire et est petit à petit devenu l'étrier de l'oreille des amphibiens, une adaptation nécessaire à l'audition sur la terre ferme[130]. Les amphibiens ont par ailleurs des points communs avec les poissons téléostéens, comme la structure multi-pliée des dents et la paire d'os supra-occipital à l'arrière de la tête, ces caractéristiques n'ayant été observées chez nulle autre espèce dans le règne animal[131].
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À la fin du Dévonien (il y a 360 millions d'années), les mers, les fleuves et les lacs grouillent de vie alors que la terre est le royaume des premières plantes et reste dépourvue de vertébrés[131], même si certains, comme Ichthyostega, peuvent brièvement vivre hors de l'eau. On pense qu'ils sortent de l'eau grâce à leurs membres antérieurs, traînant leurs arrière-train d'une manière similaire à l'éléphant de mer[129]. Au début du Carbonifère (il y a entre 360 et 345 millions d'années), le climat devient chaud et humide. De vastes marécages se développent avec des mousses, des fougères, des prêles et des calamites. Des arthropodes à respiration aérienne sont déjà apparus sur terre, et s'y sont fortement propagés, fournissant une source de nourriture pour les amphibiens carnivores, qui commencent alors à s'adapter à l'environnement terrestre. Il n'y a alors pas d'autres tétrapodes sur terre et les amphibiens sont au sommet de la chaîne alimentaire, détenant la niche écologique actuellement occupée par le crocodile. Pourvus de membres et capable de respirer de l'air, la plupart ont encore un long corps effilé et une queue puissante[131]. Les amphibiens sont les premiers prédateurs terrestres, atteignant parfois plusieurs mètres de longueur, se nourrissant des gros insectes et de certains poissons.
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Les amphibiens développent de nouveaux moyens de locomotion. Dans l'eau, les mouvements latéraux de leur queue leur permettait de se propulser vers l'avant, mais sur la terre ferme, des mécanismes tout à fait différents sont nécessaires. Leur colonne vertébrale, leurs membres et leur musculature doivent être suffisamment robustes pour que les animaux puissent se déplacer et s'alimenter sur la terre ferme. Les adultes ont développé de nouveaux systèmes sensoriels pour recevoir les stimuli extérieurs à l'air libre, aux dépens de leur ligne latérale. Ils développent également de nouvelles méthodes pour réguler leur température corporelle malgré les fluctuations de la température ambiante. Leur peau, exposée désormais à des rayons ultraviolets nocifs qui étaient absorbés par l'eau, devient une couverture plus protectrice, capable d'éviter de trop fortes déperditions d'eau[6]. Ils ont encore besoin de retourner à l'eau pour pondre leurs œufs dépourvus de coquille, particularité qui caractérise toujours les amphibiens modernes, qui conservent un stade larvaire aquatique avec une respiration par branchies, comme leurs ancêtres poissons. C'est le développement de l'œuf amniotique, qui empêche à l'embryon en développement de se dessécher, qui a permis aux premiers reptiles de se reproduire sur la terre et qui a conduit à leur domination dans la période suivante[126].
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Au cours du Trias (250 à 200 millions d'années avant notre ère), les reptiles commencent à supplanter les amphibiens, ce qui conduit à une réduction de la taille de ces derniers, et surtout à leur moindre importance dans la biosphère. Selon les fossiles, Lissamphibia, qui comprend tous les amphibiens modernes et est la seule lignée survivante, aurait dérivé des groupes disparus des Temnospondyli et Lepospondyli entre la fin du Carbonifère et le début du Trias. La relative rareté des fossiles empêche une datation plus précise[127], mais une étude moléculaire de 2010, fondée sur plusieurs gènes, suggère que les amphibiens modernes seraient apparus vers la fin du Carbonifère ou au tout début du Permien[132].
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Le nom de classe « Amphibia » et le terme « amphibien » sont dérivés de l'adjectif amphibie, qui provient lui-même du grec ancien ἀμφίβιος (amphíbios) signifiant « qui vit dans deux éléments ». Classiquement, cette classe regroupe tous les vertébrés tétrapodes qui ne sont pas des amniotes mais possédant un stade larvaire ; les amphibiens sont le grade évolutif des tétrapodes dont les embryons ne sont pas protégés par un amnios. En taxinomie classique, ce groupe est divisé en trois sous-classes, dont deux sont éteintes :
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La phylogénie a fait tomber en désuétude le groupe des Labyrinthodontia, qui s'est avéré paraphylétique et sans caractère commun à tous ses membres à l'exception de caractéristiques primitives. Les relations entre les différents groupes sont cependant difficiles à élucider sans fossiles clés[133]. Pour certains auteurs, les lissamphibiens sont nichés au sein des Temnospondyli. Pour d'autres, comme Laurin, ce dernier est extérieur aux tétrapodes et il faut alors définir le groupe des amphibiens comme incluant les animaux plus proches des amniotes que des autres stégocéphales, c'est-à-dire comprenant le groupe paraphylétique des Lépospondyles ainsi que les amphibiens actuels, les Lissamphibiens[134] : si l'ancêtre commun des amphibiens et des amniotes était inclus dans les Amphibia, celui-ci deviendrait un groupe paraphylétique[135].
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Le groupe particulier comprenant l'ancêtre de tous les amphibiens actuels et ses descendants est appelé Lissamphibia. La phylogénie des amphibiens du Paléozoïque est incertaine, et les Lissamphibia pourraient possiblement être placés dans d'autres groupes, éteints, comme les Temnospondyli (classiquement placés parmi les Labyrinthodontia) ou les Lepospondyli ; certaines études les placent même aux côtés des amniotes. Tout cela fait que la classification phylogénétique a enlevé des Amphibia de la taxinomie linnéenne un certain nombre de tétrapodes aux allures d'amphibiens primitifs du Dévonien et du Carbonifère[1].
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Les origines des trois principaux groupes d'amphibiens et leurs liens de parenté sont sujet à débat. Une étude sur la phylogénie de ces animaux de 2005, basée sur l'analyse moléculaire d'ADNr, suggère que les salamandres et cécilies sont plus étroitement liées entre elles qu'elles ne le sont aux grenouilles. Il apparaît également que la scission entre les trois groupes a eu lieu au cours du Mésozoïque ou à la fin du Paléozoïque (il y a environ 250 millions d'années), avant l'éclatement de la Pangée et peu de temps après leur divergence avec les poissons à nageoires lobées. La brièveté de cette période, et la rapidité avec laquelle le rayonnement des espèces a eu lieu, permettrait d'expliquer la relative rareté des fossiles d'amphibiens primitifs[137]. Il existe d'importantes lacunes dans les fossiles retrouvés, mais la découverte de Gerobatrachus, une proto-grenouille du début du Permien découverte au Texas en 1995 et décrite en 2008, présentant de nombreuses caractéristiques communes avec les grenouilles modernes a fourni un chaînon manquant. L'analyse moléculaire suggère que la divergence entre grenouilles et salamandres a eu lieu beaucoup plus tôt que les preuves paléontologiques ne l'indiquent[138]. Cependant, sa position est débattue[139].
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Les travaux utilisant l'horloge moléculaire de ces groupes ont obtenu des résultats assez variés. Ils laissent à penser que la séparation entre gymnophiones et batraciens au sens strict du terme (groupe incluant urodèles et anoures) date du Dévonien supérieur[140],[141], du Carbonifére supérieur[142], ou même du Permien inférieur[143]. Le fossile le plus ancien qui appartient peut-être à ce groupe date du Permien inférieur[138], mais sa position systématique est débattue[139]. Les plus anciens fossiles dont les affinités avec les amphibiens actuels ne sont pas contestées sont Triadobatrachus et Czatkobatrachus (en), qui datent du Trias inférieur (environ 250 millions d'années).
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La sous-classe des Lissamphibia forme probablement un clade et regroupe les trois ordres d'amphibiens actuels — les Anura (les grenouilles et crapauds), les Caudata (ou « Urodela », les salamandres et tritons) et les Gymnophiona (ou « Apoda », les cécilies)[15] — ainsi que d'autres groupes éteints qui ne font pas partie d'un ordre particulier — certains Salientia primitifs comme Triadobatrachus ou Czatkobatrachus, la famille des Albanerpetontidae qui est fortement apparentée aux Gymnophiona. Il a été suggeré que les Caudata aient émergé séparément des deux autres ordres depuis un ancêtre aux allures de Temnospondyli, ou même que les Gymnophiona soient le groupe-frère des Reptiliomorpha, et donc des amniotes[138].
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Bien que l'on connaisse plusieurs anciens fossiles de proto-grenouilles arborant des caractères primitifs, le plus ancien anoure « vrai » est Prosalirus bitis, du Jurassique inférieur, trouvé dans la formation de Kayenta, en Arizona[145]. La plus ancienne cécilie connue est une autre espèce du Jurassique inférieur et également trouvée en Arizona, Eocaecilia micropodia[146]. Le plus ancien Salamandroidea connu est Beiyanerpeton jianpingensis, date du Jurassique supérieur et a été trouvée dans le nord-est de la Chine[147].
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Une étude de 2007 menée par Alford, Richards et McDonald estime le nombre total des amphibiens entre 8 000 et 10 000 espèces[148], précisant que bon nombre d'espèces ne sont pas encore découvertes. Ainsi au début les années 1990, plus de 100 espèces de grenouilles arboricoles de la famille des rhacophoridés ont été découvertes sur l'ile de Sri Lanka. Ceci est d'autant plus étonnant que bon nombre d'espèces décrites au XIXe siècle semble avoir disparu. Si l'on connaît alors 5 000 espèces de grenouilles, les estimations de ces chercheurs indiquent qu'un millier d'espèces sont encore inconnues. 80 % des espèces connues vivent dans les régions tropicales, l'Amérique du Sud étant le foyer principal de cette biodiversité[148]. Alford, Richards et McDonald soulignent également que des plus de 500 espèces de salamandres connues, un grand nombre vit en Amérique du Nord ; la famille des pléthodontidés, qui se trouve en Amérique du Nord et du Sud, rassemble plus de la moitié des salamandres connues[148].
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Le nombre d'espèces actuelles de chaque groupe dépend de la classification taxinomique suivie. Deux principales existent pour le groupe des amphibiens. La première est celle suivie par AmphibiaWeb, site géré par l'Université de Californie (Berkeley) et la seconde celle maintenue par l'herpétologiste Darrel Frost du muséum américain d'histoire naturelle, disponible sur la base de données en ligne Amphibian Species of the World[149]. Selon Frost on dénombre en tout plus de 7 000 espèces d'amphibiens actuels (version 5.6 de janvier 2013), dont les anoures représentent près de 90 %[150]. Les principaux groupes taxinomiques sont ainsi répartis :
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Des baisses spectaculaires des populations d'amphibiens, dont des extinctions de masse localisées, ont été enregistrées depuis la fin des années 1980 un peu partout dans le monde, et le déclin des amphibiens est perçu comme étant l'une des menaces les plus graves pour la biodiversité mondiale[151]. En 2006, on recensait 4 035 espèces d'amphibiens dépendant de l'eau à un moment donné au cours de leur cycle de vie. Parmi celles-ci, 1 356 (33,6 %) ont été considérées comme menacées, et ce chiffre est peut-être sous-estimé car il exclut 1 427 espèces pour lesquelles il n'y avait pas suffisamment de données pour évaluer leur situation[152]. Un certain nombre de causes sont impliquées, comme notamment la destruction et la modification de l'habitat de ces animaux, la pollution, les espèces introduites, le changement climatique, les polluants perturbateurs du système endocrinien, la destruction de la couche d'ozone (le rayonnement ultraviolet est particulièrement dommageable pour la peau, les yeux et les œufs d'amphibiens), et des maladies comme la chytridiomycose. Ce déclin massif est même observé dans des zones isolées (forêt tropicale) ou peu cultivées et montagneuses en Europe (par exemple Suisse où 9 espèces sont sur la Liste rouge classées comme en danger critique d'extinction[153]). Toutefois, bon nombre des causes de déclin des amphibiens sont encore mal comprises, et elles sont un sujet de débat en cours[154].
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Avec leurs besoins complexes en matière de reproduction et leur peau perméable, les amphibiens sont souvent considérés comme de bons indicateurs écologiques[155]. Dans de nombreux écosystèmes terrestres, ils constituent une des plus grandes parties de la biomasse des vertébrés. Toute baisse du nombre d'amphibiens aura un impact sur les habitudes de prédation d'autres espèces qui pourraient être impactées. La perte d'espèces carnivores situées près du sommet de la chaîne alimentaire peut bouleverser l'équilibre d'un écosystème délicat et entraîner une augmentation spectaculaire des espèces opportunistes. Au Moyen-Orient, une demande croissante en cuisses de grenouilles pour la consommation humaine et la collecte conséquente de certains d'entre eux a conduit à une augmentation du nombre de moustiques[156]. Les prédateurs qui se nourrissent d'amphibiens sont affectés par ce déclin. En Californie, la Couleuvre de l'Ouest (Thamnophis elegans) est essentiellement aquatique et dépend fortement de deux espèces d'anoures qui sont en déclin, le crapaud Bufo canorus et la grenouille Rana muscosa, et l'avenir de ce serpent est donc lui aussi remis en question. Si le serpent devenait rare, cela pourrait affecter les populations d'oiseaux de proie et d'autres prédateurs qui s'en nourrissent[157]. Pendant ce temps, dans les étangs et les lacs, moins de grenouilles signifie moins de têtards. Ceux-ci jouent normalement un rôle important dans le contrôle de la croissance des algues et des détritus qui s'accumulent dans les sédiments au fond de l'eau. Une réduction du nombre de têtards peut conduire à une prolifération d'algues, ce qui entraîne l'épuisement de l'oxygène dans l'eau lorsque les algues se décomposent. Les invertébrés aquatiques et les poissons sont alors menacés et il y aurait des conséquences écologiques imprévisibles[158].
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Une stratégie globale pour endiguer ce déclin a été mise en place en 2005 sous la forme d'un plan d'action pour la conservation des amphibiens. Développé par plus de quatre-vingt des plus grands experts dans le domaine, cet appel recensait des actions qui seraient nécessaires pour limiter le déclin des amphibiens et les extinctions au cours des cinq années suivantes et en estimait le coût. L'Amphibian Specialist Group de l'Union mondiale pour la nature (UICN) est le fer de lance des efforts pour mettre en œuvre une stratégie globale mondiale pour la conservation des amphibiens[159]. Amphibian Ark est un organisme qui a été créé pour mettre en œuvre les recommandations de conservation ex-situ de ce plan, et cet organisme travaille avec les zoos et les aquariums du monde entier, pour les encourager à créer des colonies d'amphibiens menacés et en assurer ainsi la préservation au moins en captivité[159]. Parmi ses projets on note aussi la tentative de sauvetage des amphibiens de Panama qui s'appuie sur les efforts de conservation en vigueur au Panama pour répondre à l'échelle nationale à la menace de la chytridiomycose[160].
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Les plantes (Plantae) sont des organismes photosynthétiques et autotrophes, caractérisés par des cellules végétales. Elles forment l'un des règnes des eucaryotes[1]. Ce règne est un groupe monophylétique comprenant les plantes terrestres, les algues vertes, les algues rouges et les glaucophytes.
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Le nombre d'espèces de plantes est difficile à déterminer, mais il existerait (en 2015) plus de 400 000 espèces décrites, dont la grande majorité sont des plantes à fleurs (369 000 espèces répertoriées), sachant que près de 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année[4]. Depuis le début du XXe siècle, trois espèces de plantes disparaissent chaque année, principalement victimes de la déforestation. Une plante sur cinq serait menacée d'extinction[5].
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Les plantes ont été jusqu'au milieu du XXe siècle l'un des trois grands groupes dans lesquels les êtres vivants étaient traditionnellement répartis, les deux autres groupes étant celui des animaux et celui des fungi plus connus sous le nom de champignons. La division remonte aux environs du temps d'Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) qui différenciait les plantes, celles-ci ne se déplaçant pas, et les animaux souvent en mouvement pour attraper leurs proies. Dans son Historia Plantarum, Théophraste (371-288 av. J.-C.) décrit près de 480 plantes et est le premier à proposer une classification basée sur des caractères propres aux végétaux et non sur des caractères anthropocentriques. Il en envisage d'ailleurs plusieurs : selon lui, les végétaux peuvent être répartis en quatre groupes selon leur hauteur : les arbres (dendron, d'où la dendrologie), arbrisseaux (thamnos), sous-arbrisseaux (phruganon) et plantes herbacées (poa) parmi lesquelles il classe les plantes potagères et les céréales. Le savant grec considère également possible de distinguer à l'intérieur de ces grandes catégories les espèces domestiques et les espèces sauvages ou encore les espèces terrestres et les espèces aquatiques[6]. Il désigne le végétal et la plante de la même manière, avec le terme grec phytos (d'où la phytologie) alors que les Romains emploient les termes latins d'arbores et herbae[7].
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Au cours du Moyen Âge apparaissent des usages botaniques pour les termes planta et vegetabilis : le premier désigne les végétaux selon leur usage, c'est-à-dire à des fragments que l’on « plante », le second faisant référence au verbe vegetare utilisé dans le vocabulaire religieux au sens de fortifier, vivifier, faire croître (d’un point de vue spirituel). À partir du XVIe siècle, les deux termes sont utilisés indistinctement ou alternativement pour désigner ce qui est vivant et immobile, par opposition à animalia (vivant et mobile) et à mineralia (non vivant et immobile)[7]. À cette époque, des botanistes, notamment les frères Jean et Gaspard Bauhin, entament une réflexion sur le classement des plantes[8]. Ils cherchent à établir des groupes naturels de plantes à partir de leur ressemblance mais c’est le botaniste Andrea Cesalpino qui fait progresser la classification des plantes. Dans son livre intitulé De plantis libri, paru en 1583, il propose quinze classes qui se basent sur des critères stables, tels que le caractère ligneux ou herbacé de la tige (« Arbores, Fructices, Suffructices et Herbae », les arbres, arbustes, arbrisseaux et herbes), la présence ou l'absence de graines, la forme du fruit, la présence ou l'absence d'une enveloppe autour d'elle, la forme de la racine. Cette classification commode est employée durant deux siècles[9].
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John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, propose d'établir un nouveau système de classification ayant pour fondement le plus grand nombre possible de caractères de la fleur, du fruit ou de la feuille[10]. Puis, Pierre Magnol (1638-1715), inventeur du terme famille, répertorie 76 familles de plantes. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et introduit les notions d'espèce et de genre. Enfin, Carl von Linné (1707-1778), botaniste du roi de Suède, crée la base du système moderne de classification scientifique et codifie la nomenclature binominale des végétaux et des animaux. Ces deux groupes deviennent des règnes, végétal et animal. Sa classification des plantes basée sur le « système sexuel » (nombre d'étamines) divise les groupes naturels, et est encore un obstacle au progrès en systématique[9]. En 1763, Michel Adanson publie Familles des Plantes, dans laquelle il présente une classification naturelle basée sur « l'ensemble de toutes les parties de la plante » (65 caractères végétaux). Cette classification naturelle est poursuivie par les de Jussieu et par la classification de Candolle qui améliore le système de Jussieu, en introduisant notamment les caractères anatomiques, qui permettent de distinguer les végétaux vasculaires qui présentent un système de circulation de la sève, des végétaux cellulaires[9].
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Un certain nombre d'espèces anciennement considérées comme des plantes, tels les champignons, les algues unicellulaires voire les algues pluricellulaires, commencent à être exclus de ce groupe pour former des catégories propres dès la fin du XIXe siècle[7].
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Les premières classifications semi-phylogénétiques (basées sur une appréciation subjective d'ancienneté des caractères selon un postulat aujourd'hui abandonné[11]) sont l'œuvre de l'école allemande (classification d'Eichler (en) en 1883, classification d'Engler en 1924) et de l'école anglo-saxonne (classification de Bessey (en) en 1915, classification d'Hutchinson (en) en 1926)[12].
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Les classifications modernes prémoléculaires des Angiospermes (classification de Takhtajan en 1943, classification de Cronquist en 1957, classification de Thorne en 1968, classification de Dahlgren en 1975) sont régulièrement révisées en fonction de progrès de la connaissance permettant de proposer de nouvelles hypothèses évolutives. Ces classifications complètent les classifications phylogénétiques moléculaires actuelles, notamment les classifications phylogéniques moléculaires en clades de l'Angiosperm Phylogeny Group. Au début du XXIe siècle, la systématique est ainsi basée sur une organisation phylogénétique rendue plus concrète par la mise en évidence de synapomorphies morphologiques ou biochimiques[13].
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Aujourd'hui la communauté scientifique francophone privilégie le terme végétaux plutôt que celui de plante, mais dans le même temps ces deux termes ne désignent plus vraiment un groupe homogène dans les classifications phylogénétiques[7].
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Le biologiste Marc-André Selosse estime la définition du terme végétal discutable et arbitraire. Si on réunit tous les eucaryotes capables de photosynthèse, alors ce terme « flou » correspond à un groupe polyphylétique dans lequel sont rassemblées des espèces de nombreuses lignées évolutives diverses qui ont acquis (parfois par convergence) un plaste photosynthétique[15]. Chez plusieurs de ces lignées, la distinction animal/végétal est d'ailleurs ténue. Le système des cinq règnes de Whittaker[16] comprend les « Plantae » comme des eucaryotes photosynthétiques pluricellulaires (notion de métaphytes, conception non valide mais présente encore dans les manuels scolaires)[17]. Selon une autre conception fonctionnelle macrocentrée, on peut resteindre cette définition à la lignée verte, tels les végétaux terrestres, les algues vertes et les algues rouges, ou plus restrictivement encore n'y inclure que les plantes vertes, la limiter aux plantes terrestres voire aux plantes à fleurs[18].
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En classification classique, traditionnellement, seules les algues vertes ou Chlorophytes étaient considérées comme plantes, et ne formaient donc pas un sous-règne. La classification des autres algues dans le règne des plantes est une introduction de la classification scientifique amorcée depuis le XIXe siècle. Auparavant, elles ont été classées de façon variable avec les protistes. Les progrès de la phylogénie ont fait récemment disparaître certaines classes et des rapprochements morphologiquement étonnants s'opèrent dans la classification.
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En classification classique ou traditionnelle, le sous-règne des Bryophytes (Bryophyta lato sensu) comprend trois divisions (ou embranchements) ou de végétaux terrestres non vasculaires : la division des Hépaticophytes (Hepaticophyta) : 6 000 espèces de plantes hépatiques ; la division des Anthocérotophytes (Anthocerotophyta) : 100 espèces d’anthocérotes ; et la division des Bryophytes (Bryophyta stricto sensu) : 9 500 espèces de mousses.
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Le sous-règne des Trachéobiontes (Tracheobionta ou Tracheophyta) est composé, selon une classification traditionnelle :
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Les chiffres montrent la domination qu’exercent aujourd’hui les Angiospermes (Magnoliophyta) parmi les plantes.
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L'image ci-contre représente un arbre phylogénétique des plantes vivantes, montrant les éléments suivants :
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Voir aussi les articles Archaeplastida (classification phylogénétique) et Chlorophyta (classification phylogénétique).
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En agriculture, une grande division est souvent faite entre les plantes herbacées et les plantes ligneuses (celles qui forment du bois).
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Dans le cadre des théories sur l’optimisation de l’exploitation de ressources minérales disponibles ponctuellement dans le temps et l’espace, la compétition qu'on observe entre les modules[22] d'une même plante à la recherche de nourriture, présente des similitudes avec les comportements de fourrageage chez les animaux[23]. Mais au niveau général, elle présente de fortes divergences. L'autotrophie de la plante la rend immobile (ce qui lui permet de souder les cellules végétales entre elles par leur paroi pectocellulosique qui confère rigidité mécanique[24] et résistance à l'ensemble)[25], ce qui l'oppose à l'animal, hétérotrophe, au corps plus mou et mobile. À nutrition égale, l'investissement énergétique alloué à la mobilité (au coût énergétique élevé) est important chez les animaux, alors que les plantes investissent surtout dans leur croissance, leur repousse (modules) et dans leurs défenses chimiques contre les herbivores et contre les pathogènes[26].
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Les associations symbiotiques avec des mycorhizes concernent environ 90 % des plantes vasculaires. Ces champignons mycorhiziens assurent l'essentiel de la nutrition hydrominérale des plantes. Par provocation, il est tentant de dire que « les plantes, dans leur état naturel, ont des mycorhizes plutôt que des racines »[27].
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Une hypothèse est que les plantes ont évolué morphologiquement et physiologiquement pour purger l'excès de carbone atmosphérique par le processus de photosynthèse[28].
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Il existe des plantes presque partout sur la Terre - dans le désert, sous l'eau, dans les forêts tropicales et même en Arctique. Toutefois, leur répartition à la surface de la Terre est fonction des conditions climatiques. Ainsi, pour rendre compte des principaux groupes de végétaux, le climatologue et botaniste allemand Wladimir Köppen a établi une classification des climats. Cette classification, publiée pour la première fois en 1901 et remaniée à plusieurs reprises depuis, est la plus ancienne et la plus connue.
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La classification de Köppen comprend cinq groupes de climats eux-mêmes divisés en cinq types climatiques. Le contour de chaque groupe correspond à la satisfaction d'un critère lié à la température de l'air ou combinant à la fois la température de l'air et le niveau des précipitations.
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La zone tropicale s'étend de part et d'autre de l'équateur entre le tropique du Cancer (23° 27' de latitude nord) et le tropique du Capricorne (23° 27' de latitude sud). Elle représente l'une des grandes zones climatiques nées de la circulation générale de l'atmosphère et de son déplacement saisonnier. Cette zone couvre environ 45 % de la surface globale des forêts. La température moyenne du mois le plus froid est supérieure à + 18 degrés Celsius. La végétation correspondante est la forêt tropicale ou la savane.
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Ces régions sont essentiellement caractérisées par la présence d'arbustes et d'herbes qui se sont adaptés à l'environnement désertique et qui, par un système de racines souterraines peu profond mais étendu à proximité de la surface (fasciculé), arrivent à récolter une quantité d'eau suffisante à leur croissance. La végétation est très peu développée et recouvre peu d'espace. Les espèces sont appelées xérophytes (du grec xero = sec, et phytos = plante), il existe des cactus, des plantes à cuticule épaisse pour limiter l'évapotranspiration, des plantes en coussinets, des succulentes (exemple famille des Crassulassées, dont le Sedum ou la joubarbe). La plupart des plantes chlorophylliennes de ces régions fonctionnent grâce à la photosynthèse en C4.
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En Europe, cette forêt s'étend de la forêt boréale à la forêt méditerranéenne (entre 40° et 55° nord). Le régime thermique est modéré avec en hiver un peu de gel sur la partie supérieure des sols, et un été modérément chaud. Il existe trois espèces dominantes.
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Il existe deux grands types de végétation en milieu polaire et subpolaire incluant la toundra, située entre 55° et 70° nord, une végétation dominée par les herbes et les mousses, souvent associées à divers arbustes. C'est une formation végétale continue et basse avec l'absence d'arbres à cause d'un sol gelé en profondeur en permanence, le pergélisol (température inférieure à 0 °C). L'absence d'arbres est aussi due à un raccourcissement de la période de végétation (l'été ne dure parfois qu'un à deux mois) ; et la taïga, une forêt boréale de grands conifères, typique de la Sibérie et du Canada. Les hivers sont plus longs et plus rigoureux et les mois d'été sont plus chauds (température supérieure à 10 °C). Cela devrait représenter la limite entre la taïga et la toundra. Le sous-bois est constitué de plusieurs conifères à aiguilles et de fougères. Dans l'hémisphère sud, cette formation végétale est plus réduite (dans les îles de l'Antarctique, la toundra en touffes domine la région).
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La classification des types biologique, selon Christen Christiansen Raunkiær, est une classification écologique, qui classe les plantes selon la manière dont elles protègent leurs bourgeons à la mauvaise saison (froide ou sèche) ; elle distingue cinq groupes ou types biologiques de végétaux :
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Yinon et ses collègues ont en 2018 publié[29] une évaluation quantitative du carbone stocké dans le vivant, montrant que si les plantes comptent bien moins d'espèce que le règne animal (moins que le seul groupe des arthropodes par exemple), en revanche elles constituent au sein du Vivant le « règne » qui domine largement en termes de poids de carbone, puisqu'elles sont constituées de 80 % de tout le carbone stocké par des organismes. Le carbone de tout le Vivant terrestre et marin pèserait aujourd'hui environ 550 gigatonnes (Gt) dont 450 Gt sont des plantes, loin devant les bactéries (70 Gt) et les champignons (12 Gt), et très loin devant la faune. En effet, la faune dont l'Homme fait partie ne compte que pour 2 Gt de Carbone (dont 50 % sont sous forme d'arthropodes), loin devant les humains qui avec 0,06 gigatonnes sont comparables aux termites ou au krill et des termites ; cependant ajoutent les auteurs, la pression de l'Homme sur le reste de la biomasse terrestre et marine est depuis 10 000 ans énorme : L'humanité a beaucoup déforesté et elle utilise une grande quantité de végétaux pour nourrir ses troupeaux de bovins, porcs et autres animaux domestiques ou de compagnie dont le poids en carbone est aujourd'hui environ 20 fois plus élevé que celui que tous les mammifères sauvages (tout comme nos volailles domestiquées dépassent en poids l'ensemble des autres oiseaux). L'humanité aurait déjà divisé par deux la biomasse végétale[30],[29] (qui joue aussi un rôle majeur pour le climat local et global, comme puits de carbone et source d'évapotranspiration).
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Les plantes vivant dans les milieux où l’eau est une source limitante ont dû développer plusieurs mécanismes afin de limiter leur perte d’eau. Certaines sont en dormance lors de la saison sèche et en germination lors de la saison de pluie, tandis que d’autres perdent une partie de leurs feuilles pendant la saison sèche, conservant ainsi quelques feuilles pour la photosynthèse. Les racines des plantes utilisant des stratégies d’évitement de la sécheresse sont plus profondes et plus épaisses et certaines possèdent des tiges souterraines leur permettant de stocker de la nourriture (principalement les hydrates de carbone) et de l’eau pendant de longues périodes. Leurs feuilles sont souvent épaisses et coriaces et possèdent peu de stomates. Ceux-ci sont habituellement situés sur la face abaxiale (dorsale) de la feuille, ce qui ralentit la vitesse de transpiration. Certaines feuilles possèdent des trichomes laineux réfléchissant ainsi la lumière et empêchant les feuilles de s’échauffer et de perdre leur eau trop vite. Les stomates des plantes adaptées dans les milieux arides ou semi-arides sont souvent dans des cryptes de la surface foliaire, ce qui réduit la vitesse de transpiration[31].
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On appelle xérophytes les plantes capables de vivre et grandir dans des conditions de sécheresse marquée.
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plantes de montagne ont développé plusieurs stratégies face à un milieu où
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la neige persiste longtemps au sol, où il y a une courte saison végétative, une extrême sécheresse, du vent, de fortes amplitudes thermiques, etc. Le refroidissement ralentit notamment la photosynthèse et la croissance[32]. Ces plantes, ainsi que ceux vivant dans la toundra, ont alors développé des adaptations afin d’éviter le froid et d’en limiter ses effets. Tout d’abord, certaines sont de petites tailles, leur permettent de profiter de la chaleur à la surface du sol et d’une protection contre le vent par le recouvrement de la neige. D’autres végétaux, dans la toundra notamment, comme le bouleau et le saule, forment une couverture au sol, c’est-à-dire qu’ils poussent à l’horizontale et non à la verticale[33]. La forme des plantes peut aussi être différente. Un motif en coussinet réduit l’évaporation et emprisonne la chaleur des rayons du soleil. Les feuilles de certaines plantes peuvent être réduites et épaisses et leur surface épaisse et cireuse empêchant la perte d’eau par des vents desséchants. D’autres plantes poussent comme une rosette, un tapis épais ou tout simplement blotties ensemble pour conserver leur chaleur et les aider à croître. Un duvet peut aussi les protéger du froid. Cette pilosité forme un écran qui limite la déshydratation provoquée par les vents et réfléchit une partie des rayonnements solaires en excès. Les plantes adaptées au froid ont habituellement un cycle de
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reproduction rapide pour contrer le fait que l’été soit court et que l’hiver soit long et un système racinaire peu profond.
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Toute plante qui est en contact avec des concentrations anormalement fortes en sel se nomme halophyte[34]. Afin de pouvoir survivre dans ces conditions, les racines de ces plantes ont un potentiel osmotique très faible pour pouvoir maintenir un gradient entre la plante et les racines. De plus, le sel peut se concentrer dans les feuilles les plus basses, celles qui tombent avant les autres, ce qui permet d’éviter les effets toxiques du sel. Il peut aussi s’accumuler dans des organes, tels que des glandes à sels ou des vésicules, qui s’occupent de l’excréter.
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Un autre type de plante peut se développer dans les milieux salés, il s’agit des glycophytes. Ceux-ci excluent les ions de leurs feuilles et les accumulent dans les racines et les tiges[35].
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Les hydrophytes représentent le groupe de végétaux vivant entièrement ou partiellement dans l’eau[35]. L’ensemble de leur appareil végétatif est donc en contact avec l’eau. Comme la concentration du dioxygène dans ce milieu ne se retrouve pas à la même concentration que dans l’air, ces plantes ont développé des stratégies d’acquisitions. Entre autres, elles possèdent des aérenchymes, un tissu parenchymateux (constitué de cellules vivantes) comportant de larges espaces intercellulaires remplis d’air, servant à transporter le dioxygène des parties hors de l’eau vers celles sous l’eau[36]. De plus, ces plantes absorbent l’eau directement du milieu extérieur grâce à la surface de leur feuille qui n’est pas ou peu cutinisée (substance prévenant les pertes d’eau). Il n’y a alors aucune transpiration effectuée[35].
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La plupart des végétaux possèdent des adaptations qui leur permettent de survivre ou de se défendre contre les agressions. Une étude de 2018 a conclu que leur système de signalisation était très proche[évasif] du système nerveux des animaux[37]. Ces dernières sont adoptées en réponse à une agression ou à un agresseur afin d’en minimiser les dégâts, voire de les éliminer. Toutefois, il faut savoir qu’ériger des structures de défense a un coût. En effet, par exemple, à la suite de l’apparition d’un polluant atmosphérique, une plante présentera des signes de faiblesse allant d’une baisse de rendement aux nécroses, puisqu’elle a dû consacrer beaucoup d’énergie à la construction de structures de défense[38].
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Les plantes présentent diverses défenses contre les herbivores. Ces dernières peuvent être physiques, chimiques, mais également symbiotiques. Elles peuvent ériger des structures qui préviendront l’herbivorie telles que des épines, des trichomes, ou posséder des parois cellulaires composées de lignine, une substance n’étant pas digestible par les mammifères[39]. Elles peuvent aussi produire des composés qui auront mauvais goût, qui seront toxiques ou qui attireront les prédateurs des herbivores (surtout pour les insectes). La production de canavanine par les plantes, par exemple, peut être toxique pour les insectes qui l’ingèrent car cet acide aminé prend la place de l’arginine dans les protéines de la victime, altérant ainsi leurs fonctions. Avec le temps, cette stratégie limite l’herbivorie de ces insectes qui trouvent de nouvelles sources de nourriture, ce qui protège les plantes[40].
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Certaines plantes sont aussi capables de s’adapter à l’apparition d’un polluant dans leur environnement. Parmi ces polluants, on retrouve entre autres l’acide fluorhydrique, qui perturbe le métabolisme du calcium des végétaux, ainsi que l’ozone, qui oxyde les composés des plantes et donc, qui leur est très néfaste. En réponse à cette dernière substance, une plante peut produire des composés phénoliques ou augmenter la production de cire cuticulaires pour se défendre[38].
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Les plantes se protègent de la sécheresse en limitant leur perte d’eau par transpiration en fermant leurs stomates. Par contre, lorsque la plante requiert un apport de CO2, elle se doit d’ouvrir ses stomates. Elle peut alors avoir des défenses physiques limitant les pertes d’eau par les stomates comme des cryptes contenant des trichomes. Ces petits poils se joignent aux cryptes pour limiter l’accès aux courants d’air qui assèchent la plante en diminuant sa couche limite. Ils peuvent aussi se retrouver en surface des feuilles où ils auront la même utilité. Aussi, dans certains cas, lorsqu’on retrouve des conditions asséchantes, les feuilles des végétaux peuvent se replier de façon à ne pas exposer leurs stomates. Ces plantes, en conditions humides, se déplieront pour ainsi exposer leurs stomates à l’air ambiant. Une plante vivant dans des conditions très asséchante pourra aussi survivre en constituant des réserves d’eau lors de pluies et en les utilisant lors de périodes de sécheresse. C’est le cas, entre autres, chez les plantes grasses ou plantes succulentes[41].
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Les plantes ne sont pas toutes exposées aux mêmes conditions. Certaines ont développé des adaptations leur permettant de résister au froid. L’une d’entre elles consiste à avoir une très petite taille et donc à se situer le plus près du sol possible où la température est habituellement de quelques degrés plus élevée. De plus, lorsqu’il y a de la neige, ces plantes se retrouvent protégées du froid et du vent par cette dernière. Une autre façon de réduire les dommages causés par le froid est d’adapter une forme circulaire. Non seulement cette forme procure une meilleure protection contre le froid, elle permet aussi de limiter les pertes d’eau puisque c’est celle qui a le plus petit rapport surface/volume[42].
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Il existe, selon leur degré de différenciation, quatre grands types d'organisation incluant les thallophytes, plantes vivant en milieux humides, caractérisées par un thalle, appareil végétatif peu différencié en forme de lame - algues ; les bryophytes : ce sont les mousses et les hépatiques, dont l’appareil végétatif commence à se différencier en tige et feuille. Ils constituent une nouvelle étape vers le passage de la vie aquatique à la vie terrestre ; les tracheophyta (anciennement appelées cormophytes ou « végétaux supérieurs ») : ce sont les plantes vasculaires ou plantes à racines (rhizophytes), qui comprennent les ptéridophytes (fougères) et les spermaphytes (plantes à graines). L’appareil végétatif est maintenant bien différencié en racine, tige, feuille et surtout vaisseaux conducteurs de sève (phloème et xylème). C’est grâce à ces vaisseaux conducteurs et à leur port dressé et rigide (par synthèse de la cellulose dans l’espace intercellulaire de ces vaisseaux, pour la construction d’un squelette de bois) que ces plantes sont adaptées au milieu terrestre.
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La pathologie végétale étudie les maladies dont souffrent les végétaux. Le terme phytopathologie sous-entend des maladies causées par des agents infectieux externes à la plante. Il peut s’agir de micro organismes (bactéries et champignons), de virus, ou encore d’insectes. Ainsi, il existe différents types de maladies (bactériennes, virales, cryptogamiques, à phytoplasmes, à nématodes…) qui dépendent de l’agent infectieux de départ. Les maladies parasitaires des végétaux sont aussi générées par des problèmes environnementaux, la pollution ou encore par la destruction de certaines biodiversités qui génèrent des modifications de notre écosystème.
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Toutes les espèces végétales peuvent être sujet à des phytopathologies. Par conséquent, les cultures exposées peuvent développer des symptômes très différents tels que :
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Les phytovirus ont la particularité de pénétrer la cellule végétale de leur hôte afin de tirer profit des mécanismes de la cellule et donc pouvoir, par la suite, se reproduire.
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C’est notamment le cas du virus de la mosaïque du tabac qui s’attaque aux plants de tabac. Constitué d’un brin d’ARN spiralé autour duquel se développe des sous-unités protéiques, il a été le premier virus identifié. Cet ensemble de protéines constitue la capside du virus. Une fois la plante infectée, les feuilles de cette-dernière vont prendre l’apparence d’une mosaïque, d'où le nom du virus. Il est généralement transmis par voie mécanique notamment grâce aux vêtements ou aux structures de serres, voie qui s'avère être très efficace. Pour limiter la propagation de ce virus, il est recommandé de pratiquer la prophylaxie poussée.
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Les bactéries peuvent être à l’origine de nombreuses phytopathologies et engendrer différents symptômes tels que des pourritures, des chancres, des nécroses, des jaunissements… Pour s’introduire dans la plante, les bactéries se faufilent par des ouvertures naturelles (stomates) ou bien par des blessures.
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Il résulte de la colonisation de la plante par différentes bactéries telles que Clavibacter michiganensis sepedonicus ou Ralstonia solanacearum. Ce type d’infection fait des ravages sur les cultures de pommes de terre, de tomates ou encore de riz.
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Par exemple, chez la tomate, l’agent pathogène est Ralstonia solanacearum. Cette bactérie vit enfouie dans le sol à une profondeur d’environ 30 cm. Elle peut donc être disséminée par les pratiques d’irrigation ou encore par les pratiques culturales pouvant blesser la plante et faciliter son infiltration. Son mode d’action est d’empêcher la circulation de la sève brute, constituée d’eau et de sels minéraux. Les feuilles de la plante sont alors privées de nutriments et se flétrissent. Lorsque la charge bactérienne est élevée, le flétrissement affecte toute la plante qui se rabougrit et meurt[44].
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Il résulte de la colonisation des arbres fruitiers par des bactéries du genre Pseudomonas. Notamment Pseudomonas syringae, une bactérie Gram négative, qui produit une protéine permettant à l’eau de geler malgré des températures supérieures à 0 °C. Les plantes infectées sont alors plus sensibles au gel et reconnaissable par l’apparition d'une tâche brune de forme concave qui se répand sur les branches et le tronc de l’arbre. Puis survient une déformation de l’écorce, due au développement de boursouflures et de crevasses. Enfin, l’altération de l’écorce provoque un écoulement de gomme. Durant l’été, la bactériose végétale peut toucher les organes verts et les feuilles âgées de la plante[45].
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C'est une maladie qui est générée par un manque de fer ou de magnésium et qui se manifeste par un manque de coloration sur les feuilles dû à un déficit en chlorophylle, mais une coloration très prononcée sur les nervures.
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Les plantes (Plantae) sont des organismes photosynthétiques et autotrophes, caractérisés par des cellules végétales. Elles forment l'un des règnes des eucaryotes[1]. Ce règne est un groupe monophylétique comprenant les plantes terrestres, les algues vertes, les algues rouges et les glaucophytes.
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Le nombre d'espèces de plantes est difficile à déterminer, mais il existerait (en 2015) plus de 400 000 espèces décrites, dont la grande majorité sont des plantes à fleurs (369 000 espèces répertoriées), sachant que près de 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année[4]. Depuis le début du XXe siècle, trois espèces de plantes disparaissent chaque année, principalement victimes de la déforestation. Une plante sur cinq serait menacée d'extinction[5].
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Les plantes ont été jusqu'au milieu du XXe siècle l'un des trois grands groupes dans lesquels les êtres vivants étaient traditionnellement répartis, les deux autres groupes étant celui des animaux et celui des fungi plus connus sous le nom de champignons. La division remonte aux environs du temps d'Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) qui différenciait les plantes, celles-ci ne se déplaçant pas, et les animaux souvent en mouvement pour attraper leurs proies. Dans son Historia Plantarum, Théophraste (371-288 av. J.-C.) décrit près de 480 plantes et est le premier à proposer une classification basée sur des caractères propres aux végétaux et non sur des caractères anthropocentriques. Il en envisage d'ailleurs plusieurs : selon lui, les végétaux peuvent être répartis en quatre groupes selon leur hauteur : les arbres (dendron, d'où la dendrologie), arbrisseaux (thamnos), sous-arbrisseaux (phruganon) et plantes herbacées (poa) parmi lesquelles il classe les plantes potagères et les céréales. Le savant grec considère également possible de distinguer à l'intérieur de ces grandes catégories les espèces domestiques et les espèces sauvages ou encore les espèces terrestres et les espèces aquatiques[6]. Il désigne le végétal et la plante de la même manière, avec le terme grec phytos (d'où la phytologie) alors que les Romains emploient les termes latins d'arbores et herbae[7].
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Au cours du Moyen Âge apparaissent des usages botaniques pour les termes planta et vegetabilis : le premier désigne les végétaux selon leur usage, c'est-à-dire à des fragments que l’on « plante », le second faisant référence au verbe vegetare utilisé dans le vocabulaire religieux au sens de fortifier, vivifier, faire croître (d’un point de vue spirituel). À partir du XVIe siècle, les deux termes sont utilisés indistinctement ou alternativement pour désigner ce qui est vivant et immobile, par opposition à animalia (vivant et mobile) et à mineralia (non vivant et immobile)[7]. À cette époque, des botanistes, notamment les frères Jean et Gaspard Bauhin, entament une réflexion sur le classement des plantes[8]. Ils cherchent à établir des groupes naturels de plantes à partir de leur ressemblance mais c’est le botaniste Andrea Cesalpino qui fait progresser la classification des plantes. Dans son livre intitulé De plantis libri, paru en 1583, il propose quinze classes qui se basent sur des critères stables, tels que le caractère ligneux ou herbacé de la tige (« Arbores, Fructices, Suffructices et Herbae », les arbres, arbustes, arbrisseaux et herbes), la présence ou l'absence de graines, la forme du fruit, la présence ou l'absence d'une enveloppe autour d'elle, la forme de la racine. Cette classification commode est employée durant deux siècles[9].
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John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, propose d'établir un nouveau système de classification ayant pour fondement le plus grand nombre possible de caractères de la fleur, du fruit ou de la feuille[10]. Puis, Pierre Magnol (1638-1715), inventeur du terme famille, répertorie 76 familles de plantes. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et introduit les notions d'espèce et de genre. Enfin, Carl von Linné (1707-1778), botaniste du roi de Suède, crée la base du système moderne de classification scientifique et codifie la nomenclature binominale des végétaux et des animaux. Ces deux groupes deviennent des règnes, végétal et animal. Sa classification des plantes basée sur le « système sexuel » (nombre d'étamines) divise les groupes naturels, et est encore un obstacle au progrès en systématique[9]. En 1763, Michel Adanson publie Familles des Plantes, dans laquelle il présente une classification naturelle basée sur « l'ensemble de toutes les parties de la plante » (65 caractères végétaux). Cette classification naturelle est poursuivie par les de Jussieu et par la classification de Candolle qui améliore le système de Jussieu, en introduisant notamment les caractères anatomiques, qui permettent de distinguer les végétaux vasculaires qui présentent un système de circulation de la sève, des végétaux cellulaires[9].
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Un certain nombre d'espèces anciennement considérées comme des plantes, tels les champignons, les algues unicellulaires voire les algues pluricellulaires, commencent à être exclus de ce groupe pour former des catégories propres dès la fin du XIXe siècle[7].
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Les premières classifications semi-phylogénétiques (basées sur une appréciation subjective d'ancienneté des caractères selon un postulat aujourd'hui abandonné[11]) sont l'œuvre de l'école allemande (classification d'Eichler (en) en 1883, classification d'Engler en 1924) et de l'école anglo-saxonne (classification de Bessey (en) en 1915, classification d'Hutchinson (en) en 1926)[12].
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Les classifications modernes prémoléculaires des Angiospermes (classification de Takhtajan en 1943, classification de Cronquist en 1957, classification de Thorne en 1968, classification de Dahlgren en 1975) sont régulièrement révisées en fonction de progrès de la connaissance permettant de proposer de nouvelles hypothèses évolutives. Ces classifications complètent les classifications phylogénétiques moléculaires actuelles, notamment les classifications phylogéniques moléculaires en clades de l'Angiosperm Phylogeny Group. Au début du XXIe siècle, la systématique est ainsi basée sur une organisation phylogénétique rendue plus concrète par la mise en évidence de synapomorphies morphologiques ou biochimiques[13].
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Aujourd'hui la communauté scientifique francophone privilégie le terme végétaux plutôt que celui de plante, mais dans le même temps ces deux termes ne désignent plus vraiment un groupe homogène dans les classifications phylogénétiques[7].
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Le biologiste Marc-André Selosse estime la définition du terme végétal discutable et arbitraire. Si on réunit tous les eucaryotes capables de photosynthèse, alors ce terme « flou » correspond à un groupe polyphylétique dans lequel sont rassemblées des espèces de nombreuses lignées évolutives diverses qui ont acquis (parfois par convergence) un plaste photosynthétique[15]. Chez plusieurs de ces lignées, la distinction animal/végétal est d'ailleurs ténue. Le système des cinq règnes de Whittaker[16] comprend les « Plantae » comme des eucaryotes photosynthétiques pluricellulaires (notion de métaphytes, conception non valide mais présente encore dans les manuels scolaires)[17]. Selon une autre conception fonctionnelle macrocentrée, on peut resteindre cette définition à la lignée verte, tels les végétaux terrestres, les algues vertes et les algues rouges, ou plus restrictivement encore n'y inclure que les plantes vertes, la limiter aux plantes terrestres voire aux plantes à fleurs[18].
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En classification classique, traditionnellement, seules les algues vertes ou Chlorophytes étaient considérées comme plantes, et ne formaient donc pas un sous-règne. La classification des autres algues dans le règne des plantes est une introduction de la classification scientifique amorcée depuis le XIXe siècle. Auparavant, elles ont été classées de façon variable avec les protistes. Les progrès de la phylogénie ont fait récemment disparaître certaines classes et des rapprochements morphologiquement étonnants s'opèrent dans la classification.
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En classification classique ou traditionnelle, le sous-règne des Bryophytes (Bryophyta lato sensu) comprend trois divisions (ou embranchements) ou de végétaux terrestres non vasculaires : la division des Hépaticophytes (Hepaticophyta) : 6 000 espèces de plantes hépatiques ; la division des Anthocérotophytes (Anthocerotophyta) : 100 espèces d’anthocérotes ; et la division des Bryophytes (Bryophyta stricto sensu) : 9 500 espèces de mousses.
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Le sous-règne des Trachéobiontes (Tracheobionta ou Tracheophyta) est composé, selon une classification traditionnelle :
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Les chiffres montrent la domination qu’exercent aujourd’hui les Angiospermes (Magnoliophyta) parmi les plantes.
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L'image ci-contre représente un arbre phylogénétique des plantes vivantes, montrant les éléments suivants :
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Voir aussi les articles Archaeplastida (classification phylogénétique) et Chlorophyta (classification phylogénétique).
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En agriculture, une grande division est souvent faite entre les plantes herbacées et les plantes ligneuses (celles qui forment du bois).
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Dans le cadre des théories sur l’optimisation de l’exploitation de ressources minérales disponibles ponctuellement dans le temps et l’espace, la compétition qu'on observe entre les modules[22] d'une même plante à la recherche de nourriture, présente des similitudes avec les comportements de fourrageage chez les animaux[23]. Mais au niveau général, elle présente de fortes divergences. L'autotrophie de la plante la rend immobile (ce qui lui permet de souder les cellules végétales entre elles par leur paroi pectocellulosique qui confère rigidité mécanique[24] et résistance à l'ensemble)[25], ce qui l'oppose à l'animal, hétérotrophe, au corps plus mou et mobile. À nutrition égale, l'investissement énergétique alloué à la mobilité (au coût énergétique élevé) est important chez les animaux, alors que les plantes investissent surtout dans leur croissance, leur repousse (modules) et dans leurs défenses chimiques contre les herbivores et contre les pathogènes[26].
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Les associations symbiotiques avec des mycorhizes concernent environ 90 % des plantes vasculaires. Ces champignons mycorhiziens assurent l'essentiel de la nutrition hydrominérale des plantes. Par provocation, il est tentant de dire que « les plantes, dans leur état naturel, ont des mycorhizes plutôt que des racines »[27].
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Une hypothèse est que les plantes ont évolué morphologiquement et physiologiquement pour purger l'excès de carbone atmosphérique par le processus de photosynthèse[28].
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Il existe des plantes presque partout sur la Terre - dans le désert, sous l'eau, dans les forêts tropicales et même en Arctique. Toutefois, leur répartition à la surface de la Terre est fonction des conditions climatiques. Ainsi, pour rendre compte des principaux groupes de végétaux, le climatologue et botaniste allemand Wladimir Köppen a établi une classification des climats. Cette classification, publiée pour la première fois en 1901 et remaniée à plusieurs reprises depuis, est la plus ancienne et la plus connue.
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La classification de Köppen comprend cinq groupes de climats eux-mêmes divisés en cinq types climatiques. Le contour de chaque groupe correspond à la satisfaction d'un critère lié à la température de l'air ou combinant à la fois la température de l'air et le niveau des précipitations.
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La zone tropicale s'étend de part et d'autre de l'équateur entre le tropique du Cancer (23° 27' de latitude nord) et le tropique du Capricorne (23° 27' de latitude sud). Elle représente l'une des grandes zones climatiques nées de la circulation générale de l'atmosphère et de son déplacement saisonnier. Cette zone couvre environ 45 % de la surface globale des forêts. La température moyenne du mois le plus froid est supérieure à + 18 degrés Celsius. La végétation correspondante est la forêt tropicale ou la savane.
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Ces régions sont essentiellement caractérisées par la présence d'arbustes et d'herbes qui se sont adaptés à l'environnement désertique et qui, par un système de racines souterraines peu profond mais étendu à proximité de la surface (fasciculé), arrivent à récolter une quantité d'eau suffisante à leur croissance. La végétation est très peu développée et recouvre peu d'espace. Les espèces sont appelées xérophytes (du grec xero = sec, et phytos = plante), il existe des cactus, des plantes à cuticule épaisse pour limiter l'évapotranspiration, des plantes en coussinets, des succulentes (exemple famille des Crassulassées, dont le Sedum ou la joubarbe). La plupart des plantes chlorophylliennes de ces régions fonctionnent grâce à la photosynthèse en C4.
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En Europe, cette forêt s'étend de la forêt boréale à la forêt méditerranéenne (entre 40° et 55° nord). Le régime thermique est modéré avec en hiver un peu de gel sur la partie supérieure des sols, et un été modérément chaud. Il existe trois espèces dominantes.
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Il existe deux grands types de végétation en milieu polaire et subpolaire incluant la toundra, située entre 55° et 70° nord, une végétation dominée par les herbes et les mousses, souvent associées à divers arbustes. C'est une formation végétale continue et basse avec l'absence d'arbres à cause d'un sol gelé en profondeur en permanence, le pergélisol (température inférieure à 0 °C). L'absence d'arbres est aussi due à un raccourcissement de la période de végétation (l'été ne dure parfois qu'un à deux mois) ; et la taïga, une forêt boréale de grands conifères, typique de la Sibérie et du Canada. Les hivers sont plus longs et plus rigoureux et les mois d'été sont plus chauds (température supérieure à 10 °C). Cela devrait représenter la limite entre la taïga et la toundra. Le sous-bois est constitué de plusieurs conifères à aiguilles et de fougères. Dans l'hémisphère sud, cette formation végétale est plus réduite (dans les îles de l'Antarctique, la toundra en touffes domine la région).
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La classification des types biologique, selon Christen Christiansen Raunkiær, est une classification écologique, qui classe les plantes selon la manière dont elles protègent leurs bourgeons à la mauvaise saison (froide ou sèche) ; elle distingue cinq groupes ou types biologiques de végétaux :
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Yinon et ses collègues ont en 2018 publié[29] une évaluation quantitative du carbone stocké dans le vivant, montrant que si les plantes comptent bien moins d'espèce que le règne animal (moins que le seul groupe des arthropodes par exemple), en revanche elles constituent au sein du Vivant le « règne » qui domine largement en termes de poids de carbone, puisqu'elles sont constituées de 80 % de tout le carbone stocké par des organismes. Le carbone de tout le Vivant terrestre et marin pèserait aujourd'hui environ 550 gigatonnes (Gt) dont 450 Gt sont des plantes, loin devant les bactéries (70 Gt) et les champignons (12 Gt), et très loin devant la faune. En effet, la faune dont l'Homme fait partie ne compte que pour 2 Gt de Carbone (dont 50 % sont sous forme d'arthropodes), loin devant les humains qui avec 0,06 gigatonnes sont comparables aux termites ou au krill et des termites ; cependant ajoutent les auteurs, la pression de l'Homme sur le reste de la biomasse terrestre et marine est depuis 10 000 ans énorme : L'humanité a beaucoup déforesté et elle utilise une grande quantité de végétaux pour nourrir ses troupeaux de bovins, porcs et autres animaux domestiques ou de compagnie dont le poids en carbone est aujourd'hui environ 20 fois plus élevé que celui que tous les mammifères sauvages (tout comme nos volailles domestiquées dépassent en poids l'ensemble des autres oiseaux). L'humanité aurait déjà divisé par deux la biomasse végétale[30],[29] (qui joue aussi un rôle majeur pour le climat local et global, comme puits de carbone et source d'évapotranspiration).
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Les plantes vivant dans les milieux où l’eau est une source limitante ont dû développer plusieurs mécanismes afin de limiter leur perte d’eau. Certaines sont en dormance lors de la saison sèche et en germination lors de la saison de pluie, tandis que d’autres perdent une partie de leurs feuilles pendant la saison sèche, conservant ainsi quelques feuilles pour la photosynthèse. Les racines des plantes utilisant des stratégies d’évitement de la sécheresse sont plus profondes et plus épaisses et certaines possèdent des tiges souterraines leur permettant de stocker de la nourriture (principalement les hydrates de carbone) et de l’eau pendant de longues périodes. Leurs feuilles sont souvent épaisses et coriaces et possèdent peu de stomates. Ceux-ci sont habituellement situés sur la face abaxiale (dorsale) de la feuille, ce qui ralentit la vitesse de transpiration. Certaines feuilles possèdent des trichomes laineux réfléchissant ainsi la lumière et empêchant les feuilles de s’échauffer et de perdre leur eau trop vite. Les stomates des plantes adaptées dans les milieux arides ou semi-arides sont souvent dans des cryptes de la surface foliaire, ce qui réduit la vitesse de transpiration[31].
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On appelle xérophytes les plantes capables de vivre et grandir dans des conditions de sécheresse marquée.
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plantes de montagne ont développé plusieurs stratégies face à un milieu où
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la neige persiste longtemps au sol, où il y a une courte saison végétative, une extrême sécheresse, du vent, de fortes amplitudes thermiques, etc. Le refroidissement ralentit notamment la photosynthèse et la croissance[32]. Ces plantes, ainsi que ceux vivant dans la toundra, ont alors développé des adaptations afin d’éviter le froid et d’en limiter ses effets. Tout d’abord, certaines sont de petites tailles, leur permettent de profiter de la chaleur à la surface du sol et d’une protection contre le vent par le recouvrement de la neige. D’autres végétaux, dans la toundra notamment, comme le bouleau et le saule, forment une couverture au sol, c’est-à-dire qu’ils poussent à l’horizontale et non à la verticale[33]. La forme des plantes peut aussi être différente. Un motif en coussinet réduit l’évaporation et emprisonne la chaleur des rayons du soleil. Les feuilles de certaines plantes peuvent être réduites et épaisses et leur surface épaisse et cireuse empêchant la perte d’eau par des vents desséchants. D’autres plantes poussent comme une rosette, un tapis épais ou tout simplement blotties ensemble pour conserver leur chaleur et les aider à croître. Un duvet peut aussi les protéger du froid. Cette pilosité forme un écran qui limite la déshydratation provoquée par les vents et réfléchit une partie des rayonnements solaires en excès. Les plantes adaptées au froid ont habituellement un cycle de
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reproduction rapide pour contrer le fait que l’été soit court et que l’hiver soit long et un système racinaire peu profond.
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Toute plante qui est en contact avec des concentrations anormalement fortes en sel se nomme halophyte[34]. Afin de pouvoir survivre dans ces conditions, les racines de ces plantes ont un potentiel osmotique très faible pour pouvoir maintenir un gradient entre la plante et les racines. De plus, le sel peut se concentrer dans les feuilles les plus basses, celles qui tombent avant les autres, ce qui permet d’éviter les effets toxiques du sel. Il peut aussi s’accumuler dans des organes, tels que des glandes à sels ou des vésicules, qui s’occupent de l’excréter.
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Un autre type de plante peut se développer dans les milieux salés, il s’agit des glycophytes. Ceux-ci excluent les ions de leurs feuilles et les accumulent dans les racines et les tiges[35].
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Les hydrophytes représentent le groupe de végétaux vivant entièrement ou partiellement dans l’eau[35]. L’ensemble de leur appareil végétatif est donc en contact avec l’eau. Comme la concentration du dioxygène dans ce milieu ne se retrouve pas à la même concentration que dans l’air, ces plantes ont développé des stratégies d’acquisitions. Entre autres, elles possèdent des aérenchymes, un tissu parenchymateux (constitué de cellules vivantes) comportant de larges espaces intercellulaires remplis d’air, servant à transporter le dioxygène des parties hors de l’eau vers celles sous l’eau[36]. De plus, ces plantes absorbent l’eau directement du milieu extérieur grâce à la surface de leur feuille qui n’est pas ou peu cutinisée (substance prévenant les pertes d’eau). Il n’y a alors aucune transpiration effectuée[35].
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La plupart des végétaux possèdent des adaptations qui leur permettent de survivre ou de se défendre contre les agressions. Une étude de 2018 a conclu que leur système de signalisation était très proche[évasif] du système nerveux des animaux[37]. Ces dernières sont adoptées en réponse à une agression ou à un agresseur afin d’en minimiser les dégâts, voire de les éliminer. Toutefois, il faut savoir qu’ériger des structures de défense a un coût. En effet, par exemple, à la suite de l’apparition d’un polluant atmosphérique, une plante présentera des signes de faiblesse allant d’une baisse de rendement aux nécroses, puisqu’elle a dû consacrer beaucoup d’énergie à la construction de structures de défense[38].
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Les plantes présentent diverses défenses contre les herbivores. Ces dernières peuvent être physiques, chimiques, mais également symbiotiques. Elles peuvent ériger des structures qui préviendront l’herbivorie telles que des épines, des trichomes, ou posséder des parois cellulaires composées de lignine, une substance n’étant pas digestible par les mammifères[39]. Elles peuvent aussi produire des composés qui auront mauvais goût, qui seront toxiques ou qui attireront les prédateurs des herbivores (surtout pour les insectes). La production de canavanine par les plantes, par exemple, peut être toxique pour les insectes qui l’ingèrent car cet acide aminé prend la place de l’arginine dans les protéines de la victime, altérant ainsi leurs fonctions. Avec le temps, cette stratégie limite l’herbivorie de ces insectes qui trouvent de nouvelles sources de nourriture, ce qui protège les plantes[40].
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Certaines plantes sont aussi capables de s’adapter à l’apparition d’un polluant dans leur environnement. Parmi ces polluants, on retrouve entre autres l’acide fluorhydrique, qui perturbe le métabolisme du calcium des végétaux, ainsi que l’ozone, qui oxyde les composés des plantes et donc, qui leur est très néfaste. En réponse à cette dernière substance, une plante peut produire des composés phénoliques ou augmenter la production de cire cuticulaires pour se défendre[38].
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Les plantes se protègent de la sécheresse en limitant leur perte d’eau par transpiration en fermant leurs stomates. Par contre, lorsque la plante requiert un apport de CO2, elle se doit d’ouvrir ses stomates. Elle peut alors avoir des défenses physiques limitant les pertes d’eau par les stomates comme des cryptes contenant des trichomes. Ces petits poils se joignent aux cryptes pour limiter l’accès aux courants d’air qui assèchent la plante en diminuant sa couche limite. Ils peuvent aussi se retrouver en surface des feuilles où ils auront la même utilité. Aussi, dans certains cas, lorsqu’on retrouve des conditions asséchantes, les feuilles des végétaux peuvent se replier de façon à ne pas exposer leurs stomates. Ces plantes, en conditions humides, se déplieront pour ainsi exposer leurs stomates à l’air ambiant. Une plante vivant dans des conditions très asséchante pourra aussi survivre en constituant des réserves d’eau lors de pluies et en les utilisant lors de périodes de sécheresse. C’est le cas, entre autres, chez les plantes grasses ou plantes succulentes[41].
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Les plantes ne sont pas toutes exposées aux mêmes conditions. Certaines ont développé des adaptations leur permettant de résister au froid. L’une d’entre elles consiste à avoir une très petite taille et donc à se situer le plus près du sol possible où la température est habituellement de quelques degrés plus élevée. De plus, lorsqu’il y a de la neige, ces plantes se retrouvent protégées du froid et du vent par cette dernière. Une autre façon de réduire les dommages causés par le froid est d’adapter une forme circulaire. Non seulement cette forme procure une meilleure protection contre le froid, elle permet aussi de limiter les pertes d’eau puisque c’est celle qui a le plus petit rapport surface/volume[42].
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Il existe, selon leur degré de différenciation, quatre grands types d'organisation incluant les thallophytes, plantes vivant en milieux humides, caractérisées par un thalle, appareil végétatif peu différencié en forme de lame - algues ; les bryophytes : ce sont les mousses et les hépatiques, dont l’appareil végétatif commence à se différencier en tige et feuille. Ils constituent une nouvelle étape vers le passage de la vie aquatique à la vie terrestre ; les tracheophyta (anciennement appelées cormophytes ou « végétaux supérieurs ») : ce sont les plantes vasculaires ou plantes à racines (rhizophytes), qui comprennent les ptéridophytes (fougères) et les spermaphytes (plantes à graines). L’appareil végétatif est maintenant bien différencié en racine, tige, feuille et surtout vaisseaux conducteurs de sève (phloème et xylème). C’est grâce à ces vaisseaux conducteurs et à leur port dressé et rigide (par synthèse de la cellulose dans l’espace intercellulaire de ces vaisseaux, pour la construction d’un squelette de bois) que ces plantes sont adaptées au milieu terrestre.
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La pathologie végétale étudie les maladies dont souffrent les végétaux. Le terme phytopathologie sous-entend des maladies causées par des agents infectieux externes à la plante. Il peut s’agir de micro organismes (bactéries et champignons), de virus, ou encore d’insectes. Ainsi, il existe différents types de maladies (bactériennes, virales, cryptogamiques, à phytoplasmes, à nématodes…) qui dépendent de l’agent infectieux de départ. Les maladies parasitaires des végétaux sont aussi générées par des problèmes environnementaux, la pollution ou encore par la destruction de certaines biodiversités qui génèrent des modifications de notre écosystème.
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Toutes les espèces végétales peuvent être sujet à des phytopathologies. Par conséquent, les cultures exposées peuvent développer des symptômes très différents tels que :
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Les phytovirus ont la particularité de pénétrer la cellule végétale de leur hôte afin de tirer profit des mécanismes de la cellule et donc pouvoir, par la suite, se reproduire.
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C’est notamment le cas du virus de la mosaïque du tabac qui s’attaque aux plants de tabac. Constitué d’un brin d’ARN spiralé autour duquel se développe des sous-unités protéiques, il a été le premier virus identifié. Cet ensemble de protéines constitue la capside du virus. Une fois la plante infectée, les feuilles de cette-dernière vont prendre l’apparence d’une mosaïque, d'où le nom du virus. Il est généralement transmis par voie mécanique notamment grâce aux vêtements ou aux structures de serres, voie qui s'avère être très efficace. Pour limiter la propagation de ce virus, il est recommandé de pratiquer la prophylaxie poussée.
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Les bactéries peuvent être à l’origine de nombreuses phytopathologies et engendrer différents symptômes tels que des pourritures, des chancres, des nécroses, des jaunissements… Pour s’introduire dans la plante, les bactéries se faufilent par des ouvertures naturelles (stomates) ou bien par des blessures.
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Il résulte de la colonisation de la plante par différentes bactéries telles que Clavibacter michiganensis sepedonicus ou Ralstonia solanacearum. Ce type d’infection fait des ravages sur les cultures de pommes de terre, de tomates ou encore de riz.
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Par exemple, chez la tomate, l’agent pathogène est Ralstonia solanacearum. Cette bactérie vit enfouie dans le sol à une profondeur d’environ 30 cm. Elle peut donc être disséminée par les pratiques d’irrigation ou encore par les pratiques culturales pouvant blesser la plante et faciliter son infiltration. Son mode d’action est d’empêcher la circulation de la sève brute, constituée d’eau et de sels minéraux. Les feuilles de la plante sont alors privées de nutriments et se flétrissent. Lorsque la charge bactérienne est élevée, le flétrissement affecte toute la plante qui se rabougrit et meurt[44].
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Il résulte de la colonisation des arbres fruitiers par des bactéries du genre Pseudomonas. Notamment Pseudomonas syringae, une bactérie Gram négative, qui produit une protéine permettant à l’eau de geler malgré des températures supérieures à 0 °C. Les plantes infectées sont alors plus sensibles au gel et reconnaissable par l’apparition d'une tâche brune de forme concave qui se répand sur les branches et le tronc de l’arbre. Puis survient une déformation de l’écorce, due au développement de boursouflures et de crevasses. Enfin, l’altération de l’écorce provoque un écoulement de gomme. Durant l’été, la bactériose végétale peut toucher les organes verts et les feuilles âgées de la plante[45].
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C'est une maladie qui est générée par un manque de fer ou de magnésium et qui se manifeste par un manque de coloration sur les feuilles dû à un déficit en chlorophylle, mais une coloration très prononcée sur les nervures.
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