de-francophones commited on
Commit
cf38441
1 Parent(s): 634d1bf

629ba57d995c590936d14f218fe2b74488e868b0afe694105e582af3bff3ba78

Browse files
fr/1061.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,31 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ modifier
4
+
5
+ Chica vampiro est une telenovela colombienne en 120 épisodes de 45 minutes créée par Marcela Citterio et diffusée entre le 14 mai et le 5 novembre 2013 sur RCN Televisión[1].
6
+
7
+ En France, la série est diffusée depuis le 31 août 2015 sur Gulli[2] et dès le 3 septembre 2018 sur Nickelodeon Teen[3]. Par la suite, Chica vampiro est disponible en vidéo à la demande sur Canalplay, Tfou Max[4] et Netflix[5].
8
+
9
+ Daisy est une fille comme les autres et colombienne qui est amoureuse de Max, son voisin. Un jour, Max décide de lui déclarer son amour mais la jeune fille subit un accident à vélo. La voyant mourir, ses parents, qui sont vampires, se voient obligés de la mordre. Daisy devient donc un vampire mais elle a du mal à s'y faire et les choses commencent à se compliquer avec Max, car il ne sait pas et ne doit en aucun cas savoir que Daisy est un vampire. Par la suite, de nombreux obstacles se dressent sur son chemin, parmi lesquels Marilyn, sa pire ennemie, qui est amoureuse de Max.
10
+
11
+ Deux mois ont été nécessaires afin de préparer le chant et la danse[6]. Par la suite, Chica vampiro a été filmée à Bogota durant onze mois et son casting est majoritairement composé de colombiens, à l'exception de Santiago Talledo[7],[8]. Marcela Citterio, créatrice de la série, décrit celle-ci comme « un programme pour les enfants et les jeunes gens, mais je pense que ça va capter l'attention de toutes les familles, car il y a beaucoup d'humour, de comédie, de musique et de la romance, des ingrédients qui invitent à réunir les enfants et les parents »[8].
12
+
13
+ En février 2014, le site Kidscreen.com révèle que la série est le programme le plus vu chez les enfants et les adolescents de quatre à dix-sept ans en Colombie[9].
14
+
15
+ En France, le premier épisode, diffusé le 31 août 2015 sur Gulli, a attiré 393 000 téléspectateurs, permettant à la chaîne d’être leader sur le segment des enfants de quatre à dix ans avec 17,2 % de parts de marché[10].
16
+
17
+ Un album CD, intitulé Chica vampiro : Le Canzoni, regroupant toutes les chansons de la série chantés par les acteurs est sorti le 7 octobre 2014[11]. En France, il est commercialisé sous le nom de Chica vampiro : L'album depuis le 12 février 2016 par TF1 Musique[12],[13]. Dès sa sortie, l'album se classe sixième avec 9 100 ventes[14] puis monte à la troisième place des ventes pour sa deuxième semaine[15], lui permettant ainsi d'obtenir un disque d'or[16].
18
+
19
+
20
+
21
+ modifier
22
+
23
+ Une série de romans, éditée par Pocket Jeunesse, a été commercialisée entre en 2016 et 2017.
24
+
25
+ Une série de bandes dessinées, éditée par Jungle, a également été commercialisée en 2016.
26
+
27
+ En France, un jeu de société dérivé de la série, édité par Dujardin, est disponible depuis septembre 2016[27].
28
+
29
+ Le 31 juillet 2014, à la suite du succès de la série, une tournée, nommée VampiTour, est annoncée en Italie pour décembre 2014[28]. Elle met en scène les protagonistes de la série qui chantent et dansent et s'est déroulée à Bologne, Florence, Gênes, Lecce, Milan, Naples, Rome et Turin[11].
30
+
31
+ En France, à la suite du succès sur Gulli, une tournée fut organisée du 18 au 28 février 2016 à Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Paris, Strasbourg et Toulouse[29]. Une seconde série de spectacles est programmée du 19 octobre au 6 novembre 2016 à Caen, Clermont-Ferrand, Genève, Grenoble, Lille, Lyon, Metz, Montpellier, Nantes, Paris, Rennes, Rouen, Toulon et Saint-Omer[30].
fr/1062.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,288 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Canis lupus familiaris
4
+
5
+ Sous-espèce
6
+
7
+ Synonymes
8
+
9
+ Le Chien (Canis lupus familiaris) est la sous-espèce domestique de Canis lupus, un mammifère de la famille des Canidés (Canidae), laquelle comprend également le Loup gris et le dingo, chien domestique retourné à l'état sauvage.
10
+
11
+ Le Loup est la première espèce animale à avoir été domestiquée par l'Homme pour l'usage de la chasse dans une société humaine paléolithique qui ne maîtrise alors ni l'agriculture ni l'élevage. La lignée du chien s'est différenciée génétiquement de celle du Loup gris il y a environ 100 000 ans[1], et les plus anciens restes confirmés de canidé différencié de la lignée du Loup sont vieux, selon les sources, de 33 000 ans[2],[3] ou de 12 000 ans[4] ; le boeuf[5] (voir Domestication de Bos taurus) et la chèvre seront domestiquées vers −10 000. Depuis la Préhistoire, le chien a accompagné l'être humain durant toute sa phase de sédentarisation, marquée par l'apparition des premières civilisations agricoles. C'est à ce moment qu'il a acquis la capacité de digérer l'amidon[6], et que ses fonctions d'auxiliaire d'Homo sapiens se sont étendues. Ces nouvelles fonctions ont entraîné une différenciation accrue de la sous-espèce et l'apparition progressive de races canines identifiables. Le chien est aujourd'hui utilisé à la fois comme animal de travail et comme animal de compagnie. Son instinct de meute, sa domestication précoce et les caractéristiques comportementales qui en découlent lui valent familièrement le surnom de « meilleur ami de l'Homme »[7].
12
+
13
+ Cette place particulière dans la société humaine a conduit à l'élaboration d'une règlementation spécifique. Ainsi, là où les critères de la Fédération cynologique internationale ont une reconnaissance légale, l'appellation chien de race est conditionnée à l'enregistrement du chien dans les livres des origines de son pays de naissance[8],[9]. Selon le pays, des vaccins peuvent être obligatoires et certains types de chien, jugés dangereux, sont soumis à des restrictions. Le chien est généralement soumis aux différentes législations sur les carnivores domestiques. C'est notamment le cas en Europe, où sa circulation est facilitée grâce à l'instauration du passeport européen pour animal de compagnie.
14
+
15
+ Le substantif masculin[10],[11],[12] « chien » (prononcé [ʃjɛ̃] en français standard)[11], est issu du latin[10],[12] classique[11] canem[10], accusatif[10] de canis[11],[12], de même sens. La femelle du chien s'appelle la chienne, et le jeune chien le chiot.
16
+
17
+ Alors qu'on estimait autrefois que le Chien constituait une espèce à part entière (Canis canis ou encore Canis familiaris), les recherches génétiques contemporaines ont permis d'établir qu'il n'est que le résultat de la domestication du loup gris commun. C'est pourquoi, malgré les différences morphologiques majeures qu'on constate entre les deux animaux, les scientifiques regroupent aujourd'hui la totalité des races canines en un ensemble nommé Canis lupus familiaris, sous-espèce de Canis lupus[réf. souhaitée].
18
+
19
+ La désignation des chiens suit généralement la standardisation suivante[réf. souhaitée] :
20
+
21
+ Ce mot « chien » est employé dans diverses expressions telles que : avoir du chien : avoir une certaine distinction et du charme ; entre chien et loup : au crépuscule ; garder un chien de sa chienne : expression familière signifiant se promettre une vengeance future ; les chiens écrasés : rubrique de faits divers insignifiants dans un journal ; malade comme un chien : être très malade et souffrant ; se donner un mal de chien : se donner beaucoup de mal à travailler sur quelque chose ; temps de chien : météo désagréable (la pluie, par exemple) ; vie de chien : vie difficile et compliquée ; chien de mer : petit requin[13].
22
+
23
+ Ou encore, il sert dans des mots composés tels que : chasse-chien, chien-assis, chien-chien, chien-dauphin, chien-loup, dent-de-chien, langue-de-chien, maître-chien, poisson-chien, tue-chien[13].
24
+
25
+ Plusieurs autres espèces de canidés des genres Atelocynus et Speothos, voire de rongeurs du genre Cynomys (chien de prairie), sont également appelées « chien ».
26
+
27
+ Le squelette du chien compte environ trois cents os (soit environ quatre-vingts de plus qu'un squelette humain adulte), le nombre étant variable d'une race à l'autre. Malgré sa domestication et la dépendance à l'homme qui en découle, le chien a gardé sa musculature athlétique qui en fait un animal sportif et actif. Il possède un thorax large et descendu, et des pattes qui ne reposent au sol que par leur troisième phalange. Le chien est donc un digitigrade. Les membres antérieurs comportent cinq doigts, dont l'un, le pouce, nommé ergot, est atrophié et ne touche pas le sol. Les postérieurs en comptent généralement quatre, l'ergot n'existant que chez certaines races mais pouvant être double chez quelques bergers (beauceron, briard). Les cinq orteils se terminent par des griffes[note 1] et sont soutenus par des coussinets plantaires[réf. nécessaire].
28
+
29
+ La tête du chien comporte une mâchoire puissante. La force exercée par la mâchoire d'un rottweiler a été mesurée à 149 kg.cm−2, celle d'un berger allemand a une force surfacique de 108 kg/cm2, et celle d'un pitbull 106 kg/cm2[14].
30
+
31
+ La denture définitive, constituée de quarante-deux dents, est en place vers 6 mois. Chez le chien, la taille et la masse sont très variables d'une race à l'autre : dans les extrêmes, la masse du chihuahua peut être de 900 g et celle du mastiff peut atteindre 140 kg[réf. nécessaire]. L'espérance de vie de cet animal est en moyenne de onze ans, sachant que la durée de vie peut habituellement aller de huit à vingt et un ans[réf. souhaitée]. Son sens de l'orientation est beaucoup plus précis que celui de l'homme. De même, son sens de l'équilibre serait légèrement plus aiguisé[réf. souhaitée].
32
+
33
+ La température corporelle normale du chien va de 38,5 à 38,7 °C. Sa respiration normale va de seize à dix-huit mouvements à la minute (le jeune 18 à 20, le vieux 14 à 16). Sa fréquence cardiaque au repos est généralement comprise entre 70 et 130 battements par minute (les valeurs hautes s'observant plutôt chez les petites races, et inversement). Le pouls peut se prendre en palpant l'artère fémorale, sur la face interne de la cuisse[15].
34
+
35
+ L'existence de huit groupes sanguins dans l'espèce canine a été mise en évidence à partir des années 1960, mais le chien ne possédant pas initialement d'anticorps anti-globules rouges, une première transfusion sanguine est possible sans détermination des groupes du donneur et du receveur. Cette détermination est fortement conseillée à partir de la seconde transfusion du fait que le receveur a pu s'immuniser contre les antigènes du donneur lors de la première transfusion[16].
36
+
37
+ Le cerveau du chien figure parmi les plus performants du règne animal, démontrant de très bonnes capacités cognitives avec des sens très développés.
38
+
39
+ Selon les races et les variations génétiques d'un individu à l'autre, les chiens peuvent avoir un pelage très varié.
40
+
41
+ L'étude des chiens et des races de chiens est appelée cynologie. Elle regroupe les approches, les techniques, les philosophies et les divers outils utilisés pour l’éducation canine et le bon comportement des chiens ainsi que leur sélection biologique.
42
+
43
+ On distingue quatre grandes catégories de chiens définies par Jean Pierre Mégnin, selon leur morphologie :
44
+
45
+ Le Dogue de Bordeaux, un chien de type molosse.
46
+
47
+ Le Greyhound, un chien de type lévrier (graïoïde).
48
+
49
+ Le Beagle, un chien de type braque (braccoïde).
50
+
51
+ Le Berger allemand, un chien de type lupoïde.
52
+
53
+ La Fédération cynologique internationale est la principale association chargée de la standardisation canine. Elle reconnait 335 races regroupées en dix groupes, dont la classification est en partie basée sur les quatre morphologies décrites précédemment, et en partie sur la spécialisation fonctionnelle de chaque race.
54
+
55
+ Les comportements de reproduction sont différents selon les races. La chienne, qui n'accepte le mâle que pendant sa période d'ovulation, est en chaleur deux fois par an. Toutefois, ce rythme n'est qu'une moyenne, les chaleurs pouvant se produire, selon les races, avec cinq à neuf mois d'intervalle. Chez les races les plus primitives et chiens-loups, la femelle n'est en chaleur qu'une fois par an, comme la louve.
56
+
57
+ La gestation dure entre cinquante-neuf et soixante-trois jours. L'alimentation doit être modifiée le deuxième mois. Quelques jours avant la mise bas, qui dure en moyenne 10 heures, la femelle prépare un endroit et s'agite. Lors de la mise bas, la chienne s'occupe des chiots au fur et à mesure de leur arrivée, coupant le cordon ombilical et mangeant le placenta : ceci est nécessaire à la lactation.
58
+
59
+ Les portées peuvent être nombreuses (suivant la race), allant de 2 à 12 chiots. À travers le monde, y compris dans les pays dits industrialisés, beaucoup de chiots sont euthanasiés ou simplement tués s'il ne leur a pas été trouvé de raison d'être, de fonction à leur existence. Il est souvent difficile de placer chacun des nouveau-nés, c'est pourquoi certaines sociétés recommandent la stérilisation chirurgicale.
60
+
61
+ Pour ce qui concerne la descendance de l’étalon, le possesseur de l’étalon n’a pas le droit, vis-à-vis du propriétaire de la lice, à des dédommagements autres que ceux prévus pour la saillie. Il n’a aucun droit de se faire remettre un chiot sauf si le propriétaire de l’étalon désire en garder un pour son propre élevage, sous condition de ne pas le vendre.
62
+
63
+ Lorsque les parties se sont mises d’accord pour la remise d’un chiot en tant qu’indemnité pour la saillie, cet accord doit être formulé par écrit et avant la saillie. Dans un tel accord, les points suivants doivent être formulés et respectés :
64
+
65
+ Le chien domestique (Canis lupus familiaris) est une espèce qui comprend près de 400 races et est un exemple évident de diversification phénotypique importante ayant pris place sous l’effet du syndrome de domestication[21]. Certains aspects de la domestication du chien sont généralement admis, comme le fait que l’ancêtre commun de tous les chiens est le loup gris (Canis lupus). Par contre, l’origine et le moment de la domestication du chien restent encore méconnus et controversés. Il y a des évidences que des traits apparentés aux chiens étaient présents au sein de fossiles qui datent d’avant le maximum de la dernière période glaciaire[22],[23],[24],[25]ce qui entre en contradiction avec les estimés basés sur la génétique, qui eux supportent une divergence plus récente entre les chiens et les loups[26],[27],[28].Une étude récente[29] a tenté d’apporter un éclairage nouveau à cette question : À quand remonte la divergence des ancêtres du chien domestique avec les loups?
66
+
67
+ Les estimés génétiques et moléculaires datent l’origine de la lignée de chiens à une période comprise entre il y a 16 000 à 11 000 ans, bien que les taux de mutations étaient inconnus[26],[27],[28]. Ces estimations entrent en contradiction avec les évidences archéologiques indiquant l’existence de canidés apparentés aux chiens avant le dernier maximum glaciaire, il y a environ 36 000 ans[23],[22],[24],[25].
68
+
69
+ Pour répondre à cette question, le génome mitochondrial d’un loup vieux de 35 000 ans provenant de la Sibérie du Nord, plus particulièrement de la péninsule de Taïmyr, a été séquencé. Pour examiner les possibles origines communes entre le loup de Taïmyr et les chiens modernes, des données génétiques provenant de 48 races de chiens modernes ont été utilisées à des fins de comparaison.
70
+
71
+ Il a été déterminé que l’individu vieux de 35 000 ans appartenait à une population ayant divergé de l’ancêtre commun des loups modernes et des chiens. Peu de temps après cette divergence, il y a eu l’apparition de la lignée des chiens domestiques. De plus, il a été possible de déterminer que le taux de mutation est substantiellement plus lent que ce qui avait été pris en compte dans les estimations génétiques précédentes, ce qui suggère que les ancêtres des chiens et des loups modernes ont divergé avant le dernier maximum glaciaire. Finalement, l’étude a pu démontrer des évidences d’introgression provenant de la lignée de loups de Taïmyr chez les races de chiens modernes provenant du nord-est de la Sibérie (Husky de Sibérie) et du Groenland (Chien du Groenland). Cela pourrait être expliqué par une présence hâtive des chiens dans le nord de l’Eurasie, ou par une préservation du patrimoine génétique du loup de Taïmyr jusqu’à l’arrivée des chiens à des altitudes plus élevées.
72
+
73
+ En somme, la divergence des lignées de chiens et de loups semble s’être produite sur une plus grande échelle de temps que ce qui a été assumé auparavant et donc l’origine des chiens remonterait plus loin dans le temps que ce qui est généralement admis. Une divergence plus hâtive concorderait avec les évidences paléontologiques indiquant la présence de canidés apparentés aux chiens il y a de cela 36 000 ans et celles indiquant que les chiens domestiques auraient accompagné les premiers colonisateurs en Amérique. L’origine des races de chiens modernes serait due à plus d’un événement de domestication, l’origine des races de chiens arctiques pouvant être en partie retracée jusqu’aux loups de Taïmyr.
74
+
75
+ Les chiens domestiques (Canis lupus familiaris) démontrent une grande diversité morphologique quand on les compare avec leur ancêtre, le loup (Canis lupus). Cette diversité s’est accrue rapidement au fil du temps, et ce, avec relativement peu de changements génétiques. Les recherches précédentes en la matière ont suggéré que l’évolution de cette diversité chez les chiens serait due à l’hétérochronie[30],[31],[32], un processus qui augmente la diversité par de simples modifications génétiques. Les recherches précédentes en la matière en sont venues à la conclusion que les chiens seraient des loups pédomorphiques et donc que les chiens adultes préserveraient des caractères juvéniles présents chez les loups. Une recherche plus récente[33] s’est attardée à l’étude de patrons hétérochroniques dans la morphologie squelettique des chiens domestiques pour répondre à cette question : est-ce que l’hétérochronie est bien le mécanisme qui a permis aux chiens de développer cette importante diversité morphologique en comparaison avec les loups? Et donc, est-ce que les chiens sont véritablement des loups pédomorphiques?
76
+
77
+ Les chiens diffèrent des loups en plusieurs points. Toutes les races présentent un certain degré de flexion du crâne, la plupart des races ont un museau fléchi dorsalement ainsi qu’un raccourcissement des os du nez, tandis que quelques races ont un museau fléchi ventralement. Chez les races dont le museau est fléchi dorsalement, on voit souvent un arrêt marqué lorsque le museau rencontre le neurocrâne. Chez les races où le point de rencontre entre le museau et le neurocrâne ne présente pas un arrêt marqué, il y a une projection vers l’avant des os frontaux qui incline les orbites verticalement en addition à la présence d’un museau surélevé et d’os nasaux raccourcis. Il semble y avoir modularité relative du visage et du neurocrâne chez les carnivores, les loups et les chiens [21]. Cette modularité a une histoire phylogénétique et une base développementale qui a permis la flexion crânienne distinguant les chiens des loups[21].
78
+
79
+ Cette étude[33] a utilisé une technique de morphométrie en trois dimensions a été utilisée pour investiguer et mesurer les patrons hétérochroniques du crâne de 677 chiens adultes provenant de 106 espèces différentes pour ensuite les comparer avec une série ontogénétique de 401 crânes de loups dans le but de déterminer si l’hétérochronie était bien à la base de la diversité morphologique des chiens.
80
+
81
+ L’analyse de ces résultats a permis de déterminer qu’aucune des espèces de chien moderne ne possède une forme crâniale qui ressemble soit aux formes crâniales de loups juvéniles, soit à celles de loups adultes. Tout au long du développement crânien du loup, la position du visage et du neurocrâne reste dans le même plan. Quant à eux, les chiens présentent cependant une flexion crânienne dans laquelle le palais est incliné dorsalement chez les races brachycéphales et mésocéphales ou bien incliné ventralement chez les races dolicéphales.
82
+
83
+ Les chiens ont évolué rapidement en une espèce présentant une importante diversité morphologique, et ce, avec très peu de variation génétique. Par contre, les altérations génétiques responsables du développement crânien du chien ayant causé l’apparition d’une nouvelle et vaste gamme de formes crâniales ne concordent pas avec le modèle hétéchronique attendu. L’hétérochronie n’est donc pas en cause dans l’apparition de la diversité morphologique chez les chiens, lorsque comparés aux loups. Ainsi, les chiens ne sont pas des loups pédomorphiques et leur crâne présente donc une nouvelle forme et morphologie.
84
+
85
+ Outre les différences morphologiques au niveau du crâne, l’angle de l’orbite des yeux, ou l’angle orbital est un paramètre qui a également été étudié depuis plus d’une centaine d’années pour tenter de distinguer les chiens de leurs ancêtres, les loups. Des recherches passées dans le domaine ont démontré que l’angle orbital était différent entre les chiens (49˚-55 ˚) et les loups (39 ˚-46˚)[34]. Par contre, ces différences ont été remises en question dans d’autres études plus récentes. Une étude[35] s’est donc attardée à examiner et comparer l’angle orbital de groupes plus larges et variés de chiens modernes et de loups que leurs prédécesseurs en plus d’également examiner ce paramètre chez un groupe de chiens archéologiques dans le but de répondre à cette question : est-ce que la morphologie de l’angle orbital peut bel et bien permettre de distinguer les chiens des loups?
86
+
87
+ Outre l’angle orbital, la présence de museaux plus courts et larges sont des différences morphologiques et morphométriques qui permettent de distinguer les chiens des loups. De plus, la plus petite stature des chiens et la présence des carnassières plus courtes chez ces derniers sont aussi des différences permettant les distinguer des loups[34]. Sur les images ici, l’angle orbital (E) est déterminé par l’intersection de deux axes : un premier axe horizontal aligné avec le dessus des os frontaux (C-D) et un second axe oblique passant par l’arcade zygomatique et le processus zygomatique de l’os frontal (A-B).
88
+
89
+ Pour répondre au questionnement de l’étude, l’angle orbital d’un total de 384 crânes de chiens provenant de 71 races ainsi que de 5 races croisées, 45 crânes de chiens archéologiques et 55 crânes de loups récents ont été mesurés.
90
+
91
+ En ce qui concerne les chiens, l’angle orbital moyen était de 55 ˚, l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 42 ˚ à un maximum de 72 ˚. Au sein de l’échantillon de chiens archéologiques, l’angle orbital moyen était de 47˚ et l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 35 ˚ à un maximum de 60 ˚. Finalement, l’angle orbital moyen chez les loups était de 42 ˚ et l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 28 ˚ à un maximum de 52 ˚. Ces résultats indiquent donc que les intervalles dans lesquels on retrouve les valeurs d’angles orbitaux chez les loups et chez les chiens se chevauchent, indiquant que certaines valeurs d’angle orbital sont retrouvées chez les deux groupes. De plus, les plus petits angles orbitaux ont été retrouvés seulement chez les loups tandis les grands angles orbitaux ont uniquement été retrouvés chez les chiens. Finalement, les chiens archéologiques ont un angle orbital moyen qui est très proche de celui des loups.
92
+
93
+ Ainsi, les angles orbitaux au-dessus de 60 ˚ se rapportent aux chiens modernes tandis que les angles orbitaux de moins de 35 ˚ appartiennent vraisemblablement aux loups. Quant à eux, les chiens archéologiques ont des angles orbitaux qui se retrouvent entre ceux des chiens modernes et ceux des loups, mais se rapprochent davantage des angles orbitaux retrouvés chez les loups que ceux que l’on retrouve chez les chiens modernes. Les valeurs d’angles orbitaux des chiens archéologiques supportent le chemin évolutif selon lequel les loups ont donné naissance aux chiens archéologiques pour qu’eux-mêmes donnent naissance aux races de chiens modernes. La grande variabilité morphologique présente chez les races de chiens modernes pourrait très bien expliquer le vaste intervalle d’angles orbitaux retrouvés (42 ˚ -72 ˚) chez ces derniers ainsi que les très grandes valeurs d’angles orbitaux retrouvés. Considérant tout cela, l’angle orbital est bien un paramètre qui peut être utilisé pour discerner les loups des chiens, et ce, tant des chiens récents que des chiens archéologiques.
94
+
95
+ Comme pour tout animal domestique, il faut veiller à mettre de l'eau à disposition, jour et nuit, et en quantité suffisante. Dans la nature, le chien sauvage est avant tout un charognard[source insuffisante][36]. Le chien domestique est un carnivore à tendance omnivore[37] ; cependant, il est parfois considéré comme étant réellement omnivore, du fait de son comportement opportuniste. La moitié de son alimentation devrait être constituée de viandes[38]. Les aliments du commerce font l'objet de contrôles et sont adaptés aux différents stades de vie de l'animal (chiot, adulte, senior). Toutefois, il est possible de composer soi-même un repas équilibré et adapté aux besoins d'un animal. Pour cela, il est nécessaire de demander conseil à un vétérinaire[39].
96
+
97
+ Le régime BARF devient de plus en plus en vogue, compte tenu de sa forte valeur en protéines et de ses aliments sains.
98
+
99
+ Certaines céréales et légumes sont pratiques car ils contiennent des fibres qui permettent, en quantité appropriée, une bonne digestion. Le tube digestif du chien est par contre mal adapté aux légumes fermentescibles comme les haricots blancs, les haricots rouges, les lentilles et les oignons. Même si le chien peut se permettre de manger plusieurs catégories d'aliments (viandes, poissons, légumes…), certains se révèlent être de véritables dangers pour lui.
100
+
101
+ Les propriétaires sont souvent tentés de donner des os à leur chien, mais il faut savoir qu'il y a un risque (faible) qu'ils se fractionnent en petits morceaux pointus et causent des lésions lors de l'ingestion (ex : perforation ou lacération de l'œsophage, de l'estomac ou de l'intestin). Mais le plus souvent, les os forment une espèce de sable aggloméré dans la lumière de l'intestin provoquant une constipation sévère accompagnée de douleurs abdominales intenses (coliques). Certains chiens, habitués à en manger, gèrent très bien leur consommation d'os, d'autres non. Certains os (poulet, lapin, côtelette) sont plus dangereux que d'autres. Les os mal nettoyés (avec beaucoup de tendons et ligaments) provoquent des indigestions. Enfin, il faut reconnaître que les os occupent positivement un chien (il vaut mieux qu'il ronge un os que les pieds de table) et que le travail de mastication est positif pour l'hygiène buccale. Il en est de même pour les bouts de bois que le chien a tendance à ronger[40].
102
+
103
+ Des friandises peuvent être offertes avec parcimonie en récompense à cet animal plutôt gourmand. Nous ne sommes plus ici à proprement parler dans le cadre strict de l'alimentation : une récompense devrait n'être réservée que dans un contexte d'apprentissage (Application d'un stimulus dans le cadre d'un apprentissage animal), dans le cas contraire cela peut être source de dérive comportementale (obésité, vol et troubles hiérarchiques).
104
+
105
+ Le chocolat contient de la théobromine, substance mal tolérée par les chiens : des doses faibles (deux grammes suffisent pour les plus petits), peuvent leur être mortelles[41].
106
+
107
+ Pour un chiot, les repas devront être donnés quatre fois par jour, car comme pour un bébé, leur estomac est plus petit et la digestion se fait plus vite. À quatre mois, on pourra descendre les repas à trois, et à partir de 6 mois, deux repas seront suffisants.
108
+
109
+ Les chiens, en particulier les plus grands, les plus musclés (Terre-Neuve, Boxer, etc.) et les plus vifs (Berger des Pyrénées, terriers, etc.) ont besoin d'espace et d'activité musculaire : jeu, travail, etc. À défaut d'un jardin où l'animal pourrait rester autant de temps qu'il le souhaite, celui-ci a besoin de « sortir » au moins quatre fois par jour (une fois toutes les six heures environ) pendant une vingtaine de minutes environ, pour se « dépenser », mais aussi et surtout pour éviter les infections urinaires, dues généralement �� une trop longue stagnation de l'urine dans la vessie. Si l'animal ne peut être détaché parce qu'il s'enfuit, une longue laisse est adaptée. Cette moyenne de quatre sorties par jour augmentera en cas de risque aggravé d'infection urinaire. C'est le cas notamment pour certaines races de chiens, comme les bergers allemands (susceptibles de nombreux problèmes rénaux) ou lorsque le chien a accès à des aliments non recommandés (voir alimentation).
110
+
111
+ Si l'animal a accès à un jardin ou tout autre espace, une sortie quotidienne d'une durée d'environ une heure (plus ou moins selon le chien, sa race, son âge, etc.) est idéale. Le meilleur compagnon du chien reste, à défaut de l'homme, un autre chien. Cependant, les réactions des chiens entre eux sont imprévisibles et nécessitent un temps d'observation de la part des propriétaires en cas de rassemblement. Le chien est un animal social et de contact. La solitude est une souffrance pour lui. Il a aussi toujours besoin de rencontres avec ses congénères. Il est fréquemment à la recherche de partenaires que ce soit pour le jeu, le toilettage mutuel, et la reproduction.
112
+
113
+ Le marquage du territoire est un acte d’une grande importance. Le chien a besoin de flairer ses propres traces, celles de ces congénères et d'en déposer de nouvelles. Le jeu ou le travail sont primordiaux pour l’équilibre psychologique même chez le chien adulte, car il permet d’évacuer des tensions accumulées.
114
+
115
+ Dans certains pays, les chiens de compagnie, de travail, de chasse sont référencés, afin d'assurer leur santé et leur protection. Vermifugations et vaccinations font partie du suivi médical de base des animaux, qui doivent posséder papiers et carnet de santé mis à jour lors des visites par le vétérinaire. Des vaccins sont exigibles à la frontière de certains pays, notamment la rage.
116
+
117
+ Chien avec une collerette l'empêchant de toucher ses plaies.
118
+
119
+ Dentiste pour chien (U.S. Navy).
120
+
121
+ L'application d'une solution saline pour soigner les yeux d'un chien. Octobre 2019.
122
+
123
+ Le chien en France métropolitaine peut être contaminé par plusieurs types de vers : vers ronds et vers plats. Dans les vers ronds, on trouve 3 catégories principales : Ascaris, Ankylostomes, Trichures. La contamination se fait par le milieu extérieur.
124
+
125
+ Dans les vers plats : Taenias, Dipylidium, Échinocoques. La contamination se fait par consommation d'un hôte intermédiaire : rongeurs, mammifères… pour les taenias, puces pour le dipylidium, viscères de mouton ou petits rongeurs pour les échinocoques. Toutes les variétés peuvent contaminer plus ou moins l'espèce humaine (sauf les trichures) : un traitement trimestriel avec un vermifuge polyvalent est actuellement conseillé par l'ESCAPP[42]. Le traitement induit de choisir un vermifuge actif sur l'ensemble de ces vers : consulter un vétérinaire.
126
+
127
+ Les parasites internes sont peu spécifiques, comme les parasites intestinaux que ce soient les ténias ou ascaris, les coccidies, les trichuris, ou d’autres causes de maladies comme la gale auriculaire, la démodécie, la toxoplasmose, la dirofilariose, les ankylostomes, la douve du foie, la giardiose. La giardose du chien est fréquente en France, touchant les animaux de tout âge, avec une prévalence plus élevée chez les jeunes qui sont plus sensibles à la contamination fécale et sont immatures au plan immunologique.
128
+
129
+ Un chien en bonne santé possède une truffe humide. La propreté corporelle (arrière-train, pattes, pelage, etc.), assurée par le chien, en est également le signe. L'haleine nauséabonde peut être signe de caries. La température normale du chien oscille entre 38 et 39 °C, en fonction de la race et de l'activité. Son rythme cardiaque est d'environ 90 à 120 pulsations par minute, pour environ 20 mouvements respiratoires dans ce temps. Si la température du chien s'élève à plus de 39 °C, le chien est certainement malade. Pour prendre sa température on peut utiliser un thermomètre légèrement lubrifié.
130
+
131
+ Les principales maladies infectieuses chez le chien sont la maladie de Carré, la maladie de Rubarth, la leptospirose, et la parvovirose. D'autres maladies infectieuses plus méconnues du grand public peuvent toucher le chien dès son plus jeune âge. Parmi elles, la toux du chenil (trachéobronchite infectieuse canine) est une maladie très contagieuse, la piroplasmose (maladie parasitaire transmise par les tiques qui s'attaque aux globules rouges du chien) et enfin le virus de la rage (maladie transmissible à l'Homme) si le chien n'est pas vacciné comme il se doit.
132
+
133
+ Ces maladies peuvent faire l'objet de vaccinations, et nécessitent une prise en charge par un vétérinaire. Le chien peut aussi souffrir d'affections telles que des problèmes digestifs, cardiaques ou urinaires.
134
+
135
+ Depuis quelques années, les chiens ont la possibilité d'être assurés avec des assurances spéciales[43],[44].
136
+
137
+ Le brossage, en particulier pour les chiens à poil long, permet d'éliminer les poils morts. Il permet aussi de repérer la présence éventuelle de parasites externes, tels que les tiques ou les puces. La puce la plus fréquente chez le chien est en fait la puce du chat Ctenocephalides felis. Ces parasites, responsables de démangeaisons intempestives, peuvent entraîner allergies, chutes de poils, et irritations de la peau du chien. Ils doivent donc être éliminés selon les conseils d'un vétérinaire ou de son expérience propre. Lorsque le chien a des puces, il faut les détruire sur le chien, mais aussi à l'endroit où il dort, car elles peuvent aussi aller se loger dans les fissures du sol près de son logement. Un nettoyage à fond sera donc nécessaire.
138
+
139
+ Les tiques sont plus faciles à éliminer. Elles peuvent être enlevées avec une pince à épiler, mais il faut avoir un certain tour de main. Cependant, si une tique est mal retirée, sa « trompe » peut rester coincée dans la peau du chien et entraîner inflammation et infection. Il existe cependant de petits appareils spécialement conçus pour retirer les tiques en toute sécurité.
140
+
141
+ En cas de nécessité, un shampoing adapté peut être utilisé pour laver l'animal. En revanche il ne faut laver le chien que très rarement, voire jamais, car des bains fréquents peuvent irriter la peau de l'animal et lui provoquer de l'exéma. Les yeux et les oreilles peuvent aussi être nettoyés mais avec grande précaution. Pour les pattes, vérifier régulièrement ou en cas de boiterie, afin d'éviter qu'un corps étranger (épine, clou…) ne cause des lésions entre les coussinets. Idéalement, vermifuger les chiens, car ceux-ci peuvent avoir des vers intestinaux. La prise de comprimés ou autres formes, permet d'éviter et de supprimer ces vers. Si le chien côtoie des populations de tiques, de puces et autres, on peut lui appliquer le traitement adéquat. Les traitements peuvent être prescrits par un vétérinaire.
142
+
143
+ On a donné aux chiens le nom scientifique de Canis familiaris au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie évolutive, qui a permis de mettre en évidence l'étroite relation entre races domestiques et sauvages. À ce titre, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles. Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d’autres groupes similaires[45] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces »[46]. On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce qui reprend l'épithète spécifique de l'ancienne espèce.
144
+
145
+ Certains biologistes sont même réticents à utiliser la notion de sous-espèces pour un groupe domestiqué. D'un point de vue évolutif, l'idée d'espèce ou de sous-espèce est en effet liée à l'idée de sélection naturelle, et non de sélection artificielle. Du fait de cette réticence, et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation « forma », abrégée « f. », qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages :
146
+
147
+ Leur rôle le plus général semble bien d'être avec l'homme. L'homme aime bien avoir des chiens près de lui. Ceci est probablement dû à la fois à la psychologie humaine et à la psychologie canine. Également, le besoin des aptitudes naturelles des chiens dans des activités nourricières, de garde, de chasse, de recherche sont incontournables[réf. nécessaire].
148
+
149
+ D'un point de vue génétique, selon une analyse comparative d'échantillons d'ADN mitochondrial, les lignées du chien et des autres sous-espèces de loup se seraient séparées il y a environ 100 000 ans[47]. Toutefois, cette divergence pourrait correspondre à celle d'une population de loups d'où plus tard serait sortie la lignée des chiens. L'analyse d'ADN mitochondrial ne peut donc pas prouver que des chiens existaient déjà il y a 100 000 ans. Par ailleurs, les plus anciens restes fossiles connus de chien domestique ont été trouvés dans les grottes de Goyet en Belgique et datent de 31 700 ans[3]. L'origine de cette domestication est donc clairement préhistorique. Plus précisément, elle est l'œuvre de groupes de chasseurs du Paléolithique supérieur. En comparaison, le cheval sera domestiqué par des groupes nomades entre 4000 et 3000 av. J.-C. Le chien aurait été simplement apprivoisé parmi d'autres animaux, tels les chacals ou les rongeurs. Mais c'est le seul maintenu en dépendance, car il aurait montré le plus d'aptitudes à une socialisation primitive. Des expériences, en cours depuis une cinquantaine d'années avec des croisements sélectifs de renards semblent donner des résultats similaires à ceux observés chez le chien (comportement particulièrement social, pédomorphisme, tempérament enfantin, etc.).
150
+
151
+ L'apprentissage peut être très long et peut demander des années dans certains cas spécifiques : chien d'aveugle, d'assistance, policier, de troupeau, etc. L'éducation fait aussi partie de la santé de l'animal domestique : l'autorité du propriétaire doit être établie dès que possible et la socialisation permet d'intégrer le chien au sein d'une famille avec enfants et/ou autres animaux domestiques. Comme pour tout apprentissage, il n'existe pas de méthode unique efficace dans toutes les situations, mais une large palette de moyens d'apprentissage : à chaque maître de trouver celle qui fera le mieux comprendre au chien ce qui est attendu de lui. De plus, bien que certaines races de chiens soient plus calmes que d'autres, le comportement d'un chien dépend toujours de l'éducation et de l'attention qu'il aura reçues. Cependant, un chien gardera sa part d'instinct et de prédateur[50].
152
+
153
+ Toutefois, malgré la large palette de méthodes et d’outils utilisables pour l’éducation d’un chien, son comportement et sa propension à proposer et à prendre des initiatives sont directement liés à la façon de faire de l’éducateur. Ainsi, les méthodes douces, favorisant le fait de récompenser une bonne action ou un bon comportement (renforcement positif – R+ Voir conditionnement opérant), associées à une bonne compréhension de la communication canine (comme les signaux d’apaisement et les postures) permettent une meilleure relation entre le chien et le maître, un accroissement de la confiance dans le binôme ou dans la famille, et d’une manière plus générale une jovialité dans le caractère de l’animal qu’on ne retrouvera que beaucoup plus difficilement avec certaines méthodes plus traditionnelles, basées sur la domination forcée de l’animal et la punition à la suite d'un mauvais comportement (punition positive – P+ Voir conditionnement opérant)
154
+
155
+ Les chiens peuvent reconnaître jusqu'à environ 1 000 mots. L'hémisphère cérébral gauche est spécifiquement impliqué dans la reconnaissance des mots connus du chien. L'hémisphère droit est spécifiquement impliqué dans le traitement de l'intonation. Le système de récompense n'est activé par l'audition d'un mot que si ce mot et son intonation sont tous deux associés par le chien à une louange[51].
156
+
157
+ Dans certains pays, comme tout animal domestique, les chiens ont droit à la santé et à la protection ce qui implique que les propriétaires aient des devoirs et responsabilités envers eux et vis-à-vis de la sécurité d'autrui. Ainsi, par exemple :
158
+
159
+ En outre tout chien de plus de 4 mois nés après le 6 janvier 1999 doit être identifié (préalablement à toute cession par vente ou par don) de même que pour tout déplacement à l’étranger ; toute importation ; pour l’inscription à un livre généalogique (LOF) et pour tout transit par un établissement de garde ou de vente.
160
+
161
+ En dehors du cadre familial, où il aime à se dépenser, partager les jeux et les joies tout en protégeant son foyer en montant la garde, on trouve le chien dans diverses activités aux côtés de l’homme.
162
+
163
+ Les chiens sont utilisés à de nombreuses tâches, qui font appel à différentes qualités, selon les besoins. Depuis longtemps, les chiens de berger sont les auxiliaires des gardiens de troupeaux (bergers) là où ils se trouvent. Au XIXe siècle, des chiens, appelés chiens de charrette, étaient utilisés, notamment en France, en Belgique et aux Pays-Bas, pour tracter la petite charrette des livreurs de lait. En 1936, le Ministère de l'Intérieur français interdit la traction canine (sauf transport de personnes mutilées ou infirmes), mais la pratique subsiste sous une forme marginale jusqu'à 1945[53].
164
+
165
+ Ils peuvent être également les auxiliaires fonctionnels et exutoires affectifs de sans-abris[54].
166
+
167
+ Les chiens de races reconnues pour leur résistance et leur endurance peuvent être utilisés comme chien d’attelage, de sauvetage et d’assistance. Ceux dont les capacités, d’attention, d’obéissance et de flair sont appréciées, aident les chasseurs (chien de chasse), les chiens chercheurs de truffes auxiliaires des caveurs (chien truffier), ou encore les forces de police dans la lutte antidrogue (chien de détection) et la recherche de personnes (chiens pisteurs, comme les bergers allemands).
168
+
169
+ Le chien de garde doit être à la fois agressif et obéissant. Certains chiens sont dressés afin d’aider les personnes handicapées, et notamment les personnes non voyantes (chien guide d’aveugle, comme les labradors). Ceux enfin suffisamment curieux, joueurs, complices avec leur maître, peuvent être chien de cirque, chien acteur de cinéma, chien de sport ou de loisirs.
170
+
171
+ Les chiens sont utilisés en temps de guerre, l'exemple le plus connu étant celui des chiens anti-char. Actuellement, l'armée française emploie un certain nombre de chiens militaires. Ils sont des aides très efficaces pour la recherche d'explosifs (des opérations ont été menées pour la recherche de mines antipersonnel, de stupéfiants, pour la détection d'intrus dans les locaux de la défense). Du personnel hautement qualifié forme chaque année des équipes cynégétiques. Le maitre-chien militaire doit instaurer avec son partenaire canin une complicité résistant à toute épreuve dans les pires situations. Il doit maîtriser l'ensemble des techniques permettant de transporter le chien en montagne, comme sur mer (faire du rappel avec son chien, mais également faire des sauts en parachute avec son chien, etc.). Le Berger Belge Malinois est un chien très apprécié pour son tempérament rusé, sa vivacité et sa perspicacité, de même que le berger des Pyrénées.
172
+
173
+ Les chiens, principalement des beagles, sont également utilisés pour la recherche scientifique. En France, cet usage est règlementé par le décret de 1987[55] : la fourniture de chiens pour les laboratoires est légale, comme l'expérimentation animale, pourtant de nombreuses associations s'insurgent contre ces pratiques. Au Canada, les conditions d'expérimentation sont notamment définies par le Conseil canadien de protection des animaux[56]. La zoothérapie fait parfois appel à des chiens pour aider à résoudre des problèmes comportementaux chez l'enfant[57].
174
+
175
+ Dans certaines civilisations, on mange de la viande de chien. Le chow-chow et les chiens nus américains (chien nu mexicain et chien nu du Pérou), en particulier, sont des races sélectionnées spécifiquement comme source de viande. Aussi, certains pays comme la Chine sont le théâtre d'un trafic de chiens, détenus et utilisés dans des circonstances qualifiées d’inhumaines par les associations de défense des animaux, qui s’insurgent contre leurs pratiques. Ainsi dans la région de Yulin (Guangxi), la tradition est de fêter le solstice d'été en consommant de la viande de chien. Les animaux seraient issus des zones urbaines et non d'élevages[58]. Toutefois en avril 2020, la Chine décide d'exclure les chiens et les chats d'une liste officielle des animaux comestibles en raison d'une opposition croissante de la population[59].
176
+
177
+ Le chien est utilisé dans l'alimentation humaine, ou a été utilisé, sur pratiquement toute la planète. Il est cependant culturellement mal vu de consommer du chien en Europe et aux États-Unis ainsi qu'au Canada et à l'Île Maurice depuis quelques décennies. Certains États des États-Unis en interdisent explicitement la consommation. Les populations montagnardes des Monts Mandara consomment régulièrement de la viande canine disponible sur les marchés. La consommation de chiens domestiques est liée à certains rites importants[60].
178
+
179
+ En Suisse, il est interdit de commercialiser de la viande de chien, en revanche, aucune loi n'interdit la consommation de viande de chien dans un cadre privé[61].
180
+
181
+ Nombre de chiens par pays[réf. nécessaire] :
182
+
183
+ Auxquels il faut ajouter les chiens errants ou chiens parias, redevenus plus ou moins sauvages par marronnage.
184
+
185
+ La société s'adapte à la présence des chiens au sein des familles et de villes. Ainsi, de nombreuses structures spécialisées ont vu le jour afin de répondre aux besoins des compagnons et de leurs maîtres.
186
+
187
+ Il existe un système de normalisation dans les différents pays du Monde. Il s’agit d’une formalité universelle qui doit être respectée pour le chien de race, pour peu que son maître ait l’intention de l’inscrire à des concours canins officiels.
188
+
189
+ En France, une règle[Laquelle ?] impose que tous les chiens descendant de deux parents inscrits au LOF et de ce fait titulaires du « certificat de naissance et d'inscription provisoire au LOF au titre de la descendance » qui naissent une même année portent des noms commençant par la même lettre. Cette règle a été instaurée pour mettre de l'ordre dans le « Livre des origines français » ou LOF, registre d'état civil canin depuis 1885. Durant longtemps, les propriétaires n'étaient pas contraints de déclarer rapidement leur animal et certains le faisaient même plusieurs années après la naissance. De ce fait, le fichier national était vite devenu un véritable casse-tête lors des consultations puisque les chiens n'étaient pas inscrits dans l'ordre chronologique de la date de leur naissance.
190
+
191
+ En 1926, la Société centrale canine, chargée de tenir à jour le registre « LOF », met en place un premier système de lettrage pour simplifier la consultation. Tous les chiens nés une même année doivent porter dorénavant un nom dont la première lettre est celle choisie pour l'année en cours : « A » en 1926, « B » en 1927, etc. (le « Z » fut exclu). Cependant de 1948 à 1952, de nombreux propriétaires se sont insurgés contre ce système qui leur imposait les lettres « W », « X » ou « Y », car elles offraient trop peu de possibilités de noms, ce qui eut pour conséquence qu'en 1952 un chien sur quatre portait le nom de « Zorro ». Finalement, en 1973, la Société centrale canine supprima définitivement les lettres jugées difficiles « K », « Q », « W », « X » ou « Y », réduisant à vingt l'alphabet des noms canins. Cette année-là, la lettre J a été choisie[64].
192
+
193
+ En 2020, la France en est actuellement à la lettre R[65].
194
+
195
+ Dans les principaux pays francophones, les chiens nés en 2008 doivent posséder un nom commençant respectivement par les lettres suivantes[66] : la lettre H en Belgique[67] et la lettre U au Québec (Canada)[9]. En Suisse, le nom ne tient pas compte de l’année, mais de la portée dans un élevage donné. Les chiens de la première portée se voient attribuer la lettre A, ceux de la seconde portée la lettre B et ainsi de suite.
196
+
197
+ En France, d'après des statistiques d'assurance, 500 000 personnes sont chaque année victimes de morsures de chien, parmi lesquelles 60 000 nécessiteraient une hospitalisation[68]. De 1990 à 2010, ces attaques ont provoqué 33 décès[69].
198
+
199
+ Aux États-Unis, 4 500 000 personnes sont mordues chaque année[70], avec une moyenne de 31 décès par an[71].
200
+
201
+ Les problèmes liés aux déjections canines peuvent être un défi pour les services de propreté urbaine. Par exemple, la population canine parisienne produit à elle seule 16 tonnes de déjections par jour[72].
202
+
203
+ Des motocrottes ont été créées dans les années 1980 à Paris pour ramasser les déjections canines, en plus d'espaces dédiés. Des campagnes de communication tentent d'avertir les propriétaires des problèmes provoqués par les déjections canines. De nombreuses villes ont mis en place des systèmes de distribution de sacs en plastique pour permettre aux propriétaires de ramasser les déjections de leurs animaux.
204
+
205
+ Certains chiens qui n'ont pas été éduqués à limiter leur aboiement génèrent du bruit qui peut engendrer un trouble anormal du voisinage s'ils aboient de manière répétée. C'est le cas notamment des chiens de garde qui vivent en extérieur. Le fait de rentrer le chien le soir élimine le problème d'aboiements nocturnes. Les chiens qui n'ont pas été habitués à rester seuls peuvent pleurer, voire hurler durant l'absence de leur maître. Le volume sonore étant plus faible qu'un aboiement cette nuisance, essentiellement diurne, est plus fréquente lorsque le chien vit en appartement. En France, les nuisances sonores occasionnées par un chien font encourir à son maître une contravention de 3e classe pouvant aller jusqu’à 450 € [73].
206
+
207
+ Dans les pays développés, la procédure consiste à placer les chiens errants en fourrière, à les identifier par tatouage ou puce RFID, à les vacciner puis à les mettre à l'adoption. Dans ces pays, il est courant d'avoir un chien comme animal de compagnie et chercher un chien dans un refuge est une pratique répandue. Les frais d'adoption payés par les adoptants sont une source de revenus pour les organismes chargés des fourrières animales.
208
+
209
+ De nombreux pays en développement ne disposent en revanche d'aucune infrastructure de régulation des populations canines. De manière générale les chiens y sont plus rarement vaccinés. Dans ces pays, les chiens errants peuvent mordre les humains et contribuent à disséminer la rage ou d'autres infections. À Gurgaon, en Inde environ 50 morsures dues à des chiens errants sont enregistrées chaque jour[74]. Dans ces pays, les chiens errants se regroupent dans les villes et aux abords des villages. Tant que leur nombre reste restreint, ils sont tolérés et même nourris, car ils éloignent les prédateurs des habitations et des animaux d'élevages. Dans les zones plus reculées, les chiens parias, ou redevenus plus ou moins sauvages par marronnage, sont localement source de dégâts dans les troupeaux de moutons.
210
+
211
+ Tout récemment[Quand ?], l’État a profondément modifié l’organisation sous sa tutelle de la tenue des livres généalogiques ou registres zootechniques des races des espèces canines et félines. Les dispositions de l’article L. 653-3 du Code Rural organisant sous la tutelle de l’État la tenue des livres généalogiques ou registres zootechniques des races des espèces équine, asine, bovine, ovine, caprine et porcine ne concernent plus les espèces canines et félines. La LOI no 2011-525 du 17 mai 2011 de « simplification et d'amélioration de la qualité du droit », par son article 33 a exclu de ces dispositions ces deux espèces, privant ainsi de fondement les décrets et arrêtés précisant les conditions d'octroi et de retrait d’agrément des organismes de sélection, ainsi que leurs missions.
212
+
213
+ La situation créée par cette réorganisation peut se résumer par deux conséquences :
214
+
215
+ En Europe, l'identification des carnivores domestiques par puce sous-cutanée électronique ainsi que la vaccination contre la rage sont obligatoires pour passer les frontières[75].
216
+
217
+ En France l'identification et la vaccination contre la rage sont obligatoires pour aller sur certaines îles (dont la Corse) (abrogé arrêté du 14 janvier 2008 abrogeant l’arrêté du 29 novembre 1991 relatif aux conditions et modalités d’introduction des carnivores domestiques en Corse et dans les départements d’outre-mer) ou pour les importations[76]. L'identification sur le territoire français est obligatoire pour tous les chiens de plus de 4 mois et pour tous les chats de plus de 7 mois et nés après le 01/01/12 ainsi que pour toute cession à titre onéreux ou gratuit (Code Rural art.L212.10)[77]. En résumé, la vaccination Rage n'est pas obligatoire sauf lors des sorties du territoire et pour les races dites dangereuses (loi du 6 janvier 1999).
218
+
219
+ Elles sont désignées souvent par la première lettre) : CHLPPi
220
+
221
+ Au Québec, en matière de morsures et d’agression chez le chien, la tendance est la discrimination[78] de certaines races dites puissantes, féroces ou dangereuses (pitbull, berger allemand, husky) parce que leur morsure va causer des dommages physiques et psychologiques chez l’humain. La gueule est plus puissante, le chien plus gros et plus fort, le dommage sera visible. La sociabilisation et l’éducation en bas âge sont un facteur majeur qui influence le comportement du chien, qu’importe sa race[79]. Le chien pourrait représenter un danger pour l’humain s’il a subi un traumatisme (accident d’automobile), s’il est dans une phase post-épileptique (ne reconnaît pas encore son maître), s’il est vieux (sénilité)[80], souffrant (maladies) ou errant.
222
+
223
+ En France, la loi distingue les races ou types de Chiens considérés comme susceptibles d'être dangereux et les autres races de chiens qui doivent respecter des règles moins strictes. Les chiens susceptibles d'être dangereux sont classés par catégorie.
224
+
225
+ Les chiens susceptibles d'être dangereux de première catégorie (chiens d'attaque) sont les chiens de type « pitbull », « boerbull » ou « assimilable Tosa », soit :
226
+
227
+ Les chiens susceptibles d'être dangereux de deuxième catégorie (chiens de garde et de défense) sont :
228
+
229
+ Depuis le 1er janvier 2010, tout propriétaire d'un chien de première ou deuxième catégorie, d'un chien ayant mordu ou bien qui pourrait représenter une menace, doit posséder un permis chien. Il est pour cela impératif de suivre une formation pour être déclaré apte à détenir un chien dit « dangereux ». De plus, le maître soumet son chien à une évaluation comportementale exercée par un vétérinaire agréé. L'examen permet d'évaluer le risque et la dangerosité du chien et les mesures à prendre. Ce contrôle permettra de détecter tout trouble du comportement chez l'animal[81].
230
+
231
+ La divagation est interdite et passible de mise en fourrière (Art. L.211-19-1 du code rural et de la pêche maritime[77]) Si l’animal est identifié, son propriétaire ou détenteur ne peut le reprendre dans un délai de 8 jours qu’après s’être acquitté du paiement des frais de fourrière. Passé ce délai, l’animal peut être euthanasié ou remis à une association de protection des animaux.
232
+ Remarque : en cas d'action de chasse, de garde ou de protection d'un troupeau, le chien n'est pas considéré comme en divagation, mais son propriétaire (ou la personne qui en est responsable) est alors tenu[82]:
233
+
234
+ Dans certains pays, les fourrures du chien et du chat font l'objet d'une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent cet usage des chats[83].
235
+
236
+ Elle est désormais interdite d'importation et d'exportation en Europe à partir de janvier 2009[84],[85]. Les mesures prises par l'Europe dans ce domaine visent à mettre fin aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l'étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d'autres désignations, comme fourrure synthétique, par exemple). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l'élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[86].
237
+
238
+ Comme l'a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
239
+
240
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu'il est inacceptable d'élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L'interdiction à l'échelle communautaire que nous proposons aujourd'hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[86]. »
241
+
242
+ D'après des enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du sud, les chiens et les chats feraient l'objet en Chine d'un commerce très important, dans des conditions particulièrement mauvaises[87] :
243
+
244
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l'importation dans la Communauté et l'exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l'étiquetage identifiées de la part de pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[85] :
245
+
246
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu'elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[note 3], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d'action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28.02.2006] »[85].
247
+
248
+ La plupart des pays encadrent l'élevage des chiens de compagnie destinés à être mis sur le marché.
249
+
250
+ Le chien tient une place importante dans la mythologie car il est considéré comme un animal psychopompe, c'est-à-dire qu’il guide les âmes jusqu’au royaume des morts. L’on retrouve le symbolisme du loup initiateur et gardien du royaume des morts chez de nombreux peuples : Égyptiens (Anubis le dieu des morts et conducteur d’âmes, à tête de chien ou de chacal), Grecs (Cerbère le chien monstrueux à trois têtes, gardien des Enfers), Sioux (le loup est appelé « chien de dessous-terre » et le coyote « chien qui rit »), Bantous (le chien délivre les messages des morts au sorcier en transe), Mexicains (Xolotl dieu chien jaune qui accompagna le soleil dans son voyage sous la terre pour le protéger durant la nuit).
251
+
252
+ Anubis est le dieu égyptien des morts représenté par une tête de chien. Dans l’Égypte antique, le chien était également l'un des douze animaux sacrés associé aux douze heures du jour et de la nuit[réf. nécessaire].
253
+
254
+ Chez les Celtes, le chien était considéré comme un animal au courage exceptionnel. Qualifier quelqu’un de « chien » dans cette civilisation, était rendre hommage à la bravoure de l’intéressé. Le héros Cúchulainn (chien de Culann) de la mythologie celtique irlandaise en est l’image la plus emblématique[réf. nécessaire].
255
+
256
+ Pour les Chinois, le chien est le onzième des douze animaux qui apparaît dans le zodiaque. Il est dit sensible à tout ce qui touche à l’injustice, intelligent et serviable[réf. nécessaire].
257
+
258
+ Pour les Musulmans, le Chien a un côté obscur qui en fait un être impur, à l’exception du lévrier qui est considéré comme un animal noble[réf. nécessaire].
259
+
260
+ Cette dualité a valu au Chien un certain nombre d’expressions peu flatteuses : « un caractère de chien, un temps de chien, traiter quelqu’un comme un chien, avoir une vie de chien… ». Rares sont les déclinaisons élogieuses telles que « avoir du chien ».
261
+
262
+ L’on trouve également de nombreuses légendes sur le chien ou son ancêtre le loup : les chiens noirs fantômes du folklore britannique, les loups-garous, les fameuses bêtes du Gévaudan, du Nivernais ou de l’Aubrac, le « méchant loup » du Petit Chaperon rouge ou des Trois Petits Cochons. Le chien est également à l’honneur au cinéma et à la télévision (Beethoven, Lassie, Belle et Sebastien, Rintintin, Rex…) ou dans la bande dessinée (Milou, Rantanplan, Bill, Idéfix, Cubitus, Snoopy, etc.). Il n’est pas oublié dans les romans tels que « Le Chien des Baskerville », une aventure de Sherlock Holmes, le détective inventé par Arthur Conan Doyle, « Croc-Blanc » de Jack London, Lassie, chien fidèle de Eric Knight, ou « Cujo » de Stephen King.
263
+
264
+ Le chien est aussi représenté en astronomie depuis Ptolémée, par les constellations du Grand Chien (Canis Major) qui abrite Sirius l’étoile la plus brillante du ciel, celle du Petit Chien (Canis Minor) qui accueille Procyon, l’étoile se levant juste avant Sirius, et la constellation boréale des chiens de chasse (Canes Venatici) dont la création est plus récente[réf. nécessaire].
265
+
266
+ Les aléas de sa domestication expliquent sans doute l'image ambigüe, tantôt positive ou négative, attachée à cet animal. Si les chiens ont très tôt été domestiqués en Europe occidentale par les Grecs, ils sont restés sauvages dans les régions d'Asie occidentale, de même que les chiens parias en Inde. Les chiens sont ainsi plutôt considérés comme de fidèles compagnons par les Chrétiens, tandis que les Hébreux et l'Islam continuaient à mépriser les chiens sauvages ou marrons rôdant en bandes affamées, volontiers charognards, propageant la rage et copulant à la vue des passants[90],[91].
267
+
268
+ Ainsi pour un Arabe, la pire injure serait d'être traité de « chien »[90].
269
+
270
+ Pourtant le Coran fait peu référence au chien, si ce n'est au chien de chasse : il est considéré comme bon de manger la viande d'un animal tué par un chien domestique après avoir prononcé le nom de Dieu[note 4]. De même, le chien y est présenté comme un animal fidèle[note 5] ou présenté comme un réfugié à part entière[note 6] des Dormants de la Caverne, cachés là car ils étaient persécutés pour leur croyance en Dieu.
271
+
272
+ Les Hadiths abordent davantage la question du chien. Selon ces récits, Mahomet aurait dit qu'un homme qui donne à boire à un chien assoiffé sera pardonné de ses péchés, il précise qu'il en va de même pour l'aide apportée à tout autre animal[note 7]. Il aurait également déconseillé aux musulmans de garder dans leurs maisons des chiens appartenant à des races autres que des chiens de chasse, chiens de berger ou chiens de garde pour les terrains (par les terrains il faut comprendre les champs)[note 8].
273
+
274
+ Le Talmud n'approuve pas non plus la détention d'un chien chez soi, où il doit alors être constamment enchaîné. Il est interdit à une veuve de vivre seule avec un chien, de crainte d'être soupçonnée d'avoir des « relations interdites »[90].
275
+
276
+ Dans l'iconographie chrétienne, le chien qui est représenté aux côtés des saints a un rôle positif et actif. Par exemple Saint Wendelin est accompagné d'un chien de berger, tandis qu'on attribue à saint Eustache, saint Hubert et saint Julien l'Hospitalier des chiens de chasse. Dans la peinture dominicaine, les chiens ont pour rôle de mettre en fuite des loups, représentant les hérétiques, qui s’attaquent aux brebis, image des fidèles[92].
277
+
278
+ Dans l'Antiquité grecque, le chien est également utilisé lors d'insultes : ainsi, Agamemnon traite-t-il Achille « d'Homme à l'œil de chien, au cœur de cerf »[93]. Le juron préféré de Socrate est Par le chien, et se rapporte au dieu égyptien Anubis[94].
279
+
280
+ Liste non exhaustive[95],[96] :
281
+
282
+ Sur les autres projets Wikimedia :
283
+
284
+ Canis lupus:
285
+
286
+ Canis lupus familiaris:
287
+
288
+ Canis familiaris :
fr/1063.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,288 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Canis lupus familiaris
4
+
5
+ Sous-espèce
6
+
7
+ Synonymes
8
+
9
+ Le Chien (Canis lupus familiaris) est la sous-espèce domestique de Canis lupus, un mammifère de la famille des Canidés (Canidae), laquelle comprend également le Loup gris et le dingo, chien domestique retourné à l'état sauvage.
10
+
11
+ Le Loup est la première espèce animale à avoir été domestiquée par l'Homme pour l'usage de la chasse dans une société humaine paléolithique qui ne maîtrise alors ni l'agriculture ni l'élevage. La lignée du chien s'est différenciée génétiquement de celle du Loup gris il y a environ 100 000 ans[1], et les plus anciens restes confirmés de canidé différencié de la lignée du Loup sont vieux, selon les sources, de 33 000 ans[2],[3] ou de 12 000 ans[4] ; le boeuf[5] (voir Domestication de Bos taurus) et la chèvre seront domestiquées vers −10 000. Depuis la Préhistoire, le chien a accompagné l'être humain durant toute sa phase de sédentarisation, marquée par l'apparition des premières civilisations agricoles. C'est à ce moment qu'il a acquis la capacité de digérer l'amidon[6], et que ses fonctions d'auxiliaire d'Homo sapiens se sont étendues. Ces nouvelles fonctions ont entraîné une différenciation accrue de la sous-espèce et l'apparition progressive de races canines identifiables. Le chien est aujourd'hui utilisé à la fois comme animal de travail et comme animal de compagnie. Son instinct de meute, sa domestication précoce et les caractéristiques comportementales qui en découlent lui valent familièrement le surnom de « meilleur ami de l'Homme »[7].
12
+
13
+ Cette place particulière dans la société humaine a conduit à l'élaboration d'une règlementation spécifique. Ainsi, là où les critères de la Fédération cynologique internationale ont une reconnaissance légale, l'appellation chien de race est conditionnée à l'enregistrement du chien dans les livres des origines de son pays de naissance[8],[9]. Selon le pays, des vaccins peuvent être obligatoires et certains types de chien, jugés dangereux, sont soumis à des restrictions. Le chien est généralement soumis aux différentes législations sur les carnivores domestiques. C'est notamment le cas en Europe, où sa circulation est facilitée grâce à l'instauration du passeport européen pour animal de compagnie.
14
+
15
+ Le substantif masculin[10],[11],[12] « chien » (prononcé [ʃjɛ̃] en français standard)[11], est issu du latin[10],[12] classique[11] canem[10], accusatif[10] de canis[11],[12], de même sens. La femelle du chien s'appelle la chienne, et le jeune chien le chiot.
16
+
17
+ Alors qu'on estimait autrefois que le Chien constituait une espèce à part entière (Canis canis ou encore Canis familiaris), les recherches génétiques contemporaines ont permis d'établir qu'il n'est que le résultat de la domestication du loup gris commun. C'est pourquoi, malgré les différences morphologiques majeures qu'on constate entre les deux animaux, les scientifiques regroupent aujourd'hui la totalité des races canines en un ensemble nommé Canis lupus familiaris, sous-espèce de Canis lupus[réf. souhaitée].
18
+
19
+ La désignation des chiens suit généralement la standardisation suivante[réf. souhaitée] :
20
+
21
+ Ce mot « chien » est employé dans diverses expressions telles que : avoir du chien : avoir une certaine distinction et du charme ; entre chien et loup : au crépuscule ; garder un chien de sa chienne : expression familière signifiant se promettre une vengeance future ; les chiens écrasés : rubrique de faits divers insignifiants dans un journal ; malade comme un chien : être très malade et souffrant ; se donner un mal de chien : se donner beaucoup de mal à travailler sur quelque chose ; temps de chien : météo désagréable (la pluie, par exemple) ; vie de chien : vie difficile et compliquée ; chien de mer : petit requin[13].
22
+
23
+ Ou encore, il sert dans des mots composés tels que : chasse-chien, chien-assis, chien-chien, chien-dauphin, chien-loup, dent-de-chien, langue-de-chien, maître-chien, poisson-chien, tue-chien[13].
24
+
25
+ Plusieurs autres espèces de canidés des genres Atelocynus et Speothos, voire de rongeurs du genre Cynomys (chien de prairie), sont également appelées « chien ».
26
+
27
+ Le squelette du chien compte environ trois cents os (soit environ quatre-vingts de plus qu'un squelette humain adulte), le nombre étant variable d'une race à l'autre. Malgré sa domestication et la dépendance à l'homme qui en découle, le chien a gardé sa musculature athlétique qui en fait un animal sportif et actif. Il possède un thorax large et descendu, et des pattes qui ne reposent au sol que par leur troisième phalange. Le chien est donc un digitigrade. Les membres antérieurs comportent cinq doigts, dont l'un, le pouce, nommé ergot, est atrophié et ne touche pas le sol. Les postérieurs en comptent généralement quatre, l'ergot n'existant que chez certaines races mais pouvant être double chez quelques bergers (beauceron, briard). Les cinq orteils se terminent par des griffes[note 1] et sont soutenus par des coussinets plantaires[réf. nécessaire].
28
+
29
+ La tête du chien comporte une mâchoire puissante. La force exercée par la mâchoire d'un rottweiler a été mesurée à 149 kg.cm−2, celle d'un berger allemand a une force surfacique de 108 kg/cm2, et celle d'un pitbull 106 kg/cm2[14].
30
+
31
+ La denture définitive, constituée de quarante-deux dents, est en place vers 6 mois. Chez le chien, la taille et la masse sont très variables d'une race à l'autre : dans les extrêmes, la masse du chihuahua peut être de 900 g et celle du mastiff peut atteindre 140 kg[réf. nécessaire]. L'espérance de vie de cet animal est en moyenne de onze ans, sachant que la durée de vie peut habituellement aller de huit à vingt et un ans[réf. souhaitée]. Son sens de l'orientation est beaucoup plus précis que celui de l'homme. De même, son sens de l'équilibre serait légèrement plus aiguisé[réf. souhaitée].
32
+
33
+ La température corporelle normale du chien va de 38,5 à 38,7 °C. Sa respiration normale va de seize à dix-huit mouvements à la minute (le jeune 18 à 20, le vieux 14 à 16). Sa fréquence cardiaque au repos est généralement comprise entre 70 et 130 battements par minute (les valeurs hautes s'observant plutôt chez les petites races, et inversement). Le pouls peut se prendre en palpant l'artère fémorale, sur la face interne de la cuisse[15].
34
+
35
+ L'existence de huit groupes sanguins dans l'espèce canine a été mise en évidence à partir des années 1960, mais le chien ne possédant pas initialement d'anticorps anti-globules rouges, une première transfusion sanguine est possible sans détermination des groupes du donneur et du receveur. Cette détermination est fortement conseillée à partir de la seconde transfusion du fait que le receveur a pu s'immuniser contre les antigènes du donneur lors de la première transfusion[16].
36
+
37
+ Le cerveau du chien figure parmi les plus performants du règne animal, démontrant de très bonnes capacités cognitives avec des sens très développés.
38
+
39
+ Selon les races et les variations génétiques d'un individu à l'autre, les chiens peuvent avoir un pelage très varié.
40
+
41
+ L'étude des chiens et des races de chiens est appelée cynologie. Elle regroupe les approches, les techniques, les philosophies et les divers outils utilisés pour l’éducation canine et le bon comportement des chiens ainsi que leur sélection biologique.
42
+
43
+ On distingue quatre grandes catégories de chiens définies par Jean Pierre Mégnin, selon leur morphologie :
44
+
45
+ Le Dogue de Bordeaux, un chien de type molosse.
46
+
47
+ Le Greyhound, un chien de type lévrier (graïoïde).
48
+
49
+ Le Beagle, un chien de type braque (braccoïde).
50
+
51
+ Le Berger allemand, un chien de type lupoïde.
52
+
53
+ La Fédération cynologique internationale est la principale association chargée de la standardisation canine. Elle reconnait 335 races regroupées en dix groupes, dont la classification est en partie basée sur les quatre morphologies décrites précédemment, et en partie sur la spécialisation fonctionnelle de chaque race.
54
+
55
+ Les comportements de reproduction sont différents selon les races. La chienne, qui n'accepte le mâle que pendant sa période d'ovulation, est en chaleur deux fois par an. Toutefois, ce rythme n'est qu'une moyenne, les chaleurs pouvant se produire, selon les races, avec cinq à neuf mois d'intervalle. Chez les races les plus primitives et chiens-loups, la femelle n'est en chaleur qu'une fois par an, comme la louve.
56
+
57
+ La gestation dure entre cinquante-neuf et soixante-trois jours. L'alimentation doit être modifiée le deuxième mois. Quelques jours avant la mise bas, qui dure en moyenne 10 heures, la femelle prépare un endroit et s'agite. Lors de la mise bas, la chienne s'occupe des chiots au fur et à mesure de leur arrivée, coupant le cordon ombilical et mangeant le placenta : ceci est nécessaire à la lactation.
58
+
59
+ Les portées peuvent être nombreuses (suivant la race), allant de 2 à 12 chiots. À travers le monde, y compris dans les pays dits industrialisés, beaucoup de chiots sont euthanasiés ou simplement tués s'il ne leur a pas été trouvé de raison d'être, de fonction à leur existence. Il est souvent difficile de placer chacun des nouveau-nés, c'est pourquoi certaines sociétés recommandent la stérilisation chirurgicale.
60
+
61
+ Pour ce qui concerne la descendance de l’étalon, le possesseur de l’étalon n’a pas le droit, vis-à-vis du propriétaire de la lice, à des dédommagements autres que ceux prévus pour la saillie. Il n’a aucun droit de se faire remettre un chiot sauf si le propriétaire de l’étalon désire en garder un pour son propre élevage, sous condition de ne pas le vendre.
62
+
63
+ Lorsque les parties se sont mises d’accord pour la remise d’un chiot en tant qu’indemnité pour la saillie, cet accord doit être formulé par écrit et avant la saillie. Dans un tel accord, les points suivants doivent être formulés et respectés :
64
+
65
+ Le chien domestique (Canis lupus familiaris) est une espèce qui comprend près de 400 races et est un exemple évident de diversification phénotypique importante ayant pris place sous l’effet du syndrome de domestication[21]. Certains aspects de la domestication du chien sont généralement admis, comme le fait que l’ancêtre commun de tous les chiens est le loup gris (Canis lupus). Par contre, l’origine et le moment de la domestication du chien restent encore méconnus et controversés. Il y a des évidences que des traits apparentés aux chiens étaient présents au sein de fossiles qui datent d’avant le maximum de la dernière période glaciaire[22],[23],[24],[25]ce qui entre en contradiction avec les estimés basés sur la génétique, qui eux supportent une divergence plus récente entre les chiens et les loups[26],[27],[28].Une étude récente[29] a tenté d’apporter un éclairage nouveau à cette question : À quand remonte la divergence des ancêtres du chien domestique avec les loups?
66
+
67
+ Les estimés génétiques et moléculaires datent l’origine de la lignée de chiens à une période comprise entre il y a 16 000 à 11 000 ans, bien que les taux de mutations étaient inconnus[26],[27],[28]. Ces estimations entrent en contradiction avec les évidences archéologiques indiquant l’existence de canidés apparentés aux chiens avant le dernier maximum glaciaire, il y a environ 36 000 ans[23],[22],[24],[25].
68
+
69
+ Pour répondre à cette question, le génome mitochondrial d’un loup vieux de 35 000 ans provenant de la Sibérie du Nord, plus particulièrement de la péninsule de Taïmyr, a été séquencé. Pour examiner les possibles origines communes entre le loup de Taïmyr et les chiens modernes, des données génétiques provenant de 48 races de chiens modernes ont été utilisées à des fins de comparaison.
70
+
71
+ Il a été déterminé que l’individu vieux de 35 000 ans appartenait à une population ayant divergé de l’ancêtre commun des loups modernes et des chiens. Peu de temps après cette divergence, il y a eu l’apparition de la lignée des chiens domestiques. De plus, il a été possible de déterminer que le taux de mutation est substantiellement plus lent que ce qui avait été pris en compte dans les estimations génétiques précédentes, ce qui suggère que les ancêtres des chiens et des loups modernes ont divergé avant le dernier maximum glaciaire. Finalement, l’étude a pu démontrer des évidences d’introgression provenant de la lignée de loups de Taïmyr chez les races de chiens modernes provenant du nord-est de la Sibérie (Husky de Sibérie) et du Groenland (Chien du Groenland). Cela pourrait être expliqué par une présence hâtive des chiens dans le nord de l’Eurasie, ou par une préservation du patrimoine génétique du loup de Taïmyr jusqu’à l’arrivée des chiens à des altitudes plus élevées.
72
+
73
+ En somme, la divergence des lignées de chiens et de loups semble s’être produite sur une plus grande échelle de temps que ce qui a été assumé auparavant et donc l’origine des chiens remonterait plus loin dans le temps que ce qui est généralement admis. Une divergence plus hâtive concorderait avec les évidences paléontologiques indiquant la présence de canidés apparentés aux chiens il y a de cela 36 000 ans et celles indiquant que les chiens domestiques auraient accompagné les premiers colonisateurs en Amérique. L’origine des races de chiens modernes serait due à plus d’un événement de domestication, l’origine des races de chiens arctiques pouvant être en partie retracée jusqu’aux loups de Taïmyr.
74
+
75
+ Les chiens domestiques (Canis lupus familiaris) démontrent une grande diversité morphologique quand on les compare avec leur ancêtre, le loup (Canis lupus). Cette diversité s’est accrue rapidement au fil du temps, et ce, avec relativement peu de changements génétiques. Les recherches précédentes en la matière ont suggéré que l’évolution de cette diversité chez les chiens serait due à l’hétérochronie[30],[31],[32], un processus qui augmente la diversité par de simples modifications génétiques. Les recherches précédentes en la matière en sont venues à la conclusion que les chiens seraient des loups pédomorphiques et donc que les chiens adultes préserveraient des caractères juvéniles présents chez les loups. Une recherche plus récente[33] s’est attardée à l’étude de patrons hétérochroniques dans la morphologie squelettique des chiens domestiques pour répondre à cette question : est-ce que l’hétérochronie est bien le mécanisme qui a permis aux chiens de développer cette importante diversité morphologique en comparaison avec les loups? Et donc, est-ce que les chiens sont véritablement des loups pédomorphiques?
76
+
77
+ Les chiens diffèrent des loups en plusieurs points. Toutes les races présentent un certain degré de flexion du crâne, la plupart des races ont un museau fléchi dorsalement ainsi qu’un raccourcissement des os du nez, tandis que quelques races ont un museau fléchi ventralement. Chez les races dont le museau est fléchi dorsalement, on voit souvent un arrêt marqué lorsque le museau rencontre le neurocrâne. Chez les races où le point de rencontre entre le museau et le neurocrâne ne présente pas un arrêt marqué, il y a une projection vers l’avant des os frontaux qui incline les orbites verticalement en addition à la présence d’un museau surélevé et d’os nasaux raccourcis. Il semble y avoir modularité relative du visage et du neurocrâne chez les carnivores, les loups et les chiens [21]. Cette modularité a une histoire phylogénétique et une base développementale qui a permis la flexion crânienne distinguant les chiens des loups[21].
78
+
79
+ Cette étude[33] a utilisé une technique de morphométrie en trois dimensions a été utilisée pour investiguer et mesurer les patrons hétérochroniques du crâne de 677 chiens adultes provenant de 106 espèces différentes pour ensuite les comparer avec une série ontogénétique de 401 crânes de loups dans le but de déterminer si l’hétérochronie était bien à la base de la diversité morphologique des chiens.
80
+
81
+ L’analyse de ces résultats a permis de déterminer qu’aucune des espèces de chien moderne ne possède une forme crâniale qui ressemble soit aux formes crâniales de loups juvéniles, soit à celles de loups adultes. Tout au long du développement crânien du loup, la position du visage et du neurocrâne reste dans le même plan. Quant à eux, les chiens présentent cependant une flexion crânienne dans laquelle le palais est incliné dorsalement chez les races brachycéphales et mésocéphales ou bien incliné ventralement chez les races dolicéphales.
82
+
83
+ Les chiens ont évolué rapidement en une espèce présentant une importante diversité morphologique, et ce, avec très peu de variation génétique. Par contre, les altérations génétiques responsables du développement crânien du chien ayant causé l’apparition d’une nouvelle et vaste gamme de formes crâniales ne concordent pas avec le modèle hétéchronique attendu. L’hétérochronie n’est donc pas en cause dans l’apparition de la diversité morphologique chez les chiens, lorsque comparés aux loups. Ainsi, les chiens ne sont pas des loups pédomorphiques et leur crâne présente donc une nouvelle forme et morphologie.
84
+
85
+ Outre les différences morphologiques au niveau du crâne, l’angle de l’orbite des yeux, ou l’angle orbital est un paramètre qui a également été étudié depuis plus d’une centaine d’années pour tenter de distinguer les chiens de leurs ancêtres, les loups. Des recherches passées dans le domaine ont démontré que l’angle orbital était différent entre les chiens (49˚-55 ˚) et les loups (39 ˚-46˚)[34]. Par contre, ces différences ont été remises en question dans d’autres études plus récentes. Une étude[35] s’est donc attardée à examiner et comparer l’angle orbital de groupes plus larges et variés de chiens modernes et de loups que leurs prédécesseurs en plus d’également examiner ce paramètre chez un groupe de chiens archéologiques dans le but de répondre à cette question : est-ce que la morphologie de l’angle orbital peut bel et bien permettre de distinguer les chiens des loups?
86
+
87
+ Outre l’angle orbital, la présence de museaux plus courts et larges sont des différences morphologiques et morphométriques qui permettent de distinguer les chiens des loups. De plus, la plus petite stature des chiens et la présence des carnassières plus courtes chez ces derniers sont aussi des différences permettant les distinguer des loups[34]. Sur les images ici, l’angle orbital (E) est déterminé par l’intersection de deux axes : un premier axe horizontal aligné avec le dessus des os frontaux (C-D) et un second axe oblique passant par l’arcade zygomatique et le processus zygomatique de l’os frontal (A-B).
88
+
89
+ Pour répondre au questionnement de l’étude, l’angle orbital d’un total de 384 crânes de chiens provenant de 71 races ainsi que de 5 races croisées, 45 crânes de chiens archéologiques et 55 crânes de loups récents ont été mesurés.
90
+
91
+ En ce qui concerne les chiens, l’angle orbital moyen était de 55 ˚, l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 42 ˚ à un maximum de 72 ˚. Au sein de l’échantillon de chiens archéologiques, l’angle orbital moyen était de 47˚ et l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 35 ˚ à un maximum de 60 ˚. Finalement, l’angle orbital moyen chez les loups était de 42 ˚ et l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 28 ˚ à un maximum de 52 ˚. Ces résultats indiquent donc que les intervalles dans lesquels on retrouve les valeurs d’angles orbitaux chez les loups et chez les chiens se chevauchent, indiquant que certaines valeurs d’angle orbital sont retrouvées chez les deux groupes. De plus, les plus petits angles orbitaux ont été retrouvés seulement chez les loups tandis les grands angles orbitaux ont uniquement été retrouvés chez les chiens. Finalement, les chiens archéologiques ont un angle orbital moyen qui est très proche de celui des loups.
92
+
93
+ Ainsi, les angles orbitaux au-dessus de 60 ˚ se rapportent aux chiens modernes tandis que les angles orbitaux de moins de 35 ˚ appartiennent vraisemblablement aux loups. Quant à eux, les chiens archéologiques ont des angles orbitaux qui se retrouvent entre ceux des chiens modernes et ceux des loups, mais se rapprochent davantage des angles orbitaux retrouvés chez les loups que ceux que l’on retrouve chez les chiens modernes. Les valeurs d’angles orbitaux des chiens archéologiques supportent le chemin évolutif selon lequel les loups ont donné naissance aux chiens archéologiques pour qu’eux-mêmes donnent naissance aux races de chiens modernes. La grande variabilité morphologique présente chez les races de chiens modernes pourrait très bien expliquer le vaste intervalle d’angles orbitaux retrouvés (42 ˚ -72 ˚) chez ces derniers ainsi que les très grandes valeurs d’angles orbitaux retrouvés. Considérant tout cela, l’angle orbital est bien un paramètre qui peut être utilisé pour discerner les loups des chiens, et ce, tant des chiens récents que des chiens archéologiques.
94
+
95
+ Comme pour tout animal domestique, il faut veiller à mettre de l'eau à disposition, jour et nuit, et en quantité suffisante. Dans la nature, le chien sauvage est avant tout un charognard[source insuffisante][36]. Le chien domestique est un carnivore à tendance omnivore[37] ; cependant, il est parfois considéré comme étant réellement omnivore, du fait de son comportement opportuniste. La moitié de son alimentation devrait être constituée de viandes[38]. Les aliments du commerce font l'objet de contrôles et sont adaptés aux différents stades de vie de l'animal (chiot, adulte, senior). Toutefois, il est possible de composer soi-même un repas équilibré et adapté aux besoins d'un animal. Pour cela, il est nécessaire de demander conseil à un vétérinaire[39].
96
+
97
+ Le régime BARF devient de plus en plus en vogue, compte tenu de sa forte valeur en protéines et de ses aliments sains.
98
+
99
+ Certaines céréales et légumes sont pratiques car ils contiennent des fibres qui permettent, en quantité appropriée, une bonne digestion. Le tube digestif du chien est par contre mal adapté aux légumes fermentescibles comme les haricots blancs, les haricots rouges, les lentilles et les oignons. Même si le chien peut se permettre de manger plusieurs catégories d'aliments (viandes, poissons, légumes…), certains se révèlent être de véritables dangers pour lui.
100
+
101
+ Les propriétaires sont souvent tentés de donner des os à leur chien, mais il faut savoir qu'il y a un risque (faible) qu'ils se fractionnent en petits morceaux pointus et causent des lésions lors de l'ingestion (ex : perforation ou lacération de l'œsophage, de l'estomac ou de l'intestin). Mais le plus souvent, les os forment une espèce de sable aggloméré dans la lumière de l'intestin provoquant une constipation sévère accompagnée de douleurs abdominales intenses (coliques). Certains chiens, habitués à en manger, gèrent très bien leur consommation d'os, d'autres non. Certains os (poulet, lapin, côtelette) sont plus dangereux que d'autres. Les os mal nettoyés (avec beaucoup de tendons et ligaments) provoquent des indigestions. Enfin, il faut reconnaître que les os occupent positivement un chien (il vaut mieux qu'il ronge un os que les pieds de table) et que le travail de mastication est positif pour l'hygiène buccale. Il en est de même pour les bouts de bois que le chien a tendance à ronger[40].
102
+
103
+ Des friandises peuvent être offertes avec parcimonie en récompense à cet animal plutôt gourmand. Nous ne sommes plus ici à proprement parler dans le cadre strict de l'alimentation : une récompense devrait n'être réservée que dans un contexte d'apprentissage (Application d'un stimulus dans le cadre d'un apprentissage animal), dans le cas contraire cela peut être source de dérive comportementale (obésité, vol et troubles hiérarchiques).
104
+
105
+ Le chocolat contient de la théobromine, substance mal tolérée par les chiens : des doses faibles (deux grammes suffisent pour les plus petits), peuvent leur être mortelles[41].
106
+
107
+ Pour un chiot, les repas devront être donnés quatre fois par jour, car comme pour un bébé, leur estomac est plus petit et la digestion se fait plus vite. À quatre mois, on pourra descendre les repas à trois, et à partir de 6 mois, deux repas seront suffisants.
108
+
109
+ Les chiens, en particulier les plus grands, les plus musclés (Terre-Neuve, Boxer, etc.) et les plus vifs (Berger des Pyrénées, terriers, etc.) ont besoin d'espace et d'activité musculaire : jeu, travail, etc. À défaut d'un jardin où l'animal pourrait rester autant de temps qu'il le souhaite, celui-ci a besoin de « sortir » au moins quatre fois par jour (une fois toutes les six heures environ) pendant une vingtaine de minutes environ, pour se « dépenser », mais aussi et surtout pour éviter les infections urinaires, dues généralement �� une trop longue stagnation de l'urine dans la vessie. Si l'animal ne peut être détaché parce qu'il s'enfuit, une longue laisse est adaptée. Cette moyenne de quatre sorties par jour augmentera en cas de risque aggravé d'infection urinaire. C'est le cas notamment pour certaines races de chiens, comme les bergers allemands (susceptibles de nombreux problèmes rénaux) ou lorsque le chien a accès à des aliments non recommandés (voir alimentation).
110
+
111
+ Si l'animal a accès à un jardin ou tout autre espace, une sortie quotidienne d'une durée d'environ une heure (plus ou moins selon le chien, sa race, son âge, etc.) est idéale. Le meilleur compagnon du chien reste, à défaut de l'homme, un autre chien. Cependant, les réactions des chiens entre eux sont imprévisibles et nécessitent un temps d'observation de la part des propriétaires en cas de rassemblement. Le chien est un animal social et de contact. La solitude est une souffrance pour lui. Il a aussi toujours besoin de rencontres avec ses congénères. Il est fréquemment à la recherche de partenaires que ce soit pour le jeu, le toilettage mutuel, et la reproduction.
112
+
113
+ Le marquage du territoire est un acte d’une grande importance. Le chien a besoin de flairer ses propres traces, celles de ces congénères et d'en déposer de nouvelles. Le jeu ou le travail sont primordiaux pour l’équilibre psychologique même chez le chien adulte, car il permet d’évacuer des tensions accumulées.
114
+
115
+ Dans certains pays, les chiens de compagnie, de travail, de chasse sont référencés, afin d'assurer leur santé et leur protection. Vermifugations et vaccinations font partie du suivi médical de base des animaux, qui doivent posséder papiers et carnet de santé mis à jour lors des visites par le vétérinaire. Des vaccins sont exigibles à la frontière de certains pays, notamment la rage.
116
+
117
+ Chien avec une collerette l'empêchant de toucher ses plaies.
118
+
119
+ Dentiste pour chien (U.S. Navy).
120
+
121
+ L'application d'une solution saline pour soigner les yeux d'un chien. Octobre 2019.
122
+
123
+ Le chien en France métropolitaine peut être contaminé par plusieurs types de vers : vers ronds et vers plats. Dans les vers ronds, on trouve 3 catégories principales : Ascaris, Ankylostomes, Trichures. La contamination se fait par le milieu extérieur.
124
+
125
+ Dans les vers plats : Taenias, Dipylidium, Échinocoques. La contamination se fait par consommation d'un hôte intermédiaire : rongeurs, mammifères… pour les taenias, puces pour le dipylidium, viscères de mouton ou petits rongeurs pour les échinocoques. Toutes les variétés peuvent contaminer plus ou moins l'espèce humaine (sauf les trichures) : un traitement trimestriel avec un vermifuge polyvalent est actuellement conseillé par l'ESCAPP[42]. Le traitement induit de choisir un vermifuge actif sur l'ensemble de ces vers : consulter un vétérinaire.
126
+
127
+ Les parasites internes sont peu spécifiques, comme les parasites intestinaux que ce soient les ténias ou ascaris, les coccidies, les trichuris, ou d’autres causes de maladies comme la gale auriculaire, la démodécie, la toxoplasmose, la dirofilariose, les ankylostomes, la douve du foie, la giardiose. La giardose du chien est fréquente en France, touchant les animaux de tout âge, avec une prévalence plus élevée chez les jeunes qui sont plus sensibles à la contamination fécale et sont immatures au plan immunologique.
128
+
129
+ Un chien en bonne santé possède une truffe humide. La propreté corporelle (arrière-train, pattes, pelage, etc.), assurée par le chien, en est également le signe. L'haleine nauséabonde peut être signe de caries. La température normale du chien oscille entre 38 et 39 °C, en fonction de la race et de l'activité. Son rythme cardiaque est d'environ 90 à 120 pulsations par minute, pour environ 20 mouvements respiratoires dans ce temps. Si la température du chien s'élève à plus de 39 °C, le chien est certainement malade. Pour prendre sa température on peut utiliser un thermomètre légèrement lubrifié.
130
+
131
+ Les principales maladies infectieuses chez le chien sont la maladie de Carré, la maladie de Rubarth, la leptospirose, et la parvovirose. D'autres maladies infectieuses plus méconnues du grand public peuvent toucher le chien dès son plus jeune âge. Parmi elles, la toux du chenil (trachéobronchite infectieuse canine) est une maladie très contagieuse, la piroplasmose (maladie parasitaire transmise par les tiques qui s'attaque aux globules rouges du chien) et enfin le virus de la rage (maladie transmissible à l'Homme) si le chien n'est pas vacciné comme il se doit.
132
+
133
+ Ces maladies peuvent faire l'objet de vaccinations, et nécessitent une prise en charge par un vétérinaire. Le chien peut aussi souffrir d'affections telles que des problèmes digestifs, cardiaques ou urinaires.
134
+
135
+ Depuis quelques années, les chiens ont la possibilité d'être assurés avec des assurances spéciales[43],[44].
136
+
137
+ Le brossage, en particulier pour les chiens à poil long, permet d'éliminer les poils morts. Il permet aussi de repérer la présence éventuelle de parasites externes, tels que les tiques ou les puces. La puce la plus fréquente chez le chien est en fait la puce du chat Ctenocephalides felis. Ces parasites, responsables de démangeaisons intempestives, peuvent entraîner allergies, chutes de poils, et irritations de la peau du chien. Ils doivent donc être éliminés selon les conseils d'un vétérinaire ou de son expérience propre. Lorsque le chien a des puces, il faut les détruire sur le chien, mais aussi à l'endroit où il dort, car elles peuvent aussi aller se loger dans les fissures du sol près de son logement. Un nettoyage à fond sera donc nécessaire.
138
+
139
+ Les tiques sont plus faciles à éliminer. Elles peuvent être enlevées avec une pince à épiler, mais il faut avoir un certain tour de main. Cependant, si une tique est mal retirée, sa « trompe » peut rester coincée dans la peau du chien et entraîner inflammation et infection. Il existe cependant de petits appareils spécialement conçus pour retirer les tiques en toute sécurité.
140
+
141
+ En cas de nécessité, un shampoing adapté peut être utilisé pour laver l'animal. En revanche il ne faut laver le chien que très rarement, voire jamais, car des bains fréquents peuvent irriter la peau de l'animal et lui provoquer de l'exéma. Les yeux et les oreilles peuvent aussi être nettoyés mais avec grande précaution. Pour les pattes, vérifier régulièrement ou en cas de boiterie, afin d'éviter qu'un corps étranger (épine, clou…) ne cause des lésions entre les coussinets. Idéalement, vermifuger les chiens, car ceux-ci peuvent avoir des vers intestinaux. La prise de comprimés ou autres formes, permet d'éviter et de supprimer ces vers. Si le chien côtoie des populations de tiques, de puces et autres, on peut lui appliquer le traitement adéquat. Les traitements peuvent être prescrits par un vétérinaire.
142
+
143
+ On a donné aux chiens le nom scientifique de Canis familiaris au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie évolutive, qui a permis de mettre en évidence l'étroite relation entre races domestiques et sauvages. À ce titre, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles. Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d’autres groupes similaires[45] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces »[46]. On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce qui reprend l'épithète spécifique de l'ancienne espèce.
144
+
145
+ Certains biologistes sont même réticents à utiliser la notion de sous-espèces pour un groupe domestiqué. D'un point de vue évolutif, l'idée d'espèce ou de sous-espèce est en effet liée à l'idée de sélection naturelle, et non de sélection artificielle. Du fait de cette réticence, et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation « forma », abrégée « f. », qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages :
146
+
147
+ Leur rôle le plus général semble bien d'être avec l'homme. L'homme aime bien avoir des chiens près de lui. Ceci est probablement dû à la fois à la psychologie humaine et à la psychologie canine. Également, le besoin des aptitudes naturelles des chiens dans des activités nourricières, de garde, de chasse, de recherche sont incontournables[réf. nécessaire].
148
+
149
+ D'un point de vue génétique, selon une analyse comparative d'échantillons d'ADN mitochondrial, les lignées du chien et des autres sous-espèces de loup se seraient séparées il y a environ 100 000 ans[47]. Toutefois, cette divergence pourrait correspondre à celle d'une population de loups d'où plus tard serait sortie la lignée des chiens. L'analyse d'ADN mitochondrial ne peut donc pas prouver que des chiens existaient déjà il y a 100 000 ans. Par ailleurs, les plus anciens restes fossiles connus de chien domestique ont été trouvés dans les grottes de Goyet en Belgique et datent de 31 700 ans[3]. L'origine de cette domestication est donc clairement préhistorique. Plus précisément, elle est l'œuvre de groupes de chasseurs du Paléolithique supérieur. En comparaison, le cheval sera domestiqué par des groupes nomades entre 4000 et 3000 av. J.-C. Le chien aurait été simplement apprivoisé parmi d'autres animaux, tels les chacals ou les rongeurs. Mais c'est le seul maintenu en dépendance, car il aurait montré le plus d'aptitudes à une socialisation primitive. Des expériences, en cours depuis une cinquantaine d'années avec des croisements sélectifs de renards semblent donner des résultats similaires à ceux observés chez le chien (comportement particulièrement social, pédomorphisme, tempérament enfantin, etc.).
150
+
151
+ L'apprentissage peut être très long et peut demander des années dans certains cas spécifiques : chien d'aveugle, d'assistance, policier, de troupeau, etc. L'éducation fait aussi partie de la santé de l'animal domestique : l'autorité du propriétaire doit être établie dès que possible et la socialisation permet d'intégrer le chien au sein d'une famille avec enfants et/ou autres animaux domestiques. Comme pour tout apprentissage, il n'existe pas de méthode unique efficace dans toutes les situations, mais une large palette de moyens d'apprentissage : à chaque maître de trouver celle qui fera le mieux comprendre au chien ce qui est attendu de lui. De plus, bien que certaines races de chiens soient plus calmes que d'autres, le comportement d'un chien dépend toujours de l'éducation et de l'attention qu'il aura reçues. Cependant, un chien gardera sa part d'instinct et de prédateur[50].
152
+
153
+ Toutefois, malgré la large palette de méthodes et d’outils utilisables pour l’éducation d’un chien, son comportement et sa propension à proposer et à prendre des initiatives sont directement liés à la façon de faire de l’éducateur. Ainsi, les méthodes douces, favorisant le fait de récompenser une bonne action ou un bon comportement (renforcement positif – R+ Voir conditionnement opérant), associées à une bonne compréhension de la communication canine (comme les signaux d’apaisement et les postures) permettent une meilleure relation entre le chien et le maître, un accroissement de la confiance dans le binôme ou dans la famille, et d’une manière plus générale une jovialité dans le caractère de l’animal qu’on ne retrouvera que beaucoup plus difficilement avec certaines méthodes plus traditionnelles, basées sur la domination forcée de l’animal et la punition à la suite d'un mauvais comportement (punition positive – P+ Voir conditionnement opérant)
154
+
155
+ Les chiens peuvent reconnaître jusqu'à environ 1 000 mots. L'hémisphère cérébral gauche est spécifiquement impliqué dans la reconnaissance des mots connus du chien. L'hémisphère droit est spécifiquement impliqué dans le traitement de l'intonation. Le système de récompense n'est activé par l'audition d'un mot que si ce mot et son intonation sont tous deux associés par le chien à une louange[51].
156
+
157
+ Dans certains pays, comme tout animal domestique, les chiens ont droit à la santé et à la protection ce qui implique que les propriétaires aient des devoirs et responsabilités envers eux et vis-à-vis de la sécurité d'autrui. Ainsi, par exemple :
158
+
159
+ En outre tout chien de plus de 4 mois nés après le 6 janvier 1999 doit être identifié (préalablement à toute cession par vente ou par don) de même que pour tout déplacement à l’étranger ; toute importation ; pour l’inscription à un livre généalogique (LOF) et pour tout transit par un établissement de garde ou de vente.
160
+
161
+ En dehors du cadre familial, où il aime à se dépenser, partager les jeux et les joies tout en protégeant son foyer en montant la garde, on trouve le chien dans diverses activités aux côtés de l’homme.
162
+
163
+ Les chiens sont utilisés à de nombreuses tâches, qui font appel à différentes qualités, selon les besoins. Depuis longtemps, les chiens de berger sont les auxiliaires des gardiens de troupeaux (bergers) là où ils se trouvent. Au XIXe siècle, des chiens, appelés chiens de charrette, étaient utilisés, notamment en France, en Belgique et aux Pays-Bas, pour tracter la petite charrette des livreurs de lait. En 1936, le Ministère de l'Intérieur français interdit la traction canine (sauf transport de personnes mutilées ou infirmes), mais la pratique subsiste sous une forme marginale jusqu'à 1945[53].
164
+
165
+ Ils peuvent être également les auxiliaires fonctionnels et exutoires affectifs de sans-abris[54].
166
+
167
+ Les chiens de races reconnues pour leur résistance et leur endurance peuvent être utilisés comme chien d’attelage, de sauvetage et d’assistance. Ceux dont les capacités, d’attention, d’obéissance et de flair sont appréciées, aident les chasseurs (chien de chasse), les chiens chercheurs de truffes auxiliaires des caveurs (chien truffier), ou encore les forces de police dans la lutte antidrogue (chien de détection) et la recherche de personnes (chiens pisteurs, comme les bergers allemands).
168
+
169
+ Le chien de garde doit être à la fois agressif et obéissant. Certains chiens sont dressés afin d’aider les personnes handicapées, et notamment les personnes non voyantes (chien guide d’aveugle, comme les labradors). Ceux enfin suffisamment curieux, joueurs, complices avec leur maître, peuvent être chien de cirque, chien acteur de cinéma, chien de sport ou de loisirs.
170
+
171
+ Les chiens sont utilisés en temps de guerre, l'exemple le plus connu étant celui des chiens anti-char. Actuellement, l'armée française emploie un certain nombre de chiens militaires. Ils sont des aides très efficaces pour la recherche d'explosifs (des opérations ont été menées pour la recherche de mines antipersonnel, de stupéfiants, pour la détection d'intrus dans les locaux de la défense). Du personnel hautement qualifié forme chaque année des équipes cynégétiques. Le maitre-chien militaire doit instaurer avec son partenaire canin une complicité résistant à toute épreuve dans les pires situations. Il doit maîtriser l'ensemble des techniques permettant de transporter le chien en montagne, comme sur mer (faire du rappel avec son chien, mais également faire des sauts en parachute avec son chien, etc.). Le Berger Belge Malinois est un chien très apprécié pour son tempérament rusé, sa vivacité et sa perspicacité, de même que le berger des Pyrénées.
172
+
173
+ Les chiens, principalement des beagles, sont également utilisés pour la recherche scientifique. En France, cet usage est règlementé par le décret de 1987[55] : la fourniture de chiens pour les laboratoires est légale, comme l'expérimentation animale, pourtant de nombreuses associations s'insurgent contre ces pratiques. Au Canada, les conditions d'expérimentation sont notamment définies par le Conseil canadien de protection des animaux[56]. La zoothérapie fait parfois appel à des chiens pour aider à résoudre des problèmes comportementaux chez l'enfant[57].
174
+
175
+ Dans certaines civilisations, on mange de la viande de chien. Le chow-chow et les chiens nus américains (chien nu mexicain et chien nu du Pérou), en particulier, sont des races sélectionnées spécifiquement comme source de viande. Aussi, certains pays comme la Chine sont le théâtre d'un trafic de chiens, détenus et utilisés dans des circonstances qualifiées d’inhumaines par les associations de défense des animaux, qui s’insurgent contre leurs pratiques. Ainsi dans la région de Yulin (Guangxi), la tradition est de fêter le solstice d'été en consommant de la viande de chien. Les animaux seraient issus des zones urbaines et non d'élevages[58]. Toutefois en avril 2020, la Chine décide d'exclure les chiens et les chats d'une liste officielle des animaux comestibles en raison d'une opposition croissante de la population[59].
176
+
177
+ Le chien est utilisé dans l'alimentation humaine, ou a été utilisé, sur pratiquement toute la planète. Il est cependant culturellement mal vu de consommer du chien en Europe et aux États-Unis ainsi qu'au Canada et à l'Île Maurice depuis quelques décennies. Certains États des États-Unis en interdisent explicitement la consommation. Les populations montagnardes des Monts Mandara consomment régulièrement de la viande canine disponible sur les marchés. La consommation de chiens domestiques est liée à certains rites importants[60].
178
+
179
+ En Suisse, il est interdit de commercialiser de la viande de chien, en revanche, aucune loi n'interdit la consommation de viande de chien dans un cadre privé[61].
180
+
181
+ Nombre de chiens par pays[réf. nécessaire] :
182
+
183
+ Auxquels il faut ajouter les chiens errants ou chiens parias, redevenus plus ou moins sauvages par marronnage.
184
+
185
+ La société s'adapte à la présence des chiens au sein des familles et de villes. Ainsi, de nombreuses structures spécialisées ont vu le jour afin de répondre aux besoins des compagnons et de leurs maîtres.
186
+
187
+ Il existe un système de normalisation dans les différents pays du Monde. Il s’agit d’une formalité universelle qui doit être respectée pour le chien de race, pour peu que son maître ait l’intention de l’inscrire à des concours canins officiels.
188
+
189
+ En France, une règle[Laquelle ?] impose que tous les chiens descendant de deux parents inscrits au LOF et de ce fait titulaires du « certificat de naissance et d'inscription provisoire au LOF au titre de la descendance » qui naissent une même année portent des noms commençant par la même lettre. Cette règle a été instaurée pour mettre de l'ordre dans le « Livre des origines français » ou LOF, registre d'état civil canin depuis 1885. Durant longtemps, les propriétaires n'étaient pas contraints de déclarer rapidement leur animal et certains le faisaient même plusieurs années après la naissance. De ce fait, le fichier national était vite devenu un véritable casse-tête lors des consultations puisque les chiens n'étaient pas inscrits dans l'ordre chronologique de la date de leur naissance.
190
+
191
+ En 1926, la Société centrale canine, chargée de tenir à jour le registre « LOF », met en place un premier système de lettrage pour simplifier la consultation. Tous les chiens nés une même année doivent porter dorénavant un nom dont la première lettre est celle choisie pour l'année en cours : « A » en 1926, « B » en 1927, etc. (le « Z » fut exclu). Cependant de 1948 à 1952, de nombreux propriétaires se sont insurgés contre ce système qui leur imposait les lettres « W », « X » ou « Y », car elles offraient trop peu de possibilités de noms, ce qui eut pour conséquence qu'en 1952 un chien sur quatre portait le nom de « Zorro ». Finalement, en 1973, la Société centrale canine supprima définitivement les lettres jugées difficiles « K », « Q », « W », « X » ou « Y », réduisant à vingt l'alphabet des noms canins. Cette année-là, la lettre J a été choisie[64].
192
+
193
+ En 2020, la France en est actuellement à la lettre R[65].
194
+
195
+ Dans les principaux pays francophones, les chiens nés en 2008 doivent posséder un nom commençant respectivement par les lettres suivantes[66] : la lettre H en Belgique[67] et la lettre U au Québec (Canada)[9]. En Suisse, le nom ne tient pas compte de l’année, mais de la portée dans un élevage donné. Les chiens de la première portée se voient attribuer la lettre A, ceux de la seconde portée la lettre B et ainsi de suite.
196
+
197
+ En France, d'après des statistiques d'assurance, 500 000 personnes sont chaque année victimes de morsures de chien, parmi lesquelles 60 000 nécessiteraient une hospitalisation[68]. De 1990 à 2010, ces attaques ont provoqué 33 décès[69].
198
+
199
+ Aux États-Unis, 4 500 000 personnes sont mordues chaque année[70], avec une moyenne de 31 décès par an[71].
200
+
201
+ Les problèmes liés aux déjections canines peuvent être un défi pour les services de propreté urbaine. Par exemple, la population canine parisienne produit à elle seule 16 tonnes de déjections par jour[72].
202
+
203
+ Des motocrottes ont été créées dans les années 1980 à Paris pour ramasser les déjections canines, en plus d'espaces dédiés. Des campagnes de communication tentent d'avertir les propriétaires des problèmes provoqués par les déjections canines. De nombreuses villes ont mis en place des systèmes de distribution de sacs en plastique pour permettre aux propriétaires de ramasser les déjections de leurs animaux.
204
+
205
+ Certains chiens qui n'ont pas été éduqués à limiter leur aboiement génèrent du bruit qui peut engendrer un trouble anormal du voisinage s'ils aboient de manière répétée. C'est le cas notamment des chiens de garde qui vivent en extérieur. Le fait de rentrer le chien le soir élimine le problème d'aboiements nocturnes. Les chiens qui n'ont pas été habitués à rester seuls peuvent pleurer, voire hurler durant l'absence de leur maître. Le volume sonore étant plus faible qu'un aboiement cette nuisance, essentiellement diurne, est plus fréquente lorsque le chien vit en appartement. En France, les nuisances sonores occasionnées par un chien font encourir à son maître une contravention de 3e classe pouvant aller jusqu’à 450 € [73].
206
+
207
+ Dans les pays développés, la procédure consiste à placer les chiens errants en fourrière, à les identifier par tatouage ou puce RFID, à les vacciner puis à les mettre à l'adoption. Dans ces pays, il est courant d'avoir un chien comme animal de compagnie et chercher un chien dans un refuge est une pratique répandue. Les frais d'adoption payés par les adoptants sont une source de revenus pour les organismes chargés des fourrières animales.
208
+
209
+ De nombreux pays en développement ne disposent en revanche d'aucune infrastructure de régulation des populations canines. De manière générale les chiens y sont plus rarement vaccinés. Dans ces pays, les chiens errants peuvent mordre les humains et contribuent à disséminer la rage ou d'autres infections. À Gurgaon, en Inde environ 50 morsures dues à des chiens errants sont enregistrées chaque jour[74]. Dans ces pays, les chiens errants se regroupent dans les villes et aux abords des villages. Tant que leur nombre reste restreint, ils sont tolérés et même nourris, car ils éloignent les prédateurs des habitations et des animaux d'élevages. Dans les zones plus reculées, les chiens parias, ou redevenus plus ou moins sauvages par marronnage, sont localement source de dégâts dans les troupeaux de moutons.
210
+
211
+ Tout récemment[Quand ?], l’État a profondément modifié l’organisation sous sa tutelle de la tenue des livres généalogiques ou registres zootechniques des races des espèces canines et félines. Les dispositions de l’article L. 653-3 du Code Rural organisant sous la tutelle de l’État la tenue des livres généalogiques ou registres zootechniques des races des espèces équine, asine, bovine, ovine, caprine et porcine ne concernent plus les espèces canines et félines. La LOI no 2011-525 du 17 mai 2011 de « simplification et d'amélioration de la qualité du droit », par son article 33 a exclu de ces dispositions ces deux espèces, privant ainsi de fondement les décrets et arrêtés précisant les conditions d'octroi et de retrait d’agrément des organismes de sélection, ainsi que leurs missions.
212
+
213
+ La situation créée par cette réorganisation peut se résumer par deux conséquences :
214
+
215
+ En Europe, l'identification des carnivores domestiques par puce sous-cutanée électronique ainsi que la vaccination contre la rage sont obligatoires pour passer les frontières[75].
216
+
217
+ En France l'identification et la vaccination contre la rage sont obligatoires pour aller sur certaines îles (dont la Corse) (abrogé arrêté du 14 janvier 2008 abrogeant l’arrêté du 29 novembre 1991 relatif aux conditions et modalités d’introduction des carnivores domestiques en Corse et dans les départements d’outre-mer) ou pour les importations[76]. L'identification sur le territoire français est obligatoire pour tous les chiens de plus de 4 mois et pour tous les chats de plus de 7 mois et nés après le 01/01/12 ainsi que pour toute cession à titre onéreux ou gratuit (Code Rural art.L212.10)[77]. En résumé, la vaccination Rage n'est pas obligatoire sauf lors des sorties du territoire et pour les races dites dangereuses (loi du 6 janvier 1999).
218
+
219
+ Elles sont désignées souvent par la première lettre) : CHLPPi
220
+
221
+ Au Québec, en matière de morsures et d’agression chez le chien, la tendance est la discrimination[78] de certaines races dites puissantes, féroces ou dangereuses (pitbull, berger allemand, husky) parce que leur morsure va causer des dommages physiques et psychologiques chez l’humain. La gueule est plus puissante, le chien plus gros et plus fort, le dommage sera visible. La sociabilisation et l’éducation en bas âge sont un facteur majeur qui influence le comportement du chien, qu’importe sa race[79]. Le chien pourrait représenter un danger pour l’humain s’il a subi un traumatisme (accident d’automobile), s’il est dans une phase post-épileptique (ne reconnaît pas encore son maître), s’il est vieux (sénilité)[80], souffrant (maladies) ou errant.
222
+
223
+ En France, la loi distingue les races ou types de Chiens considérés comme susceptibles d'être dangereux et les autres races de chiens qui doivent respecter des règles moins strictes. Les chiens susceptibles d'être dangereux sont classés par catégorie.
224
+
225
+ Les chiens susceptibles d'être dangereux de première catégorie (chiens d'attaque) sont les chiens de type « pitbull », « boerbull » ou « assimilable Tosa », soit :
226
+
227
+ Les chiens susceptibles d'être dangereux de deuxième catégorie (chiens de garde et de défense) sont :
228
+
229
+ Depuis le 1er janvier 2010, tout propriétaire d'un chien de première ou deuxième catégorie, d'un chien ayant mordu ou bien qui pourrait représenter une menace, doit posséder un permis chien. Il est pour cela impératif de suivre une formation pour être déclaré apte à détenir un chien dit « dangereux ». De plus, le maître soumet son chien à une évaluation comportementale exercée par un vétérinaire agréé. L'examen permet d'évaluer le risque et la dangerosité du chien et les mesures à prendre. Ce contrôle permettra de détecter tout trouble du comportement chez l'animal[81].
230
+
231
+ La divagation est interdite et passible de mise en fourrière (Art. L.211-19-1 du code rural et de la pêche maritime[77]) Si l’animal est identifié, son propriétaire ou détenteur ne peut le reprendre dans un délai de 8 jours qu’après s’être acquitté du paiement des frais de fourrière. Passé ce délai, l’animal peut être euthanasié ou remis à une association de protection des animaux.
232
+ Remarque : en cas d'action de chasse, de garde ou de protection d'un troupeau, le chien n'est pas considéré comme en divagation, mais son propriétaire (ou la personne qui en est responsable) est alors tenu[82]:
233
+
234
+ Dans certains pays, les fourrures du chien et du chat font l'objet d'une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent cet usage des chats[83].
235
+
236
+ Elle est désormais interdite d'importation et d'exportation en Europe à partir de janvier 2009[84],[85]. Les mesures prises par l'Europe dans ce domaine visent à mettre fin aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l'étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d'autres désignations, comme fourrure synthétique, par exemple). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l'élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[86].
237
+
238
+ Comme l'a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
239
+
240
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu'il est inacceptable d'élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L'interdiction à l'échelle communautaire que nous proposons aujourd'hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[86]. »
241
+
242
+ D'après des enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du sud, les chiens et les chats feraient l'objet en Chine d'un commerce très important, dans des conditions particulièrement mauvaises[87] :
243
+
244
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l'importation dans la Communauté et l'exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l'étiquetage identifiées de la part de pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[85] :
245
+
246
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu'elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[note 3], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d'action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28.02.2006] »[85].
247
+
248
+ La plupart des pays encadrent l'élevage des chiens de compagnie destinés à être mis sur le marché.
249
+
250
+ Le chien tient une place importante dans la mythologie car il est considéré comme un animal psychopompe, c'est-à-dire qu’il guide les âmes jusqu’au royaume des morts. L’on retrouve le symbolisme du loup initiateur et gardien du royaume des morts chez de nombreux peuples : Égyptiens (Anubis le dieu des morts et conducteur d’âmes, à tête de chien ou de chacal), Grecs (Cerbère le chien monstrueux à trois têtes, gardien des Enfers), Sioux (le loup est appelé « chien de dessous-terre » et le coyote « chien qui rit »), Bantous (le chien délivre les messages des morts au sorcier en transe), Mexicains (Xolotl dieu chien jaune qui accompagna le soleil dans son voyage sous la terre pour le protéger durant la nuit).
251
+
252
+ Anubis est le dieu égyptien des morts représenté par une tête de chien. Dans l’Égypte antique, le chien était également l'un des douze animaux sacrés associé aux douze heures du jour et de la nuit[réf. nécessaire].
253
+
254
+ Chez les Celtes, le chien était considéré comme un animal au courage exceptionnel. Qualifier quelqu’un de « chien » dans cette civilisation, était rendre hommage à la bravoure de l’intéressé. Le héros Cúchulainn (chien de Culann) de la mythologie celtique irlandaise en est l’image la plus emblématique[réf. nécessaire].
255
+
256
+ Pour les Chinois, le chien est le onzième des douze animaux qui apparaît dans le zodiaque. Il est dit sensible à tout ce qui touche à l’injustice, intelligent et serviable[réf. nécessaire].
257
+
258
+ Pour les Musulmans, le Chien a un côté obscur qui en fait un être impur, à l’exception du lévrier qui est considéré comme un animal noble[réf. nécessaire].
259
+
260
+ Cette dualité a valu au Chien un certain nombre d’expressions peu flatteuses : « un caractère de chien, un temps de chien, traiter quelqu’un comme un chien, avoir une vie de chien… ». Rares sont les déclinaisons élogieuses telles que « avoir du chien ».
261
+
262
+ L’on trouve également de nombreuses légendes sur le chien ou son ancêtre le loup : les chiens noirs fantômes du folklore britannique, les loups-garous, les fameuses bêtes du Gévaudan, du Nivernais ou de l’Aubrac, le « méchant loup » du Petit Chaperon rouge ou des Trois Petits Cochons. Le chien est également à l’honneur au cinéma et à la télévision (Beethoven, Lassie, Belle et Sebastien, Rintintin, Rex…) ou dans la bande dessinée (Milou, Rantanplan, Bill, Idéfix, Cubitus, Snoopy, etc.). Il n’est pas oublié dans les romans tels que « Le Chien des Baskerville », une aventure de Sherlock Holmes, le détective inventé par Arthur Conan Doyle, « Croc-Blanc » de Jack London, Lassie, chien fidèle de Eric Knight, ou « Cujo » de Stephen King.
263
+
264
+ Le chien est aussi représenté en astronomie depuis Ptolémée, par les constellations du Grand Chien (Canis Major) qui abrite Sirius l’étoile la plus brillante du ciel, celle du Petit Chien (Canis Minor) qui accueille Procyon, l’étoile se levant juste avant Sirius, et la constellation boréale des chiens de chasse (Canes Venatici) dont la création est plus récente[réf. nécessaire].
265
+
266
+ Les aléas de sa domestication expliquent sans doute l'image ambigüe, tantôt positive ou négative, attachée à cet animal. Si les chiens ont très tôt été domestiqués en Europe occidentale par les Grecs, ils sont restés sauvages dans les régions d'Asie occidentale, de même que les chiens parias en Inde. Les chiens sont ainsi plutôt considérés comme de fidèles compagnons par les Chrétiens, tandis que les Hébreux et l'Islam continuaient à mépriser les chiens sauvages ou marrons rôdant en bandes affamées, volontiers charognards, propageant la rage et copulant à la vue des passants[90],[91].
267
+
268
+ Ainsi pour un Arabe, la pire injure serait d'être traité de « chien »[90].
269
+
270
+ Pourtant le Coran fait peu référence au chien, si ce n'est au chien de chasse : il est considéré comme bon de manger la viande d'un animal tué par un chien domestique après avoir prononcé le nom de Dieu[note 4]. De même, le chien y est présenté comme un animal fidèle[note 5] ou présenté comme un réfugié à part entière[note 6] des Dormants de la Caverne, cachés là car ils étaient persécutés pour leur croyance en Dieu.
271
+
272
+ Les Hadiths abordent davantage la question du chien. Selon ces récits, Mahomet aurait dit qu'un homme qui donne à boire à un chien assoiffé sera pardonné de ses péchés, il précise qu'il en va de même pour l'aide apportée à tout autre animal[note 7]. Il aurait également déconseillé aux musulmans de garder dans leurs maisons des chiens appartenant à des races autres que des chiens de chasse, chiens de berger ou chiens de garde pour les terrains (par les terrains il faut comprendre les champs)[note 8].
273
+
274
+ Le Talmud n'approuve pas non plus la détention d'un chien chez soi, où il doit alors être constamment enchaîné. Il est interdit à une veuve de vivre seule avec un chien, de crainte d'être soupçonnée d'avoir des « relations interdites »[90].
275
+
276
+ Dans l'iconographie chrétienne, le chien qui est représenté aux côtés des saints a un rôle positif et actif. Par exemple Saint Wendelin est accompagné d'un chien de berger, tandis qu'on attribue à saint Eustache, saint Hubert et saint Julien l'Hospitalier des chiens de chasse. Dans la peinture dominicaine, les chiens ont pour rôle de mettre en fuite des loups, représentant les hérétiques, qui s’attaquent aux brebis, image des fidèles[92].
277
+
278
+ Dans l'Antiquité grecque, le chien est également utilisé lors d'insultes : ainsi, Agamemnon traite-t-il Achille « d'Homme à l'œil de chien, au cœur de cerf »[93]. Le juron préféré de Socrate est Par le chien, et se rapporte au dieu égyptien Anubis[94].
279
+
280
+ Liste non exhaustive[95],[96] :
281
+
282
+ Sur les autres projets Wikimedia :
283
+
284
+ Canis lupus:
285
+
286
+ Canis lupus familiaris:
287
+
288
+ Canis familiaris :
fr/1064.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,88 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un chiffre est un signe d'écriture utilisé seul ou en combinaison pour représenter des nombres entiers.
2
+
3
+ Dans un système de numération positionnel comme le système décimal, un petit nombre de chiffres suffit pour exprimer n'importe quelle valeur. Le nombre de chiffres du système est la base.
4
+
5
+ Le système décimal, le plus courant des systèmes de numération, comporte dix chiffres représentant les nombres de zéro à neuf.
6
+
7
+ L'écriture « 27 » à deux chiffres (2 et 7) représente le nombre « vingt-sept ». Il désigne aussi le vingt-septième d'une liste d'objets, comme dans la date « 27 janvier ». L'écriture « 2 » à un chiffre (2) représente le nombre deux.
8
+
9
+ Le plus ancien système de numération de l'humanité est le système unaire, qui n'utilise qu'un seul chiffre, en forme de bâton, se répétant autant de fois que nécessaire pour représenter un nombre (exemple des os d'Ishango, découverts en République démocratique du Congo et dont les inscriptions dateraient d'il y a 20 000 ans).
10
+
11
+ Ce système est encore en usage de nos jours dans des opérations de dénombrement. En France, le dépouillement des bulletins de vote se fait ainsi en ajoutant une barre dans la ligne du candidat dont le scrutateur lit le nom sur le bulletin de vote. Pour faciliter le décomptage final, on groupe les barres par cinq.
12
+
13
+ Ce système a donné naissance à de nombreux systèmes additifs où de nouveaux signes remplacent des groupes de chiffres pour rendre les nombres plus lisibles. La numération romaine développe un système additif préhistorique. L'initiale des noms de nombre « cent » et « mille » les représente, selon l'habitude romaine d'utiliser des abréviations pour les inscriptions. Le système s'est répandu dans une grande partie de l'Europe avec les conquêtes romaines, puis par l'influence de l'Église chrétienne. Il était commun au Moyen Âge ; il reste couramment employé pour les siècles, la numérotation des titres de sections de textes, et les heures sur les horloges et les cadrans solaires.
14
+
15
+ Les chiffres arabes font partie des écritures de type logographique, c'est-à-dire que le symbole « 1 » se prononce de façon différente dans chaque langue, mais représente le même élément abstrait et reste donc compréhensible sous sa forme écrite.
16
+
17
+ Ces chiffres doivent leur nom au fait qu'ils proviennent des Arabes. L'ouvrage d'Al-Khawarizmi Traité du système de numération des Indiens (rendu accessible aux lettrés non-arabisants par ses traductions en latin, dont De numero indorum) laisse penser qu'ils seraient originaires d'Inde. Le zéro (représenté par un point) était utilisé comme marqueur de position vide par les astronomes babyloniens, mais ceux-ci n'avaient pas fait la démarche de le considérer comme chiffre à part entière.
18
+
19
+ Le concept du zéro, en tant que symbole numérique à parité avec les autres, qu'élément neutre de l'addition et élément absorbant de la multiplication, est en revanche présent dans les textes mathématiques indiens, en particulier l'analyse du problème de l'échiquier et des grains de blé.
20
+
21
+ Les chiffres de 1 à 9 ont été inventés en Inde. Ils apparaissent dans des inscriptions de Nana Ghât au IIIe siècle av. J.-C. La numération de position avec un zéro (un simple point à l'origine), a été développée au cours du Ve siècle. Dans un traité de cosmologie en sanskrit de 458, on voit apparaître le nombre 14 236 713 écrit en toutes lettres. On y trouve aussi le mot « sunya » (le vide), qui représente le zéro. C'est à ce jour le document le plus ancien faisant référence à cette numération.
22
+
23
+ Au Xe siècle, le moine occitan Gerbert d'Aurillac s'initie à la nouvelle numération et, grâce aux chaires qu'il occupe dans divers établissements religieux d'Europe, commence à le faire connaître aux lettrés d'Occident. Élu pape en 999 sous le nom de Sylvestre II, il en retire l'autorité nécessaire pour faire adopter à la chrétienté la numération indo-arabe malgré la réticence de ceux qui utilisent l'abaque et voient cette simplification menacer une partie de leur métier.
24
+
25
+ Les dix chiffres indiens ont été adoptés dans le monde arabo-musulman, puis dans le monde chrétien. De nos jours, on écrit ces chiffres ainsi
26
+
27
+ Un chiffre est un élément d'écriture. Pour dire un nombre, on n'utilise pas de chiffres. On dit le nom du nombre, que l'on peut aussi écrire « en toutes lettres ». Le nom d'un nombre peut être simple, comme « seize » ou composé, comme « dix-sept » ou « mille deux cent quatre-vingt cinq ». Le nom du nombre varie selon les langues, mais il se réfère toujours exactement à la même abstraction.
28
+
29
+ Pour effectuer des opérations sur les nombres, on a inventé des systèmes de numération qui permettent de les écrire rapidement, en chiffres. L'usage des chiffres pour l'écriture des nombres est lié à la pratique du calcul.
30
+
31
+ L'écriture d'un nombre représente un nombre, c'est-à-dire une quantité[1] alors qu'un chiffre ne représente pas de quantité. On distingue un nombre à un chiffre du chiffre qui est un simple signe[2].
32
+
33
+ Les chiffres jouent un rôle similaire par rapport aux nombres que les lettres par rapport aux mots. À l'écrit, les nombres sont représentés par une juxtaposition de chiffres, de même que les mots sont représentés par une juxtaposition de lettres. Ainsi, 13 (« treize ») est un nombre qui, en base dix, s'écrit avec les chiffres « 1 » et « 3 ». De même qu'un mot peut être constitué d'une seule lettre, tel le mot « a » (verbe « avoir » conjugué à la troisième personne du singulier au présent de l'indicatif), un chiffre seul peut représenter un nombre. Par exemple, en base dix toujours, le nombre 4 (« quatre ») s'écrit avec uniquement le chiffre 4. Par contre, les arrangements de lettres ne forment pas forcément un mot, alors que dans les systèmes de numération positionnelle, toute suite de chiffres peut s'interpréter valablement comme un nombre entier[3].
34
+
35
+ L'écriture en chiffres ne peut représenter que des nombres entiers. Dans les nombres décimaux, un signe de ponctuation, la virgule, sépare le nombre d'unités, à gauche, du nombre de fractions décimales, à droite[4]. Certains nombres ne peuvent se représenter que par une formule (« 1/3 » pour un tiers, « √2 » pour la racine carrée de deux), par un symbole particulier (« π » pour le nombre Pi), ou par un signe convenu qui désigne une variable (« x », « maVariable​ »).
36
+
37
+ Toutefois, quand il ne s'agit pas de mathématiques, par synecdoque, le mot « chiffre » se trouve dans de nombreuses expressions avec le sens de « nombre ». Le Dictionnaire de l'Académie française indique comme second sens du mot « chiffre » : « Le nombre que figurent les chiffres ; le montant total. Le chiffre de la population d'un pays, le nombre de ses habitants. COMMERCE. Chiffre d'affaires, montant des recettes d'un exercice annuel[5] ». On dit couramment « chiffrer », « chiffrage » pour des opérations de dénombrement ou de quantification[6]. En démographie, on parle des « chiffres de la population » et non des « nombres de la population[7] » ; et, en économie, de « chiffre d'affaires », et non de « nombre d'affaires ». Cette confusion commune gêne, dans le cadre scolaire, l'enseignement de la notion de nombre[3].
38
+
39
+ Un nombre s'écrit comme une séquence de chiffres qui peut être de différentes longueurs. Le système unaire n'utilise qu'un seul chiffre, en forme de simple bâton et représentant la valeur 1, qui peut être répété indéfiniment pour exprimer tous les entiers naturels de façon additive. Mais il existe de nombreux systèmes de numération plus élaborés, mettant en jeu des chiffres représentant différentes valeurs. Les chiffres mis à contribution varient selon les cultures. En voici quelques exemples.
40
+
41
+ Ainsi que le montrent ces exemples, les systèmes de numération ne disposent pas tous d'un chiffre « zéro ». Par conséquent, ils ne permettent pas tous de représenter le nombre nul.
42
+
43
+ Dans certaines écritures il existe, en plus de ceux représentant des valeurs entières, des signes représentant des fractions de l'unité. Ainsi, il existe un signe tibétain pour la demi-unité, et des signes peuvent exprimer diverses fractions de l'unité dans de nombreuses cultures indiennes[réf. souhaitée].
44
+
45
+ Le nombre de chiffres d'une numération est étroitement lié au système de numération, c'est-à-dire au mode d'utilisation de ces chiffres. Pour les systèmes additifs et hybrides, la limite du nombre de chiffres disponibles rend les nombres difficiles à représenter au-delà d'une certaines borne. Seuls les systèmes positionnels permettent de représenter aisément tous les nombres entiers à l'aide d'un nombre limité de chiffres.
46
+
47
+ Les systèmes additifs nécessitent, pour une base β, des chiffres pour représentant les puissances successives de β. C'est la somme de la valeur de chacun des chiffres détermine la valeur du nombre. La numération égyptienne, décimale, a ainsi des chiffres de valeur 1, 10, 100, 1000, 10 000, 100 000, 1 000 000.
48
+
49
+ Pour éviter les successions trop importantes, des chiffres de valeur intermédiaire sont parfois utilisés. C'est le cas pour la numération romaine, qui utilise des chiffres de valeur un, cinq, dix, cinquante, cent, cinq cents, mille. Cette dernière connait aussi une variante additive et soustractive, introduisant ainsi une notion d'ordre nécessaire pour interpréter la valeur d'un nombre selon la position de ses chiffres, en leur conférant une valeur soit positive soit négative, en fonction de la comparaison de leur taille avec celle des chiffres suivants (sans que cela permette pour autant d'exprimer les nombres négatifs ou nuls)[réf. souhaitée].
50
+
51
+ Les numérations alphabétiques, quant à elles, utilisent des chiffres pour les différents multiples des puissances de β. Ainsi, la numération hébraïque, par exemple, utilise des chiffres pour les unités (1, 2, 3..., 9), dizaines (10, 20, 30..., 90) et centaines (100, 200, 300..., 900). La numération alphabétique grecque utilise des chiffres pour les mêmes valeurs, et poursuit avec les milliers (1000, 2000, 3000..., 9000)[réf. souhaitée].
52
+
53
+ Les systèmes hybrides nécessitent, pour une base β, des chiffres allant de 1 à β-1, plus des chiffres pour représenter les puissances successives β. Ces systèmes sont multiplicatifs et additifs : chaque chiffre utilisé représentant une puissances de β est, au besoin, précédé d'un chiffre représentant une unité (à partir de 2). La valeur du nombre est alors égal à la somme des nombres et produits de nombres en présence.
54
+
55
+ Les systèmes positionnels utilisent, en principe, β chiffres, de 0 à β-1, pour une base β. Le nombre de chiffres peut néanmoins être plus réduit.
56
+
57
+ Comme le suggère la dénomination, dans un système de numération positionnel, une combinaison de chiffres représente un nombre différent selon la position qu'occupent ces chiffres. Dans une séquence de chiffres, les positions successives ont une valeur égale aux puissances successives de la base. La valeur totale d'un nombre est calculée en multipliant chacun des chiffres par la valeur de sa position, et en additionnant les résultats.
58
+
59
+ Par exemple, dans la séquence 153, le chiffre 3 occupe la première position qui, quelle que soit la base β, a pour valeur β0=1. Le chiffre 5 occupe la deuxième position, qui a pour valeur β1 = β. Et le chiffre 1 occupe la troisième position, qui a pour valeur β2.
60
+
61
+ Dans le cas d'une base dix, 153 vaut :
62
+
63
+ Enfin, pour des raisons de lisibilité, les chiffres peuvent être séparés par petits groupes au-delà d'un certain seuil. Le système de numération indo-arabe fait souvent intervenir, selon ce principe, un séparateur de positions. Le symbole utilisé pour cela est purement conventionnel ; la convention, et donc le symbole employé, varie d'ailleurs selon les pays.
64
+
65
+ En mathématiques, on utilise ordinairement les chiffres arabes, dont l'appellation est ambigüe puisque leur tracé a connu des évolutions en Europe après leur emprunt aux Arabes, et que les Arabes disposent de chiffres qui diffèrent de ceux-là.
66
+
67
+ Ces dix chiffres sont ceux du système décimal employé par défaut : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
68
+
69
+ Le nombre de chiffres utilisés dépend de la base. En effet, n chiffres sont nécessaires pour représenter tous les entiers dans une base n fixe.
70
+
71
+ Généralement, le signe des nombres n'est pas indiqué par les chiffres eux-mêmes, mais par l'adjonction d'un signe supplémentaire, soit +, soit −. Cependant, les chiffres exprimant une valeur positive, le nombre représenté, sans indication supplémentaire de signe, est également positif. De ce fait, le signe + est rarement employé.
72
+
73
+ En informatique, la nécessité a fait adopter d'autres solutions. En langage machine et dans les langages proches, les nombres se notent avec un nombre invariable de chiffres binaires ou hexadécimaux, qui dépend du type déclaré préalablement. Les nombres entiers se notent souvent en complément à 2n. Si le premier chiffre binaire est un 1, le nombre est négatif. La représentation unifiée des nombres relatifs permet d'utiliser dans tous les cas les algorithmes d'addition et de multiplication. Par contre, la représentation en virgule flottante utilise pour la mantisse un signe en plus du code nombre, que les algorithmes doivent traiter séparément, tandis que l'exposant est un nombre entier dont la valeur est décalée par rapport à zéro.
74
+
75
+ Il existe aussi des systèmes équilibrés, employant des chiffres signés. Par exemple, le système trinaire équilibré utilise les chiffres 1, 0, 1, valant, respectivement, -1, 0, 1. Il est adapté pour représenter les booléens dont les valeurs sont « vrai », « faux » et « indéterminé », et est pratique pour l'informatique, car il évite l'ajout d'un chiffre supplémentaire pour indiquer le signe d'un nombre. Dans un tel système, les nombres positifs et négatifs bénéficient de la même représentation[réf. nécessaire].
76
+
77
+ Un système de numération n'implique pas nécessairement l'utilisation du chiffre zéro. La numération bijective en base k permet notamment de représenter tous les entiers sans faire appel à ce dernier. Elle utilise cependant le même nombre de chiffres que le système positionnel usuel. Par exemple, en base dix, il n'y a pas de 0, mais le chiffre A représente la valeur 10.
78
+
79
+ Il existe aussi des systèmes pour lesquels certains nombres peuvent être représentés par plusieurs séquences de chiffres différentes. Dans le système de numération d'Avizienis, par exemple, tous les nombres n'ont pas une représentation unique.
80
+
81
+ D'autre part, des chiffres supplémentaires sont aussi utilisés pour exprimer des nombres de certains ensembles de nombres. Par exemple, pour noter les nombres complexes, un chiffre est représenté par la lettre i (chiffre dit « imaginaire », parfois noté j dans les formules utilisées dans d'autres sciences comme l'électricité, l'électromagnétisme et le traitement du signal) et s'emploie comme une quantité multiplicative, combinable par des opérations arithmétiques simples pour exprimer le nombre complexe quelconque. Dans d'autre cas, on lui préfère une notation algébrique sous forme de couple (aussi utilisée pour noter les coordonnées).
82
+
83
+ Enfin, il existe des représentations des nombres pour lesquelles le nombre de chiffres nécessaires n'est pas limité. C'est le cas, par exemple de la suite des exposants dans la décomposition d'un nombre entier sous forme de produit de puissances de nombre premiers : il est alors nécessaire d'utiliser un séparateur entre les chiffres qui eux-mêmes sont des nombres entiers qui sont exprimés sous forme positionnelle dans une base fixe[réf. nécessaire].
84
+
85
+ Le mot « chiffre » (chiffre, Philippe de Commynes, 1486), qui a probablement subi l'influence du picard pour la modification de la consonne initiale[8], provient de l'ancien français cifre (cifre, Gauthier de Coincy, 1220), d'après l'italien cifra, issu du latin médiéval cifra, lui-même emprunté à l'arabe sifr[9] (الصِّفْر ʾaṣ-ṣifr), utilisé pour « zéro » et signifiant « le vide », le « rien »[10], terme formé sur le modèle du sanskrit sunya, signifiant « vide ».
86
+
87
+ Serge Jodra, « Histoire des mathématiques : Les chiffres », sur Imago Mundi, 2004
88
+
fr/1065.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,93 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La numération romaine est un système de numération additive utilisé par les anciens Romains. Les nombres sont représentés à l'aide de symboles combinés entre eux, notamment par les signes I, V, X, L, C, D et M, appelés chiffres romains, qui représentent respectivement les nombres 1, 5, 10, 50, 100, 500 et 1 000. Ces « abréviations destinées à notifier et à retenir les nombres » ne permettaient pas à leurs utilisateurs de faire des calculs, qui étaient effectués au moyen d'abaques[1].
2
+
3
+ Un nombre écrit en chiffres romains se lit de gauche à droite. En première approximation, sa valeur se détermine en faisant la somme des valeurs individuelles de chaque symbole, sauf quand l'un des symboles précède un symbole de valeur supérieure ; dans ce cas, on soustrait la valeur du premier symbole au deuxième.
4
+
5
+ Contrairement à une idée reçue, les chiffres romains ne sont pas des acronymes mais, comme l'attestent les chiffres d’autres langues et écritures de peuples italiques, des symboles bien précis ensuite confondus avec des lettres. Ainsi, en numération étrusque, qui a constitué l'un des apports des Étrusques aux Romains avec l’alphabet, on trouve des signes ressemblant à I, Λ, X, ⋔, 8 et ⊕ pour I, V, X, L, C et M.
6
+
7
+ La critique moderne reconnaît que la numération romaine est une survivance d'une pratique antérieure à l'invention de l'écriture (et donc, à strictement parler, préhistorique) que l'on retrouve dans de nombreuses civilisations[2]. Ces chiffres seraient liés à la nécessité de faire figurer des repères sur un support, par exemple un bâton : un berger qui veut compter ses bêtes sans savoir énumérer prend simplement un bâton de comptage sur lequel figurent des encoches, fait passer son troupeau devant lui, et décale son ongle d'une encoche à chaque fois qu'une bête passe devant lui ; la dernière des marques de dénombrement correspond au nombre de bêtes. Avec ce système, les premiers chiffres sont toujours des encoches simples, ultérieurement transcrites par des « I », pas nécessairement placés verticalement les uns à la suite des autres, sinon parfois superposés horizontalement.
8
+
9
+ Le repérage devient malaisé dès que le nombre d’encoches dépasse une poignée, parce que IIIIIIII est naturellement plus difficile à lire que VIII. Le berger peut naturellement être conduit à intercaler des encoches de formes différentes servant de repères visuels :
10
+
11
+ Avec un bâton marqué, le berger repère assez facilement l'encoche sur laquelle s'est arrêté son décompte : par exemple, s'il a treize bêtes, son ongle s'arrête sur la troisième encoche après la première dizaine, ce qui se retranscrit en XIII ; s'il en a vingt-neuf, son ongle est à une encoche avant la troisième dizaine, ce qui se note XXIX ; s'il en a cinquante-neuf, son doigt a passé la première cinquantaine et se trouve à une encoche avant la dizaine suivante, soit LIX. Ce repérage primitif peut mener à des écritures atypiques : par exemple, un cran avant la dizaine avant cinquante se noterait IXL (pour trente-neuf). Il est régularisé par la suite, pour former le système connu de nos jours.
12
+
13
+ La notation romaine simplifie les anciens systèmes grecs et phéniciens en utilisant les lettres de l’alphabet latin les plus ressemblantes aux anciens systèmes unaires (c'est-à-dire à base d'un seul signe, comme l'encoche). Les signes les plus communs sont indiqués dans le tableau suivant.
14
+
15
+ Les nombres romains sont majoritairement représentés selon les principes suivants :
16
+
17
+ L'épigraphie prouve que plusieurs graphies ont coexisté librement et le mode opératoire décrit ci-dessus ne s'est fixé que tardivement. Certains nombres peuvent s'écrire sous différentes formes, comme 4 écrit IIII plutôt que IV[4], 8 écrit IIX plutôt que VIII, 40 écrit XXXX plutôt que XL, 95 écrit LXXXXV plutôt que XCV, ou 400 écrit CCCC plutôt que CD. La monnaie romaine privilégie d'ailleurs les formes additives, préférant IIII à IV et VIIII à IX[5].
18
+
19
+ Les mathématiciens de l'époque ne se servent pas de cette notation pour faire des additions ou des multiplications : ils ont recours à des abaques, utilisant de ce fait une notation positionnelle sans avoir conscience qu'elle pourrait servir à écrire les nombres de façon permanente. Il est également possible que les utilisateurs de ce système aient appris certains résultats par cœur (comme aujourd'hui nous apprenons des tables de multiplication)[réf. souhaitée].
20
+
21
+ Une barre horizontale similaire à un macron suscrit, appelée vinculum ou virgula en latin, indique un facteur multiplicatif de 1 000. Ces traits peuvent s'étendre sur plusieurs nombres et ainsi multiplier un ensemble de chiffres. Exemples :
22
+
23
+ Cette notation peut être utilisée conjointement à deux traits verticaux à gauche et à droite du nombre, indiquant quant à eux un facteur multiplicatif de 100. L'épigraphie latine montre ainsi un comptage par centaines de milliers noté en encadrant le chiffre sur trois côtés ; ainsi, ce fragment des Fastes d'Ostie découvert en 1941 (Degrassi, p. 185) publie le chiffre du recensement d'Auguste et Tibère de 14 ap. J.-C. de la façon suivante[6] :
24
+
25
+ C S C R K
26
+
27
+
28
+
29
+
30
+
31
+
32
+
33
+ |
34
+
35
+ X
36
+ X
37
+ X
38
+ X
39
+ I
40
+
41
+ |
42
+
43
+
44
+ ¯
45
+
46
+
47
+
48
+
49
+ {\displaystyle {\overline {\mathrm {|XXXXI|} }}}
50
+
51
+ DCCCC
52
+
53
+ Ce qui se lit « Censa Sunt Civium Romanorum Kapitum quadragies semel centum milia DCCCC », traduit en « Les citoyens romains sont recensés : quarante-et-une fois cent-mille et neuf-cents têtes » soit 4 100 900 (Nicolet 2000, p. 189-190). Cette représentation est d'ailleurs conforme à ce que Pline l'Ancien écrit dans son Histoire naturelle : « Non erat apud antiquos numerus ultra centum millia : itaque et hodie multiplicantur haec, ut decies centena millia, aut saepius dicantur », soit « Les anciens n'avaient pas de nombre au-delà de cent mille ; aussi aujourd'hui encore compte-t-on par multiples de cent mille, et l'on dit dix fois cent mille, ou plus »[7].
54
+
55
+ L'usage d'un trait suscrit doit être considéré avec prudence : parfois il sert simplement à mieux distinguer les chiffres des lettres, voire à signaler une multiplication par 100 si le chiffre surligné précède une abréviation indiquant déjà les milliers (XIII mill. = 13 × 100 mill. = 1 300 000)[8].
56
+
57
+ Dans l'ancienne notation romaine, le chiffre 1 000 s'écrit de nombreuses façons : ⊗, ⊕, Φ, CIↃ, CꟾↃ, ↀ, ∞, ou ⋈ ; de même, le chiffre 500 peut se représenter avec des équivalents aux symboles 1 000 divisés en deux, comme D, IↃ, ou ꟾↃ. De plus, les Romains encadrent de traits les nombres qu'ils désirent voir multipliés. S'inspirant de ces pratiques, les notations du Moyen Âge et de la Renaissance s'enrichissent de nouvelles notations en plus de la notation classique.
58
+
59
+ Ces notations peuvent s'utiliser de façon additive (CIↃIↃCXXX ou CꟾↃꟾↃCXXX = CꟾↃ + ꟾↃ + C + XXX = 1000 + 500 + 100 + 30 = 1630), mais pas de façon soustractive : 4 000 s'écrit MMMM et non MIↃↃ (5000 - 1000).
60
+
61
+ Le tracé utilisant un C retourné en Ↄ et placé après la lettre I s’impose rapidement[réf. nécessaire] : en imprimerie, cela ne nécessite pas de fonte de caractères supplémentaire et améliore la lisibilité des nombres ; et cela est plus facile à tracer à la plume, mal adaptée au tracé de petits cercles. Les formes C ou Ↄ peuvent aussi prendre l'aspect de parenthèses[réf. souhaitée].
62
+
63
+ Enfin, l'une des hypothèses expliquant la forme du symbole ∞, représentant l'infini, serait l’évolution du signe CIↃ en écriture manuscrite onciale[réf. souhaitée] (l'usage de milliers pour désigner de grandes quantités non dénombrées précisément peut se comparer aux expressions « des mille et des mille » ou « des mille et des cent », qui s'entendent aujourd'hui).
64
+
65
+ La graphie •M (M précédé d'un point médian) indique un facteur multiplicatif de 1 000. Exemples :
66
+
67
+ Au Moyen Âge, l’écriture des chiffres romains évolue : on compte et on écrit par vingtaines (système vicésimal), le chiffre vingt étant placé en exposant : soit IIIIXX pour 80[réf. nécessaire] (l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris doit son nom à cette façon de compter : il pouvait accueillir 300 (15 × 20) patients). De même, les centaines peuvent être notées avec le nombre de centaines suivi du marqueur des centaines (c ou, au pluriel, ctz pour centz) en exposant : donc 300 s’écrit IIIc ou IIIctz[réf. nécessaire].
68
+
69
+ À partir du IVe siècle, l'écriture onciale, facile à tracer à la plume, réduit progressivement l'usage des écritures en capitales romaines ou en quadrata ; les chiffres s'écrivent en lettres minuscules comme le reste du texte, et les majuscules sont rares (pas même en début de phrase) et plutôt réservées aux lettrines décoratives. Dans le texte, les nombres sont donc encadrés de points médians afin de les distinguer plus facilement des mots ; par exemple, ·xxvıı· représente le nombre 27 (le i n'était pas encore surmonté d'un point, qui apparait bien plus tard en écriture gothique pour faciliter la distinction entre ı, m, n, et u).
70
+
71
+ La position de ces points varie suivant les auteurs (l’usage de la ponctuation, et notamment la distinction du point et de la virgule, n’ayant été bien régulé que bien plus tard), et est parfois impossible à distinguer de la ponctuation normale (c'est particulièrement vrai pour les manuscrits en catalan, en ancien occitan, en vieux français, et les manuscrits médiévaux en Angleterre et du Saint-Empire). L'usage du point médian, qui prenait souvent l’allure de petits tirets, se retrouve sur les inscriptions monumentales en latin qui mêlent les nombres avec le texte.
72
+
73
+ Plus tard, quand la lettre J se différencie de la lettre I, les documents officiels commencent à marquer la fin d'un nombre par un J au lieu d'un I (le nombre ne pouvait alors plus être allongé). Comme l'onciale ne distingue pas encore les minuscules des majuscules, on écrit vııȷ, voire ·vııȷ, au lieu de vııı (la lettre j s’écrivait également sans point suscrit ; celui-ci apparaîtra bien plus tard, par similitude avec le i).
74
+
75
+ (Cette modification du i final en j est également à l'origine du digramme ij utilisé en néerlandais pour noter initialement un i long (devenu une diphtongue) et éviter l'ambiguïté d'un digramme ii qui aurait été difficile à distinguer en écriture cursive du ü.)
76
+
77
+ Les Romains utilisent un système duodécimal pour noter les fractions : en effet, 12 se divise facilement par les entiers 2, 3, 4, 6 et 12, ce qui facilite donc le partage en moitiés, en tiers, en quarts, en sixièmes, et en douzièmes (par rapport à un système décimal, où 10 ne se divise que par 2, 5 et 10).
78
+
79
+ La valeur des monnaies est notamment indiquée en douzièmes du poids de la valeur de référence, l'as, grâce à des points (•) ou, lorsqu'il s'agissait d'abréger 6 points, grâce à un S (pour semis signifiant « moitié »). Ces points ne sont pas forcément alignés.
80
+
81
+ L'usage des chiffres romains a décliné au profit des chiffres indo-européens, dits « chiffres arabes », plus faciles à utiliser (10 signes seulement, notation positionnelle, présence du zéro). Les chiffres romains restent néanmoins régulièrement utilisés pour noter :
82
+
83
+ Ils sont également parfois utilisés :
84
+
85
+ Les chiffres romains classiques peuvent être représentés par les lettres de base de l’alphabet latin.
86
+
87
+ Les symboles suivants: ↀ (mille), ↁ (cinq-mille), ↂ (dix-mille), Ↄ (C renversé), ↄ (C renversé minuscule) sont encodés en Unicode dans la plage U+2180 à U+2184.
88
+
89
+ Des variantes précomposées sont codées en Unicode dans la plage U+2160 à U+217F pour compatibilité avec des codages est-asiatiques. Si l’utilisation des lettres latines de base est habituellement recommandée pour la plupart des usages, les variantes précomposées peuvent être utiles dans des textes verticaux conservant leur orientation ou lorsque leur largeur doit être uniforme[10].
90
+
91
+ Pour les tables détaillées, voir :
92
+
93
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1066.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,88 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un chiffre est un signe d'écriture utilisé seul ou en combinaison pour représenter des nombres entiers.
2
+
3
+ Dans un système de numération positionnel comme le système décimal, un petit nombre de chiffres suffit pour exprimer n'importe quelle valeur. Le nombre de chiffres du système est la base.
4
+
5
+ Le système décimal, le plus courant des systèmes de numération, comporte dix chiffres représentant les nombres de zéro à neuf.
6
+
7
+ L'écriture « 27 » à deux chiffres (2 et 7) représente le nombre « vingt-sept ». Il désigne aussi le vingt-septième d'une liste d'objets, comme dans la date « 27 janvier ». L'écriture « 2 » à un chiffre (2) représente le nombre deux.
8
+
9
+ Le plus ancien système de numération de l'humanité est le système unaire, qui n'utilise qu'un seul chiffre, en forme de bâton, se répétant autant de fois que nécessaire pour représenter un nombre (exemple des os d'Ishango, découverts en République démocratique du Congo et dont les inscriptions dateraient d'il y a 20 000 ans).
10
+
11
+ Ce système est encore en usage de nos jours dans des opérations de dénombrement. En France, le dépouillement des bulletins de vote se fait ainsi en ajoutant une barre dans la ligne du candidat dont le scrutateur lit le nom sur le bulletin de vote. Pour faciliter le décomptage final, on groupe les barres par cinq.
12
+
13
+ Ce système a donné naissance à de nombreux systèmes additifs où de nouveaux signes remplacent des groupes de chiffres pour rendre les nombres plus lisibles. La numération romaine développe un système additif préhistorique. L'initiale des noms de nombre « cent » et « mille » les représente, selon l'habitude romaine d'utiliser des abréviations pour les inscriptions. Le système s'est répandu dans une grande partie de l'Europe avec les conquêtes romaines, puis par l'influence de l'Église chrétienne. Il était commun au Moyen Âge ; il reste couramment employé pour les siècles, la numérotation des titres de sections de textes, et les heures sur les horloges et les cadrans solaires.
14
+
15
+ Les chiffres arabes font partie des écritures de type logographique, c'est-à-dire que le symbole « 1 » se prononce de façon différente dans chaque langue, mais représente le même élément abstrait et reste donc compréhensible sous sa forme écrite.
16
+
17
+ Ces chiffres doivent leur nom au fait qu'ils proviennent des Arabes. L'ouvrage d'Al-Khawarizmi Traité du système de numération des Indiens (rendu accessible aux lettrés non-arabisants par ses traductions en latin, dont De numero indorum) laisse penser qu'ils seraient originaires d'Inde. Le zéro (représenté par un point) était utilisé comme marqueur de position vide par les astronomes babyloniens, mais ceux-ci n'avaient pas fait la démarche de le considérer comme chiffre à part entière.
18
+
19
+ Le concept du zéro, en tant que symbole numérique à parité avec les autres, qu'élément neutre de l'addition et élément absorbant de la multiplication, est en revanche présent dans les textes mathématiques indiens, en particulier l'analyse du problème de l'échiquier et des grains de blé.
20
+
21
+ Les chiffres de 1 à 9 ont été inventés en Inde. Ils apparaissent dans des inscriptions de Nana Ghât au IIIe siècle av. J.-C. La numération de position avec un zéro (un simple point à l'origine), a été développée au cours du Ve siècle. Dans un traité de cosmologie en sanskrit de 458, on voit apparaître le nombre 14 236 713 écrit en toutes lettres. On y trouve aussi le mot « sunya » (le vide), qui représente le zéro. C'est à ce jour le document le plus ancien faisant référence à cette numération.
22
+
23
+ Au Xe siècle, le moine occitan Gerbert d'Aurillac s'initie à la nouvelle numération et, grâce aux chaires qu'il occupe dans divers établissements religieux d'Europe, commence à le faire connaître aux lettrés d'Occident. Élu pape en 999 sous le nom de Sylvestre II, il en retire l'autorité nécessaire pour faire adopter à la chrétienté la numération indo-arabe malgré la réticence de ceux qui utilisent l'abaque et voient cette simplification menacer une partie de leur métier.
24
+
25
+ Les dix chiffres indiens ont été adoptés dans le monde arabo-musulman, puis dans le monde chrétien. De nos jours, on écrit ces chiffres ainsi
26
+
27
+ Un chiffre est un élément d'écriture. Pour dire un nombre, on n'utilise pas de chiffres. On dit le nom du nombre, que l'on peut aussi écrire « en toutes lettres ». Le nom d'un nombre peut être simple, comme « seize » ou composé, comme « dix-sept » ou « mille deux cent quatre-vingt cinq ». Le nom du nombre varie selon les langues, mais il se réfère toujours exactement à la même abstraction.
28
+
29
+ Pour effectuer des opérations sur les nombres, on a inventé des systèmes de numération qui permettent de les écrire rapidement, en chiffres. L'usage des chiffres pour l'écriture des nombres est lié à la pratique du calcul.
30
+
31
+ L'écriture d'un nombre représente un nombre, c'est-à-dire une quantité[1] alors qu'un chiffre ne représente pas de quantité. On distingue un nombre à un chiffre du chiffre qui est un simple signe[2].
32
+
33
+ Les chiffres jouent un rôle similaire par rapport aux nombres que les lettres par rapport aux mots. À l'écrit, les nombres sont représentés par une juxtaposition de chiffres, de même que les mots sont représentés par une juxtaposition de lettres. Ainsi, 13 (« treize ») est un nombre qui, en base dix, s'écrit avec les chiffres « 1 » et « 3 ». De même qu'un mot peut être constitué d'une seule lettre, tel le mot « a » (verbe « avoir » conjugué à la troisième personne du singulier au présent de l'indicatif), un chiffre seul peut représenter un nombre. Par exemple, en base dix toujours, le nombre 4 (« quatre ») s'écrit avec uniquement le chiffre 4. Par contre, les arrangements de lettres ne forment pas forcément un mot, alors que dans les systèmes de numération positionnelle, toute suite de chiffres peut s'interpréter valablement comme un nombre entier[3].
34
+
35
+ L'écriture en chiffres ne peut représenter que des nombres entiers. Dans les nombres décimaux, un signe de ponctuation, la virgule, sépare le nombre d'unités, à gauche, du nombre de fractions décimales, à droite[4]. Certains nombres ne peuvent se représenter que par une formule (« 1/3 » pour un tiers, « √2 » pour la racine carrée de deux), par un symbole particulier (« π » pour le nombre Pi), ou par un signe convenu qui désigne une variable (« x », « maVariable​ »).
36
+
37
+ Toutefois, quand il ne s'agit pas de mathématiques, par synecdoque, le mot « chiffre » se trouve dans de nombreuses expressions avec le sens de « nombre ». Le Dictionnaire de l'Académie française indique comme second sens du mot « chiffre » : « Le nombre que figurent les chiffres ; le montant total. Le chiffre de la population d'un pays, le nombre de ses habitants. COMMERCE. Chiffre d'affaires, montant des recettes d'un exercice annuel[5] ». On dit couramment « chiffrer », « chiffrage » pour des opérations de dénombrement ou de quantification[6]. En démographie, on parle des « chiffres de la population » et non des « nombres de la population[7] » ; et, en économie, de « chiffre d'affaires », et non de « nombre d'affaires ». Cette confusion commune gêne, dans le cadre scolaire, l'enseignement de la notion de nombre[3].
38
+
39
+ Un nombre s'écrit comme une séquence de chiffres qui peut être de différentes longueurs. Le système unaire n'utilise qu'un seul chiffre, en forme de simple bâton et représentant la valeur 1, qui peut être répété indéfiniment pour exprimer tous les entiers naturels de façon additive. Mais il existe de nombreux systèmes de numération plus élaborés, mettant en jeu des chiffres représentant différentes valeurs. Les chiffres mis à contribution varient selon les cultures. En voici quelques exemples.
40
+
41
+ Ainsi que le montrent ces exemples, les systèmes de numération ne disposent pas tous d'un chiffre « zéro ». Par conséquent, ils ne permettent pas tous de représenter le nombre nul.
42
+
43
+ Dans certaines écritures il existe, en plus de ceux représentant des valeurs entières, des signes représentant des fractions de l'unité. Ainsi, il existe un signe tibétain pour la demi-unité, et des signes peuvent exprimer diverses fractions de l'unité dans de nombreuses cultures indiennes[réf. souhaitée].
44
+
45
+ Le nombre de chiffres d'une numération est étroitement lié au système de numération, c'est-à-dire au mode d'utilisation de ces chiffres. Pour les systèmes additifs et hybrides, la limite du nombre de chiffres disponibles rend les nombres difficiles à représenter au-delà d'une certaines borne. Seuls les systèmes positionnels permettent de représenter aisément tous les nombres entiers à l'aide d'un nombre limité de chiffres.
46
+
47
+ Les systèmes additifs nécessitent, pour une base β, des chiffres pour représentant les puissances successives de β. C'est la somme de la valeur de chacun des chiffres détermine la valeur du nombre. La numération égyptienne, décimale, a ainsi des chiffres de valeur 1, 10, 100, 1000, 10 000, 100 000, 1 000 000.
48
+
49
+ Pour éviter les successions trop importantes, des chiffres de valeur intermédiaire sont parfois utilisés. C'est le cas pour la numération romaine, qui utilise des chiffres de valeur un, cinq, dix, cinquante, cent, cinq cents, mille. Cette dernière connait aussi une variante additive et soustractive, introduisant ainsi une notion d'ordre nécessaire pour interpréter la valeur d'un nombre selon la position de ses chiffres, en leur conférant une valeur soit positive soit négative, en fonction de la comparaison de leur taille avec celle des chiffres suivants (sans que cela permette pour autant d'exprimer les nombres négatifs ou nuls)[réf. souhaitée].
50
+
51
+ Les numérations alphabétiques, quant à elles, utilisent des chiffres pour les différents multiples des puissances de β. Ainsi, la numération hébraïque, par exemple, utilise des chiffres pour les unités (1, 2, 3..., 9), dizaines (10, 20, 30..., 90) et centaines (100, 200, 300..., 900). La numération alphabétique grecque utilise des chiffres pour les mêmes valeurs, et poursuit avec les milliers (1000, 2000, 3000..., 9000)[réf. souhaitée].
52
+
53
+ Les systèmes hybrides nécessitent, pour une base β, des chiffres allant de 1 à β-1, plus des chiffres pour représenter les puissances successives β. Ces systèmes sont multiplicatifs et additifs : chaque chiffre utilisé représentant une puissances de β est, au besoin, précédé d'un chiffre représentant une unité (à partir de 2). La valeur du nombre est alors égal à la somme des nombres et produits de nombres en présence.
54
+
55
+ Les systèmes positionnels utilisent, en principe, β chiffres, de 0 à β-1, pour une base β. Le nombre de chiffres peut néanmoins être plus réduit.
56
+
57
+ Comme le suggère la dénomination, dans un système de numération positionnel, une combinaison de chiffres représente un nombre différent selon la position qu'occupent ces chiffres. Dans une séquence de chiffres, les positions successives ont une valeur égale aux puissances successives de la base. La valeur totale d'un nombre est calculée en multipliant chacun des chiffres par la valeur de sa position, et en additionnant les résultats.
58
+
59
+ Par exemple, dans la séquence 153, le chiffre 3 occupe la première position qui, quelle que soit la base β, a pour valeur β0=1. Le chiffre 5 occupe la deuxième position, qui a pour valeur β1 = β. Et le chiffre 1 occupe la troisième position, qui a pour valeur β2.
60
+
61
+ Dans le cas d'une base dix, 153 vaut :
62
+
63
+ Enfin, pour des raisons de lisibilité, les chiffres peuvent être séparés par petits groupes au-delà d'un certain seuil. Le système de numération indo-arabe fait souvent intervenir, selon ce principe, un séparateur de positions. Le symbole utilisé pour cela est purement conventionnel ; la convention, et donc le symbole employé, varie d'ailleurs selon les pays.
64
+
65
+ En mathématiques, on utilise ordinairement les chiffres arabes, dont l'appellation est ambigüe puisque leur tracé a connu des évolutions en Europe après leur emprunt aux Arabes, et que les Arabes disposent de chiffres qui diffèrent de ceux-là.
66
+
67
+ Ces dix chiffres sont ceux du système décimal employé par défaut : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
68
+
69
+ Le nombre de chiffres utilisés dépend de la base. En effet, n chiffres sont nécessaires pour représenter tous les entiers dans une base n fixe.
70
+
71
+ Généralement, le signe des nombres n'est pas indiqué par les chiffres eux-mêmes, mais par l'adjonction d'un signe supplémentaire, soit +, soit −. Cependant, les chiffres exprimant une valeur positive, le nombre représenté, sans indication supplémentaire de signe, est également positif. De ce fait, le signe + est rarement employé.
72
+
73
+ En informatique, la nécessité a fait adopter d'autres solutions. En langage machine et dans les langages proches, les nombres se notent avec un nombre invariable de chiffres binaires ou hexadécimaux, qui dépend du type déclaré préalablement. Les nombres entiers se notent souvent en complément à 2n. Si le premier chiffre binaire est un 1, le nombre est négatif. La représentation unifiée des nombres relatifs permet d'utiliser dans tous les cas les algorithmes d'addition et de multiplication. Par contre, la représentation en virgule flottante utilise pour la mantisse un signe en plus du code nombre, que les algorithmes doivent traiter séparément, tandis que l'exposant est un nombre entier dont la valeur est décalée par rapport à zéro.
74
+
75
+ Il existe aussi des systèmes équilibrés, employant des chiffres signés. Par exemple, le système trinaire équilibré utilise les chiffres 1, 0, 1, valant, respectivement, -1, 0, 1. Il est adapté pour représenter les booléens dont les valeurs sont « vrai », « faux » et « indéterminé », et est pratique pour l'informatique, car il évite l'ajout d'un chiffre supplémentaire pour indiquer le signe d'un nombre. Dans un tel système, les nombres positifs et négatifs bénéficient de la même représentation[réf. nécessaire].
76
+
77
+ Un système de numération n'implique pas nécessairement l'utilisation du chiffre zéro. La numération bijective en base k permet notamment de représenter tous les entiers sans faire appel à ce dernier. Elle utilise cependant le même nombre de chiffres que le système positionnel usuel. Par exemple, en base dix, il n'y a pas de 0, mais le chiffre A représente la valeur 10.
78
+
79
+ Il existe aussi des systèmes pour lesquels certains nombres peuvent être représentés par plusieurs séquences de chiffres différentes. Dans le système de numération d'Avizienis, par exemple, tous les nombres n'ont pas une représentation unique.
80
+
81
+ D'autre part, des chiffres supplémentaires sont aussi utilisés pour exprimer des nombres de certains ensembles de nombres. Par exemple, pour noter les nombres complexes, un chiffre est représenté par la lettre i (chiffre dit « imaginaire », parfois noté j dans les formules utilisées dans d'autres sciences comme l'électricité, l'électromagnétisme et le traitement du signal) et s'emploie comme une quantité multiplicative, combinable par des opérations arithmétiques simples pour exprimer le nombre complexe quelconque. Dans d'autre cas, on lui préfère une notation algébrique sous forme de couple (aussi utilisée pour noter les coordonnées).
82
+
83
+ Enfin, il existe des représentations des nombres pour lesquelles le nombre de chiffres nécessaires n'est pas limité. C'est le cas, par exemple de la suite des exposants dans la décomposition d'un nombre entier sous forme de produit de puissances de nombre premiers : il est alors nécessaire d'utiliser un séparateur entre les chiffres qui eux-mêmes sont des nombres entiers qui sont exprimés sous forme positionnelle dans une base fixe[réf. nécessaire].
84
+
85
+ Le mot « chiffre » (chiffre, Philippe de Commynes, 1486), qui a probablement subi l'influence du picard pour la modification de la consonne initiale[8], provient de l'ancien français cifre (cifre, Gauthier de Coincy, 1220), d'après l'italien cifra, issu du latin médiéval cifra, lui-même emprunté à l'arabe sifr[9] (الصِّفْر ʾaṣ-ṣifr), utilisé pour « zéro » et signifiant « le vide », le « rien »[10], terme formé sur le modèle du sanskrit sunya, signifiant « vide ».
86
+
87
+ Serge Jodra, « Histoire des mathématiques : Les chiffres », sur Imago Mundi, 2004
88
+
fr/1067.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,93 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La numération romaine est un système de numération additive utilisé par les anciens Romains. Les nombres sont représentés à l'aide de symboles combinés entre eux, notamment par les signes I, V, X, L, C, D et M, appelés chiffres romains, qui représentent respectivement les nombres 1, 5, 10, 50, 100, 500 et 1 000. Ces « abréviations destinées à notifier et à retenir les nombres » ne permettaient pas à leurs utilisateurs de faire des calculs, qui étaient effectués au moyen d'abaques[1].
2
+
3
+ Un nombre écrit en chiffres romains se lit de gauche à droite. En première approximation, sa valeur se détermine en faisant la somme des valeurs individuelles de chaque symbole, sauf quand l'un des symboles précède un symbole de valeur supérieure ; dans ce cas, on soustrait la valeur du premier symbole au deuxième.
4
+
5
+ Contrairement à une idée reçue, les chiffres romains ne sont pas des acronymes mais, comme l'attestent les chiffres d’autres langues et écritures de peuples italiques, des symboles bien précis ensuite confondus avec des lettres. Ainsi, en numération étrusque, qui a constitué l'un des apports des Étrusques aux Romains avec l’alphabet, on trouve des signes ressemblant à I, Λ, X, ⋔, 8 et ⊕ pour I, V, X, L, C et M.
6
+
7
+ La critique moderne reconnaît que la numération romaine est une survivance d'une pratique antérieure à l'invention de l'écriture (et donc, à strictement parler, préhistorique) que l'on retrouve dans de nombreuses civilisations[2]. Ces chiffres seraient liés à la nécessité de faire figurer des repères sur un support, par exemple un bâton : un berger qui veut compter ses bêtes sans savoir énumérer prend simplement un bâton de comptage sur lequel figurent des encoches, fait passer son troupeau devant lui, et décale son ongle d'une encoche à chaque fois qu'une bête passe devant lui ; la dernière des marques de dénombrement correspond au nombre de bêtes. Avec ce système, les premiers chiffres sont toujours des encoches simples, ultérieurement transcrites par des « I », pas nécessairement placés verticalement les uns à la suite des autres, sinon parfois superposés horizontalement.
8
+
9
+ Le repérage devient malaisé dès que le nombre d’encoches dépasse une poignée, parce que IIIIIIII est naturellement plus difficile à lire que VIII. Le berger peut naturellement être conduit à intercaler des encoches de formes différentes servant de repères visuels :
10
+
11
+ Avec un bâton marqué, le berger repère assez facilement l'encoche sur laquelle s'est arrêté son décompte : par exemple, s'il a treize bêtes, son ongle s'arrête sur la troisième encoche après la première dizaine, ce qui se retranscrit en XIII ; s'il en a vingt-neuf, son ongle est à une encoche avant la troisième dizaine, ce qui se note XXIX ; s'il en a cinquante-neuf, son doigt a passé la première cinquantaine et se trouve à une encoche avant la dizaine suivante, soit LIX. Ce repérage primitif peut mener à des écritures atypiques : par exemple, un cran avant la dizaine avant cinquante se noterait IXL (pour trente-neuf). Il est régularisé par la suite, pour former le système connu de nos jours.
12
+
13
+ La notation romaine simplifie les anciens systèmes grecs et phéniciens en utilisant les lettres de l’alphabet latin les plus ressemblantes aux anciens systèmes unaires (c'est-à-dire à base d'un seul signe, comme l'encoche). Les signes les plus communs sont indiqués dans le tableau suivant.
14
+
15
+ Les nombres romains sont majoritairement représentés selon les principes suivants :
16
+
17
+ L'épigraphie prouve que plusieurs graphies ont coexisté librement et le mode opératoire décrit ci-dessus ne s'est fixé que tardivement. Certains nombres peuvent s'écrire sous différentes formes, comme 4 écrit IIII plutôt que IV[4], 8 écrit IIX plutôt que VIII, 40 écrit XXXX plutôt que XL, 95 écrit LXXXXV plutôt que XCV, ou 400 écrit CCCC plutôt que CD. La monnaie romaine privilégie d'ailleurs les formes additives, préférant IIII à IV et VIIII à IX[5].
18
+
19
+ Les mathématiciens de l'époque ne se servent pas de cette notation pour faire des additions ou des multiplications : ils ont recours à des abaques, utilisant de ce fait une notation positionnelle sans avoir conscience qu'elle pourrait servir à écrire les nombres de façon permanente. Il est également possible que les utilisateurs de ce système aient appris certains résultats par cœur (comme aujourd'hui nous apprenons des tables de multiplication)[réf. souhaitée].
20
+
21
+ Une barre horizontale similaire à un macron suscrit, appelée vinculum ou virgula en latin, indique un facteur multiplicatif de 1 000. Ces traits peuvent s'étendre sur plusieurs nombres et ainsi multiplier un ensemble de chiffres. Exemples :
22
+
23
+ Cette notation peut être utilisée conjointement à deux traits verticaux à gauche et à droite du nombre, indiquant quant à eux un facteur multiplicatif de 100. L'épigraphie latine montre ainsi un comptage par centaines de milliers noté en encadrant le chiffre sur trois côtés ; ainsi, ce fragment des Fastes d'Ostie découvert en 1941 (Degrassi, p. 185) publie le chiffre du recensement d'Auguste et Tibère de 14 ap. J.-C. de la façon suivante[6] :
24
+
25
+ C S C R K
26
+
27
+
28
+
29
+
30
+
31
+
32
+
33
+ |
34
+
35
+ X
36
+ X
37
+ X
38
+ X
39
+ I
40
+
41
+ |
42
+
43
+
44
+ ¯
45
+
46
+
47
+
48
+
49
+ {\displaystyle {\overline {\mathrm {|XXXXI|} }}}
50
+
51
+ DCCCC
52
+
53
+ Ce qui se lit « Censa Sunt Civium Romanorum Kapitum quadragies semel centum milia DCCCC », traduit en « Les citoyens romains sont recensés : quarante-et-une fois cent-mille et neuf-cents têtes » soit 4 100 900 (Nicolet 2000, p. 189-190). Cette représentation est d'ailleurs conforme à ce que Pline l'Ancien écrit dans son Histoire naturelle : « Non erat apud antiquos numerus ultra centum millia : itaque et hodie multiplicantur haec, ut decies centena millia, aut saepius dicantur », soit « Les anciens n'avaient pas de nombre au-delà de cent mille ; aussi aujourd'hui encore compte-t-on par multiples de cent mille, et l'on dit dix fois cent mille, ou plus »[7].
54
+
55
+ L'usage d'un trait suscrit doit être considéré avec prudence : parfois il sert simplement à mieux distinguer les chiffres des lettres, voire à signaler une multiplication par 100 si le chiffre surligné précède une abréviation indiquant déjà les milliers (XIII mill. = 13 × 100 mill. = 1 300 000)[8].
56
+
57
+ Dans l'ancienne notation romaine, le chiffre 1 000 s'écrit de nombreuses façons : ⊗, ⊕, Φ, CIↃ, CꟾↃ, ↀ, ∞, ou ⋈ ; de même, le chiffre 500 peut se représenter avec des équivalents aux symboles 1 000 divisés en deux, comme D, IↃ, ou ꟾↃ. De plus, les Romains encadrent de traits les nombres qu'ils désirent voir multipliés. S'inspirant de ces pratiques, les notations du Moyen Âge et de la Renaissance s'enrichissent de nouvelles notations en plus de la notation classique.
58
+
59
+ Ces notations peuvent s'utiliser de façon additive (CIↃIↃCXXX ou CꟾↃꟾↃCXXX = CꟾↃ + ꟾↃ + C + XXX = 1000 + 500 + 100 + 30 = 1630), mais pas de façon soustractive : 4 000 s'écrit MMMM et non MIↃↃ (5000 - 1000).
60
+
61
+ Le tracé utilisant un C retourné en Ↄ et placé après la lettre I s’impose rapidement[réf. nécessaire] : en imprimerie, cela ne nécessite pas de fonte de caractères supplémentaire et améliore la lisibilité des nombres ; et cela est plus facile à tracer à la plume, mal adaptée au tracé de petits cercles. Les formes C ou Ↄ peuvent aussi prendre l'aspect de parenthèses[réf. souhaitée].
62
+
63
+ Enfin, l'une des hypothèses expliquant la forme du symbole ∞, représentant l'infini, serait l’évolution du signe CIↃ en écriture manuscrite onciale[réf. souhaitée] (l'usage de milliers pour désigner de grandes quantités non dénombrées précisément peut se comparer aux expressions « des mille et des mille » ou « des mille et des cent », qui s'entendent aujourd'hui).
64
+
65
+ La graphie •M (M précédé d'un point médian) indique un facteur multiplicatif de 1 000. Exemples :
66
+
67
+ Au Moyen Âge, l’écriture des chiffres romains évolue : on compte et on écrit par vingtaines (système vicésimal), le chiffre vingt étant placé en exposant : soit IIIIXX pour 80[réf. nécessaire] (l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris doit son nom à cette façon de compter : il pouvait accueillir 300 (15 × 20) patients). De même, les centaines peuvent être notées avec le nombre de centaines suivi du marqueur des centaines (c ou, au pluriel, ctz pour centz) en exposant : donc 300 s’écrit IIIc ou IIIctz[réf. nécessaire].
68
+
69
+ À partir du IVe siècle, l'écriture onciale, facile à tracer à la plume, réduit progressivement l'usage des écritures en capitales romaines ou en quadrata ; les chiffres s'écrivent en lettres minuscules comme le reste du texte, et les majuscules sont rares (pas même en début de phrase) et plutôt réservées aux lettrines décoratives. Dans le texte, les nombres sont donc encadrés de points médians afin de les distinguer plus facilement des mots ; par exemple, ·xxvıı· représente le nombre 27 (le i n'était pas encore surmonté d'un point, qui apparait bien plus tard en écriture gothique pour faciliter la distinction entre ı, m, n, et u).
70
+
71
+ La position de ces points varie suivant les auteurs (l’usage de la ponctuation, et notamment la distinction du point et de la virgule, n’ayant été bien régulé que bien plus tard), et est parfois impossible à distinguer de la ponctuation normale (c'est particulièrement vrai pour les manuscrits en catalan, en ancien occitan, en vieux français, et les manuscrits médiévaux en Angleterre et du Saint-Empire). L'usage du point médian, qui prenait souvent l’allure de petits tirets, se retrouve sur les inscriptions monumentales en latin qui mêlent les nombres avec le texte.
72
+
73
+ Plus tard, quand la lettre J se différencie de la lettre I, les documents officiels commencent à marquer la fin d'un nombre par un J au lieu d'un I (le nombre ne pouvait alors plus être allongé). Comme l'onciale ne distingue pas encore les minuscules des majuscules, on écrit vııȷ, voire ·vııȷ, au lieu de vııı (la lettre j s’écrivait également sans point suscrit ; celui-ci apparaîtra bien plus tard, par similitude avec le i).
74
+
75
+ (Cette modification du i final en j est également à l'origine du digramme ij utilisé en néerlandais pour noter initialement un i long (devenu une diphtongue) et éviter l'ambiguïté d'un digramme ii qui aurait été difficile à distinguer en écriture cursive du ü.)
76
+
77
+ Les Romains utilisent un système duodécimal pour noter les fractions : en effet, 12 se divise facilement par les entiers 2, 3, 4, 6 et 12, ce qui facilite donc le partage en moitiés, en tiers, en quarts, en sixièmes, et en douzièmes (par rapport à un système décimal, où 10 ne se divise que par 2, 5 et 10).
78
+
79
+ La valeur des monnaies est notamment indiquée en douzièmes du poids de la valeur de référence, l'as, grâce à des points (•) ou, lorsqu'il s'agissait d'abréger 6 points, grâce à un S (pour semis signifiant « moitié »). Ces points ne sont pas forcément alignés.
80
+
81
+ L'usage des chiffres romains a décliné au profit des chiffres indo-européens, dits « chiffres arabes », plus faciles à utiliser (10 signes seulement, notation positionnelle, présence du zéro). Les chiffres romains restent néanmoins régulièrement utilisés pour noter :
82
+
83
+ Ils sont également parfois utilisés :
84
+
85
+ Les chiffres romains classiques peuvent être représentés par les lettres de base de l’alphabet latin.
86
+
87
+ Les symboles suivants: ↀ (mille), ↁ (cinq-mille), ↂ (dix-mille), Ↄ (C renversé), ↄ (C renversé minuscule) sont encodés en Unicode dans la plage U+2180 à U+2184.
88
+
89
+ Des variantes précomposées sont codées en Unicode dans la plage U+2160 à U+217F pour compatibilité avec des codages est-asiatiques. Si l’utilisation des lettres latines de base est habituellement recommandée pour la plupart des usages, les variantes précomposées peuvent être utiles dans des textes verticaux conservant leur orientation ou lorsque leur largeur doit être uniforme[10].
90
+
91
+ Pour les tables détaillées, voir :
92
+
93
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1068.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le chiisme (ou shî'isme[1]) constitue l'une des deux principales branches de l’islam, l'autre étant le sunnisme.
4
+
5
+ Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans. La première communauté chiite vit en Iran, où elle constitue 90 % de la population du pays, et environ 40 % de la population chiite mondiale[2],[3],[4]. Le reste des musulmans chiites se répartit principalement en Irak, en Azerbaïdjan, au Pakistan, en Inde, à Bahreïn et au Liban.
6
+
7
+ Le mot chiisme dérive du terme shi'a (mot arabe) qui désigne à l’origine un groupe de partisans. Le terme « chiites » signifie « partisans, disciples, suiveurs ». Le Coran cite qu'une partie des serviteurs vertueux étaient les schi'a, ce mot étant traduit en français par « partisans » ou « disciples ».
8
+
9
+ « Paix sur Noé dans les mondes… Oui, et de ses partisans (traduit en arabe par 'schi'a') était Abraham, certes »
10
+
11
+ — Coran 37:79-83
12
+
13
+ « Or, entrant dans une ville à une heure d'inattention de ses habitants, [Moise] y trouva deux hommes qui se battaient, celui-ci de ses disciples [schi'a], celui-là de ses adversaires. Puis l'homme de ses partisans [schi'a] l'appela au secours contre l'homme de ses adversaires »
14
+
15
+ — Coran 28:15
16
+
17
+ Donc, officiellement, le mot « chi'ite » est un mot employé dans le Coran pour des prophètes renommés tout comme pour ceux qui les suivent.
18
+
19
+ Au commencement de l’histoire islamique, le terme « shî`ite » fut utilisé dans son sens originel ou littéral pour désigner des partisans de différentes personnes.
20
+
21
+ Le terme a acquis graduellement le sens secondaire de partisans d’Ali, ceux qui croient en son imamat. Dans son Al-Firaq al-Shî`ah, Hasan ibn Musa al-Nawbakhti, savant chiite, écrit :
22
+
23
+ « Les chiites sont les partisans d'Ali. Ils sont appelés « les chiites d'Ali » après la vie du Prophète et sont connus comme les partisans d'Ali et croient en son Imamat. Le Prophète a dit à 'Ali (a) : « Je jure par celui qui contrôle ma vie que cet homme (Ali) et ses Chi'ites seront sauvés le Jour de la Résurrection. » »
24
+
25
+ — Jalal al-Din al-Suyuti, Tafsir al-Durr al-Manthur, (Le Caire) vol. 6, p. 379
26
+
27
+ Le terme « chi'ites » est un adjectif utilisé par les musulmans qui suivent les Imams-Guides de la famille du Prophète (ahl al-bayt). Ils ne l'utilisent pas pour des raisons sectaires ou pour créer des divisions entre les musulmans. Ils l'utilisent parce que le Coran l'utilise et parce que Mahomet et les musulmans des premiers temps l'utilisèrent aussi.
28
+
29
+ Cheikh Moufid, un des premiers érudits chiites, définit les chiites comme étant ceux qui suivent Ali et voient en lui le successeur immédiat du prophète Mahomet. En expliquant pourquoi les chiites sont aussi appelés « Imàmîyah », il dit :
30
+
31
+ « C’est un titre pour ceux qui croient dans la nécessité de l’imamat et de sa continuité en tout âge, et que chaque Imâm doit être explicitement désigné, et doit aussi être impeccable et parfait. »
32
+
33
+ Muhammad al-Shahrastani, dans son Al-Milal wa al-Nihal, une source sur les différents groupes en islam, écrit :
34
+
35
+ « Les chiites sont ceux qui suivent Ali en particulier et qui croient en son imamat et califat selon les directives explicites et les volontés du prophète Mahomet. »
36
+
37
+ C’est une définition très précise, étant donné que les chiites eux-mêmes croient que la raison de suivre Ali est motivée par l’exigence du Prophète.
38
+
39
+ Ainsi, on peut dire que les chiites sont ceux qui ont les croyances suivantes sur la succession de Mahomet :
40
+
41
+ Selon Allameh Tabatabaei le chiisme naquit du vivant même du Prophète. D’après Allameh, ce terme a d’abord désigné les partisans d’Ali. L’avènement, puis l’extension de l’islam pendant les vingt-trois années de la prophétie rendirent nécessaire pour plusieurs raisons l’apparition parmi les compagnons du Prophète, d’un groupe tel que celui des Shi’ites[6].
42
+
43
+ Les chiites pensent que des personnes choisies parmi la famille de Mahomet (les imams) sont la meilleure source de connaissance à propos du Coran, de l'islam, de l'émulation (les successeurs de la mission prophétique après Mahomet) et les protecteurs les plus fervents de la sunnah de Mahomet. Une tradition prophétique (rapportée aussi bien par les sunnites que les chiites) le soutient : « Je suis la cité du savoir, Ali en est la porte. Celui qui veut le savoir ainsi que la sagesse qu'il passe donc par la porte[7] ». Il faut noter que le symbolisme de la porte est fréquent dans les différentes traditions initiatiques.
44
+
45
+ En particulier, les chiites reconnaissent la succession de Mahomet par Ali ibn Abi Talib (son cousin, gendre et un des premiers hommes à accepter l'islam — après Khadidja[8] et Abou Bakr — et aussi un des cinq membres de l'Ahl al-Bayt ou « la famille du prophète »). Au contraire, les musulmans sunnites reconnaissent le califat. Les chiites croient que Mahomet a désigné Ali comme son successeur en de nombreuses occasions, et qu'il est donc le guide spirituel des musulmans, selon la mission divine révélée à Mahomet.
46
+
47
+ Pour les chiites, la nomination d'Ali comme imam eut lieu dès le début de la Prophétie, fut maintes fois confirmée, et la dernière eut lieu le jour d'al-Ghâdir. La première nomination d'Ali eut lieu le jour où le Prophète réunit sa famille, les Banu Hashim, et les invita à accepter le nouveau message de l'Islam. Il s'adressa à eux en ces termes :
48
+
49
+ « « Ô fils d'Abdul Muttaleb, je ne connais pas de jeune homme parmi les Arabes qui ait apporté à son peuple meilleur que ce que je vous ai apporté. Je vous apporte le meilleur de la vie ici-bas et de l'au-delà. Allah m'a ordonné de vous convier à Lui. Lequel d'entre vous voudra bien m'assister, devenir mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous ? » Le silence régnait parmi le clan (…) Comme personne ne prenait la parole, Ali, alors âgé de 13 ans, se sentit obligé de prendre la parole et dit : « Je serai ton soutien, ô prophète d'Allah ». Le Prophète le prit par le cou et dit : « Voici mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous. Écoutez-le et obéissez-lui ». Les gens se levèrent moqueurs, et s'adressèrent ironiquement à Abi Taleb : « Il t'ordonne d'écouter et d'obéir à ton fils[9] ». »
50
+
51
+ Tous les historiens sunnites rapportent et acceptent cette tradition, mais ils n'en interprètent pas la portée au-delà de la famille du Prophète.
52
+
53
+ La dernière nomination d'Ali a eu lieu le jour d'al-Ghadîr, après le pèlerinage de l'adieu, lorsque Mahomet annonça solennellement et devant des milliers de pèlerins l'un de ses plus importants discours :
54
+
55
+ « Celui dont je suis l'allié/le maître (mawla), Ali est aussi l'allié/le maître[10]. Mon Dieu, sois l'ami de celui qui s'allie à lui et sois l'ennemi de celui qui le prend comme ennemi[11]. »
56
+
57
+ Les sunnites interprètent le terme polysémique mawla comme signifiant « ami », et les chiites l'interprètent comme signifiant maître. Cette différence entre la reconnaissance du pouvoir prioritaire de l'ahl al-bayt (la famille de Mahomet) ou du calife Abou Bakr a modelé les doctrines chiites et sunnites à propos du Coran, des hadiths et d'autres points. Les chiites, pour justifier la nécessité de l'allégeance à la maisonnée du Prophète, invoquent notamment le hadith dit al-thaqalayn, rapporté par des sources sunnites dont le Sahih Muslim : « Je suis sur le point de mourir, mais je vous laisse deux choses précieuses, la première étant le livre d'Allah, et la seconde étant les membres de ma famille (ahlou bayti). Je vous rappelle instamment vos devoirs envers mes ahl al bayt[12]. »
58
+
59
+ Selon les chiites, le Prophète a désigné explicitement Ali comme son Successeur (Imâm ou Calife), qui assumera la responsabilité à la fois de gérer l’empire et de guider les croyants dans leur vie spirituelle après trois autres califes. Aurait-il dû être choisi plus tôt ? « En effet, comme le remarquera Jean-Paul Roux, il ne manque pas de titres. Il est cousin du Prophète : son père a élevé Mahomet quand celui-ci est devenu orphelin ; il est l'un des premiers convertis ; il a épousé Fâtima, fille de Mahomet et, par elle, à lui qui n'avait pas de fils, il a donné ses deux seuls petits-enfants mâles, Hasan et Hussein. »
60
+
61
+ En dehors des considérations sur le califat, les chiites reconnaissent l'autorité de l'imam (aussi appelé Hujjat Allâh, argument ou preuve de Dieu) en tant qu'autorité religieuse, bien que les différentes branches de l'islam chiite ne soient pas d'accord sur la succession de cet imam et de son successeur (les duodécimains, ismaéliens ou zaydites par exemple).
62
+
63
+ Selon la tradition musulmane, sur le chemin de retour de son pèlerinage d'adieu, Mahomet fit une halte à mi-chemin entre La Mecque et Médine au lieu-dit Ghadir Khumm. Là, au cours d'un sermon, Mahomet annonça sa fin prochaine. Dans le hadith, dit Hadith de Ghadir Khumm, rapporté par Muslim deux siècles plus tard, Mahomet aurait dit qu'il laissait derrière lui deux choses importantes : la première c'est le livre de Dieu (Le Coran) et la seconde ce sont les ahl al-bayt ou « gens de la maison du Prophète ».
64
+
65
+ À sa mort en 632, Mahomet était le chef de l'oumma et d'un territoire devenu un important État en seulement quelques années. La question de sa succession fut à l’origine du premier grand schisme entre les musulmans. Pendant qu'Ali et les membres de la famille du Prophète étaient occupés à préparer ses funérailles, certains ansârs, rejoints par Abou Bakr et Omar ibn al-Khattâb, se réunirent pour désigner le successeur. Après une courte discussion, la majorité des compagnons présents (à l'exception de deux d'entre eux) désignèrent Abou Bakr premier calife. Quelque temps plus tard, selon certaines versions, ces deux compagnons, ainsi qu'Ali, vinrent à la mosquée où s'étaient réunis les compagnons, à leur tête Abou Bakr, et lui ont prêté allégeance[13]. Mais selon Bukhari, Ali ne prêtera allégeance au calife que six mois plus tard[14].
66
+
67
+ À sa mort, Abou Bakr décida de désigner son successeur. Le deuxième calife — Omar ibn al-Khattab — désigna, à son tour, un conseil de six personnes (dont Ali faisait partie) pour choisir en son sein le prochain calife. Uthman ben Affan, nommé troisième calife, fut assassiné en 656, à la suite d'une révolte. Ali fut, ensuite, désigné à la tête de la communauté. Malgré ses titres et ses exploits, son califat se déroula dans le tumulte : une partie du clan des Omeyyades (lié au défunt calife Utman) et la veuve de Mahomet Aïcha, réclamèrent à Ali la punition des meurtriers de Uthman ben Affan. Ali mena donc une bataille contre l'armée d'Aïcha, Talha et Zubair (bataille du chameau), puis une autre contre Muawiya qui fut nommée la bataille de Siffîn — sur les rives de l'Euphrate — en 658. Ali était sur le point de l'emporter quand les troupes de Muawiya brandirent des feuillets du Coran au bout de leurs épées et réclamèrent un arbitrage, qu'Ali accepta malgré lui. Une partie des hommes d'Ali — qui sont devenus plus tard les kharidjites — se révoltèrent, reprochant à Ali d'avoir consenti à la procédure de l'arbitrage exigée par les troupes de Muawiya. Cette révolte fut fortement réprimée par Ali et la majorité des khârijites mourut à la bataille de Nahrawân ; trois de leurs survivants voulurent se venger. L'un en tentant d'assassiner Muawiya, en vain. Un autre en tentant d'assassiner Amr Ibn al-Ass, mais il n'y parvint pas. Et le troisième en assassinant Ali, en 661, avec une épée enduite de poison, alors qu’il faisait sa prière dans la mosquée.
68
+
69
+ Ce conflit de succession a engendré une scission fondamentale au sein de l'islam : d'une part, les chiites reconnaissent Ali comme premier successeur légitime de Mahomet. Avec ses deux fils — Hassan et Hussein — qui lui succédèrent, a commencé pour les chiites la lignée des imams. De l'autre, les sunnites majoritaires ne voient en Ali que le quatrième calife. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants reposent donc sur une querelle de succession. Ces courants religieux se sont donc construits sur un socle politique.
70
+
71
+ Le sunnisme vient du mot sunna, c'est-à-dire la tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Ils considèrent que le Coran (la parole divine) a été révélé et que l'univers et l'histoire sont prédéterminés. Être sunnite revient davantage à perpétuer mimétiquement la tradition de Mahomet, à travers les législations et pratiques des premiers califes et des compagnons du Prophète dans leur ensemble ; selon ce courant, le cycle de la prophétie s'est clos avec lui. Les chiites affirment également suivre la sunna du Prophète, mais ils rejettent la législation des premiers califes et de certains compagnons, qui a selon eux gravement altéré la véritable sunna du Prophète ; pour eux, celle-ci n'est authentiquement sauvegardée qu'à travers la législation et la pratique d'Ali et des imams de sa descendance. Ceux-ci ne jouissent pas de nouvelles révélations, la prophétie étant close avec Mahomet, mais ils connaissent et transmettent ses enseignements. Cette divergence est due à une interprétation différente d'un hadith du Prophète qui invitait les musulmans à suivre « sa sunna et la sunna des califes bien-guidés après lui », les sunnites considérant qu'il s'agit là d'une invitation à suivre les quatre premiers califes et les compagnons dans leur ensemble, les chiites pensant au contraire qu'il s'agit des imams de la descendance d'Ali. Le chiisme pratique la méthode du kalam (raisonnement déductif), qui insiste sur le raisonnement, l'argumentation, le libre arbitre et le caractère créé du Coran, ce dernier point étant à l'opposé du sunnisme. Les chiites croient aussi en la liberté de la volonté individuelle, comme une partie du monde sunnite. L'existence dépend de la présence d'un imam, vivant intercesseur entre le monde spirituel et temporel, entre Mahomet et les croyants. L'imam est doté de la connaissance (du visible et de l'invisible) et de l'infaillibilité. Le Coran a un sens évident et un sens caché qu'il faut étudier, et que les imams sont chargés de transmettre aux fidèles. Cette importance accordée à l'imam n'a pas d'équivalent dans le sunnisme et explique l'organisation, la hiérarchisation et l'autorité du clergé chiite (par exemple, en Iran). Le chiisme attend et prépare l'arrivée du Mahdi, qui comblera la terre de justice et d'équité autant qu'elle était remplie d'injustice et de tyrannie.
72
+
73
+ À la mort d'Ali, les chiites ont reconnu son fils Hasan comme successeur au califat. Pour les ismaéliens, Hasan a été désigné comme imam temporaire (Imâm-i mustawda`) alors que Hussein était effectivement l’imam permanent (Imâm-i mustaqarr). Hassan accepta le califat de Muawiya, vécut paisiblement à Médine ; mais il posa au calife deux conditions : vous devez m’obéir pour faire la guerre ou contracter la paix, et remettre le califat aux descendants du Prophète à votre mort[15]. Il envoya des émissaires en secret pour négocier une reddition honorable avec Muawiya. Les conditions étaient telles que ce sera Hassan qui succèdera à Muawiya après sa mort. Quelques années plus tard, en 670, Hassan meurt. Le second fils d'Ali, l’imam Hussein, rompit avec la dynastie ommeyade dès que Muawiya associa au pouvoir son fils Yazîd Ier en 678. Après que toute l'Ummah à l'exception d'Abd Allah ibn Al Zubayr et Al Hussein, eut prêté allégeance à Yazid, les deux dissidents se réfugièrent à La Mecque. Hussein reçut des lettres de la ville irakienne d'Al Kufa, lui promettant 18 000 combattants, Hussein dépêcha son cousin Muslim Ibn Aqil. Prévenu par ses partisans, Yazid destitua le gouverneur mou d'Al Kufa, Nuuman Ibn AlBachir, et le remplaça par son cousin intraitable UbaidAllah Ibn Ziad. Celui-ci avec 20 soldats et 10 nobles assiégés dans le palais du gouvernorat, réussit à casser la volonté des koufis par des promesses d'argent ou de destruction. La nuit-même, Muslim fut abandonné par les chiites et erra dans les ruelles d'Al Koufa. Humilié et effaré, il sera hébergé par une vieille femme, sera dénoncé par le fils de celle-ci et exécuté par Ubaid Allah. Entretemps, décidé à rejoindre ces troupes promises et contre l'avis d'Ibn Umar l'appelant à l'obéissance, Ibn Abbas, à plus de préparation militaire, d'Ibn Zubayr, désirant garder un allié de poids à La Mecque, Al Hussein partit avec 72 hommes de sa famille et partisans ainsi que toute sa famille élargie (femmes et enfants), et il est rejoint sur la route par de nombreux musulmans. Apprenant la mort d'Ibn Aqil en cours de route, Al Hussein en informe ses compagnons et poursuit son expédition avec sa famille et ses plus proches compagnons, la plupart de ceux qui l'ont rejoint en route le désertant[16]. Le 10 octobre 680, UbaidAllah Ibn Ziad ordonne à Umar Ibn Saad d'aller à la rencontre d'Al Hussein avec son armée. La jonction de l'armée forte de 4 000 hommes (majoritairement koufis) et des 40 fantassins et 32 cavaliers d'Al Hussein se fera à Karbala.
74
+
75
+ Al-Ḥusayn fut massacré avec sa famille et ses hommes à la bataille de Kerbala par les armées omeyyades. Kerbala qui voit le califat sunnite triompher et pulvérise les ambitions dynastiques de la famille du Prophète est devenu l'épisode fondateur du chiisme[17].
76
+
77
+ L'unique survivant masculin de Hussein, l’imam Ali Zayn al-Abidin, de ce fait, était aussi reconnu comme le dépositaire du savoir divin. Durant sa vie, il ne prit part à aucune action politique. L’imam Muhammad al-Baqir jouissait d’un rôle prestigieux. De plus, son rôle en tant qu’imam de la jeune communauté chiite était crucial car la communauté vivait de multiples scissions. Il était un érudit qui était versé dans toutes les connaissances aussi bien religieuses (Coran, sunnah, hadith, etc.) que philosophiques et scientifiques.
78
+
79
+ Le destin tragique de Hussein secoue une partie de la conscience musulmane et provoque une détermination à combattre jusqu'au bout pour un idéal de pouvoir juste et respectueux des principes fondamentaux de l'islam. Le martyre devient un symbole de la lutte contre l'injustice, selon le credo chiite. Le cœur du chiisme est dans ce massacre.
80
+
81
+ La scission entre les futurs chiites duodécimains et les ismaéliens, les deux plus grands groupes de ce courant, eut lieu à la mort du 6e Imam Jafar as-Sadiq, descendant d'Ali (donc aussi de Fatima et par là de Mahomet) et d'Abou Bakr, en l’an 765. Le chiisme se divise ainsi en six groupes distincts[18]. Une autre faction, la fathiyya, soutenait Abdallah ibn Jaafar comme imam. Après la mort de celui-ci, elle se rallie en majorité au futur chiisme duodécimain[19]. Cependant, une autre secte se sépara du futur chiisme duodécimain. Il s'agit de la waqfiyya. Ses adeptes considèrent que Moussa ibn Jaafar est l'imam caché[20].
82
+
83
+ Pendant plus de huit siècles, les chiites sont écartés des pouvoirs politiques jusqu'au début du XVIe siècle, à l'exception notable du califat des Fatimides (des ismaéliens) en Afrique du Nord du Xe au XIIe siècle et de la tutelle des Bouyides sur le califat abbasside de 932 à 1055. En Perse, la dynastie des Séfévides accède au pouvoir avec Ismail Ier qui fait du chiisme la religion d'État de l'Iran en 1502, afin de se démarquer du monde arabe (l'empire mamelouk) et des Ottomans à l'ouest, défenseurs du sunnisme. Les zaïdites, qui se sont détachés des autres chiites dès le milieu du VIIIe siècle, prennent brièvement le pouvoir au Tabaristan et plus durablement au Yémen au cours du IXe siècle. Les ismaéliens nizarites (ou secte des Assassins, dissidence des Fatimides) contrôlent un réseau de forteresses en Perse et en Syrie, dont le principal est à Alamout, du XIe au XIIIe siècle.
84
+
85
+ Dans les textes médiévaux, les chiites sont souvent appelés péjorativement sous le nom de râfidhites[21] (en arabe : rāfiḍ, رافض, (pl.) rawāfiḍ روا��ض, « celui qui refuse », ou rāfiḍī, رافضي, « refuser »), dont la communauté est appelée rāfiḍiy, ceux qui refusent les trois premiers califes (Abu Bakhr, Omar et Othman).
86
+
87
+ De nos jours, le chef de la communauté musulmane est, pour les sunnites, le calife : un homme ordinaire, élu par d'autres hommes dans la communauté des fidèles. Leur système religieux est moins hiérarchisé que celui des chiites. Depuis leur sécession, ceux-ci (ceux qui « prennent le parti d'Ali ») accordent beaucoup plus d'importance à leurs dirigeants religieux que les sunnites ; ils considèrent que la communauté musulmane ne peut être dirigée que par les descendants de la famille de Mahomet, des imams qui tirent directement leur autorité de Dieu.
88
+
89
+ Les doctrines chiites sont basées sur le Coran et sur les écrits ou les paroles des imams ou des compagnons de Mahomet. Ce corpus de textes qui vient s’ajouter au Coran pour définir les dogmes musulmans s’appellent les hadiths.
90
+
91
+ En tant que mouvement musulman, le chiisme reconnaît l'unicité divine, les textes sacrés du Coran, Mahomet, les cinq obligations fondamentales, le jugement dernier et la résurrection.
92
+
93
+ Les ismaéliens nizârites ont un guide spirituel reconnu, l'Aga Khan IV. Les mustaliens obéissent à un da'i représentant de l'imam occulté. Les duodécimains en reconnaissent plusieurs, appelés des ayatollahs ou Marjaâ : chaque fidèle peut choisir le sien, suivre ses enseignements et lui verser sa dîme (khûms et zakat).
94
+
95
+ Le chiisme accorde une affection particulière aux imams martyrs, Ali, Hassan et surtout Hussein, célébrés aux commémorations de deuil de Mouharram.
96
+
97
+ Certains chiites prient en posant leur front sur un petit disque plat d'environ 6 à 8 cm de diamètre d'argile propre, qu'on appelle un mohr, car les chiites refusent de poser le front sur des fibres animales ou synthétiques lors de la prière puisqu'il est écrit de poser le front sur la terre d'Allah pendant la prière. Certains mohrs sont faits de la terre de La Mecque ou de celle de Kerbala.
98
+
99
+ Les chiites considèrent la justice comme étant l'un des fondements de la religion (usûl al-dîn) qui sont par ordre d’importance : l’unicité divine (Tawhîd), la justice (`Adl), la prophétie (Nubuwwa), l’imamat et le jour du jugement (Ma'ad). Elle fait partie du dessein divin.
100
+
101
+ Les tenants de la justice, en l'occurrence les mutazilites et les chiites, ont soutenu que l’intellect (`aql) humain joue un rôle déterminant dans les décisions. L’intellect humain qui, indépendamment de toute instruction, possède une connaissance intuitive du bien et du mal. On ne peut attribuer le mal à Dieu, car il est sage et cet attribut est contraire à sa nature.
102
+
103
+ Les tenants de la justice ont établi une série de règles et c'est dans ces règles qu'ils ont fondé la question de la contrainte (jabr) et du libre choix (ikhtiyâr), laquelle est l'une des questions les plus ardues dans la théologie islamique[22].
104
+
105
+ Les chiites pensent que la sunnah découle des traditions orales énoncées par Mahomet et de leur interprétation par les imams — qui étaient les descendants de Mahomet par sa fille Fatima Zahra et son mari Ali étant lui-même le premier imam selon eux. En revanche, pour les sunnites, la sunnah réunit les paroles, les actions de Mahomet, ainsi que les actions d'autrui qu'il a agréées. Il n'existe pas d'interprétation infaillible par des imams pour les sunnites.
106
+
107
+ Ils accordent de l’importance à l’interprétation de la révélation divine qui est un processus continu, nécessaire pour se conformer selon le Coran. Les sunnites croient eux aussi qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths. Cependant ils préfèrent accorder une plus grande importance aux savants tels Ahmad Ibn Hanbal, Abou Hanîfa, Mâlik ibn Anas et Al-Chafii, qui ne sont pas infaillibles. Abu Hanifa et Malik étaient des élèves du 6e imam Ja'far al-Sâdiq. Les penseurs chiites considèrent actuellement que l'ijtihad existe toujours, et qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths avec la même autorité que leurs prédécesseurs tout en sachant qu'ils ne sont pas infaillibles tels les Imams. Les savants sunnites considèrent eux aussi que l'ijtihad existe, mais il est réservé aux savants qui maîtrisent suffisamment la tradition des savants antérieurs. Dans le sunnisme, l'ijtihad a été interdit entre le XIe et le XIXe siècle.
108
+
109
+ La loi religieuse (charia) étant fondée partiellement sur les hadiths, le fait que les chiites et les sunnites ne s’accordent pas sur la validité des mêmes hadîths entraîne des différences dans les traditions religieuses, donc dans la jurisprudence.
110
+
111
+ En islam sunnite, l'imam est le desservant d'une mosquée. Dans la terminologie de l'islam chiite, le mot imam prend une acception éminente, réservée aux descendants de Fatima Al Zahra. Les différentes branches du chiisme divergent sur le nombre et la succession de ces imams.
112
+
113
+ Dieu ne peut admettre que les hommes aillent à leur perte, donc leur a envoyé les prophètes pour les guider. Mais la mort de Mahomet met fin à la lignée des prophètes. Il faut un garant spirituel de la conduite des hommes, qui est une preuve de la véracité de la religion et qui dirige la communauté. L'imam doit remplir un certain nombre de conditions : être instruit de la religion, être juste, exempt de défauts, donc être le plus parfait de son temps. Son investiture divine est confirmée par le Prophète, puis par l'imam précédent.
114
+
115
+ À l'inverse des sunnites, les chiites exigent donc que la communauté musulmane soit dirigée uniquement par un descendant de la famille de Mahomet (ahl al-bayt). Cette revendication n’avait à l’origine qu’un aspect politique, mais au fil du temps elle prit une importance fondamentale dans la théologie chiite. La conception de l’imamat des chiites est foncièrement opposée à celle du califat admise par la majorité des musulmans. L’imamat, incarnant à la fois le pouvoir temporel et spirituel et inauguré par Ali, est considéré comme la succession du cycle de la prophétie définitivement bouclé par le dernier prophète Mahomet. L’imam, qui ne peut être qu’un descendant d'Ali, est la preuve de Dieu (Hujjat Allâh) sur terre, le gardien du sens caché de la révélation et il est un guide impeccable (ma‘sûm) pour la communauté.
116
+
117
+ Pour les chiites, les imams sont les guides, les mainteneurs du Livre[23]. Leur légitimité n'est pas due à leur descendance charnelle du Prophète, mais à leur héritage spirituel, ils ont une connaissance « par le cœur » du Coran, en expliquant l'ésotérique (batin) aux fidèles. L'imam tire son autorité de Dieu, il est donc impeccable. Selon les chiites, la succession est héréditaire. Mais toutes les tendances ne sont pas d'accord sur la ligne de succession.
118
+
119
+ Des divergences à propos de la succession de certains Imâms furent en grande partie à l’origine de l’éclatement du chiisme en d’innombrables groupes. Trois grandes tendances forment l’essentiel du monde chiite d'aujourd'hui : le chiisme duodécimain, le chiisme septimain, dit aussi ismaélien, et les zaïdites.
120
+
121
+ Le chiisme duodécimain est majoritaire en Irak (qui a sur son territoire plusieurs villes saintes dont Kerbala), en Iran où le chiisme est religion d'État, ainsi que parmi les musulmans du Liban. Ils ont été reconnus musulmans par l'Institut Al-Azhar du Caire, la plus connue des autorités sunnites du monde.
122
+
123
+ Pour les duodécimains, depuis l'occultation (ghayba) du douzième imâm, les hommes ne peuvent pas se réclamer d'une autre autorité et ils sont donc libres par rapport au pouvoir temporel en place. Il y a donc une séparation du spirituel et du temporel.
124
+
125
+ Les autres membres de la communauté se contentent d’imitation (taqlîd) et d’une lecture littérale du Coran. Vision idéaliste de la fin des temps, l'imam caché renvoie à une face cachée de la révélation. Il faut faire un effort pour arriver à trouver et à comprendre l'ésotérique, au-delà de ce qui est visible.
126
+
127
+ Actuellement, pour le courant majoritaire du chiisme duodécimain, le douzième successeur de Mahomet, al-Mahdî, disparaît en 874 : c'est l'occultation. Ce phénomène surnaturel d'occultation va permettre de mettre un terme à la question du pouvoir temporel, et donne une dimension eschatologique et religieuse très forte.
128
+
129
+ Les duodécimains admettent dorénavant passivement l'ordre politique car le douzième imam reviendra à la fin des temps et retrouvera son règne. En son attente, aucun pouvoir n'est vraiment légitime, mais le croyant doit attendre le retour de l'imam tout en faisant des efforts pour s'améliorer spirituellement.
130
+
131
+ On peut noter que la révolution iranienne de 1979 a en partie rompu avec cette attente en voulant mettre en place un régime religieux et politique juste avant le retour de l'imam, ce qui a été rejeté par certaines tendances théologiques du chiisme duodécimain.
132
+
133
+ Les figures importantes du chiisme imamite (majoritaire) sont les différents auteurs de référence tels qu'Al-Kouleini, Al-Majlissi, et plus récemment, Al-Khu'i, Ali al-Sistani, Khomeini, etc.
134
+
135
+ La scission entre chiites duodécimains et chiites ismaéliens a lieu à la mort de Ja`far as-Sâdiq en l’an 765. Ismâ`il, l’aîné des fils d’al-Sâdiq, a été désigné par son père pour lui succéder est mort avant son père. La majorité des ismaéliens pensent donc que l'imamat a été transféré à son fils Muhammad ibn Ismâ`îl. La majorité des ismaéliens sont nizârites et ont un imam vivant, l'Aga Khan. Pour les ismaéliens, avoir un imam vivant et existant (non occulté) est une preuve que le vrai imamat est celui d'Ismaël.
136
+
137
+ Le zaydisme est une variante du chiisme qui se différencie fortement du chiisme duodécimain majoritaire en Iran ou en Irak. Il présente de fait davantage de ressemblances doctrinales avec le sunnisme qu'avec le chiisme : ainsi les zaydites n'ont pas d'ayatollahs et ne maudissent pas les califes sunnites.
138
+
139
+ C'est la raison pour laquelle, ils sont considérés par les chiites les plus rigoureux comme une cinquième colonne du sunnisme[24], et par les sunnites les plus ouverts comme une école de jurisprudence acceptable bien que critiquable sous certains aspects théologiques.
140
+
141
+ Les chiites sont divisés en plusieurs courants.
142
+
143
+ Aujourd'hui, l'Iran est le grand centre du chiisme mais ce courant de l'islam existe aussi ailleurs, il n'est donc pas la version iranienne de l'islam. Les chiites sont majoritaires en Iran, Bahreïn, Irak, Azerbaïdjan et ils constituent une minorité importante dans une quinzaine d'autres pays[4].
144
+
145
+ D'après une étude de 2009 du Pew Research Center[4]. Ne sont présents dans le tableau que les pays ayant une population chiite représentant approximativement plus de 1 % de la population chiite mondiale estimée entre 154 et 200 millions.
146
+
147
+ Les pourcentages sont issus d'une étude de 2009 du Pew Research Center, et donnent la proportion de chiites parmi la population musulmane[4].
148
+
149
+ Tous les musulmans, sunnites ou chiites, sauf les alévis en Turquie, célèbrent les fêtes annuelles suivantes :
150
+
151
+ Les fêtes suivantes sont célébrées uniquement par les chiites :
fr/1069.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le chiisme (ou shî'isme[1]) constitue l'une des deux principales branches de l’islam, l'autre étant le sunnisme.
4
+
5
+ Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans. La première communauté chiite vit en Iran, où elle constitue 90 % de la population du pays, et environ 40 % de la population chiite mondiale[2],[3],[4]. Le reste des musulmans chiites se répartit principalement en Irak, en Azerbaïdjan, au Pakistan, en Inde, à Bahreïn et au Liban.
6
+
7
+ Le mot chiisme dérive du terme shi'a (mot arabe) qui désigne à l’origine un groupe de partisans. Le terme « chiites » signifie « partisans, disciples, suiveurs ». Le Coran cite qu'une partie des serviteurs vertueux étaient les schi'a, ce mot étant traduit en français par « partisans » ou « disciples ».
8
+
9
+ « Paix sur Noé dans les mondes… Oui, et de ses partisans (traduit en arabe par 'schi'a') était Abraham, certes »
10
+
11
+ — Coran 37:79-83
12
+
13
+ « Or, entrant dans une ville à une heure d'inattention de ses habitants, [Moise] y trouva deux hommes qui se battaient, celui-ci de ses disciples [schi'a], celui-là de ses adversaires. Puis l'homme de ses partisans [schi'a] l'appela au secours contre l'homme de ses adversaires »
14
+
15
+ — Coran 28:15
16
+
17
+ Donc, officiellement, le mot « chi'ite » est un mot employé dans le Coran pour des prophètes renommés tout comme pour ceux qui les suivent.
18
+
19
+ Au commencement de l’histoire islamique, le terme « shî`ite » fut utilisé dans son sens originel ou littéral pour désigner des partisans de différentes personnes.
20
+
21
+ Le terme a acquis graduellement le sens secondaire de partisans d’Ali, ceux qui croient en son imamat. Dans son Al-Firaq al-Shî`ah, Hasan ibn Musa al-Nawbakhti, savant chiite, écrit :
22
+
23
+ « Les chiites sont les partisans d'Ali. Ils sont appelés « les chiites d'Ali » après la vie du Prophète et sont connus comme les partisans d'Ali et croient en son Imamat. Le Prophète a dit à 'Ali (a) : « Je jure par celui qui contrôle ma vie que cet homme (Ali) et ses Chi'ites seront sauvés le Jour de la Résurrection. » »
24
+
25
+ — Jalal al-Din al-Suyuti, Tafsir al-Durr al-Manthur, (Le Caire) vol. 6, p. 379
26
+
27
+ Le terme « chi'ites » est un adjectif utilisé par les musulmans qui suivent les Imams-Guides de la famille du Prophète (ahl al-bayt). Ils ne l'utilisent pas pour des raisons sectaires ou pour créer des divisions entre les musulmans. Ils l'utilisent parce que le Coran l'utilise et parce que Mahomet et les musulmans des premiers temps l'utilisèrent aussi.
28
+
29
+ Cheikh Moufid, un des premiers érudits chiites, définit les chiites comme étant ceux qui suivent Ali et voient en lui le successeur immédiat du prophète Mahomet. En expliquant pourquoi les chiites sont aussi appelés « Imàmîyah », il dit :
30
+
31
+ « C’est un titre pour ceux qui croient dans la nécessité de l’imamat et de sa continuité en tout âge, et que chaque Imâm doit être explicitement désigné, et doit aussi être impeccable et parfait. »
32
+
33
+ Muhammad al-Shahrastani, dans son Al-Milal wa al-Nihal, une source sur les différents groupes en islam, écrit :
34
+
35
+ « Les chiites sont ceux qui suivent Ali en particulier et qui croient en son imamat et califat selon les directives explicites et les volontés du prophète Mahomet. »
36
+
37
+ C’est une définition très précise, étant donné que les chiites eux-mêmes croient que la raison de suivre Ali est motivée par l’exigence du Prophète.
38
+
39
+ Ainsi, on peut dire que les chiites sont ceux qui ont les croyances suivantes sur la succession de Mahomet :
40
+
41
+ Selon Allameh Tabatabaei le chiisme naquit du vivant même du Prophète. D’après Allameh, ce terme a d’abord désigné les partisans d’Ali. L’avènement, puis l’extension de l’islam pendant les vingt-trois années de la prophétie rendirent nécessaire pour plusieurs raisons l’apparition parmi les compagnons du Prophète, d’un groupe tel que celui des Shi’ites[6].
42
+
43
+ Les chiites pensent que des personnes choisies parmi la famille de Mahomet (les imams) sont la meilleure source de connaissance à propos du Coran, de l'islam, de l'émulation (les successeurs de la mission prophétique après Mahomet) et les protecteurs les plus fervents de la sunnah de Mahomet. Une tradition prophétique (rapportée aussi bien par les sunnites que les chiites) le soutient : « Je suis la cité du savoir, Ali en est la porte. Celui qui veut le savoir ainsi que la sagesse qu'il passe donc par la porte[7] ». Il faut noter que le symbolisme de la porte est fréquent dans les différentes traditions initiatiques.
44
+
45
+ En particulier, les chiites reconnaissent la succession de Mahomet par Ali ibn Abi Talib (son cousin, gendre et un des premiers hommes à accepter l'islam — après Khadidja[8] et Abou Bakr — et aussi un des cinq membres de l'Ahl al-Bayt ou « la famille du prophète »). Au contraire, les musulmans sunnites reconnaissent le califat. Les chiites croient que Mahomet a désigné Ali comme son successeur en de nombreuses occasions, et qu'il est donc le guide spirituel des musulmans, selon la mission divine révélée à Mahomet.
46
+
47
+ Pour les chiites, la nomination d'Ali comme imam eut lieu dès le début de la Prophétie, fut maintes fois confirmée, et la dernière eut lieu le jour d'al-Ghâdir. La première nomination d'Ali eut lieu le jour où le Prophète réunit sa famille, les Banu Hashim, et les invita à accepter le nouveau message de l'Islam. Il s'adressa à eux en ces termes :
48
+
49
+ « « Ô fils d'Abdul Muttaleb, je ne connais pas de jeune homme parmi les Arabes qui ait apporté à son peuple meilleur que ce que je vous ai apporté. Je vous apporte le meilleur de la vie ici-bas et de l'au-delà. Allah m'a ordonné de vous convier à Lui. Lequel d'entre vous voudra bien m'assister, devenir mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous ? » Le silence régnait parmi le clan (…) Comme personne ne prenait la parole, Ali, alors âgé de 13 ans, se sentit obligé de prendre la parole et dit : « Je serai ton soutien, ô prophète d'Allah ». Le Prophète le prit par le cou et dit : « Voici mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous. Écoutez-le et obéissez-lui ». Les gens se levèrent moqueurs, et s'adressèrent ironiquement à Abi Taleb : « Il t'ordonne d'écouter et d'obéir à ton fils[9] ». »
50
+
51
+ Tous les historiens sunnites rapportent et acceptent cette tradition, mais ils n'en interprètent pas la portée au-delà de la famille du Prophète.
52
+
53
+ La dernière nomination d'Ali a eu lieu le jour d'al-Ghadîr, après le pèlerinage de l'adieu, lorsque Mahomet annonça solennellement et devant des milliers de pèlerins l'un de ses plus importants discours :
54
+
55
+ « Celui dont je suis l'allié/le maître (mawla), Ali est aussi l'allié/le maître[10]. Mon Dieu, sois l'ami de celui qui s'allie à lui et sois l'ennemi de celui qui le prend comme ennemi[11]. »
56
+
57
+ Les sunnites interprètent le terme polysémique mawla comme signifiant « ami », et les chiites l'interprètent comme signifiant maître. Cette différence entre la reconnaissance du pouvoir prioritaire de l'ahl al-bayt (la famille de Mahomet) ou du calife Abou Bakr a modelé les doctrines chiites et sunnites à propos du Coran, des hadiths et d'autres points. Les chiites, pour justifier la nécessité de l'allégeance à la maisonnée du Prophète, invoquent notamment le hadith dit al-thaqalayn, rapporté par des sources sunnites dont le Sahih Muslim : « Je suis sur le point de mourir, mais je vous laisse deux choses précieuses, la première étant le livre d'Allah, et la seconde étant les membres de ma famille (ahlou bayti). Je vous rappelle instamment vos devoirs envers mes ahl al bayt[12]. »
58
+
59
+ Selon les chiites, le Prophète a désigné explicitement Ali comme son Successeur (Imâm ou Calife), qui assumera la responsabilité à la fois de gérer l’empire et de guider les croyants dans leur vie spirituelle après trois autres califes. Aurait-il dû être choisi plus tôt ? « En effet, comme le remarquera Jean-Paul Roux, il ne manque pas de titres. Il est cousin du Prophète : son père a élevé Mahomet quand celui-ci est devenu orphelin ; il est l'un des premiers convertis ; il a épousé Fâtima, fille de Mahomet et, par elle, à lui qui n'avait pas de fils, il a donné ses deux seuls petits-enfants mâles, Hasan et Hussein. »
60
+
61
+ En dehors des considérations sur le califat, les chiites reconnaissent l'autorité de l'imam (aussi appelé Hujjat Allâh, argument ou preuve de Dieu) en tant qu'autorité religieuse, bien que les différentes branches de l'islam chiite ne soient pas d'accord sur la succession de cet imam et de son successeur (les duodécimains, ismaéliens ou zaydites par exemple).
62
+
63
+ Selon la tradition musulmane, sur le chemin de retour de son pèlerinage d'adieu, Mahomet fit une halte à mi-chemin entre La Mecque et Médine au lieu-dit Ghadir Khumm. Là, au cours d'un sermon, Mahomet annonça sa fin prochaine. Dans le hadith, dit Hadith de Ghadir Khumm, rapporté par Muslim deux siècles plus tard, Mahomet aurait dit qu'il laissait derrière lui deux choses importantes : la première c'est le livre de Dieu (Le Coran) et la seconde ce sont les ahl al-bayt ou « gens de la maison du Prophète ».
64
+
65
+ À sa mort en 632, Mahomet était le chef de l'oumma et d'un territoire devenu un important État en seulement quelques années. La question de sa succession fut à l’origine du premier grand schisme entre les musulmans. Pendant qu'Ali et les membres de la famille du Prophète étaient occupés à préparer ses funérailles, certains ansârs, rejoints par Abou Bakr et Omar ibn al-Khattâb, se réunirent pour désigner le successeur. Après une courte discussion, la majorité des compagnons présents (à l'exception de deux d'entre eux) désignèrent Abou Bakr premier calife. Quelque temps plus tard, selon certaines versions, ces deux compagnons, ainsi qu'Ali, vinrent à la mosquée où s'étaient réunis les compagnons, à leur tête Abou Bakr, et lui ont prêté allégeance[13]. Mais selon Bukhari, Ali ne prêtera allégeance au calife que six mois plus tard[14].
66
+
67
+ À sa mort, Abou Bakr décida de désigner son successeur. Le deuxième calife — Omar ibn al-Khattab — désigna, à son tour, un conseil de six personnes (dont Ali faisait partie) pour choisir en son sein le prochain calife. Uthman ben Affan, nommé troisième calife, fut assassiné en 656, à la suite d'une révolte. Ali fut, ensuite, désigné à la tête de la communauté. Malgré ses titres et ses exploits, son califat se déroula dans le tumulte : une partie du clan des Omeyyades (lié au défunt calife Utman) et la veuve de Mahomet Aïcha, réclamèrent à Ali la punition des meurtriers de Uthman ben Affan. Ali mena donc une bataille contre l'armée d'Aïcha, Talha et Zubair (bataille du chameau), puis une autre contre Muawiya qui fut nommée la bataille de Siffîn — sur les rives de l'Euphrate — en 658. Ali était sur le point de l'emporter quand les troupes de Muawiya brandirent des feuillets du Coran au bout de leurs épées et réclamèrent un arbitrage, qu'Ali accepta malgré lui. Une partie des hommes d'Ali — qui sont devenus plus tard les kharidjites — se révoltèrent, reprochant à Ali d'avoir consenti à la procédure de l'arbitrage exigée par les troupes de Muawiya. Cette révolte fut fortement réprimée par Ali et la majorité des khârijites mourut à la bataille de Nahrawân ; trois de leurs survivants voulurent se venger. L'un en tentant d'assassiner Muawiya, en vain. Un autre en tentant d'assassiner Amr Ibn al-Ass, mais il n'y parvint pas. Et le troisième en assassinant Ali, en 661, avec une épée enduite de poison, alors qu’il faisait sa prière dans la mosquée.
68
+
69
+ Ce conflit de succession a engendré une scission fondamentale au sein de l'islam : d'une part, les chiites reconnaissent Ali comme premier successeur légitime de Mahomet. Avec ses deux fils — Hassan et Hussein — qui lui succédèrent, a commencé pour les chiites la lignée des imams. De l'autre, les sunnites majoritaires ne voient en Ali que le quatrième calife. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants reposent donc sur une querelle de succession. Ces courants religieux se sont donc construits sur un socle politique.
70
+
71
+ Le sunnisme vient du mot sunna, c'est-à-dire la tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Ils considèrent que le Coran (la parole divine) a été révélé et que l'univers et l'histoire sont prédéterminés. Être sunnite revient davantage à perpétuer mimétiquement la tradition de Mahomet, à travers les législations et pratiques des premiers califes et des compagnons du Prophète dans leur ensemble ; selon ce courant, le cycle de la prophétie s'est clos avec lui. Les chiites affirment également suivre la sunna du Prophète, mais ils rejettent la législation des premiers califes et de certains compagnons, qui a selon eux gravement altéré la véritable sunna du Prophète ; pour eux, celle-ci n'est authentiquement sauvegardée qu'à travers la législation et la pratique d'Ali et des imams de sa descendance. Ceux-ci ne jouissent pas de nouvelles révélations, la prophétie étant close avec Mahomet, mais ils connaissent et transmettent ses enseignements. Cette divergence est due à une interprétation différente d'un hadith du Prophète qui invitait les musulmans à suivre « sa sunna et la sunna des califes bien-guidés après lui », les sunnites considérant qu'il s'agit là d'une invitation à suivre les quatre premiers califes et les compagnons dans leur ensemble, les chiites pensant au contraire qu'il s'agit des imams de la descendance d'Ali. Le chiisme pratique la méthode du kalam (raisonnement déductif), qui insiste sur le raisonnement, l'argumentation, le libre arbitre et le caractère créé du Coran, ce dernier point étant à l'opposé du sunnisme. Les chiites croient aussi en la liberté de la volonté individuelle, comme une partie du monde sunnite. L'existence dépend de la présence d'un imam, vivant intercesseur entre le monde spirituel et temporel, entre Mahomet et les croyants. L'imam est doté de la connaissance (du visible et de l'invisible) et de l'infaillibilité. Le Coran a un sens évident et un sens caché qu'il faut étudier, et que les imams sont chargés de transmettre aux fidèles. Cette importance accordée à l'imam n'a pas d'équivalent dans le sunnisme et explique l'organisation, la hiérarchisation et l'autorité du clergé chiite (par exemple, en Iran). Le chiisme attend et prépare l'arrivée du Mahdi, qui comblera la terre de justice et d'équité autant qu'elle était remplie d'injustice et de tyrannie.
72
+
73
+ À la mort d'Ali, les chiites ont reconnu son fils Hasan comme successeur au califat. Pour les ismaéliens, Hasan a été désigné comme imam temporaire (Imâm-i mustawda`) alors que Hussein était effectivement l’imam permanent (Imâm-i mustaqarr). Hassan accepta le califat de Muawiya, vécut paisiblement à Médine ; mais il posa au calife deux conditions : vous devez m’obéir pour faire la guerre ou contracter la paix, et remettre le califat aux descendants du Prophète à votre mort[15]. Il envoya des émissaires en secret pour négocier une reddition honorable avec Muawiya. Les conditions étaient telles que ce sera Hassan qui succèdera à Muawiya après sa mort. Quelques années plus tard, en 670, Hassan meurt. Le second fils d'Ali, l’imam Hussein, rompit avec la dynastie ommeyade dès que Muawiya associa au pouvoir son fils Yazîd Ier en 678. Après que toute l'Ummah à l'exception d'Abd Allah ibn Al Zubayr et Al Hussein, eut prêté allégeance à Yazid, les deux dissidents se réfugièrent à La Mecque. Hussein reçut des lettres de la ville irakienne d'Al Kufa, lui promettant 18 000 combattants, Hussein dépêcha son cousin Muslim Ibn Aqil. Prévenu par ses partisans, Yazid destitua le gouverneur mou d'Al Kufa, Nuuman Ibn AlBachir, et le remplaça par son cousin intraitable UbaidAllah Ibn Ziad. Celui-ci avec 20 soldats et 10 nobles assiégés dans le palais du gouvernorat, réussit à casser la volonté des koufis par des promesses d'argent ou de destruction. La nuit-même, Muslim fut abandonné par les chiites et erra dans les ruelles d'Al Koufa. Humilié et effaré, il sera hébergé par une vieille femme, sera dénoncé par le fils de celle-ci et exécuté par Ubaid Allah. Entretemps, décidé à rejoindre ces troupes promises et contre l'avis d'Ibn Umar l'appelant à l'obéissance, Ibn Abbas, à plus de préparation militaire, d'Ibn Zubayr, désirant garder un allié de poids à La Mecque, Al Hussein partit avec 72 hommes de sa famille et partisans ainsi que toute sa famille élargie (femmes et enfants), et il est rejoint sur la route par de nombreux musulmans. Apprenant la mort d'Ibn Aqil en cours de route, Al Hussein en informe ses compagnons et poursuit son expédition avec sa famille et ses plus proches compagnons, la plupart de ceux qui l'ont rejoint en route le désertant[16]. Le 10 octobre 680, UbaidAllah Ibn Ziad ordonne à Umar Ibn Saad d'aller à la rencontre d'Al Hussein avec son armée. La jonction de l'armée forte de 4 000 hommes (majoritairement koufis) et des 40 fantassins et 32 cavaliers d'Al Hussein se fera à Karbala.
74
+
75
+ Al-Ḥusayn fut massacré avec sa famille et ses hommes à la bataille de Kerbala par les armées omeyyades. Kerbala qui voit le califat sunnite triompher et pulvérise les ambitions dynastiques de la famille du Prophète est devenu l'épisode fondateur du chiisme[17].
76
+
77
+ L'unique survivant masculin de Hussein, l’imam Ali Zayn al-Abidin, de ce fait, était aussi reconnu comme le dépositaire du savoir divin. Durant sa vie, il ne prit part à aucune action politique. L’imam Muhammad al-Baqir jouissait d’un rôle prestigieux. De plus, son rôle en tant qu’imam de la jeune communauté chiite était crucial car la communauté vivait de multiples scissions. Il était un érudit qui était versé dans toutes les connaissances aussi bien religieuses (Coran, sunnah, hadith, etc.) que philosophiques et scientifiques.
78
+
79
+ Le destin tragique de Hussein secoue une partie de la conscience musulmane et provoque une détermination à combattre jusqu'au bout pour un idéal de pouvoir juste et respectueux des principes fondamentaux de l'islam. Le martyre devient un symbole de la lutte contre l'injustice, selon le credo chiite. Le cœur du chiisme est dans ce massacre.
80
+
81
+ La scission entre les futurs chiites duodécimains et les ismaéliens, les deux plus grands groupes de ce courant, eut lieu à la mort du 6e Imam Jafar as-Sadiq, descendant d'Ali (donc aussi de Fatima et par là de Mahomet) et d'Abou Bakr, en l’an 765. Le chiisme se divise ainsi en six groupes distincts[18]. Une autre faction, la fathiyya, soutenait Abdallah ibn Jaafar comme imam. Après la mort de celui-ci, elle se rallie en majorité au futur chiisme duodécimain[19]. Cependant, une autre secte se sépara du futur chiisme duodécimain. Il s'agit de la waqfiyya. Ses adeptes considèrent que Moussa ibn Jaafar est l'imam caché[20].
82
+
83
+ Pendant plus de huit siècles, les chiites sont écartés des pouvoirs politiques jusqu'au début du XVIe siècle, à l'exception notable du califat des Fatimides (des ismaéliens) en Afrique du Nord du Xe au XIIe siècle et de la tutelle des Bouyides sur le califat abbasside de 932 à 1055. En Perse, la dynastie des Séfévides accède au pouvoir avec Ismail Ier qui fait du chiisme la religion d'État de l'Iran en 1502, afin de se démarquer du monde arabe (l'empire mamelouk) et des Ottomans à l'ouest, défenseurs du sunnisme. Les zaïdites, qui se sont détachés des autres chiites dès le milieu du VIIIe siècle, prennent brièvement le pouvoir au Tabaristan et plus durablement au Yémen au cours du IXe siècle. Les ismaéliens nizarites (ou secte des Assassins, dissidence des Fatimides) contrôlent un réseau de forteresses en Perse et en Syrie, dont le principal est à Alamout, du XIe au XIIIe siècle.
84
+
85
+ Dans les textes médiévaux, les chiites sont souvent appelés péjorativement sous le nom de râfidhites[21] (en arabe : rāfiḍ, رافض, (pl.) rawāfiḍ روا��ض, « celui qui refuse », ou rāfiḍī, رافضي, « refuser »), dont la communauté est appelée rāfiḍiy, ceux qui refusent les trois premiers califes (Abu Bakhr, Omar et Othman).
86
+
87
+ De nos jours, le chef de la communauté musulmane est, pour les sunnites, le calife : un homme ordinaire, élu par d'autres hommes dans la communauté des fidèles. Leur système religieux est moins hiérarchisé que celui des chiites. Depuis leur sécession, ceux-ci (ceux qui « prennent le parti d'Ali ») accordent beaucoup plus d'importance à leurs dirigeants religieux que les sunnites ; ils considèrent que la communauté musulmane ne peut être dirigée que par les descendants de la famille de Mahomet, des imams qui tirent directement leur autorité de Dieu.
88
+
89
+ Les doctrines chiites sont basées sur le Coran et sur les écrits ou les paroles des imams ou des compagnons de Mahomet. Ce corpus de textes qui vient s’ajouter au Coran pour définir les dogmes musulmans s’appellent les hadiths.
90
+
91
+ En tant que mouvement musulman, le chiisme reconnaît l'unicité divine, les textes sacrés du Coran, Mahomet, les cinq obligations fondamentales, le jugement dernier et la résurrection.
92
+
93
+ Les ismaéliens nizârites ont un guide spirituel reconnu, l'Aga Khan IV. Les mustaliens obéissent à un da'i représentant de l'imam occulté. Les duodécimains en reconnaissent plusieurs, appelés des ayatollahs ou Marjaâ : chaque fidèle peut choisir le sien, suivre ses enseignements et lui verser sa dîme (khûms et zakat).
94
+
95
+ Le chiisme accorde une affection particulière aux imams martyrs, Ali, Hassan et surtout Hussein, célébrés aux commémorations de deuil de Mouharram.
96
+
97
+ Certains chiites prient en posant leur front sur un petit disque plat d'environ 6 à 8 cm de diamètre d'argile propre, qu'on appelle un mohr, car les chiites refusent de poser le front sur des fibres animales ou synthétiques lors de la prière puisqu'il est écrit de poser le front sur la terre d'Allah pendant la prière. Certains mohrs sont faits de la terre de La Mecque ou de celle de Kerbala.
98
+
99
+ Les chiites considèrent la justice comme étant l'un des fondements de la religion (usûl al-dîn) qui sont par ordre d’importance : l’unicité divine (Tawhîd), la justice (`Adl), la prophétie (Nubuwwa), l’imamat et le jour du jugement (Ma'ad). Elle fait partie du dessein divin.
100
+
101
+ Les tenants de la justice, en l'occurrence les mutazilites et les chiites, ont soutenu que l’intellect (`aql) humain joue un rôle déterminant dans les décisions. L’intellect humain qui, indépendamment de toute instruction, possède une connaissance intuitive du bien et du mal. On ne peut attribuer le mal à Dieu, car il est sage et cet attribut est contraire à sa nature.
102
+
103
+ Les tenants de la justice ont établi une série de règles et c'est dans ces règles qu'ils ont fondé la question de la contrainte (jabr) et du libre choix (ikhtiyâr), laquelle est l'une des questions les plus ardues dans la théologie islamique[22].
104
+
105
+ Les chiites pensent que la sunnah découle des traditions orales énoncées par Mahomet et de leur interprétation par les imams — qui étaient les descendants de Mahomet par sa fille Fatima Zahra et son mari Ali étant lui-même le premier imam selon eux. En revanche, pour les sunnites, la sunnah réunit les paroles, les actions de Mahomet, ainsi que les actions d'autrui qu'il a agréées. Il n'existe pas d'interprétation infaillible par des imams pour les sunnites.
106
+
107
+ Ils accordent de l’importance à l’interprétation de la révélation divine qui est un processus continu, nécessaire pour se conformer selon le Coran. Les sunnites croient eux aussi qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths. Cependant ils préfèrent accorder une plus grande importance aux savants tels Ahmad Ibn Hanbal, Abou Hanîfa, Mâlik ibn Anas et Al-Chafii, qui ne sont pas infaillibles. Abu Hanifa et Malik étaient des élèves du 6e imam Ja'far al-Sâdiq. Les penseurs chiites considèrent actuellement que l'ijtihad existe toujours, et qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths avec la même autorité que leurs prédécesseurs tout en sachant qu'ils ne sont pas infaillibles tels les Imams. Les savants sunnites considèrent eux aussi que l'ijtihad existe, mais il est réservé aux savants qui maîtrisent suffisamment la tradition des savants antérieurs. Dans le sunnisme, l'ijtihad a été interdit entre le XIe et le XIXe siècle.
108
+
109
+ La loi religieuse (charia) étant fondée partiellement sur les hadiths, le fait que les chiites et les sunnites ne s’accordent pas sur la validité des mêmes hadîths entraîne des différences dans les traditions religieuses, donc dans la jurisprudence.
110
+
111
+ En islam sunnite, l'imam est le desservant d'une mosquée. Dans la terminologie de l'islam chiite, le mot imam prend une acception éminente, réservée aux descendants de Fatima Al Zahra. Les différentes branches du chiisme divergent sur le nombre et la succession de ces imams.
112
+
113
+ Dieu ne peut admettre que les hommes aillent à leur perte, donc leur a envoyé les prophètes pour les guider. Mais la mort de Mahomet met fin à la lignée des prophètes. Il faut un garant spirituel de la conduite des hommes, qui est une preuve de la véracité de la religion et qui dirige la communauté. L'imam doit remplir un certain nombre de conditions : être instruit de la religion, être juste, exempt de défauts, donc être le plus parfait de son temps. Son investiture divine est confirmée par le Prophète, puis par l'imam précédent.
114
+
115
+ À l'inverse des sunnites, les chiites exigent donc que la communauté musulmane soit dirigée uniquement par un descendant de la famille de Mahomet (ahl al-bayt). Cette revendication n’avait à l’origine qu’un aspect politique, mais au fil du temps elle prit une importance fondamentale dans la théologie chiite. La conception de l’imamat des chiites est foncièrement opposée à celle du califat admise par la majorité des musulmans. L’imamat, incarnant à la fois le pouvoir temporel et spirituel et inauguré par Ali, est considéré comme la succession du cycle de la prophétie définitivement bouclé par le dernier prophète Mahomet. L’imam, qui ne peut être qu’un descendant d'Ali, est la preuve de Dieu (Hujjat Allâh) sur terre, le gardien du sens caché de la révélation et il est un guide impeccable (ma‘sûm) pour la communauté.
116
+
117
+ Pour les chiites, les imams sont les guides, les mainteneurs du Livre[23]. Leur légitimité n'est pas due à leur descendance charnelle du Prophète, mais à leur héritage spirituel, ils ont une connaissance « par le cœur » du Coran, en expliquant l'ésotérique (batin) aux fidèles. L'imam tire son autorité de Dieu, il est donc impeccable. Selon les chiites, la succession est héréditaire. Mais toutes les tendances ne sont pas d'accord sur la ligne de succession.
118
+
119
+ Des divergences à propos de la succession de certains Imâms furent en grande partie à l’origine de l’éclatement du chiisme en d’innombrables groupes. Trois grandes tendances forment l’essentiel du monde chiite d'aujourd'hui : le chiisme duodécimain, le chiisme septimain, dit aussi ismaélien, et les zaïdites.
120
+
121
+ Le chiisme duodécimain est majoritaire en Irak (qui a sur son territoire plusieurs villes saintes dont Kerbala), en Iran où le chiisme est religion d'État, ainsi que parmi les musulmans du Liban. Ils ont été reconnus musulmans par l'Institut Al-Azhar du Caire, la plus connue des autorités sunnites du monde.
122
+
123
+ Pour les duodécimains, depuis l'occultation (ghayba) du douzième imâm, les hommes ne peuvent pas se réclamer d'une autre autorité et ils sont donc libres par rapport au pouvoir temporel en place. Il y a donc une séparation du spirituel et du temporel.
124
+
125
+ Les autres membres de la communauté se contentent d’imitation (taqlîd) et d’une lecture littérale du Coran. Vision idéaliste de la fin des temps, l'imam caché renvoie à une face cachée de la révélation. Il faut faire un effort pour arriver à trouver et à comprendre l'ésotérique, au-delà de ce qui est visible.
126
+
127
+ Actuellement, pour le courant majoritaire du chiisme duodécimain, le douzième successeur de Mahomet, al-Mahdî, disparaît en 874 : c'est l'occultation. Ce phénomène surnaturel d'occultation va permettre de mettre un terme à la question du pouvoir temporel, et donne une dimension eschatologique et religieuse très forte.
128
+
129
+ Les duodécimains admettent dorénavant passivement l'ordre politique car le douzième imam reviendra à la fin des temps et retrouvera son règne. En son attente, aucun pouvoir n'est vraiment légitime, mais le croyant doit attendre le retour de l'imam tout en faisant des efforts pour s'améliorer spirituellement.
130
+
131
+ On peut noter que la révolution iranienne de 1979 a en partie rompu avec cette attente en voulant mettre en place un régime religieux et politique juste avant le retour de l'imam, ce qui a été rejeté par certaines tendances théologiques du chiisme duodécimain.
132
+
133
+ Les figures importantes du chiisme imamite (majoritaire) sont les différents auteurs de référence tels qu'Al-Kouleini, Al-Majlissi, et plus récemment, Al-Khu'i, Ali al-Sistani, Khomeini, etc.
134
+
135
+ La scission entre chiites duodécimains et chiites ismaéliens a lieu à la mort de Ja`far as-Sâdiq en l’an 765. Ismâ`il, l’aîné des fils d’al-Sâdiq, a été désigné par son père pour lui succéder est mort avant son père. La majorité des ismaéliens pensent donc que l'imamat a été transféré à son fils Muhammad ibn Ismâ`îl. La majorité des ismaéliens sont nizârites et ont un imam vivant, l'Aga Khan. Pour les ismaéliens, avoir un imam vivant et existant (non occulté) est une preuve que le vrai imamat est celui d'Ismaël.
136
+
137
+ Le zaydisme est une variante du chiisme qui se différencie fortement du chiisme duodécimain majoritaire en Iran ou en Irak. Il présente de fait davantage de ressemblances doctrinales avec le sunnisme qu'avec le chiisme : ainsi les zaydites n'ont pas d'ayatollahs et ne maudissent pas les califes sunnites.
138
+
139
+ C'est la raison pour laquelle, ils sont considérés par les chiites les plus rigoureux comme une cinquième colonne du sunnisme[24], et par les sunnites les plus ouverts comme une école de jurisprudence acceptable bien que critiquable sous certains aspects théologiques.
140
+
141
+ Les chiites sont divisés en plusieurs courants.
142
+
143
+ Aujourd'hui, l'Iran est le grand centre du chiisme mais ce courant de l'islam existe aussi ailleurs, il n'est donc pas la version iranienne de l'islam. Les chiites sont majoritaires en Iran, Bahreïn, Irak, Azerbaïdjan et ils constituent une minorité importante dans une quinzaine d'autres pays[4].
144
+
145
+ D'après une étude de 2009 du Pew Research Center[4]. Ne sont présents dans le tableau que les pays ayant une population chiite représentant approximativement plus de 1 % de la population chiite mondiale estimée entre 154 et 200 millions.
146
+
147
+ Les pourcentages sont issus d'une étude de 2009 du Pew Research Center, et donnent la proportion de chiites parmi la population musulmane[4].
148
+
149
+ Tous les musulmans, sunnites ou chiites, sauf les alévis en Turquie, célèbrent les fêtes annuelles suivantes :
150
+
151
+ Les fêtes suivantes sont célébrées uniquement par les chiites :
fr/107.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,279 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ République d’Albanie
4
+
5
+ (sq) Republika e Shqipërisë
6
+
7
+ 41° 19′ 39″ N, 19° 49′ 07″ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ L'Albanie, en forme longue la république d'Albanie (en albanais : Shqipëria et Republika e Shqipërisë /ɾɛpuˈblika ɛ ʃcipəˈɾiːsə/, littéralement « pays des aigles ») est une république située en Europe du Sud, dans l’Ouest de la péninsule des Balkans. Elle possède une façade maritime à l'ouest, bordée par la mer Adriatique et la mer Ionienne. L'Albanie partage également des frontières communes avec le Monténégro au nord-nord-ouest, le Kosovo au nord-nord-est, la Macédoine du Nord à l'est-nord-est et la Grèce au sud-est.
12
+
13
+ Le pays a un régime politique de type démocratie parlementaire, sa capitale est Tirana (421 286 habitants en 2011[3]) et sa langue officielle est l'albanais. L'Albanie fait actuellement partie de l'OTAN et a officiellement déposé, le mardi 28 avril 2009, à Prague, sa candidature pour faire partie de l'Union européenne. Cette candidature est reconnue par le Conseil européen depuis le 27 juin 2014. De nombreux albanophones vivent par ailleurs en dehors de ses frontières : dans les Balkans, l'albanais compte 7 millions de locuteurs ; des minorités albanaises autochtones existant dans les pays voisins[4] ; d'autres communautés issues d'une émigration récente existent en Europe occidentale et aux États-Unis.
14
+
15
+ C'est au cours de l'Antiquité que l'on relève les premiers signes de peuplement de l'Albanie. Les Illyriens furent les premiers occupants du territoire albanais, suivis par les Grecs au VIIe siècle av. J.-C. Puis au IIe siècle av. J.-C., l'Albanie fut reprise des mains des Grecs par les Romains, le pays intégra l'Empire romain et en devint une province[3]. Ancien pays formé au Moyen Âge (XVe siècle) autour du drapeau de Scanderbeg, l'Albanie a connu une occupation ottomane de quatre siècles et a accédé à l'indépendance en 1912. Ses frontières actuelles ont été fixées en 1919, à la suite du traité de Versailles.
16
+
17
+ Des populations albanophones ont historiquement été présentes en Albanie, au Kosovo, en Macédoine du Nord (régions de l'Ouest), au Monténégro (Ulcinj), dans le Sud de la Serbie centrale (vallée de Preševo, Medveđa) et en Grèce (Chameria).
18
+
19
+ Les nombreux sites archéologiques témoignent d'une présence de l'homme en Albanie depuis le paléolithique. Beaucoup de chercheurs pensent que le parcours préhistorique des Albanais est issu d'une ancienne tribu indo-européenne que l'historien Hellen Herodotus a qualifiée de « pélasges ». Beaucoup de chercheurs appellent les Albanais les descendants directs d'une ancienne tribu illyrienne, appelée « Albani », ou « Albanët », qui s'est installée dans l'Albanie d'aujourd'hui. Certains pensent que les Albanais et les Illyriens sont des descendants des Pélasges, qui ont vécu des milliers d'années avant Jésus Christ. Dans l'Antiquité, le territoire qui forme aujourd'hui l'Albanie était habité par les Illyriens et les Bryges[5],[6],[7],[8],[9], peuples indo-européens qui se sont installés dans la région des Balkans au XXe siècle av. J.-C. Parmi les tribus illyriennes qui habitaient le territoire de l'Albanie se trouvaient les Ardiéens, les Taulantiens, les Enchéléiens, les Parthiniens, tandis que dans le Sud vivait la tribu grecque des Chaoniens[10], et à l'ouest les Bryges[10]. Le texte le plus ancien mentionnant l'existence des Illyriens remonte à Hérodote, au milieu du Ve siècle av. J.-C.[11]. Un royaume illyrien s’est étendu de la côte dalmate jusqu'à l'Albanie centrale et du Sud (passant par les territoires actuels de la Croatie du Sud, du Monténégro, de la Bosnie, de l'Albanie, la Serbie, et du Kosovo[12]). Vers le VIIe siècle av. J.-C. furent fondées d'importantes colonies grecques sur la côte, comme Orikos, Aulon (aujourd'hui Vlorë), Apollonie, Epidamnos (aujourd'hui Durrës), et Lissos (aujourd'hui Lezhë)[13].
20
+
21
+ L'Illyrie est unifiée en un seul royaume en -385 par Bardylis Ier, roi des Enchéléiens. Cet État atteint l'apogée de sa puissance sous les règnes du roi Agron (en) puis de sa fille, la régente Teuta. La capitale de ce royaume était la ville de Shkodër (située au nord de l'Albanie actuelle) au milieu du IIIe siècle av. J.-C. Ce royaume devint une forte puissance maritime, mettant ainsi en danger le commerce de la République romaine[14]. On note que Pline l'Ancien emploie l'expression « Illyrii proprie dicti » (Illyriens proprement dits) pour désigner les populations qui vivaient dans les territoires actuels du Sud de la Croatie, l'Herzégovine, le Monténégro et la moitié nord de l'Albanie[15]. En 168 av. J.-C., Rome conquiert l’Illyrie, qui reste sous son autorité pendant plus de cinq siècles. L'Illyrie devient un centre important reliant Rome et Byzance par la via Egnatia. Pendant cette période, les ports de Dyrrachium (Durrës), Apollonie ou Oricum se transforment en d’importantes places commerciales[16].
22
+
23
+ À la suite du partage par l’Empire romain en 395 de l’Illyrie entre les provinces de Mésie, Dalmatie et Épire, l'Illyrie est intégrée politiquement à l’empire d’Orient. Les provinces illyriennes sont dévastées par des tribus nomades, les Goths au IVe siècle et les Huns au Ve siècle, les Bulgares, et les tribus slaves au VIIe siècle, Serbes et Croates en provenance du Nord des Carpates (Sud de la Pologne actuelle)[17]. Avec l'arrivée des Slaves, les populations Illyriennes semblent avoir été mentionnées pour la dernière fois sous cette dénomination dans Miracula Sancti Dimitrii au VIIe siècle[18]. Cependant, durant l'Antiquité Illyrienne, le géographe Claude Ptolémée mentionne pour la première fois au IIe siècle le mot Albanopolis pour un lieu-dit correspondant à Zgërdhesh (près de Krujë, Albanie centrale)[19].
24
+
25
+ Byllis
26
+
27
+ Phœnicè
28
+
29
+ Apollonie
30
+
31
+ Butrint
32
+
33
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
34
+
35
+ Les Albanais modernes sont mentionnés pour la première fois au XIe siècle : l'historien byzantin Michaelis Attaleiates écrit une Histoire dans laquelle il parle des Albanoï ayant participé à un soulèvement contre Constantinople en 1043, et des Arbanitai qui étaient des habitants du duché de Dyrrachion (Durrës), la nouvelle Épire. Vers 1081, un autre historien, Ioannis Scylitzes, évoque des Arvanites (dénomination grecque des Albanais) qui constituent une partie des troupes réunies par le duc de Durrës, Nicéphorus Basilacius, en rébellion contre Constantinople. Mention des Albanais est faite aussi au XIe siècle dans la chronique d'Anne Comnène, la fille de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène. Ce dernier est alors confronté à l'invasion normande conduite par Robert Guiscard. Ce dernier sera battu à Shën Koll (Saint-Nicolas), près de Durrës, et selon la chronique il aurait pu vaincre « s'il avait attendu les Arvanites ». Replié ensuite vers Ohrid, il aurait donné le commandement de la place de Durrës au komiskort (seigneur) de l'Arbanon.
36
+
37
+ De 1272 aux années 1280, la région se trouve sous le contrôle de Charles d'Anjou (frère de Saint Louis, installé d'abord en Sicile), qui se proclame rex Albaniæ. Le territoire de ce royaume a la forme d'un rectangle dont les sommets sont aujourd'hui à Bar (anciennement Tivar), Prizren (Dardanie), Ohrid et Vlora (Sud de l'Albanie actuelle). Cela ne correspond qu'à une partie seulement du territoire sur lequel vivaient les tribus identifiées comme Illyriennes dans l'Antiquité[20].
38
+
39
+ Les Normands, qui gouvernaient le Sud de l'Italie, conquirent Durrës en 1081. Les Byzantins reconquirent l'Albanie en 1083. Des Normands y retournèrent en 1107 et encore en 1185 mais furent rapidement expulsés. En 1190, le prince albanais Progon (en) réussit à instaurer un État indépendant qui se maintient jusqu’à la moitié du XIIIe siècle. Le Second Empire bulgare qui atteint son apogée sous le règne d'Ivan Assèn II (1218-1241), chutera à la mort d'Ivan Assèn II. Un siècle plus tard, un empire serbe atteint son apogée au milieu du XIVe siècle, sous le règne d’Étienne IV Douchan (1331 à 1355), période pendant laquelle une partie du Nord de l'Albanie (jusqu'à Durrës où commençaient les territoires appartenant à la république de Venise) est sous sa domination (13 ans).
40
+
41
+ L'historiographie fait apparaître l'existence de plusieurs principautés albanaises avec l'effondrement de l'empire de Dusan et les premières incursions ottomanes dans l'Ouest des Balkans autour de 1385. De puissants seigneurs albanais dirigeaient la plupart des régions albanophones des Balkans, de Kosovo à Arta.
42
+
43
+ Ces principautés étaient le despotat de Gjergj Balsha de Shkodër, puissante famille catholique albanaise qui avait réussi à travers des alliances matrimoniales avec les Serbes (Balsha I, II et III) à régner sur l'empire de Zeta (État historique) (actuels Albanie du Nord, Kosovo et Monténégro), le despotat des Aranit (en) régnant sur les territoires de Topia, de Durrës à Ohrid, le despotat d'Arta qui s'étendait jusqu'au golfe de Corinthe, la principauté des Zenebish (en) (basée à la ville de Gjirokastër), et celle des Muzaka (en) (régnant de Berat à Kastoria en Macédoine.
44
+
45
+ Les territoires de ces principautés n'étaient pas stables à cause des divisions et regroupements qui se faisaient en relation avec des partages d'héritages, des mariages et l'évolution des rapports de force. Lors de l'attaque ottomane de la bataille de Kosovo Polje (1389), dans laquelle prirent part toutes les forces balkaniques (Albanais, Hongrois, Valaques, Serbes et Bosniaques), la défaite fut avant tout une défaite albanaise. Si ces forces semblent avoir accepté la direction du prince Lazar Hrebeljanović (Lazare de Serbie) c'est vraisemblablement parce qu'il était plus directement concerné, la confrontation se faisant au sud de la Serbie. Environ un quart de toutes les forces mobilisées de la coalition étaient Albanais. Les plus grands chefs féodaux albanais, tels Gjergj II Balsha (en), seigneur de Shkodër, et Teodor II Muzaka (en), seigneur de Berat, ont participé avec leurs troupes au champ de bataille. La conséquence immédiate de la défaite fut l'extension de la domination ottomane sur les Serbes et les Albanais du Nord[17].
46
+
47
+ La prise de Constantinople et le sac de la ville par les croisés en avril 1204 constituent un événement majeur pour le destin de la région. Le schisme de 1054 n'avait pas été vécu comme tel par la grande majorité des chrétiens. Mais le pillage de Constantinople par les chevaliers de l'Europe occidentale fut ressenti dans le monde hellénique comme une agression. La prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, entraînera l'Église de Grèce dans une alliance avec l'Empire ottoman qui se consolidera avec le temps contre l'Église catholique. Avec l'occupation ottomane définitivement acquise en 1501, date où la république de Venise signe le traité de cession de l'Albanie vénitienne à la Turquie, les populations albanaises connaîtront une première division religieuse : rite catholique romain au nord, et byzantin au sud. Le rite byzantin du Sud de l'Albanie sera sauvegardé durant des siècles par les Albanais qui immigrèrent en Italie du Sud à la suite de l'occupation turque (les « Arbëresh »).
48
+
49
+ Au Xe siècle, la république de Venise s'étend à la côte dalmate. En 1202-1204, les croisés l'aidèrent à conquérir plusieurs autres étapes sur la route vers l'Orient (de Zadar – Zara en Croatie jusqu'aux îles Ioniennes actuellement en Grèce) bien que ce ne fût pas à l'origine le but de l'expédition. Au XVe siècle (1448), ce que la république de Venise appelle l'Albanie vénitienne comprend les territoires et populations s'étendant de Kotor (Cattaro) (Nord du Monténégro actuel), en passant par Shkodër (Scutari) et Durrës (Durazzo), jusqu'à la ville de Arta (région d'Ioannina, actuellement partie de la Grèce du Nord depuis 1918).
50
+
51
+ À cette période commencent également les premières installations massives des Albanais en Italie. En 1450, le roi de Naples, Alphonse V d'Aragon, voulant soumettre la Calabre, leva des troupes dans lesquelles prirent part les Albanais, et beaucoup de ceux-ci ne retournèrent pas en Albanie alors en proie à des luttes incessantes contre les Turcs. Dans la province de Catanzaro ils fondèrent les colonies d'Amato, Andali, Casalnovo, Caraffa, Vena, Zanganore, Pallagoria, San Nicolo dell'Alto, Carfizzi, Gizzerie, Marcedusa et Zegaria. En Sicile, ils s'établirent près de Palerme, à Contessa[21].
52
+
53
+ Après la chute de Constantinople, les incursions turques dans la péninsule se font de plus en plus insistantes. En dépit d’une résistance rassemblée derrière le seigneur Georges Castriote (v. 1403-1468), dit Skanderbeg, fils du prince d'Épire Jean Castriote, et de l'aide de la république de Venise, l'Albanie succombera à l'occupation ottomane à la fin du XVe siècle. Pendant près d’un quart de siècle, ce personnage — salué par les papes Nicolas V et Pie II du nom de « champion du Christ » — infligea de rudes défaites aux troupes turques, sans pouvoir toutefois les chasser pour toujours.
54
+
55
+ En mourant, Skanderbeg laissera entre les mains des Vénitiens la principauté d’Arbëri qu’il avait fondée. Il semblerait que les princes chrétiens ne comprirent pas à temps le rôle immense que Skanderbeg eût pu jouer dans les guerres contre les Turcs au moment décisif où ceux-ci prenaient décidément pied en Europe. Ils ne surent pas lui venir en aide, aussi dut-il se borner à une guerre purement défensive. Fréderic Gibert dira dans l’étude de l’histoire des pays d’Albanie en 1914 « […] nous pouvons donc avancer qu’il [Skanderbeg] doit être placé au rang des plus grands généraux dont l’Histoire fait mention et que les Turcs furent bien avisés en le nommant prince Alexandre en mémoire à Alexandre le Grand[21] ». Outre le pape Nicolas X qui lui décerna le titre de « champion de la Chrétienté », Élisabeth Ire d’Angleterre, connue pour la plus anticatholique priait pour Skanderbeg catholique. Voltaire écrivit que « si les empereurs grecs (de Byzance) avaient été de la trempe de Scanderbeg, l’Empire d’Orient (Empire byzantin) aurait pu être sauvé ». James Wolfe, général anglais, a qualifié Skanderbeg de « plus grand général de l’histoire à la tête d’une petite armée ». Napoléon Ier, dans ses mémoires qu’il dicta à Sainte-Hélène, considéra Skanderbeg parmi l’un des quatre plus grands généraux de tous les temps.
56
+
57
+ Sous la conduite de Suleiman-Pacha, les Turcs vinrent assiéger Shkodër en 1474. Cette ville, la plus importante d'Albanie aux yeux de Venise, fut défendue par le sénateur Antonio Loredan (en). La première résistance dura 3 mois. À ce moment la flotte ottomane, massée à l'embouchure du lac de Buna de Shkodër, fut dispersée par l'amiral Triadan Gritti (en), et le siège fut levé grâce à une diversion du roi de Hongrie.
58
+
59
+ Des scènes de bataille seront peintes par Paul Véronèse montrant sur un rocher le château de Shkodër (Rozafa (en)) sur lequel flotte un drapeau vénitien, avec en arrière-plan la cathédrale de Saint-Stéphane de Shkodër[22]. Vers la fin de 1477, une puissante armée commandée par Mustafa Bey et Gaiolla-Pacha vint à nouveau investir la ville. Le bombardement fut terrible. Les furieux assauts que Mehmed II fit livrer, notamment les 22, 27, 28 juillet 1478, aboutirent à un blocus. La ville de Krujë (Croïa) avait capitulé le 5 juin 1478, au bout de 13 mois de résistance. Ses habitants furent décapités au mépris de toute parole donnée. C'est la famine qui les fit succomber, de même qu'elle fit succomber, au bout de 15 mois, les 1 600 défenseurs de Shkodër enfin obligés de se rendre aux 40 000 soldats d'Ahmed Pacha, le 25 janvier 1479. Parmi les autres défenseurs de Shkodër, les Monténégrins se réfugièrent à Cetinje.
60
+
61
+ À la fin du XVe siècle, l’Albanie fut occupée par les Ottomans. Les provinces albanaises d'Ioannina au sud, à Preševo au nord, en passant par Skopje et Bitola (Monastir) à l'est, retombèrent dans leurs déchirements féodaux et le sultan Mourad II achèvera d'abattre ces « remparts papistes »[23].
62
+
63
+ Après la chute de Shkodër, et après des efforts et négociations de longue haleine, la république de Venise réussit à convenir le 25 janvier 1479 d'un accord avec le Sultan Mehmet II, selon lequel la dernière forteresse de l'Albanie vénitienne (Shkodër) passait entre les mains des Ottomans, et ses habitants pouvaient quitter la ville. Le Provéditeur vénitien, Antonio de Lezze, stipula que la garnison se retirerait avec armes et bagages : une partie s'en fut à Venise où le Sénat montra une grande considération pour toutes les familles en provenance de Shkodër, Drisht et Durrës, pour leur courage et leur fidélité à Venise. Les Albanais reçurent des terres pour s'installer à Venise et au Frioul, et les religieux catholiques albanais dans des paroisses de Venise, de Padoue et de Gênes[24]. Ceux qui restèrent à Venise se regroupèrent en confréries sous les vocables saint Maurice et saint Gallo. La république de Venise cédera ensuite dans la même année aux Ottomans l'Albanie du Sud (les châteaux de Himarë, Sopoti (Borshi) et de Kastrovila). Les Turcs prendront également les dernières possessions du seigneur Leonard I (IV) Toko dans l'Albanie du Sud en 1501.
64
+
65
+ Quelques années après l'installation de l'occupant turc en Albanie, de nombreux chrétiens albanais (du Sud de l'Albanie cette fois) fuirent encore plus massivement l'Albanie vers l’Italie, formant la communauté des Arberèches, qui existe encore aujourd'hui notamment en Sicile et en Italie du Sud, dans les provinces de Foggia, Potenza, Catanzaro, Teramo, Campobasso, Lecce, Palerme, Catane, Agrigento, Cosenza. À l'exception des émigrés du Nord de l'Albanie, qui étaient du rite catholique romain jusqu'à la ville de Durrës, les émigrés du Sud étaient du rite catholique byzantin (ou gréco-catholique). Cette importante émigration s'installa en Italie et rejoignit ceux qui avaient déjà émigré progressivement entre 1481 et 1492, dès les premières attaques ottomanes. Cette communauté créera les centres de Palazzo Adriano (1481), Santa Cristina, Gela, Mezzojuso (1490), San Angelo di Girgenti, S. Michele di Bagoaria. Plus tard, elle fondera (1536) les colonies de Basile, Moschite, S. Costantino albanese, S. Paolo albanese, Brindisi de la Montagne (dans la Basilicate), et de Farneta à Cosenza[21].
66
+
67
+ La communauté des Arberèches se renforça en 1680, avec la création de nouvelles fondations : celles de Ururi, Portocannone, Campomarino, et Montecilfone (Campobasso). Charles III de Bourbon fut très favorable aux Albanais, ainsi il leur permit de fonder des établissements spéciaux pour l'éducation de leurs enfants (collèges de San Benedetto, Ullano, et de Palerme). De plus, il fut créé des évêchés albanais du rite gréco-catholique. C'est pourquoi une nouvelle masse de populations passera en Italie, de même que sous l'empire de Ferdinand IV du Saint-Empire. Ces derniers émigrés s'établirent à Brindisi et à Naples, notamment à la suite du régiment royal de Macédoine formé d'Albanais et de Macédoniens. Il existe une littérature italo-albanaise qui comptait au début du XXe siècle des écrivains de valeur comme Don Variboda, Dorsa, Mauro, de Rada, Marchiano. Les meilleurs statistiques sur les Albanais d'Italie ont été faites par Barbarich.
68
+
69
+ Les Vénitiens ne purent conserver leurs échelles d'Albanie et leurs établissements de Morée qu'en payant un tribut annuel à Mehmed II qui, avant de mourir en 1481, donna le commandement de l'Épire (dont la moitié sud de l'Albanie) à un petit-fils, dont le dernier descendant direct fut le marquis de Saint-Ange, tué par les Français le 25 février 1525 à la bataille de Pavie. La paix entre Venise et l'Empire ottoman de 1501 fut à nouveau troublée au moment de la bataille de Lépante (1571). À cette époque, les Albanais firent de nombreuses tentatives désespérées pour secouer le joug ottoman et pour intéresser les chrétiens à leur sort. Ce fut en vain et, en 1592, ayant vu les princes italiens Charles-Emmanuel Ier de Savoie et le duc de Parme Ranuce II Farnèse refuser la couronne d'Albanie, ils se résignèrent, à l'exception des montagnards du Nord de l'Albanie et des Chimariotes du Sud, à la domination turque.
70
+
71
+ L'histoire albanaise marquée par l'occupation s'est révélée particulièrement douloureuse sur le plan de la langue albanaise, au point de manquer de la faire disparaître. L'interdiction totale d'écoles en langue albanaise durant quasiment cinq siècles d'occupation ottomane eut pour conséquence un taux d'illettrisme extrêmement élevé, évalué à environ 90 % au début du XXe siècle[réf. nécessaire]. Pour les Albanais qui pouvaient recevoir un enseignement, il leur était imposé d'aller à Constantinople pour apprendre le turc. Si quelques-uns pouvaient avoir accès à un enseignement en Albanie du Sud (Épire du Nord), cet enseignement n'était alors qu'en langue grecque. Ce phénomène était dû à la forte influence de l'Église de Grèce au sud de l'Albanie depuis le schisme avec l'Église catholique et à la permission accordée à l'Église de Grèce par l'Empire ottoman de maintenir les écoles et la liturgie en langue grecque (comme ce fut le cas pour les Serbes en slavon). Avec le schisme entre Rome et Constantinople, l'Albanie fut depuis les XIIIe et XIVe siècles (et définitivement à compter de la fin du XVe siècle avec l'occupation ottomane) tributaire d'une guerre de l'Église orthodoxe grecque (au sud) contre l'Église catholique présente dans le Nord de l'Albanie jusqu'à Durrës. La liturgie étant en langue étrangère, ce schisme s'est révélé totalement néfaste à la fois pour la survie et l'unification de la langue albanaise, et pour la sauvegarde de la foi. À quelques exceptions près, la liturgie chrétienne était quasi exclusivement en langue étrangère (en grec pour le rite orthodoxe dans le Sud, et en slavon pour les zones en contact avec les Serbo-Monténégrins au nord), et comme telle, incompréhensible.
72
+
73
+ Cependant, le clergé catholique albanais perçut rapidement les conséquences extrêmement préjudiciables de l'interdiction d'écriture et d'enseignement en langue albanaise, tant vis-à-vis de la foi chrétienne que de la lutte contre l'occupant turc, lutte qui passait par la conscience d'appartenance ethnique et religieuse catholique des Albanais. Quelques clercs catholiques albanais réagirent dès les XVIe et XVIIe siècles et se consacrèrent à l'écriture, l'édition et la diffusion d'un maximum de livres (liturgiques à l'époque) en langue albanaise :
74
+
75
+ L'Empire ottoman dicta une loi d'interdiction officielle définitive de la langue albanaise le 31 mai 1779, prise par Abdülhamid Ier, loi qui précisait clairement la protection par l'Empire ottoman de la langue grecque, et l'interdiction de la langue albanaise sous peine de mort[25]. Theodor Kavalioti, de Voskopojë (1718-1797) publia un dictionnaire de langue albanaise-grecque-slave, et fut assassiné durant son voyage de retour en Albanie par les envoyés des phanariotes, voyage duquel il emportait des lettres de l'alphabet albanais en plomb pour imprimer des livres en albanais. Naum Veqilharxhi qui tenait l'imprimerie dans laquelle s'imprimeraient les livres en langue albanaise, fut empoisonné à l'ordre du patriarche d'Istanbul, en 1846. La langue étrangère dans la liturgie chrétienne et la présence d'un clergé majoritairement étranger, expliquent sans doute les rapports distants qui gagnent la majorité des Albanais vis-à-vis de la religion chrétienne. Selon les régions, les caractères d'alphabets latins, grecs, slaves, turcs, étaient employés (voire arabes pour les livres saints musulmans) ce qui s'opposa au développement littéraire de l'albanais, faute d'alphabet unique. Kostandin Kristoforidhi (en) fera une tentative d'unification au XIXe siècle des différentes versions d'alphabets sur la base d'un alphabet latin avec des signes diacritiques comme pour le tchèque ou le croate. L'alphabet déterminé par le Congrès de l'albanais à Bitola (Kongresi i Monastirit) par le Père Gjergj Fishta résultera de celui créé par les religieux guègues vers 1600, et que la Société Bashkimi (1899) établit à Shkodër par Mgr Preng Doçi (en), abbé de la région de Mirdita reprendra. Certains albanologues étrangers proposèrent des alphabets de langue albanaise : il est à citer la proposition d'alphabet du Prince Louis-Lucien Bonaparte[26], celle d'Auguste Dozon[27], ou encore celle d'Eugenio Barbarich (it).
76
+
77
+ L'absence d'une langue albanaise écrite, enseignée et diffusée auprès de la population, pendant presque cinq siècles, affaiblit considérablement la circulation des idées et le réveil d'un sentiment national. Les difficultés de transport dans un pays de relief très accidenté y contribuèrent aussi. La liturgie en langue étrangère dans un tel contexte (en grec, latin, et slavon) eut également pour effet de distendre les rites et la foi chrétienne. Toutefois, l'albanais étant une langue de tradition fortement orale, il réussit à survivre à cette asphyxie de cinq siècles.
78
+
79
+ Au cours du XVIIe siècle, les Impériaux eurent à faire avec les Turcs, et durant la campagne de 1689 leur général Piccolomini franchit la Save et pénétra par le Kosovo, où la route lui fut facilitée par Mgr Pjetër Bogdani jusqu'à Prizren. Les Autrichiens avancèrent de Prizren (Kosovo) à la vallée de Vardar, battant le Turc Mahmoud Begovitch, s'alliant avec les chrétiens albanais. Néanmoins, les Ottomans réussirent à faire entrer en conflit une partie des Albanais musulmans contre les Albanais chrétiens, et le duc de Holstein qui remplaça Piccolomini après sa mort ne sut pas comprendre ses alliés albanais, et les froissa de telle sorte qu'ils le forcèrent à rentrer en Hongrie entraînant dans la retraite le Patriarche Arsène II Cernogevitch et les habitants de la Vieille Serbie (en).
80
+
81
+ Lorsque les Austro-russes envahirent l'Albanie du Nord en 1737, les tribus catholiques (Shkodër, Hoti, Kelmendi, etc.) et orthodoxes (Kuçi, Piperi, Gruda, etc.) crurent leur heure de libération arrivée. Malheureusement le chef des Alliés, le colonel autrichien Lentulus, manqua de décision et rétrograda du sandjak de Novi Bazar, abandonnant ses auxiliaires à la vengeance des Turcs pour une deuxième fois, qui, néanmoins, ne purent en venir à bout qu'après deux sanglantes répressions en 1740. Cette expédition manquée eut également une influence sur les progrès de l'islam.
82
+
83
+ L’histoire de l’Albanie sous l'Empire ottoman, du XVIe siècle jusqu’à 1912, fut marquée par une succession de révoltes albanaises anti-ottomanes durement réprimées. Les plus sévères furent celles des Bushati (en) à Shkodër (1796) et celle d’Ali Pacha (1822) en Épire.
84
+
85
+ À la fin du XIXe siècle, les territoires d'Albanie sous domination ottomane étaient séparés en quatre régions administratives (vilâyet) : la région de Kosovo, celle de Shkodër, celle de Bitola (anciennement dénommée Monastir), et celle d'Ioannina.
86
+
87
+ À l'issue de la grande guerre d'Orient (guerre russo-ottomane) qui marqua la victoire de l'Empire russe face à l'Empire ottoman :
88
+
89
+ En signe de protestation contre ces annexions de populations et territoires albanais, se constitua la Ligue albanaise de Prizren, dont le siège se trouvait à Elbasan (Albanie centrale) avec des succursales à Prizren (Kosovo) et à Gjirokastër (Albanie). La Ligue proclamait la nécessité d'arriver à la constitution d'une autonomie albanaise avec la ville d'Ohrid (actuel Sud-Ouest de la Macédoine du Nord), comme chef-lieu. Avant la poursuite de ce dessein, la Ligue albanaise protesta vivement contre l'annexion des territoires albanais par le Monténégro, notamment pour les territoires de Podgorica et Ulcinj, puis se mit à organiser une résistance armée. Le 6 novembre 1879 un combat eut lieu à Plav (Novsici) entre quatre bataillons commandés par Boscio Petrovic et les 8 000 Albanais de l'Albanie du Nord (de Velika). Ce combat dura deux ans, et l'issue en fut incertaine[pas clair]. Comme les districts contestés étaient tombés en pleine anarchie, l'Empire ottoman fit partir de Bitola, des troupes dirigées par Mouktar Pacha, pour se porter au secours des Monténégrins, contre les 8 000 Albanais soulevés sous les ordres du prince de Mirdita (région du Nord-Est de l'Albanie), Bibë Doda. Une nouvelle rencontre indécise eut lieu près de Plav, à Metei, le 8 janvier 1880. Dans ces conditions, l'Italie proposait sa médiation, par un échange de territoires qui fut refusé par les Albanais. L'Angleterre proposa une autre combinaison dont la ville albanaise d'Ulcinj formait la base d'échange au profit de Monténégro. Comme les Albanais refusèrent à nouveau, une démonstration navale devant la ville d'Ulcinj vint à bout de leur résistance en 1880. Entretemps, la Grèce profitait pour occuper Ioannina et toute la région entre le fleuve Arachtos et le Pinde, ainsi que Préveza. Elle fut néanmoins obligée d'évacuer Ioannina, Arta et Préveza, recevant en récompense de la Turquie la région de Thessalie[28].
90
+
91
+ Après ces sanglantes révoltes, Dervich Pacha combattit à nouveau les forces de la Ligue albanaise près de Pristina (à Slivove, Kosovo), et occupa les villes de Prizren et Gjakovë (Sud et Sud-Ouest de Kosovo). De nouvelles manifestations de la Ligue auront lieu lors de la guerre gréco-turque de 1897, et dans la Vieille-Serbie en 1903, dans le but d'unir tous les territoires et populations albanaises dans un État.
92
+
93
+ La révolution de 1908 du mouvement Jeune-Turc donna naissance à un deuxième regroupement des forces albanaises contre l'Empire ottoman, les Albanais constatant qu'ils perdaient au fur et à mesure une grande partie de leurs territoires depuis les accords turco-russes 1878-1880, et à la suite d'une nouvelle levée de taxes. Aussi, en 1910 une nouvelle organisation, le mouvement Bessa (le « Serment ») s'organisa près de Prizren (Ferizaj, Sud du Kosovo), réclamant l'autonomie de l'Albanie vis-à-vis de l'Empire ottoman. Durant une courte période (1910-1912) de nombreuses révoltes albanaises éclatent.
94
+
95
+ En représailles, l'Empire ottoman entreprit une expédition très importante sous la direction de Chefket Pacha (en), et désarma la population.
96
+
97
+ Les Ottomans réussirent à la fin de 1910 à confisquer plus de 147 000 fusils, 600 000 cartouches, et quelques canons. Durant une vingtaine de combats, les Ottomans tuèrent environ 3 000 Albanais, exécutèrent 20 chefs de la résistance, ne perdant eux-mêmes que 300 hommes.
98
+
99
+ Les mouvements albanais se regroupèrent à nouveau, et reprirent Skopje durant l'été de 1912, quelques semaines avant la déclaration de guerre par la Ligue balkanique à l'Empire ottoman. La guerre éclatée, l'Albanie devait se tenir encore au statu quo sur ordre des grandes puissances, dans l'attente de la détermination de ses frontières.
100
+
101
+ En 1912, face à l'agonie de l'Empire ottoman, quatre pays (Serbie, Grèce, Monténégro et Bulgarie) conclurent une alliance militaire, la Ligue balkanique, visant à faire reculer l'Empire ottoman, avec l'appui de la Russie. Le 8 octobre 1912, la ligue déclare la Première Guerre balkanique à l'Empire. La guerre tourne rapidement à l'avantage des coalisés aux vues des faiblesses de l'Empire ottoman depuis la guerre russo-ottomane de 1877. L'Albanie lance un nouveau soulèvement, et proclame son indépendance le 28 novembre 1912, dans la continuité des révoltes précédentes. Les territoires revendiqués à la conférence des ambassadeurs de 1912-1913 à Londres, sont l'ensemble des territoires albanophones, incluant donc le Kosovo, la Ioannina, Skopje, et notamment les territoires de l'Ouest et du Nord de l'actuelle république de Macédoine du Nord. L'Épire du Sud, que les Albanais considèrent à forte population albanaise, est également revendiquée. Mais les coalisés ne reconnaissent pas cette indépendance. Les Monténégrins revendiquent le Nord de l'Albanie, les Grecs revendiquent l'Épire du Nord, et les Serbes ont des visées sur le reste des territoires albanophones.
102
+
103
+ Dès la fin octobre 1912, les Monténégrins pénètrent dans le Nord de l'actuelle Albanie, et mettent le siège contre Shkodër. Au mois de novembre, les troupes serbes et grecques pénètrent respectivement au nord et au sud de l'Albanie. En décembre 1912, les six grandes puissances européennes signataires du traité de Berlin de 1878, lequel visait déjà à traiter la question de la Roumélie (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Autriche-Hongrie, Italie et Empire russe), créent la conférence de Londres, visant à régler les questions balkaniques.
104
+
105
+ En mai 1913, la question des frontières albanaises est réglée. Cependant, 60 % du territoire revendiqué par l'Albanie, pour la plupart albanophones, sont incorporés aux États voisins. L'indépendance albanaise est donc reconnue malgré les réticences des coalisés. Les thèses contradictoires des parties en présence s'affrontent, chaque pays étant en outre soutenu par différentes puissances, la Grèce par l'Angleterre, la Serbie, par la Russie, pour l'annexion des territoires du Nord de l'Albanie, et la Bulgarie pour l'annexion des territoires de l'est. À l'inverse, l'Autriche-Hongrie soutient les revendications de la délégation albanaise. Dans une certaine mesure, mais pas pour les mêmes raisons, l'Italie les soutient également, car elle préfère voir émerger sur la côte Adriatique un État albanais indépendant, une sorte d'État neutre, plutôt que ses rivaux — notamment la Russie — qui entendaient annexer totalement les populations et terres albanaises[21].
106
+
107
+ Les frontières étant fixées, les Monténégrins qui n'auront pas plus que ce qu'ils avaient obtenu par le traité de Berlin en 1878, doivent quitter[29] les territoires albanophones qu'ils revendiquaient.
108
+
109
+ À l'est, la frontière est également rapidement fixée par les grandes puissances, mais est sensiblement moins favorable aux Albanais. Les territoires albanophones du Kosovo, ainsi que de l'Ouest et du Nord de l'actuelle république de Macédoine du Nord, sont donnés à la Serbie. En échange, celle-ci reconnaît l'indépendance du pays et le quitte en octobre 1913. La fixation de la frontière, en dépit des réalités ethno-linguistique, vient reconnaître la réalité du rapport de force entre grandes puissances, très favorable à la Russie.
110
+
111
+ Enfin, dans le Sud, la fixation de la frontière est plus lente. La Grèce s'était procurée des appuis auprès de l'Angleterre pour annexer l'Épire du Sud[17]. Ayant eu Ioannina, elle ne peut annexer plus de territoires, et finit par céder[30] en quittant la région en février 1914. La Grèce réoccupe la région le 14 octobre 1914, mais doit la quitter pendant la Première Guerre mondiale, en 1916. Bien que la conférence de la paix de Paris (1919) pose le principe d'un rattachement à la Grèce, l'Épire du Nord reste définitivement à l'Albanie.
112
+
113
+ Un dernier conflit frontalier oppose en 1921 l'Albanie et la Yougoslavie, qui mène à une violation du territoire albanais par les troupes yougoslaves en janvier. Une escalade du conflit est évitée grâce à l'intervention de la Société des Nations, qui établit une nouvelle définition des frontières, acceptée par les deux parties (voir article détaillé).
114
+
115
+ Après la redéfinition de ses frontières, l'Albanie connut une courte période démocratique (marquée notamment par le gouvernement de Theofan Stilian Noli, dit Fan Noli, et de Luigj Gurakuqi) (1924). Ce gouvernement ne cessa de revendiquer auprès de la Société des Nations, après les découpages de 1913-1919, les territoires abritant des populations albanaises : le Kosovo, Monastir (de Skopje à Bitola) et une partie de l'Épire du Sud, dont Ioannina. Les diplomates occidentaux, irrités par les réclamations de Fan Noli, réussirent à propulser sur le devant de la scène politique albanaise une figure moins revendicatrice envers la Société des Nations, celle d'Ahmed Zogu. Ce dernier parvient au pouvoir avec le soutien de le Grande-Bretagne et de la Serbie ; Président de la République, il s'autoproclame roi des Albanais. Ce roi fit des efforts pour moderniser l'Albanie, sous la forte impulsion de l'Italie. Ainsi, un Code civil est promulgué, rédigé d'après le Code civil suisse, une Banque nationale est créée ; la réforme agraire donne de la terre aux paysans et la presse connaît un essor pendant les années 1920-1930.
116
+
117
+ En 1939, le pays est annexé par l’Italie : la couronne du Royaume albanais passe alors au roi d'Italie Victor-Emmanuel III, le pays devenant un protectorat italien. La résistance albanaise de quelques groupes communistes s'organise autour du Parti communiste d'Albanie à partir de 1941, sous la direction d'Enver Hoxha et en liaison avec le mouvement communiste de Tito. Le 16 septembre 1942, la première conférence de libération nationale, à Peć (Pejë), regroupe les communistes, les monarchistes, les nationalistes républicains du Balli Kombëtar (Front national) et le mouvement des frères Kryeziu. Cette conférence donne naissance au Mouvement de libération nationale – LNÇ (MLN ou en albanais LNÇ, Levizje Nacional Çlirimtare) dirigé par huit membres dont Enver Hoxha et Abaz Kupi. Ce dernier, exclu du MLN en novembre 1943 quand le mouvement passe sous le contrôle exclusif des communistes, fonde le Parti de la Légalité (Legaliteti (en)), fidèle au roi.
118
+
119
+ Dès avril 1943, le SOE parachute des équipes pour encadrer les maquis de résistance, au départ sans considération politique. À partir de la fin 1943, les Britanniques vont essentiellement soutenir la résistance nationaliste et royaliste dans les Balkans, y compris en Albanie[31]. Ils étendront après la Seconde Guerre mondiale leur protectorat sur la Grèce selon les accords conclus entre Churchill et Staline.
120
+
121
+ L'Albanie connaît, après sa libération totale en novembre 1944, un gouvernement communiste, dont le principal dirigeant est Enver Hoxha, chef du gouvernement et premier secrétaire du Parti communiste d'Albanie. La république populaire d'Albanie est officiellement proclamée le 11 janvier 1946. Le gouvernement albanais est le seul à refuser la destalinisation à partir de 1956 (ce qui le conduit à la rupture avec l'Union soviétique et à un très fort isolement international) et impose la dictature la plus sévère d'Europe (plus de 8 000 condamnations à mort et des milliers de personnes emprisonnées dans des camps, pour une population d'après-guerre de 1 million d'habitants). Le gouvernement met en œuvre des réformes visant à la modernisation économique et obtient des résultats importants en matière d'industrialisation, de développement de l'agriculture, de l'éducation, des arts et de la culture, ce qui contribue à une hausse générale du niveau de vie[32].
122
+
123
+ L'Albanie est isolée du reste du monde jusqu'à la chute du régime communiste en 1991. La France, l'Italie, l'Autriche et la Suisse sont les seuls pays occidentaux à entretenir des relations diplomatiques avec l'Albanie pendant la période communiste. De leur côté, le Royaume-Uni et les États-Unis tentent en 1949-1951, en pleine guerre froide, de renverser le régime communiste en infiltrant des commandos de réfugiés politiques albanais. Leur opération de subversion, nommée Valuable Project, échoue du fait de la trahison de l'agent double Kim Philby.
124
+
125
+ Après la chute du régime en 1991, la transition du communisme au capitalisme s'avère extrêmement difficile pour la population. Des migrations importantes de la population, principalement vers l'Italie, la Grèce et les États-Unis, ont un effet déstabilisant pour l'économie albanaise. L'Albanie reçoit par ailleurs d'importants mouvements d'immigration à la suite du conflit au Kosovo voisin, en 1998-1999. Le mouvement d'émigration économique se poursuit dans les années 2000. Ainsi, uniquement dans la première moitié de l'année 2015, 30 000 citoyens albanais, venant principalement de la province, ont quitté leur pays afin de rechercher de meilleures conditions de vie dans les pays de l'Europe de l'Ouest[33].
126
+
127
+ En 2018, l'Albanie connaît ses plus importantes manifestations étudiantes de l'ère post-communiste. L'augmentation des frais de scolarité est la conséquence d'une loi prévoyant la mise en concurrence des universités et leur ouverture au marché. Le premier ministre Edi Rama affronte la crise en limogeant la moitié de ses ministres[34].
128
+
129
+ Depuis 1992, l'Albanie est une république parlementaire, démocratique et représentative. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est détenu par le Parlement l'Assemblée d'Albanie (Kuvendi i Republikës së Shqipërisë), mais le Gouvernement aussi propose des projets de lois. Depuis 1991, et l'introduction du pluralisme, le système politique est dominé par les conservateurs, le Parti démocrate d'Albanie et le Parti socialiste d'Albanie. D'autres formations politiques d'une importance moindre sont représentées au Parlement et au Gouvernement.
130
+
131
+ Le chef de l’État est le président de la République, qui est élu par le Parlement avec un mandat de 5 ans, renouvelable une fois. Dans ce système, le président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire. Le président est le garant de la démocratie puisque c'est à lui qu'incombe la responsabilité de décréter les lois adoptées par le Parlement.
132
+
133
+ L'Assemblée (Kuvendi), constitue le pouvoir législatif, responsable des politiques intérieures et extérieures du pays et des modifications de la Constitution. Élu tous les 4 ans, il compte au total 140 députés sortis des listes des différents partis politiques selon un système proportionnel régional.
134
+
135
+ Il existe deux types de juridictions en Albanie : criminelle et civile. Le système judiciaire dispose d’une Cour constitutionnelle (en), d'une cour de cassation (en), de cours d'appel et de cours de district (en). La Cour constitutionnelle est composée de 9 membres nommés par le président de la République avec le consentement de l'Assemblée pour une durée de 9 ans. La Cour suprême quant à elle, comporte 17 membres qui sont nommés par l'Assemblée pour une durée de 9 ans. Dans les tribunaux, la justice est rendue par trois juges. En Albanie, il existe une formation particulière pour former des juges, l’École de la Magistrature, cela est supposé rendre les juges plus impartiaux. Une autre particularité du système albanais est le fait que dans les tribunaux il n’y a pas de jury populaire.
136
+
137
+ L’Albanie est découpée en 36 districts (Rrethe) qui disposent chacun d’un gouverneur local choisi par le conseil de district dont les membres sont élus au scrutin proportionnel. Les districts sont regroupés en préfectures (qark (en)) qui sont au nombre de 12 avec à leurs têtes des préfets nommés par le Conseil des ministres, la capitale Tirana disposant d’un statut spécial. Les maires des autres villes sont élus au suffrage direct et les conseils municipaux le sont à la proportionnelle.
138
+
139
+ Les chiffres correspondent aux élections du 23 juin 2013.
140
+
141
+ Principaux partis non représentés :
142
+
143
+ L'Albanie mène, depuis 1992, date du premier Accord de commerce, des négociations avec la Communauté européenne pour une possible adhésion. En 2006, l'Albanie est devenue membre associée de l'Union européenne, après la signature d'un Accord de stabilisation et d'association (ASA). Au cours des dernières années des progrès plus ou moins grands ont été enregistrés dans les différents domaines de la gouvernance, tels que la réforme des institutions démocratiques, le renforcement des droits civiques, etc. D'autres progrès ont été accomplis en ce qui concerne la gestion de l'économie et la création d'opportunités pour inciter les investissements étrangers directs et diminuer ainsi le chômage (en 2008 13,4 %). En mars 2009, le Premier ministre Sali Berisha annonce son intention de déposer la candidature de l'Albanie à l'UE, dans l'espoir de se prévaloir de cette initiative lors de sa campagne électorale pour les législatives prévues en juin. En avril 2009 l'ASA est entré en vigueur, et la république d'Albanie est devenue officiellement membre de l'OTAN. Elle dépose sa candidature officielle à l'Union le 28 avril 2009, auprès de la présidence tchèque. Vers le mois de mai de l'année 2014, on savait que le statut pourrait lui être octroyé en juin 2014 si le Conseil européen en décidait ainsi[35]. Officieusement, c'est chose faite le mardi 24 juin 2014[36],[37]. D'après une journaliste, cette « décision récompense les progrès accomplis par Tirana, notamment pour combattre la criminalité organisée[38]. » Officiellement, la candidature est entérinée par le Conseil européen le vendredi 27 juin 2014.
144
+
145
+ La fuite des élites albanaises est un processus social et économique qui pénalise la recherche. Cependant, pour enrayer cet exode et encourager les émigrés à revenir, l'Albanie doit définir une politique scientifique et scolaire claire, étroitement liée à une politique industrielle à long terme avec l'aide des programmes européens développés à cet effet (ACE, PHARE, TEMPUS ou EAST (en)).
146
+
147
+ Les exportations sont faibles (surtout des produits agricoles) et les travailleurs émigrés sont les principaux pourvoyeurs de devises. Les importations sont principalement les équipements mécaniques, les produits manufacturés, les denrées alimentaires, les textiles et les produits chimiques. Le changement de régime en 1991 a créé les conditions d’un rapprochement progressif de l’Albanie et de l’Europe. L’adhésion de l’Albanie au Conseil de l'Europe en 1995 en offrit un premier signe tangible. En novembre 2000, le sommet de Zagreb a ouvert à l’Albanie la perspective d’une adhésion à l’Union européenne (UE), de sorte qu’ont été entamées le 31 janvier 2003 les négociations en vue d’un accord de stabilisation et d'association (ASA), qui a été signé le 12 juin 2006. L’UE a rappelé à plusieurs reprises à l’Albanie la nécessité de mettre en œuvre concrètement les réformes adoptées et de les poursuivre.
148
+
149
+ L'Albanie s'étend sur une superficie totale de 28 748 km2, avec environ 70 % de surface montagneuse, accidentée et difficilement accessible, dont le point culminant est le mont Korab s'élevant à 2 753 m[39].
150
+
151
+ Le reste est constitué de plaines alluviales, dont le terrain est plutôt de piètre qualité pour l’agriculture, alternativement inondé ou desséché. Les terres les plus fertiles sont situées dans le district des lacs (lac d'Ohrid, Grand Prespa et Petit Prespa) et sur certains plateaux intermédiaires entre la plaine et la montagne.
152
+
153
+ La seule île notable est celle de Sazan qui fut tour à tour occupée par diverses grandes puissances européennes.
154
+
155
+ Son littoral s'étend sur 362 kilomètres le long de l'Adriatique et de la mer Ionienne. L'Albanie possède 720 kilomètres de frontières terrestres avec le Monténégro (172 km), le Kosovo (115 km), la Macédoine du Nord (151 km) et la Grèce (282 km).
156
+
157
+ Les principales villes sont Tirana (la capitale) avec environ 800 000 habitants, Durrës, Korça, Elbasan, Shkodër, Gjirokastra, Vlora et Kukës.
158
+
159
+ Le plus grand fleuve albanais est le Drin. Long de 282 kilomètres, il est un des seuls à connaître un débit relativement stable tout au long de l’année. Les autres cours d’eau sont généralement presque secs durant l’été, même les rivières Semani (en) et Vjosa qui ont pourtant une longueur de plus de 160 kilomètres.
160
+
161
+ Le climat y est méditerranéen dans les régions littorales (moyenne hivernale : 7 °C) et devient plus continental dans le relief. Les précipitations sont assez élevées (1 000 mm à 1 500 mm annuels), le flux d’air humide rencontrant la masse d’air continentale plus froide, surtout pendant l’hiver, qui est la saison pluvieuse.
162
+
163
+ L'Albanie possède trois lacs dont l'un des plus vieux du monde (lac d'Ohrid).
164
+
165
+ Le lac de Shkodër situé dans le Nord-Ouest du pays a une surface qui peut varier entre 370 km2 et 530 km2, partagé entre l'Albanie et la ville d'Ulcinj au Monténégro. La rive albanaise du lac est longue de 57 kilomètres.
166
+
167
+ Le lac d'Ohrid est le lac le plus profond des Balkans (288 m) mais aussi un des plus vieux du monde. Il est situé dans le Sud du pays et est partagé entre l'Albanie et la Macédoine du Nord. Il possède une variété de flore et de faune unique au monde, des « fossiles vivants » et de nombreuses espèces endémiques. En raison de sa valeur naturelle et historique, le lac d'Ohrid est sous la protection de l'Unesco.
168
+
169
+ Plus d'un tiers du territoire de l'Albanie, environ 10 000 kilomètres carrés, est couvert de forêts et le pays possède une flore très riche. Environ 3 000 espèces différentes de plantes poussent en Albanie, dont beaucoup sont utilisées à des fins médicinales. Les forêts abritent une grande variété de mammifères, y compris les loups, ours, sangliers et chamois. Les lynx, les chats sauvages et les putois sont rares, mais continuent de survivre dans certaines régions du pays.
170
+
171
+ Les ressources naturelles les plus importantes sont le pétrole, le gaz naturel, le charbon, le chrome, le cuivre, le bois, le nickel, le potentiel hydroélectrique.
172
+
173
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
174
+
175
+ L'Albanie compte un grand nombre de régions climatiques malgré sa relative faible étendue. Les côtes albanaises jouissent d'un climat méditerranéen agréable alors que l'intérieur du pays avec ses hauts plateaux et montagnes possèdent un climat plus continental et donc plus rude.
176
+
177
+ Du nord au sud du pays, la variation du climat est assez sensible. Les saisons les plus agréables sont le printemps et l'automne.
178
+
179
+ Les basses terres ont des hivers doux, avec une moyenne d'environ 7 °C. L'été, la moyenne tourne autour des 24 °C. Mais les températures, bien que plus affectées par les différences d'altitude que par la latitude, sont tout de même d'environ 5 °C plus élevées dans le Sud du pays que dans le Nord.
180
+
181
+ L'hiver s'avère souvent rude dans les zones montagneuses avec des températures assez froides, causées par la masse d'air continentale qui domine la météo de l'Europe de l'Est et des Balkans avec les vents de nord et de nord-est. Les chutes de neige y sont assez fréquentes. Les hivers sont plus doux et pluvieux sur les plaines côtières.
182
+
183
+ L'été, les températures moyennes sont plus faibles dans les régions montagneuses du Nord et de l'Est que dans les zones côtières et beaucoup plus faible en altitude, mais avec toutefois des variations journalières plus importantes.
184
+
185
+ Le Centre et l'Ouest de l'Albanie connaissent des températures plus élevées (40 °C), causées par des vents chauds venant de la mer. Les températures maximales dans les bassins intérieurs et les vallées fluviales sont très élevées, mais les nuits y sont presque toujours fraîches.
186
+
187
+ La moyenne des précipitations est élevée, conséquence de la convergence des flux d'airs dominants de la mer Méditerranée avec la masse d'air continentale. En se réunissant habituellement aux plus hautes altitudes, la pluie tombe majoritairement dans les hautes terres centrales. Les courants chauds verticaux venus de la Méditerranée provoquent des orages fréquents en été, la plupart accompagnés de grands vents locaux et d'averses torrentielles.
188
+
189
+ La moyenne des précipitations pour les zones côtières varie de 1 000 mm au sud à plus de 1 500 mm par an au nord du pays. Les pluies sont concentrées en hiver avec près de 90 % des précipitations annuelles.
190
+
191
+ La pluviométrie est plus élevée dans les chaînes montagneuses. Les estimations varient largement, mais les moyennes annuelles sont probablement d'environ 1 800 mm et sont plus élevées (2 550 mm) dans certaines régions du Nord. La vallée de Boga dans l'Ouest de l'Albanie est une des zones les plus humides en Europe, recevant quelque 3 100 mm de pluie par an. Les pluies sont plus équitablement réparties le long de l'année que sur les zones côtières.
192
+
193
+ Malgré des ressources naturelles importantes, l'Albanie demeure un pays en développement. Son histoire a été profondément marquée par les quarante-cinq années d'autoritarisme et par l'autarcie imposée par Enver Hoxha qui s'est maintenue jusqu'en 1991 et qui donnait l'importance principale au secteur primaire, sans favoriser l'agriculture. L'Albanie reste cependant l'un des pays les plus pauvres de l'Europe.
194
+
195
+ Le salaire minimum est en janvier 2017 de 155 euros par mois, le plus faible d'Europe[40].
196
+
197
+ L’agriculture représente un quart du PIB et l’économie parallèle a un poids important. Les structures économiques restent fragiles et dépendantes de l’aide extérieure et des transferts de revenus de l’émigration (environ 14 % du PIB). En 2004, le déficit budgétaire représentait 5 % du PIB et la dette publique s’élève à 56 % du PIB. Néanmoins, la productivité s’améliore sensiblement depuis environ une décennie et connaît depuis 2003 une croissance régulière (6 %) dans un contexte d’inflation modérée. Le pays dispose en outre d’une situation géographique favorable à son développement et d’une ouverture sur la mer, d’un large éventail de ressources naturelles et d’un potentiel touristique.
198
+
199
+ Pour ce qui est du secteur primaire, il constitue une grande partie de sa population. En effet, l'Albanie est un pays agricole et 60 % de la population travaille sur les terres. Le secteur secondaire représente 19 % du PIB et 32 % de la population active. Finalement, le secteur tertiaire représente 60 % du PIB et 20 % de la population active. Ce secteur représente les services et le tourisme en Albanie[41].
200
+
201
+ La production électrique de l'Albanie provient à 95 % des centrales hydroélectriques situées sur le fleuve Drin au nord du pays.
202
+
203
+ Malgré une consommation d'électricité moyenne par habitant très basse (l'une des plus faibles en Europe), l'Albanie a des problèmes d'approvisionnement. Les trois centrales situées sur le Drin ne suffisent pas à couvrir les besoins en électricité du pays, qui n'a pour l'instant d'autre alternative que l'importation ou le rationnement.
204
+
205
+ Le gouvernement albanais prévoit cependant la construction de deux nouvelles centrales hydroélectriques d'une puissance de 200 MW chacune à Bushat et à Kalivaç qui pourraient stabiliser la situation.
206
+
207
+ La consommation d'hydrocarbures est aussi plus élevée que la production ce qui oblige l'importation d'Italie ou de Grèce. Les deux grandes entreprises nationales qui produisent les énergies fossiles (diesel, essence, gaz et autres dérivés) sont Albpetrol Sh.a qui extrait les minerais, et ARMO Sh.a qui les raffine et qui les vend. La production était beaucoup plus élevée pendant l'époque communiste car les entreprises pétrolières occidentales étaient venues s'implanter en Albanie dans les années 1980 lors de la découverte du dernier grand gisement de pétrole dans le pays.
208
+
209
+ Des passages de cet article sont désuets ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
210
+
211
+ L'Albanie est actuellement un pays en développement, avec la moitié de sa population active travaillant dans le secteur de l'agriculture, et un cinquième des actifs travaillant à l'étranger. Officiellement, le chômage s'élève à 15 %, mais des sources indépendantes l'estiment à près de 30 % au nord et au nord-est du pays. La croissance globale est de 7,3 % mais varie selon les secteurs. Elle atteint presque 20 % pour la construction mais seulement 10 % pour les services publics et privés.
212
+
213
+ Depuis les années 2000, le tourisme enregistre une forte croissance (En hausse de 15-20 % par an). On compte chaque année 3 millions de touristes qui viennent visiter le pays. Cependant, ce chiffre englobe surtout des visiteurs professionnels ou des membres de la diaspora albanaise. Ainsi, le nombre réel de touristes occidentaux qui viennent visiter l'Albanie reste marginal. Malgré la bonne réputation du pays auprès des voyagistes, il souffre d'un mauvais état des routes et d'infrastructures de mauvaise qualité.
214
+
215
+ Cependant, le potentiel touristique du pays est fort et varié. Sites naturels et archéologiques, villages historiques ou encore musées, le pays propose une multitude de curiosités aux touristes. Ses principaux points d'intérêt étant le Lac d'Ohrid, le village de Berat, les sites archéologiques d'Apollonia et de Butrint et son château ou encore le musée national historique de Tirana[44]. À noter la relative rareté des monuments religieux (tant églises que mosquées) par suite des destructions opérées du temps de la dictature communiste, laquelle voulait instaurer un État officiellement athée.
216
+
217
+ Le pays compte 3 029 278 habitants d'après le dernier recensement, sur un territoire montagneux à 70 %. Tirana en est la capitale, sa population atteint presque le million d’habitants. Les autres villes importantes du pays sont Shkodër, Durrës, Elbasan, Vlora, Korçë et Berat. La population rurale, qui tend à décliner, représente, en 2014, 44 % de la population totale[45].
218
+
219
+ L'Albanie est l'un des pays les plus homogènes ethniquement parlant. 95 % de la population est composée d'Albanais de souche, répartis en deux groupes : les Guègues (au nord) et les Tosques (au sud)[42]. Les Grecs, les Aroumains, les Tziganes, les Serbes et les Macédoniens constituent des groupes minoritaires. Les Grecs sont la minorité la plus importante, de 200 000 à 300 000 personnes au sud du pays[46],[47],[48],[49],[50]. La longue occupation ottomane ne réussit pas à changer globalement la structure ethnique de la population, mais les luttes successives et l'émigration incessante eurent pour conséquence un ralentissement du rythme d'accroissement démographique de la population albanaise.
220
+
221
+ L’Albanie est le pays d’Europe qui connaît la plus forte émigration, avec plus d’un tiers de ses ressortissants vivant à l’étranger, soit environ 900 000 personnes en 2006, principalement dans les deux pays frontaliers : la Grèce et l’Italie. Ce phénomène est dû à un niveau de vie parmi les plus bas du continent européen. En conséquence, la population du pays a diminué de 100 000 habitants entre 1991 et 2001, malgré un solde naturel positif (le taux de fécondité dépassant largement le seuil de renouvellement naturel). Le phénomène d’émigration se poursuit même si les données officielles semblent le sous-estimer[51].
222
+
223
+ L'Albanie est le premier pays d'origine des demandeurs d'asile en France en 2017[52].
224
+
225
+ L’albanais est une langue d’origine indo-européenne, rattachée au groupe thraco-illyrien. La langue albanaise est typologiquement une langue flexionnelle synthétique. Certains auteurs ont soutenu que l'albanais permettrait de déchiffrer la langue étrusque[53]. Le premier écrit en langue albanaise trouvé jusqu'à ce jour, est La Formule de baptême de Pal Engjëlli (1416-1470), archevêque de Durrës (« Je te baptise au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ») découvert à la bibliothèque de Florence par Nicolae Iorga en 1915, chercheur roumain. Le premier livre trouvé en langue albanaise est un manuel de liturgie catholique, intitulé Le Missel (Meshari) de Mgr Gjon Buzuku [Jean Bouzoukou] écrit en 1555. Avant cette découverte, d'autres témoignages de l'existence de l'albanais existaient.
226
+
227
+ Dans d'autres vieux manuscrits non édités, en langue grecque, gardés à la Bibliothèque apostolique et aux Archives secrètes du Vatican, ont été découvertes d'autres sources, notamment dans le cadre des recherches de Dr Moikom Zeqo, ces manuscrits étant actuellement en cours de transcription, et de translittération.
228
+
229
+ L'enseignement de la langue albanaise fut interdit pendant les cinq siècles d'occupation ottomane. Ouvrir une école en langue albanaise en Albanie était considéré par l'Empire ottoman comme une « hérésie » qui pourrait « créer une question albanaise »[54]. Le plus grand albanologue qui consacra sa vie à l'étude de la langue albanaise fut Norbert Jokl (en), un juif autrichien (1887-1942) qui sera porté disparu durant la Seconde Guerre mondiale, malgré les efforts incessants de père Gjergj Fishta et du clergé catholique albanais auprès des autorités italiennes, pour qu'il soit transféré en Albanie et ne soit pas rendu au Troisième Reich. Ce fut en vain. Norbert Jokl ne donnera plus de nouvelles à compter de 1942, et ses travaux universitaires nombreux sur la langue albanaise disparaîtront ensemble avec les manuscrits supplémentaires du vocabulaire albanais apportés par Gustav Meyer.
230
+
231
+ La langue albanaise a un alphabet comportant 36 lettres (alphabet latin) correspondant à 36 phonèmes de la langue albanaise, et comportant des lettres doubles comme dh (the en anglais), rr, sh (ch en français), ll (l anglais dans milk), xh (dj) ou zh (j). Cet alphabet fut adopté en 1879, lors du congrès de Bitola (Kongresi i Monastirit) pour la langue albanaise, sous la direction de père Gjergj Fishta[55]. La langue albanaise est parlée en Albanie, en Macédoine du Nord, au Monténégro, au Kosovo, ainsi que dans certaines poches isolées d’Italie (Arberèches) et de Grèce (Arvanites). Il existe deux dialectes principaux :
232
+
233
+ La langue officialisée était basée sur le dialecte guègue jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Albanie, et jusqu’en 1968 pour les Albanais du Kosovo, de Macédoine et de Monténégro qui l’utilisèrent comme leur langue officielle albanaise. Notons qu'aucune école en langue albanaise ne fut ouverte en Grèce pour les populations albanaises après le rattachement de la région de Ioannina à la Grèce en 1918. Après l’avènement du communisme, le guègue fut arrêté institutionnellement de 1944 jusqu’en 1967, et de facto de 1972 jusqu’à aujourd’hui, du fait qu'il véhiculait des idées anti-communistes. La langue officielle albanaise d’aujourd’hui est basée sur le tosque (et labe), qui emprunte des mots guègues en leur donnant une syntaxe, phonologie et morphologie du parler tosque. Cette langue officielle est remise en cause actuellement par des écrivains, des journalistes et des courants littéraires, notamment au Kosovo et en Albanie du Nord, qui considèrent que le parler « standard » devrait intégrer la structure linguistique du guègue, langue des premiers écrits en langue albanaise, et ensuite langue des poètes et patriotes majoritaires albanais depuis le XVe siècle jusqu’à la fin de la première moitié du XXe siècle.
234
+
235
+ Le grec est la seconde langue nationale, mais minoritaire, parlée au sud par la minorité grecque (ou épiriotes du Nord) qui est essentiellement de confession orthodoxe.
236
+
237
+ L'anglais, l'italien et le turc sont les trois autres grandes langues parlées. Les Albanais regardent beaucoup les programmes télévisés, italiens essentiellement. L'anglais est très important au niveau du tourisme.
238
+
239
+ L'italien est si courant en Albanie qu'il est sans doute[réf. nécessaire] plus parlé que le grec, mais l'italien est surtout parlé en seconde langue, et les locuteurs de langue maternelle italienne en Albanie constituent moins de 2 000 personnes. Depuis la crise économique de 2008, un grand nombre d'Italiens s'installent en Albanie, souvent des entrepreneurs et chefs d'entreprises. Plus de 400 entreprises italiennes emploient plus de 120 000 Albanais[réf. nécessaire]. De plus, de nombreux retraités Albanais, rentrés au pays, et qui travaillaient en Italie, parlent parfaitement l'italien. L'Italie reste attractive pour les plus jeunes, qui souhaitent quitter l'Albanie pour le travail.
240
+
241
+ L'allemand est aussi une langue très présente, car une grande partie de la diaspora albanaise vit en Allemagne, et des retraités albanais qui ont travaillé en Allemagne vivent en Albanie, et l'Allemagne reste le premier pays de migrations des plus jeunes, pour le travail, devant l'Italie.
242
+
243
+ Le turc reste présent en Albanie, depuis son indépendance en 1912-1913, mais cette langue décline ; elle serait surtout parlée par des Albanais de plus de 60 ans et quelque 10 000 Albanais dont les origines sont turques. Pour les plus jeunes Albanais, le turc est une langue complexe et difficile, alors que l'anglais, l'allemand, et l'italien, sont plus abordables, d'autant plus qu'elles sont un atout dans une perspective de migration économique.
244
+
245
+ L'Albanie est membre de l'Organisation internationale de la francophonie, mais le français a un nombre limité de locuteurs.
246
+
247
+ Le christianisme a été introduit au Ier siècle aux populations du territoire correspondant à l’Albanie par saint Paul (Shën Pali) qui passa en Dalmatie et à Illyricum (Albanie actuelle du Nord et centrale) et par l’apôtre André qui prêcha en Épire (Albanie actuelle du Sud). Dans son écrit Épître aux Romains, saint Paul dit « J'ai donc propagé la parole du Christ par tous les chemins de Jérusalem » à Illyricum[56]. Saint Jérôme (ou Jérôme de Stridon), illyrien de Dalmatie, confirmera explicitement que saint Paul a prêché la parole du Christ en Illyricum.
248
+
249
+ Après la scission définitive de l’Empire romain en Occident et Orient en 395, l’Albanie fut dès lors administrée par Byzance mais restait sous la dépendance de la papauté de Rome. Toutefois, en 732, l’empereur Léon III l’Isaurien, fâché contre les archevêques illyriens pour avoir soutenu la condamnation papale lors du premier iconoclasme, répondit en détachant de Rome les évêchés grécophones d’Illyrie et de l'Ouest de la Grèce actuelle pour les rattacher au patriarcat de Constantinople. Dès 1000 l’Empire byzantin s’acquittait des missions dans cette région.
250
+
251
+ Dans la période du schisme entre Église catholique et Église byzantine, toute l'Albanie actuelle du Nord, y compris les zones de Durrës (ayant le rite catholique romain) jusqu'au nord du Kosovo actuel, au sud de la Serbie, et jusqu'au Tivar et Kotor, se remirent sous la dépendance de l’Église catholique. On pouvait y trouver également parfois quelques églises de rite byzantin.
252
+
253
+ Jusqu’au XIIIe – XIVe siècle et durant tout le XVIe siècle, l’influence vénitienne et l’arrivée des franciscains (XIIIe siècle) vinrent renforcer le rattachement du Nord albanais à l’Église catholique, tandis que le Centre et le Sud de l’Albanie actuelle avaient gardé le rite byzantin. La séparation de l’Église catholique d’Albanie de l’Église orthodoxe interviendra définitivement à l’occupation ottomane (fin XVe, début XVIe siècle) pour la zone de l’Albanie actuelle, alors que cette séparation était déjà amorcée dans la région de l’actuel Kosovo au contact de l’Église slavonne[Quoi ?].
254
+
255
+ L'influence de l'Empire ottoman encourage une large vague de conversion vers l'islam. Cette conversion augmente vers le milieu du XVIIIe siècle, mais de manière plus accentuée durant le XIXe siècle. Au début du XXe siècle on compte en Albanie des proportions quasi identiques entre les chrétiens et musulmans (47 % de chrétiens pour 53 % de musulmans[57]). La communauté musulmane albanaise prendra naissance sur le plan institutionnel en 1923 avec l'aide du roi Zog[58]. Lors du Congrès organisé à cet effet (Kongresi i Muslimanëve në Shqipëri : çështja e kalifatit dhe reformat islamike në Oriente Moderno 2, 1922-1923, de 36 délégués, dont sept députés), il fut demandé le remplacement de la langue arabe dans la liturgie par la langue albanaise, la séparation du califat, etc. Le Conseil supérieur de la charia devrait être d'ethnie albanaise.
256
+
257
+ La communauté bektachi, un courant musulman libéral, fut créée une année avant en 1922. La population musulmane appartenant au bektâchîsme, un ordre derviche soufi proche du chi’isme siégeant à Tirana qui se veut une religion à part, est bien trop petite pour être prise en compte, elle a donc été enregistrée sur une colonne à part par les chercheurs. Il n'existe pas de chiffres officiels récents sur la population de la communauté bektachi. Les anciennes statistiques parlent de 150 000 (Kingsley, 1994 : 85) à 200 000 ménages[59] (Tomor, entretien, 1994) (statistiques de 1912 et 1967). Les bektachi représentent environ 15 % de la population albanaise[59] soit 425 000 individus :
258
+
259
+ La pratique religieuse a été interdite en Albanie en 1967 par le régime communiste. Enver Hoxha, qui l’a dirigé jusqu’en 1985, avait déclaré l’Albanie pays athée. À la veille de la chute du communisme, en novembre 1990, le retour à la foi et à sa pratique a été à nouveau autorisé.
260
+
261
+ Dans les années 1990, l’Albanie observe un montée en puissance de groupes religieux nouveaux : Églises évangéliques, Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Mormons), Témoins de Jéhovah et autres mouvances musulmanes (salafistes, Chiites)[réf. nécessaire].
262
+
263
+ À l'image de son passé agité et des espérances permises par l'ouverture à l'Occident des années 1990, l'Albanie possède une littérature contemporaine très riche et d'une grande variété de styles. On peut distinguer grossièrement les auteurs qui ont écrit la majeure partie de leur œuvre pendant la période communiste de ceux dont l'œuvre se situe autour ou après la transition démocratique. Les premiers ont souvent écrit des œuvres lyriques (Lasgush Poradeci) ou métaphoriques (Ismaïl Kadaré dans Le Palais des rêves) tandis que les seconds vont souvent évoquer ouvertement la dictature et ses conséquences, sociales et psychologiques (Bashkim Shehu, Fatos Kongoli, Ornela Vorpsi, Ylljet Aliçka, Besnik Mustafaj).
264
+
265
+ Le territoire de l'Albanie a été occupé par la Grèce, l'Italie et l'Empire ottoman et chaque groupe a laissé sa marque sur la cuisine albanaise.
266
+
267
+ Le repas principal des Albanais est le déjeuner, il est habituellement accompagné d'une salade de légumes, comme des tomates, des concombres, des poivrons verts, et des olives avec de l'huile d'olive, du vinaigre et du sel. Le déjeuner inclut également un plat principal, des légumes et de la viande. Les spécialités de fruits de mer sont également communes dans les secteurs côtiers de Durrës, Vlora et Saranda.
268
+
269
+ Lord Byron fit voyager le héros de son poème narratif Le Pèlerinage de Childe Harold (fortement inspiré de ses propres voyages) autour de la Méditerranée, notamment dans ce pays. Décrit le paysage et les habitants, qui lui rappelaient les montagnards d'Écosse[60]. C'est par exemple le cas de la strophe numéro 38, où il évoque la « Terre d'Albanie où naquit cet Iskander »[61].
270
+
271
+ Hergé, dans sa série Les Aventures de Tintin, créa la Syldavie, pays imaginaire des Balkans, mêlant des éléments de nombreux pays d'Europe. Concernant l'Albanie, il s'inspira de sa situation historique dans les années 1930. Comme l'atteste sa lettre écrite le 12 juin 1939 à son éditeur, à propos de la parution de l'épisode Le Sceptre d'Ottokar (publié entre 1938 et 1939) en album :
272
+
273
+ « Si tu as un peu suivi l'histoire, tu verras qu'elle est tout à fait basée sur l'actualité. La Syldavie, c'est l'Albanie. Il se prépare une annexion en règle. Si l'on veut profiter du bénéfice de cette actualité, c'est le moment ou jamais. »
274
+
275
+ De même, le drapeau de l'Albanie possède des similitudes avec celui de la Syldavie. Enfin, selon des spécialistes de la série, tels que Pierre Assouline[62], Dodo Nita et Philippe Goddin, le roi Muskar XII, qui dirige le pays dans cette histoire, serait physiquement inspiré du roi Zog Ier. Quoi qu'il en soit, il est certain que la Syldavie ne correspond pas à un seul pays, mais à un condensé d'Europe.
276
+
277
+ L'Albanie a pour codes :
278
+
279
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1070.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le chiisme (ou shî'isme[1]) constitue l'une des deux principales branches de l’islam, l'autre étant le sunnisme.
4
+
5
+ Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans. La première communauté chiite vit en Iran, où elle constitue 90 % de la population du pays, et environ 40 % de la population chiite mondiale[2],[3],[4]. Le reste des musulmans chiites se répartit principalement en Irak, en Azerbaïdjan, au Pakistan, en Inde, à Bahreïn et au Liban.
6
+
7
+ Le mot chiisme dérive du terme shi'a (mot arabe) qui désigne à l’origine un groupe de partisans. Le terme « chiites » signifie « partisans, disciples, suiveurs ». Le Coran cite qu'une partie des serviteurs vertueux étaient les schi'a, ce mot étant traduit en français par « partisans » ou « disciples ».
8
+
9
+ « Paix sur Noé dans les mondes… Oui, et de ses partisans (traduit en arabe par 'schi'a') était Abraham, certes »
10
+
11
+ — Coran 37:79-83
12
+
13
+ « Or, entrant dans une ville à une heure d'inattention de ses habitants, [Moise] y trouva deux hommes qui se battaient, celui-ci de ses disciples [schi'a], celui-là de ses adversaires. Puis l'homme de ses partisans [schi'a] l'appela au secours contre l'homme de ses adversaires »
14
+
15
+ — Coran 28:15
16
+
17
+ Donc, officiellement, le mot « chi'ite » est un mot employé dans le Coran pour des prophètes renommés tout comme pour ceux qui les suivent.
18
+
19
+ Au commencement de l’histoire islamique, le terme « shî`ite » fut utilisé dans son sens originel ou littéral pour désigner des partisans de différentes personnes.
20
+
21
+ Le terme a acquis graduellement le sens secondaire de partisans d’Ali, ceux qui croient en son imamat. Dans son Al-Firaq al-Shî`ah, Hasan ibn Musa al-Nawbakhti, savant chiite, écrit :
22
+
23
+ « Les chiites sont les partisans d'Ali. Ils sont appelés « les chiites d'Ali » après la vie du Prophète et sont connus comme les partisans d'Ali et croient en son Imamat. Le Prophète a dit à 'Ali (a) : « Je jure par celui qui contrôle ma vie que cet homme (Ali) et ses Chi'ites seront sauvés le Jour de la Résurrection. » »
24
+
25
+ — Jalal al-Din al-Suyuti, Tafsir al-Durr al-Manthur, (Le Caire) vol. 6, p. 379
26
+
27
+ Le terme « chi'ites » est un adjectif utilisé par les musulmans qui suivent les Imams-Guides de la famille du Prophète (ahl al-bayt). Ils ne l'utilisent pas pour des raisons sectaires ou pour créer des divisions entre les musulmans. Ils l'utilisent parce que le Coran l'utilise et parce que Mahomet et les musulmans des premiers temps l'utilisèrent aussi.
28
+
29
+ Cheikh Moufid, un des premiers érudits chiites, définit les chiites comme étant ceux qui suivent Ali et voient en lui le successeur immédiat du prophète Mahomet. En expliquant pourquoi les chiites sont aussi appelés « Imàmîyah », il dit :
30
+
31
+ « C’est un titre pour ceux qui croient dans la nécessité de l’imamat et de sa continuité en tout âge, et que chaque Imâm doit être explicitement désigné, et doit aussi être impeccable et parfait. »
32
+
33
+ Muhammad al-Shahrastani, dans son Al-Milal wa al-Nihal, une source sur les différents groupes en islam, écrit :
34
+
35
+ « Les chiites sont ceux qui suivent Ali en particulier et qui croient en son imamat et califat selon les directives explicites et les volontés du prophète Mahomet. »
36
+
37
+ C’est une définition très précise, étant donné que les chiites eux-mêmes croient que la raison de suivre Ali est motivée par l’exigence du Prophète.
38
+
39
+ Ainsi, on peut dire que les chiites sont ceux qui ont les croyances suivantes sur la succession de Mahomet :
40
+
41
+ Selon Allameh Tabatabaei le chiisme naquit du vivant même du Prophète. D’après Allameh, ce terme a d’abord désigné les partisans d’Ali. L’avènement, puis l’extension de l’islam pendant les vingt-trois années de la prophétie rendirent nécessaire pour plusieurs raisons l’apparition parmi les compagnons du Prophète, d’un groupe tel que celui des Shi’ites[6].
42
+
43
+ Les chiites pensent que des personnes choisies parmi la famille de Mahomet (les imams) sont la meilleure source de connaissance à propos du Coran, de l'islam, de l'émulation (les successeurs de la mission prophétique après Mahomet) et les protecteurs les plus fervents de la sunnah de Mahomet. Une tradition prophétique (rapportée aussi bien par les sunnites que les chiites) le soutient : « Je suis la cité du savoir, Ali en est la porte. Celui qui veut le savoir ainsi que la sagesse qu'il passe donc par la porte[7] ». Il faut noter que le symbolisme de la porte est fréquent dans les différentes traditions initiatiques.
44
+
45
+ En particulier, les chiites reconnaissent la succession de Mahomet par Ali ibn Abi Talib (son cousin, gendre et un des premiers hommes à accepter l'islam — après Khadidja[8] et Abou Bakr — et aussi un des cinq membres de l'Ahl al-Bayt ou « la famille du prophète »). Au contraire, les musulmans sunnites reconnaissent le califat. Les chiites croient que Mahomet a désigné Ali comme son successeur en de nombreuses occasions, et qu'il est donc le guide spirituel des musulmans, selon la mission divine révélée à Mahomet.
46
+
47
+ Pour les chiites, la nomination d'Ali comme imam eut lieu dès le début de la Prophétie, fut maintes fois confirmée, et la dernière eut lieu le jour d'al-Ghâdir. La première nomination d'Ali eut lieu le jour où le Prophète réunit sa famille, les Banu Hashim, et les invita à accepter le nouveau message de l'Islam. Il s'adressa à eux en ces termes :
48
+
49
+ « « Ô fils d'Abdul Muttaleb, je ne connais pas de jeune homme parmi les Arabes qui ait apporté à son peuple meilleur que ce que je vous ai apporté. Je vous apporte le meilleur de la vie ici-bas et de l'au-delà. Allah m'a ordonné de vous convier à Lui. Lequel d'entre vous voudra bien m'assister, devenir mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous ? » Le silence régnait parmi le clan (…) Comme personne ne prenait la parole, Ali, alors âgé de 13 ans, se sentit obligé de prendre la parole et dit : « Je serai ton soutien, ô prophète d'Allah ». Le Prophète le prit par le cou et dit : « Voici mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous. Écoutez-le et obéissez-lui ». Les gens se levèrent moqueurs, et s'adressèrent ironiquement à Abi Taleb : « Il t'ordonne d'écouter et d'obéir à ton fils[9] ». »
50
+
51
+ Tous les historiens sunnites rapportent et acceptent cette tradition, mais ils n'en interprètent pas la portée au-delà de la famille du Prophète.
52
+
53
+ La dernière nomination d'Ali a eu lieu le jour d'al-Ghadîr, après le pèlerinage de l'adieu, lorsque Mahomet annonça solennellement et devant des milliers de pèlerins l'un de ses plus importants discours :
54
+
55
+ « Celui dont je suis l'allié/le maître (mawla), Ali est aussi l'allié/le maître[10]. Mon Dieu, sois l'ami de celui qui s'allie à lui et sois l'ennemi de celui qui le prend comme ennemi[11]. »
56
+
57
+ Les sunnites interprètent le terme polysémique mawla comme signifiant « ami », et les chiites l'interprètent comme signifiant maître. Cette différence entre la reconnaissance du pouvoir prioritaire de l'ahl al-bayt (la famille de Mahomet) ou du calife Abou Bakr a modelé les doctrines chiites et sunnites à propos du Coran, des hadiths et d'autres points. Les chiites, pour justifier la nécessité de l'allégeance à la maisonnée du Prophète, invoquent notamment le hadith dit al-thaqalayn, rapporté par des sources sunnites dont le Sahih Muslim : « Je suis sur le point de mourir, mais je vous laisse deux choses précieuses, la première étant le livre d'Allah, et la seconde étant les membres de ma famille (ahlou bayti). Je vous rappelle instamment vos devoirs envers mes ahl al bayt[12]. »
58
+
59
+ Selon les chiites, le Prophète a désigné explicitement Ali comme son Successeur (Imâm ou Calife), qui assumera la responsabilité à la fois de gérer l’empire et de guider les croyants dans leur vie spirituelle après trois autres califes. Aurait-il dû être choisi plus tôt ? « En effet, comme le remarquera Jean-Paul Roux, il ne manque pas de titres. Il est cousin du Prophète : son père a élevé Mahomet quand celui-ci est devenu orphelin ; il est l'un des premiers convertis ; il a épousé Fâtima, fille de Mahomet et, par elle, à lui qui n'avait pas de fils, il a donné ses deux seuls petits-enfants mâles, Hasan et Hussein. »
60
+
61
+ En dehors des considérations sur le califat, les chiites reconnaissent l'autorité de l'imam (aussi appelé Hujjat Allâh, argument ou preuve de Dieu) en tant qu'autorité religieuse, bien que les différentes branches de l'islam chiite ne soient pas d'accord sur la succession de cet imam et de son successeur (les duodécimains, ismaéliens ou zaydites par exemple).
62
+
63
+ Selon la tradition musulmane, sur le chemin de retour de son pèlerinage d'adieu, Mahomet fit une halte à mi-chemin entre La Mecque et Médine au lieu-dit Ghadir Khumm. Là, au cours d'un sermon, Mahomet annonça sa fin prochaine. Dans le hadith, dit Hadith de Ghadir Khumm, rapporté par Muslim deux siècles plus tard, Mahomet aurait dit qu'il laissait derrière lui deux choses importantes : la première c'est le livre de Dieu (Le Coran) et la seconde ce sont les ahl al-bayt ou « gens de la maison du Prophète ».
64
+
65
+ À sa mort en 632, Mahomet était le chef de l'oumma et d'un territoire devenu un important État en seulement quelques années. La question de sa succession fut à l’origine du premier grand schisme entre les musulmans. Pendant qu'Ali et les membres de la famille du Prophète étaient occupés à préparer ses funérailles, certains ansârs, rejoints par Abou Bakr et Omar ibn al-Khattâb, se réunirent pour désigner le successeur. Après une courte discussion, la majorité des compagnons présents (à l'exception de deux d'entre eux) désignèrent Abou Bakr premier calife. Quelque temps plus tard, selon certaines versions, ces deux compagnons, ainsi qu'Ali, vinrent à la mosquée où s'étaient réunis les compagnons, à leur tête Abou Bakr, et lui ont prêté allégeance[13]. Mais selon Bukhari, Ali ne prêtera allégeance au calife que six mois plus tard[14].
66
+
67
+ À sa mort, Abou Bakr décida de désigner son successeur. Le deuxième calife — Omar ibn al-Khattab — désigna, à son tour, un conseil de six personnes (dont Ali faisait partie) pour choisir en son sein le prochain calife. Uthman ben Affan, nommé troisième calife, fut assassiné en 656, à la suite d'une révolte. Ali fut, ensuite, désigné à la tête de la communauté. Malgré ses titres et ses exploits, son califat se déroula dans le tumulte : une partie du clan des Omeyyades (lié au défunt calife Utman) et la veuve de Mahomet Aïcha, réclamèrent à Ali la punition des meurtriers de Uthman ben Affan. Ali mena donc une bataille contre l'armée d'Aïcha, Talha et Zubair (bataille du chameau), puis une autre contre Muawiya qui fut nommée la bataille de Siffîn — sur les rives de l'Euphrate — en 658. Ali était sur le point de l'emporter quand les troupes de Muawiya brandirent des feuillets du Coran au bout de leurs épées et réclamèrent un arbitrage, qu'Ali accepta malgré lui. Une partie des hommes d'Ali — qui sont devenus plus tard les kharidjites — se révoltèrent, reprochant à Ali d'avoir consenti à la procédure de l'arbitrage exigée par les troupes de Muawiya. Cette révolte fut fortement réprimée par Ali et la majorité des khârijites mourut à la bataille de Nahrawân ; trois de leurs survivants voulurent se venger. L'un en tentant d'assassiner Muawiya, en vain. Un autre en tentant d'assassiner Amr Ibn al-Ass, mais il n'y parvint pas. Et le troisième en assassinant Ali, en 661, avec une épée enduite de poison, alors qu’il faisait sa prière dans la mosquée.
68
+
69
+ Ce conflit de succession a engendré une scission fondamentale au sein de l'islam : d'une part, les chiites reconnaissent Ali comme premier successeur légitime de Mahomet. Avec ses deux fils — Hassan et Hussein — qui lui succédèrent, a commencé pour les chiites la lignée des imams. De l'autre, les sunnites majoritaires ne voient en Ali que le quatrième calife. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants reposent donc sur une querelle de succession. Ces courants religieux se sont donc construits sur un socle politique.
70
+
71
+ Le sunnisme vient du mot sunna, c'est-à-dire la tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Ils considèrent que le Coran (la parole divine) a été révélé et que l'univers et l'histoire sont prédéterminés. Être sunnite revient davantage à perpétuer mimétiquement la tradition de Mahomet, à travers les législations et pratiques des premiers califes et des compagnons du Prophète dans leur ensemble ; selon ce courant, le cycle de la prophétie s'est clos avec lui. Les chiites affirment également suivre la sunna du Prophète, mais ils rejettent la législation des premiers califes et de certains compagnons, qui a selon eux gravement altéré la véritable sunna du Prophète ; pour eux, celle-ci n'est authentiquement sauvegardée qu'à travers la législation et la pratique d'Ali et des imams de sa descendance. Ceux-ci ne jouissent pas de nouvelles révélations, la prophétie étant close avec Mahomet, mais ils connaissent et transmettent ses enseignements. Cette divergence est due à une interprétation différente d'un hadith du Prophète qui invitait les musulmans à suivre « sa sunna et la sunna des califes bien-guidés après lui », les sunnites considérant qu'il s'agit là d'une invitation à suivre les quatre premiers califes et les compagnons dans leur ensemble, les chiites pensant au contraire qu'il s'agit des imams de la descendance d'Ali. Le chiisme pratique la méthode du kalam (raisonnement déductif), qui insiste sur le raisonnement, l'argumentation, le libre arbitre et le caractère créé du Coran, ce dernier point étant à l'opposé du sunnisme. Les chiites croient aussi en la liberté de la volonté individuelle, comme une partie du monde sunnite. L'existence dépend de la présence d'un imam, vivant intercesseur entre le monde spirituel et temporel, entre Mahomet et les croyants. L'imam est doté de la connaissance (du visible et de l'invisible) et de l'infaillibilité. Le Coran a un sens évident et un sens caché qu'il faut étudier, et que les imams sont chargés de transmettre aux fidèles. Cette importance accordée à l'imam n'a pas d'équivalent dans le sunnisme et explique l'organisation, la hiérarchisation et l'autorité du clergé chiite (par exemple, en Iran). Le chiisme attend et prépare l'arrivée du Mahdi, qui comblera la terre de justice et d'équité autant qu'elle était remplie d'injustice et de tyrannie.
72
+
73
+ À la mort d'Ali, les chiites ont reconnu son fils Hasan comme successeur au califat. Pour les ismaéliens, Hasan a été désigné comme imam temporaire (Imâm-i mustawda`) alors que Hussein était effectivement l’imam permanent (Imâm-i mustaqarr). Hassan accepta le califat de Muawiya, vécut paisiblement à Médine ; mais il posa au calife deux conditions : vous devez m’obéir pour faire la guerre ou contracter la paix, et remettre le califat aux descendants du Prophète à votre mort[15]. Il envoya des émissaires en secret pour négocier une reddition honorable avec Muawiya. Les conditions étaient telles que ce sera Hassan qui succèdera à Muawiya après sa mort. Quelques années plus tard, en 670, Hassan meurt. Le second fils d'Ali, l’imam Hussein, rompit avec la dynastie ommeyade dès que Muawiya associa au pouvoir son fils Yazîd Ier en 678. Après que toute l'Ummah à l'exception d'Abd Allah ibn Al Zubayr et Al Hussein, eut prêté allégeance à Yazid, les deux dissidents se réfugièrent à La Mecque. Hussein reçut des lettres de la ville irakienne d'Al Kufa, lui promettant 18 000 combattants, Hussein dépêcha son cousin Muslim Ibn Aqil. Prévenu par ses partisans, Yazid destitua le gouverneur mou d'Al Kufa, Nuuman Ibn AlBachir, et le remplaça par son cousin intraitable UbaidAllah Ibn Ziad. Celui-ci avec 20 soldats et 10 nobles assiégés dans le palais du gouvernorat, réussit à casser la volonté des koufis par des promesses d'argent ou de destruction. La nuit-même, Muslim fut abandonné par les chiites et erra dans les ruelles d'Al Koufa. Humilié et effaré, il sera hébergé par une vieille femme, sera dénoncé par le fils de celle-ci et exécuté par Ubaid Allah. Entretemps, décidé à rejoindre ces troupes promises et contre l'avis d'Ibn Umar l'appelant à l'obéissance, Ibn Abbas, à plus de préparation militaire, d'Ibn Zubayr, désirant garder un allié de poids à La Mecque, Al Hussein partit avec 72 hommes de sa famille et partisans ainsi que toute sa famille élargie (femmes et enfants), et il est rejoint sur la route par de nombreux musulmans. Apprenant la mort d'Ibn Aqil en cours de route, Al Hussein en informe ses compagnons et poursuit son expédition avec sa famille et ses plus proches compagnons, la plupart de ceux qui l'ont rejoint en route le désertant[16]. Le 10 octobre 680, UbaidAllah Ibn Ziad ordonne à Umar Ibn Saad d'aller à la rencontre d'Al Hussein avec son armée. La jonction de l'armée forte de 4 000 hommes (majoritairement koufis) et des 40 fantassins et 32 cavaliers d'Al Hussein se fera à Karbala.
74
+
75
+ Al-Ḥusayn fut massacré avec sa famille et ses hommes à la bataille de Kerbala par les armées omeyyades. Kerbala qui voit le califat sunnite triompher et pulvérise les ambitions dynastiques de la famille du Prophète est devenu l'épisode fondateur du chiisme[17].
76
+
77
+ L'unique survivant masculin de Hussein, l’imam Ali Zayn al-Abidin, de ce fait, était aussi reconnu comme le dépositaire du savoir divin. Durant sa vie, il ne prit part à aucune action politique. L’imam Muhammad al-Baqir jouissait d’un rôle prestigieux. De plus, son rôle en tant qu’imam de la jeune communauté chiite était crucial car la communauté vivait de multiples scissions. Il était un érudit qui était versé dans toutes les connaissances aussi bien religieuses (Coran, sunnah, hadith, etc.) que philosophiques et scientifiques.
78
+
79
+ Le destin tragique de Hussein secoue une partie de la conscience musulmane et provoque une détermination à combattre jusqu'au bout pour un idéal de pouvoir juste et respectueux des principes fondamentaux de l'islam. Le martyre devient un symbole de la lutte contre l'injustice, selon le credo chiite. Le cœur du chiisme est dans ce massacre.
80
+
81
+ La scission entre les futurs chiites duodécimains et les ismaéliens, les deux plus grands groupes de ce courant, eut lieu à la mort du 6e Imam Jafar as-Sadiq, descendant d'Ali (donc aussi de Fatima et par là de Mahomet) et d'Abou Bakr, en l’an 765. Le chiisme se divise ainsi en six groupes distincts[18]. Une autre faction, la fathiyya, soutenait Abdallah ibn Jaafar comme imam. Après la mort de celui-ci, elle se rallie en majorité au futur chiisme duodécimain[19]. Cependant, une autre secte se sépara du futur chiisme duodécimain. Il s'agit de la waqfiyya. Ses adeptes considèrent que Moussa ibn Jaafar est l'imam caché[20].
82
+
83
+ Pendant plus de huit siècles, les chiites sont écartés des pouvoirs politiques jusqu'au début du XVIe siècle, à l'exception notable du califat des Fatimides (des ismaéliens) en Afrique du Nord du Xe au XIIe siècle et de la tutelle des Bouyides sur le califat abbasside de 932 à 1055. En Perse, la dynastie des Séfévides accède au pouvoir avec Ismail Ier qui fait du chiisme la religion d'État de l'Iran en 1502, afin de se démarquer du monde arabe (l'empire mamelouk) et des Ottomans à l'ouest, défenseurs du sunnisme. Les zaïdites, qui se sont détachés des autres chiites dès le milieu du VIIIe siècle, prennent brièvement le pouvoir au Tabaristan et plus durablement au Yémen au cours du IXe siècle. Les ismaéliens nizarites (ou secte des Assassins, dissidence des Fatimides) contrôlent un réseau de forteresses en Perse et en Syrie, dont le principal est à Alamout, du XIe au XIIIe siècle.
84
+
85
+ Dans les textes médiévaux, les chiites sont souvent appelés péjorativement sous le nom de râfidhites[21] (en arabe : rāfiḍ, رافض, (pl.) rawāfiḍ روا��ض, « celui qui refuse », ou rāfiḍī, رافضي, « refuser »), dont la communauté est appelée rāfiḍiy, ceux qui refusent les trois premiers califes (Abu Bakhr, Omar et Othman).
86
+
87
+ De nos jours, le chef de la communauté musulmane est, pour les sunnites, le calife : un homme ordinaire, élu par d'autres hommes dans la communauté des fidèles. Leur système religieux est moins hiérarchisé que celui des chiites. Depuis leur sécession, ceux-ci (ceux qui « prennent le parti d'Ali ») accordent beaucoup plus d'importance à leurs dirigeants religieux que les sunnites ; ils considèrent que la communauté musulmane ne peut être dirigée que par les descendants de la famille de Mahomet, des imams qui tirent directement leur autorité de Dieu.
88
+
89
+ Les doctrines chiites sont basées sur le Coran et sur les écrits ou les paroles des imams ou des compagnons de Mahomet. Ce corpus de textes qui vient s’ajouter au Coran pour définir les dogmes musulmans s’appellent les hadiths.
90
+
91
+ En tant que mouvement musulman, le chiisme reconnaît l'unicité divine, les textes sacrés du Coran, Mahomet, les cinq obligations fondamentales, le jugement dernier et la résurrection.
92
+
93
+ Les ismaéliens nizârites ont un guide spirituel reconnu, l'Aga Khan IV. Les mustaliens obéissent à un da'i représentant de l'imam occulté. Les duodécimains en reconnaissent plusieurs, appelés des ayatollahs ou Marjaâ : chaque fidèle peut choisir le sien, suivre ses enseignements et lui verser sa dîme (khûms et zakat).
94
+
95
+ Le chiisme accorde une affection particulière aux imams martyrs, Ali, Hassan et surtout Hussein, célébrés aux commémorations de deuil de Mouharram.
96
+
97
+ Certains chiites prient en posant leur front sur un petit disque plat d'environ 6 à 8 cm de diamètre d'argile propre, qu'on appelle un mohr, car les chiites refusent de poser le front sur des fibres animales ou synthétiques lors de la prière puisqu'il est écrit de poser le front sur la terre d'Allah pendant la prière. Certains mohrs sont faits de la terre de La Mecque ou de celle de Kerbala.
98
+
99
+ Les chiites considèrent la justice comme étant l'un des fondements de la religion (usûl al-dîn) qui sont par ordre d’importance : l’unicité divine (Tawhîd), la justice (`Adl), la prophétie (Nubuwwa), l’imamat et le jour du jugement (Ma'ad). Elle fait partie du dessein divin.
100
+
101
+ Les tenants de la justice, en l'occurrence les mutazilites et les chiites, ont soutenu que l’intellect (`aql) humain joue un rôle déterminant dans les décisions. L’intellect humain qui, indépendamment de toute instruction, possède une connaissance intuitive du bien et du mal. On ne peut attribuer le mal à Dieu, car il est sage et cet attribut est contraire à sa nature.
102
+
103
+ Les tenants de la justice ont établi une série de règles et c'est dans ces règles qu'ils ont fondé la question de la contrainte (jabr) et du libre choix (ikhtiyâr), laquelle est l'une des questions les plus ardues dans la théologie islamique[22].
104
+
105
+ Les chiites pensent que la sunnah découle des traditions orales énoncées par Mahomet et de leur interprétation par les imams — qui étaient les descendants de Mahomet par sa fille Fatima Zahra et son mari Ali étant lui-même le premier imam selon eux. En revanche, pour les sunnites, la sunnah réunit les paroles, les actions de Mahomet, ainsi que les actions d'autrui qu'il a agréées. Il n'existe pas d'interprétation infaillible par des imams pour les sunnites.
106
+
107
+ Ils accordent de l’importance à l’interprétation de la révélation divine qui est un processus continu, nécessaire pour se conformer selon le Coran. Les sunnites croient eux aussi qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths. Cependant ils préfèrent accorder une plus grande importance aux savants tels Ahmad Ibn Hanbal, Abou Hanîfa, Mâlik ibn Anas et Al-Chafii, qui ne sont pas infaillibles. Abu Hanifa et Malik étaient des élèves du 6e imam Ja'far al-Sâdiq. Les penseurs chiites considèrent actuellement que l'ijtihad existe toujours, et qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths avec la même autorité que leurs prédécesseurs tout en sachant qu'ils ne sont pas infaillibles tels les Imams. Les savants sunnites considèrent eux aussi que l'ijtihad existe, mais il est réservé aux savants qui maîtrisent suffisamment la tradition des savants antérieurs. Dans le sunnisme, l'ijtihad a été interdit entre le XIe et le XIXe siècle.
108
+
109
+ La loi religieuse (charia) étant fondée partiellement sur les hadiths, le fait que les chiites et les sunnites ne s’accordent pas sur la validité des mêmes hadîths entraîne des différences dans les traditions religieuses, donc dans la jurisprudence.
110
+
111
+ En islam sunnite, l'imam est le desservant d'une mosquée. Dans la terminologie de l'islam chiite, le mot imam prend une acception éminente, réservée aux descendants de Fatima Al Zahra. Les différentes branches du chiisme divergent sur le nombre et la succession de ces imams.
112
+
113
+ Dieu ne peut admettre que les hommes aillent à leur perte, donc leur a envoyé les prophètes pour les guider. Mais la mort de Mahomet met fin à la lignée des prophètes. Il faut un garant spirituel de la conduite des hommes, qui est une preuve de la véracité de la religion et qui dirige la communauté. L'imam doit remplir un certain nombre de conditions : être instruit de la religion, être juste, exempt de défauts, donc être le plus parfait de son temps. Son investiture divine est confirmée par le Prophète, puis par l'imam précédent.
114
+
115
+ À l'inverse des sunnites, les chiites exigent donc que la communauté musulmane soit dirigée uniquement par un descendant de la famille de Mahomet (ahl al-bayt). Cette revendication n’avait à l’origine qu’un aspect politique, mais au fil du temps elle prit une importance fondamentale dans la théologie chiite. La conception de l’imamat des chiites est foncièrement opposée à celle du califat admise par la majorité des musulmans. L’imamat, incarnant à la fois le pouvoir temporel et spirituel et inauguré par Ali, est considéré comme la succession du cycle de la prophétie définitivement bouclé par le dernier prophète Mahomet. L’imam, qui ne peut être qu’un descendant d'Ali, est la preuve de Dieu (Hujjat Allâh) sur terre, le gardien du sens caché de la révélation et il est un guide impeccable (ma‘sûm) pour la communauté.
116
+
117
+ Pour les chiites, les imams sont les guides, les mainteneurs du Livre[23]. Leur légitimité n'est pas due à leur descendance charnelle du Prophète, mais à leur héritage spirituel, ils ont une connaissance « par le cœur » du Coran, en expliquant l'ésotérique (batin) aux fidèles. L'imam tire son autorité de Dieu, il est donc impeccable. Selon les chiites, la succession est héréditaire. Mais toutes les tendances ne sont pas d'accord sur la ligne de succession.
118
+
119
+ Des divergences à propos de la succession de certains Imâms furent en grande partie à l’origine de l’éclatement du chiisme en d’innombrables groupes. Trois grandes tendances forment l’essentiel du monde chiite d'aujourd'hui : le chiisme duodécimain, le chiisme septimain, dit aussi ismaélien, et les zaïdites.
120
+
121
+ Le chiisme duodécimain est majoritaire en Irak (qui a sur son territoire plusieurs villes saintes dont Kerbala), en Iran où le chiisme est religion d'État, ainsi que parmi les musulmans du Liban. Ils ont été reconnus musulmans par l'Institut Al-Azhar du Caire, la plus connue des autorités sunnites du monde.
122
+
123
+ Pour les duodécimains, depuis l'occultation (ghayba) du douzième imâm, les hommes ne peuvent pas se réclamer d'une autre autorité et ils sont donc libres par rapport au pouvoir temporel en place. Il y a donc une séparation du spirituel et du temporel.
124
+
125
+ Les autres membres de la communauté se contentent d’imitation (taqlîd) et d’une lecture littérale du Coran. Vision idéaliste de la fin des temps, l'imam caché renvoie à une face cachée de la révélation. Il faut faire un effort pour arriver à trouver et à comprendre l'ésotérique, au-delà de ce qui est visible.
126
+
127
+ Actuellement, pour le courant majoritaire du chiisme duodécimain, le douzième successeur de Mahomet, al-Mahdî, disparaît en 874 : c'est l'occultation. Ce phénomène surnaturel d'occultation va permettre de mettre un terme à la question du pouvoir temporel, et donne une dimension eschatologique et religieuse très forte.
128
+
129
+ Les duodécimains admettent dorénavant passivement l'ordre politique car le douzième imam reviendra à la fin des temps et retrouvera son règne. En son attente, aucun pouvoir n'est vraiment légitime, mais le croyant doit attendre le retour de l'imam tout en faisant des efforts pour s'améliorer spirituellement.
130
+
131
+ On peut noter que la révolution iranienne de 1979 a en partie rompu avec cette attente en voulant mettre en place un régime religieux et politique juste avant le retour de l'imam, ce qui a été rejeté par certaines tendances théologiques du chiisme duodécimain.
132
+
133
+ Les figures importantes du chiisme imamite (majoritaire) sont les différents auteurs de référence tels qu'Al-Kouleini, Al-Majlissi, et plus récemment, Al-Khu'i, Ali al-Sistani, Khomeini, etc.
134
+
135
+ La scission entre chiites duodécimains et chiites ismaéliens a lieu à la mort de Ja`far as-Sâdiq en l’an 765. Ismâ`il, l’aîné des fils d’al-Sâdiq, a été désigné par son père pour lui succéder est mort avant son père. La majorité des ismaéliens pensent donc que l'imamat a été transféré à son fils Muhammad ibn Ismâ`îl. La majorité des ismaéliens sont nizârites et ont un imam vivant, l'Aga Khan. Pour les ismaéliens, avoir un imam vivant et existant (non occulté) est une preuve que le vrai imamat est celui d'Ismaël.
136
+
137
+ Le zaydisme est une variante du chiisme qui se différencie fortement du chiisme duodécimain majoritaire en Iran ou en Irak. Il présente de fait davantage de ressemblances doctrinales avec le sunnisme qu'avec le chiisme : ainsi les zaydites n'ont pas d'ayatollahs et ne maudissent pas les califes sunnites.
138
+
139
+ C'est la raison pour laquelle, ils sont considérés par les chiites les plus rigoureux comme une cinquième colonne du sunnisme[24], et par les sunnites les plus ouverts comme une école de jurisprudence acceptable bien que critiquable sous certains aspects théologiques.
140
+
141
+ Les chiites sont divisés en plusieurs courants.
142
+
143
+ Aujourd'hui, l'Iran est le grand centre du chiisme mais ce courant de l'islam existe aussi ailleurs, il n'est donc pas la version iranienne de l'islam. Les chiites sont majoritaires en Iran, Bahreïn, Irak, Azerbaïdjan et ils constituent une minorité importante dans une quinzaine d'autres pays[4].
144
+
145
+ D'après une étude de 2009 du Pew Research Center[4]. Ne sont présents dans le tableau que les pays ayant une population chiite représentant approximativement plus de 1 % de la population chiite mondiale estimée entre 154 et 200 millions.
146
+
147
+ Les pourcentages sont issus d'une étude de 2009 du Pew Research Center, et donnent la proportion de chiites parmi la population musulmane[4].
148
+
149
+ Tous les musulmans, sunnites ou chiites, sauf les alévis en Turquie, célèbrent les fêtes annuelles suivantes :
150
+
151
+ Les fêtes suivantes sont célébrées uniquement par les chiites :
fr/1071.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,151 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le chiisme (ou shî'isme[1]) constitue l'une des deux principales branches de l’islam, l'autre étant le sunnisme.
4
+
5
+ Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans. La première communauté chiite vit en Iran, où elle constitue 90 % de la population du pays, et environ 40 % de la population chiite mondiale[2],[3],[4]. Le reste des musulmans chiites se répartit principalement en Irak, en Azerbaïdjan, au Pakistan, en Inde, à Bahreïn et au Liban.
6
+
7
+ Le mot chiisme dérive du terme shi'a (mot arabe) qui désigne à l’origine un groupe de partisans. Le terme « chiites » signifie « partisans, disciples, suiveurs ». Le Coran cite qu'une partie des serviteurs vertueux étaient les schi'a, ce mot étant traduit en français par « partisans » ou « disciples ».
8
+
9
+ « Paix sur Noé dans les mondes… Oui, et de ses partisans (traduit en arabe par 'schi'a') était Abraham, certes »
10
+
11
+ — Coran 37:79-83
12
+
13
+ « Or, entrant dans une ville à une heure d'inattention de ses habitants, [Moise] y trouva deux hommes qui se battaient, celui-ci de ses disciples [schi'a], celui-là de ses adversaires. Puis l'homme de ses partisans [schi'a] l'appela au secours contre l'homme de ses adversaires »
14
+
15
+ — Coran 28:15
16
+
17
+ Donc, officiellement, le mot « chi'ite » est un mot employé dans le Coran pour des prophètes renommés tout comme pour ceux qui les suivent.
18
+
19
+ Au commencement de l’histoire islamique, le terme « shî`ite » fut utilisé dans son sens originel ou littéral pour désigner des partisans de différentes personnes.
20
+
21
+ Le terme a acquis graduellement le sens secondaire de partisans d’Ali, ceux qui croient en son imamat. Dans son Al-Firaq al-Shî`ah, Hasan ibn Musa al-Nawbakhti, savant chiite, écrit :
22
+
23
+ « Les chiites sont les partisans d'Ali. Ils sont appelés « les chiites d'Ali » après la vie du Prophète et sont connus comme les partisans d'Ali et croient en son Imamat. Le Prophète a dit à 'Ali (a) : « Je jure par celui qui contrôle ma vie que cet homme (Ali) et ses Chi'ites seront sauvés le Jour de la Résurrection. » »
24
+
25
+ — Jalal al-Din al-Suyuti, Tafsir al-Durr al-Manthur, (Le Caire) vol. 6, p. 379
26
+
27
+ Le terme « chi'ites » est un adjectif utilisé par les musulmans qui suivent les Imams-Guides de la famille du Prophète (ahl al-bayt). Ils ne l'utilisent pas pour des raisons sectaires ou pour créer des divisions entre les musulmans. Ils l'utilisent parce que le Coran l'utilise et parce que Mahomet et les musulmans des premiers temps l'utilisèrent aussi.
28
+
29
+ Cheikh Moufid, un des premiers érudits chiites, définit les chiites comme étant ceux qui suivent Ali et voient en lui le successeur immédiat du prophète Mahomet. En expliquant pourquoi les chiites sont aussi appelés « Imàmîyah », il dit :
30
+
31
+ « C’est un titre pour ceux qui croient dans la nécessité de l’imamat et de sa continuité en tout âge, et que chaque Imâm doit être explicitement désigné, et doit aussi être impeccable et parfait. »
32
+
33
+ Muhammad al-Shahrastani, dans son Al-Milal wa al-Nihal, une source sur les différents groupes en islam, écrit :
34
+
35
+ « Les chiites sont ceux qui suivent Ali en particulier et qui croient en son imamat et califat selon les directives explicites et les volontés du prophète Mahomet. »
36
+
37
+ C’est une définition très précise, étant donné que les chiites eux-mêmes croient que la raison de suivre Ali est motivée par l’exigence du Prophète.
38
+
39
+ Ainsi, on peut dire que les chiites sont ceux qui ont les croyances suivantes sur la succession de Mahomet :
40
+
41
+ Selon Allameh Tabatabaei le chiisme naquit du vivant même du Prophète. D’après Allameh, ce terme a d’abord désigné les partisans d’Ali. L’avènement, puis l’extension de l’islam pendant les vingt-trois années de la prophétie rendirent nécessaire pour plusieurs raisons l’apparition parmi les compagnons du Prophète, d’un groupe tel que celui des Shi’ites[6].
42
+
43
+ Les chiites pensent que des personnes choisies parmi la famille de Mahomet (les imams) sont la meilleure source de connaissance à propos du Coran, de l'islam, de l'émulation (les successeurs de la mission prophétique après Mahomet) et les protecteurs les plus fervents de la sunnah de Mahomet. Une tradition prophétique (rapportée aussi bien par les sunnites que les chiites) le soutient : « Je suis la cité du savoir, Ali en est la porte. Celui qui veut le savoir ainsi que la sagesse qu'il passe donc par la porte[7] ». Il faut noter que le symbolisme de la porte est fréquent dans les différentes traditions initiatiques.
44
+
45
+ En particulier, les chiites reconnaissent la succession de Mahomet par Ali ibn Abi Talib (son cousin, gendre et un des premiers hommes à accepter l'islam — après Khadidja[8] et Abou Bakr — et aussi un des cinq membres de l'Ahl al-Bayt ou « la famille du prophète »). Au contraire, les musulmans sunnites reconnaissent le califat. Les chiites croient que Mahomet a désigné Ali comme son successeur en de nombreuses occasions, et qu'il est donc le guide spirituel des musulmans, selon la mission divine révélée à Mahomet.
46
+
47
+ Pour les chiites, la nomination d'Ali comme imam eut lieu dès le début de la Prophétie, fut maintes fois confirmée, et la dernière eut lieu le jour d'al-Ghâdir. La première nomination d'Ali eut lieu le jour où le Prophète réunit sa famille, les Banu Hashim, et les invita à accepter le nouveau message de l'Islam. Il s'adressa à eux en ces termes :
48
+
49
+ « « Ô fils d'Abdul Muttaleb, je ne connais pas de jeune homme parmi les Arabes qui ait apporté à son peuple meilleur que ce que je vous ai apporté. Je vous apporte le meilleur de la vie ici-bas et de l'au-delà. Allah m'a ordonné de vous convier à Lui. Lequel d'entre vous voudra bien m'assister, devenir mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous ? » Le silence régnait parmi le clan (…) Comme personne ne prenait la parole, Ali, alors âgé de 13 ans, se sentit obligé de prendre la parole et dit : « Je serai ton soutien, ô prophète d'Allah ». Le Prophète le prit par le cou et dit : « Voici mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous. Écoutez-le et obéissez-lui ». Les gens se levèrent moqueurs, et s'adressèrent ironiquement à Abi Taleb : « Il t'ordonne d'écouter et d'obéir à ton fils[9] ». »
50
+
51
+ Tous les historiens sunnites rapportent et acceptent cette tradition, mais ils n'en interprètent pas la portée au-delà de la famille du Prophète.
52
+
53
+ La dernière nomination d'Ali a eu lieu le jour d'al-Ghadîr, après le pèlerinage de l'adieu, lorsque Mahomet annonça solennellement et devant des milliers de pèlerins l'un de ses plus importants discours :
54
+
55
+ « Celui dont je suis l'allié/le maître (mawla), Ali est aussi l'allié/le maître[10]. Mon Dieu, sois l'ami de celui qui s'allie à lui et sois l'ennemi de celui qui le prend comme ennemi[11]. »
56
+
57
+ Les sunnites interprètent le terme polysémique mawla comme signifiant « ami », et les chiites l'interprètent comme signifiant maître. Cette différence entre la reconnaissance du pouvoir prioritaire de l'ahl al-bayt (la famille de Mahomet) ou du calife Abou Bakr a modelé les doctrines chiites et sunnites à propos du Coran, des hadiths et d'autres points. Les chiites, pour justifier la nécessité de l'allégeance à la maisonnée du Prophète, invoquent notamment le hadith dit al-thaqalayn, rapporté par des sources sunnites dont le Sahih Muslim : « Je suis sur le point de mourir, mais je vous laisse deux choses précieuses, la première étant le livre d'Allah, et la seconde étant les membres de ma famille (ahlou bayti). Je vous rappelle instamment vos devoirs envers mes ahl al bayt[12]. »
58
+
59
+ Selon les chiites, le Prophète a désigné explicitement Ali comme son Successeur (Imâm ou Calife), qui assumera la responsabilité à la fois de gérer l’empire et de guider les croyants dans leur vie spirituelle après trois autres califes. Aurait-il dû être choisi plus tôt ? « En effet, comme le remarquera Jean-Paul Roux, il ne manque pas de titres. Il est cousin du Prophète : son père a élevé Mahomet quand celui-ci est devenu orphelin ; il est l'un des premiers convertis ; il a épousé Fâtima, fille de Mahomet et, par elle, à lui qui n'avait pas de fils, il a donné ses deux seuls petits-enfants mâles, Hasan et Hussein. »
60
+
61
+ En dehors des considérations sur le califat, les chiites reconnaissent l'autorité de l'imam (aussi appelé Hujjat Allâh, argument ou preuve de Dieu) en tant qu'autorité religieuse, bien que les différentes branches de l'islam chiite ne soient pas d'accord sur la succession de cet imam et de son successeur (les duodécimains, ismaéliens ou zaydites par exemple).
62
+
63
+ Selon la tradition musulmane, sur le chemin de retour de son pèlerinage d'adieu, Mahomet fit une halte à mi-chemin entre La Mecque et Médine au lieu-dit Ghadir Khumm. Là, au cours d'un sermon, Mahomet annonça sa fin prochaine. Dans le hadith, dit Hadith de Ghadir Khumm, rapporté par Muslim deux siècles plus tard, Mahomet aurait dit qu'il laissait derrière lui deux choses importantes : la première c'est le livre de Dieu (Le Coran) et la seconde ce sont les ahl al-bayt ou « gens de la maison du Prophète ».
64
+
65
+ À sa mort en 632, Mahomet était le chef de l'oumma et d'un territoire devenu un important État en seulement quelques années. La question de sa succession fut à l’origine du premier grand schisme entre les musulmans. Pendant qu'Ali et les membres de la famille du Prophète étaient occupés à préparer ses funérailles, certains ansârs, rejoints par Abou Bakr et Omar ibn al-Khattâb, se réunirent pour désigner le successeur. Après une courte discussion, la majorité des compagnons présents (à l'exception de deux d'entre eux) désignèrent Abou Bakr premier calife. Quelque temps plus tard, selon certaines versions, ces deux compagnons, ainsi qu'Ali, vinrent à la mosquée où s'étaient réunis les compagnons, à leur tête Abou Bakr, et lui ont prêté allégeance[13]. Mais selon Bukhari, Ali ne prêtera allégeance au calife que six mois plus tard[14].
66
+
67
+ À sa mort, Abou Bakr décida de désigner son successeur. Le deuxième calife — Omar ibn al-Khattab — désigna, à son tour, un conseil de six personnes (dont Ali faisait partie) pour choisir en son sein le prochain calife. Uthman ben Affan, nommé troisième calife, fut assassiné en 656, à la suite d'une révolte. Ali fut, ensuite, désigné à la tête de la communauté. Malgré ses titres et ses exploits, son califat se déroula dans le tumulte : une partie du clan des Omeyyades (lié au défunt calife Utman) et la veuve de Mahomet Aïcha, réclamèrent à Ali la punition des meurtriers de Uthman ben Affan. Ali mena donc une bataille contre l'armée d'Aïcha, Talha et Zubair (bataille du chameau), puis une autre contre Muawiya qui fut nommée la bataille de Siffîn — sur les rives de l'Euphrate — en 658. Ali était sur le point de l'emporter quand les troupes de Muawiya brandirent des feuillets du Coran au bout de leurs épées et réclamèrent un arbitrage, qu'Ali accepta malgré lui. Une partie des hommes d'Ali — qui sont devenus plus tard les kharidjites — se révoltèrent, reprochant à Ali d'avoir consenti à la procédure de l'arbitrage exigée par les troupes de Muawiya. Cette révolte fut fortement réprimée par Ali et la majorité des khârijites mourut à la bataille de Nahrawân ; trois de leurs survivants voulurent se venger. L'un en tentant d'assassiner Muawiya, en vain. Un autre en tentant d'assassiner Amr Ibn al-Ass, mais il n'y parvint pas. Et le troisième en assassinant Ali, en 661, avec une épée enduite de poison, alors qu’il faisait sa prière dans la mosquée.
68
+
69
+ Ce conflit de succession a engendré une scission fondamentale au sein de l'islam : d'une part, les chiites reconnaissent Ali comme premier successeur légitime de Mahomet. Avec ses deux fils — Hassan et Hussein — qui lui succédèrent, a commencé pour les chiites la lignée des imams. De l'autre, les sunnites majoritaires ne voient en Ali que le quatrième calife. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants reposent donc sur une querelle de succession. Ces courants religieux se sont donc construits sur un socle politique.
70
+
71
+ Le sunnisme vient du mot sunna, c'est-à-dire la tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Ils considèrent que le Coran (la parole divine) a été révélé et que l'univers et l'histoire sont prédéterminés. Être sunnite revient davantage à perpétuer mimétiquement la tradition de Mahomet, à travers les législations et pratiques des premiers califes et des compagnons du Prophète dans leur ensemble ; selon ce courant, le cycle de la prophétie s'est clos avec lui. Les chiites affirment également suivre la sunna du Prophète, mais ils rejettent la législation des premiers califes et de certains compagnons, qui a selon eux gravement altéré la véritable sunna du Prophète ; pour eux, celle-ci n'est authentiquement sauvegardée qu'à travers la législation et la pratique d'Ali et des imams de sa descendance. Ceux-ci ne jouissent pas de nouvelles révélations, la prophétie étant close avec Mahomet, mais ils connaissent et transmettent ses enseignements. Cette divergence est due à une interprétation différente d'un hadith du Prophète qui invitait les musulmans à suivre « sa sunna et la sunna des califes bien-guidés après lui », les sunnites considérant qu'il s'agit là d'une invitation à suivre les quatre premiers califes et les compagnons dans leur ensemble, les chiites pensant au contraire qu'il s'agit des imams de la descendance d'Ali. Le chiisme pratique la méthode du kalam (raisonnement déductif), qui insiste sur le raisonnement, l'argumentation, le libre arbitre et le caractère créé du Coran, ce dernier point étant à l'opposé du sunnisme. Les chiites croient aussi en la liberté de la volonté individuelle, comme une partie du monde sunnite. L'existence dépend de la présence d'un imam, vivant intercesseur entre le monde spirituel et temporel, entre Mahomet et les croyants. L'imam est doté de la connaissance (du visible et de l'invisible) et de l'infaillibilité. Le Coran a un sens évident et un sens caché qu'il faut étudier, et que les imams sont chargés de transmettre aux fidèles. Cette importance accordée à l'imam n'a pas d'équivalent dans le sunnisme et explique l'organisation, la hiérarchisation et l'autorité du clergé chiite (par exemple, en Iran). Le chiisme attend et prépare l'arrivée du Mahdi, qui comblera la terre de justice et d'équité autant qu'elle était remplie d'injustice et de tyrannie.
72
+
73
+ À la mort d'Ali, les chiites ont reconnu son fils Hasan comme successeur au califat. Pour les ismaéliens, Hasan a été désigné comme imam temporaire (Imâm-i mustawda`) alors que Hussein était effectivement l’imam permanent (Imâm-i mustaqarr). Hassan accepta le califat de Muawiya, vécut paisiblement à Médine ; mais il posa au calife deux conditions : vous devez m’obéir pour faire la guerre ou contracter la paix, et remettre le califat aux descendants du Prophète à votre mort[15]. Il envoya des émissaires en secret pour négocier une reddition honorable avec Muawiya. Les conditions étaient telles que ce sera Hassan qui succèdera à Muawiya après sa mort. Quelques années plus tard, en 670, Hassan meurt. Le second fils d'Ali, l’imam Hussein, rompit avec la dynastie ommeyade dès que Muawiya associa au pouvoir son fils Yazîd Ier en 678. Après que toute l'Ummah à l'exception d'Abd Allah ibn Al Zubayr et Al Hussein, eut prêté allégeance à Yazid, les deux dissidents se réfugièrent à La Mecque. Hussein reçut des lettres de la ville irakienne d'Al Kufa, lui promettant 18 000 combattants, Hussein dépêcha son cousin Muslim Ibn Aqil. Prévenu par ses partisans, Yazid destitua le gouverneur mou d'Al Kufa, Nuuman Ibn AlBachir, et le remplaça par son cousin intraitable UbaidAllah Ibn Ziad. Celui-ci avec 20 soldats et 10 nobles assiégés dans le palais du gouvernorat, réussit à casser la volonté des koufis par des promesses d'argent ou de destruction. La nuit-même, Muslim fut abandonné par les chiites et erra dans les ruelles d'Al Koufa. Humilié et effaré, il sera hébergé par une vieille femme, sera dénoncé par le fils de celle-ci et exécuté par Ubaid Allah. Entretemps, décidé à rejoindre ces troupes promises et contre l'avis d'Ibn Umar l'appelant à l'obéissance, Ibn Abbas, à plus de préparation militaire, d'Ibn Zubayr, désirant garder un allié de poids à La Mecque, Al Hussein partit avec 72 hommes de sa famille et partisans ainsi que toute sa famille élargie (femmes et enfants), et il est rejoint sur la route par de nombreux musulmans. Apprenant la mort d'Ibn Aqil en cours de route, Al Hussein en informe ses compagnons et poursuit son expédition avec sa famille et ses plus proches compagnons, la plupart de ceux qui l'ont rejoint en route le désertant[16]. Le 10 octobre 680, UbaidAllah Ibn Ziad ordonne à Umar Ibn Saad d'aller à la rencontre d'Al Hussein avec son armée. La jonction de l'armée forte de 4 000 hommes (majoritairement koufis) et des 40 fantassins et 32 cavaliers d'Al Hussein se fera à Karbala.
74
+
75
+ Al-Ḥusayn fut massacré avec sa famille et ses hommes à la bataille de Kerbala par les armées omeyyades. Kerbala qui voit le califat sunnite triompher et pulvérise les ambitions dynastiques de la famille du Prophète est devenu l'épisode fondateur du chiisme[17].
76
+
77
+ L'unique survivant masculin de Hussein, l’imam Ali Zayn al-Abidin, de ce fait, était aussi reconnu comme le dépositaire du savoir divin. Durant sa vie, il ne prit part à aucune action politique. L’imam Muhammad al-Baqir jouissait d’un rôle prestigieux. De plus, son rôle en tant qu’imam de la jeune communauté chiite était crucial car la communauté vivait de multiples scissions. Il était un érudit qui était versé dans toutes les connaissances aussi bien religieuses (Coran, sunnah, hadith, etc.) que philosophiques et scientifiques.
78
+
79
+ Le destin tragique de Hussein secoue une partie de la conscience musulmane et provoque une détermination à combattre jusqu'au bout pour un idéal de pouvoir juste et respectueux des principes fondamentaux de l'islam. Le martyre devient un symbole de la lutte contre l'injustice, selon le credo chiite. Le cœur du chiisme est dans ce massacre.
80
+
81
+ La scission entre les futurs chiites duodécimains et les ismaéliens, les deux plus grands groupes de ce courant, eut lieu à la mort du 6e Imam Jafar as-Sadiq, descendant d'Ali (donc aussi de Fatima et par là de Mahomet) et d'Abou Bakr, en l’an 765. Le chiisme se divise ainsi en six groupes distincts[18]. Une autre faction, la fathiyya, soutenait Abdallah ibn Jaafar comme imam. Après la mort de celui-ci, elle se rallie en majorité au futur chiisme duodécimain[19]. Cependant, une autre secte se sépara du futur chiisme duodécimain. Il s'agit de la waqfiyya. Ses adeptes considèrent que Moussa ibn Jaafar est l'imam caché[20].
82
+
83
+ Pendant plus de huit siècles, les chiites sont écartés des pouvoirs politiques jusqu'au début du XVIe siècle, à l'exception notable du califat des Fatimides (des ismaéliens) en Afrique du Nord du Xe au XIIe siècle et de la tutelle des Bouyides sur le califat abbasside de 932 à 1055. En Perse, la dynastie des Séfévides accède au pouvoir avec Ismail Ier qui fait du chiisme la religion d'État de l'Iran en 1502, afin de se démarquer du monde arabe (l'empire mamelouk) et des Ottomans à l'ouest, défenseurs du sunnisme. Les zaïdites, qui se sont détachés des autres chiites dès le milieu du VIIIe siècle, prennent brièvement le pouvoir au Tabaristan et plus durablement au Yémen au cours du IXe siècle. Les ismaéliens nizarites (ou secte des Assassins, dissidence des Fatimides) contrôlent un réseau de forteresses en Perse et en Syrie, dont le principal est à Alamout, du XIe au XIIIe siècle.
84
+
85
+ Dans les textes médiévaux, les chiites sont souvent appelés péjorativement sous le nom de râfidhites[21] (en arabe : rāfiḍ, رافض, (pl.) rawāfiḍ روا��ض, « celui qui refuse », ou rāfiḍī, رافضي, « refuser »), dont la communauté est appelée rāfiḍiy, ceux qui refusent les trois premiers califes (Abu Bakhr, Omar et Othman).
86
+
87
+ De nos jours, le chef de la communauté musulmane est, pour les sunnites, le calife : un homme ordinaire, élu par d'autres hommes dans la communauté des fidèles. Leur système religieux est moins hiérarchisé que celui des chiites. Depuis leur sécession, ceux-ci (ceux qui « prennent le parti d'Ali ») accordent beaucoup plus d'importance à leurs dirigeants religieux que les sunnites ; ils considèrent que la communauté musulmane ne peut être dirigée que par les descendants de la famille de Mahomet, des imams qui tirent directement leur autorité de Dieu.
88
+
89
+ Les doctrines chiites sont basées sur le Coran et sur les écrits ou les paroles des imams ou des compagnons de Mahomet. Ce corpus de textes qui vient s’ajouter au Coran pour définir les dogmes musulmans s’appellent les hadiths.
90
+
91
+ En tant que mouvement musulman, le chiisme reconnaît l'unicité divine, les textes sacrés du Coran, Mahomet, les cinq obligations fondamentales, le jugement dernier et la résurrection.
92
+
93
+ Les ismaéliens nizârites ont un guide spirituel reconnu, l'Aga Khan IV. Les mustaliens obéissent à un da'i représentant de l'imam occulté. Les duodécimains en reconnaissent plusieurs, appelés des ayatollahs ou Marjaâ : chaque fidèle peut choisir le sien, suivre ses enseignements et lui verser sa dîme (khûms et zakat).
94
+
95
+ Le chiisme accorde une affection particulière aux imams martyrs, Ali, Hassan et surtout Hussein, célébrés aux commémorations de deuil de Mouharram.
96
+
97
+ Certains chiites prient en posant leur front sur un petit disque plat d'environ 6 à 8 cm de diamètre d'argile propre, qu'on appelle un mohr, car les chiites refusent de poser le front sur des fibres animales ou synthétiques lors de la prière puisqu'il est écrit de poser le front sur la terre d'Allah pendant la prière. Certains mohrs sont faits de la terre de La Mecque ou de celle de Kerbala.
98
+
99
+ Les chiites considèrent la justice comme étant l'un des fondements de la religion (usûl al-dîn) qui sont par ordre d’importance : l’unicité divine (Tawhîd), la justice (`Adl), la prophétie (Nubuwwa), l’imamat et le jour du jugement (Ma'ad). Elle fait partie du dessein divin.
100
+
101
+ Les tenants de la justice, en l'occurrence les mutazilites et les chiites, ont soutenu que l’intellect (`aql) humain joue un rôle déterminant dans les décisions. L’intellect humain qui, indépendamment de toute instruction, possède une connaissance intuitive du bien et du mal. On ne peut attribuer le mal à Dieu, car il est sage et cet attribut est contraire à sa nature.
102
+
103
+ Les tenants de la justice ont établi une série de règles et c'est dans ces règles qu'ils ont fondé la question de la contrainte (jabr) et du libre choix (ikhtiyâr), laquelle est l'une des questions les plus ardues dans la théologie islamique[22].
104
+
105
+ Les chiites pensent que la sunnah découle des traditions orales énoncées par Mahomet et de leur interprétation par les imams — qui étaient les descendants de Mahomet par sa fille Fatima Zahra et son mari Ali étant lui-même le premier imam selon eux. En revanche, pour les sunnites, la sunnah réunit les paroles, les actions de Mahomet, ainsi que les actions d'autrui qu'il a agréées. Il n'existe pas d'interprétation infaillible par des imams pour les sunnites.
106
+
107
+ Ils accordent de l’importance à l’interprétation de la révélation divine qui est un processus continu, nécessaire pour se conformer selon le Coran. Les sunnites croient eux aussi qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths. Cependant ils préfèrent accorder une plus grande importance aux savants tels Ahmad Ibn Hanbal, Abou Hanîfa, Mâlik ibn Anas et Al-Chafii, qui ne sont pas infaillibles. Abu Hanifa et Malik étaient des élèves du 6e imam Ja'far al-Sâdiq. Les penseurs chiites considèrent actuellement que l'ijtihad existe toujours, et qu'ils peuvent interpréter le Coran et les hadiths avec la même autorité que leurs prédécesseurs tout en sachant qu'ils ne sont pas infaillibles tels les Imams. Les savants sunnites considèrent eux aussi que l'ijtihad existe, mais il est réservé aux savants qui maîtrisent suffisamment la tradition des savants antérieurs. Dans le sunnisme, l'ijtihad a été interdit entre le XIe et le XIXe siècle.
108
+
109
+ La loi religieuse (charia) étant fondée partiellement sur les hadiths, le fait que les chiites et les sunnites ne s’accordent pas sur la validité des mêmes hadîths entraîne des différences dans les traditions religieuses, donc dans la jurisprudence.
110
+
111
+ En islam sunnite, l'imam est le desservant d'une mosquée. Dans la terminologie de l'islam chiite, le mot imam prend une acception éminente, réservée aux descendants de Fatima Al Zahra. Les différentes branches du chiisme divergent sur le nombre et la succession de ces imams.
112
+
113
+ Dieu ne peut admettre que les hommes aillent à leur perte, donc leur a envoyé les prophètes pour les guider. Mais la mort de Mahomet met fin à la lignée des prophètes. Il faut un garant spirituel de la conduite des hommes, qui est une preuve de la véracité de la religion et qui dirige la communauté. L'imam doit remplir un certain nombre de conditions : être instruit de la religion, être juste, exempt de défauts, donc être le plus parfait de son temps. Son investiture divine est confirmée par le Prophète, puis par l'imam précédent.
114
+
115
+ À l'inverse des sunnites, les chiites exigent donc que la communauté musulmane soit dirigée uniquement par un descendant de la famille de Mahomet (ahl al-bayt). Cette revendication n’avait à l’origine qu’un aspect politique, mais au fil du temps elle prit une importance fondamentale dans la théologie chiite. La conception de l’imamat des chiites est foncièrement opposée à celle du califat admise par la majorité des musulmans. L’imamat, incarnant à la fois le pouvoir temporel et spirituel et inauguré par Ali, est considéré comme la succession du cycle de la prophétie définitivement bouclé par le dernier prophète Mahomet. L’imam, qui ne peut être qu’un descendant d'Ali, est la preuve de Dieu (Hujjat Allâh) sur terre, le gardien du sens caché de la révélation et il est un guide impeccable (ma‘sûm) pour la communauté.
116
+
117
+ Pour les chiites, les imams sont les guides, les mainteneurs du Livre[23]. Leur légitimité n'est pas due à leur descendance charnelle du Prophète, mais à leur héritage spirituel, ils ont une connaissance « par le cœur » du Coran, en expliquant l'ésotérique (batin) aux fidèles. L'imam tire son autorité de Dieu, il est donc impeccable. Selon les chiites, la succession est héréditaire. Mais toutes les tendances ne sont pas d'accord sur la ligne de succession.
118
+
119
+ Des divergences à propos de la succession de certains Imâms furent en grande partie à l’origine de l’éclatement du chiisme en d’innombrables groupes. Trois grandes tendances forment l’essentiel du monde chiite d'aujourd'hui : le chiisme duodécimain, le chiisme septimain, dit aussi ismaélien, et les zaïdites.
120
+
121
+ Le chiisme duodécimain est majoritaire en Irak (qui a sur son territoire plusieurs villes saintes dont Kerbala), en Iran où le chiisme est religion d'État, ainsi que parmi les musulmans du Liban. Ils ont été reconnus musulmans par l'Institut Al-Azhar du Caire, la plus connue des autorités sunnites du monde.
122
+
123
+ Pour les duodécimains, depuis l'occultation (ghayba) du douzième imâm, les hommes ne peuvent pas se réclamer d'une autre autorité et ils sont donc libres par rapport au pouvoir temporel en place. Il y a donc une séparation du spirituel et du temporel.
124
+
125
+ Les autres membres de la communauté se contentent d’imitation (taqlîd) et d’une lecture littérale du Coran. Vision idéaliste de la fin des temps, l'imam caché renvoie à une face cachée de la révélation. Il faut faire un effort pour arriver à trouver et à comprendre l'ésotérique, au-delà de ce qui est visible.
126
+
127
+ Actuellement, pour le courant majoritaire du chiisme duodécimain, le douzième successeur de Mahomet, al-Mahdî, disparaît en 874 : c'est l'occultation. Ce phénomène surnaturel d'occultation va permettre de mettre un terme à la question du pouvoir temporel, et donne une dimension eschatologique et religieuse très forte.
128
+
129
+ Les duodécimains admettent dorénavant passivement l'ordre politique car le douzième imam reviendra à la fin des temps et retrouvera son règne. En son attente, aucun pouvoir n'est vraiment légitime, mais le croyant doit attendre le retour de l'imam tout en faisant des efforts pour s'améliorer spirituellement.
130
+
131
+ On peut noter que la révolution iranienne de 1979 a en partie rompu avec cette attente en voulant mettre en place un régime religieux et politique juste avant le retour de l'imam, ce qui a été rejeté par certaines tendances théologiques du chiisme duodécimain.
132
+
133
+ Les figures importantes du chiisme imamite (majoritaire) sont les différents auteurs de référence tels qu'Al-Kouleini, Al-Majlissi, et plus récemment, Al-Khu'i, Ali al-Sistani, Khomeini, etc.
134
+
135
+ La scission entre chiites duodécimains et chiites ismaéliens a lieu à la mort de Ja`far as-Sâdiq en l’an 765. Ismâ`il, l’aîné des fils d’al-Sâdiq, a été désigné par son père pour lui succéder est mort avant son père. La majorité des ismaéliens pensent donc que l'imamat a été transféré à son fils Muhammad ibn Ismâ`îl. La majorité des ismaéliens sont nizârites et ont un imam vivant, l'Aga Khan. Pour les ismaéliens, avoir un imam vivant et existant (non occulté) est une preuve que le vrai imamat est celui d'Ismaël.
136
+
137
+ Le zaydisme est une variante du chiisme qui se différencie fortement du chiisme duodécimain majoritaire en Iran ou en Irak. Il présente de fait davantage de ressemblances doctrinales avec le sunnisme qu'avec le chiisme : ainsi les zaydites n'ont pas d'ayatollahs et ne maudissent pas les califes sunnites.
138
+
139
+ C'est la raison pour laquelle, ils sont considérés par les chiites les plus rigoureux comme une cinquième colonne du sunnisme[24], et par les sunnites les plus ouverts comme une école de jurisprudence acceptable bien que critiquable sous certains aspects théologiques.
140
+
141
+ Les chiites sont divisés en plusieurs courants.
142
+
143
+ Aujourd'hui, l'Iran est le grand centre du chiisme mais ce courant de l'islam existe aussi ailleurs, il n'est donc pas la version iranienne de l'islam. Les chiites sont majoritaires en Iran, Bahreïn, Irak, Azerbaïdjan et ils constituent une minorité importante dans une quinzaine d'autres pays[4].
144
+
145
+ D'après une étude de 2009 du Pew Research Center[4]. Ne sont présents dans le tableau que les pays ayant une population chiite représentant approximativement plus de 1 % de la population chiite mondiale estimée entre 154 et 200 millions.
146
+
147
+ Les pourcentages sont issus d'une étude de 2009 du Pew Research Center, et donnent la proportion de chiites parmi la population musulmane[4].
148
+
149
+ Tous les musulmans, sunnites ou chiites, sauf les alévis en Turquie, célèbrent les fêtes annuelles suivantes :
150
+
151
+ Les fêtes suivantes sont célébrées uniquement par les chiites :
fr/1072.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1073.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1074.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1075.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,331 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ monoxyde de dihydrogène, oxyde d'hydrogène, hydrogénol, hydroxyde d'hydrogène, oxyde dihydrogéné, oxydane
4
+
5
+ 12,4 mbar (10 °C)
6
+ 23,4 mbar (20 °C)
7
+ 42,5 mbar (30 °C)
8
+ 73,8 mbar (40 °C)
9
+ 123,5 mbar (50 °C)
10
+ 199,4 mbar (60 °C)[6]
11
+
12
+ équation[7] :
13
+
14
+
15
+
16
+
17
+ P
18
+
19
+ v
20
+ s
21
+
22
+
23
+ =
24
+ e
25
+ x
26
+ p
27
+ (
28
+ 73.649
29
+ +
30
+
31
+
32
+
33
+
34
+ 7258.2
35
+
36
+ T
37
+
38
+
39
+ +
40
+ (
41
+
42
+ 7.3037
43
+ )
44
+ ×
45
+ l
46
+ n
47
+ (
48
+ T
49
+ )
50
+ +
51
+ (
52
+ 4.1653
53
+ E
54
+
55
+ 6
56
+ )
57
+ ×
58
+
59
+ T
60
+
61
+ 2.0000
62
+
63
+
64
+ )
65
+
66
+
67
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(73.649+{\frac {-7258.2}{T}}+(-7.3037)\times ln(T)+(4.1653E-6)\times T^{2.0000})}
68
+
69
+
70
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 273,16 à 647,13 K.
71
+ Valeurs calculées :
72
+ 3 170,39 Pa à 25 °C.
73
+
74
+ équation[7] :
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+ P
80
+
81
+ v
82
+ s
83
+
84
+
85
+ =
86
+ e
87
+ x
88
+ p
89
+ (
90
+ 35.169
91
+ +
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ 6149.4
97
+
98
+ T
99
+
100
+
101
+ +
102
+ (
103
+
104
+ 1.3785
105
+ )
106
+ ×
107
+ l
108
+ n
109
+ (
110
+ T
111
+ )
112
+ +
113
+ (
114
+ 5.4788
115
+ E
116
+
117
+ 3
118
+ )
119
+ ×
120
+
121
+ T
122
+
123
+ 1.0000
124
+
125
+
126
+ )
127
+
128
+
129
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(35.169+{\frac {-6149.4}{T}}+(-1.3785)\times ln(T)+(5.4788E-3)\times T^{1.0000})}
130
+
131
+
132
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 149,3 à 273,16 K.
133
+ Valeurs calculées :
134
+
135
+ L'eau est une substance chimique constituée de molécules H2O. Ce composé est très stable et néanmoins très réactif, et l'eau liquide est aussi un excellent solvant. Dans de nombreux contextes, le terme eau est employé au sens restreint d'eau à l'état liquide, ou pour désigner une solution aqueuse diluée (eau douce, eau potable, eau de mer, eau de chaux, etc.).
136
+
137
+ L'eau est ubiquitaire sur Terre et dans l'atmosphère, sous ses trois états, solide (glace), liquide et gazeux (vapeur d'eau). L'eau extraterrestre est également abondante, sous forme de vapeur d'eau dans l'espace et sous forme condensée (solide[b] ou liquide) à la surface, près de la surface ou à l'intérieur d'un grand nombre d'objets célestes.
138
+
139
+ L'eau est un constituant biologique important, essentiel sous sa forme liquide pour tous les organismes vivants connus[c]. Compte tenu de son caractère vital, de son importance dans l'économie et de son inégale répartition sur Terre, l'eau est une ressource naturelle dont la gestion est l'objet de forts enjeux géopolitiques.
140
+
141
+ La formule chimique de l’eau pure est H2O. L’eau que l’on trouve sur Terre est rarement un composé chimique pur, l’eau courante étant une solution d'eau, de sels minéraux et d'autres impuretés. Les chimistes utilisent de l'eau distillée pour leurs solutions, mais cette eau n'est pure qu'à 99 % : il s'agit encore d'une solution aqueuse.
142
+
143
+ Majoritairement observable sur Terre à l'état liquide, elle possède les propriétés d'un puissant solvant : elle dissout facilement et solubilise rapidement de nombreux corps sous forme d'ions, ainsi que de nombreuses autres molécules gazeuses[d], et par exemple les composants de l'air, en particulier l'oxygène ou le dioxyde de carbone. L'expression « solvant universel »[11] est toutefois sujette à maintes précautions, beaucoup de matériaux naturels (roches, métaux, etc.) étant non solubles dans l'eau (dans la plupart des cas ou de manière infime).
144
+
145
+ La surface de la Terre est recouverte à 71 % d’eau[12] (97 % d’eau salée et 3 % d’eau douce dans différents réservoirs) sous différentes formes :
146
+
147
+ La circulation de l’eau au sein des différents compartiments terrestres est décrite par le cycle de l'eau. En tant que composé essentiel à la vie, l’eau a une grande importance pour l'Homme[13] mais aussi pour toutes les espèces végétales et animales. Source de vie et objet de culte depuis les origines de l'Homme, l'eau est conjointement, dans les sociétés d'abondance comme la France, un produit de l'économie et un élément majeur de l'environnement.
148
+
149
+ Le corps humain est composé à 65 % d’eau pour un adulte, à 75 % chez les nourrissons et à 94 % chez les embryons de trois jours. Les cellules, quant à elles, sont composées de 70 % à 95 % d'eau. Les animaux sont composés en moyenne de 60 % d'eau et les végétaux à 75 %. On trouve néanmoins des extrêmes : la méduse (98 %) et la graine (10 %)[14].[réf. nécessaire]
150
+
151
+ L'eau a la propriété particulière de présenter une anomalie dilatométrique : sa phase solide est moins dense que sa phase liquide, ce qui fait que la glace flotte[15].
152
+
153
+ Le terme eau est un dérivé très simplifié du latin aqua via les langues d'oïl. Le terme aqua a été ensuite repris pour former quelques mots comme aquarium. Un mélange aqueux est un mélange dont le solvant est l'eau. Le préfixe hydro dérive quant à lui du grec ancien ὕδωρ (hudôr) et non pas de ὕδρος (hudros) lequel signifie « serpent à eau » (d'où l'hydre ).
154
+
155
+ Par « eau », on comprend souvent liquide incolore constitué en majorité d'eau, mais pas uniquement d'eau pure. Suivant sa composition chimique qui induit son origine ou son usage, on précise :
156
+
157
+ L'eau a été trouvée dans des nuages interstellaires dans notre galaxie, la Voie lactée. On pense que l'eau existe en abondance dans d'autres galaxies aussi, parce que ses composants, l'hydrogène et l'oxygène, sont parmi les plus abondants dans l'Univers.
158
+
159
+ Les nuages interstellaires se concentrent éventuellement dans des nébuleuses solaires et des systèmes stellaires tels que le nôtre. L'eau initiale peut alors être trouvée dans les comètes, les planètes, les planètes naines et leurs satellites.
160
+
161
+ La forme liquide de l'eau est seulement connue sur Terre, bien que des signes indiquent qu'elle soit (ou ait été) présente sous la surface d'Encelade, l'un des satellites naturels de Saturne, sur Europe et à la surface de Mars. Il semblerait qu'il y ait de l'eau sous forme de glace sur la Lune en certains endroits, mais cela reste à confirmer. La raison logique de cette assertion est que de nombreuses comètes y sont tombées et qu'elles contiennent de la glace, d'où la queue qu'on en voit (quand les vents solaires les touchent, laissant une traînée de vapeur). Si l'on découvre de l'eau en phase liquide sur une autre planète, la Terre ne serait alors peut-être pas la seule planète que l'on connaît à abriter la vie.
162
+
163
+ Les avis divergent sur l'origine de l’eau sur la Terre.
164
+
165
+ Le cycle de l'eau (connu scientifiquement sous le nom de cycle hydrologique) se rapporte à l'échange continu de l'eau entre l'hydrosphère, l'atmosphère, l'eau des sols, l'eau de surface, les nappes phréatiques et les plantes.
166
+
167
+ L'eau liquide est trouvée dans toutes sortes d'étendues d'eau, telles que les océans, les mers, les lacs, et de cours d'eau tels que les fleuves, les rivières, les torrents, les canaux ou les étangs. La majorité de l'eau sur Terre est de l'eau de mer. L'eau est également présente dans l'atmosphère en phase liquide et vapeur. Elle existe aussi dans les eaux souterraines (aquifères).
168
+
169
+ Le volume approximatif de l'eau de la Terre (toutes les réserves d'eau du monde) est de 1 360 000 000 km3. Dans ce volume :
170
+
171
+ Si la fraction d'eau sous forme gazeuse est marginale, la Terre a perdu au cours de son histoire un quart de son eau dans l'espace[17].
172
+
173
+ On sait depuis 2014 qu'une partie notable du manteau terrestre principalement constituée de ringwoodite, entre 525 et 660 km de profondeur, pourrait contenir jusqu'à trois fois le volume d'eau des océans actuels (et en serait la source principale). La quantification n'est pas encore définitive mais pourrait faire varier énormément le volume d'eau disponible sur Terre, même si son exploitabilité et son disponibilité spontanées sont douteuse[18],[19].
174
+
175
+ L'eau liquide semble avoir joué, et continue à jouer, un rôle primordial dans l'apparition et la persistance de la vie sur Terre. La forme liquide, contrairement aux états gazeux ou solide, maximise les contacts entre atomes et molécules, augmentant de fait leurs interactions. L'eau est une molécule polaire et un bon solvant, capable de solubiliser de nombreuses molécules. Le cycle de l'eau joue un rôle majeur, notamment par l'érosion des continents, qui permet d'apporter de grandes quantités de minéraux nécessaires à la vie dans les rivières, les lacs et les océans. Le gel de l'eau permet d'éclater les roches et augmente la disponibilité de ces minéraux[20].
176
+
177
+ Durant l'« Anthropocène »[21], l'humanité a bouleversé le cycle de l'eau, par la surexploitation de certaines nappes, la déforestation, le dérèglement climatique, la canalisation de grands cours d'eau, les grands barrages, l'irrigation à grande échelle[22]. Elle l'a fait à une vitesse et à une échelle qui ne sont pas comparables avec les événements historiques passés, et avec des effets qui dépassent ceux des grandes forces géologiques[22].
178
+
179
+ La température de vaporisation de l'eau dépend directement de la pression atmosphérique, comme le montrent ces formules empiriques :
180
+
181
+ Son point d'ébullition est élevé par rapport à un liquide de poids moléculaire égal. Ceci est dû au fait qu'il faut rompre jusqu'à trois liaisons hydrogène avant que la molécule d'eau puisse s'évaporer. Par exemple, au sommet de l'Everest, l'eau bout à environ 68 °C, à comparer aux 100 °C au niveau de la mer. Réciproquement, les eaux profondes de l'océan près des courants géothermiques (volcans sous-marins par exemple) peuvent atteindre des températures de centaines de degrés et rester liquides.
182
+
183
+ L'eau est sensible aux fortes différences de potentiel électrique. Il est ainsi possible de créer un pont d'eau liquide de quelques centimètres entre deux béchers d'eau distillée soumis à une forte différence de potentiel[23].
184
+
185
+ Un nouvel « état quantique » de l’eau a été observé quand les molécules d’eau sont alignées dans un nanotube de carbone de 1,6 nanomètre de diamètre et exposées à une diffusion de neutrons. Les protons des atomes d’hydrogène et d’oxygène possèdent alors une énergie supérieure à celle de l’eau libre, en raison d’un état quantique singulier. Ceci pourrait expliquer le caractère exceptionnellement conducteur de l’eau au travers des membranes cellulaires biologiques[24].
186
+
187
+ Radioactivité : elle dépend des métaux et minéraux et de leurs isotopes présent dans l'eau, et peut avoir une origine naturelle ou artificielle (retombées des essais nucléaires, pollution radioactive, fuites, etc.). En France , elle est suivie par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), y compris pour l'eau du robinet[25].
188
+
189
+ L'eau est un fluide thermodynamique d'usage courant, efficace et économique[3] :
190
+
191
+ La radiolyse de l'eau est la dissociation, par décomposition chimique de l'eau (H2O) (liquide ou de vapeur d'eau) en hydrogène et hydroxyle respectivement sous forme de radicaux H· et HO·, sous l'effet d'un rayonnement énergétique intense (rayonnement ionisant). Elle a été expérimentalement démontrée il y a environ un siècle. Elle se fait en passant par plusieurs stades physicochimiques et à des conditions particulières de température et de pression, de concentration du soluté, de pH, de débit de dose, de type et énergie du rayonnement, de présence d'oxygène, de nature de la phase de l'eau (liquide, vapeur, glace). C'est un phénomène encore incomplètement compris et décrit qui pourrait, dans le domaine du nucléaire, des voyages dans l'espace ou pour d'autres domaines, avoir dans le futur des applications techniques nouvelles, entre autres pour la production d'hydrogène[26].
192
+
193
+ À l’origine, un décimètre cube (litre) d’eau définissait une masse de un kilogramme (kg). L’eau avait été choisie car elle est simple à trouver et à distiller. Dans notre système actuel de mesure – le Système international d'unités (SI) – cette définition de la masse n’est plus valable depuis 1889, date à laquelle la première Conférence générale des poids et mesures définit le kilogramme comme la masse d’un prototype de platine iridié conservé à Sèvres. Aujourd’hui à 4 °C, la masse volumique est de 0,99995 kg/L. Cette correspondance reste donc une excellente approximation pour tous les besoins de la vie courante.
194
+
195
+ La molécule d'eau possède une forme coudée qui est due à ses orbitales non-liantes (doublets non-liants) qui créent des interactions avec les atomes d'hydrogène et les « poussent » vers le bas. Elle possède donc une structure tétraédrique (type AX2E2 en méthode VSEPR), l'angle H-O-H est de 104,5° et la distance interatomique dO-H = 95,7 pm soit 9,57×10-11 m.
196
+
197
+ L'eau étant une molécule coudée, sa forme joue un rôle important dans sa polarité. En effet, du fait de sa forme coudée, les barycentres des charges partielles positives et négatives ne sont pas superposés. Cela entraîne une répartition inégale des charges ce qui donne à l'eau ses propriétés de molécules polaires[27].
198
+
199
+ De là il vient que :
200
+
201
+ Ce qui explique, par exemple la forme particulièrement ordonnée des cristaux de glace. À quantité égale, la glace flotte sur l'eau (sa densité solide est plus faible que celle liquide).
202
+
203
+ L'eau est un composé amphotère, c'est-à-dire qu'elle peut être une base ou un acide. L'eau peut être protonée, c'est-à-dire capter un ion H+ (autrement dit un proton, d'où le terme protonée) et devenir un ion H3O+ (voir Protonation). À l'inverse, elle peut être déprotonée, c'est-à-dire qu'une autre molécule d'eau peut capter un ion H+ et la transformer en ion OH–. Cependant, ces réactions se produisent très rapidement et sont minimes.
204
+
205
+ Les solvants protiques ou polaires y sont solubles (grâce aux liaisons hydrogène) et les solvants aprotiques ou non-polaires ne le sont pas.
206
+
207
+ L’eau est le principal constituant du corps humain. La quantité moyenne d’eau contenue dans un organisme adulte est d'environ 65 %, ce qui correspond à environ 45 litres d’eau pour une personne de 70 kilogrammes. Ce pourcentage peut néanmoins varier, plus une personne est maigre, plus la proportion d’eau de son organisme est importante. L'eau dépend également de l’âge : elle diminue avec les années, car plus les tissus vieillissent, plus ils se déshydratent, l’eau étant remplacée par de la graisse.
208
+
209
+ Dans l’organisme la concentration en eau varie d'un organe à l’autre et selon les cellules[29] :
210
+
211
+ L'organisme humain a besoin d'environ 2,5 litres d'eau par jour (1,5 litre sous forme liquide et 1 litre acquis dans la nourriture absorbée), davantage en cas d'exercice physique ou de forte chaleur ; il ne faut pas attendre d'avoir soif pour en absorber, surtout pour les femmes enceintes et pour les personnes âgées chez qui la sensation de soif est retardée. Sans eau, la mort survient après 2 à 5 jours, sans fournir aucun effort (40 jours sans nourriture en étant au repos).
212
+
213
+ Chaque jour l'organisme absorbe en moyenne[30],[i] :
214
+
215
+ Chaque jour, l'organisme en rejette[31],[i] :
216
+
217
+ On distingue huit types :
218
+
219
+ Les contrôles de qualité y recherchent d'éventuels polluants et substances indésirables, dont depuis peu, des médicaments, résidus de médicaments ou perturbateurs endocriniens[32] pour limiter les risques environnementaux et sanitaires des résidus de médicaments sur les milieux aquatiques.
220
+
221
+ De l'eau relativement pure ou potable est nécessaire à beaucoup d’applications industrielles et à la consommation humaine.
222
+
223
+ La communication des acteurs de la chaîne de l'eau en France aborde souvent l'opposition entre consommation d'eau en bouteille ou du robinet, qui est source de quelques polémiques :
224
+
225
+ En France, les deux types d'eau contiennent des polluants[33].
226
+
227
+ Par ailleurs, l'eau sert aussi à nettoyer la nourriture et les vêtements, à se laver mais aussi pour remplir des piscines (et il faut 60 m3 d'eau pour remplir une piscine privée moyenne[34]).[source insuffisante]
228
+
229
+ En France, de 2008 à 2015 les distributeurs d'eau de France métropolitaine fournissent environ 5,5 milliards de mètres cubes d’eau potable par an[35], soit, en moyenne, 85 m3 par habitant et par an[35], ou 234 litres d’eau par personne et par jour[35] dont un tiers vient des eaux de surface[35] (20 % de cette eau est perdue via les fuites du réseau de distribution[35]) ; et au total « plusieurs dizaines de milliards de m3 d’eau sont prélevés chaque année »[36] et utilisés comme eau potable (embouteillée ou non), mais aussi pour l'irrigation, l'industrie, l'énergie, les loisirs, le thermalisme, les canaux, l'entretien de voiries, la production de neige artificielle ou bien d'autres activités, mais c'est la production d'énergie qui en utilise le plus (59 % de la consommation totale) devant la consommation humaine (18 %), l'agriculture (irrigation) (12 %) et l'industrie (10 %)[37]. Une banque nationale des prélèvements sur l'eau[38] (BNPE) est disponible en ligne pour le grand-public comme les experts depuis 2015. Elle doit permettre le suivi des prélèvements quantitatifs (par environ 85 000 ouvrages connus en 2015) et d'évaluer la pression sur la ressource en eau (métropole et outre-mer français), avec des données détaillées ou de synthèse téléchargeables (mais « encore à consolider » en 2015)[39]).
230
+
231
+ D'un point de vue économique, le secteur de l'eau est généralement considéré comme partie prenante du secteur primaire car exploitant une ressource naturelle ; il est même parfois agrégé au secteur agricole[40].
232
+
233
+ L’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau, notamment pour l’irrigation.
234
+
235
+ En France, l’agriculture absorbe plus de 70 % de l’eau consommée[41], ce qui peut s’expliquer par différentes raisons :
236
+
237
+ De ce fait, au début des années 1960, les agriculteurs, pour accroître de manière conséquente leurs rendements, ont eu recours à l’agriculture intensive (utilisation d’engrais chimiques, de pesticides et de produits phytosanitaires). Cette agriculture intensive a eu pour conséquence de polluer les eaux des sols avec de fortes concentrations en azote, phosphore et molécules issues des produits phytosanitaires[41]. Aujourd’hui, les traitements pour éliminer ces polluants sont complexes, onéreux et souvent difficiles à appliquer. Par conséquent, on s’oriente vers d’autres pratiques agricoles plus respectueuses de l’Homme et de l’environnement comme l’agriculture « intégrée » ou « biologique ». L'agroforesterie et les bocages sont des solutions pour construire des micro-climats et permettre la circulation de l'eau jusqu'à l'intérieur des terres grâce aux phénomènes d'évapotranspiration des végétaux. Pour exemple un hectare de hêtraie, qui consomme de 2 000 à 5 000 tonnes d’eau par an, en restitue 2 000 par évaporation[42].
238
+
239
+ L’eau est aussi utilisée dans nombre de processus industriels et de machines, telles que la turbine à vapeur ou l’échangeur de chaleur. Dans l'industrie chimique, elle est utilisée comme solvant ou comme matière première dans des procédés, par exemple sous forme de vapeur pour la production d'acide acrylique[43],[44],[45]. Dans l’industrie, les rejets d’eau usée non traitée provoquent des pollutions qui comprennent les rejets de solutions (pollution chimique) et les rejets d’eau de refroidissement (pollution thermique). L’industrie a besoin d’eau pure pour de multiples applications, elle utilise une grande variété de techniques de purification à la fois pour l’apport et le rejet de l’eau.
240
+
241
+ L’industrie est ainsi grande consommatrice d’eau :
242
+
243
+ C’est parce que les combustibles se combinent avec l’oxygène de l’air qu’il brûlent et dégagent de la chaleur. L’eau ne peut pas brûler puisqu’elle est déjà le résultat de la réaction de l’hydrogène avec l’oxygène.
244
+
245
+ Elle aide à éteindre le feu pour deux raisons :
246
+
247
+ Le craquage de l'eau ayant lieu à partir de 850 °C, on évite d'utiliser de l'eau sans additif si la température du brasier dépasse cette température. [réf. nécessaire]
248
+
249
+ L'assainissement et l'épuration sont les activités de collecte et traitement des eaux usées (industrielles, domestiques, ou autres) avant leur rejet dans la nature, afin d’éviter la pollution et les nuisances sur l’environnement. L'eau après un premier traitement souvent est désinfectée par ozonation, chloration ou traitement UV, ou encore par microfiltration (sans ajout de produit chimique dans ces derniers cas).
250
+
251
+ La protection de ce bien commun qu'est la ressource en eau a motivé la création d'un programme de l'ONU (UN-Water), et d'une évaluation annuelle Global Annual Assessment of Sanitation and Drinking-Water (GLAAS)[53], coordonné par l'OMS.
252
+
253
+ La multiplicité de ses usages fait de l'eau une ressource fondamentale des activités humaines. Sa gestion fait l’objet d'une surveillance permanente et affecte les relations entre les États.
254
+
255
+ Pour faire face à ces questions, un conseil mondial de l'eau, dont le siège est à Marseille, a été fondé en 1996, réunissant des ONG, des gouvernements et des organisations internationales. De manière régulière, un forum mondial de l'eau est organisé pour débattre de ces sujets, mais pas toujours dans la même ville. En parallèle au forum mondial de l'eau, un forum alternatif mondial de l'eau est organisé par des mouvements alternatifs.
256
+
257
+ En France, les nombreux acteurs de l'eau et leurs missions diffèrent selon les départements et les territoires. Il existait cinq polices de l'eau aujourd'hui coordonnées par les Missions interservice de l'eau[54] (MISE). Les Agences de l'eau sont des établissements publics percevant des redevances qui financent des actions de collectivités publiques, d'industriels, d'agriculteurs ou d'autres acteurs pour épurer ou protéger la ressource en eau. La distribution d'eau potable est un service public gérée au niveau communal ou EPCI, soit directement en régie, soit déléguée à une société privée (affermage, concession). L'ONEMA remplace le conseil supérieur de la pêche, avec des missions étendues.
258
+
259
+ La nouvelle « loi sur l'eau et les milieux aquatiques » (LEMA) de 2007 modifie en profondeur la précédente loi et traduit dans la législation française la « directive-cadre de l'eau » (DCE) européenne.
260
+
261
+ La gestion de l’eau couvre de nombreuses activités :
262
+
263
+ La France est le pays des grandes entreprises de l'eau (Suez, Veolia, etc.). Celles-ci prennent une importance mondiale depuis les années 1990. Mais avec le Grenelle de l'Environnement et du grenelle de la mer, et sous l'égide de personnalités telles que Riccardo Petrella, la question de l'eau comme bien public reste posée.
264
+
265
+ En 2009, un colloque[55] a porté sur la régulation et une plus grande transparence des services d'eau en France.
266
+
267
+ Les montagnes couvrent une part importante de la Terre. En Europe (35,5 % du territoire en Europe, 90 % en Suisse et en Norvège) et plus de 95 millions d’Européens y vivaient en 2006. Elles sont de véritables châteaux d’eau et jouent un rôle capital dans la gestion des ressources aquifères car elles concentrent une part importante des précipitations et tous les grands fleuves et leurs principaux affluents y prennent leur source.
268
+
269
+ En montagne, l'eau est une richesse écologique mais aussi source d'hydroélectricité et de commerce (mise en bouteille d’eau minérale), et le support de sports et loisirs en eaux vives. En Europe, 37 grandes centrales hydrauliques sont implantées en montagne (sur 50, soit 74 %) auxquelles s’ajoutent 59 autres grandes centrales sur 312 (18,9 %).
270
+
271
+ Les montagnes présentent des situations particulières, car elles sont tout d’abord des zones de risques :
272
+
273
+ Mais l’eau en montagne, est surtout une source de richesse et de développement. Une meilleure valorisation de ce potentiel par l’aménagement du territoire peut être la source de nouvelles richesses pour l’économie des zones de montagne, mais dans le cadre d’un comportement économe et responsable. Avec le réchauffement climatique, les situations d’évènements extrêmes comme les sécheresses, les inondations et l’érosion accélérée, risquent de se multiplier et d’être, avec la pollution et le gaspillage, d’ici une génération un des principaux facteurs limitant le développement économique et social dans la plupart des pays du monde.
274
+
275
+ Selon les experts réunis à Megève en mars 2007 dans le cadre de l’« Année internationale de la montagne » avec la participation de la FAO, de l’UNESCO, du Partenariat mondial de l'eau et du Réseau international des organismes de bassin, afin de tirer un diagnostic et de formuler les propositions présentées au forum mondial de l'eau de Kyoto (mars 2003) : « La « solidarité amont-aval » reste trop faible : il vaut mieux aider les montagnes dans le cadre de politiques intégrées de bassins, pour qu’ils assurent la gestion et l’équipement nécessaires des hauts bassins versants. […] Il est impératif en effet de conduire en montagne des actions particulières renforcées d’aménagement et de gestion pour mieux se protéger contre les inondations et l’érosion, lutter contre les pollutions et optimiser les ressources en eau disponibles pour les partager entre les usagers, tant en amont que dans les plaines en aval. »[réf. souhaitée]
276
+
277
+ Certains territoires connaissent un développement important induit par la mise en service d’infrastructures routières nouvelles et un dynamisme économique. En France, les documents d’urbanisme sont révisés fréquemment pour permettre la construction d’espaces nouveaux[réf. nécessaire]. Or, l'extension des territoires urbanisés génère des impacts sur l’environnement : accroissement des prélèvements pour l’alimentation des populations en eau potable, augmentation des rejets (eaux pluviales et eaux usées), fragmentation des milieux naturels, etc.[réf. souhaitée] Ceux-ci ne sont pas toujours correctement appréhendés au niveau des documents d'urbanisme, qui structurent et planifient l'espace[réf. nécessaire]. Ces réflexions ont été au cœur du Grenelle de l’Environnement en 2007.
278
+
279
+ Ces impacts doivent être pris en compte en amont, dès la définition des projets structurants à l’échelle d’un territoire. Aussi convient-il de les intégrer dans l’élaboration des documents de planification urbaine (plans locaux d’urbanisme, cartes communales, etc.).
280
+
281
+ La Terre est à 71 % recouverte d'eau[12]. 97 % de cette eau est salée et 2 % emprisonnée dans les glaces. Il n'en reste qu'un petit pourcent pour irriguer les cultures et étancher la soif de l'humanité tout entière. L'eau et l'eau potable sont inégalement réparties sur la planète[56],[57],[58] et les barrages et pompages d'eau faits pour les besoins humains peuvent localement entrer en conflit avec les besoins agricoles et ceux des écosystèmes[59].
282
+
283
+ En 2017, sur 6,4 milliards d'êtres humains, 3,5 milliards de personnes boivent chaque jour de l’eau dangereuse ou de qualité douteuse[60]. De plus, 2,4 milliards ne disposent pas de système d'assainissement d'eau. En 2018, 2 milliards d'êtres humains dépendent de l'accès à un puits. Il faudrait mobiliser 37,6 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l'eau potable pour tous, quand l'aide internationale est à peine de trois milliards[60].
284
+
285
+ Selon l'ONG Transparency International, la corruption grève les contrats de l'eau dans de nombreux pays entraînant des gaspillages et des coûts excessifs pour les plus pauvres[61][réf. non conforme].
286
+
287
+ L'eau, en tant que ressource vitale, est une source de conflits, d'exacerbation de conflits, et elle est parfois instrumentalisée dans ce cadre[62],[63],[64],[65],[66],[67],[68]
288
+
289
+ En 2025, selon l'ONU, à cause de la surexploitation des nappes et de l'augmentation des besoins, 25 pays africains seront en état de pénurie d'eau (moins de 1 000 m3/hab/an) ou de stress hydrique (1 000 à 1 700 m3/hab/an)[69].
290
+
291
+ Part de la population ayant accès à l'eau potable en 2005.
292
+
293
+ Estimation de l'ONU de la pénurie d'eau ou de stress hydrique en Afrique en 2025.
294
+
295
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
296
+
297
+ L'impossibilité d'accès à l'eau potable d'une grande partie de la population mondiale a des conséquences sanitaires graves. Ainsi, un enfant meurt toutes les cinq secondes de maladies liées à l’eau et à un environnement insalubre[70] ; des millions de femmes s'épuisent en corvées d’eau ; entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages construits dans le monde, dont 22 000 en Chine[71][réf. non conforme]. Selon l’ONG Solidarités International, 361 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée causée par un accès inadéquat à l’Eau, l'Hygiène et l'Assainissement (EHA)[72]. Toutes causes confondues (diarrhées, choléra, gastro-entérites infectieuses aigües et autres infections), ces maladies hydriques[73] représentent selon l'Unicef 1,8 million de victimes chez les moins de cinq ans[74]. Chaque année, 272 millions de jours de scolarité sont perdus à cause d'infections transmises par l'eau insalubre[60].
298
+
299
+ La consommation d'eau est très inégale selon les niveaux de développement des pays :
300
+
301
+ Les associations humanitaires pointent du doigt ces disparités. « Alors qu’en moyenne un agriculteur malgache consomme dix litres d’eau par jour, un Parisien a besoin de 240 litres d’eau pour son usage personnel, le commerce et l’artisanat urbains, et l’entretien des rues. Quant au citadin américain, il consomme plus de 600 litres[77]. »
302
+
303
+ Au niveau planétaire, quatre milliards de personnes connaissent des pénuries sévères d’eau au moins 1 mois par an. D’ici 2025, 63 % de la population mondiale sera soumise au stress hydrique[60].
304
+
305
+ Dans le monde, il existe une forte inégalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. En Afrique par exemple, 90 % des tâches de collecte d’eau et de bois sont réalisés par les femmes. Au total, les femmes et les filles passent en moyenne six heures par jour à collecter de l'eau[60].
306
+
307
+ L'agriculture des pays développés est mise en cause pour sa consommation intensive d'eau :
308
+
309
+ Les solutions envisagées sont quantitative (économies, récupération de l'eau, réutilisation d'eaux grises ou usées) et qualitative (meilleure épuration)[réf. souhaitée].
310
+
311
+ Certains auteurs imaginaient déjà dans les années 1970 un traitement complet et la récupération et le traitement de toutes les eaux usées de manière que seules des eaux propres soient rejetées en rivière, en mer ou utilisées pour l'irrigation agricole[79].
312
+
313
+ Des solutions individuelles et collectives existent pour économiser l'eau, même en menant le mode de vie d'un habitant d'un pays développé.
314
+
315
+ L’eau a longtemps revêtu plusieurs aspects dans les croyances et les religions des peuples. Ainsi, de la mythologie gréco-romaine aux religions actuelles, l’eau est toujours présente sous différents aspects : destructrice, purificatrice, source de vie, guérisseuse, protectrice ou régénératrice.
316
+
317
+ Les sciences laissent penser que l’eau est indispensable à la vie. La mythologie et certaines religions ont lié l'eau à la naissance, à la fécondité, à la pureté ou à la purification.
318
+
319
+ L’eau revêt cet aspect desctructeur notamment lorsqu’on parle de fin du monde ou de genèse. Mais cela ne se limite pas aux religions monothéistes. Ainsi, dans l’épopée de Gilgamesh, une tempête qui dura six jours et sept nuits était à l’origine des inondations et de la destruction de l’humanité. Les Aztèques ont eux aussi cette représentation de l’eau puisque le monde du Soleil d’Eau placé sous le signe de l’épouse de Tlaloc est détruit par un déluge qui rasera même jusqu’aux montagnes. « Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. » : c’est par cela qu’est désignée la fin du monde dans la genèse judéo-chrétienne, et d’ajouter : « Les eaux grossirent de plus en plus, et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes. »[81]. Le mythe des aborigènes d’Australie est, quant à lui, attaché à l’idée de punition et non pas de destruction, puisqu’une grenouille géante aurait absorbé toute l’eau et asséché la terre mais aurait tout recraché en rigolant aux contorsions d’une anguille. Les marées contribuent lentement aux phénomènes d'érosion et d'engraissement sur les littoraux mais ce sont les grandes inondations et tsunamis qui marquent périodiquement les esprits. Depuis l'ère industrielle, de nombreuses usines et autres facteurs de risques ont été concentrés dans les vallées et sur les littoraux, faisant que le risque technologique peut se combiner avec les risques liés aux manques ou excès d'eau. Le Genpatsu shinsai est par exemple au Japon l'association du risque nucléaire au risque de tsunami, l'occurrence simultanée de deux événements de ce type aggravant fortement leurs conséquences respectives.
320
+
321
+ Cet aspect donne à l’eau un caractère presque sacré dans certaines croyances. En effet, outre la purification extérieure que confère l’eau, il y a aussi cette faculté d’effacer les difficultés et les péchés des croyants à son contact et de laver le croyant de toute souillure. Les exemples sont nombreux, allant de la purification dans le Gange dans l’hindouisme (où beaucoup de rituels sont exécutés au bord de l’eau tels que les funérailles) ou les ablutions à l’eau dans l’Islam jusqu’au baptême dans le christianisme ou l’initiation des prêtres shintoïstes.
322
+
323
+ Outre l’aspect purificateur, l’eau s’est étoffée au cours des siècles et des croyances d’une faculté de guérison. Plusieurs signes de culte et d’adoration datant du Néolithique ont été retrouvés près de sources d’eau en Europe. Longtemps, des amulettes d’eau bénite ont été accrochées à l’entrée des maisons pour protéger ses occupants du Mal. On considère que le contact avec certaines eaux peut aller jusqu’à guérir de certaines maladies. L’exemple le plus proche est celui du pèlerinage à Lourdes en France où chaque année des milliers de gens se rendent pour se baigner dans sa source. Parmi les cas de guérison par l’eau de Lourdes, 67 ont été reconnus par l’Église catholique. Du point de vue de la science, les propriétés curatives ont été démontrées car aujourd’hui l’hydrothérapie est courante dans les soins de certaines maladies. Les rituels thérapeutiques christianisés des bonnes fontaines en constituent une autre illustration[82].
324
+
325
+
326
+
327
+ Le canular du monoxyde de dihydrogène, conçu par Eric Lechner, Lars Norpchen et Matthew Kaufman, consiste à attribuer à l’eau la dénomination scientifique de monoxyde de dihydrogène (DHMO), inconnue des non-initiés, et à tenir à son sujet un discours solennellement scientifique de manière à créer chez l’auditeur une inquiétude injustifiée.
328
+
329
+ Sur les autres projets Wikimedia :
330
+
331
+ Dans le Wikilivre de Tribologie, on peut trouver des données concernant le frottement sur la glace.
fr/1076.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,194 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ La chimie est une science de la nature qui étudie la matière et ses transformations, et plus précisément[1] :
4
+
5
+ La taille des entités chimiques varie de simples atomes ou molécules nanométriques aux édifices moléculaires de plusieurs dizaines de milliers d'atomes dans les macromolécules, l'ADN ou protéine de la matière vivante (infra)micrométrique, jusqu'à des dimensions parfois macroscopiques des cristaux. En incluant l'électron libre (qui intervient dans les réactions radicalaires), les dimensions de principaux domaines d'application se situent dans son ensemble entre le femtomètre (10−15 m)[2] et le micromètre (10−6 m).
6
+
7
+ L'étude du monde à l'échelle moléculaire soumise paradoxalement à des lois singulières, comme le prouvent les récents développements nanotechnologiques, permet de mieux comprendre les détails de notre monde macroscopique. La chimie est qualifiée de « science centrale »[3] en raison des relations étroites qu'elle possède avec la biologie et la physique. Et elle a évidemment des relations avec les champs d'applications variés, tels que la médecine, la pharmacie, l'informatique et la science des matériaux, sans oublier des domaines appliqués tels que le génie des procédés et toutes les activités de formulation.
8
+
9
+ La physique, et surtout son instrumentation, est devenue hégémonique après 1950 dans le champ de la science de la nature. Les avancées en physique ont surtout refondé en partie la chimie physique et la chimie inorganique. La chimie organique, par l'intermédiaire de la biochimie, a partagé des recherches valorisant la biologie. Mais la chimie n'en garde pas moins une place incontournable et légitime dans le champ des sciences de la nature : elle conduit à de nouveaux produits, de nouveaux composés, découvre ou invente des structures moléculaires simples ou complexes qui bénéficient de façon extraordinaire à la recherche physique ou biologique. Enfin l'héritage cohérent que les chimistes défenseurs marginaux des structures atomiques ont légué aux acteurs de la révolution des conceptions physiciennes au début du XXe siècle ne doit pas être sous-estimé.
10
+
11
+ Trois étymologies sont fréquemment citées, mais ces hypothèses peuvent être reliées :
12
+
13
+ Notes
14
+
15
+ L'art d'employer ou de trier, préparer, purifier, de transformer les substances séchées mises sous forme de poudres, qu'elles proviennent du désert ou de vallées sèches, a donné naissance à des codifications savantes. Initialement d'abord essentiellement minérales. Mais les plantes éphémères et les arbres pérennes du désert, et leurs extraits gommeux ou liquides nécessaires aux onguents, ont été très vite assimilés à celles-ci, par reconnaissance de l'influence des terres et des roches.
16
+
17
+ Outre la connaissance du cycle de l'eau et des transports sédimentaires, la maîtrise progressive des métaux et des terres, les Égyptiens de l'Antiquité connaissent beaucoup de choses. Parmi elles, le plâtre, le verre, la potasse, les vernis, le papier (papyrus durci à l'amidon), l'encens, une vaste gamme de couleurs minérales ou pigments, de remèdes et de produits cosmétiques, etc. Plus encore que les huiles à onction ou les bains d'eaux ou de boues relaxants ou guérisseurs, la chimie se présente comme un savoir sacré qui permet la survie. Par exemple par l'art sophistiqué d'embaumer ou par le placement des corps des plus humbles dans un endroit sec.
18
+
19
+ L'art de la terre égyptien a été enseigné en préservant une conception unitaire. Les temples et les administrations religieuses ont préservé et parfois figé le meilleur des savoirs. Le pouvoir politique souverain s'est appuyé sur les mesures physiques, arpentage et hauteur hydraulique des crues, peut-être sur la densité du limon en suspension, pour déterminer l'impôt et sur les matériaux permettant les déplacements ou la mobilité des armées. Le vitalisme ou les cultes agraires et animaux, domaines appliqués de la kemia, ont été préservés dans des temples, à l'instar d'Amon, conservatoire des fumures azotées et de la chimie ammoniacale antique.
20
+
21
+ Les savants musulmans[7] supposaient que tous les métaux provenaient de la même espèce. Ils croyaient à la possibilité de la transmutation et cherchèrent en vain dans cette perspective l'obtention de « l'al-iksir » qui prolongerait la vie.
22
+
23
+ Nos repères de pensée taxonomique sont profondément influencés par les civilisations grecques puis hellénistiques, férues de théorisations, qui ont lentement esquissé de façon sommaire ce qui encadre aux yeux profanes la chimie, la physique et la biologie. Elles ont laissé les techniques vulgaires au monde du travail et de l'esclave. L'émergence de spiritualités populaires, annexant l'utile à des cultes hermétiques, a promu et malaxé ses bribes de savoirs dispersés. Incontestablement, les premiers textes datés tardivement du Ier siècle et IIe siècle après Jésus-Christ comportent à l'exemple de l'alchimie médiévale la plus ésotérique, une partie mystique et une partie opératoire[8]. La religiosité hellénistique a ainsi légué aussi bien le bain-marie, de Marie la Juive que l'abscons patronage d'Hermès Trismégiste, divinité qui prétendait expliquer à la fois le mouvement et la stabilité de toute chose humaine, terrestre ou céleste.
24
+
25
+ Au cours des siècles, ce savoir empirique oscille entre art sacré et pratique profane. Il s'est préservé comme l'atteste le vocable chimia des scolastiques en 1356, mais savoir et savoir-faire sont souvent segmentés à l'extrême. Parfois, il est amélioré dans le monde paysan, artisan ou minier avant de devenir une science expérimentale, la chimie, au cours des troisième et quatrième décennies du XVIIe siècle. Au même titre que la physique, le prodigieux essor de la pensée et de la modélisation mécanistes, font naître la chimie sous forme de science expérimentale et descriptive[9]. Riche de promesses, la chimie reste essentiellement qualitative et bute sur le retour incessant des croyances écartées.
26
+
27
+ Les alchimistes ont subsisté jusqu'en 1850. Ils étaient acceptés par les croyances communes, poursuivant la quête de la pierre philosophale et continuant l'alchimie sous une forme ésotérique. La rupture entre la chimie et l'alchimie apparaît pourtant clairement en 1722, quand Étienne Geoffroy l'Aîné, médecin et naturaliste français, affirme l'impossibilité de la transmutation. La chimie expérimentale et l'alchimie diffèrent déjà radicalement ; donc il devient nécessaire de pouvoir distinguer ces deux termes restés dans le langage.
28
+
29
+ La chimie a connu une avancée énorme avec Antoine Lavoisier qui l'a promue au rang de science exacte. Lavoisier reste dans l'Histoire comme celui qui a découvert la combustion par le dioxygène (1775). Pour le philosophe Thomas Samuel Kuhn, il s'agit d'une révolution scientifique majeure, qui a donné naissance à la chimie moderne[10].
30
+
31
+ Les biographies des savants français et étrangers se trouvent dans les articles répertoriés dans la Catégorie:Chimiste ou de la Liste de chimistes.
32
+
33
+ L'étude de la matière a naturellement conduit les premiers chimistes des années 1620-1650 à modéliser sa composition, puisant librement, mais non sans méfiance dans une abondante tradition antique. À la suite de Van Helmont, ces adeptes mécanistes de la contingence maîtrisent déjà la notion de gaz, tiennent compte du facteur de la température et parviennent à expliquer sommairement la pression de vapeur d'un corps et les mélanges miscibles des fluides. John Dalton, persévérant expérimentateur, continuateur de la première lignée mécaniste partiellement abandonnée, a le premier essayé de donner une définition moderne de la notion d'atome. L'atome constitue une particule fondamentale ou une combinaison de plusieurs d'entre elles. En 1811, Amedeo Avogadro affirme que le volume d'un gaz quelconque à pression et température constante contient le même nombre de particules, qu'il dénomme molécules intégrantes ou constituantes[11].
34
+
35
+ L'obstination de nombreux chimistes souvent incompris, tel Berzelius en pionnier de l'électrovalence dès 1812, a servi pour réaffirmer la possibilité d'une modélisation à la fois mécaniste et géométrique par le biais d'une architecture atomique. Auguste Laurent, proposant pour des séries homologues de molécules organiques un même squelette constitué d'atomes, était cruellement dénigré par les maîtres des laboratoires[12]. Mais malgré la suprématie et l'influence politique des équivalentistes, le revirement s'opère. Ce dernier est porté par la reconnaissance des vieux succès de l'électrochimie préparative depuis Humphry Davy et Michael Faraday et la volonté de corréler quantitativement nombre d'espèces chimiques et masse d'un corps pur.
36
+
37
+ Le congrès de Karlsruhe organisé en 1860 par les amis de Friedrich August Kékulé von Stradonitz et de Charles Adolphe Wurtz ouvre la voie à des conventions atomiques[13]. Son influence éveille une intense recherche de classification des éléments qui débouche notamment sur les classifications périodiques de Mendeleïev et de Meyer. Elle entraîne un renouveau d'intérêt pour les molécules[14]. Kékulé et Kolbe en chimie organique, Le Bel et van 't Hoff en chimie générale et plus tard Alfred Werner en chimie minérale établissent les fondements de la représentation en structures moléculaires[15].
38
+
39
+ Les travaux de Joseph John Thomson, découvreur de l'électron en 1897, prouvent que l'atome est constitué de particules électriquement chargées. Ernest Rutherford démontre par sa célèbre expérience en 1909 que l'atome est surtout composé de vide, son noyau, massif, très petit et positif, étant entouré d'un nuage électronique. Niels Bohr, précurseur de la modélisation atomique, affirme en 1913 que les électrons circulent sur des « orbites ». Lorsque James Chadwick découvre les neutrons, la théorie quantique fondée au début de l'entre-deux-guerres sur le modèle rival d'Erwin Schrödinger renforcée par les compléments matriciels de Werner Heisenberg, l'affinement théorique de Wolfgang Pauli a déjà pris son envol. Et ce, malgré les contestations appliquées et systématiques d'Albert Einstein. Des années 1930 à notre XXIe siècle, la mécanique quantique explique le comportement de l'atome et des molécules.
40
+
41
+ Au XXe siècle, l'essor des mesures physiques a facilité aux chimistes la caractérisation des composés avec lesquels ils travaillent. Auparavant, la réaction chimique et un nombre restreint de techniques physico-chimiques s'imposaient en ultime recours pour détecter ou caractériser une molécule. Maintenant, il existe diverses méthodes de mesures. Parmi elles, la chromatographie, la spectrométrie électromagnétique (infrarouge, lumière visible ou UV), la masse, de résonance magnétique nucléaire. Sans oublier aussi d'inclure les microscopies électroniques et autres analyses par diffraction de rayons X ou par diffusion de particules et, dans des cas d'observation contrôlée sur surface plane, la microscopie par champ de force. Toutes ces possibilités ont permis une identification plus aisée. Elles offrent souvent la possibilité de remonter à la structure géométrique des molécules et de leurs assemblages et de connaître leur composition isotopique. Parfois même de « voir » par le multiplicateur instrumental la molécule, de la (dé)placer ou de suivre des réactions (photo)chimiques en temps réel de plus en plus brèves. Ces progrès physico-chimiques ont permis de grandes avancées tout particulièrement en biochimie où les édifices étudiés restent complexes et les réactions variées.
42
+
43
+ Prix Nobel de chimie 1954
44
+
45
+ La chimie est divisée en plusieurs spécialités expérimentales et théoriques à l'instar de la physique et de la biologie, avec lesquelles elle partage parfois des espaces d'investigations communs ou proches.
46
+ La recherche et l'enseignement en chimie sont organisés en disciplines qui peuvent partager des domaines communs :
47
+
48
+ Liste d'autres domaines spécialisés ou d'interface :
49
+
50
+ Ces interfaces mouvantes ne facilitent pas la délimitation de la chimie.
51
+
52
+ L'évolution de la chimie, tant dans son enseignement que dans les champs de recherche, est influencée à terme par les puissantes directions de recherches américaines. En particulier de façon récente privilégiant majoritairement les domaines des soins et de la santé humaine et animale[réf. nécessaire].
53
+
54
+ La langue de la recherche en chimie se présente majoritairement en anglais. Des années 1880 à la Grande Guerre, l'allemand, l'anglais et le français ont pourtant constitué des langues véhiculaires nécessaires aux savants. Mais survient l'éclipse du français dans l'entre-deux-guerres[16]. Puis l'allemand, qui avait réussi à préserver quelques dernières revues importantes ou écrits scientifiques de référence, a cédé face à l'anglais dans les années 1990.
55
+
56
+ Un élément est une entité immatérielle dénuée de propriétés physiques ou chimiques. Il constitue un couple formé d'un symbole et d'un numéro atomique (numéro d'ordre dans le tableau périodique des éléments) qui caractérise les atomes, molécules, ions, nucléides isotopes d'une espèce chimique donnée. 92 éléments naturels et 17 éléments artificiellement créés par l'homme sont répertoriés.
57
+ Un élément chimique désigne abstraitement l'ensemble des atomes avec un nombre donné de protons dans leur noyau[17]. Ce nombre s'appelle le numéro atomique. Par exemple, tous les atomes avec six protons dans leurs noyaux constituent des atomes de l'élément carbone C. Ces éléments sont rassemblés et ordonnés dans le tableau périodique des éléments.
58
+
59
+ L'atome (grec ancien ἄτομος [atomos], « indivisible »)[18] d'une espèce chimique représente une entité matérielle. L'atome est formé d'un noyau atomique contenant des nucléons, en particulier d'un nombre Z de charge électrique élémentaire positive du noyau qui maintient autour de lui un nombre d'électrons, charge négative équilibrant la charge positive du noyau. Il possède un rayon, une structure géométrique, ainsi que des propriétés chimiques et physico-chimiques spécifiques relevant de ce cortège électronique.
60
+
61
+ Un atome constitue la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec une autre. Généralement constitué d'un noyau composé de protons et de neutrons autour desquels orbitent des électrons, sa taille caractéristique se compte en dixième de nanomètre (nm), soit 10-10 m.
62
+
63
+ La théorie atomiste, qui soutient l'idée d'une matière composée de « grains » indivisibles (contre l'idée d'une matière indéfiniment sécable), est connue depuis l'antiquité, et fut en particulier défendue par Démocrite, philosophe de la Grèce antique. Elle fut disputée jusqu'à la fin du XIXe siècle ; aujourd'hui, cela ne fait l'objet d'aucune controverse. Les sciences de la matière modernes se reposent en particulier sur cette notion d'atome. L'atome n'est cependant plus considéré comme un grain de matière insécable, depuis les expériences de physique nucléaire ayant mis à jour sa structure au début du XXe siècle.
64
+
65
+ En chimie, les atomes représentent les éléments de base. Ils constituent la matière et forment les molécules en partageant des électrons. Les atomes restent grosso modo indivisibles au cours d'une réaction chimique (en acceptant les légères exceptions que constituent les échanges des électrons périphériques).
66
+
67
+ Cependant, depuis le début du XXe siècle, des expériences de physique nucléaire ont mis en évidence l'existence d'une structure complexe pour le noyau atomique. Les constituants de l'atome constituent des particules élémentaires.
68
+
69
+ Les plus gros atomes peuvent être vu au microscope électronique en transmission
70
+
71
+ Histoire de l'atome
72
+
73
+ Le concept d'atome est particulièrement bien admis par le grand public, pourtant, paradoxalement, les atomes ne peuvent pas être observés par des moyens optiques et seuls quelques rares physiciens manipulent des atomes isolés. L'atome représente donc un modèle essentiellement théorique. Bien que ce modèle ne soit plus aujourd'hui remis en cause, il a beaucoup évolué au cours du temps pour répondre aux exigences des nouvelles théories physiques et correspondre aux différentes expérimentations effectuées.
74
+
75
+ Un isotope d'une espèce atomique constitue une entité matérielle caractérisée par :
76
+
77
+ Un isotope possède des propriétés nucléaires spécifiques. Les propriétés chimiques des divers isotopes ne diffèrent pas entre elles pour les atomes suffisamment lourds.
78
+
79
+ Une molécule constitue un assemblage précis d'atomes, domaine défini et structuré dans l'espace et le temps par des liaisons chimiques fortes[19]. Une molécule polyatomique se comporte essentiellement comme une entité aux propriétés propres, une individualité chimique radicalement différente des atomes qui composent son architecture. Si les molécules monoatomiques ou les petites molécules polyatomiques sont électriquement neutres, les molécules plus grandes ou complexes n'obéissent pas systématiquement à ce critère.
80
+
81
+ La liaison chimique impliquant la présence d'électrons liés à un ou plusieurs noyaux explique la réalité moléculaire[20]. Plus précisément, elle assure la stabilité des molécules et, dans le cas d'un assemblage complexe, la cohésion liante de chaque atome entre eux mettant en jeu par échange ou partage un ou plusieurs électrons dans les liaisons covalentes. Cela se réalise par la mise en commun d'électrons collectifs à un vaste réseau d'atomes dans la liaison métallique ou initiant par de fortes dissymétries locales de charges, des forces électrostatiques.
82
+
83
+ Un corps pur incarne un corps généralement macroscopique constitué au niveau moléculaire d'une seule espèce chimique[21]. Sa composition chimique, son organisation sous forme de gaz, liquide, solide amorphe ou réseaux cristallins, etc., et ses propriétés physiques, par exemple les constantes physiques correspondant aux transitions de premier ordre comme la température de fusion, d'ébullition, peuvent être définies. En particulier, l'analyse chimique distingue les corps simples, dont l'espèce chimique est constituée d'atomes de mêmes éléments, des corps composés, dont l'espèce chimique est constituée d'atomes d'éléments différents[22].
84
+
85
+ Un composé chimique désigne l'espèce chimique d'un corps composé.
86
+ Un corps pur est caractérisé par sa formule chimique, écriture symbolique plus ou moins complexe et détaillée, de sa composition chimique. La masse molaire d'un corps pur correspond à la masse d'un nombre d'Avogadro (6,022 × 1023) d'ensembles correspondants à sa formule brute. Cela concerne la molécule pour les composés moléculaires, les ions constituants les solides ioniques, l'atome dans le cas des gaz rares ainsi que dans celui des métaux et des solides covalents.
87
+
88
+ Un ion représente un atome qui a perdu ou gagné un ou plusieurs électrons. Il s'agit un cation simple lorsque son cortège électronique a été privé d'un ou plusieurs électrons, il est chargé positivement. Il constitue un anion simple lorsque son cortège électronique s'en trouve excédentaire, il est alors chargé négativement. Les anions ou cations formés à partir de molécules polyatomiques sont appelés ions complexes.
89
+
90
+ Les complexes sont des édifices formés par un élément central et des ligands. L'élément central, souvent un ion métallique avec un complexe pouvant être chargé. L'étude des complexes métalliques relève de la chimie organométallique ou de la chimie de coordination suivant la nature de l'atome lié au métal (respectivement, un carbone, ou un autre atome). Les complexes revêtent une grande importance en chimie des solutions, en catalyse et en chimie bioinorganique.
91
+
92
+ Dans les conditions habituelles au laboratoire, le nombre d'entités chimiques participant à une réaction est très élevé : pour une masse de l'ordre de la dizaine de grammes de matière, Il se rapproche de 1023.
93
+
94
+ Les chimistes utilisent communément une unité numérique, la mole, qui est représentée par la lettre minuscule « n ». La grandeur associée à la mole constitue la quantité de matière. Une mole d'une entité chimique précise implique l'égalité du nombre de ses particules au nombre d'Avogadro 6,02 × 1023. Ce dernier nombre est défini par convention comme le nombre d'atomes de carbone présents dans 12 g de 12C, c'est-à-dire, un atome de carbone contenant six neutrons et six protons.
95
+
96
+ La masse molaire M d'un corps pur moléculaire correspond à la masse d'une mole de molécules de celui-ci et s'exprime en grammes par mole (g•mol-1). La connaissance de la formule chimique et des masses molaires atomiques permet le calcul de la masse molaire moléculaire.
97
+
98
+ Une mole de gaz parfait occupe 22,4 L dans les conditions normales de température et de pression (0 °C ou 273 K, 101,3 kPa).
99
+
100
+ L'aspect expérimental reste central en chimie, ceci aussi bien du point de vue historique que pour la pratique actuelle de cette science ainsi que de son enseignement. Les activités en chimie expérimentale peuvent se résumer essentiellement en quatre fonctions dont les contours exacts dépendent du contexte dans lequel elles sont réalisées (enseignement, recherche, industrie dans un certain domaine spécifique de la chimie)[23],[24] :
101
+
102
+ Une réaction chimique constitue la transformation d’une ou de plusieurs espèces chimiques en d'autres espèces chimiques. Elle implique l'apparition ou la disparition d'au moins une liaison chimique ou un échange d'électron. La réaction qui possède des caractéristiques thermiques nécessite ou fait apparaître différentes formes d’énergie en rapport avec l'énergie de liaison chimique.
103
+
104
+ Une solution se présente par un mélange homogène formé par un solvant en proportion majoritaire et d'un ou plusieurs solutés dans une phase homogène. Les réactions chimiques ont souvent lieu en solution. La solubilité représente la capacité d'un corps à entrer en solution dans un milieu donné. Par exemple, un sel cristallin comme le chlorure de sodium NaCl ou sel de cuisine possède une limite de solubilité dans l'eau : 357 g·kg-1 d'eau à 0 °C et 391 g·kg-1 à 100 °C. Cela signifie qu'à partir de cette teneur limite, le sel précipite ou se dépose sous forme solide. Il y a alors de séparation de phase.
105
+
106
+ La miscibilité constitue la capacité d'un corps à se mélanger avec un autre en formant une seule phase. Le gaz ammoniac NH3 se mélange facilement à température ambiante avec l'eau liquide formant l'ammoniaque, 1 kg d'eau froide saturée d'ammoniac peut contenir 899 g de NH3. Les gaz principaux de l'air, dioxygène et diazote, sont aussi solubles en certaines proportions dans l'eau liquide. 100 g d'eau liquide à 0 °C peut contenir au maximum 4,89 cm3 du premier en solution et 2,3 cm3 du second.
107
+
108
+ Une émulsion se décrit comme une dispersion d'une phase liquide à l'état de gouttelettes microscopiques ou sub-microscopiques, dans une autre phase liquide non miscible. Une suspension constitue une dispersion d'une phase solide finement divisée au sein d'une autre phase liquide englobante. La stabilité d'une suspension ou d'une émulsion nécessite que les fines gouttelettes ou les grains en suspension soient stabilisés par des molécules amphiphiles qui se placent à l'interphase. Ainsi, aucune coalescence des gouttelettes ni d'agglomérations de particules solides ne persiste. Comme le précise le chimiste et gastronome moléculaire, Hervé This, l'immense majorité des systèmes culinaires ne constituent pas des émulsions, mais des dispersions colloïdales plus ou moins complexes[25].
109
+
110
+ L'art, à l'origine souvent empirique, de fabriquer des dispersions colloïdales a fourni des applications en pharmaceutique comme en cuisine, par exemple pour la préparation de chocolats et glaces, de sauces ou de mayonnaises.
111
+
112
+ Une réaction d'oxydoréduction constitue un échange d’électrons entre différentes espèces chimiques. L'espèce qui capte les électrons est appelée « oxydant » ; celle qui les cède, « réducteur ».
113
+
114
+ Les réactions acides-bases en solution sont basées aussi sur des couples d'espèces chimiques. L'acidité et la basicité peuvent être calculées ou mesurées par la concentration des espèces chimiques en solution, qui prend une forme acide ou basique. Svante Arrhenius a mis en évidence dans les solutions aqueuses l'échange de protons entre les composés chimiques, la concentration en ion hydronium (H3O+ ou Hexp+(aq)) indique l'acidité du milieu comme la concentration en ion hydroxyde (OH-) la basicité. Une extension de la modalité de classification à d'autres milieux solvants a été conduite par le chimiste américain Gilbert Newton Lewis.
115
+
116
+ Une synthèse chimique se décrit comme un enchaînement de réactions chimiques mis en œuvre de façon volontaire par un chimiste pour l'obtention d'un ou de plusieurs produits, parfois avec isolation de composés intermédiaires.
117
+
118
+ Réaliser la synthèse d’un composé chimique, permet d'obtenir ce composé à partir d’autres composés chimiques grâce à des réactions chimiques. La planification de l'enchaînement des réactions afin de maximiser l'efficacité de la synthèse (nombre d'étapes, rendement, simplicité des réactions, considérations toxicologiques et environnementales) se nomme la stratégie de synthèse.
119
+
120
+ La chimie organique représente principalement une chimie de synthèse, on parle alors de synthèse organique. Des aspects synthétiques importants se retrouvent également en chimie inorganique et en chimie des polymères.
121
+
122
+ Les polymères constituent de grandes molécules ou macromolécules dont un grand nombre des plus communs est formé par la réaction en chaîne de petites molécules appelées monomères. Ces polymères de synthèse industrielle, dont la structure est fondée sur la répétition d'un motif organique, parfois linéaire, ramifié ou greffé, en réseau ou interpénétré, etc. Concernant les polymères formés par polyaddition de monomères organiques dont le site réactif constitue justement la double liaison carbone-carbone, le grand squelette plus ou moins souple formé d'atomes de carbone qui est décrit par ses configurations et longueur(s) de chaîne moyenne(s) influence les propriétés observées. Citons parmi ces polymères organiques, les polyéthylènes, les polypropylènes, les polystyrènes, les polyisoprènes, les polybutadiènes, les PVC et les polyacryliques. D'autres sortes de réactions de polymérisations existent, comme les polycondensations à l'origine des polyesters, polyamides, polycarbonates, polyuréthanes. Sans compter aussi des polymères à motifs minéraux, comme les silicones ou les polysulfures.
123
+
124
+ L'existence des macromolécules ou polymères naturels avait été pressentie par le pionnier Hermann Staudinger en 1910. Elles peuvent être à motif de glucose ou sucre chimique comme la cellulose ou l'amidon, à motif d'acides aminés comme les protéines et ADN. La chimie macromoléculaire née dans les années 1930 a constitué un domaine continûment innovateur, même au cours des dernières décennies.
125
+
126
+ La chimie, science expérimentale et descriptive, prenant un essor remarquable à l'époque industrielle tout en acceptant la modélisation physique et le langage mathématique là où ils semblaient pertinents, a découvert ou ouvert la voie à nombreuses lois physico-chimiques.
127
+
128
+ Le laboratoire, souvent le meilleur endroit de formation à cette science expérimentale, nécessite des moyens coûteux, une lourde surveillance et une organisation souvent disproportionnée pour un usage souvent trivial.
129
+
130
+ La chimie est introduite dès le Cycle 3 primaire (CE2, CM1, CM2) dans le cadre de l'enseignement des Sciences expérimentales et Technologies (B.O. 2011[26]). Ces premières notions (par exemple unités de mesure, mélanges, solutions, les différents états de la matière et les changements d'états...) sont introduites dans le cadre d'activités essentiellement expérimentales et de résolution de problèmes concrets, issus pour la plupart de la vie quotidienne, en lien avec les autres matières de la formation (Sciences de la Vie et de la Terre, Physique, Technologie, Informatique...). Ici le but n'est pas forcément l'accumulation de connaissances, mais plutôt l'initiation à la résolution de problèmes et l'éveil de la curiosité de l'élève, celui-ci étant en général confronté à une situation concrète, en autonomie, à partir de supports variés (manuels, expériences menées en classe ou à la maison, documents audio-vidéo, logiciels, animations interactives...). Le choix des expériences réalisées est laissé à la discrétion de l'enseignant, ainsi que le contenu exact des séquences.
131
+
132
+ La chimie est ensuite enseignée au collège en même temps que la physique dès la cinquième à raison d'une heure et demie en moyenne, par semaine, et indépendamment des autres matières scientifiques et techniques (Sciences de la Vie et de la Terre et Technologie).
133
+
134
+ Ensuite, au lycée, les élèves commencent par trois heures et demie de physique-chimie par semaine, dont une heure et demie de travaux pratiques en seconde. La poursuite de l'enseignement de la chimie dépend du choix d'orientation des élèves : jusqu'en première, uniquement pour les élèves des filières littéraires et économico-sociales ; et jusqu'en terminale pour les élèves des filières scientifiques, STL, STAV et ST2S.
135
+
136
+ Enfin, la chimie peut être étudiée après le baccalauréat en CPGE, en UFR de chimie ou de sciences (université), en IUT de chimie (université) ou en école de chimie. De nombreuses écoles d'ingénieurs dans le domaine de la chimie sont regroupées au sein de la fédération Gay-Lussac.
137
+
138
+ En 2009 au Québec, les cours de chimie et de physique constituent des options que peut prendre l'élève de cinquième secondaire. Cela pousse plus loin le cours de « sciences et technologie » qu'il a été obligé de suivre durant les dernières années de son secondaire. En temps normal, pour être admis dans les cours de chimie et de physique de cinquième secondaire, les élèves doivent avoir suivi avec succès le cours de « sciences et technologie de l'environnement » en quatrième secondaire. Les options de chimie et de physique servent comme critère d'admission dans plusieurs programmes du cégep comme les cours de sciences pures et appliquées, de sciences de la nature et de sciences de la santé.
139
+
140
+ En 2009 en Suisse, la chimie est enseignée au gymnase dès la dixième année de scolarité. Les universités de Bâle, de Genève, de Berne, de Fribourg et de Zurich forment des chimistes et les écoles polytechniques, comme l'École polytechnique fédérale de Lausanne, des ingénieurs chimistes et des chimistes.
141
+
142
+ L'industrie chimique se développe continûment à la fin du Siècle des Lumières. Si la métallurgie n'est pas oubliée, le progrès reste partout observable. Le fer-blanc devient un produit commun entre 1770 et 1780. Après 1780, en plus des métaux, elle mêle des fabrications millénaires à des innovations récentes. Ces fabrications constituent les acides et la « soude », l'ammoniac, le dichlore et les chlorures décolorants, le phosphore et ses dérivés, les savons et acides gras, le dihydrogène, l'« éther », l'éthylène, l'alcool de vin, l'acide acétique. À tout cela s'ajoute surtout de nombreux sels et une multitude de dérivés organiques et minéraux préparés ou recueillis dans un cadre traditionnel.
143
+
144
+ Elle prend un essor prodigieux au XIXe siècle et participe pleinement aux fortes mutations de la révolution industrielle[27]. Le gaz d'éclairage, produit de la distillation de la houille ou charbon gras, lance l'immense essor de la carbochimie. La découverte de métaux, leurs préparations au laboratoire, puis au stade industriel, comme l'aluminium et les métaux alcalins et alcalino-terreux, témoignent de la vigueur de la science très proche de l'industrie.
145
+
146
+ En 1981, usines et laboratoires fabriquent déjà dans le monde plus de 100 000 composés, mettant en œuvre des centaines de réactions chimiques types. Chercheurs et institutions savantes décrivent et référencent les procédés, réactions et molécules[28]. En 2011 103 000 substances différentes sont commercialisées au niveau de la Communauté économique européenne, dont 10 000 en quantités supérieures à 10 t/an et 20 000 en quantités comprises entre 1 et 10 t/an. L'ère industrielle a vu la production mondiale de substances chimiques passer d'un million de tonnes en 1930 à 400 millions de tonnes en 2009[29].
147
+
148
+ L'industrie chimique représente une part importante de l'activité économique des grands pays industriels au XXe siècle. Dans les années 1970, elle intéresse au sens large la moitié du capital industriel mondial. La variété du matériel et des technologies qu'elle utilise reste incroyablement vaste, comme l'indique une visite au pas de course des exposants pendant les jours de l'Achema à Francfort.
149
+
150
+ Parmi les applications de la chimie, citons les secteurs suivants :
151
+
152
+ Cette industrie peut se scinder en deux grands types :
153
+
154
+ L'ampleur de la production chimique caractérise la « chimie lourde » ou bulk chemistry avec ses procédés automatisés et ses énormes masses traitées ou extraites. La chimie fine se limite à des quantités restreintes de composés, souvent à haute valeur ajoutée pour la pharmacie, la parfumerie et la cosmétique ainsi que dans de nombreux domaines ciblés de haute technologie ou nanomatériaux.
155
+
156
+ La chimie a permis d'accéder à de nouveaux matériaux, métaux, plastiques, ou céramiques qui trouvent des applications importantes dans notre vie la plus quotidienne. Les progrès chimiques ont permis de synthétiser directement certains médicaments au lieu de les extraire des plantes.
157
+
158
+ La chimie œuvre partout dans la nature, les corps vivants, les choses de la vie quotidienne sans que l'observateur attentif et disposant de puissants multiplicateurs sensoriels puisse correctement l'imaginer ou le modéliser. Un chimiste représente dès l'origine un expert des bilans matière et énergie et il sait intuitivement qu'il devrait prendre en compte tous les milieux et les acteurs microbiologiques, végétaux, animaux et humains. Lui en laisse-t-on les moyens ?
159
+
160
+ Citons quelques applications. D'abord la mesure. L'analyse précise de solutions diluées dans un solvant, contenant des molécules solubles plus ou moins complexes, constitue le fruit de longues mises au point analytiques, aujourd'hui très vite réalisées et banales, comme en chimie des solutions aqueuses. Pensons aux analyses banalisées de l'eau du robinet reconnue potable ou des eaux minérales du commerce. Les (bio)chimistes spécialistes des eaux présente un rôle de surveillance des eaux naturelles et de leurs qualités ou toxicités éventuelles. Le recours à la désinfection chimique de l'eau du robinet avant consommation pourrait être modéré en réalisant des progrès substantiels[réf. nécessaire]. En fin d'usage, la maîtrise des procédés chimiques et biologiques permet le traitement des eaux usées dans les stations d'épuration.
161
+
162
+ Ensuite l'usage. La chimie la plus simple peut commencer avec la fabrication et l'usage du sel, nécessaire à l'alimentation et capital pour les vieux procédés de conservation des aliments. Aujourd'hui, les produits de l'industrie agroalimentaire ont recours à une gamme plus variée de conservateurs, agents de conservation ou agents nutritifs, additifs alimentaires comme les colorants, les arômes artificiels et les édulcorants.
163
+
164
+ Des emballages alimentaires à la préservation des récoltes, une connaissance raisonnée des matériaux et des aliments permet d'éviter le gaspillage et les déperditions tout en préservant les qualités et propriétés nutritionnelles des futurs aliments. Suivant l'usage, certains emballages sont biodégradables et, à l'aide du tri sélectif après utilisation, ils sont transformés et revalorisés grâce à des procédés chimiques de recyclage ou une combustion ultime qui permet de ne pas gaspiller l'énergie qu'ils recèlent.
165
+
166
+ L'agriculture a subi une mutation technologique[30] et elle est devenue fortement dépendante d'intrants chimiques. Certainement que l'utilisation à grande échelle d'engrais chimiques, l'usage irraisonné de pesticides et d'insecticides dans des monocultures de plus en plus sensibles ou fragiles peut constituer une impasse désastreuse à long terme pour les sols. L'écologie des terres et la santé des animaux et des hommes qui y vivent ou vivront, ainsi que les tenants de l'agriculture biologique le postulent dans l'immédiat. Si l'on donne à un homme un couteau, il peut découper finement un jambon de façon à le partager avec ses amis, ou encore égorger sauvagement ses voisins perçus en ennemis. L'utilisation des technologies chimiques recèle des bienfaits potentiels ou de terribles dangers selon les usages ou les objectifs. Elle échappe autant aux chimistes qu'à l'honnête homme de la rue. Par exemple, un chimiste organicien considère comme une absurdité de brûler de l'essence dans un moteur à combustion. Pour lui cette matière de choix permet de réaliser d'autres molécules chimiques à usage varié qui, alors seulement au terme de leur usage, pourraient être décomposées et brûlées. Le gain sur une courte échelle de temps d'une famille de produits chimiques, parfois peu sophistiqués et à utilisation massive, permet d'obtenir des profits évidents. Ainsi s'obtiennent des récoltes plus abondantes en enrichissant les sols pauvres et en éliminant les insectes nuisibles, les champignons parasites, les mauvaises herbes et la faune associée. Mais qu'advient-il à longue échéance ? Après avoir provoqué l'éradication de multiples espèces d'oiseaux, l'affaiblissement des hyménoptères butineurs, la prise de conscience générale des dommages causés à l'environnement devient vitale. Les sociétés agrochimiques produisent alors de nouveaux produits plus efficaces ou plus ciblés qui peuvent soit respecter mieux l'environnement soit entraîner d'autres catastrophes parfois plus pernicieuses alors que la course au profit immédiat implique de minorer toute information alarmiste.
167
+
168
+ La chimie explique sommairement la formation du bois et des textiles naturels ou permet la synthèse de larges gammes de matières et de types de matériaux. Parmi eux se trouvent fibres synthétiques (comme le nylon, le Lycra et la fibre PET pour fabriquer des polaires), mobilier en matière plastique, etc.
169
+
170
+ Dans le domaine de la construction, la chimie a beaucoup évolué en contribuant aussi à la fabrication de matériaux, d'isolants performants, de peintures ou de vernis, de mastics, de produits d'entretien et d'ameublement. Les désagréments causés par les produits des premières générations ont été très lentement corrigés, puis les générations suivantes apportent d'autres inconvénients.
171
+
172
+ Un nombre important d'applications chimiques ont trouvé ou trouvent encore des débouchés et usages commerciaux profitables, alors qu'une connaissance approfondie et précise des méfaits de leurs emplois ou mésusages fait défaut tant aux utilisateurs qu'au public. La chimie toxicologique constitue une parente pauvre. Alors que les grands groupes pétrochimiques se sont vantés dans les années 1970 d'apporter une sécurité écologique, les 200 000 molécules que leurs activités ont permis de confectionner ne sont véritablement connues du toxicologue qu'à 1 %. Le progrès, plus visible depuis longtemps, représente un bouleversement, un gain éhonté pour certains, une menace vitale pour les moins favorisés. Cependant, comment essayer de maîtriser et de juguler le danger sans faire confiance à la collégialité de différents chimistes, renforcées au besoin d'équipes expertes de mathématiciens, physiciens, de biologistes, etc., et à leurs éthiques de vérité scientifique ?[réf. nécessaire]
173
+
174
+ La découverte et la synthèse de médicaments qui contribuent à l'augmentation de l'espérance de vie enregistrée depuis la fin de la révolution industrielle dans les pays développés sont aussi à l'actif des techniques de la chimie. Mais la médicalisation massive d'une population entraîne d'irréductibles problèmes de pollutions, car les molécules ou leurs produits sommaires de dégradations se retrouvent dans les eaux usées.
175
+
176
+ Dans le domaine « Santé-environnement », la chimie constitue une source de problème par certains polluants qu'elle crée ou contribue à diffuser dans l'environnement, en particulier les produits chimiques toxiques ou écotoxiques dont les CMR « cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques ». Certains produits tels que médicaments, pesticides, catalyseurs ou leurs résidus perdus dans l'environnement ou présents dans l'alimentation peuvent ensuite poser des problèmes d'environnement ou de santé, en particulier avec les perturbateurs endocriniens.
177
+
178
+ Les substances chimiques incarneraient « au premier rang des accusés » la chute de la qualité des spermatozoïdes (réduite de 50 % depuis 1950) et des maladies liées à l'appareil génital à travers les perturbateurs endocriniens. Le 25 novembre 2008, le gouvernement français (à travers l'IReSP, structure de recherche créée par l'INSERM et 20 partenaires) et l'Afsset ont organisé un colloque sur le thème : « Environnement chimique, reproduction et développement de l'enfant. » Les principales matières incriminées sont les phtalates et le bisphénol A[31], deux additifs présents dans les matières plastiques.
179
+
180
+ Au niveau international, la convention de Rotterdam, administrée par l'ONU (PNUD, FAO) a été adoptée par 165 pays en 1998 pour mieux assurer la santé des personnes et de l’environnement contre des dommages éventuels induits par le commerce de produits chimiques.
181
+
182
+ De nombreuses législations concernent les produits chimiques et leurs résidus, qui varient selon les pays. Des bases de données et guides sur le risque chimique existent, donc en France[32].
183
+
184
+ Le chimiste apparaît souvent en personnage caricatural de la littérature, de la bande dessinée et surtout du cinéma. Ces savants échevelés ou docteurs désopilants, à la fois et confusément biologistes, chimistes et physiciens, constituent des êtres sourds au monde vrai ou perdus hors du laboratoire et de l'étude ; à moins de remonter le temps, d'aller dans un autre monde ou sur la Lune, à l'image du professeur Tournesol. Ils interviennent surtout de façon intermittente, par leur action, tantôt décisive tantôt inquiétante, car elle oriente la fiction.
185
+
186
+ Dans un registre comique, alliant de façon classique la chimie et l'amour, citons le film Docteur Jerry et Mister Love avec Jerry Lewis (1963), et Jean Lefebvre jouant le rôle d'Eugène Ballanchon dans Le Fou du labo 4 de Jacques Besnard (1967).
187
+
188
+ La représentation littéraire du chimiste dans de nombreuses œuvres constitue une grande différente de la réalité. Il est considéré comme un savant venu d'ailleurs qui vit hors du temps. Le chimiste se présente alors en demi-sorcier, image issue de l'ancien alchimiste, qui joue avec des forces obscures qu'il ne maîtrise pas afin de rivaliser avec la nature. La chimie est souvent associée avec l'occulte alors qu'elle représente une science reconnue.
189
+
190
+ Toutefois, il faut soustraire à ce tableau Le Système périodique de Primo Levi. Cet ouvrage littéraire italien sur le thème de la chimie comporte vingt et un chapitres qui, chacun séparément, illustrent un élément du tableau de Mendeleïev. Ces parties descriptives qui ont été conçues avec le support spatial du tableau périodique et l'art du chimiste relatent au besoin la vie professionnelle de l'écrivain. Par ailleurs chimiste spécialiste de peinture et directeur du laboratoire d'une petite unité de production à Turin, des anecdotes ou rencontres autobiographiques ou de courtes nouvelles complémentaires inventées, judicieusement choisies.
191
+
192
+ Sur les autres projets Wikimedia :
193
+
194
+ 8e éd., Chemical Engineering Series, McGraw-Hill, 2007 (ISBN 0-07-142294-3)
fr/1077.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,57 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
4
+
5
+ La chimie organique est le domaine de la chimie qui étudie les composés organiques, c'est-à-dire les composés du carbone (à l'exception de quelques composés simples qui par tradition relèvent de la chimie minérale[a])[1]. Ces composés peuvent être naturels ou synthétiques[2].
6
+
7
+ Une caractéristique du carbone consiste en l’aptitude qu’ont ses atomes à s’enchaîner les uns aux autres, par des liaisons covalentes, d'une façon presque indéfinie, pour former des chaînes carbonées d’une grande diversité[3]. Les composés organiques sont ainsi constitués de molécules caractérisées par des enchaînements carbonés propres aux molécules dites « organiques ».
8
+
9
+ L'aptitude caractéristique du carbone implique qu'« il suffit alors de quelques autres éléments [...] pour former avec lui des millions de molécules différentes, dont la masse moléculaire peut atteindre 100 000 ou même 1 000 000 ; on parle alors de macromolécules »[4].
10
+
11
+ Les molécules organiques contiennent fréquemment des atomes d’hydrogène et souvent des atomes d'oxygène ou d'azote[4] et les molécules synthétiques proviennent souvent du pétrole.
12
+
13
+ La chimie organique étudie en particulier leur structure chimique, leurs propriétés, leurs caractéristiques, leur composition chimique, leurs réactions chimiques et leur préparation (par synthèse ou autres moyens). Ces composés peuvent comprendre d'autres éléments chimiques, comme les halogènes (fluor, chlore, brome, iode) ainsi que le bore, le silicium, le phosphore, le soufre ; plus rarement, le lithium, le sodium, le magnésium, le cuivre, le titane, le potassium, le fer, le cobalt, le zinc et le plomb. Cette dernière est appelée chimie organométallique.
14
+
15
+ La première définition de la chimie « organique » par Nicolas Lémery dans son Cours de chimie publié en 1690, était due à la conception erronée selon laquelle les composés organiques seraient les seuls entrant en jeu dans les processus du vivant. Cependant, les molécules organiques peuvent être produites par des processus sans rapport avec le vivant et le vivant dépend aussi de la chimie inorganique. Par exemple, de nombreuses enzymes ont besoin de métaux de transition comme le fer ou le cuivre pour être actifs ; et des matériaux comme les coquillages, les dents ou les os sont constitués en partie de composés organiques et en partie de matière inorganique (minérale).
16
+
17
+ Bien qu'il y ait un recouvrement avec la biochimie, cette dernière s'intéresse spécifiquement aux molécules fabriquées par les organismes vivants qui appartiennent aux grands groupes classiques (lipides, glucides, protides, acides nucléiques) ainsi qu'aux petites molécules produites par le métabolisme. Les composés organiques sont donc au cœur de ces disciplines. On les désignera sous le terme général de « substances » organiques qui inclut des macromolécules comme les protéines (polymères polypeptidiques).
18
+
19
+ La chimie organique s'oppose par ailleurs à la chimie inorganique (minérale ou « générale »), laquelle s'occupe de l'étude des substances issues du monde minéral (la Terre, l'eau et l'atmosphère). Cette séparation tient au fait que jusqu'au début du XIXe siècle, les chimistes pensaient généralement que les composés des organismes vivants étaient trop complexes de par leur structure et que l'homme ne pouvait les synthétiser car leur formation avait nécessité l'intervention d'une « force vitale » (voir vitalisme). Ces composés étaient également particuliers du fait qu'ils pouvaient se reproduire. Ils appelèrent ces composés « organiques » et continuèrent à les ignorer[5].
20
+
21
+ L'essor de la chimie organique commença lorsque les chimistes découvrirent que ces composés pouvaient être abordés de façon similaire aux composés inorganiques et pouvaient être recrées en laboratoire sans avoir recours à la « force vitale ». Aux alentours de 1816, Eugène Chevreul commença une étude des savons à partir de différents corps gras et alcalis. Il sépara les différents acides qui, en combinaison avec les alcali, produisaient le savon. Ainsi, il démontra qu'il était possible de changer chimiquement les graisses afin de produire de nouveaux composés sans l'aide d'une « force vitale ». En 1828, Friedrich Wöhler fut le premier à produire l'urée, un constituant de l'urine qui est une molécule organique, à partir du cyanate d'ammonium NH4OCN qui est un réactif inorganique. Cette réaction fut ensuite appelée la synthèse de Wöhler. Il fut très prudent et ne déclara pas, ni à ce moment ni plus tard, la fin de la « théorie de la force vitale », mais ceci est maintenant considéré comme le tournant historique.
22
+
23
+ De 1850 à 1865, le chimiste français Marcellin Berthelot (1827-1907), professeur au Collège de France, se consacre à la synthèse organique et reconstitue le méthane, le méthanol, l'éthyne et le benzène à partir de leurs éléments, et expose ses théories dans son livre La Chimie Organique Fondée sur la Synthèse.
24
+
25
+ Un autre grand pas fut franchi en 1856 lorsque William Henry Perkin, alors qu'il cherchait à produire de la quinine, synthétisa de manière accidentelle la teinture organique maintenant appelée mauvéine. Cette découverte rapporta beaucoup d'argent et augmenta l'intérêt pour la chimie organique. Une autre étape fut la préparation en laboratoire du DDT par Othmer Zeidler en 1874, mais les propriétés insecticides de la molécule ne furent découvertes que beaucoup plus tard.
26
+
27
+ Une avancée cruciale pour la chimie organique fut le développement du concept de structure chimique, de manière indépendante et simultanée par Friedrich August Kekule et Archibald Scott Couper en 1858. Les deux hommes suggérèrent que les atomes de carbone tétravalents pouvaient se lier les uns aux autres afin de former un squelette carboné et que les détails des liaisons entre les atomes pouvaient être découverts par une interprétation de certaines réactions chimiques.
28
+
29
+ Le développement de la chimie organique continua avec la découverte des hydrocarbures et de leur séparation par distillation fractionnée en composés chimiques de points d'ébullition différents. La transformation des différents composants du pétrole grâce à des procédés chimiques de plus en plus nombreux engendra l'industrie pétrochimique dont dérive la synthèse du caoutchouc, de plusieurs adhésifs organiques et des plastiques.
30
+
31
+ L'industrie pharmaceutique débuta pendant la dernière décennie du XIXe siècle lorsque la production d'acide acétylsalicylique, plus connu sous le nom d'aspirine, commença en Allemagne par Bayer.
32
+
33
+ La première tentative d'amélioration systématique d'un médicament eut lieu avec le développement de l'arsphénamine (Salvarsan). De nombreux dérivés d'une molécule active mais très toxique (atoxyl) qu'on qualifierait maintenant de lead compound (en), furent synthétisés et testés par Paul Ehrlich et son équipe. À l'issue de cette optimisation (un drug design embryonnaire), le composé présentant le meilleur rapport efficacité/toxicité fut sélectionné pour la production.
34
+
35
+ Les premières réactions organiques furent souvent le résultat de découvertes fortuites mais, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, l'étude systématique des composés organiques se développa. Au début du XXe siècle, les progrès en chimie organique permirent la synthèse de molécules complexes en suivant un protocole par étapes. Au même moment, on découvrit que les polymères et les enzymes étaient des molécules organiques de grande taille et que le pétrole était d'origine biologique.
36
+
37
+ Le processus permettant de synthétiser une molécule précise à partir de précurseurs simples - et le plus souvent commerciaux - est appelé synthèse totale. La synthèse totale de composés naturels complexes, initiée avec la préparation de l'urée, gagna en complexité avec le glucose et le terpineol et, en 1907, la synthèse totale fut utilisée dans un but commercial pour la première fois par Gustaf Komppa avec le camphre. Les avancées dans le domaine pharmaceutique ont été conséquentes : il devint possible de synthétiser des hormones humaines complexes (stéroïdes, insuline) et d'en obtenir des dérivés. Depuis le début du XXe siècle, la puissance de la synthèse totale n'a cessé d'augmenter, rendant possible la préparation de molécules aussi complexes que la vitamine B12. De nos jours, les composés synthétisés peuvent comporter des dizaines de centres stéréogènes dont la stéréochimie peut être contrôlée grâce à la synthèse asymétrique.
38
+
39
+ Actuellement, plus de quarante-cinq millions de composés sont disponibles[6], souvent obtenus par voie synthétique et parmi lesquels rares sont les produits que l'on trouve dans la nature.
40
+
41
+ La chimie organique se définit maintenant simplement par l'étude des composés à base de carbone autres que les oxydes de carbone, les cyanures, les carbonates et les carbures autres que les hydrocarbures. On l'appelle également la chimie du carbone (voir aussi Composé organique).
42
+
43
+ La raison pour laquelle il existe autant de composés carbonés est la capacité du carbone de former des liaisons covalentes avec lui-même et donc de former de nombreuses chaînes de différentes longueurs, ainsi que des cycles de différentes tailles. La plupart des composés organiques sont fort sensibles à la température et se décomposent généralement au-dessus de 200 °C. Ils ont tendance à être peu solubles dans l'eau, en tout cas moins solubles que les sels inorganiques. En revanche, et à l'inverse de tels sels, ils ont tendance à être solubles dans les solvants organiques tels que l'éther diéthylique ou l'éthanol. D'une manière générale, on peut retenir que les semblables (molécules plus ou moins polaires, protiques…) dissolvent les semblables.
44
+
45
+ Les composés organiques sont constitués d'atomes de carbone et d'hydrogène ; leur structure peut posséder d'autres atomes. Dans un souci de simplification, les chimistes ont pris l'habitude de représenter les molécules qu'ils manipulent sans faire figurer les atomes de carbone et d'hydrogène. Cette représentation est appelée formule topologique.
46
+
47
+ Les composés aliphatiques comportent des squelettes carbonés linéaires ou cyclisés (composés alicycliques) non aromatiques qui peuvent être modifiés par des groupes fonctionnels.
48
+
49
+ Un composé aromatique doit répondre à trois critères :
50
+
51
+ Si le cycle contient au moins un atome autre que du carbone (en général N et/ou O, parfois S, mais d'autres possibilités existent : le sélénium par exemple), on parle d'hétérocycle.
52
+
53
+ On peut également citer les composés issus d'autres branches reliées à la chimie organique :
54
+
55
+
56
+
57
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1078.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,194 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ La chimie est une science de la nature qui étudie la matière et ses transformations, et plus précisément[1] :
4
+
5
+ La taille des entités chimiques varie de simples atomes ou molécules nanométriques aux édifices moléculaires de plusieurs dizaines de milliers d'atomes dans les macromolécules, l'ADN ou protéine de la matière vivante (infra)micrométrique, jusqu'à des dimensions parfois macroscopiques des cristaux. En incluant l'électron libre (qui intervient dans les réactions radicalaires), les dimensions de principaux domaines d'application se situent dans son ensemble entre le femtomètre (10−15 m)[2] et le micromètre (10−6 m).
6
+
7
+ L'étude du monde à l'échelle moléculaire soumise paradoxalement à des lois singulières, comme le prouvent les récents développements nanotechnologiques, permet de mieux comprendre les détails de notre monde macroscopique. La chimie est qualifiée de « science centrale »[3] en raison des relations étroites qu'elle possède avec la biologie et la physique. Et elle a évidemment des relations avec les champs d'applications variés, tels que la médecine, la pharmacie, l'informatique et la science des matériaux, sans oublier des domaines appliqués tels que le génie des procédés et toutes les activités de formulation.
8
+
9
+ La physique, et surtout son instrumentation, est devenue hégémonique après 1950 dans le champ de la science de la nature. Les avancées en physique ont surtout refondé en partie la chimie physique et la chimie inorganique. La chimie organique, par l'intermédiaire de la biochimie, a partagé des recherches valorisant la biologie. Mais la chimie n'en garde pas moins une place incontournable et légitime dans le champ des sciences de la nature : elle conduit à de nouveaux produits, de nouveaux composés, découvre ou invente des structures moléculaires simples ou complexes qui bénéficient de façon extraordinaire à la recherche physique ou biologique. Enfin l'héritage cohérent que les chimistes défenseurs marginaux des structures atomiques ont légué aux acteurs de la révolution des conceptions physiciennes au début du XXe siècle ne doit pas être sous-estimé.
10
+
11
+ Trois étymologies sont fréquemment citées, mais ces hypothèses peuvent être reliées :
12
+
13
+ Notes
14
+
15
+ L'art d'employer ou de trier, préparer, purifier, de transformer les substances séchées mises sous forme de poudres, qu'elles proviennent du désert ou de vallées sèches, a donné naissance à des codifications savantes. Initialement d'abord essentiellement minérales. Mais les plantes éphémères et les arbres pérennes du désert, et leurs extraits gommeux ou liquides nécessaires aux onguents, ont été très vite assimilés à celles-ci, par reconnaissance de l'influence des terres et des roches.
16
+
17
+ Outre la connaissance du cycle de l'eau et des transports sédimentaires, la maîtrise progressive des métaux et des terres, les Égyptiens de l'Antiquité connaissent beaucoup de choses. Parmi elles, le plâtre, le verre, la potasse, les vernis, le papier (papyrus durci à l'amidon), l'encens, une vaste gamme de couleurs minérales ou pigments, de remèdes et de produits cosmétiques, etc. Plus encore que les huiles à onction ou les bains d'eaux ou de boues relaxants ou guérisseurs, la chimie se présente comme un savoir sacré qui permet la survie. Par exemple par l'art sophistiqué d'embaumer ou par le placement des corps des plus humbles dans un endroit sec.
18
+
19
+ L'art de la terre égyptien a été enseigné en préservant une conception unitaire. Les temples et les administrations religieuses ont préservé et parfois figé le meilleur des savoirs. Le pouvoir politique souverain s'est appuyé sur les mesures physiques, arpentage et hauteur hydraulique des crues, peut-être sur la densité du limon en suspension, pour déterminer l'impôt et sur les matériaux permettant les déplacements ou la mobilité des armées. Le vitalisme ou les cultes agraires et animaux, domaines appliqués de la kemia, ont été préservés dans des temples, à l'instar d'Amon, conservatoire des fumures azotées et de la chimie ammoniacale antique.
20
+
21
+ Les savants musulmans[7] supposaient que tous les métaux provenaient de la même espèce. Ils croyaient à la possibilité de la transmutation et cherchèrent en vain dans cette perspective l'obtention de « l'al-iksir » qui prolongerait la vie.
22
+
23
+ Nos repères de pensée taxonomique sont profondément influencés par les civilisations grecques puis hellénistiques, férues de théorisations, qui ont lentement esquissé de façon sommaire ce qui encadre aux yeux profanes la chimie, la physique et la biologie. Elles ont laissé les techniques vulgaires au monde du travail et de l'esclave. L'émergence de spiritualités populaires, annexant l'utile à des cultes hermétiques, a promu et malaxé ses bribes de savoirs dispersés. Incontestablement, les premiers textes datés tardivement du Ier siècle et IIe siècle après Jésus-Christ comportent à l'exemple de l'alchimie médiévale la plus ésotérique, une partie mystique et une partie opératoire[8]. La religiosité hellénistique a ainsi légué aussi bien le bain-marie, de Marie la Juive que l'abscons patronage d'Hermès Trismégiste, divinité qui prétendait expliquer à la fois le mouvement et la stabilité de toute chose humaine, terrestre ou céleste.
24
+
25
+ Au cours des siècles, ce savoir empirique oscille entre art sacré et pratique profane. Il s'est préservé comme l'atteste le vocable chimia des scolastiques en 1356, mais savoir et savoir-faire sont souvent segmentés à l'extrême. Parfois, il est amélioré dans le monde paysan, artisan ou minier avant de devenir une science expérimentale, la chimie, au cours des troisième et quatrième décennies du XVIIe siècle. Au même titre que la physique, le prodigieux essor de la pensée et de la modélisation mécanistes, font naître la chimie sous forme de science expérimentale et descriptive[9]. Riche de promesses, la chimie reste essentiellement qualitative et bute sur le retour incessant des croyances écartées.
26
+
27
+ Les alchimistes ont subsisté jusqu'en 1850. Ils étaient acceptés par les croyances communes, poursuivant la quête de la pierre philosophale et continuant l'alchimie sous une forme ésotérique. La rupture entre la chimie et l'alchimie apparaît pourtant clairement en 1722, quand Étienne Geoffroy l'Aîné, médecin et naturaliste français, affirme l'impossibilité de la transmutation. La chimie expérimentale et l'alchimie diffèrent déjà radicalement ; donc il devient nécessaire de pouvoir distinguer ces deux termes restés dans le langage.
28
+
29
+ La chimie a connu une avancée énorme avec Antoine Lavoisier qui l'a promue au rang de science exacte. Lavoisier reste dans l'Histoire comme celui qui a découvert la combustion par le dioxygène (1775). Pour le philosophe Thomas Samuel Kuhn, il s'agit d'une révolution scientifique majeure, qui a donné naissance à la chimie moderne[10].
30
+
31
+ Les biographies des savants français et étrangers se trouvent dans les articles répertoriés dans la Catégorie:Chimiste ou de la Liste de chimistes.
32
+
33
+ L'étude de la matière a naturellement conduit les premiers chimistes des années 1620-1650 à modéliser sa composition, puisant librement, mais non sans méfiance dans une abondante tradition antique. À la suite de Van Helmont, ces adeptes mécanistes de la contingence maîtrisent déjà la notion de gaz, tiennent compte du facteur de la température et parviennent à expliquer sommairement la pression de vapeur d'un corps et les mélanges miscibles des fluides. John Dalton, persévérant expérimentateur, continuateur de la première lignée mécaniste partiellement abandonnée, a le premier essayé de donner une définition moderne de la notion d'atome. L'atome constitue une particule fondamentale ou une combinaison de plusieurs d'entre elles. En 1811, Amedeo Avogadro affirme que le volume d'un gaz quelconque à pression et température constante contient le même nombre de particules, qu'il dénomme molécules intégrantes ou constituantes[11].
34
+
35
+ L'obstination de nombreux chimistes souvent incompris, tel Berzelius en pionnier de l'électrovalence dès 1812, a servi pour réaffirmer la possibilité d'une modélisation à la fois mécaniste et géométrique par le biais d'une architecture atomique. Auguste Laurent, proposant pour des séries homologues de molécules organiques un même squelette constitué d'atomes, était cruellement dénigré par les maîtres des laboratoires[12]. Mais malgré la suprématie et l'influence politique des équivalentistes, le revirement s'opère. Ce dernier est porté par la reconnaissance des vieux succès de l'électrochimie préparative depuis Humphry Davy et Michael Faraday et la volonté de corréler quantitativement nombre d'espèces chimiques et masse d'un corps pur.
36
+
37
+ Le congrès de Karlsruhe organisé en 1860 par les amis de Friedrich August Kékulé von Stradonitz et de Charles Adolphe Wurtz ouvre la voie à des conventions atomiques[13]. Son influence éveille une intense recherche de classification des éléments qui débouche notamment sur les classifications périodiques de Mendeleïev et de Meyer. Elle entraîne un renouveau d'intérêt pour les molécules[14]. Kékulé et Kolbe en chimie organique, Le Bel et van 't Hoff en chimie générale et plus tard Alfred Werner en chimie minérale établissent les fondements de la représentation en structures moléculaires[15].
38
+
39
+ Les travaux de Joseph John Thomson, découvreur de l'électron en 1897, prouvent que l'atome est constitué de particules électriquement chargées. Ernest Rutherford démontre par sa célèbre expérience en 1909 que l'atome est surtout composé de vide, son noyau, massif, très petit et positif, étant entouré d'un nuage électronique. Niels Bohr, précurseur de la modélisation atomique, affirme en 1913 que les électrons circulent sur des « orbites ». Lorsque James Chadwick découvre les neutrons, la théorie quantique fondée au début de l'entre-deux-guerres sur le modèle rival d'Erwin Schrödinger renforcée par les compléments matriciels de Werner Heisenberg, l'affinement théorique de Wolfgang Pauli a déjà pris son envol. Et ce, malgré les contestations appliquées et systématiques d'Albert Einstein. Des années 1930 à notre XXIe siècle, la mécanique quantique explique le comportement de l'atome et des molécules.
40
+
41
+ Au XXe siècle, l'essor des mesures physiques a facilité aux chimistes la caractérisation des composés avec lesquels ils travaillent. Auparavant, la réaction chimique et un nombre restreint de techniques physico-chimiques s'imposaient en ultime recours pour détecter ou caractériser une molécule. Maintenant, il existe diverses méthodes de mesures. Parmi elles, la chromatographie, la spectrométrie électromagnétique (infrarouge, lumière visible ou UV), la masse, de résonance magnétique nucléaire. Sans oublier aussi d'inclure les microscopies électroniques et autres analyses par diffraction de rayons X ou par diffusion de particules et, dans des cas d'observation contrôlée sur surface plane, la microscopie par champ de force. Toutes ces possibilités ont permis une identification plus aisée. Elles offrent souvent la possibilité de remonter à la structure géométrique des molécules et de leurs assemblages et de connaître leur composition isotopique. Parfois même de « voir » par le multiplicateur instrumental la molécule, de la (dé)placer ou de suivre des réactions (photo)chimiques en temps réel de plus en plus brèves. Ces progrès physico-chimiques ont permis de grandes avancées tout particulièrement en biochimie où les édifices étudiés restent complexes et les réactions variées.
42
+
43
+ Prix Nobel de chimie 1954
44
+
45
+ La chimie est divisée en plusieurs spécialités expérimentales et théoriques à l'instar de la physique et de la biologie, avec lesquelles elle partage parfois des espaces d'investigations communs ou proches.
46
+ La recherche et l'enseignement en chimie sont organisés en disciplines qui peuvent partager des domaines communs :
47
+
48
+ Liste d'autres domaines spécialisés ou d'interface :
49
+
50
+ Ces interfaces mouvantes ne facilitent pas la délimitation de la chimie.
51
+
52
+ L'évolution de la chimie, tant dans son enseignement que dans les champs de recherche, est influencée à terme par les puissantes directions de recherches américaines. En particulier de façon récente privilégiant majoritairement les domaines des soins et de la santé humaine et animale[réf. nécessaire].
53
+
54
+ La langue de la recherche en chimie se présente majoritairement en anglais. Des années 1880 à la Grande Guerre, l'allemand, l'anglais et le français ont pourtant constitué des langues véhiculaires nécessaires aux savants. Mais survient l'éclipse du français dans l'entre-deux-guerres[16]. Puis l'allemand, qui avait réussi à préserver quelques dernières revues importantes ou écrits scientifiques de référence, a cédé face à l'anglais dans les années 1990.
55
+
56
+ Un élément est une entité immatérielle dénuée de propriétés physiques ou chimiques. Il constitue un couple formé d'un symbole et d'un numéro atomique (numéro d'ordre dans le tableau périodique des éléments) qui caractérise les atomes, molécules, ions, nucléides isotopes d'une espèce chimique donnée. 92 éléments naturels et 17 éléments artificiellement créés par l'homme sont répertoriés.
57
+ Un élément chimique désigne abstraitement l'ensemble des atomes avec un nombre donné de protons dans leur noyau[17]. Ce nombre s'appelle le numéro atomique. Par exemple, tous les atomes avec six protons dans leurs noyaux constituent des atomes de l'élément carbone C. Ces éléments sont rassemblés et ordonnés dans le tableau périodique des éléments.
58
+
59
+ L'atome (grec ancien ἄτομος [atomos], « indivisible »)[18] d'une espèce chimique représente une entité matérielle. L'atome est formé d'un noyau atomique contenant des nucléons, en particulier d'un nombre Z de charge électrique élémentaire positive du noyau qui maintient autour de lui un nombre d'électrons, charge négative équilibrant la charge positive du noyau. Il possède un rayon, une structure géométrique, ainsi que des propriétés chimiques et physico-chimiques spécifiques relevant de ce cortège électronique.
60
+
61
+ Un atome constitue la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec une autre. Généralement constitué d'un noyau composé de protons et de neutrons autour desquels orbitent des électrons, sa taille caractéristique se compte en dixième de nanomètre (nm), soit 10-10 m.
62
+
63
+ La théorie atomiste, qui soutient l'idée d'une matière composée de « grains » indivisibles (contre l'idée d'une matière indéfiniment sécable), est connue depuis l'antiquité, et fut en particulier défendue par Démocrite, philosophe de la Grèce antique. Elle fut disputée jusqu'à la fin du XIXe siècle ; aujourd'hui, cela ne fait l'objet d'aucune controverse. Les sciences de la matière modernes se reposent en particulier sur cette notion d'atome. L'atome n'est cependant plus considéré comme un grain de matière insécable, depuis les expériences de physique nucléaire ayant mis à jour sa structure au début du XXe siècle.
64
+
65
+ En chimie, les atomes représentent les éléments de base. Ils constituent la matière et forment les molécules en partageant des électrons. Les atomes restent grosso modo indivisibles au cours d'une réaction chimique (en acceptant les légères exceptions que constituent les échanges des électrons périphériques).
66
+
67
+ Cependant, depuis le début du XXe siècle, des expériences de physique nucléaire ont mis en évidence l'existence d'une structure complexe pour le noyau atomique. Les constituants de l'atome constituent des particules élémentaires.
68
+
69
+ Les plus gros atomes peuvent être vu au microscope électronique en transmission
70
+
71
+ Histoire de l'atome
72
+
73
+ Le concept d'atome est particulièrement bien admis par le grand public, pourtant, paradoxalement, les atomes ne peuvent pas être observés par des moyens optiques et seuls quelques rares physiciens manipulent des atomes isolés. L'atome représente donc un modèle essentiellement théorique. Bien que ce modèle ne soit plus aujourd'hui remis en cause, il a beaucoup évolué au cours du temps pour répondre aux exigences des nouvelles théories physiques et correspondre aux différentes expérimentations effectuées.
74
+
75
+ Un isotope d'une espèce atomique constitue une entité matérielle caractérisée par :
76
+
77
+ Un isotope possède des propriétés nucléaires spécifiques. Les propriétés chimiques des divers isotopes ne diffèrent pas entre elles pour les atomes suffisamment lourds.
78
+
79
+ Une molécule constitue un assemblage précis d'atomes, domaine défini et structuré dans l'espace et le temps par des liaisons chimiques fortes[19]. Une molécule polyatomique se comporte essentiellement comme une entité aux propriétés propres, une individualité chimique radicalement différente des atomes qui composent son architecture. Si les molécules monoatomiques ou les petites molécules polyatomiques sont électriquement neutres, les molécules plus grandes ou complexes n'obéissent pas systématiquement à ce critère.
80
+
81
+ La liaison chimique impliquant la présence d'électrons liés à un ou plusieurs noyaux explique la réalité moléculaire[20]. Plus précisément, elle assure la stabilité des molécules et, dans le cas d'un assemblage complexe, la cohésion liante de chaque atome entre eux mettant en jeu par échange ou partage un ou plusieurs électrons dans les liaisons covalentes. Cela se réalise par la mise en commun d'électrons collectifs à un vaste réseau d'atomes dans la liaison métallique ou initiant par de fortes dissymétries locales de charges, des forces électrostatiques.
82
+
83
+ Un corps pur incarne un corps généralement macroscopique constitué au niveau moléculaire d'une seule espèce chimique[21]. Sa composition chimique, son organisation sous forme de gaz, liquide, solide amorphe ou réseaux cristallins, etc., et ses propriétés physiques, par exemple les constantes physiques correspondant aux transitions de premier ordre comme la température de fusion, d'ébullition, peuvent être définies. En particulier, l'analyse chimique distingue les corps simples, dont l'espèce chimique est constituée d'atomes de mêmes éléments, des corps composés, dont l'espèce chimique est constituée d'atomes d'éléments différents[22].
84
+
85
+ Un composé chimique désigne l'espèce chimique d'un corps composé.
86
+ Un corps pur est caractérisé par sa formule chimique, écriture symbolique plus ou moins complexe et détaillée, de sa composition chimique. La masse molaire d'un corps pur correspond à la masse d'un nombre d'Avogadro (6,022 × 1023) d'ensembles correspondants à sa formule brute. Cela concerne la molécule pour les composés moléculaires, les ions constituants les solides ioniques, l'atome dans le cas des gaz rares ainsi que dans celui des métaux et des solides covalents.
87
+
88
+ Un ion représente un atome qui a perdu ou gagné un ou plusieurs électrons. Il s'agit un cation simple lorsque son cortège électronique a été privé d'un ou plusieurs électrons, il est chargé positivement. Il constitue un anion simple lorsque son cortège électronique s'en trouve excédentaire, il est alors chargé négativement. Les anions ou cations formés à partir de molécules polyatomiques sont appelés ions complexes.
89
+
90
+ Les complexes sont des édifices formés par un élément central et des ligands. L'élément central, souvent un ion métallique avec un complexe pouvant être chargé. L'étude des complexes métalliques relève de la chimie organométallique ou de la chimie de coordination suivant la nature de l'atome lié au métal (respectivement, un carbone, ou un autre atome). Les complexes revêtent une grande importance en chimie des solutions, en catalyse et en chimie bioinorganique.
91
+
92
+ Dans les conditions habituelles au laboratoire, le nombre d'entités chimiques participant à une réaction est très élevé : pour une masse de l'ordre de la dizaine de grammes de matière, Il se rapproche de 1023.
93
+
94
+ Les chimistes utilisent communément une unité numérique, la mole, qui est représentée par la lettre minuscule « n ». La grandeur associée à la mole constitue la quantité de matière. Une mole d'une entité chimique précise implique l'égalité du nombre de ses particules au nombre d'Avogadro 6,02 × 1023. Ce dernier nombre est défini par convention comme le nombre d'atomes de carbone présents dans 12 g de 12C, c'est-à-dire, un atome de carbone contenant six neutrons et six protons.
95
+
96
+ La masse molaire M d'un corps pur moléculaire correspond à la masse d'une mole de molécules de celui-ci et s'exprime en grammes par mole (g•mol-1). La connaissance de la formule chimique et des masses molaires atomiques permet le calcul de la masse molaire moléculaire.
97
+
98
+ Une mole de gaz parfait occupe 22,4 L dans les conditions normales de température et de pression (0 °C ou 273 K, 101,3 kPa).
99
+
100
+ L'aspect expérimental reste central en chimie, ceci aussi bien du point de vue historique que pour la pratique actuelle de cette science ainsi que de son enseignement. Les activités en chimie expérimentale peuvent se résumer essentiellement en quatre fonctions dont les contours exacts dépendent du contexte dans lequel elles sont réalisées (enseignement, recherche, industrie dans un certain domaine spécifique de la chimie)[23],[24] :
101
+
102
+ Une réaction chimique constitue la transformation d’une ou de plusieurs espèces chimiques en d'autres espèces chimiques. Elle implique l'apparition ou la disparition d'au moins une liaison chimique ou un échange d'électron. La réaction qui possède des caractéristiques thermiques nécessite ou fait apparaître différentes formes d’énergie en rapport avec l'énergie de liaison chimique.
103
+
104
+ Une solution se présente par un mélange homogène formé par un solvant en proportion majoritaire et d'un ou plusieurs solutés dans une phase homogène. Les réactions chimiques ont souvent lieu en solution. La solubilité représente la capacité d'un corps à entrer en solution dans un milieu donné. Par exemple, un sel cristallin comme le chlorure de sodium NaCl ou sel de cuisine possède une limite de solubilité dans l'eau : 357 g·kg-1 d'eau à 0 °C et 391 g·kg-1 à 100 °C. Cela signifie qu'à partir de cette teneur limite, le sel précipite ou se dépose sous forme solide. Il y a alors de séparation de phase.
105
+
106
+ La miscibilité constitue la capacité d'un corps à se mélanger avec un autre en formant une seule phase. Le gaz ammoniac NH3 se mélange facilement à température ambiante avec l'eau liquide formant l'ammoniaque, 1 kg d'eau froide saturée d'ammoniac peut contenir 899 g de NH3. Les gaz principaux de l'air, dioxygène et diazote, sont aussi solubles en certaines proportions dans l'eau liquide. 100 g d'eau liquide à 0 °C peut contenir au maximum 4,89 cm3 du premier en solution et 2,3 cm3 du second.
107
+
108
+ Une émulsion se décrit comme une dispersion d'une phase liquide à l'état de gouttelettes microscopiques ou sub-microscopiques, dans une autre phase liquide non miscible. Une suspension constitue une dispersion d'une phase solide finement divisée au sein d'une autre phase liquide englobante. La stabilité d'une suspension ou d'une émulsion nécessite que les fines gouttelettes ou les grains en suspension soient stabilisés par des molécules amphiphiles qui se placent à l'interphase. Ainsi, aucune coalescence des gouttelettes ni d'agglomérations de particules solides ne persiste. Comme le précise le chimiste et gastronome moléculaire, Hervé This, l'immense majorité des systèmes culinaires ne constituent pas des émulsions, mais des dispersions colloïdales plus ou moins complexes[25].
109
+
110
+ L'art, à l'origine souvent empirique, de fabriquer des dispersions colloïdales a fourni des applications en pharmaceutique comme en cuisine, par exemple pour la préparation de chocolats et glaces, de sauces ou de mayonnaises.
111
+
112
+ Une réaction d'oxydoréduction constitue un échange d’électrons entre différentes espèces chimiques. L'espèce qui capte les électrons est appelée « oxydant » ; celle qui les cède, « réducteur ».
113
+
114
+ Les réactions acides-bases en solution sont basées aussi sur des couples d'espèces chimiques. L'acidité et la basicité peuvent être calculées ou mesurées par la concentration des espèces chimiques en solution, qui prend une forme acide ou basique. Svante Arrhenius a mis en évidence dans les solutions aqueuses l'échange de protons entre les composés chimiques, la concentration en ion hydronium (H3O+ ou Hexp+(aq)) indique l'acidité du milieu comme la concentration en ion hydroxyde (OH-) la basicité. Une extension de la modalité de classification à d'autres milieux solvants a été conduite par le chimiste américain Gilbert Newton Lewis.
115
+
116
+ Une synthèse chimique se décrit comme un enchaînement de réactions chimiques mis en œuvre de façon volontaire par un chimiste pour l'obtention d'un ou de plusieurs produits, parfois avec isolation de composés intermédiaires.
117
+
118
+ Réaliser la synthèse d’un composé chimique, permet d'obtenir ce composé à partir d’autres composés chimiques grâce à des réactions chimiques. La planification de l'enchaînement des réactions afin de maximiser l'efficacité de la synthèse (nombre d'étapes, rendement, simplicité des réactions, considérations toxicologiques et environnementales) se nomme la stratégie de synthèse.
119
+
120
+ La chimie organique représente principalement une chimie de synthèse, on parle alors de synthèse organique. Des aspects synthétiques importants se retrouvent également en chimie inorganique et en chimie des polymères.
121
+
122
+ Les polymères constituent de grandes molécules ou macromolécules dont un grand nombre des plus communs est formé par la réaction en chaîne de petites molécules appelées monomères. Ces polymères de synthèse industrielle, dont la structure est fondée sur la répétition d'un motif organique, parfois linéaire, ramifié ou greffé, en réseau ou interpénétré, etc. Concernant les polymères formés par polyaddition de monomères organiques dont le site réactif constitue justement la double liaison carbone-carbone, le grand squelette plus ou moins souple formé d'atomes de carbone qui est décrit par ses configurations et longueur(s) de chaîne moyenne(s) influence les propriétés observées. Citons parmi ces polymères organiques, les polyéthylènes, les polypropylènes, les polystyrènes, les polyisoprènes, les polybutadiènes, les PVC et les polyacryliques. D'autres sortes de réactions de polymérisations existent, comme les polycondensations à l'origine des polyesters, polyamides, polycarbonates, polyuréthanes. Sans compter aussi des polymères à motifs minéraux, comme les silicones ou les polysulfures.
123
+
124
+ L'existence des macromolécules ou polymères naturels avait été pressentie par le pionnier Hermann Staudinger en 1910. Elles peuvent être à motif de glucose ou sucre chimique comme la cellulose ou l'amidon, à motif d'acides aminés comme les protéines et ADN. La chimie macromoléculaire née dans les années 1930 a constitué un domaine continûment innovateur, même au cours des dernières décennies.
125
+
126
+ La chimie, science expérimentale et descriptive, prenant un essor remarquable à l'époque industrielle tout en acceptant la modélisation physique et le langage mathématique là où ils semblaient pertinents, a découvert ou ouvert la voie à nombreuses lois physico-chimiques.
127
+
128
+ Le laboratoire, souvent le meilleur endroit de formation à cette science expérimentale, nécessite des moyens coûteux, une lourde surveillance et une organisation souvent disproportionnée pour un usage souvent trivial.
129
+
130
+ La chimie est introduite dès le Cycle 3 primaire (CE2, CM1, CM2) dans le cadre de l'enseignement des Sciences expérimentales et Technologies (B.O. 2011[26]). Ces premières notions (par exemple unités de mesure, mélanges, solutions, les différents états de la matière et les changements d'états...) sont introduites dans le cadre d'activités essentiellement expérimentales et de résolution de problèmes concrets, issus pour la plupart de la vie quotidienne, en lien avec les autres matières de la formation (Sciences de la Vie et de la Terre, Physique, Technologie, Informatique...). Ici le but n'est pas forcément l'accumulation de connaissances, mais plutôt l'initiation à la résolution de problèmes et l'éveil de la curiosité de l'élève, celui-ci étant en général confronté à une situation concrète, en autonomie, à partir de supports variés (manuels, expériences menées en classe ou à la maison, documents audio-vidéo, logiciels, animations interactives...). Le choix des expériences réalisées est laissé à la discrétion de l'enseignant, ainsi que le contenu exact des séquences.
131
+
132
+ La chimie est ensuite enseignée au collège en même temps que la physique dès la cinquième à raison d'une heure et demie en moyenne, par semaine, et indépendamment des autres matières scientifiques et techniques (Sciences de la Vie et de la Terre et Technologie).
133
+
134
+ Ensuite, au lycée, les élèves commencent par trois heures et demie de physique-chimie par semaine, dont une heure et demie de travaux pratiques en seconde. La poursuite de l'enseignement de la chimie dépend du choix d'orientation des élèves : jusqu'en première, uniquement pour les élèves des filières littéraires et économico-sociales ; et jusqu'en terminale pour les élèves des filières scientifiques, STL, STAV et ST2S.
135
+
136
+ Enfin, la chimie peut être étudiée après le baccalauréat en CPGE, en UFR de chimie ou de sciences (université), en IUT de chimie (université) ou en école de chimie. De nombreuses écoles d'ingénieurs dans le domaine de la chimie sont regroupées au sein de la fédération Gay-Lussac.
137
+
138
+ En 2009 au Québec, les cours de chimie et de physique constituent des options que peut prendre l'élève de cinquième secondaire. Cela pousse plus loin le cours de « sciences et technologie » qu'il a été obligé de suivre durant les dernières années de son secondaire. En temps normal, pour être admis dans les cours de chimie et de physique de cinquième secondaire, les élèves doivent avoir suivi avec succès le cours de « sciences et technologie de l'environnement » en quatrième secondaire. Les options de chimie et de physique servent comme critère d'admission dans plusieurs programmes du cégep comme les cours de sciences pures et appliquées, de sciences de la nature et de sciences de la santé.
139
+
140
+ En 2009 en Suisse, la chimie est enseignée au gymnase dès la dixième année de scolarité. Les universités de Bâle, de Genève, de Berne, de Fribourg et de Zurich forment des chimistes et les écoles polytechniques, comme l'École polytechnique fédérale de Lausanne, des ingénieurs chimistes et des chimistes.
141
+
142
+ L'industrie chimique se développe continûment à la fin du Siècle des Lumières. Si la métallurgie n'est pas oubliée, le progrès reste partout observable. Le fer-blanc devient un produit commun entre 1770 et 1780. Après 1780, en plus des métaux, elle mêle des fabrications millénaires à des innovations récentes. Ces fabrications constituent les acides et la « soude », l'ammoniac, le dichlore et les chlorures décolorants, le phosphore et ses dérivés, les savons et acides gras, le dihydrogène, l'« éther », l'éthylène, l'alcool de vin, l'acide acétique. À tout cela s'ajoute surtout de nombreux sels et une multitude de dérivés organiques et minéraux préparés ou recueillis dans un cadre traditionnel.
143
+
144
+ Elle prend un essor prodigieux au XIXe siècle et participe pleinement aux fortes mutations de la révolution industrielle[27]. Le gaz d'éclairage, produit de la distillation de la houille ou charbon gras, lance l'immense essor de la carbochimie. La découverte de métaux, leurs préparations au laboratoire, puis au stade industriel, comme l'aluminium et les métaux alcalins et alcalino-terreux, témoignent de la vigueur de la science très proche de l'industrie.
145
+
146
+ En 1981, usines et laboratoires fabriquent déjà dans le monde plus de 100 000 composés, mettant en œuvre des centaines de réactions chimiques types. Chercheurs et institutions savantes décrivent et référencent les procédés, réactions et molécules[28]. En 2011 103 000 substances différentes sont commercialisées au niveau de la Communauté économique européenne, dont 10 000 en quantités supérieures à 10 t/an et 20 000 en quantités comprises entre 1 et 10 t/an. L'ère industrielle a vu la production mondiale de substances chimiques passer d'un million de tonnes en 1930 à 400 millions de tonnes en 2009[29].
147
+
148
+ L'industrie chimique représente une part importante de l'activité économique des grands pays industriels au XXe siècle. Dans les années 1970, elle intéresse au sens large la moitié du capital industriel mondial. La variété du matériel et des technologies qu'elle utilise reste incroyablement vaste, comme l'indique une visite au pas de course des exposants pendant les jours de l'Achema à Francfort.
149
+
150
+ Parmi les applications de la chimie, citons les secteurs suivants :
151
+
152
+ Cette industrie peut se scinder en deux grands types :
153
+
154
+ L'ampleur de la production chimique caractérise la « chimie lourde » ou bulk chemistry avec ses procédés automatisés et ses énormes masses traitées ou extraites. La chimie fine se limite à des quantités restreintes de composés, souvent à haute valeur ajoutée pour la pharmacie, la parfumerie et la cosmétique ainsi que dans de nombreux domaines ciblés de haute technologie ou nanomatériaux.
155
+
156
+ La chimie a permis d'accéder à de nouveaux matériaux, métaux, plastiques, ou céramiques qui trouvent des applications importantes dans notre vie la plus quotidienne. Les progrès chimiques ont permis de synthétiser directement certains médicaments au lieu de les extraire des plantes.
157
+
158
+ La chimie œuvre partout dans la nature, les corps vivants, les choses de la vie quotidienne sans que l'observateur attentif et disposant de puissants multiplicateurs sensoriels puisse correctement l'imaginer ou le modéliser. Un chimiste représente dès l'origine un expert des bilans matière et énergie et il sait intuitivement qu'il devrait prendre en compte tous les milieux et les acteurs microbiologiques, végétaux, animaux et humains. Lui en laisse-t-on les moyens ?
159
+
160
+ Citons quelques applications. D'abord la mesure. L'analyse précise de solutions diluées dans un solvant, contenant des molécules solubles plus ou moins complexes, constitue le fruit de longues mises au point analytiques, aujourd'hui très vite réalisées et banales, comme en chimie des solutions aqueuses. Pensons aux analyses banalisées de l'eau du robinet reconnue potable ou des eaux minérales du commerce. Les (bio)chimistes spécialistes des eaux présente un rôle de surveillance des eaux naturelles et de leurs qualités ou toxicités éventuelles. Le recours à la désinfection chimique de l'eau du robinet avant consommation pourrait être modéré en réalisant des progrès substantiels[réf. nécessaire]. En fin d'usage, la maîtrise des procédés chimiques et biologiques permet le traitement des eaux usées dans les stations d'épuration.
161
+
162
+ Ensuite l'usage. La chimie la plus simple peut commencer avec la fabrication et l'usage du sel, nécessaire à l'alimentation et capital pour les vieux procédés de conservation des aliments. Aujourd'hui, les produits de l'industrie agroalimentaire ont recours à une gamme plus variée de conservateurs, agents de conservation ou agents nutritifs, additifs alimentaires comme les colorants, les arômes artificiels et les édulcorants.
163
+
164
+ Des emballages alimentaires à la préservation des récoltes, une connaissance raisonnée des matériaux et des aliments permet d'éviter le gaspillage et les déperditions tout en préservant les qualités et propriétés nutritionnelles des futurs aliments. Suivant l'usage, certains emballages sont biodégradables et, à l'aide du tri sélectif après utilisation, ils sont transformés et revalorisés grâce à des procédés chimiques de recyclage ou une combustion ultime qui permet de ne pas gaspiller l'énergie qu'ils recèlent.
165
+
166
+ L'agriculture a subi une mutation technologique[30] et elle est devenue fortement dépendante d'intrants chimiques. Certainement que l'utilisation à grande échelle d'engrais chimiques, l'usage irraisonné de pesticides et d'insecticides dans des monocultures de plus en plus sensibles ou fragiles peut constituer une impasse désastreuse à long terme pour les sols. L'écologie des terres et la santé des animaux et des hommes qui y vivent ou vivront, ainsi que les tenants de l'agriculture biologique le postulent dans l'immédiat. Si l'on donne à un homme un couteau, il peut découper finement un jambon de façon à le partager avec ses amis, ou encore égorger sauvagement ses voisins perçus en ennemis. L'utilisation des technologies chimiques recèle des bienfaits potentiels ou de terribles dangers selon les usages ou les objectifs. Elle échappe autant aux chimistes qu'à l'honnête homme de la rue. Par exemple, un chimiste organicien considère comme une absurdité de brûler de l'essence dans un moteur à combustion. Pour lui cette matière de choix permet de réaliser d'autres molécules chimiques à usage varié qui, alors seulement au terme de leur usage, pourraient être décomposées et brûlées. Le gain sur une courte échelle de temps d'une famille de produits chimiques, parfois peu sophistiqués et à utilisation massive, permet d'obtenir des profits évidents. Ainsi s'obtiennent des récoltes plus abondantes en enrichissant les sols pauvres et en éliminant les insectes nuisibles, les champignons parasites, les mauvaises herbes et la faune associée. Mais qu'advient-il à longue échéance ? Après avoir provoqué l'éradication de multiples espèces d'oiseaux, l'affaiblissement des hyménoptères butineurs, la prise de conscience générale des dommages causés à l'environnement devient vitale. Les sociétés agrochimiques produisent alors de nouveaux produits plus efficaces ou plus ciblés qui peuvent soit respecter mieux l'environnement soit entraîner d'autres catastrophes parfois plus pernicieuses alors que la course au profit immédiat implique de minorer toute information alarmiste.
167
+
168
+ La chimie explique sommairement la formation du bois et des textiles naturels ou permet la synthèse de larges gammes de matières et de types de matériaux. Parmi eux se trouvent fibres synthétiques (comme le nylon, le Lycra et la fibre PET pour fabriquer des polaires), mobilier en matière plastique, etc.
169
+
170
+ Dans le domaine de la construction, la chimie a beaucoup évolué en contribuant aussi à la fabrication de matériaux, d'isolants performants, de peintures ou de vernis, de mastics, de produits d'entretien et d'ameublement. Les désagréments causés par les produits des premières générations ont été très lentement corrigés, puis les générations suivantes apportent d'autres inconvénients.
171
+
172
+ Un nombre important d'applications chimiques ont trouvé ou trouvent encore des débouchés et usages commerciaux profitables, alors qu'une connaissance approfondie et précise des méfaits de leurs emplois ou mésusages fait défaut tant aux utilisateurs qu'au public. La chimie toxicologique constitue une parente pauvre. Alors que les grands groupes pétrochimiques se sont vantés dans les années 1970 d'apporter une sécurité écologique, les 200 000 molécules que leurs activités ont permis de confectionner ne sont véritablement connues du toxicologue qu'à 1 %. Le progrès, plus visible depuis longtemps, représente un bouleversement, un gain éhonté pour certains, une menace vitale pour les moins favorisés. Cependant, comment essayer de maîtriser et de juguler le danger sans faire confiance à la collégialité de différents chimistes, renforcées au besoin d'équipes expertes de mathématiciens, physiciens, de biologistes, etc., et à leurs éthiques de vérité scientifique ?[réf. nécessaire]
173
+
174
+ La découverte et la synthèse de médicaments qui contribuent à l'augmentation de l'espérance de vie enregistrée depuis la fin de la révolution industrielle dans les pays développés sont aussi à l'actif des techniques de la chimie. Mais la médicalisation massive d'une population entraîne d'irréductibles problèmes de pollutions, car les molécules ou leurs produits sommaires de dégradations se retrouvent dans les eaux usées.
175
+
176
+ Dans le domaine « Santé-environnement », la chimie constitue une source de problème par certains polluants qu'elle crée ou contribue à diffuser dans l'environnement, en particulier les produits chimiques toxiques ou écotoxiques dont les CMR « cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques ». Certains produits tels que médicaments, pesticides, catalyseurs ou leurs résidus perdus dans l'environnement ou présents dans l'alimentation peuvent ensuite poser des problèmes d'environnement ou de santé, en particulier avec les perturbateurs endocriniens.
177
+
178
+ Les substances chimiques incarneraient « au premier rang des accusés » la chute de la qualité des spermatozoïdes (réduite de 50 % depuis 1950) et des maladies liées à l'appareil génital à travers les perturbateurs endocriniens. Le 25 novembre 2008, le gouvernement français (à travers l'IReSP, structure de recherche créée par l'INSERM et 20 partenaires) et l'Afsset ont organisé un colloque sur le thème : « Environnement chimique, reproduction et développement de l'enfant. » Les principales matières incriminées sont les phtalates et le bisphénol A[31], deux additifs présents dans les matières plastiques.
179
+
180
+ Au niveau international, la convention de Rotterdam, administrée par l'ONU (PNUD, FAO) a été adoptée par 165 pays en 1998 pour mieux assurer la santé des personnes et de l’environnement contre des dommages éventuels induits par le commerce de produits chimiques.
181
+
182
+ De nombreuses législations concernent les produits chimiques et leurs résidus, qui varient selon les pays. Des bases de données et guides sur le risque chimique existent, donc en France[32].
183
+
184
+ Le chimiste apparaît souvent en personnage caricatural de la littérature, de la bande dessinée et surtout du cinéma. Ces savants échevelés ou docteurs désopilants, à la fois et confusément biologistes, chimistes et physiciens, constituent des êtres sourds au monde vrai ou perdus hors du laboratoire et de l'étude ; à moins de remonter le temps, d'aller dans un autre monde ou sur la Lune, à l'image du professeur Tournesol. Ils interviennent surtout de façon intermittente, par leur action, tantôt décisive tantôt inquiétante, car elle oriente la fiction.
185
+
186
+ Dans un registre comique, alliant de façon classique la chimie et l'amour, citons le film Docteur Jerry et Mister Love avec Jerry Lewis (1963), et Jean Lefebvre jouant le rôle d'Eugène Ballanchon dans Le Fou du labo 4 de Jacques Besnard (1967).
187
+
188
+ La représentation littéraire du chimiste dans de nombreuses œuvres constitue une grande différente de la réalité. Il est considéré comme un savant venu d'ailleurs qui vit hors du temps. Le chimiste se présente alors en demi-sorcier, image issue de l'ancien alchimiste, qui joue avec des forces obscures qu'il ne maîtrise pas afin de rivaliser avec la nature. La chimie est souvent associée avec l'occulte alors qu'elle représente une science reconnue.
189
+
190
+ Toutefois, il faut soustraire à ce tableau Le Système périodique de Primo Levi. Cet ouvrage littéraire italien sur le thème de la chimie comporte vingt et un chapitres qui, chacun séparément, illustrent un élément du tableau de Mendeleïev. Ces parties descriptives qui ont été conçues avec le support spatial du tableau périodique et l'art du chimiste relatent au besoin la vie professionnelle de l'écrivain. Par ailleurs chimiste spécialiste de peinture et directeur du laboratoire d'une petite unité de production à Turin, des anecdotes ou rencontres autobiographiques ou de courtes nouvelles complémentaires inventées, judicieusement choisies.
191
+
192
+ Sur les autres projets Wikimedia :
193
+
194
+ 8e éd., Chemical Engineering Series, McGraw-Hill, 2007 (ISBN 0-07-142294-3)
fr/1079.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,194 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ La chimie est une science de la nature qui étudie la matière et ses transformations, et plus précisément[1] :
4
+
5
+ La taille des entités chimiques varie de simples atomes ou molécules nanométriques aux édifices moléculaires de plusieurs dizaines de milliers d'atomes dans les macromolécules, l'ADN ou protéine de la matière vivante (infra)micrométrique, jusqu'à des dimensions parfois macroscopiques des cristaux. En incluant l'électron libre (qui intervient dans les réactions radicalaires), les dimensions de principaux domaines d'application se situent dans son ensemble entre le femtomètre (10−15 m)[2] et le micromètre (10−6 m).
6
+
7
+ L'étude du monde à l'échelle moléculaire soumise paradoxalement à des lois singulières, comme le prouvent les récents développements nanotechnologiques, permet de mieux comprendre les détails de notre monde macroscopique. La chimie est qualifiée de « science centrale »[3] en raison des relations étroites qu'elle possède avec la biologie et la physique. Et elle a évidemment des relations avec les champs d'applications variés, tels que la médecine, la pharmacie, l'informatique et la science des matériaux, sans oublier des domaines appliqués tels que le génie des procédés et toutes les activités de formulation.
8
+
9
+ La physique, et surtout son instrumentation, est devenue hégémonique après 1950 dans le champ de la science de la nature. Les avancées en physique ont surtout refondé en partie la chimie physique et la chimie inorganique. La chimie organique, par l'intermédiaire de la biochimie, a partagé des recherches valorisant la biologie. Mais la chimie n'en garde pas moins une place incontournable et légitime dans le champ des sciences de la nature : elle conduit à de nouveaux produits, de nouveaux composés, découvre ou invente des structures moléculaires simples ou complexes qui bénéficient de façon extraordinaire à la recherche physique ou biologique. Enfin l'héritage cohérent que les chimistes défenseurs marginaux des structures atomiques ont légué aux acteurs de la révolution des conceptions physiciennes au début du XXe siècle ne doit pas être sous-estimé.
10
+
11
+ Trois étymologies sont fréquemment citées, mais ces hypothèses peuvent être reliées :
12
+
13
+ Notes
14
+
15
+ L'art d'employer ou de trier, préparer, purifier, de transformer les substances séchées mises sous forme de poudres, qu'elles proviennent du désert ou de vallées sèches, a donné naissance à des codifications savantes. Initialement d'abord essentiellement minérales. Mais les plantes éphémères et les arbres pérennes du désert, et leurs extraits gommeux ou liquides nécessaires aux onguents, ont été très vite assimilés à celles-ci, par reconnaissance de l'influence des terres et des roches.
16
+
17
+ Outre la connaissance du cycle de l'eau et des transports sédimentaires, la maîtrise progressive des métaux et des terres, les Égyptiens de l'Antiquité connaissent beaucoup de choses. Parmi elles, le plâtre, le verre, la potasse, les vernis, le papier (papyrus durci à l'amidon), l'encens, une vaste gamme de couleurs minérales ou pigments, de remèdes et de produits cosmétiques, etc. Plus encore que les huiles à onction ou les bains d'eaux ou de boues relaxants ou guérisseurs, la chimie se présente comme un savoir sacré qui permet la survie. Par exemple par l'art sophistiqué d'embaumer ou par le placement des corps des plus humbles dans un endroit sec.
18
+
19
+ L'art de la terre égyptien a été enseigné en préservant une conception unitaire. Les temples et les administrations religieuses ont préservé et parfois figé le meilleur des savoirs. Le pouvoir politique souverain s'est appuyé sur les mesures physiques, arpentage et hauteur hydraulique des crues, peut-être sur la densité du limon en suspension, pour déterminer l'impôt et sur les matériaux permettant les déplacements ou la mobilité des armées. Le vitalisme ou les cultes agraires et animaux, domaines appliqués de la kemia, ont été préservés dans des temples, à l'instar d'Amon, conservatoire des fumures azotées et de la chimie ammoniacale antique.
20
+
21
+ Les savants musulmans[7] supposaient que tous les métaux provenaient de la même espèce. Ils croyaient à la possibilité de la transmutation et cherchèrent en vain dans cette perspective l'obtention de « l'al-iksir » qui prolongerait la vie.
22
+
23
+ Nos repères de pensée taxonomique sont profondément influencés par les civilisations grecques puis hellénistiques, férues de théorisations, qui ont lentement esquissé de façon sommaire ce qui encadre aux yeux profanes la chimie, la physique et la biologie. Elles ont laissé les techniques vulgaires au monde du travail et de l'esclave. L'émergence de spiritualités populaires, annexant l'utile à des cultes hermétiques, a promu et malaxé ses bribes de savoirs dispersés. Incontestablement, les premiers textes datés tardivement du Ier siècle et IIe siècle après Jésus-Christ comportent à l'exemple de l'alchimie médiévale la plus ésotérique, une partie mystique et une partie opératoire[8]. La religiosité hellénistique a ainsi légué aussi bien le bain-marie, de Marie la Juive que l'abscons patronage d'Hermès Trismégiste, divinité qui prétendait expliquer à la fois le mouvement et la stabilité de toute chose humaine, terrestre ou céleste.
24
+
25
+ Au cours des siècles, ce savoir empirique oscille entre art sacré et pratique profane. Il s'est préservé comme l'atteste le vocable chimia des scolastiques en 1356, mais savoir et savoir-faire sont souvent segmentés à l'extrême. Parfois, il est amélioré dans le monde paysan, artisan ou minier avant de devenir une science expérimentale, la chimie, au cours des troisième et quatrième décennies du XVIIe siècle. Au même titre que la physique, le prodigieux essor de la pensée et de la modélisation mécanistes, font naître la chimie sous forme de science expérimentale et descriptive[9]. Riche de promesses, la chimie reste essentiellement qualitative et bute sur le retour incessant des croyances écartées.
26
+
27
+ Les alchimistes ont subsisté jusqu'en 1850. Ils étaient acceptés par les croyances communes, poursuivant la quête de la pierre philosophale et continuant l'alchimie sous une forme ésotérique. La rupture entre la chimie et l'alchimie apparaît pourtant clairement en 1722, quand Étienne Geoffroy l'Aîné, médecin et naturaliste français, affirme l'impossibilité de la transmutation. La chimie expérimentale et l'alchimie diffèrent déjà radicalement ; donc il devient nécessaire de pouvoir distinguer ces deux termes restés dans le langage.
28
+
29
+ La chimie a connu une avancée énorme avec Antoine Lavoisier qui l'a promue au rang de science exacte. Lavoisier reste dans l'Histoire comme celui qui a découvert la combustion par le dioxygène (1775). Pour le philosophe Thomas Samuel Kuhn, il s'agit d'une révolution scientifique majeure, qui a donné naissance à la chimie moderne[10].
30
+
31
+ Les biographies des savants français et étrangers se trouvent dans les articles répertoriés dans la Catégorie:Chimiste ou de la Liste de chimistes.
32
+
33
+ L'étude de la matière a naturellement conduit les premiers chimistes des années 1620-1650 à modéliser sa composition, puisant librement, mais non sans méfiance dans une abondante tradition antique. À la suite de Van Helmont, ces adeptes mécanistes de la contingence maîtrisent déjà la notion de gaz, tiennent compte du facteur de la température et parviennent à expliquer sommairement la pression de vapeur d'un corps et les mélanges miscibles des fluides. John Dalton, persévérant expérimentateur, continuateur de la première lignée mécaniste partiellement abandonnée, a le premier essayé de donner une définition moderne de la notion d'atome. L'atome constitue une particule fondamentale ou une combinaison de plusieurs d'entre elles. En 1811, Amedeo Avogadro affirme que le volume d'un gaz quelconque à pression et température constante contient le même nombre de particules, qu'il dénomme molécules intégrantes ou constituantes[11].
34
+
35
+ L'obstination de nombreux chimistes souvent incompris, tel Berzelius en pionnier de l'électrovalence dès 1812, a servi pour réaffirmer la possibilité d'une modélisation à la fois mécaniste et géométrique par le biais d'une architecture atomique. Auguste Laurent, proposant pour des séries homologues de molécules organiques un même squelette constitué d'atomes, était cruellement dénigré par les maîtres des laboratoires[12]. Mais malgré la suprématie et l'influence politique des équivalentistes, le revirement s'opère. Ce dernier est porté par la reconnaissance des vieux succès de l'électrochimie préparative depuis Humphry Davy et Michael Faraday et la volonté de corréler quantitativement nombre d'espèces chimiques et masse d'un corps pur.
36
+
37
+ Le congrès de Karlsruhe organisé en 1860 par les amis de Friedrich August Kékulé von Stradonitz et de Charles Adolphe Wurtz ouvre la voie à des conventions atomiques[13]. Son influence éveille une intense recherche de classification des éléments qui débouche notamment sur les classifications périodiques de Mendeleïev et de Meyer. Elle entraîne un renouveau d'intérêt pour les molécules[14]. Kékulé et Kolbe en chimie organique, Le Bel et van 't Hoff en chimie générale et plus tard Alfred Werner en chimie minérale établissent les fondements de la représentation en structures moléculaires[15].
38
+
39
+ Les travaux de Joseph John Thomson, découvreur de l'électron en 1897, prouvent que l'atome est constitué de particules électriquement chargées. Ernest Rutherford démontre par sa célèbre expérience en 1909 que l'atome est surtout composé de vide, son noyau, massif, très petit et positif, étant entouré d'un nuage électronique. Niels Bohr, précurseur de la modélisation atomique, affirme en 1913 que les électrons circulent sur des « orbites ». Lorsque James Chadwick découvre les neutrons, la théorie quantique fondée au début de l'entre-deux-guerres sur le modèle rival d'Erwin Schrödinger renforcée par les compléments matriciels de Werner Heisenberg, l'affinement théorique de Wolfgang Pauli a déjà pris son envol. Et ce, malgré les contestations appliquées et systématiques d'Albert Einstein. Des années 1930 à notre XXIe siècle, la mécanique quantique explique le comportement de l'atome et des molécules.
40
+
41
+ Au XXe siècle, l'essor des mesures physiques a facilité aux chimistes la caractérisation des composés avec lesquels ils travaillent. Auparavant, la réaction chimique et un nombre restreint de techniques physico-chimiques s'imposaient en ultime recours pour détecter ou caractériser une molécule. Maintenant, il existe diverses méthodes de mesures. Parmi elles, la chromatographie, la spectrométrie électromagnétique (infrarouge, lumière visible ou UV), la masse, de résonance magnétique nucléaire. Sans oublier aussi d'inclure les microscopies électroniques et autres analyses par diffraction de rayons X ou par diffusion de particules et, dans des cas d'observation contrôlée sur surface plane, la microscopie par champ de force. Toutes ces possibilités ont permis une identification plus aisée. Elles offrent souvent la possibilité de remonter à la structure géométrique des molécules et de leurs assemblages et de connaître leur composition isotopique. Parfois même de « voir » par le multiplicateur instrumental la molécule, de la (dé)placer ou de suivre des réactions (photo)chimiques en temps réel de plus en plus brèves. Ces progrès physico-chimiques ont permis de grandes avancées tout particulièrement en biochimie où les édifices étudiés restent complexes et les réactions variées.
42
+
43
+ Prix Nobel de chimie 1954
44
+
45
+ La chimie est divisée en plusieurs spécialités expérimentales et théoriques à l'instar de la physique et de la biologie, avec lesquelles elle partage parfois des espaces d'investigations communs ou proches.
46
+ La recherche et l'enseignement en chimie sont organisés en disciplines qui peuvent partager des domaines communs :
47
+
48
+ Liste d'autres domaines spécialisés ou d'interface :
49
+
50
+ Ces interfaces mouvantes ne facilitent pas la délimitation de la chimie.
51
+
52
+ L'évolution de la chimie, tant dans son enseignement que dans les champs de recherche, est influencée à terme par les puissantes directions de recherches américaines. En particulier de façon récente privilégiant majoritairement les domaines des soins et de la santé humaine et animale[réf. nécessaire].
53
+
54
+ La langue de la recherche en chimie se présente majoritairement en anglais. Des années 1880 à la Grande Guerre, l'allemand, l'anglais et le français ont pourtant constitué des langues véhiculaires nécessaires aux savants. Mais survient l'éclipse du français dans l'entre-deux-guerres[16]. Puis l'allemand, qui avait réussi à préserver quelques dernières revues importantes ou écrits scientifiques de référence, a cédé face à l'anglais dans les années 1990.
55
+
56
+ Un élément est une entité immatérielle dénuée de propriétés physiques ou chimiques. Il constitue un couple formé d'un symbole et d'un numéro atomique (numéro d'ordre dans le tableau périodique des éléments) qui caractérise les atomes, molécules, ions, nucléides isotopes d'une espèce chimique donnée. 92 éléments naturels et 17 éléments artificiellement créés par l'homme sont répertoriés.
57
+ Un élément chimique désigne abstraitement l'ensemble des atomes avec un nombre donné de protons dans leur noyau[17]. Ce nombre s'appelle le numéro atomique. Par exemple, tous les atomes avec six protons dans leurs noyaux constituent des atomes de l'élément carbone C. Ces éléments sont rassemblés et ordonnés dans le tableau périodique des éléments.
58
+
59
+ L'atome (grec ancien ἄτομος [atomos], « indivisible »)[18] d'une espèce chimique représente une entité matérielle. L'atome est formé d'un noyau atomique contenant des nucléons, en particulier d'un nombre Z de charge électrique élémentaire positive du noyau qui maintient autour de lui un nombre d'électrons, charge négative équilibrant la charge positive du noyau. Il possède un rayon, une structure géométrique, ainsi que des propriétés chimiques et physico-chimiques spécifiques relevant de ce cortège électronique.
60
+
61
+ Un atome constitue la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec une autre. Généralement constitué d'un noyau composé de protons et de neutrons autour desquels orbitent des électrons, sa taille caractéristique se compte en dixième de nanomètre (nm), soit 10-10 m.
62
+
63
+ La théorie atomiste, qui soutient l'idée d'une matière composée de « grains » indivisibles (contre l'idée d'une matière indéfiniment sécable), est connue depuis l'antiquité, et fut en particulier défendue par Démocrite, philosophe de la Grèce antique. Elle fut disputée jusqu'à la fin du XIXe siècle ; aujourd'hui, cela ne fait l'objet d'aucune controverse. Les sciences de la matière modernes se reposent en particulier sur cette notion d'atome. L'atome n'est cependant plus considéré comme un grain de matière insécable, depuis les expériences de physique nucléaire ayant mis à jour sa structure au début du XXe siècle.
64
+
65
+ En chimie, les atomes représentent les éléments de base. Ils constituent la matière et forment les molécules en partageant des électrons. Les atomes restent grosso modo indivisibles au cours d'une réaction chimique (en acceptant les légères exceptions que constituent les échanges des électrons périphériques).
66
+
67
+ Cependant, depuis le début du XXe siècle, des expériences de physique nucléaire ont mis en évidence l'existence d'une structure complexe pour le noyau atomique. Les constituants de l'atome constituent des particules élémentaires.
68
+
69
+ Les plus gros atomes peuvent être vu au microscope électronique en transmission
70
+
71
+ Histoire de l'atome
72
+
73
+ Le concept d'atome est particulièrement bien admis par le grand public, pourtant, paradoxalement, les atomes ne peuvent pas être observés par des moyens optiques et seuls quelques rares physiciens manipulent des atomes isolés. L'atome représente donc un modèle essentiellement théorique. Bien que ce modèle ne soit plus aujourd'hui remis en cause, il a beaucoup évolué au cours du temps pour répondre aux exigences des nouvelles théories physiques et correspondre aux différentes expérimentations effectuées.
74
+
75
+ Un isotope d'une espèce atomique constitue une entité matérielle caractérisée par :
76
+
77
+ Un isotope possède des propriétés nucléaires spécifiques. Les propriétés chimiques des divers isotopes ne diffèrent pas entre elles pour les atomes suffisamment lourds.
78
+
79
+ Une molécule constitue un assemblage précis d'atomes, domaine défini et structuré dans l'espace et le temps par des liaisons chimiques fortes[19]. Une molécule polyatomique se comporte essentiellement comme une entité aux propriétés propres, une individualité chimique radicalement différente des atomes qui composent son architecture. Si les molécules monoatomiques ou les petites molécules polyatomiques sont électriquement neutres, les molécules plus grandes ou complexes n'obéissent pas systématiquement à ce critère.
80
+
81
+ La liaison chimique impliquant la présence d'électrons liés à un ou plusieurs noyaux explique la réalité moléculaire[20]. Plus précisément, elle assure la stabilité des molécules et, dans le cas d'un assemblage complexe, la cohésion liante de chaque atome entre eux mettant en jeu par échange ou partage un ou plusieurs électrons dans les liaisons covalentes. Cela se réalise par la mise en commun d'électrons collectifs à un vaste réseau d'atomes dans la liaison métallique ou initiant par de fortes dissymétries locales de charges, des forces électrostatiques.
82
+
83
+ Un corps pur incarne un corps généralement macroscopique constitué au niveau moléculaire d'une seule espèce chimique[21]. Sa composition chimique, son organisation sous forme de gaz, liquide, solide amorphe ou réseaux cristallins, etc., et ses propriétés physiques, par exemple les constantes physiques correspondant aux transitions de premier ordre comme la température de fusion, d'ébullition, peuvent être définies. En particulier, l'analyse chimique distingue les corps simples, dont l'espèce chimique est constituée d'atomes de mêmes éléments, des corps composés, dont l'espèce chimique est constituée d'atomes d'éléments différents[22].
84
+
85
+ Un composé chimique désigne l'espèce chimique d'un corps composé.
86
+ Un corps pur est caractérisé par sa formule chimique, écriture symbolique plus ou moins complexe et détaillée, de sa composition chimique. La masse molaire d'un corps pur correspond à la masse d'un nombre d'Avogadro (6,022 × 1023) d'ensembles correspondants à sa formule brute. Cela concerne la molécule pour les composés moléculaires, les ions constituants les solides ioniques, l'atome dans le cas des gaz rares ainsi que dans celui des métaux et des solides covalents.
87
+
88
+ Un ion représente un atome qui a perdu ou gagné un ou plusieurs électrons. Il s'agit un cation simple lorsque son cortège électronique a été privé d'un ou plusieurs électrons, il est chargé positivement. Il constitue un anion simple lorsque son cortège électronique s'en trouve excédentaire, il est alors chargé négativement. Les anions ou cations formés à partir de molécules polyatomiques sont appelés ions complexes.
89
+
90
+ Les complexes sont des édifices formés par un élément central et des ligands. L'élément central, souvent un ion métallique avec un complexe pouvant être chargé. L'étude des complexes métalliques relève de la chimie organométallique ou de la chimie de coordination suivant la nature de l'atome lié au métal (respectivement, un carbone, ou un autre atome). Les complexes revêtent une grande importance en chimie des solutions, en catalyse et en chimie bioinorganique.
91
+
92
+ Dans les conditions habituelles au laboratoire, le nombre d'entités chimiques participant à une réaction est très élevé : pour une masse de l'ordre de la dizaine de grammes de matière, Il se rapproche de 1023.
93
+
94
+ Les chimistes utilisent communément une unité numérique, la mole, qui est représentée par la lettre minuscule « n ». La grandeur associée à la mole constitue la quantité de matière. Une mole d'une entité chimique précise implique l'égalité du nombre de ses particules au nombre d'Avogadro 6,02 × 1023. Ce dernier nombre est défini par convention comme le nombre d'atomes de carbone présents dans 12 g de 12C, c'est-à-dire, un atome de carbone contenant six neutrons et six protons.
95
+
96
+ La masse molaire M d'un corps pur moléculaire correspond à la masse d'une mole de molécules de celui-ci et s'exprime en grammes par mole (g•mol-1). La connaissance de la formule chimique et des masses molaires atomiques permet le calcul de la masse molaire moléculaire.
97
+
98
+ Une mole de gaz parfait occupe 22,4 L dans les conditions normales de température et de pression (0 °C ou 273 K, 101,3 kPa).
99
+
100
+ L'aspect expérimental reste central en chimie, ceci aussi bien du point de vue historique que pour la pratique actuelle de cette science ainsi que de son enseignement. Les activités en chimie expérimentale peuvent se résumer essentiellement en quatre fonctions dont les contours exacts dépendent du contexte dans lequel elles sont réalisées (enseignement, recherche, industrie dans un certain domaine spécifique de la chimie)[23],[24] :
101
+
102
+ Une réaction chimique constitue la transformation d’une ou de plusieurs espèces chimiques en d'autres espèces chimiques. Elle implique l'apparition ou la disparition d'au moins une liaison chimique ou un échange d'électron. La réaction qui possède des caractéristiques thermiques nécessite ou fait apparaître différentes formes d’énergie en rapport avec l'énergie de liaison chimique.
103
+
104
+ Une solution se présente par un mélange homogène formé par un solvant en proportion majoritaire et d'un ou plusieurs solutés dans une phase homogène. Les réactions chimiques ont souvent lieu en solution. La solubilité représente la capacité d'un corps à entrer en solution dans un milieu donné. Par exemple, un sel cristallin comme le chlorure de sodium NaCl ou sel de cuisine possède une limite de solubilité dans l'eau : 357 g·kg-1 d'eau à 0 °C et 391 g·kg-1 à 100 °C. Cela signifie qu'à partir de cette teneur limite, le sel précipite ou se dépose sous forme solide. Il y a alors de séparation de phase.
105
+
106
+ La miscibilité constitue la capacité d'un corps à se mélanger avec un autre en formant une seule phase. Le gaz ammoniac NH3 se mélange facilement à température ambiante avec l'eau liquide formant l'ammoniaque, 1 kg d'eau froide saturée d'ammoniac peut contenir 899 g de NH3. Les gaz principaux de l'air, dioxygène et diazote, sont aussi solubles en certaines proportions dans l'eau liquide. 100 g d'eau liquide à 0 °C peut contenir au maximum 4,89 cm3 du premier en solution et 2,3 cm3 du second.
107
+
108
+ Une émulsion se décrit comme une dispersion d'une phase liquide à l'état de gouttelettes microscopiques ou sub-microscopiques, dans une autre phase liquide non miscible. Une suspension constitue une dispersion d'une phase solide finement divisée au sein d'une autre phase liquide englobante. La stabilité d'une suspension ou d'une émulsion nécessite que les fines gouttelettes ou les grains en suspension soient stabilisés par des molécules amphiphiles qui se placent à l'interphase. Ainsi, aucune coalescence des gouttelettes ni d'agglomérations de particules solides ne persiste. Comme le précise le chimiste et gastronome moléculaire, Hervé This, l'immense majorité des systèmes culinaires ne constituent pas des émulsions, mais des dispersions colloïdales plus ou moins complexes[25].
109
+
110
+ L'art, à l'origine souvent empirique, de fabriquer des dispersions colloïdales a fourni des applications en pharmaceutique comme en cuisine, par exemple pour la préparation de chocolats et glaces, de sauces ou de mayonnaises.
111
+
112
+ Une réaction d'oxydoréduction constitue un échange d’électrons entre différentes espèces chimiques. L'espèce qui capte les électrons est appelée « oxydant » ; celle qui les cède, « réducteur ».
113
+
114
+ Les réactions acides-bases en solution sont basées aussi sur des couples d'espèces chimiques. L'acidité et la basicité peuvent être calculées ou mesurées par la concentration des espèces chimiques en solution, qui prend une forme acide ou basique. Svante Arrhenius a mis en évidence dans les solutions aqueuses l'échange de protons entre les composés chimiques, la concentration en ion hydronium (H3O+ ou Hexp+(aq)) indique l'acidité du milieu comme la concentration en ion hydroxyde (OH-) la basicité. Une extension de la modalité de classification à d'autres milieux solvants a été conduite par le chimiste américain Gilbert Newton Lewis.
115
+
116
+ Une synthèse chimique se décrit comme un enchaînement de réactions chimiques mis en œuvre de façon volontaire par un chimiste pour l'obtention d'un ou de plusieurs produits, parfois avec isolation de composés intermédiaires.
117
+
118
+ Réaliser la synthèse d’un composé chimique, permet d'obtenir ce composé à partir d’autres composés chimiques grâce à des réactions chimiques. La planification de l'enchaînement des réactions afin de maximiser l'efficacité de la synthèse (nombre d'étapes, rendement, simplicité des réactions, considérations toxicologiques et environnementales) se nomme la stratégie de synthèse.
119
+
120
+ La chimie organique représente principalement une chimie de synthèse, on parle alors de synthèse organique. Des aspects synthétiques importants se retrouvent également en chimie inorganique et en chimie des polymères.
121
+
122
+ Les polymères constituent de grandes molécules ou macromolécules dont un grand nombre des plus communs est formé par la réaction en chaîne de petites molécules appelées monomères. Ces polymères de synthèse industrielle, dont la structure est fondée sur la répétition d'un motif organique, parfois linéaire, ramifié ou greffé, en réseau ou interpénétré, etc. Concernant les polymères formés par polyaddition de monomères organiques dont le site réactif constitue justement la double liaison carbone-carbone, le grand squelette plus ou moins souple formé d'atomes de carbone qui est décrit par ses configurations et longueur(s) de chaîne moyenne(s) influence les propriétés observées. Citons parmi ces polymères organiques, les polyéthylènes, les polypropylènes, les polystyrènes, les polyisoprènes, les polybutadiènes, les PVC et les polyacryliques. D'autres sortes de réactions de polymérisations existent, comme les polycondensations à l'origine des polyesters, polyamides, polycarbonates, polyuréthanes. Sans compter aussi des polymères à motifs minéraux, comme les silicones ou les polysulfures.
123
+
124
+ L'existence des macromolécules ou polymères naturels avait été pressentie par le pionnier Hermann Staudinger en 1910. Elles peuvent être à motif de glucose ou sucre chimique comme la cellulose ou l'amidon, à motif d'acides aminés comme les protéines et ADN. La chimie macromoléculaire née dans les années 1930 a constitué un domaine continûment innovateur, même au cours des dernières décennies.
125
+
126
+ La chimie, science expérimentale et descriptive, prenant un essor remarquable à l'époque industrielle tout en acceptant la modélisation physique et le langage mathématique là où ils semblaient pertinents, a découvert ou ouvert la voie à nombreuses lois physico-chimiques.
127
+
128
+ Le laboratoire, souvent le meilleur endroit de formation à cette science expérimentale, nécessite des moyens coûteux, une lourde surveillance et une organisation souvent disproportionnée pour un usage souvent trivial.
129
+
130
+ La chimie est introduite dès le Cycle 3 primaire (CE2, CM1, CM2) dans le cadre de l'enseignement des Sciences expérimentales et Technologies (B.O. 2011[26]). Ces premières notions (par exemple unités de mesure, mélanges, solutions, les différents états de la matière et les changements d'états...) sont introduites dans le cadre d'activités essentiellement expérimentales et de résolution de problèmes concrets, issus pour la plupart de la vie quotidienne, en lien avec les autres matières de la formation (Sciences de la Vie et de la Terre, Physique, Technologie, Informatique...). Ici le but n'est pas forcément l'accumulation de connaissances, mais plutôt l'initiation à la résolution de problèmes et l'éveil de la curiosité de l'élève, celui-ci étant en général confronté à une situation concrète, en autonomie, à partir de supports variés (manuels, expériences menées en classe ou à la maison, documents audio-vidéo, logiciels, animations interactives...). Le choix des expériences réalisées est laissé à la discrétion de l'enseignant, ainsi que le contenu exact des séquences.
131
+
132
+ La chimie est ensuite enseignée au collège en même temps que la physique dès la cinquième à raison d'une heure et demie en moyenne, par semaine, et indépendamment des autres matières scientifiques et techniques (Sciences de la Vie et de la Terre et Technologie).
133
+
134
+ Ensuite, au lycée, les élèves commencent par trois heures et demie de physique-chimie par semaine, dont une heure et demie de travaux pratiques en seconde. La poursuite de l'enseignement de la chimie dépend du choix d'orientation des élèves : jusqu'en première, uniquement pour les élèves des filières littéraires et économico-sociales ; et jusqu'en terminale pour les élèves des filières scientifiques, STL, STAV et ST2S.
135
+
136
+ Enfin, la chimie peut être étudiée après le baccalauréat en CPGE, en UFR de chimie ou de sciences (université), en IUT de chimie (université) ou en école de chimie. De nombreuses écoles d'ingénieurs dans le domaine de la chimie sont regroupées au sein de la fédération Gay-Lussac.
137
+
138
+ En 2009 au Québec, les cours de chimie et de physique constituent des options que peut prendre l'élève de cinquième secondaire. Cela pousse plus loin le cours de « sciences et technologie » qu'il a été obligé de suivre durant les dernières années de son secondaire. En temps normal, pour être admis dans les cours de chimie et de physique de cinquième secondaire, les élèves doivent avoir suivi avec succès le cours de « sciences et technologie de l'environnement » en quatrième secondaire. Les options de chimie et de physique servent comme critère d'admission dans plusieurs programmes du cégep comme les cours de sciences pures et appliquées, de sciences de la nature et de sciences de la santé.
139
+
140
+ En 2009 en Suisse, la chimie est enseignée au gymnase dès la dixième année de scolarité. Les universités de Bâle, de Genève, de Berne, de Fribourg et de Zurich forment des chimistes et les écoles polytechniques, comme l'École polytechnique fédérale de Lausanne, des ingénieurs chimistes et des chimistes.
141
+
142
+ L'industrie chimique se développe continûment à la fin du Siècle des Lumières. Si la métallurgie n'est pas oubliée, le progrès reste partout observable. Le fer-blanc devient un produit commun entre 1770 et 1780. Après 1780, en plus des métaux, elle mêle des fabrications millénaires à des innovations récentes. Ces fabrications constituent les acides et la « soude », l'ammoniac, le dichlore et les chlorures décolorants, le phosphore et ses dérivés, les savons et acides gras, le dihydrogène, l'« éther », l'éthylène, l'alcool de vin, l'acide acétique. À tout cela s'ajoute surtout de nombreux sels et une multitude de dérivés organiques et minéraux préparés ou recueillis dans un cadre traditionnel.
143
+
144
+ Elle prend un essor prodigieux au XIXe siècle et participe pleinement aux fortes mutations de la révolution industrielle[27]. Le gaz d'éclairage, produit de la distillation de la houille ou charbon gras, lance l'immense essor de la carbochimie. La découverte de métaux, leurs préparations au laboratoire, puis au stade industriel, comme l'aluminium et les métaux alcalins et alcalino-terreux, témoignent de la vigueur de la science très proche de l'industrie.
145
+
146
+ En 1981, usines et laboratoires fabriquent déjà dans le monde plus de 100 000 composés, mettant en œuvre des centaines de réactions chimiques types. Chercheurs et institutions savantes décrivent et référencent les procédés, réactions et molécules[28]. En 2011 103 000 substances différentes sont commercialisées au niveau de la Communauté économique européenne, dont 10 000 en quantités supérieures à 10 t/an et 20 000 en quantités comprises entre 1 et 10 t/an. L'ère industrielle a vu la production mondiale de substances chimiques passer d'un million de tonnes en 1930 à 400 millions de tonnes en 2009[29].
147
+
148
+ L'industrie chimique représente une part importante de l'activité économique des grands pays industriels au XXe siècle. Dans les années 1970, elle intéresse au sens large la moitié du capital industriel mondial. La variété du matériel et des technologies qu'elle utilise reste incroyablement vaste, comme l'indique une visite au pas de course des exposants pendant les jours de l'Achema à Francfort.
149
+
150
+ Parmi les applications de la chimie, citons les secteurs suivants :
151
+
152
+ Cette industrie peut se scinder en deux grands types :
153
+
154
+ L'ampleur de la production chimique caractérise la « chimie lourde » ou bulk chemistry avec ses procédés automatisés et ses énormes masses traitées ou extraites. La chimie fine se limite à des quantités restreintes de composés, souvent à haute valeur ajoutée pour la pharmacie, la parfumerie et la cosmétique ainsi que dans de nombreux domaines ciblés de haute technologie ou nanomatériaux.
155
+
156
+ La chimie a permis d'accéder à de nouveaux matériaux, métaux, plastiques, ou céramiques qui trouvent des applications importantes dans notre vie la plus quotidienne. Les progrès chimiques ont permis de synthétiser directement certains médicaments au lieu de les extraire des plantes.
157
+
158
+ La chimie œuvre partout dans la nature, les corps vivants, les choses de la vie quotidienne sans que l'observateur attentif et disposant de puissants multiplicateurs sensoriels puisse correctement l'imaginer ou le modéliser. Un chimiste représente dès l'origine un expert des bilans matière et énergie et il sait intuitivement qu'il devrait prendre en compte tous les milieux et les acteurs microbiologiques, végétaux, animaux et humains. Lui en laisse-t-on les moyens ?
159
+
160
+ Citons quelques applications. D'abord la mesure. L'analyse précise de solutions diluées dans un solvant, contenant des molécules solubles plus ou moins complexes, constitue le fruit de longues mises au point analytiques, aujourd'hui très vite réalisées et banales, comme en chimie des solutions aqueuses. Pensons aux analyses banalisées de l'eau du robinet reconnue potable ou des eaux minérales du commerce. Les (bio)chimistes spécialistes des eaux présente un rôle de surveillance des eaux naturelles et de leurs qualités ou toxicités éventuelles. Le recours à la désinfection chimique de l'eau du robinet avant consommation pourrait être modéré en réalisant des progrès substantiels[réf. nécessaire]. En fin d'usage, la maîtrise des procédés chimiques et biologiques permet le traitement des eaux usées dans les stations d'épuration.
161
+
162
+ Ensuite l'usage. La chimie la plus simple peut commencer avec la fabrication et l'usage du sel, nécessaire à l'alimentation et capital pour les vieux procédés de conservation des aliments. Aujourd'hui, les produits de l'industrie agroalimentaire ont recours à une gamme plus variée de conservateurs, agents de conservation ou agents nutritifs, additifs alimentaires comme les colorants, les arômes artificiels et les édulcorants.
163
+
164
+ Des emballages alimentaires à la préservation des récoltes, une connaissance raisonnée des matériaux et des aliments permet d'éviter le gaspillage et les déperditions tout en préservant les qualités et propriétés nutritionnelles des futurs aliments. Suivant l'usage, certains emballages sont biodégradables et, à l'aide du tri sélectif après utilisation, ils sont transformés et revalorisés grâce à des procédés chimiques de recyclage ou une combustion ultime qui permet de ne pas gaspiller l'énergie qu'ils recèlent.
165
+
166
+ L'agriculture a subi une mutation technologique[30] et elle est devenue fortement dépendante d'intrants chimiques. Certainement que l'utilisation à grande échelle d'engrais chimiques, l'usage irraisonné de pesticides et d'insecticides dans des monocultures de plus en plus sensibles ou fragiles peut constituer une impasse désastreuse à long terme pour les sols. L'écologie des terres et la santé des animaux et des hommes qui y vivent ou vivront, ainsi que les tenants de l'agriculture biologique le postulent dans l'immédiat. Si l'on donne à un homme un couteau, il peut découper finement un jambon de façon à le partager avec ses amis, ou encore égorger sauvagement ses voisins perçus en ennemis. L'utilisation des technologies chimiques recèle des bienfaits potentiels ou de terribles dangers selon les usages ou les objectifs. Elle échappe autant aux chimistes qu'à l'honnête homme de la rue. Par exemple, un chimiste organicien considère comme une absurdité de brûler de l'essence dans un moteur à combustion. Pour lui cette matière de choix permet de réaliser d'autres molécules chimiques à usage varié qui, alors seulement au terme de leur usage, pourraient être décomposées et brûlées. Le gain sur une courte échelle de temps d'une famille de produits chimiques, parfois peu sophistiqués et à utilisation massive, permet d'obtenir des profits évidents. Ainsi s'obtiennent des récoltes plus abondantes en enrichissant les sols pauvres et en éliminant les insectes nuisibles, les champignons parasites, les mauvaises herbes et la faune associée. Mais qu'advient-il à longue échéance ? Après avoir provoqué l'éradication de multiples espèces d'oiseaux, l'affaiblissement des hyménoptères butineurs, la prise de conscience générale des dommages causés à l'environnement devient vitale. Les sociétés agrochimiques produisent alors de nouveaux produits plus efficaces ou plus ciblés qui peuvent soit respecter mieux l'environnement soit entraîner d'autres catastrophes parfois plus pernicieuses alors que la course au profit immédiat implique de minorer toute information alarmiste.
167
+
168
+ La chimie explique sommairement la formation du bois et des textiles naturels ou permet la synthèse de larges gammes de matières et de types de matériaux. Parmi eux se trouvent fibres synthétiques (comme le nylon, le Lycra et la fibre PET pour fabriquer des polaires), mobilier en matière plastique, etc.
169
+
170
+ Dans le domaine de la construction, la chimie a beaucoup évolué en contribuant aussi à la fabrication de matériaux, d'isolants performants, de peintures ou de vernis, de mastics, de produits d'entretien et d'ameublement. Les désagréments causés par les produits des premières générations ont été très lentement corrigés, puis les générations suivantes apportent d'autres inconvénients.
171
+
172
+ Un nombre important d'applications chimiques ont trouvé ou trouvent encore des débouchés et usages commerciaux profitables, alors qu'une connaissance approfondie et précise des méfaits de leurs emplois ou mésusages fait défaut tant aux utilisateurs qu'au public. La chimie toxicologique constitue une parente pauvre. Alors que les grands groupes pétrochimiques se sont vantés dans les années 1970 d'apporter une sécurité écologique, les 200 000 molécules que leurs activités ont permis de confectionner ne sont véritablement connues du toxicologue qu'à 1 %. Le progrès, plus visible depuis longtemps, représente un bouleversement, un gain éhonté pour certains, une menace vitale pour les moins favorisés. Cependant, comment essayer de maîtriser et de juguler le danger sans faire confiance à la collégialité de différents chimistes, renforcées au besoin d'équipes expertes de mathématiciens, physiciens, de biologistes, etc., et à leurs éthiques de vérité scientifique ?[réf. nécessaire]
173
+
174
+ La découverte et la synthèse de médicaments qui contribuent à l'augmentation de l'espérance de vie enregistrée depuis la fin de la révolution industrielle dans les pays développés sont aussi à l'actif des techniques de la chimie. Mais la médicalisation massive d'une population entraîne d'irréductibles problèmes de pollutions, car les molécules ou leurs produits sommaires de dégradations se retrouvent dans les eaux usées.
175
+
176
+ Dans le domaine « Santé-environnement », la chimie constitue une source de problème par certains polluants qu'elle crée ou contribue à diffuser dans l'environnement, en particulier les produits chimiques toxiques ou écotoxiques dont les CMR « cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques ». Certains produits tels que médicaments, pesticides, catalyseurs ou leurs résidus perdus dans l'environnement ou présents dans l'alimentation peuvent ensuite poser des problèmes d'environnement ou de santé, en particulier avec les perturbateurs endocriniens.
177
+
178
+ Les substances chimiques incarneraient « au premier rang des accusés » la chute de la qualité des spermatozoïdes (réduite de 50 % depuis 1950) et des maladies liées à l'appareil génital à travers les perturbateurs endocriniens. Le 25 novembre 2008, le gouvernement français (à travers l'IReSP, structure de recherche créée par l'INSERM et 20 partenaires) et l'Afsset ont organisé un colloque sur le thème : « Environnement chimique, reproduction et développement de l'enfant. » Les principales matières incriminées sont les phtalates et le bisphénol A[31], deux additifs présents dans les matières plastiques.
179
+
180
+ Au niveau international, la convention de Rotterdam, administrée par l'ONU (PNUD, FAO) a été adoptée par 165 pays en 1998 pour mieux assurer la santé des personnes et de l’environnement contre des dommages éventuels induits par le commerce de produits chimiques.
181
+
182
+ De nombreuses législations concernent les produits chimiques et leurs résidus, qui varient selon les pays. Des bases de données et guides sur le risque chimique existent, donc en France[32].
183
+
184
+ Le chimiste apparaît souvent en personnage caricatural de la littérature, de la bande dessinée et surtout du cinéma. Ces savants échevelés ou docteurs désopilants, à la fois et confusément biologistes, chimistes et physiciens, constituent des êtres sourds au monde vrai ou perdus hors du laboratoire et de l'étude ; à moins de remonter le temps, d'aller dans un autre monde ou sur la Lune, à l'image du professeur Tournesol. Ils interviennent surtout de façon intermittente, par leur action, tantôt décisive tantôt inquiétante, car elle oriente la fiction.
185
+
186
+ Dans un registre comique, alliant de façon classique la chimie et l'amour, citons le film Docteur Jerry et Mister Love avec Jerry Lewis (1963), et Jean Lefebvre jouant le rôle d'Eugène Ballanchon dans Le Fou du labo 4 de Jacques Besnard (1967).
187
+
188
+ La représentation littéraire du chimiste dans de nombreuses œuvres constitue une grande différente de la réalité. Il est considéré comme un savant venu d'ailleurs qui vit hors du temps. Le chimiste se présente alors en demi-sorcier, image issue de l'ancien alchimiste, qui joue avec des forces obscures qu'il ne maîtrise pas afin de rivaliser avec la nature. La chimie est souvent associée avec l'occulte alors qu'elle représente une science reconnue.
189
+
190
+ Toutefois, il faut soustraire à ce tableau Le Système périodique de Primo Levi. Cet ouvrage littéraire italien sur le thème de la chimie comporte vingt et un chapitres qui, chacun séparément, illustrent un élément du tableau de Mendeleïev. Ces parties descriptives qui ont été conçues avec le support spatial du tableau périodique et l'art du chimiste relatent au besoin la vie professionnelle de l'écrivain. Par ailleurs chimiste spécialiste de peinture et directeur du laboratoire d'une petite unité de production à Turin, des anecdotes ou rencontres autobiographiques ou de courtes nouvelles complémentaires inventées, judicieusement choisies.
191
+
192
+ Sur les autres projets Wikimedia :
193
+
194
+ 8e éd., Chemical Engineering Series, McGraw-Hill, 2007 (ISBN 0-07-142294-3)
fr/108.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,136 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ L'Alberta (prononcé en anglais : /æl.ˈbɝ.tə/Écouter) est une province de l'Ouest du Canada, la sixième plus vaste du pays, avec 661 848 km2 et la quatrième la plus peuplée, avec près de 4,1 millions d'habitants en 2016[1]. Elle fait partie de la région des prairies. Sa capitale est Edmonton alors que Calgary est sa plus grande ville. Les Albertains sont en très grande majorité des citadins et plus de la moitié d'entre eux vivent dans ces deux agglomérations. Cependant, l'identité de la province repose surtout sur un folklore rural (rodéo, western, musique country, cow-boys).
4
+
5
+ La partie Est de la province est occupée par les Grandes Plaines tandis que la partie Ouest voit s'élever les montagnes Rocheuses. Le mont Columbia, deuxième plus haut sommet des Rocheuses canadiennes est situé dans la province de l'Alberta comme l'intégralité des parcs nationaux de Banff et de Jasper. Elle abrite également une importante réserve de biosphère en Amérique du Nord, protégées au sein du parc national des Lacs-Waterton. Bordée par la Colombie-Britannique à l'ouest, la Saskatchewan à l'est, les Territoires du Nord-Ouest au nord, et par l'État américain du Montana au sud, l'Alberta, avant de faire partie du Canada, a d'abord été partagée en deux colonies britanniques, la terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest. Créée depuis les actuels Territoires du Nord-Ouest, elle devient la 8e province du Canada le 1er septembre 1905.
6
+
7
+ Aujourd'hui, elle attire de nombreux immigrants et fait partie des provinces conservatrices dominées par les Blue Tories. Son économie dynamique repose sur l'élevage, l'agriculture, les hydrocarbures, les industries pétrochimiques et de techniques de pointe. L'Alberta est la province la plus riche du pays en hydrocarbures, à ce titre, elle fournit 70 % du pétrole et du gaz naturel exploité sur le sol canadien.
8
+
9
+ L'Alberta, qui est devenu officiellement une province en 1905, doit son nom au Marquis de Lorne qui fut gouverneur du Canada entre 1878 et 1883. En effet, celui-ci a proposé le nom d'Alberta en l'honneur de sa femme, la princesse Louise Caroline Alberta, qui était la fille de la reine Victoria[2].
10
+
11
+ La province moderne d'Alberta jusqu'à la latitude 53°N a été pendant longtemps une partie de la terre de Rupert. Les Français furent les premiers colons au Nord-Ouest en 1731 où ils établirent des communautés sur les cours d'eau et les postes de traite (aujourd'hui, autour du lac la Biche (Alberta) et du lac Sainte-Anne ainsi que dans la région de Saint-Paul, Bonnyville et Athabasca). La Compagnie du Nord-Ouest de Montréal a occupé la partie nord du territoire d'Alberta avant que la Compagnie de la Baie d'Hudson ne prenne finalement possession du territoire.
12
+
13
+ Le premier explorateur européen en Alberta, Peter Pond, visita la région du lac Athabasca au nom de la Compagnie du Nord-Ouest et il construisit fort Athabasca près du lac la Biche en 1778. Roderick MacKenzie, cousin d'Alexander Mackenzie, construisit Fort Chipewyan près du lac Athabasca dix ans après, en 1788. Mackenzie suivit la rivière Saskatchewan Nord jusqu'à son point le plus au nord, près d'Edmonton, puis continuant à pied vers le nord, il atteignit la rivière Athabasca qu'il suivit jusqu’au lac Athabasca. Il a alors découvert le fleuve qui porte son nom, le fleuve Mackenzie. Il le suivit jusqu’à son embouchure dans l'océan Arctique. En retournant au lac Athabasca, il suivit la rivière de la Paix et, finalement, atteignit l'océan Pacifique. Il sera ainsi le premier Européen à traverser le continent au nord du Mexique.
14
+
15
+ La région d'Alberta a été créée comme une partie des Territoires du Nord-Ouest en 1875. Des privilèges additionnels et une législature locale ont été ajoutés en 1905 quand l'Alberta a été agrandi et a reçu le statut de province avec sa capitale à Edmonton. L'assemblée législative compte 83 membres.
16
+
17
+ L'Alberta a déjà été l'hôte des Jeux olympiques d'hiver en 1988.
18
+
19
+ L'évolution du territoire a été liée à son exploration et utilisation par les Européens à partir du XVIIe siècle.
20
+
21
+ L'Alberta est une province située à l'ouest du Canada et occupe une superficie de 661 848 km2. Elle est située entre la Colombie-Britannique à l'ouest, la Saskatchewan à l'est, le Montana au sud et les Territoires du Nord-Ouest au nord.
22
+
23
+ La province compte des dizaines de rivières et de lacs idéaux pour la natation, le ski nautique, la pêche et une gamme complète d'autres sports nautiques. Il y a une multitude de lacs, tous de moins de 260 km2. Il y a les deux lacs plus grands : le lac Athabasca, 7 898 km2 (dont une partie se trouve en Saskatchewan), et le Petit lac des Esclaves, d'environ 1 550 km2.
24
+
25
+ La province possède un grand nombre de parcs naturels dont 5 parcs nationaux : Banff, Elk Island, Jasper, Lacs-Waterton et Wood Buffalo[3].
26
+
27
+ La frontière de l'Alberta s'étend sur 1 200 km du nord au sud, et sur environ 600 km de l'est à l'ouest. Il est normal que le climat change considérablement entre les parallèles de 49° et 60° nord et également entre 110° et 120° ouest. Le climat est également encore influencé par les différentes altitudes de la province.
28
+
29
+ Le nord de l'Alberta a beaucoup moins de jours sans gel que le sud, qui est presque un désert sans pluie en été. L'ouest de l'Alberta est protégé par les montagnes Rocheuses, aussi, en hiver, des vents chauds et secs provenant de l'ouest et appelés Chinook apportent des périodes de chaleur aux hivers au demeurant plutôt froids. L'est de l'Alberta est une prairie plate et sèche, où il peut faire très frais (−30 °C en hiver) ou très chaud (+35 °C en été). Le centre et le sud de l'Alberta sont les endroits du Canada les plus sujets aux tornades en raison de la chaleur et des orages violents qui sont communs en été. La capitale de l'Alberta, Edmonton, est presque exactement au centre de la province, et la plus grande partie des réserves de pétrole de l'Alberta s'y trouve. Le sud de l'Alberta, là où est situé Calgary, est connu pour son ranching et l'élevage du bétail.
30
+
31
+ En général, l'Alberta a des hivers frais, avec une température d'environ −10 °C pendant la journée, et des étés chauds, avec une moyenne d'environ 25 °C.
32
+
33
+ L’Alberta dispose, en général, une bonne quantité de ressources en ce qui concerne l'eau. Tout d'abord, une grande quantité de ruisseaux traversent un grand nombre de vallées pour s'unir et ainsi former la Rivière Oldman ainsi que la Rivière Bow. Lorsque ces deux rivières se croisent, elles s'unissent pour continuer sous le nom de la Rivière Saskatchewan Sud pour continuer sur une distance de 1 392 km. Plusieurs barrages installés sur la Rivière Saskatchewan Sud forment le Lac Diefenbaker, un immense réservoir qui fournit de l'hydroélectricité à l'ensemble du sud-ouest de la province de la Saskatchewan[4]. Dans le nord de la province, un ensemble de petit ruisseaux se rejoignent pour créer La Biche, mieux connu sous le nom de Red Deer River. Cette rivière rejoint la rivière Saskatchewan Sud. Un peu plus loin, on aperçoit un peu plus au centre de la province la rivière Saskatchewan Nord qui commence dans le Champ de glace Columbia, elle coule ensuite jusqu'à Rocky Mountain House où elle reçoit les eaux de la Clearwater River. La rivière traverse la ville d'Edmonton Beaucoup plus à l'est, hors de la province de l'Alberta, dans la région de Prince Albert, les rivières Saskatchewan Nord et Saskatchewan Sud s'unissent pour créer la Rivière Saskatchewan. Celle-ci continue son chemin jusqu'au Lac Winnipeg pour finalement se jeter dans la Baie d'Hudson[4].
34
+
35
+ Dans le nord de la province, l'ensemble des eaux convergent dans l'Océan Arctique. En effet, à partir du Mont Athabasca, la Rivière Athabasca se dirige vers le nord pour atteindre le Lac Athabasca. De plus, à partir des Montagnes Rocheuses, la Peace River se rend jusqu'en Alberta pour se déverser dans un affluent du Lac Athabasca. L'eau coule alors de la Rivière des Esclaves jusqu'au Grand lac des Esclaves qui se trouve au Territoire du Nord-Ouest. Le cours d'eau devient ainsi le Fleuve Mackenzie qui termine sa course dans l'Océan Arctique.
36
+
37
+ Pour ce qui est des lacs, seul le Lac Athabasca a une certaine importance avec une superficie 7 898 km2 dont une certaine partie se trouve dans la province de la Saskatchewan. On peut aussi noter la présence du Petit lac des Esclaves qui a une superficie de 1 160 km2. Outre ces deux plans d'eau, tous les autres lacs de l'Alberta ont une superficie inférieure à 260 km2.
38
+
39
+ L'Alberta est un très grand territoire et détient un climat qui diffère selon les différentes locations internes de la province. Tout comme l'ensemble des provinces du Canada, l’Alberta profite de 4 saisons qui se succèdent soit : l'hiver, le printemps, l'été et l'automne. Ces saisons sont différenciées principalement par la température, le temps d’ensoleillement et l'alternance de pluie et de neige selon ces saisons.
40
+
41
+ L'Alberta a d'ailleurs connu des records de températures impressionnants au cours de son histoire. En effet, le record de chaleur enregistré dans la province est de 43,3 °C à Bassano Dams le 21 juillet 1931. Complètement à l'opposé, la température la plus froide jamais atteinte est de -60,6 °C à Fort Vermilion le 11 janvier 1911[réf. nécessaire]
42
+
43
+ La province est la cible de plusieurs tempêtes de grêle en période estivale, particulièrement dans les régions entre Red Deer et Calgary. C'est pourquoi l'Alberta Research Council et Environnement et Changement climatique Canada subventionnent des programmes d'étude comme l'Alberta Hail Project et d'ensemencement des nuages pour contrer ce fléau[5].
44
+
45
+ Les émissions de gaz à effet de serre de l’Alberta ont augmenté de 18 % entre 2004 et 2017, et représentent 40 % du total du pays[6].
46
+
47
+ L'Alberta est la province la plus riche du Canada (par habitant)[7].
48
+
49
+ L'Alberta est le plus grand producteur canadien de pétrole (l'Alberta possède la deuxième réserve mondiale de pétrole brut, derrière l'Arabie saoudite), de gaz naturel et de charbon. À Red Deer et à Edmonton, un grand nombre de compagnies fabriquent des produits de polyéthylène et de vinyle pour des clients du monde entier. Les raffineries de pétrole fournissent les matières premières pour une grande industrie pétrochimique à l'est d'Edmonton. Mais l'exportation pose problème car il n'y a pas d'accès du pétrole de l'Alberta à un port de mer. La compagnie canadienne Enbridge projette d'investir près de quatre milliards d'euros pour construire un oléoduc sur 1 177 kilomètres de l'Alberta à Kitimat. Le double pipeline convoierait du pétrole vers l'ouest et du condensat - liquide qui sert à diluer l'épais pétrole brut - vers l'est. Les pétroliers géants, chargés de condensat ou d'au maximum 2,15 millions de barils de brut, devraient alors naviguer à travers un chapelet d'îles. Le projet de l'oléoduc est si important que le gouvernement fédéral a mis en place une commission mixte d'évaluation chargée de superviser le bilan environnemental et les modalités d'autorisation pendant deux ans. Elle devrait s'achever à la fin 2012.
50
+
51
+ Des passages de cet article sont désuets ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
52
+
53
+ Les sables bitumineux de l'Athabasca ont des réserves de pétrole estimées à 2 trillions de barils. Avec l'amélioration des méthodes d'extraction, le bitume et l'huile synthétique sont produits à des coûts s'approchant de ceux des méthodes d'extractions pétrolières conventionnelles [réf. nécessaire] ; cette technique fut d'ailleurs développée en Alberta. Fort McMurray, une des villes les plus jeunes du Canada, a grandi entièrement en raison des grandes entreprises pétrolières multinationales. La région est aussi l'une des plus polluées du pays (par capital), avec un taux de cancer élevé[8], des pluies acides et une pollution des eaux souterraines et superficielles[8]. L'extraction du pétrole est également coûteuse en énergie et nécessite de grands volumes d'eau[8]. L'activité économique fait reculer la forêt et affecte la faune de cette partie de l'Alberta[8]. Le boom pétrolier de l'Alberta a attiré des milliers de personnes en quête d'embauche immédiate et de salaire élevé. Mais, été comme hiver, les conditions de travail sont dures. Chaque soir, les ouvriers doivent dîner et dormir sur place, dans des préfabriqués qu'ils ne quittent qu'en fin de semaine.
54
+
55
+ Bien qu'Edmonton soit considéré comme le centre de raffinage de la province, la plupart des compagnies pétrolières ont leur siège social à Calgary.
56
+
57
+ Le bœuf et l'agriculture tiennent également des positions significatives dans l'économie de la province. Plus de 5 millions de têtes de bétail passent par la province à un moment ou un autre, et le bœuf d'Alberta a une renommée mondiale.
58
+
59
+ Avec l'appui du gouvernement provincial, plusieurs industries de pointe ont trouvé naissance en Alberta, notamment l'invention et le perfectionnement des systèmes d'affichage à cristaux liquides. D'une économie croissante, Alberta a plusieurs institutions financières gérant plusieurs fonds civils et privés.
60
+
61
+ Grâce à ses sources thermales très répandues, l'Alberta pourrait profiter de cette chance et utiliser la géothermie pour produire de l'électricité. Pour une utilisation à plus petite échelle comme pour les domiciles, il est également possible de profiter de l'occasion et utiliser la géothermie afin de climatiser, chauffer, chauffer l'eau chaude et purifier l'air de la maison.
62
+
63
+ L'Alberta est une démocratie parlementaire avec une Assemblée législative de 87 députés. Le lieutenant-gouverneur représente la reine et le cabinet est dirigée par le Premier ministre. La ville d'Edmonton est le siège du gouvernement albertain. Les revenus de la province proviennent principalement des ventes de pétrole, de gaz naturel, de bœuf, de bois et de blé. Ils incluent également des concessions du gouvernement fédéral, principalement pour les projets d'infrastructures. Les villes et les villages albertains ont leurs propres gouvernements municipaux qui travaillent en coopération avec le gouvernement provincial.
64
+
65
+ La politique de l'Alberta est bien plus conservatrice que celle des autres provinces canadiennes. L'Alberta est aussi la province la moins favorable envers l'interventionnisme économique. Par conséquent, elle est la province avec le niveau de taxation le plus bas au Canada. L'Alberta a traditionnellement eu trois partis politiques, les progressistes-conservateurs, les libéraux et le Nouveau Parti démocratique. Un quatrième parti, fortement conservateur, le parti du crédit social, était puissant pendant plusieurs décennies, mais a disparu de la carte politique quand les progressistes-conservateurs sont arrivés au pouvoir dans les années 1970. Pourtant, un autre parti politique est apparu lors de la dernière élection en Alberta, l'Alliance albertaine, par la suite devenu le Parti Wildrose, qui a fait élire 18 députés à la dernière élection avec 34 % des voix. Bien que les sondages donnaient ce parti gagnant aux élections, il n'a pas réussi à déloger les progressistes-conservateurs du pouvoir depuis 1973 en Alberta.
66
+
67
+ Le pouvoir exécutif en l'Alberta est détenu par le Conseil exécutif de la province essentiellement dirigé par le Premier ministre et le lieutenant-gouverneur[9].
68
+
69
+ Le premier Premier ministre de l'Alberta a été Alexander Cameron Rutherford, un libéral, de 1905 à 1910.
70
+
71
+ Actuellement et depuis le 17 avril 2019, le Premier ministre de l'Alberta est le conservateur Jason Kenney.
72
+
73
+ Le premier lieutenant-gouverneur de l'Alberta est George H. V. Bulyea (en) de 1905 à 1915.
74
+
75
+ Aujourd'hui et depuis 2015, Lois Mitchell (en) est lieutenant-gouverneure de la province.
76
+
77
+ Ce pouvoir est surtout entre les mains de l'Assemblée législative du territoire[9].
78
+
79
+ Officiellement ouverte en 1912, l'Assemblée législative de l'Alberta est composée de 87 membres.
80
+
81
+ C'est l'endroit où les membres se rencontrent pour discuter et débattre des politiques publiques en Alberta.
82
+
83
+ Elle est ouverte 362 jours par an aux visiteurs[10].
84
+
85
+ Il est détenu par les principaux tribunaux de la province :
86
+
87
+ Selon la Loi linguistique, l'anglais est la langue officielle de la province, alors les francophones se voient accorder quelques droits linguistiques, notamment devant les tribunaux[12].
88
+
89
+ L'Association canadienne-française de l'Alberta (ACFA) se veut représentative des francophones de la province. La province comprend quatre conseils scolaires dirigeant 37 écoles francophones. Les conseils scolaires sont le Conseil Franco-Sud (divisé en deux différents conseils : le Conseil scolaire catholique et francophone du sud de l'Alberta et Conseil scolaire du sud de l'Alberta), le Conseil scolaire Centre-Est (CSCE), le Conseil scolaire du Nord-Ouest (CSNO) et le Conseil scolaire du Centre-Nord (CSCN).
90
+ [réf. nécessaire]
91
+
92
+ Église anglicane Holy Trinity à Edmonton.
93
+
94
+ Église catholique St. Peter dans le comté de Flagstaff.
95
+
96
+ Église orthodoxe Holy Trinity à Edmonton.
97
+
98
+ Synagogue Beth Israel à Edmonton.
99
+
100
+ Centre islamique de Calgary.
101
+
102
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
103
+
104
+ Au Canada, l'éducation est de juridiction provinciale et l'Alberta a établi son propre système éducatif. Depuis 1905, le gouvernement albertain dirige les conseils scolaires laïcs et religieux, les universités, les collèges, les écoles techniques, les charter schools (école innovatrice), les écoles privées et les écoles à la maison.
105
+
106
+ Les premières écoles albertaines furent des écoles de paroisses, ce qui signifie qu'elles étaient dirigées par le clergé, aussi bien catholique que protestant. Les élèves devaient payer un dû (dîme) afin d'assister aux cours.
107
+
108
+ Les premières écoles gratuites (donc publiques) ont été établies à Edmonton en 1881. À cette époque, aucune loi ne régissait ces établissements : les habitants élisaient des représentants qui dirigeaient et administraient l'école. Une taxe informelle basée sur la solidarité locale permettait à l'école de s'autosuffire.
109
+
110
+ Entre 1883 et 1905, une éducation publique se développe en Alberta, lancée dans les communautés par la population locale. Une école à vocation religieuse pouvait être créée subséquemment, sous certaines conditions. Ce système qui assurait l'éducation publique universelle et l'éducation religieuse conditionnelle a été officialisé en 1905 par la loi qui a créé l'Alberta (Alberta Act), par le gouvernement de Sir Wilfrid Laurier.
111
+
112
+ On dénombre 42 regroupements d'écoles publiques ainsi que 17 regroupements scolaires privés. Seize de ces regroupements privés sont de confession catholique romaine et un (St-Albert) est de confession protestante. De plus, un district scolaire indépendant, Glen Avon, existe dans la région scolaire de St-Paul. La ville de Lloydminster chevauche la frontière entre l'Alberta et la Saskatchewan et tant les écoles publiques que les écoles privées suivent le système scolaire de la Saskatchewan.
113
+
114
+ En 1982, la Charte canadienne des droits et libertés amena l'émergence d'une éducation francophone en Alberta. Il existe cinq regroupements francophones, publics et privés, qui couvrent la province entière, mais ils n'ont l'obligation de créer une école francophone que lorsque la demande est suffisamment élevée.
115
+
116
+ Avant 1994, les regroupements scolaires albertains avaient le pouvoir de lever une taxe scolaire (foncière). En 1994, ce droit fut supprimé pour les regroupements publics, mais pas pour les regroupements privés. Le gouvernement provincial décide le taux de taxation, les autorités locales collectent la taxe puis la renvoient au gouvernement provincial. Le gouvernement redistribue cette taxe à travers la province aux regroupements publics, privés et francophones.
117
+
118
+ En plus de la taxe foncière, le gouvernement accorde des enveloppes à partir du General Revenue Fund afin de soutenir le projet éducatif K - 12 qui vise à donner une scolarité de 12 ans à tous les jeunes Albertains.
119
+
120
+ Les charter schools ne demandent pas de frais de scolarité et reçoivent la même somme gouvernementale par élève qu'une école publique. Les écoles privées et les écoles à la maison reçoivent un certain financement, mais les parents défrayent une bonne partie des coûts.
121
+
122
+ Depuis 1994, tous les regroupements (publiques, privés et francophones) peuvent également permettre aux écoles de demander un montant pour les livres, le matériel spécialisé, les programmes et services particuliers, etc. Ces coûts vont de 20 à 750 dollars par an par élève.
123
+
124
+ À titre indicatif, en 2007, 29,7 % des revenus des commissions scolaires albertaines venaient des impôts locaux, 60 % du Fonds consolidé du gouvernement et 10,3 % d'autres sources[15].
125
+
126
+ L'Alberta compte environ 595 000 élèves.
127
+
128
+ Tous les élèves albertains suivent le Program of Studies (programme d'études) et le curriculum approuvé par le ministère de l'Éducation. Tous les enseignants sont certifiés par le ministère, administrent aux élèves des tests d'aptitudes provinciaux et ont le pouvoir d'accorder les diplômes d'études secondaires.
129
+
130
+ La plus ancienne et la plus grande université albertaine est l'Université de l'Alberta, située à Edmonton. L'Université de Calgary, autrefois affiliée à l'Université de l'Alberta, est devenue autonome en 1966 et est maintenant la 2e université en importance dans la province. L'université Athabasca est spécialisée dans la formation à distance. La quatrième université de la province est l'Université de Lethbridge.
131
+
132
+ Il existe 15 collèges et deux institutions techniques (Northern Alberta Institute of Technology et Southern Alberta Institute of Technology[16]) financées par l'état.
133
+
134
+ Dans les dernières années, l'augmentation des frais de scolarité post-secondaire a engendré la controverse. En 2005, le premier ministre Ralph Klein a promis de geler les frais de scolarité et de chercher des solutions afin de réduire les coûts en éducation[17]. Jusqu'à ce jour, aucun projet de loi n'a été proposé à cet effet.
135
+
136
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1080.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,110 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Chimpanzé commun, Chimpanzé
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ EN A4cd : En danger
8
+
9
+ Statut CITES
10
+
11
+ Le Chimpanzé commun (Pan troglodytes) est une espèce de singes appartenant à la famille des hominidés. Avec le Bonobo, il forme le genre Pan, ou Chimpanzé. La répartition géographique du chimpanzé commun s'étend de la Guinée, à l'ouest, aux lacs Tanganyika et Victoria, à l'est. Il est limité au sud par le fleuve Congo, au-delà duquel vit son cousin le Bonobo.
12
+
13
+ Le chimpanzé commun est menacé d'extinction du fait de l'activité humaine : destruction de son habitat et braconnage.
14
+
15
+ Cette espèce a été décrite pour la première fois en 1776 par l'anthropologue et zoologiste allemand Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840) :
16
+
17
+ Les pieds de ce quadrumane sont mieux adaptés à la marche que ceux des orangs-outans : la plante des pieds est plus large et les orteils plus courts. Ses longs bras ont une envergure égale à une fois et demie la hauteur du corps. Comme l'Homme, chaque individu possède ses propres empreintes digitales. Le pelage est sombre et la face, la paume des mains et la plante des pieds sont nues. Sa peau est rosée, noire ou tachetée, selon les populations, avec une grande variabilité. Les oreilles, les lèvres et les arcades sourcilières sont saillantes. Le cerveau du chimpanzé, d'un volume de 360 à 380 cm3[6],[7] est entre trois et quatre fois moins volumineux que celui de l'homme.
18
+
19
+ Les chimpanzés forment des communautés organisées de deux à quatre-vingts individus sur des territoires assez vastes. Ils vivent et voyagent en petits sous-groupes et évoluent tant à terre que dans les arbres. Les adultes construisent chaque soir un nouveau nid dans un arbre pour y dormir.
20
+ À l'intérieur d'une communauté, de plus petits sous-groupes peuvent se former, se défaire et se reformer (division-fusion) ; les femelles ont tendance à migrer vers une autre communauté à l'adolescence mais les mâles ne migrent jamais.
21
+
22
+ Des interactions sociales complexes existent entre eux, comme des liens maternels solides, qui se prolongent jusque dans la vie adulte.
23
+
24
+ Les femelles en rut s'accouplent souvent avec tous les mâles d'une communauté. Certains mâles tentent de monopoliser une femelle ou de former un couple provisoire.
25
+
26
+ Les membres d'une bande coopèrent, notamment pour chasser et partager leur nourriture. La rivalité entre les femelles pour les bonnes aires de nourrissage peut conduire au meurtre de bébés par d'autres femelles.
27
+
28
+ Les mâles des sous-groupes frappent les troncs pour communiquer à longue distance (tambourinages). Ces bruits sourds s'entendent à un kilomètre et demi au plus.
29
+
30
+ Il existe une interaction constante entre les adultes, et tous les membres du groupe se toilettent mutuellement.
31
+
32
+ Jane Goodall est la première à avoir observé et rapporté que les chimpanzés ont de nombreuses similitudes comportementales avec l'Homme, et notamment qu'ils utilisent des outils pour s'alimenter. Ses travaux ont profondément transformé la vision des chimpanzés par l'homme.
33
+
34
+ Pour communiquer entre eux, ils ululent, grognent, rugissent ou crient selon leur humeur. Ils semblent éprouver beaucoup de plaisir à entendre les sons qu'ils émettent. Les chimpanzés communiquent aussi par les expressions de la face, la posture, le toucher et les mouvements. Un jeune chimpanzé peut émettre au moins trente-deux sons différents et ses mimiques peuvent exprimer toute une gamme d'émotions.
35
+
36
+ Les chimpanzés peuvent apprendre jusqu'à un certain point à utiliser un langage si des hommes le leur enseignent en laboratoire. Par exemple, ils sont capables de combiner de courtes suites de symboles arbitraires en les pointant sur un tableau pour exprimer des idées relativement simples. Ils peuvent être entrainés à utiliser certains gestes-mots de la langue des signes avec une forme de syntaxe rudimentaire, comme ce fut le cas avec la femelle chimpanzé Washoe, célèbre pour avoir ainsi appris à maitriser environ 250 mots qu'elle a en partie transmis à son enfant Loulis. Néanmoins, dans leur milieu naturel, les chimpanzés semblent ne pas utiliser de véritable langage pour communiquer[8].
37
+
38
+ Ces animaux font preuve d'une réelle intelligence dans la résolution de problèmes et l'utilisation d'outils simples, tels que de petites branches qui leur servent à extraire les termites de leur nid (technique dite de pêche aux termites) ou pour en faire une sonde leur servant à traverser un cours d'eau, comportement également observé chez les gorilles. Les jeunes apprennent en observant les autres. Les études récentes en primatologie ont mis en évidence des transmissions différentes de savoirs entre groupes de chimpanzés, au point qu'on peut désormais parler de culture animale[9].
39
+
40
+ Les chimpanzés seraient aussi les premiers animaux à avoir été observés fabriquant des armes. En effet, en 2007, le primatologue Jill Pruetz, de l'Université de l'Iowa, a décrit 22 observations de chimpanzés femelles du Sénégal qui élaboraient des lances en bois qu'elles utiliseraient pour poignarder des galagos qui se réfugient dans les troncs d'arbres vides[10].
41
+
42
+ Une équipe d'archéologues dirigés par l'Espagnol Julio Mercader, de l'université de Calgary, au Canada, a annoncé avoir trouvé en Côte d'Ivoire des pierres que les chimpanzés utilisaient il y a 4 300 ans pour ouvrir des fruits secs. Il est courant de nos jours d'observer des chimpanzés utilisant une pierre en guise de marteau[11].
43
+
44
+ Une équipe de l'université de Kyoto au Japon aurait démontré qu'ils ont une meilleure mémoire photographique que l'être humain. Le primatologue Tetsuro Matsuzawa avance que « Les chimpanzés sont supérieurs à l'homme dans ce domaine ». Pour lui, les premiers hommes ont « perdu la mémoire immédiate et, en échange, ont appris la symbolisation, et le langage ». C'est ce qu'il appelle la théorie de la compensation : « si vous avez une faculté particulière, par exemple, une meilleure mémoire immédiate, alors vous devez en perdre une autre. »[11]
45
+
46
+ Les chimpanzés sont omnivores. Ils se nourrissent principalement de fruits (60 % de leur alimentation[12]), mais également de feuilles (21 %[12]) ou de bourgeons, de fleurs, de graines, de miel, etc. Ils consomment aussi des protéines d'origine animale[13] : insectes, œufs d'oiseaux et à l'occasion de petits mammifères.
47
+
48
+ On a longtemps pensé que les chimpanzés étaient exclusivement herbivores. En septembre 1960, Jane Goodall constate que les chimpanzés sont aussi carnivores, notamment insectivores, et non pas uniquement frugivores[14]. Ils peuvent même à l'occasion chasser en groupe des singes comme les colobes[15],[16]. Dans le parc national de Gombe en Tanzanie, par exemple, ils ne passent que 3 % de leur temps à manger de la viande, mais durant la saison sèche un adulte peut avaler jusqu'à 65 g de viande par jour[17].
49
+
50
+ Parmi les 300 aliments environ qu'ils consomment, ils pratiquent l'automédication avec 1 % de ces aliments (médication copiée par les tradipraticiens) comme l'a révélé le primatologue Richard Wrangham (en) dès 1977[18].
51
+
52
+ La femelle a un cycle menstruel de 36 jours. Elle est fécondable pendant six jours et demi lors de chaque cycle et peut s'accoupler à tout moment de l'année[19].
53
+
54
+ La gestation dure plus de sept mois et produit un seul petit (rarement des jumeaux).
55
+
56
+ Tout de suite après la naissance, le petit sans défense s'accroche au pelage de sa mère et s'installe sur son dos quand elle se déplace.
57
+
58
+ Le jeune chimpanzé est sevré vers quatre ans, mais peut continuer à se déplacer avec sa mère jusqu'à l'âge de dix ans.
59
+
60
+ Il arrive que la descendance reste en contact avec la mère pendant toute sa vie, qui peut atteindre soixante ans dans la nature.
61
+
62
+ Phylogénie des espèces actuelles d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[20] et Springer et al. (2012)[21][réf. nécessaire] :
63
+
64
+ Pongo abelii – Orang-outan de Sumatra
65
+
66
+ Pongo pygmaeus – Orang-outan de Bornéo
67
+
68
+ Pongo tapanuliensis – Orang-outan de Tapanuli
69
+
70
+ Gorilla beringei – Gorille de l'Est
71
+
72
+ Gorilla gorilla – Gorille de l'Ouest
73
+
74
+ Pan paniscus – Chimpanzé pygmée ou Bonobo
75
+
76
+ Pan troglodytes – Chimpanzé commun
77
+
78
+ Homo sapiens – Homme moderne
79
+
80
+ Pan troglodytes compte quatre sous-espèces actuelles[22] :
81
+
82
+ Selon Paleobiology Database (13 mai 2014)[23] :
83
+
84
+ Le premier chimpanzé arrivé en Europe est celui de la ménagerie du duc d'Orange. Il mourut en 1641 et fut disséqué.
85
+
86
+ Au cours des siècles suivants, de nombreux animaux sont capturés pour être rapportés en Occident. Doué d'une mimique extrêmement expressive, le chimpanzé est en effet une source de distraction dans les cirques et les jardins zoologiques. Les spectacles les plus appréciés font alors apparaître des animaux dressés et accoutrés dans des vêtements humains jouant des scènes quotidiennes. L'intelligence du chimpanzé le rend en effet capable de maîtriser des tours complexes. Par la suite, on verra plusieurs individus chimpanzés au cinéma, le plus célèbre étant sans doute Cheeta, un chimpanzé qu'on a pu voir régulièrement à l'affiche des films de Tarzan.
87
+
88
+ Les chimpanzés ont aussi contribué à l'aventure scientifique et technologique du XXe siècle. En 1961, envoyé à bord d'une capsule spatiale américaine en orbite autour de la Terre, le chimpanzé Ham précède de quelques mois le cosmonaute soviétique Youri Gagarine dans l'espace. De par sa proximité génétique avec l'humain, le chimpanzé a aussi souvent été utilisé comme modèle animal dans les domaines médicaux et scientifiques. La prise de conscience publique et l'évolution des pratiques en laboratoires ont toutefois largement réduit son utilisation à des fins d'expérimentation animale. Au XXIe siècle, le chimpanzé reste un animal de prédilection pour la psychologie comparée car en étudiant ses capacités cognitives en lien avec celles des êtres humains, on peut mieux comprendre la spécificité et l'évolution de l'esprit humain[9].
89
+
90
+ Dans les années 1960 et les suivantes, Jane Goodall a vécu dans la jungle pour étudier les chimpanzés. Elle a découvert, entre autres, qu'ils sont plus agressifs qu'on ne le supposait et qu'ils peuvent inventer des outils simples. Les chimpanzés peuvent apprendre à utiliser un langage élémentaire si des hommes le leur enseignent (voir ci-dessus). Elle fut aussi la première personnalité à s'engager pour la protection des chimpanzés en fondant l'Institut Jane Goodall.
91
+
92
+ Aujourd'hui classés comme des espèces en danger par la CITES, le chimpanzé commun et, surtout, le chimpanzé nain vivant en milieu naturel sont sous le coup de diverses menaces dont les principales sont la destruction de leur écosystème et le braconnage pour la viande de brousse et la capture (qui passe souvent par la mise à mort des adultes pour récupérer les petits destinés à être revendus comme animaux de compagnie).
93
+
94
+ Le chimpanzé commun est classé « en danger d'extinction » sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ses quatre sous-espèces font face à des menaces diverses et sont inégalement protégées.
95
+
96
+ (2016)
97
+
98
+ (non exhaustif)
99
+
100
+ (2019)
101
+
102
+ Comme les autres genres de primates, les chimpanzés sont menacés par le développement des activités humaines (déforestation, trafic, consommation), et par des maladies comme la maladie à virus Ebola.
103
+
104
+ Partout en Afrique les populations sont en régression. La population totale initiale de chimpanzés se montait à plusieurs millions d'individus. Elle est passée de 2 millions au début du XXe siècle à 1 million en 1960 pour tomber à 300 000 dans les années 1980, et moins de 150 000 dans les années 2000. 90 % de la population des chimpanzés a disparu au cours des 50 dernières années[26].
105
+
106
+ Les estimations actuelles seraient les suivantes :
107
+
108
+ Depuis 2001, les chimpanzés font l'objet d'un programme de protection (Grasp) dans le cadre du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement).
109
+
110
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1081.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,113 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Pan
2
+
3
+ Genre
4
+
5
+ Statut CITES
6
+
7
+ Répartition géographique
8
+
9
+ Les Chimpanzés forment un genre (Pan) de singes appartenant à la famille des hominidés[1]. Ce genre comprend deux espèces : le Chimpanzé commun (Pan troglodytes) et le Chimpanzé nain, plus connu sous le nom de Bonobo (Pan paniscus). Ces hominidés d'Afrique équatoriale sont les animaux génétiquement les plus proches de l'espèce humaine.
10
+
11
+ La répartition géographique du Chimpanzé commun s'étend de la Guinée aux lacs Tanganyika et Victoria. Identifié tardivement comme espèce à part entière, le Bonobo ne se trouve que dans le bassin oriental du fleuve Congo, en République démocratique du Congo.
12
+
13
+ Les deux espèces présentent des traits physiques, affectifs, mentaux, de même que des comportements relationnels et sociaux, particulièrement remarquables pour l'être humain dans leur similitude ou parfois dans leur différence. Pour cette raison, elles sont des sujets privilégiés d'étude scientifique avec en arrière-plan l'énigme de la nature humaine et de son histoire évolutive.
14
+
15
+ Le Chimpanzé et surtout le Bonobo sont menacés d'extinction du fait essentiellement de l'activité humaine : destruction de leur habitat, chasse, guerre.
16
+
17
+ Le mot chimpanzé vient d'une langue congolaise, le kikongo[2], et signifie faux-homme[3],[4].
18
+
19
+ En 1812, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire choisit le genre Troglodytes pour classer le chimpanzé et le taxon est utilisé dans ce sens par plusieurs auteurs ultérieurs. Mais ce taxon s'avère en réalité invalide car déjà utilisé par Louis-Pierre Vieillot en 1806 pour nommer un genre de passereaux. La Commission internationale de nomenclature zoologique l'annule définitivement en 1985 au profit de Pan, en vertu du principe d'antériorité[5].
20
+
21
+ Les Chimpanzés et les Bonobos peuvent vivre jusqu'à plus de trente ans en captivité ou dans la nature[6].
22
+
23
+ Le génome de l'Homme moderne comporte 46 chromosomes, soit deux de moins que celui du Chimpanzé. Deux paires de chromosomes {2p, 2q} de l'ancêtre commun aux Humains et aux Chimpanzés ont fusionné dans la lignée humaine en la paire de chromosomes {2}. Le Chimpanzé a en revanche conservé les deux paires de chromosomes {2p, 2q} de l'ancêtre commun et donc 48 chromosomes.
24
+
25
+ La comparaison génétique de l'Homme et du Chimpanzé montre des gonosomes (chromosomes sexuels) X, et Y très voisins, treize autres paires de chromosomes {3, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 16, 19, 20, 21, 22} semblent quasiment identiques entre les deux espèces, ainsi que six paires qui sont restées proches car les changements intervenus (insertions {1}, inversions {4, 5, 17} et délétions {13, 18}) sont relativement simples et facilement identifiables ; à l'opposé, deux paires de chromosomes {9, 15} ont été plus profondément différenciées à la suite de mutations complexes probablement échelonnées dans le temps au sein des tribus Hominines et/ou Panines.
26
+
27
+ Au total, les génomes de l'Homme et du Chimpanzé diffèrent de 1,2 %[7].
28
+
29
+ Le régime alimentaire du Chimpanzé est omnivore[8], à dominante herbivore, notamment frugivore : feuilles, fruits et noix constituent le menu de base du Chimpanzé. Il mange également des chenilles, des termites, des fourmis, du miel sauvage et des œufs d'oiseaux. Il chasse occasionnellement des oiseaux et de petits mammifères[6].
30
+
31
+ Bien que dans la nature le Chimpanzé mange de la nourriture crue, il préfère la nourriture cuite[9],[10].
32
+
33
+ Le chimpanzé vit en société à dynamique de fission-fusion.
34
+
35
+ Chimpanzé commençant une vocalise.
36
+
37
+ On rencontre les Chimpanzés dans 21 pays africains, souvent dans les forêts.
38
+
39
+ Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[11] et Springer et al. (2012)[12] :
40
+
41
+ Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
42
+
43
+ Hylobatidae (Gibbon)
44
+
45
+ Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
46
+
47
+ Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
48
+
49
+ Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
50
+
51
+ Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
52
+
53
+ Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[13] et Springer et al. (2012)[14] :
54
+
55
+ Pongo (Orang-outan)
56
+
57
+ Gorilla (Gorille)
58
+
59
+ Pan (Chimpanzé)
60
+
61
+ Homo (Homme)
62
+
63
+
64
+
65
+ Le genre Pan compte deux espèces, dont l'une, le Chimpanzé commun, compte quatre sous-espèces[15] :
66
+
67
+ Pan paniscus (Bonobo).
68
+
69
+ Pan troglodytes (Chimpanzé commun).
70
+
71
+ Depuis 1928, le Chimpanzé commun (Pan troglodytes) et le Bonobo (Pan paniscus) sont reconnus comme deux espèces distinctes. Le premier vit au nord du fleuve Congo, le second au sud. De plus, le Chimpanzé commun est divisé en 4 sous-espèces alors que la population de Bonobo ne fait qu'une. Selon la théorie de l'horloge moléculaire, les deux espèces auraient divergé il y a plus de 2 millions d'années.
72
+
73
+ Les différences principales sont que le Chimpanzé commun est plus grand, plus agressif et vit dans des groupes dominés par des mâles, alors que le Bonobo est plus petit, léger et gracile, plus paisible et vit dans des groupes dominés par des femelles[8].
74
+
75
+ Les poils des Chimpanzés et des Bonobos sont habituellement bruns ou noirs. Les mâles et les femelles diffèrent en taille et en apparence. Les Chimpanzés et les Bonobos sont tous les deux parmi les grands singes les plus sociaux, avec des liens sociaux étendus au sein de larges groupes[6].
76
+
77
+ Le premier Chimpanzé arrivé en Europe est celui de la ménagerie du duc d'Orange. Il mourut en 1641 et fut disséqué.
78
+
79
+ Au cours des siècles suivants, de nombreux animaux sont capturés pour être rapportés en Occident. Doué d'une mimique extrêmement expressive, le chimpanzé est en effet une source de distraction dans les cirques et les jardins zoologiques. Les spectacles les plus appréciés font alors apparaître des animaux dressés et accoutrés dans des vêtements humains jouant des scènes quotidiennes. L'intelligence du Chimpanzé le rend en effet capable de maîtriser des tours complexes. Par la suite, on verra plusieurs individus chimpanzés au cinéma, le plus célèbre étant sans doute Cheeta, un chimpanzé qu'on a pu voir régulièrement à l'affiche des films de Tarzan.
80
+
81
+ Les Chimpanzés ont aussi contribué à l'aventure scientifique et technologique du XXe siècle. En 1961, envoyé à bord d'une capsule spatiale américaine en vol suborbital, le Chimpanzé Ham précède de quelques mois le cosmonaute soviétique Youri Gagarine dans l'espace. De par sa proximité génétique avec l'Humain, le Chimpanzé a aussi souvent été utilisé comme modèle animal dans les domaines médicaux et scientifiques. La prise de conscience publique et l'évolution des pratiques en laboratoires ont toutefois largement réduit son utilisation à des fins d'expérimentation animale.
82
+
83
+ Au XXIe siècle, le Chimpanzé reste un animal de prédilection pour la psychologie comparée car en étudiant ses capacités cognitives en lien avec celles des êtres humains, on peut mieux comprendre la spécificité et l'évolution de l'esprit humain[16].
84
+
85
+ Les espèces de chimpanzés sont toutes les deux classées « en danger d'extinction » sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
86
+
87
+ (2016)
88
+
89
+ (2019)
90
+
91
+ Les populations de Chimpanzés ont été divisées par un facteur 10 au cours du XXe siècle[25]. Aujourd'hui, classés comme des espèces en danger par la CITES, le Chimpanzé commun et, surtout, le Chimpanzé nain vivant en milieu naturel sont sous le coup de diverses menaces dont les principales sont la destruction de leur écosystème et le braconnage pour la viande de brousse et la capture (qui passe souvent par la mise à mort des adultes pour récupérer les petits destinés à être revendus comme animaux de compagnie).
92
+
93
+ Le Chimpanzé est très convoité pour son pelage et pour son nez. Comme les autres genres de Primates, les Chimpanzés sont menacés par le développement des activités humaines (déforestation, trafic, consommation) et par des maladies comme la maladie à virus Ebola.
94
+
95
+ Partout en Afrique les populations sont en régression : la population totale initiale de Chimpanzés était de plusieurs millions d'individus. Elle est passée de 2 millions au début du XXe siècle à 1 million en 1960 pour tomber à 300 000 dans les années 1980, et moins de 150 000 dans les années 2000. 90 % de la population des Chimpanzés a disparu au cours des 50 dernières années[26].
96
+
97
+ Autrefois présents dans vingt-cinq pays d'Afrique, ces singes ont disparu de quatre d'entre eux (Gambie, Burkina Faso, Bénin, Togo) et sont en danger partout ailleurs. La déforestation les condamne à survivre dans des îlots isolés. De plus, la chasse devient massive car cette viande de brousse est très prisée des citadins.
98
+
99
+ En 1960, Jane Goodall commence son étude sur les Chimpanzés en Tanzanie. Cette étude deviendra bientôt le plus long suivi de Chimpanzés jamais réalisé et fera l'objet d'une étude en primatologie qui permettra de redéfinir les rapports entre humains et animaux. L’une des plus grandes découvertes a été la mise en exergue de la capacité de fabrication et d’utilisation d'outils par les Chimpanzés. Elle allait modifier la limite homme-animal et forcer la science à repenser la définition du propre de l'Homme.
100
+
101
+ Jane Goodall donna une autre dimension à ses recherches en attribuant des noms aux individus qu'elle suivait plutôt que des numéros, elle mit également en valeur les relations durables qui étaient établies au sein d'une même famille. Elle insista sur le fait que les Chimpanzés ont une personnalité, et ressentent des émotions. Jane Goodall fut aussi l'une des premières personnalités à s'engager dans la protection des Chimpanzés en créant l'Institut Jane Goodall en 1977 aux États-Unis.
102
+
103
+ Fondé en 1977, en Californie, par le Dr Goodall, l’Institut Jane Goodall inscrit son action dans une démarche globale de protection de la biodiversité, d’aide à la gestion durable et équitable des ressources naturelles, et d’éducation des plus jeunes.
104
+
105
+ Depuis l’Institut Jane Goodall protège les chimpanz��s sauvages, gère des réserves naturelles et a créé des refuges en Afrique pour protéger nos plus proches cousins. Ces refuges accueillent majoritairement des orphelins dont les mères ont été victimes de la chasse. Sans les refuges de l'Institut, ils seraient condamnés.
106
+
107
+ Pour préserver la faune et lutter contre les menaces (trafics, chasse, déforestation, épidémies) qui pèsent sur l’avenir des grands singes, l’Institut développe, depuis sa création, des programmes innovants : Roots & Shoots pour l’éducation des plus jeunes (il encourage les jeunes à s'impliquer dans des projets visant à prendre davantage soin des animaux, de l'environnement et de la communauté humaine), Tacare pour aider au développement durable des populations et lutter contre les maladies, ChimpanZoo pour étudier et améliorer les conditions de vie des chimpanzés en captivité.
108
+
109
+ Depuis 2001, les Chimpanzés font l'objet d'un programme de protection (Grasp : Great Apes Survival Project (en)) dans le cadre du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement).
110
+
111
+ Confrontés à la destruction de leur habitat, « les chimpanzés en sont réduits à vivre dans des ghettos forestiers », selon les primatologues. Le chimpanzé verus a perdu plus de 80 % de sa population en trois générations, principalement en raison de la destruction de son habitat[27].
112
+
113
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1082.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,82 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Pan paniscus • Chimpanzé nain, Chimpanzé pygmée
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ EN A4cd : En danger
8
+
9
+ Statut CITES
10
+
11
+ Le Bonobo[1], Chimpanzé nain[1] ou Chimpanzé pygmée[1] (Pan paniscus) est une espèce de primates de la famille des Hominidés. Proche du Chimpanzé commun (Pan troglodytes), il s'en distingue surtout par une organisation sociale qui a recours aux relations sexuelles et à un bouc émissaire comme mode de résolution des conflits au sein du groupe. Endémique de la République démocratique du Congo, le nom « bonobo » découle de la déformation du nom de la ville de Bolobo située sur les rives du fleuve Congo où les premiers spécimens furent capturés dans les années 1920[2],[3]. L'espèce est en danger d'extinction, le déclin des populations étant principalement dû à la déforestation et au braconnage pour sa chair.
12
+
13
+ Le mâle mesure environ 1,19 m pour un poids allant de 37 à 61 kg (45 kg en moyenne). La femelle mesure 1,11 m pour un poids allant de 27 à 38 kg (33,2 kg en moyenne). Le dimorphisme sexuel est moins prononcé que chez la plupart des primates.
14
+
15
+ Il se distingue notamment du Chimpanzé commun par une face foncée plutôt que claire et ses poils sont généralement plus longs que chez ce dernier[4]. En outre, le bonobo est plus petit que son homologue le chimpanzé, d'où son nom de chimpanzé nain. On pourra de même remarquer que le bonobo a une teinte plus noirâtre, les lèvres rouges et des organes sexuels femelles externes[5].
16
+
17
+ Son espérance de vie dans la nature est de 40 ans et peut atteindre 60 ans en captivité[6].
18
+
19
+ Ils vivent dans les forêts équatoriales de la République démocratique du Congo, entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.
20
+
21
+ Le bonobo se nourrit essentiellement de fruits mûrs, à 57 %, et de plantes. Son régime alimentaire comporte aussi des racines et des produits d'origine animale (poissons, petits mammifères, miel). Il arrive occasionnellement qu'il mange de petits invertébrés, insectes et vers. Les bonobos consacrent 40 % de leur temps à chercher leur nourriture et à la consommer[7]. Bien qu'ils soient omnivores[8], leur régime alimentaire comporte moins de produits carnés que celui des Chimpanzés communs[9], de sorte qu'on les classe parfois dans la catégorie des animaux frugivores non stricts.
22
+
23
+ Les femelles et les mâles arrivent généralement à maturité sexuelle entre l'âge de 13 et 15 ans.
24
+
25
+ Ils peuvent se reproduire toute l'année et la période de gestation dure de 230 à 240 jours. Chaque femelle donne naissance à un seul petit à la fois qui pèse aux alentours de 1,3 kg à la naissance. La femelle met un petit au monde environ tous les cinq ans, comme chez les chimpanzés. Le rythme des naissances est surtout limité par l'infécondité des femelles pendant l'allaitement qui dure 3 à 4 ans.
26
+
27
+ Les bonobos vivent en groupes qui peuvent compter jusqu'à une centaine d'individus.
28
+
29
+ En milieu naturel, les mâles et les femelles cherchent la nourriture ensemble, mais ce sont les femelles qui décident de la répartition. Par ailleurs, des orphelins peuvent se faire adopter par des adultes.
30
+
31
+ Le Bonobo révèle une aptitude à l'utilisation d'outils. Par exemple l'utilisation de branches comme arme de jets lors des affrontements de mâles, et aussi de baguettes qu'il plonge dans les termitières pour en extraire les insectes qui constituent un de ses mets favoris.
32
+
33
+ Chez les bonobos, les relations sexuelles, feintes ou réelles, sont le plus souvent utilisées comme mode de résolution des conflits, à côté des mécanismes de domination. Les études suggèrent que les trois quarts des rapports sexuels entre bonobos n'ont pas de fin reproductive, mais plutôt sociale, et que presque tous les bonobos sont « pansexuels » – jeu de mots entre le mot grec pan (« tout ») et le nom scientifique de l'espèce, Pan paniscus.
34
+ Des scientifiques ont appelé cette méthode d'accouplement le « sexe convivial »[10].
35
+
36
+ Il est courant qu'un membre du groupe pratique des actes sexuels dans le but de plaire à un autre membre ou pour réduire les tensions sociales. Par exemple, un individu subordonné peut utiliser des actes sexuels pour calmer un autre individu plus fort ou plus agressif. Mais si la fréquence des rapports est exceptionnelle dans le règne animal, et supérieure à celle de tous les primates, les accouplements sont rapides et furtifs, sans aucun geste préparatoire, et ne durent en moyenne qu'une quinzaine de secondes. Leur seul tabou sexuel serait l'inceste[réf. nécessaire], bien que les relations sexuelles incluent également les juvéniles.
37
+
38
+ À côté des pratiques sexuelles variées dont la sexualité orale, le baiser avec la langue ou les rapports homosexuels (le primatologue Frans de Waal préfère d'ailleurs parler de « pansexualité » et non pas d'homosexualité ou de bisexualité, pour insister sur le fait que la sexualité du bonobo est totalement ouverte à toutes les relations, et n'est pas orientée vers un seul sexe, un seul genre��; il a même découvert chez les Bonobos une pratique, l'« escrime au pénis »[10], qui peut être comparé à la pratique du frottement entre deux pénis chez les humains), le bonobo serait l'un des seuls mammifères à pratiquer, comme l'humain, le coït ventro-ventral (face à face)[11].
39
+
40
+ Par ailleurs, l'organisation sociale des bonobos en captivité présente une autre particularité. La paix du groupe est également maintenue par l'existence d'un bouc émissaire (ou pharmakos)[citation nécessaire]. Lorsqu'un groupe de chercheurs[citation nécessaire] a retiré un bonobo blessé et frappé par les autres membres du groupe, une accentuation de la violence et une baisse de la sexualité ont pu être remarquées. A contrario, lorsque ce dernier fut ré-intégré au groupe, la paix du groupe fut ré-instaurée.
41
+
42
+ Comme chez les autres grands anthropomorphes et chez les humains, le phénomène nommé « third party affiliation » — ou bien le contact affectif (« affiliation contact ») offert à la victime d'une agression par un membre du groupe autre que l'agresseur — est présente chez les bonobos[12]. Une étude récente[13] a montré que soit le contact affectif spontanément offert par un membre du groupe à la victime, soit le contact demandé par la victime (sollicité) peut réduire la probabilité d'une nouvelle agression par des membres du groupe sur la victime (ce fait appuie l'« hypothèse de protection de la victime » – « Victim protection hypothesis »). Pourtant, seulement le contact affectif spontané réduit l'anxiété de la victime, suggérant non seulement que le contact non sollicité a une fonction consolatrice mais aussi que le geste spontané — plus de la protection — fonctionne en calmant le sujet en détresse. Les auteurs émettent l'hypothèse que la victime peut percevoir la motivation du consolateur, qui ne nécessite pas d’invitation pour offrir un contact affectif après le conflit. En outre, le contact spontané — et non pas le contact sollicité — était influencé par le lien affectif existant entre le consolateur et la victime (ce qui appuie l'« hypothèse de consolation », « Consolation hypothesis »). À ce propos, les auteurs ont observé que le contact spontané suivait la pente empathique décrite pour les humains, étant principalement offert aux parents, puis aux « amis » et, avec une fréquence plus basse, aux connaissances (la qualité de relation entre les individus a été déterminée en utilisant les taux de contacts entre les individus). Par conséquent, la consolation chez le bonobo pourrait être un phénomène basé sur l’empathie.
43
+
44
+ Le potentiel intellectuel des bonobos est important.
45
+
46
+ Dans l'Iowa, une psychologue américaine, dans le cadre d'une étude de la capacité des bonobo à comprendre le langage humain, a fait apprendre l'utilisation de 348 symboles d'un clavier à un bonobo mâle de 26 ans, nommé Kanzi[14].
47
+
48
+ Il a appris à combiner ces symboles dans ce que les linguistes appellent une « proto-grammaire ». Les symboles se réfèrent aux objets familiers (le yaourt, la clé, le ventre, la boule…), des activités favorites (la poursuite, les chatouilles…) et même quelques concepts considérés assez abstraits (le présent, ce qui est mal…). La psychologue affirme qu'il comprend en plus jusqu'à 3 000 mots anglais parlés, qui ne font pas forcément partie du vocabulaire de son clavier. Elle ajoute qu'il peut s'exprimer vocalement et répondre convenablement aux commandes comme « mets le savon dans l'eau » ou « porte tel objet dehors » (en anglais).
49
+
50
+ Une étude rétrospective publiée en 2016 conclut que l'intelligence grammaticale de Kanzi a cependant été partiellement surestimée[15]. Le linguiste Robert Truswell[15] pense que le bonobo a plus de difficultés que l'humain dans le traitement complexe du nombre (syntagmes nominaux) au sein d'une structure grammaticale ; cependant Truswell considère que l'humain ne nait probablement pas avec la capacité d'interpréter ce type de structure grammaticale, il doit apprendre à l'utiliser[15].
51
+
52
+ Sa morphologie particulière, notamment avec ses longs membres postérieurs et son faible indice intermembral, lui donne une apparence plus proche de l'être humain que le chimpanzé commun [16]. Néanmoins, plusieurs études (en captivité) ont montré que la proportion de bipédie dans son répertoire posturo-locomoteur était la même que celle observée chez le chimpanzé [17]. La différence entre les deux espèces se retrouve plutôt dans le contexte d'utilisation de la bipédie. Tandis que le bonobo l'utilise préférentiellement pour la vigilance et le transport d'objets, le chimpanzé l'utilise lors de démonstrations de dominance [18].
53
+
54
+ Pan paniscus est une espèce de Panines (genre Pan), membres de la famille des Hominidés et de l'ordre des Primates.
55
+
56
+ La première observation du Bonobo est réalisée en 1928 sur un crâne de singe qui vient d'arriver dans les réserves du Palais des Colonies (aujourd'hui le musée royal de l'Afrique centrale) à Tervuren, en Belgique[19]. Celui-ci présente les mêmes caractéristiques qu'un chimpanzé excepté sa taille extrêmement petite. Sur la demande du conservateur, Henri Schouteden, l'anatomiste et zoologiste berlinois Ernst Schwarz analyse le crâne et en déduit qu'il s’agit simplement d'un chimpanzé jeune. Il publie son analyse d'une quarantaine de ligne (« Das Vorkommen des Schimpansen auf den linken Kongo-Ufer ») dans la Revue de zoologie et de botanique africaine du 1er avril 1929.
57
+
58
+ Dans le cadre de son tour d’Europe des musées abritant des collections de singes, le primatologue américain Harold Jefferson Coolidge (1904-1985) se rend en personne en Belgique afin de voir par lui même ce crâne étrange. Il est stupéfait. Ce crâne ne saurait être une jeune chimpanzé parce qu'il est complètement formé. Il s'agit donc d'une nouvelle espèce. Il continue ses études dans les collections de différents musées, et obtient même la dissection complète d’un spécimen[20]. À l’issue de ce travail minutieux, il publie en 1933 un article de cinquante-sept pages[21], dans lequel il préconise d'envisager le « chimpanzé pygmée » comme une espèce à part entière, Pan paniscus[22].
59
+
60
+ Le primatologue Robert Yerkes avait également prévu cette révision de la classification observant chez cet animal des comportements qu'il ne retrouvait pas chez le chimpanzé commun[11].
61
+
62
+ Étymologie
63
+
64
+ Le nom « Bonobo » viendrait d'une erreur de lecture d'une caisse contenant un chimpanzé pygmée expédiée en Europe pour analyse. Celle-ci est étiquetée « Bolobo », du nom de la région du Congo d'où elle provient[19].
65
+
66
+ Les méthodes phylogénétiques ont permis d'établir que Pan paniscus et Pan troglodytes sont les primates les plus proches de l'homme. Entre deux humains, les génotypes sont semblables à 99,9 %[23], tandis que la ressemblance entre l'humain et le bonobo serait de 98,7 %[24]. Selon des analyses qui se fondent sur une horloge moléculaire au taux de mutation de 10-9 mutation par année, l'homme aurait divergé il y a 4,5 millions d'années, tandis que l'embranchement bonobo-chimpanzé remonterait à 1 million d'années[24]. L'homme est également plus proche des deux espèces de chimpanzé qu'il ne l'est d'autres primates, comme le gorille dont la divergence remonte à environ 8 millions d'années. Notamment à cause de cette ressemblance extrême, certains auteurs, minoritaires, proposent même de classer chimpanzés et bonobos dans le genre Homo (cf. Wildman et al., 2003), qu'ils appellent ainsi respectivement Homo troglodytes et Homo paniscus.
67
+
68
+ L'espèce est aujourd'hui menacée de disparition à brève échéance à cause de la dégradation de son habitat naturel (déforestation). Depuis la guerre civile de 1996 au Congo, les bonobos sont, en outre, victimes de braconnage de la part des populations locales qui consomment leur viande.
69
+
70
+ Bien que le bonobo soit légalement protégé, la mise en œuvre de la loi n'est pas parfaite, et les efforts de conservation sont entravés par la corruption, l'isolement, aussi bien que par une instabilité politique. La seule présence active et permanente sur le terrain est assurée par des ONG et des projets de recherche. Des ONG travaillent pour renforcer la capacité d'intervention de l'Institut congolais pour la conservation de la nature dans le parc national de la Salonga. Ailleurs, des ONG ont recours à des approches participatives pour amener les autochtones à une utilisation durable des ressources naturelles pour une conservation à long terme.
71
+
72
+ Le bonobo est sur la liste rouge de l'UICN des espèces menacées, son statut de conservation est au niveau « en danger » depuis 1996. Les populations sont en déclin. Il n'était que « vulnérable » en 1986[25].
73
+
74
+ Jusqu'en 2007, la seule aire protégée habitée par les bonobos était le parc national de la Salonga (33 346 km2).
75
+
76
+ Pour aider à sauver ce primate singulier et menacé, qui vit exclusivement dans les forêts pluviales de la République démocratique du Congo, le gouvernement congolais et l'« Initiative de conservation du Bonobo », basée aux États-Unis, ont créé un vaste sanctuaire. La réserve naturelle du Sankuru, avec ses 30 570 km2, abrite sans doute plusieurs milliers d'individus, sur une population estimée entre 5 000[26] et 50 000 (les chiffres sont imprécis, une décennie de guerre civile ayant empêché les chercheurs d'accéder à la zone). Afin que cette réserve joue pleinement son rôle, les communautés locales se sont engagées à ne plus chasser les bonobos – c'est la principale menace qui pèse sur l'espèce – en échange d'une aide au développement. Sankuru constitue le premier maillon d'un futur réseau de réserves baptisé « Forêt de la paix des bonobos »[27].
77
+
78
+ Le primatologue allemand Gottfried Hohmann souhaite mettre en évidence, par un exemple, que le pacifisme n'est pas une conduite immuable à laquelle le bonobo se conforme sans faille. Le bonobo est, selon lui, un cousin de l'homme seulement moins agressif que celui-ci, mais cette théorie reste à vérifier[28].
79
+
80
+ Takayoshi Kanō[29], de l'Institut de primatologie de Kyoto, commence à étudier les bonobos dans leur milieu en 1973. Dans son livre, The Last Ape (Le Dernier Grand Singe), il oppose le chimpanzé brutal et jaloux au bonobo pacifique et libertin. Selon lui, la société humaine serait née d'une liberté sexuelle comparable, et non de l'agression, comme le soutient Konrad Lorenz. De même, de Waal parle d'une espèce qui « fait l'amour, pas la guerre »[10].
81
+
82
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1083.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1084.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1085.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1086.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1087.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,73 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Taïwan Singapour État Wa Nations uniesOrganisation de coopération de ShanghaiAssociation des nations de l'Asie du Sud-Est
4
+
5
+ Les langues chinoises (chinois simplifié : 中国语文 ; chinois traditionnel : 中國語文 ; pinyin : zhōnggúo yǔwén[1]) ou langues sinitiques, souvent désignées dans leur ensemble sous le nom de « chinois » (中文, zhōngwén[2]), appartiennent à la famille des langues sino-tibétaines.
6
+
7
+ On considère la langue écrite (文, wén[3]) comme la plus universelle, qui transcende la prononciation des divers parlers. La langue parlée dans son caractère le plus général est le plus souvent appelée hanyu (汉语 [4]), soit « langue des Han », même si d'autres groupes ethniques ont progressivement adopté cette langue. Les différents parlers peuvent être considérés comme langue (语, yǔ[5]) ou comme dialecte (chinois : 方言 ; pinyin : fāngyán). Le statut d'un parler comme langue ou dialecte est souvent sujet à controverses en l'absence de références écrites à la prononciation[6].
8
+
9
+ On distingue généralement sept grandes langues chinoises parlées modernes :
10
+
11
+ Certains linguistes distinguent parfois trois autres langues importantes :
12
+
13
+ Voir liste des langues chinoises
14
+
15
+ Le chinois archaïque, dont ces langues sont issues, n'était pas une langue à tons, et se distinguait fortement des langues modernes par son type sur le plan phonologique comme sur le plan morphologique. Les langues chinoises sont apparentées aux langues tibéto-birmanes.
16
+
17
+ Mais il existe aussi d'autres groupes plus réduits et pas encore classés, parmi lesquels : le dialecte danzhou, parlé à Danzhou, sur l'île de Hainan ; Xianghua (乡话), à ne pas confondre avec xiang (湘), parlé à l'Ouest du Hunan ; et Shaozhou tuhua, parlé dans le Nord Guangdong. La langue doungane, parlée en Asie centrale, est très apparentée au mandarin. Cependant, on ne la considère généralement pas toujours comme « chinoise », car écrite en cyrillique et parlée par les Dounganes hors de République populaire de Chine. De plus, ils ne sont pas considérés comme faisant partie de la diaspora chinoise à quelque niveau que ce soit. Référez-vous à liste des langues chinoises pour une liste complète de ces langues issues de plus grands groupes.
18
+
19
+ Les langues chinoises s'écrivent avec des caractères chinois (汉字, hanzi, « caractères des Han », traduit en français par sinogrammes). Depuis leurs créations, ils ont évolué au cours des siècles pour atteindre la forme actuelle, qui se distingue par une écriture traditionnelle et une autre simplifiée.
20
+
21
+ Les caractères traditionnels conservés à Taïwan, Macao et Hong Kong y diffèrent. Macao et Hong Kong parlant majoritairement cantonais alors que Taïwan parle majoritairement mandarin et un dialecte du minnan appelé localement taïwanais et ayant subi une forte influence du Japon pendant sa colonisation, du fait de la Guerre sino-japonaise (1894-1895), puis des États-Unis à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
22
+
23
+ Les caractères traditionnels sont conservés à Taïwan, Macao et Hong Kong, également dans la diaspora chinoise à l'étranger.
24
+
25
+ Il exista aussi un code d'écriture chinois exclusivement utilisé par des femmes, le nüshu, utilisé dans une région où, autrefois, les femmes n'avaient pas le droit d'écrire.
26
+
27
+ Dans les différentes régions ou districts autonomes, des écritures locales comme le dongba ou le dai sont utilisées.
28
+
29
+ Plusieurs systèmes de transcription sont utilisés le mandarin, pour le cantonais et d'autres langues chinoises :
30
+
31
+ Contrairement à une idée répandue, la grammaire des langues chinoises n'est pas uniforme d'une langue à l'autre. Si ces langues partagent de nombreux points communs, en connaître une ne permet cependant pas de savoir parler les autres (sauf le mandarin, sur lequel la langue écrite normalisée est fondée). Chacune possède sa phonologie, sa syntaxe, sa propre utilisation des caractères (un caractère dans une langue chinoise donnée n'aura pas forcément le même sens dans une autre) voire des caractères qui lui sont propres (pour l'instant, seuls ceux du cantonais semblent accessibles dans les jeux de caractères habituels).
32
+
33
+ On peut cependant constater les principaux points communs entre ces langues, ce qui permet d'établir une typologie chinoise :
34
+
35
+ La carte linguistique de la Chine pourrait être divisée en deux : au nord du Yangzi Jiang trônerait le mandarin, et au sud les différents dialectes comme le wu ou le cantonais ou bien encore le hakka. Cette diversité peut s'expliquer par la carte géographique, là où les montagnes au sud ont fait barrière naturelle et donc favoriser l'émergence d'une plus grande différence entre ces différentes régions.
36
+
37
+ Mais la ligne linguistique chinoise ne s'arrête pas ici, elle est à échelle « mondiale », du moins en Asie.
38
+
39
+ Toutes les langues chinoises du nord de la Chine ont été influencées par le mandarin, alors que celles du sud par les langues méridionales. Ceci se remarque notamment dans les nombres :
40
+
41
+ Mandarin
42
+
43
+ Pinyin
44
+
45
+ Coréen
46
+
47
+ Japonais
48
+
49
+ Signification
50
+
51
+ Ce phénomène s'explique par la sinisation de la Corée et du Japon.
52
+
53
+ À partir du VIIe siècle av. J.-C., les Chinois commencent à s'introduire dans la péninsule coréenne apportant avec eux leur culture. La contrée commerce avec le nord de la Chine, plus proche, qui leur vend des objets d'arts, et à partir de -108, les Han soumettent les tribus et établissent quatre commanderies, avec un peuplement exclusif de Chinois du nord. Commence alors une période de lente sinisation jusqu'aux Trois Royaumes de Corée où une culture sino-coréenne se développe. De nos jours, 70 % du vocabulaire coréen est issu du chinois mandarin.
54
+
55
+ Au Japon, la sinisation se fait du IIIe siècle av. J.-C. jusqu'au VIIe siècle, début de la Période de Nara. L'archipel est abordé par la culture chinoise par le Bouddhisme dont les principaux bonzes sont originaires de Corée ou de la Chine septentrionale. Avec eux, les Chinois et les Coréens ont apporté l'écriture et la langue chinoise, cependant les Japonais possédaient déjà une langue. Les lettrés de l'archipel révolutionnèrent alors la langue japonaise : certains mots sont lus en sino-nippon (on'yomi,音読み) tandis que d'autres sont lus en japonais (kun'yomi, 訓読み). Peu à peu, certains mots ont supplanté les mots originels et à partir du VIIe siècle, la civilisation japonaise émerge, s'appuyant sur les modèles chinois, empruntant sans cesse des néologismes au chinois (venus[réf. nécessaire] du sino-coréen ou du chinois du nord).
56
+
57
+ Cantonais
58
+
59
+ Transcription
60
+
61
+ Thaï
62
+
63
+ Sino-vietnamien
64
+
65
+ Signification
66
+
67
+ Les Langues tai-kadai sont originaires des bords du Yangzi Jiang. Avec l'expansion chinoise, les différents peuples thaïs ont migré vers le sud, au Yunnan. De là, les contrées peuplées de thaïs étaient tributaires à la Chine impériale, et les représentants chinois venaient des littoraux méridionaux, à cause de la proximité, apportant avec eux un vocabulaire proto-cantonais-hakka-wu. Du IIIe siècle av. J.-C. jusqu'à l'arrivée des Mongols au pouvoir (1271), les Thaïs vivaient entre le Yunnan et l'actuelle Vientiane. Ils faisaient un échange de culture avec la Chine du sud, culture qu'ils apportent dans le bassin du Ménam et sur les plateaux de Khorat et du Laos au XIIIe siècle pour échapper à Gengis Khan aux dépens des Khmers. Une fois arrivés là, les peuplades commencèrent à subir une seconde influence étrangère, la culture indianisée des Môns et des Khmers. Certains mots sont alors remplacés par des mots d'origine pâlie ou khmère, laissant un faible nombre de mot d'origine sud-chinoise aux langues.
68
+
69
+ En -111, les Han de Chine conquirent la Dynastie Triệu vietnamienne, imposant lourdement 1000 ans de domination. Depuis Guangxi, les généraux chinois (cantonais) instaurent le chinois comme langue officielle de la contrée. Le processus de colonisation du delta du Fleuve Rouge et d'assimilation de la population par les Chinois envoie les habitants des côtes est et sud de la Chine. Les différents idiomes se mélangent avec le vietnamien naissant, créant la langue sino-viêt. À la suite de cela, la culture chinoise se répand au Giao Chỉ faisant perdre les racines viet indigènes à la population. À l'indépendance de 968, le Vietnam est profondément sinisé, la langue transformée et la culture assimilée.
70
+
71
+ Aux Philippines, on peut retrouver en tagalog un certain nombre de mots provenant du hakka, puis du cantonais, et dans une moindre mesure du mandarin. Cela est dû à l'existence d'un comptoir chinois, Ma-i, sur l'île actuelle de Mindoro dans la période du XIe au XIVe siècle voire au XVIe. Les indigènes philippins recevaient une petite influence chinoise, et les mots empruntés furent principalement dans le domaine gastronomique comme Batsoy qui vient du hakka 肉水 bah-chúi désignant une soupe au porc, ou encore Pansit de 便食 piān-ê-si̍t, Tokwa de 豆干 tāu-koa le tofu. L'émigration chinoise aux Philippines durant les années 60-70 joua également un grand rôle.
72
+
73
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1088.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,288 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Canis lupus familiaris
4
+
5
+ Sous-espèce
6
+
7
+ Synonymes
8
+
9
+ Le Chien (Canis lupus familiaris) est la sous-espèce domestique de Canis lupus, un mammifère de la famille des Canidés (Canidae), laquelle comprend également le Loup gris et le dingo, chien domestique retourné à l'état sauvage.
10
+
11
+ Le Loup est la première espèce animale à avoir été domestiquée par l'Homme pour l'usage de la chasse dans une société humaine paléolithique qui ne maîtrise alors ni l'agriculture ni l'élevage. La lignée du chien s'est différenciée génétiquement de celle du Loup gris il y a environ 100 000 ans[1], et les plus anciens restes confirmés de canidé différencié de la lignée du Loup sont vieux, selon les sources, de 33 000 ans[2],[3] ou de 12 000 ans[4] ; le boeuf[5] (voir Domestication de Bos taurus) et la chèvre seront domestiquées vers −10 000. Depuis la Préhistoire, le chien a accompagné l'être humain durant toute sa phase de sédentarisation, marquée par l'apparition des premières civilisations agricoles. C'est à ce moment qu'il a acquis la capacité de digérer l'amidon[6], et que ses fonctions d'auxiliaire d'Homo sapiens se sont étendues. Ces nouvelles fonctions ont entraîné une différenciation accrue de la sous-espèce et l'apparition progressive de races canines identifiables. Le chien est aujourd'hui utilisé à la fois comme animal de travail et comme animal de compagnie. Son instinct de meute, sa domestication précoce et les caractéristiques comportementales qui en découlent lui valent familièrement le surnom de « meilleur ami de l'Homme »[7].
12
+
13
+ Cette place particulière dans la société humaine a conduit à l'élaboration d'une règlementation spécifique. Ainsi, là où les critères de la Fédération cynologique internationale ont une reconnaissance légale, l'appellation chien de race est conditionnée à l'enregistrement du chien dans les livres des origines de son pays de naissance[8],[9]. Selon le pays, des vaccins peuvent être obligatoires et certains types de chien, jugés dangereux, sont soumis à des restrictions. Le chien est généralement soumis aux différentes législations sur les carnivores domestiques. C'est notamment le cas en Europe, où sa circulation est facilitée grâce à l'instauration du passeport européen pour animal de compagnie.
14
+
15
+ Le substantif masculin[10],[11],[12] « chien » (prononcé [ʃjɛ̃] en français standard)[11], est issu du latin[10],[12] classique[11] canem[10], accusatif[10] de canis[11],[12], de même sens. La femelle du chien s'appelle la chienne, et le jeune chien le chiot.
16
+
17
+ Alors qu'on estimait autrefois que le Chien constituait une espèce à part entière (Canis canis ou encore Canis familiaris), les recherches génétiques contemporaines ont permis d'établir qu'il n'est que le résultat de la domestication du loup gris commun. C'est pourquoi, malgré les différences morphologiques majeures qu'on constate entre les deux animaux, les scientifiques regroupent aujourd'hui la totalité des races canines en un ensemble nommé Canis lupus familiaris, sous-espèce de Canis lupus[réf. souhaitée].
18
+
19
+ La désignation des chiens suit généralement la standardisation suivante[réf. souhaitée] :
20
+
21
+ Ce mot « chien » est employé dans diverses expressions telles que : avoir du chien : avoir une certaine distinction et du charme ; entre chien et loup : au crépuscule ; garder un chien de sa chienne : expression familière signifiant se promettre une vengeance future ; les chiens écrasés : rubrique de faits divers insignifiants dans un journal ; malade comme un chien : être très malade et souffrant ; se donner un mal de chien : se donner beaucoup de mal à travailler sur quelque chose ; temps de chien : météo désagréable (la pluie, par exemple) ; vie de chien : vie difficile et compliquée ; chien de mer : petit requin[13].
22
+
23
+ Ou encore, il sert dans des mots composés tels que : chasse-chien, chien-assis, chien-chien, chien-dauphin, chien-loup, dent-de-chien, langue-de-chien, maître-chien, poisson-chien, tue-chien[13].
24
+
25
+ Plusieurs autres espèces de canidés des genres Atelocynus et Speothos, voire de rongeurs du genre Cynomys (chien de prairie), sont également appelées « chien ».
26
+
27
+ Le squelette du chien compte environ trois cents os (soit environ quatre-vingts de plus qu'un squelette humain adulte), le nombre étant variable d'une race à l'autre. Malgré sa domestication et la dépendance à l'homme qui en découle, le chien a gardé sa musculature athlétique qui en fait un animal sportif et actif. Il possède un thorax large et descendu, et des pattes qui ne reposent au sol que par leur troisième phalange. Le chien est donc un digitigrade. Les membres antérieurs comportent cinq doigts, dont l'un, le pouce, nommé ergot, est atrophié et ne touche pas le sol. Les postérieurs en comptent généralement quatre, l'ergot n'existant que chez certaines races mais pouvant être double chez quelques bergers (beauceron, briard). Les cinq orteils se terminent par des griffes[note 1] et sont soutenus par des coussinets plantaires[réf. nécessaire].
28
+
29
+ La tête du chien comporte une mâchoire puissante. La force exercée par la mâchoire d'un rottweiler a été mesurée à 149 kg.cm−2, celle d'un berger allemand a une force surfacique de 108 kg/cm2, et celle d'un pitbull 106 kg/cm2[14].
30
+
31
+ La denture définitive, constituée de quarante-deux dents, est en place vers 6 mois. Chez le chien, la taille et la masse sont très variables d'une race à l'autre : dans les extrêmes, la masse du chihuahua peut être de 900 g et celle du mastiff peut atteindre 140 kg[réf. nécessaire]. L'espérance de vie de cet animal est en moyenne de onze ans, sachant que la durée de vie peut habituellement aller de huit à vingt et un ans[réf. souhaitée]. Son sens de l'orientation est beaucoup plus précis que celui de l'homme. De même, son sens de l'équilibre serait légèrement plus aiguisé[réf. souhaitée].
32
+
33
+ La température corporelle normale du chien va de 38,5 à 38,7 °C. Sa respiration normale va de seize à dix-huit mouvements à la minute (le jeune 18 à 20, le vieux 14 à 16). Sa fréquence cardiaque au repos est généralement comprise entre 70 et 130 battements par minute (les valeurs hautes s'observant plutôt chez les petites races, et inversement). Le pouls peut se prendre en palpant l'artère fémorale, sur la face interne de la cuisse[15].
34
+
35
+ L'existence de huit groupes sanguins dans l'espèce canine a été mise en évidence à partir des années 1960, mais le chien ne possédant pas initialement d'anticorps anti-globules rouges, une première transfusion sanguine est possible sans détermination des groupes du donneur et du receveur. Cette détermination est fortement conseillée à partir de la seconde transfusion du fait que le receveur a pu s'immuniser contre les antigènes du donneur lors de la première transfusion[16].
36
+
37
+ Le cerveau du chien figure parmi les plus performants du règne animal, démontrant de très bonnes capacités cognitives avec des sens très développés.
38
+
39
+ Selon les races et les variations génétiques d'un individu à l'autre, les chiens peuvent avoir un pelage très varié.
40
+
41
+ L'étude des chiens et des races de chiens est appelée cynologie. Elle regroupe les approches, les techniques, les philosophies et les divers outils utilisés pour l’éducation canine et le bon comportement des chiens ainsi que leur sélection biologique.
42
+
43
+ On distingue quatre grandes catégories de chiens définies par Jean Pierre Mégnin, selon leur morphologie :
44
+
45
+ Le Dogue de Bordeaux, un chien de type molosse.
46
+
47
+ Le Greyhound, un chien de type lévrier (graïoïde).
48
+
49
+ Le Beagle, un chien de type braque (braccoïde).
50
+
51
+ Le Berger allemand, un chien de type lupoïde.
52
+
53
+ La Fédération cynologique internationale est la principale association chargée de la standardisation canine. Elle reconnait 335 races regroupées en dix groupes, dont la classification est en partie basée sur les quatre morphologies décrites précédemment, et en partie sur la spécialisation fonctionnelle de chaque race.
54
+
55
+ Les comportements de reproduction sont différents selon les races. La chienne, qui n'accepte le mâle que pendant sa période d'ovulation, est en chaleur deux fois par an. Toutefois, ce rythme n'est qu'une moyenne, les chaleurs pouvant se produire, selon les races, avec cinq à neuf mois d'intervalle. Chez les races les plus primitives et chiens-loups, la femelle n'est en chaleur qu'une fois par an, comme la louve.
56
+
57
+ La gestation dure entre cinquante-neuf et soixante-trois jours. L'alimentation doit être modifiée le deuxième mois. Quelques jours avant la mise bas, qui dure en moyenne 10 heures, la femelle prépare un endroit et s'agite. Lors de la mise bas, la chienne s'occupe des chiots au fur et à mesure de leur arrivée, coupant le cordon ombilical et mangeant le placenta : ceci est nécessaire à la lactation.
58
+
59
+ Les portées peuvent être nombreuses (suivant la race), allant de 2 à 12 chiots. À travers le monde, y compris dans les pays dits industrialisés, beaucoup de chiots sont euthanasiés ou simplement tués s'il ne leur a pas été trouvé de raison d'être, de fonction à leur existence. Il est souvent difficile de placer chacun des nouveau-nés, c'est pourquoi certaines sociétés recommandent la stérilisation chirurgicale.
60
+
61
+ Pour ce qui concerne la descendance de l’étalon, le possesseur de l’étalon n’a pas le droit, vis-à-vis du propriétaire de la lice, à des dédommagements autres que ceux prévus pour la saillie. Il n’a aucun droit de se faire remettre un chiot sauf si le propriétaire de l’étalon désire en garder un pour son propre élevage, sous condition de ne pas le vendre.
62
+
63
+ Lorsque les parties se sont mises d’accord pour la remise d’un chiot en tant qu’indemnité pour la saillie, cet accord doit être formulé par écrit et avant la saillie. Dans un tel accord, les points suivants doivent être formulés et respectés :
64
+
65
+ Le chien domestique (Canis lupus familiaris) est une espèce qui comprend près de 400 races et est un exemple évident de diversification phénotypique importante ayant pris place sous l’effet du syndrome de domestication[21]. Certains aspects de la domestication du chien sont généralement admis, comme le fait que l’ancêtre commun de tous les chiens est le loup gris (Canis lupus). Par contre, l’origine et le moment de la domestication du chien restent encore méconnus et controversés. Il y a des évidences que des traits apparentés aux chiens étaient présents au sein de fossiles qui datent d’avant le maximum de la dernière période glaciaire[22],[23],[24],[25]ce qui entre en contradiction avec les estimés basés sur la génétique, qui eux supportent une divergence plus récente entre les chiens et les loups[26],[27],[28].Une étude récente[29] a tenté d’apporter un éclairage nouveau à cette question : À quand remonte la divergence des ancêtres du chien domestique avec les loups?
66
+
67
+ Les estimés génétiques et moléculaires datent l’origine de la lignée de chiens à une période comprise entre il y a 16 000 à 11 000 ans, bien que les taux de mutations étaient inconnus[26],[27],[28]. Ces estimations entrent en contradiction avec les évidences archéologiques indiquant l’existence de canidés apparentés aux chiens avant le dernier maximum glaciaire, il y a environ 36 000 ans[23],[22],[24],[25].
68
+
69
+ Pour répondre à cette question, le génome mitochondrial d’un loup vieux de 35 000 ans provenant de la Sibérie du Nord, plus particulièrement de la péninsule de Taïmyr, a été séquencé. Pour examiner les possibles origines communes entre le loup de Taïmyr et les chiens modernes, des données génétiques provenant de 48 races de chiens modernes ont été utilisées à des fins de comparaison.
70
+
71
+ Il a été déterminé que l’individu vieux de 35 000 ans appartenait à une population ayant divergé de l’ancêtre commun des loups modernes et des chiens. Peu de temps après cette divergence, il y a eu l’apparition de la lignée des chiens domestiques. De plus, il a été possible de déterminer que le taux de mutation est substantiellement plus lent que ce qui avait été pris en compte dans les estimations génétiques précédentes, ce qui suggère que les ancêtres des chiens et des loups modernes ont divergé avant le dernier maximum glaciaire. Finalement, l’étude a pu démontrer des évidences d’introgression provenant de la lignée de loups de Taïmyr chez les races de chiens modernes provenant du nord-est de la Sibérie (Husky de Sibérie) et du Groenland (Chien du Groenland). Cela pourrait être expliqué par une présence hâtive des chiens dans le nord de l’Eurasie, ou par une préservation du patrimoine génétique du loup de Taïmyr jusqu’à l’arrivée des chiens à des altitudes plus élevées.
72
+
73
+ En somme, la divergence des lignées de chiens et de loups semble s’être produite sur une plus grande échelle de temps que ce qui a été assumé auparavant et donc l’origine des chiens remonterait plus loin dans le temps que ce qui est généralement admis. Une divergence plus hâtive concorderait avec les évidences paléontologiques indiquant la présence de canidés apparentés aux chiens il y a de cela 36 000 ans et celles indiquant que les chiens domestiques auraient accompagné les premiers colonisateurs en Amérique. L’origine des races de chiens modernes serait due à plus d’un événement de domestication, l’origine des races de chiens arctiques pouvant être en partie retracée jusqu’aux loups de Taïmyr.
74
+
75
+ Les chiens domestiques (Canis lupus familiaris) démontrent une grande diversité morphologique quand on les compare avec leur ancêtre, le loup (Canis lupus). Cette diversité s’est accrue rapidement au fil du temps, et ce, avec relativement peu de changements génétiques. Les recherches précédentes en la matière ont suggéré que l’évolution de cette diversité chez les chiens serait due à l’hétérochronie[30],[31],[32], un processus qui augmente la diversité par de simples modifications génétiques. Les recherches précédentes en la matière en sont venues à la conclusion que les chiens seraient des loups pédomorphiques et donc que les chiens adultes préserveraient des caractères juvéniles présents chez les loups. Une recherche plus récente[33] s’est attardée à l’étude de patrons hétérochroniques dans la morphologie squelettique des chiens domestiques pour répondre à cette question : est-ce que l’hétérochronie est bien le mécanisme qui a permis aux chiens de développer cette importante diversité morphologique en comparaison avec les loups? Et donc, est-ce que les chiens sont véritablement des loups pédomorphiques?
76
+
77
+ Les chiens diffèrent des loups en plusieurs points. Toutes les races présentent un certain degré de flexion du crâne, la plupart des races ont un museau fléchi dorsalement ainsi qu’un raccourcissement des os du nez, tandis que quelques races ont un museau fléchi ventralement. Chez les races dont le museau est fléchi dorsalement, on voit souvent un arrêt marqué lorsque le museau rencontre le neurocrâne. Chez les races où le point de rencontre entre le museau et le neurocrâne ne présente pas un arrêt marqué, il y a une projection vers l’avant des os frontaux qui incline les orbites verticalement en addition à la présence d’un museau surélevé et d’os nasaux raccourcis. Il semble y avoir modularité relative du visage et du neurocrâne chez les carnivores, les loups et les chiens [21]. Cette modularité a une histoire phylogénétique et une base développementale qui a permis la flexion crânienne distinguant les chiens des loups[21].
78
+
79
+ Cette étude[33] a utilisé une technique de morphométrie en trois dimensions a été utilisée pour investiguer et mesurer les patrons hétérochroniques du crâne de 677 chiens adultes provenant de 106 espèces différentes pour ensuite les comparer avec une série ontogénétique de 401 crânes de loups dans le but de déterminer si l’hétérochronie était bien à la base de la diversité morphologique des chiens.
80
+
81
+ L’analyse de ces résultats a permis de déterminer qu’aucune des espèces de chien moderne ne possède une forme crâniale qui ressemble soit aux formes crâniales de loups juvéniles, soit à celles de loups adultes. Tout au long du développement crânien du loup, la position du visage et du neurocrâne reste dans le même plan. Quant à eux, les chiens présentent cependant une flexion crânienne dans laquelle le palais est incliné dorsalement chez les races brachycéphales et mésocéphales ou bien incliné ventralement chez les races dolicéphales.
82
+
83
+ Les chiens ont évolué rapidement en une espèce présentant une importante diversité morphologique, et ce, avec très peu de variation génétique. Par contre, les altérations génétiques responsables du développement crânien du chien ayant causé l’apparition d’une nouvelle et vaste gamme de formes crâniales ne concordent pas avec le modèle hétéchronique attendu. L’hétérochronie n’est donc pas en cause dans l’apparition de la diversité morphologique chez les chiens, lorsque comparés aux loups. Ainsi, les chiens ne sont pas des loups pédomorphiques et leur crâne présente donc une nouvelle forme et morphologie.
84
+
85
+ Outre les différences morphologiques au niveau du crâne, l’angle de l’orbite des yeux, ou l’angle orbital est un paramètre qui a également été étudié depuis plus d’une centaine d’années pour tenter de distinguer les chiens de leurs ancêtres, les loups. Des recherches passées dans le domaine ont démontré que l’angle orbital était différent entre les chiens (49˚-55 ˚) et les loups (39 ˚-46˚)[34]. Par contre, ces différences ont été remises en question dans d’autres études plus récentes. Une étude[35] s’est donc attardée à examiner et comparer l’angle orbital de groupes plus larges et variés de chiens modernes et de loups que leurs prédécesseurs en plus d’également examiner ce paramètre chez un groupe de chiens archéologiques dans le but de répondre à cette question : est-ce que la morphologie de l’angle orbital peut bel et bien permettre de distinguer les chiens des loups?
86
+
87
+ Outre l’angle orbital, la présence de museaux plus courts et larges sont des différences morphologiques et morphométriques qui permettent de distinguer les chiens des loups. De plus, la plus petite stature des chiens et la présence des carnassières plus courtes chez ces derniers sont aussi des différences permettant les distinguer des loups[34]. Sur les images ici, l’angle orbital (E) est déterminé par l’intersection de deux axes : un premier axe horizontal aligné avec le dessus des os frontaux (C-D) et un second axe oblique passant par l’arcade zygomatique et le processus zygomatique de l’os frontal (A-B).
88
+
89
+ Pour répondre au questionnement de l’étude, l’angle orbital d’un total de 384 crânes de chiens provenant de 71 races ainsi que de 5 races croisées, 45 crânes de chiens archéologiques et 55 crânes de loups récents ont été mesurés.
90
+
91
+ En ce qui concerne les chiens, l’angle orbital moyen était de 55 ˚, l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 42 ˚ à un maximum de 72 ˚. Au sein de l’échantillon de chiens archéologiques, l’angle orbital moyen était de 47˚ et l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 35 ˚ à un maximum de 60 ˚. Finalement, l’angle orbital moyen chez les loups était de 42 ˚ et l’intervalle dans lequel on retrouvait les valeurs mesurées allait d’un minimum de 28 ˚ à un maximum de 52 ˚. Ces résultats indiquent donc que les intervalles dans lesquels on retrouve les valeurs d’angles orbitaux chez les loups et chez les chiens se chevauchent, indiquant que certaines valeurs d’angle orbital sont retrouvées chez les deux groupes. De plus, les plus petits angles orbitaux ont été retrouvés seulement chez les loups tandis les grands angles orbitaux ont uniquement été retrouvés chez les chiens. Finalement, les chiens archéologiques ont un angle orbital moyen qui est très proche de celui des loups.
92
+
93
+ Ainsi, les angles orbitaux au-dessus de 60 ˚ se rapportent aux chiens modernes tandis que les angles orbitaux de moins de 35 ˚ appartiennent vraisemblablement aux loups. Quant à eux, les chiens archéologiques ont des angles orbitaux qui se retrouvent entre ceux des chiens modernes et ceux des loups, mais se rapprochent davantage des angles orbitaux retrouvés chez les loups que ceux que l’on retrouve chez les chiens modernes. Les valeurs d’angles orbitaux des chiens archéologiques supportent le chemin évolutif selon lequel les loups ont donné naissance aux chiens archéologiques pour qu’eux-mêmes donnent naissance aux races de chiens modernes. La grande variabilité morphologique présente chez les races de chiens modernes pourrait très bien expliquer le vaste intervalle d’angles orbitaux retrouvés (42 ˚ -72 ˚) chez ces derniers ainsi que les très grandes valeurs d’angles orbitaux retrouvés. Considérant tout cela, l’angle orbital est bien un paramètre qui peut être utilisé pour discerner les loups des chiens, et ce, tant des chiens récents que des chiens archéologiques.
94
+
95
+ Comme pour tout animal domestique, il faut veiller à mettre de l'eau à disposition, jour et nuit, et en quantité suffisante. Dans la nature, le chien sauvage est avant tout un charognard[source insuffisante][36]. Le chien domestique est un carnivore à tendance omnivore[37] ; cependant, il est parfois considéré comme étant réellement omnivore, du fait de son comportement opportuniste. La moitié de son alimentation devrait être constituée de viandes[38]. Les aliments du commerce font l'objet de contrôles et sont adaptés aux différents stades de vie de l'animal (chiot, adulte, senior). Toutefois, il est possible de composer soi-même un repas équilibré et adapté aux besoins d'un animal. Pour cela, il est nécessaire de demander conseil à un vétérinaire[39].
96
+
97
+ Le régime BARF devient de plus en plus en vogue, compte tenu de sa forte valeur en protéines et de ses aliments sains.
98
+
99
+ Certaines céréales et légumes sont pratiques car ils contiennent des fibres qui permettent, en quantité appropriée, une bonne digestion. Le tube digestif du chien est par contre mal adapté aux légumes fermentescibles comme les haricots blancs, les haricots rouges, les lentilles et les oignons. Même si le chien peut se permettre de manger plusieurs catégories d'aliments (viandes, poissons, légumes…), certains se révèlent être de véritables dangers pour lui.
100
+
101
+ Les propriétaires sont souvent tentés de donner des os à leur chien, mais il faut savoir qu'il y a un risque (faible) qu'ils se fractionnent en petits morceaux pointus et causent des lésions lors de l'ingestion (ex : perforation ou lacération de l'œsophage, de l'estomac ou de l'intestin). Mais le plus souvent, les os forment une espèce de sable aggloméré dans la lumière de l'intestin provoquant une constipation sévère accompagnée de douleurs abdominales intenses (coliques). Certains chiens, habitués à en manger, gèrent très bien leur consommation d'os, d'autres non. Certains os (poulet, lapin, côtelette) sont plus dangereux que d'autres. Les os mal nettoyés (avec beaucoup de tendons et ligaments) provoquent des indigestions. Enfin, il faut reconnaître que les os occupent positivement un chien (il vaut mieux qu'il ronge un os que les pieds de table) et que le travail de mastication est positif pour l'hygiène buccale. Il en est de même pour les bouts de bois que le chien a tendance à ronger[40].
102
+
103
+ Des friandises peuvent être offertes avec parcimonie en récompense à cet animal plutôt gourmand. Nous ne sommes plus ici à proprement parler dans le cadre strict de l'alimentation : une récompense devrait n'être réservée que dans un contexte d'apprentissage (Application d'un stimulus dans le cadre d'un apprentissage animal), dans le cas contraire cela peut être source de dérive comportementale (obésité, vol et troubles hiérarchiques).
104
+
105
+ Le chocolat contient de la théobromine, substance mal tolérée par les chiens : des doses faibles (deux grammes suffisent pour les plus petits), peuvent leur être mortelles[41].
106
+
107
+ Pour un chiot, les repas devront être donnés quatre fois par jour, car comme pour un bébé, leur estomac est plus petit et la digestion se fait plus vite. À quatre mois, on pourra descendre les repas à trois, et à partir de 6 mois, deux repas seront suffisants.
108
+
109
+ Les chiens, en particulier les plus grands, les plus musclés (Terre-Neuve, Boxer, etc.) et les plus vifs (Berger des Pyrénées, terriers, etc.) ont besoin d'espace et d'activité musculaire : jeu, travail, etc. À défaut d'un jardin où l'animal pourrait rester autant de temps qu'il le souhaite, celui-ci a besoin de « sortir » au moins quatre fois par jour (une fois toutes les six heures environ) pendant une vingtaine de minutes environ, pour se « dépenser », mais aussi et surtout pour éviter les infections urinaires, dues généralement �� une trop longue stagnation de l'urine dans la vessie. Si l'animal ne peut être détaché parce qu'il s'enfuit, une longue laisse est adaptée. Cette moyenne de quatre sorties par jour augmentera en cas de risque aggravé d'infection urinaire. C'est le cas notamment pour certaines races de chiens, comme les bergers allemands (susceptibles de nombreux problèmes rénaux) ou lorsque le chien a accès à des aliments non recommandés (voir alimentation).
110
+
111
+ Si l'animal a accès à un jardin ou tout autre espace, une sortie quotidienne d'une durée d'environ une heure (plus ou moins selon le chien, sa race, son âge, etc.) est idéale. Le meilleur compagnon du chien reste, à défaut de l'homme, un autre chien. Cependant, les réactions des chiens entre eux sont imprévisibles et nécessitent un temps d'observation de la part des propriétaires en cas de rassemblement. Le chien est un animal social et de contact. La solitude est une souffrance pour lui. Il a aussi toujours besoin de rencontres avec ses congénères. Il est fréquemment à la recherche de partenaires que ce soit pour le jeu, le toilettage mutuel, et la reproduction.
112
+
113
+ Le marquage du territoire est un acte d’une grande importance. Le chien a besoin de flairer ses propres traces, celles de ces congénères et d'en déposer de nouvelles. Le jeu ou le travail sont primordiaux pour l’équilibre psychologique même chez le chien adulte, car il permet d’évacuer des tensions accumulées.
114
+
115
+ Dans certains pays, les chiens de compagnie, de travail, de chasse sont référencés, afin d'assurer leur santé et leur protection. Vermifugations et vaccinations font partie du suivi médical de base des animaux, qui doivent posséder papiers et carnet de santé mis à jour lors des visites par le vétérinaire. Des vaccins sont exigibles à la frontière de certains pays, notamment la rage.
116
+
117
+ Chien avec une collerette l'empêchant de toucher ses plaies.
118
+
119
+ Dentiste pour chien (U.S. Navy).
120
+
121
+ L'application d'une solution saline pour soigner les yeux d'un chien. Octobre 2019.
122
+
123
+ Le chien en France métropolitaine peut être contaminé par plusieurs types de vers : vers ronds et vers plats. Dans les vers ronds, on trouve 3 catégories principales : Ascaris, Ankylostomes, Trichures. La contamination se fait par le milieu extérieur.
124
+
125
+ Dans les vers plats : Taenias, Dipylidium, Échinocoques. La contamination se fait par consommation d'un hôte intermédiaire : rongeurs, mammifères… pour les taenias, puces pour le dipylidium, viscères de mouton ou petits rongeurs pour les échinocoques. Toutes les variétés peuvent contaminer plus ou moins l'espèce humaine (sauf les trichures) : un traitement trimestriel avec un vermifuge polyvalent est actuellement conseillé par l'ESCAPP[42]. Le traitement induit de choisir un vermifuge actif sur l'ensemble de ces vers : consulter un vétérinaire.
126
+
127
+ Les parasites internes sont peu spécifiques, comme les parasites intestinaux que ce soient les ténias ou ascaris, les coccidies, les trichuris, ou d’autres causes de maladies comme la gale auriculaire, la démodécie, la toxoplasmose, la dirofilariose, les ankylostomes, la douve du foie, la giardiose. La giardose du chien est fréquente en France, touchant les animaux de tout âge, avec une prévalence plus élevée chez les jeunes qui sont plus sensibles à la contamination fécale et sont immatures au plan immunologique.
128
+
129
+ Un chien en bonne santé possède une truffe humide. La propreté corporelle (arrière-train, pattes, pelage, etc.), assurée par le chien, en est également le signe. L'haleine nauséabonde peut être signe de caries. La température normale du chien oscille entre 38 et 39 °C, en fonction de la race et de l'activité. Son rythme cardiaque est d'environ 90 à 120 pulsations par minute, pour environ 20 mouvements respiratoires dans ce temps. Si la température du chien s'élève à plus de 39 °C, le chien est certainement malade. Pour prendre sa température on peut utiliser un thermomètre légèrement lubrifié.
130
+
131
+ Les principales maladies infectieuses chez le chien sont la maladie de Carré, la maladie de Rubarth, la leptospirose, et la parvovirose. D'autres maladies infectieuses plus méconnues du grand public peuvent toucher le chien dès son plus jeune âge. Parmi elles, la toux du chenil (trachéobronchite infectieuse canine) est une maladie très contagieuse, la piroplasmose (maladie parasitaire transmise par les tiques qui s'attaque aux globules rouges du chien) et enfin le virus de la rage (maladie transmissible à l'Homme) si le chien n'est pas vacciné comme il se doit.
132
+
133
+ Ces maladies peuvent faire l'objet de vaccinations, et nécessitent une prise en charge par un vétérinaire. Le chien peut aussi souffrir d'affections telles que des problèmes digestifs, cardiaques ou urinaires.
134
+
135
+ Depuis quelques années, les chiens ont la possibilité d'être assurés avec des assurances spéciales[43],[44].
136
+
137
+ Le brossage, en particulier pour les chiens à poil long, permet d'éliminer les poils morts. Il permet aussi de repérer la présence éventuelle de parasites externes, tels que les tiques ou les puces. La puce la plus fréquente chez le chien est en fait la puce du chat Ctenocephalides felis. Ces parasites, responsables de démangeaisons intempestives, peuvent entraîner allergies, chutes de poils, et irritations de la peau du chien. Ils doivent donc être éliminés selon les conseils d'un vétérinaire ou de son expérience propre. Lorsque le chien a des puces, il faut les détruire sur le chien, mais aussi à l'endroit où il dort, car elles peuvent aussi aller se loger dans les fissures du sol près de son logement. Un nettoyage à fond sera donc nécessaire.
138
+
139
+ Les tiques sont plus faciles à éliminer. Elles peuvent être enlevées avec une pince à épiler, mais il faut avoir un certain tour de main. Cependant, si une tique est mal retirée, sa « trompe » peut rester coincée dans la peau du chien et entraîner inflammation et infection. Il existe cependant de petits appareils spécialement conçus pour retirer les tiques en toute sécurité.
140
+
141
+ En cas de nécessité, un shampoing adapté peut être utilisé pour laver l'animal. En revanche il ne faut laver le chien que très rarement, voire jamais, car des bains fréquents peuvent irriter la peau de l'animal et lui provoquer de l'exéma. Les yeux et les oreilles peuvent aussi être nettoyés mais avec grande précaution. Pour les pattes, vérifier régulièrement ou en cas de boiterie, afin d'éviter qu'un corps étranger (épine, clou…) ne cause des lésions entre les coussinets. Idéalement, vermifuger les chiens, car ceux-ci peuvent avoir des vers intestinaux. La prise de comprimés ou autres formes, permet d'éviter et de supprimer ces vers. Si le chien côtoie des populations de tiques, de puces et autres, on peut lui appliquer le traitement adéquat. Les traitements peuvent être prescrits par un vétérinaire.
142
+
143
+ On a donné aux chiens le nom scientifique de Canis familiaris au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie évolutive, qui a permis de mettre en évidence l'étroite relation entre races domestiques et sauvages. À ce titre, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles. Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d’autres groupes similaires[45] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces »[46]. On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce qui reprend l'épithète spécifique de l'ancienne espèce.
144
+
145
+ Certains biologistes sont même réticents à utiliser la notion de sous-espèces pour un groupe domestiqué. D'un point de vue évolutif, l'idée d'espèce ou de sous-espèce est en effet liée à l'idée de sélection naturelle, et non de sélection artificielle. Du fait de cette réticence, et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation « forma », abrégée « f. », qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages :
146
+
147
+ Leur rôle le plus général semble bien d'être avec l'homme. L'homme aime bien avoir des chiens près de lui. Ceci est probablement dû à la fois à la psychologie humaine et à la psychologie canine. Également, le besoin des aptitudes naturelles des chiens dans des activités nourricières, de garde, de chasse, de recherche sont incontournables[réf. nécessaire].
148
+
149
+ D'un point de vue génétique, selon une analyse comparative d'échantillons d'ADN mitochondrial, les lignées du chien et des autres sous-espèces de loup se seraient séparées il y a environ 100 000 ans[47]. Toutefois, cette divergence pourrait correspondre à celle d'une population de loups d'où plus tard serait sortie la lignée des chiens. L'analyse d'ADN mitochondrial ne peut donc pas prouver que des chiens existaient déjà il y a 100 000 ans. Par ailleurs, les plus anciens restes fossiles connus de chien domestique ont été trouvés dans les grottes de Goyet en Belgique et datent de 31 700 ans[3]. L'origine de cette domestication est donc clairement préhistorique. Plus précisément, elle est l'œuvre de groupes de chasseurs du Paléolithique supérieur. En comparaison, le cheval sera domestiqué par des groupes nomades entre 4000 et 3000 av. J.-C. Le chien aurait été simplement apprivoisé parmi d'autres animaux, tels les chacals ou les rongeurs. Mais c'est le seul maintenu en dépendance, car il aurait montré le plus d'aptitudes à une socialisation primitive. Des expériences, en cours depuis une cinquantaine d'années avec des croisements sélectifs de renards semblent donner des résultats similaires à ceux observés chez le chien (comportement particulièrement social, pédomorphisme, tempérament enfantin, etc.).
150
+
151
+ L'apprentissage peut être très long et peut demander des années dans certains cas spécifiques : chien d'aveugle, d'assistance, policier, de troupeau, etc. L'éducation fait aussi partie de la santé de l'animal domestique : l'autorité du propriétaire doit être établie dès que possible et la socialisation permet d'intégrer le chien au sein d'une famille avec enfants et/ou autres animaux domestiques. Comme pour tout apprentissage, il n'existe pas de méthode unique efficace dans toutes les situations, mais une large palette de moyens d'apprentissage : à chaque maître de trouver celle qui fera le mieux comprendre au chien ce qui est attendu de lui. De plus, bien que certaines races de chiens soient plus calmes que d'autres, le comportement d'un chien dépend toujours de l'éducation et de l'attention qu'il aura reçues. Cependant, un chien gardera sa part d'instinct et de prédateur[50].
152
+
153
+ Toutefois, malgré la large palette de méthodes et d’outils utilisables pour l’éducation d’un chien, son comportement et sa propension à proposer et à prendre des initiatives sont directement liés à la façon de faire de l’éducateur. Ainsi, les méthodes douces, favorisant le fait de récompenser une bonne action ou un bon comportement (renforcement positif – R+ Voir conditionnement opérant), associées à une bonne compréhension de la communication canine (comme les signaux d’apaisement et les postures) permettent une meilleure relation entre le chien et le maître, un accroissement de la confiance dans le binôme ou dans la famille, et d’une manière plus générale une jovialité dans le caractère de l’animal qu’on ne retrouvera que beaucoup plus difficilement avec certaines méthodes plus traditionnelles, basées sur la domination forcée de l’animal et la punition à la suite d'un mauvais comportement (punition positive – P+ Voir conditionnement opérant)
154
+
155
+ Les chiens peuvent reconnaître jusqu'à environ 1 000 mots. L'hémisphère cérébral gauche est spécifiquement impliqué dans la reconnaissance des mots connus du chien. L'hémisphère droit est spécifiquement impliqué dans le traitement de l'intonation. Le système de récompense n'est activé par l'audition d'un mot que si ce mot et son intonation sont tous deux associés par le chien à une louange[51].
156
+
157
+ Dans certains pays, comme tout animal domestique, les chiens ont droit à la santé et à la protection ce qui implique que les propriétaires aient des devoirs et responsabilités envers eux et vis-à-vis de la sécurité d'autrui. Ainsi, par exemple :
158
+
159
+ En outre tout chien de plus de 4 mois nés après le 6 janvier 1999 doit être identifié (préalablement à toute cession par vente ou par don) de même que pour tout déplacement à l’étranger ; toute importation ; pour l’inscription à un livre généalogique (LOF) et pour tout transit par un établissement de garde ou de vente.
160
+
161
+ En dehors du cadre familial, où il aime à se dépenser, partager les jeux et les joies tout en protégeant son foyer en montant la garde, on trouve le chien dans diverses activités aux côtés de l’homme.
162
+
163
+ Les chiens sont utilisés à de nombreuses tâches, qui font appel à différentes qualités, selon les besoins. Depuis longtemps, les chiens de berger sont les auxiliaires des gardiens de troupeaux (bergers) là où ils se trouvent. Au XIXe siècle, des chiens, appelés chiens de charrette, étaient utilisés, notamment en France, en Belgique et aux Pays-Bas, pour tracter la petite charrette des livreurs de lait. En 1936, le Ministère de l'Intérieur français interdit la traction canine (sauf transport de personnes mutilées ou infirmes), mais la pratique subsiste sous une forme marginale jusqu'à 1945[53].
164
+
165
+ Ils peuvent être également les auxiliaires fonctionnels et exutoires affectifs de sans-abris[54].
166
+
167
+ Les chiens de races reconnues pour leur résistance et leur endurance peuvent être utilisés comme chien d’attelage, de sauvetage et d’assistance. Ceux dont les capacités, d’attention, d’obéissance et de flair sont appréciées, aident les chasseurs (chien de chasse), les chiens chercheurs de truffes auxiliaires des caveurs (chien truffier), ou encore les forces de police dans la lutte antidrogue (chien de détection) et la recherche de personnes (chiens pisteurs, comme les bergers allemands).
168
+
169
+ Le chien de garde doit être à la fois agressif et obéissant. Certains chiens sont dressés afin d’aider les personnes handicapées, et notamment les personnes non voyantes (chien guide d’aveugle, comme les labradors). Ceux enfin suffisamment curieux, joueurs, complices avec leur maître, peuvent être chien de cirque, chien acteur de cinéma, chien de sport ou de loisirs.
170
+
171
+ Les chiens sont utilisés en temps de guerre, l'exemple le plus connu étant celui des chiens anti-char. Actuellement, l'armée française emploie un certain nombre de chiens militaires. Ils sont des aides très efficaces pour la recherche d'explosifs (des opérations ont été menées pour la recherche de mines antipersonnel, de stupéfiants, pour la détection d'intrus dans les locaux de la défense). Du personnel hautement qualifié forme chaque année des équipes cynégétiques. Le maitre-chien militaire doit instaurer avec son partenaire canin une complicité résistant à toute épreuve dans les pires situations. Il doit maîtriser l'ensemble des techniques permettant de transporter le chien en montagne, comme sur mer (faire du rappel avec son chien, mais également faire des sauts en parachute avec son chien, etc.). Le Berger Belge Malinois est un chien très apprécié pour son tempérament rusé, sa vivacité et sa perspicacité, de même que le berger des Pyrénées.
172
+
173
+ Les chiens, principalement des beagles, sont également utilisés pour la recherche scientifique. En France, cet usage est règlementé par le décret de 1987[55] : la fourniture de chiens pour les laboratoires est légale, comme l'expérimentation animale, pourtant de nombreuses associations s'insurgent contre ces pratiques. Au Canada, les conditions d'expérimentation sont notamment définies par le Conseil canadien de protection des animaux[56]. La zoothérapie fait parfois appel à des chiens pour aider à résoudre des problèmes comportementaux chez l'enfant[57].
174
+
175
+ Dans certaines civilisations, on mange de la viande de chien. Le chow-chow et les chiens nus américains (chien nu mexicain et chien nu du Pérou), en particulier, sont des races sélectionnées spécifiquement comme source de viande. Aussi, certains pays comme la Chine sont le théâtre d'un trafic de chiens, détenus et utilisés dans des circonstances qualifiées d’inhumaines par les associations de défense des animaux, qui s’insurgent contre leurs pratiques. Ainsi dans la région de Yulin (Guangxi), la tradition est de fêter le solstice d'été en consommant de la viande de chien. Les animaux seraient issus des zones urbaines et non d'élevages[58]. Toutefois en avril 2020, la Chine décide d'exclure les chiens et les chats d'une liste officielle des animaux comestibles en raison d'une opposition croissante de la population[59].
176
+
177
+ Le chien est utilisé dans l'alimentation humaine, ou a été utilisé, sur pratiquement toute la planète. Il est cependant culturellement mal vu de consommer du chien en Europe et aux États-Unis ainsi qu'au Canada et à l'Île Maurice depuis quelques décennies. Certains États des États-Unis en interdisent explicitement la consommation. Les populations montagnardes des Monts Mandara consomment régulièrement de la viande canine disponible sur les marchés. La consommation de chiens domestiques est liée à certains rites importants[60].
178
+
179
+ En Suisse, il est interdit de commercialiser de la viande de chien, en revanche, aucune loi n'interdit la consommation de viande de chien dans un cadre privé[61].
180
+
181
+ Nombre de chiens par pays[réf. nécessaire] :
182
+
183
+ Auxquels il faut ajouter les chiens errants ou chiens parias, redevenus plus ou moins sauvages par marronnage.
184
+
185
+ La société s'adapte à la présence des chiens au sein des familles et de villes. Ainsi, de nombreuses structures spécialisées ont vu le jour afin de répondre aux besoins des compagnons et de leurs maîtres.
186
+
187
+ Il existe un système de normalisation dans les différents pays du Monde. Il s’agit d’une formalité universelle qui doit être respectée pour le chien de race, pour peu que son maître ait l’intention de l’inscrire à des concours canins officiels.
188
+
189
+ En France, une règle[Laquelle ?] impose que tous les chiens descendant de deux parents inscrits au LOF et de ce fait titulaires du « certificat de naissance et d'inscription provisoire au LOF au titre de la descendance » qui naissent une même année portent des noms commençant par la même lettre. Cette règle a été instaurée pour mettre de l'ordre dans le « Livre des origines français » ou LOF, registre d'état civil canin depuis 1885. Durant longtemps, les propriétaires n'étaient pas contraints de déclarer rapidement leur animal et certains le faisaient même plusieurs années après la naissance. De ce fait, le fichier national était vite devenu un véritable casse-tête lors des consultations puisque les chiens n'étaient pas inscrits dans l'ordre chronologique de la date de leur naissance.
190
+
191
+ En 1926, la Société centrale canine, chargée de tenir à jour le registre « LOF », met en place un premier système de lettrage pour simplifier la consultation. Tous les chiens nés une même année doivent porter dorénavant un nom dont la première lettre est celle choisie pour l'année en cours : « A » en 1926, « B » en 1927, etc. (le « Z » fut exclu). Cependant de 1948 à 1952, de nombreux propriétaires se sont insurgés contre ce système qui leur imposait les lettres « W », « X » ou « Y », car elles offraient trop peu de possibilités de noms, ce qui eut pour conséquence qu'en 1952 un chien sur quatre portait le nom de « Zorro ». Finalement, en 1973, la Société centrale canine supprima définitivement les lettres jugées difficiles « K », « Q », « W », « X » ou « Y », réduisant à vingt l'alphabet des noms canins. Cette année-là, la lettre J a été choisie[64].
192
+
193
+ En 2020, la France en est actuellement à la lettre R[65].
194
+
195
+ Dans les principaux pays francophones, les chiens nés en 2008 doivent posséder un nom commençant respectivement par les lettres suivantes[66] : la lettre H en Belgique[67] et la lettre U au Québec (Canada)[9]. En Suisse, le nom ne tient pas compte de l’année, mais de la portée dans un élevage donné. Les chiens de la première portée se voient attribuer la lettre A, ceux de la seconde portée la lettre B et ainsi de suite.
196
+
197
+ En France, d'après des statistiques d'assurance, 500 000 personnes sont chaque année victimes de morsures de chien, parmi lesquelles 60 000 nécessiteraient une hospitalisation[68]. De 1990 à 2010, ces attaques ont provoqué 33 décès[69].
198
+
199
+ Aux États-Unis, 4 500 000 personnes sont mordues chaque année[70], avec une moyenne de 31 décès par an[71].
200
+
201
+ Les problèmes liés aux déjections canines peuvent être un défi pour les services de propreté urbaine. Par exemple, la population canine parisienne produit à elle seule 16 tonnes de déjections par jour[72].
202
+
203
+ Des motocrottes ont été créées dans les années 1980 à Paris pour ramasser les déjections canines, en plus d'espaces dédiés. Des campagnes de communication tentent d'avertir les propriétaires des problèmes provoqués par les déjections canines. De nombreuses villes ont mis en place des systèmes de distribution de sacs en plastique pour permettre aux propriétaires de ramasser les déjections de leurs animaux.
204
+
205
+ Certains chiens qui n'ont pas été éduqués à limiter leur aboiement génèrent du bruit qui peut engendrer un trouble anormal du voisinage s'ils aboient de manière répétée. C'est le cas notamment des chiens de garde qui vivent en extérieur. Le fait de rentrer le chien le soir élimine le problème d'aboiements nocturnes. Les chiens qui n'ont pas été habitués à rester seuls peuvent pleurer, voire hurler durant l'absence de leur maître. Le volume sonore étant plus faible qu'un aboiement cette nuisance, essentiellement diurne, est plus fréquente lorsque le chien vit en appartement. En France, les nuisances sonores occasionnées par un chien font encourir à son maître une contravention de 3e classe pouvant aller jusqu’à 450 € [73].
206
+
207
+ Dans les pays développés, la procédure consiste à placer les chiens errants en fourrière, à les identifier par tatouage ou puce RFID, à les vacciner puis à les mettre à l'adoption. Dans ces pays, il est courant d'avoir un chien comme animal de compagnie et chercher un chien dans un refuge est une pratique répandue. Les frais d'adoption payés par les adoptants sont une source de revenus pour les organismes chargés des fourrières animales.
208
+
209
+ De nombreux pays en développement ne disposent en revanche d'aucune infrastructure de régulation des populations canines. De manière générale les chiens y sont plus rarement vaccinés. Dans ces pays, les chiens errants peuvent mordre les humains et contribuent à disséminer la rage ou d'autres infections. À Gurgaon, en Inde environ 50 morsures dues à des chiens errants sont enregistrées chaque jour[74]. Dans ces pays, les chiens errants se regroupent dans les villes et aux abords des villages. Tant que leur nombre reste restreint, ils sont tolérés et même nourris, car ils éloignent les prédateurs des habitations et des animaux d'élevages. Dans les zones plus reculées, les chiens parias, ou redevenus plus ou moins sauvages par marronnage, sont localement source de dégâts dans les troupeaux de moutons.
210
+
211
+ Tout récemment[Quand ?], l’État a profondément modifié l’organisation sous sa tutelle de la tenue des livres généalogiques ou registres zootechniques des races des espèces canines et félines. Les dispositions de l’article L. 653-3 du Code Rural organisant sous la tutelle de l’État la tenue des livres généalogiques ou registres zootechniques des races des espèces équine, asine, bovine, ovine, caprine et porcine ne concernent plus les espèces canines et félines. La LOI no 2011-525 du 17 mai 2011 de « simplification et d'amélioration de la qualité du droit », par son article 33 a exclu de ces dispositions ces deux espèces, privant ainsi de fondement les décrets et arrêtés précisant les conditions d'octroi et de retrait d’agrément des organismes de sélection, ainsi que leurs missions.
212
+
213
+ La situation créée par cette réorganisation peut se résumer par deux conséquences :
214
+
215
+ En Europe, l'identification des carnivores domestiques par puce sous-cutanée électronique ainsi que la vaccination contre la rage sont obligatoires pour passer les frontières[75].
216
+
217
+ En France l'identification et la vaccination contre la rage sont obligatoires pour aller sur certaines îles (dont la Corse) (abrogé arrêté du 14 janvier 2008 abrogeant l’arrêté du 29 novembre 1991 relatif aux conditions et modalités d’introduction des carnivores domestiques en Corse et dans les départements d’outre-mer) ou pour les importations[76]. L'identification sur le territoire français est obligatoire pour tous les chiens de plus de 4 mois et pour tous les chats de plus de 7 mois et nés après le 01/01/12 ainsi que pour toute cession à titre onéreux ou gratuit (Code Rural art.L212.10)[77]. En résumé, la vaccination Rage n'est pas obligatoire sauf lors des sorties du territoire et pour les races dites dangereuses (loi du 6 janvier 1999).
218
+
219
+ Elles sont désignées souvent par la première lettre) : CHLPPi
220
+
221
+ Au Québec, en matière de morsures et d’agression chez le chien, la tendance est la discrimination[78] de certaines races dites puissantes, féroces ou dangereuses (pitbull, berger allemand, husky) parce que leur morsure va causer des dommages physiques et psychologiques chez l’humain. La gueule est plus puissante, le chien plus gros et plus fort, le dommage sera visible. La sociabilisation et l’éducation en bas âge sont un facteur majeur qui influence le comportement du chien, qu’importe sa race[79]. Le chien pourrait représenter un danger pour l’humain s’il a subi un traumatisme (accident d’automobile), s’il est dans une phase post-épileptique (ne reconnaît pas encore son maître), s’il est vieux (sénilité)[80], souffrant (maladies) ou errant.
222
+
223
+ En France, la loi distingue les races ou types de Chiens considérés comme susceptibles d'être dangereux et les autres races de chiens qui doivent respecter des règles moins strictes. Les chiens susceptibles d'être dangereux sont classés par catégorie.
224
+
225
+ Les chiens susceptibles d'être dangereux de première catégorie (chiens d'attaque) sont les chiens de type « pitbull », « boerbull » ou « assimilable Tosa », soit :
226
+
227
+ Les chiens susceptibles d'être dangereux de deuxième catégorie (chiens de garde et de défense) sont :
228
+
229
+ Depuis le 1er janvier 2010, tout propriétaire d'un chien de première ou deuxième catégorie, d'un chien ayant mordu ou bien qui pourrait représenter une menace, doit posséder un permis chien. Il est pour cela impératif de suivre une formation pour être déclaré apte à détenir un chien dit « dangereux ». De plus, le maître soumet son chien à une évaluation comportementale exercée par un vétérinaire agréé. L'examen permet d'évaluer le risque et la dangerosité du chien et les mesures à prendre. Ce contrôle permettra de détecter tout trouble du comportement chez l'animal[81].
230
+
231
+ La divagation est interdite et passible de mise en fourrière (Art. L.211-19-1 du code rural et de la pêche maritime[77]) Si l’animal est identifié, son propriétaire ou détenteur ne peut le reprendre dans un délai de 8 jours qu’après s’être acquitté du paiement des frais de fourrière. Passé ce délai, l’animal peut être euthanasié ou remis à une association de protection des animaux.
232
+ Remarque : en cas d'action de chasse, de garde ou de protection d'un troupeau, le chien n'est pas considéré comme en divagation, mais son propriétaire (ou la personne qui en est responsable) est alors tenu[82]:
233
+
234
+ Dans certains pays, les fourrures du chien et du chat font l'objet d'une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent cet usage des chats[83].
235
+
236
+ Elle est désormais interdite d'importation et d'exportation en Europe à partir de janvier 2009[84],[85]. Les mesures prises par l'Europe dans ce domaine visent à mettre fin aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l'étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d'autres désignations, comme fourrure synthétique, par exemple). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l'élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[86].
237
+
238
+ Comme l'a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
239
+
240
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu'il est inacceptable d'élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L'interdiction à l'échelle communautaire que nous proposons aujourd'hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[86]. »
241
+
242
+ D'après des enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du sud, les chiens et les chats feraient l'objet en Chine d'un commerce très important, dans des conditions particulièrement mauvaises[87] :
243
+
244
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l'importation dans la Communauté et l'exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l'étiquetage identifiées de la part de pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[85] :
245
+
246
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu'elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[note 3], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d'action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28.02.2006] »[85].
247
+
248
+ La plupart des pays encadrent l'élevage des chiens de compagnie destinés à être mis sur le marché.
249
+
250
+ Le chien tient une place importante dans la mythologie car il est considéré comme un animal psychopompe, c'est-à-dire qu’il guide les âmes jusqu’au royaume des morts. L’on retrouve le symbolisme du loup initiateur et gardien du royaume des morts chez de nombreux peuples : Égyptiens (Anubis le dieu des morts et conducteur d’âmes, à tête de chien ou de chacal), Grecs (Cerbère le chien monstrueux à trois têtes, gardien des Enfers), Sioux (le loup est appelé « chien de dessous-terre » et le coyote « chien qui rit »), Bantous (le chien délivre les messages des morts au sorcier en transe), Mexicains (Xolotl dieu chien jaune qui accompagna le soleil dans son voyage sous la terre pour le protéger durant la nuit).
251
+
252
+ Anubis est le dieu égyptien des morts représenté par une tête de chien. Dans l’Égypte antique, le chien était également l'un des douze animaux sacrés associé aux douze heures du jour et de la nuit[réf. nécessaire].
253
+
254
+ Chez les Celtes, le chien était considéré comme un animal au courage exceptionnel. Qualifier quelqu’un de « chien » dans cette civilisation, était rendre hommage à la bravoure de l’intéressé. Le héros Cúchulainn (chien de Culann) de la mythologie celtique irlandaise en est l’image la plus emblématique[réf. nécessaire].
255
+
256
+ Pour les Chinois, le chien est le onzième des douze animaux qui apparaît dans le zodiaque. Il est dit sensible à tout ce qui touche à l’injustice, intelligent et serviable[réf. nécessaire].
257
+
258
+ Pour les Musulmans, le Chien a un côté obscur qui en fait un être impur, à l’exception du lévrier qui est considéré comme un animal noble[réf. nécessaire].
259
+
260
+ Cette dualité a valu au Chien un certain nombre d’expressions peu flatteuses : « un caractère de chien, un temps de chien, traiter quelqu’un comme un chien, avoir une vie de chien… ». Rares sont les déclinaisons élogieuses telles que « avoir du chien ».
261
+
262
+ L’on trouve également de nombreuses légendes sur le chien ou son ancêtre le loup : les chiens noirs fantômes du folklore britannique, les loups-garous, les fameuses bêtes du Gévaudan, du Nivernais ou de l’Aubrac, le « méchant loup » du Petit Chaperon rouge ou des Trois Petits Cochons. Le chien est également à l’honneur au cinéma et à la télévision (Beethoven, Lassie, Belle et Sebastien, Rintintin, Rex…) ou dans la bande dessinée (Milou, Rantanplan, Bill, Idéfix, Cubitus, Snoopy, etc.). Il n’est pas oublié dans les romans tels que « Le Chien des Baskerville », une aventure de Sherlock Holmes, le détective inventé par Arthur Conan Doyle, « Croc-Blanc » de Jack London, Lassie, chien fidèle de Eric Knight, ou « Cujo » de Stephen King.
263
+
264
+ Le chien est aussi représenté en astronomie depuis Ptolémée, par les constellations du Grand Chien (Canis Major) qui abrite Sirius l’étoile la plus brillante du ciel, celle du Petit Chien (Canis Minor) qui accueille Procyon, l’étoile se levant juste avant Sirius, et la constellation boréale des chiens de chasse (Canes Venatici) dont la création est plus récente[réf. nécessaire].
265
+
266
+ Les aléas de sa domestication expliquent sans doute l'image ambigüe, tantôt positive ou négative, attachée à cet animal. Si les chiens ont très tôt été domestiqués en Europe occidentale par les Grecs, ils sont restés sauvages dans les régions d'Asie occidentale, de même que les chiens parias en Inde. Les chiens sont ainsi plutôt considérés comme de fidèles compagnons par les Chrétiens, tandis que les Hébreux et l'Islam continuaient à mépriser les chiens sauvages ou marrons rôdant en bandes affamées, volontiers charognards, propageant la rage et copulant à la vue des passants[90],[91].
267
+
268
+ Ainsi pour un Arabe, la pire injure serait d'être traité de « chien »[90].
269
+
270
+ Pourtant le Coran fait peu référence au chien, si ce n'est au chien de chasse : il est considéré comme bon de manger la viande d'un animal tué par un chien domestique après avoir prononcé le nom de Dieu[note 4]. De même, le chien y est présenté comme un animal fidèle[note 5] ou présenté comme un réfugié à part entière[note 6] des Dormants de la Caverne, cachés là car ils étaient persécutés pour leur croyance en Dieu.
271
+
272
+ Les Hadiths abordent davantage la question du chien. Selon ces récits, Mahomet aurait dit qu'un homme qui donne à boire à un chien assoiffé sera pardonné de ses péchés, il précise qu'il en va de même pour l'aide apportée à tout autre animal[note 7]. Il aurait également déconseillé aux musulmans de garder dans leurs maisons des chiens appartenant à des races autres que des chiens de chasse, chiens de berger ou chiens de garde pour les terrains (par les terrains il faut comprendre les champs)[note 8].
273
+
274
+ Le Talmud n'approuve pas non plus la détention d'un chien chez soi, où il doit alors être constamment enchaîné. Il est interdit à une veuve de vivre seule avec un chien, de crainte d'être soupçonnée d'avoir des « relations interdites »[90].
275
+
276
+ Dans l'iconographie chrétienne, le chien qui est représenté aux côtés des saints a un rôle positif et actif. Par exemple Saint Wendelin est accompagné d'un chien de berger, tandis qu'on attribue à saint Eustache, saint Hubert et saint Julien l'Hospitalier des chiens de chasse. Dans la peinture dominicaine, les chiens ont pour rôle de mettre en fuite des loups, représentant les hérétiques, qui s’attaquent aux brebis, image des fidèles[92].
277
+
278
+ Dans l'Antiquité grecque, le chien est également utilisé lors d'insultes : ainsi, Agamemnon traite-t-il Achille « d'Homme à l'œil de chien, au cœur de cerf »[93]. Le juron préféré de Socrate est Par le chien, et se rapporte au dieu égyptien Anubis[94].
279
+
280
+ Liste non exhaustive[95],[96] :
281
+
282
+ Sur les autres projets Wikimedia :
283
+
284
+ Canis lupus:
285
+
286
+ Canis lupus familiaris:
287
+
288
+ Canis familiaris :
fr/1089.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,126 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le tabac est un produit psychotrope manufacturé élaboré à partir de feuilles séchées de plantes de tabac commun (Nicotiana tabacum), une espèce originaire d'Amérique appartenant au genre botanique Nicotiana (famille : Solanaceae).
2
+
3
+ L'usage du tabac s'est largement répandu dans le monde entier à la suite de la découverte de l'Amérique. Sa commercialisation est souvent un monopole d'État et soumise à des taxes qui varient fortement selon les pays.
4
+
5
+ Le tabac génère une forte dépendance et sa consommation est responsable de près de 6 millions de décès par an dans le monde dont 600 000 sont des non-fumeurs exposés à la fumée (tabagisme passif). De nombreuses maladies sont liées au tabagisme (maladies cardiovasculaires et cancers, entre autres).
6
+
7
+ Les Nicotiana sont des plantes néotropicales nitrophiles, originaires des régions chaudes et nécessitant un sol riche en humus. La température et la nature des sols jouent un rôle prépondérant sur les propriétés du tabac : la culture ne peut s'effectuer qu'entre des températures allant de 15 °C à 35 °C, 27 °C constituant un idéal pour l'épanouissement des plants. On estime la surface cultivée mondiale à 5 millions d'hectares, essentiellement en Asie et en Amérique, bien que sa relative plasticité lui permette d'être cultivée entre le 60e degré de latitude nord et le 40e degré de latitude sud.
8
+ Le degré de maturation et la méthode de récolte des feuilles constituent des éléments essentiels et déterminants pour leur destination. Sous-maturées, les feuilles sont destinées aux capes pour cigares (l'enveloppe extérieure). La récolte en feuilles peut durer plus d'un mois, les feuilles étant récoltées une par une selon la maturation, tandis que la récolte par tige est beaucoup plus rapide car mécanisée, mais au détriment de la qualité. Il existe trois grandes variétés de tabac cultivé pour être fumé : le tabac de Virginie, le Burley (en) et le tabac oriental[1],[2].
9
+
10
+ La graine est semée en pépinière ou sur semis flottants au début du mois de mars puis est transplantée au champ à la mi-mai. La plante atteint 1,80 m au début de l’été lorsque commence la floraison. La fleur est coupée afin que les feuilles se développent (une vingtaine par pied). Les premières décolorations indiquent le moment de la récolte (juillet/août) qui nécessite une main-d'œuvre abondante et attentive. Les feuilles de tabac sont séchées sous air chaud, dans des séchoirs traditionnels ou sous serres. Les feuilles sont triées à l’automne et en été[3].
11
+
12
+ Le séchage à l'air chaud dure une semaine et nécessite environ 20 kg de bois pour sécher 1 kg de tabac. Le mode de séchage à l'air chaud se classe au premier rang par son taux d'utilisation avec environ 6 tonnes de tabac sur 10 traitées par ce processus. Ce séchage entraîne une déforestation importante[4]. Dans la partie méridionale de l’Afrique, ce sont plus de 140 000 hectares de terrains boisés qui disparaissent chaque année pour servir de combustible pour le séchage du tabac, ce qui correspond à 12 % de la déforestation annuelle totale dans la région[5].
13
+
14
+ Des maladies de la plante peuvent être détectées et incluent : fonte des semis, mildiou, oïdium, pourriture noire des racines, sclérotiniose, virus de la mosaïque du concombre, virus de la gravure du tabac, virus de la mosaïque du tabac et virus de la nécrose du tabac.
15
+
16
+ Les ravageurs incluent : taupes, courtillières, limaces, pucerons, hépiales, noctuelles (vers gris), thrips et araignées. D'autres ennemis incluent l'orobanche (plante parasite) et la nématode des tiges (anguillules).
17
+
18
+ Les feuilles de tabac récoltées, sont séchées pour éliminer plus de 90 % de leur eau. Les tabacs en feuilles sont classés selon leur variété ou leur mode de séchage :
19
+
20
+ S'ensuit soit un stockage pour les tabacs fire-cured ou certains light air-cured, soit une fermentation pour favoriser la volatilisation de la nicotine et de l'ammoniac.
21
+
22
+ La composition du tabac est complexe (sa fumée contient environ 4 000 composés chimiques, dont 50 reconnus cancérigènes[6]), à cause de la complexité de la plante et à cause des nombreux traitements réalisés sur le tabac récolté pour en assurer la conservation, la couleur, le parfum, le goût, la plasticité, etc.
23
+
24
+ Dans la plante fraiche de Nicotiana tabacum, on trouve un mélange d'alcaloïdes composés de 93 % de (S)-nicotine, 3,9 % de (S)-anatabine, de 2,4 % de (S)-nornicotine, et de 0,5 % de (S)-anabasine.
25
+
26
+ Lors de sa croissance, la plante absorbe plusieurs produits radioactifs, qu'on retrouvera dans la fumée, le filtre et moindrement le papier des cigarettes ou des bidies[7],[8],[9],[10] et dans les poumons, via l'inhalation de la fumée[11]. On y trouve des traces de thorium, polonium et d'uranium[12]. Le polonium du tabac engendre le plus de radioactivité inhalée[13].
27
+
28
+ Les feuilles de tabac sont sensibles à certains polluants dont l'ozone troposphérique. Le stress oxydant peut en modifier la composition.
29
+
30
+ L'American Journal of Public Health (en) a montré, en septembre 2008, que les « majors » de l'industrie du tabac, Philip Morris, RJ Reynolds Tobacco Company, British American Tobacco, etc., ont volontairement caché au public, depuis les années 1960, la présence de polonium 210, une substance hautement cancérigène (et utilisée pour l'assassinat de l'espion Alexandre Litvinenko) dans les cigarettes[14],[15],[16]. Une des explications de cette présence de produits radioactifs dans le tabac est l'utilisation fréquente aux États-Unis d'engrais à base d'apatites, utilisés pour donner une saveur spécifique au tabac[14],[15],[17].
31
+ Certaines variétés semblent absorber moins de radon et de polonium[18] (sous réserve que cela ne soit pas dû à une moindre présence de ces produits dans leur environnement).
32
+
33
+ L'industrie tabatière ajoute dans le tabac de cigarettes des additifs (arômes, sucres, humidifiants), notamment des composés d'ammoniac qui modifient le pH de la nicotine (plus alcalin), en facilitent l'absorption tout en renforçant la dépendance à celle-ci (ouverture plus importante des récepteurs à la dopamine)[19].
34
+
35
+ Le tabac est consommé principalement fumé sous forme de cigares, de cigarettes, à l'aide d'une pipe ou d'un narguilé ; il peut aussi être mâché (chiqué), sucé (snus) ou prisé.
36
+
37
+ Au début du XXe siècle, le tabac est cultivé et consommé sur tous les continents. Les progrès techniques et industriels font évoluer sa production et la consommation de cigarettes supplante dès lors la chique, la prise, la pipe et le cigare. En 1880, il est vendu cent millions de cigarettes dans le monde, en 1900 un milliard de cigarettes[20]. Sa consommation se diffuse massivement au milieu du XXe siècle avec l'essor de la publicité. En 1940, 1 000 milliards de cigarettes sont vendues dans le monde, 2 000 milliards en 1960, 5 000 milliards en 1980, 6 000 milliards en 2014[21].
38
+
39
+ La consommation de tabac entraine généralement une dépendance durable[22].
40
+
41
+ La culture du tabac nécessite 5,3 millions d'hectares (53 000 km2) de terres arables dans le monde. Le séchage du tabac nécessite par ailleurs une grande quantité de bois[23]. La culture du tabac est ainsi responsable de 5 % de la déforestation dans les pays en développement[23]. Elle contribue significativement à la déforestation dans certains pays comme le Zimbabwe[24].
42
+
43
+ Les mégots de cigarettes sont par ailleurs une source de pollution majeure, notamment pour les cours d'eau.
44
+
45
+ La consommation extensive du tabac dans le monde a engendré la constitution de majors d'industrie puissantes.
46
+
47
+ Le premier producteur mondial de tabac est le monopole chinois China National Tobacco Corporation.
48
+
49
+ Plus de 70 % du marché hors Chine est réalisé par quatre multinationales aux diverses marques. Ce sont, dans l'ordre décroissant de chiffre d'affaires :
50
+
51
+ La production de tabac, estimée à plus de 7 millions de tonnes, est dominée par la Chine, l'Inde, le Brésil, les États-Unis et l'Indonésie. Dans l'Union européenne, les principaux producteurs sont l'Italie, la Pologne, l'Espagne, la Bulgarie et la Grèce. La très grande majorité des pays achètent du tabac, même lorsqu'ils sont eux-mêmes producteurs : dans ce cas, les importations visent à suppléer les lacunes sur le plan de la diversité.
52
+
53
+ La manufacture du tabac est dominée par la Chine, la Russie, les États-Unis, l'Allemagne et l'Indonésie[25]. Le tabac est essentiellement utilisé pour la production de cigarettes et de cigares. La production de cigarettes représente l'essentiel de la production et est estimée à plus de 5 000 milliards d'unités en 1993, 5 457 milliards d'unités en 2005.
54
+
55
+ L’Allemagne, la Bulgarie et la Suisse sont les seuls pays européens où la publicité pour le tabac est encore autorisée dans l'espace public[26],[27],[28]. La Revue médicale suisse relève également en 2015 que « la Suisse est le seul pays européen où la publicité pour les produits du tabac dans la presse est autorisée et, avec la Biélorussie, c’est également le seul pays où il n’existe pas de limitation concernant le parrainage d’événements culturels et sportifs »[26].
56
+
57
+ La France connait un déclin continu de sa production de tabac depuis les années 1950 et n'a plus de filière transformation depuis 2019, ni de fabrication depuis 2017[30].
58
+
59
+ En 2018, la France a produit 7 000 tonnes de tabac brut sur une superficie de 2 700 hectares[30], (contre 8 172 tonnes en 2017 sur un peu plus de 3 300 hectares) ; c'est le 7e producteur de l'Union européenne après l'Italie, la Pologne, l'Espagne, la Grèce, la Bulgarie et la Croatie[31]. La profession est organisée autour de cinq coopératives, pour un chiffre d'affaires estimé à 30 millions d'euros en 2018, à comparer aux 1,18 milliard d'euros de produits du tabac importés en France[30].
60
+
61
+ Les cinq coopératives sont regroupées dans les lieux historiques de production : pour le Sud-Ouest, Périgord Tabac, Tabac Garonne Adour et Midi Tabac, pour le Grand-Est, Tabac Feuilles de France et, en Isère, la plus petite des cinq, la Dauphinoise[30]. En France sont désormais cultivés principalement le Burley et le tabac de Virginie, les producteurs, pour faire face à la concurrence internationale, visant des marchés de niche plus valorisés comme le narguilé, qui nécessite un tabac de Virginie sucré, et un marché encore dynamique, le cigare et le tabac à rouler[30].
62
+
63
+ La France connait depuis les années 1950 une baisse continue de sa production. En 1950, 105 000 agriculteurs produisaient du tabac, au tournant des années 1970, 41 000 agriculteurs exploitaient encore 20 000 hectares en produisant près 46 000 tonnes[30]. Entre 2010 et 2014, le nombre d'agriculteurs cultivant du tabac est passé de 2 076 à 1 177[32].
64
+
65
+ La production de l'Union européenne est en baisse en raison de la baisse des aides aux agriculteurs producteurs de tabac distribuées dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). L'Union européenne importe 75 % de sa consommation en provenance de pays tiers comme le Brésil, le Malawi et les États-Unis ; à l'inverse, une partie de la production européenne est exportée hors de l'UE. En septembre 2013, plusieurs pays européens, dont la France (par l'intermédiaire de son ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll), ont défendu une motion auprès de la Commission européenne pour réintroduire des subventions couplées à la production de tabac en Europe[33]. Ces subventions, qui s'élevaient jusqu'à la fin des années 1990 à 3 euros par kg[34], ont été réduites à partir de 2006 puis supprimées en 2010 dans le cadre de la réforme de la PAC de 2006. Elles ont été réintroduites en France en mars 2012 sous l'appellation d'« aides à la qualité », dans un contexte de prix mondial en hausse. Elles bénéficient à l'ensemble de la production, à l'exception de la dernière catégorie de qualité sur une échelle qui en compte 5. Au total, l'enveloppe allouée à ce soutien spécifique s'élève à 9 millions d'euros par an (environ 1 euro par kg), alloués entre les producteurs en fin de saison en fonction des quantités produites[35],[36],[37].
66
+
67
+ L'année 2017 a été marquée par l'entrée en vigueur de plusieurs mesures pour réduire la consommation de tabac : paquet neutre, alourdissement de la fiscalité sur le tabac à rouler, relèvement du minimum de perception, etc. ; selon les douanes, les ventes légales de tabac ont baissé de 2,2 %[38].
68
+
69
+ Outre la lutte contre le tabagisme, une des raisons du déclin de la production française est le coût de la main-d'œuvre. Un hectare de tabac nécessite près de 300 heures de travail contre, par exemple, 5 seulement pour le maïs[30]. Ce travail, principalement pour la récolte en juillet et août, a longtemps été assuré de façon informelle par le cercle familial élargi de l'agriculteur, un type de travail qui a quasiment disparu aujourd'hui[30]. La culture du tabac en France était aussi souvent une culture complémentaire pour de petites exploitations de polyculture-élevage ; elle a été progressivement abandonnée au fur et à mesure de la baisse de la rentabilité de cette culture[30].
70
+
71
+ La filière tabac en France a totalement disparu en septembre 2019 avec la fermeture de la dernière usine de transformation du tabac à Sarlat-la-Canéda[30] en Dordogne. La Seita, ancienne régie publique française des tabacs, a été privatisée en 1995, elle a fusionné avec la société espagnole Tabacalera en 1998, l'ensemble étant racheté par Imperial Tobacco (aujourd'hui Imperial Brands) en 2008[30]. L'usine de Carquefou, à coté de Nantes, qui produisait les Gauloises et les Gitanes blondes, a fermé en 2014 et la dernière usine en France, la manufacture de tabac de Riom dans le Puy-de-Dôme, a fermé en 2017[30].
72
+
73
+ Quatre multinationales contrôlent plus de 95 % du marché français : Philip Morris International (avec sa marque phare Marlboro), British American Tobacco (Lucky strike, Dunhill, etc.), Imperial Brands (Gauloises, News, etc.) et Japan Tobacco (Camel, Winston, etc.)[39].
74
+
75
+ Lorsque Christophe Colomb arrive en Amérique en 1492, il constate que les Indiens utilisent le tabac pour ses propriétés magiques et médicamenteuses. André Thevet en rapporte des graines et la culture du tabac commence en Europe.
76
+
77
+ Le substantif masculin[40],[41],[42],[43] tabac est un emprunt[40],[43] à l'espagnol tabaco[40],[41],[43], substantif masculin[44] lui-même emprunté[40] à l'arawak[41] de Cuba et Haïti[40] tsibatl, mot qui désignait soit un ensemble de feuilles, soit l'action du fumer, soit surtout le tuyaux de roseau dont les Amérindiens se servait pour aspirer la fumée[43].
78
+
79
+ Le mot tabac, désignant à l'origine, pour les Européens, à la fois la plante et le cigare confectionné avec ses feuilles, vient de l'espagnol tabaco, lui-même emprunté à un mot arawak désignant une sorte de pipe, un instrument à deux tuyaux.
80
+ Il est attesté sous sa forme espagnole depuis la première moitié du XVIe siècle.
81
+ Les Arawaks, ensemble de peuplades amérindiennes des Antilles et d'Amazonie, possédaient donc probablement un autre mot pour désigner la plante que nous appelons tabac (digo selon l'archéologue Benoît Bérard) ; ce mot est apparu en espagnol par glissement sémantique, le contenant (pipe, instrument) finissant par désigner le contenu (feuilles séchées de la plante) puis la plante elle-même[45].
82
+
83
+ La culture du tabac trouve son origine en Amérique, il y a plus de 500 ans. Lorsque Christophe Colomb rencontre les Amérindiens, ceux-ci pour se soigner roulent des feuilles de tabac jusqu'à obtenir une sorte de grand cigare qu'ils appellent « tabaco »[46]. Dans leur calumet brûle également un mélange de plusieurs herbes dont le tabac.
84
+
85
+ En 1492, lors de son expédition en Amérique, Christophe Colomb découvre le tabac[47] et le rapporte en Europe, à la Cour espagnole et portugaise, où il est pendant longtemps utilisé comme simple plante d'ornement. Ce n'est qu'au milieu du XVIe siècle que le médecin personnel de Philippe II d'Espagne commence à le promouvoir comme « médicament universel ». La première description écrite serait le fait de l'historien espagnol d'Oviedo.
86
+
87
+ Il est introduit en France en 1556 par un moine cordelier, André Thevet qui au retour de son séjour au Brésil, en fit la culture dans les environs de sa ville natale d'Angoulême. On l'appelle alors « herbe angoulmoisine » ou « herbe pétun ».
88
+
89
+ Dès 1775, les premiers soupçons de relation entre tabac et cancer sont exprimés[48].
90
+
91
+ En 1560, l'ambassadeur de France (François II) au Portugal, Jean Nicot, attribuant au tabac des vertus curatives, envoie de la poudre de cette plante à la Reine Catherine de Médicis afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le traitement ayant eu du succès, le tabac devint ainsi « l'herbe à la Reine ». Sa vente sous forme de poudre est réservée aux apothicaires. Pour honorer Jean Nicot, le duc de Guise proposa d'appeler cette herbe nicotiane. Cette proposition fut retenue par le botaniste Jacques Daléchamps qui dans son livre Histoire générale des plantes[49] au chapitre « Du Petum ou Herbe à la Reine » l'illustre d'une gravure intitulée Nicotiane ou Tabacum, terminologie reprise ensuite par Linné pour créer son binôme[50]. La plante reçut de très nombreux noms parmi lesquels on peut citer « nicotiane », « médicée », « catherinaire », « herbe de Monsieur Le Prieur », « herbe sainte », « herbe à tous les maux », « panacée antarctique » et finalement « herbe à ambassadeur ».
92
+
93
+ C'est à la fin du XVIe siècle qu'apparaît le mot « tabac » : la première illustration botanique en est donnée par Nicolas Monardes en 1571. En 1575, André Thevet donne un « pourtrait de l'herbe Petum ou Angoulmoisine » dans sa Cosmographie universelle (t II, livre XXI, chap VIII).
94
+
95
+ À la même époque est publié un des premiers traités sur le tabac, vu alors comme une plante médicinale : L'instruction sur l'herbe petum (1572) par Jacques Gohory.
96
+
97
+ Le cardinal de Richelieu instaure une taxe sur la vente de tabac en 1629[51]. Colbert fit de sa production et de son commerce un monopole royal et à l'époque la production nationale est la plus développée d'Europe, avec des plantations dans l'Est, le Sud-Ouest, ainsi que dans les 4 îles des Antilles les plus peuplées : Saint-Christophe, Martinique, Guadeloupe et Saint-Domingue[52].
98
+
99
+ Le tabac connaît un succès vif et rapide au XVIIe siècle. Ainsi, Molière ouvre sa pièce Dom Juan ou le Festin de Pierre par une tirade de Sganarelle sur le tabac :
100
+
101
+ « Quoi que puisse dire Aristote, et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac, c'est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac, n'est pas digne de vivre ; non seulement il réjouit, et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner, à droit, et à gauche, partout où l'on se trouve ? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai, que le tabac inspire des sentiments d'honneur, et de vertu, à tous ceux qui en prennent. »
102
+
103
+ À la fin du XIXe siècle apparait un « tabac désintoxiqué », produit selon la « méthode Gérold », que les médecins suisses disent bien promouvoir, mais pas avant « le jour où des expériences plus nombreuses et décisives nous auront montré la véritable innocuité du tabac traité par la méthode Gérold »[53] faisant suite à un article du Dr Hisrschberg[54]. M Bielefeld, 6 rue Thimonnier à Paris est présenté en 1902 comme l'un des premiers consommateurs de ce tabac en France et comme susceptible d'en citer des fournisseurs. On vend aussi des pipes et fume-cigares désintoxiquants[55]. Au début du XXe siècle, à Lons-le-Saunier le docteur Parant crée et vend un « tabac dénicotinisé »[56] dont il faisait des cigares et du tabac à pipe et à cigarette, mais selon un journal français de l'époque, « les produits de cette industrie obligée par la législation française à se tenir hors de nos frontières, n'arrivaient pas à se faire connaître en France, et recevaient de la douane l'accueil qu'on sait »[55].
104
+
105
+ Alors que de la nicotine et des extraits de tabac (décoction, extraits de fumée) utilisés comme médicaments ont commencé à tuer des patients ou des animaux lors d'expérimentations animales, et après qu'on a commencé à la fin du XIXe siècle à prouver qu'il existe une accoutumance et une dépendance au tabac[57],[58], quelques médecins commencent à étudier scientifiquement le tabagisme. On étudie d'abord ses effets sur la digestion avec par exemple une première thèse de médecine produite en 1894 par Kohos[59]. En 1894, la thèse de médecine du Dr Chéreau s'intéresse aux effets du tabac sur la gorge et la voix[60] avant que celle du Dr Pellet en 1897[61] puis celle de Jaucent en 1900[62] ne s'intéressent aux effets généraux du tabac et de ses extraits sur l'organisme et ses fonctions.
106
+ Les travailleurs de l'industrie du tabac semblent également affectés, au point qu'en 1901, l'office du travail le considère comme un des poisons industriels[63] et 5 ans après, le Dr Amouroux et Prieur étudient respectivement certains de ses effets cancérigènes[64] et cardiovasculaires (1906)[65]. Trois ans plus tard, sur de solides bases expérimentales et cliniques la thèse du Dr Abel Gy (en 1909) complète leur travail[66], avec de quoi inquiéter ou préoccuper le monde médical quant aux effets de la toxicité du tabac qui semblent pouvoir négativement affecter la totalité des organes après un temps plus ou moins long[67] voire à mettre en question sa culture[68].
107
+
108
+ Dans le calendrier républicain français, le 16e jour du mois de Messidor est dénommé jour du tabac[69].
109
+
110
+ À la demande de Louis XIV, Colbert établit un « Privilège de fabrication et de vente » en 1674, l'année de la création de la Compagnie du Sénégal. Les premières Manufactures des tabacs sont fondées à Morlaix, Dieppe et Paris. Le privilège est d'abord concédé à des particuliers dont le premier est Madame de Maintenon[70] qui le revend, puis à la seule Compagnie des Indes, au moment où celle-ci doit se retirer du commerce du sucre, relevant alors directement du roi et des ports qu'ils souhaitent favoriser.
111
+
112
+ La culture du tabac devient un monopole et rapidement les gouvernants voient les rentrées d'argent qu'ils peuvent espérer des taxes sur le tabac. Ces taxes augmentent le prix de vente, tandis que la recherche d'un bénéfice rapide dicte un faible prix d'achat aux planteurs, à une époque où les rois souhaitent remplacer la culture du tabac aux Antilles par celle du sucre, beaucoup plus rentable, à l'image de ce qui s'est passé sur l'île de la Barbade britannique. Plus que le monopole, c'est la stratégie de prix de vente et d'achats qui modifie alors en profondeur la production mondiale de tabac.
113
+
114
+ La contrebande se développe sur les côtes, en particulier sur l'île de Noirmoutier, et le nouveau monopole doit installer des acheteurs dans les ports d'Amsterdam et Liverpool, pour acheter le tabac des Antilles françaises, puis le tabac de Virginie, beaucoup moins cher, auquel les consommateurs prennent goût, et qui prend son essor[52].
115
+
116
+ Les planteurs de Virginie commencent à importer des esclaves grâce à la Compagnie royale d'Afrique, créée en 1672. En trente ans, les importations françaises font plus que tripler, passant de 20 % à 70 % de la consommation intérieure de tabac. La Virginie représente à elle seule 60 % des importations françaises[52]. En échange, la monarchie anglaise tente d'empêcher les raids de flibustiers anglais sur les îles à sucre françaises. Cette politique subit cependant un coup d'arrêt à la fin du siècle lorsque les taxes sur l'exportation du tabac anglais augmentent de 150 %. En 70 ans, elles quadruplent, mais sans gêner encore la position dominante déjà acquise sur le marché[52]. Le port de Londres, qui a le monopole d'importation depuis 1624, a les moyens de rendre cette filière compétitive.
117
+
118
+ Dès le milieu du XVIIIe siècle, la colonie de Virginie contrôle l'essentiel du marché mondial. L'autre grand producteur est la colonie voisine du Maryland, également soutenue par la maison Stuart. Afin de maîtriser les flux, la culture du tabac est prohibée dès 1719 dans toute la France, avec des condamnations qui peuvent aller jusqu'à la peine de mort. Exceptions : la Franche-Comté, la Flandre et l'Alsace. Elle le reste jusqu'en 1791. En 1809, Louis-Nicolas Vauquelin, professeur de chimie de l'École de médecine de Paris, isole un principe actif azoté des feuilles de tabac. La nicotine, quant à elle, est identifiée quelques années plus tard. La cigarette est introduite en France vers 1825.
119
+
120
+ Les tabagies (en allemand Tabakskollegium) étaient des réunions réservées aux hommes aux XVIIIe et XIXe siècles pour discuter d'affaires entre eux, en particulier après la chasse. Frédéric-Guillaume Ier de Prusse y était fort assidu dans son château de Wusterhausen, où il s'entourait de ses proches conseillers, en fumant de longues pipes[71],[72].
121
+
122
+ Dès 1917, on voit apparaître le tabac dans les rations alimentaires de l'armée française.
123
+
124
+ La Ration K, introduite par l'armée des États-Unis le 1er janvier 1943 pendant la Seconde Guerre mondiale, était une ration alimentaire quotidienne de combat individuelle contenant des cigarettes.
125
+
126
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/109.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,288 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Signature
2
+
3
+ modifier
4
+
5
+ Albert Einstein (prononcé en allemand [ˈalbɐt ˈaɪnʃtaɪn] Écouter) né le 14 mars 1879 à Ulm, dans le Wurtemberg (Empire allemand), et mort le 18 avril 1955 à Princeton, dans le New Jersey (États-Unis), est un physicien théoricien. Il fut successivement allemand, apatride (1896), suisse (1901) et de double nationalité helvético-américaine (1940)[N 1]. Il épousa Mileva Marić, puis sa cousine Elsa Einstein.
6
+
7
+ Il publie sa théorie de la relativité restreinte en 1905 et sa théorie de la gravitation, dite relativité générale, en 1915. Il contribue largement au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie, et reçoit le prix Nobel de physique de 1921 pour son explication de l’effet photoélectrique[N 2]. Son travail est notamment connu du grand public pour l’équation E=mc2, qui établit une équivalence entre la masse et l’énergie d’un système.
8
+
9
+ Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands scientifiques de l'histoire, et sa renommée dépasse largement le milieu scientifique. Il est la personnalité du XXe siècle selon l'hebdomadaire Time. Dans la culture populaire, son nom et sa personne sont directement liés aux notions d'intelligence, de savoir et de génie.
10
+
11
+ Son père, Hermann Einstein, est né le 30 août 1847 à Buchau et est mort le 10 octobre 1902 à Milan. Il épouse Pauline Koch (1858-1920) le 8 août 1876. Trois ans plus tard, le 14 mars 1879[N 3], Albert Einstein naît dans leur appartement à Ulm en Allemagne ; c’est leur premier enfant.
12
+
13
+ Les Einstein sont des Juifs non pratiquants, mais un parent enseigne à Albert les éléments du judaïsme. Il a vers onze ans une phase très religieuse : il ne mange pas de porc et compose des chants religieux qu'il chante sur le chemin de l'école. « Mais je lus mes premiers livres de science, et j'en terminai avec la foi d'Abraham[1]. » Il ne fait pas sa Bar Mitzvah et n'apprend pas l'hébreu.
14
+
15
+ L'intérêt d'Albert pour la science est éveillé par une boussole alors qu'il est âgé de cinq ans : l'existence d'une action à distance lui paraît « miraculeuse » et l'étonne très vivement. À douze ans, un petit livre sur la géométrie euclidienne du plan[2], qu'il nommera plus tard le « livre sacré de la géométrie », le marque fortement (« la clarté et la certitude des démonstrations eurent sur moi un effet indescriptible »). Son oncle Jakob, ingénieur associé dans l'entreprise de matériel électrique de son père[3], lui pose des problèmes mathématiques. Max Talmey, un étudiant en médecine qui dîne souvent chez les Einstein, lui offre des livres de science et plus tard des œuvres de Kant, et ils ont souvent de longues discussions.
16
+
17
+ De douze à seize ans, il apprend en autodidacte le calcul différentiel et intégral[4].
18
+
19
+ Abraham et Helen Einstein, ses grands-parents.
20
+
21
+ Pauline Kock, sa mère.
22
+
23
+ Hermann Einstein, son père, v. 1890.
24
+
25
+ Albert et sa soeur Maria (Maja).
26
+
27
+ Albert Einstein en 1894.
28
+
29
+ Einstein présente un parcours scolaire relativement atypique par rapport aux éminents scientifiques qui furent plus tard ses contemporains. Très tôt, le jeune homme s'insurge contre le pouvoir arbitraire exercé par les enseignants, et est donc souvent dépeint par ces derniers comme un mauvais élément, très étourdi. Il éprouve jusque tard dans son enfance des difficultés pour s'exprimer[N 4].
30
+
31
+ Il commence sa scolarité au Luitpold Gymnasium de Munich et en est renvoyé à l’âge de 15 ans (son professeur de grec jugeant sa présence incompatible avec la stricte discipline y régnant à l’époque[N 5]). Il a d’excellents résultats en mathématiques. Il rejoint ses parents à Pavie, en Italie, en 1895 et renonce à sa nationalité allemande (cet abandon étant officialisé en 1896[7]). Dans sa demande de répudiation de la nationalité allemande, il déclare n'adhérer à aucune confession religieuse, signant sa rupture officielle d'avec la religion juive[8].
32
+
33
+ À 16 ans, il décide d'intégrer l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) — à laquelle on peut alors accéder sans avoir de baccalauréat. Il rate cependant l'examen d'entrée. Les examinateurs, ayant découvert son potentiel, l'incitent à se présenter une deuxième fois. Il entre à l’École cantonale d'Aarau en Suisse, et y passe une année pour mieux se préparer au prochain examen. Il y trouve une atmosphère plus ouverte et favorable à son apprentissage, les étudiants étant davantage incités à penser par eux-mêmes qu'à réciter des leçons apprises[9]. En 1896, il réussit l'examen et intègre, à l'automne, l'EPFZ, où il se lie d’amitié avec le mathématicien Marcel Grossmann, qui l’aidera plus tard en géométrie non euclidienne. Il y rencontre aussi Mileva Marić, sa première épouse, une des toutes premières étudiantes de l'école, qui travaillera également avec lui sur la théorie de la relativité et mènera ses propres recherches. Il obtient de justesse son diplôme en 1900, s'avouant, dans son autobiographie, « incapable de suivre les cours, de prendre des notes et de les travailler de façon scolaire »[10].
34
+
35
+ Au cours de cette période, il approfondit ses connaissances en autodidacte par la lecture de livres de référence comme ceux de Kirchhoff, de Hertz, de Helmholtz et de Maxwell[11]. Son ami Michele Besso l’initie aux idées de la Mécanique d'Ernst Mach. Il obtient la nationalité suisse en 1901, qu'il gardera jusqu'à la fin de sa vie[7]. Selon plusieurs biographies, cette période de 1900 à 1902 est marquée par la précarité de sa situation : il postule à de nombreux emplois sans être accepté. Sa misère préoccupe son père, qui tente en vain de lui trouver un poste. Albert se résigne alors à s’éloigner du milieu universitaire pour trouver un emploi dans l’administration.
36
+
37
+ En 1901, il publie son premier article scientifique dans les Annalen der Physik, et cet article est consacré à ses recherches sur la capillarité.
38
+
39
+ À la fin de l’année 1902, naît le premier des enfants d’Albert Einstein, Lieserl. Son existence a longtemps été ignorée des historiens, et il n’existe aucune information connue sur son devenir. Albert et Mileva se marient en 1903, son père lui ayant finalement donné sa permission sur son lit de mort[N 6]. En 1904, le couple donne naissance à Hans-Albert, puis en 1910 naît Eduard Einstein.
40
+
41
+ En juin 1902, il trouve, grâce à Marcel Grossmann[12], un emploi à l’Office des Brevets[N 7] de Berne[13], ce qui lui permet de vivre correctement tout en poursuivant ses travaux. Il emménage entre 1903 et 1905 dans l'actuelle maison d'Einstein, 49 Kramgasse. Durant cette période, il fonde l’Académie Olympia avec Conrad Habicht et Maurice Solovine, qui traduira plus tard ses œuvres en français. Ce cercle de discussion se réunit à la maison d'Einstein, et organise des balades en montagne. Einstein partage le résultat de ses travaux avec Conrad Habicht et lui envoie les articles qu’il publie pendant l’année 1905 (souvent appelée son annus mirabilis) concernant les fondements de la relativité restreinte, l’hypothèse des quanta de lumière et la théorie du mouvement brownien, qui ouvrent de nouvelles voies dans la recherche en physique nucléaire, mécanique céleste, etc. L’article portant sur le mouvement brownien prend appui sur des travaux qu’Einstein développe plus tard, et qui aboutissent à sa thèse, intitulée Eine neue Bestimmung der Moleküldimensionen (« Une nouvelle détermination des dimensions moléculaires », en allemand), et à son diplôme de doctorat le 15 janvier 1906[10].
42
+
43
+ En 1909, Albert Einstein est reconnu par ses pairs, en particulier Planck et Nernst, qui souhaitent l’inviter à l’université de Berlin. Le 9 juillet 1909, il est distingué docteur honoris causa par l’université de Genève[10], il devient la même année professeur associé à l'université de Zurich[7]. En 1911, il devient professeur à l'université allemande de Prague[7] (alors ville de l'Empire austro-hongrois), et il est invité au premier congrès Solvay, en Belgique, qui rassemble les scientifiques les plus connus. Il y rencontre entre autres Marie Curie, Max Planck et Paul Langevin. Revenu à Zurich en 1912, il devient en 1913 membre de l’Académie des sciences de Prusse[7].
44
+
45
+ En 1914, il déménage en Allemagne et habite à Berlin de nombreuses années. Il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin. Son poste à Berlin lui permet de se consacrer tout entier à ses travaux de recherche. Mileva et Albert se séparent et elle rentre en Suisse avec leurs enfants (leur divorce sera prononcé en 1919, année au cours de laquelle il épousera sa cousine Elsa[7]). À l’ouverture du conflit de la Première Guerre mondiale, il déclare ses opinions pacifistes. La ville de Berlin s’était engagée à lui fournir une maison, mais Albert Einstein obtient finalement un terrain sur lequel il fait construire une maison à ses frais. Situé à Caputh, près du lac de Havelsee, l’endroit est calme et lui permet de faire fréquemment de la voile.
46
+
47
+ En 1916, il publie un livre présentant sa théorie de la gravitation, connue aujourd’hui sous le nom de relativité générale. En 1919, Arthur Eddington réalise la mesure de la déviation que la lumière d’une étoile subit à proximité du Soleil, cette déviation étant une des prévisions découlant de cette théorie. Cet événement est médiatisé, et Einstein entreprend à partir de 1920 de nombreux voyages à travers le monde. En novembre 1922, il reçoit le prix Nobel de Physique 1921[16], qui n'avait pas été attribué, « pour ses contributions à la physique théorique et, spécialement, pour sa découverte de la loi de l'effet photo-électrique ». Comme il est loin de la Suède en 1922, il reçoit son prix et prononce sa conférence Nobel à Göteborg le 11 juillet 1923. En 1925, il est lauréat de la médaille Copley, et en 1928 il est nommé président de la Ligue allemande des droits de l'homme. Il participe en 1928 au premier cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. En 1935, il devient lauréat de la médaille Franklin.
48
+
49
+ La situation s’assombrit en Allemagne dans les années 1920, et il subit des attaques visant ses origines juives et ses opinions pacifistes. Sa sécurité est menacée par la montée des mouvements nationalistes, dont celle du parti nazi. Peu après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, au début de 1933, il apprend que sa maison de Caputh a été pillée par les nazis, et il décide de ne plus revenir en Allemagne. Après un court séjour sur la côte belge, il s’installe aux États-Unis, sur invitation d'Abraham Flexner, le fondateur et directeur de l’Institute for Advanced Study de Princeton où il commence alors à travailler. Ses recherches visent à élaborer une théorie globale des champs, expliquant les quatre interactions élémentaires : la gravitation, l'interaction électromagnétique, l'interaction faible et l'interaction forte. Cette théorie est aujourd'hui au cœur de la recherche fondamentale[17].
50
+
51
+ Le 2 août 1939, sous la pression d'Eugene Wigner et de Leó Szilárd, physiciens venus d'Allemagne, il rédige une lettre à Roosevelt, qui contribue à enclencher le projet Manhattan - signature qu'il regrettera toute sa vie[18],[19].
52
+
53
+ Son fils Eduard, atteint d’une possible schizophrénie, passe la majeure partie de sa vie dans une clinique en Suisse, et son autre fils Hans-Albert devient ingénieur en Californie.
54
+
55
+ Einstein meurt le 18 avril 1955 d’une rupture d’anévrisme. Une étude réalisée en 2013 sur son cerveau (qui a été subtilisé après sa mort sans son consentement) révèle tout au plus une hyperconnexion entre les deux hémisphères, ce qui est traditionnellement preuve d'une grande intelligence[20]. Ses cendres sont éparpillées dans un lieu tenu secret, conformément à ses dernières volontés. Mais, en dépit de son testament, son cerveau et ses yeux ont été prélevés, le premier par le médecin légiste ayant effectué l'autopsie, les seconds par son ophtalmologiste[21].
56
+
57
+ L'année 1905 est une année exceptionnellement fructueuse pour Einstein (elle est souvent désignée par l'expression latine annus mirabilis[N 9]), quatre de ses articles étant publiés dans la revue Annalen der Physik :
58
+
59
+ Albert Einstein et Chaim Weizmann, 1921.
60
+
61
+ Paul Langevin et Albert Einstein, 1923.
62
+
63
+ Einstein et Marie Curie, 1929.
64
+
65
+ Albert Einstein et Niels Bohr au congrès Solvay de 1930.
66
+
67
+ Einstein avec Charlie Chaplin, 1931.
68
+
69
+ Albert Einstein et Édouard Herriot, reçus docteurs honoris causa de l'université de Glasgow, vers 1933.
70
+
71
+ Son ancien condisciple Marcel Grossmann l’aide dans ses travaux en lui apportant ses connaissances en géométrie différentielle : ils publient un article sur les tenseurs de Ricci et de Riemann-Christoffel en 1913. En octobre 1914, Einstein publie un article sur la géométrie différentielle, et en juin 1915, il donne des conférences à l’université Göttingen devant Hilbert et Klein.
72
+
73
+ Le 25 novembre 1915, il soumet son manuscrit de la théorie de la relativité générale à la section de mathématique et de physique de l'Académie royale des sciences de Prusse, qui la publie le 2 décembre[22].
74
+ Les « équations du champ » sont la clé de voûte de cette théorie. Elles décrivent le comportement du champ de gravitation (la métrique de l’espace-temps) en fonction du contenu énergétique et matériel. La théorie de la relativité ainsi que ses ouvrages de 1905 et 1916 forment la base de la physique moderne.
75
+
76
+ La théorie de la relativité générale publiée, Einstein recommence à travailler sur la physique des quanta et introduit en 1916 la notion d'émission stimulée qui lui permet de retrouver la loi de Planck à partir d'hypothèses purement quantiques sur la façon dont les quanta de lumière (photons) sont absorbés et émis par les atomes[23]. Cette idée fructueuse est à la base du développement du maser et du laser. La même année, Einstein montre qu'il convient d'associer une quantité de mouvement au quantum de lumière ; cette hypothèse sera validée par l'expérience en 1923 grâce aux travaux d'Arthur Compton sur la diffusion des rayons X[23].
77
+
78
+ La relation d'Einstein avec la physique quantique alors naissante est remarquable : d’un côté, nombre de ses travaux sont à la base du développement de cette nouvelle physique, comme son explication de l’effet photoélectrique ; d’un autre côté, il critiquera beaucoup d’idées et d’interprétations de la mécanique quantique, son non-déterminisme en particulier. Le débat entre le groupe formé par Einstein et Erwin Schrödinger et celui de Niels Bohr et Werner Heisenberg se situait à la frontière de la physique et de la philosophie.
79
+
80
+ En 1927, invité au cinquième congrès Solvay, il a de nombreuses conversations avec Niels Bohr à ce sujet. Il dit alors : « Gott würfelt nicht » (« Dieu ne joue pas aux dés ») pour marquer son opposition à l’interprétation probabiliste de la physique quantique, ce à quoi Niels Bohr répondit : « Qui êtes-vous, Albert Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? » Le paradoxe EPR qu’il précise en 1935 avec Boris Podolsky et Nathan Rosen à Princeton reste aujourd’hui un exemple important d'une tentative pour questionner les fondements de la mécanique quantique.
81
+
82
+ Pour vérifier la relativité générale, une mesure de la déviation des rayons lumineux aux alentours d’une masse lors d’une éclipse solaire est envisagée. La première expédition est prévue en 1915, mais est rendue impossible par la Première Guerre mondiale. En 1919, Arthur Eddington réalise cette mesure et annonce que les résultats sont conformes à la théorie d’Einstein. Grâce à cette expérience, Einstein devient célèbre du jour au lendemain. Le fait qu'une théorie allemande ait été vérifiée par un Anglais un an après la Première Guerre mondiale, fait office de symbole en faveur de la paix[24].
83
+
84
+ Il apparaît bien plus tard qu’en raison du temps nuageux, la marge d’erreur était bien supérieure au phénomène à mesurer[25]. En 1980, les philosophes des sciences John Earman et Clark Glymour affirment qu'Eddington a biaisé la sélection des données qu'il a recueillies ; leur propos est repris en 1993 par Harry Collins et Trevor Pinch. En revanche, l'expérience est validée par le physicien Daniel Kennefick. Celui-ci souligne que l'analyse nuancée d'Earman et Glymour a été instrumentalisée pour répandre l'idée selon laquelle la théorie de la relativité n'a obtenu de succès que par la grâce de la diplomatie (Eddington souhaitant mettre fin à la mise au ban des scientifiques allemands), voire pour répandre la défiance à l'égard des scientifiques[26]. Le physicien Stephen Hawking commente en 1988 dans son ouvrage Une brève histoire du temps que ce genre de faux bon résultat est courant quand on sait à quoi s’attendre. Comme d’autres mesures avaient entre-temps confirmé la déviation de la lumière, la validité de la relativité générale n’en fut pas ébranlée.
85
+
86
+ Les positions politiques prises par Einstein sont marquées par ses opinions socialistes et pacifistes, relativisant ces dernières parfois, par exemple en déconseillant l’objection de conscience à un jeune Européen lui ayant écrit pendant les années 1930, « pour la sauvegarde de son pays et de la civilisation ». Toutefois, il prône régulièrement l'objection de conscience. Par exemple, à propos de la lutte contre les armements et les comportements belliqueux, il écrit :
87
+
88
+ « Je soutiens que le moyen violent du refus du service militaire reste le meilleur moyen. Il est préconisé par des organisations qui, dans divers pays, aident moralement et matériellement les courageux objecteurs de conscience[27]. »
89
+
90
+ En 1913, il est cosignataire d’une pétition pour la paix que trois autres savants allemands acceptent de signer. Einstein éprouve une forte antipathie vis-à-vis des institutions militaires, publiant dès 1934 :
91
+
92
+ « La pire des institutions grégaires se prénomme l’armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d’une musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait. Nous devrions faire disparaître le plus rapidement possible ce cancer de la civilisation[28]. »
93
+
94
+ Einstein est lié à de nombreuses causes pacifistes, car il se montre ouvert aux propositions multiples de soutien qu’il reçoit, et accepte souvent de s’engager pour les causes qu’il juge justes.
95
+ Einstein apporte un soutien marqué aux mouvements sionistes. En 1920, il accompagne ainsi le chef de file sioniste Chaim Weizmann aux États-Unis au cours d’une campagne de récolte de fonds. Il se rend également en Palestine mandataire dans le cadre de l’inauguration de l’université hébraïque de Jérusalem à laquelle il lègue plus tard ses archives personnelles. Ses apparitions donnent un prestige politique à la cause sioniste. À la suite d'une invitation à s’établir à Jérusalem, il écrit dans son carnet de voyage que « le cœur dit oui […] mais la raison dit non ». Selon Tom Segev, Einstein apprécie son voyage en Palestine et les honneurs qui lui sont faits. Il marque néanmoins sa désapprobation en voyant des Juifs prier devant le mur des Lamentations ; Einstein commente qu’il s’agit de personnes collées au passé et faisant abstraction du présent[29]. Ben Gourion lui propose en 1952 la présidence de l’État d’Israël, qu’il refuse :
96
+
97
+ « J'ai passé ma vie à étudier des problèmes objectifs et je manque à la fois de l'aptitude naturelle et de l'expérience nécessaires pour traiter des problèmes humains et exercer des fonctions officielles[30]. »
98
+
99
+ Il a une vision clairvoyante de sa situation entre les deux guerres. Il écrit dans une remarque à la fin d'un article écrit pour le Times de Londres :
100
+
101
+ « Je passe actuellement en Allemagne pour un savant allemand et en Angleterre pour un juif suisse. Supposons que le sort fasse de moi une bête noire, je deviendrai au contraire un juif suisse en Allemagne, et un savant allemand en Angleterre[31]. »
102
+
103
+ Il reçoit des menaces de mort dès 1922. De violentes attaques ont lieu contre sa théorie de la relativité en Allemagne et en Russie. Philipp Lenard, « chef de la physique aryenne ou allemande » attribue à Friedrich Hasenöhrl la formule E=mc2 pour en faire une création aryenne[32],[33]. Einstein démissionne de l’académie de Prusse en 1933, et il est exclu de celle de Bavière. En mars 1933, en tant que président d'honneur de la Ligue contre l'antisémitisme, il lance un appel aux peuples civilisés de l'univers, tâchant « d'éveiller la conscience de tous les pays qui restent fidèles à l'humanisme et aux libertés politiques » ; dans cet appel il s'élève contre « les actes de force brutale et d'oppression contre tous les gens d'esprit libre et contre les juifs, qui ont lieu en Allemagne[34] ». Cette année-là, Einstein est en voyage à l’étranger, et il choisit de ne pas revenir en Allemagne, où Hitler a pris le pouvoir en janvier. Après un séjour en Belgique, il décline une proposition de la France de l’accueillir comme professeur au Collège de France, et part pour les États-Unis, à Princeton[35].
104
+
105
+ Le 2 août 1939, il signe une lettre, rédigée par les physiciens Léo Szilard et Eugène Wigner, destinée à Roosevelt, qui aurait pu contribuer à enclencher le projet Manhattan[19], ceci étant à l'opposé de l'intention d'origine de la lettre, qui ne se voulait que préventive des risques potentiels que les récentes découvertes scientifiques pourraient causer (celles-ci permettraient en effet la réalisation de « bombes d'un nouveau type et extrêmement puissantes »).
106
+
107
+ Après la guerre, Einstein milite pour un désarmement atomique mondial, jusqu’au seuil de sa mort en 1955, où il confesse à Linus Pauling : « j’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé cette lettre [de 1939]. »
108
+
109
+ Après la Seconde Guerre mondiale, son engagement vis-à-vis des communautés juives et Israël est nuancé par ses opinions pacifistes. Il préface le Livre noir, recueil de témoignages sur l’extermination des juifs en Russie par les nazis pendant la guerre[36]. Et en décembre 1948, il cosigne une lettre condamnant le massacre de Deir Yassin commis par des combattants israéliens de l’Irgoun et du Lehi pendant la guerre de Palestine de 1948[37].
110
+
111
+ Pendant la guerre froide, il s’exprime contre la course aux armements et appelle, par exemple avec Bertrand Russell et Joseph Rotblat, les scientifiques à plus de responsabilités, les gouvernements à un renoncement commun à la prolifération des armes atomiques et à leur utilisation et les peuples à chercher d’autres moyens d’obtenir la paix (création du Comité d’urgence des scientifiques atomistes en 1946, manifeste Russell-Einstein en 1954).
112
+
113
+ Einstein s’est exprimé sur ses convictions socialistes en 1949, en pleine période du maccarthysme, dans un essai intitulé Pourquoi le Socialisme, publié dans la Monthly Review[38],[39]:
114
+
115
+ « Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle. »
116
+
117
+ Il lui semble que le principe du gouvernement des peuples par eux-mêmes, le fait de travailler pour eux-mêmes, est plus propice à l’épanouissement individuel que celui de l’exploitation du grand nombre par une minorité. Mais il est déçu par ce qu’il peut apprendre de l’Union soviétique et il considère que les peuples doivent s’engager d’abord dans le pacifisme afin de mettre en place des conditions favorables à une évolution vers le socialisme. Sa correspondance révèle qu’il voit un rapprochement entre le maccarthysme et les événements des années 1930 en Allemagne. Il écrit au juge chargé de l’affaire Rosenberg pour demander leur grâce, et il aide de nombreuses personnes qui souhaitent immigrer aux États-Unis. Contacté par William Frauenglass, un professeur d’anglais de lycée suspecté de sympathies communistes, il rédige un texte dénonçant ouvertement le maccarthysme et encourageant les intellectuels à résister à ce qu’il qualifie de « mal ». Le FBI ouvre un dossier sur lui, disponible aujourd’hui sur leur site internet[40]. Joseph McCarthy attaque Einstein au Congrès en le traitant d’« ennemi de l’Amérique ». Sa secrétaire, Helen Dukas, est soupçonnée d’espionnage au service de l’URSS. Les médias américains se montrent virulents dans leur traitement de l’affaire et seules quelques personnalités, comme Bertrand Russell, prennent sa défense. L’affaire est classée en 1954, aucune preuve concluante n’ayant été apportée pour étayer ces accusations.
118
+
119
+ À Cassel, en 1923, se tient sous la présidence d'honneur[41] d'Albert Einstein le IIIe congrès de l'Association mondiale anationale (SAT), organisation à caractère socio-culturel et à vocation émancipatrice fondée à Prague en 1921 et dont la langue de travail neutre est l'espéranto. Quarante-deux savants de l'Académie des sciences émettent la même année un vœu en faveur de son enseignement en tant que « chef d'œuvre de logique et de simplicité ».
120
+
121
+ Après avoir fui l'Allemagne nazie, Einstein découvre, pendant son exil américain, l'ampleur de la discrimination raciale aux États-Unis. Vivant au milieu de la communauté noire de Princeton, il observe de près la ségrégation et s'investit au quotidien pour que les enfants noirs aient accès à la connaissance.
122
+
123
+ Refusant d'intervenir dans les universités qui pratiquent la ségrégation raciale, Einstein accepte pourtant de donner une conférence à l'université Lincoln en 1946 où il déclare : « Je suis de passage dans cet établissement au nom d’une cause qui en vaut la peine. En effet, les gens de couleur continuent d'être séparés des Blancs aux États-Unis. Cette séparation ne résulte pas d’une maladie des gens de couleur mais d’une maladie des Blancs. Il est impensable que je me taise à ce sujet. »
124
+
125
+ Il se lie d'amitié avec le chanteur noir Paul Robeson et devient, à ses côtés, un militant des droits civiques et de la lutte contre le racisme. Avec Robeson, Einstein milite aussi en faveur du soutien des États-Unis aux républicains espagnols qui combattent le franquisme ; tous deux s'attirent rapidement les foudres et la haine du directeur du FBI, J. Edgar Hoover, qui les considère comme des « ennemis d'État ».
126
+
127
+ Alors qu'il est harcelé par le FBI pour ses positions politiques, l'intellectuel noir et fondateur de la NAACP (Association pour la défense et la promotion des Noirs), W. E. B. Du Bois, sollicite le soutien d'Einstein pour sa défense devant la cour fédérale, qui s'apprête à le condamner pour haute trahison. Einstein se porte aussitôt garant pour Du Bois, ce qui embarrasse les juges et empêche une condamnation arbitraire de ce dernier.
128
+
129
+ Cet aspect de sa vie est resté largement méconnu et ignoré par la plupart de ses biographes[42].
130
+
131
+ Bien qu'Einstein ait rencontré un grand nombre de personnalités majeures de son époque, dans les domaines scientifique, politique et artistique, laissant une correspondance très riche, il se décrivait lui-même comme un véritable solitaire : « Je me sens lié réellement à l'État, à la patrie, à mes amis, à ma famille au sens complet du terme ; mais mon cœur ressent face à ces liens un curieux sentiment d'étrangeté, d'éloignement, et l'âge accentue encore cette distance[43]. »
132
+
133
+ Parmi ses relations célèbres, on compte une amitié avec la reine Élisabeth de Belgique, avec qui il joua du violon, Arnold Berliner dont il témoigne de l'affection lors de son 70e anniversaire[44], George Bernard Shaw au sujet duquel il écrit « on trouve rarement des hommes assez indépendants pour s'apercevoir des faiblesses et des sottises de leurs contemporains, sans en être affectés eux-mêmes[45] » ou le mathématicien et philosophe Bertrand Russell[46].
134
+
135
+ Modeste et pensant quant à lui que « Chacun doit être respecté dans sa personne et nul ne doit être idolâtré », il ironisait au sujet de sa célébrité et de ses effets : « Cela pourrait bien provenir du désir irréalisable pour beaucoup, de comprendre quelques idées que j’ai trouvées, dans une lutte sans relâche, avec mes faibles forces[43] ».
136
+
137
+ Sa première épouse, Mileva Maric est atteinte de coccygodynie, ce qui la rend boiteuse. C’est aussi une jeune femme brillante, élève du Polytechnicum. Elle tombe enceinte alors qu’ils ne sont pas encore mariés, et elle accouche en janvier 1902 chez ses parents, en Serbie, d’une fille prénommée Lieserl (Élisabeth) et dont on perd la trace[47]. Einstein se montra très dur avec elle, ainsi qu'avec sa compagne suivante, Elsa (doublement sa cousine)[48].
138
+
139
+ Il voit peu son fils Hans-Albert (né en 1904) qui, à l’âge adulte, travaille en Californie. La santé mentale de son autre fils, Eduard, né en 1910, se détériore brutalement alors qu’il est âgé de vingt ans, et il doit être interné une première fois en 1930 à la clinique psychiatrique universitaire de Zurich, où les médecins lui diagnostiquent une schizophrénie. Son père lui rend une dernière visite en 1933. Eduard meurt dans cette clinique en 1965[49]. D’abord critique envers la psychanalyse (« Il n'est peut-être pas toujours bon de fouiller dans l'inconscient. Croyez-vous que connaître le mouvement de tous les muscles qui composent nos jambes nous aiderait à marcher ? »[50]), il refuse que son fils Eduard suive un nouveau traitement psychanalytique[réf. nécessaire]. En 1933, il choisit cependant Sigmund Freud pour publier un échange de lettres intitulé Pourquoi la guerre ?.
140
+
141
+ Einstein écrit plusieurs textes traitant des relations entre science et religion. Dans son article paru en 1930[51], Einstein distingue trois formes de religion :
142
+
143
+ Lorsque, en 1929, le rabbin (en) Herbert S. Goldstein lui demande « Croyez-vous en Dieu ? », Einstein répond : « Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle lui-même dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains. »[52].
144
+
145
+ Einstein se réclame également du panthéisme de Spinoza dans son ouvrage Comment je vois le monde. Il définit le sentiment religieux du scientifique comme la croyance en l'intelligibilité du monde, et en une « raison supérieure » qui se dévoile dans « le monde de l'expérience ». Selon lui, les religions traditionnelles relèvent de l'histoire et de la psychologie[53].
146
+
147
+ Einstein a souvent utilisé le mot Dieu, comme dans ses célèbres formules « Dieu est subtil, mais pas malicieux »[54] ou « Dieu ne joue pas aux dés », cependant le sens qu’il donnait à ce mot fait l’objet de diverses interprétations. Une partie du clergé a considéré que les vues d’Einstein étaient compatibles avec la foi. À l’inverse, le Vatican dénonce alors « un authentique athéisme même s'il est dissimulé derrière un panthéisme cosmique »[55]. Si Einstein rejette les croyances traditionnelles, il se distingue personnellement des athées et répète qu’il est « un non-croyant profondément religieux ».
148
+
149
+ Une lettre manuscrite écrite en allemand un an avant sa mort, et adressée au philosophe Eric Gutkind, a été vendue sur eBay en octobre 2012 pour la somme de 3 000 100 $US[56],[57]. Einstein y écrivait :
150
+
151
+ « Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle, ne peut selon moi changer cela[58]. »
152
+
153
+ Einstein répondra d’ailleurs à un journaliste lui demandant s’il croit en Dieu : « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j’y crois[59]. »
154
+
155
+ Un militant de l’athéisme comme Richard Dawkins considère également que la position d’Einstein était seulement de l’athéisme poétiquement embelli[60]. Lors de la campagne d’affichage de slogans en faveur de l’athéisme sur les bus de Londres en 2008 (soutenue par Dawkins), une citation d’Einstein fut utilisée. Cela provoqua des protestations, cette utilisation ayant tendance à assimiler Einstein à un athée[61].
156
+
157
+ Dans ses mémoires, le diplomate Harry Kessler mentionne le fait d'avoir assisté à un échange entre l'une de ses connaissances et Einstein. À la question : « Professeur, est-ce vrai que vous êtes profondément religieux ? », Albert Einstein aurait répondu :
158
+
159
+ « Certainement, ça dépend des points de vue. Quand j'essaie de pénétrer avec nos moyens limités les secrets de la nature, on découvre derrière tous les rapports qu'on peut connaître quelque chose de très subtil, d'insaisissable, d'inexplicable. Ma religion, c'est le profond respect de ce qu'il y a au-delà des domaines que nous pouvons explorer. C'est ainsi en effet que je suis croyant[62]. »
160
+
161
+ En 1929 le Saturday Evening Post publie une interview d'Einstein par George Sylvester Viereck (en)[N 10]. Interrogé sur la personne de Jésus-Christ, Albert Einstein qualifie le Jésus de l'écrivain Emil Ludwig de peu profond, ajoutant que personne ne peut exprimer le christianisme avec un bon mot. Il accepte en revanche sans hésitation l'existence du Jésus historique. Il déclare d'ailleurs, concernant les Évangiles, que personne ne peut les lire « sans ressentir la présence réelle de Jésus. Sa personnalité résonne dans chaque mot. Aucun mythe n'est rempli d'une telle vie… ». Il déclare quelques lignes plus loin : « Aucun homme ne peut nier le fait que Jésus ait existé ou que ses paroles soient magnifiques. Bien que certaines aient été dites auparavant, personne ne les a exprimées si divinement. »[50],[63],[64]
162
+ Plus tard, interrogé par Denis Brian pour sa biographie Einstein : a life sur l'authenticité de ces phrases, Einstein a répondu : « Oui, c'est ce que je crois. »[65]
163
+
164
+ Albert Einstein a lu les grandes œuvres de philosophie, notamment celle d'Ernst Mach, qui eut une influence philosophique dans sa jeunesse, amenant le physicien à réfuter la conception mécaniste qui est à la base de l'acceptation de la mécanique classique[66]. Albert Einstein marque son intérêt pour la vision de l’humanité que propose Friedrich Nietzsche[réf. nécessaire], et certaines idées présentes dans les réflexions de Spinoza[67]. Il propose une nouvelle vision du monde moderne par ses travaux scientifiques comme par ses ouvrages non scientifiques. Ainsi, dans son ouvrage Comment je vois le monde publié en 1934, un an après son installation aux États-Unis, Albert Einstein présente sa vision de l’humanité, et pose la question de la place de la science vis-à-vis de l’humanité.
165
+
166
+ En tout état de cause, les travaux d'Einstein ont fait abandonner en philosophie l'idée d'un temps absolu dans lequel baignerait un espace qui en serait séparé. Cette position novatrice[68] avait en son temps amené Bergson à le rencontrer.
167
+
168
+ Albert Einstein s'intéresse aux questions du sionisme et de l'antisémitisme durant l'entre-deux-guerres, surtout entre 1919 et 1930, période pendant laquelle Einstein a produit de nombreux écrits attestant de ses positions sur ces questions[69].
169
+
170
+ Durant l'entre-deux-guerres, il se rend en Palestine pour participer à la création de l'université hébraïque de Jérusalem ; il en sera gouverneur non-résident jusqu'à sa mort en 1955 et léguera tous ses écrits et son patrimoine intellectuel à cette université[70].
171
+
172
+ Albert Einstein étudia les mathématiques auprès de professeurs comme Adolf Hurwitz ou Hermann Minkowski, mais reconnaît dans ses Documents autobiographiques (Œuvres choisies) que son « intuition dans le domaine des mathématiques n'était pas assez forte pour distinguer avec sûreté ce qui est essentiel et fondamental du reste. (…) Mon intérêt pour la connaissance de la nature était réellement plus fort ; et du temps de mes études, il ne m'était pas évident que l'accès à une connaissance plus approfondie des principes de la physique passe obligatoirement par les méthodes mathématiques les plus raffinées ».
173
+
174
+ D'ailleurs, Albert Einstein, en 1921, lors de la conférence berlinoise intitulée la géométrie et l'expérience (conférence considérée comme le texte épistémologique le plus important d'Einstein, selon l'étude de Michel Paty, Einstein philosophe), déclara des propos confirmant la « destitution » de la géométrie euclidienne :
175
+
176
+ « Pour autant que les propositions de la mathématique se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines, et pour autant qu'elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité. »
177
+
178
+ Cette prise de distance très significative chez Einstein, par rapport aux mathématiques, trouve sa description dans un ouvrage de 1917, La Théorie de la relativité restreinte et généralisée mise à la portée de tous : la configuration géométrique/mathématique du monde devient elle-même quelque chose de relatif, dépendant de la distribution des masses et de leur vitesse.
179
+
180
+ Contrairement à la citation qui lui est attachée par de nombreuses publications, en particulier celle de l’astrologue Élizabeth Teissier, Einstein ne croyait pas en l’astrologie.
181
+
182
+ La citation apocryphe qui lui est attribuée est : « L’astrologie est une science en soi, illuminatrice. J’ai beaucoup appris grâce à elle et je lui dois beaucoup. Les connaissances géophysiques mettent en relief le pouvoir des étoiles et des planètes sur le destin terrestre. À son tour, en un certain sens, l’astrologie le renforce. C’est pourquoi c’est une espèce d’élixir de vie pour l’humanité. ».
183
+
184
+ Ce faux a pour origine le Huters astrologischer Kalender de 1960, publié en 1959. La phrase a donc été forgée environ cinq ans après la mort d’Einstein[71].
185
+
186
+ Son opinion négative sur l’astrologie est exprimée dans une introduction écrite en 1951 pour l’ouvrage de Carola Baumgardt[72]. Einstein rappelle que Kepler avait su accepter l’idée que l’expérience seule pouvait décider de la validité d’une théorie mathématique, aussi belle soit-elle. Il cite alors l’astrologie comme illustration, dans la pensée képlérienne, d’un reste de manière de penser animiste et téléologiquement orientée[73] omniprésente dans les recherches « scientifiques » de l’époque[N 11].
187
+
188
+ Albert Einstein soutient la cause végétarienne. Il considère le végétarisme comme un idéal sans pourtant le pratiquer lui-même malgré quelques problèmes de conscience[74]. Ses arguments se basent principalement sur des raisons de santé, mais il croit également à l’effet bénéfique du régime végétarien sur le tempérament des hommes[75]. Un an avant sa mort, il décide de mettre en pratique ses idées et entame un régime végétarien[76],[77].
189
+
190
+ On peut trouver les raisons philosophiques de ce choix dans son livre Comment je vois le monde, concernant sa judaïté :
191
+
192
+ « Les points essentiels de la conception juive de la vie paraissent les suivants : affirmation du droit à la vie pour toutes les créatures ; la vie de l'individu n'a de sens qu'au service de l'embellissement et de l'ennoblissement de l'existence de tous les êtres vivants ; la vie est sacrée, c'est-à-dire qu'elle est la valeur suprême d'où dépendent toutes les évaluations. »
193
+
194
+ — Albert Einstein, Comment je vois le monde, « Les idéaux juifs ».
195
+
196
+ Einstein a aussi inventé des appareils et déposé de nombreux brevets en collaboration avec des amis :
197
+
198
+ De nombreuses citations célèbres sont erronément attribuées à Einstein de façon fréquente, par exemple, « Insanity is doing the same thing over and over again and expecting different results » (« La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à en attendre des résultats différents »). Le véritable auteur de cette citation est Rita Mae Brown, dans Sudden Death[81].
199
+
200
+ Il est fréquemment allégué qu'Einstein était gaucher[82]. Cependant, d'après son biographe Hans-Josef Küpper, Einstein était droitier[83]. Il écrivait de la main droite[84] et l'autopsie de son cerveau confirme une symétrie entre les hémisphères typique des droitiers[85].
201
+
202
+ Par ailleurs, une sélection des œuvres d’Einstein, notamment ses articles scientifiques originaux, sont disponibles en traduction française commentée sous le titre Œuvres choisies aux éditions du Seuil/CNRS éditions, dans la collection Sources du savoir (6 volumes parus depuis 1989).
203
+
204
+ L’Institut technique de Californie (Caltech) publie, avec l’aide de l’université hébraïque de Jérusalem, l’intégrale des écrits d’Einstein, The Einstein Papers Project. C’est une édition plutôt destinée aux bibliothèques[86].
205
+
206
+ Le physicien et philosophe des sciences Étienne Klein écrit :
207
+
208
+ « À cette sorte d'intellectuel total qui fut également un héros populaire on a consacré, de son vivant et après, plus de 2 000 livres, des millions d'articles, des centaines de documentaires[87] ».
209
+
210
+ En 1978, le journaliste Steven Levy apprend par son employeur, le journal New Jersey Monthly, que le cerveau du savant aurait été conservé. Son employeur lui demande alors de le trouver[88].
211
+
212
+ Levy est accompagné par un cameraman durant sa quête et le film est diffusé dans les années 1990 à la télévision en France. Après une longue enquête, il retrouve en effet le cerveau d'Einstein à Wichita (Kansas), chez le pathologiste qui avait procédé à son extraction, le Dr Thomas Harvey. Cette information souleva l’intérêt des médias.
213
+
214
+ Le Dr Harvey déclara qu’il n’avait rien trouvé de particulier dans la structure physique du cerveau d’Einstein pouvant expliquer son génie. Mais de plus récentes études, parues notamment dans Science et Vie, concluent que le cerveau d’Einstein possédait un nombre élevé d’astrocytes. Selon le premier médecin autorisé à autopsier le cerveau d'Albert Einstein dans les années 1980, Marian Diamond, certaines zones de son cerveau, réservées aux tâches les plus hautes, possédaient une proportion de cellules gliales extrêmement élevée : « tout indique que les cellules gliales occupent une place déterminante dans le développement de l'intelligence[89] ».
215
+
216
+ Dans Mythologies, Roland Barthes écrivit un texte au sujet du cerveau d'Einstein, en restituant les fantasmes que celui-ci anime : comment donc est le cerveau d'un génie ? Il s'avère, et c'est là tout l'intérêt de la situation à en croire la plume de Barthes, que le cerveau dudit « génie » n'avait rien d'atypique[90].
217
+
218
+ Une étude approfondie de la structure du cerveau révèle également que la scissure de Sylvius présente une inclinaison particulière, augmentant la taille de la zone du raisonnement abstrait au détriment de la zone du langage, ce qui pourrait expliquer qu’Einstein ait supposément été un parleur tardif.
219
+
220
+ En 2014, le neurologue américain Terence Hines publie une étude qui remet en cause la méthodologie et les conclusions qui ont été tirées avec trop d'enthousiasme[91], faisant suite à d'autres controverses[92].
221
+
222
+ kannur (Inde).
223
+
224
+ Washington (États-Unis).
225
+
226
+ Montevideo (Uruguay).
227
+
228
+ Szeged (Hongrie).
229
+
230
+ Valladolid (Espagne).
231
+
232
+ Los Angeles (États-Unis).
233
+
234
+ Jinshan (Taïwan).
235
+
236
+ Avec Carlos Vaz Ferreira (Uruguay).
237
+
238
+ De Haan (Belgique).
239
+
240
+ par Jacob Epstein au musée de Birmingham, 1933.
241
+
242
+ par (de) Horst Ankermann.
243
+
244
+ Umsa Middle School, Corée du Sud.
245
+
246
+ par Jacob Epstein au musée Fitzwilliam de Cambridge.
247
+
248
+ à Princeton.
249
+
250
+ par (de)Hermann Hubacher au musée de Zurich, 1957.
251
+
252
+ au Musée des Sciences de Jérusalem.
253
+
254
+ à Ankara (Turquie).
255
+
256
+ par (hu) Vetró András.
257
+
258
+ au quartier Moabit de Berlin.
259
+
260
+ à l'université de Tel Aviv.
261
+
262
+ Israël, 1956.
263
+
264
+ Etats-Unis, 1966.
265
+
266
+ RDA, 1978.
267
+
268
+ RFA, 1979.
269
+
270
+ URSS, 1979.
271
+
272
+ RDA, 1979.
273
+
274
+ Roumanie, 1998.
275
+
276
+ Allemagne, 2005.
277
+
278
+ Roumanie, 2005.
279
+
280
+ Roumanie, 2014.
281
+
282
+ It was, of course, a lie what you read about my religious convictions, a lie which is being systematically repeated. I do not believe in a personal God and I have never denied this but have expressed it clearly. If something is in me which can be called religious then it is the unbounded admiration for the structure of the world so far as our science can reveal.
283
+
284
+ « Now my editor wanted to know where the brain was. And he wanted me to find it. »
285
+
286
+ Sur les autres projets Wikimedia :
287
+
288
+ Cette bibliographie contient quelques ouvrages pour aborder le personnage d’Einstein et son œuvre. Pour des ouvrages plus techniques, le lecteur se reportera aux bibliographies des articles spécialisés citées ci-dessous.
fr/1090.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,296 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
2
+
3
+ Ordre
4
+
5
+ Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
6
+
7
+ Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
8
+
9
+ Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
10
+
11
+ Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
12
+
13
+ Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
14
+
15
+ Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
16
+
17
+ Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
18
+
19
+ Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
20
+
21
+ Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
22
+
23
+ Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
24
+
25
+ Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
26
+
27
+ Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
28
+
29
+
30
+
31
+ La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
32
+
33
+ Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
34
+
35
+ Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
36
+
37
+ La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
38
+
39
+ Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
40
+
41
+ Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
42
+
43
+ L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
44
+
45
+ D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
46
+
47
+ Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
48
+ La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
49
+
50
+ Il peut prendre des formes très variées.
51
+
52
+ Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
53
+
54
+ Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
55
+
56
+ La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
57
+
58
+ Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
59
+
60
+ Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
61
+
62
+ Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
63
+
64
+ Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
65
+
66
+ Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
69
+
70
+ Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
71
+
72
+ En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
73
+
74
+ Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
75
+
76
+ Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
77
+
78
+ En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
79
+ Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
80
+
81
+ Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
82
+
83
+ Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
84
+
85
+ Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
86
+
87
+ De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
88
+
89
+ Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
90
+
91
+ En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
92
+
93
+ La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
94
+
95
+ Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
96
+
97
+ L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
98
+
99
+ Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
100
+
101
+ Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
102
+
103
+ Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
104
+
105
+ Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
106
+
107
+ Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
108
+
109
+ Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
110
+
111
+ Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
112
+ Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
113
+
114
+ Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
115
+ Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
116
+
117
+ Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
118
+ Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
119
+
120
+ Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
121
+
122
+ Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
123
+
124
+ Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
125
+
126
+ Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
127
+
128
+ Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
129
+
130
+ Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
131
+
132
+ En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
133
+
134
+ En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
135
+
136
+ Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
137
+
138
+ De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
139
+
140
+ Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
141
+
142
+ Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
143
+
144
+ Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
145
+
146
+ L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
147
+
148
+ En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
149
+
150
+ En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
151
+
152
+ Selon ITIS:
153
+
154
+ Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
155
+
156
+ Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
157
+
158
+ Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
159
+
160
+ Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
161
+
162
+ Pteropodidae
163
+
164
+ Rhinopomatidae
165
+
166
+ Craseonycteridae
167
+
168
+ Megadermatidae
169
+
170
+ Rhinonycteridae
171
+
172
+ Hipposideridae
173
+
174
+ Rhinolophidae
175
+
176
+ Mystacinidae
177
+
178
+ Furipteridae
179
+
180
+ Noctilionidae
181
+
182
+ Thyropteridae
183
+
184
+ Mormoopidae
185
+
186
+ Phyllostomidae
187
+
188
+ Myzopodidae
189
+
190
+ Nycteridae
191
+
192
+ Emballonuridae
193
+
194
+ Natalidae
195
+
196
+ Molossidae
197
+
198
+ Miniopteridae
199
+
200
+ Cistugidae
201
+
202
+ Vespertilionidae
203
+
204
+ La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
205
+
206
+ Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
207
+
208
+ Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
209
+
210
+ L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
211
+
212
+ D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
213
+
214
+ Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
215
+
216
+ À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
217
+
218
+ Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
219
+
220
+ De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
221
+
222
+ En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
223
+
224
+ Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
225
+
226
+ Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
227
+
228
+ 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
229
+
230
+ Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
231
+
232
+ Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
233
+
234
+ Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
235
+
236
+ Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
237
+
238
+ Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
239
+
240
+ Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
241
+
242
+ Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
243
+
244
+ Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
245
+
246
+ Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
247
+
248
+ Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
249
+
250
+ Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
251
+
252
+ Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
253
+
254
+ Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
255
+
256
+ Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
257
+
258
+ Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
259
+
260
+ La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
261
+
262
+ Armes de Barcelone.
263
+
264
+ Armes de Valence (Espagne).
265
+
266
+ Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
267
+
268
+ Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
269
+
270
+ Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
271
+
272
+ Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
273
+
274
+ Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
275
+
276
+ La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
277
+
278
+ Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
279
+
280
+ La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
281
+
282
+ La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
283
+
284
+ Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
285
+
286
+ Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
287
+
288
+ Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
289
+
290
+ Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
291
+
292
+ La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
293
+
294
+ La bibliographie et les liens externes sont à corriger. Améliorez-les !
295
+
296
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1091.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,205 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ modifier
4
+
5
+ Christophe Colomb (en italien : Cristoforo Colombo ; en espagnol : Cristóbal Colón), né en 1451 sur le territoire de la république de Gênes et mort le 20 mai 1506 à Valladolid, est un navigateur génois au service des monarques catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon célèbre pour avoir « découvert l'Amérique » en 1492. Il est chargé par la reine Isabelle d'atteindre l'Asie orientale (« les Indes ») en traversant l'océan Atlantique avec trois caravelles dont il est « l'amiral » ; dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, après un peu plus de deux mois de navigation, il accoste sur une île de l'archipel des Bahamas à laquelle il donne le nom de San Salvador.
6
+
7
+ Colomb est alors persuadé qu'il a accompli sa mission et qu'il se trouve aux Indes, donnant aux habitants de ces régions, issus de migrations préhistoriques en provenance d'Asie, le nom d'« Indiens ». Lorsqu'il meurt 14 ans plus tard, après trois autres voyages au service de l'Espagne, dont un dans l'actuel Venezuela (août 1498), il n'a pas compris qu'il a atteint une toute autre terre.
8
+
9
+ Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur pour le compte des souverains espagnols, qui le nomment avant son premier départ amiral, vice-roi des Indes et gouverneur général des territoires qu'il découvrirait. La découverte des Caraïbes marque le début de la colonisation de l'Amérique par les Européens et fait de Colomb un acteur majeur des grandes découvertes des XVe et XVIe siècles. L'arrivée de Christophe Colomb à San Salvador est la première étape de l'exploration systématique et de la colonisation européenne du continent américain.
10
+
11
+ Il n'est pourtant pas le premier navigateur à avoir traversé l'océan Atlantique depuis l'Europe : des expéditions l'ont précédé, notamment des Vikings venus d'Islande se sont établis pendant plusieurs décennies au Groenland jusque dans des régions de l'est de l'actuel Canada, mais ces expéditions n'avaient pas produit de documentation connue dans les pays d'Europe de l'ouest.
12
+
13
+ L'historiographie de la civilisation occidentale retient Christophe Colomb comme le « découvreur de l'Amérique » et en fait l'événement le plus important marquant le passage du Moyen Âge aux temps modernes[2] dans un ensemble d'événements et de transformations majeurs. Si le nom de Colomb est associé à plusieurs terres d'Amérique (Colombie, grande Colombie, Colombie-Britannique) celui d' « Amérique » est donnée d'après l'explorateur Amerigo Vespucci.
14
+
15
+ Le lieu de naissance de Colomb est incertain mais il est aujourd'hui considéré comme d'origine ligure, des environs de Gênes. Cette origine génoise du navigateur est établie au sein de la communauté des historiens depuis la fin du XIXe siècle (plus exactement 1892). Cependant, à l'occasion du 400e anniversaire de sa découverte de l'Amérique, de nombreuses régions se sont revendiquées être son lieu de naissance[3],[4].
16
+
17
+ Christophe Colomb serait né entre le 26 août et le 31 octobre 1451 sur le territoire de la république de Gênes[5]. Il est l'aîné des cinq enfants[6] de Domenico Colombo (tisserand originaire de Lombardie qui s'est installé à Gênes puis, à la suite de troubles politiques dans la cité, a déménagé à Savone en 1470 pour ouvrir un établissement de textile et une taverne) et de Susanna Fontanarossa. En tant qu'aîné, il devient probablement apprenti tisserand[7].
18
+
19
+ Son père aurait eu les moyens financiers suffisants pour l'envoyer à l'université de Pavie, où il étudie notamment la cosmographie, l'astrologie et la géométrie[8]. Il est très tôt influencé par le Livre des merveilles que l'explorateur vénitien Marco Polo écrivit après son retour (pendant son voyage en Orient et en Asie).
20
+
21
+ Par les écrits de Christophe Colomb, on sait qu'il a puisé ses idées sur les dimensions de la Terre de ses lectures de l'Imago Mundi de Pierre d'Ailly dont la rédaction a été terminée en 1410, l'Historia rerum ubique gestarum de Pie II (1477), le De commetudiribus et conditionibus orientalum régionum[citation nécessaire], un résumé latin du livre de Marco Polo, d'une traduction en italien de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, de la traduction en castillan des Vies parallèles des hommes illustres de Plutarque et la Géographie de Claude Ptolémée dans une édition parue à Rome en 1478. Ce sont surtout les trois premiers livres qui ont nourri ses réflexions. Il a fait 2 565 notes en marge de ces livres, 877 dans les traités de Pierre d'Ailly dont 475 pour l'Imago Mundi[9]. Il a noté en marge de l'Imago Mundi qu'il a navigué jusqu'au fort portugais de la Mine, vers 1482. En marge du livre écrit par le pape Pie II il a noté qu'il a fait un voyage vers l'Islande en 1477 et qu'il a vu « à Galway, en Hibernie (Irlande), dans deux barques à la dérive, un homme et une femme d'allure magnifique ».
22
+
23
+ Christophe Colomb prétend dans une de ses lettres avoir été matelot dès l'âge de dix ans[10]. Toujours selon la biographie de Fernand Colomb, après avoir commandé un navire au service de René d'Anjou combattant le roi d'Aragon et opéré en tant que corsaire en 1472, Christophe Colomb commence l'année suivante son apprentissage en tant que marchand au service des familles génoises Centurion, Di Negro et de Spinola[8]. Sa prétendue expédition commerciale sur l’île de Chios en 1474 lui permet de devenir financièrement indépendant de sa famille[11].
24
+
25
+ En 1476, il embarque sur un convoi en partance pour Lisbonne puis l'Angleterre. Le convoi est attaqué par les Français et Christophe Colomb se réfugie dans la ville portugaise de Lagos puis part chez son frère Bartolomeo Colomb, cartographe à Lisbonne.
26
+
27
+ Il épouse en 1479 Filipa Moniz d'une famille de petite noblesse portugaise, fille de Bartolomeu Perestrelo, capitaine-gouverneur de Porto Santo à Madère, avec qui commença la colonisation en 1425. Filipa meurt peu de temps après la naissance de leur seul fils, Diego Colomb, né possiblement en 1480 sur l'île Porto Santo (son second fils, Fernand, naîtra en 1488 d'une liaison avec Beatriz Enríquez de Arana). Christophe Colomb se perfectionne alors dans les sciences de la navigation, peut-être avec son frère ou avec les cartes que son épouse avait peut-être apportées en dot : les cartes des vents et des courants des possessions portugaises de l'Atlantique qui, peut-être, appartenaient à Bartolomeu Perestrelo[12].
28
+
29
+ C'est aux alentours de 1484 que Colomb forme l'idée de passer par l'Atlantique pour aller aux Indes orientales (« rejoindre le Levant par le Ponant »[13]). Il est en effet connu depuis les Grecs anciens que la Terre est ronde ; au Moyen Âge, l'idée de la Terre plate n'a jamais prévalu parmi les savants, contrairement à un mythe forgé à l'époque moderne. Aristote, Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin admettaient la sphéricité de la Terre et cette doctrine était enseignée par les dominicains espagnols[14],[15].
30
+
31
+ L'idée que des îles pouvaient exister à l'ouest de l'Afrique a été entretenue par la découverte des Açores qui apparaissent sur des cartes à la fin du XIVe siècle avant d'être redécouvertes en 1427, des îles Canaries au milieu du XIVe siècle et colonisées en 1402, des îles du Cap-Vert en 1456, et la présence de bois exotiques flottant sur les eaux apportés par des courants venant de l'Ouest. Il n'est pas impossible que des navigateurs aient pu aborder sur la côte brésilienne se trouvant à 370 lieues des îles du Cap-Vert car Jean II du Portugal a fait déplacer la limite du traité de Tordesillas en 1494, avant la découverte officielle de la côte du Brésil en 1500 par Pedro Álvares Cabral. Cependant les Portugais vont surtout s'intéresser à la colonisation de l'Afrique dont ils avaient obtenu le monopole par la bulle Æterni regis rédigée en 1481 par le pape Sixte IV.
32
+
33
+ Fernand Colomb et Bartolomé de las Casas citent une lettre écrite par Paolo Toscanelli le 23 juin 1474 à Fernam Martins pour éclairer le roi du Portugal Alphonse V et qui aurait été transmise à Christophe Colomb deux à trois ans plus tard par Toscanelli. Henry Vignaud a critiqué les affirmations du fils de Christophe Colomb et de Las Casas sur l'existence de cette carte[16]. Cependant, les affirmations d'Henry Vignaud sur une supercherie de Colomb qui aurait inventé cette correspondance de Toscanelli après son premier voyage n'est pas plus documentée[17]. Au moment où Christophe Colomb envisageait de faire son voyage vers l'ouest, Martin Behaim a réalisé son globe à Nuremberg, en 1492, après avoir séjourné au Portugal. Hieronymus Münzer a écrit en 1493 au roi Jean II du Portugal pour l'engager à faire des recherches maritimes vers l'ouest[18].
34
+
35
+ Ératosthène avait donné une estimation à peu près exacte de sa circonférence, mais les textes grecs sont mal connus à l'époque. Christophe Colomb a utilisé les estimations de Pierre d'Ailly. Dans le chapitre « De quantitate terre » de son livre Imago Mundi, Pierre d'Ailly reprend l'estimation d'Al-Farghani de 56 milles 2/3 pour la longueur d'un arc d'un degré. Mais Pierre d'Ailly en a transformé la valeur de la circonférence de la Terre de 20 400 milles en 10 200 lieues en donnant à la lieue une valeur de 2 milles[19]. Ce nombre paraissant exagéré à Christophe Colomb, il l'a transformé en adoptant pour valeur de la lieue marine la valeur de 4 milles. Il en a déduit un équateur d'environ 30 000 kilomètres au lieu de 40 075 kilomètres). Or les Arabes utilisaient un mille de 1 973 mètres et non le mille romain de 1 479 mètres. Pierre d'Ailly citait aussi les évaluations de Marin de Tyr, qui estimait que les terres habitées, de l'Espagne à la Chine, devaient s'étaler sur 225° au lieu des 130° réels, d'où une sous-estimation des mers les séparant[20].
36
+
37
+ Selon les mots de Michel Balard : « lumineuse erreur qui permet au navigateur de réduire les distances entre les îles Canaries et l'extrémité orientale du continent asiatique ! »[21]. Une grande partie de la communauté scientifique de l'époque estime réalisable un tel voyage et Jacques Heers précise : « […] les idées de Colomb ne s'inscrivent pas à contre-courant. Tout au contraire, elles nous paraissent exactement l'expression normale de la pensée géographique de son époque[22]. »
38
+
39
+ Ce qui distingue le projet du navigateur des hypothèses des érudits du temps — géographes et humanistes — qui estiment tous très probable l'existence d'îles nombreuses, voire de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer Océane, c'est son but : atteindre les rivages de la Chine, et avant cela du Japon, soit le royaume du Cathay et Cipango tels que décrits par Marco Polo[23].
40
+
41
+ Un groupe d'experts choisi par le roi de Portugal Jean II rejette cependant son projet sans appel[26].
42
+
43
+ Colomb va alors tenter sa chance en Castille au milieu de 1485. Il se rend avec son fils au monastère de La Rábida à Palos de la Frontera, où deux moines auxquels il se lie, Juan Pérez (es) et Antonio de Marchena (es), lui suggèrent de se rendre à Cordoue auprès de la reine Isabelle. Il est reçu par cette dernière en janvier 1486, mais une réponse négative lui est à nouveau rendue en 1490. En 1491, sa demande est en passe d'être acceptée, mais sa trop grande ambition fait échouer sa quête. Il veut notamment être vice-roi de toutes les terres découvertes et obtenir un titre de noblesse. C'est grâce à l'intervention du trésorier de la maison du roi, Louis de Santangel, ainsi que du prieur des dominicains de San Esteban de Salamanque, frère Diego de Deza, d'Hernando de Talavera, et de Juan Cabrero[27] que le projet est approuvé par la reine, quand il met en balance les retombées économiques potentielles — la découverte d'une nouvelle route vers les Indes permettrait de s'affranchir des intermédiaires orientaux — comparées à la modeste mise de fonds initiale requise[28].
44
+
45
+ Le 17 avril 1492, il signe près de Grenade, avec les Rois catholiques, les capitulations de Santa Fe, qui lui octroient notamment le titre de noblesse héréditaire d'« amiral de la mer Océane »[29], les titres de Vice-Roi et de Gouverneur général des territoires qu'il pourrait découvrir (la couronne d'Espagne lui accordant à cet effet des armoiries)[30], un dixième des richesses qu'il en retirerait[31] et un huitième du profit de son expédition[32].
46
+
47
+ Le voyage inaugural de Colomb est celui qui est le mieux connu des historiens. Comme l'écrit Jacques Heers : « Pour nous en tenir au temps de Colomb, de tous les voyages maritimes du temps (…) aucun ne peut être connu (…) avec tant de minutie et de sérieux. »[33] Deux documents écrits permettent de suivre les navires de l'explorateur : le Journal, dans la version donnée par Bartolomé de Las Casas, et la lettre à Santangel, écrite le 14 février 1493 sur la route du retour, sorte de bilan de son expédition adressée en Espagne.
48
+
49
+ Par ailleurs, à compter de 1938, l'amiral américain Samuel Eliot Morison a entrepris de refaire le périple du Génois et a pu, en ce qui concerne le premier voyage, « pointer sur la carte la position des navires chaque soir »[34],[35].
50
+
51
+ Le 3 août 1492, Colomb est au départ à Palos de la Frontera (Huelva) avec trois navires — deux caravelles, la Pinta et la Niña (choisie par le capitaine Martín Alonso Pinzón, qui l'a précédemment louée), et une caraque, la Santa María (qui ne prendra ce nom que lors des voyages ultérieurs de Colomb[36]) — et pas plus de 90 membres d'équipage[37].
52
+
53
+ Une première escale a lieu aux îles Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria du 9 août au 6 septembre (la route du sud a été choisie pour éviter les croisières portugaises au large des Açores). Là, Colomb et ses hommes approvisionnent en bois, en eau et en vivres. Les marins profitent de l'escale pour réparer les navires. Puis ils reprennent la mer en descendant le golfe de Guinée : Colomb est le premier à suivre les alizés, ces vents réguliers qui traversent l'océan d'est en ouest. Les marins s'inquiètent d'ailleurs de la force et de la régularité de ces vents, craignant de ne pas pouvoir les remonter au retour.
54
+
55
+ Dix jours plus tard, le 16 septembre, apercevant des masses d'herbes dans l'eau, les navigateurs croient être près de la terre ferme. Ils entrent en fait dans la mer des Sargasses, région située à environ 1 600 kilomètres des côtes américaines. L'océan Atlantique, recouvert de ces grandes algues, y est plutôt calme et les vents presque nuls. À partir du 19 septembre, les vents faiblissent fortement, immobilisant les bateaux. Une grande inquiétude finit par s'installer au sein de l'équipage.
56
+
57
+ Le 25 septembre, Martín Pinzón, le capitaine de la Pinta, croit voir une terre, mais cela n'est en fait qu'une illusion optique. Le vent finit par se lever à nouveau, mais les jours passent, et aucune terre n'est en vue. Colomb pense avoir dépassé les Indes orientales.
58
+
59
+ Le 7 octobre, l'autre frère Pinzón, Vicente, le commandant de la Niña, est également victime d'une illusion optique. Colomb a une idée : observant les oiseaux, il décide de changer de cap, vers l'ouest-sud-ouest (ce changement aurait également été imposé à Colomb par Martín Pinzón[38]). Ce changement va marquer son succès. Les 9 et 10 octobre, les marins montrent cependant de l'impatience, à la limite de la mutinerie, craignant que les navires ne soient perdus. De plus, les vivres et l'eau douce commencent à faire défaut.
60
+
61
+ Le 12 octobre 1492 à deux heures du matin, après une traversée quasi parfaite[39], un marin de la Pinta, Rodrigo de Triana, annonce que la terre est en vue ; attendant le lever du jour pour pouvoir accoster, les vaisseaux restent prudemment à deux heures des côtes. Promis à une récompense de quelques milliers de maravédis à celui qui verrait le premier la terre, Rodrigo Triana ne gagna nulle récompense parce que Colomb prétendit qu'il avait vu la côte en premier.
62
+
63
+ Dans la matinée, Colomb et les frères Pinzón prennent place dans une barque. Croyant être dans l'archipel nippon, le navigateur fait enregistrer la prise de possession de l'îlot pour le compte du roi d'Espagne par le notaire qui les accompagne. Il le baptise du nom du Christ : San Salvador (Guanahani pour les Indiens Taïnos) et s'en fait nommer vice-roi et gouverneur général.
64
+
65
+ La première rencontre avec les indigènes — que Colomb nomme « Indiens » car il pense avoir atteint les Indes orientales — est encore pacifique. Les habitants de ces îles, qui ne connaissent ni l’État ni la propriété privée, se montrèrent remarquablement amicaux. "C'était un peuple doux, pacifique et très simple". "Puis, quand les chaloupes se rendirent à terre pour y renouveler les provisions d'eau, ces Indiens non seulement s’empressèrent d'indiquer les meilleures sources, mais encore se mirent à la disposition des matelots pour emplir les tonneaux et les reporter aux bateaux"[40]. Ceux-ci lui apportent du coton, des perroquets et d'autres objets. L'interprète que le navigateur avait embarqué à son bord n'est pas d'une grande utilité…
66
+
67
+ Lors de ce premier contact, avec force gestes, répétitions et quiproquos, les Taïnos indiquent — ou les Espagnols comprennent — que de l'or se trouve en quantité importante sur une grande île au sud-est, habitée par des populations d'anthropophages qui leur sont hostiles.
68
+
69
+ Le 28 octobre, Colomb accoste dans une baie (aujourd'hui « baie de Bariay ») de cette île qu'il nomme alors Juana, en l'honneur du prince Don Juan, le fils des Rois catholiques : cette île est aujourd'hui connue sous le nom de Cuba. Il pense connaître parfaitement sa position sur le continent asiatique. Ses hommes et lui-même apprennent à fumer de grandes feuilles séchées : le tabac. Se croyant à Cipango (le Japon), Christophe Colomb envoie Luis de la Torre et Rodrigo de Jerez à la recherche du Grand Khan à l'intérieur des terres.
70
+
71
+ Le 12 novembre, les vaisseaux reprennent la mer, mais le 23 novembre, Colomb perd de vue la Pinta. Il accuse alors son capitaine Martín Alonso Pinzón d'avoir déserté. En réalité celui-ci est parti seul à la découverte de ce prétendu Japon tant convoité. Colomb retourne à Cuba. On lui évoque alors une île située à l'est de Cuba, que les indigènes appellent Bohio. Il appareille le 4 décembre.
72
+
73
+ Deux jours plus tard, le 6 décembre, la Niña et la Santa María mouillent dans une baie de l'île de Bohio (en réalité au « môle Saint-Nicolas » au nord-ouest d'Haïti), Colomb la baptise du nom d'Hispaniola (« L'Espagnole »), car elle lui rappelle les campagnes de la Castille. On la connaît aujourd'hui sous le nom de « Saint-Domingue ». Les habitants locaux se montrent plutôt craintifs, pensant que les Espagnols viennent du ciel. Des relations amicales se nouent cependant et les marins reçoivent un peu d'or.
74
+
75
+ Mais un événement malheureux se déroule au cours de la nuit du réveillon de Noël : alors que seul un mousse est à la barre de la Santa María — au mépris de toutes les règles de la marine — le navire vient s'échouer sur un récif dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492. Le navire est perdu et seule l'aide des Indiens permet de débarquer dans l'urgence la plus grande partie de la cargaison[41]. Colomb doit se résoudre à laisser 39 hommes sur place dans un petit fortin édifié dans la baie de La Navidad (située non loin de l'actuelle ville de Cap-Haïtien), avec le bois récupéré sur le navire échoué[42].
76
+
77
+ Alonso Pinzón est de retour. Il cherche à justifier sa recherche solitaire. Colomb, estimant qu'il vaut mieux ne pas se diviser, fait semblant d'accorder du crédit au récit de Pinzón. Longeant les côtes nord de l'île, les deux navires rescapés arrivent dans la baie de Samaná, ils y rencontrent les cannibales déjà évoqués. Plus agressifs que les Arawaks, ils déclenchent une escarmouche et Colomb décide de battre en retraite. Mais les marins en ont assez de leur vie dans ces îles, ils veulent rentrer en Europe. Christophe Colomb met le cap vers l'Espagne le 16 janvier 1493, aidé par de bons vents, plus au nord.
78
+
79
+ Le 12 février, la Pinta, commandée par Alonso Pinzón, disparaît de nouveau lors d'une tempête. Les marins de la Niña prennent peur et prient. Colomb craint de ne pas arriver en Espagne pour conter ses découvertes, il consigne celles-ci sur un parchemin qu'il entoure d'une toile cirée et met dans un tonneau qu'il jette à la mer, demandant à celui qui le découvrira de porter le parchemin au roi d'Espagne.
80
+
81
+ Trois jours après, le temps se calme. La Niña s'arrête dans une île de l'archipel portugais des Açores. Il est fraîchement reçu par le gouverneur portugais. Le 18 du mois, le vaisseau repart, mais une nouvelle tempête lui fait perdre son cap.
82
+
83
+ Le 4 mars, Colomb arrive dans l'estuaire du Tage. La nouvelle de sa découverte des « Indes » s'est déjà répandue. De tout Lisbonne, la population se précipite pour voir les Indiens qu'il a ramenés à son bord. Colomb apprend que la Pinta de Martín Pinzón , qui avait dérivé vers la Galice, est arrivée avant lui au port de Baiona.
84
+
85
+ Jean II, roi de Portugal, demande à voir l'explorateur. Le 9 mars, le roi le reçoit en audience privée et l'écoute avec attention, mais à la fin de l'entretien, affirme que c'est à lui que reviennent les découvertes de Colomb, compte tenu d'accords internationaux. Le découvreur quitte le Portugal le 13 mars pour Palos, qu'il atteint finalement le 15, en même temps que la Pinta. Le capitaine Alonso Pinzón meurt un mois plus tard.
86
+
87
+ Dès son retour à Palos, Colomb , reçu en héros par le roi et la reine d'Espagne, prépare rapidement une nouvelle expédition beaucoup plus ambitieuse avec une flotte de 17 navires et environ 1 500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires, ainsi que des chevaux (les premiers importés sur le continent américain), des bêtes de somme et du bétail. Son objectif est de fonder une colonie sur Hispaniola et de retrouver les 39 hommes qu'il a laissés dans la baie de la Navidad.
88
+
89
+ Il lève l'ancre pour ce nouveau voyage le 25 septembre 1493 de Cadix.
90
+
91
+ La première terre qu'il aperçoit, 21 jours après avoir quitté les îles Canaries est La Désirade qu'il baptise ainsi Desirada, tant la vue d'une terre fut désirée par l'équipage. Les autres îles ne sont pas loin.
92
+
93
+ Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda (Marie-Galante), du nom du navire amiral.
94
+
95
+ Une troisième se présente à l'horizon, où il débarquera : ce sera Dominica (la Dominique) puisqu'elle apparaît un dimanche matin.
96
+
97
+ Le lendemain matin, 4 novembre, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes. Colomb décide alors de jeter l'ancre devant cette île afin d'accorder quelques jours de repos à ses hommes. C'est la Basse-Terre de la Guadeloupe qu'il nomme Caloucaera (d'après le nom donné par les Caraïbes : « Karukera »). Cette terre sera rebaptisée « Santa María de Guadalupe de Estremadura » pour honorer une promesse (donner le nom de leur monastère à une île) initialement faite à des religieux lors d'un pèlerinage, ou qu'il s'était faite à lui-même lors des tempêtes de son précédent retour.
98
+
99
+ Puis il repart vers le nord en direction d'Hispaniola. Il aperçoit ensuite une petite île qu'il baptise Montserrat en référence, selon les sources, soit au massif de Montserrat[43], une montagne voisine de Barcelone, soit à l'abbaye de Montserrat située dans ce massif[44].
100
+
101
+ Le 11 novembre 1493, jour de la fête de saint Martin de Tours, Colomb baptise Saint-Martin une île aperçue au large ; une autre petite île aperçue à l'horizon reçoit le nom de Saint-Barthélemy en référence à son frère Bartolomeo.
102
+
103
+ Le 28 novembre, il revient à La Navidad, où il avait laissé un fortin de 39 hommes à la suite du naufrage de la Santa María : tous sont morts et le fort est détruit. Il l'abandonne pour fonder « La Isabela » le 2 janvier 1494, première colonie permanente du Nouveau Monde (actuellement localisée près de la ville domicaine de Puerto Plata), et passe les quatre mois suivants à organiser la première colonie espagnole du Nouveau Monde dont Bartolomeo a été nommé gouverneur, secondé par Giacomo, son troisième frère[45].
104
+
105
+ Le 2 février, il renvoie en Espagne douze bâtiments sous le commandement d'Antonio de Torres, à qui il confie un rapport destiné aux souverains catholiques, document qui a été conservé[46]. Le 24 avril, Colomb décide de reprendre une activité d'exploration et il part avec trois navires, dont la Niña, explorer l'Ouest pour, comme l'écrit Morison, « suivre la côte jusqu'au moment où il obtiendrait la preuve définitive du caractère continental de cette terre et, si possible, prendre contact avec le Grand Khan qui semblait toujours se dérober devant lui »[47].
106
+
107
+ Il suit la côte sud de Cuba. De là il part le 3 mai pour atteindre la côte nord de la Jamaïque[48]. Il reprend le 14 l'exploration de la côte sud de Cuba et continue de faire voile vers l'ouest. À moins de cinquante milles du cap Corrientes (es), Colomb décide que Cuba est bien une péninsule du continent asiatique. Il ordonne à tous les hommes qui l'accompagnent de le certifier par écrit et de s'engager à ne jamais affirmer le contraire sous peine d'une amende de mille maravédis[49].
108
+
109
+ Le 13 juin, il s'engage sur la route du retour et en profite pour faire le tour de la Jamaïque. La navigation dans les cayes est difficile. Il revient à La Isabela le 29 septembre, malade et déprimé, premiers signes d'une dégradation de son état de santé, due en grande partie à l'arthrite[50].
110
+
111
+ À Hispaniola, selon l'expression de Denis Crouzet, « un immense désastre a débuté »[51]. Les Espagnols exploitent les Indiens en leur imposant un tribut d'or et de coton. Ils sont nombreux à être réduits en esclavage. Les mauvais traitements, dont la torture, entraînent une très importante mortalité de la population. Les Indiens fuient et se réfugient dans les montagnes, abandonnant leurs activités agricoles, cédant au désespoir. Les rares insurrections sont matées avec la plus extrême férocité. Colomb déploie son énergie à « pacifier » l'île[52].
112
+
113
+ Colomb repart pour l'Espagne le 20 avril 1496 amenant avec lui 500 Arawaks. Deux cents meurent durant la traversée ; les survivants sont vendus comme esclaves[53]. Colomb contribue donc à faire disparaître la civilisation arawak. Il atteint Cadix le 11 juin.
114
+
115
+ Cette mise en esclavage d'Indiens et leur transport en Espagne ne furent pas acceptés par les Rois catholiques qui firent libérer les survivants et en tinrent rigueur à Colomb. Jacques Heers y voit l'origine de sa disgrâce, les souverains catholiques s'efforçant de protéger les populations des régions découvertes, qu'ils considéraient comme leurs sujets.
116
+
117
+ Il semble que ce soit à son retour du deuxième voyage que Colomb ait décidé de se vêtir désormais de l'habit des frères mineurs[54]. Il souhaite organiser tout de suite un troisième voyage mais les Rois catholiques sont occupés à contrer le royaume de France qui progresse en Italie, et ce n'est que le 23 avril 1497 qu'ils donnent les premières instructions pour préparer le prochain voyage[55],[56]. La préparation du voyage, affrètement des navires et enrôlement des équipages est longue et difficile.
118
+
119
+ Avant de partir, grâce à la faveur des souverains, Colomb établit le 22 février 1498 un majorat en faveur de son fils aîné Diego[57].
120
+
121
+ Le 30 mai 1498, les six navires commencent leur voyage dans l'Atlantique en passant la barre de Sanlúcar[58]. Colomb souhaite découvrir des terres au sud des Antilles, c'est pourquoi il descend d'abord jusqu'aux îles du Cap-Vert pour ensuite mettre le cap à l'ouest. Avant cela, au moment où la flotte fait escale à La Gomera (aux îles Canaries), trois navires commandés par Harana, Carjaval et Giovanni Colomb, partent directement ravitailler les colons d'Hispaniola[59].
122
+
123
+ Territoires visités : Saint-Vincent, Grenade, Trinité, Margarita.
124
+
125
+ Le 5 août 1498, Colomb atteint pour la première fois le continent américain lui-même, en débarquant sur la côte de l'actuel Venezuela.
126
+
127
+ Le 31 août, Colomb arrive à Hispaniola. Cela fait deux ans et neuf mois qu'il avait quitté l'île. Il la retrouve en proie à des troubles sévères orchestrés par Francisco Roldan que son frère Bartolomeo, capitaine général et président du Conseil des gouverneurs, a bien du mal à circonscrire.
128
+
129
+ En août 1500, Francisco de Bobadilla, émissaire des rois, débarque sur l'île et fait jeter les trois frères Colomb au cachot avant de les renvoyer en Espagne après avoir découvert avec horreur sept Espagnols pendus aux potences de la place publique de Saint-Domingue[60]. Fin octobre 1500, enchaîné dans la cale, il débarque à Cadix, humilié et accusé[61].
130
+
131
+ Colomb attend six semaines avant que les souverains le libèrent et l'invitent à les rejoindre à la cour, le réconfortant d'un don de 2 000 ducats[62]. En décembre 1500, il se rend à Grenade avec l'intention de faire réparer l'injustice dont il s'estime victime mais rien ne vient et l'Amiral écrit lettres sur lettres pour appuyer ses revendications. Le 13 septembre 1501, Nicolás de Ovando est nommé gouverneur et magistrat suprême des îles des Indes. Il ne reste alors à Colomb que son titre de vice-roi désormais strictement honorifique et ses privilèges. Il décide donc de repartir en voyage d'exploration pour essayer de trouver plus loin à l'ouest des Caraïbes le passage permettant d'atteindre les riches royaumes de l'Inde, toujours persuadé que Cuba est la province chinoise de Mangi. Le 14 mars 1502, les souverains donnent leur accord, lui donnent des instructions précises et financent l'expédition[63].
132
+
133
+ La flotte est composée de quatre caravelles pour cent quarante membres d'équipage dont une importante proportion de mousses : la Capitana, navire amiral, le Santiago, commandé par Bartolomeo Colomb, la Gallega et la Vizcaina[64]. Colomb n'emporte donc aucun ravitaillement pour Hispaniola que ses instructions lui intiment de ne pas aborder, sauf en cas d'extrême nécessité[65].
134
+
135
+ Aucun récit exhaustif ne décrit précisément les événements survenus lors de ce quatrième et dernier voyage entamé par Colomb le 11 mai 1502[66]. Il semble en effet que l'Amiral n'ait pas tenu de journal, et seul peut-être son fils Fernando, alors âgé de treize ans, aurait pris sous la dictée des observations de son père, dont quelques traces figurent dans l'histoire qu'il a écrite plus tard. Seule une relation abrégée écrite par Colomb vers les mois de juin/juillet 1503 à destination des rois est parvenue jusqu'à nous[67].
136
+
137
+ Le 15 juin 1502, il accoste au Carbet en Martinique, le 18, il atteint la Dominique et parvient le 24 devant Saint-Domingue[68]. Malgré l'interdiction royale d'aborder à cette île, Colomb a senti l'imminence d'un cyclone et souhaite abriter sa flotte.
138
+
139
+ Colomb navigue le long des côtes de l'actuel Costa Rica (île Uvita baptisée alors La Huerta), du Veragua et du Panama jusqu'en juin 1503. Il manque de peu de mourir de la malaria en Jamaïque, où il est secouru par les Indiens.
140
+
141
+ Ce sont des bateaux faisant eau de toute part que Colomb fait échouer dans la baie de Santa Gloria et haler sur le rivage de la Jamaïque le 25 juin 1503[69]. Les équipages vont y survivre un an. Un Espagnol, Diego Méndez, et quelques indigènes pagayent en canoë pour obtenir de l'aide de Hispaniola, mais le gouverneur, Nicolás de Ovando, qui déteste Colomb, fait obstruction à tous les efforts de sauvetage. Pendant ce temps, Colomb, dans un effort désespéré pour que les natifs continuent à l'approvisionner, regagne leurs faveurs en prédisant l'éclipse lunaire de mars 1504, à l'aide des tables astronomiques d’Abraham Zacuto[70],[71],[72]. Les secours arrivent finalement à la fin juin 1504.
142
+
143
+ Les survivants repartent pour l'Espagne le 12 septembre 1504, et arrivent le 7 novembre dans le port de Sanlúcar de Barrameda[73].
144
+
145
+ Il reste physiquement très diminué après son retour, souffrant en particulier d'une très invalidante goutte et de problèmes aux yeux, ce qui l'empêche dans un premier temps de se rendre à la cour royale qui s'est installée à Medina del Campo. De Séville, où il s'est installé, il y envoie son fils Ferdinand et son frère Bartolomeo afin qu'ils « s'occupent de ses affaires »[75]. Il reste en contact avec eux par lettres et par l'envoi d'émissaires, dont Amerigo Vespucci. Il travaille à essayer de faire reconnaître ses droits et les richesses qui lui reviennent. Il peut lui-même se rendre à la cour à l'été 1505, à dos de mule, permission temporaire accordée par le roi[76]. Son intervention auprès du souverain Ferdinand n'est pas plus décisive : ayant compris ce qu'impliquait la découverte de ces « Indes », le roi « n'entend nullement restituer à l'Amiral les prérogatives financières et gouvernementales » spécifiées le 30 avril 1493 au retour du premier voyage de Colomb[77].
146
+
147
+ Il meurt le 20 mai 1506 à Valladolid entouré de ses fils et de son frère, après avoir établi un testament qui confirme en particulier le majorat établi au profit de son fils aîné Diego. Il ne connaît pas la satisfaction de voir Diego nommé par le roi gouverneur d'Hispaniola en 1508.
148
+
149
+ Comme l'écrit l'historienne Marianne Mahn-Lot : « Il faut abandonner l'image romantique de l'homme de génie mourant méconnu, dans l'oubli et la misère. Jusqu'au bout, l'Amiral gardera des amis fidèles, parmi lesquels d'importants personnages. Et il recevra de grosses sommes sur les revenus des Indes — avec des retards et incomplètement, il est vrai. »[75]
150
+
151
+ Christophe Colomb est d'abord enterré dans l'église du couvent Saint-François de Valladolid (es) en gage de gratitude à l'ordre franciscain dans lequel il comptait beaucoup de protecteurs. Puis en 1529 Diego fait transférer les restes de Christophe Colomb dans la chapelle Sainte-Anne du monastère de la Cartuja à Séville où il avait trouvé refuge après son troisième voyage. En 1541[78], conformément aux volontés du défunt, la veuve de Diego obtient de Charles Quint que la dépouille soit transférée dans la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation de la ville de Saint-Domingue. C'est aussi dans ce lieu qu'au fil des années les trois fils de Diego seront inhumés.
152
+
153
+ Le 22 juillet 1795, le traité de Bâle donne à la France l'île de Saint-Domingue en compensation de territoires pyrénéens. Les Espagnols évacuent l'île et les restes de Colomb partent à La Havane, sur l'île de Cuba, restée colonie espagnole.
154
+
155
+ En 1898, quand Cuba devient indépendante après la guerre hispano-américaine, les restes de Colomb reviennent en Espagne[79] et un tombeau monumental est construit dans la cathédrale de Séville.
156
+
157
+ En 1877, on découvre dans la cathédrale de Saint-Domingue un coffret en plomb contenant des restes d'os et portant l'inscription « Varón ilustre y distinguido Cristóbal Colón[80] ». Depuis cette date, les autorités de la République dominicaine affirment que le corps transféré à Cuba n'était pas celui de Colomb. En 1992, les restes découverts en 1877 sont placés dans le phare de Colomb un monument construit pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte du Nouveau Monde.
158
+
159
+ En 2006, des analyses ADN confirment que le corps de Séville est au moins apparenté à Colomb[81].
160
+
161
+ Persuadés de se trouver sur les terres d'Asie, ils ont essayé d'entrer en contact avec les rois présents sur place. Colomb a en particulier l'objectif de rencontrer le mythique « grand Khan » roi de la Terre (probablement Gengis Khan). Les indigènes sont d'autant mieux traités que Colomb les pense proche de ce souverain. Au fur et à mesure des voyages, les espagnols prirent conscience qu'ils étaient mieux armés que les autochtones et que ces derniers ne connaissaient pas le nom des souverains. Ils ont attribué cette ignorance aux lacunes culturelles des indiens et ont rapidement pris conscience de la facilité de la conquête de ce nouveau territoire. C'est ce que reflètent les correspondances avec leurs monarques[réf. souhaitée].
162
+
163
+ Colomb et son équipage se comportaient avec les idées de cette fin de Moyen Âge. Non seulement les marins sont issus des couronnes d'Aragon et de Castille qui pratiquaient l'esclavage et le servage mais devant la difficulté de recruter des hommes pour une telle expéditions, avec l'accord de la monarchie, 4 marins du premier voyage avaient été sortis de prison où l'un d'entre-eux purgeait une peine pour meurtre. Les relations entre Christophe Colomb et ses hommes avec d'autres peuples étaient régies par des impératifs de conquête et d'évangélisation. D'une façon générale, peu après la découvertes, les relations des marins et des colons espagnols avec les indiens étaient inspirées de l'ordre féodal.
164
+
165
+ Les conditions de vie pour les colons étaient globalement mauvaise dans les premiers établissements. Quoique Colomb eut prétendu que les indiens ne connaissaient pas les armes, le premier établissement construit, La Navidad, fut retrouvé au retour de Colomb incendié et ses hommes morts. Le 6 Janvier 1494 une première messe fut célébrée dans la première colonie, nommée Isabella en l'honneur de la reine. Celle-ci fit l'objet d'attaques incessantes. On y manquait de tout, on y mourrait beaucoup notamment d'une forme virulente de la variole. Cette forme alors inconnue en Europe fut probablement ramenée des Caraïbes par les colons. Le sort des indiens n'était guère enviable, ils étaient exploités et leurs femmes étaient enlevées.
166
+
167
+ Après avoir établi sept colonies Colomb décréta que tout Indien de plus de quatorze ans devait fournir une certaine quantité d'or tous les trois mois. Ceux qui n'y parvenaient pas avaient les mains coupés. Il institua par la suite l'esclavage. Colomb est à l'origine du principe juridique de l’encomienda puis du repartimiento tous deux inspirés du droit féodal et qui se généralisèrent dans toute la Nouvelle-Espagne. Afin de satisfaire aux exigences royales de rentabilité de son expédition, Colomb mit au point, « sans disposer d'un cadre juridique véritablement préétabli », un système qui devait permettre de substituer au versement du tribut imposé aux Indiens (dont le versement était aléatoire), une exploitation directe des populations indigènes et des ressources locales[82]. Denis Crouzet précise que, si les « violences internes à la communauté des colons » s'en trouvèrent apaisées, les Indiens quant à eux furent plus directement exposés aux mauvais traitements et cela fut sans nul doute un « facteur d'aggravation du collapsus démographique » observé dans l'île[83]. La population d'Hispaniola s'effondre durant la catastrophe démographique amérindienne[60],[84].
168
+
169
+ Le régime mis en place par Christophe Colomb est plusieurs fois décrit par ses contemporains comme violent, avec un recours à la torture tant contre ses hommes que contre les indigènes. Colomb et ses frères furent aussi accusés d'incompétence pour la direction de ces nouvelles terres essentiellement par des ennemis de Colomb, et notamment de Francisco de Bobadilla qui obtint de la Reine le poste de gouverneur d'Hispaniola à la place de Colomb en 1499 alors que les frères de Colomb étaient condamnés à de la prison. Même s'il est probable que Francisco de Bobadilla ait noirci le tableau pour mieux évincer Colomb et ses frères, plusieurs historiens conviennent que leur régime était probablement tyrannique[85],[86].
170
+
171
+ Le traité de Tordesillas de 1494 partageait les terres découvrir entre l'Espagne et le Portugal et interdisait à l'Espagne le commerce avec l’Afrique attribuée au Portugal[87],[88]. En 1495, de retour de son second voyage, Colomb envoya 550 Indiens, enchaînés à Séville afin de les vendre comme esclaves. Deux cents d'entre eux moururent au cours de la traversée[60]. La reine Isabelle laissa alors entendre au marin qu'elle ne tolérerait pas la mise en esclavage des indiens puis formalisa cette exigence par une Provision Royale à Séville le 20 Juin 1500 et qui ordonnait la remise en liberté et le retour chez eux des esclaves indiens ramenés par Colomb. Six ans après le décès de Christophe Colomb, la monarchie Espagnole promulga les Lois de Burgos en 1512 afin de protéger les autochtones. Ces lois restèrent sans effet, la distance empêchant tout contrôle de leur mise en œuvre. Une bulle papale de 1537 condamna l'esclavage dans les colonies espagnols, obligeant l'Espagne à promulguer en 1542 les Leyes Nuevas, mieux appliquées.
172
+
173
+ Si ces dernières étaient muettes quant aux noirs, elles interdisaient l'esclavage et faisaient des amérindiens des hommes libres. Elle eurent une influence importante sur la démographie de l'Amérique hispanophone en favorisant un métissage à très grande échelle et un peuplement rapide des territoires sous domination espagnole par des populations métissées hispanophones (à l'exception des régions andines du Pérou, d'Équateur et de Bolivie où les populations amérindiennes conservèrent un développement séparé plus longtemps) et assirent l'autorité de la couronne chez les amérindiens contre le colons. En favorisant le peuplement et en interdisant l'esclavage des amérindiens, elles ont limité l'arrivée d'esclaves noirs, à quelques exceptions près comme le sud du Venezuela et le nord de la Colombie.
174
+
175
+ L'entreprise maritime de Colomb est avant tout une affaire commerciale, mais de ce point de vue les découvertes de l'Amiral et de ses hommes ont déçu les espoirs placés en elles. Que ce soit pour les épices ou pour l'or, les bénéfices rapides et importants qui étaient escomptés n'ont pas été au rendez-vous, au moins du vivant de Colomb.
176
+
177
+ Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, « un des meilleurs navigateurs de tous les temps »[89], ou même « le plus grand marin de tous les temps »[90], mais « piètre politicien »[91]. Les biographes de Colomb, en particulier au XIXe siècle, ont souvent tenté d'expliquer le succès de son entreprise maritime par l'emploi de techniques nouvelles en matière de navigation, évoquant entre autres la boussole, le gouvernail d'étambot et la caravelle[92]. Si Colomb a choisi la caravelle comme navire — type de navire déjà utilisé par les Portugais depuis le début du XVe siècle dans leurs explorations de la côté africaine — c'est en raison de son coût d'armement relativement faible et de son faible tirant d'eau qui permet d'approcher des côtes sans risquer d'échouer[93].
178
+
179
+ Si Colomb est le premier Européen connu à avoir accosté sur des terres rattachées aujourd'hui à l'Amérique, il n'eut aucune idée de l'étendue du continent américain qui s'interposait entre les îles qu'il avait découvertes et les Indes qu'il s'était proposé de rallier. Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un Nouveau Monde qui n'est pas les Indes. Sa découverte est reconnue par les cartographes du Gymnase vosgien, qui publient en 1507 Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois.
180
+
181
+ De la propre main de Colomb, n'ont été identifiés et recensés que peu de documents : des lettres, des quittances, des annotations dans des ouvrages de sa bibliothèque et des signatures. Tous les autres textes, dont le journal du premier voyage, ne sont que des copies dont le texte n'est pas sûr[94]. Ces différents textes et documents ont tous été traduits en français[95].
182
+
183
+ Il existe cependant un curieux Livre des prophéties, qui est un recueil de prophéties concernant la découverte du Nouveau Monde, écrit par Colomb vers la fin de sa vie[96].
184
+
185
+ Notre connaissance de Colomb, homme de savoir, de livres et de cabinet d'étude, s'appuie aussi sur quatre livres qui lui ont appartenu et qui ont été conservés. Ces livres ne recèlent pas moins de 2 000 annotations portées en marge[97].
186
+
187
+ Les premiers historiens contemporains de Colomb ne se sont pas attardés à le décrire de manière précise. Andrès Bernaldez l'évoque dans son Historia de los Reyes Catolicos, en donnant « une image à la fois édifiante et dramatique […] intéressante certes, mais brossée à très grands traits, sans beaucoup de nuances »[98].
188
+
189
+ Parmi ceux qui ont vécu aux côtés de l'Amiral on recense les livres de Bartolomé de Las Casas, Fernand Colomb et Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés. C'est sur ces publications du XVIe siècle que se sont appuyés en premier lieu tous les travaux historiques postérieurs et c'est grâce à eux qu'il est possible aujourd'hui de reconstituer ce qu'ont été les voyages et expéditions de Colomb.
190
+
191
+ Pierre Martyr d'Anghiera, humaniste de l'Italie du Nord, a livré dans son Orbo Novo dès 1494 le premier témoignage de la découverte[99].
192
+
193
+
194
+
195
+ Il est acquis que Colomb n'a pas été le premier Européen à voyager aux Amériques. Les Vikings ont construit des installations permanentes au Groenland et dans le nord du Canada contemporain entre le Xe et le XIIIe siècle, dans la temporaire Colonisation viking des Amériques.
196
+
197
+ Par ailleurs il existe des indices sérieux sur un précédent voyage vers le Groenland et le Labrador mené par le Portugais João Vaz Corte-Real pour le compte de la couronne du Danemark en 1472-1474, soit environ 20 ans avant Colomb et qui lui permet de localiser une île qu'il nomme Bacalao. Il s'agit peut être de la même expédition que celle menée par Jean Scolvus[100].
198
+
199
+ Cependant, pour des raisons différentes, ces expéditions sont restées confidentielles. Les Vikings ont interrompu leur colonisation, le voyage organisé par le Portugal est resté confidentiel pour éviter la convoitise des autres pays Européens. Le voyage de Colomb a eu une grande publicité et a entraîné l'exploration systématique puis la colonisation des Amériques. Il entraîne des bouleversements dans les routes commerciales avec la notamment la réduction des routes commerciales vers l'Asie via le Moyen Orient : son impact est planétaire.
200
+
201
+ Dans la bande-dessinée uchronique Jour J, la Reconquista n'a pas eu lieu, les Maures sont maîtres de la péninsule Ibérique. N'ayant obtenu la confiance du Conseil du roi de France, il se convertit à l'islam pour augmenter les chances d'obtenir la confiance des dirigeants musulmans de la péninsule Ibérique. Christophe Colomb découvre donc l'Amérique et en prend possession au nom d'Allah et de l'émir de Cordoue.
202
+
203
+ Sur les autres projets Wikimedia :
204
+
205
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/1092.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,153 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le sel de table, sel alimentaire ou sel de cuisine, est composé essentiellement de chlorure de sodium. Il se présente sous différentes formes : gros sel (ou sel gros), sel fin, fleur de sel.
2
+
3
+ Le sel est connu depuis la Préhistoire (voir une des plus anciennes villes préhistoriques d'Europe Solnitsata) pour ses caractéristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments. Il était extrait de mines généralement très enfouies dans le sol (mines de roche évaporitique telle que la halite), ou plus facilement de sources salées ou de la mer (saliculture)[1]. Les tessons de briquetages, céramiques utilitaires dans l'extraction de sel (marmites où l'on faisait bouillir la saumure sur des fours à feux de bois et bâtonnets d'argile cuite dont l'assemblage permettait une partie de l'évaporation de cette saumure) sont fréquemment retrouvés jusqu'à l'âge du fer, période qui voit l'apparition d'outillages plus robustes et de plus grande capacité dans lesquels on faisait légèrement chauffer la saumure filtrée et concentrée (l'ethnoarchéologie montre que des croûtes de terre salées et séchées sont lessivées dans un entonnoir filtrant ou un panier par de l'eau de mer puis par de la saumure, de telle sorte que le jus salé arrive à saturation) pour préserver le combustible, l'obtention de grandes quantités de sel par ébullition de saumure consommant trop de bois[2].
4
+
5
+ Il fut également probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux (Lv 2,13), les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l'objet d'un commerce important, parfois sur de grandes distances.
6
+
7
+ On estime que le sel était déjà utilisé et donc extrait, 6 000 ans avant notre ère, au lac salé de Yuncheng, dans le Shanxi[3].
8
+
9
+ Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d'échanges depuis l'Antiquité pour l'acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
10
+
11
+ Le contrôle de l'approvisionnement en sel fut l'une des clefs de l'expansion militaire de l'Empire romain qui s'en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n'auraient pu avoir recours qu'au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
12
+
13
+ Le rôle du sel comme clef de l'approvisionnement militaire perdura jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d'exploration aux escales aléatoires.
14
+
15
+ Il a aussi été un moyen d'échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l'étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l'achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d'échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s'appelle le président des dépôts ».
16
+
17
+ En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l'aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d'où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu'à Rome par les voies romaines, ainsi qu'un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devient un ingrédient indispensable aux familles. La religion catholique imposant des jours maigres (sans viande), le poisson séché et conservé dans le sel est très demandé. La salière est commune autant aux familles pauvres que riches. Chez ces derniers, la salière est ornée et constitue un objet de luxe. L'exemple le plus éclatant est sans doute la salière de l'orfèvre italien Benvenuto Cellini que lui commanda le roi François Ier. Au XVIe siècle, l'importance du sel est telle que les dépenses d'une famille de paysans pour ce produit avoisine les 10 % de ses revenus[4].
18
+
19
+ Le sel a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu'elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française[5]. Une route du sel avec l'Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ».
20
+ Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » : causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc « réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges » (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n'étaient des « juges royaux inférieurs »).
21
+
22
+ En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l'indépendance de l'Inde.
23
+
24
+ Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
25
+
26
+ Le sel naturel n'est pas raffiné et contient encore tous ses minéraux naturels. Les sels naturels ont donc des propriétés gustatives et un aspect différent suivant la quantité de minéraux qu'ils contiennent. Ainsi, la fleur de sel ou le sel de mer récolté à la main ont une saveur unique qui change d'une région à une autre.
27
+
28
+ La fleur de sel ou le sel des marais salants ou le sel gemme non raffinés rentrent dans cette catégorie.
29
+
30
+ Le sel non raffiné de mer est plus riche en magnésium (sous forme de chlorure de magnésium) ainsi qu'en oligo-éléments et en fer.
31
+
32
+ Cependant, les sels naturels, contrairement à la plupart des sels industriels, ne sont pas enrichis en iode et n'en contiennent que très peu naturellement[6]. Leur consommation régulière peut donc exposer aux maladies liées à la carence en iode, comme le goitre, des retards de croissance et divers troubles mentaux.
33
+
34
+ Le raffinage permet d'obtenir un sel de la couleur blanche jusqu'ici fréquemment préférée par le consommateur.
35
+ Il est alors composé de NaCl pratiquement pur (99,9 %). Le sel du type raffiné reste le plus employé dans l'alimentation. Environ 7 % du sel raffiné est aussi utilisé comme additif, mais la plus grande partie est destinée aux usages industriels (fabrication du papier, réglage de la teinte des textiles et des tissus, production de savons et détergents). Le sel a une forte valeur marchande.
36
+
37
+ Aujourd'hui, la majeure partie du sel raffiné est préparée à partir du sel gemme extrait des mines de sel. Après que le sel brut a été remonté des mines, on le raffine pour l'épurer et pour faciliter son stockage. La purification comporte habituellement une phase de recristallisation. Durant cette phase, une solution de saumure est traitée avec des produits chimiques qui précipitent les impuretés (en grande partie des sels de magnésium et de calcium). Des étapes multiples d'évaporation permettent alors de rassembler les cristaux purs de chlorure de sodium, qui sont séchés au four ou en autoclave.
38
+
39
+ Des adjuvants, anti-agglomérants et composés fluorés ou iodés, lui sont habituellement rajoutés.
40
+
41
+ Des agents anti-agglomérants et de l'iodure de potassium (pour le sel iodé) sont généralement ajoutés au moment de la phase de séchage. Ces agents sont des produits chimiques hygroscopiques qui absorbent l'humidité évitant le colmatage des cristaux de sel. Les agents anti-agglomérants utilisés sont le phosphate, les carbonates de calcium ou de magnésium, les sels d'acide gras (sels acides), l'oxyde de magnésium, le dioxyde de silicium, l'aluminosilicate de sodium (en) et le silicate tricalcique d'alumino-calcium. Des inquiétudes ont été soulevées concernant les effets toxiques possibles de l'aluminium dans les deux derniers composés, comme l'explique le documentaire Aluminium, notre poison quotidien réalisé en 2011 par Valérie Rouvière. Cependant, l'Union européenne et les États-Unis permettent leur utilisation en quantités limitées. Le sel de raffinage est alors prêt pour l'emballage et la distribution.
42
+
43
+ De plus, depuis quelques années les industriels du secteur enrichissent ou complètent leur sel avec de l'iode (iodure de potassium) et du fluor. L'iode sert à combattre les goitres et à diminuer le crétinisme, le fluor contribue à prémunir des caries en renforçant l'émail. Toutefois, l'excès d'iode et de fluor conduit aussi à de graves maladies.
44
+
45
+ Le sel iodé de table a permis de réduire les insuffisances d'iode dans les pays où il est employé. L'iode est important pour empêcher la production insuffisante des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdisme), qui peuvent causer le goitre, le crétinisme chez les enfants, et le myxœdème chez les adultes.
46
+
47
+ Le sel de table est un sel raffiné contenant à 95 % ou plus du chlorure de sodium presque pur, souvent iodé et fluoré. Il contient habituellement des substances qui empêchent le colmatage des cristaux (des agents anti-agglomérants) comme le silicoaluminate de sodium (le nom commun est Tixolex) et une quantité infime de sucre inverti pour empêcher le sel de tourner en une couleur jaune une fois exposé à la lumière du soleil, et pour empêcher une perte d'iode par vaporisation. Il est habituel de mettre quelques grains de riz cru dans les salières pour absorber l'humidité quand les agents anti-agglomérants ne sont pas assez efficaces.
48
+
49
+ Le sel de table est principalement utilisé en cuisine et à table comme condiment, souvent associé au poivre.
50
+
51
+ Le sel de table est maintenant employé partout dans le monde.
52
+
53
+ Le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de chlorure de sodium, provenant de marais salants, de sel gemme ou de saumures provenant de la dissolution de sel gemme et répondant aux spécifications suivantes :
54
+
55
+ En France, la dénomination de vente du sel de qualité alimentaire est « sel alimentaire », « sel de table » ou « sel de cuisine ».
56
+
57
+ Pour celui provenant des marais salants, la dénomination devient « sel marin gris alimentaire », « sel marin gris de table » ou « sel marin gris de cuisine »
58
+ [7].
59
+
60
+ Les sels de table du Canada sont formés des ingrédients suivants: chlorure de sodium, thiosulfate de sodium, iodure de potassium et ferrocyanure de sodium.
61
+ Parfois, le terme chlorure de sodium est remplacé par le mot sel.
62
+
63
+ La fabrication et l'utilisation du sel sont l'une des industries chimiques les plus anciennes. Plusieurs sources de production sont possibles. Récolté dans les marais salants, extrait des mines de sel gemme, produit par dissolution, recristallisé dans des salines ignigènes, le sel connaît plus d’une méthode de production. Il n’a pourtant qu’une seule origine : la mer.
64
+
65
+ Le sel gemme est un dépôt de minerai contenant une grosse concentration de sel comestible. Ces gisements de sel ont été constitués par l'évaporation ancienne de lacs ou de mers intérieures. Ce type de dépôts est appelé évaporite. Chaque gisement a une composition particulière. On peut y trouver de la halite presque pure (NaCl), mais également de la sylvite (KCl) ou du gypse (CaSO4). Ces dépôts peuvent être extraits traditionnellement dans une mine ou par injection d'eau. L'eau injectée dissout le sel, et la solution de saumure peut être pompée à la surface où le sel est récolté.
66
+
67
+ Du sel est également obtenu par évaporation de l'eau de mer, habituellement en bassins peu profonds chauffés par la lumière du soleil ; du sel ainsi obtenu s'est autrefois appelé le sel de compartiment, et s'appelle maintenant souvent sel de mer.
68
+
69
+ Des changements climatiques peuvent affecter certains producteurs de sel de mer s'il y a augmentation de la nébulosité et de la pluviométrie dans certaines régions. À titre d'exemple d'influence de la météorologie, l'été 2007 ayant été très pluvieux, les salines de l'île de Ré n'ont pu récolter que 50 tonnes de sel, soit 2 % de la production moyenne[8]. À l'inverse, l'année 2011 a vu la récolte du sel de Guérande démarrer avec un mois d'avance grâce à des conditions climatiques plus que favorables.
70
+
71
+ Le sel, d'origine marine, peut être extrait directement de la mer, via la saumure, c’est-à-dire d'eau marine évaporée et chargée en sel ou de gisements fossiles (gemme de sel).
72
+
73
+ Récemment la Polynésie Française qui compte un très vaste territoire maritime dispose également de plusieurs productions de sel marins sur les atolls de Rangiroa, Puka Puka et Bora-Bora.
74
+
75
+ L'évaporation de l'eau de la saumure peut-être naturelle ou provoquée par l'homme qui chauffe l'eau salée, comme à Salins-les-Bains. C'est une activité que les Gaulois pratiquaient déjà sur plusieurs sites du nord-ouest de la France, 400 ans avant Jules César, et qui dans ce cas a probablement contribué à la déforestation de ces régions. Ce sel est dit « sel ignigène », c'est-à-dire "né du feu".
76
+
77
+ Le sel permet aussi la conservation des aliments par diminution de l'activité de l'eau. Au Moyen Âge, c'était le principal moyen de conserver les viandes et poissons. Aujourd'hui encore, certaines régions africaines dépourvues d'appareils frigorifiques utilisent le sel pour conserver viandes et poissons, tout comme les consommateurs des pays dits développés trouvent dans le commerce des produits salés : navet salé, hareng saur, morue, etc.
78
+
79
+ En cuisine, le sel permet d'assaisonner les plats. Les Italiens préfèrent le gros sel avec lequel ils relèvent leurs pâtes ; les Belges utilisent plus volontiers le sel fin emballé dans des sachets.
80
+
81
+ Contrairement à une idée reçue, le sel n'est pas un exhausteur de goût, mais il permet de modifier la perception du goût, c'est pour cela qu'il est largement utilisé en cuisine[réf. nécessaire]
82
+
83
+ Les aliments contenant le plus de sel sont les charcuteries et les fromages, ainsi que les préparations cuisinées (plats cuisinés, soupes préparées) des aliments industriels.
84
+
85
+ Le sel joue par ailleurs plusieurs rôles en panification : fermentation, qualités organoleptiques, conservation. Le pain contient donc également beaucoup de sel, mais beaucoup de recettes de pâtisseries incluent également du sel dans leur pâte.
86
+
87
+ Le sel de table peut être « iodé » par addition d'un sel d'iode, cet élément étant nécessaire à la glande thyroïde pour la sécrétion des hormones thyroïdiennes et servant aussi au développement intellectuel. La vente de sel iodé est imposée par la règlementation dans plusieurs pays. Les ions chlorure et sodium contenus dans le sel sont aussi très importants pour le fonctionnement de l'organisme. En effet, ces ions jouent un rôle dans la conduction de l'influx nerveux, dans la contraction des muscles et dans la rétention d'eau dans le corps.
88
+
89
+ En France et dans beaucoup de pays industrialisés, la consommation de sel est trop importante. Cette surconsommation, due également au sel se trouvant dans les préparations industrielles, entraîne de graves problèmes de santé, comme l'hypertension ou l'obésité qui sont la cause de plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Il existe d'autres sels (comme le chlorure de potassium KCl, présent dans le sel de table non raffiné mais plus toxique pour les personnes ayant des maladies cardiaques, rénales ou des troubles de pression artérielle) mais peu répandus et plus coûteux.
90
+
91
+ Chez de nombreux animaux, que ce soit les cordés (tétrapodes, poissons); ou bien les insectes et les mollusques par exemple, le sel assure les mêmes fonctions organiques (maintient de l'équilibre osmotique, transport d'ions, voir leur diffusion membranaire au niveau intercellulaire ) que chez l'homme. Souvent, les mammifères sauvages, surtout les herbivores, lèchent les pierres salées ou les salantes naturelles sources de sel.
92
+
93
+ En agriculture, les bovidés, ovidés et autres herbivores ont à disposition des pierres à lécher. Ce besoin est dû à la consommation élevée de calcium à cause de leur régime herbivore. De plus, les bovidés perdent encore plus de sel lors de la traite. C’est pourquoi on leur donne des pierres à sel à lécher pour couvrir leurs besoins.
94
+
95
+ Le chlorure de sodium peut modifier les saveurs primaires ; il diminue l'amer et le sucré, pondère l'acide et participe à l’intensité de l’umami, selon des mécanismes encore mal compris[9].
96
+
97
+ Selon les industriels producteurs[10],
98
+
99
+ « Le chlorure de sodium (NaCl) augmente la sapidité des aliments, c’est-à-dire qu’il intensifie la perception des saveurs. Les ions Na+ stimulent les papilles gustatives tandis que les ions Cl- donnent le goût salé. Le sel rehausse donc la perception de la saveur de certains aliments ayant un profil initialement fade et a ainsi un impact sur le profil global de saveur du produit fini, le rendant généralement plus agréable. Les composés chimiques non volatils sont dissous par la salive et détectés par plusieurs parties de la langue, du palais ou de la gorge. »
100
+
101
+ (extrait d'un Guide de réduction du sodium pour l’industrie alimentaire).
102
+
103
+ On l'utilisait autrefois pour ses propriétés déshydratantes (ammochosie).
104
+
105
+ L'excès de consommation de sel par les habitants des pays développés est établie. Le milieu médical et scientifique (OMS, Inserm, etc.) considère que la consommation de sel dans les pays développés est excessive (pour la France[11], deux fois supérieure aux recommandations de l'OMS[12]) pouvant être responsable de maladies cardiovasculaires et rénales. L'excès de sel provient essentiellement, à hauteur de 80 % des plats cuisinés, soupes et autres produits industrialisés. L'accoutumance au sel pourrait exister dès l'âge des nourrissons par le biais des petits pots et plats pour bébés[13].
106
+
107
+ La quantité de sel absorbée quotidiennement peut être estimée par un interrogatoire diététique précis, mais peut être facilement objectivée par la mesure de la quantité de sodium excrété dans les urines, en l'absence de certaines prises médicamenteuses (notamment les diurétiques) : en situation stable la quantité excrétée est proche de la quantité ingérée.
108
+
109
+ Le sel contient environ 40 % de sodium en poids[14], auquel on attribue la majorité des effets positifs ou négatifs du sel.
110
+
111
+ Les effets néfastes de l'excès de sel sont connus depuis 1969[13]. Le sel, ou chlorure de sodium, agit sur la tension en l'augmentant[15]. Le sel n'est pas l'unique facteur, mais il augmente les risques, favorisant également la rétention d'eau[13]. L'élévation de la pression artérielle augmente le risque d'accident cardiovasculaire, dont principalement l'infarctus. L'abus de sel est donc particulièrement déconseillé aux personnes souffrant d'hypertension artérielle, mais aussi, aux autres personnes. Au contraire, la réduction de l'apport sodé permet la diminution des chiffres tensionnels[16]. la diminution des apports sodés pourrait également, de manière indépendante de la baisse des chiffres tensionnels, diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire[17].
112
+
113
+ L'excès de sel est également mauvais pour les reins : Une consommation excessive de sel augmente le risque d'hypertension artérielle, l'une des principales causes d'insuffisance rénale. Au quotidien, un excès de sel peut également entraîner des complications chez les personnes déjà atteintes d'insuffisance rénale. Les reins malades sont en effet de moins en moins aptes à gérer ce surplus de sel, ce qui peut entraîner une rétention d'eau, elle-même responsable de l'apparition d'une hypertension artérielle[13].
114
+
115
+ En juin 2005, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a rappelé que « les niveaux actuels de consommation de sodium sont associés directement à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et rénales qui sont les principales causes de morbidité [maladie] et de mortalité en Europe[18]. » La réduction de consommation de sel permet de diminuer l'incidence des affections cardiovasculaires : sur une période de 10-15 ans, les sujets ayant réduit jusqu'à 25-30 % leur consommation de sel ont souffert d'un quart d'événements cardiovasculaires en moins[19].
116
+
117
+ En cas d'insuffisance cardiaque, l'excès de sel augmente le risque de survenue de décompensation et peut conduire parfois à des complications importantes nécessitant une hospitalisation (œdème aigu du poumon).
118
+
119
+ Selon certains auteurs, l'excès de sel entraîne chaque année la mort de 1,6 million (en 2010) de personnes dans le monde[20],[21].
120
+
121
+ Le sel, à petites doses, reste un élément indispensable. Il permet de maintenir une pression artérielle correcte et prévient les troubles liés à une concentration insuffisante de sel dans le sang (hyponatrémie) telle qu'elle se voit dans certains cas de déshydratation. Le besoin minimal physiologique est autour de 2 g /jour[22]. Une consommation trop basse de sel pourrait même majorer le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires[23].
122
+
123
+ En mars 2003, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) conclut que la quantité de sel absorbée doit être inférieure à 5 grammes par jour[24].
124
+
125
+ En février 2007, l'OMS rappelle les manières de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, notamment « en consommant le moins possible de denrées riches en graisses, en sucre et en sel. »[25].
126
+
127
+ L'habitude d'une consommation excessive de sel proviendrait de son usage intensif pour conserver viandes et salaisons. Cette consommation pouvait aller jusqu'à 30 grammes par jour, entraînant des accidents vasculaires hémorragiques[13]. Mais, malgré l'invention de nouvelles techniques de conservation sans sel (« la chaîne du froid »), l'habitude de manger très salé est restée et sa consommation reste excessive au regard des recommandations des organismes de santé.
128
+
129
+ Les Français consomment en moyenne 10 g de sel par jour[22].
130
+
131
+ Cette surconsommation serait responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France[22].
132
+
133
+ L'industrie agroalimentaire est accusée d'être responsable de la surconsommation de sel. Depuis de nombreuses années, les industriels ajoutent beaucoup de sel dans les aliments industriels (plats cuisinés, viandes panées, charcuteries, chips, pains, fromages, sauces, etc.), le tout participant à près de 80 % du chlorure de sodium absorbé chaque jour [26]. Les raisons de l'utilisation massive de sel dans les aliments industriels seraient le rehaussement de la perception du goût, le masquage de certaines saveurs, l'alourdissement de la viande en retenant l’eau[27],[22],[13]. Le goût du sel n'est pas inné mais l'agroalimentaire crée cette dépendance dès le plus jeune âge en salant les produits pour enfants. Certaines marques de produits pour bébés ont réagi en proposant des produits sans sel[13].
134
+
135
+ Des recherches de substitution au sel sont menées : remplacement par le glutamate de sodium mais cet exhausteur de goût est soupçonné d'avoir des effets neurotoxiques ; par le chlorure de potassium mais il développe un arrière-goût amer. On recherche actuellement des exhausteurs de goût organiques sans effets indésirables. Une autre approche est de diminuer la taille des particules de sel, ce qui facilite sa dissolution et permet d'alléger les doses[28].
136
+
137
+ Les principaux pays producteurs mondiaux de sel en 2014[29] :
138
+
139
+ millions tonnes
140
+
141
+ Les principaux producteurs mondiaux de sel sont, en 2009 (capacité en millions de tonnes)[30] :
142
+
143
+ Le sel occupe depuis longtemps une place importante dans la religion et la culture. Au temps des sacrifices brahmaniques, dans les rituels hittites et lors des fêtes tenues par les Sémites et les Grecs à l'époque de la nouvelle lune, le sel était jeté dans un feu où il produisait des bruits de crépitement. Les anciens Egyptiens, Grecs et Romains invoquaient leurs dieux avec des offrandes de sel et d'eau et certains pensent que c'est l'origine de l'eau sainte dans la foi chrétienne. Dans la mythologie aztèque, Huixtocihuatl était une déesse de la fertilité qui présidait sur le sel et l'eau salée.
144
+
145
+ Le sel est considéré comme une substance très favorable dans l'hindouisme et est utilisé en particulier dans les cérémonies religieuses comme les créneaux et les mariages. Dans le jaïnisme, les fidèles déposent une offrande de riz cru avec une pincée de sel devant une divinité pour signifier leur dévotion et le sel est saupoudré sur les restes crémés d'une personne avant que les cendres ne soient enterrées. Le sel est censé éloigner les mauvais esprits dans la tradition bouddhiste mahayana, et en revenant à la maison après les funérailles, une pincée de sel est jetée par-dessus l'épaule gauche car cela empêche les mauvais esprits d'entrer dans la maison. Dans le shinto, le sel est utilisé pour la purification rituelle des lieux et des personnes (harae, en particulier le shubatsu), et de petits tas de sel sont placés dans les plats à l'entrée des établissements dans le double but de repousser le mal et d'attirer les clients.
146
+
147
+ Dans la Bible hébraïque, il y a trente-cinq versets qui mentionnent le sel. L'une d'entre elles mentionne la femme de Lot, qui fut transformée en colonne de sel lorsqu'elle regarda en arrière les villes de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19:26) alors qu'elles étaient détruites. Quand le juge Abimélek détruisit la ville de Sichem, on dit qu'il "sème du sel dessus", probablement comme une malédiction sur quiconque voudrait la ré-inhabituer (Juges 9:45). Le Livre de Job contient la première mention du sel comme condiment. "Est-ce que ce qui est désagréable peut être mangé sans sel? ou est-ce qu'il y a un goût de blanc d'oeuf?" (Job 6:6). Dans le Nouveau Testament, six versets mentionnent le sel. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a qualifié ses disciples de "sel de la terre". L'apôtre Paul a également encouragé les chrétiens à " que votre conversation soit toujours pleine de grâce, assaisonnée de sel " (Colossiens 4:6). Le sel est obligatoire dans le rite de la messe tridentine. Le sel est utilisé dans le troisième élément (qui inclut un Exorcisme) de la consécration celtique (cf. rite galicien) qui est employé dans la consécration d'une église. Le sel peut être ajouté à l'eau "là où il est d'usage" dans le rite catholique romain de l'eau sainte.
148
+
149
+ Dans le judaïsme, il est recommandé d'avoir un pain salé ou d'ajouter du sel au pain si ce pain n'est pas salé en faisant Kiddush pour le shabbat. Il est de coutume d'étaler du sel sur le pain ou de tremper le pain dans un peu de sel en faisant passer le pain autour de la table après le Kiddush. Pour préserver l'alliance entre leur peuple et Dieu, les Juifs trempent le pain du sabbat dans le sel.
150
+
151
+ Dans la Wicca, le sel est symbolique de l'élément Terre. On croit aussi qu'il nettoie une zone d'énergies nocives ou négatives. Un plat de sel et un plat d'eau sont presque toujours présents sur un autel, et le sel est utilisé dans une grande variété de rituels et de cérémonies.
152
+
153
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1093.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,322 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le chocolat [ ʃɔkɔla], terme d'origine mésoaméricaine[1], est un aliment plus ou moins sucré produit à partir de la fève de cacao. Celle-ci est fermentée, torréfiée, broyée jusqu'à former une pâte de cacao liquide dont est extraite la matière grasse appelée beurre de cacao. Le chocolat est constitué du mélange, dans des proportions variables, de pâte de cacao, de beurre de cacao et de sucre ; auxquels sont ajoutées éventuellement des épices, comme la vanille, ou des matières grasses végétales.
4
+
5
+ Consommé initialement sous forme de xocoatl (boisson épicée) au Mexique et en Amérique centrale, le chocolat se démocratise avec la révolution industrielle.
6
+
7
+ Au XVIe siècle, il est consommé sous forme solide (chocolat noir ou au lait) ou liquide (chocolat chaud). Le chocolat se retrouve dans de nombreux desserts tels que les confiseries, biscuits, gâteaux, crèmes glacées, tartes, boissons.
8
+
9
+ Offrir du chocolat, moulé de différentes manières, est devenu traditionnel lors de certaines festivités : œufs, lapins, poules, cloches, et petites figurines de poissons ou fruits de mer à Pâques, pièces de monnaie pour Hanoucca, truffes pour Noël, cœurs pour la Saint-Valentin, ou les traditionnelles marmites de la fête de l'Escalade en Suisse dans le canton de Genève.
10
+
11
+ Le substantif masculin chocolat est un emprunt[2],[3],[4] à l'espagnol chocolate[2],[3],[4],[5], substantif masculin[6] attesté vers 1580 chez Francisco Hernández[3] et lui-même emprunté[3],[4] au nahuatl[2],[3],[5] xocolatl[3],[7],[8], qui est une combinaison des mots xocolli (signifiant « acide »[8],[9] ou «amer»[10]) et atl (qui veut dire « eau »)[8],[9],[10].
12
+
13
+ Les Aztèques associaient le chocolat avec Xochiquetzal, la déesse de la fertilité. Les Mayas l'associaient aussi à leur dieu de la fertilité
14
+ (voir la section Effets non prouvés).
15
+
16
+ Le philologue mexicain Ignacio Davila Garibi suggère que les Espagnols ont inventé ce mot en associant le terme chocol et en remplaçant le mot maya haa (signifiant eau) par le terme nahuatl atl[11]. Cependant, il semble plus probable que les Aztèques eux-mêmes inventèrent le mot[12], ayant adopté depuis longtemps en nahuatl le mot maya pour la fève de cacao. En effet, les Espagnols eurent peu de contact avec les Mayas avant que Cortés rapporte au roi d'Espagne une boisson chocolatée connue sous le nom de xocolatl[13]. Wiliam Bright relève que le mot xocoatl n'apparaît pas au début de la langue espagnole ou dans les sources coloniales Nahuatl[14].Le verbe maya chokola'j , qui signifie « boire du chocolat ensemble », a aussi été proposé comme origine possible[15].
17
+
18
+ Dans une étude controversée, les linguistes Karen Dakin et Søren Wichmann remarquent que dans de nombreux dialectes nahuatl, le nom est plutôt chicolatl que chocolatl. De plus, de nombreuses langues parlées au Mexique (telles que le popoluca, le mixtèque, le zapotèque) et même aux Philippines, ont emprunté cette version du mot. Le mot chicol-li fait référence à des ustensiles de cuisine (toujours utilisés dans certaines régions). Depuis que le chocolat a été servi, à l'origine dans des cérémonies, avec des fouets individuels, Dakin et Wichmann considèrent qu'il semble assez probable que la forme d'origine du mot était chicolatl, ce qui pourrait signifier « boisson battue ». Dans plusieurs régions du Mexique, en effet chicolear signifie « battre, remuer »[16].
19
+
20
+ Le livre de la Genèse Maya, le Popol Vuh, attribue la découverte du chocolat aux dieux. Dans la légende, la tête du héros Hun Hunaphu, décapité par les seigneurs de Xibalba, est pendue à un arbre mort qui donna miraculeusement des fruits en forme de calebasse appelés cabosses de cacao. La tête crache dans la main d'une jeune fille de Xibalba, l'inframonde maya, assurant ainsi sa fécondation magique. C'est pourquoi le peuple maya se sert du chocolat comme préliminaires au mariage. Le cacao permet aussi de purifier les jeunes enfants mayas lors d'une cérémonie. De même, le défunt est accompagné de cacao pour son voyage vers l'au-delà[A 1].
21
+
22
+ Originaire des plaines tropicales d'Amérique du Sud et centrale, le cacaoyer, produisant les fèves de cacao, est cultivé depuis au moins trois millénaires dans cette région et dans l'actuel Mexique.
23
+
24
+ En novembre 2007, des archéologues affirment avoir trouvé la plus ancienne preuve de l'utilisation des fèves, la situant entre 1100 et 1400 av. J.-C.[17] : l'analyse chimique de résidus de récipients trouvés sur le site de fouilles de Puerto Escondido (Honduras) indique qu'à cette époque, le mucilage entourant les fèves servait à la fabrication d'une boisson fermentée. L'invention de la boisson chocolatée non alcoolisée fabriquée par la majorité des peuples mésoaméricains (y compris mayas et aztèques) fut postérieure ; cette boisson était vraisemblablement d'abord utilisée à des fins thérapeutiques ou lors de certains rituels[réf. nécessaire].
25
+
26
+ Le chocolat est un produit de luxe dans toute la Mésoamérique durant la civilisation précolombienne et les fèves de cacao sont souvent utilisées comme monnaie d'échange[18] pour faire du troc, payer des impôts et acheter des esclaves et ce, dès 1000 av. J.-C.. Par exemple, un Zontli est égal à 400 fèves, tandis que 8 000 fèves sont égales à un Xiquipilli. Dans les hiéroglyphes mexicains, un panier contenant 8 000 fèves symbolise le nombre 8 000[19]. Plus tard, en 1576, il faut 1 200 fèves pour obtenir un peso mexicain[20]. Les Aztèques utilisent un système dans lequel une dinde coûte cent fèves de cacao et un avocat frais trois fèves[21].
27
+
28
+ Les Mayas cultivent des cacaoyers[22] et utilisaient les fèves de cacao pour fabriquer une boisson chaude, mousseuse et amère[23], souvent aromatisée avec de la vanille, du piment et du roucou[24] nommée xocoatl. Une tombe maya du début de la période classique (460-480 av. J.-C.), retrouvée sur le site de Rio Azul (au Guatemala), contenait des récipients sur lesquels est représenté le caractère maya symbolisant le cacao et comportant des restes de boisson chocolatée[24]. Une poterie contenant des traces de cacao fut découverte au Belize, ce qui confirme l'existence d'une consommation de chocolat au VIe siècle[A 2]. Des documents rédigés en caractères Maya attestent que le chocolat est utilisé aussi bien pour des cérémonies que pour la vie quotidienne[25].
29
+
30
+ Les mayas n'utilisaient pas de monnaie métallique. Quand ils ne troquaient pas le tabac, le maïs et les vêtements, ils ont utilisé le tissus, des pierres vertes, et la fève fermentée séchée du cacao comme monnaie[26]. Certains se demandent même si la perte de cette ressource lors d'une grande période de sécheresse n'a pas joué un rôle dans la chute de la civilisation maya. Les comptes des colons espagnols du XVIe siècle montrent que les colons ont eux-mêmes payé des travailleurs mayas avec des fèves de cacao[26]. Et des documents plus anciens (codex et œuvres d'art mayas produits de l'an 250 à environ 900 le confirment pour la période précédent l'arrivée des colonisateurs. Le chocolat semble peu présent dans l'art maya primitif mais il le devient au VIIIe siècle de notre ère[26]. C'est alors un moyen de paiement et pas seulement un objet de troc (ainsi les palais en accumulent plus que pour leurs besoins, ce qui laisse supposer qu'ils s'en servent ensuite comme d'une monnaie pour acheter des biens et services). Environ 180 scènes peintes sur des céramiques et des fresques ont été retrouvées entre environ l'an 690 et 900 décrivant des marchandises livrées aux chefs mayas comme un hommage, paiement ou taxe, bien plus souvent que pour le tabac et le maïs[26]. ; sont souvent figurés des sacs étiquetés avec la quantité de fèves de cacao séchées qu'ils contiennent précise un article de Economic Anthropology (2018)[27]
31
+
32
+ Les Aztèques associent le chocolat avec Xochiquetzal, la déesse de la fertilité. Ils pensent que le Xocoatl permet de lutter contre la fatigue et cette croyance découle probablement de la teneur en théobromine du produit. Le roi et les notables accompagnent leur viande de mole poblano, première recette salée associant le cacao comme épice, et consomment à la fin des repas ce xocoatl en tant que boisson froide[28].
33
+
34
+ D'autres boissons et préparations chocolatées l'associent avec des aliments tels que le gruau de maïs (qui joue le rôle d'émulsifiant), ainsi le peuple épice son atole avec des fèves de cacao pour consommer une sorte de purée, le champurrado, ou l'iztac ātōlli à base de jus d'agave fermenté[A 3].
35
+
36
+ Durant plusieurs siècles, en Europe et en Amérique du Sud, on utilise les fèves de cacao pour soigner la diarrhée[29] (voir la section Autres bénéfices).
37
+
38
+ Tous les territoires conquis par les Aztèques où poussent des cacaoyers doivent leur verser les fèves de cacao comme taxe, ou, comme les Aztèques eux-mêmes le considéraient, comme un tribut[30].
39
+
40
+ Originaire d'Amérique, le cacaoyer est donc inconnu ailleurs dans le monde jusqu'au XVIe siècle[31].
41
+
42
+ En 1494, Christophe Colomb jette par-dessus bord les fèves qu'il avait reçues des Amérindiens. Il les aurait prises pour des crottes de chèvre[32]. C'est donc plus tard, en juillet 1502 sur l'île de Guanaja, qu'il découvre pour la première fois la boisson chocolatée[33].
43
+
44
+ José de Acosta, un missionnaire jésuite espagnol qui vécut au Pérou puis au Mexique à la fin du XVIe siècle, écrit[34] :
45
+
46
+ « Détestable pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'en consommer, tout en ayant une mousse ou une écume qui a très mauvais goût. Oui, c'est une boisson très estimée parmi les Indiens, dont ils régalent les nobles qui traversent leur pays. Les Espagnols, hommes et femmes, qui sont habitués au pays, sont très friands de ce chocolat. Ils disent qu'ils en font différents types, certains chauds, certains froids, certains tempérés, et mettent dedans beaucoup de ce « piment » ; ils en font une pâte, laquelle, disent-ils, est bonne pour l'estomac et pour lutter contre le rhume. »
47
+
48
+ Les colons espagnols n'apprécient cette boisson amère aux épices piquantes que lorsque les religieuses d’Oaxaca l'édulcorent et l'aromatisent avec du miel, du sucre de canne, du musc et de l’eau de fleur d'oranger[35].
49
+
50
+ Ce n'est qu'à partir de la conquête des Aztèques par les Espagnols que le chocolat est importé en Europe où il devient rapidement très prisé à la cour d'Espagne[31]. Hernán Cortés découvre le breuvage chocolaté en 1519. Il est le premier (en 1528) à en rapporter en Europe, à ses maîtres d'Espagne : mais ce n'est qu'en 1534 que cette boisson amère, écumeuse et poivrée retient l'attention lorsqu'on y ajouta de la vanille et du miel suivant une élaboration préparée à l'Abbaye de Piedra[36]. Dès le XVIIe siècle, le chocolat devient une ressource très appréciée de l'aristocratie et du clergé espagnol. Son commerce s'étend alors aux autres colonies espagnoles comme les Pays-Bas espagnols.
51
+
52
+ La première expédition commerciale pour l'Europe (entre Veracruz et Séville) daterait de 1585. Le chocolat est alors toujours servi comme boisson, mais les Européens ajoutent du sucre et du lait pour neutraliser l'amertume naturelle ; ils remplacent le piment par de la vanille.
53
+
54
+ Pour faire face à la forte demande pour cette nouvelle boisson, les armées espagnoles commencent à réduire en esclavage les Mésoaméricains pour produire le cacao[37], une activité économique à part entière se développe. Cependant ce produit d'importation reste très cher, seuls les membres de la famille royale et les initiés peuvent en boire[38].
55
+
56
+ En parallèle, dans le nouveau monde, la consommation de cacao est très répandue chez les missionnaires et conquistadores. Deux développements permettent de réduire encore le prix : la généralisation de la culture dans les colonies de la canne à sucre et l'utilisation de main-d'œuvre africaine dans ces exploitations[39].
57
+
58
+ À la même époque, la situation est différente en Angleterre où n'importe qui, avec suffisamment d'argent, peut en acheter[40]. À Londres, la première chocolaterie ouvre en 1657[32],[40]. En 1689, l'éminent médecin et collectionneur Hans Sloane développe une boisson lactée au chocolat en Jamaïque qui est dans un premier temps utilisée par les apothicaires, mais vendue plus tard aux frères Cadbury[41].
59
+
60
+ La boisson reçoit un encouragement officiel en France par les reines françaises, infantes d'Espagne, Anne d'Autriche et Marie-Thérèse d'Autriche ou par les médecins qui après avoir jugé la boisson néfaste, en vantent les bienfaits, tel Nicolas de Blégny qui rédige en 1662 Le bon usage du thé, du café et du chocolat pour la preservation & pour la guérison des maladies[42]. La France découvre en 1615 le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage d'Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe III avec le roi de France Louis XIII[32]. Mais c'est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles, la reine se faisant préparer par ses servantes le chocolat « à l'espagnole »[A 4]. La marquise de Sévigné dit du chocolat, dans ses Lettres, qu’« il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d'un coup une fièvre continue »[A 5]. Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café. Seule la cour du roi avait accès à cette boisson[A 5].
61
+
62
+ Comme pour les boissons exotiques que sont le thé ou le café, l'Église se pose la question de savoir s'il s'agit d'un aliment ou d'une source de plaisir. En 1662, la sentence du cardinal Francisco Maria Brancaccio Liquidum non frangit jejunum (la « boisson — y compris le chocolat — ne rompt pas le jeûne ») tranche les débats théologiques : le chocolat est déclaré maigre, pouvant même être consommé pendant le Carême[43].
63
+
64
+ Durant plusieurs siècles, le mode de fabrication du chocolat reste inchangé. Dans les années 1700, les moulins mécaniques servent à extraire le beurre de cacao ce qui aide à créer du chocolat qui reste dur[44]. Il faut attendre l'arrivée de la révolution industrielle pour que ces moulins soient utilisés à plus grande échelle. Après que la révolution s'est essoufflée, peu à peu, des entreprises promeuvent cette nouvelle invention pour vendre le chocolat sous les formes que l'on connaît aujourd'hui[45].
65
+
66
+ Lorsque les nouvelles machines sont produites, la population commence à tester et consommer du chocolat partout dans le monde[46].
67
+
68
+ À Bristol, en 1780, Joseph Storrs Fry père ouvre une manufacture de pâte de chocolat : J.S.Fry & Sons. L'essentiel de sa production est vendu aux drogueries et aux pharmacies de la ville. En 1795, son fils (Joseph Storrs II Fry) se met à utiliser une machine à vapeur pour broyer les fèves de cacao. Cela permet de produire en grande quantité la pâte de chocolat pour fabriquer des boissons chocolatées, des pastilles, des gâteaux, des bonbons ainsi que des préparations médicales. En plus d'être vendu aux apothicaires et aux pharmaciens, le chocolat de la manufacture Fry approvisionne les confiseurs, les gérants de chocolate house et les cuisiniers réputés[32].
69
+
70
+ Au début du XIXe siècle, les premières fabriques de chocolat apparaissent en Europe ; avec les futurs grands noms de ce qui va devenir, au milieu du siècle, l'industrie chocolatière[A 6]. Le chocolat est de moins en moins consommé pour ses vertus médicinales supposées, et de plus en plus par plaisir[32]. Les manufactures de chocolat se multiplient[32], puis les chocolateries industrielles, principalement en France, en Suisse et aux Pays-Bas[A 6].
71
+
72
+ Une usine de fabrication de chocolat est ouverte aux États-Unis en 1780, par un apothicaire nommé James Baker[32]. La première fabrique suisse de chocolat est créée par François-Louis Cailler en 1819[32]. Il est suivi six ans plus tard par Philippe Suchard, puis par Charles-Amédée Kohler en 1830[32]. La première fabrique de France est fondée par le chocolatier Jules Pares, en 1814, près de Perpignan (dans les Pyrénées-Orientales)[47]. En 1815, le Hollandais Coenraad Johannes van Houten crée une première usine[48]. De nouvelles manufactures apparaissent aussi en Angleterre. C'est par exemple le cas de Cadbury en 1824[32].
73
+
74
+ À l'origine, les fabricants de chocolat sont spécialisés dans la fabrication de la pâte de chocolat. Ils vont peu à peu diversifier leurs productions avec les confiseries et les gâteaux. La mécanisation ainsi que la concurrence des producteurs de chocolats vont entraîner une baisse continue du prix du chocolat[32].
75
+
76
+ En 1821, l’Anglais Cadbury produit le premier chocolat noir à croquer[49]. Pour répondre aux besoins de l'industrie, les cacaoyers sont introduits en Afrique et les premières plantations créées[50].
77
+
78
+ En 1828, Coenraad Johannes van Houten réalise la première poudre de cacao. Grâce à une presse hydraulique de son invention, il réussit à durcir le beurre de cacao sous forme de pain qui peut ensuite être réduit en poudre[32]. Van Houten est le premier à inventer un procédé pour séparer le cacao maigre (ou tourteau) et le beurre de cacao, permettant aux industriels de doser les quantités relatives de cacao maigre et de beurre de cacao dans la pâte de cacao[A 7]. Le chocolat entre alors dans l'âge industriel. La mécanisation entraîne une baisse des prix, ce qui permet de conquérir un public plus large. Van Houten, à partir de sa fabrique de chocolat d'Amsterdam, vendra ses boîtes de chocolat en poudre dans toute l'Europe[32].
79
+
80
+ L'année 1830 voit l'apparition du chocolat aux noisettes inventé par Kohler[32].
81
+
82
+ Antoine Brutus Menier crée en 1836 en France le concept de la tablette de chocolat, plaquette composée de six barres semi-cylindriques enveloppées du célèbre papier jaune Menier[51].
83
+
84
+ Joseph, Richard et Francis Fry, qui dirigent la maison Fry & Sons depuis la mort de leur père (en 1835), découvrent en 1847 (ou 1846 selon les sources[52]) qu'un mélange « sucre, beurre de cacao, chocolat en poudre » permet d'obtenir une pâte molle que l'on peut verser dans des moules. Cette invention permet de consommer le chocolat d'une nouvelle manière, en plaque, telle que nous la connaissons aujourd'hui. Ce produit est officiellement présenté lors d'une exposition à Birmingham en 1849 sous le nom de « Chocolat délicieux à manger », en français dans le texte[N 1],[32].
85
+
86
+ Vers 1860, la maison Fry & Sons devient une des principales chocolateries d'Angleterre. Francis Fry (1803-1886), resté seul à la tête de l'entreprise après la mort de ses frères en 1878 et 1879, est désigné fournisseur exclusif de chocolats pour la Royal Navy. Cela contribuera à la prospérité de la maison Fry & Sons qui devient, vers 1880, la première chocolaterie du monde. Elle emploie alors 1 500 salariés[32].
87
+
88
+ Vers 1870, Émile Menier fait construire une usine moderne de production de chocolat à Noisiel en Seine-et-Marne. Cette usine fait fortement baisser le coût du chocolat en France[A 6]. Elle est aujourd'hui en partie classée monument historique avec la cité ouvrière attenante[53].
89
+
90
+ Plusieurs innovations (notamment en Suisse) vont bouleverser l'industrie du chocolat.
91
+
92
+ En 1876, Daniel Peter crée dans sa fabrique de Vevey (Suisse) le premier chocolat au lait en utilisant du lait en poudre[A 8],[32]. En 1879, Daniel Peter s'associe avec Henri Nestlé (l'inventeur du lait concentré) pour fonder la firme Nestlé[32].
93
+
94
+ En 1879, Rudolf Lindt met au point le conchage. Ce nouveau procédé d'affinage permet de fabriquer des chocolats fondants[32]. Sa technique consiste à laisser tourner le broyeur contenant le chocolat pendant longtemps afin de rendre la pâte de cacao plus onctueuse. Son secret ne fut rendu public qu'en 1901[A 6].
95
+
96
+ Après la mort de Francis Fry en 1886, son fils Francis J. Fry lui succède. En 1919, il fusionne la maison Fry & Sons avec l'entreprise Cadbury Brothers[32].
97
+
98
+ Le Suisse Jean Tobler lance la barre triangulaire Toblerone en 1899[32]. Philippe Suchard se met à commercialiser la tablette Milka[32].
99
+
100
+ Au début des années 1900 apparaissent les premières barres chocolatées[A 9] : le hollandais Kwatta invente les premières barres de chocolat de 30 grammes[55]. L'américain Mars lance le Milky Way[56] et le hollandais Nuts, sa barre aux noisettes éponyme[57].
101
+
102
+ Dernière grande innovation de l'industrie, le chocolat blanc est produit pour la première fois en Suisse dans les années 1930 par Nestlé, dans le but d'utiliser les surplus de beurre de cacao. La société ne précise pas qui est à la source de cette invention exactement[58].
103
+
104
+ La domination de l'industrie chocolatière suisse, à la pointe de la technologie et du marketing, ne durera que la première moitié du XXe siècle jusqu'à l'arrivée des entreprises américaines Hershey's et Mars[32].
105
+
106
+ Le chocolat noir, aussi appelé chocolat fondant ou chocolat amer, est le chocolat à proprement parler. C'est un mélange de cacao et de sucre[59] qui doit contenir au minimum 35 % de cacao. En dessous, les grandes marques utilisent « confiserie chocolatée » à défaut de terme légal[60]. La quantité de sucre utilisée dépend de l'amertume de la variété de cacao utilisée. Pour faire les gâteaux très chocolatés, le chocolat utilisé contient souvent entre 52 et 64 % de cacao. Pour la dégustation, c’est souvent 70 à 85 % de cacao.
107
+
108
+ Le chocolat au lait est du chocolat qui est obtenu en ajoutant du lait en poudre ou du lait concentré. La loi américaine exige une concentration minimum de 10 % de cacao[61]. Les réglementations européennes et suisse indiquent un minimum de 25 % de cacao[62].
109
+ Il est aussi calorique que le chocolat noir. Il est moins gras mais plus sucré. Typiquement, il contient environ 30 % de cacao[N 2]. Cependant on peut trouver chez certaines enseignes de luxe des chocolats au lait à 45 % de cacao ou plus[63],[N 3],[64]. Le chocolat au lait a été inventé par Daniel Peter[65].
110
+
111
+ Le chocolat blanc est une préparation à base de beurre de cacao, additionné de sucre, de lait et d'arôme. Bien qu'il soit reconnu comme chocolat il n'est pas composé de cacao.
112
+ Il est utilisé en confiserie pour jouer sur le contraste des couleurs, ou sous forme de plaques[N 4].
113
+
114
+ Le chocolat de couverture est un chocolat de très bonne qualité utilisé par les chocolatiers et les pâtissiers comme matière première. Il peut être noir ou au lait, mais contient au moins 32 % de beurre de cacao, ce qui le rend très fluide pour réaliser un enrobage plus fin qu'un enrobage classique.
115
+
116
+ Le chocolat sans sucre ajouté a connu une croissance de 30 % en volume par an entre 2002 et 2006. On le fabrique soit en supprimant le sucre, on obtient alors un chocolat à 99 % de cacao, soit en substituant le saccharose par du maltitol[66].
117
+
118
+ L'organisme mondial du commerce du cacao (International Cocoa Organization ou ICCO) a mis en place depuis 1994 une liste des pays producteurs de cacaos fins ou cacaos à saveurs remarquables par leur arôme et leur couleur[A 10].
119
+
120
+ En France, l'Institut national de l'origine et de la qualité classifie les chocolats de qualité de la manière suivante[A 10] :
121
+
122
+ Le chocolat est produit à partir de la fève de l'arbre appelé cacaoyer. On en trouve différentes espèces réparties dans les régions chaudes du monde. Sa culture est assez exigeante et le fruit produit, appelé cabosse, est récolté deux fois par an lorsqu'il est à maturité : de janvier à avril[67] et de septembre à octobre[68]. Le botaniste Ernest Entwistle Cheesman (en) met au point en 1944 une terminologie qui distingue trois principales variétés de cacaoyer :
123
+
124
+ Aujourd'hui, on y ajoute le nacional. Toutes ces variétés produisent des cacaos de différentes saveurs et arômes[A 11]. Le cupuaçu, une espèce proche du cacaoyer, permet également de produire un chocolat appelé cupulate au Brésil[71].
125
+
126
+ Un cacaoyer moyen produit chaque année 40 cabosses, de quoi fabriquer 20 tablettes de 100 g à 70 % de cacao[72].
127
+
128
+ Les crus apportent des notes variées selon leur pays de culture. Le Forastero aux notes grillées de croûte de pain chaud et ses arômes de tête aux notes fleuries représente 80 à 90 % de la production[69]. Le criollo aux notes de fruits rouges ne représente que 1 à 5 % de la production[69]. Les fèves Trinitario aux notes de fruits secs ou de torréfaction représentent 10 à 15 % de la production[69]. Les fèves arriba aux notes florales de jasmin et de fleur d'oranger sont produites essentiellement en Équateur[73],[74],[75].
129
+
130
+ Le tableau suivant répertorie les principaux pays producteurs de fèves de cacao, les variétés qui y sont cultivées et les arômes correspondants, formés lors de la fermentation et le séchage de la fève de cacao[76],[77]. Les trois plus gros producteurs au monde (avec la variété Forastero) sont la Côte d'Ivoire, le Ghana et l'Indonésie[78].
131
+
132
+ Juste après la récolte, la cabosse est généralement fendue avec une machette et vidée de ses fèves et de sa pulpe, le plus souvent à quelques mètres du lieu de récolte[96]. Les fèves sont égrainées de l'axe central, triées[A 12], placées dans des bacs et recouvertes de feuilles de bananier[97]. D'autres plantations laissent les graines en tas ou utilisent des paniers suivant les moyens qu'elles ont[A 12]. La température varie de 40 à 50 °C[98]. On les laisse reposer environ une semaine en les brassant régulièrement[A 12].
133
+
134
+ Trois fermentations[99] vont débarrasser les fèves de leur pulpe, réduire le goût amer en acidifiant le milieu, solubiliser la matière grasse formant un film autour de la phase hydrosoluble, ce qui permet l'hydrolyse enzymatique qui développe les précurseurs d’arôme (acides aminés et produits de dégradation des glucides)[96].
135
+
136
+ Une première fermentation alcoolique se déroule de façon anaérobie (= sans contact avec l'oxygène) sous les feuilles de bananiers. Des levures transforment la pulpe acide et sucrée des cabosses en éthanol durant cette phase. C'est la même fermentation que pour le moût de raisin.
137
+
138
+ Une seconde fermentation, dite fermentation lactique, se déroule très rapidement pendant deux jours : les bactéries lactiques transforment l’alcool en acide lactique qui favorise la conservation naturelle du cacao.
139
+
140
+ Une troisième fermentation, la fermentation acétique est favorisée par le développement de bactéries acétiques sur les jus qui s'écoulent et avec l'air qui pénètre dans les tas de fèves. La température élevée tue le germe de la fève de cacao. Durant cette phase, les fèves changent de couleur : pendant la récolte, elles sont blanches ou violettes et virent après la fermentation au violet-pourpre voire rouge à brun chocolat en profondeur. La fermentation acétique libère des hydrolases (notamment la protéase) transformant les protéines en acides aminés et les glucides complexes en glucides simples à l'origine des précurseurs d'arômes[A 13].
141
+
142
+ À ce stade, elles contiennent encore 60 % d’humidité qu’il faut réduire à 7 % pour assurer une conservation et un transport optimaux. Les fèves sont alors séchées au soleil (séchage naturel) ou dans des séchoirs pendant 15 jours (ce séchage apporte une odeur de fumée au chocolat)[A 14] et parfois lavées (Madagascar). Elles sont retournées de façon régulière afin d'assurer un séchage homogène[96]. Le séchage comme la fermentation joue sur les arômes du cacao[A 14]. Elles sont ensuite expédiées et le reste du traitement se déroule en chocolaterie[A 15].
143
+
144
+ Comme pour le café, les fèves sont torréfiées afin d'augmenter leur arôme. Cette phase se déroule après nettoyage des graines dans un torréfacteur. Les fèves sont cuites à cœur avec leur coque puis elles sont décortiquées. Elles sont ensuite broyées à l'aide d'une meule et transformées en éclats, que l'on appelle grué (nib en anglais). La torréfaction dure en général 40 minutes à 140 °C. Mais elle diffère suivant les variétés et les arômes que l'on désire obtenir. La torréfaction permet aussi de réduire l'humidité des fèves de 7 % à 2 %[A 15].
145
+
146
+ Les grains de cacao sont broyés grossièrement (étape du décorticage séparant les cotylédons des coques et germes par un système de ventilation et de vibration) puis plus finement à chaud (50 à 60 °C) pour fondre et obtenir une pâte visqueuse malaxée : la pâte de cacao, aussi appelée masse de cacao (en anglais "cocoa mass" à l'état solide ou "cocoa liquor" à l'état liquide). Chauffée à 100−110 °C, cette pâte devient liquide : c'est la liqueur de cacao. Le beurre de cacao est séparé de cette huile par pression dans une broyeuse hydraulique (constituée de plusieurs cylindres de plus en plus serrés et permettant d'affiner le broyage en réduisant la fève en grains très fins non décelables sur le palais de la bouche[A 15]). Les résidus solides du broyage, les tourteaux, peuvent donner par pulvérisation le cacao en poudre.
147
+
148
+ Les étapes précédentes ont permis d'obtenir une pâte ou masse de cacao à laquelle on va ajouter différents ingrédients suivant le chocolat que l'on désire. Le chocolat noir est fabriqué en mélangeant beurre de cacao pour le fondant, cacao solide - également nommé « tourteau » - pour le goût, et sucre. Plus il y aura de sucre, moins le pourcentage de cacao sera élevé. Du lait en poudre est ajouté si on désire du chocolat au lait.
149
+
150
+ Le conchage est le fait de chauffer le cacao afin d'augmenter l'homogénéité, l'arôme et l'onctuosité du futur chocolat. Il dure environ 12 heures et se déroule à environ 70 °C dans une mélangeuse qui brasse lentement le mélange de chocolat. Durant cette étape, on peut ajouter des émulsifiants. Les chocolats industriels contiennent presque tous un émulsifiant sous forme de lécithine de soja, qui prolonge l'homogénéité du mélange[A 16].
151
+
152
+ Depuis le 23 juin 2000, une directive européenne[101] permet d'utiliser d'autres matières grasses végétales (« MGV »), moins chères que le beurre de cacao pour la fabrication du chocolat, dans la limite de 5 % du poids total du produit fini[102]. Sont considérés comme MGV : l'illipé, l'huile de palme, le sal, le beurre de karité, le kogum gurgi et les noyaux de mangue[A 17]. Cette directive a été adoptée dans un souci d'harmonisation européenne pour ne pas déséquilibrer la concurrence d'une part, et d'encadrer certaines pratiques d'autre part[103]. En effet, sous la pression des industriels du chocolat, plusieurs pays autorisaient déjà des matières végétales en proportion plus ou moins variable[104].
153
+ Pour satisfaire la demande de certains consommateurs connaisseurs, des marques ont créé leur label « 100 % beurre de cacao » pour signaler sur certains chocolats que c'est un chocolat de dégustation qui respecte la composition traditionnelle du cacao[A 17].
154
+
155
+ Le tempérage ou la précristalisation du chocolat consiste à amener le beurre de cacao dans sa forme cristalline la plus stable. Le beurre de cacao est composé de cinq molécules grasses différentes fondant chacune à des températures distinctes (comprises entre 26 et 31 °C), et ce mélange donne au chocolat un haut degré de cristallinité : il peut cristalliser en six formes différentes. Parmi celles-ci, le tempérage amène à la plus stable : la forme dite bêta du beurre de cacao[105].
156
+
157
+ L'opération consiste à d'abord chauffer le chocolat à une température suffisante pour faire disparaître toutes les formes cristallines et à ensuite refroidir rapidement[106] le chocolat de façon à favoriser la réapparition de cristaux des différentes formes, tout en évitant de trop favoriser des formes non-souhaitées par un refroidissement trop lent, et à ensuite réchauffer le mélange pour éliminer les formes cristallines plus fragiles au profit de celle recherchée.
158
+
159
+ Alternativement, une autre méthode couramment recommandée pour les amateurs consiste à refroidir le chocolat fondu en y ajoutant du chocolat du commerce froid, qui contient déjà la forme cristalline souhaitée, de façon à ensemencer la croissance des cristaux de la forme recherchée[107].
160
+
161
+ Le tempérage donne au chocolat (une fois qu'il a été refroidi) un aspect brillant et lisse, une dureté et un fondant caractéristiques, un retrait à la solidification qui facilite le démoulage, ainsi qu'une plus longue durée de conservation.
162
+
163
+ Le chocolat fond à partir de 36 °C. La courbe de cristallisation varie selon la proportion du beurre de cacao : pour du chocolat noir, une fois que tout le chocolat est fondu il faut le refroidir jusqu'à environ 28 °C puis le réchauffer à 32 °C sans jamais dépasser cette température. Pour finir, il faut le refroidir le plus rapidement possible autour de 20 °C.
164
+
165
+ Le chocolat est amené à l'état liquide au-delà de 36 °C. Il est ensuite ramené à l'état solide mais instable (température basse), stabilisé à la température haute et enfin, fixé lorsqu'il est complètement refroidi.
166
+
167
+ La température basse permet d'amorcer la cristallisation, celle de travail permet aux cristaux de s'ordonner dans leur forme stable. Si le chocolat descend en dessous de la température basse ou dépasse celle de travail, il n'atteindra pas la forme bêta du beurre de cacao et des marbrures se formeront, il aura une texture pâteuse. Il suffit alors de refondre le chocolat et de recommencer autant de fois que nécessaire jusqu'à la réussite du tempérage, le chocolat ne perdant pas ses propriétés lors de l'opération[108]. C'est le principe du cycle des tempéreuses.
168
+
169
+ Même si le chocolat fond à 36 °C, on le chauffe à une plus haute température pour aller plus vite car c'est un mauvais conducteur de chaleur : à partir de 40 °C pour le chocolat blanc et jusqu'à 55 °C pour le chocolat noir ; au-delà il risque de brûler. Jusqu'à la dernière étape de chauffage, il est nécessaire de toujours remuer le chocolat afin que la température soit uniforme. Il faut le maintenir à la température haute exactement pendant toute la durée du travail. Il ne faut jamais faire tomber de l'eau dans le mélange, il ne pourra être tempéré[109].
170
+
171
+ Dans la méthode industrielle, faire fondre le chocolat puis le refroidir jusqu'à la température basse : des cristaux se forment, il épaissit. Mélanger pour répartir les cristaux et réchauffer à 32 °C. Travailler et faire refroidir à 20 °C.
172
+
173
+ Dans la méthode du marbre, faire fondre le chocolat, en étaler 2⁄3 sur un marbre et travailler à la spatule jusqu'à ce qu'il épaississe légèrement. Rajouter le 1⁄3 restant qui le fera remonter à 32 °C.
174
+
175
+ La méthode dite d’ensemencement consiste à faire fondre 2⁄3 du chocolat, rajouter le tiers restant hors du feu et remuer jusqu'à la fonte complète. Pour une meilleure répartition de la chaleur, il est conseillé d'ajouter le chocolat solide sous forme de petits éclats, la semence. Attendre qu'il descende à la température basse et réchauffer à 32 °C[105].
176
+
177
+ Il existe des machines qui chauffent et refroidissent le chocolat en respectant les courbes de cristallisation. Ces machines, appelées tempéreuses le mélangent en permanence et le maintiennent à la bonne température pendant toute la durée du travail.
178
+
179
+ Pour obtenir la forme ou le motif désiré, le chocolat est directement versé dans des moules. Il s'agit du moulage du chocolat. Des ingrédients supplémentaires comme des noisettes, du riz soufflé ou des raisins peuvent être ajoutés selon la friandise que l'on désire. Les moules et le chocolat passent dans une machine appelée tapoteuse qui répartit le chocolat dans le moule. Enfin, il passe dans un tunnel réfrigéré qui le refroidit instantanément.
180
+
181
+ Chaque année, le magazine Candy Industries dresse la liste des plus gros fabricants de confiseries et produits chocolatés au monde selon leur chiffre d'affaires. L'International Cocoa Organization se base sur cette liste. En 2014, la liste des dix premiers fabricants de chocolats au monde (chiffre d'affaires en millions de dollar américain) est[110] :
182
+
183
+ Soit total des 10 premiers : 84,4 milliards de dollar américain, dont 40,3 milliards pour États-Unis (47,8 % de 84,4 milliards).
184
+
185
+ En France, Cémoi est le premier groupe fabricant de confiseries et produits chocolatés, se classant à la 26e place mondiale. Avec ses 14 usines et 3 000 employés, il réalise un chiffre d'affaires de 585 millions de dollars en 2013[111].
186
+
187
+ Poulain, Côte d'Or, Van Houten, Cailler, Suchard, De Neuville, Ligasia, Jeff de Bruges, Lindt & Sprüngli, Chocolat Frey, Villars.
188
+
189
+ Des chocolatiers peuvent être des inventeurs, chimistes ou entrepreneurs. Ils ont créé des nouvelles compositions chocolatées, tels que le gianduja ou des chocolats fins gourmets.
190
+
191
+ Le cacao est souvent cultivé par des travailleurs sous le seuil de la pauvreté, voire par l'utilisation d'enfants-esclaves[112]. Pour lutter contre l'utilisation d'esclave dans la production de cacao, un accord international, le Protocole Harkin-Engel a été signé en 2001. Cependant, en 2011, 1,8 million d'enfants étaient toujours exploités au Ghana et en Côte d'Ivoire, souvent affectés à des travaux dangereux.
192
+ Un documentaire, The Dark Side of Chocolate (en) a été produit en 2010 à ce sujet.
193
+
194
+ En 2019, 6 milliards vont aux agriculteurs sur les 100 milliards de dollars du marché mondial du chocolat. Les producteurs de cacao vivent souvent dans une pauvreté extrême. En 2019, les 2 premiers producteurs mondiaux, le Ghana et la Côte d'Ivoire, décident de suspendre la vente des récoltes de 2020/2021 afin de vendre le cacao à au moins 2 600 dollars par tonne[113].
195
+
196
+ Le chocolat se consomme à une température d'environ 20 °C. C'est un produit qui supporte mal les écarts de température car ils provoquent sa fonte ou son blanchissement (dû à l'accumulation de sucre ou de beurre de cacao en surface). Il faut également le conserver à l'abri des odeurs en raison de sa forte teneur en graisses[A 18].
197
+
198
+ Il peut être consommé en boisson (en général avec du lait), en tablettes, en bouchées (telles que les Coussins de Lyon) et sous de nombreuses autres formes. Il se marie très bien avec les alcools, en particulier avec la Chartreuse[N 6] et les fruits secs.
199
+
200
+ En France en 2012, la consommation se répartit de la manière suivante : tablettes (120 000 tonnes), bonbons et bouchées (100 000 tonnes), pâte à tartiner (75 000 tonnes), cacao en poudre (53 000 tonnes) et barres chocolatées (43 000 tonnes)[111].
201
+
202
+ Depuis la découverte des frères Fry en 1847, le mélange « sucre-beurre de cacao-chocolat en poudre » est toujours en vente.
203
+
204
+ Les formats couramment rencontrés sont les tablettes de 100 g à déguster, 200 g à cuisiner dont l'épaisseur des carrés est environ 2 fois supérieure aux carrés à déguster d’environ 5 g, en accompagnement de café ou de lait. Le choix du poids est seulement marketing.
205
+
206
+ Les règles relatives à la composition des tablettes de chocolat sont les mêmes pour l'ensemble des chocolats depuis la directive européenne 2000/36/CE[114], en 2000. Les multinationales y voient un avantage, du fait de l'autorisation à hauteur de 5 % de matières grasses végétales autre que le beurre de cacao, dans les produits chocolatés, leur permettant de faire des économies sur leurs coûts de production.
207
+
208
+ On appelle « bonbons de chocolat » des bonbons d'une dizaine de grammes composés de chocolat. Parmi ceux-ci figurent les pralines, les dragées et les bonbons enrobés dont l'intérieur peut être composé de ganache ou de praliné. Ces intérieurs sont en général préalablement découpés à l'aide d'une guitare.
209
+
210
+ Il peut être consommé sous forme de barre chocolatée qu'on appelle bouchée, selon le fourrage et la forme.
211
+
212
+ Pour fabriquer une dragée, on met en rotation dans la turbine un noyau solide (noisette, riz soufflé ou autre), on ajoute progressivement du chocolat liquide qui enrobe le noyau. On appelle cette opération charger en chocolat. Quand le poids de chocolat est atteint, on réalise un enrobage avec du sucre ou du glucose pour constituer une croûte cassante, et un agent brillant ou de glaçage peut-être ajouté[115].
213
+
214
+ Il existe bien d'autres formes de confiseries, les sucettes par exemple[116].
215
+
216
+ Le chocolat est utilisé dans la fabrication de nombreux autres produits tels que la ganache, le gianduja ou le praliné.
217
+
218
+ De nombreux chocolatiers présentent leur talent en réalisant des sculptures[117]. La réalisation de la plus belle sculpture ou « pièce en chocolat » est à la base de tout concours : une réalisation en chocolat avec un thème imposé, dans un délai imparti et parfois avec les matériaux imposés, en particulier dans le cas de concours parrainés par un fabricant. La chocolaterie est une des disciplines du concours du meilleur ouvrier de France[118].
219
+
220
+ Le chocolat comporte, selon les sources, jusqu'à 500 molécules identifiées[119] ou 300 composants. Les arômes sont liés à l'histoire et la transformation de la fève de cacao en cacao, puis en chocolat. En effet, les agents précurseurs des arômes se forment lors de la fermentation et le séchage de la fève de cacao[76],[77].
221
+
222
+ Sept critères sont pris en compte lors de la dégustation du chocolat[A 19] :
223
+
224
+ Il existe deux types de blanchiment. Le blanchiment gras est dû à une décristallisation qui fait ressortir en surface une fine couche de matière grasse. Cette décristallisation se produit lors de variations brutales de température ou lorsque le chocolat vieillit[120],[121]. Le blanchiment gras peut aussi provenir d'une sudation du fourrage. La graisse d'un fruit confit ou d'un praliné peut migrer vers la surface du chocolat. Pour éviter cette migration, les chocolatiers font un double enrobage. Une tablette de chocolat blanchie peut dans une certaine mesure être refondue pour être consommée quand même. En effet, en théorie les cycles de cristallisation du chocolat sont infinis.
225
+
226
+ Le second type de blanchiment, dit « sucrier »[122], est une cristallisation du sucre en surface, le plus souvent à cause de l'humidité[123].
227
+
228
+ Le chocolat peut aussi fondre lors d'épisodes de températures supérieures à 30 °C[125].
229
+
230
+ Afin d'éviter ces désagréments le chocolat doit être stocké à une température constante d'environ 16 °C et ne pas dépasser 19 °C et un taux d'humidité de 65 %.
231
+
232
+ Une armoire à chocolat permet de mieux contrôler ces éléments[126].
233
+
234
+ La consommation mondiale en 2003/2004 de cacao (c’est-à-dire le cacao contenu dans tous les produits de chocolat) a été d'environ 0,57 kg/personne ou 1,03 kg/personne si l'on exclut la Chine, l'Inde et l'Indonésie dont les grandes populations ont une influence disproportionnée sur les statistiques. Il existe toutefois de grandes variations régionales : la consommation moyenne par personne était d'environ 1,99 kg en Europe, 1,30 kg en Amérique, 0,12 kg en Asie/Océanie et 0,14 kg en Afrique[127].
235
+
236
+ En Europe, la consommation est plus forte dans les pays du Nord et alpins et plus faible dans les pays du Sud. Le premier pays consommateur est la Suisse (bien qu'une partie substantielle, estimée à 20 %, soit liée au tourisme[128]) avec 10,05 kg par an et par habitant, suivi du Royaume-Uni, de l'Allemagne, et de la Belgique. L'Espagne, le Portugal, la Slovénie et la Pologne (avec 840 g par an et par habitant) sont les plus faibles consommateurs. À titre de comparaison, la Chine consomme 120 g de chocolat par an et par habitant et les États-Unis 5,45 kg[129].
237
+
238
+ La consommation de chocolat varie dans l'année avec deux pics de consommation à Noël (10.1 % des ventes en 2018) et à Pâques (4.4 % des ventes en 2018)[130]. De manière générale, trois grands facteurs influent sur la consommation de chocolat :
239
+
240
+ Au Japon, par exemple, les femmes offrent à leurs connaissances (collègues, famille) des chocolats à l'occasion de la Saint-Valentin.
241
+
242
+ Le chocolat est composé de :
243
+
244
+ Le chocolat est un stimulant doux pour les humains, principalement en raison de la présence de théobromine[136]. Il contient en outre du magnésium, du phosphore, du potassium et du fer[137] ; 100 grammes de chocolat au lait fournissent un tiers des apports journaliers recommandés de magnésium[N 7].
245
+
246
+ Le chocolat contient une grande quantité de substances chimiques antioxydantes (flavonoïdes, de la famille des polyphénols ou « tanins ») découvertes dans les fèves de cacao et la poudre de cacao qui seraient à l'origine de ses qualités[138]. Ces substances possèdent de nombreuses propriétés.
247
+
248
+ Manger régulièrement du chocolat noir en quantités modérées peut avoir des effets positifs sur la santé ; le cacao ou le chocolat noir, en particulier, sont bénéfiques pour le système circulatoire[139]. D'autres effets bénéfiques ont été suggérés, tels qu'un effet anticancer, nootropique (stimulation cérébrale), de prévention de la toux ou antidiarrhéique[140]. Le chocolat est par ailleurs réputé aphrodisiaque, mais cet effet n'a jamais été prouvé.
249
+
250
+ D'un autre côté, la consommation excessive d'aliments riches en énergie, tel que le chocolat, est suspectée d'augmenter le risque d'obésité sans une augmentation correspondante de l'activité. Le chocolat brut est riche en beurre de cacao, une graisse qui est enlevée durant le raffinage du chocolat, puis ré-ajoutée en proportion variables lors de la fabrication. Les fabricants peuvent également ajouter d'autres graisses, des sucres et du lait, qui augmentent le contenu calorique du chocolat.
251
+
252
+ Il existe également une préoccupation quant à un léger empoisonnement au plomb pour certains types de chocolat et quant à certaines teneurs en cadmium et/ou nickel (voir la section Métaux lourds du présent article).
253
+
254
+ La BBC rapporte une étude indiquant que la fonte du chocolat dans la bouche provoque une augmentation de l'activité cérébrale et des pulsations cardiaques plus intenses qu'un baiser passionné, et durant quatre fois plus longtemps après l'arrêt de l'activité[141].
255
+
256
+ Le « chocolat cru[142] » est considéré avoir des effets encore plus bénéfique par les crudivores car il permet de conserver les saveurs et les nutriments originels (vitamines, minéraux) altérés lors de la torréfaction[143]. Ce type de chocolat était mangé jusqu'à l'époque d’Anne d'Autriche qui privilégia la torréfaction développant les arômes typiques de cacao[144].
257
+
258
+ Le cacao ou le chocolat noir pourraient avoir des effets bénéfiques sur la santé humaine. Cela est principalement dû à une substance particulière présente dans le chocolat : l'épicatéchine[145]. Celle-ci se trouve en quantité encore plus élevée dans la poudre de cacao (avec 158 mg/100 g d'(-)-épicatéchine, la poudre de cacao est l'aliment qui en est le plus richement doté).
259
+
260
+ Les flavonoïdes du cacao ont des effets anti-inflammatoires[146] limitant l'hypertension[147]. Il existe une légère réduction de la pression artérielle[148] et un meilleur contrôle de la taille des vaisseaux après avoir consommé quotidiennement du chocolat noir[149],[150],[151],[152].
261
+
262
+ Il existe même un régime hyperlipidique, appelé « régime gras »[153] qui met en avant la consommation de chocolat et de cacao en poudre en capsules. Cependant, la consommation simultanée de lait (séparément ou incorporé comme chocolat au lait) en diminue fortement le bénéfice[154]. La poudre de cacao traitée à l'alcali (appelée « chocolat hollandais » du fait de l'inventeur de la méthode : Van Houten) réduit fortement les capacités antioxydantes par rapport à la poudre de cacao brute[155] car ce processus détruit la plus grande partie des flavonoïdes[156].
263
+
264
+ Un tiers des graisses du chocolat sont constitués par l'acide stéarique, un acide gras saturé, et par l'acide oléique, un acide gras insaturé. Cependant, au contraire des autres graisses saturées, l'acide stéarique n'augmente pas le niveau de lipoprotéine de basse densité (LDL), intimement lié au taux de cholestérol dans la circulation sanguine[157],[158]. Ainsi, malgré le degré de saturation du beurre de cacao, celui-ci ne semble pas induire d'athérosclérose[159]. Autrement dit, la consommation de relativement grandes quantités de chocolat noir et de cacao n'augmente vraisemblablement pas le niveau de « mauvais cholestérol » (ou LDL). Cela pourrait diminuer même la quantité de LDL produite par le foie[160].
265
+
266
+ En conclusion, la consommation de chocolat est corrélée avec une diminution du risque de survenue de maladies cardio-vasculaires, concernant également les accidents vasculaires cérébraux. Ces constatations reposent toutefois essentiellement sur des études observationnelles et non sur des études randomisées, avec un risque de biais statistique[161].
267
+
268
+ Les teneurs en oligoéléments varient peu selon les marques de chocolat[162]. Des polluants environnementaux sont retrouvés dans les coquilles de fèves de cacao mais pas ou peu dans les produits chocolatés. C'est notamment le cas pour deux neurologiques (Bismuth et Arsenic) retrouvés en quantités significatives dans les coquilles de fèves de cacao mais pas dans le chocolat[162].
269
+ Une corrélation entre le taux de métaux du chocolat et la teneur en cacao de ce chocolat [162] laisse penser que la source primaire de contamination est le cacao et/ou ses modalités de préparation.
270
+
271
+ En 2018 BartoszKruszewski & al. concluaient que les produits à base de chocolat devraient encore « être surveillés en permanence et une limite absolue devrait être établie en ce qui concerne les niveaux admissibles de métaux lourds »[170].
272
+
273
+ Le chocolat est particulièrement énergétique car très riche en sucres (glucides) et matières grasses (lipides) : 500 kcal pour 100 g (550 kcal dans le chocolat au lait). 100 grammes de chocolat noir apportent un quart des besoins quotidiens moyens d'une femme qui sont de l'ordre de 1 800 à 2 000 kcal/jour[171] il contient du saccharose (sucre de table, un disaccharide : Glucose-fructose). L'index glycémique (IG) du chocolat est comparable avec le pain de seigle. Avec un IG de 65, il est dans la moyenne[Quoi ?].
274
+
275
+ Pour le nutritionniste consommer du chocolat à petite dose n'affecte pas négativement le taux de cholestérol sanguin, la pression artérielle ou l'oxydation du LDL, et il n'est pas évident que les biomarqueurs des maladies cardiovasculaires en soient modifiés. La quantité nécessaire pour provoquer de tels effets irait de pair avec une grande quantité de calories qui, sans réduction par ailleurs, provoquerait un gain de poids. En conséquence, la consommation de grandes quantités de chocolat noir pour se protéger des maladies cardiovasculaires a été décrite comme « scier la branche sur laquelle on est assis »[172].
276
+
277
+ En 2015, une équipe de chercheurs allemands (menée par le Dr Johannes Bohannon) tenant à vérifier la viralité d'une fausse information basée sur de la junk science a publié une étude complètement farfelue suggérant (sans preuves tangibles) que le chocolat ferait maigrir[173]. Cette pseudo « étude » eut un retentissement spectaculaire dans la presse, faisant les gros titres du Huffington Post, Daily Mail, Modern Healthcare ou encore du Bild (journal au plus fort tirage d’Europe)[174], etc. Aucun journaliste n'a à aucun moment questionné la validité de cette étude, qui n'avait pourtant aucune apparence de sérieux, se contentant de reprendre les communiqués de presse triomphants sans demander leur avis à d'autres scientifiques[174]. Les auteurs du canular déplorent que leur « créature » leur ait échappé : la fausse nouvelle a été tellement virale que leur démenti et la révélation de l'affaire n'ont eu que peu d'impact sur cette croyance, désormais relayée par de nombreux gourous du « bien-être » et des « médecines alternatives ».
278
+
279
+ Jusqu'au début du XIXe siècle, le chocolat était vendu en pharmacie en tant que fortifiant[175]. En effet, la poudre de cacao contient 1 à 3 % de théobromine, produit voisin de la caféine ; mais il a clairement un effet différent sur l'organisme, car il est doux et stimulant de manière permanente, et affecte l'humeur. Pour les êtres humains, ce pourcentage est sans danger.
280
+
281
+ D'autres composants affectent l'humeur, entre autres : l'amphétamine ; la phényléthylamine, précurseur de la sérotonine ; le tryptophane, un antidépresseur naturel ; l'anandamide, un cannabinoïde découvert en 1996 par des chercheurs de l'université de San Diego[176]. Ce dernier est un dérivé de l'acide arachidonique, comme le THC présent dans le cannabis. Ses effets sur les récepteurs nerveux sont voisins mais beaucoup plus rapides en raison de la réduction des anandamides. Il faudrait cependant plusieurs kilos de chocolat pour un effet sensible[177],[178].
282
+
283
+ Plusieurs études sur des populations ont observé une augmentation du risque de certains cancers chez les personnes consommant fréquemment des aliments de type malbouffe contenant (entre autres) du chocolat[179]. Cependant il n'y a pas de preuves d'une influence du chocolat noir, riche en flavonoïdes, sur le risque de cancer. Certaines études laissent penser que les flavonoïdes contenus dans le cacao pourraient posséder des propriétés anticarcinogènes[179], mais ce n'est pas démontré.
284
+
285
+ D'autres études suggèrent qu'un type de cacao spécialement formulé pourrait être nootropique et retarder le déclin lié à l'âge des fonctions cérébrales[180].
286
+
287
+ Mars Incorporated, une société produisant des barres chocolatées, étudie depuis les années 1990 les flavonols[181]. La société est en relation avec l'industrie pharmaceutique pour produire des médicaments basés sur les molécules de flavanol du cacao, qui pourraient notamment aider à traiter le diabète ou certaines démences[182][Passage à actualiser].
288
+
289
+ D'autres recherches indiquent que le chocolat pourrait prévenir les toux persistantes. La théobromine a été montrée comme étant un tiers plus efficace que la codéine, le principal médicament contre la toux[183].
290
+
291
+ Les flavonoïdes peuvent inhiber le développement de la diarrhée, suggérant un effet antidiarrhéique du cacao[184].
292
+
293
+ Les tanins, le fluor et les phosphates contenus dans le cacao ont des propriétés anti-carie qui compenseraient l'effet cariant de sa forte teneur en glucides[185],[186],[187].
294
+
295
+ Le cacao contient de l'acide phénylpropanoïdique, qui a un impact sur la croissance des cellules de la peau[188]. Ainsi, le chocolat pourrait améliorer la cicatrisation, réduire les dommages cutanés et les rides, et prévenir le risque d'ulcère gastrique. La vitamine E et surtout les flavonoïdes (catéchine et épicatéchine) permettent également d'améliorer la densité et l'hydratation de la peau ainsi que la photoprotection en augmentant la circulation sanguine au niveau cutané[189].
296
+
297
+ Le chocolat peut aussi donner lieu à des allergies, que ce soit en raison du cacao[190] ou des substances ajoutées (soja, lait, noisette, etc)[191].
298
+
299
+ Les traditions romantiques identifient fréquemment le chocolat à un aphrodisiaque. Les qualités réputées aphrodisiaques du chocolat sont le plus souvent associées avec le simple plaisir sensuel de sa consommation. Bien qu'il n'y ait aucune preuve que le chocolat soit réellement un aphrodisiaque, offrir du chocolat reste un comportement chargé de connotations[192],[193].
300
+
301
+ Une croyance populaire non étayée par aucune étude scientifique est que le chocolat peut causer l'acné[194],[195],[196].
302
+ Diverses études pointent plutôt la nature hautement glycémique de certains aliments tels que le sucre, le sirop de maïs et d'autres simples hydrates de carbone comme cause de l'acné[197],[198],[199],[200],[201]. Le chocolat en lui-même a un indice glycémique bas[202].
303
+
304
+ De plus, il a été suggéré que puisque le chocolat augmente le niveau de sérotonine dans le cerveau, il pourrait au contraire diminuer le stress et aider à réduire l'acné[203]. D'autres causes alimentaires de l'acné ne peuvent être exclues, mais nécessitent des recherches plus rigoureuses[204].
305
+
306
+ Il existe plusieurs études concernant l'hypothèse selon laquelle le chocolat serait addictif[205]. La dépendance physique n'entre pas en ligne de compte.
307
+
308
+ Plusieurs molécules peuvent jouer un rôle dans cette supposée addiction :
309
+
310
+ Cette addiction est parfois nommée Chocoholisme.
311
+
312
+ Le chocolat est dangereux voire mortel pour certains animaux, en particulier pour les chiens, les chats, les perroquets ou les chevaux. La théobromine qu'il contient, proche de la caféine, sur-stimule leur système nerveux, et leur métabolisme ne permet pas de l'éliminer rapidement[207].
313
+
314
+ Ainsi, 150 g est une dose potentiellement létale pour un chiot ou un petit chien[208]) ; la théobromine persiste une vingtaine d'heures dans son sang, pouvant causer des convulsions épileptiques, un infarctus, des hémorragies internes et finalement la mort. En cas d'ingestion, il faut administrer un vomitif dans un délai de deux heures ou l'amener chez le vétérinaire. Celui-ci tentera à l'aide d'un traitement de limiter l'absorption de la théobromine par l'organisme[209],[210],[211]. Une dose plus faible peut entrainer d'autres lésions, notamment une cécité chez le chien.
315
+
316
+ La dose dangereuse s'évalue selon le type de chocolat, l'espèce et la masse corporelle de l'animal. Ainsi, un chocolat noir (à 50 % de cacao) peut déclencher une intoxication marquée à partir de 5 ou 6 grammes par kilogramme de masse corporelle, tandis qu'un chocolat au lait (de 35 % à 50 % de cacao) peut avoir le même effet avec 25 grammes par kilogramme : typiquement, un lapin en chocolat au lait de 500 grammes peut intoxiquer significativement un chien de 20 kilogrammes[212].
317
+
318
+
319
+
320
+
321
+
322
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1094.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,162 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Mise en garde médicale
2
+
3
+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
4
+
5
+ Le choléra est une toxi-infection entérique épidémique contagieuse due à la bactérie Vibrio choleræ, ou bacille virgule, découverte par Pacini en 1854 et redécouverte par le bactériologiste allemand Robert Koch en 1884[1]. Strictement limitée à l'espèce humaine, elle est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes (gastro-entérite) menant à une sévère déshydratation. C’est une diarrhée infectieuse de type syndrome cholériforme (ou diarrhée hydroélectrolytique) à ne pas confondre avec le syndrome gastro-entéritique. La forme majeure classique peut causer la mort dans plus de la moitié des cas, en l’absence de thérapie par réhydratation orale (en quelques heures à trois jours).
6
+
7
+ La contamination est orale, d’origine fécale, par la consommation de boissons ou d'aliments souillés.
8
+
9
+ L'Organisation mondiale de la santé estime que le choléra entraîne chaque année environ 100 000 morts pour 4 millions de cas recensés. En France (hors Guyane et Mayotte), où le choléra autochtone a disparu, on compte entre 0 et 2 cas importés chaque année depuis 2000.
10
+
11
+ L’étymologie du terme choléra ne fait pas débat. Il s’agit du mot bien attesté en grec ancien, χολέρα / choléra qui désignait déjà chez Hippocrate la maladie que nous connaissons[2]. Ce mot est un dérivé du grec χολή / kholê, « bile ». Passé en latin sous la même forme, il est à l'origine de l'adjectif cholérique en 1826, et du mot colère[3]. L’hypothèse selon laquelle il viendrait de l'hébreu cholira « mauvaise maladie » n'est pas vraisemblable[4].
12
+
13
+ Chez les auteurs médicaux anciens, le mot choléra peut s'accompagner d'adjectifs distinguant le choléra européen du choléra asiatique. Le choléra européen (dit également choléra anglais, cholera morbus, cholera nostras, choléra sporadique, choléra estival) n'était pas le choléra, mais un ensemble de gastro-entérites saisonnières avec diarrhées profuses dues sans doute le plus souvent à des salmonelles[4].
14
+
15
+ À partir du Moyen Âge, les explorateurs européens découvrent une nouvelle forme, beaucoup plus grave, de choléra, qu'ils appellent le choléra asiatique, désigné sous les termes de choléra indien, choléra malin, choléra épidémique, choléra algide (avec froideur cutanée)[5].
16
+
17
+ Après la découverte du vibrion par Koch, et celles des autres agents de diarrhées infectieuses, ces adjectifs disparaissent progressivement, et choléra sans autre qualificatif ne désigne plus désormais que la maladie causée par Vibrio choleræ.
18
+
19
+ D'anciennes expressions populaires ont pu désigner le choléra comme trousse-galant (= maladie qui enlevait le galant, c'est-à-dire un jeune homme).
20
+
21
+ L'expression peur bleue est héritée des périodes d'épidémies de choléra qui provoquait une cyanose livide effrayante (par rupture des capillaires) précédant de peu la mort[6].
22
+
23
+ Le choléra est une infection intestinale aiguë due à une bactérie, Vibrio choleræ, qui se transmet par voie directe fécale-orale ou par l’ingestion d’eau et d’aliments contaminés. Pour les détails sur la bactérie et les mécanismes de la maladie, voir
24
+
25
+ L'acidité gastrique (pH 1,2 à 1,8) est un facteur de défense contre les vibrions cholériques. À fortes doses (charge infectieuse de plus de 100 millions de bactéries par mL), ils peuvent franchir cette barrière et coloniser l'intestin de pH alcalin favorable. Chez le sujet sain, la dose minimale infectante nécessaire pour l'apparition de signes cliniques (diarrhée) est de l'ordre de 108 à 1011 bactéries.
26
+
27
+ Les vibrions ne pénètrent pas dans l'organisme et restent attachés à la muqueuse intestinale (au niveau du jéjunum). Ils sécrètent une toxine qui amplifie, de façon exagérée, un processus normal de sortie d'eau, de sodium et de chlore des entérocytes (cellules intestinales). Normalement, cette production d'eau est réabsorbée, mais ici la production de sortie est telle que les capacités de réabsorption sont dépassées[7], d'où les diarrhées caractéristiques du choléra, dont l'intensité peut entraîner la mort par déshydratation.
28
+
29
+ La maladie donne une immunité partielle, pour une durée d'au moins trois ans, contre le sérotype impliqué[8].
30
+
31
+ C'est la forme typique, avec une incubation courte : de 3 à 7 jours en situation endémique, ou de quelques heures en situation épidémique.
32
+
33
+ Le début est brutal, sans signes annonciateurs. Avec ou sans douleur abdominale, une diarrhée liquide apparaît, elle est incolore, en « eau-de-riz » (contenant des grumeaux), d'odeur fade (douceâtre et écœurante) et extrêmement abondante (jusqu'à 1 litre par heure). Ces diarrhées incessantes épuisent le malade, elles sont dites en jet ou en fusées, pour devenir quasi-continues, souillant et inondant son environnement immédiat. Ces diarrhées s'accompagnent de vomissements de mêmes caractères[9], ils sont dus à un état d'acidose métabolique consécutif aux pertes diarrhéiques.
34
+
35
+ En quelques heures, se constitue un tableau fait d'une asthénie intense ou de grande torpeur, une soif majeure que le malade ne peut satisfaire (à cause des vomissements), des crampes musculaires très douloureuses, d'abord des extrémités et des membres, puis de l'abdomen et du thorax.
36
+
37
+ L'examen montre une grande déshydratation : le malade reste conscient et lucide, mais ses yeux sont vitreux et sa voix inaudible. Le visage est émacié et les globes oculaires enfoncés dans des orbites cernées. La langue est rôtie. Au léger pincement, la peau garde un pli cutané très marqué et durable. Le corps est cyanosé et couvert de sueurs froides. Le pouls est rapide et imprenable, la pression artérielle effondrée et la température cutanée basse (36 °C). « Le cholérique ressemble en moins de 24 heures au déporté quittant un camp de famine »[10].
38
+
39
+ L'évolution sans traitement se fait vers la mort par collapsus en moins de trois jours, quand la déshydratation atteint ou dépasse 12 à 15 % du poids corporel.
40
+
41
+ Environ 75 % des sujets contaminés ne présentent pas de symptômes, mais le vibrion reste présent dans les selles entre sept et quatorze jours. Évacué dans l’environnement, il peut contaminer d’autres personnes.
42
+
43
+ Dans les cas bénins, le choléra se manifeste par une gastro-entérite non fébrile, ou une diarrhée banale de diagnostic difficile. Ce sont des formes de fin d'épidémie, spontanément curables.
44
+
45
+ Dans le choléra « sec », la mort subite peut survenir par déshydratation aiguë, alors que la diarrhée ne s'est pas encore manifestée (l'intestin est rempli d'eau) ou qu'elle débute à peine[7].
46
+
47
+ Il existe diverses formes de la maladie, parfois trompeuses et associées ou pas à d'autres maladies.
48
+
49
+ Chez l'enfant, on peut observer une hypoglycémie ; chez la femme enceinte, fausse couche ou accouchement prématuré ; chez la personne âgée, AVC ou insuffisance rénale[8].
50
+
51
+ La formule de Lapeyssonnie est très souvent citée : « Une diarrhée sévère suivie de vomissements qui tue les adultes en quelques heures est presque toujours un choléra »[10].
52
+
53
+ Selon l'OMS, les définitions cliniques de cas suspects de choléra dépendent du statut de la zone géographique. Dans une zone jusque là indemne de choléra : est suspect de choléra, tout malade âgé de 5 ans ou plus, ayant une déshydratation grave, ou mourant de diarrhée aiguë aqueuse. Dans une zone touchée par le choléra : tout malade de 5 ans ou plus ayant une diarrhée aiguë aqueuse, avec ou sans vomissements[8].
54
+
55
+ Les enfants de moins de 5 ans peuvent avoir le choléra, mais en général, ils ne sont pas enregistrés dans les systèmes de suivi, à cause de la fréquence chez eux d'autres causes de diarrhées de même type[8], (le principe de traitement restant le même).
56
+
57
+ La confirmation bactériologique est souvent superflue en pleine période épidémique, mais elle est nécessaire au début pour identifier les premiers cas, et à la fin, lorsque les formes moins graves, devenues plus fréquentes, peuvent se confondre avec d'autres maladies[10].
58
+
59
+ Le diagnostic exact se fait par culture de germes à partir de selles ou d'écouvillonnage rectal. La culture permet l'identification précise des vibrions et éventuellement la réalisation d'un antibiogramme[7].
60
+
61
+ De nouveaux moyens diagnostiques plus rapides sont aujourd'hui disponibles, comme les tests immunologiques (ELISA) ou de biologie moléculaire (PCR). Il existe aussi des tests très rapides, détectant les vibrions directement dans les selles (tests sur bandelette), mais ils n'ont pas été jugés satisfaisants par manque de spécificité[8].
62
+
63
+ Le traitement consiste essentiellement en une réhydratation par un soluté de réhydratation orale, qui maintient le patient en vie le temps qu'il guérisse spontanément en quelques jours. Mis en œuvre efficacement, il permet de réduire la létalité à moins de 1%, seuil considéré par l'OMS comme l'objectif à atteindre pour une prise en charge médicale satisfaisante[8].
64
+
65
+ Le traitement est très facile lorsqu'il n'existe que quelques cas en milieu hospitalier moderne ; la létalité (mortalité chez les malades) est alors inférieure à 2 %. Il devient en revanche très difficile en pic épidémique (centaines de cas simultanés), à cause des problèmes d'organisation et de logistique. En l'absence de traitement (zone rurale éloignée, choléra dit « de brousse »), la létalité peut atteindre ou dépasser les 70 %.
66
+
67
+ Le traitement est une urgence consistant à réanimer le cholérique gravement atteint par une réhydratation massive rapide chez l'adulte, plus lente chez l'enfant. Elle se fait par voie veineuse, lorsque la voie orale n'est pas possible (présence de vomissements). La perfusion se fait avec le liquide de Ringer, ou un mélange de sérum salé isotonique et bicarbonaté. Le but est de compenser les pertes, et la quantité perfusée peut être impressionnante, si possible 10 % du poids du corps en 3 à 5 heures. Ensuite la perfusion est moins rapide, elle se poursuit en fonction de la diarrhée. L'amélioration est spectaculaire en quelques heures. Au total, 8 à 12 litres sont en moyenne nécessaires (dans des cas à diarrhée persistante, la réhydratation peut nécessiter jusqu'à 25 litres en quatre jours)[10].
68
+
69
+ Le traitement s'effectue par voie orale ou par sonde naso-gastrique dans les formes mineures ou modérées, ou en relais de la voie veineuse lorsque les vomissements ont cessé. On utilise à cet effet des sachets de SRO (Sérum de Réhydratation Orale) de l'OMS ou de l'UNICEF, à diluer dans de l'eau potable.
70
+
71
+ Les antibiotiques ne sont pas nécessaires à la guérison mais peuvent réduire l'importance et la durée de la diarrhée, et limiter la diffusion des germes et les risques de contamination. Les cyclines sont le plus souvent utilisées. En cas d'apparition de souches résistantes, la réalisation d'un antibiogramme peut se révéler utile.
72
+
73
+ Chez le petit enfant, une supplémentation en zinc par voie orale permet de réduire la sévérité et la durée du choléra[8].
74
+
75
+ Le choléra est endémique dans un certain nombre de pays où le système d'assainissement des eaux est insuffisant. Des cas importés peuvent survenir dans des pays développés, mais ne donnent pas lieu à des épidémies tant que les principes d'hygiène de base sont respectés et les infrastructures intactes (accès à l'eau potable, hygiène des sanitaires, séparation de l'eau potable et des eaux usées, traitement des eaux usées, etc.)[11].
76
+
77
+ La maladie se développe principalement dans des conditions de vie défavorables : fortes concentrations humaines, hygiène et assainissement de l'eau insuffisants, circonstances aggravantes d'insécurité (catastrophes naturelles, conflits armés, déplacements de réfugiés, etc.). En 2015, l'OMS estime à 2,4 milliards, le nombre de personnes dépourvues d'accès suffisants à l'eau potable et/ou à des sanitaires satisfaisants[12].
78
+
79
+ Deux sérogroupes de V. choleræ – les sérogroupes 01 et 0139 – peuvent causer des flambées épidémiques. Les principaux réservoirs sont l’humain et les milieux aquatiques propices à la prolifération d’algues (phytoplancton), comme l’eau saumâtre et les estuaires. De récentes études indiquent que le réchauffement climatique et l'eutrophisation anthropique pourraient créer un environnement favorable à V. choleræ et augmenter la fréquence de la maladie dans les zones vulnérables[13],[14]. La plupart des flambées épidémiques sont dues au sérogroupe 01. Le sérogroupe 0139, mis en évidence pour la première fois en 1992 au Bangladesh, possède les mêmes facteurs de virulence que le 01 et le tableau clinique est similaire. Le vibrion 0139 n’a actuellement été signalé qu’en Asie du Sud-Est et de l'l’Est, mais on ignore s’il ne s’étendra pas à d’autres régions. Il est recommandé d’exercer une surveillance épidémiologique attentive, voire de la renforcer. D’autres souches que les vibrions 01 et 0139 peuvent provoquer une diarrhée modérée, mais pas d’épidémies[15].
80
+
81
+ En 2015, 42 pays ont notifié un total cumulé de 172 454 cas, avec 1 304 décès, soit une baisse de 9 % du nombre des cas par rapport à 2014. 5 pays représentent à eux seuls 80 % des cas : Afghanistan, Haïti, Kenya, République démocratique du Congo et Tanzanie. L'incidence réelle est très probablement supérieure (l'OMS l'estime à 1,3 à 4 millions de cas par an dans le monde, dont 21 000 à 143 000 décès[16]. Sur les 1 304 décès notifiés en 2015, 937 sont survenus en Afrique, 30 en Asie et 337 aux Amériques (tous de l'île d'Hispaniola — Haïti et Saint-Domingue)[17].
82
+
83
+ En Europe, toujours en 2015, six pays ont signalé 22 cas importés : France, Norvège et Suède (un cas chacun), Espagne et Suisse (deux cas chacun), et le Royaume-Uni (15 cas)[17].
84
+
85
+ En France, les mesures d’hygiène collective et individuelle ont fait disparaître le choléra, hors Guyane et Mayotte, où des épidémies sporadiques et limitées peuvent encore survenir). Entre 0 et 2 cas importés de choléra (chez des voyageurs de retour de zone d’endémie) sont déclarés chaque année en France métropolitaine depuis 2000. L’alerte a lieu à partir d'un seul cas[18].
86
+
87
+ Dans les années 1980 la quasi-totalité (95 %) des patients se contaminaient au Maghreb, depuis 2000 les cas proviennent principalement d’Asie et d’Afrique de l’Ouest. En France, le risque de transmission secondaire semble très faible. En milieu de soins, le respect des précautions usuelles suffit pour éviter ce risque[18].
88
+
89
+ Depuis le début du XXIe siècle, c'est en Afrique, où le choléra sévit désormais de façon endémique, que la situation est la plus préoccupante aujourd'hui. Une épidémie s'est aussi déclarée à Kaboul après l'occupation américaine de l'Afghanistan ; plus de 2 000 cas étaient recensés dans la capitale afghane en juin 2005[19]. Une épidémie de choléra touche Haïti en 2010, faisant 10 000��morts et 800 000 malades jusqu'en 2016[20].
90
+
91
+ Au Yémen, une épidémie provoque plus de 1 500 morts et au moins 300 000 personnes infectées pour les mois de mai et juin 2017[21], alors que la situation pourrait sensiblement s'aggraver dans les mois à venir, prévient l'Organisation mondiale de la santé. La situation étant principalement critique dans les régions sous contrôle rebelle, en raison du blocage des voies d’approvisionnement par l'Arabie saoudite et des bombardements menés par l'aviation saoudienne[22].
92
+ En Algérie, plus de 43 cas ont été relevés dans les régions environnantes de la capitale Alger, reconnue par le ministère de la santé au cours du mois d'août 2018[23].
93
+
94
+ Dans les zones endémiques, la prévention du choléra consiste essentiellement en des mesures d'hygiène, et notamment empêcher le croisement de la chaîne alimentaire avec la chaîne des excréments.
95
+
96
+ Sur le plan personnel, il convient de se laver soigneusement les mains et d'éviter la serviette collective. Il faut nettoyer et désinfecter tout ce qui a été au contact avec de la matière fécale (N. B. : de malade ou de non-malade, il existe en effet des porteurs sains).
97
+
98
+ En ce qui concerne la nourriture, il convient d'utiliser une eau saine pour l'hygiène, la boisson et le lavage des aliments : si le pays ne dispose pas d'un réseau d'élimination des eaux usées et de traitement des eaux, utiliser de l'eau livrée dans une bouteille encapsulée (qui sera descellée devant soi) ou à défaut une eau bouillie ou javellisée. Il faut se méfier des sources « cachées » d'eau contaminée : fruits et légumes pouvant avoir été lavés avec de l'eau souillée (il faut les peler), glaçons, crèmes glacées et sorbets. Il faut éviter les fruits de mer. En ce qui concerne les mesures collectives, organiser l'apport d'eau potable au minimum pour la boisson et la vaisselle et l'élimination des selles.
99
+
100
+ Il existe divers vaccins dont l'efficacité n'est pas absolue[24] et qui ne sont obligatoires dans aucun pays. Bien que le plus largement disponible protège jusqu'à 90 % des personnes vaccinées, son prix d'environ 20 dollars la dose l'empêche de venir à bout de la maladie. Ce vaccin est commercialisé en France, principalement pour les voyageurs. D'autres vaccins existent déjà en quantité beaucoup plus réduites. Cependant, un nouveau vaccin moins cher donne des résultats prometteurs[25]. Son absorption orale et son prix peuvent en faire un acteur majeur de la lutte contre la maladie à l'avenir.
101
+
102
+ La sulfadoxine a été utilisée avec succès dans le passé suivant les préconisations du médecin Lapeyssonnie, du Service de santé des armées (SSA)[26].
103
+
104
+ Des chercheurs pensent aussi pouvoir désigner à l'avance les zones de risque et de début d'épidémie en région de forte endémie, par analyse en continu (monitoring) d'images satellitaires permettant de prédire les pullulations de copépodes nécessaires au déclenchement d'épidémies, à partir des pullulations de phytoplancton[27],[28].
105
+
106
+ Une approche globale pluridisciplinaire est conseillée par l'OMS pour obvier à une éventuelle flambée de choléra ; la lutte anticholérique n’est pas l’affaire du secteur de la santé seulement. Les secteurs de l’eau, de l’assainissement, de l’éducation et de la communication, entre autres, sont eux aussi non seulement concernés mais primordiaux[15].
107
+
108
+ La première description historique par un Européen est faite en 1503 par un officier de Vasco de Gama, qui décrit une épidémie de diarrhées cataclysmiques rapidement mortelles (en huit heures) et provoquant 20 000 morts à Calicut, en Inde. Limitées initialement à l'Asie (Inde, Chine et Indonésie), les épidémies se développent au XIXe siècle en véritables pandémies qui atteignent le Moyen-Orient, l'Europe et les Amériques.
109
+
110
+ Sept pandémies sont recensées :
111
+
112
+ Les six pandémies observées ont fait des millions de morts en Europe, en Afrique et dans les Amériques. La septième pandémie, qui a commencé en 1961, sévit encore au début du XXIe siècle. La maladie est désormais endémique dans de nombreux pays et il est impossible actuellement d’éliminer l’agent pathogène dans l’environnement.
113
+
114
+ Au début du XIXe siècle, l'Occident n'avait pas l'expérience d'épidémies de choléra, soit que la maladie n'y ait jamais eu cours sous cette forme, soit qu'elle n'y ait jamais été repérée. Les médecins connaissaient certes sous l'appellation de choléra, héritée des anciens, une maladie présentant des symptômes comparables à celle qui leur arrivait. La question se posa alors si ce choléra asiatique ou indien était identique aux formes connues appelées choléra nostras (ou encore choléra européen, choléra morbus de Sydenham, choléra anglais de Graves, choléra sporadique). On distinguait parfois encore quatre formes de choléra : la cholérine bénigne, le choléra franc guérissable, le choléra ataxique, généralement fatal, et le choléra foudroyant, toujours mortel[29]. Il faudra attendre les travaux de Robert Koch pour avoir des éléments de réponse : le choléra nostras qui survient dans les pays dits industrialisés vers la fin de l’été n'est pas transmissible d'individu à individu et les déjections humaines ne contiennent pas le vibrion responsable du choléra indien ; c'est une gastro-entérite aiguë due à une salmonelle[30].
115
+
116
+ En 1849, lors d'une épidémie de choléra qui touche la ville de Virton, le docteur Tilman décrit la symptomatologie :
117
+
118
+ « L’invasion du choléra avait lieu vers les deux-trois heures du matin ou au commencement du jour sous l’apparence d’une indigestion. Aux vomissements de liquide blanchâtre succédaient des selles de même nature. Lorsque le cas était foudroyant, on voyait bientôt le pouls ralentir, les yeux s’enfoncer de plus en plus dans les orbites, la chaleur du corps diminuer, la peau se cyanoser, un malaise général et insupportable se manifester. Les crampes dans les bras et les jambes torturaient le malade. Une soif ardente le dévorait, le pouls cessait de battre, les urines se supprimaient et si on ne parvenait pas à dompter la maladie, le corps se couvrait d’une sueur froide et visqueuse, la respiration se ralentissait, la voix s’affaiblissait et la vie s’éteignait souvent sans agonie. Cependant, le patient conservait la présence d’esprit jusqu’au dernier moment et quelquefois, quand il n’était pas tourmenté par les crampes et les vomissements, il paraissait voir avec calme et sans inquiétude arriver la fin de son existence »[31]
119
+
120
+ En 1831, Alexandre Moreau de Jonnès, après avoir examiné une longue série d'observations sur les manifestations du choléra en Inde et au Moyen-Orient, publie son rapport au conseil supérieur de santé sur le choléra-morbus pestilentiel (il avait fait connaître ses opinions depuis 1820). Il y avance le caractère contagieux de la maladie, dont les causes ne résident pas, selon lui, dans l'environnement – ainsi que les théories classiques de l'épidémie le soutenaient alors – mais dans l'action d'un germe qui « possède le pouvoir de se développer et de se reproduire comme des êtres organisés » (il parle toutefois toujours d'émanation gazéiforme, d'effluve qui affecterait l'humain, notamment par la respiration). Au début, la thèse de Moreau de Jonnès paraît dominer à l'Académie de médecine comme à l'Académie des sciences. Elle y rencontrera toutefois bientôt l'opposition de celle développée par un médecin moscovite, Jachnichen, qui finit par s'y imposer : la nécessité du maintien de relations commerciales internationales aura pesé en faveur de cette thèse de la non-contagiosité.
121
+
122
+ En 1832, Joseph Marc Limouzin-Lamothe, pharmacien à Albi, voit la « cause essentielle et primitive » du choléra morbus dans des « animalcules ou atomes cholériques[32] ».
123
+
124
+ En 1835, le médecin Jacques-Martin Berthelot propose une analyse détaillée de ses observations sur le terrain durant la pandémie de choléra asiatique qui touche Paris en 1832 et 1833. Son analyse est publiée dans un livre qui fait dès sa sortie l'intérêt de l'Institut[33].
125
+
126
+ En septembre 1849, une série d'articles du Times passait en revue les différentes théories expliquant la propagation de la maladie parmi lesquelles la théorie tellurique défendue par Max von Pettenkofer, la théorie électrique, la théorie ozonique et aussi la théorie zymotique qui s'appuie sur les travaux de Justus von Liebig[34]. C'est en cette même année 1849 qu'un médecin londonien, John Snow, fait connaître son opinion dans la première édition de son ouvrage intitulé On the mode of communication of cholera, où il désigne l'eau comme unique voie de transmission de la maladie. C'est d'ailleurs la seule originalité de ce premier ouvrage, qui atteste d'ailleurs encore d'une forte influence des idées de Liebig[35]. Toutefois ces premiers écrits rencontrent le scepticisme de ses contemporains. Dans la deuxième édition de 1854, largement remaniée, Snow, s'appuyant sur l'exemple de la variole et de la syphilis, émet l'hypothèse d'une sorte d'animalcule qui, ingéré, se développerait dans les intestins avant d'être évacué par les selles.
127
+
128
+ Après l'épidémie de 1849, le Parlement britannique exigea par le Metropolis Water Act de 1852, que toute l'eau de Londres fût passée avant distribution au travers de filtres de sable lents. L'utilité de cette méthode sera démontrée en 1892 lorsque la ville d'Altona qui y recourait fut épargnée par le choléra qui frappait pourtant durement la ville voisine de Hambourg[36].
129
+
130
+ En 1883, alertés par la nouvelle d'une épidémie de choléra en Égypte et craignant que celle-ci n'atteigne ultérieurement l'Europe, les gouvernements français et allemand y envoient chacun une mission d'étude[37]. La commission française composée de Roux, Nocard, Strauss et Thuillier (qui succombera à l'épidémie) – la « mission Pasteur » – s'efforça de reproduire la maladie chez l'animal – ce qui est impossible, les animaux étant généralement réfractaires à la maladie. Cependant, en 1884, le Dr Vincent Richards, chirurgien en poste à Gualundo (en) dans l'actuel Bangladesh, réussit à inoculer la maladie à un porc.
131
+
132
+ C'est à l'équipe dirigée par Robert Koch et Gaffky (en) qu'il reviendra d'identifier le bacille. Avant Koch, en plus de Pacini, d'autres savants avaient déjà probablement observé l'agent du choléra, comme Arthur Hassal (1854), Pouchet, Leyden (1866), Bruberger (1867) ou encore Julius M. Klob (1867). Les résultats obtenus par l'équipe allemande à Alexandrie, pour prometteurs qu'ils aient été, n'aboutirent pas à une conclusion définitive ; l'épidémie d'Égypte arrivant à sa fin, Koch gagne alors Calcutta, d'où il enverra une dépêche le 4 février 1884 annonçant le succès de sa mission. Il fait la démonstration que ce germe qu'il nomme Komma Bacillus en référence à sa forme – il a la forme d'une virgule[38] – est bien la cause de la maladie et non une conséquence, ainsi que le soutenait Hass[39]. La découverte de Koch n'emporta toutefois pas immédiatement l'adhésion de la communauté scientifique. D'abord, il ne fut pas toujours possible de mettre en évidence la présence du bacille virgule chez certains malades décédés du choléra. En outre des chercheurs, tels J. Prior et Dittmar Finkler, montrèrent que des vibrions comparables au V. Choleræ – tenu par Koch comme l'unique agent responsable du choléra – pouvaient avoir un rôle étiologique important dans les affections gastro-intestinales. Les responsables britanniques en Inde, Klein et Gibbes, recoururent avec constance à ce dernier argument[40]. Les recherches de laboratoire s'évertuèrent ainsi à distinguer les vibrions cholériques authentiques des vibrions pseudocholériques[41].
133
+
134
+ Lors de sa première conférence à Berlin en 1884, Koch ne prit pas en considération le symptôme pourtant principal du choléra, la diarrhée, expliquant que le bacille devait produire un poison qui avait un effet paralysant sur le système cardiovasculaire. Dans sa seconde conférence de Berlin, en 1885, il suggéra que le poison devait appartenir à la catégorie – désormais abandonnée – des ptomaïnes récemment postulée par Brieger[42].
135
+
136
+ Il revint à Gaffky de rédiger le compte rendu détaillé de ces voyages et de leurs résultats scientifiques dans Arbeiten aus dem Kaiserlichen Gesundheitsamte publiés en 1887.
137
+
138
+ En 1885, Nicati et Rietsch publièrent une note sur l'atténuation du bacille cholérique ; c'est cependant le Catalan Jaume Ferran i Clua qui eut l'initiative du premier vaccin anticholérique en 1885[43],[44]. Si l'on excepte les vaccinations antivarioliques, Jaume Ferran i Clua fut ainsi à l'origine de la première campagne de vaccination humaine à grande échelle. En 1889, l’une des cinq grandes pandémies de choléra du XIXe siècle ravage l’Asie et l’Europe. Nombre de médecins et biologistes dont Jaume Ferran i Clua doutent qu’il soit le seul responsable de la maladie. A l'Institut Pasteur, Haffkine axe ses recherches sur le développement d’un vaccin contre le choléra. Il produit une forme atténuée de la bactérie moins virulente et se l’inocule au risque de sa vie, le 18 juillet 1892. Les résultats positifs de cette expérience sont publiés le 30 juillet à la Société linnéenne de Londres mais sa découverte, qui provoque un retentissement enthousiaste dans la presse, doit encore faire son chemin parmi ses collègues, y compris par Metchnikov et par Pasteur, et au sein des instances médicales officielles en France, Allemagne et Russie[45].
139
+
140
+ Le 7 octobre 1892, en plein épisode épidémique de Hambourg, Max von Pettenkofer, un hygiéniste allemand renommé, qui s'opposait à l'idée que les germes en eux-mêmes puissent être seule cause de la maladie, but en public un verre infecté de bacilles après avoir pris soin de neutraliser son acidité gastrique avec un verre de bicarbonate de soude. Il n'eut à souffrir que de diarrhée légère, sans plus[34]. Son disciple Rudolph Emmerich (en) eut en revanche des troubles intestinaux plus graves pendant quatre jours avant de se rétablir. Ils tirèrent argument de cette issue pour réaffirmer leurs conceptions[46]. MacNamara avait déjà montré en 1876 mais de manière moins spectaculaire et surtout sans en tirer les mêmes conclusions que Pettenkofer, que l'ingestion de produits contaminés par V. Choleræ n'était pas toujours suivie de manifestations cliniques de l'infection[43].
141
+
142
+ En 1894, Richard Friedrich Johannes Pfeiffer (en), à la suite des travaux de Cantani de 1886[43], découvre une substance toxique issue de la destruction de la membrane de V. Choleræ : il forge le concept d'endotoxine. Il faut noter que ces toxines ne produisaient pourtant pas les symptômes diarrhéiques observé chez les cholériques[42]. Jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le dogme sur ce point sera que le bacille ne secrète pas d'exotoxine[43].
143
+
144
+ En 1894, Metchnikoff montre que la présence dans l'intestin de bactéries antagonistes pouvait empêcher le développement de la maladie[47],[48]. Une observation analogue avait déjà été faite par Emmerich en 1877[49].
145
+
146
+ En 1896, Ernest Hanbury Hankin (en), bactériologiste britannique, publie L'Action bactéricide des eaux de la Jumna et du Gange sur le vibrion du choléra[50]. En 1931 Félix d'Hérelle et Giorgi Eliava (en) commercialisent les premiers phages anti-choléra à Tbilissi[51]. En 1906, à Manille, Richard Pearson Strong (en) inocule un vaccin expérimental – accidentellement contaminé par le bacille de la peste – à des condamnés à mort. Trois hommes en décèdent ; l'affaire remonte au Sénat américain mais n'affectera finalement pas Strong[52]. En 1912 il conduit encore des expériences similaires sur des prisonniers concernant le béribéri[53].
147
+
148
+ Entre 1907 et 1920, Sir Leonard Rogers développera en Inde l'hydratation par intraveineuse de sérum hypertonique, faisant alors passer le taux de létalité du choléra – du moins concernant les victimes pouvant bénéficier de ce traitement en structure hospitalière – de 60-70 % à 30 %[54]. Il avait été précédé dans cette voie d'abord par Jachnichen en 1830 mais surtout en 1832 par le Dr Thomas Latta (en) qui s'appuyait sur les analyses du Dr William B. O'Shaughnessy (en). La méthode du Dr Latta, trop incertaine, fut rejetée puis oubliée (les perfusions intraveineuses d’eau salée non stérile, pratiquées avec des plumes d’oie, si elles amélioraient l’état des patients, pouvaient également entraîner de graves thromboses et phlébites suppurées).
149
+
150
+ En 1911, une épidémie de choléra est enrayée à Marseille dans un asile par la javellisation de l'eau (Koch avait démontré en 1881 l'action antibactérienne de l'hypochlorite de sodium).
151
+
152
+ Dans les années 1950, les professeurs Sambhu Nath De (en), à Calcutta, et N.K. Dutta, à Bombay, font concurremment la démonstration que V. Choleræ produit une puissante exotoxine, ce qui allait à l'encontre de ce qui était cru alors fermement établi, et ce, depuis les travaux de Virchow (Il faut signaler toutefois que Gallut et Grabar avaient déjà isolé une toxine en 1942). Grâce à la découverte d'un modèle expérimental animal, De et Dutta réussirent à soumettre V.Choleræ au troisième postulat de Koch[55]. Le caractère hétérodoxe de ces travaux, probablement allié à la nationalité des chercheurs, ont retardé la reconnaissance de cette découverte[56]. La toxine – appelée la choléragène – est purifiée et cristallisée par Richard Finkelstein (de) en 1969[57]. Cette conception entièrement renouvelée a notamment permis le développement de la thérapie par réhydratation orale.
153
+
154
+ Le choléra a été utilisé comme arme de guerre par l'unité 731 de l'Armée impériale japonaise.
155
+
156
+ Rita Colwell a démontré que certaines bactéries, dont le vibrio choleræ, peuvent être présentes dans des environnements naturels à un stade dormant tout en pouvant se transformer en état infectieux sous certaines conditions. Le 30 mars 2010 elle reçoit le Stockholm Water Prize en reconnaissance de ses travaux.
157
+
158
+ Le « choléra des poules » (et des volailles) est dû à un germe du genre Pasteurella, nommé ainsi ultérieurement en hommage à Louis Pasteur, et non au germe Vibrio choleræ qui est responsable du choléra classique.
159
+
160
+ Le choléra des doigts, ou rossignol des tanneurs, est une ulcération très douloureuse affectant les tanneurs et les mégissiers.
161
+
162
+ Le choléra infantile désigne l'entérite cholériforme, une maladie concernant les enfants du premier âge.
fr/1095.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,222 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Considérez son contenu avec précaution et/ou discutez-en. Il est possible de préciser les sections non neutres en utilisant {{section non neutre}} et de souligner les passages problématiques avec {{passage non neutre}}.
2
+
3
+ Le chômage peut être défini comme l'état d’une personne souhaitant travailler et qui est à la recherche d'un emploi. Cette définition du chômage connaît de nombreuses variantes et son concept donne toujours lieu à des controverses théoriques et statistiques.
4
+
5
+ Le chômage est souvent considéré comme résiduel et volontaire jusqu’au début du XXe siècle.
6
+
7
+ Le terme est dérivé du bas-latin / latin populaire du XIIIe siècle, repris en Occitan « caumare », exprimant le fait de « (se -- ou laisser) reposer (une activité) pendant la chaleur », terme dérivé du grec ancien « καυμα » (kauma) signifiant « chaleur ».
8
+
9
+ Le chômage correspond donc initialement à une période récurrente d'entraves (ex sécheresse, tempête, chute de neige, inondation) à une activité de subsistance (ex agriculture) ou d'échange (ex transport fluvial) comme au bon fonctionnement de moyens techniques de transformation des matières liée à des conditions favorables et à la disponibilité de l'eau[1],[2],[3].
10
+
11
+ En reprenant les exemples évoqués : la sécheresse provoquant les basses eaux, les pluies ou la fonte des neiges entraînant inondations, voire dommages entravant l'utilisation des moulins et biefs / canaux / arrivées d'eau, allant jusqu'à générer la famine entravant à son tour l'utilisation de la force de tractation des animaux domestiques, etc.).
12
+
13
+ Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle avec l’avènement de l'industrialisation et les restructurations des moyens de subsistance puis de production, que le chômage prend une dimension sociologique, créant un nouveau contexte économique extrêmement distant de l'environnement jusque là quasiment naturel d'une civilisation donnée, et provoquant l'inactivité d'importants groupes d'êtres humains malgré leur capacité de travail[4].
14
+
15
+ Le défaut de considération de l'origine étymologique du terme en fausse l'analyse historique et a pour conséquence directe la confusion du chômage avec la pauvreté ayant pour effet fatal de classer le chômeur dans la catégorie la plus basse de l'échelle sociale, celle des « pauvres » indépendamment tant de son savoir-faire que de ses compétences. La preuve peut en être démontrée a contrario : dans un contexte d'autosuffisance, la notion de chômage au sens industriel ne peut pas exister.
16
+
17
+ Dans l'Égypte et la Grèce antique, les gouvernants luttent contre la surpopulation que provoque l'essor de leur civilisation, en chargeant des profils compétents à la tête d'un groupe de volontaires « surnuméraires » créer des colonies, comme le firent les phocéens[5].
18
+
19
+ La Rome antique semble opposer l'otium (le loisir, par extension l'oisiveté mais qui peut également décrire une sorte de retraite) au negotium (le commerce, par extension l'exercice d'une profession). Le soudain afflux d'esclaves lié aux conquêtes, notamment au IIe siècle av. J.-C., provoque une surpopulation importante dans le berceau de l'Empire Romain, particulièrement à Rome. Par voie de conséquence, il est à l'origine de l'impossibilité de répartir les forces de travail dans les positions en nombre plus restreint, d'autant plus qu'elles ne disposaient pas nécessairement des compétences indispensables, que ce soit pour assurer l'équivalent de services à caractère public (ex aedilii, police, cursores, messagers, ou scribii, rédacteurs), qu'à caractère privé (ex aquarii, sitularii, porteurs d'eau ou aurifex, orfèvre). Les responsables romains durent répondre à cela, par le métayage de terres publiques (ager publicus)[6], le perfectionnement de l'approvisionnement en nourriture (apparition des agrariæ excubiæ ou stationes patrouilles jusqu'aux exploitations excentrées et relais sur les chemins) et du commerce et enfin le developpement des jeux, soit la fameuse politique panem et circenses (lat. que l'on peut interpréter aujourd'hui par paix sociale grâce à du pain et des Jeux).
20
+
21
+ Au Moyen Âge, les préceptes catholiques conduisent à la construction des hospices pour y accueillir initialement, les populations ayant rempli leurs obligations de service armé et celles victimes des nombreux conflits à cette époque. Ces populations sont souvent blessées ou malades. Outre le développement d'un précurseur des services publics de santé et d'hygiène, ces hospices permettent aux moines de remplir leur devoir de charité. Ces structures imitent celles beaucoup plus modestes et discrètes que les confréries, jurandes et maîtrises entretiennent dans leurs statuts depuis l'Antiquité. Par la suite des structures mixtes, les Conseils de fabrique, s'organiseront au niveau des paroisses en bureau de charité.
22
+
23
+ Le mouvement protestant ajoute de l'efficacité au précepte de charité : le riche n'atteindra pas le salut par la charité, puisqu'elle crée une dépendance du pauvre à son égard. Il atteindra le salut par la responsabilité qui lui incombe de partager son savoir et ses valeurs avec les autres. Le dénominateur commun des individus étant la contribution personnelle, c'est par le travail que se fera le salut, dans tous les sens du terme. C'est pourquoi, les plus riches ont le devoir moral de faire travailler les plus pauvres[7].
24
+
25
+ Sous l'Ancien Régime, la progression de la pauvreté accroît la mendicité et le vagabondage, notamment dans les grandes villes. XVIe siècle, plus exactement en 1526, le philosophe et humaniste Jean Louis Vivès estime dans son traité De subventione pauperum que la charité encourage les pauvres à ne pas chercher de travail. Il est le premier à proposer l'intervention de l'État pour mettre au travail les inactifs. Le pouvoir royal décide de prendre en charge la gestion de la pauvreté et a l'idée de regrouper les indigents dans des ateliers de charité ou Maisons du travail. Le principe traversera les siècles, et on le retrouve sous le règne de Louis XIV, au XVIIIe siècle, notamment sous le règne de Louis XVI, à l'initiative de Turgot qui en 1787, fait passer les ateliers de charité sous la responsabilité des Assemblées provinciales[6].
26
+
27
+ Parallèlement au cours du XVIIe siècle, le pouvoir royal veut régler le problème du vagabondage en menant une politique d'enfermement systématique[réf. souhaitée] dans les hôpitaux généraux[8]. Cette politique d'internement forcé des pauvres[réf. souhaitée] a affecté l'ensemble des États européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Elisabeth Ire institue des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres »[réf. souhaitée]. Les « Houses of Correction » qui auraient dû être présentes dans chaque comté vont laisser la place[réf. souhaitée] aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe ». Aux Provinces-Unies, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature[9].
28
+
29
+ Le Décret d’Allarde et la Loi Le Chapelier en supprimant les corporations en 1791 favorisent l'embauche de paysans poussés dans les villes par l'exode rural[10].
30
+
31
+ La reconnaissance du chômage s'est produite lentement et s'est particulièrement développée au cours de la bureaucratisation et l'organisation scientifique du travail lors de la révolution industrielle. Après la révolution de février 1848, les ateliers nationaux sont une organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens.
32
+
33
+ À la fin du XIXe, les aides en nature données aux chômeurs sont supprimées au profit des aides financières qui se développent avec l'assurance chômage. Elles reprennent sous la forme moderne des restos du cœur de la banque alimentaire, des épiceries sociales, des soupes populaires données à des pauvres et chômeurs qui ne sont pas forcément déclarés[6].
34
+
35
+ « Sont au chômage toutes les personnes au-dessus d'un âge déterminé, qui n'exercent pas d'emploi rémunéré ou ne sont pas travailleurs indépendants, sont disponibles pour travailler, et s'efforcent de trouver un emploi rémunéré ou de devenir travailleurs indépendants »[11].
36
+
37
+ Des historiens de l’économie soulignent que la notion de chômage est une invention de la fin du XIXe siècle qui va de pair avec l'exode rural et la constitution de la classe prolétaire urbaine.
38
+
39
+ À cette époque « la frontière travail/non-travail devient une coupure nette entre deux mondes et est vécue comme telle, d’autant qu’elle est séparation de lieu, entre lieu de travail et lieu d’habitat »[12].
40
+
41
+ La notion de chômage est intrinsèquement liée à l’idée de salariat, c’est-à-dire d’un contrat entre un travailleur et un employeur. Le chômeur est l’individu qui souhaite vendre sa force de travail mais ne trouve pas preneur aux conditions qu’il exige.
42
+
43
+ Or si le travail salarié s’est désormais imposé dans les sociétés occidentales contemporaines, il reste une réalité historique, fruit d’une évolution du système économique :
44
+
45
+ La statistique du chômage est marquée par la cohabitation d’une définition internationale proposée par le Bureau international du travail (BIT) et celles propres aux États et organismes statistiques nationaux.
46
+
47
+ Selon le BIT, est chômeur toute personne (de 15 ans ou plus) qui remplit les critères suivants[14] :
48
+
49
+ Au quatrième trimestre 2004 selon l'OCDE[16] le taux de chômage normalisé pour le groupe des hommes de 25 à 54 ans était de 4,6 % aux États-Unis et de 7,4 % en France.
50
+
51
+ À la même période et pour le même groupe, le taux d'emploi était de 86,3 % aux États-Unis et de 86,7 % en France d'après le même document.
52
+ On constate donc un taux de chômage 60 % plus élevé en France qu'aux États-Unis, alors qu'un nombre plus important d'individus travaillent dans le premier groupe — ce qui est contre-intuitif si on s'attend à ce que le niveau de chômage reflète la situation du marché du travail.
53
+
54
+ Il faut donc bien se garder d'interpréter sans précaution les chiffres du chômage. En effet, la définition du chômage repose sur la distinction fragile entre non-emploi d'un actif potentiel d'une part et l'inactivité d'autre part. Malgré les efforts de définition et de normalisation, cette mesure reste extrêmement subjective et donc facilement influençable par différentes politiques n'améliorant sans doute pas véritablement la situation du marché du travail.
55
+
56
+ L'OCDE recommande l'utilisation du taux d'emploi plutôt que du taux de chômage pour juger de l'efficacité du marché du travail et des politiques de l'emploi[17].
57
+
58
+ Le recours à l'outil statistique et aux méthodes quantitatives ne suffit pas à garantir la production d'un tableau de l'existant incontestable.
59
+
60
+ D’après les définitions statistiques, chaque individu peut rentrer dans l’une des trois catégories suivantes :
61
+
62
+ La crise économique entamée dans les pays occidentaux à partir des années 1970 a contribué à créer de nouvelles situations rendant cette catégorisation parfois incertaine.
63
+
64
+ On remarque d’abord qu’un certain nombre de personnes se trouvent entre une situation d’inactivité et de chômage (cf. zone 3). Parmi elles, beaucoup désirent travailler mais ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ont trop peu de chance de retrouver un emploi (et sont donc dispensées de recherche d’emploi) ou parce qu’elles ont renoncé, par découragement, à rechercher un emploi. Dans ce dernier cas, il peut s’agir de chômeurs de longue durée subissant des cas d’extrême exclusion sociale, de mères au foyer désirant travailler mais n’entamant pas de démarche, ou encore d’étudiants choisissant de poursuivre leurs études à défaut d’avoir pu se faire embaucher.
65
+
66
+ La zone floue entre l’emploi et le chômage (cf. zone 2) s’accroît avec la multiplication des formes atypiques d’emplois : les travailleurs subissant un temps partiel non voulu, les personnes recherchant un emploi mais ayant un peu travaillé dans la semaine ou le mois de référence, ainsi que les personnes possédant un emploi précaire.
67
+
68
+ De même, on trouve des situations intermédiaires entre l’emploi et l’inactivité (cf. zone 1), situation occupée par les individus faisant le choix de travailler moins. Enfin, les travailleurs clandestins et les employés « au noir » ne sont pris en compte dans aucun des trois groupes (cf. zone 4).
69
+
70
+ Le chômage, défini comme une inactivité subie, existe déjà dans les sociétés traditionnelles, mais son inexistence statistique – en France, la première statistique date du recensement de 1896 - le rend difficilement quantifiable avant le XXe siècle. On peut toutefois avancer le chiffre probable de 6 % à 8 % de chômeurs dans la première moitié du XIXe siècle, ce qui permet à Karl Marx de décrire une « armée industrielle de réserve » dans Le Capital (1867).
71
+
72
+ Après avoir décru à la Belle Époque, le chômage réapparaît après la première guerre mondiale à la suite des crises de reconversion et malgré la forte croissance des années 1920. Il atteint des taux aux alentours de 10 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Une hausse spectaculaire suit la crise économique de 1929, sauf en URSS : le chômage atteignant des pics de 25 % aux États-Unis et de 33 % en Allemagne. Seule l’Allemagne réussit à résoudre réellement le problème dans un contexte politique particulier, le nazisme qui s’installe grâce au désastre économique et au nationalisme allemand.
73
+
74
+ Les Trente Glorieuses qui suivent la Seconde Guerre mondiale sont marquées par un chômage très faible avoisinant les 2 % en Europe occidentale, les 4 à 5 % en Amérique du Nord et les 1 % au Japon.
75
+
76
+ Le chômage commence à croître dès la fin des années 1960, et connaît une hausse particulièrement significative à la suite du choc pétrolier de 1973. Dix ans plus tard, il touche 8,3 % de la population des pays de l’OCDE. La révolution conservatrice au Royaume-Uni et aux États-Unis avec les élections de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan conduisent à une baisse du chômage dans ces pays, une baisse importante du chômage est aussi constatée en Allemagne fédérale jusqu’à la réunification.
77
+
78
+ En 1994, le chômage toucherait 7,8 % de la population active dans les pays de l’OCDE. Depuis, il a connu une baisse importante aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe comme l’Irlande ou l’Espagne. Il reste endémique en France, mais a baissé fortement en Allemagne depuis 2005 où le chômage avait crû fortement jusqu'à 2005 après le rattachement des Länder de l’Est en 1990.
79
+
80
+ La crise financière de 2008 entraînait une forte augmentation de plus de 10 millions depuis 2007 aux États-Unis, en Europe et au Japon. L'Union européenne comptera 26,5 millions de personnes privées d'emploi en 2010, soit 11,5 % de la population active, contre environ 10 % aux États-Unis. Les suppressions d'emploi étaient particulièrement soutenues en Europe, notamment en Espagne (taux de chômage de 18 % et plus), au Royaume-Uni et en France. Le nombre des sans-emploi a crû de 250 000 en France au cours du premier trimestre 2009, ce qui mène à un taux de chômage de 11 % en 2010 et 12 % en 2011 (plus de 3 millions de chômeurs)[23].
81
+
82
+ En juillet 2014, Eurostat estime que 24,85 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’Union européenne, dont 18,41 millions dans la zone euro. Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles ont été enregistrés en Allemagne et en Autriche (4,9 % chacun), et les plus élevés en Grèce (27,2 % en mai 2014) et en Espagne (24,5 %). La France se trouve environ en moyenne de l’Union européenne avec 10,3 %[24].
83
+
84
+ En juillet 2014, le taux de chômage des jeunes (moins de 25 ans) s’est établi à 21,7 % dans l’Union européenne et à 23,2 % dans la zone euro, contre respectivement 23,6 % et 24,0 % en juillet 2013. Il s’agit du taux le plus bas enregistré pour l’Union européenne depuis septembre 2011 et pour la zone euro depuis juin 2012. Les taux les plus bas en juillet 2014 ont été observés en Allemagne (7,8 %), en Autriche (9,3 %) ainsi qu’aux Pays-Bas (10,4 %), et les plus élevés en Espagne (53,8 %), en Grèce (53,1 % en mai 2014), en Italie (42,9 %) et en Croatie (41,5 % au deuxième trimestre 2014). La France se trouve en moyenne avec environ 22,5 %[24].
85
+
86
+ Aux États-Unis, le marché du travail est caractérisé par une logique de flexibilité. Les salariés sont payés selon leur efficacité supposée, et les emplois précaires se multiplient autant dans le secteur industriel que dans le tertiaire, permettant aux travailleurs non qualifiés de rester compétitifs. Les emplois précaires sont plus facilement acceptés car la hiérarchie sociale et l’honorabilité sont moins problématiques[25]. Le pays est donc marqué par un chômage frictionnel important mais relativement stable. La part du chômage de longue durée, c’est-à-dire supérieur à un an, est de 6,1 % en 2001[26].
87
+
88
+ Des pays scandinaves comme la Suède sont marqués par des aides très importantes aux travailleurs les moins employables. En revanche, les chômeurs sont tenus d’accepter les emplois qui leur sont proposés. Dans le cas du Danemark, l’entreprise qui licencie ne verse pas d’indemnités. ; l’assurance chômage n’est pas obligatoire ; elle est gérée par plusieurs caisses privées. En cas de perte d’emploi, les bénéficiaires perçoivent 90 % de leur salaire pendant deux ans, plafonné à 2.325 euros[27]. L’indemnité n’est pas dégressive. Elle est versée à 100 % si la personne a travaillé au moins 52 semaines au cours des trois dernières années. Cette politique provoque des dépenses importantes pour l’État. Les chercheurs d’emploi sont aussi aidés par les municipalités. Ils doivent accepter les formations proposées[28] ou bien des stages en entreprises[29].
89
+
90
+ Dans la plupart des pays européens, le haut niveau de protection sociale vient répondre à l’importante identification des individus à leur emploi et à leur poste dans la hiérarchie professionnelle. Le taux de chômage est très élevé, et la part du chômage de longue durée importante : 43,7 % dans l’Europe des 15 et 37,7 % en France[26], toujours en 2001. C’est cette logique sociale qui explique la différence d’attitude entre les pays industrialisés[25].
91
+
92
+ Dans nombre de pays en développement, le chômage est une notion peu pertinente. Statistiquement, il peut atteindre des taux officiels dépassant souvent les 30 %, mais la mesure du chômage néglige les activités économiques indépendantes et familiales destinées à l’autoconsommation et représentant la source essentielle de richesse pour des populations à l’écart de l’économie marchande. Dans les pays les plus pauvres, ce travail indépendant représente 37 % de l’activité en zone urbaine, et bien davantage en zone rurale[30].
93
+
94
+ L’expérience du dernier quart de siècle a montré que certains pays jadis pauvres pouvaient résoudre le problème du chômage. Les dragons asiatiques (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong Kong) notamment, mais aussi l’Irlande par exemple, ont réussi à éliminer le problème de l’emploi et connaissent des taux de chômage faibles. Dans la plupart des cas le chômage a été réduit par une stratégie d’intégration des pays au commerce international et leur spécialisation dans des activités nécessitant beaucoup de main-d’œuvre, tandis que les stratégies de substitution d’importation n’auraient que peu d’effet[30].
95
+
96
+ Dans de nombreux pays, notamment en Afrique, l’instabilité politique et économique constitue un découragement à l’investissement des entreprises et explique une large part du chômage. L’accroissement constant de la population active du fait de la forte natalité aggrave le problème. Dans le cas de ce continent, la centralisation dirigiste des décisions relatives à la production agricole dans les capitales où règne la corruption constitue un obstacle essentiel à l’essor de l’emploi agricole rural[31]. C’est pourtant l’agriculture qui pourrait fournir l’essentiel du travail manquant.
97
+
98
+ Certaines populations sont plus susceptibles de subir le chômage, soit parce qu’elles n’ont pas de « bonne » qualification, soit parce qu’elles ont une faible volonté de travailler, ou encore parce qu’elles subissent un phénomène de discrimination. Ces causes de chômage peuvent se combiner.
99
+
100
+ La volonté de travail se manifeste par la capacité de l’individu à accepter des postes peu désirés à de faibles salaires et à se résoudre à compenser les obstacles économiques à son emploi en acceptant certaines contraintes comme la mobilité[32].
101
+
102
+ Le chômage concerne essentiellement les personnes non qualifiées, ou dont les qualifications ne correspondent pas à des besoins contemporains au sein de l'économie[32]. Le taux de chômage est ainsi bien plus élevé parmi les non diplômés (voir tableau), et, pour les diplômés de l'enseignement supérieur, il varie fortement en fonction du domaine de formation, et de la réputation de l’université ou de l’école de formation.
103
+
104
+ Le chômage de longue durée et la coexistence simultanée d'offres d'emploi non pourvues pourraient être essentiellement liés à des problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande de travail.
105
+
106
+ En France, le nombre de diplômés formés dans certains domaines (histoire de l’art, par exemple) ne correspond pas aux besoins réels de l’économie. Certains secteurs économiques connaissent, dans les pays développés, un déficit de main-d'œuvre (artisanat, personnel de maisons de retraite…).
107
+
108
+ Si les qualifications constituent l’une des variables les plus discriminantes[32] (voir tableau), le sexe, l’origine ethnique, l’âge, mais aussi le milieu social d’origine, la zone géographique d’habitation, jouent un rôle dans la compétitivité d’un individu sur le marché du travail, et en particulier par la représentation que l’employeur se fait de ces diverses données.
109
+
110
+ Il est difficile de déterminer la part exacte des discriminations envers les femmes ou les minorités ethniques.
111
+
112
+ Le chômage est un facteur de stigmatisation[35] et il exacerbe clairement certains risques de santé[36],[37],[38],[39],[40] et est source d'inégalités face à la santé psychologique[41] et mentale[42],[43] (y compris chez les jeunes[44]) et en termes d'accès aux soins[45] et à l'information médicale[46],[47], une mauvaise santé étant aussi source de risque supplémentaire d'exclusion professionnelle[48] (« Un mauvais état de santé accroît fortement le risque de devenir chômeur ou inactif »[49]). En ville, les chômeurs sont plus souvent plus nombreux à habiter dans les quartiers pollués, mais de manière très variable selon les villes[50], et le chômage semble aussi être un facteur de surmortalité[51]. En France, le chômage serait à l'origine d'environ 14 000 morts par an selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale[52].
113
+
114
+ Selon l'Insee et la DARES, la population active immigrée en France représente 2 892 150 personnes, la population active (plus de 18 ans) ayant un ou deux parents immigrés représente 3 174 430 personnes. La population immigrée est confrontée à un taux de chômage de l'ordre de 17,14 %, qui selon les sources est égal ou plus important pour les enfants d'immigrés.
115
+
116
+ En 2019, d'après une étude de l'Observatoire des inégalités, quelque 5,4 millions d’emplois en France sont interdits aux immigrés non-européens, soit plus d’un emploi sur cinq[53].
117
+
118
+ Parmi les catégories sociales modestes, le travail est un facteur important d’honneur et de valorisation personnelle, d’autant que la distinction entre « travailleurs » et « fainéants » s’y fait plus rapidement. Le chômage est donc vécu comme une perte d’identité et de dignité qui s’aggrave à l’occasion de chaque échec pour recouvrer un emploi ou lorsque le chômeur doit entamer les démarches administratives qui parachèvent sa catégorisation de chômeur. De plus, l’ennui est bien plus profond dans ces milieux où les opportunités de s’adonner à des activités alternatives (culturelles, associative, sportives…) sont plus rares que dans les milieux aisés[32].
119
+
120
+ Longtemps les femmes sans emploi ne se considéraient pas comme chômeuses mais simplement « non payées ». Aujourd’hui, leur réaction est relativement semblable à celle des hommes. Elles refusent souvent le statut de « femme au foyer » et la perte des liens sociaux qui dépendaient de l’exercice de leur profession. Avec l’apparition des familles monoparentales, elles peuvent vivre des situations de désastre économique et de culpabilité vis-à-vis du foyer dont elles ont la charge. Quelques femmes ayant des enfants en bas-âge parviennent à justifier leur chômage subi par les avantages familiaux qu’il procure[32].
121
+
122
+ Les cadres au chômage vivent le plus souvent une expérience différente de celle des catégories professionnelles plus modestes. Pour le cadre, il s’agit de rejeter le statut de chômeur en profitant du temps libre dans une optique professionnelle. Ils consacrent un temps important pour retrouver un emploi d’un certain niveau. Ils profitent aussi de leur inactivité temporaire pour suivre des formations ou se consacrer à la lecture d’ouvrages professionnels lié à leur domaine de compétence. Toutefois le chômage remet en cause leur plan de carrière, un des points les plus fondamentaux de leur identité sociale. Comme les chômeurs plus modestes, ils subissent progressivement une dégradation de leurs liens sociaux, mais bien moins rapidement[32].
123
+
124
+ La diversité des expériences vécues par les chômeurs a fait l'objet d'une typologie de la part de Dominique Schnapper, sociologue spécialiste de cette question[56]. Celle-ci a en effet démontré dans son ouvrage phare que les personnes dépossédées d'emploi pouvaient être divisées en trois grandes catégories :
125
+
126
+ Morgane Kuehni[57] a également montré une diversité des expériences vécues, lorsque les chômeurs sont assignés à un programme d’emploi temporaire, en fonction de leur rapport au travail, d’une part, et de la manière dont cette mesure s’intègre dans leur parcours, d'autre part.
127
+
128
+ Chez la plupart des chômeurs, le rejet du système économique se traduit à long terme par une situation d'anomie, et non par l'évolution de leur pensée politique. On trouve toutefois dans l'histoire des périodes historiques de haut chômage qui ont favorisé l'accession au pouvoir des régimes extrêmes comme le nazisme en Allemagne en 1933. Pour autant, la réaction politique de sanction des gouvernants est autant le fait des personnes effectivement affectées par le chômage que par les actifs occupés qui s'inquiètent du niveau de l'emploi. On remarque toutefois que statistiquement les chômeurs sont plus représentés parmi les électeurs s'abstenant de voter, notamment dans les classes modestes. Le choix politique entre les partis dits « de gouvernement » n'est que peu affecté par la situation de chômage, le chômeur trouvant dans son vote habituel une occasion de rejeter son nouveau statut de sans emploi[32]. Les partis dits « de gouvernement » sont toutefois très légèrement sous-représentés parmi les populations au chômage, et quelle que soit l'origine sociale des chômeurs[58].
129
+
130
+ Mais il subsiste une théorie de corrélation entre la montée de l'extrême-droite et le chômage, thèse défendue notamment par Jean-Pierre Raffarin en 2015[59]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple fit remarquer, à partir des propos de Raffarin, que le chômage faible n'empêcha pas le choc du 21 avril 2002, et qu'en Europe, on a des pays avec de faible taux de chômage mais une forte montée populiste (Suisse, Danemark, Suède), l'inverse se produisant aussi (Espagne, Portugal)[60].
131
+
132
+ Au niveau de la population globale, l'importance accordée à la lutte contre le chômage dépend moins de son volume que des effets d'annonce ou que des vagues de licenciements localisées relayées par les médias. Le sentiment serait que les partis de gauche ne sont pas plus à même de résoudre le chômage que ceux de droite et inversement, d'où l'impact faible de la question de l'emploi sur le résultat final des élections[32].
133
+
134
+ Les politiques de l'emploi renvoient à l'ensemble des mesures étatiques de politiques économiques visant à agir sur l'emploi. Leur objectif le plus courant est la réduction du chômage et la recherche du plein emploi. On distingue généralement deux grands types de politiques, les politiques actives cherchant à modifier le niveau de l'emploi dans l'économie et les politiques passives dont l'objectif est de limiter le chômage sans accroître la demande de travail de l'économie, et de le rendre plus supportable.
135
+
136
+ Une opposition forte existe entre :
137
+
138
+ La science économique[61] distingue plusieurs formes et types de chômages. Cette diversité s'explique par le fait que ces définitions visent à mettre en exergue des caractéristiques spécifiques et donc peuvent éventuellement se recouvrir :
139
+
140
+ Dans le modèle néoclassique d’une économie concurrentielle pure et parfaite (cf. hypothèses de CPP de l'analyse néoclassique standard), le chômage est décrit comme « volontaire » ou frictionnel. On dit qu’il est volontaire lorsqu’un individu refuse un emploi qu’il juge insuffisamment payé alors que le surplus de production qu’il apporte à l’entreprise ne peut permettre de lui accorder une rémunération supérieure. Dans l’optique néoclassique, le chômeur fait alors un arbitrage entre les avantages du travail (le salaire, la sociabilité) et les désavantages (le coût des transports, les frais de garde des enfants, le renoncement au loisir, la perte d'éventuels revenus d'inactivité) et décide alors volontairement de rester sans emploi.
141
+
142
+ Le jeu de la concurrence est censé faire varier les salaires à la hausse ou à la baisse de sorte que tout individu offrant du travail (demandant un emploi) doit finir par trouver une entreprise pour l’embaucher à une juste rémunération, c’est-à-dire selon la richesse qu’il produit, et plus précisément, selon sa productivité; car dans le cadre du modèle néoclassique les salaires sont flexibles.
143
+
144
+ Face à la Grande Dépression, les néoclassiques ont renforcé leurs positions en posant le chômage de masse constaté comme la preuve de leurs théories. Des économistes comme Arthur Cecil Pigou[65] ou Jacques Rueff ont tenté de montrer que le chômage découlait essentiellement des entraves à la concurrence - des imperfections du marché - imposées par certaines institutions monopoleuses comme les syndicats, et parfois l’État par le jeu d'une réglementation d'un salaire minimum par exemple.
145
+
146
+ Pour comprendre l’analyse néoclassique du chômage, plaçons-nous dans une première situation où le volume de l’emploi est L1 et le salaire réel wr1. Pour une raison exogène, une innovation technologique par exemple, la demande de travail des entreprises diminue (cf. courbe « Demande de travail »), tandis que l’offre de travail reste constante.
147
+
148
+ Cette évolution induit un nouveau point d’équilibre entre l’offre et la demande, et donc nécessairement un nouveau salaire, noté wr2. Le passage du salaire wr1 au salaire wr2 provoque une hausse du chômage « volontaire » car certains demandeurs d’emplois, prêt à travailler pour la rémunération wr1, préfèrent rester oisifs si le salaire est wr2. Le volume de l’emploi est L2. Il correspond au taux de chômage naturel de l’économie.
149
+
150
+ Toutefois, il est possible que, pour des raisons diverses (réglementation, salaire minimum, pression des syndicats), le salaire ne soit pas flexible à la baisse et demeure, malgré la baisse de la demande de travail, au niveau wr1. Le volume de l’emploi est alors défini par le nombre de travailleurs que les entreprises veulent embaucher à ce salaire, c’est-à-dire L3. Dans cette situation, le taux de chômage est supérieur au taux naturel, du fait du manque de flexibilité[66].
151
+
152
+ Ainsi les syndicats ou les réglementations étatiques qui - en empêchant les prix et les salaires de jouer leur rôle de variable d’ajustement automatique - participent à l’augmentation massive du chômage :
153
+
154
+ « Assurément, en immobilisant les salaires, on peut maintenir aux ouvriers qui travaillent une rémunération quelque peu supérieure à celle qu’ils recevraient en régime de libre concurrence ; mais on en condamne d’autres au chômage et on expose ceux-ci à des maux que l’assurance chômage n’atténue que bien faiblement[67]. »
155
+
156
+ Pour Keynes, les entreprises ajustent leur demande d'emploi au niveau de production qu'elles anticipent en fonction des débouchés qu'elles espèrent. C’est donc la demande effective qui détermine le niveau de la production, et qui, par conséquent fixe le niveau de l’emploi. Au bout du compte, c’est donc la seule demande effective qui détermine le volume de la production et le niveau d’emploi.
157
+
158
+ Pour représenter graphiquement l’équilibre économique obtenu, on détermine d’abord la fonction de demande globale (DG1) en fonction du revenu réel (Y). On trace par ailleurs la première bissectrice (DG=Y) qui décrit tous les points d’équilibre possible, c’est-à-dire les points où la demande et l’offre s’égalisent. L’intersection de DG1 et de la bissectrice permet de définir l’équilibre effectif. Or, rien n’assure que la production définie par cet équilibre (Y1) soit la production qui permette le plein-emploi (Ype). Si ce n’est pas le cas, l’équilibre effectif n’est pas égal à l’équilibre de plein-emploi (Epe) et il existe donc un chômage involontaire[68].
159
+
160
+ L’analyse est donc différente de celle des néo-classiques. Chez Keynes, il n’y a plus, à proprement parler, de marché de l’emploi. Le salaire n’est pas le prix d’équilibre entre une offre de travail et une demande de travail, et il n'y a pas de chômage qui résulterait d'entraves (par exemple par les syndicats) au fonctionnement de ce marché. Le niveau de l’emploi est fixé au niveau macroéconomique, en dehors du marché du travail : il est le produit de la demande effective. Il est donc conditionné par les deux composantes de cette demande : la propension à consommer des ménages et l’investissement. Ce n’est que lorsque le niveau de l’emploi est déterminé, en fonction d’un niveau de production correspondant à la demande effective, que les salaires réels se fixent. Il peut donc exister un équilibre de sous-emploi c’est-à-dire une situation où la demande effective correspond à un niveau de production inférieur à celui qui permettrait le plein emploi. Une baisse du salaire réel n’aurait, dans cette situation, que pour effet d’accroître le chômage, par suite d’une baisse de la demande effective (toute baisse du salaire entraînant une baisse de la consommation).
161
+
162
+ Pour Keynes, à court terme, la propension marginale à consommer des ménages est stable. Le niveau de l’emploi est donc fondamentalement lié, pour lui, à l’autre variable de la demande effective : l’investissement.
163
+
164
+ Des théories plus récentes d’équilibre de sous-emploi mettent en avant l’idée d’un salaire d'efficience : les nouveaux keynésiens[réf. souhaitée] notent que la difficulté pour les entreprises à mesurer la productivité réelle de leurs employés (cette mesure a un coût) peut les amener à les rémunérer au-dessus du salaire du marché, afin de renforcer leurs incitations à accroître ou maintenir leur productivité pour rester dans l'entreprise dont les salaires sont supérieurs à ceux du marché. Le niveau de salaire plus élevé est alors compensé par un surcroît de productivité. Lorsque cette stratégie est adoptée par l'ensemble des entreprises, le prix du marché peut s'élever au-dessus du prix d'équilibre. Le déséquilibre ainsi créé serait alors à l'origine d'une insuffisance de l'offre d'emploi, d'où dérive un chômage important[69].
165
+
166
+ En 1958, Alban William Phillips publie une étude empirique sur la Grande-Bretagne qui l’amène à établir une relation décroissante entre le chômage et la variation des salaires[70].
167
+
168
+ Remplaçant les salaires nominaux par l’inflation, Paul Samuelson et Robert Solow dessinent une nouvelle courbe, celle communément appelée la courbe de Phillips. Dans cette représentation, à partir d’un certain seuil, lorsque le chômage diminue l’inflation s’accélère et inversement. Ce point critique où l’autorité politique doit faire un arbitrage entre l’inflation et le chômage est baptisé NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment[71]).
169
+
170
+ « La société est mise en demeure de choisir entre un niveau d’emploi raisonnablement élevé, associé à une croissance maximale et à une hausse modérée mais continue d’une part, et d’autre part une stabilité raisonnable des prix, mais associée à un degré de chômage élevé[72]. »
171
+
172
+ Empiriquement contredite par des périodes économiques relativement longue de stagflation (forte inflation et chômage croissant) à la fin des années 1970, ainsi que par la période de forte croissance saine (ni inflation ni chômage) à la fin des années 1990, cette analyse avait déjà été contestée par Milton Friedman et les monétaristes sur le plan théorique. Selon eux, à moyen terme il n'y a pas d'arbitrage entre chômage et inflation. Pour Friedman, les individus finissent par adapter leurs réactions aux manœuvres du gouvernement. Si celui-ci décide par exemple de baisser les taux d’intérêt pour relancer l’activité, il provoque des nouvelles embauches sur le court terme, ainsi qu’une accélération de l’inflation. Au début, les travailleurs sont dupes de l’illusion monétaire, mais à moyen terme ils constatent que leur pouvoir d’achat a baissé et exigent donc des hausses de salaires, provoquant le retour du chômage à son niveau initial[73] alors que l'inflation est passée à un niveau plus élevée.
173
+
174
+ Les nouveaux classiques ont prolongé cette analyse en postulant que les agents économiques étaient désormais capables d’anticiper directement l’effet des politiques de relances sur l’inflation, exigeant alors immédiatement des hausses de salaires et rendant donc ces politiques inefficaces dès le court terme.
175
+
176
+ D’après Karl Marx, le chômage est inhérent au fonctionnement instable du système capitaliste, le chômage de masse étant une constante des périodes régulières de crise du capitalisme. Le prolétariat est alors divisé entre ceux qui sont en situation de sur-travail (salariés) et de sous-travail (chômeurs). Ces derniers constituent une « armée industrielle de réserve » qui permet aux capitalistes de faire pression à la baisse sur les salaires.
177
+
178
+ Au niveau du capitaliste individuel, le chômage est donc favorable en ce qu'il permet d'avoir toujours de la main d'œuvre à disposition, tout en maintenant les salaires à un niveau faible. Au niveau du capitalisme global, le chômage est à première vue un manque à gagner, puisque aucun profit n’est réalisé sur le dos des chômeurs. Le chômage n’est rentable pour le capitalisme global que s’il permet de baisser les salaires d’un pourcentage plus important que le taux de chômage. La baisse du chômage observée depuis 2007 en Allemagne, concomitante avec une baisse du niveau moyen des salaires[74], montre que la réalité économique peut cependant être parfois plus complexe (productivité du travail, acceptation des salariés...).
179
+
180
+ Dans Le Capital, Marx écrit : « L’excès de travail imposé à la fraction de la classe salariée qui se trouve en service actif grossit les rangs de la réserve, et, en augmentant la pression que la concurrence de la dernière exerce sur la première, force celle-ci à subir plus docilement les ordres du capital. » Et plus loin : « La condamnation d’une partie de la classe salariée à l’oisiveté forcée non seulement impose à l'autre un excès de travail qui enrichit des capitalistes individuels, mais du même coup, et au bénéfice de la classe capitaliste, elle maintient l'armée industrielle de réserve en équilibre avec le progrès de l'accumulation »[75].
181
+
182
+ Selon Marx, le seul moyen de supprimer définitivement le chômage serait d’abolir le capitalisme et le système du salariat, en passant à une société socialiste ou communiste (les termes étant à l'époque équivalents).
183
+
184
+ Pour les marxistes contemporains, l’existence d’un chômage persistant est la preuve de l’incapacité du capitalisme à assurer le plein emploi.
185
+
186
+ Depuis au moins la destruction de leurs machines par les luddites, au début de la Révolution industrielle, l’idée que le progrès technique détruit l’emploi est communément admise. La science économique tend, pourtant, à prouver qu’elle est fausse.
187
+
188
+ La critique la plus classique de cette idée a été formulée par Alfred Sauvy, dans La Machine et le Chômage (1980), où il présente la célèbre thèse dite du « déversement ». Après avoir rappelé que, durant les deux siècles précédents, le progrès technique a bouleversé les modes de production et décuplé la productivité sans susciter l’augmentation durable du chômage, il insiste sur les effets indirects du progrès technique : « le travail consacré à la production de la machine ; l’accroissement de la vente des produits bénéficiant du progrès, grâce à la baisse de leur prix et la production de masse ; l’apparition de consommations nouvelles ou l’augmentation de consommations anciennes ». De ces processus découlent ce qu’il nomme le « déversement », c’est-à-dire le transfert de la population active des activités dont le besoin de main d’œuvre diminue en raison du progrès vers de nouvelles activités suscitées par ce même progrès technique (fabrication des machines créées par le progrès, productions nouvelles, etc.). C'est par ce processus de « déversement » qu’Alfred Sauvy explique la transformation de la structure de la population active : la société agricole est devenue industrielle, avant d’être dominée par le secteur tertiaire - en suscitant à chaque fois une transformation qualitative des emplois, mais non leur diminution quantitative. Alfred Sauvy postule enfin que l’humanité s’inventera toujours de nouveaux désirs que le progrès technique comblera.
189
+
190
+ Pourtant, la thèse luddite persiste[76], l’automatisation et l’informatisation poussent progressivement à la disparition du travail, même dans le secteur tertiaire. Si le discours politique soutient en général le progrès technique, en pratique, dans chaque cas particulier, les politiques économiques sont souvent orientées en faveur des industries anciennes au détriment des industries naissantes qui les remplaceront (exemple : soutien de l'industrie du disque Vs entraves à la diffusion par Internet).
191
+
192
+ Selon la théorie du commerce international, les pays se spécialiseraient dans les activités qui requièrent abondamment le facteur de production dont elles sont le mieux dotées. Celle de main-d’œuvre pour les pays pauvres, celle de capitaux et de savoir-faire dans les pays riches. Selon Walter Stolper et Paul Samuelson le résultat de cette évolution est d’égaliser le salaire tiré d’un même travail à travers le monde. Ceci pourrait expliquer la chute des salaires dans l’industrie manufacturière aux États-Unis et le chômage dans les pays où les salaires sont rigides à la baisse (en France par exemple).
193
+
194
+ Toutefois si quelques économistes soulignent le lien entre ouverture commerciale et montée des inégalités, nombreux sont ceux qui proposent une contre-analyse. Selon Paul Krugman, l’idée que la hausse du chômage serait liée à une concurrence déloyale des pays à bas salaires relève d’une « théorie populaire du commerce international »[77]. Il explique que l’intérêt des politiques à prêter leur voix à de telles théories n’est qu’électoral. Il précise que la plupart des ouvrages traitant de ce sujet ou de la « guerre économique » sont l’œuvre d’essayistes et non d’économistes et sont vendus grâce à leurs thèses faciles qui alimentent l’imaginaire populaire. C’est la théorie « pop » qui néglige toutes les causes possibles du chômage (cf. supra).
195
+
196
+ « Selon cette idée reçue, la concurrence étrangère a érodé la base manufacturière américaine et détruit les emplois bien rémunérés […] Un faisceau croissant de preuves vient contredire cette idée courante […] Le ralentissement de la croissance du revenu réel est presque entièrement imputable à des causes internes. »
197
+
198
+ — Paul Krugman, La Mondialisation n’est pas coupable, 1994[78]
199
+
200
+ Le paragraphe « Arbitrage entre inflation et chômage » ci-dessus, qui apparaît dans le Carré magique de Kaldor ou la Courbe de Phillips montre qu'un faible niveau d'inflation et de chômage sont en particulier, dans un certain contexte, des objectifs contradictoires. Le lien entre les deux notions vient de la corrélation dans le même sens - ou en sens inverse suivant la position par rapport à l'équilibre[79] - entre l'inflation et le niveau des salaires nominaux et de celle entre les salaires nominaux et le taux de chômage, et s'observe en France pour la période 1985-2004[80],[81]. La conséquence est que pour éviter que les salaires nominaux ne croissent trop vite -ce qui un facteur particulièrement inflationniste- la banque centrale s'accommode bien d'un niveau assez important de chômage qui est le moyen privilégié d'exercer une pression à la baisse sur les salaires. Le mandat de la Banque centrale européenne ne comprend pas en effet, à la différence de la Réserve fédérale des États-Unis un objectif explicite de plein emploi (Federal Reserve Act), mais principalement de stabilité des prix autour de 2 % et secondairement de soutien à l'emploi[82]. Ainsi, le 21 février 2007, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir « une Europe où la politique monétaire ait pour objectifs la croissance et l'emploi et pas seulement l'inflation »[83]. La problématique de la BCE pourrait en effet être, avec un autre mandat : peut-on tolérer un Taux de chômage n'accélérant pas l'inflation, ou faut-il à l'inverse fixer un objectif maximum de taux de chômage et accepter le taux d'inflation qui en résulte? Le débat est d'autant plus d'actualité que par ailleurs la soutenabilité de la dette en zone euro, avec un taux moyen d'endettement de 93,6 % en 2012[84], est favorisée par un niveau plus élevé d'inflation et se détériore en cas de déflation.
201
+
202
+ « Il n’y a pas de moyen de coercition plus violent des employeurs contre les employés que le chômage. »
203
+
204
+ — Henri Krasucki[85]
205
+
206
+ « Ce sont la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau qui déterminent conjointement le volume de l'emploi et c'est le volume de l'emploi qui détermine de façon unique le niveau des salaires réels et non l'inverse »
207
+
208
+ — John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936
209
+
210
+ « À chaque instant, toute la population existante est toujours assurée de trouver du travail mais à un salaire répondant aux conditions du marché. Il ne peut y avoir de chômage permanent que si on fixe un niveau minimum de salaire supérieur au niveau qui s'établirait spontanément, ce qui a pour effet de vouer au chômage permanent les ouvriers qui ne trouveront du travail qu'au-dessous du minimum fixé »
211
+
212
+ — Jacques Rueff, « L'assurance chômage, cause du chômage permanent », Revue d'économie politique, 1931
213
+
214
+ « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. »
215
+
216
+ — Déclaration universelle des droits de l'homme, art. 23, 1948
217
+
218
+ « On pensait pouvoir trouver la sortie d'une récession et augmenter l'emploi en diminuant les impôts et en augmentant les dépenses du gouvernement. Je vous dis candidement que cette option n'existe plus, et dans la mesure où elle a jamais existé, ça n'a marché à chaque occasion depuis la guerre qu'en injectant une dose d'inflation plus grande dans l'économie, suivie d'un taux de chômage plus élevé à l'étape suivante. »
219
+
220
+ — James Callaghan, discours à la conférence du Parti travailliste (Royaume-Uni), 28 septembre 1976.
221
+
222
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1096.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,222 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Considérez son contenu avec précaution et/ou discutez-en. Il est possible de préciser les sections non neutres en utilisant {{section non neutre}} et de souligner les passages problématiques avec {{passage non neutre}}.
2
+
3
+ Le chômage peut être défini comme l'état d’une personne souhaitant travailler et qui est à la recherche d'un emploi. Cette définition du chômage connaît de nombreuses variantes et son concept donne toujours lieu à des controverses théoriques et statistiques.
4
+
5
+ Le chômage est souvent considéré comme résiduel et volontaire jusqu’au début du XXe siècle.
6
+
7
+ Le terme est dérivé du bas-latin / latin populaire du XIIIe siècle, repris en Occitan « caumare », exprimant le fait de « (se -- ou laisser) reposer (une activité) pendant la chaleur », terme dérivé du grec ancien « καυμα » (kauma) signifiant « chaleur ».
8
+
9
+ Le chômage correspond donc initialement à une période récurrente d'entraves (ex sécheresse, tempête, chute de neige, inondation) à une activité de subsistance (ex agriculture) ou d'échange (ex transport fluvial) comme au bon fonctionnement de moyens techniques de transformation des matières liée à des conditions favorables et à la disponibilité de l'eau[1],[2],[3].
10
+
11
+ En reprenant les exemples évoqués : la sécheresse provoquant les basses eaux, les pluies ou la fonte des neiges entraînant inondations, voire dommages entravant l'utilisation des moulins et biefs / canaux / arrivées d'eau, allant jusqu'à générer la famine entravant à son tour l'utilisation de la force de tractation des animaux domestiques, etc.).
12
+
13
+ Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle avec l’avènement de l'industrialisation et les restructurations des moyens de subsistance puis de production, que le chômage prend une dimension sociologique, créant un nouveau contexte économique extrêmement distant de l'environnement jusque là quasiment naturel d'une civilisation donnée, et provoquant l'inactivité d'importants groupes d'êtres humains malgré leur capacité de travail[4].
14
+
15
+ Le défaut de considération de l'origine étymologique du terme en fausse l'analyse historique et a pour conséquence directe la confusion du chômage avec la pauvreté ayant pour effet fatal de classer le chômeur dans la catégorie la plus basse de l'échelle sociale, celle des « pauvres » indépendamment tant de son savoir-faire que de ses compétences. La preuve peut en être démontrée a contrario : dans un contexte d'autosuffisance, la notion de chômage au sens industriel ne peut pas exister.
16
+
17
+ Dans l'Égypte et la Grèce antique, les gouvernants luttent contre la surpopulation que provoque l'essor de leur civilisation, en chargeant des profils compétents à la tête d'un groupe de volontaires « surnuméraires » créer des colonies, comme le firent les phocéens[5].
18
+
19
+ La Rome antique semble opposer l'otium (le loisir, par extension l'oisiveté mais qui peut également décrire une sorte de retraite) au negotium (le commerce, par extension l'exercice d'une profession). Le soudain afflux d'esclaves lié aux conquêtes, notamment au IIe siècle av. J.-C., provoque une surpopulation importante dans le berceau de l'Empire Romain, particulièrement à Rome. Par voie de conséquence, il est à l'origine de l'impossibilité de répartir les forces de travail dans les positions en nombre plus restreint, d'autant plus qu'elles ne disposaient pas nécessairement des compétences indispensables, que ce soit pour assurer l'équivalent de services à caractère public (ex aedilii, police, cursores, messagers, ou scribii, rédacteurs), qu'à caractère privé (ex aquarii, sitularii, porteurs d'eau ou aurifex, orfèvre). Les responsables romains durent répondre à cela, par le métayage de terres publiques (ager publicus)[6], le perfectionnement de l'approvisionnement en nourriture (apparition des agrariæ excubiæ ou stationes patrouilles jusqu'aux exploitations excentrées et relais sur les chemins) et du commerce et enfin le developpement des jeux, soit la fameuse politique panem et circenses (lat. que l'on peut interpréter aujourd'hui par paix sociale grâce à du pain et des Jeux).
20
+
21
+ Au Moyen Âge, les préceptes catholiques conduisent à la construction des hospices pour y accueillir initialement, les populations ayant rempli leurs obligations de service armé et celles victimes des nombreux conflits à cette époque. Ces populations sont souvent blessées ou malades. Outre le développement d'un précurseur des services publics de santé et d'hygiène, ces hospices permettent aux moines de remplir leur devoir de charité. Ces structures imitent celles beaucoup plus modestes et discrètes que les confréries, jurandes et maîtrises entretiennent dans leurs statuts depuis l'Antiquité. Par la suite des structures mixtes, les Conseils de fabrique, s'organiseront au niveau des paroisses en bureau de charité.
22
+
23
+ Le mouvement protestant ajoute de l'efficacité au précepte de charité : le riche n'atteindra pas le salut par la charité, puisqu'elle crée une dépendance du pauvre à son égard. Il atteindra le salut par la responsabilité qui lui incombe de partager son savoir et ses valeurs avec les autres. Le dénominateur commun des individus étant la contribution personnelle, c'est par le travail que se fera le salut, dans tous les sens du terme. C'est pourquoi, les plus riches ont le devoir moral de faire travailler les plus pauvres[7].
24
+
25
+ Sous l'Ancien Régime, la progression de la pauvreté accroît la mendicité et le vagabondage, notamment dans les grandes villes. XVIe siècle, plus exactement en 1526, le philosophe et humaniste Jean Louis Vivès estime dans son traité De subventione pauperum que la charité encourage les pauvres à ne pas chercher de travail. Il est le premier à proposer l'intervention de l'État pour mettre au travail les inactifs. Le pouvoir royal décide de prendre en charge la gestion de la pauvreté et a l'idée de regrouper les indigents dans des ateliers de charité ou Maisons du travail. Le principe traversera les siècles, et on le retrouve sous le règne de Louis XIV, au XVIIIe siècle, notamment sous le règne de Louis XVI, à l'initiative de Turgot qui en 1787, fait passer les ateliers de charité sous la responsabilité des Assemblées provinciales[6].
26
+
27
+ Parallèlement au cours du XVIIe siècle, le pouvoir royal veut régler le problème du vagabondage en menant une politique d'enfermement systématique[réf. souhaitée] dans les hôpitaux généraux[8]. Cette politique d'internement forcé des pauvres[réf. souhaitée] a affecté l'ensemble des États européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Elisabeth Ire institue des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres »[réf. souhaitée]. Les « Houses of Correction » qui auraient dû être présentes dans chaque comté vont laisser la place[réf. souhaitée] aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe ». Aux Provinces-Unies, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature[9].
28
+
29
+ Le Décret d’Allarde et la Loi Le Chapelier en supprimant les corporations en 1791 favorisent l'embauche de paysans poussés dans les villes par l'exode rural[10].
30
+
31
+ La reconnaissance du chômage s'est produite lentement et s'est particulièrement développée au cours de la bureaucratisation et l'organisation scientifique du travail lors de la révolution industrielle. Après la révolution de février 1848, les ateliers nationaux sont une organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens.
32
+
33
+ À la fin du XIXe, les aides en nature données aux chômeurs sont supprimées au profit des aides financières qui se développent avec l'assurance chômage. Elles reprennent sous la forme moderne des restos du cœur de la banque alimentaire, des épiceries sociales, des soupes populaires données à des pauvres et chômeurs qui ne sont pas forcément déclarés[6].
34
+
35
+ « Sont au chômage toutes les personnes au-dessus d'un âge déterminé, qui n'exercent pas d'emploi rémunéré ou ne sont pas travailleurs indépendants, sont disponibles pour travailler, et s'efforcent de trouver un emploi rémunéré ou de devenir travailleurs indépendants »[11].
36
+
37
+ Des historiens de l’économie soulignent que la notion de chômage est une invention de la fin du XIXe siècle qui va de pair avec l'exode rural et la constitution de la classe prolétaire urbaine.
38
+
39
+ À cette époque « la frontière travail/non-travail devient une coupure nette entre deux mondes et est vécue comme telle, d’autant qu’elle est séparation de lieu, entre lieu de travail et lieu d’habitat »[12].
40
+
41
+ La notion de chômage est intrinsèquement liée à l’idée de salariat, c’est-à-dire d’un contrat entre un travailleur et un employeur. Le chômeur est l’individu qui souhaite vendre sa force de travail mais ne trouve pas preneur aux conditions qu’il exige.
42
+
43
+ Or si le travail salarié s’est désormais imposé dans les sociétés occidentales contemporaines, il reste une réalité historique, fruit d’une évolution du système économique :
44
+
45
+ La statistique du chômage est marquée par la cohabitation d’une définition internationale proposée par le Bureau international du travail (BIT) et celles propres aux États et organismes statistiques nationaux.
46
+
47
+ Selon le BIT, est chômeur toute personne (de 15 ans ou plus) qui remplit les critères suivants[14] :
48
+
49
+ Au quatrième trimestre 2004 selon l'OCDE[16] le taux de chômage normalisé pour le groupe des hommes de 25 à 54 ans était de 4,6 % aux États-Unis et de 7,4 % en France.
50
+
51
+ À la même période et pour le même groupe, le taux d'emploi était de 86,3 % aux États-Unis et de 86,7 % en France d'après le même document.
52
+ On constate donc un taux de chômage 60 % plus élevé en France qu'aux États-Unis, alors qu'un nombre plus important d'individus travaillent dans le premier groupe — ce qui est contre-intuitif si on s'attend à ce que le niveau de chômage reflète la situation du marché du travail.
53
+
54
+ Il faut donc bien se garder d'interpréter sans précaution les chiffres du chômage. En effet, la définition du chômage repose sur la distinction fragile entre non-emploi d'un actif potentiel d'une part et l'inactivité d'autre part. Malgré les efforts de définition et de normalisation, cette mesure reste extrêmement subjective et donc facilement influençable par différentes politiques n'améliorant sans doute pas véritablement la situation du marché du travail.
55
+
56
+ L'OCDE recommande l'utilisation du taux d'emploi plutôt que du taux de chômage pour juger de l'efficacité du marché du travail et des politiques de l'emploi[17].
57
+
58
+ Le recours à l'outil statistique et aux méthodes quantitatives ne suffit pas à garantir la production d'un tableau de l'existant incontestable.
59
+
60
+ D’après les définitions statistiques, chaque individu peut rentrer dans l’une des trois catégories suivantes :
61
+
62
+ La crise économique entamée dans les pays occidentaux à partir des années 1970 a contribué à créer de nouvelles situations rendant cette catégorisation parfois incertaine.
63
+
64
+ On remarque d’abord qu’un certain nombre de personnes se trouvent entre une situation d’inactivité et de chômage (cf. zone 3). Parmi elles, beaucoup désirent travailler mais ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ont trop peu de chance de retrouver un emploi (et sont donc dispensées de recherche d’emploi) ou parce qu’elles ont renoncé, par découragement, à rechercher un emploi. Dans ce dernier cas, il peut s’agir de chômeurs de longue durée subissant des cas d’extrême exclusion sociale, de mères au foyer désirant travailler mais n’entamant pas de démarche, ou encore d’étudiants choisissant de poursuivre leurs études à défaut d’avoir pu se faire embaucher.
65
+
66
+ La zone floue entre l’emploi et le chômage (cf. zone 2) s’accroît avec la multiplication des formes atypiques d’emplois : les travailleurs subissant un temps partiel non voulu, les personnes recherchant un emploi mais ayant un peu travaillé dans la semaine ou le mois de référence, ainsi que les personnes possédant un emploi précaire.
67
+
68
+ De même, on trouve des situations intermédiaires entre l’emploi et l’inactivité (cf. zone 1), situation occupée par les individus faisant le choix de travailler moins. Enfin, les travailleurs clandestins et les employés « au noir » ne sont pris en compte dans aucun des trois groupes (cf. zone 4).
69
+
70
+ Le chômage, défini comme une inactivité subie, existe déjà dans les sociétés traditionnelles, mais son inexistence statistique – en France, la première statistique date du recensement de 1896 - le rend difficilement quantifiable avant le XXe siècle. On peut toutefois avancer le chiffre probable de 6 % à 8 % de chômeurs dans la première moitié du XIXe siècle, ce qui permet à Karl Marx de décrire une « armée industrielle de réserve » dans Le Capital (1867).
71
+
72
+ Après avoir décru à la Belle Époque, le chômage réapparaît après la première guerre mondiale à la suite des crises de reconversion et malgré la forte croissance des années 1920. Il atteint des taux aux alentours de 10 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Une hausse spectaculaire suit la crise économique de 1929, sauf en URSS : le chômage atteignant des pics de 25 % aux États-Unis et de 33 % en Allemagne. Seule l’Allemagne réussit à résoudre réellement le problème dans un contexte politique particulier, le nazisme qui s’installe grâce au désastre économique et au nationalisme allemand.
73
+
74
+ Les Trente Glorieuses qui suivent la Seconde Guerre mondiale sont marquées par un chômage très faible avoisinant les 2 % en Europe occidentale, les 4 à 5 % en Amérique du Nord et les 1 % au Japon.
75
+
76
+ Le chômage commence à croître dès la fin des années 1960, et connaît une hausse particulièrement significative à la suite du choc pétrolier de 1973. Dix ans plus tard, il touche 8,3 % de la population des pays de l’OCDE. La révolution conservatrice au Royaume-Uni et aux États-Unis avec les élections de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan conduisent à une baisse du chômage dans ces pays, une baisse importante du chômage est aussi constatée en Allemagne fédérale jusqu’à la réunification.
77
+
78
+ En 1994, le chômage toucherait 7,8 % de la population active dans les pays de l’OCDE. Depuis, il a connu une baisse importante aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe comme l’Irlande ou l’Espagne. Il reste endémique en France, mais a baissé fortement en Allemagne depuis 2005 où le chômage avait crû fortement jusqu'à 2005 après le rattachement des Länder de l’Est en 1990.
79
+
80
+ La crise financière de 2008 entraînait une forte augmentation de plus de 10 millions depuis 2007 aux États-Unis, en Europe et au Japon. L'Union européenne comptera 26,5 millions de personnes privées d'emploi en 2010, soit 11,5 % de la population active, contre environ 10 % aux États-Unis. Les suppressions d'emploi étaient particulièrement soutenues en Europe, notamment en Espagne (taux de chômage de 18 % et plus), au Royaume-Uni et en France. Le nombre des sans-emploi a crû de 250 000 en France au cours du premier trimestre 2009, ce qui mène à un taux de chômage de 11 % en 2010 et 12 % en 2011 (plus de 3 millions de chômeurs)[23].
81
+
82
+ En juillet 2014, Eurostat estime que 24,85 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’Union européenne, dont 18,41 millions dans la zone euro. Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles ont été enregistrés en Allemagne et en Autriche (4,9 % chacun), et les plus élevés en Grèce (27,2 % en mai 2014) et en Espagne (24,5 %). La France se trouve environ en moyenne de l’Union européenne avec 10,3 %[24].
83
+
84
+ En juillet 2014, le taux de chômage des jeunes (moins de 25 ans) s’est établi à 21,7 % dans l’Union européenne et à 23,2 % dans la zone euro, contre respectivement 23,6 % et 24,0 % en juillet 2013. Il s’agit du taux le plus bas enregistré pour l’Union européenne depuis septembre 2011 et pour la zone euro depuis juin 2012. Les taux les plus bas en juillet 2014 ont été observés en Allemagne (7,8 %), en Autriche (9,3 %) ainsi qu’aux Pays-Bas (10,4 %), et les plus élevés en Espagne (53,8 %), en Grèce (53,1 % en mai 2014), en Italie (42,9 %) et en Croatie (41,5 % au deuxième trimestre 2014). La France se trouve en moyenne avec environ 22,5 %[24].
85
+
86
+ Aux États-Unis, le marché du travail est caractérisé par une logique de flexibilité. Les salariés sont payés selon leur efficacité supposée, et les emplois précaires se multiplient autant dans le secteur industriel que dans le tertiaire, permettant aux travailleurs non qualifiés de rester compétitifs. Les emplois précaires sont plus facilement acceptés car la hiérarchie sociale et l’honorabilité sont moins problématiques[25]. Le pays est donc marqué par un chômage frictionnel important mais relativement stable. La part du chômage de longue durée, c’est-à-dire supérieur à un an, est de 6,1 % en 2001[26].
87
+
88
+ Des pays scandinaves comme la Suède sont marqués par des aides très importantes aux travailleurs les moins employables. En revanche, les chômeurs sont tenus d’accepter les emplois qui leur sont proposés. Dans le cas du Danemark, l’entreprise qui licencie ne verse pas d’indemnités. ; l’assurance chômage n’est pas obligatoire ; elle est gérée par plusieurs caisses privées. En cas de perte d’emploi, les bénéficiaires perçoivent 90 % de leur salaire pendant deux ans, plafonné à 2.325 euros[27]. L’indemnité n’est pas dégressive. Elle est versée à 100 % si la personne a travaillé au moins 52 semaines au cours des trois dernières années. Cette politique provoque des dépenses importantes pour l’État. Les chercheurs d’emploi sont aussi aidés par les municipalités. Ils doivent accepter les formations proposées[28] ou bien des stages en entreprises[29].
89
+
90
+ Dans la plupart des pays européens, le haut niveau de protection sociale vient répondre à l’importante identification des individus à leur emploi et à leur poste dans la hiérarchie professionnelle. Le taux de chômage est très élevé, et la part du chômage de longue durée importante : 43,7 % dans l’Europe des 15 et 37,7 % en France[26], toujours en 2001. C’est cette logique sociale qui explique la différence d’attitude entre les pays industrialisés[25].
91
+
92
+ Dans nombre de pays en développement, le chômage est une notion peu pertinente. Statistiquement, il peut atteindre des taux officiels dépassant souvent les 30 %, mais la mesure du chômage néglige les activités économiques indépendantes et familiales destinées à l’autoconsommation et représentant la source essentielle de richesse pour des populations à l’écart de l’économie marchande. Dans les pays les plus pauvres, ce travail indépendant représente 37 % de l’activité en zone urbaine, et bien davantage en zone rurale[30].
93
+
94
+ L’expérience du dernier quart de siècle a montré que certains pays jadis pauvres pouvaient résoudre le problème du chômage. Les dragons asiatiques (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong Kong) notamment, mais aussi l’Irlande par exemple, ont réussi à éliminer le problème de l’emploi et connaissent des taux de chômage faibles. Dans la plupart des cas le chômage a été réduit par une stratégie d’intégration des pays au commerce international et leur spécialisation dans des activités nécessitant beaucoup de main-d’œuvre, tandis que les stratégies de substitution d’importation n’auraient que peu d’effet[30].
95
+
96
+ Dans de nombreux pays, notamment en Afrique, l’instabilité politique et économique constitue un découragement à l’investissement des entreprises et explique une large part du chômage. L’accroissement constant de la population active du fait de la forte natalité aggrave le problème. Dans le cas de ce continent, la centralisation dirigiste des décisions relatives à la production agricole dans les capitales où règne la corruption constitue un obstacle essentiel à l’essor de l’emploi agricole rural[31]. C’est pourtant l’agriculture qui pourrait fournir l’essentiel du travail manquant.
97
+
98
+ Certaines populations sont plus susceptibles de subir le chômage, soit parce qu’elles n’ont pas de « bonne » qualification, soit parce qu’elles ont une faible volonté de travailler, ou encore parce qu’elles subissent un phénomène de discrimination. Ces causes de chômage peuvent se combiner.
99
+
100
+ La volonté de travail se manifeste par la capacité de l’individu à accepter des postes peu désirés à de faibles salaires et à se résoudre à compenser les obstacles économiques à son emploi en acceptant certaines contraintes comme la mobilité[32].
101
+
102
+ Le chômage concerne essentiellement les personnes non qualifiées, ou dont les qualifications ne correspondent pas à des besoins contemporains au sein de l'économie[32]. Le taux de chômage est ainsi bien plus élevé parmi les non diplômés (voir tableau), et, pour les diplômés de l'enseignement supérieur, il varie fortement en fonction du domaine de formation, et de la réputation de l’université ou de l’école de formation.
103
+
104
+ Le chômage de longue durée et la coexistence simultanée d'offres d'emploi non pourvues pourraient être essentiellement liés à des problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande de travail.
105
+
106
+ En France, le nombre de diplômés formés dans certains domaines (histoire de l’art, par exemple) ne correspond pas aux besoins réels de l’économie. Certains secteurs économiques connaissent, dans les pays développés, un déficit de main-d'œuvre (artisanat, personnel de maisons de retraite…).
107
+
108
+ Si les qualifications constituent l’une des variables les plus discriminantes[32] (voir tableau), le sexe, l’origine ethnique, l’âge, mais aussi le milieu social d’origine, la zone géographique d’habitation, jouent un rôle dans la compétitivité d’un individu sur le marché du travail, et en particulier par la représentation que l’employeur se fait de ces diverses données.
109
+
110
+ Il est difficile de déterminer la part exacte des discriminations envers les femmes ou les minorités ethniques.
111
+
112
+ Le chômage est un facteur de stigmatisation[35] et il exacerbe clairement certains risques de santé[36],[37],[38],[39],[40] et est source d'inégalités face à la santé psychologique[41] et mentale[42],[43] (y compris chez les jeunes[44]) et en termes d'accès aux soins[45] et à l'information médicale[46],[47], une mauvaise santé étant aussi source de risque supplémentaire d'exclusion professionnelle[48] (« Un mauvais état de santé accroît fortement le risque de devenir chômeur ou inactif »[49]). En ville, les chômeurs sont plus souvent plus nombreux à habiter dans les quartiers pollués, mais de manière très variable selon les villes[50], et le chômage semble aussi être un facteur de surmortalité[51]. En France, le chômage serait à l'origine d'environ 14 000 morts par an selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale[52].
113
+
114
+ Selon l'Insee et la DARES, la population active immigrée en France représente 2 892 150 personnes, la population active (plus de 18 ans) ayant un ou deux parents immigrés représente 3 174 430 personnes. La population immigrée est confrontée à un taux de chômage de l'ordre de 17,14 %, qui selon les sources est égal ou plus important pour les enfants d'immigrés.
115
+
116
+ En 2019, d'après une étude de l'Observatoire des inégalités, quelque 5,4 millions d’emplois en France sont interdits aux immigrés non-européens, soit plus d’un emploi sur cinq[53].
117
+
118
+ Parmi les catégories sociales modestes, le travail est un facteur important d’honneur et de valorisation personnelle, d’autant que la distinction entre « travailleurs » et « fainéants » s’y fait plus rapidement. Le chômage est donc vécu comme une perte d’identité et de dignité qui s’aggrave à l’occasion de chaque échec pour recouvrer un emploi ou lorsque le chômeur doit entamer les démarches administratives qui parachèvent sa catégorisation de chômeur. De plus, l’ennui est bien plus profond dans ces milieux où les opportunités de s’adonner à des activités alternatives (culturelles, associative, sportives…) sont plus rares que dans les milieux aisés[32].
119
+
120
+ Longtemps les femmes sans emploi ne se considéraient pas comme chômeuses mais simplement « non payées ». Aujourd’hui, leur réaction est relativement semblable à celle des hommes. Elles refusent souvent le statut de « femme au foyer » et la perte des liens sociaux qui dépendaient de l’exercice de leur profession. Avec l’apparition des familles monoparentales, elles peuvent vivre des situations de désastre économique et de culpabilité vis-à-vis du foyer dont elles ont la charge. Quelques femmes ayant des enfants en bas-âge parviennent à justifier leur chômage subi par les avantages familiaux qu’il procure[32].
121
+
122
+ Les cadres au chômage vivent le plus souvent une expérience différente de celle des catégories professionnelles plus modestes. Pour le cadre, il s’agit de rejeter le statut de chômeur en profitant du temps libre dans une optique professionnelle. Ils consacrent un temps important pour retrouver un emploi d’un certain niveau. Ils profitent aussi de leur inactivité temporaire pour suivre des formations ou se consacrer à la lecture d’ouvrages professionnels lié à leur domaine de compétence. Toutefois le chômage remet en cause leur plan de carrière, un des points les plus fondamentaux de leur identité sociale. Comme les chômeurs plus modestes, ils subissent progressivement une dégradation de leurs liens sociaux, mais bien moins rapidement[32].
123
+
124
+ La diversité des expériences vécues par les chômeurs a fait l'objet d'une typologie de la part de Dominique Schnapper, sociologue spécialiste de cette question[56]. Celle-ci a en effet démontré dans son ouvrage phare que les personnes dépossédées d'emploi pouvaient être divisées en trois grandes catégories :
125
+
126
+ Morgane Kuehni[57] a également montré une diversité des expériences vécues, lorsque les chômeurs sont assignés à un programme d’emploi temporaire, en fonction de leur rapport au travail, d’une part, et de la manière dont cette mesure s’intègre dans leur parcours, d'autre part.
127
+
128
+ Chez la plupart des chômeurs, le rejet du système économique se traduit à long terme par une situation d'anomie, et non par l'évolution de leur pensée politique. On trouve toutefois dans l'histoire des périodes historiques de haut chômage qui ont favorisé l'accession au pouvoir des régimes extrêmes comme le nazisme en Allemagne en 1933. Pour autant, la réaction politique de sanction des gouvernants est autant le fait des personnes effectivement affectées par le chômage que par les actifs occupés qui s'inquiètent du niveau de l'emploi. On remarque toutefois que statistiquement les chômeurs sont plus représentés parmi les électeurs s'abstenant de voter, notamment dans les classes modestes. Le choix politique entre les partis dits « de gouvernement » n'est que peu affecté par la situation de chômage, le chômeur trouvant dans son vote habituel une occasion de rejeter son nouveau statut de sans emploi[32]. Les partis dits « de gouvernement » sont toutefois très légèrement sous-représentés parmi les populations au chômage, et quelle que soit l'origine sociale des chômeurs[58].
129
+
130
+ Mais il subsiste une théorie de corrélation entre la montée de l'extrême-droite et le chômage, thèse défendue notamment par Jean-Pierre Raffarin en 2015[59]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple fit remarquer, à partir des propos de Raffarin, que le chômage faible n'empêcha pas le choc du 21 avril 2002, et qu'en Europe, on a des pays avec de faible taux de chômage mais une forte montée populiste (Suisse, Danemark, Suède), l'inverse se produisant aussi (Espagne, Portugal)[60].
131
+
132
+ Au niveau de la population globale, l'importance accordée à la lutte contre le chômage dépend moins de son volume que des effets d'annonce ou que des vagues de licenciements localisées relayées par les médias. Le sentiment serait que les partis de gauche ne sont pas plus à même de résoudre le chômage que ceux de droite et inversement, d'où l'impact faible de la question de l'emploi sur le résultat final des élections[32].
133
+
134
+ Les politiques de l'emploi renvoient à l'ensemble des mesures étatiques de politiques économiques visant à agir sur l'emploi. Leur objectif le plus courant est la réduction du chômage et la recherche du plein emploi. On distingue généralement deux grands types de politiques, les politiques actives cherchant à modifier le niveau de l'emploi dans l'économie et les politiques passives dont l'objectif est de limiter le chômage sans accroître la demande de travail de l'économie, et de le rendre plus supportable.
135
+
136
+ Une opposition forte existe entre :
137
+
138
+ La science économique[61] distingue plusieurs formes et types de chômages. Cette diversité s'explique par le fait que ces définitions visent à mettre en exergue des caractéristiques spécifiques et donc peuvent éventuellement se recouvrir :
139
+
140
+ Dans le modèle néoclassique d’une économie concurrentielle pure et parfaite (cf. hypothèses de CPP de l'analyse néoclassique standard), le chômage est décrit comme « volontaire » ou frictionnel. On dit qu’il est volontaire lorsqu’un individu refuse un emploi qu’il juge insuffisamment payé alors que le surplus de production qu’il apporte à l’entreprise ne peut permettre de lui accorder une rémunération supérieure. Dans l’optique néoclassique, le chômeur fait alors un arbitrage entre les avantages du travail (le salaire, la sociabilité) et les désavantages (le coût des transports, les frais de garde des enfants, le renoncement au loisir, la perte d'éventuels revenus d'inactivité) et décide alors volontairement de rester sans emploi.
141
+
142
+ Le jeu de la concurrence est censé faire varier les salaires à la hausse ou à la baisse de sorte que tout individu offrant du travail (demandant un emploi) doit finir par trouver une entreprise pour l’embaucher à une juste rémunération, c’est-à-dire selon la richesse qu’il produit, et plus précisément, selon sa productivité; car dans le cadre du modèle néoclassique les salaires sont flexibles.
143
+
144
+ Face à la Grande Dépression, les néoclassiques ont renforcé leurs positions en posant le chômage de masse constaté comme la preuve de leurs théories. Des économistes comme Arthur Cecil Pigou[65] ou Jacques Rueff ont tenté de montrer que le chômage découlait essentiellement des entraves à la concurrence - des imperfections du marché - imposées par certaines institutions monopoleuses comme les syndicats, et parfois l’État par le jeu d'une réglementation d'un salaire minimum par exemple.
145
+
146
+ Pour comprendre l’analyse néoclassique du chômage, plaçons-nous dans une première situation où le volume de l’emploi est L1 et le salaire réel wr1. Pour une raison exogène, une innovation technologique par exemple, la demande de travail des entreprises diminue (cf. courbe « Demande de travail »), tandis que l’offre de travail reste constante.
147
+
148
+ Cette évolution induit un nouveau point d’équilibre entre l’offre et la demande, et donc nécessairement un nouveau salaire, noté wr2. Le passage du salaire wr1 au salaire wr2 provoque une hausse du chômage « volontaire » car certains demandeurs d’emplois, prêt à travailler pour la rémunération wr1, préfèrent rester oisifs si le salaire est wr2. Le volume de l’emploi est L2. Il correspond au taux de chômage naturel de l’économie.
149
+
150
+ Toutefois, il est possible que, pour des raisons diverses (réglementation, salaire minimum, pression des syndicats), le salaire ne soit pas flexible à la baisse et demeure, malgré la baisse de la demande de travail, au niveau wr1. Le volume de l’emploi est alors défini par le nombre de travailleurs que les entreprises veulent embaucher à ce salaire, c’est-à-dire L3. Dans cette situation, le taux de chômage est supérieur au taux naturel, du fait du manque de flexibilité[66].
151
+
152
+ Ainsi les syndicats ou les réglementations étatiques qui - en empêchant les prix et les salaires de jouer leur rôle de variable d’ajustement automatique - participent à l’augmentation massive du chômage :
153
+
154
+ « Assurément, en immobilisant les salaires, on peut maintenir aux ouvriers qui travaillent une rémunération quelque peu supérieure à celle qu’ils recevraient en régime de libre concurrence ; mais on en condamne d’autres au chômage et on expose ceux-ci à des maux que l’assurance chômage n’atténue que bien faiblement[67]. »
155
+
156
+ Pour Keynes, les entreprises ajustent leur demande d'emploi au niveau de production qu'elles anticipent en fonction des débouchés qu'elles espèrent. C’est donc la demande effective qui détermine le niveau de la production, et qui, par conséquent fixe le niveau de l’emploi. Au bout du compte, c’est donc la seule demande effective qui détermine le volume de la production et le niveau d’emploi.
157
+
158
+ Pour représenter graphiquement l’équilibre économique obtenu, on détermine d’abord la fonction de demande globale (DG1) en fonction du revenu réel (Y). On trace par ailleurs la première bissectrice (DG=Y) qui décrit tous les points d’équilibre possible, c’est-à-dire les points où la demande et l’offre s’égalisent. L’intersection de DG1 et de la bissectrice permet de définir l’équilibre effectif. Or, rien n’assure que la production définie par cet équilibre (Y1) soit la production qui permette le plein-emploi (Ype). Si ce n’est pas le cas, l’équilibre effectif n’est pas égal à l’équilibre de plein-emploi (Epe) et il existe donc un chômage involontaire[68].
159
+
160
+ L’analyse est donc différente de celle des néo-classiques. Chez Keynes, il n’y a plus, à proprement parler, de marché de l’emploi. Le salaire n’est pas le prix d’équilibre entre une offre de travail et une demande de travail, et il n'y a pas de chômage qui résulterait d'entraves (par exemple par les syndicats) au fonctionnement de ce marché. Le niveau de l’emploi est fixé au niveau macroéconomique, en dehors du marché du travail : il est le produit de la demande effective. Il est donc conditionné par les deux composantes de cette demande : la propension à consommer des ménages et l’investissement. Ce n’est que lorsque le niveau de l’emploi est déterminé, en fonction d’un niveau de production correspondant à la demande effective, que les salaires réels se fixent. Il peut donc exister un équilibre de sous-emploi c’est-à-dire une situation où la demande effective correspond à un niveau de production inférieur à celui qui permettrait le plein emploi. Une baisse du salaire réel n’aurait, dans cette situation, que pour effet d’accroître le chômage, par suite d’une baisse de la demande effective (toute baisse du salaire entraînant une baisse de la consommation).
161
+
162
+ Pour Keynes, à court terme, la propension marginale à consommer des ménages est stable. Le niveau de l’emploi est donc fondamentalement lié, pour lui, à l’autre variable de la demande effective : l’investissement.
163
+
164
+ Des théories plus récentes d’équilibre de sous-emploi mettent en avant l’idée d’un salaire d'efficience : les nouveaux keynésiens[réf. souhaitée] notent que la difficulté pour les entreprises à mesurer la productivité réelle de leurs employés (cette mesure a un coût) peut les amener à les rémunérer au-dessus du salaire du marché, afin de renforcer leurs incitations à accroître ou maintenir leur productivité pour rester dans l'entreprise dont les salaires sont supérieurs à ceux du marché. Le niveau de salaire plus élevé est alors compensé par un surcroît de productivité. Lorsque cette stratégie est adoptée par l'ensemble des entreprises, le prix du marché peut s'élever au-dessus du prix d'équilibre. Le déséquilibre ainsi créé serait alors à l'origine d'une insuffisance de l'offre d'emploi, d'où dérive un chômage important[69].
165
+
166
+ En 1958, Alban William Phillips publie une étude empirique sur la Grande-Bretagne qui l’amène à établir une relation décroissante entre le chômage et la variation des salaires[70].
167
+
168
+ Remplaçant les salaires nominaux par l’inflation, Paul Samuelson et Robert Solow dessinent une nouvelle courbe, celle communément appelée la courbe de Phillips. Dans cette représentation, à partir d’un certain seuil, lorsque le chômage diminue l’inflation s’accélère et inversement. Ce point critique où l’autorité politique doit faire un arbitrage entre l’inflation et le chômage est baptisé NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment[71]).
169
+
170
+ « La société est mise en demeure de choisir entre un niveau d’emploi raisonnablement élevé, associé à une croissance maximale et à une hausse modérée mais continue d’une part, et d’autre part une stabilité raisonnable des prix, mais associée à un degré de chômage élevé[72]. »
171
+
172
+ Empiriquement contredite par des périodes économiques relativement longue de stagflation (forte inflation et chômage croissant) à la fin des années 1970, ainsi que par la période de forte croissance saine (ni inflation ni chômage) à la fin des années 1990, cette analyse avait déjà été contestée par Milton Friedman et les monétaristes sur le plan théorique. Selon eux, à moyen terme il n'y a pas d'arbitrage entre chômage et inflation. Pour Friedman, les individus finissent par adapter leurs réactions aux manœuvres du gouvernement. Si celui-ci décide par exemple de baisser les taux d’intérêt pour relancer l’activité, il provoque des nouvelles embauches sur le court terme, ainsi qu’une accélération de l’inflation. Au début, les travailleurs sont dupes de l’illusion monétaire, mais à moyen terme ils constatent que leur pouvoir d’achat a baissé et exigent donc des hausses de salaires, provoquant le retour du chômage à son niveau initial[73] alors que l'inflation est passée à un niveau plus élevée.
173
+
174
+ Les nouveaux classiques ont prolongé cette analyse en postulant que les agents économiques étaient désormais capables d’anticiper directement l’effet des politiques de relances sur l’inflation, exigeant alors immédiatement des hausses de salaires et rendant donc ces politiques inefficaces dès le court terme.
175
+
176
+ D’après Karl Marx, le chômage est inhérent au fonctionnement instable du système capitaliste, le chômage de masse étant une constante des périodes régulières de crise du capitalisme. Le prolétariat est alors divisé entre ceux qui sont en situation de sur-travail (salariés) et de sous-travail (chômeurs). Ces derniers constituent une « armée industrielle de réserve » qui permet aux capitalistes de faire pression à la baisse sur les salaires.
177
+
178
+ Au niveau du capitaliste individuel, le chômage est donc favorable en ce qu'il permet d'avoir toujours de la main d'œuvre à disposition, tout en maintenant les salaires à un niveau faible. Au niveau du capitalisme global, le chômage est à première vue un manque à gagner, puisque aucun profit n’est réalisé sur le dos des chômeurs. Le chômage n’est rentable pour le capitalisme global que s’il permet de baisser les salaires d’un pourcentage plus important que le taux de chômage. La baisse du chômage observée depuis 2007 en Allemagne, concomitante avec une baisse du niveau moyen des salaires[74], montre que la réalité économique peut cependant être parfois plus complexe (productivité du travail, acceptation des salariés...).
179
+
180
+ Dans Le Capital, Marx écrit : « L’excès de travail imposé à la fraction de la classe salariée qui se trouve en service actif grossit les rangs de la réserve, et, en augmentant la pression que la concurrence de la dernière exerce sur la première, force celle-ci à subir plus docilement les ordres du capital. » Et plus loin : « La condamnation d’une partie de la classe salariée à l’oisiveté forcée non seulement impose à l'autre un excès de travail qui enrichit des capitalistes individuels, mais du même coup, et au bénéfice de la classe capitaliste, elle maintient l'armée industrielle de réserve en équilibre avec le progrès de l'accumulation »[75].
181
+
182
+ Selon Marx, le seul moyen de supprimer définitivement le chômage serait d’abolir le capitalisme et le système du salariat, en passant à une société socialiste ou communiste (les termes étant à l'époque équivalents).
183
+
184
+ Pour les marxistes contemporains, l’existence d’un chômage persistant est la preuve de l’incapacité du capitalisme à assurer le plein emploi.
185
+
186
+ Depuis au moins la destruction de leurs machines par les luddites, au début de la Révolution industrielle, l’idée que le progrès technique détruit l’emploi est communément admise. La science économique tend, pourtant, à prouver qu’elle est fausse.
187
+
188
+ La critique la plus classique de cette idée a été formulée par Alfred Sauvy, dans La Machine et le Chômage (1980), où il présente la célèbre thèse dite du « déversement ». Après avoir rappelé que, durant les deux siècles précédents, le progrès technique a bouleversé les modes de production et décuplé la productivité sans susciter l’augmentation durable du chômage, il insiste sur les effets indirects du progrès technique : « le travail consacré à la production de la machine ; l’accroissement de la vente des produits bénéficiant du progrès, grâce à la baisse de leur prix et la production de masse ; l’apparition de consommations nouvelles ou l’augmentation de consommations anciennes ». De ces processus découlent ce qu’il nomme le « déversement », c’est-à-dire le transfert de la population active des activités dont le besoin de main d’œuvre diminue en raison du progrès vers de nouvelles activités suscitées par ce même progrès technique (fabrication des machines créées par le progrès, productions nouvelles, etc.). C'est par ce processus de « déversement » qu’Alfred Sauvy explique la transformation de la structure de la population active : la société agricole est devenue industrielle, avant d’être dominée par le secteur tertiaire - en suscitant à chaque fois une transformation qualitative des emplois, mais non leur diminution quantitative. Alfred Sauvy postule enfin que l’humanité s’inventera toujours de nouveaux désirs que le progrès technique comblera.
189
+
190
+ Pourtant, la thèse luddite persiste[76], l’automatisation et l’informatisation poussent progressivement à la disparition du travail, même dans le secteur tertiaire. Si le discours politique soutient en général le progrès technique, en pratique, dans chaque cas particulier, les politiques économiques sont souvent orientées en faveur des industries anciennes au détriment des industries naissantes qui les remplaceront (exemple : soutien de l'industrie du disque Vs entraves à la diffusion par Internet).
191
+
192
+ Selon la théorie du commerce international, les pays se spécialiseraient dans les activités qui requièrent abondamment le facteur de production dont elles sont le mieux dotées. Celle de main-d’œuvre pour les pays pauvres, celle de capitaux et de savoir-faire dans les pays riches. Selon Walter Stolper et Paul Samuelson le résultat de cette évolution est d’égaliser le salaire tiré d’un même travail à travers le monde. Ceci pourrait expliquer la chute des salaires dans l’industrie manufacturière aux États-Unis et le chômage dans les pays où les salaires sont rigides à la baisse (en France par exemple).
193
+
194
+ Toutefois si quelques économistes soulignent le lien entre ouverture commerciale et montée des inégalités, nombreux sont ceux qui proposent une contre-analyse. Selon Paul Krugman, l’idée que la hausse du chômage serait liée à une concurrence déloyale des pays à bas salaires relève d’une « théorie populaire du commerce international »[77]. Il explique que l’intérêt des politiques à prêter leur voix à de telles théories n’est qu’électoral. Il précise que la plupart des ouvrages traitant de ce sujet ou de la « guerre économique » sont l’œuvre d’essayistes et non d’économistes et sont vendus grâce à leurs thèses faciles qui alimentent l’imaginaire populaire. C’est la théorie « pop » qui néglige toutes les causes possibles du chômage (cf. supra).
195
+
196
+ « Selon cette idée reçue, la concurrence étrangère a érodé la base manufacturière américaine et détruit les emplois bien rémunérés […] Un faisceau croissant de preuves vient contredire cette idée courante […] Le ralentissement de la croissance du revenu réel est presque entièrement imputable à des causes internes. »
197
+
198
+ — Paul Krugman, La Mondialisation n’est pas coupable, 1994[78]
199
+
200
+ Le paragraphe « Arbitrage entre inflation et chômage » ci-dessus, qui apparaît dans le Carré magique de Kaldor ou la Courbe de Phillips montre qu'un faible niveau d'inflation et de chômage sont en particulier, dans un certain contexte, des objectifs contradictoires. Le lien entre les deux notions vient de la corrélation dans le même sens - ou en sens inverse suivant la position par rapport à l'équilibre[79] - entre l'inflation et le niveau des salaires nominaux et de celle entre les salaires nominaux et le taux de chômage, et s'observe en France pour la période 1985-2004[80],[81]. La conséquence est que pour éviter que les salaires nominaux ne croissent trop vite -ce qui un facteur particulièrement inflationniste- la banque centrale s'accommode bien d'un niveau assez important de chômage qui est le moyen privilégié d'exercer une pression à la baisse sur les salaires. Le mandat de la Banque centrale européenne ne comprend pas en effet, à la différence de la Réserve fédérale des États-Unis un objectif explicite de plein emploi (Federal Reserve Act), mais principalement de stabilité des prix autour de 2 % et secondairement de soutien à l'emploi[82]. Ainsi, le 21 février 2007, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir « une Europe où la politique monétaire ait pour objectifs la croissance et l'emploi et pas seulement l'inflation »[83]. La problématique de la BCE pourrait en effet être, avec un autre mandat : peut-on tolérer un Taux de chômage n'accélérant pas l'inflation, ou faut-il à l'inverse fixer un objectif maximum de taux de chômage et accepter le taux d'inflation qui en résulte? Le débat est d'autant plus d'actualité que par ailleurs la soutenabilité de la dette en zone euro, avec un taux moyen d'endettement de 93,6 % en 2012[84], est favorisée par un niveau plus élevé d'inflation et se détériore en cas de déflation.
201
+
202
+ « Il n’y a pas de moyen de coercition plus violent des employeurs contre les employés que le chômage. »
203
+
204
+ — Henri Krasucki[85]
205
+
206
+ « Ce sont la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau qui déterminent conjointement le volume de l'emploi et c'est le volume de l'emploi qui détermine de façon unique le niveau des salaires réels et non l'inverse »
207
+
208
+ — John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936
209
+
210
+ « À chaque instant, toute la population existante est toujours assurée de trouver du travail mais à un salaire répondant aux conditions du marché. Il ne peut y avoir de chômage permanent que si on fixe un niveau minimum de salaire supérieur au niveau qui s'établirait spontanément, ce qui a pour effet de vouer au chômage permanent les ouvriers qui ne trouveront du travail qu'au-dessous du minimum fixé »
211
+
212
+ — Jacques Rueff, « L'assurance chômage, cause du chômage permanent », Revue d'économie politique, 1931
213
+
214
+ « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. »
215
+
216
+ — Déclaration universelle des droits de l'homme, art. 23, 1948
217
+
218
+ « On pensait pouvoir trouver la sortie d'une récession et augmenter l'emploi en diminuant les impôts et en augmentant les dépenses du gouvernement. Je vous dis candidement que cette option n'existe plus, et dans la mesure où elle a jamais existé, ça n'a marché à chaque occasion depuis la guerre qu'en injectant une dose d'inflation plus grande dans l'économie, suivie d'un taux de chômage plus élevé à l'étape suivante. »
219
+
220
+ — James Callaghan, discours à la conférence du Parti travailliste (Royaume-Uni), 28 septembre 1976.
221
+
222
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1097.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1098.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,47 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Chordés
2
+
3
+ Embranchement
4
+
5
+ Sous-embranchements de rang inférieur
6
+
7
+ Les chordés ou cordés (Chordata) forment un embranchement d'animaux de la clade des bilatériens et appartenant au super-embranchement des deutérostomiens. Leur nom provient de la notochorde, une lamelle cartilagineuse située du côté dorsal de l'animal, forme la plus élémentaire d'un endosquelette (squelette interne). Quatre sous-embranchements sont réunis dans ce groupe : les Cephalochordata, les Vetulicolia[2] (aujourd'hui éteints), les Tunicata et les Vertebrata (ces deux derniers groupes sont réunis sous le clade des Olfactores). Ils constituent un des embranchements les plus diversifiés du règne animal avec près de 65 000 espèces[3], après les arthropodes, ces derniers regroupant, avec près d'1,5 million d'espèces recensées, plus de 80 % des espèces connues[4].
8
+
9
+ Les Chordés, dont le terme est attribué[3] au biologiste britannique William Bateson en 1885[5] partagent plusieurs points communs à un moment de leur cycle de vie :
10
+
11
+ Leur nom provient de la notochorde, une lamelle cartilagineuse d'origine mésodermique située du côté dorsal de l'animal, mais ventrale par rapport au tube nerveux. Elle joue un rôle crucial lors de l'embryogenèse et a en outre un rôle de soutien et de protection du tube nerveux chez les Chordés primitifs. Chez les Vertébrés, qui constituent un sous-embranchement des Chordés, la notochorde régresse généralement à l'âge adulte pour être remplacée par la colonne vertébrale. Elle persiste cependant et s'élargit dans la région des disques intervertébraux où elle forme le nucleus pulposus (noyau pulpeux, sorte de masse gélatineuse entre un anneau fibreux et deux plaques cartilagineuses) au centre des disques[6].
12
+
13
+ La notochorde est la structure de soutien interne primitive. C'est la forme la plus élémentaire d'un endosquelette (squelette interne) alors que l'exosquelette (squelette externe) est une structure typique chez de nombreux invertébrés (insectes, crustacés, mollusques)[7].
14
+
15
+ Les squelettes interne et externe permettent de former un appareil de soutien mais ont également pour fonction d'assurer une protection mécanique et de servir de point d'insertion aux muscles qui constituent les moteurs du mouvement (le squelette étant un dispositif de transmission des forces, semblable à un levier)[8]. L'endosquelette possède certains avantages : il est plus mobile que l'exosquelette, permet une croissance continue, et a la force de supporter une plus grande taille et des mouvements puissants. Mais, s'il protège des organes internes, il n'offre pas la protection mécanique de l'exosquelette, notamment contre les prédateurs[9]. La présence d'un exosquelette protège efficacement de la dessiccation, ce qui est l'un des facteurs qui ont permis la réussite de la colonisation du milieu terrestre[10]. Mais l'exosquelette a aussi des inconvénients. Avec l'augmentation de taille, il doit devenir de plus en plus épais, de manière disproportionnée pour supporter la traction des muscles. Le confinement des muscles dans un exosquelette, les empêche de s'accroître avec leur utilisation[11].
16
+
17
+ Cependant, l'exosquelette reste présent chez plusieurs Chordés : les agnathes ostracodermes ont un corps recouvert d'une « armure » osseuse les protégeant des prédateurs. Chez les Vertébrés actuels, il n'est plus représenté que par les écailles qui recouvrent la peau des Poissons et par des os dermiques qui participent à la ceinture pectorale des Gnathostomes[12]. De plus, les grands os de la boîte crânienne d'un mammifère peuvent être placés très près de la surface, si bien que « la subdivision en exosquelette et endosquelette est largement conventionnelle[8] ».
18
+
19
+ Leur système nerveux, en forme de tube, est situé au-dessus y compris chez l'embryon humain, on dit que les Chordés sont épineuriens, au contraire des protostomiens (qui sont dits hyponeuriens). Le tube nerveux se met en place par neurulation, c'est-à-dire par invagination d'une zone particulière de l'épiblaste dorsal[13].
20
+
21
+ Les Chordés sont également caractérisés par un pharynx (partie antérieure du tube digestif), percé de fentes branchiales au moins à l'état embryonnaire et qui a un rôle respiratoire quand ces fentes persistent à l'âge adulte : ce sont des Pharyngotrèmes.
22
+
23
+ Ce caractère est en réalité une synapomorphie des deutérostomiens et a ensuite été perdu chez les échinodermes[14].
24
+
25
+ Les organes sont approvisionnés en dioxygène par un système circulatoire clos, où la circulation sanguine est activée par un cœur composé de plusieurs cavités (de 2 à 4 pour les mammifères).
26
+
27
+
28
+
29
+ Cet embranchement a connu une très importante diversification[15] depuis son apparition au cambrien (vers 500 Ma, présumé présent dans la faune de Burgess avec le genre Pikaia) : alors que les céphalochordés et les urochordés sont restés peu diversifiés et exclusivement marins, les Vertébrés ont eu une évolution fulgurante et ont conquis tous les milieux de la planète, avec leurs premiers pas sur Terre au Dévonien supérieur (il y a environ 370 Ma). Aujourd’hui, avec les baleines, ils comprennent les animaux les plus grands que la Terre ait jamais portés.
30
+
31
+ Parmi les Chordés, on trouve :
32
+
33
+ Les Urocordés et Céphalochordés sont également repris sous le terme Prochordés. Ce groupe est paraphylétique car exclut les Crâniés. En phylogénie, on regroupe plutôt les Urocordés et les Crâniés sous le taxon Olfactores.
34
+
35
+ En classification classique, les Chordés sont composés de :
36
+
37
+ EUKARYOTES
38
+  └─o ANIMAUX :
39
+
40
+ ├─o Éponges
41
+  ├─o Cténaires
42
+  ├─o Cnidaires
43
+  └─o BILATÉRIENS :
44
+
45
+ TÉTRAPODES :
46
+
47
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1099.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,47 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Chordés
2
+
3
+ Embranchement
4
+
5
+ Sous-embranchements de rang inférieur
6
+
7
+ Les chordés ou cordés (Chordata) forment un embranchement d'animaux de la clade des bilatériens et appartenant au super-embranchement des deutérostomiens. Leur nom provient de la notochorde, une lamelle cartilagineuse située du côté dorsal de l'animal, forme la plus élémentaire d'un endosquelette (squelette interne). Quatre sous-embranchements sont réunis dans ce groupe : les Cephalochordata, les Vetulicolia[2] (aujourd'hui éteints), les Tunicata et les Vertebrata (ces deux derniers groupes sont réunis sous le clade des Olfactores). Ils constituent un des embranchements les plus diversifiés du règne animal avec près de 65 000 espèces[3], après les arthropodes, ces derniers regroupant, avec près d'1,5 million d'espèces recensées, plus de 80 % des espèces connues[4].
8
+
9
+ Les Chordés, dont le terme est attribué[3] au biologiste britannique William Bateson en 1885[5] partagent plusieurs points communs à un moment de leur cycle de vie :
10
+
11
+ Leur nom provient de la notochorde, une lamelle cartilagineuse d'origine mésodermique située du côté dorsal de l'animal, mais ventrale par rapport au tube nerveux. Elle joue un rôle crucial lors de l'embryogenèse et a en outre un rôle de soutien et de protection du tube nerveux chez les Chordés primitifs. Chez les Vertébrés, qui constituent un sous-embranchement des Chordés, la notochorde régresse généralement à l'âge adulte pour être remplacée par la colonne vertébrale. Elle persiste cependant et s'élargit dans la région des disques intervertébraux où elle forme le nucleus pulposus (noyau pulpeux, sorte de masse gélatineuse entre un anneau fibreux et deux plaques cartilagineuses) au centre des disques[6].
12
+
13
+ La notochorde est la structure de soutien interne primitive. C'est la forme la plus élémentaire d'un endosquelette (squelette interne) alors que l'exosquelette (squelette externe) est une structure typique chez de nombreux invertébrés (insectes, crustacés, mollusques)[7].
14
+
15
+ Les squelettes interne et externe permettent de former un appareil de soutien mais ont également pour fonction d'assurer une protection mécanique et de servir de point d'insertion aux muscles qui constituent les moteurs du mouvement (le squelette étant un dispositif de transmission des forces, semblable à un levier)[8]. L'endosquelette possède certains avantages : il est plus mobile que l'exosquelette, permet une croissance continue, et a la force de supporter une plus grande taille et des mouvements puissants. Mais, s'il protège des organes internes, il n'offre pas la protection mécanique de l'exosquelette, notamment contre les prédateurs[9]. La présence d'un exosquelette protège efficacement de la dessiccation, ce qui est l'un des facteurs qui ont permis la réussite de la colonisation du milieu terrestre[10]. Mais l'exosquelette a aussi des inconvénients. Avec l'augmentation de taille, il doit devenir de plus en plus épais, de manière disproportionnée pour supporter la traction des muscles. Le confinement des muscles dans un exosquelette, les empêche de s'accroître avec leur utilisation[11].
16
+
17
+ Cependant, l'exosquelette reste présent chez plusieurs Chordés : les agnathes ostracodermes ont un corps recouvert d'une « armure » osseuse les protégeant des prédateurs. Chez les Vertébrés actuels, il n'est plus représenté que par les écailles qui recouvrent la peau des Poissons et par des os dermiques qui participent à la ceinture pectorale des Gnathostomes[12]. De plus, les grands os de la boîte crânienne d'un mammifère peuvent être placés très près de la surface, si bien que « la subdivision en exosquelette et endosquelette est largement conventionnelle[8] ».
18
+
19
+ Leur système nerveux, en forme de tube, est situé au-dessus y compris chez l'embryon humain, on dit que les Chordés sont épineuriens, au contraire des protostomiens (qui sont dits hyponeuriens). Le tube nerveux se met en place par neurulation, c'est-à-dire par invagination d'une zone particulière de l'épiblaste dorsal[13].
20
+
21
+ Les Chordés sont également caractérisés par un pharynx (partie antérieure du tube digestif), percé de fentes branchiales au moins à l'état embryonnaire et qui a un rôle respiratoire quand ces fentes persistent à l'âge adulte : ce sont des Pharyngotrèmes.
22
+
23
+ Ce caractère est en réalité une synapomorphie des deutérostomiens et a ensuite été perdu chez les échinodermes[14].
24
+
25
+ Les organes sont approvisionnés en dioxygène par un système circulatoire clos, où la circulation sanguine est activée par un cœur composé de plusieurs cavités (de 2 à 4 pour les mammifères).
26
+
27
+
28
+
29
+ Cet embranchement a connu une très importante diversification[15] depuis son apparition au cambrien (vers 500 Ma, présumé présent dans la faune de Burgess avec le genre Pikaia) : alors que les céphalochordés et les urochordés sont restés peu diversifiés et exclusivement marins, les Vertébrés ont eu une évolution fulgurante et ont conquis tous les milieux de la planète, avec leurs premiers pas sur Terre au Dévonien supérieur (il y a environ 370 Ma). Aujourd’hui, avec les baleines, ils comprennent les animaux les plus grands que la Terre ait jamais portés.
30
+
31
+ Parmi les Chordés, on trouve :
32
+
33
+ Les Urocordés et Céphalochordés sont également repris sous le terme Prochordés. Ce groupe est paraphylétique car exclut les Crâniés. En phylogénie, on regroupe plutôt les Urocordés et les Crâniés sous le taxon Olfactores.
34
+
35
+ En classification classique, les Chordés sont composés de :
36
+
37
+ EUKARYOTES
38
+  └─o ANIMAUX :
39
+
40
+ ├─o Éponges
41
+  ├─o Cténaires
42
+  ├─o Cnidaires
43
+  └─o BILATÉRIENS :
44
+
45
+ TÉTRAPODES :
46
+
47
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/11.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,244 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Ceci va à l'encontre de l'esprit de synthèse, rend la lecture difficile, et allonge la durée de téléchargement pour les connexions lentes. Voir les recommandations sur les images.
2
+
3
+ L'esclavage est un système juridique et social qui applique le droit de propriété aux individus, dits esclaves. Par opposition un individu ne faisant pas l'objet d'un tel droit de propriété est dit libre. Le propriétaire d'un esclave est quant à lui appelé maître. L'esclavagisme caractérisme quand à lui une société dont le fonctionnement est basé de manière prépondérante sur l'esclavage[1]. Défini comme un « outil animé » par Aristote[2], l’esclave se distingue du serf, du captif ou du forçat (conditions voisines dans l'exploitation) par l'absence d'une personnalité juridique propre[3]. Des règles (coutumes, lois…) variables selon le pays et l’époque considérés, fixent les conditions par lesquelles on devient esclave ou on cesse de l'être, quelles limitations s'imposent au maître, quelles marges de liberté et protection légale l'esclave conserve, quelle humanité (quelle âme, sur le plan religieux) on lui reconnaît, etc. L'affranchissement d'un esclave (par son maître ou par l'autorité d'un haut placé) fait de lui un affranchi, qui a un statut proche de celui de l'individu ordinaire.
4
+
5
+ Les traites négrières orientales, dont la transsaharienne (dite « traite arabe »), et la traite négrière transatlantique vers le continent américain sont les plus importantes des pratiques esclavagistes du fait de leur durée (respectivement onze et quatre siècles), de leur ampleur (plusieurs dizaines de millions d'individus réduits à l'état d'esclaves en tout), et de leur impact sociologique, culturel et économique tant dans les régions esclavagistes qu'en Afrique, où se trouvaient les trois grands lieux du trafic d'esclaves : Tombouctou, Zanzibar et Gao.
6
+
7
+ Ponctuellement condamné depuis l'Antiquité (par des autorités morales et parfois politiques), formellement interdit concernant tout peuple chrétien, ou non, connu ou à découvrir, par le pape Paul III en 1537 et 252 ans plus tard par les différentes déclarations des droits de l'homme, l'esclavage n'a été aboli que tardivement. Il est aujourd'hui officiellement interdit (via par exemple le pacte international relatif aux droits civils et politiques) mais le travail forcé, la traite des êtres humains, la servitude pour dettes, le mariage forcé et l'exploitation sexuelle commerciale sont des pratiques souvent assimilées à de l'esclavage.
8
+
9
+ Un esclave est un individu privé de sa liberté ou d'une partie de celle-ci par les règles en vigueur dans le pays et l’époque considérés. Il est un instrument économique sous la dépendance d'un maître, pouvant être vendu ou acheté. L'esclavage se différencie du servage par son statut de « propriété », et en conséquence par la privation de ses libertés fondamentales.
10
+
11
+ Le terme moderne « esclavage » vient du latin médiéval sclavus : le mot « esclave » serait apparu au haut Moyen Âge à Venise[4], où la plupart des esclaves étaient des Slaves des Balkans (alors appelés Esclavons, terme issu du grec médiéval Σκλαβηνοί / Sklaviní, pluriel de Σκλαβηνός / Sklavinós), dont certains furent vendus jusqu'en Espagne musulmane où ils sont connus sous le nom de Saqāliba[5].
12
+
13
+ Rome pratiquant l'esclavage, comme d'autres peuples antiques, le latin disposait d'un terme pour désigner l'esclave : servus, qui a conduit aux termes « servile » et « servitude », relatifs à l'esclave et à sa condition. Ce mot a aussi donné naissance aux termes « serf » du Moyen Âge et aux modernes « service » et « serviteur ».
14
+
15
+ Plusieurs textes internationaux ont tenté de définir la notion d'esclavage.
16
+
17
+ Dans son ouvrage Qu'est-ce que l'esclavage ? Une histoire globale, l'historien Olivier Grenouilleau propose une définition de l'esclavage autour de quatre caractères se combinant, selon les cas, de manières différentes :
18
+
19
+ L'esclavage interne par opposition à l'esclavage externe, se caractérise par la réduction en esclavage des membres d'une communauté (religieuse, étatique, lignagère ou autre).
20
+
21
+ L'esclavage interne, pouvant être assimilé à l'esclavage pour dettes ou à cette forme amoindrie que l'on nomme servitude pour dettes, résulte de la possibilité de vendre ses enfants en esclavage, de se vendre soi-même ou d'être réduit en cette condition pour cause de dettes insolvables. A contrario, l'esclavage externe est celui qui a pour source ultime la guerre. À l’exception possible des Aztèques, il n'existerait aucun exemple de société qui pratiquerait l'esclavage interne sans pratiquer aussi l'esclavage de guerre. L'esclavage interne n'est donc pas un cas particulier de l'esclavage en général[10].
22
+
23
+ Ni l'Europe chrétienne, ni le monde arabo-musulman n'ont pratiqué l'esclavage interne[réf. nécessaire]. En revanche, à l'époque précoloniale des traites négrières, les deux considéraient légitimes de se pourvoir en esclaves en Afrique[11]. La traite négrière à La Rochelle par exemple marque l'Ouest de la France et participe au développement de la France tout entière. Cependant, ce développement dépend de cette traite extérieure avec L’Afrique et l’Amérique. Des navires négriers partent de La Rochelle et effectuent le commerce triangulaire tous les jours[12]. Ils partent de La Rochelle avec des produits manufacturés en direction de l'Afrique où ils échangent des esclaves et ils repartent vers les Amériques où ils font le même commerce. Ce trafic génère des richesses. Des hôtels particuliers sont créés, comme celui d'Aimé Benjamin Fleuriau. Il a été construit de 1740 à 1750, selon la mode parisienne (un corps central encadré de deux ailes autour d’une cour fermée par un grand portail) par Jean Regnaud de Beaulieu. L’hôtel est situé dans la rue Fleuriau du nom de Louis Benjamin Fleuriau, fils du planteur, conseiller municipal de la ville et député. Il était un bienfaiteur de la ville. Cet hôtel est par la suite changé en Musée, le Musée du Nouveau Monde. Il a été fondé en 1982, à la suite d’un souhait de Michel Crépeau, ancien maire de la Rochelle, de 1971 à 1999.
24
+
25
+ Il est fréquent au cours de l'Histoire que la réduction en esclavage soit le sort réservé aux prisonniers de guerre. Cette dernière est ainsi souvent un facteur de recrudescence de la pratique esclavagiste. En atteste l'afflux d'esclaves à Rome à la suite de ses différentes campagnes militaires victorieuses (guerres puniques, guerre des Cimbres, guerre des Gaules[13]) ou le maintien de l'esclavage dans la péninsule Ibérique à la suite des luttes que se livrent Arabes et chrétiens du VIIIe siècle au XVe siècle. Dans la période contemporaine, la guerre du Darfour est un exemple des liens entre esclavage et conflits guerriers.
26
+
27
+ Les razzias, pratiquées par des pirates ou des corsaires au service d'une entité politique, sont un autre moyen d'approvisionnement en marchandise humaine. Dans la Rome antique, la piraterie méditerranéenne alimente un commerce florissant qui possède ses intermédiaires spécialisés et ses places de commerce comme l'île de Délos. La piraterie des Barbaresques (Algériens notamment) et ses nombreuses razzias sur les côtes européennes de la mer Méditerranée restera pour sa part active jusqu'au XIXe siècle.
28
+
29
+ Lors des différentes traites au cours de l'histoire, la capture des esclaves est fréquemment assurée par des groupes n'utilisant pas eux-mêmes les esclaves ou seulement en proportion limitée. Si les lançados portugais, actifs sur le sol africain, ont approvisionné les navires négriers, leur participation à l'alimentation du commerce triangulaire fut par exemple minoritaire. La grande majorité de l'approvisionnement des places de commerce d'esclaves était le fait d'États côtiers, de chefs locaux ou de marchands eux-mêmes africains, dont l'activité s'est progressivement centrée sur le trafic d'esclaves.
30
+
31
+ De la même manière, durant l'Antiquité grecque, les marchands d'esclaves achetaient les captifs à des intermédiaires, souvent non grecs, dont les modalités d'approvisionnement nous restent largement inconnues[14]. La capture des esclaves était donc dans une large mesure « externalisée » par des sociétés esclavagistes en mesure d'établir un système durable d'échange marchand d'humains avec les sociétés qui les fournissaient en main-d'œuvre servile.
32
+
33
+ Le Code de Hammurabi (environ 1750 av. J.-C.), texte de lois babylonien, mentionne pour la Mésopotamie des sanctions juridiques conduisant à l'esclavage comme la répudiation de ses parents par un enfant adopté[15].
34
+
35
+ Sous la République romaine, certaines infractions entraînent la déchéance des droits civiques (capitis deminutio maxima) : les déserteurs et les citoyens qui se sont dérobés au cens peuvent ainsi être vendus comme esclaves par un magistrat, en dehors de Rome toutefois[16]. Sous l'Empire romain, la condamnation aux mines (ad metalla) est l'une des peines les plus redoutées.
36
+
37
+ Aux États-Unis, à l'époque de l'esclavage, les Noirs libres peuvent être condamnés à l'esclavage pour un ensemble d'infractions juridiques assez larges : l'accueil d'un esclave fugitif, le fait de rester sur le territoire de certains États, telle la Virginie, un an après son émancipation.
38
+
39
+ L'esclavage touche historiquement les populations les plus fragiles et en premier lieu les enfants. Le sort de l'enfant abandonné le conduisait ainsi souvent à l'esclavage en Mésopotamie et plus tard en Grèce et à Rome[17]. Dans ces deux dernières civilisations antiques, le « droit d'exposition » autorise l'abandon d'un enfant, le plus souvent devant un bâtiment public, un temple par exemple. L'enfant recueilli est soumis à l'arbitraire de son « bienfaiteur » et échappe rarement à l'esclavage.
40
+
41
+ Quand il n'est pas abandonné, l'enfant peut aussi être vendu. Des contrats de vente d’enfants, datant de la troisième dynastie d'Ur, indiquent que la pratique semble être répandue au sein des civilisations mésopotamiennes[15].
42
+
43
+ La servitude pour dette résulte d'une procédure, parfois encadrée juridiquement, qui consistait à s'acquitter d'une créance par l'abandon de la propriété de soi à son créancier. Fréquente parmi les paysans pauvres athéniens, au point d'être interdite par Solon au VIe siècle av. J.-C., elle constitue l'une des formes d'esclavage qui persistent dans la période contemporaine.
44
+
45
+ La transmission héréditaire du statut d'esclave est historiquement récurrente. Les modalités et le degré de formalisation des règles de transmission sont cependant variables. Durant la période romaine classique, ce statut s'hérite par la mère, sans qu'aucune attention ne soit portée à la condition du père[18]. On nomme « verna » un esclave de naissance.
46
+
47
+ À compter d'Omar, dans la seconde moitié du VIIe siècle, un des courants du droit musulman considère que l'enfant d'une esclave est libre si le propriétaire est le père de l'enfant. La « mère d'enfant » — le titre est officiel — est libérée à la mort de son maître[19]. La législation islamique se situe sur ce point dans la continuité des législations mésopotamiennes qui nous sont parvenues : un père libre et veuf qui épouse une esclave peut même faire de l'enfant qui naîtrait de cette union son héritier s'il l'a expressément adopté. La descendance d'une mère libre et d'un esclave est automatiquement libre[20].
48
+
49
+ Aux États-Unis, si la législation est mouvante dans le temps et, surtout, différenciée selon les États, la transmission de la condition d'esclave par la mère est très largement dominante. Les premiers textes en attestant sont le statut du Maryland de 1664 et le code virginien de 1705[21]. La loi a parfois répondu aux rares cas d'union entre femmes libres et esclaves en imposant aux enfants de servir le maître de leur père, à vie ou pour une durée déterminée[22].
50
+
51
+ Les fonctions de l'esclavage ont fortement varié selon les sociétés et les périodes historiques. En premier lieu, on opère traditionnellement une distinction sur la base de l'importance tenue par les esclaves dans l'économie générale des rapports de production et des relations symboliques. On désigne ainsi une société dont les esclaves occupent une fonction indispensable à son fonctionnement global sous les termes de « société esclavagiste » (slave society), pour la distinguer des « sociétés à esclaves » (society with slaves), qui emploient des esclaves sans en faire un maillon indispensable de leur système économique et social. L'historiographie considère généralement les sociétés antiques grecques[23] et romaines, les systèmes économiques et sociaux des Antilles[24] et du Brésil durant la période coloniale (du XVIIe siècle au XIXe siècle) et du Sud des États-Unis avant la guerre de Sécession comme des exemples de sociétés esclavagistes. À l'inverse, le Moyen Âge occidental ou le monde arabe, qui connaissent l'esclavage, sont considérées comme des sociétés à esclaves et non comme des sociétés esclavagistes[25].
52
+
53
+ Les esclaves ont rempli au cours de l'histoire une large palette de métiers et de fonctions sociales. Dans les sociétés antiques, les esclaves sont ainsi présents dans l'ensemble des secteurs de l'économie, sans qu'aucun métier ne leur soit réservé en propre. Ils peuvent exercer le métier de pédagogue ou de médecin, sont très présents dans les secteurs qui nécessitent la manipulation de l'argent, la banque en particulier[26], mais aussi dans l'artisanat (ateliers de céramique). Le cas fait cependant figure d'exception : il est fréquent au cours de l'histoire que des esclaves aient été exclus de certaines professions, et confinés dans les travaux considérés comme les plus dégradants.
54
+
55
+ On peut distinguer, au cours de l'Histoire, un certain nombre d'usages récurrents de l'esclavage. Dans le secteur primaire, l'utilisation dans les mines et les carrières et comme main d'œuvre agricole, notamment dans l'économie de plantation, est commune à une grande partie des sociétés esclavagistes. L'esclavage domestique ainsi que l’esclavage sexuel sont, peut-être plus encore que l'utilisation strictement économique des esclaves, largement représentés tout au long de l'histoire humaine. Enfin, l'utilisation par l'État est fréquente pour l'accomplissement de tâches de travaux publics et de voirie. L'emploi d'esclaves à des fins militaires ou de police publique, plus rare, est une des caractéristiques saillantes de la civilisation musulmane.
56
+
57
+ Dans l'Antiquité, les esclaves sont indispensables au fonctionnement des carrières qui fournissent les matériaux des grands ensembles architecturaux des grandes cités romaines ou grecques.
58
+
59
+ À Athènes, les esclaves sont les principaux extracteurs des mines d'argent du Laurion, nécessaires à la stabilité monétaire de la cité grecque[27]. Lauffer estime même que près de 30 000 esclaves ont pu travailler dans ces seules mines et leurs moulins de traitement[28]. Sous l'Empire, à Rome, la condamnation aux mines (ad metalla) fait partie des sanctions juridiques les plus redoutées. Au Moyen Âge, les esclaves sont utilisés, à Gênes par exemple, dans l'exploitation des salines[29]. Dans les colonies espagnoles d'Amérique, les esclaves noirs mais surtout indiens sont massivement utilisés dans les mines d'or, d'argent et de cuivre. Les Portugais importeront de leur côté des esclaves noirs pour l'exploitation des riches gisements aurifères brésiliens du Minas Gerais, découverts à la fin du XVIIe siècle.
60
+
61
+ Souvent lié à de grands domaines, l'esclavage agricole se développa massivement dans l'Antiquité. À Athènes, il dominait dans les exploitations dont les besoins en main-d'œuvre dépassaient les seules forces d'une famille[30]. À Sparte, les hilotes, dont le statut était proche de celui d'esclave, fournissaient l'essentiel de l'approvisionnement de la cité. À la fin de la République, les grandes oliveraies et les grands vignobles de l'Italie centrale utilisaient quasi exclusivement des esclaves[31] ; l’ergastule était une des modalités de gestion de la population d'esclaves considérée comme la plus dangereuse. C'est de ces régions à forte concentration en esclaves, notamment le Sud de la péninsule et la Sicile, dans des zones pratiquant un élevage extensif, que partirent les grandes révoltes serviles auxquelles fut confrontée la République.
62
+
63
+ Malgré le développement du servage en Occident à partir du VIIIe siècle, l'esclavage resta présent dans le monde rural, notamment au sein des domaines agricoles des monastères[32].
64
+
65
+ Dans le monde arabe, l'emploi à grande échelle des esclaves sur les domaines agricoles est bien présent, notamment en Irak au IXe siècle, où vivaient dans l'esclavage plusieurs dizaines de milliers d'esclaves noirs d'Afrique de l'Est. De la même façon, les sultanats de la péninsule Arabique et de la côte est africaine pratiquaient l'esclavage, notamment pour la production de produits agricoles (sésame, céréales, etc.). Au XIXe siècle, c'est une société de plantation qui se développa également dans le sultanat de Zanzibar à la suite de l'explosion de la demande en clou de girofle[33]. En Mésopotamie, les esclaves sont notamment utilisés pour la culture de la canne à sucre, fortement consommatrice de main-d'œuvre.
66
+
67
+ Après les croisades, l'Europe reprit ce mode d'organisation du travail dans les régions où elle tenta d'importer cette culture, notamment dans la péninsule Ibérique et dans les îles méditerranéennes. L'exportation de cette économie de plantation par les Portugais dans les îles Atlantiques (îles Canaries, Sao Tomé), puis par eux et les Espagnols sur le continent américain, s'inscrit dans la continuité de ce déplacement vers l'ouest ; ce système devient caractéristique de la colonisation américaine, qui se tourne presque immédiatement vers l’esclavage pour l'exploitation du sol. La culture de la canne à sucre fut ainsi à l'origine de la traite négrière qui se mit en place au XVIe siècle. Puis, le développement des cultures du café, du tabac, du coton, etc., soutiendra, dans l'Amérique du Sud, du Centre et du Nord le niveau de la demande en main-d'œuvre servile.
68
+
69
+ S'il n'a pas une fonction directement économique, l'esclavage domestique permet aux propriétaires de dégager un temps libre (l'otium) indispensable aux activités sociales, politiques et artistiques. Il est très répandu à Rome et à Athènes, où même les citoyens pauvres possèdent souvent un esclave domestique. Ainsi, selon Finley, à Athènes, tout homme, financièrement en mesure d’avoir des esclaves, en possède au moins un. Il s'agit le plus souvent d'un homme à tout faire, qui le suit dans tous ses déplacements et, en fonction de ses ressources, d’une femme, astreinte aux tâches ménagères[34].
70
+
71
+ Quasiment absent du monde agricole, l'esclave est au contraire omniprésent dans la sphère domestique arabe. La division sexuelle du travail est, comme dans l'Antiquité gréco-romaine, nettement marquée : là où les hommes servaient de jardiniers, gardiens et homme à tout faire, les femmes occupaient les fonctions de nourrices, femme de chambre, couturières ou cuisinières[35].
72
+
73
+ La grande majorité des « petits Blancs », les paysans pauvres des Antilles françaises, possédaient eux aussi un esclave destiné aux tâches domestiques. Dans les couches les plus aisées de la société blanche ou noire, l'esclavage domestique revêt souvent une fonction ostentatoire. On évalue qu’à l'apogée de l'empire assyrien, une famille aisée de Babylone possède en moyenne de trois à cinq esclaves[36]. Au Xe siècle, un calife de Bagdad, sous la dynastie Abbasside, ne possède pas moins de 10 000 esclaves[37].
74
+
75
+ L'exploitation du corps des femmes pour des fonctions reproductives ou de plaisir constitue un motif récurrent de réduction en esclavage. Les récits mythologiques antiques sont un indice du caractère commun que revêtait cet esclavage sexuel. Le cycle troyen mentionne à plusieurs reprises cette forme d'esclavage ; c'est notamment le sort réservé par les Achéens aux femmes troyennes après la prise de la cité d'Asie Mineure. L'esclavage sexuel est de fait largement répandu dans l'Antiquité, par le biais de la prostitution[38] mais aussi à travers les relations entretenues entre maîtres et esclaves des deux sexes ; les témoignages semblent indiquer que ces dernières n'étaient pas rares à Rome[39].
76
+
77
+ Dans le monde arabe, l'exploitation sexuelle constitue pour Gordon Murray « la raison la plus courante d'acquérir des esclaves »[40]. Le statut de concubine est ainsi réservé aux seules esclaves[41] ; en cas d’enfantement, ces dernières étaient protégées de la vente et pouvaient se voir accorder un affranchissement[42]. Dans les maisons musulmanes les plus aisées, la surveillance des femmes dans les harems est confiée à un ou plusieurs eunuques, qui constituent une autre incarnation du pouvoir accordé au maître sur les fonctions de reproduction de ses esclaves. La dynastie musulmane des Séfévides ou les sultans de Constantinople entretinrent des harems de grande dimension dont le fonctionnement influa de manière notable sur la vie politique[43]. Plus généralement, harems et concubinage constituaient deux éléments fondamentaux de la société patriarcale.
78
+
79
+ Si aucun statut équivalent à celui de concubine n'existait dans la chrétienté, l'exploitation sexuelle des esclaves des colonies américaines était fréquente comme en atteste le nombre élevé des métissages qui obligea souvent les autorités à se pencher sur le statut des enfants nés de ce type d'union.
80
+
81
+ Ils sont la propriété de l'État et assurent les tâches d'intérêt général. Les esclaves sont donc employés comme ouvriers (pour les travaux de voirie), secrétaires ou comptables dans les administrations essentielles au bon fonctionnement des différents services publics ou encore la surveillance des égouts et des bâtiments publics. Les premières apparitions de services de pompiers remontent aux temps égyptiens mais Rome a réutilisé ce principe avec des esclaves. Les pompiers romains (vigiles urbani) étaient très souvent appelés au feu dans les incendies criminels ou accidentels (notamment dans les immeubles romains, dénommés insula).
82
+
83
+ Dans la mythologie grecque, pour ne pas vouloir payer les dieux Apollon et Poséidon qui lui ont construit la célèbre enceinte de sa ville, le roi de Troie Laomédon, après les avoir considérés comme ouvriers, traite ainsi les deux dieux comme esclaves et est prêt à leur lier les pieds, les vendre au loin ou leur trancher les oreilles[44] !
84
+
85
+ Depuis l'Antiquité, l'esclave est en grande majorité traité de façon inhumaine parce qu'il n'est pas tout à fait considéré comme un être humain mais se situe juste à la lisière entre l'animal et l'humain[9],[45]
86
+
87
+ Plutarque : « les coups ou les mauvais traitements… ne sont bons que pour les esclaves et non les hommes libres »
88
+ Quintillien : « Quant à frapper les élèves, c'est une pratique… honteuse et faite pour les esclaves, et ce qu'on accordera s'il s'agissait d'un autre âge,- vraiment injurieuse »
89
+
90
+ Si plus tard - pour autant que les colons en tiennent compte-, le Code noir de 1685 appliqué aux colonies de l'ancien régime octroie enfin l'humanité morale et religieuse aux esclaves, il ne leur accorde aucune personnalité politique et juridique[45] et n'oublie pas de réglementer les peines corporelles à leur infliger allant du fouet, au marquage au fer rouge, à la castration en passant par la mutilation (oreilles, nez, mains, jambes…) et jusqu'à la peine de mort[46].
91
+
92
+ « Selon Victor Schoelcher, un esclave était soldé au bout de trois années de travail. Après cela, il pouvait mourir de besoin ou sous les coups »[47].
93
+
94
+ Les réseaux commerciaux ont évolué en fonction de la demande en esclaves qui s'est longtemps confondue avec les grands centres économiques et politiques. Dans l'Antiquité, les réseaux commerciaux sont tournés vers la Grèce, Carthage puis l'Empire romain. Si un trafic est attesté dès la période archaïque, c'est l'augmentation de la demande au VIe siècle av. J.-C. qui entraîne semble-t-il le développement d'un circuit commercial de grande ampleur[48].
95
+
96
+ Le coût d'un esclave sous Rome était de 10 mois de salaire pour un ouvrier moyen (80 sesterces) soit 800 sesterces, pour acquérir un esclave[49].
97
+
98
+ Des marchés, alimentés par des trafiquants spécialisés, fournissaient une main-d'œuvre barbare directement dans les places grecques (Corinthe, Chypre, Délos, Athènes…). À Rome, un marché se tenait au cœur de la ville, sur le Forum, près du temple des Dioscures[50].
99
+
100
+ Au cours du Moyen Âge, la traite s'oriente vers l'Afrique du Nord, la Mésopotamie et l'Europe méditerranéenne (Italie, Catalogne, Crète, Chypre, Majorque…). Les principales routes commerciales trouvent leurs sources en Afrique subsaharienne et les régions européennes non christianisées (traite des Slaves païens et chrétiens depuis les Balkans). À titre d'exemple, en 1259, Bernat de Berga, évêque d'Elne, en Roussillon, lègue dans son testament huit esclaves, dont deux chrétiens et six païens[51].
101
+
102
+ Après l'exploration des côtes africaines au XVe siècle, le Portugal entame une traite tournée vers les îles Atlantiques et la péninsule Ibérique. À l'époque moderne, ce commerce européen des esclaves évolue vers une forme transatlantique connue sous le nom de commerce triangulaire, qui perdure du XVIe siècle au XIXe siècle[52]. Les estimations du nombre de déportés varient, selon les auteurs, de 11 millions (pour Olivier Pétré-Grenouilleau[53]) à 50 millions (pour Victor Bissengué[54]).
103
+
104
+ Les coûts élevés de l'importation de nouveaux esclaves aux États-Unis puis son interdiction débouchèrent sur le développement accéléré du commerce de la location d'esclave[55].
105
+
106
+ Le commerce arabe des esclaves est resté actif de l'Antiquité à l'époque moderne. Ses zones d'approvisionnement traditionnelles sont l'Afrique noire (traite subsaharienne), les régions de la mer Noire ou la côte orientale de l'Afrique (Zanzibar). Les ramifications de ce trafic semblent rayonner, bien que sans doute dans des proportions réduites, jusqu'en Extrême-Orient : on retrouve ainsi au XIIIe siècle des traces d'esclaves noirs sur la route de la soie[56].
107
+
108
+ Cependant la traite arabe ne se limite pas à la traite des Noirs. Tout au long du Moyen Âge, de l’époque moderne et jusqu'au XIXe siècle, la région d'Alger en particulier fournit les marchés nord africains et proches orientaux (turcs notamment), en esclaves provenant d'Europe méditerranéenne mais parfois aussi de contrées aussi lointaines que l'Islande. Ainsi durant la régence d'Alger (époque précédant la conquête de l'Algérie par la France), les prisonniers chrétiens sont vendus comme esclaves au marché d'Alger.
109
+
110
+ Pour ce qui est de la traite organisée par les Africains eux-mêmes, dite « traite intra-africaine », les traces écrites quasi inexistantes jusqu'au XIXe siècle rendent difficile une évaluation quantitative crédible.
111
+
112
+ Les formes actuelles de l'esclavage répondent aux mêmes caractéristiques, notamment les réseaux de proxénétisme, tournés vers les lieux de consommation.
113
+
114
+ La question de la rentabilité de l’esclavage émerge au XVIIIe siècle avec la pensée économique préclassique et classique. Arguant de la supériorité du travail libre, les physiocrates et Adam Smith ont à cette époque contesté la valeur économique de l'esclavage. On trouve aussi trace de cette argumentation chez certains penseurs des Lumières et, plus tard, au sein des anti-esclavagistes. Le physiocrate Dupont de Nemours résume l’ensemble des arguments avancés à l’appui de cette thèse quand il déclare que « l'arithmétique politique commence à prouver […] que des ouvriers libres ne coûteraient pas plus, seraient plus heureux, n'exposeraient point aux mêmes dangers et feraient le double de l’ouvrage »[57]. Suivant ce point de vue, la productivité est induite par l'intérêt du travailleur libre pour son travail, et par l'absence de coût d'achat et de surveillance. Pour reprendre le raisonnement de Smith, le salaire remplace avantageusement les frais d'entretien et d'achat qui incombent aux propriétaires[58].
115
+
116
+ Un des arguments les plus couramment avancés pointe ainsi le coût de surveillance et d'entretien des esclaves : les abolitionnistes, tels Victor Schœlcher, font état de l'insécurité qui règne dans les colonies esclavagistes et de la charge financière qui en résulte pour les États métropolitains sous forme d'envoi et d'entretien de troupes nombreuses, ainsi que d'indemnités à verser aux propriétaires dont les biens sont détruits à l'occasion de révoltes d'esclaves.
117
+
118
+ S'ajoutent aussi des arguments que l'on qualifierait aujourd'hui de macroéconomiques. Pour les physiocrates français, le développement d'un marché intérieur est indissociable du développement du travail salarié. C'est ce qui pousse les plus audacieux d’entre eux à réclamer la suppression des avantages des planteurs coloniaux qui pénalisent les cultivateurs métropolitains de betterave sur le marché du sucre.
119
+
120
+ Enfin, l'esclavage a été dénoncé comme un frein à l'innovation technique, le dynamisme industrieux des États du Nord des États-Unis étant pointé face à l’apparente stagnation de l'industrie des États du Sud.
121
+
122
+ Pour une grande part, l'affirmation de la supériorité économique du travail libre sur l'esclavage est restée sans fondement empirique. Adam Smith s'appuie pour la justifier sur « l'expérience de tous les temps et de tous les pays »[59], sans toutefois qu'aucune comparaison autre que spéculative ne vienne étayer son raisonnement.
123
+
124
+ Dans les années 1860, le développement de la cliométrie a relancé aux États-Unis le débat sur la rentabilité de l'esclavage. L'irrationalité du système esclavagiste, à bout de souffle face au développement du capitalisme du nord du pays, était alors communément admise. Outre le faible développement industriel du Sud, l'un des indices de cette crise constituait pour les défenseurs de cette thèse l'augmentation du prix des esclaves, interprétée comme une hausse du prix du travail.
125
+
126
+ L'approche cliométrique a renouvelé, non sans polémiques, les conclusions traditionnellement retenues à ce sujet. La question de la rentabilité de l'esclavage aux États-Unis ne fait aujourd'hui aucun doute, et seul son taux est encore discuté. Le taux de profit des planteurs serait, pour Meyer de 5 à 8 %, avec des pics de 10 à 13 % en Caroline du Sud ou en Alabama[60]. Robert Fogel et Stanley Engerman l'estiment pour leur part à « 10 % du prix de marché des esclaves », soit un niveau comparable à celui des investissements des industriels du Nord des États-Unis[61]. Les études américaines insistent notamment sur le fait que l'esclave est non seulement une force de travail mais aussi un investissement : pour Conrad et Meyer, l'augmentation du prix des esclaves était au contraire un indice de la croissance du marché. Fogel a par ailleurs souligné que le Sud avait développé une industrie « domaniale », dynamique bien que dépendante des productions agricoles, à travers la transformation des matières premières (sucreries, égreneuses de coton, trieuses de riz, scierie, etc.)[62].
127
+
128
+ S'agissant des plantations françaises des Antilles à l’apogée du prix du sucre, Paul Butel estime que le taux de profit des planteurs oscille entre 15 et 20 %[63].
129
+
130
+ En 1944, l'historien Eric Williams (qui devint par la suite Premier ministre de Trinité-et-Tobago) publie l'ouvrage classique, Capitalisme et esclavage, dans lequel il approche la question essentiellement à partir de l'angle économique. Selon lui, la traite négrière et le modèle d'économie de plantation des Caraïbes aurait permis l'accumulation primitive nécessaire à l'industrialisation de l'Angleterre[64]. Au bout d'un moment, l'esclavage serait devenu non-rationnel d'un point de vue économique et capitaliste ; cette raison structurelle expliquerait, selon lui, l'abrogation de l'esclavage, davantage que la volonté idéaliste et humanitaire des penseurs des Lumières[64]. Le livre mettait ainsi en pièces l'historiographie traditionnelle (Reginald Coupland (en) ou G. M. Trevelyan) qui célébrait les héros idéalistes de l'abolition, affirmant qu'il s'agissait avant tout d'une question économique. Quoique discutée, la thèse eut une influence importance[64]. En 1940, Coupland pouvait ainsi soutenir, dans la Cambridge History of the British Empire (en), que l'abolition britannique de l'esclavage s'était faite à l'encontre des intérêts économiques, grâce à l'influence des penseurs humanistes ; en 1965, John D. Hargreaves (en), dans la New Cambridge Modern History (en), devait au contraire affirmer que les abolitionnistes marchaient de pair avec les intérêts économiques abolitionnistes[64]. Par la suite, toutefois, l'historiographie a revu nettement à la baisse l'importance économique de l'esclavage antillais en ce qui regarde l'accumulation primitive anglaise, bien que la réfutation du récit idéaliste demeure largement partagée[64].
131
+
132
+ À Rome, les esclaves se sont révoltés plusieurs fois, notamment ceux qui ont suivi Spartacus, un ancien gladiateur qui fut tué avec ses compagnons lors de la troisième guerre servile (entre 73 et 71 av. J.-C.). Seuls les esclaves malades, ou infirmes furent libérés ou abandonnés par leurs maîtres.
133
+
134
+ Le marronnage était le nom donné à la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l'époque coloniale. Le fuyard lui-même était appelé « marron » ou « nègre Marron », « negmarron » voire « cimarron » (d'après le terme espagnol d'origine).
135
+
136
+ Aux Antilles, si l'esclave marron recherché était intercepté, une récompense était remise au preneur par le propriétaire et la loi du 3 octobre 1671 permet qu'on coupe les jarrets du fuyard[65] ; celle du 12 juin 1704 rappelle qu'on lui coupe les oreilles et qu'on le marque au fer de la fleur de lys, et la condamnation à mort a lieu « a la troisieme foiz qu'ils ont esté marons »[66]. Dans leurs tentatives d'évasion (ou de sédition), certains esclaves noirs ont pu bénéficier de la complicité de Blancs, comme l'indique un arrêt du Conseil supérieur[67] de l'île Martinique aux Antilles du 26 juillet 1710 visant à les juger[68].
137
+
138
+ À Rome, l’affranchissement peut se dérouler de quatre façons différentes :
139
+
140
+ Malgré cet affranchissement, l'esclave n'a pas tous les droits d'un citoyen romain, seul son fils en bénéficiera.
141
+
142
+ En droit positif, la prohibition de l'esclavage humain est contenue dans les articles 4 de la convention européenne des droits de l'homme et de la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'article 8 du pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'ONU, dans la convention de Genève de 1926, de New York de 1956, de l'OIT de 1930 et 1936.
143
+
144
+ L'esclavage n'étant pas prohibé par l’islam, les pays musulmans hésitèrent et tardèrent encore plus que les Européens à l'abolir : Albert Londres, dans Pêcheurs de perles, signale du trafic régulier d'esclaves en Arabie en 1925.
145
+
146
+ Le Pakistan a été le dernier pays à abolir l'esclavage, en 1992, ce qui est très tardif au regard des normes internationales. Sa législation reste incomplète et ne s'est pas accompagnée de moyens de contrôle de sa mise en œuvre[69].
147
+
148
+ L’Arabie saoudite n'a aboli l’esclavage qu'en 1962, comme son voisin le Yémen. L'un de ses autres voisins, le sultanat d'Oman, ne le fera qu'en 1970.
149
+
150
+ À la fin du XIXe siècle, on vend à Marrakech près de 8 000 esclaves par an issus d'Afrique subsaharienne, le plus grand marché aux esclaves du Maroc[70]. En 1920, le protectorat français limite ce marché et c’est en 1922 qu’il y abolit officiellement l’esclavage[71].
151
+
152
+ Au début du XXIe siècle, le Maroc fait encore partie des pays où il y a le plus d'esclaves au monde[72].
153
+
154
+ L’abolition de l'esclavage en Tunisie a commencé par la libération des esclaves blancs sous la pression des pays européens, au début du XIXe siècle. Elle s'est poursuivie par la fermeture du marché aux esclaves en 1842 par le Bey de Tunis. L'esclavage est officiellement aboli le 28 janvier 1846 par Ahmed Ier Bey[73], la Tunisie devenant ainsi le premier pays arabo-musulman abolitionniste. Néanmoins, du fait de la persistance de l’esclavage durant la Régence, il faudra attendre le protectorat français pour imposer une véritable abolition de l'esclavage (sous peine de sanctions pécuniaires et pénales) par décret d'Ali III Bey, le 28 mai 1890 — décision parue le lendemain au Journal officiel[74].
155
+
156
+ En Mauritanie, en dépit de son abolition officielle - très tardive au regard des normes internationales - en 1981, l'esclavage est une pratique qui persiste, concernant entre 10 et 20 % d'une population totale de 3,4 millions d'habitants[75],[76], soit 340 000 à 680 000 esclaves. Toutefois, le 8 août 2007, le Parlement du pays a adopté une loi criminalisant l'esclavage, désormais puni de dix ans d'emprisonnement[77].
157
+
158
+ Lors du congrès de Vienne, le 8 février 1815, la traite négrière (c'est-à-dire le commerce des esclaves, l'achat et le transport d'êtres humains revendus comme esclaves dans l'empire colonial) est en théorie abolie en Angleterre, France, Autriche, Prusse, Portugal, Russie, Espagne, Suède sous la pression de l'Angleterre anti-esclavagiste (pression de la quadruple alliance), pays qui proclament que « la traite répugne aux principes généraux de la morale et de l'Humanité ».
159
+
160
+ Mais la suppression officielle de la traite ne signifie pas pour autant sa fin réelle. En effet la traite continue dans les colonies en France, en Espagne et au Portugal sous forme clandestine. Ainsi en 1820, 40 000 esclaves auraient quitté l'Afrique vers les îles du Sud des États-Unis et surtout du Brésil, qui en importait environ 20 000 par an entre 1820 et 1823 puis 10 000 environ entre 1823 et 1852. Ce commerce étant en théorie illicite, le sort des esclaves s'aggrava encore. Ils étaient en effet transportés dans les pires conditions et jetés par-dessus le bord lorsque le négrier croisait un navire de guerre britannique. Mais les peuples de certains pays européens, alertés par des sociétés anti-esclavagistes comme l'Angleterre et quelques écrivains comme André-Daniel Laffon de Ladebat ou encore associations comme le « Comité pour l'abolition de la traite des Noirs et de l'esclavage », étaient de plus en plus émus par le sort des esclaves. Divers gouvernements européens accordèrent donc aux Britanniques le droit de visite en 1831 et en 1833, ce qui leur permit d'exercer légalement la police des mers contre les négriers.
161
+
162
+ L'esclavage en tant que tel sera finalement aboli en 1833 en Angleterre et 1847 dans la colonie suédoise de Saint-Barthélemy.
163
+
164
+ A travers les siècles, les bulles pontificales condamnent régulièrement l'esclavage, montrant ainsi qu'elles sont peu suivies d'effet : en 1435, le pape Eugène IV condamne l’esclavage des indigènes des Canaries ou en 1839, Grégoire XVI condamne explicitement l’esclavage des Africains, aidant ainsi à l’abolition dans les pays catholiques où elle n’était pas déjà intervenue.
165
+
166
+ Le Brésil a été le dernier pays d'Amérique à abolir l'esclavage, en 1888, par la Loi d'or (Lei Áurea), sans compensation pour les propriétaires. Cette loi fut signée par la Princesse régente Isabelle, pendant l'absence à l'étranger de son père, l'Empereur Dom Pedro II[78].
167
+
168
+ L'esclavage est aboli au Chili en 1823[79].
169
+
170
+ Dans la société féodale, les serfs faisaient juridiquement partie du fonds, de sorte que lorsqu'un territoire était vendu, ils l'étaient avec lui. Par ailleurs, nul vassal ne pouvait diminuer la valeur de son fonds au préjudice de son suzerain, faute de quoi la partie diminuée devait être restituée au suzerain et ce dans l'état antérieur. De ce fait, nul ne pouvait affranchir un serf sans l'assentiment de son seigneur, et de suzerain en suzerain, seul le roi avait le pouvoir d'affranchir des personnes, moyennant une juste compensation[81].
171
+
172
+ Une première ordonnance de Louis X, du 2 juillet 1315, « portant affranchissement des serfs du domaine du roi, moyennant finance »[82], pose le principe que « selon le droit de nature, chacun doit naistre franc », et donc, « nous considerants que nostre royaume est dit, et nommé le royaume des francs, et voullants que la chose en vérité soit accordant au nom », dispose que par tout le royaume « telles servitudes soient ramenées à franchise », c'est-à-dire peuvent toujours être rachetées, contre juste dédommagement des ayants-droit.
173
+
174
+ L’Ordonnance de mars 1685 sur les esclaves des îles de l'Amérique entre cependant en contradiction en légalisant l’esclavage (cf code noir).
175
+
176
+ Ce n'est que par l'ordonnance du 10 août 1779 que la servitude personnelle est supprimée par Louis XVI sur toutes les terres dépendant de la couronne[83] ; regrettant de ne pouvoir cependant étendre cette mesure sur tout le royaume, « nos finances ne nous permettant pas de racheter ce droit des mains des seigneurs, et retenu par les égards que nous aurons dans tous les temps pour les lois de la propriété ». Il dispose cependant que le fait pour un serf d'établir domicile dans un lieu franc emporte affranchissement de sa personne, supprimant de ce fait le droit de suite qui autorisait jusque-là les seigneurs à réclamer leurs biens. Il dispose en outre que les seigneurs voulant faire de même seront dispensés de l'autorisation royale jusque-là nécessaire « à cause de l'abrégement ou diminution que lesdits affranchissements paraîtront opérer dans les fiefs tenus de nous ».
177
+
178
+ L’Assemblée nationale de 1790 avait réaffirmé par deux fois (décret du 8 mars[84] et du 12 octobre 1790) la légalité de l’esclavage et ce n’est que confrontée à la révolte des esclaves des colonies (Saint-Domingue notamment) que la Convention décrète son abolition en 1794[85]. Nombre de dirigeants girondins étaient opposés à l'esclavage mais leur base politique était en grande partie constituée de la bourgeoisie commerçante des ports de la côte ouest, vigoureusement opposée à une mesure mettant ses profits en péril. En conséquence, les Girondins n'étaient pas immédiatement disposés à mettre leurs idées en pratique. En revanche, les classes populaires qui soutenaient les Jacobins n'avaient aucun intérêt matériel à la poursuite de l'esclavage et pouvaient s'identifier aux souffrances des Noirs[86].[citation nécessaire]
179
+
180
+ Les mobiles pratiques de cette mesure n'excluent pas toute considération de principe, comme en témoigne l'emploi au cours du débat de l'expression de « crime de lèse-humanité »[87]. Cependant le décret sera abrogé par Napoléon Bonaparte, qui, le 20 mai 1802, rétablit l'esclavage « conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789 »[88] sous l'influence, notamment, du traité d'Amiens.
181
+
182
+ De retour de l'île d'Elbe en 1815, Napoléon décrète l'abolition de la traite des esclaves, qui aligne la France sur la décision que vient de prendre le congrès de Vienne. Mais sa décision n'est nullement humaniste puisqu'elle n'a pour seul but que de se concilier la Grande-Bretagne. Sa résolution est confirmée par le traité de Paris le 20 novembre 1815.
183
+
184
+ L'ordonnance du 8 janvier 1817 signée par Louis XVIII interdit la traite des esclaves dans les colonies françaises, cependant la traite continue de manière plus clandestine.
185
+
186
+ La France attendra 1848, année qui voit Victor Schœlcher faire adopter définitivement le décret d'abolition pour ce qui concerne les Colonies. Le 5 mars, 250 000 esclaves des Colonies françaises devaient être émancipés[89].
187
+
188
+ Le décret du 25 avril 1848 a accordé aux Français résidant à l'étranger possesseurs d'esclaves un délai pour se défaire de cette « possession ». Ce délai a été prorogé par une loi du 11 février 1851 et a expiré le 27 avril 1858[90]. Cette loi a été prise car certains états esclavagistes ont exigé des maîtres qui émancipaient leurs esclaves les ramènent en Afrique.
189
+
190
+ Néanmoins l'esclavage a perduré de fait dans les colonies sous la forme du « travail forcé », pratique qui consistait à réquisitionner de force des travailleurs indigènes pour l’administration coloniale ou pour des entrepreneurs privés[91]. Le travail forcé a été aboli en 1946 (loi Houphouët-Boigny du 11 avril 1946).
191
+
192
+ En 1865, les États-Unis promulguèrent le 13e amendement interdisant l'esclavage, sauf en « punition d’un crime dont le coupable aura été dûment condamné ». Ce texte permet la criminalisation des anciens esclaves dans les États de l'ancienne Confédération[92].
193
+
194
+ La question de l'esclavage avait conduit Abraham Lincoln à en promettre l'abolition s'il était élu. Son élection amena les États du Sud à demander la sécession. Celle-ci leur fut refusée car elle aurait privé les caisses fédérales de l'essentiel de ses impôts, d'où la guerre civile, dite guerre de Sécession, qui s'ensuivit et fut le conflit le plus meurtrier de toute l'histoire du pays. Il est à noter que le Texas avait déjà fait sécession d'avec le Mexique quand celui-ci avait, lui aussi, aboli un peu plus tôt l'esclavage.
195
+
196
+ Le 9 septembre 2016, pour le 45e anniversaire de la mutinerie de la prison d'Attica, a lieu une grève d'une partie des 2,4 millions de prisonniers-travailleurs aux États-Unis, 40 prisons sur 27 états, ils sont payés quelques centimes de l'heure ou pas du tout. Ils sont fédérés, pour se défendre, au sein d'un syndicat aux revendications anarchistes nommé IWW[93],[94],[95].
197
+
198
+ En 1822, le Liberia est fondé par une société américaine de colonisation (American Colonization Society, « la société nationale d'Amérique de colonisation »), pour y installer des esclaves noirs libérés. En 1931, le journaliste George Schuyler publie Slaves Today : A Story of Liberia, roman dénonçant la perpétuation de l'esclavage domestique dans le pays[96]. La même année, la Société des Nations (SDN) condamne les conditions de travail forcé imposées aux autochtones par les Américano-Libériens pour le compte de multinationales de l’industrie du caoutchouc. Le scandale contraint le gouvernement à la démission. En 1936, le nouveau gouvernement interdit le travail forcé.
199
+
200
+ Au Bhoutan, l'esclavage est aboli en même temps que le servage par le roi Jigme Dorji Wangchuck en 1956[97],[98].
201
+
202
+ L'esclavage en Chine impériale a revêtu de nombreuses formes au cours de l'Histoire. Plus modérée que l'esclavage aux États-Unis ou dans le monde arabe, la mentalité chinoise considère ses esclaves comme à mi-chemin entre l'humain et l'objet (半人,半物, bànrén, bànwù)[99].
203
+
204
+ Les empereurs ont à plusieurs reprises tenté d'interdire l'esclavage privé car les esclaves étaient plus dévoués à leur maître qu'à leur souverain. Ils pouvaient devenir des meurtriers si leur maître le leur ordonnait. Les esclaves privés étaient devenus dangereux pour la société. L'esclavage fut à plusieurs reprises aboli, jusqu'à la loi de 1909[100],[99], pleinement entérinée en 1910[101], bien que la pratique de l'esclavage ait perduré jusqu'au moins 1949[102].
205
+
206
+ Selon Alexandra David-Néel, « une sorte d'esclavage » subsistait encore, dans les années 1950, dans maintes parties du Tibet. Attachés à une famille particulière, les esclaves en constituaient une grande partie de la domesticité. Cet esclavage, qui n'était pas légal, reposait sur la coutume, laquelle, au Tibet, avait force quasiment de loi[103]. L'existence de cet esclavage ancillaire avait déjà été signalée par sir Charles Alfred Bell pour la vallée de Chumbi au début du XXe siècle[104].
207
+
208
+ À partir de 1959, année du départ en exil du 14e dalaï-lama, le gouvernement chinois mit en place au Tibet une série de réformes, notamment l' « abolition du servage et de l'esclavage »[105].
209
+
210
+ Depuis 2009, une « Journée d'émancipation des serfs au Tibet » célèbre la fin du servage et de l'esclavage au Tibet[106].
211
+
212
+ Au Népal, chez les Nyinbas, des populations tibétophones, les esclaves furent émancipés par décret gouvernemental en 1926[107].
213
+
214
+ Par glissement sémantique, certaines situations sont assimilées aujourd'hui à de l'esclavage moderne :
215
+
216
+ Selon les chiffres de l'Indice mondial de l'esclavage (Global Slavery Index 2014)[114] élaboré par la fondation Walk Free (en), une ONG internationale ayant son siège social à Perth (Australie), le monde comptait en 2014 près de 36 millions de personnes prisonnières d'une forme ou d'une autre d'esclavage moderne (ce chiffre s'élève en 2019 à 40 millions selon l’Organisation internationale du travail (OIT) et la Rapporteuse spéciale sur les nouvelles formes d’esclavage[115]) : travail forcé, traite d'êtres humains, servitude pour dettes, mariage forcé et exploitation sexuelle[116],[117]. Tous les 167 pays étudiés compteraient des esclaves au sens moderne du terme. Les deux continents comptant le plus d'esclaves seraient l'Asie et l'Afrique : l’Inde (14,3 millions de victimes de l'esclavage), la Chine (3,2 millions), le Pakistan (2,1), l’Ouzbékistan (1,2), la Russie (1,1) ; puis le Nigeria, la République démocratique du Congo, l’Indonésie, le Bangladesh et la Thaïlande[117]. En pourcentage de la population, les pays comptant le plus d'esclaves seraient la Mauritanie (4 % ; l'esclavage y est héréditaire, les Maures noirs étant esclaves des Maures blancs de génération en génération), l’Ouzbékistan (3,97 %), Haïti, le Qatar, l’Inde, le Pakistan, la République démocratique du Congo, le Soudan, la Syrie, et la Centrafrique[117].
217
+
218
+ Cet indice est toutefois très controversé. Selon les chercheurs Andrew Guth, Robyn Anderson, Kasey Kinnard et Hang Tran, l'examen des méthodes de l'Indice révèle d'importantes et graves faiblesses, et soulève des interrogations quant à sa validité et son applicabilité. De plus, la publicité accordée à l'Indice conduit à l'utilisation de données erronées dans la culture populaire et par des organes et organismes de presse reconnus ainsi que par des revues universitaires et des responsables politiques[118].
219
+
220
+ En 2017, la fondation Alliance87[119] dont le rapport[120] basé sur ceux de l'Organisation international du travail[121] des Nations unies et de l'ONG Walk Free Foundation (en), en partenariat avec l'Organisation internationale des migrations, indique qu'en 2016, 40 millions de personnes restent victimes de l'esclavage (par travail ou mariage forcés) de par le monde, que 71 % sont de sexe féminin et 25 % des enfants.
221
+
222
+ Le statut d'esclave est soutenu par le Centre de recherches et de fatwas de Daech qui a établi que ces pratiques existaient déjà au Moyen Âge, avant que l'esclavage ne soit aboli[122]. Selon un document daté du 16 octobre 2014, présenté par l'agence de presse Iraqi news[123], l'État islamique aurait fixé le prix de vente des femmes yésides ou chrétiennes, comme esclaves, entre 35 et 138 euros. « Une fillette âgée de un à neuf ans coûterait 200 000 dinars (soit 138 euros), une fille de dix à vingt ans 150 000 dinars (104 euros), une femme entre vingt et trente ans 100 000 dinars (69 euros), une femme entre trente et quarante ans 75 000 dinars (52 euros) et une femme âgée de quarante à cinquante ans 50 000 dinars (35 euros) ». Le document mentionne l'interdiction « d'acheter plus de trois femmes », sauf pour les « Turcs, les Syriens ou les Arabes du Golfe »[124].
223
+
224
+ En 2016, grâce au soutien du prix Carmignac du photojournalisme, le photojournaliste Narciso Contreras (en) produit les premières preuves photographiques du trafic d'esclaves en Libye, dont sont victimes notamment les migrants africains qui tentent de rejoindre l'Europe[125],[126],[127].
225
+
226
+ Le prix des esclaves noirs de Libye était de 350 dinars soit 220 euros[128].
227
+
228
+ En novembre 2017, des journalistes de la chaîne américaine CNN filment des scènes de vente de migrants comme esclaves. L'Organisation des Nations unies condamne une situation « inhumaine ». La Libye promet une enquête[129]. Le Canada a accueilli plus de 750 anciens esclaves de Libye[130].
229
+
230
+ La pauvreté et l'instabilité politique en Afrique centrale, les importantes flux migratoires incontrôlés dues aux conflits armés (Soudan, Somalie, Ouganda, République Démocratique du Congo…), ainsi que les richesses des sols de Centre-Afrique, ont entraîné l'apparition d'organisations minières illégales exploitant des centaines de milliers de clandestins souvent mineurs dans les mines de cobalt[131], ou pratiquant l'« esclavage sexuel » et le « travail forcé » dans les mines d'or et de diamant[132],[133],[134].
231
+
232
+ La justice s'applique difficilement dans cette région du monde, et il est difficile d'identifier les causes exactes de cet esclavage moderne ni la gravité de la situation. Cependant, bien que les responsables directs soient les communautés armées locales, leur trafic existe grâce aux entreprises occidentales ou asiatiques (automobile, téléphonie, joaillerie…), qui achètent à des prix intéressants[réf. nécessaire][135] le cobalt, l'or et les diamants, indispensables à l'économie mondiale de la micro-informatique et du luxe, tout comme le trafic d'esclaves existait auparavant pour fournir des denrées et des biens de consommation plus modestes (sucre, coton…).
233
+
234
+ Le cas des mines africaines n'est qu'un exemple d'un certain nombre d'organisations mondiales qui exploitent les Hommes au profit des économies occidentale, asiatique ou russe (comme hier, au profit des économies occidentale, arabe ou asiatique). En effet, la Corée du Nord est notamment connue pour exporter ses travailleurs forcés aux quatre coins du monde[136],[137]. L'exploitation des clandestins dans les chantiers au Qatar au Moyen Orient[138] ou encore dans les tanneries espagnoles, fournisseurs du luxe de grandes marques[139], sont encore d'autres exemples d'exploitation humaine moderne. Finalement, la valeur générée par tous ces travailleurs forcés ou esclaves, parfois mineurs, se retrouve, du fait de la mondialisation, dans les biens de consommation, la nourriture, les mobiliers et immobiliers des millions de personnes des catégories sociales les plus aisées du monde.
235
+
236
+ Il existe un débat pour dire que la gestation pour autrui (GPA) relève de l'esclavage. Les arguments en ce sens sont que (1) la mère porteuse ou gestatrice subit des restrictions de sa liberté d'agir, y compris dans sa vie personnelle, (2) l'enfant est l'objet d'un contrat qui sera remis contre une rémunération, (3) des gamètes peuvent éventuellement être acquises. La philosophe Sylviane Agacinski, par exemple, voit dans la GPA "une forme inédite d'esclavage" qui "s'approprie l'usage des organes d'une femme et le fruit de cet usage" [140].
237
+
238
+ Des jours de commémoration de l'abolition existent notamment en France dans toutes les anciennes colonies.
239
+
240
+ 2006 marque l'année de la reconnaissance de la responsabilité historique de l'État français à propos de l'esclavage, dont les victimes seront dorénavant commémorées tous les 10 mai. Ce jour est également l'anniversaire de l'adoption de la loi Taubira, étape de la démarche mémorielle touchant à l'esclavage, qu'elle qualifie en particulier de « crime contre l'humanité ».
241
+
242
+ La place réservée dans la mémoire collective à certaines personnalités est également notable, ainsi les « nègres marrons » et la mulâtresse Solitude (vers 1772-1802), figure historique de la résistance des esclaves noirs en Guadeloupe et héroïne d'un roman du même nom d'André Schwarz-Bart, paru en 1972.
243
+
244
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/110.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,59 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Albert II, né le 6 juin 1934 au château du Stuyvenberg, est le 6e roi des Belges, du 9 août 1993 (à la suite de la mort de son frère Baudouin le 31 juillet 1993) au 21 juillet 2013 (date de son abdication). Titré prince de Liège[1] à sa naissance, il est le second fils du roi Léopold III et de la reine Astrid, née princesse de Suède[2], couple royal dont il est actuellement le dernier enfant encore vivant. Il est le frère cadet de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte et de Baudouin.
4
+
5
+ Il prête serment devant les Chambres réunies le 9 août 1993 en néerlandais, français et allemand. Le 3 juillet 2013, il annonce sa décision d'abdiquer le 21 juillet suivant, jour de la fête nationale belge. Son fils aîné, le prince Philippe, duc de Brabant, lui succède.
6
+
7
+ Son enfance et son adolescence sont marquées par la mort accidentelle de sa mère, le 29 août 1935, à Küssnacht, en Suisse et par la Seconde Guerre mondiale. Il passera celle-ci en France, en Espagne mais surtout à Bruxelles. Le 6 juin 1944 marque le dixième anniversaire du jeune prince mais aussi le débarquement de Normandie. La famille royale est alors emmenée en Allemagne, puis en Autriche, où elle est libérée le 7 mai 1945 par les troupes américaines. Cette libération ne signifie pas le retour au pays. La « question royale » oblige la famille royale à s'exiler en Suisse jusqu'en juillet 1950. Le 11 août 1950, le frère aîné d'Albert, le prince Baudouin, duc de Brabant, devient prince royal, puis roi des Belges le 17 juillet 1951, le lendemain de l'abdication de son père, le roi Léopold III.
8
+
9
+ De retour en Belgique, le prince Albert entreprend sa formation militaire dans la force navale belge. Il sera promu aspirant en 1953, enseigne de vaisseau en 1954, lieutenant de vaisseau en 1957, capitaine de frégate en 1959, capitaine de vaisseau en 1964 et enfin amiral de flottille en 1971.
10
+
11
+ En 1954, il obtient son premier rôle officiel : la présidence du conseil général de la Caisse générale d'épargne et de retraite (CGER). Il y restera jusqu'à sa suppression en 1991.
12
+
13
+ Le prince de Liège[1] devient le parrain de son neveu, le grand-duc Henri de Luxembourg (né en 1955) et de sa demi-sœur, la princesse Maria-Esméralda de Belgique (née en 1956).
14
+
15
+ Le 2 juillet 1959, il épouse à Bruxelles Paola Ruffo di Calabria, issue d'une famille princière italienne. Ils s’installent au château du Belvédère. À la suite de l'absence d'héritier du couple royal, ce sont le prince Albert et la princesse Paola qui vont assurer l'avenir de la dynastie avec leurs trois enfants : Philippe (né le 15 avril 1960), Astrid (née le 5 juin 1962) et Laurent (né le 19 octobre 1963). Dans les années 1960, le couple princier connaît une crise conjugale, notamment à la suite de la liaison d'Albert avec la baronne Sybille de Selys Longchamps[3], et un divorce est envisagé avant leur réconciliation. De cette liaison est Delphine Boël le 22 février 1968, dont le roi Albert II reconnaît la paternité le 26 janvier 2020, à la suite d'un test ADN ordonné par la Cour de cassation, mettant ainsi un terme à tout recours[4].
16
+
17
+ En 1958, Albert devient président de la Croix-Rouge de Belgique, sénateur de droit et président d'honneur du Comité olympique et interfédéral belge (COIB). En 1962, il accepte la présidence d'honneur de l'Office belge du commerce extérieur et effectue une centaine de missions économiques partout dans le monde. Le prince Albert occupe ces fonctions jusqu'à son accession au trône.
18
+
19
+ Afin de lui rendre hommage, la Fédération des Entreprises de Belgique et la fondation Roi Baudouin créent en 1984 le fonds Prince Albert, qui remet chaque année des bourses pour la formation de jeunes cadres belges qui ont l'intention de se lancer dans l'exportation.
20
+
21
+ À la suite du décès de son frère Baudouin, Albert prête serment le 9 août 1993 comme sixième roi des Belges et accède au trône, à l'âge de 59 ans. Contrairement à ses cinq prédécesseurs, il règne sur un État fédéral, dont il a signé la nouvelle constitution le 17 février 1994. Albert II estime que son rôle principal est d'encourager et de soutenir l'entente entre le niveau fédéral, les trois régions et les trois communautés. Il prône une meilleure connaissance des trois langues nationales et dénonce en 2006 le « séparatisme explicite ou feutré ».
22
+
23
+ Partisan d'une société multiculturelle, il dénonce régulièrement dans ses discours le racisme et la xénophobie et soutient activement le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme. Depuis son accession au trône, il n'a reçu en audience aucun représentant de l'extrême-droite et ne les convie pas aux réceptions du Palais royal.
24
+
25
+ Le roi préside chaque année la cérémonie du 11 novembre à la colonne du Congrès et accorde son haut patronage à diverses associations patriotiques, comme le Comité national belge du Souvenir et la Ligue royale belge des Vétérans du roi Léopold III.
26
+
27
+ Lors de l'affaire Dutroux en 1996, le couple royal reçoit durant une semaine tous les parents d'enfants disparus. Le roi prononce ensuite des discours très critiques envers la police et la justice, sans pour autant se fâcher avec le gouvernement Dehaene II. Il milite pour la création à Bruxelles de Child Focus, le centre européen pour enfants disparus et sexuellement exploités, dont la reine Paola devient présidente d'honneur. Au cours de ces mois mouvementés, la monarchie est la seule institution belge à sortir renforcée.
28
+
29
+ Comme son frère, Albert II est un européen convaincu qui soutient toutes les initiatives en faveur de la construction européenne, comme le passage du franc belge à l'euro[réf. nécessaire] ou la création d'une future armée commune. Il accorde aussi beaucoup d'attention aux anciennes colonies belges d'Afrique centrale et à l'image de la Belgique à l'étranger.
30
+
31
+ Sur le plan religieux, le couple royal est croyant et pratiquant mais, contrairement au roi Baudouin, le roi Albert II garde ses convictions religieuses sur le plan privé et respecte les choix démocratiques du Parlement : il a ainsi apposé sa signature sur la loi dépénalisant l'euthanasie et sur la loi autorisant les mariages homosexuels, malgré l'opposition de l'Église catholique. Les baptêmes de tous ses petits-enfants sont célébrés en privé et ne donnent lieu à aucune cérémonie officielle. Cette attitude est conforme aux vues des défenseurs de la laïcité de l'État.
32
+
33
+ Durant la crise politique de 2010-2011 qui dura 541 jours (la plus longue de l'histoire politique belge), Albert II montra son agacement dans son discours traditionnel prononcé lors de la Fête Nationale belge, le 21 juillet 2011. Il y rappela fortement son rôle constitutionnel en tenant à mettre en garde sur l'attitude des responsables politiques belges peu favorables à s'entendre pour former un gouvernement et ainsi à trouver un compromis pour sauvegarder l'avenir du pays. Il s'impliqua avec ténacité et fermeté pour aboutir à une issue à cette crise en se présentant comme le dernier rempart contre l'éclatement de la Belgique en deux entités flamande et wallonne. La crise se termina, au grand soulagement d'Albert II, par la nomination du socialiste Elio Di Rupo au poste de Premier ministre le 5 décembre 2011.
34
+
35
+ Dans le domaine culturel, la reine Paola crée un comité artistique chargé d'intégrer l'art contemporain belge au Palais royal de Bruxelles, construit au XIXe siècle. Des œuvres de Jan Fabre, Marthe Wéry, Dirk Braeckman et Patrick Corillon sont inaugurées en 2002 et 2004. Le roi Albert II accorde notamment son haut patronage aux Amis des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, à la Fédération nationale des compagnies dramatiques, à l'Union des Entomologistes belges, au Cercle d'art théâtral de Bruxelles et à l'Association royale Dynastie et Patrimoine culturel.
36
+
37
+ Avec son épouse, il a considérablement modernisé la monarchie belge et l'a ouverte aux médias. En 2006, il a supprimé le poste de Grand Maréchal de la Cour, jugé désuet.
38
+
39
+ Comme la Constitution belge l'y autorise, le roi accorde chaque année une quinzaine de titres de noblesse à des Belges méritants. Voici quelques exemples : les astronautes Dirk Frimout et Frank De Winne, le président du Comité international olympique Jacques Rogge, les hommes d'affaires Maurice Lippens, Albert Frère et Aldo Vastapane, le dessinateur François Schuiten, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, le peintre Roger Raveel, le cinéaste André Delvaux, la chanteuse populaire Annie Cordy, le musicien de jazz Toots Thielemans, le champion cycliste Eddy Merckx, le mathématicien Pierre Deligne, etc. Il y a toutefois lieu de noter qu'il ne s'agit pas d'une prérogative du roi en tant que personne, mais de l'institution royale, c'est-à-dire du roi et de ses ministres. Les anoblissements se font après avis de la Commission consultative pour les faveurs nobiliaires et sur proposition du ministre des Affaires étrangères.
40
+
41
+ Comme son frère avant lui, Albert II profita de son règne pour mettre en avant la Belgique sur la scène internationale.
42
+
43
+ Le roi Albert II est depuis 2010 l'objet de rumeurs (toujours démenties officiellement) sur une éventuelle abdication en faveur du prince héritier Philippe, son fils aîné, duc de Brabant. Le journal Le Soir s'est fait plus insistant dans sa parution du 2 mars 2012[5] en évoquant l'idée d'une possible abdication le 21 juillet 2013, sans doute due aux conséquences de récents problèmes de santé et d'ordre privé rencontrés par le souverain.
44
+
45
+ Le 3 juillet 2013, le roi Albert II annonce finalement son abdication par ces mots : « Je constate que mon âge et ma santé ne me permettent plus d'exercer ma fonction comme je le voudrais. Ce serait manquer à mes devoirs et à ma conception de la fonction royale que de vouloir me maintenir en exercice à tout prix. Sans être en mesure d'assumer pleinement mon rôle, c'est une question élémentaire de respect envers les institutions et envers vous, chers concitoyens. Après vingt ans de règne, j'estime donc que le moment est venu de passer le flambeau à la génération suivante. Je constate que le prince Philippe est bien préparé pour me succéder. » Le bilan de son règne est salué par la presse belge, le Soir saluant son « sens aigu des responsabilités dans des crises politiques d'une profonde gravité », la Libre Belgique déclarant qu'il a « incarné un règne fort, courageux et chaleureux »[6].
46
+
47
+ Le roi Albert II signe l'acte d'abdication le 21 juillet 2013, jour de la fête nationale belge, à 10 h 45, mettant ainsi fin à près de 20 ans de règne[7]. Son fils Philippe lui succède le même jour en prêtant serment devant les chambres réunies. Albert II est le second roi des Belges à abdiquer après Léopold III, qui l'avait fait en 1951 en faveur de son fils Baudouin, frère et prédécesseur d'Albert II.
48
+
49
+ Un arrêté royal du 12 juillet 2019, paru au Moniteur belge le 19 juillet 2019, prévoit que le roi ou la reine qui a abdiqué porte les armes royales mais chargées d'un lambel à trois pendants de gueules.
50
+
51
+ Après son abdication, le roi Albert garde le prédicat de majesté.
52
+
53
+ Il était grand maître de ces cinq ordres pendant la durée de son règne.
54
+
55
+ Récipiendaire de nombreuses décorations étrangères, Albert II est l’un des seuls chefs d’État européens à être à la fois chevalier de la Toison d’or autrichienne (décernée en 1962 par l’archiduc Otto de Habsbourg) et chevalier de la Toison d’or espagnole (décernée en 1994 par le roi Juan Carlos).
56
+
57
+ Le roi Albert II est docteur honoris causa de l'université catholique de Louvain, l'université Saint-Louis de Baguio City (Philippines), l'université de Gand, université libre de Bruxelles, l'université catholique de Mons et la faculté polytechnique de Mons.
58
+
59
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1100.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,47 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Chordés
2
+
3
+ Embranchement
4
+
5
+ Sous-embranchements de rang inférieur
6
+
7
+ Les chordés ou cordés (Chordata) forment un embranchement d'animaux de la clade des bilatériens et appartenant au super-embranchement des deutérostomiens. Leur nom provient de la notochorde, une lamelle cartilagineuse située du côté dorsal de l'animal, forme la plus élémentaire d'un endosquelette (squelette interne). Quatre sous-embranchements sont réunis dans ce groupe : les Cephalochordata, les Vetulicolia[2] (aujourd'hui éteints), les Tunicata et les Vertebrata (ces deux derniers groupes sont réunis sous le clade des Olfactores). Ils constituent un des embranchements les plus diversifiés du règne animal avec près de 65 000 espèces[3], après les arthropodes, ces derniers regroupant, avec près d'1,5 million d'espèces recensées, plus de 80 % des espèces connues[4].
8
+
9
+ Les Chordés, dont le terme est attribué[3] au biologiste britannique William Bateson en 1885[5] partagent plusieurs points communs à un moment de leur cycle de vie :
10
+
11
+ Leur nom provient de la notochorde, une lamelle cartilagineuse d'origine mésodermique située du côté dorsal de l'animal, mais ventrale par rapport au tube nerveux. Elle joue un rôle crucial lors de l'embryogenèse et a en outre un rôle de soutien et de protection du tube nerveux chez les Chordés primitifs. Chez les Vertébrés, qui constituent un sous-embranchement des Chordés, la notochorde régresse généralement à l'âge adulte pour être remplacée par la colonne vertébrale. Elle persiste cependant et s'élargit dans la région des disques intervertébraux où elle forme le nucleus pulposus (noyau pulpeux, sorte de masse gélatineuse entre un anneau fibreux et deux plaques cartilagineuses) au centre des disques[6].
12
+
13
+ La notochorde est la structure de soutien interne primitive. C'est la forme la plus élémentaire d'un endosquelette (squelette interne) alors que l'exosquelette (squelette externe) est une structure typique chez de nombreux invertébrés (insectes, crustacés, mollusques)[7].
14
+
15
+ Les squelettes interne et externe permettent de former un appareil de soutien mais ont également pour fonction d'assurer une protection mécanique et de servir de point d'insertion aux muscles qui constituent les moteurs du mouvement (le squelette étant un dispositif de transmission des forces, semblable à un levier)[8]. L'endosquelette possède certains avantages : il est plus mobile que l'exosquelette, permet une croissance continue, et a la force de supporter une plus grande taille et des mouvements puissants. Mais, s'il protège des organes internes, il n'offre pas la protection mécanique de l'exosquelette, notamment contre les prédateurs[9]. La présence d'un exosquelette protège efficacement de la dessiccation, ce qui est l'un des facteurs qui ont permis la réussite de la colonisation du milieu terrestre[10]. Mais l'exosquelette a aussi des inconvénients. Avec l'augmentation de taille, il doit devenir de plus en plus épais, de manière disproportionnée pour supporter la traction des muscles. Le confinement des muscles dans un exosquelette, les empêche de s'accroître avec leur utilisation[11].
16
+
17
+ Cependant, l'exosquelette reste présent chez plusieurs Chordés : les agnathes ostracodermes ont un corps recouvert d'une « armure » osseuse les protégeant des prédateurs. Chez les Vertébrés actuels, il n'est plus représenté que par les écailles qui recouvrent la peau des Poissons et par des os dermiques qui participent à la ceinture pectorale des Gnathostomes[12]. De plus, les grands os de la boîte crânienne d'un mammifère peuvent être placés très près de la surface, si bien que « la subdivision en exosquelette et endosquelette est largement conventionnelle[8] ».
18
+
19
+ Leur système nerveux, en forme de tube, est situé au-dessus y compris chez l'embryon humain, on dit que les Chordés sont épineuriens, au contraire des protostomiens (qui sont dits hyponeuriens). Le tube nerveux se met en place par neurulation, c'est-à-dire par invagination d'une zone particulière de l'épiblaste dorsal[13].
20
+
21
+ Les Chordés sont également caractérisés par un pharynx (partie antérieure du tube digestif), percé de fentes branchiales au moins à l'état embryonnaire et qui a un rôle respiratoire quand ces fentes persistent à l'âge adulte : ce sont des Pharyngotrèmes.
22
+
23
+ Ce caractère est en réalité une synapomorphie des deutérostomiens et a ensuite été perdu chez les échinodermes[14].
24
+
25
+ Les organes sont approvisionnés en dioxygène par un système circulatoire clos, où la circulation sanguine est activée par un cœur composé de plusieurs cavités (de 2 à 4 pour les mammifères).
26
+
27
+
28
+
29
+ Cet embranchement a connu une très importante diversification[15] depuis son apparition au cambrien (vers 500 Ma, présumé présent dans la faune de Burgess avec le genre Pikaia) : alors que les céphalochordés et les urochordés sont restés peu diversifiés et exclusivement marins, les Vertébrés ont eu une évolution fulgurante et ont conquis tous les milieux de la planète, avec leurs premiers pas sur Terre au Dévonien supérieur (il y a environ 370 Ma). Aujourd’hui, avec les baleines, ils comprennent les animaux les plus grands que la Terre ait jamais portés.
30
+
31
+ Parmi les Chordés, on trouve :
32
+
33
+ Les Urocordés et Céphalochordés sont également repris sous le terme Prochordés. Ce groupe est paraphylétique car exclut les Crâniés. En phylogénie, on regroupe plutôt les Urocordés et les Crâniés sous le taxon Olfactores.
34
+
35
+ En classification classique, les Chordés sont composés de :
36
+
37
+ EUKARYOTES
38
+  └─o ANIMAUX :
39
+
40
+ ├─o Éponges
41
+  ├─o Cténaires
42
+  ├─o Cnidaires
43
+  └─o BILATÉRIENS :
44
+
45
+ TÉTRAPODES :
46
+
47
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1101.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,49 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Brassica oleracea
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ DD  : Données insuffisantes
8
+
9
+ Le chou (Brassica oleracea L., 1753) est une espèce de plantes de la famille des Brassicacées (ou crucifères), originaire du Sud-Ouest de l'Europe. Plantes généralement bisannuelles, leurs feuilles comestibles peuvent ou non former une tête compacte ou « pomme[1] ». Leur culture en tant que légume remonte à la plus haute Antiquité, à partir de formes sauvages originaires d'Europe de l'Ouest ou d'Europe méridionale.
10
+
11
+ Le chou cultivé, légume volumineux (hors choux de Bruxelles et quelques variétés plus petites), est dense et nutritif. Il fait partie des cultures à plus fort rendement (jusqu'à 160 tonnes par hectare en conditions idéales[2]), mais compte tenu de ses importants besoins en azote, il a tendance à épuiser les sols et ne doit être cultivé sur la même parcelle qu'une fois tous les 5 ans[3].
12
+
13
+ Le chou sauvage ou « chou des falaises » (Brassica oleracea subsp. oleracea, ancêtre de tous les choux cultivés) n'est plus naturellement présent que sur certaines dunes, bandes de galets et falaises littorales atlantiques d'Europe de l’Ouest (France, Espagne, sud du Royaume-Uni).
14
+
15
+ En France, ce chou est encore présent, mais rare ou en forte régression en Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes. Dans ces régions, il ne subsiste qu'à l'état d'individus isolés ou en petites populations très localisées et menacées. Cependant, en Haute-Normandie il est encore abondant et ne montre pas de signe de régression. On ignore cependant comment l'espèce affrontera le dérèglement climatique attendu, ainsi que la montée du niveau des océans. Au vu des critères UICN, le chou sauvage est classé dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC), mais a pourtant été retenu en France parmi les espèces déterminantes de ZNIEFF et pourrait l’être pour certaines cartographies de la Trame verte en raison du fait que ces régions sont d’importance mondiale pour la conservation de la diversité génétique de ce taxon, qui est, comme celle de la betterave maritime, d'intérêt agricole potentiel pour les générations futures.
16
+
17
+ Il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).
18
+
19
+ La sélection multimillénaire de la très vaste et polymorphe Brassica oleracea a abouti à des variétés ou formes très différentes des formes d'origines, mais aussi très différentes entre elles.
20
+
21
+ Ces très nombreuses variétés sont classées en groupes[4] :
22
+
23
+ Deux types de choux sont généralement cultivés. Les variétés précoces mûrissent en 50 jours environ, et produisent de petites têtes qui se conservent peu. Ces choux sont prévus pour être consommés frais. Les variétés tardives mûrissent en 80 jours environ et produisent une tête plus grosse, jusqu'à plus de 7 kilogrammes.
24
+
25
+ Le chou peut être démarré en intérieur ou semé directement. Comme tous les Brassicacae, il se récolte en période fraîche, de préférence en automne.
26
+
27
+ Le contrôle des parasites est important, en particulier les chenilles de plusieurs papillons de la famille des Pieridae.
28
+
29
+ Production en tonnes, chiffres 2003-2004 Données de FAOSTAT (FAO)
30
+
31
+ Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les parasites du chou :
32
+
33
+ Liste des produits phytopharmaceutiques
34
+
35
+ Les choux sont généralement cuits ou cuisinés en salade. Ils se conservent bien et constituaient ainsi un légume d'hiver courant autrefois. La choucroute est un chou fermenté souvent utilisé comme accompagnement.
36
+
37
+ La cuisson prolongée du chou provoque la libération de composés soufrés malodorants. Pour éviter cela, il faut le cuire dans un grand volume d'eau bouillante et l'égoutter dès qu'il est cuit.
38
+
39
+ Une des manières les plus connues de consommer le chou est la soupe au chou, avec laquelle certains ont même fait un régime amaigrissant dont les vertus seraient de stimuler l'amincissement en régulant le métabolisme du sucre et des graisses, type de régime très controversé et qui peut être dangereux pour la santé s'il est pratiqué avec excès et sans contrôle médical.
40
+
41
+ Le chou fait partie d’une grande famille au sein de laquelle on trouve le radis, le cresson, la rave, le navet… Tous ont comme particularité d’être riches en vitamines. Connu depuis longtemps pour ses vertus phytothérapeutiques, Caton (234-149 av. J.-C.) décrit le chou ainsi dans son traité d'agriculture[6] : « Si dans un banquet tu veux boire et manger beaucoup et avec plaisir, prends avant le repas du chou, autant qu’il te plaît, avec du vinaigre, et de même, après le repas, prends-en environ 5 feuilles ; tu seras comme si tu n'avais rien mangé, et pourras boire autant que tu veux. »
42
+
43
+ Composition :
44
+
45
+ Les plantes suivantes, bien que comestibles, ne sont pas des choux au sens propre :
46
+
47
+ Sur les autres projets Wikimedia :
48
+
49
+ Glossaire de botanique
fr/1102.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,30 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Variété
2
+
3
+ Classification phylogénétique
4
+
5
+ Le chou-fleur est une variété de chou de la famille des Brassicacées, cultivée comme plante potagère pour son méristème floral hypertrophié et charnu, consommé comme légume. Le terme désigne aussi ce légume.
6
+
7
+ Nom scientifique : Brassica oleracea L. var. botrytis L., famille des Brassicacées (crucifères), sous-famille des Brassicoideae.
8
+
9
+ Il s'agit d'une variété du chou commun (Brassica oleracea), issue de plusieurs siècles de sélection.
10
+
11
+ Noms communs : chou-fleur, chou de Chypre, chou de Syrie ; de : Blumenkohl, en : cauliflower, es : coliflor, it : cavolfiore.
12
+
13
+ Le chou-fleur est une plante herbacée bisannuelle qui produit une boule blanche tendre et compacte. Cette boule est un méristème, un organe pré-floral qui, si on le laisse évoluer continue sa croissance en tiges florales qui porteront des fleurs jaunes ou blanches, typiques du genre Brassica, puis finalement les graines.
14
+
15
+ Le méristème est récolté avant que le chou ne passe au stade de la floraison, sans quoi il devient impropre à la consommation[réf. nécessaire].
16
+
17
+ Les feuilles à côtes développées enveloppent étroitement cette inflorescence.
18
+
19
+ Il a été introduit en Europe de l'Ouest à partir du XVe siècle, et est considéré comme un mets de choix jusqu'au XVIIe siècle. Sa culture se développe en France à partir de 1830[1].
20
+
21
+ Le chou-fleur classique en France est blanc, mais il existe en Italie de nombreux types traditionnels de diverses couleurs, comme le Violet de Sicile (violet) et le Romanesco (jaune soufre). Ces types ont récemment été améliorés, et apparaissent sur les marchés européens. Par contre, le chou-fleur orange est une obtention récente. Des coupes effectuées changent de couleur (plus ou moins bleue ou rouge) selon le pH[2].
22
+
23
+ Production en tonnes, données 2003 et 2004Données de FAOSTAT (FAO)
24
+
25
+ En 2017 la production française est de 305 915 tonnes[3]. La surface cultivée est de 16 746 hectares, soit un rendement de 18,3 tonnes à l'hectare. Les principaux départements producteurs sont le Finistère, les Côtes-d'Armor, l'Ille-et-Vilaine, la Manche et le Nord. Le commerce extérieur est excédentaire ː 145 861 tonnes produites sont exportées et 52 750 tonnes sont importées.
26
+
27
+ D'autres espèces, par analogie de forme, sont communément appelées « choux-fleurs » :
28
+
29
+ Sur les autres projets Wikimedia :
30
+
fr/1103.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,30 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Variété
2
+
3
+ Classification phylogénétique
4
+
5
+ Le chou-fleur est une variété de chou de la famille des Brassicacées, cultivée comme plante potagère pour son méristème floral hypertrophié et charnu, consommé comme légume. Le terme désigne aussi ce légume.
6
+
7
+ Nom scientifique : Brassica oleracea L. var. botrytis L., famille des Brassicacées (crucifères), sous-famille des Brassicoideae.
8
+
9
+ Il s'agit d'une variété du chou commun (Brassica oleracea), issue de plusieurs siècles de sélection.
10
+
11
+ Noms communs : chou-fleur, chou de Chypre, chou de Syrie ; de : Blumenkohl, en : cauliflower, es : coliflor, it : cavolfiore.
12
+
13
+ Le chou-fleur est une plante herbacée bisannuelle qui produit une boule blanche tendre et compacte. Cette boule est un méristème, un organe pré-floral qui, si on le laisse évoluer continue sa croissance en tiges florales qui porteront des fleurs jaunes ou blanches, typiques du genre Brassica, puis finalement les graines.
14
+
15
+ Le méristème est récolté avant que le chou ne passe au stade de la floraison, sans quoi il devient impropre à la consommation[réf. nécessaire].
16
+
17
+ Les feuilles à côtes développées enveloppent étroitement cette inflorescence.
18
+
19
+ Il a été introduit en Europe de l'Ouest à partir du XVe siècle, et est considéré comme un mets de choix jusqu'au XVIIe siècle. Sa culture se développe en France à partir de 1830[1].
20
+
21
+ Le chou-fleur classique en France est blanc, mais il existe en Italie de nombreux types traditionnels de diverses couleurs, comme le Violet de Sicile (violet) et le Romanesco (jaune soufre). Ces types ont récemment été améliorés, et apparaissent sur les marchés européens. Par contre, le chou-fleur orange est une obtention récente. Des coupes effectuées changent de couleur (plus ou moins bleue ou rouge) selon le pH[2].
22
+
23
+ Production en tonnes, données 2003 et 2004Données de FAOSTAT (FAO)
24
+
25
+ En 2017 la production française est de 305 915 tonnes[3]. La surface cultivée est de 16 746 hectares, soit un rendement de 18,3 tonnes à l'hectare. Les principaux départements producteurs sont le Finistère, les Côtes-d'Armor, l'Ille-et-Vilaine, la Manche et le Nord. Le commerce extérieur est excédentaire ː 145 861 tonnes produites sont exportées et 52 750 tonnes sont importées.
26
+
27
+ D'autres espèces, par analogie de forme, sont communément appelées « choux-fleurs » :
28
+
29
+ Sur les autres projets Wikimedia :
30
+
fr/1104.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,49 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Brassica oleracea
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ DD  : Données insuffisantes
8
+
9
+ Le chou (Brassica oleracea L., 1753) est une espèce de plantes de la famille des Brassicacées (ou crucifères), originaire du Sud-Ouest de l'Europe. Plantes généralement bisannuelles, leurs feuilles comestibles peuvent ou non former une tête compacte ou « pomme[1] ». Leur culture en tant que légume remonte à la plus haute Antiquité, à partir de formes sauvages originaires d'Europe de l'Ouest ou d'Europe méridionale.
10
+
11
+ Le chou cultivé, légume volumineux (hors choux de Bruxelles et quelques variétés plus petites), est dense et nutritif. Il fait partie des cultures à plus fort rendement (jusqu'à 160 tonnes par hectare en conditions idéales[2]), mais compte tenu de ses importants besoins en azote, il a tendance à épuiser les sols et ne doit être cultivé sur la même parcelle qu'une fois tous les 5 ans[3].
12
+
13
+ Le chou sauvage ou « chou des falaises » (Brassica oleracea subsp. oleracea, ancêtre de tous les choux cultivés) n'est plus naturellement présent que sur certaines dunes, bandes de galets et falaises littorales atlantiques d'Europe de l’Ouest (France, Espagne, sud du Royaume-Uni).
14
+
15
+ En France, ce chou est encore présent, mais rare ou en forte régression en Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes. Dans ces régions, il ne subsiste qu'à l'état d'individus isolés ou en petites populations très localisées et menacées. Cependant, en Haute-Normandie il est encore abondant et ne montre pas de signe de régression. On ignore cependant comment l'espèce affrontera le dérèglement climatique attendu, ainsi que la montée du niveau des océans. Au vu des critères UICN, le chou sauvage est classé dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC), mais a pourtant été retenu en France parmi les espèces déterminantes de ZNIEFF et pourrait l’être pour certaines cartographies de la Trame verte en raison du fait que ces régions sont d’importance mondiale pour la conservation de la diversité génétique de ce taxon, qui est, comme celle de la betterave maritime, d'intérêt agricole potentiel pour les générations futures.
16
+
17
+ Il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).
18
+
19
+ La sélection multimillénaire de la très vaste et polymorphe Brassica oleracea a abouti à des variétés ou formes très différentes des formes d'origines, mais aussi très différentes entre elles.
20
+
21
+ Ces très nombreuses variétés sont classées en groupes[4] :
22
+
23
+ Deux types de choux sont généralement cultivés. Les variétés précoces mûrissent en 50 jours environ, et produisent de petites têtes qui se conservent peu. Ces choux sont prévus pour être consommés frais. Les variétés tardives mûrissent en 80 jours environ et produisent une tête plus grosse, jusqu'à plus de 7 kilogrammes.
24
+
25
+ Le chou peut être démarré en intérieur ou semé directement. Comme tous les Brassicacae, il se récolte en période fraîche, de préférence en automne.
26
+
27
+ Le contrôle des parasites est important, en particulier les chenilles de plusieurs papillons de la famille des Pieridae.
28
+
29
+ Production en tonnes, chiffres 2003-2004 Données de FAOSTAT (FAO)
30
+
31
+ Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les parasites du chou :
32
+
33
+ Liste des produits phytopharmaceutiques
34
+
35
+ Les choux sont généralement cuits ou cuisinés en salade. Ils se conservent bien et constituaient ainsi un légume d'hiver courant autrefois. La choucroute est un chou fermenté souvent utilisé comme accompagnement.
36
+
37
+ La cuisson prolongée du chou provoque la libération de composés soufrés malodorants. Pour éviter cela, il faut le cuire dans un grand volume d'eau bouillante et l'égoutter dès qu'il est cuit.
38
+
39
+ Une des manières les plus connues de consommer le chou est la soupe au chou, avec laquelle certains ont même fait un régime amaigrissant dont les vertus seraient de stimuler l'amincissement en régulant le métabolisme du sucre et des graisses, type de régime très controversé et qui peut être dangereux pour la santé s'il est pratiqué avec excès et sans contrôle médical.
40
+
41
+ Le chou fait partie d’une grande famille au sein de laquelle on trouve le radis, le cresson, la rave, le navet… Tous ont comme particularité d’être riches en vitamines. Connu depuis longtemps pour ses vertus phytothérapeutiques, Caton (234-149 av. J.-C.) décrit le chou ainsi dans son traité d'agriculture[6] : « Si dans un banquet tu veux boire et manger beaucoup et avec plaisir, prends avant le repas du chou, autant qu’il te plaît, avec du vinaigre, et de même, après le repas, prends-en environ 5 feuilles ; tu seras comme si tu n'avais rien mangé, et pourras boire autant que tu veux. »
42
+
43
+ Composition :
44
+
45
+ Les plantes suivantes, bien que comestibles, ne sont pas des choux au sens propre :
46
+
47
+ Sur les autres projets Wikimedia :
48
+
49
+ Glossaire de botanique
fr/1105.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,49 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Brassica oleracea
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ DD  : Données insuffisantes
8
+
9
+ Le chou (Brassica oleracea L., 1753) est une espèce de plantes de la famille des Brassicacées (ou crucifères), originaire du Sud-Ouest de l'Europe. Plantes généralement bisannuelles, leurs feuilles comestibles peuvent ou non former une tête compacte ou « pomme[1] ». Leur culture en tant que légume remonte à la plus haute Antiquité, à partir de formes sauvages originaires d'Europe de l'Ouest ou d'Europe méridionale.
10
+
11
+ Le chou cultivé, légume volumineux (hors choux de Bruxelles et quelques variétés plus petites), est dense et nutritif. Il fait partie des cultures à plus fort rendement (jusqu'à 160 tonnes par hectare en conditions idéales[2]), mais compte tenu de ses importants besoins en azote, il a tendance à épuiser les sols et ne doit être cultivé sur la même parcelle qu'une fois tous les 5 ans[3].
12
+
13
+ Le chou sauvage ou « chou des falaises » (Brassica oleracea subsp. oleracea, ancêtre de tous les choux cultivés) n'est plus naturellement présent que sur certaines dunes, bandes de galets et falaises littorales atlantiques d'Europe de l’Ouest (France, Espagne, sud du Royaume-Uni).
14
+
15
+ En France, ce chou est encore présent, mais rare ou en forte régression en Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes. Dans ces régions, il ne subsiste qu'à l'état d'individus isolés ou en petites populations très localisées et menacées. Cependant, en Haute-Normandie il est encore abondant et ne montre pas de signe de régression. On ignore cependant comment l'espèce affrontera le dérèglement climatique attendu, ainsi que la montée du niveau des océans. Au vu des critères UICN, le chou sauvage est classé dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC), mais a pourtant été retenu en France parmi les espèces déterminantes de ZNIEFF et pourrait l’être pour certaines cartographies de la Trame verte en raison du fait que ces régions sont d’importance mondiale pour la conservation de la diversité génétique de ce taxon, qui est, comme celle de la betterave maritime, d'intérêt agricole potentiel pour les générations futures.
16
+
17
+ Il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).
18
+
19
+ La sélection multimillénaire de la très vaste et polymorphe Brassica oleracea a abouti à des variétés ou formes très différentes des formes d'origines, mais aussi très différentes entre elles.
20
+
21
+ Ces très nombreuses variétés sont classées en groupes[4] :
22
+
23
+ Deux types de choux sont généralement cultivés. Les variétés précoces mûrissent en 50 jours environ, et produisent de petites têtes qui se conservent peu. Ces choux sont prévus pour être consommés frais. Les variétés tardives mûrissent en 80 jours environ et produisent une tête plus grosse, jusqu'à plus de 7 kilogrammes.
24
+
25
+ Le chou peut être démarré en intérieur ou semé directement. Comme tous les Brassicacae, il se récolte en période fraîche, de préférence en automne.
26
+
27
+ Le contrôle des parasites est important, en particulier les chenilles de plusieurs papillons de la famille des Pieridae.
28
+
29
+ Production en tonnes, chiffres 2003-2004 Données de FAOSTAT (FAO)
30
+
31
+ Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les parasites du chou :
32
+
33
+ Liste des produits phytopharmaceutiques
34
+
35
+ Les choux sont généralement cuits ou cuisinés en salade. Ils se conservent bien et constituaient ainsi un légume d'hiver courant autrefois. La choucroute est un chou fermenté souvent utilisé comme accompagnement.
36
+
37
+ La cuisson prolongée du chou provoque la libération de composés soufrés malodorants. Pour éviter cela, il faut le cuire dans un grand volume d'eau bouillante et l'égoutter dès qu'il est cuit.
38
+
39
+ Une des manières les plus connues de consommer le chou est la soupe au chou, avec laquelle certains ont même fait un régime amaigrissant dont les vertus seraient de stimuler l'amincissement en régulant le métabolisme du sucre et des graisses, type de régime très controversé et qui peut être dangereux pour la santé s'il est pratiqué avec excès et sans contrôle médical.
40
+
41
+ Le chou fait partie d’une grande famille au sein de laquelle on trouve le radis, le cresson, la rave, le navet… Tous ont comme particularité d’être riches en vitamines. Connu depuis longtemps pour ses vertus phytothérapeutiques, Caton (234-149 av. J.-C.) décrit le chou ainsi dans son traité d'agriculture[6] : « Si dans un banquet tu veux boire et manger beaucoup et avec plaisir, prends avant le repas du chou, autant qu’il te plaît, avec du vinaigre, et de même, après le repas, prends-en environ 5 feuilles ; tu seras comme si tu n'avais rien mangé, et pourras boire autant que tu veux. »
42
+
43
+ Composition :
44
+
45
+ Les plantes suivantes, bien que comestibles, ne sont pas des choux au sens propre :
46
+
47
+ Sur les autres projets Wikimedia :
48
+
49
+ Glossaire de botanique